1 1938, La Vie protestante, articles (1938–1978). Le temps des fanatiques (25 novembre 1938)
1 en incarnés. « Au nom du Christ ; nous disait-on, en avant contre les Soviets ! Haro sur les rouges d’Espagne ! Déclarez l
2 alement, cela va sans dire… Dès lors, nous sommes en règle avec notre conscience. Il n’y a plus à discuter. Le temps des n
3 a Russie rouge dans toute la presse qu’il possède en Europe, le fait vraiment au nom de l’Évangile ? Et je me demande si c
4 ne brûlent les églises, je ne dis pas non : ils s’ en vantent eux-mêmes. Mais je me demande si les soutiens de M. Franco, q
5 Pourquoi donc ces dictateurs iraient-ils protéger en Espagne une Église qu’ils attaquent chez eux ? Et quand on me dit, d’
6 je réponds : Croyez-vous, chers amis, que vous n’ en parlez pas vous-mêmes ? Les chrétiens qui se lancent dans une croisad
7 e pauvre monde se débrouiller. Je suis tout prêt, en ce qui me concerne, à prendre énergiquement parti après une enquête l
8 . Donc il n’y a pas de causes justes, même s’il y en a de moins injustes, relativement. Donc il ne peut y avoir de guerres
2 1939, La Vie protestante, articles (1938–1978). Nicolas de Flue et la tradition réformée (1er septembre 1939)
9 e de Nicolas, on l’ignore très généralement. Il n’ en va pas de même chez nos confédérés des petits cantons. Et c’est pourq
10 en tenté de l’espionner : jamais on ne l’a trouvé en faute. Entouré du respect de ses concitoyens, il reçoit chaque jour d
11 ion in extremis. Il n’aura pas besoin de paraître en personne ; son conseil suffira, et son autorité, pour calmer les pass
12 litique, tandis que les catholiques préféraient s’ en tenir à l’éloge de son jeûne et de ses visions. Nicolas et les réf
13 e ses visions. Nicolas et les réformés Mort en 1487, c’est-à-dire trente ans avant la Réforme, Nicolas appartient à
14 ls de sources sur Bruder Klaus publiés par Dürrer en 1921, nous constatons que, dans l’ensemble, les positions furent très
15  : « Dieu le sait… » Rien d’étonnant non plus si, en 1522, un pamphlet catholique anonyme se plaint de ce que les réformés
16 repris par le catholique Faber, Zwingli réplique en 1526 : Pieux confédérés, Faber adjure Zurich de conserver l’ancienne
17 ». Les autres réformateurs de la Suisse allemande en font autant. Joachim von Watt, ou Vadian, le savant humaniste fondate
18 ire, n’a cessé de visiter les malades et de venir en aide aux affligés ; « de plus, ajoute-t-il, il n’a pas établi sa deme
19 des habitations de sa famille et de sa parenté. » En 1556, Matthias Flacius l’Illyrique, le père de l’histoire de l’Église
20 ation plus décisive encore, voici celle de Luther en personne. Il écrit dans une lettre à Speratus : « Joignez le frère Cl
21 intitulé Le Miroir du Monde, qui fut joué à Bâle en 1550. Ce premier drame sur Nicolas de Flue est l’œuvre d’un protestan
22 Nicolas invoque Moïse, qui lui répond longuement en décrivant la corruption d’Israël et la nécessité d’une piété purifiée
23 nts étrangers » et les doctrines qu’on ne met pas en pratique. Les cantons protestants, pour leur part, se repentent de le
24 ont de beaucoup les plus nombreuses. (La première en date, celle du jésuite Jacob Gretser, fut jouée à Lucerne en 1586. Le
25 lle du jésuite Jacob Gretser, fut jouée à Lucerne en 1586. Le rôle politique de Nicolas n’y est même pas mentionné !) N’y
26 u théâtre ? C’est dans cette idée que j’ai conçu, en septembre dernier, la légende dramatique qui sera joué — Dieu voulant
27 ûlante de notre siècle : il n’était que de mettre en relief les traits de cette figure qui frappèrent particulièrement nos
28 as ne pouvait pas lire la Bible, mais il aimait à en citer les versets qu’on lui avait enseignés. Je l’ai fait parler le p
29 t enseignés. Je l’ai fait parler le plus possible en style biblique, conscient de me ranger ainsi dans la vraie tradition
3 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). De Luther à Hitler (15 mars 1940)
30 pu la voir à l’œuvre et telle que je l’ai décrite en plus d’un livre ? Certes, on pourra toujours faire jouer la balançoir
31 omphé sans résistance, et bien plus totalement qu’ en Allemagne, soient aujourd’hui les parangons de la liberté démocratiqu
4 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Dieu premier servi » (26 avril 1940)
32 e finlandaise était la foi profonde de ce peuple. En défendant leur terre, les soldats finnois avaient conscience de défen
33 s-moi pour qui tu acceptes de mourir, je te dirai en qui tu crois vraiment… Ces deux exemples contradictoires posent la qu
