1
aro sur les rouges d’Espagne ! Déclarez la guerre
à
Hitler ! Ils persécutent les Églises chrétiennes. Lutter contre eux,
2
mes en règle avec notre conscience. Il n’y a plus
à
discuter. Le temps des nuances est passé. L’état de siège est proclam
3
demande si cet ordre établi que l’on nous invite
à
défendre, et qui comporte entre autres éléments le chômage et la pros
4
ez politique, quand il s’agit de sauver l’Église.
À
quoi je réponds : Croyez-vous, chers amis, que vous n’en parlez pas v
5
même dans ce cas, est-ce une raison pour renoncer
à
toute clairvoyance ? À toute honnête information ? Le fanatisme et le
6
e une raison pour renoncer à toute clairvoyance ?
À
toute honnête information ? Le fanatisme et le simplisme, voilà ce qu
7
is beaucoup qu’on ne déduise pas de ces propos qu’
à
mon avis les chrétiens doivent se taire, se retirer dans une neutrali
8
uiller. Je suis tout prêt, en ce qui me concerne,
à
prendre énergiquement parti après une enquête loyale. Mais de grâce,
9
fondément impures. Surtout, que l’on nous laisse,
à
nous chrétiens, le privilège de plus en plus dangereux de reconnaître
10
être « la guerre sainte » ni davantage « la paix
à
tout prix ». Il doit être et rester : vigilance. Dans cette nuit univ
11
jeune auteur romand dont la réputation n’est plus
à
faire. Nous lui laissons volontiers la parole, convaincus que nos lec
12
e Nicolas de Flue, c’est que ce pieux ermite vint
à
la Diète de Stans pour apaiser les deux partis confédérés, à la veill
13
de Stans pour apaiser les deux partis confédérés,
à
la veille d’une guerre civile. Quant au reste de la vie de Nicolas, o
14
st pourquoi les catholiques n’ont pas eu de peine
à
s’annexer le « frère Claus », cependant que les protestants l’abandon
15
père de dix enfants, lorsqu’il crut devoir obéir
à
l’appel de la solitude. C’est donc au terme d’une féconde carrière qu
16
onc au terme d’une féconde carrière qu’il parvint
à
cette décision, non sans avoir mûrement pesé son acte et obtenu le co
17
non loin de sa ferme, au Ranft. Il y mènera jusqu’
à
sa mort la vie d’un pieux laïque et non d’un moine, parfois même susp
18
’une grande sagesse pratique et participe si bien
à
la vie de son peuple que le simple message qu’il transmettra aux dépu
19
dans la personne de son prochain. Il n’a renoncé
à
ses travaux de paysan que pour mieux travailler au bien de tous. En f
20
est l’un des Pères de notre Confédération, c’est
à
son action qu’il le doit. S’il n’avait été qu’un ascète, nous ne saur
21
tandis que les catholiques préféraient s’en tenir
à
l’éloge de son jeûne et de ses visions. Nicolas et les réformés
22
e trente ans avant la Réforme, Nicolas appartient
à
l’héritage commun des catholiques et des protestants suisses. Mais dè
23
très vite prises, et très nettement. « Tandis qu’
à
la manière traditionnelle — écrit le catholique Dürrer — les réformés
24
aut de l’Eucharistie et prophète des malheurs dus
à
la Réforme. Pour des fins partisanes non dissimulées, les politiciens
25
mières biographies sérieuses de Nicolas sont dues
à
la plume de disciples ou d’amis des réformateurs : Myconius, de Zuric
26
us Anshelm, de Berne (dès 1529) ; Stumpf, pasteur
à
Stein, et, finalement, Bullinger lui-même, le célèbre successeur de Z
27
. Seul le mystique luthérien Sébastien Franck dit
à
la fin de sa chronique : « Qu’il n’ait rien mangé, je ne puis le croi
28
croient pas. » Rappelons que lorsqu’on demandait
à
Nicolas comment il pouvait vivre « sans nourriture corporelle », il s
29
vre « sans nourriture corporelle », il se bornait
à
dire : « Dieu le sait… » Rien d’étonnant non plus si, en 1522, un pam
30
des affaires publiques. Après tout, dit l’auteur,
à
quoi se résument ces conseils ? À ceci : « que chacun doit rester sur
31
, dit l’auteur, à quoi se résument ces conseils ?
