1 1933, Le Semeur, articles (1933–1949). Humanisme et christianisme (mars 1933)
1 t-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous, une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avan
2 ion existentielle — pour employer un terme favori de la théologie et de la philosophie allemande contemporaines1 ? L’une d
3 pour employer un terme favori de la théologie et de la philosophie allemande contemporaines1 ? L’une des caractéristiques
4 ande contemporaines1 ? L’une des caractéristiques de notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question
5 e notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de
6 se posent et nous sont posés, hic et nunc. Avant d’ aller plus loin, cherchons donc à serrer un peu les deux termes de not
7 n, cherchons donc à serrer un peu les deux termes de notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il no
8 ut de suite dissiper un malentendu : par le terme d’ humanisme, on se borne trop souvent encore, en France, à désigner la c
9 moins précis, qui désigne une conception générale de vie — politique, économique, éthique — fondée sur la croyance au salu
10 omique, éthique — fondée sur la croyance au salut de l’homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoure
11 ianisme, s’il est avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas,
12 a croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de
13 i. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diront que, là où le ch
14 eront. Ils me diront que, là où le chrétien parle de salut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des hommes, la justice
15 tice. Faut-il voir là autre chose qu’une question de mots ? Dans l’un et l’autre cas, il s’agit bel et bien de savoir quel
16 ? Dans l’un et l’autre cas, il s’agit bel et bien de savoir quel sens l’homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre
17 , immanent. Les humanistes accusent les chrétiens d’ une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité s
18 Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité surhumaine qu
19 hrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’ avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispense de mettre en œ
20 recours à une réalité surhumaine qui les dispense de mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de fai
21 re toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de faire appel à une Volonté dont l’opération, à leurs yeux, anéantit ce
22 té dont l’opération, à leurs yeux, anéantit celle de la volonté humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les ac
23 rend absolument vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un « arrière-monde » q
24 t de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’ un « arrière-monde » qui serait comme une revanche contre tout l’impar
25 serait comme une revanche contre tout l’imparfait de « ce bas-monde », mais une revanche à bon marché, permettant, sur cet
26 ettant, sur cette terre, une scandaleuse économie d’ énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme.
27 ette terre, une scandaleuse économie d’énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, le
28 origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché « originel » — i
29 tendus, sans cesse renaissants. Il a l’impression d’ avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidit
30 aissants. Il a l’impression d’avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une effroyabl
31 u la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une effroyable tragi-comédie. Au fond, ce que l’homme
32 s plus importantes du monde : l’origine et la fin de son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoi
33 re. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoir de sauver l’homme en se fondant sur l’homme sont semblables, aux yeux du
34 meux baron de Crac qui prétendrait se tirer alors d’ un puits en se soulevant par la chevelure. 3. Humanisme contre christi
35 contre christianisme, n’est-ce donc qu’un conflit d’ amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui soignera le mieux cet homme
36 en, non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation, à priori fonda
37 rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte d’ obligation, à priori fondamentale : l’humanisme c’est le péché même, s
38 nir le péché par la volonté, naturelle à l’homme, d’ agir pour soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’humanis
39 r soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considè
40 our Dieu. C’est maintenant au tour de l’humaniste d’ endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un hom
41 ant au tour de l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepte
42 e chrétien le considère comme un homme qui refuse d’ accepter, dans toute sa violence, la question que lui pose sans cesse
43 rme encore plus précise, il devient l’antagonisme de deux volontés qui ne s’opposent pas front à front sur le même plan, m
44 perpendiculairement. Chez les chrétiens, volonté de se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vi
45 ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le plus possible, comme si
46 z les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien ab
47 n absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste va chercher une solution humaine q
48 a chercher une solution humaine qui lui permettra d’ assurer ce bien absolu qu’est sa vie. Le chrétien va chercher à obéir
49 a vie. Le chrétien va chercher à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’a
50 obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrific
51 e même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fa
52 is de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un r
53 tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un révolutionnaire
54 et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un révolutionnaire, l’homme du risque opposé à l’homme des assura
55 ’est, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’ assurance-vie. L’humaniste pourra répondre qu’à ses yeux, le christian
56 dans cet acte ; il agit en humaniste. Il témoigne de sa défiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un
57 un « bonheur » imprévu, pousse en réalité le cri d’ un humaniste, c’est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue est
58 se en réalité le cri d’un humaniste, c’est-à-dire d’ un homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et
59 l, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement d’ humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du
60 , — porte un jugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’hom
61 n jugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme pieux qu
62 l les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté de Dieu, si souvent contraire à la sienne ?) Prier pour qu’il fasse beau
63 ce n’est pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu d’ humaniste. Si je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir de provo
64 i je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir de provoquer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de vous faire
65 uer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de vous faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’être une sim
66 faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’ être une simple conception philosophique, est une attitude devant la «
67 é dans les Débats, ces jours derniers, les écrits de MM. Fernandez2 et Guéhenno. Si intéressants et précis que soit l’un d
68 téressants et précis que soit l’un dans le détail de sa dialectique critique, et si généreux que se veuille le second dans
69 mble pas que ces deux auteurs aient eu le courage d’ aller jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du transcendant.
70 courage d’aller jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du transcendant. Le communisme seul a poussé jusqu’aux réa
71 ’humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour
72 à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’homme considéré comme autonome, et « calculable » humainement. Le P
73 est d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’ assurance-vie que l’humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que l
74 se de l’homme, lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux con
75 , lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturel
76 aturelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’ être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il enc
77 es, sur ce conflit qui constitue la raison d’être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un
78 le nom qu’il leur donne ; — il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire de lutter pour devenir une personne devant Dieu.
79  ; — il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire de lutter pour devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’humanism
80 pour devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’homme
81 l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’ enlever à l’homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’h
82 ment d’enlever à l’homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en dé
83 mme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, un suicide
84 elle, c’est-à-dire : qui concerne « l’existence » de chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit rée
85 t-à-dire : qui concerne « l’existence » de chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit réel et concr
86 ne décision. 2. Ch. Westphal rappelait la phrase de Fernandez : « Le chrétien est un embusqué de l’infini. » a. Rougemo
87 rase de Fernandez : « Le chrétien est un embusqué de l’infini. » a. Rougemont Denis de, « Humanisme et christianisme »,
88 t un embusqué de l’infini. » a. Rougemont Denis de , « Humanisme et christianisme », Le Semeur, Paris, mars 1933, p. 286-
2 1934, Le Semeur, articles (1933–1949). Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)
89 Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)c d L’œuvre de M. Maurice Goguel, directe
90 éthode de M. Goguel (novembre 1934)c d L’œuvre de M. Maurice Goguel, directeur à l’École des hautes études, est déjà fo
91 s hautes études, est déjà fort importante et fait de son auteur le maître incontesté de nos critiques du Nouveau Testament
92 rtante et fait de son auteur le maître incontesté de nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’œuvre d’un savant spécial
93 nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’œuvre d’ un savant spécialisé, au premier chef, mais dans un domaine susceptibl
94 au premier chef, mais dans un domaine susceptible d’ intéresser le plus large public. On se souvient de l’ouvrage décisif q
95 d’intéresser le plus large public. On se souvient de l’ouvrage décisif que M. Goguel publia contre les thèses de M. Coucho
96 ge décisif que M. Goguel publia contre les thèses de M. Couchoud3. Plus récemment, il nous donnait une volumineuse Vie de
97 us récemment, il nous donnait une volumineuse Vie de Jésus 4 dont le succès fut grand et les conclusions vivement discutée
98 ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésus, et les questions qu’il pose n’apparaissent pas mo
99 nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésus, et les questions qu’il pose n’apparaissent pas moins passionna
100 Quelle fut la genèse psychologique et historique de la croyance à la résurrection de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel dé
101 ue et historique de la croyance à la résurrection de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel définit l’objet de sa recherche, en
102 Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel définit l’objet de sa recherche, en insistant sur le fait que la description qu’il va do
103 e ne soit un peu trop ambitieuse. Car l’hypothèse de travail que M. Goguel adopte au départ revêt bel et bien la forme d’u
104 oguel adopte au départ revêt bel et bien la forme d’ une explication de cause à effet. On pense couramment, dit-il, que la
105 part revêt bel et bien la forme d’une explication de cause à effet. On pense couramment, dit-il, que la foi chrétienne est
106 ue la foi chrétienne est née parce que le tombeau de Jésus fut trouvé vide. Mais il se pourrait qu’au contraire, on ait cr
107 e à cause de la foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effet de la foi ? M. Goguel incli
108 este de Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effet de la foi ? M. Goguel incline vers l’effet. Suivons-le dans sa déduction
109 sa déduction. Dans une première partie qui décrit d’ une façon remarquable les diverses formes de la croyance à la résurrec
110 écrit d’une façon remarquable les diverses formes de la croyance à la résurrection chez Paul et Jean, puis chez les rédact
111 e concrétisation toujours plus rigoureuse du fait de la résurrection. Il lui reste alors, dans une deuxième partie, à défa
112 ire trop bien faite, et à démolir, avec une sorte de minutieuse indifférence, tous les récits bibliques relatifs à la sépu
113 venues au sépulcre, n’avaient pas trouvé le corps de Jésus. Cette création s’est faite sans qu’il soit nécessaire ou légit
114 ’est faite sans qu’il soit nécessaire ou légitime de supposer à son origine une fraude qui, pour être pieuse, n’en serait
115 M. Goguel ne paraît pas s’être beaucoup préoccupé de justifier sa méthode. Il n’est pas trop aisé de la définir. Elle reco
116 é de justifier sa méthode. Il n’est pas trop aisé de la définir. Elle recourt avant tout à la critique interne des textes,
117 et la valeur sont très variables. Il semble qu’un de ses principes soit l’élimination de tout ce qui, dans le texte bibliq
118 semble qu’un de ses principes soit l’élimination de tout ce qui, dans le texte biblique, paraît en soi contradictoire ou
119 p bien. En somme, il adopte à peu près l’attitude d’ un juge d’instruction qui aurait choisi comme prévenus les auteurs ano
120  ; c’est même, si l’on veut, une façon paradoxale de donner tout leur prix aux quelques faits qui résistent à l’érosion cr
121 ent à l’érosion critique, et qui permettent alors de réfuter M. Couchoud. Dirons-nous que cette méfiance méthodique suffit
122 fit à convaincre le lecteur qu’il s’agit bien ici d’ une science ? Il y a deux raisons d’en douter. La première, c’est l’ex
123 agit bien ici d’une science ? Il y a deux raisons d’ en douter. La première, c’est l’extrême diversité des conjectures form
124 iquée aux mêmes endroits du texte. La comparaison de ces conjectures fait soupçonner très vite leur gratuité ; surtout, el
125 gratuité ; surtout, elle fait apparaître le rôle de l’interprétation psychologique, et c’est là le second obstacle. M. Go
