1
es constatations prudemment mesurées. Et d’abord,
la
question qui nous occupe ici est-elle une vraie question ? Est-elle,
2
our chacun de nous, une question qui se pose dans
la
vie, que vous vous posiez avant de venir ici, et à laquelle, réelleme
3
existentielle — pour employer un terme favori de
la
théologie et de la philosophie allemande contemporaines1 ? L’une des
4
ur employer un terme favori de la théologie et de
la
philosophie allemande contemporaines1 ? L’une des caractéristiques de
5
caractéristiques de notre temps, c’est sans doute
le
besoin qu’il a de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous
6
ans doute le besoin qu’il a de mettre en question
les
questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de plus en plus, à discute
7
oppositions qui n’existent, en réalité, que dans
la
mesure où l’on est décidé à refuser tous les conflits concrets et les
8
qui n’existent, en réalité, que dans la mesure où
l’
on est décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu
9
dans la mesure où l’on est décidé à refuser tous
les
conflits concrets et les décisions qu’ils comportent. Nous refusons t
10
st décidé à refuser tous les conflits concrets et
les
décisions qu’ils comportent. Nous refusons toute problématique dans l
11
d’aller plus loin, cherchons donc à serrer un peu
les
deux termes de notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos
12
s faut tout de suite dissiper un malentendu : par
le
terme d’humanisme, on se borne trop souvent encore, en France, à dési
13
borne trop souvent encore, en France, à désigner
la
culture gréco-latine. Nous n’avons pas, bien entendu, à discuter ici
14
e. Nous n’avons pas, bien entendu, à discuter ici
la
question des humanités. Nous prendrons le mot humanisme au sens plus
15
ter ici la question des humanités. Nous prendrons
le
mot humanisme au sens plus général, non moins précis, qui désigne une
16
vie — politique, économique, éthique — fondée sur
la
croyance au salut de l’homme par les seules forces humaines. Croyance
17
que, éthique — fondée sur la croyance au salut de
l’
homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoureuse
18
— fondée sur la croyance au salut de l’homme par
les
seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoureusement au chris
19
oureusement au christianisme, s’il est avant tout
la
croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi
20
isme, s’il est avant tout la croyance au salut de
l’
homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, mar
21
st avant tout la croyance au salut de l’homme par
la
seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bie
22
alut de l’homme par la seule force de Dieu, — par
la
foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de salut. Certain
23
me par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans
les
deux cas, marquons-le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes l
24
e Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-
le
bien, il s’agit de salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diro
25
-le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes
le
nieront. Ils me diront que, là où le chrétien parle de salut, eux se
26
s humanistes le nieront. Ils me diront que, là où
le
chrétien parle de salut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des
27
tien parle de salut, eux se bornent à revendiquer
le
bonheur des hommes, la justice. Faut-il voir là autre chose qu’une qu
28
x se bornent à revendiquer le bonheur des hommes,
la
justice. Faut-il voir là autre chose qu’une question de mots ? Dans l
29
re cas, il s’agit bel et bien de savoir quel sens
l’
homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre pour mieux vivre. M
30
doit vivre pour mieux vivre. Mais alors, en quoi
les
deux conceptions s’opposent-elles si radicalement ? C’est en ceci que
31
t-elles si radicalement ? C’est en ceci que, pour
les
uns, le salut est transcendant à l’humanité, pour les autres, immanen
32
i radicalement ? C’est en ceci que, pour les uns,
le
salut est transcendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les h
33
ci que, pour les uns, le salut est transcendant à
l’
humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes accusent les chrét
34
uns, le salut est transcendant à l’humanité, pour
les
autres, immanent. Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte d
35
scendant à l’humanité, pour les autres, immanent.
Les
humanistes accusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les acc
36
our les autres, immanent. Les humanistes accusent
les
chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à
37
ccusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils
les
accusent d’avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispense de
38
sent d’avoir recours à une réalité surhumaine qui
les
dispense de mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les acc
39
mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils
les
accusent de faire appel à une Volonté dont l’opération, à leurs yeux,
40
ls les accusent de faire appel à une Volonté dont
l’
opération, à leurs yeux, anéantit celle de la volonté humaine, ou la r
41
dont l’opération, à leurs yeux, anéantit celle de
la
volonté humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les accus
42
rs yeux, anéantit celle de la volonté humaine, ou
la
rend absolument vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’homme
43
maine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils
les
accusent de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un « arriè
44
ent vaine. En somme, ils les accusent de diminuer
l’
homme par la promesse débilitante d’un « arrière-monde » qui serait co
45
n somme, ils les accusent de diminuer l’homme par
la
promesse débilitante d’un « arrière-monde » qui serait comme une reva
46
monde » qui serait comme une revanche contre tout
l’
imparfait de « ce bas-monde », mais une revanche à bon marché, permett
47
leuse économie d’énergie et de courage. Pour eux,
le
christianisme est contre l’homme. 2. À cela, les chrétiens répondent
48
de courage. Pour eux, le christianisme est contre
l’
homme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’homme s’aimerait
49
, le christianisme est contre l’homme. 2. À cela,
les
chrétiens répondent : Comment l’homme s’aimerait-il lui-même mieux qu
50
mme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment
l’
homme s’aimerait-il lui-même mieux que Dieu, son créateur, ne l’aime ?
51
rait-il lui-même mieux que Dieu, son créateur, ne
l’
aime ? Car Dieu seul connaît l’homme dans son origine et dans sa fin.
52
, son créateur, ne l’aime ? Car Dieu seul connaît
l’
homme dans son origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé » de Die
53
connaît l’homme dans son origine et dans sa fin.
L’
homme étant « séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste
54
» de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste
le
péché « originel » — il en résulte qu’il ne peut plus se connaître en
55
même. Il ne peut plus connaître son bien. Il pose
les
questions les plus absurdes et les plus insolubles, par exemple : il
56
ut plus connaître son bien. Il pose les questions
les
plus absurdes et les plus insolubles, par exemple : il ne sait même p
57
bien. Il pose les questions les plus absurdes et
les
plus insolubles, par exemple : il ne sait même pas pourquoi il est au
58
i rime cette horrible « Histoire », illustrée par
les
plus sanglants malentendus, sans cesse renaissants. Il a l’impression
59
nglants malentendus, sans cesse renaissants. Il a
l’
impression d’avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heur
60
esse renaissants. Il a l’impression d’avoir perdu
la
clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une e
61
mme une effroyable tragi-comédie. Au fond, ce que
l’
homme ignore, ce sont les choses les plus importantes du monde : l’ori
62
-comédie. Au fond, ce que l’homme ignore, ce sont
les
choses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son exi
63
u fond, ce que l’homme ignore, ce sont les choses
les
plus importantes du monde : l’origine et la fin de son existence terr
64
e sont les choses les plus importantes du monde :
l’
origine et la fin de son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croie
65
oses les plus importantes du monde : l’origine et
la
fin de son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir le
66
nce terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir
le
pouvoir de sauver l’homme en se fondant sur l’homme sont semblables,
67
rs, ceux qui croient détenir le pouvoir de sauver
l’
homme en se fondant sur l’homme sont semblables, aux yeux du chrétien,
68
ir le pouvoir de sauver l’homme en se fondant sur
l’
homme sont semblables, aux yeux du chrétien, à ce fameux baron de Crac
69
ait se tirer alors d’un puits en se soulevant par
la
chevelure. 3. Humanisme contre christianisme, n’est-ce donc qu’un con
70
our, assez touchant ? Est-ce à celui qui soignera
le
mieux cet homme que l’on s’accorde à tenir pour malade actuellement ?
71
st-ce à celui qui soignera le mieux cet homme que
l’
on s’accorde à tenir pour malade actuellement ? Aux yeux de certains h
72
umanistes, peut-être. Aux yeux du chrétien, non ;
le
conflit est plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lu
73
du chrétien, non ; le conflit est plus grave, car
le
rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation, à pri
74
non ; le conflit est plus grave, car le rejet de
l’
humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation, à priori fondamen
75
i une sorte d’obligation, à priori fondamentale :
l’
humanisme c’est le péché même, si l’on peut définir le péché par la vo
76
gation, à priori fondamentale : l’humanisme c’est
le
péché même, si l’on peut définir le péché par la volonté, naturelle à
77
ondamentale : l’humanisme c’est le péché même, si
l’
on peut définir le péché par la volonté, naturelle à l’homme, d’agir p
78
manisme c’est le péché même, si l’on peut définir
le
péché par la volonté, naturelle à l’homme, d’agir pour soi, et non po
79
le péché même, si l’on peut définir le péché par
la
volonté, naturelle à l’homme, d’agir pour soi, et non pour Dieu. C’es
80
peut définir le péché par la volonté, naturelle à
l’
homme, d’agir pour soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de
81
oi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de
l’
humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère
82
’est maintenant au tour de l’humaniste d’endosser
le
reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refu
83
de l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté.
Le
chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepter, dans tout
84
te d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien
le
considère comme un homme qui refuse d’accepter, dans toute sa violenc
85
me qui refuse d’accepter, dans toute sa violence,
la
question que lui pose sans cesse la crise perpétuelle du monde. Et l
86
sa violence, la question que lui pose sans cesse
la
crise perpétuelle du monde. Et l’antagonisme des deux attitudes pren
87
ose sans cesse la crise perpétuelle du monde. Et
l’
antagonisme des deux attitudes prend une forme encore plus précise, il
88
s prend une forme encore plus précise, il devient
l’
antagonisme de deux volontés qui ne s’opposent pas front à front sur l
89
volontés qui ne s’opposent pas front à front sur
le
même plan, mais qui se coupent perpendiculairement. Chez les chrétien
90
an, mais qui se coupent perpendiculairement. Chez
les
chrétiens, volonté de se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les hum
91
chrétiens, volonté de se soumettre à ce qui juge
la
vie. Chez les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à
92
olonté de se soumettre à ce qui juge la vie. Chez
les
humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le
93
nté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix,
le
plus possible, comme si la vie était le bien absolu. C’est ici que no
94
de vivre à tout prix, le plus possible, comme si
la
vie était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de
95
out prix, le plus possible, comme si la vie était
le
bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique quo
96
t le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans
l’
ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste va chercher une solution h
97
bsolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de
l’
éthique quotidienne. L’humaniste va chercher une solution humaine qui
98
us entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne.
L’
humaniste va chercher une solution humaine qui lui permettra d’assurer
99
permettra d’assurer ce bien absolu qu’est sa vie.
Le
chrétien va chercher à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mép
100
sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est
le
fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les
101
ême au mépris de sa vie : tel est le fondement de
l’
attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait
102
ttitude de service et de sacrifice qui, dans tous
les
domaines, fait de lui un révolutionnaire, l’homme du risque opposé à
103
ous les domaines, fait de lui un révolutionnaire,
l’
homme du risque opposé à l’homme des assurances. Car l’humanisme n’est
104
ui un révolutionnaire, l’homme du risque opposé à
l’
homme des assurances. Car l’humanisme n’est, aux yeux de la foi, qu’un
105
me du risque opposé à l’homme des assurances. Car
l’
humanisme n’est, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’assuran
106
es assurances. Car l’humanisme n’est, aux yeux de
la
foi, qu’une vaste entreprise d’assurance-vie. L’humaniste pourra répo
107
la foi, qu’une vaste entreprise d’assurance-vie.
L’
humaniste pourra répondre qu’à ses yeux, le christianisme n’est qu’une
108
e-vie. L’humaniste pourra répondre qu’à ses yeux,
le
christianisme n’est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est au
109
hristianisme n’est qu’une assurance-paradis. Mais
le
reproche est aussi misérable qu’injurieux, si l’on songe que ce « par
110
le reproche est aussi misérable qu’injurieux, si
l’
on songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas du mépris des garan
111
tre payé ici-bas du mépris des garanties humaines
les
plus élémentaires, — et toute l’histoire des martyrs en témoigne. Un
112
anties humaines les plus élémentaires, — et toute
l’
histoire des martyrs en témoigne. Un chrétien est un être qui joue tou
113
moigne. Un chrétien est un être qui joue tout sur
la
foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contre toute vraisemblance. Prenon
114
n être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur
l’
invisible, contre toute vraisemblance. Prenons des exemples concrets.
115
ets. Un chrétien qui contracte une assurance sur
la
vie n’est plus un chrétien à cet instant et dans cet acte ; il agit e
116
aniste. Il témoigne de sa défiance à l’endroit de
la
Providence. Ce mot peut nous fournir un autre exemple. Un chrétien qu
117
échoit un « bonheur » imprévu, pousse en réalité
le
cri d’un humaniste, c’est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absol
118
d’un humaniste, c’est-à-dire d’un homme, pour qui
la
valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et de même un chrétien q
119
à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue est
la
vie, non l’obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des au
120
homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non
l’
obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des autres ou parl
121
porte un jugement d’humaniste, mange du fruit de
l’
arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme
122
ugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre de
la
connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme pieux qui p
123
connaissance du bien et du mal. Humaniste encore,
l’
homme pieux qui prie pour demander à Dieu des « avantages » humains. (
124
r à Dieu des « avantages » humains. (Comment donc
les
connaîtrait-il ? Comment pourrait-il les nommer, s’il n’a d’abord che
125
ent donc les connaîtrait-il ? Comment pourrait-il
les
nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté de Dieu, si souvent contr
126
pourrait-il les nommer, s’il n’a d’abord cherché
la
volonté de Dieu, si souvent contraire à la sienne ?) Prier pour qu’il
127
aniste. Si je vous donne ces exemples, c’est dans
l’
espoir de provoquer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de v
128
de provoquer quelques réactions. C’est aussi dans
l’
espoir de vous faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’êtr
129
l’espoir de vous faire mieux sentir à quel point
l’
humanisme, loin d’être une simple conception philosophique, est une at
130
conception philosophique, est une attitude devant
la
« vie pratique » — comme on dit, mais y en a-t-il une autre ? —, une
131
autre ? —, une attitude qui se mêle constamment à
l’
existence des chrétiens eux-mêmes. Ce n’est pas à dire que l’humanism
132
des chrétiens eux-mêmes. Ce n’est pas à dire que
l’
humanisme n’ait pas ses doctrines, et même une expression politique co
133
ne expression politique cohérente. On a cité dans
les
Débats, ces jours derniers, les écrits de MM. Fernandez2 et Guéhenno.
134
e. On a cité dans les Débats, ces jours derniers,
les
écrits de MM. Fernandez2 et Guéhenno. Si intéressants et précis que s
135
nno. Si intéressants et précis que soit l’un dans
le
détail de sa dialectique critique, et si généreux que se veuille le s
136
», il ne semble pas que ces deux auteurs aient eu
le
courage d’aller jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du tra
137
ières conséquences de leur refus du transcendant.
Le
communisme seul a poussé jusqu’aux réalisations effectives que semble
138
que semble devoir commander une foi véritable en
l’
humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La se
139
e devoir commander une foi véritable en l’humain.
Le
communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentat
140
une foi véritable en l’humain. Le communisme est
le
véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement con
141
unisme est le véritable humanisme de notre temps.
La
seule tentative pleinement consciente et avouée pour soustraire l’hom
142
e pleinement consciente et avouée pour soustraire
l’
homme à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’homme con
143
e l’homme à son créateur, pour rebâtir un monde à
la
mesure de l’homme considéré comme autonome, et « calculable » humaine
144
on créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de
l’
homme considéré comme autonome, et « calculable » humainement. Le Plan
145
ré comme autonome, et « calculable » humainement.
Le
Plan est d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’assurance-vie
146
culable » humainement. Le Plan est d’ores et déjà
la
plus formidable entreprise d’assurance-vie que l’humanité ait jamais
147
la plus formidable entreprise d’assurance-vie que
l’
humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que le « marxisme-léninis
148
’humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que
le
« marxisme-léninisme » peut être opposé utilement au christianisme, c
149
t féconde. Mais en face de ce triomphe humaniste,
le
chrétien ne pourrait-il pas relever maintenant la vraie défense de l’
150
le chrétien ne pourrait-il pas relever maintenant
la
vraie défense de l’homme, lieu naturel du nécessaire conflit de l’ang
151
ait-il pas relever maintenant la vraie défense de
l’
homme, lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’
152
de l’homme, lieu naturel du nécessaire conflit de
l’
ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux confli
153
ieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de
la
bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturels.
154
l du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ?
L’
homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturels. Il vit dan
155
— se dit-on — ni luttes sociales, ni lutte contre
la
nature définitivement asservie. Cet homme sera-t-il encore humain ? Q
156
une fois son triomphe assuré par sa victoire sur
les
difficultés naturelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’être
157
ficultés naturelles, sur ce conflit qui constitue
la
raison d’être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Ser
158
a-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un homme ?
L’
homme chrétien est à la fois ange et bête. Dans ce conflit perpétuel,
159
il trouve sa joie et sa souffrance — peu importe
le
nom qu’il leur donne ; — il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire
160
de lutter pour devenir une personne devant Dieu.
Le
succès de l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever
161
ur devenir une personne devant Dieu. Le succès de
l’
humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’homme tou
162
triomphant serait-il tout simplement d’enlever à
l’
homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandon
163
ver à l’homme toute raison personnelle de vivre ?
Le
succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, u
164
toute raison personnelle de vivre ? Le succès de
l’
homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, un suicide sup
165
1. Existentielle, c’est-à-dire : qui concerne «
l’
existence » de chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans
166
exigeant une décision. 2. Ch. Westphal rappelait
la
phrase de Fernandez : « Le chrétien est un embusqué de l’infini. » a
167
Ch. Westphal rappelait la phrase de Fernandez : «
Le
chrétien est un embusqué de l’infini. » a. Rougemont Denis de, « Hu
168
e de Fernandez : « Le chrétien est un embusqué de
l’
infini. » a. Rougemont Denis de, « Humanisme et christianisme », Le
169
ugemont Denis de, « Humanisme et christianisme »,
Le
Semeur, Paris, mars 1933, p. 286-293. b. La première note indique :
170
e : « Introduction à une discussion organisée par
la
fédération au Foyer international, le 15 janvier 1933. » Le Foyer int
171
ganisée par la fédération au Foyer international,
le
15 janvier 1933. » Le Foyer international se situe alors à Paris, au
172
ion au Foyer international, le 15 janvier 1933. »
Le
Foyer international se situe alors à Paris, au boulevard Saint-Michel
173
Sur
la
méthode de M. Goguel (novembre 1934)c d L’œuvre de M. Maurice Gogu
174
Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)c d
L’
œuvre de M. Maurice Goguel, directeur à l’École des hautes études, est
175
)c d L’œuvre de M. Maurice Goguel, directeur à
l’
École des hautes études, est déjà fort importante et fait de son auteu
176
s, est déjà fort importante et fait de son auteur
le
maître incontesté de nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’œuvr
177
esté de nos critiques du Nouveau Testament. C’est
l’
œuvre d’un savant spécialisé, au premier chef, mais dans un domaine su
178
ef, mais dans un domaine susceptible d’intéresser
le
plus large public. On se souvient de l’ouvrage décisif que M. Goguel
179
ntéresser le plus large public. On se souvient de
l’
ouvrage décisif que M. Goguel publia contre les thèses de M. Couchoud3
180
de l’ouvrage décisif que M. Goguel publia contre
les
thèses de M. Couchoud3. Plus récemment, il nous donnait une volumineu
181
nous donnait une volumineuse Vie de Jésus 4 dont
le
succès fut grand et les conclusions vivement discutées. L’ouvrage qu’
182
ineuse Vie de Jésus 4 dont le succès fut grand et
les
conclusions vivement discutées. L’ouvrage qu’il nous donne aujourd’hu
183
fut grand et les conclusions vivement discutées.
L’
ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésu
184
utées. L’ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui est
la
suite de cette Vie de Jésus, et les questions qu’il pose n’apparaisse
185
ujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésus, et
les
questions qu’il pose n’apparaissent pas moins passionnantes. Quelle f
186
’apparaissent pas moins passionnantes. Quelle fut
la
genèse psychologique et historique de la croyance à la résurrection d
187
elle fut la genèse psychologique et historique de
la
croyance à la résurrection de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel défin
188
nèse psychologique et historique de la croyance à
la
résurrection de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel définit l’objet de
189
tion de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel définit
l’
objet de sa recherche, en insistant sur le fait que la description qu’
190
définit l’objet de sa recherche, en insistant sur
le
fait que la description qu’il va donner ne saurait être prise pour un
191
jet de sa recherche, en insistant sur le fait que
la
description qu’il va donner ne saurait être prise pour une explicatio
192
ette modestie ne soit un peu trop ambitieuse. Car
l’
hypothèse de travail que M. Goguel adopte au départ revêt bel et bien
193
que M. Goguel adopte au départ revêt bel et bien
la
forme d’une explication de cause à effet. On pense couramment, dit-il
194
e cause à effet. On pense couramment, dit-il, que
la
foi chrétienne est née parce que le tombeau de Jésus fut trouvé vide.
195
, dit-il, que la foi chrétienne est née parce que
le
tombeau de Jésus fut trouvé vide. Mais il se pourrait qu’au contraire
196
. Mais il se pourrait qu’au contraire, on ait cru
le
tombeau vide à cause de la foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus
197
contraire, on ait cru le tombeau vide à cause de
la
foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus. L’Histoire est-elle cause
198
le tombeau vide à cause de la foi qu’on avait en
la
vie céleste de Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effet de la foi ?
199
de la foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus.
