1 1933, Le Semeur, articles (1933–1949). Humanisme et christianisme (mars 1933)
1 prudemment mesurées. Et d’abord, la question qui nous occupe ici est-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nou
2 lle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous , une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avant de
3 e contemporaines1 ? L’une des caractéristiques de notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question les q
4 de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de plus en plus, à discuter sur des nuances métaphysiq
5 ettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de plus en plus, à discuter sur des nuances métaphysiques a
6 lits concrets et les décisions qu’ils comportent. Nous refusons toute problématique dans laquelle nous croyons distinguer un
7 . Nous refusons toute problématique dans laquelle nous croyons distinguer une évasion hors des problèmes qui se posent et no
8 r une évasion hors des problèmes qui se posent et nous sont posés, hic et nunc. Avant d’aller plus loin, cherchons donc à se
9 cherchons donc à serrer un peu les deux termes de notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous fau
10 otre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous faut tout de suite dissiper un malentendu : par le t
11 chons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous faut tout de suite dissiper un malentendu : par le terme d’humanisme,
12 e, en France, à désigner la culture gréco-latine. Nous n’avons pas, bien entendu, à discuter ici la question des humanités.
13 ntendu, à discuter ici la question des humanités. Nous prendrons le mot humanisme au sens plus général, non moins précis, qu
14 mme si la vie était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste va cherche
15 éfiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un autre exemple. Un chrétien qui s’écrie : c’est providentie
16 main. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour soustr
17 -dire : qui concerne « l’existence » de chacun de nous , en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit réel et concret, e
2 1934, Le Semeur, articles (1933–1949). Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)
18 nte et fait de son auteur le maître incontesté de nos critiques du Nouveau Testament. C’est l’œuvre d’un savant spécialisé,
19 re les thèses de M. Couchoud3. Plus récemment, il nous donnait une volumineuse Vie de Jésus 4 dont le succès fut grand et le
20 s conclusions vivement discutées. L’ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésus, et les question
21 out à la critique interne des textes, mais aussi, nous venons de le voir, à des données psychologiques et historiques dont l
22 i permettent alors de réfuter M. Couchoud. Dirons- nous que cette méfiance méthodique suffit à convaincre le lecteur qu’il s’
23 lui décisifs, de certaines « vraisemblances » qui nous paraissent souvent bien pauvres. Qu’est-ce que la vraisemblance, en p
24 contradictions ? N’étaient-ils pas, bien plus que nous , capables de voir dans les contradictions mêmes d’un récit, la marque
25 outé après coup. Il le retranche donc. Cela fait, nous dit-il, « le récit est bien homogène ». Certes. Mais qu’on imagine un
26 t humain voudrait toujours les faire dépendre. Il nous rappelle ainsi que la foi véritable est celle qui croit sans avoir vu
27 le est celle qui croit sans avoir vu. Sa position nous paraît sur ce point tout à fait orthodoxe et courageuse. Au contraire
28 foi de la relativité des preuves historiques. En nous montrant qu’elles peuvent être contestées, pour la plupart, il nous d
29 lles peuvent être contestées, pour la plupart, il nous délivre d’une tentation permanente. Du même coup, il ruine d’ailleurs
30 nt de la foi. Car l’office de la foi n’est pas de nous fournir une explication probante du miracle ; elle se trahit elle-mêm
31 visible. Et ce n’est point parmi les morts qu’il nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’économie des fausses pr
3 1935, Le Semeur, articles (1933–1949). La cité (avril-mai 1935)
32 e lois économiques. Un jeu secret qui se joue sur nos têtes et dont la Presse nous donne l’image conventionnelle. Entre les
33 ecret qui se joue sur nos têtes et dont la Presse nous donne l’image conventionnelle. Entre les forces qui dominent la cité,
34 dent avec celles de la bourgeoisie. Et maintenant nous comprendrons peut-être mieux le sens concret de la question, à laquel
35 moindre portée ? L’observation objective du monde nous obligerait à conclure qu’en effet, les conditions sont devenues telle
36 sse ou des nationalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis, de nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous autres
37 tionalismes exaspérés, n’ont cure de nos avis, de nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous autres pauvres intel
38 rés, n’ont cure de nos avis, de nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous autres pauvres intellectuels, il nous f
39 e nos révoltes. Que nous soyons chrétiens ou non, nous autres pauvres intellectuels, il nous faut perdre l’illusion d’exerce
40 ens ou non, nous autres pauvres intellectuels, il nous faut perdre l’illusion d’exercer aucune puissance. À moins de nous fa
41 l’illusion d’exercer aucune puissance. À moins de nous faire journalistes ! L’observation objective du monde ramène le clerc
42 amais le sentiment d’une grande absurdité. Sommes- nous bien des David prêts à marcher contre Goliath, ou simplement de tout
43 stion ouverte. S’il est un fait patent, c’est que nous ne pouvons pas grand-chose… Mais il existe un autre fait que je pose
44 ci ce fait : Dieu peut tout ! Et c’est à Dieu que nous disons dans toutes les églises chrétiennes : « Que Ton règne vienne !
