1
t-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun
de
nous, une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avan
2
chacun de nous, une question qui se pose dans la
vie
, que vous vous posiez avant de venir ici, et à laquelle, réellement,
3
ion existentielle — pour employer un terme favori
de
la théologie et de la philosophie allemande contemporaines1 ? L’une d
4
pour employer un terme favori de la théologie et
de
la philosophie allemande contemporaines1 ? L’une des caractéristiques
5
ande contemporaines1 ? L’une des caractéristiques
de
notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question
6
e notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a
de
mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de
7
se posent et nous sont posés, hic et nunc. Avant
d’
aller plus loin, cherchons donc à serrer un peu les deux termes de not
8
n, cherchons donc à serrer un peu les deux termes
de
notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il no
9
sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos
vies
. 1. Il nous faut tout de suite dissiper un malentendu : par le terme
10
ut de suite dissiper un malentendu : par le terme
d’
humanisme, on se borne trop souvent encore, en France, à désigner la c
11
moins précis, qui désigne une conception générale
de
vie — politique, économique, éthique — fondée sur la croyance au salu
12
ns précis, qui désigne une conception générale de
vie
— politique, économique, éthique — fondée sur la croyance au salut de
13
omique, éthique — fondée sur la croyance au salut
de
l’homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoure
14
ianisme, s’il est avant tout la croyance au salut
de
l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas,
15
a croyance au salut de l’homme par la seule force
de
Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de
16
i. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit
de
salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diront que, là où le ch
17
eront. Ils me diront que, là où le chrétien parle
de
salut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des hommes, la justice
18
tice. Faut-il voir là autre chose qu’une question
de
mots ? Dans l’un et l’autre cas, il s’agit bel et bien de savoir quel
19
? Dans l’un et l’autre cas, il s’agit bel et bien
de
savoir quel sens l’homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre
20
bien de savoir quel sens l’homme veut donner à sa
vie
, comment il doit vivre pour mieux vivre. Mais alors, en quoi les deu
21
, immanent. Les humanistes accusent les chrétiens
d’
une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité s
22
Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte
de
lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité surhumaine qu
23
hrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent
d’
avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispense de mettre en œ
24
recours à une réalité surhumaine qui les dispense
de
mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de fai
25
re toutes leurs forces humaines. Ils les accusent
de
faire appel à une Volonté dont l’opération, à leurs yeux, anéantit ce
26
té dont l’opération, à leurs yeux, anéantit celle
de
la volonté humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les ac
27
rend absolument vaine. En somme, ils les accusent
de
diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un « arrière-monde » q
28
t de diminuer l’homme par la promesse débilitante
d’
un « arrière-monde » qui serait comme une revanche contre tout l’impar
29
serait comme une revanche contre tout l’imparfait
de
« ce bas-monde », mais une revanche à bon marché, permettant, sur cet
30
ettant, sur cette terre, une scandaleuse économie
d’
énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme.
31
ette terre, une scandaleuse économie d’énergie et
de
courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, le
32
origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé »
de
Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché « originel » — i
33
tendus, sans cesse renaissants. Il a l’impression
d’
avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidit
34
aissants. Il a l’impression d’avoir perdu la clef
de
ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une effroyabl
35
u la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures
de
lucidité, comme une effroyable tragi-comédie. Au fond, ce que l’homme
36
s plus importantes du monde : l’origine et la fin
de
son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoi
37
re. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoir
de
sauver l’homme en se fondant sur l’homme sont semblables, aux yeux du
38
meux baron de Crac qui prétendrait se tirer alors
d’
un puits en se soulevant par la chevelure. 3. Humanisme contre christi
39
contre christianisme, n’est-ce donc qu’un conflit
d’
amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui soignera le mieux cet homme
40
en, non ; le conflit est plus grave, car le rejet
de
l’humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation, à priori fonda
41
rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte
d’
obligation, à priori fondamentale : l’humanisme c’est le péché même, s
42
nir le péché par la volonté, naturelle à l’homme,
d’
agir pour soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’humanis
43
r soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour
de
l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considè
44
our Dieu. C’est maintenant au tour de l’humaniste
d’
endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un hom
45
ant au tour de l’humaniste d’endosser le reproche
de
lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepte
46
e chrétien le considère comme un homme qui refuse
d’
accepter, dans toute sa violence, la question que lui pose sans cesse
47
rme encore plus précise, il devient l’antagonisme
de
deux volontés qui ne s’opposent pas front à front sur le même plan, m
48
perpendiculairement. Chez les chrétiens, volonté
de
se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vi
49
rétiens, volonté de se soumettre à ce qui juge la
vie
. Chez les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout
50
ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté
de
vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le plus possible, comme si
51
z les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes,
de
vivre à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien ab
52
vivre à tout prix, le plus possible, comme si la
vie
était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’ét
53
n absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre
de
l’éthique quotidienne. L’humaniste va chercher une solution humaine q
54
a chercher une solution humaine qui lui permettra
d’
assurer ce bien absolu qu’est sa vie. Le chrétien va chercher à obéir
55
lui permettra d’assurer ce bien absolu qu’est sa
vie
. Le chrétien va chercher à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au
56
a vie. Le chrétien va chercher à obéir aux ordres
de
sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’a
57
obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mépris
de
sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrific
58
aux ordres de sa foi, fût-ce même au mépris de sa
vie
: tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui,
59
e même au mépris de sa vie : tel est le fondement
de
l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fa
60
is de sa vie : tel est le fondement de l’attitude
de
service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un r
61
tel est le fondement de l’attitude de service et
de
sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un révolutionnaire
62
et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait
de
lui un révolutionnaire, l’homme du risque opposé à l’homme des assura
63
’est, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise
d’
assurance-vie. L’humaniste pourra répondre qu’à ses yeux, le christian
64
. Un chrétien qui contracte une assurance sur la
vie
n’est plus un chrétien à cet instant et dans cet acte ; il agit en hu
65
dans cet acte ; il agit en humaniste. Il témoigne
de
sa défiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un
66
un « bonheur » imprévu, pousse en réalité le cri
d’
un humaniste, c’est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue est
67
se en réalité le cri d’un humaniste, c’est-à-dire
d’
un homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et
68
ire d’un homme, pour qui la valeur absolue est la
vie
, non l’obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des autres
69
l, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement
d’
humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du
70
, — porte un jugement d’humaniste, mange du fruit
de
l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’hom
71
n jugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre
de
la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme pieux qu
72
l les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté
de
Dieu, si souvent contraire à la sienne ?) Prier pour qu’il fasse beau
73
ce n’est pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu
d’
humaniste. Si je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir de provo
74
i je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir
de
provoquer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de vous faire
75
uer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir
de
vous faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’être une sim
76
faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin
d’
être une simple conception philosophique, est une attitude devant la «
77
ption philosophique, est une attitude devant la «
vie
pratique » — comme on dit, mais y en a-t-il une autre ? —, une attitu
78
é dans les Débats, ces jours derniers, les écrits
de
MM. Fernandez2 et Guéhenno. Si intéressants et précis que soit l’un d
79
téressants et précis que soit l’un dans le détail
de
sa dialectique critique, et si généreux que se veuille le second dans
80
mble pas que ces deux auteurs aient eu le courage
d’
aller jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du transcendant.
81
courage d’aller jusqu’aux dernières conséquences
de
leur refus du transcendant. Le communisme seul a poussé jusqu’aux réa
82
’humain. Le communisme est le véritable humanisme
de
notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour
83
à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure
de
l’homme considéré comme autonome, et « calculable » humainement. Le P
84
est d’ores et déjà la plus formidable entreprise
d’
assurance-vie que l’humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que l
85
se de l’homme, lieu naturel du nécessaire conflit
de
l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux con
86
, lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et
de
la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturel
87
aturelles, sur ce conflit qui constitue la raison
d’
être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il enc
88
es, sur ce conflit qui constitue la raison d’être
de
la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un
89
le nom qu’il leur donne ; — il y trouve sa raison
de
vivre, c’est-à-dire de lutter pour devenir une personne devant Dieu.
90
; — il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire
de
lutter pour devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’humanism
91
pour devenir une personne devant Dieu. Le succès
de
l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’homme
92
l’humanisme triomphant serait-il tout simplement
d’
enlever à l’homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’h
93
ment d’enlever à l’homme toute raison personnelle
de
vivre ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en dé
94
mme toute raison personnelle de vivre ? Le succès
de
l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, un suicide
95
elle, c’est-à-dire : qui concerne « l’existence »
de
chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit rée
96
t-à-dire : qui concerne « l’existence » de chacun
de
nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit réel et concr
97
ne décision. 2. Ch. Westphal rappelait la phrase
de
Fernandez : « Le chrétien est un embusqué de l’infini. » a. Rougemo
98
rase de Fernandez : « Le chrétien est un embusqué
de
l’infini. » a. Rougemont Denis de, « Humanisme et christianisme »,
99
t un embusqué de l’infini. » a. Rougemont Denis
de
, « Humanisme et christianisme », Le Semeur, Paris, mars 1933, p. 286-
100
Sur la méthode
de
M. Goguel (novembre 1934)c d L’œuvre de M. Maurice Goguel, directe
101
éthode de M. Goguel (novembre 1934)c d L’œuvre
de
M. Maurice Goguel, directeur à l’École des hautes études, est déjà fo
102
s hautes études, est déjà fort importante et fait
de
son auteur le maître incontesté de nos critiques du Nouveau Testament
103
rtante et fait de son auteur le maître incontesté
de
nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’œuvre d’un savant spécial
104
nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’œuvre
d’
un savant spécialisé, au premier chef, mais dans un domaine susceptibl
105
au premier chef, mais dans un domaine susceptible
d’
intéresser le plus large public. On se souvient de l’ouvrage décisif q
106
d’intéresser le plus large public. On se souvient
de
l’ouvrage décisif que M. Goguel publia contre les thèses de M. Coucho
107
ge décisif que M. Goguel publia contre les thèses
de
M. Couchoud3. Plus récemment, il nous donnait une volumineuse Vie de
108
. Plus récemment, il nous donnait une volumineuse
Vie
de Jésus 4 dont le succès fut grand et les conclusions vivement discu
109
us récemment, il nous donnait une volumineuse Vie
de
Jésus 4 dont le succès fut grand et les conclusions vivement discutée
110
ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui est la suite
de
cette Vie de Jésus, et les questions qu’il pose n’apparaissent pas mo
111
u’il nous donne aujourd’hui est la suite de cette
Vie
de Jésus, et les questions qu’il pose n’apparaissent pas moins passio
112
nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie
de
Jésus, et les questions qu’il pose n’apparaissent pas moins passionna
113
Quelle fut la genèse psychologique et historique
de
la croyance à la résurrection de Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel dé
114
ue et historique de la croyance à la résurrection
de
Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel définit l’objet de sa recherche, en
115
Jésus ? C’est ainsi que M. Goguel définit l’objet
de
sa recherche, en insistant sur le fait que la description qu’il va do
116
e ne soit un peu trop ambitieuse. Car l’hypothèse
de
travail que M. Goguel adopte au départ revêt bel et bien la forme d’u
117
oguel adopte au départ revêt bel et bien la forme
d’
une explication de cause à effet. On pense couramment, dit-il, que la
118
part revêt bel et bien la forme d’une explication
de
cause à effet. On pense couramment, dit-il, que la foi chrétienne est
119
ue la foi chrétienne est née parce que le tombeau
de
Jésus fut trouvé vide. Mais il se pourrait qu’au contraire, on ait cr
120
tombeau vide à cause de la foi qu’on avait en la
vie
céleste de Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effet de la foi ? M. G
121
e à cause de la foi qu’on avait en la vie céleste
de
Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effet de la foi ? M. Goguel incli
122
este de Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effet
de
la foi ? M. Goguel incline vers l’effet. Suivons-le dans sa déduction
123
sa déduction. Dans une première partie qui décrit
d’
une façon remarquable les diverses formes de la croyance à la résurrec
124
écrit d’une façon remarquable les diverses formes
de
la croyance à la résurrection chez Paul et Jean, puis chez les rédact
125
e concrétisation toujours plus rigoureuse du fait
de
la résurrection. Il lui reste alors, dans une deuxième partie, à défa
126
ire trop bien faite, et à démolir, avec une sorte
de
minutieuse indifférence, tous les récits bibliques relatifs à la sépu
127
venues au sépulcre, n’avaient pas trouvé le corps
de
Jésus. Cette création s’est faite sans qu’il soit nécessaire ou légit
128
’est faite sans qu’il soit nécessaire ou légitime
de
supposer à son origine une fraude qui, pour être pieuse, n’en serait
129
M. Goguel ne paraît pas s’être beaucoup préoccupé
de
justifier sa méthode. Il n’est pas trop aisé de la définir. Elle reco
130
é de justifier sa méthode. Il n’est pas trop aisé
de
la définir. Elle recourt avant tout à la critique interne des textes,
131
et la valeur sont très variables. Il semble qu’un
de
ses principes soit l’élimination de tout ce qui, dans le texte bibliq
132
semble qu’un de ses principes soit l’élimination
de
tout ce qui, dans le texte biblique, paraît en soi contradictoire ou
133
p bien. En somme, il adopte à peu près l’attitude
d’
un juge d’instruction qui aurait choisi comme prévenus les auteurs ano
134
; c’est même, si l’on veut, une façon paradoxale
de
donner tout leur prix aux quelques faits qui résistent à l’érosion cr
135
ent à l’érosion critique, et qui permettent alors
de
réfuter M. Couchoud. Dirons-nous que cette méfiance méthodique suffit
136
fit à convaincre le lecteur qu’il s’agit bien ici
d’
une science ? Il y a deux raisons d’en douter. La première, c’est l’ex
137
agit bien ici d’une science ? Il y a deux raisons
d’
en douter. La première, c’est l’extrême diversité des conjectures form
138
iquée aux mêmes endroits du texte. La comparaison
de
ces conjectures fait soupçonner très vite leur gratuité ; surtout, el
139
gratuité ; surtout, elle fait apparaître le rôle
de
l’interprétation psychologique, et c’est là le second obstacle. M. Go
140
M. Goguel tire des arguments, pour lui décisifs,
de
certaines « vraisemblances » qui nous paraissent souvent bien pauvres
141
l, avec le texte biblique intégral, on est frappé
de
voir que le récit se trouve, dans tous les cas, affadi et banalisé. S
142
décolorer. Et l’on se demande ce qui subsisterait
de
ses conclusions si on leur appliquait les critères dont il use envers
143
historico-psychologique l’inauthenticité probable
d’
un professeur.) M. Goguel ne fait-il pas comme les premiers croyants —
144
s premiers croyants — et avec la même bonne foi —
de
la rétrohistoire, de l’imagerie psychologique ? Je sens bien la gravi
145
et avec la même bonne foi — de la rétrohistoire,
de
l’imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité de ce reproche. Ma
146
’imagerie psychologique ? Je sens bien la gravité
de
ce reproche. Mais M. Goguel semble d’avance l’avoir minimisé, en rédu
147
la gravité de ce reproche. Mais M. Goguel semble
d’
avance l’avoir minimisé, en réduisant toute son œuvre aux proportions
148
isé, en réduisant toute son œuvre aux proportions
d’
une génétique descriptive, et en se bornant à réfuter des textes sans
149
en se bornant à réfuter des textes sans préjuger
de
la réalité des faits. Minimiser ! telle pourrait être la devise de l’
150
faits. Minimiser ! telle pourrait être la devise
de
l’école illustrée par M. Goguel. Il répondra que c’est au bénéfice du
151
dmirant à chaque page l’ingéniosité et la science
de
M. Goguel, on se sent parfois gêné par l’anachronisme évident de ses
152
n se sent parfois gêné par l’anachronisme évident
de
ses jugements psychologiques. Il y a là un procédé tout inconscient m
153
onscient mais qui rappelle irrésistiblement celui
de
certains humoristes. Les rédacteurs des évangiles étaient-ils vraimen
154
aiment si « bourgeois », si prudents, si soucieux
de
logique, si incapables d’y atteindre, si aveuglés sur leurs contradic
155
i prudents, si soucieux de logique, si incapables
d’
y atteindre, si aveuglés sur leurs contradictions ? N’étaient-ils pas,
156
? N’étaient-ils pas, bien plus que nous, capables
de
voir dans les contradictions mêmes d’un récit, la marque de la vie et
157
s, capables de voir dans les contradictions mêmes
d’
un récit, la marque de la vie et des passions ? Prenons, à peu près au
158
ns les contradictions mêmes d’un récit, la marque
de
la vie et des passions ? Prenons, à peu près au hasard, l’exemple de
159
contradictions mêmes d’un récit, la marque de la
vie
et des passions ? Prenons, à peu près au hasard, l’exemple de Marc, c
160
ssions ? Prenons, à peu près au hasard, l’exemple
de
Marc, chapitre 16. De ce que l’ange qui apparaît au tombeau vide rass
161
u près au hasard, l’exemple de Marc, chapitre 16.
