1 1937, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)
1 e qu’être laïque ? — « Messieurs, chers amis ! Je vous rappellerai tout d’abord les circonstances qui m’ont fait choisir ce
2 s’écrie : « Et, mes frères ! si l’on vient encore vous dire que je suis un empoisonneur des consciences, vous saurez mainten
3 dire que je suis un empoisonneur des consciences, vous saurez maintenant me défendre ! etc. » C’est fini. L’instituteur s’ép
4 sieurs et chers amis, nous allons procéder, selon votre coutume, à l’élection du bureau, puisque, comme vous le savez, la con
5 e coutume, à l’élection du bureau, puisque, comme vous le savez, la conférence est contradictoire. Je vous demanderai donc d
6 us le savez, la conférence est contradictoire. Je vous demanderai donc de bien vouloir proposer des noms. » Silence. Chuchot
7 lle. Le président se lève : « Messieurs et dames, vous m’excuserez de ne pas vous présenter l’orateur qui va vous faire un i
8 « Messieurs et dames, vous m’excuserez de ne pas vous présenter l’orateur qui va vous faire un intéressant discours sur le
9 cuserez de ne pas vous présenter l’orateur qui va vous faire un intéressant discours sur le sujet… Je ne connais pas beaucou
10 egarde un peu étonné à son tour : « Qu’est-ce que vous voulez, il n’y a rien à répondre, c’est juste, ce qu’il a dit ! Il co
11 s, quoi ! Mais ici ils ne savent pas discuter. Si vous alliez à F…2 alors, c’est autre chose. Là ça barde, après les réunion
12 rde, après les réunions ! Mais ici, qu’est-ce que vous voulez ? Ils sont comme ça… » Je vais me présenter au conférencier, e
13 urs. « C’était sûrement beaucoup trop simple pour vous , ce que je leur ai dit ce soir, j’ai dû vous ennuyer, hein ? » Je le
14 pour vous, ce que je leur ai dit ce soir, j’ai dû vous ennuyer, hein ? » Je le rassure vivement. Ce n’est pas moi qui lui re
15 re trop simple. On ne l’est jamais assez ! — Oh ! vous savez, — dit-il — je n’y mets pas d’amour-propre, vous pouvez me dire
16 savez, — dit-il — je n’y mets pas d’amour-propre, vous pouvez me dire franchement ce que vous pensez, de cette soirée… Je le
17 ur-propre, vous pouvez me dire franchement ce que vous pensez, de cette soirée… Je le regarde. C’est un homme simple et soli
18 , on peut lui parler en camarade : — Eh bien ! si vous voulez mon opinion, ou si elle peut vous être utile… je crois que vou
19 ien ! si vous voulez mon opinion, ou si elle peut vous être utile… je crois que vous êtes encore trop compliqué pour ce publ
20 on, ou si elle peut vous être utile… je crois que vous êtes encore trop compliqué pour ce public. Il me semble qu’on pourrai
21 r, enfin quoi, les secouer un peu ! Ils sont là à vous écouter sans bouger, comme ils ont écouté les autres qui disaient le
22 vivons à une époque de propagande forcenée, et je vous assure qu’un communiste, par exemple, les aurait attaqués plus brutal
23 re parti, je ne sais pas, moi, les engueuler ? Je vous dis ma première impression, puisque vous me la demandez. Je sais bien
24 ler ? Je vous dis ma première impression, puisque vous me la demandez. Je sais bien que vous les connaissez beaucoup mieux q
25 on, puisque vous me la demandez. Je sais bien que vous les connaissez beaucoup mieux que moi… Le pasteur sourit : — Vous me
26 sez beaucoup mieux que moi… Le pasteur sourit : — Vous me faites plaisir, tenez ! Bien sûr, vous avez raison, mon cher monsi
27 rit : — Vous me faites plaisir, tenez ! Bien sûr, vous avez raison, mon cher monsieur. Mais c’est plus difficile que vous ne
28 mon cher monsieur. Mais c’est plus difficile que vous ne croyez. Il faut que je vous dise que c’est la première fois que je
29 plus difficile que vous ne croyez. Il faut que je vous dise que c’est la première fois que je parle ici, c’est déjà un énorm
30 erra si on peut aller plus loin. — Mais ne croyez- vous pas qu’on pourrait gagner leur confiance en leur parlant plus familiè
31 r fasse un beau discours. Ah ! c’est terrible, je vous assure. Bien sûr, il faudrait parler autrement. Mais qu’est-ce qu’ils
32 eux. On prêche pendant six ans la même chose, ils vous remercient, on croit qu’ils ont compris, et puis un beau jour on s’ap
