1
e vous rappellerai tout d’abord les circonstances
qui
m’ont fait choisir ce sujet. Il y a… tout près d’ici… quelqu’un — je
2
uerai personne, moi ! — il y a, dis-je, quelqu’un
qui
a osé prétendre que je suis un empoisonneur des consciences ! » Récit
3
me défendre ! Et malgré les persécutions de ceux
qui
ont intérêt à étouffer la vérité, etc. » La chevelure s’agite, les br
4
le. « J’étais au dernier congrès des instituteurs
qui
s’est tenu à Paris. Eh bien ! citoyens, lors de ce congrès, il a été
5
oirée, on passe un dessin animé, le Petit Poucet,
qui
remporte un gros succès. En sortant, nous passons devant la salle du
6
En sortant, nous passons devant la salle du curé,
qui
donne aussi ce soir une séance de cinéma. On entend rire des enfants.
7
ous les auspices d’une ligue « antifasciste », et
qui
avait pour sujet : « L’Église contre les travailleurs. » Je comptais
8
age, à part la petite minorité de mauvaises têtes
qui
suit les prêches laïques de l’instituteur. Le seul protestant est mor
9
un tout à droite, un tout à gauche, le troisième,
qui
est le président, derrière la table, embarrassés de leurs mains, de l
10
us m’excuserez de ne pas vous présenter l’orateur
qui
va vous faire un intéressant discours sur le sujet… Je ne connais pas
11
Eh bien, il y a aussi des prêtres et des pasteurs
qui
ont trahi. Capitalisme, bourgeoisie égoïste, guerre. Mais le vrai chr
12
Malheureusement il y a le cléricalisme. C’est lui
qui
est mauvais, non pas la Bible. Être chrétien, c’est aimer son prochai
13
s longue : il y avait pourtant bien des auditeurs
qui
ne devaient pas être d’accord ? « Ben quoi, fait-il, convaincu, c’est
14
la rue noire, un homme nous rejoint : c’est celui
qui
a présidé la réunion. Il veut encore remercier M. Palut. Enfin il veu
15
peine à comprendre ses intentions. Il a un oncle
qui
est curé, mais je ne saisis pas bien si ce curé lui a interdit la lec
16
hein ? » Je le rassure vivement. Ce n’est pas moi
qui
lui reprocherai jamais d’être trop simple. On ne l’est jamais assez !
17
uter sans bouger, comme ils ont écouté les autres
qui
disaient le contraire, et pas moyen de savoir avec qui ils sont d’acc
18
isaient le contraire, et pas moyen de savoir avec
qui
ils sont d’accord. Il ne faut pas oublier que nous vivons à une époqu
19
je n’avais jamais pu parler à A…, à cause du curé
qui
s’y opposait par tous les moyens. Ils sont difficiles à prendre, ici.
20
ltée. Je roulais comme en rêve, le long des dunes
qui
me cachaient la mer bruyante, à ma gauche. Un brouillard vague flotta
21
Là-dessus, quantité de pensées et de conclusions
qui
m’ont paru évidentes et importantes. On se sent réfléchir avec une én
22
parle ici. C’est pour une raison très précise et
qui
n’a rien à voir avec la critique littéraire. À la page 43 de l’éditio
23
sur mon pyjama dans l’espace de deux minutes, ce
qui
doit constituer une sorte de record. D’autres sautaient sur le couvre
24
était venu se mettre en boule dans la plate-bande
qui
borde la maison, sous ma fenêtre. Il soufflait très vite, il avait l’
25
te anecdote parce qu’elle comporte une conclusion
qui
la dépasse d’ailleurs notablement et qui me paraît assez frappante. V
26
nclusion qui la dépasse d’ailleurs notablement et
qui
me paraît assez frappante. Voici : pour la première fois depuis je ne
27
éveiller le peuple elles traduisent chez certains
qui
les prononcent de bonne foi. Elles le trahissent d’ailleurs, ce désir
28
tation : il est très difficile d’aimer des hommes
qui
ne nous sont rien, qui ne nous demandent rien, qui peut-être ne voudr
29
fficile d’aimer des hommes qui ne nous sont rien,
qui
ne nous demandent rien, qui peut-être ne voudraient pas même de notre
30
ui ne nous sont rien, qui ne nous demandent rien,
qui
peut-être ne voudraient pas même de notre aide (nous égalent les inte
31
e haïr et de condamner un certain ordre de choses
qui
nous vexe et dont nous souffrons. Et il est très tentant d’appeler ce
32
au peuple lui sont incompréhensibles ; mais ceux
qui
les écoutent ont l’air de trouver cela tout naturel. Je fus certainem
33
audira guère que le son de leur voix, ou le parti
qui
les délègue. Il resterait à expliquer cet état de choses, qui voue le
34
gue. Il resterait à expliquer cet état de choses,
qui
voue les « clercs » à s’agiter dans le vide — ce qui est malsain — et
35
voue les « clercs » à s’agiter dans le vide — ce
qui
est malsain — et le peuple à ne pouvoir se libérer des charlataneries
36
s venu à l’esprit que la vérité est quelque chose
qui
peut être réalisé. Et qu’il s’agit de prendre position effectivement.
37
quer le silence de ces cultivateurs. Mais le type
qui
m’a parlé avait la langue bien pendue. Mais surtout je m’avise que la
38
égoïstes, des orgueilleux, des espèces d’aristos
qui
ne vont qu’avec les riches. Il y en a certes qui font progresser la s
39
qui ne vont qu’avec les riches. Il y en a certes
qui
font progresser la science, et cela c’est bien. On va les écouter ave
40
elle m’invite à regarder plus objectivement ceux
qui
m’entourent, ce « peuple » qu’il s’agit d’aider, et que je vois encor
41
s’agit d’aider, et que je vois encore si mal. (Ce
qui
ne m’a pas empêché jusqu’ici de m’occuper de politique, par exemple…
42
uation, ou mieux, dans ce défaut de « situation »
qui
fait de moi, pour parler comme la presse, un « intellectuel en chômag
43
le des parcelles tout autour du village : l’homme
qui
travaille ces bouts de champ, grands comme ma chambre, doit passer un
44
r les conditions matérielles. Mais précisément ce
qui
s’y oppose, c’est l’idéologie rudimentaire qu’on leur a inculquée, et
45
idéologie rudimentaire qu’on leur a inculquée, et
qui
n’a que trop bien convenu à leur penchant naturel. Il faudrait donc d
46
lité pour rendre possible une réforme matérielle,
qui
, à son tour, permettrait d’autres progrès. Un seul homme ici pourrait
47
souvent barbare et toujours déshonorant pour ceux
qui
la subissent, mais c’est le seul moyen de transformer et d’animer un
48
donner le sens civique, le sens de la communauté.
