1 1933, Le Semeur, articles (1933–1949). Humanisme et christianisme (mars 1933)
1 . Et d’abord, la question qui nous occupe ici est- elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous, une question qui
2 nous occupe ici est-elle une vraie question ? Est- elle , pour chacun de nous, une question qui se pose dans la vie, que vous
3 ues de notre temps, c’est sans doute le besoin qu’ il a de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons
4 er tous les conflits concrets et les décisions qu’ ils comportent. Nous refusons toute problématique dans laquelle nous croy
5 herchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous faut tout de suite dissiper un malentendu : par le terme d’human
6 e qui s’oppose rigoureusement au christianisme, s’ il est avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de
7  par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diront que, l
8 s’agit de salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diront que, là où le chrétien parle de salut, eux se bornent à rev
9 vendiquer le bonheur des hommes, la justice. Faut- il voir là autre chose qu’une question de mots ? Dans l’un et l’autre ca
10 ’une question de mots ? Dans l’un et l’autre cas, il s’agit bel et bien de savoir quel sens l’homme veut donner à sa vie,
11 r quel sens l’homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre pour mieux vivre. Mais alors, en quoi les deux conception
12 is alors, en quoi les deux conceptions s’opposent- elles si radicalement ? C’est en ceci que, pour les uns, le salut est trans
13 es accusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispens
14 de mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de faire appel à une Volonté dont l’opération, à leurs y
15 é humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un « a
16 chrétiens répondent : Comment l’homme s’aimerait- il lui-même mieux que Dieu, son créateur, ne l’aime ? Car Dieu seul conn
17 et c’est en quoi consiste le péché « originel » — il en résulte qu’il ne peut plus se connaître entièrement lui-même. Il n
18 consiste le péché « originel » — il en résulte qu’ il ne peut plus se connaître entièrement lui-même. Il ne peut plus conna
19 l ne peut plus se connaître entièrement lui-même. Il ne peut plus connaître son bien. Il pose les questions les plus absur
20 ent lui-même. Il ne peut plus connaître son bien. Il pose les questions les plus absurdes et les plus insolubles, par exem
21 us absurdes et les plus insolubles, par exemple : il ne sait même pas pourquoi il est au monde, ni pour quoi ; il se deman
22 ubles, par exemple : il ne sait même pas pourquoi il est au monde, ni pour quoi ; il se demande parfois ce qu’il a bien pu
23 même pas pourquoi il est au monde, ni pour quoi ; il se demande parfois ce qu’il a bien pu venir y faire ; il se demande à
24 monde, ni pour quoi ; il se demande parfois ce qu’ il a bien pu venir y faire ; il se demande à quoi rime cette horrible « 
25 emande parfois ce qu’il a bien pu venir y faire ; il se demande à quoi rime cette horrible « Histoire », illustrée par les
26 us sanglants malentendus, sans cesse renaissants. Il a l’impression d’avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses
27 ux attitudes prend une forme encore plus précise, il devient l’antagonisme de deux volontés qui ne s’opposent pas front à
28 plus un chrétien à cet instant et dans cet acte ; il agit en humaniste. Il témoigne de sa défiance à l’endroit de la Provi
29 instant et dans cet acte ; il agit en humaniste. Il témoigne de sa défiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nou
30 vantages » humains. (Comment donc les connaîtrait- il  ? Comment pourrait-il les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté
31 omment donc les connaîtrait-il ? Comment pourrait- il les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté de Dieu, si souvent c
32 onnaîtrait-il ? Comment pourrait-il les nommer, s’ il n’a d’abord cherché la volonté de Dieu, si souvent contraire à la sie
33 si souvent contraire à la sienne ?) Prier pour qu’ il fasse beau demain, ce n’est pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu
34 la « vie pratique » — comme on dit, mais y en a-t- il une autre ? —, une attitude qui se mêle constamment à l’existence des
35 onfondu d’ailleurs avec une certaine « culture », il ne semble pas que ces deux auteurs aient eu le courage d’aller jusqu’
36 de ce triomphe humaniste, le chrétien ne pourrait- il pas relever maintenant la vraie défense de l’homme, lieu naturel du n
37 étique se trouve soustrait aux conflits naturels. Il vit dans un monde où il n’y aura bientôt plus — se dit-on — ni luttes
38 it aux conflits naturels. Il vit dans un monde où il n’y aura bientôt plus — se dit-on — ni luttes sociales, ni lutte cont
39 nature définitivement asservie. Cet homme sera-t- il encore humain ? Que fera-t-il, une fois son triomphe assuré par sa vi
40 e. Cet homme sera-t-il encore humain ? Que fera-t- il , une fois son triomphe assuré par sa victoire sur les difficultés nat
41 a raison d’être de la plupart des hommes ? Sera-t- il ange ou bête ? Sera-t-il encore un homme ? L’homme chrétien est à la
42 part des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t- il encore un homme ? L’homme chrétien est à la fois ange et bête. Dans c
