1
e ignore, ce sont les choses les plus importantes
du
monde : l’origine et la fin de son existence terrestre. Dès lors, ceu
2
se fondant sur l’homme sont semblables, aux yeux
du
chrétien, à ce fameux baron de Crac qui prétendrait se tirer alors d’
3
yeux de certains humanistes, peut-être. Aux yeux
du
chrétien, non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’humanism
4
tion que lui pose sans cesse la crise perpétuelle
du
monde. Et l’antagonisme des deux attitudes prend une forme encore pl
5
domaines, fait de lui un révolutionnaire, l’homme
du
risque opposé à l’homme des assurances. Car l’humanisme n’est, aux ye
6
n songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas
du
mépris des garanties humaines les plus élémentaires, — et toute l’his
7
, immoral, — porte un jugement d’humaniste, mange
du
fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste enco
8
ste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance
du
bien et du mal. Humaniste encore, l’homme pieux qui prie pour demande
9
du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et
du
mal. Humaniste encore, l’homme pieux qui prie pour demander à Dieu de
10
er jusqu’aux dernières conséquences de leur refus
du
transcendant. Le communisme seul a poussé jusqu’aux réalisations effe
11
ntenant la vraie défense de l’homme, lieu naturel
du
nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se tr
12
n définitive, un suicide supérieurement organisé,
du
« genre humain » ? 1. Existentielle, c’est-à-dire : qui concerne «
13
son auteur le maître incontesté de nos critiques
du
Nouveau Testament. C’est l’œuvre d’un savant spécialisé, au premier c
14
hèse, une concrétisation toujours plus rigoureuse
du
fait de la résurrection. Il lui reste alors, dans une deuxième partie
15
me prévenus les auteurs anonymes des évangiles et
du
livre des Actes. La méfiance règne en permanence dans son esprit : ma
16
e de la même méthode appliquée aux mêmes endroits
du
texte. La comparaison de ces conjectures fait soupçonner très vite le
17
vraisemblance, en psychologie, sinon le triomphe
du
conventionnel ? Quand on compare les résultats obtenus par M. Goguel,
18
par M. Goguel. Il répondra que c’est au bénéfice
du
vrai. Mais il faudrait alors déclarer ses critères. La vérité psychol
19
. La première, qu’il indique lui-même, c’est que,
du
point de vue de la foi vivante, les postulats critiques de l’auteur n
20
part, il nous délivre d’une tentation permanente.
Du
même coup, il ruine d’ailleurs certaines objections classiques de l’i
21
assimilation de la résurrection de Jésus au mythe
du
Dieu mort et ressuscité, en particulier). Pour M. Maurice Goguel, la
22
’est pas de nous fournir une explication probante
du
miracle ; elle se trahit elle-même quand elle s’y essaie. Dire que «
23
étien arpentait les portiques d’une de ces villes
du
Quattrocento, où tout était bâti à la mesure de l’homme, où tout, — s
24
traverser à pied la banlieue parisienne. C’était
du
côté des faubourgs qui portent ce nom étrange du Kremlin-Bicêtre… Et
25
du côté des faubourgs qui portent ce nom étrange
du
Kremlin-Bicêtre… Et je pus constater que les données du problème avai
26
mlin-Bicêtre… Et je pus constater que les données
du
problème avaient un peu changé, — si vous me permettez cet euphémisme
27
t-ils la moindre portée ? L’observation objective
du
monde nous obligerait à conclure qu’en effet, les conditions sont dev
28
les conditions sont devenues telles que l’action
du
chrétien, comme chrétien, ne vaut guère la peine qu’on en parle. J’ir
29
nous faire journalistes ! L’observation objective
du
monde ramène le clerc dans sa chambrette, et le chrétien dans sa paro
30
les cieux, et voici, tout est vanité et poursuite
du
vent. » Je plaindrais l’homme d’action qui n’aurait jamais eu ce cri,
31
ez transformés. Nous n’appartenons pas à la forme
du
monde mais bien à sa transformation. Forme et transformation, ce sont
32
la presse, l’exploitation des pauvres, la raison
du
plus fort et la loi du talion. Ici, c’est le capitalisme créateur de
33
ion des pauvres, la raison du plus fort et la loi