Qui
est-ce qui se préoccupe en France de donner au peuple une éducation s
49
ens civique, le sens de la communauté. Qui est-ce
qui
se préoccupe en France de donner au peuple une éducation solidariste
50
eurs dans des ligues toujours anti-quelque chose,
qui
n’empêcheront rien, c’est l’évidence, parce qu’elles n’exigent rien d
51
ignons, je lui ai offert les outils à long manche
qui
sont dans le chai, et il a refusé. « On n’a pas l’habitude. » Contre-
52
ropriétaire venu du continent il y a trois ans et
qui
utilise des outils ordinaires, me dit qu’il a tout de suite obtenu de
53
didats à la bourgeoisie, en tous cas par des gens
qui
recherchent la « considération » du peuple. D’où le ton haineux typiq
54
ent, avec des maladresses et des grosses astuces,
qui
n’est pas exactement celui des « discussions » qu’on peut entendre da
55
tendre dans les cafés du port, au chef-lieu, mais
qui
correspond bien à ce que les pêcheurs ou les paysans aiment à se fair
56
sion mes projets de réforme. Mais je sais bien ce
qui
m’arrêterait dès les premiers pas. Ces hommes n’ont pas ou n’ont plus
57
meuse était la Clique des retraités de la Marine,
qui
animait de ses concerts de nombreuses fêtes villageoises. Tout cela s
58
ain, la tombe. Deux réalités fondamentales. Voilà
qui
est bien dans l’harmonie de cette lande où l’homme et ses maisons met
59
et actif, il faut le pain. Pour la mort, l’homme
qui
se recouche, il faut la tombe. Il y a toujours quelque grandeur dans
60
ns, des défricheurs, mais de petits propriétaires
qui
se défendent avec la seule obstination de l’instinct, au niveau le pl
61
r, c’est cela seul, menace ou entreprise commune,
qui
rassemble les peuples et les pousse à créer des signes visibles de le
62
udrait croire fanatiquement à une vérité absolue,
qui
vaille mieux que la paix et le bonheur, pour oser bouleverser la peti
63
eur pratique ? On en vient à penser que le régime
qui
convient le mieux à cette vie obscure — j’entends celui qui la conten
64
nt le mieux à cette vie obscure — j’entends celui
qui
la contente le mieux à défaut de la développer —, c’est encore la Tro
65
ue : un État faible, dont le centre est lointain,
qui
ne croit à rien, et qui par suite ne peut rien exiger de sérieux. Mai
66
t le centre est lointain, qui ne croit à rien, et
qui
par suite ne peut rien exiger de sérieux. Mais il y a d’autres aspect
67
les enfants communistes de la colonie de vacances
qui
défilent en maillots rouges et l’on pousse des « cris séditieux » ; l
68
sse trop de forces grandir contre lui : et alors,
qui
va venir un beau jour, de Paris, faire la loi dans notre village ? 15
69
ts de l’Ouest, qu’il n’est plus guère de « pays »
qui
ne soit desservi par une ou deux ou même trois Compagnies de transpor
70
Sur ses bords ne vivait qu’une population nomade,
qui
portait l’uniforme de l’État, partout, la même. Vous pouviez parcouri
71
ance de part en part, sans remarquer que les gens
qui
l’habitent ne sont pas tous de la même sorte, et que d’une province à
72
ce à une autre, ce n’est pas seulement le paysage
qui
change. N’était-ce pas là l’une des raisons qui faisait si facilement
73
e qui change. N’était-ce pas là l’une des raisons
qui
faisait si facilement nier la subsistance des « petites patries » dan
74
in départ et la destination des diverses voitures
qui
stationnent sur la place. C’est que chaque compagnie a sa tête de lig
75
l’installation de la ligne et sur la concurrente
qui
a fait baisser les prix. Car il est de règle qu’au début deux Compagn
76
un luxueux fauteuil de cuir rouge ou bleu vif et
qui
change de tête plusieurs fois pendant le trajet, de coups de main aux
77
c force recommandations ; et ils sont rares, ceux
qui
n’ont pas deux mots à dire par la portière entrouverte un instant à l
78
uverte un instant à la fille de l’auberge écartée
qui
attend le passage du car, les cheveux au vent, sur le bord de la rout
79
n général de jeunes gaillards solides et gais, et
qui
ont toutes les raisons d’aimer le travail et de le faire bien : c’est
80
eurs que les femmes ont toujours accordées à ceux
qui
commandent et disposent, ne fût-ce que pour une heure, de leur vie. O
81
je rêverais d’entreprendre une belle révolution,
qui
rajeunisse la France : ils ont la bonne humeur, le dynamisme, le sens
82
atique et la rapidité d’esprit que les bourgeois,
qui
en sont dépourvus, attribuent par erreur au « peuple » en général. Sa
83
mpter les moyens techniques dont ils disposent et
qui
seraient décisifs lors d’une action rapide. Mais loin de moi ces ambi
84
ion rapide. Mais loin de moi ces ambitions : ceux
qui
les ont n’en parlent pas, dit-on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci
85
lumières, et sans vous, où irions-nous donc, nous
qui
ne croyons plus aux curés ! — Comptez, monsieur, — lui dis-je, — qu’u
86
e flatter), et cela tient aux circonstances mêmes
qui
l’ont mis dans le cas d’écrire. Car, ou bien l’on écrit ce que l’on n
87
aiblesse ou d’une ambition excessive, deux choses
qui
compliquent fort la vie, je crois ; ou bien l’on écrit des choses int
88
e bon moyen de traîner la misère la plus honteuse
qui
se puisse imaginer, dans les antres rédactionnels. Je dis les antres.
89
tus au-dessus du commun, la révélation de secrets
qui
suffiraient à rendre heureux les plus indignes, et ingénieux les plus
90
orité humaine, quel luxe d’énergie ou d’invention
qui
, s’ils les possédaient vraiment, feraient de leurs détenteurs non poi
91
moi, ce que nous vous donnons, c’est justement ce
qui
nous manque, et quand vous aurez compris cela, vous cesserez, je le c
92
tance et de la simplification, vérité de la fable
qui
donne une forme grande à nos obscurs et grands désirs informulés. En
93
aient plus de liberté qu’auparavant, etc. Mais ce
qui
me surprit davantage, ce fut la question franche d’un garçon de vingt
94
a conférence à A… Elles sont également vraies. Ce
qui
est faux, c’est de parler du peuple en général. « On le savait depuis
95
s parents, contre la concurrence de l’école libre
qui
nous a pris les deux tiers de nos élèves. On aurait besoin de nourrit
96
ature moderne en France n’a guère à donner à ceux
qui
ont faim de nourriture solide, élémentaire. Défaut de naïveté, de for
97
on effort est de s’écarter le plus possible de ce
qui
est simplement vrai. Je comprends assez bien qu’un certain nombre d’é
98
t par la note suivante : « M. Denis de Rougemont,
qui
a publié récemment un remarquable essai sur la culture dans la sociét
99
raites du Journal d’un intellectuel en chômage ,
qui
doit paraître prochainement. »
100
nature hostile et mouvante. La parole de raison,
qui
distingue les choses, les arrête et les identifie, apparaît comme une
101
vrai que la nuit et le rêve n’ont rien à révéler
qui
importe au jour ? Est-il vrai que la passion, l’angoisse et la folie
102
et plus nous pénétrons dans la nature des choses
qui
sont hors de nous », affirme un des théoriciens du premier romantisme
103
xler. Mais encore : s’agit-il vraiment des choses
qui
sont hors de nous, ou bien seulement de choses qui, en nous, étaient
104
ui sont hors de nous, ou bien seulement de choses
qui
, en nous, étaient restées secrètes pour la conscience ? Tieck pose tr
105
appartiennent. » Quand nous rêvons, « est-ce nous
qui
nous jouons de nous-mêmes, ou bien une main d’en haut brasse-t-elle l
106
le de ces irruptions soudaines d’images inconnues
qui
se jettent à la traverse de nos idées d’une manière si brusque et si
107
estre dans le supraterrestre » ; ou encore : « Ce
qui
rêve en nous, c’est l’Esprit à l’instant où il descend dans la matièr
108
l’inconscient, ils formulent le problème crucial
qui
se pose à tous les mystiques. Albert Béguin lui-même nous invite tro
109
nt translucides, une nostalgie longtemps déçue et
qui
s’empare avec avidité des plus furtives promesses de bonheur, surtout
110
lois plus précises et plus constantes que celles
qui
le régissent à l’état de veille. D’autre part, l’on sait bien que les
111
que la « porte » ouvrant sur le monde ineffable,
qui
est proprement le domaine des mystiques. Toute expérience mystique ou
112
d de Jakob Boehme), dont on ne peut rien dire, et
qui
cependant est la source de tout ce que l’on dit. C’est l’ineffable, l
113
en écrire, à tenter de le cerner par des figures
qui
, n’étant jamais suffisantes, doivent être inépuisablement multipliées
114
indre, même faiblement, la merveille de la vision
qui
s’offrit à moi et qui, transformant mon âme, m’entraîna au-devant d’u
115
, la merveille de la vision qui s’offrit à moi et
qui
, transformant mon âme, m’entraîna au-devant d’une réalité invisible,
116
sont passifs ; ils écoutent le langage d’une voix
qui
leur est intérieure et pourtant étrangère, qui s’élève dans les profo
117
ix qui leur est intérieure et pourtant étrangère,
qui
s’élève dans les profondeurs d’eux-mêmes sans qu’ils puissent faire a
118
le signe physique6. C’est « le royaume de l’Être
qui
se confond avec le royaume du Néant, l’éternité enfin conquise et don
119
s et n’exprimons que le divers et le distinct, ce
qui
a pris forme ; tout ce que notre conscience a séparé du Tout. Et c’es
120
notre conscience a séparé du Tout. Et c’est cela
qui
constitue notre réalité de tous les jours. Pour rejoindre le Tout et
121
re soi-même, pour se confondre avec cet Indicible
qui
reste, aux yeux de la chair, le pur Néant. Ainsi, le terme de la quêt
122
le plus singulier dans la vie de l’esprit humain,
qui
est l’engagement sur la via mystica ? S’il est permis — comme on l’ad
123
ves, Moritz écrivit deux romans autobiographiques
qui
nous permettent de pénétrer l’intimité d’une expérience prémystique (
124
être une blessure qu’il reçut de la vie, un choc
qui
l’a laissé béant sur une contradiction irrémédiable entre la dure réa
125
le l’examiner, l’homme trouve en lui une blessure
qui
déchire tout ce qui vit en lui, et que peut-être lui fit la Vie même.
