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umanisme et christianisme (mars 1933)a b Je ne
suis
pas venu pour vous apporter un exposé systématique ou historique, mai
2
rées. Et d’abord, la question qui nous occupe ici
est
-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous, une question
3
qui nous occupe ici est-elle une vraie question ?
Est
-elle, pour chacun de nous, une question qui se pose dans la vie, que
4
réellement, vous cherchez à répondre ? En un mot,
est
-ce une question existentielle — pour employer un terme favori de la t
5
’existent, en réalité, que dans la mesure où l’on
est
décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu’ils c
6
évasion hors des problèmes qui se posent et nous
sont
posés, hic et nunc. Avant d’aller plus loin, cherchons donc à serrer
7
ui s’oppose rigoureusement au christianisme, s’il
est
avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu
8
ement ? C’est en ceci que, pour les uns, le salut
est
transcendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes
9
a promesse débilitante d’un « arrière-monde » qui
serait
comme une revanche contre tout l’imparfait de « ce bas-monde », mais
10
énergie et de courage. Pour eux, le christianisme
est
contre l’homme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’homme
11
l’homme dans son origine et dans sa fin. L’homme
étant
« séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché «
12
es, par exemple : il ne sait même pas pourquoi il
est
au monde, ni pour quoi ; il se demande parfois ce qu’il a bien pu ven
13
tragi-comédie. Au fond, ce que l’homme ignore, ce
sont
les choses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son
14
uvoir de sauver l’homme en se fondant sur l’homme
sont
semblables, aux yeux du chrétien, à ce fameux baron de Crac qui préte
15
a chevelure. 3. Humanisme contre christianisme, n’
est
-ce donc qu’un conflit d’amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui so
16
t-ce donc qu’un conflit d’amour, assez touchant ?
Est
-ce à celui qui soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à tenir
17
soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à
tenir
pour malade actuellement ? Aux yeux de certains humanistes, peut-être
18
peut-être. Aux yeux du chrétien, non ; le conflit
est
plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte
19
re à tout prix, le plus possible, comme si la vie
était
le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique
20
ine qui lui permettra d’assurer ce bien absolu qu’
est
sa vie. Le chrétien va chercher à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce
21
hrétien va chercher à obéir aux ordres de sa foi,
fût
-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de s
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de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel
est
le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous
23
pposé à l’homme des assurances. Car l’humanisme n’
est
, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’assurance-vie. L’human
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pourra répondre qu’à ses yeux, le christianisme n’
est
qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est aussi misérable qu’inj
25
n’est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche
est
aussi misérable qu’injurieux, si l’on songe que ce « paradis » doit ê
26
’injurieux, si l’on songe que ce « paradis » doit
être
payé ici-bas du mépris des garanties humaines les plus élémentaires,
27
e l’histoire des martyrs en témoigne. Un chrétien
est
un être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contr
28
toire des martyrs en témoigne. Un chrétien est un
être
qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contre toute
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chrétien qui contracte une assurance sur la vie n’
est
plus un chrétien à cet instant et dans cet acte ; il agit en humanist
30
est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue
est
la vie, non l’obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des
31
, parlant des autres ou parlant en général : ceci
est
bon, moral, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement d’humanist
32
ou parlant en général : ceci est bon, moral, cela
est
mauvais, immoral, — porte un jugement d’humaniste, mange du fruit de
33
ienne ?) Prier pour qu’il fasse beau demain, ce n’
est
pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu d’humaniste. Si je vous donn
34
ire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’
être
une simple conception philosophique, est une attitude devant la « vie
35
loin d’être une simple conception philosophique,
est
une attitude devant la « vie pratique » — comme on dit, mais y en a-t
36
ment à l’existence des chrétiens eux-mêmes. Ce n’
est
pas à dire que l’humanisme n’ait pas ses doctrines, et même une expre
37
andez2 et Guéhenno. Si intéressants et précis que
soit
l’un dans le détail de sa dialectique critique, et si généreux que se
38
nder une foi véritable en l’humain. Le communisme
est
le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement
39
autonome, et « calculable » humainement. Le Plan
est
d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’assurance-vie que l’hu
40
est à ce titre que le « marxisme-léninisme » peut
être
opposé utilement au christianisme, comme une « question » réelle et f
41
ntre la nature définitivement asservie. Cet homme
sera-t
-il encore humain ? Que fera-t-il, une fois son triomphe assuré par sa
42
urelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’
être
de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore
43
te ? Sera-t-il encore un homme ? L’homme chrétien
est
à la fois ange et bête. Dans ce conflit perpétuel, il trouve sa joie
44
devant Dieu. Le succès de l’humanisme triomphant
serait
-il tout simplement d’enlever à l’homme toute raison personnelle de vi
45
re ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs
serait
-il, en définitive, un suicide supérieurement organisé, du « genre hum
46
rappelait la phrase de Fernandez : « Le chrétien
est
un embusqué de l’infini. » a. Rougemont Denis de, « Humanisme et ch
47
ce Goguel, directeur à l’École des hautes études,
est
déjà fort importante et fait de son auteur le maître incontesté de no
48
ait une volumineuse Vie de Jésus 4 dont le succès
fut
grand et les conclusions vivement discutées. L’ouvrage qu’il nous don
49
discutées. L’ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui
est
la suite de cette Vie de Jésus, et les questions qu’il pose n’apparai
50
se n’apparaissent pas moins passionnantes. Quelle
fut
la genèse psychologique et historique de la croyance à la résurrectio
51
ait que la description qu’il va donner ne saurait
être
prise pour une explication. Je crains bien que cette modestie ne soit
52
explication. Je crains bien que cette modestie ne
soit
un peu trop ambitieuse. Car l’hypothèse de travail que M. Goguel adop
