1 1938, La Vie protestante, articles (1938–1978). Le temps des fanatiques (25 novembre 1938)
1 aro sur les rouges d’Espagne ! Déclarez la guerre à Hitler ! Ils persécutent les Églises chrétiennes. Lutter contre eux,
2 mes en règle avec notre conscience. Il n’y a plus à discuter. Le temps des nuances est passé. L’état de siège est proclam
3 demande si cet ordre établi que l’on nous invite à défendre, et qui comporte entre autres éléments le chômage et la pros
4 ez politique, quand il s’agit de sauver l’Église. À quoi je réponds : Croyez-vous, chers amis, que vous n’en parlez pas v
5 même dans ce cas, est-ce une raison pour renoncer à toute clairvoyance ? À toute honnête information ? Le fanatisme et le
6 e une raison pour renoncer à toute clairvoyance ? À toute honnête information ? Le fanatisme et le simplisme, voilà ce qu
7 is beaucoup qu’on ne déduise pas de ces propos qu’ à mon avis les chrétiens doivent se taire, se retirer dans une neutrali
8 uiller. Je suis tout prêt, en ce qui me concerne, à prendre énergiquement parti après une enquête loyale. Mais de grâce,
9 fondément impures. Surtout, que l’on nous laisse, à nous chrétiens, le privilège de plus en plus dangereux de reconnaître
10 être « la guerre sainte » ni davantage « la paix à tout prix ». Il doit être et rester : vigilance. Dans cette nuit univ
11 jeune auteur romand dont la réputation n’est plus à faire. Nous lui laissons volontiers la parole, convaincus que nos lec
2 1939, La Vie protestante, articles (1938–1978). Nicolas de Flue et la tradition réformée (1er septembre 1939)
12 e Nicolas de Flue, c’est que ce pieux ermite vint à la Diète de Stans pour apaiser les deux partis confédérés, à la veill
13 de Stans pour apaiser les deux partis confédérés, à la veille d’une guerre civile. Quant au reste de la vie de Nicolas, o
14 st pourquoi les catholiques n’ont pas eu de peine à s’annexer le « frère Claus », cependant que les protestants l’abandon
15 père de dix enfants, lorsqu’il crut devoir obéir à l’appel de la solitude. C’est donc au terme d’une féconde carrière qu
16 onc au terme d’une féconde carrière qu’il parvint à cette décision, non sans avoir mûrement pesé son acte et obtenu le co
17 non loin de sa ferme, au Ranft. Il y mènera jusqu’ à sa mort la vie d’un pieux laïque et non d’un moine, parfois même susp
18 ’une grande sagesse pratique et participe si bien à la vie de son peuple que le simple message qu’il transmettra aux dépu
19 dans la personne de son prochain. Il n’a renoncé à ses travaux de paysan que pour mieux travailler au bien de tous. En f
20 est l’un des Pères de notre Confédération, c’est à son action qu’il le doit. S’il n’avait été qu’un ascète, nous ne saur
21 tandis que les catholiques préféraient s’en tenir à l’éloge de son jeûne et de ses visions. Nicolas et les réformés
22 e trente ans avant la Réforme, Nicolas appartient à l’héritage commun des catholiques et des protestants suisses. Mais dè
23 très vite prises, et très nettement. « Tandis qu’ à la manière traditionnelle — écrit le catholique Dürrer — les réformés
24 aut de l’Eucharistie et prophète des malheurs dus à la Réforme. Pour des fins partisanes non dissimulées, les politiciens
25 mières biographies sérieuses de Nicolas sont dues à la plume de disciples ou d’amis des réformateurs : Myconius, de Zuric
26 us Anshelm, de Berne (dès 1529) ; Stumpf, pasteur à Stein, et, finalement, Bullinger lui-même, le célèbre successeur de Z
27 . Seul le mystique luthérien Sébastien Franck dit à la fin de sa chronique : « Qu’il n’ait rien mangé, je ne puis le croi
28 croient pas. » Rappelons que lorsqu’on demandait à Nicolas comment il pouvait vivre « sans nourriture corporelle », il s
29 vre « sans nourriture corporelle », il se bornait à dire : « Dieu le sait… » Rien d’étonnant non plus si, en 1522, un pam
30 des affaires publiques. Après tout, dit l’auteur, à quoi se résument ces conseils ? À ceci : « que chacun doit rester sur
31 , dit l’auteur, à quoi se résument ces conseils ? À ceci : « que chacun doit rester sur son fumier » ! Mais Nicolas n’a-t
32 s, ajoute-t-il, il n’a pas établi sa demeure tout à fait à l’écart du monde, mais au contraire près des habitations de sa
33 te-t-il, il n’a pas établi sa demeure tout à fait à l’écart du monde, mais au contraire près des habitations de sa famill
34 e de Luther en personne. Il écrit dans une lettre à Speratus : « Joignez le frère Claus à tous ceux qui ont témoigné pour
