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temps des fanatiques (25 novembre 1938)a b Ce
ne
sont plus des signes dans le ciel, mais des réalités terrestres et br
2
trois-cents-millions de nos contemporains, s’ils
ne
portent pas sur eux cette Marque, se voient rejetés de la cité. Alors
3
s, nous sommes en règle avec notre conscience. Il
n’
y a plus à discuter. Le temps des nuances est passé. L’état de siège e
4
demande à voir, celui qui estime encore que tout
n’
est pas si clair, ni si simple, ni si tranché, se voit aussitôt suspec
5
ais je demande : Parmi ceux-là qui les attaquent,
n’
y aurait-il par hasard que des chrétiens ? Quand on me dit que les com
6
me dit que les communistes sont des sans-Dieu, je
ne
dis pas non, je ne suis pas illettré ; mais je me demande si le trust
7
unistes sont des sans-Dieu, je ne dis pas non, je
ne
suis pas illettré ; mais je me demande si le trust des pétroles, qui
8
que les rouges d’Espagne brûlent les églises, je
ne
dis pas non : ils s’en vantent eux-mêmes. Mais je me demande si les s
9
iens de M. Franco, qui sont le Duce et le Führer,
ne
le soutiennent vraiment qu’au nom du Christ ? Pourquoi donc ces dicta
10
ctateurs sont les ennemis du christianisme ! — je
ne
dis pas non, je les ai vus de près. Mais je me demande si le maintien
11
oi je réponds : Croyez-vous, chers amis, que vous
n’
en parlez pas vous-mêmes ? Les chrétiens qui se lancent dans une crois
12
? Les chrétiens qui se lancent dans une croisade
ne
le font-ils que pour sauver l’Église ? Et même dans ce cas, est-ce un
13
enfants de la Lumière ! J’aimerais beaucoup qu’on
ne
déduise pas de ces propos qu’à mon avis les chrétiens doivent se tair
14
ti après une enquête loyale. Mais de grâce, qu’on
ne
mêle pas tout sous prétexte de christianisme ! Qu’on n’appelle pas «
15
e pas tout sous prétexte de christianisme ! Qu’on
n’
appelle pas « croisade » ou « guerre sainte » des entreprises qui, du
16
Empire, Race, Droits de l’homme, Argent. Donc il
n’
y a pas de causes justes, même s’il y en a de moins injustes, relative
17
l y en a de moins injustes, relativement. Donc il
ne
peut y avoir de guerres saintes. Et notre dernier mot, comme chrétien
18
s saintes. Et notre dernier mot, comme chrétiens,
ne
peut pas être « la guerre sainte » ni davantage « la paix à tout prix
19
gemont, le jeune auteur romand dont la réputation
n’
est plus à faire. Nous lui laissons volontiers la parole, convaincus q
20
vie de Nicolas, on l’ignore très généralement. Il
n’
en va pas de même chez nos confédérés des petits cantons. Et c’est pou
21
petits cantons. Et c’est pourquoi les catholiques
n’
ont pas eu de peine à s’annexer le « frère Claus », cependant que les
22
’abord quelques faits importants. Nicolas de Flue
ne
devint ermite qu’après avoir atteint sa cinquantième année. Né au déb
23
on acte et obtenu le consentement des siens. Nous
ne
sommes pas en présence d’un pauvre illuminé, mais d’un solide confédé
24
par l’Église qui se méfie de cet « irrégulier ».
Ne
dit-on pas que, durant les vingt ans de sa retraite, il n’a pris d’au
25
pas que, durant les vingt ans de sa retraite, il
n’
a pris d’autre nourriture que l’hostie, une fois par semaine ? L’évêqu
26
torités ont bien tenté de l’espionner : jamais on
ne
l’a trouvé en faute. Entouré du respect de ses concitoyens, il reçoit
27
te de Stans, sauvera la situation in extremis. Il
n’
aura pas besoin de paraître en personne ; son conseil suffira, et son
28
é l’extrême rigueur de ses « pratiques », Nicolas
n’
a pas pu trouver la paix de son âme dans le monde. Il a dû se retirer
29
la Bible. 2° Dans son ermitage du Ranft, Nicolas
ne
s’est pas abandonné aux « saintes délices » de la contemplation. Il n
30
é aux « saintes délices » de la contemplation. Il
ne
s’est libéré de certaines servitudes que pour mieux servir le Seigneu
31
le Seigneur dans la personne de son prochain. Il
n’
a renoncé à ses travaux de paysan que pour mieux travailler au bien de
32
tous. En fin de compte, sa retraite hors du monde
n’
a pas anéanti, mais décuplé son action pratique sur le monde. Ce derni
33
édération, c’est à son action qu’il le doit. S’il
n’
avait été qu’un ascète, nous ne saurions plus rien de lui. C’est pourq
34
u’il le doit. S’il n’avait été qu’un ascète, nous
ne
saurions plus rien de lui. C’est pourquoi les réformateurs insistèren
35
t d’éluder l’action politique du frère Claus. Ils
ne
signalent pas l’événement de la Diète de Stans, ni le patriotisme con
36
ien Franck dit à la fin de sa chronique : « Qu’il
n’
ait rien mangé, je ne puis le croire : les Suisses eux-mêmes ne l’affi
37
in de sa chronique : « Qu’il n’ait rien mangé, je
ne
puis le croire : les Suisses eux-mêmes ne l’affirment et ne le croien
38
ngé, je ne puis le croire : les Suisses eux-mêmes
ne
l’affirment et ne le croient pas. » Rappelons que lorsqu’on demandait
39
croire : les Suisses eux-mêmes ne l’affirment et
ne
le croient pas. » Rappelons que lorsqu’on demandait à Nicolas comment
40
hacun doit rester sur son fumier » ! Mais Nicolas
n’
a-t-il pas dit aussi qu’il fallait garder l’« ancienne foi » ! Voilà l
41
Vie monacale. Il insiste sur le fait que l’ermite
n’
a nullement rompu ses liens avec sa paroisse, mais, au contraire, n’a
42
u ses liens avec sa paroisse, mais, au contraire,
n’
a cessé de visiter les malades et de venir en aide aux affligés ; « de
43
en aide aux affligés ; « de plus, ajoute-t-il, il
n’
a pas établi sa demeure tout à fait à l’écart du monde, mais au contra
44
re d’un protestant, l’Alsacien Valentin Boltz. Il
ne
comptait pas moins de 149 rôles parlés, et sa représentation demanda
45
es « vêtements étrangers » et les doctrines qu’on
ne
met pas en pratique. Les cantons protestants, pour leur part, se repe
46
e à Lucerne en 1586. Le rôle politique de Nicolas
n’
y est même pas mentionné !) N’y a-t-il pas là une grande anomalie ? Ca
47
olitique de Nicolas n’y est même pas mentionné !)
