1 1933, Le Semeur, articles (1933–1949). Humanisme et christianisme (mars 1933)
1 es constatations prudemment mesurées. Et d’abord, la question qui nous occupe ici est-elle une vraie question ? Est-elle,
2 our chacun de nous, une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avant de venir ici, et à laquelle, réelleme
3 existentielle — pour employer un terme favori de la théologie et de la philosophie allemande contemporaines1 ? L’une des
4 ur employer un terme favori de la théologie et de la philosophie allemande contemporaines1 ? L’une des caractéristiques de
5 caractéristiques de notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous
6 ans doute le besoin qu’il a de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de plus en plus, à discute
7 oppositions qui n’existent, en réalité, que dans la mesure où l’on est décidé à refuser tous les conflits concrets et les
8 qui n’existent, en réalité, que dans la mesure où l’ on est décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu
9 dans la mesure où l’on est décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu’ils comportent. Nous refusons t
10 st décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu’ils comportent. Nous refusons toute problématique dans l
11 d’aller plus loin, cherchons donc à serrer un peu les deux termes de notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos
12 s faut tout de suite dissiper un malentendu : par le terme d’humanisme, on se borne trop souvent encore, en France, à dési
13 borne trop souvent encore, en France, à désigner la culture gréco-latine. Nous n’avons pas, bien entendu, à discuter ici
14 e. Nous n’avons pas, bien entendu, à discuter ici la question des humanités. Nous prendrons le mot humanisme au sens plus
15 ter ici la question des humanités. Nous prendrons le mot humanisme au sens plus général, non moins précis, qui désigne une
16 vie — politique, économique, éthique — fondée sur la croyance au salut de l’homme par les seules forces humaines. Croyance
17 que, éthique — fondée sur la croyance au salut de l’ homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoureuse
18 — fondée sur la croyance au salut de l’homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoureusement au chris
19 oureusement au christianisme, s’il est avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi
20 isme, s’il est avant tout la croyance au salut de l’ homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, mar
21 st avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bie
22 alut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de salut. Certain
23 me par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes l
24 e Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons- le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diro
25 -le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diront que, là où le chrétien parle de salut, eux se
26 s humanistes le nieront. Ils me diront que, là où le chrétien parle de salut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des
27 tien parle de salut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des hommes, la justice. Faut-il voir là autre chose qu’une qu
28 x se bornent à revendiquer le bonheur des hommes, la justice. Faut-il voir là autre chose qu’une question de mots ? Dans l
29 re cas, il s’agit bel et bien de savoir quel sens l’ homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre pour mieux vivre. M
30 doit vivre pour mieux vivre. Mais alors, en quoi les deux conceptions s’opposent-elles si radicalement ? C’est en ceci que
31 t-elles si radicalement ? C’est en ceci que, pour les uns, le salut est transcendant à l’humanité, pour les autres, immanen
32 i radicalement ? C’est en ceci que, pour les uns, le salut est transcendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les h
33 ci que, pour les uns, le salut est transcendant à l’ humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes accusent les chrét
34 uns, le salut est transcendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte d
35 scendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les acc
36 our les autres, immanent. Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à
37 ccusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispense de
38 sent d’avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispense de mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les acc
39 mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de faire appel à une Volonté dont l’opération, à leurs yeux,
40 ls les accusent de faire appel à une Volonté dont l’ opération, à leurs yeux, anéantit celle de la volonté humaine, ou la r
41 dont l’opération, à leurs yeux, anéantit celle de la volonté humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les accus
42 rs yeux, anéantit celle de la volonté humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’homme
43 maine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un « arriè
44 ent vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’ homme par la promesse débilitante d’un « arrière-monde » qui serait co
45 n somme, ils les accusent de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un « arrière-monde » qui serait comme une reva
46 monde » qui serait comme une revanche contre tout l’ imparfait de « ce bas-monde », mais une revanche à bon marché, permett
47 leuse économie d’énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, les chrétiens répondent 
48 de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’ homme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’homme s’aimerait
49 , le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’homme s’aimerait-il lui-même mieux qu
50 mme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’ homme s’aimerait-il lui-même mieux que Dieu, son créateur, ne l’aime ?
51 rait-il lui-même mieux que Dieu, son créateur, ne l’ aime ? Car Dieu seul connaît l’homme dans son origine et dans sa fin.
52 , son créateur, ne l’aime ? Car Dieu seul connaît l’ homme dans son origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé » de Die
53 connaît l’homme dans son origine et dans sa fin. L’ homme étant « séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste
54  » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché « originel » — il en résulte qu’il ne peut plus se connaître en
55 même. Il ne peut plus connaître son bien. Il pose les questions les plus absurdes et les plus insolubles, par exemple : il
56 ut plus connaître son bien. Il pose les questions les plus absurdes et les plus insolubles, par exemple : il ne sait même p
57 bien. Il pose les questions les plus absurdes et les plus insolubles, par exemple : il ne sait même pas pourquoi il est au
58 i rime cette horrible « Histoire », illustrée par les plus sanglants malentendus, sans cesse renaissants. Il a l’impression
59 nglants malentendus, sans cesse renaissants. Il a l’ impression d’avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heur
60 esse renaissants. Il a l’impression d’avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une e
61 mme une effroyable tragi-comédie. Au fond, ce que l’ homme ignore, ce sont les choses les plus importantes du monde : l’ori
62 -comédie. Au fond, ce que l’homme ignore, ce sont les choses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son exi
63 u fond, ce que l’homme ignore, ce sont les choses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son existence terr
64 e sont les choses les plus importantes du monde : l’ origine et la fin de son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croie
65 oses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir le
66 nce terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoir de sauver l’homme en se fondant sur l’homme sont semblables,
67 rs, ceux qui croient détenir le pouvoir de sauver l’ homme en se fondant sur l’homme sont semblables, aux yeux du chrétien,
68 ir le pouvoir de sauver l’homme en se fondant sur l’ homme sont semblables, aux yeux du chrétien, à ce fameux baron de Crac
69 ait se tirer alors d’un puits en se soulevant par la chevelure. 3. Humanisme contre christianisme, n’est-ce donc qu’un con
70 our, assez touchant ? Est-ce à celui qui soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à tenir pour malade actuellement ?
71 st-ce à celui qui soignera le mieux cet homme que l’ on s’accorde à tenir pour malade actuellement ? Aux yeux de certains h
72 umanistes, peut-être. Aux yeux du chrétien, non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lu
73 du chrétien, non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation, à pri
74 non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’ humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation, à priori fondamen
75 i une sorte d’obligation, à priori fondamentale : l’ humanisme c’est le péché même, si l’on peut définir le péché par la vo
76 gation, à priori fondamentale : l’humanisme c’est le péché même, si l’on peut définir le péché par la volonté, naturelle à
77 ondamentale : l’humanisme c’est le péché même, si l’ on peut définir le péché par la volonté, naturelle à l’homme, d’agir p
78 manisme c’est le péché même, si l’on peut définir le péché par la volonté, naturelle à l’homme, d’agir pour soi, et non po
79 le péché même, si l’on peut définir le péché par la volonté, naturelle à l’homme, d’agir pour soi, et non pour Dieu. C’es
80 peut définir le péché par la volonté, naturelle à l’ homme, d’agir pour soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de
81 oi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’ humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère
82 ’est maintenant au tour de l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refu
83 de l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepter, dans tout
84 te d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepter, dans toute sa violenc
85 me qui refuse d’accepter, dans toute sa violence, la question que lui pose sans cesse la crise perpétuelle du monde. Et l
86 sa violence, la question que lui pose sans cesse la crise perpétuelle du monde. Et l’antagonisme des deux attitudes pren
87 ose sans cesse la crise perpétuelle du monde. Et l’ antagonisme des deux attitudes prend une forme encore plus précise, il
88 s prend une forme encore plus précise, il devient l’ antagonisme de deux volontés qui ne s’opposent pas front à front sur l
89 volontés qui ne s’opposent pas front à front sur le même plan, mais qui se coupent perpendiculairement. Chez les chrétien
90 an, mais qui se coupent perpendiculairement. Chez les chrétiens, volonté de se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les hum
91 chrétiens, volonté de se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à
92 olonté de se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le
93 nté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien absolu. C’est ici que no
94 de vivre à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de
95 out prix, le plus possible, comme si la vie était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique quo
96 t le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste va chercher une solution h
97 bsolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’ éthique quotidienne. L’humaniste va chercher une solution humaine qui
98 us entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne. L’ humaniste va chercher une solution humaine qui lui permettra d’assurer
99 permettra d’assurer ce bien absolu qu’est sa vie. Le chrétien va chercher à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mép
100 sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les
101 ême au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’ attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait
102 ttitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un révolutionnaire, l’homme du risque opposé à
103 ous les domaines, fait de lui un révolutionnaire, l’ homme du risque opposé à l’homme des assurances. Car l’humanisme n’est
104 ui un révolutionnaire, l’homme du risque opposé à l’ homme des assurances. Car l’humanisme n’est, aux yeux de la foi, qu’un
105 me du risque opposé à l’homme des assurances. Car l’ humanisme n’est, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’assuran
106 es assurances. Car l’humanisme n’est, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’assurance-vie. L’humaniste pourra répo
107 la foi, qu’une vaste entreprise d’assurance-vie. L’ humaniste pourra répondre qu’à ses yeux, le christianisme n’est qu’une
108 e-vie. L’humaniste pourra répondre qu’à ses yeux, le christianisme n’est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est au
109 hristianisme n’est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est aussi misérable qu’injurieux, si l’on songe que ce « par
110 le reproche est aussi misérable qu’injurieux, si l’ on songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas du mépris des garan
111 tre payé ici-bas du mépris des garanties humaines les plus élémentaires, — et toute l’histoire des martyrs en témoigne. Un
112 anties humaines les plus élémentaires, — et toute l’ histoire des martyrs en témoigne. Un chrétien est un être qui joue tou
113 moigne. Un chrétien est un être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contre toute vraisemblance. Prenon
114 n être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’ invisible, contre toute vraisemblance. Prenons des exemples concrets.
115 ets. Un chrétien qui contracte une assurance sur la vie n’est plus un chrétien à cet instant et dans cet acte ; il agit e
116 aniste. Il témoigne de sa défiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un autre exemple. Un chrétien qu
117 échoit un « bonheur » imprévu, pousse en réalité le cri d’un humaniste, c’est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absol
118 d’un humaniste, c’est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et de même un chrétien q
119 à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des au
120 homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non l’ obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des autres ou parl
121  porte un jugement d’humaniste, mange du fruit de l’ arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme
122 ugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme pieux qui p
123 connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’ homme pieux qui prie pour demander à Dieu des « avantages » humains. (
124 r à Dieu des « avantages » humains. (Comment donc les connaîtrait-il ? Comment pourrait-il les nommer, s’il n’a d’abord che
125 ent donc les connaîtrait-il ? Comment pourrait-il les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté de Dieu, si souvent contr
126 pourrait-il les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté de Dieu, si souvent contraire à la sienne ?) Prier pour qu’il
127 aniste. Si je vous donne ces exemples, c’est dans l’ espoir de provoquer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de v
128 de provoquer quelques réactions. C’est aussi dans l’ espoir de vous faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’êtr
129 l’espoir de vous faire mieux sentir à quel point l’ humanisme, loin d’être une simple conception philosophique, est une at
130 conception philosophique, est une attitude devant la « vie pratique » — comme on dit, mais y en a-t-il une autre ? —, une
131 autre ? —, une attitude qui se mêle constamment à l’ existence des chrétiens eux-mêmes. Ce n’est pas à dire que l’humanism
132 des chrétiens eux-mêmes. Ce n’est pas à dire que l’ humanisme n’ait pas ses doctrines, et même une expression politique co
133 ne expression politique cohérente. On a cité dans les Débats, ces jours derniers, les écrits de MM. Fernandez2 et Guéhenno.
134 e. On a cité dans les Débats, ces jours derniers, les écrits de MM. Fernandez2 et Guéhenno. Si intéressants et précis que s
135 nno. Si intéressants et précis que soit l’un dans le détail de sa dialectique critique, et si généreux que se veuille le s
136 », il ne semble pas que ces deux auteurs aient eu le courage d’aller jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du tra
137 ières conséquences de leur refus du transcendant. Le communisme seul a poussé jusqu’aux réalisations effectives que semble
138 que semble devoir commander une foi véritable en l’ humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La se
139 e devoir commander une foi véritable en l’humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentat
140 une foi véritable en l’humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement con
141 unisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour soustraire l’hom
142 e pleinement consciente et avouée pour soustraire l’ homme à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’homme con
143 e l’homme à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’homme considéré comme autonome, et « calculable » humaine
144 on créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’ homme considéré comme autonome, et « calculable » humainement. Le Plan
145 ré comme autonome, et « calculable » humainement. Le Plan est d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’assurance-vie
146 culable » humainement. Le Plan est d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’assurance-vie que l’humanité ait jamais
147 la plus formidable entreprise d’assurance-vie que l’ humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que le « marxisme-léninis
148 ’humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que le « marxisme-léninisme » peut être opposé utilement au christianisme, c
149 t féconde. Mais en face de ce triomphe humaniste, le chrétien ne pourrait-il pas relever maintenant la vraie défense de l’
150 le chrétien ne pourrait-il pas relever maintenant la vraie défense de l’homme, lieu naturel du nécessaire conflit de l’ang
151 ait-il pas relever maintenant la vraie défense de l’ homme, lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’
152 de l’homme, lieu naturel du nécessaire conflit de l’ ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux confli
153 ieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturels.
154 l du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’ homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturels. Il vit dan
155 — se dit-on — ni luttes sociales, ni lutte contre la nature définitivement asservie. Cet homme sera-t-il encore humain ? Q
156 une fois son triomphe assuré par sa victoire sur les difficultés naturelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’être
157 ficultés naturelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Ser
158 a-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un homme ? L’ homme chrétien est à la fois ange et bête. Dans ce conflit perpétuel,
159 il trouve sa joie et sa souffrance — peu importe le nom qu’il leur donne ; — il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire
160 de lutter pour devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever
161 ur devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’ humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’homme tou
162 triomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’ homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandon
163 ver à l’homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, u
164 toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’ homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, un suicide sup
165 1. Existentielle, c’est-à-dire : qui concerne «  l’ existence » de chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans
166 exigeant une décision. 2. Ch. Westphal rappelait la phrase de Fernandez : « Le chrétien est un embusqué de l’infini. » a
167 Ch. Westphal rappelait la phrase de Fernandez : «  Le chrétien est un embusqué de l’infini. » a. Rougemont Denis de, « Hu
168 e de Fernandez : « Le chrétien est un embusqué de l’ infini. » a. Rougemont Denis de, « Humanisme et christianisme », Le
169 ugemont Denis de, « Humanisme et christianisme », Le Semeur, Paris, mars 1933, p. 286-293. b. La première note indique :
170 e : « Introduction à une discussion organisée par la fédération au Foyer international, le 15 janvier 1933. » Le Foyer int
171 ganisée par la fédération au Foyer international, le 15 janvier 1933. » Le Foyer international se situe alors à Paris, au
172 ion au Foyer international, le 15 janvier 1933. » Le Foyer international se situe alors à Paris, au boulevard Saint-Michel
2 1934, Le Semeur, articles (1933–1949). Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)
173 Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)c d L’œuvre de M. Maurice Gogu
174 Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)c d L’ œuvre de M. Maurice Goguel, directeur à l’École des hautes études, est
175 )c d L’œuvre de M. Maurice Goguel, directeur à l’ École des hautes études, est déjà fort importante et fait de son auteu
176 s, est déjà fort importante et fait de son auteur le maître incontesté de nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’œuvr
177 esté de nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’ œuvre d’un savant spécialisé, au premier chef, mais dans un domaine su
178 ef, mais dans un domaine susceptible d’intéresser le plus large public. On se souvient de l’ouvrage décisif que M. Goguel
179 ntéresser le plus large public. On se souvient de l’ ouvrage décisif que M. Goguel publia contre les thèses de M. Couchoud3
180 de l’ouvrage décisif que M. Goguel publia contre les thèses de M. Couchoud3. Plus récemment, il nous donnait une volumineu
181 nous donnait une volumineuse Vie de Jésus 4 dont le succès fut grand et les conclusions vivement discutées. L’ouvrage qu’
182 ineuse Vie de Jésus 4 dont le succès fut grand et les conclusions vivement discutées. L’ouvrage qu’il nous donne aujourd’hu
183 fut grand et les conclusions vivement discutées. L’ ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésu
184 utées. L’ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésus, et les questions qu’il pose n’apparaisse
185 ujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésus, et les questions qu’il pose n’apparaissent pas moins passionnantes. Quelle f
186 ’apparaissent pas moins passionnantes. Quelle fut la genèse psychologique et historique de la croyance à la résurrection d
187 elle fut la genèse psychologique et historique de la croyance à la résurrection de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel défin
188 nèse psychologique et historique de la croyance à la résurrection de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel définit l’objet de
189 tion de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel définit l’ objet de sa recherche, en insistant sur le fait que la description qu’
190 définit l’objet de sa recherche, en insistant sur le fait que la description qu’il va donner ne saurait être prise pour un
191 jet de sa recherche, en insistant sur le fait que la description qu’il va donner ne saurait être prise pour une explicatio
192 ette modestie ne soit un peu trop ambitieuse. Car l’ hypothèse de travail que M. Goguel adopte au départ revêt bel et bien
193 que M. Goguel adopte au départ revêt bel et bien la forme d’une explication de cause à effet. On pense couramment, dit-il
194 e cause à effet. On pense couramment, dit-il, que la foi chrétienne est née parce que le tombeau de Jésus fut trouvé vide.
195 , dit-il, que la foi chrétienne est née parce que le tombeau de Jésus fut trouvé vide. Mais il se pourrait qu’au contraire
196 . Mais il se pourrait qu’au contraire, on ait cru le tombeau vide à cause de la foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus
197 contraire, on ait cru le tombeau vide à cause de la foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus. L’Histoire est-elle cause
198 le tombeau vide à cause de la foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effet de la foi ?