35 une lettre à Speratus : « Joignez le frère Claus à tous ceux qui ont témoigné pour le Christ contre l’Antéchrist. » N
36 mystère intitulé Le Miroir du Monde, qui fut joué à Bâle en 1550. Ce premier drame sur Nicolas de Flue est l’œuvre d’un p
37 oit les évêques et les moines chassés de la scène à coups de fouet par le prophète Elie. Puis les cantons personnifiés vi
38 ce. Puis il salue l’ange de Dieu qu’il voit venir à sa rencontre. Les satires zwingliennes et le mystère de Valentin Bolt
39 nes et le mystère de Valentin Boltz devaient être à l’origine d’une riche tradition dramatique. Mais à partir de la fin d
40 n date, celle du jésuite Jacob Gretser, fut jouée à Lucerne en 1586. Le rôle politique de Nicolas n’y est même pas mentio
41 gende dramatique qui sera joué — Dieu voulant ! —  à l’Exposition de Zurich. J’ai tenté de réintégrer Nicolas dans l’actua
42 olas ne pouvait pas lire la Bible, mais il aimait à en citer les versets qu’on lui avait enseignés. Je l’ai fait parler l
43 s termine dans l’angoisse d’une crise qui recrée, à l’échelle mondiale, le drame de la Diète de Stans. Notre Europe trouv
3 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). De Luther à Hitler (15 mars 1940)
44 De Luther à Hitler (15 mars 1940)d Nous n’avons plus le droit de nous tromper
45 nt les pays germaniques. Or l’erreur qui consiste à placer Luther au début d’une évolution dont Hitler serait le terme, c
46 e la Réforme : l’assimilation grossière de Luther à Hitler n’est évidemment pas destinée à diminuer le prestige du second
47 de Luther à Hitler n’est évidemment pas destinée à diminuer le prestige du second, mais bien à englober le premier dans
48 tinée à diminuer le prestige du second, mais bien à englober le premier dans la réprobation que provoque le racisme. Est-
49 ù toutes les Églises sont appelées, par ailleurs, à faire un « front commun » contre la religion totalitaire ? L’auteur d
50 it que la nation éduquée par Luther « était prête à se donner à n’importe quel despote, pourvu qu’il fût Allemand et prot
51 tion éduquée par Luther « était prête à se donner à n’importe quel despote, pourvu qu’il fût Allemand et protestant ». Or
52 es fins transcendantes, telle que j’ai pu la voir à l’œuvre et telle que je l’ai décrite en plus d’un livre ? Certes, on
53 it au noir, le bien au mal, la foi pure de Luther à l’action pure d’Hitler. Mais c’est une douteuse méthode entre les mai
54 me, et non point par Genève ? Et si l’on persiste à prétendre que le luthéranisme porte en soi les germes indestructibles
55 it l’honneur de répondre franchement, je m’engage à reconnaître que Luther est coupable de n’avoir pas su, dans l’espace
56 t intactes. d. Rougemont Denis de, « De Luther à Hitler », La Vie protestante, Genève, 15 mars 1940, p. 1.
4 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Dieu premier servi » (26 avril 1940)
57 tement contraires. Elle pourrait amener ce soldat à refuser de défendre l’État qui persécute son Église. Dis-moi pour qui
58 éresser et de laisser les autres s’égarer, quitte à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut de la chaire ! Or l’actio
59 celles du pays, et qui se trouvent être communes à tous les citoyens, chrétiens ou non. La mission spéciale du citoyen c
60 Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à la foi. J’insiste sur ce point, qui est capital. Nous ne devons pas ê
61 Si certains n’hésitent pas, dans leurs discours, à invoquer « le Dieu de nos pères », il semble parfois que ce soit moin
62 le croient utile au bon moral de la nation, voire à la discipline des troupes. Ces personnes-là, vous les reconnaîtrez in
63 rsonnes-là, vous les reconnaîtrez infailliblement à ces quelques traits : elles ont une conception de la « religion » plu
64 de Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’elles portent à la religion paraît subordonné à celui qu’elles portent à la conservat
65 qu’elles portent à la religion paraît subordonné à celui qu’elles portent à la conservation de notre État. Or nous devon
66 ligion paraît subordonné à celui qu’elles portent à la conservation de notre État. Or nous devons croire exactement le co
67 d’abord. Gardons-nous du Schweizer Christentum ! À ces Schweizer Christen dont je viens de parler, j’opposerai cette déc
5 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). Neutralité (3 mai 1940)
68 ° ». Il s’agissait sans doute d’inciter le public à des économies de charbon. On nous recommandait la tiédeur… Mais voici