L’
Histoire est-elle cause ou effet de la foi ? M. Goguel incline vers l’
200
e de Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effet de
la
foi ? M. Goguel incline vers l’effet. Suivons-le dans sa déduction. D
201
cause ou effet de la foi ? M. Goguel incline vers
l’
effet. Suivons-le dans sa déduction. Dans une première partie qui décr
202
la foi ? M. Goguel incline vers l’effet. Suivons-
le
dans sa déduction. Dans une première partie qui décrit d’une façon re
203
remière partie qui décrit d’une façon remarquable
les
diverses formes de la croyance à la résurrection chez Paul et Jean, p
204
it d’une façon remarquable les diverses formes de
la
croyance à la résurrection chez Paul et Jean, puis chez les rédacteur
205
remarquable les diverses formes de la croyance à
la
résurrection chez Paul et Jean, puis chez les rédacteurs des évangile
206
ce à la résurrection chez Paul et Jean, puis chez
les
rédacteurs des évangiles, enfin chez les premiers pères, M. Goguel me
207
oguel met en lumière une évolution constante dans
le
sens prévu par son hypothèse, une concrétisation toujours plus rigour
208
oncrétisation toujours plus rigoureuse du fait de
la
résurrection. Il lui reste alors, dans une deuxième partie, à défaire
209
, avec une sorte de minutieuse indifférence, tous
les
récits bibliques relatifs à la sépulture, au tombeau vide, aux appari
210
ndifférence, tous les récits bibliques relatifs à
la
sépulture, au tombeau vide, aux apparitions et à l’Ascension. Et voic
211
sépulture, au tombeau vide, aux apparitions et à
l’
Ascension. Et voici à quelles conclusions il aboutit : Alors qu’à l’o
212
ci à quelles conclusions il aboutit : Alors qu’à
l’
origine, on avait dit : « Le tombeau est vide parce que Jésus est viva
213
aboutit : Alors qu’à l’origine, on avait dit : «
Le
tombeau est vide parce que Jésus est vivant au ciel », les prédicateu
214
au est vide parce que Jésus est vivant au ciel »,
les
prédicateurs ont dû dire : « Jésus est vivant au ciel, et la preuve,
215
eurs ont dû dire : « Jésus est vivant au ciel, et
la
preuve, c’est que sa tombe s’est trouvée vide ». Et l’on a spontanéme
216
euve, c’est que sa tombe s’est trouvée vide ». Et
l’
on a spontanément imaginé les conditions dans lesquelles les femmes, v
217
st trouvée vide ». Et l’on a spontanément imaginé
les
conditions dans lesquelles les femmes, venues au sépulcre, n’avaient
218
ontanément imaginé les conditions dans lesquelles
les
femmes, venues au sépulcre, n’avaient pas trouvé le corps de Jésus. C
219
femmes, venues au sépulcre, n’avaient pas trouvé
le
corps de Jésus. Cette création s’est faite sans qu’il soit nécessaire
220
ffirmations aussi déconcertantes et aussi graves,
le
lecteur se sent autorisé à la plus grande exigence critique. À vrai d
221
es et aussi graves, le lecteur se sent autorisé à
la
plus grande exigence critique. À vrai dire, M. Goguel ne paraît pas s
222
e justifier sa méthode. Il n’est pas trop aisé de
la
définir. Elle recourt avant tout à la critique interne des textes, ma
223
rop aisé de la définir. Elle recourt avant tout à
la
critique interne des textes, mais aussi, nous venons de le voir, à de
224
ue interne des textes, mais aussi, nous venons de
le
voir, à des données psychologiques et historiques dont le dosage et l
225
à des données psychologiques et historiques dont
le
dosage et la valeur sont très variables. Il semble qu’un de ses princ
226
s psychologiques et historiques dont le dosage et
la
valeur sont très variables. Il semble qu’un de ses principes soit l’é
227
variables. Il semble qu’un de ses principes soit
l’
élimination de tout ce qui, dans le texte biblique, paraît en soi cont
228
principes soit l’élimination de tout ce qui, dans
le
texte biblique, paraît en soi contradictoire ou invraisemblable ; mai
229
part, M. Goguel récuse beaucoup de passages pour
la
raison qu’ils s’expliquent trop bien. En somme, il adopte à peu près
230
liquent trop bien. En somme, il adopte à peu près
l’
attitude d’un juge d’instruction qui aurait choisi comme prévenus les
231
ge d’instruction qui aurait choisi comme prévenus
les
auteurs anonymes des évangiles et du livre des Actes. La méfiance règ
232
urs anonymes des évangiles et du livre des Actes.
La
méfiance règne en permanence dans son esprit : mais c’est une attitud
233
ientifique » nullement sceptique ; c’est même, si
l’
on veut, une façon paradoxale de donner tout leur prix aux quelques fa
234
tout leur prix aux quelques faits qui résistent à
l’
érosion critique, et qui permettent alors de réfuter M. Couchoud. Diro
235
que cette méfiance méthodique suffit à convaincre
le
lecteur qu’il s’agit bien ici d’une science ? Il y a deux raisons d’e
236
y a deux raisons d’en douter. La première, c’est
l’
extrême diversité des conjectures formées par les savants contemporain
237
t l’extrême diversité des conjectures formées par
les
savants contemporains, à l’aide de la même méthode appliquée aux même
238
ormées par les savants contemporains, à l’aide de
la
même méthode appliquée aux mêmes endroits du texte. La comparaison de
239
me méthode appliquée aux mêmes endroits du texte.
La
comparaison de ces conjectures fait soupçonner très vite leur gratuit
240
ite leur gratuité ; surtout, elle fait apparaître
le
rôle de l’interprétation psychologique, et c’est là le second obstacl
241
atuité ; surtout, elle fait apparaître le rôle de
l’
interprétation psychologique, et c’est là le second obstacle. M. Gogue
242
us paraissent souvent bien pauvres. Qu’est-ce que
la
vraisemblance, en psychologie, sinon le triomphe du conventionnel ? Q
243
st-ce que la vraisemblance, en psychologie, sinon
le
triomphe du conventionnel ? Quand on compare les résultats obtenus pa
244
n le triomphe du conventionnel ? Quand on compare
les
résultats obtenus par M. Goguel, avec le texte biblique intégral, on
245
compare les résultats obtenus par M. Goguel, avec
le
texte biblique intégral, on est frappé de voir que le récit se trouve
246
exte biblique intégral, on est frappé de voir que
le
récit se trouve, dans tous les cas, affadi et banalisé. Si l’on voit
247
frappé de voir que le récit se trouve, dans tous
les
cas, affadi et banalisé. Si l’on voit bien ce qui pouvait pousser les
248
trouve, dans tous les cas, affadi et banalisé. Si
l’
on voit bien ce qui pouvait pousser les auteurs primitifs à colorer le
249
analisé. Si l’on voit bien ce qui pouvait pousser
les
auteurs primitifs à colorer leur relation, on voit mieux encore le pr
250
ifs à colorer leur relation, on voit mieux encore
le
préjugé moderne qui pousse M. Goguel à les décolorer. Et l’on se dema
251
encore le préjugé moderne qui pousse M. Goguel à
les
décolorer. Et l’on se demande ce qui subsisterait de ses conclusions
252
moderne qui pousse M. Goguel à les décolorer. Et
l’
on se demande ce qui subsisterait de ses conclusions si on leur appliq
253
isterait de ses conclusions si on leur appliquait
les
critères dont il use envers l’Évangile. (Qu’on se rappelle la plaisan
254
n leur appliquait les critères dont il use envers
l’
Évangile. (Qu’on se rappelle la plaisanterie fameuse parmi les étudian
255
dont il use envers l’Évangile. (Qu’on se rappelle
la
plaisanterie fameuse parmi les étudiants, qui consiste à démontrer pa
256
(Qu’on se rappelle la plaisanterie fameuse parmi
les
étudiants, qui consiste à démontrer par la méthode historico-psycholo
257
parmi les étudiants, qui consiste à démontrer par
la
méthode historico-psychologique l’inauthenticité probable d’un profes
258
démontrer par la méthode historico-psychologique
l’
inauthenticité probable d’un professeur.) M. Goguel ne fait-il pas com
259
fait-il pas comme les premiers croyants — et avec
la
même bonne foi — de la rétrohistoire, de l’imagerie psychologique ? J
260
remiers croyants — et avec la même bonne foi — de
la
rétrohistoire, de l’imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité
261
avec la même bonne foi — de la rétrohistoire, de
l’
imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité de ce reproche. Mais
262
toire, de l’imagerie psychologique ? Je sens bien
la
gravité de ce reproche. Mais M. Goguel semble d’avance l’avoir minimi
263
té de ce reproche. Mais M. Goguel semble d’avance
l’
avoir minimisé, en réduisant toute son œuvre aux proportions d’une gén
264
se bornant à réfuter des textes sans préjuger de
la
réalité des faits. Minimiser ! telle pourrait être la devise de l’éco
265
éalité des faits. Minimiser ! telle pourrait être
la
devise de l’école illustrée par M. Goguel. Il répondra que c’est au b
266
its. Minimiser ! telle pourrait être la devise de
l’
école illustrée par M. Goguel. Il répondra que c’est au bénéfice du vr
267
ai. Mais il faudrait alors déclarer ses critères.
La
vérité psychologique, telle que la conçoivent les historiens, me para
268
ses critères. La vérité psychologique, telle que
la
conçoivent les historiens, me paraît particulièrement improbable. Tou
269
La vérité psychologique, telle que la conçoivent
les
historiens, me paraît particulièrement improbable. Tout en admirant à
270
rement improbable. Tout en admirant à chaque page
l’
ingéniosité et la science de M. Goguel, on se sent parfois gêné par l’
271
. Tout en admirant à chaque page l’ingéniosité et
la
science de M. Goguel, on se sent parfois gêné par l’anachronisme évid
272
science de M. Goguel, on se sent parfois gêné par
l’
anachronisme évident de ses jugements psychologiques. Il y a là un pro
273
le irrésistiblement celui de certains humoristes.
Les
rédacteurs des évangiles étaient-ils vraiment si « bourgeois », si pr
274
ls pas, bien plus que nous, capables de voir dans
les
contradictions mêmes d’un récit, la marque de la vie et des passions
275
de voir dans les contradictions mêmes d’un récit,
la
marque de la vie et des passions ? Prenons, à peu près au hasard, l’e
276
les contradictions mêmes d’un récit, la marque de
la
vie et des passions ? Prenons, à peu près au hasard, l’exemple de Mar
277
et des passions ? Prenons, à peu près au hasard,
l’
exemple de Marc, chapitre 16. De ce que l’ange qui apparaît au tombeau
278
hasard, l’exemple de Marc, chapitre 16. De ce que
l’
ange qui apparaît au tombeau vide rassure les femmes, au verset 6, alo
279
e que l’ange qui apparaît au tombeau vide rassure
les
femmes, au verset 6, alors qu’elles s’enfuient épouvantées, au verset
280
remier de ces versets a été ajouté après coup. Il
le
retranche donc. Cela fait, nous dit-il, « le récit est bien homogène
281
. Il le retranche donc. Cela fait, nous dit-il, «
le
récit est bien homogène ». Certes. Mais qu’on imagine un groupe de fe
282
oupe de femmes qui pénètrent dans un tombeau, qui
le
trouvent vide, qui voient un ange, et voici que cet ange leur parle !
283
oient un ange, et voici que cet ange leur parle !
Les
réactions de ces femmes n’auront probablement rien d’homogène et sero
284
même plus contradictoires qu’aucun récit ne peut
le
faire sentir. Ces réserves faites sur la méthode, il reste que les co
285
ne peut le faire sentir. Ces réserves faites sur
la
méthode, il reste que les conclusions négatives de M. Goguel sont loi
286
Ces réserves faites sur la méthode, il reste que
les
conclusions négatives de M. Goguel sont loin d’être aussi ruineuses p
287
e M. Goguel sont loin d’être aussi ruineuses pour
la
foi que beaucoup de croyants ne le craignent. Pour deux raisons. La p
288
ruineuses pour la foi que beaucoup de croyants ne
le
craignent. Pour deux raisons. La première, qu’il indique lui-même, c’
289
l indique lui-même, c’est que, du point de vue de
la
foi vivante, les postulats critiques de l’auteur n’ont aucune force d
290
me, c’est que, du point de vue de la foi vivante,
les
postulats critiques de l’auteur n’ont aucune force de contrainte. C’e
291
vue de la foi vivante, les postulats critiques de
l’
auteur n’ont aucune force de contrainte. C’est l’Écriture et le dogme
292
l’auteur n’ont aucune force de contrainte. C’est
l’
Écriture et le dogme qui les jugent, et non l’inverse, comme l’a fort
293
t aucune force de contrainte. C’est l’Écriture et
le
dogme qui les jugent, et non l’inverse, comme l’a fort bien montré Ma
294
e de contrainte. C’est l’Écriture et le dogme qui
les
jugent, et non l’inverse, comme l’a fort bien montré Max Dominicé à p
295
est l’Écriture et le dogme qui les jugent, et non
l’
inverse, comme l’a fort bien montré Max Dominicé à propos de Calvine.
296
le dogme qui les jugent, et non l’inverse, comme
l’
a fort bien montré Max Dominicé à propos de Calvine. La seconde, c’est
297
La seconde, c’est que M. Goguel, loin d’attaquer
les
dogmes, ne démolit que les preuves matérielles dont l’esprit humain v
298
oguel, loin d’attaquer les dogmes, ne démolit que
les
preuves matérielles dont l’esprit humain voudrait toujours les faire
299
gmes, ne démolit que les preuves matérielles dont
l’
esprit humain voudrait toujours les faire dépendre. Il nous rappelle a
300
atérielles dont l’esprit humain voudrait toujours
les
faire dépendre. Il nous rappelle ainsi que la foi véritable est celle
301
rs les faire dépendre. Il nous rappelle ainsi que
la
foi véritable est celle qui croit sans avoir vu. Sa position nous par
302
s modernes qui ont voulu déduire de leur critique
la
relativité des articles de foi, M. Goguel cherche à débarrasser la fo
303
articles de foi, M. Goguel cherche à débarrasser
la
foi de la relativité des preuves historiques. En nous montrant qu’ell
304
de foi, M. Goguel cherche à débarrasser la foi de
la
relativité des preuves historiques. En nous montrant qu’elles peuvent
305
ine d’ailleurs certaines objections classiques de
l’
incroyance (l’assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du Die
306
certaines objections classiques de l’incroyance (
l’
assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du Dieu mort et ress
307
ons classiques de l’incroyance (l’assimilation de
la
résurrection de Jésus au mythe du Dieu mort et ressuscité, en particu
308
suscité, en particulier). Pour M. Maurice Goguel,
la
foi a déformé l’Histoire. Que l’on réforme cette histoire, cela ne sa
309
culier). Pour M. Maurice Goguel, la foi a déformé
l’
Histoire. Que l’on réforme cette histoire, cela ne saurait être au dét
310
Maurice Goguel, la foi a déformé l’Histoire. Que
l’
on réforme cette histoire, cela ne saurait être au détriment de la foi
311
te histoire, cela ne saurait être au détriment de
la
foi. Car l’office de la foi n’est pas de nous fournir une explication
312
cela ne saurait être au détriment de la foi. Car
l’
office de la foi n’est pas de nous fournir une explication probante du
313
rait être au détriment de la foi. Car l’office de
la
foi n’est pas de nous fournir une explication probante du miracle ; e
314
e preuve humaine ne peut réellement appuyer ; car
l’
œuvre de la chair, c’est de refuser Dieu, même alors qu’il se rend vis
315
maine ne peut réellement appuyer ; car l’œuvre de
la
chair, c’est de refuser Dieu, même alors qu’il se rend visible. Et ce
316
rs qu’il se rend visible. Et ce n’est point parmi
les
morts qu’il nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’économ
317
st point parmi les morts qu’il nous faut chercher
le
Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’économie des fausses preuves, telle para
318
nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire
l’
économie des fausses preuves, telle paraît être, en fin de compte, la
319
ses preuves, telle paraît être, en fin de compte,
la
justification de la critique historique. C’est dire qu’elle triomphe
320
araît être, en fin de compte, la justification de
la
critique historique. C’est dire qu’elle triomphe en général au terme
321
ot. c. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Sur
la
méthode de M. Goguel », Le Semeur, Paris, novembre 1934, p. 29-35. d
322
, « [Compte rendu] Sur la méthode de M. Goguel »,
Le
Semeur, Paris, novembre 1934, p. 29-35. d. Il s’agit d’une note crit
323
4, p. 29-35. d. Il s’agit d’une note critique de
La
Foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif, de Mau
324
35. d. Il s’agit d’une note critique de La Foi à
la
résurrection de Jésus dans le christianisme primitif, de Maurice Gogu
325
ritique de La Foi à la résurrection de Jésus dans
le
christianisme primitif, de Maurice Goguel, publié à la Librairie Erne
326
ristianisme primitif, de Maurice Goguel, publié à
la
Librairie Ernest Leroux. e. Voir le compte rendu que Rougemont fait
327
el, publié à la Librairie Ernest Leroux. e. Voir
le
compte rendu que Rougemont fait de L’Humanité de Jésus d’après Calvin
328
x. e. Voir le compte rendu que Rougemont fait de
L’
Humanité de Jésus d’après Calvin de Max Dominicé.
329
La
cité (avril-mai 1935)f Quand on m’a proposé ce titre, j’ai tout d’
330
roposé ce titre, j’ai tout d’abord été frappé par
le
léger anachronisme de ce petit mot de cité. Une image s’est immédiate
331
mage s’est immédiatement formée devant mes yeux :
l’
image d’un clerc en vêtements moyenâgeux circulant dans les perspectiv
332
d’un clerc en vêtements moyenâgeux circulant dans
les
perspectives d’un tableau de maître italien. La somme de saint Thomas
333
les perspectives d’un tableau de maître italien.
La
somme de saint Thomas sous le bras, mon chrétien arpentait les portiq
334
de maître italien. La somme de saint Thomas sous
le
bras, mon chrétien arpentait les portiques d’une de ces villes du Qua
335
saint Thomas sous le bras, mon chrétien arpentait
les
portiques d’une de ces villes du Quattrocento, où tout était bâti à l
336
ces villes du Quattrocento, où tout était bâti à
la
mesure de l’homme, où tout, — sauf les églises, — semblait avoir été
337
u Quattrocento, où tout était bâti à la mesure de
l’
homme, où tout, — sauf les églises, — semblait avoir été conçu pour de
338
tait bâti à la mesure de l’homme, où tout, — sauf
les
églises, — semblait avoir été conçu pour demeurer à portée de la main
339
emblait avoir été conçu pour demeurer à portée de
la
main, dans les limites où le pouvoir d’une vocation peut s’exercer. J
340
été conçu pour demeurer à portée de la main, dans
les
limites où le pouvoir d’une vocation peut s’exercer. Je voyais cette
341
demeurer à portée de la main, dans les limites où
le
pouvoir d’une vocation peut s’exercer. Je voyais cette ville, où tout
342
s’exercer. Je voyais cette ville, où tout portait
les
marques des pensées qu’agitait cet homme ; cette ville habitée et gou
343
ée et gouvernée par des chrétiens ; cette cité où
le
clerc, le magistrat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le mê
344
ernée par des chrétiens ; cette cité où le clerc,
le
magistrat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le même langage
345
rétiens ; cette cité où le clerc, le magistrat et
le
marchand adoraient le même Dieu, dans le même langage ; cette unité v
346
ù le clerc, le magistrat et le marchand adoraient
le
même Dieu, dans le même langage ; cette unité vivante, cette communau
347
strat et le marchand adoraient le même Dieu, dans
le
même langage ; cette unité vivante, cette communauté où toute pensée
348
ent, où il était normal, salutaire et logique que
les
choses s’ordonnent à l’homme, et que l’homme s’ordonne à son Dieu. Te
349
salutaire et logique que les choses s’ordonnent à
l’
homme, et que l’homme s’ordonne à son Dieu. Tel était donc mon rêve, m
350
ique que les choses s’ordonnent à l’homme, et que
l’
homme s’ordonne à son Dieu. Tel était donc mon rêve, mon imagination d
351
Dieu. Tel était donc mon rêve, mon imagination de
l’
homme chrétien dans la cité chrétienne. Quelques jours plus tard, je
352
on rêve, mon imagination de l’homme chrétien dans
la
cité chrétienne. Quelques jours plus tard, je me vis obligé de trave
353
s plus tard, je me vis obligé de traverser à pied
la
banlieue parisienne. C’était du côté des faubourgs qui portent ce nom
354
range du Kremlin-Bicêtre… Et je pus constater que
les
données du problème avaient un peu changé, — si vous me permettez cet
355
— si vous me permettez cet euphémisme académique.
Les
termes de chrétien et de cité, qui, dans l’image moyenâgeuse me parai
356
que. Les termes de chrétien et de cité, qui, dans
l’
image moyenâgeuse me paraissaient se correspondre et s’ordonner si sim
357
donner si simplement, me semblèrent soudain, dans
la
réalité des villes modernes, privés de toute espèce de commune mesure
358
un devenait tout petit, l’autre énorme. En effet,
la
cité d’aujourd’hui est quelque chose de littéralement démesuré, un en
359
. Un jeu secret qui se joue sur nos têtes et dont
la
Presse nous donne l’image conventionnelle. Entre les forces qui domin
360
e joue sur nos têtes et dont la Presse nous donne
l’
image conventionnelle. Entre les forces qui dominent la cité, et les h
361
Presse nous donne l’image conventionnelle. Entre
les
forces qui dominent la cité, et les hommes qui habitent la cité, il n
362
ge conventionnelle. Entre les forces qui dominent
la
cité, et les hommes qui habitent la cité, il n’y a plus aucune propor
363
nnelle. Entre les forces qui dominent la cité, et
les
hommes qui habitent la cité, il n’y a plus aucune proportion. Mais ce
364
qui dominent la cité, et les hommes qui habitent
la
cité, il n’y a plus aucune proportion. Mais ce n’est pas la cité seul
365
l n’y a plus aucune proportion. Mais ce n’est pas
la
cité seule qui a changé. En même temps qu’elle cessait d’être proport
366
même temps qu’elle cessait d’être proportionnée à
la
mesure de l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je
367
’elle cessait d’être proportionnée à la mesure de
l’
homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai p
368
sait d’être proportionnée à la mesure de l’homme,
l’
homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai personne s
369
à la mesure de l’homme, l’homme cessait d’obéir à
la
mesure de la foi. Je n’étonnerai personne si je constate que dans l’h
370
e l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de
la
foi. Je n’étonnerai personne si je constate que dans l’humanité conte
371
. Je n’étonnerai personne si je constate que dans
l’
humanité contemporaine, le chrétien n’est plus le type normal. Il tend
372
si je constate que dans l’humanité contemporaine,
le
chrétien n’est plus le type normal. Il tend à devenir l’exception. C’
373
l’humanité contemporaine, le chrétien n’est plus
le
type normal. Il tend à devenir l’exception. C’est tout juste, déjà, s
374
tien n’est plus le type normal. Il tend à devenir
l’
exception. C’est tout juste, déjà, s’il n’est pas un scandale. Quand i
375
pas un scandale. Quand il se tient tranquille, on
le
tolère en souriant. On ira même jusqu’à respecter ses vertus, à condi
376
n toutefois qu’elles se confondent avec celles de
la
bourgeoisie. Et maintenant nous comprendrons peut-être mieux le sens
377
. Et maintenant nous comprendrons peut-être mieux
le
sens concret de la question, à laquelle je vais limiter mes réflexion
378
s comprendrons peut-être mieux le sens concret de
la
question, à laquelle je vais limiter mes réflexions, ce soir : — quel
379
iter mes réflexions, ce soir : — quelle peut être
la
vocation de ce chrétien dans cette cité ? Ce chrétien en minorité dan
380
qui, elle-même, paraît tellement impuissante sur
les
conseils de la cité ? N’est-il pas ridicule de poser la question ? N’
381
paraît tellement impuissante sur les conseils de
la
cité ? N’est-il pas ridicule de poser la question ? N’est-il pas évid
382
stion ? N’est-il pas évident, à première vue, que
le
chrétien ne peut plus rien, que personne ne l’écoute plus, qu’on le l
383
ue le chrétien ne peut plus rien, que personne ne
l’
écoute plus, qu’on le laisse parler dans ses temples justement parce q
384
t plus rien, que personne ne l’écoute plus, qu’on
le
laisse parler dans ses temples justement parce qu’on ne le craint plu
385
parler dans ses temples justement parce qu’on ne
le
craint plus ? Et dès lors, à quoi servirait de méditer sur la manière
386
us ? Et dès lors, à quoi servirait de méditer sur
la
manière dont ce chrétien pourrait ou devrait exercer une vocation con
387
tion condamnée par avance à demeurer inefficace ?