126
me trouve en lui une blessure qui déchire tout ce
qui
vit en lui, et que peut-être lui fit la Vie même. » Non sans lucidité
127
idité, Moritz a su dépeindre l’état de conscience
qui
naît de cet obscur déchirement : « C’était comme si le poids de son e
128
cette idée le plongea peu à peu dans un désespoir
qui
l’amena au bord de la rivière… » Prenons-y garde : ce moi détesté, c’
129
ement ce qu’il ne peut se remémorer, cette lacune
qui
est à l’origine de la conscience divisée. Comment alors sortir du cer
130
es d’un retour au monde perdu, à la « vraie vie »
qui
est « ailleurs », comme dit Rimbaud. Vie d’expansion indéfinie dans l
131
divinité. Vie d’innocence retrouvée : car le moi
qui
s’y perd, perd aussi le sentiment de sa culpabilité. Mais d’une autre
132
’est retrouver la morte ! « L’expérience typique,
qui
est celle de Jean-Paul à la mort de ses amis, de Novalis perdant Soph
133
nt pas à retrouver dans leur au-delà une Présence
qui
pardonne, qui guérisse, et qui leur rende alors la force d’accepter l
134
uver dans leur au-delà une Présence qui pardonne,
qui
guérisse, et qui leur rende alors la force d’accepter leur moi coupab
135
-delà une Présence qui pardonne, qui guérisse, et
qui
leur rende alors la force d’accepter leur moi coupable et le monde ré
136
amental de toute passion, le mouvement d’un amour
qui
préfère le néant aux limitations de la vie — la joie devant la mort d
137
lation profonde et constante dans l’homme : celle
qui
existe entre le recours à l’indicible et la fuite devant le moi perso
138
a pensée et de ses actes. Mais voilà justement ce
qui
répugne aux romantiques ! D’où leur fuite dans un monde dont on ne pe
139
illuminations », pareils aux souvenirs d’un rêve
qui
s’efface. Cela dont ils voulaient parler, cet Indicible ou ce discour
140
les poètes du rêve : il se dévoue à quelque chose
qui
le dépasse, il se donne à une réalité qui, souvent, ne tient pas comp
141
e chose qui le dépasse, il se donne à une réalité
qui
, souvent, ne tient pas compte de nos raisons, il s’impose une sorte d
142
te de nos raisons, il s’impose une sorte d’ascèse
qui
le libère des servitudes naturelles. Mais cette ascèse n’aboutit pas
143
e d’Avila ne voulait accepter que les révélations
qui
la portaient à quelque action pratique dans la vie quotidienne. Ainsi
144
du moi » des romantiques. C’est une « activité »
qui
ne commence qu’au-delà de la mort à soi-même, c’est-à-dire du renonce
145
t-à-dire en vertu d’un appel venu d’ailleurs mais
qui
concerne l’ici-bas. Seule une telle vocation peut donner le courage d
146
coupable — parce que dorénavant ce n’est pas cela
qui
compte, mais l’œuvre à faire et Celui qui l’ordonne. Alors le moi cou
147
as cela qui compte, mais l’œuvre à faire et Celui
qui
l’ordonne. Alors le moi coupable et détesté ne cherche plus de vaine
148
ose enfin parler et témoigner au nom d’une Vérité
qui
le dépasse. Et l’on rejoint ici l’enseignement évangélique : ce ne so
149
angélique : ce ne sont pas des extases indicibles
qui
sont promises aux vrais croyants, mais au contraire il leur est deman
150
e (à cause de l’orgueil national). C’est le monde
qui
doit être mal fait ! Car nous y sommes brimés, nous qui pourtant somm
151
it être mal fait ! Car nous y sommes brimés, nous
qui
pourtant sommes les fils des vertueux Germains ! Et de ce sentiment d
152
ionale. La vraie Allemagne ne peut pas être celle
qui
a subi la « blessure ». Il faut donc la chercher ailleurs : dans un r
153
cet ersatz de l’au-delà. Nions donc cette réalité
qui
nous opprime si méticuleusement, tous ces articles du traité qui nous
154
e si méticuleusement, tous ces articles du traité
qui
nous accusent, toutes ces règles du jeu politique inventées par des r
155
alité impénétrable, indicible, incommunicable, et
qui
n’a point de « raisons » à donner : l’autarcie matérielle et morale.
