1
Le temps
des
fanatiques (25 novembre 1938)a b Ce ne sont plus des signes dans l
2
natiques (25 novembre 1938)a b Ce ne sont plus
des
signes dans le ciel, mais des réalités terrestres et brutales qui nou
3
Ce ne sont plus des signes dans le ciel, mais
des
réalités terrestres et brutales qui nous avertissent aujourd’hui du c
4
tère religieux de notre Histoire. Le fascisme est
une
religion, le communisme une antireligion. Croix gammée, faisceaux de
5
oire. Le fascisme est une religion, le communisme
une
antireligion. Croix gammée, faisceaux de licteur, faucille et marteau
6
erez contre elle, au nom du Christ, sera vraiment
une
guerre sainte. Trois fois déjà, depuis vingt ans, on nous a sommés de
7
re conscience. Il n’y a plus à discuter. Le temps
des
nuances est passé. L’état de siège est proclamé. Et celui qui demande
8
ur jeu, dit-on, même s’il se croit sincère. C’est
un
naïf, ou un rusé, ou bien un lâche… Eh bien, tant pis pour moi ! Je d
9
on, même s’il se croit sincère. C’est un naïf, ou
un
rusé, ou bien un lâche… Eh bien, tant pis pour moi ! Je demande à voi
10
croit sincère. C’est un naïf, ou un rusé, ou bien
un
lâche… Eh bien, tant pis pour moi ! Je demande à voir. Si l’on veut m
11
uis calviniste, et quand on me dit : Ceux-ci sont
des
méchants, je veux bien le croire, mais je demande : Parmi ceux-là qui
12
à qui les attaquent, n’y aurait-il par hasard que
des
chrétiens ? Quand on me dit que les communistes sont des sans-Dieu, j
13
étiens ? Quand on me dit que les communistes sont
des
sans-Dieu, je ne dis pas non, je ne suis pas illettré ; mais je me de
14
uis pas illettré ; mais je me demande si le trust
des
pétroles, qui mène la lutte contre la Russie rouge dans toute la pres
15
nc ces dictateurs iraient-ils protéger en Espagne
une
Église qu’ils attaquent chez eux ? Et quand on me dit, d’un autre côt
16
l’empire anglais et de l’hégémonie française est
une
part indiscutable et révélée du plan de Dieu pour notre époque ? Je m
17
r du « réarmement » résulte vraiment et d’abord d’
un
sursaut de la conscience chrétienne ? Où peut aller cette « croisade
18
as vous-mêmes ? Les chrétiens qui se lancent dans
une
croisade ne le font-ils que pour sauver l’Église ? Et même dans ce ca
19
our sauver l’Église ? Et même dans ce cas, est-ce
une
raison pour renoncer à toute clairvoyance ? À toute honnête informati
20
s les chrétiens doivent se taire, se retirer dans
une
neutralité plaintive, et laisser le pauvre monde se débrouiller. Je s
21
me concerne, à prendre énergiquement parti après
une
enquête loyale. Mais de grâce, qu’on ne mêle pas tout sous prétexte d
22
n n’appelle pas « croisade » ou « guerre sainte »
des
entreprises qui, du point de vue de l’Évangile, resteront toujours pr
23
! » Évasion ? Non pas. Réalisme. La force réelle
des
tyrans est religieuse. Et la foi seule peut vaincre une religion païe
24
rans est religieuse. Et la foi seule peut vaincre
une
religion païenne. a. Rougemont Denis de, « Le temps des fanatiques
25
ion païenne. a. Rougemont Denis de, « Le temps
des
fanatiques », La Vie protestante, Genève, 25 novembre 1938, p. 1. b.
26
apaiser les deux partis confédérés, à la veille d’
une
guerre civile. Quant au reste de la vie de Nicolas, on l’ignore très
27
ement. Il n’en va pas de même chez nos confédérés
des
petits cantons. Et c’est pourquoi les catholiques n’ont pas eu de pei
28
n méritait bien d’être reprise, du point de vue d’
un
réformé du xxe siècle. D’où la première étude d’ensemble que viennen
29
e de préciser ici les résultats de mon enquête.
Une
solitude active Rappelons d’abord quelques faits importants. Nicol
30
cinquantième année. Né au début du xve siècle d’
une
famille paysanne de l’Obwald, il avait été capitaine, puis juge de pa
31
r à l’appel de la solitude. C’est donc au terme d’
une
féconde carrière qu’il parvint à cette décision, non sans avoir mûrem
32
mûrement pesé son acte et obtenu le consentement
des
siens. Nous ne sommes pas en présence d’un pauvre illuminé, mais d’un
33
ement des siens. Nous ne sommes pas en présence d’
un
pauvre illuminé, mais d’un solide confédéré qui a fait ses preuves da
34
mmes pas en présence d’un pauvre illuminé, mais d’
un
solide confédéré qui a fait ses preuves dans la vie quotidienne. Noto
35
tidienne. Notons ensuite qu’au lieu d’entrer dans
un
couvent, Nicolas se retire dans une cabane construite non loin de sa
36
d’entrer dans un couvent, Nicolas se retire dans
une
cabane construite non loin de sa ferme, au Ranft. Il y mènera jusqu’à
37
e, au Ranft. Il y mènera jusqu’à sa mort la vie d’
un
pieux laïque et non d’un moine, parfois même suspecté par l’Église qu
38
jusqu’à sa mort la vie d’un pieux laïque et non d’
un
moine, parfois même suspecté par l’Église qui se méfie de cet « irrég
39
respect de ses concitoyens, il reçoit chaque jour
des
visites, donne des conseils d’une grande sagesse pratique et particip
40
itoyens, il reçoit chaque jour des visites, donne
des
conseils d’une grande sagesse pratique et participe si bien à la vie
41
oit chaque jour des visites, donne des conseils d’
une
grande sagesse pratique et participe si bien à la vie de son peuple q
42
est capital. Car, après tout, si Nicolas est l’un
des
Pères de notre Confédération, c’est à son action qu’il le doit. S’il
43
t à son action qu’il le doit. S’il n’avait été qu’
un
ascète, nous ne saurions plus rien de lui. C’est pourquoi les réforma
44
a Réforme, Nicolas appartient à l’héritage commun
des
catholiques et des protestants suisses. Mais dès les premiers jours d
45
appartient à l’héritage commun des catholiques et
des
protestants suisses. Mais dès les premiers jours de la Réforme, la qu
46
la Réforme, la question se posa de savoir auquel
des
deux camps en présence son souvenir servirait de patronage. Si nous l
47
ir de l’action politique de Nicolas, Pacificateur
des
cantons et adversaire du régime des pensions, la Contre-Réformation i
48
Pacificateur des cantons et adversaire du régime
des
pensions, la Contre-Réformation insistait exclusivement sur l’aspect
49
ancienne foi, héraut de l’Eucharistie et prophète
des
malheurs dus à la Réforme. Pour des fins partisanes non dissimulées,
50
e et prophète des malheurs dus à la Réforme. Pour
des
fins partisanes non dissimulées, les politiciens des cinq cantons cat
51
fins partisanes non dissimulées, les politiciens
des
cinq cantons catholiques cherchent leur salut dans des soutiens extér
52
inq cantons catholiques cherchent leur salut dans
des
soutiens extérieurs, et les publicistes jésuites, pour la plupart étr
53
colas sont dues à la plume de disciples ou d’amis
des
réformateurs : Myconius, de Zurich ; Ritter, de Saint-Gall ; Valerius
54
le sait… » Rien d’étonnant non plus si, en 1522,
un
pamphlet catholique anonyme se plaint de ce que les réformés invoquen
55
s cesse les conseils de l’ermite dès qu’il s’agit
des
affaires publiques. Après tout, dit l’auteur, à quoi se résument ces
56
, Faber adjure Zurich de conserver l’ancienne foi
des
cantons : mais vous savez très bien que Zurich seule garde le souci d
57
ich seule garde le souci de la vieille foi, celle
des
saints apôtres et de nos ancêtres ! Car c’est par la seule force de D
58
le force de Dieu que nos ancêtres se sont libérés
des
maîtres que Faber sert aujourd’hui… Si nous suivions les conseils du
59
lise de Saint-Gall, décrit la vie de Nicolas dans
un
ouvrage sur la Vie monacale. Il insiste sur le fait que l’ermite n’a
60
à fait à l’écart du monde, mais au contraire près
des
habitations de sa famille et de sa parenté. » En 1556, Matthias Flaci
61
hez les protestants, fait l’éloge de Nicolas dans
un
ouvrage au titre significatif : « Catalogue des témoins de la foi qui
62
ns un ouvrage au titre significatif : « Catalogue
des
témoins de la foi qui se sont dressés, avant Martin Luther, contre le
63
pape et ses erreurs ». Enfin, s’il était besoin d’
une
attestation plus décisive encore, voici celle de Luther en personne.
