1 1938, La Vie protestante, articles (1938–1978). Le temps des fanatiques (25 novembre 1938)
1 5 novembre 1938)a b Ce ne sont plus des signes dans le ciel, mais des réalités terrestres et brutales qui nous avertissen
2 sser le parti du Bien. » Et nous voici embrigadés dans la « Croisade » — moralement, cela va sans dire… Dès lors, nous somme
3 étroles, qui mène la lutte contre la Russie rouge dans toute la presse qu’il possède en Europe, le fait vraiment au nom de l
4 lez pas vous-mêmes ? Les chrétiens qui se lancent dans une croisade ne le font-ils que pour sauver l’Église ? Et même dans c
5 ne le font-ils que pour sauver l’Église ? Et même dans ce cas, est-ce une raison pour renoncer à toute clairvoyance ? À tout
6 n avis les chrétiens doivent se taire, se retirer dans une neutralité plaintive, et laisser le pauvre monde se débrouiller.
7 s adoptons. Car je vois que tous les partis sont, dans le fait, au service de grandes religions adversaires de la foi chréti
8 tout prix ». Il doit être et rester : vigilance. Dans cette nuit universelle où la Colère de Dieu sévit par les mains de qu
2 1939, La Vie protestante, articles (1938–1978). Nicolas de Flue et la tradition réformée (1er septembre 1939)
9 mais d’un solide confédéré qui a fait ses preuves dans la vie quotidienne. Notons ensuite qu’au lieu d’entrer dans un couven
10 e quotidienne. Notons ensuite qu’au lieu d’entrer dans un couvent, Nicolas se retire dans une cabane construite non loin de
11 lieu d’entrer dans un couvent, Nicolas se retire dans une cabane construite non loin de sa ferme, au Ranft. Il y mènera jus
12 ion. Deux faits surtout méritent de nous retenir, dans ce bref memento biographique. 1° Malgré l’extrême rigueur de ses « pr
13  », Nicolas n’a pas pu trouver la paix de son âme dans le monde. Il a dû se retirer et vivre en marge des conditions normale
14 privées de tout contact direct avec la Bible. 2° Dans son ermitage du Ranft, Nicolas ne s’est pas abandonné aux « saintes d
15 ines servitudes que pour mieux servir le Seigneur dans la personne de son prochain. Il n’a renoncé à ses travaux de paysan q
16 publiés par Dürrer en 1921, nous constatons que, dans l’ensemble, les positions furent très vite prises, et très nettement.
17 des cinq cantons catholiques cherchent leur salut dans des soutiens extérieurs, et les publicistes jésuites, pour la plupart
18 tent la discorde parmi nous. Plusieurs fois déjà, dans ses sermons, Zwingli avait cité avec éloges le « pieux frère Claus vo
19 l’Église de Saint-Gall, décrit la vie de Nicolas dans un ouvrage sur la Vie monacale. Il insiste sur le fait que l’ermite n
20 ise chez les protestants, fait l’éloge de Nicolas dans un ouvrage au titre significatif : « Catalogue des témoins de la foi
21 core, voici celle de Luther en personne. Il écrit dans une lettre à Speratus : « Joignez le frère Claus à tous ceux qui ont
22 is par les populations protestantes, je la trouve dans le théâtre de l’époque. Voici tout d’abord deux satires dialoguées, d
23 une dernière fois, les adjure de garder le Pacte dans l’amour fraternel et la vigilance. Puis il salue l’ange de Dieu qu’il
24 le plus spectaculaire de la vie de Nicolas réside dans son intervention politique. Or c’est précisément ce trait que les pre
25 ion de Nicolas, et précisément au théâtre ? C’est dans cette idée que j’ai conçu, en septembre dernier, la légende dramatiqu
26 ition de Zurich. J’ai tenté de réintégrer Nicolas dans l’actualité la plus brûlante de notre siècle : il n’était que de mett
27 e en style biblique, conscient de me ranger ainsi dans la vraie tradition du théâtre protestant, telle que l’illustre, par e
28 ots sont bien rapides, je le sens. Je les termine dans l’angoisse d’une crise qui recrée, à l’échelle mondiale, le drame de
3 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). De Luther à Hitler (15 mars 1940)
29 0)d Nous n’avons plus le droit de nous tromper dans nos jugements sur les choses allemandes. Toute erreur, si minime soit
30 e a suffisamment duré. Je suis prêt à la dénoncer dans toutes les revues et dans tous les journaux qui veulent bien publier
31 suis prêt à la dénoncer dans toutes les revues et dans tous les journaux qui veulent bien publier ma prose. Il est bien clai
32 estige du second, mais bien à englober le premier dans la réprobation que provoque le racisme. Est-ce une tactique adroite e
33 naître que Luther est coupable de n’avoir pas su, dans l’espace d’une vingtaine d’années, dominer les fatalités germaniques
4 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Dieu premier servi » (26 avril 1940)