43 la fois ange et bête. Dans ce conflit perpétuel, il trouve sa joie et sa souffrance — peu importe le nom qu’il leur donne
44 sa joie et sa souffrance — peu importe le nom qu’ il leur donne ; — il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire de lutter
45 ffrance — peu importe le nom qu’il leur donne ; —  il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire de lutter pour devenir une
46 Dieu. Le succès de l’humanisme triomphant serait- il tout simplement d’enlever à l’homme toute raison personnelle de vivre
47 succès de l’homme abandonné à ses calculs serait- il , en définitive, un suicide supérieurement organisé, du « genre humain
48 rne « l’existence » de chacun de nous, en tant qu’ elle se trouve engagée dans un conflit réel et concret, exigeant une décis
2 1934, Le Semeur, articles (1933–1949). Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)
49 ontre les thèses de M. Couchoud3. Plus récemment, il nous donnait une volumineuse Vie de Jésus 4 dont le succès fut grand
50 les conclusions vivement discutées. L’ouvrage qu’ il nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésus, et les que
51 suite de cette Vie de Jésus, et les questions qu’ il pose n’apparaissent pas moins passionnantes. Quelle fut la genèse psy
52 e, en insistant sur le fait que la description qu’ il va donner ne saurait être prise pour une explication. Je crains bien
53 cation de cause à effet. On pense couramment, dit- il , que la foi chrétienne est née parce que le tombeau de Jésus fut trou
54 rce que le tombeau de Jésus fut trouvé vide. Mais il se pourrait qu’au contraire, on ait cru le tombeau vide à cause de la
55 avait en la vie céleste de Jésus. L’Histoire est- elle cause ou effet de la foi ? M. Goguel incline vers l’effet. Suivons-le
56 jours plus rigoureuse du fait de la résurrection. Il lui reste alors, dans une deuxième partie, à défaire cette histoire t
57 et à l’Ascension. Et voici à quelles conclusions il aboutit : Alors qu’à l’origine, on avait dit : « Le tombeau est vide
58 orps de Jésus. Cette création s’est faite sans qu’ il soit nécessaire ou légitime de supposer à son origine une fraude qui,
59 ’être beaucoup préoccupé de justifier sa méthode. Il n’est pas trop aisé de la définir. Elle recourt avant tout à la criti
60 sa méthode. Il n’est pas trop aisé de la définir. Elle recourt avant tout à la critique interne des textes, mais aussi, nous
61 dont le dosage et la valeur sont très variables. Il semble qu’un de ses principes soit l’élimination de tout ce qui, dans
62 uel récuse beaucoup de passages pour la raison qu’ ils s’expliquent trop bien. En somme, il adopte à peu près l’attitude d’u
63 a raison qu’ils s’expliquent trop bien. En somme, il adopte à peu près l’attitude d’un juge d’instruction qui aurait chois
64 ance méthodique suffit à convaincre le lecteur qu’ il s’agit bien ici d’une science ? Il y a deux raisons d’en douter. La p
65 ait soupçonner très vite leur gratuité ; surtout, elle fait apparaître le rôle de l’interprétation psychologique, et c’est l
66 nclusions si on leur appliquait les critères dont il use envers l’Évangile. (Qu’on se rappelle la plaisanterie fameuse par
67 cité probable d’un professeur.) M. Goguel ne fait- il pas comme les premiers croyants — et avec la même bonne foi — de la r
68 tre la devise de l’école illustrée par M. Goguel. Il répondra que c’est au bénéfice du vrai. Mais il faudrait alors déclar
69 . Il répondra que c’est au bénéfice du vrai. Mais il faudrait alors déclarer ses critères. La vérité psychologique, telle
70 humoristes. Les rédacteurs des évangiles étaient- ils vraiment si « bourgeois », si prudents, si soucieux de logique, si in
71 si aveuglés sur leurs contradictions ? N’étaient- ils pas, bien plus que nous, capables de voir dans les contradictions mêm
72 au vide rassure les femmes, au verset 6, alors qu’ elles s’enfuient épouvantées, au verset 8, M. Goguel déduit incontinent que
73 e premier de ces versets a été ajouté après coup. Il le retranche donc. Cela fait, nous dit-il, « le récit est bien homogè
74 s coup. Il le retranche donc. Cela fait, nous dit- il , « le récit est bien homogène ». Certes. Mais qu’on imagine un groupe
75 faire sentir. Ces réserves faites sur la méthode, il reste que les conclusions négatives de M. Goguel sont loin d’être aus
76 le craignent. Pour deux raisons. La première, qu’ il indique lui-même, c’est que, du point de vue de la foi vivante, les p
77 prit humain voudrait toujours les faire dépendre. Il nous rappelle ainsi que la foi véritable est celle qui croit sans avo
78 vité des preuves historiques. En nous montrant qu’ elles peuvent être contestées, pour la plupart, il nous délivre d’une tenta
79 u’elles peuvent être contestées, pour la plupart, il nous délivre d’une tentation permanente. Du même coup, il ruine d’ail
80 délivre d’une tentation permanente. Du même coup, il ruine d’ailleurs certaines objections classiques de l’incroyance (l’a
81 ous fournir une explication probante du miracle ; elle se trahit elle-même quand elle s’y essaie. Dire que « Christ est ress
82 bante du miracle ; elle se trahit elle-même quand elle s’y essaie. Dire que « Christ est ressuscité », c’est énoncer une vér
83 de la chair, c’est de refuser Dieu, même alors qu’ il se rend visible. Et ce n’est point parmi les morts qu’il nous faut ch
