1 1933, Le Semeur, articles (1933–1949). Humanisme et christianisme (mars 1933)
1 prudemment mesurées. Et d’abord, la question qui nous occupe ici est-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nou
2 lle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous , une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avant de
3 e contemporaines1 ? L’une des caractéristiques de notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question les q
4 de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de plus en plus, à discuter sur des nuances métaphysiq
5 ettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de plus en plus, à discuter sur des nuances métaphysiques a
6 lits concrets et les décisions qu’ils comportent. Nous refusons toute problématique dans laquelle nous croyons distinguer un
7 . Nous refusons toute problématique dans laquelle nous croyons distinguer une évasion hors des problèmes qui se posent et no
8 r une évasion hors des problèmes qui se posent et nous sont posés, hic et nunc. Avant d’aller plus loin, cherchons donc à se
9 cherchons donc à serrer un peu les deux termes de notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous fau
10 otre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous faut tout de suite dissiper un malentendu : par le t
11 chons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous faut tout de suite dissiper un malentendu : par le terme d’humanisme,
12 e, en France, à désigner la culture gréco-latine. Nous n’avons pas, bien entendu, à discuter ici la question des humanités.
13 ntendu, à discuter ici la question des humanités. Nous prendrons le mot humanisme au sens plus général, non moins précis, qu
14 uel sens l’homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre pour mieux vivre. Mais alors, en quoi les deux conceptions s’o
15 mme si la vie était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste va cherche
16 le qu’injurieux, si l’on songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas du mépris des garanties humaines les plus élémentai
17 éfiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un autre exemple. Un chrétien qui s’écrie : c’est providentie
18 ussé jusqu’aux réalisations effectives que semble devoir commander une foi véritable en l’humain. Le communisme est le véritab
19 main. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour soustr
20 -dire : qui concerne « l’existence » de chacun de nous , en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit réel et concret, e
2 1934, Le Semeur, articles (1933–1949). Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)
21 nte et fait de son auteur le maître incontesté de nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’œuvre d’un savant spécialisé,
22 re les thèses de M. Couchoud3. Plus récemment, il nous donnait une volumineuse Vie de Jésus 4 dont le succès fut grand et le
23 s conclusions vivement discutées. L’ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésus, et les question
24 out à la critique interne des textes, mais aussi, nous venons de le voir, à des données psychologiques et historiques dont l
25 i permettent alors de réfuter M. Couchoud. Dirons- nous que cette méfiance méthodique suffit à convaincre le lecteur qu’il s’
26 lui décisifs, de certaines « vraisemblances » qui nous paraissent souvent bien pauvres. Qu’est-ce que la vraisemblance, en p
27 contradictions ? N’étaient-ils pas, bien plus que nous , capables de voir dans les contradictions mêmes d’un récit, la marque
28 outé après coup. Il le retranche donc. Cela fait, nous dit-il, « le récit est bien homogène ». Certes. Mais qu’on imagine un
29 t humain voudrait toujours les faire dépendre. Il nous rappelle ainsi que la foi véritable est celle qui croit sans avoir vu
30 le est celle qui croit sans avoir vu. Sa position nous paraît sur ce point tout à fait orthodoxe et courageuse. Au contraire
31 foi de la relativité des preuves historiques. En nous montrant qu’elles peuvent être contestées, pour la plupart, il nous d
32 lles peuvent être contestées, pour la plupart, il nous délivre d’une tentation permanente. Du même coup, il ruine d’ailleurs
