1 1935, Le Semeur, articles (1933–1949). La cité (avril-mai 1935)
1 de la main, dans les limites où le pouvoir d’une vocation peut s’exercer. Je voyais cette ville, où tout portait les marques de
2 r mes réflexions, ce soir : — quelle peut être la vocation de ce chrétien dans cette cité ? Ce chrétien en minorité dans une mas
3 dont ce chrétien pourrait ou devrait exercer une vocation condamnée par avance à demeurer inefficace ? Le chrétien est-il posse
4 s de plus en plus restreint ? À la question de sa vocation dans la cité, ne devra-t-on pas opposer une question préalable, bruta
5 s opposer une question préalable, brutale : cette vocation a-t-elle un sens concret ? Conduit-elle à des actes ? Et ces actes eu
6 ni le pouvoir de discuter. Elle nous adresse une vocation . Et alors, nous voici placés dans une situation toute nouvelle. Nous
7 formés », dit saint Paul. Tout le secret de notre vocation est contenu dans ces mots-là, et si je parvenais ce soir à vous les r
8 i s’opposent dans notre vie, qui commandent notre vocation . La forme de ce monde : vous savez ce qu’elle est, et vous savez qu’e
9 s annonçons : ainsi donc, ces deux temps de notre vocation révèlent un fait unique, renvoient à un motif unique : la mort et la
10 théologiques. Il se peut que ma définition de la vocation du chrétien vous ait paru, dès le principe, assez abstraite. Me voilà
11 doute de la justice de Dieu ? Et qu’il trahit sa vocation première ? Je pense que beaucoup d’entre vous ont, dès longtemps, rés
12 au-dessus de ce que j’ai à vous dire maintenant. Vocation du chrétien dans la cité : nous l’avons définie par deux mouvements :
13 : est-il possible et nécessaire, partant de cette vocation , d’aboutir à ce que j’appellerai une politique chrétienne, un parti d
14 en de reconnaître et d’accepter les risques d’une vocation toujours unique, et parfois scandaleuse. Je ne crois pas que les chré
15 renions parti ? Où allons-nous nous engager ? Car vocation signifie acte, et tout acte est un engagement. Nous voici donc en fac
16 is, et nous aurions vite fait de perdre de vue la vocation particulière du chrétien. Je me contenterai donc d’examiner un seul e
17 tive de sa transformation, — si telle est bien la vocation civique du chrétien, beaucoup seront tentés de penser que cela condui
18 rti paraît absolument incompatible avec l’idée de vocation . Et la réalité pratique et quotidienne montre que cette opposition es
19 es, le partisan, c’est l’homme qui fuit devant sa vocation . C’est l’homme qui accepte un mensonge parce que les intérêts immédia
20 olitique. — Pourtant, il faut agir ! Pourtant, la vocation qui nous envoie dans la cité reste impérieuse ! Alors quoi ? direz-vo
21 Je vous proposerai donc deux exemples concrets de vocation chrétienne dans la cité. Et d’abord, à l’image que je vous donnais e
22 a constitution d’un grand mouvement syndicaliste. Vocation du chrétien dans la cité. Tout le pouvoir de Kagawa se résume en effe
23 de Kagawa se résume en effet dans ce seul mot de vocation . Il n’agit pas au bénéfice d’un parti. Il prêche et il proteste au no
24 olution occidentale, — c’est au nom de leur seule vocation . Eux n’ont pas dit que la vocation ne suffisait pas, que c’était vagu
25 de leur seule vocation. Eux n’ont pas dit que la vocation ne suffisait pas, que c’était vague et peu pratique ! Toute l’histoir
26 te l’histoire du monde chrétien est faite par des vocations précises reçues dans la prière, avec crainte et tremblement, et non p
27 mmes, à l’appui d’un parti politique. Seules, ces vocations -là ont transformé le monde, moralement et pratiquement. Seules, elles
28 miséreux, ne serait-ce pas aussi faillir à notre vocation tout humblement humaine, professionnelle ? Je n’aurai pas le cynisme
29 ersonne, c’est ce que j’appelais l’exercice de la vocation . Ce qu’on nomme à Esprit ou à L’Ordre nouveau  : la personne, c’es
30 ue tout chrétien connaît : l’homme qui a reçu une vocation et qui lui obéit dans ses actes. Voici ce que disent les personnalist
31 urer à chacun le libre et le plein exercice de sa vocation personnelle. Et c’est dans cet esprit qu’il s’agit de rebâtir l’écono
32 e combattre tout ce qui s’oppose au libre jeu des vocations dans la cité : dénoncer le capitalisme avec son principe immoral de l
33 pain ne peut pas être une personne ni exercer sa vocation  ; combattre aussi l’État totalitaire, qui opprime toute vocation non
34 attre aussi l’État totalitaire, qui opprime toute vocation non conforme à ses cadres simplistes ; — dénoncer la mystique des par
35 réponde, dès son principe, aux exigences de notre vocation . Ce n’est pas une politique chrétienne, ce n’est pas un parti politiq
36 de cet ordre nouveau n’est autre que celui de la vocation personnelle. Oui, le principe animateur et dynamique qui fonde tout l
37 c’est cette formidable idée que tout homme a une vocation , et peut devenir une personne, et doit devenir une personne, — idée q
38 d’abord la cité, à l’exercice libre et fidèle des vocations , refaire un monde à la mesure de l’homme concret, de la personne, voi
39 1° il faut bien que quelqu’un commence. Avoir une vocation , c’est oser être celui qui commence, malgré les doutes des suiveurs ;