Le
chrétien est-il possesseur d’un secret qui lui permettrait de faire p
388
et qui lui permettrait de faire plus ou mieux que
les
autres ? A-t-il des lumières spéciales sur les moyens de résoudre la
389
ue les autres ? A-t-il des lumières spéciales sur
les
moyens de résoudre la crise, d’organiser la production ou de conclure
390
des lumières spéciales sur les moyens de résoudre
la
crise, d’organiser la production ou de conclure des traités ? Et si c
391
sur les moyens de résoudre la crise, d’organiser
la
production ou de conclure des traités ? Et si ce n’est pas le cas, ne
392
n ou de conclure des traités ? Et si ce n’est pas
le
cas, ne ferait-il pas mieux de se limiter à son domaine, d’ailleurs d
393
domaine, d’ailleurs de plus en plus restreint ? À
la
question de sa vocation dans la cité, ne devra-t-on pas opposer une q
394
lus restreint ? À la question de sa vocation dans
la
cité, ne devra-t-on pas opposer une question préalable, brutale : cet
395
à des actes ? Et ces actes eux-mêmes, auront-ils
la
moindre portée ? L’observation objective du monde nous obligerait à c
396
s actes eux-mêmes, auront-ils la moindre portée ?
L’
observation objective du monde nous obligerait à conclure qu’en effet,
397
du monde nous obligerait à conclure qu’en effet,
les
conditions sont devenues telles que l’action du chrétien, comme chrét
398
en effet, les conditions sont devenues telles que
l’
action du chrétien, comme chrétien, ne vaut guère la peine qu’on en pa
399
action du chrétien, comme chrétien, ne vaut guère
la
peine qu’on en parle. J’irai même plus loin : l’action d’un intellect
400
la peine qu’on en parle. J’irai même plus loin :
l’
action d’un intellectuel laïque quelconque apparaît tout à fait dériso
401
ue quelconque apparaît tout à fait dérisoire dans
la
« cité » telle qu’elle est devenue. Ni les congrégations économiques,
402
re dans la « cité » telle qu’elle est devenue. Ni
les
congrégations économiques, ni les forces irrationnelles de la race, d
403
est devenue. Ni les congrégations économiques, ni
les
forces irrationnelles de la race, de la classe ou des nationalismes e
404
ions économiques, ni les forces irrationnelles de
la
race, de la classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos
405
ques, ni les forces irrationnelles de la race, de
la
classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis, de nos
406
autres pauvres intellectuels, il nous faut perdre
l’
illusion d’exercer aucune puissance. À moins de nous faire journaliste
407
e puissance. À moins de nous faire journalistes !
L’
observation objective du monde ramène le clerc dans sa chambrette, et
408
alistes ! L’observation objective du monde ramène
le
clerc dans sa chambrette, et le chrétien dans sa paroisse. Elle concl
409
e du monde ramène le clerc dans sa chambrette, et
le
chrétien dans sa paroisse. Elle conclut au scepticisme, et au pessimi
410
imisme intégral. — « J’ai appliqué mon cœur — dit
l’
Ecclésiaste — à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se f
411
dit l’Ecclésiaste — à rechercher et à sonder par
la
sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c’est là une occupation
412
à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous
les
cieux : c’est là une occupation pénible à laquelle Dieu soumet les fi
413
là une occupation pénible à laquelle Dieu soumet
les
fils de l’homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous les cieux, et voici
414
pation pénible à laquelle Dieu soumet les fils de
l’
homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous les cieux, et voici, tout est
415
fils de l’homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous
les
cieux, et voici, tout est vanité et poursuite du vent. » Je plaindrai
416
est vanité et poursuite du vent. » Je plaindrais
l’
homme d’action qui n’aurait jamais eu ce cri, qui n’aurait jamais épro
417
s vous dire ce soir, j’ai éprouvé plus que jamais
le
sentiment d’une grande absurdité. Sommes-nous bien des David prêts à
418
out ! Et c’est à Dieu que nous disons dans toutes
les
églises chrétiennes : « Que Ton règne vienne ! » Or, une telle prière
419
dre, que nous avons reçu, et que nous n’avons pas
le
droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une vocation. Et a
420
s avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni
le
pouvoir de discuter. Elle nous adresse une vocation. Et alors, nous v
421
s, ni à décider librement si oui ou non cela vaut
la
peine d’entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton
422
nt si oui ou non cela vaut la peine d’entrer dans
la
tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si
423
cela vaut la peine d’entrer dans la tourmente de
la
cité. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si nous ne faisons
424
ue Ton règne vienne ! » et si nous ne faisons pas
l’
impossible — justement : l’impossible — pour hâter la venue de ce règn
425
si nous ne faisons pas l’impossible — justement :
l’
impossible — pour hâter la venue de ce règne, nous ne sommes plus que
426
mpossible — justement : l’impossible — pour hâter
la
venue de ce règne, nous ne sommes plus que des menteurs, et notre pri
427
que des menteurs, et notre prière nous condamne.
Le
chrétien est cet homme qui, ayant mesuré, mieux que personne peut-êtr
428
qui, ayant mesuré, mieux que personne peut-être,
la
vanité de toute action, agit tout de même, non point parce qu’il dist
429
t, mais soyez transformés », dit saint Paul. Tout
le
secret de notre vocation est contenu dans ces mots-là, et si je parve
430
ns ces mots-là, et si je parvenais ce soir à vous
les
rendre vivants et présents, et si vous n’emportiez d’ici que le seul
431
nts et présents, et si vous n’emportiez d’ici que
le
seul souvenir de ces mots, je penserais avoir atteint mon but. Ne vo
432
mais soyez transformés. Nous n’appartenons pas à
la
forme du monde mais bien à sa transformation. Forme et transformation
433
ansformation. Forme et transformation, ce sont là
les
deux termes qui s’opposent dans notre vie, qui commandent notre vocat
434
nt dans notre vie, qui commandent notre vocation.
La
forme de ce monde : vous savez ce qu’elle est, et vous savez qu’elle
435
qu’elle est, et vous savez qu’elle est mauvaise.
La
forme de ce monde, ce sont toutes les puissances que j’énumérais tout
436
st mauvaise. La forme de ce monde, ce sont toutes
les
puissances que j’énumérais tout à l’heure et qui dominent la cité. C’
437
sont toutes les puissances que j’énumérais tout à
l’
heure et qui dominent la cité. C’est le désordre et l’injustice toléré
438
es que j’énumérais tout à l’heure et qui dominent
la
cité. C’est le désordre et l’injustice tolérés, devenus normaux, c’es
439
ais tout à l’heure et qui dominent la cité. C’est
le
désordre et l’injustice tolérés, devenus normaux, c’est la presse, l’
440
ure et qui dominent la cité. C’est le désordre et
l’
injustice tolérés, devenus normaux, c’est la presse, l’exploitation de
441
re et l’injustice tolérés, devenus normaux, c’est
la
presse, l’exploitation des pauvres, la raison du plus fort et la loi
442
ustice tolérés, devenus normaux, c’est la presse,
l’
exploitation des pauvres, la raison du plus fort et la loi du talion.
443
aux, c’est la presse, l’exploitation des pauvres,
la
raison du plus fort et la loi du talion. Ici, c’est le capitalisme cr
444
ploitation des pauvres, la raison du plus fort et
la
loi du talion. Ici, c’est le capitalisme créateur de chômage, là c’es
445
ison du plus fort et la loi du talion. Ici, c’est
le
capitalisme créateur de chômage, là c’est la tyrannie des dictatures.
446
’est le capitalisme créateur de chômage, là c’est
la
tyrannie des dictatures. C’est contre la forme du monde que protesten
447
là c’est la tyrannie des dictatures. C’est contre
la
forme du monde que protestent les socialistes, et avec eux des masses
448
es. C’est contre la forme du monde que protestent
les
socialistes, et avec eux des masses grandissantes de bourgeois lentem
449
épossédés des privilèges acquis par leur travail.
La
forme mauvaise du monde, ce sera pour l’incroyant l’ensemble des abus
450
travail. La forme mauvaise du monde, ce sera pour
l’
incroyant l’ensemble des abus et des désordres dont il souffre ; — pou
451
forme mauvaise du monde, ce sera pour l’incroyant
l’
ensemble des abus et des désordres dont il souffre ; — pour le chrétie
452
es abus et des désordres dont il souffre ; — pour
le
chrétien, ce sera bien davantage : ce sera tout ce que résume le seul
453
sera bien davantage : ce sera tout ce que résume
le
seul mot de péché — tout ce qui s’oppose à la venue du règne de justi
454
ume le seul mot de péché — tout ce qui s’oppose à
la
venue du règne de justice qu’il appelle. « Nous n’appartenons pas à l
455
justice qu’il appelle. « Nous n’appartenons pas à
la
forme du monde. » — Est-ce à dire que notre foi nous en libère matéri
456
s, entièrement hommes, entièrement prisonniers de
la
forme mauvaise du monde. C’est là le fait. Mais notre foi proteste au
457
isonniers de la forme mauvaise du monde. C’est là
le
fait. Mais notre foi proteste au nom de Dieu contre ce fait ! Elle ap
458
vrai, mais non pas comme étant du monde. C’est là
le
sens de nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humani
459
là le sens de nos prières, de nos angoisses et de
l’
appel de toute l’humanité à la justice. Mais alors, cette forme du mon
460
prières, de nos angoisses et de l’appel de toute
l’
humanité à la justice. Mais alors, cette forme du monde que le chrétie
461
nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à
la
justice. Mais alors, cette forme du monde que le chrétien découvre pi
462
la justice. Mais alors, cette forme du monde que
le
chrétien découvre pire encore que ne le pensaient les socialistes par
463
monde que le chrétien découvre pire encore que ne
le
pensaient les socialistes par exemple, elle appelle une transformatio
464
chrétien découvre pire encore que ne le pensaient
les
socialistes par exemple, elle appelle une transformation plus radical
465
transformation que nous appartenons de droit, dès
l’
instant où nous l’annonçons. Mais qu’est-ce que cette transformation ?
466
nous appartenons de droit, dès l’instant où nous
l’
annonçons. Mais qu’est-ce que cette transformation ? Et de quel droit
467
te transformation ? Et de quel droit pouvons-nous
l’
annoncer ? Est-ce un ensemble de réformes, un programme révolutionnair
468
e réformes, un programme révolutionnaire ? Est-ce
l’
utopie d’un avenir meilleur, ce « millenium » dont l’Apocalypse nous d
469
topie d’un avenir meilleur, ce « millenium » dont
l’
Apocalypse nous donne la vision mystérieuse, Satan enchaîné pour mille
470
ur, ce « millenium » dont l’Apocalypse nous donne
la
vision mystérieuse, Satan enchaîné pour mille ans ? Réforme, révoluti
471
on, utopie d’un monde meilleur ; — ne faisons pas
les
dégoûtés : nous y pensons tous plus ou moins, et beaucoup d’entre nou
472
’entre nous y travaillent. Il ne sera pas dit que
l’
homme chrétien est moins humain que l’homme non chrétien. Il ne sera p
473
pas dit que l’homme chrétien est moins humain que
l’
homme non chrétien. Il ne sera pas dit que le croyant, parce qu’il ref
474
que l’homme non chrétien. Il ne sera pas dit que
le
croyant, parce qu’il refuse toute solidarité avec la forme du monde p
475
croyant, parce qu’il refuse toute solidarité avec
la
forme du monde présent, refuse aussi toute solidarité avec l’espoir d
476
monde présent, refuse aussi toute solidarité avec
l’
espoir de ceux qui souffrent et qui créent. Mais s’il accepte pratique
477
t. Mais s’il accepte pratiquement de travailler à
la
révolution, le chrétien n’a pas le droit de laisser subsister la moin
478
cepte pratiquement de travailler à la révolution,
le
chrétien n’a pas le droit de laisser subsister la moindre équivoque s
479
e travailler à la révolution, le chrétien n’a pas
le
droit de laisser subsister la moindre équivoque sur les motifs de cet
480
le chrétien n’a pas le droit de laisser subsister
la
moindre équivoque sur les motifs de cette acceptation. S’il annonce,
481
oit de laisser subsister la moindre équivoque sur
les
motifs de cette acceptation. S’il annonce, au sens fort du terme, la
482
acceptation. S’il annonce, au sens fort du terme,
la
transformation de ce monde, ce n’est pas en vertu des seuls désirs hu
483
été faite ! Ce que nous annonçons au monde, c’est
la
promesse de celui qui a dit : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde.
484
e celui qui a dit : « Prenez courage, j’ai vaincu
le
monde. » — Christ est ressuscité. Il est vivant ! Par lui, la forme d
485
— Christ est ressuscité. Il est vivant ! Par lui,
la
forme de ce monde, et sa puissance dernière, la mort, sont absolument
486
, la forme de ce monde, et sa puissance dernière,
la
mort, sont absolument dominées. C’en est fait ! depuis 19 siècles. La
487
ment dominées. C’en est fait ! depuis 19 siècles.
La
justice a paru, et nous en témoignons par nos actions de grâce — préc
488
isément par nos actions ! — et je voudrais mettre
l’
accent sur ce mot-là, afin que vous ne pensiez pas qu’il ne s’agit ici
489
isons si bonnes, par exemple, mais si courtes, de
l’
opportunisme sceptique. Si nous croyons à cette justice, nous ne pouvo
490
ent un fait unique, renvoient à un motif unique :
la
mort et la résurrection de Jésus-Christ. Ni l’attente passive, ni l’a
491
unique, renvoient à un motif unique : la mort et
la
résurrection de Jésus-Christ. Ni l’attente passive, ni l’ardeur messi
492
: la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Ni
l’
attente passive, ni l’ardeur messianique, ne sont plus aujourd’hui des
493
rection de Jésus-Christ. Ni l’attente passive, ni
l’
ardeur messianique, ne sont plus aujourd’hui des attitudes chrétiennes
494
ujourd’hui des attitudes chrétiennes ; mais voilà
le
motif de notre action : nous attestons la justice apparue, et dans l’
495
s voilà le motif de notre action : nous attestons
la
justice apparue, et dans l’élan de notre action de grâce, prisonniers
496
tion : nous attestons la justice apparue, et dans
l’
élan de notre action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme
497
e action de grâce, prisonniers que nous sommes de
la
forme terrestre, nous prêchons une victoire acquise et le retour prom
498
terrestre, nous prêchons une victoire acquise et
le
retour promis de cette justice ! ⁂ Il se peut que certains d’entre vo
499
ent théologiques. Il se peut que ma définition de
la
vocation du chrétien vous ait paru, dès le principe, assez abstraite.
500
ion de la vocation du chrétien vous ait paru, dès
le
principe, assez abstraite. Me voilà bien loin, pensez-vous, des probl
501
oin, pensez-vous, des problèmes concrets que pose
la
cité. Encore un qui s’évade ! Encore un qui décolle et va planer au-d
502
us, sont en train de penser cela. Avant d’aborder
le
problème de l’action politique du chrétien, je tiens à dire deux mots
503
in de penser cela. Avant d’aborder le problème de
l’
action politique du chrétien, je tiens à dire deux mots concernant ces
504
upules, ou peut-être, cette objection informulée.
La
question que je viens d’esquisser à grands traits, c’est celle des fi
505
grands traits, c’est celle des fins dernières de
l’
action du chrétien. C’est la triple question que le peintre Gauguin av
506
des fins dernières de l’action du chrétien. C’est
la
triple question que le peintre Gauguin avait choisie pour titre de so
507
’action du chrétien. C’est la triple question que
le
peintre Gauguin avait choisie pour titre de son fameux triptyque : D’
508
ons-nous ? Où en sommes-nous ? Où allons-nous ? À
la
question : Où en sommes-nous ? j’ai répondu en rappelant la situation
509
n : Où en sommes-nous ? j’ai répondu en rappelant
la
situation très précaire du chrétien dans la cité telle qu’elle est de
510
elant la situation très précaire du chrétien dans
la
cité telle qu’elle est devenue. À la question : D’où venons-nous ? j’
511
hrétien dans la cité telle qu’elle est devenue. À
la
question : D’où venons-nous ? j’ai répondu en rappelant que l’origine
512
D’où venons-nous ? j’ai répondu en rappelant que
l’
origine vivante de notre action, c’est l’incarnation de la justice en
513
lant que l’origine vivante de notre action, c’est
l’
incarnation de la justice en Jésus-Christ ressuscité. À la question :
514
e vivante de notre action, c’est l’incarnation de
la
justice en Jésus-Christ ressuscité. À la question : Où allons-nous ?
515
ation de la justice en Jésus-Christ ressuscité. À
la
question : Où allons-nous ? j’ai répondu : le Seigneur vient ! — et n
516
. À la question : Où allons-nous ? j’ai répondu :
le
Seigneur vient ! — et nous allons à la rencontre de son règne, vers l
517
répondu : le Seigneur vient ! — et nous allons à
la
rencontre de son règne, vers la transformation radicale de toutes cho
518
et nous allons à la rencontre de son règne, vers
la
transformation radicale de toutes choses. Et je vous demande, mainten
519
toutes choses. Et je vous demande, maintenant, si
l’
on a le droit de se mettre en route avant d’avoir posé ces trois quest
520
choses. Et je vous demande, maintenant, si l’on a
le
droit de se mettre en route avant d’avoir posé ces trois questions, a
521
s, avant d’y avoir répondu ? Oh, je sais bien que
le
monde d’aujourd’hui retentit chaque jour d’appels, d’appels à la lutt
522
urd’hui retentit chaque jour d’appels, d’appels à
la
lutte immédiate, pour des objectifs imprécis, ou au contraire telleme
523
en avant ! sans avoir osé regarder plus loin que
le
bout des semelles de leurs bottes. Leur en avant ne sait pas où il va
524
ait pas où il va ! N’est-ce pas ainsi que courent
les
fuyards ? Comment ne voient-ils pas que chacun de leurs gestes pose l
525
urs gestes pose la question des fins dernières de
l’
homme, et cela, qu’ils le veuillent ou non ? Et s’ils le voient, comme
526
on des fins dernières de l’homme, et cela, qu’ils
le
veuillent ou non ? Et s’ils le voient, comment peuvent-ils encore élu
527
e, et cela, qu’ils le veuillent ou non ? Et s’ils
le
voient, comment peuvent-ils encore éluder si cavalièrement le problèm
528
omment peuvent-ils encore éluder si cavalièrement
le
problème dernier de l’action ? Et je demande encore : qui donc osera
529
re éluder si cavalièrement le problème dernier de
l’
action ? Et je demande encore : qui donc osera poser ces grandes quest
530
oser ces grandes questions dernières, si ce n’est
le
chrétien, dans la cité contemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui d’
531
uestions dernières, si ce n’est le chrétien, dans
la
cité contemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui d’autre est en mesur
532
chrétien, dans la cité contemporaine ? Et s’il ne
le
fait pas, qui d’autre est en mesure d’assumer cette charge inquiétant
533
en mesure d’assumer cette charge inquiétante ? Si
le
chrétien ne pose pas ces questions, n’est-ce pas alors, justement, qu
534
évade ? Qu’il sort de sa réalité ? Qu’il doute de
la
justice de Dieu ? Et qu’il trahit sa vocation première ? Je pense que
535
us ont, dès longtemps, résolu ces questions, dans
la
mesure où cela se peut. Mais il fallait qu’elles fussent posées, tout
536
à vous dire maintenant. Vocation du chrétien dans
la
cité : nous l’avons définie par deux mouvements : une protestation, u
537
ntenant. Vocation du chrétien dans la cité : nous
l’
avons définie par deux mouvements : une protestation, une annonce. Pro
538
ne protestation, une annonce. Protestation contre
la
forme de ce siècle, annonce active de sa transformation. Ici se posen
539
chrétiens ? Telle est la première question. Et si
l’
on répond non à cette première question, est-il possible alors, ou dés
540
ou l’autre des partis existants, et fasse sienne
la
cause de ce parti ? Ce sera la seconde question. Au sujet de la polit
541
parti ? Ce sera la seconde question. Au sujet de
la
politique chrétienne, permettez-moi d’être aussi bref que catégorique
542
e aussi bref que catégorique. Si nous considérons
l’
histoire, si nous écoutons ses leçons, il me paraît qu’aucun doute n’e
543
pereur chrétien commandant aux chrétiens de faire
la
guerre, à Charlemagne baptisant les Saxons pour leur prouver la puiss
544
tiens de faire la guerre, à Charlemagne baptisant
les
Saxons pour leur prouver la puissance de son glaive, et tout accessoi
545
harlemagne baptisant les Saxons pour leur prouver
la
puissance de son glaive, et tout accessoirement celle de l’Esprit ; d
546
ce de son glaive, et tout accessoirement celle de
l’
Esprit ; des chevaliers partant pour la Croisade, aux milices de Loyol
547
t celle de l’Esprit ; des chevaliers partant pour
la
Croisade, aux milices de Loyola, poussant les princes à une autre cro
548
pour la Croisade, aux milices de Loyola, poussant
les
princes à une autre croisade non moins sanglante, mais sans doute moi
549
ins sanglante, mais sans doute moins féconde pour
l’
essor de la civilisation ; des anabaptistes de Münster aux puritains c
550
te, mais sans doute moins féconde pour l’essor de
la
civilisation ; des anabaptistes de Münster aux puritains capitalistes
551
t à son Gott mit uns ! ; des Espagnols massacrant
les
Incas au nom d’un autre roi chrétien, jusqu’à ce chancelier Dollfuss
552
er Dollfuss faisant tirer à coups de canon contre
les
ouvriers de Vienne avec l’appui du parti clérical, — l’histoire des p
553
coups de canon contre les ouvriers de Vienne avec
l’
appui du parti clérical, — l’histoire des politiques chrétiennes se co
554
riers de Vienne avec l’appui du parti clérical, —
l’
histoire des politiques chrétiennes se confond séculairement avec l’hi
555
itiques chrétiennes se confond séculairement avec
l’
histoire des trahisons les plus flagrantes du christianisme. Voilà bie
556
nfond séculairement avec l’histoire des trahisons
les
plus flagrantes du christianisme. Voilà bien la fatalité qui pèse sur
557
les plus flagrantes du christianisme. Voilà bien
la
fatalité qui pèse sur notre histoire : une politique chrétienne qui r
558
étienne qui réussit n’a plus rien de chrétien que
le
prétexte. Les Églises se livrent au jugement du monde, dès lors qu’el
559
éussit n’a plus rien de chrétien que le prétexte.