34 est né et pour son bien. Il n’a pas le droit de s’ en désintéresser et de laisser les autres s’égarer, quitte à les dénonce
35 it-il, avoir une religion pour vous, et si vous n’ en voulez pas pour vous, mais seulement pour tout le monde, faites-nous
36 ent pour tout le monde, faites-nous la grâce de n’ en point vouloir », car « la société qui veut m’ôter ma religion m’effra
37 religion m’effraie bien moins que celle qui veut en avoir une. » C’est parce que Niemöller et ses frères savaient cela qu
5 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). Neutralité (3 mai 1940)
38 on Éternité. Répéter que les tièdes seront vomis, en détournant ce verset de son sens spirituel, c’est toujours un blasphè
6 1942, La Vie protestante, articles (1938–1978). Perspectives d’avenir du protestantisme (2 janvier 1942)
39 une conférence que M. Denis de Rougemont a donnée en septembre à Rio de la Plata, sous les auspices de l’Église évangéliqu
40 perspectives d’avenir devant le protestantisme. J’ en désignerai trois en guise de conclusion. La première, c’est que la Ré
41 s résister ne suffit pas, on ne se défend bien qu’ en attaquant, c’est-à-dire en prenant l’initiative. Ici, la perspective
42 n ne se défend bien qu’en attaquant, c’est-à-dire en prenant l’initiative. Ici, la perspective qui s’offre aux Églises pro
43 u rôle de fédérateurs politiques. J’aime évoquer, en terminant, cette espérance d’une réunion de toutes les confessions ch
44 éunion de toutes les confessions chrétiennes. Car en nous faisant entrevoir la possibilité d’une catholicité nouvelle, ell
45 s une Église plus vaste. S’il fallait que je dise en une phrase ce qui m’attache à l’Église protestante, plutôt qu’à aucun
7 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable I : « Je ne suis personne » (15 octobre 1943)
46 octobre 1943)h i C’est dans les Petits poèmes en prose de Baudelaire que l’on peut lire la phrase la plus profonde écr
47 contemporaine. Même quand nous croyons « encore » en Dieu, nous croyons si peu au diable que l’on m’accusera certainement
48 u simplement de manque de sérieux, si je persiste en mon projet de lui consacrer de nombreuses pages. Le premier tour du d
49 iable, qui a la manie de vouloir imiter la vérité en la retournant, le diable nous dit comme Ulysse au Cyclope : Je ne sui
50 s, il est vraiment trop facile d’y croire : qui s’ en donnerait encore la peine ? De fait, j’ai connu beaucoup d’hommes qui
51 nnu beaucoup d’hommes qui voulaient bien admettre en souriant un diable de ce genre, mais non pas croire en Dieu ; ce qui
52 uriant un diable de ce genre, mais non pas croire en Dieu ; ce qui revient à ne pas croire au diable. Cette mascarade anac
53 ble. » C’est tout ce qu’il demandait. Et ceux qui en restent aux contes de bonnes femmes, ce sont ceux qui refusent de cro
54 t de croire au diable à cause de l’image qu’ils s’ en font, et qui est tirée des contes de bonnes femmes. Cependant la Bibl
8 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable II : Le menteur (22 octobre 1943)
55 ité de nos pouvoirs constitue notre liberté. Elle en est à la fois le signe et la condition nécessaire. Elle est notre glo
56 chose dans l’ordonnance du cosmos. C’est toujours en quelque manière dire un mensonge ou l’opérer. Par le langage l’homme
57 nous seulement qu’il agit dans le monde, et c’est en provoquant l’abus de notre liberté qu’il agit en nous et nous lie. Si
58 en provoquant l’abus de notre liberté qu’il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas été libre de manger cette pomme
59 l’homme étant sa liberté, il est clair que c’est en ce point que le Malin devait atteindre notre orgueil et s’insérer dan
60 songe, celui qui se borne à taire la vérité (tout en ne cessant de la connaître) ou à la nier (tout en sachant que, pour s
61 en ne cessant de la connaître) ou à la nier (tout en sachant que, pour si peu, elle ne cesse pas d’exister). Mais le texte
62 ui l’engendre, le conçoit par ses propres œuvres, en abusant d’une vérité qu’il rejette aussitôt qu’avilie et qui mourra d
63 e juge. Il ne part que de soi, et ne prolifère qu’ en autarcie, comme une monade cancéreuse, introduisant dans l’univers ce
9 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable III : diable et sexe (29 octobre 1943)
64 est vu tenter de prendre la femme du voisin, soit en recourant aux raisons pathétiques — « c’est vital ! » —, soit en se p
65 x raisons pathétiques — « c’est vital ! » —, soit en se persuadant que « ça n’a pas d’importance » ; ou les deux ensemble.