64
voici celle de Luther en personne. Il écrit dans
une
lettre à Speratus : « Joignez le frère Claus à tous ceux qui ont témo
65
t. » Nicolas et le théâtre protestant L’une
des
meilleures preuves de l’adoption spontanée de Nicolas non seulement p
66
de 1538 ; elles font intervenir l’ermite du côté
des
réformés, ennemis du régime des pensions. Il s’agit là de pièces d’ac
67
l’ermite du côté des réformés, ennemis du régime
des
pensions. Il s’agit là de pièces d’actualité, d’intentions nettement
68
t polémiques. Beaucoup plus vaste est la portée d’
un
mystère intitulé Le Miroir du Monde, qui fut joué à Bâle en 1550. Ce
69
e premier drame sur Nicolas de Flue est l’œuvre d’
un
protestant, l’Alsacien Valentin Boltz. Il ne comptait pas moins de 14
70
créatrice de la Suisse. Autour de lui, gravitent
des
figures symboliques ou historiques : les treize cantons, des apôtres,
71
symboliques ou historiques : les treize cantons,
des
apôtres, des prophètes et des représentants de la hiérarchie catholiq
72
ou historiques : les treize cantons, des apôtres,
des
prophètes et des représentants de la hiérarchie catholique. Au premie
73
les treize cantons, des apôtres, des prophètes et
des
représentants de la hiérarchie catholique. Au premier acte, on voit l
74
écrivant la corruption d’Israël et la nécessité d’
une
piété purifiée et « sérieuse ». Au dernier acte, après que la Mort ai
75
en garde contre les vaines richesses, les prières
des
lèvres, les « vêtements étrangers » et les doctrines qu’on ne met pas
76
r part, se repentent de leur orgueil. Et Nicolas,
une
dernière fois, les adjure de garder le Pacte dans l’amour fraternel e
77
ère de Valentin Boltz devaient être à l’origine d’
une
riche tradition dramatique. Mais à partir de la fin du xvie siècle,
78
s n’y est même pas mentionné !) N’y a-t-il pas là
une
grande anomalie ? Car, enfin, l’élément le plus spectaculaire de la v
79
de Bèze. Nicolas de Flue, me dira-t-on, n’est pas
un
« sujet protestant » ? Eh quoi ! Abraham non plus n’était pas calvini
80
n plus n’était pas calviniste. Ce qui caractérise
un
drame protestant, c’est bien moins le sujet que le style, l’inspirati
81
des, je le sens. Je les termine dans l’angoisse d’
une
crise qui recrée, à l’échelle mondiale, le drame de la Diète de Stans
82
, si minime soit-elle, toute appréciation erronée
des
origines, des fins et de la pratique hitlériennes, non seulement affa
83
it-elle, toute appréciation erronée des origines,
des
fins et de la pratique hitlériennes, non seulement affaiblissent la r
84
es totalitaires, mais compromettent les chances d’
une
solution prochaine, équitable pour tous, et englobant les pays german
85
l’erreur qui consiste à placer Luther au début d’
une
évolution dont Hitler serait le terme, ce n’est pas une erreur minime
86
olution dont Hitler serait le terme, ce n’est pas
une
erreur minime. Elle résulte tantôt d’une mauvaise foi consciente, et
87
’est pas une erreur minime. Elle résulte tantôt d’
une
mauvaise foi consciente, et qui se voudrait « machiavélique », tantôt
88
e, et qui se voudrait « machiavélique », tantôt d’
une
ignorance inqualifiable des faits les plus notoires et les plus impor
89
iavélique », tantôt d’une ignorance inqualifiable
des
faits les plus notoires et les plus importants de notre histoire occi
90
es milieux où cette erreur est professée y voient
une
arme non pas contre l’Allemagne, mais d’abord contre la Réforme : l’a
91
ns la réprobation que provoque le racisme. Est-ce
une
tactique adroite et justifiable, au moment où toutes les Églises sont
92
les Églises sont appelées, par ailleurs, à faire
un
« front commun » contre la religion totalitaire ? L’auteur d’un livre
93
mun » contre la religion totalitaire ? L’auteur d’
un
livre récent sur l’Allemagne écrit que la nation éduquée par Luther «
94
. de Reynold : il était Autrichien et catholique.
Un
billet, s’il vous plaît, au Suisse inquiet, au protestant scandalisé
95
à l’œuvre et telle que je l’ai décrite en plus d’
un
livre ? Certes, on pourra toujours faire jouer la balançoire dialecti
96
re de Luther à l’action pure d’Hitler. Mais c’est
une
douteuse méthode entre les mains des défenseurs de la « Raison » et d
97
. Mais c’est une douteuse méthode entre les mains
des
défenseurs de la « Raison » et de la « claire latinité » que veulent
98
old, M. Massis, M. Maurras. J’y vois tout au plus
un
moyen d’esquiver des questions plus directes. Ces questions, je les r
99
aurras. J’y vois tout au plus un moyen d’esquiver
des
questions plus directes. Ces questions, je les repose ici. On pourra
100
i. On pourra différer d’avis sur les conséquences
des
réponses. Mais il faut répondre d’abord. Oui ou non, Niemöller est-il
101
e ? Oui ou non, l’Allemagne comptait-elle, depuis
des
siècles, 38 % de catholiques (aujourd’hui, 50 %) ? Oui ou non, le « g
102
entée tous ces catholiques allemands), je poserai
un
problème délicat : Comment expliquer que les quatre pays où le luthér
103
ngons de la liberté démocratique ? Je veux parler
des
États scandinaves, et du plus purement luthérien d’entre eux, la Finl
104
r est coupable de n’avoir pas su, dans l’espace d’
une
vingtaine d’années, dominer les fatalités germaniques que six siècles
105
Église. Mais il existe d’autres pays où la foi d’
un
soldat chrétien pourrait avoir des effets exactement contraires. Elle
106
ays où la foi d’un soldat chrétien pourrait avoir
des
effets exactement contraires. Elle pourrait amener ce soldat à refuse
107
e suis de ceux qui pensent que la foi n’est pas «
une
affaire privée », ainsi que le prétendait Marx. Le chrétien a le devo
108
thétiquement du haut de la chaire ! Or l’action d’
un
chrétien placé par sa naissance dans la communauté des Suisses doit n
109
hrétien placé par sa naissance dans la communauté
des
Suisses doit naturellement s’insérer dans les données de fait qui son
110
étien, ce sera de dégager de ces données communes
un
sens spirituel, une vocation positive. Car le chrétien est, si j’ose
111
égager de ces données communes un sens spirituel,
une
vocation positive. Car le chrétien est, si j’ose dire, un spécialiste
112
ion positive. Car le chrétien est, si j’ose dire,
un
spécialiste de la vocation. Cette action particulière du citoyen chré
113
ommes Suisses et que la Suisse est officiellement
un
pays chrétien. Mais nous devons être de bons Suisses parce que nous s
114
dire, écrire, ou simplement laisser entendre, qu’
un
bon citoyen suisse a le devoir d’être chrétien, comme si ce devoir ét
115
e si ce devoir était la conséquence obligatoire d’
un
très ardent patriotisme. Si certains n’hésitent pas, dans leurs disco
116
au bon moral de la nation, voire à la discipline
des
troupes. Ces personnes-là, vous les reconnaîtrez infailliblement à ce
117
infailliblement à ces quelques traits : elles ont
une
conception de la « religion » plutôt déiste qu’évangélique ; elles pr
118
on » plutôt déiste qu’évangélique ; elles prônent
un
moralisme plutôt bourgeois que charitable ; elles ont une façon d’exa
119
lisme plutôt bourgeois que charitable ; elles ont
une
façon d’exalter la croix blanche de notre drapeau qui rappelle davant
120
rler, j’opposerai cette déclaration prophétique d’
un
homme dont la pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre Vi
121
re Vinet : « Veuillez d’abord, écrivait-il, avoir
une
religion pour vous, et si vous n’en voulez pas pour vous, mais seulem
122
m’effraie bien moins que celle qui veut en avoir
une
. » C’est parce que Niemöller et ses frères savaient cela qu’ils ont r
123
llet » ci-dessous qui paraîtra prochainement dans
un
volume intitulé : Mission ou démission de la Suisse . Pendant tout l
124
». Il s’agissait sans doute d’inciter le public à
des
économies de charbon. On nous recommandait la tiédeur… Mais voici nos
125
», dit le Christ. Si c’est vis-à-vis de la guerre
des
autres que l’on reste tiède, cette neutralité peut être avantageuse d
126
ans la mesure où elle nous exclut, précisément, d’
un
conflit que nous jugeons mauvais. Reste à savoir si le conflit actuel
127
monstre de la guerre nous vomisse… Mais ceci est
une
autre histoire que je n’ai pas à conter maintenant. Et nous avons d’a
128
c’est qu’on ferait bien de ne pas utiliser comme
des
proverbes généraux certaines paroles du Christ qui n’ont de sens que
129
t ce verset de son sens spirituel, c’est toujours
un
blasphème, et c’est souvent une grosse sottise. f. Rougemont Denis
130
el, c’est toujours un blasphème, et c’est souvent
une
grosse sottise. f. Rougemont Denis de, « Neutralité », La Vie prot
131
Le texte que nous publions est la conclusion d’
une
conférence que M. Denis de Rougemont a donnée en septembre à Rio de l
132
Églises et de ses paroisses, elle offre le type d’
une
communauté libre et pourtant bien liée, fondée sur l’espérance de l’E
133
ur les fatalités du passé, ouverte à la volonté d’
un
Dieu transcendant et non pas fermée sur les intérêts d’un groupe. Par
134
transcendant et non pas fermée sur les intérêts d’
un
groupe. Par là, elle s’oppose radicalement à toute religion totalitai
135
t tes morts ? ». Religion du sang, de la terre et
des
morts, religion sanglante et mortelle, religion des choses vieilles m
136
s morts, religion sanglante et mortelle, religion
des
choses vieilles mortes et enterrées depuis des millénaires, jamais «
137
on des choses vieilles mortes et enterrées depuis
des
millénaires, jamais « passées ». Qui ne voit qu’une telle religion ha
138
s millénaires, jamais « passées ». Qui ne voit qu’
une
telle religion hait mortellement et de toute sa nature la foi chrétie
139
tend à réunir toutes les Églises chrétiennes, fut
un
luthérien, l’archevêque Nathan Soederblom. Il groupe aujourd’hui les
140
ns cette œuvre à laquelle collaborent la majorité
des
chrétiens du monde entier, nous voyons la réalisation d’un des grands
141
ens du monde entier, nous voyons la réalisation d’
un
des grands idéaux calvinistes : la fédération organique des Églises,
142
du monde entier, nous voyons la réalisation d’un
des
grands idéaux calvinistes : la fédération organique des Églises, leur
143
ands idéaux calvinistes : la fédération organique
des
Églises, leur union spirituelle dans la diversité admise des formes d
144
, leur union spirituelle dans la diversité admise
des
formes de culte et d’organisation. Ce n’est point par hasard que les
145
ar hasard que les calvinistes, bien qu’ils soient
une
minorité, jouent un rôle de premier plan dans les travaux du Conseil
146
. J’aime évoquer, en terminant, cette espérance d’
une
réunion de toutes les confessions chrétiennes. Car en nous faisant en
147
s. Car en nous faisant entrevoir la possibilité d’
une
catholicité nouvelle, elle nous délivre de l’espèce d’étroitesse, de
148
éder parfois, sous l’effet de la polémique ou par
un
attachement excessif à certaines de nos traditions secondaires. Le bu
149
té même à la Réforme qui nous fait nous réjouir d’
une
perspective où nos « ismes » disparaîtraient pour se fondre dans une
150
nos « ismes » disparaîtraient pour se fondre dans
une
Église plus vaste. S’il fallait que je dise en une phrase ce qui m’at
151
ne Église plus vaste. S’il fallait que je dise en
une
phrase ce qui m’attache à l’Église protestante, plutôt qu’à aucune au
152
n peut lire la phrase la plus profonde écrite par
un
moderne sur Satan : « La plus belle ruse du diable est de nous persua
153
s-tu peur ? Vas-tu trembler devant l’inexistant ?
