1 1938, La Vie protestante, articles (1938–1978). Le temps des fanatiques (25 novembre 1938)
1 tres et brutales qui nous avertissent aujourd’hui du caractère religieux de notre Histoire. Le fascisme est une religion,
2 nnes. Lutter contre eux, c’est embrasser le parti du Bien. » Et nous voici embrigadés dans la « Croisade » — moralement, c
3 Vous voyez bien, les dictateurs sont les ennemis du christianisme ! — je ne dis pas non, je les ai vus de près. Mais je m
4 ie française est une part indiscutable et révélée du plan de Dieu pour notre époque ? Je me demande si la campagne en fave
5 isade » ou « guerre sainte » des entreprises qui, du point de vue de l’Évangile, resteront toujours profondément impures.
6 plus en plus dangereux de reconnaître les péchés du parti que nous adoptons. Car je vois que tous les partis sont, dans l
2 1939, La Vie protestante, articles (1938–1978). Nicolas de Flue et la tradition réformée (1er septembre 1939)
7 aru que la question méritait bien d’être reprise, du point de vue d’un réformé du xxe siècle. D’où la première étude d’en
8 bien d’être reprise, du point de vue d’un réformé du xxe siècle. D’où la première étude d’ensemble que viennent de publie
9 avoir atteint sa cinquantième année. Né au début du xve siècle d’une famille paysanne de l’Obwald, il avait été capitain
10 onner : jamais on ne l’a trouvé en faute. Entouré du respect de ses concitoyens, il reçoit chaque jour des visites, donne
11 rge des conditions normales de l’existence. Signe du désarroi intime où la piété de l’Église non réformée laissait les âme
12 ontact direct avec la Bible. 2° Dans son ermitage du Ranft, Nicolas ne s’est pas abandonné aux « saintes délices » de la c
13 bien de tous. En fin de compte, sa retraite hors du monde n’a pas anéanti, mais décuplé son action pratique sur le monde.
14 e Nicolas, Pacificateur des cantons et adversaire du régime des pensions, la Contre-Réformation insistait exclusivement su
15 on insistait exclusivement sur l’aspect religieux du frère Claus, considéré comme témoin de l’ancienne foi, héraut de l’Eu
16 rt étrangers, tentent d’éluder l’action politique du frère Claus. Ils ne signalent pas l’événement de la Diète de Stans, n
17 . Tous ces auteurs admettent et louent le miracle du jeûne prolongé de Nicolas. Seul le mystique luthérien Sébastien Franc
18 r sert aujourd’hui… Si nous suivions les conseils du frère Claus, nous serions délivrés de ces valets qui, sous prétexte d
19 l n’a pas établi sa demeure tout à fait à l’écart du monde, mais au contraire près des habitations de sa famille et de sa
20 1526 et de 1538 ; elles font intervenir l’ermite du côté des réformés, ennemis du régime des pensions. Il s’agit là de pi
21 intervenir l’ermite du côté des réformés, ennemis du régime des pensions. Il s’agit là de pièces d’actualité, d’intentions
22 ste est la portée d’un mystère intitulé Le Miroir du Monde, qui fut joué à Bâle en 1550. Ce premier drame sur Nicolas de F
23 es treize cantons reparaissent et loue la sagesse du frère Claus. Les cantons catholiques reconnaissent qu’il avait eu rai
24 che tradition dramatique. Mais à partir de la fin du xvie siècle, les pièces d’inspiration catholique deviendront de beau
25 les plus nombreuses. (La première en date, celle du jésuite Jacob Gretser, fut jouée à Lucerne en 1586. Le rôle politique
26 scient de me ranger ainsi dans la vraie tradition du théâtre protestant, telle que l’illustre, par exemple, l’Abraham sacr
27 e-t-elle encore ? Saura-t-elle l’écouter ? Puisse du moins le souvenir de Nicolas de Flue nous faire comprendre que le pai