33 ation bigote ou indifférente. Nous prenons rendez- vous pour un dimanche prochain, au chef-lieu, après son culte. Je suis ren
34 hoses — c’est son mystère — mais ne dites pas que vous le faites pour son bonheur, car il est plus « heureux » que vous. Il
35 pour son bonheur, car il est plus « heureux » que vous . Il faudrait croire fanatiquement à une vérité absolue, qui vaille mi
36 i portait l’uniforme de l’État, partout, la même. Vous pouviez parcourir vingt fois la France de part en part, sans remarque
37 simple intention d’utiliser ce moyen de transport vous met en contact avec toutes sortes d’habitudes locales. D’abord il fau
38 question du capitalisme en général. Bref, lorsque vous montez dans l’autocar, vous êtes renseigné, vaille que vaille, sur le
39 énéral. Bref, lorsque vous montez dans l’autocar, vous êtes renseigné, vaille que vaille, sur les facteurs économiques du pa
40 ment intimes, avec ce personnage enfoui à côté de vous dans un luxueux fauteuil de cuir rouge ou bleu vif et qui change de t
41 e faire bien : c’est moderne, c’est sportif, cela vous pose dans l’esprit des populations, on se sent maître à bord de sa pu
42 le marché, il s’écria : — Ah ! cher monsieur, je vous envie ! Vous avez un rôle magnifique à jouer dans la société. Vous av
43 s’écria : — Ah ! cher monsieur, je vous envie ! Vous avez un rôle magnifique à jouer dans la société. Vous avez le temps d
44 avez un rôle magnifique à jouer dans la société. Vous avez le temps de réfléchir, et de nous faire part de vos lumières, et
45 z le temps de réfléchir, et de nous faire part de vos lumières, et sans vous, où irions-nous donc, nous qui ne croyons plus
46 r, et de nous faire part de vos lumières, et sans vous , où irions-nous donc, nous qui ne croyons plus aux curés ! — Comptez,
47 liardaires ou des saints. Croyez-moi, ce que nous vous donnons, c’est justement ce qui nous manque, et quand vous aurez comp
48 ons, c’est justement ce qui nous manque, et quand vous aurez compris cela, vous cesserez, je le crains, d’envier ma conditio
49 ui nous manque, et quand vous aurez compris cela, vous cesserez, je le crains, d’envier ma condition… 16 mars 1934 D’un aut
50 , costaud, l’air intelligent et ouvert : « Pensez- vous qu’on pourrait faire la même chose ici ? » Pour sa part, il était sce
51 ais aussi Romain Rolland. Est-ce qu’il est mort ? Vous ne pourriez pas me dire ce qu’il y aurait d’intéressant à lire ? — Ne
52 qu’il y aurait d’intéressant à lire ? — Ne lisez- vous pas de journaux politiques ? — Ce n’est pas ce qu’on cherche. Il faud
2 1946, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Tableaux américains (décembre 1946)
53 tres de ces sommités célèbres que les New-Yorkais vous désignent comme les Suisses énumèrent leurs Alpes au visiteur qui en
54 ofondeur. À Central Park, au milieu des prairies, vous voyez affleurer de larges dalles de granit. Autrefois, les glaciers s
55 de soldats. (Le nombre de ces petits services que vous rendent ici les voisins ! En Europe, le voisin n’est que l’ennemi vir
56 e a passé inaperçue. J’ai ouvert cette agence que vous venez de voir, et je n’ai plus piloté depuis lors. Aujourd’hui, je su
57 llée qui monte entre des barrières blanches. — Et vous verrez ce qu’elle en a fait ! C’est sa manière de se venger de W…, ca
58 prime. C’est sans doute le nouvel intendant. « Je vous retrouve à la maison ! », crie-t-elle. Et piquant son cheval, penchée
59 orages me rendent folle, j’ai tellement peur. Et vous  ? Vous êtes muets. Vous avez soif ? » Les coups de tonnerre se succèd
60 me rendent folle, j’ai tellement peur. Et vous ? Vous êtes muets. Vous avez soif ? » Les coups de tonnerre se succèdent san
61 , j’ai tellement peur. Et vous ? Vous êtes muets. Vous avez soif ? » Les coups de tonnerre se succèdent sans répit, et parfo
62 s gens ? Elle dit : — Je ne le sais pas plus que vous . Ils sont dans la maison depuis deux ou trois jours et se disent les
63 ne sais pas recevoir ! dit-elle moqueuse. Voulez- vous que je vous joue du piano ? Pour faire croire que je n’ai pas peur… »
64 recevoir ! dit-elle moqueuse. Voulez-vous que je vous joue du piano ? Pour faire croire que je n’ai pas peur… » — Eh bien ?
