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cité. Alors les amateurs de clés de l’Apocalypse
disent
aux chrétiens : Voici la Bête ! Et la guerre que vous ferez contre el
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al et le Bien incarnés. « Au nom du Christ ; nous
disait
-on, en avant contre les Soviets ! Haro sur les rouges d’Espagne ! Déc
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s dans la « Croisade » — moralement, cela va sans
dire
… Dès lors, nous sommes en règle avec notre conscience. Il n’y a plus
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nnivence avec les « méchants ». Il fait leur jeu,
dit
-on, même s’il se croit sincère. C’est un naïf, ou un rusé, ou bien un
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e voulez-vous, je suis calviniste, et quand on me
dit
: Ceux-ci sont des méchants, je veux bien le croire, mais je demande
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ait-il par hasard que des chrétiens ? Quand on me
dit
que les communistes sont des sans-Dieu, je ne dis pas non, je ne suis
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dit que les communistes sont des sans-Dieu, je ne
dis
pas non, je ne suis pas illettré ; mais je me demande si le trust des
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n, se fonde vraiment sur l’Évangile ? Quand on me
dit
que les rouges d’Espagne brûlent les églises, je ne dis pas non : ils
9
e les rouges d’Espagne brûlent les églises, je ne
dis
pas non : ils s’en vantent eux-mêmes. Mais je me demande si les souti
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Église qu’ils attaquent chez eux ? Et quand on me
dit
, d’un autre côté cette fois : Vous voyez bien, les dictateurs sont le
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teurs sont les ennemis du christianisme ! — je ne
dis
pas non, je les ai vus de près. Mais je me demande si le maintien de
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oisade » qui réjouit tant M. Staline… Alors on me
dit
: Vous parlez politique, quand il s’agit de sauver l’Église. À quoi j
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étien comme jadis au Prophète : « Sentinelle, que
dis
-tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu : le matin vient et la nuit
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r l’Église qui se méfie de cet « irrégulier ». Ne
dit
-on pas que, durant les vingt ans de sa retraite, il n’a pris d’autre
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olas. Seul le mystique luthérien Sébastien Franck
dit
à la fin de sa chronique : « Qu’il n’ait rien mangé, je ne puis le cr
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e « sans nourriture corporelle », il se bornait à
dire
: « Dieu le sait… » Rien d’étonnant non plus si, en 1522, un pamphlet
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qu’il s’agit des affaires publiques. Après tout,
dit
l’auteur, à quoi se résument ces conseils ? À ceci : « que chacun doi
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ster sur son fumier » ! Mais Nicolas n’a-t-il pas
dit
aussi qu’il fallait garder l’« ancienne foi » ! Voilà le conseil que
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sa représentation demanda deux jours pleins, nous
dit
Dürrer. Nicolas y personnifie l’idée confédérale, créatrice de la Sui
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crifiant de Théodore de Bèze. Nicolas de Flue, me
dira-t
-on, n’est pas un « sujet protestant » ? Eh quoi ! Abraham non plus n’
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premier servi » (26 avril 1940)e On a beaucoup
dit
que le secret de la résistance finlandaise était la foi profonde de c
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user de défendre l’État qui persécute son Église.
