1
signes dans le ciel, mais des réalités terrestres
et
brutales qui nous avertissent aujourd’hui du caractère religieux de n
2
ion. Croix gammée, faisceaux de licteur, faucille
et
marteau : trois-cents-millions de nos contemporains, s’ils ne portent
3
Apocalypse disent aux chrétiens : Voici la Bête !
Et
la guerre que vous ferez contre elle, au nom du Christ, sera vraiment
4
ngt ans, on nous a sommés de choisir entre le Mal
et
le Bien incarnés. « Au nom du Christ ; nous disait-on, en avant contr
5
r contre eux, c’est embrasser le parti du Bien. »
Et
nous voici embrigadés dans la « Croisade » — moralement, cela va sans
6
nuances est passé. L’état de siège est proclamé.
Et
celui qui demande à voir, celui qui estime encore que tout n’est pas
7
on adhésion. Que voulez-vous, je suis calviniste,
et
quand on me dit : Ceux-ci sont des méchants, je veux bien le croire,
8
n Europe, le fait vraiment au nom de l’Évangile ?
Et
je me demande si cet ordre établi que l’on nous invite à défendre, et
9
cet ordre établi que l’on nous invite à défendre,
et
qui comporte entre autres éléments le chômage et la prostitution, se
10
et qui comporte entre autres éléments le chômage
et
la prostitution, se fonde vraiment sur l’Évangile ? Quand on me dit q
11
de si les soutiens de M. Franco, qui sont le Duce
et
le Führer, ne le soutiennent vraiment qu’au nom du Christ ? Pourquoi
12
en Espagne une Église qu’ils attaquent chez eux ?
Et
quand on me dit, d’un autre côté cette fois : Vous voyez bien, les di
13
je me demande si le maintien de l’empire anglais
et
de l’hégémonie française est une part indiscutable et révélée du plan
14
e l’hégémonie française est une part indiscutable
et
révélée du plan de Dieu pour notre époque ? Je me demande si la campa
15
agne en faveur du « réarmement » résulte vraiment
et
d’abord d’un sursaut de la conscience chrétienne ? Où peut aller cett
16
roisade ne le font-ils que pour sauver l’Église ?
Et
même dans ce cas, est-ce une raison pour renoncer à toute clairvoyanc
17
ance ? À toute honnête information ? Le fanatisme
et
le simplisme, voilà ce que le diable juge assez bon, de nos jours, po
18
taire, se retirer dans une neutralité plaintive,
et
laisser le pauvre monde se débrouiller. Je suis tout prêt, en ce qui
19
ment. Donc il ne peut y avoir de guerres saintes.
Et
notre dernier mot, comme chrétiens, ne peut pas être « la guerre sain
20
i davantage « la paix à tout prix ». Il doit être
et
rester : vigilance. Dans cette nuit universelle où la Colère de Dieu
21
nuit ? — La sentinelle a répondu : le matin vient
et
la nuit aussi ! Si vous voulez interroger, interrogez ! Convertissez-
22
voulez interroger, interrogez ! Convertissez-vous
et
revenez ! » Évasion ? Non pas. Réalisme. La force réelle des tyrans e
23
lisme. La force réelle des tyrans est religieuse.
Et
la foi seule peut vaincre une religion païenne. a. Rougemont Denis
24
« Nous sommes heureux de compter, parmi les amis
et
collaborateurs de la Vie protestante, M. Denis de Rougemont, le jeune
25
Nicolas de Flue
et
la tradition réformée (1er septembre 1939)c Tout ce que le Suisse
26
s de même chez nos confédérés des petits cantons.
Et
c’est pourquoi les catholiques n’ont pas eu de peine à s’annexer le «
27
puis juge de paix, puis simple agriculteur, marié
et
père de dix enfants, lorsqu’il crut devoir obéir à l’appel de la soli
28
e décision, non sans avoir mûrement pesé son acte
et
obtenu le consentement des siens. Nous ne sommes pas en présence d’un
29
y mènera jusqu’à sa mort la vie d’un pieux laïque
et
non d’un moine, parfois même suspecté par l’Église qui se méfie de ce
30
ure que l’hostie, une fois par semaine ? L’évêque
et
les autorités ont bien tenté de l’espionner : jamais on ne l’a trouvé
31
donne des conseils d’une grande sagesse pratique
et
participe si bien à la vie de son peuple que le simple message qu’il
32
in de paraître en personne ; son conseil suffira,
et
son autorité, pour calmer les passions déchaînées. Le Solitaire est d
33
itaire est donc devenu la principale force morale
et
politique de toute la Confédération. Deux faits surtout méritent de n
34
paix de son âme dans le monde. Il a dû se retirer
et
vivre en marge des conditions normales de l’existence. Signe du désar
35
ues préféraient s’en tenir à l’éloge de son jeûne
et
de ses visions. Nicolas et les réformés Mort en 1487, c’est-à-d
36
’éloge de son jeûne et de ses visions. Nicolas
et
les réformés Mort en 1487, c’est-à-dire trente ans avant la Réform
37
as appartient à l’héritage commun des catholiques
et
des protestants suisses. Mais dès les premiers jours de la Réforme, l
38
’ensemble, les positions furent très vite prises,
et
très nettement. « Tandis qu’à la manière traditionnelle — écrit le ca
39
on politique de Nicolas, Pacificateur des cantons
et
adversaire du régime des pensions, la Contre-Réformation insistait ex
40
témoin de l’ancienne foi, héraut de l’Eucharistie
et
prophète des malheurs dus à la Réforme. Pour des fins partisanes non
41
herchent leur salut dans des soutiens extérieurs,
et
les publicistes jésuites, pour la plupart étrangers, tentent d’éluder
42
degré ces hommes d’État enrichis par les pensions
et
le service étranger. (R. Dürrer : Bruder Klaus, t. II, p. 851.) Rien
43
m, de Berne (dès 1529) ; Stumpf, pasteur à Stein,
et
, finalement, Bullinger lui-même, le célèbre successeur de Zwingli. To
44
successeur de Zwingli. Tous ces auteurs admettent
et
louent le miracle du jeûne prolongé de Nicolas. Seul le mystique luth
45
le croire : les Suisses eux-mêmes ne l’affirment
et
ne le croient pas. » Rappelons que lorsqu’on demandait à Nicolas comm
46
souci de la vieille foi, celle des saints apôtres
et
de nos ancêtres ! Car c’est par la seule force de Dieu que nos ancêtr
47
ces valets qui, sous prétexte de foi, trafiquent
et
jettent la discorde parmi nous. Plusieurs fois déjà, dans ses sermons
48
s, au contraire, n’a cessé de visiter les malades
et
de venir en aide aux affligés ; « de plus, ajoute-t-il, il n’a pas ét
49
s au contraire près des habitations de sa famille
et
de sa parenté. » En 1556, Matthias Flacius l’Illyrique, le père de l’
50
sont dressés, avant Martin Luther, contre le pape
et
ses erreurs ». Enfin, s’il était besoin d’une attestation plus décisi
51
pour le Christ contre l’Antéchrist. » Nicolas
et
le théâtre protestant L’une des meilleures preuves de l’adoption s
52
t d’abord deux satires dialoguées, datées de 1526
et
de 1538 ; elles font intervenir l’ermite du côté des réformés, ennemi
53
tz. Il ne comptait pas moins de 149 rôles parlés,
et
sa représentation demanda deux jours pleins, nous dit Dürrer. Nicolas
54
: les treize cantons, des apôtres, des prophètes
et
des représentants de la hiérarchie catholique. Au premier acte, on vo
55
catholique. Au premier acte, on voit les évêques
et
les moines chassés de la scène à coups de fouet par le prophète Elie.
56
nd longuement en décrivant la corruption d’Israël
et
la nécessité d’une piété purifiée et « sérieuse ». Au dernier acte, a
57
ion d’Israël et la nécessité d’une piété purifiée
et
« sérieuse ». Au dernier acte, après que la Mort ait accompli son Jug
58
pli son Jugement, les treize cantons reparaissent
et
loue la sagesse du frère Claus. Les cantons catholiques reconnaissent
59
s prières des lèvres, les « vêtements étrangers »
et
les doctrines qu’on ne met pas en pratique. Les cantons protestants,
60
ts, pour leur part, se repentent de leur orgueil.