33 nt de la foi. Car l’office de la foi n’est pas de nous fournir une explication probante du miracle ; elle se trahit elle-mêm
34 visible. Et ce n’est point parmi les morts qu’il nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’économie des fausses pr
3 1935, Le Semeur, articles (1933–1949). La cité (avril-mai 1935)
35 e lois économiques. Un jeu secret qui se joue sur nos têtes et dont la Presse nous donne l’image conventionnelle. Entre les
36 ecret qui se joue sur nos têtes et dont la Presse nous donne l’image conventionnelle. Entre les forces qui dominent la cité,
37 dent avec celles de la bourgeoisie. Et maintenant nous comprendrons peut-être mieux le sens concret de la question, à laquel
38 diter sur la manière dont ce chrétien pourrait ou devrait exercer une vocation condamnée par avance à demeurer inefficace ? Le
39 t ? À la question de sa vocation dans la cité, ne devra-t -on pas opposer une question préalable, brutale : cette vocation a-t-e
40 moindre portée ? L’observation objective du monde nous obligerait à conclure qu’en effet, les conditions sont devenues telle
41 sse ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis, de nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous autres
42 tionalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis, de nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous autres pauvres intel
43 rés, n’ont cure de nos avis, de nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous autres pauvres intellectuels, il nous f
44 e nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous autres pauvres intellectuels, il nous faut perdre l’illusion d’exerce
45 ens ou non, nous autres pauvres intellectuels, il nous faut perdre l’illusion d’exercer aucune puissance. À moins de nous fa
46 l’illusion d’exercer aucune puissance. À moins de nous faire journalistes ! L’observation objective du monde ramène le clerc
47 t à moi, pendant que je réfléchissais à ce que je devais vous dire ce soir, j’ai éprouvé plus que jamais le sentiment d’une gr
48 amais le sentiment d’une grande absurdité. Sommes- nous bien des David prêts à marcher contre Goliath, ou simplement de tout
49 stion ouverte. S’il est un fait patent, c’est que nous ne pouvons pas grand-chose… Mais il existe un autre fait que je pose
50 ci ce fait : Dieu peut tout ! Et c’est à Dieu que nous disons dans toutes les églises chrétiennes : « Que Ton règne vienne !
51 : « Que Ton règne vienne ! » Or, une telle prière nous charge d’une responsabilité contre laquelle aucune raison ne prévaudr
52 aison ne prévaudra jamais. Elle est un ordre, que nous avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir de discute
53 s. Elle est un ordre, que nous avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une
54 vons pas le droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une vocation. Et alors, nous voici placés dans une situation
55 scuter. Elle nous adresse une vocation. Et alors, nous voici placés dans une situation toute nouvelle. Nous n’avons plus à s
56 s voici placés dans une situation toute nouvelle. Nous n’avons plus à supputer nos chances, ni à décider librement si oui ou
57 tion toute nouvelle. Nous n’avons plus à supputer nos chances, ni à décider librement si oui ou non cela vaut la peine d’en
58 t la peine d’entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si nous ne faisons pas l’impos
59 é. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si nous ne faisons pas l’impossible — justement : l’impossible — pour hâter l
60 : l’impossible — pour hâter la venue de ce règne, nous ne sommes plus que des menteurs, et notre prière nous condamne. Le ch
61 e règne, nous ne sommes plus que des menteurs, et notre prière nous condamne. Le chrétien est cet homme qui, ayant mesuré, mi
62 ne sommes plus que des menteurs, et notre prière nous condamne. Le chrétien est cet homme qui, ayant mesuré, mieux que pers
63 transformés », dit saint Paul. Tout le secret de notre vocation est contenu dans ces mots-là, et si je parvenais ce soir à v
64 Ne vous conformez pas, — mais soyez transformés. Nous n’appartenons pas à la forme du monde mais bien à sa transformation.
