1
Le
temps des fanatiques (25 novembre 1938)a b Ce ne sont plus des sig
2
embre 1938)a b Ce ne sont plus des signes dans
le
ciel, mais des réalités terrestres et brutales qui nous avertissent a
3
urd’hui du caractère religieux de notre Histoire.
Le
fascisme est une religion, le communisme une antireligion. Croix gamm
4
de notre Histoire. Le fascisme est une religion,
le
communisme une antireligion. Croix gammée, faisceaux de licteur, fauc
5
nt pas sur eux cette Marque, se voient rejetés de
la
cité. Alors les amateurs de clés de l’Apocalypse disent aux chrétiens
6
cette Marque, se voient rejetés de la cité. Alors
les
amateurs de clés de l’Apocalypse disent aux chrétiens : Voici la Bête
7
rejetés de la cité. Alors les amateurs de clés de
l’
Apocalypse disent aux chrétiens : Voici la Bête ! Et la guerre que vou
8
clés de l’Apocalypse disent aux chrétiens : Voici
la
Bête ! Et la guerre que vous ferez contre elle, au nom du Christ, ser
9
calypse disent aux chrétiens : Voici la Bête ! Et
la
guerre que vous ferez contre elle, au nom du Christ, sera vraiment un
10
puis vingt ans, on nous a sommés de choisir entre
le
Mal et le Bien incarnés. « Au nom du Christ ; nous disait-on, en avan
11
ans, on nous a sommés de choisir entre le Mal et
le
Bien incarnés. « Au nom du Christ ; nous disait-on, en avant contre l
12
u nom du Christ ; nous disait-on, en avant contre
les
Soviets ! Haro sur les rouges d’Espagne ! Déclarez la guerre à Hitler
13
disait-on, en avant contre les Soviets ! Haro sur
les
rouges d’Espagne ! Déclarez la guerre à Hitler ! Ils persécutent les
14
oviets ! Haro sur les rouges d’Espagne ! Déclarez
la
guerre à Hitler ! Ils persécutent les Églises chrétiennes. Lutter con
15
e ! Déclarez la guerre à Hitler ! Ils persécutent
les
Églises chrétiennes. Lutter contre eux, c’est embrasser le parti du B
16
s chrétiennes. Lutter contre eux, c’est embrasser
le
parti du Bien. » Et nous voici embrigadés dans la « Croisade » — mora
17
le parti du Bien. » Et nous voici embrigadés dans
la
« Croisade » — moralement, cela va sans dire… Dès lors, nous sommes e
18
avec notre conscience. Il n’y a plus à discuter.
Le
temps des nuances est passé. L’état de siège est proclamé. Et celui q
19
plus à discuter. Le temps des nuances est passé.
L’
état de siège est proclamé. Et celui qui demande à voir, celui qui est
20
ché, se voit aussitôt suspecté de connivence avec
les
« méchants ». Il fait leur jeu, dit-on, même s’il se croit sincère. C
21
h bien, tant pis pour moi ! Je demande à voir. Si
l’
on veut m’engager au nom du Christ, mon seul salut, j’ai même le devoi
22
gager au nom du Christ, mon seul salut, j’ai même
le
devoir d’y regarder à deux fois avant de donner mon adhésion. Que vou
23
me dit : Ceux-ci sont des méchants, je veux bien
le
croire, mais je demande : Parmi ceux-là qui les attaquent, n’y aurait
24
en le croire, mais je demande : Parmi ceux-là qui
les
attaquent, n’y aurait-il par hasard que des chrétiens ? Quand on me d
25
ar hasard que des chrétiens ? Quand on me dit que
les
communistes sont des sans-Dieu, je ne dis pas non, je ne suis pas ill
26
, je ne suis pas illettré ; mais je me demande si
le
trust des pétroles, qui mène la lutte contre la Russie rouge dans tou
27
je me demande si le trust des pétroles, qui mène
la
lutte contre la Russie rouge dans toute la presse qu’il possède en Eu
28
i le trust des pétroles, qui mène la lutte contre
la
Russie rouge dans toute la presse qu’il possède en Europe, le fait vr
29
i mène la lutte contre la Russie rouge dans toute
la
presse qu’il possède en Europe, le fait vraiment au nom de l’Évangile
30
uge dans toute la presse qu’il possède en Europe,
le
fait vraiment au nom de l’Évangile ? Et je me demande si cet ordre ét
31
’il possède en Europe, le fait vraiment au nom de
l’
Évangile ? Et je me demande si cet ordre établi que l’on nous invite à
32
angile ? Et je me demande si cet ordre établi que
l’
on nous invite à défendre, et qui comporte entre autres éléments le ch
33
à défendre, et qui comporte entre autres éléments
le
chômage et la prostitution, se fonde vraiment sur l’Évangile ? Quand
34
qui comporte entre autres éléments le chômage et
la
prostitution, se fonde vraiment sur l’Évangile ? Quand on me dit que
35
chômage et la prostitution, se fonde vraiment sur
l’
Évangile ? Quand on me dit que les rouges d’Espagne brûlent les église
36
nde vraiment sur l’Évangile ? Quand on me dit que
les
rouges d’Espagne brûlent les églises, je ne dis pas non : ils s’en va
37
Quand on me dit que les rouges d’Espagne brûlent
les
églises, je ne dis pas non : ils s’en vantent eux-mêmes. Mais je me d
38
ils s’en vantent eux-mêmes. Mais je me demande si
les
soutiens de M. Franco, qui sont le Duce et le Führer, ne le soutienne
39
me demande si les soutiens de M. Franco, qui sont
le
Duce et le Führer, ne le soutiennent vraiment qu’au nom du Christ ? P
40
si les soutiens de M. Franco, qui sont le Duce et
le
Führer, ne le soutiennent vraiment qu’au nom du Christ ? Pourquoi don
41
s de M. Franco, qui sont le Duce et le Führer, ne
le
soutiennent vraiment qu’au nom du Christ ? Pourquoi donc ces dictateu
42
it, d’un autre côté cette fois : Vous voyez bien,
les
dictateurs sont les ennemis du christianisme ! — je ne dis pas non, j
43
cette fois : Vous voyez bien, les dictateurs sont
les
ennemis du christianisme ! — je ne dis pas non, je les ai vus de près
44
nnemis du christianisme ! — je ne dis pas non, je
les
ai vus de près. Mais je me demande si le maintien de l’empire anglais
45
non, je les ai vus de près. Mais je me demande si
le
maintien de l’empire anglais et de l’hégémonie française est une part
46
vus de près. Mais je me demande si le maintien de
l’
empire anglais et de l’hégémonie française est une part indiscutable e
47
demande si le maintien de l’empire anglais et de
l’
hégémonie française est une part indiscutable et révélée du plan de Di
48
plan de Dieu pour notre époque ? Je me demande si
la
campagne en faveur du « réarmement » résulte vraiment et d’abord d’un
49
ent » résulte vraiment et d’abord d’un sursaut de
la
conscience chrétienne ? Où peut aller cette « croisade » qui réjouit
50
Vous parlez politique, quand il s’agit de sauver
l’
Église. À quoi je réponds : Croyez-vous, chers amis, que vous n’en par
51
chers amis, que vous n’en parlez pas vous-mêmes ?
Les
chrétiens qui se lancent dans une croisade ne le font-ils que pour sa
52
Les chrétiens qui se lancent dans une croisade ne
le
font-ils que pour sauver l’Église ? Et même dans ce cas, est-ce une r
53
dans une croisade ne le font-ils que pour sauver
l’
Église ? Et même dans ce cas, est-ce une raison pour renoncer à toute
54
oute clairvoyance ? À toute honnête information ?
Le
fanatisme et le simplisme, voilà ce que le diable juge assez bon, de
55
e ? À toute honnête information ? Le fanatisme et
le
simplisme, voilà ce que le diable juge assez bon, de nos jours, pour
56
tion ? Le fanatisme et le simplisme, voilà ce que
le
diable juge assez bon, de nos jours, pour attraper les enfants de la
57
iable juge assez bon, de nos jours, pour attraper
les
enfants de la Lumière ! J’aimerais beaucoup qu’on ne déduise pas de c
58
z bon, de nos jours, pour attraper les enfants de
la
Lumière ! J’aimerais beaucoup qu’on ne déduise pas de ces propos qu’à
59
qu’on ne déduise pas de ces propos qu’à mon avis
les
chrétiens doivent se taire, se retirer dans une neutralité plaintive,
60
retirer dans une neutralité plaintive, et laisser
le
pauvre monde se débrouiller. Je suis tout prêt, en ce qui me concerne
61
sainte » des entreprises qui, du point de vue de
l’
Évangile, resteront toujours profondément impures. Surtout, que l’on n
62
eront toujours profondément impures. Surtout, que
l’
on nous laisse, à nous chrétiens, le privilège de plus en plus dangere
63
Surtout, que l’on nous laisse, à nous chrétiens,
le
privilège de plus en plus dangereux de reconnaître les péchés du part
64
rivilège de plus en plus dangereux de reconnaître
les
péchés du parti que nous adoptons. Car je vois que tous les partis so
65
du parti que nous adoptons. Car je vois que tous
les
partis sont, dans le fait, au service de grandes religions adversaire
66
ptons. Car je vois que tous les partis sont, dans
le
fait, au service de grandes religions adversaires de la foi chrétienn
67
t, au service de grandes religions adversaires de
la
foi chrétienne : Prolétariat, Empire, Race, Droits de l’homme, Argent
68
dernier mot, comme chrétiens, ne peut pas être «
la
guerre sainte » ni davantage « la paix à tout prix ». Il doit être et
69
peut pas être « la guerre sainte » ni davantage «
la
paix à tout prix ». Il doit être et rester : vigilance. Dans cette nu
70
ester : vigilance. Dans cette nuit universelle où
la
Colère de Dieu sévit par les mains de quelques tyrans, on demande au
71
e nuit universelle où la Colère de Dieu sévit par
les
mains de quelques tyrans, on demande au chrétien comme jadis au Proph
72
e jadis au Prophète : « Sentinelle, que dis-tu de
la
nuit ? — La sentinelle a répondu : le matin vient et la nuit aussi !
73
rophète : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? —
La
sentinelle a répondu : le matin vient et la nuit aussi ! Si vous voul
74
e dis-tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu :
le
matin vient et la nuit aussi ! Si vous voulez interroger, interrogez
75
t ? — La sentinelle a répondu : le matin vient et
la
nuit aussi ! Si vous voulez interroger, interrogez ! Convertissez-vou
76
-vous et revenez ! » Évasion ? Non pas. Réalisme.
La
force réelle des tyrans est religieuse. Et la foi seule peut vaincre
77
me. La force réelle des tyrans est religieuse. Et
la
foi seule peut vaincre une religion païenne. a. Rougemont Denis de
78
une religion païenne. a. Rougemont Denis de, «
Le
temps des fanatiques », La Vie protestante, Genève, 25 novembre 1938,
79
Rougemont Denis de, « Le temps des fanatiques »,
La
Vie protestante, Genève, 25 novembre 1938, p. 1. b. Le texte est pré
80
protestante, Genève, 25 novembre 1938, p. 1. b.
Le
texte est précédé de la note suivante de la rédaction : « Nous sommes
81
novembre 1938, p. 1. b. Le texte est précédé de
la
note suivante de la rédaction : « Nous sommes heureux de compter, par
82
. b. Le texte est précédé de la note suivante de
la
rédaction : « Nous sommes heureux de compter, parmi les amis et colla
83
daction : « Nous sommes heureux de compter, parmi
les
amis et collaborateurs de la Vie protestante, M. Denis de Rougemont,
84
x de compter, parmi les amis et collaborateurs de
la
Vie protestante, M. Denis de Rougemont, le jeune auteur romand dont l
85
urs de la Vie protestante, M. Denis de Rougemont,
le
jeune auteur romand dont la réputation n’est plus à faire. Nous lui l
86
. Denis de Rougemont, le jeune auteur romand dont
la
réputation n’est plus à faire. Nous lui laissons volontiers la parole
87
n’est plus à faire. Nous lui laissons volontiers
la
parole, convaincus que nos lecteurs, même s’ils sont étonnés de certa
88
certaines de ses expressions, sauront comprendre
le
point de vue chrétien auquel il se place. »
89
Nicolas de Flue et
la
tradition réformée (1er septembre 1939)c Tout ce que le Suisse rom
90
ion réformée (1er septembre 1939)c Tout ce que
le
Suisse romand moyen connaît de Nicolas de Flue, c’est que ce pieux er
91
Nicolas de Flue, c’est que ce pieux ermite vint à
la
Diète de Stans pour apaiser les deux partis confédérés, à la veille d
92
ieux ermite vint à la Diète de Stans pour apaiser
les
deux partis confédérés, à la veille d’une guerre civile. Quant au res
93
Stans pour apaiser les deux partis confédérés, à
la
veille d’une guerre civile. Quant au reste de la vie de Nicolas, on l
94
la veille d’une guerre civile. Quant au reste de
la
vie de Nicolas, on l’ignore très généralement. Il n’en va pas de même
95
e civile. Quant au reste de la vie de Nicolas, on
l’
ignore très généralement. Il n’en va pas de même chez nos confédérés d
96
confédérés des petits cantons. Et c’est pourquoi
les
catholiques n’ont pas eu de peine à s’annexer le « frère Claus », cep
97
les catholiques n’ont pas eu de peine à s’annexer
le
« frère Claus », cependant que les protestants l’abandonnaient sans g
98
ine à s’annexer le « frère Claus », cependant que
les
protestants l’abandonnaient sans grand chagrin. Situation très parado
99
le « frère Claus », cependant que les protestants
l’
abandonnaient sans grand chagrin. Situation très paradoxale, si l’on s
100
sans grand chagrin. Situation très paradoxale, si
l’
on songe qu’au xvie siècle, Nicolas fut revendiqué par tous les réfor
101
’au xvie siècle, Nicolas fut revendiqué par tous
les
réformés de Suisse comme l’un de leurs plus grands précurseurs. Il m’
102
de leurs plus grands précurseurs. Il m’a paru que
la
question méritait bien d’être reprise, du point de vue d’un réformé d
103
première étude d’ensemble que viennent de publier
Les
Cahiers protestants . Je suis heureux de l’occasion qui m’est offerte
104
lier Les Cahiers protestants . Je suis heureux de
l’
occasion qui m’est offerte de préciser ici les résultats de mon enquêt
105
x de l’occasion qui m’est offerte de préciser ici
les
résultats de mon enquête. Une solitude active Rappelons d’abord
106
au début du xve siècle d’une famille paysanne de
l’
Obwald, il avait été capitaine, puis juge de paix, puis simple agricul
107
ère de dix enfants, lorsqu’il crut devoir obéir à
l’
appel de la solitude. C’est donc au terme d’une féconde carrière qu’il
108
enfants, lorsqu’il crut devoir obéir à l’appel de
la
solitude. C’est donc au terme d’une féconde carrière qu’il parvint à
109
, non sans avoir mûrement pesé son acte et obtenu
le
consentement des siens. Nous ne sommes pas en présence d’un pauvre il
110
d’un solide confédéré qui a fait ses preuves dans
la
vie quotidienne. Notons ensuite qu’au lieu d’entrer dans un couvent,
111
e sa ferme, au Ranft. Il y mènera jusqu’à sa mort
la
vie d’un pieux laïque et non d’un moine, parfois même suspecté par l’
112
ïque et non d’un moine, parfois même suspecté par
l’
Église qui se méfie de cet « irrégulier ». Ne dit-on pas que, durant l
113
de cet « irrégulier ». Ne dit-on pas que, durant
les
vingt ans de sa retraite, il n’a pris d’autre nourriture que l’hostie
114
e sa retraite, il n’a pris d’autre nourriture que
l’
hostie, une fois par semaine ? L’évêque et les autorités ont bien tent
115
e nourriture que l’hostie, une fois par semaine ?
L’
évêque et les autorités ont bien tenté de l’espionner : jamais on ne l
116
que l’hostie, une fois par semaine ? L’évêque et
les
autorités ont bien tenté de l’espionner : jamais on ne l’a trouvé en
117
ine ? L’évêque et les autorités ont bien tenté de
l’
espionner : jamais on ne l’a trouvé en faute. Entouré du respect de se
118
ités ont bien tenté de l’espionner : jamais on ne
l’
a trouvé en faute. Entouré du respect de ses concitoyens, il reçoit ch
119
ne grande sagesse pratique et participe si bien à
la
vie de son peuple que le simple message qu’il transmettra aux députés
120
e et participe si bien à la vie de son peuple que
le
simple message qu’il transmettra aux députés, lors de la fameuse Dièt
121
le message qu’il transmettra aux députés, lors de
la
fameuse Diète de Stans, sauvera la situation in extremis. Il n’aura p
122
putés, lors de la fameuse Diète de Stans, sauvera
la
situation in extremis. Il n’aura pas besoin de paraître en personne ;
123
son conseil suffira, et son autorité, pour calmer
les
passions déchaînées. Le Solitaire est donc devenu la principale force
124
on autorité, pour calmer les passions déchaînées.
Le
Solitaire est donc devenu la principale force morale et politique de
125
passions déchaînées. Le Solitaire est donc devenu
la
principale force morale et politique de toute la Confédération. Deux
126
la principale force morale et politique de toute
la
Confédération. Deux faits surtout méritent de nous retenir, dans ce b
127
nir, dans ce bref memento biographique. 1° Malgré
l’
extrême rigueur de ses « pratiques », Nicolas n’a pas pu trouver la pa
128
de ses « pratiques », Nicolas n’a pas pu trouver
la
paix de son âme dans le monde. Il a dû se retirer et vivre en marge d
129
icolas n’a pas pu trouver la paix de son âme dans
le
monde. Il a dû se retirer et vivre en marge des conditions normales d
130
irer et vivre en marge des conditions normales de
l’
existence. Signe du désarroi intime où la piété de l’Église non réform
131
males de l’existence. Signe du désarroi intime où
la
piété de l’Église non réformée laissait les âmes, les plus exigeantes
132
xistence. Signe du désarroi intime où la piété de
l’
Église non réformée laissait les âmes, les plus exigeantes, privées de
133
ime où la piété de l’Église non réformée laissait
les
âmes, les plus exigeantes, privées de tout contact direct avec la Bib
134
piété de l’Église non réformée laissait les âmes,
les
plus exigeantes, privées de tout contact direct avec la Bible. 2° Dan
135
s exigeantes, privées de tout contact direct avec
la
Bible. 2° Dans son ermitage du Ranft, Nicolas ne s’est pas abandonné
136
ne s’est pas abandonné aux « saintes délices » de
la
contemplation. Il ne s’est libéré de certaines servitudes que pour mi
137
éré de certaines servitudes que pour mieux servir
le
Seigneur dans la personne de son prochain. Il n’a renoncé à ses trava
138
servitudes que pour mieux servir le Seigneur dans
la
personne de son prochain. Il n’a renoncé à ses travaux de paysan que
139
pas anéanti, mais décuplé son action pratique sur
le
monde. Ce dernier point est capital. Car, après tout, si Nicolas est
140
de notre Confédération, c’est à son action qu’il
le
doit. S’il n’avait été qu’un ascète, nous ne saurions plus rien de lu
141
nous ne saurions plus rien de lui. C’est pourquoi
les
réformateurs insistèrent à bon droit sur son rôle politique, tandis q
142
nt à bon droit sur son rôle politique, tandis que
les
catholiques préféraient s’en tenir à l’éloge de son jeûne et de ses v
143
ndis que les catholiques préféraient s’en tenir à
l’
éloge de son jeûne et de ses visions. Nicolas et les réformés Mo
144
oge de son jeûne et de ses visions. Nicolas et
les
réformés Mort en 1487, c’est-à-dire trente ans avant la Réforme, N
145
és Mort en 1487, c’est-à-dire trente ans avant
la
Réforme, Nicolas appartient à l’héritage commun des catholiques et de
146
trente ans avant la Réforme, Nicolas appartient à
l’
héritage commun des catholiques et des protestants suisses. Mais dès l
147
otestants suisses. Mais dès les premiers jours de
la
Réforme, la question se posa de savoir auquel des deux camps en prése
148
isses. Mais dès les premiers jours de la Réforme,
la
question se posa de savoir auquel des deux camps en présence son souv
149
n souvenir servirait de patronage. Si nous lisons
les
recueils de sources sur Bruder Klaus publiés par Dürrer en 1921, nous
150
iés par Dürrer en 1921, nous constatons que, dans
l’
ensemble, les positions furent très vite prises, et très nettement. «
151
er en 1921, nous constatons que, dans l’ensemble,
les
positions furent très vite prises, et très nettement. « Tandis qu’à l
152
rès vite prises, et très nettement. « Tandis qu’à
la
manière traditionnelle — écrit le catholique Dürrer — les réformés ga
153
. « Tandis qu’à la manière traditionnelle — écrit
le
catholique Dürrer — les réformés gardaient avec reconnaissance le sou
154
ère traditionnelle — écrit le catholique Dürrer —
les
réformés gardaient avec reconnaissance le souvenir de l’action politi
155
rrer — les réformés gardaient avec reconnaissance
le
souvenir de l’action politique de Nicolas, Pacificateur des cantons e
156
rmés gardaient avec reconnaissance le souvenir de
l’
action politique de Nicolas, Pacificateur des cantons et adversaire du
157
des cantons et adversaire du régime des pensions,
la
Contre-Réformation insistait exclusivement sur l’aspect religieux du
158
la Contre-Réformation insistait exclusivement sur
l’
aspect religieux du frère Claus, considéré comme témoin de l’ancienne
159
ligieux du frère Claus, considéré comme témoin de
l’
ancienne foi, héraut de l’Eucharistie et prophète des malheurs dus à l
160
nsidéré comme témoin de l’ancienne foi, héraut de
l’
Eucharistie et prophète des malheurs dus à la Réforme. Pour des fins p
161
t de l’Eucharistie et prophète des malheurs dus à
la
Réforme. Pour des fins partisanes non dissimulées, les politiciens de
162
éforme. Pour des fins partisanes non dissimulées,
les
politiciens des cinq cantons catholiques cherchent leur salut dans de
163
chent leur salut dans des soutiens extérieurs, et
les
publicistes jésuites, pour la plupart étrangers, tentent d’éluder l’a
164
ites, pour la plupart étrangers, tentent d’éluder
l’
action politique du frère Claus. Ils ne signalent pas l’événement de l
165
on politique du frère Claus. Ils ne signalent pas
l’
événement de la Diète de Stans, ni le patriotisme confédéral de Nicola
166
frère Claus. Ils ne signalent pas l’événement de
la
Diète de Stans, ni le patriotisme confédéral de Nicolas, qui incommod
167
ignalent pas l’événement de la Diète de Stans, ni
le
patriotisme confédéral de Nicolas, qui incommodaient au suprême degré
168
t au suprême degré ces hommes d’État enrichis par
les
pensions et le service étranger. (R. Dürrer : Bruder Klaus, t. II, p.
169
ré ces hommes d’État enrichis par les pensions et
le
service étranger. (R. Dürrer : Bruder Klaus, t. II, p. 851.) Rien d’é
170
ères biographies sérieuses de Nicolas sont dues à
la
plume de disciples ou d’amis des réformateurs : Myconius, de Zurich ;
171
teur à Stein, et, finalement, Bullinger lui-même,
le
célèbre successeur de Zwingli. Tous ces auteurs admettent et louent l
172
de Zwingli. Tous ces auteurs admettent et louent
le
miracle du jeûne prolongé de Nicolas. Seul le mystique luthérien Séba
173
ent le miracle du jeûne prolongé de Nicolas. Seul
le
mystique luthérien Sébastien Franck dit à la fin de sa chronique : «
174
Seul le mystique luthérien Sébastien Franck dit à
la
fin de sa chronique : « Qu’il n’ait rien mangé, je ne puis le croire
175
chronique : « Qu’il n’ait rien mangé, je ne puis
le
croire : les Suisses eux-mêmes ne l’affirment et ne le croient pas. »
176
« Qu’il n’ait rien mangé, je ne puis le croire :
les
Suisses eux-mêmes ne l’affirment et ne le croient pas. » Rappelons qu
177
, je ne puis le croire : les Suisses eux-mêmes ne
l’
affirment et ne le croient pas. » Rappelons que lorsqu’on demandait à
178
oire : les Suisses eux-mêmes ne l’affirment et ne
le
croient pas. » Rappelons que lorsqu’on demandait à Nicolas comment il
179
iture corporelle », il se bornait à dire : « Dieu
le
sait… » Rien d’étonnant non plus si, en 1522, un pamphlet catholique
180
n pamphlet catholique anonyme se plaint de ce que
les
réformés invoquent sans cesse les conseils de l’ermite dès qu’il s’ag
181
laint de ce que les réformés invoquent sans cesse
les
conseils de l’ermite dès qu’il s’agit des affaires publiques. Après t
182
les réformés invoquent sans cesse les conseils de
l’
ermite dès qu’il s’agit des affaires publiques. Après tout, dit l’aute
183
il s’agit des affaires publiques. Après tout, dit
l’
auteur, à quoi se résument ces conseils ? À ceci : « que chacun doit r
184
colas n’a-t-il pas dit aussi qu’il fallait garder
l’
« ancienne foi » ! Voilà le conseil que les protestants devraient suiv
185
i qu’il fallait garder l’« ancienne foi » ! Voilà
le
conseil que les protestants devraient suivre ! Ce dernier argument ay
186
garder l’« ancienne foi » ! Voilà le conseil que
les
protestants devraient suivre ! Ce dernier argument ayant été repris p
187
suivre ! Ce dernier argument ayant été repris par
le
catholique Faber, Zwingli réplique en 1526 : Pieux confédérés, Faber
188
ieux confédérés, Faber adjure Zurich de conserver
l’
ancienne foi des cantons : mais vous savez très bien que Zurich seule
189
mais vous savez très bien que Zurich seule garde
le
souci de la vieille foi, celle des saints apôtres et de nos ancêtres
190
avez très bien que Zurich seule garde le souci de
la
vieille foi, celle des saints apôtres et de nos ancêtres ! Car c’est
191
saints apôtres et de nos ancêtres ! Car c’est par
la
seule force de Dieu que nos ancêtres se sont libérés des maîtres que
192
tres que Faber sert aujourd’hui… Si nous suivions
les
conseils du frère Claus, nous serions délivrés de ces valets qui, sou
193
qui, sous prétexte de foi, trafiquent et jettent
la
discorde parmi nous. Plusieurs fois déjà, dans ses sermons, Zwingli a
194
dans ses sermons, Zwingli avait cité avec éloges
le
« pieux frère Claus von Unterwalden ». Les autres réformateurs de la
195
éloges le « pieux frère Claus von Unterwalden ».
Les
autres réformateurs de la Suisse allemande en font autant. Joachim vo
196
aus von Unterwalden ». Les autres réformateurs de
la
Suisse allemande en font autant. Joachim von Watt, ou Vadian, le sava
197
ande en font autant. Joachim von Watt, ou Vadian,
le
savant humaniste fondateur de l’Église de Saint-Gall, décrit la vie d
198
Watt, ou Vadian, le savant humaniste fondateur de
l’
Église de Saint-Gall, décrit la vie de Nicolas dans un ouvrage sur la
199
niste fondateur de l’Église de Saint-Gall, décrit
la
vie de Nicolas dans un ouvrage sur la Vie monacale. Il insiste sur le
200
all, décrit la vie de Nicolas dans un ouvrage sur
la
Vie monacale. Il insiste sur le fait que l’ermite n’a nullement rompu
201
ns un ouvrage sur la Vie monacale. Il insiste sur
le
fait que l’ermite n’a nullement rompu ses liens avec sa paroisse, mai
202
e sur la Vie monacale. Il insiste sur le fait que
l’
ermite n’a nullement rompu ses liens avec sa paroisse, mais, au contra
203
aroisse, mais, au contraire, n’a cessé de visiter
les
malades et de venir en aide aux affligés ; « de plus, ajoute-t-il, il
204
-t-il, il n’a pas établi sa demeure tout à fait à
l’
écart du monde, mais au contraire près des habitations de sa famille e
205
parenté. » En 1556, Matthias Flacius l’Illyrique,
le
père de l’histoire de l’Église chez les protestants, fait l’éloge de
206
En 1556, Matthias Flacius l’Illyrique, le père de
l’
histoire de l’Église chez les protestants, fait l’éloge de Nicolas dan
207
ias Flacius l’Illyrique, le père de l’histoire de
l’
Église chez les protestants, fait l’éloge de Nicolas dans un ouvrage a
208
Illyrique, le père de l’histoire de l’Église chez
les
protestants, fait l’éloge de Nicolas dans un ouvrage au titre signifi
209
l’histoire de l’Église chez les protestants, fait
l’
éloge de Nicolas dans un ouvrage au titre significatif : « Catalogue d
210
u titre significatif : « Catalogue des témoins de
la
foi qui se sont dressés, avant Martin Luther, contre le pape et ses e
211
qui se sont dressés, avant Martin Luther, contre
le
pape et ses erreurs ». Enfin, s’il était besoin d’une attestation plu
212
. Il écrit dans une lettre à Speratus : « Joignez
le
frère Claus à tous ceux qui ont témoigné pour le Christ contre l’Anté
213
le frère Claus à tous ceux qui ont témoigné pour
le
Christ contre l’Antéchrist. » Nicolas et le théâtre protestant
214
tous ceux qui ont témoigné pour le Christ contre
l’
Antéchrist. » Nicolas et le théâtre protestant L’une des meilleu
215
ur le Christ contre l’Antéchrist. » Nicolas et
le
théâtre protestant L’une des meilleures preuves de l’adoption spon
216
tre protestant L’une des meilleures preuves de
l’
adoption spontanée de Nicolas non seulement par les docteurs réformés,
217
l’adoption spontanée de Nicolas non seulement par
les
docteurs réformés, mais par les populations protestantes, je la trouv
218
non seulement par les docteurs réformés, mais par
les
populations protestantes, je la trouve dans le théâtre de l’époque. V
219
formés, mais par les populations protestantes, je
la
trouve dans le théâtre de l’époque. Voici tout d’abord deux satires d
220
r les populations protestantes, je la trouve dans
le
théâtre de l’époque. Voici tout d’abord deux satires dialoguées, daté
221
ons protestantes, je la trouve dans le théâtre de
l’
époque. Voici tout d’abord deux satires dialoguées, datées de 1526 et
222
datées de 1526 et de 1538 ; elles font intervenir
l’
ermite du côté des réformés, ennemis du régime des pensions. Il s’agit
223
ons nettement polémiques. Beaucoup plus vaste est
la
portée d’un mystère intitulé Le Miroir du Monde, qui fut joué à Bâle
224
up plus vaste est la portée d’un mystère intitulé
Le
Miroir du Monde, qui fut joué à Bâle en 1550. Ce premier drame sur Ni
225
en 1550. Ce premier drame sur Nicolas de Flue est
l’
œuvre d’un protestant, l’Alsacien Valentin Boltz. Il ne comptait pas m
226
sur Nicolas de Flue est l’œuvre d’un protestant,
l’
Alsacien Valentin Boltz. Il ne comptait pas moins de 149 rôles parlés,
227
rs pleins, nous dit Dürrer. Nicolas y personnifie
l’
idée confédérale, créatrice de la Suisse. Autour de lui, gravitent des
228
as y personnifie l’idée confédérale, créatrice de
la
Suisse. Autour de lui, gravitent des figures symboliques ou historiqu
229
ravitent des figures symboliques ou historiques :
les
treize cantons, des apôtres, des prophètes et des représentants de la
230
es apôtres, des prophètes et des représentants de
la
hiérarchie catholique. Au premier acte, on voit les évêques et les mo
231
a hiérarchie catholique. Au premier acte, on voit
les
évêques et les moines chassés de la scène à coups de fouet par le pro
232
tholique. Au premier acte, on voit les évêques et
les
moines chassés de la scène à coups de fouet par le prophète Elie. Pui
233
cte, on voit les évêques et les moines chassés de
la
scène à coups de fouet par le prophète Elie. Puis les cantons personn
234
s moines chassés de la scène à coups de fouet par
le
prophète Elie. Puis les cantons personnifiés viennent discuter le ren
235
scène à coups de fouet par le prophète Elie. Puis
les
cantons personnifiés viennent discuter le renouvellement de l’ancienn
236
. Puis les cantons personnifiés viennent discuter
le
renouvellement de l’ancienne alliance confédérale. Nicolas invoque Mo
237
rsonnifiés viennent discuter le renouvellement de
l’
ancienne alliance confédérale. Nicolas invoque Moïse, qui lui répond l
238
que Moïse, qui lui répond longuement en décrivant
la
corruption d’Israël et la nécessité d’une piété purifiée et « sérieus
239
longuement en décrivant la corruption d’Israël et
la
nécessité d’une piété purifiée et « sérieuse ». Au dernier acte, aprè
240
ifiée et « sérieuse ». Au dernier acte, après que
la
Mort ait accompli son Jugement, les treize cantons reparaissent et lo
241
cte, après que la Mort ait accompli son Jugement,
les
treize cantons reparaissent et loue la sagesse du frère Claus. Les ca
242
Jugement, les treize cantons reparaissent et loue
la
sagesse du frère Claus. Les cantons catholiques reconnaissent qu’il a
243
s reparaissent et loue la sagesse du frère Claus.
