1 1938, La Vie protestante, articles (1938–1978). Le temps des fanatiques (25 novembre 1938)
1 au : trois-cents-millions de nos contemporains, s’ ils ne portent pas sur eux cette Marque, se voient rejetés de la cité. Al
2 oici la Bête ! Et la guerre que vous ferez contre elle , au nom du Christ, sera vraiment une guerre sainte. Trois fois déjà,
3 rouges d’Espagne ! Déclarez la guerre à Hitler ! Ils persécutent les Églises chrétiennes. Lutter contre eux, c’est embrass
4 lors, nous sommes en règle avec notre conscience. Il n’y a plus à discuter. Le temps des nuances est passé. L’état de sièg
5 tôt suspecté de connivence avec les « méchants ». Il fait leur jeu, dit-on, même s’il se croit sincère. C’est un naïf, ou
6 es « méchants ». Il fait leur jeu, dit-on, même s’ il se croit sincère. C’est un naïf, ou un rusé, ou bien un lâche… Eh bie
7 nde : Parmi ceux-là qui les attaquent, n’y aurait- il par hasard que des chrétiens ? Quand on me dit que les communistes so
8 te contre la Russie rouge dans toute la presse qu’ il possède en Europe, le fait vraiment au nom de l’Évangile ? Et je me d
9 ’Espagne brûlent les églises, je ne dis pas non : ils s’en vantent eux-mêmes. Mais je me demande si les soutiens de M. Fran
10 du Christ ? Pourquoi donc ces dictateurs iraient- ils protéger en Espagne une Église qu’ils attaquent chez eux ? Et quand o
11 urs iraient-ils protéger en Espagne une Église qu’ ils attaquent chez eux ? Et quand on me dit, d’un autre côté cette fois :
12 e… Alors on me dit : Vous parlez politique, quand il s’agit de sauver l’Église. À quoi je réponds : Croyez-vous, chers ami
13 tiens qui se lancent dans une croisade ne le font- ils que pour sauver l’Église ? Et même dans ce cas, est-ce une raison pou
14 at, Empire, Race, Droits de l’homme, Argent. Donc il n’y a pas de causes justes, même s’il y en a de moins injustes, relat
15 rgent. Donc il n’y a pas de causes justes, même s’ il y en a de moins injustes, relativement. Donc il ne peut y avoir de gu
16 s’il y en a de moins injustes, relativement. Donc il ne peut y avoir de guerres saintes. Et notre dernier mot, comme chrét
17 re sainte » ni davantage « la paix à tout prix ». Il doit être et rester : vigilance. Dans cette nuit universelle où la Co
18 rs la parole, convaincus que nos lecteurs, même s’ ils sont étonnés de certaines de ses expressions, sauront comprendre le p
19 auront comprendre le point de vue chrétien auquel il se place. »
2 1939, La Vie protestante, articles (1938–1978). Nicolas de Flue et la tradition réformée (1er septembre 1939)
20 la vie de Nicolas, on l’ignore très généralement. Il n’en va pas de même chez nos confédérés des petits cantons. Et c’est
21 isse comme l’un de leurs plus grands précurseurs. Il m’a paru que la question méritait bien d’être reprise, du point de vu
22 u xve siècle d’une famille paysanne de l’Obwald, il avait été capitaine, puis juge de paix, puis simple agriculteur, mari
23 agriculteur, marié et père de dix enfants, lorsqu’ il crut devoir obéir à l’appel de la solitude. C’est donc au terme d’une
24 de. C’est donc au terme d’une féconde carrière qu’ il parvint à cette décision, non sans avoir mûrement pesé son acte et ob
25 cabane construite non loin de sa ferme, au Ranft. Il y mènera jusqu’à sa mort la vie d’un pieux laïque et non d’un moine,
26 -on pas que, durant les vingt ans de sa retraite, il n’a pris d’autre nourriture que l’hostie, une fois par semaine ? L’év
27 en faute. Entouré du respect de ses concitoyens, il reçoit chaque jour des visites, donne des conseils d’une grande sages
28 n à la vie de son peuple que le simple message qu’ il transmettra aux députés, lors de la fameuse Diète de Stans, sauvera l
29 Diète de Stans, sauvera la situation in extremis. Il n’aura pas besoin de paraître en personne ; son conseil suffira, et s
30 pas pu trouver la paix de son âme dans le monde. Il a dû se retirer et vivre en marge des conditions normales de l’existe
31 onné aux « saintes délices » de la contemplation. Il ne s’est libéré de certaines servitudes que pour mieux servir le Seig
32 vir le Seigneur dans la personne de son prochain. Il n’a renoncé à ses travaux de paysan que pour mieux travailler au bien
33 res de notre Confédération, c’est à son action qu’ il le doit. S’il n’avait été qu’un ascète, nous ne saurions plus rien de
34 onfédération, c’est à son action qu’il le doit. S’ il n’avait été qu’un ascète, nous ne saurions plus rien de lui. C’est po
35 ntent d’éluder l’action politique du frère Claus. Ils ne signalent pas l’événement de la Diète de Stans, ni le patriotisme
36 astien Franck dit à la fin de sa chronique : « Qu’ il n’ait rien mangé, je ne puis le croire : les Suisses eux-mêmes ne l’a
37 ppelons que lorsqu’on demandait à Nicolas comment il pouvait vivre « sans nourriture corporelle », il se bornait à dire :
38 il pouvait vivre « sans nourriture corporelle », il se bornait à dire : « Dieu le sait… » Rien d’étonnant non plus si, en
39 oquent sans cesse les conseils de l’ermite dès qu’ il s’agit des affaires publiques. Après tout, dit l’auteur, à quoi se ré
40 doit rester sur son fumier » ! Mais Nicolas n’a-t- il pas dit aussi qu’il fallait garder l’« ancienne foi » ! Voilà le cons
41 fumier » ! Mais Nicolas n’a-t-il pas dit aussi qu’ il fallait garder l’« ancienne foi » ! Voilà le conseil que les protesta
42 e de Nicolas dans un ouvrage sur la Vie monacale. Il insiste sur le fait que l’ermite n’a nullement rompu ses liens avec s
43 venir en aide aux affligés ; « de plus, ajoute-t- il , il n’a pas établi sa demeure tout à fait à l’écart du monde, mais au
44 ir en aide aux affligés ; « de plus, ajoute-t-il, il n’a pas établi sa demeure tout à fait à l’écart du monde, mais au con
45 Luther, contre le pape et ses erreurs ». Enfin, s’ il était besoin d’une attestation plus décisive encore, voici celle de L
46 cisive encore, voici celle de Luther en personne. Il écrit dans une lettre à Speratus : « Joignez le frère Claus à tous ce
47 x satires dialoguées, datées de 1526 et de 1538 ; elles font intervenir l’ermite du côté des réformés, ennemis du régime des
48 ôté des réformés, ennemis du régime des pensions. Il s’agit là de pièces d’actualité, d’intentions nettement polémiques. B
49 œuvre d’un protestant, l’Alsacien Valentin Boltz. Il ne comptait pas moins de 149 rôles parlés, et sa représentation deman
50 e Claus. Les cantons catholiques reconnaissent qu’ il avait eu raison de les mettre en garde contre les vaines richesses, l
51 acte dans l’amour fraternel et la vigilance. Puis il salue l’ange de Dieu qu’il voit venir à sa rencontre. Les satires zwi
52 et la vigilance. Puis il salue l’ange de Dieu qu’ il voit venir à sa rencontre. Les satires zwingliennes et le mystère de
53 de Nicolas n’y est même pas mentionné !) N’y a-t- il pas là une grande anomalie ? Car, enfin, l’élément le plus spectacula
54 s premiers réformés ont souligné. Ne conviendrait- il pas que les protestants, de nos jours, s’avisent de renouer leur trad
55 ns l’actualité la plus brûlante de notre siècle : il n’était que de mettre en relief les traits de cette figure qui frappè
56 jouer. Nicolas ne pouvait pas lire la Bible, mais il aimait à en citer les versets qu’on lui avait enseignés. Je l’ai fait
57 ame de la Diète de Stans. Notre Europe trouvera-t- elle son pacificateur ? Le mérite-t-elle encore ? Saura-t-elle l’écouter ?
