1
Note Certain public égaré par
les
mœurs éditoriales attend des jeunes auteurs qu’ils se présentent avec
2
tend des jeunes auteurs qu’ils se présentent avec
l’
assurance et l’optimisme pressant du commis voyageur. Mais alors, l’or
3
auteurs qu’ils se présentent avec l’assurance et
l’
optimisme pressant du commis voyageur. Mais alors, l’orgueil de quelqu
4
ptimisme pressant du commis voyageur. Mais alors,
l’
orgueil de quelques-uns, se refusant à une vanité profitable autant qu
5
ressant du commis voyageur. Mais alors, l’orgueil
de
quelques-uns, se refusant à une vanité profitable autant que vulgaire
6
une vanité profitable autant que vulgaire, prend
l’
aspect d’une assez prétentieuse modestie. Comment, après cela, l’auteu
7
té profitable autant que vulgaire, prend l’aspect
d’
une assez prétentieuse modestie. Comment, après cela, l’auteur du Pays
8
assez prétentieuse modestie. Comment, après cela,
l’
auteur du Paysan du Danube oserait-il assurer qu’il considère ces peti
9
er qu’il considère ces petits écrits comme autant
de
hors-d’œuvre ? — De la composition desquels il voudrait bien qu’on ne
10
es petits écrits comme autant de hors-d’œuvre ? —
De
la composition desquels il voudrait bien qu’on ne déduise pas celle d
11
petits écrits comme autant de hors-d’œuvre ? — De
la
composition desquels il voudrait bien qu’on ne déduise pas celle des
12
Le
sentiment de l’Europe centrale Un accord sans résolution Il ar
13
Le sentiment
de
l’Europe centrale Un accord sans résolution Il arrive qu’au so
14
Le sentiment de
l’
Europe centrale Un accord sans résolution Il arrive qu’au sorti
15
ans résolution Il arrive qu’au sortir de Paris
le
train de banlieue qui emmène son chargement de somnambules énervés de
16
ution Il arrive qu’au sortir de Paris le train
de
banlieue qui emmène son chargement de somnambules énervés de fumée et
17
is le train de banlieue qui emmène son chargement
de
somnambules énervés de fumée et qui se cachent dans les journaux du s
18
qui emmène son chargement de somnambules énervés
de
fumée et qui se cachent dans les journaux du soir, soit lentement dou
19
mnambules énervés de fumée et qui se cachent dans
les
journaux du soir, soit lentement doublé par le rapide de Bretagne. Ce
20
s les journaux du soir, soit lentement doublé par
le
rapide de Bretagne. Ce long passage lumineux des vacances, traînée d’
21
naux du soir, soit lentement doublé par le rapide
de
Bretagne. Ce long passage lumineux des vacances, traînée d’espoirs dé
22
e. Ce long passage lumineux des vacances, traînée
d’
espoirs délivrés qui nous frôle, éveille chez ceux qui restent un sent
23
éveille chez ceux qui restent un sentiment confus
d’
exil et de plaisir dont souvent j’ai cru distinguer la contagion dans
24
ez ceux qui restent un sentiment confus d’exil et
de
plaisir dont souvent j’ai cru distinguer la contagion dans le regard
25
il et de plaisir dont souvent j’ai cru distinguer
la
contagion dans le regard de mes voisins. Ainsi d’autres fois j’ai vib
26
ont souvent j’ai cru distinguer la contagion dans
le
regard de mes voisins. Ainsi d’autres fois j’ai vibré au passage des
27
t j’ai cru distinguer la contagion dans le regard
de
mes voisins. Ainsi d’autres fois j’ai vibré au passage des rapides de
28
i d’autres fois j’ai vibré au passage des rapides
de
l’Europe centrale ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais d’u
29
’autres fois j’ai vibré au passage des rapides de
l’
Europe centrale ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais d’une
30
assage des rapides de l’Europe centrale ; non pas
de
cette jubilation nostalgique, mais d’une fièvre brève qui révélait la
31
e ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais
d’
une fièvre brève qui révélait la trouble densité de l’atmosphère. La r
32
nostalgique, mais d’une fièvre brève qui révélait
la
trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans
33
’une fièvre brève qui révélait la trouble densité
de
l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbru
34
e fièvre brève qui révélait la trouble densité de
l’
atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck
35
qui révélait la trouble densité de l’atmosphère.
La
rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck figure dans me
36
ait la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur
de
l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck figure dans mes songerie
37
la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de
l’
express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck figure dans mes songeries l
38
l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans
la
vallée d’Innsbruck figure dans mes songeries le passage du « Sturm an
39
re. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée
d’
Innsbruck figure dans mes songeries le passage du « Sturm and Drang »
40
s la vallée d’Innsbruck figure dans mes songeries
le
passage du « Sturm and Drang » à 100 kilomètres à l’heure. ⁂ L’Europe
41
passage du « Sturm and Drang » à 100 kilomètres à
l’
heure. ⁂ L’Europe centrale est une de ces réalités qu’on reconnaît d’a
42
« Sturm and Drang » à 100 kilomètres à l’heure. ⁂
L’
Europe centrale est une de ces réalités qu’on reconnaît d’abord par le
43
kilomètres à l’heure. ⁂ L’Europe centrale est une
de
ces réalités qu’on reconnaît d’abord par leur frisson particulier. Ma
44
iculier. Mais il n’en faut pas plus pour ébranler
le
souvenir. Naissent alors des images champêtres, les toits pointus d’u
45
e souvenir. Naissent alors des images champêtres,
les
toits pointus d’un bourg au sein d’une vallée de verdure et de verger
46
nt alors des images champêtres, les toits pointus
d’
un bourg au sein d’une vallée de verdure et de vergers — c’est la Soua
47
les toits pointus d’un bourg au sein d’une vallée
de
verdure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoi
48
tus d’un bourg au sein d’une vallée de verdure et
de
vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise sans avaric
49
ein d’une vallée de verdure et de vergers — c’est
la
Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise sans avarice ; — puis le contr
50
allée de verdure et de vergers — c’est la Souabe,
la
Thuringe, la vie bourgeoise sans avarice ; — puis le contraste d’un m
51
ure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe,
la
vie bourgeoise sans avarice ; — puis le contraste d’un massif central
52
Thuringe, la vie bourgeoise sans avarice ; — puis
le
contraste d’un massif central de sapins et de lacs secrets, cœur noir
53
vie bourgeoise sans avarice ; — puis le contraste
d’
un massif central de sapins et de lacs secrets, cœur noir et tourmenté
54
avarice ; — puis le contraste d’un massif central
de
sapins et de lacs secrets, cœur noir et tourmenté du continent —, cet
55
uis le contraste d’un massif central de sapins et
de
lacs secrets, cœur noir et tourmenté du continent —, cette région esc
56
rpée entre Munich, Salzbourg et Prague, qui forme
le
décor voluptueux et lugubre de tant de drames nourris de solitude ; e
57
Prague, qui forme le décor voluptueux et lugubre
de
tant de drames nourris de solitude ; et puis des plaines qui se perde
58
r voluptueux et lugubre de tant de drames nourris
de
solitude ; et puis des plaines qui se perdent en steppes, — démesure
59
ntement dans ces campagnes qui ne sont nulle part
la
« province ». Elles condensent la vie de leur contrée, en donnent la
60
sont nulle part la « province ». Elles condensent
la
vie de leur contrée, en donnent la visible formule, petites capitales
61
lle part la « province ». Elles condensent la vie
de
leur contrée, en donnent la visible formule, petites capitales enraci
62
les condensent la vie de leur contrée, en donnent
la
visible formule, petites capitales enracinées. Il advint pourtant que
63
racinées. Il advint pourtant que certaines, selon
l’
égarement du temps, tentèrent de vivre par elles-mêmes. Elles retirent
64
certaines, selon l’égarement du temps, tentèrent
de
vivre par elles-mêmes. Elles retirent les parcs qui les alliaient à l
65
entèrent de vivre par elles-mêmes. Elles retirent
les
parcs qui les alliaient à la campagne, se ceinturent d’usines, et pre
66
vre par elles-mêmes. Elles retirent les parcs qui
les
alliaient à la campagne, se ceinturent d’usines, et prennent aussitôt
67
mes. Elles retirent les parcs qui les alliaient à
la
campagne, se ceinturent d’usines, et prennent aussitôt cette fièvre c
68
cs qui les alliaient à la campagne, se ceinturent
d’
usines, et prennent aussitôt cette fièvre caractéristique des organism
69
vre caractéristique des organismes humains isolés
de
la vie végétale. C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation de
70
caractéristique des organismes humains isolés de
la
vie végétale. C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation de ses
71
a vie végétale. C’est ainsi que Berlin réglemente
la
circulation de ses ferments de tristesses intellectuelles, sur une pe
72
C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation
de
ses ferments de tristesses intellectuelles, sur une petite superficie
73
Berlin réglemente la circulation de ses ferments
de
tristesses intellectuelles, sur une petite superficie minérale où la
74
lectuelles, sur une petite superficie minérale où
la
vie se décompose avec virulence. Mais Stuttgart, plus moderne, plante
75
sur ses collines, s’aère et redevient une ville à
la
campagne ; du même coup, un centre spirituel. Diversités, naissant, v
76
un centre spirituel. Diversités, naissant, vivant
les
unes des autres, contrastes qui jamais ne s’équilibrent, violence et
77
librent, violence et mélancolie, paysages — états
d’
âme imposant tour à tour le cynisme ou la bonhomie, tout cela baigne d
78
olie, paysages — états d’âme imposant tour à tour
le
cynisme ou la bonhomie, tout cela baigne dans une inguérissable nosta
79
— états d’âme imposant tour à tour le cynisme ou
la
bonhomie, tout cela baigne dans une inguérissable nostalgie, celle d’
80
la baigne dans une inguérissable nostalgie, celle
d’
un grand accord complexe qui chercherait en vain sa résolution. ⁂ M’at
81
e géographie sentimentale, j’avais un temps conçu
l’
idée d’établir une Carte du Tendre de la nouvelle Europe centrale. Il
82
aphie sentimentale, j’avais un temps conçu l’idée
d’
établir une Carte du Tendre de la nouvelle Europe centrale. Il semblai
83
temps conçu l’idée d’établir une Carte du Tendre
de
la nouvelle Europe centrale. Il semblait que les noms des traités de
84
mps conçu l’idée d’établir une Carte du Tendre de
la
nouvelle Europe centrale. Il semblait que les noms des traités de 19,
85
e de la nouvelle Europe centrale. Il semblait que
les
noms des traités de 19, Versailles, Trianon, convenaient mieux au roc
86
pe centrale. Il semblait que les noms des traités
de
19, Versailles, Trianon, convenaient mieux au rococo des sentiments q
87
, convenaient mieux au rococo des sentiments qu’à
l’
hypocrite gravité des politiques. Ce projet, d’autre part, flattait un
88
re part, flattait un certain goût du graphique et
de
l’imagerie stylisée qu’à la réflexion je trouvai trop spécifiquement
89
part, flattait un certain goût du graphique et de
l’
imagerie stylisée qu’à la réflexion je trouvai trop spécifiquement fra
90
goût du graphique et de l’imagerie stylisée qu’à
la
réflexion je trouvai trop spécifiquement français pour rendre compte
91
i trop spécifiquement français pour rendre compte
d’
une réalité qui, justement, m’attirait comme une étrangère. Néanmoins,
92
étrangère. Néanmoins, j’eusse un beau jour cédé à
la
tentation du pittoresque et défini, au goût du temps, les frontières
93
ation du pittoresque et défini, au goût du temps,
les
frontières de certains pays dont on venait à peine de reconnaître l’e
94
esque et défini, au goût du temps, les frontières
de
certains pays dont on venait à peine de reconnaître l’existence légal
95
rtains pays dont on venait à peine de reconnaître
l’
existence légale… Je préférai soudain monter dans un express. Pour gué
96
férai soudain monter dans un express. Pour guérir
de
Descartes, il n’est que d’aimer en voyage : l’on découvre bientôt que
97
n express. Pour guérir de Descartes, il n’est que
d’
aimer en voyage : l’on découvre bientôt que rien n’est comparable. Que
98
ir de Descartes, il n’est que d’aimer en voyage :
l’
on découvre bientôt que rien n’est comparable. Quel était ce besoin de
99
t que rien n’est comparable. Quel était ce besoin
de
fixer, de cerner, de localiser dans l’espace des sentiments ou des dé
100
n’est comparable. Quel était ce besoin de fixer,
de
cerner, de localiser dans l’espace des sentiments ou des désirs sans
101
arable. Quel était ce besoin de fixer, de cerner,
de
localiser dans l’espace des sentiments ou des désirs sans fin, et qui
102
ce besoin de fixer, de cerner, de localiser dans
l’
espace des sentiments ou des désirs sans fin, et qui n’ont de réalité
103
s sentiments ou des désirs sans fin, et qui n’ont
de
réalité qu’en un cœur, lorsqu’il aime1 ? Tout devenait incompréhensib
104
ime1 ? Tout devenait incompréhensible et certain,
l’
amour n’existait pas ailleurs que dans mes bras, et nul chemin, nulle
105
chemin, nulle distance mesurable, ne conduisaient
de
Tendre-sur-noblesse à Saint-Masoch-en-Démonie, mais tout se mêlait gl
106
glorieusement dans un humour inénarrable et dans
les
pleurs… J’étais jeune. Le titanisme et la métamorphose « Métamo
107
inénarrable et dans les pleurs… J’étais jeune.
Le
titanisme et la métamorphose « Métamorphose » et « paradoxe », tel
108
ans les pleurs… J’étais jeune. Le titanisme et
la
métamorphose « Métamorphose » et « paradoxe », tels sont peut-être
109
tamorphose » et « paradoxe », tels sont peut-être
les
mots-clés de l’Europe sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue
110
t « paradoxe », tels sont peut-être les mots-clés
de
l’Europe sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue les traduise
111
paradoxe », tels sont peut-être les mots-clés de
l’
Europe sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue les traduise, e
112
e sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue
les
traduise, en vertu d’une convention qu’il serait temps de réviser, pa
113
ise, en vertu d’une convention qu’il serait temps
de
réviser, par « démesure » et « confusion » ? Car il est trop certain
114
» et « confusion » ? Car il est trop certain que
le
mot démesure désigne dans l’esprit d’un bourgeois cartésien quelque c
115
est trop certain que le mot démesure désigne dans
l’
esprit d’un bourgeois cartésien quelque chose dont il convient de se g
116
certain que le mot démesure désigne dans l’esprit
d’
un bourgeois cartésien quelque chose dont il convient de se gausser sa
117
ourgeois cartésien quelque chose dont il convient
de
se gausser sans examen. Mais une exacte traduction ne servirait au fo
118
cte traduction ne servirait au fond qu’à déplacer
le
prétexte d’un malentendu plus tenace. Lorsqu’on parle de paradoxe, Ta
119
on ne servirait au fond qu’à déplacer le prétexte
d’
un malentendu plus tenace. Lorsqu’on parle de paradoxe, Tartempion se
120
exte d’un malentendu plus tenace. Lorsqu’on parle
de
paradoxe, Tartempion se souvient du café du Commerce, tandis que le p
121
andis que le premier des Doktor phil. venu évoque
le
concept d’ironie selon Jean-Paul, la dialectique selon Hegel, et peut
122
e premier des Doktor phil. venu évoque le concept
d’
ironie selon Jean-Paul, la dialectique selon Hegel, et peut-être la pa
123
venu évoque le concept d’ironie selon Jean-Paul,
la
dialectique selon Hegel, et peut-être la passion de Kierkegaard. Mais
124
an-Paul, la dialectique selon Hegel, et peut-être
la
passion de Kierkegaard. Mais alors M. Truc parle des « brumes nordiqu
125
dialectique selon Hegel, et peut-être la passion
de
Kierkegaard. Mais alors M. Truc parle des « brumes nordiques » ! Car
126
lors M. Truc parle des « brumes nordiques » ! Car
la
métamorphose a pour effet certain de rendre tout légalisme inefficace
127
ques » ! Car la métamorphose a pour effet certain
de
rendre tout légalisme inefficace — il n’y a jugement possible que du
128
ce — il n’y a jugement possible que du même —, et
le
paradoxe apparaît aux yeux de ceux pour qui la religion n’est qu’assu
129
et le paradoxe apparaît aux yeux de ceux pour qui
la
religion n’est qu’assurance, comme une dérision désespérée. Malentend
130
sse renaissant au contact des éléments inférieurs
de
deux mondes dont la synthèse constituerait la gloire de ce temps, et,
131
ntact des éléments inférieurs de deux mondes dont
la
synthèse constituerait la gloire de ce temps, et, accessoirement, not
132
urs de deux mondes dont la synthèse constituerait
la
gloire de ce temps, et, accessoirement, notre salut. Parmi les trai
133
x mondes dont la synthèse constituerait la gloire
de
ce temps, et, accessoirement, notre salut. Parmi les traits tout qu
134
e temps, et, accessoirement, notre salut. Parmi
les
traits tout quotidiens de la mentalité germanique, les plus frappants
135
, notre salut. Parmi les traits tout quotidiens
de
la mentalité germanique, les plus frappants apparaissent déterminés p
136
otre salut. Parmi les traits tout quotidiens de
la
mentalité germanique, les plus frappants apparaissent déterminés par
137
raits tout quotidiens de la mentalité germanique,
les
plus frappants apparaissent déterminés par la morale du titanisme. Or
138
e, les plus frappants apparaissent déterminés par
la
morale du titanisme. Or elle implique la réalité de la métamorphose.
139
inés par la morale du titanisme. Or elle implique
la
réalité de la métamorphose. Les autres traits relèvent d’un sentiment
140
morale du titanisme. Or elle implique la réalité
de
la métamorphose. Les autres traits relèvent d’un sentimentalisme part
141
rale du titanisme. Or elle implique la réalité de
la
métamorphose. Les autres traits relèvent d’un sentimentalisme particu
142
. Or elle implique la réalité de la métamorphose.
Les
autres traits relèvent d’un sentimentalisme particulier, synthèse « p
143
té de la métamorphose. Les autres traits relèvent
d’
un sentimentalisme particulier, synthèse « paradoxale » et jamais suff
144
arguments sanglants. Et s’il est des domaines où
de
nos jours, l’on peut réclamer à bon droit l’économie de nuances vaine
145
glants. Et s’il est des domaines où de nos jours,
l’
on peut réclamer à bon droit l’économie de nuances vaines et la décisi
146
s où de nos jours, l’on peut réclamer à bon droit
l’
économie de nuances vaines et la décision, même brutale, l’on ne saura
147
jours, l’on peut réclamer à bon droit l’économie
de
nuances vaines et la décision, même brutale, l’on ne saurait ici serr
148
lamer à bon droit l’économie de nuances vaines et
la
décision, même brutale, l’on ne saurait ici serrer de trop près les o
149
e de nuances vaines et la décision, même brutale,
l’
on ne saurait ici serrer de trop près les origines secrètes d’un phéno
150
écision, même brutale, l’on ne saurait ici serrer
de
trop près les origines secrètes d’un phénomène qui produit ses effets
151
brutale, l’on ne saurait ici serrer de trop près
les
origines secrètes d’un phénomène qui produit ses effets sur tous les
152
ait ici serrer de trop près les origines secrètes
d’
un phénomène qui produit ses effets sur tous les plans, celui de la gu
153
es d’un phénomène qui produit ses effets sur tous
les
plans, celui de la guerre y compris. Mais il est bon de préciser, fût
154
qui produit ses effets sur tous les plans, celui
de
la guerre y compris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’aide d’u
155
i produit ses effets sur tous les plans, celui de
la
guerre y compris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’aide d’un s
156
ns, celui de la guerre y compris. Mais il est bon
de
préciser, fût-ce à l’aide d’un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est
157
y compris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à
l’
aide d’un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est brutal ; le Français m
158
ris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’aide
d’
un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est brutal ; le Français malin. D
159
n de préciser, fût-ce à l’aide d’un seul exemple.
L’
Allemand, dit-on, est brutal ; le Français malin. Deux traits de carac
160
un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est brutal ;
le
Français malin. Deux traits de caractère dont les manifestations quot
161
t-on, est brutal ; le Français malin. Deux traits
de
caractère dont les manifestations quotidiennes, dans le domaine du se
162
le Français malin. Deux traits de caractère dont
les
manifestations quotidiennes, dans le domaine du sentiment et des rapp
163
actère dont les manifestations quotidiennes, dans
le
domaine du sentiment et des rapports sociaux, sont agaçants à l’extrê
164
entiment et des rapports sociaux, sont agaçants à
l’
extrême pour l’autre. Agacement que l’on traduit en s’accusant récipro
165
agaçants à l’extrême pour l’autre. Agacement que
l’
on traduit en s’accusant réciproquement de mensonge chronique. Et de f
166
ent que l’on traduit en s’accusant réciproquement
de
mensonge chronique. Et de fait, la brutalité paraît fausse, parce qu’
167
accusant réciproquement de mensonge chronique. Et
de
fait, la brutalité paraît fausse, parce qu’elle impose un ordre arbit
168
réciproquement de mensonge chronique. Et de fait,
la
brutalité paraît fausse, parce qu’elle impose un ordre arbitraire au
169
parce qu’elle impose un ordre arbitraire au prix
d’
un désordre. Mais à l’Allemand, cette sorte-là de mensonge n’est guère
170
un ordre arbitraire au prix d’un désordre. Mais à
l’
Allemand, cette sorte-là de mensonge n’est guère sensible : la vérité
171
d’un désordre. Mais à l’Allemand, cette sorte-là
de
mensonge n’est guère sensible : la vérité pour lui étant ce qui s’imp
172
cette sorte-là de mensonge n’est guère sensible :
la
vérité pour lui étant ce qui s’impose, il la confond assez naturellem
173
le : la vérité pour lui étant ce qui s’impose, il
la
confond assez naturellement avec ce qu’il impose. Confusion liée au m
174
avec ce qu’il impose. Confusion liée au mouvement
le
plus profond de l’âme allemande, qui la porte à la création volontair
175
pose. Confusion liée au mouvement le plus profond
de
l’âme allemande, qui la porte à la création volontaire, titanique, du
176
e. Confusion liée au mouvement le plus profond de
l’
âme allemande, qui la porte à la création volontaire, titanique, du ré
177
mouvement le plus profond de l’âme allemande, qui
la
porte à la création volontaire, titanique, du réel. Son mensonge devi
178
e plus profond de l’âme allemande, qui la porte à
la
création volontaire, titanique, du réel. Son mensonge devient vérité
179
du réel. Son mensonge devient vérité dès qu’elle
le
veut assez puissamment. Mais en revanche, l’habileté paraît fausse, p
180
elle le veut assez puissamment. Mais en revanche,
l’
habileté paraît fausse, parce qu’elle se sert du mensonge comme d’une
181
t fausse, parce qu’elle se sert du mensonge comme
d’
une arme normale. La brutalité du moins est loyale jusque dans ses exc
182
lle se sert du mensonge comme d’une arme normale.
La
brutalité du moins est loyale jusque dans ses excès. L’habileté, elle
183
talité du moins est loyale jusque dans ses excès.
L’
habileté, elle, masque et renie ses mensonges. Mais pour le Français,
184
é, elle, masque et renie ses mensonges. Mais pour
le
Français, cela ne saurait présenter que des inconvénients tout pratiq
185
convénients tout pratiques, strictement limités à
la
victime. Car il reste sous-entendu et bien entendu, qu’en soi, la vér
186
il reste sous-entendu et bien entendu, qu’en soi,
la
vérité est immuable, qu’elle n’est nullement atteinte par un mensonge
187
n définitive, ne change rien. En d’autres termes,
le
mensonge français n’est pas mythique. Il ne crée ni ne fausse rien d’
188
n’est pas mythique. Il ne crée ni ne fausse rien
d’
essentiel à la réalité. Le système D n’est pas un système philosophiq
189
hique. Il ne crée ni ne fausse rien d’essentiel à
la
réalité. Le système D n’est pas un système philosophique. Ainsi se d
190
crée ni ne fausse rien d’essentiel à la réalité.