Les
Églises se livrent au jugement du monde, dès lors qu’elles cessent d’
560
s cessent d’être avant tout un jugement porté sur
le
monde. Toute politique chrétienne, toute politique conduite par une É
561
vise des buts proprement politiques, appartient à
la
forme du monde, et par là même, appelle notre protestation. Quel est
562
à même, appelle notre protestation. Quel est donc
le
rôle de l’Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire tri
563
elle notre protestation. Quel est donc le rôle de
l’
Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire triompher tell
564
est donc le rôle de l’Église ? Est-il de prêcher
l’
Évangile, ou bien de faire triompher telle ou telle doctrine sociale a
565
le, que de questions demeurent menaçantes ! Voici
l’
Église liée bon gré mal gré à son succès ; voici l’Église puissante et
566
’Église liée bon gré mal gré à son succès ; voici
l’
Église puissante et séduisant par sa puissance ; voici le message de l
567
e puissante et séduisant par sa puissance ; voici
le
message de la transformation qui se change en message de la conservat
568
séduisant par sa puissance ; voici le message de
la
transformation qui se change en message de la conservation ; et voici
569
de la transformation qui se change en message de
la
conservation ; et voici l’ombre du Grand Inquisiteur qui vient bénir
570
e change en message de la conservation ; et voici
l’
ombre du Grand Inquisiteur qui vient bénir ce monde moralisé, dont on
571
sant chaque chrétien de reconnaître et d’accepter
les
risques d’une vocation toujours unique, et parfois scandaleuse. Je ne
572
ique, et parfois scandaleuse. Je ne crois pas que
les
chrétiens possèdent, du seul fait de leur foi, des lumières spéciales
573
seul fait de leur foi, des lumières spéciales sur
les
problèmes techniques que pose la vie de la cité moderne. Je ne crois
574
s spéciales sur les problèmes techniques que pose
la
vie de la cité moderne. Je ne crois pas qu’il soit souhaitable que se
575
s sur les problèmes techniques que pose la vie de
la
cité moderne. Je ne crois pas qu’il soit souhaitable que se forme un
576
chrétien, opposé aux autres partis. Je crois que
les
églises ne peuvent accomplir tout leur devoir, toute leur mission dan
577
complir tout leur devoir, toute leur mission dans
la
cité, que d’une seule et unique manière, et c’est en devenant et en r
578
raies Églises, c’est-à-dire des annonciatrices de
la
Parole, du jugement porté sur la forme du monde, et de la grâce offer
579
nnonciatrices de la Parole, du jugement porté sur
la
forme du monde, et de la grâce offerte à ceux qui croient. Mais ceci
580
e, du jugement porté sur la forme du monde, et de
la
grâce offerte à ceux qui croient. Mais ceci dit, et une fois repouss
581
ui croient. Mais ceci dit, et une fois repoussée
la
tentation théocratique à laquelle je vois succomber tant de jeunes ch
582
étiens trop bien intentionnés, il faut avouer que
la
question reste entière : que devons-nous faire, comme chrétiens, dans
583
re : que devons-nous faire, comme chrétiens, dans
la
cité ? Si l’Église n’est pas un parti, comment et où faut-il que nous
584
ns-nous faire, comme chrétiens, dans la cité ? Si
l’
Église n’est pas un parti, comment et où faut-il que nous prenions par
585
ci donc en face de la seconde question : celle de
l’
adhésion à l’un ou l’autre des partis politiques existants. Bien enten
586
Bien entendu, je ne puis songer à passer en revue
les
principaux partis qui constituent des forces politiques et sociales d
587
onstituent des forces politiques et sociales dans
la
cité française d’aujourd’hui. Nous entrerions dans un débat terriblem
588
récis, et nous aurions vite fait de perdre de vue
la
vocation particulière du chrétien. Je me contenterai donc d’examiner
589
e me contenterai donc d’examiner un seul exemple,
le
plus riche à mon sens, et peut-être le plus typique : l’exemple du pa
590
l exemple, le plus riche à mon sens, et peut-être
le
plus typique : l’exemple du parti socialiste. Protestation contre la
591
riche à mon sens, et peut-être le plus typique :
l’
exemple du parti socialiste. Protestation contre la forme actuelle du
592
’exemple du parti socialiste. Protestation contre
la
forme actuelle du monde, prédication active de sa transformation, — s
593
active de sa transformation, — si telle est bien
la
vocation civique du chrétien, beaucoup seront tentés de penser que ce
594
her avec une prudence critique extrême, de ce que
l’
on nomme l’idéal socialiste ? Beaucoup de braves gens condamnent cet i
595
e prudence critique extrême, de ce que l’on nomme
l’
idéal socialiste ? Beaucoup de braves gens condamnent cet idéal en blo
596
e excellente application : « Il ne faut pas jeter
l’
enfant avec le bain. » Jetons le bain marxiste, mais gardons l’enfant
597
pplication : « Il ne faut pas jeter l’enfant avec
le
bain. » Jetons le bain marxiste, mais gardons l’enfant ! Car si nous
598
ne faut pas jeter l’enfant avec le bain. » Jetons
le
bain marxiste, mais gardons l’enfant ! Car si nous condamnons en bloc
599
le bain. » Jetons le bain marxiste, mais gardons
l’
enfant ! Car si nous condamnons en bloc le socialisme, nous condamnons
600
gardons l’enfant ! Car si nous condamnons en bloc
le
socialisme, nous condamnons aussi une part de vérité d’origine propre
601
e part de vérité d’origine proprement chrétienne.
Le
socialisme s’est identifié avec la défense des humbles : si nous ne f
602
nt chrétienne. Le socialisme s’est identifié avec
la
défense des humbles : si nous ne faisons pas mieux que lui à cet égar
603
ns pas mieux que lui à cet égard, gardons-nous de
l’
attaquer ! Le socialisme proteste contre les conditions actuelles du t
604
que lui à cet égard, gardons-nous de l’attaquer !
Le
socialisme proteste contre les conditions actuelles du travail ; il r
605
ous de l’attaquer ! Le socialisme proteste contre
les
conditions actuelles du travail ; il revendique une justice plus gran
606
vail ; il revendique une justice plus grande dans
la
société : si nous ne protestons pas plus fort que lui, si nous ne cro
607
t que lui, si nous ne croyons pas mieux que lui à
la
justice, gardons-nous de le condamner ! C’est lui qui fait, dans l’in
608
s pas mieux que lui à la justice, gardons-nous de
le
condamner ! C’est lui qui fait, dans l’incroyance, ce que nous aurion
609
s-nous de le condamner ! C’est lui qui fait, dans
l’
incroyance, ce que nous aurions dû faire dans la foi. — Mais si l’on r
610
s l’incroyance, ce que nous aurions dû faire dans
la
foi. — Mais si l’on refuse d’attaquer le socialisme, faudra-t-il acce
611
que nous aurions dû faire dans la foi. — Mais si
l’
on refuse d’attaquer le socialisme, faudra-t-il accepter aussitôt le f
612
ire dans la foi. — Mais si l’on refuse d’attaquer
le
socialisme, faudra-t-il accepter aussitôt le fameux trait d’union qu’
613
quer le socialisme, faudra-t-il accepter aussitôt
le
fameux trait d’union qu’on nous propose, entre socialiste et chrétien
614
otestation et justice. Oui, ces mots d’ordre sont
les
mêmes pour le chrétien et pour le socialiste. L’élan sentimental est
615
ustice. Oui, ces mots d’ordre sont les mêmes pour
le
chrétien et pour le socialiste. L’élan sentimental est peut-être le m
616
s d’ordre sont les mêmes pour le chrétien et pour
le
socialiste. L’élan sentimental est peut-être le même, les revendicati
617
les mêmes pour le chrétien et pour le socialiste.
L’
élan sentimental est peut-être le même, les revendications pratiques s
618
r le socialiste. L’élan sentimental est peut-être
le
même, les revendications pratiques seront peut-être aussi les mêmes,
619
aliste. L’élan sentimental est peut-être le même,
les
revendications pratiques seront peut-être aussi les mêmes, dans bien
620
s revendications pratiques seront peut-être aussi
les
mêmes, dans bien des cas. Mais les motifs premiers, les buts derniers
621
eut-être aussi les mêmes, dans bien des cas. Mais
les
motifs premiers, les buts derniers sont autres. Et ce sont ces motifs
622
mes, dans bien des cas. Mais les motifs premiers,
les
buts derniers sont autres. Et ce sont ces motifs et ces buts qui doiv
623
t donner aux mots leur sens réel. Nous trahirions
la
foi qui doit nous animer si, pour des raisons tactiques, nous passion
624
passions sous silence cette radicale différence :
le
chrétien ne proteste pas seulement contre des abus politiques, mais c
625
seulement contre des abus politiques, mais contre
le
péché, à travers ces abus. Le chrétien n’annonce pas seulement une ju
626
tiques, mais contre le péché, à travers ces abus.
Le
chrétien n’annonce pas seulement une justice humaine à venir, mais un
627
’entre leur but et notre but, entre nos motifs et
les
leurs, il y a tout l’abîme qui sépare un idéal moral d’une foi au Chr
628
e but, entre nos motifs et les leurs, il y a tout
l’
abîme qui sépare un idéal moral d’une foi au Christ vivant ? Car le c
629
un idéal moral d’une foi au Christ vivant ? Car
le
chrétien n’est pas idéaliste, et c’est cela qui le distingue en fin d
630
e chrétien n’est pas idéaliste, et c’est cela qui
le
distingue en fin de compte du socialiste. Le christianisme annonce un
631
qui le distingue en fin de compte du socialiste.
Le
christianisme annonce une réalité, non pas un rêve. Il annonce le sal
632
annonce une réalité, non pas un rêve. Il annonce
le
salut pour ceux qui se repentent et qui croient, non point une théori
633
omique passagère. On a tort d’attaquer uniquement
le
prétendu matérialisme socialiste, comme si le christianisme était moi
634
ent le prétendu matérialisme socialiste, comme si
le
christianisme était moins réaliste et comme si les chrétiens ne vivai
635
le christianisme était moins réaliste et comme si
les
chrétiens ne vivaient pas aussi de pain. Le grand danger du socialism
636
e si les chrétiens ne vivaient pas aussi de pain.
Le
grand danger du socialisme n’est pas dans son matérialisme, mais dans
637
a de meilleur, non dans ce qu’il a de pire ; dans
la
tentation qu’il nous offre d’un idéal humanitaire en lieu et place d’
638
parvenons pas à faire comprendre aux socialistes
le
sérieux absolu de cette distinction, nous risquons de prêcher contre
639
ans doute mieux que nous ce que signifie pour eux
le
compromis entre leurs motifs de croyants et les motifs des camarades.
640
ux le compromis entre leurs motifs de croyants et
les
motifs des camarades. Pensant à eux, je résumerai toute ma critique d
641
t par ailleurs dénoncé, ouvertement, et au nom de
la
foi. J’ajouterai cependant une remarque. Si je refuse d’adhérer prati
642
ent antichrétiens qu’il donne à toute action dans
le
cadre du parti. Mais si je refuse ce parti, c’est aussi parce qu’il e
643
arti, précisément. Tout le monde fait aujourd’hui
le
procès des partis, pour des raisons assez sérieuses et valables d’opp
644
ez sérieuses et valables d’opportunité politique.
L’
impuissance politique des formations de masses s’est avérée depuis la
645
ique des formations de masses s’est avérée depuis
la
guerre, soit en Russie, où Lénine triompha par le moyen d’une minorit
646
la guerre, soit en Russie, où Lénine triompha par
le
moyen d’une minorité infime, soit en Allemagne, où les partis de gauc
647
oyen d’une minorité infime, soit en Allemagne, où
les
partis de gauche, malgré leur organisation incomparable, se virent ba
648
incomparable, se virent balayés en dix jours par
les
troupes d’assaut hitlériennes. Mais je crois qu’un chrétien peut adre
649
sser une critique encore plus grave à tout parti.
L’
idée même de parti paraît absolument incompatible avec l’idée de vocat
650
même de parti paraît absolument incompatible avec
l’
idée de vocation. Et la réalité pratique et quotidienne montre que cet
651
solument incompatible avec l’idée de vocation. Et
la
réalité pratique et quotidienne montre que cette opposition est effec
652
dienne montre que cette opposition est effective.
L’
homme des masses, le partisan, c’est l’homme qui fuit devant sa vocati
653
tte opposition est effective. L’homme des masses,
le
partisan, c’est l’homme qui fuit devant sa vocation. C’est l’homme qu
654
effective. L’homme des masses, le partisan, c’est
l’
homme qui fuit devant sa vocation. C’est l’homme qui accepte un menson
655
c’est l’homme qui fuit devant sa vocation. C’est
l’
homme qui accepte un mensonge parce que les intérêts immédiats du part
656
. C’est l’homme qui accepte un mensonge parce que
les
intérêts immédiats du parti le commandent sans discussion. C’est l’ho
657
ensonge parce que les intérêts immédiats du parti
le
commandent sans discussion. C’est l’homme qui délègue à la majorité l
658
ats du parti le commandent sans discussion. C’est
l’
homme qui délègue à la majorité le souci de ses décisions. Et dans ce
659
dent sans discussion. C’est l’homme qui délègue à
la
majorité le souci de ses décisions. Et dans ce sens précis, il faut b
660
scussion. C’est l’homme qui délègue à la majorité
le
souci de ses décisions. Et dans ce sens précis, il faut bien dire que
661
ns. Et dans ce sens précis, il faut bien dire que
les
partis sont les agents les plus actifs de la démoralisation des homme
662
ens précis, il faut bien dire que les partis sont
les
agents les plus actifs de la démoralisation des hommes modernes. N’ay
663
il faut bien dire que les partis sont les agents
les
plus actifs de la démoralisation des hommes modernes. N’ayant pas mêm
664
que les partis sont les agents les plus actifs de
la
démoralisation des hommes modernes. N’ayant pas même l’excuse d’avoir
665
oralisation des hommes modernes. N’ayant pas même
l’
excuse d’avoir réussi pratiquement, ils ne peuvent se défendre contre
666
i pratiquement, ils ne peuvent se défendre contre
le
jugement qui les renvoie au magasin des accessoires du stupide xixe
667
ils ne peuvent se défendre contre le jugement qui
les
renvoie au magasin des accessoires du stupide xixe siècle. ⁂ Je résu
668
i politique. — Pourtant, il faut agir ! Pourtant,
la
vocation qui nous envoie dans la cité reste impérieuse ! Alors quoi ?
669
agir ! Pourtant, la vocation qui nous envoie dans
la
cité reste impérieuse ! Alors quoi ? direz-vous, que reste-t-il prati
670
» — dit-on —, et qui vous laisse en fin de compte
le
bec dans l’eau ? J’aurais renoncé à vous parler ce soir si je n’avais
671
, et qui vous laisse en fin de compte le bec dans
l’
eau ? J’aurais renoncé à vous parler ce soir si je n’avais eu à vous o
672
eux exemples concrets de vocation chrétienne dans
la
cité. Et d’abord, à l’image que je vous donnais en débutant du clerc
673
vocation chrétienne dans la cité. Et d’abord, à
l’
image que je vous donnais en débutant du clerc moyenâgeux dans la cité
674
vous donnais en débutant du clerc moyenâgeux dans
la
cité thomiste, j’opposerai une image moderne, qui est aussi celle d’u
675
e moderne, qui est aussi celle d’un chrétien dans
la
cité, mais qui n’est pas cette fois une utopie. Cela se passe au Japo
676
s. Certains d’entre vous connaissent probablement
la
biographie de Kagawa, le chef du jeune Japon chrétien. Fils d’un cons
677
connaissent probablement la biographie de Kagawa,
le
chef du jeune Japon chrétien. Fils d’un conseiller de l’empereur et d
678
du jeune Japon chrétien. Fils d’un conseiller de
l’
empereur et d’une geisha, Kagawa appartient à une classe honorable, et
679
ne classe honorable, et jouit à vingt ans de tous
les
avantages qui sont chez nous ceux de la grande bourgeoisie. Mais voil
680
de tous les avantages qui sont chez nous ceux de
la
grande bourgeoisie. Mais voilà qu’il se convertit, et c’est ici que l
681
. Mais voilà qu’il se convertit, et c’est ici que
l’
aventure commence. Soudain frappé par le contraste odieux entre la mis
682
t ici que l’aventure commence. Soudain frappé par
le
contraste odieux entre la misère des bas-fonds et l’essor de la bourg
683
nce. Soudain frappé par le contraste odieux entre
la
misère des bas-fonds et l’essor de la bourgeoisie capitaliste qui se
684
contraste odieux entre la misère des bas-fonds et
l’
essor de la bourgeoisie capitaliste qui se développe très rapidement d
685
dieux entre la misère des bas-fonds et l’essor de
la
bourgeoisie capitaliste qui se développe très rapidement dans le Japo
686
capitaliste qui se développe très rapidement dans
le
Japon d’avant la guerre, il comprend qu’il lui est impossible de se d
687
e développe très rapidement dans le Japon d’avant
la
guerre, il comprend qu’il lui est impossible de se dire vraiment chré
688
fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire
le
scandale social. Aucun parti n’existe encore dans son pays, qui se co
689
n’existe encore dans son pays, qui se consacre à
la
défense des intérêts de la classe opprimée. Que faire, sinon payer de
690
ays, qui se consacre à la défense des intérêts de
la
classe opprimée. Que faire, sinon payer de sa personne ? Kagawa n’hés
691
personne ? Kagawa n’hésite pas. Il va vivre dans
les
bas-fonds. Avec un peu d’argent que lui donne une mission américaine
692
peu d’argent — il loue une espèce de baraque dans
le
quartier le plus mal famé de la grande ville de Kobé, et se met à prê
693
— il loue une espèce de baraque dans le quartier
le
plus mal famé de la grande ville de Kobé, et se met à prêcher l’Évang
694
e de baraque dans le quartier le plus mal famé de
la
grande ville de Kobé, et se met à prêcher l’Évangile. Mais son activi
695
é de la grande ville de Kobé, et se met à prêcher
l’
Évangile. Mais son activité ne se borne pas là : prêcher, certes, c’es
696
lards, des enfants abandonnés, des ivrognes, tout
le
rebut d’humanité dont les bas-fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il
697
nnés, des ivrognes, tout le rebut d’humanité dont
les
bas-fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il faut lire l’effarante des
698
fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il faut lire
l’
effarante description de sa vie telle qu’il l’a racontée dans une espè
699
ire l’effarante description de sa vie telle qu’il
l’
a racontée dans une espèce d’autobiographie romancée qu’on a traduite
700
qu’on a traduite en France sous ce titre : Avant
l’
aube g. Voilà bien le chrétien dans la cité : l’homme au service des h
701
France sous ce titre : Avant l’aube g. Voilà bien
le
chrétien dans la cité : l’homme au service des hommes, bafoué, injuri
702
tre : Avant l’aube g. Voilà bien le chrétien dans
la
cité : l’homme au service des hommes, bafoué, injurié, battu, exploit
703
t l’aube g. Voilà bien le chrétien dans la cité :
l’
homme au service des hommes, bafoué, injurié, battu, exploité sans ver
704
, injurié, battu, exploité sans vergogne par tous
les
matamores et souteneurs qu’il a choisis pour voisins, pour prochains
705
’étend mystérieusement sur ces quartiers d’enfer.
Les
crimes diminuent, les enfants s’instruisent, des misères sont soulagé
706
sur ces quartiers d’enfer. Les crimes diminuent,
les
enfants s’instruisent, des misères sont soulagées. C’est déjà quelque
707
une foule d’enfants qu’il a secourus, et dès lors
le
mouvement est lancé, l’opinion publique alertée, et cet effort abouti
708
l a secourus, et dès lors le mouvement est lancé,
l’
opinion publique alertée, et cet effort aboutira à l’assainissement ra
709
pinion publique alertée, et cet effort aboutira à
l’
assainissement radical des slums ou bas-fonds de Kobé et de plusieurs
710
onds de Kobé et de plusieurs villes japonaises, à
la
création d’importantes œuvres sociales, enfin à la constitution d’un
711
a création d’importantes œuvres sociales, enfin à
la
constitution d’un grand mouvement syndicaliste. Vocation du chrétien
712
mouvement syndicaliste. Vocation du chrétien dans
la
cité. Tout le pouvoir de Kagawa se résume en effet dans ce seul mot d
713
icaliste. Vocation du chrétien dans la cité. Tout
le
pouvoir de Kagawa se résume en effet dans ce seul mot de vocation. Il
714
ans cesse proclamée. C’est ainsi qu’on transforme
le
monde. Ce n’est pas au nom d’un parti que Jérémie accusait publiqueme
715
arti que Jérémie accusait publiquement son roi et
l’
obligeait à réparer ses crimes ; ce n’est pas au nom d’un parti que Pa
716
; ce n’est pas au nom d’un parti que Paul ébranle
l’
Empire romain, ce n’est pas au nom d’un parti que Luther et Calvin déc
717
u nom d’un parti que Luther et Calvin déclenchent
la
plus grande révolution occidentale, — c’est au nom de leur seule voca
718
nom de leur seule vocation. Eux n’ont pas dit que
la
vocation ne suffisait pas, que c’était vague et peu pratique ! Toute
719
it pas, que c’était vague et peu pratique ! Toute
l’
histoire du monde chrétien est faite par des vocations précises reçues
720
est faite par des vocations précises reçues dans
la
prière, avec crainte et tremblement, et non pas revendiquées par le d
721
ainte et tremblement, et non pas revendiquées par
le
désir des hommes, à l’appui d’un parti politique. Seules, ces vocatio
722
t non pas revendiquées par le désir des hommes, à
l’
appui d’un parti politique. Seules, ces vocations-là ont transformé le
723
olitique. Seules, ces vocations-là ont transformé
le
monde, moralement et pratiquement. Seules, elles sont apparues comme
724
omme de fondamentales et créatrices objections de
la
foi à la forme du monde. Mais, direz-vous encore, nous ne sommes pas
725
ondamentales et créatrices objections de la foi à
la
forme du monde. Mais, direz-vous encore, nous ne sommes pas tous des
726
dire des intellectuels. Notre premier devoir dans
la
cité n’est-il pas de travailler en tant qu’intellectuels, — de même q
727
intellectuels, — de même que le premier devoir de
l’
ingénieur reste de faire des plans et des calculs, et non pas de gâche
728
du ciment ? Si nous nous mettions tous à faire de
l’
action sociale, à jouer les Kagawa, et à vivre dans les quartiers misé
729
ettions tous à faire de l’action sociale, à jouer
les
Kagawa, et à vivre dans les quartiers miséreux, ne serait-ce pas auss
730
tion sociale, à jouer les Kagawa, et à vivre dans
les
quartiers miséreux, ne serait-ce pas aussi faillir à notre vocation t
731
blement humaine, professionnelle ? Je n’aurai pas
le
cynisme de vous répondre que ce serait là peut-être un remède tout tr
732
ue ce serait là peut-être un remède tout trouvé à
la
crise de surproduction intellectuelle et à l’encombrement des carrièr
733
é à la crise de surproduction intellectuelle et à
l’
encombrement des carrières libérales. L’agriculture manque de bras, —
734
elle et à l’encombrement des carrières libérales.
L’
agriculture manque de bras, — dit-on… J’espère avoir une solution moin
735
e ces dernières années, l’un des porte-paroles de
la
nouvelle génération en pleine révolte contre la tyrannie bancaire et
736
e la nouvelle génération en pleine révolte contre
la
tyrannie bancaire et puritaine, Waldo Franck, a écrit une phrase qui
737
Franck, a écrit une phrase qui condense très bien
la
substance de ce que je voudrais vous faire comprendre maintenant. La
738
que je voudrais vous faire comprendre maintenant.
La
voici : « Dans des époques de transition des bases culturelles, la cr
739
des époques de transition des bases culturelles,
la
critique qui ne jaillit pas de la métaphysique et d’une véritable com
740
es culturelles, la critique qui ne jaillit pas de
la
métaphysique et d’une véritable compréhension des expériences religie
741
antisociale. » Je crois que cette phrase exprime
la
plus grande vérité actuelle, c’est-à-dire la plus méconnue par ceux q
742
rime la plus grande vérité actuelle, c’est-à-dire
la
plus méconnue par ceux qui font la politique de nos cités. Commentons
743
, c’est-à-dire la plus méconnue par ceux qui font
la
politique de nos cités. Commentons brièvement cette phrase. La cité m
744
de nos cités. Commentons brièvement cette phrase.
