1
sein forcées, et provoquer vos objections, plutôt
qu’
une adhésion muette à des constatations prudemment mesurées. Et d’abor
2
un de nous, une question qui se pose dans la vie,
que
vous vous posiez avant de venir ici, et à laquelle, réellement, vous
3
tiques de notre temps, c’est sans doute le besoin
qu’
il a de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refuso
4
, sur des oppositions qui n’existent, en réalité,
que
dans la mesure où l’on est décidé à refuser tous les conflits concret
5
fuser tous les conflits concrets et les décisions
qu’
ils comportent. Nous refusons toute problématique dans laquelle nous c
6
ut. Certains humanistes le nieront. Ils me diront
que
, là où le chrétien parle de salut, eux se bornent à revendiquer le bo
7
s hommes, la justice. Faut-il voir là autre chose
qu’
une question de mots ? Dans l’un et l’autre cas, il s’agit bel et bien
8
s’opposent-elles si radicalement ? C’est en ceci
que
, pour les uns, le salut est transcendant à l’humanité, pour les autre
9
nt : Comment l’homme s’aimerait-il lui-même mieux
que
Dieu, son créateur, ne l’aime ? Car Dieu seul connaît l’homme dans so
10
oi consiste le péché « originel » — il en résulte
qu’
il ne peut plus se connaître entièrement lui-même. Il ne peut plus con
11
au monde, ni pour quoi ; il se demande parfois ce
qu’
il a bien pu venir y faire ; il se demande à quoi rime cette horrible
12
, comme une effroyable tragi-comédie. Au fond, ce
que
l’homme ignore, ce sont les choses les plus importantes du monde : l’
13
3. Humanisme contre christianisme, n’est-ce donc
qu’
un conflit d’amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui soignera le mi
14
? Est-ce à celui qui soignera le mieux cet homme
que
l’on s’accorde à tenir pour malade actuellement ? Aux yeux de certain
15
e d’accepter, dans toute sa violence, la question
que
lui pose sans cesse la crise perpétuelle du monde. Et l’antagonisme
16
, comme si la vie était le bien absolu. C’est ici
que
nous entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste va ch
17
umaine qui lui permettra d’assurer ce bien absolu
qu’
est sa vie. Le chrétien va chercher à obéir aux ordres de sa foi, fût-
18
ances. Car l’humanisme n’est, aux yeux de la foi,
qu’
une vaste entreprise d’assurance-vie. L’humaniste pourra répondre qu’à
19
rise d’assurance-vie. L’humaniste pourra répondre
qu’
à ses yeux, le christianisme n’est qu’une assurance-paradis. Mais le r
20
ra répondre qu’à ses yeux, le christianisme n’est
qu’
une assurance-paradis. Mais le reproche est aussi misérable qu’injurie
21
nce-paradis. Mais le reproche est aussi misérable
qu’
injurieux, si l’on songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas du
22
e est aussi misérable qu’injurieux, si l’on songe
que
ce « paradis » doit être payé ici-bas du mépris des garanties humaine
23
nce des chrétiens eux-mêmes. Ce n’est pas à dire
que
l’humanisme n’ait pas ses doctrines, et même une expression politique
24
Fernandez2 et Guéhenno. Si intéressants et précis
que
soit l’un dans le détail de sa dialectique critique, et si généreux q
25
détail de sa dialectique critique, et si généreux
que
se veuille le second dans ses attaques contre un christianisme confon
26
s avec une certaine « culture », il ne semble pas
que
ces deux auteurs aient eu le courage d’aller jusqu’aux dernières cons
27
e seul a poussé jusqu’aux réalisations effectives
que
semble devoir commander une foi véritable en l’humain. Le communisme
28
éjà la plus formidable entreprise d’assurance-vie
que
l’humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que le « marxisme-léni
29
ue l’humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre
que
le « marxisme-léninisme » peut être opposé utilement au christianisme
30
ent asservie. Cet homme sera-t-il encore humain ?
Que
fera-t-il, une fois son triomphe assuré par sa victoire sur les diffi
31
uve sa joie et sa souffrance — peu importe le nom
qu’
il leur donne ; — il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire de lutt
32
large public. On se souvient de l’ouvrage décisif
que
M. Goguel publia contre les thèses de M. Couchoud3. Plus récemment, i
33
et les conclusions vivement discutées. L’ouvrage
qu’
il nous donne aujourd’hui est la suite de cette Vie de Jésus, et les q
34
la suite de cette Vie de Jésus, et les questions
qu’
il pose n’apparaissent pas moins passionnantes. Quelle fut la genèse p
35
croyance à la résurrection de Jésus ? C’est ainsi
que
M. Goguel définit l’objet de sa recherche, en insistant sur le fait q
36
l’objet de sa recherche, en insistant sur le fait
que
la description qu’il va donner ne saurait être prise pour une explica
37
rche, en insistant sur le fait que la description
qu’
il va donner ne saurait être prise pour une explication. Je crains bie
38
n peu trop ambitieuse. Car l’hypothèse de travail
que
M. Goguel adopte au départ revêt bel et bien la forme d’une explicati
39
on de cause à effet. On pense couramment, dit-il,
que
la foi chrétienne est née parce que le tombeau de Jésus fut trouvé vi
40
eau de Jésus fut trouvé vide. Mais il se pourrait
qu’
au contraire, on ait cru le tombeau vide à cause de la foi qu’on avait
41
ire, on ait cru le tombeau vide à cause de la foi
qu’
on avait en la vie céleste de Jésus. L’Histoire est-elle cause ou effe
42
: « Jésus est vivant au ciel, et la preuve, c’est
que
sa tombe s’est trouvée vide ». Et l’on a spontanément imaginé les con
43
osage et la valeur sont très variables. Il semble
qu’
un de ses principes soit l’élimination de tout ce qui, dans le texte b
44
Goguel récuse beaucoup de passages pour la raison
qu’
ils s’expliquent trop bien. En somme, il adopte à peu près l’attitude
45
mettent alors de réfuter M. Couchoud. Dirons-nous
que
cette méfiance méthodique suffit à convaincre le lecteur qu’il s’agit
46
éfiance méthodique suffit à convaincre le lecteur
qu’
il s’agit bien ici d’une science ? Il y a deux raisons d’en douter. La
47
ances » qui nous paraissent souvent bien pauvres.