De
ce que l’ange qui apparaît au tombeau vide rassure les femmes, au ver
162
et 8, M. Goguel déduit incontinent que le premier
de
ces versets a été ajouté après coup. Il le retranche donc. Cela fait,
163
homogène ». Certes. Mais qu’on imagine un groupe
de
femmes qui pénètrent dans un tombeau, qui le trouvent vide, qui voien
164
et voici que cet ange leur parle ! Les réactions
de
ces femmes n’auront probablement rien d’homogène et seront même plus
165
éactions de ces femmes n’auront probablement rien
d’
homogène et seront même plus contradictoires qu’aucun récit ne peut le
166
a méthode, il reste que les conclusions négatives
de
M. Goguel sont loin d’être aussi ruineuses pour la foi que beaucoup d
167
les conclusions négatives de M. Goguel sont loin
d’
être aussi ruineuses pour la foi que beaucoup de croyants ne le craign
168
u’il indique lui-même, c’est que, du point de vue
de
la foi vivante, les postulats critiques de l’auteur n’ont aucune forc
169
de vue de la foi vivante, les postulats critiques
de
l’auteur n’ont aucune force de contrainte. C’est l’Écriture et le dog
170
ostulats critiques de l’auteur n’ont aucune force
de
contrainte. C’est l’Écriture et le dogme qui les jugent, et non l’inv
171
de Calvine. La seconde, c’est que M. Goguel, loin
d’
attaquer les dogmes, ne démolit que les preuves matérielles dont l’esp
172
art des historiens modernes qui ont voulu déduire
de
leur critique la relativité des articles de foi, M. Goguel cherche à
173
duire de leur critique la relativité des articles
de
foi, M. Goguel cherche à débarrasser la foi de la relativité des preu
174
es de foi, M. Goguel cherche à débarrasser la foi
de
la relativité des preuves historiques. En nous montrant qu’elles peuv
175
être contestées, pour la plupart, il nous délivre
d’
une tentation permanente. Du même coup, il ruine d’ailleurs certaines
176
ruine d’ailleurs certaines objections classiques
de
l’incroyance (l’assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du
177
ctions classiques de l’incroyance (l’assimilation
de
la résurrection de Jésus au mythe du Dieu mort et ressuscité, en part
178
e l’incroyance (l’assimilation de la résurrection
de
Jésus au mythe du Dieu mort et ressuscité, en particulier). Pour M. M
179
saurait être au détriment de la foi. Car l’office
de
la foi n’est pas de nous fournir une explication probante du miracle
180
iment de la foi. Car l’office de la foi n’est pas
de
nous fournir une explication probante du miracle ; elle se trahit ell
181
humaine ne peut réellement appuyer ; car l’œuvre
de
la chair, c’est de refuser Dieu, même alors qu’il se rend visible. Et
182
ellement appuyer ; car l’œuvre de la chair, c’est
de
refuser Dieu, même alors qu’il se rend visible. Et ce n’est point par
183
e paraît être, en fin de compte, la justification
de
la critique historique. C’est dire qu’elle triomphe en général au ter
184
chez Payot. 4. Chez Payot. c. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Sur la méthode de M. Goguel », Le Semeur, Paris, no
185
ugemont Denis de, « [Compte rendu] Sur la méthode
de
M. Goguel », Le Semeur, Paris, novembre 1934, p. 29-35. d. Il s’agit
186
ur, Paris, novembre 1934, p. 29-35. d. Il s’agit
d’
une note critique de La Foi à la résurrection de Jésus dans le christi
187
1934, p. 29-35. d. Il s’agit d’une note critique
de
La Foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif, de
188
t d’une note critique de La Foi à la résurrection
de
Jésus dans le christianisme primitif, de Maurice Goguel, publié à la
189
rrection de Jésus dans le christianisme primitif,
de
Maurice Goguel, publié à la Librairie Ernest Leroux. e. Voir le comp
190
roux. e. Voir le compte rendu que Rougemont fait
de
L’Humanité de Jésus d’après Calvin de Max Dominicé.
191
le compte rendu que Rougemont fait de L’Humanité
de
Jésus d’après Calvin de Max Dominicé.
192
tout d’abord été frappé par le léger anachronisme
de
ce petit mot de cité. Une image s’est immédiatement formée devant mes
193
frappé par le léger anachronisme de ce petit mot
de
cité. Une image s’est immédiatement formée devant mes yeux : l’image
194
st immédiatement formée devant mes yeux : l’image
d’
un clerc en vêtements moyenâgeux circulant dans les perspectives d’un
195
ements moyenâgeux circulant dans les perspectives
d’
un tableau de maître italien. La somme de saint Thomas sous le bras, m
196
geux circulant dans les perspectives d’un tableau
de
maître italien. La somme de saint Thomas sous le bras, mon chrétien a
197
pectives d’un tableau de maître italien. La somme
de
saint Thomas sous le bras, mon chrétien arpentait les portiques d’une
198
ous le bras, mon chrétien arpentait les portiques
d’
une de ces villes du Quattrocento, où tout était bâti à la mesure de l
199
bras, mon chrétien arpentait les portiques d’une
de
ces villes du Quattrocento, où tout était bâti à la mesure de l’homme
200
s du Quattrocento, où tout était bâti à la mesure
de
l’homme, où tout, — sauf les églises, — semblait avoir été conçu pour
201
— semblait avoir été conçu pour demeurer à portée
de
la main, dans les limites où le pouvoir d’une vocation peut s’exercer
202
portée de la main, dans les limites où le pouvoir
d’
une vocation peut s’exercer. Je voyais cette ville, où tout portait le
203
on Dieu. Tel était donc mon rêve, mon imagination
de
l’homme chrétien dans la cité chrétienne. Quelques jours plus tard,
204
enne. Quelques jours plus tard, je me vis obligé
de
traverser à pied la banlieue parisienne. C’était du côté des faubourg
205
e permettez cet euphémisme académique. Les termes
de
chrétien et de cité, qui, dans l’image moyenâgeuse me paraissaient se
206
euphémisme académique. Les termes de chrétien et
de
cité, qui, dans l’image moyenâgeuse me paraissaient se correspondre e
207
dain, dans la réalité des villes modernes, privés
de
toute espèce de commune mesure. L’un devenait tout petit, l’autre éno
208
alité des villes modernes, privés de toute espèce
de
commune mesure. L’un devenait tout petit, l’autre énorme. En effet, l
209
ait tout petit, l’autre énorme. En effet, la cité
d’
aujourd’hui est quelque chose de littéralement démesuré, un ensemble d
210
En effet, la cité d’aujourd’hui est quelque chose
de
littéralement démesuré, un ensemble de signes abstraits : SDN, BIT, U
211
lque chose de littéralement démesuré, un ensemble
de
signes abstraits : SDN, BIT, URSS, SFIO, CGT, NSDAP, un monstrueux co
212
T, URSS, SFIO, CGT, NSDAP, un monstrueux complexe
de
puissances collectives, de masses électorales, de lois économiques. U
213
un monstrueux complexe de puissances collectives,
de
masses électorales, de lois économiques. Un jeu secret qui se joue su
214
de puissances collectives, de masses électorales,
de
lois économiques. Un jeu secret qui se joue sur nos têtes et dont la
215
seule qui a changé. En même temps qu’elle cessait
d’
être proportionnée à la mesure de l’homme, l’homme cessait d’obéir à l
216
qu’elle cessait d’être proportionnée à la mesure
de
l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnera
217
ortionnée à la mesure de l’homme, l’homme cessait
d’
obéir à la mesure de la foi. Je n’étonnerai personne si je constate qu
218
e de l’homme, l’homme cessait d’obéir à la mesure
de
la foi. Je n’étonnerai personne si je constate que dans l’humanité co
219
tion toutefois qu’elles se confondent avec celles
de
la bourgeoisie. Et maintenant nous comprendrons peut-être mieux le se
220
nous comprendrons peut-être mieux le sens concret
de
la question, à laquelle je vais limiter mes réflexions, ce soir : — q
221
lexions, ce soir : — quelle peut être la vocation
de
ce chrétien dans cette cité ? Ce chrétien en minorité dans une masse
222
tte cité ? Ce chrétien en minorité dans une masse
d’
hommes qui, elle-même, paraît tellement impuissante sur les conseils d
223
me, paraît tellement impuissante sur les conseils
de
la cité ? N’est-il pas ridicule de poser la question ? N’est-il pas é
224
r les conseils de la cité ? N’est-il pas ridicule
de
poser la question ? N’est-il pas évident, à première vue, que le chré
225
ne le craint plus ? Et dès lors, à quoi servirait
de
méditer sur la manière dont ce chrétien pourrait ou devrait exercer u
226
meurer inefficace ? Le chrétien est-il possesseur
d’
un secret qui lui permettrait de faire plus ou mieux que les autres ?
227
est-il possesseur d’un secret qui lui permettrait
de
faire plus ou mieux que les autres ? A-t-il des lumières spéciales su
228
es ? A-t-il des lumières spéciales sur les moyens
de
résoudre la crise, d’organiser la production ou de conclure des trait
229
es spéciales sur les moyens de résoudre la crise,
d’
organiser la production ou de conclure des traités ? Et si ce n’est pa
230
e résoudre la crise, d’organiser la production ou
de
conclure des traités ? Et si ce n’est pas le cas, ne ferait-il pas mi
231
Et si ce n’est pas le cas, ne ferait-il pas mieux
de
se limiter à son domaine, d’ailleurs de plus en plus restreint ? À la
232
illeurs de plus en plus restreint ? À la question
de
sa vocation dans la cité, ne devra-t-on pas opposer une question préa
233
qu’on en parle. J’irai même plus loin : l’action
d’
un intellectuel laïque quelconque apparaît tout à fait dérisoire dans
234
gations économiques, ni les forces irrationnelles
de
la race, de la classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de n
235
omiques, ni les forces irrationnelles de la race,
de
la classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis, de
236
classe ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure
de
nos avis, de nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous aut
237
nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis,
de
nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous autres pauvres i
238
res intellectuels, il nous faut perdre l’illusion
d’
exercer aucune puissance. À moins de nous faire journalistes ! L’obser
239
re l’illusion d’exercer aucune puissance. À moins
de
nous faire journalistes ! L’observation objective du monde ramène le
240
ccupation pénible à laquelle Dieu soumet les fils
de
l’homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous les cieux, et voici, tout e
241
ité et poursuite du vent. » Je plaindrais l’homme
d’
action qui n’aurait jamais eu ce cri, qui n’aurait jamais éprouvé cett
242
e soir, j’ai éprouvé plus que jamais le sentiment
d’
une grande absurdité. Sommes-nous bien des David prêts à marcher contr
243
vid prêts à marcher contre Goliath, ou simplement
de
tout petits Don Quichotte s’excitant à une lutte impossible ? Je lais
244
règne vienne ! » Or, une telle prière nous charge
d’
une responsabilité contre laquelle aucune raison ne prévaudra jamais.