69 ent, d’un conflit que nous jugeons mauvais. Reste à savoir si le conflit actuel est « mauvais ». Puis, si notre tiédeur s
70 Mais ceci est une autre histoire que je n’ai pas à conter maintenant. Et nous avons d’ailleurs, à mon avis, d’autres rai
71 as à conter maintenant. Et nous avons d’ailleurs, à mon avis, d’autres raisons de rester neutres que celles qu’on peut ti
72 qui n’ont de sens que par rapport à sa Personne, à son Royaume, à son Éternité. Répéter que les tièdes seront vomis, en
73 ens que par rapport à sa Personne, à son Royaume, à son Éternité. Répéter que les tièdes seront vomis, en détournant ce v
6 1942, La Vie protestante, articles (1938–1978). Perspectives d’avenir du protestantisme (2 janvier 1942)
74 e que M. Denis de Rougemont a donnée en septembre à Rio de la Plata, sous les auspices de l’Église évangélique de langue
75 spécialement sa tendance calviniste, est appelée à figurer dans notre siècle le type même de la sûre doctrine de résista
76 it et non pas sur les fatalités du passé, ouverte à la volonté d’un Dieu transcendant et non pas fermée sur les intérêts
77 s d’un groupe. Par là, elle s’oppose radicalement à toute religion totalitaire, fondée sur le sang, la race, la tradition
78 tre. Elle n’admet pas la conversion et le pardon, à partir desquels « il n’y a plus ni juif ni grec ». Elle ne demande pa
79 vez que l’initiateur de ce vaste effort, qui tend à réunir toutes les Églises chrétiennes, fut un luthérien, l’archevêque
80 nes sauf celle de Rome qui se tient, par malheur, à l’écart. Or, dans cette œuvre à laquelle collaborent la majorité des
81 ent, par malheur, à l’écart. Or, dans cette œuvre à laquelle collaborent la majorité des chrétiens du monde entier, nous
82 seil œcuménique. Toute leur tradition les prépare à ce rôle de fédérateurs religieux, comme elle les prépare au rôle de f
83 et de la polémique ou par un attachement excessif à certaines de nos traditions secondaires. Le but de nos Églises n’est
84 ait au xvie siècle. Et c’est notre fidélité même à la Réforme qui nous fait nous réjouir d’une perspective où nos « isme
85 allait que je dise en une phrase ce qui m’attache à l’Église protestante, plutôt qu’à aucune autre, je dirai ceci : L’Égl
86 e qui m’attache à l’Église protestante, plutôt qu’ à aucune autre, je dirai ceci : L’Église protestante est justement cell
7 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable I : « Je ne suis personne » (15 octobre 1943)
87 amouflage très élémentaire, mais fort bien adapté à la myopie spirituelle des temps modernes. Voici : depuis deux ou troi
88 ouge et cornu des mystères médiévaux, ou le faune à barbiche de chèvre et à longue queue des légendes populaires, il est
89 es médiévaux, ou le faune à barbiche de chèvre et à longue queue des légendes populaires, il est vraiment trop facile d’y
90 nre, mais non pas croire en Dieu ; ce qui revient à ne pas croire au diable. Cette mascarade anachronique et bouffonne n’
91 nique et bouffonne n’a pas médiocrement contribué à la réussite du premier tour que dénonce Baudelaire. Beaucoup s’y arrê
92 s’y arrêtent : « Comment peut-on perdre son temps à ces balivernes d’un autre âge ? », disent-ils. Or ce sont eux qui s’y
93 ntrent les victimes : « Le diable est un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; or je ne puis croire à un bonhomme
94  : « Le diable est un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; or je ne puis croire à un bonhomme à cornes rouges et
95 s rouges et à longue queue ; or je ne puis croire à un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; donc je ne crois pas
96 longue queue ; or je ne puis croire à un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; donc je ne crois pas au diable. » C
97 e ne puis croire à un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; donc je ne crois pas au diable. » C’est tout ce qu’il
98 Cependant la Bible dénonce l’existence du diable à chaque page, de la première où il apparaît sous la forme du serpent,
99 re où il apparaît sous la forme du serpent, jusqu’ à l’avant-dernière où nous voyons Satan lié pour mille ans, puis délié
100 u moins dans les textes originaux). Si l’on croit à la vérité de la Bible, il est impossible de douter un seul instant de
101 inaire sur l’existence personnelle du diable, due à la plume de Denis de Rougemont. Nous n’avons pas à présenter l’écriva
102 la plume de Denis de Rougemont. Nous n’avons pas à présenter l’écrivain neuchâtelois aux lecteurs de la Vie protestante.