126 M. Goguel tire des arguments, pour lui décisifs, de certaines « vraisemblances » qui nous paraissent souvent bien pauvres
127 l, avec le texte biblique intégral, on est frappé de voir que le récit se trouve, dans tous les cas, affadi et banalisé. S
128 décolorer. Et l’on se demande ce qui subsisterait de ses conclusions si on leur appliquait les critères dont il use envers
129 historico-psychologique l’inauthenticité probable d’ un professeur.) M. Goguel ne fait-il pas comme les premiers croyants —
130 s premiers croyants — et avec la même bonne foi — de la rétrohistoire, de l’imagerie psychologique ? Je sens bien la gravi
131  et avec la même bonne foi — de la rétrohistoire, de l’imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité de ce reproche. Ma
132 ’imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité de ce reproche. Mais M. Goguel semble d’avance l’avoir minimisé, en rédu
133 la gravité de ce reproche. Mais M. Goguel semble d’ avance l’avoir minimisé, en réduisant toute son œuvre aux proportions
134 isé, en réduisant toute son œuvre aux proportions d’ une génétique descriptive, et en se bornant à réfuter des textes sans
135 en se bornant à réfuter des textes sans préjuger de la réalité des faits. Minimiser ! telle pourrait être la devise de l’
136 faits. Minimiser ! telle pourrait être la devise de l’école illustrée par M. Goguel. Il répondra que c’est au bénéfice du
137 dmirant à chaque page l’ingéniosité et la science de M. Goguel, on se sent parfois gêné par l’anachronisme évident de ses
138 n se sent parfois gêné par l’anachronisme évident de ses jugements psychologiques. Il y a là un procédé tout inconscient m
139 onscient mais qui rappelle irrésistiblement celui de certains humoristes. Les rédacteurs des évangiles étaient-ils vraimen
140 aiment si « bourgeois », si prudents, si soucieux de logique, si incapables d’y atteindre, si aveuglés sur leurs contradic
141 i prudents, si soucieux de logique, si incapables d’ y atteindre, si aveuglés sur leurs contradictions ? N’étaient-ils pas,
142 ? N’étaient-ils pas, bien plus que nous, capables de voir dans les contradictions mêmes d’un récit, la marque de la vie et
143 s, capables de voir dans les contradictions mêmes d’ un récit, la marque de la vie et des passions ? Prenons, à peu près au
144 ns les contradictions mêmes d’un récit, la marque de la vie et des passions ? Prenons, à peu près au hasard, l’exemple de
145 ssions ? Prenons, à peu près au hasard, l’exemple de Marc, chapitre 16. De ce que l’ange qui apparaît au tombeau vide rass
146 u près au hasard, l’exemple de Marc, chapitre 16. De ce que l’ange qui apparaît au tombeau vide rassure les femmes, au ver
147 et 8, M. Goguel déduit incontinent que le premier de ces versets a été ajouté après coup. Il le retranche donc. Cela fait,
148 homogène ». Certes. Mais qu’on imagine un groupe de femmes qui pénètrent dans un tombeau, qui le trouvent vide, qui voien
149 et voici que cet ange leur parle ! Les réactions de ces femmes n’auront probablement rien d’homogène et seront même plus
150 éactions de ces femmes n’auront probablement rien d’ homogène et seront même plus contradictoires qu’aucun récit ne peut le
151 a méthode, il reste que les conclusions négatives de M. Goguel sont loin d’être aussi ruineuses pour la foi que beaucoup d
152 les conclusions négatives de M. Goguel sont loin d’ être aussi ruineuses pour la foi que beaucoup de croyants ne le craign
153 u’il indique lui-même, c’est que, du point de vue de la foi vivante, les postulats critiques de l’auteur n’ont aucune forc
154 de vue de la foi vivante, les postulats critiques de l’auteur n’ont aucune force de contrainte. C’est l’Écriture et le dog
155 ostulats critiques de l’auteur n’ont aucune force de contrainte. C’est l’Écriture et le dogme qui les jugent, et non l’inv
156 de Calvine. La seconde, c’est que M. Goguel, loin d’ attaquer les dogmes, ne démolit que les preuves matérielles dont l’esp
157 art des historiens modernes qui ont voulu déduire de leur critique la relativité des articles de foi, M. Goguel cherche à
158 duire de leur critique la relativité des articles de foi, M. Goguel cherche à débarrasser la foi de la relativité des preu
159 es de foi, M. Goguel cherche à débarrasser la foi de la relativité des preuves historiques. En nous montrant qu’elles peuv
160 être contestées, pour la plupart, il nous délivre d’ une tentation permanente. Du même coup, il ruine d’ailleurs certaines
161 ruine d’ailleurs certaines objections classiques de l’incroyance (l’assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du
162 ctions classiques de l’incroyance (l’assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du Dieu mort et ressuscité, en part
163 e l’incroyance (l’assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du Dieu mort et ressuscité, en particulier). Pour M. M
164 saurait être au détriment de la foi. Car l’office de la foi n’est pas de nous fournir une explication probante du miracle 
165 iment de la foi. Car l’office de la foi n’est pas de nous fournir une explication probante du miracle ; elle se trahit ell
166 humaine ne peut réellement appuyer ; car l’œuvre de la chair, c’est de refuser Dieu, même alors qu’il se rend visible. Et
167 ellement appuyer ; car l’œuvre de la chair, c’est de refuser Dieu, même alors qu’il se rend visible. Et ce n’est point par
168 e paraît être, en fin de compte, la justification de la critique historique. C’est dire qu’elle triomphe en général au ter
169 chez Payot. 4. Chez Payot. c. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Sur la méthode de M. Goguel », Le Semeur, Paris, no
170 ugemont Denis de, « [Compte rendu] Sur la méthode de M. Goguel », Le Semeur, Paris, novembre 1934, p. 29-35. d. Il s’agit
171 ur, Paris, novembre 1934, p. 29-35. d. Il s’agit d’ une note critique de La Foi à la résurrection de Jésus dans le christi
172 1934, p. 29-35. d. Il s’agit d’une note critique de La Foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif, de
173 t d’une note critique de La Foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif, de Maurice Goguel, publié à la
174 rrection de Jésus dans le christianisme primitif, de Maurice Goguel, publié à la Librairie Ernest Leroux. e. Voir le comp
175 roux. e. Voir le compte rendu que Rougemont fait de L’Humanité de Jésus d’après Calvin de Max Dominicé.
176 le compte rendu que Rougemont fait de L’Humanité de Jésus d’après Calvin de Max Dominicé.
3 1935, Le Semeur, articles (1933–1949). La cité (avril-mai 1935)
177 tout d’abord été frappé par le léger anachronisme de ce petit mot de cité. Une image s’est immédiatement formée devant mes
178 frappé par le léger anachronisme de ce petit mot de cité. Une image s’est immédiatement formée devant mes yeux : l’image
179 st immédiatement formée devant mes yeux : l’image d’ un clerc en vêtements moyenâgeux circulant dans les perspectives d’un
180 ements moyenâgeux circulant dans les perspectives d’ un tableau de maître italien. La somme de saint Thomas sous le bras, m
181 geux circulant dans les perspectives d’un tableau de maître italien. La somme de saint Thomas sous le bras, mon chrétien a
182 pectives d’un tableau de maître italien. La somme de saint Thomas sous le bras, mon chrétien arpentait les portiques d’une
183 ous le bras, mon chrétien arpentait les portiques d’ une de ces villes du Quattrocento, où tout était bâti à la mesure de l
184 bras, mon chrétien arpentait les portiques d’une de ces villes du Quattrocento, où tout était bâti à la mesure de l’homme
185 s du Quattrocento, où tout était bâti à la mesure de l’homme, où tout, — sauf les églises, — semblait avoir été conçu pour
186 — semblait avoir été conçu pour demeurer à portée de la main, dans les limites où le pouvoir d’une vocation peut s’exercer
187 portée de la main, dans les limites où le pouvoir d’ une vocation peut s’exercer. Je voyais cette ville, où tout portait le
188 on Dieu. Tel était donc mon rêve, mon imagination de l’homme chrétien dans la cité chrétienne. Quelques jours plus tard,
189 enne. Quelques jours plus tard, je me vis obligé de traverser à pied la banlieue parisienne. C’était du côté des faubourg
190 e permettez cet euphémisme académique. Les termes de chrétien et de cité, qui, dans l’image moyenâgeuse me paraissaient se
191 euphémisme académique. Les termes de chrétien et de cité, qui, dans l’image moyenâgeuse me paraissaient se correspondre e
192 dain, dans la réalité des villes modernes, privés de toute espèce de commune mesure. L’un devenait tout petit, l’autre éno
193 alité des villes modernes, privés de toute espèce de commune mesure. L’un devenait tout petit, l’autre énorme. En effet, l
194 ait tout petit, l’autre énorme. En effet, la cité d’ aujourd’hui est quelque chose de littéralement démesuré, un ensemble d
195 En effet, la cité d’aujourd’hui est quelque chose de littéralement démesuré, un ensemble de signes abstraits : SDN, BIT, U
196 lque chose de littéralement démesuré, un ensemble de signes abstraits : SDN, BIT, URSS, SFIO, CGT, NSDAP, un monstrueux co
197 T, URSS, SFIO, CGT, NSDAP, un monstrueux complexe de puissances collectives, de masses électorales, de lois économiques. U
198 un monstrueux complexe de puissances collectives, de masses électorales, de lois économiques. Un jeu secret qui se joue su
199 de puissances collectives, de masses électorales, de lois économiques. Un jeu secret qui se joue sur nos têtes et dont la
200 seule qui a changé. En même temps qu’elle cessait d’ être proportionnée à la mesure de l’homme, l’homme cessait d’obéir à l
201 qu’elle cessait d’être proportionnée à la mesure de l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnera
202 ortionnée à la mesure de l’homme, l’homme cessait d’ obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai personne si je constate qu
203 e de l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai personne si je constate que dans l’humanité co
204 tion toutefois qu’elles se confondent avec celles de la bourgeoisie. Et maintenant nous comprendrons peut-être mieux le se
205 nous comprendrons peut-être mieux le sens concret de la question, à laquelle je vais limiter mes réflexions, ce soir : — q
206 lexions, ce soir : — quelle peut être la vocation de ce chrétien dans cette cité ? Ce chrétien en minorité dans une masse
207 tte cité ? Ce chrétien en minorité dans une masse d’ hommes qui, elle-même, paraît tellement impuissante sur les conseils d
208 me, paraît tellement impuissante sur les conseils de la cité ? N’est-il pas ridicule de poser la question ? N’est-il pas é
209 r les conseils de la cité ? N’est-il pas ridicule de poser la question ? N’est-il pas évident, à première vue, que le chré
210 ne le craint plus ? Et dès lors, à quoi servirait de méditer sur la manière dont ce chrétien pourrait ou devrait exercer u
211 meurer inefficace ? Le chrétien est-il possesseur d’ un secret qui lui permettrait de faire plus ou mieux que les autres ?
212 est-il possesseur d’un secret qui lui permettrait de faire plus ou mieux que les autres ? A-t-il des lumières spéciales su
213 es ? A-t-il des lumières spéciales sur les moyens de résoudre la crise, d’organiser la production ou de conclure des trait
214 es spéciales sur les moyens de résoudre la crise, d’ organiser la production ou de conclure des traités ? Et si ce n’est pa
215 e résoudre la crise, d’organiser la production ou de conclure des traités ? Et si ce n’est pas le cas, ne ferait-il pas mi
216 Et si ce n’est pas le cas, ne ferait-il pas mieux de se limiter à son domaine, d’ailleurs de plus en plus restreint ? À la
217 illeurs de plus en plus restreint ? À la question de sa vocation dans la cité, ne devra-t-on pas opposer une question préa
218 qu’on en parle. J’irai même plus loin : l’action d’ un intellectuel laïque quelconque apparaît tout à fait dérisoire dans
219 gations économiques, ni les forces irrationnelles de la race, de la classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de n
220 omiques, ni les forces irrationnelles de la race, de la classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis, de
221 classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis, de nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous aut
222 nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis, de nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous autres pauvres i
223 res intellectuels, il nous faut perdre l’illusion d’ exercer aucune puissance. À moins de nous faire journalistes ! L’obser
224 re l’illusion d’exercer aucune puissance. À moins de nous faire journalistes ! L’observation objective du monde ramène le
225 ccupation pénible à laquelle Dieu soumet les fils de l’homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous les cieux, et voici, tout e
226 ité et poursuite du vent. » Je plaindrais l’homme d’ action qui n’aurait jamais eu ce cri, qui n’aurait jamais éprouvé cett
227 e soir, j’ai éprouvé plus que jamais le sentiment d’ une grande absurdité. Sommes-nous bien des David prêts à marcher contr
228 vid prêts à marcher contre Goliath, ou simplement de tout petits Don Quichotte s’excitant à une lutte impossible ? Je lais
229 règne vienne ! » Or, une telle prière nous charge d’ une responsabilité contre laquelle aucune raison ne prévaudra jamais.
230 u, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une vocation. Et alors, nous voici placés
231 écider librement si oui ou non cela vaut la peine d’ entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton règne vie
232 non cela vaut la peine d’entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si nous ne faiso
233 t mesuré, mieux que personne peut-être, la vanité de toute action, agit tout de même, non point parce qu’il distingue un s
234 yez transformés », dit saint Paul. Tout le secret de notre vocation est contenu dans ces mots-là, et si je parvenais ce so
235 et si vous n’emportiez d’ici que le seul souvenir de ces mots, je penserais avoir atteint mon but. Ne vous conformez pas,
236 otre vie, qui commandent notre vocation. La forme de ce monde : vous savez ce qu’elle est, et vous savez qu’elle est mauva
237 est, et vous savez qu’elle est mauvaise. La forme de ce monde, ce sont toutes les puissances que j’énumérais tout à l’heur
238 loi du talion. Ici, c’est le capitalisme créateur de chômage, là c’est la tyrannie des dictatures. C’est contre la forme d
239 socialistes, et avec eux des masses grandissantes de bourgeois lentement dépossédés des privilèges acquis par leur travail
240 avantage : ce sera tout ce que résume le seul mot de péché — tout ce qui s’oppose à la venue du règne de justice qu’il app
241 péché — tout ce qui s’oppose à la venue du règne de justice qu’il appelle. « Nous n’appartenons pas à la forme du monde. 