3 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). De Luther à Hitler (15 mars 1940)
28 st évidemment pas destinée à diminuer le prestige du second, mais bien à englober le premier dans la réprobation que provo
29 a doctrine hitlérienne centrale de l’action pure, du mouvement pur, privé de toutes fins transcendantes, telle que j’ai pu
30 éhitlérienne fut-elle gouvernée par Brüning, chef du parti du centre catholique ? Oui ou non, l’intronisation d’Hitler est
31 nne fut-elle gouvernée par Brüning, chef du parti du centre catholique ? Oui ou non, l’intronisation d’Hitler est-elle le
32 atique ? Je veux parler des États scandinaves, et du plus purement luthérien d’entre eux, la Finlande. Si l’on me fait l’h
4 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Dieu premier servi » (26 avril 1940)
33 a plus brûlante de l’époque : celle de l’attitude du chrétien en face de ses devoirs civiques et militaires. Là-dessus, qu
34 rer, quitte à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut de la chaire ! Or l’action d’un chrétien placé par sa naissance
35 ’insérer dans les données de fait qui sont celles du pays, et qui se trouvent être communes à tous les citoyens, chrétiens
36 s citoyens, chrétiens ou non. La mission spéciale du citoyen chrétien, ce sera de dégager de ces données communes un sens
37 ialiste de la vocation. Cette action particulière du citoyen chrétien sera dans l’intérêt de la Suisse, certes. Mais elle
38 e que nous sommes chrétiens d’abord. Gardons-nous du Schweizer Christentum ! À ces Schweizer Christen dont je viens de par
5 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). Neutralité (3 mai 1940)
39 est-on tiède, est-on neutre ? Si c’est vis-à-vis du Christ, la parole évangélique nous apprend que cette neutralité est s
40 use : elle entraîne notre expulsion violente hors du Royaume de Dieu. « Je vous vomirai », dit le Christ. Si c’est vis-à-v
41 er comme des proverbes généraux certaines paroles du Christ qui n’ont de sens que par rapport à sa Personne, à son Royaume
6 1942, La Vie protestante, articles (1938–1978). Perspectives d’avenir du protestantisme (2 janvier 1942)
42 Perspectives d’avenir du protestantisme (2 janvier 1942)g Le texte que nous publions est la
43 spérance de l’Esprit et non pas sur les fatalités du passé, ouverte à la volonté d’un Dieu transcendant et non pas fermée
44 elle demande « Quels sont tes morts ? ». Religion du sang, de la terre et des morts, religion sanglante et mortelle, relig
45 urnée vers le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’origine ?… Mais résister ne suffit pas, on ne se défend bien
46 rer le terrain pour la reconstruction fédéraliste du monde de demain. Si les totalitaires sont vaincus, ce seront les nati
47 ective qui s’ouvre au protestantisme, c’est celle du mouvement œcuménique. Vous savez que l’initiateur de ce vaste effort,
48 thodoxes grecs et russes, et les vieilles Églises du Proche-Orient, c’est-à-dire toutes les Églises chrétiennes sauf celle
49 à laquelle collaborent la majorité des chrétiens du monde entier, nous voyons la réalisation d’un des grands idéaux calvi
50 , jouent un rôle de premier plan dans les travaux du Conseil œcuménique. Toute leur tradition les prépare à ce rôle de féd
51 de, mais d’annoncer l’Évangile, la bonne nouvelle du « salut de grâce et bonté pure » comme on disait au xvie siècle. Et
52 g. Rougemont Denis de, « Perspectives d’avenir du protestantisme », La Vie protestante, Genève, 2 janvier 1942, p. 4.