Qu’
est-ce que la vraisemblance, en psychologie, sinon le triomphe du conv
48
i nous paraissent souvent bien pauvres. Qu’est-ce
que
la vraisemblance, en psychologie, sinon le triomphe du conventionnel
49
le texte biblique intégral, on est frappé de voir
que
le récit se trouve, dans tous les cas, affadi et banalisé. Si l’on vo
50
uait les critères dont il use envers l’Évangile. (
Qu’
on se rappelle la plaisanterie fameuse parmi les étudiants, qui consis
51
e de l’école illustrée par M. Goguel. Il répondra
que
c’est au bénéfice du vrai. Mais il faudrait alors déclarer ses critèr
52
arer ses critères. La vérité psychologique, telle
que
la conçoivent les historiens, me paraît particulièrement improbable.
53
urs contradictions ? N’étaient-ils pas, bien plus
que
nous, capables de voir dans les contradictions mêmes d’un récit, la m
54
au hasard, l’exemple de Marc, chapitre 16. De ce
que
l’ange qui apparaît au tombeau vide rassure les femmes, au verset 6,
55
antées, au verset 8, M. Goguel déduit incontinent
que
le premier de ces versets a été ajouté après coup. Il le retranche do
56
-il, « le récit est bien homogène ». Certes. Mais
qu’
on imagine un groupe de femmes qui pénètrent dans un tombeau, qui le t
57
ui le trouvent vide, qui voient un ange, et voici
que
cet ange leur parle ! Les réactions de ces femmes n’auront probableme
58
en d’homogène et seront même plus contradictoires
qu’
aucun récit ne peut le faire sentir. Ces réserves faites sur la méthod
59
tir. Ces réserves faites sur la méthode, il reste
que
les conclusions négatives de M. Goguel sont loin d’être aussi ruineus
60
guel sont loin d’être aussi ruineuses pour la foi
que
beaucoup de croyants ne le craignent. Pour deux raisons. La première,
61
ne le craignent. Pour deux raisons. La première,
qu’
il indique lui-même, c’est que, du point de vue de la foi vivante, les
62
isons. La première, qu’il indique lui-même, c’est
que
, du point de vue de la foi vivante, les postulats critiques de l’aute
63
x Dominicé à propos de Calvine. La seconde, c’est
que
M. Goguel, loin d’attaquer les dogmes, ne démolit que les preuves mat
64
M. Goguel, loin d’attaquer les dogmes, ne démolit
que
les preuves matérielles dont l’esprit humain voudrait toujours les fa
65
ujours les faire dépendre. Il nous rappelle ainsi
que
la foi véritable est celle qui croit sans avoir vu. Sa position nous
66
ativité des preuves historiques. En nous montrant
qu’
elles peuvent être contestées, pour la plupart, il nous délivre d’une
67
r M. Maurice Goguel, la foi a déformé l’Histoire.
Que
l’on réforme cette histoire, cela ne saurait être au détriment de la
68
e se trahit elle-même quand elle s’y essaie. Dire
que
« Christ est ressuscité », c’est énoncer une vérité qu’aucune preuve
69
Christ est ressuscité », c’est énoncer une vérité
qu’
aucune preuve humaine ne peut réellement appuyer ; car l’œuvre de la c
70
e rend visible. Et ce n’est point parmi les morts
qu’
il nous faut chercher le Vivant (Luc 24 : 5). Faire l’économie des fau
71
stification de la critique historique. C’est dire
qu’
elle triomphe en général au terme des basses époques théologiques. 3
72
Librairie Ernest Leroux. e. Voir le compte rendu
que
Rougemont fait de L’Humanité de Jésus d’après Calvin de Max Dominicé.
73
te ville, où tout portait les marques des pensées
qu’
agitait cet homme ; cette ville habitée et gouvernée par des chrétiens
74
ndaient, où il était normal, salutaire et logique
que
les choses s’ordonnent à l’homme, et que l’homme s’ordonne à son Dieu
75
logique que les choses s’ordonnent à l’homme, et
que
l’homme s’ordonne à son Dieu. Tel était donc mon rêve, mon imaginatio
76
m étrange du Kremlin-Bicêtre… Et je pus constater
que
les données du problème avaient un peu changé, — si vous me permettez
77
de la foi. Je n’étonnerai personne si je constate
que
dans l’humanité contemporaine, le chrétien n’est plus le type normal.
78
squ’à respecter ses vertus, à condition toutefois
qu’
elles se confondent avec celles de la bourgeoisie. Et maintenant nous
79
question ? N’est-il pas évident, à première vue,
que
le chrétien ne peut plus rien, que personne ne l’écoute plus, qu’on l
80
première vue, que le chrétien ne peut plus rien,
que
personne ne l’écoute plus, qu’on le laisse parler dans ses temples ju
81
ne peut plus rien, que personne ne l’écoute plus,
qu’
on le laisse parler dans ses temples justement parce qu’on ne le crain
82
secret qui lui permettrait de faire plus ou mieux
que
les autres ? A-t-il des lumières spéciales sur les moyens de résoudre
83
ion objective du monde nous obligerait à conclure
qu’
en effet, les conditions sont devenues telles que l’action du chrétien
84
qu’en effet, les conditions sont devenues telles
que
l’action du chrétien, comme chrétien, ne vaut guère la peine qu’on en
85
chrétien, comme chrétien, ne vaut guère la peine
qu’
on en parle. J’irai même plus loin : l’action d’un intellectuel laïque
86
raît tout à fait dérisoire dans la « cité » telle
qu’
elle est devenue. Ni les congrégations économiques, ni les forces irra
87
aspérés, n’ont cure de nos avis, de nos révoltes.
