1 1938, La Vie protestante, articles (1938–1978). Le temps des fanatiques (25 novembre 1938)
1 teau : trois-cents-millions de nos contemporains, s’ ils ne portent pas sur eux cette Marque, se voient rejetés de la cité.
2 rains, s’ils ne portent pas sur eux cette Marque, se voient rejetés de la cité. Alors les amateurs de clés de l’Apocalypse
3 n’est pas si clair, ni si simple, ni si tranché, se voit aussitôt suspecté de connivence avec les « méchants ». Il fait l
4 les « méchants ». Il fait leur jeu, dit-on, même s’ il se croit sincère. C’est un naïf, ou un rusé, ou bien un lâche… Eh b
5 « méchants ». Il fait leur jeu, dit-on, même s’il se croit sincère. C’est un naïf, ou un rusé, ou bien un lâche… Eh bien,
6 re autres éléments le chômage et la prostitution, se fonde vraiment sur l’Évangile ? Quand on me dit que les rouges d’Espa
7 agne brûlent les églises, je ne dis pas non : ils s’ en vantent eux-mêmes. Mais je me demande si les soutiens de M. Franco,
8 Alors on me dit : Vous parlez politique, quand il s’ agit de sauver l’Église. À quoi je réponds : Croyez-vous, chers amis,
9 us n’en parlez pas vous-mêmes ? Les chrétiens qui se lancent dans une croisade ne le font-ils que pour sauver l’Église ? E
10 de ces propos qu’à mon avis les chrétiens doivent se taire, se retirer dans une neutralité plaintive, et laisser le pauvre
11 pos qu’à mon avis les chrétiens doivent se taire, se retirer dans une neutralité plaintive, et laisser le pauvre monde se
12 neutralité plaintive, et laisser le pauvre monde se débrouiller. Je suis tout prêt, en ce qui me concerne, à prendre éner
13 Argent. Donc il n’y a pas de causes justes, même s’ il y en a de moins injustes, relativement. Donc il ne peut y avoir de
14 iers la parole, convaincus que nos lecteurs, même s’ ils sont étonnés de certaines de ses expressions, sauront comprendre l
15 ont comprendre le point de vue chrétien auquel il se place. »
2 1939, La Vie protestante, articles (1938–1978). Nicolas de Flue et la tradition réformée (1er septembre 1939)
16 pourquoi les catholiques n’ont pas eu de peine à s’ annexer le « frère Claus », cependant que les protestants l’abandonnai
17 uite qu’au lieu d’entrer dans un couvent, Nicolas se retire dans une cabane construite non loin de sa ferme, au Ranft. Il
18 ’un moine, parfois même suspecté par l’Église qui se méfie de cet « irrégulier ». Ne dit-on pas que, durant les vingt ans
19 trouver la paix de son âme dans le monde. Il a dû se retirer et vivre en marge des conditions normales de l’existence. Sig
20 Bible. 2° Dans son ermitage du Ranft, Nicolas ne s’ est pas abandonné aux « saintes délices » de la contemplation. Il ne s
21 ux « saintes délices » de la contemplation. Il ne s’ est libéré de certaines servitudes que pour mieux servir le Seigneur d
22 Confédération, c’est à son action qu’il le doit. S’ il n’avait été qu’un ascète, nous ne saurions plus rien de lui. C’est
23 politique, tandis que les catholiques préféraient s’ en tenir à l’éloge de son jeûne et de ses visions. Nicolas et les r
24 dès les premiers jours de la Réforme, la question se posa de savoir auquel des deux camps en présence son souvenir servira
25 pouvait vivre « sans nourriture corporelle », il se bornait à dire : « Dieu le sait… » Rien d’étonnant non plus si, en 15
26 plus si, en 1522, un pamphlet catholique anonyme se plaint de ce que les réformés invoquent sans cesse les conseils de l’