245
u, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir
de
discuter. Elle nous adresse une vocation. Et alors, nous voici placés
246
écider librement si oui ou non cela vaut la peine
d’
entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton règne vie
247
non cela vaut la peine d’entrer dans la tourmente
de
la cité. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si nous ne faiso
248
t mesuré, mieux que personne peut-être, la vanité
de
toute action, agit tout de même, non point parce qu’il distingue un s
249
yez transformés », dit saint Paul. Tout le secret
de
notre vocation est contenu dans ces mots-là, et si je parvenais ce so
250
et si vous n’emportiez d’ici que le seul souvenir
de
ces mots, je penserais avoir atteint mon but. Ne vous conformez pas,
251
sont là les deux termes qui s’opposent dans notre
vie
, qui commandent notre vocation. La forme de ce monde : vous savez ce
252
otre vie, qui commandent notre vocation. La forme
de
ce monde : vous savez ce qu’elle est, et vous savez qu’elle est mauva
253
est, et vous savez qu’elle est mauvaise. La forme
de
ce monde, ce sont toutes les puissances que j’énumérais tout à l’heur
254
loi du talion. Ici, c’est le capitalisme créateur
de
chômage, là c’est la tyrannie des dictatures. C’est contre la forme d
255
socialistes, et avec eux des masses grandissantes
de
bourgeois lentement dépossédés des privilèges acquis par leur travail
256
avantage : ce sera tout ce que résume le seul mot
de
péché — tout ce qui s’oppose à la venue du règne de justice qu’il app
257
péché — tout ce qui s’oppose à la venue du règne
de
justice qu’il appelle. « Nous n’appartenons pas à la forme du monde.
258
aux lois communes ? Non pas ! Et gardons-nous ici
de
toute illusion optimiste ! Chrétiens, nous restons hommes, entièremen
259
mmes, entièrement hommes, entièrement prisonniers
de
la forme mauvaise du monde. C’est là le fait. Mais notre foi proteste
260
is non pas comme étant du monde. C’est là le sens
de
nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la
261
étant du monde. C’est là le sens de nos prières,
de
nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la justice. Mais al
262
st là le sens de nos prières, de nos angoisses et
de
l’appel de toute l’humanité à la justice. Mais alors, cette forme du
263
ns de nos prières, de nos angoisses et de l’appel
de
toute l’humanité à la justice. Mais alors, cette forme du monde que l
264
c’est à cette transformation que nous appartenons
de
droit, dès l’instant où nous l’annonçons. Mais qu’est-ce que cette tr
265
ons. Mais qu’est-ce que cette transformation ? Et
de
quel droit pouvons-nous l’annoncer ? Est-ce un ensemble de réformes,
266
roit pouvons-nous l’annoncer ? Est-ce un ensemble
de
réformes, un programme révolutionnaire ? Est-ce l’utopie d’un avenir
267
s, un programme révolutionnaire ? Est-ce l’utopie
d’
un avenir meilleur, ce « millenium » dont l’Apocalypse nous donne la v
268
aîné pour mille ans ? Réforme, révolution, utopie
d’
un monde meilleur ; — ne faisons pas les dégoûtés : nous y pensons tou
269
sent, refuse aussi toute solidarité avec l’espoir
de
ceux qui souffrent et qui créent. Mais s’il accepte pratiquement de t
270
ent et qui créent. Mais s’il accepte pratiquement
de
travailler à la révolution, le chrétien n’a pas le droit de laisser s
271
ler à la révolution, le chrétien n’a pas le droit
de
laisser subsister la moindre équivoque sur les motifs de cette accept
272
ser subsister la moindre équivoque sur les motifs
de
cette acceptation. S’il annonce, au sens fort du terme, la transforma
273
annonce, au sens fort du terme, la transformation
de
ce monde, ce n’est pas en vertu des seuls désirs humains, qu’il a cer
274
nement lui aussi, mais qu’il n’aurait aucun droit
de
prêcher. S’il annonce, s’il prêche cette transformation, non pas comm
275
Ce que nous annonçons au monde, c’est la promesse
de
celui qui a dit : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde. » — Christ
276
est ressuscité. Il est vivant ! Par lui, la forme
de
ce monde, et sa puissance dernière, la mort, sont absolument dominées
277
ice a paru, et nous en témoignons par nos actions
de
grâce — précisément par nos actions ! — et je voudrais mettre l’accen
278
n que vous ne pensiez pas qu’il ne s’agit ici que
de
pathos sentimental. Action, et non pas sentiment, ni piété, ni extase
279
raisons si bonnes, par exemple, mais si courtes,
de
l’opportunisme sceptique. Si nous croyons à cette justice, nous ne po
280
ns à cette justice, nous ne pouvons autrement que
de
courir vers elle ! Nous ne pouvons autrement que d’espérer de toutes
281
courir vers elle ! Nous ne pouvons autrement que
d’
espérer de toutes nos forces son retour ! Nous protestons contre ce mo
282
rs elle ! Nous ne pouvons autrement que d’espérer
de
toutes nos forces son retour ! Nous protestons contre ce monde au nom
283
e que nous annonçons : ainsi donc, ces deux temps
de
notre vocation révèlent un fait unique, renvoient à un motif unique :
284
nt à un motif unique : la mort et la résurrection
de
Jésus-Christ. Ni l’attente passive, ni l’ardeur messianique, ne sont
285
i des attitudes chrétiennes ; mais voilà le motif
de
notre action : nous attestons la justice apparue, et dans l’élan de n
286
nous attestons la justice apparue, et dans l’élan
de
notre action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme terres
287
a justice apparue, et dans l’élan de notre action
de
grâce, prisonniers que nous sommes de la forme terrestre, nous prêcho
288
otre action de grâce, prisonniers que nous sommes
de
la forme terrestre, nous prêchons une victoire acquise et le retour p
289
prêchons une victoire acquise et le retour promis
de
cette justice ! ⁂ Il se peut que certains d’entre vous trouvent ces p
290
lement théologiques. Il se peut que ma définition
de
la vocation du chrétien vous ait paru, dès le principe, assez abstrai
291
d’entre vous, sont en train de penser cela. Avant
d’
aborder le problème de l’action politique du chrétien, je tiens à dire
292
train de penser cela. Avant d’aborder le problème
de
l’action politique du chrétien, je tiens à dire deux mots concernant
293
te objection informulée. La question que je viens
d’
esquisser à grands traits, c’est celle des fins dernières de l’action
294
r à grands traits, c’est celle des fins dernières
de
l’action du chrétien. C’est la triple question que le peintre Gauguin
295
n que le peintre Gauguin avait choisie pour titre
de
son fameux triptyque : D’où venons-nous ? Où en sommes-nous ? Où allo
296
vait choisie pour titre de son fameux triptyque :
D’
où venons-nous ? Où en sommes-nous ? Où allons-nous ? À la question :
297
a cité telle qu’elle est devenue. À la question :
D’
où venons-nous ? j’ai répondu en rappelant que l’origine vivante de no
298
? j’ai répondu en rappelant que l’origine vivante
de
notre action, c’est l’incarnation de la justice en Jésus-Christ ressu
299
gine vivante de notre action, c’est l’incarnation
de
la justice en Jésus-Christ ressuscité. À la question : Où allons-nous
300
Seigneur vient ! — et nous allons à la rencontre
de
son règne, vers la transformation radicale de toutes choses. Et je vo
301
tre de son règne, vers la transformation radicale
de
toutes choses. Et je vous demande, maintenant, si l’on a le droit de
302
t je vous demande, maintenant, si l’on a le droit
de
se mettre en route avant d’avoir posé ces trois questions, avant d’y
303
t, si l’on a le droit de se mettre en route avant
d’
avoir posé ces trois questions, avant d’y avoir répondu ? Oh, je sais
304
ute avant d’avoir posé ces trois questions, avant
d’
y avoir répondu ? Oh, je sais bien que le monde d’aujourd’hui retentit
305
d’y avoir répondu ? Oh, je sais bien que le monde
d’
aujourd’hui retentit chaque jour d’appels, d’appels à la lutte immédia
306
n que le monde d’aujourd’hui retentit chaque jour
d’
appels, d’appels à la lutte immédiate, pour des objectifs imprécis, ou
307
onde d’aujourd’hui retentit chaque jour d’appels,
d’
appels à la lutte immédiate, pour des objectifs imprécis, ou au contra
308
précis qu’on ne veut plus rien voir au-delà. Trop
de
chefs nous crient : en avant ! sans avoir osé regarder plus loin que
309
r osé regarder plus loin que le bout des semelles
de
leurs bottes. Leur en avant ne sait pas où il va ! N’est-ce pas ainsi
310
es fuyards ? Comment ne voient-ils pas que chacun
de
leurs gestes pose la question des fins dernières de l’homme, et cela,
311
leurs gestes pose la question des fins dernières
de
l’homme, et cela, qu’ils le veuillent ou non ? Et s’ils le voient, co
312
ncore éluder si cavalièrement le problème dernier
de
l’action ? Et je demande encore : qui donc osera poser ces grandes qu
313
cité contemporaine ? Et s’il ne le fait pas, qui
d’
autre est en mesure d’assumer cette charge inquiétante ? Si le chrétie
314
Et s’il ne le fait pas, qui d’autre est en mesure
d’
assumer cette charge inquiétante ? Si le chrétien ne pose pas ces ques
315
pas alors, justement, qu’il s’évade ? Qu’il sort
de
sa réalité ? Qu’il doute de la justice de Dieu ? Et qu’il trahit sa v
316
s’évade ? Qu’il sort de sa réalité ? Qu’il doute
de
la justice de Dieu ? Et qu’il trahit sa vocation première ? Je pense
317
il sort de sa réalité ? Qu’il doute de la justice
de
Dieu ? Et qu’il trahit sa vocation première ? Je pense que beaucoup d
318
ut qu’elles demeurent posées comme un grand signe
d’
interrogation au-dessus de ce que j’ai à vous dire maintenant. Vocatio
319
es comme un grand signe d’interrogation au-dessus
de
ce que j’ai à vous dire maintenant. Vocation du chrétien dans la cité
320
tation, une annonce. Protestation contre la forme
de
ce siècle, annonce active de sa transformation. Ici se posent deux gr
321
tion contre la forme de ce siècle, annonce active
de
sa transformation. Ici se posent deux grands problèmes pratiques : es
322
ratiques : est-il possible et nécessaire, partant
de
cette vocation, d’aboutir à ce que j’appellerai une politique chrétie
323
ossible et nécessaire, partant de cette vocation,
d’
aboutir à ce que j’appellerai une politique chrétienne, un parti des c
324
re des partis existants, et fasse sienne la cause
de
ce parti ? Ce sera la seconde question. Au sujet de la politique chré
325
u sujet de la politique chrétienne, permettez-moi
d’
être aussi bref que catégorique. Si nous considérons l’histoire, si no
326
leçons, il me paraît qu’aucun doute n’est permis.