66 ons du corps, le diable ne s’y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et à l’esprit, et c’est par là qu’elle va
67 e des formes les moins diaboliques du péché. Je n’ en dirais pas autant de certaines amours pseudo-mystiques, nœuds de soph
68 écessaire que le sang circule, mais on peut vivre en restant chaste. L’usage du sexe est donc en grande partie libre et co
69 e part, il est lié à la créativité de l’homme, il en est l’aspect corporel, le symbole ou le signe physique. Or nous savon
70 ient proprement démoniaque que lorsque l’esprit s’ en empare, la contamine, la dénature, ou lui rend un culte obsédé. L’idé
71 ais gaillarde. Mais aussitôt le Malin se rattrape en proposant une licence absolue. Or, l’absence de contraintes choisies
10 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IV : L’accusateur (5 novembre 1943)
72 sser son crime, et celui qui ne le confesse pas n’ en connaîtra jamais toute l’étendue. Le diable est cet Accusateur qui ve
11 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable V : Le tentateur (12 novembre 1943)
73 qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n’ en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous n’en mou
74 t et vous n’y toucherez point, de peur que vous n’ en mouriez. Alors le serpent dit à la femme : vous ne mourrez point. Mai
75 mourrez point. Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, co
76 ouvrir l’intelligence : elle prit de son fruit et en mangea. » (Gen. 3:6) Voyez : ce n’est pas le mal en soi qui tente, ma
12 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation (19 novembre 1943)
77 ette galerie de victimes est classique au point d’ en être presque démodée. Car Satan marche avec son temps, et paraît se s
78 che avec son temps, et paraît se soucier de moins en moins de persuader l’individu, dans une époque où celui-ci n’existe g
79 i ce que l’on peut lire dans son journal intime : En opposition aux distinctions du Moyen Âge et des époques qui discutaie
80 ité qui se donne au diable, de nos jours, le fait en masse. C’est pour cela que les gens se rassemblent en troupeaux, pour
81 asse. C’est pour cela que les gens se rassemblent en troupeaux, pour que l’hystérie naturelle et animale s’empare d’eux, p
82 tait aux troubles révolutionnaires qui marquaient en Europe l’irruption du libéralisme, du capitalisme et du nationalisme.