27 ent sans cesse les conseils de l’ermite dès qu’il s’ agit des affaires publiques. Après tout, dit l’auteur, à quoi se résum
28 aires publiques. Après tout, dit l’auteur, à quoi se résument ces conseils ? À ceci : « que chacun doit rester sur son fum
29 c’est par la seule force de Dieu que nos ancêtres se sont libérés des maîtres que Faber sert aujourd’hui… Si nous suivions
30 nificatif : « Catalogue des témoins de la foi qui se sont dressés, avant Martin Luther, contre le pape et ses erreurs ». E
31 n Luther, contre le pape et ses erreurs ». Enfin, s’ il était besoin d’une attestation plus décisive encore, voici celle de
32 des réformés, ennemis du régime des pensions. Il s’ agit là de pièces d’actualité, d’intentions nettement polémiques. Beau
33 ratique. Les cantons protestants, pour leur part, se repentent de leur orgueil. Et Nicolas, une dernière fois, les adjure
34 endrait-il pas que les protestants, de nos jours, s’ avisent de renouer leur tradition de Nicolas, et précisément au théâtr
3 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). De Luther à Hitler (15 mars 1940)
35 ulte tantôt d’une mauvaise foi consciente, et qui se voudrait « machiavélique », tantôt d’une ignorance inqualifiable des
36 que la nation éduquée par Luther « était prête à se donner à n’importe quel despote, pourvu qu’il fût Allemand et protest
37 d : il était Autrichien et catholique. Un billet, s’ il vous plaît, au Suisse inquiet, au protestant scandalisé que je suis
4 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Dieu premier servi » (26 avril 1940)
38 l est né et pour son bien. Il n’a pas le droit de s’ en désintéresser et de laisser les autres s’égarer, quitte à les dénon
39 it de s’en désintéresser et de laisser les autres s’ égarer, quitte à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut de la cha
40 dans la communauté des Suisses doit naturellement s’ insérer dans les données de fait qui sont celles du pays, et qui se tr
5 1940, La Vie protestante, articles (1938–1978). Neutralité (3 mai 1940)
41 ment sybillin : « Température maximum : 18° ». Il s’ agissait sans doute d’inciter le public à des économies de charbon. On
6 1942, La Vie protestante, articles (1938–1978). Perspectives d’avenir du protestantisme (2 janvier 1942)
42 fermée sur les intérêts d’un groupe. Par là, elle s’ oppose radicalement à toute religion totalitaire, fondée sur le sang,
43 é d’origine ?… Mais résister ne suffit pas, on ne se défend bien qu’en attaquant, c’est-à-dire en prenant l’initiative. Ic
44 en prenant l’initiative. Ici, la perspective qui s’ offre aux Églises protestantes, c’est de préparer le terrain pour la r
45 . Elles ne sauront la rendre féconde que si elles se laissent guider et inspirer par la tradition spirituelle qui a fait l
46 e la Réforme. Enfin, la troisième perspective qui s’ ouvre au protestantisme, c’est celle du mouvement œcuménique. Vous sav
47 es les Églises chrétiennes sauf celle de Rome qui se tient, par malheur, à l’écart. Or, dans cette œuvre à laquelle collab
48 perspective où nos « ismes » disparaîtraient pour se fondre dans une Église plus vaste. S’il fallait que je dise en une ph
49 raient pour se fondre dans une Église plus vaste. S’ il fallait que je dise en une phrase ce qui m’attache à l’Église prote
50 : L’Église protestante est justement celle qui ne se donne pas pour la seule forme d’Église possible ; elle est l’Église q
51 la Vérité même qu’elle annonce et dont elle doit se sentir responsable devant le monde d’aujourd’hui et pour demain. g.