58 pe trouvera-t-elle son pacificateur ? Le mérite-t- elle encore ? Saura-t-elle l’écouter ? Puisse du moins le souvenir de Nico
59 pacificateur ? Le mérite-t-elle encore ? Saura-t- elle l’écouter ? Puisse du moins le souvenir de Nicolas de Flue nous faire
3 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). De Luther à Hitler (15 mars 1940)
60 s choses allemandes. Toute erreur, si minime soit- elle , toute appréciation erronée des origines, des fins et de la pratique
61 serait le terme, ce n’est pas une erreur minime. Elle résulte tantôt d’une mauvaise foi consciente, et qui se voudrait « ma
62 rtants de notre histoire occidentale. J’estime qu’ elle a suffisamment duré. Je suis prêt à la dénoncer dans toutes les revue
63 s les journaux qui veulent bien publier ma prose. Il est bien clair que les milieux où cette erreur est professée y voient
64 e à se donner à n’importe quel despote, pourvu qu’ il fût Allemand et protestant ». Or le despote est venu, cher M. de Reyn
65 t ». Or le despote est venu, cher M. de Reynold : il était Autrichien et catholique. Un billet, s’il vous plaît, au Suisse
66 : il était Autrichien et catholique. Un billet, s’ il vous plaît, au Suisse inquiet, au protestant scandalisé que je suis,
67 centrale de la justification par la foi pourrait- elle avoir engendré la doctrine hitlérienne centrale de l’action pure, du
68 er d’avis sur les conséquences des réponses. Mais il faut répondre d’abord. Oui ou non, Niemöller est-il bon luthérien ? O
69 faut répondre d’abord. Oui ou non, Niemöller est- il bon luthérien ? Oui ou non, le Führer est-il né catholique ? Oui ou n
70 est-il bon luthérien ? Oui ou non, le Führer est- il né catholique ? Oui ou non, le second a-t-il fait emprisonner le prem
71 est-il né catholique ? Oui ou non, le second a-t- il fait emprisonner le premier ? Oui ou non, l’Allemagne préhitlérienne
72 mier ? Oui ou non, l’Allemagne préhitlérienne fut- elle gouvernée par Brüning, chef du parti du centre catholique ? Oui ou no
73 olique ? Oui ou non, l’intronisation d’Hitler est- elle le fait de von Papen, catholique ? Oui ou non, l’Allemagne comptait-e
74 en, catholique ? Oui ou non, l’Allemagne comptait- elle , depuis des siècles, 38 % de catholiques (aujourd’hui, 50 %) ? Oui ou
75  ? Oui ou non, le « germanisme éternel » existait- il avant Luther ? Oui ou non, l’axe Berlin-Rome passe-t-il par Rome, et
76 nt Luther ? Oui ou non, l’axe Berlin-Rome passe-t- il par Rome, et non point par Genève ? Et si l’on persiste à prétendre q
4 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Dieu premier servi » (26 avril 1940)
77 nt conscience de défendre aussi leur Église. Mais il existe d’autres pays où la foi d’un soldat chrétien pourrait avoir de
78 pourrait avoir des effets exactement contraires. Elle pourrait amener ce soldat à refuser de défendre l’État qui persécute
79 r dans le monde et pour le monde, dans la cité où il est né et pour son bien. Il n’a pas le droit de s’en désintéresser et
80 onde, dans la cité où il est né et pour son bien. Il n’a pas le droit de s’en désintéresser et de laisser les autres s’éga
81 en sera dans l’intérêt de la Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à la foi. J’insiste sur ce point, qui est cap
82 chez nous d’assez graves équivoques sur ce point. Il ne manque pas de gens pour dire, écrire, ou simplement laisser entend
83 rs discours, à invoquer « le Dieu de nos pères », il semble parfois que ce soit moins parce qu’ils croient le christianism
84 s », il semble parfois que ce soit moins parce qu’ ils croient le christianisme vrai, que parce qu’ils le croient utile au b
85 u’ils croient le christianisme vrai, que parce qu’ ils le croient utile au bon moral de la nation, voire à la discipline des
86 onnaîtrez infailliblement à ces quelques traits : elles ont une conception de la « religion » plutôt déiste qu’évangélique ;
87 de la « religion » plutôt déiste qu’évangélique ; elles prônent un moralisme plutôt bourgeois que charitable ; elles ont une
88 nt un moralisme plutôt bourgeois que charitable ; elles ont une façon d’exalter la croix blanche de notre drapeau qui rappell
89 premier servi de Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’ elles portent à la religion paraît subordonné à celui qu’elles portent à la
90 ortent à la religion paraît subordonné à celui qu’ elles portent à la conservation de notre État. Or nous devons croire exacte
91 s, Alexandre Vinet : « Veuillez d’abord, écrivait- il , avoir une religion pour vous, et si vous n’en voulez pas pour vous,
92 arce que Niemöller et ses frères savaient cela qu’ ils ont résisté, qu’ils résistent. e. Rougemont Denis de, « “Dieu prem
93 t ses frères savaient cela qu’ils ont résisté, qu’ ils résistent. e. Rougemont Denis de, « “Dieu premier servi” », La Vie
5 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). Neutralité (3 mai 1940)
94 ssement sybillin : « Température maximum : 18° ». Il s’agissait sans doute d’inciter le public à des économies de charbon.