84 end visible. Et ce n’est point parmi les morts qu’ il nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’économie des fauss
85 fication de la critique historique. C’est dire qu’ elle triomphe en général au terme des basses époques théologiques. 3. J
86 », Le Semeur, Paris, novembre 1934, p. 29-35. d. Il s’agit d’une note critique de La Foi à la résurrection de Jésus dans
3 1935, Le Semeur, articles (1933–1949). La cité (avril-mai 1935)
87 ù toute pensée et toute action se répondaient, où il était normal, salutaire et logique que les choses s’ordonnent à l’hom
88 nent la cité, et les hommes qui habitent la cité, il n’y a plus aucune proportion. Mais ce n’est pas la cité seule qui a c
89 pas la cité seule qui a changé. En même temps qu’ elle cessait d’être proportionnée à la mesure de l’homme, l’homme cessait
90 emporaine, le chrétien n’est plus le type normal. Il tend à devenir l’exception. C’est tout juste, déjà, s’il n’est pas un
91 à devenir l’exception. C’est tout juste, déjà, s’ il n’est pas un scandale. Quand il se tient tranquille, on le tolère en
92 ut juste, déjà, s’il n’est pas un scandale. Quand il se tient tranquille, on le tolère en souriant. On ira même jusqu’à re
93 ’à respecter ses vertus, à condition toutefois qu’ elles se confondent avec celles de la bourgeoisie. Et maintenant nous compr
94 t impuissante sur les conseils de la cité ? N’est- il pas ridicule de poser la question ? N’est-il pas évident, à première
95 ’est-il pas ridicule de poser la question ? N’est- il pas évident, à première vue, que le chrétien ne peut plus rien, que p
96 ar avance à demeurer inefficace ? Le chrétien est- il possesseur d’un secret qui lui permettrait de faire plus ou mieux que
97 trait de faire plus ou mieux que les autres ? A-t- il des lumières spéciales sur les moyens de résoudre la crise, d’organis
98 es traités ? Et si ce n’est pas le cas, ne ferait- il pas mieux de se limiter à son domaine, d’ailleurs de plus en plus res
99 question préalable, brutale : cette vocation a-t- elle un sens concret ? Conduit-elle à des actes ? Et ces actes eux-mêmes,
100 cette vocation a-t-elle un sens concret ? Conduit- elle à des actes ? Et ces actes eux-mêmes, auront-ils la moindre portée ?
101 elle à des actes ? Et ces actes eux-mêmes, auront- ils la moindre portée ? L’observation objective du monde nous obligerait
102 t tout à fait dérisoire dans la « cité » telle qu’ elle est devenue. Ni les congrégations économiques, ni les forces irration
103 étiens ou non, nous autres pauvres intellectuels, il nous faut perdre l’illusion d’exercer aucune puissance. À moins de no
104 s sa chambrette, et le chrétien dans sa paroisse. Elle conclut au scepticisme, et au pessimisme intégral. — « J’ai appliqué
105 possible ? Je laisserai cette question ouverte. S’ il est un fait patent, c’est que nous ne pouvons pas grand-chose… Mais
106 c’est que nous ne pouvons pas grand-chose… Mais il existe un autre fait que je poserai en face de cette constatation si
107 ontre laquelle aucune raison ne prévaudra jamais. Elle est un ordre, que nous avons reçu, et que nous n’avons pas le droit n
108 s n’avons pas le droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une vocation. Et alors, nous voici placés dans une situa
109 ute action, agit tout de même, non point parce qu’ il distingue un succès possible et prochain, mais parce qu’il a reçu un
110 gue un succès possible et prochain, mais parce qu’ il a reçu un ordre, et que cet ordre vient de Dieu. « Ne vous conformez
111 vocation. La forme de ce monde : vous savez ce qu’ elle est, et vous savez qu’elle est mauvaise. La forme de ce monde, ce son
112 nde : vous savez ce qu’elle est, et vous savez qu’ elle est mauvaise. La forme de ce monde, ce sont toutes les puissances que
113 croyant l’ensemble des abus et des désordres dont il souffre ; — pour le chrétien, ce sera bien davantage : ce sera tout c
114 ce qui s’oppose à la venue du règne de justice qu’ il appelle. « Nous n’appartenons pas à la forme du monde. » — Est-ce à d
115 otre foi proteste au nom de Dieu contre ce fait ! Elle appelle un monde nouveau, elle affirme une nouvelle appartenance. Ell
116 u contre ce fait ! Elle appelle un monde nouveau, elle affirme une nouvelle appartenance. Elle annonce une nouvelle patrie.
117 nouveau, elle affirme une nouvelle appartenance. Elle annonce une nouvelle patrie. Nous sommes au monde, c’est vrai, mais n
118 que ne le pensaient les socialistes par exemple, elle appelle une transformation plus radicale que tout ce que nous pouvion
119 ou moins, et beaucoup d’entre nous y travaillent. Il ne sera pas dit que l’homme chrétien est moins humain que l’homme non
120 rétien est moins humain que l’homme non chrétien. Il ne sera pas dit que le croyant, parce qu’il refuse toute solidarité a
121 tien. Il ne sera pas dit que le croyant, parce qu’ il refuse toute solidarité avec la forme du monde présent, refuse aussi
122 spoir de ceux qui souffrent et qui créent. Mais s’ il accepte pratiquement de travailler à la révolution, le chrétien n’a p
123 équivoque sur les motifs de cette acceptation. S’ il annonce, au sens fort du terme, la transformation de ce monde, ce n’e
124 e n’est pas en vertu des seuls désirs humains, qu’ il a certainement lui aussi, mais qu’il n’aurait aucun droit de prêcher.