N’
y a-t-il pas là une grande anomalie ? Car, enfin, l’élément le plus sp
48
ce trait que les premiers réformés ont souligné.
Ne
conviendrait-il pas que les protestants, de nos jours, s’avisent de r
49
l’actualité la plus brûlante de notre siècle : il
n’
était que de mettre en relief les traits de cette figure qui frappèren
50
ique que sa retraite lui permit de jouer. Nicolas
ne
pouvait pas lire la Bible, mais il aimait à en citer les versets qu’o
51
Théodore de Bèze. Nicolas de Flue, me dira-t-on,
n’
est pas un « sujet protestant » ? Eh quoi ! Abraham non plus n’était p
52
« sujet protestant » ? Eh quoi ! Abraham non plus
n’
était pas calviniste. Ce qui caractérise un drame protestant, c’est bi
53
Nicolas de Flue nous faire comprendre que le paix
n’
est jamais le résultat de nos calculs, mais le miracle de Dieu seul, e
54
De Luther à Hitler (15 mars 1940)d Nous
n’
avons plus le droit de nous tromper dans nos jugements sur les choses
55
t d’une évolution dont Hitler serait le terme, ce
n’
est pas une erreur minime. Elle résulte tantôt d’une mauvaise foi cons
56
rme : l’assimilation grossière de Luther à Hitler
n’
est évidemment pas destinée à diminuer le prestige du second, mais bie
57
on éduquée par Luther « était prête à se donner à
n’
importe quel despote, pourvu qu’il fût Allemand et protestant ». Or le
58
m’engage à reconnaître que Luther est coupable de
n’
avoir pas su, dans l’espace d’une vingtaine d’années, dominer les fata
59
la Suisse. Je suis de ceux qui pensent que la foi
n’
est pas « une affaire privée », ainsi que le prétendait Marx. Le chrét
60
e, dans la cité où il est né et pour son bien. Il
n’
a pas le droit de s’en désintéresser et de laisser les autres s’égarer
61
oi. J’insiste sur ce point, qui est capital. Nous
ne
devons pas être chrétiens parce que nous sommes Suisses et que la Sui
62
z nous d’assez graves équivoques sur ce point. Il
ne
manque pas de gens pour dire, écrire, ou simplement laisser entendre,
63
gatoire d’un très ardent patriotisme. Si certains
n’
hésitent pas, dans leurs discours, à invoquer « le Dieu de nos pères »
64
vait-il, avoir une religion pour vous, et si vous
n’
en voulez pas pour vous, mais seulement pour tout le monde, faites-nou
65
ement pour tout le monde, faites-nous la grâce de
n’
en point vouloir », car « la société qui veut m’ôter ma religion m’eff
66
belligérants qui viennent nous dire : « Ceux qui
ne
sont ni froids ni bouillants seront vomis ». Qu’est-ce que cela signi
67
ngés ! Je demande à voir ce qui vaut le mieux. Il
ne
faut pas parler de neutralité en général, dans l’absolu et dans l’abs
68
vomisse… Mais ceci est une autre histoire que je
n’
ai pas à conter maintenant. Et nous avons d’ailleurs, à mon avis, d’au
69
lement rappeler ceci : c’est qu’on ferait bien de
ne
pas utiliser comme des proverbes généraux certaines paroles du Christ
70
roverbes généraux certaines paroles du Christ qui
n’
ont de sens que par rapport à sa Personne, à son Royaume, à son Éterni
71
la tradition, les morts. La religion totalitaire
n’
admet pas que « les choses vieilles sont passées », selon la parole de
72
sont passées », selon la parole de l’apôtre. Elle
n’
admet pas la conversion et le pardon, à partir desquels « il n’y a plu
73
a conversion et le pardon, à partir desquels « il
n’
y a plus ni juif ni grec ». Elle ne demande pas « Que crois-tu ? Qu’es
74
desquels « il n’y a plus ni juif ni grec ». Elle
ne
demande pas « Que crois-tu ? Qu’espères-tu ? », mais elle demande « Q
75
s depuis des millénaires, jamais « passées ». Qui
ne
voit qu’une telle religion hait mortellement et de toute sa nature la
76
el, le rachat du péché d’origine ?… Mais résister
ne
suffit pas, on ne se défend bien qu’en attaquant, c’est-à-dire en pre
77
éché d’origine ?… Mais résister ne suffit pas, on
ne
se défend bien qu’en attaquant, c’est-à-dire en prenant l’initiative.