83 elle tactique de Satan. Dès la première tentation en Eden, il a recours au même et unique artifice : faire croire à l’homm
84 as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’ en ai mangé. Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela
85 La femme répondit : Le serpent m’a séduite, et j’ en ai mangé. » (Gen. 3:8-13) Voyez : ils vont se cacher, ils n’y sont pl
86 nse, je dis qu’il n’y a personne. La personne est en nous ce qui répond de nos actes, ce qui est « capable de réponse » ou
87 secret de sa grande stratégie : produire le péché en série et rationaliser la chasse aux âmes. Il faut avouer que presque
88 onstres, l’invitent à prendre une part sensible — en imagination — aux grands événements qui opposent les Nations, ces abs
13 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VII : La cinquième colonne (26 novembre 1943)
89 , sa figure se brouille. Et les définitions que j’ en ai données successivement, à force de se compenser, finissent par se
90 attirante aux yeux des désabusés et des raffinés. En bref, il n’est jamais où vous pensiez le trouver. Il imite, en la car
91 ’est jamais où vous pensiez le trouver. Il imite, en la caricaturant, l’action même du Saint-Esprit, toujours ambiguë pour
92 à semer la confusion dans le camp de l’adversaire en y répandant alternativement de vraies et de fausses nouvelles. Voilà
14 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VIII : Le diable démocrate (3 décembre 1943)
93 ate (3 décembre 1943)p Le xixe siècle, sans s’ en douter, a remplacé la Providence par le progrès automatique. Devant l
94 s effraye. Alors nous essayons de conjurer le mal en le niant : c’est encore la mentalité magique. Nous pensons que celui
95 doit être lui-même très méchant. Nous croyons qu’ en avouant le mal, nous le créons d’une certaine manière. Nous préférons
96 re du vice d’autrui pour éviter de le reconnaître en lui-même. … C’est pourquoi nous dirons aujourd’hui aux braves démocra
97 rrangera toujours pour ressembler le plus ! C’est en vous seulement que vous le prendrez sur le fait. Et alors seulement,
98 ndrez sur le fait. Et alors seulement, vous serez en état de la dépister chez autrui, et de l’y combattre avec succès. Car
15 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IX : « Nous sommes tous coupables » (10 décembre 1943)
99 nous faire comprendre que le Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi est en nous, et que le champ de leur bataille
100 Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi est en nous, et que le champ de leur bataille n’est pas ailleurs que dans no
101 Si nous sommes révolutionnaires, nous croyons qu’ en changeant la disposition de certains objets — en déplaçant les riches
102 ’en changeant la disposition de certains objets — en déplaçant les richesses, par exemple — nous supprimerons les causes d
103 Si nous sommes des capitalistes, nous croyons qu’ en déplaçant vers nous ces mêmes objets, nous sauverons tout. Si nous so
104 mocrates, inquiets ou optimistes, nous croyons qu’ en rôtissant quelques dictateurs, profanateurs du droit, ou « sorciers »
105 pleine mentalité magique. Comme de petits enfants en colère, nous battons la table à laquelle nous nous sommes heurtés. Ou
106 la menace ne serait nullement suffisant pour nous en délivrer. Ces signes personnifient des possibilités qui existent en n
107 ignes personnifient des possibilités qui existent en nous aussi, des tentations latentes qui pourraient bien se développer
108 éséquilibre temporaire. L’adversaire est toujours en nous. Et c’est pourquoi je pense que le chrétien véritable serait cet
109 it d’autre ennemi à craindre que celui qu’il loge en lui-même. Mais voici une remarque des plus simples : personne n’a jam
110 où nous ne reconnaissons pas et ne condamnons pas en nous aussi la mentalité totalitaire, c’est-à-dire la présence active
111 t même lutte. Que servirait de gagner cette lutte en moi seulement, puisque le criminel risquerait de me supprimer ? Que s
112 on tour un autre criminel ? Il n’y a qu’un crime, en moi et hors de moi. C’est le même diable ! Et ceci n’est qu’un post-s
113 Nous sommes tous coupables, certes, mais si nous en sommes persuadés, il ne nous reste plus qu’à combattre le mal, en nou
114 dés, il ne nous reste plus qu’à combattre le mal, en nous et hors de nous ; c’est le même mal ! En nous par des moyens spi
115 al, en nous et hors de nous ; c’est le même mal ! En nous par des moyens spirituels et moraux, hors de nous par des moyens
16 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable X : Le diable homme du monde (17 décembre 1943)
116 nt satanique. Il imaginerait volontiers un diable en cravate blanche et monoclé. Le diable, dit un proverbe espagnol, n’es
17 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable XI : Le diable dans nos dieux (24 décembre 1943)
117 oraient pas ont renié la Révélation. Dès lors ils en étaient réduits à inventer Dieu. Mais on n’invente que ce que l’on es
118 entités divinisées, le moi n’est plus déguisé qu’ en un nous. Et ces trois entités ont ceci de commun : elles ne sont resp