Une
remarque en passant, mais nécessaire. C’est au sujet d’un camouflage
154
que en passant, mais nécessaire. C’est au sujet d’
un
camouflage très élémentaire, mais fort bien adapté à la myopie spirit
155
re, mais fort bien adapté à la myopie spirituelle
des
temps modernes. Voici : depuis deux ou trois siècles, il a plu au dia
156
x ou trois siècles, il a plu au diable de revêtir
une
apparence moyenâgeuse qui le rend inoffensif aux yeux de la plupart d
157
le diable est simplement le démon rouge et cornu
des
mystères médiévaux, ou le faune à barbiche de chèvre et à longue queu
158
u le faune à barbiche de chèvre et à longue queue
des
légendes populaires, il est vraiment trop facile d’y croire : qui s’e
159
d’hommes qui voulaient bien admettre en souriant
un
diable de ce genre, mais non pas croire en Dieu ; ce qui revient à ne
160
mment peut-on perdre son temps à ces balivernes d’
un
autre âge ? », disent-ils. Or ce sont eux qui s’y laissent prendre !
161
nt ils se montrent les victimes : « Le diable est
un
bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; or je ne puis croire à u
162
rouges et à longue queue ; or je ne puis croire à
un
bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; donc je ne crois pas au
163
use de l’image qu’ils s’en font, et qui est tirée
des
contes de bonnes femmes. Cependant la Bible dénonce l’existence du di
164
ent flamboyé par le feu du ciel et précipité dans
un
étang de flammes et de souffre avec ses faux prophètes, pour y être t
165
es, pour y être tourmenté nuit et jour, au siècle
des
siècles. La Bible, notez-le, parle beaucoup moins du « mal » en génér
166
a vérité de la Bible, il est impossible de douter
un
seul instant de la réalité objective du diable. h. Rougemont Denis
167
Nous avons eu l’occasion de lire les réflexions d’
une
perspicacité peu ordinaire sur l’existence personnelle du diable, due
168
es. Nous dirions volontiers qu’il est aujourd’hui
un
des meilleurs interprètes laïques d’une théologie protestante constru
169
Nous dirions volontiers qu’il est aujourd’hui un
des
meilleurs interprètes laïques d’une théologie protestante constructiv
170
ujourd’hui un des meilleurs interprètes laïques d’
une
théologie protestante constructive. Sous le titre “Les tours du diabl
171
encore, dans nos prochains numéros, quelques-unes
des
pages remarquables qu’on a bien voulu mettre à notre disposition. »
172
le contredire. Il peut créer dans le prolongement
des
perspectives de la Création, il peut aussi créer à tort et à travers.
173
eut aussi créer à tort et à travers. Il peut être
un
agent responsable de la nature naturante, mais il peut aussi faire la
174
du cosmos. C’est toujours en quelque manière dire
un
mensonge ou l’opérer. Par le langage l’homme est libre. Par le langag
175
iberté seule il peut pécher. Et le péché n’est qu’
un
mensonge. Mais le mensonge proféré nous lie… Comprenons maintenant qu
176
de mentir, comme il est deux manières de tromper
un
client. Si la balance marque 980 grammes, vous pouvez dire : c’est un
177
ance marque 980 grammes, vous pouvez dire : c’est
un
kilo. Votre mensonge restera relatif à la mesure invariable du vrai.
178
le vole, et vous savez de combien vous le volez :
une
vérité reste juge entre vous. Mais le démon vous induit à fausser la
179
rions même que vous mettrez vos scrupules à faire
des
pesées rigoureuses, peut-être à rajouter quelques pincées « pour le b
180
, le conçoit par ses propres œuvres, en abusant d’
une
vérité qu’il rejette aussitôt qu’avilie et qui mourra du monstre mis
181
, car le mensonge, par essence, n’est pas ! C’est
une
espèce de décréation. C’est le trompe-l’œil et le sonne-creux de l’in
182
aire n’était que l’omission ou la contradiction d’
une
vérité, qui subsistait ailleurs et nous jugeait encore. Mais le menso
183
que de soi, et ne prolifère qu’en autarcie, comme
une
monade cancéreuse, introduisant dans l’univers ce sophisme de pure an
184
tre aussi le moins jeune — se dira : Tiens, voilà
un
sujet… Quel dommage ! Sa curiosité pourrait bien être déçue. Voyons.
185
réside dans la sexualité. L’illusion s’aperçoit d’
une
manière assez simple : la sexualité est le domaine des tentations à l
186
anière assez simple : la sexualité est le domaine
des
tentations à la fois les plus sensibles et les plus communes. Assez p
187
ue la digestion ou la respiration. Si la majorité
des
Occidentaux se figurent que le péché originel fut l’acte sexuel, dont
188
i se trouve être à leurs yeux la sexualité. C’est
une
vue bien bornée du péché ! Car même dans le cas où le fruit mangé par
189
croit, notez que ce n’est pas le geste de manger
une
pomme qui était mauvais aux yeux de l’Éternel, ni la pomme en soi (au
190
on. La paillardise joyeuse est certainement l’une
des
formes les moins diaboliques du péché. Je n’en dirais pas autant de c
191
t se love avec délices. La sexualité se distingue
des
autres fonctions naturelles par un certain manque de nécessité. Il es
192
se distingue des autres fonctions naturelles par
un
certain manque de nécessité. Il est nécessaire de manger et de respir
193
en empare, la contamine, la dénature, ou lui rend
un
culte obsédé. L’idéalisation romantique de l’amour dans l’époque mode
194
ique de l’amour dans l’époque moderne, entraînant
une
pruderie morbide du langage et des bonnes mœurs, est certes pour beau
195
ne, entraînant une pruderie morbide du langage et
des
bonnes mœurs, est certes pour beaucoup dans la crise sexuelle dont so
196
le dont souffre toute la bourgeoisie. Au point qu’
un
Freud a cru pouvoir « tout expliquer » par les censures et refoulemen
197
. Mais aussitôt le Malin se rattrape en proposant
une
licence absolue. Or, l’absence de contraintes choisies rend la sexual
198
erdits qui prêtaient à l’acte sexuel la gravité d’
un
engagement, cette espèce d’insouciance morale se traduit moins par un
199
espèce d’insouciance morale se traduit moins par
une
libération que par une flagrante indigence dans les rapports fondamen
200
orale se traduit moins par une libération que par
une
flagrante indigence dans les rapports fondamentaux. En présence de ce
201
it tenté de regretter le temps où Satan proposait
des
combats plus féconds… k. Rougemont Denis de, « Les tours du diable
202
novembre 1943)l Il n’est peut-être au monde qu’
une
seule chose pire que de douter du bien et du réel, et c’est de douter
203
dans le mal, avec la sombre jouissance masochiste
des
« après moi le déluge » et des « tant pis pour moi ». Il faut croire
204
issance masochiste des « après moi le déluge » et
des
« tant pis pour moi ». Il faut croire au pardon pour oser confesser l
205
qui parle, l’Accusateur qui tient le pardon pour
une
simple faute de logique, la grâce pour une erreur de calcul statistiq
206
n pour une simple faute de logique, la grâce pour
une
erreur de calcul statistique. La duplicité infernale, c’est de nous f
207
nsi la morale laïque, morale du devoir kantien et
des
routines bourgeoises, excluant le Dieu personnel, nous accuse et nous
208
Le serpent était le plus rusé de tous les animaux
des
champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-i
209
emme répondit au serpent : nous mangeons du fruit
des
arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du
210
ez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme
des
dieux, connaissant le bien et le mal. » (Gen. 3:1 à 5) Voyez : avant
211
ute ! Le premier procédé du démon, c’est de jeter
un
doute sur la réalité de la loi divine, et donc sur la réalité elle-mê
212
… » Sitôt que cette incertitude est insinuée dans
un
esprit, la possibilité d’une tentation s’entrouvre. Car il n’y a pas
213
ude est insinuée dans un esprit, la possibilité d’
une
tentation s’entrouvre. Car il n’y a pas de tentation là où n’existe a
214
y a l’occasion entrevue d’aller à la divinité par
un
plus court chemin que celui du réel ; par un chemin que l’on inventer
215
par un plus court chemin que celui du réel ; par
un
chemin que l’on inventerait soi-même, en dépit des interdictions que
216
pas le mal en soi qui tente, mais c’est toujours
un
bien qu’on imagine, et même un meilleur bien que celui que Dieu offre
217
ais c’est toujours un bien qu’on imagine, et même
un
meilleur bien que celui que Dieu offre, un bien que l’on se figure «
218
t même un meilleur bien que celui que Dieu offre,
un
bien que l’on se figure « mieux fait pour soi ». Ève ne fut pas tenté
219
mieux fait pour soi ». Ève ne fut pas tentée par
une
chose mauvaise, mais par une fort belle et bonne pomme, agréable à la
220
e fut pas tentée par une chose mauvaise, mais par
une
fort belle et bonne pomme, agréable à la vue et précieuse pour l’espr
221
is l’idée de se diviniser, ce qui paraît en somme
une