242 aux lois communes ? Non pas ! Et gardons-nous ici de toute illusion optimiste ! Chrétiens, nous restons hommes, entièremen
243 mmes, entièrement hommes, entièrement prisonniers de la forme mauvaise du monde. C’est là le fait. Mais notre foi proteste
244 is non pas comme étant du monde. C’est là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la
245 étant du monde. C’est là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la justice. Mais al
246 st là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la justice. Mais alors, cette forme du
247 ns de nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la justice. Mais alors, cette forme du monde que l
248 c’est à cette transformation que nous appartenons de droit, dès l’instant où nous l’annonçons. Mais qu’est-ce que cette tr
249 ons. Mais qu’est-ce que cette transformation ? Et de quel droit pouvons-nous l’annoncer ? Est-ce un ensemble de réformes,
250 roit pouvons-nous l’annoncer ? Est-ce un ensemble de réformes, un programme révolutionnaire ? Est-ce l’utopie d’un avenir
251 s, un programme révolutionnaire ? Est-ce l’utopie d’ un avenir meilleur, ce « millenium » dont l’Apocalypse nous donne la v
252 aîné pour mille ans ? Réforme, révolution, utopie d’ un monde meilleur ; — ne faisons pas les dégoûtés : nous y pensons tou
253 sent, refuse aussi toute solidarité avec l’espoir de ceux qui souffrent et qui créent. Mais s’il accepte pratiquement de t
254 ent et qui créent. Mais s’il accepte pratiquement de travailler à la révolution, le chrétien n’a pas le droit de laisser s
255 ler à la révolution, le chrétien n’a pas le droit de laisser subsister la moindre équivoque sur les motifs de cette accept
256 ser subsister la moindre équivoque sur les motifs de cette acceptation. S’il annonce, au sens fort du terme, la transforma
257 annonce, au sens fort du terme, la transformation de ce monde, ce n’est pas en vertu des seuls désirs humains, qu’il a cer
258 nement lui aussi, mais qu’il n’aurait aucun droit de prêcher. S’il annonce, s’il prêche cette transformation, non pas comm
259 Ce que nous annonçons au monde, c’est la promesse de celui qui a dit : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde. » — Christ
260 est ressuscité. Il est vivant ! Par lui, la forme de ce monde, et sa puissance dernière, la mort, sont absolument dominées
261 ice a paru, et nous en témoignons par nos actions de grâce — précisément par nos actions ! — et je voudrais mettre l’accen
262 n que vous ne pensiez pas qu’il ne s’agit ici que de pathos sentimental. Action, et non pas sentiment, ni piété, ni extase
263 raisons si bonnes, par exemple, mais si courtes, de l’opportunisme sceptique. Si nous croyons à cette justice, nous ne po
264 ns à cette justice, nous ne pouvons autrement que de courir vers elle ! Nous ne pouvons autrement que d’espérer de toutes
265 courir vers elle ! Nous ne pouvons autrement que d’ espérer de toutes nos forces son retour ! Nous protestons contre ce mo
266 rs elle ! Nous ne pouvons autrement que d’espérer de toutes nos forces son retour ! Nous protestons contre ce monde au nom
267 e que nous annonçons : ainsi donc, ces deux temps de notre vocation révèlent un fait unique, renvoient à un motif unique :
268 nt à un motif unique : la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Ni l’attente passive, ni l’ardeur messianique, ne sont
269 i des attitudes chrétiennes ; mais voilà le motif de notre action : nous attestons la justice apparue, et dans l’élan de n
270 nous attestons la justice apparue, et dans l’élan de notre action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme terres
271 a justice apparue, et dans l’élan de notre action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme terrestre, nous prêcho
272 otre action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme terrestre, nous prêchons une victoire acquise et le retour p
273 prêchons une victoire acquise et le retour promis de cette justice ! ⁂ Il se peut que certains d’entre vous trouvent ces p
274 lement théologiques. Il se peut que ma définition de la vocation du chrétien vous ait paru, dès le principe, assez abstrai
275 d’entre vous, sont en train de penser cela. Avant d’ aborder le problème de l’action politique du chrétien, je tiens à dire
276 train de penser cela. Avant d’aborder le problème de l’action politique du chrétien, je tiens à dire deux mots concernant
277 te objection informulée. La question que je viens d’ esquisser à grands traits, c’est celle des fins dernières de l’action
278 r à grands traits, c’est celle des fins dernières de l’action du chrétien. C’est la triple question que le peintre Gauguin
279 n que le peintre Gauguin avait choisie pour titre de son fameux triptyque : D’où venons-nous ? Où en sommes-nous ? Où allo
280 vait choisie pour titre de son fameux triptyque : D’ où venons-nous ? Où en sommes-nous ? Où allons-nous ? À la question :
281 a cité telle qu’elle est devenue. À la question : D’ où venons-nous ? j’ai répondu en rappelant que l’origine vivante de no
282 ? j’ai répondu en rappelant que l’origine vivante de notre action, c’est l’incarnation de la justice en Jésus-Christ ressu
283 gine vivante de notre action, c’est l’incarnation de la justice en Jésus-Christ ressuscité. À la question : Où allons-nous
284 Seigneur vient ! — et nous allons à la rencontre de son règne, vers la transformation radicale de toutes choses. Et je vo
285 tre de son règne, vers la transformation radicale de toutes choses. Et je vous demande, maintenant, si l’on a le droit de
286 t je vous demande, maintenant, si l’on a le droit de se mettre en route avant d’avoir posé ces trois questions, avant d’y
287 t, si l’on a le droit de se mettre en route avant d’ avoir posé ces trois questions, avant d’y avoir répondu ? Oh, je sais
288 ute avant d’avoir posé ces trois questions, avant d’ y avoir répondu ? Oh, je sais bien que le monde d’aujourd’hui retentit
289 d’y avoir répondu ? Oh, je sais bien que le monde d’ aujourd’hui retentit chaque jour d’appels, d’appels à la lutte immédia
290 n que le monde d’aujourd’hui retentit chaque jour d’ appels, d’appels à la lutte immédiate, pour des objectifs imprécis, ou
291 onde d’aujourd’hui retentit chaque jour d’appels, d’ appels à la lutte immédiate, pour des objectifs imprécis, ou au contra
292 précis qu’on ne veut plus rien voir au-delà. Trop de chefs nous crient : en avant ! sans avoir osé regarder plus loin que
293 r osé regarder plus loin que le bout des semelles de leurs bottes. Leur en avant ne sait pas où il va ! N’est-ce pas ainsi
294 es fuyards ? Comment ne voient-ils pas que chacun de leurs gestes pose la question des fins dernières de l’homme, et cela,
295 leurs gestes pose la question des fins dernières de l’homme, et cela, qu’ils le veuillent ou non ? Et s’ils le voient, co
296 ncore éluder si cavalièrement le problème dernier de l’action ? Et je demande encore : qui donc osera poser ces grandes qu
297 cité contemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui d’ autre est en mesure d’assumer cette charge inquiétante ? Si le chrétie
298 Et s’il ne le fait pas, qui d’autre est en mesure d’ assumer cette charge inquiétante ? Si le chrétien ne pose pas ces ques
299 pas alors, justement, qu’il s’évade ? Qu’il sort de sa réalité ? Qu’il doute de la justice de Dieu ? Et qu’il trahit sa v
300 s’évade ? Qu’il sort de sa réalité ? Qu’il doute de la justice de Dieu ? Et qu’il trahit sa vocation première ? Je pense
301 il sort de sa réalité ? Qu’il doute de la justice de Dieu ? Et qu’il trahit sa vocation première ? Je pense que beaucoup d
302 ut qu’elles demeurent posées comme un grand signe d’ interrogation au-dessus de ce que j’ai à vous dire maintenant. Vocatio
303 es comme un grand signe d’interrogation au-dessus de ce que j’ai à vous dire maintenant. Vocation du chrétien dans la cité
304 tation, une annonce. Protestation contre la forme de ce siècle, annonce active de sa transformation. Ici se posent deux gr
305 tion contre la forme de ce siècle, annonce active de sa transformation. Ici se posent deux grands problèmes pratiques : es
306 ratiques : est-il possible et nécessaire, partant de cette vocation, d’aboutir à ce que j’appellerai une politique chrétie
307 ossible et nécessaire, partant de cette vocation, d’ aboutir à ce que j’appellerai une politique chrétienne, un parti des c
308 re des partis existants, et fasse sienne la cause de ce parti ? Ce sera la seconde question. Au sujet de la politique chré
309 u sujet de la politique chrétienne, permettez-moi d’ être aussi bref que catégorique. Si nous considérons l’histoire, si no
310 leçons, il me paraît qu’aucun doute n’est permis. De Constantin, premier empereur chrétien commandant aux chrétiens de fai
311 remier empereur chrétien commandant aux chrétiens de faire la guerre, à Charlemagne baptisant les Saxons pour leur prouver
312 ptisant les Saxons pour leur prouver la puissance de son glaive, et tout accessoirement celle de l’Esprit ; des chevaliers
313 sance de son glaive, et tout accessoirement celle de l’Esprit ; des chevaliers partant pour la Croisade, aux milices de Lo
314 chevaliers partant pour la Croisade, aux milices de Loyola, poussant les princes à une autre croisade non moins sanglante
315 lante, mais sans doute moins féconde pour l’essor de la civilisation ; des anabaptistes de Münster aux puritains capitalis
316 our l’essor de la civilisation ; des anabaptistes de Münster aux puritains capitalistes ; du Roi-Soleil, prince très chrét
317 qu’à ce chancelier Dollfuss faisant tirer à coups de canon contre les ouvriers de Vienne avec l’appui du parti clérical, —
318 aisant tirer à coups de canon contre les ouvriers de Vienne avec l’appui du parti clérical, — l’histoire des politiques ch
319 ne politique chrétienne qui réussit n’a plus rien de chrétien que le prétexte. Les Églises se livrent au jugement du monde
320 t au jugement du monde, dès lors qu’elles cessent d’ être avant tout un jugement porté sur le monde. Toute politique chréti
321 appelle notre protestation. Quel est donc le rôle de l’Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire triompher t
322 ation. Quel est donc le rôle de l’Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire triompher telle ou telle doctrin
323 l’Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire triompher telle ou telle doctrine sociale adoptée par opportuni
324 ciennes, — à supposer que cela soit possible, que de questions demeurent menaçantes ! Voici l’Église liée bon gré mal gré
325 et séduisant par sa puissance ; voici le message de la transformation qui se change en message de la conservation ; et vo
326 age de la transformation qui se change en message de la conservation ; et voici l’ombre du Grand Inquisiteur qui vient bén
327 odifiée, rationalisée, dispensant chaque chrétien de reconnaître et d’accepter les risques d’une vocation toujours unique,
328 sée, dispensant chaque chrétien de reconnaître et d’ accepter les risques d’une vocation toujours unique, et parfois scanda
329 chrétien de reconnaître et d’accepter les risques d’ une vocation toujours unique, et parfois scandaleuse. Je ne crois pas
330 ois pas que les chrétiens possèdent, du seul fait de leur foi, des lumières spéciales sur les problèmes techniques que pos
331 ales sur les problèmes techniques que pose la vie de la cité moderne. Je ne crois pas qu’il soit souhaitable que se forme
332 leur devoir, toute leur mission dans la cité, que d’ une seule et unique manière, et c’est en devenant et en restant de vra
333 nique manière, et c’est en devenant et en restant de vraies Églises, c’est-à-dire des annonciatrices de la Parole, du juge
334 e vraies Églises, c’est-à-dire des annonciatrices de la Parole, du jugement porté sur la forme du monde, et de la grâce of
335 role, du jugement porté sur la forme du monde, et de la grâce offerte à ceux qui croient. Mais ceci dit, et une fois repo
336 voici donc en face de la seconde question : celle de l’adhésion à l’un ou l’autre des partis politiques existants. Bien en
337 ces politiques et sociales dans la cité française d’ aujourd’hui. Nous entrerions dans un débat terriblement technique et f
338 e et faussement précis, et nous aurions vite fait de perdre de vue la vocation particulière du chrétien. Je me contenterai
339 ement précis, et nous aurions vite fait de perdre de vue la vocation particulière du chrétien. Je me contenterai donc d’ex
340 particulière du chrétien. Je me contenterai donc d’ examiner un seul exemple, le plus riche à mon sens, et peut-être le pl
341 re la forme actuelle du monde, prédication active de sa transformation, — si telle est bien la vocation civique du chrétie
342 ation civique du chrétien, beaucoup seront tentés de penser que cela conduit au socialisme. Pour ma part, je confesse volo
343 , à première vue, plus conforme à notre espérance de justice. Vous dirai-je que c’est précisément à cause de cette similit
344 que c’est précisément à cause de cette similitude d’ espérances, à cause de cette convergence apparente, à cause de cette t
345 à m’approcher avec une prudence critique extrême, de ce que l’on nomme l’idéal socialiste ? Beaucoup de braves gens condam