Le
système D n’est pas un système philosophique. Ainsi se dessineraient,
191
phique. Ainsi se dessineraient, si nous étendions
l’
analyse, deux « natures » fondamentalement divergentes, dont il serait
192
ndamentalement divergentes, dont il serait facile
de
suivre les manifestations dans les domaines les plus variés de l’être
193
ment divergentes, dont il serait facile de suivre
les
manifestations dans les domaines les plus variés de l’être. Qu’on ne
194
l serait facile de suivre les manifestations dans
les
domaines les plus variés de l’être. Qu’on ne voie pas ici quelque fac
195
le de suivre les manifestations dans les domaines
les
plus variés de l’être. Qu’on ne voie pas ici quelque facile généralis
196
manifestations dans les domaines les plus variés
de
l’être. Qu’on ne voie pas ici quelque facile généralisation, mais bie
197
nifestations dans les domaines les plus variés de
l’
être. Qu’on ne voie pas ici quelque facile généralisation, mais bien p
198
facile généralisation, mais bien plutôt un essai
de
spécification. Je pense, comme vous, qu’il existe quantité d’Allemand
199
tion. Je pense, comme vous, qu’il existe quantité
d’
Allemands et de Français pour lesquels la distinction que l’on vient d
200
comme vous, qu’il existe quantité d’Allemands et
de
Français pour lesquels la distinction que l’on vient d’établir ne vau
201
quantité d’Allemands et de Français pour lesquels
la
distinction que l’on vient d’établir ne vaut rien : il est même proba
202
s et de Français pour lesquels la distinction que
l’
on vient d’établir ne vaut rien : il est même probable qu’ils forment
203
nçais pour lesquels la distinction que l’on vient
d’
établir ne vaut rien : il est même probable qu’ils forment la majorité
204
e vaut rien : il est même probable qu’ils forment
la
majorité, car peu de gens sont typiques de quoi que ce soit. Il reste
205
orment la majorité, car peu de gens sont typiques
de
quoi que ce soit. Il reste que certains tours de pensée ne sont vérit
206
piques de quoi que ce soit. Il reste que certains
tours
de pensée ne sont véritablement réalisables qu’au sein d’un ensemble
207
de quoi que ce soit. Il reste que certains tours
de
pensée ne sont véritablement réalisables qu’au sein d’un ensemble org
208
nt réalisables qu’au sein d’un ensemble organique
de
mœurs, de climat et d’ambitions collectives, ensemble que, tout indép
209
bles qu’au sein d’un ensemble organique de mœurs,
de
climat et d’ambitions collectives, ensemble que, tout indépendamment
210
in d’un ensemble organique de mœurs, de climat et
d’
ambitions collectives, ensemble que, tout indépendamment des réalités
211
endamment des réalités économiques et politiques,
l’
on peut nommer ici Allemagne, et là, France. Il reste qu’un Empédocle,
212
ançais qui, le premier, conçut, pour s’en vanter,
l’
idée qu’il était né malin. Paradoxe du sentiment Une rumeur loin
213
ntiment Une rumeur lointaine et continue, nous
l’
entendons seulement lorsqu’elle cesse, ou bien lorsqu’elle grandit sou
214
cesse, ou bien lorsqu’elle grandit soudain. Ainsi
de
la rumeur en nous du sang qui court ; ainsi de la respiration. Il n’y
215
se, ou bien lorsqu’elle grandit soudain. Ainsi de
la
rumeur en nous du sang qui court ; ainsi de la respiration. Il n’y a
216
si de la rumeur en nous du sang qui court ; ainsi
de
la respiration. Il n’y a sensation que du discontinu. Il n’y a sentim
217
de la rumeur en nous du sang qui court ; ainsi de
la
respiration. Il n’y a sensation que du discontinu. Il n’y a sentiment
218
nsation que du discontinu. Il n’y a sentiment que
de
ce qui nous quitte, ou nous surprend, ou bien encore au fond de l’êtr
219
quitte, ou nous surprend, ou bien encore au fond
de
l’être nous déchire et nous ressuscite. À la naissance du sentiment,
220
itte, ou nous surprend, ou bien encore au fond de
l’
être nous déchire et nous ressuscite. À la naissance du sentiment, nou
221
fond de l’être nous déchire et nous ressuscite. À
la
naissance du sentiment, nous trouvons invariablement une contradictio
222
est un appel, et qui crée sa réponse — en vain.
Le
sentiment mesure une défaillance de l’être. Mais ici, deux interpréta
223
e — en vain. Le sentiment mesure une défaillance
de
l’être. Mais ici, deux interprétations deviennent possibles. Selon l’
224
en vain. Le sentiment mesure une défaillance de
l’
être. Mais ici, deux interprétations deviennent possibles. Selon l’une
225
est inhérente à toute réalité humaine ; elle est
la
marque même de sa validité, la preuve d’humanité pourrait-on dire. (O
226
à toute réalité humaine ; elle est la marque même
de
sa validité, la preuve d’humanité pourrait-on dire. (On appelle inhum
227
humaine ; elle est la marque même de sa validité,
la
preuve d’humanité pourrait-on dire. (On appelle inhumain l’être qui n
228
elle est la marque même de sa validité, la preuve
d’
humanité pourrait-on dire. (On appelle inhumain l’être qui ne sent rie
229
d’humanité pourrait-on dire. (On appelle inhumain
l’
être qui ne sent rien.) Selon l’autre, elle indique seulement un défau
230
, elle indique seulement un défaut qu’il convient
de
guérir par des moyens appropriés, par une politique ou par une morale
231
, par une politique ou par une morale. D’une part
l’
on tient la déficience pour essentielle ; de l’autre elle apparaît un
232
olitique ou par une morale. D’une part l’on tient
la
déficience pour essentielle ; de l’autre elle apparaît un accident fâ
233
part l’on tient la déficience pour essentielle ;
de
l’autre elle apparaît un accident fâcheux. Telles, peut-être, se déli
234
ccident fâcheux. Telles, peut-être, se délimitent
la
notion chrétienne et la notion antique de l’homme ; telles, dans une
235
peut-être, se délimitent la notion chrétienne et
la
notion antique de l’homme ; telles, dans une certaine mesure, la noti
236
imitent la notion chrétienne et la notion antique
de
l’homme ; telles, dans une certaine mesure, la notion germanique et l
237
tent la notion chrétienne et la notion antique de
l’
homme ; telles, dans une certaine mesure, la notion germanique et la n
238
ue de l’homme ; telles, dans une certaine mesure,
la
notion germanique et la notion latine. Le paradoxe humain revêt aux y
239
dans une certaine mesure, la notion germanique et
la
notion latine. Le paradoxe humain revêt aux yeux du philosophe modern
240
mesure, la notion germanique et la notion latine.
Le
paradoxe humain revêt aux yeux du philosophe moderne une valeur métap
241
ne une valeur métaphysique alors qu’il garde pour
le
moraliste latin la signification d’un accident social réductible à l’
242
hysique alors qu’il garde pour le moraliste latin
la
signification d’un accident social réductible à l’ordre imposé. Passa
243
il garde pour le moraliste latin la signification
d’
un accident social réductible à l’ordre imposé. Passant à la limite du
244
a signification d’un accident social réductible à
l’
ordre imposé. Passant à la limite du sentiment, là où il prend une val
245
ent social réductible à l’ordre imposé. Passant à
la
limite du sentiment, là où il prend une valeur d’acte ou de jugement,
246
la limite du sentiment, là où il prend une valeur
d’
acte ou de jugement, l’on peut symboliser l’opposition des deux vision
247
du sentiment, là où il prend une valeur d’acte ou
de
jugement, l’on peut symboliser l’opposition des deux visions du monde
248
là où il prend une valeur d’acte ou de jugement,
l’
on peut symboliser l’opposition des deux visions du monde dans celle,
249
aleur d’acte ou de jugement, l’on peut symboliser
l’
opposition des deux visions du monde dans celle, plus précise, de deux
250
s deux visions du monde dans celle, plus précise,
de
deux notions du tragique. Le monde latin connaît un tragique aux arêt
251
celle, plus précise, de deux notions du tragique.
Le
monde latin connaît un tragique aux arêtes de pierre taillée : confli
252
ue. Le monde latin connaît un tragique aux arêtes
de
pierre taillée : conflits d’actes, de faits ou de droits ; l’Europe c
253
tragique aux arêtes de pierre taillée : conflits
d’
actes, de faits ou de droits ; l’Europe centrale, de ces choses « déch
254
aux arêtes de pierre taillée : conflits d’actes,
de
faits ou de droits ; l’Europe centrale, de ces choses « déchirantes »
255
de pierre taillée : conflits d’actes, de faits ou
de
droits ; l’Europe centrale, de ces choses « déchirantes » et sans nom
256
illée : conflits d’actes, de faits ou de droits ;
l’
Europe centrale, de ces choses « déchirantes » et sans nom qui font da
257
actes, de faits ou de droits ; l’Europe centrale,
de
ces choses « déchirantes » et sans nom qui font dans l’âme un bruit d
258
choses « déchirantes » et sans nom qui font dans
l’
âme un bruit de vent mortel et caressant ; une qualité métaphysique et
259
rantes » et sans nom qui font dans l’âme un bruit
de
vent mortel et caressant ; une qualité métaphysique et passionnée de
260
aressant ; une qualité métaphysique et passionnée
de
l’« impossible », — qui dans ce sens, vraiment, n’est pas un mot fran
261
ssant ; une qualité métaphysique et passionnée de
l’
« impossible », — qui dans ce sens, vraiment, n’est pas un mot françai
262
s, vraiment, n’est pas un mot français. En ceci,
le
monde de l’Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si
263
nt, n’est pas un mot français. En ceci, le monde
de
l’Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si l’on cons
264
n’est pas un mot français. En ceci, le monde de
l’
Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si l’on considè
265
monde de l’Europe centrale est plus chrétien que
le
monde latin — si l’on considère ses manières de sentir et de penser —
266
entrale est plus chrétien que le monde latin — si
l’
on considère ses manières de sentir et de penser — qu’il est essentiel
267
e le monde latin — si l’on considère ses manières
de
sentir et de penser — qu’il est essentiellement antithétique, déchiré
268
tin — si l’on considère ses manières de sentir et
de
penser — qu’il est essentiellement antithétique, déchiré (« déchirant
269
déchiré (« déchirant ») et fondé sur cette vision
de
la réalité humaine : la vie est manque et compensation de ce manque ;
270
hiré (« déchirant ») et fondé sur cette vision de
la
réalité humaine : la vie est manque et compensation de ce manque ; co
271
et fondé sur cette vision de la réalité humaine :
la
vie est manque et compensation de ce manque ; contradictions et dépas
272
alité humaine : la vie est manque et compensation
de
ce manque ; contradictions et dépassement de ces contradictions2. Le
273
tion de ce manque ; contradictions et dépassement
de
ces contradictions2. Le monde latin, en tant que latin, étant un mond
274
radictions et dépassement de ces contradictions2.
Le
monde latin, en tant que latin, étant un monde de l’unité (en vérité
275
Le monde latin, en tant que latin, étant un monde
de
l’unité (en vérité de l’unification à tout prix) est un monde « sécul
276
monde latin, en tant que latin, étant un monde de
l’
unité (en vérité de l’unification à tout prix) est un monde « séculari
277
t que latin, étant un monde de l’unité (en vérité
de
l’unification à tout prix) est un monde « sécularisé » jusque dans se
278
ue latin, étant un monde de l’unité (en vérité de
l’
unification à tout prix) est un monde « sécularisé » jusque dans ses m
279
est un monde « sécularisé » jusque dans ses modes
les
plus intimes de souffrir. Car il n’accepte pas la souffrance comme un
280
cularisé » jusque dans ses modes les plus intimes
de
souffrir. Car il n’accepte pas la souffrance comme une condition de l
281
es plus intimes de souffrir. Car il n’accepte pas
la
souffrance comme une condition de la conscience du réel, mais la repo
282
l n’accepte pas la souffrance comme une condition
de
la conscience du réel, mais la repousse comme le signe d’un manque à
283
’accepte pas la souffrance comme une condition de
la
conscience du réel, mais la repousse comme le signe d’un manque à la
284
omme une condition de la conscience du réel, mais
la
repousse comme le signe d’un manque à la loi. Il y a une contrepartie
285
de la conscience du réel, mais la repousse comme
le
signe d’un manque à la loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante
286
nscience du réel, mais la repousse comme le signe
d’
un manque à la loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante le sens d
287
el, mais la repousse comme le signe d’un manque à
la
loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante le sens du péché — c’es
288
la loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante
le
sens du péché — c’est-à-dire de la réalité humaine — celui-là résiste
289
. Celui que hante le sens du péché — c’est-à-dire
de
la réalité humaine — celui-là résiste rarement à la tentation de cult
290
elui que hante le sens du péché — c’est-à-dire de
la
réalité humaine — celui-là résiste rarement à la tentation de cultive
291
la réalité humaine — celui-là résiste rarement à
la
tentation de cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que réa
292
umaine — celui-là résiste rarement à la tentation
de
cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que réalité spiritue
293
ui-là résiste rarement à la tentation de cultiver
le
péché. Car de la sorte, il s’imagine que réalité spirituelle sera plu
294
rarement à la tentation de cultiver le péché. Car
de
la sorte, il s’imagine que réalité spirituelle sera plus vive, son âm
295
ement à la tentation de cultiver le péché. Car de
la
sorte, il s’imagine que réalité spirituelle sera plus vive, son âme p
296
ra plus vive, son âme plus fortement engagée dans
le
tragique essentiel. Calcul faux, comme tous les calculs de l’âme : le
297
ns le tragique essentiel. Calcul faux, comme tous
les
calculs de l’âme : le péché n’est réel que pour celui qui veut s’en a
298
ue essentiel. Calcul faux, comme tous les calculs
de
l’âme : le péché n’est réel que pour celui qui veut s’en arracher. To
299
essentiel. Calcul faux, comme tous les calculs de
l’
âme : le péché n’est réel que pour celui qui veut s’en arracher. Toute
300
l. Calcul faux, comme tous les calculs de l’âme :
le
péché n’est réel que pour celui qui veut s’en arracher. Toute délecta
301
détruit jusqu’aux sens sur lesquels elle régnait.
Le
sentimentalisme, dès qu’il devient délectation des sentiments, donne
302
, donne naissance à une lâcheté singulière devant
la
vie. Né d’un retard dans l’actualisation, il peut tourner alors en un
303
ssance à une lâcheté singulière devant la vie. Né
d’
un retard dans l’actualisation, il peut tourner alors en un refus chro
304
eté singulière devant la vie. Né d’un retard dans
l’
actualisation, il peut tourner alors en un refus chronique. Et c’est e
305
ner alors en un refus chronique. Et c’est en quoi
le
monde latin, monde de la spontanéité, est à son tour plus audacieux,
306
chronique. Et c’est en quoi le monde latin, monde
de
la spontanéité, est à son tour plus audacieux, et pour tout dire, plu
307
onique. Et c’est en quoi le monde latin, monde de
la
spontanéité, est à son tour plus audacieux, et pour tout dire, plus c
308
e monde latin, monde de la spontanéité, est à son
tour
plus audacieux, et pour tout dire, plus chrétien que le monde de l’Eu
309
s audacieux, et pour tout dire, plus chrétien que
le
monde de l’Europe centrale. L’intelligence est sentimentale Le
310
ux, et pour tout dire, plus chrétien que le monde
de
l’Europe centrale. L’intelligence est sentimentale Le sentiment
311
et pour tout dire, plus chrétien que le monde de
l’
Europe centrale. L’intelligence est sentimentale Le sentiment :
312
us chrétien que le monde de l’Europe centrale.
L’
intelligence est sentimentale Le sentiment : un retard, un regret.
313
e centrale. L’intelligence est sentimentale
Le
sentiment : un retard, un regret. Mais c’est aussi un retour amoureux
314
egard qui s’appuie sur soi-même : et voici naître
la
conscience, c’est-à-dire, un état d’intensité mortelle de la vie. Car
315
voici naître la conscience, c’est-à-dire, un état
d’
intensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une
316
ience, c’est-à-dire, un état d’intensité mortelle
de
la vie. Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qu
317
ce, c’est-à-dire, un état d’intensité mortelle de
la
vie. Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qui e
318
dire, un état d’intensité mortelle de la vie. Car
la
conscience de vivre implique une réflexion concrète qui exalte la vie
319
d’intensité mortelle de la vie. Car la conscience
de
vivre implique une réflexion concrète qui exalte la vie ; et dans le
320
vivre implique une réflexion concrète qui exalte
la
vie ; et dans le même temps, un jugement abstrait, qui la tue. Le sen
321
ne réflexion concrète qui exalte la vie ; et dans
le
même temps, un jugement abstrait, qui la tue. Le sentimentalisme n’es
322
et dans le même temps, un jugement abstrait, qui
la
tue. Le sentimentalisme n’est pas du tout le contraire du rationalism
323
le même temps, un jugement abstrait, qui la tue.
Le
sentimentalisme n’est pas du tout le contraire du rationalisme (mais
324
qui la tue. Le sentimentalisme n’est pas du tout
le
contraire du rationalisme (mais nous vivons sur des distinctions de m
325
tionalisme (mais nous vivons sur des distinctions
de
manuels). Il est même étonnant de constater combien exactement ces de
326
es distinctions de manuels). Il est même étonnant
de
constater combien exactement ces deux attitudes de l’esprit sont para
327
e constater combien exactement ces deux attitudes
de
l’esprit sont parallèles. Toutes deux ont leur origine dans un perpét
328
onstater combien exactement ces deux attitudes de
l’
esprit sont parallèles. Toutes deux ont leur origine dans un perpétuel
329
leur origine dans un perpétuel et anxieux besoin
de
dire les choses, comme pour s’en assurer à la fois et s’en délecter3.
330
igine dans un perpétuel et anxieux besoin de dire
les
choses, comme pour s’en assurer à la fois et s’en délecter3. À cette
331
à la fois et s’en délecter3. À cette disposition
l’
on pourrait opposer, plutôt que la taciturne réflexion romaine, la tou
332
tte disposition l’on pourrait opposer, plutôt que
la
taciturne réflexion romaine, la tournure d’esprit sentencieuse et syn
333
poser, plutôt que la taciturne réflexion romaine,
la
tournure d’esprit sentencieuse et synthétique de l’esprit hindou. Et
334
t que la taciturne réflexion romaine, la tournure
d’
esprit sentencieuse et synthétique de l’esprit hindou. Et cela n’est p
335
la tournure d’esprit sentencieuse et synthétique
de
l’esprit hindou. Et cela n’est point trop théorique. Que l’on considè
336
tournure d’esprit sentencieuse et synthétique de
l’
esprit hindou. Et cela n’est point trop théorique. Que l’on considère
337
t hindou. Et cela n’est point trop théorique. Que
l’
on considère en effet le devenir dialectique de la pensée allemande de
338
point trop théorique. Que l’on considère en effet
le
devenir dialectique de la pensée allemande depuis Goethe : c’est à l’
339
ue l’on considère en effet le devenir dialectique
de
la pensée allemande depuis Goethe : c’est à l’Orient, d’instinct, que
340
l’on considère en effet le devenir dialectique de
la
pensée allemande depuis Goethe : c’est à l’Orient, d’instinct, que ce
341
ue de la pensée allemande depuis Goethe : c’est à
l’
Orient, d’instinct, que cette pensée va demander non point seulement s
342
ensée allemande depuis Goethe : c’est à l’Orient,
d’
instinct, que cette pensée va demander non point seulement sa revanche
343
venir. Ne pourrait-on pas voir une autre preuve
de
cette identité formelle dans l’observation suivante : au sortir de l’
344
une autre preuve de cette identité formelle dans
l’
observation suivante : au sortir de l’adolescence, l’homme devient à l
345
rmelle dans l’observation suivante : au sortir de
l’
adolescence, l’homme devient à la fois moins abstrait et moins sentime
346
bservation suivante : au sortir de l’adolescence,
l’
homme devient à la fois moins abstrait et moins sentimental ; cela se
347
t moins porté à généraliser, et borne son désir à
l’
immédiat. — À la limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne.
348
généraliser, et borne son désir à l’immédiat. — À
la
limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne. Goethe en ce se
349
r, et borne son désir à l’immédiat. — À la limite
de
la puissance, c’est la réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bie
350
et borne son désir à l’immédiat. — À la limite de
la
puissance, c’est la réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bien l
351
l’immédiat. — À la limite de la puissance, c’est
la
réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bien l’antiallemand, ou en
352
a réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bien
l’
antiallemand, ou encore comme le disait Curtius, le premier classique
353
ce sens est bien l’antiallemand, ou encore comme
le
disait Curtius, le premier classique allemand. Bien plus que Nietzsch
354
plus que Nietzsche, type du déchiré, qui glorifie
l’
instinct perdu, en véritable sentimental. L’instinct mène au plaisir
355
fie l’instinct perdu, en véritable sentimental.
L’
instinct mène au plaisir par l’acte ; le sentiment à la mélancolie, pa
356
ble sentimental. L’instinct mène au plaisir par
l’
acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en rés
357
mental. L’instinct mène au plaisir par l’acte ;
le
sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que
358
tinct mène au plaisir par l’acte ; le sentiment à
la
mélancolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que la sensualité g
359
ir par l’acte ; le sentiment à la mélancolie, par
le
refus de l’acte. Il en résulte que la sensualité germanique est plus
360
acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus
de
l’acte. Il en résulte que la sensualité germanique est plus conscient
361
e ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de
l’
acte. Il en résulte que la sensualité germanique est plus consciente (
362
ncolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que
la
sensualité germanique est plus consciente (c’est-à-dire à la fois plu
363
dire à la fois plus morose et plus débauchée) que
la
latine. Elle tourne en sentiments dans la mesure où elle refuse de s’
364
ée) que la latine. Elle tourne en sentiments dans
la
mesure où elle refuse de s’accomplir pleinement. L’Italien fait l’amo
365
ourne en sentiments dans la mesure où elle refuse
de
s’accomplir pleinement. L’Italien fait l’amour et n’épilogue pas. L’A
366
mesure où elle refuse de s’accomplir pleinement.
L’
Italien fait l’amour et n’épilogue pas. L’Allemand ne fait pas l’amour
367
refuse de s’accomplir pleinement. L’Italien fait
l’
amour et n’épilogue pas. L’Allemand ne fait pas l’amour et en tire une
368
nement. L’Italien fait l’amour et n’épilogue pas.
L’
Allemand ne fait pas l’amour et en tire une métaphysique4. Le plaisir
369
l’amour et n’épilogue pas. L’Allemand ne fait pas
l’
amour et en tire une métaphysique4. Le plaisir est pour lui rareté, fr
370
ne fait pas l’amour et en tire une métaphysique4.
Le
plaisir est pour lui rareté, friandise, et devient tout de suite une
371
déchirante et délicieuse comme les secondes voix
de
Schumann. Mais la crainte me prend qu’on aille chercher en ces remarq
372
icieuse comme les secondes voix de Schumann. Mais
la
crainte me prend qu’on aille chercher en ces remarques je ne sais que
373
ercher en ces remarques je ne sais quelle défense
d’
un Occident latin dont justement nous récusons l’idéal d’orgueilleuse
374
d’un Occident latin dont justement nous récusons
l’
idéal d’orgueilleuse et stérilisante perfection. L’intelligence latine
375
cident latin dont justement nous récusons l’idéal
d’
orgueilleuse et stérilisante perfection. L’intelligence latine aurait
376
’idéal d’orgueilleuse et stérilisante perfection.
L’
intelligence latine aurait tout à gagner à se laisser berner et houspi
377
dées, trop soumises par leur nature et dépourvues
de
coquetteries. À force de se craindre dupe, elle a perdu le goût de se
378
teries. À force de se craindre dupe, elle a perdu
le
goût de se risquer, de découvrir. Et l’impuissance qui déjà la frappe
379
À force de se craindre dupe, elle a perdu le goût
de
se risquer, de découvrir. Et l’impuissance qui déjà la frappe n’est p
380
raindre dupe, elle a perdu le goût de se risquer,
de
découvrir. Et l’impuissance qui déjà la frappe n’est pas même compens
381
e a perdu le goût de se risquer, de découvrir. Et
l’
impuissance qui déjà la frappe n’est pas même compensée par une réelle
382
risquer, de découvrir. Et l’impuissance qui déjà
la
frappe n’est pas même compensée par une réelle prise de conscience. C
383
ar une réelle prise de conscience. Car voici bien
le
triomphe du sentiment : c’est qu’en définitive il détient plus de réa
384
entiment : c’est qu’en définitive il détient plus
de
réalité que la sensation5. Le désir et le regret sont plus certains q
385
t qu’en définitive il détient plus de réalité que
la
sensation5. Le désir et le regret sont plus certains que le plaisir.
386
ive il détient plus de réalité que la sensation5.
Le
désir et le regret sont plus certains que le plaisir. Seuls ils suppo
387
nt plus de réalité que la sensation5. Le désir et
le
regret sont plus certains que le plaisir. Seuls ils supportent dans l
388
on5. Le désir et le regret sont plus certains que
le
plaisir. Seuls ils supportent dans leur sein la réflexion. Bien plus,
389
e le plaisir. Seuls ils supportent dans leur sein
la
réflexion. Bien plus, ils la provoquent, l’animent et la rendent rayo
390
rtent dans leur sein la réflexion. Bien plus, ils
la
provoquent, l’animent et la rendent rayonnante, au lieu que le plaisi
391
sein la réflexion. Bien plus, ils la provoquent,
l’
animent et la rendent rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, o
392
exion. Bien plus, ils la provoquent, l’animent et
la
rendent rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue. La
393
, l’animent et la rendent rayonnante, au lieu que
le
plaisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’
394
la rendent rayonnante, au lieu que le plaisir ou
la
fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’intelligence v
395
rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou
la
tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’intelligence véritable est
396
te, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue.
La
sensualité adore la bêtise. Mais l’intelligence véritable est toujour
397
laisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore
la
bêtise. Mais l’intelligence véritable est toujours sentimentale. ⁂ Eu
398
t, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais
l’
intelligence véritable est toujours sentimentale. ⁂ Europe du sentimen
399
jours sentimentale. ⁂ Europe du sentiment, patrie
de
la lenteur, — encore un paradis perdu ! C’était bien notre dernier lu
400
rs sentimentale. ⁂ Europe du sentiment, patrie de
la
lenteur, — encore un paradis perdu ! C’était bien notre dernier luxe,
401
vie. Mais ils s’achètent des Bugatti pour brûler
les
étapes d’un destin qu’ils pressentent absurde. Rien désormais ne pour
402
ils s’achètent des Bugatti pour brûler les étapes
d’
un destin qu’ils pressentent absurde. Rien désormais ne pourra plus no
403
bsurde. Rien désormais ne pourra plus nous rendre
le
silence et la lenteur des choses. Derniers refuges, vastes auberges d
404
ésormais ne pourra plus nous rendre le silence et
la
lenteur des choses. Derniers refuges, vastes auberges de la Souabe où
405
eur des choses. Derniers refuges, vastes auberges
de
la Souabe où l’on chantait les chœurs de Schubert après boire — et le
406
des choses. Derniers refuges, vastes auberges de
la
Souabe où l’on chantait les chœurs de Schubert après boire — et les h
407
Derniers refuges, vastes auberges de la Souabe où
l’
on chantait les chœurs de Schubert après boire — et les hommes parlaie
408
es, vastes auberges de la Souabe où l’on chantait
les
chœurs de Schubert après boire — et les hommes parlaient lentement, p
409
auberges de la Souabe où l’on chantait les chœurs
de
Schubert après boire — et les hommes parlaient lentement, parlaient p
410
chantait les chœurs de Schubert après boire — et
les
hommes parlaient lentement, parlaient peu —, c’est le secret de votre
411
ommes parlaient lentement, parlaient peu —, c’est
le
secret de votre bienveillance que je voudrais rechercher maintenant.