53
n pense couramment, dit-il, que la foi chrétienne
est
née parce que le tombeau de Jésus fut trouvé vide. Mais il se pourrai
54
chrétienne est née parce que le tombeau de Jésus
fut
trouvé vide. Mais il se pourrait qu’au contraire, on ait cru le tombe
55
u’on avait en la vie céleste de Jésus. L’Histoire
est
-elle cause ou effet de la foi ? M. Goguel incline vers l’effet. Suivo
56
Alors qu’à l’origine, on avait dit : « Le tombeau
est
vide parce que Jésus est vivant au ciel », les prédicateurs ont dû di
57
avait dit : « Le tombeau est vide parce que Jésus
est
vivant au ciel », les prédicateurs ont dû dire : « Jésus est vivant a
58
au ciel », les prédicateurs ont dû dire : « Jésus
est
vivant au ciel, et la preuve, c’est que sa tombe s’est trouvée vide »
59
ivant au ciel, et la preuve, c’est que sa tombe s’
est
trouvée vide ». Et l’on a spontanément imaginé les conditions dans le
60
nt pas trouvé le corps de Jésus. Cette création s’
est
faite sans qu’il soit nécessaire ou légitime de supposer à son origin
61
s de Jésus. Cette création s’est faite sans qu’il
soit
nécessaire ou légitime de supposer à son origine une fraude qui, pour
62
me de supposer à son origine une fraude qui, pour
être
pieuse, n’en serait pas moins une fraude. En face d’affirmations aus
63
on origine une fraude qui, pour être pieuse, n’en
serait
pas moins une fraude. En face d’affirmations aussi déconcertantes et
64
critique. À vrai dire, M. Goguel ne paraît pas s’
être
beaucoup préoccupé de justifier sa méthode. Il n’est pas trop aisé de
65
beaucoup préoccupé de justifier sa méthode. Il n’
est
pas trop aisé de la définir. Elle recourt avant tout à la critique in
66
giques et historiques dont le dosage et la valeur
sont
très variables. Il semble qu’un de ses principes soit l’élimination d
67
très variables. Il semble qu’un de ses principes
soit
l’élimination de tout ce qui, dans le texte biblique, paraît en soi c
68
es » qui nous paraissent souvent bien pauvres. Qu’
est
-ce que la vraisemblance, en psychologie, sinon le triomphe du convent
69
ar M. Goguel, avec le texte biblique intégral, on
est
frappé de voir que le récit se trouve, dans tous les cas, affadi et b
70
la réalité des faits. Minimiser ! telle pourrait
être
la devise de l’école illustrée par M. Goguel. Il répondra que c’est a
71
certains humoristes. Les rédacteurs des évangiles
étaient
-ils vraiment si « bourgeois », si prudents, si soucieux de logique, s
72
teindre, si aveuglés sur leurs contradictions ? N’
étaient
-ils pas, bien plus que nous, capables de voir dans les contradictions
73
éduit incontinent que le premier de ces versets a
été
ajouté après coup. Il le retranche donc. Cela fait, nous dit-il, « le
74
etranche donc. Cela fait, nous dit-il, « le récit
est
bien homogène ». Certes. Mais qu’on imagine un groupe de femmes qui p
75
s femmes n’auront probablement rien d’homogène et
seront
même plus contradictoires qu’aucun récit ne peut le faire sentir. Ces
76
reste que les conclusions négatives de M. Goguel
sont
loin d’être aussi ruineuses pour la foi que beaucoup de croyants ne l
77
es conclusions négatives de M. Goguel sont loin d’
être
aussi ruineuses pour la foi que beaucoup de croyants ne le craignent.
78
ndre. Il nous rappelle ainsi que la foi véritable
est
celle qui croit sans avoir vu. Sa position nous paraît sur ce point t
79
es historiques. En nous montrant qu’elles peuvent
être
contestées, pour la plupart, il nous délivre d’une tentation permanen
80
Que l’on réforme cette histoire, cela ne saurait
être
au détriment de la foi. Car l’office de la foi n’est pas de nous four
81
au détriment de la foi. Car l’office de la foi n’
est
pas de nous fournir une explication probante du miracle ; elle se tra
82
lle-même quand elle s’y essaie. Dire que « Christ
est
ressuscité », c’est énoncer une vérité qu’aucune preuve humaine ne pe
83
r Dieu, même alors qu’il se rend visible. Et ce n’
est
point parmi les morts qu’il nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5)
84
aire l’économie des fausses preuves, telle paraît
être
, en fin de compte, la justification de la critique historique. C’est
85
Quand on m’a proposé ce titre, j’ai tout d’abord
été
frappé par le léger anachronisme de ce petit mot de cité. Une image s
86
anachronisme de ce petit mot de cité. Une image s’
est
immédiatement formée devant mes yeux : l’image d’un clerc en vêtement
87
ques d’une de ces villes du Quattrocento, où tout
était
bâti à la mesure de l’homme, où tout, — sauf les églises, — semblait
88
me, où tout, — sauf les églises, — semblait avoir
été
conçu pour demeurer à portée de la main, dans les limites où le pouvo
89
oute pensée et toute action se répondaient, où il
était
normal, salutaire et logique que les choses s’ordonnent à l’homme, et
90
l’homme, et que l’homme s’ordonne à son Dieu. Tel
était
donc mon rêve, mon imagination de l’homme chrétien dans la cité chrét
91
, l’autre énorme. En effet, la cité d’aujourd’hui
est
quelque chose de littéralement démesuré, un ensemble de signes abstra
92
cité, il n’y a plus aucune proportion. Mais ce n’
est
pas la cité seule qui a changé. En même temps qu’elle cessait d’être
93
ule qui a changé. En même temps qu’elle cessait d’
être
proportionnée à la mesure de l’homme, l’homme cessait d’obéir à la me
94
que dans l’humanité contemporaine, le chrétien n’
est
plus le type normal. Il tend à devenir l’exception. C’est tout juste,
95
venir l’exception. C’est tout juste, déjà, s’il n’
est
pas un scandale. Quand il se tient tranquille, on le tolère en souria
96
te, déjà, s’il n’est pas un scandale. Quand il se
tient
tranquille, on le tolère en souriant. On ira même jusqu’à respecter s
97
s limiter mes réflexions, ce soir : — quelle peut
être
la vocation de ce chrétien dans cette cité ? Ce chrétien en minorité
98
ement impuissante sur les conseils de la cité ? N’
est
-il pas ridicule de poser la question ? N’est-il pas évident, à premiè
99
? N’est-il pas ridicule de poser la question ? N’
est
-il pas évident, à première vue, que le chrétien ne peut plus rien, qu
100
ée par avance à demeurer inefficace ? Le chrétien
est
-il possesseur d’un secret qui lui permettrait de faire plus ou mieux
101
roduction ou de conclure des traités ? Et si ce n’
est
pas le cas, ne ferait-il pas mieux de se limiter à son domaine, d’ail
102
obligerait à conclure qu’en effet, les conditions
sont
devenues telles que l’action du chrétien, comme chrétien, ne vaut guè
103
t à fait dérisoire dans la « cité » telle qu’elle
est
devenue. Ni les congrégations économiques, ni les forces irrationnell
104
n’ont cure de nos avis, de nos révoltes. Que nous
soyons
chrétiens ou non, nous autres pauvres intellectuels, il nous faut per
105
out ce qui se fait sous les cieux, et voici, tout
est
vanité et poursuite du vent. » Je plaindrais l’homme d’action qui n’a
106
s que jamais le sentiment d’une grande absurdité.