156
mais d’un peuple envoûté par son rêve. Un peuple
qui
renonce à la raison, qui renonce à se justifier aux yeux du monde, pa
157
par son rêve. Un peuple qui renonce à la raison,
qui
renonce à se justifier aux yeux du monde, parce qu’il trouve dans sa
158
testé à quelque chose de plus vrai que la vie, et
qui
est sa mission millénaire. « Chez nous, proclamait récemment M. Goebb
159
avis, au moins autant qu’économique. Car la lutte
qui
se livre aujourd’hui dans le secret de la conscience allemande, c’est
160
eligion de l’inconscience collective et d’une foi
qui
veut témoigner par la Parole et l’acte personnel. 6. En effet, pou
161
avenues parallèles, dans le sens de la longueur,
qui
est de vingt-cinq kilomètres environ — elles figurent assez bien les
162
faubourgs, au-delà de l’Hudson et de l’East River
qui
entourent l’île, s’étendent sur des espaces bien plus vastes, îles et
163
mme les Suisses énumèrent leurs Alpes au visiteur
qui
en contemple la chaîne. Le vent fou, l’air ozoné et la lumière éclata
164
t que je connais… Mais il y a plus. Il y a le sol
qui
est alpestre dans sa profondeur. À Central Park, au milieu des prairi
165
ches de fer d’un pont à n’en pas croire ses yeux,
qui
porte l’autostrade pendant des kilomètres au-dessus des usines, des f
166
rcassées, déchets du grand délire de construction
qui
enfièvre tout le continent et dont le pont de l’autostrade au long de
167
détail est laid, voyez l’ensemble. Pour un homme
qui
est seul, Manhattan est sublime. Il n’a qu’à s’oublier dans l’énergie
168
terre à nu, et plus une ligne indécise, ni d’eau
qui
court, ni de feuillages. Tout est pans de brique peinte et de ciment
169
ts, et la rivière ouvre l’espace, double le ciel,
qui
règne seul au coucher du soleil. À New York, la lumière du soir évacu
170
ier éclat d’avion fuyant, et c’est la ville alors
qui
s’empare du ciel, s’en fait un dôme à sa mesure et le referme sur sa
171
u centre un grand fauteuil tournant et basculant,
qui
se transformerait le soir en lit et d’où, sans se lever, l’on atteind
172
ement par l’absence-de-quelque-chose-qui-y-était,
qui
n’y est plus, mais dont la progressive évacuation a laissé le milieu
173
s femmes, ni les miens, dont nul ne peut juger et
qui
peut-être n’en sont point. Ce n’était pas le froid, la pluie, la pois
174
e des rares — j’en connais trois dans Manhattan —
qui
, à la fois, ne portent pas de numéro et ne coupent point les avenues
175
me lève et sors. Je me promène sur cette terrasse
qui
fait le tour de mes chambres blanches, posées sur le onzième étage et
176
rasses, moments les plus aigus de la vie, au jour
qui
point, quand toutes choses et les souvenirs d’hier changent de poids
177
ès qu’elle a traversé les piliers du métro aérien
qui
longe encore la Troisième avenue, s’anime alors dangereusement d’enfa
178
noircissent au rebord des trottoirs. Les enfants
qui
ne jouent plus à la balle parce que la nuit vient de descendre — depu
179
ur la neige entre les escaliers de quatre marches
qui
conduisent aux portes d’entrée. Portes étroites, ouvrant sur des coul
180
e dans la cuisine. En face du fourneau à charbon,
qui
est censé chauffer l’appartement, une espèce de baignoire couverte et
181
passe par une baie sans porte dans le frontroom,
qui
donne sur la rue. De l’autre côté de la cuisine, deux petites chambre
182
e autre pièce plus claire, sur la cour. Ce logis,
qui
n’est guère qu’un corridor légèrement cloisonné, s’annonce dans les j
183
n est jonché de plâtras, de journaux, de chiffons
qui
bougent, ou ce sont peut-être des chats. Des cordes tendues sur l’abî
184
lemment éclairé, je vois quelques Chinois courbés
qui
empilent du linge ; au cinquième, une grosse femme en peignoir qui se
185
inge ; au cinquième, une grosse femme en peignoir
qui
se farde à gestes menus. Le concierge irlandais hurle dans l’escalier
186
es bâtiments. » (Il est peu de villes américaines
qui
ne réussissent à se vanter de quelque chose d’unique au monde, compen
187
le internationale de province, sans grand avenir,
qui
vit déjà sur son passé d’un siècle… Robert me dépose devant l’entrée
188
il me montre un terrain d’aviation : — C’est moi
qui
ai fondé notre Air Club, il y a quinze ans, j’étais tout jeune. J’ai
189
chée dans les bosquets au bout d’une longue allée
qui
monte entre des barrières blanches. — Et vous verrez ce qu’elle en a
190
C’est une grande femme bottée, sauvage et belle,
qui
mord une pomme, et son torse paraît nu dans un fin sweater jaune. Ell
191
ans la porte du fond un homme en veste de chasse,
qui
tient des verres de whisky à la main. Deux femmes blondes entrent et
192
le renvoie chercher des verres et des bouteilles.
Qui
sont ces gens ? Elle dit : — Je ne le sais pas plus que vous. Ils so
193
Eh bien ? m’ont demandé mes amis dans la voiture
qui
nous emporte sous la pluie, qu’en pensez-vous ? — Well… pour la premi
194
téralement : de la route américaine de la vie. Ce
qui
est pour nous concept, forme arrêtée, devient chez eux chemin, mouvem
195
e des pionniers, l’ère des défricheurs de savanes
qui
firent reculer la frontière de décade en décade, à travers le Far Wes
196
de la vitalité inépuisable d’un peuple libre, et
qui
voit grand sans se forcer. Voici enfin un spectacle émouvant qui n’ef
197
sans se forcer. Voici enfin un spectacle émouvant
qui
n’effraye pas, mais au contraire atteste une force paisible et utile.
198
ques minutes, l’illusion d’une puissance immobile
qui
vaincrait la distance par le charme, attirant les villes à soi et dép
199
es yeux et j’écoute le grondement sourd des pneus
qui
mordent le béton. En cinq heures, nous aurons couvert les quatre-cent
200
, nous aurons couvert les quatre-cents kilomètres
qui
séparent le centre de New York de Washington, en traversant deux vill
201
e ce genre. Qu’il suffise de rappeler les données
qui
en déterminent exactement l’urgence. La guerre a eu pour conséquences
202
t non seulement l’Europe n’est plus une puissance
qui
pourrait exiger la paix, mais chacune des nations qui la composent se
203
pourrait exiger la paix, mais chacune des nations
qui
la composent se voit menacée d’annexion politique ou de colonisation
204
— s’il en est un — c’est l’humanité tout entière
qui
sortira vaincue. Si nous voulons sauver chacun de nos pays, il faut d
205
essité. J’essaierai maintenant de répondre à ceux
qui
demandent ce qu’on a fait déjà, et ce qu’on peut faire à temps pour f
206
aura le dernier mot… » Il y eut Proudhon surtout,
qui
écrivait : « Le xxe siècle ouvrira l’ère des fédérations, ou l’human
207
Kalergi. Ce pionnier réussit à convaincre Briand,
qui
prêta sa grande voix traînarde à l’idée d’une union continentale. Mai
208
e. On y parlait beaucoup de l’engagement — un mot
qui
a fait fortune depuis dans d’autres bouches. On y faisait surtout de
209
estins, dans les camps, dans les journaux secrets
qui
se multipliaient en France, en Hollande, en Pologne, en Italie et en
210
les nuances politiques, nationales et religieuses
qui
font la richesse de l’Europe, et qui la rendent si difficile à gouver
211
religieuses qui font la richesse de l’Europe, et
qui
la rendent si difficile à gouverner. La première tâche qui s’imposai
212
dent si difficile à gouverner. La première tâche
qui
s’imposait, c’était de fédérer tous ces fédéralistes dispersés. Dès 1
213
cepticisme profond. Devant la tâche urgente, mais
qui
pouvait paraître surhumaine, de fédérer l’Europe, c’est-à-dire de met
214
ments. Il est vrai que beaucoup de petits groupes
qui
se formèrent spontanément dans les camps et dans les maquis ne devaie
215
araissent avec insistance dans tous les documents
qui
jalonnent les étapes du mouvement vers l’Europe unie, à partir du con
216
s congressistes furent reçus par le pape Pie XII,
qui
leur dit en français « sa plus vivante sympathie » pour l’œuvre urgen
217
ouages les principaux gouvernements européens. Ce
qui
n’était qu’un rêve il y a un siècle, qu’une théorie il y a quinze ans
218
e quelque chose qu’il faut réaliser d’urgence, et
qui
a les plus grandes chances de se réaliser. Nous sommes donc arrivés à
219
nde ou les travaux spécialisés des six mouvements
qui
le composent, va se porter au cours des mois prochains sur quatre poi
220
es Cinq : à l’Assemblée constituante de l’Europe,
qui
pourra seule contraindre les États à s’incliner devant un pouvoir féd
221
ux ministres. Essayons de comprendre une attitude
qui
risque de se confondre, aux yeux de nos militants, avec une volonté s
222
sent que les ministres sont là pour gouverner, ce
qui
paraît étrange à beaucoup de Latins. Ils pensent donc, tout naturelle
223
lques mesures empiriques (ils disent : pratiques)
qui
ne porteront aucune atteinte aux souverainetés nationales, et ne trou
224
uel puisse être déféré, le cas échéant, tout État
qui
céderait au totalitarisme ? Mesures économiques. — Le contradicteur
225
ire que nos plans « généreux » vaudront le papier
qui
les supporte, tant que nous n’aurons pas résolu les grands problèmes
226
européen. S’il ne mettait la culture à sa place,
qui
est à la fois primordiale et finale, il cesserait de mériter l’adject
227
e voix à la conscience de l’Europe et des peuples
qui
lui sont associés ». Il ne s’agit nullement de fomenter on ne sait qu
228
iberté ; une manière de « chercher à comprendre »
qui
est notre forme intime de résistance aux mises au pas totalitaires… D
229
s surgissent, dans nos divers pays, des instituts
qui
veulent travailler pour l’Europe. Coordonner toutes ces initiatives d
230
es initiatives dans le cadre d’un grand mouvement
qui
leur donnera le moyen de concourir à l’édification d’un ordre libre ;
231
es des ambitions du Centre européen de la culture
qui
s’ouvrira bientôt en Suisse. ⁂ Il n’est point d’ordre économique poss
232
ordre politique. Il n’est point d’ordre politique
qui
serve l’homme, s’il n’est orienté dès le départ par une vision libéra
233
scinante. L’Europe se fera, en dépit des experts (
qui
savent toujours que c’est Dewey qui sera élu), parce qu’une équipe de
234
des experts (qui savent toujours que c’est Dewey
qui
sera élu), parce qu’une équipe de véritables résistants — ceux qui ré
235
rce qu’une équipe de véritables résistants — ceux
qui
résistent à la fatalité — l’auront vue et marchent vers elle. Il se p
236
e et marchent vers elle. Il se peut que la vision
qui
les guide, éclairant le chemin sous leurs pas, cache une réalité fina
237
e chemin sous leurs pas, cache une réalité finale
qui
les surprenne. Christophe Colomb voyait les Indes, ou nommait ainsi s
238
te à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie
qui
deviendrait soudain, pour nos yeux étonnés, la Terre promise. 11.