excellente idée. Par malheur, pour quelque raison littéralement fonda
222
teuse, il se trouvait qu’aux yeux de Dieu c’était
un
mal… Ainsi la tentation est toujours utopie — si l’utopie est l’imagi
223
— si l’utopie est l’imagination, puis le désir d’
un
bien que le réel condamne et que le plan divin ne prévoit pas. Satan,
224
rois utopies, trois moyens de gagner le monde par
un
plus court chemin que le sentier de Golgotha. À l’origine, le « mécha
225
çu vaut mieux que le vrai bien. « Le méchant fait
une
œuvre qui le trompe. » Or, c’est parce qu’il se trompe d’abord que so
226
méprisée se vengera automatiquement. Le péché est
une
faute, mais faute signifie tout à la fois erreur et chute. C’est plus
227
ns de pécheurs dans l’histoire, ou de péchés dans
une
vie, que le mal finira par exister en soi, apparence encore, mais act
228
compliqués de la perversion, de l’autopunition d’
une
conscience déchirée, et du désir enfin de se détruire. Se détruire po
229
r de moins en moins de persuader l’individu, dans
une
époque où celui-ci n’existe guère. Son ambition se tourne vers les ma
230
iable dans ce siècle. La meilleure interprétation
des
phénomènes collectifs d’aujourd’hui fut donnée vers 1848 par l’écriva
231
: En opposition aux distinctions du Moyen Âge et
des
époques qui discutaient sans fin les cas de possession, c’est-à-dire
232
articuliers se livrant au mal, je voudrais écrire
un
livre sur la possession diabolique dans les temps modernes, et montre
233
se perdre soi-même, à se laisser volatiliser dans
une
puissance supérieure, au sein de laquelle, ayant perdu son moi, on ne
234
sance divinisée de l’Anonyme. Or l’Anonyme a bien
des
chances d’être celui qui aime à dire : Je ne suis Personne… La foule,
235
Personne… La foule, c’est le lieu de rendez-vous
des
hommes qui se fuient, eux et leur vocation. Elle n’est personne et ti
236
assurance dans le crime. « Il ne s’est pas trouvé
un
seul soldat pour porter la main sur Caius Marius, telle est la vérité
237
is trois ou quatre femmes, dans l’illusion d’être
une
foule, et que personne peut-être ne saurait dire qui l’avait fait ou
238
s-là l’auraient eu ce courage ! Ô mensonge !… Car
une
foule est une abstraction qui n’a pas de mains, mais chaque homme iso
239
t eu ce courage ! Ô mensonge !… Car une foule est
une
abstraction qui n’a pas de mains, mais chaque homme isolé a, dans la
240
est « capable de réponse » ou responsable ; dans
une
foule, il n’y a plus de réponse individuelle ; pour qu’il n’y ait plu
241
’y ait plus de responsable, il suffit qu’il y ait
une
masse. Satan va donc créer les masses. Nous tenons ici le secret de s
242
re de nos vies, à nous priver du sentiment d’être
une
personne responsable. Nous vivons tous, de plus en plus, dans un mond
243
ponsable. Nous vivons tous, de plus en plus, dans
un
monde de transe collective. Nous participons tous, de plus en plus, à
244
ective. Nous participons tous, de plus en plus, à
des
formes de vie étrangères à notre sort particulier et à nos aptitudes
245
esse, les meetings monstres, l’invitent à prendre
une
part sensible — en imagination — aux grands événements qui opposent l
246
rapide, et à mesure que s’efface la croyance dans
un
au-delà. D’une part l’individu moderne est incité à juger sa vie mesq
247
re dépossédé de soi. Elles font de chacun de nous
un
sujet prédisposé à l’hypnose collective, une victime virtuelle des pa
248
nous un sujet prédisposé à l’hypnose collective,
une
victime virtuelle des passions de masse. Certes, il n’y aurait pas de
249
osé à l’hypnose collective, une victime virtuelle
des
passions de masse. Certes, il n’y aurait pas de masses possibles, au
250
véritables causes et racines du phénomène moderne
des
masses sont dans notre attitude spirituelle. La foule n’est pas dans
251
as dans la rue seulement. Elle est dans la pensée
des
hommes de ce temps, elle a ses sources au plus intime des existences
252
es de ce temps, elle a ses sources au plus intime
des
existences individuelles. Et c’est là seulement qu’on peut la dénonce
253
mbre 1943)o J’ai dit du mal de tout le monde —
des
autres, de nous, et donc de moi aussi. Mais si le diable est partout,
254
ont pas bien claires. Pourquoi ne pas nous donner
une
image nette et facilement reconnaissable de la personne de Satan ? C’
255
s juge et partie dans le procès de sa définition.
Un
être paradoxal pas essence. Il est, oui, mais il est dans tout être c
256
ecrètement la destruction de l’existence, — celle
des
autres ou la sienne propre. Sa qualité de n’être pas ceci ou cela de
257
é de n’être pas ceci ou cela de positif lui donne
une
liberté indéfinie d’action, d’incognito et d’alibis à perte de vue. V
258
sens romantique de ce terme. Il est beau aux yeux
des
naïfs qui croient que le mal doit être laid ; et il est d’une laideur
259
i croient que le mal doit être laid ; et il est d’
une
laideur irrésistiblement attirante aux yeux des désabusés et des raff
260
d’une laideur irrésistiblement attirante aux yeux
des
désabusés et des raffinés. En bref, il n’est jamais où vous pensiez l
261
ésistiblement attirante aux yeux des désabusés et
des
raffinés. En bref, il n’est jamais où vous pensiez le trouver. Il imi
262
l’essence même de la Cinquième Colonne au siècle
des
siècles. Enfin — et ceci doit me rendre prudent, personnellement —, l
263
rsonnellement —, le diable est l’être qui, lorsqu’
une
dénonciation le fait déguerpir de sa cachette, va se loger de préfére
264
science. Au moment où vous croyez l’attraper chez
un
autre et lui régler son compte — voici qu’il est devenu vous-même ! M
265
reconnaître que le Progrès automatique n’était qu’
un
déguisement du diable. Non pas qu’aucun progrès réel soit diabolique
266
ongue, alors le Progrès devient le plus dangereux
des
soporifiques, une véritable drogue du démon, l’un de ses nouveaux nom
267
ogrès devient le plus dangereux des soporifiques,
une
véritable drogue du démon, l’un de ses nouveaux noms. Nous avons cru
268
pour les autres, évidemment… Mais c’est toujours
une
manière de croire aussi à sa propre bonté. Et donc de s’aveugler sur
269
al était relatif dans le monde, qu’il provenait d’
une
mauvaise répartition des biens, d’une éducation mal comprise, de lois
270
monde, qu’il provenait d’une mauvaise répartition
des
biens, d’une éducation mal comprise, de lois inadéquates, ou de refou
271
provenait d’une mauvaise répartition des biens, d’
une
éducation mal comprise, de lois inadéquates, ou de refoulements et d’
272
s et d’injustices qui pouvaient être éliminés par
des
mesures adroites. Toutes ces croyances, en grande partie superstitieu
273
me n’est pas la confiance naïve de l’enfant, mais
une
espèce de mensonge. Exactement : une fuite devant le réel. Car dans l
274
enfant, mais une espèce de mensonge. Exactement :
une
fuite devant le réel. Car dans le réel, nous savons bien qu’il y a du
275
us croyons qu’en avouant le mal, nous le créons d’
une
certaine manière. Nous préférons ne pas insister. Nous « refoulons »,
276
ner exclusivement vers la recherche du confort et
des
vertus moyennes. ⁂ De même que nous disions, en présence d’un miracle
277
yennes. ⁂ De même que nous disions, en présence d’
un
miracle du bien : trop beau pour être vrai ! nous disions en présence
278
serve, nous aurions vu très vite que ce mal avait
des
racines dans nos vies aussi, et que d’une certaine manière, nous l’ai
279
l avait des racines dans nos vies aussi, et que d’
une
certaine manière, nous l’aimions ! Voilà le grand secret. Le diable a
280
oral militaire. Car, ainsi qu’aimait à le répéter
un
fameux général autrichien, Conrad von Hötzendorf : « Tout ce qui n’es
281
zendorf : « Tout ce qui n’est pas aussi simple qu’
une
gifle ne vaut rien pour la guerre. » C’est sans doute vrai pour une a
282
rien pour la guerre. » C’est sans doute vrai pour
une
armée. Mais cette guerre-ci oppose bien plus que des armées. Elle opp
283
armée. Mais cette guerre-ci oppose bien plus que
des
armées. Elle oppose des conceptions de la vie. C’est une espèce de gu
284
e-ci oppose bien plus que des armées. Elle oppose
des
conceptions de la vie. C’est une espèce de guerre civile mondiale. El
285
ées. Elle oppose des conceptions de la vie. C’est
une
espèce de guerre civile mondiale. Elle sera perdue si nous perdons d’
286
ons d’abord le sens de la réalité morale. ⁂ L’une
des
leçons claires qui se dégagent des événements actuels me paraît être
287
orale. ⁂ L’une des leçons claires qui se dégagent
des
événements actuels me paraît être celle-ci : la haine purement sentim
288
ses indignations du puritain tenté et qui se fait
une
caricature du vice d’autrui pour éviter de le reconnaître en lui-même
289
t que les « primitifs » de la Mélanésie, victimes