199 de la foi qu’on avait en la vie céleste de Jésus. L’ Histoire est-elle cause ou effet de la foi ? M. Goguel incline vers l’
200 e de Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effet de la foi ? M. Goguel incline vers l’effet. Suivons-le dans sa déduction. D
201 cause ou effet de la foi ? M. Goguel incline vers l’ effet. Suivons-le dans sa déduction. Dans une première partie qui décr
202 la foi ? M. Goguel incline vers l’effet. Suivons- le dans sa déduction. Dans une première partie qui décrit d’une façon re
203 remière partie qui décrit d’une façon remarquable les diverses formes de la croyance à la résurrection chez Paul et Jean, p
204 it d’une façon remarquable les diverses formes de la croyance à la résurrection chez Paul et Jean, puis chez les rédacteur
205 remarquable les diverses formes de la croyance à la résurrection chez Paul et Jean, puis chez les rédacteurs des évangile
206 ce à la résurrection chez Paul et Jean, puis chez les rédacteurs des évangiles, enfin chez les premiers pères, M. Goguel me
207 oguel met en lumière une évolution constante dans le sens prévu par son hypothèse, une concrétisation toujours plus rigour
208 oncrétisation toujours plus rigoureuse du fait de la résurrection. Il lui reste alors, dans une deuxième partie, à défaire
209 , avec une sorte de minutieuse indifférence, tous les récits bibliques relatifs à la sépulture, au tombeau vide, aux appari
210 ndifférence, tous les récits bibliques relatifs à la sépulture, au tombeau vide, aux apparitions et à l’Ascension. Et voic
211 sépulture, au tombeau vide, aux apparitions et à l’ Ascension. Et voici à quelles conclusions il aboutit : Alors qu’à l’o
212 ci à quelles conclusions il aboutit : Alors qu’à l’ origine, on avait dit : « Le tombeau est vide parce que Jésus est viva
213 aboutit : Alors qu’à l’origine, on avait dit : «  Le tombeau est vide parce que Jésus est vivant au ciel », les prédicateu
214 au est vide parce que Jésus est vivant au ciel », les prédicateurs ont dû dire : « Jésus est vivant au ciel, et la preuve,
215 eurs ont dû dire : « Jésus est vivant au ciel, et la preuve, c’est que sa tombe s’est trouvée vide ». Et l’on a spontanéme
216 euve, c’est que sa tombe s’est trouvée vide ». Et l’ on a spontanément imaginé les conditions dans lesquelles les femmes, v
217 st trouvée vide ». Et l’on a spontanément imaginé les conditions dans lesquelles les femmes, venues au sépulcre, n’avaient
218 ontanément imaginé les conditions dans lesquelles les femmes, venues au sépulcre, n’avaient pas trouvé le corps de Jésus. C
219 femmes, venues au sépulcre, n’avaient pas trouvé le corps de Jésus. Cette création s’est faite sans qu’il soit nécessaire
220 ffirmations aussi déconcertantes et aussi graves, le lecteur se sent autorisé à la plus grande exigence critique. À vrai d
221 es et aussi graves, le lecteur se sent autorisé à la plus grande exigence critique. À vrai dire, M. Goguel ne paraît pas s
222 e justifier sa méthode. Il n’est pas trop aisé de la définir. Elle recourt avant tout à la critique interne des textes, ma
223 rop aisé de la définir. Elle recourt avant tout à la critique interne des textes, mais aussi, nous venons de le voir, à de
224 ue interne des textes, mais aussi, nous venons de le voir, à des données psychologiques et historiques dont le dosage et l
225 à des données psychologiques et historiques dont le dosage et la valeur sont très variables. Il semble qu’un de ses princ
226 s psychologiques et historiques dont le dosage et la valeur sont très variables. Il semble qu’un de ses principes soit l’é
227 variables. Il semble qu’un de ses principes soit l’ élimination de tout ce qui, dans le texte biblique, paraît en soi cont
228 principes soit l’élimination de tout ce qui, dans le texte biblique, paraît en soi contradictoire ou invraisemblable ; mai
229 part, M. Goguel récuse beaucoup de passages pour la raison qu’ils s’expliquent trop bien. En somme, il adopte à peu près
230 liquent trop bien. En somme, il adopte à peu près l’ attitude d’un juge d’instruction qui aurait choisi comme prévenus les
231 ge d’instruction qui aurait choisi comme prévenus les auteurs anonymes des évangiles et du livre des Actes. La méfiance règ
232 urs anonymes des évangiles et du livre des Actes. La méfiance règne en permanence dans son esprit : mais c’est une attitud
233 ientifique » nullement sceptique ; c’est même, si l’ on veut, une façon paradoxale de donner tout leur prix aux quelques fa
234 tout leur prix aux quelques faits qui résistent à l’ érosion critique, et qui permettent alors de réfuter M. Couchoud. Diro
235 que cette méfiance méthodique suffit à convaincre le lecteur qu’il s’agit bien ici d’une science ? Il y a deux raisons d’e
236 y a deux raisons d’en douter. La première, c’est l’ extrême diversité des conjectures formées par les savants contemporain
237 t l’extrême diversité des conjectures formées par les savants contemporains, à l’aide de la même méthode appliquée aux même
238 ormées par les savants contemporains, à l’aide de la même méthode appliquée aux mêmes endroits du texte. La comparaison de
239 me méthode appliquée aux mêmes endroits du texte. La comparaison de ces conjectures fait soupçonner très vite leur gratuit
240 ite leur gratuité ; surtout, elle fait apparaître le rôle de l’interprétation psychologique, et c’est là le second obstacl
241 atuité ; surtout, elle fait apparaître le rôle de l’ interprétation psychologique, et c’est là le second obstacle. M. Gogue
242 us paraissent souvent bien pauvres. Qu’est-ce que la vraisemblance, en psychologie, sinon le triomphe du conventionnel ? Q
243 st-ce que la vraisemblance, en psychologie, sinon le triomphe du conventionnel ? Quand on compare les résultats obtenus pa
244 n le triomphe du conventionnel ? Quand on compare les résultats obtenus par M. Goguel, avec le texte biblique intégral, on
245 compare les résultats obtenus par M. Goguel, avec le texte biblique intégral, on est frappé de voir que le récit se trouve
246 exte biblique intégral, on est frappé de voir que le récit se trouve, dans tous les cas, affadi et banalisé. Si l’on voit
247 frappé de voir que le récit se trouve, dans tous les cas, affadi et banalisé. Si l’on voit bien ce qui pouvait pousser les
248 trouve, dans tous les cas, affadi et banalisé. Si l’ on voit bien ce qui pouvait pousser les auteurs primitifs à colorer le
249 analisé. Si l’on voit bien ce qui pouvait pousser les auteurs primitifs à colorer leur relation, on voit mieux encore le pr
250 ifs à colorer leur relation, on voit mieux encore le préjugé moderne qui pousse M. Goguel à les décolorer. Et l’on se dema
251 encore le préjugé moderne qui pousse M. Goguel à les décolorer. Et l’on se demande ce qui subsisterait de ses conclusions
252 moderne qui pousse M. Goguel à les décolorer. Et l’ on se demande ce qui subsisterait de ses conclusions si on leur appliq
253 isterait de ses conclusions si on leur appliquait les critères dont il use envers l’Évangile. (Qu’on se rappelle la plaisan
254 n leur appliquait les critères dont il use envers l’ Évangile. (Qu’on se rappelle la plaisanterie fameuse parmi les étudian
255 dont il use envers l’Évangile. (Qu’on se rappelle la plaisanterie fameuse parmi les étudiants, qui consiste à démontrer pa
256 (Qu’on se rappelle la plaisanterie fameuse parmi les étudiants, qui consiste à démontrer par la méthode historico-psycholo
257 parmi les étudiants, qui consiste à démontrer par la méthode historico-psychologique l’inauthenticité probable d’un profes
258 démontrer par la méthode historico-psychologique l’ inauthenticité probable d’un professeur.) M. Goguel ne fait-il pas com
259 fait-il pas comme les premiers croyants — et avec la même bonne foi — de la rétrohistoire, de l’imagerie psychologique ? J
260 remiers croyants — et avec la même bonne foi — de la rétrohistoire, de l’imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité
261 avec la même bonne foi — de la rétrohistoire, de l’ imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité de ce reproche. Mais
262 toire, de l’imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité de ce reproche. Mais M. Goguel semble d’avance l’avoir minimi
263 té de ce reproche. Mais M. Goguel semble d’avance l’ avoir minimisé, en réduisant toute son œuvre aux proportions d’une gén
264 se bornant à réfuter des textes sans préjuger de la réalité des faits. Minimiser ! telle pourrait être la devise de l’éco
265 éalité des faits. Minimiser ! telle pourrait être la devise de l’école illustrée par M. Goguel. Il répondra que c’est au b
266 its. Minimiser ! telle pourrait être la devise de l’ école illustrée par M. Goguel. Il répondra que c’est au bénéfice du vr
267 ai. Mais il faudrait alors déclarer ses critères. La vérité psychologique, telle que la conçoivent les historiens, me para
268 ses critères. La vérité psychologique, telle que la conçoivent les historiens, me paraît particulièrement improbable. Tou
269 La vérité psychologique, telle que la conçoivent les historiens, me paraît particulièrement improbable. Tout en admirant à
270 rement improbable. Tout en admirant à chaque page l’ ingéniosité et la science de M. Goguel, on se sent parfois gêné par l’
271 . Tout en admirant à chaque page l’ingéniosité et la science de M. Goguel, on se sent parfois gêné par l’anachronisme évid
272 science de M. Goguel, on se sent parfois gêné par l’ anachronisme évident de ses jugements psychologiques. Il y a là un pro
273 le irrésistiblement celui de certains humoristes. Les rédacteurs des évangiles étaient-ils vraiment si « bourgeois », si pr
274 ls pas, bien plus que nous, capables de voir dans les contradictions mêmes d’un récit, la marque de la vie et des passions 
275 de voir dans les contradictions mêmes d’un récit, la marque de la vie et des passions ? Prenons, à peu près au hasard, l’e
276 les contradictions mêmes d’un récit, la marque de la vie et des passions ? Prenons, à peu près au hasard, l’exemple de Mar
277 et des passions ? Prenons, à peu près au hasard, l’ exemple de Marc, chapitre 16. De ce que l’ange qui apparaît au tombeau
278 hasard, l’exemple de Marc, chapitre 16. De ce que l’ ange qui apparaît au tombeau vide rassure les femmes, au verset 6, alo
279 e que l’ange qui apparaît au tombeau vide rassure les femmes, au verset 6, alors qu’elles s’enfuient épouvantées, au verset
280 remier de ces versets a été ajouté après coup. Il le retranche donc. Cela fait, nous dit-il, « le récit est bien homogène 
281 . Il le retranche donc. Cela fait, nous dit-il, «  le récit est bien homogène ». Certes. Mais qu’on imagine un groupe de fe
282 oupe de femmes qui pénètrent dans un tombeau, qui le trouvent vide, qui voient un ange, et voici que cet ange leur parle !
283 oient un ange, et voici que cet ange leur parle ! Les réactions de ces femmes n’auront probablement rien d’homogène et sero
284 même plus contradictoires qu’aucun récit ne peut le faire sentir. Ces réserves faites sur la méthode, il reste que les co
285 ne peut le faire sentir. Ces réserves faites sur la méthode, il reste que les conclusions négatives de M. Goguel sont loi
286 Ces réserves faites sur la méthode, il reste que les conclusions négatives de M. Goguel sont loin d’être aussi ruineuses p
287 e M. Goguel sont loin d’être aussi ruineuses pour la foi que beaucoup de croyants ne le craignent. Pour deux raisons. La p
288 ruineuses pour la foi que beaucoup de croyants ne le craignent. Pour deux raisons. La première, qu’il indique lui-même, c’
289 l indique lui-même, c’est que, du point de vue de la foi vivante, les postulats critiques de l’auteur n’ont aucune force d
290 me, c’est que, du point de vue de la foi vivante, les postulats critiques de l’auteur n’ont aucune force de contrainte. C’e
291 vue de la foi vivante, les postulats critiques de l’ auteur n’ont aucune force de contrainte. C’est l’Écriture et le dogme
292 l’auteur n’ont aucune force de contrainte. C’est l’ Écriture et le dogme qui les jugent, et non l’inverse, comme l’a fort
293 t aucune force de contrainte. C’est l’Écriture et le dogme qui les jugent, et non l’inverse, comme l’a fort bien montré Ma
294 e de contrainte. C’est l’Écriture et le dogme qui les jugent, et non l’inverse, comme l’a fort bien montré Max Dominicé à p
295 est l’Écriture et le dogme qui les jugent, et non l’ inverse, comme l’a fort bien montré Max Dominicé à propos de Calvine.
296 le dogme qui les jugent, et non l’inverse, comme l’ a fort bien montré Max Dominicé à propos de Calvine. La seconde, c’est
297 La seconde, c’est que M. Goguel, loin d’attaquer les dogmes, ne démolit que les preuves matérielles dont l’esprit humain v
298 oguel, loin d’attaquer les dogmes, ne démolit que les preuves matérielles dont l’esprit humain voudrait toujours les faire
299 gmes, ne démolit que les preuves matérielles dont l’ esprit humain voudrait toujours les faire dépendre. Il nous rappelle a
300 atérielles dont l’esprit humain voudrait toujours les faire dépendre. Il nous rappelle ainsi que la foi véritable est celle
301 rs les faire dépendre. Il nous rappelle ainsi que la foi véritable est celle qui croit sans avoir vu. Sa position nous par
302 s modernes qui ont voulu déduire de leur critique la relativité des articles de foi, M. Goguel cherche à débarrasser la fo
303 articles de foi, M. Goguel cherche à débarrasser la foi de la relativité des preuves historiques. En nous montrant qu’ell
304 de foi, M. Goguel cherche à débarrasser la foi de la relativité des preuves historiques. En nous montrant qu’elles peuvent
305 ine d’ailleurs certaines objections classiques de l’ incroyance (l’assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du Die
306 certaines objections classiques de l’incroyance ( l’ assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du Dieu mort et ress
307 ons classiques de l’incroyance (l’assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du Dieu mort et ressuscité, en particu
308 suscité, en particulier). Pour M. Maurice Goguel, la foi a déformé l’Histoire. Que l’on réforme cette histoire, cela ne sa
309 culier). Pour M. Maurice Goguel, la foi a déformé l’ Histoire. Que l’on réforme cette histoire, cela ne saurait être au dét
310 Maurice Goguel, la foi a déformé l’Histoire. Que l’ on réforme cette histoire, cela ne saurait être au détriment de la foi
311 te histoire, cela ne saurait être au détriment de la foi. Car l’office de la foi n’est pas de nous fournir une explication
312 cela ne saurait être au détriment de la foi. Car l’ office de la foi n’est pas de nous fournir une explication probante du
313 rait être au détriment de la foi. Car l’office de la foi n’est pas de nous fournir une explication probante du miracle ; e
314 e preuve humaine ne peut réellement appuyer ; car l’ œuvre de la chair, c’est de refuser Dieu, même alors qu’il se rend vis
315 maine ne peut réellement appuyer ; car l’œuvre de la chair, c’est de refuser Dieu, même alors qu’il se rend visible. Et ce
316 rs qu’il se rend visible. Et ce n’est point parmi les morts qu’il nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’économ
317 st point parmi les morts qu’il nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’économie des fausses preuves, telle para
318 nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’ économie des fausses preuves, telle paraît être, en fin de compte, la
319 ses preuves, telle paraît être, en fin de compte, la justification de la critique historique. C’est dire qu’elle triomphe
320 araît être, en fin de compte, la justification de la critique historique. C’est dire qu’elle triomphe en général au terme
321 ot. c. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Sur la méthode de M. Goguel », Le Semeur, Paris, novembre 1934, p. 29-35. d
322 , « [Compte rendu] Sur la méthode de M. Goguel », Le Semeur, Paris, novembre 1934, p. 29-35. d. Il s’agit d’une note crit
323 4, p. 29-35. d. Il s’agit d’une note critique de La Foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif, de Mau
324 35. d. Il s’agit d’une note critique de La Foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif, de Maurice Gogu
325 ritique de La Foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif, de Maurice Goguel, publié à la Librairie Erne
326 ristianisme primitif, de Maurice Goguel, publié à la Librairie Ernest Leroux. e. Voir le compte rendu que Rougemont fait
327 el, publié à la Librairie Ernest Leroux. e. Voir le compte rendu que Rougemont fait de L’Humanité de Jésus d’après Calvin
328 x. e. Voir le compte rendu que Rougemont fait de L’ Humanité de Jésus d’après Calvin de Max Dominicé.
3 1935, Le Semeur, articles (1933–1949). La cité (avril-mai 1935)
329 La cité (avril-mai 1935)f Quand on m’a proposé ce titre, j’ai tout d’
330 roposé ce titre, j’ai tout d’abord été frappé par le léger anachronisme de ce petit mot de cité. Une image s’est immédiate
331 mage s’est immédiatement formée devant mes yeux : l’ image d’un clerc en vêtements moyenâgeux circulant dans les perspectiv
332 d’un clerc en vêtements moyenâgeux circulant dans les perspectives d’un tableau de maître italien. La somme de saint Thomas
333 les perspectives d’un tableau de maître italien. La somme de saint Thomas sous le bras, mon chrétien arpentait les portiq
334 de maître italien. La somme de saint Thomas sous le bras, mon chrétien arpentait les portiques d’une de ces villes du Qua
335 saint Thomas sous le bras, mon chrétien arpentait les portiques d’une de ces villes du Quattrocento, où tout était bâti à l
336 ces villes du Quattrocento, où tout était bâti à la mesure de l’homme, où tout, — sauf les églises, — semblait avoir été
337 u Quattrocento, où tout était bâti à la mesure de l’ homme, où tout, — sauf les églises, — semblait avoir été conçu pour de
338 tait bâti à la mesure de l’homme, où tout, — sauf les églises, — semblait avoir été conçu pour demeurer à portée de la main
339 emblait avoir été conçu pour demeurer à portée de la main, dans les limites où le pouvoir d’une vocation peut s’exercer. J
340 été conçu pour demeurer à portée de la main, dans les limites où le pouvoir d’une vocation peut s’exercer. Je voyais cette
341 demeurer à portée de la main, dans les limites où le pouvoir d’une vocation peut s’exercer. Je voyais cette ville, où tout
342 s’exercer. Je voyais cette ville, où tout portait les marques des pensées qu’agitait cet homme ; cette ville habitée et gou
343 ée et gouvernée par des chrétiens ; cette cité où le clerc, le magistrat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le mê
344 ernée par des chrétiens ; cette cité où le clerc, le magistrat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le même langage
345 rétiens ; cette cité où le clerc, le magistrat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le même langage ; cette unité v
346 ù le clerc, le magistrat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le même langage ; cette unité vivante, cette communau
347 strat et le marchand adoraient le même Dieu, dans le même langage ; cette unité vivante, cette communauté où toute pensée
348 ent, où il était normal, salutaire et logique que les choses s’ordonnent à l’homme, et que l’homme s’ordonne à son Dieu. Te
349 salutaire et logique que les choses s’ordonnent à l’ homme, et que l’homme s’ordonne à son Dieu. Tel était donc mon rêve, m
350 ique que les choses s’ordonnent à l’homme, et que l’ homme s’ordonne à son Dieu. Tel était donc mon rêve, mon imagination d
351 Dieu. Tel était donc mon rêve, mon imagination de l’ homme chrétien dans la cité chrétienne. Quelques jours plus tard, je
352 on rêve, mon imagination de l’homme chrétien dans la cité chrétienne. Quelques jours plus tard, je me vis obligé de trave
353 s plus tard, je me vis obligé de traverser à pied la banlieue parisienne. C’était du côté des faubourgs qui portent ce nom
354 range du Kremlin-Bicêtre… Et je pus constater que les données du problème avaient un peu changé, — si vous me permettez cet
355 — si vous me permettez cet euphémisme académique. Les termes de chrétien et de cité, qui, dans l’image moyenâgeuse me parai
356 que. Les termes de chrétien et de cité, qui, dans l’ image moyenâgeuse me paraissaient se correspondre et s’ordonner si sim
357 donner si simplement, me semblèrent soudain, dans la réalité des villes modernes, privés de toute espèce de commune mesure
358 un devenait tout petit, l’autre énorme. En effet, la cité d’aujourd’hui est quelque chose de littéralement démesuré, un en
359 . Un jeu secret qui se joue sur nos têtes et dont la Presse nous donne l’image conventionnelle. Entre les forces qui domin
360 e joue sur nos têtes et dont la Presse nous donne l’ image conventionnelle. Entre les forces qui dominent la cité, et les h
361 Presse nous donne l’image conventionnelle. Entre les forces qui dominent la cité, et les hommes qui habitent la cité, il n
362 ge conventionnelle. Entre les forces qui dominent la cité, et les hommes qui habitent la cité, il n’y a plus aucune propor
363 nnelle. Entre les forces qui dominent la cité, et les hommes qui habitent la cité, il n’y a plus aucune proportion. Mais ce
364 qui dominent la cité, et les hommes qui habitent la cité, il n’y a plus aucune proportion. Mais ce n’est pas la cité seul
365 l n’y a plus aucune proportion. Mais ce n’est pas la cité seule qui a changé. En même temps qu’elle cessait d’être proport
366 même temps qu’elle cessait d’être proportionnée à la mesure de l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je
367 ’elle cessait d’être proportionnée à la mesure de l’ homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai p
368 sait d’être proportionnée à la mesure de l’homme, l’ homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai personne s
369 à la mesure de l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai personne si je constate que dans l’h
370 e l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai personne si je constate que dans l’humanité conte
371 . Je n’étonnerai personne si je constate que dans l’ humanité contemporaine, le chrétien n’est plus le type normal. Il tend
372 si je constate que dans l’humanité contemporaine, le chrétien n’est plus le type normal. Il tend à devenir l’exception. C’
373 l’humanité contemporaine, le chrétien n’est plus le type normal. Il tend à devenir l’exception. C’est tout juste, déjà, s
374 tien n’est plus le type normal. Il tend à devenir l’ exception. C’est tout juste, déjà, s’il n’est pas un scandale. Quand i
375 pas un scandale. Quand il se tient tranquille, on le tolère en souriant. On ira même jusqu’à respecter ses vertus, à condi
376 n toutefois qu’elles se confondent avec celles de la bourgeoisie. Et maintenant nous comprendrons peut-être mieux le sens
377 . Et maintenant nous comprendrons peut-être mieux le sens concret de la question, à laquelle je vais limiter mes réflexion
378 s comprendrons peut-être mieux le sens concret de la question, à laquelle je vais limiter mes réflexions, ce soir : — quel
379 iter mes réflexions, ce soir : — quelle peut être la vocation de ce chrétien dans cette cité ? Ce chrétien en minorité dan
380 qui, elle-même, paraît tellement impuissante sur les conseils de la cité ? N’est-il pas ridicule de poser la question ? N’
381 paraît tellement impuissante sur les conseils de la cité ? N’est-il pas ridicule de poser la question ? N’est-il pas évid
382 stion ? N’est-il pas évident, à première vue, que le chrétien ne peut plus rien, que personne ne l’écoute plus, qu’on le l
383 ue le chrétien ne peut plus rien, que personne ne l’ écoute plus, qu’on le laisse parler dans ses temples justement parce q
384 t plus rien, que personne ne l’écoute plus, qu’on le laisse parler dans ses temples justement parce qu’on ne le craint plu
385 parler dans ses temples justement parce qu’on ne le craint plus ? Et dès lors, à quoi servirait de méditer sur la manière
386 us ? Et dès lors, à quoi servirait de méditer sur la manière dont ce chrétien pourrait ou devrait exercer une vocation con
387 tion condamnée par avance à demeurer inefficace ? Le chrétien est-il possesseur d’un secret qui lui permettrait de faire p
388 et qui lui permettrait de faire plus ou mieux que les autres ? A-t-il des lumières spéciales sur les moyens de résoudre la
389 ue les autres ? A-t-il des lumières spéciales sur les moyens de résoudre la crise, d’organiser la production ou de conclure
390 des lumières spéciales sur les moyens de résoudre la crise, d’organiser la production ou de conclure des traités ? Et si c
391 sur les moyens de résoudre la crise, d’organiser la production ou de conclure des traités ? Et si ce n’est pas le cas, ne
392 n ou de conclure des traités ? Et si ce n’est pas le cas, ne ferait-il pas mieux de se limiter à son domaine, d’ailleurs d
393 domaine, d’ailleurs de plus en plus restreint ? À la question de sa vocation dans la cité, ne devra-t-on pas opposer une q
394 lus restreint ? À la question de sa vocation dans la cité, ne devra-t-on pas opposer une question préalable, brutale : cet
395 à des actes ? Et ces actes eux-mêmes, auront-ils la moindre portée ? L’observation objective du monde nous obligerait à c
396 s actes eux-mêmes, auront-ils la moindre portée ? L’ observation objective du monde nous obligerait à conclure qu’en effet,
397 du monde nous obligerait à conclure qu’en effet, les conditions sont devenues telles que l’action du chrétien, comme chrét
398 en effet, les conditions sont devenues telles que l’ action du chrétien, comme chrétien, ne vaut guère la peine qu’on en pa
399 action du chrétien, comme chrétien, ne vaut guère la peine qu’on en parle. J’irai même plus loin : l’action d’un intellect
400 la peine qu’on en parle. J’irai même plus loin : l’ action d’un intellectuel laïque quelconque apparaît tout à fait dériso
401 ue quelconque apparaît tout à fait dérisoire dans la « cité » telle qu’elle est devenue. Ni les congrégations économiques,
402 re dans la « cité » telle qu’elle est devenue. Ni les congrégations économiques, ni les forces irrationnelles de la race, d
403 est devenue. Ni les congrégations économiques, ni les forces irrationnelles de la race, de la classe ou des nationalismes e
404 ions économiques, ni les forces irrationnelles de la race, de la classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos
405 ques, ni les forces irrationnelles de la race, de la classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis, de nos
406 autres pauvres intellectuels, il nous faut perdre l’ illusion d’exercer aucune puissance. À moins de nous faire journaliste
407 e puissance. À moins de nous faire journalistes ! L’ observation objective du monde ramène le clerc dans sa chambrette, et
408 alistes ! L’observation objective du monde ramène le clerc dans sa chambrette, et le chrétien dans sa paroisse. Elle concl
409 e du monde ramène le clerc dans sa chambrette, et le chrétien dans sa paroisse. Elle conclut au scepticisme, et au pessimi
410 imisme intégral. — « J’ai appliqué mon cœur — dit l’ Ecclésiaste — à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se f
411  dit l’Ecclésiaste — à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c’est là une occupation
412 à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c’est là une occupation pénible à laquelle Dieu soumet les fi
413 là une occupation pénible à laquelle Dieu soumet les fils de l’homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous les cieux, et voici
414 pation pénible à laquelle Dieu soumet les fils de l’ homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous les cieux, et voici, tout est
415 fils de l’homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous les cieux, et voici, tout est vanité et poursuite du vent. » Je plaindrai
416 est vanité et poursuite du vent. » Je plaindrais l’ homme d’action qui n’aurait jamais eu ce cri, qui n’aurait jamais épro
417 s vous dire ce soir, j’ai éprouvé plus que jamais le sentiment d’une grande absurdité. Sommes-nous bien des David prêts à
418 out ! Et c’est à Dieu que nous disons dans toutes les églises chrétiennes : « Que Ton règne vienne ! » Or, une telle prière
419 dre, que nous avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une vocation. Et a
420 s avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une vocation. Et alors, nous v
421 s, ni à décider librement si oui ou non cela vaut la peine d’entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton
422 nt si oui ou non cela vaut la peine d’entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si
423 cela vaut la peine d’entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si nous ne faisons
424 ue Ton règne vienne ! » et si nous ne faisons pas l’ impossible — justement : l’impossible — pour hâter la venue de ce règn
425 si nous ne faisons pas l’impossible — justement : l’ impossible — pour hâter la venue de ce règne, nous ne sommes plus que
426 mpossible — justement : l’impossible — pour hâter la venue de ce règne, nous ne sommes plus que des menteurs, et notre pri
427 que des menteurs, et notre prière nous condamne. Le chrétien est cet homme qui, ayant mesuré, mieux que personne peut-êtr
428 qui, ayant mesuré, mieux que personne peut-être, la vanité de toute action, agit tout de même, non point parce qu’il dist
429 t, mais soyez transformés », dit saint Paul. Tout le secret de notre vocation est contenu dans ces mots-là, et si je parve
430 ns ces mots-là, et si je parvenais ce soir à vous les rendre vivants et présents, et si vous n’emportiez d’ici que le seul
431 nts et présents, et si vous n’emportiez d’ici que le seul souvenir de ces mots, je penserais avoir atteint mon but. Ne vo
432  mais soyez transformés. Nous n’appartenons pas à la forme du monde mais bien à sa transformation. Forme et transformation
433 ansformation. Forme et transformation, ce sont là les deux termes qui s’opposent dans notre vie, qui commandent notre vocat
434 nt dans notre vie, qui commandent notre vocation. La forme de ce monde : vous savez ce qu’elle est, et vous savez qu’elle
435 qu’elle est, et vous savez qu’elle est mauvaise. La forme de ce monde, ce sont toutes les puissances que j’énumérais tout
436 st mauvaise. La forme de ce monde, ce sont toutes les puissances que j’énumérais tout à l’heure et qui dominent la cité. C’
437 sont toutes les puissances que j’énumérais tout à l’ heure et qui dominent la cité. C’est le désordre et l’injustice toléré
438 es que j’énumérais tout à l’heure et qui dominent la cité. C’est le désordre et l’injustice tolérés, devenus normaux, c’es
439 ais tout à l’heure et qui dominent la cité. C’est le désordre et l’injustice tolérés, devenus normaux, c’est la presse, l’
440 ure et qui dominent la cité. C’est le désordre et l’ injustice tolérés, devenus normaux, c’est la presse, l’exploitation de
441 re et l’injustice tolérés, devenus normaux, c’est la presse, l’exploitation des pauvres, la raison du plus fort et la loi
442 ustice tolérés, devenus normaux, c’est la presse, l’ exploitation des pauvres, la raison du plus fort et la loi du talion.
