1 1938, La Vie protestante, articles (1938–1978). Le temps des fanatiques (25 novembre 1938)
1 cité. Alors les amateurs de clés de l’Apocalypse disent aux chrétiens : Voici la Bête ! Et la guerre que vous ferez contre el
2 al et le Bien incarnés. « Au nom du Christ ; nous disait -on, en avant contre les Soviets ! Haro sur les rouges d’Espagne ! Déc
3 s dans la « Croisade » — moralement, cela va sans dire … Dès lors, nous sommes en règle avec notre conscience. Il n’y a plus
4 nnivence avec les « méchants ». Il fait leur jeu, dit -on, même s’il se croit sincère. C’est un naïf, ou un rusé, ou bien un
5 e voulez-vous, je suis calviniste, et quand on me dit  : Ceux-ci sont des méchants, je veux bien le croire, mais je demande 
6 ait-il par hasard que des chrétiens ? Quand on me dit que les communistes sont des sans-Dieu, je ne dis pas non, je ne suis
7 dit que les communistes sont des sans-Dieu, je ne dis pas non, je ne suis pas illettré ; mais je me demande si le trust des
8 n, se fonde vraiment sur l’Évangile ? Quand on me dit que les rouges d’Espagne brûlent les églises, je ne dis pas non : ils
9 e les rouges d’Espagne brûlent les églises, je ne dis pas non : ils s’en vantent eux-mêmes. Mais je me demande si les souti
10 Église qu’ils attaquent chez eux ? Et quand on me dit , d’un autre côté cette fois : Vous voyez bien, les dictateurs sont le
11 teurs sont les ennemis du christianisme ! — je ne dis pas non, je les ai vus de près. Mais je me demande si le maintien de
12 oisade » qui réjouit tant M. Staline… Alors on me dit  : Vous parlez politique, quand il s’agit de sauver l’Église. À quoi j
13 étien comme jadis au Prophète : « Sentinelle, que dis -tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu : le matin vient et la nuit
2 1939, La Vie protestante, articles (1938–1978). Nicolas de Flue et la tradition réformée (1er septembre 1939)
14 r l’Église qui se méfie de cet « irrégulier ». Ne dit -on pas que, durant les vingt ans de sa retraite, il n’a pris d’autre
15 olas. Seul le mystique luthérien Sébastien Franck dit à la fin de sa chronique : « Qu’il n’ait rien mangé, je ne puis le cr
16 e « sans nourriture corporelle », il se bornait à dire  : « Dieu le sait… » Rien d’étonnant non plus si, en 1522, un pamphlet
17 qu’il s’agit des affaires publiques. Après tout, dit l’auteur, à quoi se résument ces conseils ? À ceci : « que chacun doi
18 ster sur son fumier » ! Mais Nicolas n’a-t-il pas dit aussi qu’il fallait garder l’« ancienne foi » ! Voilà le conseil que
19 sa représentation demanda deux jours pleins, nous dit Dürrer. Nicolas y personnifie l’idée confédérale, créatrice de la Sui
20 crifiant de Théodore de Bèze. Nicolas de Flue, me dira-t -on, n’est pas un « sujet protestant » ? Eh quoi ! Abraham non plus n’
3 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Dieu premier servi » (26 avril 1940)
21 premier servi » (26 avril 1940)e On a beaucoup dit que le secret de la résistance finlandaise était la foi profonde de c
22 user de défendre l’État qui persécute son Église. Dis -moi pour qui tu acceptes de mourir, je te dirai en qui tu crois vraim
23 se. Dis-moi pour qui tu acceptes de mourir, je te dirai en qui tu crois vraiment… Ces deux exemples contradictoires posent la
24 vocation positive. Car le chrétien est, si j’ose dire , un spécialiste de la vocation. Cette action particulière du citoyen
25 oques sur ce point. Il ne manque pas de gens pour dire , écrire, ou simplement laisser entendre, qu’un bon citoyen suisse a l
4 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). Neutralité (3 mai 1940)
26 voici nos voisins belligérants qui viennent nous dire  : « Ceux qui ne sont ni froids ni bouillants seront vomis ». Qu’est-c
27 nte hors du Royaume de Dieu. « Je vous vomirai », dit le Christ. Si c’est vis-à-vis de la guerre des autres que l’on reste
5 1942, La Vie protestante, articles (1938–1978). Perspectives d’avenir du protestantisme (2 janvier 1942)
28 elle du « salut de grâce et bonté pure » comme on disait au xvie siècle. Et c’est notre fidélité même à la Réforme qui nous f
29 e dans une Église plus vaste. S’il fallait que je dise en une phrase ce qui m’attache à l’Église protestante, plutôt qu’à au
30 ’Église protestante, plutôt qu’à aucune autre, je dirai ceci : L’Église protestante est justement celle qui ne se donne pas p
