1 1937, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)
1 t la lecture de la Bible, ou si, au contraire, il pourrait lui en prêter une. Quoi qu’il en soit, le pasteur note le nom du « pr
2 , — dit-il — je n’y mets pas d’amour-propre, vous pouvez me dire franchement ce que vous pensez, de cette soirée… Je le regard
3 e le regarde. C’est un homme simple et solide, on peut lui parler en camarade : — Eh bien ! si vous voulez mon opinion, ou s
4 Eh bien ! si vous voulez mon opinion, ou si elle peut vous être utile… je crois que vous êtes encore trop compliqué pour ce
5 trop compliqué pour ce public. Il me semble qu’on pourrait leur parler plus directement, les interpeller, enfin quoi, les secoue
6 ans que je suis dans l’île, et je n’avais jamais pu parler à A…, à cause du curé qui s’y opposait par tous les moyens. Il
7 gagner leur confiance, et ensuite on verra si on peut aller plus loin. — Mais ne croyez-vous pas qu’on pourrait gagner leur
8 aller plus loin. — Mais ne croyez-vous pas qu’on pourrait gagner leur confiance en leur parlant plus familièrement, sans faire
9 le vide — ce qui est malsain — et le peuple à ne pouvoir se libérer des charlataneries politiques autrement que par des violen
10 nu à l’esprit que la vérité est quelque chose qui peut être réalisé. Et qu’il s’agit de prendre position effectivement. S’il
11 primer, la timidité, la fatigue, et que tout cela peut bien suffire à expliquer le silence de ces cultivateurs. Mais le type
12 idération sociale, sait se débrouiller à Paris et peut faire de beaux discours. Dans ces conditions, qu’un intellectuel aill
13 L’opinion de mon voisin après la conférence, j’ai pu croire que c’était l’opinion d’un nigaud ; mais non, c’est celle d’un
14 abitants de l’île. 1° Division des terres. — J’ai pu vérifier à plusieurs reprises l’extraordinaire complication du cadast
15 , permettrait d’autres progrès. Un seul homme ici pourrait influencer cette mentalité, c’est l’instituteur. S’il leur donnait un
16 galitaire, mais communautaire, beaucoup de choses pourraient être changées. Mais si personne ne fait rien par le moyen normal de l
17 Ce n’est pas dans notre île, d’ailleurs, que j’ai pu constater cette contagion ! Les deux journaux locaux gardent un ton à
18 st pas exactement celui des « discussions » qu’on peut entendre dans les cafés du port, au chef-lieu, mais qui correspond bi
19 n de l’instinct, au niveau le plus bas où l’homme puisse vivre sans misère, sans ambitions, sans rêves, sans tristesse. Chacun
20 tres de trop près, on perd le peu de foi que l’on pouvait accorder aux idéologies et aux politiciens. Il faut vivre à Paris pou
21 ointain, qui ne croit à rien, et qui par suite ne peut rien exiger de sérieux. Mais il y a d’autres aspects de la question.