65 n, ce sont là les deux termes qui s’opposent dans notre vie, qui commandent notre vocation. La forme de ce monde : vous savez
66 mes qui s’opposent dans notre vie, qui commandent notre vocation. La forme de ce monde : vous savez ce qu’elle est, et vous s
67 e à la venue du règne de justice qu’il appelle. «  Nous n’appartenons pas à la forme du monde. » — Est-ce à dire que notre fo
68 ns pas à la forme du monde. » — Est-ce à dire que notre foi nous en libère matériellement et moralement ? Est-ce à dire qu’en
69 a forme du monde. » — Est-ce à dire que notre foi nous en libère matériellement et moralement ? Est-ce à dire qu’en tant que
70 ralement ? Est-ce à dire qu’en tant que chrétiens nous échappons aux lois communes ? Non pas ! Et gardons-nous ici de toute
71 chappons aux lois communes ? Non pas ! Et gardons- nous ici de toute illusion optimiste ! Chrétiens, nous restons hommes, ent
72 nous ici de toute illusion optimiste ! Chrétiens, nous restons hommes, entièrement hommes, entièrement prisonniers de la for
73 a forme mauvaise du monde. C’est là le fait. Mais notre foi proteste au nom de Dieu contre ce fait ! Elle appelle un monde no
74 e appartenance. Elle annonce une nouvelle patrie. Nous sommes au monde, c’est vrai, mais non pas comme étant du monde. C’est
75 non pas comme étant du monde. C’est là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la just
76 ant du monde. C’est là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la justice. Mais alors,
77 une transformation plus radicale que tout ce que nous pouvions imaginer et souhaiter. Et c’est à cette transformation que n
78 et souhaiter. Et c’est à cette transformation que nous appartenons de droit, dès l’instant où nous l’annonçons. Mais qu’est-
79 n que nous appartenons de droit, dès l’instant où nous l’annonçons. Mais qu’est-ce que cette transformation ? Et de quel dro
80 e cette transformation ? Et de quel droit pouvons- nous l’annoncer ? Est-ce un ensemble de réformes, un programme révolutionn
81 enir meilleur, ce « millenium » dont l’Apocalypse nous donne la vision mystérieuse, Satan enchaîné pour mille ans ? Réforme,
82 monde meilleur ; — ne faisons pas les dégoûtés : nous y pensons tous plus ou moins, et beaucoup d’entre nous y travaillent.
83 y pensons tous plus ou moins, et beaucoup d’entre nous y travaillent. Il ne sera pas dit que l’homme chrétien est moins huma
84 ertitude, c’est qu’elle a déjà été faite ! Ce que nous annonçons au monde, c’est la promesse de celui qui a dit : « Prenez c
85 t fait ! depuis 19 siècles. La justice a paru, et nous en témoignons par nos actions de grâce — précisément par nos actions 
86 les. La justice a paru, et nous en témoignons par nos actions de grâce — précisément par nos actions ! — et je voudrais met
87 ignons par nos actions de grâce — précisément par nos actions ! — et je voudrais mettre l’accent sur ce mot-là, afin que vo
88 , ni piété, ni extase, ni cloître. Voilà pourquoi notre certitude joyeuse devient une certitude combattante, — voilà pourquoi
89 vient une certitude combattante, — voilà pourquoi nous ne pouvons plus nous laisser arrêter par aucune raison, par ces raiso
90 ombattante, — voilà pourquoi nous ne pouvons plus nous laisser arrêter par aucune raison, par ces raisons si bonnes, par exe
91 mais si courtes, de l’opportunisme sceptique. Si nous croyons à cette justice, nous ne pouvons autrement que de courir vers
92 nisme sceptique. Si nous croyons à cette justice, nous ne pouvons autrement que de courir vers elle ! Nous ne pouvons autrem
93 us ne pouvons autrement que de courir vers elle ! Nous ne pouvons autrement que d’espérer de toutes nos forces son retour !
94 Nous ne pouvons autrement que d’espérer de toutes nos forces son retour ! Nous protestons contre ce monde au nom d’une just
95 t que d’espérer de toutes nos forces son retour ! Nous protestons contre ce monde au nom d’une justice triomphante, et c’est
96 nom d’une justice triomphante, et c’est elle que nous annonçons : ainsi donc, ces deux temps de notre vocation révèlent un
97 ue nous annonçons : ainsi donc, ces deux temps de notre vocation révèlent un fait unique, renvoient à un motif unique : la mo
98 es attitudes chrétiennes ; mais voilà le motif de notre action : nous attestons la justice apparue, et dans l’élan de notre a
99 rétiennes ; mais voilà le motif de notre action : nous attestons la justice apparue, et dans l’élan de notre action de grâce
100 s attestons la justice apparue, et dans l’élan de notre action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme terrestre, n
101 l’élan de notre action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme terrestre, nous prêchons une victoire acquise et l
102 risonniers que nous sommes de la forme terrestre, nous prêchons une victoire acquise et le retour promis de cette justice !