7 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable I : « Je ne suis personne » (15 octobre 1943)
53 Les tours du diable I : « Je ne suis personne » (15 octobre 1943)h i C’est dans
54 e par un moderne sur Satan : « La plus belle ruse du diable est de nous persuader qu’il n’existe pas. » Reconnaissons que
55 ui consacrer de nombreuses pages. Le premier tour du diable est son incognito. Dieu dit : Je suis celui qui suis. Mais le
56 onne n’a pas médiocrement contribué à la réussite du premier tour que dénonce Baudelaire. Beaucoup s’y arrêtent : « Commen
57 es femmes. Cependant la Bible dénonce l’existence du diable à chaque page, de la première où il apparaît sous la forme du
58 page, de la première où il apparaît sous la forme du serpent, jusqu’à l’avant-dernière où nous voyons Satan lié pour mille
59 ns, puis délié et déchaîné sur les quatre parties du monde pour les tromper et pour les faire se battre sans raison allégu
60 aison alléguée, et finalement flamboyé par le feu du ciel et précipité dans un étang de flammes et de souffre avec ses fau
61 siècles. La Bible, notez-le, parle beaucoup moins du « mal » en général que du Malin personnifié (tout au moins dans les t
62 e, parle beaucoup moins du « mal » en général que du Malin personnifié (tout au moins dans les textes originaux). Si l’on
63 de douter un seul instant de la réalité objective du diable. h. Rougemont Denis de, « Les tours du diable I : “Je ne su
64 du diable. h. Rougemont Denis de, « Les tours du diable I : “Je ne suis personne” », La Vie protestante, Genève, 15 oc
65 icacité peu ordinaire sur l’existence personnelle du diable, due à la plume de Denis de Rougemont. Nous n’avons pas à prés
66 rotestante constructive. Sous le titre “Les tours du diable”, nous sommes heureux de pouvoir donner ici une première étude
8 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable II : Le menteur (22 octobre 1943)
67 Les tours du diable II : Le menteur (22 octobre 1943)j L’homme seul, dans toute
68 de parler, de créer et de dénaturer. Par la grâce du langage, il peut dire vrai ; par la faute du langage, il peut le cont
69 râce du langage, il peut dire vrai ; par la faute du langage, il peut le contredire. Il peut créer dans le prolongement de
70 her c’est fausser quelque chose dans l’ordonnance du cosmos. C’est toujours en quelque manière dire un mensonge ou l’opére
71 rité, et pour l’étendre et confirmer par la vertu du témoignage, il est clair que la grande ambition satanique devait être
72 e mensonge restera relatif à la mesure invariable du vrai. Si le client contrôle, il peut voir qu’on le vole, et vous save
73 à fausser la balance elle-même, c’est le critère du vrai qui est dénaturé, il n’y a plus de contrôle possible. Et peu à p
74 e vertu. C’est là le mensonge pur, l’œuvre propre du diable. À partir de l’instant où vous faussez la mesure même de la vé
75 la vérité, toutes vos « vertus » sont au service du mal et sont complices de l’œuvre du Malin. « Le diable est menteur et
76 nt au service du mal et sont complices de l’œuvre du Malin. « Le diable est menteur et le Père du mensonge », dit l’Évangi
77 uvre du Malin. « Le diable est menteur et le Père du mensonge », dit l’Évangile tel qu’on le cite d’ordinaire. Ceci concer
78 ropre mensonge. » Par ici nous entrons au mystère du mal. Le père de son mensonge est celui qui l’engendre, le conçoit par
79 té qu’il rejette aussitôt qu’avilie et qui mourra du monstre mis au monde. Monstrueuse création du mensonge, car le menson
80 rra du monstre mis au monde. Monstrueuse création du mensonge, car le mensonge, par essence, n’est pas ! C’est une espèce
81 et de l’art inauthentique. Le diable est le père du faux art, de toutes ces œuvres qui ne sont « ni bien ni mal », parce
82 e dont elles naquirent supprime les mesures mêmes du beau. Il n’y a plus de fautes de goût possible là où n’existe plus de
83 Peut-être ici découvrons-nous la raison dernière du mensonge : c’est toujours le désir d’innocence utopique. Le mensonge
84 une vérité. j. Rougemont Denis de, « Les tours du diable II : Le menteur », La Vie protestante, Genève, 22 octobre 1943
9 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable III : diable et sexe (29 octobre 1943)
85 Les tours du diable III : diable et sexe (29 octobre 1943)k Le jeune lecteur —
86 s sont réellement tentés de voler le portefeuille du voisin, mais presque tout homme s’est vu tenter de prendre la femme d
87 ue tout homme s’est vu tenter de prendre la femme du voisin, soit en recourant aux raisons pathétiques — « c’est vital ! »