34 étien a le devoir d’agir au nom de sa foi, d’agir dans le monde et pour le monde, dans la cité où il est né et pour son bien
35 de sa foi, d’agir dans le monde et pour le monde, dans la cité où il est né et pour son bien. Il n’a pas le droit de s’en dé
36 Or l’action d’un chrétien placé par sa naissance dans la communauté des Suisses doit naturellement s’insérer dans les donné
37 mmunauté des Suisses doit naturellement s’insérer dans les données de fait qui sont celles du pays, et qui se trouvent être
38 ette action particulière du citoyen chrétien sera dans l’intérêt de la Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à l
39 s ardent patriotisme. Si certains n’hésitent pas, dans leurs discours, à invoquer « le Dieu de nos pères », il semble parfoi
5 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). Neutralité (3 mai 1940)
40 « billet » ci-dessous qui paraîtra prochainement dans un volume intitulé : Mission ou démission de la Suisse . Pendant tou
41 Suisse . Pendant tout l’hiver, nous avons pu lire dans les journaux cet avertissement sybillin : « Température maximum : 18°
42 . Il ne faut pas parler de neutralité en général, dans l’absolu et dans l’abstrait. Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de q
43 parler de neutralité en général, dans l’absolu et dans l’abstrait. Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi, ou de Qui, e
44 ste tiède, cette neutralité peut être avantageuse dans certains cas, dans la mesure où elle nous exclut, précisément, d’un c
45 utralité peut être avantageuse dans certains cas, dans la mesure où elle nous exclut, précisément, d’un conflit que nous jug
6 1942, La Vie protestante, articles (1938–1978). Perspectives d’avenir du protestantisme (2 janvier 1942)
46 ent sa tendance calviniste, est appelée à figurer dans notre siècle le type même de la sûre doctrine de résistance au pagani
47 de la Réforme, telle que j’ai tenté de la situer dans l’évolution de l’Europe, représente en effet le centre et l’axe même
48 de Rome qui se tient, par malheur, à l’écart. Or, dans cette œuvre à laquelle collaborent la majorité des chrétiens du monde
49 ion organique des Églises, leur union spirituelle dans la diversité admise des formes de culte et d’organisation. Ce n’est p
50 ient une minorité, jouent un rôle de premier plan dans les travaux du Conseil œcuménique. Toute leur tradition les prépare à
51 e où nos « ismes » disparaîtraient pour se fondre dans une Église plus vaste. S’il fallait que je dise en une phrase ce qui
7 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable I : « Je ne suis personne » (15 octobre 1943)
52 ne suis personne » (15 octobre 1943)h i C’est dans les Petits poèmes en prose de Baudelaire que l’on peut lire la phrase
53 nnaissons que ce tour n’a jamais mieux réussi que dans l’époque contemporaine. Même quand nous croyons « encore » en Dieu, n
54 nalement flamboyé par le feu du ciel et précipité dans un étang de flammes et de souffre avec ses faux prophètes, pour y êtr
55 n général que du Malin personnifié (tout au moins dans les textes originaux). Si l’on croit à la vérité de la Bible, il est
56 l’auteur. Nous nous proposons d’apporter encore, dans nos prochains numéros, quelques-unes des pages remarquables qu’on a b
8 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable II : Le menteur (22 octobre 1943)
57  : Le menteur (22 octobre 1943)j L’homme seul, dans toute la Création, peut dire ce qui n’est pas et mentir par ses actes
58 du langage, il peut le contredire. Il peut créer dans le prolongement des perspectives de la Création, il peut aussi créer
59 uivoque. C’est par la liberté, à cause d’elle, et dans elle, que nous avons le pouvoir de pécher. Car pécher c’est tricher a
60 s intéressées. Pécher c’est fausser quelque chose dans l’ordonnance du cosmos. C’est toujours en quelque manière dire un men
61 liberté. Car c’est par nous seulement qu’il agit dans le monde, et c’est en provoquant l’abus de notre liberté qu’il agit e
62 Malin devait atteindre notre orgueil et s’insérer dans nos défenses les plus secrètes. La parole nous étant donnée pour répo
63 n satanique devait être de s’emparer de la parole dans notre bouche, pour altérer le témoignage dans sa source. Et c’est pou
64 ole dans notre bouche, pour altérer le témoignage dans sa source. Et c’est pourquoi la Bible dit, énergiquement, que lorsque
65 ns, c’est le diable lui-même qui « tire sa langue dans notre langue ». Mais il est deux manières de mentir, comme il est deu
66 tarcie, comme une monade cancéreuse, introduisant dans l’univers ce sophisme de pure angoisse : le mensonge d’aucune vérité.