95 mangés ! Je demande à voir ce qui vaut le mieux. Il ne faut pas parler de neutralité en général, dans l’absolu et dans l’
96 cette neutralité est suprêmement désavantageuse : elle entraîne notre expulsion violente hors du Royaume de Dieu. « Je vous
97 avantageuse dans certains cas, dans la mesure où elle nous exclut, précisément, d’un conflit que nous jugeons mauvais. Rest
6 1942, La Vie protestante, articles (1938–1978). Perspectives d’avenir du protestantisme (2 janvier 1942)
98 nisation même de ses Églises et de ses paroisses, elle offre le type d’une communauté libre et pourtant bien liée, fondée su
99 pas fermée sur les intérêts d’un groupe. Par là, elle s’oppose radicalement à toute religion totalitaire, fondée sur le san
100 lles sont passées », selon la parole de l’apôtre. Elle n’admet pas la conversion et le pardon, à partir desquels « il n’y a
101 s la conversion et le pardon, à partir desquels «  il n’y a plus ni juif ni grec ». Elle ne demande pas « Que crois-tu ? Qu
102 artir desquels « il n’y a plus ni juif ni grec ». Elle ne demande pas « Que crois-tu ? Qu’espères-tu ? », mais elle demande
103 ande pas « Que crois-tu ? Qu’espères-tu ? », mais elle demande « Quels sont tes morts ? ». Religion du sang, de la terre et
104 éralistes d’esprit qui auront obtenu la victoire. Elles ne sauront la rendre féconde que si elles se laissent guider et inspi
105 ctoire. Elles ne sauront la rendre féconde que si elles se laissent guider et inspirer par la tradition spirituelle qui a fai
106 fut un luthérien, l’archevêque Nathan Soederblom. Il groupe aujourd’hui les diverses dénominations protestantes, les angli
107 est point par hasard que les calvinistes, bien qu’ ils soient une minorité, jouent un rôle de premier plan dans les travaux
108 prépare à ce rôle de fédérateurs religieux, comme elle les prépare au rôle de fédérateurs politiques. J’aime évoquer, en ter
109 revoir la possibilité d’une catholicité nouvelle, elle nous délivre de l’espèce d’étroitesse, de « nationalisme protestant »
110 ient pour se fondre dans une Église plus vaste. S’ il fallait que je dise en une phrase ce qui m’attache à l’Église protest
111 donne pas pour la seule forme d’Église possible ; elle est l’Église qui accepte d’être constamment réformée et jugée par la
112 nstamment réformée et jugée par la Vérité même qu’ elle annonce et dont elle doit se sentir responsable devant le monde d’auj
113 jugée par la Vérité même qu’elle annonce et dont elle doit se sentir responsable devant le monde d’aujourd’hui et pour dema
7 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable I : « Je ne suis personne » (15 octobre 1943)
114 lus belle ruse du diable est de nous persuader qu’ il n’existe pas. » Reconnaissons que ce tour n’a jamais mieux réussi que
115 s modernes. Voici : depuis deux ou trois siècles, il a plu au diable de revêtir une apparence moyenâgeuse qui le rend inof
116 chèvre et à longue queue des légendes populaires, il est vraiment trop facile d’y croire : qui s’en donnerait encore la pe
117 temps à ces balivernes d’un autre âge ? », disent- ils . Or ce sont eux qui s’y laissent prendre ! Fascinés par l’image tradi
118 ’image traditionnelle et trop évidemment puérile, ils ne se doutent pas que le diable agit ailleurs, sans queue ni barbe, p
119 « sceptiques », et l’impardonnable sophisme dont ils se montrent les victimes : « Le diable est un bonhomme à cornes rouge
120 onc je ne crois pas au diable. » C’est tout ce qu’ il demandait. Et ceux qui en restent aux contes de bonnes femmes, ce son
121 efusent de croire au diable à cause de l’image qu’ ils s’en font, et qui est tirée des contes de bonnes femmes. Cependant la
122 stence du diable à chaque page, de la première où il apparaît sous la forme du serpent, jusqu’à l’avant-dernière où nous v
123 riginaux). Si l’on croit à la vérité de la Bible, il est impossible de douter un seul instant de la réalité objective du d
124 elà de nos frontières. Nous dirions volontiers qu’ il est aujourd’hui un des meilleurs interprètes laïques d’une théologie
8 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable II : Le menteur (22 octobre 1943)
125 pas et mentir par ses actes. Le minéral repose où il fut composé, la plante pousse où se fixa la graine, les animaux muets
126 e créer et de dénaturer. Par la grâce du langage, il peut dire vrai ; par la faute du langage, il peut le contredire. Il p
127 age, il peut dire vrai ; par la faute du langage, il peut le contredire. Il peut créer dans le prolongement des perspectiv
128 ; par la faute du langage, il peut le contredire. Il peut créer dans le prolongement des perspectives de la Création, il p
129 le prolongement des perspectives de la Création, il peut aussi créer à tort et à travers. Il peut être un agent responsab
130 réation, il peut aussi créer à tort et à travers. Il peut être un agent responsable de la nature naturante, mais il peut a
131 un agent responsable de la nature naturante, mais il peut aussi faire la grève, se révolter, et fabriquer l’anti-nature ou
132 uplicité de nos pouvoirs constitue notre liberté. Elle en est à la fois le signe et la condition nécessaire. Elle est notre
133 st à la fois le signe et la condition nécessaire. Elle est notre gloire équivoque. C’est par la liberté, à cause d’elle, et
134 gloire équivoque. C’est par la liberté, à cause d’ elle , et dans elle, que nous avons le pouvoir de pécher. Car pécher c’est
135 ue. C’est par la liberté, à cause d’elle, et dans elle , que nous avons le pouvoir de pécher. Car pécher c’est tricher avec l
136 Par le langage l’homme est libre. Par le langage il peut mentir. Par sa liberté seule il peut pécher. Et le péché n’est q
137 r le langage il peut mentir. Par sa liberté seule il peut pécher. Et le péché n’est qu’un mensonge. Mais le mensonge profé
138 ns notre liberté. Car c’est par nous seulement qu’ il agit dans le monde, et c’est en provoquant l’abus de notre liberté qu
139 et c’est en provoquant l’abus de notre liberté qu’ il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas été libre de manger cett
140 interdite, Ève n’aurait pu pécher, ni Adam après elle . Ainsi la gloire de l’homme étant sa liberté, il est clair que c’est
141 lle. Ainsi la gloire de l’homme étant sa liberté, il est clair que c’est en ce point que le Malin devait atteindre notre o
142 ’étendre et confirmer par la vertu du témoignage, il est clair que la grande ambition satanique devait être de s’emparer d
143 me qui « tire sa langue dans notre langue ». Mais il est deux manières de mentir, comme il est deux manières de tromper un
144 gue ». Mais il est deux manières de mentir, comme il est deux manières de tromper un client. Si la balance marque 980 gram
145 mesure invariable du vrai. Si le client contrôle, il peut voir qu’on le vole, et vous savez de combien vous le volez : une
146 -même, c’est le critère du vrai qui est dénaturé, il n’y a plus de contrôle possible. Et peu à peu vous oublierez que vous
147 ) ou à la nier (tout en sachant que, pour si peu, elle ne cesse pas d’exister). Mais le texte original de ce passage est inf