443 aux, c’est la presse, l’exploitation des pauvres, la raison du plus fort et la loi du talion. Ici, c’est le capitalisme cr
444 ploitation des pauvres, la raison du plus fort et la loi du talion. Ici, c’est le capitalisme créateur de chômage, là c’es
445 ison du plus fort et la loi du talion. Ici, c’est le capitalisme créateur de chômage, là c’est la tyrannie des dictatures.
446 ’est le capitalisme créateur de chômage, là c’est la tyrannie des dictatures. C’est contre la forme du monde que protesten
447 là c’est la tyrannie des dictatures. C’est contre la forme du monde que protestent les socialistes, et avec eux des masses
448 es. C’est contre la forme du monde que protestent les socialistes, et avec eux des masses grandissantes de bourgeois lentem
449 épossédés des privilèges acquis par leur travail. La forme mauvaise du monde, ce sera pour l’incroyant l’ensemble des abus
450 travail. La forme mauvaise du monde, ce sera pour l’ incroyant l’ensemble des abus et des désordres dont il souffre ; — pou
451 forme mauvaise du monde, ce sera pour l’incroyant l’ ensemble des abus et des désordres dont il souffre ; — pour le chrétie
452 es abus et des désordres dont il souffre ; — pour le chrétien, ce sera bien davantage : ce sera tout ce que résume le seul
453 sera bien davantage : ce sera tout ce que résume le seul mot de péché — tout ce qui s’oppose à la venue du règne de justi
454 ume le seul mot de péché — tout ce qui s’oppose à la venue du règne de justice qu’il appelle. « Nous n’appartenons pas à l
455 justice qu’il appelle. « Nous n’appartenons pas à la forme du monde. » — Est-ce à dire que notre foi nous en libère matéri
456 s, entièrement hommes, entièrement prisonniers de la forme mauvaise du monde. C’est là le fait. Mais notre foi proteste au
457 isonniers de la forme mauvaise du monde. C’est là le fait. Mais notre foi proteste au nom de Dieu contre ce fait ! Elle ap
458 vrai, mais non pas comme étant du monde. C’est là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humani
459 là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’ appel de toute l’humanité à la justice. Mais alors, cette forme du mon
460 prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’ humanité à la justice. Mais alors, cette forme du monde que le chrétie
461 nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la justice. Mais alors, cette forme du monde que le chrétien découvre pi
462 la justice. Mais alors, cette forme du monde que le chrétien découvre pire encore que ne le pensaient les socialistes par
463 monde que le chrétien découvre pire encore que ne le pensaient les socialistes par exemple, elle appelle une transformatio
464 chrétien découvre pire encore que ne le pensaient les socialistes par exemple, elle appelle une transformation plus radical
465 transformation que nous appartenons de droit, dès l’ instant où nous l’annonçons. Mais qu’est-ce que cette transformation ?
466 nous appartenons de droit, dès l’instant où nous l’ annonçons. Mais qu’est-ce que cette transformation ? Et de quel droit
467 te transformation ? Et de quel droit pouvons-nous l’ annoncer ? Est-ce un ensemble de réformes, un programme révolutionnair
468 e réformes, un programme révolutionnaire ? Est-ce l’ utopie d’un avenir meilleur, ce « millenium » dont l’Apocalypse nous d
469 topie d’un avenir meilleur, ce « millenium » dont l’ Apocalypse nous donne la vision mystérieuse, Satan enchaîné pour mille
470 ur, ce « millenium » dont l’Apocalypse nous donne la vision mystérieuse, Satan enchaîné pour mille ans ? Réforme, révoluti
471 on, utopie d’un monde meilleur ; — ne faisons pas les dégoûtés : nous y pensons tous plus ou moins, et beaucoup d’entre nou
472 ’entre nous y travaillent. Il ne sera pas dit que l’ homme chrétien est moins humain que l’homme non chrétien. Il ne sera p
473 pas dit que l’homme chrétien est moins humain que l’ homme non chrétien. Il ne sera pas dit que le croyant, parce qu’il ref
474 que l’homme non chrétien. Il ne sera pas dit que le croyant, parce qu’il refuse toute solidarité avec la forme du monde p
475 croyant, parce qu’il refuse toute solidarité avec la forme du monde présent, refuse aussi toute solidarité avec l’espoir d
476 monde présent, refuse aussi toute solidarité avec l’ espoir de ceux qui souffrent et qui créent. Mais s’il accepte pratique
477 t. Mais s’il accepte pratiquement de travailler à la révolution, le chrétien n’a pas le droit de laisser subsister la moin
478 cepte pratiquement de travailler à la révolution, le chrétien n’a pas le droit de laisser subsister la moindre équivoque s
479 e travailler à la révolution, le chrétien n’a pas le droit de laisser subsister la moindre équivoque sur les motifs de cet
480 le chrétien n’a pas le droit de laisser subsister la moindre équivoque sur les motifs de cette acceptation. S’il annonce,
481 oit de laisser subsister la moindre équivoque sur les motifs de cette acceptation. S’il annonce, au sens fort du terme, la
482 acceptation. S’il annonce, au sens fort du terme, la transformation de ce monde, ce n’est pas en vertu des seuls désirs hu
483 été faite ! Ce que nous annonçons au monde, c’est la promesse de celui qui a dit : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde.
484 e celui qui a dit : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde. » — Christ est ressuscité. Il est vivant ! Par lui, la forme d
485 — Christ est ressuscité. Il est vivant ! Par lui, la forme de ce monde, et sa puissance dernière, la mort, sont absolument
486 , la forme de ce monde, et sa puissance dernière, la mort, sont absolument dominées. C’en est fait ! depuis 19 siècles. La
487 ment dominées. C’en est fait ! depuis 19 siècles. La justice a paru, et nous en témoignons par nos actions de grâce — préc
488 isément par nos actions ! — et je voudrais mettre l’ accent sur ce mot-là, afin que vous ne pensiez pas qu’il ne s’agit ici
489 isons si bonnes, par exemple, mais si courtes, de l’ opportunisme sceptique. Si nous croyons à cette justice, nous ne pouvo
490 ent un fait unique, renvoient à un motif unique : la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Ni l’attente passive, ni l’a
491 unique, renvoient à un motif unique : la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Ni l’attente passive, ni l’ardeur messi
492  : la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Ni l’ attente passive, ni l’ardeur messianique, ne sont plus aujourd’hui des
493 rection de Jésus-Christ. Ni l’attente passive, ni l’ ardeur messianique, ne sont plus aujourd’hui des attitudes chrétiennes
494 ujourd’hui des attitudes chrétiennes ; mais voilà le motif de notre action : nous attestons la justice apparue, et dans l’
495 s voilà le motif de notre action : nous attestons la justice apparue, et dans l’élan de notre action de grâce, prisonniers
496 tion : nous attestons la justice apparue, et dans l’ élan de notre action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme
497 e action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme terrestre, nous prêchons une victoire acquise et le retour prom
498 terrestre, nous prêchons une victoire acquise et le retour promis de cette justice ! ⁂ Il se peut que certains d’entre vo
499 ent théologiques. Il se peut que ma définition de la vocation du chrétien vous ait paru, dès le principe, assez abstraite.
500 ion de la vocation du chrétien vous ait paru, dès le principe, assez abstraite. Me voilà bien loin, pensez-vous, des probl
501 oin, pensez-vous, des problèmes concrets que pose la cité. Encore un qui s’évade ! Encore un qui décolle et va planer au-d
502 us, sont en train de penser cela. Avant d’aborder le problème de l’action politique du chrétien, je tiens à dire deux mots
503 in de penser cela. Avant d’aborder le problème de l’ action politique du chrétien, je tiens à dire deux mots concernant ces
504 upules, ou peut-être, cette objection informulée. La question que je viens d’esquisser à grands traits, c’est celle des fi
505 grands traits, c’est celle des fins dernières de l’ action du chrétien. C’est la triple question que le peintre Gauguin av
506 des fins dernières de l’action du chrétien. C’est la triple question que le peintre Gauguin avait choisie pour titre de so
507 ’action du chrétien. C’est la triple question que le peintre Gauguin avait choisie pour titre de son fameux triptyque : D’
508 ons-nous ? Où en sommes-nous ? Où allons-nous ? À la question : Où en sommes-nous ? j’ai répondu en rappelant la situation
509 n : Où en sommes-nous ? j’ai répondu en rappelant la situation très précaire du chrétien dans la cité telle qu’elle est de
510 elant la situation très précaire du chrétien dans la cité telle qu’elle est devenue. À la question : D’où venons-nous ? j’
511 hrétien dans la cité telle qu’elle est devenue. À la question : D’où venons-nous ? j’ai répondu en rappelant que l’origine
512 D’où venons-nous ? j’ai répondu en rappelant que l’ origine vivante de notre action, c’est l’incarnation de la justice en
513 lant que l’origine vivante de notre action, c’est l’ incarnation de la justice en Jésus-Christ ressuscité. À la question :
514 e vivante de notre action, c’est l’incarnation de la justice en Jésus-Christ ressuscité. À la question : Où allons-nous ?
515 ation de la justice en Jésus-Christ ressuscité. À la question : Où allons-nous ? j’ai répondu : le Seigneur vient ! — et n
516 . À la question : Où allons-nous ? j’ai répondu : le Seigneur vient ! — et nous allons à la rencontre de son règne, vers l
517 répondu : le Seigneur vient ! — et nous allons à la rencontre de son règne, vers la transformation radicale de toutes cho
518 et nous allons à la rencontre de son règne, vers la transformation radicale de toutes choses. Et je vous demande, mainten
519 toutes choses. Et je vous demande, maintenant, si l’ on a le droit de se mettre en route avant d’avoir posé ces trois quest
520 choses. Et je vous demande, maintenant, si l’on a le droit de se mettre en route avant d’avoir posé ces trois questions, a
521 s, avant d’y avoir répondu ? Oh, je sais bien que le monde d’aujourd’hui retentit chaque jour d’appels, d’appels à la lutt
522 urd’hui retentit chaque jour d’appels, d’appels à la lutte immédiate, pour des objectifs imprécis, ou au contraire telleme
523 en avant ! sans avoir osé regarder plus loin que le bout des semelles de leurs bottes. Leur en avant ne sait pas où il va
524 ait pas où il va ! N’est-ce pas ainsi que courent les fuyards ? Comment ne voient-ils pas que chacun de leurs gestes pose l
525 urs gestes pose la question des fins dernières de l’ homme, et cela, qu’ils le veuillent ou non ? Et s’ils le voient, comme
526 on des fins dernières de l’homme, et cela, qu’ils le veuillent ou non ? Et s’ils le voient, comment peuvent-ils encore élu
527 e, et cela, qu’ils le veuillent ou non ? Et s’ils le voient, comment peuvent-ils encore éluder si cavalièrement le problèm
528 omment peuvent-ils encore éluder si cavalièrement le problème dernier de l’action ? Et je demande encore : qui donc osera
529 re éluder si cavalièrement le problème dernier de l’ action ? Et je demande encore : qui donc osera poser ces grandes quest
530 oser ces grandes questions dernières, si ce n’est le chrétien, dans la cité contemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui d’
531 uestions dernières, si ce n’est le chrétien, dans la cité contemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui d’autre est en mesur
532 chrétien, dans la cité contemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui d’autre est en mesure d’assumer cette charge inquiétant
533 en mesure d’assumer cette charge inquiétante ? Si le chrétien ne pose pas ces questions, n’est-ce pas alors, justement, qu
534 évade ? Qu’il sort de sa réalité ? Qu’il doute de la justice de Dieu ? Et qu’il trahit sa vocation première ? Je pense que
535 us ont, dès longtemps, résolu ces questions, dans la mesure où cela se peut. Mais il fallait qu’elles fussent posées, tout
536 à vous dire maintenant. Vocation du chrétien dans la cité : nous l’avons définie par deux mouvements : une protestation, u
537 ntenant. Vocation du chrétien dans la cité : nous l’ avons définie par deux mouvements : une protestation, une annonce. Pro
538 ne protestation, une annonce. Protestation contre la forme de ce siècle, annonce active de sa transformation. Ici se posen
539 chrétiens ? Telle est la première question. Et si l’ on répond non à cette première question, est-il possible alors, ou dés
540 ou l’autre des partis existants, et fasse sienne la cause de ce parti ? Ce sera la seconde question. Au sujet de la polit
541 parti ? Ce sera la seconde question. Au sujet de la politique chrétienne, permettez-moi d’être aussi bref que catégorique
542 e aussi bref que catégorique. Si nous considérons l’ histoire, si nous écoutons ses leçons, il me paraît qu’aucun doute n’e
543 pereur chrétien commandant aux chrétiens de faire la guerre, à Charlemagne baptisant les Saxons pour leur prouver la puiss
544 tiens de faire la guerre, à Charlemagne baptisant les Saxons pour leur prouver la puissance de son glaive, et tout accessoi
545 harlemagne baptisant les Saxons pour leur prouver la puissance de son glaive, et tout accessoirement celle de l’Esprit ; d
546 ce de son glaive, et tout accessoirement celle de l’ Esprit ; des chevaliers partant pour la Croisade, aux milices de Loyol
547 t celle de l’Esprit ; des chevaliers partant pour la Croisade, aux milices de Loyola, poussant les princes à une autre cro
548 pour la Croisade, aux milices de Loyola, poussant les princes à une autre croisade non moins sanglante, mais sans doute moi
549 ins sanglante, mais sans doute moins féconde pour l’ essor de la civilisation ; des anabaptistes de Münster aux puritains c
550 te, mais sans doute moins féconde pour l’essor de la civilisation ; des anabaptistes de Münster aux puritains capitalistes
551 t à son Gott mit uns ! ; des Espagnols massacrant les Incas au nom d’un autre roi chrétien, jusqu’à ce chancelier Dollfuss
552 er Dollfuss faisant tirer à coups de canon contre les ouvriers de Vienne avec l’appui du parti clérical, — l’histoire des p
553 coups de canon contre les ouvriers de Vienne avec l’ appui du parti clérical, — l’histoire des politiques chrétiennes se co
554 riers de Vienne avec l’appui du parti clérical, —  l’ histoire des politiques chrétiennes se confond séculairement avec l’hi
555 itiques chrétiennes se confond séculairement avec l’ histoire des trahisons les plus flagrantes du christianisme. Voilà bie
556 nfond séculairement avec l’histoire des trahisons les plus flagrantes du christianisme. Voilà bien la fatalité qui pèse sur
557 les plus flagrantes du christianisme. Voilà bien la fatalité qui pèse sur notre histoire : une politique chrétienne qui r
558 étienne qui réussit n’a plus rien de chrétien que le prétexte. Les Églises se livrent au jugement du monde, dès lors qu’el
559 éussit n’a plus rien de chrétien que le prétexte. Les Églises se livrent au jugement du monde, dès lors qu’elles cessent d’
560 s cessent d’être avant tout un jugement porté sur le monde. Toute politique chrétienne, toute politique conduite par une É
561 vise des buts proprement politiques, appartient à la forme du monde, et par là même, appelle notre protestation. Quel est
562 à même, appelle notre protestation. Quel est donc le rôle de l’Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire tri
563 elle notre protestation. Quel est donc le rôle de l’ Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire triompher tell
564 est donc le rôle de l’Église ? Est-il de prêcher l’ Évangile, ou bien de faire triompher telle ou telle doctrine sociale a
565 le, que de questions demeurent menaçantes ! Voici l’ Église liée bon gré mal gré à son succès ; voici l’Église puissante et
566 ’Église liée bon gré mal gré à son succès ; voici l’ Église puissante et séduisant par sa puissance ; voici le message de l
567 e puissante et séduisant par sa puissance ; voici le message de la transformation qui se change en message de la conservat
568 séduisant par sa puissance ; voici le message de la transformation qui se change en message de la conservation ; et voici
569 de la transformation qui se change en message de la conservation ; et voici l’ombre du Grand Inquisiteur qui vient bénir
570 e change en message de la conservation ; et voici l’ ombre du Grand Inquisiteur qui vient bénir ce monde moralisé, dont on
571 sant chaque chrétien de reconnaître et d’accepter les risques d’une vocation toujours unique, et parfois scandaleuse. Je ne
572 ique, et parfois scandaleuse. Je ne crois pas que les chrétiens possèdent, du seul fait de leur foi, des lumières spéciales
573 seul fait de leur foi, des lumières spéciales sur les problèmes techniques que pose la vie de la cité moderne. Je ne crois
574 s spéciales sur les problèmes techniques que pose la vie de la cité moderne. Je ne crois pas qu’il soit souhaitable que se
575 s sur les problèmes techniques que pose la vie de la cité moderne. Je ne crois pas qu’il soit souhaitable que se forme un
576 chrétien, opposé aux autres partis. Je crois que les églises ne peuvent accomplir tout leur devoir, toute leur mission dan
577 complir tout leur devoir, toute leur mission dans la cité, que d’une seule et unique manière, et c’est en devenant et en r
578 raies Églises, c’est-à-dire des annonciatrices de la Parole, du jugement porté sur la forme du monde, et de la grâce offer
579 nnonciatrices de la Parole, du jugement porté sur la forme du monde, et de la grâce offerte à ceux qui croient. Mais ceci
580 e, du jugement porté sur la forme du monde, et de la grâce offerte à ceux qui croient. Mais ceci dit, et une fois repouss
581 ui croient. Mais ceci dit, et une fois repoussée la tentation théocratique à laquelle je vois succomber tant de jeunes ch
582 étiens trop bien intentionnés, il faut avouer que la question reste entière : que devons-nous faire, comme chrétiens, dans
583 re : que devons-nous faire, comme chrétiens, dans la cité ? Si l’Église n’est pas un parti, comment et où faut-il que nous
584 ns-nous faire, comme chrétiens, dans la cité ? Si l’ Église n’est pas un parti, comment et où faut-il que nous prenions par
585 ci donc en face de la seconde question : celle de l’ adhésion à l’un ou l’autre des partis politiques existants. Bien enten
586 Bien entendu, je ne puis songer à passer en revue les principaux partis qui constituent des forces politiques et sociales d
587 onstituent des forces politiques et sociales dans la cité française d’aujourd’hui. Nous entrerions dans un débat terriblem
588 récis, et nous aurions vite fait de perdre de vue la vocation particulière du chrétien. Je me contenterai donc d’examiner
589 e me contenterai donc d’examiner un seul exemple, le plus riche à mon sens, et peut-être le plus typique : l’exemple du pa
590 l exemple, le plus riche à mon sens, et peut-être le plus typique : l’exemple du parti socialiste. Protestation contre la
591 riche à mon sens, et peut-être le plus typique : l’ exemple du parti socialiste. Protestation contre la forme actuelle du
592 ’exemple du parti socialiste. Protestation contre la forme actuelle du monde, prédication active de sa transformation, — s
593 active de sa transformation, — si telle est bien la vocation civique du chrétien, beaucoup seront tentés de penser que ce
594 her avec une prudence critique extrême, de ce que l’ on nomme l’idéal socialiste ? Beaucoup de braves gens condamnent cet i
595 e prudence critique extrême, de ce que l’on nomme l’ idéal socialiste ? Beaucoup de braves gens condamnent cet idéal en blo
596 e excellente application : « Il ne faut pas jeter l’ enfant avec le bain. » Jetons le bain marxiste, mais gardons l’enfant 
597 pplication : « Il ne faut pas jeter l’enfant avec le bain. » Jetons le bain marxiste, mais gardons l’enfant ! Car si nous
598 ne faut pas jeter l’enfant avec le bain. » Jetons le bain marxiste, mais gardons l’enfant ! Car si nous condamnons en bloc
599 le bain. » Jetons le bain marxiste, mais gardons l’ enfant ! Car si nous condamnons en bloc le socialisme, nous condamnons
600 gardons l’enfant ! Car si nous condamnons en bloc le socialisme, nous condamnons aussi une part de vérité d’origine propre
601 e part de vérité d’origine proprement chrétienne. Le socialisme s’est identifié avec la défense des humbles : si nous ne f