La
cité moderne est en crise, parce que personne n’a su ou n’a osé prévo
745
ise, parce que personne n’a su ou n’a osé prévoir
l’
aboutissement matériel et moral de la révolution industrielle, c’est-à
746
osé prévoir l’aboutissement matériel et moral de
la
révolution industrielle, c’est-à-dire du capitalisme. La bourgeoisie
747
lution industrielle, c’est-à-dire du capitalisme.
La
bourgeoisie et le prolétariat, de même que les intellectuels, croient
748
e, c’est-à-dire du capitalisme. La bourgeoisie et
le
prolétariat, de même que les intellectuels, croient encore à certaine
749
me. La bourgeoisie et le prolétariat, de même que
les
intellectuels, croient encore à certaines notions de justice et de re
750
e à certaines notions de justice et de respect de
l’
homme qui n’ont aucun rapport avec la morale pratique du monde économi
751
e respect de l’homme qui n’ont aucun rapport avec
la
morale pratique du monde économique et financier. Tout le monde sait
752
e économique et financier. Tout le monde sait que
la
morale des affaires est à peu près le contraire de la morale, et que
753
de sait que la morale des affaires est à peu près
le
contraire de la morale, et que les nécessités économiques ne tiennent
754
orale des affaires est à peu près le contraire de
la
morale, et que les nécessités économiques ne tiennent pas compte de n
755
est à peu près le contraire de la morale, et que
les
nécessités économiques ne tiennent pas compte de nos beaux idéaux. Il
756
x. Il résulte de ce divorce une crise profonde de
la
culture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’intellectuel e
757
divorce une crise profonde de la culture, au sens
le
plus large du terme. Les buts de l’intellectuel et son langage ne son
758
de de la culture, au sens le plus large du terme.
Les
buts de l’intellectuel et son langage ne sont plus ceux de l’ouvrier
759
ture, au sens le plus large du terme. Les buts de
l’
intellectuel et son langage ne sont plus ceux de l’ouvrier ni du petit
760
’intellectuel et son langage ne sont plus ceux de
l’
ouvrier ni du petit-bourgeois provincial et encore moins ceux du capit
761
t où il va. Il n’y a plus de commune mesure entre
la
pensée et l’action. La cité n’est plus dominée par une norme et un bu
762
l n’y a plus de commune mesure entre la pensée et
l’
action. La cité n’est plus dominée par une norme et un but commun. Ce
763
us de commune mesure entre la pensée et l’action.
La
cité n’est plus dominée par une norme et un but commun. Ce sont les b
764
s dominée par une norme et un but commun. Ce sont
les
bases culturelles qui sont atteintes ! Et c’est pourquoi toute réform
765
ute œuvre sociale partielle apparaissent vouées à
l’
échec, tant qu’on n’aura pas reconstruit ces bases, et retrouvé la com
766
’on n’aura pas reconstruit ces bases, et retrouvé
la
commune mesure. Donner de la soupe aux chômeurs, c’est très bien, mai
767
s bases, et retrouvé la commune mesure. Donner de
la
soupe aux chômeurs, c’est très bien, mais cela n’atteint pas les raci
768
hômeurs, c’est très bien, mais cela n’atteint pas
les
racines du mal. Oui, la tâche la plus pratique, la plus sociale qui s
769
mais cela n’atteint pas les racines du mal. Oui,
la
tâche la plus pratique, la plus sociale qui s’offre à nous, c’est bie
770
a n’atteint pas les racines du mal. Oui, la tâche
la
plus pratique, la plus sociale qui s’offre à nous, c’est bien une tâc
771
s racines du mal. Oui, la tâche la plus pratique,
la
plus sociale qui s’offre à nous, c’est bien une tâche spirituelle : r
772
e spirituelle : retrouver cette commune mesure de
la
pensée et de l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne p
773
retrouver cette commune mesure de la pensée et de
l’
action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cherché
774
te commune mesure de la pensée et de l’action, de
la
culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cherchée sérieusemen
775
de la pensée et de l’action, de la culture et de
l’
économie ; or, elle ne peut être cherchée sérieusement nulle part aill
776
herchée sérieusement nulle part ailleurs que dans
la
religion. L’histoire des grandes civilisations, c’est l’histoire de l
777
usement nulle part ailleurs que dans la religion.
L’
histoire des grandes civilisations, c’est l’histoire de leur mesure co
778
gion. L’histoire des grandes civilisations, c’est
l’
histoire de leur mesure commune, de leur règle centrale de pensée et d
779
leur règle centrale de pensée et d’action, ou si
l’
on veut, pour simplifier, de leur morale. Et toute morale se fonde dan
780
Et toute morale se fonde dans une religion, même
la
morale de ceux qui se croient incroyants. Or c’est précisément cette
781
et une morale communautaire que se sont assignée
les
groupes personnalistes, sur l’exemple desquels je vais conclure. Le g
782
se sont assignée les groupes personnalistes, sur
l’
exemple desquels je vais conclure. Le grand principe qui anime ces gro
783
alistes, sur l’exemple desquels je vais conclure.
Le
grand principe qui anime ces groupes, celui de la revue Esprit ou c
784
Le grand principe qui anime ces groupes, celui de
la
revue Esprit ou celui de L’Ordre nouveau , pour ne rien dire de pl
785
e rien dire de plusieurs autres moins notoires, —
le
grand principe qui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’e
786
rs autres moins notoires, — le grand principe qui
les
anime, c’est la primauté de la personne. — L’expression paraît bien a
787
otoires, — le grand principe qui les anime, c’est
la
primauté de la personne. — L’expression paraît bien abstraite. Que fa
788
rand principe qui les anime, c’est la primauté de
la
personne. — L’expression paraît bien abstraite. Que faut-il entendre
789
ui les anime, c’est la primauté de la personne. —
L’
expression paraît bien abstraite. Que faut-il entendre par là ? Qu’est
790
Que faut-il entendre par là ? Qu’est-ce donc que
la
personne humaine ? Exactement et tout simplement, la personne, c’est
791
personne humaine ? Exactement et tout simplement,
la
personne, c’est ce que j’appelais l’exercice de la vocation. Ce qu’on
792
simplement, la personne, c’est ce que j’appelais
l’
exercice de la vocation. Ce qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouve
793
a personne, c’est ce que j’appelais l’exercice de
la
vocation. Ce qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouveau : la perso
794
e qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouveau :
la
personne, c’est cette réalité que tout chrétien connaît : l’homme qui
795
, c’est cette réalité que tout chrétien connaît :
l’
homme qui a reçu une vocation et qui lui obéit dans ses actes. Voici c
796
qui lui obéit dans ses actes. Voici ce que disent
les
personnalistes : l’État et les institutions doivent être mis au servi
797
s actes. Voici ce que disent les personnalistes :
l’
État et les institutions doivent être mis au service de l’homme ; or,
798
oici ce que disent les personnalistes : l’État et
les
institutions doivent être mis au service de l’homme ; or, c’est l’inv
799
t les institutions doivent être mis au service de
l’
homme ; or, c’est l’inverse qui se passe aujourd’hui ; l’État et les i
800
oivent être mis au service de l’homme ; or, c’est
l’
inverse qui se passe aujourd’hui ; l’État et les institutions doivent
801
; or, c’est l’inverse qui se passe aujourd’hui ;
l’
État et les institutions doivent avoir pour seul but d’assurer à chacu
802
st l’inverse qui se passe aujourd’hui ; l’État et
les
institutions doivent avoir pour seul but d’assurer à chacun le libre
803
ns doivent avoir pour seul but d’assurer à chacun
le
libre et le plein exercice de sa vocation personnelle. Et c’est dans
804
voir pour seul but d’assurer à chacun le libre et
le
plein exercice de sa vocation personnelle. Et c’est dans cet esprit q
805
Et c’est dans cet esprit qu’il s’agit de rebâtir
l’
économie et les cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouvons l’exige
806
cet esprit qu’il s’agit de rebâtir l’économie et
les
cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouvons l’exigence spirituelle
807
es cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouvons
l’
exigence spirituelle du chrétien. Mais vous voyez aussi qu’il s’agit l
808
, car rien n’est plus profond qu’un changement de
l’
état d’esprit qui préside aux institutions. Si notre société est née d
809
ide aux institutions. Si notre société est née de
la
Déclaration des droits de l’homme, il s’agit de donner à la société d
810
tion des droits de l’homme, il s’agit de donner à
la
société de demain une déclaration des devoirs de l’homme envers lui-m
811
société de demain une déclaration des devoirs de
l’
homme envers lui-même et son prochain. Mais d’abord il s’agit, pour le
812
ême et son prochain. Mais d’abord il s’agit, pour
les
groupes personnalistes, de dénoncer et de combattre tout ce qui s’opp
813
t ce qui s’oppose au libre jeu des vocations dans
la
cité : dénoncer le capitalisme avec son principe immoral de la spécul
814
u libre jeu des vocations dans la cité : dénoncer
le
capitalisme avec son principe immoral de la spéculation et du commerc
815
oncer le capitalisme avec son principe immoral de
la
spéculation et du commerce de l’argent ; combattre la misère, car un
816
ncipe immoral de la spéculation et du commerce de
l’
argent ; combattre la misère, car un homme qui n’a pas son pain ne peu
817
péculation et du commerce de l’argent ; combattre
la
misère, car un homme qui n’a pas son pain ne peut pas être une person
818
personne ni exercer sa vocation ; combattre aussi
l’
État totalitaire, qui opprime toute vocation non conforme à ses cadres
819
non conforme à ses cadres simplistes ; — dénoncer
la
mystique des partis, cette tyrannie démocratique ; combattre et dénon
820
re et dénoncer cette autre tyrannie qui s’appelle
la
grande presse, et qui voudrait se faire prendre pour l’opinion publiq
821
nde presse, et qui voudrait se faire prendre pour
l’
opinion publique, alors qu’elle n’est en fait que l’opinion des maître
822
opinion publique, alors qu’elle n’est en fait que
l’
opinion des maîtres de forges ou des parlementaires exploitant la bêti
823
aîtres de forges ou des parlementaires exploitant
la
bêtise publique. Mais toutes ces destructions ne seront rendues possi
824
endues possibles que par un profond changement de
l’
état d’esprit général. Elles appellent une morale créatrice, prenant l
825
al. Elles appellent une morale créatrice, prenant
le
pas sur nos morales trop idéalistes, ou cyniques. Et le triomphe d’un
826
sur nos morales trop idéalistes, ou cyniques. Et
le
triomphe d’une telle morale, à son tour, ne sera possible, que si l’o
827
elle morale, à son tour, ne sera possible, que si
l’
on peut déduire de cette morale un système cohérent, englobant à la fo
828
e morale un système cohérent, englobant à la fois
l’
économie et la pensée, et toutes les lois de la cité. Or, c’est à bâti
829
stème cohérent, englobant à la fois l’économie et
la
pensée, et toutes les lois de la cité. Or, c’est à bâtir ce système,
830
bant à la fois l’économie et la pensée, et toutes
les
lois de la cité. Or, c’est à bâtir ce système, à développer ses consé
831
is l’économie et la pensée, et toutes les lois de
la
cité. Or, c’est à bâtir ce système, à développer ses conséquences soc
832
e communautaire, que travaillent depuis trois ans
les
groupes de L’Ordre nouveau , et ceux de la revue Esprit . Le jeune
833
ans les groupes de L’Ordre nouveau , et ceux de
la
revue Esprit . Le jeune mouvement personnaliste ne se donne pas pour
834
L’Ordre nouveau , et ceux de la revue Esprit .
Le
jeune mouvement personnaliste ne se donne pas pour un mouvement chrét
835
ces et de toutes incroyances. Mais en fait, c’est
le
seul mouvement qui réponde, dès son principe, aux exigences de notre
836
ti politique. C’est un ordre, une chevalerie ! Et
le
principe de cet ordre nouveau n’est autre que celui de la vocation pe
837
ipe de cet ordre nouveau n’est autre que celui de
la
vocation personnelle. Oui, le principe animateur et dynamique qui fon
838
autre que celui de la vocation personnelle. Oui,
le
principe animateur et dynamique qui fonde tout le mouvement personnal
839
le principe animateur et dynamique qui fonde tout
le
mouvement personnaliste, c’est cette formidable idée que tout homme a
840
doit devenir une personne, — idée qu’apporta dans
le
monde le message de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Ca
841
nir une personne, — idée qu’apporta dans le monde
le
message de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ord
842
ne, — idée qu’apporta dans le monde le message de
l’
apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ordonner toutes c
843
nde le message de l’apôtre Paul, idée centrale de
la
doctrine de Calvin. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à l’e
844
ine de Calvin. Ordonner toutes choses, et d’abord
la
cité, à l’exercice libre et fidèle des vocations, refaire un monde à
845
in. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à
l’
exercice libre et fidèle des vocations, refaire un monde à la mesure d
846
libre et fidèle des vocations, refaire un monde à
la
mesure de l’homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du pe
847
le des vocations, refaire un monde à la mesure de
l’
homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du personnalisme ;
848
faire un monde à la mesure de l’homme concret, de
la
personne, voilà le mot d’ordre du personnalisme ; voilà son but, à la
849
mesure de l’homme concret, de la personne, voilà
le
mot d’ordre du personnalisme ; voilà son but, à la fois politique, éc
850
à la fois politique, économique et culturel. Ici,
la
vérité est mise au premier rang : le succès même lui est subordonné.
851
lturel. Ici, la vérité est mise au premier rang :
le
succès même lui est subordonné. Je demande où est le parti qui peut e
852
succès même lui est subordonné. Je demande où est
le
parti qui peut en dire autant. Je demande où les chrétiens trouveraie
853
t le parti qui peut en dire autant. Je demande où
les
chrétiens trouveraient une chance plus concrète, une meilleure raison
854
spérer. Je dis bien, une chance concrète. Certes,
le
mouvement personnaliste est encore jeune, et n’a pas remué les masses
855
personnaliste est encore jeune, et n’a pas remué
les
masses jusqu’ici. Mais je ferai deux remarques : 1° il faut bien que
856
ation, c’est oser être celui qui commence, malgré
les
doutes des suiveurs ; 2° vous pouvez tous, tant que vous êtes, aider
857
; 2° vous pouvez tous, tant que vous êtes, aider
le
mouvement personnaliste à se développer. Lisez la revue Esprit , lis
858
le mouvement personnaliste à se développer. Lisez
la
revue Esprit , lisez L’Ordre nouveau , mettez-vous en rapport avec
859
ction sociale, toute une tactique de rupture avec
le
désordre établi, jusque dans le détail de la vie. Et si, comme chréti
860
e de rupture avec le désordre établi, jusque dans
le
détail de la vie. Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans le
861
avec le désordre établi, jusque dans le détail de
la
vie. Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans le mouvement pe
862
Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans
le
mouvement personnaliste tout ce qu’exige votre foi, eh bien, raison d
863
qu’exige votre foi, eh bien, raison de plus pour
l’
apporter ! Le chrétien n’est-il pas, en quelque sorte, un spécialiste
864
re foi, eh bien, raison de plus pour l’apporter !
Le
chrétien n’est-il pas, en quelque sorte, un spécialiste de la vocatio
865
n’est-il pas, en quelque sorte, un spécialiste de
la
vocation ? Des incertains, des douteurs, des craintifs, ou des scepti
866
lementaires, des techniciens de toute farine dont
les
compétences bavardes nous ont valu la crise actuelle viendront dire :
867
arine dont les compétences bavardes nous ont valu
la
crise actuelle viendront dire : ça n’est pas pratique. Mais ce n’est
868
où tout est en désordre. Nous savons ce que vaut
l’
aune de ce « pratique » qu’on nous propose. L’heure est venue d’essaye
869
aut l’aune de ce « pratique » qu’on nous propose.
L’
heure est venue d’essayer autre chose, d’essayer au moins une fois de
870
partir d’un fondement vrai, d’une vision vraie de
l’
homme et de l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur réali
871
ndement vrai, d’une vision vraie de l’homme et de
l’
État, de reprendre les choses à la base, dans leur réalité dernière, m
872
ision vraie de l’homme et de l’État, de reprendre
les
choses à la base, dans leur réalité dernière, métaphysique et religie
873
e l’homme et de l’État, de reprendre les choses à
la
base, dans leur réalité dernière, métaphysique et religieuse. Qui aur
874
taphysique et religieuse. Qui aura ce courage, si
les
chrétiens ne l’ont pas ? Où voulez-vous aller si vous refusez cette c
875
igieuse. Qui aura ce courage, si les chrétiens ne
l’
ont pas ? Où voulez-vous aller si vous refusez cette chance ? Et comme
876
ce ? Et comment un chrétien pourrait-il m’opposer
les
objections d’un praticisme à courte vue, quand notre vocation chrétie
877
notre vocation chrétienne braque nos regards sur
le
miracle d’une justice et d’une vérité déjà descendue sur la terre ? T
878
d’une justice et d’une vérité déjà descendue sur
la
terre ? Tous les autres auraient le droit de m’arrêter en me disant :
879
t d’une vérité déjà descendue sur la terre ? Tous
les
autres auraient le droit de m’arrêter en me disant : nous préférons u
880
descendue sur la terre ? Tous les autres auraient
le
droit de m’arrêter en me disant : nous préférons un mensonge applicab
881
licable à votre vérité trop désintéressée, — tous
les
autres, mais pas les chrétiens. Tous les autres auraient le droit de
882
é trop désintéressée, — tous les autres, mais pas
les
chrétiens. Tous les autres auraient le droit de m’opposer la sagesse
883
, — tous les autres, mais pas les chrétiens. Tous
les
autres auraient le droit de m’opposer la sagesse de ce siècle en fail
884
mais pas les chrétiens. Tous les autres auraient
le
droit de m’opposer la sagesse de ce siècle en faillite, mais nous app
885
s. Tous les autres auraient le droit de m’opposer
la
sagesse de ce siècle en faillite, mais nous appartenons à ce qui juge
886
mais nous appartenons à ce qui juge ce siècle, à
la
transformation radicale du monde ! Si le but nous paraît trop haut, c
887
iècle, à la transformation radicale du monde ! Si
le
but nous paraît trop haut, c’est que nous comptons encore trop sur no
888
ue nous comptons encore trop sur nous-mêmes. Mais
le
chrétien ne compte pas sur lui seul, il compte sur Celui qui peut fai
889
e sur Celui qui peut faire, et bien faire, ce que
l’
homme fait mal. Telle est sa liberté dans l’action, dans l’échec, dans
890
e que l’homme fait mal. Telle est sa liberté dans
l’
action, dans l’échec, dans l’espérance et la protestation, dans l’anno
891
ait mal. Telle est sa liberté dans l’action, dans
l’
échec, dans l’espérance et la protestation, dans l’annonce d’un monde
892
est sa liberté dans l’action, dans l’échec, dans
l’
espérance et la protestation, dans l’annonce d’un monde nouveau. ⁂ Je
893
dans l’action, dans l’échec, dans l’espérance et
la
protestation, dans l’annonce d’un monde nouveau. ⁂ Je n’ai pas cherch
894
’échec, dans l’espérance et la protestation, dans
l’
annonce d’un monde nouveau. ⁂ Je n’ai pas cherché ce soir à vous décri
895
pas cherché ce soir à vous décrire impartialement
la
situation : il eût fallu beaucoup plus de nuances. J’ai cherché au co
896
arquer quels peuvent être nos motifs de choix, et
le
lieu d’une action pratique. Il se peut que je me trompe. Il se peut q
897
e je me trompe. Il se peut que certains reçoivent
l’
ordre d’aller là où je crois ne pas devoir aller. Qu’ils le fassent, s
898
’aller là où je crois ne pas devoir aller. Qu’ils
le
fassent, si c’est là leur mission, et la forme de leur témoignage. Qu
899
. Qu’ils le fassent, si c’est là leur mission, et
la
forme de leur témoignage. Qu’ils le fassent comme témoins du Dieu qui
900
r mission, et la forme de leur témoignage. Qu’ils
le
fassent comme témoins du Dieu qui les envoie ! — Il se peut que certa
901
nage. Qu’ils le fassent comme témoins du Dieu qui
les
envoie ! — Il se peut que certains reçoivent l’ordre d’aller payer de
902
les envoie ! — Il se peut que certains reçoivent
l’
ordre d’aller payer de leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds
903
d’aller payer de leur personne, comme Kagawa dans
les
bas-fonds ou la prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet de r
904
leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds ou
la
prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet de rendre grâces du
905
me Kagawa dans les bas-fonds ou la prison. Qu’ils
le
fassent, si la foi leur permet de rendre grâces du sort qui leur est
906
les bas-fonds ou la prison. Qu’ils le fassent, si
la
foi leur permet de rendre grâces du sort qui leur est fait ! — Il se
907
maintenant dans leur domaine quotidien, celui de
la
pensée et de l’action auquel travaillent les groupes personnalistes.
908
leur domaine quotidien, celui de la pensée et de
l’
action auquel travaillent les groupes personnalistes. Qu’ils le fassen
909
ui de la pensée et de l’action auquel travaillent
les
groupes personnalistes. Qu’ils le fassent, qu’ils saisissent cette ch
910
el travaillent les groupes personnalistes. Qu’ils
le
fassent, qu’ils saisissent cette chance ; c’est encore une jeune espé
911
eure. Il y a aussi des voix qui nous appellent de
l’
extérieur, et qui nous montrent, ici et maintenant, des possibilités d
912
ui est impossible, c’est qu’un chrétien n’ait pas
la
vocation d’agir, de faire acte de présence à la misère du siècle, de
913
s la vocation d’agir, de faire acte de présence à
la
misère du siècle, de protester contre elle, et d’annoncer sa foi dans
914
protester contre elle, et d’annoncer sa foi dans
la
transformation promise de toutes choses. « Ne vous conformez pas à ce
915
s à ce siècle présent, mais soyez transformés par
le
renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est
916
, mais soyez transformés par le renouvellement de
l’
intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu,
917
intelligence, afin que vous discerniez quelle est
la
volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » f. Rougemo
918
gréable et parfait. » f. Rougemont Denis de, «
La
cité », Le Semeur, Paris, avril–mai 1935, p. 387-416. g. Rougemont e
919
parfait. » f. Rougemont Denis de, « La cité »,
Le
Semeur, Paris, avril–mai 1935, p. 387-416. g. Rougemont en rend comp
920
35, p. 387-416. g. Rougemont en rend compte dans
la
livraison de septembre 1931 de Foi et Vie .
921
tre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)h Sous
le
titre Notre Foi, Emil Brunner a réuni 35 courtes études, des « médita
922
a réuni 35 courtes études, des « méditations sur
le
message de Jésus-Christ ». Dès l’abord, on est frappé par leur simpli
923
méditations sur le message de Jésus-Christ ». Dès
l’
abord, on est frappé par leur simplicité et leur clarté, qui réussisse
924
licité et leur clarté, qui réussissent à mettre à
la
portée de tous, sans l’affaiblir ni la fausser, la « théologie » chré
925
ui réussissent à mettre à la portée de tous, sans
l’
affaiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la plus authentiq
926
à mettre à la portée de tous, sans l’affaiblir ni
la
fausser, la « théologie » chrétienne la plus authentique. Le style es
927
a portée de tous, sans l’affaiblir ni la fausser,
la
« théologie » chrétienne la plus authentique. Le style est direct, l’
928
aiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne
la
plus authentique. Le style est direct, l’emploi de la seconde personn
929
la « théologie » chrétienne la plus authentique.