103 pour titre de son fameux triptyque : D’où venons- nous  ? Où en sommes-nous ? Où allons-nous ? À la question : Où en sommes-n
104 ameux triptyque : D’où venons-nous ? Où en sommes- nous  ? Où allons-nous ? À la question : Où en sommes-nous ? j’ai répondu e
105 s ? Où allons-nous ? À la question : Où en sommes- nous  ? j’ai répondu en rappelant la situation très précaire du chrétien da
106 qu’elle est devenue. À la question : D’où venons- nous  ? j’ai répondu en rappelant que l’origine vivante de notre action, c’
107 ’ai répondu en rappelant que l’origine vivante de notre action, c’est l’incarnation de la justice en Jésus-Christ ressuscité.
108 ésus-Christ ressuscité. À la question : Où allons- nous  ? j’ai répondu : le Seigneur vient ! — et nous allons à la rencontre
109 ns-nous ? j’ai répondu : le Seigneur vient ! — et nous allons à la rencontre de son règne, vers la transformation radicale d
110 ’on ne veut plus rien voir au-delà. Trop de chefs nous crient : en avant ! sans avoir osé regarder plus loin que le bout des
111 e maintenant. Vocation du chrétien dans la cité : nous l’avons définie par deux mouvements : une protestation, une annonce.
112 rmettez-moi d’être aussi bref que catégorique. Si nous considérons l’histoire, si nous écoutons ses leçons, il me paraît qu’
113 e catégorique. Si nous considérons l’histoire, si nous écoutons ses leçons, il me paraît qu’aucun doute n’est permis. De Con
114 hristianisme. Voilà bien la fatalité qui pèse sur notre histoire : une politique chrétienne qui réussit n’a plus rien de chré
115 ient à la forme du monde, et par là même, appelle notre protestation. Quel est donc le rôle de l’Église ? Est-il de prêcher l
116 is que les églises ne peuvent accomplir tout leur devoir , toute leur mission dans la cité, que d’une seule et unique manière,
117 l faut avouer que la question reste entière : que devons -nous faire, comme chrétiens, dans la cité ? Si l’Église n’est pas un
118 avouer que la question reste entière : que devons- nous faire, comme chrétiens, dans la cité ? Si l’Église n’est pas un parti
119 ise n’est pas un parti, comment et où faut-il que nous prenions parti ? Où allons-nous nous engager ? Car vocation signifie
120 et où faut-il que nous prenions parti ? Où allons- nous nous engager ? Car vocation signifie acte, et tout acte est un engage
121 faut-il que nous prenions parti ? Où allons-nous nous engager ? Car vocation signifie acte, et tout acte est un engagement.
122 on signifie acte, et tout acte est un engagement. Nous voici donc en face de la seconde question : celle de l’adhésion à l’u
123 et sociales dans la cité française d’aujourd’hui. Nous entrerions dans un débat terriblement technique et faussement précis,
124 t terriblement technique et faussement précis, et nous aurions vite fait de perdre de vue la vocation particulière du chréti
125 ait m’apparaître, à première vue, plus conforme à notre espérance de justice. Vous dirai-je que c’est précisément à cause de
126 le bain marxiste, mais gardons l’enfant ! Car si nous condamnons en bloc le socialisme, nous condamnons aussi une part de v
127 t ! Car si nous condamnons en bloc le socialisme, nous condamnons aussi une part de vérité d’origine proprement chrétienne.