88 eurs yeux la sexualité. C’est une vue bien bornée du péché ! Car même dans le cas où le fruit mangé par Ève signifierait c
89 dire purement animale, comme les autres fonctions du corps, le diable ne s’y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à l’am
90 rtainement l’une des formes les moins diaboliques du péché. Je n’en dirais pas autant de certaines amours pseudo-mystiques
91 le, mais on peut vivre en restant chaste. L’usage du sexe est donc en grande partie libre et conscient. D’autre part, il e
92 l’époque moderne, entraînant une pruderie morbide du langage et des bonnes mœurs, est certes pour beaucoup dans la crise s
93 us féconds… k. Rougemont Denis de, « Les tours du diable III : diable et sexe », La Vie protestante, Genève, 29 octobre
10 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IV : L’accusateur (5 novembre 1943)
94 Les tours du diable IV : L’accusateur (5 novembre 1943)l Il n’est peut-être au
95 re au monde qu’une seule chose pire que de douter du bien et du réel, et c’est de douter du pardon, une fois qu’on a trahi
96 qu’une seule chose pire que de douter du bien et du réel, et c’est de douter du pardon, une fois qu’on a trahi le bien et
97 de douter du bien et du réel, et c’est de douter du pardon, une fois qu’on a trahi le bien et le réel. Car douter du pard
98 fois qu’on a trahi le bien et le réel. Car douter du pardon nous replonge dans le mal, avec la sombre jouissance masochist
99 nera seule le courage de rebâtir. Celui qui doute du pardon ne peut pas confesser son crime, et celui qui ne le confesse p
100 e pardon pour nous forcer à fuir dans les remèdes du pire. L’Apocalypse le désigne comme « l’Accusateur de nos frères, cel
101 croire qu’il n’y a pas de juge, ni d’ordre divin du réel, et aussitôt que nous l’avons cru, de nous accuser de contravent
102 on devant le Juge. Ainsi la morale laïque, morale du devoir kantien et des routines bourgeoises, excluant le Dieu personne
103 la révolte. l. Rougemont Denis de, « Les tours du diable IV : L’accusateur », La Vie protestante, Genève, 5 novembre 19
11 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable V : Le tentateur (12 novembre 1943)
104 Les tours du diable V : Le tentateur (12 novembre 1943)m « Le serpent était le
105 ent dit : vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? La femme répondit au serpent : nous mangeons du fruit des ar
106 in ? La femme répondit au serpent : nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au
107 it au serpent : nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, D
108 rement dite, il y a le doute ! Le premier procédé du démon, c’est de jeter un doute sur la réalité de la loi divine, et do
109 à la divinité par un plus court chemin que celui du réel ; par un chemin que l’on inventerait soi-même, en dépit des inte
110 , de l’autopunition d’une conscience déchirée, et du désir enfin de se détruire. Se détruire pour s’innocenter ! Pour écha
111 r échapper, à sa manière encore, aux conséquences du mal que l’on a fait ; pour se châtier soi-même sans réparer. C’est le
112 e châtier soi-même sans réparer. C’est le mystère du suicide et la logique de Judas, la suprême utopie. m. Rougemont De
113 ême utopie. m. Rougemont Denis de, « Les tours du diable V : Le tentateur », La Vie protestante, Genève, 12 novembre 19
12 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation (19 novembre 1943)
114 Les tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation (19 novembre 194
115 Les tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation (19 novembre 1943)n Le philanthrope
116 sses. Ici nous abordons enfin la grande stratégie du diable dans ce siècle. La meilleure interprétation des phénomènes col
117 n journal intime : En opposition aux distinctions du Moyen Âge et des époques qui discutaient sans fin les cas de possessi
118 imulés, enflammés et hors d’eux-mêmes. Les scènes du Blocksberg sont le pendant exact de ces plaisirs démoniaques, qui con
119 lutionnaires qui marquaient en Europe l’irruption du libéralisme, du capitalisme et du nationalisme. Lui seul avait vu le
120 marquaient en Europe l’irruption du libéralisme, du capitalisme et du nationalisme. Lui seul avait vu le diable à l’œuvre
121 ope l’irruption du libéralisme, du capitalisme et du nationalisme. Lui seul avait vu le diable à l’œuvre dans ces œuvres —
122 plus responsable, donc plus coupable, et devenir du même coup participant de la puissance divinisée de l’Anonyme. Or l’An