9 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable III : diable et sexe (29 octobre 1943)
67 onde s’imagine que le péché par excellence réside dans la sexualité. L’illusion s’aperçoit d’une manière assez simple : la s
68 té. C’est une vue bien bornée du péché ! Car même dans le cas où le fruit mangé par Ève signifierait ce que l’on croit, note
69 e. Et certes il ne s’y intrigue pas davantage que dans nos créations les plus abstraites. Il est même plus aisément reconnai
70 tes. Il est même plus aisément reconnaissable, et dans cette mesure moins dangereux. La sexualité ne devient proprement démo
71 ulte obsédé. L’idéalisation romantique de l’amour dans l’époque moderne, entraînant une pruderie morbide du langage et des b
72 age et des bonnes mœurs, est certes pour beaucoup dans la crise sexuelle dont souffre toute la bourgeoisie. Au point qu’un F
73 censures et refoulements de la morale en vigueur dans son milieu, et de son temps. D’où l’on devrait déduire que le meilleu
74 s humaines de l’homme, à ses pouvoirs de création dans tous les ordres, à ses jugements esthétiques ou moraux, à tout ce qui
75 able. L’indifférence croissante que l’on observe, dans la jeunesse américaine par exemple, à l’égard des pudeurs et interdit
76 ar une libération que par une flagrante indigence dans les rapports fondamentaux. En présence de cet affadissement, l’on ser
10 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IV : L’accusateur (5 novembre 1943)
77 en et le réel. Car douter du pardon nous replonge dans le mal, avec la sombre jouissance masochiste des « après moi le délug
78 re douter de notre pardon pour nous forcer à fuir dans les remèdes du pire. L’Apocalypse le désigne comme « l’Accusateur de
11 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable V : Le tentateur (12 novembre 1943)
79 dit ?… » Sitôt que cette incertitude est insinuée dans un esprit, la possibilité d’une tentation s’entrouvre. Car il n’y a p
80 ion fait le larron. Vous n’êtes pas tenté d’aller dans la lune, parce que vous savez que c’est absolument impossible. Mais v
81 rd, c’est après plusieurs générations de pécheurs dans l’histoire, ou de péchés dans une vie, que le mal finira par exister
82 rations de pécheurs dans l’histoire, ou de péchés dans une vie, que le mal finira par exister en soi, apparence encore, mais
83 e : « L’homme et la femme savent de naissance que dans le mal se trouve la volupté… La volupté unique et suprême gît dans la
84 ouve la volupté… La volupté unique et suprême gît dans la certitude de faire le mal. » Mais ici se sont déclenchés les mécan
12 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation (19 novembre 1943)
85 oucier de moins en moins de persuader l’individu, dans une époque où celui-ci n’existe guère. Son ambition se tourne vers le
86 nous abordons enfin la grande stratégie du diable dans ce siècle. La meilleure interprétation des phénomènes collectifs d’au
87 capital de notre ère. Voici ce que l’on peut lire dans son journal intime : En opposition aux distinctions du Moyen Âge et d
88 rais écrire un livre sur la possession diabolique dans les temps modernes, et montrer comment l’humanité qui se donne au dia
89 nt à se perdre soi-même, à se laisser volatiliser dans une puissance supérieure, au sein de laquelle, ayant perdu son moi, o
90 nnent. À quoi pouvait penser Kierkegaard lorsque, dans son petit Danemark bourgeois, pieux et confortable, il écrivait ces l
91 tionalisme. Lui seul avait vu le diable à l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres à nous, nations démocratiques. Kierkegaard a
92 . Elle n’est personne et tire de là son assurance dans le crime. « Il ne s’est pas trouvé un seul soldat pour porter la main
93 telle est la vérité. Mais trois ou quatre femmes, dans l’illusion d’être une foule, et que personne peut-être ne saurait dir
94 qui n’a pas de mains, mais chaque homme isolé a, dans la règle, deux mains, et lorsqu’il porte ces deux mains sur Marius, c
95 t : Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché
96 ant devant l’aveu de leurs fautes, vont se cacher dans les arbres, dans la foule. C’est-à-dire dans le lieu par excellence o
97 de leurs fautes, vont se cacher dans les arbres, dans la foule. C’est-à-dire dans le lieu par excellence où l’on peut toujo
98 cher dans les arbres, dans la foule. C’est-à-dire dans le lieu par excellence où l’on peut toujours dire : c’était l’autre !
