1 1933, Le Semeur, articles (1933–1949). Humanisme et christianisme (mars 1933)
1 es constatations prudemment mesurées. Et d’abord, la question qui nous occupe ici est-elle une vraie question ? Est-elle,
2 our chacun de nous, une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avant de venir ici, et à laquelle, réelleme
3 existentielle — pour employer un terme favori de la théologie et de la philosophie allemande contemporaines1 ? L’une des
4 ur employer un terme favori de la théologie et de la philosophie allemande contemporaines1 ? L’une des caractéristiques de
5 caractéristiques de notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous
6 ans doute le besoin qu’il a de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de plus en plus, à discute
7 oppositions qui n’existent, en réalité, que dans la mesure où l’on est décidé à refuser tous les conflits concrets et les
8 qui n’existent, en réalité, que dans la mesure où l’ on est décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu
9 dans la mesure où l’on est décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu’ils comportent. Nous refusons t
10 st décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu’ils comportent. Nous refusons toute problématique dans l
11 d’aller plus loin, cherchons donc à serrer un peu les deux termes de notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos
12 s faut tout de suite dissiper un malentendu : par le terme d’humanisme, on se borne trop souvent encore, en France, à dési
13 borne trop souvent encore, en France, à désigner la culture gréco-latine. Nous n’avons pas, bien entendu, à discuter ici
14 e. Nous n’avons pas, bien entendu, à discuter ici la question des humanités. Nous prendrons le mot humanisme au sens plus
15 ter ici la question des humanités. Nous prendrons le mot humanisme au sens plus général, non moins précis, qui désigne une
16 vie — politique, économique, éthique — fondée sur la croyance au salut de l’homme par les seules forces humaines. Croyance
17 que, éthique — fondée sur la croyance au salut de l’ homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoureuse
18 — fondée sur la croyance au salut de l’homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoureusement au chris
19 oureusement au christianisme, s’il est avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi
20 isme, s’il est avant tout la croyance au salut de l’ homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, mar
21 st avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bie
22 alut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de salut. Certain
23 me par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes l
24 e Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons- le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diro
25 -le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diront que, là où le chrétien parle de salut, eux se
26 s humanistes le nieront. Ils me diront que, là où le chrétien parle de salut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des
27 tien parle de salut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des hommes, la justice. Faut-il voir là autre chose qu’une qu
28 x se bornent à revendiquer le bonheur des hommes, la justice. Faut-il voir là autre chose qu’une question de mots ? Dans l
29 re cas, il s’agit bel et bien de savoir quel sens l’ homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre pour mieux vivre. M
30 doit vivre pour mieux vivre. Mais alors, en quoi les deux conceptions s’opposent-elles si radicalement ? C’est en ceci que
31 t-elles si radicalement ? C’est en ceci que, pour les uns, le salut est transcendant à l’humanité, pour les autres, immanen
32 i radicalement ? C’est en ceci que, pour les uns, le salut est transcendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les h
33 ci que, pour les uns, le salut est transcendant à l’ humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes accusent les chrét
34 uns, le salut est transcendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte d
35 scendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les acc
36 our les autres, immanent. Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à
37 ccusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispense de
38 sent d’avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispense de mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les acc
39 mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de faire appel à une Volonté dont l’opération, à leurs yeux,
40 ls les accusent de faire appel à une Volonté dont l’ opération, à leurs yeux, anéantit celle de la volonté humaine, ou la r
41 dont l’opération, à leurs yeux, anéantit celle de la volonté humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les accus
42 rs yeux, anéantit celle de la volonté humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’homme
43 maine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un « arriè
44 ent vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’ homme par la promesse débilitante d’un « arrière-monde » qui serait co
45 n somme, ils les accusent de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un « arrière-monde » qui serait comme une reva
46 monde » qui serait comme une revanche contre tout l’ imparfait de « ce bas-monde », mais une revanche à bon marché, permett
47 leuse économie d’énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, les chrétiens répondent 
48 de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’ homme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’homme s’aimerait
49 , le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’homme s’aimerait-il lui-même mieux qu
50 mme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’ homme s’aimerait-il lui-même mieux que Dieu, son créateur, ne l’aime ?
51 rait-il lui-même mieux que Dieu, son créateur, ne l’ aime ? Car Dieu seul connaît l’homme dans son origine et dans sa fin.
52 , son créateur, ne l’aime ? Car Dieu seul connaît l’ homme dans son origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé » de Die
53 connaît l’homme dans son origine et dans sa fin. L’ homme étant « séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste
54  » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché « originel » — il en résulte qu’il ne peut plus se connaître en
55 même. Il ne peut plus connaître son bien. Il pose les questions les plus absurdes et les plus insolubles, par exemple : il
56 ut plus connaître son bien. Il pose les questions les plus absurdes et les plus insolubles, par exemple : il ne sait même p
57 bien. Il pose les questions les plus absurdes et les plus insolubles, par exemple : il ne sait même pas pourquoi il est au
58 i rime cette horrible « Histoire », illustrée par les plus sanglants malentendus, sans cesse renaissants. Il a l’impression
59 nglants malentendus, sans cesse renaissants. Il a l’ impression d’avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heur
60 esse renaissants. Il a l’impression d’avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une e
61 mme une effroyable tragi-comédie. Au fond, ce que l’ homme ignore, ce sont les choses les plus importantes du monde : l’ori
62 -comédie. Au fond, ce que l’homme ignore, ce sont les choses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son exi
63 u fond, ce que l’homme ignore, ce sont les choses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son existence terr
64 e sont les choses les plus importantes du monde : l’ origine et la fin de son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croie
65 oses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir le
66 nce terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoir de sauver l’homme en se fondant sur l’homme sont semblables,
67 rs, ceux qui croient détenir le pouvoir de sauver l’ homme en se fondant sur l’homme sont semblables, aux yeux du chrétien,
68 ir le pouvoir de sauver l’homme en se fondant sur l’ homme sont semblables, aux yeux du chrétien, à ce fameux baron de Crac
69 ait se tirer alors d’un puits en se soulevant par la chevelure. 3. Humanisme contre christianisme, n’est-ce donc qu’un con
70 our, assez touchant ? Est-ce à celui qui soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à tenir pour malade actuellement ?
71 st-ce à celui qui soignera le mieux cet homme que l’ on s’accorde à tenir pour malade actuellement ? Aux yeux de certains h
72 umanistes, peut-être. Aux yeux du chrétien, non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lu
73 du chrétien, non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation, à pri
74 non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’ humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation, à priori fondamen
75 i une sorte d’obligation, à priori fondamentale : l’ humanisme c’est le péché même, si l’on peut définir le péché par la vo
76 gation, à priori fondamentale : l’humanisme c’est le péché même, si l’on peut définir le péché par la volonté, naturelle à
77 ondamentale : l’humanisme c’est le péché même, si l’ on peut définir le péché par la volonté, naturelle à l’homme, d’agir p
78 manisme c’est le péché même, si l’on peut définir le péché par la volonté, naturelle à l’homme, d’agir pour soi, et non po
79 le péché même, si l’on peut définir le péché par la volonté, naturelle à l’homme, d’agir pour soi, et non pour Dieu. C’es
80 peut définir le péché par la volonté, naturelle à l’ homme, d’agir pour soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de
81 oi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’ humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère
82 ’est maintenant au tour de l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refu
83 de l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepter, dans tout
84 te d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepter, dans toute sa violenc
85 me qui refuse d’accepter, dans toute sa violence, la question que lui pose sans cesse la crise perpétuelle du monde. Et l
86 sa violence, la question que lui pose sans cesse la crise perpétuelle du monde. Et l’antagonisme des deux attitudes pren
87 ose sans cesse la crise perpétuelle du monde. Et l’ antagonisme des deux attitudes prend une forme encore plus précise, il
88 s prend une forme encore plus précise, il devient l’ antagonisme de deux volontés qui ne s’opposent pas front à front sur l
89 volontés qui ne s’opposent pas front à front sur le même plan, mais qui se coupent perpendiculairement. Chez les chrétien
90 an, mais qui se coupent perpendiculairement. Chez les chrétiens, volonté de se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les hum
91 chrétiens, volonté de se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à
92 olonté de se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le
93 nté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien absolu. C’est ici que no
94 de vivre à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de
95 out prix, le plus possible, comme si la vie était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique quo
96 t le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste va chercher une solution h
97 le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste va chercher une solution humain
98 bsolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’ éthique quotidienne. L’humaniste va chercher une solution humaine qui
99 us entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne. L’ humaniste va chercher une solution humaine qui lui permettra d’assurer
100 permettra d’assurer ce bien absolu qu’est sa vie. Le chrétien va chercher à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mép
101 u’est sa vie. Le chrétien va chercher à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de
102 sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les
103 ême au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’ attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait
104 ttitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un révolutionnaire, l’homme du risque opposé à
105 ous les domaines, fait de lui un révolutionnaire, l’ homme du risque opposé à l’homme des assurances. Car l’humanisme n’est
106 ui un révolutionnaire, l’homme du risque opposé à l’ homme des assurances. Car l’humanisme n’est, aux yeux de la foi, qu’un
107 me du risque opposé à l’homme des assurances. Car l’ humanisme n’est, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’assuran
108 es assurances. Car l’humanisme n’est, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’assurance-vie. L’humaniste pourra répo
109 la foi, qu’une vaste entreprise d’assurance-vie. L’ humaniste pourra répondre qu’à ses yeux, le christianisme n’est qu’une
110 e-vie. L’humaniste pourra répondre qu’à ses yeux, le christianisme n’est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est au
111 hristianisme n’est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est aussi misérable qu’injurieux, si l’on songe que ce « par
112 le reproche est aussi misérable qu’injurieux, si l’ on songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas du mépris des garan
113 tre payé ici-bas du mépris des garanties humaines les plus élémentaires, — et toute l’histoire des martyrs en témoigne. Un
114 anties humaines les plus élémentaires, — et toute l’ histoire des martyrs en témoigne. Un chrétien est un être qui joue tou
115 moigne. Un chrétien est un être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contre toute vraisemblance. Prenon
116 n être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’ invisible, contre toute vraisemblance. Prenons des exemples concrets.
117 ets. Un chrétien qui contracte une assurance sur la vie n’est plus un chrétien à cet instant et dans cet acte ; il agit e
118 aniste. Il témoigne de sa défiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un autre exemple. Un chrétien qu
119 échoit un « bonheur » imprévu, pousse en réalité le cri d’un humaniste, c’est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absol
120 d’un humaniste, c’est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et de même un chrétien q
121 à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des au
122 homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non l’ obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des autres ou parl
123  porte un jugement d’humaniste, mange du fruit de l’ arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme
124 ugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme pieux qui p
125 connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’ homme pieux qui prie pour demander à Dieu des « avantages » humains. (
126 r à Dieu des « avantages » humains. (Comment donc les connaîtrait-il ? Comment pourrait-il les nommer, s’il n’a d’abord che
127 ent donc les connaîtrait-il ? Comment pourrait-il les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté de Dieu, si souvent contr
128 pourrait-il les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté de Dieu, si souvent contraire à la sienne ?) Prier pour qu’il
129 aniste. Si je vous donne ces exemples, c’est dans l’ espoir de provoquer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de v
130 de provoquer quelques réactions. C’est aussi dans l’ espoir de vous faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’êtr
131 l’espoir de vous faire mieux sentir à quel point l’ humanisme, loin d’être une simple conception philosophique, est une at
132 conception philosophique, est une attitude devant la « vie pratique » — comme on dit, mais y en a-t-il une autre ? —, une
133 autre ? —, une attitude qui se mêle constamment à l’ existence des chrétiens eux-mêmes. Ce n’est pas à dire que l’humanism
134 des chrétiens eux-mêmes. Ce n’est pas à dire que l’ humanisme n’ait pas ses doctrines, et même une expression politique co
135 ne expression politique cohérente. On a cité dans les Débats, ces jours derniers, les écrits de MM. Fernandez2 et Guéhenno.
136 e. On a cité dans les Débats, ces jours derniers, les écrits de MM. Fernandez2 et Guéhenno. Si intéressants et précis que s
137 nno. Si intéressants et précis que soit l’un dans le détail de sa dialectique critique, et si généreux que se veuille le s
138 », il ne semble pas que ces deux auteurs aient eu le courage d’aller jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du tra
139 ières conséquences de leur refus du transcendant. Le communisme seul a poussé jusqu’aux réalisations effectives que semble
140 que semble devoir commander une foi véritable en l’ humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La se
141 e devoir commander une foi véritable en l’humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentat
142 une foi véritable en l’humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement con
143 unisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour soustraire l’hom
144 e pleinement consciente et avouée pour soustraire l’ homme à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’homme con
145 e l’homme à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’homme considéré comme autonome, et « calculable » humaine
146 on créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’ homme considéré comme autonome, et « calculable » humainement. Le Plan
147 ré comme autonome, et « calculable » humainement. Le Plan est d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’assurance-vie
148 culable » humainement. Le Plan est d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’assurance-vie que l’humanité ait jamais
149 la plus formidable entreprise d’assurance-vie que l’ humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que le « marxisme-léninis
150 ’humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que le « marxisme-léninisme » peut être opposé utilement au christianisme, c
151 t féconde. Mais en face de ce triomphe humaniste, le chrétien ne pourrait-il pas relever maintenant la vraie défense de l’
152 le chrétien ne pourrait-il pas relever maintenant la vraie défense de l’homme, lieu naturel du nécessaire conflit de l’ang
153 ait-il pas relever maintenant la vraie défense de l’ homme, lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’
154 de l’homme, lieu naturel du nécessaire conflit de l’ ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux confli
155 ieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturels.
156 l du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’ homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturels. Il vit dan
157 — se dit-on — ni luttes sociales, ni lutte contre la nature définitivement asservie. Cet homme sera-t-il encore humain ? Q
158 une fois son triomphe assuré par sa victoire sur les difficultés naturelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’être
159 ficultés naturelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Ser
160 a-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un homme ? L’ homme chrétien est à la fois ange et bête. Dans ce conflit perpétuel,
161 il trouve sa joie et sa souffrance — peu importe le nom qu’il leur donne ; — il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire
162 de lutter pour devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever
163 ur devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’ humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’homme tou
164 triomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’ homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandon
165 ver à l’homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, u
166 toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’ homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, un suicide sup
167 1. Existentielle, c’est-à-dire : qui concerne «  l’ existence » de chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans
168 exigeant une décision. 2. Ch. Westphal rappelait la phrase de Fernandez : « Le chrétien est un embusqué de l’infini. » a
169 Ch. Westphal rappelait la phrase de Fernandez : «  Le chrétien est un embusqué de l’infini. » a. Rougemont Denis de, « Hu
170 e de Fernandez : « Le chrétien est un embusqué de l’ infini. » a. Rougemont Denis de, « Humanisme et christianisme », Le
171 ugemont Denis de, « Humanisme et christianisme », Le Semeur, Paris, mars 1933, p. 286-293. b. La première note indique :
172 e : « Introduction à une discussion organisée par la fédération au Foyer international, le 15 janvier 1933. » Le Foyer int
173 ganisée par la fédération au Foyer international, le 15 janvier 1933. » Le Foyer international se situe alors à Paris, au
174 ion au Foyer international, le 15 janvier 1933. » Le Foyer international se situe alors à Paris, au boulevard Saint-Michel
2 1934, Le Semeur, articles (1933–1949). Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)
175 Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)c d L’œuvre de M. Maurice Gogu
176 Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)c d L’ œuvre de M. Maurice Goguel, directeur à l’École des hautes études, est
177 )c d L’œuvre de M. Maurice Goguel, directeur à l’ École des hautes études, est déjà fort importante et fait de son auteu
178 s, est déjà fort importante et fait de son auteur le maître incontesté de nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’œuvr
179 n auteur le maître incontesté de nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’œuvre d’un savant spécialisé, au premier chef, mai
180 esté de nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’ œuvre d’un savant spécialisé, au premier chef, mais dans un domaine su
181 ef, mais dans un domaine susceptible d’intéresser le plus large public. On se souvient de l’ouvrage décisif que M. Goguel
182 ntéresser le plus large public. On se souvient de l’ ouvrage décisif que M. Goguel publia contre les thèses de M. Couchoud3
183 de l’ouvrage décisif que M. Goguel publia contre les thèses de M. Couchoud3. Plus récemment, il nous donnait une volumineu
184 nous donnait une volumineuse Vie de Jésus 4 dont le succès fut grand et les conclusions vivement discutées. L’ouvrage qu’
185 ineuse Vie de Jésus 4 dont le succès fut grand et les conclusions vivement discutées. L’ouvrage qu’il nous donne aujourd’hu
186 fut grand et les conclusions vivement discutées. L’ ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésu
187 utées. L’ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésus, et les questions qu’il pose n’apparaisse
188 ujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésus, et les questions qu’il pose n’apparaissent pas moins passionnantes. Quelle f
189 ’apparaissent pas moins passionnantes. Quelle fut la genèse psychologique et historique de la croyance à la résurrection d
190 elle fut la genèse psychologique et historique de la croyance à la résurrection de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel défin
191 nèse psychologique et historique de la croyance à la résurrection de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel définit l’objet de
192 tion de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel définit l’ objet de sa recherche, en insistant sur le fait que la description qu’
193 définit l’objet de sa recherche, en insistant sur le fait que la description qu’il va donner ne saurait être prise pour un
194 jet de sa recherche, en insistant sur le fait que la description qu’il va donner ne saurait être prise pour une explicatio
195 ette modestie ne soit un peu trop ambitieuse. Car l’ hypothèse de travail que M. Goguel adopte au départ revêt bel et bien
196 que M. Goguel adopte au départ revêt bel et bien la forme d’une explication de cause à effet. On pense couramment, dit-il
197 e cause à effet. On pense couramment, dit-il, que la foi chrétienne est née parce que le tombeau de Jésus fut trouvé vide.
198 , dit-il, que la foi chrétienne est née parce que le tombeau de Jésus fut trouvé vide. Mais il se pourrait qu’au contraire
199 . Mais il se pourrait qu’au contraire, on ait cru le tombeau vide à cause de la foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus
200 contraire, on ait cru le tombeau vide à cause de la foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus. L’Histoire est-elle cause
201 le tombeau vide à cause de la foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effet de la foi ?