Et
Nicolas, une dernière fois, les adjure de garder le Pacte dans l’amou
61
adjure de garder le Pacte dans l’amour fraternel
et
la vigilance. Puis il salue l’ange de Dieu qu’il voit venir à sa renc
62
it venir à sa rencontre. Les satires zwingliennes
et
le mystère de Valentin Boltz devaient être à l’origine d’une riche tr
63
, s’avisent de renouer leur tradition de Nicolas,
et
précisément au théâtre ? C’est dans cette idée que j’ai conçu, en sep
64
tat de nos calculs, mais le miracle de Dieu seul,
et
la victoire de Sa miséricorde. c. Rougemont Denis de, « Nicolas d
65
rde. c. Rougemont Denis de, « Nicolas de Flue
et
la tradition réformée », La Vie protestante, Genève, 1 septembre 1939
66
toute appréciation erronée des origines, des fins
et
de la pratique hitlériennes, non seulement affaiblissent la résistanc
67
es d’une solution prochaine, équitable pour tous,
et
englobant les pays germaniques. Or l’erreur qui consiste à placer Lut
68
lle résulte tantôt d’une mauvaise foi consciente,
et
qui se voudrait « machiavélique », tantôt d’une ignorance inqualifiab
69
norance inqualifiable des faits les plus notoires
et
les plus importants de notre histoire occidentale. J’estime qu’elle a
70
Je suis prêt à la dénoncer dans toutes les revues
et
dans tous les journaux qui veulent bien publier ma prose. Il est bien
71
provoque le racisme. Est-ce une tactique adroite
et
justifiable, au moment où toutes les Églises sont appelées, par aille
72
n’importe quel despote, pourvu qu’il fût Allemand
et
protestant ». Or le despote est venu, cher M. de Reynold : il était A
73
st venu, cher M. de Reynold : il était Autrichien
et
catholique. Un billet, s’il vous plaît, au Suisse inquiet, au protest
74
anscendantes, telle que j’ai pu la voir à l’œuvre
et
telle que je l’ai décrite en plus d’un livre ? Certes, on pourra touj
75
e entre les mains des défenseurs de la « Raison »
et
de la « claire latinité » que veulent être M. de Reynold, M. Massis,
76
ui ou non, l’axe Berlin-Rome passe-t-il par Rome,
et
non point par Genève ? Et si l’on persiste à prétendre que le luthéra
77
me passe-t-il par Rome, et non point par Genève ?
Et
si l’on persiste à prétendre que le luthéranisme porte en soi les ger
78
ys où le luthéranisme a triomphé sans résistance,
et
bien plus totalement qu’en Allemagne, soient aujourd’hui les parangon
79
ocratique ? Je veux parler des États scandinaves,
et
du plus purement luthérien d’entre eux, la Finlande. Si l’on me fait
80
itude du chrétien en face de ses devoirs civiques
et
militaires. Là-dessus, quelques remarques à propos de la Suisse. Je s
81
oir d’agir au nom de sa foi, d’agir dans le monde
et
pour le monde, dans la cité où il est né et pour son bien. Il n’a pas
82
monde et pour le monde, dans la cité où il est né
et
pour son bien. Il n’a pas le droit de s’en désintéresser et de laisse
83
n bien. Il n’a pas le droit de s’en désintéresser
et
de laisser les autres s’égarer, quitte à les dénoncer ensuite pathéti
84
dans les données de fait qui sont celles du pays,
et
qui se trouvent être communes à tous les citoyens, chrétiens ou non.
85
pas être chrétiens parce que nous sommes Suisses
et
que la Suisse est officiellement un pays chrétien. Mais nous devons ê
86
abord, écrivait-il, avoir une religion pour vous,
et
si vous n’en voulez pas pour vous, mais seulement pour tout le monde,
87
ui veut en avoir une. » C’est parce que Niemöller
et
ses frères savaient cela qu’ils ont résisté, qu’ils résistent. e.
88
as parler de neutralité en général, dans l’absolu
et
dans l’abstrait. Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi, ou de Q
89
tre histoire que je n’ai pas à conter maintenant.
Et
nous avons d’ailleurs, à mon avis, d’autres raisons de rester neutres
90
son sens spirituel, c’est toujours un blasphème,
et
c’est souvent une grosse sottise. f. Rougemont Denis de, « Neutral
91
de conclusion. La première, c’est que la Réforme,
et
spécialement sa tendance calviniste, est appelée à figurer dans notre
92
lution de l’Europe, représente en effet le centre
et
l’axe même de la notion chrétienne de personne, à la fois libre et en
93
la notion chrétienne de personne, à la fois libre
et
engagée. Par l’organisation même de ses Églises et de ses paroisses,
94
t engagée. Par l’organisation même de ses Églises
et
de ses paroisses, elle offre le type d’une communauté libre et pourta
95
oisses, elle offre le type d’une communauté libre
et
pourtant bien liée, fondée sur l’espérance de l’Esprit et non pas sur
96
ant bien liée, fondée sur l’espérance de l’Esprit
et
non pas sur les fatalités du passé, ouverte à la volonté d’un Dieu tr
97
assé, ouverte à la volonté d’un Dieu transcendant
et
non pas fermée sur les intérêts d’un groupe. Par là, elle s’oppose ra
98
arole de l’apôtre. Elle n’admet pas la conversion
et
le pardon, à partir desquels « il n’y a plus ni juif ni grec ». Elle
99
sont tes morts ? ». Religion du sang, de la terre
et
des morts, religion sanglante et mortelle, religion des choses vieill
100
ang, de la terre et des morts, religion sanglante
et
mortelle, religion des choses vieilles mortes et enterrées depuis des
101
et mortelle, religion des choses vieilles mortes
et
enterrées depuis des millénaires, jamais « passées ». Qui ne voit qu’
102
i ne voit qu’une telle religion hait mortellement
et
de toute sa nature la foi chrétienne, tournée vers le pardon, le futu
103
sont vaincus, ce seront les nations protestantes
et
fédéralistes d’esprit qui auront obtenu la victoire. Elles ne sauront
104
la rendre féconde que si elles se laissent guider
et
inspirer par la tradition spirituelle qui a fait leur force : la trad
105
ui a fait leur force : la tradition personnaliste
et
fédéraliste de la Réforme. Enfin, la troisième perspective qui s’ouvr
106
protestantes, les anglicans, les orthodoxes grecs
et
russes, et les vieilles Églises du Proche-Orient, c’est-à-dire toutes
107
s, les anglicans, les orthodoxes grecs et russes,
et
les vieilles Églises du Proche-Orient, c’est-à-dire toutes les Église
108
elle dans la diversité admise des formes de culte
et
d’organisation. Ce n’est point par hasard que les calvinistes, bien q
109
l’Évangile, la bonne nouvelle du « salut de grâce
et
bonté pure » comme on disait au xvie siècle. Et c’est notre fidélité
110
et bonté pure » comme on disait au xvie siècle.
Et
c’est notre fidélité même à la Réforme qui nous fait nous réjouir d’u
111
l’Église qui accepte d’être constamment réformée
et
jugée par la Vérité même qu’elle annonce et dont elle doit se sentir
112
ormée et jugée par la Vérité même qu’elle annonce
et
dont elle doit se sentir responsable devant le monde d’aujourd’hui et
113
sentir responsable devant le monde d’aujourd’hui
et
pour demain. g. Rougemont Denis de, « Perspectives d’avenir du pro
114
s. Car si le diable est simplement le démon rouge
et
cornu des mystères médiévaux, ou le faune à barbiche de chèvre et à l
115
tères médiévaux, ou le faune à barbiche de chèvre
et
à longue queue des légendes populaires, il est vraiment trop facile d
116
as croire au diable. Cette mascarade anachronique
et
bouffonne n’a pas médiocrement contribué à la réussite du premier tou
117
ent prendre ! Fascinés par l’image traditionnelle
et
trop évidemment puérile, ils ne se doutent pas que le diable agit ail
118
qui me paraît incroyable, ce n’est pas le diable,
et
ce ne sont pas les anges, mais bien la candeur et la crédulité de ces
119
et ce ne sont pas les anges, mais bien la candeur
et
la crédulité de ces « sceptiques », et l’impardonnable sophisme dont
120
la candeur et la crédulité de ces « sceptiques »,
et
l’impardonnable sophisme dont ils se montrent les victimes : « Le dia
121
mes : « Le diable est un bonhomme à cornes rouges
et
à longue queue ; or je ne puis croire à un bonhomme à cornes rouges e
122
r je ne puis croire à un bonhomme à cornes rouges
et
à longue queue ; donc je ne crois pas au diable. » C’est tout ce qu’i
123
s pas au diable. » C’est tout ce qu’il demandait.