des
plus célèbres études sociologiques du siècle, ont coutume de personni
290
les forces mauvaises qui les menacent, les causes
des
crimes, des accidents, de la stérilité ou de la mort. Que ce soit un
291
auvaises qui les menacent, les causes des crimes,
des
accidents, de la stérilité ou de la mort. Que ce soit un sorcier, un
292
dents, de la stérilité ou de la mort. Que ce soit
un
sorcier, un profanateur du sacré, un animal, un nuage, un bout de boi
293
stérilité ou de la mort. Que ce soit un sorcier,
un
profanateur du sacré, un animal, un nuage, un bout de bois colorié, t
294
Que ce soit un sorcier, un profanateur du sacré,
un
animal, un nuage, un bout de bois colorié, toujours la cause du mal d
295
t un sorcier, un profanateur du sacré, un animal,
un
nuage, un bout de bois colorié, toujours la cause du mal dont souffre
296
er, un profanateur du sacré, un animal, un nuage,
un
bout de bois colorié, toujours la cause du mal dont souffrent ces sau
297
l’inverse, le christianisme s’est efforcé depuis
des
siècles de nous faire comprendre que le Royaume de Dieu est en nous,
298
os maux les gens d’en face, toujours, ou la force
des
choses. Si nous sommes révolutionnaires, nous croyons qu’en changeant
299
esses, par exemple — nous supprimerons les causes
des
maux du siècle. Si nous sommes des capitalistes, nous croyons qu’en d
300
ons les causes des maux du siècle. Si nous sommes
des
capitalistes, nous croyons qu’en déplaçant vers nous ces mêmes objets
301
t pour nous en délivrer. Ces signes personnifient
des
possibilités qui existent en nous aussi, des tentations latentes qui
302
ient des possibilités qui existent en nous aussi,
des
tentations latentes qui pourraient bien se développer un jour, à la f
303
ations latentes qui pourraient bien se développer
un
jour, à la faveur de la misère ou de la fatigue, ou de quelque déséqu
304
ndre que celui qu’il loge en lui-même. Mais voici
une
remarque des plus simples : personne n’a jamais prétendu qu’il agissa
305
i qu’il loge en lui-même. Mais voici une remarque
des
plus simples : personne n’a jamais prétendu qu’il agissait par mauvai
306
l agissait par mauvaise volonté. Nous sommes tous
des
« hommes de bonne volonté ». Pourtant voyez ce qui se passe dans le m
307
ique : Tous les hommes se valent ! Certes, il y a
des
degrés dans le mal, il y a des inégalités dans la responsabilité. Mai
308
t ! Certes, il y a des degrés dans le mal, il y a
des
inégalités dans la responsabilité. Mais nous sommes tous dans le mal,
309
tous dans le mal, nous sommes tous les complices
des
plus grandes responsables du monde. Cependant, évitons à tout prix un
310
onsables du monde. Cependant, évitons à tout prix
un
malentendu menaçant. L’intention des remarques précédentes n’est null
311
s à tout prix un malentendu menaçant. L’intention
des
remarques précédentes n’est nullement de justifier « les autres », qu
312
ans notre besoin de sensation, dans notre crainte
des
responsabilités, dans notre inertie civique, dans notre lâcheté vis-à
313
e ils le sont toujours…). Mais, si je ressemble à
un
criminel, cela ne justifie pas le criminel, cela me condamne. Et puis
314
êcher le criminel de poursuivre ses méfaits, sont
une
seule et même lutte. Que servirait de gagner cette lutte en moi seule
315
ment, puisque je risquerais de devenir à mon tour
un
autre criminel ? Il n’y a qu’un crime, en moi et hors de moi. C’est l
316
evenir à mon tour un autre criminel ? Il n’y a qu’
un
crime, en moi et hors de moi. C’est le même diable ! Et ceci n’est qu
317
s de moi. C’est le même diable ! Et ceci n’est qu’
un
post-scriptum à l’adresse des pacifistes : « Nous sommes tous coupabl
318
e ! Et ceci n’est qu’un post-scriptum à l’adresse
des
pacifistes : « Nous sommes tous coupables, me disent-ils, donc nous n
319
de nous battre contre celui que nous tenons pour
un
coupable. » — Nous sommes tous coupables, certes, mais si nous en som
320
et hors de nous ; c’est le même mal ! En nous par
des
moyens spirituels et moraux, hors de nous par des moyens matériels et
321
des moyens spirituels et moraux, hors de nous par
des
moyens matériels et militaires, conformément à la nature du péril. Si
322
t à la nature du péril. Si quelqu’un met le feu à
une
maison, il faut des pompiers, coupables ou non, pour éteindre l’incen
323
il. Si quelqu’un met le feu à une maison, il faut
des
pompiers, coupables ou non, pour éteindre l’incendie ; et des policie
324
, coupables ou non, pour éteindre l’incendie ; et
des
policiers, coupables ou non, pour arrêter l’incendiaire. Or l’histoir
325
us a mis, bon gré mal gré, dans le rôle technique
des
pompiers et des gendarmes. Cela ne fait pas de nous des saints. Cela
326
é mal gré, dans le rôle technique des pompiers et
des
gendarmes. Cela ne fait pas de nous des saints. Cela n’implique même
327
mpiers et des gendarmes. Cela ne fait pas de nous
des
saints. Cela n’implique même pas que nous soyons « meilleurs que les
328
embre 1943)r Qui donc disait que le diable est
un
monsieur très bien ? Entre les gens du monde et le Prince de ce monde
329
de vaguement satanique. Il imaginerait volontiers
un
diable en cravate blanche et monoclé. Le diable, dit un proverbe espa
330
ble en cravate blanche et monoclé. Le diable, dit
un
proverbe espagnol, n’est pas à craindre parce qu’il est si méchant, m
331
est si vieux. C’est ce que l’on peut penser aussi
des
gens du monde, et de la sagesse mondaine en général. Elle a son charm
332
u sérieux, ni à la naïveté, cette insondable ruse
des
cœurs purs qui leur permet de passer au travers des cercles vicieux d
333
s cœurs purs qui leur permet de passer au travers
des
cercles vicieux de la raison et de l’égoïsme « bien compris ». La fon
334
a vie mondaine serait de maintenir et d’illustrer
un
certain nombre de devises d’élégance morale et de sagesse pratique. I
335
se, dit-on, d’hypocrisie. Il a le charme reposant
des
formes fixes. Mais le mondain qui n’est que cela inspire une sorte d’
336
fixes. Mais le mondain qui n’est que cela inspire
une
sorte d’effroi furtif, révélateur d’une présence perverse au sein mêm
337
a inspire une sorte d’effroi furtif, révélateur d’
une
présence perverse au sein même de l’insignifiance. L’exactitude impit
338
ses jugements, qui ne portent d’ailleurs que sur
des
apparences ; sa capacité d’éliminer froidement ce qui n’est pas confo
339
resque maniaque à n’attacher de l’importance qu’à
un
détail fortuit dans un être ou une œuvre ; tous ces traits qui pourra
340
acher de l’importance qu’à un détail fortuit dans
un
être ou une œuvre ; tous ces traits qui pourraient dénoter l’exigence
341
importance qu’à un détail fortuit dans un être ou
une
œuvre ; tous ces traits qui pourraient dénoter l’exigence d’un artist
342
us ces traits qui pourraient dénoter l’exigence d’
un
artiste véritable, prennent soudain quelque chose de satanique lorsqu
343
l’on s’aperçoit de la stérilité du personnage, et
des
effets stérilisants qu’entraîne sa fréquentation. Ce n’est pas le goû
344
amnés. C’est, je crois, parce que, dans le monde,
un
miracle paraît plus qu’ailleurs improbable. r. Rougemont Denis de,
345
lé de l’incognito du diable. Mais il existe aussi
un
incognito divin, et c’est l’Incarnation, c’est-à-dire Dieu caché auta
346
que l’on est sans le savoir. Ils ont donc inventé
un
« Dieu » qui était le moi conscient ou inconscient de ses croyants. U
347
le moi conscient ou inconscient de ses croyants.
Une
image de leur impérialisme, ou une compensation rêvée de leurs défaut
348
ses croyants. Une image de leur impérialisme, ou
une
compensation rêvée de leurs défauts. Et ce fut le Dieu de la raison p
349
tités divinisées, le moi n’est plus déguisé qu’en
un
nous. Et ces trois entités ont ceci de commun : elles ne sont respons
350
avec l’entité divinisée — parce que nous sommes d’
une
autre race, d’une autre classe, ou d’une autre génération physique et
351
nisée — parce que nous sommes d’une autre race, d’
une
autre classe, ou d’une autre génération physique et mentale que celle
352
sommes d’une autre race, d’une autre classe, ou d’
une
autre génération physique et mentale que celle qui détient le pouvoir
353
celle qui détient le pouvoir — alors nous sommes
des
« vipères lubriques » et nous devons le confesser publiquement. Après
354
confesser publiquement. Après quoi nous recevons
une
balle dans la nuque, ou bien nous sommes décapités à la hache, selon
355
ivement du dieu Classe ou du dieu Race. Les dieux
des
hommes sont sans pardon. Ce sont des diables. Toutefois le diable est
356
e. Les dieux des hommes sont sans pardon. Ce sont
des
diables. Toutefois le diable est sans doute moins dangereux lorsqu’il
357
es que dans nos vertus satisfaites… Voyez plutôt.