346 loc le socialisme, nous condamnons aussi une part de vérité d’origine proprement chrétienne. Le socialisme s’est identifié
347 ialisme, nous condamnons aussi une part de vérité d’ origine proprement chrétienne. Le socialisme s’est identifié avec la d
348 isons pas mieux que lui à cet égard, gardons-nous de l’attaquer ! Le socialisme proteste contre les conditions actuelles d
349 yons pas mieux que lui à la justice, gardons-nous de le condamner ! C’est lui qui fait, dans l’incroyance, ce que nous aur
350 rions dû faire dans la foi. — Mais si l’on refuse d’ attaquer le socialisme, faudra-t-il accepter aussitôt le fameux trait
351 me, faudra-t-il accepter aussitôt le fameux trait d’ union qu’on nous propose, entre socialiste et chrétien ? Prenons bien
352 s une justice divine, déjà réalisée. Notre devoir de charité ne serait-il pas alors de déclarer ouvertement aux socialiste
353 e. Notre devoir de charité ne serait-il pas alors de déclarer ouvertement aux socialistes qu’entre leur but et notre but,
354 rs, il y a tout l’abîme qui sépare un idéal moral d’ une foi au Christ vivant ? Car le chrétien n’est pas idéaliste, et c’
355 point une théorie économique passagère. On a tort d’ attaquer uniquement le prétendu matérialisme socialiste, comme si le c
356 e et comme si les chrétiens ne vivaient pas aussi de pain. Le grand danger du socialisme n’est pas dans son matérialisme,
357 ais dans sa fausse spiritualité ; dans ce qu’il a de meilleur, non dans ce qu’il a de pire ; dans la tentation qu’il nous
358 dans ce qu’il a de meilleur, non dans ce qu’il a de pire ; dans la tentation qu’il nous offre d’un idéal humanitaire en l
359 il a de pire ; dans la tentation qu’il nous offre d’ un idéal humanitaire en lieu et place d’une foi. Si nous ne parvenons
360 ous offre d’un idéal humanitaire en lieu et place d’ une foi. Si nous ne parvenons pas à faire comprendre aux socialistes l
361 aire comprendre aux socialistes le sérieux absolu de cette distinction, nous risquons de prêcher contre Dieu en travaillan
362 érieux absolu de cette distinction, nous risquons de prêcher contre Dieu en travaillant à leurs côtés ! Nous connaissons d
363 signifie pour eux le compromis entre leurs motifs de croyants et les motifs des camarades. Pensant à eux, je résumerai tou
364 J’ajouterai cependant une remarque. Si je refuse d’ adhérer pratiquement au socialisme, c’est d’abord à cause du marxisme,
365 tis, pour des raisons assez sérieuses et valables d’ opportunité politique. L’impuissance politique des formations de masse
366 politique. L’impuissance politique des formations de masses s’est avérée depuis la guerre, soit en Russie, où Lénine triom
367 , soit en Russie, où Lénine triompha par le moyen d’ une minorité infime, soit en Allemagne, où les partis de gauche, malgr
368 minorité infime, soit en Allemagne, où les partis de gauche, malgré leur organisation incomparable, se virent balayés en d
369 e, se virent balayés en dix jours par les troupes d’ assaut hitlériennes. Mais je crois qu’un chrétien peut adresser une cr
370 tique encore plus grave à tout parti. L’idée même de parti paraît absolument incompatible avec l’idée de vocation. Et la r
371 parti paraît absolument incompatible avec l’idée de vocation. Et la réalité pratique et quotidienne montre que cette oppo
372 C’est l’homme qui délègue à la majorité le souci de ses décisions. Et dans ce sens précis, il faut bien dire que les part
373 re que les partis sont les agents les plus actifs de la démoralisation des hommes modernes. N’ayant pas même l’excuse d’av
374 on des hommes modernes. N’ayant pas même l’excuse d’ avoir réussi pratiquement, ils ne peuvent se défendre contre le jugeme
375 lus à ce recours au Dieu tout-puissant qui permet de faire de si belles phrases, qui est si vrai, mais si « abstrait » — d
376 recours au Dieu tout-puissant qui permet de faire de si belles phrases, qui est si vrai, mais si « abstrait » — dit-on —, 
377 eut refuser ce qui existe qu’au nom d’une volonté de création. Je vous proposerai donc deux exemples concrets de vocation
378 n. Je vous proposerai donc deux exemples concrets de vocation chrétienne dans la cité. Et d’abord, à l’image que je vous
379 ’opposerai une image moderne, qui est aussi celle d’ un chrétien dans la cité, mais qui n’est pas cette fois une utopie. Ce
380 as cette fois une utopie. Cela se passe au Japon, de nos jours. Certains d’entre vous connaissent probablement la biograph
381 entre vous connaissent probablement la biographie de Kagawa, le chef du jeune Japon chrétien. Fils d’un conseiller de l’em
382 de Kagawa, le chef du jeune Japon chrétien. Fils d’ un conseiller de l’empereur et d’une geisha, Kagawa appartient à une c
383 hef du jeune Japon chrétien. Fils d’un conseiller de l’empereur et d’une geisha, Kagawa appartient à une classe honorable,
384 n chrétien. Fils d’un conseiller de l’empereur et d’ une geisha, Kagawa appartient à une classe honorable, et jouit à vingt
385 ient à une classe honorable, et jouit à vingt ans de tous les avantages qui sont chez nous ceux de la grande bourgeoisie.
386 ans de tous les avantages qui sont chez nous ceux de la grande bourgeoisie. Mais voilà qu’il se convertit, et c’est ici qu
387 e odieux entre la misère des bas-fonds et l’essor de la bourgeoisie capitaliste qui se développe très rapidement dans le J
388 te qui se développe très rapidement dans le Japon d’ avant la guerre, il comprend qu’il lui est impossible de se dire vraim
389 t la guerre, il comprend qu’il lui est impossible de se dire vraiment chrétien tant qu’il n’aura pas fait tout ce qui est
390 n pays, qui se consacre à la défense des intérêts de la classe opprimée. Que faire, sinon payer de sa personne ? Kagawa n’
391 êts de la classe opprimée. Que faire, sinon payer de sa personne ? Kagawa n’hésite pas. Il va vivre dans les bas-fonds. Av
392 pas. Il va vivre dans les bas-fonds. Avec un peu d’ argent que lui donne une mission américaine — très peu d’argent — il l
393 t que lui donne une mission américaine — très peu d’ argent — il loue une espèce de baraque dans le quartier le plus mal fa
394 éricaine — très peu d’argent — il loue une espèce de baraque dans le quartier le plus mal famé de la grande ville de Kobé,
395 pèce de baraque dans le quartier le plus mal famé de la grande ville de Kobé, et se met à prêcher l’Évangile. Mais son act
396 s le quartier le plus mal famé de la grande ville de Kobé, et se met à prêcher l’Évangile. Mais son activité ne se borne p
397 s enfants abandonnés, des ivrognes, tout le rebut d’ humanité dont les bas-fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il faut lir
398 t que faire. Il faut lire l’effarante description de sa vie telle qu’il l’a racontée dans une espèce d’autobiographie roma
399 e sa vie telle qu’il l’a racontée dans une espèce d’ autobiographie romancée qu’on a traduite en France sous ce titre : Ava
400 espérée s’étend mystérieusement sur ces quartiers d’ enfer. Les crimes diminuent, les enfants s’instruisent, des misères so
401 , en ressort triomphalement escorté par une foule d’ enfants qu’il a secourus, et dès lors le mouvement est lancé, l’opinio
402 à l’assainissement radical des slums ou bas-fonds de Kobé et de plusieurs villes japonaises, à la création d’importantes œ
403 ssement radical des slums ou bas-fonds de Kobé et de plusieurs villes japonaises, à la création d’importantes œuvres socia
404 et de plusieurs villes japonaises, à la création d’ importantes œuvres sociales, enfin à la constitution d’un grand mouvem
405 ortantes œuvres sociales, enfin à la constitution d’ un grand mouvement syndicaliste. Vocation du chrétien dans la cité. To
406 ocation du chrétien dans la cité. Tout le pouvoir de Kagawa se résume en effet dans ce seul mot de vocation. Il n’agit pas
407 oir de Kagawa se résume en effet dans ce seul mot de vocation. Il n’agit pas au bénéfice d’un parti. Il prêche et il prote
408 e seul mot de vocation. Il n’agit pas au bénéfice d’ un parti. Il prêche et il proteste au nom d’une foi sans cesse proclam
409 s revendiquées par le désir des hommes, à l’appui d’ un parti politique. Seules, ces vocations-là ont transformé le monde,
410 t pratiquement. Seules, elles sont apparues comme de fondamentales et créatrices objections de la foi à la forme du monde.
411 s comme de fondamentales et créatrices objections de la foi à la forme du monde. Mais, direz-vous encore, nous ne sommes p
412 gawa, ni même des salutistes, — pour ne rien dire de ces deux amis auxquels nous pensons tous ce soir et qui, du fond de l
413 uxquels nous pensons tous ce soir et qui, du fond de leur prison, tout près d’ici, posent à notre conscience leur silencie
414 s. Notre premier devoir dans la cité n’est-il pas de travailler en tant qu’intellectuels, — de même que le premier devoir
415 qu’intellectuels, — de même que le premier devoir de l’ingénieur reste de faire des plans et des calculs, et non pas de gâ
416 e même que le premier devoir de l’ingénieur reste de faire des plans et des calculs, et non pas de gâcher du ciment ? Si n
417 ste de faire des plans et des calculs, et non pas de gâcher du ciment ? Si nous nous mettions tous à faire de l’action soc
418 er du ciment ? Si nous nous mettions tous à faire de l’action sociale, à jouer les Kagawa, et à vivre dans les quartiers m
419 aine, professionnelle ? Je n’aurai pas le cynisme de vous répondre que ce serait là peut-être un remède tout trouvé à la c
420 ait là peut-être un remède tout trouvé à la crise de surproduction intellectuelle et à l’encombrement des carrières libéra
421 ent des carrières libérales. L’agriculture manque de bras, — dit-on… J’espère avoir une solution moins défaitiste à vous o
422 ce sera mon second exemple. Un écrivain américain de ces dernières années, l’un des porte-paroles de la nouvelle génératio
423 n de ces dernières années, l’un des porte-paroles de la nouvelle génération en pleine révolte contre la tyrannie bancaire
424 it une phrase qui condense très bien la substance de ce que je voudrais vous faire comprendre maintenant. La voici : « Dan
425 prendre maintenant. La voici : « Dans des époques de transition des bases culturelles, la critique qui ne jaillit pas de l
426 bases culturelles, la critique qui ne jaillit pas de la métaphysique et d’une véritable compréhension des expériences reli
427 critique qui ne jaillit pas de la métaphysique et d’ une véritable compréhension des expériences religieuses, est vaine, ir
428 e la plus méconnue par ceux qui font la politique de nos cités. Commentons brièvement cette phrase. La cité moderne est en
429 n’a osé prévoir l’aboutissement matériel et moral de la révolution industrielle, c’est-à-dire du capitalisme. La bourgeois
430 intellectuels, croient encore à certaines notions de justice et de respect de l’homme qui n’ont aucun rapport avec la mora
431 croient encore à certaines notions de justice et de respect de l’homme qui n’ont aucun rapport avec la morale pratique du
432 core à certaines notions de justice et de respect de l’homme qui n’ont aucun rapport avec la morale pratique du monde écon
433 a morale des affaires est à peu près le contraire de la morale, et que les nécessités économiques ne tiennent pas compte d
434 les nécessités économiques ne tiennent pas compte de nos beaux idéaux. Il résulte de ce divorce une crise profonde de la c
435 ennent pas compte de nos beaux idéaux. Il résulte de ce divorce une crise profonde de la culture, au sens le plus large du
436 éaux. Il résulte de ce divorce une crise profonde de la culture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’intellectue
437 culture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’intellectuel et son langage ne sont plus ceux de l’ouvrier ni du pe
438 e l’intellectuel et son langage ne sont plus ceux de l’ouvrier ni du petit-bourgeois provincial et encore moins ceux du ca
439 dia, et personne ne sait où il va. Il n’y a plus de commune mesure entre la pensée et l’action. La cité n’est plus dominé
440 sont atteintes ! Et c’est pourquoi toute réforme de détail, ou toute œuvre sociale partielle apparaissent vouées à l’éche
441 ces bases, et retrouvé la commune mesure. Donner de la soupe aux chômeurs, c’est très bien, mais cela n’atteint pas les r
442 âche spirituelle : retrouver cette commune mesure de la pensée et de l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle n
443  : retrouver cette commune mesure de la pensée et de l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cher
444 cette commune mesure de la pensée et de l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cherchée sérieuse
445 ure de la pensée et de l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cherchée sérieusement nulle part a
446 toire des grandes civilisations, c’est l’histoire de leur mesure commune, de leur règle centrale de pensée et d’action, ou
447 sations, c’est l’histoire de leur mesure commune, de leur règle centrale de pensée et d’action, ou si l’on veut, pour simp
448 re de leur mesure commune, de leur règle centrale de pensée et d’action, ou si l’on veut, pour simplifier, de leur morale.