202 de la foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus. L’ Histoire est-elle cause ou effet de la foi ? M. Goguel incline vers l’
203 e de Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effet de la foi ? M. Goguel incline vers l’effet. Suivons-le dans sa déduction. D
204 cause ou effet de la foi ? M. Goguel incline vers l’ effet. Suivons-le dans sa déduction. Dans une première partie qui décr
205 la foi ? M. Goguel incline vers l’effet. Suivons- le dans sa déduction. Dans une première partie qui décrit d’une façon re
206 remière partie qui décrit d’une façon remarquable les diverses formes de la croyance à la résurrection chez Paul et Jean, p
207 it d’une façon remarquable les diverses formes de la croyance à la résurrection chez Paul et Jean, puis chez les rédacteur
208 remarquable les diverses formes de la croyance à la résurrection chez Paul et Jean, puis chez les rédacteurs des évangile
209 ce à la résurrection chez Paul et Jean, puis chez les rédacteurs des évangiles, enfin chez les premiers pères, M. Goguel me
210 oguel met en lumière une évolution constante dans le sens prévu par son hypothèse, une concrétisation toujours plus rigour
211 oncrétisation toujours plus rigoureuse du fait de la résurrection. Il lui reste alors, dans une deuxième partie, à défaire
212 , avec une sorte de minutieuse indifférence, tous les récits bibliques relatifs à la sépulture, au tombeau vide, aux appari
213 ndifférence, tous les récits bibliques relatifs à la sépulture, au tombeau vide, aux apparitions et à l’Ascension. Et voic
214 sépulture, au tombeau vide, aux apparitions et à l’ Ascension. Et voici à quelles conclusions il aboutit : Alors qu’à l’o
215 ci à quelles conclusions il aboutit : Alors qu’à l’ origine, on avait dit : « Le tombeau est vide parce que Jésus est viva
216 aboutit : Alors qu’à l’origine, on avait dit : «  Le tombeau est vide parce que Jésus est vivant au ciel », les prédicateu
217 au est vide parce que Jésus est vivant au ciel », les prédicateurs ont dû dire : « Jésus est vivant au ciel, et la preuve,
218 eurs ont dû dire : « Jésus est vivant au ciel, et la preuve, c’est que sa tombe s’est trouvée vide ». Et l’on a spontanéme
219 euve, c’est que sa tombe s’est trouvée vide ». Et l’ on a spontanément imaginé les conditions dans lesquelles les femmes, v
220 st trouvée vide ». Et l’on a spontanément imaginé les conditions dans lesquelles les femmes, venues au sépulcre, n’avaient
221 ontanément imaginé les conditions dans lesquelles les femmes, venues au sépulcre, n’avaient pas trouvé le corps de Jésus. C
222 femmes, venues au sépulcre, n’avaient pas trouvé le corps de Jésus. Cette création s’est faite sans qu’il soit nécessaire
223 ffirmations aussi déconcertantes et aussi graves, le lecteur se sent autorisé à la plus grande exigence critique. À vrai d
224 es et aussi graves, le lecteur se sent autorisé à la plus grande exigence critique. À vrai dire, M. Goguel ne paraît pas s
225 e justifier sa méthode. Il n’est pas trop aisé de la définir. Elle recourt avant tout à la critique interne des textes, ma
226 rop aisé de la définir. Elle recourt avant tout à la critique interne des textes, mais aussi, nous venons de le voir, à de
227 ue interne des textes, mais aussi, nous venons de le voir, à des données psychologiques et historiques dont le dosage et l
228 à des données psychologiques et historiques dont le dosage et la valeur sont très variables. Il semble qu’un de ses princ
229 s psychologiques et historiques dont le dosage et la valeur sont très variables. Il semble qu’un de ses principes soit l’é
230 variables. Il semble qu’un de ses principes soit l’ élimination de tout ce qui, dans le texte biblique, paraît en soi cont
231 principes soit l’élimination de tout ce qui, dans le texte biblique, paraît en soi contradictoire ou invraisemblable ; mai
232 part, M. Goguel récuse beaucoup de passages pour la raison qu’ils s’expliquent trop bien. En somme, il adopte à peu près
233 liquent trop bien. En somme, il adopte à peu près l’ attitude d’un juge d’instruction qui aurait choisi comme prévenus les
234 ge d’instruction qui aurait choisi comme prévenus les auteurs anonymes des évangiles et du livre des Actes. La méfiance règ
235 urs anonymes des évangiles et du livre des Actes. La méfiance règne en permanence dans son esprit : mais c’est une attitud
236 ientifique » nullement sceptique ; c’est même, si l’ on veut, une façon paradoxale de donner tout leur prix aux quelques fa
237 tout leur prix aux quelques faits qui résistent à l’ érosion critique, et qui permettent alors de réfuter M. Couchoud. Diro
238 que cette méfiance méthodique suffit à convaincre le lecteur qu’il s’agit bien ici d’une science ? Il y a deux raisons d’e
239 y a deux raisons d’en douter. La première, c’est l’ extrême diversité des conjectures formées par les savants contemporain
240 t l’extrême diversité des conjectures formées par les savants contemporains, à l’aide de la même méthode appliquée aux même
241 ormées par les savants contemporains, à l’aide de la même méthode appliquée aux mêmes endroits du texte. La comparaison de
242 me méthode appliquée aux mêmes endroits du texte. La comparaison de ces conjectures fait soupçonner très vite leur gratuit
243 ite leur gratuité ; surtout, elle fait apparaître le rôle de l’interprétation psychologique, et c’est là le second obstacl
244 atuité ; surtout, elle fait apparaître le rôle de l’ interprétation psychologique, et c’est là le second obstacle. M. Gogue
245 us paraissent souvent bien pauvres. Qu’est-ce que la vraisemblance, en psychologie, sinon le triomphe du conventionnel ? Q
246 st-ce que la vraisemblance, en psychologie, sinon le triomphe du conventionnel ? Quand on compare les résultats obtenus pa
247 n le triomphe du conventionnel ? Quand on compare les résultats obtenus par M. Goguel, avec le texte biblique intégral, on
248 compare les résultats obtenus par M. Goguel, avec le texte biblique intégral, on est frappé de voir que le récit se trouve
249 exte biblique intégral, on est frappé de voir que le récit se trouve, dans tous les cas, affadi et banalisé. Si l’on voit
250 frappé de voir que le récit se trouve, dans tous les cas, affadi et banalisé. Si l’on voit bien ce qui pouvait pousser les
251 trouve, dans tous les cas, affadi et banalisé. Si l’ on voit bien ce qui pouvait pousser les auteurs primitifs à colorer le
252 analisé. Si l’on voit bien ce qui pouvait pousser les auteurs primitifs à colorer leur relation, on voit mieux encore le pr
253 ifs à colorer leur relation, on voit mieux encore le préjugé moderne qui pousse M. Goguel à les décolorer. Et l’on se dema
254 encore le préjugé moderne qui pousse M. Goguel à les décolorer. Et l’on se demande ce qui subsisterait de ses conclusions
255 moderne qui pousse M. Goguel à les décolorer. Et l’ on se demande ce qui subsisterait de ses conclusions si on leur appliq
256 isterait de ses conclusions si on leur appliquait les critères dont il use envers l’Évangile. (Qu’on se rappelle la plaisan
257 n leur appliquait les critères dont il use envers l’ Évangile. (Qu’on se rappelle la plaisanterie fameuse parmi les étudian
258 dont il use envers l’Évangile. (Qu’on se rappelle la plaisanterie fameuse parmi les étudiants, qui consiste à démontrer pa
259 (Qu’on se rappelle la plaisanterie fameuse parmi les étudiants, qui consiste à démontrer par la méthode historico-psycholo
260 parmi les étudiants, qui consiste à démontrer par la méthode historico-psychologique l’inauthenticité probable d’un profes
261 démontrer par la méthode historico-psychologique l’ inauthenticité probable d’un professeur.) M. Goguel ne fait-il pas com
262 fait-il pas comme les premiers croyants — et avec la même bonne foi — de la rétrohistoire, de l’imagerie psychologique ? J
263 remiers croyants — et avec la même bonne foi — de la rétrohistoire, de l’imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité
264 avec la même bonne foi — de la rétrohistoire, de l’ imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité de ce reproche. Mais
265 toire, de l’imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité de ce reproche. Mais M. Goguel semble d’avance l’avoir minimi
266 té de ce reproche. Mais M. Goguel semble d’avance l’ avoir minimisé, en réduisant toute son œuvre aux proportions d’une gén
267 se bornant à réfuter des textes sans préjuger de la réalité des faits. Minimiser ! telle pourrait être la devise de l’éco
268 éalité des faits. Minimiser ! telle pourrait être la devise de l’école illustrée par M. Goguel. Il répondra que c’est au b
269 its. Minimiser ! telle pourrait être la devise de l’ école illustrée par M. Goguel. Il répondra que c’est au bénéfice du vr
270 ai. Mais il faudrait alors déclarer ses critères. La vérité psychologique, telle que la conçoivent les historiens, me para
271 ses critères. La vérité psychologique, telle que la conçoivent les historiens, me paraît particulièrement improbable. Tou
272 La vérité psychologique, telle que la conçoivent les historiens, me paraît particulièrement improbable. Tout en admirant à
273 rement improbable. Tout en admirant à chaque page l’ ingéniosité et la science de M. Goguel, on se sent parfois gêné par l’
274 . Tout en admirant à chaque page l’ingéniosité et la science de M. Goguel, on se sent parfois gêné par l’anachronisme évid
275 science de M. Goguel, on se sent parfois gêné par l’ anachronisme évident de ses jugements psychologiques. Il y a là un pro
276 le irrésistiblement celui de certains humoristes. Les rédacteurs des évangiles étaient-ils vraiment si « bourgeois », si pr
277 ls pas, bien plus que nous, capables de voir dans les contradictions mêmes d’un récit, la marque de la vie et des passions 
278 de voir dans les contradictions mêmes d’un récit, la marque de la vie et des passions ? Prenons, à peu près au hasard, l’e
279 les contradictions mêmes d’un récit, la marque de la vie et des passions ? Prenons, à peu près au hasard, l’exemple de Mar
280 et des passions ? Prenons, à peu près au hasard, l’ exemple de Marc, chapitre 16. De ce que l’ange qui apparaît au tombeau
281 hasard, l’exemple de Marc, chapitre 16. De ce que l’ ange qui apparaît au tombeau vide rassure les femmes, au verset 6, alo
282 e que l’ange qui apparaît au tombeau vide rassure les femmes, au verset 6, alors qu’elles s’enfuient épouvantées, au verset
283 remier de ces versets a été ajouté après coup. Il le retranche donc. Cela fait, nous dit-il, « le récit est bien homogène 
284 . Il le retranche donc. Cela fait, nous dit-il, «  le récit est bien homogène ». Certes. Mais qu’on imagine un groupe de fe
285 oupe de femmes qui pénètrent dans un tombeau, qui le trouvent vide, qui voient un ange, et voici que cet ange leur parle !
286 oient un ange, et voici que cet ange leur parle ! Les réactions de ces femmes n’auront probablement rien d’homogène et sero
287 même plus contradictoires qu’aucun récit ne peut le faire sentir. Ces réserves faites sur la méthode, il reste que les co
288 ne peut le faire sentir. Ces réserves faites sur la méthode, il reste que les conclusions négatives de M. Goguel sont loi
289 Ces réserves faites sur la méthode, il reste que les conclusions négatives de M. Goguel sont loin d’être aussi ruineuses p
290 e M. Goguel sont loin d’être aussi ruineuses pour la foi que beaucoup de croyants ne le craignent. Pour deux raisons. La p
291 ruineuses pour la foi que beaucoup de croyants ne le craignent. Pour deux raisons. La première, qu’il indique lui-même, c’
292 l indique lui-même, c’est que, du point de vue de la foi vivante, les postulats critiques de l’auteur n’ont aucune force d
293 me, c’est que, du point de vue de la foi vivante, les postulats critiques de l’auteur n’ont aucune force de contrainte. C’e
294 vue de la foi vivante, les postulats critiques de l’ auteur n’ont aucune force de contrainte. C’est l’Écriture et le dogme
295 l’auteur n’ont aucune force de contrainte. C’est l’ Écriture et le dogme qui les jugent, et non l’inverse, comme l’a fort
296 t aucune force de contrainte. C’est l’Écriture et le dogme qui les jugent, et non l’inverse, comme l’a fort bien montré Ma
297 e de contrainte. C’est l’Écriture et le dogme qui les jugent, et non l’inverse, comme l’a fort bien montré Max Dominicé à p
298 est l’Écriture et le dogme qui les jugent, et non l’ inverse, comme l’a fort bien montré Max Dominicé à propos de Calvine.
299 le dogme qui les jugent, et non l’inverse, comme l’ a fort bien montré Max Dominicé à propos de Calvine. La seconde, c’est
300 La seconde, c’est que M. Goguel, loin d’attaquer les dogmes, ne démolit que les preuves matérielles dont l’esprit humain v
301 oguel, loin d’attaquer les dogmes, ne démolit que les preuves matérielles dont l’esprit humain voudrait toujours les faire
302 gmes, ne démolit que les preuves matérielles dont l’ esprit humain voudrait toujours les faire dépendre. Il nous rappelle a
303 atérielles dont l’esprit humain voudrait toujours les faire dépendre. Il nous rappelle ainsi que la foi véritable est celle
304 rs les faire dépendre. Il nous rappelle ainsi que la foi véritable est celle qui croit sans avoir vu. Sa position nous par
305 s modernes qui ont voulu déduire de leur critique la relativité des articles de foi, M. Goguel cherche à débarrasser la fo
306 articles de foi, M. Goguel cherche à débarrasser la foi de la relativité des preuves historiques. En nous montrant qu’ell
307 de foi, M. Goguel cherche à débarrasser la foi de la relativité des preuves historiques. En nous montrant qu’elles peuvent
308 ine d’ailleurs certaines objections classiques de l’ incroyance (l’assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du Die
309 certaines objections classiques de l’incroyance ( l’ assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du Dieu mort et ress
310 ons classiques de l’incroyance (l’assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du Dieu mort et ressuscité, en particu
311 suscité, en particulier). Pour M. Maurice Goguel, la foi a déformé l’Histoire. Que l’on réforme cette histoire, cela ne sa
312 culier). Pour M. Maurice Goguel, la foi a déformé l’ Histoire. Que l’on réforme cette histoire, cela ne saurait être au dét
313 Maurice Goguel, la foi a déformé l’Histoire. Que l’ on réforme cette histoire, cela ne saurait être au détriment de la foi
314 te histoire, cela ne saurait être au détriment de la foi. Car l’office de la foi n’est pas de nous fournir une explication
315 cela ne saurait être au détriment de la foi. Car l’ office de la foi n’est pas de nous fournir une explication probante du
316 rait être au détriment de la foi. Car l’office de la foi n’est pas de nous fournir une explication probante du miracle ; e
317 e preuve humaine ne peut réellement appuyer ; car l’ œuvre de la chair, c’est de refuser Dieu, même alors qu’il se rend vis
318 maine ne peut réellement appuyer ; car l’œuvre de la chair, c’est de refuser Dieu, même alors qu’il se rend visible. Et ce
319 rs qu’il se rend visible. Et ce n’est point parmi les morts qu’il nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’économ
320 st point parmi les morts qu’il nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’économie des fausses preuves, telle para
321 nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’ économie des fausses preuves, telle paraît être, en fin de compte, la
322 ses preuves, telle paraît être, en fin de compte, la justification de la critique historique. C’est dire qu’elle triomphe
323 araît être, en fin de compte, la justification de la critique historique. C’est dire qu’elle triomphe en général au terme
324 ot. c. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Sur la méthode de M. Goguel », Le Semeur, Paris, novembre 1934, p. 29-35. d
325 , « [Compte rendu] Sur la méthode de M. Goguel », Le Semeur, Paris, novembre 1934, p. 29-35. d. Il s’agit d’une note crit
326 4, p. 29-35. d. Il s’agit d’une note critique de La Foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif, de Mau
327 35. d. Il s’agit d’une note critique de La Foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif, de Maurice Gogu
328 ritique de La Foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif, de Maurice Goguel, publié à la Librairie Erne
329 ristianisme primitif, de Maurice Goguel, publié à la Librairie Ernest Leroux. e. Voir le compte rendu que Rougemont fait
330 el, publié à la Librairie Ernest Leroux. e. Voir le compte rendu que Rougemont fait de L’Humanité de Jésus d’après Calvin
331 x. e. Voir le compte rendu que Rougemont fait de L’ Humanité de Jésus d’après Calvin de Max Dominicé.
3 1935, Le Semeur, articles (1933–1949). La cité (avril-mai 1935)
332 La cité (avril-mai 1935)f Quand on m’a proposé ce titre, j’ai tout d’
333 roposé ce titre, j’ai tout d’abord été frappé par le léger anachronisme de ce petit mot de cité. Une image s’est immédiate
334 mage s’est immédiatement formée devant mes yeux : l’ image d’un clerc en vêtements moyenâgeux circulant dans les perspectiv
335 d’un clerc en vêtements moyenâgeux circulant dans les perspectives d’un tableau de maître italien. La somme de saint Thomas
336 les perspectives d’un tableau de maître italien. La somme de saint Thomas sous le bras, mon chrétien arpentait les portiq
337 de maître italien. La somme de saint Thomas sous le bras, mon chrétien arpentait les portiques d’une de ces villes du Qua
338 saint Thomas sous le bras, mon chrétien arpentait les portiques d’une de ces villes du Quattrocento, où tout était bâti à l
339 ces villes du Quattrocento, où tout était bâti à la mesure de l’homme, où tout, — sauf les églises, — semblait avoir été
340 u Quattrocento, où tout était bâti à la mesure de l’ homme, où tout, — sauf les églises, — semblait avoir été conçu pour de
341 tait bâti à la mesure de l’homme, où tout, — sauf les églises, — semblait avoir été conçu pour demeurer à portée de la main
342 emblait avoir été conçu pour demeurer à portée de la main, dans les limites où le pouvoir d’une vocation peut s’exercer. J
343 été conçu pour demeurer à portée de la main, dans les limites où le pouvoir d’une vocation peut s’exercer. Je voyais cette
344 demeurer à portée de la main, dans les limites où le pouvoir d’une vocation peut s’exercer. Je voyais cette ville, où tout
345 s’exercer. Je voyais cette ville, où tout portait les marques des pensées qu’agitait cet homme ; cette ville habitée et gou
346 ée et gouvernée par des chrétiens ; cette cité où le clerc, le magistrat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le mê
347 ernée par des chrétiens ; cette cité où le clerc, le magistrat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le même langage
348 rétiens ; cette cité où le clerc, le magistrat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le même langage ; cette unité v
349 ù le clerc, le magistrat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le même langage ; cette unité vivante, cette communau
350 strat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le même langage ; cette unité vivante, cette communauté où toute pensée
351 ent, où il était normal, salutaire et logique que les choses s’ordonnent à l’homme, et que l’homme s’ordonne à son Dieu. Te
352 salutaire et logique que les choses s’ordonnent à l’ homme, et que l’homme s’ordonne à son Dieu. Tel était donc mon rêve, m
353 ique que les choses s’ordonnent à l’homme, et que l’ homme s’ordonne à son Dieu. Tel était donc mon rêve, mon imagination d
354 Dieu. Tel était donc mon rêve, mon imagination de l’ homme chrétien dans la cité chrétienne. Quelques jours plus tard, je
355 on rêve, mon imagination de l’homme chrétien dans la cité chrétienne. Quelques jours plus tard, je me vis obligé de trave
356 s plus tard, je me vis obligé de traverser à pied la banlieue parisienne. C’était du côté des faubourgs qui portent ce nom
357 range du Kremlin-Bicêtre… Et je pus constater que les données du problème avaient un peu changé, — si vous me permettez cet
358 — si vous me permettez cet euphémisme académique. Les termes de chrétien et de cité, qui, dans l’image moyenâgeuse me parai
359 que. Les termes de chrétien et de cité, qui, dans l’ image moyenâgeuse me paraissaient se correspondre et s’ordonner si sim
360 donner si simplement, me semblèrent soudain, dans la réalité des villes modernes, privés de toute espèce de commune mesure
361 un devenait tout petit, l’autre énorme. En effet, la cité d’aujourd’hui est quelque chose de littéralement démesuré, un en
362 . Un jeu secret qui se joue sur nos têtes et dont la Presse nous donne l’image conventionnelle. Entre les forces qui domin
363 e joue sur nos têtes et dont la Presse nous donne l’ image conventionnelle. Entre les forces qui dominent la cité, et les h
364 Presse nous donne l’image conventionnelle. Entre les forces qui dominent la cité, et les hommes qui habitent la cité, il n
365 ge conventionnelle. Entre les forces qui dominent la cité, et les hommes qui habitent la cité, il n’y a plus aucune propor
366 nnelle. Entre les forces qui dominent la cité, et les hommes qui habitent la cité, il n’y a plus aucune proportion. Mais ce
367 qui dominent la cité, et les hommes qui habitent la cité, il n’y a plus aucune proportion. Mais ce n’est pas la cité seul
368 l n’y a plus aucune proportion. Mais ce n’est pas la cité seule qui a changé. En même temps qu’elle cessait d’être proport
369 même temps qu’elle cessait d’être proportionnée à la mesure de l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je
370 ’elle cessait d’être proportionnée à la mesure de l’ homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai p
371 sait d’être proportionnée à la mesure de l’homme, l’ homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai personne s
372 à la mesure de l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai personne si je constate que dans l’h
373 e l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai personne si je constate que dans l’humanité conte
374 . Je n’étonnerai personne si je constate que dans l’ humanité contemporaine, le chrétien n’est plus le type normal. Il tend
375 si je constate que dans l’humanité contemporaine, le chrétien n’est plus le type normal. Il tend à devenir l’exception. C’
376 l’humanité contemporaine, le chrétien n’est plus le type normal. Il tend à devenir l’exception. C’est tout juste, déjà, s
377 tien n’est plus le type normal. Il tend à devenir l’ exception. C’est tout juste, déjà, s’il n’est pas un scandale. Quand i
378 pas un scandale. Quand il se tient tranquille, on le tolère en souriant. On ira même jusqu’à respecter ses vertus, à condi
379 n toutefois qu’elles se confondent avec celles de la bourgeoisie. Et maintenant nous comprendrons peut-être mieux le sens
380 . Et maintenant nous comprendrons peut-être mieux le sens concret de la question, à laquelle je vais limiter mes réflexion
381 s comprendrons peut-être mieux le sens concret de la question, à laquelle je vais limiter mes réflexions, ce soir : — quel
382 iter mes réflexions, ce soir : — quelle peut être la vocation de ce chrétien dans cette cité ? Ce chrétien en minorité dan
383 qui, elle-même, paraît tellement impuissante sur les conseils de la cité ? N’est-il pas ridicule de poser la question ? N’
384 paraît tellement impuissante sur les conseils de la cité ? N’est-il pas ridicule de poser la question ? N’est-il pas évid
385 stion ? N’est-il pas évident, à première vue, que le chrétien ne peut plus rien, que personne ne l’écoute plus, qu’on le l
386 ue le chrétien ne peut plus rien, que personne ne l’ écoute plus, qu’on le laisse parler dans ses temples justement parce q
387 t plus rien, que personne ne l’écoute plus, qu’on le laisse parler dans ses temples justement parce qu’on ne le craint plu
388 parler dans ses temples justement parce qu’on ne le craint plus ? Et dès lors, à quoi servirait de méditer sur la manière
389 us ? Et dès lors, à quoi servirait de méditer sur la manière dont ce chrétien pourrait ou devrait exercer une vocation con
390 tion condamnée par avance à demeurer inefficace ? Le chrétien est-il possesseur d’un secret qui lui permettrait de faire p
391 et qui lui permettrait de faire plus ou mieux que les autres ? A-t-il des lumières spéciales sur les moyens de résoudre la
392 ue les autres ? A-t-il des lumières spéciales sur les moyens de résoudre la crise, d’organiser la production ou de conclure
393 des lumières spéciales sur les moyens de résoudre la crise, d’organiser la production ou de conclure des traités ? Et si c
394 sur les moyens de résoudre la crise, d’organiser la production ou de conclure des traités ? Et si ce n’est pas le cas, ne
395 n ou de conclure des traités ? Et si ce n’est pas le cas, ne ferait-il pas mieux de se limiter à son domaine, d’ailleurs d
396 domaine, d’ailleurs de plus en plus restreint ? À la question de sa vocation dans la cité, ne devra-t-on pas opposer une q
397 lus restreint ? À la question de sa vocation dans la cité, ne devra-t-on pas opposer une question préalable, brutale : cet
398 à des actes ? Et ces actes eux-mêmes, auront-ils la moindre portée ? L’observation objective du monde nous obligerait à c
399 s actes eux-mêmes, auront-ils la moindre portée ? L’ observation objective du monde nous obligerait à conclure qu’en effet,
400 du monde nous obligerait à conclure qu’en effet, les conditions sont devenues telles que l’action du chrétien, comme chrét
401 en effet, les conditions sont devenues telles que l’ action du chrétien, comme chrétien, ne vaut guère la peine qu’on en pa
402 action du chrétien, comme chrétien, ne vaut guère la peine qu’on en parle. J’irai même plus loin : l’action d’un intellect
403 la peine qu’on en parle. J’irai même plus loin : l’ action d’un intellectuel laïque quelconque apparaît tout à fait dériso
404 ue quelconque apparaît tout à fait dérisoire dans la « cité » telle qu’elle est devenue. Ni les congrégations économiques,
405 re dans la « cité » telle qu’elle est devenue. Ni les congrégations économiques, ni les forces irrationnelles de la race, d
406 est devenue. Ni les congrégations économiques, ni les forces irrationnelles de la race, de la classe ou des nationalismes e
407 ions économiques, ni les forces irrationnelles de la race, de la classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos
408 ques, ni les forces irrationnelles de la race, de la classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis, de nos
409 autres pauvres intellectuels, il nous faut perdre l’ illusion d’exercer aucune puissance. À moins de nous faire journaliste
410 e puissance. À moins de nous faire journalistes ! L’ observation objective du monde ramène le clerc dans sa chambrette, et
411 alistes ! L’observation objective du monde ramène le clerc dans sa chambrette, et le chrétien dans sa paroisse. Elle concl
412 e du monde ramène le clerc dans sa chambrette, et le chrétien dans sa paroisse. Elle conclut au scepticisme, et au pessimi
413 imisme intégral. — « J’ai appliqué mon cœur — dit l’ Ecclésiaste — à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se f
414  dit l’Ecclésiaste — à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c’est là une occupation
415 à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c’est là une occupation pénible à laquelle Dieu soumet les fi
416 là une occupation pénible à laquelle Dieu soumet les fils de l’homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous les cieux, et voici
417 pation pénible à laquelle Dieu soumet les fils de l’ homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous les cieux, et voici, tout est
418 fils de l’homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous les cieux, et voici, tout est vanité et poursuite du vent. » Je plaindrai
419 est vanité et poursuite du vent. » Je plaindrais l’ homme d’action qui n’aurait jamais eu ce cri, qui n’aurait jamais épro
420 s vous dire ce soir, j’ai éprouvé plus que jamais le sentiment d’une grande absurdité. Sommes-nous bien des David prêts à
421 out ! Et c’est à Dieu que nous disons dans toutes les églises chrétiennes : « Que Ton règne vienne ! » Or, une telle prière
422 le aucune raison ne prévaudra jamais. Elle est un ordre , que nous avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir
423 dre, que nous avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une vocation. Et a
424 s avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une vocation. Et alors, nous v
425 s, ni à décider librement si oui ou non cela vaut la peine d’entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton
426 nt si oui ou non cela vaut la peine d’entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si
427 cela vaut la peine d’entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si nous ne faisons
428 ue Ton règne vienne ! » et si nous ne faisons pas l’ impossible — justement : l’impossible — pour hâter la venue de ce règn
429 si nous ne faisons pas l’impossible — justement : l’ impossible — pour hâter la venue de ce règne, nous ne sommes plus que
430 mpossible — justement : l’impossible — pour hâter la venue de ce règne, nous ne sommes plus que des menteurs, et notre pri
431 que des menteurs, et notre prière nous condamne. Le chrétien est cet homme qui, ayant mesuré, mieux que personne peut-êtr
432 qui, ayant mesuré, mieux que personne peut-être, la vanité de toute action, agit tout de même, non point parce qu’il dist
433 possible et prochain, mais parce qu’il a reçu un ordre , et que cet ordre vient de Dieu. « Ne vous conformez pas à ce siècle
434 ain, mais parce qu’il a reçu un ordre, et que cet ordre vient de Dieu. « Ne vous conformez pas à ce siècle présent, mais soye
435 t, mais soyez transformés », dit saint Paul. Tout le secret de notre vocation est contenu dans ces mots-là, et si je parve
436 ns ces mots-là, et si je parvenais ce soir à vous les rendre vivants et présents, et si vous n’emportiez d’ici que le seul
437 nts et présents, et si vous n’emportiez d’ici que le seul souvenir de ces mots, je penserais avoir atteint mon but. Ne vo
438  mais soyez transformés. Nous n’appartenons pas à la forme du monde mais bien à sa transformation. Forme et transformation
439 ansformation. Forme et transformation, ce sont là les deux termes qui s’opposent dans notre vie, qui commandent notre vocat
440 nt dans notre vie, qui commandent notre vocation. La forme de ce monde : vous savez ce qu’elle est, et vous savez qu’elle
441 qu’elle est, et vous savez qu’elle est mauvaise. La forme de ce monde, ce sont toutes les puissances que j’énumérais tout
442 st mauvaise. La forme de ce monde, ce sont toutes les puissances que j’énumérais tout à l’heure et qui dominent la cité. C’
443 sont toutes les puissances que j’énumérais tout à l’ heure et qui dominent la cité. C’est le désordre et l’injustice toléré
444 es que j’énumérais tout à l’heure et qui dominent la cité. C’est le désordre et l’injustice tolérés, devenus normaux, c’es
445 ais tout à l’heure et qui dominent la cité. C’est le désordre et l’injustice tolérés, devenus normaux, c’est la presse, l’
446 ure et qui dominent la cité. C’est le désordre et l’ injustice tolérés, devenus normaux, c’est la presse, l’exploitation de
447 re et l’injustice tolérés, devenus normaux, c’est la presse, l’exploitation des pauvres, la raison du plus fort et la loi
448 ustice tolérés, devenus normaux, c’est la presse, l’ exploitation des pauvres, la raison du plus fort et la loi du talion.