125 humains, qu’il a certainement lui aussi, mais qu’ il n’aurait aucun droit de prêcher. S’il annonce, s’il prêche cette tran
126 si, mais qu’il n’aurait aucun droit de prêcher. S’ il annonce, s’il prêche cette transformation, non pas comme un désir mai
127 n’aurait aucun droit de prêcher. S’il annonce, s’ il prêche cette transformation, non pas comme un désir mais comme une ce
128 comme un désir mais comme une certitude, c’est qu’ elle a déjà été faite ! Ce que nous annonçons au monde, c’est la promesse
129 j’ai vaincu le monde. » — Christ est ressuscité. Il est vivant ! Par lui, la forme de ce monde, et sa puissance dernière,
130 nt sur ce mot-là, afin que vous ne pensiez pas qu’ il ne s’agit ici que de pathos sentimental. Action, et non pas sentiment
131 ice, nous ne pouvons autrement que de courir vers elle  ! Nous ne pouvons autrement que d’espérer de toutes nos forces son re
132 monde au nom d’une justice triomphante, et c’est elle que nous annonçons : ainsi donc, ces deux temps de notre vocation rév
133 acquise et le retour promis de cette justice ! ⁂ Il se peut que certains d’entre vous trouvent ces préliminaires terrible
134 vent ces préliminaires terriblement théologiques. Il se peut que ma définition de la vocation du chrétien vous ait paru, d
135 n très précaire du chrétien dans la cité telle qu’ elle est devenue. À la question : D’où venons-nous ? j’ai répondu en rappe
136 les de leurs bottes. Leur en avant ne sait pas où il va ! N’est-ce pas ainsi que courent les fuyards ? Comment ne voient-i
137 ainsi que courent les fuyards ? Comment ne voient- ils pas que chacun de leurs gestes pose la question des fins dernières de
138 estion des fins dernières de l’homme, et cela, qu’ ils le veuillent ou non ? Et s’ils le voient, comment peuvent-ils encore
139 homme, et cela, qu’ils le veuillent ou non ? Et s’ ils le voient, comment peuvent-ils encore éluder si cavalièrement le prob
140 lent ou non ? Et s’ils le voient, comment peuvent- ils encore éluder si cavalièrement le problème dernier de l’action ? Et j
141 st le chrétien, dans la cité contemporaine ? Et s’ il ne le fait pas, qui d’autre est en mesure d’assumer cette charge inqu
142 ces questions, n’est-ce pas alors, justement, qu’ il s’évade ? Qu’il sort de sa réalité ? Qu’il doute de la justice de Die
143 n’est-ce pas alors, justement, qu’il s’évade ? Qu’ il sort de sa réalité ? Qu’il doute de la justice de Dieu ? Et qu’il tra
144 nt, qu’il s’évade ? Qu’il sort de sa réalité ? Qu’ il doute de la justice de Dieu ? Et qu’il trahit sa vocation première ?
145 alité ? Qu’il doute de la justice de Dieu ? Et qu’ il trahit sa vocation première ? Je pense que beaucoup d’entre vous ont,
146 s questions, dans la mesure où cela se peut. Mais il fallait qu’elles fussent posées, toutes ces questions, et il faut qu’
147 ans la mesure où cela se peut. Mais il fallait qu’ elles fussent posées, toutes ces questions, et il faut qu’elles demeurent p
148 qu’elles fussent posées, toutes ces questions, et il faut qu’elles demeurent posées comme un grand signe d’interrogation a
149 ssent posées, toutes ces questions, et il faut qu’ elles demeurent posées comme un grand signe d’interrogation au-dessus de ce
150 i se posent deux grands problèmes pratiques : est- il possible et nécessaire, partant de cette vocation, d’aboutir à ce que
151 si l’on répond non à cette première question, est- il possible alors, ou désirable, qu’un chrétien entre dans l’un ou l’aut
152 sidérons l’histoire, si nous écoutons ses leçons, il me paraît qu’aucun doute n’est permis. De Constantin, premier empereu
153 ises se livrent au jugement du monde, dès lors qu’ elles cessent d’être avant tout un jugement porté sur le monde. Toute polit
154 estation. Quel est donc le rôle de l’Église ? Est- il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire triompher telle ou telle doct
155 monde moralisé, dont on ne sait plus exactement s’ il est encore profane ou déjà sanctifié. Je ne crois pas plus à une poli
156 ose la vie de la cité moderne. Je ne crois pas qu’ il soit souhaitable que se forme un parti chrétien, opposé aux autres pa
157 tant de jeunes chrétiens trop bien intentionnés, il faut avouer que la question reste entière : que devons-nous faire, co
158 i l’Église n’est pas un parti, comment et où faut- il que nous prenions parti ? Où allons-nous nous engager ? Car vocation
159 damnent cet idéal en bloc, à cause des erreurs qu’ il comporte, disent-ils, mais aussi je suppose, à cause de certaines vér
160 bloc, à cause des erreurs qu’il comporte, disent- ils , mais aussi je suppose, à cause de certaines vérités assez gênantes q
161 e, à cause de certaines vérités assez gênantes qu’ il représente. Il existe un proverbe anglais qui me paraît trouver ici u
162 ertaines vérités assez gênantes qu’il représente. Il existe un proverbe anglais qui me paraît trouver ici une excellente a
163 paraît trouver ici une excellente application : «  Il ne faut pas jeter l’enfant avec le bain. » Jetons le bain marxiste, m
164 este contre les conditions actuelles du travail ; il revendique une justice plus grande dans la société : si nous ne prote
165 si l’on refuse d’attaquer le socialisme, faudra-t- il accepter aussitôt le fameux trait d’union qu’on nous propose, entre s
166 déjà réalisée. Notre devoir de charité ne serait- il pas alors de déclarer ouvertement aux socialistes qu’entre leur but e
167 ristianisme annonce une réalité, non pas un rêve. Il annonce le salut pour ceux qui se repentent et qui croient, non point
168 me, mais dans sa fausse spiritualité ; dans ce qu’ il a de meilleur, non dans ce qu’il a de pire ; dans la tentation qu’il
169 ité ; dans ce qu’il a de meilleur, non dans ce qu’ il a de pire ; dans la tentation qu’il nous offre d’un idéal humanitaire
170 on dans ce qu’il a de pire ; dans la tentation qu’ il nous offre d’un idéal humanitaire en lieu et place d’une foi. Si nous