45 : « Que Ton règne vienne ! » Or, une telle prière nous charge d’une responsabilité contre laquelle aucune raison ne prévaudr
46 aison ne prévaudra jamais. Elle est un ordre, que nous avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir de discute
47 s. Elle est un ordre, que nous avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une
48 vons pas le droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une vocation. Et alors, nous voici placés dans une situation
49 scuter. Elle nous adresse une vocation. Et alors, nous voici placés dans une situation toute nouvelle. Nous n’avons plus à s
50 s voici placés dans une situation toute nouvelle. Nous n’avons plus à supputer nos chances, ni à décider librement si oui ou
51 tion toute nouvelle. Nous n’avons plus à supputer nos chances, ni à décider librement si oui ou non cela vaut la peine d’en
52 t la peine d’entrer dans la tourmente de la cité. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si nous ne faisons pas l’impos
53 é. Nous prions : « Que Ton règne vienne ! » et si nous ne faisons pas l’impossible — justement : l’impossible — pour hâter l
54 : l’impossible — pour hâter la venue de ce règne, nous ne sommes plus que des menteurs, et notre prière nous condamne. Le ch
55 e règne, nous ne sommes plus que des menteurs, et notre prière nous condamne. Le chrétien est cet homme qui, ayant mesuré, mi
56 ne sommes plus que des menteurs, et notre prière nous condamne. Le chrétien est cet homme qui, ayant mesuré, mieux que pers
57 transformés », dit saint Paul. Tout le secret de notre vocation est contenu dans ces mots-là, et si je parvenais ce soir à v
58 Ne vous conformez pas, — mais soyez transformés. Nous n’appartenons pas à la forme du monde mais bien à sa transformation.