du
talion. Ici, c’est le capitalisme créateur de chômage, là c’est la ty
34
la tyrannie des dictatures. C’est contre la forme
du
monde que protestent les socialistes, et avec eux des masses grandiss
35
ilèges acquis par leur travail. La forme mauvaise
du
monde, ce sera pour l’incroyant l’ensemble des abus et des désordres
36
ul mot de péché — tout ce qui s’oppose à la venue
du
règne de justice qu’il appelle. « Nous n’appartenons pas à la forme d
37
u’il appelle. « Nous n’appartenons pas à la forme
du
monde. » — Est-ce à dire que notre foi nous en libère matériellement
38
mes, entièrement prisonniers de la forme mauvaise
du
monde. C’est là le fait. Mais notre foi proteste au nom de Dieu contr
39
es au monde, c’est vrai, mais non pas comme étant
du
monde. C’est là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’appe
40
l’humanité à la justice. Mais alors, cette forme
du
monde que le chrétien découvre pire encore que ne le pensaient les so
41
parce qu’il refuse toute solidarité avec la forme
du
monde présent, refuse aussi toute solidarité avec l’espoir de ceux qu
42
de cette acceptation. S’il annonce, au sens fort
du
terme, la transformation de ce monde, ce n’est pas en vertu des seuls
43
ques. Il se peut que ma définition de la vocation
du
chrétien vous ait paru, dès le principe, assez abstraite. Me voilà bi
44
Avant d’aborder le problème de l’action politique
du
chrétien, je tiens à dire deux mots concernant ces scrupules, ou peut
45
raits, c’est celle des fins dernières de l’action
du
chrétien. C’est la triple question que le peintre Gauguin avait chois
46
i répondu en rappelant la situation très précaire
du
chrétien dans la cité telle qu’elle est devenue. À la question : D’où
47
s de ce que j’ai à vous dire maintenant. Vocation
du
chrétien dans la cité : nous l’avons définie par deux mouvements : un
48
baptistes de Münster aux puritains capitalistes ;
du
Roi-Soleil, prince très chrétien, à Guillaume II et à son Gott mit un
49
canon contre les ouvriers de Vienne avec l’appui
du
parti clérical, — l’histoire des politiques chrétiennes se confond sé
50
avec l’histoire des trahisons les plus flagrantes
du
christianisme. Voilà bien la fatalité qui pèse sur notre histoire : u
51
e le prétexte. Les Églises se livrent au jugement
du
monde, dès lors qu’elles cessent d’être avant tout un jugement porté
52
buts proprement politiques, appartient à la forme
du
monde, et par là même, appelle notre protestation. Quel est donc le r
53
en message de la conservation ; et voici l’ombre
du
Grand Inquisiteur qui vient bénir ce monde moralisé, dont on ne sait
54
use. Je ne crois pas que les chrétiens possèdent,
du
seul fait de leur foi, des lumières spéciales sur les problèmes techn
55
es, c’est-à-dire des annonciatrices de la Parole,
du
jugement porté sur la forme du monde, et de la grâce offerte à ceux q
56
ices de la Parole, du jugement porté sur la forme
du
monde, et de la grâce offerte à ceux qui croient. Mais ceci dit, et
57
te fait de perdre de vue la vocation particulière
du
chrétien. Je me contenterai donc d’examiner un seul exemple, le plus
58
on sens, et peut-être le plus typique : l’exemple
du
parti socialiste. Protestation contre la forme actuelle du monde, pré
59
socialiste. Protestation contre la forme actuelle
du
monde, prédication active de sa transformation, — si telle est bien l
60
ormation, — si telle est bien la vocation civique
du
chrétien, beaucoup seront tentés de penser que cela conduit au social
61
cialisme proteste contre les conditions actuelles
du
travail ; il revendique une justice plus grande dans la société : si
62
, et c’est cela qui le distingue en fin de compte
du
socialiste. Le christianisme annonce une réalité, non pas un rêve. Il
63
ns ne vivaient pas aussi de pain. Le grand danger
du
socialisme n’est pas dans son matérialisme, mais dans sa fausse spiri
64
pratiquement au socialisme, c’est d’abord à cause
du
marxisme, et des motifs ouvertement antichrétiens qu’il donne à toute
65
hrétiens qu’il donne à toute action dans le cadre
du
parti. Mais si je refuse ce parti, c’est aussi parce qu’il est un par