78
tes d’esprit qui auront obtenu la victoire. Elles
ne
sauront la rendre féconde que si elles se laissent guider et inspirer
79
admise des formes de culte et d’organisation. Ce
n’
est point par hasard que les calvinistes, bien qu’ils soient une minor
80
nos traditions secondaires. Le but de nos Églises
n’
est pas d’imposer le protestantisme au monde, mais d’annoncer l’Évangi
81
ci : L’Église protestante est justement celle qui
ne
se donne pas pour la seule forme d’Église possible ; elle est l’Églis
82
Les tours du diable I : « Je
ne
suis personne » (15 octobre 1943)h i C’est dans les Petits poèmes
83
belle ruse du diable est de nous persuader qu’il
n’
existe pas. » Reconnaissons que ce tour n’a jamais mieux réussi que da
84
r qu’il n’existe pas. » Reconnaissons que ce tour
n’
a jamais mieux réussi que dans l’époque contemporaine. Même quand nous
85
, le diable nous dit comme Ulysse au Cyclope : Je
ne
suis personne. De quoi aurais-tu peur ? Vas-tu trembler devant l’inex
86
e, mais non pas croire en Dieu ; ce qui revient à
ne
pas croire au diable. Cette mascarade anachronique et bouffonne n’a p
87
diable. Cette mascarade anachronique et bouffonne
n’
a pas médiocrement contribué à la réussite du premier tour que dénonce
88
ge traditionnelle et trop évidemment puérile, ils
ne
se doutent pas que le diable agit ailleurs, sans queue ni barbe, par
89
mains peut-être… Ce qui me paraît incroyable, ce
n’
est pas le diable, et ce ne sont pas les anges, mais bien la candeur e
90
paraît incroyable, ce n’est pas le diable, et ce
ne
sont pas les anges, mais bien la candeur et la crédulité de ces « sce
91
onhomme à cornes rouges et à longue queue ; or je
ne
puis croire à un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; donc je
92
homme à cornes rouges et à longue queue ; donc je
ne
crois pas au diable. » C’est tout ce qu’il demandait. Et ceux qui en
93
Rougemont Denis de, « Les tours du diable I : “Je
ne
suis personne” », La Vie protestante, Genève, 15 octobre 1943, p. 1.
94
iable, due à la plume de Denis de Rougemont. Nous
n’
avons pas à présenter l’écrivain neuchâtelois aux lecteurs de la Vie p
95
me seul, dans toute la Création, peut dire ce qui
n’
est pas et mentir par ses actes. Le minéral repose où il fut composé,
96
Par sa liberté seule il peut pécher. Et le péché
n’
est qu’un mensonge. Mais le mensonge proféré nous lie… Comprenons main
97
éré nous lie… Comprenons maintenant que le diable
ne
pourrait rien sans notre liberté. Car c’est par nous seulement qu’il
98
re liberté qu’il agit en nous et nous lie. Si Ève
n’
avait pas été libre de manger cette pomme interdite, Ève n’aurait pu p
99
as été libre de manger cette pomme interdite, Ève
n’
aurait pu pécher, ni Adam après elle. Ainsi la gloire de l’homme étant
100
me, c’est le critère du vrai qui est dénaturé, il
n’
y a plus de contrôle possible. Et peu à peu vous oublierez que vous tr
101
ge, celui qui se borne à taire la vérité (tout en
ne
cessant de la connaître) ou à la nier (tout en sachant que, pour si p
102
à la nier (tout en sachant que, pour si peu, elle
ne
cesse pas d’exister). Mais le texte original de ce passage est infini
103
éation du mensonge, car le mensonge, par essence,
n’
est pas ! C’est une espèce de décréation. C’est le trompe-l’œil et le
104
est le père du faux art, de toutes ces œuvres qui
ne
sont « ni bien ni mal », parce que l’acte dont elles naquirent suppri
105
naquirent supprime les mesures mêmes du beau. Il
n’
y a plus de fautes de goût possible là où n’existe plus de goût comme
106
u. Il n’y a plus de fautes de goût possible là où
n’
existe plus de goût comme il n’y a plus de crime possible la où n’exis
107
oût possible là où n’existe plus de goût comme il
n’
y a plus de crime possible la où n’existe plus de Loi. Peut-être ici d
108
goût comme il n’y a plus de crime possible la où
n’
existe plus de Loi. Peut-être ici découvrons-nous la raison dernière d
109
désir d’innocence utopique. Le mensonge ordinaire
n’
était que l’omission ou la contradiction d’une vérité, qui subsistait
110
core. Mais le mensonge diabolique tue le juge. Il
ne
part que de soi, et ne prolifère qu’en autarcie, comme une monade can
111
diabolique tue le juge. Il ne part que de soi, et
ne
prolifère qu’en autarcie, comme une monade cancéreuse, introduisant d
112
c’est vital ! » —, soit en se persuadant que « ça
n’
a pas d’importance » ; ou les deux ensemble. En vérité, la sexualité e
113
les deux ensemble. En vérité, la sexualité en soi
n’
est pas plus diabolique que la digestion ou la respiration. Si la majo
114
Ève signifierait ce que l’on croit, notez que ce
n’
est pas le geste de manger une pomme qui était mauvais aux yeux de l’É
115
e, comme les autres fonctions du corps, le diable
ne
s’y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et à l’esprit,
116
une des formes les moins diaboliques du péché. Je
n’
en dirais pas autant de certaines amours pseudo-mystiques, nœuds de so
117
la sexualité donne prise au diable. Et certes il
ne
s’y intrigue pas davantage que dans nos créations les plus abstraites