À
ceci : « que chacun doit rester sur son fumier » ! Mais Nicolas n’a-t
32
s, ajoute-t-il, il n’a pas établi sa demeure tout
à
fait à l’écart du monde, mais au contraire près des habitations de sa
33
te-t-il, il n’a pas établi sa demeure tout à fait
à
l’écart du monde, mais au contraire près des habitations de sa famill
34
e de Luther en personne. Il écrit dans une lettre
à
Speratus : « Joignez le frère Claus à tous ceux qui ont témoigné pour
35
une lettre à Speratus : « Joignez le frère Claus
à
tous ceux qui ont témoigné pour le Christ contre l’Antéchrist. » N
36
mystère intitulé Le Miroir du Monde, qui fut joué
à
Bâle en 1550. Ce premier drame sur Nicolas de Flue est l’œuvre d’un p
37
oit les évêques et les moines chassés de la scène
à
coups de fouet par le prophète Elie. Puis les cantons personnifiés vi
38
ce. Puis il salue l’ange de Dieu qu’il voit venir
à
sa rencontre. Les satires zwingliennes et le mystère de Valentin Bolt
39
nes et le mystère de Valentin Boltz devaient être
à
l’origine d’une riche tradition dramatique. Mais à partir de la fin d
40
n date, celle du jésuite Jacob Gretser, fut jouée
à
Lucerne en 1586. Le rôle politique de Nicolas n’y est même pas mentio
41
gende dramatique qui sera joué — Dieu voulant ! —
à
l’Exposition de Zurich. J’ai tenté de réintégrer Nicolas dans l’actua
42
olas ne pouvait pas lire la Bible, mais il aimait
à
en citer les versets qu’on lui avait enseignés. Je l’ai fait parler l
43
s termine dans l’angoisse d’une crise qui recrée,
à
l’échelle mondiale, le drame de la Diète de Stans. Notre Europe trouv
44
De Luther
à
Hitler (15 mars 1940)d Nous n’avons plus le droit de nous tromper
45
nt les pays germaniques. Or l’erreur qui consiste
à
placer Luther au début d’une évolution dont Hitler serait le terme, c
46
e la Réforme : l’assimilation grossière de Luther
à
Hitler n’est évidemment pas destinée à diminuer le prestige du second
47
de Luther à Hitler n’est évidemment pas destinée
à
diminuer le prestige du second, mais bien à englober le premier dans
48
tinée à diminuer le prestige du second, mais bien
à
englober le premier dans la réprobation que provoque le racisme. Est-
49
ù toutes les Églises sont appelées, par ailleurs,
à
faire un « front commun » contre la religion totalitaire ? L’auteur d
50
it que la nation éduquée par Luther « était prête
à
se donner à n’importe quel despote, pourvu qu’il fût Allemand et prot
51
tion éduquée par Luther « était prête à se donner
à
n’importe quel despote, pourvu qu’il fût Allemand et protestant ». Or
52
es fins transcendantes, telle que j’ai pu la voir
à
l’œuvre et telle que je l’ai décrite en plus d’un livre ? Certes, on
53
it au noir, le bien au mal, la foi pure de Luther
à
l’action pure d’Hitler. Mais c’est une douteuse méthode entre les mai
54
me, et non point par Genève ? Et si l’on persiste
à
prétendre que le luthéranisme porte en soi les germes indestructibles
55
it l’honneur de répondre franchement, je m’engage
à
reconnaître que Luther est coupable de n’avoir pas su, dans l’espace
56
t intactes. d. Rougemont Denis de, « De Luther
à
Hitler », La Vie protestante, Genève, 15 mars 1940, p. 1.
57
tement contraires. Elle pourrait amener ce soldat
à
refuser de défendre l’État qui persécute son Église. Dis-moi pour qui
58
éresser et de laisser les autres s’égarer, quitte
à
les dénoncer ensuite pathétiquement du haut de la chaire ! Or l’actio
59
celles du pays, et qui se trouvent être communes
à
tous les citoyens, chrétiens ou non. La mission spéciale du citoyen c
60
Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance
à
la foi. J’insiste sur ce point, qui est capital. Nous ne devons pas ê
61
Si certains n’hésitent pas, dans leurs discours,
à
invoquer « le Dieu de nos pères », il semble parfois que ce soit moin
62
le croient utile au bon moral de la nation, voire
à
la discipline des troupes. Ces personnes-là, vous les reconnaîtrez in
63
rsonnes-là, vous les reconnaîtrez infailliblement
à
ces quelques traits : elles ont une conception de la « religion » plu
64
de Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’elles portent
à
la religion paraît subordonné à celui qu’elles portent à la conservat
65
qu’elles portent à la religion paraît subordonné
à
celui qu’elles portent à la conservation de notre État. Or nous devon
66
ligion paraît subordonné à celui qu’elles portent
à
la conservation de notre État. Or nous devons croire exactement le co
67
d’abord. Gardons-nous du Schweizer Christentum !