Et
ceux qui en restent aux contes de bonnes femmes, ce sont ceux qui ref
124
re au diable à cause de l’image qu’ils s’en font,
et
qui est tirée des contes de bonnes femmes. Cependant la Bible dénonce
125
nous voyons Satan lié pour mille ans, puis délié
et
déchaîné sur les quatre parties du monde pour les tromper et pour les
126
sur les quatre parties du monde pour les tromper
et
pour les faire se battre sans raison alléguée, et finalement flamboyé
127
et pour les faire se battre sans raison alléguée,
et
finalement flamboyé par le feu du ciel et précipité dans un étang de
128
léguée, et finalement flamboyé par le feu du ciel
et
précipité dans un étang de flammes et de souffre avec ses faux prophè
129
feu du ciel et précipité dans un étang de flammes
et
de souffre avec ses faux prophètes, pour y être tourmenté nuit et jou
130
ec ses faux prophètes, pour y être tourmenté nuit
et
jour, au siècle des siècles. La Bible, notez-le, parle beaucoup moins
131
rs de la Vie protestante. La qualité de sa pensée
et
l’autorité de son jugement sont reconnues bien au-delà de nos frontiè
132
ans toute la Création, peut dire ce qui n’est pas
et
mentir par ses actes. Le minéral repose où il fut composé, la plante
133
prisonniers de l’ordre intarissablement prodigue
et
infaillible de l’instinct. Mais l’homme a reçu le pouvoir de parler,
134
ais l’homme a reçu le pouvoir de parler, de créer
et
de dénaturer. Par la grâce du langage, il peut dire vrai ; par la fau
135
ctives de la Création, il peut aussi créer à tort
et
à travers. Il peut être un agent responsable de la nature naturante,
136
, mais il peut aussi faire la grève, se révolter,
et
fabriquer l’anti-nature ou dénature. Cette duplicité de nos pouvoirs
137
tue notre liberté. Elle en est à la fois le signe
et
la condition nécessaire. Elle est notre gloire équivoque. C’est par l
138
équivoque. C’est par la liberté, à cause d’elle,
et
dans elle, que nous avons le pouvoir de pécher. Car pécher c’est tric
139
divine nos dérogations égoïstes, fautes de calcul
et
courtes vues intéressées. Pécher c’est fausser quelque chose dans l’o
140
peut mentir. Par sa liberté seule il peut pécher.
Et
le péché n’est qu’un mensonge. Mais le mensonge proféré nous lie… Com
141
’est par nous seulement qu’il agit dans le monde,
et
c’est en provoquant l’abus de notre liberté qu’il agit en nous et nou
142
oquant l’abus de notre liberté qu’il agit en nous
et
nous lie. Si Ève n’avait pas été libre de manger cette pomme interdit
143
point que le Malin devait atteindre notre orgueil
et
s’insérer dans nos défenses les plus secrètes. La parole nous étant d
144
role nous étant donnée pour répondre à la vérité,
et
pour l’étendre et confirmer par la vertu du témoignage, il est clair
145
nnée pour répondre à la vérité, et pour l’étendre
et
confirmer par la vertu du témoignage, il est clair que la grande ambi
146
ouche, pour altérer le témoignage dans sa source.
Et
c’est pourquoi la Bible dit, énergiquement, que lorsque nous mentons,
147
i le client contrôle, il peut voir qu’on le vole,
et
vous savez de combien vous le volez : une vérité reste juge entre vou
148
est dénaturé, il n’y a plus de contrôle possible.
Et
peu à peu vous oublierez que vous trichez. Parions même que vous mett
149
our le bon poids », pour le sourire de l’acheteur
et
la satisfaction de votre vertu. C’est là le mensonge pur, l’œuvre pro
150
ité, toutes vos « vertus » sont au service du mal
et
sont complices de l’œuvre du Malin. « Le diable est menteur et le Pèr
151
ices de l’œuvre du Malin. « Le diable est menteur
et
le Père du mensonge », dit l’Évangile tel qu’on le cite d’ordinaire.
152
us étrange. « Le diable est menteur, nous dit-il,
et
il est le père de son propre mensonge. » Par ici nous entrons au myst
153
ant d’une vérité qu’il rejette aussitôt qu’avilie
et
qui mourra du monstre mis au monde. Monstrueuse création du mensonge,
154
t une espèce de décréation. C’est le trompe-l’œil
et
le sonne-creux de l’invention bâtarde et de l’art inauthentique. Le d
155
pe-l’œil et le sonne-creux de l’invention bâtarde
et
de l’art inauthentique. Le diable est le père du faux art, de toutes
156
ntradiction d’une vérité, qui subsistait ailleurs
et
nous jugeait encore. Mais le mensonge diabolique tue le juge. Il ne p
157
ge diabolique tue le juge. Il ne part que de soi,
et
ne prolifère qu’en autarcie, comme une monade cancéreuse, introduisan
158
Les tours du diable III : diable
et
sexe (29 octobre 1943)k Le jeune lecteur — et peut-être aussi le m
159
et sexe (29 octobre 1943)k Le jeune lecteur —
et
peut-être aussi le moins jeune — se dira : Tiens, voilà un sujet… Que
160
maine des tentations à la fois les plus sensibles
et
les plus communes. Assez peu d’hommes sont réellement tentés de voler
161
i (au contraire), mais seulement la révolte d’Ève
et
son désir de se diviniser à sa façon. Si la sexualité pouvait rester
162
mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour,
et
à l’esprit, et c’est par là qu’elle va se pervertir et devenir à son
163
ais en fait elle se lie à l’amour, et à l’esprit,
et
c’est par là qu’elle va se pervertir et devenir à son tour source de
164
l’esprit, et c’est par là qu’elle va se pervertir
et
devenir à son tour source de perversion. La paillardise joyeuse est c
165
manque de nécessité. Il est nécessaire de manger
et
de respirer, et il est nécessaire que le sang circule, mais on peut v
166
sité. Il est nécessaire de manger et de respirer,
et
il est nécessaire que le sang circule, mais on peut vivre en restant
167
. L’usage du sexe est donc en grande partie libre
et
conscient. D’autre part, il est lié à la créativité de l’homme, il en
168
icipe de notre libre créativité, comme le langage
et
les activités de l’esprit, que la sexualité donne prise au diable. Et
169
l’esprit, que la sexualité donne prise au diable.
Et
certes il ne s’y intrigue pas davantage que dans nos créations les pl
170
raites. Il est même plus aisément reconnaissable,
et
dans cette mesure moins dangereux. La sexualité ne devient proprement
171
derne, entraînant une pruderie morbide du langage
et
des bonnes mœurs, est certes pour beaucoup dans la crise sexuelle don
172
a cru pouvoir « tout expliquer » par les censures
et
refoulements de la morale en vigueur dans son milieu, et de son temps
173
ulements de la morale en vigueur dans son milieu,
et
de son temps. D’où l’on devrait déduire que le meilleur moyen de prév
174
yen de prévenir les états de possession satanique
et
les névroses nées de troubles sexuels, serait simplement la franchise
175
raintes choisies rend la sexualité insignifiante,
et
déprime secrètement l’humanité de l’homme. Le sexe n’est pas plus div
176
ques ou moraux, à tout ce qui qualifie l’individu
et
lui permet de se posséder en tant que personne responsable. L’indiffé
177
sse américaine par exemple, à l’égard des pudeurs
et
interdits qui prêtaient à l’acte sexuel la gravité d’un engagement, c
178
mont Denis de, « Les tours du diable III : diable
et
sexe », La Vie protestante, Genève, 29 octobre 1943, p. 2.