Les
cantons catholiques reconnaissent qu’il avait eu raison de les mettre
244
atholiques reconnaissent qu’il avait eu raison de
les
mettre en garde contre les vaines richesses, les prières des lèvres,
245
’il avait eu raison de les mettre en garde contre
les
vaines richesses, les prières des lèvres, les « vêtements étrangers »
246
les mettre en garde contre les vaines richesses,
les
prières des lèvres, les « vêtements étrangers » et les doctrines qu’o
247
tre les vaines richesses, les prières des lèvres,
les
« vêtements étrangers » et les doctrines qu’on ne met pas en pratique
248
rières des lèvres, les « vêtements étrangers » et
les
doctrines qu’on ne met pas en pratique. Les cantons protestants, pour
249
» et les doctrines qu’on ne met pas en pratique.
Les
cantons protestants, pour leur part, se repentent de leur orgueil. Et
250
t de leur orgueil. Et Nicolas, une dernière fois,
les
adjure de garder le Pacte dans l’amour fraternel et la vigilance. Pui
251
Nicolas, une dernière fois, les adjure de garder
le
Pacte dans l’amour fraternel et la vigilance. Puis il salue l’ange de
252
dernière fois, les adjure de garder le Pacte dans
l’
amour fraternel et la vigilance. Puis il salue l’ange de Dieu qu’il vo
253
jure de garder le Pacte dans l’amour fraternel et
la
vigilance. Puis il salue l’ange de Dieu qu’il voit venir à sa rencont
254
l’amour fraternel et la vigilance. Puis il salue
l’
ange de Dieu qu’il voit venir à sa rencontre. Les satires zwingliennes
255
e l’ange de Dieu qu’il voit venir à sa rencontre.
Les
satires zwingliennes et le mystère de Valentin Boltz devaient être à
256
venir à sa rencontre. Les satires zwingliennes et
le
mystère de Valentin Boltz devaient être à l’origine d’une riche tradi
257
s et le mystère de Valentin Boltz devaient être à
l’
origine d’une riche tradition dramatique. Mais à partir de la fin du x
258
’une riche tradition dramatique. Mais à partir de
la
fin du xvie siècle, les pièces d’inspiration catholique deviendront
259
matique. Mais à partir de la fin du xvie siècle,
les
pièces d’inspiration catholique deviendront de beaucoup les plus nomb
260
d’inspiration catholique deviendront de beaucoup
les
plus nombreuses. (La première en date, celle du jésuite Jacob Gretser
261
suite Jacob Gretser, fut jouée à Lucerne en 1586.
Le
rôle politique de Nicolas n’y est même pas mentionné !) N’y a-t-il pa
262
y a-t-il pas là une grande anomalie ? Car, enfin,
l’
élément le plus spectaculaire de la vie de Nicolas réside dans son int
263
as là une grande anomalie ? Car, enfin, l’élément
le
plus spectaculaire de la vie de Nicolas réside dans son intervention
264
? Car, enfin, l’élément le plus spectaculaire de
la
vie de Nicolas réside dans son intervention politique. Or c’est préci
265
réformés ont souligné. Ne conviendrait-il pas que
les
protestants, de nos jours, s’avisent de renouer leur tradition de Nic
266
cette idée que j’ai conçu, en septembre dernier,
la
légende dramatique qui sera joué — Dieu voulant ! — à l’Exposition de
267
nde dramatique qui sera joué — Dieu voulant ! — à
l’
Exposition de Zurich. J’ai tenté de réintégrer Nicolas dans l’actualit
268
de Zurich. J’ai tenté de réintégrer Nicolas dans
l’
actualité la plus brûlante de notre siècle : il n’était que de mettre
269
J’ai tenté de réintégrer Nicolas dans l’actualité
la
plus brûlante de notre siècle : il n’était que de mettre en relief le
270
notre siècle : il n’était que de mettre en relief
les
traits de cette figure qui frappèrent particulièrement nos ancêtres r
271
res réformés. Toute ma pièce est donc centrée sur
la
vocation exceptionnelle de l’ermite, c’est-à-dire sur le rôle civique
272
st donc centrée sur la vocation exceptionnelle de
l’
ermite, c’est-à-dire sur le rôle civique que sa retraite lui permit de
273
tion exceptionnelle de l’ermite, c’est-à-dire sur
le
rôle civique que sa retraite lui permit de jouer. Nicolas ne pouvait
274
lui permit de jouer. Nicolas ne pouvait pas lire
la
Bible, mais il aimait à en citer les versets qu’on lui avait enseigné
275
vait pas lire la Bible, mais il aimait à en citer
les
versets qu’on lui avait enseignés. Je l’ai fait parler le plus possib
276
n citer les versets qu’on lui avait enseignés. Je
l’
ai fait parler le plus possible en style biblique, conscient de me ran
277
ts qu’on lui avait enseignés. Je l’ai fait parler
le
plus possible en style biblique, conscient de me ranger ainsi dans la
278
style biblique, conscient de me ranger ainsi dans
la
vraie tradition du théâtre protestant, telle que l’illustre, par exem
279
vraie tradition du théâtre protestant, telle que
l’
illustre, par exemple, l’Abraham sacrifiant de Théodore de Bèze. Nicol
280
re protestant, telle que l’illustre, par exemple,
l’
Abraham sacrifiant de Théodore de Bèze. Nicolas de Flue, me dira-t-on,
281
caractérise un drame protestant, c’est bien moins
le
sujet que le style, l’inspiration biblique, au premier chef. Ces quel
282
n drame protestant, c’est bien moins le sujet que
le
style, l’inspiration biblique, au premier chef. Ces quelques mots son
283
otestant, c’est bien moins le sujet que le style,
l’
inspiration biblique, au premier chef. Ces quelques mots sont bien rap
284
ier chef. Ces quelques mots sont bien rapides, je
le
sens. Je les termine dans l’angoisse d’une crise qui recrée, à l’éche
285
s quelques mots sont bien rapides, je le sens. Je
les
termine dans l’angoisse d’une crise qui recrée, à l’échelle mondiale,
286
ont bien rapides, je le sens. Je les termine dans
l’
angoisse d’une crise qui recrée, à l’échelle mondiale, le drame de la
287
termine dans l’angoisse d’une crise qui recrée, à
l’
échelle mondiale, le drame de la Diète de Stans. Notre Europe trouvera
288
sse d’une crise qui recrée, à l’échelle mondiale,
le
drame de la Diète de Stans. Notre Europe trouvera-t-elle son pacifica
289
ise qui recrée, à l’échelle mondiale, le drame de
la
Diète de Stans. Notre Europe trouvera-t-elle son pacificateur ? Le mé
290
. Notre Europe trouvera-t-elle son pacificateur ?
Le
mérite-t-elle encore ? Saura-t-elle l’écouter ? Puisse du moins le so
291
ficateur ? Le mérite-t-elle encore ? Saura-t-elle
l’
écouter ? Puisse du moins le souvenir de Nicolas de Flue nous faire co
292
encore ? Saura-t-elle l’écouter ? Puisse du moins
le
souvenir de Nicolas de Flue nous faire comprendre que le paix n’est j
293
enir de Nicolas de Flue nous faire comprendre que
le
paix n’est jamais le résultat de nos calculs, mais le miracle de Dieu
294
ue nous faire comprendre que le paix n’est jamais
le
résultat de nos calculs, mais le miracle de Dieu seul, et la victoire
295
aix n’est jamais le résultat de nos calculs, mais
le
miracle de Dieu seul, et la victoire de Sa miséricorde. c. Rougem
296
de nos calculs, mais le miracle de Dieu seul, et
la
victoire de Sa miséricorde. c. Rougemont Denis de, « Nicolas de F
297
. c. Rougemont Denis de, « Nicolas de Flue et
la
tradition réformée », La Vie protestante, Genève, 1 septembre 1939, p
298
de, « Nicolas de Flue et la tradition réformée »,
La
Vie protestante, Genève, 1 septembre 1939, p. 8.
299
her à Hitler (15 mars 1940)d Nous n’avons plus
le
droit de nous tromper dans nos jugements sur les choses allemandes. T
300
s le droit de nous tromper dans nos jugements sur
les
choses allemandes. Toute erreur, si minime soit-elle, toute appréciat
301
appréciation erronée des origines, des fins et de
la
pratique hitlériennes, non seulement affaiblissent la résistance actu
302
ratique hitlériennes, non seulement affaiblissent
la
résistance actuelle aux doctrines totalitaires, mais compromettent le
303
le aux doctrines totalitaires, mais compromettent
les
chances d’une solution prochaine, équitable pour tous, et englobant l
304
tion prochaine, équitable pour tous, et englobant
les
pays germaniques. Or l’erreur qui consiste à placer Luther au début d
305
pour tous, et englobant les pays germaniques. Or
l’
erreur qui consiste à placer Luther au début d’une évolution dont Hitl
306
uther au début d’une évolution dont Hitler serait
le
terme, ce n’est pas une erreur minime. Elle résulte tantôt d’une mauv
307
», tantôt d’une ignorance inqualifiable des faits
les
plus notoires et les plus importants de notre histoire occidentale. J
308
ance inqualifiable des faits les plus notoires et
les
plus importants de notre histoire occidentale. J’estime qu’elle a suf
309
stime qu’elle a suffisamment duré. Je suis prêt à
la
dénoncer dans toutes les revues et dans tous les journaux qui veulent
310
ment duré. Je suis prêt à la dénoncer dans toutes
les
revues et dans tous les journaux qui veulent bien publier ma prose. I
311
à la dénoncer dans toutes les revues et dans tous
les
journaux qui veulent bien publier ma prose. Il est bien clair que les
312
lent bien publier ma prose. Il est bien clair que
les
milieux où cette erreur est professée y voient une arme non pas contr
313
ur est professée y voient une arme non pas contre
l’
Allemagne, mais d’abord contre la Réforme : l’assimilation grossière d
314
e non pas contre l’Allemagne, mais d’abord contre
la
Réforme : l’assimilation grossière de Luther à Hitler n’est évidemmen
315
tre l’Allemagne, mais d’abord contre la Réforme :
l’
assimilation grossière de Luther à Hitler n’est évidemment pas destiné
316
à Hitler n’est évidemment pas destinée à diminuer
le
prestige du second, mais bien à englober le premier dans la réprobati
317
e du second, mais bien à englober le premier dans
la
réprobation que provoque le racisme. Est-ce une tactique adroite et j
318
lober le premier dans la réprobation que provoque
le
racisme. Est-ce une tactique adroite et justifiable, au moment où tou
319
tique adroite et justifiable, au moment où toutes
les
Églises sont appelées, par ailleurs, à faire un « front commun » cont
320
par ailleurs, à faire un « front commun » contre
la
religion totalitaire ? L’auteur d’un livre récent sur l’Allemagne écr
321
« front commun » contre la religion totalitaire ?
L’
auteur d’un livre récent sur l’Allemagne écrit que la nation éduquée p
322
gion totalitaire ? L’auteur d’un livre récent sur
l’
Allemagne écrit que la nation éduquée par Luther « était prête à se do
323
uteur d’un livre récent sur l’Allemagne écrit que
la
nation éduquée par Luther « était prête à se donner à n’importe quel
324
te, pourvu qu’il fût Allemand et protestant ». Or
le
despote est venu, cher M. de Reynold : il était Autrichien et catholi
325
n. D’autre part, où prend-on que Luther ait formé
l’
Allemagne moderne ? Comment sa doctrine centrale de la justification p
326
lemagne moderne ? Comment sa doctrine centrale de
la
justification par la foi pourrait-elle avoir engendré la doctrine hit
327
ment sa doctrine centrale de la justification par
la
foi pourrait-elle avoir engendré la doctrine hitlérienne centrale de
328
ification par la foi pourrait-elle avoir engendré
la
doctrine hitlérienne centrale de l’action pure, du mouvement pur, pri
329
voir engendré la doctrine hitlérienne centrale de
l’
action pure, du mouvement pur, privé de toutes fins transcendantes, te
330
de toutes fins transcendantes, telle que j’ai pu
la
voir à l’œuvre et telle que je l’ai décrite en plus d’un livre ? Cert
331
fins transcendantes, telle que j’ai pu la voir à
l’
œuvre et telle que je l’ai décrite en plus d’un livre ? Certes, on pou
332
lle que j’ai pu la voir à l’œuvre et telle que je
l’
ai décrite en plus d’un livre ? Certes, on pourra toujours faire jouer
333
un livre ? Certes, on pourra toujours faire jouer
la
balançoire dialectique : le blanc conduit au noir, le bien au mal, la
334
toujours faire jouer la balançoire dialectique :
le
blanc conduit au noir, le bien au mal, la foi pure de Luther à l’acti
335
alançoire dialectique : le blanc conduit au noir,
le
bien au mal, la foi pure de Luther à l’action pure d’Hitler. Mais c’e
336
tique : le blanc conduit au noir, le bien au mal,
la
foi pure de Luther à l’action pure d’Hitler. Mais c’est une douteuse
337
au noir, le bien au mal, la foi pure de Luther à
l’
action pure d’Hitler. Mais c’est une douteuse méthode entre les mains
338
e d’Hitler. Mais c’est une douteuse méthode entre
les
mains des défenseurs de la « Raison » et de la « claire latinité » qu
339
outeuse méthode entre les mains des défenseurs de
la
« Raison » et de la « claire latinité » que veulent être M. de Reynol
340
e les mains des défenseurs de la « Raison » et de
la
« claire latinité » que veulent être M. de Reynold, M. Massis, M. Mau
341
er des questions plus directes. Ces questions, je
les
repose ici. On pourra différer d’avis sur les conséquences des répons
342
je les repose ici. On pourra différer d’avis sur
les
conséquences des réponses. Mais il faut répondre d’abord. Oui ou non,
343
non, Niemöller est-il bon luthérien ? Oui ou non,
le
Führer est-il né catholique ? Oui ou non, le second a-t-il fait empri
344
a-t-il fait emprisonner le premier ? Oui ou non,
l’
Allemagne préhitlérienne fut-elle gouvernée par Brüning, chef du parti
345
chef du parti du centre catholique ? Oui ou non,
l’
intronisation d’Hitler est-elle le fait de von Papen, catholique ? Oui
346
e ? Oui ou non, l’intronisation d’Hitler est-elle
le
fait de von Papen, catholique ? Oui ou non, l’Allemagne comptait-elle
347
le le fait de von Papen, catholique ? Oui ou non,
l’
Allemagne comptait-elle, depuis des siècles, 38 % de catholiques (aujo
348
de catholiques (aujourd’hui, 50 %) ? Oui ou non,
le
« germanisme éternel » existait-il avant Luther ? Oui ou non, l’axe B
349
éternel » existait-il avant Luther ? Oui ou non,
l’
axe Berlin-Rome passe-t-il par Rome, et non point par Genève ? Et si l
350
se-t-il par Rome, et non point par Genève ? Et si
l’
on persiste à prétendre que le luthéranisme porte en soi les germes in
351
par Genève ? Et si l’on persiste à prétendre que
le
luthéranisme porte en soi les germes indestructibles de la tyrannie p
352
iste à prétendre que le luthéranisme porte en soi
les
germes indestructibles de la tyrannie politique (malgré la « résistan
353
anisme porte en soi les germes indestructibles de
la
tyrannie politique (malgré la « résistance » qu’auraient représentée
354
indestructibles de la tyrannie politique (malgré
la
« résistance » qu’auraient représentée tous ces catholiques allemands
355
serai un problème délicat : Comment expliquer que
les
quatre pays où le luthéranisme a triomphé sans résistance, et bien pl
356
élicat : Comment expliquer que les quatre pays où
le
luthéranisme a triomphé sans résistance, et bien plus totalement qu’e
357
us totalement qu’en Allemagne, soient aujourd’hui
les
parangons de la liberté démocratique ? Je veux parler des États scand
358
en Allemagne, soient aujourd’hui les parangons de
la
liberté démocratique ? Je veux parler des États scandinaves, et du pl
359
naves, et du plus purement luthérien d’entre eux,
la
Finlande. Si l’on me fait l’honneur de répondre franchement, je m’eng
360
s purement luthérien d’entre eux, la Finlande. Si
l’
on me fait l’honneur de répondre franchement, je m’engage à reconnaîtr
361
thérien d’entre eux, la Finlande. Si l’on me fait
l’
honneur de répondre franchement, je m’engage à reconnaître que Luther
362
e que Luther est coupable de n’avoir pas su, dans
l’
espace d’une vingtaine d’années, dominer les fatalités germaniques que
363
, dans l’espace d’une vingtaine d’années, dominer
les
fatalités germaniques que six siècles de catholicisme lui léguaient p
364
d. Rougemont Denis de, « De Luther à Hitler »,
La
Vie protestante, Genève, 15 mars 1940, p. 1.
365
servi » (26 avril 1940)e On a beaucoup dit que
le
secret de la résistance finlandaise était la foi profonde de ce peupl
366
vril 1940)e On a beaucoup dit que le secret de
la
résistance finlandaise était la foi profonde de ce peuple. En défenda
367
que le secret de la résistance finlandaise était
la
foi profonde de ce peuple. En défendant leur terre, les soldats finno
368
i profonde de ce peuple. En défendant leur terre,
les
soldats finnois avaient conscience de défendre aussi leur Église. Mai
369
ussi leur Église. Mais il existe d’autres pays où
la
foi d’un soldat chrétien pourrait avoir des effets exactement contrai
370
e pourrait amener ce soldat à refuser de défendre
l’
État qui persécute son Église. Dis-moi pour qui tu acceptes de mourir,
371
deux exemples contradictoires posent la question
la
plus brûlante de l’époque : celle de l’attitude du chrétien en face d
372
adictoires posent la question la plus brûlante de
l’
époque : celle de l’attitude du chrétien en face de ses devoirs civiqu
373
question la plus brûlante de l’époque : celle de
l’
attitude du chrétien en face de ses devoirs civiques et militaires. Là
374
taires. Là-dessus, quelques remarques à propos de
la
Suisse. Je suis de ceux qui pensent que la foi n’est pas « une affair
375
pos de la Suisse. Je suis de ceux qui pensent que
la
foi n’est pas « une affaire privée », ainsi que le prétendait Marx. L
376
a foi n’est pas « une affaire privée », ainsi que
le
prétendait Marx. Le chrétien a le devoir d’agir au nom de sa foi, d’a
377
e affaire privée », ainsi que le prétendait Marx.
Le
chrétien a le devoir d’agir au nom de sa foi, d’agir dans le monde et
378
ée », ainsi que le prétendait Marx. Le chrétien a
le
devoir d’agir au nom de sa foi, d’agir dans le monde et pour le monde
379
a le devoir d’agir au nom de sa foi, d’agir dans
le
monde et pour le monde, dans la cité où il est né et pour son bien. I
380
ir au nom de sa foi, d’agir dans le monde et pour
le
monde, dans la cité où il est né et pour son bien. Il n’a pas le droi
381
foi, d’agir dans le monde et pour le monde, dans
la
cité où il est né et pour son bien. Il n’a pas le droit de s’en désin
382
la cité où il est né et pour son bien. Il n’a pas
le
droit de s’en désintéresser et de laisser les autres s’égarer, quitte
383
pas le droit de s’en désintéresser et de laisser
les
autres s’égarer, quitte à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut
384
esser et de laisser les autres s’égarer, quitte à
les
dénoncer ensuite pathétiquement du haut de la chaire ! Or l’action d’
385
à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut de
la
chaire ! Or l’action d’un chrétien placé par sa naissance dans la com
386
ensuite pathétiquement du haut de la chaire ! Or
l’
action d’un chrétien placé par sa naissance dans la communauté des Sui
387
’action d’un chrétien placé par sa naissance dans
la
communauté des Suisses doit naturellement s’insérer dans les données
388
uté des Suisses doit naturellement s’insérer dans
les
données de fait qui sont celles du pays, et qui se trouvent être comm
389
du pays, et qui se trouvent être communes à tous
les
citoyens, chrétiens ou non. La mission spéciale du citoyen chrétien,
390
e communes à tous les citoyens, chrétiens ou non.
La
mission spéciale du citoyen chrétien, ce sera de dégager de ces donné
391
nes un sens spirituel, une vocation positive. Car
le
chrétien est, si j’ose dire, un spécialiste de la vocation. Cette act
392
le chrétien est, si j’ose dire, un spécialiste de
la
vocation. Cette action particulière du citoyen chrétien sera dans l’i
393
action particulière du citoyen chrétien sera dans
l’
intérêt de la Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à la f
394
ulière du citoyen chrétien sera dans l’intérêt de
la
Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à la foi. J’insiste
395
isse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à
la
foi. J’insiste sur ce point, qui est capital. Nous ne devons pas être
396
re chrétiens parce que nous sommes Suisses et que
la
Suisse est officiellement un pays chrétien. Mais nous devons être de
397
ment laisser entendre, qu’un bon citoyen suisse a
le
devoir d’être chrétien, comme si ce devoir était la conséquence oblig
398
devoir d’être chrétien, comme si ce devoir était
la
conséquence obligatoire d’un très ardent patriotisme. Si certains n’h
399
n’hésitent pas, dans leurs discours, à invoquer «
le
Dieu de nos pères », il semble parfois que ce soit moins parce qu’ils
400
le parfois que ce soit moins parce qu’ils croient
le
christianisme vrai, que parce qu’ils le croient utile au bon moral de
401
s croient le christianisme vrai, que parce qu’ils
le
croient utile au bon moral de la nation, voire à la discipline des tr
402
que parce qu’ils le croient utile au bon moral de
la
nation, voire à la discipline des troupes. Ces personnes-là, vous les
403
croient utile au bon moral de la nation, voire à
la
discipline des troupes. Ces personnes-là, vous les reconnaîtrez infai
404
la discipline des troupes. Ces personnes-là, vous
les
reconnaîtrez infailliblement à ces quelques traits : elles ont une co
405
ces quelques traits : elles ont une conception de
la
« religion » plutôt déiste qu’évangélique ; elles prônent un moralism
406
is que charitable ; elles ont une façon d’exalter
la
croix blanche de notre drapeau qui rappelle davantage le Gott mit uns
407
x blanche de notre drapeau qui rappelle davantage
le
Gott mit uns de Guillaume II que le Dieu premier servi de Jeanne d’Ar
408
lle davantage le Gott mit uns de Guillaume II que
le
Dieu premier servi de Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’elles portent
409
que le Dieu premier servi de Jeanne d’Arc. Bref,
l’
intérêt qu’elles portent à la religion paraît subordonné à celui qu’el
410
Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’elles portent à
la
religion paraît subordonné à celui qu’elles portent à la conservation
411
gion paraît subordonné à celui qu’elles portent à
la
conservation de notre État. Or nous devons croire exactement le contr
412
n de notre État. Or nous devons croire exactement
le
contraire, je le répète : nous devons être de bons Suisses parce que
413
Or nous devons croire exactement le contraire, je
le
répète : nous devons être de bons Suisses parce que nous sommes chrét
414
rai cette déclaration prophétique d’un homme dont
la
pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre Vinet : « Veuill
415
en voulez pas pour vous, mais seulement pour tout
le
monde, faites-nous la grâce de n’en point vouloir », car « la société
416
s, mais seulement pour tout le monde, faites-nous
la
grâce de n’en point vouloir », car « la société qui veut m’ôter ma re
417
ites-nous la grâce de n’en point vouloir », car «
la
société qui veut m’ôter ma religion m’effraie bien moins que celle qu
418
e. Rougemont Denis de, « “Dieu premier servi” »,
La
Vie protestante, Genève, 26 avril 1940, p. 1.
419
alité (3 mai 1940)f M. Denis de Rougemont a eu
l’
aimable pensée de nous communiquer le « billet » ci-dessous qui paraît
420
ugemont a eu l’aimable pensée de nous communiquer
le
« billet » ci-dessous qui paraîtra prochainement dans un volume intit
421
ans un volume intitulé : Mission ou démission de
la
Suisse . Pendant tout l’hiver, nous avons pu lire dans les journaux c
422
Mission ou démission de la Suisse . Pendant tout
l’
hiver, nous avons pu lire dans les journaux cet avertissement sybillin
423
e . Pendant tout l’hiver, nous avons pu lire dans
les
journaux cet avertissement sybillin : « Température maximum : 18° ».
424
ximum : 18° ». Il s’agissait sans doute d’inciter
le
public à des économies de charbon. On nous recommandait la tiédeur… M
425
à des économies de charbon. On nous recommandait
la
tiédeur… Mais voici nos voisins belligérants qui viennent nous dire :
426
nts seront mangés ! Je demande à voir ce qui vaut
le
mieux. Il ne faut pas parler de neutralité en général, dans l’absolu
427
ne faut pas parler de neutralité en général, dans
l’
absolu et dans l’abstrait. Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi
428
r de neutralité en général, dans l’absolu et dans
l’
abstrait. Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi, ou de Qui, est-
429
de, est-on neutre ? Si c’est vis-à-vis du Christ,
la
parole évangélique nous apprend que cette neutralité est suprêmement
430
hors du Royaume de Dieu. « Je vous vomirai », dit
le
Christ. Si c’est vis-à-vis de la guerre des autres que l’on reste tiè
431
s vomirai », dit le Christ. Si c’est vis-à-vis de
la
guerre des autres que l’on reste tiède, cette neutralité peut être av
432
t. Si c’est vis-à-vis de la guerre des autres que
l’
on reste tiède, cette neutralité peut être avantageuse dans certains c
433
ité peut être avantageuse dans certains cas, dans
la
mesure où elle nous exclut, précisément, d’un conflit que nous jugeon
434
nflit que nous jugeons mauvais. Reste à savoir si
le
conflit actuel est « mauvais ». Puis, si notre tiédeur suffira pour q
435
auvais ». Puis, si notre tiédeur suffira pour que
le
monstre de la guerre nous vomisse… Mais ceci est une autre histoire q
436
, si notre tiédeur suffira pour que le monstre de
la
guerre nous vomisse… Mais ceci est une autre histoire que je n’ai pas
437
sonne, à son Royaume, à son Éternité. Répéter que
les
tièdes seront vomis, en détournant ce verset de son sens spirituel, c
438
ottise. f. Rougemont Denis de, « Neutralité »,
La
Vie protestante, Genève, 3 mai 1940, p. 1.
439
s d’avenir du protestantisme (2 janvier 1942)g
Le
texte que nous publions est la conclusion d’une conférence que M. Den
440
janvier 1942)g Le texte que nous publions est
la
conclusion d’une conférence que M. Denis de Rougemont a donnée en sep
441
ont a donnée en septembre à Rio de la Plata, sous
les
auspices de l’Église évangélique de langue française. Je vois de gran
442
septembre à Rio de la Plata, sous les auspices de
l’
Église évangélique de langue française. Je vois de grandes perspective
443
. Je vois de grandes perspectives d’avenir devant
le
protestantisme. J’en désignerai trois en guise de conclusion. La prem
444
is en guise de conclusion. La première, c’est que
la
Réforme, et spécialement sa tendance calviniste, est appelée à figure
445
lviniste, est appelée à figurer dans notre siècle
le
type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme totalitaire.
446
pelée à figurer dans notre siècle le type même de
la
sûre doctrine de résistance au paganisme totalitaire. La foi de la Ré
447
doctrine de résistance au paganisme totalitaire.
La
foi de la Réforme, telle que j’ai tenté de la situer dans l’évolution
448
de résistance au paganisme totalitaire. La foi de
la
Réforme, telle que j’ai tenté de la situer dans l’évolution de l’Euro
449
re. La foi de la Réforme, telle que j’ai tenté de
la
situer dans l’évolution de l’Europe, représente en effet le centre et
450
a Réforme, telle que j’ai tenté de la situer dans
l’
évolution de l’Europe, représente en effet le centre et l’axe même de
451
e que j’ai tenté de la situer dans l’évolution de
l’
Europe, représente en effet le centre et l’axe même de la notion chrét
452
dans l’évolution de l’Europe, représente en effet
le
centre et l’axe même de la notion chrétienne de personne, à la fois l
453
ion de l’Europe, représente en effet le centre et
l’
axe même de la notion chrétienne de personne, à la fois libre et engag
454
e, représente en effet le centre et l’axe même de
la
notion chrétienne de personne, à la fois libre et engagée. Par l’orga
455
enne de personne, à la fois libre et engagée. Par
l’
organisation même de ses Églises et de ses paroisses, elle offre le ty
456
me de ses Églises et de ses paroisses, elle offre
le
type d’une communauté libre et pourtant bien liée, fondée sur l’espér
457
ommunauté libre et pourtant bien liée, fondée sur
l’
espérance de l’Esprit et non pas sur les fatalités du passé, ouverte à
458
et pourtant bien liée, fondée sur l’espérance de
l’
Esprit et non pas sur les fatalités du passé, ouverte à la volonté d’u
459
fondée sur l’espérance de l’Esprit et non pas sur
les
fatalités du passé, ouverte à la volonté d’un Dieu transcendant et no
460
et non pas sur les fatalités du passé, ouverte à
la
volonté d’un Dieu transcendant et non pas fermée sur les intérêts d’u
461
onté d’un Dieu transcendant et non pas fermée sur
les
intérêts d’un groupe. Par là, elle s’oppose radicalement à toute reli
462
calement à toute religion totalitaire, fondée sur
le
sang, la race, la tradition, les morts. La religion totalitaire n’adm
463
à toute religion totalitaire, fondée sur le sang,
la
race, la tradition, les morts. La religion totalitaire n’admet pas qu
464
eligion totalitaire, fondée sur le sang, la race,
la
tradition, les morts. La religion totalitaire n’admet pas que « les c
465
taire, fondée sur le sang, la race, la tradition,
les
morts. La religion totalitaire n’admet pas que « les choses vieilles
466
ée sur le sang, la race, la tradition, les morts.