7 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable I : « Je ne suis personne » (15 octobre 1943)
52 res, il est vraiment trop facile d’y croire : qui s’ en donnerait encore la peine ? De fait, j’ai connu beaucoup d’hommes q
53 du premier tour que dénonce Baudelaire. Beaucoup s’ y arrêtent : « Comment peut-on perdre son temps à ces balivernes d’un
54 ’un autre âge ? », disent-ils. Or ce sont eux qui s’ y laissent prendre ! Fascinés par l’image traditionnelle et trop évide
55 traditionnelle et trop évidemment puérile, ils ne se doutent pas que le diable agit ailleurs, sans queue ni barbe, par leu
56 ceptiques », et l’impardonnable sophisme dont ils se montrent les victimes : « Le diable est un bonhomme à cornes rouges e
57 ent de croire au diable à cause de l’image qu’ils s’ en font, et qui est tirée des contes de bonnes femmes. Cependant la Bi
58 rties du monde pour les tromper et pour les faire se battre sans raison alléguée, et finalement flamboyé par le feu du cie
8 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable II : Le menteur (22 octobre 1943)
59 ral repose où il fut composé, la plante pousse où se fixa la graine, les animaux muets sont prisonniers de l’ordre intaris
60 ure naturante, mais il peut aussi faire la grève, se révolter, et fabriquer l’anti-nature ou dénature. Cette duplicité de
61 nt que le Malin devait atteindre notre orgueil et s’ insérer dans nos défenses les plus secrètes. La parole nous étant donn
62 r que la grande ambition satanique devait être de s’ emparer de la parole dans notre bouche, pour altérer le témoignage dan
63 ire. Ceci concerne le premier mensonge, celui qui se borne à taire la vérité (tout en ne cessant de la connaître) ou à la
9 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable III : diable et sexe (29 octobre 1943)
64 une lecteur — et peut-être aussi le moins jeune — se dira : Tiens, voilà un sujet… Quel dommage ! Sa curiosité pourrait bi
65 é pourrait bien être déçue. Voyons. Tout le monde s’ imagine que le péché par excellence réside dans la sexualité. L’illusi
66 r excellence réside dans la sexualité. L’illusion s’ aperçoit d’une manière assez simple : la sexualité est le domaine des
67 e portefeuille du voisin, mais presque tout homme s’ est vu tenter de prendre la femme du voisin, soit en recourant aux rai
68 aisons pathétiques — « c’est vital ! » —, soit en se persuadant que « ça n’a pas d’importance » ; ou les deux ensemble. En
69 ou la respiration. Si la majorité des Occidentaux se figurent que le péché originel fut l’acte sexuel, dont la consommatio
70 , mais seulement la révolte d’Ève et son désir de se diviniser à sa façon. Si la sexualité pouvait rester pure, c’est-à-di
71 comme les autres fonctions du corps, le diable ne s’ y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et à l’esprit, et
72 le diable ne s’y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et à l’esprit, et c’est par là qu’elle va se pervertir
73 ’amour, et à l’esprit, et c’est par là qu’elle va se pervertir et devenir à son tour source de perversion. La paillardise
74 ques, nœuds de sophismes spirituels où le serpent se love avec délices. La sexualité se distingue des autres fonctions nat
75 où le serpent se love avec délices. La sexualité se distingue des autres fonctions naturelles par un certain manque de né
76 sexualité donne prise au diable. Et certes il ne s’ y intrigue pas davantage que dans nos créations les plus abstraites. I
77 evient proprement démoniaque que lorsque l’esprit s’ en empare, la contamine, la dénature, ou lui rend un culte obsédé. L’i
78 ntifique » mais gaillarde. Mais aussitôt le Malin se rattrape en proposant une licence absolue. Or, l’absence de contraint
79 tout ce qui qualifie l’individu et lui permet de se posséder en tant que personne responsable. L’indifférence croissante