Un
jour, un Philanthrope s’en allait le long de la rue. Il avait la tête
358
ns nos vertus satisfaites… Voyez plutôt. Un jour,
un
Philanthrope s’en allait le long de la rue. Il avait la tête et les p
359
je désirerais même imaginer. Il venait d’allumer
un
bon cigare dont la fumée montait comme un encens et devait être en bo
360
allumer un bon cigare dont la fumée montait comme
un
encens et devait être en bonne odeur à l’Éternel, car cet homme avait
361
ses compères. Ils observaient le Philanthrope, d’
un
œil critique. Un pauvre homme l’arrêta pour lui demander une cigarett
362
s observaient le Philanthrope, d’un œil critique.
Un
pauvre homme l’arrêta pour lui demander une cigarette, dans une langu
363
tique. Un pauvre homme l’arrêta pour lui demander
une
cigarette, dans une langue de réfugié. Le Philanthrope sans hésiter l
364
me l’arrêta pour lui demander une cigarette, dans
une
langue de réfugié. Le Philanthrope sans hésiter lui remit une pièce,
365
e réfugié. Le Philanthrope sans hésiter lui remit
une
pièce, et poursuivit son chemin. Il marchait dans la gloire, et sa co
366
la gloire, et sa conscience resplendissait comme
un
sou neuf. « Tu n’as pas peur de lui ? dit le compère au diable. Il m’
367
le ne répondit rien ; il souriait, tout en lisant
un
bout de papier qu’il venait de ramasser sur le trottoir. Après quelqu
368
. Voici son plan qu’il a laissé tomber en donnant
une
pièce au mendiant. Il est parfait, ce plan, comme tu le craignais. Ma
369
l’Europe (29 avril 1949)t On nous avait promis
un
très bel œuf de Pâques pour cette année. On nous avait laissés entend
370
Peut-être n’est-il pas mauvais que la conférence
des
Dix ambassadeurs, à Londres1, prenne son temps. Il y a deux semaines,
371
ur mieux voir le problème dans son ensemble, loin
des
détails et des difficultés techniques, pour méditer dans la campagne
372
e problème dans son ensemble, loin des détails et
des
difficultés techniques, pour méditer dans la campagne anglaise… J’y p
373
pensais hier, dans mon jardin, tout en cherchant
des
œufs de Pâques avec mes enfants, et je me disais : tout dépend d’une
374
avec mes enfants, et je me disais : tout dépend d’
une
seule chose, l’avenir de ces enfants et celui de nos pays, tout dépen
375
e ces enfants et celui de nos pays, tout dépend d’
une
seule chose, qui est celle-ci : les hommes d’État chargés de faire l’
376
peu de grandes visions dans notre temps. Le souci
des
intérêts immédiats et surtout la peur de la guerre nous empêchent tro
377
es jours-ci dans les rues et cafés de Paris, avec
un
gros livre sous le bras, quêtant la signature des amis de la paix. Il
378
un gros livre sous le bras, quêtant la signature
des
amis de la paix. Il a déchiré son passeport, et quelques écrivains lu
379
u tout. Il est sympathique et très pur. Il rêve d’
une
Assemblée mondiale et d’un gouvernement unique pour toute la terre. M
380
t très pur. Il rêve d’une Assemblée mondiale et d’
un
gouvernement unique pour toute la terre. Mais les Russes ont aussi le
381
hui la vision du beau temps européen, la vision d’
un
printemps de l’Europe où les frontières et les barrières entre nos pe
382
t si proches, — comme vous circulez aujourd’hui d’
un
canton à l’autre de la Suisse. Imaginez cette Europe grande ouverte,
383
ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’
un
seul cœur son indépendance reconquise. Cette Europe inventant la paix
384
s d’habitants rassemblés, rendus par leur union à
une
prospérité qui, selon certains économistes, pourrait multiplier par t
385
es les confédérations qui ont vu le jour au cours
des
siècles, et vous savez comment la Suisse a su atteindre ces trois but
386
rve l’homme, s’il n’est orienté dès le départ par
une
vision libératrice et fascinante. L’Europe se fera, parce qu’une équi
387
ratrice et fascinante. L’Europe se fera, parce qu’
une
équipe de véritables résistants — ceux qui résistent à la fatalité —
388
lle. Il se peut que la vision qui les guide cache
une
réalité finale qui les surprenne. Christophe Colomb voyait les Indes,
389
l’Europe, redécouverte à la faveur de son union ?
Une
Europe rajeunie, qui deviendrait soudain, pour nos yeux étonnés, la T
390
x pays fondateurs de l’union européenne préparent
une
Assemblée consultative de l’Europe, qui doit se tenir en septembre, e
391
que champion de l’arbitrage pacifique et du droit
des
petits États. Quant à l’Allemagne de l’Est, c’est à la cause du commu
392
sant le mur de Berlin non pour se protéger contre
une
attaque, mais pour empêcher tout un peuple de fuir en masse le régime
393
téger contre une attaque, mais pour empêcher tout
un
peuple de fuir en masse le régime « populaire » ! Et tandis que les g
394
eurs principes, l’Europe accomplissait sans bruit
un
redressement spectaculaire. Aux États-Unis, d’où je reviens, il n’est
395
n’est question que du « miracle européen ». C’est
un
fait : la montée vers une prospérité sans précédent s’est opérée dans
396
iracle européen ». C’est un fait : la montée vers
une
prospérité sans précédent s’est opérée dans le temps même où l’Europe
397
ope unie était d’ores et déjà bien autre chose qu’
une
rêverie d’intellectuels. Tel est sans doute le fait majeur qui marque
398
ux de l’histoire. En offrant au monde l’exemple d’
une
fédération pacifique — que la Suisse a toutes les raisons de ne plus
399
URSS, comme elle le fait déjà sur les États-Unis,
une
attraction irrésistible. Et le Grand Occident reconstitué serait gara
400
e l’Europe ait coïncidé par hasard avec l’année d’
une
grande étape œcuménique, la Nouvelle Delhi ? L’Église de Rome jouera
401
l’année prochaine. Nous sommes au seuil de l’ère
des
convergences, au-delà des nations souveraines et des églises refermée
402
ommes au seuil de l’ère des convergences, au-delà
des
nations souveraines et des églises refermées sur elles-mêmes. Une nou
403
convergences, au-delà des nations souveraines et
des
églises refermées sur elles-mêmes. Une nouvelle Renaissance, qui est
404
eraines et des églises refermées sur elles-mêmes.
Une
nouvelle Renaissance, qui est le fédéralisme, et une nouvelle Réforme
405
nouvelle Renaissance, qui est le fédéralisme, et
une
nouvelle Réforme, qui est l’œcuménisme, attendent notre foi et nos œu
406
tion m’atteint tandis que je m’efforce d’ordonner
un
chaos de notes d’âges très divers en vue d’un livre sur le protestant
407
ner un chaos de notes d’âges très divers en vue d’
un
livre sur le protestantisme, promis depuis longtemps à l’éditeur, et
408
nt être fidèles à l’esprit de Luther et de Calvin
un
luthéranisme et un calvinisme continuellement repris à leur origine s
409
’esprit de Luther et de Calvin un luthéranisme et
un
calvinisme continuellement repris à leur origine spirituelle et rappo
410
i-je qu’en tant que protestant, je me sens jaloux
des
possibilités réformatrices qui se manifestent dans le concile actuel
411
concile actuel du Vatican ? Le supérieur général
des
jésuites critique les missions chrétiennes : chaque mot porte et tout
412
é efficace dont les décrets traduisent les vœux d’
une
imposante majorité, mais tout simplement quelle tribune ? Je constate
413
iversaire. u. Rougemont Denis de, « [Réponse à
une
enquête] Que signifie pour vous la formule célèbre “Ecclesia reformat
414
jet de réflexion, mais sur la Lune. Il m’est venu
une
question, Denis de Rougemont, et j’ai envie de la poser au philosophe
415
la voulait dire : nous serons les premiers. C’est
un
motif puéril, je le répète, une gaminerie. Il y a d’autres motivation
416
es premiers. C’est un motif puéril, je le répète,
une
gaminerie. Il y a d’autres motivations, tout de même. Une motivation
417
nerie. Il y a d’autres motivations, tout de même.