66
epte un mensonge parce que les intérêts immédiats
du
parti le commandent sans discussion. C’est l’homme qui délègue à la m
67
gement qui les renvoie au magasin des accessoires
du
stupide xixe siècle. ⁂ Je résume ces premières conclusions : ni poli
68
’abord, à l’image que je vous donnais en débutant
du
clerc moyenâgeux dans la cité thomiste, j’opposerai une image moderne
69
ent probablement la biographie de Kagawa, le chef
du
jeune Japon chrétien. Fils d’un conseiller de l’empereur et d’une gei
70
a veut davantage. Il fonde les premiers syndicats
du
Japon, il conduit une grève, va en prison, en ressort triomphalement
71
ution d’un grand mouvement syndicaliste. Vocation
du
chrétien dans la cité. Tout le pouvoir de Kagawa se résume en effet d
72
c’était vague et peu pratique ! Toute l’histoire
du
monde chrétien est faite par des vocations précises reçues dans la pr
73
les et créatrices objections de la foi à la forme
du
monde. Mais, direz-vous encore, nous ne sommes pas tous des Jérémie,
74
x amis auxquels nous pensons tous ce soir et qui,
du
fond de leur prison, tout près d’ici, posent à notre conscience leur
75
re des plans et des calculs, et non pas de gâcher
du
ciment ? Si nous nous mettions tous à faire de l’action sociale, à jo
76
moral de la révolution industrielle, c’est-à-dire
du
capitalisme. La bourgeoisie et le prolétariat, de même que les intell
77
e qui n’ont aucun rapport avec la morale pratique
du
monde économique et financier. Tout le monde sait que la morale des a
78
ise profonde de la culture, au sens le plus large
du
terme. Les buts de l’intellectuel et son langage ne sont plus ceux de
79
et son langage ne sont plus ceux de l’ouvrier ni
du
petit-bourgeois provincial et encore moins ceux du capitalisme. Chacu
80
u petit-bourgeois provincial et encore moins ceux
du
capitalisme. Chacun tire à hue et à dia, et personne ne sait où il va
81
st très bien, mais cela n’atteint pas les racines
du
mal. Oui, la tâche la plus pratique, la plus sociale qui s’offre à no
82
voyez que nous retrouvons l’exigence spirituelle
du
chrétien. Mais vous voyez aussi qu’il s’agit là d’une révolution prof
83
me avec son principe immoral de la spéculation et
du
commerce de l’argent ; combattre la misère, car un homme qui n’a pas
84
mme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre
du
personnalisme ; voilà son but, à la fois politique, économique et cul
85
qui juge ce siècle, à la transformation radicale
du
monde ! Si le but nous paraît trop haut, c’est que nous comptons enco
86
leur témoignage. Qu’ils le fassent comme témoins
du
Dieu qui les envoie ! — Il se peut que certains reçoivent l’ordre d’a
87
e fassent, si la foi leur permet de rendre grâces
du
sort qui leur est fait ! — Il se peut que d’autres en grand nombre co
88
ion d’agir, de faire acte de présence à la misère
du
siècle, de protester contre elle, et d’annoncer sa foi dans la transf
89
ès-guerre La jeunesse de presque tous les pays
du
monde aura été soumise à plusieurs années de service militaire et à u
90
Il nous faut donc prévoir un abaissement général
du
niveau d’instruction, une déflation de la culture classique, non seul
91
la guerre moderne tout contribue à un abaissement
du
niveau intellectuel : la propagande, la nécessité vitale de simplifie
92
eils, d’idéaux catholiques — au sens étymologique
du
mot — de solutions « totale » dans le domaine de la culture. Car l’ép
93
n’émane pas d’une théologie, ni même directement
du
christianisme. Elle peut se rallier à une attitude politique, inspiré
94
nsi que l’Église catholique romaine fut à la tête
du
mouvement philosophique du Moyen Âge, que les réformes de Luther et d
95
romaine fut à la tête du mouvement philosophique
du
Moyen Âge, que les réformes de Luther et de Calvin combattirent avec
96
’ouvrir entre l’Église et la culture. Un chrétien
du
xixe ou du xxe siècle, par exemple, pouvait croire aux doctrines of
97
e l’Église et la culture. Un chrétien du xixe ou
du
xxe siècle, par exemple, pouvait croire aux doctrines officielles de
98
uritanisme Milton. Mais le protestantisme libéral