Le
style est direct, l’emploi de la seconde personne est la règle ; auss
930
étienne la plus authentique. Le style est direct,
l’
emploi de la seconde personne est la règle ; aussi ne peut-on lire ces
931
e est direct, l’emploi de la seconde personne est
la
règle ; aussi ne peut-on lire ces méditations sans se sentir pris à p
932
se sentir pris à partie et directement engagé par
les
réactions et les réponses qu’elles exigent de nous. Ces études se suc
933
partie et directement engagé par les réactions et
les
réponses qu’elles exigent de nous. Ces études se succèdent selon un p
934
lan qu’il n’est pas toujours facile d’apercevoir.
Les
divisions générales paraissent être : Dieu — L’homme — Jésus-Christ —
935
Les divisions générales paraissent être : Dieu —
L’
homme — Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’Église et les sacrements
936
paraissent être : Dieu — L’homme — Jésus-Christ —
La
foi chrétienne — L’Église et les sacrements — L’espérance eschatologi
937
eu — L’homme — Jésus-Christ — La foi chrétienne —
L’
Église et les sacrements — L’espérance eschatologique. Le trait le plu
938
— Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’Église et
les
sacrements — L’espérance eschatologique. Le trait le plus marquant es
939
La foi chrétienne — L’Église et les sacrements —
L’
espérance eschatologique. Le trait le plus marquant est leur « biblism
940
e et les sacrements — L’espérance eschatologique.
Le
trait le plus marquant est leur « biblisme ». Bien que pas un verset
941
sacrements — L’espérance eschatologique. Le trait
le
plus marquant est leur « biblisme ». Bien que pas un verset de l’Écri
942
est leur « biblisme ». Bien que pas un verset de
l’
Écriture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur informé
943
pas un verset de l’Écriture ne soit cité, on sent
la
pensée et la foi de l’auteur informées par la Bible, et dominées par
944
de l’Écriture ne soit cité, on sent la pensée et
la
foi de l’auteur informées par la Bible, et dominées par elle. Pour Br
945
ture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de
l’
auteur informées par la Bible, et dominées par elle. Pour Brunner, « l
946
ent la pensée et la foi de l’auteur informées par
la
Bible, et dominées par elle. Pour Brunner, « la foi chrétienne est un
947
r la Bible, et dominées par elle. Pour Brunner, «
la
foi chrétienne est une foi biblique » ; la Bible est la Parole de Die
948
ner, « la foi chrétienne est une foi biblique » ;
la
Bible est la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu q
949
chrétienne est une foi biblique » ; la Bible est
la
Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu que par Sa rév
950
de Dieu que par Sa révélation dans cette Parole.
Le
Saint-Esprit ouvre nos cœurs à cette Parole, Il la rend vivante et ag
951
e Saint-Esprit ouvre nos cœurs à cette Parole, Il
la
rend vivante et agissante en nous, en sorte qu’elle produit en nous c
952
’elle produit en nous ce que saint Paul appelle «
les
fruits de l’Esprit ». On sent dans ces études un constant effort de f
953
en nous ce que saint Paul appelle « les fruits de
l’
Esprit ». On sent dans ces études un constant effort de fidélité humbl
954
tant effort de fidélité humble pour ne pas trahir
la
Révélation de Dieu en taisant — ou en résolvant par quelque ingénieus
955
résolvant par quelque ingénieuse synthèse — tous
les
paradoxes chrétiens qui gênent si fort notre humaine raison. Mais la
956
ens qui gênent si fort notre humaine raison. Mais
la
foi n’est pas une adhésion intellectuelle qui ne nous engagerait pas
957
ésion intellectuelle qui ne nous engagerait pas ;
la
foi au Dieu de majesté, de sainteté et d’amour, qui s’est révélé à no
958
é à nous en Jésus-Christ, exige que nous prenions
les
exigences de Dieu vraiment au sérieux, que nous « laissions Dieu être
959
ous ». Brunner semble vouloir nous amener à prier
la
prière de la foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à mon incrédul
960
r semble vouloir nous amener à prier la prière de
la
foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à mon incrédulité. » h.
961
de, « [Compte rendu] Emil Brunner, Notre foi »,
Le
Semeur, Paris, janvier 1936, p. 193-194.
962
La
responsabilité culturelle de l’Église (mars 1945)i Il y a un accor
963
La responsabilité culturelle de
l’
Église (mars 1945)i Il y a un accord frappant entre les principes d
964
e (mars 1945)i Il y a un accord frappant entre
les
principes de la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées
965
Il y a un accord frappant entre les principes de
la
Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grandes
966
cord frappant entre les principes de la Charte de
l’
Atlantique et les affirmations formulées par les grandes conférences œ
967
tre les principes de la Charte de l’Atlantique et
les
affirmations formulées par les grandes conférences œcuméniques. Mais
968
de l’Atlantique et les affirmations formulées par
les
grandes conférences œcuméniques. Mais il est non moins remarquable qu
969
ble qu’aucun de ces documents ne fasse allusion à
l’
ordre culturel de demain. Et il est cependant certain que si les Églis
970
rel de demain. Et il est cependant certain que si
les
Églises continuent à négliger cette question, la cessation des hostil
971
les Églises continuent à négliger cette question,
la
cessation des hostilités introduira une période de la plus grande con
972
essation des hostilités introduira une période de
la
plus grande confusion. Aperçu de la situation d’après-guerre La
973
période de la plus grande confusion. Aperçu de
la
situation d’après-guerre La jeunesse de presque tous les pays du m
974
usion. Aperçu de la situation d’après-guerre
La
jeunesse de presque tous les pays du monde aura été soumise à plusieu
975
ion d’après-guerre La jeunesse de presque tous
les
pays du monde aura été soumise à plusieurs années de service militair
976
général du niveau d’instruction, une déflation de
la
culture classique, non seulement dans les pays ruinés par la guerre,
977
ation de la culture classique, non seulement dans
les
pays ruinés par la guerre, mais autant, ou même plus, dans les pays c
978
classique, non seulement dans les pays ruinés par
la
guerre, mais autant, ou même plus, dans les pays comme les États-Unis
979
és par la guerre, mais autant, ou même plus, dans
les
pays comme les États-Unis. Dans la guerre moderne tout contribue à un
980
e, mais autant, ou même plus, dans les pays comme
les
États-Unis. Dans la guerre moderne tout contribue à un abaissement du
981
me plus, dans les pays comme les États-Unis. Dans
la
guerre moderne tout contribue à un abaissement du niveau intellectuel
982
ntribue à un abaissement du niveau intellectuel :
la
propagande, la nécessité vitale de simplifier tous les problèmes, de
983
aissement du niveau intellectuel : la propagande,
la
nécessité vitale de simplifier tous les problèmes, de juger selon des
984
ropagande, la nécessité vitale de simplifier tous
les
problèmes, de juger selon des besoins utilitaires plutôt que selon le
985
er selon des besoins utilitaires plutôt que selon
les
exigences de la vérité, de penser par masses ou par majorités, de pla
986
ins utilitaires plutôt que selon les exigences de
la
vérité, de penser par masses ou par majorités, de placer tout le mal
987
enser par masses ou par majorités, de placer tout
le
mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ce
988
ajorités, de placer tout le mal d’un côté et tout
le
bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une a
989
titude de critique exigeante ou un sens normal de
la
justice. En outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les typ
990
geante ou un sens normal de la justice. En outre,
la
guerre a toujours pour effet de démoder les types de culture de la pé
991
outre, la guerre a toujours pour effet de démoder
les
types de culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vai
992
urs pour effet de démoder les types de culture de
la
période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pays
993
e culture de la période d’avant-guerre, même dans
les
pays vainqueurs. Dans les pays conquis la jeunesse accusera la cultur
994
avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans
les
pays conquis la jeunesse accusera la culture de la génération précéde
995
e dans les pays vainqueurs. Dans les pays conquis
la
jeunesse accusera la culture de la génération précédente, celle de se
996
ueurs. Dans les pays conquis la jeunesse accusera
la
culture de la génération précédente, celle de ses parents d’avoir ame
997
s pays conquis la jeunesse accusera la culture de
la
génération précédente, celle de ses parents d’avoir amené la catastro
998
on précédente, celle de ses parents d’avoir amené
la
catastrophe. Beaucoup des chefs, même de la génération présente, auro
999
amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de
la
génération présente, auront disparu. Il y aura une impérieuse exigenc
1000
ant de repartir à neuf et de ne pas retomber dans
les
erreurs traditionnelles ou revenir aux disciplines de l’ère bourgeois
1001
urs traditionnelles ou revenir aux disciplines de
l’
ère bourgeoise. Il se pourrait que cette exigence, surgissant d’un cha
1002
n chaos matériel et spirituel, présente à nouveau
l’
apparence d’un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de
1003
te à nouveau l’apparence d’un fascisme culturel :
le
besoin de chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine
1004
ence d’un fascisme culturel : le besoin de chefs,
la
violence de la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goû
1005
sme culturel : le besoin de chefs, la violence de
la
guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’aventure, m
1006
chefs, la violence de la guerre transportée dans
le
domaine de l’esprit, un goût d’aventure, mais aussi une extrême simpl
1007
lence de la guerre transportée dans le domaine de
l’
esprit, un goût d’aventure, mais aussi une extrême simplification inte
1008
dynamiques. Il serait romantique de supposer que
la
guerre actuelle a détruit toutes les éternelles illusions de l’humani
1009
supposer que la guerre actuelle a détruit toutes
les
éternelles illusions de l’humanité. Nous avons des raisons de craindr
1010
elle a détruit toutes les éternelles illusions de
l’
humanité. Nous avons des raisons de craindre, au contraire, qu’elles n
1011
ent une nouvelle virulence sous de nouveaux noms.
Les
générations d’après-guerre ne seront pas nécessairement plus positive
1012
s positives ou plus cyniques — tout en prétendant
l’
être, à coup sûr. Mais sans aucun doute leur faim sera plus grande et
1013
tymologique du mot — de solutions « totale » dans
le
domaine de la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de divis
1014
mot — de solutions « totale » dans le domaine de
la
culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’absence
1015
ons « totale » dans le domaine de la culture. Car
l’
époque bourgeoise a été une ère de division, d’absence de parenté et d
1016
de commune mesure entre idéal et pratique, entre
les
diverses disciplines de l’esprit, entre les diverses activités humain
1017
al et pratique, entre les diverses disciplines de
l’
esprit, entre les diverses activités humaines et sociales. Les années
1018
entre les diverses disciplines de l’esprit, entre
les
diverses activités humaines et sociales. Les années d’après-guerre se
1019
ntre les diverses activités humaines et sociales.
Les
années d’après-guerre seront probablement caractérisées par les trait
1020
près-guerre seront probablement caractérisées par
les
traits suivants : des lacunes intellectuelles, une soif d’aventures s
1021
ctuelles, une soif d’aventures spirituelles (chez
les
meilleurs), un besoin de direction ferme et de réalisations expéditiv
1022
alisations expéditives d’allures totalitaires.
Le
devoir des Églises Si les Églises chrétiennes ne donnent pas cette
1023
ures totalitaires. Le devoir des Églises Si
les
Églises chrétiennes ne donnent pas cette direction ferme et vraiment
1024
ion ferme et vraiment catholique (embrassant tous
les
aspects de la vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la
1025
aiment catholique (embrassant tous les aspects de
la
vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. Cett
1026
tholique (embrassant tous les aspects de la vie),
l’
abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. Cette dernièr
1027
les aspects de la vie), l’abîme s’élargira entre
le
monde religieux et la culture. Cette dernière s’établira contre le ch
1028
), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et
la
culture. Cette dernière s’établira contre le christianisme et probabl
1029
x et la culture. Cette dernière s’établira contre
le
christianisme et probablement avec les orientations suivantes : scien
1030
lira contre le christianisme et probablement avec
les
orientations suivantes : science, (scientisme), eudémonisme païen, cu
1031
sme), eudémonisme païen, culte de ces valeurs que
l’
on dit « appartenir à la vie », création de nouveaux nationalismes rel
1032
culte de ces valeurs que l’on dit « appartenir à
la
vie », création de nouveaux nationalismes religieux et virulents. Mai
1033
une Église veut être en mesure d’intervenir dans
le
développement de la culture, elle doit être fondée sur une doctrine f
1034
e en mesure d’intervenir dans le développement de
la
culture, elle doit être fondée sur une doctrine ferme, sur une théolo
1035
même temps rigoureuse et vitale à l’intérieur de
l’
Église. Une Église dont la théologie est vague n’a plus rien à dire da
1036
vitale à l’intérieur de l’Église. Une Église dont
la
théologie est vague n’a plus rien à dire dans le domaine de la cultur
1037
la théologie est vague n’a plus rien à dire dans
le
domaine de la culture. Une telle Église peut donner un avis sur le pl
1038
est vague n’a plus rien à dire dans le domaine de
la
culture. Une telle Église peut donner un avis sur le plan politique.
1039
le peut, par exemple, approuver un document comme
la
Charte de l’Atlantique qui n’émane pas d’une théologie, ni même direc
1040
exemple, approuver un document comme la Charte de
l’
Atlantique qui n’émane pas d’une théologie, ni même directement du chr
1041
itique, inspirée par un pur humanisme. Mais, dans
le
domaine de la culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Églis
1042
ée par un pur humanisme. Mais, dans le domaine de
la
culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Église ne peut adop
1043
pre théologie, et en rattachant ce qu’elle dit de
la
façon la plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’Église cat
1044
ogie, et en rattachant ce qu’elle dit de la façon
la
plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’Église catholique r
1045
a plus directe à cette théologie. C’est ainsi que
l’
Église catholique romaine fut à la tête du mouvement philosophique du
1046
C’est ainsi que l’Église catholique romaine fut à
la
tête du mouvement philosophique du Moyen Âge, que les réformes de Lut
1047
tête du mouvement philosophique du Moyen Âge, que
les
réformes de Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renaissan
1048
s de Luther et de Calvin combattirent avec succès
la
Renaissance et inspirèrent un vaste mouvement culturel. Plus tard, lo
1049
t un vaste mouvement culturel. Plus tard, lorsque
les
théologies romaines et réformées s’atrophièrent, elles n’osèrent plus
1050
e, intervenir comme influences inspiratrices dans
le
débat culturel. L’abîme commença à s’ouvrir entre l’Église et la cult
1051
influences inspiratrices dans le débat culturel.
L’
abîme commença à s’ouvrir entre l’Église et la culture. Un chrétien du
1052
débat culturel. L’abîme commença à s’ouvrir entre
l’
Église et la culture. Un chrétien du xixe ou du xxe siècle, par exem
1053
el. L’abîme commença à s’ouvrir entre l’Église et
la
culture. Un chrétien du xixe ou du xxe siècle, par exemple, pouvait
1054
si cela était compatible avec sa foi. Car en fait
la
théologie avait cessé d’être vivante, précise et exigeante, et donc s
1055
écise et exigeante, et donc source d’inspiration.
Le
thomisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt, le luthérianisme B
1056
ource d’inspiration. Le thomisme a inspiré Dante,
le
calvinisme Rembrandt, le luthérianisme Bach, le puritanisme Milton. M
1057
homisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt,
le
luthérianisme Bach, le puritanisme Milton. Mais le protestantisme lib
1058
, le calvinisme Rembrandt, le luthérianisme Bach,
le
puritanisme Milton. Mais le protestantisme libéral du xixe ou xxe s
1059
e luthérianisme Bach, le puritanisme Milton. Mais
le
protestantisme libéral du xixe ou xxe siècle n’a inspiré aucun arti
1060
exigence claire et ferme, parce qu’il n’offrait à
l’
instinct créateur aucune charpente et qu’il ne fixait aucune limite qu
1061
un stimulant et un guide. Premièrement, donc, si
l’
Église n’a rien à donner, si elle n’a rien à exiger de la culture, cet
1062
e n’a rien à donner, si elle n’a rien à exiger de
la
culture, cette dernière s’en trouvera appauvrie et désorientée. Elle
1063
entée. Elle sera coupée de ses racines. Car toute
la
culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétie
1064
ines. Car toute la culture occidentale est née de
la
théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au cod
1065
culture occidentale est née de la théologie et de
la
liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au code chrétien, soit en
1066
code chrétien, soit en se révoltant contre lui. (
Les
grandes philosophies modernes, celles de Descartes et de Hegel, sont
1067
ologique à ses origines.) Et, en second, lieu, si
la
culture perd contact avec l’Église, avec sa doctrine et son culte, l’
1068
en second, lieu, si la culture perd contact avec
l’
Église, avec sa doctrine et son culte, l’Église perd ses moyens les pl
1069
act avec l’Église, avec sa doctrine et son culte,
l’
Église perd ses moyens les plus efficaces d’agir sur le siècle, de tra
1070
a doctrine et son culte, l’Église perd ses moyens
les
plus efficaces d’agir sur le siècle, de transformer ses croyances en
1071
ise perd ses moyens les plus efficaces d’agir sur
le
siècle, de transformer ses croyances en action créatrice. Les forces
1072
de transformer ses croyances en action créatrice.
Les
forces de création lui échappent. Tout ce qui est créé est alors créé
1073
Tout ce qui est créé est alors créé en dehors de
l’
Église ou en opposition à elle et devient difficile à intégrer dans un
1074
du monde. Ceci est particulièrement frappant dans
les
pays protestants où le souci de rattacher tout travail de culture à u
1075
culièrement frappant dans les pays protestants où
le
souci de rattacher tout travail de culture à une théologie stricte a
1076
sparu — en raison du manque de stricte théologie.
L’
Église romaine a mieux retenu les forces de création intellectuelles p
1077
tricte théologie. L’Église romaine a mieux retenu
les
forces de création intellectuelles parce qu’elle est attentive à prés
1078
ectuelles parce qu’elle est attentive à préserver
les
droits et les devoirs de la critique théologique sur tous les plans e
1079
e qu’elle est attentive à préserver les droits et
les
devoirs de la critique théologique sur tous les plans et pas seulemen
1080
ttentive à préserver les droits et les devoirs de
la
critique théologique sur tous les plans et pas seulement d’une façon
1081
t les devoirs de la critique théologique sur tous
les
plans et pas seulement d’une façon négative et restrictive. Que peuve
1082
négative et restrictive. Que peuvent alors faire
les
Églises pour collaborer à la création d’un ordre culturel dans le cha
1083
peuvent alors faire les Églises pour collaborer à
la
création d’un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons
1084
collaborer à la création d’un ordre culturel dans
le
chaos de demain ? Nous proposons une réponse simple. Les Églises pour
1085
os de demain ? Nous proposons une réponse simple.
Les
Églises pourront agir et inspirer si elles sont fondées sur une doctr
1086
ine ferme et complète. Elles auront autorité dans
la
mesure où elles interviendront au nom de leur théologie. Elles auront
1087
lieu de se désintéresser ou de suivre avec retard
les
tendances du jour. Vocation : le principe fondamental Pour pass
1088
avec retard les tendances du jour. Vocation :
le
principe fondamental Pour passer de la théologie d’une Église à de
1089
ation : le principe fondamental Pour passer de
la
théologie d’une Église à des applications sociales, culturelles, poli
1090
certains principes ou stades intermédiaires entre
la
théologie et les éthiques. La catégorie intermédiaire qui paraît la p
1091
es ou stades intermédiaires entre la théologie et
les
éthiques. La catégorie intermédiaire qui paraît la plus féconde dans
1092
ntermédiaires entre la théologie et les éthiques.
La
catégorie intermédiaire qui paraît la plus féconde dans le domaine cu
1093
s éthiques. La catégorie intermédiaire qui paraît
la
plus féconde dans le domaine culturel et social est celle de Vocation
1094
rie intermédiaire qui paraît la plus féconde dans
le
domaine culturel et social est celle de Vocation (au sens calviniste
1095
du mot, qui est plus large que celui dans lequel
l’
entend Rome). L’Évangile nous apprend que chaque homme est susceptible
1096
plus large que celui dans lequel l’entend Rome).
L’
Évangile nous apprend que chaque homme est susceptible de recevoir une
1097
le de recevoir une vocation, un appel spécial qui
le
distingue de son genre et qui lui confère une dignité inaliénable dan
1098
e et qui lui confère une dignité inaliénable dans
la
mesure où il obéit à cet appel. C’est le principe fondamental de tout
1099
ble dans la mesure où il obéit à cet appel. C’est
le
principe fondamental de tout ordre social que l’on peut appeler chrét
1100
le principe fondamental de tout ordre social que
l’
on peut appeler chrétien. On peut aussi accepter l’idée d’une vocation
1101
’on peut appeler chrétien. On peut aussi accepter
l’
idée d’une vocation générale ou collective, appliquée à une nation ou
1102
Chaque être individuel ou collectif, pour lequel
l’
Église peut prier, est susceptible de recevoir une vocation. Maintenan
1103
susceptible de recevoir une vocation. Maintenant
les
grandes maladies sociales et culturelles des temps modernes ont toute
1104
outes cette caractéristique commune : elles nient
la
vocation personnelle (que ce soient les collectivismes nationalistes,
1105
lles nient la vocation personnelle (que ce soient
les
collectivismes nationalistes, de race ou de classe, ou les matérialis
1106
ctivismes nationalistes, de race ou de classe, ou
les
matérialismes biologiques, moraux ou bourgeois). De même l’individual
1107
lismes biologiques, moraux ou bourgeois). De même
l’
individualisme est une déviation morbide du sens de la vocation car el
1108
dividualisme est une déviation morbide du sens de
la
vocation car elle nie ses conséquences sociales et communautaires. La
1109
nie ses conséquences sociales et communautaires.