À
ces Schweizer Christen dont je viens de parler, j’opposerai cette déc
68
° ». Il s’agissait sans doute d’inciter le public
à
des économies de charbon. On nous recommandait la tiédeur… Mais voici
69
ent, d’un conflit que nous jugeons mauvais. Reste
à
savoir si le conflit actuel est « mauvais ». Puis, si notre tiédeur s
70
Mais ceci est une autre histoire que je n’ai pas
à
conter maintenant. Et nous avons d’ailleurs, à mon avis, d’autres rai
71
as à conter maintenant. Et nous avons d’ailleurs,
à
mon avis, d’autres raisons de rester neutres que celles qu’on peut ti
72
qui n’ont de sens que par rapport à sa Personne,
à
son Royaume, à son Éternité. Répéter que les tièdes seront vomis, en
73
ens que par rapport à sa Personne, à son Royaume,
à
son Éternité. Répéter que les tièdes seront vomis, en détournant ce v
74
e que M. Denis de Rougemont a donnée en septembre
à
Rio de la Plata, sous les auspices de l’Église évangélique de langue
75
spécialement sa tendance calviniste, est appelée
à
figurer dans notre siècle le type même de la sûre doctrine de résista
76
it et non pas sur les fatalités du passé, ouverte
à
la volonté d’un Dieu transcendant et non pas fermée sur les intérêts
77
s d’un groupe. Par là, elle s’oppose radicalement
à
toute religion totalitaire, fondée sur le sang, la race, la tradition
78
tre. Elle n’admet pas la conversion et le pardon,
à
partir desquels « il n’y a plus ni juif ni grec ». Elle ne demande pa
79
vez que l’initiateur de ce vaste effort, qui tend
à
réunir toutes les Églises chrétiennes, fut un luthérien, l’archevêque
80
nes sauf celle de Rome qui se tient, par malheur,
à
l’écart. Or, dans cette œuvre à laquelle collaborent la majorité des
81
ent, par malheur, à l’écart. Or, dans cette œuvre
à
laquelle collaborent la majorité des chrétiens du monde entier, nous
82
seil œcuménique. Toute leur tradition les prépare
à
ce rôle de fédérateurs religieux, comme elle les prépare au rôle de f
83
et de la polémique ou par un attachement excessif
à
certaines de nos traditions secondaires. Le but de nos Églises n’est
84
ait au xvie siècle. Et c’est notre fidélité même
à
la Réforme qui nous fait nous réjouir d’une perspective où nos « isme
85
allait que je dise en une phrase ce qui m’attache
à
l’Église protestante, plutôt qu’à aucune autre, je dirai ceci : L’Égl
86
e qui m’attache à l’Église protestante, plutôt qu’
à
aucune autre, je dirai ceci : L’Église protestante est justement cell
87
amouflage très élémentaire, mais fort bien adapté
à
la myopie spirituelle des temps modernes. Voici : depuis deux ou troi
88
ouge et cornu des mystères médiévaux, ou le faune
à
barbiche de chèvre et à longue queue des légendes populaires, il est
89
es médiévaux, ou le faune à barbiche de chèvre et
à
longue queue des légendes populaires, il est vraiment trop facile d’y
90
nre, mais non pas croire en Dieu ; ce qui revient
à
ne pas croire au diable. Cette mascarade anachronique et bouffonne n’
91
nique et bouffonne n’a pas médiocrement contribué
à
la réussite du premier tour que dénonce Baudelaire. Beaucoup s’y arrê
92
s’y arrêtent : « Comment peut-on perdre son temps
à
ces balivernes d’un autre âge ? », disent-ils. Or ce sont eux qui s’y
93
ntrent les victimes : « Le diable est un bonhomme
à
cornes rouges et à longue queue ; or je ne puis croire à un bonhomme
94
: « Le diable est un bonhomme à cornes rouges et
à
longue queue ; or je ne puis croire à un bonhomme à cornes rouges et
95
s rouges et à longue queue ; or je ne puis croire
à
un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; donc je ne crois pas
96
longue queue ; or je ne puis croire à un bonhomme
à
cornes rouges et à longue queue ; donc je ne crois pas au diable. » C
97
e ne puis croire à un bonhomme à cornes rouges et
à
longue queue ; donc je ne crois pas au diable. » C’est tout ce qu’il
98
Cependant la Bible dénonce l’existence du diable
à
chaque page, de la première où il apparaît sous la forme du serpent,
99
re où il apparaît sous la forme du serpent, jusqu’
à
l’avant-dernière où nous voyons Satan lié pour mille ans, puis délié
100
u moins dans les textes originaux). Si l’on croit
à
la vérité de la Bible, il est impossible de douter un seul instant de
101
inaire sur l’existence personnelle du diable, due
à
la plume de Denis de Rougemont. Nous n’avons pas à présenter l’écriva
102
la plume de Denis de Rougemont. Nous n’avons pas
à
présenter l’écrivain neuchâtelois aux lecteurs de la Vie protestante.