449 aux, c’est la presse, l’exploitation des pauvres, la raison du plus fort et la loi du talion. Ici, c’est le capitalisme cr
450 ploitation des pauvres, la raison du plus fort et la loi du talion. Ici, c’est le capitalisme créateur de chômage, là c’es
451 ison du plus fort et la loi du talion. Ici, c’est le capitalisme créateur de chômage, là c’est la tyrannie des dictatures.
452 ’est le capitalisme créateur de chômage, là c’est la tyrannie des dictatures. C’est contre la forme du monde que protesten
453 là c’est la tyrannie des dictatures. C’est contre la forme du monde que protestent les socialistes, et avec eux des masses
454 es. C’est contre la forme du monde que protestent les socialistes, et avec eux des masses grandissantes de bourgeois lentem
455 épossédés des privilèges acquis par leur travail. La forme mauvaise du monde, ce sera pour l’incroyant l’ensemble des abus
456 travail. La forme mauvaise du monde, ce sera pour l’ incroyant l’ensemble des abus et des désordres dont il souffre ; — pou
457 forme mauvaise du monde, ce sera pour l’incroyant l’ ensemble des abus et des désordres dont il souffre ; — pour le chrétie
458 es abus et des désordres dont il souffre ; — pour le chrétien, ce sera bien davantage : ce sera tout ce que résume le seul
459 sera bien davantage : ce sera tout ce que résume le seul mot de péché — tout ce qui s’oppose à la venue du règne de justi
460 ume le seul mot de péché — tout ce qui s’oppose à la venue du règne de justice qu’il appelle. « Nous n’appartenons pas à l
461 justice qu’il appelle. « Nous n’appartenons pas à la forme du monde. » — Est-ce à dire que notre foi nous en libère matéri
462 s, entièrement hommes, entièrement prisonniers de la forme mauvaise du monde. C’est là le fait. Mais notre foi proteste au
463 isonniers de la forme mauvaise du monde. C’est là le fait. Mais notre foi proteste au nom de Dieu contre ce fait ! Elle ap
464 om de Dieu contre ce fait ! Elle appelle un monde nouveau , elle affirme une nouvelle appartenance. Elle annonce une nouvelle pa
465 vrai, mais non pas comme étant du monde. C’est là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humani
466 là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’ appel de toute l’humanité à la justice. Mais alors, cette forme du mon
467 prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’ humanité à la justice. Mais alors, cette forme du monde que le chrétie
468 nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la justice. Mais alors, cette forme du monde que le chrétien découvre pi
469 la justice. Mais alors, cette forme du monde que le chrétien découvre pire encore que ne le pensaient les socialistes par
470 monde que le chrétien découvre pire encore que ne le pensaient les socialistes par exemple, elle appelle une transformatio
471 chrétien découvre pire encore que ne le pensaient les socialistes par exemple, elle appelle une transformation plus radical
472 transformation que nous appartenons de droit, dès l’ instant où nous l’annonçons. Mais qu’est-ce que cette transformation ?
473 nous appartenons de droit, dès l’instant où nous l’ annonçons. Mais qu’est-ce que cette transformation ? Et de quel droit
474 te transformation ? Et de quel droit pouvons-nous l’ annoncer ? Est-ce un ensemble de réformes, un programme révolutionnair
475 e réformes, un programme révolutionnaire ? Est-ce l’ utopie d’un avenir meilleur, ce « millenium » dont l’Apocalypse nous d
476 topie d’un avenir meilleur, ce « millenium » dont l’ Apocalypse nous donne la vision mystérieuse, Satan enchaîné pour mille
477 ur, ce « millenium » dont l’Apocalypse nous donne la vision mystérieuse, Satan enchaîné pour mille ans ? Réforme, révoluti
478 on, utopie d’un monde meilleur ; — ne faisons pas les dégoûtés : nous y pensons tous plus ou moins, et beaucoup d’entre nou
479 ’entre nous y travaillent. Il ne sera pas dit que l’ homme chrétien est moins humain que l’homme non chrétien. Il ne sera p
480 pas dit que l’homme chrétien est moins humain que l’ homme non chrétien. Il ne sera pas dit que le croyant, parce qu’il ref
481 que l’homme non chrétien. Il ne sera pas dit que le croyant, parce qu’il refuse toute solidarité avec la forme du monde p
482 croyant, parce qu’il refuse toute solidarité avec la forme du monde présent, refuse aussi toute solidarité avec l’espoir d
483 monde présent, refuse aussi toute solidarité avec l’ espoir de ceux qui souffrent et qui créent. Mais s’il accepte pratique
484 t. Mais s’il accepte pratiquement de travailler à la révolution, le chrétien n’a pas le droit de laisser subsister la moin
485 cepte pratiquement de travailler à la révolution, le chrétien n’a pas le droit de laisser subsister la moindre équivoque s
486 e travailler à la révolution, le chrétien n’a pas le droit de laisser subsister la moindre équivoque sur les motifs de cet
487 le chrétien n’a pas le droit de laisser subsister la moindre équivoque sur les motifs de cette acceptation. S’il annonce,
488 oit de laisser subsister la moindre équivoque sur les motifs de cette acceptation. S’il annonce, au sens fort du terme, la
489 acceptation. S’il annonce, au sens fort du terme, la transformation de ce monde, ce n’est pas en vertu des seuls désirs hu
490 été faite ! Ce que nous annonçons au monde, c’est la promesse de celui qui a dit : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde.
491 e celui qui a dit : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde. » — Christ est ressuscité. Il est vivant ! Par lui, la forme d
492 — Christ est ressuscité. Il est vivant ! Par lui, la forme de ce monde, et sa puissance dernière, la mort, sont absolument
493 , la forme de ce monde, et sa puissance dernière, la mort, sont absolument dominées. C’en est fait ! depuis 19 siècles. La
494 ment dominées. C’en est fait ! depuis 19 siècles. La justice a paru, et nous en témoignons par nos actions de grâce — préc
495 isément par nos actions ! — et je voudrais mettre l’ accent sur ce mot-là, afin que vous ne pensiez pas qu’il ne s’agit ici
496 isons si bonnes, par exemple, mais si courtes, de l’ opportunisme sceptique. Si nous croyons à cette justice, nous ne pouvo
497 ent un fait unique, renvoient à un motif unique : la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Ni l’attente passive, ni l’a
498 unique, renvoient à un motif unique : la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Ni l’attente passive, ni l’ardeur messi
499  : la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Ni l’ attente passive, ni l’ardeur messianique, ne sont plus aujourd’hui des
500 rection de Jésus-Christ. Ni l’attente passive, ni l’ ardeur messianique, ne sont plus aujourd’hui des attitudes chrétiennes
501 ujourd’hui des attitudes chrétiennes ; mais voilà le motif de notre action : nous attestons la justice apparue, et dans l’
502 s voilà le motif de notre action : nous attestons la justice apparue, et dans l’élan de notre action de grâce, prisonniers
503 tion : nous attestons la justice apparue, et dans l’ élan de notre action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme
504 e action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme terrestre, nous prêchons une victoire acquise et le retour prom
505 terrestre, nous prêchons une victoire acquise et le retour promis de cette justice ! ⁂ Il se peut que certains d’entre vo
506 ent théologiques. Il se peut que ma définition de la vocation du chrétien vous ait paru, dès le principe, assez abstraite.
507 ion de la vocation du chrétien vous ait paru, dès le principe, assez abstraite. Me voilà bien loin, pensez-vous, des probl
508 oin, pensez-vous, des problèmes concrets que pose la cité. Encore un qui s’évade ! Encore un qui décolle et va planer au-d
509 us, sont en train de penser cela. Avant d’aborder le problème de l’action politique du chrétien, je tiens à dire deux mots
510 in de penser cela. Avant d’aborder le problème de l’ action politique du chrétien, je tiens à dire deux mots concernant ces
511 upules, ou peut-être, cette objection informulée. La question que je viens d’esquisser à grands traits, c’est celle des fi
512 grands traits, c’est celle des fins dernières de l’ action du chrétien. C’est la triple question que le peintre Gauguin av
513 des fins dernières de l’action du chrétien. C’est la triple question que le peintre Gauguin avait choisie pour titre de so
514 ’action du chrétien. C’est la triple question que le peintre Gauguin avait choisie pour titre de son fameux triptyque : D’
515 ons-nous ? Où en sommes-nous ? Où allons-nous ? À la question : Où en sommes-nous ? j’ai répondu en rappelant la situation
516 n : Où en sommes-nous ? j’ai répondu en rappelant la situation très précaire du chrétien dans la cité telle qu’elle est de
517 elant la situation très précaire du chrétien dans la cité telle qu’elle est devenue. À la question : D’où venons-nous ? j’
518 hrétien dans la cité telle qu’elle est devenue. À la question : D’où venons-nous ? j’ai répondu en rappelant que l’origine
519 D’où venons-nous ? j’ai répondu en rappelant que l’ origine vivante de notre action, c’est l’incarnation de la justice en
520 lant que l’origine vivante de notre action, c’est l’ incarnation de la justice en Jésus-Christ ressuscité. À la question :
521 e vivante de notre action, c’est l’incarnation de la justice en Jésus-Christ ressuscité. À la question : Où allons-nous ?
522 ation de la justice en Jésus-Christ ressuscité. À la question : Où allons-nous ? j’ai répondu : le Seigneur vient ! — et n
523 . À la question : Où allons-nous ? j’ai répondu : le Seigneur vient ! — et nous allons à la rencontre de son règne, vers l
524 répondu : le Seigneur vient ! — et nous allons à la rencontre de son règne, vers la transformation radicale de toutes cho
525 et nous allons à la rencontre de son règne, vers la transformation radicale de toutes choses. Et je vous demande, mainten
526 toutes choses. Et je vous demande, maintenant, si l’ on a le droit de se mettre en route avant d’avoir posé ces trois quest
527 choses. Et je vous demande, maintenant, si l’on a le droit de se mettre en route avant d’avoir posé ces trois questions, a
528 s, avant d’y avoir répondu ? Oh, je sais bien que le monde d’aujourd’hui retentit chaque jour d’appels, d’appels à la lutt
529 urd’hui retentit chaque jour d’appels, d’appels à la lutte immédiate, pour des objectifs imprécis, ou au contraire telleme
530 en avant ! sans avoir osé regarder plus loin que le bout des semelles de leurs bottes. Leur en avant ne sait pas où il va
531 ait pas où il va ! N’est-ce pas ainsi que courent les fuyards ? Comment ne voient-ils pas que chacun de leurs gestes pose l
532 urs gestes pose la question des fins dernières de l’ homme, et cela, qu’ils le veuillent ou non ? Et s’ils le voient, comme
533 on des fins dernières de l’homme, et cela, qu’ils le veuillent ou non ? Et s’ils le voient, comment peuvent-ils encore élu
534 e, et cela, qu’ils le veuillent ou non ? Et s’ils le voient, comment peuvent-ils encore éluder si cavalièrement le problèm
535 omment peuvent-ils encore éluder si cavalièrement le problème dernier de l’action ? Et je demande encore : qui donc osera
536 re éluder si cavalièrement le problème dernier de l’ action ? Et je demande encore : qui donc osera poser ces grandes quest
537 oser ces grandes questions dernières, si ce n’est le chrétien, dans la cité contemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui d’
538 uestions dernières, si ce n’est le chrétien, dans la cité contemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui d’autre est en mesur
539 chrétien, dans la cité contemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui d’autre est en mesure d’assumer cette charge inquiétant
540 en mesure d’assumer cette charge inquiétante ? Si le chrétien ne pose pas ces questions, n’est-ce pas alors, justement, qu
541 évade ? Qu’il sort de sa réalité ? Qu’il doute de la justice de Dieu ? Et qu’il trahit sa vocation première ? Je pense que
542 us ont, dès longtemps, résolu ces questions, dans la mesure où cela se peut. Mais il fallait qu’elles fussent posées, tout
543 à vous dire maintenant. Vocation du chrétien dans la cité : nous l’avons définie par deux mouvements : une protestation, u
544 ntenant. Vocation du chrétien dans la cité : nous l’ avons définie par deux mouvements : une protestation, une annonce. Pro
545 ne protestation, une annonce. Protestation contre la forme de ce siècle, annonce active de sa transformation. Ici se posen
546 chrétiens ? Telle est la première question. Et si l’ on répond non à cette première question, est-il possible alors, ou dés
547 ou l’autre des partis existants, et fasse sienne la cause de ce parti ? Ce sera la seconde question. Au sujet de la polit
548 parti ? Ce sera la seconde question. Au sujet de la politique chrétienne, permettez-moi d’être aussi bref que catégorique
549 e aussi bref que catégorique. Si nous considérons l’ histoire, si nous écoutons ses leçons, il me paraît qu’aucun doute n’e
550 pereur chrétien commandant aux chrétiens de faire la guerre, à Charlemagne baptisant les Saxons pour leur prouver la puiss
551 tiens de faire la guerre, à Charlemagne baptisant les Saxons pour leur prouver la puissance de son glaive, et tout accessoi
552 harlemagne baptisant les Saxons pour leur prouver la puissance de son glaive, et tout accessoirement celle de l’Esprit ; d
553 ce de son glaive, et tout accessoirement celle de l’ Esprit ; des chevaliers partant pour la Croisade, aux milices de Loyol
554 t celle de l’Esprit ; des chevaliers partant pour la Croisade, aux milices de Loyola, poussant les princes à une autre cro
555 pour la Croisade, aux milices de Loyola, poussant les princes à une autre croisade non moins sanglante, mais sans doute moi
556 ins sanglante, mais sans doute moins féconde pour l’ essor de la civilisation ; des anabaptistes de Münster aux puritains c
557 te, mais sans doute moins féconde pour l’essor de la civilisation ; des anabaptistes de Münster aux puritains capitalistes
558 t à son Gott mit uns ! ; des Espagnols massacrant les Incas au nom d’un autre roi chrétien, jusqu’à ce chancelier Dollfuss
559 er Dollfuss faisant tirer à coups de canon contre les ouvriers de Vienne avec l’appui du parti clérical, — l’histoire des p
560 coups de canon contre les ouvriers de Vienne avec l’ appui du parti clérical, — l’histoire des politiques chrétiennes se co
561 riers de Vienne avec l’appui du parti clérical, —  l’ histoire des politiques chrétiennes se confond séculairement avec l’hi
562 itiques chrétiennes se confond séculairement avec l’ histoire des trahisons les plus flagrantes du christianisme. Voilà bie
563 nfond séculairement avec l’histoire des trahisons les plus flagrantes du christianisme. Voilà bien la fatalité qui pèse sur
564 les plus flagrantes du christianisme. Voilà bien la fatalité qui pèse sur notre histoire : une politique chrétienne qui r
565 étienne qui réussit n’a plus rien de chrétien que le prétexte. Les Églises se livrent au jugement du monde, dès lors qu’el
566 éussit n’a plus rien de chrétien que le prétexte. Les Églises se livrent au jugement du monde, dès lors qu’elles cessent d’
567 s cessent d’être avant tout un jugement porté sur le monde. Toute politique chrétienne, toute politique conduite par une É
568 vise des buts proprement politiques, appartient à la forme du monde, et par là même, appelle notre protestation. Quel est
569 à même, appelle notre protestation. Quel est donc le rôle de l’Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire tri
570 elle notre protestation. Quel est donc le rôle de l’ Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire triompher tell
571 est donc le rôle de l’Église ? Est-il de prêcher l’ Évangile, ou bien de faire triompher telle ou telle doctrine sociale a
572 le, que de questions demeurent menaçantes ! Voici l’ Église liée bon gré mal gré à son succès ; voici l’Église puissante et
573 ’Église liée bon gré mal gré à son succès ; voici l’ Église puissante et séduisant par sa puissance ; voici le message de l
574 e puissante et séduisant par sa puissance ; voici le message de la transformation qui se change en message de la conservat
575 séduisant par sa puissance ; voici le message de la transformation qui se change en message de la conservation ; et voici
576 de la transformation qui se change en message de la conservation ; et voici l’ombre du Grand Inquisiteur qui vient bénir
577 e change en message de la conservation ; et voici l’ ombre du Grand Inquisiteur qui vient bénir ce monde moralisé, dont on
578 sant chaque chrétien de reconnaître et d’accepter les risques d’une vocation toujours unique, et parfois scandaleuse. Je ne
579 ique, et parfois scandaleuse. Je ne crois pas que les chrétiens possèdent, du seul fait de leur foi, des lumières spéciales
580 seul fait de leur foi, des lumières spéciales sur les problèmes techniques que pose la vie de la cité moderne. Je ne crois
581 s spéciales sur les problèmes techniques que pose la vie de la cité moderne. Je ne crois pas qu’il soit souhaitable que se
582 s sur les problèmes techniques que pose la vie de la cité moderne. Je ne crois pas qu’il soit souhaitable que se forme un
583 chrétien, opposé aux autres partis. Je crois que les églises ne peuvent accomplir tout leur devoir, toute leur mission dan
584 complir tout leur devoir, toute leur mission dans la cité, que d’une seule et unique manière, et c’est en devenant et en r
585 raies Églises, c’est-à-dire des annonciatrices de la Parole, du jugement porté sur la forme du monde, et de la grâce offer
586 nnonciatrices de la Parole, du jugement porté sur la forme du monde, et de la grâce offerte à ceux qui croient. Mais ceci
587 e, du jugement porté sur la forme du monde, et de la grâce offerte à ceux qui croient. Mais ceci dit, et une fois repouss
588 ui croient. Mais ceci dit, et une fois repoussée la tentation théocratique à laquelle je vois succomber tant de jeunes ch
589 étiens trop bien intentionnés, il faut avouer que la question reste entière : que devons-nous faire, comme chrétiens, dans
590 re : que devons-nous faire, comme chrétiens, dans la cité ? Si l’Église n’est pas un parti, comment et où faut-il que nous
591 ns-nous faire, comme chrétiens, dans la cité ? Si l’ Église n’est pas un parti, comment et où faut-il que nous prenions par
592 ci donc en face de la seconde question : celle de l’ adhésion à l’un ou l’autre des partis politiques existants. Bien enten
593 Bien entendu, je ne puis songer à passer en revue les principaux partis qui constituent des forces politiques et sociales d
594 onstituent des forces politiques et sociales dans la cité française d’aujourd’hui. Nous entrerions dans un débat terriblem
595 récis, et nous aurions vite fait de perdre de vue la vocation particulière du chrétien. Je me contenterai donc d’examiner
596 e me contenterai donc d’examiner un seul exemple, le plus riche à mon sens, et peut-être le plus typique : l’exemple du pa
597 l exemple, le plus riche à mon sens, et peut-être le plus typique : l’exemple du parti socialiste. Protestation contre la
598 riche à mon sens, et peut-être le plus typique : l’ exemple du parti socialiste. Protestation contre la forme actuelle du
599 ’exemple du parti socialiste. Protestation contre la forme actuelle du monde, prédication active de sa transformation, — s
600 active de sa transformation, — si telle est bien la vocation civique du chrétien, beaucoup seront tentés de penser que ce
601 her avec une prudence critique extrême, de ce que l’ on nomme l’idéal socialiste ? Beaucoup de braves gens condamnent cet i
602 e prudence critique extrême, de ce que l’on nomme l’ idéal socialiste ? Beaucoup de braves gens condamnent cet idéal en blo
603 e excellente application : « Il ne faut pas jeter l’ enfant avec le bain. » Jetons le bain marxiste, mais gardons l’enfant 
604 pplication : « Il ne faut pas jeter l’enfant avec le bain. » Jetons le bain marxiste, mais gardons l’enfant ! Car si nous
605 ne faut pas jeter l’enfant avec le bain. » Jetons le bain marxiste, mais gardons l’enfant ! Car si nous condamnons en bloc
606 le bain. » Jetons le bain marxiste, mais gardons l’ enfant ! Car si nous condamnons en bloc le socialisme, nous condamnons
607 gardons l’enfant ! Car si nous condamnons en bloc le socialisme, nous condamnons aussi une part de vérité d’origine propre
608 e part de vérité d’origine proprement chrétienne. Le socialisme s’est identifié avec la défense des humbles : si nous ne f
609 nt chrétienne. Le socialisme s’est identifié avec la défense des humbles : si nous ne faisons pas mieux que lui à cet égar