179
nde qu’une seule chose pire que de douter du bien
et
du réel, et c’est de douter du pardon, une fois qu’on a trahi le bien
180
eule chose pire que de douter du bien et du réel,
et
c’est de douter du pardon, une fois qu’on a trahi le bien et le réel.
181
douter du pardon, une fois qu’on a trahi le bien
et
le réel. Car douter du pardon nous replonge dans le mal, avec la somb
182
jouissance masochiste des « après moi le déluge »
et
des « tant pis pour moi ». Il faut croire au pardon pour oser confess
183
; pour oser qualifier de faute sa propre faute ;
et
pour que puisse renaître la confiance qui donnera seule le courage de
184
doute du pardon ne peut pas confesser son crime,
et
celui qui ne le confesse pas n’en connaîtra jamais toute l’étendue. L
185
nos frères, celui qui les accuse devant Dieu jour
et
nuit ». C’est lui qui demandait la tête de Job devant le tribunal cél
186
u’il n’y a pas de juge, ni d’ordre divin du réel,
et
aussitôt que nous l’avons cru, de nous accuser de contravention devan
187
Ainsi la morale laïque, morale du devoir kantien
et
des routines bourgeoises, excluant le Dieu personnel, nous accuse et
188
rgeoises, excluant le Dieu personnel, nous accuse
et
nous prive en même temps de tout recours à Celui qui pardonne. Elle n
189
du jardin, Dieu a dit : vous n’en mangerez point
et
vous n’y toucherez point, de peur que vous n’en mouriez. Alors le ser
190
e jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront,
et
que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (Gen
191
e vous serez comme des dieux, connaissant le bien
et
le mal. » (Gen. 3:1 à 5) Voyez : avant la tentation proprement dite,
192
e jeter un doute sur la réalité de la loi divine,
et
donc sur la réalité elle-même et ses structures. « Dieu a-t-il réelle
193
e la loi divine, et donc sur la réalité elle-même
et
ses structures. « Dieu a-t-il réellement dit ?… » Sitôt que cette inc
194
que posent les lois de la Création, l’ordre divin
et
la nature de l’homme. Et voici le deuxième temps de la tentation : «
195
Création, l’ordre divin et la nature de l’homme.
Et
voici le deuxième temps de la tentation : « La femme vit que l’arbre
196
: « La femme vit que l’arbre était bon à manger
et
agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence
197
l’arbre était bon à manger et agréable à la vue,
et
qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence : elle prit de son fr
198
ur ouvrir l’intelligence : elle prit de son fruit
et
en mangea. » (Gen. 3:6) Voyez : ce n’est pas le mal en soi qui tente,
199
tente, mais c’est toujours un bien qu’on imagine,
et
même un meilleur bien que celui que Dieu offre, un bien que l’on se f
200
e par une chose mauvaise, mais par une fort belle
et
bonne pomme, agréable à la vue et précieuse pour l’esprit. Elle ne fu
201
une fort belle et bonne pomme, agréable à la vue
et
précieuse pour l’esprit. Elle ne fut pas tentée par le désir de nuire
202
ent fondamentale, Dieu n’aimait pas cette idée-là
et
l’excluait de sa réalité. Manger cette pomme et se diviniser de cette
203
à et l’excluait de sa réalité. Manger cette pomme
et
se diviniser de cette manière convoiteuse, il se trouvait qu’aux yeux
204
ion, puis le désir d’un bien que le réel condamne
et
que le plan divin ne prévoit pas. Satan, lorsqu’il tente le Christ, l
205
faute, mais faute signifie tout à la fois erreur
et
chute. C’est plus tard, c’est après plusieurs générations de pécheurs
206
ais active, contre nature devenue seconde nature.
Et
c’est à ce moment-là que Baudelaire peut écrire : « L’homme et la fem
207
moment-là que Baudelaire peut écrire : « L’homme
et
la femme savent de naissance que dans le mal se trouve la volupté… La
208
ns le mal se trouve la volupté… La volupté unique
et
suprême gît dans la certitude de faire le mal. » Mais ici se sont déc
209
ion, de l’autopunition d’une conscience déchirée,
et
du désir enfin de se détruire. Se détruire pour s’innocenter ! Pour é
210
oi-même sans réparer. C’est le mystère du suicide
et
la logique de Judas, la suprême utopie. m. Rougemont Denis de, « L
211
philanthrope ou le mondain, l’artiste, l’auteur,
et
l’homme qui réussit, cette galerie de victimes est classique au point
212
presque démodée. Car Satan marche avec son temps,
et
paraît se soucier de moins en moins de persuader l’individu, dans une
213
ime : En opposition aux distinctions du Moyen Âge
et
des époques qui discutaient sans fin les cas de possession, c’est-à-d
214
la possession diabolique dans les temps modernes,
et
montrer comment l’humanité qui se donne au diable, de nos jours, le f
215
blent en troupeaux, pour que l’hystérie naturelle
et
animale s’empare d’eux, pour qu’ils se sentent stimulés, enflammés et
216
d’eux, pour qu’ils se sentent stimulés, enflammés
et
hors d’eux-mêmes. Les scènes du Blocksberg sont le pendant exact de c
217
ue le sang court plus vite, que les yeux brillent
et
deviennent fixes, et que les passions bouillonnent. À quoi pouvait pe
218
vite, que les yeux brillent et deviennent fixes,
et
que les passions bouillonnent. À quoi pouvait penser Kierkegaard lors
219
lorsque, dans son petit Danemark bourgeois, pieux
et
confortable, il écrivait ces lignes prophétiques ? Il assistait aux t
220
Europe l’irruption du libéralisme, du capitalisme
et
du nationalisme. Lui seul avait vu le diable à l’œuvre dans ces œuvre
221
tiques. Kierkegaard a compris mieux que quiconque
et
avant tous, le principe diabolique créateur de la masse : fuir sa pro
222
nne, n’être plus responsable, donc plus coupable,
et
devenir du même coup participant de la puissance divinisée de l’Anony
223
lieu de rendez-vous des hommes qui se fuient, eux
et
leur vocation. Elle n’est personne et tire de là son assurance dans l
224
fuient, eux et leur vocation. Elle n’est personne
et
tire de là son assurance dans le crime. « Il ne s’est pas trouvé un s
225
quatre femmes, dans l’illusion d’être une foule,
et
que personne peut-être ne saurait dire qui l’avait fait ou qui avait
226
chaque homme isolé a, dans la règle, deux mains,
et
lorsqu’il porte ces deux mains sur Marius, ce sont ses mains, non cel
227
Marius, ce sont ses mains, non celles du voisin,
et
non celles de la foule qui n’a pas de mains » (Kierkegaard). Reconnai
228
première tentation en Eden, il a recours au même
et
unique artifice : faire croire à l’homme qu’il n’est pas responsable,
229
uge, que la Loi est douteuse, qu’on ne saura pas,
et
que d’ailleurs, une fois le coup réussi, on sera Dieu soi-même, donc
230
sera Dieu soi-même, donc maître de fixer le bien
et
le mal à sa guise. « Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu
231
rnel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir,
et
l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu, a
232
qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme
et
sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu, au milieu de
233
res du jardin. Mais l’Éternel Dieu appela l’homme
et
lui dit : Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardi
234
l répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin,
et
j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. Et l’Éternel
235
le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu,
et
je me suis caché. Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu
236
peur, parce que je suis nu, et je me suis caché.
Et
l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as m
237
ue tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre,
et
j’en ai mangé. Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait
238
ès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé.
Et
l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme r
239
ela ? La femme répondit : Le serpent m’a séduite,
et
j’en ai mangé. » (Gen. 3:8-13) Voyez : ils vont se cacher, ils n’y so
240
3) Voyez : ils vont se cacher, ils n’y sont plus.