412
aient lentement, parlaient peu —, c’est le secret
de
votre bienveillance que je voudrais rechercher maintenant. Bienveilla
413
escence encore « marche, s’arrête et marche, avec
le
col penché »… Contribution à l’archéologie des états d’âme. L’Europ
414
e et marche, avec le col penché »… Contribution à
l’
archéologie des états d’âme. L’Europe du sentiment, c’est notre Euro
415
penché »… Contribution à l’archéologie des états
d’
âme. L’Europe du sentiment, c’est notre Europe des adieux. Elle ne v
416
… Contribution à l’archéologie des états d’âme.
L’
Europe du sentiment, c’est notre Europe des adieux. Elle ne vit plus q
417
es adieux. Elle ne vit plus qu’en nous déjà, nous
la
portons encore comme le souvenir d’un soir d’adolescence sur la prair
418
lus qu’en nous déjà, nous la portons encore comme
le
souvenir d’un soir d’adolescence sur la prairie où des filles s’éloig
419
us déjà, nous la portons encore comme le souvenir
d’
un soir d’adolescence sur la prairie où des filles s’éloignent en chan
420
ous la portons encore comme le souvenir d’un soir
d’
adolescence sur la prairie où des filles s’éloignent en chantant. Voic
421
ore comme le souvenir d’un soir d’adolescence sur
la
prairie où des filles s’éloignent en chantant. Voici la nuit du souve
422
irie où des filles s’éloignent en chantant. Voici
la
nuit du souvenir, brève nuit d’août et souvenirs de nos enfances. Ce
423
n chantant. Voici la nuit du souvenir, brève nuit
d’
août et souvenirs de nos enfances. Ce soir des Signes où des renards s
424
nuit du souvenir, brève nuit d’août et souvenirs
de
nos enfances. Ce soir des Signes où des renards sortirent à la lisièr
425
es. Ce soir des Signes où des renards sortirent à
la
lisière de la forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus, l’orage s’
426
des Signes où des renards sortirent à la lisière
de
la forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus, l’orage s’amassait. M
427
s Signes où des renards sortirent à la lisière de
la
forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus, l’orage s’amassait. Ma m
428
e la forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus,
l’
orage s’amassait. Ma mère me dit : « Il va y avoir une averse. Cours à
429
mère me dit : « Il va y avoir une averse. Cours à
la
rencontre de ton père et donne-lui cette pèlerine. » Et quand je le r
430
« Il va y avoir une averse. Cours à la rencontre
de
ton père et donne-lui cette pèlerine. » Et quand je le rejoignis dans
431
n père et donne-lui cette pèlerine. » Et quand je
le
rejoignis dans l’obscurité tombante, il m’embrassa. Les premières gou
432
i cette pèlerine. » Et quand je le rejoignis dans
l’
obscurité tombante, il m’embrassa. Les premières gouttes tombaient et
433
il m’embrassa. Les premières gouttes tombaient et
le
tonnerre roulait au loin mais je n’avais plus peur. Pourtant je vis d
434
Pourtant je vis des larmes dans ses yeux, c’était
la
guerre. Brève nuit d’août, le temps d’un peu se souvenir. Et bientôt
435
mes dans ses yeux, c’était la guerre. Brève nuit
d’
août, le temps d’un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra l’aube dure.
436
ses yeux, c’était la guerre. Brève nuit d’août,
le
temps d’un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra l’aube dure. Alors no
437
, c’était la guerre. Brève nuit d’août, le temps
d’
un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra l’aube dure. Alors nous entrer
438
e temps d’un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra
l’
aube dure. Alors nous entrerons dans cette joie sauvage du Grand Jour,
439
u Grand Jour, où nous irons avec ce qu’il restera
de
bonté dans notre cœur, plus inutile que jamais, dominatrice et bafoué
440
du sentimentalisme subjectif qui rend impossible
la
conception toute classique, objective, latine, spatiale et statique,
441
tine, spatiale et statique, qui présida au dessin
de
la Carte du Tendre. C’est le cri d’un poète français, non d’un França
442
e, spatiale et statique, qui présida au dessin de
la
Carte du Tendre. C’est le cri d’un poète français, non d’un Français.
443
ui présida au dessin de la Carte du Tendre. C’est
le
cri d’un poète français, non d’un Français. 2. Hegel serait le philo
444
ida au dessin de la Carte du Tendre. C’est le cri
d’
un poète français, non d’un Français. 2. Hegel serait le philosophe p
445
du Tendre. C’est le cri d’un poète français, non
d’
un Français. 2. Hegel serait le philosophe par excellence de l’Europe
446
ète français, non d’un Français. 2. Hegel serait
le
philosophe par excellence de l’Europe Centrale. Ce qu’il a tenté d’ét
447
is. 2. Hegel serait le philosophe par excellence
de
l’Europe Centrale. Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l
448
2. Hegel serait le philosophe par excellence de
l’
Europe Centrale. Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l’éq
449
excellence de l’Europe Centrale. Ce qu’il a tenté
d’
étaler dans l’Histoire, c’est l’équation d’existence de l’âme allemand
450
l’Europe Centrale. Ce qu’il a tenté d’étaler dans
l’
Histoire, c’est l’équation d’existence de l’âme allemande. Mais il a v
451
Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est
l’
équation d’existence de l’âme allemande. Mais il a voulu que ses momen
452
tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l’équation
d’
existence de l’âme allemande. Mais il a voulu que ses moments fussent
453
ler dans l’Histoire, c’est l’équation d’existence
de
l’âme allemande. Mais il a voulu que ses moments fussent successifs :
454
dans l’Histoire, c’est l’équation d’existence de
l’
âme allemande. Mais il a voulu que ses moments fussent successifs : c’
455
ses moments fussent successifs : c’était un moyen
de
la résoudre. Et c’est justement cette « résolution » que combattra Ki
456
moments fussent successifs : c’était un moyen de
la
résoudre. Et c’est justement cette « résolution » que combattra Kierk
457
on » que combattra Kierkegaard. Chez Kierkegaard,
la
dialectique redevient simultanée, irréductible, vivante… 3. Que l’on
458
evient simultanée, irréductible, vivante… 3. Que
l’
on pense aux expansions verbeuses de Jean-Paul ou du Hölderlin d’Hypér
459
ante… 3. Que l’on pense aux expansions verbeuses
de
Jean-Paul ou du Hölderlin d’Hypérion ; et d’autre part, à la manie d’
460
l ou du Hölderlin d’Hypérion ; et d’autre part, à
la
manie d’exposition systématique et statistique des professeurs allema
461
ölderlin d’Hypérion ; et d’autre part, à la manie
d’
exposition systématique et statistique des professeurs allemands. Autr
462
e des professeurs allemands. Autre exemple : tous
les
romantiques allemands sont nourris des théorèmes de Spinoza. 4. Je n
463
romantiques allemands sont nourris des théorèmes
de
Spinoza. 4. Je n’entends point par là que la métaphysique allemande
464
mes de Spinoza. 4. Je n’entends point par là que
la
métaphysique allemande est fille de la timidité sexuelle : il est cla
465
nt par là que la métaphysique allemande est fille
de
la timidité sexuelle : il est clair que, s’il y avait une filiation à
466
par là que la métaphysique allemande est fille de
la
timidité sexuelle : il est clair que, s’il y avait une filiation à ét
467
t clair que, s’il y avait une filiation à établir
de
l’une à l’autre, j’opterais pour l’inverse. En réalité, les deux phén
468
ion à établir de l’une à l’autre, j’opterais pour
l’
inverse. En réalité, les deux phénomènes relèvent, encore une fois, d’
469
à l’autre, j’opterais pour l’inverse. En réalité,
les
deux phénomènes relèvent, encore une fois, d’un même état d’âme. Le n
470
é, les deux phénomènes relèvent, encore une fois,
d’
un même état d’âme. Le nommer serait nommer l’une des raisons d’être p
471
relèvent, encore une fois, d’un même état d’âme.
Le
nommer serait nommer l’une des raisons d’être profonde du monde germa
472
d’âme. Le nommer serait nommer l’une des raisons
d’
être profonde du monde germanique. 5. Seule réalité vivante prise en
473
Seule réalité vivante prise en considération par
l’
intelligence rationaliste.
474
n étoile nervalienne. Je vins à Vienne pour fuir
l’
Amérique. Mais les Viennois avaient fui dans les opérettes de Strauss,
475
nne. Je vins à Vienne pour fuir l’Amérique. Mais
les
Viennois avaient fui dans les opérettes de Strauss, qu’on ne trouve p
476
ir l’Amérique. Mais les Viennois avaient fui dans
les
opérettes de Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. Dans les danci
477
Mais les Viennois avaient fui dans les opérettes
de
Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. Dans les dancings, un peupl
478
de Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. Dans
les
dancings, un peuple de fêtards modérés, Juifs et ressortissants de la
479
uve plus nulle part. Dans les dancings, un peuple
de
fêtards modérés, Juifs et ressortissants de la Petite-Entente, applau
480
euple de fêtards modérés, Juifs et ressortissants
de
la Petite-Entente, applaudissait chaque soir entre deux airs anglais
481
le de fêtards modérés, Juifs et ressortissants de
la
Petite-Entente, applaudissait chaque soir entre deux airs anglais Le
482
applaudissait chaque soir entre deux airs anglais
Le
Beau Danube bleu, en commémoration polie d’un passé imaginaire, ou pe
483
glais Le Beau Danube bleu, en commémoration polie
d’
un passé imaginaire, ou peut-être pour essayer de se prendre encore au
484
d’un passé imaginaire, ou peut-être pour essayer
de
se prendre encore au rêve de valse qu’on était venu chercher parce qu
485
ut-être pour essayer de se prendre encore au rêve
de
valse qu’on était venu chercher parce que cela vaudrait bien d’autres
486
cela vaudrait bien d’autres stupéfiants. Mais un
tour
de tambour anéantissait cette Vienne tout occupée à ressembler à l’id
487
vaudrait bien d’autres stupéfiants. Mais un tour
de
tambour anéantissait cette Vienne tout occupée à ressembler à l’idée
488
ntissait cette Vienne tout occupée à ressembler à
l’
idée qu’on s’en fait. Le Ring, trop large, ouvert au vent glacial, cr
489
t occupée à ressembler à l’idée qu’on s’en fait.
Le
Ring, trop large, ouvert au vent glacial, crée autour du centre de la
490
ge, ouvert au vent glacial, crée autour du centre
de
la ville une insécurité qui fait songer à la Russie et au sifflement
491
ouvert au vent glacial, crée autour du centre de
la
ville une insécurité qui fait songer à la Russie et au sifflement des
492
ntre de la ville une insécurité qui fait songer à
la
Russie et au sifflement des balles perdues d’une révolution. Sept heu
493
r à la Russie et au sifflement des balles perdues
d’
une révolution. Sept heures du soir : le moment était venu d’arrêter l
494
s perdues d’une révolution. Sept heures du soir :
le
moment était venu d’arrêter le plan de la soirée, et cette promenade
495
ution. Sept heures du soir : le moment était venu
d’
arrêter le plan de la soirée, et cette promenade où il y avait juste a
496
t heures du soir : le moment était venu d’arrêter
le
plan de la soirée, et cette promenade où il y avait juste assez de pa
497
du soir : le moment était venu d’arrêter le plan
de
la soirée, et cette promenade où il y avait juste assez de passants p
498
soir : le moment était venu d’arrêter le plan de
la
soirée, et cette promenade où il y avait juste assez de passants pour
499
rée, et cette promenade où il y avait juste assez
de
passants pour qu’on la sentît déserte ne me proposait qu’une frileuse
500
où il y avait juste assez de passants pour qu’on
la
sentît déserte ne me proposait qu’une frileuse nostalgie. Mais qui fa
501
e frileuse nostalgie. Mais qui fallait-il accuser
de
cette duperie, qui rendre responsable de ma déception, sinon moi-même
502
accuser de cette duperie, qui rendre responsable
de
ma déception, sinon moi-même, me dis-je bientôt. Car je professe qu’u
503
son objet, de même qu’atteignant un certain degré
d’
intensité, un état d’âme crée une situation qui l’exprime — bien qu’on
504
d’intensité, un état d’âme crée une situation qui
l’
exprime — bien qu’on pense généralement l’inverse. Donc, n’ayant pas r
505
ion qui l’exprime — bien qu’on pense généralement
l’
inverse. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’avais d’un ro
506
, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’avais
d’
un romantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de compromis sen
507
omantisme viennois, je fus conduit, par une sorte
de
compromis sentimental, à l’Opéra où l’on donnait les Contes d’Hoffman
508
onduit, par une sorte de compromis sentimental, à
l’
Opéra où l’on donnait les Contes d’Hoffmann. Je comprends aujourd’hui
509
une sorte de compromis sentimental, à l’Opéra où
l’
on donnait les Contes d’Hoffmann. Je comprends aujourd’hui le lien qui
510
compromis sentimental, à l’Opéra où l’on donnait
les
Contes d’Hoffmann. Je comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans
511
sentimental, à l’Opéra où l’on donnait les Contes
d’
Hoffmann. Je comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans mon espri
512
t les Contes d’Hoffmann. Je comprends aujourd’hui
le
lien qui unissait dans mon esprit Vienne et Hoffmann : c’était le sou
513
sait dans mon esprit Vienne et Hoffmann : c’était
le
souvenir de Gérard de Nerval. Mais je pense que je n’avais même pas p
514
n esprit Vienne et Hoffmann : c’était le souvenir
de
Gérard de Nerval. Mais je pense que je n’avais même pas prononcé ment
515
ononcé mentalement ce nom lorsque je m’assis dans
l’
ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouver à côté d’une
516
dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé
de
me trouver à côté d’une place vide : la jolie femme qu’on attend dans
517
re, en retard, un peu ennuyé de me trouver à côté
d’
une place vide : la jolie femme qu’on attend dans ces circonstances, u
518
eu ennuyé de me trouver à côté d’une place vide :
la
jolie femme qu’on attend dans ces circonstances, une fois de plus man
519
dans ces circonstances, une fois de plus manquait
le
rendez-vous que j’avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème d
520
uait le rendez-vous que j’avais demandé au hasard
d’
arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’empare bientôt de tout mon
521
us que j’avais demandé au hasard d’arranger. Mais
le
thème de la Barcarolle s’empare bientôt de tout mon être — ainsi d’au
522
avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème
de
la Barcarolle s’empare bientôt de tout mon être — ainsi d’autres devi
523
is demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de
la
Barcarolle s’empare bientôt de tout mon être — ainsi d’autres devienn
524
. Mais le thème de la Barcarolle s’empare bientôt
de
tout mon être — ainsi d’autres deviennent patriotes au son d’une fanf
525
être — ainsi d’autres deviennent patriotes au son
d’
une fanfare militaire, ainsi je m’abandonne au rêve d’un monde que sus
526
e fanfare militaire, ainsi je m’abandonne au rêve
d’
un monde que suscite en moi seul peut-être cette plainte heureuse des
527
eul peut-être cette plainte heureuse des violons.
Le
diable sort des parois, noir et blanc, la ravissante héroïne est à so
528
iolons. Le diable sort des parois, noir et blanc,
la
ravissante héroïne est à son piano, c’est un duo des ténèbres et de l
529
ïne est à son piano, c’est un duo des ténèbres et
de
la pureté où vibrent par instants les accords d’une harmonie surnatur
530
est à son piano, c’est un duo des ténèbres et de
la
pureté où vibrent par instants les accords d’une harmonie surnaturell
531
ténèbres et de la pureté où vibrent par instants
les
accords d’une harmonie surnaturelle. Et tout cela chanté dans une lan
532
de la pureté où vibrent par instants les accords
d’
une harmonie surnaturelle. Et tout cela chanté dans une langue que je
533
p plus loin que moi, il n’entend pas ma question.
L’
envie me prend d’aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évoca
534
oi, il n’entend pas ma question. L’envie me prend
d’
aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation d’un amour t
535
’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller
le
rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation d’un amour tragiquem
536
d d’aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à
l’
évocation d’un amour tragiquement mêlé à des forces inconnues et menaç
537
rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation
d’
un amour tragiquement mêlé à des forces inconnues et menaçantes. Mais
538
t mêlé à des forces inconnues et menaçantes. Mais
la
musique est si légère, la voix de la jeune fille si transparente : la
539
ues et menaçantes. Mais la musique est si légère,
la
voix de la jeune fille si transparente : la mort même en devient moin
540
enaçantes. Mais la musique est si légère, la voix
de
la jeune fille si transparente : la mort même en devient moins brutal
541
çantes. Mais la musique est si légère, la voix de
la
jeune fille si transparente : la mort même en devient moins brutale.
542
gère, la voix de la jeune fille si transparente :
la
mort même en devient moins brutale. Elle rôde ici comme une tristesse
543
omme une tristesse amoureuse. Elle n’est plus que
l’
approche d’une grandeur où se perdraient nos amours terrestres dans d’
544
istesse amoureuse. Elle n’est plus que l’approche
d’
une grandeur où se perdraient nos amours terrestres dans d’imprévisibl
545
ndeur où se perdraient nos amours terrestres dans
d’
imprévisibles transfigurations — l’heure anxieuse et mélancolique où l
546
errestres dans d’imprévisibles transfigurations —
l’
heure anxieuse et mélancolique où l’on quitte ce visage aimé pour d’au
547
figurations — l’heure anxieuse et mélancolique où
l’
on quitte ce visage aimé pour d’autres plus beaux peut-être, mais inco
548
plus beaux peut-être, mais inconnus. Et voici que
la
forme blanche, sous un brusque faisceau de lumière m’apparaît avec le
549
ci que la forme blanche, sous un brusque faisceau
de
lumière m’apparaît avec le visage même de mon amour. Je me sens volup
550
us un brusque faisceau de lumière m’apparaît avec
le
visage même de mon amour. Je me sens voluptueusement perdre pied. Ver
551
aisceau de lumière m’apparaît avec le visage même
de
mon amour. Je me sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revo
552
. Je me sens voluptueusement perdre pied. Vertige
de
te revoir, vertige de te perdre vraiment, parce que c’est toi, parce
553
sement perdre pied. Vertige de te revoir, vertige
de
te perdre vraiment, parce que c’est toi, parce que c’est bien toi de
554
ix, à côté de moi, c’est une chose singulière que
le
pouvoir de cette musique. Voici que vous êtes tout près de comprendre
555
de moi, c’est une chose singulière que le pouvoir
de
cette musique. Voici que vous êtes tout près de comprendre… Mon voisi
556
ourtant ne se détournait. Comment pouvais-je être
le
seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous vene
557
se détournait. Comment pouvais-je être le seul à
l’
avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez d’attein
558
u ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez
d’
atteindre au monde des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous m
559
renez certaines choses par votre souffrance… Mais
le
temps approche où vous n’aurez plus besoin de souffrir pour comprendr
560
ais le temps approche où vous n’aurez plus besoin
de
souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumière quitta la scène, un
561
n’aurez plus besoin de souffrir pour comprendre.
Le
faisceau de lumière quitta la scène, un reflet balaya le parterre, le
562
s besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau
de
lumière quitta la scène, un reflet balaya le parterre, le visage de m
563
ir pour comprendre. Le faisceau de lumière quitta
la
scène, un reflet balaya le parterre, le visage de mon voisin m’apparu
564
ceau de lumière quitta la scène, un reflet balaya
le
parterre, le visage de mon voisin m’apparut, pâle dans son collier de
565
re quitta la scène, un reflet balaya le parterre,
le
visage de mon voisin m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire.
566
la scène, un reflet balaya le parterre, le visage
de
mon voisin m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis
567
ge de mon voisin m’apparut, pâle dans son collier
de
barbe noire. Je sentis que je l’avais déjà reconnu. Il portait une ca
568
dans son collier de barbe noire. Je sentis que je
l’
avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu-sombre, à la mode de 1830
569
déjà reconnu. Il portait une cape bleu-sombre, à
la
mode de 1830, qui, à la rigueur, pouvait passer pour une élégance trè
570
connu. Il portait une cape bleu-sombre, à la mode
de
1830, qui, à la rigueur, pouvait passer pour une élégance très modern
571
t une cape bleu-sombre, à la mode de 1830, qui, à
la
rigueur, pouvait passer pour une élégance très moderne. Il n’y avait
572
moderne. Il n’y avait dans toute sa personne rien
de
positivement démodé ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce f
573
e rien de positivement démodé ; je n’eus même pas
le
sentiment de quoi que ce fût d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m
574
itivement démodé ; je n’eus même pas le sentiment
de
quoi que ce fût d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’avait jeté l
575
je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce fût
d’
immatériel. D’ailleurs le trouble où m’avait jeté la première reconnai
576
iment de quoi que ce fût d’immatériel. D’ailleurs
le
trouble où m’avait jeté la première reconnaissance empêcha ma raison
577
jeté la première reconnaissance empêcha ma raison
d’
intervenir entre la réalité de ma vision et mon cerveau pris au défaut
578
connaissance empêcha ma raison d’intervenir entre
la
réalité de ma vision et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de
579
e empêcha ma raison d’intervenir entre la réalité
de
ma vision et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de principes e
580
éalité de ma vision et mon cerveau pris au défaut
de
sa carapace de principes et d’évidences opaques. Nous sortîmes de l’O
581
sion et mon cerveau pris au défaut de sa carapace
de
principes et d’évidences opaques. Nous sortîmes de l’Opéra, Gérard de
582
eau pris au défaut de sa carapace de principes et
d’
évidences opaques. Nous sortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi,
583
e principes et d’évidences opaques. Nous sortîmes
de
l’Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans nous être rien dit d’autre, co
584
rincipes et d’évidences opaques. Nous sortîmes de
l’
Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans nous être rien dit d’autre, comme
585
Gérard de Nerval et moi, sans nous être rien dit
d’
autre, comme des amis qui se connaissent depuis si longtemps qu’un éch
586
qu’un échange tacite suffit aux petites décisions
de
la vie quotidienne. Gérard tenait en laisse le fameux homard enrubann
587
un échange tacite suffit aux petites décisions de
la
vie quotidienne. Gérard tenait en laisse le fameux homard enrubanné.
588
ns de la vie quotidienne. Gérard tenait en laisse
le
fameux homard enrubanné. « Cela vexe les Viennois, me dit-il, parce q
589
en laisse le fameux homard enrubanné. « Cela vexe
les
Viennois, me dit-il, parce qu’ils y voient une façon de me moquer de
590
nnois, me dit-il, parce qu’ils y voient une façon
de
me moquer de leurs petits chiens muselés… Je n’en suis pas fâché. »
591
-il, parce qu’ils y voient une façon de me moquer
de
leurs petits chiens muselés… Je n’en suis pas fâché. » Il y avait p
592
suis pas fâché. » Il y avait peu de monde dans
les
rues. Des jeunes gens avec une femme à chaque bras, l’air de ne pas t
593
es. Des jeunes gens avec une femme à chaque bras,
l’
air de ne pas trop s’amuser. Ceci du moins n’a guère changé, dis-je, s
594
s jeunes gens avec une femme à chaque bras, l’air
de
ne pas trop s’amuser. Ceci du moins n’a guère changé, dis-je, songean
595
ins n’a guère changé, dis-je, songeant aux Amours
de
Vienne. Certes, répondit Gérard, malgré les apparences, cette vie sen
596
Amours de Vienne. Certes, répondit Gérard, malgré
les
apparences, cette vie sentimentale est une des seules réalités qui co
597
ne des seules réalités qui correspondent encore à
l’
image classique de Vienne. Sentimentalisme capricieux d’ailleurs, dépo
598
ités qui correspondent encore à l’image classique
de
Vienne. Sentimentalisme capricieux d’ailleurs, dépourvu d’ironie mais
599
. Sentimentalisme capricieux d’ailleurs, dépourvu
d’
ironie mais non pas de légèreté. C’est une sorte d’inconstance folâtre
600
icieux d’ailleurs, dépourvu d’ironie mais non pas
de
légèreté. C’est une sorte d’inconstance folâtre qui cache une incapac
601
’ironie mais non pas de légèreté. C’est une sorte
d’
inconstance folâtre qui cache une incapacité définitive à se passionne
602
soit. Cette ville, qui est toute caresses, a peur
de
l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose que je comprends assez bien, a
603
t. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de
l’
étreinte… C’est d’ailleurs une chose que je comprends assez bien, ajou
604
moment, comme nous traversions une rue sillonnée
de
taxis rapides, le homard refusa obstinément de progresser. Gérard dut
605
s traversions une rue sillonnée de taxis rapides,
le
homard refusa obstinément de progresser. Gérard dut le prendre sous l
606
ée de taxis rapides, le homard refusa obstinément
de
progresser. Gérard dut le prendre sous le bras, et les paires de pinc
607
mard refusa obstinément de progresser. Gérard dut
le
prendre sous le bras, et les paires de pinces s’accrochèrent désespér
608
inément de progresser. Gérard dut le prendre sous
le
bras, et les paires de pinces s’accrochèrent désespérément à ses manc
609
rogresser. Gérard dut le prendre sous le bras, et
les
paires de pinces s’accrochèrent désespérément à ses manches. De terre
610
Gérard dut le prendre sous le bras, et les paires
de
pinces s’accrochèrent désespérément à ses manches. De terreur, le hom
611
inces s’accrochèrent désespérément à ses manches.