103
des pages remarquables qu’on a bien voulu mettre
à
notre disposition. »
104
perspectives de la Création, il peut aussi créer
à
tort et à travers. Il peut être un agent responsable de la nature nat
105
est notre gloire équivoque. C’est par la liberté,
à
cause d’elle, et dans elle, que nous avons le pouvoir de pécher. Car
106
r. Car pécher c’est tricher avec l’ordre, opposer
à
la loi divine nos dérogations égoïstes, fautes de calcul et courtes v
107
crètes. La parole nous étant donnée pour répondre
à
la vérité, et pour l’étendre et confirmer par la vertu du témoignage,
108
e : c’est un kilo. Votre mensonge restera relatif
à
la mesure invariable du vrai. Si le client contrôle, il peut voir qu’
109
reste juge entre vous. Mais le démon vous induit
à
fausser la balance elle-même, c’est le critère du vrai qui est dénatu
110
chez. Parions même que vous mettrez vos scrupules
à
faire des pesées rigoureuses, peut-être à rajouter quelques pincées «
111
rupules à faire des pesées rigoureuses, peut-être
à
rajouter quelques pincées « pour le bon poids », pour le sourire de l
112
concerne le premier mensonge, celui qui se borne
à
taire la vérité (tout en ne cessant de la connaître) ou à la nier (to
113
la vérité (tout en ne cessant de la connaître) ou
à
la nier (tout en sachant que, pour si peu, elle ne cesse pas d’existe
114
c’est parce qu’ils assimilent le péché en général
à
la tentation par excellence, qui se trouve être à leurs yeux la sexua
115
à la tentation par excellence, qui se trouve être
à
leurs yeux la sexualité. C’est une vue bien bornée du péché ! Car mêm
116
ent la révolte d’Ève et son désir de se diviniser
à
sa façon. Si la sexualité pouvait rester pure, c’est-à-dire purement
117
ble ne s’y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie
à
l’amour, et à l’esprit, et c’est par là qu’elle va se pervertir et de
118
erait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et
à
l’esprit, et c’est par là qu’elle va se pervertir et devenir à son to
119
t c’est par là qu’elle va se pervertir et devenir
à
son tour source de perversion. La paillardise joyeuse est certainemen
120
rtie libre et conscient. D’autre part, il est lié
à
la créativité de l’homme, il en est l’aspect corporel, le symbole ou
121
ement aux fonctions les plus humaines de l’homme,
à
ses pouvoirs de création dans tous les ordres, à ses jugements esthét
122
à ses pouvoirs de création dans tous les ordres,
à
ses jugements esthétiques ou moraux, à tout ce qui qualifie l’individ
123
es ordres, à ses jugements esthétiques ou moraux,
à
tout ce qui qualifie l’individu et lui permet de se posséder en tant
124
à l’égard des pudeurs et interdits qui prêtaient
à
l’acte sexuel la gravité d’un engagement, cette espèce d’insouciance
125
ous faire douter de notre pardon pour nous forcer
à
fuir dans les remèdes du pire. L’Apocalypse le désigne comme « l’Accu
126
le tribunal céleste. Non content de nous prendre
à
ses pièges, sitôt qu’il nous a pris il est le premier à nous dénoncer
127
pièges, sitôt qu’il nous a pris il est le premier
à
nous dénoncer devant Dieu de la manière la plus impitoyable. Non par
128
ccuse et nous prive en même temps de tout recours
à
Celui qui pardonne. Elle ne laisse aux meilleures de ses victimes que
129
des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit
à
la femme : Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tous
130
peur que vous n’en mouriez. Alors le serpent dit
à
la femme : vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que le jour où vous
131
dieux, connaissant le bien et le mal. » (Gen. 3:1
à
5) Voyez : avant la tentation proprement dite, il y a le doute ! Le p
132
uelque moyen de le faire. Ève ne pensait même pas
à
manger cette pomme avant que le serpent n’ait mis en doute la réalité
133
mis en doute la réalité de l’ordonnance de Dieu.
À
l’origine de toute tentation, il y a l’occasion entrevue d’aller à la
134
ute tentation, il y a l’occasion entrevue d’aller
à
la divinité par un plus court chemin que celui du réel ; par un chemi
135
tentation : « La femme vit que l’arbre était bon
à
manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’in
136
me vit que l’arbre était bon à manger et agréable
à
la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence : elle pri
137
mais par une fort belle et bonne pomme, agréable
à
la vue et précieuse pour l’esprit. Elle ne fut pas tentée par le dési
138
un plus court chemin que le sentier de Golgotha.
À
l’origine, le « méchant » n’est pas celui qui agit par méchanceté (à
139
échant » n’est pas celui qui agit par méchanceté (
à
ses propres yeux tout au moins). Mais c’est celui qui se persuade que
140
e, contre nature devenue seconde nature. Et c’est
à
ce moment-là que Baudelaire peut écrire : « L’homme et la femme saven
141
e. Se détruire pour s’innocenter ! Pour échapper,
à
sa manière encore, aux conséquences du mal que l’on a fait ; pour se
142
exact de ces plaisirs démoniaques, qui consistent
à
se perdre soi-même, à se laisser volatiliser dans une puissance supér
143
démoniaques, qui consistent à se perdre soi-même,
à
se laisser volatiliser dans une puissance supérieure, au sein de laqu
144
viennent fixes, et que les passions bouillonnent.