Que
nous soyons chrétiens ou non, nous autres pauvres intellectuels, il n
88
! Quant à moi, pendant que je réfléchissais à ce
que
je devais vous dire ce soir, j’ai éprouvé plus que jamais le sentimen
89
ue je devais vous dire ce soir, j’ai éprouvé plus
que
jamais le sentiment d’une grande absurdité. Sommes-nous bien des Davi
90
question ouverte. S’il est un fait patent, c’est
que
nous ne pouvons pas grand-chose… Mais il existe un autre fait que je
91
ns pas grand-chose… Mais il existe un autre fait
que
je poserai en face de cette constatation si pessimiste : voici ce fai
92
voici ce fait : Dieu peut tout ! Et c’est à Dieu
que
nous disons dans toutes les églises chrétiennes : « Que Ton règne vie
93
us disons dans toutes les églises chrétiennes : «
Que
Ton règne vienne ! » Or, une telle prière nous charge d’une responsab
94
ne raison ne prévaudra jamais. Elle est un ordre,
que
nous avons reçu, et que nous n’avons pas le droit ni le pouvoir de di
95
amais. Elle est un ordre, que nous avons reçu, et
que
nous n’avons pas le droit ni le pouvoir de discuter. Elle nous adress
96
rer dans la tourmente de la cité. Nous prions : «
Que
Ton règne vienne ! » et si nous ne faisons pas l’impossible — justeme
97
r hâter la venue de ce règne, nous ne sommes plus
que
des menteurs, et notre prière nous condamne. Le chrétien est cet homm
98
e chrétien est cet homme qui, ayant mesuré, mieux
que
personne peut-être, la vanité de toute action, agit tout de même, non
99
et prochain, mais parce qu’il a reçu un ordre, et
que
cet ordre vient de Dieu. « Ne vous conformez pas à ce siècle présent,
100
vivants et présents, et si vous n’emportiez d’ici
que
le seul souvenir de ces mots, je penserais avoir atteint mon but. Ne
101
re vocation. La forme de ce monde : vous savez ce
qu’
elle est, et vous savez qu’elle est mauvaise. La forme de ce monde, ce
102
monde : vous savez ce qu’elle est, et vous savez
qu’
elle est mauvaise. La forme de ce monde, ce sont toutes les puissances
103
forme de ce monde, ce sont toutes les puissances
que
j’énumérais tout à l’heure et qui dominent la cité. C’est le désordre
104
ie des dictatures. C’est contre la forme du monde
que
protestent les socialistes, et avec eux des masses grandissantes de b
105
hrétien, ce sera bien davantage : ce sera tout ce
que
résume le seul mot de péché — tout ce qui s’oppose à la venue du règn
106
ut ce qui s’oppose à la venue du règne de justice
qu’
il appelle. « Nous n’appartenons pas à la forme du monde. » — Est-ce à
107
tenons pas à la forme du monde. » — Est-ce à dire
que
notre foi nous en libère matériellement et moralement ? Est-ce à dire
108
bère matériellement et moralement ? Est-ce à dire
qu’
en tant que chrétiens nous échappons aux lois communes ? Non pas ! Et
109
té à la justice. Mais alors, cette forme du monde
que
le chrétien découvre pire encore que ne le pensaient les socialistes
110
rme du monde que le chrétien découvre pire encore
que
ne le pensaient les socialistes par exemple, elle appelle une transfo
111
le, elle appelle une transformation plus radicale
que
tout ce que nous pouvions imaginer et souhaiter. Et c’est à cette tra
112
elle une transformation plus radicale que tout ce
que
nous pouvions imaginer et souhaiter. Et c’est à cette transformation
113
ner et souhaiter. Et c’est à cette transformation
que
nous appartenons de droit, dès l’instant où nous l’annonçons. Mais qu
114
de droit, dès l’instant où nous l’annonçons. Mais
qu’
est-ce que cette transformation ? Et de quel droit pouvons-nous l’anno
115
dès l’instant où nous l’annonçons. Mais qu’est-ce
que
cette transformation ? Et de quel droit pouvons-nous l’annoncer ? Est
116
up d’entre nous y travaillent. Il ne sera pas dit
que
l’homme chrétien est moins humain que l’homme non chrétien. Il ne ser
117
era pas dit que l’homme chrétien est moins humain
que
l’homme non chrétien. Il ne sera pas dit que le croyant, parce qu’il
118
main que l’homme non chrétien. Il ne sera pas dit
que
le croyant, parce qu’il refuse toute solidarité avec la forme du mond
119
, ce n’est pas en vertu des seuls désirs humains,
qu’
il a certainement lui aussi, mais qu’il n’aurait aucun droit de prêche
120
irs humains, qu’il a certainement lui aussi, mais
qu’
il n’aurait aucun droit de prêcher. S’il annonce, s’il prêche cette tr
121
as comme un désir mais comme une certitude, c’est
qu’
elle a déjà été faite ! Ce que nous annonçons au monde, c’est la prome
122
ne certitude, c’est qu’elle a déjà été faite ! Ce
que
nous annonçons au monde, c’est la promesse de celui qui a dit : « Pre
123
ccent sur ce mot-là, afin que vous ne pensiez pas
qu’
il ne s’agit ici que de pathos sentimental. Action, et non pas sentime
124
afin que vous ne pensiez pas qu’il ne s’agit ici
que
de pathos sentimental. Action, et non pas sentiment, ni piété, ni ext
125
royons à cette justice, nous ne pouvons autrement
que
de courir vers elle ! Nous ne pouvons autrement que d’espérer de tout
126
e de courir vers elle ! Nous ne pouvons autrement
que
d’espérer de toutes nos forces son retour ! Nous protestons contre ce
127
e au nom d’une justice triomphante, et c’est elle
que
nous annonçons : ainsi donc, ces deux temps de notre vocation révèlen
128
dans l’élan de notre action de grâce, prisonniers
que
nous sommes de la forme terrestre, nous prêchons une victoire acquise
129
le retour promis de cette justice ! ⁂ Il se peut
que
certains d’entre vous trouvent ces préliminaires terriblement théolog
130
éliminaires terriblement théologiques. Il se peut
que
ma définition de la vocation du chrétien vous ait paru, dès le princi
131
là bien loin, pensez-vous, des problèmes concrets
que
pose la cité. Encore un qui s’évade ! Encore un qui décolle et va pla
132
olle et va planer au-dessus des nuages… Peut-être
qu’
un ou deux, ou beaucoup d’entre vous, sont en train de penser cela. Av
133
eut-être, cette objection informulée. La question
que
je viens d’esquisser à grands traits, c’est celle des fins dernières
134
de l’action du chrétien. C’est la triple question
que
le peintre Gauguin avait choisie pour titre de son fameux triptyque :
135
tion très précaire du chrétien dans la cité telle
qu’
elle est devenue. À la question : D’où venons-nous ? j’ai répondu en r
136
on : D’où venons-nous ? j’ai répondu en rappelant
que
l’origine vivante de notre action, c’est l’incarnation de la justice
137
tions, avant d’y avoir répondu ? Oh, je sais bien
que
le monde d’aujourd’hui retentit chaque jour d’appels, d’appels à la l
138
ectifs imprécis, ou au contraire tellement précis
qu’
on ne veut plus rien voir au-delà. Trop de chefs nous crient : en avan
139
nt : en avant ! sans avoir osé regarder plus loin
que
le bout des semelles de leurs bottes. Leur en avant ne sait pas où il
140
n avant ne sait pas où il va ! N’est-ce pas ainsi
que
courent les fuyards ? Comment ne voient-ils pas que chacun de leurs g
141
e courent les fuyards ? Comment ne voient-ils pas
que
chacun de leurs gestes pose la question des fins dernières de l’homme
142
question des fins dernières de l’homme, et cela,
qu’
ils le veuillent ou non ? Et s’ils le voient, comment peuvent-ils enco
143
pas ces questions, n’est-ce pas alors, justement,
qu’
il s’évade ? Qu’il sort de sa réalité ? Qu’il doute de la justice de D
144
s, n’est-ce pas alors, justement, qu’il s’évade ?