Et
quand on les attrape, ils disent que c’était l’autre. Ainsi les homme
241
s, poussés par leurs « complexes de culpabilité »
et
fuyant devant l’aveu de leurs fautes, vont se cacher dans les arbres,
242
ce où l’on peut toujours dire : c’était l’autre !
Et
dans le lieu où l’on est, à coup sûr, le plus « loin de la face de l’
243
faut qu’il n’y ait plus personne. Or si j’appelle
et
qu’il n’y a pas de réponse, je dis qu’il n’y a personne. La personne
244
sa grande stratégie : produire le péché en série
et
rationaliser la chasse aux âmes. Il faut avouer que presque toutes no
245
formes de vie étrangères à notre sort particulier
et
à nos aptitudes normales. Au cinéma, l’individu moderne s’habitue à c
246
ent les Nations, ces abstractions personnifiées ;
et
les Révolutions incarnées par leurs chefs. Tout cela contribue à l’ar
247
jamais rien de semblable. Quant aux inconvénients
et
à l’ennui de cette vie propre, autrefois jugés normaux, ils apparaiss
248
défini, de confort à tout prix, de succès rapide,
et
à mesure que s’efface la croyance dans un au-delà. D’une part l’indiv
249
ividu moderne est incité à juger sa vie mesquine,
et
à la fuir ; d’autre part il est aspiré par les grandes émotions colle
250
les grandes émotions collectives. Cette répulsion
et
cette attraction jouent dans le même sens. Elles poussent l’homme à r
251
mmes, sans la radio, les haut-parleurs, la presse
et
les transports rapides. Mais ces moyens techniques n’ont pas tout fai
252
’ont pas tout fait : l’homme les a faits d’abord,
et
ce n’est point par hasard qu’il a fait ceux-là et non d’autres. Les v
253
et ce n’est point par hasard qu’il a fait ceux-là
et
non d’autres. Les véritables causes et racines du phénomène moderne d
254
it ceux-là et non d’autres. Les véritables causes
et
racines du phénomène moderne des masses sont dans notre attitude spir
255
rces au plus intime des existences individuelles.
Et
c’est là seulement qu’on peut la dénoncer. n. Rougemont Denis de,
256
it du mal de tout le monde — des autres, de nous,
et
donc de moi aussi. Mais si le diable est partout, sa figure se brouil
257
si le diable est partout, sa figure se brouille.
Et
les définitions que j’en ai données successivement, à force de se com
258
ires. Pourquoi ne pas nous donner une image nette
et
facilement reconnaissable de la personne de Satan ? C’est que le diab
259
e est justement celui qui n’est jamais clairement
et
honnêtement définissable. Il est celui qui s’arrange toujours pour êt
260
i qui s’arrange toujours pour être à la fois juge
et
partie dans le procès de sa définition. Un être paradoxal pas essence
261
donne une liberté indéfinie d’action, d’incognito
et
d’alibis à perte de vue. Vulgaire et séduisant, pharisien et voyou, h
262
d’incognito et d’alibis à perte de vue. Vulgaire
et
séduisant, pharisien et voyou, hypocrite et cynique à la fois, repous
263
à perte de vue. Vulgaire et séduisant, pharisien
et
voyou, hypocrite et cynique à la fois, repoussant mais non moins fasc
264
gaire et séduisant, pharisien et voyou, hypocrite
et
cynique à la fois, repoussant mais non moins fascinant, il est sans d
265
des naïfs qui croient que le mal doit être laid ;
et
il est d’une laideur irrésistiblement attirante aux yeux des désabusé
266
irrésistiblement attirante aux yeux des désabusés
et
des raffinés. En bref, il n’est jamais où vous pensiez le trouver. Il
267
u Saint-Esprit, toujours ambiguë pour notre doute
et
déconcertante pour notre raison. On sait assez que le procédé favori
268
versaire en y répandant alternativement de vraies
et
de fausses nouvelles. Voilà le diable à l’œuvre dans nos vies ! Il es
269
Cinquième Colonne au siècle des siècles. Enfin —
et
ceci doit me rendre prudent, personnellement —, le diable est l’être
270
e loger de préférence chez celui qui l’a dénoncé,
et
qui se tient pour assuré dans sa bonne conscience. Au moment où vous
271
Au moment où vous croyez l’attraper chez un autre
et
lui régler son compte — voici qu’il est devenu vous-même ! Mais alors
272
cette croyance quasi universelle dans les masses
et
l’élite, l’on est induit à reconnaître que le Progrès automatique n’é
273
aller les choses avec l’arrière-pensée fataliste
et
réconfortante que tout s’arrangera de soi-même, dans l’ensemble et à
274
que tout s’arrangera de soi-même, dans l’ensemble
et
à la longue, alors le Progrès devient le plus dangereux des soporifiq
275
rs une manière de croire aussi à sa propre bonté.
Et
donc de s’aveugler sur le mal que l’on porte en soi. Et donc de ne pa
276
c de s’aveugler sur le mal que l’on porte en soi.
Et
donc de ne pas se soucier de la présence active du démon. Et donc enf
277
ne pas se soucier de la présence active du démon.
Et
donc enfin de lui laisser le champ libre pour nous duper. Nous avons
278
comprise, de lois inadéquates, ou de refoulements
et
d’injustices qui pouvaient être éliminés par des mesures adroites. To
279
berté, dans nos données premières, dans la nature
et
dans la définition même de l’homme en tant qu’il est humain. Nous avo
280
t humain. Nous avons été optimistes par principe,
et
presque par savoir-vivre, dirait-on, malgré tous les démentis de la r
281
y a l’action du diable. Mais cela nous scandalise
et
nous effraye. Alors nous essayons de conjurer le mal en le niant : c’
282
er. Nous « refoulons », dirait Freud. Cette fuite
et
ce mensonge inconscients, nous rendent incapables de comprendre ce qu
283
bles de comprendre ce qui se passe dans le monde,
et
nous livrent aux ruses les plus simples du Malin. Nous avons éliminé
284
ourner exclusivement vers la recherche du confort
et
des vertus moyennes. ⁂ De même que nous disions, en présence d’un mir
285
ût été vraiment vrai, il eût fallu agir d’urgence
et
sans réserve ; et si nous nous étions mis à agir sans réserve, nous a
286
ai, il eût fallu agir d’urgence et sans réserve ;
et
si nous nous étions mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vit
287
que ce mal avait des racines dans nos vies aussi,
et
que d’une certaine manière, nous l’aimions ! Voilà le grand secret. L
288
s ne le désiraient nullement, qu’ils étaient bons
et
les autres méchants, et que c’était tellement simple… Comme je voudra
289
ment, qu’ils étaient bons et les autres méchants,
et
que c’était tellement simple… Comme je voudrais que cela soit aussi s
290
i peut aveugler sur le mal que l’on porte en soi,
et
sur le sérieux du mal en général. La condamnation trop facile du méch
291
facile du méchant qui est en face peut recouvrir
et
favoriser beaucoup de complaisance intime à cette même méchanceté. Je
292
nse aux vertueuses indignations du puritain tenté
et
qui se fait une caricature du vice d’autrui pour éviter de le reconna
293
vous seulement que vous le prendrez sur le fait.
Et
alors seulement, vous serez en état de la dépister chez autrui, et de
294
t, vous serez en état de la dépister chez autrui,
et
de l’y combattre avec succès. Car alors seulement, vous serez guéris
295
e Dieu est en nous, que le Mal aussi est en nous,
et
que le champ de leur bataille n’est pas ailleurs que dans nos cœurs.
296
droit, ou « sorciers », nous rétablirons la paix
et
la prospérité. Nous sommes encore en pleine mentalité magique. Comme
297
ent de nous. Car tout homme porte dans son corps (
et
dans son âme) les microbes de toutes les maladies connues, et de bien
298
âme) les microbes de toutes les maladies connues,
et
de bien d’autres. Anéantir les signes extérieurs de la menace ne sera
299
re temporaire. L’adversaire est toujours en nous.