59 n, ce sont là les deux termes qui s’opposent dans notre vie, qui commandent notre vocation. La forme de ce monde : vous savez
60 mes qui s’opposent dans notre vie, qui commandent notre vocation. La forme de ce monde : vous savez ce qu’elle est, et vous s
61 e à la venue du règne de justice qu’il appelle. «  Nous n’appartenons pas à la forme du monde. » — Est-ce à dire que notre fo
62 ns pas à la forme du monde. » — Est-ce à dire que notre foi nous en libère matériellement et moralement ? Est-ce à dire qu’en
63 a forme du monde. » — Est-ce à dire que notre foi nous en libère matériellement et moralement ? Est-ce à dire qu’en tant que
64 ralement ? Est-ce à dire qu’en tant que chrétiens nous échappons aux lois communes ? Non pas ! Et gardons-nous ici de toute
65 chappons aux lois communes ? Non pas ! Et gardons- nous ici de toute illusion optimiste ! Chrétiens, nous restons hommes, ent
66 nous ici de toute illusion optimiste ! Chrétiens, nous restons hommes, entièrement hommes, entièrement prisonniers de la for
67 a forme mauvaise du monde. C’est là le fait. Mais notre foi proteste au nom de Dieu contre ce fait ! Elle appelle un monde no
68 e appartenance. Elle annonce une nouvelle patrie. Nous sommes au monde, c’est vrai, mais non pas comme étant du monde. C’est
69 non pas comme étant du monde. C’est là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la just
70 ant du monde. C’est là le sens de nos prières, de nos angoisses et de l’appel de toute l’humanité à la justice. Mais alors,
71 une transformation plus radicale que tout ce que nous pouvions imaginer et souhaiter. Et c’est à cette transformation que n
72 et souhaiter. Et c’est à cette transformation que nous appartenons de droit, dès l’instant où nous l’annonçons. Mais qu’est-
73 n que nous appartenons de droit, dès l’instant où nous l’annonçons. Mais qu’est-ce que cette transformation ? Et de quel dro
74 e cette transformation ? Et de quel droit pouvons- nous l’annoncer ? Est-ce un ensemble de réformes, un programme révolutionn
75 enir meilleur, ce « millenium » dont l’Apocalypse nous donne la vision mystérieuse, Satan enchaîné pour mille ans ? Réforme,
76 monde meilleur ; — ne faisons pas les dégoûtés : nous y pensons tous plus ou moins, et beaucoup d’entre nous y travaillent.
77 y pensons tous plus ou moins, et beaucoup d’entre nous y travaillent. Il ne sera pas dit que l’homme chrétien est moins huma
78 ertitude, c’est qu’elle a déjà été faite ! Ce que nous annonçons au monde, c’est la promesse de celui qui a dit : « Prenez c
79 t fait ! depuis 19 siècles. La justice a paru, et nous en témoignons par nos actions de grâce — précisément par nos actions 
80 les. La justice a paru, et nous en témoignons par nos actions de grâce — précisément par nos actions ! — et je voudrais met
81 ignons par nos actions de grâce — précisément par nos actions ! — et je voudrais mettre l’accent sur ce mot-là, afin que vo
82 , ni piété, ni extase, ni cloître. Voilà pourquoi notre certitude joyeuse devient une certitude combattante, — voilà pourquoi
83 vient une certitude combattante, — voilà pourquoi nous ne pouvons plus nous laisser arrêter par aucune raison, par ces raiso
84 ombattante, — voilà pourquoi nous ne pouvons plus nous laisser arrêter par aucune raison, par ces raisons si bonnes, par exe
85 mais si courtes, de l’opportunisme sceptique. Si nous croyons à cette justice, nous ne pouvons autrement que de courir vers
86 nisme sceptique. Si nous croyons à cette justice, nous ne pouvons autrement que de courir vers elle ! Nous ne pouvons autrem
87 us ne pouvons autrement que de courir vers elle ! Nous ne pouvons autrement que d’espérer de toutes nos forces son retour !
88 Nous ne pouvons autrement que d’espérer de toutes nos forces son retour ! Nous protestons contre ce monde au nom d’une just
89 t que d’espérer de toutes nos forces son retour ! Nous protestons contre ce monde au nom d’une justice triomphante, et c’est
90 nom d’une justice triomphante, et c’est elle que nous annonçons : ainsi donc, ces deux temps de notre vocation révèlent un
91 ue nous annonçons : ainsi donc, ces deux temps de notre vocation révèlent un fait unique, renvoient à un motif unique : la mo
92 es attitudes chrétiennes ; mais voilà le motif de notre action : nous attestons la justice apparue, et dans l’élan de notre a
93 rétiennes ; mais voilà le motif de notre action : nous attestons la justice apparue, et dans l’élan de notre action de grâce
94 s attestons la justice apparue, et dans l’élan de notre action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme terrestre, n
95 l’élan de notre action de grâce, prisonniers que nous sommes de la forme terrestre, nous prêchons une victoire acquise et l
96 risonniers que nous sommes de la forme terrestre, nous prêchons une victoire acquise et le retour promis de cette justice !