128 s’est identifié avec la défense des humbles : si nous ne faisons pas mieux que lui à cet égard, gardons-nous de l’attaquer 
129 ne faisons pas mieux que lui à cet égard, gardons- nous de l’attaquer ! Le socialisme proteste contre les conditions actuelle
130 ique une justice plus grande dans la société : si nous ne protestons pas plus fort que lui, si nous ne croyons pas mieux que
131 : si nous ne protestons pas plus fort que lui, si nous ne croyons pas mieux que lui à la justice, gardons-nous de le condamn
132 e croyons pas mieux que lui à la justice, gardons- nous de le condamner ! C’est lui qui fait, dans l’incroyance, ce que nous
133 r ! C’est lui qui fait, dans l’incroyance, ce que nous aurions dû faire dans la foi. — Mais si l’on refuse d’attaquer le soc
134 qui fait, dans l’incroyance, ce que nous aurions faire dans la foi. — Mais si l’on refuse d’attaquer le socialisme, fa
135 l accepter aussitôt le fameux trait d’union qu’on nous propose, entre socialiste et chrétien ? Prenons bien garde ici au sen
136 ont autres. Et ce sont ces motifs et ces buts qui doivent donner aux mots leur sens réel. Nous trahirions la foi qui doit nous
137 buts qui doivent donner aux mots leur sens réel. Nous trahirions la foi qui doit nous animer si, pour des raisons tactiques
138 x mots leur sens réel. Nous trahirions la foi qui doit nous animer si, pour des raisons tactiques, nous passions sous silenc
139 s leur sens réel. Nous trahirions la foi qui doit nous animer si, pour des raisons tactiques, nous passions sous silence cet
140 doit nous animer si, pour des raisons tactiques, nous passions sous silence cette radicale différence : le chrétien ne prot
141 à venir, mais une justice divine, déjà réalisée. Notre devoir de charité ne serait-il pas alors de déclarer ouvertement aux
142 ir, mais une justice divine, déjà réalisée. Notre devoir de charité ne serait-il pas alors de déclarer ouvertement aux sociali
143 ouvertement aux socialistes qu’entre leur but et notre but, entre nos motifs et les leurs, il y a tout l’abîme qui sépare un
144 socialistes qu’entre leur but et notre but, entre nos motifs et les leurs, il y a tout l’abîme qui sépare un idéal moral d’
145 dans ce qu’il a de pire ; dans la tentation qu’il nous offre d’un idéal humanitaire en lieu et place d’une foi. Si nous ne p
146 idéal humanitaire en lieu et place d’une foi. Si nous ne parvenons pas à faire comprendre aux socialistes le sérieux absolu
147 cialistes le sérieux absolu de cette distinction, nous risquons de prêcher contre Dieu en travaillant à leurs côtés ! Nous c
148 rêcher contre Dieu en travaillant à leurs côtés ! Nous connaissons des chrétiens socialistes. Et ils savent sans doute mieux
149 s socialistes. Et ils savent sans doute mieux que nous ce que signifie pour eux le compromis entre leurs motifs de croyants
150 ourtant, il faut agir ! Pourtant, la vocation qui nous envoie dans la cité reste impérieuse ! Alors quoi ? direz-vous, que r
151 direz-vous, que reste-t-il pratiquement ? Va-t-on nous renvoyer une fois de plus à ce recours au Dieu tout-puissant qui perm
152 cette fois une utopie. Cela se passe au Japon, de nos jours. Certains d’entre vous connaissent probablement la biographie d
153 t à vingt ans de tous les avantages qui sont chez nous ceux de la grande bourgeoisie. Mais voilà qu’il se convertit, et c’es
154 borne pas là : prêcher, certes, c’est son premier devoir , mais ce devoir en appelle d’autres. Kagawa recueille dans sa case, d
155 rêcher, certes, c’est son premier devoir, mais ce devoir en appelle d’autres. Kagawa recueille dans sa case, des malades, des
156 foi à la forme du monde. Mais, direz-vous encore, nous ne sommes pas tous des Jérémie, des Paul, des Luther, des Calvin, ni
157 es, — pour ne rien dire de ces deux amis auxquels nous pensons tous ce soir et qui, du fond de leur prison, tout près d’ici,
158 du fond de leur prison, tout près d’ici, posent à notre conscience leur silencieuse et troublante question. Nous sommes, me d
159 nscience leur silencieuse et troublante question. Nous sommes, me direz-vous, des étudiants, c’est-à-dire des intellectuels.