6 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable I : « Je ne suis personne » (15 octobre 1943)
31 Le premier tour du diable est son incognito. Dieu dit  : Je suis celui qui suis. Mais le diable, qui a la manie de vouloir i
32 imiter la vérité en la retournant, le diable nous dit comme Ulysse au Cyclope : Je ne suis personne. De quoi aurais-tu peur
33 re son temps à ces balivernes d’un autre âge ? », disent -ils. Or ce sont eux qui s’y laissent prendre ! Fascinés par l’image t
34 nt reconnues bien au-delà de nos frontières. Nous dirions volontiers qu’il est aujourd’hui un des meilleurs interprètes laïques
7 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable II : Le menteur (22 octobre 1943)
35 3)j L’homme seul, dans toute la Création, peut dire ce qui n’est pas et mentir par ses actes. Le minéral repose où il fut
36 et de dénaturer. Par la grâce du langage, il peut dire vrai ; par la faute du langage, il peut le contredire. Il peut créer
37 ance du cosmos. C’est toujours en quelque manière dire un mensonge ou l’opérer. Par le langage l’homme est libre. Par le lan
38 ignage dans sa source. Et c’est pourquoi la Bible dit , énergiquement, que lorsque nous mentons, c’est le diable lui-même qu
39 nt. Si la balance marque 980 grammes, vous pouvez dire  : c’est un kilo. Votre mensonge restera relatif à la mesure invariabl
40 « Le diable est menteur et le Père du mensonge », dit l’Évangile tel qu’on le cite d’ordinaire. Ceci concerne le premier me
41 iment plus étrange. « Le diable est menteur, nous dit -il, et il est le père de son propre mensonge. » Par ici nous entrons
8 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable III : diable et sexe (29 octobre 1943)
42 lecteur — et peut-être aussi le moins jeune — se dira  : Tiens, voilà un sujet… Quel dommage ! Sa curiosité pourrait bien êt
43 es formes les moins diaboliques du péché. Je n’en dirais pas autant de certaines amours pseudo-mystiques, nœuds de sophismes s
9 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable V : Le tentateur (12 novembre 1943)
44 aux des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tou
45 faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit  : vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? La femme répond
46 it de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit  : vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que v
47 , de peur que vous n’en mouriez. Alors le serpent dit à la femme : vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que le jour où vou
48 n. 3:1 à 5) Voyez : avant la tentation proprement dite , il y a le doute ! Le premier procédé du démon, c’est de jeter un dou
49 -même et ses structures. « Dieu a-t-il réellement dit  ?… » Sitôt que cette incertitude est insinuée dans un esprit, la poss
50 aginer quelque autre chose que l’état de fait. On dit bien : l’occasion fait le larron. Vous n’êtes pas tenté d’aller dans
10 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation (19 novembre 1943)
51 sait plus ce que l’on est en train de faire ou de dire , on ne sait plus ce qui parle à travers vous, tandis que le sang cour
52 nonyme a bien des chances d’être celui qui aime à dire  : Je ne suis Personne… La foule, c’est le lieu de rendez-vous des hom
53 e une foule, et que personne peut-être ne saurait dire qui l’avait fait ou qui avait commencé, celles-là l’auraient eu ce co
54 jardin. Mais l’Éternel Dieu appela l’homme et lui dit  : Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’
55 e suis nu, et je me suis caché. Et l’Éternel Dieu dit  : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre don
56 é de l’arbre, et j’en ai mangé. Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpen
57 , ils n’y sont plus. Et quand on les attrape, ils disent que c’était l’autre. Ainsi les hommes de notre temps, poussés par leu
58 dans le lieu par excellence où l’on peut toujours dire  : c’était l’autre ! Et dans le lieu où l’on est, à coup sûr, le plus
59 Or si j’appelle et qu’il n’y a pas de réponse, je dis qu’il n’y a personne. La personne est en nous ce qui répond de nos ac
11 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VII : La cinquième colonne (26 novembre 1943)
60 La cinquième colonne (26 novembre 1943)o J’ai dit du mal de tout le monde — des autres, de nous, et donc de moi aussi.