De
Constantin, premier empereur chrétien commandant aux chrétiens de fai
327
remier empereur chrétien commandant aux chrétiens
de
faire la guerre, à Charlemagne baptisant les Saxons pour leur prouver
328
ptisant les Saxons pour leur prouver la puissance
de
son glaive, et tout accessoirement celle de l’Esprit ; des chevaliers
329
sance de son glaive, et tout accessoirement celle
de
l’Esprit ; des chevaliers partant pour la Croisade, aux milices de Lo
330
chevaliers partant pour la Croisade, aux milices
de
Loyola, poussant les princes à une autre croisade non moins sanglante
331
lante, mais sans doute moins féconde pour l’essor
de
la civilisation ; des anabaptistes de Münster aux puritains capitalis
332
our l’essor de la civilisation ; des anabaptistes
de
Münster aux puritains capitalistes ; du Roi-Soleil, prince très chrét
333
qu’à ce chancelier Dollfuss faisant tirer à coups
de
canon contre les ouvriers de Vienne avec l’appui du parti clérical, —
334
aisant tirer à coups de canon contre les ouvriers
de
Vienne avec l’appui du parti clérical, — l’histoire des politiques ch
335
ne politique chrétienne qui réussit n’a plus rien
de
chrétien que le prétexte. Les Églises se livrent au jugement du monde
336
t au jugement du monde, dès lors qu’elles cessent
d’
être avant tout un jugement porté sur le monde. Toute politique chréti
337
appelle notre protestation. Quel est donc le rôle
de
l’Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien de faire triompher t
338
ation. Quel est donc le rôle de l’Église ? Est-il
de
prêcher l’Évangile, ou bien de faire triompher telle ou telle doctrin
339
l’Église ? Est-il de prêcher l’Évangile, ou bien
de
faire triompher telle ou telle doctrine sociale adoptée par opportuni
340
ciennes, — à supposer que cela soit possible, que
de
questions demeurent menaçantes ! Voici l’Église liée bon gré mal gré
341
et séduisant par sa puissance ; voici le message
de
la transformation qui se change en message de la conservation ; et vo
342
age de la transformation qui se change en message
de
la conservation ; et voici l’ombre du Grand Inquisiteur qui vient bén
343
odifiée, rationalisée, dispensant chaque chrétien
de
reconnaître et d’accepter les risques d’une vocation toujours unique,
344
sée, dispensant chaque chrétien de reconnaître et
d’
accepter les risques d’une vocation toujours unique, et parfois scanda
345
chrétien de reconnaître et d’accepter les risques
d’
une vocation toujours unique, et parfois scandaleuse. Je ne crois pas
346
ois pas que les chrétiens possèdent, du seul fait
de
leur foi, des lumières spéciales sur les problèmes techniques que pos
347
péciales sur les problèmes techniques que pose la
vie
de la cité moderne. Je ne crois pas qu’il soit souhaitable que se for
348
ales sur les problèmes techniques que pose la vie
de
la cité moderne. Je ne crois pas qu’il soit souhaitable que se forme
349
leur devoir, toute leur mission dans la cité, que
d’
une seule et unique manière, et c’est en devenant et en restant de vra
350
nique manière, et c’est en devenant et en restant
de
vraies Églises, c’est-à-dire des annonciatrices de la Parole, du juge
351
e vraies Églises, c’est-à-dire des annonciatrices
de
la Parole, du jugement porté sur la forme du monde, et de la grâce of
352
role, du jugement porté sur la forme du monde, et
de
la grâce offerte à ceux qui croient. Mais ceci dit, et une fois repo
353
voici donc en face de la seconde question : celle
de
l’adhésion à l’un ou l’autre des partis politiques existants. Bien en
354
ces politiques et sociales dans la cité française
d’
aujourd’hui. Nous entrerions dans un débat terriblement technique et f
355
e et faussement précis, et nous aurions vite fait
de
perdre de vue la vocation particulière du chrétien. Je me contenterai
356
ement précis, et nous aurions vite fait de perdre
de
vue la vocation particulière du chrétien. Je me contenterai donc d’ex
357
particulière du chrétien. Je me contenterai donc
d’
examiner un seul exemple, le plus riche à mon sens, et peut-être le pl
358
re la forme actuelle du monde, prédication active
de
sa transformation, — si telle est bien la vocation civique du chrétie
359
ation civique du chrétien, beaucoup seront tentés
de
penser que cela conduit au socialisme. Pour ma part, je confesse volo
360
, à première vue, plus conforme à notre espérance
de
justice. Vous dirai-je que c’est précisément à cause de cette similit
361
que c’est précisément à cause de cette similitude
d’
espérances, à cause de cette convergence apparente, à cause de cette t
362
à m’approcher avec une prudence critique extrême,
de
ce que l’on nomme l’idéal socialiste ? Beaucoup de braves gens condam
363
loc le socialisme, nous condamnons aussi une part
de
vérité d’origine proprement chrétienne. Le socialisme s’est identifié
364
ialisme, nous condamnons aussi une part de vérité
d’
origine proprement chrétienne. Le socialisme s’est identifié avec la d
365
isons pas mieux que lui à cet égard, gardons-nous
de
l’attaquer ! Le socialisme proteste contre les conditions actuelles d
366
yons pas mieux que lui à la justice, gardons-nous
de
le condamner ! C’est lui qui fait, dans l’incroyance, ce que nous aur
367
rions dû faire dans la foi. — Mais si l’on refuse
d’
attaquer le socialisme, faudra-t-il accepter aussitôt le fameux trait
368
me, faudra-t-il accepter aussitôt le fameux trait
d’
union qu’on nous propose, entre socialiste et chrétien ? Prenons bien
369
s une justice divine, déjà réalisée. Notre devoir
de
charité ne serait-il pas alors de déclarer ouvertement aux socialiste
370
e. Notre devoir de charité ne serait-il pas alors
de
déclarer ouvertement aux socialistes qu’entre leur but et notre but,
371
rs, il y a tout l’abîme qui sépare un idéal moral
d’
une foi au Christ vivant ? Car le chrétien n’est pas idéaliste, et c’
372
point une théorie économique passagère. On a tort
d’
attaquer uniquement le prétendu matérialisme socialiste, comme si le c
373
e et comme si les chrétiens ne vivaient pas aussi
de
pain. Le grand danger du socialisme n’est pas dans son matérialisme,
374
ais dans sa fausse spiritualité ; dans ce qu’il a
de
meilleur, non dans ce qu’il a de pire ; dans la tentation qu’il nous
375
dans ce qu’il a de meilleur, non dans ce qu’il a
de
pire ; dans la tentation qu’il nous offre d’un idéal humanitaire en l
376
il a de pire ; dans la tentation qu’il nous offre
d’
un idéal humanitaire en lieu et place d’une foi. Si nous ne parvenons
377
ous offre d’un idéal humanitaire en lieu et place
d’
une foi. Si nous ne parvenons pas à faire comprendre aux socialistes l
378
aire comprendre aux socialistes le sérieux absolu
de
cette distinction, nous risquons de prêcher contre Dieu en travaillan
379
érieux absolu de cette distinction, nous risquons
de
prêcher contre Dieu en travaillant à leurs côtés ! Nous connaissons d
380
signifie pour eux le compromis entre leurs motifs
de
croyants et les motifs des camarades. Pensant à eux, je résumerai tou
381
J’ajouterai cependant une remarque. Si je refuse
d’
adhérer pratiquement au socialisme, c’est d’abord à cause du marxisme,
382
tis, pour des raisons assez sérieuses et valables
d’
opportunité politique. L’impuissance politique des formations de masse
383
politique. L’impuissance politique des formations
de
masses s’est avérée depuis la guerre, soit en Russie, où Lénine triom
384
, soit en Russie, où Lénine triompha par le moyen
d’
une minorité infime, soit en Allemagne, où les partis de gauche, malgr
385
minorité infime, soit en Allemagne, où les partis
de
gauche, malgré leur organisation incomparable, se virent balayés en d
386
e, se virent balayés en dix jours par les troupes
d’
assaut hitlériennes. Mais je crois qu’un chrétien peut adresser une cr
387
tique encore plus grave à tout parti. L’idée même
de
parti paraît absolument incompatible avec l’idée de vocation. Et la r
388
parti paraît absolument incompatible avec l’idée
de
vocation. Et la réalité pratique et quotidienne montre que cette oppo
389
C’est l’homme qui délègue à la majorité le souci
de
ses décisions. Et dans ce sens précis, il faut bien dire que les part
390
re que les partis sont les agents les plus actifs
de
la démoralisation des hommes modernes. N’ayant pas même l’excuse d’av
391
on des hommes modernes. N’ayant pas même l’excuse
d’
avoir réussi pratiquement, ils ne peuvent se défendre contre le jugeme
392
lus à ce recours au Dieu tout-puissant qui permet
de
faire de si belles phrases, qui est si vrai, mais si « abstrait » — d
393
recours au Dieu tout-puissant qui permet de faire
de
si belles phrases, qui est si vrai, mais si « abstrait » — dit-on —,
394
eut refuser ce qui existe qu’au nom d’une volonté
de
création. Je vous proposerai donc deux exemples concrets de vocation
395
n. Je vous proposerai donc deux exemples concrets
de
vocation chrétienne dans la cité. Et d’abord, à l’image que je vous
396
’opposerai une image moderne, qui est aussi celle
d’
un chrétien dans la cité, mais qui n’est pas cette fois une utopie. Ce
397
as cette fois une utopie. Cela se passe au Japon,
de
nos jours. Certains d’entre vous connaissent probablement la biograph
398
entre vous connaissent probablement la biographie
de
Kagawa, le chef du jeune Japon chrétien. Fils d’un conseiller de l’em
399
de Kagawa, le chef du jeune Japon chrétien. Fils
d’
un conseiller de l’empereur et d’une geisha, Kagawa appartient à une c
400
hef du jeune Japon chrétien. Fils d’un conseiller
de
l’empereur et d’une geisha, Kagawa appartient à une classe honorable,
401
n chrétien. Fils d’un conseiller de l’empereur et
d’
une geisha, Kagawa appartient à une classe honorable, et jouit à vingt
402
ient à une classe honorable, et jouit à vingt ans
de
tous les avantages qui sont chez nous ceux de la grande bourgeoisie.
403
ans de tous les avantages qui sont chez nous ceux
de
la grande bourgeoisie. Mais voilà qu’il se convertit, et c’est ici qu
404
e odieux entre la misère des bas-fonds et l’essor
de
la bourgeoisie capitaliste qui se développe très rapidement dans le J
405
te qui se développe très rapidement dans le Japon
d’
avant la guerre, il comprend qu’il lui est impossible de se dire vraim
406
t la guerre, il comprend qu’il lui est impossible
de
se dire vraiment chrétien tant qu’il n’aura pas fait tout ce qui est
407
n pays, qui se consacre à la défense des intérêts
de
la classe opprimée. Que faire, sinon payer de sa personne ? Kagawa n’
408
êts de la classe opprimée. Que faire, sinon payer
de
sa personne ? Kagawa n’hésite pas. Il va vivre dans les bas-fonds. Av
409
pas. Il va vivre dans les bas-fonds. Avec un peu
d’
argent que lui donne une mission américaine — très peu d’argent — il l
410
t que lui donne une mission américaine — très peu
d’
argent — il loue une espèce de baraque dans le quartier le plus mal fa
411
éricaine — très peu d’argent — il loue une espèce
de
baraque dans le quartier le plus mal famé de la grande ville de Kobé,
412
pèce de baraque dans le quartier le plus mal famé
de
la grande ville de Kobé, et se met à prêcher l’Évangile. Mais son act
413
s le quartier le plus mal famé de la grande ville
de
Kobé, et se met à prêcher l’Évangile. Mais son activité ne se borne p
414
s enfants abandonnés, des ivrognes, tout le rebut
d’
humanité dont les bas-fonds eux-mêmes ne savent que faire. Il faut lir
415
t que faire. Il faut lire l’effarante description
de
sa vie telle qu’il l’a racontée dans une espèce d’autobiographie roma
416
faire. Il faut lire l’effarante description de sa
vie
telle qu’il l’a racontée dans une espèce d’autobiographie romancée qu
417
e sa vie telle qu’il l’a racontée dans une espèce
d’
autobiographie romancée qu’on a traduite en France sous ce titre : Ava
418
espérée s’étend mystérieusement sur ces quartiers
d’
enfer. Les crimes diminuent, les enfants s’instruisent, des misères so
419
, en ressort triomphalement escorté par une foule
d’
enfants qu’il a secourus, et dès lors le mouvement est lancé, l’opinio
420
à l’assainissement radical des slums ou bas-fonds
de
Kobé et de plusieurs villes japonaises, à la création d’importantes œ
421
ssement radical des slums ou bas-fonds de Kobé et
de
plusieurs villes japonaises, à la création d’importantes œuvres socia
422
et de plusieurs villes japonaises, à la création
d’
importantes œuvres sociales, enfin à la constitution d’un grand mouvem
423
ortantes œuvres sociales, enfin à la constitution
d’
un grand mouvement syndicaliste. Vocation du chrétien dans la cité. To
424
ocation du chrétien dans la cité. Tout le pouvoir
de
Kagawa se résume en effet dans ce seul mot de vocation. Il n’agit pas
425
oir de Kagawa se résume en effet dans ce seul mot
de
vocation. Il n’agit pas au bénéfice d’un parti. Il prêche et il prote
426
e seul mot de vocation. Il n’agit pas au bénéfice
d’
un parti. Il prêche et il proteste au nom d’une foi sans cesse proclam
427
s revendiquées par le désir des hommes, à l’appui
d’
un parti politique. Seules, ces vocations-là ont transformé le monde,
428
t pratiquement. Seules, elles sont apparues comme
de
fondamentales et créatrices objections de la foi à la forme du monde.
429
s comme de fondamentales et créatrices objections
de
la foi à la forme du monde. Mais, direz-vous encore, nous ne sommes p
430
gawa, ni même des salutistes, — pour ne rien dire
de
ces deux amis auxquels nous pensons tous ce soir et qui, du fond de l
431
uxquels nous pensons tous ce soir et qui, du fond
de
leur prison, tout près d’ici, posent à notre conscience leur silencie
432
s. Notre premier devoir dans la cité n’est-il pas
de
travailler en tant qu’intellectuels, — de même que le premier devoir
433
qu’intellectuels, — de même que le premier devoir
de
l’ingénieur reste de faire des plans et des calculs, et non pas de gâ
434
e même que le premier devoir de l’ingénieur reste
de
faire des plans et des calculs, et non pas de gâcher du ciment ? Si n
435
ste de faire des plans et des calculs, et non pas
de
gâcher du ciment ? Si nous nous mettions tous à faire de l’action soc
436
er du ciment ? Si nous nous mettions tous à faire
de
l’action sociale, à jouer les Kagawa, et à vivre dans les quartiers m
437
aine, professionnelle ? Je n’aurai pas le cynisme
de
vous répondre que ce serait là peut-être un remède tout trouvé à la c
438
ait là peut-être un remède tout trouvé à la crise
de
surproduction intellectuelle et à l’encombrement des carrières libéra
439
ent des carrières libérales. L’agriculture manque
de
bras, — dit-on… J’espère avoir une solution moins défaitiste à vous o
440
ce sera mon second exemple. Un écrivain américain
de
ces dernières années, l’un des porte-paroles de la nouvelle génératio
441
n de ces dernières années, l’un des porte-paroles
de
la nouvelle génération en pleine révolte contre la tyrannie bancaire
442
it une phrase qui condense très bien la substance
de
ce que je voudrais vous faire comprendre maintenant. La voici : « Dan
443
prendre maintenant. La voici : « Dans des époques
de
transition des bases culturelles, la critique qui ne jaillit pas de l
444
bases culturelles, la critique qui ne jaillit pas
de
la métaphysique et d’une véritable compréhension des expériences reli
445
critique qui ne jaillit pas de la métaphysique et
d’
une véritable compréhension des expériences religieuses, est vaine, ir
446
e la plus méconnue par ceux qui font la politique
de
nos cités. Commentons brièvement cette phrase. La cité moderne est en
447
n’a osé prévoir l’aboutissement matériel et moral
de
la révolution industrielle, c’est-à-dire du capitalisme. La bourgeois
448
intellectuels, croient encore à certaines notions
de
justice et de respect de l’homme qui n’ont aucun rapport avec la mora
449
croient encore à certaines notions de justice et
de
respect de l’homme qui n’ont aucun rapport avec la morale pratique du
450
core à certaines notions de justice et de respect
de
l’homme qui n’ont aucun rapport avec la morale pratique du monde écon
451
a morale des affaires est à peu près le contraire
de
la morale, et que les nécessités économiques ne tiennent pas compte d
452
les nécessités économiques ne tiennent pas compte
de
nos beaux idéaux. Il résulte de ce divorce une crise profonde de la c
453
ennent pas compte de nos beaux idéaux. Il résulte
de
ce divorce une crise profonde de la culture, au sens le plus large du
454
éaux. Il résulte de ce divorce une crise profonde
de
la culture, au sens le plus large du terme. Les buts de l’intellectue
455
culture, au sens le plus large du terme. Les buts
de
l’intellectuel et son langage ne sont plus ceux de l’ouvrier ni du pe
456
e l’intellectuel et son langage ne sont plus ceux
de
l’ouvrier ni du petit-bourgeois provincial et encore moins ceux du ca
457
dia, et personne ne sait où il va. Il n’y a plus
de
commune mesure entre la pensée et l’action. La cité n’est plus dominé
458
sont atteintes ! Et c’est pourquoi toute réforme
de
détail, ou toute œuvre sociale partielle apparaissent vouées à l’éche
459
ces bases, et retrouvé la commune mesure. Donner
de
la soupe aux chômeurs, c’est très bien, mais cela n’atteint pas les r
460
âche spirituelle : retrouver cette commune mesure
de
la pensée et de l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle n
461
: retrouver cette commune mesure de la pensée et
de
l’action, de la culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cher
462
cette commune mesure de la pensée et de l’action,
de
la culture et de l’économie ; or, elle ne peut être cherchée sérieuse
463
ure de la pensée et de l’action, de la culture et
de
l’économie ; or, elle ne peut être cherchée sérieusement nulle part a
464
toire des grandes civilisations, c’est l’histoire
de
leur mesure commune, de leur règle centrale de pensée et d’action, ou
465
sations, c’est l’histoire de leur mesure commune,
de
leur règle centrale de pensée et d’action, ou si l’on veut, pour simp
466
re de leur mesure commune, de leur règle centrale
de
pensée et d’action, ou si l’on veut, pour simplifier, de leur morale.