103 des pages remarquables qu’on a bien voulu mettre à notre disposition. »
8 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable II : Le menteur (22 octobre 1943)
104 perspectives de la Création, il peut aussi créer à tort et à travers. Il peut être un agent responsable de la nature nat
105 est notre gloire équivoque. C’est par la liberté, à cause d’elle, et dans elle, que nous avons le pouvoir de pécher. Car
106 r. Car pécher c’est tricher avec l’ordre, opposer à la loi divine nos dérogations égoïstes, fautes de calcul et courtes v
107 crètes. La parole nous étant donnée pour répondre à la vérité, et pour l’étendre et confirmer par la vertu du témoignage,
108 e : c’est un kilo. Votre mensonge restera relatif à la mesure invariable du vrai. Si le client contrôle, il peut voir qu’
109 reste juge entre vous. Mais le démon vous induit à fausser la balance elle-même, c’est le critère du vrai qui est dénatu
110 chez. Parions même que vous mettrez vos scrupules à faire des pesées rigoureuses, peut-être à rajouter quelques pincées «
111 rupules à faire des pesées rigoureuses, peut-être à rajouter quelques pincées « pour le bon poids », pour le sourire de l
112 concerne le premier mensonge, celui qui se borne à taire la vérité (tout en ne cessant de la connaître) ou à la nier (to
113 la vérité (tout en ne cessant de la connaître) ou à la nier (tout en sachant que, pour si peu, elle ne cesse pas d’existe
9 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable III : diable et sexe (29 octobre 1943)
114 c’est parce qu’ils assimilent le péché en général à la tentation par excellence, qui se trouve être à leurs yeux la sexua
115 à la tentation par excellence, qui se trouve être à leurs yeux la sexualité. C’est une vue bien bornée du péché ! Car mêm
116 ent la révolte d’Ève et son désir de se diviniser à sa façon. Si la sexualité pouvait rester pure, c’est-à-dire purement
117 ble ne s’y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et à l’esprit, et c’est par là qu’elle va se pervertir et de
118 erait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et à l’esprit, et c’est par là qu’elle va se pervertir et devenir à son to
119 t c’est par là qu’elle va se pervertir et devenir à son tour source de perversion. La paillardise joyeuse est certainemen
120 rtie libre et conscient. D’autre part, il est lié à la créativité de l’homme, il en est l’aspect corporel, le symbole ou
121 ement aux fonctions les plus humaines de l’homme, à ses pouvoirs de création dans tous les ordres, à ses jugements esthét
122 à ses pouvoirs de création dans tous les ordres, à ses jugements esthétiques ou moraux, à tout ce qui qualifie l’individ
123 es ordres, à ses jugements esthétiques ou moraux, à tout ce qui qualifie l’individu et lui permet de se posséder en tant
124 à l’égard des pudeurs et interdits qui prêtaient à l’acte sexuel la gravité d’un engagement, cette espèce d’insouciance
10 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IV : L’accusateur (5 novembre 1943)
125 ous faire douter de notre pardon pour nous forcer à fuir dans les remèdes du pire. L’Apocalypse le désigne comme « l’Accu
126 le tribunal céleste. Non content de nous prendre à ses pièges, sitôt qu’il nous a pris il est le premier à nous dénoncer
127 pièges, sitôt qu’il nous a pris il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de la manière la plus impitoyable. Non par
128 ccuse et nous prive en même temps de tout recours à Celui qui pardonne. Elle ne laisse aux meilleures de ses victimes que
11 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable V : Le tentateur (12 novembre 1943)
129 des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tous
130 peur que vous n’en mouriez. Alors le serpent dit à la femme : vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que le jour où vous
131 dieux, connaissant le bien et le mal. » (Gen. 3:1 à 5) Voyez : avant la tentation proprement dite, il y a le doute ! Le p
132 uelque moyen de le faire. Ève ne pensait même pas à manger cette pomme avant que le serpent n’ait mis en doute la réalité
133 mis en doute la réalité de l’ordonnance de Dieu. À l’origine de toute tentation, il y a l’occasion entrevue d’aller à la
134 ute tentation, il y a l’occasion entrevue d’aller à la divinité par un plus court chemin que celui du réel ; par un chemi
135 tentation : « La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’in
136 me vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence : elle pri
137 mais par une fort belle et bonne pomme, agréable à la vue et précieuse pour l’esprit. Elle ne fut pas tentée par le dési
138 un plus court chemin que le sentier de Golgotha. À l’origine, le « méchant » n’est pas celui qui agit par méchanceté (à
139 échant » n’est pas celui qui agit par méchanceté ( à ses propres yeux tout au moins). Mais c’est celui qui se persuade que
140 e, contre nature devenue seconde nature. Et c’est à ce moment-là que Baudelaire peut écrire : « L’homme et la femme saven
141 e. Se détruire pour s’innocenter ! Pour échapper, à sa manière encore, aux conséquences du mal que l’on a fait ; pour se
12 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation (19 novembre 1943)
142 exact de ces plaisirs démoniaques, qui consistent à se perdre soi-même, à se laisser volatiliser dans une puissance supér
143 démoniaques, qui consistent à se perdre soi-même, à se laisser volatiliser dans une puissance supérieure, au sein de laqu
144 viennent fixes, et que les passions bouillonnent. À quoi pouvait penser Kierkegaard lorsque, dans son petit Danemark bour
145 e et du nationalisme. Lui seul avait vu le diable à l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres à nous, nations démocratiques. K
146 le diable à l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres à nous, nations démocratiques. Kierkegaard a compris mieux que quiconqu
147 ’Anonyme a bien des chances d’être celui qui aime à dire : Je ne suis Personne… La foule, c’est le lieu de rendez-vous de
148 recours au même et unique artifice : faire croire à l’homme qu’il n’est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la
149 soi-même, donc maître de fixer le bien et le mal à sa guise. « Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu, qui par
150 l’arbre, et j’en ai mangé. Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpent
151 nières. Tout concourt, dans le cadre de nos vies, à nous priver du sentiment d’être une personne responsable. Nous vivons
152 llective. Nous participons tous, de plus en plus, à des formes de vie étrangères à notre sort particulier et à nos aptitu
153 , de plus en plus, à des formes de vie étrangères à notre sort particulier et à nos aptitudes normales. Au cinéma, l’indi
154 mes de vie étrangères à notre sort particulier et à nos aptitudes normales. Au cinéma, l’individu moderne s’habitue à cou
155 normales. Au cinéma, l’individu moderne s’habitue à courir par délégation les aventures qui ne lui arrivent pas. La radio
156 dio, la presse, les meetings monstres, l’invitent à prendre une part sensible — en imagination — aux grands événements qu
157 ns incarnées par leurs chefs. Tout cela contribue à l’arracher de sa vie propre, où il ne se passerait jamais rien de sem
158 ais rien de semblable. Quant aux inconvénients et à l’ennui de cette vie propre, autrefois jugés normaux, ils apparaissen
159 x, ils apparaissent de plus en plus inacceptables à mesure que se répandent les notions de progrès indéfini, de confort à
160 ndent les notions de progrès indéfini, de confort à tout prix, de succès rapide, et à mesure que s’efface la croyance dan
161 ini, de confort à tout prix, de succès rapide, et à mesure que s’efface la croyance dans un au-delà. D’une part l’individ
162 au-delà. D’une part l’individu moderne est incité à juger sa vie mesquine, et à la fuir ; d’autre part il est aspiré par
163 du moderne est incité à juger sa vie mesquine, et à la fuir ; d’autre part il est aspiré par les grandes émotions collect
164 jouent dans le même sens. Elles poussent l’homme à rechercher les occasions d’être dépossédé de soi. Elles font de chacu
165 Elles font de chacun de nous un sujet prédisposé à l’hypnose collective, une victime virtuelle des passions de masse. Ce
13 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VII : La cinquième colonne (26 novembre 1943)
166 e procédé favori de la Cinquième Colonne consiste à semer la confusion dans le camp de l’adversaire en y répandant altern
167 e vraies et de fausses nouvelles. Voilà le diable à l’œuvre dans nos vies ! Il est l’essence même de la Cinquième Colonne
168 r les tours du diable, si vous tenez sérieusement à l’attraper, je vais vous dire où vous le trouverez le plus sûrement :
14 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VIII : Le diable démocrate (3 décembre 1943)
169 selle dans les masses et l’élite, l’on est induit à reconnaître que le Progrès automatique n’était qu’un déguisement du d
170 démon, l’un de ses nouveaux noms. Nous avons cru à la bonté foncière de l’homme. Par gentillesse pour les autres, évidem
171 … Mais c’est toujours une manière de croire aussi à sa propre bonté. Et donc de s’aveugler sur le mal que l’on porte en s
172 ence et sans réserve ; et si nous nous étions mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce mal avait des rac
173 mions ! Voilà le grand secret. Le diable a réussi à faire croire aux démocrates qu’ils n’aimaient pas du tout le mal, qu’
174 que pour le moral militaire. Car, ainsi qu’aimait à le répéter un fameux général autrichien, Conrad von Hötzendorf : « To
175 vrir et favoriser beaucoup de complaisance intime à cette même méchanceté. Je pense aux vertueuses indignations du purita
176 us ! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler qu’ à vos ennemis, car c’est à vous-mêmes qu’il s’arrangera toujours pour r
177 il ne peut ressembler qu’à vos ennemis, car c’est à vous-mêmes qu’il s’arrangera toujours pour ressembler le plus ! C’est
178 vant le danger totalitaire. Vous pourrez échapper à l’hypnose. p. Rougemont Denis de, « Les tours du diable VIII : Le
15 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IX : « Nous sommes tous coupables » (10 décembre 1943)
179 ffrent ces sauvages est indépendante d’eux-mêmes. À l’inverse, le christianisme s’est efforcé depuis des siècles de nous
180 e petits enfants en colère, nous battons la table à laquelle nous nous sommes heurtés. Ou comme Xerxès, nous flagellons l
181 Xerxès, nous flagellons les eaux de l’Hellespont, à grands coups de discours sur les ondes courtes. Nous oublions ce fait
182 tentes qui pourraient bien se développer un jour, à la faveur de la misère ou de la fatigue, ou de quelque déséquilibre t
183 able serait cet homme qui n’aurait d’autre ennemi à craindre que celui qu’il loge en lui-même. Mais voici une remarque de
184 grandes responsables du monde. Cependant, évitons à tout prix un malentendu menaçant. L’intention des remarques précédent
185 mme ils le sont toujours…). Mais, si je ressemble à un criminel, cela ne justifie pas le criminel, cela me condamne. Et p
186 criminel d’en face, pour mieux me livrer d’abord à ma réforme intérieure ! Je dirai au contraire que la lutte pour me ré
187 e moi seulement, puisque je risquerais de devenir à mon tour un autre criminel ? Il n’y a qu’un crime, en moi et hors de
188 e même diable ! Et ceci n’est qu’un post-scriptum à l’adresse des pacifistes : « Nous sommes tous coupables, me disent-il
189 ous en sommes persuadés, il ne nous reste plus qu’ à combattre le mal, en nous et hors de nous ; c’est le même mal ! En no
190 ent à la nature du péril. Si quelqu’un met le feu à une maison, il faut des pompiers, coupables ou non, pour éteindre l’i
16 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable X : Le diable homme du monde (17 décembre 1943)
191 é. Le diable, dit un proverbe espagnol, n’est pas à craindre parce qu’il est si méchant, mais parce qu’il est si vieux. C
192 nit par ne plus croire au bien, ni au sérieux, ni à la naïveté, cette insondable ruse des cœurs purs qui leur permet de p
193 aux goûts appris ; sa propension presque maniaque à n’attacher de l’importance qu’à un détail fortuit dans un être ou une
194 presque maniaque à n’attacher de l’importance qu’ à un détail fortuit dans un être ou une œuvre ; tous ces traits qui pou
195 t moral peut fort bien être préféré par le diable à ces milieux bohèmes et de mœurs relâchées qui se croiraient volontier
17 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable XI : Le diable dans nos dieux (24 décembre 1943)
196 pêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse, il nous empêche aussi de nous reconnaître dans nos idoles.