118
t dans cette mesure moins dangereux. La sexualité
ne
devient proprement démoniaque que lorsque l’esprit s’en empare, la co
119
éprime secrètement l’humanité de l’homme. Le sexe
n’
est pas plus divin qu’il n’est honteux, mais il est lié intimement aux
120
té de l’homme. Le sexe n’est pas plus divin qu’il
n’
est honteux, mais il est lié intimement aux fonctions les plus humaine
121
diable IV : L’accusateur (5 novembre 1943)l Il
n’
est peut-être au monde qu’une seule chose pire que de douter du bien e
122
le courage de rebâtir. Celui qui doute du pardon
ne
peut pas confesser son crime, et celui qui ne le confesse pas n’en co
123
don ne peut pas confesser son crime, et celui qui
ne
le confesse pas n’en connaîtra jamais toute l’étendue. Le diable est
124
fesser son crime, et celui qui ne le confesse pas
n’
en connaîtra jamais toute l’étendue. Le diable est cet Accusateur qui
125
icité infernale, c’est de nous faire croire qu’il
n’
y a pas de juge, ni d’ordre divin du réel, et aussitôt que nous l’avon
126
temps de tout recours à Celui qui pardonne. Elle
ne
laisse aux meilleures de ses victimes que l’héroïsme autosadique de l
127
it à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : vous
ne
mangerez pas de tous les arbres du jardin ? La femme répondit au serp
128
re qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous
n’
en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous n’en m
129
in, Dieu a dit : vous n’en mangerez point et vous
n’
y toucherez point, de peur que vous n’en mouriez. Alors le serpent dit
130
int et vous n’y toucherez point, de peur que vous
n’
en mouriez. Alors le serpent dit à la femme : vous ne mourrez point. M
131
n mouriez. Alors le serpent dit à la femme : vous
ne
mourrez point. Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos ye
132
a possibilité d’une tentation s’entrouvre. Car il
n’
y a pas de tentation là où n’existe aucune possibilité d’imaginer quel
133
s’entrouvre. Car il n’y a pas de tentation là où
n’
existe aucune possibilité d’imaginer quelque autre chose que l’état de
134
it. On dit bien : l’occasion fait le larron. Vous
n’
êtes pas tenté d’aller dans la lune, parce que vous savez que c’est ab
135
’on vous suggérait quelque moyen de le faire. Ève
ne
pensait même pas à manger cette pomme avant que le serpent n’ait mis
136
ême pas à manger cette pomme avant que le serpent
n’
ait mis en doute la réalité de l’ordonnance de Dieu. À l’origine de to
137
e son fruit et en mangea. » (Gen. 3:6) Voyez : ce
n’
est pas le mal en soi qui tente, mais c’est toujours un bien qu’on ima
138
n que l’on se figure « mieux fait pour soi ». Ève
ne
fut pas tentée par une chose mauvaise, mais par une fort belle et bon
139
gréable à la vue et précieuse pour l’esprit. Elle
ne
fut pas tentée par le désir de nuire, mais l’idée de se diviniser, ce
140
r quelque raison littéralement fondamentale, Dieu
n’
aimait pas cette idée-là et l’excluait de sa réalité. Manger cette pom
141
un bien que le réel condamne et que le plan divin
ne
prévoit pas. Satan, lorsqu’il tente le Christ, lui propose trois utop
142
sentier de Golgotha. À l’origine, le « méchant »
n’
est pas celui qui agit par méchanceté (à ses propres yeux tout au moin
143
persuader l’individu, dans une époque où celui-ci
n’
existe guère. Son ambition se tourne vers les masses. Ici nous abordon
144
ure, au sein de laquelle, ayant perdu son moi, on
ne
sait plus ce que l’on est en train de faire ou de dire, on ne sait pl
145
ce que l’on est en train de faire ou de dire, on
ne
sait plus ce qui parle à travers vous, tandis que le sang court plus
146
e créateur de la masse : fuir sa propre personne,
n’
être plus responsable, donc plus coupable, et devenir du même coup par
147
ien des chances d’être celui qui aime à dire : Je
ne
suis Personne… La foule, c’est le lieu de rendez-vous des hommes qui
148
hommes qui se fuient, eux et leur vocation. Elle
n’
est personne et tire de là son assurance dans le crime. « Il ne s’est
149
e et tire de là son assurance dans le crime. « Il
ne
s’est pas trouvé un seul soldat pour porter la main sur Caius Marius,
150
usion d’être une foule, et que personne peut-être
ne
saurait dire qui l’avait fait ou qui avait commencé, celles-là l’aura
151
mensonge !… Car une foule est une abstraction qui
n’
a pas de mains, mais chaque homme isolé a, dans la règle, deux mains,
152
n celles du voisin, et non celles de la foule qui
n’
a pas de mains » (Kierkegaard). Reconnaissons ici la vieille tactique,
153
et unique artifice : faire croire à l’homme qu’il
n’
est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la Loi est douteuse,
154
oire à l’homme qu’il n’est pas responsable, qu’il
n’
y a pas de Juge, que la Loi est douteuse, qu’on ne saura pas, et que d
155
n’y a pas de Juge, que la Loi est douteuse, qu’on
ne
saura pas, et que d’ailleurs, une fois le coup réussi, on sera Dieu s
156
. » (Gen. 3:8-13) Voyez : ils vont se cacher, ils
n’
y sont plus. Et quand on les attrape, ils disent que c’était l’autre.