239
ents intitulés L’Europe de demain (La Baconnière)
qui
groupe les déclarations fédéralistes des mouvements de la Résistance
240
actualité » à la première Assemblée de l’Europe,
qui
s’ouvrit à Strasbourg le 10 août, en pleines vacances de l’opinion pu
241
décrire l’opinion sans la modifier : ce sont eux
qui
la déterminent en bonne partie. S’il leur faut tant de mots pour expl
242
ns, et même pour écarter les deux dangers majeurs
qui
guettaient la jeune Assemblée. Le premier eût consisté dans un clivag
243
es a fait échouer la première coalition partisane
qui
se dessinait : les travaillistes et les socialistes continentaux ne s
244
odes du Conseil de l’Europe, les deux conceptions
qui
se sont affrontées n’ont pas été la gauche et la droite traditionnell
245
une droite nouvelles, proprement européennes, et
qui
ne recouvrent pas les anciennes divisions. (Ces dernières ne se retro
246
suivre à cause de vos prudences. Elle suivra ceux
qui
marchent, ceux qui ont su voir le but et qui ont osé lui donner son v
247
os prudences. Elle suivra ceux qui marchent, ceux
qui
ont su voir le but et qui ont osé lui donner son vrai nom : fédératio
248
ceux qui marchent, ceux qui ont su voir le but et
qui
ont osé lui donner son vrai nom : fédération. Les progrès surprenants
249
vers les créations nécessaires. Le grand problème
qui
passe ainsi au premier rang, c’est celui de la source et des fondemen
250
s pionniers ont ignoré ce genre de raisonnements,
qui
voudraient faire passer pour réalisme la soumission au statu quo ? D’
251
pas, si l’on sait que les deux tiers des députés
qui
siégeaient à Strasbourg appartiennent à notre Mouvement et ont pris l
252
ements et parlements nationaux en disposeront. Et
qui
dispose de ces divers pouvoirs, sinon l’opinion générale, qu’il s’agi
253
nisés, ou simplement nous ne serons plus. Mais ce
qui
vient de se passer nourrit l’espoir. L’un des observateurs américains
254
ourrit l’espoir. L’un des observateurs américains
qui
assistait aux travaux de l’Assemblée, et qui a pu voir notre Mouvemen
255
ains qui assistait aux travaux de l’Assemblée, et
qui
a pu voir notre Mouvement à l’œuvre, s’écriait à Strasbourg : « J’ai
256
resque invisible, d’un très petit nombre d’hommes
qui
ont su voir juste… » Il venait de découvrir l’Europe, ses limitations
257
ture ; et ce n’est pas tout : les mots « et sa »,
qui
les unissent, ne vont pas de soi, dira-t-on… Certes, on peut ergoter
258
le temps, elles sont mouvantes et complexes. (Ce
qui
peut signifier d’ailleurs qu’elles sont vivantes.) Elles apparaissent
259
nes indéfinies. Ce n’est pas un fait géographique
qui
marque ses limites vers l’Asie, mais seulement un fait historique, un
260
e dans le conflit entre l’Est et l’Ouest, conflit
qui
lui a seulement donné conscience d’elle-même une fois qu’elle existai
261
de la vocation transcendante et inconditionnelle
qui
vient donner à chaque humain, indépendamment de toute qualité individ
262
namiques de l’Occident, les conflits fondamentaux
qui
les sous-tendent et les grandes doctrines de l’homme et de la société
263
les grandes doctrines de l’homme et de la société
qui
se sont dégagées peu à peu de ce complexe, d’une manière comparable à
264
eurs. Or ce sont là les conditions par excellence
qui
provoquent à la création. Voilà pourquoi cet homme européen s’est rév
265
iquer que l’homme du ive siècle, par exemple, en
qui
s’était déjà formée la synthèse hautement instable et créatrice d’Ath
266
s que j’aurais oublié quelques éléments décisifs,
qui
ne sont nés ni d’Athènes, ni de Rome, ni de Jérusalem, ni de leurs co
267
té virulente, passion de la transformation, voilà
qui
définit l’ambition proprement occidentale, par contraste avec d’autre
268
entale, par contraste avec d’autres civilisations
qui
ont cherché le bonheur ou la sagesse, l’ordre statique ou l’immortali
269
mais décisive : la culture occidentale, c’est ce
qui
a fait de l’Europe autre chose que ce qu’elle est physiquement, autre
270
» par l’Histoire, au profit de deux empires neufs
qui
menacent d’engager une guerre sur son sol et à ses dépens. Poussière
271
nte que lui donne un des deux empires neufs, aide
qui
doit fatalement se transformer en contrôle, si nous ne savons pas en
272
e culture. D’une part, dans les pays totalitaires
qui
sont à nos portes et qui ont chez nous leurs répondants, la liberté f
273
ns les pays totalitaires qui sont à nos portes et
qui
ont chez nous leurs répondants, la liberté fondamentale de la culture
274
emple extrême, et heureusement exceptionnel, mais
qui
signale un vrai danger. Voici ce qu’écrivait, il y a quelques mois, M
275
contrôle et « des suspicions quasi policières »,
qui
tendent à subordonner entièrement le savant à des exigences politique
276
comme c’est le cas de la physique nucléaire, ceux
qui
s’y livrent sont aussitôt privés des libertés élémentaires : liberté
277
emble de spécialités et de techniques ésotériques
qui
ne concernent pas l’homme de la rue, ni l’industriel ou le banquier.