Sommes
-nous bien des David prêts à marcher contre Goliath, ou simplement de
107
sible ? Je laisserai cette question ouverte. S’il
est
un fait patent, c’est que nous ne pouvons pas grand-chose… Mais il e
108
laquelle aucune raison ne prévaudra jamais. Elle
est
un ordre, que nous avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni le
109
ssible — pour hâter la venue de ce règne, nous ne
sommes
plus que des menteurs, et notre prière nous condamne. Le chrétien est
110
teurs, et notre prière nous condamne. Le chrétien
est
cet homme qui, ayant mesuré, mieux que personne peut-être, la vanité
111
« Ne vous conformez pas à ce siècle présent, mais
soyez
transformés », dit saint Paul. Tout le secret de notre vocation est c
112
dit saint Paul. Tout le secret de notre vocation
est
contenu dans ces mots-là, et si je parvenais ce soir à vous les rendr
113
r atteint mon but. Ne vous conformez pas, — mais
soyez
transformés. Nous n’appartenons pas à la forme du monde mais bien à s
114
à sa transformation. Forme et transformation, ce
sont
là les deux termes qui s’opposent dans notre vie, qui commandent notr
115
ion. La forme de ce monde : vous savez ce qu’elle
est
, et vous savez qu’elle est mauvaise. La forme de ce monde, ce sont to
116
vous savez ce qu’elle est, et vous savez qu’elle
est
mauvaise. La forme de ce monde, ce sont toutes les puissances que j’é
117
ez qu’elle est mauvaise. La forme de ce monde, ce
sont
toutes les puissances que j’énumérais tout à l’heure et qui dominent
118
par leur travail. La forme mauvaise du monde, ce
sera
pour l’incroyant l’ensemble des abus et des désordres dont il souffre
119
ésordres dont il souffre ; — pour le chrétien, ce
sera
bien davantage : ce sera tout ce que résume le seul mot de péché — to
120
; — pour le chrétien, ce sera bien davantage : ce
sera
tout ce que résume le seul mot de péché — tout ce qui s’oppose à la v
121
« Nous n’appartenons pas à la forme du monde. » —
Est
-ce à dire que notre foi nous en libère matériellement et moralement ?
122
foi nous en libère matériellement et moralement ?
Est
-ce à dire qu’en tant que chrétiens nous échappons aux lois communes ?
123
artenance. Elle annonce une nouvelle patrie. Nous
sommes
au monde, c’est vrai, mais non pas comme étant du monde. C’est là le
124
s sommes au monde, c’est vrai, mais non pas comme
étant
du monde. C’est là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’a
125
droit, dès l’instant où nous l’annonçons. Mais qu’
est
-ce que cette transformation ? Et de quel droit pouvons-nous l’annonce
126
tion ? Et de quel droit pouvons-nous l’annoncer ?
Est
-ce un ensemble de réformes, un programme révolutionnaire ? Est-ce l’u
127
emble de réformes, un programme révolutionnaire ?
Est
-ce l’utopie d’un avenir meilleur, ce « millenium » dont l’Apocalypse
128
ns, et beaucoup d’entre nous y travaillent. Il ne
sera
pas dit que l’homme chrétien est moins humain que l’homme non chrétie
129
vaillent. Il ne sera pas dit que l’homme chrétien
est
moins humain que l’homme non chrétien. Il ne sera pas dit que le croy
130
est moins humain que l’homme non chrétien. Il ne
sera
pas dit que le croyant, parce qu’il refuse toute solidarité avec la f
131
ort du terme, la transformation de ce monde, ce n’
est
pas en vertu des seuls désirs humains, qu’il a certainement lui aussi
132
ir mais comme une certitude, c’est qu’elle a déjà
été
faite ! Ce que nous annonçons au monde, c’est la promesse de celui qu
133
Prenez courage, j’ai vaincu le monde. » — Christ
est
ressuscité. Il est vivant ! Par lui, la forme de ce monde, et sa puis
134
ai vaincu le monde. » — Christ est ressuscité. Il
est
vivant ! Par lui, la forme de ce monde, et sa puissance dernière, la
135
e de ce monde, et sa puissance dernière, la mort,
sont
absolument dominées. C’en est fait ! depuis 19 siècles. La justice a
136
dernière, la mort, sont absolument dominées. C’en
est
fait ! depuis 19 siècles. La justice a paru, et nous en témoignons pa
137
Ni l’attente passive, ni l’ardeur messianique, ne
sont
plus aujourd’hui des attitudes chrétiennes ; mais voilà le motif de n
138
an de notre action de grâce, prisonniers que nous
sommes
de la forme terrestre, nous prêchons une victoire acquise et le retou
139
eut-être qu’un ou deux, ou beaucoup d’entre vous,
sont
en train de penser cela. Avant d’aborder le problème de l’action poli
140
le problème de l’action politique du chrétien, je
tiens
à dire deux mots concernant ces scrupules, ou peut-être, cette object
141
e son fameux triptyque : D’où venons-nous ? Où en
sommes
-nous ? Où allons-nous ? À la question : Où en sommes-nous ? j’ai répo
142
mes-nous ? Où allons-nous ? À la question : Où en
sommes
-nous ? j’ai répondu en rappelant la situation très précaire du chréti
143
s précaire du chrétien dans la cité telle qu’elle
est
devenue. À la question : D’où venons-nous ? j’ai répondu en rappelant
144
rs bottes. Leur en avant ne sait pas où il va ! N’
est
-ce pas ainsi que courent les fuyards ? Comment ne voient-ils pas que
145
ra poser ces grandes questions dernières, si ce n’