Qu’
il sort de sa réalité ? Qu’il doute de la justice de Dieu ? Et qu’il t
145
ement, qu’il s’évade ? Qu’il sort de sa réalité ?
Qu’
il doute de la justice de Dieu ? Et qu’il trahit sa vocation première
146
réalité ? Qu’il doute de la justice de Dieu ? Et
qu’
il trahit sa vocation première ? Je pense que beaucoup d’entre vous on
147
? Et qu’il trahit sa vocation première ? Je pense
que
beaucoup d’entre vous ont, dès longtemps, résolu ces questions, dans
148
, dans la mesure où cela se peut. Mais il fallait
qu’
elles fussent posées, toutes ces questions, et il faut qu’elles demeur
149
fussent posées, toutes ces questions, et il faut
qu’
elles demeurent posées comme un grand signe d’interrogation au-dessus
150
me un grand signe d’interrogation au-dessus de ce
que
j’ai à vous dire maintenant. Vocation du chrétien dans la cité : nous
151
ssaire, partant de cette vocation, d’aboutir à ce
que
j’appellerai une politique chrétienne, un parti des chrétiens ? Telle
152
re question, est-il possible alors, ou désirable,
qu’
un chrétien entre dans l’un ou l’autre des partis existants, et fasse
153
tique chrétienne, permettez-moi d’être aussi bref
que
catégorique. Si nous considérons l’histoire, si nous écoutons ses leç
154
stoire, si nous écoutons ses leçons, il me paraît
qu’
aucun doute n’est permis. De Constantin, premier empereur chrétien com
155
chrétienne qui réussit n’a plus rien de chrétien
que
le prétexte. Les Églises se livrent au jugement du monde, dès lors qu
156
ociale adoptée par opportunisme ? À supposer même
qu’
une église parvienne à construire une doctrine, sociale, morale, écono
157
sions, sans habiletés politiciennes, — à supposer
que
cela soit possible, que de questions demeurent menaçantes ! Voici l’É
158
liticiennes, — à supposer que cela soit possible,
que
de questions demeurent menaçantes ! Voici l’Église liée bon gré mal g
159
. Je ne crois pas plus à une politique chrétienne
que
je ne crois à une morale chrétienne codifiée, rationalisée, dispensan
160
s unique, et parfois scandaleuse. Je ne crois pas
que
les chrétiens possèdent, du seul fait de leur foi, des lumières spéci
161
s lumières spéciales sur les problèmes techniques
que
pose la vie de la cité moderne. Je ne crois pas qu’il soit souhaitabl
162
e pose la vie de la cité moderne. Je ne crois pas
qu’
il soit souhaitable que se forme un parti chrétien, opposé aux autres
163
é moderne. Je ne crois pas qu’il soit souhaitable
que
se forme un parti chrétien, opposé aux autres partis. Je crois que le
164
arti chrétien, opposé aux autres partis. Je crois
que
les églises ne peuvent accomplir tout leur devoir, toute leur mission
165
out leur devoir, toute leur mission dans la cité,
que
d’une seule et unique manière, et c’est en devenant et en restant de
166
chrétiens trop bien intentionnés, il faut avouer
que
la question reste entière : que devons-nous faire, comme chrétiens, d
167
s, il faut avouer que la question reste entière :
que
devons-nous faire, comme chrétiens, dans la cité ? Si l’Église n’est
168
’Église n’est pas un parti, comment et où faut-il
que
nous prenions parti ? Où allons-nous nous engager ? Car vocation sign
169
que du chrétien, beaucoup seront tentés de penser
que
cela conduit au socialisme. Pour ma part, je confesse volontiers qu’a
170
socialisme. Pour ma part, je confesse volontiers
qu’
aucun parti ne m’attire davantage, et qu’aucun ne saurait m’apparaître
171
lontiers qu’aucun parti ne m’attire davantage, et
qu’
aucun ne saurait m’apparaître, à première vue, plus conforme à notre e
172
forme à notre espérance de justice. Vous dirai-je
que
c’est précisément à cause de cette similitude d’espérances, à cause d
173
pparente, à cause de cette tentation très réelle,
que
je suis amené à me méfier, ou tout au moins à m’approcher avec une pr
174
procher avec une prudence critique extrême, de ce
que
l’on nomme l’idéal socialiste ? Beaucoup de braves gens condamnent ce
175
condamnent cet idéal en bloc, à cause des erreurs
qu’
il comporte, disent-ils, mais aussi je suppose, à cause de certaines v
176
pose, à cause de certaines vérités assez gênantes
qu’
il représente. Il existe un proverbe anglais qui me paraît trouver ici
177
éfense des humbles : si nous ne faisons pas mieux
que
lui à cet égard, gardons-nous de l’attaquer ! Le socialisme proteste
178
la société : si nous ne protestons pas plus fort
que
lui, si nous ne croyons pas mieux que lui à la justice, gardons-nous
179
s plus fort que lui, si nous ne croyons pas mieux
que
lui à la justice, gardons-nous de le condamner ! C’est lui qui fait,
180
amner ! C’est lui qui fait, dans l’incroyance, ce
que
nous aurions dû faire dans la foi. — Mais si l’on refuse d’attaquer l
181
ra-t-il accepter aussitôt le fameux trait d’union
qu’
on nous propose, entre socialiste et chrétien ? Prenons bien garde ici
182
pas alors de déclarer ouvertement aux socialistes
qu’
entre leur but et notre but, entre nos motifs et les leurs, il y a tou
183
lisme, mais dans sa fausse spiritualité ; dans ce
qu’
il a de meilleur, non dans ce qu’il a de pire ; dans la tentation qu’i
184
ualité ; dans ce qu’il a de meilleur, non dans ce
qu’
il a de pire ; dans la tentation qu’il nous offre d’un idéal humanitai
185
, non dans ce qu’il a de pire ; dans la tentation
qu’
il nous offre d’un idéal humanitaire en lieu et place d’une foi. Si no
186
tiens socialistes. Et ils savent sans doute mieux
que
nous ce que signifie pour eux le compromis entre leurs motifs de croy
187
istes. Et ils savent sans doute mieux que nous ce
que
signifie pour eux le compromis entre leurs motifs de croyants et les
188
is n’est possible, comme un douloureux pis-aller,
que
s’il est par ailleurs dénoncé, ouvertement, et au nom de la foi. J’aj
189
marxisme, et des motifs ouvertement antichrétiens
qu’
il donne à toute action dans le cadre du parti. Mais si je refuse ce p
190
les troupes d’assaut hitlériennes. Mais je crois
qu’
un chrétien peut adresser une critique encore plus grave à tout parti.