467
sure commune, de leur règle centrale de pensée et
d’
action, ou si l’on veut, pour simplifier, de leur morale. Et toute mor
468
ée et d’action, ou si l’on veut, pour simplifier,
de
leur morale. Et toute morale se fonde dans une religion, même la mora
469
morale se fonde dans une religion, même la morale
de
ceux qui se croient incroyants. Or c’est précisément cette tâche écra
470
écrasante mais aussi enthousiasmante, cette tâche
de
recréer une mesure et une morale communautaire que se sont assignée l
471
e. Le grand principe qui anime ces groupes, celui
de
la revue Esprit ou celui de L’Ordre nouveau , pour ne rien dire de
472
ces groupes, celui de la revue Esprit ou celui
de
L’Ordre nouveau , pour ne rien dire de plusieurs autres moins notoir
473
ou celui de L’Ordre nouveau , pour ne rien dire
de
plusieurs autres moins notoires, — le grand principe qui les anime, c
474
e grand principe qui les anime, c’est la primauté
de
la personne. — L’expression paraît bien abstraite. Que faut-il entend
475
, la personne, c’est ce que j’appelais l’exercice
de
la vocation. Ce qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouveau : la pe
476
t et les institutions doivent être mis au service
de
l’homme ; or, c’est l’inverse qui se passe aujourd’hui ; l’État et le
477
t et les institutions doivent avoir pour seul but
d’
assurer à chacun le libre et le plein exercice de sa vocation personne
478
d’assurer à chacun le libre et le plein exercice
de
sa vocation personnelle. Et c’est dans cet esprit qu’il s’agit de reb
479
ersonnelle. Et c’est dans cet esprit qu’il s’agit
de
rebâtir l’économie et les cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouv
480
u chrétien. Mais vous voyez aussi qu’il s’agit là
d’
une révolution profonde, car rien n’est plus profond qu’un changement
481
nde, car rien n’est plus profond qu’un changement
de
l’état d’esprit qui préside aux institutions. Si notre société est né
482
réside aux institutions. Si notre société est née
de
la Déclaration des droits de l’homme, il s’agit de donner à la sociét
483
e la Déclaration des droits de l’homme, il s’agit
de
donner à la société de demain une déclaration des devoirs de l’homme
484
oits de l’homme, il s’agit de donner à la société
de
demain une déclaration des devoirs de l’homme envers lui-même et son
485
la société de demain une déclaration des devoirs
de
l’homme envers lui-même et son prochain. Mais d’abord il s’agit, pour
486
abord il s’agit, pour les groupes personnalistes,
de
dénoncer et de combattre tout ce qui s’oppose au libre jeu des vocati
487
, pour les groupes personnalistes, de dénoncer et
de
combattre tout ce qui s’oppose au libre jeu des vocations dans la cit
488
dénoncer le capitalisme avec son principe immoral
de
la spéculation et du commerce de l’argent ; combattre la misère, car
489
principe immoral de la spéculation et du commerce
de
l’argent ; combattre la misère, car un homme qui n’a pas son pain ne
490
s qu’elle n’est en fait que l’opinion des maîtres
de
forges ou des parlementaires exploitant la bêtise publique. Mais tout
491
t rendues possibles que par un profond changement
de
l’état d’esprit général. Elles appellent une morale créatrice, prenan
492
ales trop idéalistes, ou cyniques. Et le triomphe
d’
une telle morale, à son tour, ne sera possible, que si l’on peut dédui
493
tour, ne sera possible, que si l’on peut déduire
de
cette morale un système cohérent, englobant à la fois l’économie et l
494
fois l’économie et la pensée, et toutes les lois
de
la cité. Or, c’est à bâtir ce système, à développer ses conséquences
495
sociales, à imposer enfin à ses adeptes un style
de
vie communautaire, que travaillent depuis trois ans les groupes de L
496
ciales, à imposer enfin à ses adeptes un style de
vie
communautaire, que travaillent depuis trois ans les groupes de L’Ord
497
ire, que travaillent depuis trois ans les groupes
de
L’Ordre nouveau , et ceux de la revue Esprit . Le jeune mouvement p
498
ois ans les groupes de L’Ordre nouveau , et ceux
de
la revue Esprit . Le jeune mouvement personnaliste ne se donne pas p
499
mouvement chrétien ; vous y trouverez des hommes
de
toutes croyances et de toutes incroyances. Mais en fait, c’est le seu
500
ous y trouverez des hommes de toutes croyances et
de
toutes incroyances. Mais en fait, c’est le seul mouvement qui réponde
501
ment qui réponde, dès son principe, aux exigences
de
notre vocation. Ce n’est pas une politique chrétienne, ce n’est pas u
502
. C’est un ordre, une chevalerie ! Et le principe
de
cet ordre nouveau n’est autre que celui de la vocation personnelle. O
503
incipe de cet ordre nouveau n’est autre que celui
de
la vocation personnelle. Oui, le principe animateur et dynamique qui
504
sonne, — idée qu’apporta dans le monde le message
de
l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine de Calvin. Ordonner toute
505
monde le message de l’apôtre Paul, idée centrale
de
la doctrine de Calvin. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à
506
ge de l’apôtre Paul, idée centrale de la doctrine
de
Calvin. Ordonner toutes choses, et d’abord la cité, à l’exercice libr
507
idèle des vocations, refaire un monde à la mesure
de
l’homme concret, de la personne, voilà le mot d’ordre du personnalism
508
refaire un monde à la mesure de l’homme concret,
de
la personne, voilà le mot d’ordre du personnalisme ; voilà son but, à
509
nt une chance plus concrète, une meilleure raison
d’
espérer. Je dis bien, une chance concrète. Certes, le mouvement person
510
es : vous y trouverez toute une tactique nouvelle
d’
action sociale, toute une tactique de rupture avec le désordre établi,
511
que nouvelle d’action sociale, toute une tactique
de
rupture avec le désordre établi, jusque dans le détail de la vie. Et
512
re avec le désordre établi, jusque dans le détail
de
la vie. Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans le mouvement
513
c le désordre établi, jusque dans le détail de la
vie
. Et si, comme chrétiens, vous ne trouvez pas dans le mouvement person
514
en n’est-il pas, en quelque sorte, un spécialiste
de
la vocation ? Des incertains, des douteurs, des craintifs, ou des sce
515
, ou des sceptiques congénitaux ne manqueront pas
de
me faire remarquer que certains… compromis, par exemple, sont plus pr
516
ar exemple, sont plus pratiques, lorsqu’il s’agit
de
politique, — et qu’on n’arrive à rien quand on vise si haut. Des mali
517
. Des malins, des parlementaires, des techniciens
de
toute farine dont les compétences bavardes nous ont valu la crise act
518
t dire : ça n’est pas pratique. Mais ce n’est pas
d’
eux, n’est-ce pas, qu’il faut attendre beaucoup mieux que ce qu’ils on
519
t est en désordre. Nous savons ce que vaut l’aune
de
ce « pratique » qu’on nous propose. L’heure est venue d’essayer autre
520
pratique » qu’on nous propose. L’heure est venue
d’
essayer autre chose, d’essayer au moins une fois de partir d’un fondem
521
propose. L’heure est venue d’essayer autre chose,
d’
essayer au moins une fois de partir d’un fondement vrai, d’une vision
522
’essayer autre chose, d’essayer au moins une fois
de
partir d’un fondement vrai, d’une vision vraie de l’homme et de l’Éta
523
utre chose, d’essayer au moins une fois de partir
d’
un fondement vrai, d’une vision vraie de l’homme et de l’État, de repr
524
au moins une fois de partir d’un fondement vrai,
d’
une vision vraie de l’homme et de l’État, de reprendre les choses à la
525
de partir d’un fondement vrai, d’une vision vraie
de
l’homme et de l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur ré
526
fondement vrai, d’une vision vraie de l’homme et
de
l’État, de reprendre les choses à la base, dans leur réalité dernière
527
vrai, d’une vision vraie de l’homme et de l’État,
de
reprendre les choses à la base, dans leur réalité dernière, métaphysi
528
un chrétien pourrait-il m’opposer les objections
d’
un praticisme à courte vue, quand notre vocation chrétienne braque nos
529
tion chrétienne braque nos regards sur le miracle
d’
une justice et d’une vérité déjà descendue sur la terre ? Tous les aut
530
raque nos regards sur le miracle d’une justice et
d’
une vérité déjà descendue sur la terre ? Tous les autres auraient le d
531
sur la terre ? Tous les autres auraient le droit
de
m’arrêter en me disant : nous préférons un mensonge applicable à votr
532
les chrétiens. Tous les autres auraient le droit
de
m’opposer la sagesse de ce siècle en faillite, mais nous appartenons
533
autres auraient le droit de m’opposer la sagesse
de
ce siècle en faillite, mais nous appartenons à ce qui juge ce siècle,
534
ns l’espérance et la protestation, dans l’annonce
d’
un monde nouveau. ⁂ Je n’ai pas cherché ce soir à vous décrire imparti
535
alement la situation : il eût fallu beaucoup plus
de
nuances. J’ai cherché au contraire à marquer quels peuvent être nos m
536
contraire à marquer quels peuvent être nos motifs
de
choix, et le lieu d’une action pratique. Il se peut que je me trompe.
537
uels peuvent être nos motifs de choix, et le lieu
d’
une action pratique. Il se peut que je me trompe. Il se peut que certa
538
trompe. Il se peut que certains reçoivent l’ordre
d’
aller là où je crois ne pas devoir aller. Qu’ils le fassent, si c’est
539
le fassent, si c’est là leur mission, et la forme
de
leur témoignage. Qu’ils le fassent comme témoins du Dieu qui les envo
540
oie ! — Il se peut que certains reçoivent l’ordre
d’
aller payer de leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds ou la pr
541
peut que certains reçoivent l’ordre d’aller payer
de
leur personne, comme Kagawa dans les bas-fonds ou la prison. Qu’ils l
542
prison. Qu’ils le fassent, si la foi leur permet
de
rendre grâces du sort qui leur est fait ! — Il se peut que d’autres e
543
dès maintenant dans leur domaine quotidien, celui
de
la pensée et de l’action auquel travaillent les groupes personnaliste
544
ans leur domaine quotidien, celui de la pensée et
de
l’action auquel travaillent les groupes personnalistes. Qu’ils le fas
545
érieure. Il y a aussi des voix qui nous appellent
de
l’extérieur, et qui nous montrent, ici et maintenant, des possibilité
546
ous montrent, ici et maintenant, des possibilités
d’
action directe. — Tentation socialiste, tentation prophétique, tentati
547
sible, c’est qu’un chrétien n’ait pas la vocation
d’
agir, de faire acte de présence à la misère du siècle, de protester co
548
’est qu’un chrétien n’ait pas la vocation d’agir,
de
faire acte de présence à la misère du siècle, de protester contre ell
549
étien n’ait pas la vocation d’agir, de faire acte
de
présence à la misère du siècle, de protester contre elle, et d’annonc
550
de faire acte de présence à la misère du siècle,
de
protester contre elle, et d’annoncer sa foi dans la transformation pr
551
la misère du siècle, de protester contre elle, et
d’
annoncer sa foi dans la transformation promise de toutes choses. « Ne
552
d’annoncer sa foi dans la transformation promise
de
toutes choses. « Ne vous conformez pas à ce siècle présent », dit sai
553
ent, mais soyez transformés par le renouvellement
de
l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Die
554
e, afin que vous discerniez quelle est la volonté
de
Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » f. Rougemont Denis de
555
bon, agréable et parfait. » f. Rougemont Denis
de
, « La cité », Le Semeur, Paris, avril–mai 1935, p. 387-416. g. Rouge
556
6. g. Rougemont en rend compte dans la livraison
de
septembre 1931 de Foi et Vie .
557
n rend compte dans la livraison de septembre 1931
de
Foi et Vie .
558
pte dans la livraison de septembre 1931 de Foi et
Vie
.