La
principale critique que l’on puisse adresser à ce point de vue est la
1110
les et communautaires. La principale critique que
l’
on puisse adresser à ce point de vue est la suivante : une idéologie q
1111
ue que l’on puisse adresser à ce point de vue est
la
suivante : une idéologie qui nie la vocation personnelle ou un régime
1112
nt de vue est la suivante : une idéologie qui nie
la
vocation personnelle ou un régime social qui dépouille l’homme de la
1113
ion personnelle ou un régime social qui dépouille
l’
homme de la liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le c
1114
elle ou un régime social qui dépouille l’homme de
la
liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christianism
1115
rté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec
le
christianisme. Par exemple, toutes les idéologies totalitaires nient
1116
tibles avec le christianisme. Par exemple, toutes
les
idéologies totalitaires nient par définition le fait de la vocation p
1117
les idéologies totalitaires nient par définition
le
fait de la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz :
1118
gies totalitaires nient par définition le fait de
la
vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonction
1119
inition le fait de la vocation personnelle. Elles
la
remplacent par un ersatz : la fonction du citoyen à l’intérieur de l’
1120
personnelle. Elles la remplacent par un ersatz :
la
fonction du citoyen à l’intérieur de l’État ou du Parti, conformément
1121
ersatz : la fonction du citoyen à l’intérieur de
l’
État ou du Parti, conformément au décret de l’État ou du Parti. Elles
1122
de l’État ou du Parti, conformément au décret de
l’
État ou du Parti. Elles nient l’existence de toute différenciation ou
1123
ment au décret de l’État ou du Parti. Elles nient
l’
existence de toute différenciation ou la qualifient de morbide, réacti
1124
les nient l’existence de toute différenciation ou
la
qualifient de morbide, réactionnaire, individualiste, antisociale. El
1125
e. Elles sont, par conséquent, incompatibles avec
l’
ordre chrétien qui présuppose l’union dans la diversité. Toutes les do
1126
ncompatibles avec l’ordre chrétien qui présuppose
l’
union dans la diversité. Toutes les doctrines unitariennes, cherchant
1127
avec l’ordre chrétien qui présuppose l’union dans
la
diversité. Toutes les doctrines unitariennes, cherchant à établir une
1128
qui présuppose l’union dans la diversité. Toutes
les
doctrines unitariennes, cherchant à établir une homogénéité mécanique
1129
(État, tyran), ou d’en bas (égalitarisme poussé à
l’
extrême) nient la vocation personnelle, ou la vocation d’un groupe et
1130
d’en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) nient
la
vocation personnelle, ou la vocation d’un groupe et la considèrent co
1131
sé à l’extrême) nient la vocation personnelle, ou
la
vocation d’un groupe et la considèrent comme dangereuse et scandaleus
1132
cation personnelle, ou la vocation d’un groupe et
la
considèrent comme dangereuse et scandaleuse. Ces doctrines sont par l
1133
use. Ces doctrines sont par là incompatibles avec
l’
ordre chrétien, qui implique l’union et non l’uniformité et qui respec
1134
incompatibles avec l’ordre chrétien, qui implique
l’
union et non l’uniformité et qui respecte la diversité des dons, la di
1135
vec l’ordre chrétien, qui implique l’union et non
l’
uniformité et qui respecte la diversité des dons, la diversité des mem
1136
lique l’union et non l’uniformité et qui respecte
la
diversité des dons, la diversité des membres dans un même corps, beau
1137
uniformité et qui respecte la diversité des dons,
la
diversité des membres dans un même corps, beaucoup de maisons dans le
1138
bres dans un même corps, beaucoup de maisons dans
le
Royaume de Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié de chrétien à
1139
lifié de chrétien à moins qu’il ne soit fondé sur
le
respect de la vocation, et qu’il n’assure à chaque homme (et à chaque
1140
ien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de
la
vocation, et qu’il n’assure à chaque homme (et à chaque groupe ou ent
1141
e homme (et à chaque groupe ou entité collective)
la
liberté de réaliser cette vocation divine, unique et inaliénable. Un
1142
rien. Il sera fédéral plutôt que centralisé (dans
les
domaines culturels, religieux et sociaux). Il placera les droits et l
1143
ines culturels, religieux et sociaux). Il placera
les
droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’individu charg
1144
, religieux et sociaux). Il placera les droits et
les
devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocati
1145
sociaux). Il placera les droits et les devoirs de
l’
individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant les
1146
its et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de
l’
individu chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’É
1147
à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant
les
droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’ass
1148
dividu chargé d’une vocation) avant les droits et
les
devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la libert
1149
’une vocation) avant les droits et les devoirs de
l’
État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individ
1150
ation) avant les droits et les devoirs de l’État (
l’
organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individu au poi
1151
droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont
le
devoir est d’assurer la liberté de l’individu au point de vue matérie
1152
l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer
la
liberté de l’individu au point de vue matériel). Les conséquences
1153
anisme dont le devoir est d’assurer la liberté de
l’
individu au point de vue matériel). Les conséquences sociales de la
1154
berté de l’individu au point de vue matériel).
Les
conséquences sociales de la vocation 1) Une doctrine chrétienne, c
1155
de vue matériel). Les conséquences sociales de
la
vocation 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la voca
1156
cation 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur
l’
idée de la vocation des individus, mettra toujours l’accent sur le dev
1157
1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de
la
vocation des individus, mettra toujours l’accent sur le devoir plutôt
1158
dée de la vocation des individus, mettra toujours
l’
accent sur le devoir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l
1159
ation des individus, mettra toujours l’accent sur
le
devoir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée : les
1160
ra toujours l’accent sur le devoir plutôt que sur
les
droits. Prenons l’exemple de l’armée : les règlements militaires ne f
1161
sur le devoir plutôt que sur les droits. Prenons
l’
exemple de l’armée : les règlements militaires ne fixent pas les droit
1162
r plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de
l’
armée : les règlements militaires ne fixent pas les droits d’un capita
1163
ue sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée :
les
règlements militaires ne fixent pas les droits d’un capitaine mais se
1164
l’armée : les règlements militaires ne fixent pas
les
droits d’un capitaine mais seulement ses devoirs et ses fonctions. Il
1165
ses devoirs et ses fonctions. Il va sans dire que
l’
organisation de l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours les mo
1166
fonctions. Il va sans dire que l’organisation de
l’
armée est telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’accomplir s
1167
e l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours
les
moyens d’accomplir son devoir : c’est là sa liberté, il n’en a pas d’
1168
: c’est là sa liberté, il n’en a pas d’autres. Or
l’
Ecclesia militans ressemble à une armée beaucoup plus qu’elle ne resse
1169
ne ressemble à une constitution abstraite fixant
les
droits de l’individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2) Une
1170
à une constitution abstraite fixant les droits de
l’
individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2) Une doctrine chré
1171
. 2) Une doctrine chrétienne qui prend au sérieux
le
fait de la vocation divine d’un homme ou d’un organisme collectif con
1172
ctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait de
la
vocation divine d’un homme ou d’un organisme collectif condamnera tou
1173
ndamnera tout système qui, mécaniquement, empêche
la
réalisation de cette vocation. Elle condamnera, par conséquent, au no
1174
ation. Elle condamnera, par conséquent, au nom de
la
théologie, les grandes machines bureaucratiques dans lesquelles les i
1175
ndamnera, par conséquent, au nom de la théologie,
les
grandes machines bureaucratiques dans lesquelles les individus sont a
1176
grandes machines bureaucratiques dans lesquelles
les
individus sont abstraitement dirigés selon les besoins de la machine
1177
es les individus sont abstraitement dirigés selon
les
besoins de la machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamn
1178
s sont abstraitement dirigés selon les besoins de
la
machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamnera le système
1179
t non selon leur vocation réelle. Elle condamnera
le
système du capital privé dans la mesure où le mouvement des biens de
1180
Elle condamnera le système du capital privé dans
la
mesure où le mouvement des biens de la puissance matérielle y est fon
1181
era le système du capital privé dans la mesure où
le
mouvement des biens de la puissance matérielle y est fonction des has
1182
privé dans la mesure où le mouvement des biens de
la
puissance matérielle y est fonction des hasards d’opérations de Bours
1183
urse, par exemple, et non des droits conférés par
l’
exercice d’une vocation. Elle condamnera tout système économique qui f
1184
le condamnera tout système économique qui fait de
l’
homme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production ma
1185
mnera tout système économique qui fait de l’homme
le
jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production matérielle
1186
ique qui fait de l’homme le jouet des intérêts de
l’
État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissa
1187
e le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de
la
production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou col
1188
État, d’un trust, de la production matérielle, de
la
volonté de puissance individuelle ou collective. 3) Les Églises comba
1189
lonté de puissance individuelle ou collective. 3)
Les
Églises combattront pour tout ce qui assure à un organisme individuel
1190
qui assure à un organisme individuel ou collectif
la
liberté légale et les moyens matériels d’accomplir sa vocation. Elles
1191
isme individuel ou collectif la liberté légale et
les
moyens matériels d’accomplir sa vocation. Elles le feront au nom de l
1192
s moyens matériels d’accomplir sa vocation. Elles
le
feront au nom de leur doctrine, et avec une grande précision. Elles n
1193
doctrine, et avec une grande précision. Elles ne
le
feront pas au nom de conceptions purement humanistes ou religieusemen
1194
rement humanistes ou religieusement neutres comme
le
progrès, la justice sociale (de gauche), ou l’ordre social (de droite
1195
istes ou religieusement neutres comme le progrès,
la
justice sociale (de gauche), ou l’ordre social (de droite), l’intérêt
1196
me le progrès, la justice sociale (de gauche), ou
l’
ordre social (de droite), l’intérêt national ou la prospérité économiq
1197
ciale (de gauche), ou l’ordre social (de droite),
l’
intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir des Églises es
1198
l’ordre social (de droite), l’intérêt national ou
la
prospérité économique. Le devoir des Églises est de repenser toutes c
1199
, l’intérêt national ou la prospérité économique.
Le
devoir des Églises est de repenser toutes ces catégories et de les cr
1200
lises est de repenser toutes ces catégories et de
les
critiquer d’un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y avoir,
1201
le, une redéfinition des « quatre libertés » dans
les
conditions de fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation
1202
ns de fonctionnement d’une doctrine chrétienne de
la
vocation. (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l
1203
doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre à
l’
abri de la nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prosp
1204
hrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de
la
nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prospérité, mai
1205
bre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que
l’
on prend pour but la prospérité, mais que l’on demande la possibilité
1206
écessité, ne signifie pas que l’on prend pour but
la
prospérité, mais que l’on demande la possibilité matérielle pour chac
1207
s que l’on prend pour but la prospérité, mais que
l’
on demande la possibilité matérielle pour chacun de réaliser sa vocati
1208
end pour but la prospérité, mais que l’on demande
la
possibilité matérielle pour chacun de réaliser sa vocation, etc.) Alo
1209
ser sa vocation, etc.) Alors, et alors seulement,
les
Églises retrouveront une autorité effective. Elles cesseront de s’ide
1210
tive. Elles cesseront de s’identifier aux yeux de
l’
homme de la rue à une certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à
1211
cesseront de s’identifier aux yeux de l’homme de
la
rue à une certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à la réforme
1212
certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à
la
réforme du moment. Elles cesseront d’être traînées dans le sillage de
1213
e du moment. Elles cesseront d’être traînées dans
le
sillage de mouvements entrepris par d’autres, avec des motifs et pour
1214
buts qui ne sont pas nécessairement chrétiens.
Les
conséquences culturelles Deux dangers menacent la culture moderne
1215
conséquences culturelles Deux dangers menacent
la
culture moderne au point de vue d’une éthique fondée sur la vocation
1216
moderne au point de vue d’une éthique fondée sur
la
vocation : a) un faux universalisme fruit d’une éducation sans couleu
1217
réelle et b) nationalisme, autarchie spirituelle.
La
vocation d’un homme ou d’un groupe est à la fois distinction et intég
1218
nt être conciliés et sauvegardés avec vigilance —
l’
élément d’universalisation et celui de distinction. Il est grandement
1219
ts laïques, neutres ou non chrétiens, et que tout
l’
enseignement, dans chaque matière, y soit dominé par la doctrine de l’
1220
eignement, dans chaque matière, y soit dominé par
la
doctrine de l’Église en question, comme c’est le cas dans les institu
1221
chaque matière, y soit dominé par la doctrine de
l’
Église en question, comme c’est le cas dans les instituts catholiques
1222
la doctrine de l’Église en question, comme c’est
le
cas dans les instituts catholiques et à l’Université calviniste de Ho
1223
de l’Église en question, comme c’est le cas dans
les
instituts catholiques et à l’Université calviniste de Hollande. Mais,
1224
c’est le cas dans les instituts catholiques et à
l’
Université calviniste de Hollande. Mais, en même temps, pouddr19490200
1225
is, en même temps, pouddr19490200semr sauvegarder
le
facteur universaliste, il est nécessaire que, dans les écoles confess
1226
acteur universaliste, il est nécessaire que, dans
les
écoles confessionnelles, un enseignement suffisamment poussé des autr
1227
amment poussé des autres confessions soit donné :
la
partie œcuménique. Car ce n’est qu’en apprenant à connaître les autre
1228
ménique. Car ce n’est qu’en apprenant à connaître
les
autres que nous en venons à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’est
1229
prenant nous-mêmes que nous parvenons à connaître
les
autres. L’attitude générale serait alors d’approfondir et d’intégrer
1230
-mêmes que nous parvenons à connaître les autres.
L’
attitude générale serait alors d’approfondir et d’intégrer le plus pos
1231
générale serait alors d’approfondir et d’intégrer
le
plus possible chaque vocation culturelle du groupe (qu’il soit religi
1232
lle du groupe (qu’il soit religieux ou national),
le
tout en vue de l’union (fédérale ou œcuménique) de ces vocations dans
1233
il soit religieux ou national), le tout en vue de
l’
union (fédérale ou œcuménique) de ces vocations dans un ensemble beauc
1234
vocations dans un ensemble beaucoup plus large —
le
corps et ses membres ; ne jamais chercher l’union en neutralisant les
1235
ge — le corps et ses membres ; ne jamais chercher
l’
union en neutralisant les différences et les particularités, mais au c
1236
bres ; ne jamais chercher l’union en neutralisant
les
différences et les particularités, mais au contraire en cherchant à l
1237
ercher l’union en neutralisant les différences et
les
particularités, mais au contraire en cherchant à les comparer. Le deu
1238
particularités, mais au contraire en cherchant à
les
comparer. Le deuxième problème à envisager est celui d’une collaborat
1239
est celui d’une collaboration plus étroite entre
l’
Église et l’Intelligentzia. Dans le présent état des choses, cette col
1240
’une collaboration plus étroite entre l’Église et
l’
Intelligentzia. Dans le présent état des choses, cette collaboration o
1241
étroite entre l’Église et l’Intelligentzia. Dans
le
présent état des choses, cette collaboration organique fait défaut. S
1242
cette collaboration organique fait défaut. Seuls
les
mouvements œcuméniques ont donné l’occasion à un certain nombre de sa
1243
éfaut. Seuls les mouvements œcuméniques ont donné
l’
occasion à un certain nombre de savants, historiens et écrivains de tr
1244
vants, historiens et écrivains de travailler pour
les
Églises dans leur ensemble. Mais la plupart des confessions (spéciale
1245
le. Mais la plupart des confessions (spécialement
les
protestantes) n’ont pas les moyens de mettre en contact organique les
1246
essions (spécialement les protestantes) n’ont pas
les
moyens de mettre en contact organique les créateurs de culture et l’É
1247
ont pas les moyens de mettre en contact organique
les
créateurs de culture et l’Église comme telle — l’Église comme corps d
1248
en contact organique les créateurs de culture et
l’
Église comme telle — l’Église comme corps de doctrine et comme communa
1249
es créateurs de culture et l’Église comme telle —
l’
Église comme corps de doctrine et comme communauté. Sur ce plan tout r
1250
e chose doit être créé si nous voulons éviter que
la
culture de demain se développe selon des voies qui s’éloignent de plu
1251
chrétienne du monde. i. Rougemont Denis de, «
La
responsabilité culturelle de l’Église », Le Semeur, Paris, mars 1945,
1252
emont Denis de, « La responsabilité culturelle de
l’
Église », Le Semeur, Paris, mars 1945, p. 17-25.
1253
de, « La responsabilité culturelle de l’Église »,
Le
Semeur, Paris, mars 1945, p. 17-25.
1254
juin-juillet 1946)j Depuis des siècles, depuis
la
Renaissance, le christianisme a vécu sur la défensive. Les hiérarchie
1255
6)j Depuis des siècles, depuis la Renaissance,
le
christianisme a vécu sur la défensive. Les hiérarchies ecclésiastique
1256
epuis la Renaissance, le christianisme a vécu sur
la
défensive. Les hiérarchies ecclésiastiques défendaient leurs pouvoirs
1257
ssance, le christianisme a vécu sur la défensive.
Les
hiérarchies ecclésiastiques défendaient leurs pouvoirs temporels, jus
1258
leurs pouvoirs temporels, justement contestés par
l’
État. Puis elles eurent à défendre leurs pouvoirs spirituels, certains
1259
spirituels, certains États s’étant laissé aller à
les
revendiquer injustement. Les docteurs de l’Église se défendaient cont
1260
étant laissé aller à les revendiquer injustement.
Les
docteurs de l’Église se défendaient contre les attaques successives d
1261
er à les revendiquer injustement. Les docteurs de
l’
Église se défendaient contre les attaques successives du scepticisme n
1262
t. Les docteurs de l’Église se défendaient contre
les
attaques successives du scepticisme né de la science cartésienne, de
1263
tre les attaques successives du scepticisme né de
la
science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des syst
1264
s du scepticisme né de la science cartésienne, de
l’
historisme, de la philologie, puis des systèmes sociologiques et philo
1265
né de la science cartésienne, de l’historisme, de
la
philologie, puis des systèmes sociologiques et philosophiques qui se
1266
es et philosophiques qui se mirent à pulluler dès
le
xixe siècle, et qui se posaient en termes intraduisibles dans les ca
1267
et qui se posaient en termes intraduisibles dans
les
catégories théologiques traditionnelles. Quant aux fidèles, ils avaie
1268
ant aux fidèles, ils avaient à se défendre contre
la
menace quotidienne, innombrable, et sans cesse accrue, mais d’une man
1269
s en moins conformes aux lois spirituelles : sans
le
savoir, sans oser se l’avouer, les chrétiens devenaient, en Europe co
1270
lois spirituelles : sans le savoir, sans oser se
l’
avouer, les chrétiens devenaient, en Europe comme ailleurs, une minori
1271
ituelles : sans le savoir, sans oser se l’avouer,
les
chrétiens devenaient, en Europe comme ailleurs, une minorité doucemen
1272
ourires et d’ironies intellectuelles basées sur «
les
derniers progrès de la science », cette tolérance même qui se manifes
1273
ellectuelles basées sur « les derniers progrès de
la
science », cette tolérance même qui se manifestait à l’égard des « su
1274
ligieuses », firent autant de mal aux Églises que
les
persécutions romaines aux premiers temps leur avaient fait de bien. P
1275
remiers temps leur avaient fait de bien. Partout,
l’
on vit au cours du xviiie et surtout du xixe siècle, s’exténuer les
1276
du xviiie et surtout du xixe siècle, s’exténuer
les
formes extrêmes, hardies et créatrices des différentes confessions. O
1277
ces des différentes confessions. On reculait sous
la
pression de l’incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les po
1278
ntes confessions. On reculait sous la pression de
l’
incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les positions trop me
1279
lait sous la pression de l’incroyance, on faisait
la
part du feu, on cédait les positions trop menacées par le scepticisme
1280
’incroyance, on faisait la part du feu, on cédait
les
positions trop menacées par le scepticisme. Pour ne donner que deux e
1281
du feu, on cédait les positions trop menacées par
le
scepticisme. Pour ne donner que deux exemples : on vit le mouvement m
1282
icisme. Pour ne donner que deux exemples : on vit
le
mouvement mystique s’éteindre au sein du catholicisme romain, tandis
1283
eindre au sein du catholicisme romain, tandis que
le
théocentrisme transcendantal des réformateurs faisait place, chez les
1284
anscendantal des réformateurs faisait place, chez
les
protestants, à un moralisme centré sur l’homme. Tout tranquillement,
1285
, chez les protestants, à un moralisme centré sur
l’
homme. Tout tranquillement, et pour sauver leur corps, les Églises ren
1286
. Tout tranquillement, et pour sauver leur corps,
les
Églises renonçaient sinon à leur âme même, du moins à cette véhémence
1287
ce flambante qui fut toujours signe et symbole de
l’
Esprit. Un fils soumis de Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire
1288
e et symbole de l’Esprit. Un fils soumis de Rome,
le
grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin de cette période qu’à
1289
Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers
la
fin de cette période qu’à la question : « Si le sel perd sa saveur, a
1290
pouvait écrire vers la fin de cette période qu’à
la
question : « Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ?
1291
s la fin de cette période qu’à la question : « Si
le
sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? », les catholiques
1292
question : « Si le sel perd sa saveur, avec quoi
la
lui rendra-t-on ? », les catholiques modernes répondaient dans l’ense
1293
perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? »,
les
catholiques modernes répondaient dans l’ensemble : « Avec du sucre !
1294
on ? », les catholiques modernes répondaient dans
l’
ensemble : « Avec du sucre ! » Remarque hélas valable pour bien d’autr
1295
et qui résume toute une époque. Je pense qu’avec
la
guerre, cette époque a pris fin. Et je fonde cette croyance sur quelq
1296
te croyance sur quelques faits. C’est un fait que
le
totalitarisme a rompu la paix fausse qui semblait établie entre les s
1297
faits. C’est un fait que le totalitarisme a rompu
la
paix fausse qui semblait établie entre les sociétés laïques et les Ég
1298
a rompu la paix fausse qui semblait établie entre
les
sociétés laïques et les Églises ; qu’il a brusquement mis à nu l’état
1299
ui semblait établie entre les sociétés laïques et
les
Églises ; qu’il a brusquement mis à nu l’état minoritaire des chrétie
1300
ues et les Églises ; qu’il a brusquement mis à nu
l’
état minoritaire des chrétiens ; qu’il les a attaqués de front au nom
1301
mis à nu l’état minoritaire des chrétiens ; qu’il
les
a attaqués de front au nom des principes non chrétiens (comme le nati
1302
e front au nom des principes non chrétiens (comme
le
nationalisme) qu’ils croyaient pouvoir tolérer ; qu’il a été abattu f
1303
évation brutale puis sa chute ont été pour toutes
les
Églises une épreuve de forces, un défi, une purification, une occasio
1304
cation, une occasion de réveil. C’est un fait que
la
culture laïque, a-chrétienne ou antichrétienne, qui prétendait se sub
1305
ou antichrétienne, qui prétendait se substituer à
la
religion et conduire le monde moderne vers un paradis sans Dieu, a dé
1306
rétendait se substituer à la religion et conduire
le
monde moderne vers un paradis sans Dieu, a démontré son impuissance r
1307
ns Dieu, a démontré son impuissance réelle devant
l’
assaut de dictatures barbares : elle s’est reconnue impuissante à nous
1308
es qμe ceux du christianisme. C’est un fait que «
les
derniers progrès de la Science » autorisent de moins en moins — et no
1309
isme. C’est un fait que « les derniers progrès de
la
Science » autorisent de moins en moins — et non de plus en plus, comm
1310
n plus, comme au siècle passé — à mettre en doute
la
vérité et la validité des dogmes chrétiens. L’ère des argumentations
1311
au siècle passé — à mettre en doute la vérité et
la
validité des dogmes chrétiens. L’ère des argumentations « scientifiqu
1312
te la vérité et la validité des dogmes chrétiens.