du
xixe ou xxe siècle n’a inspiré aucun artiste, musicien, poète ou ph
99
fficile à intégrer dans une conception chrétienne
du
monde. Ceci est particulièrement frappant dans les pays protestants o
100
éologie stricte a entièrement disparu — en raison
du
manque de stricte théologie. L’Église romaine a mieux retenu les forc
101
intéresser ou de suivre avec retard les tendances
du
jour. Vocation : le principe fondamental Pour passer de la théo
102
elle de Vocation (au sens calviniste et luthérien
du
mot, qui est plus large que celui dans lequel l’entend Rome). L’Évang
103
e même l’individualisme est une déviation morbide
du
sens de la vocation car elle nie ses conséquences sociales et communa
104
. Elles la remplacent par un ersatz : la fonction
du
citoyen à l’intérieur de l’État ou du Parti, conformément au décret d
105
la fonction du citoyen à l’intérieur de l’État ou
du
Parti, conformément au décret de l’État ou du Parti. Elles nient l’ex
106
ou du Parti, conformément au décret de l’État ou
du
Parti. Elles nient l’existence de toute différenciation ou la qualifi
107
leur vocation réelle. Elle condamnera le système
du
capital privé dans la mesure où le mouvement des biens de la puissanc
108
lasse sociale, à un ordre établi, ou à la réforme
du
moment. Elles cesseront d’être traînées dans le sillage de mouvements
109
égrer le plus possible chaque vocation culturelle
du
groupe (qu’il soit religieux ou national), le tout en vue de l’union
110
gnent de plus en plus d’une conception chrétienne
du
monde. i. Rougemont Denis de, « La responsabilité culturelle de l
111
Chances d’action
du
christianisme (juin-juillet 1946)j Depuis des siècles, depuis la R
112
se se défendaient contre les attaques successives
du
scepticisme né de la science cartésienne, de l’historisme, de la phil
113
avaient fait de bien. Partout, l’on vit au cours
du
xviiie et surtout du xixe siècle, s’exténuer les formes extrêmes, h
114
Partout, l’on vit au cours du xviiie et surtout
du
xixe siècle, s’exténuer les formes extrêmes, hardies et créatrices d
115
s la pression de l’incroyance, on faisait la part
du
feu, on cédait les positions trop menacées par le scepticisme. Pour n
116
s, les Églises renonçaient sinon à leur âme même,
du
moins à cette véhémence flambante qui fut toujours signe et symbole d
117
ues modernes répondaient dans l’ensemble : « Avec
du
sucre ! » Remarque hélas valable pour bien d’autres Églises, et qui r
118
e, des idéaux et un monde plus efficaces qμe ceux
du
christianisme. C’est un fait que « les derniers progrès de la Science
119
s « scientifiques » contre la Genèse, la Création
du
monde par Dieu, sa Fin, l’existence de l’esprit, etc., paraît bien cl
120
s-à-vis des critiques de l’extérieur. Renaissance
du
thomisme et des études mystiques chez les catholiques ; restauration
121
pel à l’attaque, à l’offensive, à l’initiative, à
du
plein. Ou encore : les Églises et leurs prédicateurs ont moins que ja
122
yant au-dehors ses chances d’action, et la misère
du
temps qui appelle, j’attends ceci : I. Que l’Église offre un type de
123
le le fit aux siècles sombres, avant la floraison
du
Moyen âge, qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la co
124
sume à mes yeux les plus grandes chances d’action
du
christianisme au xxe siècle, resterait une pure utopie si les chréti
125
aham. j. Rougemont Denis de, « Chances d’action
du
christianisme », Le Semeur, Paris, juin–juillet 1946, p. 654-659.
126
entées : une rhétorique. La théologie protestante
du
xixe siècle invoquait la culture ou lui courait après. Elle en tirai
127
ilà sans doute pourquoi les premières générations
du
xxe siècle n’ont pas produit d’écrivains protestants au sens où Clau
128
n. Et, pour les mêmes raisons, l’on peut attendre
du
grand renouveau théologique, initié par Karl Barth, un renouveau prot
129
t dans sa pureté, dépasse notoirement l’antinomie
du
moralisme et de l’esthétique : ce dépassement constitue même l’essenc
130
duite par la lettre suivante d’André Dumas, datée
du
16 novembre 1948 : « Chers amis… 1) S’il est exact que les protestant