160 s, des étudiants, c’est-à-dire des intellectuels. Notre premier devoir dans la cité n’est-il pas de travailler en tant qu’int
161 ts, c’est-à-dire des intellectuels. Notre premier devoir dans la cité n’est-il pas de travailler en tant qu’intellectuels, — d
162 n tant qu’intellectuels, — de même que le premier devoir de l’ingénieur reste de faire des plans et des calculs, et non pas de
163 des calculs, et non pas de gâcher du ciment ? Si nous nous mettions tous à faire de l’action sociale, à jouer les Kagawa, e
164 calculs, et non pas de gâcher du ciment ? Si nous nous mettions tous à faire de l’action sociale, à jouer les Kagawa, et à v
165 rtiers miséreux, ne serait-ce pas aussi faillir à notre vocation tout humblement humaine, professionnelle ? Je n’aurai pas le
166 a plus méconnue par ceux qui font la politique de nos cités. Commentons brièvement cette phrase. La cité moderne est en cri
167 nécessités économiques ne tiennent pas compte de nos beaux idéaux. Il résulte de ce divorce une crise profonde de la cultu
168 e la plus pratique, la plus sociale qui s’offre à nous , c’est bien une tâche spirituelle : retrouver cette commune mesure de
169 t les personnalistes : l’État et les institutions doivent être mis au service de l’homme ; or, c’est l’inverse qui se passe auj
170 se passe aujourd’hui ; l’État et les institutions doivent avoir pour seul but d’assurer à chacun le libre et le plein exercice
171 l’économie et les cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouvons l’exigence spirituelle du chrétien. Mais vous voyez aussi
172 l’état d’esprit qui préside aux institutions. Si notre société est née de la Déclaration des droits de l’homme, il s’agit de
173 donner à la société de demain une déclaration des devoirs de l’homme envers lui-même et son prochain. Mais d’abord il s’agit, p
174 ppellent une morale créatrice, prenant le pas sur nos morales trop idéalistes, ou cyniques. Et le triomphe d’une telle mora
175 t qui réponde, dès son principe, aux exigences de notre vocation. Ce n’est pas une politique chrétienne, ce n’est pas un part
176 a une vocation, et peut devenir une personne, et doit devenir une personne, — idée qu’apporta dans le monde le message de l
177 ens de toute farine dont les compétences bavardes nous ont valu la crise actuelle viendront dire : ça n’est pas pratique. Ma
178 ieux que ce qu’ils ont fait depuis cent ans déjà. Nous sommes nés dans un monde où tout est en désordre. Nous savons ce que
179 sommes nés dans un monde où tout est en désordre. Nous savons ce que vaut l’aune de ce « pratique » qu’on nous propose. L’he
180 avons ce que vaut l’aune de ce « pratique » qu’on nous propose. L’heure est venue d’essayer autre chose, d’essayer au moins
181 es objections d’un praticisme à courte vue, quand notre vocation chrétienne braque nos regards sur le miracle d’une justice e
182 ourte vue, quand notre vocation chrétienne braque nos regards sur le miracle d’une justice et d’une vérité déjà descendue s
183 res auraient le droit de m’arrêter en me disant : nous préférons un mensonge applicable à votre vérité trop désintéressée, —
184 opposer la sagesse de ce siècle en faillite, mais nous appartenons à ce qui juge ce siècle, à la transformation radicale du
185 à la transformation radicale du monde ! Si le but nous paraît trop haut, c’est que nous comptons encore trop sur nous-mêmes.