171  ! Nous connaissons des chrétiens socialistes. Et ils savent sans doute mieux que nous ce que signifie pour eux le compromi
172 st possible, comme un douloureux pis-aller, que s’ il est par ailleurs dénoncé, ouvertement, et au nom de la foi. J’ajouter
173 xisme, et des motifs ouvertement antichrétiens qu’ il donne à toute action dans le cadre du parti. Mais si je refuse ce par
174 Mais si je refuse ce parti, c’est aussi parce qu’ il est un parti, précisément. Tout le monde fait aujourd’hui le procès d
175 e souci de ses décisions. Et dans ce sens précis, il faut bien dire que les partis sont les agents les plus actifs de la d
176 nt pas même l’excuse d’avoir réussi pratiquement, ils ne peuvent se défendre contre le jugement qui les renvoie au magasin
177 i parti chrétien, ni parti politique. — Pourtant, il faut agir ! Pourtant, la vocation qui nous envoie dans la cité reste
178 impérieuse ! Alors quoi ? direz-vous, que reste-t- il pratiquement ? Va-t-on nous renvoyer une fois de plus à ce recours au
179 nous ceux de la grande bourgeoisie. Mais voilà qu’ il se convertit, et c’est ici que l’aventure commence. Soudain frappé pa
180 très rapidement dans le Japon d’avant la guerre, il comprend qu’il lui est impossible de se dire vraiment chrétien tant q
181 t dans le Japon d’avant la guerre, il comprend qu’ il lui est impossible de se dire vraiment chrétien tant qu’il n’aura pas
182 t impossible de se dire vraiment chrétien tant qu’ il n’aura pas fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire le scanda
183 sinon payer de sa personne ? Kagawa n’hésite pas. Il va vivre dans les bas-fonds. Avec un peu d’argent que lui donne une m
184 onne une mission américaine — très peu d’argent — il loue une espèce de baraque dans le quartier le plus mal famé de la gr
185 dont les bas-fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il faut lire l’effarante description de sa vie telle qu’il l’a racontée
186 t lire l’effarante description de sa vie telle qu’ il l’a racontée dans une espèce d’autobiographie romancée qu’on a tradui
187 vergogne par tous les matamores et souteneurs qu’ il a choisis pour voisins, pour prochains ! Et son action apparemment dé
188 t déjà quelque chose. Mais Kagawa veut davantage. Il fonde les premiers syndicats du Japon, il conduit une grève, va en pr
189 antage. Il fonde les premiers syndicats du Japon, il conduit une grève, va en prison, en ressort triomphalement escorté pa
190 triomphalement escorté par une foule d’enfants qu’ il a secourus, et dès lors le mouvement est lancé, l’opinion publique al
191 se résume en effet dans ce seul mot de vocation. Il n’agit pas au bénéfice d’un parti. Il prêche et il proteste au nom d’
192 e vocation. Il n’agit pas au bénéfice d’un parti. Il prêche et il proteste au nom d’une foi sans cesse proclamée. C’est ai
193 l n’agit pas au bénéfice d’un parti. Il prêche et il proteste au nom d’une foi sans cesse proclamée. C’est ainsi qu’on tra
194 rmé le monde, moralement et pratiquement. Seules, elles sont apparues comme de fondamentales et créatrices objections de la f
195 lectuels. Notre premier devoir dans la cité n’est- il pas de travailler en tant qu’intellectuels, — de même que le premier
196 iques ne tiennent pas compte de nos beaux idéaux. Il résulte de ce divorce une crise profonde de la culture, au sens le pl
197 hacun tire à hue et à dia, et personne ne sait où il va. Il n’y a plus de commune mesure entre la pensée et l’action. La c
198 ire à hue et à dia, et personne ne sait où il va. Il n’y a plus de commune mesure entre la pensée et l’action. La cité n’e
199 de l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cherchée sérieusement nulle part ailleurs que dans la re
200 e. — L’expression paraît bien abstraite. Que faut- il entendre par là ? Qu’est-ce donc que la personne humaine ? Exactement
201 vocation personnelle. Et c’est dans cet esprit qu’ il s’agit de rebâtir l’économie et les cadres sociaux. Vous voyez que no
202 spirituelle du chrétien. Mais vous voyez aussi qu’ il s’agit là d’une révolution profonde, car rien n’est plus profond qu’u
203 est née de la Déclaration des droits de l’homme, il s’agit de donner à la société de demain une déclaration des devoirs d
204 mme envers lui-même et son prochain. Mais d’abord il s’agit, pour les groupes personnalistes, de dénoncer et de combattre
205 e faire prendre pour l’opinion publique, alors qu’ elle n’est en fait que l’opinion des maîtres de forges ou des parlementair
206 un profond changement de l’état d’esprit général. Elles appellent une morale créatrice, prenant le pas sur nos morales trop i
207 sses jusqu’ici. Mais je ferai deux remarques : 1° il faut bien que quelqu’un commence. Avoir une vocation, c’est oser être
208 aison de plus pour l’apporter ! Le chrétien n’est- il pas, en quelque sorte, un spécialiste de la vocation ? Des incertains
209 mpromis, par exemple, sont plus pratiques, lorsqu’ il s’agit de politique, — et qu’on n’arrive à rien quand on vise si haut
210 atique. Mais ce n’est pas d’eux, n’est-ce pas, qu’ il faut attendre beaucoup mieux que ce qu’ils ont fait depuis cent ans d
211 pas, qu’il faut attendre beaucoup mieux que ce qu’ ils ont fait depuis cent ans déjà. Nous sommes nés dans un monde où tout
212 ez cette chance ? Et comment un chrétien pourrait- il m’opposer les objections d’un praticisme à courte vue, quand notre vo
213 mes. Mais le chrétien ne compte pas sur lui seul, il compte sur Celui qui peut faire, et bien faire, ce que l’homme fait m
214 soir à vous décrire impartialement la situation : il eût fallu beaucoup plus de nuances. J’ai cherché au contraire à marqu
215 otifs de choix, et le lieu d’une action pratique. Il se peut que je me trompe. Il se peut que certains reçoivent l’ordre d
216 une action pratique. Il se peut que je me trompe. Il se peut que certains reçoivent l’ordre d’aller là où je crois ne pas
217 re d’aller là où je crois ne pas devoir aller. Qu’ ils le fassent, si c’est là leur mission, et la forme de leur témoignage.