Dis
-moi pour qui tu acceptes de mourir, je te dirai en qui tu crois vraim
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se. Dis-moi pour qui tu acceptes de mourir, je te
dirai
en qui tu crois vraiment… Ces deux exemples contradictoires posent la
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vocation positive. Car le chrétien est, si j’ose
dire
, un spécialiste de la vocation. Cette action particulière du citoyen
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oques sur ce point. Il ne manque pas de gens pour
dire
, écrire, ou simplement laisser entendre, qu’un bon citoyen suisse a l
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voici nos voisins belligérants qui viennent nous
dire
: « Ceux qui ne sont ni froids ni bouillants seront vomis ». Qu’est-c
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nte hors du Royaume de Dieu. « Je vous vomirai »,
dit
le Christ. Si c’est vis-à-vis de la guerre des autres que l’on reste
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elle du « salut de grâce et bonté pure » comme on
disait
au xvie siècle. Et c’est notre fidélité même à la Réforme qui nous f
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e dans une Église plus vaste. S’il fallait que je
dise
en une phrase ce qui m’attache à l’Église protestante, plutôt qu’à au
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’Église protestante, plutôt qu’à aucune autre, je
dirai
ceci : L’Église protestante est justement celle qui ne se donne pas p
31
Le premier tour du diable est son incognito. Dieu
dit
: Je suis celui qui suis. Mais le diable, qui a la manie de vouloir i
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imiter la vérité en la retournant, le diable nous
dit
comme Ulysse au Cyclope : Je ne suis personne. De quoi aurais-tu peur
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re son temps à ces balivernes d’un autre âge ? »,
disent
-ils. Or ce sont eux qui s’y laissent prendre ! Fascinés par l’image t
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nt reconnues bien au-delà de nos frontières. Nous
dirions
volontiers qu’il est aujourd’hui un des meilleurs interprètes laïques
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3)j L’homme seul, dans toute la Création, peut
dire
ce qui n’est pas et mentir par ses actes. Le minéral repose où il fut
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et de dénaturer. Par la grâce du langage, il peut
dire
vrai ; par la faute du langage, il peut le contredire. Il peut créer
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ance du cosmos. C’est toujours en quelque manière
dire
un mensonge ou l’opérer. Par le langage l’homme est libre. Par le lan
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ignage dans sa source. Et c’est pourquoi la Bible
dit
, énergiquement, que lorsque nous mentons, c’est le diable lui-même qu
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nt. Si la balance marque 980 grammes, vous pouvez
dire
: c’est un kilo. Votre mensonge restera relatif à la mesure invariabl
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« Le diable est menteur et le Père du mensonge »,
dit
l’Évangile tel qu’on le cite d’ordinaire. Ceci concerne le premier me
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iment plus étrange. « Le diable est menteur, nous
dit
-il, et il est le père de son propre mensonge. » Par ici nous entrons
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lecteur — et peut-être aussi le moins jeune — se
dira
: Tiens, voilà un sujet… Quel dommage ! Sa curiosité pourrait bien êt
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es formes les moins diaboliques du péché. Je n’en
dirais
pas autant de certaines amours pseudo-mystiques, nœuds de sophismes s
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aux des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il
dit
à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tou
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faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement
dit
: vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? La femme répond
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it de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a
dit
: vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que v
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, de peur que vous n’en mouriez. Alors le serpent
dit
à la femme : vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que le jour où vou
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n. 3:1 à 5) Voyez : avant la tentation proprement
dite
, il y a le doute ! Le premier procédé du démon, c’est de jeter un dou
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-même et ses structures. « Dieu a-t-il réellement
dit
?… » Sitôt que cette incertitude est insinuée dans un esprit, la poss
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aginer quelque autre chose que l’état de fait. On
dit
bien : l’occasion fait le larron. Vous n’êtes pas tenté d’aller dans
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sait plus ce que l’on est en train de faire ou de
dire
, on ne sait plus ce qui parle à travers vous, tandis que le sang cour
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nonyme a bien des chances d’être celui qui aime à
dire
: Je ne suis Personne… La foule, c’est le lieu de rendez-vous des hom
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e une foule, et que personne peut-être ne saurait
dire
qui l’avait fait ou qui avait commencé, celles-là l’auraient eu ce co
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jardin. Mais l’Éternel Dieu appela l’homme et lui
dit
: Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’
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e suis nu, et je me suis caché. Et l’Éternel Dieu
dit
: Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre don
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é de l’arbre, et j’en ai mangé. Et l’Éternel Dieu
dit
à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpen
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, ils n’y sont plus. Et quand on les attrape, ils
disent
que c’était l’autre. Ainsi les hommes de notre temps, poussés par leu
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dans le lieu par excellence où l’on peut toujours
dire
: c’était l’autre ! Et dans le lieu où l’on est, à coup sûr, le plus
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Or si j’appelle et qu’il n’y a pas de réponse, je
dis
qu’il n’y a personne. La personne est en nous ce qui répond de nos ac
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La cinquième colonne (26 novembre 1943)o J’ai
dit
du mal de tout le monde — des autres, de nous, et donc de moi aussi.