186 onde ! Si le but nous paraît trop haut, c’est que nous comptons encore trop sur nous-mêmes. Mais le chrétien ne compte pas s
187 cherché au contraire à marquer quels peuvent être nos motifs de choix, et le lieu d’une action pratique. Il se peut que je
188 s reçoivent l’ordre d’aller là où je crois ne pas devoir aller. Qu’ils le fassent, si c’est là leur mission, et la forme de le
189 re une voix intérieure. Il y a aussi des voix qui nous appellent de l’extérieur, et qui nous montrent, ici et maintenant, de
190 es voix qui nous appellent de l’extérieur, et qui nous montrent, ici et maintenant, des possibilités d’action directe. — Ten
191 nnaliste : tout cela est possible, tout cela donc nous appelle. Ce qui est impossible, c’est qu’un chrétien n’ait pas la voc
4 1936, Le Semeur, articles (1933–1949). Notre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)
192 Notre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)h Sous le titre Notre Foi, Emi
193 par Emil Brunner (janvier 1936)h Sous le titre Notre Foi, Emil Brunner a réuni 35 courtes études, des « méditations sur le
194 les réactions et les réponses qu’elles exigent de nous . Ces études se succèdent selon un plan qu’il n’est pas toujours facil
195 i biblique » ; la Bible est la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu que par Sa révélation dans cette Parol
196 vélation dans cette Parole. Le Saint-Esprit ouvre nos cœurs à cette Parole, Il la rend vivante et agissante en nous, en sor
197 cette Parole, Il la rend vivante et agissante en nous , en sorte qu’elle produit en nous ce que saint Paul appelle « les fru
198 et agissante en nous, en sorte qu’elle produit en nous ce que saint Paul appelle « les fruits de l’Esprit ». On sent dans ce
199 — tous les paradoxes chrétiens qui gênent si fort notre humaine raison. Mais la foi n’est pas une adhésion intellectuelle qui
200 foi n’est pas une adhésion intellectuelle qui ne nous engagerait pas ; la foi au Dieu de majesté, de sainteté et d’amour, q
201 jesté, de sainteté et d’amour, qui s’est révélé à nous en Jésus-Christ, exige que nous prenions les exigences de Dieu vraime
202 ui s’est révélé à nous en Jésus-Christ, exige que nous prenions les exigences de Dieu vraiment au sérieux, que nous « laissi
203 ns les exigences de Dieu vraiment au sérieux, que nous « laissions Dieu être Dieu en nous ». Brunner semble vouloir nous ame
204 u sérieux, que nous « laissions Dieu être Dieu en nous  ». Brunner semble vouloir nous amener à prier la prière de la foi : «
205 Dieu être Dieu en nous ». Brunner semble vouloir nous amener à prier la prière de la foi : « Je crois, Seigneur, viens en a
206 ougemont Denis de, « [Compte rendu] Emil Brunner, Notre foi  », Le Semeur, Paris, janvier 1936, p. 193-194.
5 1945, Le Semeur, articles (1933–1949). La responsabilité culturelle de l’Église (mars 1945)
207 ins complète de toute activité intellectuelle. Il nous faut donc prévoir un abaissement général du niveau d’instruction, une
208 aussi une extrême simplification intellectuelle. Nous avons vu apparaître quelque chose d’analogue en Europe après la Premi
209 it toutes les éternelles illusions de l’humanité. Nous avons des raisons de craindre, au contraire, qu’elles ne trouvent une
210 sations expéditives d’allures totalitaires. Le devoir des Églises Si les Églises chrétiennes ne donnent pas cette direct
211 ervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée sur une doctrine ferme, sur une théologie qui soit en mêm
212 ’elle est attentive à préserver les droits et les devoirs de la critique théologique sur tous les plans et pas seulement d’une
213 ion d’un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons une réponse simple. Les Églises pourront agir et inspirer s
214 que celui dans lequel l’entend Rome). L’Évangile nous apprend que chaque homme est susceptible de recevoir une vocation, un
215 ligieux et sociaux). Il placera les droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avan
216 du chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’i
217 its et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individu au point de vue matériel).