97 pour titre de son fameux triptyque : D’où venons- nous  ? Où en sommes-nous ? Où allons-nous ? À la question : Où en sommes-n
98 ameux triptyque : D’où venons-nous ? Où en sommes- nous  ? Où allons-nous ? À la question : Où en sommes-nous ? j’ai répondu e
99 s ? Où allons-nous ? À la question : Où en sommes- nous  ? j’ai répondu en rappelant la situation très précaire du chrétien da
100 qu’elle est devenue. À la question : D’où venons- nous  ? j’ai répondu en rappelant que l’origine vivante de notre action, c’
101 ’ai répondu en rappelant que l’origine vivante de notre action, c’est l’incarnation de la justice en Jésus-Christ ressuscité.
102 ésus-Christ ressuscité. À la question : Où allons- nous  ? j’ai répondu : le Seigneur vient ! — et nous allons à la rencontre
103 ns-nous ? j’ai répondu : le Seigneur vient ! — et nous allons à la rencontre de son règne, vers la transformation radicale d
104 ’on ne veut plus rien voir au-delà. Trop de chefs nous crient : en avant ! sans avoir osé regarder plus loin que le bout des
105 e maintenant. Vocation du chrétien dans la cité : nous l’avons définie par deux mouvements : une protestation, une annonce.
106 rmettez-moi d’être aussi bref que catégorique. Si nous considérons l’histoire, si nous écoutons ses leçons, il me paraît qu’
107 e catégorique. Si nous considérons l’histoire, si nous écoutons ses leçons, il me paraît qu’aucun doute n’est permis. De Con
108 hristianisme. Voilà bien la fatalité qui pèse sur notre histoire : une politique chrétienne qui réussit n’a plus rien de chré
109 ient à la forme du monde, et par là même, appelle notre protestation. Quel est donc le rôle de l’Église ? Est-il de prêcher l
110 avouer que la question reste entière : que devons- nous faire, comme chrétiens, dans la cité ? Si l’Église n’est pas un parti
111 ise n’est pas un parti, comment et où faut-il que nous prenions parti ? Où allons-nous nous engager ? Car vocation signifie
112 et où faut-il que nous prenions parti ? Où allons- nous nous engager ? Car vocation signifie acte, et tout acte est un engage
113 faut-il que nous prenions parti ? Où allons-nous nous engager ? Car vocation signifie acte, et tout acte est un engagement.
114 on signifie acte, et tout acte est un engagement. Nous voici donc en face de la seconde question : celle de l’adhésion à l’u
115 et sociales dans la cité française d’aujourd’hui. Nous entrerions dans un débat terriblement technique et faussement précis,
116 t terriblement technique et faussement précis, et nous aurions vite fait de perdre de vue la vocation particulière du chréti
117 ait m’apparaître, à première vue, plus conforme à notre espérance de justice. Vous dirai-je que c’est précisément à cause de
118 le bain marxiste, mais gardons l’enfant ! Car si nous condamnons en bloc le socialisme, nous condamnons aussi une part de v
119 t ! Car si nous condamnons en bloc le socialisme, nous condamnons aussi une part de vérité d’origine proprement chrétienne.