80 ’un engagement, cette espèce d’insouciance morale se traduit moins par une libération que par une flagrante indigence dans
10 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable V : Le tentateur (12 novembre 1943)
81 eu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et l
82 ée dans un esprit, la possibilité d’une tentation s’ entrouvre. Car il n’y a pas de tentation là où n’existe aucune possibi
83 r bien que celui que Dieu offre, un bien que l’on se figure « mieux fait pour soi ». Ève ne fut pas tentée par une chose m
84 pas tentée par le désir de nuire, mais l’idée de se diviniser, ce qui paraît en somme une excellente idée. Par malheur, p
85 t l’excluait de sa réalité. Manger cette pomme et se diviniser de cette manière convoiteuse, il se trouvait qu’aux yeux de
86 propres yeux tout au moins). Mais c’est celui qui se persuade que le bien qu’il a conçu vaut mieux que le vrai bien. « Le
87 une œuvre qui le trompe. » Or, c’est parce qu’il se trompe d’abord que son œuvre va le tromper. La réalité méprisée se ve
88 que son œuvre va le tromper. La réalité méprisée se vengera automatiquement. Le péché est une faute, mais faute signifie
89 gît dans la certitude de faire le mal. » Mais ici se sont déclenchés les mécanismes compliqués de la perversion, de l’auto
90 n d’une conscience déchirée, et du désir enfin de se détruire. Se détruire pour s’innocenter ! Pour échapper, à sa manière
91 ience déchirée, et du désir enfin de se détruire. Se détruire pour s’innocenter ! Pour échapper, à sa manière encore, aux
92 t du désir enfin de se détruire. Se détruire pour s’ innocenter ! Pour échapper, à sa manière encore, aux conséquences du m
93 e, aux conséquences du mal que l’on a fait ; pour se châtier soi-même sans réparer. C’est le mystère du suicide et la logi
11 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VI : Le mal du siècle : la dépersonnalisation (19 novembre 1943)
94 modée. Car Satan marche avec son temps, et paraît se soucier de moins en moins de persuader l’individu, dans une époque où
95 e époque où celui-ci n’existe guère. Son ambition se tourne vers les masses. Ici nous abordons enfin la grande stratégie d
96 possession, c’est-à-dire d’individus particuliers se livrant au mal, je voudrais écrire un livre sur la possession diaboli
97 temps modernes, et montrer comment l’humanité qui se donne au diable, de nos jours, le fait en masse. C’est pour cela que
98 s, le fait en masse. C’est pour cela que les gens se rassemblent en troupeaux, pour que l’hystérie naturelle et animale s’
99 oupeaux, pour que l’hystérie naturelle et animale s’ empare d’eux, pour qu’ils se sentent stimulés, enflammés et hors d’eux
100 naturelle et animale s’empare d’eux, pour qu’ils se sentent stimulés, enflammés et hors d’eux-mêmes. Les scènes du Blocks
101 act de ces plaisirs démoniaques, qui consistent à se perdre soi-même, à se laisser volatiliser dans une puissance supérieu
102 moniaques, qui consistent à se perdre soi-même, à se laisser volatiliser dans une puissance supérieure, au sein de laquell
103 oule, c’est le lieu de rendez-vous des hommes qui se fuient, eux et leur vocation. Elle n’est personne et tire de là son a
104 t tire de là son assurance dans le crime. « Il ne s’ est pas trouvé un seul soldat pour porter la main sur Caius Marius, te
105 it le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu, au milieu des arbres du
106 t j’en ai mangé. » (Gen. 3:8-13) Voyez : ils vont se cacher, ils n’y sont plus. Et quand on les attrape, ils disent que c’
107 é » et fuyant devant l’aveu de leurs fautes, vont se cacher dans les arbres, dans la foule. C’est-à-dire dans le lieu par
108 aptitudes normales. Au cinéma, l’individu moderne s’ habitue à courir par délégation les aventures qui ne lui arrivent pas.