602 nt chrétienne. Le socialisme s’est identifié avec la défense des humbles : si nous ne faisons pas mieux que lui à cet égar
603 ns pas mieux que lui à cet égard, gardons-nous de l’ attaquer ! Le socialisme proteste contre les conditions actuelles du t
604 que lui à cet égard, gardons-nous de l’attaquer ! Le socialisme proteste contre les conditions actuelles du travail ; il r
605 ous de l’attaquer ! Le socialisme proteste contre les conditions actuelles du travail ; il revendique une justice plus gran
606 vail ; il revendique une justice plus grande dans la société : si nous ne protestons pas plus fort que lui, si nous ne cro
607 t que lui, si nous ne croyons pas mieux que lui à la justice, gardons-nous de le condamner ! C’est lui qui fait, dans l’in
608 s pas mieux que lui à la justice, gardons-nous de le condamner ! C’est lui qui fait, dans l’incroyance, ce que nous aurion
609 s-nous de le condamner ! C’est lui qui fait, dans l’ incroyance, ce que nous aurions dû faire dans la foi. — Mais si l’on r
610 s l’incroyance, ce que nous aurions dû faire dans la foi. — Mais si l’on refuse d’attaquer le socialisme, faudra-t-il acce
611 que nous aurions dû faire dans la foi. — Mais si l’ on refuse d’attaquer le socialisme, faudra-t-il accepter aussitôt le f
612 ire dans la foi. — Mais si l’on refuse d’attaquer le socialisme, faudra-t-il accepter aussitôt le fameux trait d’union qu’
613 quer le socialisme, faudra-t-il accepter aussitôt le fameux trait d’union qu’on nous propose, entre socialiste et chrétien
614 otestation et justice. Oui, ces mots d’ordre sont les mêmes pour le chrétien et pour le socialiste. L’élan sentimental est
615 ustice. Oui, ces mots d’ordre sont les mêmes pour le chrétien et pour le socialiste. L’élan sentimental est peut-être le m
616 s d’ordre sont les mêmes pour le chrétien et pour le socialiste. L’élan sentimental est peut-être le même, les revendicati
617 les mêmes pour le chrétien et pour le socialiste. L’ élan sentimental est peut-être le même, les revendications pratiques s
618 r le socialiste. L’élan sentimental est peut-être le même, les revendications pratiques seront peut-être aussi les mêmes,
619 aliste. L’élan sentimental est peut-être le même, les revendications pratiques seront peut-être aussi les mêmes, dans bien
620 s revendications pratiques seront peut-être aussi les mêmes, dans bien des cas. Mais les motifs premiers, les buts derniers
621 eut-être aussi les mêmes, dans bien des cas. Mais les motifs premiers, les buts derniers sont autres. Et ce sont ces motifs
622 mes, dans bien des cas. Mais les motifs premiers, les buts derniers sont autres. Et ce sont ces motifs et ces buts qui doiv
623 t donner aux mots leur sens réel. Nous trahirions la foi qui doit nous animer si, pour des raisons tactiques, nous passion
624 passions sous silence cette radicale différence : le chrétien ne proteste pas seulement contre des abus politiques, mais c
625 seulement contre des abus politiques, mais contre le péché, à travers ces abus. Le chrétien n’annonce pas seulement une ju
626 tiques, mais contre le péché, à travers ces abus. Le chrétien n’annonce pas seulement une justice humaine à venir, mais un
627 ’entre leur but et notre but, entre nos motifs et les leurs, il y a tout l’abîme qui sépare un idéal moral d’une foi au Chr
628 e but, entre nos motifs et les leurs, il y a tout l’ abîme qui sépare un idéal moral d’une foi au Christ vivant ? Car le c
629 un idéal moral d’une foi au Christ vivant ? Car le chrétien n’est pas idéaliste, et c’est cela qui le distingue en fin d
630 e chrétien n’est pas idéaliste, et c’est cela qui le distingue en fin de compte du socialiste. Le christianisme annonce un
631 qui le distingue en fin de compte du socialiste. Le christianisme annonce une réalité, non pas un rêve. Il annonce le sal
632 annonce une réalité, non pas un rêve. Il annonce le salut pour ceux qui se repentent et qui croient, non point une théori
633 omique passagère. On a tort d’attaquer uniquement le prétendu matérialisme socialiste, comme si le christianisme était moi
634 ent le prétendu matérialisme socialiste, comme si le christianisme était moins réaliste et comme si les chrétiens ne vivai
635 le christianisme était moins réaliste et comme si les chrétiens ne vivaient pas aussi de pain. Le grand danger du socialism
636 e si les chrétiens ne vivaient pas aussi de pain. Le grand danger du socialisme n’est pas dans son matérialisme, mais dans
637 a de meilleur, non dans ce qu’il a de pire ; dans la tentation qu’il nous offre d’un idéal humanitaire en lieu et place d’
638 parvenons pas à faire comprendre aux socialistes le sérieux absolu de cette distinction, nous risquons de prêcher contre
639 ans doute mieux que nous ce que signifie pour eux le compromis entre leurs motifs de croyants et les motifs des camarades.
640 ux le compromis entre leurs motifs de croyants et les motifs des camarades. Pensant à eux, je résumerai toute ma critique d
641 t par ailleurs dénoncé, ouvertement, et au nom de la foi. J’ajouterai cependant une remarque. Si je refuse d’adhérer prati
642 ent antichrétiens qu’il donne à toute action dans le cadre du parti. Mais si je refuse ce parti, c’est aussi parce qu’il e
643 arti, précisément. Tout le monde fait aujourd’hui le procès des partis, pour des raisons assez sérieuses et valables d’opp
644 ez sérieuses et valables d’opportunité politique. L’ impuissance politique des formations de masses s’est avérée depuis la
645 ique des formations de masses s’est avérée depuis la guerre, soit en Russie, où Lénine triompha par le moyen d’une minorit
646 la guerre, soit en Russie, où Lénine triompha par le moyen d’une minorité infime, soit en Allemagne, où les partis de gauc
647 oyen d’une minorité infime, soit en Allemagne, où les partis de gauche, malgré leur organisation incomparable, se virent ba
648 incomparable, se virent balayés en dix jours par les troupes d’assaut hitlériennes. Mais je crois qu’un chrétien peut adre
649 sser une critique encore plus grave à tout parti. L’ idée même de parti paraît absolument incompatible avec l’idée de vocat
650 même de parti paraît absolument incompatible avec l’ idée de vocation. Et la réalité pratique et quotidienne montre que cet
651 solument incompatible avec l’idée de vocation. Et la réalité pratique et quotidienne montre que cette opposition est effec
652 dienne montre que cette opposition est effective. L’ homme des masses, le partisan, c’est l’homme qui fuit devant sa vocati
653 tte opposition est effective. L’homme des masses, le partisan, c’est l’homme qui fuit devant sa vocation. C’est l’homme qu
654 effective. L’homme des masses, le partisan, c’est l’ homme qui fuit devant sa vocation. C’est l’homme qui accepte un menson
655 c’est l’homme qui fuit devant sa vocation. C’est l’ homme qui accepte un mensonge parce que les intérêts immédiats du part
656 . C’est l’homme qui accepte un mensonge parce que les intérêts immédiats du parti le commandent sans discussion. C’est l’ho
657 ensonge parce que les intérêts immédiats du parti le commandent sans discussion. C’est l’homme qui délègue à la majorité l
658 ats du parti le commandent sans discussion. C’est l’ homme qui délègue à la majorité le souci de ses décisions. Et dans ce
659 dent sans discussion. C’est l’homme qui délègue à la majorité le souci de ses décisions. Et dans ce sens précis, il faut b
660 scussion. C’est l’homme qui délègue à la majorité le souci de ses décisions. Et dans ce sens précis, il faut bien dire que
661 ns. Et dans ce sens précis, il faut bien dire que les partis sont les agents les plus actifs de la démoralisation des homme
662 ens précis, il faut bien dire que les partis sont les agents les plus actifs de la démoralisation des hommes modernes. N’ay
663 il faut bien dire que les partis sont les agents les plus actifs de la démoralisation des hommes modernes. N’ayant pas mêm
664 que les partis sont les agents les plus actifs de la démoralisation des hommes modernes. N’ayant pas même l’excuse d’avoir
665 oralisation des hommes modernes. N’ayant pas même l’ excuse d’avoir réussi pratiquement, ils ne peuvent se défendre contre
666 i pratiquement, ils ne peuvent se défendre contre le jugement qui les renvoie au magasin des accessoires du stupide xixe
667 ils ne peuvent se défendre contre le jugement qui les renvoie au magasin des accessoires du stupide xixe siècle. ⁂ Je résu
668 i politique. — Pourtant, il faut agir ! Pourtant, la vocation qui nous envoie dans la cité reste impérieuse ! Alors quoi ?
669 agir ! Pourtant, la vocation qui nous envoie dans la cité reste impérieuse ! Alors quoi ? direz-vous, que reste-t-il prati
670 » — dit-on —, et qui vous laisse en fin de compte le bec dans l’eau ? J’aurais renoncé à vous parler ce soir si je n’avais
671 , et qui vous laisse en fin de compte le bec dans l’ eau ? J’aurais renoncé à vous parler ce soir si je n’avais eu à vous o
672 eux exemples concrets de vocation chrétienne dans la cité. Et d’abord, à l’image que je vous donnais en débutant du clerc
673 vocation chrétienne dans la cité. Et d’abord, à l’ image que je vous donnais en débutant du clerc moyenâgeux dans la cité
674 vous donnais en débutant du clerc moyenâgeux dans la cité thomiste, j’opposerai une image moderne, qui est aussi celle d’u
675 e moderne, qui est aussi celle d’un chrétien dans la cité, mais qui n’est pas cette fois une utopie. Cela se passe au Japo
676 s. Certains d’entre vous connaissent probablement la biographie de Kagawa, le chef du jeune Japon chrétien. Fils d’un cons
677 connaissent probablement la biographie de Kagawa, le chef du jeune Japon chrétien. Fils d’un conseiller de l’empereur et d
678 du jeune Japon chrétien. Fils d’un conseiller de l’ empereur et d’une geisha, Kagawa appartient à une classe honorable, et
679 ne classe honorable, et jouit à vingt ans de tous les avantages qui sont chez nous ceux de la grande bourgeoisie. Mais voil
680 de tous les avantages qui sont chez nous ceux de la grande bourgeoisie. Mais voilà qu’il se convertit, et c’est ici que l
681 . Mais voilà qu’il se convertit, et c’est ici que l’ aventure commence. Soudain frappé par le contraste odieux entre la mis
682 t ici que l’aventure commence. Soudain frappé par le contraste odieux entre la misère des bas-fonds et l’essor de la bourg
683 nce. Soudain frappé par le contraste odieux entre la misère des bas-fonds et l’essor de la bourgeoisie capitaliste qui se
684 contraste odieux entre la misère des bas-fonds et l’ essor de la bourgeoisie capitaliste qui se développe très rapidement d
685 dieux entre la misère des bas-fonds et l’essor de la bourgeoisie capitaliste qui se développe très rapidement dans le Japo
686 capitaliste qui se développe très rapidement dans le Japon d’avant la guerre, il comprend qu’il lui est impossible de se d
687 e développe très rapidement dans le Japon d’avant la guerre, il comprend qu’il lui est impossible de se dire vraiment chré
688 fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire le scandale social. Aucun parti n’existe encore dans son pays, qui se co
689 n’existe encore dans son pays, qui se consacre à la défense des intérêts de la classe opprimée. Que faire, sinon payer de
690 ays, qui se consacre à la défense des intérêts de la classe opprimée. Que faire, sinon payer de sa personne ? Kagawa n’hés
691 personne ? Kagawa n’hésite pas. Il va vivre dans les bas-fonds. Avec un peu d’argent que lui donne une mission américaine
692 peu d’argent — il loue une espèce de baraque dans le quartier le plus mal famé de la grande ville de Kobé, et se met à prê
693 — il loue une espèce de baraque dans le quartier le plus mal famé de la grande ville de Kobé, et se met à prêcher l’Évang
694 e de baraque dans le quartier le plus mal famé de la grande ville de Kobé, et se met à prêcher l’Évangile. Mais son activi
695 é de la grande ville de Kobé, et se met à prêcher l’ Évangile. Mais son activité ne se borne pas là : prêcher, certes, c’es
696 lards, des enfants abandonnés, des ivrognes, tout le rebut d’humanité dont les bas-fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il
697 nnés, des ivrognes, tout le rebut d’humanité dont les bas-fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il faut lire l’effarante des
698 fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il faut lire l’ effarante description de sa vie telle qu’il l’a racontée dans une espè
699 ire l’effarante description de sa vie telle qu’il l’ a racontée dans une espèce d’autobiographie romancée qu’on a traduite
700 qu’on a traduite en France sous ce titre : Avant l’ aube g. Voilà bien le chrétien dans la cité : l’homme au service des h
701 France sous ce titre : Avant l’aube g. Voilà bien le chrétien dans la cité : l’homme au service des hommes, bafoué, injuri
702 tre : Avant l’aube g. Voilà bien le chrétien dans la cité : l’homme au service des hommes, bafoué, injurié, battu, exploit
703 t l’aube g. Voilà bien le chrétien dans la cité : l’ homme au service des hommes, bafoué, injurié, battu, exploité sans ver
704 , injurié, battu, exploité sans vergogne par tous les matamores et souteneurs qu’il a choisis pour voisins, pour prochains 
705 ’étend mystérieusement sur ces quartiers d’enfer. Les crimes diminuent, les enfants s’instruisent, des misères sont soulagé
706 sur ces quartiers d’enfer. Les crimes diminuent, les enfants s’instruisent, des misères sont soulagées. C’est déjà quelque
707 une foule d’enfants qu’il a secourus, et dès lors le mouvement est lancé, l’opinion publique alertée, et cet effort abouti
708 l a secourus, et dès lors le mouvement est lancé, l’ opinion publique alertée, et cet effort aboutira à l’assainissement ra
709 pinion publique alertée, et cet effort aboutira à l’ assainissement radical des slums ou bas-fonds de Kobé et de plusieurs
710 onds de Kobé et de plusieurs villes japonaises, à la création d’importantes œuvres sociales, enfin à la constitution d’un
711 a création d’importantes œuvres sociales, enfin à la constitution d’un grand mouvement syndicaliste. Vocation du chrétien
712 mouvement syndicaliste. Vocation du chrétien dans la cité. Tout le pouvoir de Kagawa se résume en effet dans ce seul mot d
713 icaliste. Vocation du chrétien dans la cité. Tout le pouvoir de Kagawa se résume en effet dans ce seul mot de vocation. Il
714 ans cesse proclamée. C’est ainsi qu’on transforme le monde. Ce n’est pas au nom d’un parti que Jérémie accusait publiqueme
715 arti que Jérémie accusait publiquement son roi et l’ obligeait à réparer ses crimes ; ce n’est pas au nom d’un parti que Pa
716 ; ce n’est pas au nom d’un parti que Paul ébranle l’ Empire romain, ce n’est pas au nom d’un parti que Luther et Calvin déc
717 u nom d’un parti que Luther et Calvin déclenchent la plus grande révolution occidentale, — c’est au nom de leur seule voca
718 nom de leur seule vocation. Eux n’ont pas dit que la vocation ne suffisait pas, que c’était vague et peu pratique ! Toute
719 it pas, que c’était vague et peu pratique ! Toute l’ histoire du monde chrétien est faite par des vocations précises reçues
720 est faite par des vocations précises reçues dans la prière, avec crainte et tremblement, et non pas revendiquées par le d
721 ainte et tremblement, et non pas revendiquées par le désir des hommes, à l’appui d’un parti politique. Seules, ces vocatio
722 t non pas revendiquées par le désir des hommes, à l’ appui d’un parti politique. Seules, ces vocations-là ont transformé le
723 olitique. Seules, ces vocations-là ont transformé le monde, moralement et pratiquement. Seules, elles sont apparues comme
724 omme de fondamentales et créatrices objections de la foi à la forme du monde. Mais, direz-vous encore, nous ne sommes pas
725 ondamentales et créatrices objections de la foi à la forme du monde. Mais, direz-vous encore, nous ne sommes pas tous des
726 dire des intellectuels. Notre premier devoir dans la cité n’est-il pas de travailler en tant qu’intellectuels, — de même q
727 intellectuels, — de même que le premier devoir de l’ ingénieur reste de faire des plans et des calculs, et non pas de gâche
728 du ciment ? Si nous nous mettions tous à faire de l’ action sociale, à jouer les Kagawa, et à vivre dans les quartiers misé
729 ettions tous à faire de l’action sociale, à jouer les Kagawa, et à vivre dans les quartiers miséreux, ne serait-ce pas auss
730 tion sociale, à jouer les Kagawa, et à vivre dans les quartiers miséreux, ne serait-ce pas aussi faillir à notre vocation t
731 blement humaine, professionnelle ? Je n’aurai pas le cynisme de vous répondre que ce serait là peut-être un remède tout tr
732 ue ce serait là peut-être un remède tout trouvé à la crise de surproduction intellectuelle et à l’encombrement des carrièr
733 é à la crise de surproduction intellectuelle et à l’ encombrement des carrières libérales. L’agriculture manque de bras, — 
734 elle et à l’encombrement des carrières libérales. L’ agriculture manque de bras, — dit-on… J’espère avoir une solution moin
735 e ces dernières années, l’un des porte-paroles de la nouvelle génération en pleine révolte contre la tyrannie bancaire et
736 e la nouvelle génération en pleine révolte contre la tyrannie bancaire et puritaine, Waldo Franck, a écrit une phrase qui
737 Franck, a écrit une phrase qui condense très bien la substance de ce que je voudrais vous faire comprendre maintenant. La
738 que je voudrais vous faire comprendre maintenant. La voici : « Dans des époques de transition des bases culturelles, la cr
739 des époques de transition des bases culturelles, la critique qui ne jaillit pas de la métaphysique et d’une véritable com
740 es culturelles, la critique qui ne jaillit pas de la métaphysique et d’une véritable compréhension des expériences religie
741 antisociale. » Je crois que cette phrase exprime la plus grande vérité actuelle, c’est-à-dire la plus méconnue par ceux q
742 rime la plus grande vérité actuelle, c’est-à-dire la plus méconnue par ceux qui font la politique de nos cités. Commentons
743 , c’est-à-dire la plus méconnue par ceux qui font la politique de nos cités. Commentons brièvement cette phrase. La cité m
744 de nos cités. Commentons brièvement cette phrase. La cité moderne est en crise, parce que personne n’a su ou n’a osé prévo
745 ise, parce que personne n’a su ou n’a osé prévoir l’ aboutissement matériel et moral de la révolution industrielle, c’est-à
746 osé prévoir l’aboutissement matériel et moral de la révolution industrielle, c’est-à-dire du capitalisme. La bourgeoisie
747 lution industrielle, c’est-à-dire du capitalisme. La bourgeoisie et le prolétariat, de même que les intellectuels, croient
748 e, c’est-à-dire du capitalisme. La bourgeoisie et le prolétariat, de même que les intellectuels, croient encore à certaine
749 me. La bourgeoisie et le prolétariat, de même que les intellectuels, croient encore à certaines notions de justice et de re
750 e à certaines notions de justice et de respect de l’ homme qui n’ont aucun rapport avec la morale pratique du monde économi
751 e respect de l’homme qui n’ont aucun rapport avec la morale pratique du monde économique et financier. Tout le monde sait
752 e économique et financier. Tout le monde sait que la morale des affaires est à peu près le contraire de la morale, et que
753 de sait que la morale des affaires est à peu près le contraire de la morale, et que les nécessités économiques ne tiennent
754 orale des affaires est à peu près le contraire de la morale, et que les nécessités économiques ne tiennent pas compte de n
755 est à peu près le contraire de la morale, et que les nécessités économiques ne tiennent pas compte de nos beaux idéaux. Il
756 x. Il résulte de ce divorce une crise profonde de la culture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’intellectuel e
757 divorce une crise profonde de la culture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’intellectuel et son langage ne son
758 de de la culture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’intellectuel et son langage ne sont plus ceux de l’ouvrier
759 ture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’ intellectuel et son langage ne sont plus ceux de l’ouvrier ni du petit
760 ’intellectuel et son langage ne sont plus ceux de l’ ouvrier ni du petit-bourgeois provincial et encore moins ceux du capit