278
e se voit contrainte d’obéir à des « nécessités »
qui
lui sont étrangères et la dégradent. Elle perd ainsi sa fonction dire
279
ave entre la pensée et l’action, entre une pensée
qui
accepte d’être inefficace, et une action par conséquent désorientée,
280
se résument donc dans le paradoxe suivant : ceux
qui
laissent la culture en liberté, à l’Ouest, en font peu de cas pratiqu
281
’Ouest, en font peu de cas pratiquement ; et ceux
qui
, à l’Est, lui reconnaissent un rôle central, la dénaturent et l’asser
282
l’autre, détendent les ressorts de la créativité
qui
était depuis des siècles la vraie cause de notre puissance et donc de
283
st le sens même de notre civilisation occidentale
qui
se trouve dénaturé. Car l’Europe existait réellement là où toutes les
284
Je ne vois pas d’exemple historique d’une culture
qui
ait encore créé dans une nation privée de son indépendance. L’Europe
285
le foyer de la civilisation occidentale, la seule
qui
ait su couvrir toute la planète. Mais ce foyer fatalement s’éteindra
286
assions ; la philosophie dépérit dans une société
qui
ne risque ou ne conçoit plus d’aventure ; et la science s’arrête quan
287
ne pourra remplacer cette âme d’une civilisation
qui
avait su remplacer toutes les autres. Le secret de ses mesures vivant
288
par les soins d’experts étrangers ou d’une police
qui
a fait ses preuves ailleurs. Mais elle aura perdu le ressort de son p
289
e son pouvoir transformateur du monde, ce pouvoir
qui
avait fait sa grandeur à partir d’un médiocre destin. Que servirait à
290
re les deux colosses russe et américain, l’Europe
qui
vient de perdre la guerre fait actuellement ce qu’on appelle une névr
291
te. Nous disposons surtout de ressources humaines
qui
n’ont pas leurs égales ailleurs : une main-d’œuvre spécialisée dont l
292
noms sont des noms de l’Europe, et les très rares
qui
n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles,
293
de leurs danses. Finalement, que sont les empires
qui
prétendent partager le monde à nos dépens ? L’Amérique du Nord et la
294
s les degrés, la cellophane et le zipper partout,
qui
sont des inventions européennes ; et de l’autre côté, Marx et notre i
295
e liste de nos créations les plus connues, celles
qui
ont fixé le visage du monde moderne. Et cette liste est impressionnan
296
e domaine économique, nous avons le plan Schuman,
qui
peut être un début de mise en commun de nos ressources matérielles. E
297
uissance, il est temps de proposer un autre Plan,
qui
consisterait dans la mise en commun, au service de l’Europe entière,
298
e viendrait répondre à trois nécessités urgentes,
qui
en indiquent tout naturellement les trois chapitres principaux. Premi
299
t les programmes et les buts se ressemblent, mais
qui
, souvent, s’ignorent mutuellement. Partout se posent des problèmes qu
300
ent mutuellement. Partout se posent des problèmes
qui
restent insolubles dans le cadre trop étroit de chaque nation et de c
301
n ensemble alors que c’est l’ensemble de l’Europe
qui
se voit attaqué par les propagandes que l’on sait. La nécessité se fa
302
ue le programme du Centre européen de la culture,
qui
s’est ouvert à Genève au mois de septembre sur l’initiative du Mouvem
303
ante. Une mitrailleuse ne sert à rien, si l’homme
qui
la reçoit refuse de s’en servir, parce qu’il ignore ce qui est en jeu
304
çoit refuse de s’en servir, parce qu’il ignore ce
qui
est en jeu, ce qui vaut d’être défendu. La défense effective de l’Eur
305
servir, parce qu’il ignore ce qui est en jeu, ce
qui
vaut d’être défendu. La défense effective de l’Europe doit commencer
306
ntraire pour maintenir les risques de la liberté,
qui
ont fait la vraie grandeur de l’homme européen, et pour sauver en fac
307
et des terres immenses de la fatalité, une Europe
qui
demeure la terre des hommes. 12. Ici cependant, point de malentendu
308
is tenter par la plus fausse des symétries, celle
qui
mettrait les USA et l’URSS dans le rôle de Charybde et de Scylla. Ent
309
’idéal sans cesse élargi de la liberté de pensée,
qui
est une garantie des autres libertés. Entre les stalinistes et nous,
310
ège d’Europe, inauguré à Bruges le 12 octobre, et
qui
peut devenir l’École des sciences politiques du continent. g. Rouge
311
e Congrès indien pour la liberté de la culture. —
Qui
l’organise ? — La revue Thought, qui est publiée à New Dehli. — Alors
312
a culture. — Qui l’organise ? — La revue Thought,
qui
est publiée à New Dehli. — Alors, pourquoi le Congrès se tient-il à B
313
faire croire au fonctionnaire que c’est M. Nehru
qui
patronne le Congrès, alors qu’en vérité, il s’est borné à le déplacer
314
bles de croire en rien, nous courons admirer ceux
qui
vénèrent les vaches. L’homme qui connaît ses dieux se conçoit dans le
315
ons admirer ceux qui vénèrent les vaches. L’homme
qui
connaît ses dieux se conçoit dans leur ordre et sans autres problèmes
316
èmes, la faim n’étant qu’un ennemi. L’Occidental,
qui
ne se connaît plus, va voir ailleurs comment on croit, mais sans dési
317
et pourtant dérobée, la Sombre Chose pressentie,
qui
parfois nous envoie, mêlés à la circulation bien ordonnée de ces quar
318
petit bras coupé au coude. On retient la portière
qui
allait briser cela, on leur jette quelques pièces, mais elles revienn
319
à celui des corbeaux, le cri de la misère sauvage
qui
seule, dans cette fournaise humide, fouette encore l’énergie de l’ani
320
t dans les mêmes termes qu’en Europe. Il y a ceux
qui
pensent que l’URSS c’est la justice, les USA la liberté ; ceux qui sc
321
’URSS c’est la justice, les USA la liberté ; ceux
qui
scrupuleusement se refusent à choisir entre le Coca-Cola et le camp d
322
ir entre le Coca-Cola et le camp de Kolyma ; ceux
qui
invoquent la morale et Gandhi pour justifier le neutralisme, et ceux
323
et Gandhi pour justifier le neutralisme, et ceux
qui
tiennent à distinguer neutralisme et neutralité ; ceux qui demandent
324
ent à distinguer neutralisme et neutralité ; ceux
qui
demandent que les démocraties balayent devant leur porte, se réformen
325
devant leur porte, se réforment d’abord, et ceux
qui
veulent sauver d’abord la liberté, sans laquelle il n’est pas questio
326
ion de réformes humainement valables ; ceux enfin
qui
se frappent la poitrine en déclarant qu’il y a de l’indécence à venir
327
i l’Inde sans avoir voulu dire ce que j’en pense,
qui
se résume à ceci : si les anciens Hindous, les Égyptiens, les Sumérie
328
de ce matin. C’est un savant indien, D. R. Sethi,
qui
inventa le procédé pour détruire les racines d’une herbe nommée kans,
329
de centrale. Avec l’aide des tracteurs américains
qui
avaient construit la Route birmane, il vient de rendre, en quelques m
330
airai. « Ventre affamé n’a point d’oreilles », et
qui
suis-je pour lutter ici contre la force d’un proverbe, si convaincu q
331
que je sois qu’il dit faux, que ce sont les repus
qui
n’écoutent pas, et que la disette est mère des civilisations, comme l
332
et profonde. Tout autour du bassin, et sur l’îlot
qui
en occupe le centre, s’élèvent des colonnes de pierre noire, hérissée
333
trés dans les boutiques, des passants à pieds nus
qui
circulent sans nous voir de leurs yeux fixes et ardents. Nous croise
334
ne espèce de solennité énigmatique et insidieuse,
qui
tient du rêve et de la vie animale. Tout est menu, félin, misérable e
335
nous a croisés. Comme je l’apercevais de loin : —
Qui
est-ce ? ai-je demandé à mon ami. — Un holy man, a-t-il répondu distr
336
la statuaire hindoue : les attitudes des dieux :
qui
semblent monotones, ou parfois curieusement affectées, sont des figur
337
r le rite et revêtus de son autorité. Pourtant ce
qui
a suivi m’a troublé davantage et j’en parlerai plus longuement. Devan
338
oustaches noires, et d’une placidité d’expression
qui