À
quoi pouvait penser Kierkegaard lorsque, dans son petit Danemark bour
145
e et du nationalisme. Lui seul avait vu le diable
à
l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres à nous, nations démocratiques. K
146
le diable à l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres
à
nous, nations démocratiques. Kierkegaard a compris mieux que quiconqu
147
’Anonyme a bien des chances d’être celui qui aime
à
dire : Je ne suis Personne… La foule, c’est le lieu de rendez-vous de
148
recours au même et unique artifice : faire croire
à
l’homme qu’il n’est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la
149
soi-même, donc maître de fixer le bien et le mal
à
sa guise. « Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu, qui par
150
l’arbre, et j’en ai mangé. Et l’Éternel Dieu dit
à
la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpent
151
nières. Tout concourt, dans le cadre de nos vies,
à
nous priver du sentiment d’être une personne responsable. Nous vivons
152
llective. Nous participons tous, de plus en plus,
à
des formes de vie étrangères à notre sort particulier et à nos aptitu
153
, de plus en plus, à des formes de vie étrangères
à
notre sort particulier et à nos aptitudes normales. Au cinéma, l’indi
154
mes de vie étrangères à notre sort particulier et
à
nos aptitudes normales. Au cinéma, l’individu moderne s’habitue à cou
155
normales. Au cinéma, l’individu moderne s’habitue
à
courir par délégation les aventures qui ne lui arrivent pas. La radio
156
dio, la presse, les meetings monstres, l’invitent
à
prendre une part sensible — en imagination — aux grands événements qu
157
ns incarnées par leurs chefs. Tout cela contribue
à
l’arracher de sa vie propre, où il ne se passerait jamais rien de sem
158
ais rien de semblable. Quant aux inconvénients et
à
l’ennui de cette vie propre, autrefois jugés normaux, ils apparaissen
159
x, ils apparaissent de plus en plus inacceptables
à
mesure que se répandent les notions de progrès indéfini, de confort à
160
ndent les notions de progrès indéfini, de confort
à
tout prix, de succès rapide, et à mesure que s’efface la croyance dan
161
ini, de confort à tout prix, de succès rapide, et
à
mesure que s’efface la croyance dans un au-delà. D’une part l’individ
162
au-delà. D’une part l’individu moderne est incité
à
juger sa vie mesquine, et à la fuir ; d’autre part il est aspiré par
163
du moderne est incité à juger sa vie mesquine, et
à
la fuir ; d’autre part il est aspiré par les grandes émotions collect
164
jouent dans le même sens. Elles poussent l’homme
à
rechercher les occasions d’être dépossédé de soi. Elles font de chacu
165
Elles font de chacun de nous un sujet prédisposé
à
l’hypnose collective, une victime virtuelle des passions de masse. Ce
166
e procédé favori de la Cinquième Colonne consiste
à
semer la confusion dans le camp de l’adversaire en y répandant altern
167
e vraies et de fausses nouvelles. Voilà le diable
à
l’œuvre dans nos vies ! Il est l’essence même de la Cinquième Colonne
168
r les tours du diable, si vous tenez sérieusement
à
l’attraper, je vais vous dire où vous le trouverez le plus sûrement :
169
selle dans les masses et l’élite, l’on est induit
à
reconnaître que le Progrès automatique n’était qu’un déguisement du d
170
démon, l’un de ses nouveaux noms. Nous avons cru
à
la bonté foncière de l’homme. Par gentillesse pour les autres, évidem
171
… Mais c’est toujours une manière de croire aussi
à
sa propre bonté. Et donc de s’aveugler sur le mal que l’on porte en s
172
ence et sans réserve ; et si nous nous étions mis
à
agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce mal avait des rac
173
mions ! Voilà le grand secret. Le diable a réussi
à
faire croire aux démocrates qu’ils n’aimaient pas du tout le mal, qu’
174
que pour le moral militaire. Car, ainsi qu’aimait
à
le répéter un fameux général autrichien, Conrad von Hötzendorf : « To
175
vrir et favoriser beaucoup de complaisance intime
à
cette même méchanceté. Je pense aux vertueuses indignations du purita
176
us ! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler qu’
à
vos ennemis, car c’est à vous-mêmes qu’il s’arrangera toujours pour r
177
il ne peut ressembler qu’à vos ennemis, car c’est
à
vous-mêmes qu’il s’arrangera toujours pour ressembler le plus ! C’est
178
vant le danger totalitaire. Vous pourrez échapper
à
l’hypnose. p. Rougemont Denis de, « Les tours du diable VIII : Le
179
ffrent ces sauvages est indépendante d’eux-mêmes.
À
l’inverse, le christianisme s’est efforcé depuis des siècles de nous
180
e petits enfants en colère, nous battons la table
à
laquelle nous nous sommes heurtés. Ou comme Xerxès, nous flagellons l
181
Xerxès, nous flagellons les eaux de l’Hellespont,
à
grands coups de discours sur les ondes courtes. Nous oublions ce fait
182
tentes qui pourraient bien se développer un jour,
à
la faveur de la misère ou de la fatigue, ou de quelque déséquilibre t
183
able serait cet homme qui n’aurait d’autre ennemi
à
craindre que celui qu’il loge en lui-même. Mais voici une remarque de
184
grandes responsables du monde. Cependant, évitons
à
tout prix un malentendu menaçant. L’intention des remarques précédent
185
mme ils le sont toujours…). Mais, si je ressemble
à
un criminel, cela ne justifie pas le criminel, cela me condamne. Et p
186
criminel d’en face, pour mieux me livrer d’abord
à
ma réforme intérieure ! Je dirai au contraire que la lutte pour me ré
187
e moi seulement, puisque je risquerais de devenir
à
mon tour un autre criminel ? Il n’y a qu’un crime, en moi et hors de
188
e même diable ! Et ceci n’est qu’un post-scriptum
à
l’adresse des pacifistes : « Nous sommes tous coupables, me disent-il
189
ous en sommes persuadés, il ne nous reste plus qu’
à
combattre le mal, en nous et hors de nous ; c’est le même mal ! En no
190
ent à la nature du péril. Si quelqu’un met le feu
à
une maison, il faut des pompiers, coupables ou non, pour éteindre l’i
191
é. Le diable, dit un proverbe espagnol, n’est pas
à
craindre parce qu’il est si méchant, mais parce qu’il est si vieux. C
192
nit par ne plus croire au bien, ni au sérieux, ni
à
la naïveté, cette insondable ruse des cœurs purs qui leur permet de p
193
aux goûts appris ; sa propension presque maniaque
à
n’attacher de l’importance qu’à un détail fortuit dans un être ou une
194
presque maniaque à n’attacher de l’importance qu’
à
un détail fortuit dans un être ou une œuvre ; tous ces traits qui pou
195
t moral peut fort bien être préféré par le diable
à
ces milieux bohèmes et de mœurs relâchées qui se croiraient volontier
196
pêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais
à
l’inverse, il nous empêche aussi de nous reconnaître dans nos idoles.