120 s’est identifié avec la défense des humbles : si nous ne faisons pas mieux que lui à cet égard, gardons-nous de l’attaquer 
121 ne faisons pas mieux que lui à cet égard, gardons- nous de l’attaquer ! Le socialisme proteste contre les conditions actuelle
122 ique une justice plus grande dans la société : si nous ne protestons pas plus fort que lui, si nous ne croyons pas mieux que
123 : si nous ne protestons pas plus fort que lui, si nous ne croyons pas mieux que lui à la justice, gardons-nous de le condamn
124 e croyons pas mieux que lui à la justice, gardons- nous de le condamner ! C’est lui qui fait, dans l’incroyance, ce que nous
125 r ! C’est lui qui fait, dans l’incroyance, ce que nous aurions dû faire dans la foi. — Mais si l’on refuse d’attaquer le soc
126 l accepter aussitôt le fameux trait d’union qu’on nous propose, entre socialiste et chrétien ? Prenons bien garde ici au sen
127 buts qui doivent donner aux mots leur sens réel. Nous trahirions la foi qui doit nous animer si, pour des raisons tactiques
128 s leur sens réel. Nous trahirions la foi qui doit nous animer si, pour des raisons tactiques, nous passions sous silence cet
129 doit nous animer si, pour des raisons tactiques, nous passions sous silence cette radicale différence : le chrétien ne prot
130 à venir, mais une justice divine, déjà réalisée. Notre devoir de charité ne serait-il pas alors de déclarer ouvertement aux
131 ouvertement aux socialistes qu’entre leur but et notre but, entre nos motifs et les leurs, il y a tout l’abîme qui sépare un
132 socialistes qu’entre leur but et notre but, entre nos motifs et les leurs, il y a tout l’abîme qui sépare un idéal moral d’
133 dans ce qu’il a de pire ; dans la tentation qu’il nous offre d’un idéal humanitaire en lieu et place d’une foi. Si nous ne p
134 idéal humanitaire en lieu et place d’une foi. Si nous ne parvenons pas à faire comprendre aux socialistes le sérieux absolu
135 cialistes le sérieux absolu de cette distinction, nous risquons de prêcher contre Dieu en travaillant à leurs côtés ! Nous c
136 rêcher contre Dieu en travaillant à leurs côtés ! Nous connaissons des chrétiens socialistes. Et ils savent sans doute mieux
137 s socialistes. Et ils savent sans doute mieux que nous ce que signifie pour eux le compromis entre leurs motifs de croyants
138 ourtant, il faut agir ! Pourtant, la vocation qui nous envoie dans la cité reste impérieuse ! Alors quoi ? direz-vous, que r
139 direz-vous, que reste-t-il pratiquement ? Va-t-on nous renvoyer une fois de plus à ce recours au Dieu tout-puissant qui perm
140 cette fois une utopie. Cela se passe au Japon, de nos jours. Certains d’entre vous connaissent probablement la biographie d
141 t à vingt ans de tous les avantages qui sont chez nous ceux de la grande bourgeoisie. Mais voilà qu’il se convertit, et c’es
142 foi à la forme du monde. Mais, direz-vous encore, nous ne sommes pas tous des Jérémie, des Paul, des Luther, des Calvin, ni
143 es, — pour ne rien dire de ces deux amis auxquels nous pensons tous ce soir et qui, du fond de leur prison, tout près d’ici,
144 du fond de leur prison, tout près d’ici, posent à notre conscience leur silencieuse et troublante question. Nous sommes, me d
145 nscience leur silencieuse et troublante question. Nous sommes, me direz-vous, des étudiants, c’est-à-dire des intellectuels.