123 x mains sur Marius, ce sont ses mains, non celles du voisin, et non celles de la foule qui n’a pas de mains » (Kierkegaard
124 e la face de l’Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais l’Éternel Dieu appela l’homme et lui dit : Où es-tu ? Il
125 plupart de nos idéaux, enfin l’évolution générale du temps, favorisent ce plan de mille manières. Tout concourt, dans le c
126 oncourt, dans le cadre de nos vies, à nous priver du sentiment d’être une personne responsable. Nous vivons tous, de plus
127 et non d’autres. Les véritables causes et racines du phénomène moderne des masses sont dans notre attitude spirituelle. La
128 a dénoncer. n. Rougemont Denis de, « Les tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation », La Vie protes
129 emont Denis de, « Les tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation », La Vie protestante, Genève, 19 nove
13 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VII : La cinquième colonne (26 novembre 1943)
130 Les tours du diable VII : La cinquième colonne (26 novembre 1943)o J’ai dit du
131 cinquième colonne (26 novembre 1943)o J’ai dit du mal de tout le monde — des autres, de nous, et donc de moi aussi. Mai
132 t, il est sans doute la créature la plus poétique du monde, au sens romantique de ce terme. Il est beau aux yeux des naïfs
133 uver. Il imite, en la caricaturant, l’action même du Saint-Esprit, toujours ambiguë pour notre doute et déconcertante pour
134 ors ?… Eh bien ! si vous voulez déjouer les tours du diable, si vous tenez sérieusement à l’attraper, je vais vous dire où
135 êtes assis. o. Rougemont Denis de, « Les tours du diable VII : La cinquième colonne », La Vie protestante, Genève, 26 n
14 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VIII : Le diable démocrate (3 décembre 1943)
136 Les tours du diable VIII : Le diable démocrate (3 décembre 1943)p Le xixe sièc
137 le Progrès automatique n’était qu’un déguisement du diable. Non pas qu’aucun progrès réel soit diabolique en soi ! Mais s
138 bolique en soi ! Mais si l’on s’abandonne au rêve du Progrès, laissant aller les choses avec l’arrière-pensée fataliste et
139 dangereux des soporifiques, une véritable drogue du démon, l’un de ses nouveaux noms. Nous avons cru à la bonté foncière
140 t donc de ne pas se soucier de la présence active du démon. Et donc enfin de lui laisser le champ libre pour nous duper. N
141 l’homme, c’est-à-dire sur la réalité essentielle du mal enraciné dans notre liberté, dans nos données premières, dans la
142 éel. Car dans le réel, nous savons bien qu’il y a du mal, qu’il y a l’action du diable. Mais cela nous scandalise et nous
143 savons bien qu’il y a du mal, qu’il y a l’action du diable. Mais cela nous scandalise et nous effraye. Alors nous essayon
144 monde, et nous livrent aux ruses les plus simples du Malin. Nous avons éliminé de notre existence bourgeoise le sens du tr
145 ons éliminé de notre existence bourgeoise le sens du tragique, pour nous tourner exclusivement vers la recherche du confor
146 pour nous tourner exclusivement vers la recherche du confort et des vertus moyennes. ⁂ De même que nous disions, en présen
147 e même que nous disions, en présence d’un miracle du bien : trop beau pour être vrai ! nous disions en présence de certain
148 ous disions en présence de certaines descriptions du mal : trop affreux pour être vrai ! Cependant c’était vrai, mais cela
149 faire croire aux démocrates qu’ils n’aimaient pas du tout le mal, qu’ils ne le désiraient nullement, qu’ils étaient bons e
150 ît être celle-ci : la haine purement sentimentale du mal qui est chez autrui peut aveugler sur le mal que l’on porte en so
151 r le mal que l’on porte en soi, et sur le sérieux du mal en général. La condamnation trop facile du méchant qui est en fac
152 ux du mal en général. La condamnation trop facile du méchant qui est en face peut recouvrir et favoriser beaucoup de compl
153 méchanceté. Je pense aux vertueuses indignations du puritain tenté et qui se fait une caricature du vice d’autrui pour év
154 s du puritain tenté et qui se fait une caricature du vice d’autrui pour éviter de le reconnaître en lui-même. … C’est pour
155 l’hypnose. p. Rougemont Denis de, « Les tours du diable VIII : Le diable démocrate », La Vie protestante, Genève, 3 dé
15 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IX : « Nous sommes tous coupables » (10 décembre 1943)
156 Les tours du diable IX : « Nous sommes tous coupables » (10 décembre 1943)q Cha