761 t où il va. Il n’y a plus de commune mesure entre la pensée et l’action. La cité n’est plus dominée par une norme et un bu
762 l n’y a plus de commune mesure entre la pensée et l’ action. La cité n’est plus dominée par une norme et un but commun. Ce
763 us de commune mesure entre la pensée et l’action. La cité n’est plus dominée par une norme et un but commun. Ce sont les b
764 s dominée par une norme et un but commun. Ce sont les bases culturelles qui sont atteintes ! Et c’est pourquoi toute réform
765 ute œuvre sociale partielle apparaissent vouées à l’ échec, tant qu’on n’aura pas reconstruit ces bases, et retrouvé la com
766 ’on n’aura pas reconstruit ces bases, et retrouvé la commune mesure. Donner de la soupe aux chômeurs, c’est très bien, mai
767 s bases, et retrouvé la commune mesure. Donner de la soupe aux chômeurs, c’est très bien, mais cela n’atteint pas les raci
768 hômeurs, c’est très bien, mais cela n’atteint pas les racines du mal. Oui, la tâche la plus pratique, la plus sociale qui s
769 mais cela n’atteint pas les racines du mal. Oui, la tâche la plus pratique, la plus sociale qui s’offre à nous, c’est bie
770 a n’atteint pas les racines du mal. Oui, la tâche la plus pratique, la plus sociale qui s’offre à nous, c’est bien une tâc
771 s racines du mal. Oui, la tâche la plus pratique, la plus sociale qui s’offre à nous, c’est bien une tâche spirituelle : r
772 e spirituelle : retrouver cette commune mesure de la pensée et de l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne p
773 retrouver cette commune mesure de la pensée et de l’ action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cherché
774 te commune mesure de la pensée et de l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cherchée sérieusemen
775 de la pensée et de l’action, de la culture et de l’ économie ; or, elle ne peut être cherchée sérieusement nulle part aill
776 herchée sérieusement nulle part ailleurs que dans la religion. L’histoire des grandes civilisations, c’est l’histoire de l
777 usement nulle part ailleurs que dans la religion. L’ histoire des grandes civilisations, c’est l’histoire de leur mesure co
778 gion. L’histoire des grandes civilisations, c’est l’ histoire de leur mesure commune, de leur règle centrale de pensée et d
779 leur règle centrale de pensée et d’action, ou si l’ on veut, pour simplifier, de leur morale. Et toute morale se fonde dan
780 Et toute morale se fonde dans une religion, même la morale de ceux qui se croient incroyants. Or c’est précisément cette
781 et une morale communautaire que se sont assignée les groupes personnalistes, sur l’exemple desquels je vais conclure. Le g
782 se sont assignée les groupes personnalistes, sur l’ exemple desquels je vais conclure. Le grand principe qui anime ces gro
783 alistes, sur l’exemple desquels je vais conclure. Le grand principe qui anime ces groupes, celui de la revue Esprit ou c
784 Le grand principe qui anime ces groupes, celui de la revue Esprit ou celui de L’Ordre nouveau , pour ne rien dire de pl
785 e rien dire de plusieurs autres moins notoires, —  le grand principe qui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’e
786 rs autres moins notoires, — le grand principe qui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’expression paraît bien a
787 otoires, — le grand principe qui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’expression paraît bien abstraite. Que fa
788 rand principe qui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’expression paraît bien abstraite. Que faut-il entendre
789 ui les anime, c’est la primauté de la personne. — L’ expression paraît bien abstraite. Que faut-il entendre par là ? Qu’est
790 Que faut-il entendre par là ? Qu’est-ce donc que la personne humaine ? Exactement et tout simplement, la personne, c’est
791 personne humaine ? Exactement et tout simplement, la personne, c’est ce que j’appelais l’exercice de la vocation. Ce qu’on
792 simplement, la personne, c’est ce que j’appelais l’ exercice de la vocation. Ce qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouve
793 a personne, c’est ce que j’appelais l’exercice de la vocation. Ce qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouveau  : la perso
794 e qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouveau  : la personne, c’est cette réalité que tout chrétien connaît : l’homme qui
795 , c’est cette réalité que tout chrétien connaît : l’ homme qui a reçu une vocation et qui lui obéit dans ses actes. Voici c
796 qui lui obéit dans ses actes. Voici ce que disent les personnalistes : l’État et les institutions doivent être mis au servi
797 s actes. Voici ce que disent les personnalistes : l’ État et les institutions doivent être mis au service de l’homme ; or,
798 oici ce que disent les personnalistes : l’État et les institutions doivent être mis au service de l’homme ; or, c’est l’inv
799 t les institutions doivent être mis au service de l’ homme ; or, c’est l’inverse qui se passe aujourd’hui ; l’État et les i
800 oivent être mis au service de l’homme ; or, c’est l’ inverse qui se passe aujourd’hui ; l’État et les institutions doivent
801  ; or, c’est l’inverse qui se passe aujourd’hui ; l’ État et les institutions doivent avoir pour seul but d’assurer à chacu
802 st l’inverse qui se passe aujourd’hui ; l’État et les institutions doivent avoir pour seul but d’assurer à chacun le libre
803 ns doivent avoir pour seul but d’assurer à chacun le libre et le plein exercice de sa vocation personnelle. Et c’est dans
804 voir pour seul but d’assurer à chacun le libre et le plein exercice de sa vocation personnelle. Et c’est dans cet esprit q
805 Et c’est dans cet esprit qu’il s’agit de rebâtir l’ économie et les cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouvons l’exige
806 cet esprit qu’il s’agit de rebâtir l’économie et les cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouvons l’exigence spirituelle
807 es cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouvons l’ exigence spirituelle du chrétien. Mais vous voyez aussi qu’il s’agit l
808 , car rien n’est plus profond qu’un changement de l’ état d’esprit qui préside aux institutions. Si notre société est née d
809 ide aux institutions. Si notre société est née de la Déclaration des droits de l’homme, il s’agit de donner à la société d
810 tion des droits de l’homme, il s’agit de donner à la société de demain une déclaration des devoirs de l’homme envers lui-m
811 société de demain une déclaration des devoirs de l’ homme envers lui-même et son prochain. Mais d’abord il s’agit, pour le
812 ême et son prochain. Mais d’abord il s’agit, pour les groupes personnalistes, de dénoncer et de combattre tout ce qui s’opp
813 t ce qui s’oppose au libre jeu des vocations dans la cité : dénoncer le capitalisme avec son principe immoral de la spécul
814 u libre jeu des vocations dans la cité : dénoncer le capitalisme avec son principe immoral de la spéculation et du commerc
815 oncer le capitalisme avec son principe immoral de la spéculation et du commerce de l’argent ; combattre la misère, car un
816 ncipe immoral de la spéculation et du commerce de l’ argent ; combattre la misère, car un homme qui n’a pas son pain ne peu
817 péculation et du commerce de l’argent ; combattre la misère, car un homme qui n’a pas son pain ne peut pas être une person
818 personne ni exercer sa vocation ; combattre aussi l’ État totalitaire, qui opprime toute vocation non conforme à ses cadres
819 non conforme à ses cadres simplistes ; — dénoncer la mystique des partis, cette tyrannie démocratique ; combattre et dénon
820 re et dénoncer cette autre tyrannie qui s’appelle la grande presse, et qui voudrait se faire prendre pour l’opinion publiq
821 nde presse, et qui voudrait se faire prendre pour l’ opinion publique, alors qu’elle n’est en fait que l’opinion des maître
822 opinion publique, alors qu’elle n’est en fait que l’ opinion des maîtres de forges ou des parlementaires exploitant la bêti
823 aîtres de forges ou des parlementaires exploitant la bêtise publique. Mais toutes ces destructions ne seront rendues possi
824 endues possibles que par un profond changement de l’ état d’esprit général. Elles appellent une morale créatrice, prenant l
825 al. Elles appellent une morale créatrice, prenant le pas sur nos morales trop idéalistes, ou cyniques. Et le triomphe d’un
826 sur nos morales trop idéalistes, ou cyniques. Et le triomphe d’une telle morale, à son tour, ne sera possible, que si l’o
827 elle morale, à son tour, ne sera possible, que si l’ on peut déduire de cette morale un système cohérent, englobant à la fo
828 e morale un système cohérent, englobant à la fois l’ économie et la pensée, et toutes les lois de la cité. Or, c’est à bâti
829 stème cohérent, englobant à la fois l’économie et la pensée, et toutes les lois de la cité. Or, c’est à bâtir ce système,
830 bant à la fois l’économie et la pensée, et toutes les lois de la cité. Or, c’est à bâtir ce système, à développer ses consé
831 is l’économie et la pensée, et toutes les lois de la cité. Or, c’est à bâtir ce système, à développer ses conséquences soc
832 e communautaire, que travaillent depuis trois ans les groupes de L’Ordre nouveau , et ceux de la revue Esprit . Le jeune
833 ans les groupes de L’Ordre nouveau , et ceux de la revue Esprit . Le jeune mouvement personnaliste ne se donne pas pour
834 L’Ordre nouveau , et ceux de la revue Esprit . Le jeune mouvement personnaliste ne se donne pas pour un mouvement chrét
835 ces et de toutes incroyances. Mais en fait, c’est le seul mouvement qui réponde, dès son principe, aux exigences de notre
836 ti politique. C’est un ordre, une chevalerie ! Et le principe de cet ordre nouveau n’est autre que celui de la vocation pe
837 ipe de cet ordre nouveau n’est autre que celui de la vocation personnelle. Oui, le principe animateur et dynamique qui fon
838 autre que celui de la vocation personnelle. Oui, le principe animateur et dynamique qui fonde tout le mouvement personnal
839 le principe animateur et dynamique qui fonde tout le mouvement personnaliste, c’est cette formidable idée que tout homme a
840 doit devenir une personne, — idée qu’apporta dans le monde le message de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Ca
841 nir une personne, — idée qu’apporta dans le monde le message de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ord
842 ne, — idée qu’apporta dans le monde le message de l’ apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ordonner toutes c
843 nde le message de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à l’e
844 ine de Calvin. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à l’exercice libre et fidèle des vocations, refaire un monde à
845 in. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à l’ exercice libre et fidèle des vocations, refaire un monde à la mesure d
846 libre et fidèle des vocations, refaire un monde à la mesure de l’homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du pe
847 le des vocations, refaire un monde à la mesure de l’ homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du personnalisme ;
848 faire un monde à la mesure de l’homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du personnalisme ; voilà son but, à la
849 mesure de l’homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du personnalisme ; voilà son but, à la fois politique, éc
850 à la fois politique, économique et culturel. Ici, la vérité est mise au premier rang : le succès même lui est subordonné.
851 lturel. Ici, la vérité est mise au premier rang : le succès même lui est subordonné. Je demande où est le parti qui peut e
852 succès même lui est subordonné. Je demande où est le parti qui peut en dire autant. Je demande où les chrétiens trouveraie
853 t le parti qui peut en dire autant. Je demande où les chrétiens trouveraient une chance plus concrète, une meilleure raison
854 spérer. Je dis bien, une chance concrète. Certes, le mouvement personnaliste est encore jeune, et n’a pas remué les masses
855 personnaliste est encore jeune, et n’a pas remué les masses jusqu’ici. Mais je ferai deux remarques : 1° il faut bien que
856 ation, c’est oser être celui qui commence, malgré les doutes des suiveurs ; 2° vous pouvez tous, tant que vous êtes, aider
857  ; 2° vous pouvez tous, tant que vous êtes, aider le mouvement personnaliste à se développer. Lisez la revue Esprit , lis
858 le mouvement personnaliste à se développer. Lisez la revue Esprit , lisez L’Ordre nouveau , mettez-vous en rapport avec
859 ction sociale, toute une tactique de rupture avec le désordre établi, jusque dans le détail de la vie. Et si, comme chréti
860 e de rupture avec le désordre établi, jusque dans le détail de la vie. Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans le
861 avec le désordre établi, jusque dans le détail de la vie. Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans le mouvement pe
862 Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans le mouvement personnaliste tout ce qu’exige votre foi, eh bien, raison d
863 qu’exige votre foi, eh bien, raison de plus pour l’ apporter ! Le chrétien n’est-il pas, en quelque sorte, un spécialiste
864 re foi, eh bien, raison de plus pour l’apporter ! Le chrétien n’est-il pas, en quelque sorte, un spécialiste de la vocatio
865 n’est-il pas, en quelque sorte, un spécialiste de la vocation ? Des incertains, des douteurs, des craintifs, ou des scepti
866 lementaires, des techniciens de toute farine dont les compétences bavardes nous ont valu la crise actuelle viendront dire :
867 arine dont les compétences bavardes nous ont valu la crise actuelle viendront dire : ça n’est pas pratique. Mais ce n’est
868 où tout est en désordre. Nous savons ce que vaut l’ aune de ce « pratique » qu’on nous propose. L’heure est venue d’essaye
869 aut l’aune de ce « pratique » qu’on nous propose. L’ heure est venue d’essayer autre chose, d’essayer au moins une fois de
870 partir d’un fondement vrai, d’une vision vraie de l’ homme et de l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur réali
871 ndement vrai, d’une vision vraie de l’homme et de l’ État, de reprendre les choses à la base, dans leur réalité dernière, m
872 ision vraie de l’homme et de l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur réalité dernière, métaphysique et religie
873 e l’homme et de l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur réalité dernière, métaphysique et religieuse. Qui aur
874 taphysique et religieuse. Qui aura ce courage, si les chrétiens ne l’ont pas ? Où voulez-vous aller si vous refusez cette c
875 igieuse. Qui aura ce courage, si les chrétiens ne l’ ont pas ? Où voulez-vous aller si vous refusez cette chance ? Et comme
876 ce ? Et comment un chrétien pourrait-il m’opposer les objections d’un praticisme à courte vue, quand notre vocation chrétie
877 notre vocation chrétienne braque nos regards sur le miracle d’une justice et d’une vérité déjà descendue sur la terre ? T
878 d’une justice et d’une vérité déjà descendue sur la terre ? Tous les autres auraient le droit de m’arrêter en me disant :
879 t d’une vérité déjà descendue sur la terre ? Tous les autres auraient le droit de m’arrêter en me disant : nous préférons u
880 descendue sur la terre ? Tous les autres auraient le droit de m’arrêter en me disant : nous préférons un mensonge applicab
881 licable à votre vérité trop désintéressée, — tous les autres, mais pas les chrétiens. Tous les autres auraient le droit de
882 é trop désintéressée, — tous les autres, mais pas les chrétiens. Tous les autres auraient le droit de m’opposer la sagesse
883 , — tous les autres, mais pas les chrétiens. Tous les autres auraient le droit de m’opposer la sagesse de ce siècle en fail
884 mais pas les chrétiens. Tous les autres auraient le droit de m’opposer la sagesse de ce siècle en faillite, mais nous app
885 s. Tous les autres auraient le droit de m’opposer la sagesse de ce siècle en faillite, mais nous appartenons à ce qui juge
886 mais nous appartenons à ce qui juge ce siècle, à la transformation radicale du monde ! Si le but nous paraît trop haut, c
887 iècle, à la transformation radicale du monde ! Si le but nous paraît trop haut, c’est que nous comptons encore trop sur no
888 ue nous comptons encore trop sur nous-mêmes. Mais le chrétien ne compte pas sur lui seul, il compte sur Celui qui peut fai
889 e sur Celui qui peut faire, et bien faire, ce que l’ homme fait mal. Telle est sa liberté dans l’action, dans l’échec, dans
890 e que l’homme fait mal. Telle est sa liberté dans l’ action, dans l’échec, dans l’espérance et la protestation, dans l’anno
891 ait mal. Telle est sa liberté dans l’action, dans l’ échec, dans l’espérance et la protestation, dans l’annonce d’un monde
892 est sa liberté dans l’action, dans l’échec, dans l’ espérance et la protestation, dans l’annonce d’un monde nouveau. ⁂ Je
893 dans l’action, dans l’échec, dans l’espérance et la protestation, dans l’annonce d’un monde nouveau. ⁂ Je n’ai pas cherch
894 ’échec, dans l’espérance et la protestation, dans l’ annonce d’un monde nouveau. ⁂ Je n’ai pas cherché ce soir à vous décri
895 pas cherché ce soir à vous décrire impartialement la situation : il eût fallu beaucoup plus de nuances. J’ai cherché au co
896 arquer quels peuvent être nos motifs de choix, et le lieu d’une action pratique. Il se peut que je me trompe. Il se peut q
897 e je me trompe. Il se peut que certains reçoivent l’ ordre d’aller là où je crois ne pas devoir aller. Qu’ils le fassent, s
898 ’aller là où je crois ne pas devoir aller. Qu’ils le fassent, si c’est là leur mission, et la forme de leur témoignage. Qu
899 . Qu’ils le fassent, si c’est là leur mission, et la forme de leur témoignage. Qu’ils le fassent comme témoins du Dieu qui
900 r mission, et la forme de leur témoignage. Qu’ils le fassent comme témoins du Dieu qui les envoie ! — Il se peut que certa
901 nage. Qu’ils le fassent comme témoins du Dieu qui les envoie ! — Il se peut que certains reçoivent l’ordre d’aller payer de
902 les envoie ! — Il se peut que certains reçoivent l’ ordre d’aller payer de leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds
903 d’aller payer de leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds ou la prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet de r
904 leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds ou la prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet de rendre grâces du
905 me Kagawa dans les bas-fonds ou la prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet de rendre grâces du sort qui leur est
906 les bas-fonds ou la prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet de rendre grâces du sort qui leur est fait ! — Il se
907 maintenant dans leur domaine quotidien, celui de la pensée et de l’action auquel travaillent les groupes personnalistes.
908 leur domaine quotidien, celui de la pensée et de l’ action auquel travaillent les groupes personnalistes. Qu’ils le fassen
909 ui de la pensée et de l’action auquel travaillent les groupes personnalistes. Qu’ils le fassent, qu’ils saisissent cette ch
910 el travaillent les groupes personnalistes. Qu’ils le fassent, qu’ils saisissent cette chance ; c’est encore une jeune espé
911 eure. Il y a aussi des voix qui nous appellent de l’ extérieur, et qui nous montrent, ici et maintenant, des possibilités d
912 ui est impossible, c’est qu’un chrétien n’ait pas la vocation d’agir, de faire acte de présence à la misère du siècle, de
913 s la vocation d’agir, de faire acte de présence à la misère du siècle, de protester contre elle, et d’annoncer sa foi dans
914 protester contre elle, et d’annoncer sa foi dans la transformation promise de toutes choses. « Ne vous conformez pas à ce
915 s à ce siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est
916 , mais soyez transformés par le renouvellement de l’ intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu,
917 intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » f. Rougemo
918 gréable et parfait. » f. Rougemont Denis de, «  La cité », Le Semeur, Paris, avril–mai 1935, p. 387-416. g. Rougemont e
919 parfait. » f. Rougemont Denis de, « La cité », Le Semeur, Paris, avril–mai 1935, p. 387-416. g. Rougemont en rend comp
920 35, p. 387-416. g. Rougemont en rend compte dans la livraison de septembre 1931 de Foi et Vie .