146 s, des étudiants, c’est-à-dire des intellectuels. Notre premier devoir dans la cité n’est-il pas de travailler en tant qu’int
147 des calculs, et non pas de gâcher du ciment ? Si nous nous mettions tous à faire de l’action sociale, à jouer les Kagawa, e
148 calculs, et non pas de gâcher du ciment ? Si nous nous mettions tous à faire de l’action sociale, à jouer les Kagawa, et à v
149 rtiers miséreux, ne serait-ce pas aussi faillir à notre vocation tout humblement humaine, professionnelle ? Je n’aurai pas le
150 a plus méconnue par ceux qui font la politique de nos cités. Commentons brièvement cette phrase. La cité moderne est en cri
151 nécessités économiques ne tiennent pas compte de nos beaux idéaux. Il résulte de ce divorce une crise profonde de la cultu
152 e la plus pratique, la plus sociale qui s’offre à nous , c’est bien une tâche spirituelle : retrouver cette commune mesure de
153 l’économie et les cadres sociaux. Vous voyez que nous retrouvons l’exigence spirituelle du chrétien. Mais vous voyez aussi
154 l’état d’esprit qui préside aux institutions. Si notre société est née de la Déclaration des droits de l’homme, il s’agit de
155 ppellent une morale créatrice, prenant le pas sur nos morales trop idéalistes, ou cyniques. Et le triomphe d’une telle mora
156 t qui réponde, dès son principe, aux exigences de notre vocation. Ce n’est pas une politique chrétienne, ce n’est pas un part
157 ens de toute farine dont les compétences bavardes nous ont valu la crise actuelle viendront dire : ça n’est pas pratique. Ma
158 ieux que ce qu’ils ont fait depuis cent ans déjà. Nous sommes nés dans un monde où tout est en désordre. Nous savons ce que
159 sommes nés dans un monde où tout est en désordre. Nous savons ce que vaut l’aune de ce « pratique » qu’on nous propose. L’he
160 avons ce que vaut l’aune de ce « pratique » qu’on nous propose. L’heure est venue d’essayer autre chose, d’essayer au moins
161 es objections d’un praticisme à courte vue, quand notre vocation chrétienne braque nos regards sur le miracle d’une justice e
162 ourte vue, quand notre vocation chrétienne braque nos regards sur le miracle d’une justice et d’une vérité déjà descendue s
163 res auraient le droit de m’arrêter en me disant : nous préférons un mensonge applicable à votre vérité trop désintéressée, —
164 opposer la sagesse de ce siècle en faillite, mais nous appartenons à ce qui juge ce siècle, à la transformation radicale du
165 à la transformation radicale du monde ! Si le but nous paraît trop haut, c’est que nous comptons encore trop sur nous-mêmes.
166 onde ! Si le but nous paraît trop haut, c’est que nous comptons encore trop sur nous-mêmes. Mais le chrétien ne compte pas s
167 cherché au contraire à marquer quels peuvent être nos motifs de choix, et le lieu d’une action pratique. Il se peut que je
168 re une voix intérieure. Il y a aussi des voix qui nous appellent de l’extérieur, et qui nous montrent, ici et maintenant, de
169 es voix qui nous appellent de l’extérieur, et qui nous montrent, ici et maintenant, des possibilités d’action directe. — Ten
170 nnaliste : tout cela est possible, tout cela donc nous appelle. Ce qui est impossible, c’est qu’un chrétien n’ait pas la voc
4 1936, Le Semeur, articles (1933–1949). Notre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)
171 Notre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)h Sous le titre Notre Foi, Emi
172 par Emil Brunner (janvier 1936)h Sous le titre Notre Foi, Emil Brunner a réuni 35 courtes études, des « méditations sur le
173 les réactions et les réponses qu’elles exigent de nous . Ces études se succèdent selon un plan qu’il n’est pas toujours facil
174 i biblique » ; la Bible est la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu que par Sa révélation dans cette Parol
175 vélation dans cette Parole. Le Saint-Esprit ouvre nos cœurs à cette Parole, Il la rend vivante et agissante en nous, en sor
176 cette Parole, Il la rend vivante et agissante en nous , en sorte qu’elle produit en nous ce que saint Paul appelle « les fru
177 et agissante en nous, en sorte qu’elle produit en nous ce que saint Paul appelle « les fruits de l’Esprit ». On sent dans ce
178 — tous les paradoxes chrétiens qui gênent si fort notre humaine raison. Mais la foi n’est pas une adhésion intellectuelle qui
179 foi n’est pas une adhésion intellectuelle qui ne nous engagerait pas ; la foi au Dieu de majesté, de sainteté et d’amour, q
180 jesté, de sainteté et d’amour, qui s’est révélé à nous en Jésus-Christ, exige que nous prenions les exigences de Dieu vraime
181 ui s’est révélé à nous en Jésus-Christ, exige que nous prenions les exigences de Dieu vraiment au sérieux, que nous « laissi
182 ns les exigences de Dieu vraiment au sérieux, que nous « laissions Dieu être Dieu en nous ». Brunner semble vouloir nous ame
183 u sérieux, que nous « laissions Dieu être Dieu en nous  ». Brunner semble vouloir nous amener à prier la prière de la foi : «
184 Dieu être Dieu en nous ». Brunner semble vouloir nous amener à prier la prière de la foi : « Je crois, Seigneur, viens en a
185 ougemont Denis de, « [Compte rendu] Emil Brunner, Notre foi  », Le Semeur, Paris, janvier 1936, p. 193-194.