610 ns pas mieux que lui à cet égard, gardons-nous de l’ attaquer ! Le socialisme proteste contre les conditions actuelles du t
611 que lui à cet égard, gardons-nous de l’attaquer ! Le socialisme proteste contre les conditions actuelles du travail ; il r
612 ous de l’attaquer ! Le socialisme proteste contre les conditions actuelles du travail ; il revendique une justice plus gran
613 vail ; il revendique une justice plus grande dans la société : si nous ne protestons pas plus fort que lui, si nous ne cro
614 t que lui, si nous ne croyons pas mieux que lui à la justice, gardons-nous de le condamner ! C’est lui qui fait, dans l’in
615 s pas mieux que lui à la justice, gardons-nous de le condamner ! C’est lui qui fait, dans l’incroyance, ce que nous aurion
616 s-nous de le condamner ! C’est lui qui fait, dans l’ incroyance, ce que nous aurions dû faire dans la foi. — Mais si l’on r
617 s l’incroyance, ce que nous aurions dû faire dans la foi. — Mais si l’on refuse d’attaquer le socialisme, faudra-t-il acce
618 que nous aurions dû faire dans la foi. — Mais si l’ on refuse d’attaquer le socialisme, faudra-t-il accepter aussitôt le f
619 ire dans la foi. — Mais si l’on refuse d’attaquer le socialisme, faudra-t-il accepter aussitôt le fameux trait d’union qu’
620 quer le socialisme, faudra-t-il accepter aussitôt le fameux trait d’union qu’on nous propose, entre socialiste et chrétien
621 otestation et justice. Oui, ces mots d’ordre sont les mêmes pour le chrétien et pour le socialiste. L’élan sentimental est
622 ustice. Oui, ces mots d’ordre sont les mêmes pour le chrétien et pour le socialiste. L’élan sentimental est peut-être le m
623 s d’ordre sont les mêmes pour le chrétien et pour le socialiste. L’élan sentimental est peut-être le même, les revendicati
624 les mêmes pour le chrétien et pour le socialiste. L’ élan sentimental est peut-être le même, les revendications pratiques s
625 r le socialiste. L’élan sentimental est peut-être le même, les revendications pratiques seront peut-être aussi les mêmes,
626 aliste. L’élan sentimental est peut-être le même, les revendications pratiques seront peut-être aussi les mêmes, dans bien
627 s revendications pratiques seront peut-être aussi les mêmes, dans bien des cas. Mais les motifs premiers, les buts derniers
628 eut-être aussi les mêmes, dans bien des cas. Mais les motifs premiers, les buts derniers sont autres. Et ce sont ces motifs
629 mes, dans bien des cas. Mais les motifs premiers, les buts derniers sont autres. Et ce sont ces motifs et ces buts qui doiv
630 t donner aux mots leur sens réel. Nous trahirions la foi qui doit nous animer si, pour des raisons tactiques, nous passion
631 passions sous silence cette radicale différence : le chrétien ne proteste pas seulement contre des abus politiques, mais c
632 seulement contre des abus politiques, mais contre le péché, à travers ces abus. Le chrétien n’annonce pas seulement une ju
633 tiques, mais contre le péché, à travers ces abus. Le chrétien n’annonce pas seulement une justice humaine à venir, mais un
634 ’entre leur but et notre but, entre nos motifs et les leurs, il y a tout l’abîme qui sépare un idéal moral d’une foi au Chr
635 e but, entre nos motifs et les leurs, il y a tout l’ abîme qui sépare un idéal moral d’une foi au Christ vivant ? Car le c
636 un idéal moral d’une foi au Christ vivant ? Car le chrétien n’est pas idéaliste, et c’est cela qui le distingue en fin d
637 e chrétien n’est pas idéaliste, et c’est cela qui le distingue en fin de compte du socialiste. Le christianisme annonce un
638 qui le distingue en fin de compte du socialiste. Le christianisme annonce une réalité, non pas un rêve. Il annonce le sal
639 annonce une réalité, non pas un rêve. Il annonce le salut pour ceux qui se repentent et qui croient, non point une théori
640 omique passagère. On a tort d’attaquer uniquement le prétendu matérialisme socialiste, comme si le christianisme était moi
641 ent le prétendu matérialisme socialiste, comme si le christianisme était moins réaliste et comme si les chrétiens ne vivai
642 le christianisme était moins réaliste et comme si les chrétiens ne vivaient pas aussi de pain. Le grand danger du socialism
643 e si les chrétiens ne vivaient pas aussi de pain. Le grand danger du socialisme n’est pas dans son matérialisme, mais dans
644 a de meilleur, non dans ce qu’il a de pire ; dans la tentation qu’il nous offre d’un idéal humanitaire en lieu et place d’
645 parvenons pas à faire comprendre aux socialistes le sérieux absolu de cette distinction, nous risquons de prêcher contre
646 ans doute mieux que nous ce que signifie pour eux le compromis entre leurs motifs de croyants et les motifs des camarades.
647 ux le compromis entre leurs motifs de croyants et les motifs des camarades. Pensant à eux, je résumerai toute ma critique d
648 t par ailleurs dénoncé, ouvertement, et au nom de la foi. J’ajouterai cependant une remarque. Si je refuse d’adhérer prati
649 ent antichrétiens qu’il donne à toute action dans le cadre du parti. Mais si je refuse ce parti, c’est aussi parce qu’il e
650 arti, précisément. Tout le monde fait aujourd’hui le procès des partis, pour des raisons assez sérieuses et valables d’opp
651 ez sérieuses et valables d’opportunité politique. L’ impuissance politique des formations de masses s’est avérée depuis la
652 ique des formations de masses s’est avérée depuis la guerre, soit en Russie, où Lénine triompha par le moyen d’une minorit
653 la guerre, soit en Russie, où Lénine triompha par le moyen d’une minorité infime, soit en Allemagne, où les partis de gauc
654 oyen d’une minorité infime, soit en Allemagne, où les partis de gauche, malgré leur organisation incomparable, se virent ba
655 incomparable, se virent balayés en dix jours par les troupes d’assaut hitlériennes. Mais je crois qu’un chrétien peut adre
656 sser une critique encore plus grave à tout parti. L’ idée même de parti paraît absolument incompatible avec l’idée de vocat
657 même de parti paraît absolument incompatible avec l’ idée de vocation. Et la réalité pratique et quotidienne montre que cet
658 solument incompatible avec l’idée de vocation. Et la réalité pratique et quotidienne montre que cette opposition est effec
659 dienne montre que cette opposition est effective. L’ homme des masses, le partisan, c’est l’homme qui fuit devant sa vocati
660 tte opposition est effective. L’homme des masses, le partisan, c’est l’homme qui fuit devant sa vocation. C’est l’homme qu
661 effective. L’homme des masses, le partisan, c’est l’ homme qui fuit devant sa vocation. C’est l’homme qui accepte un menson
662 c’est l’homme qui fuit devant sa vocation. C’est l’ homme qui accepte un mensonge parce que les intérêts immédiats du part
663 . C’est l’homme qui accepte un mensonge parce que les intérêts immédiats du parti le commandent sans discussion. C’est l’ho
664 ensonge parce que les intérêts immédiats du parti le commandent sans discussion. C’est l’homme qui délègue à la majorité l
665 ats du parti le commandent sans discussion. C’est l’ homme qui délègue à la majorité le souci de ses décisions. Et dans ce
666 dent sans discussion. C’est l’homme qui délègue à la majorité le souci de ses décisions. Et dans ce sens précis, il faut b
667 scussion. C’est l’homme qui délègue à la majorité le souci de ses décisions. Et dans ce sens précis, il faut bien dire que
668 ns. Et dans ce sens précis, il faut bien dire que les partis sont les agents les plus actifs de la démoralisation des homme
669 ens précis, il faut bien dire que les partis sont les agents les plus actifs de la démoralisation des hommes modernes. N’ay
670 il faut bien dire que les partis sont les agents les plus actifs de la démoralisation des hommes modernes. N’ayant pas mêm
671 que les partis sont les agents les plus actifs de la démoralisation des hommes modernes. N’ayant pas même l’excuse d’avoir
672 oralisation des hommes modernes. N’ayant pas même l’ excuse d’avoir réussi pratiquement, ils ne peuvent se défendre contre
673 i pratiquement, ils ne peuvent se défendre contre le jugement qui les renvoie au magasin des accessoires du stupide xixe
674 ils ne peuvent se défendre contre le jugement qui les renvoie au magasin des accessoires du stupide xixe siècle. ⁂ Je résu
675 i politique. — Pourtant, il faut agir ! Pourtant, la vocation qui nous envoie dans la cité reste impérieuse ! Alors quoi ?
676 agir ! Pourtant, la vocation qui nous envoie dans la cité reste impérieuse ! Alors quoi ? direz-vous, que reste-t-il prati
677 » — dit-on —, et qui vous laisse en fin de compte le bec dans l’eau ? J’aurais renoncé à vous parler ce soir si je n’avais
678 , et qui vous laisse en fin de compte le bec dans l’ eau ? J’aurais renoncé à vous parler ce soir si je n’avais eu à vous o
679 eux exemples concrets de vocation chrétienne dans la cité. Et d’abord, à l’image que je vous donnais en débutant du clerc
680 vocation chrétienne dans la cité. Et d’abord, à l’ image que je vous donnais en débutant du clerc moyenâgeux dans la cité
681 vous donnais en débutant du clerc moyenâgeux dans la cité thomiste, j’opposerai une image moderne, qui est aussi celle d’u
682 e moderne, qui est aussi celle d’un chrétien dans la cité, mais qui n’est pas cette fois une utopie. Cela se passe au Japo
683 s. Certains d’entre vous connaissent probablement la biographie de Kagawa, le chef du jeune Japon chrétien. Fils d’un cons
684 connaissent probablement la biographie de Kagawa, le chef du jeune Japon chrétien. Fils d’un conseiller de l’empereur et d
685 du jeune Japon chrétien. Fils d’un conseiller de l’ empereur et d’une geisha, Kagawa appartient à une classe honorable, et
686 ne classe honorable, et jouit à vingt ans de tous les avantages qui sont chez nous ceux de la grande bourgeoisie. Mais voil
687 de tous les avantages qui sont chez nous ceux de la grande bourgeoisie. Mais voilà qu’il se convertit, et c’est ici que l
688 . Mais voilà qu’il se convertit, et c’est ici que l’ aventure commence. Soudain frappé par le contraste odieux entre la mis
689 t ici que l’aventure commence. Soudain frappé par le contraste odieux entre la misère des bas-fonds et l’essor de la bourg
690 nce. Soudain frappé par le contraste odieux entre la misère des bas-fonds et l’essor de la bourgeoisie capitaliste qui se
691 contraste odieux entre la misère des bas-fonds et l’ essor de la bourgeoisie capitaliste qui se développe très rapidement d
692 dieux entre la misère des bas-fonds et l’essor de la bourgeoisie capitaliste qui se développe très rapidement dans le Japo
693 capitaliste qui se développe très rapidement dans le Japon d’avant la guerre, il comprend qu’il lui est impossible de se d
694 e développe très rapidement dans le Japon d’avant la guerre, il comprend qu’il lui est impossible de se dire vraiment chré
695 fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire le scandale social. Aucun parti n’existe encore dans son pays, qui se co
696 n’existe encore dans son pays, qui se consacre à la défense des intérêts de la classe opprimée. Que faire, sinon payer de
697 ays, qui se consacre à la défense des intérêts de la classe opprimée. Que faire, sinon payer de sa personne ? Kagawa n’hés
698 personne ? Kagawa n’hésite pas. Il va vivre dans les bas-fonds. Avec un peu d’argent que lui donne une mission américaine
699 peu d’argent — il loue une espèce de baraque dans le quartier le plus mal famé de la grande ville de Kobé, et se met à prê
700 — il loue une espèce de baraque dans le quartier le plus mal famé de la grande ville de Kobé, et se met à prêcher l’Évang
701 e de baraque dans le quartier le plus mal famé de la grande ville de Kobé, et se met à prêcher l’Évangile. Mais son activi
702 é de la grande ville de Kobé, et se met à prêcher l’ Évangile. Mais son activité ne se borne pas là : prêcher, certes, c’es
703 lards, des enfants abandonnés, des ivrognes, tout le rebut d’humanité dont les bas-fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il
704 nnés, des ivrognes, tout le rebut d’humanité dont les bas-fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il faut lire l’effarante des
705 fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il faut lire l’ effarante description de sa vie telle qu’il l’a racontée dans une espè
706 ire l’effarante description de sa vie telle qu’il l’ a racontée dans une espèce d’autobiographie romancée qu’on a traduite
707 qu’on a traduite en France sous ce titre : Avant l’ aube g. Voilà bien le chrétien dans la cité : l’homme au service des h
708 France sous ce titre : Avant l’aube g. Voilà bien le chrétien dans la cité : l’homme au service des hommes, bafoué, injuri
709 tre : Avant l’aube g. Voilà bien le chrétien dans la cité : l’homme au service des hommes, bafoué, injurié, battu, exploit
710 t l’aube g. Voilà bien le chrétien dans la cité : l’ homme au service des hommes, bafoué, injurié, battu, exploité sans ver
711 , injurié, battu, exploité sans vergogne par tous les matamores et souteneurs qu’il a choisis pour voisins, pour prochains 
712 ’étend mystérieusement sur ces quartiers d’enfer. Les crimes diminuent, les enfants s’instruisent, des misères sont soulagé
713 sur ces quartiers d’enfer. Les crimes diminuent, les enfants s’instruisent, des misères sont soulagées. C’est déjà quelque
714 une foule d’enfants qu’il a secourus, et dès lors le mouvement est lancé, l’opinion publique alertée, et cet effort abouti
715 l a secourus, et dès lors le mouvement est lancé, l’ opinion publique alertée, et cet effort aboutira à l’assainissement ra
716 pinion publique alertée, et cet effort aboutira à l’ assainissement radical des slums ou bas-fonds de Kobé et de plusieurs
717 onds de Kobé et de plusieurs villes japonaises, à la création d’importantes œuvres sociales, enfin à la constitution d’un
718 a création d’importantes œuvres sociales, enfin à la constitution d’un grand mouvement syndicaliste. Vocation du chrétien
719 mouvement syndicaliste. Vocation du chrétien dans la cité. Tout le pouvoir de Kagawa se résume en effet dans ce seul mot d
720 icaliste. Vocation du chrétien dans la cité. Tout le pouvoir de Kagawa se résume en effet dans ce seul mot de vocation. Il
721 ans cesse proclamée. C’est ainsi qu’on transforme le monde. Ce n’est pas au nom d’un parti que Jérémie accusait publiqueme
722 arti que Jérémie accusait publiquement son roi et l’ obligeait à réparer ses crimes ; ce n’est pas au nom d’un parti que Pa
723 ; ce n’est pas au nom d’un parti que Paul ébranle l’ Empire romain, ce n’est pas au nom d’un parti que Luther et Calvin déc
724 u nom d’un parti que Luther et Calvin déclenchent la plus grande révolution occidentale, — c’est au nom de leur seule voca
725 nom de leur seule vocation. Eux n’ont pas dit que la vocation ne suffisait pas, que c’était vague et peu pratique ! Toute
726 it pas, que c’était vague et peu pratique ! Toute l’ histoire du monde chrétien est faite par des vocations précises reçues
727 est faite par des vocations précises reçues dans la prière, avec crainte et tremblement, et non pas revendiquées par le d
728 ainte et tremblement, et non pas revendiquées par le désir des hommes, à l’appui d’un parti politique. Seules, ces vocatio
729 t non pas revendiquées par le désir des hommes, à l’ appui d’un parti politique. Seules, ces vocations-là ont transformé le
730 olitique. Seules, ces vocations-là ont transformé le monde, moralement et pratiquement. Seules, elles sont apparues comme
731 omme de fondamentales et créatrices objections de la foi à la forme du monde. Mais, direz-vous encore, nous ne sommes pas
732 ondamentales et créatrices objections de la foi à la forme du monde. Mais, direz-vous encore, nous ne sommes pas tous des
733 dire des intellectuels. Notre premier devoir dans la cité n’est-il pas de travailler en tant qu’intellectuels, — de même q
734 intellectuels, — de même que le premier devoir de l’ ingénieur reste de faire des plans et des calculs, et non pas de gâche
735 du ciment ? Si nous nous mettions tous à faire de l’ action sociale, à jouer les Kagawa, et à vivre dans les quartiers misé
736 ettions tous à faire de l’action sociale, à jouer les Kagawa, et à vivre dans les quartiers miséreux, ne serait-ce pas auss
737 tion sociale, à jouer les Kagawa, et à vivre dans les quartiers miséreux, ne serait-ce pas aussi faillir à notre vocation t
738 blement humaine, professionnelle ? Je n’aurai pas le cynisme de vous répondre que ce serait là peut-être un remède tout tr
739 ue ce serait là peut-être un remède tout trouvé à la crise de surproduction intellectuelle et à l’encombrement des carrièr
740 é à la crise de surproduction intellectuelle et à l’ encombrement des carrières libérales. L’agriculture manque de bras, — 
741 elle et à l’encombrement des carrières libérales. L’ agriculture manque de bras, — dit-on… J’espère avoir une solution moin
742 e ces dernières années, l’un des porte-paroles de la nouvelle génération en pleine révolte contre la tyrannie bancaire et
743 e la nouvelle génération en pleine révolte contre la tyrannie bancaire et puritaine, Waldo Franck, a écrit une phrase qui
744 Franck, a écrit une phrase qui condense très bien la substance de ce que je voudrais vous faire comprendre maintenant. La
745 que je voudrais vous faire comprendre maintenant. La voici : « Dans des époques de transition des bases culturelles, la cr
746 des époques de transition des bases culturelles, la critique qui ne jaillit pas de la métaphysique et d’une véritable com
747 es culturelles, la critique qui ne jaillit pas de la métaphysique et d’une véritable compréhension des expériences religie
748 antisociale. » Je crois que cette phrase exprime la plus grande vérité actuelle, c’est-à-dire la plus méconnue par ceux q
749 rime la plus grande vérité actuelle, c’est-à-dire la plus méconnue par ceux qui font la politique de nos cités. Commentons
750 , c’est-à-dire la plus méconnue par ceux qui font la politique de nos cités. Commentons brièvement cette phrase. La cité m
751 de nos cités. Commentons brièvement cette phrase. La cité moderne est en crise, parce que personne n’a su ou n’a osé prévo
752 ise, parce que personne n’a su ou n’a osé prévoir l’ aboutissement matériel et moral de la révolution industrielle, c’est-à
753 osé prévoir l’aboutissement matériel et moral de la révolution industrielle, c’est-à-dire du capitalisme. La bourgeoisie
754 lution industrielle, c’est-à-dire du capitalisme. La bourgeoisie et le prolétariat, de même que les intellectuels, croient
755 e, c’est-à-dire du capitalisme. La bourgeoisie et le prolétariat, de même que les intellectuels, croient encore à certaine
756 me. La bourgeoisie et le prolétariat, de même que les intellectuels, croient encore à certaines notions de justice et de re
757 e à certaines notions de justice et de respect de l’ homme qui n’ont aucun rapport avec la morale pratique du monde économi
758 e respect de l’homme qui n’ont aucun rapport avec la morale pratique du monde économique et financier. Tout le monde sait
759 e économique et financier. Tout le monde sait que la morale des affaires est à peu près le contraire de la morale, et que
760 de sait que la morale des affaires est à peu près le contraire de la morale, et que les nécessités économiques ne tiennent
761 orale des affaires est à peu près le contraire de la morale, et que les nécessités économiques ne tiennent pas compte de n
762 est à peu près le contraire de la morale, et que les nécessités économiques ne tiennent pas compte de nos beaux idéaux. Il
763 x. Il résulte de ce divorce une crise profonde de la culture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’intellectuel e
764 divorce une crise profonde de la culture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’intellectuel et son langage ne son
765 de de la culture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’intellectuel et son langage ne sont plus ceux de l’ouvrier
766 ture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’ intellectuel et son langage ne sont plus ceux de l’ouvrier ni du petit
767 ’intellectuel et son langage ne sont plus ceux de l’ ouvrier ni du petit-bourgeois provincial et encore moins ceux du capit
768 t où il va. Il n’y a plus de commune mesure entre la pensée et l’action. La cité n’est plus dominée par une norme et un bu
769 l n’y a plus de commune mesure entre la pensée et l’ action. La cité n’est plus dominée par une norme et un but commun. Ce
770 us de commune mesure entre la pensée et l’action. La cité n’est plus dominée par une norme et un but commun. Ce sont les b
