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t à peine la route asphaltée. Je roulais comme en
rêve
, le long des dunes qui me cachaient la mer bruyante, à ma gauche. Un
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me puisse vivre sans misère, sans ambitions, sans
rêves
, sans tristesse. Chacun pour soi sur sa parcelle de terre ingrate, da
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L’Âme romantique et le
rêve
(15 août 1939)c Le recours à l’inconscient, pour expliquer la cond
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bliant son gros volume sur L’Âme romantique et le
rêve
. Livre charmant et capiteux, malgré sa gravité d’ailleurs jamais sévè
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ous-jacente aux tourments du siècle. Une vague de
rêves
a submergé notre littérature, depuis la guerre ; et voici que renaît,
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iétante synthèse de religiosité, de politique, de
rêve
et de mystique élémentaire. Or, ces faits ne sont pas seulement coïnc
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pénombre où s’émeut leur commune origine. I. Le
Rêve
et la Mystique La conscience claire est la première conquête spiri
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cience positiviste. Est-il vrai que la nuit et le
rêve
n’ont rien à révéler qui importe au jour ? Est-il vrai que la passion
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usque et si saisissante ? » De là à penser que le
rêve
est « un vestige du divin », il n’y a que l’épaisseur d’un scrupule d
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adresse la difficulté et le choix : pour lui, le
rêve
est « tantôt un écho du supraterrestre dans le terrestre, tantôt un r
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e dans le supraterrestre » ; ou encore : « Ce qui
rêve
en nous, c’est l’Esprit à l’instant où il descend dans la matière »,
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aît le romantisme, et dont il vit ! Croire que le
rêve
ne révèle rien que nos secrets, ce serait tomber dans la psychanalyse
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analystes. Au fond, lorsqu’ils se demandent si le
rêve
est connaissance ou illusion, et si c’est « l’Autre », ou le moi somb
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c’est le rôle de la rhétorique chez les poètes du
rêve
et les mystiques. Le philosophe G. von Schubert, comme plus tard le p
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jusqu’à l’abus : c’est que l’esprit abandonné au
rêve
s’exprime ordinairement dans un langage métaphorique et régulier, com
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nous faut dépasser ici le domaine circonscrit du
rêve
. Les romantiques, d’ailleurs, ont été bien au-delà, dans leur explora
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e de la quête romantique, à travers les images du
rêve
, s’identifie avec le terme de toute expérience mystique : c’est la «
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n des tout premiers à se tourner vers l’étude des
rêves
. Il s’y trouvait prédisposé par l’habitude de l’examen de conscience
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une revue entièrement consacrée à des analyses de
rêves
, Moritz écrivit deux romans autobiographiques qui nous permettent de
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ra donc chercher au-delà. Et nous avons vu que le
rêve
, ou la descente au fond de l’inconscient, représentent pour les roman
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s d’une autre manière encore, et plus précise, le
rêve
ou la via mystica sont des moyens de récupérer le monde perdu. Ce qu’
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son espoir dans une existence d’outre-tombe ». Le
rêve
ou la via mystica seront cette existence d’outre-tombe vécue dès ici-
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ou « illuminations », pareils aux souvenirs d’un
rêve
qui s’efface. Cela dont ils voulaient parler, cet Indicible ou ce dis
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s pseudo ou prémystiques que furent les poètes du
rêve
: il se dévoue à quelque chose qui le dépasse, il se donne à une réal
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re ». Il faut donc la chercher ailleurs : dans un
rêve
de puissance et de libération, dans l’avenir, cet ersatz de l’au-delà
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t son moi détesté en se perdant dans les fêtes du
rêve
, l’Allemand moyen oubliera ses misères et les humiliations de sa patr
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t des obligations, le culte des morts rétabli, le
rêve
d’expansion indéfinie, mais aussi le goût de la guerre (préfiguration
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nce de Bismarck, mais d’un peuple envoûté par son
rêve
. Un peuple qui renonce à la raison, qui renonce à se justifier aux ye
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e de romantisme collectif, voilà le cauchemar que
rêve
à côté de nous le IIIe Reich somnambulique. Nous avons tout à craindr
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Denis de, « [Compte rendu] L’Âme romantique et le
rêve
», La Revue de Paris, Paris, août 1939, p. 915-928.
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rendrai les routes d’Amérique comme un symbole du
rêve
et de la volonté du Nouveau Monde. On croyait close l’ère des pionnie
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utter contre le chômage. Elles sont le produit du
rêve
et de la vitalité inépuisable d’un peuple libre, et qui voit grand sa
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» La paix, l’Europe unie, d’accord, c’est un beau
rêve
. En attendant, voici le cauchemar. Déjà les maréchaux s’installent et
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toire de mille ans. » C’était vers 1860. Mais ces
rêves
et ces prophéties ne pouvaient concerner qu’un avenir incertain, au m
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aux gouvernements européens. Ce qui n’était qu’un
rêve
il y a un siècle, qu’une théorie il y a quinze ans, qu’une espérance
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rieuse, tapie tout près d’ici peut-être, comme le
rêve
sous la veille, instante et pourtant dérobée, la Sombre Chose pressen
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solennité énigmatique et insidieuse, qui tient du
rêve
et de la vie animale. Tout est menu, félin, misérable et précieux à l
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s, hideuses ou fascinantes comme les figures d’un
rêve
, intensément précises mais sans échelle, chargées d’une indicible sig
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lisatrice et unitaire, secrètement obsédée par un
rêve
d’autarcie, et cette mise en question, voire en accusation, de la for