148 t plus étrange. « Le diable est menteur, nous dit- il , et il est le père de son propre mensonge. » Par ici nous entrons au
149 étrange. « Le diable est menteur, nous dit-il, et il est le père de son propre mensonge. » Par ici nous entrons au mystère
150 ar ses propres œuvres, en abusant d’une vérité qu’ il rejette aussitôt qu’avilie et qui mourra du monstre mis au monde. Mon
151 ne sont « ni bien ni mal », parce que l’acte dont elles naquirent supprime les mesures mêmes du beau. Il n’y a plus de fautes
152 les naquirent supprime les mesures mêmes du beau. Il n’y a plus de fautes de goût possible là où n’existe plus de goût com
153 e goût possible là où n’existe plus de goût comme il n’y a plus de crime possible la où n’existe plus de Loi. Peut-être ic
154 encore. Mais le mensonge diabolique tue le juge. Il ne part que de soi, et ne prolifère qu’en autarcie, comme une monade
9 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable III : diable et sexe (29 octobre 1943)
155 ion de la pomme serait le symbole, c’est parce qu’ ils assimilent le péché en général à la tentation par excellence, qui se
156 orps, le diable ne s’y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et à l’esprit, et c’est par là qu’elle va se perver
157 lie à l’amour, et à l’esprit, et c’est par là qu’ elle va se pervertir et devenir à son tour source de perversion. La pailla
158 ns naturelles par un certain manque de nécessité. Il est nécessaire de manger et de respirer, et il est nécessaire que le
159 é. Il est nécessaire de manger et de respirer, et il est nécessaire que le sang circule, mais on peut vivre en restant cha
160 n grande partie libre et conscient. D’autre part, il est lié à la créativité de l’homme, il en est l’aspect corporel, le s
161 utre part, il est lié à la créativité de l’homme, il en est l’aspect corporel, le symbole ou le signe physique. Or nous sa
162 si l’homme peut pécher, c’est uniquement parce qu’ il est libre, c’est-à-dire parce qu’il peut choisir de créer selon l’ord
163 ment parce qu’il est libre, c’est-à-dire parce qu’ il peut choisir de créer selon l’ordre divin, ou au contraire selon ses
164 selon ses propres utopies. C’est donc en tant qu’ elle participe de notre libre créativité, comme le langage et les activité
165 que la sexualité donne prise au diable. Et certes il ne s’y intrigue pas davantage que dans nos créations les plus abstrai
166 ntage que dans nos créations les plus abstraites. Il est même plus aisément reconnaissable, et dans cette mesure moins dan
167 anité de l’homme. Le sexe n’est pas plus divin qu’ il n’est honteux, mais il est lié intimement aux fonctions les plus huma
168 xe n’est pas plus divin qu’il n’est honteux, mais il est lié intimement aux fonctions les plus humaines de l’homme, à ses
10 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IV : L’accusateur (5 novembre 1943)
169 du diable IV : L’accusateur (5 novembre 1943)l Il n’est peut-être au monde qu’une seule chose pire que de douter du bie
170 rès moi le déluge » et des « tant pis pour moi ». Il faut croire au pardon pour oser confesser le mal qu’on a commis ; pou
171 on content de nous prendre à ses pièges, sitôt qu’ il nous a pris il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de la maniè
172 ous prendre à ses pièges, sitôt qu’il nous a pris il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de la manière la plus impi
173 uplicité infernale, c’est de nous faire croire qu’ il n’y a pas de juge, ni d’ordre divin du réel, et aussitôt que nous l’a
174 même temps de tout recours à Celui qui pardonne. Elle ne laisse aux meilleures de ses victimes que l’héroïsme autosadique d
11 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable V : Le tentateur (12 novembre 1943)
175 nimaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de
176 el Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t- il réellement dit : vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?
177 a réalité elle-même et ses structures. « Dieu a-t- il réellement dit ?… » Sitôt que cette incertitude est insinuée dans un
178 , la possibilité d’une tentation s’entrouvre. Car il n’y a pas de tentation là où n’existe aucune possibilité d’imaginer q
179 re était bon à manger et agréable à la vue, et qu’ il était précieux pour ouvrir l’intelligence : elle prit de son fruit et
180 qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence : elle prit de son fruit et en mangea. » (Gen. 3:6) Voyez : ce n’est pas le
181 me, agréable à la vue et précieuse pour l’esprit. Elle ne fut pas tentée par le désir de nuire, mais l’idée de se diviniser,
182 mme et se diviniser de cette manière convoiteuse, il se trouvait qu’aux yeux de Dieu c’était un mal… Ainsi la tentation es
183 t que le plan divin ne prévoit pas. Satan, lorsqu’ il tente le Christ, lui propose trois utopies, trois moyens de gagner le
184 . Mais c’est celui qui se persuade que le bien qu’ il a conçu vaut mieux que le vrai bien. « Le méchant fait une œuvre qui
185 ait une œuvre qui le trompe. » Or, c’est parce qu’ il se trompe d’abord que son œuvre va le tromper. La réalité méprisée se
12 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation (19 novembre 1943)
186 érie naturelle et animale s’empare d’eux, pour qu’ ils se sentent stimulés, enflammés et hors d’eux-mêmes. Les scènes du Blo
187 n petit Danemark bourgeois, pieux et confortable, il écrivait ces lignes prophétiques ? Il assistait aux troubles révoluti
188 onfortable, il écrivait ces lignes prophétiques ? Il assistait aux troubles révolutionnaires qui marquaient en Europe l’ir
189 s des hommes qui se fuient, eux et leur vocation. Elle n’est personne et tire de là son assurance dans le crime. « Il ne s’e
190 onne et tire de là son assurance dans le crime. «  Il ne s’est pas trouvé un seul soldat pour porter la main sur Caius Mari
191 mme isolé a, dans la règle, deux mains, et lorsqu’ il porte ces deux mains sur Marius, ce sont ses mains, non celles du voi
192 ique de Satan. Dès la première tentation en Eden, il a recours au même et unique artifice : faire croire à l’homme qu’il n
193 me et unique artifice : faire croire à l’homme qu’ il n’est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la Loi est douteu
194 croire à l’homme qu’il n’est pas responsable, qu’ il n’y a pas de Juge, que la Loi est douteuse, qu’on ne saura pas, et qu
195 e de fixer le bien et le mal à sa guise. « Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers
196 ernel Dieu appela l’homme et lui dit : Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parc
197 éduite, et j’en ai mangé. » (Gen. 3:8-13) Voyez : ils vont se cacher, ils n’y sont plus. Et quand on les attrape, ils disen
198 angé. » (Gen. 3:8-13) Voyez : ils vont se cacher, ils n’y sont plus. Et quand on les attrape, ils disent que c’était l’autr
199 cher, ils n’y sont plus. Et quand on les attrape, ils disent que c’était l’autre. Ainsi les hommes de notre temps, poussés
200 le plus « loin de la face de l’Éternel ». Pour qu’ il n’y ait plus de responsabilité, il faut qu’il n’y ait plus personne.
