1
sent aux chrétiens : Voici la Bête ! Et la guerre
que
vous ferez contre elle, au nom du Christ, sera vraiment une guerre sa
2
celui qui demande à voir, celui qui estime encore
que
tout n’est pas si clair, ni si simple, ni si tranché, se voit aussitô
3
egarder à deux fois avant de donner mon adhésion.
Que
voulez-vous, je suis calviniste, et quand on me dit : Ceux-ci sont de
4
ux-là qui les attaquent, n’y aurait-il par hasard
que
des chrétiens ? Quand on me dit que les communistes sont des sans-Die
5
il par hasard que des chrétiens ? Quand on me dit
que
les communistes sont des sans-Dieu, je ne dis pas non, je ne suis pas
6
lutte contre la Russie rouge dans toute la presse
qu’
il possède en Europe, le fait vraiment au nom de l’Évangile ? Et je me
7
l’Évangile ? Et je me demande si cet ordre établi
que
l’on nous invite à défendre, et qui comporte entre autres éléments le
8
e fonde vraiment sur l’Évangile ? Quand on me dit
que
les rouges d’Espagne brûlent les églises, je ne dis pas non : ils s’e
9
le Duce et le Führer, ne le soutiennent vraiment
qu’
au nom du Christ ? Pourquoi donc ces dictateurs iraient-ils protéger e
10
ateurs iraient-ils protéger en Espagne une Église
qu’
ils attaquent chez eux ? Et quand on me dit, d’un autre côté cette foi
11
ise. À quoi je réponds : Croyez-vous, chers amis,
que
vous n’en parlez pas vous-mêmes ? Les chrétiens qui se lancent dans u
12
s qui se lancent dans une croisade ne le font-ils
que
pour sauver l’Église ? Et même dans ce cas, est-ce une raison pour re
13
ormation ? Le fanatisme et le simplisme, voilà ce
que
le diable juge assez bon, de nos jours, pour attraper les enfants de
14
r les enfants de la Lumière ! J’aimerais beaucoup
qu’
on ne déduise pas de ces propos qu’à mon avis les chrétiens doivent se
15
erais beaucoup qu’on ne déduise pas de ces propos
qu’
à mon avis les chrétiens doivent se taire, se retirer dans une neutral
16
nt parti après une enquête loyale. Mais de grâce,
qu’
on ne mêle pas tout sous prétexte de christianisme ! Qu’on n’appelle p
17
ne mêle pas tout sous prétexte de christianisme !
Qu’
on n’appelle pas « croisade » ou « guerre sainte » des entreprises qui
18
resteront toujours profondément impures. Surtout,
que
l’on nous laisse, à nous chrétiens, le privilège de plus en plus dang
19
plus dangereux de reconnaître les péchés du parti
que
nous adoptons. Car je vois que tous les partis sont, dans le fait, au
20
es péchés du parti que nous adoptons. Car je vois
que
tous les partis sont, dans le fait, au service de grandes religions a
21
chrétien comme jadis au Prophète : « Sentinelle,
que
dis-tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu : le matin vient et la
22
ous lui laissons volontiers la parole, convaincus
que
nos lecteurs, même s’ils sont étonnés de certaines de ses expressions
23
adition réformée (1er septembre 1939)c Tout ce
que
le Suisse romand moyen connaît de Nicolas de Flue, c’est que ce pieux
24
se romand moyen connaît de Nicolas de Flue, c’est
que
ce pieux ermite vint à la Diète de Stans pour apaiser les deux partis
25
chagrin. Situation très paradoxale, si l’on songe
qu’
au xvie siècle, Nicolas fut revendiqué par tous les réformés de Suiss
26
’un de leurs plus grands précurseurs. Il m’a paru
que
la question méritait bien d’être reprise, du point de vue d’un réform
27
du xxe siècle. D’où la première étude d’ensemble
que
viennent de publier Les Cahiers protestants . Je suis heureux de l’oc
28
aits importants. Nicolas de Flue ne devint ermite
qu’
après avoir atteint sa cinquantième année. Né au début du xve siècle
29
itude. C’est donc au terme d’une féconde carrière
qu’
il parvint à cette décision, non sans avoir mûrement pesé son acte et
30
s preuves dans la vie quotidienne. Notons ensuite
qu’
au lieu d’entrer dans un couvent, Nicolas se retire dans une cabane co
31
qui se méfie de cet « irrégulier ». Ne dit-on pas
que
, durant les vingt ans de sa retraite, il n’a pris d’autre nourriture
32
ns de sa retraite, il n’a pris d’autre nourriture
que
l’hostie, une fois par semaine ? L’évêque et les autorités ont bien t
33
tique et participe si bien à la vie de son peuple
que
le simple message qu’il transmettra aux députés, lors de la fameuse D
34
bien à la vie de son peuple que le simple message
qu’
il transmettra aux députés, lors de la fameuse Diète de Stans, sauvera
35
ation. Il ne s’est libéré de certaines servitudes
que
pour mieux servir le Seigneur dans la personne de son prochain. Il n’
36
prochain. Il n’a renoncé à ses travaux de paysan
que
pour mieux travailler au bien de tous. En fin de compte, sa retraite
37
Pères de notre Confédération, c’est à son action
qu’
il le doit. S’il n’avait été qu’un ascète, nous ne saurions plus rien
38
’est à son action qu’il le doit. S’il n’avait été
qu’
un ascète, nous ne saurions plus rien de lui. C’est pourquoi les réfor
39
Klaus publiés par Dürrer en 1921, nous constatons
que
, dans l’ensemble, les positions furent très vite prises, et très nett
40
Sébastien Franck dit à la fin de sa chronique : «
Qu’
il n’ait rien mangé, je ne puis le croire : les Suisses eux-mêmes ne l
41
ne l’affirment et ne le croient pas. » Rappelons
que
lorsqu’on demandait à Nicolas comment il pouvait vivre « sans nourrit
42
2, un pamphlet catholique anonyme se plaint de ce
que
les réformés invoquent sans cesse les conseils de l’ermite dès qu’il
43
eur, à quoi se résument ces conseils ? À ceci : «
que
chacun doit rester sur son fumier » ! Mais Nicolas n’a-t-il pas dit a
44
on fumier » ! Mais Nicolas n’a-t-il pas dit aussi
qu’
il fallait garder l’« ancienne foi » ! Voilà le conseil que les protes
45
lait garder l’« ancienne foi » ! Voilà le conseil
que
les protestants devraient suivre ! Ce dernier argument ayant été repr
46
s ancêtres ! Car c’est par la seule force de Dieu
que
nos ancêtres se sont libérés des maîtres que Faber sert aujourd’hui…
47
Dieu que nos ancêtres se sont libérés des maîtres
que
Faber sert aujourd’hui… Si nous suivions les conseils du frère Claus,
48
vrage sur la Vie monacale. Il insiste sur le fait
que
l’ermite n’a nullement rompu ses liens avec sa paroisse, mais, au con
49
rère Claus. Les cantons catholiques reconnaissent
qu’
il avait eu raison de les mettre en garde contre les vaines richesses,
50
res, les « vêtements étrangers » et les doctrines
qu’
on ne met pas en pratique. Les cantons protestants, pour leur part, se
51
nel et la vigilance. Puis il salue l’ange de Dieu
qu’
il voit venir à sa rencontre. Les satires zwingliennes et le mystère d
52
rvention politique. Or c’est précisément ce trait
que
les premiers réformés ont souligné. Ne conviendrait-il pas que les pr
53
ers réformés ont souligné. Ne conviendrait-il pas
que
les protestants, de nos jours, s’avisent de renouer leur tradition de
54
et précisément au théâtre ? C’est dans cette idée
que
j’ai conçu, en septembre dernier, la légende dramatique qui sera joué
55
ité la plus brûlante de notre siècle : il n’était
que
de mettre en relief les traits de cette figure qui frappèrent particu
56
lle de l’ermite, c’est-à-dire sur le rôle civique
que
sa retraite lui permit de jouer. Nicolas ne pouvait pas lire la Bible