De
terreur, le homard avait rougi : il conserva toute la nuit une magnif
612
ochèrent désespérément à ses manches. De terreur,
le
homard avait rougi : il conserva toute la nuit une magnifique couleur
613
erreur, le homard avait rougi : il conserva toute
la
nuit une magnifique couleur orangée. Gérard semblait habitué à ces so
614
eur orangée. Gérard semblait habitué à ces sortes
de
scènes. On reparla de l’inconstance viennoise. Gérard l’attribuait à
615
mblait habitué à ces sortes de scènes. On reparla
de
l’inconstance viennoise. Gérard l’attribuait à une certaine anémie de
616
ait habitué à ces sortes de scènes. On reparla de
l’
inconstance viennoise. Gérard l’attribuait à une certaine anémie des s
617
es. On reparla de l’inconstance viennoise. Gérard
l’
attribuait à une certaine anémie des sentiments, à un manque de caract
618
à une certaine anémie des sentiments, à un manque
de
caractère aussi. La fidélité véritable est une œuvre d’art qui demand
619
e des sentiments, à un manque de caractère aussi.
La
fidélité véritable est une œuvre d’art qui demande un long effort, et
620
st une œuvre d’art qui demande un long effort, et
les
Viennois sont, par nature et par attitude, des gens fatigués. — Pour
621
s gens fatigués. — Pour moi, dit Gérard, je situe
l’
amour dans un monde où la question fidélité ou inconstance ne se pose
622
oi, dit Gérard, je situe l’amour dans un monde où
la
question fidélité ou inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n
623
ion fidélité ou inconstance ne se pose plus. Vous
le
savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissant b
624
en y réfléchissant bien, mais peut-être était-ce
la
même sous deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ont rete
625
ce la même sous deux attributs différents. Toutes
les
femmes qui m’ont retenu un instant, c’était parce qu’elles évoquaient
626
t amour, c’était parce que je découvrais en elles
de
secrètes ressemblances, qui pour les autres paraissaient purement mys
627
rais en elles de secrètes ressemblances, qui pour
les
autres paraissaient purement mystiques… Mais vous savez, « les autres
628
raissaient purement mystiques… Mais vous savez, «
les
autres » n’y comprennent jamais rien, dès qu’on aime… Oh ! cette femm
629
regard, un certain regard, mais j’ai su retrouver
la
sensation de ce regard jusque dans des objets — et c’est cela seul qu
630
rtain regard, mais j’ai su retrouver la sensation
de
ce regard jusque dans des objets — et c’est cela seul qui donne un se
631
mps. Livrons-nous plutôt à une petite malice dont
l’
idée me vient à la vue de cette vendeuse de fleurs. C’était la petite
632
e dont l’idée me vient à la vue de cette vendeuse
de
fleurs. C’était la petite bossue qui vend des roses et des œillets ru
633
ent à la vue de cette vendeuse de fleurs. C’était
la
petite bossue qui vend des roses et des œillets rue de Carinthie. Gér
634
lques œillets rouges en expliquant qu’elle devait
les
donner au hasard, à une jolie femme qui passerait seule. Nous nous ar
635
erait seule. Nous nous arrêtâmes non loin, auprès
d’
une devanture de robes de soie, nous amusant à imaginer les corps préc
636
s nous arrêtâmes non loin, auprès d’une devanture
de
robes de soie, nous amusant à imaginer les corps précieux qui les rev
637
rêtâmes non loin, auprès d’une devanture de robes
de
soie, nous amusant à imaginer les corps précieux qui les revêtiraient
638
vanture de robes de soie, nous amusant à imaginer
les
corps précieux qui les revêtiraient. Vint à pas pressés une jeune fem
639
e, nous amusant à imaginer les corps précieux qui
les
revêtiraient. Vint à pas pressés une jeune femme, chapeau rouge et ma
640
pressés une jeune femme, chapeau rouge et manteau
de
fourrure brune, inévitablement. Et ce qui se passa fut, hélas, non mo
641
e qui se passa fut, hélas, non moins inévitable :
la
jeune femme refusa d’abord les fleurs pour se donner le temps de rega
642
moins inévitable : la jeune femme refusa d’abord
les
fleurs pour se donner le temps de regarder autour d’elle ; l’intérêt
643
ne femme refusa d’abord les fleurs pour se donner
le
temps de regarder autour d’elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dis
644
refusa d’abord les fleurs pour se donner le temps
de
regarder autour d’elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler n
645
fleurs pour se donner le temps de regarder autour
d’
elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle f
646
ur se donner le temps de regarder autour d’elle ;
l’
intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit donc
647
donc par accepter et vint à nous avec un sourire
d’
opérette : « Les Messieurs sont vraiment gentils ! » Il n’y avait plus
648
ter et vint à nous avec un sourire d’opérette : «
Les
Messieurs sont vraiment gentils ! » Il n’y avait plus qu’à lui prendr
649
dont Gérard attendait évidemment quelque imprévu,
la
seule atteinte à la coutume viennoise. L’enfant était charmante, comm
650
t évidemment quelque imprévu, la seule atteinte à
la
coutume viennoise. L’enfant était charmante, comme elles le sont pres
651
mprévu, la seule atteinte à la coutume viennoise.
L’
enfant était charmante, comme elles le sont presque toutes dans cette
652
viennoise. L’enfant était charmante, comme elles
le
sont presque toutes dans cette ville, — du type que Gérard et Théo no
653
ain où nous nous engouffrâmes dans un grand bruit
de
saxophones et de cors anglais jouant la Marche de Tannhäuser en tango
654
engouffrâmes dans un grand bruit de saxophones et
de
cors anglais jouant la Marche de Tannhäuser en tango, un Balkanique t
655
and bruit de saxophones et de cors anglais jouant
la
Marche de Tannhäuser en tango, un Balkanique très lisse nous délivra
656
r en tango, un Balkanique très lisse nous délivra
de
notre conquête pour la durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà ce
657
ue très lisse nous délivra de notre conquête pour
la
durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà ce que c’est que de prend
658
anses. Gérard bâillait : « Voilà ce que c’est que
de
prendre des femmes au hasard, disait-il. Je sens très bien que nous a
659
vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être
de
cette pêche miraculeuse — c’est une façon de parler — à laquelle on s
660
être de cette pêche miraculeuse — c’est une façon
de
parler — à laquelle on se livre dans ces lieux de plaisir — autre faç
661
de parler — à laquelle on se livre dans ces lieux
de
plaisir — autre façon de parler. On dit que j’ai vécu d’illusions, av
662
se livre dans ces lieux de plaisir — autre façon
de
parler. On dit que j’ai vécu d’illusions, avouez que les miennes étai
663
sir — autre façon de parler. On dit que j’ai vécu
d’
illusions, avouez que les miennes étaient de meilleure qualité : car c
664
vécu d’illusions, avouez que les miennes étaient
de
meilleure qualité : car c’est une pauvre illusion que le plaisir qu’o
665
leure qualité : car c’est une pauvre illusion que
le
plaisir qu’on vient chercher ici avec le premier être venu. — Certes,
666
e venu. — Certes, poursuivit-il, je comprends que
l’
Europe est en décadence quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdr
667
comprends que l’Europe est en décadence quand je
la
regarde s’amuser. Je vois se perdre ce sens des correspondances secrè
668
ules faisaient sa dignité humaine, parce qu’elles
le
rattachaient aux buts les plus hauts de notre vie. Ces citadins blasé
669
humaine, parce qu’elles le rattachaient aux buts
les
plus hauts de notre vie. Ces citadins blasés s’amusent plus grossière
670
qu’elles le rattachaient aux buts les plus hauts
de
notre vie. Ces citadins blasés s’amusent plus grossièrement que des b
671
é, avec des femmes qui élargissent des sourires à
la
mesure exacte de leur générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes
672
s qui élargissent des sourires à la mesure exacte
de
leur générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes de distributeurs
673
à la mesure exacte de leur générosité. Vos boîtes
de
nuit sont des sortes de distributeurs automatiques de plaisir. Autant
674
ur générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes
de
distributeurs automatiques de plaisir. Autant dire que ceux qui les f
675
uit sont des sortes de distributeurs automatiques
de
plaisir. Autant dire que ceux qui les fréquentent ne savent plus ce q
676
automatiques de plaisir. Autant dire que ceux qui
les
fréquentent ne savent plus ce que c’est que le plaisir. Ils prennent
677
i les fréquentent ne savent plus ce que c’est que
le
plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ont pas été prépar
678
été préparées pour leur soif. Ils ne savent plus
les
signes ni les ressemblances. Aussi l’ennui règne-t-il bruyamment dans
679
pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni
les
ressemblances. Aussi l’ennui règne-t-il bruyamment dans ces lieux : c
680
avent plus les signes ni les ressemblances. Aussi
l’
ennui règne-t-il bruyamment dans ces lieux : cet orchestre triomphant
681
t épaissis. Regardez ces yeux mornes, ou luisants
de
concupiscences élémentaires : Ce sont vos contemporains livrés à la d
682
élémentaires : Ce sont vos contemporains livrés à
la
démocratie des plaisirs dans une foire éclatante de faux luxe. La mis
683
démocratie des plaisirs dans une foire éclatante
de
faux luxe. La misère, c’est de voir ici des femmes aussi ravissantes
684
s plaisirs dans une foire éclatante de faux luxe.
La
misère, c’est de voir ici des femmes aussi ravissantes que celle-là q
685
ne foire éclatante de faux luxe. La misère, c’est
de
voir ici des femmes aussi ravissantes que celle-là qui danse en robe
686
qui danse en robe mauve, avec tant de gravité et
de
détachement. Je viens souvent la regarder, à cause de la noblesse de
687
nt de gravité et de détachement. Je viens souvent
la
regarder, à cause de la noblesse de sa danse. Je la nomme Clarissa, p
688
chement. Je viens souvent la regarder, à cause de
la
noblesse de sa danse. Je la nomme Clarissa, parce que cela lui va. Ma
689
viens souvent la regarder, à cause de la noblesse
de
sa danse. Je la nomme Clarissa, parce que cela lui va. Mais comme c’e
690
regarder, à cause de la noblesse de sa danse. Je
la
nomme Clarissa, parce que cela lui va. Mais comme c’est odieux qu’une
691
x qu’une créature aussi parfaite soit touchée par
les
mains outrageusement baguées de ces courtiers alourdis de « Knödl ».
692
soit touchée par les mains outrageusement baguées
de
ces courtiers alourdis de « Knödl ». En Orient on en ferait une chose
693
outrageusement baguées de ces courtiers alourdis
de
« Knödl ». En Orient on en ferait une chose extrêmement précieuse, qu
694
’on n’approcherait qu’avec un sentiment religieux
de
la beauté. Mais je crois que l’Occident est devenu fou. Il ne compren
695
n’approcherait qu’avec un sentiment religieux de
la
beauté. Mais je crois que l’Occident est devenu fou. Il ne comprend p
696
ntiment religieux de la beauté. Mais je crois que
l’
Occident est devenu fou. Il ne comprend plus rien. » Des bugles agonis
697
. » Des bugles agonisaient, aux dernières mesures
d’
un tango. Notre encombrante conquête revint s’asseoir auprès de nous.
698
moins. « Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-elle
d’
un ton de reproche, évidemment scandalisée par cette atteinte aux lois
699
Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-elle d’un ton
de
reproche, évidemment scandalisée par cette atteinte aux lois du genre
700
scandalisée par cette atteinte aux lois du genre
le
plus conventionnel qui soit. Gérard la regarda avec une certaine piti
701
s du genre le plus conventionnel qui soit. Gérard
la
regarda avec une certaine pitié : « Chère enfant, dit-il doucement, p
702
ment, pauvre colombe dépareillée, vous n’avez pas
de
ressemblance, et c’est bien ce qui vous perdra. » La pauvre fille ne
703
ressemblance, et c’est bien ce qui vous perdra. »
La
pauvre fille ne comprenant pas, il y eut un moment pénible, comme il
704
un moment pénible, comme il arrive lorsqu’un peu
d’
humanité vient interrompre une comédie aux attitudes convenues, et don
705
pre une comédie aux attitudes convenues, et donne
l’
air bête aux acteurs. Puis Gérard embrassa paternellement la belle eff
706
aux acteurs. Puis Gérard embrassa paternellement
la
belle effarée, et nous sortîmes, non sans avoir délivré le homard qui
707
effarée, et nous sortîmes, non sans avoir délivré
le
homard qui, laissé au vestiaire, y était l’objet de vexations diverse
708
livré le homard qui, laissé au vestiaire, y était
l’
objet de vexations diverses et de curiosités grossières de la part des
709
homard qui, laissé au vestiaire, y était l’objet
de
vexations diverses et de curiosités grossières de la part des garçons
710
stiaire, y était l’objet de vexations diverses et
de
curiosités grossières de la part des garçons. « Encore une proie inut
711
s garçons. « Encore une proie inutile lâchée pour
l’
ombre, dit Gérard d’un ton rêveur et malicieux. Mais l’ombre de cette
712
une proie inutile lâchée pour l’ombre, dit Gérard
d’
un ton rêveur et malicieux. Mais l’ombre de cette ville illusoire est
713
re, dit Gérard d’un ton rêveur et malicieux. Mais
l’
ombre de cette ville illusoire est la plus douce à mes vagabondages sa
714
Gérard d’un ton rêveur et malicieux. Mais l’ombre
de
cette ville illusoire est la plus douce à mes vagabondages sans but.
715
icieux. Mais l’ombre de cette ville illusoire est
la
plus douce à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes file
716
es sans but. Vous savez, je lance mes filets dans
l’
eau des nuits, et quelquefois j’en ramène des animaux aux yeux bizarre
717
ène des animaux aux yeux bizarres où je sais lire
les
signes. » Comme je ne répondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-
718
efs il y a très longtemps, très longtemps… Et pas
de
Lune ce soir, il serait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers m
719
emps… Et pas de Lune ce soir, il serait dangereux
de
s’endormir. » Se penchant vers moi il prononça : « La nuit sera noire
720
’endormir. » Se penchant vers moi il prononça : «
La
nuit sera noire et blanche. » Je ressentis quelque émotion à l’ouïe d
721
oire et blanche. » Je ressentis quelque émotion à
l’
ouïe de cette phrase célèbre. Les cocktails du Moulin-Rouge avaient pe
722
blanche. » Je ressentis quelque émotion à l’ouïe
de
cette phrase célèbre. Les cocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu
723
quelque émotion à l’ouïe de cette phrase célèbre.
Les
cocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notre sang. Nos pe
724
Nos pensées devenaient légères comme des ballons.
La
rumeur de Vienne baignait nos corps fatigués jusqu’à l’insensibilité
725
s devenaient légères comme des ballons. La rumeur
de
Vienne baignait nos corps fatigués jusqu’à l’insensibilité et l’illus
726
eur de Vienne baignait nos corps fatigués jusqu’à
l’
insensibilité et l’illusion étendait sur toutes choses une aile d’ombr
727
ait nos corps fatigués jusqu’à l’insensibilité et
l’
illusion étendait sur toutes choses une aile d’ombre flatteuse aux cap
728
et l’illusion étendait sur toutes choses une aile
d’
ombre flatteuse aux caprices redoutables. Cette nuit-là nous rencontrâ
729
des oiseaux nous parlèrent, bientôt dissous dans
le
vent. Tout n’était que reflet, passages, allusions. Plus tard, dans
730
s, allusions. Plus tard, dans un petit bar laqué
de
noir jusqu’à mi-hauteur, puis couvert de glaces qui, reflétant le pla
731
ar laqué de noir jusqu’à mi-hauteur, puis couvert
de
glaces qui, reflétant le plafond à caissons dorés, l’étendent indéfin
732
mi-hauteur, puis couvert de glaces qui, reflétant
le
plafond à caissons dorés, l’étendent indéfiniment — c’est un ciel sus
733
laces qui, reflétant le plafond à caissons dorés,
l’
étendent indéfiniment — c’est un ciel suspendu assez bas sur nos têtes
734
ulé joue très doucement. Nous sommes assis autour
d’
une petite table lumineuse, verdâtre, et Gérard, penché sur cet aquari
735
use, verdâtre, et Gérard, penché sur cet aquarium
de
rêves, discourt et décrit les images qu’il y découvre. Il y a les ail
736
ché sur cet aquarium de rêves, discourt et décrit
les
images qu’il y découvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont l
737
urt et décrit les images qu’il y découvre. Il y a
les
ailes du Moulin-Rouge, qui sont les bras de Clarissa dans sa danse, e
738
ouvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont
les
bras de Clarissa dans sa danse, et Clarissa c’est aussi l’Anglaise au
739
y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont les bras
de
Clarissa dans sa danse, et Clarissa c’est aussi l’Anglaise aux citron
740
e Clarissa dans sa danse, et Clarissa c’est aussi
l’
Anglaise aux citrons de Pompéi, l’Octavie du golfe de Marseille, ou bi
741
e, et Clarissa c’est aussi l’Anglaise aux citrons
de
Pompéi, l’Octavie du golfe de Marseille, ou bien plutôt, par on ne sa
742
ssa c’est aussi l’Anglaise aux citrons de Pompéi,
l’
Octavie du golfe de Marseille, ou bien plutôt, par on ne sait quelle e
743
nglaise aux citrons de Pompéi, l’Octavie du golfe
de
Marseille, ou bien plutôt, par on ne sait quelle erreur d’images, — c
744
lle, ou bien plutôt, par on ne sait quelle erreur
d’
images, — ce serait la gravité énigmatique d’Adrienne ; mais dans le l
745
ar on ne sait quelle erreur d’images, — ce serait
la
gravité énigmatique d’Adrienne ; mais dans le lointain, Aurélia lui r
746
reur d’images, — ce serait la gravité énigmatique
d’
Adrienne ; mais dans le lointain, Aurélia lui répond d’un regard parei
747
ait la gravité énigmatique d’Adrienne ; mais dans
le
lointain, Aurélia lui répond d’un regard pareil. Des visages naissent
748
ienne ; mais dans le lointain, Aurélia lui répond
d’
un regard pareil. Des visages naissent comme des étoiles dans un halo,
749
es naissent comme des étoiles dans un halo, comme
les
couleurs sous les paupières ; s’élargissent, se fondent, et se superp
750
des étoiles dans un halo, comme les couleurs sous
les
paupières ; s’élargissent, se fondent, et se superposent, restituant
751
dent, et se superposent, restituant vivantes dans
la
même minute toutes les incarnations d’un amour dont l’être éternel pe
752
t, restituant vivantes dans la même minute toutes
les
incarnations d’un amour dont l’être éternel peu à peu transparaît au
753
antes dans la même minute toutes les incarnations
d’
un amour dont l’être éternel peu à peu transparaît au travers de ses m
754
me minute toutes les incarnations d’un amour dont
l’
être éternel peu à peu transparaît au travers de ses manifestations. G
755
erté magnifique et angoissante. Il mêle tout dans
le
temps et l’espace. Cent années et tous les visages aimés revivent dan
756
que et angoissante. Il mêle tout dans le temps et
l’
espace. Cent années et tous les visages aimés revivent dans cette coup
757
ut dans le temps et l’espace. Cent années et tous
les
visages aimés revivent dans cette coupe de songes, avec leurs illusio
758
tous les visages aimés revivent dans cette coupe
de
songes, avec leurs illusions, — ces formes passagères que nous croyon
759
s seules réelles, ces reflets qui nous illuminent
le
visage terrestre des choses dont l’autre moitié sera toujours cachée,
760
s dont l’autre moitié sera toujours cachée, ainsi
la
Lune et sa moitié d’ombre. Et parce que tout revit en un instant dans
761
sera toujours cachée, ainsi la Lune et sa moitié
d’
ombre. Et parce que tout revit en un instant dans cette vision, il con
762
en un instant dans cette vision, il connaît enfin
la
substance unique de ses amours, il communie avec quelque chose d’éter
763
ette vision, il connaît enfin la substance unique
de
ses amours, il communie avec quelque chose d’éternel. Tous les drames
764
que de ses amours, il communie avec quelque chose
d’
éternel. Tous les drames du monde ne sont que des décors mouvants dans
765
s, il communie avec quelque chose d’éternel. Tous
les
drames du monde ne sont que des décors mouvants dans la lueur bariolé
766
mes du monde ne sont que des décors mouvants dans
la
lueur bariolée des sentiments, ils ne sont que reflets, épisodes, sym
767
ts, ils ne sont que reflets, épisodes, symboles :
le
vrai drame de son destin est ailleurs. Il se met alors à m’expliquer
768
t que reflets, épisodes, symboles : le vrai drame
de
son destin est ailleurs. Il se met alors à m’expliquer des signes, de
769
sent aux pierres précieuses en passant par toutes
les
formes animales. L’âme du monde palpite dans cette confidence. Il m’e
770
ieuses en passant par toutes les formes animales.
L’
âme du monde palpite dans cette confidence. Il m’enseigne que la passi
771
palpite dans cette confidence. Il m’enseigne que
la
passion seule, par la souffrance qu’elle entraîne, nous révèle le sen
772
nfidence. Il m’enseigne que la passion seule, par
la
souffrance qu’elle entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et
773
, par la souffrance qu’elle entraîne, nous révèle
le
sens réel de nos vies, et peu à peu, de leurs moindres rencontres. La
774
france qu’elle entraîne, nous révèle le sens réel
de
nos vies, et peu à peu, de leurs moindres rencontres. La fatigue calm
775
us révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu,
de
leurs moindres rencontres. La fatigue calme son lyrisme et son exalta
776
vies, et peu à peu, de leurs moindres rencontres.
La
fatigue calme son lyrisme et son exaltation. Il semble se rapprocher
777
yrisme et son exaltation. Il semble se rapprocher
de
moi. Il me raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que po
778
on. Il semble se rapprocher de moi. Il me raconte
de
ces superstitions qui ne sont enfantines que pour nos savants retombé
779
Il dit que sa vie ressemble surtout à un film où
les
épisodes s’appellent par le simple jeu des images, se voient par tran
780
surtout à un film où les épisodes s’appellent par
le
simple jeu des images, se voient par transparence l’un au travers de
781
vers de l’autre. Il dit : « Pour celui qui saisit
les
correspondances, chaque geste, chaque minute d’une vie résume cette v
782
les correspondances, chaque geste, chaque minute
d’
une vie résume cette vie entière, et fait allusion à tout ce qu’il y a
783
ntière, et fait allusion à tout ce qu’il y a sous
le
soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, vous pourriez écrire une Vie si
784
oyez-moi, vous pourriez écrire une Vie simultanée
de
Gérard : elle tiendrait toute en une heure, en un lieu, en une vision
785
une vision. » Nous sortîmes. Seules des trompes
d’
autos s’appelaient dans la nuit froide. Gérard ne disait presque plus
786
mes. Seules des trompes d’autos s’appelaient dans
la
nuit froide. Gérard ne disait presque plus rien ; à peine, de temps e
787
, qui semblait d’ailleurs endormi. En passant par
la
Freyung, nous vîmes un palais aux fenêtres illuminées. Des autos atte
788
fenêtres illuminées. Des autos attendaient devant
le
porche grand ouvert. Les chauffeurs battaient la semelle dans la neig
789
autos attendaient devant le porche grand ouvert.
Les
chauffeurs battaient la semelle dans la neige fraîche ou s’accoudaien
790
le porche grand ouvert. Les chauffeurs battaient
la
semelle dans la neige fraîche ou s’accoudaient à la banquette d’un ki
791
ouvert. Les chauffeurs battaient la semelle dans
la
neige fraîche ou s’accoudaient à la banquette d’un kiosque à « Würste
792
semelle dans la neige fraîche ou s’accoudaient à
la
banquette d’un kiosque à « Würstel » où nous nous arrêtâmes. Au léger
793
la neige fraîche ou s’accoudaient à la banquette
d’
un kiosque à « Würstel » où nous nous arrêtâmes. Au léger sifflement d
794
fflement du bec de gaz sans manchon qui éclairait
la
boutique, et que le vent menaçait à chaque instant d’éteindre, le hom
795
az sans manchon qui éclairait la boutique, et que
le
vent menaçait à chaque instant d’éteindre, le homard se réveilla. Gér
796
outique, et que le vent menaçait à chaque instant
d’
éteindre, le homard se réveilla. Gérard m’expliqua qu’il en était ains
797
que le vent menaçait à chaque instant d’éteindre,
le
homard se réveilla. Gérard m’expliqua qu’il en était ainsi chaque nui
798
m’expliqua qu’il en était ainsi chaque nuit, que
l’
animal devenait nerveux et que depuis quelques semaines, il avait dû l
799
veux et que depuis quelques semaines, il avait dû
le
mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion et la fit pre
800
caviar. Il en demanda donc une petite portion et
la
fit prendre au homard avec toutes sortes de soins. Les chauffeurs reg
801
on et la fit prendre au homard avec toutes sortes
de
soins. Les chauffeurs regardaient d’un œil las, trop las pour s’étonn
802
it prendre au homard avec toutes sortes de soins.