201 nel ». Pour qu’il n’y ait plus de responsabilité, il faut qu’il n’y ait plus personne. Or si j’appelle et qu’il n’y a pas
202 qu’il n’y ait plus de responsabilité, il faut qu’ il n’y ait plus personne. Or si j’appelle et qu’il n’y a pas de réponse,
203 u’il n’y ait plus personne. Or si j’appelle et qu’ il n’y a pas de réponse, je dis qu’il n’y a personne. La personne est en
204 ’appelle et qu’il n’y a pas de réponse, je dis qu’ il n’y a personne. La personne est en nous ce qui répond de nos actes, c
205 ble de réponse » ou responsable ; dans une foule, il n’y a plus de réponse individuelle ; pour qu’il n’y ait plus de respo
206 , il n’y a plus de réponse individuelle ; pour qu’ il n’y ait plus de responsable, il suffit qu’il y ait une masse. Satan v
207 iduelle ; pour qu’il n’y ait plus de responsable, il suffit qu’il y ait une masse. Satan va donc créer les masses. Nous te
208 éché en série et rationaliser la chasse aux âmes. Il faut avouer que presque toutes nos inventions techniques, la plupart
209 cela contribue à l’arracher de sa vie propre, où il ne se passerait jamais rien de semblable. Quant aux inconvénients et
210 nui de cette vie propre, autrefois jugés normaux, ils apparaissent de plus en plus inacceptables à mesure que se répandent
211 uger sa vie mesquine, et à la fuir ; d’autre part il est aspiré par les grandes émotions collectives. Cette répulsion et c
212 ion et cette attraction jouent dans le même sens. Elles poussent l’homme à rechercher les occasions d’être dépossédé de soi.
213 rechercher les occasions d’être dépossédé de soi. Elles font de chacun de nous un sujet prédisposé à l’hypnose collective, un
214 victime virtuelle des passions de masse. Certes, il n’y aurait pas de masses possibles, au sens précis de concentration d
215 a faits d’abord, et ce n’est point par hasard qu’ il a fait ceux-là et non d’autres. Les véritables causes et racines du p
216 tuelle. La foule n’est pas dans la rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de ce temps, elle a ses sources au plus
217 . Elle est dans la pensée des hommes de ce temps, elle a ses sources au plus intime des existences individuelles. Et c’est l
13 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VII : La cinquième colonne (26 novembre 1943)
218 st jamais clairement et honnêtement définissable. Il est celui qui s’arrange toujours pour être à la fois juge et partie d
219 de sa définition. Un être paradoxal pas essence. Il est, oui, mais il est dans tout être ce qui n’est pas, ce qui tend au
220 Un être paradoxal pas essence. Il est, oui, mais il est dans tout être ce qui n’est pas, ce qui tend au néant, ce qui sou
221 e à la fois, repoussant mais non moins fascinant, il est sans doute la créature la plus poétique du monde, au sens romanti
222 oétique du monde, au sens romantique de ce terme. Il est beau aux yeux des naïfs qui croient que le mal doit être laid ; e
223 naïfs qui croient que le mal doit être laid ; et il est d’une laideur irrésistiblement attirante aux yeux des désabusés e
224 aux yeux des désabusés et des raffinés. En bref, il n’est jamais où vous pensiez le trouver. Il imite, en la caricaturant
225 bref, il n’est jamais où vous pensiez le trouver. Il imite, en la caricaturant, l’action même du Saint-Esprit, toujours am
226 velles. Voilà le diable à l’œuvre dans nos vies ! Il est l’essence même de la Cinquième Colonne au siècle des siècles. Enf
227 chez un autre et lui régler son compte — voici qu’ il est devenu vous-même ! Mais alors ?… Eh bien ! si vous voulez déjouer
14 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VIII : Le diable démocrate (3 décembre 1943)
228 ns cru que le mal était relatif dans le monde, qu’ il provenait d’une mauvaise répartition des biens, d’une éducation mal c
229 et dans la définition même de l’homme en tant qu’ il est humain. Nous avons été optimistes par principe, et presque par sa
230 Car si ce « trop affreux » eût été vraiment vrai, il eût fallu agir d’urgence et sans réserve ; et si nous nous étions mis
231 diable a réussi à faire croire aux démocrates qu’ ils n’aimaient pas du tout le mal, qu’ils ne le désiraient nullement, qu’
232 mocrates qu’ils n’aimaient pas du tout le mal, qu’ ils ne le désiraient nullement, qu’ils étaient bons et les autres méchant
233 out le mal, qu’ils ne le désiraient nullement, qu’ ils étaient bons et les autres méchants, et que c’était tellement simple…
234 cette guerre-ci oppose bien plus que des armées. Elle oppose des conceptions de la vie. C’est une espèce de guerre civile m
235 vie. C’est une espèce de guerre civile mondiale. Elle sera perdue si nous perdons d’abord le sens de la réalité morale. ⁂ L
236 e diable qui est parmi nous ! Cessez de croire qu’ il ne peut ressembler qu’à vos ennemis, car c’est à vous-mêmes qu’il s’a
237 mbler qu’à vos ennemis, car c’est à vous-mêmes qu’ il s’arrangera toujours pour ressembler le plus ! C’est en vous seulemen
15 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IX : « Nous sommes tous coupables » (10 décembre 1943)
238 i n’aurait d’autre ennemi à craindre que celui qu’ il loge en lui-même. Mais voici une remarque des plus simples : personne
239 es plus simples : personne n’a jamais prétendu qu’ il agissait par mauvaise volonté. Nous sommes tous des « hommes de bonne
240 scende et qui juge nos intérêts « vitaux » (comme ils le sont toujours…). Mais, si je ressemble à un criminel, cela ne just
241 ifie pas le criminel, cela me condamne. Et puisqu’ il faut combattre le crime, je ne dirai pas que je vais laisser courir l
242 querais de devenir à mon tour un autre criminel ? Il n’y a qu’un crime, en moi et hors de moi. C’est le même diable ! Et c
243 ifistes : « Nous sommes tous coupables, me disent- ils , donc nous n’avons pas le droit moral de nous battre contre celui que
244 pables, certes, mais si nous en sommes persuadés, il ne nous reste plus qu’à combattre le mal, en nous et hors de nous ; c
245 e du péril. Si quelqu’un met le feu à une maison, il faut des pompiers, coupables ou non, pour éteindre l’incendie ; et de
16 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable X : Le diable homme du monde (17 décembre 1943)
246 mondanité » quelque chose de vaguement satanique. Il imaginerait volontiers un diable en cravate blanche et monoclé. Le di
247 proverbe espagnol, n’est pas à craindre parce qu’ il est si méchant, mais parce qu’il est si vieux. C’est ce que l’on peut
248 raindre parce qu’il est si méchant, mais parce qu’ il est si vieux. C’est ce que l’on peut penser aussi des gens du monde,
249 s du monde, et de la sagesse mondaine en général. Elle a son charme et son utilité ; mais elle est vieille, elle est trop av
250 général. Elle a son charme et son utilité ; mais elle est vieille, elle est trop avertie, elle offre trop de recettes éprou
251 on charme et son utilité ; mais elle est vieille, elle est trop avertie, elle offre trop de recettes éprouvées : elle finit
252 é ; mais elle est vieille, elle est trop avertie, elle offre trop de recettes éprouvées : elle finit par ne plus croire au b