22 mbre de lignes actuellement exploitées. Mais j’ai pu constater, dans plusieurs départements de l’Ouest, qu’il n’est plus g
23 Je commence à connaître leurs coutumes : rien ne pouvait modifier plus rapidement et plus profondément la coutume de la France
24 tait l’uniforme de l’État, partout, la même. Vous pouviez parcourir vingt fois la France de part en part, sans remarquer que le
25 ne chez un bistro différent, et il est rare qu’on puisse trouver l’horaire ailleurs. Parfois le bistro vend aussi les billets 
26 d’écrire. Car, ou bien l’on écrit ce que l’on ne peut pas faire, et c’est l’aveu d’une faiblesse ou d’une ambition excessiv
27 oyen de traîner la misère la plus honteuse qui se puisse imaginer, dans les antres rédactionnels. Je dis les antres. De toute
28 ée d’or, la mer. La petite salle des cours ruraux peut contenir une centaine d’auditeurs. L’orateur doit se tenir debout au
29 oit se tenir debout au milieu d’eux, de manière à pouvoir , tout en parlant, passer des clichés dans la lanterne à projection. P
30 marchait vraiment là-bas, aussi bien que j’avais pu le laisser croire ; si ce n’était pas encore un de ces régimes de dic
31 l’air intelligent et ouvert : « Pensez-vous qu’on pourrait faire la même chose ici ? » Pour sa part, il était sceptique. Il pens
32 me disais, en l’écoutant : « En voilà un que l’on pourrait sans honte présenter aux jeunes Russes, aux jeunes Allemands, comme u
33 d silence au lieu des rires que je craignais. (On peut donc gouverner sans être un monsieur en haut de forme ? Il a l’air d’
34 i Romain Rolland. Est-ce qu’il est mort ? Vous ne pourriez pas me dire ce qu’il y aurait d’intéressant à lire ? — Ne lisez-vous
35 x au moins pour corriger les mensonges. Ce qu’ils peuvent tous mentir ! On ne peut plus avoir confiance dans les partis. C’est
36 mensonges. Ce qu’ils peuvent tous mentir ! On ne peut plus avoir confiance dans les partis. C’est aussi à cause de cette ce
37 sent bien ce qu’il faudrait. Mais qu’est-ce qu’on peut , tout seuls dans ce coin ?… » J’ai essayé de faire une liste de livre
38 e l’île. 3. Combien d’ailleurs savent que ce mot peut désigner autre chose qu’un « je m’en fichiste » ? 4. J’avais raison
2 1939, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Âme romantique et le rêve (15 août 1939)
39 trop souvent à établir ce parallèle pour que nous puissions l’esquiver. Essayons d’en relever quelques points. Au départ, cette m
40 me (c’est l’Un-grund de Jakob Boehme), dont on ne peut rien dire, et qui cependant est la source de tout ce que l’on dit. C’
41 lève dans les profondeurs d’eux-mêmes sans qu’ils puissent faire autre chose que de saluer là l’écho d’un discours divin. » Alor
42 l’éternité enfin conquise et dont la plénitude ne peut humainement s’exprimer que par l’image de l’absence de toute créature
43 lations d’ordre religieux, d’avoir ajouté foi aux pouvoirs irrationnels et de s’être dévoué, corps et âme, à la grande nostalgie
44 nouvelle sur les structures de l’homme, peut-être pouvons -nous demander à la biographie des romantiques quelques lumières sur l
45 mportant consacré par Béguin à Karl Philip Moritz peut nous y aider. Né dans un milieu quiétiste et piétiste, en plein xviii
46 la cause de sa maladie est justement ce qu’il ne peut se remémorer, cette lacune qui est à l’origine de la conscience divis
47 ès ici-bas, d’une manière indicible. Et peut-être pourrait -on dire que l’expérience mystique générale ne devient proprement chré
48 me qu’elle a brisé, mais sans se l’avouer et sans pouvoir la reconnaître ou l’exprimer… C’est le mouvement fondamental de toute
49 tiques ! D’où leur fuite dans un monde dont on ne peut rien dire. D’où encore le besoin qu’ils éprouvent d’affirmer surabond
50 éprouvent d’affirmer surabondamment que l’on n’en peut rien dire que par des allusions, des métaphores, des poèmes « inspiré
51 ns la nuit de la passivité, comment l’eussent-ils pu rendre au jour sans le trahir, et se trahir ? Ainsi leur œuvre est à
52 ant là son unité en dépit des contradictions dont peut souffrir l’individu (c’est-à-dire l’être naturel). L’individu est ent
53 vis-à-vis de notre prochain, et c’est à quoi l’on peut reconnaître la légitimité d’une vocation. Thérèse d’Avila ne voulait
54 qui concerne l’ici-bas. Seule une telle vocation peut donner le courage de s’avouer en toute lucidité, de s’exprimer sans r
55 ? Certaines catégories que nous venons de dégager pourraient guider notre analyse. Le mouvement hitlérien, dans son essence, m’app
56 source ; ce serait absurde. Mais je dis que nous pouvons retrouver au niveau inférieur et collectif de la psychologie nazie de
57 nque d’assurance nationale. La vraie Allemagne ne peut pas être celle qui a subi la « blessure ». Il faut donc la chercher a
58 où les limites hostiles s’effacent, où la passion peut s’épanouir, où l’intensité de l’émotion remplace la vérité mesquine d
59 me romantique détermine l’action du Führer et son pouvoir hypnotique sur les masses. Les apparences de Realpolitik maintenues p
60 craindre des « inspirations » du Führer, mais que pourrait produire un réveil brusque ? Cette maladie demande un long traitement
61 mort », et c’est uniquement dans la mort que nous pouvons rejoindre l’Autre, l’indicible. 7. On peut regretter qu’Albert Bégui
62 us pouvons rejoindre l’Autre, l’indicible. 7. On peut regretter qu’Albert Béguin n’ait pas insisté davantage sur l’importan
3 1946, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Tableaux américains (décembre 1946)
63 ommes et de ces femmes, ni les miens, dont nul ne peut juger et qui peut-être n’en sont point. Ce n’était pas le froid, la p
64 des couloirs hauts et profonds où deux personnes peuvent à peine se croiser. L’angoisse me prend chaque fois que j’y pénètre.