157 , victimes des plus célèbres études sociologiques du siècle, ont coutume de personnifier les forces mauvaises qui les mena
158 e la mort. Que ce soit un sorcier, un profanateur du sacré, un animal, un nuage, un bout de bois colorié, toujours la caus
159 nuage, un bout de bois colorié, toujours la cause du mal dont souffrent ces sauvages est indépendante d’eux-mêmes. À l’inv
160 r exemple — nous supprimerons les causes des maux du siècle. Si nous sommes des capitalistes, nous croyons qu’en déplaçant
161 qu’en rôtissant quelques dictateurs, profanateurs du droit, ou « sorciers », nous rétablirons la paix et la prospérité. No
162 tous les complices des plus grandes responsables du monde. Cependant, évitons à tout prix un malentendu menaçant. L’inten
163 e, c’est-à-dire la présence active et personnelle du démon dans nos passions, dans notre besoin de sensation, dans notre c
164 tre inertie civique, dans notre lâcheté vis-à-vis du grand nombre, de ses modes et de ses slogans, dans notre ignorance du
165 ses modes et de ses slogans, dans notre ignorance du prochain, dans notre refus enfin de tout Absolu qui transcende et qui
166 matériels et militaires, conformément à la nature du péril. Si quelqu’un met le feu à une maison, il faut des pompiers, co
167 tre métier. q. Rougemont Denis de, « Les tours du diable IX : “Nous sommes tous coupables” », La Vie protestante, Genèv
16 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable X : Le diable homme du monde (17 décembre 1943)
168 Les tours du diable X : Le diable homme du monde (17 décembre 1943)r Qui donc d
169 Les tours du diable X : Le diable homme du monde (17 décembre 1943)r Qui donc disait que le diable est un mon
170 satanique lorsque l’on s’aperçoit de la stérilité du personnage, et des effets stérilisants qu’entraîne sa fréquentation.
171 improbable. r. Rougemont Denis de, « Les tours du diable X : Le diable homme du monde », La Vie protestante, Genève, 17
172 nis de, « Les tours du diable X : Le diable homme du monde », La Vie protestante, Genève, 17 décembre 1943, p. 2.
17 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable XI : Le diable dans nos dieux (24 décembre 1943)
173 Les tours du diable XI : Le diable dans nos dieux (24 décembre 1943)s Nous avon
174 écembre 1943)s Nous avons parlé de l’incognito du diable. Mais il existe aussi un incognito divin, et c’est l’Incarnati
175 arpentier de village. Mais l’incognito et l’alibi du diable sont exactement inverses : c’est dans l’image de nos dieux qu’
176 et de la passion pour les hypercivilisés, le Dieu du succès pour les robustes puritains, le Dieu philanthrope pour les ava
177 tés à la hache, selon qu’il s’agit respectivement du dieu Classe ou du dieu Race. Les dieux des hommes sont sans pardon. C
178 lon qu’il s’agit respectivement du dieu Classe ou du dieu Race. Les dieux des hommes sont sans pardon. Ce sont des diables
179 ur le trottoir. Après quelques instants, poussant du coude son compère : « Je fais mon affaire du bonhomme ! dit-il entre
180 sant du coude son compère : « Je fais mon affaire du bonhomme ! dit-il entre ses dents. Voici son plan qu’il a laissé tomb
181 ganiser ! » s. Rougemont Denis de, « Les tours du diable XI : Le diable dans nos dieux », La Vie protestante, Genève, 2
18 1949, La Vie protestante, articles (1938–1978). Printemps de l’Europe (29 avril 1949)
182 ût été bien beau de faire coïncider cette annonce du renouveau européen avec la fête de la Résurrection. Mais rien n’est v
183 grandes visions. J’en connais trois. Il y a celle du jeune Garry Davis. Elle est très vaste, mais aussi très vague. Il se
184 i de leurs noms célèbres, mais sans rien déchirer du tout. Il est sympathique et très pur. Il rêve d’une Assemblée mondial
185 usses ont aussi leur vision, leur idée de l’unité du monde sous les auspices du Kominform et de l’épuration permanente, — 
186 , leur idée de l’unité du monde sous les auspices du Kominform et de l’épuration permanente, — et ceci tue cela, ce n’est
187 dérée. Elle est moins vaste, en vérité, que celle du jeune Américain, mais à cause de cela même, elle est plus claire et p
188 oche. Je voudrais l’appeler aujourd’hui la vision du beau temps européen, la vision d’un printemps de l’Europe où les fron
189 seulement pour nous en Europe, mais pour la paix du monde entier, alors le principal est fait. Et si les Dix ambassadeurs
19 1961, La Vie protestante, articles (1938–1978). Bilan simple (29 décembre 1961)
190 perdu la face en tant que champion de la paix et du désarmement, en faisant éclater trente bombes atomiques en deux mois.