La
religion totalitaire n’admet pas que « les choses vieilles sont passé
467
morts. La religion totalitaire n’admet pas que «
les
choses vieilles sont passées », selon la parole de l’apôtre. Elle n’a
468
s que « les choses vieilles sont passées », selon
la
parole de l’apôtre. Elle n’admet pas la conversion et le pardon, à pa
469
hoses vieilles sont passées », selon la parole de
l’
apôtre. Elle n’admet pas la conversion et le pardon, à partir desquels
470
», selon la parole de l’apôtre. Elle n’admet pas
la
conversion et le pardon, à partir desquels « il n’y a plus ni juif ni
471
le de l’apôtre. Elle n’admet pas la conversion et
le
pardon, à partir desquels « il n’y a plus ni juif ni grec ». Elle ne
472
« Quels sont tes morts ? ». Religion du sang, de
la
terre et des morts, religion sanglante et mortelle, religion des chos
473
religion hait mortellement et de toute sa nature
la
foi chrétienne, tournée vers le pardon, le futur éternel, le rachat d
474
e toute sa nature la foi chrétienne, tournée vers
le
pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’origine ?… Mais résist
475
nature la foi chrétienne, tournée vers le pardon,
le
futur éternel, le rachat du péché d’origine ?… Mais résister ne suffi
476
tienne, tournée vers le pardon, le futur éternel,
le
rachat du péché d’origine ?… Mais résister ne suffit pas, on ne se dé
477
end bien qu’en attaquant, c’est-à-dire en prenant
l’
initiative. Ici, la perspective qui s’offre aux Églises protestantes,
478
quant, c’est-à-dire en prenant l’initiative. Ici,
la
perspective qui s’offre aux Églises protestantes, c’est de préparer l
479
offre aux Églises protestantes, c’est de préparer
le
terrain pour la reconstruction fédéraliste du monde de demain. Si les
480
s protestantes, c’est de préparer le terrain pour
la
reconstruction fédéraliste du monde de demain. Si les totalitaires so
481
reconstruction fédéraliste du monde de demain. Si
les
totalitaires sont vaincus, ce seront les nations protestantes et fédé
482
main. Si les totalitaires sont vaincus, ce seront
les
nations protestantes et fédéralistes d’esprit qui auront obtenu la vi
483
tantes et fédéralistes d’esprit qui auront obtenu
la
victoire. Elles ne sauront la rendre féconde que si elles se laissent
484
t qui auront obtenu la victoire. Elles ne sauront
la
rendre féconde que si elles se laissent guider et inspirer par la tra
485
e que si elles se laissent guider et inspirer par
la
tradition spirituelle qui a fait leur force : la tradition personnali
486
la tradition spirituelle qui a fait leur force :
la
tradition personnaliste et fédéraliste de la Réforme. Enfin, la trois
487
ce : la tradition personnaliste et fédéraliste de
la
Réforme. Enfin, la troisième perspective qui s’ouvre au protestantism
488
est celle du mouvement œcuménique. Vous savez que
l’
initiateur de ce vaste effort, qui tend à réunir toutes les Églises ch
489
teur de ce vaste effort, qui tend à réunir toutes
les
Églises chrétiennes, fut un luthérien, l’archevêque Nathan Soederblom
490
toutes les Églises chrétiennes, fut un luthérien,
l’
archevêque Nathan Soederblom. Il groupe aujourd’hui les diverses dénom
491
chevêque Nathan Soederblom. Il groupe aujourd’hui
les
diverses dénominations protestantes, les anglicans, les orthodoxes gr
492
ourd’hui les diverses dénominations protestantes,
les
anglicans, les orthodoxes grecs et russes, et les vieilles Églises du
493
verses dénominations protestantes, les anglicans,
les
orthodoxes grecs et russes, et les vieilles Églises du Proche-Orient,
494
les anglicans, les orthodoxes grecs et russes, et
les
vieilles Églises du Proche-Orient, c’est-à-dire toutes les Églises ch
495
les Églises du Proche-Orient, c’est-à-dire toutes
les
Églises chrétiennes sauf celle de Rome qui se tient, par malheur, à l
496
s sauf celle de Rome qui se tient, par malheur, à
l’
écart. Or, dans cette œuvre à laquelle collaborent la majorité des chr
497
cart. Or, dans cette œuvre à laquelle collaborent
la
majorité des chrétiens du monde entier, nous voyons la réalisation d’
498
jorité des chrétiens du monde entier, nous voyons
la
réalisation d’un des grands idéaux calvinistes : la fédération organi
499
réalisation d’un des grands idéaux calvinistes :
la
fédération organique des Églises, leur union spirituelle dans la dive
500
rganique des Églises, leur union spirituelle dans
la
diversité admise des formes de culte et d’organisation. Ce n’est poin
501
et d’organisation. Ce n’est point par hasard que
les
calvinistes, bien qu’ils soient une minorité, jouent un rôle de premi
502
une minorité, jouent un rôle de premier plan dans
les
travaux du Conseil œcuménique. Toute leur tradition les prépare à ce
503
avaux du Conseil œcuménique. Toute leur tradition
les
prépare à ce rôle de fédérateurs religieux, comme elle les prépare au
504
re à ce rôle de fédérateurs religieux, comme elle
les
prépare au rôle de fédérateurs politiques. J’aime évoquer, en termina
505
erminant, cette espérance d’une réunion de toutes
les
confessions chrétiennes. Car en nous faisant entrevoir la possibilité
506
ssions chrétiennes. Car en nous faisant entrevoir
la
possibilité d’une catholicité nouvelle, elle nous délivre de l’espèce
507
d’une catholicité nouvelle, elle nous délivre de
l’
espèce d’étroitesse, de « nationalisme protestant », auquel nous somme
508
auquel nous sommes tentés de céder parfois, sous
l’
effet de la polémique ou par un attachement excessif à certaines de no
509
s sommes tentés de céder parfois, sous l’effet de
la
polémique ou par un attachement excessif à certaines de nos tradition
510
cessif à certaines de nos traditions secondaires.
Le
but de nos Églises n’est pas d’imposer le protestantisme au monde, ma
511
daires. Le but de nos Églises n’est pas d’imposer
le
protestantisme au monde, mais d’annoncer l’Évangile, la bonne nouvell
512
poser le protestantisme au monde, mais d’annoncer
l’
Évangile, la bonne nouvelle du « salut de grâce et bonté pure » comme
513
testantisme au monde, mais d’annoncer l’Évangile,
la
bonne nouvelle du « salut de grâce et bonté pure » comme on disait au
514
t au xvie siècle. Et c’est notre fidélité même à
la
Réforme qui nous fait nous réjouir d’une perspective où nos « ismes »
515
lait que je dise en une phrase ce qui m’attache à
l’
Église protestante, plutôt qu’à aucune autre, je dirai ceci : L’Église
516
stante, plutôt qu’à aucune autre, je dirai ceci :
L’
Église protestante est justement celle qui ne se donne pas pour la seu
517
ante est justement celle qui ne se donne pas pour
la
seule forme d’Église possible ; elle est l’Église qui accepte d’être
518
pour la seule forme d’Église possible ; elle est
l’
Église qui accepte d’être constamment réformée et jugée par la Vérité
519
accepte d’être constamment réformée et jugée par
la
Vérité même qu’elle annonce et dont elle doit se sentir responsable d
520
ce et dont elle doit se sentir responsable devant
le
monde d’aujourd’hui et pour demain. g. Rougemont Denis de, « Persp
521
de, « Perspectives d’avenir du protestantisme »,
La
Vie protestante, Genève, 2 janvier 1942, p. 4.
522
Les
tours du diable I : « Je ne suis personne » (15 octobre 1943)h i C
523
uis personne » (15 octobre 1943)h i C’est dans
les
Petits poèmes en prose de Baudelaire que l’on peut lire la phrase la
524
dans les Petits poèmes en prose de Baudelaire que
l’
on peut lire la phrase la plus profonde écrite par un moderne sur Sata
525
poèmes en prose de Baudelaire que l’on peut lire
la
phrase la plus profonde écrite par un moderne sur Satan : « La plus b
526
prose de Baudelaire que l’on peut lire la phrase
la
plus profonde écrite par un moderne sur Satan : « La plus belle ruse
527
plus profonde écrite par un moderne sur Satan : «
La
plus belle ruse du diable est de nous persuader qu’il n’existe pas. »
528
sons que ce tour n’a jamais mieux réussi que dans
l’
époque contemporaine. Même quand nous croyons « encore » en Dieu, nous
529
core » en Dieu, nous croyons si peu au diable que
l’
on m’accusera certainement d’obscurantisme, ou simplement de manque de
530
ncognito. Dieu dit : Je suis celui qui suis. Mais
le
diable, qui a la manie de vouloir imiter la vérité en la retournant,
531
t : Je suis celui qui suis. Mais le diable, qui a
la
manie de vouloir imiter la vérité en la retournant, le diable nous di
532
Mais le diable, qui a la manie de vouloir imiter
la
vérité en la retournant, le diable nous dit comme Ulysse au Cyclope :
533
le, qui a la manie de vouloir imiter la vérité en
la
retournant, le diable nous dit comme Ulysse au Cyclope : Je ne suis p
534
nie de vouloir imiter la vérité en la retournant,
le
diable nous dit comme Ulysse au Cyclope : Je ne suis personne. De quo
535
. De quoi aurais-tu peur ? Vas-tu trembler devant
l’
inexistant ? Une remarque en passant, mais nécessaire. C’est au sujet
536
ouflage très élémentaire, mais fort bien adapté à
la
myopie spirituelle des temps modernes. Voici : depuis deux ou trois s
537
u diable de revêtir une apparence moyenâgeuse qui
le
rend inoffensif aux yeux de la plupart d’entre nous. Car si le diable
538
ensif aux yeux de la plupart d’entre nous. Car si
le
diable est simplement le démon rouge et cornu des mystères médiévaux,
539
art d’entre nous. Car si le diable est simplement
le
démon rouge et cornu des mystères médiévaux, ou le faune à barbiche d
540
e démon rouge et cornu des mystères médiévaux, ou
le
faune à barbiche de chèvre et à longue queue des légendes populaires,
541
rop facile d’y croire : qui s’en donnerait encore
la
peine ? De fait, j’ai connu beaucoup d’hommes qui voulaient bien adme
542
que et bouffonne n’a pas médiocrement contribué à
la
réussite du premier tour que dénonce Baudelaire. Beaucoup s’y arrêten
543
sont eux qui s’y laissent prendre ! Fascinés par
l’
image traditionnelle et trop évidemment puérile, ils ne se doutent pas
544
rop évidemment puérile, ils ne se doutent pas que
le
diable agit ailleurs, sans queue ni barbe, par leurs mains peut-être…
545
t-être… Ce qui me paraît incroyable, ce n’est pas
le
diable, et ce ne sont pas les anges, mais bien la candeur et la crédu
546
oyable, ce n’est pas le diable, et ce ne sont pas
les
anges, mais bien la candeur et la crédulité de ces « sceptiques », et
547
le diable, et ce ne sont pas les anges, mais bien
la
candeur et la crédulité de ces « sceptiques », et l’impardonnable sop
548
ce ne sont pas les anges, mais bien la candeur et
la
crédulité de ces « sceptiques », et l’impardonnable sophisme dont ils
549
candeur et la crédulité de ces « sceptiques », et
l’
impardonnable sophisme dont ils se montrent les victimes : « Le diable
550
et l’impardonnable sophisme dont ils se montrent
les
victimes : « Le diable est un bonhomme à cornes rouges et à longue qu
551
le sophisme dont ils se montrent les victimes : «
Le
diable est un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; or je ne p
552
ceux qui refusent de croire au diable à cause de
l’
image qu’ils s’en font, et qui est tirée des contes de bonnes femmes.
553
est tirée des contes de bonnes femmes. Cependant
la
Bible dénonce l’existence du diable à chaque page, de la première où
554
ntes de bonnes femmes. Cependant la Bible dénonce
l’
existence du diable à chaque page, de la première où il apparaît sous
555
à chaque page, de la première où il apparaît sous
la
forme du serpent, jusqu’à l’avant-dernière où nous voyons Satan lié p
556
où il apparaît sous la forme du serpent, jusqu’à
l’
avant-dernière où nous voyons Satan lié pour mille ans, puis délié et
557
an lié pour mille ans, puis délié et déchaîné sur
les
quatre parties du monde pour les tromper et pour les faire se battre
558
et déchaîné sur les quatre parties du monde pour
les
tromper et pour les faire se battre sans raison alléguée, et finaleme
559
quatre parties du monde pour les tromper et pour
les
faire se battre sans raison alléguée, et finalement flamboyé par le f
560
sans raison alléguée, et finalement flamboyé par
le
feu du ciel et précipité dans un étang de flammes et de souffre avec
561
re tourmenté nuit et jour, au siècle des siècles.
La
Bible, notez-le, parle beaucoup moins du « mal » en général que du Ma
562
t et jour, au siècle des siècles. La Bible, notez-
le
, parle beaucoup moins du « mal » en général que du Malin personnifié
563
éral que du Malin personnifié (tout au moins dans
les
textes originaux). Si l’on croit à la vérité de la Bible, il est impo
564
fié (tout au moins dans les textes originaux). Si
l’
on croit à la vérité de la Bible, il est impossible de douter un seul
565
moins dans les textes originaux). Si l’on croit à
la
vérité de la Bible, il est impossible de douter un seul instant de la
566
s textes originaux). Si l’on croit à la vérité de
la
Bible, il est impossible de douter un seul instant de la réalité obje
567
e, il est impossible de douter un seul instant de
la
réalité objective du diable. h. Rougemont Denis de, « Les tours du
568
objective du diable. h. Rougemont Denis de, «
Les
tours du diable I : “Je ne suis personne” », La Vie protestante, Genè
569
Les tours du diable I : “Je ne suis personne” »,
La
Vie protestante, Genève, 15 octobre 1943, p. 1. i. Le texte est préc
570
e protestante, Genève, 15 octobre 1943, p. 1. i.
Le
texte est précédé de la note suivante de la rédaction : « Nous avons
571
5 octobre 1943, p. 1. i. Le texte est précédé de
la
note suivante de la rédaction : « Nous avons eu l’occasion de lire le
572
. i. Le texte est précédé de la note suivante de
la
rédaction : « Nous avons eu l’occasion de lire les réflexions d’une p
573
a note suivante de la rédaction : « Nous avons eu
l’
occasion de lire les réflexions d’une perspicacité peu ordinaire sur l
574
la rédaction : « Nous avons eu l’occasion de lire
les
réflexions d’une perspicacité peu ordinaire sur l’existence personnel
575
s réflexions d’une perspicacité peu ordinaire sur
l’
existence personnelle du diable, due à la plume de Denis de Rougemont.
576
aire sur l’existence personnelle du diable, due à
la
plume de Denis de Rougemont. Nous n’avons pas à présenter l’écrivain
577
Denis de Rougemont. Nous n’avons pas à présenter
l’
écrivain neuchâtelois aux lecteurs de la Vie protestante. La qualité d
578
présenter l’écrivain neuchâtelois aux lecteurs de
la
Vie protestante. La qualité de sa pensée et l’autorité de son jugemen
579
neuchâtelois aux lecteurs de la Vie protestante.
La
qualité de sa pensée et l’autorité de son jugement sont reconnues bie
580
de la Vie protestante. La qualité de sa pensée et
l’
autorité de son jugement sont reconnues bien au-delà de nos frontières
581
es d’une théologie protestante constructive. Sous
le
titre “Les tours du diable”, nous sommes heureux de pouvoir donner ic
582
héologie protestante constructive. Sous le titre “
Les
tours du diable”, nous sommes heureux de pouvoir donner ici une premi
583
ureux de pouvoir donner ici une première étude de
l’
auteur. Nous nous proposons d’apporter encore, dans nos prochains numé
584
Les
tours du diable II : Le menteur (22 octobre 1943)j L’homme seul, d
585
Les tours du diable II :
Le
menteur (22 octobre 1943)j L’homme seul, dans toute la Création, p
586
s du diable II : Le menteur (22 octobre 1943)j
L’
homme seul, dans toute la Création, peut dire ce qui n’est pas et ment
587
ur (22 octobre 1943)j L’homme seul, dans toute
la
Création, peut dire ce qui n’est pas et mentir par ses actes. Le miné
588
ut dire ce qui n’est pas et mentir par ses actes.
Le
minéral repose où il fut composé, la plante pousse où se fixa la grai
589
r ses actes. Le minéral repose où il fut composé,
la
plante pousse où se fixa la graine, les animaux muets sont prisonnier
590
se où il fut composé, la plante pousse où se fixa
la
graine, les animaux muets sont prisonniers de l’ordre intarissablemen
591
t composé, la plante pousse où se fixa la graine,
les
animaux muets sont prisonniers de l’ordre intarissablement prodigue e
592
la graine, les animaux muets sont prisonniers de
l’
ordre intarissablement prodigue et infaillible de l’instinct. Mais l’h
593
ordre intarissablement prodigue et infaillible de
l’
instinct. Mais l’homme a reçu le pouvoir de parler, de créer et de dén
594
ement prodigue et infaillible de l’instinct. Mais
l’
homme a reçu le pouvoir de parler, de créer et de dénaturer. Par la gr
595
et infaillible de l’instinct. Mais l’homme a reçu
le
pouvoir de parler, de créer et de dénaturer. Par la grâce du langage,
596
pouvoir de parler, de créer et de dénaturer. Par
la
grâce du langage, il peut dire vrai ; par la faute du langage, il peu
597
Par la grâce du langage, il peut dire vrai ; par
la
faute du langage, il peut le contredire. Il peut créer dans le prolon
598
peut dire vrai ; par la faute du langage, il peut
le
contredire. Il peut créer dans le prolongement des perspectives de la
599
angage, il peut le contredire. Il peut créer dans
le
prolongement des perspectives de la Création, il peut aussi créer à t
600
ut créer dans le prolongement des perspectives de
la
Création, il peut aussi créer à tort et à travers. Il peut être un ag
601
t à travers. Il peut être un agent responsable de
la
nature naturante, mais il peut aussi faire la grève, se révolter, et
602
de la nature naturante, mais il peut aussi faire
la
grève, se révolter, et fabriquer l’anti-nature ou dénature. Cette dup
603
t aussi faire la grève, se révolter, et fabriquer
l’
anti-nature ou dénature. Cette duplicité de nos pouvoirs constitue not
604
rs constitue notre liberté. Elle en est à la fois
le
signe et la condition nécessaire. Elle est notre gloire équivoque. C’
605
notre liberté. Elle en est à la fois le signe et
la
condition nécessaire. Elle est notre gloire équivoque. C’est par la l
606
saire. Elle est notre gloire équivoque. C’est par
la
liberté, à cause d’elle, et dans elle, que nous avons le pouvoir de p
607
rté, à cause d’elle, et dans elle, que nous avons
le
pouvoir de pécher. Car pécher c’est tricher avec l’ordre, opposer à l
608
pouvoir de pécher. Car pécher c’est tricher avec
l’
ordre, opposer à la loi divine nos dérogations égoïstes, fautes de cal
609
Car pécher c’est tricher avec l’ordre, opposer à
la
loi divine nos dérogations égoïstes, fautes de calcul et courtes vues
610
éressées. Pécher c’est fausser quelque chose dans
l’
ordonnance du cosmos. C’est toujours en quelque manière dire un menson
611
t toujours en quelque manière dire un mensonge ou
l’
opérer. Par le langage l’homme est libre. Par le langage il peut menti
612
quelque manière dire un mensonge ou l’opérer. Par
le
langage l’homme est libre. Par le langage il peut mentir. Par sa libe
613
ière dire un mensonge ou l’opérer. Par le langage
l’
homme est libre. Par le langage il peut mentir. Par sa liberté seule i
614
u l’opérer. Par le langage l’homme est libre. Par
le
langage il peut mentir. Par sa liberté seule il peut pécher. Et le pé
615
t mentir. Par sa liberté seule il peut pécher. Et
le
péché n’est qu’un mensonge. Mais le mensonge proféré nous lie… Compre
616
ut pécher. Et le péché n’est qu’un mensonge. Mais
le
mensonge proféré nous lie… Comprenons maintenant que le diable ne pou
617
songe proféré nous lie… Comprenons maintenant que
le
diable ne pourrait rien sans notre liberté. Car c’est par nous seulem
618
rté. Car c’est par nous seulement qu’il agit dans
le
monde, et c’est en provoquant l’abus de notre liberté qu’il agit en n
619
qu’il agit dans le monde, et c’est en provoquant
l’
abus de notre liberté qu’il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait p
620
Ève n’aurait pu pécher, ni Adam après elle. Ainsi
la
gloire de l’homme étant sa liberté, il est clair que c’est en ce poin
621
pu pécher, ni Adam après elle. Ainsi la gloire de
l’
homme étant sa liberté, il est clair que c’est en ce point que le Mali
622
a liberté, il est clair que c’est en ce point que
le
Malin devait atteindre notre orgueil et s’insérer dans nos défenses l
623
ndre notre orgueil et s’insérer dans nos défenses
les
plus secrètes. La parole nous étant donnée pour répondre à la vérité,
624
et s’insérer dans nos défenses les plus secrètes.
La
parole nous étant donnée pour répondre à la vérité, et pour l’étendre
625
ètes. La parole nous étant donnée pour répondre à
la
vérité, et pour l’étendre et confirmer par la vertu du témoignage, il
626
s étant donnée pour répondre à la vérité, et pour
l’
étendre et confirmer par la vertu du témoignage, il est clair que la g
627
e à la vérité, et pour l’étendre et confirmer par
la
vertu du témoignage, il est clair que la grande ambition satanique de
628
rmer par la vertu du témoignage, il est clair que
la
grande ambition satanique devait être de s’emparer de la parole dans
629
de ambition satanique devait être de s’emparer de
la
parole dans notre bouche, pour altérer le témoignage dans sa source.
630
arer de la parole dans notre bouche, pour altérer
le
témoignage dans sa source. Et c’est pourquoi la Bible dit, énergiquem
631
r le témoignage dans sa source. Et c’est pourquoi
la
Bible dit, énergiquement, que lorsque nous mentons, c’est le diable l
632
t, énergiquement, que lorsque nous mentons, c’est
le
diable lui-même qui « tire sa langue dans notre langue ». Mais il est
633
mme il est deux manières de tromper un client. Si
la
balance marque 980 grammes, vous pouvez dire : c’est un kilo. Votre m
634
: c’est un kilo. Votre mensonge restera relatif à
la
mesure invariable du vrai. Si le client contrôle, il peut voir qu’on
635
estera relatif à la mesure invariable du vrai. Si
le
client contrôle, il peut voir qu’on le vole, et vous savez de combien
636
u vrai. Si le client contrôle, il peut voir qu’on
le
vole, et vous savez de combien vous le volez : une vérité reste juge
637
voir qu’on le vole, et vous savez de combien vous
le
volez : une vérité reste juge entre vous. Mais le démon vous induit à
638
le volez : une vérité reste juge entre vous. Mais
le
démon vous induit à fausser la balance elle-même, c’est le critère du
639
e entre vous. Mais le démon vous induit à fausser
la
balance elle-même, c’est le critère du vrai qui est dénaturé, il n’y
640
vous induit à fausser la balance elle-même, c’est
le
critère du vrai qui est dénaturé, il n’y a plus de contrôle possible.
641
ses, peut-être à rajouter quelques pincées « pour
le
bon poids », pour le sourire de l’acheteur et la satisfaction de votr
642
uter quelques pincées « pour le bon poids », pour
le
sourire de l’acheteur et la satisfaction de votre vertu. C’est là le
643
pincées « pour le bon poids », pour le sourire de
l’
acheteur et la satisfaction de votre vertu. C’est là le mensonge pur,
644
le bon poids », pour le sourire de l’acheteur et
la
satisfaction de votre vertu. C’est là le mensonge pur, l’œuvre propre
645
eteur et la satisfaction de votre vertu. C’est là
le
mensonge pur, l’œuvre propre du diable. À partir de l’instant où vous
646
faction de votre vertu. C’est là le mensonge pur,
l’
œuvre propre du diable. À partir de l’instant où vous faussez la mesur
647
nsonge pur, l’œuvre propre du diable. À partir de
l’
instant où vous faussez la mesure même de la vérité, toutes vos « vert
648
du diable. À partir de l’instant où vous faussez
la
mesure même de la vérité, toutes vos « vertus » sont au service du ma
649
ir de l’instant où vous faussez la mesure même de
la
vérité, toutes vos « vertus » sont au service du mal et sont complice
650
tus » sont au service du mal et sont complices de
l’
œuvre du Malin. « Le diable est menteur et le Père du mensonge », dit
651
e du mal et sont complices de l’œuvre du Malin. «
Le
diable est menteur et le Père du mensonge », dit l’Évangile tel qu’on
652
s de l’œuvre du Malin. « Le diable est menteur et
le
Père du mensonge », dit l’Évangile tel qu’on le cite d’ordinaire. Cec
653
diable est menteur et le Père du mensonge », dit
l’
Évangile tel qu’on le cite d’ordinaire. Ceci concerne le premier menso
654
t le Père du mensonge », dit l’Évangile tel qu’on
le
cite d’ordinaire. Ceci concerne le premier mensonge, celui qui se bor
655
e le premier mensonge, celui qui se borne à taire
la
vérité (tout en ne cessant de la connaître) ou à la nier (tout en sac
656
se borne à taire la vérité (tout en ne cessant de
la
connaître) ou à la nier (tout en sachant que, pour si peu, elle ne ce
657
vérité (tout en ne cessant de la connaître) ou à
la
nier (tout en sachant que, pour si peu, elle ne cesse pas d’exister).
658
, pour si peu, elle ne cesse pas d’exister). Mais
le
texte original de ce passage est infiniment plus étrange. « Le diable
659
inal de ce passage est infiniment plus étrange. «
Le
diable est menteur, nous dit-il, et il est le père de son propre mens
660
. « Le diable est menteur, nous dit-il, et il est
le
père de son propre mensonge. » Par ici nous entrons au mystère du mal
661
nsonge. » Par ici nous entrons au mystère du mal.
Le
père de son mensonge est celui qui l’engendre, le conçoit par ses pro
662
ère du mal. Le père de son mensonge est celui qui
l’
engendre, le conçoit par ses propres œuvres, en abusant d’une vérité q
663
Le père de son mensonge est celui qui l’engendre,
le
conçoit par ses propres œuvres, en abusant d’une vérité qu’il rejette
664
s au monde. Monstrueuse création du mensonge, car
le
mensonge, par essence, n’est pas ! C’est une espèce de décréation. C’
665
n’est pas ! C’est une espèce de décréation. C’est
le
trompe-l’œil et le sonne-creux de l’invention bâtarde et de l’art ina
666
ne espèce de décréation. C’est le trompe-l’œil et
le
sonne-creux de l’invention bâtarde et de l’art inauthentique. Le diab
667
ation. C’est le trompe-l’œil et le sonne-creux de
l’
invention bâtarde et de l’art inauthentique. Le diable est le père du
668
il et le sonne-creux de l’invention bâtarde et de
l’
art inauthentique. Le diable est le père du faux art, de toutes ces œu
669
de l’invention bâtarde et de l’art inauthentique.
Le
diable est le père du faux art, de toutes ces œuvres qui ne sont « ni
670
bâtarde et de l’art inauthentique. Le diable est
le
père du faux art, de toutes ces œuvres qui ne sont « ni bien ni mal »
671
œuvres qui ne sont « ni bien ni mal », parce que
l’
acte dont elles naquirent supprime les mesures mêmes du beau. Il n’y a
672
», parce que l’acte dont elles naquirent supprime
les
mesures mêmes du beau. Il n’y a plus de fautes de goût possible là où
673
lus de goût comme il n’y a plus de crime possible
la
où n’existe plus de Loi. Peut-être ici découvrons-nous la raison dern
674
existe plus de Loi. Peut-être ici découvrons-nous
la
raison dernière du mensonge : c’est toujours le désir d’innocence uto
675
s la raison dernière du mensonge : c’est toujours
le
désir d’innocence utopique. Le mensonge ordinaire n’était que l’omiss
676
e : c’est toujours le désir d’innocence utopique.
Le
mensonge ordinaire n’était que l’omission ou la contradiction d’une v
677
cence utopique. Le mensonge ordinaire n’était que
l’
omission ou la contradiction d’une vérité, qui subsistait ailleurs et
678
. Le mensonge ordinaire n’était que l’omission ou
la
contradiction d’une vérité, qui subsistait ailleurs et nous jugeait e
679
subsistait ailleurs et nous jugeait encore. Mais
le
mensonge diabolique tue le juge. Il ne part que de soi, et ne prolifè
680
s jugeait encore. Mais le mensonge diabolique tue
le
juge. Il ne part que de soi, et ne prolifère qu’en autarcie, comme un
681
e, comme une monade cancéreuse, introduisant dans
l’
univers ce sophisme de pure angoisse : le mensonge d’aucune vérité.
682
ant dans l’univers ce sophisme de pure angoisse :
le
mensonge d’aucune vérité. j. Rougemont Denis de, « Les tours du di
683
onge d’aucune vérité. j. Rougemont Denis de, «
Les
tours du diable II : Le menteur », La Vie protestante, Genève, 22 oct
684
. Rougemont Denis de, « Les tours du diable II :
Le
menteur », La Vie protestante, Genève, 22 octobre 1943, p. 2.
685
enis de, « Les tours du diable II : Le menteur »,
La
Vie protestante, Genève, 22 octobre 1943, p. 2.
686
Les
tours du diable III : diable et sexe (29 octobre 1943)k Le jeune l
687
diable III : diable et sexe (29 octobre 1943)k
Le
jeune lecteur — et peut-être aussi le moins jeune — se dira : Tiens,
688
e 1943)k Le jeune lecteur — et peut-être aussi
le
moins jeune — se dira : Tiens, voilà un sujet… Quel dommage ! Sa curi
689
n être déçue. Voyons. Tout le monde s’imagine que
le
péché par excellence réside dans la sexualité. L’illusion s’aperçoit
690
s’imagine que le péché par excellence réside dans
la
sexualité. L’illusion s’aperçoit d’une manière assez simple : la sexu
691
le péché par excellence réside dans la sexualité.
L’
illusion s’aperçoit d’une manière assez simple : la sexualité est le d
692
’illusion s’aperçoit d’une manière assez simple :
la
sexualité est le domaine des tentations à la fois les plus sensibles
693
oit d’une manière assez simple : la sexualité est
le
domaine des tentations à la fois les plus sensibles et les plus commu
694
sexualité est le domaine des tentations à la fois
les
plus sensibles et les plus communes. Assez peu d’hommes sont réelleme
695
ne des tentations à la fois les plus sensibles et
les
plus communes. Assez peu d’hommes sont réellement tentés de voler le
696
ssez peu d’hommes sont réellement tentés de voler
le
portefeuille du voisin, mais presque tout homme s’est vu tenter de pr
697
ais presque tout homme s’est vu tenter de prendre
la
femme du voisin, soit en recourant aux raisons pathétiques — « c’est
698
e persuadant que « ça n’a pas d’importance » ; ou
les
deux ensemble. En vérité, la sexualité en soi n’est pas plus diaboliq
699
d’importance » ; ou les deux ensemble. En vérité,
la
sexualité en soi n’est pas plus diabolique que la digestion ou la res
700
la sexualité en soi n’est pas plus diabolique que
la
digestion ou la respiration. Si la majorité des Occidentaux se figure
701
soi n’est pas plus diabolique que la digestion ou
la
respiration. Si la majorité des Occidentaux se figurent que le péché
702
diabolique que la digestion ou la respiration. Si
la
majorité des Occidentaux se figurent que le péché originel fut l’acte
703
n. Si la majorité des Occidentaux se figurent que
le
péché originel fut l’acte sexuel, dont la consommation de la pomme se
704
Occidentaux se figurent que le péché originel fut
l’
acte sexuel, dont la consommation de la pomme serait le symbole, c’est
705
ent que le péché originel fut l’acte sexuel, dont
la
consommation de la pomme serait le symbole, c’est parce qu’ils assimi
706
iginel fut l’acte sexuel, dont la consommation de
la
pomme serait le symbole, c’est parce qu’ils assimilent le péché en gé
707
e sexuel, dont la consommation de la pomme serait
le
symbole, c’est parce qu’ils assimilent le péché en général à la tenta
708
serait le symbole, c’est parce qu’ils assimilent
le
péché en général à la tentation par excellence, qui se trouve être à
709
est parce qu’ils assimilent le péché en général à
la
tentation par excellence, qui se trouve être à leurs yeux la sexualit
710
n par excellence, qui se trouve être à leurs yeux
la
sexualité. C’est une vue bien bornée du péché ! Car même dans le cas
711
’est une vue bien bornée du péché ! Car même dans
le
cas où le fruit mangé par Ève signifierait ce que l’on croit, notez q
712
ue bien bornée du péché ! Car même dans le cas où
le
fruit mangé par Ève signifierait ce que l’on croit, notez que ce n’es
713
cas où le fruit mangé par Ève signifierait ce que
l’
on croit, notez que ce n’est pas le geste de manger une pomme qui étai
714
fierait ce que l’on croit, notez que ce n’est pas
le
geste de manger une pomme qui était mauvais aux yeux de l’Éternel, ni
715
de manger une pomme qui était mauvais aux yeux de
l’
Éternel, ni la pomme en soi (au contraire), mais seulement la révolte
716
pomme qui était mauvais aux yeux de l’Éternel, ni
la
pomme en soi (au contraire), mais seulement la révolte d’Ève et son d
717
ni la pomme en soi (au contraire), mais seulement
la
révolte d’Ève et son désir de se diviniser à sa façon. Si la sexualit
718
d’Ève et son désir de se diviniser à sa façon. Si
la
sexualité pouvait rester pure, c’est-à-dire purement animale, comme l
719
rester pure, c’est-à-dire purement animale, comme
les
autres fonctions du corps, le diable ne s’y mêlerait pas. Mais en fai
720
ent animale, comme les autres fonctions du corps,
le
diable ne s’y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et à
721
e ne s’y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à
l’
amour, et à l’esprit, et c’est par là qu’elle va se pervertir et deven
722
ait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et à
l’
esprit, et c’est par là qu’elle va se pervertir et devenir à son tour
723
ertir et devenir à son tour source de perversion.