61 inissent par se neutraliser. Vos descriptions, me dira-t -on, ne sont pas bien claires. Pourquoi ne pas nous donner une image n
62 ous tenez sérieusement à l’attraper, je vais vous dire où vous le trouverez le plus sûrement : dans le fauteuil où vous êtes
12 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VIII : Le diable démocrate (3 décembre 1943)
63 mistes par principe, et presque par savoir-vivre, dirait -on, malgré tous les démentis de la réalité. Cet optimisme n’est pas l
64 us préférons ne pas insister. Nous « refoulons », dirait Freud. Cette fuite et ce mensonge inconscients, nous rendent incapabl
65 onfort et des vertus moyennes. ⁂ De même que nous disions , en présence d’un miracle du bien : trop beau pour être vrai ! nous d
66 miracle du bien : trop beau pour être vrai ! nous disions en présence de certaines descriptions du mal : trop affreux pour être
67 le reconnaître en lui-même. … C’est pourquoi nous dirons aujourd’hui aux braves démocrates : — Regardez le diable qui est parm
13 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IX : « Nous sommes tous coupables » (10 décembre 1943)
68 Pourtant voyez ce qui se passe dans le monde, et dites qui l’a fait. Le diable ? Oui, mais par nos mains et nos pensées. C’e
69 amne. Et puisqu’il faut combattre le crime, je ne dirai pas que je vais laisser courir le criminel d’en face, pour mieux me l
70 ux me livrer d’abord à ma réforme intérieure ! Je dirai au contraire que la lutte pour me réformer et la lutte pour empêcher
71 des pacifistes : « Nous sommes tous coupables, me disent -ils, donc nous n’avons pas le droit moral de nous battre contre celui
14 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable X : Le diable homme du monde (17 décembre 1943)
72 le homme du monde (17 décembre 1943)r Qui donc disait que le diable est un monsieur très bien ? Entre les gens du monde et
73 diable en cravate blanche et monoclé. Le diable, dit un proverbe espagnol, n’est pas à craindre parce qu’il est si méchant
74 joué, ménage autant de liberté qu’il ne suppose, dit -on, d’hypocrisie. Il a le charme reposant des formes fixes. Mais le m
15 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable XI : Le diable dans nos dieux (24 décembre 1943)
75 sseurs, n’ont pas parlé de « Dieu ». Mais ils ont dit Nation, ou Race, ou Classe. Dans ces trois entités divinisées, le moi
76 it comme un sou neuf. « Tu n’as pas peur de lui ? dit le compère au diable. Il m’a l’air terriblement bon ! Et ses plans so
77 son compère : « Je fais mon affaire du bonhomme ! dit -il entre ses dents. Voici son plan qu’il a laissé tomber en donnant u
16 1949, La Vie protestante, articles (1938–1978). Printemps de l’Europe (29 avril 1949)
78 ant des œufs de Pâques avec mes enfants, et je me disais  : tout dépend d’une seule chose, l’avenir de ces enfants et celui de
17 1965, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Que signifie pour vous la formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper reformanda” ? » (29 octobre 1965)
79 ge de la Réformation, ce n’est pas répéter ce que disaient ses auteurs, mais continuer à réformer. Seuls peuvent être fidèles à
80 ment son chef. Qu’avons-nous de pareil ? Et je ne dis pas seulement : quelle autorité efficace dont les décrets traduisent
18 1969, La Vie protestante, articles (1938–1978). La lune, ce n’est pas le paradis (1er août 1969)
81 e motif : être les premiers. Et alors, on peut se dire ceci : on aurait pu avoir les mêmes motifs — puérils — et les appliqu
82 e d’« Apollo », je vous ferai remarquer ceci : on dit que c’est une aventure scientifique, mais qu’est-ce qu’on met dans le
83 colonels et ils deviennent généraux. On pourrait dire que tout ce qu’ils ont été chercher là-haut, c’est une étoile — une p
84 savants, dans cette affaire ? Les savants peuvent dire que ce sont eux qui transforment ces colonels en projectiles à têtes