65 iques, des fenêtres s’allument et s’éteignent. On peut vivre ici comme ailleurs, mais dans un cadre strictement rectangulair
66 erchangeables à tant d’autres égards.) Le paysage pourrait bien être européen : collines douces, bois et prairies, une rivière l
67 ls eussent rejoint les terres du Pacifique. On ne pouvait plus rien ajouter aux plus hauts gratte-ciel de New York, à ces grand
4 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Mouvement européen (avril 1949)
68 e chance de salut. On se demande en vain ce qu’il peut y avoir de « généreux » dans une opération de ce genre. Qu’il suffise
69 à, cela finira par des coups. Une seule puissance pourrait les séparer et les forcer au compromis, je veux dire à la paix, c’est
70 n seulement l’Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nations qui la composent se voit men
71 e Message aux Européens  : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de
72 érieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie moderne. Les c
73 nt à la guerre entre les deux Grands ; 3° rien ne pourra s’opposer à cette guerre, dont quel que soit le vainqueur — s’il en e
74 Tout cela est bel et bon, mais que fait-on et que pourra-t -on faire en temps utile ? » La paix, l’Europe unie, d’accord, c’est u
75 x qui demandent ce qu’on a fait déjà, et ce qu’on peut faire à temps pour fédérer l’Europe. Origines du mouvement fédéral
76 it vers 1860. Mais ces rêves et ces prophéties ne pouvaient concerner qu’un avenir incertain, au milieu du xixe siècle, quand la
77 e Guerre mondiale et l’occupation de l’Europe. On put croire un moment que tout notre travail allait être effacé pour toujo
78 ion européenne des fédéralistes se constituait et pouvait convoquer pour le mois d’août 1947, à Montreux, son premier congrès.
79 icisme profond. Devant la tâche urgente, mais qui pouvait paraître surhumaine, de fédérer l’Europe, c’est-à-dire de mettre sur
80 la conférence aboutissait à un premier accord, et pouvait annoncer la création prochaine d’un Conseil de l’Europe, comprenant d
81 inq : à l’Assemblée constituante de l’Europe, qui pourra seule contraindre les États à s’incliner devant un pouvoir fédéral, m
82 eule contraindre les États à s’incliner devant un pouvoir fédéral, mettant un terme au règne féodal des souverainetés nationale
83 s d’experts nommés par les gouvernements. Tout le pouvoir , dans ce cas, reviendrait aux ministres. Essayons de comprendre une a
84 épètent les Anglais. Nous leur disons : « Vous ne pouvez franchir un abîme pas à pas, il faut sauter. » Le saut, dans ce cas,
85 re d’une instance supérieure aux États, dotée des pouvoirs nécessaires pour enquêter sur leur territoire et pour faire exécuter
86 deux organes formeraient le noyau d’un véritable pouvoir fédéral. Il me paraît clair qu’ils impliquent la création d’une force
87 agit-il, sinon de créer un tribunal devant lequel puisse être déféré, le cas échéant, tout État qui céderait au totalitarisme 
88 notre section économique, si l’on songe qu’elle a pu réunir, sous le signe de l’Europe, des hommes aussi divers que le dir
89 toutes les mesures économiques et politiques que pourrait proposer le Mouvement européen resteraient lettre morte, s’il n’exist
90 alité — l’auront vue et marchent vers elle. Il se peut que la vision qui les guide, éclairant le chemin sous leurs pas, cach
91 auquel il suffirait peut-être d’oser croire ? Se peut -il que ce soit tout simplement l’Europe, redécouverte à la faveur de
5 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Découverte de l’Europe (octobre 1949)
92 le d’un gouvernement au-dessus des États, n’a pas pu être refoulée plus de dix jours, malgré les efforts conjugués des uni
93 n dont le président de la Commission, M. Bidault, peut déjà déclarer qu’il s’orientera nettement vers une fédération finale.