57
e la Bible, mais il aimait à en citer les versets
qu’
on lui avait enseignés. Je l’ai fait parler le plus possible en style
58
s la vraie tradition du théâtre protestant, telle
que
l’illustre, par exemple, l’Abraham sacrifiant de Théodore de Bèze. Ni
59
se un drame protestant, c’est bien moins le sujet
que
le style, l’inspiration biblique, au premier chef. Ces quelques mots
60
souvenir de Nicolas de Flue nous faire comprendre
que
le paix n’est jamais le résultat de nos calculs, mais le miracle de D
61
mportants de notre histoire occidentale. J’estime
qu’
elle a suffisamment duré. Je suis prêt à la dénoncer dans toutes les r
62
veulent bien publier ma prose. Il est bien clair
que
les milieux où cette erreur est professée y voient une arme non pas c
63
is bien à englober le premier dans la réprobation
que
provoque le racisme. Est-ce une tactique adroite et justifiable, au m
64
L’auteur d’un livre récent sur l’Allemagne écrit
que
la nation éduquée par Luther « était prête à se donner à n’importe qu
65
rête à se donner à n’importe quel despote, pourvu
qu’
il fût Allemand et protestant ». Or le despote est venu, cher M. de Re
66
laît, au Suisse inquiet, au protestant scandalisé
que
je suis, pour expliquer cette affligeante contradiction. D’autre part
67
ligeante contradiction. D’autre part, où prend-on
que
Luther ait formé l’Allemagne moderne ? Comment sa doctrine centrale d
68
t pur, privé de toutes fins transcendantes, telle
que
j’ai pu la voir à l’œuvre et telle que je l’ai décrite en plus d’un l
69
tes, telle que j’ai pu la voir à l’œuvre et telle
que
je l’ai décrite en plus d’un livre ? Certes, on pourra toujours faire
70
urs de la « Raison » et de la « claire latinité »
que
veulent être M. de Reynold, M. Massis, M. Maurras. J’y vois tout au p
71
oint par Genève ? Et si l’on persiste à prétendre
que
le luthéranisme porte en soi les germes indestructibles de la tyranni
72
e la tyrannie politique (malgré la « résistance »
qu’
auraient représentée tous ces catholiques allemands), je poserai un pr
73
e poserai un problème délicat : Comment expliquer
que
les quatre pays où le luthéranisme a triomphé sans résistance, et bie
74
triomphé sans résistance, et bien plus totalement
qu’
en Allemagne, soient aujourd’hui les parangons de la liberté démocrati
75
e répondre franchement, je m’engage à reconnaître
que
Luther est coupable de n’avoir pas su, dans l’espace d’une vingtaine
76
taine d’années, dominer les fatalités germaniques
que
six siècles de catholicisme lui léguaient parfaitement intactes. d.
77
ier servi » (26 avril 1940)e On a beaucoup dit
que
le secret de la résistance finlandaise était la foi profonde de ce pe
78
propos de la Suisse. Je suis de ceux qui pensent
que
la foi n’est pas « une affaire privée », ainsi que le prétendait Marx
79
ue la foi n’est pas « une affaire privée », ainsi
que
le prétendait Marx. Le chrétien a le devoir d’agir au nom de sa foi,
80
s être chrétiens parce que nous sommes Suisses et
que
la Suisse est officiellement un pays chrétien. Mais nous devons être
81
ue nous sommes chrétiens d’abord. Or, je constate
qu’
on entretient chez nous d’assez graves équivoques sur ce point. Il ne
82
our dire, écrire, ou simplement laisser entendre,
qu’
un bon citoyen suisse a le devoir d’être chrétien, comme si ce devoir
83
oquer « le Dieu de nos pères », il semble parfois
que
ce soit moins parce qu’ils croient le christianisme vrai, que parce q
84
moins parce qu’ils croient le christianisme vrai,
que
parce qu’ils le croient utile au bon moral de la nation, voire à la d
85
t une conception de la « religion » plutôt déiste
qu’
évangélique ; elles prônent un moralisme plutôt bourgeois que charitab
86
que ; elles prônent un moralisme plutôt bourgeois
que
charitable ; elles ont une façon d’exalter la croix blanche de notre
87
appelle davantage le Gott mit uns de Guillaume II
que
le Dieu premier servi de Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’elles porte
88
eu premier servi de Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt
qu’
elles portent à la religion paraît subordonné à celui qu’elles portent
89
s portent à la religion paraît subordonné à celui
qu’
elles portent à la conservation de notre État. Or nous devons croire e
90
d’un homme dont la pensée me paraît plus actuelle
que
jamais, Alexandre Vinet : « Veuillez d’abord, écrivait-il, avoir une
91
qui veut m’ôter ma religion m’effraie bien moins
que
celle qui veut en avoir une. » C’est parce que Niemöller et ses frère
92
t parce que Niemöller et ses frères savaient cela
qu’
ils ont résisté, qu’ils résistent. e. Rougemont Denis de, « “Dieu p
93
r et ses frères savaient cela qu’ils ont résisté,
qu’
ils résistent. e. Rougemont Denis de, « “Dieu premier servi” », La
94
i ne sont ni froids ni bouillants seront vomis ».
Qu’
est-ce que cela signifie, pratiquement ? Que ceux qui sont froids ou
95
ni froids ni bouillants seront vomis ». Qu’est-ce
que
cela signifie, pratiquement ? Que ceux qui sont froids ou bouillants
96
s ». Qu’est-ce que cela signifie, pratiquement ?
Que
ceux qui sont froids ou bouillants seront mangés ! Je demande à voir
97
vis du Christ, la parole évangélique nous apprend
que
cette neutralité est suprêmement désavantageuse : elle entraîne notre
98
hrist. Si c’est vis-à-vis de la guerre des autres
que
l’on reste tiède, cette neutralité peut être avantageuse dans certain
99
re où elle nous exclut, précisément, d’un conflit
que
nous jugeons mauvais. Reste à savoir si le conflit actuel est « mauva
100
re nous vomisse… Mais ceci est une autre histoire
que
je n’ai pas à conter maintenant. Et nous avons d’ailleurs, à mon avis
101
s, à mon avis, d’autres raisons de rester neutres
que
celles qu’on peut tirer de considérations opportunistes. Je voulais s
102
is, d’autres raisons de rester neutres que celles
qu’
on peut tirer de considérations opportunistes. Je voulais simplement r
103
stes. Je voulais simplement rappeler ceci : c’est
qu’
on ferait bien de ne pas utiliser comme des proverbes généraux certain
104
aux certaines paroles du Christ qui n’ont de sens
que
par rapport à sa Personne, à son Royaume, à son Éternité. Répéter que
105
Personne, à son Royaume, à son Éternité. Répéter
que
les tièdes seront vomis, en détournant ce verset de son sens spiritue
106
r du protestantisme (2 janvier 1942)g Le texte
que
nous publions est la conclusion d’une conférence que M. Denis de Roug
107
nous publions est la conclusion d’une conférence
que
M. Denis de Rougemont a donnée en septembre à Rio de la Plata, sous l
108
trois en guise de conclusion. La première, c’est
que
la Réforme, et spécialement sa tendance calviniste, est appelée à fig
109
aganisme totalitaire. La foi de la Réforme, telle
que
j’ai tenté de la situer dans l’évolution de l’Europe, représente en e
110
n, les morts. La religion totalitaire n’admet pas
que
« les choses vieilles sont passées », selon la parole de l’apôtre. El
111
y a plus ni juif ni grec ». Elle ne demande pas «
Que
crois-tu ? Qu’espères-tu ? », mais elle demande « Quels sont tes mort
112
f ni grec ». Elle ne demande pas « Que crois-tu ?