Les
chauffeurs regardaient d’un œil las, trop las pour s’étonner. Transi,
803
outes sortes de soins. Les chauffeurs regardaient
d’
un œil las, trop las pour s’étonner. Transi, je me balançais d’un pied
804
trop las pour s’étonner. Transi, je me balançais
d’
un pied sur l’autre dans la neige fondante, tout en croquant une de ce
805
ransi, je me balançais d’un pied sur l’autre dans
la
neige fondante, tout en croquant une de ces saucisses à la moutarde q
806
utre dans la neige fondante, tout en croquant une
de
ces saucisses à la moutarde qu’on appelle ici « Frankfurter » et aill
807
fondante, tout en croquant une de ces saucisses à
la
moutarde qu’on appelle ici « Frankfurter » et ailleurs « Wienerli ».
808
« Frankfurter » et ailleurs « Wienerli ». Soudain
les
autos se mirent à ronfler. Par le grand escalier, au fond de la cour
809
rli ». Soudain les autos se mirent à ronfler. Par
le
grand escalier, au fond de la cour du palais, descendaient les invité
810
mirent à ronfler. Par le grand escalier, au fond
de
la cour du palais, descendaient les invités du bal. Des femmes sans c
811
rent à ronfler. Par le grand escalier, au fond de
la
cour du palais, descendaient les invités du bal. Des femmes sans chap
812
alier, au fond de la cour du palais, descendaient
les
invités du bal. Des femmes sans chapeau couraient vers les voitures,
813
és du bal. Des femmes sans chapeau couraient vers
les
voitures, les hommes s’inclinaient pour des baise-mains silencieux et
814
femmes sans chapeau couraient vers les voitures,
les
hommes s’inclinaient pour des baise-mains silencieux et mécaniques. J
815
ux faces maigres qui ressemblaient terriblement à
d’
anciens Habsbourg, des comtes athlétiques et la silhouette échassière
816
à d’anciens Habsbourg, des comtes athlétiques et
la
silhouette échassière de la jeune duchesse de Clam-Clammansfeld en ma
817
es comtes athlétiques et la silhouette échassière
de
la jeune duchesse de Clam-Clammansfeld en manteau de velours rose, do
818
comtes athlétiques et la silhouette échassière de
la
jeune duchesse de Clam-Clammansfeld en manteau de velours rose, dont
819
la jeune duchesse de Clam-Clammansfeld en manteau
de
velours rose, dont la tête frisée jetait des insolences sur les chape
820
lam-Clammansfeld en manteau de velours rose, dont
la
tête frisée jetait des insolences sur les chapeaux noirs de ses caval
821
se, dont la tête frisée jetait des insolences sur
les
chapeaux noirs de ses cavaliers. Tout cela s’empila dans les autos ;
822
isée jetait des insolences sur les chapeaux noirs
de
ses cavaliers. Tout cela s’empila dans les autos ; en un quart d’heur
823
x noirs de ses cavaliers. Tout cela s’empila dans
les
autos ; en un quart d’heure, il n’y eut plus personne, la place s’éte
824
; en un quart d’heure, il n’y eut plus personne,
la
place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’étaient fixés intensément,
825
Gérard ? Ses yeux s’étaient fixés intensément, à
la
sortie des invités, sur une femme qui s’en allait toute seule vers un
826
me qui s’en allait toute seule vers une voiture à
l’
écart des autres. Une femme aux cheveux noirs en bandeaux, au teint pâ
827
mme aux cheveux noirs en bandeaux, au teint pâle,
l’
air d’autrefois. Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fu
828
x cheveux noirs en bandeaux, au teint pâle, l’air
d’
autrefois. Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apai
829
autrefois. Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand
la
place se fut apaisée, je m’aperçus que j’étais seul. Une dernière aut
830
olument silencieuse fila devant moi ; je reconnus
la
voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux étaient bais
831
encieuse fila devant moi ; je reconnus la voiture
de
la femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux étaient baissés. Déj
832
ieuse fila devant moi ; je reconnus la voiture de
la
femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux étaient baissés. Déjà o
833
s la voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais
les
rideaux étaient baissés. Déjà on criait les journaux du matin, des
834
is les rideaux étaient baissés. Déjà on criait
les
journaux du matin, des triporteurs passèrent à toute vitesse, m’éclab
835
orteurs passèrent à toute vitesse, m’éclaboussant
de
neige et de titres dépourvus de sens. Je dormais debout. (Vienne, 192
836
èrent à toute vitesse, m’éclaboussant de neige et
de
titres dépourvus de sens. Je dormais debout. (Vienne, 1928) 6. Quel
837
e, m’éclaboussant de neige et de titres dépourvus
de
sens. Je dormais debout. (Vienne, 1928) 6. Quelque chose comme « pâ
838
Une « tasse
de
thé » au Palais C… Il fait fausse route, celui qui considère la ch
839
s C… Il fait fausse route, celui qui considère
la
chose mondaine autrement que comme symbolique. Hofmannsthal Un aqu
840
que comme symbolique. Hofmannsthal Un aquarium
de
lumière rose où nagent des phoques à ventre blanc qui sont des minist
841
ènes en lamé qui sont presque des dames, et aussi
de
vrais messieurs et de vraies dames : ils montent et descendent de tou
842
presque des dames, et aussi de vrais messieurs et
de
vraies dames : ils montent et descendent de toutes parts, du haut des
843
iers que décorent trois opulents Tiepolo, du fond
d’
un hall périlleux, pressés, poliment bousculés de salon en salon ; et,
844
d’un hall périlleux, pressés, poliment bousculés
de
salon en salon ; et, plus loin que la rumeur des voix, orchestre du g
845
t bousculés de salon en salon ; et, plus loin que
la
rumeur des voix, orchestre du grand monde qui accorde, s’égarent parf
846
parfois dans un silence qui s’approfondit au long
de
corridors capitonnés d’amarante, du côté des collections de vieux Ven
847
qui s’approfondit au long de corridors capitonnés
d’
amarante, du côté des collections de vieux Venise, jusqu’au petit salo
848
rs capitonnés d’amarante, du côté des collections
de
vieux Venise, jusqu’au petit salon où il y a deux Bellini. Et que dir
849
dissimulées derrière des cardinaux du xviiie , —
de
cet air mystérieux qu’on prend ici à rester seul. Il faudrait se cach
850
end ici à rester seul. Il faudrait se cacher dans
les
plis de ces hauts rideaux dorés, pour écouter Mozart et attendre, qui
851
rester seul. Il faudrait se cacher dans les plis
de
ces hauts rideaux dorés, pour écouter Mozart et attendre, qui sait ?
852
iqueurs transfigurantes, — il faudrait un miracle
d’
amour qui fasse pousser un grand cri à un homme qu’on verrait alors s’
853
ns un silence impressionnant et rester longtemps,
les
yeux agrandis, aux pieds d’une femme qui ne le regarderait pas, qui a
854
et rester longtemps, les yeux agrandis, aux pieds
d’
une femme qui ne le regarderait pas, qui aurait l’air seulement d’écou
855
, les yeux agrandis, aux pieds d’une femme qui ne
le
regarderait pas, qui aurait l’air seulement d’écouter autre chose…
856
ne le regarderait pas, qui aurait l’air seulement
d’
écouter autre chose… En vérité le monde propose à l’imagination de
857
air seulement d’écouter autre chose… En vérité
le
monde propose à l’imagination de bien étranges spectacles ; pourquoi
858
uter autre chose… En vérité le monde propose à
l’
imagination de bien étranges spectacles ; pourquoi veut-il qu’on les i
859
se… En vérité le monde propose à l’imagination
de
bien étranges spectacles ; pourquoi veut-il qu’on les ignore ou qu’on
860
bien étranges spectacles ; pourquoi veut-il qu’on
les
ignore ou qu’on le feigne ? D’un balcon, entre deux hautes colonnes,
861
cles ; pourquoi veut-il qu’on les ignore ou qu’on
le
feigne ? D’un balcon, entre deux hautes colonnes, je vois des jardins
862
uoi veut-il qu’on les ignore ou qu’on le feigne ?
D’
un balcon, entre deux hautes colonnes, je vois des jardins florentins
863
rés par dedans. Côté jardin, côté « cour »… Mais
de
quoi s’agit-il dans cette intrigue monotone et serrée, et dont se per
864
otone et serrée, et dont se perd à chaque instant
le
fil conducteur ? Ils improvisent tous un rôle, mais le ton seul est c
865
l conducteur ? Ils improvisent tous un rôle, mais
le
ton seul est convenu ; et l’on en reste indéfiniment à la présentatio
866
t tous un rôle, mais le ton seul est convenu ; et
l’
on en reste indéfiniment à la présentation des acteurs. Ah ! jeter tou
867
eul est convenu ; et l’on en reste indéfiniment à
la
présentation des acteurs. Ah ! jeter tout cela dans quelque vaudevill
868
eville dont une poésie insolente et ivre tirerait
les
ficelles ! Quelle figuration pour une satire à grand spectacle de not
869
elle figuration pour une satire à grand spectacle
de
notre civilisation finissante ! (Vous souriez ? Vous mourrez avec ell
870
souriez ? Vous mourrez avec elle.) Cependant, que
de
belles personnes — en vain ! Et quelle tenue. Ici l’on sait encore qu
871
belles personnes — en vain ! Et quelle tenue. Ici
l’
on sait encore qu’un Américain n’est qu’un nouveau riche ; ailleurs on
872
Américain n’est qu’un nouveau riche ; ailleurs on
les
imite. Il est vrai que voici enfin des Autrichiens pur sang ; moi qui
873
ns pur sang ; moi qui prétendais l’autre jour que
les
Suisses les avaient tous tués au Morgarten ! — et mes Juifs de grogne
874
; moi qui prétendais l’autre jour que les Suisses
les
avaient tous tués au Morgarten ! — et mes Juifs de grogner d’aise. La
875
s avaient tous tués au Morgarten ! — et mes Juifs
de
grogner d’aise. La noblesse germanique fait encore des enfants et ils
876
ous tués au Morgarten ! — et mes Juifs de grogner
d’
aise. La noblesse germanique fait encore des enfants et ils sont grand
877
au Morgarten ! — et mes Juifs de grogner d’aise.
La
noblesse germanique fait encore des enfants et ils sont grands5 beaux
878
Cette société n’a peut-être pas encore oublié que
la
race s’oppose à l’individu. Ici, plus qu’ailleurs, l’originalité est
879
eut-être pas encore oublié que la race s’oppose à
l’
individu. Ici, plus qu’ailleurs, l’originalité est signe de sang mêlé.
880
ace s’oppose à l’individu. Ici, plus qu’ailleurs,
l’
originalité est signe de sang mêlé. Ici comme ailleurs, il faut être c
881
u. Ici, plus qu’ailleurs, l’originalité est signe
de
sang mêlé. Ici comme ailleurs, il faut être conforme, au moins en app
882
en apparence. Mais ce n’est pas à une routine que
l’
on sacrifie, à une morale, à je ne sais quel profit : c’est à une para
883
ontestablement vaine. Il y a peu de mensonge dans
le
grand monde : plutôt des règles de jeu, et personne n’a l’idée d’y cr
884
mensonge dans le grand monde : plutôt des règles
de
jeu, et personne n’a l’idée d’y croire. Le pire mensonge est dans la
885
monde : plutôt des règles de jeu, et personne n’a
l’
idée d’y croire. Le pire mensonge est dans la vie réputée pratique, pa
886
plutôt des règles de jeu, et personne n’a l’idée
d’
y croire. Le pire mensonge est dans la vie réputée pratique, parce qu’
887
règles de jeu, et personne n’a l’idée d’y croire.
Le
pire mensonge est dans la vie réputée pratique, parce qu’il n’y est p
888
n’a l’idée d’y croire. Le pire mensonge est dans
la
vie réputée pratique, parce qu’il n’y est pas avoué. — Ce que je me d
889
e je me dis là, c’est un truisme. Truisme a l’air
d’
être le nom d’une de ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en
890
dis là, c’est un truisme. Truisme a l’air d’être
le
nom d’une de ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en souria
891
, c’est un truisme. Truisme a l’air d’être le nom
d’
une de ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en souriant de f
892
t un truisme. Truisme a l’air d’être le nom d’une
de
ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en souriant de fauteui
893
es un peu volumineuses qui déambulent en souriant
de
fauteuil en divan, portant de petits animaux au museau pointu sur leu
894
mbulent en souriant de fauteuil en divan, portant
de
petits animaux au museau pointu sur leurs épaules naguère divines. Je
895
intu sur leurs épaules naguère divines. Je pars à
l’
aventure. Bientôt je parviens à un immense salon où beaucoup de gens d
896
x, regardent quelque chose qui se passe au centre
de
la pièce. Il y a là dans un espace vide un piano à l’aile levée, et d
897
regardent quelque chose qui se passe au centre de
la
pièce. Il y a là dans un espace vide un piano à l’aile levée, et deva
898
a pièce. Il y a là dans un espace vide un piano à
l’
aile levée, et devant le piano, assis sur un tabouret bas — le pan de
899
un espace vide un piano à l’aile levée, et devant
le
piano, assis sur un tabouret bas — le pan de l’habit repose sur le pa
900
, et devant le piano, assis sur un tabouret bas —
le
pan de l’habit repose sur le parquet — quelqu’un qui ressemble à Rich
901
vant le piano, assis sur un tabouret bas — le pan
de
l’habit repose sur le parquet — quelqu’un qui ressemble à Richard Str
902
t le piano, assis sur un tabouret bas — le pan de
l’
habit repose sur le parquet — quelqu’un qui ressemble à Richard Straus
903
ur un tabouret bas — le pan de l’habit repose sur
le
parquet — quelqu’un qui ressemble à Richard Strauss, et qui est Richa
904
est Richard Strauss. Il touche quelques accords,
l’
acteur Moissi tourne les pages et secoue ses mèches, Elizabeth Schuman
905
l touche quelques accords, l’acteur Moissi tourne
les
pages et secoue ses mèches, Elizabeth Schumann, adossée au piano, cha
906
plaisir… C’est bouleversant et presque ridicule.
Le
corps diplomatique, debout en cercle, écoute dans un recueillement st
907
llement stupide, applaudit, poliment enivré. Mais
le
miracle se poursuit. C’est maintenant Hugo von Hofmannsthal qui appar
908
apparaît comme ses œuvres naissent : au carrefour
de
la célébrité, de l’élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des v
909
araît comme ses œuvres naissent : au carrefour de
la
célébrité, de l’élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des vers
910
s œuvres naissent : au carrefour de la célébrité,
de
l’élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent d
911
uvres naissent : au carrefour de la célébrité, de
l’
élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de p
912
: au carrefour de la célébrité, de l’élégance et
d’
une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la
913
r de la célébrité, de l’élégance et d’une musique
de
Strauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la poésie est dan
914
et d’une musique de Strauss. Il lit des vers sur
le
vent de printemps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’habi
915
e musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent
de
printemps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’habit classi
916
rauss. Il lit des vers sur le vent de printemps :
la
poésie est dans toutes les anthologies, l’habit classique, l’accent p
917
le vent de printemps : la poésie est dans toutes
les
anthologies, l’habit classique, l’accent profond et nasillard d’origi
918
emps : la poésie est dans toutes les anthologies,
l’
habit classique, l’accent profond et nasillard d’origine juive ; une m
919
t dans toutes les anthologies, l’habit classique,
l’
accent profond et nasillard d’origine juive ; une main pend sur l’ébèn
920
l’habit classique, l’accent profond et nasillard
d’
origine juive ; une main pend sur l’ébène, succombant à ses bagues. On
921
et nasillard d’origine juive ; une main pend sur
l’
ébène, succombant à ses bagues. On voudrait que cela dure longtemps, o
922
mps, on voudrait comprendre ce qui se passe… Mais
le
poète referme son livre, plie ses lunettes, baise la main de la maîtr
923
poète referme son livre, plie ses lunettes, baise
la
main de la maîtresse de maison qui lui offre son bras et l’entraîne d
924
ferme son livre, plie ses lunettes, baise la main
de
la maîtresse de maison qui lui offre son bras et l’entraîne dans le b
925
me son livre, plie ses lunettes, baise la main de
la
maîtresse de maison qui lui offre son bras et l’entraîne dans le bal.
926
la maîtresse de maison qui lui offre son bras et
l’
entraîne dans le bal. Vit-on jamais plus courtoise dérision du génie.
927
maison qui lui offre son bras et l’entraîne dans
le
bal. Vit-on jamais plus courtoise dérision du génie. Spectacle en vér
928
e. Spectacle en vérité terriblement intéressant !
Le
xxe siècle européen offre ici de lui-même l’image la plus flattée :
929
t intéressant ! Le xxe siècle européen offre ici
de
lui-même l’image la plus flattée : son plus grand musicien, des écriv
930
t ! Le xxe siècle européen offre ici de lui-même
l’
image la plus flattée : son plus grand musicien, des écrivains célèbre
931
xe siècle européen offre ici de lui-même l’image
la
plus flattée : son plus grand musicien, des écrivains célèbres, des c
932
paraît son étrange impuissance : tous ces accords
de
gloire et de génie ne font qu’une rumeur informe, insignifiante. Tout
933
range impuissance : tous ces accords de gloire et
de
génie ne font qu’une rumeur informe, insignifiante. Tout se dégrade e
934
Tout se dégrade en amabilités. N’oublions pas que
l’
on a réuni tant de richesses de tous les ordres — pour rien. Exactemen
935
N’oublions pas que l’on a réuni tant de richesses
de
tous les ordres — pour rien. Exactement. Ni plaisir ni profits. Voilà
936
ns pas que l’on a réuni tant de richesses de tous
les
ordres — pour rien. Exactement. Ni plaisir ni profits. Voilà bien à q
937
profits. Voilà bien à quels jeux aboutissent tant
d’
ambition et le sérieux dans les affaires : une civilisation qui se don
938
bien à quels jeux aboutissent tant d’ambition et
le
sérieux dans les affaires : une civilisation qui se donne à elle-même
939
ux aboutissent tant d’ambition et le sérieux dans
les
affaires : une civilisation qui se donne à elle-même un défilé de man
940
e civilisation qui se donne à elle-même un défilé
de
mannequins. Comme tout ce qui n’a pas de raison, voilà qui est plein
941
n défilé de mannequins. Comme tout ce qui n’a pas
de
raison, voilà qui est plein de significations troublantes. Cela donne
942
out ce qui n’a pas de raison, voilà qui est plein
de
significations troublantes. Cela donne à penser, prête à rire, mais j
943
penser, prête à rire, mais je réserve pour demain
les
conclusions de philosophe, on m’entraîne par le bras vers les jardins
944
rire, mais je réserve pour demain les conclusions
de
philosophe, on m’entraîne par le bras vers les jardins. Des ballerine
945
les conclusions de philosophe, on m’entraîne par
le
bras vers les jardins. Des ballerines de l’opéra dansent autour d’une
946
ons de philosophe, on m’entraîne par le bras vers
les
jardins. Des ballerines de l’opéra dansent autour d’une vasque, dans
947
aîne par le bras vers les jardins. Des ballerines
de
l’opéra dansent autour d’une vasque, dans un théâtre de grands buis t
948
e par le bras vers les jardins. Des ballerines de
l’
opéra dansent autour d’une vasque, dans un théâtre de grands buis tail
949
jardins. Des ballerines de l’opéra dansent autour
d’
une vasque, dans un théâtre de grands buis taillés à l’italienne. Un p
950
péra dansent autour d’une vasque, dans un théâtre
de
grands buis taillés à l’italienne. Un projecteur balaie les gazons, l
951
vasque, dans un théâtre de grands buis taillés à
l’
italienne. Un projecteur balaie les gazons, les terrasses, des amateur
952
buis taillés à l’italienne. Un projecteur balaie
les
gazons, les terrasses, des amateurs de baisers dans l’ombre et des fu
953
s à l’italienne. Un projecteur balaie les gazons,
les
terrasses, des amateurs de baisers dans l’ombre et des fumeurs isolés
954
ur balaie les gazons, les terrasses, des amateurs
de
baisers dans l’ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le tour de bi
955
zons, les terrasses, des amateurs de baisers dans
l’
ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le tour de bien des choses, H
956
s dans l’ombre et des fumeurs isolés qui ont fait
le
tour de bien des choses, Hofmannsthal enfin, serré dans un petit mant
957
ans l’ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le
tour
de bien des choses, Hofmannsthal enfin, serré dans un petit manteau,
958
’ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le tour
de
bien des choses, Hofmannsthal enfin, serré dans un petit manteau, vis
959
au, visiblement aux prises une fois de plus, avec
le
dilemme hamlétique, — celui pourtant, depuis trente ans, qu’il résout
960
lui pourtant, depuis trente ans, qu’il résout par
l’
acte d’écrire… Moi je suis dans les buis, près des basses du petit orc
961
rtant, depuis trente ans, qu’il résout par l’acte
d’
écrire… Moi je suis dans les buis, près des basses du petit orchestre,
962
u’il résout par l’acte d’écrire… Moi je suis dans
les
buis, près des basses du petit orchestre, avec des écharpes et du sen
963
orchestre, avec des écharpes et du sentiment. (Vu
de
près, le sourire éperdu des ballerines est émouvant, masque plus vrai
964
, avec des écharpes et du sentiment. (Vu de près,
le
sourire éperdu des ballerines est émouvant, masque plus vrai que leur
965
ai que leurs visages.) On éteint. Et c’est alors,
d’
un balcon qui domine les groupes, une voix qui descend avec un tremble
966
On éteint. Et c’est alors, d’un balcon qui domine
les
groupes, une voix qui descend avec un tremblement d’étoile. Richard S
967
groupes, une voix qui descend avec un tremblement
d’
étoile. Richard Strauss a levé la tête, il reçoit sur son bon visage o
968
c un tremblement d’étoile. Richard Strauss a levé
la
tête, il reçoit sur son bon visage où cette rosée divine fait perler
969
sage où cette rosée divine fait perler une larme,
la
bénédiction de sa musique. Les petites baronnes ont froid, veulent re
970
osée divine fait perler une larme, la bénédiction
de
sa musique. Les petites baronnes ont froid, veulent rentrer, car elle
971
t perler une larme, la bénédiction de sa musique.
Les
petites baronnes ont froid, veulent rentrer, car elles sont sages. Da
972
roid, veulent rentrer, car elles sont sages. Dans
les
salons désertés du rez-de-chaussée, elles me désignent un des rêves d
973
rez-de-chaussée, elles me désignent un des rêves
de
mon adolescence : sur un canapé d’angle, drapée dans une robe longue,
974
t un des rêves de mon adolescence : sur un canapé
d’
angle, drapée dans une robe longue, grise et argent, Henny Porten immo
975
, grise et argent, Henny Porten immobile présente
de
profil son visage un peu plus grand que nature. À 17 ans, du fond d’u
976
e un peu plus grand que nature. À 17 ans, du fond
d’
un cinéma, l’ai-je aimée ? — Je lui sais gré de rester là muette, asse
977
grand que nature. À 17 ans, du fond d’un cinéma,
l’
ai-je aimée ? — Je lui sais gré de rester là muette, assez absente enc
978
nd d’un cinéma, l’ai-je aimée ? — Je lui sais gré
de
rester là muette, assez absente encore pour ressembler vraiment à son
979
Tout est lumière dans cet espace, jeu silencieux
de
lustres, de glaces et d’acajous polis. On entend le rythme assourdi,
980
mière dans cet espace, jeu silencieux de lustres,
de
glaces et d’acajous polis. On entend le rythme assourdi, mais non la
981
t espace, jeu silencieux de lustres, de glaces et
d’
acajous polis. On entend le rythme assourdi, mais non la mélodie d’une
982
lustres, de glaces et d’acajous polis. On entend
le
rythme assourdi, mais non la mélodie d’une danse, au-dessus, et des v
983
ous polis. On entend le rythme assourdi, mais non
la
mélodie d’une danse, au-dessus, et des voix qui passent. Allées et ve
984
On entend le rythme assourdi, mais non la mélodie
d’
une danse, au-dessus, et des voix qui passent. Allées et venues dans l
985
s, et des voix qui passent. Allées et venues dans
la
fête invisible qui m’environne, ah ! que n’êtes-vous celles des désir
986
environne, ah ! que n’êtes-vous celles des désirs
de
l’amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil
987
ironne, ah ! que n’êtes-vous celles des désirs de
l’
amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil. C
988
! que n’êtes-vous celles des désirs de l’amour !