559
courtes études, des « méditations sur le message
de
Jésus-Christ ». Dès l’abord, on est frappé par leur simplicité et leu
560
leur clarté, qui réussissent à mettre à la portée
de
tous, sans l’affaiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la
561
a plus authentique. Le style est direct, l’emploi
de
la seconde personne est la règle ; aussi ne peut-on lire ces méditati
562
ar les réactions et les réponses qu’elles exigent
de
nous. Ces études se succèdent selon un plan qu’il n’est pas toujours
563
ent selon un plan qu’il n’est pas toujours facile
d’
apercevoir. Les divisions générales paraissent être : Dieu — L’homme —
564
ant est leur « biblisme ». Bien que pas un verset
de
l’Écriture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur info
565
criture ne soit cité, on sent la pensée et la foi
de
l’auteur informées par la Bible, et dominées par elle. Pour Brunner,
566
e est une foi biblique » ; la Bible est la Parole
de
Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu que par Sa révélation da
567
la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir
de
Dieu que par Sa révélation dans cette Parole. Le Saint-Esprit ouvre n
568
it en nous ce que saint Paul appelle « les fruits
de
l’Esprit ». On sent dans ces études un constant effort de fidélité hu
569
rit ». On sent dans ces études un constant effort
de
fidélité humble pour ne pas trahir la Révélation de Dieu en taisant —
570
fidélité humble pour ne pas trahir la Révélation
de
Dieu en taisant — ou en résolvant par quelque ingénieuse synthèse — t
571
uelle qui ne nous engagerait pas ; la foi au Dieu
de
majesté, de sainteté et d’amour, qui s’est révélé à nous en Jésus-Chr
572
nous engagerait pas ; la foi au Dieu de majesté,
de
sainteté et d’amour, qui s’est révélé à nous en Jésus-Christ, exige q
573
t pas ; la foi au Dieu de majesté, de sainteté et
d’
amour, qui s’est révélé à nous en Jésus-Christ, exige que nous prenion
574
sus-Christ, exige que nous prenions les exigences
de
Dieu vraiment au sérieux, que nous « laissions Dieu être Dieu en nous
575
nner semble vouloir nous amener à prier la prière
de
la foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à mon incrédulité. » h
576
n aide à mon incrédulité. » h. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Emil Brunner, Notre foi », Le Semeur, Paris, janvi
577
La responsabilité culturelle
de
l’Église (mars 1945)i Il y a un accord frappant entre les principe
578
Il y a un accord frappant entre les principes
de
la Charte de l’Atlantique et les affirmations formulées par les grand
579
accord frappant entre les principes de la Charte
de
l’Atlantique et les affirmations formulées par les grandes conférence
580
iques. Mais il est non moins remarquable qu’aucun
de
ces documents ne fasse allusion à l’ordre culturel de demain. Et il e
581
es documents ne fasse allusion à l’ordre culturel
de
demain. Et il est cependant certain que si les Églises continuent à n
582
a cessation des hostilités introduira une période
de
la plus grande confusion. Aperçu de la situation d’après-guerre
583
une période de la plus grande confusion. Aperçu
de
la situation d’après-guerre La jeunesse de presque tous les pays d
584
a plus grande confusion. Aperçu de la situation
d’
après-guerre La jeunesse de presque tous les pays du monde aura été
585
rçu de la situation d’après-guerre La jeunesse
de
presque tous les pays du monde aura été soumise à plusieurs années de
586
pays du monde aura été soumise à plusieurs années
de
service militaire et à une interruption plus ou moins complète de tou
587
aire et à une interruption plus ou moins complète
de
toute activité intellectuelle. Il nous faut donc prévoir un abaisseme
588
aut donc prévoir un abaissement général du niveau
d’
instruction, une déflation de la culture classique, non seulement dans
589
nt général du niveau d’instruction, une déflation
de
la culture classique, non seulement dans les pays ruinés par la guerr
590
intellectuel : la propagande, la nécessité vitale
de
simplifier tous les problèmes, de juger selon des besoins utilitaires
591
écessité vitale de simplifier tous les problèmes,
de
juger selon des besoins utilitaires plutôt que selon les exigences de
592
esoins utilitaires plutôt que selon les exigences
de
la vérité, de penser par masses ou par majorités, de placer tout le m
593
ires plutôt que selon les exigences de la vérité,
de
penser par masses ou par majorités, de placer tout le mal d’un côté e
594
la vérité, de penser par masses ou par majorités,
de
placer tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner
595
ar masses ou par majorités, de placer tout le mal
d’
un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui
596
s, de placer tout le mal d’un côté et tout le bon
de
l’autre, de soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une attitude
597
tout le mal d’un côté et tout le bon de l’autre,
de
soupçonner de sabotage ceux qui maintiennent une attitude de critique
598
’un côté et tout le bon de l’autre, de soupçonner
de
sabotage ceux qui maintiennent une attitude de critique exigeante ou
599
er de sabotage ceux qui maintiennent une attitude
de
critique exigeante ou un sens normal de la justice. En outre, la guer
600
attitude de critique exigeante ou un sens normal
de
la justice. En outre, la guerre a toujours pour effet de démoder les
601
ustice. En outre, la guerre a toujours pour effet
de
démoder les types de culture de la période d’avant-guerre, même dans
602
guerre a toujours pour effet de démoder les types
de
culture de la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs.
603
ujours pour effet de démoder les types de culture
de
la période d’avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pa
604
fet de démoder les types de culture de la période
d’
avant-guerre, même dans les pays vainqueurs. Dans les pays conquis la
605
les pays conquis la jeunesse accusera la culture
de
la génération précédente, celle de ses parents d’avoir amené la catas
606
era la culture de la génération précédente, celle
de
ses parents d’avoir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de
607
de la génération précédente, celle de ses parents
d’
avoir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même de la génération
608
ir amené la catastrophe. Beaucoup des chefs, même
de
la génération présente, auront disparu. Il y aura une impérieuse exig
609
auront disparu. Il y aura une impérieuse exigence
de
chefs nouveaux, de valeurs nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir p
610
y aura une impérieuse exigence de chefs nouveaux,
de
valeurs nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir puissant de repartir
611
exigence de chefs nouveaux, de valeurs nouvelles,
d’
un idéal nouveau ; un désir puissant de repartir à neuf et de ne pas r
612
nouvelles, d’un idéal nouveau ; un désir puissant
de
repartir à neuf et de ne pas retomber dans les erreurs traditionnelle
613
nouveau ; un désir puissant de repartir à neuf et
de
ne pas retomber dans les erreurs traditionnelles ou revenir aux disci
614
rreurs traditionnelles ou revenir aux disciplines
de
l’ère bourgeoise. Il se pourrait que cette exigence, surgissant d’un
615
se. Il se pourrait que cette exigence, surgissant
d’
un chaos matériel et spirituel, présente à nouveau l’apparence d’un fa
616
riel et spirituel, présente à nouveau l’apparence
d’
un fascisme culturel : le besoin de chefs, la violence de la guerre tr
617
au l’apparence d’un fascisme culturel : le besoin
de
chefs, la violence de la guerre transportée dans le domaine de l’espr
618
scisme culturel : le besoin de chefs, la violence
de
la guerre transportée dans le domaine de l’esprit, un goût d’aventure
619
violence de la guerre transportée dans le domaine
de
l’esprit, un goût d’aventure, mais aussi une extrême simplification i
620
transportée dans le domaine de l’esprit, un goût
d’
aventure, mais aussi une extrême simplification intellectuelle. Nous a
621
lectuelle. Nous avons vu apparaître quelque chose
d’
analogue en Europe après la Première Guerre mondiale. Ce sera, cette f
622
us puissantes et dynamiques. Il serait romantique
de
supposer que la guerre actuelle a détruit toutes les éternelles illus
623
ctuelle a détruit toutes les éternelles illusions
de
l’humanité. Nous avons des raisons de craindre, au contraire, qu’elle
624
s illusions de l’humanité. Nous avons des raisons
de
craindre, au contraire, qu’elles ne trouvent une nouvelle virulence s
625
qu’elles ne trouvent une nouvelle virulence sous
de
nouveaux noms. Les générations d’après-guerre ne seront pas nécessair
626
virulence sous de nouveaux noms. Les générations
d’
après-guerre ne seront pas nécessairement plus positives ou plus cyniq
627
cun doute leur faim sera plus grande et leur soif
de
réponses à leurs questions, de conseils, d’idéaux catholiques — au se
628
rande et leur soif de réponses à leurs questions,
de
conseils, d’idéaux catholiques — au sens étymologique du mot — de sol
629
soif de réponses à leurs questions, de conseils,
d’
idéaux catholiques — au sens étymologique du mot — de solutions « tota
630
déaux catholiques — au sens étymologique du mot —
de
solutions « totale » dans le domaine de la culture. Car l’époque bour
631
du mot — de solutions « totale » dans le domaine
de
la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère de division, d’abse
632
la culture. Car l’époque bourgeoise a été une ère
de
division, d’absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pr
633
ar l’époque bourgeoise a été une ère de division,
d’
absence de parenté et de commune mesure entre idéal et pratique, entre
634
e bourgeoise a été une ère de division, d’absence
de
parenté et de commune mesure entre idéal et pratique, entre les diver
635
été une ère de division, d’absence de parenté et
de
commune mesure entre idéal et pratique, entre les diverses discipline
636
idéal et pratique, entre les diverses disciplines
de
l’esprit, entre les diverses activités humaines et sociales. Les anné
637
verses activités humaines et sociales. Les années
d’
après-guerre seront probablement caractérisées par les traits suivants
638
suivants : des lacunes intellectuelles, une soif
d’
aventures spirituelles (chez les meilleurs), un besoin de direction fe
639
ures spirituelles (chez les meilleurs), un besoin
de
direction ferme et de réalisations expéditives d’allures totalitaires
640
z les meilleurs), un besoin de direction ferme et
de
réalisations expéditives d’allures totalitaires. Le devoir des Égl
641
de direction ferme et de réalisations expéditives
d’
allures totalitaires. Le devoir des Églises Si les Églises chrét
642
vraiment catholique (embrassant tous les aspects
de
la vie), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. C
643
ent catholique (embrassant tous les aspects de la
vie
), l’abîme s’élargira entre le monde religieux et la culture. Cette de
644
: science, (scientisme), eudémonisme païen, culte
de
ces valeurs que l’on dit « appartenir à la vie », création de nouveau
645
lte de ces valeurs que l’on dit « appartenir à la
vie
», création de nouveaux nationalismes religieux et virulents. Mais si
646
rs que l’on dit « appartenir à la vie », création
de
nouveaux nationalismes religieux et virulents. Mais si une Église veu
647
virulents. Mais si une Église veut être en mesure
d’
intervenir dans le développement de la culture, elle doit être fondée
648
être en mesure d’intervenir dans le développement
de
la culture, elle doit être fondée sur une doctrine ferme, sur une thé
649
ie est vague n’a plus rien à dire dans le domaine
de
la culture. Une telle Église peut donner un avis sur le plan politiqu
650
ar exemple, approuver un document comme la Charte
de
l’Atlantique qui n’émane pas d’une théologie, ni même directement du
651
t comme la Charte de l’Atlantique qui n’émane pas
d’
une théologie, ni même directement du christianisme. Elle peut se rall
652
pirée par un pur humanisme. Mais, dans le domaine
de
la culture, il en est tout à fait autrement. Ici une Église ne peut a
653
idéologies créées par d’autres. Sa parole n’aura
de
poids que si elle parle au nom de sa propre théologie, et en rattacha
654
propre théologie, et en rattachant ce qu’elle dit
de
la façon la plus directe à cette théologie. C’est ainsi que l’Église
655
ment philosophique du Moyen Âge, que les réformes
de
Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renaissance et inspir
656
hique du Moyen Âge, que les réformes de Luther et
de
Calvin combattirent avec succès la Renaissance et inspirèrent un vast
657
exemple, pouvait croire aux doctrines officielles
de
sa confession et en même temps admirer Wagner, Whitman, ou Renoir, sa
658
avec sa foi. Car en fait la théologie avait cessé
d’
être vivante, précise et exigeante, et donc source d’inspiration. Le t
659
tre vivante, précise et exigeante, et donc source
d’
inspiration. Le thomisme a inspiré Dante, le calvinisme Rembrandt, le
660
lise n’a rien à donner, si elle n’a rien à exiger
de
la culture, cette dernière s’en trouvera appauvrie et désorientée. El
661
ouvera appauvrie et désorientée. Elle sera coupée
de
ses racines. Car toute la culture occidentale est née de la théologie
662
racines. Car toute la culture occidentale est née
de
la théologie et de la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au
663
la culture occidentale est née de la théologie et
de
la liturgie chrétienne ; soit en se soumettant au code chrétien, soit
664
e lui. (Les grandes philosophies modernes, celles
de
Descartes et de Hegel, sont nées d’une controverse manifestement théo
665
des philosophies modernes, celles de Descartes et
de
Hegel, sont nées d’une controverse manifestement théologique à ses or
666
ernes, celles de Descartes et de Hegel, sont nées
d’
une controverse manifestement théologique à ses origines.) Et, en seco
667
ulte, l’Église perd ses moyens les plus efficaces
d’
agir sur le siècle, de transformer ses croyances en action créatrice.
668
s moyens les plus efficaces d’agir sur le siècle,
de
transformer ses croyances en action créatrice. Les forces de création
669
mer ses croyances en action créatrice. Les forces
de
création lui échappent. Tout ce qui est créé est alors créé en dehors
670
nt frappant dans les pays protestants où le souci
de
rattacher tout travail de culture à une théologie stricte a entièreme
671
protestants où le souci de rattacher tout travail
de
culture à une théologie stricte a entièrement disparu — en raison du
672
ricte a entièrement disparu — en raison du manque
de
stricte théologie. L’Église romaine a mieux retenu les forces de créa
673
logie. L’Église romaine a mieux retenu les forces
de
création intellectuelles parce qu’elle est attentive à préserver les
674
t attentive à préserver les droits et les devoirs
de
la critique théologique sur tous les plans et pas seulement d’une faç
675
e théologique sur tous les plans et pas seulement
d’
une façon négative et restrictive. Que peuvent alors faire les Églises
676
s faire les Églises pour collaborer à la création
d’
un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons une réponse
677
r à la création d’un ordre culturel dans le chaos
de
demain ? Nous proposons une réponse simple. Les Églises pourront agir
678
ontrent exigeantes au lieu de se désintéresser ou
de
suivre avec retard les tendances du jour. Vocation : le principe f
679
Vocation : le principe fondamental Pour passer
de
la théologie d’une Église à des applications sociales, culturelles, p
680
incipe fondamental Pour passer de la théologie
d’
une Église à des applications sociales, culturelles, politiques ou éco
681
les, politiques ou économiques, il semblerait bon
de
fixer certains principes ou stades intermédiaires entre la théologie
682
onde dans le domaine culturel et social est celle
de
Vocation (au sens calviniste et luthérien du mot, qui est plus large
683
ile nous apprend que chaque homme est susceptible
de
recevoir une vocation, un appel spécial qui le distingue de son genre
684
r une vocation, un appel spécial qui le distingue
de
son genre et qui lui confère une dignité inaliénable dans la mesure o
685
obéit à cet appel. C’est le principe fondamental
de
tout ordre social que l’on peut appeler chrétien. On peut aussi accep
686
t appeler chrétien. On peut aussi accepter l’idée
d’
une vocation générale ou collective, appliquée à une nation ou même à
687
pour lequel l’Église peut prier, est susceptible
de
recevoir une vocation. Maintenant les grandes maladies sociales et cu
688
(que ce soient les collectivismes nationalistes,
de
race ou de classe, ou les matérialismes biologiques, moraux ou bourge
689
ient les collectivismes nationalistes, de race ou
de
classe, ou les matérialismes biologiques, moraux ou bourgeois). De mê
690
’individualisme est une déviation morbide du sens
de
la vocation car elle nie ses conséquences sociales et communautaires.