L’
ère des argumentations « scientifiques » contre la Genèse, la Création
1313
L’ère des argumentations « scientifiques » contre
la
Genèse, la Création du monde par Dieu, sa Fin, l’existence de l’espri
1314
rgumentations « scientifiques » contre la Genèse,
la
Création du monde par Dieu, sa Fin, l’existence de l’esprit, etc., pa
1315
la Genèse, la Création du monde par Dieu, sa Fin,
l’
existence de l’esprit, etc., paraît bien close, et pour longtemps. Et
1316
réation du monde par Dieu, sa Fin, l’existence de
l’
esprit, etc., paraît bien close, et pour longtemps. Et c’est un fait q
1317
en close, et pour longtemps. Et c’est un fait que
les
trois grandes confessions chrétiennes ont retrouvé, depuis une ou deu
1318
tiennes ont retrouvé, depuis une ou deux décades,
le
courage de réaffirmer leurs positions parfois les plus extrêmes, avec
1319
le courage de réaffirmer leurs positions parfois
les
plus extrêmes, avec une belle indépendance vis-à-vis des critiques de
1320
une belle indépendance vis-à-vis des critiques de
l’
extérieur. Renaissance du thomisme et des études mystiques chez les ca
1321
aissance du thomisme et des études mystiques chez
les
catholiques ; restauration de la dogmatique réformée grâce au mouveme
1322
mystiques chez les catholiques ; restauration de
la
dogmatique réformée grâce au mouvement initié par Karl Barth chez les
1323
mée grâce au mouvement initié par Karl Barth chez
les
protestants ; réapparition d’une puissante et purifiée Église orthodo
1324
on d’une puissante et purifiée Église orthodoxe à
l’
Est. Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, d
1325
purifiée Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que
l’
époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’es
1326
lise orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’époque de
la
défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser aux
1327
ur reste plus qu’à s’endormir, ou bien à passer à
l’
attaque. Ce lendemain d’une guerre de Trente Ans ne ressemble guère à
1328
s ne ressemble guère à une victoire, il faut bien
le
dire. Les nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celle
1329
emble guère à une victoire, il faut bien le dire.
Les
nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui l’on
1330
, il faut bien le dire. Les nations qui ont perdu
la
guerre ont tout perdu ; mais celles qui l’ont gagnée n’ont rien gagné
1331
perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui
l’
ont gagnée n’ont rien gagné ; elles ont seulement repoussé une menace,
1332
honte, vie et mort.) Et que trouvent aujourd’hui
les
peuples devant eux ? Battus et vainqueurs, épuisés, cherchent en vain
1333
, épuisés, cherchent en vain une utopie nouvelle.
Les
uns s’abandonnent aux vieilleries et tentent de restaurer le national
1334
andonnent aux vieilleries et tentent de restaurer
le
nationalisme, condamné par les catastrophes récentes. Les autres pens
1335
entent de restaurer le nationalisme, condamné par
les
catastrophes récentes. Les autres pensent qu’en déplaçant quelques ob
1336
onalisme, condamné par les catastrophes récentes.
Les
autres pensent qu’en déplaçant quelques objets — les richesses par ex
1337
autres pensent qu’en déplaçant quelques objets —
les
richesses par exemple — on arrangera la vie… D’autres enfin, faisant
1338
objets — les richesses par exemple — on arrangera
la
vie… D’autres enfin, faisant la théorie de leur faiblesse, formulent
1339
le — on arrangera la vie… D’autres enfin, faisant
la
théorie de leur faiblesse, formulent des doctrines nihilistes. Devant
1340
s doctrines nihilistes. Devant cette démission de
la
pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs,
1341
listes. Devant cette démission de la pensée et de
la
morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de décre
1342
ant cette démission de la pensée et de la morale,
l’
État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de décrets si génér
1343
trouver nécessairement lésée. En d’autres termes,
les
Églises ne trouvent plus dans le monde des doctrines hostiles, mais u
1344
’autres termes, les Églises ne trouvent plus dans
le
monde des doctrines hostiles, mais un vide doctrinal sans précédent.
1345
de est un appel, urgent et dramatique. Un appel à
l’
attaque, à l’offensive, à l’initiative, à du plein. Ou encore : les Ég
1346
el, urgent et dramatique. Un appel à l’attaque, à
l’
offensive, à l’initiative, à du plein. Ou encore : les Églises et leur
1347
ramatique. Un appel à l’attaque, à l’offensive, à
l’
initiative, à du plein. Ou encore : les Églises et leurs prédicateurs
1348
ffensive, à l’initiative, à du plein. Ou encore :
les
Églises et leurs prédicateurs ont moins que jamais à se soucier, aujo
1349
que jamais à se soucier, aujourd’hui, de réfuter
les
arguments de l’incroyance ; elles ont, tout simplement à donner leurs
1350
soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments de
l’
incroyance ; elles ont, tout simplement à donner leurs croyances, avec
1351
à ceux qui se noient. Comme laïque se tenant dans
l’
Église, et voyant au-dehors ses chances d’action, et la misère du temp
1352
ise, et voyant au-dehors ses chances d’action, et
la
misère du temps qui appelle, j’attends ceci : I. Que l’Église offre u
1353
ère du temps qui appelle, j’attends ceci : I. Que
l’
Église offre un type de relations humaines viables, comme elle le fit
1354
un type de relations humaines viables, comme elle
le
fit aux siècles sombres, avant la floraison du Moyen âge, qui fut son
1355
les, comme elle le fit aux siècles sombres, avant
la
floraison du Moyen âge, qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le
1356
en âge, qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer
le
sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines admi
1357
fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de
la
communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administratives
1358
e restaurer le sens de la communauté vivante, que
le
gigantisme de nos machines administratives, le règne de l’argent, le
1359
ue le gigantisme de nos machines administratives,
le
règne de l’argent, le nomadisme industriel, et les déportations en ma
1360
isme de nos machines administratives, le règne de
l’
argent, le nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont pre
1361
s machines administratives, le règne de l’argent,
le
nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont presque tué,
1362
le règne de l’argent, le nomadisme industriel, et
les
déportations en masse, ont presque tué, laissant le champ libre à l’É
1363
déportations en masse, ont presque tué, laissant
le
champ libre à l’État et à ses réglementations, souvent utiles, mais q
1364
masse, ont presque tué, laissant le champ libre à
l’
État et à ses réglementations, souvent utiles, mais qui ne sont jamais
1365
e vie. Je voudrais une sociologie chrétienne pour
le
xxe siècle, et je la voudrais fondée sur la situation d’un groupe de
1366
sociologie chrétienne pour le xxe siècle, et je
la
voudrais fondée sur la situation d’un groupe de frères prenant la com
1367
pour le xxe siècle, et je la voudrais fondée sur
la
situation d’un groupe de frères prenant la communion. 2. Que l’Église
1368
ée sur la situation d’un groupe de frères prenant
la
communion. 2. Que l’Église offre un type de relations culturelles via
1369
’un groupe de frères prenant la communion. 2. Que
l’
Église offre un type de relations culturelles viables ; qu’elle ose de
1370
position méfiante et arriérée — académique — dans
les
arts sacrés comme vis-à-vis de la culture vivante, laissant celle-ci
1371
démique — dans les arts sacrés comme vis-à-vis de
la
culture vivante, laissant celle-ci désorientée. Il s’agit que nos thé
1372
tuelles, de « dévotion » à rien d’avouable… Toute
la
culture de l’Occident — musique, peinture, philosophie, littérature —
1373
dévotion » à rien d’avouable… Toute la culture de
l’
Occident — musique, peinture, philosophie, littérature — est sortie de
1374
est temps que nous sortions à sa recherche, pour
la
ramener ! 3. Que l’Église cesse de défendre la triste et inefficace m
1375
sortions à sa recherche, pour la ramener ! 3. Que
l’
Église cesse de défendre la triste et inefficace moralité bourgeoise,
1376
ur la ramener ! 3. Que l’Église cesse de défendre
la
triste et inefficace moralité bourgeoise, avec laquelle trop de chrét
1377
laquelle trop de chrétiens confondent aujourd’hui
la
vertu, quand ils ne vont pas jusqu’au point de l’identifier avec la «
1378
la vertu, quand ils ne vont pas jusqu’au point de
l’
identifier avec la « vie chrétienne », et qu’elle restaure chez les fi
1379
s ne vont pas jusqu’au point de l’identifier avec
la
« vie chrétienne », et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de l
1380
c la « vie chrétienne », et qu’elle restaure chez
les
fidèles le sens de la vocation personnelle, seul fondement d’une cond
1381
hrétienne », et qu’elle restaure chez les fidèles
le
sens de la vocation personnelle, seul fondement d’une conduite spécif
1382
, et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de
la
vocation personnelle, seul fondement d’une conduite spécifiquement ch
1383
t chrétienne. « Soyez bien sages », nous disaient
les
prédicateurs depuis deux siècles. « Soyez fous ! », dit saint Paul au
1384
! », dit saint Paul aux Corinthiens. « Osez être
l’
Invraisemblable ! »5 dit Kierkegaard. Ce sont ces voix que les meilleu
1385
blable ! »5 dit Kierkegaard. Ce sont ces voix que
les
meilleurs aujourd’hui, hors des Églises, me paraissent avides d’enten
1386
ors des Églises, me paraissent avides d’entendre.
La
« folie de la Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui e
1387
s, me paraissent avides d’entendre. La « folie de
la
Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui entraîne en ava
1388
avides d’entendre. La « folie de la Croix », non
la
sagesse bourgeoise. Quelque chose qui entraîne en avant et au-delà, n
1389
qui retient en arrière et en deçà des risques de
la
vie. 4. Que l’Église affirme avec force, dans le domaine politique, l
1390
arrière et en deçà des risques de la vie. 4. Que
l’
Église affirme avec force, dans le domaine politique, la Transcendance
1391
la vie. 4. Que l’Église affirme avec force, dans
le
domaine politique, la Transcendance de son chef, contre tous les abso
1392
se affirme avec force, dans le domaine politique,
la
Transcendance de son chef, contre tous les absolutismes nationaux, ét
1393
itique, la Transcendance de son chef, contre tous
les
absolutismes nationaux, étatiques, partisans. Si jamais un esprit rée
1394
llement international, ou « global » comme disent
les
Américains, s’instaure sur notre planète, ce ne sera qu’au nom de ce
1395
tique capitale dans notre siècle : il peut offrir
le
modèle même d’une union mondiale dans le respect des diversités tradi
1396
t offrir le modèle même d’une union mondiale dans
le
respect des diversités traditionnelles. Que dis-je, il peut ! Il le d
1397
ersités traditionnelles. Que dis-je, il peut ! Il
le
doit, et de toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d
1398
e vois aucune raison d’attendre autre chose, pour
le
monde, que des tyrans, leurs guerres, et les tyrannies qui en résulte
1399
pour le monde, que des tyrans, leurs guerres, et
les
tyrannies qui en résultent… Un mot encore. Ce programme, qui résume à
1400
n mot encore. Ce programme, qui résume à mes yeux
les
plus grandes chances d’action du christianisme au xxe siècle, rester
1401
isme au xxe siècle, resterait une pure utopie si
les
chrétiens s’en remettaient aux Églises pour le réaliser. Les Églises
1402
i les chrétiens s’en remettaient aux Églises pour
le
réaliser. Les Églises comme corps organisés ne peuvent que soutenir e
1403
ns s’en remettaient aux Églises pour le réaliser.
Les
Églises comme corps organisés ne peuvent que soutenir et encadrer l’a
1404
rps organisés ne peuvent que soutenir et encadrer
l’
action chrétienne. Celle-ci se fera, comme elle s’est toujours faite,
1405
qu’ils exagèrent, qu’ils rêvent, qu’ils n’ont pas
le
sens commun, qu’ils voient trop grand… Peut-être même par des petites
1406
me celle-ci ? 5. Kierkegaard veut dire par là :
l’
Incomparable, l’unique, celui qui a reçu de Dieu une vocation précise,
1407
5. Kierkegaard veut dire par là : l’Incomparable,
l’
unique, celui qui a reçu de Dieu une vocation précise, et il ajoute :
1408
t, et paraît donc « invraisemblable » à celui qui
la
reçoit. Exemple, Abraham. j. Rougemont Denis de, « Chances d’action
1409
Denis de, « Chances d’action du christianisme »,
Le
Semeur, Paris, juin–juillet 1946, p. 654-659.
1410
«
Les
protestants et l’esthétisme » (février-mars 1949)k l …1° Le cathol
1411
« Les protestants et
l’
esthétisme » (février-mars 1949)k l …1° Le catholicisme inspire, en
1412
s et l’esthétisme » (février-mars 1949)k l …1°
Le
catholicisme inspire, encadre et soutient, aujourd’hui, un assez gran
1413
, un assez grand nombre d’écrivains très connus ;
le
protestantisme, presque aucun. À Claudel, Bernanos, Mauriac, Graham G
1414
Evelyn Waugh, Siegrid Undset, que peuvent opposer
les
protestants ? Gide, Chardonne, Paulhan, Thomas Mann, Aldous Huxley, H
1415
, sont sortis de milieux protestants, dira-t-on ?
Le
fait est qu’ils en sont bien sortis, tandis que les autres sont entré
1416
e fait est qu’ils en sont bien sortis, tandis que
les
autres sont entrés (ou rentrés) dans le catholicisme et se donnent, s
1417
ndis que les autres sont entrés (ou rentrés) dans
le
catholicisme et se donnent, sans la moindre équivoque, pour des croya
1418
rentrés) dans le catholicisme et se donnent, sans
la
moindre équivoque, pour des croyants et pratiquants. Quant aux deux m
1419
uants. Quant aux deux meilleurs poètes anglais de
l’
époque, T. S. Eliot et Wystan Auden, ils sont, certes, des chrétiens d
1420
tes, des chrétiens déclarés dans leur œuvre, mais
l’
épithète de protestant leur convient aussi peu que celle de romain, su
1421
reste-t-il ? 2° On ne peut déduire de ce fait que
le
catholicisme, en général, offre à la littérature un climat plus favor
1422
ce fait que le catholicisme, en général, offre à
la
littérature un climat plus favorable que le protestantisme en général
1423
fre à la littérature un climat plus favorable que
le
protestantisme en général. Car, si l’on considère l’ensemble de nos l
1424
vorable que le protestantisme en général. Car, si
l’
on considère l’ensemble de nos littératures occidentales, il est impos
1425
protestantisme en général. Car, si l’on considère
l’
ensemble de nos littératures occidentales, il est impossible d’établir
1426
oportion des populations et de leurs confessions,
l’
Italie ait produit plus de grands écrivains que l’Angleterre, la Polog
1427
l’Italie ait produit plus de grands écrivains que
l’
Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’Allemagne catholique que la
1428
roduit plus de grands écrivains que l’Angleterre,
la
Pologne que le Danemark, l’Allemagne catholique que la luthérienne, o
1429
grands écrivains que l’Angleterre, la Pologne que
le
Danemark, l’Allemagne catholique que la luthérienne, ou la France cat
1430
ins que l’Angleterre, la Pologne que le Danemark,
l’
Allemagne catholique que la luthérienne, ou la France catholique que l
1431
logne que le Danemark, l’Allemagne catholique que
la
luthérienne, ou la France catholique que la calviniste. J’ai l’idée q
1432
rk, l’Allemagne catholique que la luthérienne, ou
la
France catholique que la calviniste. J’ai l’idée que le contraire aur
1433
e que la luthérienne, ou la France catholique que
la
calviniste. J’ai l’idée que le contraire aurait un peu plus de chance
1434
, ou la France catholique que la calviniste. J’ai
l’
idée que le contraire aurait un peu plus de chances de se vérifier, en
1435
nce catholique que la calviniste. J’ai l’idée que
le
contraire aurait un peu plus de chances de se vérifier, en particulie
1436
us de chances de se vérifier, en particulier pour
l’
Allemagne, la Suisse et la France. L’Espagne et l’Italie, profondément
1437
de se vérifier, en particulier pour l’Allemagne,
la
Suisse et la France. L’Espagne et l’Italie, profondément romaines, n’
1438
er, en particulier pour l’Allemagne, la Suisse et
la
France. L’Espagne et l’Italie, profondément romaines, n’ont pas produ
1439
iculier pour l’Allemagne, la Suisse et la France.
L’
Espagne et l’Italie, profondément romaines, n’ont pas produit de nos j
1440
l’Allemagne, la Suisse et la France. L’Espagne et
l’
Italie, profondément romaines, n’ont pas produit de nos jours de grand
1441
catholiques, et, même, plusieurs de leurs auteurs
les
plus connus disent préférer le protestantisme au catholicisme. 3° S’i
1442
de leurs auteurs les plus connus disent préférer
le
protestantisme au catholicisme. 3° S’il paraît probable que le nombre
1443
isme au catholicisme. 3° S’il paraît probable que
le
nombre des écrivains catholiques, protestants, juifs et athées corres
1444
u nombre des catholiques, protestants, etc., dans
le
monde, depuis quatre siècles, il reste qu’aujourd’hui beaucoup d’aute
1445
comme tels, tandis que nos auteurs protestants ne
le
sont plus guère que de naissance et non par choix. Quelles sont les c
1446
e que de naissance et non par choix. Quelles sont
les
causes de ce phénomène particulier au xxe siècle ? Je crois qu’il co
1447
ulier au xxe siècle ? Je crois qu’il convient de
les
chercher dans un récent passé théologique. Il était de mise, au siècl
1448
ogique. Il était de mise, au siècle dernier, chez
les
protestants, de déclarer — comme Gide le fait encore — qu’orthodoxie
1449
r, chez les protestants, de déclarer — comme Gide
le
fait encore — qu’orthodoxie et protestantisme s’excluent mutuellement
1450
un renversement presque complet des positions de
la
Réforme. Or il est clair que le libre examen, conduit dans un climat
1451
des positions de la Réforme. Or il est clair que
le
libre examen, conduit dans un climat rationaliste, n’est pas une atti
1452
rationaliste, n’est pas une attitude de créateur.
L’
art suppose une orthodoxie, un parti pris, un fanatisme, quelque passi
1453
ion fondamentale, injustifiable autrement que par
l’
œuvre, qui l’avoue et la masque à la fois, et, en tout cas, un ensembl
1454
ale, injustifiable autrement que par l’œuvre, qui
l’
avoue et la masque à la fois, et, en tout cas, un ensemble de règles,
1455
ifiable autrement que par l’œuvre, qui l’avoue et
la
masque à la fois, et, en tout cas, un ensemble de règles, soit hérité
1456
, soit héritées, soit inventées : une rhétorique.
La
théologie protestante du xixe siècle invoquait la culture ou lui cou
1457
a théologie protestante du xixe siècle invoquait
la
culture ou lui courait après. Elle en tirait des arguments contre une
1458
e une orthodoxie vieillie, et, finalement, contre
l’
orthodoxie en soi. C’était tarir une des sources de l’art. Certes, on
1459
thodoxie en soi. C’était tarir une des sources de
l’
art. Certes, on a vu de « mauvaises » théologies donner naissance à un
1460
ses » théologies donner naissance à un grand art (
le
puritanisme à Milton, les doctrines jésuites au baroque), et de « bon
1461
aissance à un grand art (le puritanisme à Milton,
les
doctrines jésuites au baroque), et de « bonnes » théologies condamner
1462
u baroque), et de « bonnes » théologies condamner
l’
art (judaïsme biblique, jansénisme). Mais une théologie qui détruit sy
1463
. Mais une théologie qui détruit systématiquement
la
notion même d’orthodoxie, qui renonce à toute prétention (fondée ou n
1464
qui renonce à toute prétention (fondée ou non) à
la
rigueur et à la fidélité dogmatique, détruit en même temps ce qu’un a
1465
oute prétention (fondée ou non) à la rigueur et à
la
fidélité dogmatique, détruit en même temps ce qu’un artiste attend (s
1466
e attend (souvent inconsciemment) de son Église :
les
repères, les obstacles, les interdictions, les certitudes décisives,
1467
vent inconsciemment) de son Église : les repères,
les
obstacles, les interdictions, les certitudes décisives, les grands li
1468
ment) de son Église : les repères, les obstacles,
les
interdictions, les certitudes décisives, les grands lieux communs, le
1469
: les repères, les obstacles, les interdictions,
les
certitudes décisives, les grands lieux communs, les thèmes traditionn
1470
les, les interdictions, les certitudes décisives,
les
grands lieux communs, les thèmes traditionnels à renouveler, tout ce
1471
s certitudes décisives, les grands lieux communs,
les
thèmes traditionnels à renouveler, tout ce système de gênes où l’élan
1472
ionnels à renouveler, tout ce système de gênes où
l’
élan créateur prend son appui. Voilà sans doute pourquoi les premières
1473
catholique, Eliot un écrivain anglican. Et, pour
les
mêmes raisons, l’on peut attendre du grand renouveau théologique, ini
1474
un écrivain anglican. Et, pour les mêmes raisons,
l’
on peut attendre du grand renouveau théologique, initié par Karl Barth
1475
itié par Karl Barth, un renouveau protestant dans
la
littérature. 4° Dernière remarque : la seule influence importante qu’
1476
stant dans la littérature. 4° Dernière remarque :
la
seule influence importante qu’ait exercée la pensée protestante sur l
1477
ue : la seule influence importante qu’ait exercée
la
pensée protestante sur la littérature moderne, c’est celle de Kierkeg
1478
portante qu’ait exercée la pensée protestante sur
la
littérature moderne, c’est celle de Kierkegaard. (Ibsen, Unamuno, Ril
1479
ayistes des jeunes générations, en Europe et dans
les
deux Amériques, s’en sont déclarés tributaires.) Or la pensée de Kier
1480
ux Amériques, s’en sont déclarés tributaires.) Or
la
pensée de Kierkegaard, qui représente l’extrémisme protestant dans sa
1481
res.) Or la pensée de Kierkegaard, qui représente
l’
extrémisme protestant dans sa pureté, dépasse notoirement l’antinomie
1482
me protestant dans sa pureté, dépasse notoirement
l’
antinomie du moralisme et de l’esthétique : ce dépassement constitue m
1483
épasse notoirement l’antinomie du moralisme et de
l’
esthétique : ce dépassement constitue même l’essence de son œuvre. N’e
1484
t de l’esthétique : ce dépassement constitue même
l’
essence de son œuvre. N’est-ce point de cet exemple pur qu’il conviend
1485
emple pur qu’il conviendrait de partir pour poser
le
problème qui vous occupe dans ses termes les plus actuels ? k. Rou
1486
poser le problème qui vous occupe dans ses termes
les
plus actuels ? k. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Le
1487
k. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête]
Les
protestants et l’esthétisme », Le Semeur, Paris, février–mars 1949, p
1488
de, « [Réponse à une enquête] Les protestants et
l’
esthétisme », Le Semeur, Paris, février–mars 1949, p. 342-344. l. Il
1489
à une enquête] Les protestants et l’esthétisme »,
Le
Semeur, Paris, février–mars 1949, p. 342-344. l. Il s’agit d’une rép
1490
s’agit d’une réponse à une enquête introduite par
la
lettre suivante d’André Dumas, datée du 16 novembre 1948 : « Chers am
1491
vembre 1948 : « Chers amis… 1) S’il est exact que
les
protestants sont davantage moralistes et citoyens qu’esthètes, pensez
1492
de peinture ou de musique ? Je veux dire, non pas
la
question banale, doit-il ou non écrire, peindre, lire, voir, etc., ma
1493
etc., mais quelle perturbation cette poussée vers
l’
esthétique peut-elle et doit-elle amener dans sa vie ? Vous voyez notr
1494
tral, assez précis, et notre but : converser avec
les
étudiants qui s’inquiètent de la beauté dans l’existence actuelle… »
1495
converser avec les étudiants qui s’inquiètent de
la
beauté dans l’existence actuelle… »
1496
les étudiants qui s’inquiètent de la beauté dans
l’
existence actuelle… »