est
le chrétien, dans la cité contemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui
146
ntemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui d’autre
est
en mesure d’assumer cette charge inquiétante ? Si le chrétien ne pose
147
nte ? Si le chrétien ne pose pas ces questions, n’
est
-ce pas alors, justement, qu’il s’évade ? Qu’il sort de sa réalité ? Q
148
mesure où cela se peut. Mais il fallait qu’elles
fussent
posées, toutes ces questions, et il faut qu’elles demeurent posées co
149
. Ici se posent deux grands problèmes pratiques :
est
-il possible et nécessaire, partant de cette vocation, d’aboutir à ce
150
itique chrétienne, un parti des chrétiens ? Telle
est
la première question. Et si l’on répond non à cette première question
151
Et si l’on répond non à cette première question,
est
-il possible alors, ou désirable, qu’un chrétien entre dans l’un ou l’
152
stants, et fasse sienne la cause de ce parti ? Ce
sera
la seconde question. Au sujet de la politique chrétienne, permettez-m
153
sujet de la politique chrétienne, permettez-moi d’
être
aussi bref que catégorique. Si nous considérons l’histoire, si nous é
154
coutons ses leçons, il me paraît qu’aucun doute n’
est
permis. De Constantin, premier empereur chrétien commandant aux chrét
155
au jugement du monde, dès lors qu’elles cessent d’
être
avant tout un jugement porté sur le monde. Toute politique chrétienne
156
et par là même, appelle notre protestation. Quel
est
donc le rôle de l’Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien de f
157
protestation. Quel est donc le rôle de l’Église ?
Est
-il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire triompher telle ou telle d
158
ns habiletés politiciennes, — à supposer que cela
soit
possible, que de questions demeurent menaçantes ! Voici l’Église liée
159
de moralisé, dont on ne sait plus exactement s’il
est
encore profane ou déjà sanctifié. Je ne crois pas plus à une politiqu
160
la vie de la cité moderne. Je ne crois pas qu’il
soit
souhaitable que se forme un parti chrétien, opposé aux autres partis.
161
re, comme chrétiens, dans la cité ? Si l’Église n’
est
pas un parti, comment et où faut-il que nous prenions parti ? Où allo
162
ngager ? Car vocation signifie acte, et tout acte
est
un engagement. Nous voici donc en face de la seconde question : celle
163
édication active de sa transformation, — si telle
est
bien la vocation civique du chrétien, beaucoup seront tentés de pense
164
st bien la vocation civique du chrétien, beaucoup
seront
tentés de penser que cela conduit au socialisme. Pour ma part, je con
165
e, à cause de cette tentation très réelle, que je
suis
amené à me méfier, ou tout au moins à m’approcher avec une prudence c
166
d’origine proprement chrétienne. Le socialisme s’
est
identifié avec la défense des humbles : si nous ne faisons pas mieux
167
: protestation et justice. Oui, ces mots d’ordre
sont
les mêmes pour le chrétien et pour le socialiste. L’élan sentimental
168
hrétien et pour le socialiste. L’élan sentimental
est
peut-être le même, les revendications pratiques seront peut-être auss
169
t peut-être le même, les revendications pratiques
seront
peut-être aussi les mêmes, dans bien des cas. Mais les motifs premier
170
cas. Mais les motifs premiers, les buts derniers
sont
autres. Et ce sont ces motifs et ces buts qui doivent donner aux mots
171
fs premiers, les buts derniers sont autres. Et ce
sont
ces motifs et ces buts qui doivent donner aux mots leur sens réel. No
172
divine, déjà réalisée. Notre devoir de charité ne
serait
-il pas alors de déclarer ouvertement aux socialistes qu’entre leur bu
173
l d’une foi au Christ vivant ? Car le chrétien n’
est
pas idéaliste, et c’est cela qui le distingue en fin de compte du soc
174
atérialisme socialiste, comme si le christianisme
était
moins réaliste et comme si les chrétiens ne vivaient pas aussi de pai
175
as aussi de pain. Le grand danger du socialisme n’
est
pas dans son matérialisme, mais dans sa fausse spiritualité ; dans ce
176
itique dans une seule phrase : un tel compromis n’
est
possible, comme un douloureux pis-aller, que s’il est par ailleurs dé
177
possible, comme un douloureux pis-aller, que s’il
est
par ailleurs dénoncé, ouvertement, et au nom de la foi. J’ajouterai c
178
is si je refuse ce parti, c’est aussi parce qu’il
est
un parti, précisément. Tout le monde fait aujourd’hui le procès des p
179
’impuissance politique des formations de masses s’
est
avérée depuis la guerre, soit en Russie, où Lénine triompha par le mo
180
rmations de masses s’est avérée depuis la guerre,
soit
en Russie, où Lénine triompha par le moyen d’une minorité infime, soi
181
nine triompha par le moyen d’une minorité infime,
soit
en Allemagne, où les partis de gauche, malgré leur organisation incom
182
atique et quotidienne montre que cette opposition
est
effective. L’homme des masses, le partisan, c’est l’homme qui fuit de
183
ce sens précis, il faut bien dire que les partis
sont
les agents les plus actifs de la démoralisation des hommes modernes.