Une
motivation de curiosité, naturellement, et de record technique — batt
418
ses sur ce plan — et finalement, en dernier lieu,
un
motif de connaissance pure, scientifique. Tout cela ramène toujours a
419
r les mêmes motifs — puérils — et les appliquer à
un
autre but, dont l’utilité eût été plus immédiatement apparente ? Oui,
420
arente ? Oui, on aurait pu consacrer ne fût-ce qu’
une
partie de ces 100 milliards de francs suisses à augmenter la beauté d
421
er la famine, à lutter contre la pauvreté ou pour
une
meilleure hygiène. Pourquoi est-ce qu’on a choisi l’espace, concrétis
422
ns le cas qui nous occupe ? Je pense qu’il y a là
une
espèce de fuite devant les problèmes du monde, un phénomène psycholog
423
ne espèce de fuite devant les problèmes du monde,
un
phénomène psychologique assez facile à expliquer et à comprendre : le
424
et les Américains, affrontés sur la Terre, ayant
une
peur mortelle les uns et les autres que cela saute, ont été amenés —
425
t dans l’espace, à l’envoyer au ciel, à effectuer
un
transfert dans les nuées de cet affrontement trop dangereux sur la Te
426
ine seul qu’ils ont réussi à trouver les moyens d’
une
espèce non pas de coopération — c’est encore trop tôt — mais de coexi
427
, je vous ferai remarquer ceci : on dit que c’est
une
aventure scientifique, mais qu’est-ce qu’on met dans les modules spat
428
’est-ce qu’on met dans les modules spatiaux ? Pas
des
savants, mais des colonels. Et ils font cela en service commandé : au
429
dans les modules spatiaux ? Pas des savants, mais
des
colonels. Et ils font cela en service commandé : au service de l’armé
430
aine. Et généralement, quand ils reviennent après
une
expédition qui a bien réussi, ils étaient partis colonels et ils devi
431
ue tout ce qu’ils ont été chercher là-haut, c’est
une
étoile — une petite étoile en cuivre qu’ils se mettent sur l’épaulett
432
’ils ont été chercher là-haut, c’est une étoile —
une
petite étoile en cuivre qu’ils se mettent sur l’épaulette. Néanmoins
433
s savants qui les font aller là-bas. Alors il y a
un
petit jeu subtil entre les militaires et les savants, dans cette affa
434
x qui utilisent le prétexte militaire en faveur d’
une
connaissance scientifique. Probablement que les militaires font le mê
435
histoire par exemple. Je pense que si on découvre
un
jour dans l’espace, grâce à des stations mises sur orbite autour de l
436
que si on découvre un jour dans l’espace, grâce à
des
stations mises sur orbite autour de la Terre — qui feront des observa
437
mises sur orbite autour de la Terre — qui feront
des
observations sur le temps, sur le trajet des nuages ou des maladies —
438
ront des observations sur le temps, sur le trajet
des
nuages ou des maladies — je ne sais quoi d’inattendu aujourd’hui, qu’
439
vations sur le temps, sur le trajet des nuages ou
des
maladies — je ne sais quoi d’inattendu aujourd’hui, qu’on ne cherche
440
caravelles, c’est parce qu’il était au service d’
un
roi d’Espagne rapace, cupide, qui voulait de l’or et des esclaves, et
441
d’Espagne rapace, cupide, qui voulait de l’or et
des
esclaves, et qui l’a envoyé découvrir l’Amérique pour cela. Or les mo
442
otivations réelles de Christophe Colomb étaient d’
un
tout autre ordre — on peut le vérifier dans son journal : c’était de
443
e vérifier dans son journal : c’était de financer
une
dernière croisade pour délivrer Jérusalem — motif mystique. Il ne pen
444
pas. Et bien après lui, on y a trouvé de l’or. Et
un
peu après lui, on y a recruté des esclaves. Mais la motivation était
445
ouvé de l’or. Et un peu après lui, on y a recruté
des
esclaves. Mais la motivation était d’un ordre complètement différent.
446
recruté des esclaves. Mais la motivation était d’
un
ordre complètement différent. Je voudrais vous poser une autre questi
447
re complètement différent. Je voudrais vous poser
une
autre question, toujours sur le même sujet : est-ce que vous êtes déç
448
la Lune ? Je suis profondément déçu. Je suis dans
un
sentiment de désenchantement. J’ai l’impression que les rêves de l’hu
449
i l’impression que les rêves de l’humanité depuis
des
siècles — les rêves de poètes, les rêves de fantaisistes comme Cyrano
450
t le paradis terrestre transporté, il y rencontre
des
hommes très bien, il y rencontre le génie de Socrate, tout se passe m
451
prêt à la toucher, on s’aperçoit que la Lune est
une
malheureuse, vilaine chose, couverte de tuf volcanique, de lave pulvé
452
volcanique, de lave pulvérulente. En somme, c’est
une
sorte de banlieue poussiéreuse de la Terre. … et inhabitée ! Car l’es
453
use de la Terre. … et inhabitée ! Car l’essentiel
des
rêves des poètes ou de Cyrano de Bergerac, c’était d’imaginer une rac
454
Terre. … et inhabitée ! Car l’essentiel des rêves
des
poètes ou de Cyrano de Bergerac, c’était d’imaginer une race d’hommes
455
ètes ou de Cyrano de Bergerac, c’était d’imaginer
une
race d’hommes supérieurs, intelligents, meilleurs que nous, qui habit
456
bien ! on s’aperçoit qu’il n’y a personne. Il y a
un
texte qui m’a frappé, que vous avez cité dans un article il y a sept
457
un texte qui m’a frappé, que vous avez cité dans
un
article il y a sept ou huit ans — à l’époque où on envoyait le premie
458
ù on envoyait le premier obus sur la Lune : c’est
un
texte de Werner von Braun, qui est un des pères du voyage dans la Lun
459
une : c’est un texte de Werner von Braun, qui est
un
des pères du voyage dans la Lune, et qui nous décrit le paradis qui n
460
: c’est un texte de Werner von Braun, qui est un
des
pères du voyage dans la Lune, et qui nous décrit le paradis qui nous
461
attend là-bas. Il nous dit que nous aurons là-bas
des
hôtels de grand luxe, avec des paysages extraordinaires. Alors on arr
462
nous aurons là-bas des hôtels de grand luxe, avec
des
paysages extraordinaires. Alors on arrive à se demander aujourd’hui :
463
dépensé 100 milliards — 100 milliards n’étant qu’
une
partie de la dépense totale — pour avoir un Moon-Hilton ? … devant de
464
t qu’une partie de la dépense totale — pour avoir
un
Moon-Hilton ? … devant des paysages désolés, absolument désertiques !
465
nse totale — pour avoir un Moon-Hilton ? … devant
des
paysages désolés, absolument désertiques ! Je dois dire que quand je
466
Je dois dire que quand je pense à l’éventualité d’
un
exil sur la Lune, il me prend un amour passionné de la Terre, de la s
467
l’éventualité d’un exil sur la Lune, il me prend
un
amour passionné de la Terre, de la surface terrestre, des arbres, de
468
r passionné de la Terre, de la surface terrestre,
des
arbres, de l’herbe… Ce sont des réactions subjectives que nous exprim
469
urface terrestre, des arbres, de l’herbe… Ce sont
des
réactions subjectives que nous exprimons. Mais on peut imaginer des r
470
ectives que nous exprimons. Mais on peut imaginer
des
réactions objectives. Alors je voulais vous rappeler une déclaration
471
ctions objectives. Alors je voulais vous rappeler
une
déclaration célèbre de Lénine. H. G. Wells, le célèbre romancier angl
472
Wells, le célèbre romancier anglais, qui est l’un
des
pères de l’anticipation, était allé l’interviewer. « Je dis à Lénine,
473
le développement de la technique humaine pourrait
un
jour changer la situation mondiale : la conception marxiste elle-même
474
ode de progrès ». Dans la bouche de Lénine, c’est
une
prophétie assez extraordinaire : est-ce qu’elle est complètement faus
475
, l’arrivée sur la Lune notamment, est d’une part
une
concurrence entre les Américains et les Russes, mais d’autre part ell
476
seule doctrine véritable est le marxisme, qui est
une
doctrine des rapports de productions, il est évident qu’elle ne vaut
477
e véritable est le marxisme, qui est une doctrine
des
rapports de productions, il est évident qu’elle ne vaut plus rien si
478
ur l’instant. Justement, et on ne va pas en créer
un
, j’espère que non… Où Lénine se trompe à mon sens complètement, c’est
479
velles dimensions de l’espace. Car si vous prenez
une
doctrine comme le christianisme, dont la base est l’amour du prochain
480
tit coin de ciel que nous voyons, permet de tirer
des
conclusions très ambiguës. Moi, j’ai une impression de frustration, à
481
de tirer des conclusions très ambiguës. Moi, j’ai
une
impression de frustration, à me dire : la Lune, ce n’est pas aussi be
482
e moins d’argent et qui finissent par se faire en
un
clin d’œil, à la vitesse de la pensée. Eh bien ! l’aventure intérieur
483
entrer dans le fond de soi-même, pour y découvrir
des
choses complètement nouvelles, et réellement stupéfiantes souvent, el
484
venture humaine. Relisant au lendemain du retour
des
cosmonautes la transcription de cet entretien télévisé, je ne vois ri
485
sé, je ne vois rien à modifier à ce que je disais
un
mois avant le départ d’Apollo 11. Il y avait là comme un écho anticip
486
avant le départ d’Apollo 11. Il y avait là comme
un
écho anticipé de ce que tant d’autres ont dit depuis, parmi lesquels,
487
que tant d’autres ont dit depuis, parmi lesquels,
une
bonne moitié des citoyens américains, et quelques-uns de nos meilleur
488
ont dit depuis, parmi lesquels, une bonne moitié
des
citoyens américains, et quelques-uns de nos meilleurs esprits europée
489
cela ne sert à rien ? » Ce qui importe, c’est qu’
un
profond mouvement se dessine déjà, jusque dans l’administration Nixon
490
ration Nixon, pour que soit reportée sur la Terre
une
part ou moins des centaines de milliards qu’on destinait à se perdre
491
que soit reportée sur la Terre une part ou moins
des
centaines de milliards qu’on destinait à se perdre au ciel vide. Quan
492
u ciel vide. Quant à ma conclusion, elle m’a valu
des
lettres qui disaient en substance : l’aventure intérieure, très bien,
493
laquelle personne au monde ne peut répondre pour
un
autre — ou sinon, où serait l’aventure ? x. Rougemont Denis de, «
494
? » (1er décembre 1978)z Vous venez de publier
un
livre : L’Avenir est notre affaire . Qu’entendez-vous par ce titre ?