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inissent par se neutraliser. Vos descriptions, me
dira-t
-on, ne sont pas bien claires. Pourquoi ne pas nous donner une image n
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ous tenez sérieusement à l’attraper, je vais vous
dire
où vous le trouverez le plus sûrement : dans le fauteuil où vous êtes
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mistes par principe, et presque par savoir-vivre,
dirait
-on, malgré tous les démentis de la réalité. Cet optimisme n’est pas l
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us préférons ne pas insister. Nous « refoulons »,
dirait
Freud. Cette fuite et ce mensonge inconscients, nous rendent incapabl
65
onfort et des vertus moyennes. ⁂ De même que nous
disions
, en présence d’un miracle du bien : trop beau pour être vrai ! nous d
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miracle du bien : trop beau pour être vrai ! nous
disions
en présence de certaines descriptions du mal : trop affreux pour être
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le reconnaître en lui-même. … C’est pourquoi nous
dirons
aujourd’hui aux braves démocrates : — Regardez le diable qui est parm
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Pourtant voyez ce qui se passe dans le monde, et
dites
qui l’a fait. Le diable ? Oui, mais par nos mains et nos pensées. C’e
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amne. Et puisqu’il faut combattre le crime, je ne
dirai
pas que je vais laisser courir le criminel d’en face, pour mieux me l
70
ux me livrer d’abord à ma réforme intérieure ! Je
dirai
au contraire que la lutte pour me réformer et la lutte pour empêcher
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des pacifistes : « Nous sommes tous coupables, me
disent
-ils, donc nous n’avons pas le droit moral de nous battre contre celui
72
le homme du monde (17 décembre 1943)r Qui donc
disait
que le diable est un monsieur très bien ? Entre les gens du monde et
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diable en cravate blanche et monoclé. Le diable,
dit
un proverbe espagnol, n’est pas à craindre parce qu’il est si méchant
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joué, ménage autant de liberté qu’il ne suppose,
dit
-on, d’hypocrisie. Il a le charme reposant des formes fixes. Mais le m
75
sseurs, n’ont pas parlé de « Dieu ». Mais ils ont
dit
Nation, ou Race, ou Classe. Dans ces trois entités divinisées, le moi
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it comme un sou neuf. « Tu n’as pas peur de lui ?
dit
le compère au diable. Il m’a l’air terriblement bon ! Et ses plans so
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son compère : « Je fais mon affaire du bonhomme !
dit
-il entre ses dents. Voici son plan qu’il a laissé tomber en donnant u
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ant des œufs de Pâques avec mes enfants, et je me
disais
: tout dépend d’une seule chose, l’avenir de ces enfants et celui de
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ge de la Réformation, ce n’est pas répéter ce que
disaient
ses auteurs, mais continuer à réformer. Seuls peuvent être fidèles à
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ment son chef. Qu’avons-nous de pareil ? Et je ne
dis
pas seulement : quelle autorité efficace dont les décrets traduisent
81
e motif : être les premiers. Et alors, on peut se
dire
ceci : on aurait pu avoir les mêmes motifs — puérils — et les appliqu
82
e d’« Apollo », je vous ferai remarquer ceci : on
dit
que c’est une aventure scientifique, mais qu’est-ce qu’on met dans le
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colonels et ils deviennent généraux. On pourrait
dire
que tout ce qu’ils ont été chercher là-haut, c’est une étoile — une p
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savants, dans cette affaire ? Les savants peuvent
dire
que ce sont eux qui transforment ces colonels en projectiles à têtes