40 st-il pas, en quelque sorte, un spécialiste de la vocation  ? Des incertains, des douteurs, des craintifs, ou des sceptiques cong
41 ections d’un praticisme à courte vue, quand notre vocation chrétienne braque nos regards sur le miracle d’une justice et d’une v
42 que d’autres en grand nombre comprennent que leur vocation pourrait s’exercer dès maintenant dans leur domaine quotidien, celui
43 onnais pas d’autres pour mon compte. Discerner sa vocation , ce n’est pas toujours entendre une voix intérieure. Il y a aussi des
44 est impossible, c’est qu’un chrétien n’ait pas la vocation d’agir, de faire acte de présence à la misère du siècle, de protester
2 1945, Le Semeur, articles (1933–1949). La responsabilité culturelle de l’Église (mars 1945)
45 u de suivre avec retard les tendances du jour. Vocation  : le principe fondamental Pour passer de la théologie d’une Église
46 e dans le domaine culturel et social est celle de Vocation (au sens calviniste et luthérien du mot, qui est plus large que celui
47 que chaque homme est susceptible de recevoir une vocation , un appel spécial qui le distingue de son genre et qui lui confère un
48 ler chrétien. On peut aussi accepter l’idée d’une vocation générale ou collective, appliquée à une nation ou même à une générati
49 glise peut prier, est susceptible de recevoir une vocation . Maintenant les grandes maladies sociales et culturelles des temps mo
50 es cette caractéristique commune : elles nient la vocation personnelle (que ce soient les collectivismes nationalistes, de race
51 idualisme est une déviation morbide du sens de la vocation car elle nie ses conséquences sociales et communautaires. La principa
52 de vue est la suivante : une idéologie qui nie la vocation personnelle ou un régime social qui dépouille l’homme de la liberté d
53 qui dépouille l’homme de la liberté d’obéir à sa vocation sont incompatibles avec le christianisme. Par exemple, toutes les idé
54 s totalitaires nient par définition le fait de la vocation personnelle. Elles la remplacent par un ersatz : la fonction du citoy
55 en bas (égalitarisme poussé à l’extrême) nient la vocation personnelle, ou la vocation d’un groupe et la considèrent comme dange
56 à l’extrême) nient la vocation personnelle, ou la vocation d’un groupe et la considèrent comme dangereuse et scandaleuse. Ces do
57 à moins qu’il ne soit fondé sur le respect de la vocation , et qu’il n’assure à chaque homme (et à chaque groupe ou entité colle
58 u entité collective) la liberté de réaliser cette vocation divine, unique et inaliénable. Un ordre social chrétien sera ainsi œc
59 individu (c’est-à-dire de l’individu chargé d’une vocation ) avant les droits et les devoirs de l’État (l’organisme dont le devoi
60 vue matériel). Les conséquences sociales de la vocation 1) Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la vocation des
61 Une doctrine chrétienne, centrée sur l’idée de la vocation des individus, mettra toujours l’accent sur le devoir plutôt que sur
62 ine chrétienne qui prend au sérieux le fait de la vocation divine d’un homme ou d’un organisme collectif condamnera tout système
63 i, mécaniquement, empêche la réalisation de cette vocation . Elle condamnera, par conséquent, au nom de la théologie, les grandes
64 selon les besoins de la machine et non selon leur vocation réelle. Elle condamnera le système du capital privé dans la mesure où
65 , et non des droits conférés par l’exercice d’une vocation . Elle condamnera tout système économique qui fait de l’homme le jouet
66 rté légale et les moyens matériels d’accomplir sa vocation . Elles le feront au nom de leur doctrine, et avec une grande précisio
67 de fonctionnement d’une doctrine chrétienne de la vocation . (Être libre à l’abri de la nécessité, ne signifie pas que l’on prend
68 possibilité matérielle pour chacun de réaliser sa vocation , etc.) Alors, et alors seulement, les Églises retrouveront une autori
69 derne au point de vue d’une éthique fondée sur la vocation  : a) un faux universalisme fruit d’une éducation sans couleur confess
70 lle et b) nationalisme, autarchie spirituelle. La vocation d’un homme ou d’un groupe est à la fois distinction et intégration. C
71 approfondir et d’intégrer le plus possible chaque vocation culturelle du groupe (qu’il soit religieux ou national), le tout en v
72 en vue de l’union (fédérale ou œcuménique) de ces vocations dans un ensemble beaucoup plus large — le corps et ses membres ; ne j
3 1946, Le Semeur, articles (1933–1949). Chances d’action du christianisme (juin-juillet 1946)
73 uvoirs, à coups de décrets si généraux que chaque vocation personnelle va s’en trouver nécessairement lésée. En d’autres termes,
74 t qu’elle restaure chez les fidèles le sens de la vocation personnelle, seul fondement d’une conduite spécifiquement chrétienne.
75 omparable, l’unique, celui qui a reçu de Dieu une vocation précise, et il ajoute : toute vocation est sans précédent, et paraît
76 e Dieu une vocation précise, et il ajoute : toute vocation est sans précédent, et paraît donc « invraisemblable » à celui qui la