surprend. Vêtus de blouses bleues et de longues culottes blanches ser
339
s deux ? », me souffle à l’oreille mon voisin. Ce
qui
m’a le plus surpris, c’est l’inhumanité (à notre sens occidental) de
340
t à chaque instant, cette foule d’hommes en blanc
qui
marchent en tous sens entre les deux trottoirs, quand il faut encore
341
-vert, chargé de clochetons et de reliefs rococo,
qui
évoque un pavillon de foire et qui est un temple. En réalité toute ce
342
eliefs rococo, qui évoque un pavillon de foire et
qui
est un temple. En réalité toute cette cour, avec les vaches et leur m
343
gue entre les feuillages des maisons, des enfants
qui
jouent, du linge qui pend. Atmosphère hiératique, « arrêtée » en plei
344
ges des maisons, des enfants qui jouent, du linge
qui
pend. Atmosphère hiératique, « arrêtée » en plein cœur du désordre ép
345
en ne se passe. Ou plutôt, je ne saurai jamais ce
qui
, de toute évidence envoûtante, se passe ici, sans manifestation. ⁂ H
346
érale, il y a partout trop de gens ; dans ce pays
qui
ne croit pas à l’absolu de la personne et qui semble voué au collecti
347
ays qui ne croit pas à l’absolu de la personne et
qui
semble voué au collectif, la dévotion et le culte sont individualiste
348
crité. Chez l’Indien donc, point de révolte. À ce
qui
menacerait de le dénaturer, il résiste en collant à son identité, qui
349
dénaturer, il résiste en collant à son identité,
qui
est celle d’un ordre et non pas d’un ego, d’un être différent qui ne
350
un ordre et non pas d’un ego, d’un être différent
qui
ne vivra qu’une fois. Il résiste sans contre-attaque, sans chercher à
351
Corée : il propose un plébiscite “démocratique”,
qui
ne peut tourner qu’à l’avantage des communistes. Mais prenez l’affair
352
a minorité, seule responsable et progressiste, et
qui
est hindoue. N’oubliez pas que le Pandit est du Kashmir. Prenez enfin
353
e céréales, on salue la grandeur du geste. Nehru,
qui
a visité la Russie soviétique il y a vingt ans, la tient pour le pays
354
la sauver de la misère. » Beaucoup enfin de ceux
qui
l’aiment et qui l’admirent : « Ah ! s’il était resté notre leader mor
355
misère. » Beaucoup enfin de ceux qui l’aiment et
qui
l’admirent : « Ah ! s’il était resté notre leader moral, au lieu de d
356
, curieux de tout, connaissant bien les écrivains
qui
participèrent au congrès, mais esquivant doucement mes tentatives pou
357
le vif du sujet ; parlant plutôt du cinéma indien
qui
, m’apprend-il, le cède de peu à Hollywood quant au volume de producti
358
ité ; parlant des douze grandes langues indiennes
qui
remplaceront de plus en plus l’anglais jusque dans l’université, c’es
359
écrié : « Votre Nehru, c’est l’un des six ou sept
qui
dirigent aujourd’hui le monde et qui forment déjà, de fait sinon de d
360
six ou sept qui dirigent aujourd’hui le monde et
qui
forment déjà, de fait sinon de droit, une sorte de cabinet mondial :
361
tel il doit prêter l’oreille à l’opinion mondiale
qui
parle ici… » Mais sans me laisser achever ma citation : « Six ou sept
362
moraliste en somme, mais sans foi religieuse, et
qui
remplace les dogmes par quelques bons principes empruntés au libérali
363
l’esprit trouverait-il encore ce mystère primitif
qui
lie l’homme à ses dieux comme une ombre à la nuit ? Ne trouverait-il
364
de contradiction, cette petite cicatrice secrète
qui
trahit l’arrachement de l’individu à l’inconscient sacré, au corps ma
365
ehru. J’en suis sûr maintenant : ce grand Indien,
qui
libéra son peuple des Anglais, pense en anglais. ⁂ Délivrée des Mogho
366
reconnaître. Elle se dit neutre, comme quelqu’un
qui
voudrait bien se rendormir. Mais l’image du réveil est trompeuse. Je
367
s quel camp choisir. Comme on comprend que Nehru,
qui
doit « jouer » pour elle sur le plan international, ne soit tenté que
368
tés individuelles, dans sa lutte contre la Russie
qui
représente les masses organisées. Ce conflit n’intéresse en rien le g
369
lit n’intéresse en rien le gros du peuple indien,
qui
n’a jamais connu le phénomène des « masses », ni l’individualisme don
370
rs positives Nehru peut-il fonder le double refus
qui
paraît inspirer sa politique ? Au nom de quelle fidélité profonde, ou
371
rtisans, mais le pouvoir est aux « sécularistes »
qui
se détachent d’elle ou la renient. L’évolution normale que provoquera
372
tre un passé réduit à l’impuissance pratique mais
qui
résiste en profondeur, et un avenir encore épidermique, le présent de
373
ffisance, s’accroît moins vite que la population,
qui
déborde la nuit sur les trottoirs. (Un lit pour des centaines de pers
374
blent insolubles. Il faut donc aider l’Inde, mais
qui
le peut ? L’Amérique lui fournit des tracteurs et du blé. La Russie l
375
évolte. Et l’Europe, jusqu’ici, n’a rien offert. (
Qui
, d’ailleurs, l’eût fait en son nom ?) Elle s’est bornée à se retirer
376
formés aux disciplines occidentales, à l’anarchie
qui
les résume. 15. Pandit veut dire sage, docte — un peu comme notre «
377
upport ou résultat fictif des statistiques. Voilà
qui
surprendra, s’agissant d’un pays exceptionnellement composite : vingt
378
ennent nos fameuses diversités dans cette moyenne
qui
semble les nier ? Réponse : cette moyenne n’est pas née de la fusion
379
titude d’intime approbation à l’égard d’un régime
qui
permet à chacun de rester soi-même où qu’il vive, à droits égaux mais
380
sence de conflits dramatiques et de la prospérité
qui
en a pu résulter. Pas de moyenne réelle dans les pays où une faction,
381
compromis, l’attrait de la moyenne et son revers
qui
est la peur de différer, le conformisme, sont les vertus et les défau
382
s donnent du Suisse moyen un portrait statistique
qui
ressemble à s’y méprendre aux Suisses parmi lesquels je vis, que je v
383
eux-mêmes sont marqués par l’esprit d’efficacité
qui
fait du Suisse un type extrême d’Occidental. « Toutes les activités c
384
ne du bourgeois et surtout de son épouse. Tout ce
qui
est compliqué est vaguement immoral : l’art baroque en particulier, d
385
des gloires de ce pays. C’est la Suisse primitive
qui
a produit tout cela, pendant l’époque patricienne, très mal vue. La S
386
où l’or est gaspillé sur des stucs boursouflés et
qui
manquent de sérieux… Et cela conduit à poser la question des critères
387
son ensemble d’une certaine éthique protestante,
qui
ne sépare point la vertu de l’effort ni la valeur d’une action du mér
388
on pourrait poser au citoyen moyen cette question
qui
figure dans l’enquête intitulée Un jour en Suisse : « Estimez-vous qu
389
as Gotthelf contre les mœurs des paysans bernois (
qui
, loin d’exiger d’une jeune fille la preuve de sa virginité, attendaie
390
nt une Suisse gaillarde, rustique et soldatesque,
qui
préfère la virtù à la vertu. Le réveil religieux succédant au piétism
391
res et il fallait surtout que rien ne dépasse. Ce
qui
dépasse aux yeux de la censure, ce sont les œuvres mises à l’index pa
392
s sont : résidus de préjugés sociaux ou religieux
qui
n’ont plus beaucoup d’importance, la jeunesse étant suffisamment aver
393
embles urbains. Ce n’est pas l’anarchie des mœurs
qui
menace la Suisse, c’est plutôt une espèce particulière de conformisme
394
ois qu’il est bien assuré, c’est la vie elle-même
qui
devient le danger, ses surprises que le poste « divers et imprévu » a
395
les Suisses tels qu’ils sont et se veulent. Ceux
qui
refuseront de s’y reconnaître ne seront sans doute pas les derniers à
396
u d’efficacité, etc., et selon qu’on préfère ceux
qui
s’engagent dans les guerres d’idéologies à ceux qui signent des contr
397
i s’engagent dans les guerres d’idéologies à ceux
qui
signent des contrats de « paix de travail ». (Il n’est pas interdit d
398
e la physionomie d’un peuple, mais non les forces
qui
l’ont configurée. Un Mozart, un Descartes, un Kipling n’auraient jama