157
plus « loin de la face de l’Éternel ». Pour qu’il
n’
y ait plus de responsabilité, il faut qu’il n’y ait plus personne. Or
158
’il n’y ait plus de responsabilité, il faut qu’il
n’
y ait plus personne. Or si j’appelle et qu’il n’y a pas de réponse, je
159
l n’y ait plus personne. Or si j’appelle et qu’il
n’
y a pas de réponse, je dis qu’il n’y a personne. La personne est en no
160
pelle et qu’il n’y a pas de réponse, je dis qu’il
n’
y a personne. La personne est en nous ce qui répond de nos actes, ce q
161
de réponse » ou responsable ; dans une foule, il
n’
y a plus de réponse individuelle ; pour qu’il n’y ait plus de responsa
162
l n’y a plus de réponse individuelle ; pour qu’il
n’
y ait plus de responsable, il suffit qu’il y ait une masse. Satan va d
163
habitue à courir par délégation les aventures qui
ne
lui arrivent pas. La radio, la presse, les meetings monstres, l’invit
164
la contribue à l’arracher de sa vie propre, où il
ne
se passerait jamais rien de semblable. Quant aux inconvénients et à l
165
ctime virtuelle des passions de masse. Certes, il
n’
y aurait pas de masses possibles, au sens précis de concentration d’ho
166
es transports rapides. Mais ces moyens techniques
n’
ont pas tout fait : l’homme les a faits d’abord, et ce n’est point par
167
as tout fait : l’homme les a faits d’abord, et ce
n’
est point par hasard qu’il a fait ceux-là et non d’autres. Les véritab
168
es sont dans notre attitude spirituelle. La foule
n’
est pas dans la rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de c
169
r se neutraliser. Vos descriptions, me dira-t-on,
ne
sont pas bien claires. Pourquoi ne pas nous donner une image nette et
170
me dira-t-on, ne sont pas bien claires. Pourquoi
ne
pas nous donner une image nette et facilement reconnaissable de la pe
171
tan ? C’est que le diable est justement celui qui
n’
est jamais clairement et honnêtement définissable. Il est celui qui s’
172
e. Il est, oui, mais il est dans tout être ce qui
n’
est pas, ce qui tend au néant, ce qui souhaite secrètement la destruct
173
lle des autres ou la sienne propre. Sa qualité de
n’
être pas ceci ou cela de positif lui donne une liberté indéfinie d’act
174
x yeux des désabusés et des raffinés. En bref, il
n’
est jamais où vous pensiez le trouver. Il imite, en la caricaturant, l
175
t induit à reconnaître que le Progrès automatique
n’
était qu’un déguisement du diable. Non pas qu’aucun progrès réel soit
176
gler sur le mal que l’on porte en soi. Et donc de
ne
pas se soucier de la présence active du démon. Et donc enfin de lui l
177
ré tous les démentis de la réalité. Cet optimisme
n’
est pas la confiance naïve de l’enfant, mais une espèce de mensonge. E
178
le créons d’une certaine manière. Nous préférons
ne
pas insister. Nous « refoulons », dirait Freud. Cette fuite et ce men
179
ble a réussi à faire croire aux démocrates qu’ils
n’
aimaient pas du tout le mal, qu’ils ne le désiraient nullement, qu’ils
180
ates qu’ils n’aimaient pas du tout le mal, qu’ils
ne
le désiraient nullement, qu’ils étaient bons et les autres méchants,
181
e… Comme je voudrais que cela soit aussi simple !
Ne
fût-ce que pour le moral militaire. Car, ainsi qu’aimait à le répéter
182
autrichien, Conrad von Hötzendorf : « Tout ce qui
n’
est pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour la guerre. » C’est
183
« Tout ce qui n’est pas aussi simple qu’une gifle
ne
vaut rien pour la guerre. » C’est sans doute vrai pour une armée. Mai
184
iable qui est parmi nous ! Cessez de croire qu’il
ne
peut ressembler qu’à vos ennemis, car c’est à vous-mêmes qu’il s’arra
185
ssi est en nous, et que le champ de leur bataille
n’
est pas ailleurs que dans nos cœurs. Cette éducation a largement échou
186
fondamental : c’est qu’en réalité nos adversaires
ne
diffèrent pas essentiellement de nous. Car tout homme porte dans son
187
tres. Anéantir les signes extérieurs de la menace
ne
serait nullement suffisant pour nous en délivrer. Ces signes personni
188
se que le chrétien véritable serait cet homme qui
n’
aurait d’autre ennemi à craindre que celui qu’il loge en lui-même. Mai
189
is voici une remarque des plus simples : personne
n’
a jamais prétendu qu’il agissait par mauvaise volonté. Nous sommes tou
190
u menaçant. L’intention des remarques précédentes
n’
est nullement de justifier « les autres », que l’on avait d’abord accu
191
nous sommes tous coupables dans la mesure où nous
ne
reconnaissons pas et ne condamnons pas en nous aussi la mentalité tot
192
es dans la mesure où nous ne reconnaissons pas et
ne
condamnons pas en nous aussi la mentalité totalitaire, c’est-à-dire l
193
ours…). Mais, si je ressemble à un criminel, cela
ne
justifie pas le criminel, cela me condamne. Et puisqu’il faut combatt
194
ondamne. Et puisqu’il faut combattre le crime, je
ne
dirai pas que je vais laisser courir le criminel d’en face, pour mieu
195
rais de devenir à mon tour un autre criminel ? Il
n’
y a qu’un crime, en moi et hors de moi. C’est le même diable ! Et ceci
196
oi et hors de moi. C’est le même diable ! Et ceci
n’
est qu’un post-scriptum à l’adresse des pacifistes : « Nous sommes tou
197
s sommes tous coupables, me disent-ils, donc nous
n’
avons pas le droit moral de nous battre contre celui que nous tenons p
198
les, certes, mais si nous en sommes persuadés, il
ne
nous reste plus qu’à combattre le mal, en nous et hors de nous ; c’es
199