184
ant qui permet de faire de si belles phrases, qui
est
si vrai, mais si « abstrait » — dit-on —, et qui vous laisse en fin d
185
cité thomiste, j’opposerai une image moderne, qui
est
aussi celle d’un chrétien dans la cité, mais qui n’est pas cette fois
186
ussi celle d’un chrétien dans la cité, mais qui n’
est
pas cette fois une utopie. Cela se passe au Japon, de nos jours. Cert
187
e, et jouit à vingt ans de tous les avantages qui
sont
chez nous ceux de la grande bourgeoisie. Mais voilà qu’il se converti
188
le Japon d’avant la guerre, il comprend qu’il lui
est
impossible de se dire vraiment chrétien tant qu’il n’aura pas fait to
189
t chrétien tant qu’il n’aura pas fait tout ce qui
est
en son pouvoir pour réduire le scandale social. Aucun parti n’existe
190
diminuent, les enfants s’instruisent, des misères
sont
soulagées. C’est déjà quelque chose. Mais Kagawa veut davantage. Il f
191
nfants qu’il a secourus, et dès lors le mouvement
est
lancé, l’opinion publique alertée, et cet effort aboutira à l’assaini
192
amée. C’est ainsi qu’on transforme le monde. Ce n’
est
pas au nom d’un parti que Jérémie accusait publiquement son roi et l’
193
on roi et l’obligeait à réparer ses crimes ; ce n’
est
pas au nom d’un parti que Paul ébranle l’Empire romain, ce n’est pas
194
d’un parti que Paul ébranle l’Empire romain, ce n’
est
pas au nom d’un parti que Luther et Calvin déclenchent la plus grande
195
peu pratique ! Toute l’histoire du monde chrétien
est
faite par des vocations précises reçues dans la prière, avec crainte
196
monde, moralement et pratiquement. Seules, elles
sont
apparues comme de fondamentales et créatrices objections de la foi à
197
forme du monde. Mais, direz-vous encore, nous ne
sommes
pas tous des Jérémie, des Paul, des Luther, des Calvin, ni même des K
198
nce leur silencieuse et troublante question. Nous
sommes
, me direz-vous, des étudiants, c’est-à-dire des intellectuels. Notre
199
ntellectuels. Notre premier devoir dans la cité n’
est
-il pas de travailler en tant qu’intellectuels, — de même que le premi
200
agawa, et à vivre dans les quartiers miséreux, ne
serait
-ce pas aussi faillir à notre vocation tout humblement humaine, profes
201
Je n’aurai pas le cynisme de vous répondre que ce
serait
là peut-être un remède tout trouvé à la crise de surproduction intell
202
solution moins défaitiste à vous offrir. — Et ce
sera
mon second exemple. Un écrivain américain de ces dernières années, l’
203
itable compréhension des expériences religieuses,
est
vaine, irresponsable, impuissante et antisociale. » Je crois que cett
204
mmentons brièvement cette phrase. La cité moderne
est
en crise, parce que personne n’a su ou n’a osé prévoir l’aboutissemen
205
er. Tout le monde sait que la morale des affaires
est
à peu près le contraire de la morale, et que les nécessités économiqu
206
rme. Les buts de l’intellectuel et son langage ne
sont
plus ceux de l’ouvrier ni du petit-bourgeois provincial et encore moi
207
une mesure entre la pensée et l’action. La cité n’
est
plus dominée par une norme et un but commun. Ce sont les bases cultur
208
t plus dominée par une norme et un but commun. Ce
sont
les bases culturelles qui sont atteintes ! Et c’est pourquoi toute ré
209
un but commun. Ce sont les bases culturelles qui
sont
atteintes ! Et c’est pourquoi toute réforme de détail, ou toute œuvre
210
de la culture et de l’économie ; or, elle ne peut
être
cherchée sérieusement nulle part ailleurs que dans la religion. L’his
211
éer une mesure et une morale communautaire que se
sont
assignée les groupes personnalistes, sur l’exemple desquels je vais c
212
bien abstraite. Que faut-il entendre par là ? Qu’
est
-ce donc que la personne humaine ? Exactement et tout simplement, la p
213
rsonnalistes : l’État et les institutions doivent
être
mis au service de l’homme ; or, c’est l’inverse qui se passe aujourd’
214
l s’agit là d’une révolution profonde, car rien n’
est
plus profond qu’un changement de l’état d’esprit qui préside aux inst
215
it qui préside aux institutions. Si notre société
est
née de la Déclaration des droits de l’homme, il s’agit de donner à la
216
re, car un homme qui n’a pas son pain ne peut pas
être
une personne ni exercer sa vocation ; combattre aussi l’État totalita
217
prendre pour l’opinion publique, alors qu’elle n’
est
en fait que l’opinion des maîtres de forges ou des parlementaires exp
218
bêtise publique. Mais toutes ces destructions ne
seront
rendues possibles que par un profond changement de l’état d’esprit gé
219
Et le triomphe d’une telle morale, à son tour, ne
sera
possible, que si l’on peut déduire de cette morale un système cohéren
220
n principe, aux exigences de notre vocation. Ce n’
est
pas une politique chrétienne, ce n’est pas un parti politique. C’est
221
tion. Ce n’est pas une politique chrétienne, ce n’
est
pas un parti politique. C’est un ordre, une chevalerie ! Et le princi
222
hevalerie ! Et le principe de cet ordre nouveau n’
est
autre que celui de la vocation personnelle. Oui, le principe animateu
223
politique, économique et culturel. Ici, la vérité
est
mise au premier rang : le succès même lui est subordonné. Je demande
224
ité est mise au premier rang : le succès même lui
est
subordonné. Je demande où est le parti qui peut en dire autant. Je de
225
le succès même lui est subordonné. Je demande où
est
le parti qui peut en dire autant. Je demande où les chrétiens trouver
226
ance concrète. Certes, le mouvement personnaliste
est
encore jeune, et n’a pas remué les masses jusqu’ici. Mais je ferai de
227
uelqu’un commence. Avoir une vocation, c’est oser
être
celui qui commence, malgré les doutes des suiveurs ; 2° vous pouvez t
228
des suiveurs ; 2° vous pouvez tous, tant que vous
êtes
, aider le mouvement personnaliste à se développer. Lisez la revue Es
229
n, raison de plus pour l’apporter ! Le chrétien n’