449 sure commune, de leur règle centrale de pensée et d’ action, ou si l’on veut, pour simplifier, de leur morale. Et toute mor
450 ée et d’action, ou si l’on veut, pour simplifier, de leur morale. Et toute morale se fonde dans une religion, même la mora
451 morale se fonde dans une religion, même la morale de ceux qui se croient incroyants. Or c’est précisément cette tâche écra
452 écrasante mais aussi enthousiasmante, cette tâche de recréer une mesure et une morale communautaire que se sont assignée l
453 e. Le grand principe qui anime ces groupes, celui de la revue Esprit ou celui de L’Ordre nouveau , pour ne rien dire de
454 ces groupes, celui de la revue Esprit ou celui de L’Ordre nouveau , pour ne rien dire de plusieurs autres moins notoir
455 ou celui de L’Ordre nouveau , pour ne rien dire de plusieurs autres moins notoires, — le grand principe qui les anime, c
456 e grand principe qui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’expression paraît bien abstraite. Que faut-il entend
457 , la personne, c’est ce que j’appelais l’exercice de la vocation. Ce qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouveau  : la pe
458 t et les institutions doivent être mis au service de l’homme ; or, c’est l’inverse qui se passe aujourd’hui ; l’État et le
459 t et les institutions doivent avoir pour seul but d’ assurer à chacun le libre et le plein exercice de sa vocation personne
460 d’assurer à chacun le libre et le plein exercice de sa vocation personnelle. Et c’est dans cet esprit qu’il s’agit de reb
461 ersonnelle. Et c’est dans cet esprit qu’il s’agit de rebâtir l’économie et les cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouv
462 u chrétien. Mais vous voyez aussi qu’il s’agit là d’ une révolution profonde, car rien n’est plus profond qu’un changement
463 nde, car rien n’est plus profond qu’un changement de l’état d’esprit qui préside aux institutions. Si notre société est né
464 réside aux institutions. Si notre société est née de la Déclaration des droits de l’homme, il s’agit de donner à la sociét
465 e la Déclaration des droits de l’homme, il s’agit de donner à la société de demain une déclaration des devoirs de l’homme
466 oits de l’homme, il s’agit de donner à la société de demain une déclaration des devoirs de l’homme envers lui-même et son
467 la société de demain une déclaration des devoirs de l’homme envers lui-même et son prochain. Mais d’abord il s’agit, pour
468 abord il s’agit, pour les groupes personnalistes, de dénoncer et de combattre tout ce qui s’oppose au libre jeu des vocati
469 , pour les groupes personnalistes, de dénoncer et de combattre tout ce qui s’oppose au libre jeu des vocations dans la cit
470 dénoncer le capitalisme avec son principe immoral de la spéculation et du commerce de l’argent ; combattre la misère, car
471 principe immoral de la spéculation et du commerce de l’argent ; combattre la misère, car un homme qui n’a pas son pain ne
472 s qu’elle n’est en fait que l’opinion des maîtres de forges ou des parlementaires exploitant la bêtise publique. Mais tout
473 t rendues possibles que par un profond changement de l’état d’esprit général. Elles appellent une morale créatrice, prenan
474 ales trop idéalistes, ou cyniques. Et le triomphe d’ une telle morale, à son tour, ne sera possible, que si l’on peut dédui
475 tour, ne sera possible, que si l’on peut déduire de cette morale un système cohérent, englobant à la fois l’économie et l
476 fois l’économie et la pensée, et toutes les lois de la cité. Or, c’est à bâtir ce système, à développer ses conséquences
477 sociales, à imposer enfin à ses adeptes un style de vie communautaire, que travaillent depuis trois ans les groupes de L
478 ire, que travaillent depuis trois ans les groupes de L’Ordre nouveau , et ceux de la revue Esprit . Le jeune mouvement p
479 ois ans les groupes de L’Ordre nouveau , et ceux de la revue Esprit . Le jeune mouvement personnaliste ne se donne pas p
480 mouvement chrétien ; vous y trouverez des hommes de toutes croyances et de toutes incroyances. Mais en fait, c’est le seu
481 ous y trouverez des hommes de toutes croyances et de toutes incroyances. Mais en fait, c’est le seul mouvement qui réponde
482 ment qui réponde, dès son principe, aux exigences de notre vocation. Ce n’est pas une politique chrétienne, ce n’est pas u
483 . C’est un ordre, une chevalerie ! Et le principe de cet ordre nouveau n’est autre que celui de la vocation personnelle. O
484 incipe de cet ordre nouveau n’est autre que celui de la vocation personnelle. Oui, le principe animateur et dynamique qui
485 sonne, — idée qu’apporta dans le monde le message de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ordonner toute
486 monde le message de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à
487 ge de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à l’exercice libr
488 idèle des vocations, refaire un monde à la mesure de l’homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du personnalism
489 refaire un monde à la mesure de l’homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du personnalisme ; voilà son but, à
490 nt une chance plus concrète, une meilleure raison d’ espérer. Je dis bien, une chance concrète. Certes, le mouvement person
491 es : vous y trouverez toute une tactique nouvelle d’ action sociale, toute une tactique de rupture avec le désordre établi,
492 que nouvelle d’action sociale, toute une tactique de rupture avec le désordre établi, jusque dans le détail de la vie. Et
493 re avec le désordre établi, jusque dans le détail de la vie. Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans le mouvement
494 en n’est-il pas, en quelque sorte, un spécialiste de la vocation ? Des incertains, des douteurs, des craintifs, ou des sce
495 , ou des sceptiques congénitaux ne manqueront pas de me faire remarquer que certains… compromis, par exemple, sont plus pr
496 ar exemple, sont plus pratiques, lorsqu’il s’agit de politique, — et qu’on n’arrive à rien quand on vise si haut. Des mali
497 . Des malins, des parlementaires, des techniciens de toute farine dont les compétences bavardes nous ont valu la crise act
498 t dire : ça n’est pas pratique. Mais ce n’est pas d’ eux, n’est-ce pas, qu’il faut attendre beaucoup mieux que ce qu’ils on
499 t est en désordre. Nous savons ce que vaut l’aune de ce « pratique » qu’on nous propose. L’heure est venue d’essayer autre
500  pratique » qu’on nous propose. L’heure est venue d’ essayer autre chose, d’essayer au moins une fois de partir d’un fondem
501 propose. L’heure est venue d’essayer autre chose, d’ essayer au moins une fois de partir d’un fondement vrai, d’une vision
502 ’essayer autre chose, d’essayer au moins une fois de partir d’un fondement vrai, d’une vision vraie de l’homme et de l’Éta
503 utre chose, d’essayer au moins une fois de partir d’ un fondement vrai, d’une vision vraie de l’homme et de l’État, de repr
504 au moins une fois de partir d’un fondement vrai, d’ une vision vraie de l’homme et de l’État, de reprendre les choses à la
505 de partir d’un fondement vrai, d’une vision vraie de l’homme et de l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur ré
506 fondement vrai, d’une vision vraie de l’homme et de l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur réalité dernière
507 vrai, d’une vision vraie de l’homme et de l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur réalité dernière, métaphysi
508 un chrétien pourrait-il m’opposer les objections d’ un praticisme à courte vue, quand notre vocation chrétienne braque nos
509 tion chrétienne braque nos regards sur le miracle d’ une justice et d’une vérité déjà descendue sur la terre ? Tous les aut
510 raque nos regards sur le miracle d’une justice et d’ une vérité déjà descendue sur la terre ? Tous les autres auraient le d
511 sur la terre ? Tous les autres auraient le droit de m’arrêter en me disant : nous préférons un mensonge applicable à votr
512 les chrétiens. Tous les autres auraient le droit de m’opposer la sagesse de ce siècle en faillite, mais nous appartenons
513 autres auraient le droit de m’opposer la sagesse de ce siècle en faillite, mais nous appartenons à ce qui juge ce siècle,
514 ns l’espérance et la protestation, dans l’annonce d’ un monde nouveau. ⁂ Je n’ai pas cherché ce soir à vous décrire imparti
515 alement la situation : il eût fallu beaucoup plus de nuances. J’ai cherché au contraire à marquer quels peuvent être nos m
516 contraire à marquer quels peuvent être nos motifs de choix, et le lieu d’une action pratique. Il se peut que je me trompe.
517 uels peuvent être nos motifs de choix, et le lieu d’ une action pratique. Il se peut que je me trompe. Il se peut que certa
518 trompe. Il se peut que certains reçoivent l’ordre d’ aller là où je crois ne pas devoir aller. Qu’ils le fassent, si c’est
519 le fassent, si c’est là leur mission, et la forme de leur témoignage. Qu’ils le fassent comme témoins du Dieu qui les envo
520 oie ! — Il se peut que certains reçoivent l’ordre d’ aller payer de leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds ou la pr
521 peut que certains reçoivent l’ordre d’aller payer de leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds ou la prison. Qu’ils l
522 prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet de rendre grâces du sort qui leur est fait ! — Il se peut que d’autres e
523 dès maintenant dans leur domaine quotidien, celui de la pensée et de l’action auquel travaillent les groupes personnaliste
524 ans leur domaine quotidien, celui de la pensée et de l’action auquel travaillent les groupes personnalistes. Qu’ils le fas
525 érieure. Il y a aussi des voix qui nous appellent de l’extérieur, et qui nous montrent, ici et maintenant, des possibilité
526 ous montrent, ici et maintenant, des possibilités d’ action directe. — Tentation socialiste, tentation prophétique, tentati
527 sible, c’est qu’un chrétien n’ait pas la vocation d’ agir, de faire acte de présence à la misère du siècle, de protester co
528 ’est qu’un chrétien n’ait pas la vocation d’agir, de faire acte de présence à la misère du siècle, de protester contre ell
529 étien n’ait pas la vocation d’agir, de faire acte de présence à la misère du siècle, de protester contre elle, et d’annonc
530 de faire acte de présence à la misère du siècle, de protester contre elle, et d’annoncer sa foi dans la transformation pr
531 la misère du siècle, de protester contre elle, et d’ annoncer sa foi dans la transformation promise de toutes choses. « Ne
532 d’annoncer sa foi dans la transformation promise de toutes choses. « Ne vous conformez pas à ce siècle présent », dit sai
533 ent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Die
534 e, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » f. Rougemont Denis de
535 bon, agréable et parfait. » f. Rougemont Denis de , « La cité », Le Semeur, Paris, avril–mai 1935, p. 387-416. g. Rouge
536 6. g. Rougemont en rend compte dans la livraison de septembre 1931 de Foi et Vie .