Qu’
espères-tu ? », mais elle demande « Quels sont tes morts ? ». Religion
113
des millénaires, jamais « passées ». Qui ne voit
qu’
une telle religion hait mortellement et de toute sa nature la foi chré
114
u la victoire. Elles ne sauront la rendre féconde
que
si elles se laissent guider et inspirer par la tradition spirituelle
115
, c’est celle du mouvement œcuménique. Vous savez
que
l’initiateur de ce vaste effort, qui tend à réunir toutes les Églises
116
ulte et d’organisation. Ce n’est point par hasard
que
les calvinistes, bien qu’ils soient une minorité, jouent un rôle de p
117
e fondre dans une Église plus vaste. S’il fallait
que
je dise en une phrase ce qui m’attache à l’Église protestante, plutôt
118
e ce qui m’attache à l’Église protestante, plutôt
qu’
à aucune autre, je dirai ceci : L’Église protestante est justement cel
119
constamment réformée et jugée par la Vérité même
qu’
elle annonce et dont elle doit se sentir responsable devant le monde d
120
est dans les Petits poèmes en prose de Baudelaire
que
l’on peut lire la phrase la plus profonde écrite par un moderne sur S
121
a plus belle ruse du diable est de nous persuader
qu’
il n’existe pas. » Reconnaissons que ce tour n’a jamais mieux réussi q
122
ous persuader qu’il n’existe pas. » Reconnaissons
que
ce tour n’a jamais mieux réussi que dans l’époque contemporaine. Même
123
Reconnaissons que ce tour n’a jamais mieux réussi
que
dans l’époque contemporaine. Même quand nous croyons « encore » en Di
124
« encore » en Dieu, nous croyons si peu au diable
que
l’on m’accusera certainement d’obscurantisme, ou simplement de manque
125
iocrement contribué à la réussite du premier tour
que
dénonce Baudelaire. Beaucoup s’y arrêtent : « Comment peut-on perdre
126
et trop évidemment puérile, ils ne se doutent pas
que
le diable agit ailleurs, sans queue ni barbe, par leurs mains peut-êt
127
; donc je ne crois pas au diable. » C’est tout ce
qu’
il demandait. Et ceux qui en restent aux contes de bonnes femmes, ce s
128
i refusent de croire au diable à cause de l’image
qu’
ils s’en font, et qui est tirée des contes de bonnes femmes. Cependant
129
ez-le, parle beaucoup moins du « mal » en général
que
du Malin personnifié (tout au moins dans les textes originaux). Si l’
130
u-delà de nos frontières. Nous dirions volontiers
qu’
il est aujourd’hui un des meilleurs interprètes laïques d’une théologi
131
ins numéros, quelques-unes des pages remarquables
qu’
on a bien voulu mettre à notre disposition. »
132
est par la liberté, à cause d’elle, et dans elle,
que
nous avons le pouvoir de pécher. Car pécher c’est tricher avec l’ordr
133
a liberté seule il peut pécher. Et le péché n’est
qu’
un mensonge. Mais le mensonge proféré nous lie… Comprenons maintenant
134
mensonge proféré nous lie… Comprenons maintenant
que
le diable ne pourrait rien sans notre liberté. Car c’est par nous seu
135
sans notre liberté. Car c’est par nous seulement
qu’
il agit dans le monde, et c’est en provoquant l’abus de notre liberté
136
e, et c’est en provoquant l’abus de notre liberté
qu’
il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas été libre de manger ce
137
gloire de l’homme étant sa liberté, il est clair
que
c’est en ce point que le Malin devait atteindre notre orgueil et s’in
138
nt sa liberté, il est clair que c’est en ce point
que
le Malin devait atteindre notre orgueil et s’insérer dans nos défense
139
onfirmer par la vertu du témoignage, il est clair
que
la grande ambition satanique devait être de s’emparer de la parole da
140
e. Et c’est pourquoi la Bible dit, énergiquement,
que
lorsque nous mentons, c’est le diable lui-même qui « tire sa langue d
141
able du vrai. Si le client contrôle, il peut voir
qu’
on le vole, et vous savez de combien vous le volez : une vérité reste
142
de contrôle possible. Et peu à peu vous oublierez
que
vous trichez. Parions même que vous mettrez vos scrupules à faire des
143
peu vous oublierez que vous trichez. Parions même
que
vous mettrez vos scrupules à faire des pesées rigoureuses, peut-être
144
teur et le Père du mensonge », dit l’Évangile tel
qu’
on le cite d’ordinaire. Ceci concerne le premier mensonge, celui qui s
145
nt de la connaître) ou à la nier (tout en sachant
que
, pour si peu, elle ne cesse pas d’exister). Mais le texte original de
146
t par ses propres œuvres, en abusant d’une vérité
qu’
il rejette aussitôt qu’avilie et qui mourra du monstre mis au monde. M
147
s, en abusant d’une vérité qu’il rejette aussitôt
qu’
avilie et qui mourra du monstre mis au monde. Monstrueuse création du
148
innocence utopique. Le mensonge ordinaire n’était
que
l’omission ou la contradiction d’une vérité, qui subsistait ailleurs
149
is le mensonge diabolique tue le juge. Il ne part
que
de soi, et ne prolifère qu’en autarcie, comme une monade cancéreuse,
150
e le juge. Il ne part que de soi, et ne prolifère
qu’
en autarcie, comme une monade cancéreuse, introduisant dans l’univers
151
bien être déçue. Voyons. Tout le monde s’imagine
que
le péché par excellence réside dans la sexualité. L’illusion s’aperço
152
ques — « c’est vital ! » —, soit en se persuadant
que
« ça n’a pas d’importance » ; ou les deux ensemble. En vérité, la sex
153
té, la sexualité en soi n’est pas plus diabolique
que
la digestion ou la respiration. Si la majorité des Occidentaux se fig
154
ation. Si la majorité des Occidentaux se figurent
que
le péché originel fut l’acte sexuel, dont la consommation de la pomme
155
le cas où le fruit mangé par Ève signifierait ce
que
l’on croit, notez que ce n’est pas le geste de manger une pomme qui é
156
ngé par Ève signifierait ce que l’on croit, notez
que
ce n’est pas le geste de manger une pomme qui était mauvais aux yeux
157
se lie à l’amour, et à l’esprit, et c’est par là
qu’
elle va se pervertir et devenir à son tour source de perversion. La pa
158
re de manger et de respirer, et il est nécessaire
que
le sang circule, mais on peut vivre en restant chaste. L’usage du sex
159
, le symbole ou le signe physique. Or nous savons
que
si l’homme peut pécher, c’est uniquement parce qu’il est libre, c’est
160
é, comme le langage et les activités de l’esprit,
que
la sexualité donne prise au diable. Et certes il ne s’y intrigue pas
161
iable. Et certes il ne s’y intrigue pas davantage
que
dans nos créations les plus abstraites. Il est même plus aisément rec
162
ux. La sexualité ne devient proprement démoniaque
que
lorsque l’esprit s’en empare, la contamine, la dénature, ou lui rend
163
uelle dont souffre toute la bourgeoisie. Au point
qu’
un Freud a cru pouvoir « tout expliquer » par les censures et refoulem
164
ilieu, et de son temps. D’où l’on devrait déduire
que
le meilleur moyen de prévenir les états de possession satanique et le
165
humanité de l’homme. Le sexe n’est pas plus divin
qu’
il n’est honteux, mais il est lié intimement aux fonctions les plus hu
166
e personne responsable. L’indifférence croissante
que
l’on observe, dans la jeunesse américaine par exemple, à l’égard des
167
ciance morale se traduit moins par une libération
que
par une flagrante indigence dans les rapports fondamentaux. En présen
168
(5 novembre 1943)l Il n’est peut-être au monde
qu’
une seule chose pire que de douter du bien et du réel, et c’est de dou
169
n’est peut-être au monde qu’une seule chose pire
que
de douter du bien et du réel, et c’est de douter du pardon, une fois
170
faut croire au pardon pour oser confesser le mal
qu’
on a commis ; pour oser qualifier de faute sa propre faute ; et pour q
171
. Non content de nous prendre à ses pièges, sitôt
qu’
il nous a pris il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de la man
172
e sans pitié son prochain ou soi-même, soyez sûrs
que
c’est le diable qui parle, l’Accusateur qui tient le pardon pour une
173
a duplicité infernale, c’est de nous faire croire
qu’
il n’y a pas de juge, ni d’ordre divin du réel, et aussitôt que nous l
174
as de juge, ni d’ordre divin du réel, et aussitôt
que
nous l’avons cru, de nous accuser de contravention devant le Juge. Ai
175