est
-il pas, en quelque sorte, un spécialiste de la vocation ? Des incerta
230
e remarquer que certains… compromis, par exemple,
sont
plus pratiques, lorsqu’il s’agit de politique, — et qu’on n’arrive à
231
ont valu la crise actuelle viendront dire : ça n’
est
pas pratique. Mais ce n’est pas d’eux, n’est-ce pas, qu’il faut atten
232
viendront dire : ça n’est pas pratique. Mais ce n’
est
pas d’eux, n’est-ce pas, qu’il faut attendre beaucoup mieux que ce qu
233
ça n’est pas pratique. Mais ce n’est pas d’eux, n’
est
-ce pas, qu’il faut attendre beaucoup mieux que ce qu’ils ont fait dep
234
que ce qu’ils ont fait depuis cent ans déjà. Nous
sommes
nés dans un monde où tout est en désordre. Nous savons ce que vaut l’
235
t ans déjà. Nous sommes nés dans un monde où tout
est
en désordre. Nous savons ce que vaut l’aune de ce « pratique » qu’on
236
ne de ce « pratique » qu’on nous propose. L’heure
est
venue d’essayer autre chose, d’essayer au moins une fois de partir d’
237
re, et bien faire, ce que l’homme fait mal. Telle
est
sa liberté dans l’action, dans l’échec, dans l’espérance et la protes
238
J’ai cherché au contraire à marquer quels peuvent
être
nos motifs de choix, et le lieu d’une action pratique. Il se peut que
239
foi leur permet de rendre grâces du sort qui leur
est
fait ! — Il se peut que d’autres en grand nombre comprennent que leur
240
tres pour mon compte. Discerner sa vocation, ce n’
est
pas toujours entendre une voix intérieure. Il y a aussi des voix qui
241
prophétique, tentation personnaliste : tout cela
est
possible, tout cela donc nous appelle. Ce qui est impossible, c’est q
242
est possible, tout cela donc nous appelle. Ce qui
est
impossible, c’est qu’un chrétien n’ait pas la vocation d’agir, de fai
243
« Ne vous conformez pas à ce siècle présent, mais
soyez
transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous di
244
e l’intelligence, afin que vous discerniez quelle
est
la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » f. Roug
245
discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui
est
bon, agréable et parfait. » f. Rougemont Denis de, « La cité », Le
246
sur le message de Jésus-Christ ». Dès l’abord, on
est
frappé par leur simplicité et leur clarté, qui réussissent à mettre à
247
ologie » chrétienne la plus authentique. Le style
est
direct, l’emploi de la seconde personne est la règle ; aussi ne peut-
248
style est direct, l’emploi de la seconde personne
est
la règle ; aussi ne peut-on lire ces méditations sans se sentir pris
249
us. Ces études se succèdent selon un plan qu’il n’
est
pas toujours facile d’apercevoir. Les divisions générales paraissent
250
d’apercevoir. Les divisions générales paraissent
être
: Dieu — L’homme — Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’Église et les
251
pérance eschatologique. Le trait le plus marquant
est
leur « biblisme ». Bien que pas un verset de l’Écriture ne soit cité,
252
blisme ». Bien que pas un verset de l’Écriture ne
soit
cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur informées par la Bible,
253
inées par elle. Pour Brunner, « la foi chrétienne
est
une foi biblique » ; la Bible est la Parole de Dieu, et nous ne pouvo
254
foi chrétienne est une foi biblique » ; la Bible
est
la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu que par Sa
255
ênent si fort notre humaine raison. Mais la foi n’
est
pas une adhésion intellectuelle qui ne nous engagerait pas ; la foi a
256
au Dieu de majesté, de sainteté et d’amour, qui s’
est
révélé à nous en Jésus-Christ, exige que nous prenions les exigences
257
eu vraiment au sérieux, que nous « laissions Dieu
être
Dieu en nous ». Brunner semble vouloir nous amener à prier la prière
258
par les grandes conférences œcuméniques. Mais il
est
non moins remarquable qu’aucun de ces documents ne fasse allusion à l
259
asse allusion à l’ordre culturel de demain. Et il
est
cependant certain que si les Églises continuent à négliger cette ques
260
a jeunesse de presque tous les pays du monde aura
été
soumise à plusieurs années de service militaire et à une interruption
261
e en Europe après la Première Guerre mondiale. Ce
sera
, cette fois, beaucoup plus violent car la Deuxième Guerre mondiale a
262
logies beaucoup plus puissantes et dynamiques. Il
serait
romantique de supposer que la guerre actuelle a détruit toutes les ét
263
nouveaux noms. Les générations d’après-guerre ne
seront
pas nécessairement plus positives ou plus cyniques — tout en prétenda
264
positives ou plus cyniques — tout en prétendant l’
être
, à coup sûr. Mais sans aucun doute leur faim sera plus grande et leur
265
être, à coup sûr. Mais sans aucun doute leur faim
sera
plus grande et leur soif de réponses à leurs questions, de conseils,
266
domaine de la culture. Car l’époque bourgeoise a
été
une ère de division, d’absence de parenté et de commune mesure entre
267
s humaines et sociales. Les années d’après-guerre
seront
probablement caractérisées par les traits suivants : des lacunes inte
268
s religieux et virulents. Mais si une Église veut
être
en mesure d’intervenir dans le développement de la culture, elle doit
269
ir dans le développement de la culture, elle doit
être
fondée sur une doctrine ferme, sur une théologie qui soit en même tem
270
dée sur une doctrine ferme, sur une théologie qui
soit
en même temps rigoureuse et vitale à l’intérieur de l’Église. Une Égl
271
térieur de l’Église. Une Église dont la théologie
est
vague n’a plus rien à dire dans le domaine de la culture. Une telle É
272
nisme. Mais, dans le domaine de la culture, il en
est
tout à fait autrement. Ici une Église ne peut adopter des idéologies
273
ogie. C’est ainsi que l’Église catholique romaine
fut
à la tête du mouvement philosophique du Moyen Âge, que les réformes d
274
an, ou Renoir, sans seulement se demander si cela