537 n rend compte dans la livraison de septembre 1931 de Foi et Vie .
4 1936, Le Semeur, articles (1933–1949). Notre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)
538 courtes études, des « méditations sur le message de Jésus-Christ ». Dès l’abord, on est frappé par leur simplicité et leu
539 leur clarté, qui réussissent à mettre à la portée de tous, sans l’affaiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la
540 a plus authentique. Le style est direct, l’emploi de la seconde personne est la règle ; aussi ne peut-on lire ces méditati
541 ar les réactions et les réponses qu’elles exigent de nous. Ces études se succèdent selon un plan qu’il n’est pas toujours
542 ent selon un plan qu’il n’est pas toujours facile d’ apercevoir. Les divisions générales paraissent être : Dieu — L’homme —
543 ant est leur « biblisme ». Bien que pas un verset de l’Écriture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur info
544 criture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur informées par la Bible, et dominées par elle. Pour Brunner,
545 e est une foi biblique » ; la Bible est la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu que par Sa révélation da
546 la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu que par Sa révélation dans cette Parole. Le Saint-Esprit ouvre n
547 it en nous ce que saint Paul appelle « les fruits de l’Esprit ». On sent dans ces études un constant effort de fidélité hu
548 rit ». On sent dans ces études un constant effort de fidélité humble pour ne pas trahir la Révélation de Dieu en taisant —
549 fidélité humble pour ne pas trahir la Révélation de Dieu en taisant — ou en résolvant par quelque ingénieuse synthèse — t
550 uelle qui ne nous engagerait pas ; la foi au Dieu de majesté, de sainteté et d’amour, qui s’est révélé à nous en Jésus-Chr
551 nous engagerait pas ; la foi au Dieu de majesté, de sainteté et d’amour, qui s’est révélé à nous en Jésus-Christ, exige q
552 t pas ; la foi au Dieu de majesté, de sainteté et d’ amour, qui s’est révélé à nous en Jésus-Christ, exige que nous prenion
553 sus-Christ, exige que nous prenions les exigences de Dieu vraiment au sérieux, que nous « laissions Dieu être Dieu en nous
554 nner semble vouloir nous amener à prier la prière de la foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à mon incrédulité. » h
555 n aide à mon incrédulité. » h. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Emil Brunner, Notre foi  », Le Semeur, Paris, janvi
5 1945, Le Semeur, articles (1933–1949). La responsabilité culturelle de l’Église (mars 1945)
556 La responsabilité culturelle de l’Église (mars 1945)i Il y a un accord frappant entre les principe
557 Il y a un accord frappant entre les principes de la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grand
558 accord frappant entre les principes de la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grandes conférence
559 iques. Mais il est non moins remarquable qu’aucun de ces documents ne fasse allusion à l’ordre culturel de demain. Et il e
560 es documents ne fasse allusion à l’ordre culturel de demain. Et il est cependant certain que si les Églises continuent à n
561 a cessation des hostilités introduira une période de la plus grande confusion. Aperçu de la situation d’après-guerre
562 une période de la plus grande confusion. Aperçu de la situation d’après-guerre La jeunesse de presque tous les pays d
563 a plus grande confusion. Aperçu de la situation d’ après-guerre La jeunesse de presque tous les pays du monde aura été
564 rçu de la situation d’après-guerre La jeunesse de presque tous les pays du monde aura été soumise à plusieurs années de
565 pays du monde aura été soumise à plusieurs années de service militaire et à une interruption plus ou moins complète de tou
566 aire et à une interruption plus ou moins complète de toute activité intellectuelle. Il nous faut donc prévoir un abaisseme
567 aut donc prévoir un abaissement général du niveau d’ instruction, une déflation de la culture classique, non seulement dans
568 nt général du niveau d’instruction, une déflation de la culture classique, non seulement dans les pays ruinés par la guerr
569 intellectuel : la propagande, la nécessité vitale de simplifier tous les problèmes, de juger selon des besoins utilitaires
570 écessité vitale de simplifier tous les problèmes, de juger selon des besoins utilitaires plutôt que selon les exigences de
571 esoins utilitaires plutôt que selon les exigences de la vérité, de penser par masses ou par majorités, de placer tout le m
572 ires plutôt que selon les exigences de la vérité, de penser par masses ou par majorités, de placer tout le mal d’un côté e
573 la vérité, de penser par masses ou par majorités, de placer tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner
574 ar masses ou par majorités, de placer tout le mal d’ un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui
575 s, de placer tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une attitude
576 tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une attitude de critique
577 ’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une attitude de critique exigeante ou
578 er de sabotage ceux qui maintiennent une attitude de critique exigeante ou un sens normal de la justice. En outre, la guer
579 attitude de critique exigeante ou un sens normal de la justice. En outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les
580 ustice. En outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans
581 guerre a toujours pour effet de démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs.
582 ujours pour effet de démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pa
583 fet de démoder les types de culture de la période d’ avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pays conquis la
584 les pays conquis la jeunesse accusera la culture de la génération précédente, celle de ses parents d’avoir amené la catas
585 era la culture de la génération précédente, celle de ses parents d’avoir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de
586 de la génération précédente, celle de ses parents d’ avoir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de la génération
587 ir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de la génération présente, auront disparu. Il y aura une impérieuse exig
588 auront disparu. Il y aura une impérieuse exigence de chefs nouveaux, de valeurs nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir p
589 y aura une impérieuse exigence de chefs nouveaux, de valeurs nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir puissant de repartir
590 exigence de chefs nouveaux, de valeurs nouvelles, d’ un idéal nouveau ; un désir puissant de repartir à neuf et de ne pas r
591 nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir puissant de repartir à neuf et de ne pas retomber dans les erreurs traditionnelle
592 nouveau ; un désir puissant de repartir à neuf et de ne pas retomber dans les erreurs traditionnelles ou revenir aux disci
593 rreurs traditionnelles ou revenir aux disciplines de l’ère bourgeoise. Il se pourrait que cette exigence, surgissant d’un
594 se. Il se pourrait que cette exigence, surgissant d’ un chaos matériel et spirituel, présente à nouveau l’apparence d’un fa
595 riel et spirituel, présente à nouveau l’apparence d’ un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre tr
596 au l’apparence d’un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’espr
597 scisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’aventure
598 violence de la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’aventure, mais aussi une extrême simplification i
599 transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’ aventure, mais aussi une extrême simplification intellectuelle. Nous a
600 lectuelle. Nous avons vu apparaître quelque chose d’ analogue en Europe après la Première Guerre mondiale. Ce sera, cette f
601 us puissantes et dynamiques. Il serait romantique de supposer que la guerre actuelle a détruit toutes les éternelles illus
602 ctuelle a détruit toutes les éternelles illusions de l’humanité. Nous avons des raisons de craindre, au contraire, qu’elle
603 s illusions de l’humanité. Nous avons des raisons de craindre, au contraire, qu’elles ne trouvent une nouvelle virulence s
604 qu’elles ne trouvent une nouvelle virulence sous de nouveaux noms. Les générations d’après-guerre ne seront pas nécessair
605 virulence sous de nouveaux noms. Les générations d’ après-guerre ne seront pas nécessairement plus positives ou plus cyniq
606 cun doute leur faim sera plus grande et leur soif de réponses à leurs questions, de conseils, d’idéaux catholiques — au se
607 rande et leur soif de réponses à leurs questions, de conseils, d’idéaux catholiques — au sens étymologique du mot — de sol
608 soif de réponses à leurs questions, de conseils, d’ idéaux catholiques — au sens étymologique du mot — de solutions « tota
609 déaux catholiques — au sens étymologique du mot — de solutions « totale » dans le domaine de la culture. Car l’époque bour
610 du mot — de solutions « totale » dans le domaine de la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’abse
611 la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pr
612 ar l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’ absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pratique, entre
613 e bourgeoise a été une ère de division, d’absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pratique, entre les diver
614 été une ère de division, d’absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pratique, entre les diverses discipline
615 idéal et pratique, entre les diverses disciplines de l’esprit, entre les diverses activités humaines et sociales. Les anné
616 verses activités humaines et sociales. Les années d’ après-guerre seront probablement caractérisées par les traits suivants
617 suivants : des lacunes intellectuelles, une soif d’ aventures spirituelles (chez les meilleurs), un besoin de direction fe
618 ures spirituelles (chez les meilleurs), un besoin de direction ferme et de réalisations expéditives d’allures totalitaires
619 z les meilleurs), un besoin de direction ferme et de réalisations expéditives d’allures totalitaires. Le devoir des Égl
620 de direction ferme et de réalisations expéditives d’ allures totalitaires. Le devoir des Églises Si les Églises chrét
621 vraiment catholique (embrassant tous les aspects de la vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. C
622 : science, (scientisme), eudémonisme païen, culte de ces valeurs que l’on dit « appartenir à la vie », création de nouveau
623 rs que l’on dit « appartenir à la vie », création de nouveaux nationalismes religieux et virulents. Mais si une Église veu
624 virulents. Mais si une Église veut être en mesure d’ intervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée
625 être en mesure d’intervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée sur une doctrine ferme, sur une thé
626 ie est vague n’a plus rien à dire dans le domaine de la culture. Une telle Église peut donner un avis sur le plan politiqu
627 ar exemple, approuver un document comme la Charte de l’Atlantique qui n’émane pas d’une théologie, ni même directement du
628 t comme la Charte de l’Atlantique qui n’émane pas d’ une théologie, ni même directement du christianisme. Elle peut se rall
629 pirée par un pur humanisme. Mais, dans le domaine de la culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Église ne peut a
630 idéologies créées par d’autres. Sa parole n’aura de poids que si elle parle au nom de sa propre théologie, et en rattacha
631 propre théologie, et en rattachant ce qu’elle dit de la façon la plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’Église
632 ment philosophique du Moyen Âge, que les réformes de Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renaissance et inspir
633 hique du Moyen Âge, que les réformes de Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renaissance et inspirèrent un vast
634 exemple, pouvait croire aux doctrines officielles de sa confession et en même temps admirer Wagner, Whitman, ou Renoir, sa
635 avec sa foi. Car en fait la théologie avait cessé d’ être vivante, précise et exigeante, et donc source d’inspiration. Le t
636 tre vivante, précise et exigeante, et donc source d’ inspiration. Le thomisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt, le
637 lise n’a rien à donner, si elle n’a rien à exiger de la culture, cette dernière s’en trouvera appauvrie et désorientée. El
638 ouvera appauvrie et désorientée. Elle sera coupée de ses racines. Car toute la culture occidentale est née de la théologie
639 racines. Car toute la culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au
640 la culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au code chrétien, soit
641 e lui. (Les grandes philosophies modernes, celles de Descartes et de Hegel, sont nées d’une controverse manifestement théo
642 des philosophies modernes, celles de Descartes et de Hegel, sont nées d’une controverse manifestement théologique à ses or
643 ernes, celles de Descartes et de Hegel, sont nées d’ une controverse manifestement théologique à ses origines.) Et, en seco
644 ulte, l’Église perd ses moyens les plus efficaces d’ agir sur le siècle, de transformer ses croyances en action créatrice.