85 tiles à têtes chercheuses. Les savants pourraient dire — et ils le pensent peut-être — que ce sont eux qui utilisent le prét
86 d’hui, qu’on ne cherche donc pas consciemment, on dira  : c’est pour cela qu’on était parti et qu’on avait fait tout ce progr
87 voulait trouver les Indes, parce qu’on lui avait dit qu’aux Indes les cités étaient pavées d’or et les palais recouverts d
88 décrit le paradis qui nous attend là-bas. Il nous dit que nous aurons là-bas des hôtels de grand luxe, avec des paysages ex
89 de l’anticipation, était allé l’interviewer. « Je dis à Lénine, raconte Wells, que le développement de la technique humaine
90 » Et à la grande stupéfaction de Wells, « Lénine, dit -il, me regarda et me répondit : Vous avez raison ; en lisant votre ro
91 on discrète et en tout cas de coexistence. Lénine dit aussi : « Il faudra changer nos conceptions philosophiques, sociales
92 se trompe à mon sens complètement, c’est quand il dit que toutes les doctrines philosophiques et morales devront être révis
93 ës. Moi, j’ai une impression de frustration, à me dire  : la Lune, ce n’est pas aussi beau, ce n’est pas aussi paradisiaque q
94 télévisé, je ne vois rien à modifier à ce que je disais un mois avant le départ d’Apollo 11. Il y avait là comme un écho anti
95 omme un écho anticipé de ce que tant d’autres ont dit depuis, parmi lesquels, une bonne moitié des citoyens américains, et
96 nt à ma conclusion, elle m’a valu des lettres qui disaient en substance : l’aventure intérieure, très bien, mais cela se pratiqu
97 us en donnons le texte ici, et Denis de Rougemont dit , en quelques lignes, ce qu’il pense aujourd’hui de l’événement qu’il
19 1978, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Bof ! disent les jeunes, pourquoi ? » (1er décembre 1978)
98 « Bof ! disent les jeunes, pourquoi ? » (1er décembre 1978)z Vous venez de publie
99 ue les choses tournent mal, il est trop tard pour dire  : Ce n’est pas ma faute ! C’était l’autre, ou la fatalité… On en revi
100 avez une espérance. Laquelle ? À des gens qui me disaient  : « Pourquoi voulez-vous absolument que ça continue, l’humanité ? »,
101 e nous pourrions encore sauver l’humanité — je ne dis pas dans un sens spirituel — dans un sens simplement physiologique, d
102 ement d’Isaïe (ch. 21, v. 12) : « Sentinelle, que dis -tu de la nuit ? — Le matin vient, et la nuit aussi ». Il y a donc tou
103 a donc toujours deux possibilités. Qu’avez-vous à dire à une jeunesse aujourd’hui assez partagée entre une certaine résignat
104 révolte ? C’est un manque d’information qui fait dire « bof » à des jeunes gens. Si on vient leur parler de menaces sur la
105 Ils ne se sentent pas suffisamment impliqués pour dire autre chose que « Foutez-moi la paix ! je m’occupe de mes petites aff
106 ique qui risque d’éclater n’importe quand, ils ne disent pas « bof ». Ceux que je connais. Je pense qu’il est faux de dire que
107 . Ceux que je connais. Je pense qu’il est faux de dire que la génération actuelle est la « bof-génération » : ce sont des ch
108 re. Et j’ai eu une réaction viscérale. Je me suis dit  : c’est épouvantable ce que cet homme-là est en train de faire ! J’ai
109 ernier livre. Nous étions une génération — qui ne disait pas « bof », oh ! non — qui voyait très bien qu’elle allait devoir fa
110 aris, publiant à Paris, comme Français (« nous », disais -je… !) C’est plus tard, pendant la mobilisation, que j’ai découvert l
111 qui correspondent à leurs dimensions respectives, disons que le nucléaire est trop grand pour un seul pays, et qu’il y constit
112 résistiblement vers la guerre. On nous a beaucoup dit que le nucléaire civil n’avait rien à voir avec la guerre nucléaire ;
113 es. z. Rougemont Denis de, « [Entretien] Bof ! disent les jeunes, pourquoi ? », La Vie protestante, Genève, 1 décembre 1978