119 yeux de ceux qui les servent, l’homme n’existe qu’ en elles et par elles. Dans la mesure où nous leur obéissons, nous ne so
120 sfaites… Voyez plutôt. Un jour, un Philanthrope s’ en allait le long de la rue. Il avait la tête et les poches pleines de p
121 t la fumée montait comme un encens et devait être en bonne odeur à l’Éternel, car cet homme avait le cœur pur. À quelques
122  » Le diable ne répondit rien ; il souriait, tout en lisant un bout de papier qu’il venait de ramasser sur le trottoir. Ap
123 e ses dents. Voici son plan qu’il a laissé tomber en donnant une pièce au mendiant. Il est parfait, ce plan, comme tu le c
18 1949, La Vie protestante, articles (1938–1978). Printemps de l’Europe (29 avril 1949)
124 en venir : car l’élan est donné, le mouvement est en marche, et plus rien ne peut l’arrêter. Nous aurons certainement le C
125 anglaise… J’y pensais hier, dans mon jardin, tout en cherchant des œufs de Pâques avec mes enfants, et je me disais : tout
126 nd de nous. Il y a très peu de grandes visions. J’ en connais trois. Il y a celle du jeune Garry Davis. Elle est très vaste
127 aient pas davantage que les cantons n’ont disparu en se fédérant, mais où les guerres entre nations deviendraient aussi im
128 comment la Suisse a su atteindre ces trois buts, en se fédérant il y a cent ans. Si l’on a bien vu cet enjeu, la possibil
129 é de le gagner d’urgence, non seulement pour nous en Europe, mais pour la paix du monde entier, alors le principal est fai
130 contre tous les experts de son époque, il se mit en route pour la joindre, et c’est ainsi qu’il trouva l’Amérique. Mais n
131 mblée consultative de l’Europe, qui doit se tenir en septembre, et dont les députés seront nommés par les parlements. 2.
19 1961, La Vie protestante, articles (1938–1978). Bilan simple (29 décembre 1961)
132 n tant que champion de la paix et du désarmement, en faisant éclater trente bombes atomiques en deux mois. À Goa, l’Inde a
133 ement, en faisant éclater trente bombes atomiques en deux mois. À Goa, l’Inde a perdu la face, en tant que champion de la
134 unisme tout entier qu’elle a fait perdre la face, en bâtissant le mur de Berlin non pour se protéger contre une attaque, m
135 ttaque, mais pour empêcher tout un peuple de fuir en masse le régime « populaire » ! Et tandis que les grands Moralisants
136 r. Et bien sûr, tout n’est pas encore gagné. Mais en demandant son accession à ce Marché commun qu’elle affecta longtemps
137 qui marquera l’année 1961 aux yeux de l’histoire. En offrant au monde l’exemple d’une fédération pacifique — que la Suisse
20 1965, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Que signifie pour vous la formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper reformanda” ? » (29 octobre 1965)
138 e d’ordonner un chaos de notes d’âges très divers en vue d’un livre sur le protestantisme, promis depuis longtemps à l’édi
139 t toute l’Église romaine a pu l’entendre, quoi qu’ en décide finalement son chef. Qu’avons-nous de pareil ? Et je ne dis pa
140 us de réformateurs vivants et d’avenir que nous n’ en vénérons dans notre histoire ? Bon sujet de réflexion, en cet anniver
141 ons dans notre histoire ? Bon sujet de réflexion, en cet anniversaire. u. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête]
21 1969, La Vie protestante, articles (1938–1978). La lune, ce n’est pas le paradis (1er août 1969)
142 la moins motivée. Les motifs que l’on a allégués en public sont puérils : le président Kennedy avait annoncé il y a huit
143 — battre les Russes sur ce plan — et finalement, en dernier lieu, un motif de connaissance pure, scientifique. Tout cela
144 des savants, mais des colonels. Et ils font cela en service commandé : au service de l’armée américaine. Et généralement,
145 her là-haut, c’est une étoile — une petite étoile en cuivre qu’ils se mettent sur l’épaulette. Néanmoins, ce sont les sav
146 ire que ce sont eux qui transforment ces colonels en projectiles à têtes chercheuses. Les savants pourraient dire — et ils
147 ment que les militaires font le même raisonnement en sens inverse. Qui faut-il croire ? Les véritables motifs, on ne les s
148 ent la même histoire avec Christophe Colomb, mais en sens inverse : dans les livres d’histoire d’aujourd’hui, vous lisez t
149 l, me regarda et me répondit : Vous avez raison ; en lisant votre roman La Machine à explorer le temps, je l’ai compris mo
150 ppose certaines formes de coopération discrète et en tout cas de coexistence. Lénine dit aussi : « Il faudra changer nos c
151 la Lune — où les rapports de productions ne sont en rien comparables à ce qu’ils étaient au xixe siècle, quand Marx a éc
152 Lune, pour l’instant. Justement, et on ne va pas en créer un, j’espère que non… Où Lénine se trompe à mon sens complèteme
153 t la base est l’amour du prochain, je ne vois pas en quoi elle serait modifiée si deux hommes arrivent sur la Lune. Ils au
154 t le moins d’argent et qui finissent par se faire en un clin d’œil, à la vitesse de la pensée. Eh bien ! l’aventure intéri
155 es souvent, elle ne demande ni crédit, ni gadget. En quoi je pense qu’elle est vraiment le sommet de l’aventure humaine.