ne. Elle ne laisse aux meilleures de ses victimes
que
l’héroïsme autosadique de la révolte. l. Rougemont Denis de, « Les
176
était le plus rusé de tous les animaux des champs
que
l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellemen
177
ngerez point et vous n’y toucherez point, de peur
que
vous n’en mouriez. Alors le serpent dit à la femme : vous ne mourrez
178
la femme : vous ne mourrez point. Mais Dieu sait
que
le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez
179
our où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et
que
vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (Gen. 3:
180
ructures. « Dieu a-t-il réellement dit ?… » Sitôt
que
cette incertitude est insinuée dans un esprit, la possibilité d’une t
181
aucune possibilité d’imaginer quelque autre chose
que
l’état de fait. On dit bien : l’occasion fait le larron. Vous n’êtes
182
tenté d’aller dans la lune, parce que vous savez
que
c’est absolument impossible. Mais vous seriez probablement tenté d’y
183
ue d’aller à la divinité par un plus court chemin
que
celui du réel ; par un chemin que l’on inventerait soi-même, en dépit
184
us court chemin que celui du réel ; par un chemin
que
l’on inventerait soi-même, en dépit des interdictions que posent les
185
inventerait soi-même, en dépit des interdictions
que
posent les lois de la Création, l’ordre divin et la nature de l’homme
186
deuxième temps de la tentation : « La femme vit
que
l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était préci
187
arbre était bon à manger et agréable à la vue, et
qu’
il était précieux pour ouvrir l’intelligence : elle prit de son fruit
188
qu’on imagine, et même un meilleur bien que celui
que
Dieu offre, un bien que l’on se figure « mieux fait pour soi ». Ève n
189
iser de cette manière convoiteuse, il se trouvait
qu’
aux yeux de Dieu c’était un mal… Ainsi la tentation est toujours utopi
190
, puis le désir d’un bien que le réel condamne et
que
le plan divin ne prévoit pas. Satan, lorsqu’il tente le Christ, lui p
191
oyens de gagner le monde par un plus court chemin
que
le sentier de Golgotha. À l’origine, le « méchant » n’est pas celui q
192
tout au moins). Mais c’est celui qui se persuade
que
le bien qu’il a conçu vaut mieux que le vrai bien. « Le méchant fait
193
se persuade que le bien qu’il a conçu vaut mieux
que
le vrai bien. « Le méchant fait une œuvre qui le trompe. » Or, c’est
194
trompe. » Or, c’est parce qu’il se trompe d’abord
que
son œuvre va le tromper. La réalité méprisée se vengera automatiqueme
195
heurs dans l’histoire, ou de péchés dans une vie,
que
le mal finira par exister en soi, apparence encore, mais active, cont
196
e devenue seconde nature. Et c’est à ce moment-là
que
Baudelaire peut écrire : « L’homme et la femme savent de naissance qu
197
crire : « L’homme et la femme savent de naissance
que
dans le mal se trouve la volupté… La volupté unique et suprême gît da
198
per, à sa manière encore, aux conséquences du mal
que
l’on a fait ; pour se châtier soi-même sans réparer. C’est le mystère
199
egaard, le penseur capital de notre ère. Voici ce
que
l’on peut lire dans son journal intime : En opposition aux distinctio
200
, de nos jours, le fait en masse. C’est pour cela
que
les gens se rassemblent en troupeaux, pour que l’hystérie naturelle e
201
laquelle, ayant perdu son moi, on ne sait plus ce
que
l’on est en train de faire ou de dire, on ne sait plus ce qui parle à
202
travers vous, tandis que le sang court plus vite,
que
les yeux brillent et deviennent fixes, et que les passions bouillonne
203
te, que les yeux brillent et deviennent fixes, et
que
les passions bouillonnent. À quoi pouvait penser Kierkegaard lorsque,
204
ations démocratiques. Kierkegaard a compris mieux
que
quiconque et avant tous, le principe diabolique créateur de la masse
205
atre femmes, dans l’illusion d’être une foule, et
que
personne peut-être ne saurait dire qui l’avait fait ou qui avait comm
206
même et unique artifice : faire croire à l’homme
qu’
il n’est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la Loi est dout
207
ire croire à l’homme qu’il n’est pas responsable,
qu’
il n’y a pas de Juge, que la Loi est douteuse, qu’on ne saura pas, et
208
l n’est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge,
que
la Loi est douteuse, qu’on ne saura pas, et que d’ailleurs, une fois
209
qu’il n’y a pas de Juge, que la Loi est douteuse,
qu’
on ne saura pas, et que d’ailleurs, une fois le coup réussi, on sera D
210
, que la Loi est douteuse, qu’on ne saura pas, et
que
d’ailleurs, une fois le coup réussi, on sera Dieu soi-même, donc maît
211
uis caché. Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris
que
tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu
212
l Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce
que
tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? L’homme ré
213
s défendu de manger ? L’homme répondit : La femme
que
tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé. Et l
214
’y sont plus. Et quand on les attrape, ils disent
que
c’était l’autre. Ainsi les hommes de notre temps, poussés par leurs «
215
our qu’il n’y ait plus de responsabilité, il faut
qu’
il n’y ait plus personne. Or si j’appelle et qu’il n’y a pas de répons
216
t qu’il n’y ait plus personne. Or si j’appelle et
qu’
il n’y a pas de réponse, je dis qu’il n’y a personne. La personne est
217
i j’appelle et qu’il n’y a pas de réponse, je dis
qu’
il n’y a personne. La personne est en nous ce qui répond de nos actes,
218
pour qu’il n’y ait plus de responsable, il suffit
qu’
il y ait une masse. Satan va donc créer les masses. Nous tenons ici le
219
t rationaliser la chasse aux âmes. Il faut avouer
que
presque toutes nos inventions techniques, la plupart de nos idéaux, e
220
paraissent de plus en plus inacceptables à mesure
que
se répandent les notions de progrès indéfini, de confort à tout prix,
221
onfort à tout prix, de succès rapide, et à mesure
que
s’efface la croyance dans un au-delà. D’une part l’individu moderne e
222
les a faits d’abord, et ce n’est point par hasard
qu’
il a fait ceux-là et non d’autres. Les véritables causes et racines du
223
s existences individuelles. Et c’est là seulement
qu’
on peut la dénoncer. n. Rougemont Denis de, « Les tours du diable V
224
artout, sa figure se brouille. Et les définitions
que
j’en ai données successivement, à force de se compenser, finissent pa
225
nt reconnaissable de la personne de Satan ? C’est
que
le diable est justement celui qui n’est jamais clairement et honnêtem
226
terme. Il est beau aux yeux des naïfs qui croient
que
le mal doit être laid ; et il est d’une laideur irrésistiblement atti
227
et déconcertante pour notre raison. On sait assez
que
le procédé favori de la Cinquième Colonne consiste à semer la confusi
228
er chez un autre et lui régler son compte — voici
qu’
il est devenu vous-même ! Mais alors ?… Eh bien ! si vous voulez déjou
229
masses et l’élite, l’on est induit à reconnaître
que
le Progrès automatique n’était qu’un déguisement du diable. Non pas q
230
à reconnaître que le Progrès automatique n’était
qu’
un déguisement du diable. Non pas qu’aucun progrès réel soit diaboliqu
231
ique n’était qu’un déguisement du diable. Non pas
qu’
aucun progrès réel soit diabolique en soi ! Mais si l’on s’abandonne a
232
avec l’arrière-pensée fataliste et réconfortante
que
tout s’arrangera de soi-même, dans l’ensemble et à la longue, alors l
233
sa propre bonté. Et donc de s’aveugler sur le mal
que
l’on porte en soi. Et donc de ne pas se soucier de la présence active
234
er le champ libre pour nous duper. Nous avons cru
que
le mal était relatif dans le monde, qu’il provenait d’une mauvaise ré
235
avons cru que le mal était relatif dans le monde,
qu’
il provenait d’une mauvaise répartition des biens, d’une éducation mal
236
evant le réel. Car dans le réel, nous savons bien
qu’
il y a du mal, qu’il y a l’action du diable. Mais cela nous scandalise
237
dans le réel, nous savons bien qu’il y a du mal,
qu’
il y a l’action du diable. Mais cela nous scandalise et nous effraye.