197
ié la Révélation. Dès lors ils en étaient réduits
à
inventer Dieu. Mais on n’invente que ce que l’on est sans le savoir.
198
lus responsables de nos actes, mais elles le sont
à
notre place. Et comme elles-mêmes n’ont à répondre devant aucune inst
199
le sont à notre place. Et comme elles-mêmes n’ont
à
répondre devant aucune instance supérieure, il n’y a plus de responsa
200
de responsabilité nulle part. Mais s’il apparaît,
à
l’inverse, que nous ne coïncidons pas avec l’entité divinisée — parce
201
alle dans la nuque, ou bien nous sommes décapités
à
la hache, selon qu’il s’agit respectivement du dieu Classe ou du dieu
202
ches pleines de projets philanthropiques, propres
à
réformer l’humanité au-delà de tout ce que je désirerais même imagine
203
ait comme un encens et devait être en bonne odeur
à
l’Éternel, car cet homme avait le cœur pur. À quelques mètres derrièr
204
eur à l’Éternel, car cet homme avait le cœur pur.
À
quelques mètres derrière lui suivaient le diable et l’un de ses compè
205
emblée européenne seraient terminés ces jours-ci,
à
Londres. Il eût été bien beau de faire coïncider cette annonce du ren
206
s mauvais que la conférence des Dix ambassadeurs,
à
Londres1, prenne son temps. Il y a deux semaines, elle faisait bon ac
207
es, — comme vous circulez aujourd’hui d’un canton
à
l’autre de la Suisse. Imaginez cette Europe grande ouverte, où les na
208
e cette grande Europe aussi décidée que la Suisse
à
ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son ind
209
aussi décidée que la Suisse à ne faire la guerre
à
personne, mais à défendre d’un seul cœur son indépendance reconquise.
210
e la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais
à
défendre d’un seul cœur son indépendance reconquise. Cette Europe inv
211
ons d’habitants rassemblés, rendus par leur union
à
une prospérité qui, selon certains économistes, pourrait multiplier p
212
le principal est fait. Et si les Dix ambassadeurs
à
Londres ont bien vu cela, ils ne se laisseront plus arrêter par les c
213
ipe de véritables résistants — ceux qui résistent
à
la fatalité — l’auront vue et marchent vers elle. Il se peut que la v
214
ue ce soit tout simplement l’Europe, redécouverte
à
la faveur de son union ? Une Europe rajeunie, qui deviendrait soudain
215
ommés par les parlements. 2. (Réd. — Nous devons
à
l’obligeance de M. Denis de Rougemont de pouvoir publier ce texte rad
216
Le bilan de l’année qui s’écoule me paraît simple
à
établir dans ses grandes lignes et à l’échelle de la planète : l’une
217
araît simple à établir dans ses grandes lignes et
à
l’échelle de la planète : l’une après l’autre, toutes les puissances
218
ant éclater trente bombes atomiques en deux mois.
À
Goa, l’Inde a perdu la face, en tant que champion de la non-violence.
219
la face, en tant que champion de la non-violence.
À
Cuba, les États-Unis ont perdu la face en tant que champions de la no
220
age pacifique et du droit des petits États. Quant
à
l’Allemagne de l’Est, c’est à la cause du communisme tout entier qu’e
221
petits États. Quant à l’Allemagne de l’Est, c’est
à
la cause du communisme tout entier qu’elle a fait perdre la face, en
222
iers-monde, copiant ses anciens maîtres, se livre
à
la passion nationaliste, qui veut la guerre, l’Europe surmonte enfin
223
pas encore gagné. Mais en demandant son accession
à
ce Marché commun qu’elle affecta longtemps de traiter d’utopie, la Gr
224
e qui vient et pour la suite ! Presque tout reste
à
faire, il est vrai. Sachons du moins à quels grands buts lointains no
225
tout reste à faire, il est vrai. Sachons du moins
à
quels grands buts lointains nous pouvons adresser nos vœux. w. Rou
226
re sur le protestantisme, promis depuis longtemps
à
l’éditeur, et pour lequel je proposais, en guise de titre provisoire
227
péter ce que disaient ses auteurs, mais continuer
à
réformer. Seuls peuvent être fidèles à l’esprit de Luther et de Calvi
228
continuer à réformer. Seuls peuvent être fidèles
à
l’esprit de Luther et de Calvin un luthéranisme et un calvinisme cont
229
héranisme et un calvinisme continuellement repris
à
leur origine spirituelle et rapportés à leur fin dernière, réinventés
230
nt repris à leur origine spirituelle et rapportés
à
leur fin dernière, réinventés par chaque personne pour son usage réel
231
la comporte, et en même temps reliés sans relâche
à
l’espérance de l’Église universelle, à l’avenir catholique, et orthod
232
ns relâche à l’espérance de l’Église universelle,
à
l’avenir catholique, et orthodoxe, à la Pentecôte œcuménique. Vous av
233
universelle, à l’avenir catholique, et orthodoxe,
à
la Pentecôte œcuménique. Vous avouerai-je qu’en tant que protestant,
234
nniversaire. u. Rougemont Denis de, « [Réponse
à