La
traîne d’une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil. C’était la
989
tes-vous celles des désirs de l’amour ! La traîne
d’
une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de la
990
e l’amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair
de
roses sur un seuil. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je la
991
e tournoie, éclair de roses sur un seuil. C’était
la
voix de la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans
992
ie, éclair de roses sur un seuil. C’était la voix
de
la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans mes pen
993
éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de
la
comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans mes pensée
994
il. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je
la
connais à cet écho de joie dans mes pensées. Mais quelle approche me
995
la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho
de
joie dans mes pensées. Mais quelle approche me saisit ? Parfois, au c
996
? Parfois, au cœur des grandes fêtes, une sphère
de
silence descend, s’arrête quelques secondes, et ceux qu’elle baigne d
997
’arrête quelques secondes, et ceux qu’elle baigne
d’
une grâce furtive sont pris du désir d’adorer. Du sein de tant de cont
998
lle baigne d’une grâce furtive sont pris du désir
d’
adorer. Du sein de tant de contraintes polies et dans la pose la plus
999
râce furtive sont pris du désir d’adorer. Du sein
de
tant de contraintes polies et dans la pose la plus naturellement élég
1000
er. Du sein de tant de contraintes polies et dans
la
pose la plus naturellement élégante, j’ai vu des yeux lever vers moi
1001
ein de tant de contraintes polies et dans la pose
la
plus naturellement élégante, j’ai vu des yeux lever vers moi un regar
1002
égante, j’ai vu des yeux lever vers moi un regard
d’
ardente confiance qui était tout ce qu’on ne pouvait dire, — qui était
1003
pouvait dire, — qui était, dans un suprême délice
de
libération, une prière pour que l’amour soit bien-aimé… Oh ! qu’il y
1004
suprême délice de libération, une prière pour que
l’
amour soit bien-aimé… Oh ! qu’il y ait eu cette joie par un regard de
1005
imé… Oh ! qu’il y ait eu cette joie par un regard
de
jeune fille ! Tout peut encore être sauvé… Un accord brusque de rumeu
1006
! Tout peut encore être sauvé… Un accord brusque
de
rumeurs à travers une porte qui s’ouvre ramène le bal dans mes désert
1007
de rumeurs à travers une porte qui s’ouvre ramène
le
bal dans mes déserts. (Elle est partie. — Des rires en cape de velour
1008
es déserts. (Elle est partie. — Des rires en cape
de
velours s’enfuient vers les jardins.) Qu’il y ait eu ce regard, et qu
1009
e. — Des rires en cape de velours s’enfuient vers
les
jardins.) Qu’il y ait eu ce regard, et que personne ne l’ait vu ! Ils
1010
ns.) Qu’il y ait eu ce regard, et que personne ne
l’
ait vu ! Ils ne savent plus que l’amour seul eût mérité ces fastes ; l
1011
que personne ne l’ait vu ! Ils ne savent plus que
l’
amour seul eût mérité ces fastes ; l’usage de leurs politesses imite d
1012
ent plus que l’amour seul eût mérité ces fastes ;
l’
usage de leurs politesses imite dérisoirement la gravité sacrée et l’a
1013
que l’amour seul eût mérité ces fastes ; l’usage
de
leurs politesses imite dérisoirement la gravité sacrée et l’ascèse ad
1014
; l’usage de leurs politesses imite dérisoirement
la
gravité sacrée et l’ascèse adorable que seule invente la passion. Ils
1015
litesses imite dérisoirement la gravité sacrée et
l’
ascèse adorable que seule invente la passion. Ils reviennent. Tombé de
1016
ité sacrée et l’ascèse adorable que seule invente
la
passion. Ils reviennent. Tombé de mon silence parmi les bavardages, o
1017
e seule invente la passion. Ils reviennent. Tombé
de
mon silence parmi les bavardages, où irai-je avec peut-être un air de
1018
ssion. Ils reviennent. Tombé de mon silence parmi
les
bavardages, où irai-je avec peut-être un air de dégoût, par mégarde…
1019
les bavardages, où irai-je avec peut-être un air
de
dégoût, par mégarde… On se presse au bar assourdissant et les visages
1020
par mégarde… On se presse au bar assourdissant et
les
visages se prennent à vivre, dangereusement. Ô fête d’une époque où t
1021
sages se prennent à vivre, dangereusement. Ô fête
d’
une époque où tout ce qui vaut qu’on l’aime oscille entre l’ivresse et
1022
nt. Ô fête d’une époque où tout ce qui vaut qu’on
l’
aime oscille entre l’ivresse et la neurasthénie, avec parfois des cris
1023
ue où tout ce qui vaut qu’on l’aime oscille entre
l’
ivresse et la neurasthénie, avec parfois des cris admirables ou des ca
1024
qui vaut qu’on l’aime oscille entre l’ivresse et
la
neurasthénie, avec parfois des cris admirables ou des caresses déchir
1025
dmirables ou des caresses déchirantes, — mais ici
l’
on aime que tout soit exprimé en symboles gantés de blanc. Nous sommes
1026
’on aime que tout soit exprimé en symboles gantés
de
blanc. Nous sommes fous, mais il y a la manière. J’ai l’ennui de mon
1027
es gantés de blanc. Nous sommes fous, mais il y a
la
manière. J’ai l’ennui de mon ami Gérard de Nerval, je bois une menthe
1028
c. Nous sommes fous, mais il y a la manière. J’ai
l’
ennui de mon ami Gérard de Nerval, je bois une menthe à son souvenir.
1029
sommes fous, mais il y a la manière. J’ai l’ennui
de
mon ami Gérard de Nerval, je bois une menthe à son souvenir. Si je bu
1030
r. Si je buvais assez il serait là. En attendant,
les
autres s’en vont ou disparaissent on ne sait comment. Presque tous le
1031
ou disparaissent on ne sait comment. Presque tous
les
truismes se sont évanouis ; restent les paradoxes : peut-être vont-il
1032
sque tous les truismes se sont évanouis ; restent
les
paradoxes : peut-être vont-ils se mettre à rêver à voix haute ? Ébra
1033
rêver à voix haute ? Ébranle un peu ces lambris
d’
or, tu vois bien que tout cède aux regards de l’ivresse. Un coude nu s
1034
bris d’or, tu vois bien que tout cède aux regards
de
l’ivresse. Un coude nu s’appuie à mon épaule, je brise des pailles su
1035
s d’or, tu vois bien que tout cède aux regards de
l’
ivresse. Un coude nu s’appuie à mon épaule, je brise des pailles sur u
1036
épaule, je brise des pailles sur une perle verte,
l’
orchestre russe emmêle des arabesques de danseurs et déjà quelques-uns
1037
le verte, l’orchestre russe emmêle des arabesques
de
danseurs et déjà quelques-uns de ces hôtes diaphanes du petit jour. J
1038
e des arabesques de danseurs et déjà quelques-uns
de
ces hôtes diaphanes du petit jour. J’en ai vu deux, chaussés d’escarp
1039
iaphanes du petit jour. J’en ai vu deux, chaussés
d’
escarpins fins courant comme des reflets sur le parquet, venir par une
1040
és d’escarpins fins courant comme des reflets sur
le
parquet, venir par une salle vide où pénètre le ciel pâli. Transparen
1041
r le parquet, venir par une salle vide où pénètre
le
ciel pâli. Transparents sous les lumières qui déjà retirent leurs plu
1042
e vide où pénètre le ciel pâli. Transparents sous
les
lumières qui déjà retirent leurs plus longs rayons, ils ont encore de
1043
s ont encore des lèvres pour me dire une phrase à
l’
oreille, de leur voix trop naturelle, voix de jour. Paroles aussitôt o
1044
e des lèvres pour me dire une phrase à l’oreille,
de
leur voix trop naturelle, voix de jour. Paroles aussitôt oubliées, ma
1045
se à l’oreille, de leur voix trop naturelle, voix
de
jour. Paroles aussitôt oubliées, mais je sais que la nuit va s’éteind
1046
jour. Paroles aussitôt oubliées, mais je sais que
la
nuit va s’éteindre. L’un m’a soufflé quelque chose dans la tête par l
1047
a s’éteindre. L’un m’a soufflé quelque chose dans
la
tête par la paille que je suçais : me voici sourd à la musique mais d
1048
. L’un m’a soufflé quelque chose dans la tête par
la
paille que je suçais : me voici sourd à la musique mais des sonorités
1049
te par la paille que je suçais : me voici sourd à
la
musique mais des sonorités glacées naissent en moi. Cependant que l’a
1050
, trop vite pour que j’aie pu bouger, a baisé sur
les
lèvres une femme qui devient pâle et s’adosse à une colonne, — me reg
1051
oujours plus ivres. Rosette Anday levant sa coupe
de
champagne rit et déchaîne des opéras. — « Comme elle est laide, mais
1052
« Comme elle est laide, mais une voix à faire mal
de
bonheur, mais laide !… ah ! magnifique ! », dit quelqu’un près de moi
1053
quelqu’un près de moi. Ma tête cède, vient contre
la
colonne, paupières fermées, et c’est soudain une déchirure assourdiss
1054
mphante, et des vaisseaux qui ramènent Iseut dans
le
silence d’un midi d’été nordique, à l’heure de mourir dans une légère
1055
des vaisseaux qui ramènent Iseut dans le silence
d’
un midi d’été nordique, à l’heure de mourir dans une légèreté éperdue…
1056
eaux qui ramènent Iseut dans le silence d’un midi
d’
été nordique, à l’heure de mourir dans une légèreté éperdue… Mais une
1057
Iseut dans le silence d’un midi d’été nordique, à
l’
heure de mourir dans une légèreté éperdue… Mais une main de femme au b
1058
ns le silence d’un midi d’été nordique, à l’heure
de
mourir dans une légèreté éperdue… Mais une main de femme au bord du s
1059
e mourir dans une légèreté éperdue… Mais une main
de
femme au bord du sommeil saisie me ramène aux regards. Que sont tous
1060
gestes rythmés ? Anday chante. Ils me voient dans
la
nudité du rêve, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main d’une
1061
te. Ils me voient dans la nudité du rêve, oh ! je
les
hais de me voir ! Je tiens la main d’une femme qui tremble… Comtesse
1062
e voient dans la nudité du rêve, oh ! je les hais
de
me voir ! Je tiens la main d’une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde
1063
é du rêve, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens
la
main d’une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde en soie d’aurore, voi
1064
e, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main
d’
une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde en soie d’aurore, voici l’heu
1065
’une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde en soie
d’
aurore, voici l’heure que nous attendions. Les escaliers s’abaissent d
1066
remble… Comtesse Adélaïde en soie d’aurore, voici
l’
heure que nous attendions. Les escaliers s’abaissent dans le silence n
1067
soie d’aurore, voici l’heure que nous attendions.
Les
escaliers s’abaissent dans le silence nouveau, nous entendons nos pas
1068
e nous attendions. Les escaliers s’abaissent dans
le
silence nouveau, nous entendons nos pas jusqu’aux jardins tendus en t
1069
pas jusqu’aux jardins tendus en tapisserie entre
les
arcades d’un péristyle sombre. Le bleu glacé du petit jour noie les b
1070
ux jardins tendus en tapisserie entre les arcades
d’
un péristyle sombre. Le bleu glacé du petit jour noie les buis qui s’é
1071
pisserie entre les arcades d’un péristyle sombre.
Le
bleu glacé du petit jour noie les buis qui s’éteignent par degrés. Un
1072
éristyle sombre. Le bleu glacé du petit jour noie
les
buis qui s’éteignent par degrés. Un peu de nuage flotte sur le bassin
1073
’éteignent par degrés. Un peu de nuage flotte sur
le
bassin, grand œil vide où paraît le vertige. Voici que cèdent les ama
1074
ge flotte sur le bassin, grand œil vide où paraît
le
vertige. Voici que cèdent les amarres des pelouses, tout le jardin mo
1075
d œil vide où paraît le vertige. Voici que cèdent
les
amarres des pelouses, tout le jardin monte sans fin dans le frisson d
1076
. Voici que cèdent les amarres des pelouses, tout
le
jardin monte sans fin dans le frisson désespéré de l’aube, — et nous,
1077
des pelouses, tout le jardin monte sans fin dans
le
frisson désespéré de l’aube, — et nous, au bord du péristyle arrêtés,
1078
e jardin monte sans fin dans le frisson désespéré
de
l’aube, — et nous, au bord du péristyle arrêtés, au bord de la nuit q
1079
ardin monte sans fin dans le frisson désespéré de
l’
aube, — et nous, au bord du péristyle arrêtés, au bord de la nuit qui
1080
et nous, au bord du péristyle arrêtés, au bord de
la
nuit qui nous possède encore, nous assistons au miracle hostile. Elle
1081
. Alors je me tourne vers ce visage très blanc où
les
yeux d’un bleu nocturne se refusent… Quelle tendresse, auprès de cet
1082
e me tourne vers ce visage très blanc où les yeux
d’
un bleu nocturne se refusent… Quelle tendresse, auprès de cet être sec
1083
et être secret, inaccessible et pourtant complice
d’
une angoisse plus bouleversante que l’amour, à la minute où l’on voit
1084
nt complice d’une angoisse plus bouleversante que
l’
amour, à la minute où l’on voit de très près, entre la nuit qui s’évap
1085
d’une angoisse plus bouleversante que l’amour, à
la
minute où l’on voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’au
1086
se plus bouleversante que l’amour, à la minute où
l’
on voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’aube encore vac
1087
uleversante que l’amour, à la minute où l’on voit
de
très près, entre la nuit qui s’évapore et l’aube encore vacillante, l
1088
our, à la minute où l’on voit de très près, entre
la
nuit qui s’évapore et l’aube encore vacillante, le vide absurde où s’
1089
voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et
l’
aube encore vacillante, le vide absurde où s’en vont nos plaisirs et d
1090
a nuit qui s’évapore et l’aube encore vacillante,
le
vide absurde où s’en vont nos plaisirs et d’où remonte notre peine. A
1091
nte, le vide absurde où s’en vont nos plaisirs et
d’
où remonte notre peine. Ah ! surprendre sur un visage décontenancé, et
1092
rendre sur un visage décontenancé, et jusque dans
le
rythme d’une respiration, l’envahissement de cette dure connaissance
1093
un visage décontenancé, et jusque dans le rythme
d’
une respiration, l’envahissement de cette dure connaissance ! Elle se
1094
ancé, et jusque dans le rythme d’une respiration,
l’
envahissement de cette dure connaissance ! Elle se tait, plus seule qu
1095
dans le rythme d’une respiration, l’envahissement
de
cette dure connaissance ! Elle se tait, plus seule que moi. Le jour q
1096
connaissance ! Elle se tait, plus seule que moi.
Le
jour qui déjà me saisit va-t-il ainsi nous séparer ? Ce corps de femm
1097
à me saisit va-t-il ainsi nous séparer ? Ce corps
de
femme défend encore sa nuit, si nu pourtant dans la soie et le velour
1098
femme défend encore sa nuit, si nu pourtant dans
la
soie et le velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléch
1099
nd encore sa nuit, si nu pourtant dans la soie et
le
velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléchit un peu.
1100
, si nu pourtant dans la soie et le velours, dans
la
lumière froide et la fatigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir
1101
la soie et le velours, dans la lumière froide et
la
fatigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’écœurement de r
1102
velours, dans la lumière froide et la fatigue qui
le
fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’écœurement de revivre — touche
1103
fatigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir
de
l’écœurement de revivre — toucher un corps livré à la violence immobi
1104
tigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir de
l’
écœurement de revivre — toucher un corps livré à la violence immobile
1105
fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’écœurement
de
revivre — toucher un corps livré à la violence immobile de son âme… M
1106
’écœurement de revivre — toucher un corps livré à
la
violence immobile de son âme… Mais les jeunes filles sont parfois tro
1107
e — toucher un corps livré à la violence immobile
de
son âme… Mais les jeunes filles sont parfois trop émouvantes pour qu’
1108
rps livré à la violence immobile de son âme… Mais
les
jeunes filles sont parfois trop émouvantes pour qu’on ose les embrass
1109
illes sont parfois trop émouvantes pour qu’on ose
les
embrasser. — Je tenais sa main, — ho ! qui l’a retirée des miennes ?
1110
se les embrasser. — Je tenais sa main, — ho ! qui
l’
a retirée des miennes ? … Sans se retourner, avec cette décision qu’el
1111
ume encore une cigarette entre mes lèvres sèches.
Le
hall s’éclaire d’un jour de balayage, il reste deux chapeaux melons a
1112
arette entre mes lèvres sèches. Le hall s’éclaire
d’
un jour de balayage, il reste deux chapeaux melons au vestiaire, et qu
1113
re mes lèvres sèches. Le hall s’éclaire d’un jour
de
balayage, il reste deux chapeaux melons au vestiaire, et quelques val
1114
au vestiaire, et quelques valets gris. Une corde
de
violon saute dans sa boîte. Je crois que dans ma tête aussi, des chos
1115
-coups. Je vais marcher au long des trottoirs que
le
soleil lave à grande eau, et me laisser aller un peu à mes idées. Le
1116
ande eau, et me laisser aller un peu à mes idées.
Le
commerce du monde mène plus loin qu’il n’y paraît, mène parfois bien
1117
loin qu’il n’y paraît, mène parfois bien près de
la
réalité — et d’un mouvement non dépourvu d’élégance, j’entends : par
1118
paraît, mène parfois bien près de la réalité — et
d’
un mouvement non dépourvu d’élégance, j’entends : par une certaine qua
1119
ès de la réalité — et d’un mouvement non dépourvu
d’
élégance, j’entends : par une certaine qualité de déception, qu’il nou
1120
d’élégance, j’entends : par une certaine qualité
de
déception, qu’il nous propose. La joie du jour, hélas, la plus forte…
1121
ertaine qualité de déception, qu’il nous propose.
La
joie du jour, hélas, la plus forte… (Vienne, 1928)
1122
tion, qu’il nous propose. La joie du jour, hélas,
la
plus forte… (Vienne, 1928)
1123
Voyage en Hongrie À Albert Gyergyai i
Le
dormeur au fil de l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jam
1124
grie À Albert Gyergyai i Le dormeur au fil
de
l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ;
1125
e À Albert Gyergyai i Le dormeur au fil de
l’
eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ; il
1126
i Le dormeur au fil de l’eau Où s’asseoir ?
Le
pont est encombré de jambes de dormeuses ; il faudrait réveiller tant
1127
l de l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré
de
jambes de dormeuses ; il faudrait réveiller tant de beautés redoutabl
1128
Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes
de
dormeuses ; il faudrait réveiller tant de beautés redoutables pour at
1129
ernière chaise libre. En bas, il y a juste autant
de
vieilles dames et de ministres en retraite que de fauteuils. Et on me
1130
En bas, il y a juste autant de vieilles dames et
de
ministres en retraite que de fauteuils. Et on me regarde. J’ai beau f
1131
de vieilles dames et de ministres en retraite que
de
fauteuils. Et on me regarde. J’ai beau feindre l’intérêt le plus sing
1132
de fauteuils. Et on me regarde. J’ai beau feindre
l’
intérêt le plus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant
1133
ls. Et on me regarde. J’ai beau feindre l’intérêt
le
plus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant vu ! Ils
1134
e l’intérêt le plus singulier pour ce château sur
la
rive, ils en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon vis
1135
en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte
de
mon visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où je n’ai pas dor
1136
yeux stupides me demandent où je n’ai pas dormi.
Le
seul refuge est à l’avant, parmi des cordages, des chaînes, sur un ba
1137
andent où je n’ai pas dormi. Le seul refuge est à
l’
avant, parmi des cordages, des chaînes, sur un banc humide, — juste de
1138
ordages, des chaînes, sur un banc humide, — juste
de
quoi s’étendre, et regarder jaillir sans fin contre soi l’eau de ce b
1139
’étendre, et regarder jaillir sans fin contre soi
l’
eau de ce beau Danube jaune qui est le plus inodore des fleuves. Dormi
1140
re, et regarder jaillir sans fin contre soi l’eau
de
ce beau Danube jaune qui est le plus inodore des fleuves. Dormir. San
1141
contre soi l’eau de ce beau Danube jaune qui est
le
plus inodore des fleuves. Dormir. Sans avoir pu retrouver cette mélod
1142
. Sans avoir pu retrouver cette mélodie descendue
d’
un balcon où chantait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de
1143
r cette mélodie descendue d’un balcon où chantait
la
Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à s
1144
où chantait la Schumann ; sans avoir pu retrouver
le
nom de qui l’on a reconduit à sa villa, vers cinq heures à travers ce
1145
tait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom
de
qui l’on a reconduit à sa villa, vers cinq heures à travers ces quart
1146
Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui
l’
on a reconduit à sa villa, vers cinq heures à travers ces quartiers si
1147
à travers ces quartiers si clairs, arbres et jets
d’
eau ; sans avoir pu retrouver, des conversations de ce bal, autre chos
1148
’eau ; sans avoir pu retrouver, des conversations
de
ce bal, autre chose que la phrase, l’unique phrase que Richard Straus
1149
ver, des conversations de ce bal, autre chose que
la
phrase, l’unique phrase que Richard Strauss m’aura jamais adressée en
1150
nversations de ce bal, autre chose que la phrase,
l’
unique phrase que Richard Strauss m’aura jamais adressée en cette vie
1151
t… » C’était au vestiaire, il enfilait une manche
de
pardessus, me donnait l’autre à serrer, la main n’étant pas encore so
1152
manche de pardessus, me donnait l’autre à serrer,
la
main n’étant pas encore sortie… Dormir au fil de l’eau, entre l’étran
1153
la main n’étant pas encore sortie… Dormir au fil
de
l’eau, entre l’étrange nuit du bal et cette perspective invraisemblab
1154
main n’étant pas encore sortie… Dormir au fil de
l’
eau, entre l’étrange nuit du bal et cette perspective invraisemblable
1155
pas encore sortie… Dormir au fil de l’eau, entre
l’
étrange nuit du bal et cette perspective invraisemblable d’un voyage a
1156
nuit du bal et cette perspective invraisemblable
d’
un voyage au hasard commencé dans l’insomnie — vrai voyage à dormir de
1157
vraisemblable d’un voyage au hasard commencé dans
l’
insomnie — vrai voyage à dormir debout… Le monde renaît dans des acco
1158
é dans l’insomnie — vrai voyage à dormir debout…
Le
monde renaît dans des accords. Une mélodie hongroise éveille un vagab
1159
il reconnaît son rêve. Huit heures aux clochers
de
la capitale qui s’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur la
1160
reconnaît son rêve. Huit heures aux clochers de
la
capitale qui s’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur la pl
1161
res aux clochers de la capitale qui s’avance dans
la
lumière fauve d’un soir chaud sur la plaine, avec ses dômes et ses fa
1162
de la capitale qui s’avance dans la lumière fauve
d’
un soir chaud sur la plaine, avec ses dômes et ses façades exubérantes
1163
’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur
la
plaine, avec ses dômes et ses façades exubérantes de reflets, — et dé
1164
plaine, avec ses dômes et ses façades exubérantes
de
reflets, — et déjà nous passons sous de hauts ponts sonores, au long
1165
ubérantes de reflets, — et déjà nous passons sous
de
hauts ponts sonores, au long d’un quai tout fleuri de terrasses ; on
1166
nous passons sous de hauts ponts sonores, au long
d’
un quai tout fleuri de terrasses ; on nous déverse dans cette foule et
1167
auts ponts sonores, au long d’un quai tout fleuri
de
terrasses ; on nous déverse dans cette foule et ces musiques, deux vi
1168
es qui font des signes pour demain, présentations
de
mes Espoirs aux jeunes Promesses nationales (on n’a pas bien compris
1169
nes Promesses nationales (on n’a pas bien compris
les
noms, on échange, à la dérobée, des coups d’œil, dans le léger étourd
1170
(on n’a pas bien compris les noms, on échange, à
la
dérobée, des coups d’œil, dans le léger étourdissement de l’amitié pr
1171
, on échange, à la dérobée, des coups d’œil, dans
le
léger étourdissement de l’amitié prochaine). Et la générosité des lum
1172
ée, des coups d’œil, dans le léger étourdissement
de
l’amitié prochaine). Et la générosité des lumières d’avant le soir, —
1173
des coups d’œil, dans le léger étourdissement de
l’
amitié prochaine). Et la générosité des lumières d’avant le soir, — et
1174
e léger étourdissement de l’amitié prochaine). Et
la
générosité des lumières d’avant le soir, — et cette espèce de tendres
1175
’amitié prochaine). Et la générosité des lumières
d’
avant le soir, — et cette espèce de tendresse pour tous les possibles,
1176
prochaine). Et la générosité des lumières d’avant
le
soir, — et cette espèce de tendresse pour tous les possibles, qu’on a
1177
é des lumières d’avant le soir, — et cette espèce
de
tendresse pour tous les possibles, qu’on appelle, je crois bien, jeun
1178
le soir, — et cette espèce de tendresse pour tous
les
possibles, qu’on appelle, je crois bien, jeunesse… Je me suis endormi
1179
oûtes sombres, qui est un Collège célèbre. ii
La
Recherche de l’objet inconnu Personne n’a mon adresse, je n’attend
1180
, qui est un Collège célèbre. ii La Recherche
de
l’objet inconnu Personne n’a mon adresse, je n’attends rien d’aill
1181
ui est un Collège célèbre. ii La Recherche de
l’
objet inconnu Personne n’a mon adresse, je n’attends rien d’ailleur
1182
en ce premier réveil — délivré. Chez moi je suis
la
proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne
1183
emier réveil — délivré. Chez moi je suis la proie
de
l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quo
1184
er réveil — délivré. Chez moi je suis la proie de
l’
angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quoi d
1185
uis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends
la
lettre, j’attends je ne sais quoi de très important… Trois déceptions
1186
r. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quoi
de
très important… Trois déceptions par jour ne peuvent qu’énerver le dé
1187
… Trois déceptions par jour ne peuvent qu’énerver
le
désir. Parfois j’imagine que le facteur va m’apporter ce Paquet inouï
1188
euvent qu’énerver le désir. Parfois j’imagine que
le
facteur va m’apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciateur d’une mira
1189
a m’apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciateur
d’
une miraculeuse et royale Venue. Dans le silence de l’adoration comblé
1190
onciateur d’une miraculeuse et royale Venue. Dans
le
silence de l’adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans nom
1191
’une miraculeuse et royale Venue. Dans le silence
de
l’adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans nom, inutilisa
1192
e miraculeuse et royale Venue. Dans le silence de
l’
adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans nom, inutilisable
1193
le silence de l’adoration comblée, j’en sortirais
de
ces objets sans nom, inutilisables, bouleversants de perfection, gage
1194
ces objets sans nom, inutilisables, bouleversants
de
perfection, gages d’un monde que les poètes essaient de décrire sans
1195
inutilisables, bouleversants de perfection, gages
d’
un monde que les poètes essaient de décrire sans l’avoir jamais vu, et
1196
bouleversants de perfection, gages d’un monde que
les
poètes essaient de décrire sans l’avoir jamais vu, et dont nous savon
1197
fection, gages d’un monde que les poètes essaient
de
décrire sans l’avoir jamais vu, et dont nous savons seulement que tou
1198
’un monde que les poètes essaient de décrire sans
l’
avoir jamais vu, et dont nous savons seulement que tout y a son écho l
1199
dont nous savons seulement que tout y a son écho
le
plus pur. Le voyage trompe un temps cette angoisse. J’irai chercher m
1200
vons seulement que tout y a son écho le plus pur.