ôle technique des pompiers et des gendarmes. Cela
ne
fait pas de nous des saints. Cela n’implique même pas que nous soyons
200
darmes. Cela ne fait pas de nous des saints. Cela
n’
implique même pas que nous soyons « meilleurs que les autres ». Mais n
201
autres ». Mais nous serons sûrement pires si nous
ne
faisons pas notre métier. q. Rougemont Denis de, « Les tours du di
202
et monoclé. Le diable, dit un proverbe espagnol,
n’
est pas à craindre parce qu’il est si méchant, mais parce qu’il est si
203
offre trop de recettes éprouvées : elle finit par
ne
plus croire au bien, ni au sérieux, ni à la naïveté, cette insondable
204
ises d’élégance morale et de sagesse pratique. Il
n’
y a rien là de diabolique, tout au contraire. Le jeu mondain, s’il est
205
’il est bien joué, ménage autant de liberté qu’il
ne
suppose, dit-on, d’hypocrisie. Il a le charme reposant des formes fix
206
me reposant des formes fixes. Mais le mondain qui
n’
est que cela inspire une sorte d’effroi furtif, révélateur d’une prése
207
e. L’exactitude impitoyable de ses jugements, qui
ne
portent d’ailleurs que sur des apparences ; sa capacité d’éliminer fr
208
rences ; sa capacité d’éliminer froidement ce qui
n’
est pas conforme aux goûts appris ; sa propension presque maniaque à n
209
x goûts appris ; sa propension presque maniaque à
n’
attacher de l’importance qu’à un détail fortuit dans un être ou une œu
210
ets stérilisants qu’entraîne sa fréquentation. Ce
n’
est pas le goût ni même le pédantisme de la forme qui est satanique, c
211
es s’enchaînent aux dieux qu’ils créent. Ceux qui
ne
l’ignoraient pas ont renié la Révélation. Dès lors ils en étaient réd
212
s ils en étaient réduits à inventer Dieu. Mais on
n’
invente que ce que l’on est sans le savoir. Ils ont donc inventé un «
213
orains, moins hypocrites que leurs prédécesseurs,
n’
ont pas parlé de « Dieu ». Mais ils ont dit Nation, ou Race, ou Classe
214
Classe. Dans ces trois entités divinisées, le moi
n’
est plus déguisé qu’en un nous. Et ces trois entités ont ceci de commu
215
. Et ces trois entités ont ceci de commun : elles
ne
sont responsables de rien devant personne, s’étant faites elles-mêmes
216
toute vérité purement humaine, et décrétant qu’il
n’
est plus d’autre vérité. Or, aux yeux de ceux qui les servent, l’homme
217
té. Or, aux yeux de ceux qui les servent, l’homme
n’
existe qu’en elles et par elles. Dans la mesure où nous leur obéissons
218
lles. Dans la mesure où nous leur obéissons, nous
ne
sommes donc plus responsables de nos actes, mais elles le sont à notr
219
elles le sont à notre place. Et comme elles-mêmes
n’
ont à répondre devant aucune instance supérieure, il n’y a plus de res
220
à répondre devant aucune instance supérieure, il
n’
y a plus de responsabilité nulle part. Mais s’il apparaît, à l’inverse
221
e part. Mais s’il apparaît, à l’inverse, que nous
ne
coïncidons pas avec l’entité divinisée — parce que nous sommes d’une
222
conscience resplendissait comme un sou neuf. « Tu
n’
as pas peur de lui ? dit le compère au diable. Il m’a l’air terribleme
223
s et généreux, idéalistes, réalistes… » Le diable
ne
répondit rien ; il souriait, tout en lisant un bout de papier qu’il v
224
ropéen avec la fête de la Résurrection. Mais rien
n’
est venu jusqu’ici. Eh ! bien, si ce n’est pas pour Pâques, ce sera do
225
Mais rien n’est venu jusqu’ici. Eh ! bien, si ce
n’
est pas pour Pâques, ce sera donc pour la Trinité ! — et cela ne veut
226
Pâques, ce sera donc pour la Trinité ! — et cela
ne
veut pas dire, comme dans la chanson, que nous ne verrons jamais rien
227
ne veut pas dire, comme dans la chanson, que nous
ne
verrons jamais rien venir : car l’élan est donné, le mouvement est en
228
t donné, le mouvement est en marche, et plus rien
ne
peut l’arrêter. Nous aurons certainement le Conseil de l’Europe, et l
229
, c’est de savoir comment elle se fera. Peut-être
n’
est-il pas mauvais que la conférence des Dix ambassadeurs, à Londres1,
230
de l’épuration permanente, — et ceci tue cela, ce
n’
est pas notre faute, ni la faute de Garry Davis… Il y a enfin une troi
231
ginez cette Europe grande ouverte, où les nations
ne
disparaîtraient pas davantage que les cantons n’ont disparu en se féd
232
ne disparaîtraient pas davantage que les cantons
n’
ont disparu en se fédérant, mais où les guerres entre nations deviendr
233
cette grande Europe aussi décidée que la Suisse à
ne
faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son indépe
234
Dix ambassadeurs à Londres ont bien vu cela, ils
ne
se laisseront plus arrêter par les chicanes techniques et les experts
235
perts. Tout dépend de la vision qu’ils auront. Il
n’
est point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il n’est orienté dès
236
t point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il
n’
est orienté dès le départ par une vision libératrice et fascinante. L’
237
pectaculaire. Aux États-Unis, d’où je reviens, il
n’
est question que du « miracle européen ». C’est un fait : la montée ve
238
a santé : elle veut se fédérer. Et bien sûr, tout
n’
est pas encore gagné. Mais en demandant son accession à ce Marché comm
239
pacifique — que la Suisse a toutes les raisons de
ne
plus bouder — les Européens reprendront la tête du progrès humain. Il
240
opéens reprendront la tête du progrès humain. Ils
ne
retrouveront pas seulement leur vraie puissance, morale et matérielle
241
nt reconstitué serait garant de la paix mondiale.