253 avertie, elle offre trop de recettes éprouvées : elle finit par ne plus croire au bien, ni au sérieux, ni à la naïveté, cet
254 devises d’élégance morale et de sagesse pratique. Il n’y a rien là de diabolique, tout au contraire. Le jeu mondain, s’il
255 diabolique, tout au contraire. Le jeu mondain, s’ il est bien joué, ménage autant de liberté qu’il ne suppose, dit-on, d’h
256 , s’il est bien joué, ménage autant de liberté qu’ il ne suppose, dit-on, d’hypocrisie. Il a le charme reposant des formes
257 e liberté qu’il ne suppose, dit-on, d’hypocrisie. Il a le charme reposant des formes fixes. Mais le mondain qui n’est que
17 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable XI : Le diable dans nos dieux (24 décembre 1943)
258 Nous avons parlé de l’incognito du diable. Mais il existe aussi un incognito divin, et c’est l’Incarnation, c’est-à-dire
259 ent inverses : c’est dans l’image de nos dieux qu’ il va se dissimuler, au cœur même de nos idéaux et de nos vérités trop h
260 nnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse, il nous empêche aussi de nous reconnaître dans nos idoles. Voici comment
261 oici comment les hommes s’enchaînent aux dieux qu’ ils créent. Ceux qui ne l’ignoraient pas ont renié la Révélation. Dès lor
262 ’ignoraient pas ont renié la Révélation. Dès lors ils en étaient réduits à inventer Dieu. Mais on n’invente que ce que l’on
263 on n’invente que ce que l’on est sans le savoir. Ils ont donc inventé un « Dieu » qui était le moi conscient ou inconscien
264 prédécesseurs, n’ont pas parlé de « Dieu ». Mais ils ont dit Nation, ou Race, ou Classe. Dans ces trois entités divinisées
265 n nous. Et ces trois entités ont ceci de commun : elles ne sont responsables de rien devant personne, s’étant faites elles-mê
266 de toute vérité purement humaine, et décrétant qu’ il n’est plus d’autre vérité. Or, aux yeux de ceux qui les servent, l’ho
267 x de ceux qui les servent, l’homme n’existe qu’en elles et par elles. Dans la mesure où nous leur obéissons, nous ne sommes d
268 les servent, l’homme n’existe qu’en elles et par elles . Dans la mesure où nous leur obéissons, nous ne sommes donc plus resp
269 sommes donc plus responsables de nos actes, mais elles le sont à notre place. Et comme elles-mêmes n’ont à répondre devant a
270 ont à répondre devant aucune instance supérieure, il n’y a plus de responsabilité nulle part. Mais s’il apparaît, à l’inve
271 l n’y a plus de responsabilité nulle part. Mais s’ il apparaît, à l’inverse, que nous ne coïncidons pas avec l’entité divin
272 u bien nous sommes décapités à la hache, selon qu’ il s’agit respectivement du dieu Classe ou du dieu Race. Les dieux des h
273 s le diable est sans doute moins dangereux lorsqu’ il nous tue, que lorsqu’il prétend nous faire vivre. Il est moins danger
274 te moins dangereux lorsqu’il nous tue, que lorsqu’ il prétend nous faire vivre. Il est moins dangereux dans nos vices que d
275 nous tue, que lorsqu’il prétend nous faire vivre. Il est moins dangereux dans nos vices que dans nos vertus satisfaites… V
276 r, un Philanthrope s’en allait le long de la rue. Il avait la tête et les poches pleines de projets philanthropiques, prop
277 -delà de tout ce que je désirerais même imaginer. Il venait d’allumer un bon cigare dont la fumée montait comme un encens
278 lui suivaient le diable et l’un de ses compères. Ils observaient le Philanthrope, d’un œil critique. Un pauvre homme l’arr
279 er lui remit une pièce, et poursuivit son chemin. Il marchait dans la gloire, et sa conscience resplendissait comme un sou
280 n’as pas peur de lui ? dit le compère au diable. Il m’a l’air terriblement bon ! Et ses plans sont irréprochables, paraît
281 nt bon ! Et ses plans sont irréprochables, paraît- il  : intelligents et généreux, idéalistes, réalistes… » Le diable ne rép
282 listes, réalistes… » Le diable ne répondit rien ; il souriait, tout en lisant un bout de papier qu’il venait de ramasser s
283 il souriait, tout en lisant un bout de papier qu’ il venait de ramasser sur le trottoir. Après quelques instants, poussant
284 compère : « Je fais mon affaire du bonhomme ! dit- il entre ses dents. Voici son plan qu’il a laissé tomber en donnant une
285 homme ! dit-il entre ses dents. Voici son plan qu’ il a laissé tomber en donnant une pièce au mendiant. Il est parfait, ce
286 a laissé tomber en donnant une pièce au mendiant. Il est parfait, ce plan, comme tu le craignais. Mais moi, je vais l’orga
18 1949, La Vie protestante, articles (1938–1978). Printemps de l’Europe (29 avril 1949)
287 péenne seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il eût été bien beau de faire coïncider cette annonce du renouveau europ
288 stion qui se pose encore, c’est de savoir comment elle se fera. Peut-être n’est-il pas mauvais que la conférence des Dix amb
289 t de savoir comment elle se fera. Peut-être n’est- il pas mauvais que la conférence des Dix ambassadeurs, à Londres1, prenn
290 Londres1, prenne son temps. Il y a deux semaines, elle faisait bon accueil aux propositions détaillées que les délégués de n
291 uvement européen lui soumettaient. Nous savons qu’ elle les étudie. Puisse-t-elle se laisser inspirer par ce temps de Pâques
292 ttaient. Nous savons qu’elle les étudie. Puisse-t- elle se laisser inspirer par ce temps de Pâques et les vacances, et puisse
293 r ce temps de Pâques et les vacances, et puisse-t- elle prendre non seulement son temps, mais aussi les distances nécessaires
294 es hommes d’État chargés de faire l’Europe auront- ils la vision nécessaire ? Les grandes visions Il y a peu de grandes
295 connais trois. Il y a celle du jeune Garry Davis. Elle est très vaste, mais aussi très vague. Il se promène ces jours-ci dan
296 avis. Elle est très vaste, mais aussi très vague. Il se promène ces jours-ci dans les rues et cafés de Paris, avec un gros
297 e bras, quêtant la signature des amis de la paix. Il a déchiré son passeport, et quelques écrivains lui ont donné l’appui
298 s noms célèbres, mais sans rien déchirer du tout. Il est sympathique et très pur. Il rêve d’une Assemblée mondiale et d’un
299 déchirer du tout. Il est sympathique et très pur. Il rêve d’une Assemblée mondiale et d’un gouvernement unique pour toute
300 une troisième vision, celle de l’Europe fédérée. Elle est moins vaste, en vérité, que celle du jeune Américain, mais à caus
301 le du jeune Américain, mais à cause de cela même, elle est plus claire et proche. Je voudrais l’appeler aujourd’hui la visio
302 les Dix ambassadeurs à Londres ont bien vu cela, ils ne se laisseront plus arrêter par les chicanes techniques et les expe
303 iques et les experts. Tout dépend de la vision qu’ ils auront. Il n’est point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il n’es
304 experts. Tout dépend de la vision qu’ils auront. Il n’est point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il n’est orienté d
305 ’est point d’ordre politique qui serve l’homme, s’ il n’est orienté dès le départ par une vision libératrice et fascinante.