était
compatible avec sa foi. Car en fait la théologie avait cessé d’être v
275
ec sa foi. Car en fait la théologie avait cessé d’
être
vivante, précise et exigeante, et donc source d’inspiration. Le thomi
276
ne charpente et qu’il ne fixait aucune limite qui
soit
en même temps un stimulant et un guide. Premièrement, donc, si l’Égli
277
ière s’en trouvera appauvrie et désorientée. Elle
sera
coupée de ses racines. Car toute la culture occidentale est née de la
278
de ses racines. Car toute la culture occidentale
est
née de la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumett
279
ée de la théologie et de la liturgie chrétienne ;
soit
en se soumettant au code chrétien, soit en se révoltant contre lui. (
280
étienne ; soit en se soumettant au code chrétien,
soit
en se révoltant contre lui. (Les grandes philosophies modernes, celle
281
ophies modernes, celles de Descartes et de Hegel,
sont
nées d’une controverse manifestement théologique à ses origines.) Et,
282
Les forces de création lui échappent. Tout ce qui
est
créé est alors créé en dehors de l’Église ou en opposition à elle et
283
s de création lui échappent. Tout ce qui est créé
est
alors créé en dehors de l’Église ou en opposition à elle et devient d
284
rer dans une conception chrétienne du monde. Ceci
est
particulièrement frappant dans les pays protestants où le souci de ra
285
forces de création intellectuelles parce qu’elle
est
attentive à préserver les droits et les devoirs de la critique théolo
286
e. Les Églises pourront agir et inspirer si elles
sont
fondées sur une doctrine ferme et complète. Elles auront autorité dan
287
a plus féconde dans le domaine culturel et social
est
celle de Vocation (au sens calviniste et luthérien du mot, qui est pl
288
tion (au sens calviniste et luthérien du mot, qui
est
plus large que celui dans lequel l’entend Rome). L’Évangile nous appr
289
d Rome). L’Évangile nous apprend que chaque homme
est
susceptible de recevoir une vocation, un appel spécial qui le disting
290
uée à une nation ou même à une génération. Chaque
être
individuel ou collectif, pour lequel l’Église peut prier, est suscept
291
el ou collectif, pour lequel l’Église peut prier,
est
susceptible de recevoir une vocation. Maintenant les grandes maladies
292
une : elles nient la vocation personnelle (que ce
soient
les collectivismes nationalistes, de race ou de classe, ou les matéri
293
s, moraux ou bourgeois). De même l’individualisme
est
une déviation morbide du sens de la vocation car elle nie ses conséqu
294
itique que l’on puisse adresser à ce point de vue
est
la suivante : une idéologie qui nie la vocation personnelle ou un rég
295
uille l’homme de la liberté d’obéir à sa vocation
sont
incompatibles avec le christianisme. Par exemple, toutes les idéologi
296
réactionnaire, individualiste, antisociale. Elles
sont
, par conséquent, incompatibles avec l’ordre chrétien qui présuppose l
297
blir une homogénéité mécanique et rigide, qu’elle
soit
imposée d’en haut (État, tyran), ou d’en bas (égalitarisme poussé à l
298
nt comme dangereuse et scandaleuse. Ces doctrines
sont
par là incompatibles avec l’ordre chrétien, qui implique l’union et n
299
dans le Royaume de Dieu. Un ordre social ne peut
être
qualifié de chrétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la
300
e peut être qualifié de chrétien à moins qu’il ne
soit
fondé sur le respect de la vocation, et qu’il n’assure à chaque homme
301
, unique et inaliénable. Un ordre social chrétien
sera
ainsi œcuménique plutôt qu’unitarien. Il sera fédéral plutôt que cent
302
ien sera ainsi œcuménique plutôt qu’unitarien. Il
sera
fédéral plutôt que centralisé (dans les domaines culturels, religieux
303
les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir
est
d’assurer la liberté de l’individu au point de vue matériel). Les
304
ns. Il va sans dire que l’organisation de l’armée
est
telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’accomplir son devoir
305
nes bureaucratiques dans lesquelles les individus
sont
abstraitement dirigés selon les besoins de la machine et non selon le
306
mouvement des biens de la puissance matérielle y
est
fonction des hasards d’opérations de Bourse, par exemple, et non des
307
u la prospérité économique. Le devoir des Églises
est
de repenser toutes ces catégories et de les critiquer d’un point de v
308
nement d’une doctrine chrétienne de la vocation. (
Être
libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour b
309
bli, ou à la réforme du moment. Elles cesseront d’
être
traînées dans le sillage de mouvements entrepris par d’autres, avec d
310
d’autres, avec des motifs et pour des buts qui ne
sont
pas nécessairement chrétiens. Les conséquences culturelles Deux
311
pirituelle. La vocation d’un homme ou d’un groupe
est
à la fois distinction et intégration. Ces deux éléments devraient êtr
312
ction et intégration. Ces deux éléments devraient
être
conciliés et sauvegardés avec vigilance — l’élément d’universalisatio
313
nt d’universalisation et celui de distinction. Il
est
grandement souhaitable, par exemple, que des établissements d’enseign
314
lissements d’enseignement (collèges, universités)
soient
fondés sur une base confessionnelle clairement établie, à côté d’étab
315
t que tout l’enseignement, dans chaque matière, y
soit
dominé par la doctrine de l’Église en question, comme c’est le cas da
316
0200semr sauvegarder le facteur universaliste, il
est
nécessaire que, dans les écoles confessionnelles, un enseignement suf
317
nement suffisamment poussé des autres confessions
soit
donné : la partie œcuménique. Car ce n’est qu’en apprenant à connaîtr
318
sions soit donné : la partie œcuménique. Car ce n’
est
qu’en apprenant à connaître les autres que nous en venons à nous conn
319
en venons à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’
est