197 ié la Révélation. Dès lors ils en étaient réduits à inventer Dieu. Mais on n’invente que ce que l’on est sans le savoir.
198 lus responsables de nos actes, mais elles le sont à notre place. Et comme elles-mêmes n’ont à répondre devant aucune inst
199 le sont à notre place. Et comme elles-mêmes n’ont à répondre devant aucune instance supérieure, il n’y a plus de responsa
200 de responsabilité nulle part. Mais s’il apparaît, à l’inverse, que nous ne coïncidons pas avec l’entité divinisée — parce
201 alle dans la nuque, ou bien nous sommes décapités à la hache, selon qu’il s’agit respectivement du dieu Classe ou du dieu
202 ches pleines de projets philanthropiques, propres à réformer l’humanité au-delà de tout ce que je désirerais même imagine
203 ait comme un encens et devait être en bonne odeur à l’Éternel, car cet homme avait le cœur pur. À quelques mètres derrièr
204 eur à l’Éternel, car cet homme avait le cœur pur. À quelques mètres derrière lui suivaient le diable et l’un de ses compè
18 1949, La Vie protestante, articles (1938–1978). Printemps de l’Europe (29 avril 1949)
205 emblée européenne seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il eût été bien beau de faire coïncider cette annonce du ren
206 s mauvais que la conférence des Dix ambassadeurs, à Londres1, prenne son temps. Il y a deux semaines, elle faisait bon ac
207 es, — comme vous circulez aujourd’hui d’un canton à l’autre de la Suisse. Imaginez cette Europe grande ouverte, où les na
208 e cette grande Europe aussi décidée que la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son ind
209 aussi décidée que la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son indépendance reconquise.
210 e la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son indépendance reconquise. Cette Europe inv
211 ons d’habitants rassemblés, rendus par leur union à une prospérité qui, selon certains économistes, pourrait multiplier p
212 le principal est fait. Et si les Dix ambassadeurs à Londres ont bien vu cela, ils ne se laisseront plus arrêter par les c
213 ipe de véritables résistants — ceux qui résistent à la fatalité — l’auront vue et marchent vers elle. Il se peut que la v
214 ue ce soit tout simplement l’Europe, redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie, qui deviendrait soudain
215 ommés par les parlements. 2. (Réd. — Nous devons à l’obligeance de M. Denis de Rougemont de pouvoir publier ce texte rad
19 1961, La Vie protestante, articles (1938–1978). Bilan simple (29 décembre 1961)
216 Le bilan de l’année qui s’écoule me paraît simple à établir dans ses grandes lignes et à l’échelle de la planète : l’une
217 araît simple à établir dans ses grandes lignes et à l’échelle de la planète : l’une après l’autre, toutes les puissances
218 ant éclater trente bombes atomiques en deux mois. À Goa, l’Inde a perdu la face, en tant que champion de la non-violence.
219 la face, en tant que champion de la non-violence. À Cuba, les États-Unis ont perdu la face en tant que champions de la no
220 age pacifique et du droit des petits États. Quant à l’Allemagne de l’Est, c’est à la cause du communisme tout entier qu’e
221 petits États. Quant à l’Allemagne de l’Est, c’est à la cause du communisme tout entier qu’elle a fait perdre la face, en
222 iers-monde, copiant ses anciens maîtres, se livre à la passion nationaliste, qui veut la guerre, l’Europe surmonte enfin
223 pas encore gagné. Mais en demandant son accession à ce Marché commun qu’elle affecta longtemps de traiter d’utopie, la Gr
224 e qui vient et pour la suite ! Presque tout reste à faire, il est vrai. Sachons du moins à quels grands buts lointains no
225 tout reste à faire, il est vrai. Sachons du moins à quels grands buts lointains nous pouvons adresser nos vœux. w. Rou
20 1965, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Que signifie pour vous la formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper reformanda” ? » (29 octobre 1965)
226 re sur le protestantisme, promis depuis longtemps à l’éditeur, et pour lequel je proposais, en guise de titre provisoire 
227 péter ce que disaient ses auteurs, mais continuer à réformer. Seuls peuvent être fidèles à l’esprit de Luther et de Calvi
228 continuer à réformer. Seuls peuvent être fidèles à l’esprit de Luther et de Calvin un luthéranisme et un calvinisme cont
229 héranisme et un calvinisme continuellement repris à leur origine spirituelle et rapportés à leur fin dernière, réinventés
230 nt repris à leur origine spirituelle et rapportés à leur fin dernière, réinventés par chaque personne pour son usage réel
231 la comporte, et en même temps reliés sans relâche à l’espérance de l’Église universelle, à l’avenir catholique, et orthod
232 ns relâche à l’espérance de l’Église universelle, à l’avenir catholique, et orthodoxe, à la Pentecôte œcuménique. Vous av