495
isir librement son avenir. Ce n’est donc pas dans
une
visée prométhéenne qu’il faut comprendre votre titre ? Pas du tout, c
496
omprendre votre titre ? Pas du tout, ce n’est pas
un
défi. Simplement, nous n’avons plus le droit de nous cacher, même der
497
a responsabilité ; c’est bien parce que vous avez
une
espérance. Laquelle ? À des gens qui me disaient : « Pourquoi voulez-
498
n parce que vous avez une espérance. Laquelle ? À
des
gens qui me disaient : « Pourquoi voulez-vous absolument que ça conti
499
plus fort que moi, et qui est l’espérance. C’est
une
volonté, un désir éperdu que la vie continue. Je ne sais pas si c’est
500
e moi, et qui est l’espérance. C’est une volonté,
un
désir éperdu que la vie continue. Je ne sais pas si c’est une espéran
501
erdu que la vie continue. Je ne sais pas si c’est
une
espérance chrétienne, c’est quelque chose qui m’est plutôt chevillé a
502
villé au corps. C’est peut-être l’envie de vivre,
une
curiosité (savoir ce qui va se passer après), et c’est peut-être auss
503
ons encore sauver l’humanité — je ne dis pas dans
un
sens spirituel — dans un sens simplement physiologique, de manière qu
504
ité — je ne dis pas dans un sens spirituel — dans
un
sens simplement physiologique, de manière que l’histoire dure encore.
505
tion », et révélation de la Nouvelle Jérusalem, d’
une
cité nouvelle qui sera vraiment humaine et en même temps vraiment div
506
ge » : Apoc. ch. 21, v. 17). Il est question là d’
un
développement de la vie de l’humanité vers la plénitude, qui est une
507
la vie de l’humanité vers la plénitude, qui est
une
divinisation de l’homme. S’il y a dans votre livre des passages très
508
ivinisation de l’homme. S’il y a dans votre livre
des
passages très pessimistes où vous semblez provoquer la peur du lecteu
509
la peur du lecteur, le fond de tout est pourtant
un
courant d’optimisme et d’espérance ? Oui ! Si j’étais totalement pess
510
en à faire, je n’écrirais pas — ou je raconterais
des
histoires. Si j’ai écrit ce livre, c’est que je prends tout à fait au
511
toujours deux possibilités. Qu’avez-vous à dire à
une
jeunesse aujourd’hui assez partagée entre une certaine résignation (l
512
e à une jeunesse aujourd’hui assez partagée entre
une
certaine résignation (le « bof ») et une certaine révolte ? C’est un
513
ée entre une certaine résignation (le « bof ») et
une
certaine révolte ? C’est un manque d’information qui fait dire « bof
514
tion (le « bof ») et une certaine révolte ? C’est
un
manque d’information qui fait dire « bof » à des jeunes gens. Si on v
515
t un manque d’information qui fait dire « bof » à
des
jeunes gens. Si on vient leur parler de menaces sur la vie physique d
516
e : quand on leur parle de pollution de la terre,
des
airs, des forêts, des océans et des déserts, du danger nucléaire, de
517
on leur parle de pollution de la terre, des airs,
des
forêts, des océans et des déserts, du danger nucléaire, de la guerre
518
e de pollution de la terre, des airs, des forêts,
des
océans et des déserts, du danger nucléaire, de la guerre atomique qui
519
de la terre, des airs, des forêts, des océans et
des
déserts, du danger nucléaire, de la guerre atomique qui risque d’écla
520
tion actuelle est la « bof-génération » : ce sont
des
choses que les hebdomadaires inventent de temps en temps pour faire m
521
ce livre ? J’ai commencé assez jeune à m’occuper
des
affaires publiques, des affaires de la civilisation au xxe siècle. E
522
é assez jeune à m’occuper des affaires publiques,
des
affaires de la civilisation au xxe siècle. En 1928 j’ai écrit un art
523
a civilisation au xxe siècle. En 1928 j’ai écrit
un
article sur les mémoires de Henry Ford, Ma Vie, publiés en français.
524
29 ans, déjà Ford était milliardaire. Et j’ai eu
une
réaction viscérale. Je me suis dit : c’est épouvantable ce que cet ho
525
en train de faire ! J’ai publié mon article dans
une
petite revue qui ne comptait que quelques milliers de lecteurs ( Foi
526
ent-là, je dénonçais la croissance illimitée dans
un
monde fini — 44 ans avant le club de Rome ! J’ai repris la discussion
527
outes les idées de mon dernier livre. Nous étions
une
génération — qui ne disait pas « bof », oh ! non — qui voyait très bi
528
très bien qu’elle allait devoir faire la guerre,
une
guerre qui n’était pas la sienne, une guerre entre États-nations (ce
529
la guerre, une guerre qui n’était pas la sienne,
une
guerre entre États-nations (ce terme, c’est nous qui l’avons forgé, n
530
e l’Europe tout de suite, sinon on recommencerait
une
autre guerre. La guerre a largement détruit la culture européenne et
531
e ces dernières années ont épanoui nos recherches
des
années 1930. La guerre n’a fait qu’interrompre… Elle a interrompu, ma
532
élas, nous ne le cherchions pas. Les prophètes, d’
une
manière générale, n’ont pas du tout envie d’avoir raison ; ils vous a
533
t-nation porte-t-elle aussi sur la Suisse ? C’est
une
question à laquelle je suis heureux de pouvoir répondre de manière tr
534
ns. Nous entendions par État-nation la mainmise d’
un
appareil étatique sur l’ensemble d’une nation, l’État imposant les mê
535
mainmise d’un appareil étatique sur l’ensemble d’
une
nation, l’État imposant les mêmes frontières, le même territoire, aux
536
alisme. Nous parlions déjà de fédéralisme, même d’
un
type de défense village par village, en hérisson, à appliquer à l’Eur
537
m’avait enseignée à l’école d’officiers en 1928 !
Une
défense avec l’esprit autant qu’avec les armes ? Une défense par tous
538
défense avec l’esprit autant qu’avec les armes ?
Une
défense par tous les moyens, sur place, défense d’abord de sa maison,
539
de sa petite patrie locale, de son mode de vie :
une
forme de guerre purement défensive. C’est en Amérique (de 1940 à 1946
540
il n’y avait rien sur la Suisse, alors j’ai écrit
un
petit livre intitulé Le Cœur de l’Europe et cela m’a permis de déco
541
elle direction elle ne devrait pas se développer.
Des
tendances « État-nation » peuvent se révéler dans certains secteurs d
542
? Le nucléaire ! Il y a pour la Suisse, dès 1848,
un
danger certain : voilà un État fédéral, entouré d’États-nations et qu
543
ur la Suisse, dès 1848, un danger certain : voilà
un
État fédéral, entouré d’États-nations et qui, vis-à-vis d’eux, ses vo
544
es voisins, se présente finalement lui-même comme
un
État-nation. Or, le fédéralisme est impossible dans un seul pays ! Si
545
at-nation. Or, le fédéralisme est impossible dans
un
seul pays ! Si on veut sauver le fédéralisme suisse, il faut l’étendr
546
édérations continentales. La Suisse est acculée à
un
certain centralisme dès qu’elle s’occupe d’objets trop grands. Le nuc
547
’occupe d’objets trop grands. Le nucléaire en est
un
excellent exemple. Le nucléaire n’est absolument pas le moyen d’assur
548
s le moyen d’assurer l’indépendance énergétique d’
un
pays, à preuve qu’en France le nucléaire est appliqué d’après une lic
549
ve qu’en France le nucléaire est appliqué d’après
une
licence américaine, son combustible vient des USA et de Russie (rempl
550
rès une licence américaine, son combustible vient
des
USA et de Russie (remplaçant la dépendance des Arabes pour le pétrole
551
nt des USA et de Russie (remplaçant la dépendance
des
Arabes pour le pétrole), et les capitaux viennent de partout. Des Ara
552
le pétrole), et les capitaux viennent de partout.
Des
Arabes, de nouveau ? De partout, de l’Iran, pour 40 % dans la société
553
de Superphénix (voir le rapport de la Commission
des
finances du Parlement français). Pour la Suisse, il en va de même : n
554
ives, disons que le nucléaire est trop grand pour
un
seul pays, et qu’il y constitue une menace pour la démocratie. Vous ê
555
rop grand pour un seul pays, et qu’il y constitue
une
menace pour la démocratie. Vous êtes membre du Groupe de Bellerive :
556
mbre du Groupe de Bellerive : que fait-il ? C’est
un
groupe de personnalités internationales habitant Genève, qui s’est ré
557
ntes aux droits de l’homme qu’entraîne fatalement
une
construction de cette dimension. Le nucléaire, l’hitlérisme, la folie
558
e ; ce n’est pas vrai. Les usines de retraitement
des
déchets de centrales nucléaires fournissent le plutonium qui permet d
559
ires fournissent le plutonium qui permet de faire
des
bombes. Tout cela donc fait l’unité de mon livre : mon souci dernier
560
utés. « Small is beautiful ». Quelle est la tâche
des
chrétiens et des Églises dans un monde pareil ? Les chrétiens n’ont q
561
beautiful ». Quelle est la tâche des chrétiens et
des
Églises dans un monde pareil ? Les chrétiens n’ont qu’une tâche devan
562
le est la tâche des chrétiens et des Églises dans
un
monde pareil ? Les chrétiens n’ont qu’une tâche devant toutes les sol
563
ses dans un monde pareil ? Les chrétiens n’ont qu’
une
tâche devant toutes les solutions qu’on leur propose, c’est de s’effo
564
ce illimitée comme bien suprême de l’humanité est
une
idée fondamentalement antichrétienne. Refuser la puissance ne veut pa
565
hoses ? Les chrétiens doivent vouloir et préparer
une
société où chacun puisse être le prochain de l’autre, donc une sociét
566
ù chacun puisse être le prochain de l’autre, donc
une
société formée de petites communautés fédérées entre elles. Là, chacu
567
sa manière, s’épanouir dans sa vocation, devenir
une
personne. Dans une ville de 13 millions d’habitants, il n’y a plus ni
568
ouir dans sa vocation, devenir une personne. Dans
une
ville de 13 millions d’habitants, il n’y a plus ni communauté, ni res
569
ité, ni liberté. Il n’y a plus que la promiscuité
des
solitudes. z. Rougemont Denis de, « [Entretien] Bof ! disent les j