691
onnelle ou un régime social qui dépouille l’homme
de
la liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christian
692
régime social qui dépouille l’homme de la liberté
d’
obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christianisme. Par exem
693
ologies totalitaires nient par définition le fait
de
la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonct
694
eur de l’État ou du Parti, conformément au décret
de
l’État ou du Parti. Elles nient l’existence de toute différenciation
695
et de l’État ou du Parti. Elles nient l’existence
de
toute différenciation ou la qualifient de morbide, réactionnaire, ind
696
istence de toute différenciation ou la qualifient
de
morbide, réactionnaire, individualiste, antisociale. Elles sont, par
697
généité mécanique et rigide, qu’elle soit imposée
d’
en haut (État, tyran), ou d’en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) n
698
qu’elle soit imposée d’en haut (État, tyran), ou
d’
en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) nient la vocation personnelle
699
me) nient la vocation personnelle, ou la vocation
d’
un groupe et la considèrent comme dangereuse et scandaleuse. Ces doctr
700
n même corps, beaucoup de maisons dans le Royaume
de
Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié de chrétien à moins qu’il
701
me de Dieu. Un ordre social ne peut être qualifié
de
chrétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation, e
702
rétien à moins qu’il ne soit fondé sur le respect
de
la vocation, et qu’il n’assure à chaque homme (et à chaque groupe ou
703
à chaque groupe ou entité collective) la liberté
de
réaliser cette vocation divine, unique et inaliénable. Un ordre socia
704
et sociaux). Il placera les droits et les devoirs
de
l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocation) avant l
705
droits et les devoirs de l’individu (c’est-à-dire
de
l’individu chargé d’une vocation) avant les droits et les devoirs de
706
de l’individu (c’est-à-dire de l’individu chargé
d’
une vocation) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme d
707
é d’une vocation) avant les droits et les devoirs
de
l’État (l’organisme dont le devoir est d’assurer la liberté de l’indi
708
devoirs de l’État (l’organisme dont le devoir est
d’
assurer la liberté de l’individu au point de vue matériel). Les con
709
organisme dont le devoir est d’assurer la liberté
de
l’individu au point de vue matériel). Les conséquences sociales de
710
nt de vue matériel). Les conséquences sociales
de
la vocation 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la v
711
1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée
de
la vocation des individus, mettra toujours l’accent sur le devoir plu
712
voir plutôt que sur les droits. Prenons l’exemple
de
l’armée : les règlements militaires ne fixent pas les droits d’un cap
713
es règlements militaires ne fixent pas les droits
d’
un capitaine mais seulement ses devoirs et ses fonctions. Il va sans d
714
ses fonctions. Il va sans dire que l’organisation
de
l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours les moyens d’accompli
715
st telle qu’un capitaine aura toujours les moyens
d’
accomplir son devoir : c’est là sa liberté, il n’en a pas d’autres. Or
716
le à une constitution abstraite fixant les droits
de
l’individu indépendamment des devoirs de sa charge. 2) Une doctrine c
717
s droits de l’individu indépendamment des devoirs
de
sa charge. 2) Une doctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait de
718
doctrine chrétienne qui prend au sérieux le fait
de
la vocation divine d’un homme ou d’un organisme collectif condamnera
719
ui prend au sérieux le fait de la vocation divine
d’
un homme ou d’un organisme collectif condamnera tout système qui, méca
720
rieux le fait de la vocation divine d’un homme ou
d’
un organisme collectif condamnera tout système qui, mécaniquement, emp
721
ystème qui, mécaniquement, empêche la réalisation
de
cette vocation. Elle condamnera, par conséquent, au nom de la théolog
722
idus sont abstraitement dirigés selon les besoins
de
la machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamnera le syst
723
al privé dans la mesure où le mouvement des biens
de
la puissance matérielle y est fonction des hasards d’opérations de Bo
724
a puissance matérielle y est fonction des hasards
d’
opérations de Bourse, par exemple, et non des droits conférés par l’ex
725
atérielle y est fonction des hasards d’opérations
de
Bourse, par exemple, et non des droits conférés par l’exercice d’une
726
xemple, et non des droits conférés par l’exercice
d’
une vocation. Elle condamnera tout système économique qui fait de l’ho
727
Elle condamnera tout système économique qui fait
de
l’homme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust, de la production
728
nomique qui fait de l’homme le jouet des intérêts
de
l’État, d’un trust, de la production matérielle, de la volonté de pui
729
fait de l’homme le jouet des intérêts de l’État,
d’
un trust, de la production matérielle, de la volonté de puissance indi
730
omme le jouet des intérêts de l’État, d’un trust,
de
la production matérielle, de la volonté de puissance individuelle ou
731
l’État, d’un trust, de la production matérielle,
de
la volonté de puissance individuelle ou collective. 3) Les Églises co
732
trust, de la production matérielle, de la volonté
de
puissance individuelle ou collective. 3) Les Églises combattront pour
733
llectif la liberté légale et les moyens matériels
d’
accomplir sa vocation. Elles le feront au nom de leur doctrine, et ave
734
ent neutres comme le progrès, la justice sociale (
de
gauche), ou l’ordre social (de droite), l’intérêt national ou la pros
735
a justice sociale (de gauche), ou l’ordre social (
de
droite), l’intérêt national ou la prospérité économique. Le devoir de
736
prospérité économique. Le devoir des Églises est
de
repenser toutes ces catégories et de les critiquer d’un point de vue
737
Églises est de repenser toutes ces catégories et
de
les critiquer d’un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y av
738
epenser toutes ces catégories et de les critiquer
d’
un point de vue spécifiquement chrétien. Il doit y avoir, par exemple,
739
ition des « quatre libertés » dans les conditions
de
fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre
740
libertés » dans les conditions de fonctionnement
d’
une doctrine chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri de la néc
741
tions de fonctionnement d’une doctrine chrétienne
de
la vocation. (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas qu
742
e chrétienne de la vocation. (Être libre à l’abri
de
la nécessité, ne signifie pas que l’on prend pour but la prospérité,
743
’on demande la possibilité matérielle pour chacun
de
réaliser sa vocation, etc.) Alors, et alors seulement, les Églises re
744
rouveront une autorité effective. Elles cesseront
de
s’identifier aux yeux de l’homme de la rue à une certaine classe soci
745
les cesseront de s’identifier aux yeux de l’homme
de
la rue à une certaine classe sociale, à un ordre établi, ou à la réfo
746
tabli, ou à la réforme du moment. Elles cesseront
d’
être traînées dans le sillage de mouvements entrepris par d’autres, av
747
. Elles cesseront d’être traînées dans le sillage
de
mouvements entrepris par d’autres, avec des motifs et pour des buts q
748
ngers menacent la culture moderne au point de vue
d’
une éthique fondée sur la vocation : a) un faux universalisme fruit d’
749
sur la vocation : a) un faux universalisme fruit
d’
une éducation sans couleur confessionnelle, philosophique ni régionale
750
nationalisme, autarchie spirituelle. La vocation
d’
un homme ou d’un groupe est à la fois distinction et intégration. Ces
751
autarchie spirituelle. La vocation d’un homme ou
d’
un groupe est à la fois distinction et intégration. Ces deux éléments
752
nciliés et sauvegardés avec vigilance — l’élément
d’
universalisation et celui de distinction. Il est grandement souhaitabl
753
vigilance — l’élément d’universalisation et celui
de
distinction. Il est grandement souhaitable, par exemple, que des étab
754
souhaitable, par exemple, que des établissements
d’
enseignement (collèges, universités) soient fondés sur une base confes
755
e base confessionnelle clairement établie, à côté
d’
établissements laïques, neutres ou non chrétiens, et que tout l’enseig
756
ans chaque matière, y soit dominé par la doctrine
de
l’Église en question, comme c’est le cas dans les instituts catholiqu
757
nstituts catholiques et à l’Université calviniste
de
Hollande. Mais, en même temps, pouddr19490200semr sauvegarder le fact
758
ître les autres. L’attitude générale serait alors
d’
approfondir et d’intégrer le plus possible chaque vocation culturelle
759
L’attitude générale serait alors d’approfondir et
d’
intégrer le plus possible chaque vocation culturelle du groupe (qu’il
760
e tout en vue de l’union (fédérale ou œcuménique)
de
ces vocations dans un ensemble beaucoup plus large — le corps et ses
761
parer. Le deuxième problème à envisager est celui
d’
une collaboration plus étroite entre l’Église et l’Intelligentzia. Dan
762
méniques ont donné l’occasion à un certain nombre
de
savants, historiens et écrivains de travailler pour les Églises dans
763
ertain nombre de savants, historiens et écrivains
de
travailler pour les Églises dans leur ensemble. Mais la plupart des c
764
écialement les protestantes) n’ont pas les moyens
de
mettre en contact organique les créateurs de culture et l’Église comm
765
yens de mettre en contact organique les créateurs
de
culture et l’Église comme telle — l’Église comme corps de doctrine et
766
re et l’Église comme telle — l’Église comme corps
de
doctrine et comme communauté. Sur ce plan tout reste à créer. Et quel
767
t être créé si nous voulons éviter que la culture
de
demain se développe selon des voies qui s’éloignent de plus en plus d
768
e selon des voies qui s’éloignent de plus en plus
d’
une conception chrétienne du monde. i. Rougemont Denis de, « La re
769
ption chrétienne du monde. i. Rougemont Denis
de
, « La responsabilité culturelle de l’Église », Le Semeur, Paris, mars
770
ougemont Denis de, « La responsabilité culturelle
de
l’Église », Le Semeur, Paris, mars 1945, p. 17-25.
771
Chances
d’
action du christianisme (juin-juillet 1946)j Depuis des siècles, de
772
aller à les revendiquer injustement. Les docteurs
de
l’Église se défendaient contre les attaques successives du scepticism
773
contre les attaques successives du scepticisme né
de
la science cartésienne, de l’historisme, de la philologie, puis des s
774
ives du scepticisme né de la science cartésienne,
de
l’historisme, de la philologie, puis des systèmes sociologiques et ph
775
me né de la science cartésienne, de l’historisme,
de
la philologie, puis des systèmes sociologiques et philosophiques qui
776
tidienne, innombrable, et sans cesse accrue, mais
d’
une manière imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins en
777
s cesse accrue, mais d’une manière imperceptible,
d’
habitudes de pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spi
778
ue, mais d’une manière imperceptible, d’habitudes
de
pensée et de vie de moins en moins conformes aux lois spirituelles :
779
e manière imperceptible, d’habitudes de pensée et
de
vie de moins en moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoi
780
anière imperceptible, d’habitudes de pensée et de
vie
de moins en moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoir, s
781
re imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie
de
moins en moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoir, sans
782
é doucement persécutée. Cette persécution à coups
d’
épingle, de demi-sourires et d’ironies intellectuelles basées sur « le
783
persécutée. Cette persécution à coups d’épingle,
de
demi-sourires et d’ironies intellectuelles basées sur « les derniers
784
ersécution à coups d’épingle, de demi-sourires et
d’
ironies intellectuelles basées sur « les derniers progrès de la scienc
785
intellectuelles basées sur « les derniers progrès
de
la science », cette tolérance même qui se manifestait à l’égard des «
786
rd des « survivances religieuses », firent autant
de
mal aux Églises que les persécutions romaines aux premiers temps leur
787
ons romaines aux premiers temps leur avaient fait
de
bien. Partout, l’on vit au cours du xviiie et surtout du xixe siècl
788
érentes confessions. On reculait sous la pression
de
l’incroyance, on faisait la part du feu, on cédait les positions trop
789
mence flambante qui fut toujours signe et symbole
de
l’Esprit. Un fils soumis de Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écri
790
ours signe et symbole de l’Esprit. Un fils soumis
de
Rome, le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin de cette péri
791
le grand Paul Claudel, pouvait écrire vers la fin
de
cette période qu’à la question : « Si le sel perd sa saveur, avec quo
792
minoritaire des chrétiens ; qu’il les a attaqués
de
front au nom des principes non chrétiens (comme le nationalisme) qu’i
793
chute ont été pour toutes les Églises une épreuve
de
forces, un défi, une purification, une occasion de réveil. C’est un f
794
e forces, un défi, une purification, une occasion
de
réveil. C’est un fait que la culture laïque, a-chrétienne ou antichré
795
a démontré son impuissance réelle devant l’assaut
de
dictatures barbares : elle s’est reconnue impuissante à nous donner d
796
s’est reconnue impuissante à nous donner des buts
de
vie, des idéaux et un monde plus efficaces qμe ceux du christianisme.