Le
voyage trompe un temps cette angoisse. J’irai chercher moi-même, me s
1201
hercher moi-même, me suis-je dit, je ferai toutes
les
avances, les plus exténuantes, et qui sait si tant d’erreurs ne compo
1202
ême, me suis-je dit, je ferai toutes les avances,
les
plus exténuantes, et qui sait si tant d’erreurs ne composeront pas un
1203
vances, les plus exténuantes, et qui sait si tant
d’
erreurs ne composeront pas un jour une sorte d’incantation capable d’i
1204
nt d’erreurs ne composeront pas un jour une sorte
d’
incantation capable d’incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans l
1205
eront pas un jour une sorte d’incantation capable
d’
incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans les bazars, aux étalage
1206
n jour une sorte d’incantation capable d’incliner
le
Hasard ? Ô décevantes chasses dans les bazars, aux étalages des fêtes
1207
d’incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans
les
bazars, aux étalages des fêtes populaires, au fond des boutiques de v
1208
lages des fêtes populaires, au fond des boutiques
de
vieux en province, dans les combles d’un château prussien où tissaien
1209
au fond des boutiques de vieux en province, dans
les
combles d’un château prussien où tissaient d’incroyables araignées, p
1210
boutiques de vieux en province, dans les combles
d’
un château prussien où tissaient d’incroyables araignées, partout où l
1211
ns les combles d’un château prussien où tissaient
d’
incroyables araignées, partout où le désordre naturel des choses pouva
1212
où tissaient d’incroyables araignées, partout où
le
désordre naturel des choses pouvait offrir asile à l’Objet inconnu qu
1213
ésordre naturel des choses pouvait offrir asile à
l’
Objet inconnu que je chercherai sans doute jusqu’à la fin des fins… Ma
1214
bjet inconnu que je chercherai sans doute jusqu’à
la
fin des fins… Mais voici mes amis. Et la question terrible, tout de s
1215
jusqu’à la fin des fins… Mais voici mes amis. Et
la
question terrible, tout de suite : « Mais qui, mais qu’êtes-vous venu
1216
her jusque chez nous ? » (En Hongrie, à 30 heures
d’
express, on dit « jusque chez nous », ce qu’on ne dit pas en Amérique.
1217
qu’on ne dit pas en Amérique.) Grands dieux ! je
le
vois bien, à tout prix il vous faut un prétexte avouable… On me deman
1218
demandera donc toujours des passeports ? Dussè-je
les
inventer… Ah ! l’embarras de voyager n’est rien auprès de celui d’exp
1219
ours des passeports ? Dussè-je les inventer… Ah !
l’
embarras de voyager n’est rien auprès de celui d’expliquer pourquoi l’
1220
sseports ? Dussè-je les inventer… Ah ! l’embarras
de
voyager n’est rien auprès de celui d’expliquer pourquoi l’on est part
1221
l’embarras de voyager n’est rien auprès de celui
d’
expliquer pourquoi l’on est parti. Cependant, mes regards errant sur u
1222
r n’est rien auprès de celui d’expliquer pourquoi
l’
on est parti. Cependant, mes regards errant sur une bibliothèque, je c
1223
in de s’user, ne tarde pas à devenir notre raison
de
vivre. Mais combien votre sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviabl
1224
u ! — Ô Destin sans repos et qui me voue à toutes
les
magies ! Les désirs les plus incompréhensibles s’emparent de moi comm
1225
n sans repos et qui me voue à toutes les magies !
Les
désirs les plus incompréhensibles s’emparent de moi comme des superst
1226
s et qui me voue à toutes les magies ! Les désirs
les
plus incompréhensibles s’emparent de moi comme des superstitions. Tou
1227
Les désirs les plus incompréhensibles s’emparent
de
moi comme des superstitions. Tout mon avoir se fond dans une loterie
1228
ir se fond dans une loterie qui peut-être n’a pas
de
gros lot, et jamais, je crains bien, jamais je ne parviendrai à le re
1229
amais, je crains bien, jamais je ne parviendrai à
le
regretter… » L’ironie indulgente et cette pitié à peine jalouse que l
1230
bien, jamais je ne parviendrai à le regretter… »
L’
ironie indulgente et cette pitié à peine jalouse que l’on réserve aux
1231
nie indulgente et cette pitié à peine jalouse que
l’
on réserve aux égarements d’une jeunesse démodée se peignirent sur les
1232
é à peine jalouse que l’on réserve aux égarements
d’
une jeunesse démodée se peignirent sur les traits de mes auditeurs. —
1233
arements d’une jeunesse démodée se peignirent sur
les
traits de mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubl
1234
une jeunesse démodée se peignirent sur les traits
de
mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles disting
1235
mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur
de
troubles distingués. Peu de sens du réel. Mais nous vous montrerons n
1236
rie, ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quoi
l’
on m’entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée de Budapest enferme
1237
quoi l’on m’entraîna dans un musée sans sièges.
Le
Musée de Budapest enferme quelques paysages romantiques aux ciels ple
1238
n m’entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée
de
Budapest enferme quelques paysages romantiques aux ciels pleins de dé
1239
me quelques paysages romantiques aux ciels pleins
de
démesure. Et, de Giorgione, ce « Portrait d’un homme » devant lequel
1240
ges romantiques aux ciels pleins de démesure. Et,
de
Giorgione, ce « Portrait d’un homme » devant lequel il faut se taire
1241
eins de démesure. Et, de Giorgione, ce « Portrait
d’
un homme » devant lequel il faut se taire pour écouter ce qu’il entend
1242
pour écouter ce qu’il entend. iii Au tombeau
de
Gül Baba Dans Bude il y a des ruelles qui sentent encore le Turc.
1243
Dans Bude il y a des ruelles qui sentent encore
le
Turc. Tandis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous m’avez montr
1244
brunis qui rougeoyaient au sommet du Rozsadomb —
la
Colline des roses. Une ancienne mosquée, disiez-vous, le tombeau du p
1245
ine des roses. Une ancienne mosquée, disiez-vous,
le
tombeau du prophète Gül Baba. Puis, comme le soleil se couchait, nous
1246
ous, le tombeau du prophète Gül Baba. Puis, comme
le
soleil se couchait, nous avons repassé un grand pont vibrant et nous
1247
nt vibrant et nous sommes rentrés en Europe. Mais
le
lendemain, m’échappant d’un programme admirable, nourrissant et offic
1248
rentrés en Europe. Mais le lendemain, m’échappant
d’
un programme admirable, nourrissant et officiel, il a bien fallu que j
1249
ant et officiel, il a bien fallu que je recherche
le
chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez, m’avait-on dit, qu’une paire
1250
. « Vous n’y verrez, m’avait-on dit, qu’une paire
de
babouches dans une mosquée vide que personne n’a plus l’idée de visit
1251
uches dans une mosquée vide que personne n’a plus
l’
idée de visiter. » Mais comment ne pas voir qu’un lieu qui porte un no
1252
ans une mosquée vide que personne n’a plus l’idée
de
visiter. » Mais comment ne pas voir qu’un lieu qui porte un nom parei
1253
là même extraordinaire. Celui qui ne croit pas à
la
vertu des noms reste prisonnier de ses sens ; mais celui-là est vérit
1254
ne croit pas à la vertu des noms reste prisonnier
de
ses sens ; mais celui-là est véritablement voyageur qui n’a pas renon
1255
blement voyageur qui n’a pas renoncé à convaincre
le
réel de mystère. Montant au Rozsadomb par ce matin brûlant, je savais
1256
voyageur qui n’a pas renoncé à convaincre le réel
de
mystère. Montant au Rozsadomb par ce matin brûlant, je savais bien qu
1257
pellent une conduite magique. Or il est délicieux
de
réaliser une idée fixe injustifiable : c’est le plaisir même de l’enf
1258
x de réaliser une idée fixe injustifiable : c’est
le
plaisir même de l’enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je g
1259
e idée fixe injustifiable : c’est le plaisir même
de
l’enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je grimpais gravemen
1260
dée fixe injustifiable : c’est le plaisir même de
l’
enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je grimpais gravement c
1261
isir même de l’enfance. Je portais donc ma vision
d’
Orient et je grimpais gravement comme je ferai, je pense, au jour de m
1262
mpais gravement comme je ferai, je pense, au jour
de
mon pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. Voici que ce j’ai vu. On
1263
ai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple
de
l’Objet inconnu. Voici que ce j’ai vu. On passe une barrière, une cou
1264
je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de
l’
Objet inconnu. Voici que ce j’ai vu. On passe une barrière, une cour v
1265
. On passe une barrière, une cour vide ; on prend
le
sentier qui monte en zigzag à travers des jardins dont les arbustes s
1266
er qui monte en zigzag à travers des jardins dont
les
arbustes sèchent, vers une espèce de grande villa ou palais baroque a
1267
ardins dont les arbustes sèchent, vers une espèce
de
grande villa ou palais baroque assez décrépit, un décor en pierre bru
1268
répit, un décor en pierre brune peu solide, rongé
de
roses Crimson. On longe une galerie couverte, on tourne dans un escal
1269
n tourne dans un escalier compliqué : c’est plein
de
colonnettes et de statues dégradées et charmantes. (Vue sur des maiso
1270
scalier compliqué : c’est plein de colonnettes et
de
statues dégradées et charmantes. (Vue sur des maisons pauvres un peu
1271
ntre des murs assez hauts dont l’un est peut-être
la
façade d’une chapelle ; mais la porte est fermée. Par une ouverture é
1272
urs assez hauts dont l’un est peut-être la façade
d’
une chapelle ; mais la porte est fermée. Par une ouverture étroite on
1273
’un est peut-être la façade d’une chapelle ; mais
la
porte est fermée. Par une ouverture étroite on passe ensuite à une se
1274
vaste, où il y a quelques arbres devant une sorte
de
tour peu élevée, à demi recouverte de rosiers, et qu’il paraît imposs
1275
te, où il y a quelques arbres devant une sorte de
tour
peu élevée, à demi recouverte de rosiers, et qu’il paraît impossible
1276
t une sorte de tour peu élevée, à demi recouverte
de
rosiers, et qu’il paraît impossible de situer dans l’ensemble des con
1277
recouverte de rosiers, et qu’il paraît impossible
de
situer dans l’ensemble des constructions. C’est là qu’on entre. Murs
1278
osiers, et qu’il paraît impossible de situer dans
l’
ensemble des constructions. C’est là qu’on entre. Murs nus. Un catafal
1279
ns. C’est là qu’on entre. Murs nus. Un catafalque
de
bois, au milieu, recouvert d’un très beau tapis mince, ou bannière, a
1280
nus. Un catafalque de bois, au milieu, recouvert
d’
un très beau tapis mince, ou bannière, avec des caractères turcs brodé
1281
bannière, avec des caractères turcs brodés en or.
L’
histoire de Gül Baba est racontée sur un papier jauni encadré et fixé
1282
vec des caractères turcs brodés en or. L’histoire
de
Gül Baba est racontée sur un papier jauni encadré et fixé au mur. Gül
1283
est le dernier héros musulman qui ait fait parler
de
lui en Hongrie. Il s’appelait en vérité KehlBaba, ce qui signifie le
1284
Il s’appelait en vérité KehlBaba, ce qui signifie
le
Prophète chauve. Les Hongrois, par erreur, en ont fait Gül Baba, ce q
1285
ité KehlBaba, ce qui signifie le Prophète chauve.
Les
Hongrois, par erreur, en ont fait Gül Baba, ce qui signifie le Père d
1286
par erreur, en ont fait Gül Baba, ce qui signifie
le
Père des roses. Moyennant cette naturalisation il continue de protége
1287
roses. Moyennant cette naturalisation il continue
de
protéger la ville (en collaboration avec saint Gellert, dont la statu
1288
nant cette naturalisation il continue de protéger
la
ville (en collaboration avec saint Gellert, dont la statue colossale,
1289
ville (en collaboration avec saint Gellert, dont
la
statue colossale, sur un rocher, les bras levés, dirige la circulatio
1290
Gellert, dont la statue colossale, sur un rocher,
les
bras levés, dirige la circulation de Pest. Gül Baba est moins théâtra
1291
colossale, sur un rocher, les bras levés, dirige
la
circulation de Pest. Gül Baba est moins théâtral). D’ailleurs le tomb
1292
un rocher, les bras levés, dirige la circulation
de
Pest. Gül Baba est moins théâtral). D’ailleurs le tombeau est vide. E
1293
de Pest. Gül Baba est moins théâtral). D’ailleurs
le
tombeau est vide. Et les babouches ? Pas de babouches. Je sais bien q
1294
ins théâtral). D’ailleurs le tombeau est vide. Et
les
babouches ? Pas de babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’heure d
1295
leurs le tombeau est vide. Et les babouches ? Pas
de
babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter : le Père
1296
? Pas de babouches. Je sais bien que ce n’est pas
l’
heure de visiter : le Père des roses est peut-être allé se promener. D
1297
babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’heure
de
visiter : le Père des roses est peut-être allé se promener. Dehors, l
1298
e sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter :
le
Père des roses est peut-être allé se promener. Dehors, les roses Crim
1299
des roses est peut-être allé se promener. Dehors,
les
roses Crimson sentent le soufre. Trente degrés à l’ombre. Ce sanctuai
1300
lé se promener. Dehors, les roses Crimson sentent
le
soufre. Trente degrés à l’ombre. Ce sanctuaire indigent est plutôt in
1301
roses Crimson sentent le soufre. Trente degrés à
l’
ombre. Ce sanctuaire indigent est plutôt inexplicable que mystérieux.
1302
nt est plutôt inexplicable que mystérieux. Aussi,
la
confusion des noms ne comporte aucun symbole à développer noblement.
1303
un symbole à développer noblement. Une chute dans
le
quotidien. Car, en somme, le Prophète Chauve est devenu le jardinier
1304
ment. Une chute dans le quotidien. Car, en somme,
le
Prophète Chauve est devenu le jardinier du Rozsadomb… Mais qu’eussè-j
1305
ien. Car, en somme, le Prophète Chauve est devenu
le
jardinier du Rozsadomb… Mais qu’eussè-je pu contempler de plus « obje
1306
bjectivement » étrange que ce lieu — inquiétant à
la
façon de certains regards lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie
1307
ent » étrange que ce lieu — inquiétant à la façon
de
certains regards lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie, tout d’
1308
ains regards lucides qu’il arrive qu’on porte sur
la
vie, tout d’un coup, à trois heures de l’après-midi par exemple —, no
1309
lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie, tout
d’
un coup, à trois heures de l’après-midi par exemple —, non sans angois
1310
porte sur la vie, tout d’un coup, à trois heures
de
l’après-midi par exemple —, non sans angoisse. iv De midi à quato
1311
rte sur la vie, tout d’un coup, à trois heures de
l’
après-midi par exemple —, non sans angoisse. iv De midi à quatorze
1312
rès-midi par exemple —, non sans angoisse. iv
De
midi à quatorze heures On voyage de nos jours d’une façon « ration
1313
se. iv De midi à quatorze heures On voyage
de
nos jours d’une façon « rationnelle », c’est-à-dire que les Cook’s ti
1314
midi à quatorze heures On voyage de nos jours
d’
une façon « rationnelle », c’est-à-dire que les Cook’s tickets remplac
1315
urs d’une façon « rationnelle », c’est-à-dire que
les
Cook’s tickets remplacent l’exigence intérieure. On n’avoue que des d
1316
», c’est-à-dire que les Cook’s tickets remplacent
l’
exigence intérieure. On n’avoue que des désirs archéologiques, d’aille
1317
ut autre, un non-conformisme intransigeant serait
la
seule conduite féconde. Il me semble que la servitude de l’homme mode
1318
erait la seule conduite féconde. Il me semble que
la
servitude de l’homme moderne apparaît ici sous un aspect bien inquiét
1319
e conduite féconde. Il me semble que la servitude
de
l’homme moderne apparaît ici sous un aspect bien inquiétant : c’est à
1320
onduite féconde. Il me semble que la servitude de
l’
homme moderne apparaît ici sous un aspect bien inquiétant : c’est à la
1321
raît ici sous un aspect bien inquiétant : c’est à
la
sensibilité même qu’on impose une livrée. — « Je comprends, me dit-on
1322
vrée. — « Je comprends, me dit-on. Vous êtes pour
la
fantaisie, c’est bien joli ! » — Non, Monsieur, ce n’est pas joli, ce
1323
joli, ce n’est pas fantaisie. Je parle simplement
de
vérité et de mensonge, opposant une réalité vivante à une duperie com
1324
t pas fantaisie. Je parle simplement de vérité et
de
mensonge, opposant une réalité vivante à une duperie commerciale. Mai
1325
pensez que tant de mots pour une simple question
de
sentiment… C’est que vous êtes déjà bien malade. Il perd le sentimen
1326
t… C’est que vous êtes déjà bien malade. Il perd
le
sentiment, disait-on, du temps que l’on parlait français. J’expliqua
1327
e. Il perd le sentiment, disait-on, du temps que
l’
on parlait français. J’expliquais donc que je ne voyage qu’au hasard,
1328
quoi : « Monsieur a du temps à perdre ! » s’écrie
le
lecteur, et comme il est, lui, de l’autre école, il referme ces pages
1329
dre ! » s’écrie le lecteur, et comme il est, lui,
de
l’autre école, il referme ces pages et vaque à ses devoirs. Nous voic
1330
s pages et vaque à ses devoirs. Nous voici plus à
l’
aise. Eh bien oui : je me ferai un mérite de perdre tout mon temps, si
1331
lus à l’aise. Eh bien oui : je me ferai un mérite
de
perdre tout mon temps, si toutefois perdre conserve ici le sens qu’il
1332
tout mon temps, si toutefois perdre conserve ici
le
sens qu’il a pris dans ce monde, — j’entends : leur monde, avec leurs
1333
e, avec leurs « problèmes du plus haut intérêt »,
le
« prix de l’action » et leur morale qui ne parle que d’ obligations d
1334
urs « problèmes du plus haut intérêt », le « prix
de
l’action » et leur morale qui ne parle que d’ obligations dont on ne
1335
« problèmes du plus haut intérêt », le « prix de
l’
action » et leur morale qui ne parle que d’ obligations dont on ne sau
1336
rix de l’action » et leur morale qui ne parle que
d’
obligations dont on ne saurait à la légère se débarrasser sans courir
1337
ne parle que d’ obligations dont on ne saurait à
la
légère se débarrasser sans courir les risques7 les plus graves et pro
1338
ne saurait à la légère se débarrasser sans courir
les
risques7 les plus graves et provoquer une crise, bref, sans le payer
1339
la légère se débarrasser sans courir les risques7
les
plus graves et provoquer une crise, bref, sans le payer cher. Tout ce
1340
es plus graves et provoquer une crise, bref, sans
le
payer cher. Tout cela est langage de bourse. Pour moi, je poursuivrai
1341
, bref, sans le payer cher. Tout cela est langage
de
bourse. Pour moi, je poursuivrai mon discours en faveur de l’inutile,
1342
our moi, je poursuivrai mon discours en faveur de
l’
inutile, et ceci à la face des bouffons qui plongent invariablement le
1343
ai mon discours en faveur de l’inutile, et ceci à
la
face des bouffons qui plongent invariablement les mains dans leurs va
1344
la face des bouffons qui plongent invariablement
les
mains dans leurs vastes poches insulaires pour m’informer de cette ir
1345
ns leurs vastes poches insulaires pour m’informer
de
cette irrécusable vérité : les affaires sont les affaires, axiome qui
1346
res pour m’informer de cette irrécusable vérité :
les
affaires sont les affaires, axiome qui constitue à leurs yeux ma cond
1347
r de cette irrécusable vérité : les affaires sont
les
affaires, axiome qui constitue à leurs yeux ma condamnation et celle
1348
s minus habentes qui me ressemblent. Au risque de
les
voir trépigner, je continuerai à chercher mon bien de midi à quatorze
1349
oir trépigner, je continuerai à chercher mon bien
de
midi à quatorze heures, temps qu’ils réservent à la mastication, entr
1350
midi à quatorze heures, temps qu’ils réservent à
la
mastication, entre deux séries d’heures de travail consacrées, si l’o
1351
ils réservent à la mastication, entre deux séries
d’
heures de travail consacrées, si l’on ose dire, à assurer cette mastic
1352
vent à la mastication, entre deux séries d’heures
de
travail consacrées, si l’on ose dire, à assurer cette mastication. Ma
1353
re deux séries d’heures de travail consacrées, si
l’
on ose dire, à assurer cette mastication. Mais je m’égare, laissons-là
1354
ons-là ces moutons. v Café amer En Hongrie
l’
on est assailli par le pittoresque, mais il s’agit de le déjouer au mo
1355
v Café amer En Hongrie l’on est assailli par
le
pittoresque, mais il s’agit de le déjouer au moyen de toutes sortes d
1356
n est assailli par le pittoresque, mais il s’agit
de
le déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et de scepticismes, don
1357
st assailli par le pittoresque, mais il s’agit de
le
déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et de scepticismes, dont l
1358
il s’agit de le déjouer au moyen de toutes sortes
de
ruses et de scepticismes, dont le plus simple consiste à traduire ce
1359
le déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et
de
scepticismes, dont le plus simple consiste à traduire ce que l’on voi
1360
e toutes sortes de ruses et de scepticismes, dont
le
plus simple consiste à traduire ce que l’on voit. Cette banque à la f
1361
s, dont le plus simple consiste à traduire ce que
l’
on voit. Cette banque à la façade violette, or et bleue, aux grandes l
1362
siste à traduire ce que l’on voit. Cette banque à
la
façade violette, or et bleue, aux grandes lignes verticales peinturlu
1363
s lignes verticales peinturlurées — elle n’a rien
d’
étrange, si l’on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que
1364
cales peinturlurées — elle n’a rien d’étrange, si
l’
on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que je trouve ce
1365
e n’est qu’amour jaloux du merveilleux, avec quoi
l’
on est trop souvent tenté de confondre l’excès de bizarrerie. C’est le
1366
erveilleux, avec quoi l’on est trop souvent tenté
de
confondre l’excès de bizarrerie. C’est le faux merveilleux qui a disc
1367
vec quoi l’on est trop souvent tenté de confondre
l’
excès de bizarrerie. C’est le faux merveilleux qui a discrédité le vra
1368
l’on est trop souvent tenté de confondre l’excès
de
bizarrerie. C’est le faux merveilleux qui a discrédité le vrai, leque
1369
t tenté de confondre l’excès de bizarrerie. C’est
le
faux merveilleux qui a discrédité le vrai, lequel est quotidien, circ
1370
rerie. C’est le faux merveilleux qui a discrédité
le
vrai, lequel est quotidien, circonspect, souvent microscopique, moral
1371
opique, moralement microscopique. (Il a tellement
l’
air de rien que nous sommes presque excusables de ne le point apercevo
1372
, moralement microscopique. (Il a tellement l’air
de
rien que nous sommes presque excusables de ne le point apercevoir.) J
1373
l’air de rien que nous sommes presque excusables
de
ne le point apercevoir.) Je vais cependant dire quelque chose d’une s
1374
de rien que nous sommes presque excusables de ne
le
point apercevoir.) Je vais cependant dire quelque chose d’une scène p
1375
apercevoir.) Je vais cependant dire quelque chose
d’
une scène pittoresque. Mais c’est une autre fois que je l’ai vue, à Pe
1376
ène pittoresque. Mais c’est une autre fois que je
l’
ai vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël,
1377
’est une autre fois que je l’ai vue, à Pest, lors
d’
un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre de l’
1378
je l’ai vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans
la
semaine qui suit Noël, — la plus sombre de l’année par les rues vides
1379
un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël, —
la
plus sombre de l’année par les rues vides sous la pluie étrangère. Un
1380
, dans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre
de
l’année par les rues vides sous la pluie étrangère. Une porte basse s
1381
ans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre de
l’
année par les rues vides sous la pluie étrangère. Une porte basse s’ou
1382
ne qui suit Noël, — la plus sombre de l’année par
les
rues vides sous la pluie étrangère. Une porte basse s’ouvre sur un lo
1383
la plus sombre de l’année par les rues vides sous
la
pluie étrangère. Une porte basse s’ouvre sur un long corridor hanté d
1384
ne porte basse s’ouvre sur un long corridor hanté
d’
ombres drapées, qui ne sont pas des nonnes, bien que les voûtes soient
1385
res drapées, qui ne sont pas des nonnes, bien que
les
voûtes soient celles d’un ancien couvent. Nous pénétrons dans une gra
1386
pas des nonnes, bien que les voûtes soient celles
d’
un ancien couvent. Nous pénétrons dans une grande salle vivement éclai
1387
le vivement éclairée. Murs chaulés, et de nouveau
de
hautes voûtes. Une banquette longe trois des parois, la quatrième est
1388
es parois, la quatrième est occupée en partie par
le
comptoir (un écriteau porte simplement ce tarif : 5 pengö), en partie
1389
verres et bouteilles sont placées au hasard dans
l’
espace vide où tourne la fumée des cigares. Assis sur la banquette, qu
1390
nt placées au hasard dans l’espace vide où tourne
la
fumée des cigares. Assis sur la banquette, quelques bougres isolés pr
1391
ce vide où tourne la fumée des cigares. Assis sur
la
banquette, quelques bougres isolés produisent en silence cette fumée,
1392
bougres isolés produisent en silence cette fumée,
les
yeux à terre, dans l’attente. Nous sommes assis autour d’une table et
1393
nt en silence cette fumée, les yeux à terre, dans
l’
attente. Nous sommes assis autour d’une table et nous voyons, au milie
1394
à terre, dans l’attente. Nous sommes assis autour
d’
une table et nous voyons, au milieu de la salle, un arbre de Noël aux
1395
s autour d’une table et nous voyons, au milieu de
la
salle, un arbre de Noël aux amples branches rayonnantes, dans une glo
1396
e et nous voyons, au milieu de la salle, un arbre
de
Noël aux amples branches rayonnantes, dans une gloire de dorures, — e
1397
aux amples branches rayonnantes, dans une gloire
de
dorures, — et massées tout autour, frileuses dans leurs dessous roses
1398
tout autour, frileuses dans leurs dessous roses,
les
filles qui chantent une chanson populaire et regardent tristement les
1399
ent une chanson populaire et regardent tristement
les
lumières. Il y en a aussi qui se réchauffent sur les degrés du poêle,
1400
lumières. Il y en a aussi qui se réchauffent sur
les
degrés du poêle, celles-là ne chantant pas. Parmi elles, des Tziganes
1401
ignoir noir et blanc… Je ne puis avaler mon verre
de
ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlons pas : l
1402
s avaler mon verre de ce café trop amer qui pince
la
gorge. Dehors, nous ne parlons pas : le froid paralyse la mâchoire.