218 leur mission, et la forme de leur témoignage. Qu’ ils le fassent comme témoins du Dieu qui les envoie ! — Il se peut que ce
219 fassent comme témoins du Dieu qui les envoie ! —  Il se peut que certains reçoivent l’ordre d’aller payer de leur personne
220 comme Kagawa dans les bas-fonds ou la prison. Qu’ ils le fassent, si la foi leur permet de rendre grâces du sort qui leur e
221 et de rendre grâces du sort qui leur est fait ! —  Il se peut que d’autres en grand nombre comprennent que leur vocation po
222 auquel travaillent les groupes personnalistes. Qu’ ils le fassent, qu’ils saisissent cette chance ; c’est encore une jeune e
223 les groupes personnalistes. Qu’ils le fassent, qu’ ils saisissent cette chance ; c’est encore une jeune espérance, mais c’es
224 ésence à la misère du siècle, de protester contre elle , et d’annoncer sa foi dans la transformation promise de toutes choses
4 1936, Le Semeur, articles (1933–1949). Notre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)
225 ement engagé par les réactions et les réponses qu’ elles exigent de nous. Ces études se succèdent selon un plan qu’il n’est pa
226 de nous. Ces études se succèdent selon un plan qu’ il n’est pas toujours facile d’apercevoir. Les divisions générales parai
227 l’auteur informées par la Bible, et dominées par elle . Pour Brunner, « la foi chrétienne est une foi biblique » ; la Bible
228 . Le Saint-Esprit ouvre nos cœurs à cette Parole, Il la rend vivante et agissante en nous, en sorte qu’elle produit en nou
229 la rend vivante et agissante en nous, en sorte qu’ elle produit en nous ce que saint Paul appelle « les fruits de l’Esprit ».
5 1945, Le Semeur, articles (1933–1949). La responsabilité culturelle de l’Église (mars 1945)
230 ées par les grandes conférences œcuméniques. Mais il est non moins remarquable qu’aucun de ces documents ne fasse allusion
231 e fasse allusion à l’ordre culturel de demain. Et il est cependant certain que si les Églises continuent à négliger cette
232 moins complète de toute activité intellectuelle. Il nous faut donc prévoir un abaissement général du niveau d’instruction
233 s ou revenir aux disciplines de l’ère bourgeoise. Il se pourrait que cette exigence, surgissant d’un chaos matériel et spi
234 déologies beaucoup plus puissantes et dynamiques. Il serait romantique de supposer que la guerre actuelle a détruit toutes
235 s avons des raisons de craindre, au contraire, qu’ elles ne trouvent une nouvelle virulence sous de nouveaux noms. Les générat
236 d’intervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée sur une doctrine ferme, sur une théologie qui soit e
237 Église peut donner un avis sur le plan politique. Elle peut, par exemple, approuver un document comme la Charte de l’Atlanti
238 théologie, ni même directement du christianisme. Elle peut se rallier à une attitude politique, inspirée par un pur humanis
239 r humanisme. Mais, dans le domaine de la culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Église ne peut adopter des idéo
240 es par d’autres. Sa parole n’aura de poids que si elle parle au nom de sa propre théologie, et en rattachant ce qu’elle dit
241 om de sa propre théologie, et en rattachant ce qu’ elle dit de la façon la plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’
242 théologies romaines et réformées s’atrophièrent, elles n’osèrent plus, ni ne purent davantage, intervenir comme influences i
243 musicien, poète ou philosophe créateur, parce qu’ il n’avait aucune exigence claire et ferme, parce qu’il n’offrait à l’in
244 n’avait aucune exigence claire et ferme, parce qu’ il n’offrait à l’instinct créateur aucune charpente et qu’il ne fixait a
245 rait à l’instinct créateur aucune charpente et qu’ il ne fixait aucune limite qui soit en même temps un stimulant et un gui
246 ièrement, donc, si l’Église n’a rien à donner, si elle n’a rien à exiger de la culture, cette dernière s’en trouvera appauvr
247 dernière s’en trouvera appauvrie et désorientée. Elle sera coupée de ses racines. Car toute la culture occidentale est née
248 ors créé en dehors de l’Église ou en opposition à elle et devient difficile à intégrer dans une conception chrétienne du mon
249 u les forces de création intellectuelles parce qu’ elle est attentive à préserver les droits et les devoirs de la critique th
250 simple. Les Églises pourront agir et inspirer si elles sont fondées sur une doctrine ferme et complète. Elles auront autorit
251 sont fondées sur une doctrine ferme et complète. Elles auront autorité dans la mesure où elles interviendront au nom de leur
252 complète. Elles auront autorité dans la mesure où elles interviendront au nom de leur théologie. Elles auront autorité si ell
253 où elles interviendront au nom de leur théologie. Elles auront autorité si elles se montrent exigeantes au lieu de se désinté
254 u nom de leur théologie. Elles auront autorité si elles se montrent exigeantes au lieu de se désintéresser ou de suivre avec