191
ion. Et la réalité pratique et quotidienne montre
que
cette opposition est effective. L’homme des masses, le partisan, c’es
192
isions. Et dans ce sens précis, il faut bien dire
que
les partis sont les agents les plus actifs de la démoralisation des h
193
cité reste impérieuse ! Alors quoi ? direz-vous,
que
reste-t-il pratiquement ? Va-t-on nous renvoyer une fois de plus à ce
194
ous parler ce soir si je n’avais eu à vous offrir
que
ces négations nécessaires. Car on ne peut refuser ce qui existe qu’au
195
nécessaires. Car on ne peut refuser ce qui existe
qu’
au nom d’une volonté de création. Je vous proposerai donc deux exemple
196
n chrétienne dans la cité. Et d’abord, à l’image
que
je vous donnais en débutant du clerc moyenâgeux dans la cité thomiste
197
ez nous ceux de la grande bourgeoisie. Mais voilà
qu’
il se convertit, et c’est ici que l’aventure commence. Soudain frappé
198
isie. Mais voilà qu’il se convertit, et c’est ici
que
l’aventure commence. Soudain frappé par le contraste odieux entre la
199
ment dans le Japon d’avant la guerre, il comprend
qu’
il lui est impossible de se dire vraiment chrétien tant qu’il n’aura p
200
est impossible de se dire vraiment chrétien tant
qu’
il n’aura pas fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire le scan
201
à la défense des intérêts de la classe opprimée.
Que
faire, sinon payer de sa personne ? Kagawa n’hésite pas. Il va vivre
202
va vivre dans les bas-fonds. Avec un peu d’argent
que
lui donne une mission américaine — très peu d’argent — il loue une es
203
d’humanité dont les bas-fonds eux-mêmes ne savent
que
faire. Il faut lire l’effarante description de sa vie telle qu’il l’a
204
faut lire l’effarante description de sa vie telle
qu’
il l’a racontée dans une espèce d’autobiographie romancée qu’on a trad
205
acontée dans une espèce d’autobiographie romancée
qu’
on a traduite en France sous ce titre : Avant l’aube g. Voilà bien le
206
ans vergogne par tous les matamores et souteneurs
qu’
il a choisis pour voisins, pour prochains ! Et son action apparemment
207
rt triomphalement escorté par une foule d’enfants
qu’
il a secourus, et dès lors le mouvement est lancé, l’opinion publique
208
u nom d’une foi sans cesse proclamée. C’est ainsi
qu’
on transforme le monde. Ce n’est pas au nom d’un parti que Jérémie acc
209
ansforme le monde. Ce n’est pas au nom d’un parti
que
Jérémie accusait publiquement son roi et l’obligeait à réparer ses cr
210
parer ses crimes ; ce n’est pas au nom d’un parti
que
Paul ébranle l’Empire romain, ce n’est pas au nom d’un parti que Luth
211
e l’Empire romain, ce n’est pas au nom d’un parti
que
Luther et Calvin déclenchent la plus grande révolution occidentale, —
212
au nom de leur seule vocation. Eux n’ont pas dit
que
la vocation ne suffisait pas, que c’était vague et peu pratique ! Tou
213
x n’ont pas dit que la vocation ne suffisait pas,
que
c’était vague et peu pratique ! Toute l’histoire du monde chrétien es
214
elle ? Je n’aurai pas le cynisme de vous répondre
que
ce serait là peut-être un remède tout trouvé à la crise de surproduct
215
phrase qui condense très bien la substance de ce
que
je voudrais vous faire comprendre maintenant. La voici : « Dans des é
216
sponsable, impuissante et antisociale. » Je crois
que
cette phrase exprime la plus grande vérité actuelle, c’est-à-dire la
217
monde économique et financier. Tout le monde sait
que
la morale des affaires est à peu près le contraire de la morale, et q
218
ires est à peu près le contraire de la morale, et
que
les nécessités économiques ne tiennent pas compte de nos beaux idéaux
219
ale partielle apparaissent vouées à l’échec, tant
qu’
on n’aura pas reconstruit ces bases, et retrouvé la commune mesure. Do
220
ut être cherchée sérieusement nulle part ailleurs
que
dans la religion. L’histoire des grandes civilisations, c’est l’histo
221
de recréer une mesure et une morale communautaire
que
se sont assignée les groupes personnalistes, sur l’exemple desquels j
222
a personne. — L’expression paraît bien abstraite.
Que
faut-il entendre par là ? Qu’est-ce donc que la personne humaine ? Ex
223
aît bien abstraite. Que faut-il entendre par là ?