La
paillardise joyeuse est certainement l’une des formes les moins diabo
724
lardise joyeuse est certainement l’une des formes
les
moins diaboliques du péché. Je n’en dirais pas autant de certaines am
725
seudo-mystiques, nœuds de sophismes spirituels où
le
serpent se love avec délices. La sexualité se distingue des autres fo
726
es spirituels où le serpent se love avec délices.
La
sexualité se distingue des autres fonctions naturelles par un certain
727
e manger et de respirer, et il est nécessaire que
le
sang circule, mais on peut vivre en restant chaste. L’usage du sexe e
728
ng circule, mais on peut vivre en restant chaste.
L’
usage du sexe est donc en grande partie libre et conscient. D’autre pa
729
ie libre et conscient. D’autre part, il est lié à
la
créativité de l’homme, il en est l’aspect corporel, le symbole ou le
730
ient. D’autre part, il est lié à la créativité de
l’
homme, il en est l’aspect corporel, le symbole ou le signe physique. O
731
il est lié à la créativité de l’homme, il en est
l’
aspect corporel, le symbole ou le signe physique. Or nous savons que s
732
éativité de l’homme, il en est l’aspect corporel,
le
symbole ou le signe physique. Or nous savons que si l’homme peut péch
733
homme, il en est l’aspect corporel, le symbole ou
le
signe physique. Or nous savons que si l’homme peut pécher, c’est uniq
734
mbole ou le signe physique. Or nous savons que si
l’
homme peut pécher, c’est uniquement parce qu’il est libre, c’est-à-dir
735
st-à-dire parce qu’il peut choisir de créer selon
l’
ordre divin, ou au contraire selon ses propres utopies. C’est donc en
736
u’elle participe de notre libre créativité, comme
le
langage et les activités de l’esprit, que la sexualité donne prise au
737
pe de notre libre créativité, comme le langage et
les
activités de l’esprit, que la sexualité donne prise au diable. Et cer
738
créativité, comme le langage et les activités de
l’
esprit, que la sexualité donne prise au diable. Et certes il ne s’y in
739
omme le langage et les activités de l’esprit, que
la
sexualité donne prise au diable. Et certes il ne s’y intrigue pas dav
740
s’y intrigue pas davantage que dans nos créations
les
plus abstraites. Il est même plus aisément reconnaissable, et dans ce
741
nnaissable, et dans cette mesure moins dangereux.
La
sexualité ne devient proprement démoniaque que lorsque l’esprit s’en
742
lité ne devient proprement démoniaque que lorsque
l’
esprit s’en empare, la contamine, la dénature, ou lui rend un culte ob
743
ment démoniaque que lorsque l’esprit s’en empare,
la
contamine, la dénature, ou lui rend un culte obsédé. L’idéalisation r
744
e que lorsque l’esprit s’en empare, la contamine,
la
dénature, ou lui rend un culte obsédé. L’idéalisation romantique de l
745
tamine, la dénature, ou lui rend un culte obsédé.
L’
idéalisation romantique de l’amour dans l’époque moderne, entraînant u
746
end un culte obsédé. L’idéalisation romantique de
l’
amour dans l’époque moderne, entraînant une pruderie morbide du langag
747
obsédé. L’idéalisation romantique de l’amour dans
l’
époque moderne, entraînant une pruderie morbide du langage et des bonn
748
t des bonnes mœurs, est certes pour beaucoup dans
la
crise sexuelle dont souffre toute la bourgeoisie. Au point qu’un Freu
749
eaucoup dans la crise sexuelle dont souffre toute
la
bourgeoisie. Au point qu’un Freud a cru pouvoir « tout expliquer » pa
750
qu’un Freud a cru pouvoir « tout expliquer » par
les
censures et refoulements de la morale en vigueur dans son milieu, et
751
t expliquer » par les censures et refoulements de
la
morale en vigueur dans son milieu, et de son temps. D’où l’on devrait
752
en vigueur dans son milieu, et de son temps. D’où
l’
on devrait déduire que le meilleur moyen de prévenir les états de poss
753
u, et de son temps. D’où l’on devrait déduire que
le
meilleur moyen de prévenir les états de possession satanique et les n
754
devrait déduire que le meilleur moyen de prévenir
les
états de possession satanique et les névroses nées de troubles sexuel
755
de prévenir les états de possession satanique et
les
névroses nées de troubles sexuels, serait simplement la franchise, no
756
roses nées de troubles sexuels, serait simplement
la
franchise, non pas « scientifique » mais gaillarde. Mais aussitôt le
757
as « scientifique » mais gaillarde. Mais aussitôt
le
Malin se rattrape en proposant une licence absolue. Or, l’absence de
758
se rattrape en proposant une licence absolue. Or,
l’
absence de contraintes choisies rend la sexualité insignifiante, et dé
759
solue. Or, l’absence de contraintes choisies rend
la
sexualité insignifiante, et déprime secrètement l’humanité de l’homme
760
a sexualité insignifiante, et déprime secrètement
l’
humanité de l’homme. Le sexe n’est pas plus divin qu’il n’est honteux,
761
signifiante, et déprime secrètement l’humanité de
l’
homme. Le sexe n’est pas plus divin qu’il n’est honteux, mais il est l
762
te, et déprime secrètement l’humanité de l’homme.
Le
sexe n’est pas plus divin qu’il n’est honteux, mais il est lié intime
763
honteux, mais il est lié intimement aux fonctions
les
plus humaines de l’homme, à ses pouvoirs de création dans tous les or
764
lié intimement aux fonctions les plus humaines de
l’
homme, à ses pouvoirs de création dans tous les ordres, à ses jugement
765
de l’homme, à ses pouvoirs de création dans tous
les
ordres, à ses jugements esthétiques ou moraux, à tout ce qui qualifie
766
nts esthétiques ou moraux, à tout ce qui qualifie
l’
individu et lui permet de se posséder en tant que personne responsable
767
de se posséder en tant que personne responsable.
L’
indifférence croissante que l’on observe, dans la jeunesse américaine
768
rsonne responsable. L’indifférence croissante que
l’
on observe, dans la jeunesse américaine par exemple, à l’égard des pud
769
L’indifférence croissante que l’on observe, dans
la
jeunesse américaine par exemple, à l’égard des pudeurs et interdits q
770
l’égard des pudeurs et interdits qui prêtaient à
l’
acte sexuel la gravité d’un engagement, cette espèce d’insouciance mor
771
udeurs et interdits qui prêtaient à l’acte sexuel
la
gravité d’un engagement, cette espèce d’insouciance morale se traduit
772
e libération que par une flagrante indigence dans
les
rapports fondamentaux. En présence de cet affadissement, l’on serait
773
s fondamentaux. En présence de cet affadissement,
l’
on serait tenté de regretter le temps où Satan proposait des combats p
774
cet affadissement, l’on serait tenté de regretter
le
temps où Satan proposait des combats plus féconds… k. Rougemont De
775
combats plus féconds… k. Rougemont Denis de, «
Les
tours du diable III : diable et sexe », La Vie protestante, Genève, 2
776
de, « Les tours du diable III : diable et sexe »,
La
Vie protestante, Genève, 29 octobre 1943, p. 2.
777
Les
tours du diable IV : L’accusateur (5 novembre 1943)l Il n’est peut
778
Les tours du diable IV :
L’
accusateur (5 novembre 1943)l Il n’est peut-être au monde qu’une se
779
c’est de douter du pardon, une fois qu’on a trahi
le
bien et le réel. Car douter du pardon nous replonge dans le mal, avec
780
uter du pardon, une fois qu’on a trahi le bien et
le
réel. Car douter du pardon nous replonge dans le mal, avec la sombre
781
le réel. Car douter du pardon nous replonge dans
le
mal, avec la sombre jouissance masochiste des « après moi le déluge »
782
douter du pardon nous replonge dans le mal, avec
la
sombre jouissance masochiste des « après moi le déluge » et des « tan
783
c la sombre jouissance masochiste des « après moi
le
déluge » et des « tant pis pour moi ». Il faut croire au pardon pour
784
i ». Il faut croire au pardon pour oser confesser
le
mal qu’on a commis ; pour oser qualifier de faute sa propre faute ; e
785
ute sa propre faute ; et pour que puisse renaître
la
confiance qui donnera seule le courage de rebâtir. Celui qui doute du
786
ue puisse renaître la confiance qui donnera seule
le
courage de rebâtir. Celui qui doute du pardon ne peut pas confesser s
787
ne peut pas confesser son crime, et celui qui ne
le
confesse pas n’en connaîtra jamais toute l’étendue. Le diable est cet
788
ui ne le confesse pas n’en connaîtra jamais toute
l’
étendue. Le diable est cet Accusateur qui veut nous faire douter de no
789
nfesse pas n’en connaîtra jamais toute l’étendue.
Le
diable est cet Accusateur qui veut nous faire douter de notre pardon
790
uter de notre pardon pour nous forcer à fuir dans
les
remèdes du pire. L’Apocalypse le désigne comme « l’Accusateur de nos
791
pour nous forcer à fuir dans les remèdes du pire.
L’
Apocalypse le désigne comme « l’Accusateur de nos frères, celui qui le
792
cer à fuir dans les remèdes du pire. L’Apocalypse
le
désigne comme « l’Accusateur de nos frères, celui qui les accuse deva
793
remèdes du pire. L’Apocalypse le désigne comme «
l’
Accusateur de nos frères, celui qui les accuse devant Dieu jour et nui
794
gne comme « l’Accusateur de nos frères, celui qui
les
accuse devant Dieu jour et nuit ». C’est lui qui demandait la tête de
795
vant Dieu jour et nuit ». C’est lui qui demandait
la
tête de Job devant le tribunal céleste. Non content de nous prendre à
796
». C’est lui qui demandait la tête de Job devant
le
tribunal céleste. Non content de nous prendre à ses pièges, sitôt qu’
797
il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de
la
manière la plus impitoyable. Non par amour de la justice, mais par am
798
premier à nous dénoncer devant Dieu de la manière
la
plus impitoyable. Non par amour de la justice, mais par amour de notr
799
la manière la plus impitoyable. Non par amour de
la
justice, mais par amour de notre châtiment, par haine froide. Pour le
800
amour de notre châtiment, par haine froide. Pour
le
stérile plaisir d’avoir raison. Aussi, partout où l’on condamne sans
801
stérile plaisir d’avoir raison. Aussi, partout où
l’
on condamne sans pitié son prochain ou soi-même, soyez sûrs que c’est
802
ié son prochain ou soi-même, soyez sûrs que c’est
le
diable qui parle, l’Accusateur qui tient le pardon pour une simple fa
803
i-même, soyez sûrs que c’est le diable qui parle,
l’
Accusateur qui tient le pardon pour une simple faute de logique, la gr
804
c’est le diable qui parle, l’Accusateur qui tient
le
pardon pour une simple faute de logique, la grâce pour une erreur de
805
tient le pardon pour une simple faute de logique,
la
grâce pour une erreur de calcul statistique. La duplicité infernale,
806
, la grâce pour une erreur de calcul statistique.
La
duplicité infernale, c’est de nous faire croire qu’il n’y a pas de ju
807
e, ni d’ordre divin du réel, et aussitôt que nous
l’
avons cru, de nous accuser de contravention devant le Juge. Ainsi la m
808
vons cru, de nous accuser de contravention devant
le
Juge. Ainsi la morale laïque, morale du devoir kantien et des routine
809
us accuser de contravention devant le Juge. Ainsi
la
morale laïque, morale du devoir kantien et des routines bourgeoises,
810
oir kantien et des routines bourgeoises, excluant
le
Dieu personnel, nous accuse et nous prive en même temps de tout recou
811
Elle ne laisse aux meilleures de ses victimes que
l’
héroïsme autosadique de la révolte. l. Rougemont Denis de, « Les to
812
res de ses victimes que l’héroïsme autosadique de
la
révolte. l. Rougemont Denis de, « Les tours du diable IV : L’accus
813
adique de la révolte. l. Rougemont Denis de, «
Les
tours du diable IV : L’accusateur », La Vie protestante, Genève, 5 no
814
. Rougemont Denis de, « Les tours du diable IV :
L’
accusateur », La Vie protestante, Genève, 5 novembre 1943, p. 2.
815
is de, « Les tours du diable IV : L’accusateur »,
La
Vie protestante, Genève, 5 novembre 1943, p. 2.
816
Les
tours du diable V : Le tentateur (12 novembre 1943)m « Le serpent
817
Les tours du diable V :
Le
tentateur (12 novembre 1943)m « Le serpent était le plus rusé de
818
diable V : Le tentateur (12 novembre 1943)m «
Le
serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que l’Étern
819
tateur (12 novembre 1943)m « Le serpent était
le
plus rusé de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait fai
820
943)m « Le serpent était le plus rusé de tous
les
animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme
821
t le plus rusé de tous les animaux des champs que
l’
Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement d
822
s champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à
la
femme : Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tous les
823
-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tous
les
arbres du jardin ? La femme répondit au serpent : nous mangeons du fr
824
us ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?
La
femme répondit au serpent : nous mangeons du fruit des arbres du jard
825
ruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de
l’
arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n’en mangerez poi
826
herez point, de peur que vous n’en mouriez. Alors
le
serpent dit à la femme : vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que le
827
eur que vous n’en mouriez. Alors le serpent dit à
la
femme : vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que le jour où vous en
828
femme : vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que
le
jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez com
829
t, et que vous serez comme des dieux, connaissant
le
bien et le mal. » (Gen. 3:1 à 5) Voyez : avant la tentation propremen
830
ous serez comme des dieux, connaissant le bien et
le
mal. » (Gen. 3:1 à 5) Voyez : avant la tentation proprement dite, il
831
le bien et le mal. » (Gen. 3:1 à 5) Voyez : avant
la
tentation proprement dite, il y a le doute ! Le premier procédé du dé
832
oyez : avant la tentation proprement dite, il y a
le
doute ! Le premier procédé du démon, c’est de jeter un doute sur la r
833
ier procédé du démon, c’est de jeter un doute sur
la
réalité de la loi divine, et donc sur la réalité elle-même et ses str
834
démon, c’est de jeter un doute sur la réalité de
la
loi divine, et donc sur la réalité elle-même et ses structures. « Die
835
oute sur la réalité de la loi divine, et donc sur
la
réalité elle-même et ses structures. « Dieu a-t-il réellement dit ?…
836
ue cette incertitude est insinuée dans un esprit,
la
possibilité d’une tentation s’entrouvre. Car il n’y a pas de tentatio
837
ne possibilité d’imaginer quelque autre chose que
l’
état de fait. On dit bien : l’occasion fait le larron. Vous n’êtes pas
838
que autre chose que l’état de fait. On dit bien :
l’
occasion fait le larron. Vous n’êtes pas tenté d’aller dans la lune, p
839
que l’état de fait. On dit bien : l’occasion fait
le
larron. Vous n’êtes pas tenté d’aller dans la lune, parce que vous sa
840
ait le larron. Vous n’êtes pas tenté d’aller dans
la
lune, parce que vous savez que c’est absolument impossible. Mais vous
841
Mais vous seriez probablement tenté d’y aller, si
l’
on vous suggérait quelque moyen de le faire. Ève ne pensait même pas à
842
’y aller, si l’on vous suggérait quelque moyen de
le
faire. Ève ne pensait même pas à manger cette pomme avant que le serp
843
e pensait même pas à manger cette pomme avant que
le
serpent n’ait mis en doute la réalité de l’ordonnance de Dieu. À l’or
844
tte pomme avant que le serpent n’ait mis en doute
la
réalité de l’ordonnance de Dieu. À l’origine de toute tentation, il y
845
t que le serpent n’ait mis en doute la réalité de
l’
ordonnance de Dieu. À l’origine de toute tentation, il y a l’occasion
846
is en doute la réalité de l’ordonnance de Dieu. À
l’
origine de toute tentation, il y a l’occasion entrevue d’aller à la di
847
e de Dieu. À l’origine de toute tentation, il y a
l’
occasion entrevue d’aller à la divinité par un plus court chemin que c
848
e tentation, il y a l’occasion entrevue d’aller à
la
divinité par un plus court chemin que celui du réel ; par un chemin q
849
ourt chemin que celui du réel ; par un chemin que
l’
on inventerait soi-même, en dépit des interdictions que posent les loi
850
t soi-même, en dépit des interdictions que posent
les
lois de la Création, l’ordre divin et la nature de l’homme. Et voici
851
en dépit des interdictions que posent les lois de
la
Création, l’ordre divin et la nature de l’homme. Et voici le deuxième
852
interdictions que posent les lois de la Création,
l’
ordre divin et la nature de l’homme. Et voici le deuxième temps de la
853
posent les lois de la Création, l’ordre divin et
la
nature de l’homme. Et voici le deuxième temps de la tentation : « La
854
ois de la Création, l’ordre divin et la nature de
l’
homme. Et voici le deuxième temps de la tentation : « La femme vit qu
855
nature de l’homme. Et voici le deuxième temps de
la
tentation : « La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréabl
856
. Et voici le deuxième temps de la tentation : «
La
femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’
857
xième temps de la tentation : « La femme vit que
l’
arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux
858
vit que l’arbre était bon à manger et agréable à
la
vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence : elle prit d
859
ble à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir
l’
intelligence : elle prit de son fruit et en mangea. » (Gen. 3:6) Voyez
860
t et en mangea. » (Gen. 3:6) Voyez : ce n’est pas
le
mal en soi qui tente, mais c’est toujours un bien qu’on imagine, et m
861
illeur bien que celui que Dieu offre, un bien que
l’
on se figure « mieux fait pour soi ». Ève ne fut pas tentée par une ch
862
ais par une fort belle et bonne pomme, agréable à
la
vue et précieuse pour l’esprit. Elle ne fut pas tentée par le désir d
863
bonne pomme, agréable à la vue et précieuse pour
l’
esprit. Elle ne fut pas tentée par le désir de nuire, mais l’idée de s
864
écieuse pour l’esprit. Elle ne fut pas tentée par
le
désir de nuire, mais l’idée de se diviniser, ce qui paraît en somme u
865
lle ne fut pas tentée par le désir de nuire, mais
l’
idée de se diviniser, ce qui paraît en somme une excellente idée. Par
866
fondamentale, Dieu n’aimait pas cette idée-là et
l’
excluait de sa réalité. Manger cette pomme et se diviniser de cette ma
867
rouvait qu’aux yeux de Dieu c’était un mal… Ainsi
la
tentation est toujours utopie — si l’utopie est l’imagination, puis l
868
mal… Ainsi la tentation est toujours utopie — si
l’
utopie est l’imagination, puis le désir d’un bien que le réel condamne
869
a tentation est toujours utopie — si l’utopie est
l’
imagination, puis le désir d’un bien que le réel condamne et que le pl
870
ours utopie — si l’utopie est l’imagination, puis
le
désir d’un bien que le réel condamne et que le plan divin ne prévoit
871
ie est l’imagination, puis le désir d’un bien que
le
réel condamne et que le plan divin ne prévoit pas. Satan, lorsqu’il t
872
is le désir d’un bien que le réel condamne et que
le
plan divin ne prévoit pas. Satan, lorsqu’il tente le Christ, lui prop
873
plan divin ne prévoit pas. Satan, lorsqu’il tente
le
Christ, lui propose trois utopies, trois moyens de gagner le monde pa
874
lui propose trois utopies, trois moyens de gagner
le
monde par un plus court chemin que le sentier de Golgotha. À l’origin
875
s de gagner le monde par un plus court chemin que
le
sentier de Golgotha. À l’origine, le « méchant » n’est pas celui qui
876
n plus court chemin que le sentier de Golgotha. À
l’
origine, le « méchant » n’est pas celui qui agit par méchanceté (à ses
877
t chemin que le sentier de Golgotha. À l’origine,
le
« méchant » n’est pas celui qui agit par méchanceté (à ses propres ye
878
t au moins). Mais c’est celui qui se persuade que
le
bien qu’il a conçu vaut mieux que le vrai bien. « Le méchant fait une
879
persuade que le bien qu’il a conçu vaut mieux que
le
vrai bien. « Le méchant fait une œuvre qui le trompe. » Or, c’est par
880
bien qu’il a conçu vaut mieux que le vrai bien. «
Le
méchant fait une œuvre qui le trompe. » Or, c’est parce qu’il se trom
881
que le vrai bien. « Le méchant fait une œuvre qui
le
trompe. » Or, c’est parce qu’il se trompe d’abord que son œuvre va le
882
st parce qu’il se trompe d’abord que son œuvre va
le
tromper. La réalité méprisée se vengera automatiquement. Le péché est
883
il se trompe d’abord que son œuvre va le tromper.
La
réalité méprisée se vengera automatiquement. Le péché est une faute,
884
. La réalité méprisée se vengera automatiquement.
Le
péché est une faute, mais faute signifie tout à la fois erreur et chu
885
’est après plusieurs générations de pécheurs dans
l’
histoire, ou de péchés dans une vie, que le mal finira par exister en
886
s dans l’histoire, ou de péchés dans une vie, que
le
mal finira par exister en soi, apparence encore, mais active, contre
887
est à ce moment-là que Baudelaire peut écrire : «
L’
homme et la femme savent de naissance que dans le mal se trouve la vol
888
ment-là que Baudelaire peut écrire : « L’homme et
la
femme savent de naissance que dans le mal se trouve la volupté… La vo
889
L’homme et la femme savent de naissance que dans
le
mal se trouve la volupté… La volupté unique et suprême gît dans la ce
890
mme savent de naissance que dans le mal se trouve
la
volupté… La volupté unique et suprême gît dans la certitude de faire
891
e naissance que dans le mal se trouve la volupté…
La
volupté unique et suprême gît dans la certitude de faire le mal. » Ma
892
la volupté… La volupté unique et suprême gît dans
la
certitude de faire le mal. » Mais ici se sont déclenchés les mécanism
893
unique et suprême gît dans la certitude de faire
le
mal. » Mais ici se sont déclenchés les mécanismes compliqués de la pe
894
de de faire le mal. » Mais ici se sont déclenchés
les
mécanismes compliqués de la perversion, de l’autopunition d’une consc
895
i se sont déclenchés les mécanismes compliqués de
la
perversion, de l’autopunition d’une conscience déchirée, et du désir
896
és les mécanismes compliqués de la perversion, de
l’
autopunition d’une conscience déchirée, et du désir enfin de se détrui
897
à sa manière encore, aux conséquences du mal que
l’
on a fait ; pour se châtier soi-même sans réparer. C’est le mystère du
898
it ; pour se châtier soi-même sans réparer. C’est
le
mystère du suicide et la logique de Judas, la suprême utopie. m. R
899
même sans réparer. C’est le mystère du suicide et
la
logique de Judas, la suprême utopie. m. Rougemont Denis de, « Les
900
est le mystère du suicide et la logique de Judas,
la
suprême utopie. m. Rougemont Denis de, « Les tours du diable V : L
901
s, la suprême utopie. m. Rougemont Denis de, «
Les
tours du diable V : Le tentateur », La Vie protestante, Genève, 12 no
902
m. Rougemont Denis de, « Les tours du diable V :
Le
tentateur », La Vie protestante, Genève, 12 novembre 1943, p. 2.
903
nis de, « Les tours du diable V : Le tentateur »,
La
Vie protestante, Genève, 12 novembre 1943, p. 2.
904
Les
tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation (19 nov
905
Les tours du diable VI :
Le
mal du siècle : la dépersonnalisation (19 novembre 1943)n Le phila
906
Les tours du diable VI : Le mal du siècle :
la
dépersonnalisation (19 novembre 1943)n Le philanthrope ou le monda
907
le : la dépersonnalisation (19 novembre 1943)n
Le
philanthrope ou le mondain, l’artiste, l’auteur, et l’homme qui réuss
908
isation (19 novembre 1943)n Le philanthrope ou
le
mondain, l’artiste, l’auteur, et l’homme qui réussit, cette galerie d
909
novembre 1943)n Le philanthrope ou le mondain,
l’
artiste, l’auteur, et l’homme qui réussit, cette galerie de victimes e
910
43)n Le philanthrope ou le mondain, l’artiste,
l’
auteur, et l’homme qui réussit, cette galerie de victimes est classiqu
911
ilanthrope ou le mondain, l’artiste, l’auteur, et
l’
homme qui réussit, cette galerie de victimes est classique au point d’
912
paraît se soucier de moins en moins de persuader
l’
individu, dans une époque où celui-ci n’existe guère. Son ambition se
913
ui-ci n’existe guère. Son ambition se tourne vers
les
masses. Ici nous abordons enfin la grande stratégie du diable dans ce
914
e tourne vers les masses. Ici nous abordons enfin
la
grande stratégie du diable dans ce siècle. La meilleure interprétatio
915
fin la grande stratégie du diable dans ce siècle.
La
meilleure interprétation des phénomènes collectifs d’aujourd’hui fut
916
collectifs d’aujourd’hui fut donnée vers 1848 par
l’
écrivain danois Kierkegaard, le penseur capital de notre ère. Voici ce
917
nnée vers 1848 par l’écrivain danois Kierkegaard,
le
penseur capital de notre ère. Voici ce que l’on peut lire dans son jo
918
rd, le penseur capital de notre ère. Voici ce que
l’
on peut lire dans son journal intime : En opposition aux distinctions
919
Moyen Âge et des époques qui discutaient sans fin
les
cas de possession, c’est-à-dire d’individus particuliers se livrant a
920
e livrant au mal, je voudrais écrire un livre sur
la
possession diabolique dans les temps modernes, et montrer comment l’h
921
écrire un livre sur la possession diabolique dans
les
temps modernes, et montrer comment l’humanité qui se donne au diable,
922
lique dans les temps modernes, et montrer comment
l’
humanité qui se donne au diable, de nos jours, le fait en masse. C’est
923
l’humanité qui se donne au diable, de nos jours,
le
fait en masse. C’est pour cela que les gens se rassemblent en troupea
924
nos jours, le fait en masse. C’est pour cela que
les
gens se rassemblent en troupeaux, pour que l’hystérie naturelle et an
925
ue les gens se rassemblent en troupeaux, pour que
l’
hystérie naturelle et animale s’empare d’eux, pour qu’ils se sentent s
926
sentent stimulés, enflammés et hors d’eux-mêmes.
Les
scènes du Blocksberg sont le pendant exact de ces plaisirs démoniaque
927
t hors d’eux-mêmes. Les scènes du Blocksberg sont
le
pendant exact de ces plaisirs démoniaques, qui consistent à se perdre
928
elle, ayant perdu son moi, on ne sait plus ce que
l’
on est en train de faire ou de dire, on ne sait plus ce qui parle à tr
929
sait plus ce qui parle à travers vous, tandis que
le
sang court plus vite, que les yeux brillent et deviennent fixes, et q
930
ers vous, tandis que le sang court plus vite, que
les
yeux brillent et deviennent fixes, et que les passions bouillonnent.
931
que les yeux brillent et deviennent fixes, et que
les
passions bouillonnent. À quoi pouvait penser Kierkegaard lorsque, dan
932
roubles révolutionnaires qui marquaient en Europe
l’
irruption du libéralisme, du capitalisme et du nationalisme. Lui seul
933
capitalisme et du nationalisme. Lui seul avait vu
le
diable à l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres à nous, nations démocra
934
et du nationalisme. Lui seul avait vu le diable à
l’
œuvre dans ces œuvres — les nôtres à nous, nations démocratiques. Kier
935
aard a compris mieux que quiconque et avant tous,
le
principe diabolique créateur de la masse : fuir sa propre personne, n
936
et avant tous, le principe diabolique créateur de
la
masse : fuir sa propre personne, n’être plus responsable, donc plus c
937
coupable, et devenir du même coup participant de
la
puissance divinisée de l’Anonyme. Or l’Anonyme a bien des chances d’ê
938
ême coup participant de la puissance divinisée de
l’
Anonyme. Or l’Anonyme a bien des chances d’être celui qui aime à dire
939
cipant de la puissance divinisée de l’Anonyme. Or
l’
Anonyme a bien des chances d’être celui qui aime à dire : Je ne suis P
940
être celui qui aime à dire : Je ne suis Personne…
La
foule, c’est le lieu de rendez-vous des hommes qui se fuient, eux et
941
ime à dire : Je ne suis Personne… La foule, c’est
le
lieu de rendez-vous des hommes qui se fuient, eux et leur vocation. E
942
e n’est personne et tire de là son assurance dans
le
crime. « Il ne s’est pas trouvé un seul soldat pour porter la main su
943
Il ne s’est pas trouvé un seul soldat pour porter
la
main sur Caius Marius, telle est la vérité. Mais trois ou quatre femm
944
t pour porter la main sur Caius Marius, telle est
la
vérité. Mais trois ou quatre femmes, dans l’illusion d’être une foule
945
est la vérité. Mais trois ou quatre femmes, dans
l’
illusion d’être une foule, et que personne peut-être ne saurait dire q
946
le, et que personne peut-être ne saurait dire qui
l’
avait fait ou qui avait commencé, celles-là l’auraient eu ce courage !
947
qui l’avait fait ou qui avait commencé, celles-là
l’
auraient eu ce courage ! Ô mensonge !… Car une foule est une abstracti
948
n’a pas de mains, mais chaque homme isolé a, dans
la
règle, deux mains, et lorsqu’il porte ces deux mains sur Marius, ce s
949
ses mains, non celles du voisin, et non celles de
la
foule qui n’a pas de mains » (Kierkegaard). Reconnaissons ici la viei
950
a pas de mains » (Kierkegaard). Reconnaissons ici
la
vieille tactique, la sempiternelle tactique de Satan. Dès la première
951
rkegaard). Reconnaissons ici la vieille tactique,
la
sempiternelle tactique de Satan. Dès la première tentation en Eden, i
952
cours au même et unique artifice : faire croire à
l’
homme qu’il n’est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la Loi
953
est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que
la
Loi est douteuse, qu’on ne saura pas, et que d’ailleurs, une fois le
954
, qu’on ne saura pas, et que d’ailleurs, une fois
le
coup réussi, on sera Dieu soi-même, donc maître de fixer le bien et l
955
ussi, on sera Dieu soi-même, donc maître de fixer
le
bien et le mal à sa guise. « Alors ils entendirent la voix de l’Éter
956
ra Dieu soi-même, donc maître de fixer le bien et
le
mal à sa guise. « Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu, q
957
en et le mal à sa guise. « Alors ils entendirent
la
voix de l’Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’h
958
l à sa guise. « Alors ils entendirent la voix de
l’
Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa
959
ndirent la voix de l’Éternel Dieu, qui parcourait
le
jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la f
960
de l’Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers
le
soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éterne
961
l Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et
l’
homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu, au m
962
soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de
la
face de l’Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais l’Éterne
963
homme et sa femme se cachèrent loin de la face de
l’
Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais l’Éternel Dieu appe
964
ternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais
l’
Éternel Dieu appela l’homme et lui dit : Où es-tu ? Il répondit : J’ai
965
des arbres du jardin. Mais l’Éternel Dieu appela
l’
homme et lui dit : Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans
966
ù es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans
le
jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. E
967
ur, parce que je suis nu, et je me suis caché. Et
l’
Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mang
968
a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de
l’
arbre dont je t’avais défendu de manger ? L’homme répondit : La femme
969
gé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ?
L’
homme répondit : La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’
970
je t’avais défendu de manger ? L’homme répondit :
La
femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai m
971
a femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de
l’
arbre, et j’en ai mangé. Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi a
972
de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé. Et
l’
Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répo
973
’arbre, et j’en ai mangé. Et l’Éternel Dieu dit à
la
femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpent m’a
974
Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ?