218 on des individus, mettra toujours l’accent sur le devoir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée : les règleme
219 pas les droits d’un capitaine mais seulement ses devoirs et ses fonctions. Il va sans dire que l’organisation de l’armée est t
220 apitaine aura toujours les moyens d’accomplir son devoir  : c’est là sa liberté, il n’en a pas d’autres. Or l’Ecclesia militans
221 ixant les droits de l’individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2) Une doctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait
222 ’intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir des Églises est de repenser toutes ces catégories et de les critiquer
223 uer d’un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y avoir, par exemple, une redéfinition des « quatre libertés » dans l
224 ois distinction et intégration. Ces deux éléments devraient être conciliés et sauvegardés avec vigilance — l’élément d’universali
225 n’est qu’en apprenant à connaître les autres que nous en venons à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’est qu’en nous comp
226 enant à connaître les autres que nous en venons à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’est qu’en nous comprenant nous-mêmes
227 à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’est qu’en nous comprenant nous-mêmes que nous parvenons à connaître les autres. L’at
228 mme ce n’est qu’en nous comprenant nous-mêmes que nous parvenons à connaître les autres. L’attitude générale serait alors d’
229 Sur ce plan tout reste à créer. Et quelque chose doit être créé si nous voulons éviter que la culture de demain se développ
230 reste à créer. Et quelque chose doit être créé si nous voulons éviter que la culture de demain se développe selon des voies
6 1946, Le Semeur, articles (1933–1949). Chances d’action du christianisme (juin-juillet 1946)
231 ures barbares : elle s’est reconnue impuissante à nous donner des buts de vie, des idéaux et un monde plus efficaces qμe ceu
232 que de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser aux Églises chrétiennes un dilemme très net : il n
233 ns de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme industri
234 nte, laissant celle-ci désorientée. Il s’agit que nos théologiens adoptent une politique d’intervention, et non de vertueus
235 Hélas, elle en est bien sortie ! Il est temps que nous sortions à sa recherche, pour la ramener ! 3. Que l’Église cesse de d
236 spécifiquement chrétienne. « Soyez bien sages », nous disaient les prédicateurs depuis deux siècles. « Soyez fous ! », dit
237 bal » comme disent les Américains, s’instaure sur notre planète, ce ne sera qu’au nom de ce qui transcende nos attachements n
238 lanète, ce ne sera qu’au nom de ce qui transcende nos attachements nationaux, politiques et raciaux. Et c’est pourquoi ce m
239 ique revêt une importance politique capitale dans notre siècle : il peut offrir le modèle même d’une union mondiale dans le r
240 ités traditionnelles. Que dis-je, il peut ! Il le doit , et de toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d’atte
7 1949, Le Semeur, articles (1933–1949). « Les protestants et l’esthétisme » (février-mars 1949)
241 peu que celle de romain, surtout au premier. Que nous reste-t-il ? 2° On ne peut déduire de ce fait que le catholicisme, en
242 en général. Car, si l’on considère l’ensemble de nos littératures occidentales, il est impossible d’établir qu’à proportio
243 alie, profondément romaines, n’ont pas produit de nos jours de grands écrivains catholiques, et, même, plusieurs de leurs a
244 en tant que tels, militent comme tels, tandis que nos auteurs protestants ne le sont plus guère que de naissance et non par
245 t citoyens qu’esthètes, pensez-vous que ceci soit à une orientation théologique, à des circonstances historiques, au ha
246 sique ? Je veux dire, non pas la question banale, doit -il ou non écrire, peindre, lire, voir, etc., mais quelle perturbation
247 tion cette poussée vers l’esthétique peut-elle et doit -elle amener dans sa vie ? Vous voyez notre thème central, assez préci
248 elle et doit-elle amener dans sa vie ? Vous voyez notre thème central, assez précis, et notre but : converser avec les étudia
249 Vous voyez notre thème central, assez précis, et notre but : converser avec les étudiants qui s’inquiètent de la beauté dans