Et
c’est pourquoi je pense que le chrétien véritable serait cet homme qu
300
». Pourtant voyez ce qui se passe dans le monde,
et
dites qui l’a fait. Le diable ? Oui, mais par nos mains et nos pensée
301
qui l’a fait. Le diable ? Oui, mais par nos mains
et
nos pensées. C’est ici le moment de nous rappeler notre slogan démocr
302
ables dans la mesure où nous ne reconnaissons pas
et
ne condamnons pas en nous aussi la mentalité totalitaire, c’est-à-dir
303
lité totalitaire, c’est-à-dire la présence active
et
personnelle du démon dans nos passions, dans notre besoin de sensatio
304
e lâcheté vis-à-vis du grand nombre, de ses modes
et
de ses slogans, dans notre ignorance du prochain, dans notre refus en
305
s notre refus enfin de tout Absolu qui transcende
et
qui juge nos intérêts « vitaux » (comme ils le sont toujours…). Mais,
306
la ne justifie pas le criminel, cela me condamne.
Et
puisqu’il faut combattre le crime, je ne dirai pas que je vais laisse
307
dirai au contraire que la lutte pour me réformer
et
la lutte pour empêcher le criminel de poursuivre ses méfaits, sont un
308
riminel de poursuivre ses méfaits, sont une seule
et
même lutte. Que servirait de gagner cette lutte en moi seulement, pui
309
un autre criminel ? Il n’y a qu’un crime, en moi
et
hors de moi. C’est le même diable ! Et ceci n’est qu’un post-scriptum
310
me, en moi et hors de moi. C’est le même diable !
Et
ceci n’est qu’un post-scriptum à l’adresse des pacifistes : « Nous so
311
ne nous reste plus qu’à combattre le mal, en nous
et
hors de nous ; c’est le même mal ! En nous par des moyens spirituels
312
t le même mal ! En nous par des moyens spirituels
et
moraux, hors de nous par des moyens matériels et militaires, conformé
313
et moraux, hors de nous par des moyens matériels
et
militaires, conformément à la nature du péril. Si quelqu’un met le fe
314
ers, coupables ou non, pour éteindre l’incendie ;
et
des policiers, coupables ou non, pour arrêter l’incendiaire. Or l’his
315
gré mal gré, dans le rôle technique des pompiers
et
des gendarmes. Cela ne fait pas de nous des saints. Cela n’implique m
316
t un monsieur très bien ? Entre les gens du monde
et
le Prince de ce monde, les mots suggèrent, dans presque toutes les la
317
les langues, certaines complicités particulières.
Et
le peuple, inspiré peut-être par les traditionnels avertissements de
318
aginerait volontiers un diable en cravate blanche
et
monoclé. Le diable, dit un proverbe espagnol, n’est pas à craindre pa
319
ce que l’on peut penser aussi des gens du monde,
et
de la sagesse mondaine en général. Elle a son charme et son utilité ;
320
la sagesse mondaine en général. Elle a son charme
et
son utilité ; mais elle est vieille, elle est trop avertie, elle offr
321
asser au travers des cercles vicieux de la raison
et
de l’égoïsme « bien compris ». La fonction normale de la vie mondaine
322
on normale de la vie mondaine serait de maintenir
et
d’illustrer un certain nombre de devises d’élégance morale et de sage
323
er un certain nombre de devises d’élégance morale
et
de sagesse pratique. Il n’y a rien là de diabolique, tout au contrair
324
ue l’on s’aperçoit de la stérilité du personnage,
et
des effets stérilisants qu’entraîne sa fréquentation. Ce n’est pas le
325
itée. Le milieu mondain le plus suavement correct
et
moral peut fort bien être préféré par le diable à ces milieux bohèmes
326
être préféré par le diable à ces milieux bohèmes
et
de mœurs relâchées qui se croiraient volontiers damnés. C’est, je cro
327
diable. Mais il existe aussi un incognito divin,
et
c’est l’Incarnation, c’est-à-dire Dieu caché autant que révélé dans l
328
Joseph, charpentier de village. Mais l’incognito
et
l’alibi du diable sont exactement inverses : c’est dans l’image de no
329
u’il va se dissimuler, au cœur même de nos idéaux
et
de nos vérités trop humaines, dans les religions que nous confabulons
330
isme, ou une compensation rêvée de leurs défauts.
Et
ce fut le Dieu de la raison pour les tempéraments rationalistes, le D
331
tempéraments rationalistes, le Dieu de l’instinct
et
de la passion pour les hypercivilisés, le Dieu du succès pour les rob
332
s puritains, le Dieu philanthrope pour les avares
et
les timides, etc. Tout ceci pour la bourgeoisie et le siècle individu
333
t les timides, etc. Tout ceci pour la bourgeoisie
et
le siècle individualiste. Les suivants, nos contemporains, moins hypo
334
inisées, le moi n’est plus déguisé qu’en un nous.
Et
ces trois entités ont ceci de commun : elles ne sont responsables de
335
es les critères de toute vérité purement humaine,
et
décrétant qu’il n’est plus d’autre vérité. Or, aux yeux de ceux qui l
336
eux qui les servent, l’homme n’existe qu’en elles
et
par elles. Dans la mesure où nous leur obéissons, nous ne sommes donc
337
s de nos actes, mais elles le sont à notre place.
Et
comme elles-mêmes n’ont à répondre devant aucune instance supérieure,
338
autre classe, ou d’une autre génération physique
et
mentale que celle qui détient le pouvoir — alors nous sommes des « vi
339
oir — alors nous sommes des « vipères lubriques »
et
nous devons le confesser publiquement. Après quoi nous recevons une b
340
e s’en allait le long de la rue. Il avait la tête
et
les poches pleines de projets philanthropiques, propres à réformer l’
341
bon cigare dont la fumée montait comme un encens
et
devait être en bonne odeur à l’Éternel, car cet homme avait le cœur p
342
quelques mètres derrière lui suivaient le diable
et
l’un de ses compères. Ils observaient le Philanthrope, d’un œil criti
343
Le Philanthrope sans hésiter lui remit une pièce,
et
poursuivit son chemin. Il marchait dans la gloire, et sa conscience r
344
oursuivit son chemin. Il marchait dans la gloire,
et
sa conscience resplendissait comme un sou neuf. « Tu n’as pas peur de
345
ompère au diable. Il m’a l’air terriblement bon !
Et
ses plans sont irréprochables, paraît-il : intelligents et généreux,
346
ans sont irréprochables, paraît-il : intelligents
et
généreux, idéalistes, réalistes… » Le diable ne répondit rien ; il so
347
pas pour Pâques, ce sera donc pour la Trinité ! —
et
cela ne veut pas dire, comme dans la chanson, que nous ne verrons jam
348
car l’élan est donné, le mouvement est en marche,
et
plus rien ne peut l’arrêter. Nous aurons certainement le Conseil de l
349
Nous aurons certainement le Conseil de l’Europe,
et
l’Assemblée consultative. Certainement, l’Europe va se faire. La seul
350
t-elle se laisser inspirer par ce temps de Pâques
et
les vacances, et puisse-t-elle prendre non seulement son temps, mais
351
inspirer par ce temps de Pâques et les vacances,
et
puisse-t-elle prendre non seulement son temps, mais aussi les distanc
352
r le problème dans son ensemble, loin des détails
et
des difficultés techniques, pour méditer dans la campagne anglaise… J
353
en cherchant des œufs de Pâques avec mes enfants,
et
je me disais : tout dépend d’une seule chose, l’avenir de ces enfants
354
dépend d’une seule chose, l’avenir de ces enfants
et
celui de nos pays, tout dépend d’une seule chose, qui est celle-ci :
355
dans notre temps. Le souci des intérêts immédiats
et
surtout la peur de la guerre nous empêchent trop souvent de voir loin
356
and, d’imaginer vraiment la paix, la paix vivante
et
passionnante qui reste encore possible, et qui dépend de nous. Il y a
357
ivante et passionnante qui reste encore possible,
et
qui dépend de nous. Il y a très peu de grandes visions. J’en connais
358
s vague. Il se promène ces jours-ci dans les rues
et
cafés de Paris, avec un gros livre sous le bras, quêtant la signature
359
des amis de la paix. Il a déchiré son passeport,
et
quelques écrivains lui ont donné l’appui de leurs noms célèbres, mais
360
is sans rien déchirer du tout. Il est sympathique
et
très pur. Il rêve d’une Assemblée mondiale et d’un gouvernement uniqu
361
que et très pur. Il rêve d’une Assemblée mondiale
et
d’un gouvernement unique pour toute la terre. Mais les Russes ont aus
362
e l’unité du monde sous les auspices du Kominform
et
de l’épuration permanente, — et ceci tue cela, ce n’est pas notre fau
363
ices du Kominform et de l’épuration permanente, —
et
ceci tue cela, ce n’est pas notre faute, ni la faute de Garry Davis…
364
, mais à cause de cela même, elle est plus claire
et
proche. Je voudrais l’appeler aujourd’hui la vision du beau temps eur
365
sion d’un printemps de l’Europe où les frontières
et
les barrières entre nos peuples fondraient comme neige sous le soleil
366
ent votre curiosité pour tant de beautés antiques
et
nouvelles, votre fraternité pour tant de peuples différents et si pro
367
votre fraternité pour tant de peuples différents
et
si proches, — comme vous circulez aujourd’hui d’un canton à l’autre d
368
érations qui ont vu le jour au cours des siècles,
et
vous savez comment la Suisse a su atteindre ces trois buts, en se féd
369
a bien vu cet enjeu, la possibilité de le gagner,
et
la nécessité de le gagner d’urgence, non seulement pour nous en Europ
370
aix du monde entier, alors le principal est fait.