N’
est-il pas admirable que l’année de l’Europe ait coïncidé par hasard a
242
re provisoire : La Réforme permanente. La Réforme
ne
s’est pas faite une fois pour toutes. Luther et Calvin n’ont pas été
243
pas faite une fois pour toutes. Luther et Calvin
n’
ont pas été les premiers réformateurs de l’Église, et ne seront pas le
244
pas été les premiers réformateurs de l’Église, et
ne
seront pas les derniers. Défendre l’héritage de la Réformation, ce n’
245
rniers. Défendre l’héritage de la Réformation, ce
n’
est pas répéter ce que disaient ses auteurs, mais continuer à réformer
246
alement son chef. Qu’avons-nous de pareil ? Et je
ne
dis pas seulement : quelle autorité efficace dont les décrets traduis
247
plus de réformateurs vivants et d’avenir que nous
n’
en vénérons dans notre histoire ? Bon sujet de réflexion, en cet anniv
248
La lune, ce
n’
est pas le paradis (1er août 1969)x y Ce mois-ci, ce n’est pas sur
249
s le paradis (1er août 1969)x y Ce mois-ci, ce
n’
est pas sur la Terre que nous allons chercher l’actualité qui sera not
250
diatement apparente ? Oui, on aurait pu consacrer
ne
fût-ce qu’une partie de ces 100 milliards de francs suisses à augment
251
e. Qui faut-il croire ? Les véritables motifs, on
ne
les saura que beaucoup plus tard, et ce ne seront pas les « bons » (l
252
fs, on ne les saura que beaucoup plus tard, et ce
ne
seront pas les « bons » (les vrais) que l’on décidera d’adopter offic
253
ps, sur le trajet des nuages ou des maladies — je
ne
sais quoi d’inattendu aujourd’hui, qu’on ne cherche donc pas consciem
254
— je ne sais quoi d’inattendu aujourd’hui, qu’on
ne
cherche donc pas consciemment, on dira : c’est pour cela qu’on était
255
sade pour délivrer Jérusalem — motif mystique. Il
ne
pensait pas du tout découvrir l’Amérique. Il voulait trouver les Inde
256
. Or Christophe Colomb a trouvé l’Amérique, qu’il
ne
cherchait pas. Et bien après lui, on y a trouvé de l’or. Et un peu ap
257
habitaient la Lune. Eh bien ! on s’aperçoit qu’il
n’
y a personne. Il y a un texte qui m’a frappé, que vous avez cité dans
258
que l’on a dépensé 100 milliards — 100 milliards
n’
étant qu’une partie de la dépense totale — pour avoir un Moon-Hilton ?
259
ation mondiale : la conception marxiste elle-même
n’
aurait plus de sens. » Et à la grande stupéfaction de Wells, « Lénine,
260
s rapports de productions, il est évident qu’elle
ne
vaut plus rien si on va sur la Lune — où les rapports de productions
261
n va sur la Lune — où les rapports de productions
ne
sont en rien comparables à ce qu’ils étaient au xixe siècle, quand M
262
u xixe siècle, quand Marx a écrit sa théorie. Il
n’
y a pas de prolétariat sur la Lune, pour l’instant. Justement, et on n
263
iat sur la Lune, pour l’instant. Justement, et on
ne
va pas en créer un, j’espère que non… Où Lénine se trompe à mon sens
264
ianisme, dont la base est l’amour du prochain, je
ne
vois pas en quoi elle serait modifiée si deux hommes arrivent sur la
265
mpression de frustration, à me dire : la Lune, ce
n’
est pas aussi beau, ce n’est pas aussi paradisiaque qu’on le pensait.
266
à me dire : la Lune, ce n’est pas aussi beau, ce
n’
est pas aussi paradisiaque qu’on le pensait. Au fur et à mesure que l’
267
la pensée. Eh bien ! l’aventure intérieure, elle
ne
demande rien, elle ne demande pas de crédits spéciaux. Pour entrer da
268
l’aventure intérieure, elle ne demande rien, elle
ne
demande pas de crédits spéciaux. Pour entrer dans le fond de soi-même
269
uvelles, et réellement stupéfiantes souvent, elle
ne
demande ni crédit, ni gadget. En quoi je pense qu’elle est vraiment l
270
es la transcription de cet entretien télévisé, je
ne
vois rien à modifier à ce que je disais un mois avant le départ d’Apo
271
chnique ! Mais si l’on découvrait demain que cela
ne
sert à rien ? » Ce qui importe, c’est qu’un profond mouvement se dess
272
ément, la voie, mais à laquelle personne au monde
ne
peut répondre pour un autre — ou sinon, où serait l’aventure ? x.