238
: c’est encore la mentalité magique. Nous pensons
que
celui qui dénonce le mal comme fondamental doit être lui-même très mé
239
tal doit être lui-même très méchant. Nous croyons
qu’
en avouant le mal, nous le créons d’une certaine manière. Nous préféro
240
is à agir sans réserve, nous aurions vu très vite
que
ce mal avait des racines dans nos vies aussi, et que d’une certaine m
241
ce mal avait des racines dans nos vies aussi, et
que
d’une certaine manière, nous l’aimions ! Voilà le grand secret. Le di
242
Le diable a réussi à faire croire aux démocrates
qu’
ils n’aimaient pas du tout le mal, qu’ils ne le désiraient nullement,
243
démocrates qu’ils n’aimaient pas du tout le mal,
qu’
ils ne le désiraient nullement, qu’ils étaient bons et les autres méch
244
u tout le mal, qu’ils ne le désiraient nullement,
qu’
ils étaient bons et les autres méchants, et que c’était tellement simp
245
t, qu’ils étaient bons et les autres méchants, et
que
c’était tellement simple… Comme je voudrais que cela soit aussi simpl
246
t que c’était tellement simple… Comme je voudrais
que
cela soit aussi simple ! Ne fût-ce que pour le moral militaire. Car,
247
e voudrais que cela soit aussi simple ! Ne fût-ce
que
pour le moral militaire. Car, ainsi qu’aimait à le répéter un fameux
248
Ne fût-ce que pour le moral militaire. Car, ainsi
qu’
aimait à le répéter un fameux général autrichien, Conrad von Hötzendor
249
Hötzendorf : « Tout ce qui n’est pas aussi simple
qu’
une gifle ne vaut rien pour la guerre. » C’est sans doute vrai pour un
250
une armée. Mais cette guerre-ci oppose bien plus
que
des armées. Elle oppose des conceptions de la vie. C’est une espèce d
251
mal qui est chez autrui peut aveugler sur le mal
que
l’on porte en soi, et sur le sérieux du mal en général. La condamnati
252
z le diable qui est parmi nous ! Cessez de croire
qu’
il ne peut ressembler qu’à vos ennemis, car c’est à vous-mêmes qu’il s
253
nous ! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler
qu’
à vos ennemis, car c’est à vous-mêmes qu’il s’arrangera toujours pour
254
ssembler qu’à vos ennemis, car c’est à vous-mêmes
qu’
il s’arrangera toujours pour ressembler le plus ! C’est en vous seulem
255
pour ressembler le plus ! C’est en vous seulement
que
vous le prendrez sur le fait. Et alors seulement, vous serez en état
256
us coupables » (10 décembre 1943)q Chacun sait
que
les « primitifs » de la Mélanésie, victimes des plus célèbres études
257
es, des accidents, de la stérilité ou de la mort.
Que
ce soit un sorcier, un profanateur du sacré, un animal, un nuage, un
258
forcé depuis des siècles de nous faire comprendre
que
le Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi est en nous, et que
259
re comprendre que le Royaume de Dieu est en nous,
que
le Mal aussi est en nous, et que le champ de leur bataille n’est pas
260
ieu est en nous, que le Mal aussi est en nous, et
que
le champ de leur bataille n’est pas ailleurs que dans nos cœurs. Cett
261
que le champ de leur bataille n’est pas ailleurs
que
dans nos cœurs. Cette éducation a largement échoué. Nous persistons d
262
es. Si nous sommes révolutionnaires, nous croyons
qu’
en changeant la disposition de certains objets — en déplaçant les rich
263
le. Si nous sommes des capitalistes, nous croyons
qu’
en déplaçant vers nous ces mêmes objets, nous sauverons tout. Si nous
264
démocrates, inquiets ou optimistes, nous croyons
qu’
en rôtissant quelques dictateurs, profanateurs du droit, ou « sorciers
265
ourtes. Nous oublions ce fait fondamental : c’est
qu’
en réalité nos adversaires ne diffèrent pas essentiellement de nous. C
266
est toujours en nous. Et c’est pourquoi je pense
que
le chrétien véritable serait cet homme qui n’aurait d’autre ennemi à
267
cet homme qui n’aurait d’autre ennemi à craindre
que
celui qu’il loge en lui-même. Mais voici une remarque des plus simple
268
qui n’aurait d’autre ennemi à craindre que celui
qu’
il loge en lui-même. Mais voici une remarque des plus simples : person
269
e des plus simples : personne n’a jamais prétendu
qu’
il agissait par mauvaise volonté. Nous sommes tous des « hommes de bon
270
ntes n’est nullement de justifier « les autres »,
que
l’on avait d’abord accusés de tout le mal ; ni de nous fourrer tous d
271
uisqu’il faut combattre le crime, je ne dirai pas
que
je vais laisser courir le criminel d’en face, pour mieux me livrer d’
272
d à ma réforme intérieure ! Je dirai au contraire
que
la lutte pour me réformer et la lutte pour empêcher le criminel de po
273
suivre ses méfaits, sont une seule et même lutte.
Que
servirait de gagner cette lutte en moi seulement, puisque le criminel
274
puisque le criminel risquerait de me supprimer ?