771 s dominée par une norme et un but commun. Ce sont les bases culturelles qui sont atteintes ! Et c’est pourquoi toute réform
772 ute œuvre sociale partielle apparaissent vouées à l’ échec, tant qu’on n’aura pas reconstruit ces bases, et retrouvé la com
773 ’on n’aura pas reconstruit ces bases, et retrouvé la commune mesure. Donner de la soupe aux chômeurs, c’est très bien, mai
774 s bases, et retrouvé la commune mesure. Donner de la soupe aux chômeurs, c’est très bien, mais cela n’atteint pas les raci
775 hômeurs, c’est très bien, mais cela n’atteint pas les racines du mal. Oui, la tâche la plus pratique, la plus sociale qui s
776 mais cela n’atteint pas les racines du mal. Oui, la tâche la plus pratique, la plus sociale qui s’offre à nous, c’est bie
777 a n’atteint pas les racines du mal. Oui, la tâche la plus pratique, la plus sociale qui s’offre à nous, c’est bien une tâc
778 s racines du mal. Oui, la tâche la plus pratique, la plus sociale qui s’offre à nous, c’est bien une tâche spirituelle : r
779 e spirituelle : retrouver cette commune mesure de la pensée et de l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne p
780 retrouver cette commune mesure de la pensée et de l’ action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cherché
781 te commune mesure de la pensée et de l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cherchée sérieusemen
782 de la pensée et de l’action, de la culture et de l’ économie ; or, elle ne peut être cherchée sérieusement nulle part aill
783 herchée sérieusement nulle part ailleurs que dans la religion. L’histoire des grandes civilisations, c’est l’histoire de l
784 usement nulle part ailleurs que dans la religion. L’ histoire des grandes civilisations, c’est l’histoire de leur mesure co
785 gion. L’histoire des grandes civilisations, c’est l’ histoire de leur mesure commune, de leur règle centrale de pensée et d
786 leur règle centrale de pensée et d’action, ou si l’ on veut, pour simplifier, de leur morale. Et toute morale se fonde dan
787 Et toute morale se fonde dans une religion, même la morale de ceux qui se croient incroyants. Or c’est précisément cette
788 et une morale communautaire que se sont assignée les groupes personnalistes, sur l’exemple desquels je vais conclure. Le g
789 se sont assignée les groupes personnalistes, sur l’ exemple desquels je vais conclure. Le grand principe qui anime ces gro
790 alistes, sur l’exemple desquels je vais conclure. Le grand principe qui anime ces groupes, celui de la revue Esprit ou c
791 Le grand principe qui anime ces groupes, celui de la revue Esprit ou celui de L’Ordre nouveau , pour ne rien dire de pl
792 e rien dire de plusieurs autres moins notoires, —  le grand principe qui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’e
793 rs autres moins notoires, — le grand principe qui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’expression paraît bien a
794 otoires, — le grand principe qui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’expression paraît bien abstraite. Que fa
795 rand principe qui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’expression paraît bien abstraite. Que faut-il entendre
796 ui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’ expression paraît bien abstraite. Que faut-il entendre par là ? Qu’est
797 Que faut-il entendre par là ? Qu’est-ce donc que la personne humaine ? Exactement et tout simplement, la personne, c’est
798 personne humaine ? Exactement et tout simplement, la personne, c’est ce que j’appelais l’exercice de la vocation. Ce qu’on
799 simplement, la personne, c’est ce que j’appelais l’ exercice de la vocation. Ce qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouve
800 a personne, c’est ce que j’appelais l’exercice de la vocation. Ce qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouveau  : la perso
801 e qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouveau  : la personne, c’est cette réalité que tout chrétien connaît : l’homme qui
802 , c’est cette réalité que tout chrétien connaît : l’ homme qui a reçu une vocation et qui lui obéit dans ses actes. Voici c
803 qui lui obéit dans ses actes. Voici ce que disent les personnalistes : l’État et les institutions doivent être mis au servi
804 s actes. Voici ce que disent les personnalistes : l’ État et les institutions doivent être mis au service de l’homme ; or,
805 oici ce que disent les personnalistes : l’État et les institutions doivent être mis au service de l’homme ; or, c’est l’inv
806 t les institutions doivent être mis au service de l’ homme ; or, c’est l’inverse qui se passe aujourd’hui ; l’État et les i
807 oivent être mis au service de l’homme ; or, c’est l’ inverse qui se passe aujourd’hui ; l’État et les institutions doivent
808  ; or, c’est l’inverse qui se passe aujourd’hui ; l’ État et les institutions doivent avoir pour seul but d’assurer à chacu
809 st l’inverse qui se passe aujourd’hui ; l’État et les institutions doivent avoir pour seul but d’assurer à chacun le libre
810 ns doivent avoir pour seul but d’assurer à chacun le libre et le plein exercice de sa vocation personnelle. Et c’est dans
811 voir pour seul but d’assurer à chacun le libre et le plein exercice de sa vocation personnelle. Et c’est dans cet esprit q
812 Et c’est dans cet esprit qu’il s’agit de rebâtir l’ économie et les cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouvons l’exige
813 cet esprit qu’il s’agit de rebâtir l’économie et les cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouvons l’exigence spirituelle
814 es cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouvons l’ exigence spirituelle du chrétien. Mais vous voyez aussi qu’il s’agit l
815 , car rien n’est plus profond qu’un changement de l’ état d’esprit qui préside aux institutions. Si notre société est née d
816 ide aux institutions. Si notre société est née de la Déclaration des droits de l’homme, il s’agit de donner à la société d
817 tion des droits de l’homme, il s’agit de donner à la société de demain une déclaration des devoirs de l’homme envers lui-m
818 société de demain une déclaration des devoirs de l’ homme envers lui-même et son prochain. Mais d’abord il s’agit, pour le
819 ême et son prochain. Mais d’abord il s’agit, pour les groupes personnalistes, de dénoncer et de combattre tout ce qui s’opp
820 t ce qui s’oppose au libre jeu des vocations dans la cité : dénoncer le capitalisme avec son principe immoral de la spécul
821 u libre jeu des vocations dans la cité : dénoncer le capitalisme avec son principe immoral de la spéculation et du commerc
822 oncer le capitalisme avec son principe immoral de la spéculation et du commerce de l’argent ; combattre la misère, car un
823 ncipe immoral de la spéculation et du commerce de l’ argent ; combattre la misère, car un homme qui n’a pas son pain ne peu
824 péculation et du commerce de l’argent ; combattre la misère, car un homme qui n’a pas son pain ne peut pas être une person
825 personne ni exercer sa vocation ; combattre aussi l’ État totalitaire, qui opprime toute vocation non conforme à ses cadres
826 non conforme à ses cadres simplistes ; — dénoncer la mystique des partis, cette tyrannie démocratique ; combattre et dénon
827 re et dénoncer cette autre tyrannie qui s’appelle la grande presse, et qui voudrait se faire prendre pour l’opinion publiq
828 nde presse, et qui voudrait se faire prendre pour l’ opinion publique, alors qu’elle n’est en fait que l’opinion des maître
829 opinion publique, alors qu’elle n’est en fait que l’ opinion des maîtres de forges ou des parlementaires exploitant la bêti
830 aîtres de forges ou des parlementaires exploitant la bêtise publique. Mais toutes ces destructions ne seront rendues possi
831 endues possibles que par un profond changement de l’ état d’esprit général. Elles appellent une morale créatrice, prenant l
832 al. Elles appellent une morale créatrice, prenant le pas sur nos morales trop idéalistes, ou cyniques. Et le triomphe d’un
833 sur nos morales trop idéalistes, ou cyniques. Et le triomphe d’une telle morale, à son tour, ne sera possible, que si l’o
834 elle morale, à son tour, ne sera possible, que si l’ on peut déduire de cette morale un système cohérent, englobant à la fo
835 e morale un système cohérent, englobant à la fois l’ économie et la pensée, et toutes les lois de la cité. Or, c’est à bâti
836 stème cohérent, englobant à la fois l’économie et la pensée, et toutes les lois de la cité. Or, c’est à bâtir ce système,
837 bant à la fois l’économie et la pensée, et toutes les lois de la cité. Or, c’est à bâtir ce système, à développer ses consé
838 is l’économie et la pensée, et toutes les lois de la cité. Or, c’est à bâtir ce système, à développer ses conséquences soc
839 e communautaire, que travaillent depuis trois ans les groupes de L’Ordre nouveau , et ceux de la revue Esprit . Le jeune
840 ans les groupes de L’Ordre nouveau , et ceux de la revue Esprit . Le jeune mouvement personnaliste ne se donne pas pour
841 L’Ordre nouveau , et ceux de la revue Esprit . Le jeune mouvement personnaliste ne se donne pas pour un mouvement chrét
842 ces et de toutes incroyances. Mais en fait, c’est le seul mouvement qui réponde, dès son principe, aux exigences de notre
843 tienne, ce n’est pas un parti politique. C’est un ordre , une chevalerie ! Et le principe de cet ordre nouveau n’est autre que
844 ti politique. C’est un ordre, une chevalerie ! Et le principe de cet ordre nouveau n’est autre que celui de la vocation pe
845 ipe de cet ordre nouveau n’est autre que celui de la vocation personnelle. Oui, le principe animateur et dynamique qui fon
846 autre que celui de la vocation personnelle. Oui, le principe animateur et dynamique qui fonde tout le mouvement personnal
847 le principe animateur et dynamique qui fonde tout le mouvement personnaliste, c’est cette formidable idée que tout homme a
848 doit devenir une personne, — idée qu’apporta dans le monde le message de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Ca
849 nir une personne, — idée qu’apporta dans le monde le message de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ord
850 ne, — idée qu’apporta dans le monde le message de l’ apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ordonner toutes c
851 nde le message de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à l’e
852 ine de Calvin. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à l’exercice libre et fidèle des vocations, refaire un monde à
853 in. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à l’ exercice libre et fidèle des vocations, refaire un monde à la mesure d
854 libre et fidèle des vocations, refaire un monde à la mesure de l’homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du pe
855 le des vocations, refaire un monde à la mesure de l’ homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du personnalisme ;
856 faire un monde à la mesure de l’homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du personnalisme ; voilà son but, à la
857 mesure de l’homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du personnalisme ; voilà son but, à la fois politique, éc
858 à la fois politique, économique et culturel. Ici, la vérité est mise au premier rang : le succès même lui est subordonné.
859 lturel. Ici, la vérité est mise au premier rang : le succès même lui est subordonné. Je demande où est le parti qui peut e
860 succès même lui est subordonné. Je demande où est le parti qui peut en dire autant. Je demande où les chrétiens trouveraie
861 t le parti qui peut en dire autant. Je demande où les chrétiens trouveraient une chance plus concrète, une meilleure raison
862 spérer. Je dis bien, une chance concrète. Certes, le mouvement personnaliste est encore jeune, et n’a pas remué les masses
863 personnaliste est encore jeune, et n’a pas remué les masses jusqu’ici. Mais je ferai deux remarques : 1° il faut bien que
864 ation, c’est oser être celui qui commence, malgré les doutes des suiveurs ; 2° vous pouvez tous, tant que vous êtes, aider
865  ; 2° vous pouvez tous, tant que vous êtes, aider le mouvement personnaliste à se développer. Lisez la revue Esprit , lis
866 le mouvement personnaliste à se développer. Lisez la revue Esprit , lisez L’Ordre nouveau , mettez-vous en rapport avec
867 ction sociale, toute une tactique de rupture avec le désordre établi, jusque dans le détail de la vie. Et si, comme chréti
868 e de rupture avec le désordre établi, jusque dans le détail de la vie. Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans le
869 avec le désordre établi, jusque dans le détail de la vie. Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans le mouvement pe
870 Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans le mouvement personnaliste tout ce qu’exige votre foi, eh bien, raison d
871 qu’exige votre foi, eh bien, raison de plus pour l’ apporter ! Le chrétien n’est-il pas, en quelque sorte, un spécialiste
872 re foi, eh bien, raison de plus pour l’apporter ! Le chrétien n’est-il pas, en quelque sorte, un spécialiste de la vocatio
873 n’est-il pas, en quelque sorte, un spécialiste de la vocation ? Des incertains, des douteurs, des craintifs, ou des scepti
874 lementaires, des techniciens de toute farine dont les compétences bavardes nous ont valu la crise actuelle viendront dire :
875 arine dont les compétences bavardes nous ont valu la crise actuelle viendront dire : ça n’est pas pratique. Mais ce n’est
876 où tout est en désordre. Nous savons ce que vaut l’ aune de ce « pratique » qu’on nous propose. L’heure est venue d’essaye
877 aut l’aune de ce « pratique » qu’on nous propose. L’ heure est venue d’essayer autre chose, d’essayer au moins une fois de
878 partir d’un fondement vrai, d’une vision vraie de l’ homme et de l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur réali
879 ndement vrai, d’une vision vraie de l’homme et de l’ État, de reprendre les choses à la base, dans leur réalité dernière, m
880 ision vraie de l’homme et de l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur réalité dernière, métaphysique et religie
881 e l’homme et de l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur réalité dernière, métaphysique et religieuse. Qui aur
882 taphysique et religieuse. Qui aura ce courage, si les chrétiens ne l’ont pas ? Où voulez-vous aller si vous refusez cette c
883 igieuse. Qui aura ce courage, si les chrétiens ne l’ ont pas ? Où voulez-vous aller si vous refusez cette chance ? Et comme
884 ce ? Et comment un chrétien pourrait-il m’opposer les objections d’un praticisme à courte vue, quand notre vocation chrétie
885 notre vocation chrétienne braque nos regards sur le miracle d’une justice et d’une vérité déjà descendue sur la terre ? T
886 d’une justice et d’une vérité déjà descendue sur la terre ? Tous les autres auraient le droit de m’arrêter en me disant :
887 t d’une vérité déjà descendue sur la terre ? Tous les autres auraient le droit de m’arrêter en me disant : nous préférons u
888 descendue sur la terre ? Tous les autres auraient le droit de m’arrêter en me disant : nous préférons un mensonge applicab
889 licable à votre vérité trop désintéressée, — tous les autres, mais pas les chrétiens. Tous les autres auraient le droit de
890 é trop désintéressée, — tous les autres, mais pas les chrétiens. Tous les autres auraient le droit de m’opposer la sagesse
891 , — tous les autres, mais pas les chrétiens. Tous les autres auraient le droit de m’opposer la sagesse de ce siècle en fail
892 mais pas les chrétiens. Tous les autres auraient le droit de m’opposer la sagesse de ce siècle en faillite, mais nous app
893 s. Tous les autres auraient le droit de m’opposer la sagesse de ce siècle en faillite, mais nous appartenons à ce qui juge
894 mais nous appartenons à ce qui juge ce siècle, à la transformation radicale du monde ! Si le but nous paraît trop haut, c
895 iècle, à la transformation radicale du monde ! Si le but nous paraît trop haut, c’est que nous comptons encore trop sur no
896 ue nous comptons encore trop sur nous-mêmes. Mais le chrétien ne compte pas sur lui seul, il compte sur Celui qui peut fai
897 e sur Celui qui peut faire, et bien faire, ce que l’ homme fait mal. Telle est sa liberté dans l’action, dans l’échec, dans
898 e que l’homme fait mal. Telle est sa liberté dans l’ action, dans l’échec, dans l’espérance et la protestation, dans l’anno
899 ait mal. Telle est sa liberté dans l’action, dans l’ échec, dans l’espérance et la protestation, dans l’annonce d’un monde
900 est sa liberté dans l’action, dans l’échec, dans l’ espérance et la protestation, dans l’annonce d’un monde nouveau. ⁂ Je
901 dans l’action, dans l’échec, dans l’espérance et la protestation, dans l’annonce d’un monde nouveau. ⁂ Je n’ai pas cherch
902 ’échec, dans l’espérance et la protestation, dans l’ annonce d’un monde nouveau. ⁂ Je n’ai pas cherché ce soir à vous décri
903 nce et la protestation, dans l’annonce d’un monde nouveau . ⁂ Je n’ai pas cherché ce soir à vous décrire impartialement la situa
904 pas cherché ce soir à vous décrire impartialement la situation : il eût fallu beaucoup plus de nuances. J’ai cherché au co
905 arquer quels peuvent être nos motifs de choix, et le lieu d’une action pratique. Il se peut que je me trompe. Il se peut q
906 e je me trompe. Il se peut que certains reçoivent l’ ordre d’aller là où je crois ne pas devoir aller. Qu’ils le fassent, s
907 je me trompe. Il se peut que certains reçoivent l’ ordre d’aller là où je crois ne pas devoir aller. Qu’ils le fassent, si c’e
908 ’aller là où je crois ne pas devoir aller. Qu’ils le fassent, si c’est là leur mission, et la forme de leur témoignage. Qu
909 . Qu’ils le fassent, si c’est là leur mission, et la forme de leur témoignage. Qu’ils le fassent comme témoins du Dieu qui
910 r mission, et la forme de leur témoignage. Qu’ils le fassent comme témoins du Dieu qui les envoie ! — Il se peut que certa
911 nage. Qu’ils le fassent comme témoins du Dieu qui les envoie ! — Il se peut que certains reçoivent l’ordre d’aller payer de
912 les envoie ! — Il se peut que certains reçoivent l’ ordre d’aller payer de leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds
913 es envoie ! — Il se peut que certains reçoivent l’ ordre d’aller payer de leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds ou la
914 d’aller payer de leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds ou la prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet de r
915 leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds ou la prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet de rendre grâces du
916 me Kagawa dans les bas-fonds ou la prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet de rendre grâces du sort qui leur est
917 les bas-fonds ou la prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet de rendre grâces du sort qui leur est fait ! — Il se
918 maintenant dans leur domaine quotidien, celui de la pensée et de l’action auquel travaillent les groupes personnalistes.
919 leur domaine quotidien, celui de la pensée et de l’ action auquel travaillent les groupes personnalistes. Qu’ils le fassen
920 ui de la pensée et de l’action auquel travaillent les groupes personnalistes. Qu’ils le fassent, qu’ils saisissent cette ch
921 el travaillent les groupes personnalistes. Qu’ils le fassent, qu’ils saisissent cette chance ; c’est encore une jeune espé
922 eure. Il y a aussi des voix qui nous appellent de l’ extérieur, et qui nous montrent, ici et maintenant, des possibilités d
923 ui est impossible, c’est qu’un chrétien n’ait pas la vocation d’agir, de faire acte de présence à la misère du siècle, de
924 s la vocation d’agir, de faire acte de présence à la misère du siècle, de protester contre elle, et d’annoncer sa foi dans
925 protester contre elle, et d’annoncer sa foi dans la transformation promise de toutes choses. « Ne vous conformez pas à ce
926 s à ce siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est
927 , mais soyez transformés par le renouvellement de l’ intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu,
928 intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » f. Rougemo
929 gréable et parfait. » f. Rougemont Denis de, «  La cité », Le Semeur, Paris, avril–mai 1935, p. 387-416. g. Rougemont e
930 parfait. » f. Rougemont Denis de, « La cité », Le Semeur, Paris, avril–mai 1935, p. 387-416. g. Rougemont en rend comp
931 35, p. 387-416. g. Rougemont en rend compte dans la livraison de septembre 1931 de Foi et Vie .