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de l’Anglais, et ce sont pourtant de tels hommes
qui
donnent à un pays ce qu’on appelle son visage, visage bientôt « tradi
400
nt créée d’abord (bien que dans un langage donné,
qui
existait avant eux, qu’ils renouvellent seulement). Il y a dans une p
401
qu’il en vit ? Et ce sont des hommes d’exception
qui
les révèlent dans leurs œuvres, même s’ils croyaient y exprimer tout
402
ra pas une personne sur mille, prise dans la rue,
qui
ait jamais entendu ce nom-là ; en revanche, les hommes importants qu’
403
se à toute prédominance d’un canton ou d’un homme
qui
le représente. D’où les conséquences qu’on a vues dans le domaine de
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lique : tout se ligue instantanément contre celui
qui
ferait mine de dépasser la mesure commune et d’être un chef. Un Führe
405
là peut-être certains traits communs aux Suisses
qui
se sont illustrés dans les domaines les plus divers. Sans prétendre à
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rendre invisible : passer inaperçu. — Il y a ceux
qui
ne laissent rien paraître que leur identité native et naturelle. Ce n
407
as se dissimuler, en vérité : simplement le génie
qui
leur advient prend les couleurs du milieu. Albert Bitzius était un je
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et de ma joie. » Je crois que c’est Paul Bourget
qui
a dit que « Paris en eût fait un dieu ». Mais ce n’eût été qu’un dieu
409
nouvelle tactique conformiste, puisque c’est elle
qui
se voit dorénavant « admise », comme l’était la conduite inverse au d
410
ile au bien commun. Et c’est pourquoi les Suisses
qui
ont excellé furent presque tous, à des titres divers, hommes utiles a
411
us noble et penseurs engagés dans une communauté (
qui
souvent dépassait leur pays) plutôt que créateurs d’art ou de pensée
412
giens ou pédagogues, savants du premier rang mais
qui
restent soucieux d’applications humanitaires ou techniques, nous les
413
th publie un commentaire sur l’Épître aux Romains
qui
produit dans les milieux théologiques de langue allemande une révolut
414
venu à Bâle, il édifie une Dogmatique de l’Église
qui
est le monument théologique le plus hardi et dur d’arêtes de l’ère mo
415
nt Paul), il est le seul théologien depuis Calvin
qui
ait influencé l’ensemble des Églises protestantes, en Amérique comme
416
toute dogmatique. Alors que Barth veut définir ce
qui
est vrai « en Dieu » selon la Parole de Dieu, Jung recherche ce qui s
417
Dieu » selon la Parole de Dieu, Jung recherche ce
qui
se passe en l’homme, selon les mythes universels. L’un veut amener l’
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pas en Suisse de poètes de génie, ni de peintres
qui
aient fait époque, ni de compositeurs du plus haut rang. Hölderlin ou
419
er, l’Alémanique Othmar Ammann, autant de Suisses
qui
ont su voir grand — mais pas chez eux. Lucien Febvre, admirable histo
420
s larges vues panoramiques les grandes dimensions
qui
leur manquent en Suisse25. Mais ce n’est pas en grimpant sur nos Alpe
421
à Paris. Quant à un Jung, à un Ramuz, à un Barth,
qui
, après de longs séjours loin du pays, ont fait le principal de leur c
422
e leur carrière en Suisse, ce n’est pas la Suisse
qui
a découvert et propagé leur nom dans le monde ; c’est au contraire de
423
gence inspire les mouvements d’union continentale
qui
créent le Conseil de l’Europe et le Marché commun, puis leurs contrep
424
. Renaissance donc des micronationalismes locaux,
qui
revendiquent leur autonomie au nom de leur langue, de leurs coutumes,
425
umes, ou des nécessités économiques nouvelles, et
qui
enfièvrent tour à tour la Bretagne, les Flandres ou le Pays basque.
426
ières… À tous les coups, c’est donc l’État-nation
qui
perd. Il ne correspond plus ni aux conditions de liberté et de partic
427
? Sur les quelque cent-trente nations souveraines
qui
divisent notre humanité, je ne compte guère que deux douzaines d’État
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et au-delà, l’URSS, l’Inde et l’Australie. Voilà
qui
réfute le cliché du fédéralisme « désuet ». Mais l’étiquette fédérale
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nales et les diversités religieuses et politiques
qui
sont opprimées par l’État central dont un Parti unique s’est emparé ;
430
éria, c’est au contraire une des régions fédérées
qui
s’érige en État unitaire ; en Suisse, c’est le régime fédératif lui-m
431
e ; en Suisse, c’est le régime fédératif lui-même
qui
se voit invoqué (non sans paradoxe d’ailleurs), pour refuser de se la
432
mies plus locales et vers des unions plus vastes,
qui
est le battement même du cœur d’un régime sain, j’entends immunisé co
433
ule. Or je ne vois pas terme du langage politique
qui
prête à pires malentendus ! Un Français cultivé qui demande à son Lit
434
i prête à pires malentendus ! Un Français cultivé
qui
demande à son Littré le sens du mot fédéralisme trouve ceci : « Fédér
435
Système, doctrine du gouvernement fédératif. » Ce
qui
ne nous apprend rien, d’autant que « fédératif » est défini plus loin
436
que « fédératif » est défini plus loin comme ce «
qui
a rapport à une confédération ». Quant à « fédération », c’est simple
437
ssurément moins éclairante que les deux citations
qui
l’illustrent : 1) « Le fédéralisme était une des formes politiques le
438
donc, la cause est jugée. Il s’agit d’un système
qui
est bon pour les sauvages, et qui semble n’avoir été préconisé que pa
439
it d’un système qui est bon pour les sauvages, et
qui
semble n’avoir été préconisé que par des traîtres à la République… Il
440
e reste d’être un concept dialectique, ambigu, et
qui
autorise — ou incite en tout cas — aux plus invraisemblables pataquès
441
l’un à l’autre, mais seulement dans une création
qui
englobe, satisfasse et transcende les exigences de l’un et de l’autre
442
pellerai donc solution fédéraliste toute solution
qui
prend pour règle de respecter les deux termes antinomiques en conflit
443
cellule de base des ligues et fédérations. Voilà
qui
est proprement occidental : devant ce même problème de l’Un et du div
444
de cet effort toujours renouvelé toujours menacé,
qui
dénote la santé de la pensée européenne, sa justesse, sa mesure conqu
445
iques ou physiques, esthétiques ou politiques. Ce
qui
s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle
446
raires mais également valables, voilà je crois ce
qui
définit l’apport original et spécifique de la pensée occidentale ; or
447
lle a sauvegardé les propriétés de chaque nature,
qui
se rencontrent dans une seule personne… » Abstraction faite de la foi
448
atures sans confusion ni séparation et de l’union
qui
loin de supprimer la différence des natures sauvegarde leurs propriét
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respectueux du réel et des conditions de la vie,
qui
sont : antinomies, oppositions, lutte des contraires « d’où procède l
450
résulte d’un couple d’exigences contradictoires,
qui
paraissent exclusives l’une de l’autre, quoique indispensables l’une
451
adhésion à des communautés plus vastes, de cadres
qui
rassurent, d’enracinement et de mobilité… La situation de l’homme qui
452
acinement et de mobilité… La situation de l’homme
qui
veut à la fois sa vie privée et une vie sociale est homologue à la si
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sociale est homologue à la situation de la région
qui
veut à la fois son autonomie et sa participation à un plus grand ense
454
bon marché, trop serré avec d’autres chez soi, et
qui
voudrait être enfin seul, sort et se mêle à la foule anonyme… Mais c’
455
d’une constitution, de type plus ou moins fédéral
qui
peut résoudre une fois pour toutes ce conflit permanent. Il y faut un