109 contribue à l’arracher de sa vie propre, où il ne se passerait jamais rien de semblable. Quant aux inconvénients et à l’en
110 issent de plus en plus inacceptables à mesure que se répandent les notions de progrès indéfini, de confort à tout prix, de
111 rt à tout prix, de succès rapide, et à mesure que s’ efface la croyance dans un au-delà. D’une part l’individu moderne est
12 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VII : La cinquième colonne (26 novembre 1943)
112 i aussi. Mais si le diable est partout, sa figure se brouille. Et les définitions que j’en ai données successivement, à fo
113 ns que j’en ai données successivement, à force de se compenser, finissent par se neutraliser. Vos descriptions, me dira-t-
114 ssivement, à force de se compenser, finissent par se neutraliser. Vos descriptions, me dira-t-on, ne sont pas bien claires
115 ent et honnêtement définissable. Il est celui qui s’ arrange toujours pour être à la fois juge et partie dans le procès de
116 dénonciation le fait déguerpir de sa cachette, va se loger de préférence chez celui qui l’a dénoncé, et qui se tient pour
117 de préférence chez celui qui l’a dénoncé, et qui se tient pour assuré dans sa bonne conscience. Au moment où vous croyez
13 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable VIII : Le diable démocrate (3 décembre 1943)
118 crate (3 décembre 1943)p Le xixe siècle, sans s’ en douter, a remplacé la Providence par le progrès automatique. Devant
119 rogrès réel soit diabolique en soi ! Mais si l’on s’ abandonne au rêve du Progrès, laissant aller les choses avec l’arrière
120 rrière-pensée fataliste et réconfortante que tout s’ arrangera de soi-même, dans l’ensemble et à la longue, alors le Progrè
121 ère de croire aussi à sa propre bonté. Et donc de s’ aveugler sur le mal que l’on porte en soi. Et donc de ne pas se soucie
122 r le mal que l’on porte en soi. Et donc de ne pas se soucier de la présence active du démon. Et donc enfin de lui laisser
123 nts, nous rendent incapables de comprendre ce qui se passe dans le monde, et nous livrent aux ruses les plus simples du Ma
124 la réalité morale. ⁂ L’une des leçons claires qui se dégagent des événements actuels me paraît être celle-ci : la haine pu
125 vertueuses indignations du puritain tenté et qui se fait une caricature du vice d’autrui pour éviter de le reconnaître en
126 er qu’à vos ennemis, car c’est à vous-mêmes qu’il s’ arrangera toujours pour ressembler le plus ! C’est en vous seulement q
14 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable IX : « Nous sommes tous coupables » (10 décembre 1943)
127 ndante d’eux-mêmes. À l’inverse, le christianisme s’ est efforcé depuis des siècles de nous faire comprendre que le Royaume
128 ussi, des tentations latentes qui pourraient bien se développer un jour, à la faveur de la misère ou de la fatigue, ou de
129  hommes de bonne volonté ». Pourtant voyez ce qui se passe dans le monde, et dites qui l’a fait. Le diable ? Oui, mais par
130 peler notre slogan démocratique : Tous les hommes se valent ! Certes, il y a des degrés dans le mal, il y a des inégalités
15 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable X : Le diable homme du monde (17 décembre 1943)
131 de diabolique, tout au contraire. Le jeu mondain, s’ il est bien joué, ménage autant de liberté qu’il ne suppose, dit-on, d
132 t soudain quelque chose de satanique lorsque l’on s’ aperçoit de la stérilité du personnage, et des effets stérilisants qu’
133 e à ces milieux bohèmes et de mœurs relâchées qui se croiraient volontiers damnés. C’est, je crois, parce que, dans le mon
16 1943, La Vie protestante, articles (1938–1978). Les tours du diable XI : Le diable dans nos dieux (24 décembre 1943)
134 verses : c’est dans l’image de nos dieux qu’il va se dissimuler, au cœur même de nos idéaux et de nos vérités trop humaine
135 nnaître dans nos idoles. Voici comment les hommes s’ enchaînent aux dieux qu’ils créent. Ceux qui ne l’ignoraient pas ont r
136 les ne sont responsables de rien devant personne, s’ étant faites elles-mêmes les critères de toute vérité purement humaine