une enquête] Que signifie pour vous la formule célèbre “Ecclesia refo
235
te : « Que signifie pour vous, avons-nous demandé
à
quelques personnalités, la formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper
236
histoire de l’humanité — on la chiffre à peu près
à
100 milliards de francs — mais cette opération, la plus chère du mond
237
oir les mêmes motifs — puérils — et les appliquer
à
un autre but, dont l’utilité eût été plus immédiatement apparente ? O
238
une partie de ces 100 milliards de francs suisses
à
augmenter la beauté de notre Terre, à diminuer la famine, à lutter co
239
ncs suisses à augmenter la beauté de notre Terre,
à
diminuer la famine, à lutter contre la pauvreté ou pour une meilleure
240
r la beauté de notre Terre, à diminuer la famine,
à
lutter contre la pauvreté ou pour une meilleure hygiène. Pourquoi est
241
du monde, un phénomène psychologique assez facile
à
expliquer et à comprendre : les Russes et les Américains, affrontés s
242
énomène psychologique assez facile à expliquer et
à
comprendre : les Russes et les Américains, affrontés sur la Terre, ay
243
aute, ont été amenés — peut-être inconsciemment —
à
transposer leur conflit dans l’espace, à l’envoyer au ciel, à effectu
244
emment — à transposer leur conflit dans l’espace,
à
l’envoyer au ciel, à effectuer un transfert dans les nuées de cet aff
245
leur conflit dans l’espace, à l’envoyer au ciel,
à
effectuer un transfert dans les nuées de cet affrontement trop danger
246
ond, c’est dans ce domaine seul qu’ils ont réussi
à
trouver les moyens d’une espèce non pas de coopération — c’est encore
247
eux qui transforment ces colonels en projectiles
à
têtes chercheuses. Les savants pourraient dire — et ils le pensent pe
248
ez cité dans un article il y a sept ou huit ans —
à
l’époque où on envoyait le premier obus sur la Lune : c’est un texte
249
vec des paysages extraordinaires. Alors on arrive
à
se demander aujourd’hui : est-ce que l’on a dépensé 100 milliards — 1
250
ent désertiques ! Je dois dire que quand je pense
à
l’éventualité d’un exil sur la Lune, il me prend un amour passionné d
251
’anticipation, était allé l’interviewer. « Je dis
à
Lénine, raconte Wells, que le développement de la technique humaine p
252
on marxiste elle-même n’aurait plus de sens. » Et
à
la grande stupéfaction de Wells, « Lénine, dit-il, me regarda et me r
253
us avez raison ; en lisant votre roman La Machine
à
explorer le temps, je l’ai compris moi aussi. Si nous arrivons à étab
254
emps, je l’ai compris moi aussi. Si nous arrivons
à
établir les communications interplanétaires, il faudra réviser toutes
255
pports de productions ne sont en rien comparables
à
ce qu’ils étaient au xixe siècle, quand Marx a écrit sa théorie. Il
256
n créer un, j’espère que non… Où Lénine se trompe
à
mon sens complètement, c’est quand il dit que toutes les doctrines ph
257
mbiguës. Moi, j’ai une impression de frustration,
à
me dire : la Lune, ce n’est pas aussi beau, ce n’est pas aussi paradi
258
iques augmentées dans l’espace. Et cela me ramène
à
l’amour de la Terre. Plus encore, cela me ramène à cette idée que la
259
l’amour de la Terre. Plus encore, cela me ramène
à
cette idée que la véritable aventure humaine est à l’intérieur de cha
260
aine est à l’intérieur de chacun de nous, non pas
à
l’extérieur, dans l’espace, le cosmos physique. Je crois que même du
261
t et qui finissent par se faire en un clin d’œil,
à
la vitesse de la pensée. Eh bien ! l’aventure intérieure, elle ne dem
262
iption de cet entretien télévisé, je ne vois rien
à
modifier à ce que je disais un mois avant le départ d’Apollo 11. Il y
263
et entretien télévisé, je ne vois rien à modifier
à
ce que je disais un mois avant le départ d’Apollo 11. Il y avait là c
264
! Mais si l’on découvrait demain que cela ne sert
à
rien ? » Ce qui importe, c’est qu’un profond mouvement se dessine déj
265
moins des centaines de milliards qu’on destinait
à
se perdre au ciel vide. Quant à ma conclusion, elle m’a valu des lett
266
s qu’on destinait à se perdre au ciel vide. Quant
à
ma conclusion, elle m’a valu des lettres qui disaient en substance :
267
stion qui peut ouvrir, obscurément, la voie, mais
à
laquelle personne au monde ne peut répondre pour un autre — ou sinon,
268
upes et introduits par cette note : « Le 16 juin,
à
la TV romande, Denis de Rougemont répondait aux questions de Pierre D
269
e aujourd’hui de l’événement qu’il avait commenté
à
l’avance. »
270
t l’autre, ou la fatalité… On en revient toujours
à
l’histoire du chapitre 3 de la Genèse. Vous en appelez à la responsab
271
toire du chapitre 3 de la Genèse. Vous en appelez
à
la responsabilité ; c’est bien parce que vous avez une espérance. Laq
272
ien parce que vous avez une espérance. Laquelle ?