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tiles à têtes chercheuses. Les savants pourraient
dire
— et ils le pensent peut-être — que ce sont eux qui utilisent le prét
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d’hui, qu’on ne cherche donc pas consciemment, on
dira
: c’est pour cela qu’on était parti et qu’on avait fait tout ce progr
87
voulait trouver les Indes, parce qu’on lui avait
dit
qu’aux Indes les cités étaient pavées d’or et les palais recouverts d
88
décrit le paradis qui nous attend là-bas. Il nous
dit
que nous aurons là-bas des hôtels de grand luxe, avec des paysages ex
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de l’anticipation, était allé l’interviewer. « Je
dis
à Lénine, raconte Wells, que le développement de la technique humaine
90
» Et à la grande stupéfaction de Wells, « Lénine,
dit
-il, me regarda et me répondit : Vous avez raison ; en lisant votre ro
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on discrète et en tout cas de coexistence. Lénine
dit
aussi : « Il faudra changer nos conceptions philosophiques, sociales
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se trompe à mon sens complètement, c’est quand il
dit
que toutes les doctrines philosophiques et morales devront être révis
93
ës. Moi, j’ai une impression de frustration, à me
dire
: la Lune, ce n’est pas aussi beau, ce n’est pas aussi paradisiaque q
94
télévisé, je ne vois rien à modifier à ce que je
disais
un mois avant le départ d’Apollo 11. Il y avait là comme un écho anti
95
omme un écho anticipé de ce que tant d’autres ont
dit
depuis, parmi lesquels, une bonne moitié des citoyens américains, et
96
nt à ma conclusion, elle m’a valu des lettres qui
disaient
en substance : l’aventure intérieure, très bien, mais cela se pratiqu
97
us en donnons le texte ici, et Denis de Rougemont
dit
, en quelques lignes, ce qu’il pense aujourd’hui de l’événement qu’il
98
« Bof !
disent
les jeunes, pourquoi ? » (1er décembre 1978)z Vous venez de publie
99
ue les choses tournent mal, il est trop tard pour
dire
: Ce n’est pas ma faute ! C’était l’autre, ou la fatalité… On en revi
100
avez une espérance. Laquelle ? À des gens qui me
disaient
: « Pourquoi voulez-vous absolument que ça continue, l’humanité ? »,
101
e nous pourrions encore sauver l’humanité — je ne
dis
pas dans un sens spirituel — dans un sens simplement physiologique, d
102
ement d’Isaïe (ch. 21, v. 12) : « Sentinelle, que
dis
-tu de la nuit ? — Le matin vient, et la nuit aussi ». Il y a donc tou
103
a donc toujours deux possibilités. Qu’avez-vous à
dire
à une jeunesse aujourd’hui assez partagée entre une certaine résignat
104
révolte ? C’est un manque d’information qui fait
dire
« bof » à des jeunes gens. Si on vient leur parler de menaces sur la
105
Ils ne se sentent pas suffisamment impliqués pour
dire
autre chose que « Foutez-moi la paix ! je m’occupe de mes petites aff
106
ique qui risque d’éclater n’importe quand, ils ne
disent
pas « bof ». Ceux que je connais. Je pense qu’il est faux de dire que
107
. Ceux que je connais. Je pense qu’il est faux de
dire
que la génération actuelle est la « bof-génération » : ce sont des ch
108
re. Et j’ai eu une réaction viscérale. Je me suis
dit
: c’est épouvantable ce que cet homme-là est en train de faire ! J’ai
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ernier livre. Nous étions une génération — qui ne
disait
pas « bof », oh ! non — qui voyait très bien qu’elle allait devoir fa
110
aris, publiant à Paris, comme Français (« nous »,
disais
-je… !) C’est plus tard, pendant la mobilisation, que j’ai découvert l
111
qui correspondent à leurs dimensions respectives,
disons
que le nucléaire est trop grand pour un seul pays, et qu’il y constit
112
résistiblement vers la guerre. On nous a beaucoup
dit
que le nucléaire civil n’avait rien à voir avec la guerre nucléaire ;
113
es. z. Rougemont Denis de, « [Entretien] Bof !
disent
les jeunes, pourquoi ? », La Vie protestante, Genève, 1 décembre 1978