137 il n’y a plus de responsabilité nulle part. Mais s’ il apparaît, à l’inverse, que nous ne coïncidons pas avec l’entité div
138 ien nous sommes décapités à la hache, selon qu’il s’ agit respectivement du dieu Classe ou du dieu Race. Les dieux des homm
139 tisfaites… Voyez plutôt. Un jour, un Philanthrope s’ en allait le long de la rue. Il avait la tête et les poches pleines de
17 1949, La Vie protestante, articles (1938–1978). Printemps de l’Europe (29 avril 1949)
140 Assemblée consultative. Certainement, l’Europe va se faire. La seule question qui se pose encore, c’est de savoir comment
141 ment, l’Europe va se faire. La seule question qui se pose encore, c’est de savoir comment elle se fera. Peut-être n’est-il
142 qui se pose encore, c’est de savoir comment elle se fera. Peut-être n’est-il pas mauvais que la conférence des Dix ambass
143 nt. Nous savons qu’elle les étudie. Puisse-t-elle se laisser inspirer par ce temps de Pâques et les vacances, et puisse-t-
144 s. Elle est très vaste, mais aussi très vague. Il se promène ces jours-ci dans les rues et cafés de Paris, avec un gros li
145 nt pas davantage que les cantons n’ont disparu en se fédérant, mais où les guerres entre nations deviendraient aussi impos
146 mment la Suisse a su atteindre ces trois buts, en se fédérant il y a cent ans. Si l’on a bien vu cet enjeu, la possibilité
147 x ambassadeurs à Londres ont bien vu cela, ils ne se laisseront plus arrêter par les chicanes techniques et les experts. T
148 n’est point d’ordre politique qui serve l’homme, s’ il n’est orienté dès le départ par une vision libératrice et fascinant
149 ar une vision libératrice et fascinante. L’Europe se fera, parce qu’une équipe de véritables résistants — ceux qui résiste
150 fatalité — l’auront vue et marchent vers elle. Il se peut que la vision qui les guide cache une réalité finale qui les sur
151 marées, contre tous les experts de son époque, il se mit en route pour la joindre, et c’est ainsi qu’il trouva l’Amérique.
152 el continent nouveau allons-nous aborder demain ? Se peut-il que ce soit tout simplement l’Europe, redécouverte à la faveu
153 une Assemblée consultative de l’Europe, qui doit se tenir en septembre, et dont les députés seront nommés par les parleme
18 1961, La Vie protestante, articles (1938–1978). Bilan simple (29 décembre 1961)
154 le (29 décembre 1961)w Le bilan de l’année qui s’ écoule me paraît simple à établir dans ses grandes lignes et à l’échel
155 e la face, en bâtissant le mur de Berlin non pour se protéger contre une attaque, mais pour empêcher tout un peuple de fui
156 it : la montée vers une prospérité sans précédent s’ est opérée dans le temps même où l’Europe achevait de libérer ses colo
157 que le tiers-monde, copiant ses anciens maîtres, se livre à la passion nationaliste, qui veut la guerre, l’Europe surmont
158 e même passion. Elle choisit la santé : elle veut se fédérer. Et bien sûr, tout n’est pas encore gagné. Mais en demandant
19 1965, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Que signifie pour vous la formule célèbre ‟Ecclesia reformata semper reformanda” ? » (29 octobre 1965)
159 provisoire : La Réforme permanente. La Réforme ne s’ est pas faite une fois pour toutes. Luther et Calvin n’ont pas été les
160 me sens jaloux des possibilités réformatrices qui se manifestent dans le concile actuel du Vatican ? Le supérieur général
161 llement que les Églises issues de la Réformation… Se pourrait-il qu’elle ait bientôt plus de réformateurs vivants et d’ave
20 1969, La Vie protestante, articles (1938–1978). La lune, ce n’est pas le paradis (1er août 1969)
162 même motif : être les premiers. Et alors, on peut se dire ceci : on aurait pu avoir les mêmes motifs — puérils — et les ap
163 t une étoile — une petite étoile en cuivre qu’ils se mettent sur l’épaulette. Néanmoins, ce sont les savants qui les font
164 u’on avait fait tout ce programme si coûteux ! Il s’ est produit exactement la même histoire avec Christophe Colomb, mais e