4 1936, Le Semeur, articles (1933–1949). Notre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)
921 tre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)h Sous le titre Notre Foi, Emil Brunner a réuni 35 courtes études, des « médita
922 a réuni 35 courtes études, des « méditations sur le message de Jésus-Christ ». Dès l’abord, on est frappé par leur simpli
923 méditations sur le message de Jésus-Christ ». Dès l’ abord, on est frappé par leur simplicité et leur clarté, qui réussisse
924 licité et leur clarté, qui réussissent à mettre à la portée de tous, sans l’affaiblir ni la fausser, la « théologie » chré
925 ui réussissent à mettre à la portée de tous, sans l’ affaiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la plus authentiq
926 à mettre à la portée de tous, sans l’affaiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la plus authentique. Le style es
927 a portée de tous, sans l’affaiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la plus authentique. Le style est direct, l’
928 aiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la plus authentique. Le style est direct, l’emploi de la seconde personn
929 la « théologie » chrétienne la plus authentique. Le style est direct, l’emploi de la seconde personne est la règle ; auss
930 étienne la plus authentique. Le style est direct, l’ emploi de la seconde personne est la règle ; aussi ne peut-on lire ces
931 e est direct, l’emploi de la seconde personne est la règle ; aussi ne peut-on lire ces méditations sans se sentir pris à p
932 se sentir pris à partie et directement engagé par les réactions et les réponses qu’elles exigent de nous. Ces études se suc
933 partie et directement engagé par les réactions et les réponses qu’elles exigent de nous. Ces études se succèdent selon un p
934 lan qu’il n’est pas toujours facile d’apercevoir. Les divisions générales paraissent être : Dieu — L’homme — Jésus-Christ —
935 Les divisions générales paraissent être : Dieu — L’ homme — Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’Église et les sacrements
936 paraissent être : Dieu — L’homme — Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’Église et les sacrements — L’espérance eschatologi
937 eu — L’homme — Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’ Église et les sacrements — L’espérance eschatologique. Le trait le plu
938 — Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’Église et les sacrements — L’espérance eschatologique. Le trait le plus marquant es
939 La foi chrétienne — L’Église et les sacrements — L’ espérance eschatologique. Le trait le plus marquant est leur « biblism
940 e et les sacrements — L’espérance eschatologique. Le trait le plus marquant est leur « biblisme ». Bien que pas un verset
941 sacrements — L’espérance eschatologique. Le trait le plus marquant est leur « biblisme ». Bien que pas un verset de l’Écri
942 est leur « biblisme ». Bien que pas un verset de l’ Écriture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur informé
943 pas un verset de l’Écriture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur informées par la Bible, et dominées par
944 de l’Écriture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur informées par la Bible, et dominées par elle. Pour Br
945 ture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’ auteur informées par la Bible, et dominées par elle. Pour Brunner, « l
946 ent la pensée et la foi de l’auteur informées par la Bible, et dominées par elle. Pour Brunner, « la foi chrétienne est un
947 r la Bible, et dominées par elle. Pour Brunner, «  la foi chrétienne est une foi biblique » ; la Bible est la Parole de Die
948 ner, « la foi chrétienne est une foi biblique » ; la Bible est la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu q
949 chrétienne est une foi biblique » ; la Bible est la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu que par Sa rév
950 de Dieu que par Sa révélation dans cette Parole. Le Saint-Esprit ouvre nos cœurs à cette Parole, Il la rend vivante et ag
951 e Saint-Esprit ouvre nos cœurs à cette Parole, Il la rend vivante et agissante en nous, en sorte qu’elle produit en nous c
952 ’elle produit en nous ce que saint Paul appelle «  les fruits de l’Esprit ». On sent dans ces études un constant effort de f
953 en nous ce que saint Paul appelle « les fruits de l’ Esprit ». On sent dans ces études un constant effort de fidélité humbl
954 tant effort de fidélité humble pour ne pas trahir la Révélation de Dieu en taisant — ou en résolvant par quelque ingénieus
955 résolvant par quelque ingénieuse synthèse — tous les paradoxes chrétiens qui gênent si fort notre humaine raison. Mais la
956 ens qui gênent si fort notre humaine raison. Mais la foi n’est pas une adhésion intellectuelle qui ne nous engagerait pas 
957 ésion intellectuelle qui ne nous engagerait pas ; la foi au Dieu de majesté, de sainteté et d’amour, qui s’est révélé à no
958 é à nous en Jésus-Christ, exige que nous prenions les exigences de Dieu vraiment au sérieux, que nous « laissions Dieu être
959 ous ». Brunner semble vouloir nous amener à prier la prière de la foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à mon incrédul
960 r semble vouloir nous amener à prier la prière de la foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à mon incrédulité. » h.
961 de, « [Compte rendu] Emil Brunner, Notre foi  », Le Semeur, Paris, janvier 1936, p. 193-194.
5 1945, Le Semeur, articles (1933–1949). La responsabilité culturelle de l’Église (mars 1945)
962 La responsabilité culturelle de l’Église (mars 1945)i Il y a un accor
963 La responsabilité culturelle de l’ Église (mars 1945)i Il y a un accord frappant entre les principes d
964 e (mars 1945)i Il y a un accord frappant entre les principes de la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées
965 Il y a un accord frappant entre les principes de la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grandes
966 cord frappant entre les principes de la Charte de l’ Atlantique et les affirmations formulées par les grandes conférences œ
967 tre les principes de la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grandes conférences œcuméniques. Mais
968 de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grandes conférences œcuméniques. Mais il est non moins remarquable qu
969 ble qu’aucun de ces documents ne fasse allusion à l’ ordre culturel de demain. Et il est cependant certain que si les Églis
970 rel de demain. Et il est cependant certain que si les Églises continuent à négliger cette question, la cessation des hostil
971 les Églises continuent à négliger cette question, la cessation des hostilités introduira une période de la plus grande con
972 essation des hostilités introduira une période de la plus grande confusion. Aperçu de la situation d’après-guerre La
973 période de la plus grande confusion. Aperçu de la situation d’après-guerre La jeunesse de presque tous les pays du m
974 usion. Aperçu de la situation d’après-guerre La jeunesse de presque tous les pays du monde aura été soumise à plusieu
975 ion d’après-guerre La jeunesse de presque tous les pays du monde aura été soumise à plusieurs années de service militair
976 général du niveau d’instruction, une déflation de la culture classique, non seulement dans les pays ruinés par la guerre,
977 ation de la culture classique, non seulement dans les pays ruinés par la guerre, mais autant, ou même plus, dans les pays c
978 classique, non seulement dans les pays ruinés par la guerre, mais autant, ou même plus, dans les pays comme les États-Unis
979 és par la guerre, mais autant, ou même plus, dans les pays comme les États-Unis. Dans la guerre moderne tout contribue à un
980 e, mais autant, ou même plus, dans les pays comme les États-Unis. Dans la guerre moderne tout contribue à un abaissement du
981 me plus, dans les pays comme les États-Unis. Dans la guerre moderne tout contribue à un abaissement du niveau intellectuel
982 ntribue à un abaissement du niveau intellectuel : la propagande, la nécessité vitale de simplifier tous les problèmes, de
983 aissement du niveau intellectuel : la propagande, la nécessité vitale de simplifier tous les problèmes, de juger selon des
984 ropagande, la nécessité vitale de simplifier tous les problèmes, de juger selon des besoins utilitaires plutôt que selon le
985 er selon des besoins utilitaires plutôt que selon les exigences de la vérité, de penser par masses ou par majorités, de pla
986 ins utilitaires plutôt que selon les exigences de la vérité, de penser par masses ou par majorités, de placer tout le mal
987 enser par masses ou par majorités, de placer tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ce
988 ajorités, de placer tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une a
989 titude de critique exigeante ou un sens normal de la justice. En outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les typ
990 geante ou un sens normal de la justice. En outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les types de culture de la pé
991 outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vai
992 urs pour effet de démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pays
993 e culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pays conquis la jeunesse accusera la cultur
994 avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pays conquis la jeunesse accusera la culture de la génération précéde
995 e dans les pays vainqueurs. Dans les pays conquis la jeunesse accusera la culture de la génération précédente, celle de se
996 ueurs. Dans les pays conquis la jeunesse accusera la culture de la génération précédente, celle de ses parents d’avoir ame
997 s pays conquis la jeunesse accusera la culture de la génération précédente, celle de ses parents d’avoir amené la catastro
998 on précédente, celle de ses parents d’avoir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de la génération présente, auro
999 amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de la génération présente, auront disparu. Il y aura une impérieuse exigenc
1000 ant de repartir à neuf et de ne pas retomber dans les erreurs traditionnelles ou revenir aux disciplines de l’ère bourgeois
1001 urs traditionnelles ou revenir aux disciplines de l’ ère bourgeoise. Il se pourrait que cette exigence, surgissant d’un cha
1002 n chaos matériel et spirituel, présente à nouveau l’ apparence d’un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de
1003 te à nouveau l’apparence d’un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine
1004 ence d’un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goû
1005 sme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’aventure, m
1006 chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’aventure, mais aussi une extrême simpl
1007 lence de la guerre transportée dans le domaine de l’ esprit, un goût d’aventure, mais aussi une extrême simplification inte
1008 dynamiques. Il serait romantique de supposer que la guerre actuelle a détruit toutes les éternelles illusions de l’humani
1009 supposer que la guerre actuelle a détruit toutes les éternelles illusions de l’humanité. Nous avons des raisons de craindr
1010 elle a détruit toutes les éternelles illusions de l’ humanité. Nous avons des raisons de craindre, au contraire, qu’elles n
1011 ent une nouvelle virulence sous de nouveaux noms. Les générations d’après-guerre ne seront pas nécessairement plus positive
1012 s positives ou plus cyniques — tout en prétendant l’ être, à coup sûr. Mais sans aucun doute leur faim sera plus grande et
1013 tymologique du mot — de solutions « totale » dans le domaine de la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de divis
1014 mot — de solutions « totale » dans le domaine de la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’absence
1015 ons « totale » dans le domaine de la culture. Car l’ époque bourgeoise a été une ère de division, d’absence de parenté et d
1016 de commune mesure entre idéal et pratique, entre les diverses disciplines de l’esprit, entre les diverses activités humain
1017 al et pratique, entre les diverses disciplines de l’ esprit, entre les diverses activités humaines et sociales. Les années
1018 entre les diverses disciplines de l’esprit, entre les diverses activités humaines et sociales. Les années d’après-guerre se
1019 ntre les diverses activités humaines et sociales. Les années d’après-guerre seront probablement caractérisées par les trait
1020 près-guerre seront probablement caractérisées par les traits suivants : des lacunes intellectuelles, une soif d’aventures s
1021 ctuelles, une soif d’aventures spirituelles (chez les meilleurs), un besoin de direction ferme et de réalisations expéditiv
1022 alisations expéditives d’allures totalitaires. Le devoir des Églises Si les Églises chrétiennes ne donnent pas cette
1023 ures totalitaires. Le devoir des Églises Si les Églises chrétiennes ne donnent pas cette direction ferme et vraiment
1024 ion ferme et vraiment catholique (embrassant tous les aspects de la vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la
1025 aiment catholique (embrassant tous les aspects de la vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. Cett
1026 tholique (embrassant tous les aspects de la vie), l’ abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. Cette dernièr
1027 les aspects de la vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. Cette dernière s’établira contre le ch
1028 ), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. Cette dernière s’établira contre le christianisme et probabl
1029 x et la culture. Cette dernière s’établira contre le christianisme et probablement avec les orientations suivantes : scien
1030 lira contre le christianisme et probablement avec les orientations suivantes : science, (scientisme), eudémonisme païen, cu
1031 sme), eudémonisme païen, culte de ces valeurs que l’ on dit « appartenir à la vie », création de nouveaux nationalismes rel
1032 culte de ces valeurs que l’on dit « appartenir à la vie », création de nouveaux nationalismes religieux et virulents. Mai
1033 une Église veut être en mesure d’intervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée sur une doctrine f
1034 e en mesure d’intervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée sur une doctrine ferme, sur une théolo
1035 même temps rigoureuse et vitale à l’intérieur de l’ Église. Une Église dont la théologie est vague n’a plus rien à dire da
1036 vitale à l’intérieur de l’Église. Une Église dont la théologie est vague n’a plus rien à dire dans le domaine de la cultur
1037 la théologie est vague n’a plus rien à dire dans le domaine de la culture. Une telle Église peut donner un avis sur le pl
1038 est vague n’a plus rien à dire dans le domaine de la culture. Une telle Église peut donner un avis sur le plan politique.
1039 le peut, par exemple, approuver un document comme la Charte de l’Atlantique qui n’émane pas d’une théologie, ni même direc
1040 exemple, approuver un document comme la Charte de l’ Atlantique qui n’émane pas d’une théologie, ni même directement du chr
1041 itique, inspirée par un pur humanisme. Mais, dans le domaine de la culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Églis
1042 ée par un pur humanisme. Mais, dans le domaine de la culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Église ne peut adop
1043 pre théologie, et en rattachant ce qu’elle dit de la façon la plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’Église cat
1044 ogie, et en rattachant ce qu’elle dit de la façon la plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’Église catholique r
1045 a plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’ Église catholique romaine fut à la tête du mouvement philosophique du
1046 C’est ainsi que l’Église catholique romaine fut à la tête du mouvement philosophique du Moyen Âge, que les réformes de Lut
1047 tête du mouvement philosophique du Moyen Âge, que les réformes de Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renaissan
1048 s de Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renaissance et inspirèrent un vaste mouvement culturel. Plus tard, lo
1049 t un vaste mouvement culturel. Plus tard, lorsque les théologies romaines et réformées s’atrophièrent, elles n’osèrent plus
1050 e, intervenir comme influences inspiratrices dans le débat culturel. L’abîme commença à s’ouvrir entre l’Église et la cult
1051 influences inspiratrices dans le débat culturel. L’ abîme commença à s’ouvrir entre l’Église et la culture. Un chrétien du
1052 débat culturel. L’abîme commença à s’ouvrir entre l’ Église et la culture. Un chrétien du xixe ou du xxe siècle, par exem
1053 el. L’abîme commença à s’ouvrir entre l’Église et la culture. Un chrétien du xixe ou du xxe siècle, par exemple, pouvait
1054 si cela était compatible avec sa foi. Car en fait la théologie avait cessé d’être vivante, précise et exigeante, et donc s
1055 écise et exigeante, et donc source d’inspiration. Le thomisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt, le luthérianisme B
1056 ource d’inspiration. Le thomisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt, le luthérianisme Bach, le puritanisme Milton. M
1057 homisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt, le luthérianisme Bach, le puritanisme Milton. Mais le protestantisme lib
1058 , le calvinisme Rembrandt, le luthérianisme Bach, le puritanisme Milton. Mais le protestantisme libéral du xixe ou xxe s
1059 e luthérianisme Bach, le puritanisme Milton. Mais le protestantisme libéral du xixe ou xxe siècle n’a inspiré aucun arti
1060 exigence claire et ferme, parce qu’il n’offrait à l’ instinct créateur aucune charpente et qu’il ne fixait aucune limite qu
1061 un stimulant et un guide. Premièrement, donc, si l’ Église n’a rien à donner, si elle n’a rien à exiger de la culture, cet
1062 e n’a rien à donner, si elle n’a rien à exiger de la culture, cette dernière s’en trouvera appauvrie et désorientée. Elle
1063 entée. Elle sera coupée de ses racines. Car toute la culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétie
1064 ines. Car toute la culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au cod
1065 culture occidentale est née de la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au code chrétien, soit en
1066 code chrétien, soit en se révoltant contre lui. ( Les grandes philosophies modernes, celles de Descartes et de Hegel, sont
1067 ologique à ses origines.) Et, en second, lieu, si la culture perd contact avec l’Église, avec sa doctrine et son culte, l’
1068 en second, lieu, si la culture perd contact avec l’ Église, avec sa doctrine et son culte, l’Église perd ses moyens les pl
1069 act avec l’Église, avec sa doctrine et son culte, l’ Église perd ses moyens les plus efficaces d’agir sur le siècle, de tra
1070 a doctrine et son culte, l’Église perd ses moyens les plus efficaces d’agir sur le siècle, de transformer ses croyances en
1071 ise perd ses moyens les plus efficaces d’agir sur le siècle, de transformer ses croyances en action créatrice. Les forces
1072 de transformer ses croyances en action créatrice. Les forces de création lui échappent. Tout ce qui est créé est alors créé
1073 Tout ce qui est créé est alors créé en dehors de l’ Église ou en opposition à elle et devient difficile à intégrer dans un
1074 du monde. Ceci est particulièrement frappant dans les pays protestants où le souci de rattacher tout travail de culture à u
1075 culièrement frappant dans les pays protestants où le souci de rattacher tout travail de culture à une théologie stricte a
1076 sparu — en raison du manque de stricte théologie. L’ Église romaine a mieux retenu les forces de création intellectuelles p
1077 tricte théologie. L’Église romaine a mieux retenu les forces de création intellectuelles parce qu’elle est attentive à prés
1078 ectuelles parce qu’elle est attentive à préserver les droits et les devoirs de la critique théologique sur tous les plans e
1079 e qu’elle est attentive à préserver les droits et les devoirs de la critique théologique sur tous les plans et pas seulemen
1080 ttentive à préserver les droits et les devoirs de la critique théologique sur tous les plans et pas seulement d’une façon
1081 t les devoirs de la critique théologique sur tous les plans et pas seulement d’une façon négative et restrictive. Que peuve
1082 négative et restrictive. Que peuvent alors faire les Églises pour collaborer à la création d’un ordre culturel dans le cha
1083 peuvent alors faire les Églises pour collaborer à la création d’un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons
1084 collaborer à la création d’un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons une réponse simple. Les Églises pour
1085 os de demain ? Nous proposons une réponse simple. Les Églises pourront agir et inspirer si elles sont fondées sur une doctr
1086 ine ferme et complète. Elles auront autorité dans la mesure où elles interviendront au nom de leur théologie. Elles auront
1087 lieu de se désintéresser ou de suivre avec retard les tendances du jour. Vocation : le principe fondamental Pour pass
1088 avec retard les tendances du jour. Vocation : le principe fondamental Pour passer de la théologie d’une Église à de
1089 ation : le principe fondamental Pour passer de la théologie d’une Église à des applications sociales, culturelles, poli
1090 certains principes ou stades intermédiaires entre la théologie et les éthiques. La catégorie intermédiaire qui paraît la p
1091 es ou stades intermédiaires entre la théologie et les éthiques. La catégorie intermédiaire qui paraît la plus féconde dans
1092 ntermédiaires entre la théologie et les éthiques. La catégorie intermédiaire qui paraît la plus féconde dans le domaine cu
1093 s éthiques. La catégorie intermédiaire qui paraît la plus féconde dans le domaine culturel et social est celle de Vocation
1094 rie intermédiaire qui paraît la plus féconde dans le domaine culturel et social est celle de Vocation (au sens calviniste
1095 du mot, qui est plus large que celui dans lequel l’ entend Rome). L’Évangile nous apprend que chaque homme est susceptible
1096 plus large que celui dans lequel l’entend Rome). L’ Évangile nous apprend que chaque homme est susceptible de recevoir une
1097 le de recevoir une vocation, un appel spécial qui le distingue de son genre et qui lui confère une dignité inaliénable dan
1098 e et qui lui confère une dignité inaliénable dans la mesure où il obéit à cet appel. C’est le principe fondamental de tout
1099 ble dans la mesure où il obéit à cet appel. C’est le principe fondamental de tout ordre social que l’on peut appeler chrét
1100 le principe fondamental de tout ordre social que l’ on peut appeler chrétien. On peut aussi accepter l’idée d’une vocation
1101 ’on peut appeler chrétien. On peut aussi accepter l’ idée d’une vocation générale ou collective, appliquée à une nation ou
1102 Chaque être individuel ou collectif, pour lequel l’ Église peut prier, est susceptible de recevoir une vocation. Maintenan
1103 susceptible de recevoir une vocation. Maintenant les grandes maladies sociales et culturelles des temps modernes ont toute
1104 outes cette caractéristique commune : elles nient la vocation personnelle (que ce soient les collectivismes nationalistes,
1105 lles nient la vocation personnelle (que ce soient les collectivismes nationalistes, de race ou de classe, ou les matérialis
1106 ctivismes nationalistes, de race ou de classe, ou les matérialismes biologiques, moraux ou bourgeois). De même l’individual
1107 lismes biologiques, moraux ou bourgeois). De même l’ individualisme est une déviation morbide du sens de la vocation car el
1108 dividualisme est une déviation morbide du sens de la vocation car elle nie ses conséquences sociales et communautaires. La
1109 nie ses conséquences sociales et communautaires. La principale critique que l’on puisse adresser à ce point de vue est la
1110 les et communautaires. La principale critique que l’ on puisse adresser à ce point de vue est la suivante : une idéologie q
1111 ue que l’on puisse adresser à ce point de vue est la suivante : une idéologie qui nie la vocation personnelle ou un régime
1112 nt de vue est la suivante : une idéologie qui nie la vocation personnelle ou un régime social qui dépouille l’homme de la
1113 ion personnelle ou un régime social qui dépouille l’ homme de la liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le c
1114 elle ou un régime social qui dépouille l’homme de la liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christianism
1115 rté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christianisme. Par exemple, toutes les idéologies totalitaires nient
1116 tibles avec le christianisme. Par exemple, toutes les idéologies totalitaires nient par définition le fait de la vocation p
1117 les idéologies totalitaires nient par définition le fait de la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz :
1118 gies totalitaires nient par définition le fait de la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonction
1119 inition le fait de la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonction du citoyen à l’intérieur de l’
1120 personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonction du citoyen à l’intérieur de l’État ou du Parti, conformément
1121 ersatz : la fonction du citoyen à l’intérieur de l’ État ou du Parti, conformément au décret de l’État ou du Parti. Elles
1122 de l’État ou du Parti, conformément au décret de l’ État ou du Parti. Elles nient l’existence de toute différenciation ou
1123 ment au décret de l’État ou du Parti. Elles nient l’ existence de toute différenciation ou la qualifient de morbide, réacti
1124 les nient l’existence de toute différenciation ou la qualifient de morbide, réactionnaire, individualiste, antisociale. El
1125 e. Elles sont, par conséquent, incompatibles avec l’ ordre chrétien qui présuppose l’union dans la diversité. Toutes les do
1126 ncompatibles avec l’ordre chrétien qui présuppose l’ union dans la diversité. Toutes les doctrines unitariennes, cherchant
1127 avec l’ordre chrétien qui présuppose l’union dans la diversité. Toutes les doctrines unitariennes, cherchant à établir une
1128 qui présuppose l’union dans la diversité. Toutes les doctrines unitariennes, cherchant à établir une homogénéité mécanique
1129 (État, tyran), ou d’en bas (égalitarisme poussé à l’ extrême) nient la vocation personnelle, ou la vocation d’un groupe et
1130 d’en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) nient la vocation personnelle, ou la vocation d’un groupe et la considèrent co
1131 sé à l’extrême) nient la vocation personnelle, ou la vocation d’un groupe et la considèrent comme dangereuse et scandaleus
1132 cation personnelle, ou la vocation d’un groupe et la considèrent comme dangereuse et scandaleuse. Ces doctrines sont par l