191 en tant que champion de l’arbitrage pacifique et du droit des petits États. Quant à l’Allemagne de l’Est, c’est à la caus
192 s. Quant à l’Allemagne de l’Est, c’est à la cause du communisme tout entier qu’elle a fait perdre la face, en bâtissant le
193 tats-Unis, d’où je reviens, il n’est question que du « miracle européen ». C’est un fait : la montée vers une prospérité s
194 e plus bouder — les Européens reprendront la tête du progrès humain. Ils ne retrouveront pas seulement leur vraie puissanc
195 Presque tout reste à faire, il est vrai. Sachons du moins à quels grands buts lointains nous pouvons adresser nos vœux.
20 1965, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Que signifie pour vous la formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper reformanda” ? » (29 octobre 1965)
196 atrices qui se manifestent dans le concile actuel du Vatican ? Le supérieur général des jésuites critique les missions chr
21 1969, La Vie protestante, articles (1938–1978). La lune, ce n’est pas le paradis (1er août 1969)
197 s de francs — mais cette opération, la plus chère du monde, est aussi la moins motivée. Les motifs que l’on a allégués en
198 l y a là une espèce de fuite devant les problèmes du monde, un phénomène psychologique assez facile à expliquer et à compr
199 rer Jérusalem — motif mystique. Il ne pensait pas du tout découvrir l’Amérique. Il voulait trouver les Indes, parce qu’on
200 écit de son Voyage dans les empires de la Lune et du Soleil, décrit la Lune comme quelque chose d’absolument idyllique, c’
201 n texte de Werner von Braun, qui est un des pères du voyage dans la Lune, et qui nous décrit le paradis qui nous attend là
202 comme le christianisme, dont la base est l’amour du prochain, je ne vois pas en quoi elle serait modifiée si deux hommes
203 s l’espace, le cosmos physique. Je crois que même du point de vue de la technique, les plus grands achèvements humains son
204 met de l’aventure humaine. Relisant au lendemain du retour des cosmonautes la transcription de cet entretien télévisé, je
22 1978, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Bof ! disent les jeunes, pourquoi ? » (1er décembre 1978)
205 méthéenne qu’il faut comprendre votre titre ? Pas du tout, ce n’est pas un défi. Simplement, nous n’avons plus le droit de
206 la fatalité… On en revient toujours à l’histoire du chapitre 3 de la Genèse. Vous en appelez à la responsabilité ; c’est
207 pérance que, par notre action, nous pouvons faire du bien, pas seulement du mal ; que nous pourrions encore sauver l’human
208 action, nous pouvons faire du bien, pas seulement du mal ; que nous pourrions encore sauver l’humanité — je ne dis pas dan
209 rès pessimistes où vous semblez provoquer la peur du lecteur, le fond de tout est pourtant un courant d’optimisme et d’esp
210 » Mais les jeunes que je connais ne partagent pas du tout cette attitude : quand on leur parle de pollution de la terre, d
211 des airs, des forêts, des océans et des déserts, du danger nucléaire, de la guerre atomique qui risque d’éclater n’import
212 Les prophètes, d’une manière générale, n’ont pas du tout envie d’avoir raison ; ils vous adjurent de changer pour éviter
213 t la mobilisation, que j’ai découvert les trésors du fédéralisme. Nous parlions déjà de fédéralisme, même d’un type de déf
214 et cela m’a permis de découvrir le fonctionnement du fédéralisme. La critique de l’État-nation ne s’adresse donc pas à la
215 uvent se révéler dans certains secteurs de la vie du pays : le nucléaire ? Le nucléaire ! Il y a pour la Suisse, dès 1848,
216 éralisme suisse, il faut l’étendre aux dimensions du continent, quitte ensuite à fédérer ce continent avec d’autres fédéra
217 ix (voir le rapport de la Commission des finances du Parlement français). Pour la Suisse, il en va de même : nous finançon
218 e une menace pour la démocratie. Vous êtes membre du Groupe de Bellerive : que fait-il ? C’est un groupe de personnalités