Qu’
est-ce donc que la personne humaine ? Exactement et tout simplement, l
224
ite. Que faut-il entendre par là ? Qu’est-ce donc
que
la personne humaine ? Exactement et tout simplement, la personne, c’e
225
ctement et tout simplement, la personne, c’est ce
que
j’appelais l’exercice de la vocation. Ce qu’on nomme à Esprit ou à
226
t ce que j’appelais l’exercice de la vocation. Ce
qu’
on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouveau : la personne, c’est cette
227
Ordre nouveau : la personne, c’est cette réalité
que
tout chrétien connaît : l’homme qui a reçu une vocation et qui lui ob
228
ocation et qui lui obéit dans ses actes. Voici ce
que
disent les personnalistes : l’État et les institutions doivent être m
229
sa vocation personnelle. Et c’est dans cet esprit
qu’
il s’agit de rebâtir l’économie et les cadres sociaux. Vous voyez que
230
âtir l’économie et les cadres sociaux. Vous voyez
que
nous retrouvons l’exigence spirituelle du chrétien. Mais vous voyez a
231
ce spirituelle du chrétien. Mais vous voyez aussi
qu’
il s’agit là d’une révolution profonde, car rien n’est plus profond qu
232
révolution profonde, car rien n’est plus profond
qu’
un changement de l’état d’esprit qui préside aux institutions. Si notr
233
r l’opinion publique, alors qu’elle n’est en fait
que
l’opinion des maîtres de forges ou des parlementaires exploitant la b
234
utes ces destructions ne seront rendues possibles
que
par un profond changement de l’état d’esprit général. Elles appellent
235
d’une telle morale, à son tour, ne sera possible,
que
si l’on peut déduire de cette morale un système cohérent, englobant à
236
nfin à ses adeptes un style de vie communautaire,
que
travaillent depuis trois ans les groupes de L’Ordre nouveau , et ceu
237
! Et le principe de cet ordre nouveau n’est autre
que
celui de la vocation personnelle. Oui, le principe animateur et dynam
238
vement personnaliste, c’est cette formidable idée
que
tout homme a une vocation, et peut devenir une personne, et doit deve
239
ne personne, et doit devenir une personne, — idée
qu’
apporta dans le monde le message de l’apôtre Paul, idée centrale de la
240
s doutes des suiveurs ; 2° vous pouvez tous, tant
que
vous êtes, aider le mouvement personnaliste à se développer. Lisez la
241
ouvez pas dans le mouvement personnaliste tout ce
qu’
exige votre foi, eh bien, raison de plus pour l’apporter ! Le chrétien
242
ngénitaux ne manqueront pas de me faire remarquer
que
certains… compromis, par exemple, sont plus pratiques, lorsqu’il s’ag
243
us pratiques, lorsqu’il s’agit de politique, — et
qu’
on n’arrive à rien quand on vise si haut. Des malins, des parlementair
244
pratique. Mais ce n’est pas d’eux, n’est-ce pas,
qu’
il faut attendre beaucoup mieux que ce qu’ils ont fait depuis cent ans
245
n’est-ce pas, qu’il faut attendre beaucoup mieux
que
ce qu’ils ont fait depuis cent ans déjà. Nous sommes nés dans un mond
246
ce pas, qu’il faut attendre beaucoup mieux que ce
qu’
ils ont fait depuis cent ans déjà. Nous sommes nés dans un monde où to
247
un monde où tout est en désordre. Nous savons ce
que
vaut l’aune de ce « pratique » qu’on nous propose. L’heure est venue
248
Nous savons ce que vaut l’aune de ce « pratique »
qu’
on nous propose. L’heure est venue d’essayer autre chose, d’essayer au
249
du monde ! Si le but nous paraît trop haut, c’est
que
nous comptons encore trop sur nous-mêmes. Mais le chrétien ne compte
250
ompte sur Celui qui peut faire, et bien faire, ce
que
l’homme fait mal. Telle est sa liberté dans l’action, dans l’échec, d
251
oix, et le lieu d’une action pratique. Il se peut
que
je me trompe. Il se peut que certains reçoivent l’ordre d’aller là où
252
pratique. Il se peut que je me trompe. Il se peut
que
certains reçoivent l’ordre d’aller là où je crois ne pas devoir aller
253
ordre d’aller là où je crois ne pas devoir aller.
Qu’
ils le fassent, si c’est là leur mission, et la forme de leur témoigna
254
là leur mission, et la forme de leur témoignage.
Qu’
ils le fassent comme témoins du Dieu qui les envoie ! — Il se peut que
255
mme témoins du Dieu qui les envoie ! — Il se peut
que
certains reçoivent l’ordre d’aller payer de leur personne, comme Kaga
256
ne, comme Kagawa dans les bas-fonds ou la prison.
Qu’
ils le fassent, si la foi leur permet de rendre grâces du sort qui leu
257
e grâces du sort qui leur est fait ! — Il se peut
que
d’autres en grand nombre comprennent que leur vocation pourrait s’exe
258
se peut que d’autres en grand nombre comprennent
que
leur vocation pourrait s’exercer dès maintenant dans leur domaine quo
259
on auquel travaillent les groupes personnalistes.
Qu’
ils le fassent, qu’ils saisissent cette chance ; c’est encore une jeun
260
nt les groupes personnalistes. Qu’ils le fassent,
qu’
ils saisissent cette chance ; c’est encore une jeune espérance, mais c
261
a donc nous appelle. Ce qui est impossible, c’est
qu’
un chrétien n’ait pas la vocation d’agir, de faire acte de présence à
262
ectement engagé par les réactions et les réponses
qu’
elles exigent de nous. Ces études se succèdent selon un plan qu’il n’e
263
nt de nous. Ces études se succèdent selon un plan
qu’
il n’est pas toujours facile d’apercevoir. Les divisions générales par
264
e de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu
que
par Sa révélation dans cette Parole. Le Saint-Esprit ouvre nos cœurs
265
ante en nous, en sorte qu’elle produit en nous ce
que
saint Paul appelle « les fruits de l’Esprit ». On sent dans ces étude
266
r, qui s’est révélé à nous en Jésus-Christ, exige
que
nous prenions les exigences de Dieu vraiment au sérieux, que nous « l
267
enions les exigences de Dieu vraiment au sérieux,
que
nous « laissions Dieu être Dieu en nous ». Brunner semble vouloir nou
268
es œcuméniques. Mais il est non moins remarquable
qu’
aucun de ces documents ne fasse allusion à l’ordre culturel de demain.
269
e culturel de demain. Et il est cependant certain
que
si les Églises continuent à négliger cette question, la cessation des
270
es, de juger selon des besoins utilitaires plutôt
que
selon les exigences de la vérité, de penser par masses ou par majorit
271
x disciplines de l’ère bourgeoise. Il se pourrait
que
cette exigence, surgissant d’un chaos matériel et spirituel, présente
272
s et dynamiques. Il serait romantique de supposer
que
la guerre actuelle a détruit toutes les éternelles illusions de l’hum
273
Nous avons des raisons de craindre, au contraire,
qu’
elles ne trouvent une nouvelle virulence sous de nouveaux noms. Les gé
274
entisme), eudémonisme païen, culte de ces valeurs
que
l’on dit « appartenir à la vie », création de nouveaux nationalismes
275
es créées par d’autres. Sa parole n’aura de poids
que
si elle parle au nom de sa propre théologie, et en rattachant ce qu’e
276
u nom de sa propre théologie, et en rattachant ce
qu’
elle dit de la façon la plus directe à cette théologie. C’est ainsi qu
277
on la plus directe à cette théologie. C’est ainsi
que
l’Église catholique romaine fut à la tête du mouvement philosophique
278
la tête du mouvement philosophique du Moyen Âge,
que
les réformes de Luther et de Calvin combattirent avec succès la Renai
279
offrait à l’instinct créateur aucune charpente et
qu’
il ne fixait aucune limite qui soit en même temps un stimulant et un g
280
as seulement d’une façon négative et restrictive.