La
femme répondit : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé. » (Gen. 3:
975
: Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit :
Le
serpent m’a séduite, et j’en ai mangé. » (Gen. 3:8-13) Voyez : ils vo
976
ls vont se cacher, ils n’y sont plus. Et quand on
les
attrape, ils disent que c’était l’autre. Ainsi les hommes de notre te
977
es attrape, ils disent que c’était l’autre. Ainsi
les
hommes de notre temps, poussés par leurs « complexes de culpabilité »
978
urs « complexes de culpabilité » et fuyant devant
l’
aveu de leurs fautes, vont se cacher dans les arbres, dans la foule. C
979
evant l’aveu de leurs fautes, vont se cacher dans
les
arbres, dans la foule. C’est-à-dire dans le lieu par excellence où l’
980
eurs fautes, vont se cacher dans les arbres, dans
la
foule. C’est-à-dire dans le lieu par excellence où l’on peut toujours
981
dans les arbres, dans la foule. C’est-à-dire dans
le
lieu par excellence où l’on peut toujours dire : c’était l’autre ! Et
982
oule. C’est-à-dire dans le lieu par excellence où
l’
on peut toujours dire : c’était l’autre ! Et dans le lieu où l’on est,
983
on peut toujours dire : c’était l’autre ! Et dans
le
lieu où l’on est, à coup sûr, le plus « loin de la face de l’Éternel
984
jours dire : c’était l’autre ! Et dans le lieu où
l’
on est, à coup sûr, le plus « loin de la face de l’Éternel ». Pour qu’
985
’autre ! Et dans le lieu où l’on est, à coup sûr,
le
plus « loin de la face de l’Éternel ». Pour qu’il n’y ait plus de res
986
e lieu où l’on est, à coup sûr, le plus « loin de
la
face de l’Éternel ». Pour qu’il n’y ait plus de responsabilité, il fa
987
’on est, à coup sûr, le plus « loin de la face de
l’
Éternel ». Pour qu’il n’y ait plus de responsabilité, il faut qu’il n’
988
’y a pas de réponse, je dis qu’il n’y a personne.
La
personne est en nous ce qui répond de nos actes, ce qui est « capable
989
suffit qu’il y ait une masse. Satan va donc créer
les
masses. Nous tenons ici le secret de sa grande stratégie : produire l
990
. Satan va donc créer les masses. Nous tenons ici
le
secret de sa grande stratégie : produire le péché en série et rationa
991
s ici le secret de sa grande stratégie : produire
le
péché en série et rationaliser la chasse aux âmes. Il faut avouer que
992
égie : produire le péché en série et rationaliser
la
chasse aux âmes. Il faut avouer que presque toutes nos inventions tec
993
tions techniques, la plupart de nos idéaux, enfin
l’
évolution générale du temps, favorisent ce plan de mille manières. Tou
994
nt ce plan de mille manières. Tout concourt, dans
le
cadre de nos vies, à nous priver du sentiment d’être une personne res
995
rticulier et à nos aptitudes normales. Au cinéma,
l’
individu moderne s’habitue à courir par délégation les aventures qui n
996
ndividu moderne s’habitue à courir par délégation
les
aventures qui ne lui arrivent pas. La radio, la presse, les meetings
997
délégation les aventures qui ne lui arrivent pas.
La
radio, la presse, les meetings monstres, l’invitent à prendre une par
998
les aventures qui ne lui arrivent pas. La radio,
la
presse, les meetings monstres, l’invitent à prendre une part sensible
999
res qui ne lui arrivent pas. La radio, la presse,
les
meetings monstres, l’invitent à prendre une part sensible — en imagin
1000
pas. La radio, la presse, les meetings monstres,
l’
invitent à prendre une part sensible — en imagination — aux grands évé
1001
imagination — aux grands événements qui opposent
les
Nations, ces abstractions personnifiées ; et les Révolutions incarnée
1002
les Nations, ces abstractions personnifiées ; et
les
Révolutions incarnées par leurs chefs. Tout cela contribue à l’arrach
1003
incarnées par leurs chefs. Tout cela contribue à
l’
arracher de sa vie propre, où il ne se passerait jamais rien de sembla
1004
s rien de semblable. Quant aux inconvénients et à
l’
ennui de cette vie propre, autrefois jugés normaux, ils apparaissent d
1005
s en plus inacceptables à mesure que se répandent
les
notions de progrès indéfini, de confort à tout prix, de succès rapide
1006
prix, de succès rapide, et à mesure que s’efface
la
croyance dans un au-delà. D’une part l’individu moderne est incité à
1007
s’efface la croyance dans un au-delà. D’une part
l’
individu moderne est incité à juger sa vie mesquine, et à la fuir ; d’
1008
moderne est incité à juger sa vie mesquine, et à
la
fuir ; d’autre part il est aspiré par les grandes émotions collective
1009
ne, et à la fuir ; d’autre part il est aspiré par
les
grandes émotions collectives. Cette répulsion et cette attraction jou
1010
. Cette répulsion et cette attraction jouent dans
le
même sens. Elles poussent l’homme à rechercher les occasions d’être d
1011
traction jouent dans le même sens. Elles poussent
l’
homme à rechercher les occasions d’être dépossédé de soi. Elles font d
1012
le même sens. Elles poussent l’homme à rechercher
les
occasions d’être dépossédé de soi. Elles font de chacun de nous un su
1013
lles font de chacun de nous un sujet prédisposé à
l’
hypnose collective, une victime virtuelle des passions de masse. Certe
1014
s, au sens précis de concentration d’hommes, sans
la
radio, les haut-parleurs, la presse et les transports rapides. Mais c
1015
précis de concentration d’hommes, sans la radio,
les
haut-parleurs, la presse et les transports rapides. Mais ces moyens t
1016
ation d’hommes, sans la radio, les haut-parleurs,
la
presse et les transports rapides. Mais ces moyens techniques n’ont pa
1017
s, sans la radio, les haut-parleurs, la presse et
les
transports rapides. Mais ces moyens techniques n’ont pas tout fait :
1018
Mais ces moyens techniques n’ont pas tout fait :
l’
homme les a faits d’abord, et ce n’est point par hasard qu’il a fait c
1019
s moyens techniques n’ont pas tout fait : l’homme
les
a faits d’abord, et ce n’est point par hasard qu’il a fait ceux-là et
1020
par hasard qu’il a fait ceux-là et non d’autres.
Les
véritables causes et racines du phénomène moderne des masses sont dan
1021
des masses sont dans notre attitude spirituelle.
La
foule n’est pas dans la rue seulement. Elle est dans la pensée des ho
1022
tre attitude spirituelle. La foule n’est pas dans
la
rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de ce temps, elle a
1023
le n’est pas dans la rue seulement. Elle est dans
la
pensée des hommes de ce temps, elle a ses sources au plus intime des
1024
s individuelles. Et c’est là seulement qu’on peut
la
dénoncer. n. Rougemont Denis de, « Les tours du diable VI : Le mal
1025
’on peut la dénoncer. n. Rougemont Denis de, «
Les
tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation », La V
1026
. Rougemont Denis de, « Les tours du diable VI :
Le
mal du siècle : la dépersonnalisation », La Vie protestante, Genève,
1027
de, « Les tours du diable VI : Le mal du siècle :
la
dépersonnalisation », La Vie protestante, Genève, 19 novembre 1943, p
1028
VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation »,
La
Vie protestante, Genève, 19 novembre 1943, p. 2.
1029
Les
tours du diable VII : La cinquième colonne (26 novembre 1943)o J’a
1030
es autres, de nous, et donc de moi aussi. Mais si
le
diable est partout, sa figure se brouille. Et les définitions que j’e
1031
le diable est partout, sa figure se brouille. Et
les
définitions que j’en ai données successivement, à force de se compens
1032
r une image nette et facilement reconnaissable de
la
personne de Satan ? C’est que le diable est justement celui qui n’est
1033
econnaissable de la personne de Satan ? C’est que
le
diable est justement celui qui n’est jamais clairement et honnêtement
1034
toujours pour être à la fois juge et partie dans
le
procès de sa définition. Un être paradoxal pas essence. Il est, oui,
1035
ce qui tend au néant, ce qui souhaite secrètement
la
destruction de l’existence, — celle des autres ou la sienne propre. S
1036
nt, ce qui souhaite secrètement la destruction de
l’
existence, — celle des autres ou la sienne propre. Sa qualité de n’êtr
1037
ssant mais non moins fascinant, il est sans doute
la
créature la plus poétique du monde, au sens romantique de ce terme. I
1038
on moins fascinant, il est sans doute la créature
la
plus poétique du monde, au sens romantique de ce terme. Il est beau a
1039
e. Il est beau aux yeux des naïfs qui croient que
le
mal doit être laid ; et il est d’une laideur irrésistiblement attiran
1040
affinés. En bref, il n’est jamais où vous pensiez
le
trouver. Il imite, en la caricaturant, l’action même du Saint-Esprit,
1041
t jamais où vous pensiez le trouver. Il imite, en
la
caricaturant, l’action même du Saint-Esprit, toujours ambiguë pour no
1042
pensiez le trouver. Il imite, en la caricaturant,
l’
action même du Saint-Esprit, toujours ambiguë pour notre doute et déco
1043
éconcertante pour notre raison. On sait assez que
le
procédé favori de la Cinquième Colonne consiste à semer la confusion
1044
é favori de la Cinquième Colonne consiste à semer
la
confusion dans le camp de l’adversaire en y répandant alternativement
1045
quième Colonne consiste à semer la confusion dans
le
camp de l’adversaire en y répandant alternativement de vraies et de f
1046
nne consiste à semer la confusion dans le camp de
l’
adversaire en y répandant alternativement de vraies et de fausses nouv
1047
tivement de vraies et de fausses nouvelles. Voilà
le
diable à l’œuvre dans nos vies ! Il est l’essence même de la Cinquièm
1048
vraies et de fausses nouvelles. Voilà le diable à
l’
œuvre dans nos vies ! Il est l’essence même de la Cinquième Colonne au
1049
Voilà le diable à l’œuvre dans nos vies ! Il est
l’
essence même de la Cinquième Colonne au siècle des siècles. Enfin — et
1050
t ceci doit me rendre prudent, personnellement —,
le
diable est l’être qui, lorsqu’une dénonciation le fait déguerpir de s
1051
rendre prudent, personnellement —, le diable est
l’
être qui, lorsqu’une dénonciation le fait déguerpir de sa cachette, va
1052
le diable est l’être qui, lorsqu’une dénonciation
le
fait déguerpir de sa cachette, va se loger de préférence chez celui q
1053
achette, va se loger de préférence chez celui qui
l’
a dénoncé, et qui se tient pour assuré dans sa bonne conscience. Au mo
1054
ans sa bonne conscience. Au moment où vous croyez
l’
attraper chez un autre et lui régler son compte — voici qu’il est deve
1055
! Mais alors ?… Eh bien ! si vous voulez déjouer
les
tours du diable, si vous tenez sérieusement à l’attraper, je vais vou
1056
les tours du diable, si vous tenez sérieusement à
l’
attraper, je vais vous dire où vous le trouverez le plus sûrement : da
1057
ieusement à l’attraper, je vais vous dire où vous
le
trouverez le plus sûrement : dans le fauteuil où vous êtes assis. o
1058
’attraper, je vais vous dire où vous le trouverez
le
plus sûrement : dans le fauteuil où vous êtes assis. o. Rougemont
1059
dire où vous le trouverez le plus sûrement : dans
le
fauteuil où vous êtes assis. o. Rougemont Denis de, « Les tours du
1060
l où vous êtes assis. o. Rougemont Denis de, «
Les
tours du diable VII : La cinquième colonne », La Vie protestante, Gen
1061
Les tours du diable VII : La cinquième colonne »,
La
Vie protestante, Genève, 26 novembre 1943, p. 2.
1062
Les
tours du diable VIII : Le diable démocrate (3 décembre 1943)p Le x
1063
Les tours du diable VIII :
Le
diable démocrate (3 décembre 1943)p Le xixe siècle, sans s’en dou
1064
VIII : Le diable démocrate (3 décembre 1943)p
Le
xixe siècle, sans s’en douter, a remplacé la Providence par le progr
1065
Le xixe siècle, sans s’en douter, a remplacé
la
Providence par le progrès automatique. Devant les résultats présents
1066
e, sans s’en douter, a remplacé la Providence par
le
progrès automatique. Devant les résultats présents de cette croyance
1067
la Providence par le progrès automatique. Devant
les
résultats présents de cette croyance quasi universelle dans les masse
1068
présents de cette croyance quasi universelle dans
les
masses et l’élite, l’on est induit à reconnaître que le Progrès autom
1069
tte croyance quasi universelle dans les masses et
l’
élite, l’on est induit à reconnaître que le Progrès automatique n’étai
1070
nce quasi universelle dans les masses et l’élite,
l’
on est induit à reconnaître que le Progrès automatique n’était qu’un d
1071
ses et l’élite, l’on est induit à reconnaître que
le
Progrès automatique n’était qu’un déguisement du diable. Non pas qu’a
1072
cun progrès réel soit diabolique en soi ! Mais si
l’
on s’abandonne au rêve du Progrès, laissant aller les choses avec l’ar
1073
on s’abandonne au rêve du Progrès, laissant aller
les
choses avec l’arrière-pensée fataliste et réconfortante que tout s’ar
1074
u rêve du Progrès, laissant aller les choses avec
l’
arrière-pensée fataliste et réconfortante que tout s’arrangera de soi-
1075
onfortante que tout s’arrangera de soi-même, dans
l’
ensemble et à la longue, alors le Progrès devient le plus dangereux de
1076
e soi-même, dans l’ensemble et à la longue, alors
le
Progrès devient le plus dangereux des soporifiques, une véritable dro
1077
ensemble et à la longue, alors le Progrès devient
le
plus dangereux des soporifiques, une véritable drogue du démon, l’un
1078
émon, l’un de ses nouveaux noms. Nous avons cru à
la
bonté foncière de l’homme. Par gentillesse pour les autres, évidemmen
1079
veaux noms. Nous avons cru à la bonté foncière de
l’
homme. Par gentillesse pour les autres, évidemment… Mais c’est toujour
1080
a bonté foncière de l’homme. Par gentillesse pour
les
autres, évidemment… Mais c’est toujours une manière de croire aussi à
1081
ussi à sa propre bonté. Et donc de s’aveugler sur
le
mal que l’on porte en soi. Et donc de ne pas se soucier de la présenc
1082
ropre bonté. Et donc de s’aveugler sur le mal que
l’
on porte en soi. Et donc de ne pas se soucier de la présence active du
1083
’on porte en soi. Et donc de ne pas se soucier de
la
présence active du démon. Et donc enfin de lui laisser le champ libre
1084
nce active du démon. Et donc enfin de lui laisser
le
champ libre pour nous duper. Nous avons cru que le mal était relatif
1085
e champ libre pour nous duper. Nous avons cru que
le
mal était relatif dans le monde, qu’il provenait d’une mauvaise répar
1086
per. Nous avons cru que le mal était relatif dans
le
monde, qu’il provenait d’une mauvaise répartition des biens, d’une éd
1087
ont eu pour principal effet de nous aveugler sur
la
réalité de l’homme, c’est-à-dire sur la réalité essentielle du mal en
1088
rincipal effet de nous aveugler sur la réalité de
l’
homme, c’est-à-dire sur la réalité essentielle du mal enraciné dans no
1089
ugler sur la réalité de l’homme, c’est-à-dire sur
la
réalité essentielle du mal enraciné dans notre liberté, dans nos donn
1090
s notre liberté, dans nos données premières, dans
la
nature et dans la définition même de l’homme en tant qu’il est humain
1091
ans nos données premières, dans la nature et dans
la
définition même de l’homme en tant qu’il est humain. Nous avons été o
1092
res, dans la nature et dans la définition même de
l’
homme en tant qu’il est humain. Nous avons été optimistes par principe
1093
presque par savoir-vivre, dirait-on, malgré tous
les
démentis de la réalité. Cet optimisme n’est pas la confiance naïve de
1094
oir-vivre, dirait-on, malgré tous les démentis de
la
réalité. Cet optimisme n’est pas la confiance naïve de l’enfant, mais
1095
s démentis de la réalité. Cet optimisme n’est pas
la
confiance naïve de l’enfant, mais une espèce de mensonge. Exactement
1096
té. Cet optimisme n’est pas la confiance naïve de
l’
enfant, mais une espèce de mensonge. Exactement : une fuite devant le
1097
espèce de mensonge. Exactement : une fuite devant
le
réel. Car dans le réel, nous savons bien qu’il y a du mal, qu’il y a
1098
. Exactement : une fuite devant le réel. Car dans
le
réel, nous savons bien qu’il y a du mal, qu’il y a l’action du diable
1099
éel, nous savons bien qu’il y a du mal, qu’il y a
l’
action du diable. Mais cela nous scandalise et nous effraye. Alors nou
1100
et nous effraye. Alors nous essayons de conjurer
le
mal en le niant : c’est encore la mentalité magique. Nous pensons que
1101
ffraye. Alors nous essayons de conjurer le mal en
le
niant : c’est encore la mentalité magique. Nous pensons que celui qui
1102
ons de conjurer le mal en le niant : c’est encore
la
mentalité magique. Nous pensons que celui qui dénonce le mal comme fo
1103
alité magique. Nous pensons que celui qui dénonce
le
mal comme fondamental doit être lui-même très méchant. Nous croyons q
1104
lui-même très méchant. Nous croyons qu’en avouant
le
mal, nous le créons d’une certaine manière. Nous préférons ne pas ins
1105
méchant. Nous croyons qu’en avouant le mal, nous
le
créons d’une certaine manière. Nous préférons ne pas insister. Nous «
1106
ent incapables de comprendre ce qui se passe dans
le
monde, et nous livrent aux ruses les plus simples du Malin. Nous avon
1107
se passe dans le monde, et nous livrent aux ruses
les
plus simples du Malin. Nous avons éliminé de notre existence bourgeoi
1108
Nous avons éliminé de notre existence bourgeoise
le
sens du tragique, pour nous tourner exclusivement vers la recherche d
1109
du tragique, pour nous tourner exclusivement vers
la
recherche du confort et des vertus moyennes. ⁂ De même que nous disio
1110
pendant c’était vrai, mais cela nous gênait. Nous
l’
écartions irrésistiblement de nos pensées… Car si ce « trop affreux »
1111
s vies aussi, et que d’une certaine manière, nous
l’
aimions ! Voilà le grand secret. Le diable a réussi à faire croire aux
1112
ue d’une certaine manière, nous l’aimions ! Voilà
le
grand secret. Le diable a réussi à faire croire aux démocrates qu’ils
1113
manière, nous l’aimions ! Voilà le grand secret.
Le
diable a réussi à faire croire aux démocrates qu’ils n’aimaient pas d
1114
oire aux démocrates qu’ils n’aimaient pas du tout
le
mal, qu’ils ne le désiraient nullement, qu’ils étaient bons et les au
1115
s qu’ils n’aimaient pas du tout le mal, qu’ils ne
le
désiraient nullement, qu’ils étaient bons et les autres méchants, et
1116
e le désiraient nullement, qu’ils étaient bons et
les
autres méchants, et que c’était tellement simple… Comme je voudrais q
1117
s que cela soit aussi simple ! Ne fût-ce que pour
le
moral militaire. Car, ainsi qu’aimait à le répéter un fameux général
1118
e pour le moral militaire. Car, ainsi qu’aimait à
le
répéter un fameux général autrichien, Conrad von Hötzendorf : « Tout
1119
t pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour
la
guerre. » C’est sans doute vrai pour une armée. Mais cette guerre-ci
1120
us que des armées. Elle oppose des conceptions de
la
vie. C’est une espèce de guerre civile mondiale. Elle sera perdue si
1121
ondiale. Elle sera perdue si nous perdons d’abord
le
sens de la réalité morale. ⁂ L’une des leçons claires qui se dégagent
1122
le sera perdue si nous perdons d’abord le sens de
la
réalité morale. ⁂ L’une des leçons claires qui se dégagent des événem
1123
des événements actuels me paraît être celle-ci :
la
haine purement sentimentale du mal qui est chez autrui peut aveugler
1124
tale du mal qui est chez autrui peut aveugler sur
le
mal que l’on porte en soi, et sur le sérieux du mal en général. La co
1125
qui est chez autrui peut aveugler sur le mal que
l’
on porte en soi, et sur le sérieux du mal en général. La condamnation
1126
aveugler sur le mal que l’on porte en soi, et sur
le
sérieux du mal en général. La condamnation trop facile du méchant qui
1127
orte en soi, et sur le sérieux du mal en général.
La
condamnation trop facile du méchant qui est en face peut recouvrir et
1128
it une caricature du vice d’autrui pour éviter de
le
reconnaître en lui-même. … C’est pourquoi nous dirons aujourd’hui aux
1129
ns aujourd’hui aux braves démocrates : — Regardez
le
diable qui est parmi nous ! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler
1130
-mêmes qu’il s’arrangera toujours pour ressembler
le
plus ! C’est en vous seulement que vous le prendrez sur le fait. Et a
1131
embler le plus ! C’est en vous seulement que vous
le
prendrez sur le fait. Et alors seulement, vous serez en état de la dé
1132
C’est en vous seulement que vous le prendrez sur
le
fait. Et alors seulement, vous serez en état de la dépister chez autr
1133
e fait. Et alors seulement, vous serez en état de
la
dépister chez autrui, et de l’y combattre avec succès. Car alors seul
1134
s serez en état de la dépister chez autrui, et de
l’
y combattre avec succès. Car alors seulement, vous serez guéris de vot
1135
ez guéris de votre naïveté invraisemblable devant
le
danger totalitaire. Vous pourrez échapper à l’hypnose. p. Rougemon
1136
nt le danger totalitaire. Vous pourrez échapper à
l’
hypnose. p. Rougemont Denis de, « Les tours du diable VIII : Le dia
1137
échapper à l’hypnose. p. Rougemont Denis de, «
Les
tours du diable VIII : Le diable démocrate », La Vie protestante, Gen
1138
Rougemont Denis de, « Les tours du diable VIII :
Le
diable démocrate », La Vie protestante, Genève, 3 décembre 1943, p. 2
1139
Les tours du diable VIII : Le diable démocrate »,
La
Vie protestante, Genève, 3 décembre 1943, p. 2.
1140
Les
tours du diable IX : « Nous sommes tous coupables » (10 décembre 1943
1141
oupables » (10 décembre 1943)q Chacun sait que
les
« primitifs » de la Mélanésie, victimes des plus célèbres études soci
1142
re 1943)q Chacun sait que les « primitifs » de
la
Mélanésie, victimes des plus célèbres études sociologiques du siècle,
1143
iologiques du siècle, ont coutume de personnifier
les
forces mauvaises qui les menacent, les causes des crimes, des acciden
1144
coutume de personnifier les forces mauvaises qui
les
menacent, les causes des crimes, des accidents, de la stérilité ou de
1145
rsonnifier les forces mauvaises qui les menacent,
les
causes des crimes, des accidents, de la stérilité ou de la mort. Que
1146
enacent, les causes des crimes, des accidents, de
la
stérilité ou de la mort. Que ce soit un sorcier, un profanateur du sa
1147
des crimes, des accidents, de la stérilité ou de
la
mort. Que ce soit un sorcier, un profanateur du sacré, un animal, un
1148
imal, un nuage, un bout de bois colorié, toujours
la
cause du mal dont souffrent ces sauvages est indépendante d’eux-mêmes
1149
rent ces sauvages est indépendante d’eux-mêmes. À
l’
inverse, le christianisme s’est efforcé depuis des siècles de nous fai
1150
uvages est indépendante d’eux-mêmes. À l’inverse,
le
christianisme s’est efforcé depuis des siècles de nous faire comprend
1151
é depuis des siècles de nous faire comprendre que
le
Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi est en nous, et que le
1152
omprendre que le Royaume de Dieu est en nous, que
le
Mal aussi est en nous, et que le champ de leur bataille n’est pas ail
1153
est en nous, que le Mal aussi est en nous, et que
le
champ de leur bataille n’est pas ailleurs que dans nos cœurs. Cette é
1154
imitivisme. Nous rendons responsables de nos maux
les
gens d’en face, toujours, ou la force des choses. Si nous sommes révo
1155
bles de nos maux les gens d’en face, toujours, ou
la
force des choses. Si nous sommes révolutionnaires, nous croyons qu’en
1156
es révolutionnaires, nous croyons qu’en changeant
la
disposition de certains objets — en déplaçant les richesses, par exem
1157
la disposition de certains objets — en déplaçant
les
richesses, par exemple — nous supprimerons les causes des maux du siè
1158
nt les richesses, par exemple — nous supprimerons
les
causes des maux du siècle. Si nous sommes des capitalistes, nous croy
1159
teurs du droit, ou « sorciers », nous rétablirons
la
paix et la prospérité. Nous sommes encore en pleine mentalité magique
1160
oit, ou « sorciers », nous rétablirons la paix et
la
prospérité. Nous sommes encore en pleine mentalité magique. Comme de
1161
. Comme de petits enfants en colère, nous battons
la
table à laquelle nous nous sommes heurtés. Ou comme Xerxès, nous flag
1162
sommes heurtés. Ou comme Xerxès, nous flagellons
les
eaux de l’Hellespont, à grands coups de discours sur les ondes courte
1163
tés. Ou comme Xerxès, nous flagellons les eaux de
l’
Hellespont, à grands coups de discours sur les ondes courtes. Nous oub
1164
x de l’Hellespont, à grands coups de discours sur
les
ondes courtes. Nous oublions ce fait fondamental : c’est qu’en réalit
1165
tout homme porte dans son corps (et dans son âme)
les
microbes de toutes les maladies connues, et de bien d’autres. Anéanti
1166
on corps (et dans son âme) les microbes de toutes
les
maladies connues, et de bien d’autres. Anéantir les signes extérieurs
1167
s maladies connues, et de bien d’autres. Anéantir
les
signes extérieurs de la menace ne serait nullement suffisant pour nou
1168
bien d’autres. Anéantir les signes extérieurs de
la
menace ne serait nullement suffisant pour nous en délivrer. Ces signe
1169
ntes qui pourraient bien se développer un jour, à
la
faveur de la misère ou de la fatigue, ou de quelque déséquilibre temp
1170
raient bien se développer un jour, à la faveur de
la
misère ou de la fatigue, ou de quelque déséquilibre temporaire. L’adv
1171
évelopper un jour, à la faveur de la misère ou de
la
fatigue, ou de quelque déséquilibre temporaire. L’adversaire est touj
1172
a fatigue, ou de quelque déséquilibre temporaire.
L’
adversaire est toujours en nous. Et c’est pourquoi je pense que le chr
1173
toujours en nous. Et c’est pourquoi je pense que
le
chrétien véritable serait cet homme qui n’aurait d’autre ennemi à cra
1174
ne volonté ». Pourtant voyez ce qui se passe dans
le
monde, et dites qui l’a fait. Le diable ? Oui, mais par nos mains et
1175
voyez ce qui se passe dans le monde, et dites qui
l’
a fait. Le diable ? Oui, mais par nos mains et nos pensées. C’est ici
1176
ui se passe dans le monde, et dites qui l’a fait.
Le
diable ? Oui, mais par nos mains et nos pensées. C’est ici le moment
1177
Oui, mais par nos mains et nos pensées. C’est ici
le
moment de nous rappeler notre slogan démocratique : Tous les hommes s
1178
de nous rappeler notre slogan démocratique : Tous
les
hommes se valent ! Certes, il y a des degrés dans le mal, il y a des
1179
hommes se valent ! Certes, il y a des degrés dans
le
mal, il y a des inégalités dans la responsabilité. Mais nous sommes t
1180
es degrés dans le mal, il y a des inégalités dans
la
responsabilité. Mais nous sommes tous dans le mal, nous sommes tous l
1181
ans la responsabilité. Mais nous sommes tous dans
le
mal, nous sommes tous les complices des plus grandes responsables du
1182
is nous sommes tous dans le mal, nous sommes tous
les
complices des plus grandes responsables du monde. Cependant, évitons
1183
dant, évitons à tout prix un malentendu menaçant.
L’
intention des remarques précédentes n’est nullement de justifier « les
1184
arques précédentes n’est nullement de justifier «
les
autres », que l’on avait d’abord accusés de tout le mal ; ni de nous
1185
n’est nullement de justifier « les autres », que
l’
on avait d’abord accusés de tout le mal ; ni de nous fourrer tous dans
1186
autres », que l’on avait d’abord accusés de tout
le
mal ; ni de nous fourrer tous dans le même sac, sans distinctions… Je
1187
sés de tout le mal ; ni de nous fourrer tous dans
le
même sac, sans distinctions… Je veux dire ceci : nous sommes tous cou
1188
veux dire ceci : nous sommes tous coupables dans
la
mesure où nous ne reconnaissons pas et ne condamnons pas en nous auss
1189
onnaissons pas et ne condamnons pas en nous aussi
la
mentalité totalitaire, c’est-à-dire la présence active et personnelle
1190
nous aussi la mentalité totalitaire, c’est-à-dire
la
présence active et personnelle du démon dans nos passions, dans notre
1191
de et qui juge nos intérêts « vitaux » (comme ils
le
sont toujours…). Mais, si je ressemble à un criminel, cela ne justifi
1192
je ressemble à un criminel, cela ne justifie pas
le
criminel, cela me condamne. Et puisqu’il faut combattre le crime, je
1193
el, cela me condamne. Et puisqu’il faut combattre
le
crime, je ne dirai pas que je vais laisser courir le criminel d’en fa
1194
crime, je ne dirai pas que je vais laisser courir
le
criminel d’en face, pour mieux me livrer d’abord à ma réforme intérie
1195
ma réforme intérieure ! Je dirai au contraire que
la
lutte pour me réformer et la lutte pour empêcher le criminel de pours
1196
rai au contraire que la lutte pour me réformer et
la
lutte pour empêcher le criminel de poursuivre ses méfaits, sont une s
1197
lutte pour me réformer et la lutte pour empêcher
le
criminel de poursuivre ses méfaits, sont une seule et même lutte. Que
1198
t de gagner cette lutte en moi seulement, puisque
le
criminel risquerait de me supprimer ? Que servirait de la gagner hors
1199
nel risquerait de me supprimer ? Que servirait de
la
gagner hors de moi seulement, puisque je risquerais de devenir à mon
1200
l n’y a qu’un crime, en moi et hors de moi. C’est
le
même diable ! Et ceci n’est qu’un post-scriptum à l’adresse des pacif
1201
même diable ! Et ceci n’est qu’un post-scriptum à
l’
adresse des pacifistes : « Nous sommes tous coupables, me disent-ils,
1202
s coupables, me disent-ils, donc nous n’avons pas
le
droit moral de nous battre contre celui que nous tenons pour un coupa
1203
s persuadés, il ne nous reste plus qu’à combattre
le
mal, en nous et hors de nous ; c’est le même mal ! En nous par des mo
1204
combattre le mal, en nous et hors de nous ; c’est
le
même mal ! En nous par des moyens spirituels et moraux, hors de nous
1205
es moyens matériels et militaires, conformément à
la
nature du péril. Si quelqu’un met le feu à une maison, il faut des po
1206
nformément à la nature du péril. Si quelqu’un met
le
feu à une maison, il faut des pompiers, coupables ou non, pour éteind
1207
aut des pompiers, coupables ou non, pour éteindre
l’
incendie ; et des policiers, coupables ou non, pour arrêter l’incendia
1208
et des policiers, coupables ou non, pour arrêter
l’
incendiaire. Or l’histoire nous a mis, bon gré mal gré, dans le rôle t
1209
coupables ou non, pour arrêter l’incendiaire. Or
l’
histoire nous a mis, bon gré mal gré, dans le rôle technique des pompi
1210
. Or l’histoire nous a mis, bon gré mal gré, dans
le
rôle technique des pompiers et des gendarmes. Cela ne fait pas de nou
1211
implique même pas que nous soyons « meilleurs que
les
autres ». Mais nous serons sûrement pires si nous ne faisons pas notr
1212
ons pas notre métier. q. Rougemont Denis de, «
Les
tours du diable IX : “Nous sommes tous coupables” », La Vie protestan
1213
rs du diable IX : “Nous sommes tous coupables” »,
La
Vie protestante, Genève, 10 décembre 1943, p. 2.