4 1936, Le Semeur, articles (1933–1949). Notre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)
932 tre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)h Sous le titre Notre Foi, Emil Brunner a réuni 35 courtes études, des « médita
933 a réuni 35 courtes études, des « méditations sur le message de Jésus-Christ ». Dès l’abord, on est frappé par leur simpli
934 méditations sur le message de Jésus-Christ ». Dès l’ abord, on est frappé par leur simplicité et leur clarté, qui réussisse
935 licité et leur clarté, qui réussissent à mettre à la portée de tous, sans l’affaiblir ni la fausser, la « théologie » chré
936 ui réussissent à mettre à la portée de tous, sans l’ affaiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la plus authentiq
937 à mettre à la portée de tous, sans l’affaiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la plus authentique. Le style es
938 a portée de tous, sans l’affaiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la plus authentique. Le style est direct, l’
939 aiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la plus authentique. Le style est direct, l’emploi de la seconde personn
940 la « théologie » chrétienne la plus authentique. Le style est direct, l’emploi de la seconde personne est la règle ; auss
941 étienne la plus authentique. Le style est direct, l’ emploi de la seconde personne est la règle ; aussi ne peut-on lire ces
942 e est direct, l’emploi de la seconde personne est la règle ; aussi ne peut-on lire ces méditations sans se sentir pris à p
943 se sentir pris à partie et directement engagé par les réactions et les réponses qu’elles exigent de nous. Ces études se suc
944 partie et directement engagé par les réactions et les réponses qu’elles exigent de nous. Ces études se succèdent selon un p
945 lan qu’il n’est pas toujours facile d’apercevoir. Les divisions générales paraissent être : Dieu — L’homme — Jésus-Christ —
946 Les divisions générales paraissent être : Dieu — L’ homme — Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’Église et les sacrements
947 paraissent être : Dieu — L’homme — Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’Église et les sacrements — L’espérance eschatologi
948 eu — L’homme — Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’ Église et les sacrements — L’espérance eschatologique. Le trait le plu
949 — Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’Église et les sacrements — L’espérance eschatologique. Le trait le plus marquant es
950 La foi chrétienne — L’Église et les sacrements — L’ espérance eschatologique. Le trait le plus marquant est leur « biblism
951 e et les sacrements — L’espérance eschatologique. Le trait le plus marquant est leur « biblisme ». Bien que pas un verset
952 sacrements — L’espérance eschatologique. Le trait le plus marquant est leur « biblisme ». Bien que pas un verset de l’Écri
953 est leur « biblisme ». Bien que pas un verset de l’ Écriture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur informé
954 pas un verset de l’Écriture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur informées par la Bible, et dominées par
955 de l’Écriture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur informées par la Bible, et dominées par elle. Pour Br
956 ture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’ auteur informées par la Bible, et dominées par elle. Pour Brunner, « l
957 ent la pensée et la foi de l’auteur informées par la Bible, et dominées par elle. Pour Brunner, « la foi chrétienne est un
958 r la Bible, et dominées par elle. Pour Brunner, «  la foi chrétienne est une foi biblique » ; la Bible est la Parole de Die
959 ner, « la foi chrétienne est une foi biblique » ; la Bible est la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu q
960 chrétienne est une foi biblique » ; la Bible est la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu que par Sa rév
961 de Dieu que par Sa révélation dans cette Parole. Le Saint-Esprit ouvre nos cœurs à cette Parole, Il la rend vivante et ag
962 e Saint-Esprit ouvre nos cœurs à cette Parole, Il la rend vivante et agissante en nous, en sorte qu’elle produit en nous c
963 ’elle produit en nous ce que saint Paul appelle «  les fruits de l’Esprit ». On sent dans ces études un constant effort de f
964 en nous ce que saint Paul appelle « les fruits de l’ Esprit ». On sent dans ces études un constant effort de fidélité humbl
965 tant effort de fidélité humble pour ne pas trahir la Révélation de Dieu en taisant — ou en résolvant par quelque ingénieus
966 résolvant par quelque ingénieuse synthèse — tous les paradoxes chrétiens qui gênent si fort notre humaine raison. Mais la
967 ens qui gênent si fort notre humaine raison. Mais la foi n’est pas une adhésion intellectuelle qui ne nous engagerait pas 
968 ésion intellectuelle qui ne nous engagerait pas ; la foi au Dieu de majesté, de sainteté et d’amour, qui s’est révélé à no
969 é à nous en Jésus-Christ, exige que nous prenions les exigences de Dieu vraiment au sérieux, que nous « laissions Dieu être
970 ous ». Brunner semble vouloir nous amener à prier la prière de la foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à mon incrédul
971 r semble vouloir nous amener à prier la prière de la foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à mon incrédulité. » h.
972 de, « [Compte rendu] Emil Brunner, Notre foi  », Le Semeur, Paris, janvier 1936, p. 193-194.
5 1945, Le Semeur, articles (1933–1949). La responsabilité culturelle de l’Église (mars 1945)
973 La responsabilité culturelle de l’Église (mars 1945)i Il y a un accor
974 La responsabilité culturelle de l’ Église (mars 1945)i Il y a un accord frappant entre les principes d
975 e (mars 1945)i Il y a un accord frappant entre les principes de la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées
976 Il y a un accord frappant entre les principes de la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grandes
977 cord frappant entre les principes de la Charte de l’ Atlantique et les affirmations formulées par les grandes conférences œ
978 tre les principes de la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grandes conférences œcuméniques. Mais
979 de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grandes conférences œcuméniques. Mais il est non moins remarquable qu
980 ble qu’aucun de ces documents ne fasse allusion à l’ ordre culturel de demain. Et il est cependant certain que si les Églis
981 e qu’aucun de ces documents ne fasse allusion à l’ ordre culturel de demain. Et il est cependant certain que si les Églises co
982 rel de demain. Et il est cependant certain que si les Églises continuent à négliger cette question, la cessation des hostil
983 les Églises continuent à négliger cette question, la cessation des hostilités introduira une période de la plus grande con
984 essation des hostilités introduira une période de la plus grande confusion. Aperçu de la situation d’après-guerre La
985 période de la plus grande confusion. Aperçu de la situation d’après-guerre La jeunesse de presque tous les pays du m
986 usion. Aperçu de la situation d’après-guerre La jeunesse de presque tous les pays du monde aura été soumise à plusieu
987 ion d’après-guerre La jeunesse de presque tous les pays du monde aura été soumise à plusieurs années de service militair
988 général du niveau d’instruction, une déflation de la culture classique, non seulement dans les pays ruinés par la guerre,
989 ation de la culture classique, non seulement dans les pays ruinés par la guerre, mais autant, ou même plus, dans les pays c
990 classique, non seulement dans les pays ruinés par la guerre, mais autant, ou même plus, dans les pays comme les États-Unis
991 és par la guerre, mais autant, ou même plus, dans les pays comme les États-Unis. Dans la guerre moderne tout contribue à un
992 e, mais autant, ou même plus, dans les pays comme les États-Unis. Dans la guerre moderne tout contribue à un abaissement du
993 me plus, dans les pays comme les États-Unis. Dans la guerre moderne tout contribue à un abaissement du niveau intellectuel
994 ntribue à un abaissement du niveau intellectuel : la propagande, la nécessité vitale de simplifier tous les problèmes, de
995 aissement du niveau intellectuel : la propagande, la nécessité vitale de simplifier tous les problèmes, de juger selon des
996 ropagande, la nécessité vitale de simplifier tous les problèmes, de juger selon des besoins utilitaires plutôt que selon le
997 er selon des besoins utilitaires plutôt que selon les exigences de la vérité, de penser par masses ou par majorités, de pla
998 ins utilitaires plutôt que selon les exigences de la vérité, de penser par masses ou par majorités, de placer tout le mal
999 enser par masses ou par majorités, de placer tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ce
1000 ajorités, de placer tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une a
1001 titude de critique exigeante ou un sens normal de la justice. En outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les typ
1002 geante ou un sens normal de la justice. En outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les types de culture de la pé
1003 outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vai
1004 urs pour effet de démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pays
1005 e culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pays conquis la jeunesse accusera la cultur
1006 avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pays conquis la jeunesse accusera la culture de la génération précéde
1007 e dans les pays vainqueurs. Dans les pays conquis la jeunesse accusera la culture de la génération précédente, celle de se
1008 ueurs. Dans les pays conquis la jeunesse accusera la culture de la génération précédente, celle de ses parents d’avoir ame
1009 s pays conquis la jeunesse accusera la culture de la génération précédente, celle de ses parents d’avoir amené la catastro
1010 on précédente, celle de ses parents d’avoir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de la génération présente, auro
1011 amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de la génération présente, auront disparu. Il y aura une impérieuse exigenc
1012 sparu. Il y aura une impérieuse exigence de chefs nouveaux , de valeurs nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir puissant de repa
1013 impérieuse exigence de chefs nouveaux, de valeurs nouvelles , d’un idéal nouveau ; un désir puissant de repartir à neuf et de ne p
1014 chefs nouveaux, de valeurs nouvelles, d’un idéal nouveau  ; un désir puissant de repartir à neuf et de ne pas retomber dans les
1015 ant de repartir à neuf et de ne pas retomber dans les erreurs traditionnelles ou revenir aux disciplines de l’ère bourgeois
1016 urs traditionnelles ou revenir aux disciplines de l’ ère bourgeoise. Il se pourrait que cette exigence, surgissant d’un cha
1017 n chaos matériel et spirituel, présente à nouveau l’ apparence d’un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de
1018 te à nouveau l’apparence d’un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine
1019 ence d’un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goû
1020 sme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’aventure, m
1021 chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’aventure, mais aussi une extrême simpl
1022 lence de la guerre transportée dans le domaine de l’ esprit, un goût d’aventure, mais aussi une extrême simplification inte
1023 dynamiques. Il serait romantique de supposer que la guerre actuelle a détruit toutes les éternelles illusions de l’humani
1024 supposer que la guerre actuelle a détruit toutes les éternelles illusions de l’humanité. Nous avons des raisons de craindr
1025 elle a détruit toutes les éternelles illusions de l’ humanité. Nous avons des raisons de craindre, au contraire, qu’elles n
1026 ’elles ne trouvent une nouvelle virulence sous de nouveaux noms. Les générations d’après-guerre ne seront pas nécessairement plu
1027 ent une nouvelle virulence sous de nouveaux noms. Les générations d’après-guerre ne seront pas nécessairement plus positive
1028 s positives ou plus cyniques — tout en prétendant l’ être, à coup sûr. Mais sans aucun doute leur faim sera plus grande et
1029 tymologique du mot — de solutions « totale » dans le domaine de la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de divis
1030 mot — de solutions « totale » dans le domaine de la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’absence
1031 ons « totale » dans le domaine de la culture. Car l’ époque bourgeoise a été une ère de division, d’absence de parenté et d
1032 de commune mesure entre idéal et pratique, entre les diverses disciplines de l’esprit, entre les diverses activités humain
1033 al et pratique, entre les diverses disciplines de l’ esprit, entre les diverses activités humaines et sociales. Les années
1034 entre les diverses disciplines de l’esprit, entre les diverses activités humaines et sociales. Les années d’après-guerre se
1035 ntre les diverses activités humaines et sociales. Les années d’après-guerre seront probablement caractérisées par les trait
1036 près-guerre seront probablement caractérisées par les traits suivants : des lacunes intellectuelles, une soif d’aventures s
1037 ctuelles, une soif d’aventures spirituelles (chez les meilleurs), un besoin de direction ferme et de réalisations expéditiv
1038 alisations expéditives d’allures totalitaires. Le devoir des Églises Si les Églises chrétiennes ne donnent pas cette
1039 ures totalitaires. Le devoir des Églises Si les Églises chrétiennes ne donnent pas cette direction ferme et vraiment
1040 ion ferme et vraiment catholique (embrassant tous les aspects de la vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la
1041 aiment catholique (embrassant tous les aspects de la vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. Cett
1042 tholique (embrassant tous les aspects de la vie), l’ abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. Cette dernièr
1043 les aspects de la vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. Cette dernière s’établira contre le ch
1044 ), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. Cette dernière s’établira contre le christianisme et probabl
1045 x et la culture. Cette dernière s’établira contre le christianisme et probablement avec les orientations suivantes : scien
1046 lira contre le christianisme et probablement avec les orientations suivantes : science, (scientisme), eudémonisme païen, cu
1047 sme), eudémonisme païen, culte de ces valeurs que l’ on dit « appartenir à la vie », création de nouveaux nationalismes rel
1048 culte de ces valeurs que l’on dit « appartenir à la vie », création de nouveaux nationalismes religieux et virulents. Mai
1049 que l’on dit « appartenir à la vie », création de nouveaux nationalismes religieux et virulents. Mais si une Église veut être en
1050 une Église veut être en mesure d’intervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée sur une doctrine f
1051 e en mesure d’intervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée sur une doctrine ferme, sur une théolo
1052 même temps rigoureuse et vitale à l’intérieur de l’ Église. Une Église dont la théologie est vague n’a plus rien à dire da
1053 vitale à l’intérieur de l’Église. Une Église dont la théologie est vague n’a plus rien à dire dans le domaine de la cultur
1054 la théologie est vague n’a plus rien à dire dans le domaine de la culture. Une telle Église peut donner un avis sur le pl
1055 est vague n’a plus rien à dire dans le domaine de la culture. Une telle Église peut donner un avis sur le plan politique.
1056 le peut, par exemple, approuver un document comme la Charte de l’Atlantique qui n’émane pas d’une théologie, ni même direc
1057 exemple, approuver un document comme la Charte de l’ Atlantique qui n’émane pas d’une théologie, ni même directement du chr
1058 itique, inspirée par un pur humanisme. Mais, dans le domaine de la culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Églis
1059 ée par un pur humanisme. Mais, dans le domaine de la culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Église ne peut adop
1060 pre théologie, et en rattachant ce qu’elle dit de la façon la plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’Église cat
1061 ogie, et en rattachant ce qu’elle dit de la façon la plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’Église catholique r
1062 a plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’ Église catholique romaine fut à la tête du mouvement philosophique du
1063 C’est ainsi que l’Église catholique romaine fut à la tête du mouvement philosophique du Moyen Âge, que les réformes de Lut
1064 tête du mouvement philosophique du Moyen Âge, que les réformes de Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renaissan
1065 s de Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renaissance et inspirèrent un vaste mouvement culturel. Plus tard, lo
1066 t un vaste mouvement culturel. Plus tard, lorsque les théologies romaines et réformées s’atrophièrent, elles n’osèrent plus
1067 e, intervenir comme influences inspiratrices dans le débat culturel. L’abîme commença à s’ouvrir entre l’Église et la cult
1068 influences inspiratrices dans le débat culturel. L’ abîme commença à s’ouvrir entre l’Église et la culture. Un chrétien du
1069 débat culturel. L’abîme commença à s’ouvrir entre l’ Église et la culture. Un chrétien du xixe ou du xxe siècle, par exem
1070 el. L’abîme commença à s’ouvrir entre l’Église et la culture. Un chrétien du xixe ou du xxe siècle, par exemple, pouvait
1071 si cela était compatible avec sa foi. Car en fait la théologie avait cessé d’être vivante, précise et exigeante, et donc s
1072 écise et exigeante, et donc source d’inspiration. Le thomisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt, le luthérianisme B
1073 ource d’inspiration. Le thomisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt, le luthérianisme Bach, le puritanisme Milton. M
1074 homisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt, le luthérianisme Bach, le puritanisme Milton. Mais le protestantisme lib
1075 , le calvinisme Rembrandt, le luthérianisme Bach, le puritanisme Milton. Mais le protestantisme libéral du xixe ou xxe s
1076 e luthérianisme Bach, le puritanisme Milton. Mais le protestantisme libéral du xixe ou xxe siècle n’a inspiré aucun arti
1077 exigence claire et ferme, parce qu’il n’offrait à l’ instinct créateur aucune charpente et qu’il ne fixait aucune limite qu
1078 un stimulant et un guide. Premièrement, donc, si l’ Église n’a rien à donner, si elle n’a rien à exiger de la culture, cet
1079 e n’a rien à donner, si elle n’a rien à exiger de la culture, cette dernière s’en trouvera appauvrie et désorientée. Elle
1080 entée. Elle sera coupée de ses racines. Car toute la culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétie
1081 ines. Car toute la culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au cod
1082 culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au code chrétien, soit en
1083 code chrétien, soit en se révoltant contre lui. ( Les grandes philosophies modernes, celles de Descartes et de Hegel, sont
1084 ologique à ses origines.) Et, en second, lieu, si la culture perd contact avec l’Église, avec sa doctrine et son culte, l’
1085 en second, lieu, si la culture perd contact avec l’ Église, avec sa doctrine et son culte, l’Église perd ses moyens les pl
1086 act avec l’Église, avec sa doctrine et son culte, l’ Église perd ses moyens les plus efficaces d’agir sur le siècle, de tra
1087 a doctrine et son culte, l’Église perd ses moyens les plus efficaces d’agir sur le siècle, de transformer ses croyances en
1088 ise perd ses moyens les plus efficaces d’agir sur le siècle, de transformer ses croyances en action créatrice. Les forces
1089 de transformer ses croyances en action créatrice. Les forces de création lui échappent. Tout ce qui est créé est alors créé
1090 Tout ce qui est créé est alors créé en dehors de l’ Église ou en opposition à elle et devient difficile à intégrer dans un
1091 du monde. Ceci est particulièrement frappant dans les pays protestants où le souci de rattacher tout travail de culture à u
1092 culièrement frappant dans les pays protestants où le souci de rattacher tout travail de culture à une théologie stricte a
1093 sparu — en raison du manque de stricte théologie. L’ Église romaine a mieux retenu les forces de création intellectuelles p
1094 tricte théologie. L’Église romaine a mieux retenu les forces de création intellectuelles parce qu’elle est attentive à prés
1095 ectuelles parce qu’elle est attentive à préserver les droits et les devoirs de la critique théologique sur tous les plans e
1096 e qu’elle est attentive à préserver les droits et les devoirs de la critique théologique sur tous les plans et pas seulemen
1097 ttentive à préserver les droits et les devoirs de la critique théologique sur tous les plans et pas seulement d’une façon
1098 t les devoirs de la critique théologique sur tous les plans et pas seulement d’une façon négative et restrictive. Que peuve
1099 négative et restrictive. Que peuvent alors faire les Églises pour collaborer à la création d’un ordre culturel dans le cha
1100 peuvent alors faire les Églises pour collaborer à la création d’un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons
1101 re les Églises pour collaborer à la création d’un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons une réponse simple.