165 ès bien, il y rencontre le génie de Socrate, tout se passe merveilleusement. Eh bien ! au fur et à mesure qu’on avance ver
166 e de la chose, quand on est prêt à la toucher, on s’ aperçoit que la Lune est une malheureuse, vilaine chose, couverte de t
167 rs que nous, qui habitaient la Lune. Eh bien ! on s’ aperçoit qu’il n’y a personne. Il y a un texte qui m’a frappé, que vou
168 c des paysages extraordinaires. Alors on arrive à se demander aujourd’hui : est-ce que l’on a dépensé 100 milliards — 100
169 e va pas en créer un, j’espère que non… Où Lénine se trompe à mon sens complètement, c’est quand il dit que toutes les doc
170 nt sur la Lune. Ils auront les mêmes problèmes de s’ aimer activement, de s’entraider, qu’ils auraient sur la Terre ou sur
171 ont les mêmes problèmes de s’aimer activement, de s’ entraider, qu’ils auraient sur la Terre ou sur Mars. D’ailleurs, cette
172 demandent le moins d’argent et qui finissent par se faire en un clin d’œil, à la vitesse de la pensée. Eh bien ! l’aventu
173 ? » Ce qui importe, c’est qu’un profond mouvement se dessine déjà, jusque dans l’administration Nixon, pour que soit repor
174 oins des centaines de milliards qu’on destinait à se perdre au ciel vide. Quant à ma conclusion, elle m’a valu des lettres
175 nce : l’aventure intérieure, très bien, mais cela se pratique comment ? Voilà le type même de la question qui peut ouvrir,
21 1978, La Vie protestante, articles (1938–1978). « Bof ! disent les jeunes, pourquoi ? » (1er décembre 1978)
176 gés. Pour la première fois de l’histoire, l’homme se voit contraint de choisir librement son avenir. Ce n’est donc pas dan
177 l’envie de vivre, une curiosité (savoir ce qui va se passer après), et c’est peut-être aussi l’espérance dont parle saint
178 e que l’histoire dure encore. Je sais bien, si on s’ en rapporte à l’Apocalypse, que l’histoire temporelle finira mal, mais
179 pléni­tude, qui est une divinisation de l’homme. S’ il y a dans votre livre des passages très pessimistes où vous semblez
180 fait peur — comme à tout le monde, il ne faut pas s’ en cacher. Ils ne se sentent pas suffisamment impliqués pour dire autr
181 tout le monde, il ne faut pas s’en cacher. Ils ne se sentent pas suffisamment impliqués pour dire autre chose que « Foutez
182 is. L’article était intitulé « Le péril Ford » et s’ élevait contre Ford et son triomphe, qui commençait à se manifester à
183 ait contre Ford et son triomphe, qui commençait à se manifester à ce moment-là. L’auto industrielle n’avait que 29 ans, dé
184 ues années plus tard, après la guerre, l’évidence s’ est imposée qu’il fallait faire l’Europe tout de suite, sinon on recom
185 éologiques, et jusqu’au sous-sol ! Notre critique s’ adressait à ces États centralisés, mais j’avais, je pense, derrière la
186 uvert l’Europe ! et la Suisse notamment ! Il faut s’ éloigner de quelque chose pour savoir ce que c’est. En Amérique, il n’
187 t du fédéralisme. La critique de l’État-nation ne s’ adresse donc pas à la Suisse, elle indique simplement à la Suisse dans
188 Suisse dans quelle direction elle ne devrait pas se développer. Des tendances « État-nation » peuvent se révéler dans cer
189 développer. Des tendances « État-nation » peuvent se révéler dans certains secteurs de la vie du pays : le nucléaire ? Le
190 ats-nations et qui, vis-à-vis d’eux, ses voisins, se présente finalement lui-même comme un État-nation. Or, le fédéralisme
191 est acculée à un certain centralisme dès qu’elle s’ occupe d’objets trop grands. Le nucléaire en est un excellent exemple.
192 ersonnalités internationales habitant Genève, qui s’ est réuni pour mettre en garde non contre le nucléaire en général, mai
193 toutes les solutions qu’on leur propose, c’est de s’ efforcer d’être chrétiens. Cela veut dire d’abord : ne pas donner dans
194 chrétienne. Refuser la puissance ne veut pas dire se retirer de tout, laisser aller les choses ? Les chrétiens doivent vou
195 e elles. Là, chacun peut être libre à sa manière, s’ épanouir dans sa vocation, devenir une personne. Dans une ville de 13