65 ture qui nous emporte sous la pluie, qu’en pensez- vous  ? — Well… pour la première fois de ma vie, je me sens tenté d’écrire
66 ante continuité du déferlement général, tout cela vous donne, après quelques minutes, l’illusion d’une puissance immobile qu
67 . « Perdez une minute, épargnez une vie !… Gardez votre droite… Dépassez à gauche… Avez-vous pensé à l’anniversaire de votre
68 e !… Gardez votre droite… Dépassez à gauche… Avez- vous pensé à l’anniversaire de votre femme ?… Donnez-lui un aspirateur Smi
69 sez à gauche… Avez-vous pensé à l’anniversaire de votre femme ?… Donnez-lui un aspirateur Smith… Des bonbons Johnson… Ici, tr
70 ve… Faites un détour par Philadelphie… Et arrêtez- vous à l’hôtel Franklin… Ralentissez, région de daims… Les partis se récon
71 t… autour d’un verre de champagne Renault !… Avez- vous vérifié votre niveau d’huile ?… L’État de Pennsylvania vous souhaite
72 n verre de champagne Renault !… Avez-vous vérifié votre niveau d’huile ?… L’État de Pennsylvania vous souhaite la bienvenue…
73 ié votre niveau d’huile ?… L’État de Pennsylvania vous souhaite la bienvenue… Et limite votre vitesse à cinquante miles… cin
74 ennsylvania vous souhaite la bienvenue… Et limite votre vitesse à cinquante miles… cinq-cents dollars d’amende ou un an de pr
3 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Mouvement européen (avril 1949)
75 ence de l’union Quand un Américain déclare que votre idée est généreuse, c’est qu’il est ému : il va vous aider. Quand un
76 e idée est généreuse, c’est qu’il est ému : il va vous aider. Quand un Européen vous dit : l’Europe unie, oui, c’est une bel
77 ’il est ému : il va vous aider. Quand un Européen vous dit : l’Europe unie, oui, c’est une belle idée, une idée généreuse…,
78 e fera rien, qu’il pense qu’il est sérieux et que vous rêvez. C’est ainsi qu’une certaine bourgeoisie occidentale, politique
79 pistes et des rêveurs ! s’écria-t-il. En réalité, vous êtes, nous sommes, la vérité en marche. » Et finalement, les congress
80 step, répètent les Anglais. Nous leur disons : «  Vous ne pouvez franchir un abîme pas à pas, il faut sauter. » Le saut, dan
4 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Découverte de l’Europe (octobre 1949)
81 istes ont beau jeu de leur répondre : où prendrez- vous le temps d’être prudents ? Si nous craignons d’aller trop vite, aux y
82 n si elle est mûre pour la guerre ! Elle hésite à vous suivre à cause de vos prudences. Elle suivra ceux qui marchent, ceux
83 la guerre ! Elle hésite à vous suivre à cause de vos prudences. Elle suivra ceux qui marchent, ceux qui ont su voir le but
5 1951, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Inde 1951 (décembre 1951)
84 ponses qu’il connaît. Finalement : — Où habiterez- vous  ? — Au Taj Mahal Hôtel. Sourire de soulagement. — Au Taj ? OK. OK ? O
85 e l’angoisse l’est de la pensée. ⁂ — Que cherchez- vous  ? me dit Raja Rao, que je rencontre dans le hall du Taj. (Il a l’air
86 armi les intellectuels.) Près du port, des gamins vous offrent à voix basse les marchandises les plus diverses, commençant p
87 la séance de clôture du congrès, s’est écrié : «  Votre Nehru, c’est l’un des six ou sept qui dirigent aujourd’hui le monde e
6 1965, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965)
88 inion publique : « D’une manière générale, diriez- vous que vous êtes très heureux, plutôt heureux, pas très heureux ? » 42 %
89 lique : « D’une manière générale, diriez-vous que vous êtes très heureux, plutôt heureux, pas très heureux ? » 42 % réponden
90 ifions », « C’est plus simple ainsi », « Rassurez- vous , ce sera très simple » sont des mots de passe de la vie quotidienne d
91 l’enquête intitulée Un jour en Suisse : « Estimez- vous qu’on peut être un bon Suisse et se lever à 9 heures ? » À l’origine