Et
si les Dix ambassadeurs à Londres ont bien vu cela, ils ne se laisser
371
isseront plus arrêter par les chicanes techniques
et
les experts. Tout dépend de la vision qu’ils auront. Il n’est point d
372
orienté dès le départ par une vision libératrice
et
fascinante. L’Europe se fera, parce qu’une équipe de véritables résis
373
— ceux qui résistent à la fatalité — l’auront vue
et
marchent vers elle. Il se peut que la vision qui les guide cache une
374
s Indes, on nommait ainsi sa vision. Contre vents
et
marées, contre tous les experts de son époque, il se mit en route pou
375
e son époque, il se mit en route pour la joindre,
et
c’est ainsi qu’il trouva l’Amérique. Mais nous, quel continent nouvea
376
tive de l’Europe, qui doit se tenir en septembre,
et
dont les députés seront nommés par les parlements. 2. (Réd. — Nous d
377
e paraît simple à établir dans ses grandes lignes
et
à l’échelle de la planète : l’une après l’autre, toutes les puissance
378
S a perdu la face en tant que champion de la paix
et
du désarmement, en faisant éclater trente bombes atomiques en deux mo
379
ace en tant que champion de l’arbitrage pacifique
et
du droit des petits États. Quant à l’Allemagne de l’Est, c’est à la c
380
peuple de fuir en masse le régime « populaire » !
Et
tandis que les grands Moralisants du Monde humiliaient ainsi leurs pr
381
la fin de la domination mondiale par nos nations,
et
les débuts de leur union ? Tandis que le tiers-monde, copiant ses anc
382
on. Elle choisit la santé : elle veut se fédérer.
Et
bien sûr, tout n’est pas encore gagné. Mais en demandant son accessio
383
veront pas seulement leur vraie puissance, morale
et
matérielle, mais ils indiqueront aux peuples nouveaux de l’Afrique et
384
ils indiqueront aux peuples nouveaux de l’Afrique
et
de l’Asie les voies de leur propre avenir. Une fois unie politiquemen
385
sur les États-Unis, une attraction irrésistible.
Et
le Grand Occident reconstitué serait garant de la paix mondiale. N’es
386
des convergences, au-delà des nations souveraines
et
des églises refermées sur elles-mêmes. Une nouvelle Renaissance, qui
387
Une nouvelle Renaissance, qui est le fédéralisme,
et
une nouvelle Réforme, qui est l’œcuménisme, attendent notre foi et no
388
éforme, qui est l’œcuménisme, attendent notre foi
et
nos œuvres. Beau programme pour l’année qui vient et pour la suite !
389
nos œuvres. Beau programme pour l’année qui vient
et
pour la suite ! Presque tout reste à faire, il est vrai. Sachons du m
390
testantisme, promis depuis longtemps à l’éditeur,
et
pour lequel je proposais, en guise de titre provisoire : La Réforme p
391
e ne s’est pas faite une fois pour toutes. Luther
et
Calvin n’ont pas été les premiers réformateurs de l’Église, et ne ser
392
nt pas été les premiers réformateurs de l’Église,
et
ne seront pas les derniers. Défendre l’héritage de la Réformation, ce
393
. Seuls peuvent être fidèles à l’esprit de Luther
et
de Calvin un luthéranisme et un calvinisme continuellement repris à l
394
à l’esprit de Luther et de Calvin un luthéranisme
et
un calvinisme continuellement repris à leur origine spirituelle et ra
395
continuellement repris à leur origine spirituelle
et
rapportés à leur fin dernière, réinventés par chaque personne pour so
396
éinventés par chaque personne pour son usage réel
et
quotidien, avec tous les risques d’hérésie (hardiment assumés) que ce
397
d’hérésie (hardiment assumés) que cela comporte,
et
en même temps reliés sans relâche à l’espérance de l’Église universel
398
e de l’Église universelle, à l’avenir catholique,
et
orthodoxe, à la Pentecôte œcuménique. Vous avouerai-je qu’en tant que
399
tique les missions chrétiennes : chaque mot porte
et
toute l’Église romaine a pu l’entendre, quoi qu’en décide finalement
400
de finalement son chef. Qu’avons-nous de pareil ?
Et
je ne dis pas seulement : quelle autorité efficace dont les décrets t
401
instruments d’autocritique, de remise en question
et
de renouvellement que les Églises issues de la Réformation… Se pourra
402
qu’elle ait bientôt plus de réformateurs vivants
et
d’avenir que nous n’en vénérons dans notre histoire ? Bon sujet de ré
403
. Il m’est venu une question, Denis de Rougemont,
et
j’ai envie de la poser au philosophe que vous êtes : est-ce que nous
404
même. Une motivation de curiosité, naturellement,
et
de record technique — battre les Russes sur ce plan — et finalement,
405
ecord technique — battre les Russes sur ce plan —
et
finalement, en dernier lieu, un motif de connaissance pure, scientifi
406
amène toujours au même motif : être les premiers.
Et
alors, on peut se dire ceci : on aurait pu avoir les mêmes motifs — p
407
: on aurait pu avoir les mêmes motifs — puérils —
et
les appliquer à un autre but, dont l’utilité eût été plus immédiateme
408
phénomène psychologique assez facile à expliquer
et
à comprendre : les Russes et les Américains, affrontés sur la Terre,
409
z facile à expliquer et à comprendre : les Russes
et
les Américains, affrontés sur la Terre, ayant une peur mortelle les u
410
tés sur la Terre, ayant une peur mortelle les uns
et
les autres que cela saute, ont été amenés — peut-être inconsciemment
411
es spatiaux ? Pas des savants, mais des colonels.
Et
ils font cela en service commandé : au service de l’armée américaine.
412
vice commandé : au service de l’armée américaine.
Et
généralement, quand ils reviennent après une expédition qui a bien ré
413
on qui a bien réussi, ils étaient partis colonels
et
ils deviennent généraux. On pourrait dire que tout ce qu’ils ont été
414
s il y a un petit jeu subtil entre les militaires
et
les savants, dans cette affaire ? Les savants peuvent dire que ce son
415
têtes chercheuses. Les savants pourraient dire —
et
ils le pensent peut-être — que ce sont eux qui utilisent le prétexte
416
s motifs, on ne les saura que beaucoup plus tard,
et
ce ne seront pas les « bons » (les vrais) que l’on décidera d’adopter
417
ment, on dira : c’est pour cela qu’on était parti
et
qu’on avait fait tout ce programme si coûteux ! Il s’est produit exac
418
roi d’Espagne rapace, cupide, qui voulait de l’or
et
des esclaves, et qui l’a envoyé découvrir l’Amérique pour cela. Or le
419
ace, cupide, qui voulait de l’or et des esclaves,
et
qui l’a envoyé découvrir l’Amérique pour cela. Or les motivations rée
420
it dit qu’aux Indes les cités étaient pavées d’or
et
les palais recouverts de tuiles d’or. Or Christophe Colomb a trouvé l
421
lomb a trouvé l’Amérique, qu’il ne cherchait pas.