255 sociales, culturelles, politiques ou économiques, il semblerait bon de fixer certains principes ou stades intermédiaires e
256 confère une dignité inaliénable dans la mesure où il obéit à cet appel. C’est le principe fondamental de tout ordre social
257 dernes ont toutes cette caractéristique commune : elles nient la vocation personnelle (que ce soient les collectivismes natio
258 une déviation morbide du sens de la vocation car elle nie ses conséquences sociales et communautaires. La principale critiq
259 ar définition le fait de la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonction du citoyen à l’intérieur de
260 ti, conformément au décret de l’État ou du Parti. Elles nient l’existence de toute différenciation ou la qualifient de morbid
261 bide, réactionnaire, individualiste, antisociale. Elles sont, par conséquent, incompatibles avec l’ordre chrétien qui présupp
262 à établir une homogénéité mécanique et rigide, qu’ elle soit imposée d’en haut (État, tyran), ou d’en bas (égalitarisme pouss
263 cial ne peut être qualifié de chrétien à moins qu’ il ne soit fondé sur le respect de la vocation, et qu’il n’assure à chaq
264 e soit fondé sur le respect de la vocation, et qu’ il n’assure à chaque homme (et à chaque groupe ou entité collective) la
265 rétien sera ainsi œcuménique plutôt qu’unitarien. Il sera fédéral plutôt que centralisé (dans les domaines culturels, reli
266 ns les domaines culturels, religieux et sociaux). Il placera les droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’in
267 aine mais seulement ses devoirs et ses fonctions. Il va sans dire que l’organisation de l’armée est telle qu’un capitaine
268 ens d’accomplir son devoir : c’est là sa liberté, il n’en a pas d’autres. Or l’Ecclesia militans ressemble à une armée bea
269 a militans ressemble à une armée beaucoup plus qu’ elle ne ressemble à une constitution abstraite fixant les droits de l’indi
270 uement, empêche la réalisation de cette vocation. Elle condamnera, par conséquent, au nom de la théologie, les grandes machi
271 de la machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamnera le système du capital privé dans la mesure où le mouvement
272 es droits conférés par l’exercice d’une vocation. Elle condamnera tout système économique qui fait de l’homme le jouet des i
273 et les moyens matériels d’accomplir sa vocation. Elles le feront au nom de leur doctrine, et avec une grande précision. Elle
274 m de leur doctrine, et avec une grande précision. Elles ne le feront pas au nom de conceptions purement humanistes ou religie
275 tiquer d’un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y avoir, par exemple, une redéfinition des « quatre libertés » d
276 les Églises retrouveront une autorité effective. Elles cesseront de s’identifier aux yeux de l’homme de la rue à une certain
277 le, à un ordre établi, ou à la réforme du moment. Elles cesseront d’être traînées dans le sillage de mouvements entrepris par
278 ément d’universalisation et celui de distinction. Il est grandement souhaitable, par exemple, que des établissements d’ens
279 9490200semr sauvegarder le facteur universaliste, il est nécessaire que, dans les écoles confessionnelles, un enseignement
280 possible chaque vocation culturelle du groupe (qu’ il soit religieux ou national), le tout en vue de l’union (fédérale ou œ
6 1946, Le Semeur, articles (1933–1949). Chances d’action du christianisme (juin-juillet 1946)
281 s temporels, justement contestés par l’État. Puis elles eurent à défendre leurs pouvoirs spirituels, certains États s’étant l
282 théologiques traditionnelles. Quant aux fidèles, ils avaient à se défendre contre la menace quotidienne, innombrable, et s
283 ie entre les sociétés laïques et les Églises ; qu’ il a brusquement mis à nu l’état minoritaire des chrétiens ; qu’il les a
284 nt mis à nu l’état minoritaire des chrétiens ; qu’ il les a attaqués de front au nom des principes non chrétiens (comme le
285 rincipes non chrétiens (comme le nationalisme) qu’ ils croyaient pouvoir tolérer ; qu’il a été abattu finalement, dans ses f
286 tionalisme) qu’ils croyaient pouvoir tolérer ; qu’ il a été abattu finalement, dans ses formes déclarées et spectaculaires
287 e réelle devant l’assaut de dictatures barbares : elle s’est reconnue impuissante à nous donner des buts de vie, des idéaux
288 re que l’époque de la défensive est terminée pour elles , dans notre temps, c’est poser aux Églises chrétiennes un dilemme trè
289 ser aux Églises chrétiennes un dilemme très net : il ne leur reste plus qu’à s’endormir, ou bien à passer à l’attaque. Ce
290 de Trente Ans ne ressemble guère à une victoire, il faut bien le dire. Les nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu
291 ; mais celles qui l’ont gagnée n’ont rien gagné ; elles ont seulement repoussé une menace, au prix de sacrifices presque auss