273
x. Rougemont Denis de, « [Entretien] La lune, ce
n’
est pas le paradis », La Vie protestante, Genève, 1 août 1969, p. 1-2.
274
xistons, même la nature est faite par l’homme, il
n’
y a plus de nature sauvage. Il faut bien que l’homme moderne en prenne
275
oit contraint de choisir librement son avenir. Ce
n’
est donc pas dans une visée prométhéenne qu’il faut comprendre votre t
276
’il faut comprendre votre titre ? Pas du tout, ce
n’
est pas un défi. Simplement, nous n’avons plus le droit de nous cacher
277
s du tout, ce n’est pas un défi. Simplement, nous
n’
avons plus le droit de nous cacher, même derrière Dieu. Quand on voit
278
ses tournent mal, il est trop tard pour dire : Ce
n’
est pas ma faute ! C’était l’autre, ou la fatalité… On en revient touj
279
volonté, un désir éperdu que la vie continue. Je
ne
sais pas si c’est une espérance chrétienne, c’est quelque chose qui m
280
que nous pourrions encore sauver l’humanité — je
ne
dis pas dans un sens spirituel — dans un sens simplement physiologiqu
281
’étais totalement pessimiste, si je pensais qu’il
n’
y a plus rien à faire, je n’écrirais pas — ou je raconterais des histo
282
, si je pensais qu’il n’y a plus rien à faire, je
n’
écrirais pas — ou je raconterais des histoires. Si j’ai écrit ce livre
283
te, ça leur fait peur — comme à tout le monde, il
ne
faut pas s’en cacher. Ils ne se sentent pas suffisamment impliqués po
284
à tout le monde, il ne faut pas s’en cacher. Ils
ne
se sentent pas suffisamment impliqués pour dire autre chose que « Fou
285
n âge, mettons ! » Mais les jeunes que je connais
ne
partagent pas du tout cette attitude : quand on leur parle de polluti
286
éaire, de la guerre atomique qui risque d’éclater
n’
importe quand, ils ne disent pas « bof ». Ceux que je connais. Je pens
287
tomique qui risque d’éclater n’importe quand, ils
ne
disent pas « bof ». Ceux que je connais. Je pense qu’il est faux de d
288
se manifester à ce moment-là. L’auto industrielle
n’
avait que 29 ans, déjà Ford était milliardaire. Et j’ai eu une réactio
289
J’ai publié mon article dans une petite revue qui
ne
comptait que quelques milliers de lecteurs ( Foi et Vie ), cela n’a e
290
uelques milliers de lecteurs ( Foi et Vie ), cela
n’
a eu aucun effet, sauf sur moi. Le fait est que dès ce moment-là, je d
291
n dernier livre. Nous étions une génération — qui
ne
disait pas « bof », oh ! non — qui voyait très bien qu’elle allait de
292
lle allait devoir faire la guerre, une guerre qui
n’
était pas la sienne, une guerre entre États-nations (ce terme, c’est n
293
es, nos armes, et jamais nos valeurs puisque nous
n’
en tenions pas compte nous-mêmes. La cause européenne, la lutte de ces
294
épanoui nos recherches des années 1930. La guerre
n’
a fait qu’interrompre… Elle a interrompu, mais en nous donnant raison
295
rrompu, mais en nous donnant raison ! hélas, nous
ne
le cherchions pas. Les prophètes, d’une manière générale, n’ont pas d
296
hions pas. Les prophètes, d’une manière générale,
n’
ont pas du tout envie d’avoir raison ; ils vous adjurent de changer po
297
moment-là je connaissais assez mal ce modèle, je
ne
m’étais pas beaucoup occupé de politique pendant mes études en Suisse
298
e chose pour savoir ce que c’est. En Amérique, il
n’
y avait rien sur la Suisse, alors j’ai écrit un petit livre intitulé
299
ment du fédéralisme. La critique de l’État-nation
ne
s’adresse donc pas à la Suisse, elle indique simplement à la Suisse d
300
simplement à la Suisse dans quelle direction elle
ne
devrait pas se développer. Des tendances « État-nation » peuvent se r
301
cléaire en est un excellent exemple. Le nucléaire
n’
est absolument pas le moyen d’assurer l’indépendance énergétique d’un
302
re. On nous a beaucoup dit que le nucléaire civil
n’
avait rien à voir avec la guerre nucléaire ; ce n’est pas vrai. Les us
303
n’avait rien à voir avec la guerre nucléaire ; ce
n’
est pas vrai. Les usines de retraitement des déchets de centrales nucl
304
des Églises dans un monde pareil ? Les chrétiens
n’
ont qu’une tâche devant toutes les solutions qu’on leur propose, c’est
305
forcer d’être chrétiens. Cela veut dire d’abord :
ne
pas donner dans cette folle puissance. La puissance, c’est le pouvoir
306
ire au xixe siècle. (Voyez Matt. 4 et Luc 4.) On
ne
peut pas vouloir à la fois la puissance, la richesse, et être chrétie
307
amentalement antichrétienne. Refuser la puissance
ne
veut pas dire se retirer de tout, laisser aller les choses ? Les chré
308
ne. Dans une ville de 13 millions d’habitants, il
n’
y a plus ni communauté, ni responsabilité, ni liberté. Il n’y a plus q
309
ni communauté, ni responsabilité, ni liberté. Il
n’
y a plus que la promiscuité des solitudes. z. Rougemont Denis de, «