1214
Les
tours du diable X : Le diable homme du monde (17 décembre 1943)r Q
1215
Les tours du diable X :
Le
diable homme du monde (17 décembre 1943)r Qui donc disait que le d
1216
monde (17 décembre 1943)r Qui donc disait que
le
diable est un monsieur très bien ? Entre les gens du monde et le Prin
1217
t que le diable est un monsieur très bien ? Entre
les
gens du monde et le Prince de ce monde, les mots suggèrent, dans pres
1218
n monsieur très bien ? Entre les gens du monde et
le
Prince de ce monde, les mots suggèrent, dans presque toutes les langu
1219
Entre les gens du monde et le Prince de ce monde,
les
mots suggèrent, dans presque toutes les langues, certaines complicité
1220
ce monde, les mots suggèrent, dans presque toutes
les
langues, certaines complicités particulières. Et le peuple, inspiré p
1221
langues, certaines complicités particulières. Et
le
peuple, inspiré peut-être par les traditionnels avertissements de la
1222
articulières. Et le peuple, inspiré peut-être par
les
traditionnels avertissements de la chaire chrétienne, a toujours vu d
1223
peut-être par les traditionnels avertissements de
la
chaire chrétienne, a toujours vu dans la « mondanité » quelque chose
1224
ments de la chaire chrétienne, a toujours vu dans
la
« mondanité » quelque chose de vaguement satanique. Il imaginerait vo
1225
lontiers un diable en cravate blanche et monoclé.
Le
diable, dit un proverbe espagnol, n’est pas à craindre parce qu’il es
1226
hant, mais parce qu’il est si vieux. C’est ce que
l’
on peut penser aussi des gens du monde, et de la sagesse mondaine en g
1227
e l’on peut penser aussi des gens du monde, et de
la
sagesse mondaine en général. Elle a son charme et son utilité ; mais
1228
t par ne plus croire au bien, ni au sérieux, ni à
la
naïveté, cette insondable ruse des cœurs purs qui leur permet de pass
1229
ermet de passer au travers des cercles vicieux de
la
raison et de l’égoïsme « bien compris ». La fonction normale de la vi
1230
au travers des cercles vicieux de la raison et de
l’
égoïsme « bien compris ». La fonction normale de la vie mondaine serai
1231
ux de la raison et de l’égoïsme « bien compris ».
La
fonction normale de la vie mondaine serait de maintenir et d’illustre
1232
’égoïsme « bien compris ». La fonction normale de
la
vie mondaine serait de maintenir et d’illustrer un certain nombre de
1233
l n’y a rien là de diabolique, tout au contraire.
Le
jeu mondain, s’il est bien joué, ménage autant de liberté qu’il ne su
1234
erté qu’il ne suppose, dit-on, d’hypocrisie. Il a
le
charme reposant des formes fixes. Mais le mondain qui n’est que cela
1235
e. Il a le charme reposant des formes fixes. Mais
le
mondain qui n’est que cela inspire une sorte d’effroi furtif, révélat
1236
évélateur d’une présence perverse au sein même de
l’
insignifiance. L’exactitude impitoyable de ses jugements, qui ne porte
1237
résence perverse au sein même de l’insignifiance.
L’
exactitude impitoyable de ses jugements, qui ne portent d’ailleurs que
1238
; sa propension presque maniaque à n’attacher de
l’
importance qu’à un détail fortuit dans un être ou une œuvre ; tous ces
1239
ne œuvre ; tous ces traits qui pourraient dénoter
l’
exigence d’un artiste véritable, prennent soudain quelque chose de sat
1240
ennent soudain quelque chose de satanique lorsque
l’
on s’aperçoit de la stérilité du personnage, et des effets stérilisant
1241
que chose de satanique lorsque l’on s’aperçoit de
la
stérilité du personnage, et des effets stérilisants qu’entraîne sa fr
1242
isants qu’entraîne sa fréquentation. Ce n’est pas
le
goût ni même le pédantisme de la forme qui est satanique, c’est le go
1243
ne sa fréquentation. Ce n’est pas le goût ni même
le
pédantisme de la forme qui est satanique, c’est le goût de la forme i
1244
on. Ce n’est pas le goût ni même le pédantisme de
la
forme qui est satanique, c’est le goût de la forme imitée. Le milieu
1245
e pédantisme de la forme qui est satanique, c’est
le
goût de la forme imitée. Le milieu mondain le plus suavement correct
1246
e de la forme qui est satanique, c’est le goût de
la
forme imitée. Le milieu mondain le plus suavement correct et moral pe
1247
est satanique, c’est le goût de la forme imitée.
Le
milieu mondain le plus suavement correct et moral peut fort bien être
1248
est le goût de la forme imitée. Le milieu mondain
le
plus suavement correct et moral peut fort bien être préféré par le di
1249
correct et moral peut fort bien être préféré par
le
diable à ces milieux bohèmes et de mœurs relâchées qui se croiraient
1250
lontiers damnés. C’est, je crois, parce que, dans
le
monde, un miracle paraît plus qu’ailleurs improbable. r. Rougemont
1251
’ailleurs improbable. r. Rougemont Denis de, «
Les
tours du diable X : Le diable homme du monde », La Vie protestante, G
1252
r. Rougemont Denis de, « Les tours du diable X :
Le
diable homme du monde », La Vie protestante, Genève, 17 décembre 1943
1253
s tours du diable X : Le diable homme du monde »,
La
Vie protestante, Genève, 17 décembre 1943, p. 2.
1254
Les
tours du diable XI : Le diable dans nos dieux (24 décembre 1943)s
1255
Les tours du diable XI :
Le
diable dans nos dieux (24 décembre 1943)s Nous avons parlé de l’in
1256
dieux (24 décembre 1943)s Nous avons parlé de
l’
incognito du diable. Mais il existe aussi un incognito divin, et c’est
1257
Mais il existe aussi un incognito divin, et c’est
l’
Incarnation, c’est-à-dire Dieu caché autant que révélé dans l’homme Jé
1258
n, c’est-à-dire Dieu caché autant que révélé dans
l’
homme Jésus. Quelques-uns seulement surent reconnaître le Christ dans
1259
Jésus. Quelques-uns seulement surent reconnaître
le
Christ dans le fils de Joseph, charpentier de village. Mais l’incogni
1260
s-uns seulement surent reconnaître le Christ dans
le
fils de Joseph, charpentier de village. Mais l’incognito et l’alibi d
1261
s le fils de Joseph, charpentier de village. Mais
l’
incognito et l’alibi du diable sont exactement inverses : c’est dans l
1262
seph, charpentier de village. Mais l’incognito et
l’
alibi du diable sont exactement inverses : c’est dans l’image de nos d
1263
i du diable sont exactement inverses : c’est dans
l’
image de nos dieux qu’il va se dissimuler, au cœur même de nos idéaux
1264
nos idéaux et de nos vérités trop humaines, dans
les
religions que nous confabulons en dehors de la foi révélée. Le diable
1265
s les religions que nous confabulons en dehors de
la
foi révélée. Le diable nous empêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Ch
1266
que nous confabulons en dehors de la foi révélée.
Le
diable nous empêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’i
1267
che de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à
l’
inverse, il nous empêche aussi de nous reconnaître dans nos idoles. Vo
1268
e nous reconnaître dans nos idoles. Voici comment
les
hommes s’enchaînent aux dieux qu’ils créent. Ceux qui ne l’ignoraient
1269
s’enchaînent aux dieux qu’ils créent. Ceux qui ne
l’
ignoraient pas ont renié la Révélation. Dès lors ils en étaient réduit
1270
ls créent. Ceux qui ne l’ignoraient pas ont renié
la
Révélation. Dès lors ils en étaient réduits à inventer Dieu. Mais on
1271
its à inventer Dieu. Mais on n’invente que ce que
l’
on est sans le savoir. Ils ont donc inventé un « Dieu » qui était le m
1272
Dieu. Mais on n’invente que ce que l’on est sans
le
savoir. Ils ont donc inventé un « Dieu » qui était le moi conscient o
1273
avoir. Ils ont donc inventé un « Dieu » qui était
le
moi conscient ou inconscient de ses croyants. Une image de leur impér
1274
ne compensation rêvée de leurs défauts. Et ce fut
le
Dieu de la raison pour les tempéraments rationalistes, le Dieu de l’i
1275
tion rêvée de leurs défauts. Et ce fut le Dieu de
la
raison pour les tempéraments rationalistes, le Dieu de l’instinct et
1276
eurs défauts. Et ce fut le Dieu de la raison pour
les
tempéraments rationalistes, le Dieu de l’instinct et de la passion po
1277
de la raison pour les tempéraments rationalistes,
le
Dieu de l’instinct et de la passion pour les hypercivilisés, le Dieu
1278
n pour les tempéraments rationalistes, le Dieu de
l’
instinct et de la passion pour les hypercivilisés, le Dieu du succès p
1279
aments rationalistes, le Dieu de l’instinct et de
la
passion pour les hypercivilisés, le Dieu du succès pour les robustes
1280
stes, le Dieu de l’instinct et de la passion pour
les
hypercivilisés, le Dieu du succès pour les robustes puritains, le Die
1281
nstinct et de la passion pour les hypercivilisés,
le
Dieu du succès pour les robustes puritains, le Dieu philanthrope pour
1282
n pour les hypercivilisés, le Dieu du succès pour
les
robustes puritains, le Dieu philanthrope pour les avares et les timid
1283
s, le Dieu du succès pour les robustes puritains,
le
Dieu philanthrope pour les avares et les timides, etc. Tout ceci pour
1284
les robustes puritains, le Dieu philanthrope pour
les
avares et les timides, etc. Tout ceci pour la bourgeoisie et le siècl
1285
uritains, le Dieu philanthrope pour les avares et
les
timides, etc. Tout ceci pour la bourgeoisie et le siècle individualis
1286
ur les avares et les timides, etc. Tout ceci pour
la
bourgeoisie et le siècle individualiste. Les suivants, nos contempora
1287
es timides, etc. Tout ceci pour la bourgeoisie et
le
siècle individualiste. Les suivants, nos contemporains, moins hypocri
1288
pour la bourgeoisie et le siècle individualiste.
Les
suivants, nos contemporains, moins hypocrites que leurs prédécesseurs
1289
ce, ou Classe. Dans ces trois entités divinisées,
le
moi n’est plus déguisé qu’en un nous. Et ces trois entités ont ceci d
1290
rien devant personne, s’étant faites elles-mêmes
les
critères de toute vérité purement humaine, et décrétant qu’il n’est p
1291
est plus d’autre vérité. Or, aux yeux de ceux qui
les
servent, l’homme n’existe qu’en elles et par elles. Dans la mesure où
1292
tre vérité. Or, aux yeux de ceux qui les servent,
l’
homme n’existe qu’en elles et par elles. Dans la mesure où nous leur o
1293
, l’homme n’existe qu’en elles et par elles. Dans
la
mesure où nous leur obéissons, nous ne sommes donc plus responsables
1294
s donc plus responsables de nos actes, mais elles
le
sont à notre place. Et comme elles-mêmes n’ont à répondre devant aucu
1295
responsabilité nulle part. Mais s’il apparaît, à
l’
inverse, que nous ne coïncidons pas avec l’entité divinisée — parce qu
1296
aît, à l’inverse, que nous ne coïncidons pas avec
l’
entité divinisée — parce que nous sommes d’une autre race, d’une autre
1297
ération physique et mentale que celle qui détient
le
pouvoir — alors nous sommes des « vipères lubriques » et nous devons
1298
s sommes des « vipères lubriques » et nous devons
le
confesser publiquement. Après quoi nous recevons une balle dans la nu
1299
iquement. Après quoi nous recevons une balle dans
la
nuque, ou bien nous sommes décapités à la hache, selon qu’il s’agit r
1300
le dans la nuque, ou bien nous sommes décapités à
la
hache, selon qu’il s’agit respectivement du dieu Classe ou du dieu Ra
1301
it respectivement du dieu Classe ou du dieu Race.
Les
dieux des hommes sont sans pardon. Ce sont des diables. Toutefois le
1302
sont sans pardon. Ce sont des diables. Toutefois
le
diable est sans doute moins dangereux lorsqu’il nous tue, que lorsqu’
1303
. Un jour, un Philanthrope s’en allait le long de
la
rue. Il avait la tête et les poches pleines de projets philanthropiqu
1304
lanthrope s’en allait le long de la rue. Il avait
la
tête et les poches pleines de projets philanthropiques, propres à réf
1305
’en allait le long de la rue. Il avait la tête et
les
poches pleines de projets philanthropiques, propres à réformer l’huma
1306
s de projets philanthropiques, propres à réformer
l’
humanité au-delà de tout ce que je désirerais même imaginer. Il venait
1307
imaginer. Il venait d’allumer un bon cigare dont
la
fumée montait comme un encens et devait être en bonne odeur à l’Étern
1308
t comme un encens et devait être en bonne odeur à
l’
Éternel, car cet homme avait le cœur pur. À quelques mètres derrière l
1309
e en bonne odeur à l’Éternel, car cet homme avait
le
cœur pur. À quelques mètres derrière lui suivaient le diable et l’un
1310
œur pur. À quelques mètres derrière lui suivaient
le
diable et l’un de ses compères. Ils observaient le Philanthrope, d’un
1311
e diable et l’un de ses compères. Ils observaient
le
Philanthrope, d’un œil critique. Un pauvre homme l’arrêta pour lui de
1312
Philanthrope, d’un œil critique. Un pauvre homme
l’
arrêta pour lui demander une cigarette, dans une langue de réfugié. Le
1313
mander une cigarette, dans une langue de réfugié.
Le
Philanthrope sans hésiter lui remit une pièce, et poursuivit son chem
1314
pièce, et poursuivit son chemin. Il marchait dans
la
gloire, et sa conscience resplendissait comme un sou neuf. « Tu n’as
1315
omme un sou neuf. « Tu n’as pas peur de lui ? dit
le
compère au diable. Il m’a l’air terriblement bon ! Et ses plans sont
1316
ntelligents et généreux, idéalistes, réalistes… »
Le
diable ne répondit rien ; il souriait, tout en lisant un bout de papi
1317
nt un bout de papier qu’il venait de ramasser sur
le
trottoir. Après quelques instants, poussant du coude son compère : «
1318
ce au mendiant. Il est parfait, ce plan, comme tu
le
craignais. Mais moi, je vais l’organiser ! » s. Rougemont Denis de
1319
ce plan, comme tu le craignais. Mais moi, je vais
l’
organiser ! » s. Rougemont Denis de, « Les tours du diable XI : Le
1320
vais l’organiser ! » s. Rougemont Denis de, «
Les
tours du diable XI : Le diable dans nos dieux », La Vie protestante,
1321
. Rougemont Denis de, « Les tours du diable XI :
Le
diable dans nos dieux », La Vie protestante, Genève, 24 décembre 1943
1322
tours du diable XI : Le diable dans nos dieux »,
La
Vie protestante, Genève, 24 décembre 1943, p. 2.
1323
Printemps de
l’
Europe (29 avril 1949)t On nous avait promis un très bel œuf de Pâq
1324
r cette année. On nous avait laissés entendre que
les
statuts de l’Assemblée européenne seraient terminés ces jours-ci, à L
1325
On nous avait laissés entendre que les statuts de
l’
Assemblée européenne seraient terminés ces jours-ci, à Londres. Il eût
1326
oïncider cette annonce du renouveau européen avec
la
fête de la Résurrection. Mais rien n’est venu jusqu’ici. Eh ! bien, s
1327
tte annonce du renouveau européen avec la fête de
la
Résurrection. Mais rien n’est venu jusqu’ici. Eh ! bien, si ce n’est
1328
n, si ce n’est pas pour Pâques, ce sera donc pour
la
Trinité ! — et cela ne veut pas dire, comme dans la chanson, que nous
1329
Trinité ! — et cela ne veut pas dire, comme dans
la
chanson, que nous ne verrons jamais rien venir : car l’élan est donné
1330
nson, que nous ne verrons jamais rien venir : car
l’
élan est donné, le mouvement est en marche, et plus rien ne peut l’arr
1331
verrons jamais rien venir : car l’élan est donné,
le
mouvement est en marche, et plus rien ne peut l’arrêter. Nous aurons
1332
le mouvement est en marche, et plus rien ne peut
l’
arrêter. Nous aurons certainement le Conseil de l’Europe, et l’Assembl
1333
rien ne peut l’arrêter. Nous aurons certainement
le
Conseil de l’Europe, et l’Assemblée consultative. Certainement, l’Eur
1334
us aurons certainement le Conseil de l’Europe, et
l’
Assemblée consultative. Certainement, l’Europe va se faire. La seule q
1335
urope, et l’Assemblée consultative. Certainement,
l’
Europe va se faire. La seule question qui se pose encore, c’est de sav
1336
consultative. Certainement, l’Europe va se faire.
La
seule question qui se pose encore, c’est de savoir comment elle se fe
1337
elle se fera. Peut-être n’est-il pas mauvais que
la
conférence des Dix ambassadeurs, à Londres1, prenne son temps. Il y a
1338
isait bon accueil aux propositions détaillées que
les
délégués de notre Mouvement européen lui soumettaient. Nous savons qu
1339
nt européen lui soumettaient. Nous savons qu’elle
les
étudie. Puisse-t-elle se laisser inspirer par ce temps de Pâques et l
1340
lle se laisser inspirer par ce temps de Pâques et
les
vacances, et puisse-t-elle prendre non seulement son temps, mais auss
1341
-elle prendre non seulement son temps, mais aussi
les
distances nécessaires pour mieux voir le problème dans son ensemble,
1342
s aussi les distances nécessaires pour mieux voir
le
problème dans son ensemble, loin des détails et des difficultés techn
1343
et des difficultés techniques, pour méditer dans
la
campagne anglaise… J’y pensais hier, dans mon jardin, tout en chercha
1344
et je me disais : tout dépend d’une seule chose,
l’
avenir de ces enfants et celui de nos pays, tout dépend d’une seule ch
1345
tout dépend d’une seule chose, qui est celle-ci :
les
hommes d’État chargés de faire l’Europe auront-ils la vision nécessai
1346
est celle-ci : les hommes d’État chargés de faire
l’
Europe auront-ils la vision nécessaire ? Les grandes visions Il y
1347
ommes d’État chargés de faire l’Europe auront-ils
la
vision nécessaire ? Les grandes visions Il y a peu de grandes vi
1348
aire l’Europe auront-ils la vision nécessaire ?
Les
grandes visions Il y a peu de grandes visions dans notre temps. Le
1349
Il y a peu de grandes visions dans notre temps.
Le
souci des intérêts immédiats et surtout la peur de la guerre nous emp
1350
temps. Le souci des intérêts immédiats et surtout
la
peur de la guerre nous empêchent trop souvent de voir loin, de voir g
1351
ouci des intérêts immédiats et surtout la peur de
la
guerre nous empêchent trop souvent de voir loin, de voir grand, d’ima
1352
de voir loin, de voir grand, d’imaginer vraiment
la
paix, la paix vivante et passionnante qui reste encore possible, et q
1353
loin, de voir grand, d’imaginer vraiment la paix,
la
paix vivante et passionnante qui reste encore possible, et qui dépend
1354
aussi très vague. Il se promène ces jours-ci dans
les
rues et cafés de Paris, avec un gros livre sous le bras, quêtant la s
1355
s rues et cafés de Paris, avec un gros livre sous
le
bras, quêtant la signature des amis de la paix. Il a déchiré son pass
1356
e Paris, avec un gros livre sous le bras, quêtant
la
signature des amis de la paix. Il a déchiré son passeport, et quelque
1357
re sous le bras, quêtant la signature des amis de
la
paix. Il a déchiré son passeport, et quelques écrivains lui ont donné
1358
on passeport, et quelques écrivains lui ont donné
l’
appui de leurs noms célèbres, mais sans rien déchirer du tout. Il est
1359
e mondiale et d’un gouvernement unique pour toute
la
terre. Mais les Russes ont aussi leur vision, leur idée de l’unité du
1360
’un gouvernement unique pour toute la terre. Mais
les
Russes ont aussi leur vision, leur idée de l’unité du monde sous les
1361
is les Russes ont aussi leur vision, leur idée de
l’
unité du monde sous les auspices du Kominform et de l’épuration perman
1362
i leur vision, leur idée de l’unité du monde sous
les
auspices du Kominform et de l’épuration permanente, — et ceci tue cel
1363
ité du monde sous les auspices du Kominform et de
l’
épuration permanente, — et ceci tue cela, ce n’est pas notre faute, ni
1364
— et ceci tue cela, ce n’est pas notre faute, ni
la
faute de Garry Davis… Il y a enfin une troisième vision, celle de l’E
1365
avis… Il y a enfin une troisième vision, celle de
l’
Europe fédérée. Elle est moins vaste, en vérité, que celle du jeune Am
1366
même, elle est plus claire et proche. Je voudrais
l’
appeler aujourd’hui la vision du beau temps européen, la vision d’un p
1367
aire et proche. Je voudrais l’appeler aujourd’hui
la
vision du beau temps européen, la vision d’un printemps de l’Europe o
1368
ler aujourd’hui la vision du beau temps européen,
la
vision d’un printemps de l’Europe où les frontières et les barrières
1369
beau temps européen, la vision d’un printemps de
l’
Europe où les frontières et les barrières entre nos peuples fondraient
1370
européen, la vision d’un printemps de l’Europe où
les
frontières et les barrières entre nos peuples fondraient comme neige
1371
n d’un printemps de l’Europe où les frontières et
les
barrières entre nos peuples fondraient comme neige sous le soleil d’a
1372
res entre nos peuples fondraient comme neige sous
le
soleil d’avril. Imaginez ce grand jardin de l’Europe où vous pourriez
1373
us le soleil d’avril. Imaginez ce grand jardin de
l’
Europe où vous pourriez circuler librement, sans passeports ni visas,
1374
ous circulez aujourd’hui d’un canton à l’autre de
la
Suisse. Imaginez cette Europe grande ouverte, où les nations ne dispa
1375
Suisse. Imaginez cette Europe grande ouverte, où
les
nations ne disparaîtraient pas davantage que les cantons n’ont dispar
1376
les nations ne disparaîtraient pas davantage que
les
cantons n’ont disparu en se fédérant, mais où les guerres entre natio
1377
les cantons n’ont disparu en se fédérant, mais où
les
guerres entre nations deviendraient aussi impossibles que la guerre e
1378
entre nations deviendraient aussi impossibles que
la
guerre entre nos cantons. Imaginez ensuite cette grande Europe aussi
1379
nez ensuite cette grande Europe aussi décidée que
la
Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœu
1380
nde Europe aussi décidée que la Suisse à ne faire
la
guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son indépendance re
1381
n indépendance reconquise. Cette Europe inventant
la
paix, l’imposant au besoin par la force tranquille de sa masse, de se
1382
dance reconquise. Cette Europe inventant la paix,
l’
imposant au besoin par la force tranquille de sa masse, de ses 300 mil
1383
urope inventant la paix, l’imposant au besoin par
la
force tranquille de sa masse, de ses 300 millions d’habitants rassemb
1384
rtains économistes, pourrait multiplier par trois
les
standards de la vie matérielle. Terre promise Paix, liberté, pr
1385
s, pourrait multiplier par trois les standards de
la
vie matérielle. Terre promise Paix, liberté, prospérité, tels o
1386
romise Paix, liberté, prospérité, tels ont été
les
grands motifs de toutes les confédérations qui ont vu le jour au cour
1387
spérité, tels ont été les grands motifs de toutes
les
confédérations qui ont vu le jour au cours des siècles, et vous savez
1388
ds motifs de toutes les confédérations qui ont vu
le
jour au cours des siècles, et vous savez comment la Suisse a su attei
1389
jour au cours des siècles, et vous savez comment
la
Suisse a su atteindre ces trois buts, en se fédérant il y a cent ans.
1390
es trois buts, en se fédérant il y a cent ans. Si
l’
on a bien vu cet enjeu, la possibilité de le gagner, et la nécessité d
1391
ant il y a cent ans. Si l’on a bien vu cet enjeu,
la
possibilité de le gagner, et la nécessité de le gagner d’urgence, non
1392
s. Si l’on a bien vu cet enjeu, la possibilité de
le
gagner, et la nécessité de le gagner d’urgence, non seulement pour no
1393
ien vu cet enjeu, la possibilité de le gagner, et
la
nécessité de le gagner d’urgence, non seulement pour nous en Europe,
1394
, la possibilité de le gagner, et la nécessité de
le
gagner d’urgence, non seulement pour nous en Europe, mais pour la pai
1395
nce, non seulement pour nous en Europe, mais pour
la
paix du monde entier, alors le principal est fait. Et si les Dix amba
1396
Europe, mais pour la paix du monde entier, alors
le
principal est fait. Et si les Dix ambassadeurs à Londres ont bien vu
1397
monde entier, alors le principal est fait. Et si
les
Dix ambassadeurs à Londres ont bien vu cela, ils ne se laisseront plu
1398
en vu cela, ils ne se laisseront plus arrêter par
les
chicanes techniques et les experts. Tout dépend de la vision qu’ils a
1399
eront plus arrêter par les chicanes techniques et
les
experts. Tout dépend de la vision qu’ils auront. Il n’est point d’ord
1400
hicanes techniques et les experts. Tout dépend de
la
vision qu’ils auront. Il n’est point d’ordre politique qui serve l’ho
1401
uront. Il n’est point d’ordre politique qui serve
l’
homme, s’il n’est orienté dès le départ par une vision libératrice et
1402
litique qui serve l’homme, s’il n’est orienté dès
le
départ par une vision libératrice et fascinante. L’Europe se fera, pa
1403
départ par une vision libératrice et fascinante.
L’
Europe se fera, parce qu’une équipe de véritables résistants — ceux qu
1404
e de véritables résistants — ceux qui résistent à
la
fatalité — l’auront vue et marchent vers elle. Il se peut que la visi
1405
s résistants — ceux qui résistent à la fatalité —
l’
auront vue et marchent vers elle. Il se peut que la vision qui les gui
1406
’auront vue et marchent vers elle. Il se peut que
la
vision qui les guide cache une réalité finale qui les surprenne. Chri
1407
marchent vers elle. Il se peut que la vision qui
les
guide cache une réalité finale qui les surprenne. Christophe Colomb v
1408
vision qui les guide cache une réalité finale qui
les
surprenne. Christophe Colomb voyait les Indes, on nommait ainsi sa vi
1409
inale qui les surprenne. Christophe Colomb voyait
les
Indes, on nommait ainsi sa vision. Contre vents et marées, contre tou
1410
si sa vision. Contre vents et marées, contre tous
les
experts de son époque, il se mit en route pour la joindre, et c’est a
1411
es experts de son époque, il se mit en route pour
la
joindre, et c’est ainsi qu’il trouva l’Amérique. Mais nous, quel cont
1412
oute pour la joindre, et c’est ainsi qu’il trouva
l’
Amérique. Mais nous, quel continent nouveau allons-nous aborder demain
1413
r demain ? Se peut-il que ce soit tout simplement
l’
Europe, redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie, q
1414
ce soit tout simplement l’Europe, redécouverte à
la
faveur de son union ? Une Europe rajeunie, qui deviendrait soudain, p
1415
, qui deviendrait soudain, pour nos yeux étonnés,
la
Terre promise !2 1. On sait que les dix pays fondateurs de l’unio
1416
x étonnés, la Terre promise !2 1. On sait que
les
dix pays fondateurs de l’union européenne préparent une Assemblée con
1417
!2 1. On sait que les dix pays fondateurs de
l’
union européenne préparent une Assemblée consultative de l’Europe, qui
1418
uropéenne préparent une Assemblée consultative de
l’
Europe, qui doit se tenir en septembre, et dont les députés seront nom
1419
l’Europe, qui doit se tenir en septembre, et dont
les
députés seront nommés par les parlements. 2. (Réd. — Nous devons à l
1420
septembre, et dont les députés seront nommés par
les
parlements. 2. (Réd. — Nous devons à l’obligeance de M. Denis de Rou
1421
més par les parlements. 2. (Réd. — Nous devons à
l’
obligeance de M. Denis de Rougemont de pouvoir publier ce texte radiod
1422
diffusé.) t. Rougemont Denis de, « Printemps de
l’
Europe », La Vie protestante, Genève, 29 avril 1949, p. 1.
1423
. Rougemont Denis de, « Printemps de l’Europe »,
La
Vie protestante, Genève, 29 avril 1949, p. 1.
1424
Bilan simple (29 décembre 1961)w
Le
bilan de l’année qui s’écoule me paraît simple à établir dans ses gra
1425
Bilan simple (29 décembre 1961)w Le bilan de
l’
année qui s’écoule me paraît simple à établir dans ses grandes lignes
1426
aît simple à établir dans ses grandes lignes et à
l’
échelle de la planète : l’une après l’autre, toutes les puissances ont
1427
établir dans ses grandes lignes et à l’échelle de
la
planète : l’une après l’autre, toutes les puissances ont perdu la fac
1428
helle de la planète : l’une après l’autre, toutes
les
puissances ont perdu la face, — sauf l’Europe. L’URSS a perdu la face
1429
ne après l’autre, toutes les puissances ont perdu
la
face, — sauf l’Europe. L’URSS a perdu la face en tant que champion de
1430
, toutes les puissances ont perdu la face, — sauf
l’
Europe. L’URSS a perdu la face en tant que champion de la paix et du d
1431
es puissances ont perdu la face, — sauf l’Europe.
L’
URSS a perdu la face en tant que champion de la paix et du désarmement
1432
nt perdu la face, — sauf l’Europe. L’URSS a perdu
la
face en tant que champion de la paix et du désarmement, en faisant éc
1433
e. L’URSS a perdu la face en tant que champion de
la
paix et du désarmement, en faisant éclater trente bombes atomiques en
1434
ater trente bombes atomiques en deux mois. À Goa,
l’
Inde a perdu la face, en tant que champion de la non-violence. À Cuba,
1435
bes atomiques en deux mois. À Goa, l’Inde a perdu
la
face, en tant que champion de la non-violence. À Cuba, les États-Unis
1436
, l’Inde a perdu la face, en tant que champion de
la
non-violence. À Cuba, les États-Unis ont perdu la face en tant que ch
1437
en tant que champion de la non-violence. À Cuba,
les
États-Unis ont perdu la face en tant que champions de la non-interven
1438
la non-violence. À Cuba, les États-Unis ont perdu
la
face en tant que champions de la non-intervention. Au Katanga, l’ONU
1439
s-Unis ont perdu la face en tant que champions de
la
non-intervention. Au Katanga, l’ONU a perdu la face en tant que champ
1440
que champions de la non-intervention. Au Katanga,
l’
ONU a perdu la face en tant que champion de l’arbitrage pacifique et d
1441
de la non-intervention. Au Katanga, l’ONU a perdu
la
face en tant que champion de l’arbitrage pacifique et du droit des pe
1442
ga, l’ONU a perdu la face en tant que champion de
l’
arbitrage pacifique et du droit des petits États. Quant à l’Allemagne
1443
e pacifique et du droit des petits États. Quant à
l’
Allemagne de l’Est, c’est à la cause du communisme tout entier qu’elle
1444
tits États. Quant à l’Allemagne de l’Est, c’est à
la
cause du communisme tout entier qu’elle a fait perdre la face, en bât
1445
e du communisme tout entier qu’elle a fait perdre
la
face, en bâtissant le mur de Berlin non pour se protéger contre une a
1446
ntier qu’elle a fait perdre la face, en bâtissant
le
mur de Berlin non pour se protéger contre une attaque, mais pour empê
1447
ais pour empêcher tout un peuple de fuir en masse
le
régime « populaire » ! Et tandis que les grands Moralisants du Monde
1448
en masse le régime « populaire » ! Et tandis que
les
grands Moralisants du Monde humiliaient ainsi leurs principes, l’Euro
1449
sants du Monde humiliaient ainsi leurs principes,
l’
Europe accomplissait sans bruit un redressement spectaculaire. Aux Éta
1450
tion que du « miracle européen ». C’est un fait :
la
montée vers une prospérité sans précédent s’est opérée dans le temps
1451
s une prospérité sans précédent s’est opérée dans
le
temps même où l’Europe achevait de libérer ses colonies — dont on pré
1452
sans précédent s’est opérée dans le temps même où
l’
Europe achevait de libérer ses colonies — dont on prétendait qu’elle v
1453
nt on prétendait qu’elle vivait ! A-t-on remarqué
le
parallélisme, si frappant, entre la fin de la domination mondiale par
1454
t-on remarqué le parallélisme, si frappant, entre
la
fin de la domination mondiale par nos nations, et les débuts de leur
1455
qué le parallélisme, si frappant, entre la fin de
la
domination mondiale par nos nations, et les débuts de leur union ? Ta
1456
fin de la domination mondiale par nos nations, et
les
débuts de leur union ? Tandis que le tiers-monde, copiant ses anciens
1457
nations, et les débuts de leur union ? Tandis que
le
tiers-monde, copiant ses anciens maîtres, se livre à la passion natio
1458
rs-monde, copiant ses anciens maîtres, se livre à
la
passion nationaliste, qui veut la guerre, l’Europe surmonte enfin les
1459
res, se livre à la passion nationaliste, qui veut
la
guerre, l’Europe surmonte enfin les divisions mortelles qu’entretenai
1460
re à la passion nationaliste, qui veut la guerre,
l’
Europe surmonte enfin les divisions mortelles qu’entretenait dans son
1461
iste, qui veut la guerre, l’Europe surmonte enfin
les
divisions mortelles qu’entretenait dans son sein cette même passion.