qu’en nous comprenant nous-mêmes que nous parvenons à connaître les a
320
enons à connaître les autres. L’attitude générale
serait
alors d’approfondir et d’intégrer le plus possible chaque vocation cu
321
sible chaque vocation culturelle du groupe (qu’il
soit
religieux ou national), le tout en vue de l’union (fédérale ou œcumén
322
à les comparer. Le deuxième problème à envisager
est
celui d’une collaboration plus étroite entre l’Église et l’Intelligen
323
ce plan tout reste à créer. Et quelque chose doit
être
créé si nous voulons éviter que la culture de demain se développe sel
324
endre leurs pouvoirs spirituels, certains États s’
étant
laissé aller à les revendiquer injustement. Les docteurs de l’Église
325
me même, du moins à cette véhémence flambante qui
fut
toujours signe et symbole de l’Esprit. Un fils soumis de Rome, le gra
326
lisme) qu’ils croyaient pouvoir tolérer ; qu’il a
été
abattu finalement, dans ses formes déclarées et spectaculaires tout a
327
; et que son élévation brutale puis sa chute ont
été
pour toutes les Églises une épreuve de forces, un défi, une purificat
328
e devant l’assaut de dictatures barbares : elle s’
est
reconnue impuissante à nous donner des buts de vie, des idéaux et un
329
d’une puissante et purifiée Église orthodoxe à l’
Est
. Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, dans
330
e à l’Est. Mais dire que l’époque de la défensive
est
terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser aux Églises chréti
331
es presque aussi grands que ceux qu’elles eussent
été
contraintes de subir en se rendant. (Dans ce « presque » est là diffé
332
ntes de subir en se rendant. (Dans ce « presque »
est
là différence entre honneur et honte, vie et mort.) Et que trouvent a
333
s, mais un vide doctrinal sans précédent. Ce vide
est
un appel, urgent et dramatique. Un appel à l’attaque, à l’offensive,
334
les sombres, avant la floraison du Moyen âge, qui
fut
son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, q
335
ses réglementations, souvent utiles, mais qui ne
sont
jamais règles de vie. Je voudrais une sociologie chrétienne pour le x
336
t — musique, peinture, philosophie, littérature —
est
sortie des églises et des couvents. Hélas, elle en est bien sortie !
337
ortie des églises et des couvents. Hélas, elle en
est
bien sortie ! Il est temps que nous sortions à sa recherche, pour la
338
des couvents. Hélas, elle en est bien sortie ! Il
est
temps que nous sortions à sa recherche, pour la ramener ! 3. Que l’Ég
339
ement d’une conduite spécifiquement chrétienne. «
Soyez
bien sages », nous disaient les prédicateurs depuis deux siècles. « S
340
disaient les prédicateurs depuis deux siècles. «
Soyez
fous ! », dit saint Paul aux Corinthiens. « Osez être l’Invraisemblab
341
fous ! », dit saint Paul aux Corinthiens. « Osez
être
l’Invraisemblable ! »5 dit Kierkegaard. Ce sont ces voix que les meil
342
z être l’Invraisemblable ! »5 dit Kierkegaard. Ce
sont
ces voix que les meilleurs aujourd’hui, hors des Églises, me paraisse
343
s Américains, s’instaure sur notre planète, ce ne
sera
qu’au nom de ce qui transcende nos attachements nationaux, politiques
344
action chrétienne. Celle-ci se fera, comme elle s’
est
toujours faite, par des personnes et par des petits groupes ; par que
345
e vocation précise, et il ajoute : toute vocation
est
sans précédent, et paraît donc « invraisemblable » à celui qui la reç
346
y, Hamsun, Ramuz, Faulkner, Hemingway, Malaparte,
sont
sortis de milieux protestants, dira-t-on ? Le fait est qu’ils en sont
347
ortis de milieux protestants, dira-t-on ? Le fait
est
qu’ils en sont bien sortis, tandis que les autres sont entrés (ou ren
348
ux protestants, dira-t-on ? Le fait est qu’ils en
sont
bien sortis, tandis que les autres sont entrés (ou rentrés) dans le c
349
qu’ils en sont bien sortis, tandis que les autres
sont
entrés (ou rentrés) dans le catholicisme et se donnent, sans la moind
350
ais de l’époque, T. S. Eliot et Wystan Auden, ils
sont
, certes, des chrétiens déclarés dans leur œuvre, mais l’épithète de p
351
e l’ensemble de nos littératures occidentales, il
est
impossible d’établir qu’à proportion des populations et de leurs conf
352
me tels, tandis que nos auteurs protestants ne le
sont
plus guère que de naissance et non par choix. Quelles sont les causes
353
guère que de naissance et non par choix. Quelles
sont
les causes de ce phénomène particulier au xxe siècle ? Je crois qu’i
354
les chercher dans un récent passé théologique. Il
était
de mise, au siècle dernier, chez les protestants, de déclarer — comme
355
resque complet des positions de la Réforme. Or il
est
clair que le libre examen, conduit dans un climat rationaliste, n’est
356
re examen, conduit dans un climat rationaliste, n’
est
pas une attitude de créateur. L’art suppose une orthodoxie, un parti
357
la fois, et, en tout cas, un ensemble de règles,
soit
héritées, soit inventées : une rhétorique. La théologie protestante d
358
n tout cas, un ensemble de règles, soit héritées,
soit
inventées : une rhétorique. La théologie protestante du xixe siècle
359
roduit d’écrivains protestants au sens où Claudel
est
un écrivain catholique, Eliot un écrivain anglican. Et, pour les même
360
tions, en Europe et dans les deux Amériques, s’en
sont
déclarés tributaires.) Or la pensée de Kierkegaard, qui représente l’
361
assement constitue même l’essence de son œuvre. N’
est
-ce point de cet exemple pur qu’il conviendrait de partir pour poser l
362
datée du 16 novembre 1948 : « Chers amis… 1) S’il
est
exact que les protestants sont davantage moralistes et citoyens qu’es
363
Chers amis… 1) S’il est exact que les protestants
sont
davantage moralistes et citoyens qu’esthètes, pensez-vous que ceci so
364
tes et citoyens qu’esthètes, pensez-vous que ceci
soit
dû à une orientation théologique, à des circonstances historiques, au