233 universelle, à l’avenir catholique, et orthodoxe, à la Pentecôte œcuménique. Vous avouerai-je qu’en tant que protestant,
234 nniversaire. u. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Que signifie pour vous la formule célèbre “Ecclesia refo
235 te : « Que signifie pour vous, avons-nous demandé à quelques personnalités, la formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper
21 1969, La Vie protestante, articles (1938–1978). La lune, ce n’est pas le paradis (1er août 1969)
236 histoire de l’humanité — on la chiffre à peu près à 100 milliards de francs — mais cette opération, la plus chère du mond
237 oir les mêmes motifs — puérils — et les appliquer à un autre but, dont l’utilité eût été plus immédiatement apparente ? O
238 une partie de ces 100 milliards de francs suisses à augmenter la beauté de notre Terre, à diminuer la famine, à lutter co
239 ncs suisses à augmenter la beauté de notre Terre, à diminuer la famine, à lutter contre la pauvreté ou pour une meilleure
240 r la beauté de notre Terre, à diminuer la famine, à lutter contre la pauvreté ou pour une meilleure hygiène. Pourquoi est
241 du monde, un phénomène psychologique assez facile à expliquer et à comprendre : les Russes et les Américains, affrontés s
242 énomène psychologique assez facile à expliquer et à comprendre : les Russes et les Américains, affrontés sur la Terre, ay
243 aute, ont été amenés — peut-être inconsciemment — à transposer leur conflit dans l’espace, à l’envoyer au ciel, à effectu
244 emment — à transposer leur conflit dans l’espace, à l’envoyer au ciel, à effectuer un transfert dans les nuées de cet aff
245 leur conflit dans l’espace, à l’envoyer au ciel, à effectuer un transfert dans les nuées de cet affrontement trop danger
246 ond, c’est dans ce domaine seul qu’ils ont réussi à trouver les moyens d’une espèce non pas de coopération — c’est encore
247 eux qui transforment ces colonels en projectiles à têtes chercheuses. Les savants pourraient dire — et ils le pensent pe
248 ez cité dans un article il y a sept ou huit ans — à l’époque où on envoyait le premier obus sur la Lune : c’est un texte
249 vec des paysages extraordinaires. Alors on arrive à se demander aujourd’hui : est-ce que l’on a dépensé 100 milliards — 1
250 ent désertiques ! Je dois dire que quand je pense à l’éventualité d’un exil sur la Lune, il me prend un amour passionné d
251 ’anticipation, était allé l’interviewer. « Je dis à Lénine, raconte Wells, que le développement de la technique humaine p
252 on marxiste elle-même n’aurait plus de sens. » Et à la grande stupéfaction de Wells, « Lénine, dit-il, me regarda et me r
253 us avez raison ; en lisant votre roman La Machine à explorer le temps, je l’ai compris moi aussi. Si nous arrivons à étab
254 emps, je l’ai compris moi aussi. Si nous arrivons à établir les communications interplanétaires, il faudra réviser toutes
255 pports de productions ne sont en rien comparables à ce qu’ils étaient au xixe siècle, quand Marx a écrit sa théorie. Il
256 n créer un, j’espère que non… Où Lénine se trompe à mon sens complètement, c’est quand il dit que toutes les doctrines ph
257 mbiguës. Moi, j’ai une impression de frustration, à me dire : la Lune, ce n’est pas aussi beau, ce n’est pas aussi paradi
258 iques augmentées dans l’espace. Et cela me ramène à l’amour de la Terre. Plus encore, cela me ramène à cette idée que la
259 l’amour de la Terre. Plus encore, cela me ramène à cette idée que la véritable aventure humaine est à l’intérieur de cha
260 aine est à l’intérieur de chacun de nous, non pas à l’extérieur, dans l’espace, le cosmos physique. Je crois que même du
261 t et qui finissent par se faire en un clin d’œil, à la vitesse de la pensée. Eh bien ! l’aventure intérieure, elle ne dem
262 iption de cet entretien télévisé, je ne vois rien à modifier à ce que je disais un mois avant le départ d’Apollo 11. Il y
263 et entretien télévisé, je ne vois rien à modifier à ce que je disais un mois avant le départ d’Apollo 11. Il y avait là c
264 ! Mais si l’on découvrait demain que cela ne sert à rien ? » Ce qui importe, c’est qu’un profond mouvement se dessine déj
265 moins des centaines de milliards qu’on destinait à se perdre au ciel vide. Quant à ma conclusion, elle m’a valu des lett
266 s qu’on destinait à se perdre au ciel vide. Quant à ma conclusion, elle m’a valu des lettres qui disaient en substance :
267 stion qui peut ouvrir, obscurément, la voie, mais à laquelle personne au monde ne peut répondre pour un autre — ou sinon,
268 upes et introduits par cette note : « Le 16 juin, à la TV romande, Denis de Rougemont répondait aux questions de Pierre D
269 e aujourd’hui de l’événement qu’il avait commenté à l’avance. »
22 1978, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Bof ! disent les jeunes, pourquoi ? » (1er décembre 1978)