1102 collaborer à la création d’un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons une réponse simple. Les Églises pour
1103 os de demain ? Nous proposons une réponse simple. Les Églises pourront agir et inspirer si elles sont fondées sur une doctr
1104 ine ferme et complète. Elles auront autorité dans la mesure où elles interviendront au nom de leur théologie. Elles auront
1105 lieu de se désintéresser ou de suivre avec retard les tendances du jour. Vocation : le principe fondamental Pour pass
1106 avec retard les tendances du jour. Vocation : le principe fondamental Pour passer de la théologie d’une Église à de
1107 ation : le principe fondamental Pour passer de la théologie d’une Église à des applications sociales, culturelles, poli
1108 certains principes ou stades intermédiaires entre la théologie et les éthiques. La catégorie intermédiaire qui paraît la p
1109 es ou stades intermédiaires entre la théologie et les éthiques. La catégorie intermédiaire qui paraît la plus féconde dans
1110 ntermédiaires entre la théologie et les éthiques. La catégorie intermédiaire qui paraît la plus féconde dans le domaine cu
1111 s éthiques. La catégorie intermédiaire qui paraît la plus féconde dans le domaine culturel et social est celle de Vocation
1112 rie intermédiaire qui paraît la plus féconde dans le domaine culturel et social est celle de Vocation (au sens calviniste
1113 du mot, qui est plus large que celui dans lequel l’ entend Rome). L’Évangile nous apprend que chaque homme est susceptible
1114 plus large que celui dans lequel l’entend Rome). L’ Évangile nous apprend que chaque homme est susceptible de recevoir une
1115 le de recevoir une vocation, un appel spécial qui le distingue de son genre et qui lui confère une dignité inaliénable dan
1116 e et qui lui confère une dignité inaliénable dans la mesure où il obéit à cet appel. C’est le principe fondamental de tout
1117 ble dans la mesure où il obéit à cet appel. C’est le principe fondamental de tout ordre social que l’on peut appeler chrét
1118 cet appel. C’est le principe fondamental de tout ordre social que l’on peut appeler chrétien. On peut aussi accepter l’idée
1119 le principe fondamental de tout ordre social que l’ on peut appeler chrétien. On peut aussi accepter l’idée d’une vocation
1120 ’on peut appeler chrétien. On peut aussi accepter l’ idée d’une vocation générale ou collective, appliquée à une nation ou
1121 Chaque être individuel ou collectif, pour lequel l’ Église peut prier, est susceptible de recevoir une vocation. Maintenan
1122 susceptible de recevoir une vocation. Maintenant les grandes maladies sociales et culturelles des temps modernes ont toute
1123 outes cette caractéristique commune : elles nient la vocation personnelle (que ce soient les collectivismes nationalistes,
1124 lles nient la vocation personnelle (que ce soient les collectivismes nationalistes, de race ou de classe, ou les matérialis
1125 ctivismes nationalistes, de race ou de classe, ou les matérialismes biologiques, moraux ou bourgeois). De même l’individual
1126 lismes biologiques, moraux ou bourgeois). De même l’ individualisme est une déviation morbide du sens de la vocation car el
1127 dividualisme est une déviation morbide du sens de la vocation car elle nie ses conséquences sociales et communautaires. La
1128 nie ses conséquences sociales et communautaires. La principale critique que l’on puisse adresser à ce point de vue est la
1129 les et communautaires. La principale critique que l’ on puisse adresser à ce point de vue est la suivante : une idéologie q
1130 ue que l’on puisse adresser à ce point de vue est la suivante : une idéologie qui nie la vocation personnelle ou un régime
1131 nt de vue est la suivante : une idéologie qui nie la vocation personnelle ou un régime social qui dépouille l’homme de la
1132 ion personnelle ou un régime social qui dépouille l’ homme de la liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le c
1133 elle ou un régime social qui dépouille l’homme de la liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christianism
1134 rté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christianisme. Par exemple, toutes les idéologies totalitaires nient
1135 tibles avec le christianisme. Par exemple, toutes les idéologies totalitaires nient par définition le fait de la vocation p
1136 les idéologies totalitaires nient par définition le fait de la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz :
1137 gies totalitaires nient par définition le fait de la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonction
1138 inition le fait de la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonction du citoyen à l’intérieur de l’
1139 personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonction du citoyen à l’intérieur de l’État ou du Parti, conformément
1140 ersatz : la fonction du citoyen à l’intérieur de l’ État ou du Parti, conformément au décret de l’État ou du Parti. Elles
1141 de l’État ou du Parti, conformément au décret de l’ État ou du Parti. Elles nient l’existence de toute différenciation ou
1142 ment au décret de l’État ou du Parti. Elles nient l’ existence de toute différenciation ou la qualifient de morbide, réacti
1143 les nient l’existence de toute différenciation ou la qualifient de morbide, réactionnaire, individualiste, antisociale. El
1144 e. Elles sont, par conséquent, incompatibles avec l’ ordre chrétien qui présuppose l’union dans la diversité. Toutes les do
1145 Elles sont, par conséquent, incompatibles avec l’ ordre chrétien qui présuppose l’union dans la diversité. Toutes les doctrin
1146 ncompatibles avec l’ordre chrétien qui présuppose l’ union dans la diversité. Toutes les doctrines unitariennes, cherchant
1147 avec l’ordre chrétien qui présuppose l’union dans la diversité. Toutes les doctrines unitariennes, cherchant à établir une
1148 qui présuppose l’union dans la diversité. Toutes les doctrines unitariennes, cherchant à établir une homogénéité mécanique
1149 (État, tyran), ou d’en bas (égalitarisme poussé à l’ extrême) nient la vocation personnelle, ou la vocation d’un groupe et
1150 d’en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) nient la vocation personnelle, ou la vocation d’un groupe et la considèrent co
1151 sé à l’extrême) nient la vocation personnelle, ou la vocation d’un groupe et la considèrent comme dangereuse et scandaleus
1152 cation personnelle, ou la vocation d’un groupe et la considèrent comme dangereuse et scandaleuse. Ces doctrines sont par l
1153 use. Ces doctrines sont par là incompatibles avec l’ ordre chrétien, qui implique l’union et non l’uniformité et qui respec
1154 e. Ces doctrines sont par là incompatibles avec l’ ordre chrétien, qui implique l’union et non l’uniformité et qui respecte la
1155 incompatibles avec l’ordre chrétien, qui implique l’ union et non l’uniformité et qui respecte la diversité des dons, la di
1156 vec l’ordre chrétien, qui implique l’union et non l’ uniformité et qui respecte la diversité des dons, la diversité des mem
1157 lique l’union et non l’uniformité et qui respecte la diversité des dons, la diversité des membres dans un même corps, beau
1158 uniformité et qui respecte la diversité des dons, la diversité des membres dans un même corps, beaucoup de maisons dans le
1159 bres dans un même corps, beaucoup de maisons dans le Royaume de Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié de chrétien à
1160 , beaucoup de maisons dans le Royaume de Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié de chrétien à moins qu’il ne soit fondé
1161 lifié de chrétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation, et qu’il n’assure à chaque homme (et à chaque
1162 ien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation, et qu’il n’assure à chaque homme (et à chaque groupe ou ent
1163 e homme (et à chaque groupe ou entité collective) la liberté de réaliser cette vocation divine, unique et inaliénable. Un
1164 cette vocation divine, unique et inaliénable. Un ordre social chrétien sera ainsi œcuménique plutôt qu’unitarien. Il sera fé
1165 rien. Il sera fédéral plutôt que centralisé (dans les domaines culturels, religieux et sociaux). Il placera les droits et l
1166 ines culturels, religieux et sociaux). Il placera les droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’individu charg
1167 , religieux et sociaux). Il placera les droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocati
1168 sociaux). Il placera les droits et les devoirs de l’ individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant les
1169 its et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’ individu chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’É
1170 à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’ass
1171 dividu chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la libert
1172 ’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’ État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individ
1173 ation) avant les droits et les devoirs de l’État ( l’ organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individu au poi
1174 droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individu au point de vue matérie
1175 l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individu au point de vue matériel). Les conséquences
1176 anisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’ individu au point de vue matériel). Les conséquences sociales de la
1177 berté de l’individu au point de vue matériel). Les conséquences sociales de la vocation 1) Une doctrine chrétienne, c
1178 de vue matériel). Les conséquences sociales de la vocation 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la voca
1179 cation 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’ idée de la vocation des individus, mettra toujours l’accent sur le dev
1180 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la vocation des individus, mettra toujours l’accent sur le devoir plutôt
1181 dée de la vocation des individus, mettra toujours l’ accent sur le devoir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l
1182 ation des individus, mettra toujours l’accent sur le devoir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée : les
1183 ra toujours l’accent sur le devoir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée : les règlements militaires ne f
1184 sur le devoir plutôt que sur les droits. Prenons l’ exemple de l’armée : les règlements militaires ne fixent pas les droit
1185 r plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l’ armée : les règlements militaires ne fixent pas les droits d’un capita
1186 ue sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée : les règlements militaires ne fixent pas les droits d’un capitaine mais se
1187 l’armée : les règlements militaires ne fixent pas les droits d’un capitaine mais seulement ses devoirs et ses fonctions. Il
1188 ses devoirs et ses fonctions. Il va sans dire que l’ organisation de l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours les mo
1189 fonctions. Il va sans dire que l’organisation de l’ armée est telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’accomplir s
1190 e l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’accomplir son devoir : c’est là sa liberté, il n’en a pas d’
1191 : c’est là sa liberté, il n’en a pas d’autres. Or l’ Ecclesia militans ressemble à une armée beaucoup plus qu’elle ne resse
1192 ne ressemble à une constitution abstraite fixant les droits de l’individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2) Une
1193 à une constitution abstraite fixant les droits de l’ individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2) Une doctrine chré
1194 . 2) Une doctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait de la vocation divine d’un homme ou d’un organisme collectif con
1195 ctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait de la vocation divine d’un homme ou d’un organisme collectif condamnera tou
1196 ndamnera tout système qui, mécaniquement, empêche la réalisation de cette vocation. Elle condamnera, par conséquent, au no
1197 ation. Elle condamnera, par conséquent, au nom de la théologie, les grandes machines bureaucratiques dans lesquelles les i
1198 ndamnera, par conséquent, au nom de la théologie, les grandes machines bureaucratiques dans lesquelles les individus sont a
1199 grandes machines bureaucratiques dans lesquelles les individus sont abstraitement dirigés selon les besoins de la machine
1200 es les individus sont abstraitement dirigés selon les besoins de la machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamn
1201 s sont abstraitement dirigés selon les besoins de la machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamnera le système
1202 t non selon leur vocation réelle. Elle condamnera le système du capital privé dans la mesure où le mouvement des biens de
1203 Elle condamnera le système du capital privé dans la mesure où le mouvement des biens de la puissance matérielle y est fon
1204 era le système du capital privé dans la mesure où le mouvement des biens de la puissance matérielle y est fonction des has
1205 privé dans la mesure où le mouvement des biens de la puissance matérielle y est fonction des hasards d’opérations de Bours
1206 urse, par exemple, et non des droits conférés par l’ exercice d’une vocation. Elle condamnera tout système économique qui f
1207 le condamnera tout système économique qui fait de l’ homme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production ma
1208 mnera tout système économique qui fait de l’homme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production matérielle
1209 ique qui fait de l’homme le jouet des intérêts de l’ État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissa
1210 e le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou col
1211 État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou collective. 3) Les Églises comba
1212 lonté de puissance individuelle ou collective. 3) Les Églises combattront pour tout ce qui assure à un organisme individuel
1213 qui assure à un organisme individuel ou collectif la liberté légale et les moyens matériels d’accomplir sa vocation. Elles
1214 isme individuel ou collectif la liberté légale et les moyens matériels d’accomplir sa vocation. Elles le feront au nom de l
1215 s moyens matériels d’accomplir sa vocation. Elles le feront au nom de leur doctrine, et avec une grande précision. Elles n
1216 doctrine, et avec une grande précision. Elles ne le feront pas au nom de conceptions purement humanistes ou religieusemen
1217 rement humanistes ou religieusement neutres comme le progrès, la justice sociale (de gauche), ou l’ordre social (de droite
1218 istes ou religieusement neutres comme le progrès, la justice sociale (de gauche), ou l’ordre social (de droite), l’intérêt
1219 me le progrès, la justice sociale (de gauche), ou l’ ordre social (de droite), l’intérêt national ou la prospérité économiq
1220 le progrès, la justice sociale (de gauche), ou l’ ordre social (de droite), l’intérêt national ou la prospérité économique. L
1221 ciale (de gauche), ou l’ordre social (de droite), l’ intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir des Églises es
1222 l’ordre social (de droite), l’intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir des Églises est de repenser toutes c
1223 , l’intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir des Églises est de repenser toutes ces catégories et de les cr
1224 lises est de repenser toutes ces catégories et de les critiquer d’un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y avoir,
1225 le, une redéfinition des « quatre libertés » dans les conditions de fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation
1226 ns de fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l
1227 doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre à l’ abri de la nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prosp
1228 hrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prospérité, mai
1229 bre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l’ on prend pour but la prospérité, mais que l’on demande la possibilité
1230 écessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prospérité, mais que l’on demande la possibilité matérielle pour chac
1231 s que l’on prend pour but la prospérité, mais que l’ on demande la possibilité matérielle pour chacun de réaliser sa vocati
1232 end pour but la prospérité, mais que l’on demande la possibilité matérielle pour chacun de réaliser sa vocation, etc.) Alo
1233 ser sa vocation, etc.) Alors, et alors seulement, les Églises retrouveront une autorité effective. Elles cesseront de s’ide
1234 tive. Elles cesseront de s’identifier aux yeux de l’ homme de la rue à une certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à
1235 cesseront de s’identifier aux yeux de l’homme de la rue à une certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à la réforme
1236 mme de la rue à une certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à la réforme du moment. Elles cesseront d’être traînées da
1237 certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à la réforme du moment. Elles cesseront d’être traînées dans le sillage de
1238 e du moment. Elles cesseront d’être traînées dans le sillage de mouvements entrepris par d’autres, avec des motifs et pour
1239 buts qui ne sont pas nécessairement chrétiens. Les conséquences culturelles Deux dangers menacent la culture moderne
1240 conséquences culturelles Deux dangers menacent la culture moderne au point de vue d’une éthique fondée sur la vocation 
1241 moderne au point de vue d’une éthique fondée sur la vocation : a) un faux universalisme fruit d’une éducation sans couleu
1242 réelle et b) nationalisme, autarchie spirituelle. La vocation d’un homme ou d’un groupe est à la fois distinction et intég
1243 nt être conciliés et sauvegardés avec vigilance — l’ élément d’universalisation et celui de distinction. Il est grandement
1244 ts laïques, neutres ou non chrétiens, et que tout l’ enseignement, dans chaque matière, y soit dominé par la doctrine de l’
1245 eignement, dans chaque matière, y soit dominé par la doctrine de l’Église en question, comme c’est le cas dans les institu
1246 chaque matière, y soit dominé par la doctrine de l’ Église en question, comme c’est le cas dans les instituts catholiques
1247 la doctrine de l’Église en question, comme c’est le cas dans les instituts catholiques et à l’Université calviniste de Ho
1248 de l’Église en question, comme c’est le cas dans les instituts catholiques et à l’Université calviniste de Hollande. Mais,
1249 c’est le cas dans les instituts catholiques et à l’ Université calviniste de Hollande. Mais, en même temps, pouddr19490200
1250 is, en même temps, pouddr19490200semr sauvegarder le facteur universaliste, il est nécessaire que, dans les écoles confess
1251 acteur universaliste, il est nécessaire que, dans les écoles confessionnelles, un enseignement suffisamment poussé des autr
1252 amment poussé des autres confessions soit donné : la partie œcuménique. Car ce n’est qu’en apprenant à connaître les autre
1253 ménique. Car ce n’est qu’en apprenant à connaître les autres que nous en venons à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’est
1254 prenant nous-mêmes que nous parvenons à connaître les autres. L’attitude générale serait alors d’approfondir et d’intégrer
1255 -mêmes que nous parvenons à connaître les autres. L’ attitude générale serait alors d’approfondir et d’intégrer le plus pos
1256 générale serait alors d’approfondir et d’intégrer le plus possible chaque vocation culturelle du groupe (qu’il soit religi
1257 lle du groupe (qu’il soit religieux ou national), le tout en vue de l’union (fédérale ou œcuménique) de ces vocations dans
1258 il soit religieux ou national), le tout en vue de l’ union (fédérale ou œcuménique) de ces vocations dans un ensemble beauc
1259 vocations dans un ensemble beaucoup plus large — le corps et ses membres ; ne jamais chercher l’union en neutralisant les
1260 ge — le corps et ses membres ; ne jamais chercher l’ union en neutralisant les différences et les particularités, mais au c
1261 bres ; ne jamais chercher l’union en neutralisant les différences et les particularités, mais au contraire en cherchant à l
1262 ercher l’union en neutralisant les différences et les particularités, mais au contraire en cherchant à les comparer. Le deu
1263 particularités, mais au contraire en cherchant à les comparer. Le deuxième problème à envisager est celui d’une collaborat
1264 est celui d’une collaboration plus étroite entre l’ Église et l’Intelligentzia. Dans le présent état des choses, cette col
1265 ’une collaboration plus étroite entre l’Église et l’ Intelligentzia. Dans le présent état des choses, cette collaboration o
1266 étroite entre l’Église et l’Intelligentzia. Dans le présent état des choses, cette collaboration organique fait défaut. S
1267 cette collaboration organique fait défaut. Seuls les mouvements œcuméniques ont donné l’occasion à un certain nombre de sa
1268 éfaut. Seuls les mouvements œcuméniques ont donné l’ occasion à un certain nombre de savants, historiens et écrivains de tr
1269 vants, historiens et écrivains de travailler pour les Églises dans leur ensemble. Mais la plupart des confessions (spéciale
1270 le. Mais la plupart des confessions (spécialement les protestantes) n’ont pas les moyens de mettre en contact organique les
1271 essions (spécialement les protestantes) n’ont pas les moyens de mettre en contact organique les créateurs de culture et l’É
1272 ont pas les moyens de mettre en contact organique les créateurs de culture et l’Église comme telle — l’Église comme corps d
1273 en contact organique les créateurs de culture et l’ Église comme telle — l’Église comme corps de doctrine et comme communa
1274 es créateurs de culture et l’Église comme telle — l’ Église comme corps de doctrine et comme communauté. Sur ce plan tout r
1275 e chose doit être créé si nous voulons éviter que la culture de demain se développe selon des voies qui s’éloignent de plu
1276 chrétienne du monde. i. Rougemont Denis de, «  La responsabilité culturelle de l’Église », Le Semeur, Paris, mars 1945,
1277 emont Denis de, « La responsabilité culturelle de l’ Église », Le Semeur, Paris, mars 1945, p. 17-25.
1278 de, « La responsabilité culturelle de l’Église », Le Semeur, Paris, mars 1945, p. 17-25.
6 1946, Le Semeur, articles (1933–1949). Chances d’action du christianisme (juin-juillet 1946)
1279 juin-juillet 1946)j Depuis des siècles, depuis la Renaissance, le christianisme a vécu sur la défensive. Les hiérarchie
1280 6)j Depuis des siècles, depuis la Renaissance, le christianisme a vécu sur la défensive. Les hiérarchies ecclésiastique
1281 epuis la Renaissance, le christianisme a vécu sur la défensive. Les hiérarchies ecclésiastiques défendaient leurs pouvoirs
1282 ssance, le christianisme a vécu sur la défensive. Les hiérarchies ecclésiastiques défendaient leurs pouvoirs temporels, jus
1283 leurs pouvoirs temporels, justement contestés par l’ État. Puis elles eurent à défendre leurs pouvoirs spirituels, certains
1284 spirituels, certains États s’étant laissé aller à les revendiquer injustement. Les docteurs de l’Église se défendaient cont
1285 étant laissé aller à les revendiquer injustement. Les docteurs de l’Église se défendaient contre les attaques successives d
1286 er à les revendiquer injustement. Les docteurs de l’ Église se défendaient contre les attaques successives du scepticisme n
1287 t. Les docteurs de l’Église se défendaient contre les attaques successives du scepticisme né de la science cartésienne, de
1288 tre les attaques successives du scepticisme né de la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des syst
1289 s du scepticisme né de la science cartésienne, de l’ historisme, de la philologie, puis des systèmes sociologiques et philo
1290 né de la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des systèmes sociologiques et philosophiques qui se
1291 es et philosophiques qui se mirent à pulluler dès le xixe siècle, et qui se posaient en termes intraduisibles dans les ca
1292 et qui se posaient en termes intraduisibles dans les catégories théologiques traditionnelles. Quant aux fidèles, ils avaie
1293 ant aux fidèles, ils avaient à se défendre contre la menace quotidienne, innombrable, et sans cesse accrue, mais d’une man
1294 s en moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoir, sans oser se l’avouer, les chrétiens devenaient, en Europe co
1295 lois spirituelles : sans le savoir, sans oser se l’ avouer, les chrétiens devenaient, en Europe comme ailleurs, une minori
1296 ituelles : sans le savoir, sans oser se l’avouer, les chrétiens devenaient, en Europe comme ailleurs, une minorité doucemen
1297 ourires et d’ironies intellectuelles basées sur «  les derniers progrès de la science », cette tolérance même qui se manifes
1298 ellectuelles basées sur « les derniers progrès de la science », cette tolérance même qui se manifestait à l’égard des « su
1299 ligieuses », firent autant de mal aux Églises que les persécutions romaines aux premiers temps leur avaient fait de bien. P
1300 remiers temps leur avaient fait de bien. Partout, l’ on vit au cours du xviiie et surtout du xixe siècle, s’exténuer les
1301 du xviiie et surtout du xixe siècle, s’exténuer les formes extrêmes, hardies et créatrices des différentes confessions. O
1302 ces des différentes confessions. On reculait sous la pression de l’incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les po
1303 ntes confessions. On reculait sous la pression de l’ incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les positions trop me
1304 lait sous la pression de l’incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les positions trop menacées par le scepticisme
1305 ’incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les positions trop menacées par le scepticisme. Pour ne donner que deux e
1306 du feu, on cédait les positions trop menacées par le scepticisme. Pour ne donner que deux exemples : on vit le mouvement m
1307 icisme. Pour ne donner que deux exemples : on vit le mouvement mystique s’éteindre au sein du catholicisme romain, tandis
1308 eindre au sein du catholicisme romain, tandis que le théocentrisme transcendantal des réformateurs faisait place, chez les
1309 anscendantal des réformateurs faisait place, chez les protestants, à un moralisme centré sur l’homme. Tout tranquillement,
1310 , chez les protestants, à un moralisme centré sur l’ homme. Tout tranquillement, et pour sauver leur corps, les Églises ren
1311 . Tout tranquillement, et pour sauver leur corps, les Églises renonçaient sinon à leur âme même, du moins à cette véhémence
1312 ce flambante qui fut toujours signe et symbole de l’ Esprit. Un fils soumis de Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire
1313 e et symbole de l’Esprit. Un fils soumis de Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin de cette période qu’à
1314 Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin de cette période qu’à la question : « Si le sel perd sa saveur, a
1315 pouvait écrire vers la fin de cette période qu’à la question : « Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ?
1316 s la fin de cette période qu’à la question : « Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? », les catholiques
1317 question : « Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? », les catholiques modernes répondaient dans l’ense
1318 perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? », les catholiques modernes répondaient dans l’ensemble : « Avec du sucre ! 
1319 on ? », les catholiques modernes répondaient dans l’ ensemble : « Avec du sucre ! » Remarque hélas valable pour bien d’autr
1320 et qui résume toute une époque. Je pense qu’avec la guerre, cette époque a pris fin. Et je fonde cette croyance sur quelq
1321 te croyance sur quelques faits. C’est un fait que le totalitarisme a rompu la paix fausse qui semblait établie entre les s
1322 faits. C’est un fait que le totalitarisme a rompu la paix fausse qui semblait établie entre les sociétés laïques et les Ég
1323 a rompu la paix fausse qui semblait établie entre les sociétés laïques et les Églises ; qu’il a brusquement mis à nu l’état
1324 ui semblait établie entre les sociétés laïques et les Églises ; qu’il a brusquement mis à nu l’état minoritaire des chrétie
1325 ues et les Églises ; qu’il a brusquement mis à nu l’ état minoritaire des chrétiens ; qu’il les a attaqués de front au nom
1326 mis à nu l’état minoritaire des chrétiens ; qu’il les a attaqués de front au nom des principes non chrétiens (comme le nati
1327 e front au nom des principes non chrétiens (comme le nationalisme) qu’ils croyaient pouvoir tolérer ; qu’il a été abattu f
1328 évation brutale puis sa chute ont été pour toutes les Églises une épreuve de forces, un défi, une purification, une occasio
1329 cation, une occasion de réveil. C’est un fait que la culture laïque, a-chrétienne ou antichrétienne, qui prétendait se sub
1330 ou antichrétienne, qui prétendait se substituer à la religion et conduire le monde moderne vers un paradis sans Dieu, a dé
1331 rétendait se substituer à la religion et conduire le monde moderne vers un paradis sans Dieu, a démontré son impuissance r
1332 ns Dieu, a démontré son impuissance réelle devant l’ assaut de dictatures barbares : elle s’est reconnue impuissante à nous
1333 es qμe ceux du christianisme. C’est un fait que «  les derniers progrès de la Science » autorisent de moins en moins — et no
1334 isme. C’est un fait que « les derniers progrès de la Science » autorisent de moins en moins — et non de plus en plus, comm
1335 n plus, comme au siècle passé — à mettre en doute la vérité et la validité des dogmes chrétiens. L’ère des argumentations
1336 au siècle passé — à mettre en doute la vérité et la validité des dogmes chrétiens. L’ère des argumentations « scientifiqu
1337 te la vérité et la validité des dogmes chrétiens. L’ ère des argumentations « scientifiques » contre la Genèse, la Création
1338 L’ère des argumentations « scientifiques » contre la Genèse, la Création du monde par Dieu, sa Fin, l’existence de l’espri
1339 rgumentations « scientifiques » contre la Genèse, la Création du monde par Dieu, sa Fin, l’existence de l’esprit, etc., pa
1340 la Genèse, la Création du monde par Dieu, sa Fin, l’ existence de l’esprit, etc., paraît bien close, et pour longtemps. Et
1341 réation du monde par Dieu, sa Fin, l’existence de l’ esprit, etc., paraît bien close, et pour longtemps. Et c’est un fait q
1342 en close, et pour longtemps. Et c’est un fait que les trois grandes confessions chrétiennes ont retrouvé, depuis une ou deu
1343 tiennes ont retrouvé, depuis une ou deux décades, le courage de réaffirmer leurs positions parfois les plus extrêmes, avec
1344 le courage de réaffirmer leurs positions parfois les plus extrêmes, avec une belle indépendance vis-à-vis des critiques de
1345 une belle indépendance vis-à-vis des critiques de l’ extérieur. Renaissance du thomisme et des études mystiques chez les ca
1346 aissance du thomisme et des études mystiques chez les catholiques ; restauration de la dogmatique réformée grâce au mouveme
1347 mystiques chez les catholiques ; restauration de la dogmatique réformée grâce au mouvement initié par Karl Barth chez les
1348 mée grâce au mouvement initié par Karl Barth chez les protestants ; réapparition d’une puissante et purifiée Église orthodo
1349 on d’une puissante et purifiée Église orthodoxe à l’ Est. Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, d
1350 purifiée Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’ époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’es
1351 lise orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser aux
1352 ur reste plus qu’à s’endormir, ou bien à passer à l’ attaque. Ce lendemain d’une guerre de Trente Ans ne ressemble guère à
1353 s ne ressemble guère à une victoire, il faut bien le dire. Les nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celle
1354 emble guère à une victoire, il faut bien le dire. Les nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui l’on
1355 , il faut bien le dire. Les nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui l’ont gagnée n’ont rien gagné
1356 perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui l’ ont gagnée n’ont rien gagné ; elles ont seulement repoussé une menace,
1357 honte, vie et mort.) Et que trouvent aujourd’hui les peuples devant eux ? Battus et vainqueurs, épuisés, cherchent en vain
1358 , épuisés, cherchent en vain une utopie nouvelle. Les uns s’abandonnent aux vieilleries et tentent de restaurer le national
1359 andonnent aux vieilleries et tentent de restaurer le nationalisme, condamné par les catastrophes récentes. Les autres pens
1360 entent de restaurer le nationalisme, condamné par les catastrophes récentes. Les autres pensent qu’en déplaçant quelques ob
1361 onalisme, condamné par les catastrophes récentes. Les autres pensent qu’en déplaçant quelques objets — les richesses par ex
1362 autres pensent qu’en déplaçant quelques objets — les richesses par exemple — on arrangera la vie… D’autres enfin, faisant
1363 objets — les richesses par exemple — on arrangera la vie… D’autres enfin, faisant la théorie de leur faiblesse, formulent
1364 le — on arrangera la vie… D’autres enfin, faisant la théorie de leur faiblesse, formulent des doctrines nihilistes. Devant
1365 s doctrines nihilistes. Devant cette démission de la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs,
1366 listes. Devant cette démission de la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de décre
1367 ant cette démission de la pensée et de la morale, l’ État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de décrets si génér
1368 trouver nécessairement lésée. En d’autres termes, les Églises ne trouvent plus dans le monde des doctrines hostiles, mais u
1369 ’autres termes, les Églises ne trouvent plus dans le monde des doctrines hostiles, mais un vide doctrinal sans précédent.