94 r ma part, je m’explique mal comment M. Churchill peut à la fois lutter pour l’union de l’Europe et déclarer qu’on ne touche
95 ng, c’est celui de la source et des fondements du pouvoir fédéral de demain. Dans les couloirs et les clubs de Strasbourg, on a
96 ans les couloirs et les clubs de Strasbourg, on a pu voir se former deux écoles. La première tient le Comité des ministres
97 istres, observe-t-on, sont les seuls à détenir un pouvoir bien réel, dans le Conseil de l’Europe tel qu’il existe. Certes. Mais
98 me la soumission au statu quo ? D’autre part, les pouvoirs que détiennent les ministres étant strictement nationaux, leur additi
99 plan de l’Europe, un danger pire que l’absence de pouvoir , une sorte de frein automatique, un véritable anti-pouvoir, qu’il s’a
100 des fédéralistes, tient que l’origine normale du pouvoir à créer réside dans l’Assemblée elle-même, dont le Comité des ministr
101 gt-huit membres, élue par cette double Assemblée, pourrait alors préfigurer le Cabinet fédéral de l’Union. Sans préjuger de l’is
102 on. Sans préjuger de l’issue d’un tel débat, l’on peut voir dès maintenant dans le seul fait qu’il ait lieu, la preuve d’une
103 tion d’une Cour européenne des droits de l’homme, pouvoir supérieur aux États. Elle a créé plusieurs commissions permanentes po
104 naux en disposeront. Et qui dispose de ces divers pouvoirs , sinon l’opinion générale, qu’il s’agit maintenant d’alerter, d’infor
105 encore que le dynamisme intérieur. Les résultats pourront être jugés d’ici deux ans. S’il n’y en a pas à ce moment-là, nous ser
106 ui assistait aux travaux de l’Assemblée, et qui a pu voir notre Mouvement à l’œuvre, s’écriait à Strasbourg : « J’ai été l
6 1950, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Europe et sa culture (novembre 1950)
107 issent, ne vont pas de soi, dira-t-on… Certes, on peut ergoter à l’infini sur les termes d’Europe et de culture. Où commence
108 temps, elles sont mouvantes et complexes. (Ce qui peut signifier d’ailleurs qu’elles sont vivantes.) Elles apparaissent en p
109 sent, surtout, liées de telle manière que l’on ne peut définir l’une sans supposer l’existence de l’autre. Le premier caract
110 ectif, quelles tensions également exceptionnelles pouvons -nous distinguer ? Il serait superflu de chercher ici autre chose que
111 xe de tensions entrecroisées dont les trois pôles peuvent être appelés symboliquement Athènes, Rome et Jérusalem. Athènes, c’es
112 péen : c’est un homme dialectique, dialogique, ne pouvant espérer d’atteindre à l’équilibre qu’au prix des synthèses les plus d
113 ite par les familles connues de la planète. Il ne pouvait faire autrement. Je parle des derniers mille ans. Mais comment expliq
114 sent typiquement d’Europe, en ce sens qu’elles ne pouvaient naître que du complexe que je viens de décrire. Ce sont les idées de
115 , ces trois ressorts de l’âme occidentale — on en pourrait mentionner d’autres — suffiront à titre d’exemples : elles nous font
116 lerai tout simplement : notre culture. Certes, on peut définir la culture tout autrement : comme l’ensemble des disciplines
117 dants, la liberté fondamentale de la culture, son pouvoir de mettre en question les valeurs régnantes et les activités officiel
118 e que le style même d’un écrivain ou d’un peintre peut être attaqué par les fonctionnaires de l’État et qualifié de sabotage
119 politique est si parfaitement préventive qu’elle peut s’offrir le luxe de disparaître en tant qu’activité distincte de répr
120 C’est ainsi qu’un ancien ministre bulgare en exil pouvait affirmer, récemment, que dans un État communiste la censure au sens c