270 t l’autre, ou la fatalité… On en revient toujours à l’histoire du chapitre 3 de la Genèse. Vous en appelez à la responsab
271 toire du chapitre 3 de la Genèse. Vous en appelez à la responsabilité ; c’est bien parce que vous avez une espérance. Laq
272 ien parce que vous avez une espérance. Laquelle ? À des gens qui me disaient : « Pourquoi voulez-vous absolument que ça c
273 re dure encore. Je sais bien, si on s’en rapporte à l’Apocalypse, que l’histoire temporelle finira mal, mais, qu’après ce
274 iment humaine et en même temps vraiment divine («  à mesure d’homme, qui est mesure d’ange » : Apoc. ch. 21, v. 17). Il es
275 t pessimiste, si je pensais qu’il n’y a plus rien à faire, je n’écrirais pas — ou je raconterais des histoires. Si j’ai é
276 Si j’ai écrit ce livre, c’est que je prends tout à fait au sérieux l’avertissement d’Isaïe (ch. 21, v. 12) : « Sentinell
277 y a donc toujours deux possibilités. Qu’avez-vous à dire à une jeunesse aujourd’hui assez partagée entre une certaine rés
278 c toujours deux possibilités. Qu’avez-vous à dire à une jeunesse aujourd’hui assez partagée entre une certaine résignatio
279 est un manque d’information qui fait dire « bof » à des jeunes gens. Si on vient leur parler de menaces sur la vie physiq
280 umanité, ça les embête, ça leur fait peur — comme à tout le monde, il ne faut pas s’en cacher. Ils ne se sentent pas suff
281 au thème de ce livre ? J’ai commencé assez jeune à m’occuper des affaires publiques, des affaires de la civilisation au
282 evait contre Ford et son triomphe, qui commençait à se manifester à ce moment-là. L’auto industrielle n’avait que 29 ans,
283 d et son triomphe, qui commençait à se manifester à ce moment-là. L’auto industrielle n’avait que 29 ans, déjà Ford était
284 c les premiers personnalistes que j’ai rencontrés à Paris, la première année où je suis allé y travailler comme éditeur.
285 est nous qui l’avons forgé, nous étions les seuls à l’utiliser couramment en France). Toutes les idées fédéralistes, les
286 gion, de modération de la croissance, d’équilibre à rétablir entre l’homme et la nature : tout cela était déjà dans nos r
287 e-t-elle aussi sur la Suisse ? C’est une question à laquelle je suis heureux de pouvoir répondre de manière très nette. L
288 et jusqu’au sous-sol ! Notre critique s’adressait à ces États centralisés, mais j’avais, je pense, derrière la tête, l’id
289 er l’État fédératif, le modèle suisse. J’avoue qu’ à ce moment-là je connaissais assez mal ce modèle, je ne m’étais pas be
290 mes études en Suisse, et je me considérais, étant à Paris, écrivant à Paris, publiant à Paris, comme Français (« nous »,
291 se, et je me considérais, étant à Paris, écrivant à Paris, publiant à Paris, comme Français (« nous », disais-je… !) C’es
292 dérais, étant à Paris, écrivant à Paris, publiant à Paris, comme Français (« nous », disais-je… !) C’est plus tard, penda
293 type de défense village par village, en hérisson, à appliquer à l’Europe pour lui éviter les grands affrontements : c’éta
294 nse village par village, en hérisson, à appliquer à l’Europe pour lui éviter les grands affrontements : c’était la tactiq
295 it la tactique suisse, que l’on m’avait enseignée à l’école d’officiers en 1928 ! Une défense avec l’esprit autant qu’ave
296 re purement défensive. C’est en Amérique (de 1940 à 1946) que j’ai découvert l’Europe ! et la Suisse notamment ! Il faut
297 a critique de l’État-nation ne s’adresse donc pas à la Suisse, elle indique simplement à la Suisse dans quelle direction
298 sse donc pas à la Suisse, elle indique simplement à la Suisse dans quelle direction elle ne devrait pas se développer. De
299 endre aux dimensions du continent, quitte ensuite à fédérer ce continent avec d’autres fédérations continentales. La Suis
300 fédérations continentales. La Suisse est acculée à un certain centralisme dès qu’elle s’occupe d’objets trop grands. Le
301 n d’assurer l’indépendance énergétique d’un pays, à preuve qu’en France le nucléaire est appliqué d’après une licence amé
302 e nucléaire grâce à six banques qui appartiennent à cinq pays (et je simplifie encore). Si le fédéralisme consiste à conf
303 je simplifie encore). Si le fédéralisme consiste à confier aux diverses communautés — municipales, régionales, nationale
304 entales, mondiales — les tâches qui correspondent à leurs dimensions respectives, disons que le nucléaire est trop grand
305 de liberté), la centralisation, l’avantage donné à ce qui est toujours plus cher, plus dangereux, et permet à l’État de
306 est toujours plus cher, plus dangereux, et permet à l’État de mieux contrôler les investissements, les mouvements de fond
307 aire, vers laquelle tout nous pousse aujourd’hui, à commencer par cette centralisation démentielle ! C’est pourquoi aussi
308 fédérées entre elles. Là, chacun peut être libre à sa manière, s’épanouir dans sa vocation, devenir une personne. Dans u