Que
peuvent alors faire les Églises pour collaborer à la création d’un or
281
alviniste et luthérien du mot, qui est plus large
que
celui dans lequel l’entend Rome). L’Évangile nous apprend que chaque
282
ns lequel l’entend Rome). L’Évangile nous apprend
que
chaque homme est susceptible de recevoir une vocation, un appel spéci
283
’est le principe fondamental de tout ordre social
que
l’on peut appeler chrétien. On peut aussi accepter l’idée d’une vocat
284
ue commune : elles nient la vocation personnelle (
que
ce soient les collectivismes nationalistes, de race ou de classe, ou
285
ociales et communautaires. La principale critique
que
l’on puisse adresser à ce point de vue est la suivante : une idéologi
286
nt à établir une homogénéité mécanique et rigide,
qu’
elle soit imposée d’en haut (État, tyran), ou d’en bas (égalitarisme p
287
social ne peut être qualifié de chrétien à moins
qu’
il ne soit fondé sur le respect de la vocation, et qu’il n’assure à ch
288
l ne soit fondé sur le respect de la vocation, et
qu’
il n’assure à chaque homme (et à chaque groupe ou entité collective) l
289
rdre social chrétien sera ainsi œcuménique plutôt
qu’
unitarien. Il sera fédéral plutôt que centralisé (dans les domaines cu
290
nique plutôt qu’unitarien. Il sera fédéral plutôt
que
centralisé (dans les domaines culturels, religieux et sociaux). Il pl
291
us, mettra toujours l’accent sur le devoir plutôt
que
sur les droits. Prenons l’exemple de l’armée : les règlements militai
292
ent ses devoirs et ses fonctions. Il va sans dire
que
l’organisation de l’armée est telle qu’un capitaine aura toujours les
293
sans dire que l’organisation de l’armée est telle
qu’
un capitaine aura toujours les moyens d’accomplir son devoir : c’est l
294
esia militans ressemble à une armée beaucoup plus
qu’
elle ne ressemble à une constitution abstraite fixant les droits de l’
295
e libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas
que
l’on prend pour but la prospérité, mais que l’on demande la possibili
296
e pas que l’on prend pour but la prospérité, mais
que
l’on demande la possibilité matérielle pour chacun de réaliser sa voc
297
tion. Il est grandement souhaitable, par exemple,
que
des établissements d’enseignement (collèges, universités) soient fond
298
blissements laïques, neutres ou non chrétiens, et
que
tout l’enseignement, dans chaque matière, y soit dominé par la doctri
299
arder le facteur universaliste, il est nécessaire
que
, dans les écoles confessionnelles, un enseignement suffisamment pouss
300
s soit donné : la partie œcuménique. Car ce n’est
qu’
en apprenant à connaître les autres que nous en venons à nous connaîtr
301
r ce n’est qu’en apprenant à connaître les autres
que
nous en venons à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’est qu’en nous
302
enons à nous connaître nous-mêmes, comme ce n’est
qu’
en nous comprenant nous-mêmes que nous parvenons à connaître les autre
303
, comme ce n’est qu’en nous comprenant nous-mêmes
que
nous parvenons à connaître les autres. L’attitude générale serait alo
304
us possible chaque vocation culturelle du groupe (
qu’
il soit religieux ou national), le tout en vue de l’union (fédérale ou
305
elque chose doit être créé si nous voulons éviter
que
la culture de demain se développe selon des voies qui s’éloignent de
306
s religieuses », firent autant de mal aux Églises
que
les persécutions romaines aux premiers temps leur avaient fait de bie
307
trop menacées par le scepticisme. Pour ne donner
que
deux exemples : on vit le mouvement mystique s’éteindre au sein du ca
308
udel, pouvait écrire vers la fin de cette période
qu’
à la question : « Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-
309
Églises, et qui résume toute une époque. Je pense
qu’
avec la guerre, cette époque a pris fin. Et je fonde cette croyance su
310
cette croyance sur quelques faits. C’est un fait
que
le totalitarisme a rompu la paix fausse qui semblait établie entre le
311
ablie entre les sociétés laïques et les Églises ;
qu’
il a brusquement mis à nu l’état minoritaire des chrétiens ; qu’il les
312
ement mis à nu l’état minoritaire des chrétiens ;
qu’
il les a attaqués de front au nom des principes non chrétiens (comme l
313
s principes non chrétiens (comme le nationalisme)
qu’
ils croyaient pouvoir tolérer ; qu’il a été abattu finalement, dans se
314
nationalisme) qu’ils croyaient pouvoir tolérer ;
qu’
il a été abattu finalement, dans ses formes déclarées et spectaculaire
315
es déclarées et spectaculaires tout au moins ; et
que
son élévation brutale puis sa chute ont été pour toutes les Églises u
316
rification, une occasion de réveil. C’est un fait
que
la culture laïque, a-chrétienne ou antichrétienne, qui prétendait se
317
fficaces qμe ceux du christianisme. C’est un fait
que
« les derniers progrès de la Science » autorisent de moins en moins —
318
t bien close, et pour longtemps. Et c’est un fait
que
les trois grandes confessions chrétiennes ont retrouvé, depuis une ou
319
e et purifiée Église orthodoxe à l’Est. Mais dire
que
l’époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c
320
ennes un dilemme très net : il ne leur reste plus
qu’
à s’endormir, ou bien à passer à l’attaque. Ce lendemain d’une guerre
321
enace, au prix de sacrifices presque aussi grands
que
ceux qu’elles eussent été contraintes de subir en se rendant. (Dans c
322
prix de sacrifices presque aussi grands que ceux
qu’
elles eussent été contraintes de subir en se rendant. (Dans ce « presq
323
fférence entre honneur et honte, vie et mort.) Et
que
trouvent aujourd’hui les peuples devant eux ? Battus et vainqueurs, é
324
par les catastrophes récentes. Les autres pensent
qu’
en déplaçant quelques objets — les richesses par exemple — on arranger
325
ndre ses pouvoirs, à coups de décrets si généraux
que
chaque vocation personnelle va s’en trouver nécessairement lésée. En
326
ore : les Églises et leurs prédicateurs ont moins
que
jamais à se soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments de l’incro
327
misère du temps qui appelle, j’attends ceci : I.