306 ent à la fatalité — l’auront vue et marchent vers elle . Il se peut que la vision qui les guide cache une réalité finale qui
307 la fatalité — l’auront vue et marchent vers elle. Il se peut que la vision qui les guide cache une réalité finale qui les
308 et marées, contre tous les experts de son époque, il se mit en route pour la joindre, et c’est ainsi qu’il trouva l’Amériq
309 e mit en route pour la joindre, et c’est ainsi qu’ il trouva l’Amérique. Mais nous, quel continent nouveau allons-nous abor
310 nent nouveau allons-nous aborder demain ? Se peut- il que ce soit tout simplement l’Europe, redécouverte à la faveur de son
19 1961, La Vie protestante, articles (1938–1978). Bilan simple (29 décembre 1961)
311 st, c’est à la cause du communisme tout entier qu’ elle a fait perdre la face, en bâtissant le mur de Berlin non pour se prot
312 t spectaculaire. Aux États-Unis, d’où je reviens, il n’est question que du « miracle européen ». C’est un fait : la montée
313 t de libérer ses colonies — dont on prétendait qu’ elle vivait ! A-t-on remarqué le parallélisme, si frappant, entre la fin d
314 qu’entretenait dans son sein cette même passion. Elle choisit la santé : elle veut se fédérer. Et bien sûr, tout n’est pas
315 sein cette même passion. Elle choisit la santé : elle veut se fédérer. Et bien sûr, tout n’est pas encore gagné. Mais en de
316 en demandant son accession à ce Marché commun qu’ elle affecta longtemps de traiter d’utopie, la Grande-Bretagne a démontré
317 Européens reprendront la tête du progrès humain. Ils ne retrouveront pas seulement leur vraie puissance, morale et matérie
318 leur vraie puissance, morale et matérielle, mais ils indiqueront aux peuples nouveaux de l’Afrique et de l’Asie les voies
319 itiquement, l’Europe exercerait sur l’URSS, comme elle le fait déjà sur les États-Unis, une attraction irrésistible. Et le G
320 onstitué serait garant de la paix mondiale. N’est- il pas admirable que l’année de l’Europe ait coïncidé par hasard avec l’
321 nt et pour la suite ! Presque tout reste à faire, il est vrai. Sachons du moins à quels grands buts lointains nous pouvons
20 1965, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Que signifie pour vous la formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper reformanda” ? » (29 octobre 1965)
322 les Églises issues de la Réformation… Se pourrait- il qu’elle ait bientôt plus de réformateurs vivants et d’avenir que nous
323 lises issues de la Réformation… Se pourrait-il qu’ elle ait bientôt plus de réformateurs vivants et d’avenir que nous n’en vé
21 1969, La Vie protestante, articles (1938–1978). La lune, ce n’est pas le paradis (1er août 1969)
324 sera notre sujet de réflexion, mais sur la Lune. Il m’est venu une question, Denis de Rougemont, et j’ai envie de la pose
325 me frappe dans l’aventure d’« Apollo », c’est qu’ elle est l’entreprise qui a coûté le plus cher dans toute l’histoire de l’
326 la Terre. Au fond, c’est dans ce domaine seul qu’ ils ont réussi à trouver les moyens d’une espèce non pas de coopération —
327 spatiaux ? Pas des savants, mais des colonels. Et ils font cela en service commandé : au service de l’armée américaine. Et
328 ice de l’armée américaine. Et généralement, quand ils reviennent après une expédition qui a bien réussi, ils étaient partis
329 eviennent après une expédition qui a bien réussi, ils étaient partis colonels et ils deviennent généraux. On pourrait dire
330 qui a bien réussi, ils étaient partis colonels et ils deviennent généraux. On pourrait dire que tout ce qu’ils ont été cher
331 iennent généraux. On pourrait dire que tout ce qu’ ils ont été chercher là-haut, c’est une étoile — une petite étoile en cui
332 c’est une étoile — une petite étoile en cuivre qu’ ils se mettent sur l’épaulette. Néanmoins, ce sont les savants qui les f
333 tes chercheuses. Les savants pourraient dire — et ils le pensent peut-être — que ce sont eux qui utilisent le prétexte mili
334 nt le même raisonnement en sens inverse. Qui faut- il croire ? Les véritables motifs, on ne les saura que beaucoup plus tar
335 t qu’on avait fait tout ce programme si coûteux ! Il s’est produit exactement la même histoire avec Christophe Colomb, mai
336 parti avec ses petites caravelles, c’est parce qu’ il était au service d’un roi d’Espagne rapace, cupide, qui voulait de l’
337 roisade pour délivrer Jérusalem — motif mystique. Il ne pensait pas du tout découvrir l’Amérique. Il voulait trouver les I
338 . Il ne pensait pas du tout découvrir l’Amérique. Il voulait trouver les Indes, parce qu’on lui avait dit qu’aux Indes les
339 ’or. Or Christophe Colomb a trouvé l’Amérique, qu’ il ne cherchait pas. Et bien après lui, on y a trouvé de l’or. Et un peu
340 idyllique, c’est le paradis terrestre transporté, il y rencontre des hommes très bien, il y rencontre le génie de Socrate,
341 transporté, il y rencontre des hommes très bien, il y rencontre le génie de Socrate, tout se passe merveilleusement. Eh b
342 ui habitaient la Lune. Eh bien ! on s’aperçoit qu’ il n’y a personne. Il y a un texte qui m’a frappé, que vous avez cité da
343 ui nous décrit le paradis qui nous attend là-bas. Il nous dit que nous aurons là-bas des hôtels de grand luxe, avec des pa
344 d je pense à l’éventualité d’un exil sur la Lune, il me prend un amour passionné de la Terre, de la surface terrestre, des
345 à la grande stupéfaction de Wells, « Lénine, dit- il , me regarda et me répondit : Vous avez raison ; en lisant votre roman
346 ns à établir les communications interplanétaires, il faudra réviser toutes nos conceptions philosophiques, sociales et mor
347 st une prophétie assez extraordinaire : est-ce qu’ elle est complètement fausse ? Sûrement pas, car la recherche spatiale, l’
348 e les Américains et les Russes, mais d’autre part elle suppose certaines formes de coopération discrète et en tout cas de co
349 en tout cas de coexistence. Lénine dit aussi : «  Il faudra changer nos conceptions philosophiques, sociales et morales. »