1462
it dans son sein cette même passion. Elle choisit
la
santé : elle veut se fédérer. Et bien sûr, tout n’est pas encore gagn
1463
un qu’elle affecta longtemps de traiter d’utopie,
la
Grande-Bretagne a démontré que l’Europe unie était d’ores et déjà bie
1464
aiter d’utopie, la Grande-Bretagne a démontré que
l’
Europe unie était d’ores et déjà bien autre chose qu’une rêverie d’int
1465
u’une rêverie d’intellectuels. Tel est sans doute
le
fait majeur qui marquera l’année 1961 aux yeux de l’histoire. En offr
1466
s. Tel est sans doute le fait majeur qui marquera
l’
année 1961 aux yeux de l’histoire. En offrant au monde l’exemple d’une
1467
fait majeur qui marquera l’année 1961 aux yeux de
l’
histoire. En offrant au monde l’exemple d’une fédération pacifique — q
1468
1961 aux yeux de l’histoire. En offrant au monde
l’
exemple d’une fédération pacifique — que la Suisse a toutes les raison
1469
monde l’exemple d’une fédération pacifique — que
la
Suisse a toutes les raisons de ne plus bouder — les Européens reprend
1470
une fédération pacifique — que la Suisse a toutes
les
raisons de ne plus bouder — les Européens reprendront la tête du prog
1471
a Suisse a toutes les raisons de ne plus bouder —
les
Européens reprendront la tête du progrès humain. Ils ne retrouveront
1472
ons de ne plus bouder — les Européens reprendront
la
tête du progrès humain. Ils ne retrouveront pas seulement leur vraie
1473
lle, mais ils indiqueront aux peuples nouveaux de
l’
Afrique et de l’Asie les voies de leur propre avenir. Une fois unie po
1474
diqueront aux peuples nouveaux de l’Afrique et de
l’
Asie les voies de leur propre avenir. Une fois unie politiquement, l’E
1475
nt aux peuples nouveaux de l’Afrique et de l’Asie
les
voies de leur propre avenir. Une fois unie politiquement, l’Europe ex
1476
leur propre avenir. Une fois unie politiquement,
l’
Europe exercerait sur l’URSS, comme elle le fait déjà sur les États-Un
1477
fois unie politiquement, l’Europe exercerait sur
l’
URSS, comme elle le fait déjà sur les États-Unis, une attraction irrés
1478
ement, l’Europe exercerait sur l’URSS, comme elle
le
fait déjà sur les États-Unis, une attraction irrésistible. Et le Gran
1479
xercerait sur l’URSS, comme elle le fait déjà sur
les
États-Unis, une attraction irrésistible. Et le Grand Occident reconst
1480
r les États-Unis, une attraction irrésistible. Et
le
Grand Occident reconstitué serait garant de la paix mondiale. N’est-i
1481
Et le Grand Occident reconstitué serait garant de
la
paix mondiale. N’est-il pas admirable que l’année de l’Europe ait coï
1482
t de la paix mondiale. N’est-il pas admirable que
l’
année de l’Europe ait coïncidé par hasard avec l’année d’une grande ét
1483
x mondiale. N’est-il pas admirable que l’année de
l’
Europe ait coïncidé par hasard avec l’année d’une grande étape œcuméni
1484
l’année de l’Europe ait coïncidé par hasard avec
l’
année d’une grande étape œcuménique, la Nouvelle Delhi ? L’Église de R
1485
asard avec l’année d’une grande étape œcuménique,
la
Nouvelle Delhi ? L’Église de Rome jouera sa part l’année prochaine. N
1486
’une grande étape œcuménique, la Nouvelle Delhi ?
L’
Église de Rome jouera sa part l’année prochaine. Nous sommes au seuil
1487
Nouvelle Delhi ? L’Église de Rome jouera sa part
l’
année prochaine. Nous sommes au seuil de l’ère des convergences, au-de
1488
a part l’année prochaine. Nous sommes au seuil de
l’
ère des convergences, au-delà des nations souveraines et des églises r
1489
ur elles-mêmes. Une nouvelle Renaissance, qui est
le
fédéralisme, et une nouvelle Réforme, qui est l’œcuménisme, attendent
1490
le fédéralisme, et une nouvelle Réforme, qui est
l’
œcuménisme, attendent notre foi et nos œuvres. Beau programme pour l’a
1491
dent notre foi et nos œuvres. Beau programme pour
l’
année qui vient et pour la suite ! Presque tout reste à faire, il est
1492
es. Beau programme pour l’année qui vient et pour
la
suite ! Presque tout reste à faire, il est vrai. Sachons du moins à q
1493
vœux. w. Rougemont Denis de, « Bilan simple »,
La
Vie protestante, Genève, 29 décembre 1961, p. 1.
1494
« Que signifie pour vous
la
formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper reformanda” ? » (29 octobr
1495
de notes d’âges très divers en vue d’un livre sur
le
protestantisme, promis depuis longtemps à l’éditeur, et pour lequel j
1496
sur le protestantisme, promis depuis longtemps à
l’
éditeur, et pour lequel je proposais, en guise de titre provisoire : L
1497
quel je proposais, en guise de titre provisoire :
La
Réforme permanente. La Réforme ne s’est pas faite une fois pour toute
1498
uise de titre provisoire : La Réforme permanente.
La
Réforme ne s’est pas faite une fois pour toutes. Luther et Calvin n’o
1499
Calvin n’ont pas été les premiers réformateurs de
l’
Église, et ne seront pas les derniers. Défendre l’héritage de la Réfor
1500
emiers réformateurs de l’Église, et ne seront pas
les
derniers. Défendre l’héritage de la Réformation, ce n’est pas répéter
1501
l’Église, et ne seront pas les derniers. Défendre
l’
héritage de la Réformation, ce n’est pas répéter ce que disaient ses a
1502
e seront pas les derniers. Défendre l’héritage de
la
Réformation, ce n’est pas répéter ce que disaient ses auteurs, mais c
1503
ontinuer à réformer. Seuls peuvent être fidèles à
l’
esprit de Luther et de Calvin un luthéranisme et un calvinisme continu
1504
sonne pour son usage réel et quotidien, avec tous
les
risques d’hérésie (hardiment assumés) que cela comporte, et en même t
1505
comporte, et en même temps reliés sans relâche à
l’
espérance de l’Église universelle, à l’avenir catholique, et orthodoxe
1506
n même temps reliés sans relâche à l’espérance de
l’
Église universelle, à l’avenir catholique, et orthodoxe, à la Pentecôt
1507
relâche à l’espérance de l’Église universelle, à
l’
avenir catholique, et orthodoxe, à la Pentecôte œcuménique. Vous avoue
1508
iverselle, à l’avenir catholique, et orthodoxe, à
la
Pentecôte œcuménique. Vous avouerai-je qu’en tant que protestant, je
1509
ossibilités réformatrices qui se manifestent dans
le
concile actuel du Vatican ? Le supérieur général des jésuites critiqu
1510
e manifestent dans le concile actuel du Vatican ?
Le
supérieur général des jésuites critique les missions chrétiennes : ch
1511
ican ? Le supérieur général des jésuites critique
les
missions chrétiennes : chaque mot porte et toute l’Église romaine a p
1512
missions chrétiennes : chaque mot porte et toute
l’
Église romaine a pu l’entendre, quoi qu’en décide finalement son chef.
1513
: chaque mot porte et toute l’Église romaine a pu
l’
entendre, quoi qu’en décide finalement son chef. Qu’avons-nous de pare
1514
dis pas seulement : quelle autorité efficace dont
les
décrets traduisent les vœux d’une imposante majorité, mais tout simpl
1515
lle autorité efficace dont les décrets traduisent
les
vœux d’une imposante majorité, mais tout simplement quelle tribune ?
1516
tout simplement quelle tribune ? Je constate que
l’
Église romaine a de meilleurs instruments d’autocritique, de remise en
1517
e, de remise en question et de renouvellement que
les
Églises issues de la Réformation… Se pourrait-il qu’elle ait bientôt
1518
on et de renouvellement que les Églises issues de
la
Réformation… Se pourrait-il qu’elle ait bientôt plus de réformateurs
1519
« [Réponse à une enquête] Que signifie pour vous
la
formule célèbre “Ecclesia reformata semper reformanda” ? », La Vie pr
1520
lèbre “Ecclesia reformata semper reformanda” ? »,
La
Vie protestante, Genève, 29 octobre 1965, p. 1. v. Le texte est intr
1521
e protestante, Genève, 29 octobre 1965, p. 1. v.
Le
texte est introduit par la note suivante : « Que signifie pour vous,
1522
ctobre 1965, p. 1. v. Le texte est introduit par
la
note suivante : « Que signifie pour vous, avons-nous demandé à quelqu
1523
ous, avons-nous demandé à quelques personnalités,
la
formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper reformanda” (l’Église, réf
1524
e célèbre ‟Ecclesia reformata semper reformanda” (
l’
Église, réformée, doit toujours être à nouveau réformée) ? »
1525
La
lune, ce n’est pas le paradis (1er août 1969)x y Ce mois-ci, ce n’
1526
La lune, ce n’est pas
le
paradis (1er août 1969)x y Ce mois-ci, ce n’est pas sur la Terre q
1527
1er août 1969)x y Ce mois-ci, ce n’est pas sur
la
Terre que nous allons chercher l’actualité qui sera notre sujet de ré
1528
e n’est pas sur la Terre que nous allons chercher
l’
actualité qui sera notre sujet de réflexion, mais sur la Lune. Il m’es
1529
alité qui sera notre sujet de réflexion, mais sur
la
Lune. Il m’est venu une question, Denis de Rougemont, et j’ai envie d
1530
ne question, Denis de Rougemont, et j’ai envie de
la
poser au philosophe que vous êtes : est-ce que nous savons pourquoi n
1531
ns pourquoi nous y allons ? Ce qui me frappe dans
l’
aventure d’« Apollo », c’est qu’elle est l’entreprise qui a coûté le p
1532
e dans l’aventure d’« Apollo », c’est qu’elle est
l’
entreprise qui a coûté le plus cher dans toute l’histoire de l’humanit
1533
llo », c’est qu’elle est l’entreprise qui a coûté
le
plus cher dans toute l’histoire de l’humanité — on la chiffre à peu p
1534
l’entreprise qui a coûté le plus cher dans toute
l’
histoire de l’humanité — on la chiffre à peu près à 100 milliards de f
1535
qui a coûté le plus cher dans toute l’histoire de
l’
humanité — on la chiffre à peu près à 100 milliards de francs — mais c
1536
lus cher dans toute l’histoire de l’humanité — on
la
chiffre à peu près à 100 milliards de francs — mais cette opération,
1537
à 100 milliards de francs — mais cette opération,
la
plus chère du monde, est aussi la moins motivée. Les motifs que l’on
1538
ette opération, la plus chère du monde, est aussi
la
moins motivée. Les motifs que l’on a allégués en public sont puérils
1539
plus chère du monde, est aussi la moins motivée.
Les
motifs que l’on a allégués en public sont puérils : le président Kenn
1540
monde, est aussi la moins motivée. Les motifs que
l’
on a allégués en public sont puérils : le président Kennedy avait anno
1541
tifs que l’on a allégués en public sont puérils :
le
président Kennedy avait annoncé il y a huit ou neuf ans : « Nous sero
1542
noncé il y a huit ou neuf ans : « Nous serons sur
la
Lune avant 1970. » Cela voulait dire : avant les Russes, aussi. Cela
1543
r la Lune avant 1970. » Cela voulait dire : avant
les
Russes, aussi. Cela voulait dire uniquement cela. Cela voulait dire :
1544
us serons les premiers. C’est un motif puéril, je
le
répète, une gaminerie. Il y a d’autres motivations, tout de même. Une
1545
é, naturellement, et de record technique — battre
les
Russes sur ce plan — et finalement, en dernier lieu, un motif de conn
1546
alors, on peut se dire ceci : on aurait pu avoir
les
mêmes motifs — puérils — et les appliquer à un autre but, dont l’util
1547
n aurait pu avoir les mêmes motifs — puérils — et
les
appliquer à un autre but, dont l’utilité eût été plus immédiatement a
1548
— puérils — et les appliquer à un autre but, dont
l’
utilité eût été plus immédiatement apparente ? Oui, on aurait pu consa
1549
e ces 100 milliards de francs suisses à augmenter
la
beauté de notre Terre, à diminuer la famine, à lutter contre la pauvr
1550
à augmenter la beauté de notre Terre, à diminuer
la
famine, à lutter contre la pauvreté ou pour une meilleure hygiène. Po
1551
otre Terre, à diminuer la famine, à lutter contre
la
pauvreté ou pour une meilleure hygiène. Pourquoi est-ce qu’on a chois
1552
meilleure hygiène. Pourquoi est-ce qu’on a choisi
l’
espace, concrétisé par la Lune, dans le cas qui nous occupe ? Je pense
1553
oi est-ce qu’on a choisi l’espace, concrétisé par
la
Lune, dans le cas qui nous occupe ? Je pense qu’il y a là une espèce
1554
n a choisi l’espace, concrétisé par la Lune, dans
le
cas qui nous occupe ? Je pense qu’il y a là une espèce de fuite devan
1555
Je pense qu’il y a là une espèce de fuite devant
les
problèmes du monde, un phénomène psychologique assez facile à expliqu
1556
ogique assez facile à expliquer et à comprendre :
les
Russes et les Américains, affrontés sur la Terre, ayant une peur mort
1557
acile à expliquer et à comprendre : les Russes et
les
Américains, affrontés sur la Terre, ayant une peur mortelle les uns e
1558
dre : les Russes et les Américains, affrontés sur
la
Terre, ayant une peur mortelle les uns et les autres que cela saute,
1559
, affrontés sur la Terre, ayant une peur mortelle
les
uns et les autres que cela saute, ont été amenés — peut-être inconsci
1560
sur la Terre, ayant une peur mortelle les uns et
les
autres que cela saute, ont été amenés — peut-être inconsciemment — à
1561
e inconsciemment — à transposer leur conflit dans
l’
espace, à l’envoyer au ciel, à effectuer un transfert dans les nuées d
1562
ment — à transposer leur conflit dans l’espace, à
l’
envoyer au ciel, à effectuer un transfert dans les nuées de cet affron
1563
l’envoyer au ciel, à effectuer un transfert dans
les
nuées de cet affrontement trop dangereux sur la Terre. Au fond, c’est
1564
les nuées de cet affrontement trop dangereux sur
la
Terre. Au fond, c’est dans ce domaine seul qu’ils ont réussi à trouve
1565
dans ce domaine seul qu’ils ont réussi à trouver
les
moyens d’une espèce non pas de coopération — c’est encore trop tôt —
1566
ore trop tôt — mais de coexistence. C’était aussi
l’
opinion. Si vous voulez le fond de ma pensée sur l’aventure d’« Apollo
1567
xistence. C’était aussi l’opinion. Si vous voulez
le
fond de ma pensée sur l’aventure d’« Apollo », je vous ferai remarque
1568
’opinion. Si vous voulez le fond de ma pensée sur
l’
aventure d’« Apollo », je vous ferai remarquer ceci : on dit que c’est
1569
nture scientifique, mais qu’est-ce qu’on met dans
les
modules spatiaux ? Pas des savants, mais des colonels. Et ils font ce
1570
ils font cela en service commandé : au service de
l’
armée américaine. Et généralement, quand ils reviennent après une expé
1571
une petite étoile en cuivre qu’ils se mettent sur
l’
épaulette. Néanmoins, ce sont les savants qui les font aller là-bas.
1572
s se mettent sur l’épaulette. Néanmoins, ce sont
les
savants qui les font aller là-bas. Alors il y a un petit jeu subtil e
1573
l’épaulette. Néanmoins, ce sont les savants qui
les
font aller là-bas. Alors il y a un petit jeu subtil entre les militai
1574
er là-bas. Alors il y a un petit jeu subtil entre
les
militaires et les savants, dans cette affaire ? Les savants peuvent d
1575
l y a un petit jeu subtil entre les militaires et
les
savants, dans cette affaire ? Les savants peuvent dire que ce sont eu
1576
s militaires et les savants, dans cette affaire ?
Les
savants peuvent dire que ce sont eux qui transforment ces colonels en
1577
ces colonels en projectiles à têtes chercheuses.
Les
savants pourraient dire — et ils le pensent peut-être — que ce sont e
1578
chercheuses. Les savants pourraient dire — et ils
le
pensent peut-être — que ce sont eux qui utilisent le prétexte militai
1579
pensent peut-être — que ce sont eux qui utilisent
le
prétexte militaire en faveur d’une connaissance scientifique. Probabl
1580
d’une connaissance scientifique. Probablement que
les
militaires font le même raisonnement en sens inverse. Qui faut-il cro
1581
cientifique. Probablement que les militaires font
le
même raisonnement en sens inverse. Qui faut-il croire ? Les véritable
1582
aisonnement en sens inverse. Qui faut-il croire ?
Les
véritables motifs, on ne les saura que beaucoup plus tard, et ce ne s
1583
Qui faut-il croire ? Les véritables motifs, on ne
les
saura que beaucoup plus tard, et ce ne seront pas les « bons » (les v
1584
saura que beaucoup plus tard, et ce ne seront pas
les
« bons » (les vrais) que l’on décidera d’adopter officiellement, dans
1585
coup plus tard, et ce ne seront pas les « bons » (
les
vrais) que l’on décidera d’adopter officiellement, dans les livres d’
1586
et ce ne seront pas les « bons » (les vrais) que
l’
on décidera d’adopter officiellement, dans les livres d’histoire par e
1587
que l’on décidera d’adopter officiellement, dans
les
livres d’histoire par exemple. Je pense que si on découvre un jour da
1588
exemple. Je pense que si on découvre un jour dans
l’
espace, grâce à des stations mises sur orbite autour de la Terre — qui
1589
, grâce à des stations mises sur orbite autour de
la
Terre — qui feront des observations sur le temps, sur le trajet des n
1590
our de la Terre — qui feront des observations sur
le
temps, sur le trajet des nuages ou des maladies — je ne sais quoi d’i
1591
e — qui feront des observations sur le temps, sur
le
trajet des nuages ou des maladies — je ne sais quoi d’inattendu aujou
1592
rogramme si coûteux ! Il s’est produit exactement
la
même histoire avec Christophe Colomb, mais en sens inverse : dans les
1593
ec Christophe Colomb, mais en sens inverse : dans
les
livres d’histoire d’aujourd’hui, vous lisez très couramment que si Ch
1594
d’un roi d’Espagne rapace, cupide, qui voulait de
l’
or et des esclaves, et qui l’a envoyé découvrir l’Amérique pour cela.
1595
pide, qui voulait de l’or et des esclaves, et qui
l’
a envoyé découvrir l’Amérique pour cela. Or les motivations réelles de
1596
l’or et des esclaves, et qui l’a envoyé découvrir
l’
Amérique pour cela. Or les motivations réelles de Christophe Colomb ét
1597
qui l’a envoyé découvrir l’Amérique pour cela. Or
les
motivations réelles de Christophe Colomb étaient d’un tout autre ordr
1598
he Colomb étaient d’un tout autre ordre — on peut
le
vérifier dans son journal : c’était de financer une dernière croisade
1599
tif mystique. Il ne pensait pas du tout découvrir
l’
Amérique. Il voulait trouver les Indes, parce qu’on lui avait dit qu’a
1600
du tout découvrir l’Amérique. Il voulait trouver
les
Indes, parce qu’on lui avait dit qu’aux Indes les cités étaient pavée
1601
les Indes, parce qu’on lui avait dit qu’aux Indes
les
cités étaient pavées d’or et les palais recouverts de tuiles d’or. Or
1602
dit qu’aux Indes les cités étaient pavées d’or et
les
palais recouverts de tuiles d’or. Or Christophe Colomb a trouvé l’Amé
1603
rts de tuiles d’or. Or Christophe Colomb a trouvé
l’
Amérique, qu’il ne cherchait pas. Et bien après lui, on y a trouvé de
1604
herchait pas. Et bien après lui, on y a trouvé de
l’
or. Et un peu après lui, on y a recruté des esclaves. Mais la motivati
1605
peu après lui, on y a recruté des esclaves. Mais
la
motivation était d’un ordre complètement différent. Je voudrais vous
1606
drais vous poser une autre question, toujours sur
le
même sujet : est-ce que vous êtes déçu, finalement, ou est-ce que vou
1607
ement, ou est-ce que vous avez envie d’aller dans
la
Lune ? Je suis profondément déçu. Je suis dans un sentiment de désenc
1608
e suis dans un sentiment de désenchantement. J’ai
l’
impression que les rêves de l’humanité depuis des siècles — les rêves
1609
ntiment de désenchantement. J’ai l’impression que
les
rêves de l’humanité depuis des siècles — les rêves de poètes, les rêv
1610
senchantement. J’ai l’impression que les rêves de
l’
humanité depuis des siècles — les rêves de poètes, les rêves de fantai
1611
que les rêves de l’humanité depuis des siècles —
les
rêves de poètes, les rêves de fantaisistes comme Cyrano de Bergerac,
1612
umanité depuis des siècles — les rêves de poètes,
les
rêves de fantaisistes comme Cyrano de Bergerac, les rêves de Jules Ve
1613
s rêves de fantaisistes comme Cyrano de Bergerac,
les
rêves de Jules Verne — dépassaient de beaucoup ce que nous sommes en
1614
de beaucoup ce que nous sommes en train de faire.
Le
rêve dévalorise l’actualisation de la découverte de la Lune. Cyrano d
1615
nous sommes en train de faire. Le rêve dévalorise
l’
actualisation de la découverte de la Lune. Cyrano de Bergerac, par exe
1616
n de faire. Le rêve dévalorise l’actualisation de
la
découverte de la Lune. Cyrano de Bergerac, par exemple, dans le fameu
1617
ve dévalorise l’actualisation de la découverte de
la
Lune. Cyrano de Bergerac, par exemple, dans le fameux récit de son Vo
1618
de la Lune. Cyrano de Bergerac, par exemple, dans
le
fameux récit de son Voyage dans les empires de la Lune et du Soleil,
1619
exemple, dans le fameux récit de son Voyage dans
les
empires de la Lune et du Soleil, décrit la Lune comme quelque chose d
1620
le fameux récit de son Voyage dans les empires de
la
Lune et du Soleil, décrit la Lune comme quelque chose d’absolument id
1621
dans les empires de la Lune et du Soleil, décrit
la
Lune comme quelque chose d’absolument idyllique, c’est le paradis ter
1622
comme quelque chose d’absolument idyllique, c’est
le
paradis terrestre transporté, il y rencontre des hommes très bien, il
1623
y rencontre des hommes très bien, il y rencontre
le
génie de Socrate, tout se passe merveilleusement. Eh bien ! au fur et
1624
t. Eh bien ! au fur et à mesure qu’on avance vers
la
substance de la chose, quand on est prêt à la toucher, on s’aperçoit
1625
fur et à mesure qu’on avance vers la substance de
la
chose, quand on est prêt à la toucher, on s’aperçoit que la Lune est
1626
ers la substance de la chose, quand on est prêt à
la
toucher, on s’aperçoit que la Lune est une malheureuse, vilaine chose
1627
quand on est prêt à la toucher, on s’aperçoit que
la
Lune est une malheureuse, vilaine chose, couverte de tuf volcanique,
1628
omme, c’est une sorte de banlieue poussiéreuse de
la
Terre. … et inhabitée ! Car l’essentiel des rêves des poètes ou de Cy
1629
ue poussiéreuse de la Terre. … et inhabitée ! Car
l’
essentiel des rêves des poètes ou de Cyrano de Bergerac, c’était d’ima
1630
intelligents, meilleurs que nous, qui habitaient
la
Lune. Eh bien ! on s’aperçoit qu’il n’y a personne. Il y a un texte q
1631
cité dans un article il y a sept ou huit ans — à
l’
époque où on envoyait le premier obus sur la Lune : c’est un texte de
1632
s — à l’époque où on envoyait le premier obus sur
la
Lune : c’est un texte de Werner von Braun, qui est un des pères du vo
1633
er von Braun, qui est un des pères du voyage dans
la
Lune, et qui nous décrit le paradis qui nous attend là-bas. Il nous d
1634
pères du voyage dans la Lune, et qui nous décrit
le
paradis qui nous attend là-bas. Il nous dit que nous aurons là-bas de
1635
on arrive à se demander aujourd’hui : est-ce que
l’
on a dépensé 100 milliards — 100 milliards n’étant qu’une partie de la
1636
illiards — 100 milliards n’étant qu’une partie de
la
dépense totale — pour avoir un Moon-Hilton ? … devant des paysages dé
1637
t désertiques ! Je dois dire que quand je pense à
l’
éventualité d’un exil sur la Lune, il me prend un amour passionné de l
1638
que quand je pense à l’éventualité d’un exil sur
la
Lune, il me prend un amour passionné de la Terre, de la surface terre
1639
il sur la Lune, il me prend un amour passionné de
la
Terre, de la surface terrestre, des arbres, de l’herbe… Ce sont des r
1640
e, il me prend un amour passionné de la Terre, de
la
surface terrestre, des arbres, de l’herbe… Ce sont des réactions subj
1641
la Terre, de la surface terrestre, des arbres, de
l’
herbe… Ce sont des réactions subjectives que nous exprimons. Mais on p
1642
r une déclaration célèbre de Lénine. H. G. Wells,
le
célèbre romancier anglais, qui est l’un des pères de l’anticipation,
1643
èbre romancier anglais, qui est l’un des pères de
l’
anticipation, était allé l’interviewer. « Je dis à Lénine, raconte Wel
1644
est l’un des pères de l’anticipation, était allé
l’
interviewer. « Je dis à Lénine, raconte Wells, que le développement de
1645
nterviewer. « Je dis à Lénine, raconte Wells, que
le
développement de la technique humaine pourrait un jour changer la sit
1646
à Lénine, raconte Wells, que le développement de
la
technique humaine pourrait un jour changer la situation mondiale : la
1647
de la technique humaine pourrait un jour changer
la
situation mondiale : la conception marxiste elle-même n’aurait plus d
1648
pourrait un jour changer la situation mondiale :
la
conception marxiste elle-même n’aurait plus de sens. » Et à la grande
1649
marxiste elle-même n’aurait plus de sens. » Et à
la
grande stupéfaction de Wells, « Lénine, dit-il, me regarda et me répo
1650
pondit : Vous avez raison ; en lisant votre roman
La
Machine à explorer le temps, je l’ai compris moi aussi. Si nous arriv
1651
son ; en lisant votre roman La Machine à explorer
le
temps, je l’ai compris moi aussi. Si nous arrivons à établir les comm
1652
nt votre roman La Machine à explorer le temps, je
l’
ai compris moi aussi. Si nous arrivons à établir les communications in
1653
’ai compris moi aussi. Si nous arrivons à établir
les
communications interplanétaires, il faudra réviser toutes nos concept
1654
philosophiques, sociales et morales. Dans ce cas,
le
potentiel technique, devenu illimité, imposerait la fin de la violenc
1655
potentiel technique, devenu illimité, imposerait
la
fin de la violence comme moyen et comme méthode de progrès ». Dans la
1656
technique, devenu illimité, imposerait la fin de
la
violence comme moyen et comme méthode de progrès ». Dans la bouche de
1657
e comme moyen et comme méthode de progrès ». Dans
la
bouche de Lénine, c’est une prophétie assez extraordinaire : est-ce q
1658
’elle est complètement fausse ? Sûrement pas, car
la
recherche spatiale, l’arrivée sur la Lune notamment, est d’une part u
1659
fausse ? Sûrement pas, car la recherche spatiale,
l’
arrivée sur la Lune notamment, est d’une part une concurrence entre le
1660
ent pas, car la recherche spatiale, l’arrivée sur
la
Lune notamment, est d’une part une concurrence entre les Américains e
1661
e notamment, est d’une part une concurrence entre
les
Américains et les Russes, mais d’autre part elle suppose certaines fo
1662
’une part une concurrence entre les Américains et
les
Russes, mais d’autre part elle suppose certaines formes de coopératio
1663
s. » Alors là, il parlait pour lui ! Si pour lui,
la
seule doctrine véritable est le marxisme, qui est une doctrine des ra
1664
ui ! Si pour lui, la seule doctrine véritable est
le
marxisme, qui est une doctrine des rapports de productions, il est év
1665
st évident qu’elle ne vaut plus rien si on va sur
la
Lune — où les rapports de productions ne sont en rien comparables à c
1666
’elle ne vaut plus rien si on va sur la Lune — où
les
rapports de productions ne sont en rien comparables à ce qu’ils étaie
1667
écrit sa théorie. Il n’y a pas de prolétariat sur
la
Lune, pour l’instant. Justement, et on ne va pas en créer un, j’espèr
1668
ie. Il n’y a pas de prolétariat sur la Lune, pour
l’
instant. Justement, et on ne va pas en créer un, j’espère que non… Où
1669
sens complètement, c’est quand il dit que toutes
les
doctrines philosophiques et morales devront être révisées dans ces no
1670
nt être révisées dans ces nouvelles dimensions de
l’
espace. Car si vous prenez une doctrine comme le christianisme, dont l
1671
e l’espace. Car si vous prenez une doctrine comme
le
christianisme, dont la base est l’amour du prochain, je ne vois pas e
1672
prenez une doctrine comme le christianisme, dont
la
base est l’amour du prochain, je ne vois pas en quoi elle serait modi
1673
doctrine comme le christianisme, dont la base est
l’
amour du prochain, je ne vois pas en quoi elle serait modifiée si deux
1674
elle serait modifiée si deux hommes arrivent sur
la
Lune. Ils auront les mêmes problèmes de s’aimer activement, de s’entr
1675
e si deux hommes arrivent sur la Lune. Ils auront
les
mêmes problèmes de s’aimer activement, de s’entraider, qu’ils auraien
1676
r activement, de s’entraider, qu’ils auraient sur
la
Terre ou sur Mars. D’ailleurs, cette question de dimensions, qui va c
1677
n de dimensions, qui va changer quand nous aurons
l’
espace et pas seulement la Terre et le petit coin de ciel que nous voy
1678
anger quand nous aurons l’espace et pas seulement
la
Terre et le petit coin de ciel que nous voyons, permet de tirer des c
1679
nous aurons l’espace et pas seulement la Terre et
le
petit coin de ciel que nous voyons, permet de tirer des conclusions t
1680
, j’ai une impression de frustration, à me dire :
la
Lune, ce n’est pas aussi beau, ce n’est pas aussi paradisiaque qu’on
1681
aussi beau, ce n’est pas aussi paradisiaque qu’on
le
pensait. Au fur et à mesure que l’homme va plus loin dans l’espace, j
1682
disiaque qu’on le pensait. Au fur et à mesure que
l’
homme va plus loin dans l’espace, je me sens plus enfermé sur la Terre
1683
Au fur et à mesure que l’homme va plus loin dans
l’
espace, je me sens plus enfermé sur la Terre. C’est-à-dire que je suis
1684
s loin dans l’espace, je me sens plus enfermé sur
la
Terre. C’est-à-dire que je suis frustré par les dimensions physiques
1685
ur la Terre. C’est-à-dire que je suis frustré par
les
dimensions physiques augmentées dans l’espace. Et cela me ramène à l’
1686
stré par les dimensions physiques augmentées dans
l’
espace. Et cela me ramène à l’amour de la Terre. Plus encore, cela me
1687
ues augmentées dans l’espace. Et cela me ramène à
l’
amour de la Terre. Plus encore, cela me ramène à cette idée que la vér
1688
ées dans l’espace. Et cela me ramène à l’amour de
la
Terre. Plus encore, cela me ramène à cette idée que la véritable aven
1689
rre. Plus encore, cela me ramène à cette idée que
la
véritable aventure humaine est à l’intérieur de chacun de nous, non p
1690
ne est à l’intérieur de chacun de nous, non pas à
l’
extérieur, dans l’espace, le cosmos physique. Je crois que même du poi
1691
ur de chacun de nous, non pas à l’extérieur, dans
l’
espace, le cosmos physique. Je crois que même du point de vue de la te
1692
un de nous, non pas à l’extérieur, dans l’espace,
le
cosmos physique. Je crois que même du point de vue de la technique, l
1693
os physique. Je crois que même du point de vue de
la
technique, les plus grands achèvements humains sont les plus simples,
1694
e crois que même du point de vue de la technique,
les
plus grands achèvements humains sont les plus simples, ceux qui deman
1695
chnique, les plus grands achèvements humains sont
les
plus simples, ceux qui demandent le moins d’argent et qui finissent p
1696
humains sont les plus simples, ceux qui demandent
le
moins d’argent et qui finissent par se faire en un clin d’œil, à la v
1697
et qui finissent par se faire en un clin d’œil, à
la
vitesse de la pensée. Eh bien ! l’aventure intérieure, elle ne demand
1698
nt par se faire en un clin d’œil, à la vitesse de
la
pensée. Eh bien ! l’aventure intérieure, elle ne demande rien, elle n
1699
clin d’œil, à la vitesse de la pensée. Eh bien !