5 1945, Le Semeur, articles (1933–1949). La responsabilité culturelle de l’Église (mars 1945)
186 ins complète de toute activité intellectuelle. Il nous faut donc prévoir un abaissement général du niveau d’instruction, une
187 aussi une extrême simplification intellectuelle. Nous avons vu apparaître quelque chose d’analogue en Europe après la Premi
188 it toutes les éternelles illusions de l’humanité. Nous avons des raisons de craindre, au contraire, qu’elles ne trouvent une
189 ion d’un ordre culturel dans le chaos de demain ? Nous proposons une réponse simple. Les Églises pourront agir et inspirer s
190 que celui dans lequel l’entend Rome). L’Évangile nous apprend que chaque homme est susceptible de recevoir une vocation, un
191 n’est qu’en apprenant à connaître les autres que nous en venons à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’est qu’en nous comp
192 enant à connaître les autres que nous en venons à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’est qu’en nous comprenant nous-mêmes
193 à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’est qu’en nous comprenant nous-mêmes que nous parvenons à connaître les autres. L’at
194 mme ce n’est qu’en nous comprenant nous-mêmes que nous parvenons à connaître les autres. L’attitude générale serait alors d’
195 reste à créer. Et quelque chose doit être créé si nous voulons éviter que la culture de demain se développe selon des voies
6 1946, Le Semeur, articles (1933–1949). Chances d’action du christianisme (juin-juillet 1946)
196 ures barbares : elle s’est reconnue impuissante à nous donner des buts de vie, des idéaux et un monde plus efficaces qμe ceu
197 que de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser aux Églises chrétiennes un dilemme très net : il n
198 ns de la communauté vivante, que le gigantisme de nos machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme industri
199 nte, laissant celle-ci désorientée. Il s’agit que nos théologiens adoptent une politique d’intervention, et non de vertueus
200 Hélas, elle en est bien sortie ! Il est temps que nous sortions à sa recherche, pour la ramener ! 3. Que l’Église cesse de d
201 spécifiquement chrétienne. « Soyez bien sages », nous disaient les prédicateurs depuis deux siècles. « Soyez fous ! », dit
202 bal » comme disent les Américains, s’instaure sur notre planète, ce ne sera qu’au nom de ce qui transcende nos attachements n
203 lanète, ce ne sera qu’au nom de ce qui transcende nos attachements nationaux, politiques et raciaux. Et c’est pourquoi ce m
204 ique revêt une importance politique capitale dans notre siècle : il peut offrir le modèle même d’une union mondiale dans le r
7 1949, Le Semeur, articles (1933–1949). « Les protestants et l’esthétisme » (février-mars 1949)
205 peu que celle de romain, surtout au premier. Que nous reste-t-il ? 2° On ne peut déduire de ce fait que le catholicisme, en
206 en général. Car, si l’on considère l’ensemble de nos littératures occidentales, il est impossible d’établir qu’à proportio
207 alie, profondément romaines, n’ont pas produit de nos jours de grands écrivains catholiques, et, même, plusieurs de leurs a
208 en tant que tels, militent comme tels, tandis que nos auteurs protestants ne le sont plus guère que de naissance et non par
209 elle et doit-elle amener dans sa vie ? Vous voyez notre thème central, assez précis, et notre but : converser avec les étudia
210 Vous voyez notre thème central, assez précis, et notre but : converser avec les étudiants qui s’inquiètent de la beauté dans