797
st reconnue impuissante à nous donner des buts de
vie
, des idéaux et un monde plus efficaces qμe ceux du christianisme. C’e
798
ianisme. C’est un fait que « les derniers progrès
de
la Science » autorisent de moins en moins — et non de plus en plus, c
799
« les derniers progrès de la Science » autorisent
de
moins en moins — et non de plus en plus, comme au siècle passé — à me
800
a Création du monde par Dieu, sa Fin, l’existence
de
l’esprit, etc., paraît bien close, et pour longtemps. Et c’est un fai
801
retrouvé, depuis une ou deux décades, le courage
de
réaffirmer leurs positions parfois les plus extrêmes, avec une belle
802
ec une belle indépendance vis-à-vis des critiques
de
l’extérieur. Renaissance du thomisme et des études mystiques chez les
803
des mystiques chez les catholiques ; restauration
de
la dogmatique réformée grâce au mouvement initié par Karl Barth chez
804
ar Karl Barth chez les protestants ; réapparition
d’
une puissante et purifiée Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’ép
805
Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’époque
de
la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser a
806
ormir, ou bien à passer à l’attaque. Ce lendemain
d’
une guerre de Trente Ans ne ressemble guère à une victoire, il faut bi
807
n à passer à l’attaque. Ce lendemain d’une guerre
de
Trente Ans ne ressemble guère à une victoire, il faut bien le dire. L
808
grands que ceux qu’elles eussent été contraintes
de
subir en se rendant. (Dans ce « presque » est là différence entre hon
809
esque » est là différence entre honneur et honte,
vie
et mort.) Et que trouvent aujourd’hui les peuples devant eux ? Battus
810
Les uns s’abandonnent aux vieilleries et tentent
de
restaurer le nationalisme, condamné par les catastrophes récentes. Le
811
ets — les richesses par exemple — on arrangera la
vie
… D’autres enfin, faisant la théorie de leur faiblesse, formulent des
812
angera la vie… D’autres enfin, faisant la théorie
de
leur faiblesse, formulent des doctrines nihilistes. Devant cette démi
813
des doctrines nihilistes. Devant cette démission
de
la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoir
814
ihilistes. Devant cette démission de la pensée et
de
la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de dé
815
e la pensée et de la morale, l’État se voit forcé
d’
étendre ses pouvoirs, à coups de décrets si généraux que chaque vocati
816
tat se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups
de
décrets si généraux que chaque vocation personnelle va s’en trouver n
817
s ont moins que jamais à se soucier, aujourd’hui,
de
réfuter les arguments de l’incroyance ; elles ont, tout simplement à
818
se soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments
de
l’incroyance ; elles ont, tout simplement à donner leurs croyances, a
819
nt dans l’Église, et voyant au-dehors ses chances
d’
action, et la misère du temps qui appelle, j’attends ceci : I. Que l’É
820
e, j’attends ceci : I. Que l’Église offre un type
de
relations humaines viables, comme elle le fit aux siècles sombres, av
821
raison du Moyen âge, qui fut son œuvre. Il s’agit
de
restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme de nos
822
qui fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens
de
la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administrati
823
sens de la communauté vivante, que le gigantisme
de
nos machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme indu
824
antisme de nos machines administratives, le règne
de
l’argent, le nomadisme industriel, et les déportations en masse, ont
825
s, souvent utiles, mais qui ne sont jamais règles
de
vie. Je voudrais une sociologie chrétienne pour le xxe siècle, et je
826
souvent utiles, mais qui ne sont jamais règles de
vie
. Je voudrais une sociologie chrétienne pour le xxe siècle, et je la
827
siècle, et je la voudrais fondée sur la situation
d’
un groupe de frères prenant la communion. 2. Que l’Église offre un typ
828
e la voudrais fondée sur la situation d’un groupe
de
frères prenant la communion. 2. Que l’Église offre un type de relatio
829
enant la communion. 2. Que l’Église offre un type
de
relations culturelles viables ; qu’elle ose de nouveau soutenir et gu
830
s’agit que nos théologiens adoptent une politique
d’
intervention, et non de vertueuse indignation, à l’égard des écoles no
831
ens adoptent une politique d’intervention, et non
de
vertueuse indignation, à l’égard des écoles nouvelles, dépourvues de
832
ation, à l’égard des écoles nouvelles, dépourvues
de
principe d’intégration, de commune mesure, d’ambitions spirituelles,
833
gard des écoles nouvelles, dépourvues de principe
d’
intégration, de commune mesure, d’ambitions spirituelles, de « dévotio
834
nouvelles, dépourvues de principe d’intégration,
de
commune mesure, d’ambitions spirituelles, de « dévotion » à rien d’av
835
ues de principe d’intégration, de commune mesure,
d’
ambitions spirituelles, de « dévotion » à rien d’avouable… Toute la cu
836
ion, de commune mesure, d’ambitions spirituelles,
de
« dévotion » à rien d’avouable… Toute la culture de l’Occident — musi
837
d’ambitions spirituelles, de « dévotion » à rien
d’
avouable… Toute la culture de l’Occident — musique, peinture, philosop
838
« dévotion » à rien d’avouable… Toute la culture
de
l’Occident — musique, peinture, philosophie, littérature — est sortie
839
echerche, pour la ramener ! 3. Que l’Église cesse
de
défendre la triste et inefficace moralité bourgeoise, avec laquelle t
840
nefficace moralité bourgeoise, avec laquelle trop
de
chrétiens confondent aujourd’hui la vertu, quand ils ne vont pas jusq
841
ui la vertu, quand ils ne vont pas jusqu’au point
de
l’identifier avec la « vie chrétienne », et qu’elle restaure chez les
842
vont pas jusqu’au point de l’identifier avec la «
vie
chrétienne », et qu’elle restaure chez les fidèles le sens de la voca
843
e », et qu’elle restaure chez les fidèles le sens
de
la vocation personnelle, seul fondement d’une conduite spécifiquement
844
e sens de la vocation personnelle, seul fondement
d’
une conduite spécifiquement chrétienne. « Soyez bien sages », nous dis
845
jourd’hui, hors des Églises, me paraissent avides
d’
entendre. La « folie de la Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque
846
ises, me paraissent avides d’entendre. La « folie
de
la Croix », non la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui entraîne en
847
ce qui retient en arrière et en deçà des risques
de
la vie. 4. Que l’Église affirme avec force, dans le domaine politique
848
i retient en arrière et en deçà des risques de la
vie
. 4. Que l’Église affirme avec force, dans le domaine politique, la Tr
849
orce, dans le domaine politique, la Transcendance
de
son chef, contre tous les absolutismes nationaux, étatiques, partisan
850
dans notre siècle : il peut offrir le modèle même
d’
une union mondiale dans le respect des diversités traditionnelles. Que
851
itionnelles. Que dis-je, il peut ! Il le doit, et
de
toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d’attendre au
852
urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison
d’
attendre autre chose, pour le monde, que des tyrans, leurs guerres, et
853
e, qui résume à mes yeux les plus grandes chances
d’
action du christianisme au xxe siècle, resterait une pure utopie si l
854
s et par des petits groupes ; par quelques « fous
de
Dieu » comme saint François d’Assise ; par des gens de peu réunis dan
855
eu » comme saint François d’Assise ; par des gens
de
peu réunis dans une chambre ; par des mystiques qui n’auront l’air de
856
ne chambre ; par des mystiques qui n’auront l’air
de
rien ; par des hommes dont on dira qu’ils exagèrent, qu’ils rêvent, q
857
r là : l’Incomparable, l’unique, celui qui a reçu
de
Dieu une vocation précise, et il ajoute : toute vocation est sans pré
858
la reçoit. Exemple, Abraham. j. Rougemont Denis
de
, « Chances d’action du christianisme », Le Semeur, Paris, juin–juille
859
mple, Abraham. j. Rougemont Denis de, « Chances
d’
action du christianisme », Le Semeur, Paris, juin–juillet 1946, p. 654
860
e et soutient, aujourd’hui, un assez grand nombre
d’
écrivains très connus ; le protestantisme, presque aucun. À Claudel, B
861
amuz, Faulkner, Hemingway, Malaparte, sont sortis
de
milieux protestants, dira-t-on ? Le fait est qu’ils en sont bien sort
862
tiquants. Quant aux deux meilleurs poètes anglais
de
l’époque, T. S. Eliot et Wystan Auden, ils sont, certes, des chrétien
863
rétiens déclarés dans leur œuvre, mais l’épithète
de
protestant leur convient aussi peu que celle de romain, surtout au pr
864
e de protestant leur convient aussi peu que celle
de
romain, surtout au premier. Que nous reste-t-il ? 2° On ne peut dédui
865
mier. Que nous reste-t-il ? 2° On ne peut déduire
de
ce fait que le catholicisme, en général, offre à la littérature un cl
866
sme en général. Car, si l’on considère l’ensemble
de
nos littératures occidentales, il est impossible d’établir qu’à propo
867
nos littératures occidentales, il est impossible
d’
établir qu’à proportion des populations et de leurs confessions, l’Ita
868
ible d’établir qu’à proportion des populations et
de
leurs confessions, l’Italie ait produit plus de grands écrivains que
869
t de leurs confessions, l’Italie ait produit plus
de
grands écrivains que l’Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’Alle
870
. J’ai l’idée que le contraire aurait un peu plus
de
chances de se vérifier, en particulier pour l’Allemagne, la Suisse et
871
ée que le contraire aurait un peu plus de chances
de
se vérifier, en particulier pour l’Allemagne, la Suisse et la France.
872
’Italie, profondément romaines, n’ont pas produit
de
nos jours de grands écrivains catholiques, et, même, plusieurs de leu
873
ondément romaines, n’ont pas produit de nos jours
de
grands écrivains catholiques, et, même, plusieurs de leurs auteurs le
874
grands écrivains catholiques, et, même, plusieurs
de
leurs auteurs les plus connus disent préférer le protestantisme au ca
875
quatre siècles, il reste qu’aujourd’hui beaucoup
d’
auteurs se proclament catholiques ou athées, créent leur œuvre en tant
876
nos auteurs protestants ne le sont plus guère que
de
naissance et non par choix. Quelles sont les causes de ce phénomène p
877
issance et non par choix. Quelles sont les causes
de
ce phénomène particulier au xxe siècle ? Je crois qu’il convient de
878
ticulier au xxe siècle ? Je crois qu’il convient
de
les chercher dans un récent passé théologique. Il était de mise, au s
879
ercher dans un récent passé théologique. Il était
de
mise, au siècle dernier, chez les protestants, de déclarer — comme Gi
880
de mise, au siècle dernier, chez les protestants,
de
déclarer — comme Gide le fait encore — qu’orthodoxie et protestantism
881
par un renversement presque complet des positions
de
la Réforme. Or il est clair que le libre examen, conduit dans un clim
882
ns un climat rationaliste, n’est pas une attitude
de
créateur. L’art suppose une orthodoxie, un parti pris, un fanatisme,
883
la masque à la fois, et, en tout cas, un ensemble
de
règles, soit héritées, soit inventées : une rhétorique. La théologie
884
’orthodoxie en soi. C’était tarir une des sources
de
l’art. Certes, on a vu de « mauvaises » théologies donner naissance à
885
t tarir une des sources de l’art. Certes, on a vu
de
« mauvaises » théologies donner naissance à un grand art (le puritani
886
à Milton, les doctrines jésuites au baroque), et
de
« bonnes » théologies condamner l’art (judaïsme biblique, jansénisme)
887
logie qui détruit systématiquement la notion même
d’
orthodoxie, qui renonce à toute prétention (fondée ou non) à la rigueu
888
ce qu’un artiste attend (souvent inconsciemment)
de
son Église : les repères, les obstacles, les interdictions, les certi
889
hèmes traditionnels à renouveler, tout ce système
de
gênes où l’élan créateur prend son appui. Voilà sans doute pourquoi l
890
ères générations du xxe siècle n’ont pas produit
d’
écrivains protestants au sens où Claudel est un écrivain catholique, E
891
otestante sur la littérature moderne, c’est celle
de
Kierkegaard. (Ibsen, Unamuno, Rilke, Kafka, Kassner, Auden, un très g
892
ilke, Kafka, Kassner, Auden, un très grand nombre
de
poètes, de romanciers, d’essayistes des jeunes générations, en Europe
893
, Kassner, Auden, un très grand nombre de poètes,
de
romanciers, d’essayistes des jeunes générations, en Europe et dans le
894
n, un très grand nombre de poètes, de romanciers,
d’
essayistes des jeunes générations, en Europe et dans les deux Amérique
895
es, s’en sont déclarés tributaires.) Or la pensée
de
Kierkegaard, qui représente l’extrémisme protestant dans sa pureté, d
896
, dépasse notoirement l’antinomie du moralisme et
de
l’esthétique : ce dépassement constitue même l’essence de son œuvre.
897
hétique : ce dépassement constitue même l’essence
de
son œuvre. N’est-ce point de cet exemple pur qu’il conviendrait de pa
898
titue même l’essence de son œuvre. N’est-ce point
de
cet exemple pur qu’il conviendrait de partir pour poser le problème q
899
st-ce point de cet exemple pur qu’il conviendrait
de
partir pour poser le problème qui vous occupe dans ses termes les plu
900
s termes les plus actuels ? k. Rougemont Denis
de
, « [Réponse à une enquête] Les protestants et l’esthétisme », Le Seme
901
ris, février–mars 1949, p. 342-344. l. Il s’agit
d’
une réponse à une enquête introduite par la lettre suivante d’André Du
902
e à une enquête introduite par la lettre suivante
d’
André Dumas, datée du 16 novembre 1948 : « Chers amis… 1) S’il est exa
903
lus général, que diriez-vous à un étudiant en mal
de
poésie, de roman, de peinture ou de musique ? Je veux dire, non pas l
904
, que diriez-vous à un étudiant en mal de poésie,
de
roman, de peinture ou de musique ? Je veux dire, non pas la question
905
ez-vous à un étudiant en mal de poésie, de roman,
de
peinture ou de musique ? Je veux dire, non pas la question banale, do
906
udiant en mal de poésie, de roman, de peinture ou
de
musique ? Je veux dire, non pas la question banale, doit-il ou non éc
907
’esthétique peut-elle et doit-elle amener dans sa
vie
? Vous voyez notre thème central, assez précis, et notre but : conver
908
t : converser avec les étudiants qui s’inquiètent
de
la beauté dans l’existence actuelle… »