Que
servirait de la gagner hors de moi seulement, puisque je risquerais d
275
e devenir à mon tour un autre criminel ? Il n’y a
qu’
un crime, en moi et hors de moi. C’est le même diable ! Et ceci n’est
276
hors de moi. C’est le même diable ! Et ceci n’est
qu’
un post-scriptum à l’adresse des pacifistes : « Nous sommes tous coupa
277
ns pas le droit moral de nous battre contre celui
que
nous tenons pour un coupable. » — Nous sommes tous coupables, certes,
278
i nous en sommes persuadés, il ne nous reste plus
qu’
à combattre le mal, en nous et hors de nous ; c’est le même mal ! En n
279
pas de nous des saints. Cela n’implique même pas
que
nous soyons « meilleurs que les autres ». Mais nous serons sûrement p
280
a n’implique même pas que nous soyons « meilleurs
que
les autres ». Mais nous serons sûrement pires si nous ne faisons pas
281
e du monde (17 décembre 1943)r Qui donc disait
que
le diable est un monsieur très bien ? Entre les gens du monde et le P
282
méchant, mais parce qu’il est si vieux. C’est ce
que
l’on peut penser aussi des gens du monde, et de la sagesse mondaine e
283
ain, s’il est bien joué, ménage autant de liberté
qu’
il ne suppose, dit-on, d’hypocrisie. Il a le charme reposant des forme
284
osant des formes fixes. Mais le mondain qui n’est
que
cela inspire une sorte d’effroi furtif, révélateur d’une présence per
285
yable de ses jugements, qui ne portent d’ailleurs
que
sur des apparences ; sa capacité d’éliminer froidement ce qui n’est p
286
ion presque maniaque à n’attacher de l’importance
qu’
à un détail fortuit dans un être ou une œuvre ; tous ces traits qui po
287
érilité du personnage, et des effets stérilisants
qu’
entraîne sa fréquentation. Ce n’est pas le goût ni même le pédantisme
288
parce que, dans le monde, un miracle paraît plus
qu’
ailleurs improbable. r. Rougemont Denis de, « Les tours du diable X
289
est l’Incarnation, c’est-à-dire Dieu caché autant
que
révélé dans l’homme Jésus. Quelques-uns seulement surent reconnaître
290
tement inverses : c’est dans l’image de nos dieux
qu’
il va se dissimuler, au cœur même de nos idéaux et de nos vérités trop
291
de nos vérités trop humaines, dans les religions
que
nous confabulons en dehors de la foi révélée. Le diable nous empêche
292
. Voici comment les hommes s’enchaînent aux dieux
qu’
ils créent. Ceux qui ne l’ignoraient pas ont renié la Révélation. Dès
293
taient réduits à inventer Dieu. Mais on n’invente
que
ce que l’on est sans le savoir. Ils ont donc inventé un « Dieu » qui
294
réduits à inventer Dieu. Mais on n’invente que ce
que
l’on est sans le savoir. Ils ont donc inventé un « Dieu » qui était l
295
Les suivants, nos contemporains, moins hypocrites
que
leurs prédécesseurs, n’ont pas parlé de « Dieu ». Mais ils ont dit Na
296
ois entités divinisées, le moi n’est plus déguisé
qu’
en un nous. Et ces trois entités ont ceci de commun : elles ne sont re
297
es de toute vérité purement humaine, et décrétant
qu’
il n’est plus d’autre vérité. Or, aux yeux de ceux qui les servent, l’
298
ux yeux de ceux qui les servent, l’homme n’existe
qu’
en elles et par elles. Dans la mesure où nous leur obéissons, nous ne
299
lité nulle part. Mais s’il apparaît, à l’inverse,
que
nous ne coïncidons pas avec l’entité divinisée — parce que nous somme
300
se, ou d’une autre génération physique et mentale
que
celle qui détient le pouvoir — alors nous sommes des « vipères lubriq
301
, ou bien nous sommes décapités à la hache, selon
qu’
il s’agit respectivement du dieu Classe ou du dieu Race. Les dieux des
302
st sans doute moins dangereux lorsqu’il nous tue,
que
lorsqu’il prétend nous faire vivre. Il est moins dangereux dans nos v
303
aire vivre. Il est moins dangereux dans nos vices
que
dans nos vertus satisfaites… Voyez plutôt. Un jour, un Philanthrope s
304
propres à réformer l’humanité au-delà de tout ce
que
je désirerais même imaginer. Il venait d’allumer un bon cigare dont l
305
n ; il souriait, tout en lisant un bout de papier
qu’
il venait de ramasser sur le trottoir. Après quelques instants, poussa
306
bonhomme ! dit-il entre ses dents. Voici son plan
qu’
il a laissé tomber en donnant une pièce au mendiant. Il est parfait, c
307
pour cette année. On nous avait laissés entendre
que
les statuts de l’Assemblée européenne seraient terminés ces jours-ci,
308
et cela ne veut pas dire, comme dans la chanson,
que
nous ne verrons jamais rien venir : car l’élan est donné, le mouvemen
309
ment elle se fera. Peut-être n’est-il pas mauvais
que
la conférence des Dix ambassadeurs, à Londres1, prenne son temps. Il
310
e faisait bon accueil aux propositions détaillées
que
les délégués de notre Mouvement européen lui soumettaient. Nous savon
311
Mouvement européen lui soumettaient. Nous savons
qu’
elle les étudie. Puisse-t-elle se laisser inspirer par ce temps de Pâq
312
’Europe fédérée. Elle est moins vaste, en vérité,
que
celle du jeune Américain, mais à cause de cela même, elle est plus cl
313
, où les nations ne disparaîtraient pas davantage
que
les cantons n’ont disparu en se fédérant, mais où les guerres entre n
314
res entre nations deviendraient aussi impossibles
que
la guerre entre nos cantons. Imaginez ensuite cette grande Europe aus
315
maginez ensuite cette grande Europe aussi décidée
que
la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul
316
chniques et les experts. Tout dépend de la vision
qu’
ils auront. Il n’est point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il n
317
— l’auront vue et marchent vers elle. Il se peut
que
la vision qui les guide cache une réalité finale qui les surprenne. C
318
l se mit en route pour la joindre, et c’est ainsi
qu’
il trouva l’Amérique. Mais nous, quel continent nouveau allons-nous ab
319
t nouveau allons-nous aborder demain ? Se peut-il
que
ce soit tout simplement l’Europe, redécouverte à la faveur de son uni
320
yeux étonnés, la Terre promise !2 1. On sait
que
les dix pays fondateurs de l’union européenne préparent une Assemblée
321
l’Est, c’est à la cause du communisme tout entier
qu’
elle a fait perdre la face, en bâtissant le mur de Berlin non pour se
322
ux États-Unis, d’où je reviens, il n’est question
que
du « miracle européen ». C’est un fait : la montée vers une prospérit
323
vait de libérer ses colonies — dont on prétendait
qu’
elle vivait ! A-t-on remarqué le parallélisme, si frappant, entre la f
324
, l’Europe surmonte enfin les divisions mortelles
qu’
entretenait dans son sein cette même passion. Elle choisit la santé :
325
ais en demandant son accession à ce Marché commun
qu’
elle affecta longtemps de traiter d’utopie, la Grande-Bretagne a démon
326
e traiter d’utopie, la Grande-Bretagne a démontré
que
l’Europe unie était d’ores et déjà bien autre chose qu’une rêverie d’
327
Europe unie était d’ores et déjà bien autre chose
qu’
une rêverie d’intellectuels. Tel est sans doute le fait majeur qui mar
328
t au monde l’exemple d’une fédération pacifique —
que
la Suisse a toutes les raisons de ne plus bouder — les Européens repr
329
arant de la paix mondiale. N’est-il pas admirable
que
l’année de l’Europe ait coïncidé par hasard avec l’année d’une grande
330
«
Que
signifie pour vous la formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper refo
331
ritage de la Réformation, ce n’est pas répéter ce
que
disaient ses auteurs, mais continuer à réformer. Seuls peuvent être f
332
ec tous les risques d’hérésie (hardiment assumés)
que
cela comporte, et en même temps reliés sans relâche à l’espérance de
333
doxe, à la Pentecôte œcuménique. Vous avouerai-je
qu’
en tant que protestant, je me sens jaloux des possibilités réformatric
334
’entendre, quoi qu’en décide finalement son chef.