Que
l’Église offre un type de relations humaines viables, comme elle le f
328
it de restaurer le sens de la communauté vivante,
que
le gigantisme de nos machines administratives, le règne de l’argent,
329
on d’un groupe de frères prenant la communion. 2.
Que
l’Église offre un type de relations culturelles viables ; qu’elle ose
330
offre un type de relations culturelles viables ;
qu’
elle ose de nouveau soutenir et guider une avant-garde intellectuelle,
331
vivante, laissant celle-ci désorientée. Il s’agit
que
nos théologiens adoptent une politique d’intervention, et non de vert
332
ts. Hélas, elle en est bien sortie ! Il est temps
que
nous sortions à sa recherche, pour la ramener ! 3. Que l’Église cesse
333
ous sortions à sa recherche, pour la ramener ! 3.
Que
l’Église cesse de défendre la triste et inefficace moralité bourgeois
334
nt de l’identifier avec la « vie chrétienne », et
qu’
elle restaure chez les fidèles le sens de la vocation personnelle, seu
335
isemblable ! »5 dit Kierkegaard. Ce sont ces voix
que
les meilleurs aujourd’hui, hors des Églises, me paraissent avides d’e
336
t en arrière et en deçà des risques de la vie. 4.
Que
l’Église affirme avec force, dans le domaine politique, la Transcenda
337
ricains, s’instaure sur notre planète, ce ne sera
qu’
au nom de ce qui transcende nos attachements nationaux, politiques et
338
e dans le respect des diversités traditionnelles.
Que
dis-je, il peut ! Il le doit, et de toute urgence ! S’il y échoue, je
339
une raison d’attendre autre chose, pour le monde,
que
des tyrans, leurs guerres, et les tyrannies qui en résultent… Un mot
340
ser. Les Églises comme corps organisés ne peuvent
que
soutenir et encadrer l’action chrétienne. Celle-ci se fera, comme ell
341
uront l’air de rien ; par des hommes dont on dira
qu’
ils exagèrent, qu’ils rêvent, qu’ils n’ont pas le sens commun, qu’ils
342
n ; par des hommes dont on dira qu’ils exagèrent,
qu’
ils rêvent, qu’ils n’ont pas le sens commun, qu’ils voient trop grand…
343
mes dont on dira qu’ils exagèrent, qu’ils rêvent,
qu’
ils n’ont pas le sens commun, qu’ils voient trop grand… Peut-être même
344
, qu’ils rêvent, qu’ils n’ont pas le sens commun,
qu’
ils voient trop grand… Peut-être même par des petites revues comme cel
345
iac, Graham Greene, Evelyn Waugh, Siegrid Undset,
que
peuvent opposer les protestants ? Gide, Chardonne, Paulhan, Thomas Ma
346
s de milieux protestants, dira-t-on ? Le fait est
qu’
ils en sont bien sortis, tandis que les autres sont entrés (ou rentrés
347
ussi peu que celle de romain, surtout au premier.
Que
nous reste-t-il ? 2° On ne peut déduire de ce fait que le catholicism
348
ous reste-t-il ? 2° On ne peut déduire de ce fait
que
le catholicisme, en général, offre à la littérature un climat plus fa
349
, offre à la littérature un climat plus favorable
que
le protestantisme en général. Car, si l’on considère l’ensemble de no
350
ratures occidentales, il est impossible d’établir
qu’
à proportion des populations et de leurs confessions, l’Italie ait pro
351
ns, l’Italie ait produit plus de grands écrivains
que
l’Angleterre, la Pologne que le Danemark, l’Allemagne catholique que
352
de grands écrivains que l’Angleterre, la Pologne
que
le Danemark, l’Allemagne catholique que la luthérienne, ou la France
353
a Pologne que le Danemark, l’Allemagne catholique
que
la luthérienne, ou la France catholique que la calviniste. J’ai l’idé
354
lique que la luthérienne, ou la France catholique
que
la calviniste. J’ai l’idée que le contraire aurait un peu plus de cha
355
France catholique que la calviniste. J’ai l’idée
que
le contraire aurait un peu plus de chances de se vérifier, en particu
356
tantisme au catholicisme. 3° S’il paraît probable
que
le nombre des écrivains catholiques, protestants, juifs et athées cor
357
., dans le monde, depuis quatre siècles, il reste
qu’
aujourd’hui beaucoup d’auteurs se proclament catholiques ou athées, cr
358
que nos auteurs protestants ne le sont plus guère
que
de naissance et non par choix. Quelles sont les causes de ce phénomèn
359
e phénomène particulier au xxe siècle ? Je crois
qu’
il convient de les chercher dans un récent passé théologique. Il était
360
stants, de déclarer — comme Gide le fait encore —
qu’
orthodoxie et protestantisme s’excluent mutuellement. Libre examen et
361
plet des positions de la Réforme. Or il est clair
que
le libre examen, conduit dans un climat rationaliste, n’est pas une a
362
que passion fondamentale, injustifiable autrement
que
par l’œuvre, qui l’avoue et la masque à la fois, et, en tout cas, un
363
la fidélité dogmatique, détruit en même temps ce
qu’
un artiste attend (souvent inconsciemment) de son Église : les repères
364
Dernière remarque : la seule influence importante
qu’
ait exercée la pensée protestante sur la littérature moderne, c’est ce
365
e de son œuvre. N’est-ce point de cet exemple pur
qu’
il conviendrait de partir pour poser le problème qui vous occupe dans
366
6 novembre 1948 : « Chers amis… 1) S’il est exact
que
les protestants sont davantage moralistes et citoyens qu’esthètes, pe
367
protestants sont davantage moralistes et citoyens
qu’
esthètes, pensez-vous que ceci soit dû à une orientation théologique,
368
e moralistes et citoyens qu’esthètes, pensez-vous
que
ceci soit dû à une orientation théologique, à des circonstances histo
369
e domaine ? 2) Sur un plan beaucoup plus général,
que
diriez-vous à un étudiant en mal de poésie, de roman, de peinture ou