99 où l’on peut toujours dire : c’était l’autre ! Et dans le lieu où l’on est, à coup sûr, le plus « loin de la face de l’Étern
100 e qui est « capable de réponse » ou responsable ; dans une foule, il n’y a plus de réponse individuelle ; pour qu’il n’y ait
101 orisent ce plan de mille manières. Tout concourt, dans le cadre de nos vies, à nous priver du sentiment d’être une personne
102 e responsable. Nous vivons tous, de plus en plus, dans un monde de transe collective. Nous participons tous, de plus en plus
103 ccès rapide, et à mesure que s’efface la croyance dans un au-delà. D’une part l’individu moderne est incité à juger sa vie m
104 tives. Cette répulsion et cette attraction jouent dans le même sens. Elles poussent l’homme à rechercher les occasions d’êtr
105 s et racines du phénomène moderne des masses sont dans notre attitude spirituelle. La foule n’est pas dans la rue seulement.
106 ns notre attitude spirituelle. La foule n’est pas dans la rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de ce temps, ell
107 a foule n’est pas dans la rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de ce temps, elle a ses sources au plus intime d
13 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VII : La cinquième colonne (26 novembre 1943)
108 range toujours pour être à la fois juge et partie dans le procès de sa définition. Un être paradoxal pas essence. Il est, ou
109 e paradoxal pas essence. Il est, oui, mais il est dans tout être ce qui n’est pas, ce qui tend au néant, ce qui souhaite sec
110 a Cinquième Colonne consiste à semer la confusion dans le camp de l’adversaire en y répandant alternativement de vraies et d
111 t de fausses nouvelles. Voilà le diable à l’œuvre dans nos vies ! Il est l’essence même de la Cinquième Colonne au siècle de
112 elui qui l’a dénoncé, et qui se tient pour assuré dans sa bonne conscience. Au moment où vous croyez l’attraper chez un autr
113 vous dire où vous le trouverez le plus sûrement : dans le fauteuil où vous êtes assis. o. Rougemont Denis de, « Les tours
14 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VIII : Le diable démocrate (3 décembre 1943)
114 tats présents de cette croyance quasi universelle dans les masses et l’élite, l’on est induit à reconnaître que le Progrès a
115 t réconfortante que tout s’arrangera de soi-même, dans l’ensemble et à la longue, alors le Progrès devient le plus dangereux
116 us duper. Nous avons cru que le mal était relatif dans le monde, qu’il provenait d’une mauvaise répartition des biens, d’une
117 à-dire sur la réalité essentielle du mal enraciné dans notre liberté, dans nos données premières, dans la nature et dans la
118 é essentielle du mal enraciné dans notre liberté, dans nos données premières, dans la nature et dans la définition même de l
119 é dans notre liberté, dans nos données premières, dans la nature et dans la définition même de l’homme en tant qu’il est hum
120 té, dans nos données premières, dans la nature et dans la définition même de l’homme en tant qu’il est humain. Nous avons ét
121 songe. Exactement : une fuite devant le réel. Car dans le réel, nous savons bien qu’il y a du mal, qu’il y a l’action du dia
122 rendent incapables de comprendre ce qui se passe dans le monde, et nous livrent aux ruses les plus simples du Malin. Nous a
123 aurions vu très vite que ce mal avait des racines dans nos vies aussi, et que d’une certaine manière, nous l’aimions ! Voilà
15 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IX : « Nous sommes tous coupables » (10 décembre 1943)
124 le champ de leur bataille n’est pas ailleurs que dans nos cœurs. Cette éducation a largement échoué. Nous persistons dans n
125 tte éducation a largement échoué. Nous persistons dans notre primitivisme. Nous rendons responsables de nos maux les gens d’
126 pas essentiellement de nous. Car tout homme porte dans son corps (et dans son âme) les microbes de toutes les maladies connu
127 de nous. Car tout homme porte dans son corps (et dans son âme) les microbes de toutes les maladies connues, et de bien d’au
128 e bonne volonté ». Pourtant voyez ce qui se passe dans le monde, et dites qui l’a fait. Le diable ? Oui, mais par nos mains