156 onclusion, elle m’a valu des lettres qui disaient en substance : l’aventure intérieure, très bien, mais cela se pratique c
157 llo 11. Cet entretien avait fait impression. Nous en donnons le texte ici, et Denis de Rougemont dit, en quelques lignes,
158 donnons le texte ici, et Denis de Rougemont dit, en quelques lignes, ce qu’il pense aujourd’hui de l’événement qu’il avai
22 1978, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Bof ! disent les jeunes, pourquoi ? » (1er décembre 1978)
159 nature sauvage. Il faut bien que l’homme moderne en prenne conscience, car c’est probablement la dernière chance que nous
160 as ma faute ! C’était l’autre, ou la fatalité… On en revient toujours à l’histoire du chapitre 3 de la Genèse. Vous en app
161 urs à l’histoire du chapitre 3 de la Genèse. Vous en appelez à la responsabilité ; c’est bien parce que vous avez une espé
162 que l’histoire dure encore. Je sais bien, si on s’ en rapporte à l’Apocalypse, que l’histoire temporelle finira mal, mais,
163 it peur — comme à tout le monde, il ne faut pas s’ en cacher. Ils ne se sentent pas suffisamment impliqués pour dire autre
164 e tirage… Par quel cheminement de votre existence en êtes-vous arrivé au thème de ce livre ? J’ai commencé assez jeune à m
165 , des affaires de la civilisation au xxe siècle. En 1928 j’ai écrit un article sur les mémoires de Henry Ford, Ma Vie, pu
166 e sur les mémoires de Henry Ford, Ma Vie, publiés en français. L’article était intitulé « Le péril Ford » et s’élevait con
167 gé, nous étions les seuls à l’utiliser couramment en France). Toutes les idées fédéralistes, les idées d’autogestion, de r
168 , nos armes, et jamais nos valeurs puisque nous n’ en tenions pas compte nous-mêmes. La cause européenne, la lutte de ces d
169 n’a fait qu’interrompre… Elle a interrompu, mais en nous donnant raison ! hélas, nous ne le cherchions pas. Les prophètes
170 pour éviter les désastres, et de leur donner tort en changeant de cap. Votre critique de l’État-nation porte-t-elle aussi
171 ès nette. L’exemple que nous avions sous les yeux en 1931-1932 était l’État centralisé français, le modèle de tous les Éta
172 s beaucoup occupé de politique pendant mes études en Suisse, et je me considérais, étant à Paris, écrivant à Paris, publia
173 e, même d’un type de défense village par village, en hérisson, à appliquer à l’Europe pour lui éviter les grands affrontem
174 que l’on m’avait enseignée à l’école d’officiers en 1928 ! Une défense avec l’esprit autant qu’avec les armes ? Une défen
175 e : une forme de guerre purement défensive. C’est en Amérique (de 1940 à 1946) que j’ai découvert l’Europe ! et la Suisse
176 oigner de quelque chose pour savoir ce que c’est. En Amérique, il n’y avait rien sur la Suisse, alors j’ai écrit un petit
177 ’elle s’occupe d’objets trop grands. Le nucléaire en est un excellent exemple. Le nucléaire n’est absolument pas le moyen
178 l’indépendance énergétique d’un pays, à preuve qu’ en France le nucléaire est appliqué d’après une licence américaine, son
179 nances du Parlement français). Pour la Suisse, il en va de même : nous finançons le nucléaire grâce à six banques qui appa