121 n Occident, c’est peut-être dans la mesure où les pouvoirs ne la prennent pas au sérieux, ne lui attribuent aucune « utilité pra
122 puissance et du prestige mondial de l’Europe, on pourrait croire qu’elle n’est plus aujourd’hui qu’un appendice aux déclaration
123 isparaît du jeu des forces mondiales, personne ne pourra remplacer cette âme d’une civilisation qui avait su remplacer toutes
124 culture active rendue à l’efficacité, l’Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-être unie, c’est même plus que
125 ailleurs. Mais elle aura perdu le ressort de son pouvoir transformateur du monde, ce pouvoir qui avait fait sa grandeur à part
126 essort de son pouvoir transformateur du monde, ce pouvoir qui avait fait sa grandeur à partir d’un médiocre destin. Que servira
127 ais passé pour la terre de la liberté. Certes, on peut disputer sur les concepts, mais je parle de réalités : l’Europe et la
128 pas, une capacité d’invention que le monde entier peut nous envier. Qu’avons-nous inventé, nous les Européens, depuis cent a
129 vres. Je dirai plus. Le monde moderne tout entier peut être appelé une création européenne. Pour le bien comme pour le mal,
130 op petite, rend compte de tous les maux dont nous pouvons souffrir. Mais elle rend compte de nos faiblesses, et de notre démiss
131 représente l’Europe dans le monde, et que rien ne peut remplacer. Qu’avons-nous fait pour nous unir ? Dans le domaine politi
132 maine économique, nous avons le plan Schuman, qui peut être un début de mise en commun de nos ressources matérielles. Et mai
133 qu’aucun de nos instituts culturels nationaux ne peut parler, actuellement, au nom de l’Europe dans son ensemble alors que
134 rganisme dont la raison d’être principale soit de pouvoir prendre certaines initiatives et de parler au nom de l’Europe comme u
135 d’Europe, inauguré à Bruges le 12 octobre, et qui peut devenir l’École des sciences politiques du continent. g. Rougemont
7 1951, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Inde 1951 (décembre 1951)
136 térature, de nostalgie consciente et cultivée. Il peut bien être le plus fort, il le fut en effet pendant des siècles, mais
137 ement. — Mais un vrai ou un charlatan ? — Comment peut -on savoir. Il y en a tant. Il marchait lentement, à grands pas import
138 ndre, je viens de sentir au moins pourquoi l’Asie peut connaître les castes, ignorer entièrement la personne, faire bon marc
139 livrés à ma vue, pendant les brefs instants où je pourrai me tenir là, observé, surveillé, repoussé par tous ces yeux hostiles
140 autos, allant ailleurs, on ne sait où, mais on ne peut s’empêcher de se le demander, et d’eux seuls dans la foule infinie, c
141 : il propose un plébiscite “démocratique”, qui ne peut tourner qu’à l’avantage des communistes. Mais prenez l’affaire du Kas
142 ue dans nos idées vagues sur son mystère. Elle ne peut plus ressembler qu’à ce qu’elle deviendra. En six siècles, le monde a
143 gé elle aussi. Le fait certain, c’est qu’elle n’a pu le faire au rythme accéléré de notre histoire. Elle a manqué la Renai
144 ain et russe. Ni d’un côté ni de l’autre, elle ne peut se reconnaître. Elle se dit neutre, comme quelqu’un qui voudrait bien
145 tention. Mais sur quelles valeurs positives Nehru peut -il fonder le double refus qui paraît inspirer sa politique ? Au nom d
146 brahmines, chez les paysans et artisans, mais le pouvoir est aux « sécularistes » qui se détachent d’elle ou la renient. L’évo
147 nsolubles. Il faut donc aider l’Inde, mais qui le peut  ? L’Amérique lui fournit des tracteurs et du blé. La Russie lui propo
148 nnement chrétiennes du Malabar. Mais un Hindou ne peut devenir « collectiviste » s’il n’a passé d’abord par l’individualisme