129 les hommes se valent ! Certes, il y a des degrés dans le mal, il y a des inégalités dans la responsabilité. Mais nous somme
130 y a des degrés dans le mal, il y a des inégalités dans la responsabilité. Mais nous sommes tous dans le mal, nous sommes tou
131 tés dans la responsabilité. Mais nous sommes tous dans le mal, nous sommes tous les complices des plus grandes responsables
132 accusés de tout le mal ; ni de nous fourrer tous dans le même sac, sans distinctions… Je veux dire ceci : nous sommes tous
133 s… Je veux dire ceci : nous sommes tous coupables dans la mesure où nous ne reconnaissons pas et ne condamnons pas en nous a
134 à-dire la présence active et personnelle du démon dans nos passions, dans notre besoin de sensation, dans notre crainte des
135 active et personnelle du démon dans nos passions, dans notre besoin de sensation, dans notre crainte des responsabilités, da
136 ans nos passions, dans notre besoin de sensation, dans notre crainte des responsabilités, dans notre inertie civique, dans n
137 ensation, dans notre crainte des responsabilités, dans notre inertie civique, dans notre lâcheté vis-à-vis du grand nombre,
138 des responsabilités, dans notre inertie civique, dans notre lâcheté vis-à-vis du grand nombre, de ses modes et de ses sloga
139 du grand nombre, de ses modes et de ses slogans, dans notre ignorance du prochain, dans notre refus enfin de tout Absolu qu
140 de ses slogans, dans notre ignorance du prochain, dans notre refus enfin de tout Absolu qui transcende et qui juge nos intér
141 iaire. Or l’histoire nous a mis, bon gré mal gré, dans le rôle technique des pompiers et des gendarmes. Cela ne fait pas de
16 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable X : Le diable homme du monde (17 décembre 1943)
142 nde et le Prince de ce monde, les mots suggèrent, dans presque toutes les langues, certaines complicités particulières. Et l
143 tissements de la chaire chrétienne, a toujours vu dans la « mondanité » quelque chose de vaguement satanique. Il imaginerait
144 n’attacher de l’importance qu’à un détail fortuit dans un être ou une œuvre ; tous ces traits qui pourraient dénoter l’exige
145 nt volontiers damnés. C’est, je crois, parce que, dans le monde, un miracle paraît plus qu’ailleurs improbable. r. Rougem
17 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable XI : Le diable dans nos dieux (24 décembre 1943)
146 Les tours du diable XI : Le diable dans nos dieux (24 décembre 1943)s Nous avons parlé de l’incognito du d
147 nation, c’est-à-dire Dieu caché autant que révélé dans l’homme Jésus. Quelques-uns seulement surent reconnaître le Christ da
148 elques-uns seulement surent reconnaître le Christ dans le fils de Joseph, charpentier de village. Mais l’incognito et l’alib
149 ’alibi du diable sont exactement inverses : c’est dans l’image de nos dieux qu’il va se dissimuler, au cœur même de nos idéa
150 me de nos idéaux et de nos vérités trop humaines, dans les religions que nous confabulons en dehors de la foi révélée. Le di
151 vélée. Le diable nous empêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse, il nous empêche aussi de nous reconna
152 nverse, il nous empêche aussi de nous reconnaître dans nos idoles. Voici comment les hommes s’enchaînent aux dieux qu’ils cr
153 u ». Mais ils ont dit Nation, ou Race, ou Classe. Dans ces trois entités divinisées, le moi n’est plus déguisé qu’en un nous
154 rvent, l’homme n’existe qu’en elles et par elles. Dans la mesure où nous leur obéissons, nous ne sommes donc plus responsabl
155 publiquement. Après quoi nous recevons une balle dans la nuque, ou bien nous sommes décapités à la hache, selon qu’il s’agi
156 prétend nous faire vivre. Il est moins dangereux dans nos vices que dans nos vertus satisfaites… Voyez plutôt. Un jour, un
157 vivre. Il est moins dangereux dans nos vices que dans nos vertus satisfaites… Voyez plutôt. Un jour, un Philanthrope s’en a
158 e homme l’arrêta pour lui demander une cigarette, dans une langue de réfugié. Le Philanthrope sans hésiter lui remit une piè
159 une pièce, et poursuivit son chemin. Il marchait dans la gloire, et sa conscience resplendissait comme un sou neuf. « Tu n’
160 nt Denis de, « Les tours du diable XI : Le diable dans nos dieux », La Vie protestante, Genève, 24 décembre 1943, p. 2.