À
des gens qui me disaient : « Pourquoi voulez-vous absolument que ça c
273
re dure encore. Je sais bien, si on s’en rapporte
à
l’Apocalypse, que l’histoire temporelle finira mal, mais, qu’après ce
274
iment humaine et en même temps vraiment divine («
à
mesure d’homme, qui est mesure d’ange » : Apoc. ch. 21, v. 17). Il es
275
t pessimiste, si je pensais qu’il n’y a plus rien
à
faire, je n’écrirais pas — ou je raconterais des histoires. Si j’ai é
276
Si j’ai écrit ce livre, c’est que je prends tout
à
fait au sérieux l’avertissement d’Isaïe (ch. 21, v. 12) : « Sentinell
277
y a donc toujours deux possibilités. Qu’avez-vous
à
dire à une jeunesse aujourd’hui assez partagée entre une certaine rés
278
c toujours deux possibilités. Qu’avez-vous à dire
à
une jeunesse aujourd’hui assez partagée entre une certaine résignatio
279
est un manque d’information qui fait dire « bof »
à
des jeunes gens. Si on vient leur parler de menaces sur la vie physiq
280
umanité, ça les embête, ça leur fait peur — comme
à
tout le monde, il ne faut pas s’en cacher. Ils ne se sentent pas suff
281
au thème de ce livre ? J’ai commencé assez jeune
à
m’occuper des affaires publiques, des affaires de la civilisation au
282
evait contre Ford et son triomphe, qui commençait
à
se manifester à ce moment-là. L’auto industrielle n’avait que 29 ans,
283
d et son triomphe, qui commençait à se manifester
à
ce moment-là. L’auto industrielle n’avait que 29 ans, déjà Ford était
284
c les premiers personnalistes que j’ai rencontrés
à
Paris, la première année où je suis allé y travailler comme éditeur.
285
est nous qui l’avons forgé, nous étions les seuls
à
l’utiliser couramment en France). Toutes les idées fédéralistes, les
286
gion, de modération de la croissance, d’équilibre
à
rétablir entre l’homme et la nature : tout cela était déjà dans nos r
287
e-t-elle aussi sur la Suisse ? C’est une question
à
laquelle je suis heureux de pouvoir répondre de manière très nette. L
288
et jusqu’au sous-sol ! Notre critique s’adressait
à
ces États centralisés, mais j’avais, je pense, derrière la tête, l’id
289
er l’État fédératif, le modèle suisse. J’avoue qu’
à
ce moment-là je connaissais assez mal ce modèle, je ne m’étais pas be
290
mes études en Suisse, et je me considérais, étant
à
Paris, écrivant à Paris, publiant à Paris, comme Français (« nous »,
291
se, et je me considérais, étant à Paris, écrivant
à
Paris, publiant à Paris, comme Français (« nous », disais-je… !) C’es
292
dérais, étant à Paris, écrivant à Paris, publiant
à
Paris, comme Français (« nous », disais-je… !) C’est plus tard, penda
293
type de défense village par village, en hérisson,
à
appliquer à l’Europe pour lui éviter les grands affrontements : c’éta
294
nse village par village, en hérisson, à appliquer
à
l’Europe pour lui éviter les grands affrontements : c’était la tactiq
295
it la tactique suisse, que l’on m’avait enseignée
à
l’école d’officiers en 1928 ! Une défense avec l’esprit autant qu’ave
296
re purement défensive. C’est en Amérique (de 1940
à
1946) que j’ai découvert l’Europe ! et la Suisse notamment ! Il faut
297
a critique de l’État-nation ne s’adresse donc pas
à
la Suisse, elle indique simplement à la Suisse dans quelle direction
298
sse donc pas à la Suisse, elle indique simplement
à
la Suisse dans quelle direction elle ne devrait pas se développer. De
299
endre aux dimensions du continent, quitte ensuite
à
fédérer ce continent avec d’autres fédérations continentales. La Suis
300
fédérations continentales. La Suisse est acculée
à
un certain centralisme dès qu’elle s’occupe d’objets trop grands. Le
301
n d’assurer l’indépendance énergétique d’un pays,
à
preuve qu’en France le nucléaire est appliqué d’après une licence amé
302
e nucléaire grâce à six banques qui appartiennent
à
cinq pays (et je simplifie encore). Si le fédéralisme consiste à conf
303
je simplifie encore). Si le fédéralisme consiste
à
confier aux diverses communautés — municipales, régionales, nationale
304
entales, mondiales — les tâches qui correspondent
à
leurs dimensions respectives, disons que le nucléaire est trop grand
305
de liberté), la centralisation, l’avantage donné
à
ce qui est toujours plus cher, plus dangereux, et permet à l’État de
306
est toujours plus cher, plus dangereux, et permet
à
l’État de mieux contrôler les investissements, les mouvements de fond
307
aire, vers laquelle tout nous pousse aujourd’hui,
à
commencer par cette centralisation démentielle ! C’est pourquoi aussi
308
fédérées entre elles. Là, chacun peut être libre
à
sa manière, s’épanouir dans sa vocation, devenir une personne. Dans u