8 1965, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965)
149 conflits dramatiques et de la prospérité qui en a pu résulter. Pas de moyenne réelle dans les pays où une faction, une Égl
150 ns de la productivité. Le fonds commun sur lequel peuvent compter syndicalistes, patrons et gouvernants, c’est le goût du trava
151 t gouvernants, c’est le goût du travail dont on a pu écrire qu’il est « le mode existentiel des Suisses », la base de leur
152 tingences. Je ne connais pas d’autre pays où l’on pourrait poser au citoyen moyen cette question qui figure dans l’enquête intit
153 ntitulée Un jour en Suisse : « Estimez-vous qu’on peut être un bon Suisse et se lever à 9 heures ? » À l’origine du devoir e
154 t au contraire, pour l’épouser, la preuve qu’elle pouvait être mère), cent témoignages concordants décrivent une Suisse gaillar
155 éché », et les pasteurs actuels aussi. D’où l’on pourrait déduire d’une part que les exigences de la chair étaient bien fortes
156 fonctionnaires subalternes et militarisés. Quels peuvent bien être leurs critères du moral et de l’immoral ? Je n’en ai découv
157 igence accrue à l’égard du mariage et de ce qu’il peut représenter pour le développement personnel de chacun des conjoints e
158 plus intelligente et la statistique la plus fine peuvent montrer les traits acquis de la physionomie d’un peuple, mais non les
159 truments d’analyse des consciences actuelles n’en peuvent compter et indexer : il y a des forces et des réalités longuement agi
160 ssantes et soudain décisives que l’homme moyen ne peut pas exprimer, bien qu’il en vive, — ou faut-il dire précisément parce
9 1969, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)
161 vrage de Proudhon, Du Principe fédératif, où l’on pouvait lire cette phrase devenue célèbre : « Le xixe siècle ouvrira l’ère d
162 ent, de rentabilité et de sécurité, auxquelles ne peuvent répondre que de grands espaces économiques constitués à la mesure des
163 n au seuil d’une ère potentiellement fédéraliste. Peut -on dire plus ? Sur les quelque cent-trente nations souveraines qui di
164 beaucoup à une attitude de suspicion envers tout pouvoir central, et à la défense ombrageuse des autonomies locales ou régiona
165 ncore, en Suisse même, il y a quelques années, on put entendre le recteur d’une de nos universités cantonales condamner le
166 les et vitales, de telle sorte que la solution ne puisse être cherchée, ni dans la réduction de l’un des termes, ni dans la su
167 prises les décisions relatives à cette tâche. Il peut y avoir d’ailleurs plusieurs niveaux de décisions, hiérarchisés. Sépa
168 s niveaux de décisions, hiérarchisés. Séparer les pouvoirs , les disperser, les répartir selon le bon sens, voilà le programme pr
169 topie totalitaire. De plus, les aires d’opération peuvent et doivent différer selon les tâches, j’entends selon qu’elles intére
170 iendrai que le nombre des combinaisons auxquelles peut conduire cette méthode a de quoi donner le vertige aux fonctionnaires
171 de tels aménagements. Les dimensions, d’ailleurs, peuvent être numériques aussi bien qu’architecturales : prenez les conflits a
172 ssurer la cohésion d’un ensemble assez vaste pour pouvoir se charger de tâches communes (telles que la défense, les affaires ét
173 e constitution, de type plus ou moins fédéral qui peut résoudre une fois pour toutes ce conflit permanent. Il y faut une mét
174 âches à entreprendre, répartir en conséquence les pouvoirs de décision, opérer les concentrations de forces proportionnées à la
175 e contemporain : « Le fédéralisme est présence au pouvoir global des éléments particuliers — demeurant distincts et reconnaissa