Qu’
avons-nous de pareil ? Et je ne dis pas seulement : quelle autorité ef
335
mais tout simplement quelle tribune ? Je constate
que
l’Église romaine a de meilleurs instruments d’autocritique, de remise
336
tique, de remise en question et de renouvellement
que
les Églises issues de la Réformation… Se pourrait-il qu’elle ait bien
337
Églises issues de la Réformation… Se pourrait-il
qu’
elle ait bientôt plus de réformateurs vivants et d’avenir que nous n’e
338
bientôt plus de réformateurs vivants et d’avenir
que
nous n’en vénérons dans notre histoire ? Bon sujet de réflexion, en c
339
u. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête]
Que
signifie pour vous la formule célèbre “Ecclesia reformata semper refo
340
. Le texte est introduit par la note suivante : «
Que
signifie pour vous, avons-nous demandé à quelques personnalités, la f
341
1969)x y Ce mois-ci, ce n’est pas sur la Terre
que
nous allons chercher l’actualité qui sera notre sujet de réflexion, m
342
ougemont, et j’ai envie de la poser au philosophe
que
vous êtes : est-ce que nous savons pourquoi nous y allons ? Ce qui me
343
de la poser au philosophe que vous êtes : est-ce
que
nous savons pourquoi nous y allons ? Ce qui me frappe dans l’aventure
344
qui me frappe dans l’aventure d’« Apollo », c’est
qu’
elle est l’entreprise qui a coûté le plus cher dans toute l’histoire d
345
du monde, est aussi la moins motivée. Les motifs
que
l’on a allégués en public sont puérils : le président Kennedy avait a
346
apparente ? Oui, on aurait pu consacrer ne fût-ce
qu’
une partie de ces 100 milliards de francs suisses à augmenter la beaut
347
té ou pour une meilleure hygiène. Pourquoi est-ce
qu’
on a choisi l’espace, concrétisé par la Lune, dans le cas qui nous occ
348
r la Lune, dans le cas qui nous occupe ? Je pense
qu’
il y a là une espèce de fuite devant les problèmes du monde, un phénom
349
re, ayant une peur mortelle les uns et les autres
que
cela saute, ont été amenés — peut-être inconsciemment — à transposer
350
sur la Terre. Au fond, c’est dans ce domaine seul
qu’
ils ont réussi à trouver les moyens d’une espèce non pas de coopératio
351
« Apollo », je vous ferai remarquer ceci : on dit
que
c’est une aventure scientifique, mais qu’est-ce qu’on met dans les mo
352
on dit que c’est une aventure scientifique, mais
qu’
est-ce qu’on met dans les modules spatiaux ? Pas des savants, mais des
353
e c’est une aventure scientifique, mais qu’est-ce
qu’
on met dans les modules spatiaux ? Pas des savants, mais des colonels.
354
nels et ils deviennent généraux. On pourrait dire
que
tout ce qu’ils ont été chercher là-haut, c’est une étoile — une petit
355
deviennent généraux. On pourrait dire que tout ce
qu’
ils ont été chercher là-haut, c’est une étoile — une petite étoile en
356
t, c’est une étoile — une petite étoile en cuivre
qu’
ils se mettent sur l’épaulette. Néanmoins, ce sont les savants qui le
357
ts, dans cette affaire ? Les savants peuvent dire
que
ce sont eux qui transforment ces colonels en projectiles à têtes cher
358
s pourraient dire — et ils le pensent peut-être —
que
ce sont eux qui utilisent le prétexte militaire en faveur d’une conna
359
eur d’une connaissance scientifique. Probablement
que
les militaires font le même raisonnement en sens inverse. Qui faut-il
360
l croire ? Les véritables motifs, on ne les saura
que
beaucoup plus tard, et ce ne seront pas les « bons » (les vrais) que
361
ard, et ce ne seront pas les « bons » (les vrais)
que
l’on décidera d’adopter officiellement, dans les livres d’histoire pa
362
dans les livres d’histoire par exemple. Je pense
que
si on découvre un jour dans l’espace, grâce à des stations mises sur
363
ladies — je ne sais quoi d’inattendu aujourd’hui,
qu’
on ne cherche donc pas consciemment, on dira : c’est pour cela qu’on é
364
donc pas consciemment, on dira : c’est pour cela
qu’
on était parti et qu’on avait fait tout ce programme si coûteux ! Il s
365
t, on dira : c’est pour cela qu’on était parti et
qu’
on avait fait tout ce programme si coûteux ! Il s’est produit exacteme
366
istoire d’aujourd’hui, vous lisez très couramment
que
si Christophe Colomb est parti avec ses petites caravelles, c’est par
367
lait trouver les Indes, parce qu’on lui avait dit
qu’
aux Indes les cités étaient pavées d’or et les palais recouverts de tu
368
s d’or. Or Christophe Colomb a trouvé l’Amérique,
qu’
il ne cherchait pas. Et bien après lui, on y a trouvé de l’or. Et un p
369
tre question, toujours sur le même sujet : est-ce
que
vous êtes déçu, finalement, ou est-ce que vous avez envie d’aller dan
370
est-ce que vous êtes déçu, finalement, ou est-ce
que
vous avez envie d’aller dans la Lune ? Je suis profondément déçu. Je
371
n sentiment de désenchantement. J’ai l’impression
que
les rêves de l’humanité depuis des siècles — les rêves de poètes, les
372
rêves de Jules Verne — dépassaient de beaucoup ce
que
nous sommes en train de faire. Le rêve dévalorise l’actualisation de
373
se merveilleusement. Eh bien ! au fur et à mesure
qu’
on avance vers la substance de la chose, quand on est prêt à la touche
374
se, quand on est prêt à la toucher, on s’aperçoit
que
la Lune est une malheureuse, vilaine chose, couverte de tuf volcaniqu
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race d’hommes supérieurs, intelligents, meilleurs
que
nous, qui habitaient la Lune. Eh bien ! on s’aperçoit qu’il n’y a per
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, qui habitaient la Lune. Eh bien ! on s’aperçoit
qu’
il n’y a personne. Il y a un texte qui m’a frappé, que vous avez cité
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l n’y a personne. Il y a un texte qui m’a frappé,
que
vous avez cité dans un article il y a sept ou huit ans — à l’époque o
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it le paradis qui nous attend là-bas. Il nous dit
que
nous aurons là-bas des hôtels de grand luxe, avec des paysages extrao
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lors on arrive à se demander aujourd’hui : est-ce
que
l’on a dépensé 100 milliards — 100 milliards n’étant qu’une partie de
380
n a dépensé 100 milliards — 100 milliards n’étant
qu’
une partie de la dépense totale — pour avoir un Moon-Hilton ? … devant
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es désolés, absolument désertiques ! Je dois dire
que
quand je pense à l’éventualité d’un exil sur la Lune, il me prend un
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es, de l’herbe… Ce sont des réactions subjectives
que
nous exprimons. Mais on peut imaginer des réactions objectives. Alors
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l’interviewer. « Je dis à Lénine, raconte Wells,
que
le développement de la technique humaine pourrait un jour changer la
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c’est une prophétie assez extraordinaire : est-ce
qu’
elle est complètement fausse ? Sûrement pas, car la recherche spatiale
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trine des rapports de productions, il est évident
qu’
elle ne vaut plus rien si on va sur la Lune — où les rapports de produ
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s de productions ne sont en rien comparables à ce
qu’
ils étaient au xixe siècle, quand Marx a écrit sa théorie. Il n’y a p
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Justement, et on ne va pas en créer un, j’espère
que
non… Où Lénine se trompe à mon sens complètement, c’est quand il dit
388
rompe à mon sens complètement, c’est quand il dit
que
toutes les doctrines philosophiques et morales devront être révisées
389
problèmes de s’aimer activement, de s’entraider,
qu’
ils auraient sur la Terre ou sur Mars. D’ailleurs, cette question de d
390
t pas seulement la Terre et le petit coin de ciel
que
nous voyons, permet de tirer des conclusions très ambiguës. Moi, j’ai
391
t pas aussi beau, ce n’est pas aussi paradisiaque
qu’
on le pensait. Au fur et à mesure que l’homme va plus loin dans l’espa
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paradisiaque qu’on le pensait. Au fur et à mesure
que
l’homme va plus loin dans l’espace, je me sens plus enfermé sur la Te
393
e me sens plus enfermé sur la Terre. C’est-à-dire
que
je suis frustré par les dimensions physiques augmentées dans l’espace
394
a Terre. Plus encore, cela me ramène à cette idée
que
la véritable aventure humaine est à l’intérieur de chacun de nous, no
395
ieur, dans l’espace, le cosmos physique. Je crois
que
même du point de vue de la technique, les plus grands achèvements hum
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ne demande ni crédit, ni gadget. En quoi je pense
qu’
elle est vraiment le sommet de l’aventure humaine. Relisant au lendem
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tretien télévisé, je ne vois rien à modifier à ce
que
je disais un mois avant le départ d’Apollo 11. Il y avait là comme un
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lo 11. Il y avait là comme un écho anticipé de ce
que
tant d’autres ont dit depuis, parmi lesquels, une bonne moitié des ci
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xploit technique ! Mais si l’on découvrait demain
que
cela ne sert à rien ? » Ce qui importe, c’est qu’un profond mouvement
400
que cela ne sert à rien ? » Ce qui importe, c’est
qu’
un profond mouvement se dessine déjà, jusque dans l’administration Nix
401
erre une part ou moins des centaines de milliards
qu’
on destinait à se perdre au ciel vide. Quant à ma conclusion, elle m’a
402
et Denis de Rougemont dit, en quelques lignes, ce
qu’
il pense aujourd’hui de l’événement qu’il avait commenté à l’avance. »
403
lignes, ce qu’il pense aujourd’hui de l’événement
qu’
il avait commenté à l’avance. »
404
publier un livre : L’Avenir est notre affaire .