l’
aventure intérieure, elle ne demande rien, elle ne demande pas de créd
1700
demande pas de crédits spéciaux. Pour entrer dans
le
fond de soi-même, pour y découvrir des choses complètement nouvelles,
1701
ni gadget. En quoi je pense qu’elle est vraiment
le
sommet de l’aventure humaine. Relisant au lendemain du retour des co
1702
n quoi je pense qu’elle est vraiment le sommet de
l’
aventure humaine. Relisant au lendemain du retour des cosmonautes la
1703
Relisant au lendemain du retour des cosmonautes
la
transcription de cet entretien télévisé, je ne vois rien à modifier à
1704
rien à modifier à ce que je disais un mois avant
le
départ d’Apollo 11. Il y avait là comme un écho anticipé de ce que ta
1705
: « Quel merveilleux exploit technique ! Mais si
l’
on découvrait demain que cela ne sert à rien ? » Ce qui importe, c’est
1706
un profond mouvement se dessine déjà, jusque dans
l’
administration Nixon, pour que soit reportée sur la Terre une part ou
1707
’administration Nixon, pour que soit reportée sur
la
Terre une part ou moins des centaines de milliards qu’on destinait à
1708
m’a valu des lettres qui disaient en substance :
l’
aventure intérieure, très bien, mais cela se pratique comment ? Voilà
1709
très bien, mais cela se pratique comment ? Voilà
le
type même de la question qui peut ouvrir, obscurément, la voie, mais
1710
cela se pratique comment ? Voilà le type même de
la
question qui peut ouvrir, obscurément, la voie, mais à laquelle perso
1711
même de la question qui peut ouvrir, obscurément,
la
voie, mais à laquelle personne au monde ne peut répondre pour un autr
1712
peut répondre pour un autre — ou sinon, où serait
l’
aventure ? x. Rougemont Denis de, « [Entretien] La lune, ce n’est p
1713
venture ? x. Rougemont Denis de, « [Entretien]
La
lune, ce n’est pas le paradis », La Vie protestante, Genève, 1 août 1
1714
ont Denis de, « [Entretien] La lune, ce n’est pas
le
paradis », La Vie protestante, Genève, 1 août 1969, p. 1-2. y. Propo
1715
« [Entretien] La lune, ce n’est pas le paradis »,
La
Vie protestante, Genève, 1 août 1969, p. 1-2. y. Propos recueillis p
1716
ierre Desgraupes et introduits par cette note : «
Le
16 juin, à la TV romande, Denis de Rougemont répondait aux questions
1717
es et introduits par cette note : « Le 16 juin, à
la
TV romande, Denis de Rougemont répondait aux questions de Pierre Desg
1718
entretien avait fait impression. Nous en donnons
le
texte ici, et Denis de Rougemont dit, en quelques lignes, ce qu’il pe
1719
en quelques lignes, ce qu’il pense aujourd’hui de
l’
événement qu’il avait commenté à l’avance. »
1720
aujourd’hui de l’événement qu’il avait commenté à
l’
avance. »
1721
« Bof ! disent
les
jeunes, pourquoi ? » (1er décembre 1978)z Vous venez de publier un
1722
embre 1978)z Vous venez de publier un livre :
L’
Avenir est notre affaire . Qu’entendez-vous par ce titre ? Je pense qu
1723
tre ? Je pense que nous sommes responsables, nous
les
hommes, de toutes les crises de l’humanité et de leur développement.
1724
s sommes responsables, nous les hommes, de toutes
les
crises de l’humanité et de leur développement. Dans le monde où nous
1725
nsables, nous les hommes, de toutes les crises de
l’
humanité et de leur développement. Dans le monde où nous existons, mêm
1726
ises de l’humanité et de leur développement. Dans
le
monde où nous existons, même la nature est faite par l’homme, il n’y
1727
veloppement. Dans le monde où nous existons, même
la
nature est faite par l’homme, il n’y a plus de nature sauvage. Il fau
1728
de où nous existons, même la nature est faite par
l’
homme, il n’y a plus de nature sauvage. Il faut bien que l’homme moder
1729
il n’y a plus de nature sauvage. Il faut bien que
l’
homme moderne en prenne conscience, car c’est probablement la dernière
1730
nt la dernière chance que nous avons de sortir de
la
crise dans laquelle nous nous sommes plongés. Pour la première fois d
1731
ous nous sommes plongés. Pour la première fois de
l’
histoire, l’homme se voit contraint de choisir librement son avenir. C
1732
mes plongés. Pour la première fois de l’histoire,
l’
homme se voit contraint de choisir librement son avenir. Ce n’est donc
1733
n’est pas un défi. Simplement, nous n’avons plus
le
droit de nous cacher, même derrière Dieu. Quand on voit que les chose
1734
ous cacher, même derrière Dieu. Quand on voit que
les
choses tournent mal, il est trop tard pour dire : Ce n’est pas ma fau
1735
ire : Ce n’est pas ma faute ! C’était l’autre, ou
la
fatalité… On en revient toujours à l’histoire du chapitre 3 de la Gen
1736
l’autre, ou la fatalité… On en revient toujours à
l’
histoire du chapitre 3 de la Genèse. Vous en appelez à la responsabili
1737
en revient toujours à l’histoire du chapitre 3 de
la
Genèse. Vous en appelez à la responsabilité ; c’est bien parce que vo
1738
ire du chapitre 3 de la Genèse. Vous en appelez à
la
responsabilité ; c’est bien parce que vous avez une espérance. Laquel
1739
Pourquoi voulez-vous absolument que ça continue,
l’
humanité ? », j’ai répondu : C’est quelque chose qui est plus fort que
1740
elque chose qui est plus fort que moi, et qui est
l’
espérance. C’est une volonté, un désir éperdu que la vie continue. Je
1741
espérance. C’est une volonté, un désir éperdu que
la
vie continue. Je ne sais pas si c’est une espérance chrétienne, c’est
1742
i m’est plutôt chevillé au corps. C’est peut-être
l’
envie de vivre, une curiosité (savoir ce qui va se passer après), et c
1743
qui va se passer après), et c’est peut-être aussi
l’
espérance dont parle saint Paul. Ou tout simplement l’espérance que, p
1744
pérance dont parle saint Paul. Ou tout simplement
l’
espérance que, par notre action, nous pouvons faire du bien, pas seule
1745
ulement du mal ; que nous pourrions encore sauver
l’
humanité — je ne dis pas dans un sens spirituel — dans un sens simplem
1746
un sens simplement physiologique, de manière que
l’
histoire dure encore. Je sais bien, si on s’en rapporte à l’Apocalypse
1747
dure encore. Je sais bien, si on s’en rapporte à
l’
Apocalypse, que l’histoire temporelle finira mal, mais, qu’après cela,
1748
ais bien, si on s’en rapporte à l’Apocalypse, que
l’
histoire temporelle finira mal, mais, qu’après cela, ça finira très bi
1749
ypse » veut dire « révélation », et révélation de
la
Nouvelle Jérusalem, d’une cité nouvelle qui sera vraiment humaine et
1750
v. 17). Il est question là d’un développement de
la
vie de l’humanité vers la plénitude, qui est une divinisation de l’h
1751
l est question là d’un développement de la vie de
l’
humanité vers la plénitude, qui est une divinisation de l’homme. S’il
1752
à d’un développement de la vie de l’humanité vers
la
plénitude, qui est une divinisation de l’homme. S’il y a dans votre
1753
é vers la plénitude, qui est une divinisation de
l’
homme. S’il y a dans votre livre des passages très pessimistes où vous
1754
ssages très pessimistes où vous semblez provoquer
la
peur du lecteur, le fond de tout est pourtant un courant d’optimisme
1755
tes où vous semblez provoquer la peur du lecteur,
le
fond de tout est pourtant un courant d’optimisme et d’espérance ? Oui
1756
livre, c’est que je prends tout à fait au sérieux
l’
avertissement d’Isaïe (ch. 21, v. 12) : « Sentinelle, que dis-tu de la
1757
aïe (ch. 21, v. 12) : « Sentinelle, que dis-tu de
la
nuit ? — Le matin vient, et la nuit aussi ». Il y a donc toujours deu
1758
v. 12) : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? —
Le
matin vient, et la nuit aussi ». Il y a donc toujours deux possibilit
1759
lle, que dis-tu de la nuit ? — Le matin vient, et
la
nuit aussi ». Il y a donc toujours deux possibilités. Qu’avez-vous à
1760
ui assez partagée entre une certaine résignation (
le
« bof ») et une certaine révolte ? C’est un manque d’information qui
1761
unes gens. Si on vient leur parler de menaces sur
la
vie physique de l’humanité, ça les embête, ça leur fait peur — comme
1762
ent leur parler de menaces sur la vie physique de
l’
humanité, ça les embête, ça leur fait peur — comme à tout le monde, il
1763
de menaces sur la vie physique de l’humanité, ça
les
embête, ça leur fait peur — comme à tout le monde, il ne faut pas s’e
1764
impliqués pour dire autre chose que « Foutez-moi
la
paix ! je m’occupe de mes petites affaires, celles de mon âge, metton
1765
tes affaires, celles de mon âge, mettons ! » Mais
les
jeunes que je connais ne partagent pas du tout cette attitude : quand
1766
te attitude : quand on leur parle de pollution de
la
terre, des airs, des forêts, des océans et des déserts, du danger nuc
1767
es océans et des déserts, du danger nucléaire, de
la
guerre atomique qui risque d’éclater n’importe quand, ils ne disent p
1768
e je connais. Je pense qu’il est faux de dire que
la
génération actuelle est la « bof-génération » : ce sont des choses qu
1769
l est faux de dire que la génération actuelle est
la
« bof-génération » : ce sont des choses que les hebdomadaires invente
1770
st la « bof-génération » : ce sont des choses que
les
hebdomadaires inventent de temps en temps pour faire monter le tirage
1771
res inventent de temps en temps pour faire monter
le
tirage… Par quel cheminement de votre existence en êtes-vous arrivé a
1772
m’occuper des affaires publiques, des affaires de
la
civilisation au xxe siècle. En 1928 j’ai écrit un article sur les mé
1773
au xxe siècle. En 1928 j’ai écrit un article sur
les
mémoires de Henry Ford, Ma Vie, publiés en français. L’article était
1774
oires de Henry Ford, Ma Vie, publiés en français.
L’
article était intitulé « Le péril Ford » et s’élevait contre Ford et s
1775
, publiés en français. L’article était intitulé «
Le
péril Ford » et s’élevait contre Ford et son triomphe, qui commençait
1776
e, qui commençait à se manifester à ce moment-là.
L’
auto industrielle n’avait que 29 ans, déjà Ford était milliardaire. Et
1777
et Vie ), cela n’a eu aucun effet, sauf sur moi.
Le
fait est que dès ce moment-là, je dénonçais la croissance illimitée d
1778
i. Le fait est que dès ce moment-là, je dénonçais
la
croissance illimitée dans un monde fini — 44 ans avant le club de Rom
1779
sance illimitée dans un monde fini — 44 ans avant
le
club de Rome ! J’ai repris la discussion de ces idées anticroissance
1780
fini — 44 ans avant le club de Rome ! J’ai repris
la
discussion de ces idées anticroissance avec les premiers personnalist
1781
ravailler comme éditeur. Nous avons créé ensemble
les
revues Esprit et L’Ordre nouveau , dans lesquelles vous trouverez
1782
uveau , dans lesquelles vous trouverez facilement
les
amorces de toutes les idées de mon dernier livre. Nous étions une gén
1783
s vous trouverez facilement les amorces de toutes
les
idées de mon dernier livre. Nous étions une génération — qui ne disai
1784
qui voyait très bien qu’elle allait devoir faire
la
guerre, une guerre qui n’était pas la sienne, une guerre entre États-
1785
rre entre États-nations (ce terme, c’est nous qui
l’
avons forgé, nous étions les seuls à l’utiliser couramment en France).
1786
terme, c’est nous qui l’avons forgé, nous étions
les
seuls à l’utiliser couramment en France). Toutes les idées fédéralist
1787
t nous qui l’avons forgé, nous étions les seuls à
l’
utiliser couramment en France). Toutes les idées fédéralistes, les idé
1788
seuls à l’utiliser couramment en France). Toutes
les
idées fédéralistes, les idées d’autogestion, de région, de modération
1789
amment en France). Toutes les idées fédéralistes,
les
idées d’autogestion, de région, de modération de la croissance, d’équ
1790
idées d’autogestion, de région, de modération de
la
croissance, d’équilibre à rétablir entre l’homme et la nature : tout
1791
on de la croissance, d’équilibre à rétablir entre
l’
homme et la nature : tout cela était déjà dans nos revues, dans nos gr
1792
oissance, d’équilibre à rétablir entre l’homme et
la
nature : tout cela était déjà dans nos revues, dans nos groupuscules.
1793
os groupuscules. Quelques années plus tard, après
la
guerre, l’évidence s’est imposée qu’il fallait faire l’Europe tout de
1794
ules. Quelques années plus tard, après la guerre,
l’
évidence s’est imposée qu’il fallait faire l’Europe tout de suite, sin
1795
rre, l’évidence s’est imposée qu’il fallait faire
l’
Europe tout de suite, sinon on recommencerait une autre guerre. La gue
1796
suite, sinon on recommencerait une autre guerre.
La
guerre a largement détruit la culture européenne et son rayonnement,
1797
t une autre guerre. La guerre a largement détruit
la
culture européenne et son rayonnement, pire : elle l’a faussée. On a
1798
ulture européenne et son rayonnement, pire : elle
l’
a faussée. On a fait croire au monde entier que ce qu’il fallait copie
1799
puisque nous n’en tenions pas compte nous-mêmes.
La
cause européenne, la lutte de ces dernières années ont épanoui nos re
1800
nions pas compte nous-mêmes. La cause européenne,
la
lutte de ces dernières années ont épanoui nos recherches des années 1
1801
nnées ont épanoui nos recherches des années 1930.
La
guerre n’a fait qu’interrompre… Elle a interrompu, mais en nous donna
1802
mpu, mais en nous donnant raison ! hélas, nous ne
le
cherchions pas. Les prophètes, d’une manière générale, n’ont pas du t
1803
onnant raison ! hélas, nous ne le cherchions pas.
Les
prophètes, d’une manière générale, n’ont pas du tout envie d’avoir ra
1804
raison ; ils vous adjurent de changer pour éviter
les
désastres, et de leur donner tort en changeant de cap. Votre critique
1805
onner tort en changeant de cap. Votre critique de
l’
État-nation porte-t-elle aussi sur la Suisse ? C’est une question à la
1806
critique de l’État-nation porte-t-elle aussi sur
la
Suisse ? C’est une question à laquelle je suis heureux de pouvoir rép
1807
eureux de pouvoir répondre de manière très nette.
L’
exemple que nous avions sous les yeux en 1931-1932 était l’État centra
1808
anière très nette. L’exemple que nous avions sous
les
yeux en 1931-1932 était l’État centralisé français, le modèle de tous
1809
que nous avions sous les yeux en 1931-1932 était
l’
État centralisé français, le modèle de tous les États-nations. Nous en
1810
ux en 1931-1932 était l’État centralisé français,
le
modèle de tous les États-nations. Nous entendions par État-nation la
1811
ait l’État centralisé français, le modèle de tous
les
États-nations. Nous entendions par État-nation la mainmise d’un appar
1812
es États-nations. Nous entendions par État-nation
la
mainmise d’un appareil étatique sur l’ensemble d’une nation, l’État i
1813
tat-nation la mainmise d’un appareil étatique sur
l’
ensemble d’une nation, l’État imposant les mêmes frontières, le même t
1814
un appareil étatique sur l’ensemble d’une nation,
l’
État imposant les mêmes frontières, le même territoire, aux réalités l
1815
ique sur l’ensemble d’une nation, l’État imposant
les
mêmes frontières, le même territoire, aux réalités les plus différent
1816
une nation, l’État imposant les mêmes frontières,
le
même territoire, aux réalités les plus différentes ; culturelles, lin
1817
êmes frontières, le même territoire, aux réalités
les
plus différentes ; culturelles, linguistiques, économiques, sociales,
1818
ats centralisés, mais j’avais, je pense, derrière
la
tête, l’idée de leur opposer l’État fédératif, le modèle suisse. J’av
1819
alisés, mais j’avais, je pense, derrière la tête,
l’
idée de leur opposer l’État fédératif, le modèle suisse. J’avoue qu’à
1820
e pense, derrière la tête, l’idée de leur opposer
l’
État fédératif, le modèle suisse. J’avoue qu’à ce moment-là je connais
1821
la tête, l’idée de leur opposer l’État fédératif,
le
modèle suisse. J’avoue qu’à ce moment-là je connaissais assez mal ce
1822
(« nous », disais-je… !) C’est plus tard, pendant
la
mobilisation, que j’ai découvert les trésors du fédéralisme. Nous par
1823
tard, pendant la mobilisation, que j’ai découvert
les
trésors du fédéralisme. Nous parlions déjà de fédéralisme, même d’un
1824
e village par village, en hérisson, à appliquer à
l’
Europe pour lui éviter les grands affrontements : c’était la tactique
1825
hérisson, à appliquer à l’Europe pour lui éviter
les
grands affrontements : c’était la tactique suisse, que l’on m’avait e
1826
our lui éviter les grands affrontements : c’était
la
tactique suisse, que l’on m’avait enseignée à l’école d’officiers en
1827
s affrontements : c’était la tactique suisse, que
l’
on m’avait enseignée à l’école d’officiers en 1928 ! Une défense avec
1828
la tactique suisse, que l’on m’avait enseignée à
l’
école d’officiers en 1928 ! Une défense avec l’esprit autant qu’avec l
1829
à l’école d’officiers en 1928 ! Une défense avec
l’
esprit autant qu’avec les armes ? Une défense par tous les moyens, sur
1830
n 1928 ! Une défense avec l’esprit autant qu’avec
les
armes ? Une défense par tous les moyens, sur place, défense d’abord d
1831
t autant qu’avec les armes ? Une défense par tous
les
moyens, sur place, défense d’abord de sa maison, de sa petite patrie
1832
t en Amérique (de 1940 à 1946) que j’ai découvert
l’
Europe ! et la Suisse notamment ! Il faut s’éloigner de quelque chose
1833
(de 1940 à 1946) que j’ai découvert l’Europe ! et
la
Suisse notamment ! Il faut s’éloigner de quelque chose pour savoir ce
1834
ce que c’est. En Amérique, il n’y avait rien sur
la
Suisse, alors j’ai écrit un petit livre intitulé Le Cœur de l’Europe
1835
Suisse, alors j’ai écrit un petit livre intitulé
Le
Cœur de l’Europe et cela m’a permis de découvrir le fonctionnement d
1836
rs j’ai écrit un petit livre intitulé Le Cœur de
l’
Europe et cela m’a permis de découvrir le fonctionnement du fédéralis
1837
Cœur de l’Europe et cela m’a permis de découvrir
le
fonctionnement du fédéralisme. La critique de l’État-nation ne s’adre
1838
is de découvrir le fonctionnement du fédéralisme.
La
critique de l’État-nation ne s’adresse donc pas à la Suisse, elle ind
1839
le fonctionnement du fédéralisme. La critique de
l’
État-nation ne s’adresse donc pas à la Suisse, elle indique simplement
1840
critique de l’État-nation ne s’adresse donc pas à
la
Suisse, elle indique simplement à la Suisse dans quelle direction ell
1841
e donc pas à la Suisse, elle indique simplement à
la
Suisse dans quelle direction elle ne devrait pas se développer. Des t
1842
on » peuvent se révéler dans certains secteurs de
la
vie du pays : le nucléaire ? Le nucléaire ! Il y a pour la Suisse, dè
1843
évéler dans certains secteurs de la vie du pays :
le
nucléaire ? Le nucléaire ! Il y a pour la Suisse, dès 1848, un danger
1844
tains secteurs de la vie du pays : le nucléaire ?
Le
nucléaire ! Il y a pour la Suisse, dès 1848, un danger certain : voil
1845
pays : le nucléaire ? Le nucléaire ! Il y a pour
la
Suisse, dès 1848, un danger certain : voilà un État fédéral, entouré
1846
nte finalement lui-même comme un État-nation. Or,
le
fédéralisme est impossible dans un seul pays ! Si on veut sauver le f
1847
impossible dans un seul pays ! Si on veut sauver
le
fédéralisme suisse, il faut l’étendre aux dimensions du continent, qu
1848
Si on veut sauver le fédéralisme suisse, il faut
l’
étendre aux dimensions du continent, quitte ensuite à fédérer ce conti
1849
ontinent avec d’autres fédérations continentales.
La
Suisse est acculée à un certain centralisme dès qu’elle s’occupe d’ob
1850
alisme dès qu’elle s’occupe d’objets trop grands.
Le
nucléaire en est un excellent exemple. Le nucléaire n’est absolument
1851
grands. Le nucléaire en est un excellent exemple.
Le
nucléaire n’est absolument pas le moyen d’assurer l’indépendance éner
1852
ellent exemple. Le nucléaire n’est absolument pas
le
moyen d’assurer l’indépendance énergétique d’un pays, à preuve qu’en
1853
nucléaire n’est absolument pas le moyen d’assurer
l’
indépendance énergétique d’un pays, à preuve qu’en France le nucléaire
1854
ance énergétique d’un pays, à preuve qu’en France
le
nucléaire est appliqué d’après une licence américaine, son combustibl
1855
ombustible vient des USA et de Russie (remplaçant
la
dépendance des Arabes pour le pétrole), et les capitaux viennent de p
1856
Russie (remplaçant la dépendance des Arabes pour
le
pétrole), et les capitaux viennent de partout. Des Arabes, de nouveau
1857
ant la dépendance des Arabes pour le pétrole), et
les
capitaux viennent de partout. Des Arabes, de nouveau ? De partout, de
1858
partout. Des Arabes, de nouveau ? De partout, de
l’
Iran, pour 40 % dans la société qui contrôle la construction de Superp
1859
e nouveau ? De partout, de l’Iran, pour 40 % dans
la
société qui contrôle la construction de Superphénix (voir le rapport
1860
de l’Iran, pour 40 % dans la société qui contrôle
la
construction de Superphénix (voir le rapport de la Commission des fin
1861
qui contrôle la construction de Superphénix (voir
le
rapport de la Commission des finances du Parlement français). Pour la
1862
a construction de Superphénix (voir le rapport de
la
Commission des finances du Parlement français). Pour la Suisse, il en
1863
mission des finances du Parlement français). Pour
la
Suisse, il en va de même : nous finançons le nucléaire grâce à six ba
1864
Pour la Suisse, il en va de même : nous finançons
le
nucléaire grâce à six banques qui appartiennent à cinq pays (et je si
1865
tiennent à cinq pays (et je simplifie encore). Si
le
fédéralisme consiste à confier aux diverses communautés — municipales
1866
égionales, nationales, continentales, mondiales —
les
tâches qui correspondent à leurs dimensions respectives, disons que l
1867
ondent à leurs dimensions respectives, disons que
le
nucléaire est trop grand pour un seul pays, et qu’il y constitue une
1868
n seul pays, et qu’il y constitue une menace pour
la
démocratie. Vous êtes membre du Groupe de Bellerive : que fait-il ? C
1869
, qui s’est réuni pour mettre en garde non contre
le
nucléaire en général, mais contre le surgénérateur de Creys-Malville,
1870
e non contre le nucléaire en général, mais contre
le
surgénérateur de Creys-Malville, Superphénix, et contre les atteintes
1871
érateur de Creys-Malville, Superphénix, et contre
les
atteintes aux droits de l’homme qu’entraîne fatalement une constructi
1872
e fatalement une construction de cette dimension.
Le
nucléaire, l’hitlérisme, la folie de l’auto ; quel est au fond leur l
1873
ne construction de cette dimension. Le nucléaire,
l’
hitlérisme, la folie de l’auto ; quel est au fond leur lien ? Ils gouv
1874
n de cette dimension. Le nucléaire, l’hitlérisme,
la
folie de l’auto ; quel est au fond leur lien ? Ils gouvernent tous, d
1875
imension. Le nucléaire, l’hitlérisme, la folie de
l’
auto ; quel est au fond leur lien ? Ils gouvernent tous, de manière sy
1876
stématique et synthétique (chacun commandant tous
les
autres), vers la réalité écrasante de l’État-nation, qui résume à peu
1877
hétique (chacun commandant tous les autres), vers
la
réalité écrasante de l’État-nation, qui résume à peu près tout ce que
1878
nt tous les autres), vers la réalité écrasante de
l’
État-nation, qui résume à peu près tout ce que je dénonce : la déperso
1879
n, qui résume à peu près tout ce que je dénonce :
la
dépersonnalisation, la perte de responsabilité (donc de liberté), la
1880
s tout ce que je dénonce : la dépersonnalisation,
la
perte de responsabilité (donc de liberté), la centralisation, l’avant
1881
on, la perte de responsabilité (donc de liberté),
la
centralisation, l’avantage donné à ce qui est toujours plus cher, plu
1882
ponsabilité (donc de liberté), la centralisation,
l’
avantage donné à ce qui est toujours plus cher, plus dangereux, et per
1883
t toujours plus cher, plus dangereux, et permet à
l’
État de mieux contrôler les investissements, les mouvements de fonds,
1884
dangereux, et permet à l’État de mieux contrôler
les
investissements, les mouvements de fonds, et l’intervention croissant
1885
à l’État de mieux contrôler les investissements,
les
mouvements de fonds, et l’intervention croissante dans la vie de tous
1886
les investissements, les mouvements de fonds, et
l’
intervention croissante dans la vie de tous les jours de la police. Fi
1887
ments de fonds, et l’intervention croissante dans
la
vie de tous les jours de la police. Finalement, toute cette évolution
1888
et l’intervention croissante dans la vie de tous
les
jours de la police. Finalement, toute cette évolution pointe irrésist
1889
ntion croissante dans la vie de tous les jours de
la
police. Finalement, toute cette évolution pointe irrésistiblement ver
1890
oute cette évolution pointe irrésistiblement vers
la
guerre. On nous a beaucoup dit que le nucléaire civil n’avait rien à
1891
lement vers la guerre. On nous a beaucoup dit que
le
nucléaire civil n’avait rien à voir avec la guerre nucléaire ; ce n’e
1892
t que le nucléaire civil n’avait rien à voir avec
la
guerre nucléaire ; ce n’est pas vrai. Les usines de retraitement des
1893
oir avec la guerre nucléaire ; ce n’est pas vrai.
Les
usines de retraitement des déchets de centrales nucléaires fournissen
1894
t des déchets de centrales nucléaires fournissent
le
plutonium qui permet de faire des bombes. Tout cela donc fait l’unité
1895
i permet de faire des bombes. Tout cela donc fait
l’
unité de mon livre : mon souci dernier est d’éviter la guerre nucléair
1896
ité de mon livre : mon souci dernier est d’éviter
la
guerre nucléaire, vers laquelle tout nous pousse aujourd’hui, à comme
1897
n démentielle ! C’est pourquoi aussi je suis pour
les
régions, pour les petites unités qui sont de vraies communautés. « Sm
1898
est pourquoi aussi je suis pour les régions, pour
les
petites unités qui sont de vraies communautés. « Small is beautiful »
1899
s communautés. « Small is beautiful ». Quelle est
la
tâche des chrétiens et des Églises dans un monde pareil ? Les chrétie
1900
s chrétiens et des Églises dans un monde pareil ?
Les
chrétiens n’ont qu’une tâche devant toutes les solutions qu’on leur p
1901
? Les chrétiens n’ont qu’une tâche devant toutes
les
solutions qu’on leur propose, c’est de s’efforcer d’être chrétiens. C
1902
abord : ne pas donner dans cette folle puissance.
La
puissance, c’est le pouvoir qu’on prend sur autrui. La liberté c’est
1903
r dans cette folle puissance. La puissance, c’est
le
pouvoir qu’on prend sur autrui. La liberté c’est le pouvoir que l’on
1904
issance, c’est le pouvoir qu’on prend sur autrui.
La
liberté c’est le pouvoir que l’on prend sur soi-même. Les seules cond
1905
pouvoir qu’on prend sur autrui. La liberté c’est
le
pouvoir que l’on prend sur soi-même. Les seules condamnations absolue
1906
prend sur autrui. La liberté c’est le pouvoir que
l’
on prend sur soi-même. Les seules condamnations absolues prononcées pa
1907
rté c’est le pouvoir que l’on prend sur soi-même.
Les
seules condamnations absolues prononcées par Jésus sont dirigées cont
1908
bsolues prononcées par Jésus sont dirigées contre
la
puissance. Non pas contre la sexualité, comme on voulait nous le fair
1909
sont dirigées contre la puissance. Non pas contre
la
sexualité, comme on voulait nous le faire croire au xixe siècle. (Vo
1910
on pas contre la sexualité, comme on voulait nous
le
faire croire au xixe siècle. (Voyez Matt. 4 et Luc 4.) On ne peut pa
1911
tt. 4 et Luc 4.) On ne peut pas vouloir à la fois
la
puissance, la richesse, et être chrétien. L’idée de la croissance ill
1912
.) On ne peut pas vouloir à la fois la puissance,
la
richesse, et être chrétien. L’idée de la croissance illimitée comme b
1913
fois la puissance, la richesse, et être chrétien.
L’
idée de la croissance illimitée comme bien suprême de l’humanité est u
1914
issance, la richesse, et être chrétien. L’idée de
la
croissance illimitée comme bien suprême de l’humanité est une idée fo
1915
de la croissance illimitée comme bien suprême de
l’
humanité est une idée fondamentalement antichrétienne. Refuser la puis
1916
une idée fondamentalement antichrétienne. Refuser
la
puissance ne veut pas dire se retirer de tout, laisser aller les chos
1917
e veut pas dire se retirer de tout, laisser aller
les
choses ? Les chrétiens doivent vouloir et préparer une société où cha
1918
re se retirer de tout, laisser aller les choses ?
Les
chrétiens doivent vouloir et préparer une société où chacun puisse êt
1919
oir et préparer une société où chacun puisse être
le
prochain de l’autre, donc une société formée de petites communautés f
1920
ni responsabilité, ni liberté. Il n’y a plus que
la
promiscuité des solitudes. z. Rougemont Denis de, « [Entretien] Bo
1921
. Rougemont Denis de, « [Entretien] Bof ! disent
les
jeunes, pourquoi ? », La Vie protestante, Genève, 1 décembre 1978, p.
1922
Entretien] Bof ! disent les jeunes, pourquoi ? »,
La
Vie protestante, Genève, 1 décembre 1978, p. 1-2.