1370 de est un appel, urgent et dramatique. Un appel à l’ attaque, à l’offensive, à l’initiative, à du plein. Ou encore : les Ég
1371 el, urgent et dramatique. Un appel à l’attaque, à l’ offensive, à l’initiative, à du plein. Ou encore : les Églises et leur
1372 ramatique. Un appel à l’attaque, à l’offensive, à l’ initiative, à du plein. Ou encore : les Églises et leurs prédicateurs
1373 ffensive, à l’initiative, à du plein. Ou encore : les Églises et leurs prédicateurs ont moins que jamais à se soucier, aujo
1374 que jamais à se soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments de l’incroyance ; elles ont, tout simplement à donner leurs
1375 soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments de l’ incroyance ; elles ont, tout simplement à donner leurs croyances, avec
1376 à ceux qui se noient. Comme laïque se tenant dans l’ Église, et voyant au-dehors ses chances d’action, et la misère du temp
1377 ise, et voyant au-dehors ses chances d’action, et la misère du temps qui appelle, j’attends ceci : I. Que l’Église offre u
1378 ère du temps qui appelle, j’attends ceci : I. Que l’ Église offre un type de relations humaines viables, comme elle le fit
1379 un type de relations humaines viables, comme elle le fit aux siècles sombres, avant la floraison du Moyen âge, qui fut son
1380 les, comme elle le fit aux siècles sombres, avant la floraison du Moyen âge, qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le
1381 en âge, qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines admi
1382 fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administratives
1383 e restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administratives, le règne de l’argent, le
1384 ue le gigantisme de nos machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme industriel, et les déportations en ma
1385 isme de nos machines administratives, le règne de l’ argent, le nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont pre
1386 s machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont presque tué,
1387 le règne de l’argent, le nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont presque tué, laissant le champ libre à l’É
1388 déportations en masse, ont presque tué, laissant le champ libre à l’État et à ses réglementations, souvent utiles, mais q
1389 masse, ont presque tué, laissant le champ libre à l’ État et à ses réglementations, souvent utiles, mais qui ne sont jamais
1390 e vie. Je voudrais une sociologie chrétienne pour le xxe siècle, et je la voudrais fondée sur la situation d’un groupe de
1391 sociologie chrétienne pour le xxe siècle, et je la voudrais fondée sur la situation d’un groupe de frères prenant la com
1392 pour le xxe siècle, et je la voudrais fondée sur la situation d’un groupe de frères prenant la communion. 2. Que l’Église
1393 ée sur la situation d’un groupe de frères prenant la communion. 2. Que l’Église offre un type de relations culturelles via
1394 ’un groupe de frères prenant la communion. 2. Que l’ Église offre un type de relations culturelles viables ; qu’elle ose de
1395 position méfiante et arriérée — académique — dans les arts sacrés comme vis-à-vis de la culture vivante, laissant celle-ci
1396 démique — dans les arts sacrés comme vis-à-vis de la culture vivante, laissant celle-ci désorientée. Il s’agit que nos thé
1397 on de vertueuse indignation, à l’égard des écoles nouvelles , dépourvues de principe d’intégration, de commune mesure, d’ambitions
1398 tuelles, de « dévotion » à rien d’avouable… Toute la culture de l’Occident — musique, peinture, philosophie, littérature —
1399 dévotion » à rien d’avouable… Toute la culture de l’ Occident — musique, peinture, philosophie, littérature — est sortie de
1400 est temps que nous sortions à sa recherche, pour la ramener ! 3. Que l’Église cesse de défendre la triste et inefficace m
1401 sortions à sa recherche, pour la ramener ! 3. Que l’ Église cesse de défendre la triste et inefficace moralité bourgeoise,
1402 ur la ramener ! 3. Que l’Église cesse de défendre la triste et inefficace moralité bourgeoise, avec laquelle trop de chrét
1403 laquelle trop de chrétiens confondent aujourd’hui la vertu, quand ils ne vont pas jusqu’au point de l’identifier avec la «
1404 la vertu, quand ils ne vont pas jusqu’au point de l’ identifier avec la « vie chrétienne », et qu’elle restaure chez les fi
1405 s ne vont pas jusqu’au point de l’identifier avec la « vie chrétienne », et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de l
1406 c la « vie chrétienne », et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de la vocation personnelle, seul fondement d’une cond
1407 hrétienne », et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de la vocation personnelle, seul fondement d’une conduite spécif
1408 , et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de la vocation personnelle, seul fondement d’une conduite spécifiquement ch
1409 t chrétienne. « Soyez bien sages », nous disaient les prédicateurs depuis deux siècles. « Soyez fous ! », dit saint Paul au
1410  ! », dit saint Paul aux Corinthiens. « Osez être l’ Invraisemblable ! »5 dit Kierkegaard. Ce sont ces voix que les meilleu
1411 blable ! »5 dit Kierkegaard. Ce sont ces voix que les meilleurs aujourd’hui, hors des Églises, me paraissent avides d’enten
1412 ors des Églises, me paraissent avides d’entendre. La « folie de la Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui e
1413 s, me paraissent avides d’entendre. La « folie de la Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui entraîne en ava
1414 avides d’entendre. La « folie de la Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui entraîne en avant et au-delà, n
1415 qui retient en arrière et en deçà des risques de la vie. 4. Que l’Église affirme avec force, dans le domaine politique, l
1416 arrière et en deçà des risques de la vie. 4. Que l’ Église affirme avec force, dans le domaine politique, la Transcendance
1417 la vie. 4. Que l’Église affirme avec force, dans le domaine politique, la Transcendance de son chef, contre tous les abso
1418 se affirme avec force, dans le domaine politique, la Transcendance de son chef, contre tous les absolutismes nationaux, ét
1419 itique, la Transcendance de son chef, contre tous les absolutismes nationaux, étatiques, partisans. Si jamais un esprit rée
1420 llement international, ou « global » comme disent les Américains, s’instaure sur notre planète, ce ne sera qu’au nom de ce
1421 tique capitale dans notre siècle : il peut offrir le modèle même d’une union mondiale dans le respect des diversités tradi
1422 t offrir le modèle même d’une union mondiale dans le respect des diversités traditionnelles. Que dis-je, il peut ! Il le d
1423 ersités traditionnelles. Que dis-je, il peut ! Il le doit, et de toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d
1424 e vois aucune raison d’attendre autre chose, pour le monde, que des tyrans, leurs guerres, et les tyrannies qui en résulte
1425 pour le monde, que des tyrans, leurs guerres, et les tyrannies qui en résultent… Un mot encore. Ce programme, qui résume à
1426 n mot encore. Ce programme, qui résume à mes yeux les plus grandes chances d’action du christianisme au xxe siècle, rester
1427 isme au xxe siècle, resterait une pure utopie si les chrétiens s’en remettaient aux Églises pour le réaliser. Les Églises
1428 i les chrétiens s’en remettaient aux Églises pour le réaliser. Les Églises comme corps organisés ne peuvent que soutenir e
1429 ns s’en remettaient aux Églises pour le réaliser. Les Églises comme corps organisés ne peuvent que soutenir et encadrer l’a
1430 rps organisés ne peuvent que soutenir et encadrer l’ action chrétienne. Celle-ci se fera, comme elle s’est toujours faite,
1431 qu’ils exagèrent, qu’ils rêvent, qu’ils n’ont pas le sens commun, qu’ils voient trop grand… Peut-être même par des petites
1432 me celle-ci ? 5. Kierkegaard veut dire par là : l’ Incomparable, l’unique, celui qui a reçu de Dieu une vocation précise,
1433 5. Kierkegaard veut dire par là : l’Incomparable, l’ unique, celui qui a reçu de Dieu une vocation précise, et il ajoute :
1434 t, et paraît donc « invraisemblable » à celui qui la reçoit. Exemple, Abraham. j. Rougemont Denis de, « Chances d’action
1435 Denis de, « Chances d’action du christianisme », Le Semeur, Paris, juin–juillet 1946, p. 654-659.
7 1949, Le Semeur, articles (1933–1949). « Les protestants et l’esthétisme » (février-mars 1949)
1436 «  Les protestants et l’esthétisme » (février-mars 1949)k l …1° Le cathol
1437 « Les protestants et l’ esthétisme » (février-mars 1949)k l …1° Le catholicisme inspire, en
1438 s et l’esthétisme » (février-mars 1949)k l …1° Le catholicisme inspire, encadre et soutient, aujourd’hui, un assez gran
1439 , un assez grand nombre d’écrivains très connus ; le protestantisme, presque aucun. À Claudel, Bernanos, Mauriac, Graham G
1440 Evelyn Waugh, Siegrid Undset, que peuvent opposer les protestants ? Gide, Chardonne, Paulhan, Thomas Mann, Aldous Huxley, H
1441 , sont sortis de milieux protestants, dira-t-on ? Le fait est qu’ils en sont bien sortis, tandis que les autres sont entré
1442 e fait est qu’ils en sont bien sortis, tandis que les autres sont entrés (ou rentrés) dans le catholicisme et se donnent, s
1443 ndis que les autres sont entrés (ou rentrés) dans le catholicisme et se donnent, sans la moindre équivoque, pour des croya
1444 rentrés) dans le catholicisme et se donnent, sans la moindre équivoque, pour des croyants et pratiquants. Quant aux deux m
1445 uants. Quant aux deux meilleurs poètes anglais de l’ époque, T. S. Eliot et Wystan Auden, ils sont, certes, des chrétiens d
1446 tes, des chrétiens déclarés dans leur œuvre, mais l’ épithète de protestant leur convient aussi peu que celle de romain, su
1447 reste-t-il ? 2° On ne peut déduire de ce fait que le catholicisme, en général, offre à la littérature un climat plus favor
1448 ce fait que le catholicisme, en général, offre à la littérature un climat plus favorable que le protestantisme en général
1449 fre à la littérature un climat plus favorable que le protestantisme en général. Car, si l’on considère l’ensemble de nos l
1450 vorable que le protestantisme en général. Car, si l’ on considère l’ensemble de nos littératures occidentales, il est impos
1451 protestantisme en général. Car, si l’on considère l’ ensemble de nos littératures occidentales, il est impossible d’établir
1452 oportion des populations et de leurs confessions, l’ Italie ait produit plus de grands écrivains que l’Angleterre, la Polog
1453 l’Italie ait produit plus de grands écrivains que l’ Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’Allemagne catholique que la
1454 roduit plus de grands écrivains que l’Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’Allemagne catholique que la luthérienne, o
1455 grands écrivains que l’Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’Allemagne catholique que la luthérienne, ou la France cat
1456 ins que l’Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’ Allemagne catholique que la luthérienne, ou la France catholique que l
1457 logne que le Danemark, l’Allemagne catholique que la luthérienne, ou la France catholique que la calviniste. J’ai l’idée q
1458 rk, l’Allemagne catholique que la luthérienne, ou la France catholique que la calviniste. J’ai l’idée que le contraire aur
1459 e que la luthérienne, ou la France catholique que la calviniste. J’ai l’idée que le contraire aurait un peu plus de chance
1460 , ou la France catholique que la calviniste. J’ai l’ idée que le contraire aurait un peu plus de chances de se vérifier, en
1461 nce catholique que la calviniste. J’ai l’idée que le contraire aurait un peu plus de chances de se vérifier, en particulie
1462 us de chances de se vérifier, en particulier pour l’ Allemagne, la Suisse et la France. L’Espagne et l’Italie, profondément
1463 de se vérifier, en particulier pour l’Allemagne, la Suisse et la France. L’Espagne et l’Italie, profondément romaines, n’
1464 er, en particulier pour l’Allemagne, la Suisse et la France. L’Espagne et l’Italie, profondément romaines, n’ont pas produ
1465 iculier pour l’Allemagne, la Suisse et la France. L’ Espagne et l’Italie, profondément romaines, n’ont pas produit de nos j
1466 l’Allemagne, la Suisse et la France. L’Espagne et l’ Italie, profondément romaines, n’ont pas produit de nos jours de grand
1467 catholiques, et, même, plusieurs de leurs auteurs les plus connus disent préférer le protestantisme au catholicisme. 3° S’i
1468 de leurs auteurs les plus connus disent préférer le protestantisme au catholicisme. 3° S’il paraît probable que le nombre
1469 isme au catholicisme. 3° S’il paraît probable que le nombre des écrivains catholiques, protestants, juifs et athées corres
1470 u nombre des catholiques, protestants, etc., dans le monde, depuis quatre siècles, il reste qu’aujourd’hui beaucoup d’aute
1471 comme tels, tandis que nos auteurs protestants ne le sont plus guère que de naissance et non par choix. Quelles sont les c
1472 e que de naissance et non par choix. Quelles sont les causes de ce phénomène particulier au xxe siècle ? Je crois qu’il co
1473 ulier au xxe siècle ? Je crois qu’il convient de les chercher dans un récent passé théologique. Il était de mise, au siècl
1474 ogique. Il était de mise, au siècle dernier, chez les protestants, de déclarer — comme Gide le fait encore — qu’orthodoxie
1475 r, chez les protestants, de déclarer — comme Gide le fait encore — qu’orthodoxie et protestantisme s’excluent mutuellement
1476 un renversement presque complet des positions de la Réforme. Or il est clair que le libre examen, conduit dans un climat
1477 des positions de la Réforme. Or il est clair que le libre examen, conduit dans un climat rationaliste, n’est pas une atti
1478 rationaliste, n’est pas une attitude de créateur. L’ art suppose une orthodoxie, un parti pris, un fanatisme, quelque passi
1479 ion fondamentale, injustifiable autrement que par l’ œuvre, qui l’avoue et la masque à la fois, et, en tout cas, un ensembl
1480 ale, injustifiable autrement que par l’œuvre, qui l’ avoue et la masque à la fois, et, en tout cas, un ensemble de règles,
1481 ifiable autrement que par l’œuvre, qui l’avoue et la masque à la fois, et, en tout cas, un ensemble de règles, soit hérité
1482 , soit héritées, soit inventées : une rhétorique. La théologie protestante du xixe siècle invoquait la culture ou lui cou
1483 a théologie protestante du xixe siècle invoquait la culture ou lui courait après. Elle en tirait des arguments contre une
1484 e une orthodoxie vieillie, et, finalement, contre l’ orthodoxie en soi. C’était tarir une des sources de l’art. Certes, on
1485 thodoxie en soi. C’était tarir une des sources de l’ art. Certes, on a vu de « mauvaises » théologies donner naissance à un
1486 ses » théologies donner naissance à un grand art ( le puritanisme à Milton, les doctrines jésuites au baroque), et de « bon
1487 aissance à un grand art (le puritanisme à Milton, les doctrines jésuites au baroque), et de « bonnes » théologies condamner
1488 u baroque), et de « bonnes » théologies condamner l’ art (judaïsme biblique, jansénisme). Mais une théologie qui détruit sy
1489 . Mais une théologie qui détruit systématiquement la notion même d’orthodoxie, qui renonce à toute prétention (fondée ou n
1490 qui renonce à toute prétention (fondée ou non) à la rigueur et à la fidélité dogmatique, détruit en même temps ce qu’un a
1491 oute prétention (fondée ou non) à la rigueur et à la fidélité dogmatique, détruit en même temps ce qu’un artiste attend (s
1492 e attend (souvent inconsciemment) de son Église : les repères, les obstacles, les interdictions, les certitudes décisives,
1493 vent inconsciemment) de son Église : les repères, les obstacles, les interdictions, les certitudes décisives, les grands li
1494 ment) de son Église : les repères, les obstacles, les interdictions, les certitudes décisives, les grands lieux communs, le
1495  : les repères, les obstacles, les interdictions, les certitudes décisives, les grands lieux communs, les thèmes traditionn
1496 les, les interdictions, les certitudes décisives, les grands lieux communs, les thèmes traditionnels à renouveler, tout ce
1497 s certitudes décisives, les grands lieux communs, les thèmes traditionnels à renouveler, tout ce système de gênes où l’élan
1498 ionnels à renouveler, tout ce système de gênes où l’ élan créateur prend son appui. Voilà sans doute pourquoi les premières
1499 catholique, Eliot un écrivain anglican. Et, pour les mêmes raisons, l’on peut attendre du grand renouveau théologique, ini
1500 un écrivain anglican. Et, pour les mêmes raisons, l’ on peut attendre du grand renouveau théologique, initié par Karl Barth
1501 itié par Karl Barth, un renouveau protestant dans la littérature. 4° Dernière remarque : la seule influence importante qu’
1502 stant dans la littérature. 4° Dernière remarque : la seule influence importante qu’ait exercée la pensée protestante sur l
1503 ue : la seule influence importante qu’ait exercée la pensée protestante sur la littérature moderne, c’est celle de Kierkeg
1504 portante qu’ait exercée la pensée protestante sur la littérature moderne, c’est celle de Kierkegaard. (Ibsen, Unamuno, Ril
1505 ayistes des jeunes générations, en Europe et dans les deux Amériques, s’en sont déclarés tributaires.) Or la pensée de Kier
1506 ux Amériques, s’en sont déclarés tributaires.) Or la pensée de Kierkegaard, qui représente l’extrémisme protestant dans sa
1507 res.) Or la pensée de Kierkegaard, qui représente l’ extrémisme protestant dans sa pureté, dépasse notoirement l’antinomie
1508 me protestant dans sa pureté, dépasse notoirement l’ antinomie du moralisme et de l’esthétique : ce dépassement constitue m
1509 épasse notoirement l’antinomie du moralisme et de l’ esthétique : ce dépassement constitue même l’essence de son œuvre. N’e
1510 t de l’esthétique : ce dépassement constitue même l’ essence de son œuvre. N’est-ce point de cet exemple pur qu’il conviend
1511 emple pur qu’il conviendrait de partir pour poser le problème qui vous occupe dans ses termes les plus actuels ? k. Rou
1512 poser le problème qui vous occupe dans ses termes les plus actuels ? k. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Le
1513 k. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Les protestants et l’esthétisme », Le Semeur, Paris, février–mars 1949, p
1514 de, « [Réponse à une enquête] Les protestants et l’ esthétisme », Le Semeur, Paris, février–mars 1949, p. 342-344. l. Il
1515 à une enquête] Les protestants et l’esthétisme », Le Semeur, Paris, février–mars 1949, p. 342-344. l. Il s’agit d’une rép
1516 s’agit d’une réponse à une enquête introduite par la lettre suivante d’André Dumas, datée du 16 novembre 1948 : « Chers am
1517 vembre 1948 : « Chers amis… 1) S’il est exact que les protestants sont davantage moralistes et citoyens qu’esthètes, pensez
1518 de peinture ou de musique ? Je veux dire, non pas la question banale, doit-il ou non écrire, peindre, lire, voir, etc., ma
1519 etc., mais quelle perturbation cette poussée vers l’ esthétique peut-elle et doit-elle amener dans sa vie ? Vous voyez notr
1520 tral, assez précis, et notre but : converser avec les étudiants qui s’inquiètent de la beauté dans l’existence actuelle… »
1521 converser avec les étudiants qui s’inquiètent de la beauté dans l’existence actuelle… »
1522 les étudiants qui s’inquiètent de la beauté dans l’ existence actuelle… »