350 philosophiques, sociales et morales. » Alors là, il parlait pour lui ! Si pour lui, la seule doctrine véritable est le ma
351 qui est une doctrine des rapports de productions, il est évident qu’elle ne vaut plus rien si on va sur la Lune — où les r
352 ne des rapports de productions, il est évident qu’ elle ne vaut plus rien si on va sur la Lune — où les rapports de productio
353 e productions ne sont en rien comparables à ce qu’ ils étaient au xixe siècle, quand Marx a écrit sa théorie. Il n’y a pas
354 t au xixe siècle, quand Marx a écrit sa théorie. Il n’y a pas de prolétariat sur la Lune, pour l’instant. Justement, et o
355 ne se trompe à mon sens complètement, c’est quand il dit que toutes les doctrines philosophiques et morales devront être r
356 e est l’amour du prochain, je ne vois pas en quoi elle serait modifiée si deux hommes arrivent sur la Lune. Ils auront les m
357 ait modifiée si deux hommes arrivent sur la Lune. Ils auront les mêmes problèmes de s’aimer activement, de s’entraider, qu’
358 oblèmes de s’aimer activement, de s’entraider, qu’ ils auraient sur la Terre ou sur Mars. D’ailleurs, cette question de dime
359 se de la pensée. Eh bien ! l’aventure intérieure, elle ne demande rien, elle ne demande pas de crédits spéciaux. Pour entrer
360 en ! l’aventure intérieure, elle ne demande rien, elle ne demande pas de crédits spéciaux. Pour entrer dans le fond de soi-m
361 nt nouvelles, et réellement stupéfiantes souvent, elle ne demande ni crédit, ni gadget. En quoi je pense qu’elle est vraimen
362 demande ni crédit, ni gadget. En quoi je pense qu’ elle est vraiment le sommet de l’aventure humaine. Relisant au lendemain
363 à se perdre au ciel vide. Quant à ma conclusion, elle m’a valu des lettres qui disaient en substance : l’aventure intérieur
364 Denis de Rougemont dit, en quelques lignes, ce qu’ il pense aujourd’hui de l’événement qu’il avait commenté à l’avance. »
365 nes, ce qu’il pense aujourd’hui de l’événement qu’ il avait commenté à l’avance. »
22 1978, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Bof ! disent les jeunes, pourquoi ? » (1er décembre 1978)
366 s existons, même la nature est faite par l’homme, il n’y a plus de nature sauvage. Il faut bien que l’homme moderne en pre
367 ite par l’homme, il n’y a plus de nature sauvage. Il faut bien que l’homme moderne en prenne conscience, car c’est probabl
368 Ce n’est donc pas dans une visée prométhéenne qu’ il faut comprendre votre titre ? Pas du tout, ce n’est pas un défi. Simp
369 Dieu. Quand on voit que les choses tournent mal, il est trop tard pour dire : Ce n’est pas ma faute ! C’était l’autre, ou
370 , qui est mesure d’ange » : Apoc. ch. 21, v. 17). Il est question là d’un développement de la vie de l’humanité vers la pl
371 i j’étais totalement pessimiste, si je pensais qu’ il n’y a plus rien à faire, je n’écrirais pas — ou je raconterais des hi
372 mbête, ça leur fait peur — comme à tout le monde, il ne faut pas s’en cacher. Ils ne se sentent pas suffisamment impliqués
373 omme à tout le monde, il ne faut pas s’en cacher. Ils ne se sentent pas suffisamment impliqués pour dire autre chose que « 
374 re atomique qui risque d’éclater n’importe quand, ils ne disent pas « bof ». Ceux que je connais. Je pense qu’il est faux d
375 ent pas « bof ». Ceux que je connais. Je pense qu’ il est faux de dire que la génération actuelle est la « bof-génération »
376 t pas « bof », oh ! non — qui voyait très bien qu’ elle allait devoir faire la guerre, une guerre qui n’était pas la sienne,
377 ard, après la guerre, l’évidence s’est imposée qu’ il fallait faire l’Europe tout de suite, sinon on recommencerait une aut
378 la culture européenne et son rayonnement, pire : elle l’a faussée. On a fait croire au monde entier que ce qu’il fallait co
379 ussée. On a fait croire au monde entier que ce qu’ il fallait copier de nous, c’étaient nos machines, nos armes, et jamais
380 s années 1930. La guerre n’a fait qu’interrompre… Elle a interrompu, mais en nous donnant raison ! hélas, nous ne le cherchi
381 énérale, n’ont pas du tout envie d’avoir raison ; ils vous adjurent de changer pour éviter les désastres, et de leur donner
382 t de cap. Votre critique de l’État-nation porte-t- elle aussi sur la Suisse ? C’est une question à laquelle je suis heureux d
383 ’ai découvert l’Europe ! et la Suisse notamment ! Il faut s’éloigner de quelque chose pour savoir ce que c’est. En Amériqu
384 lque chose pour savoir ce que c’est. En Amérique, il n’y avait rien sur la Suisse, alors j’ai écrit un petit livre intitul
385 l’État-nation ne s’adresse donc pas à la Suisse, elle indique simplement à la Suisse dans quelle direction elle ne devrait
386 ique simplement à la Suisse dans quelle direction elle ne devrait pas se développer. Des tendances « État-nation » peuvent s
387 l pays ! Si on veut sauver le fédéralisme suisse, il faut l’étendre aux dimensions du continent, quitte ensuite à fédérer
388 uisse est acculée à un certain centralisme dès qu’ elle s’occupe d’objets trop grands. Le nucléaire en est un excellent exemp
389 finances du Parlement français). Pour la Suisse, il en va de même : nous finançons le nucléaire grâce à six banques qui a
390 nucléaire est trop grand pour un seul pays, et qu’ il y constitue une menace pour la démocratie. Vous êtes membre du Groupe
391 ous êtes membre du Groupe de Bellerive : que fait- il  ? C’est un groupe de personnalités internationales habitant Genève, q
392 la folie de l’auto ; quel est au fond leur lien ? Ils gouvernent tous, de manière systématique et synthétique (chacun comma
393 iété formée de petites communautés fédérées entre elles . Là, chacun peut être libre à sa manière, s’épanouir dans sa vocation
394 sonne. Dans une ville de 13 millions d’habitants, il n’y a plus ni communauté, ni responsabilité, ni liberté. Il n’y a plu
395 lus ni communauté, ni responsabilité, ni liberté. Il n’y a plus que la promiscuité des solitudes. z. Rougemont Denis de