1133 use. Ces doctrines sont par là incompatibles avec l’ ordre chrétien, qui implique l’union et non l’uniformité et qui respec
1134 incompatibles avec l’ordre chrétien, qui implique l’ union et non l’uniformité et qui respecte la diversité des dons, la di
1135 vec l’ordre chrétien, qui implique l’union et non l’ uniformité et qui respecte la diversité des dons, la diversité des mem
1136 lique l’union et non l’uniformité et qui respecte la diversité des dons, la diversité des membres dans un même corps, beau
1137 uniformité et qui respecte la diversité des dons, la diversité des membres dans un même corps, beaucoup de maisons dans le
1138 bres dans un même corps, beaucoup de maisons dans le Royaume de Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié de chrétien à
1139 lifié de chrétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation, et qu’il n’assure à chaque homme (et à chaque
1140 ien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation, et qu’il n’assure à chaque homme (et à chaque groupe ou ent
1141 e homme (et à chaque groupe ou entité collective) la liberté de réaliser cette vocation divine, unique et inaliénable. Un
1142 rien. Il sera fédéral plutôt que centralisé (dans les domaines culturels, religieux et sociaux). Il placera les droits et l
1143 ines culturels, religieux et sociaux). Il placera les droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’individu charg
1144 , religieux et sociaux). Il placera les droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocati
1145 sociaux). Il placera les droits et les devoirs de l’ individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant les
1146 its et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire de l’ individu chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’É
1147 à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’ass
1148 dividu chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la libert
1149 ’une vocation) avant les droits et les devoirs de l’ État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individ
1150 ation) avant les droits et les devoirs de l’État ( l’ organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individu au poi
1151 droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individu au point de vue matérie
1152 l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’individu au point de vue matériel). Les conséquences
1153 anisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’ individu au point de vue matériel). Les conséquences sociales de la
1154 berté de l’individu au point de vue matériel). Les conséquences sociales de la vocation 1) Une doctrine chrétienne, c
1155 de vue matériel). Les conséquences sociales de la vocation 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la voca
1156 cation 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’ idée de la vocation des individus, mettra toujours l’accent sur le dev
1157 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la vocation des individus, mettra toujours l’accent sur le devoir plutôt
1158 dée de la vocation des individus, mettra toujours l’ accent sur le devoir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l
1159 ation des individus, mettra toujours l’accent sur le devoir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée : les
1160 ra toujours l’accent sur le devoir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée : les règlements militaires ne f
1161 sur le devoir plutôt que sur les droits. Prenons l’ exemple de l’armée : les règlements militaires ne fixent pas les droit
1162 r plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple de l’ armée : les règlements militaires ne fixent pas les droits d’un capita
1163 ue sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée : les règlements militaires ne fixent pas les droits d’un capitaine mais se
1164 l’armée : les règlements militaires ne fixent pas les droits d’un capitaine mais seulement ses devoirs et ses fonctions. Il
1165 ses devoirs et ses fonctions. Il va sans dire que l’ organisation de l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours les mo
1166 fonctions. Il va sans dire que l’organisation de l’ armée est telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’accomplir s
1167 e l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’accomplir son devoir : c’est là sa liberté, il n’en a pas d’
1168 : c’est là sa liberté, il n’en a pas d’autres. Or l’ Ecclesia militans ressemble à une armée beaucoup plus qu’elle ne resse
1169 ne ressemble à une constitution abstraite fixant les droits de l’individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2) Une
1170 à une constitution abstraite fixant les droits de l’ individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2) Une doctrine chré
1171 . 2) Une doctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait de la vocation divine d’un homme ou d’un organisme collectif con
1172 ctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait de la vocation divine d’un homme ou d’un organisme collectif condamnera tou
1173 ndamnera tout système qui, mécaniquement, empêche la réalisation de cette vocation. Elle condamnera, par conséquent, au no
1174 ation. Elle condamnera, par conséquent, au nom de la théologie, les grandes machines bureaucratiques dans lesquelles les i
1175 ndamnera, par conséquent, au nom de la théologie, les grandes machines bureaucratiques dans lesquelles les individus sont a
1176 grandes machines bureaucratiques dans lesquelles les individus sont abstraitement dirigés selon les besoins de la machine
1177 es les individus sont abstraitement dirigés selon les besoins de la machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamn
1178 s sont abstraitement dirigés selon les besoins de la machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamnera le système
1179 t non selon leur vocation réelle. Elle condamnera le système du capital privé dans la mesure où le mouvement des biens de
1180 Elle condamnera le système du capital privé dans la mesure où le mouvement des biens de la puissance matérielle y est fon
1181 era le système du capital privé dans la mesure où le mouvement des biens de la puissance matérielle y est fonction des has
1182 privé dans la mesure où le mouvement des biens de la puissance matérielle y est fonction des hasards d’opérations de Bours
1183 urse, par exemple, et non des droits conférés par l’ exercice d’une vocation. Elle condamnera tout système économique qui f
1184 le condamnera tout système économique qui fait de l’ homme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production ma
1185 mnera tout système économique qui fait de l’homme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production matérielle
1186 ique qui fait de l’homme le jouet des intérêts de l’ État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissa
1187 e le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou col
1188 État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou collective. 3) Les Églises comba
1189 lonté de puissance individuelle ou collective. 3) Les Églises combattront pour tout ce qui assure à un organisme individuel
1190 qui assure à un organisme individuel ou collectif la liberté légale et les moyens matériels d’accomplir sa vocation. Elles
1191 isme individuel ou collectif la liberté légale et les moyens matériels d’accomplir sa vocation. Elles le feront au nom de l
1192 s moyens matériels d’accomplir sa vocation. Elles le feront au nom de leur doctrine, et avec une grande précision. Elles n
1193 doctrine, et avec une grande précision. Elles ne le feront pas au nom de conceptions purement humanistes ou religieusemen
1194 rement humanistes ou religieusement neutres comme le progrès, la justice sociale (de gauche), ou l’ordre social (de droite
1195 istes ou religieusement neutres comme le progrès, la justice sociale (de gauche), ou l’ordre social (de droite), l’intérêt
1196 me le progrès, la justice sociale (de gauche), ou l’ ordre social (de droite), l’intérêt national ou la prospérité économiq
1197 ciale (de gauche), ou l’ordre social (de droite), l’ intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir des Églises es
1198 l’ordre social (de droite), l’intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir des Églises est de repenser toutes c
1199 , l’intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir des Églises est de repenser toutes ces catégories et de les cr
1200 lises est de repenser toutes ces catégories et de les critiquer d’un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y avoir,
1201 le, une redéfinition des « quatre libertés » dans les conditions de fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation
1202 ns de fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l
1203 doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre à l’ abri de la nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prosp
1204 hrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prospérité, mai
1205 bre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l’ on prend pour but la prospérité, mais que l’on demande la possibilité
1206 écessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prospérité, mais que l’on demande la possibilité matérielle pour chac
1207 s que l’on prend pour but la prospérité, mais que l’ on demande la possibilité matérielle pour chacun de réaliser sa vocati
1208 end pour but la prospérité, mais que l’on demande la possibilité matérielle pour chacun de réaliser sa vocation, etc.) Alo
1209 ser sa vocation, etc.) Alors, et alors seulement, les Églises retrouveront une autorité effective. Elles cesseront de s’ide
1210 tive. Elles cesseront de s’identifier aux yeux de l’ homme de la rue à une certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à
1211 cesseront de s’identifier aux yeux de l’homme de la rue à une certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à la réforme
1212 certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à la réforme du moment. Elles cesseront d’être traînées dans le sillage de
1213 e du moment. Elles cesseront d’être traînées dans le sillage de mouvements entrepris par d’autres, avec des motifs et pour
1214 buts qui ne sont pas nécessairement chrétiens. Les conséquences culturelles Deux dangers menacent la culture moderne
1215 conséquences culturelles Deux dangers menacent la culture moderne au point de vue d’une éthique fondée sur la vocation 
1216 moderne au point de vue d’une éthique fondée sur la vocation : a) un faux universalisme fruit d’une éducation sans couleu
1217 réelle et b) nationalisme, autarchie spirituelle. La vocation d’un homme ou d’un groupe est à la fois distinction et intég
1218 nt être conciliés et sauvegardés avec vigilance — l’ élément d’universalisation et celui de distinction. Il est grandement
1219 ts laïques, neutres ou non chrétiens, et que tout l’ enseignement, dans chaque matière, y soit dominé par la doctrine de l’
1220 eignement, dans chaque matière, y soit dominé par la doctrine de l’Église en question, comme c’est le cas dans les institu
1221 chaque matière, y soit dominé par la doctrine de l’ Église en question, comme c’est le cas dans les instituts catholiques
1222 la doctrine de l’Église en question, comme c’est le cas dans les instituts catholiques et à l’Université calviniste de Ho
1223 de l’Église en question, comme c’est le cas dans les instituts catholiques et à l’Université calviniste de Hollande. Mais,
1224 c’est le cas dans les instituts catholiques et à l’ Université calviniste de Hollande. Mais, en même temps, pouddr19490200
1225 is, en même temps, pouddr19490200semr sauvegarder le facteur universaliste, il est nécessaire que, dans les écoles confess
1226 acteur universaliste, il est nécessaire que, dans les écoles confessionnelles, un enseignement suffisamment poussé des autr
1227 amment poussé des autres confessions soit donné : la partie œcuménique. Car ce n’est qu’en apprenant à connaître les autre
1228 ménique. Car ce n’est qu’en apprenant à connaître les autres que nous en venons à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’est
1229 prenant nous-mêmes que nous parvenons à connaître les autres. L’attitude générale serait alors d’approfondir et d’intégrer
1230 -mêmes que nous parvenons à connaître les autres. L’ attitude générale serait alors d’approfondir et d’intégrer le plus pos
1231 générale serait alors d’approfondir et d’intégrer le plus possible chaque vocation culturelle du groupe (qu’il soit religi
1232 lle du groupe (qu’il soit religieux ou national), le tout en vue de l’union (fédérale ou œcuménique) de ces vocations dans
1233 il soit religieux ou national), le tout en vue de l’ union (fédérale ou œcuménique) de ces vocations dans un ensemble beauc
1234 vocations dans un ensemble beaucoup plus large — le corps et ses membres ; ne jamais chercher l’union en neutralisant les
1235 ge — le corps et ses membres ; ne jamais chercher l’ union en neutralisant les différences et les particularités, mais au c
1236 bres ; ne jamais chercher l’union en neutralisant les différences et les particularités, mais au contraire en cherchant à l
1237 ercher l’union en neutralisant les différences et les particularités, mais au contraire en cherchant à les comparer. Le deu
1238 particularités, mais au contraire en cherchant à les comparer. Le deuxième problème à envisager est celui d’une collaborat
1239 est celui d’une collaboration plus étroite entre l’ Église et l’Intelligentzia. Dans le présent état des choses, cette col
1240 ’une collaboration plus étroite entre l’Église et l’ Intelligentzia. Dans le présent état des choses, cette collaboration o
1241 étroite entre l’Église et l’Intelligentzia. Dans le présent état des choses, cette collaboration organique fait défaut. S
1242 cette collaboration organique fait défaut. Seuls les mouvements œcuméniques ont donné l’occasion à un certain nombre de sa
1243 éfaut. Seuls les mouvements œcuméniques ont donné l’ occasion à un certain nombre de savants, historiens et écrivains de tr
1244 vants, historiens et écrivains de travailler pour les Églises dans leur ensemble. Mais la plupart des confessions (spéciale
1245 le. Mais la plupart des confessions (spécialement les protestantes) n’ont pas les moyens de mettre en contact organique les
1246 essions (spécialement les protestantes) n’ont pas les moyens de mettre en contact organique les créateurs de culture et l’É
1247 ont pas les moyens de mettre en contact organique les créateurs de culture et l’Église comme telle — l’Église comme corps d
1248 en contact organique les créateurs de culture et l’ Église comme telle — l’Église comme corps de doctrine et comme communa
1249 es créateurs de culture et l’Église comme telle — l’ Église comme corps de doctrine et comme communauté. Sur ce plan tout r
1250 e chose doit être créé si nous voulons éviter que la culture de demain se développe selon des voies qui s’éloignent de plu
1251 chrétienne du monde. i. Rougemont Denis de, «  La responsabilité culturelle de l’Église », Le Semeur, Paris, mars 1945,
1252 emont Denis de, « La responsabilité culturelle de l’ Église », Le Semeur, Paris, mars 1945, p. 17-25.
1253 de, « La responsabilité culturelle de l’Église », Le Semeur, Paris, mars 1945, p. 17-25.
6 1946, Le Semeur, articles (1933–1949). Chances d’action du christianisme (juin-juillet 1946)
1254 juin-juillet 1946)j Depuis des siècles, depuis la Renaissance, le christianisme a vécu sur la défensive. Les hiérarchie
1255 6)j Depuis des siècles, depuis la Renaissance, le christianisme a vécu sur la défensive. Les hiérarchies ecclésiastique
1256 epuis la Renaissance, le christianisme a vécu sur la défensive. Les hiérarchies ecclésiastiques défendaient leurs pouvoirs
1257 ssance, le christianisme a vécu sur la défensive. Les hiérarchies ecclésiastiques défendaient leurs pouvoirs temporels, jus
1258 leurs pouvoirs temporels, justement contestés par l’ État. Puis elles eurent à défendre leurs pouvoirs spirituels, certains
1259 spirituels, certains États s’étant laissé aller à les revendiquer injustement. Les docteurs de l’Église se défendaient cont
1260 étant laissé aller à les revendiquer injustement. Les docteurs de l’Église se défendaient contre les attaques successives d
1261 er à les revendiquer injustement. Les docteurs de l’ Église se défendaient contre les attaques successives du scepticisme n
1262 t. Les docteurs de l’Église se défendaient contre les attaques successives du scepticisme né de la science cartésienne, de
1263 tre les attaques successives du scepticisme né de la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des syst
1264 s du scepticisme né de la science cartésienne, de l’ historisme, de la philologie, puis des systèmes sociologiques et philo
1265 né de la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des systèmes sociologiques et philosophiques qui se
1266 es et philosophiques qui se mirent à pulluler dès le xixe siècle, et qui se posaient en termes intraduisibles dans les ca
1267 et qui se posaient en termes intraduisibles dans les catégories théologiques traditionnelles. Quant aux fidèles, ils avaie
1268 ant aux fidèles, ils avaient à se défendre contre la menace quotidienne, innombrable, et sans cesse accrue, mais d’une man
1269 s en moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoir, sans oser se l’avouer, les chrétiens devenaient, en Europe co
1270 lois spirituelles : sans le savoir, sans oser se l’ avouer, les chrétiens devenaient, en Europe comme ailleurs, une minori
1271 ituelles : sans le savoir, sans oser se l’avouer, les chrétiens devenaient, en Europe comme ailleurs, une minorité doucemen
1272 ourires et d’ironies intellectuelles basées sur «  les derniers progrès de la science », cette tolérance même qui se manifes
1273 ellectuelles basées sur « les derniers progrès de la science », cette tolérance même qui se manifestait à l’égard des « su
1274 ligieuses », firent autant de mal aux Églises que les persécutions romaines aux premiers temps leur avaient fait de bien. P
1275 remiers temps leur avaient fait de bien. Partout, l’ on vit au cours du xviiie et surtout du xixe siècle, s’exténuer les
1276 du xviiie et surtout du xixe siècle, s’exténuer les formes extrêmes, hardies et créatrices des différentes confessions. O
1277 ces des différentes confessions. On reculait sous la pression de l’incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les po
1278 ntes confessions. On reculait sous la pression de l’ incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les positions trop me
1279 lait sous la pression de l’incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les positions trop menacées par le scepticisme
1280 ’incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les positions trop menacées par le scepticisme. Pour ne donner que deux e
1281 du feu, on cédait les positions trop menacées par le scepticisme. Pour ne donner que deux exemples : on vit le mouvement m
1282 icisme. Pour ne donner que deux exemples : on vit le mouvement mystique s’éteindre au sein du catholicisme romain, tandis
1283 eindre au sein du catholicisme romain, tandis que le théocentrisme transcendantal des réformateurs faisait place, chez les
1284 anscendantal des réformateurs faisait place, chez les protestants, à un moralisme centré sur l’homme. Tout tranquillement,
1285 , chez les protestants, à un moralisme centré sur l’ homme. Tout tranquillement, et pour sauver leur corps, les Églises ren
1286 . Tout tranquillement, et pour sauver leur corps, les Églises renonçaient sinon à leur âme même, du moins à cette véhémence
1287 ce flambante qui fut toujours signe et symbole de l’ Esprit. Un fils soumis de Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire
1288 e et symbole de l’Esprit. Un fils soumis de Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin de cette période qu’à
1289 Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin de cette période qu’à la question : « Si le sel perd sa saveur, a
1290 pouvait écrire vers la fin de cette période qu’à la question : « Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ?
1291 s la fin de cette période qu’à la question : « Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? », les catholiques
1292 question : « Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? », les catholiques modernes répondaient dans l’ense
1293 perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? », les catholiques modernes répondaient dans l’ensemble : « Avec du sucre ! 
1294 on ? », les catholiques modernes répondaient dans l’ ensemble : « Avec du sucre ! » Remarque hélas valable pour bien d’autr
1295 et qui résume toute une époque. Je pense qu’avec la guerre, cette époque a pris fin. Et je fonde cette croyance sur quelq
1296 te croyance sur quelques faits. C’est un fait que le totalitarisme a rompu la paix fausse qui semblait établie entre les s
1297 faits. C’est un fait que le totalitarisme a rompu la paix fausse qui semblait établie entre les sociétés laïques et les Ég
1298 a rompu la paix fausse qui semblait établie entre les sociétés laïques et les Églises ; qu’il a brusquement mis à nu l’état
1299 ui semblait établie entre les sociétés laïques et les Églises ; qu’il a brusquement mis à nu l’état minoritaire des chrétie
1300 ues et les Églises ; qu’il a brusquement mis à nu l’ état minoritaire des chrétiens ; qu’il les a attaqués de front au nom
1301 mis à nu l’état minoritaire des chrétiens ; qu’il les a attaqués de front au nom des principes non chrétiens (comme le nati
1302 e front au nom des principes non chrétiens (comme le nationalisme) qu’ils croyaient pouvoir tolérer ; qu’il a été abattu f
1303 évation brutale puis sa chute ont été pour toutes les Églises une épreuve de forces, un défi, une purification, une occasio
1304 cation, une occasion de réveil. C’est un fait que la culture laïque, a-chrétienne ou antichrétienne, qui prétendait se sub
1305 ou antichrétienne, qui prétendait se substituer à la religion et conduire le monde moderne vers un paradis sans Dieu, a dé
1306 rétendait se substituer à la religion et conduire le monde moderne vers un paradis sans Dieu, a démontré son impuissance r
1307 ns Dieu, a démontré son impuissance réelle devant l’ assaut de dictatures barbares : elle s’est reconnue impuissante à nous
1308 es qμe ceux du christianisme. C’est un fait que «  les derniers progrès de la Science » autorisent de moins en moins — et no
1309 isme. C’est un fait que « les derniers progrès de la Science » autorisent de moins en moins — et non de plus en plus, comm
1310 n plus, comme au siècle passé — à mettre en doute la vérité et la validité des dogmes chrétiens. L’ère des argumentations
1311 au siècle passé — à mettre en doute la vérité et la validité des dogmes chrétiens. L’ère des argumentations « scientifiqu
1312 te la vérité et la validité des dogmes chrétiens. L’ ère des argumentations « scientifiques » contre la Genèse, la Création
1313 L’ère des argumentations « scientifiques » contre la Genèse, la Création du monde par Dieu, sa Fin, l’existence de l’espri
1314 rgumentations « scientifiques » contre la Genèse, la Création du monde par Dieu, sa Fin, l’existence de l’esprit, etc., pa
1315 la Genèse, la Création du monde par Dieu, sa Fin, l’ existence de l’esprit, etc., paraît bien close, et pour longtemps. Et
1316 réation du monde par Dieu, sa Fin, l’existence de l’ esprit, etc., paraît bien close, et pour longtemps. Et c’est un fait q
1317 en close, et pour longtemps. Et c’est un fait que les trois grandes confessions chrétiennes ont retrouvé, depuis une ou deu
1318 tiennes ont retrouvé, depuis une ou deux décades, le courage de réaffirmer leurs positions parfois les plus extrêmes, avec
1319 le courage de réaffirmer leurs positions parfois les plus extrêmes, avec une belle indépendance vis-à-vis des critiques de
1320 une belle indépendance vis-à-vis des critiques de l’ extérieur. Renaissance du thomisme et des études mystiques chez les ca
1321 aissance du thomisme et des études mystiques chez les catholiques ; restauration de la dogmatique réformée grâce au mouveme
1322 mystiques chez les catholiques ; restauration de la dogmatique réformée grâce au mouvement initié par Karl Barth chez les
1323 mée grâce au mouvement initié par Karl Barth chez les protestants ; réapparition d’une puissante et purifiée Église orthodo
1324 on d’une puissante et purifiée Église orthodoxe à l’ Est. Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, d
1325 purifiée Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’ époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’es
1326 lise orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser aux
1327 ur reste plus qu’à s’endormir, ou bien à passer à l’ attaque. Ce lendemain d’une guerre de Trente Ans ne ressemble guère à
1328 s ne ressemble guère à une victoire, il faut bien le dire. Les nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celle
1329 emble guère à une victoire, il faut bien le dire. Les nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui l’on
1330 , il faut bien le dire. Les nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui l’ont gagnée n’ont rien gagné
1331 perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui l’ ont gagnée n’ont rien gagné ; elles ont seulement repoussé une menace,
1332 honte, vie et mort.) Et que trouvent aujourd’hui les peuples devant eux ? Battus et vainqueurs, épuisés, cherchent en vain
1333 , épuisés, cherchent en vain une utopie nouvelle. Les uns s’abandonnent aux vieilleries et tentent de restaurer le national
1334 andonnent aux vieilleries et tentent de restaurer le nationalisme, condamné par les catastrophes récentes. Les autres pens
1335 entent de restaurer le nationalisme, condamné par les catastrophes récentes. Les autres pensent qu’en déplaçant quelques ob
1336 onalisme, condamné par les catastrophes récentes. Les autres pensent qu’en déplaçant quelques objets — les richesses par ex
1337 autres pensent qu’en déplaçant quelques objets — les richesses par exemple — on arrangera la vie… D’autres enfin, faisant
1338 objets — les richesses par exemple — on arrangera la vie… D’autres enfin, faisant la théorie de leur faiblesse, formulent
1339 le — on arrangera la vie… D’autres enfin, faisant la théorie de leur faiblesse, formulent des doctrines nihilistes. Devant
1340 s doctrines nihilistes. Devant cette démission de la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs,
1341 listes. Devant cette démission de la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de décre
1342 ant cette démission de la pensée et de la morale, l’ État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de décrets si génér
1343 trouver nécessairement lésée. En d’autres termes, les Églises ne trouvent plus dans le monde des doctrines hostiles, mais u
1344 ’autres termes, les Églises ne trouvent plus dans le monde des doctrines hostiles, mais un vide doctrinal sans précédent.