645 s moyens les plus efficaces d’agir sur le siècle, de transformer ses croyances en action créatrice. Les forces de création
646 mer ses croyances en action créatrice. Les forces de création lui échappent. Tout ce qui est créé est alors créé en dehors
647 nt frappant dans les pays protestants où le souci de rattacher tout travail de culture à une théologie stricte a entièreme
648 protestants où le souci de rattacher tout travail de culture à une théologie stricte a entièrement disparu — en raison du
649 ricte a entièrement disparu — en raison du manque de stricte théologie. L’Église romaine a mieux retenu les forces de créa
650 logie. L’Église romaine a mieux retenu les forces de création intellectuelles parce qu’elle est attentive à préserver les
651 t attentive à préserver les droits et les devoirs de la critique théologique sur tous les plans et pas seulement d’une faç
652 e théologique sur tous les plans et pas seulement d’ une façon négative et restrictive. Que peuvent alors faire les Églises
653 s faire les Églises pour collaborer à la création d’ un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons une réponse
654 r à la création d’un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons une réponse simple. Les Églises pourront agir
655 ontrent exigeantes au lieu de se désintéresser ou de suivre avec retard les tendances du jour. Vocation : le principe f
656 Vocation : le principe fondamental Pour passer de la théologie d’une Église à des applications sociales, culturelles, p
657 incipe fondamental Pour passer de la théologie d’ une Église à des applications sociales, culturelles, politiques ou éco
658 les, politiques ou économiques, il semblerait bon de fixer certains principes ou stades intermédiaires entre la théologie
659 onde dans le domaine culturel et social est celle de Vocation (au sens calviniste et luthérien du mot, qui est plus large
660 ile nous apprend que chaque homme est susceptible de recevoir une vocation, un appel spécial qui le distingue de son genre
661 r une vocation, un appel spécial qui le distingue de son genre et qui lui confère une dignité inaliénable dans la mesure o
662 obéit à cet appel. C’est le principe fondamental de tout ordre social que l’on peut appeler chrétien. On peut aussi accep
663 t appeler chrétien. On peut aussi accepter l’idée d’ une vocation générale ou collective, appliquée à une nation ou même à
664 pour lequel l’Église peut prier, est susceptible de recevoir une vocation. Maintenant les grandes maladies sociales et cu
665 (que ce soient les collectivismes nationalistes, de race ou de classe, ou les matérialismes biologiques, moraux ou bourge
666 ient les collectivismes nationalistes, de race ou de classe, ou les matérialismes biologiques, moraux ou bourgeois). De mê
667 ’individualisme est une déviation morbide du sens de la vocation car elle nie ses conséquences sociales et communautaires.
668 onnelle ou un régime social qui dépouille l’homme de la liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christian
669 régime social qui dépouille l’homme de la liberté d’ obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christianisme. Par exem
670 ologies totalitaires nient par définition le fait de la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonct
671 eur de l’État ou du Parti, conformément au décret de l’État ou du Parti. Elles nient l’existence de toute différenciation
672 et de l’État ou du Parti. Elles nient l’existence de toute différenciation ou la qualifient de morbide, réactionnaire, ind
673 istence de toute différenciation ou la qualifient de morbide, réactionnaire, individualiste, antisociale. Elles sont, par
674 généité mécanique et rigide, qu’elle soit imposée d’ en haut (État, tyran), ou d’en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) n
675 qu’elle soit imposée d’en haut (État, tyran), ou d’ en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) nient la vocation personnelle
676 me) nient la vocation personnelle, ou la vocation d’ un groupe et la considèrent comme dangereuse et scandaleuse. Ces doctr
677 n même corps, beaucoup de maisons dans le Royaume de Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié de chrétien à moins qu’il
678 me de Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié de chrétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation, e
679 rétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation, et qu’il n’assure à chaque homme (et à chaque groupe ou
680 à chaque groupe ou entité collective) la liberté de réaliser cette vocation divine, unique et inaliénable. Un ordre socia
681 et sociaux). Il placera les droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant l
682 droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de
683 de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’ une vocation) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme d
684 é d’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’indi
685 devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’ assurer la liberté de l’individu au point de vue matériel). Les con
686 organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individu au point de vue matériel). Les conséquences sociales de
687 nt de vue matériel). Les conséquences sociales de la vocation 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la v
688 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la vocation des individus, mettra toujours l’accent sur le devoir plu
689 voir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée : les règlements militaires ne fixent pas les droits d’un cap
690 es règlements militaires ne fixent pas les droits d’ un capitaine mais seulement ses devoirs et ses fonctions. Il va sans d
691 ses fonctions. Il va sans dire que l’organisation de l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’accompli
692 st telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’ accomplir son devoir : c’est là sa liberté, il n’en a pas d’autres. Or
693 le à une constitution abstraite fixant les droits de l’individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2) Une doctrine c
694 s droits de l’individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2) Une doctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait de
695 doctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait de la vocation divine d’un homme ou d’un organisme collectif condamnera
696 ui prend au sérieux le fait de la vocation divine d’ un homme ou d’un organisme collectif condamnera tout système qui, méca
697 rieux le fait de la vocation divine d’un homme ou d’ un organisme collectif condamnera tout système qui, mécaniquement, emp
698 ystème qui, mécaniquement, empêche la réalisation de cette vocation. Elle condamnera, par conséquent, au nom de la théolog
699 idus sont abstraitement dirigés selon les besoins de la machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamnera le syst
700 al privé dans la mesure où le mouvement des biens de la puissance matérielle y est fonction des hasards d’opérations de Bo
701 a puissance matérielle y est fonction des hasards d’ opérations de Bourse, par exemple, et non des droits conférés par l’ex
702 atérielle y est fonction des hasards d’opérations de Bourse, par exemple, et non des droits conférés par l’exercice d’une
703 xemple, et non des droits conférés par l’exercice d’ une vocation. Elle condamnera tout système économique qui fait de l’ho
704 Elle condamnera tout système économique qui fait de l’homme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production
705 nomique qui fait de l’homme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de pui
706 fait de l’homme le jouet des intérêts de l’État, d’ un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance indi
707 omme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou
708 l’État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou collective. 3) Les Églises co
709 trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou collective. 3) Les Églises combattront pour
710 llectif la liberté légale et les moyens matériels d’ accomplir sa vocation. Elles le feront au nom de leur doctrine, et ave
711 ent neutres comme le progrès, la justice sociale ( de gauche), ou l’ordre social (de droite), l’intérêt national ou la pros
712 a justice sociale (de gauche), ou l’ordre social ( de droite), l’intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir de
713 prospérité économique. Le devoir des Églises est de repenser toutes ces catégories et de les critiquer d’un point de vue
714 Églises est de repenser toutes ces catégories et de les critiquer d’un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y av
715 epenser toutes ces catégories et de les critiquer d’ un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y avoir, par exemple,
716 ition des « quatre libertés » dans les conditions de fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre
717 libertés » dans les conditions de fonctionnement d’ une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la néc
718 tions de fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas qu
719 e chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prospérité,
720 ’on demande la possibilité matérielle pour chacun de réaliser sa vocation, etc.) Alors, et alors seulement, les Églises re
721 rouveront une autorité effective. Elles cesseront de s’identifier aux yeux de l’homme de la rue à une certaine classe soci
722 les cesseront de s’identifier aux yeux de l’homme de la rue à une certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à la réfo
723 tabli, ou à la réforme du moment. Elles cesseront d’ être traînées dans le sillage de mouvements entrepris par d’autres, av
724 . Elles cesseront d’être traînées dans le sillage de mouvements entrepris par d’autres, avec des motifs et pour des buts q
725 ngers menacent la culture moderne au point de vue d’ une éthique fondée sur la vocation : a) un faux universalisme fruit d’
726 sur la vocation : a) un faux universalisme fruit d’ une éducation sans couleur confessionnelle, philosophique ni régionale
727 nationalisme, autarchie spirituelle. La vocation d’ un homme ou d’un groupe est à la fois distinction et intégration. Ces
728 autarchie spirituelle. La vocation d’un homme ou d’ un groupe est à la fois distinction et intégration. Ces deux éléments
729 nciliés et sauvegardés avec vigilance — l’élément d’ universalisation et celui de distinction. Il est grandement souhaitabl
730 vigilance — l’élément d’universalisation et celui de distinction. Il est grandement souhaitable, par exemple, que des étab
731 souhaitable, par exemple, que des établissements d’ enseignement (collèges, universités) soient fondés sur une base confes
732 e base confessionnelle clairement établie, à côté d’ établissements laïques, neutres ou non chrétiens, et que tout l’enseig
733 ans chaque matière, y soit dominé par la doctrine de l’Église en question, comme c’est le cas dans les instituts catholiqu
734 nstituts catholiques et à l’Université calviniste de Hollande. Mais, en même temps, pouddr19490200semr sauvegarder le fact
735 ître les autres. L’attitude générale serait alors d’ approfondir et d’intégrer le plus possible chaque vocation culturelle
736 L’attitude générale serait alors d’approfondir et d’ intégrer le plus possible chaque vocation culturelle du groupe (qu’il
737 e tout en vue de l’union (fédérale ou œcuménique) de ces vocations dans un ensemble beaucoup plus large — le corps et ses
738 parer. Le deuxième problème à envisager est celui d’ une collaboration plus étroite entre l’Église et l’Intelligentzia. Dan
739 méniques ont donné l’occasion à un certain nombre de savants, historiens et écrivains de travailler pour les Églises dans
740 ertain nombre de savants, historiens et écrivains de travailler pour les Églises dans leur ensemble. Mais la plupart des c
741 écialement les protestantes) n’ont pas les moyens de mettre en contact organique les créateurs de culture et l’Église comm
742 yens de mettre en contact organique les créateurs de culture et l’Église comme telle — l’Église comme corps de doctrine et
743 re et l’Église comme telle — l’Église comme corps de doctrine et comme communauté. Sur ce plan tout reste à créer. Et quel
744 t être créé si nous voulons éviter que la culture de demain se développe selon des voies qui s’éloignent de plus en plus d
745 e selon des voies qui s’éloignent de plus en plus d’ une conception chrétienne du monde. i. Rougemont Denis de, « La re
746 ption chrétienne du monde. i. Rougemont Denis de , « La responsabilité culturelle de l’Église », Le Semeur, Paris, mars
747 ougemont Denis de, « La responsabilité culturelle de l’Église », Le Semeur, Paris, mars 1945, p. 17-25.
6 1946, Le Semeur, articles (1933–1949). Chances d’action du christianisme (juin-juillet 1946)
748 Chances d’ action du christianisme (juin-juillet 1946)j Depuis des siècles, de
749 aller à les revendiquer injustement. Les docteurs de l’Église se défendaient contre les attaques successives du scepticism
750 contre les attaques successives du scepticisme né de la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des s
751 ives du scepticisme né de la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des systèmes sociologiques et ph
752 me né de la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des systèmes sociologiques et philosophiques qui
753 tidienne, innombrable, et sans cesse accrue, mais d’ une manière imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins en
754 s cesse accrue, mais d’une manière imperceptible, d’ habitudes de pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spi
755 ue, mais d’une manière imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spirituelles :
756 e manière imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoi
757 re imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoir, sans
758 é doucement persécutée. Cette persécution à coups d’ épingle, de demi-sourires et d’ironies intellectuelles basées sur « le
759 persécutée. Cette persécution à coups d’épingle, de demi-sourires et d’ironies intellectuelles basées sur « les derniers
760 ersécution à coups d’épingle, de demi-sourires et d’ ironies intellectuelles basées sur « les derniers progrès de la scienc
761 intellectuelles basées sur « les derniers progrès de la science », cette tolérance même qui se manifestait à l’égard des «
762 rd des « survivances religieuses », firent autant de mal aux Églises que les persécutions romaines aux premiers temps leur
763 ons romaines aux premiers temps leur avaient fait de bien. Partout, l’on vit au cours du xviiie et surtout du xixe siècl
764 érentes confessions. On reculait sous la pression de l’incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les positions trop
765 mence flambante qui fut toujours signe et symbole de l’Esprit. Un fils soumis de Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écri
766 ours signe et symbole de l’Esprit. Un fils soumis de Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin de cette péri
767 le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin de cette période qu’à la question : « Si le sel perd sa saveur, avec quo
768 minoritaire des chrétiens ; qu’il les a attaqués de front au nom des principes non chrétiens (comme le nationalisme) qu’i
769 chute ont été pour toutes les Églises une épreuve de forces, un défi, une purification, une occasion de réveil. C’est un f
770 e forces, un défi, une purification, une occasion de réveil. C’est un fait que la culture laïque, a-chrétienne ou antichré
771 a démontré son impuissance réelle devant l’assaut de dictatures barbares : elle s’est reconnue impuissante à nous donner d
772 s’est reconnue impuissante à nous donner des buts de vie, des idéaux et un monde plus efficaces qμe ceux du christianisme.