Et
bien après lui, on y a trouvé de l’or. Et un peu après lui, on y a re
422
it pas. Et bien après lui, on y a trouvé de l’or.
Et
un peu après lui, on y a recruté des esclaves. Mais la motivation éta
423
x récit de son Voyage dans les empires de la Lune
et
du Soleil, décrit la Lune comme quelque chose d’absolument idyllique,
424
une sorte de banlieue poussiéreuse de la Terre. …
et
inhabitée ! Car l’essentiel des rêves des poètes ou de Cyrano de Berg
425
aun, qui est un des pères du voyage dans la Lune,
et
qui nous décrit le paradis qui nous attend là-bas. Il nous dit que no
426
ption marxiste elle-même n’aurait plus de sens. »
Et
à la grande stupéfaction de Wells, « Lénine, dit-il, me regarda et me
427
upéfaction de Wells, « Lénine, dit-il, me regarda
et
me répondit : Vous avez raison ; en lisant votre roman La Machine à e
428
r toutes nos conceptions philosophiques, sociales
et
morales. Dans ce cas, le potentiel technique, devenu illimité, impose
429
ité, imposerait la fin de la violence comme moyen
et
comme méthode de progrès ». Dans la bouche de Lénine, c’est une proph
430
t d’une part une concurrence entre les Américains
et
les Russes, mais d’autre part elle suppose certaines formes de coopér
431
suppose certaines formes de coopération discrète
et
en tout cas de coexistence. Lénine dit aussi : « Il faudra changer no
432
changer nos conceptions philosophiques, sociales
et
morales. » Alors là, il parlait pour lui ! Si pour lui, la seule doct
433
olétariat sur la Lune, pour l’instant. Justement,
et
on ne va pas en créer un, j’espère que non… Où Lénine se trompe à mon
434
nd il dit que toutes les doctrines philosophiques
et
morales devront être révisées dans ces nouvelles dimensions de l’espa
435
nsions, qui va changer quand nous aurons l’espace
et
pas seulement la Terre et le petit coin de ciel que nous voyons, perm
436
nd nous aurons l’espace et pas seulement la Terre
et
le petit coin de ciel que nous voyons, permet de tirer des conclusion
437
es dimensions physiques augmentées dans l’espace.
Et
cela me ramène à l’amour de la Terre. Plus encore, cela me ramène à c
438
lus simples, ceux qui demandent le moins d’argent
et
qui finissent par se faire en un clin d’œil, à la vitesse de la pensé
439
ur y découvrir des choses complètement nouvelles,
et
réellement stupéfiantes souvent, elle ne demande ni crédit, ni gadget
440
squels, une bonne moitié des citoyens américains,
et
quelques-uns de nos meilleurs esprits européens : « Quel merveilleux
441
1-2. y. Propos recueillis par Pierre Desgraupes
et
introduits par cette note : « Le 16 juin, à la TV romande, Denis de R
442
it fait impression. Nous en donnons le texte ici,
et
Denis de Rougemont dit, en quelques lignes, ce qu’il pense aujourd’hu
443
us les hommes, de toutes les crises de l’humanité
et
de leur développement. Dans le monde où nous existons, même la nature
444
: C’est quelque chose qui est plus fort que moi,
et
qui est l’espérance. C’est une volonté, un désir éperdu que la vie co
445
une curiosité (savoir ce qui va se passer après),
et
c’est peut-être aussi l’espérance dont parle saint Paul. Ou tout simp
446
ès bien. « Apocalypse » veut dire « révélation »,
et
révélation de la Nouvelle Jérusalem, d’une cité nouvelle qui sera vra
447
em, d’une cité nouvelle qui sera vraiment humaine
et
en même temps vraiment divine (« à mesure d’homme, qui est mesure d’a
448
fond de tout est pourtant un courant d’optimisme
et
d’espérance ? Oui ! Si j’étais totalement pessimiste, si je pensais q
449
inelle, que dis-tu de la nuit ? — Le matin vient,
et
la nuit aussi ». Il y a donc toujours deux possibilités. Qu’avez-vous
450
tagée entre une certaine résignation (le « bof »)
et
une certaine révolte ? C’est un manque d’information qui fait dire «
451
ion de la terre, des airs, des forêts, des océans
et
des déserts, du danger nucléaire, de la guerre atomique qui risque d’
452
nçais. L’article était intitulé « Le péril Ford »
et
s’élevait contre Ford et son triomphe, qui commençait à se manifester
453
titulé « Le péril Ford » et s’élevait contre Ford
et
son triomphe, qui commençait à se manifester à ce moment-là. L’auto i
454
n’avait que 29 ans, déjà Ford était milliardaire.
Et
j’ai eu une réaction viscérale. Je me suis dit : c’est épouvantable c
455
comptait que quelques milliers de lecteurs ( Foi
et
Vie ), cela n’a eu aucun effet, sauf sur moi. Le fait est que dès ce
456
eur. Nous avons créé ensemble les revues Esprit
et
L’Ordre nouveau , dans lesquelles vous trouverez facilement les amor
457
croissance, d’équilibre à rétablir entre l’homme
et
la nature : tout cela était déjà dans nos revues, dans nos groupuscul
458
guerre a largement détruit la culture européenne
et
son rayonnement, pire : elle l’a faussée. On a fait croire au monde e
459
opier de nous, c’étaient nos machines, nos armes,
et
jamais nos valeurs puisque nous n’en tenions pas compte nous-mêmes. L
460
us adjurent de changer pour éviter les désastres,
et
de leur donner tort en changeant de cap. Votre critique de l’État-nat
461
onomiques, sociales, religieuses ou idéologiques,
et
jusqu’au sous-sol ! Notre critique s’adressait à ces États centralisé
462
occupé de politique pendant mes études en Suisse,
et
je me considérais, étant à Paris, écrivant à Paris, publiant à Paris,
463
ue (de 1940 à 1946) que j’ai découvert l’Europe !
et
la Suisse notamment ! Il faut s’éloigner de quelque chose pour savoir
464
rit un petit livre intitulé Le Cœur de l’Europe
et
cela m’a permis de découvrir le fonctionnement du fédéralisme. La cri
465
: voilà un État fédéral, entouré d’États-nations
et
qui, vis-à-vis d’eux, ses voisins, se présente finalement lui-même co
466
licence américaine, son combustible vient des USA
et
de Russie (remplaçant la dépendance des Arabes pour le pétrole), et l
467
laçant la dépendance des Arabes pour le pétrole),
et
les capitaux viennent de partout. Des Arabes, de nouveau ? De partout
468
râce à six banques qui appartiennent à cinq pays (
et
je simplifie encore). Si le fédéralisme consiste à confier aux divers
469
ue le nucléaire est trop grand pour un seul pays,
et
qu’il y constitue une menace pour la démocratie. Vous êtes membre du
470
le surgénérateur de Creys-Malville, Superphénix,
et
contre les atteintes aux droits de l’homme qu’entraîne fatalement une
471
en ? Ils gouvernent tous, de manière systématique
et
synthétique (chacun commandant tous les autres), vers la réalité écra
472
à ce qui est toujours plus cher, plus dangereux,
et
permet à l’État de mieux contrôler les investissements, les mouvement
473
ler les investissements, les mouvements de fonds,
et
l’intervention croissante dans la vie de tous les jours de la police.
474
is beautiful ». Quelle est la tâche des chrétiens
et
des Églises dans un monde pareil ? Les chrétiens n’ont qu’une tâche d
475
s le faire croire au xixe siècle. (Voyez Matt. 4
et
Luc 4.) On ne peut pas vouloir à la fois la puissance, la richesse, e
476
pas vouloir à la fois la puissance, la richesse,
et
être chrétien. L’idée de la croissance illimitée comme bien suprême d
477
aller les choses ? Les chrétiens doivent vouloir
et
préparer une société où chacun puisse être le prochain de l’autre, do