1345 de est un appel, urgent et dramatique. Un appel à l’ attaque, à l’offensive, à l’initiative, à du plein. Ou encore : les Ég
1346 el, urgent et dramatique. Un appel à l’attaque, à l’ offensive, à l’initiative, à du plein. Ou encore : les Églises et leur
1347 ramatique. Un appel à l’attaque, à l’offensive, à l’ initiative, à du plein. Ou encore : les Églises et leurs prédicateurs
1348 ffensive, à l’initiative, à du plein. Ou encore : les Églises et leurs prédicateurs ont moins que jamais à se soucier, aujo
1349 que jamais à se soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments de l’incroyance ; elles ont, tout simplement à donner leurs
1350 soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments de l’ incroyance ; elles ont, tout simplement à donner leurs croyances, avec
1351 à ceux qui se noient. Comme laïque se tenant dans l’ Église, et voyant au-dehors ses chances d’action, et la misère du temp
1352 ise, et voyant au-dehors ses chances d’action, et la misère du temps qui appelle, j’attends ceci : I. Que l’Église offre u
1353 ère du temps qui appelle, j’attends ceci : I. Que l’ Église offre un type de relations humaines viables, comme elle le fit
1354 un type de relations humaines viables, comme elle le fit aux siècles sombres, avant la floraison du Moyen âge, qui fut son
1355 les, comme elle le fit aux siècles sombres, avant la floraison du Moyen âge, qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le
1356 en âge, qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines admi
1357 fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administratives
1358 e restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administratives, le règne de l’argent, le
1359 ue le gigantisme de nos machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme industriel, et les déportations en ma
1360 isme de nos machines administratives, le règne de l’ argent, le nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont pre
1361 s machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont presque tué,
1362 le règne de l’argent, le nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont presque tué, laissant le champ libre à l’É
1363 déportations en masse, ont presque tué, laissant le champ libre à l’État et à ses réglementations, souvent utiles, mais q
1364 masse, ont presque tué, laissant le champ libre à l’ État et à ses réglementations, souvent utiles, mais qui ne sont jamais
1365 e vie. Je voudrais une sociologie chrétienne pour le xxe siècle, et je la voudrais fondée sur la situation d’un groupe de
1366 sociologie chrétienne pour le xxe siècle, et je la voudrais fondée sur la situation d’un groupe de frères prenant la com
1367 pour le xxe siècle, et je la voudrais fondée sur la situation d’un groupe de frères prenant la communion. 2. Que l’Église
1368 ée sur la situation d’un groupe de frères prenant la communion. 2. Que l’Église offre un type de relations culturelles via
1369 ’un groupe de frères prenant la communion. 2. Que l’ Église offre un type de relations culturelles viables ; qu’elle ose de
1370 position méfiante et arriérée — académique — dans les arts sacrés comme vis-à-vis de la culture vivante, laissant celle-ci
1371 démique — dans les arts sacrés comme vis-à-vis de la culture vivante, laissant celle-ci désorientée. Il s’agit que nos thé
1372 tuelles, de « dévotion » à rien d’avouable… Toute la culture de l’Occident — musique, peinture, philosophie, littérature —
1373 dévotion » à rien d’avouable… Toute la culture de l’ Occident — musique, peinture, philosophie, littérature — est sortie de
1374 est temps que nous sortions à sa recherche, pour la ramener ! 3. Que l’Église cesse de défendre la triste et inefficace m
1375 sortions à sa recherche, pour la ramener ! 3. Que l’ Église cesse de défendre la triste et inefficace moralité bourgeoise,
1376 ur la ramener ! 3. Que l’Église cesse de défendre la triste et inefficace moralité bourgeoise, avec laquelle trop de chrét
1377 laquelle trop de chrétiens confondent aujourd’hui la vertu, quand ils ne vont pas jusqu’au point de l’identifier avec la «
1378 la vertu, quand ils ne vont pas jusqu’au point de l’ identifier avec la « vie chrétienne », et qu’elle restaure chez les fi
1379 s ne vont pas jusqu’au point de l’identifier avec la « vie chrétienne », et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de l
1380 c la « vie chrétienne », et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de la vocation personnelle, seul fondement d’une cond
1381 hrétienne », et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de la vocation personnelle, seul fondement d’une conduite spécif
1382 , et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de la vocation personnelle, seul fondement d’une conduite spécifiquement ch
1383 t chrétienne. « Soyez bien sages », nous disaient les prédicateurs depuis deux siècles. « Soyez fous ! », dit saint Paul au
1384  ! », dit saint Paul aux Corinthiens. « Osez être l’ Invraisemblable ! »5 dit Kierkegaard. Ce sont ces voix que les meilleu
1385 blable ! »5 dit Kierkegaard. Ce sont ces voix que les meilleurs aujourd’hui, hors des Églises, me paraissent avides d’enten
1386 ors des Églises, me paraissent avides d’entendre. La « folie de la Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui e
1387 s, me paraissent avides d’entendre. La « folie de la Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui entraîne en ava
1388 avides d’entendre. La « folie de la Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui entraîne en avant et au-delà, n
1389 qui retient en arrière et en deçà des risques de la vie. 4. Que l’Église affirme avec force, dans le domaine politique, l
1390 arrière et en deçà des risques de la vie. 4. Que l’ Église affirme avec force, dans le domaine politique, la Transcendance
1391 la vie. 4. Que l’Église affirme avec force, dans le domaine politique, la Transcendance de son chef, contre tous les abso
1392 se affirme avec force, dans le domaine politique, la Transcendance de son chef, contre tous les absolutismes nationaux, ét
1393 itique, la Transcendance de son chef, contre tous les absolutismes nationaux, étatiques, partisans. Si jamais un esprit rée
1394 llement international, ou « global » comme disent les Américains, s’instaure sur notre planète, ce ne sera qu’au nom de ce
1395 tique capitale dans notre siècle : il peut offrir le modèle même d’une union mondiale dans le respect des diversités tradi
1396 t offrir le modèle même d’une union mondiale dans le respect des diversités traditionnelles. Que dis-je, il peut ! Il le d
1397 ersités traditionnelles. Que dis-je, il peut ! Il le doit, et de toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d
1398 e vois aucune raison d’attendre autre chose, pour le monde, que des tyrans, leurs guerres, et les tyrannies qui en résulte
1399 pour le monde, que des tyrans, leurs guerres, et les tyrannies qui en résultent… Un mot encore. Ce programme, qui résume à
1400 n mot encore. Ce programme, qui résume à mes yeux les plus grandes chances d’action du christianisme au xxe siècle, rester
1401 isme au xxe siècle, resterait une pure utopie si les chrétiens s’en remettaient aux Églises pour le réaliser. Les Églises
1402 i les chrétiens s’en remettaient aux Églises pour le réaliser. Les Églises comme corps organisés ne peuvent que soutenir e
1403 ns s’en remettaient aux Églises pour le réaliser. Les Églises comme corps organisés ne peuvent que soutenir et encadrer l’a
1404 rps organisés ne peuvent que soutenir et encadrer l’ action chrétienne. Celle-ci se fera, comme elle s’est toujours faite,
1405 qu’ils exagèrent, qu’ils rêvent, qu’ils n’ont pas le sens commun, qu’ils voient trop grand… Peut-être même par des petites
1406 me celle-ci ? 5. Kierkegaard veut dire par là : l’ Incomparable, l’unique, celui qui a reçu de Dieu une vocation précise,
1407 5. Kierkegaard veut dire par là : l’Incomparable, l’ unique, celui qui a reçu de Dieu une vocation précise, et il ajoute :
1408 t, et paraît donc « invraisemblable » à celui qui la reçoit. Exemple, Abraham. j. Rougemont Denis de, « Chances d’action
1409 Denis de, « Chances d’action du christianisme », Le Semeur, Paris, juin–juillet 1946, p. 654-659.
7 1949, Le Semeur, articles (1933–1949). « Les protestants et l’esthétisme » (février-mars 1949)
1410 «  Les protestants et l’esthétisme » (février-mars 1949)k l …1° Le cathol
1411 « Les protestants et l’ esthétisme » (février-mars 1949)k l …1° Le catholicisme inspire, en
1412 s et l’esthétisme » (février-mars 1949)k l …1° Le catholicisme inspire, encadre et soutient, aujourd’hui, un assez gran
1413 , un assez grand nombre d’écrivains très connus ; le protestantisme, presque aucun. À Claudel, Bernanos, Mauriac, Graham G
1414 Evelyn Waugh, Siegrid Undset, que peuvent opposer les protestants ? Gide, Chardonne, Paulhan, Thomas Mann, Aldous Huxley, H
1415 , sont sortis de milieux protestants, dira-t-on ? Le fait est qu’ils en sont bien sortis, tandis que les autres sont entré
1416 e fait est qu’ils en sont bien sortis, tandis que les autres sont entrés (ou rentrés) dans le catholicisme et se donnent, s
1417 ndis que les autres sont entrés (ou rentrés) dans le catholicisme et se donnent, sans la moindre équivoque, pour des croya
1418 rentrés) dans le catholicisme et se donnent, sans la moindre équivoque, pour des croyants et pratiquants. Quant aux deux m
1419 uants. Quant aux deux meilleurs poètes anglais de l’ époque, T. S. Eliot et Wystan Auden, ils sont, certes, des chrétiens d
1420 tes, des chrétiens déclarés dans leur œuvre, mais l’ épithète de protestant leur convient aussi peu que celle de romain, su
1421 reste-t-il ? 2° On ne peut déduire de ce fait que le catholicisme, en général, offre à la littérature un climat plus favor
1422 ce fait que le catholicisme, en général, offre à la littérature un climat plus favorable que le protestantisme en général
1423 fre à la littérature un climat plus favorable que le protestantisme en général. Car, si l’on considère l’ensemble de nos l
1424 vorable que le protestantisme en général. Car, si l’ on considère l’ensemble de nos littératures occidentales, il est impos
1425 protestantisme en général. Car, si l’on considère l’ ensemble de nos littératures occidentales, il est impossible d’établir
1426 oportion des populations et de leurs confessions, l’ Italie ait produit plus de grands écrivains que l’Angleterre, la Polog
1427 l’Italie ait produit plus de grands écrivains que l’ Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’Allemagne catholique que la
1428 roduit plus de grands écrivains que l’Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’Allemagne catholique que la luthérienne, o
1429 grands écrivains que l’Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’Allemagne catholique que la luthérienne, ou la France cat
1430 ins que l’Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’ Allemagne catholique que la luthérienne, ou la France catholique que l
1431 logne que le Danemark, l’Allemagne catholique que la luthérienne, ou la France catholique que la calviniste. J’ai l’idée q
1432 rk, l’Allemagne catholique que la luthérienne, ou la France catholique que la calviniste. J’ai l’idée que le contraire aur
1433 e que la luthérienne, ou la France catholique que la calviniste. J’ai l’idée que le contraire aurait un peu plus de chance
1434 , ou la France catholique que la calviniste. J’ai l’ idée que le contraire aurait un peu plus de chances de se vérifier, en
1435 nce catholique que la calviniste. J’ai l’idée que le contraire aurait un peu plus de chances de se vérifier, en particulie
1436 us de chances de se vérifier, en particulier pour l’ Allemagne, la Suisse et la France. L’Espagne et l’Italie, profondément
1437 de se vérifier, en particulier pour l’Allemagne, la Suisse et la France. L’Espagne et l’Italie, profondément romaines, n’
1438 er, en particulier pour l’Allemagne, la Suisse et la France. L’Espagne et l’Italie, profondément romaines, n’ont pas produ
1439 iculier pour l’Allemagne, la Suisse et la France. L’ Espagne et l’Italie, profondément romaines, n’ont pas produit de nos j
1440 l’Allemagne, la Suisse et la France. L’Espagne et l’ Italie, profondément romaines, n’ont pas produit de nos jours de grand
1441 catholiques, et, même, plusieurs de leurs auteurs les plus connus disent préférer le protestantisme au catholicisme. 3° S’i
1442 de leurs auteurs les plus connus disent préférer le protestantisme au catholicisme. 3° S’il paraît probable que le nombre
1443 isme au catholicisme. 3° S’il paraît probable que le nombre des écrivains catholiques, protestants, juifs et athées corres
1444 u nombre des catholiques, protestants, etc., dans le monde, depuis quatre siècles, il reste qu’aujourd’hui beaucoup d’aute
1445 comme tels, tandis que nos auteurs protestants ne le sont plus guère que de naissance et non par choix. Quelles sont les c
1446 e que de naissance et non par choix. Quelles sont les causes de ce phénomène particulier au xxe siècle ? Je crois qu’il co
1447 ulier au xxe siècle ? Je crois qu’il convient de les chercher dans un récent passé théologique. Il était de mise, au siècl
1448 ogique. Il était de mise, au siècle dernier, chez les protestants, de déclarer — comme Gide le fait encore — qu’orthodoxie
1449 r, chez les protestants, de déclarer — comme Gide le fait encore — qu’orthodoxie et protestantisme s’excluent mutuellement
1450 un renversement presque complet des positions de la Réforme. Or il est clair que le libre examen, conduit dans un climat
1451 des positions de la Réforme. Or il est clair que le libre examen, conduit dans un climat rationaliste, n’est pas une atti
1452 rationaliste, n’est pas une attitude de créateur. L’ art suppose une orthodoxie, un parti pris, un fanatisme, quelque passi
1453 ion fondamentale, injustifiable autrement que par l’ œuvre, qui l’avoue et la masque à la fois, et, en tout cas, un ensembl
1454 ale, injustifiable autrement que par l’œuvre, qui l’ avoue et la masque à la fois, et, en tout cas, un ensemble de règles,
1455 ifiable autrement que par l’œuvre, qui l’avoue et la masque à la fois, et, en tout cas, un ensemble de règles, soit hérité
1456 , soit héritées, soit inventées : une rhétorique. La théologie protestante du xixe siècle invoquait la culture ou lui cou
1457 a théologie protestante du xixe siècle invoquait la culture ou lui courait après. Elle en tirait des arguments contre une
1458 e une orthodoxie vieillie, et, finalement, contre l’ orthodoxie en soi. C’était tarir une des sources de l’art. Certes, on
1459 thodoxie en soi. C’était tarir une des sources de l’ art. Certes, on a vu de « mauvaises » théologies donner naissance à un
1460 ses » théologies donner naissance à un grand art ( le puritanisme à Milton, les doctrines jésuites au baroque), et de « bon
1461 aissance à un grand art (le puritanisme à Milton, les doctrines jésuites au baroque), et de « bonnes » théologies condamner
1462 u baroque), et de « bonnes » théologies condamner l’ art (judaïsme biblique, jansénisme). Mais une théologie qui détruit sy
1463 . Mais une théologie qui détruit systématiquement la notion même d’orthodoxie, qui renonce à toute prétention (fondée ou n
1464 qui renonce à toute prétention (fondée ou non) à la rigueur et à la fidélité dogmatique, détruit en même temps ce qu’un a
1465 oute prétention (fondée ou non) à la rigueur et à la fidélité dogmatique, détruit en même temps ce qu’un artiste attend (s
1466 e attend (souvent inconsciemment) de son Église : les repères, les obstacles, les interdictions, les certitudes décisives,
1467 vent inconsciemment) de son Église : les repères, les obstacles, les interdictions, les certitudes décisives, les grands li
1468 ment) de son Église : les repères, les obstacles, les interdictions, les certitudes décisives, les grands lieux communs, le
1469  : les repères, les obstacles, les interdictions, les certitudes décisives, les grands lieux communs, les thèmes traditionn
1470 les, les interdictions, les certitudes décisives, les grands lieux communs, les thèmes traditionnels à renouveler, tout ce
1471 s certitudes décisives, les grands lieux communs, les thèmes traditionnels à renouveler, tout ce système de gênes où l’élan
1472 ionnels à renouveler, tout ce système de gênes où l’ élan créateur prend son appui. Voilà sans doute pourquoi les premières
1473 catholique, Eliot un écrivain anglican. Et, pour les mêmes raisons, l’on peut attendre du grand renouveau théologique, ini
1474 un écrivain anglican. Et, pour les mêmes raisons, l’ on peut attendre du grand renouveau théologique, initié par Karl Barth
1475 itié par Karl Barth, un renouveau protestant dans la littérature. 4° Dernière remarque : la seule influence importante qu’
1476 stant dans la littérature. 4° Dernière remarque : la seule influence importante qu’ait exercée la pensée protestante sur l
1477 ue : la seule influence importante qu’ait exercée la pensée protestante sur la littérature moderne, c’est celle de Kierkeg
1478 portante qu’ait exercée la pensée protestante sur la littérature moderne, c’est celle de Kierkegaard. (Ibsen, Unamuno, Ril
1479 ayistes des jeunes générations, en Europe et dans les deux Amériques, s’en sont déclarés tributaires.) Or la pensée de Kier
1480 ux Amériques, s’en sont déclarés tributaires.) Or la pensée de Kierkegaard, qui représente l’extrémisme protestant dans sa
1481 res.) Or la pensée de Kierkegaard, qui représente l’ extrémisme protestant dans sa pureté, dépasse notoirement l’antinomie
1482 me protestant dans sa pureté, dépasse notoirement l’ antinomie du moralisme et de l’esthétique : ce dépassement constitue m
1483 épasse notoirement l’antinomie du moralisme et de l’ esthétique : ce dépassement constitue même l’essence de son œuvre. N’e
1484 t de l’esthétique : ce dépassement constitue même l’ essence de son œuvre. N’est-ce point de cet exemple pur qu’il conviend
1485 emple pur qu’il conviendrait de partir pour poser le problème qui vous occupe dans ses termes les plus actuels ? k. Rou
1486 poser le problème qui vous occupe dans ses termes les plus actuels ? k. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Le
1487 k. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Les protestants et l’esthétisme », Le Semeur, Paris, février–mars 1949, p
1488 de, « [Réponse à une enquête] Les protestants et l’ esthétisme », Le Semeur, Paris, février–mars 1949, p. 342-344. l. Il
1489 à une enquête] Les protestants et l’esthétisme », Le Semeur, Paris, février–mars 1949, p. 342-344. l. Il s’agit d’une rép
1490 s’agit d’une réponse à une enquête introduite par la lettre suivante d’André Dumas, datée du 16 novembre 1948 : « Chers am
1491 vembre 1948 : « Chers amis… 1) S’il est exact que les protestants sont davantage moralistes et citoyens qu’esthètes, pensez
1492 de peinture ou de musique ? Je veux dire, non pas la question banale, doit-il ou non écrire, peindre, lire, voir, etc., ma
1493 etc., mais quelle perturbation cette poussée vers l’ esthétique peut-elle et doit-elle amener dans sa vie ? Vous voyez notr
1494 tral, assez précis, et notre but : converser avec les étudiants qui s’inquiètent de la beauté dans l’existence actuelle… »
1495 converser avec les étudiants qui s’inquiètent de la beauté dans l’existence actuelle… »
1496 les étudiants qui s’inquiètent de la beauté dans l’ existence actuelle… »