773 ianisme. C’est un fait que « les derniers progrès de la Science » autorisent de moins en moins — et non de plus en plus, c
774 « les derniers progrès de la Science » autorisent de moins en moins — et non de plus en plus, comme au siècle passé — à me
775 a Création du monde par Dieu, sa Fin, l’existence de l’esprit, etc., paraît bien close, et pour longtemps. Et c’est un fai
776 retrouvé, depuis une ou deux décades, le courage de réaffirmer leurs positions parfois les plus extrêmes, avec une belle
777 ec une belle indépendance vis-à-vis des critiques de l’extérieur. Renaissance du thomisme et des études mystiques chez les
778 des mystiques chez les catholiques ; restauration de la dogmatique réformée grâce au mouvement initié par Karl Barth chez
779 ar Karl Barth chez les protestants ; réapparition d’ une puissante et purifiée Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’ép
780 Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser a
781 ormir, ou bien à passer à l’attaque. Ce lendemain d’ une guerre de Trente Ans ne ressemble guère à une victoire, il faut bi
782 n à passer à l’attaque. Ce lendemain d’une guerre de Trente Ans ne ressemble guère à une victoire, il faut bien le dire. L
783 grands que ceux qu’elles eussent été contraintes de subir en se rendant. (Dans ce « presque » est là différence entre hon
784 Les uns s’abandonnent aux vieilleries et tentent de restaurer le nationalisme, condamné par les catastrophes récentes. Le
785 angera la vie… D’autres enfin, faisant la théorie de leur faiblesse, formulent des doctrines nihilistes. Devant cette démi
786 des doctrines nihilistes. Devant cette démission de la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoir
787 ihilistes. Devant cette démission de la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de dé
788 e la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’ étendre ses pouvoirs, à coups de décrets si généraux que chaque vocati
789 tat se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de décrets si généraux que chaque vocation personnelle va s’en trouver n
790 s ont moins que jamais à se soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments de l’incroyance ; elles ont, tout simplement à
791 se soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments de l’incroyance ; elles ont, tout simplement à donner leurs croyances, a
792 nt dans l’Église, et voyant au-dehors ses chances d’ action, et la misère du temps qui appelle, j’attends ceci : I. Que l’É
793 e, j’attends ceci : I. Que l’Église offre un type de relations humaines viables, comme elle le fit aux siècles sombres, av
794 raison du Moyen âge, qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos
795 qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administrati
796 sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme indu
797 antisme de nos machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont
798 s, souvent utiles, mais qui ne sont jamais règles de vie. Je voudrais une sociologie chrétienne pour le xxe siècle, et je
799 siècle, et je la voudrais fondée sur la situation d’ un groupe de frères prenant la communion. 2. Que l’Église offre un typ
800 e la voudrais fondée sur la situation d’un groupe de frères prenant la communion. 2. Que l’Église offre un type de relatio
801 enant la communion. 2. Que l’Église offre un type de relations culturelles viables ; qu’elle ose de nouveau soutenir et gu
802 s’agit que nos théologiens adoptent une politique d’ intervention, et non de vertueuse indignation, à l’égard des écoles no
803 ens adoptent une politique d’intervention, et non de vertueuse indignation, à l’égard des écoles nouvelles, dépourvues de
804 ation, à l’égard des écoles nouvelles, dépourvues de principe d’intégration, de commune mesure, d’ambitions spirituelles,
805 gard des écoles nouvelles, dépourvues de principe d’ intégration, de commune mesure, d’ambitions spirituelles, de « dévotio
806 nouvelles, dépourvues de principe d’intégration, de commune mesure, d’ambitions spirituelles, de « dévotion » à rien d’av
807 ues de principe d’intégration, de commune mesure, d’ ambitions spirituelles, de « dévotion » à rien d’avouable… Toute la cu
808 ion, de commune mesure, d’ambitions spirituelles, de « dévotion » à rien d’avouable… Toute la culture de l’Occident — musi
809 d’ambitions spirituelles, de « dévotion » à rien d’ avouable… Toute la culture de l’Occident — musique, peinture, philosop
810 « dévotion » à rien d’avouable… Toute la culture de l’Occident — musique, peinture, philosophie, littérature — est sortie
811 echerche, pour la ramener ! 3. Que l’Église cesse de défendre la triste et inefficace moralité bourgeoise, avec laquelle t
812 nefficace moralité bourgeoise, avec laquelle trop de chrétiens confondent aujourd’hui la vertu, quand ils ne vont pas jusq
813 ui la vertu, quand ils ne vont pas jusqu’au point de l’identifier avec la « vie chrétienne », et qu’elle restaure chez les
814 e », et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de la vocation personnelle, seul fondement d’une conduite spécifiquement
815 e sens de la vocation personnelle, seul fondement d’ une conduite spécifiquement chrétienne. « Soyez bien sages », nous dis
816 jourd’hui, hors des Églises, me paraissent avides d’ entendre. La « folie de la Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque
817 ises, me paraissent avides d’entendre. La « folie de la Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui entraîne en
818 ce qui retient en arrière et en deçà des risques de la vie. 4. Que l’Église affirme avec force, dans le domaine politique
819 orce, dans le domaine politique, la Transcendance de son chef, contre tous les absolutismes nationaux, étatiques, partisan
820 dans notre siècle : il peut offrir le modèle même d’ une union mondiale dans le respect des diversités traditionnelles. Que
821 itionnelles. Que dis-je, il peut ! Il le doit, et de toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d’attendre au
822 urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d’ attendre autre chose, pour le monde, que des tyrans, leurs guerres, et
823 e, qui résume à mes yeux les plus grandes chances d’ action du christianisme au xxe siècle, resterait une pure utopie si l
824 s et par des petits groupes ; par quelques « fous de Dieu » comme saint François d’Assise ; par des gens de peu réunis dan
825 eu » comme saint François d’Assise ; par des gens de peu réunis dans une chambre ; par des mystiques qui n’auront l’air de
826 ne chambre ; par des mystiques qui n’auront l’air de rien ; par des hommes dont on dira qu’ils exagèrent, qu’ils rêvent, q
827 r là : l’Incomparable, l’unique, celui qui a reçu de Dieu une vocation précise, et il ajoute : toute vocation est sans pré
828 la reçoit. Exemple, Abraham. j. Rougemont Denis de , « Chances d’action du christianisme », Le Semeur, Paris, juin–juille
829 mple, Abraham. j. Rougemont Denis de, « Chances d’ action du christianisme », Le Semeur, Paris, juin–juillet 1946, p. 654
7 1949, Le Semeur, articles (1933–1949). « Les protestants et l’esthétisme » (février-mars 1949)
830 e et soutient, aujourd’hui, un assez grand nombre d’ écrivains très connus ; le protestantisme, presque aucun. À Claudel, B
831 amuz, Faulkner, Hemingway, Malaparte, sont sortis de milieux protestants, dira-t-on ? Le fait est qu’ils en sont bien sort
832 tiquants. Quant aux deux meilleurs poètes anglais de l’époque, T. S. Eliot et Wystan Auden, ils sont, certes, des chrétien
833 rétiens déclarés dans leur œuvre, mais l’épithète de protestant leur convient aussi peu que celle de romain, surtout au pr
834 e de protestant leur convient aussi peu que celle de romain, surtout au premier. Que nous reste-t-il ? 2° On ne peut dédui
835 mier. Que nous reste-t-il ? 2° On ne peut déduire de ce fait que le catholicisme, en général, offre à la littérature un cl
836 sme en général. Car, si l’on considère l’ensemble de nos littératures occidentales, il est impossible d’établir qu’à propo
837 nos littératures occidentales, il est impossible d’ établir qu’à proportion des populations et de leurs confessions, l’Ita
838 ible d’établir qu’à proportion des populations et de leurs confessions, l’Italie ait produit plus de grands écrivains que
839 t de leurs confessions, l’Italie ait produit plus de grands écrivains que l’Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’Alle
840 . J’ai l’idée que le contraire aurait un peu plus de chances de se vérifier, en particulier pour l’Allemagne, la Suisse et
841 ée que le contraire aurait un peu plus de chances de se vérifier, en particulier pour l’Allemagne, la Suisse et la France.
842 ’Italie, profondément romaines, n’ont pas produit de nos jours de grands écrivains catholiques, et, même, plusieurs de leu
843 ondément romaines, n’ont pas produit de nos jours de grands écrivains catholiques, et, même, plusieurs de leurs auteurs le
844 grands écrivains catholiques, et, même, plusieurs de leurs auteurs les plus connus disent préférer le protestantisme au ca
845 quatre siècles, il reste qu’aujourd’hui beaucoup d’ auteurs se proclament catholiques ou athées, créent leur œuvre en tant
846 nos auteurs protestants ne le sont plus guère que de naissance et non par choix. Quelles sont les causes de ce phénomène p
847 issance et non par choix. Quelles sont les causes de ce phénomène particulier au xxe siècle ? Je crois qu’il convient de
848 ticulier au xxe siècle ? Je crois qu’il convient de les chercher dans un récent passé théologique. Il était de mise, au s
849 ercher dans un récent passé théologique. Il était de mise, au siècle dernier, chez les protestants, de déclarer — comme Gi
850 de mise, au siècle dernier, chez les protestants, de déclarer — comme Gide le fait encore — qu’orthodoxie et protestantism
851 par un renversement presque complet des positions de la Réforme. Or il est clair que le libre examen, conduit dans un clim
852 ns un climat rationaliste, n’est pas une attitude de créateur. L’art suppose une orthodoxie, un parti pris, un fanatisme,
853 la masque à la fois, et, en tout cas, un ensemble de règles, soit héritées, soit inventées : une rhétorique. La théologie
854 ’orthodoxie en soi. C’était tarir une des sources de l’art. Certes, on a vu de « mauvaises » théologies donner naissance à
855 t tarir une des sources de l’art. Certes, on a vu de « mauvaises » théologies donner naissance à un grand art (le puritani
856 à Milton, les doctrines jésuites au baroque), et de « bonnes » théologies condamner l’art (judaïsme biblique, jansénisme)
857 logie qui détruit systématiquement la notion même d’ orthodoxie, qui renonce à toute prétention (fondée ou non) à la rigueu
858 ce qu’un artiste attend (souvent inconsciemment) de son Église : les repères, les obstacles, les interdictions, les certi
859 hèmes traditionnels à renouveler, tout ce système de gênes où l’élan créateur prend son appui. Voilà sans doute pourquoi l
860 ères générations du xxe siècle n’ont pas produit d’ écrivains protestants au sens où Claudel est un écrivain catholique, E
861 otestante sur la littérature moderne, c’est celle de Kierkegaard. (Ibsen, Unamuno, Rilke, Kafka, Kassner, Auden, un très g
862 ilke, Kafka, Kassner, Auden, un très grand nombre de poètes, de romanciers, d’essayistes des jeunes générations, en Europe
863 , Kassner, Auden, un très grand nombre de poètes, de romanciers, d’essayistes des jeunes générations, en Europe et dans le
864 n, un très grand nombre de poètes, de romanciers, d’ essayistes des jeunes générations, en Europe et dans les deux Amérique
865 es, s’en sont déclarés tributaires.) Or la pensée de Kierkegaard, qui représente l’extrémisme protestant dans sa pureté, d
866 , dépasse notoirement l’antinomie du moralisme et de l’esthétique : ce dépassement constitue même l’essence de son œuvre.
867 hétique : ce dépassement constitue même l’essence de son œuvre. N’est-ce point de cet exemple pur qu’il conviendrait de pa
868 titue même l’essence de son œuvre. N’est-ce point de cet exemple pur qu’il conviendrait de partir pour poser le problème q
869 st-ce point de cet exemple pur qu’il conviendrait de partir pour poser le problème qui vous occupe dans ses termes les plu
870 s termes les plus actuels ? k. Rougemont Denis de , « [Réponse à une enquête] Les protestants et l’esthétisme », Le Seme
871 ris, février–mars 1949, p. 342-344. l. Il s’agit d’ une réponse à une enquête introduite par la lettre suivante d’André Du
872 e à une enquête introduite par la lettre suivante d’ André Dumas, datée du 16 novembre 1948 : « Chers amis… 1) S’il est exa
873 lus général, que diriez-vous à un étudiant en mal de poésie, de roman, de peinture ou de musique ? Je veux dire, non pas l
874 , que diriez-vous à un étudiant en mal de poésie, de roman, de peinture ou de musique ? Je veux dire, non pas la question
875 ez-vous à un étudiant en mal de poésie, de roman, de peinture ou de musique ? Je veux dire, non pas la question banale, do
876 udiant en mal de poésie, de roman, de peinture ou de musique ? Je veux dire, non pas la question banale, doit-il ou non éc
877 t : converser avec les étudiants qui s’inquiètent de la beauté dans l’existence actuelle… »