Qu’
entendez-vous par ce titre ? Je pense que nous sommes responsables, no
405
ffaire . Qu’entendez-vous par ce titre ? Je pense
que
nous sommes responsables, nous les hommes, de toutes les crises de l’
406
cience, car c’est probablement la dernière chance
que
nous avons de sortir de la crise dans laquelle nous nous sommes plong
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ir. Ce n’est donc pas dans une visée prométhéenne
qu’
il faut comprendre votre titre ? Pas du tout, ce n’est pas un défi. Si
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de nous cacher, même derrière Dieu. Quand on voit
que
les choses tournent mal, il est trop tard pour dire : Ce n’est pas ma
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i me disaient : « Pourquoi voulez-vous absolument
que
ça continue, l’humanité ? », j’ai répondu : C’est quelque chose qui e
410
i répondu : C’est quelque chose qui est plus fort
que
moi, et qui est l’espérance. C’est une volonté, un désir éperdu que l
411
t l’espérance. C’est une volonté, un désir éperdu
que
la vie continue. Je ne sais pas si c’est une espérance chrétienne, c’
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parle saint Paul. Ou tout simplement l’espérance
que
, par notre action, nous pouvons faire du bien, pas seulement du mal ;
413
ous pouvons faire du bien, pas seulement du mal ;
que
nous pourrions encore sauver l’humanité — je ne dis pas dans un sens
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dans un sens simplement physiologique, de manière
que
l’histoire dure encore. Je sais bien, si on s’en rapporte à l’Apocaly
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Je sais bien, si on s’en rapporte à l’Apocalypse,
que
l’histoire temporelle finira mal, mais, qu’après cela, ça finira très
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ypse, que l’histoire temporelle finira mal, mais,
qu’
après cela, ça finira très bien. « Apocalypse » veut dire « révélation
417
! Si j’étais totalement pessimiste, si je pensais
qu’
il n’y a plus rien à faire, je n’écrirais pas — ou je raconterais des
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rais des histoires. Si j’ai écrit ce livre, c’est
que
je prends tout à fait au sérieux l’avertissement d’Isaïe (ch. 21, v.
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tissement d’Isaïe (ch. 21, v. 12) : « Sentinelle,
que
dis-tu de la nuit ? — Le matin vient, et la nuit aussi ». Il y a donc
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aussi ». Il y a donc toujours deux possibilités.
Qu’
avez-vous à dire à une jeunesse aujourd’hui assez partagée entre une c
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pas suffisamment impliqués pour dire autre chose
que
« Foutez-moi la paix ! je m’occupe de mes petites affaires, celles de
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s, celles de mon âge, mettons ! » Mais les jeunes
que
je connais ne partagent pas du tout cette attitude : quand on leur pa
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n’importe quand, ils ne disent pas « bof ». Ceux
que
je connais. Je pense qu’il est faux de dire que la génération actuell
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disent pas « bof ». Ceux que je connais. Je pense
qu’
il est faux de dire que la génération actuelle est la « bof-génération
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x que je connais. Je pense qu’il est faux de dire
que
la génération actuelle est la « bof-génération » : ce sont des choses
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le est la « bof-génération » : ce sont des choses
que
les hebdomadaires inventent de temps en temps pour faire monter le ti
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ester à ce moment-là. L’auto industrielle n’avait
que
29 ans, déjà Ford était milliardaire. Et j’ai eu une réaction viscéra
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viscérale. Je me suis dit : c’est épouvantable ce
que
cet homme-là est en train de faire ! J’ai publié mon article dans une
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mon article dans une petite revue qui ne comptait
que
quelques milliers de lecteurs ( Foi et Vie ), cela n’a eu aucun effet
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ela n’a eu aucun effet, sauf sur moi. Le fait est
que
dès ce moment-là, je dénonçais la croissance illimitée dans un monde
431
s anticroissance avec les premiers personnalistes
que
j’ai rencontrés à Paris, la première année où je suis allé y travaill
432
s tard, après la guerre, l’évidence s’est imposée
qu’
il fallait faire l’Europe tout de suite, sinon on recommencerait une a
433
lle l’a faussée. On a fait croire au monde entier
que
ce qu’il fallait copier de nous, c’étaient nos machines, nos armes, e
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faussée. On a fait croire au monde entier que ce
qu’
il fallait copier de nous, c’étaient nos machines, nos armes, et jamai
435
os recherches des années 1930. La guerre n’a fait
qu’
interrompre… Elle a interrompu, mais en nous donnant raison ! hélas, n
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pouvoir répondre de manière très nette. L’exemple
que
nous avions sous les yeux en 1931-1932 était l’État centralisé frança
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poser l’État fédératif, le modèle suisse. J’avoue
qu’
à ce moment-là je connaissais assez mal ce modèle, je ne m’étais pas b
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-je… !) C’est plus tard, pendant la mobilisation,
que
j’ai découvert les trésors du fédéralisme. Nous parlions déjà de fédé
439
rands affrontements : c’était la tactique suisse,
que
l’on m’avait enseignée à l’école d’officiers en 1928 ! Une défense av
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iciers en 1928 ! Une défense avec l’esprit autant
qu’
avec les armes ? Une défense par tous les moyens, sur place, défense d
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ent défensive. C’est en Amérique (de 1940 à 1946)
que
j’ai découvert l’Europe ! et la Suisse notamment ! Il faut s’éloigner
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l faut s’éloigner de quelque chose pour savoir ce
que
c’est. En Amérique, il n’y avait rien sur la Suisse, alors j’ai écrit
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er l’indépendance énergétique d’un pays, à preuve
qu’
en France le nucléaire est appliqué d’après une licence américaine, so
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respondent à leurs dimensions respectives, disons
que
le nucléaire est trop grand pour un seul pays, et qu’il y constitue u
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le nucléaire est trop grand pour un seul pays, et
qu’
il y constitue une menace pour la démocratie. Vous êtes membre du Grou
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cratie. Vous êtes membre du Groupe de Bellerive :
que
fait-il ? C’est un groupe de personnalités internationales habitant G
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ix, et contre les atteintes aux droits de l’homme
qu’
entraîne fatalement une construction de cette dimension. Le nucléaire,
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e de l’État-nation, qui résume à peu près tout ce
que
je dénonce : la dépersonnalisation, la perte de responsabilité (donc
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stiblement vers la guerre. On nous a beaucoup dit
que
le nucléaire civil n’avait rien à voir avec la guerre nucléaire ; ce
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glises dans un monde pareil ? Les chrétiens n’ont
qu’
une tâche devant toutes les solutions qu’on leur propose, c’est de s’e
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ns n’ont qu’une tâche devant toutes les solutions
qu’
on leur propose, c’est de s’efforcer d’être chrétiens. Cela veut dire
452
e folle puissance. La puissance, c’est le pouvoir
qu’
on prend sur autrui. La liberté c’est le pouvoir que l’on prend sur so
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’on prend sur autrui. La liberté c’est le pouvoir
que
l’on prend sur soi-même. Les seules condamnations absolues prononcées
454
uté, ni responsabilité, ni liberté. Il n’y a plus
que
la promiscuité des solitudes. z. Rougemont Denis de, « [Entretien]