18 1949, La Vie protestante, articles (1938–1978). Printemps de l’Europe (29 avril 1949)
161 ur la Trinité ! — et cela ne veut pas dire, comme dans la chanson, que nous ne verrons jamais rien venir : car l’élan est do
162 distances nécessaires pour mieux voir le problème dans son ensemble, loin des détails et des difficultés techniques, pour mé
163 tails et des difficultés techniques, pour méditer dans la campagne anglaise… J’y pensais hier, dans mon jardin, tout en cher
164 iter dans la campagne anglaise… J’y pensais hier, dans mon jardin, tout en cherchant des œufs de Pâques avec mes enfants, et
165 grandes visions Il y a peu de grandes visions dans notre temps. Le souci des intérêts immédiats et surtout la peur de la
166 mais aussi très vague. Il se promène ces jours-ci dans les rues et cafés de Paris, avec un gros livre sous le bras, quêtant
19 1961, La Vie protestante, articles (1938–1978). Bilan simple (29 décembre 1961)
167 e l’année qui s’écoule me paraît simple à établir dans ses grandes lignes et à l’échelle de la planète : l’une après l’autre
168 e vers une prospérité sans précédent s’est opérée dans le temps même où l’Europe achevait de libérer ses colonies — dont on
169 onte enfin les divisions mortelles qu’entretenait dans son sein cette même passion. Elle choisit la santé : elle veut se féd
20 1965, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Que signifie pour vous la formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper reformanda” ? » (29 octobre 1965)
170 des possibilités réformatrices qui se manifestent dans le concile actuel du Vatican ? Le supérieur général des jésuites crit
171 ateurs vivants et d’avenir que nous n’en vénérons dans notre histoire ? Bon sujet de réflexion, en cet anniversaire. u. R
21 1969, La Vie protestante, articles (1938–1978). La lune, ce n’est pas le paradis (1er août 1969)
172 savons pourquoi nous y allons ? Ce qui me frappe dans l’aventure d’« Apollo », c’est qu’elle est l’entreprise qui a coûté l
173 qu’elle est l’entreprise qui a coûté le plus cher dans toute l’histoire de l’humanité — on la chiffre à peu près à 100 milli
174 qu’on a choisi l’espace, concrétisé par la Lune, dans le cas qui nous occupe ? Je pense qu’il y a là une espèce de fuite de
175 t-être inconsciemment — à transposer leur conflit dans l’espace, à l’envoyer au ciel, à effectuer un transfert dans les nuée
176 ce, à l’envoyer au ciel, à effectuer un transfert dans les nuées de cet affrontement trop dangereux sur la Terre. Au fond, c
177 ement trop dangereux sur la Terre. Au fond, c’est dans ce domaine seul qu’ils ont réussi à trouver les moyens d’une espèce n
178 e aventure scientifique, mais qu’est-ce qu’on met dans les modules spatiaux ? Pas des savants, mais des colonels. Et ils fon
179 t jeu subtil entre les militaires et les savants, dans cette affaire ? Les savants peuvent dire que ce sont eux qui transfor
180 rais) que l’on décidera d’adopter officiellement, dans les livres d’histoire par exemple. Je pense que si on découvre un jou
181 par exemple. Je pense que si on découvre un jour dans l’espace, grâce à des stations mises sur orbite autour de la Terre —
182 re avec Christophe Colomb, mais en sens inverse : dans les livres d’histoire d’aujourd’hui, vous lisez très couramment que s
183 aient d’un tout autre ordre — on peut le vérifier dans son journal : c’était de financer une dernière croisade pour délivrer
184 finalement, ou est-ce que vous avez envie d’aller dans la Lune ? Je suis profondément déçu. Je suis dans un sentiment de dés
185 dans la Lune ? Je suis profondément déçu. Je suis dans un sentiment de désenchantement. J’ai l’impression que les rêves de l
186 erte de la Lune. Cyrano de Bergerac, par exemple, dans le fameux récit de son Voyage dans les empires de la Lune et du Solei
187 , par exemple, dans le fameux récit de son Voyage dans les empires de la Lune et du Soleil, décrit la Lune comme quelque cho