292 ix de sacrifices presque aussi grands que ceux qu’ elles eussent été contraintes de subir en se rendant. (Dans ce « presque »
293 d’hui, de réfuter les arguments de l’incroyance ; elles ont, tout simplement à donner leurs croyances, avec une agressive naï
294 ner leurs croyances, avec une agressive naïveté ; elles ont à tendre une perche à ceux qui se noient. Comme laïque se tenant
295 ffre un type de relations humaines viables, comme elle le fit aux siècles sombres, avant la floraison du Moyen âge, qui fut
296 ant la floraison du Moyen âge, qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantis
297 fre un type de relations culturelles viables ; qu’ elle ose de nouveau soutenir et guider une avant-garde intellectuelle, au
298 a culture vivante, laissant celle-ci désorientée. Il s’agit que nos théologiens adoptent une politique d’intervention, et
299 — est sortie des églises et des couvents. Hélas, elle en est bien sortie ! Il est temps que nous sortions à sa recherche, p
300 et des couvents. Hélas, elle en est bien sortie ! Il est temps que nous sortions à sa recherche, pour la ramener ! 3. Que
301 chrétiens confondent aujourd’hui la vertu, quand ils ne vont pas jusqu’au point de l’identifier avec la « vie chrétienne »
302 de l’identifier avec la « vie chrétienne », et qu’ elle restaure chez les fidèles le sens de la vocation personnelle, seul fo
303 importance politique capitale dans notre siècle : il peut offrir le modèle même d’une union mondiale dans le respect des d
304 spect des diversités traditionnelles. Que dis-je, il peut ! Il le doit, et de toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois au
305 diversités traditionnelles. Que dis-je, il peut ! Il le doit, et de toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raiso
306 je, il peut ! Il le doit, et de toute urgence ! S’ il y échoue, je ne vois aucune raison d’attendre autre chose, pour le mo
307 drer l’action chrétienne. Celle-ci se fera, comme elle s’est toujours faite, par des personnes et par des petits groupes ; p
308 nt l’air de rien ; par des hommes dont on dira qu’ ils exagèrent, qu’ils rêvent, qu’ils n’ont pas le sens commun, qu’ils voi
309 par des hommes dont on dira qu’ils exagèrent, qu’ ils rêvent, qu’ils n’ont pas le sens commun, qu’ils voient trop grand… Pe
310 dont on dira qu’ils exagèrent, qu’ils rêvent, qu’ ils n’ont pas le sens commun, qu’ils voient trop grand… Peut-être même pa
311 u’ils rêvent, qu’ils n’ont pas le sens commun, qu’ ils voient trop grand… Peut-être même par des petites revues comme celle-
312 celui qui a reçu de Dieu une vocation précise, et il ajoute : toute vocation est sans précédent, et paraît donc « invraise
7 1949, Le Semeur, articles (1933–1949). « Les protestants et l’esthétisme » (février-mars 1949)
313 e milieux protestants, dira-t-on ? Le fait est qu’ ils en sont bien sortis, tandis que les autres sont entrés (ou rentrés) d
314 anglais de l’époque, T. S. Eliot et Wystan Auden, ils sont, certes, des chrétiens déclarés dans leur œuvre, mais l’épithète
315 e de romain, surtout au premier. Que nous reste-t- il  ? 2° On ne peut déduire de ce fait que le catholicisme, en général, o
316 dère l’ensemble de nos littératures occidentales, il est impossible d’établir qu’à proportion des populations et de leurs
317 préférer le protestantisme au catholicisme. 3° S’ il paraît probable que le nombre des écrivains catholiques, protestants,
318 ants, etc., dans le monde, depuis quatre siècles, il reste qu’aujourd’hui beaucoup d’auteurs se proclament catholiques ou
319 hénomène particulier au xxe siècle ? Je crois qu’ il convient de les chercher dans un récent passé théologique. Il était d
320 de les chercher dans un récent passé théologique. Il était de mise, au siècle dernier, chez les protestants, de déclarer —
321 t presque complet des positions de la Réforme. Or il est clair que le libre examen, conduit dans un climat rationaliste, n
322 siècle invoquait la culture ou lui courait après. Elle en tirait des arguments contre une orthodoxie vieillie, et, finalemen
323 e son œuvre. N’est-ce point de cet exemple pur qu’ il conviendrait de partir pour poser le problème qui vous occupe dans se
324 Semeur, Paris, février–mars 1949, p. 342-344. l. Il s’agit d’une réponse à une enquête introduite par la lettre suivante
325 s, datée du 16 novembre 1948 : « Chers amis… 1) S’ il est exact que les protestants sont davantage moralistes et citoyens q
326 risque humain, ou même spirituel, cela comporte-t- il  ? Avez-vous des vœux ou suggestions en ce domaine ? 2) Sur un plan be
327  ? Je veux dire, non pas la question banale, doit- il ou non écrire, peindre, lire, voir, etc., mais quelle perturbation ce
328 perturbation cette poussée vers l’esthétique peut- elle et doit-elle amener dans sa vie ? Vous voyez notre thème central, ass
329 cette poussée vers l’esthétique peut-elle et doit- elle amener dans sa vie ? Vous voyez notre thème central, assez précis, et