188 l y a un texte qui m’a frappé, que vous avez cité dans un article il y a sept ou huit ans — à l’époque où on envoyait le pre
189 Werner von Braun, qui est un des pères du voyage dans la Lune, et qui nous décrit le paradis qui nous attend là-bas. Il nou
190 conceptions philosophiques, sociales et morales. Dans ce cas, le potentiel technique, devenu illimité, imposerait la fin de
191 olence comme moyen et comme méthode de progrès ». Dans la bouche de Lénine, c’est une prophétie assez extraordinaire : est-c
192 s philosophiques et morales devront être révisées dans ces nouvelles dimensions de l’espace. Car si vous prenez une doctrine
193 sait. Au fur et à mesure que l’homme va plus loin dans l’espace, je me sens plus enfermé sur la Terre. C’est-à-dire que je s
194 s frustré par les dimensions physiques augmentées dans l’espace. Et cela me ramène à l’amour de la Terre. Plus encore, cela
195 térieur de chacun de nous, non pas à l’extérieur, dans l’espace, le cosmos physique. Je crois que même du point de vue de la
196 e ne demande pas de crédits spéciaux. Pour entrer dans le fond de soi-même, pour y découvrir des choses complètement nouvell
197 t qu’un profond mouvement se dessine déjà, jusque dans l’administration Nixon, pour que soit reportée sur la Terre une part
22 1978, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Bof ! disent les jeunes, pourquoi ? » (1er décembre 1978)
198 es crises de l’humanité et de leur développement. Dans le monde où nous existons, même la nature est faite par l’homme, il n
199 nière chance que nous avons de sortir de la crise dans laquelle nous nous sommes plongés. Pour la première fois de l’histoir
200 e choisir librement son avenir. Ce n’est donc pas dans une visée prométhéenne qu’il faut comprendre votre titre ? Pas du tou
201 ourrions encore sauver l’humanité — je ne dis pas dans un sens spirituel — dans un sens simplement physiologique, de manière
202 humanité — je ne dis pas dans un sens spirituel — dans un sens simplement physiologique, de manière que l’histoire dure enco
203 de, qui est une divinisation de l’homme. S’il y a dans votre livre des passages très pessimistes où vous semblez provoquer l
204 à est en train de faire ! J’ai publié mon article dans une petite revue qui ne comptait que quelques milliers de lecteurs (
205 e moment-là, je dénonçais la croissance illimitée dans un monde fini — 44 ans avant le club de Rome ! J’ai repris la discuss
206 nsemble les revues Esprit et L’Ordre nouveau , dans lesquelles vous trouverez facilement les amorces de toutes les idées
207 entre l’homme et la nature : tout cela était déjà dans nos revues, dans nos groupuscules. Quelques années plus tard, après l
208 la nature : tout cela était déjà dans nos revues, dans nos groupuscules. Quelques années plus tard, après la guerre, l’évide
209 à la Suisse, elle indique simplement à la Suisse dans quelle direction elle ne devrait pas se développer. Des tendances « É
210 Des tendances « État-nation » peuvent se révéler dans certains secteurs de la vie du pays : le nucléaire ? Le nucléaire ! I
211 un État-nation. Or, le fédéralisme est impossible dans un seul pays ! Si on veut sauver le fédéralisme suisse, il faut l’éte
212 es, de nouveau ? De partout, de l’Iran, pour 40 % dans la société qui contrôle la construction de Superphénix (voir le rappo
213 mouvements de fonds, et l’intervention croissante dans la vie de tous les jours de la police. Finalement, toute cette évolut
214 Quelle est la tâche des chrétiens et des Églises dans un monde pareil ? Les chrétiens n’ont qu’une tâche devant toutes les
215 chrétiens. Cela veut dire d’abord : ne pas donner dans cette folle puissance. La puissance, c’est le pouvoir qu’on prend sur
216 , chacun peut être libre à sa manière, s’épanouir dans sa vocation, devenir une personne. Dans une ville de 13 millions d’ha
217 ’épanouir dans sa vocation, devenir une personne. Dans une ville de 13 millions d’habitants, il n’y a plus ni communauté, ni