1403
qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlons pas :
le
froid paralyse la mâchoire. vi Doutes sur la nature du sujet J
1404
. Dehors, nous ne parlons pas : le froid paralyse
la
mâchoire. vi Doutes sur la nature du sujet Je crois qu’il faut
1405
le froid paralyse la mâchoire. vi Doutes sur
la
nature du sujet Je crois qu’il faut que je raconte mon voyage « à
1406
Je crois qu’il faut que je raconte mon voyage « à
la
suite », renonçant à écrire d’abord les chapitres qui en ont envie, p
1407
voyage « à la suite », renonçant à écrire d’abord
les
chapitres qui en ont envie, puis ceux qui en auront envie : car cela
1408
er après coup des transitions, et c’est alors que
l’
on est tenté de mentir, si fort tenté que l’on cède à coup sûr, en se
1409
es transitions, et c’est alors que l’on est tenté
de
mentir, si fort tenté que l’on cède à coup sûr, en se persuadant que
1410
s que l’on est tenté de mentir, si fort tenté que
l’
on cède à coup sûr, en se persuadant que c’est pour des raisons « tech
1411
e que cela ne devrait pas, au contraire, aggraver
le
cas ?) Or l’intérêt d’un récit de voyage ne réside pas dans sa vérité
1412
devrait pas, au contraire, aggraver le cas ?) Or
l’
intérêt d’un récit de voyage ne réside pas dans sa vérité générale, ma
1413
as, au contraire, aggraver le cas ?) Or l’intérêt
d’
un récit de voyage ne réside pas dans sa vérité générale, mais bien se
1414
raire, aggraver le cas ?) Or l’intérêt d’un récit
de
voyage ne réside pas dans sa vérité générale, mais bien se réfugie da
1415
qui ne ressemble à rien, gênante comme un cadeau
de
pauvre, comme un vrai cadeau. Si le conteur ment — pendant qu’il y es
1416
mme un cadeau de pauvre, comme un vrai cadeau. Si
le
conteur ment — pendant qu’il y est, il ferait mieux de choisir un aut
1417
nteur ment — pendant qu’il y est, il ferait mieux
de
choisir un autre pays que la Hongrie archi-connue —, le lecteur le se
1418
est, il ferait mieux de choisir un autre pays que
la
Hongrie archi-connue —, le lecteur le sent vite, et devient extrêmeme
1419
isir un autre pays que la Hongrie archi-connue —,
le
lecteur le sent vite, et devient extrêmement exigeant, car le plus be
1420
re pays que la Hongrie archi-connue —, le lecteur
le
sent vite, et devient extrêmement exigeant, car le plus beau mensonge
1421
e sent vite, et devient extrêmement exigeant, car
le
plus beau mensonge atteint à peine le degré d’intérêt d’une vérité ba
1422
igeant, car le plus beau mensonge atteint à peine
le
degré d’intérêt d’une vérité banale, et seulement à condition de lui
1423
ar le plus beau mensonge atteint à peine le degré
d’
intérêt d’une vérité banale, et seulement à condition de lui ressemble
1424
beau mensonge atteint à peine le degré d’intérêt
d’
une vérité banale, et seulement à condition de lui ressembler, ne fût-
1425
ment à condition de lui ressembler, ne fût-ce que
de
loin, — c’est alors ce qu’on appelait un paradoxe, du temps des petit
1426
radoxe, du temps des petites manières. Cependant,
la
réalité d’un pays apparaissant en général au voyageur de ma sorte sou
1427
temps des petites manières. Cependant, la réalité
d’
un pays apparaissant en général au voyageur de ma sorte sous ses modal
1428
ité d’un pays apparaissant en général au voyageur
de
ma sorte sous ses modalités sentimentales plus que documentaires, peu
1429
, peut-être serait-il bon que je parsème ce texte
de
quelques noms impossibles et de beaucoup de chiffres vraisemblables ?
1430
parsème ce texte de quelques noms impossibles et
de
beaucoup de chiffres vraisemblables ? Ainsi le lecteur superficiel au
1431
et de beaucoup de chiffres vraisemblables ? Ainsi
le
lecteur superficiel aurait-il l’impression que je suis zur Sache, que
1432
mblables ? Ainsi le lecteur superficiel aurait-il
l’
impression que je suis zur Sache, que je parle de mon sujet, — étant a
1433
l’impression que je suis zur Sache, que je parle
de
mon sujet, — étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce qui me par
1434
le de mon sujet, — étant admis que mon sujet soit
la
Hongrie, ce qui me paraît infiniment baroque, à peine compréhensible,
1435
sujet : on est sujet. Et tout ceci n’est rien que
le
voyage du Sujet à la recherche de son Objet, — en passant par la Hong
1436
Et tout ceci n’est rien que le voyage du Sujet à
la
recherche de son Objet, — en passant par la Hongrie. — Mais puisqu’en
1437
n’est rien que le voyage du Sujet à la recherche
de
son Objet, — en passant par la Hongrie. — Mais puisqu’enfin nous y vo
1438
jet à la recherche de son Objet, — en passant par
la
Hongrie. — Mais puisqu’enfin nous y voici… (Le tombeau de Gül Baba es
1439
ar la Hongrie. — Mais puisqu’enfin nous y voici… (
Le
tombeau de Gül Baba est symboliquement vide. Quant à l’arbre de Noël,
1440
ie. — Mais puisqu’enfin nous y voici… (Le tombeau
de
Gül Baba est symboliquement vide. Quant à l’arbre de Noël, il ne deva
1441
beau de Gül Baba est symboliquement vide. Quant à
l’
arbre de Noël, il ne devait à nulle pendeloque insolite l’étrangeté de
1442
Gül Baba est symboliquement vide. Quant à l’arbre
de
Noël, il ne devait à nulle pendeloque insolite l’étrangeté de son écl
1443
de Noël, il ne devait à nulle pendeloque insolite
l’
étrangeté de son éclat. Alors je m’en vais oublier le But de mon voyag
1444
ne devait à nulle pendeloque insolite l’étrangeté
de
son éclat. Alors je m’en vais oublier le But de mon voyage, — qui est
1445
trangeté de son éclat. Alors je m’en vais oublier
le
But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais feindre de prendre au
1446
é de son éclat. Alors je m’en vais oublier le But
de
mon voyage, — qui est sa cause. Je vais feindre de prendre au sérieux
1447
e mon voyage, — qui est sa cause. Je vais feindre
de
prendre au sérieux ce que je vois. Ruse connue : c’est l’histoire du
1448
re au sérieux ce que je vois. Ruse connue : c’est
l’
histoire du mot que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’
1449
nnue : c’est l’histoire du mot que vous avez sous
la
langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque temps… Car on n
1450
que vous avez sous la langue ; je vous conseille
de
n’y plus penser quelque temps… Car on ne trouve vraiment que ce qu’on
1451
Car on ne trouve vraiment que ce qu’on a consenti
de
ne pas trouver sur l’heure. En petit et intéressé, ce geste s’appelle
1452
ent que ce qu’on a consenti de ne pas trouver sur
l’
heure. En petit et intéressé, ce geste s’appelle coquetterie ; en gran
1453
rifice.) … feuilletons un peu ma Hongrie. vii
Les
magnats en taxis La place Saint-Georges, à Bude, est une place vra
1454
n peu ma Hongrie. vii Les magnats en taxis
La
place Saint-Georges, à Bude, est une place vraiment royale. Vide, ell
1455
e prend toute sa hauteur. Silencieuse, solennelle
de
nudité, entre le Palais du Régent et celui d’un des archiducs, quel d
1456
hauteur. Silencieuse, solennelle de nudité, entre
le
Palais du Régent et celui d’un des archiducs, quel décor à rêver le c
1457
lle de nudité, entre le Palais du Régent et celui
d’
un des archiducs, quel décor à rêver le cortège d’un sacre ! J’y ai vu
1458
t et celui d’un des archiducs, quel décor à rêver
le
cortège d’un sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jou
1459
d’un des archiducs, quel décor à rêver le cortège
d’
un sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élec
1460
à rêver le cortège d’un sacre ! J’y ai vu défiler
la
Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des quatre gardiens d
1461
sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats,
le
jour de l’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint É
1462
J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour
de
l’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne.
1463
ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de
l’
élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Aup
1464
ler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection
d’
un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Auprès du porc
1465
s, le jour de l’élection d’un des quatre gardiens
de
la Couronne de saint Étienne. Auprès du porche du Palais, ils n’étaie
1466
le jour de l’élection d’un des quatre gardiens de
la
Couronne de saint Étienne. Auprès du porche du Palais, ils n’étaient
1467
’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne
de
saint Étienne. Auprès du porche du Palais, ils n’étaient guère qu’une
1468
he du Palais, ils n’étaient guère qu’une centaine
de
curieux, et quelques gardes. Traversant dans sa longueur toute l’imme
1469
uelques gardes. Traversant dans sa longueur toute
l’
immense place, les automobiles passèrent lentement, l’une après l’autr
1470
raversant dans sa longueur toute l’immense place,
les
automobiles passèrent lentement, l’une après l’autre, durant une demi
1471
e après l’autre, durant une demi-heure, saluées à
l’
entrée du Palais par les gardes présentant les armes. À ce salut, les
1472
une demi-heure, saluées à l’entrée du Palais par
les
gardes présentant les armes. À ce salut, les quelques députés bourgeo
1473
es à l’entrée du Palais par les gardes présentant
les
armes. À ce salut, les quelques députés bourgeois en redingote ne rép
1474
par les gardes présentant les armes. À ce salut,
les
quelques députés bourgeois en redingote ne répondent que du bout des
1475
dent que du bout des doigts, crainte, sans doute,
de
troubler l’équilibre toujours instable des huit reflets de leur digni
1476
bout des doigts, crainte, sans doute, de troubler
l’
équilibre toujours instable des huit reflets de leur dignité. Mais je
1477
er l’équilibre toujours instable des huit reflets
de
leur dignité. Mais je n’oublierai pas le sourire de ce vieux prince :
1478
reflets de leur dignité. Mais je n’oublierai pas
le
sourire de ce vieux prince : un vrai sourire, adressé personnellement
1479
leur dignité. Mais je n’oublierai pas le sourire
de
ce vieux prince : un vrai sourire, adressé personnellement à l’homme,
1480
ince : un vrai sourire, adressé personnellement à
l’
homme, — et le mot « affable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui
1481
sourire, adressé personnellement à l’homme, — et
le
mot « affable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui a la tête de
1482
fable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui a
la
tête de François-Joseph, dont il fut peut-être valet, nomme à leur pa
1483
reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui a la tête
de
François-Joseph, dont il fut peut-être valet, nomme à leur passage le
1484
dont il fut peut-être valet, nomme à leur passage
les
Karolyi, les Festetics, les Esterhazy, et ces comtes Szechenyi qui co
1485
eut-être valet, nomme à leur passage les Karolyi,
les
Festetics, les Esterhazy, et ces comtes Szechenyi qui construisirent
1486
nomme à leur passage les Karolyi, les Festetics,
les
Esterhazy, et ces comtes Szechenyi qui construisirent le premier pont
1487
Szechenyi qui construisirent le premier pont sur
le
Danube, auteurs ainsi du trait d’union de Buda-Pest. Il y a trois sem
1488
remier pont sur le Danube, auteurs ainsi du trait
d’
union de Buda-Pest. Il y a trois semaines, à Freudenau, lors du Derby
1489
ont sur le Danube, auteurs ainsi du trait d’union
de
Buda-Pest. Il y a trois semaines, à Freudenau, lors du Derby viennois
1490
semaines, à Freudenau, lors du Derby viennois, je
les
ai vus portant cylindre gris à la terrasse du Jockey-Club. Maintenant
1491
y viennois, je les ai vus portant cylindre gris à
la
terrasse du Jockey-Club. Maintenant dans leurs limousines armoriées —
1492
s limousines armoriées — couronnes princières sur
le
bouchon du radiateur — les voici, pères et fils, revêtus des couleurs
1493
ouronnes princières sur le bouchon du radiateur —
les
voici, pères et fils, revêtus des couleurs familiales. Ils se tiennen
1494
se tiennent très droits, appuyés sur leurs sabres
d’
or recourbés dont les poignées entre leurs doigts gantés étincellent.
1495
its, appuyés sur leurs sabres d’or recourbés dont
les
poignées entre leurs doigts gantés étincellent. Parfois un collier de
1496
urs doigts gantés étincellent. Parfois un collier
de
la Toison d’Or, sur la fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pend
1497
doigts gantés étincellent. Parfois un collier de
la
Toison d’Or, sur la fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pendre
1498
ntés étincellent. Parfois un collier de la Toison
d’
Or, sur la fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pendre son petit
1499
ellent. Parfois un collier de la Toison d’Or, sur
la
fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pendre son petit mouton. Ai
1500
Mais, ô pathétique dissonance, tangible absurdité
de
notre époque, beaucoup ont dû louer des taxis démodés, au tarif infér
1501
odés, au tarif inférieur. Des chauffeurs vautrés,
la
casquette de travers sur leurs idées sociales, pareils aux chauffeurs
1502
f inférieur. Des chauffeurs vautrés, la casquette
de
travers sur leurs idées sociales, pareils aux chauffeurs de toutes le
1503
sur leurs idées sociales, pareils aux chauffeurs
de
toutes les villes, conduisent dans la cour d’honneur ces reliques inc
1504
idées sociales, pareils aux chauffeurs de toutes
les
villes, conduisent dans la cour d’honneur ces reliques incroyables et
1505
chauffeurs de toutes les villes, conduisent dans
la
cour d’honneur ces reliques incroyables et les encensent à la benzine
1506
urs de toutes les villes, conduisent dans la cour
d’
honneur ces reliques incroyables et les encensent à la benzine industr
1507
ans la cour d’honneur ces reliques incroyables et
les
encensent à la benzine industrielle. Mais quelle gravité parmi les sp
1508
nneur ces reliques incroyables et les encensent à
la
benzine industrielle. Mais quelle gravité parmi les spectateurs. Reli
1509
a benzine industrielle. Mais quelle gravité parmi
les
spectateurs. Reliques ? Elles conservent du moins toute leur efficace
1510
es conservent du moins toute leur efficace. Voici
le
Prince Primat, les doigts levés. On se signe. Et voici venir à pied d
1511
oins toute leur efficace. Voici le Prince Primat,
les
doigts levés. On se signe. Et voici venir à pied de son palais proche
1512
doigts levés. On se signe. Et voici venir à pied
de
son palais proche, tout seul, un archiduc. On salue profondément, en
1513
e profondément, en silence (cliquetis des rangées
de
décorations sur l’uniforme kaki, et du sabre balancé). Une auto encor
1514
silence (cliquetis des rangées de décorations sur
l’
uniforme kaki, et du sabre balancé). Une auto encore, en retard : le p
1515
t du sabre balancé). Une auto encore, en retard :
le
président du Conseil, maigre, jaune et rigide dans son costume noir e
1516
, jaune et rigide dans son costume noir et or. Si
le
comte Bethlen venait à la SDN en tenue de magnat, beaucoup de gens co
1517
costume noir et or. Si le comte Bethlen venait à
la
SDN en tenue de magnat, beaucoup de gens comprendraient mieux sa poli
1518
or. Si le comte Bethlen venait à la SDN en tenue
de
magnat, beaucoup de gens comprendraient mieux sa politique. viii
1519
gens comprendraient mieux sa politique. viii
Les
coussins Rothermere Le nationalisme de la plupart des États de l’E
1520
sa politique. viii Les coussins Rothermere
Le
nationalisme de la plupart des États de l’Europe se formule en revend
1521
viii Les coussins Rothermere Le nationalisme
de
la plupart des États de l’Europe se formule en revendications d’homme
1522
es États de l’Europe se formule en revendications
d’
hommes d’affaires. Ce qu’on prétend défendre, c’est son droit, ses int
1523
de l’Europe se formule en revendications d’hommes
d’
affaires. Ce qu’on prétend défendre, c’est son droit, ses intérêts. Ma
1524
c’est son droit, ses intérêts. Mais, en Hongrie,
le
nationalisme est une passion toute nue, qui exprime l’être profond de
1525
tionalisme est une passion toute nue, qui exprime
l’
être profond de la race. On ne discute pas cet amour, on ne réfute pas
1526
une passion toute nue, qui exprime l’être profond
de
la race. On ne discute pas cet amour, on ne réfute pas cette haine. I
1527
passion toute nue, qui exprime l’être profond de
la
race. On ne discute pas cet amour, on ne réfute pas cette haine. Ici,
1528
pas cet amour, on ne réfute pas cette haine. Ici,
la
sympathie est un devoir de politesse. Comment la mesurer sans mauvais
1529
pas cette haine. Ici, la sympathie est un devoir
de
politesse. Comment la mesurer sans mauvaise grâce à qui vous a reçu c
1530
la sympathie est un devoir de politesse. Comment
la
mesurer sans mauvaise grâce à qui vous a reçu comme un cadeau de Dieu
1531
mauvaise grâce à qui vous a reçu comme un cadeau
de
Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit la formule traditionnelle.
1532
eau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit
la
formule traditionnelle.) La liqueur de pêche rend démonstratif, dont
1533
ui vous envoie », dit la formule traditionnelle.)
La
liqueur de pêche rend démonstratif, dont on vide trois verres d’un tr
1534
oie », dit la formule traditionnelle.) La liqueur
de
pêche rend démonstratif, dont on vide trois verres d’un trait en guis
1535
êche rend démonstratif, dont on vide trois verres
d’
un trait en guise de salut. C’est alors que se déplient les cartes de
1536
it en guise de salut. C’est alors que se déplient
les
cartes de « la Hongrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé le
1537
de salut. C’est alors que se déplient les cartes
de
« la Hongrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tie
1538
alut. C’est alors que se déplient les cartes de «
la
Hongrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tiers de
1539
ngrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé
les
deux tiers de notre patrie ? » — Ah ! ce n’est pas vous, maintenant,
1540
. — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tiers
de
notre patrie ? » — Ah ! ce n’est pas vous, maintenant, qui allez dema
1541
maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes
de
la façon dont ils traitaient, au temps de leur puissance, les allogèn
1542
ntenant, qui allez demander raison à vos hôtes de
la
façon dont ils traitaient, au temps de leur puissance, les allogènes
1543
dont ils traitaient, au temps de leur puissance,
les
allogènes infiltrés dans certaines régions jusqu’à y former la majori
1544
infiltrés dans certaines régions jusqu’à y former
la
majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombr
1545
ions jusqu’à y former la majorité. Pourtant, vous
les
obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de l’an
1546
Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que
les
nombres ont tort au regard de l’antiquité d’une civilisation ; qu’il
1547
us répondre que les nombres ont tort au regard de
l’
antiquité d’une civilisation ; qu’il s’agit ici de valeurs ; que si le
1548
que les nombres ont tort au regard de l’antiquité
d’
une civilisation ; qu’il s’agit ici de valeurs ; que si les population
1549
l’antiquité d’une civilisation ; qu’il s’agit ici
de
valeurs ; que si les populations des régions perdues étaient parfois
1550
vilisation ; qu’il s’agit ici de valeurs ; que si
les
populations des régions perdues étaient parfois en majorité roumaines
1551
aient parfois en majorité roumaines ou slovaques,
la
minorité hongroise y comptait cependant pour plus ; elle était seule
1552
pour plus ; elle était seule active et créatrice.
Le
reste : des porteurs d’eau… Dans l’inextricable confusion d’injustice
1553
eule active et créatrice. Le reste : des porteurs
d’
eau… Dans l’inextricable confusion d’injustices à quoi devait mener le
1554
et créatrice. Le reste : des porteurs d’eau… Dans
l’
inextricable confusion d’injustices à quoi devait mener le wilsonisme
1555
des porteurs d’eau… Dans l’inextricable confusion
d’
injustices à quoi devait mener le wilsonisme schématique qui traça les
1556
icable confusion d’injustices à quoi devait mener
le
wilsonisme schématique qui traça les frontières actuelles, dans ce re
1557
devait mener le wilsonisme schématique qui traça
les
frontières actuelles, dans ce renversement des rôles, l’oppresseur de
1558
tières actuelles, dans ce renversement des rôles,
l’
oppresseur devenant l’opprimé sans y perdre le sentiment de sa supério
1559
ce renversement des rôles, l’oppresseur devenant
l’
opprimé sans y perdre le sentiment de sa supériorité de race — sa véri
1560
es, l’oppresseur devenant l’opprimé sans y perdre
le
sentiment de sa supériorité de race — sa véritable légitimité — on co
1561
eur devenant l’opprimé sans y perdre le sentiment
de
sa supériorité de race — sa véritable légitimité — on comprend que le
1562
rimé sans y perdre le sentiment de sa supériorité
de
race — sa véritable légitimité — on comprend que le Hongrois n’ait po
1563
race — sa véritable légitimité — on comprend que
le
Hongrois n’ait point conservé une extrême sensibilité aux arguments d
1564
nt conservé une extrême sensibilité aux arguments
de
« droit » qui autorisèrent ce chaos. Il lui reste sa foi en la grande
1565
qui autorisèrent ce chaos. Il lui reste sa foi en
la
grandeur éternelle de la Hongrie — intemporelle, n’ayant cure des sta
1566
aos. Il lui reste sa foi en la grandeur éternelle
de
la Hongrie — intemporelle, n’ayant cure des statistiques — et sa doul
1567
. Il lui reste sa foi en la grandeur éternelle de
la
Hongrie — intemporelle, n’ayant cure des statistiques — et sa douleur
1568
e des statistiques — et sa douleur aussi, douleur
d’
orgueil blessé, mais qui emporte la sympathie : car l’orgueil hongrois
1569
aussi, douleur d’orgueil blessé, mais qui emporte
la
sympathie : car l’orgueil hongrois n’est point de ce que l’on gagne s
1570
gueil blessé, mais qui emporte la sympathie : car
l’
orgueil hongrois n’est point de ce que l’on gagne sur autrui, mais de
1571
la sympathie : car l’orgueil hongrois n’est point
de
ce que l’on gagne sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’u
1572
ie : car l’orgueil hongrois n’est point de ce que
l’
on gagne sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’un parvenu,
1573
n’est point de ce que l’on gagne sur autrui, mais
de
ce que l’on est ; non point d’un parvenu, mais d’un aristocrate. Tous
1574
t de ce que l’on gagne sur autrui, mais de ce que
l’
on est ; non point d’un parvenu, mais d’un aristocrate. Tous dangers é
1575
e sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point
d’
un parvenu, mais d’un aristocrate. Tous dangers égaux d’ailleurs, préf
1576
de ce que l’on est ; non point d’un parvenu, mais
d’
un aristocrate. Tous dangers égaux d’ailleurs, préférons cet impériali
1577
gers égaux d’ailleurs, préférons cet impérialisme
de
l’âme à l’impérialisme de la surproduction des machines et des enfant
1578
s égaux d’ailleurs, préférons cet impérialisme de
l’
âme à l’impérialisme de la surproduction des machines et des enfants.
1579
d’ailleurs, préférons cet impérialisme de l’âme à
l’
impérialisme de la surproduction des machines et des enfants. C’est pa
1580
férons cet impérialisme de l’âme à l’impérialisme
de
la surproduction des machines et des enfants. C’est parce que les Hon
1581
ons cet impérialisme de l’âme à l’impérialisme de
la
surproduction des machines et des enfants. C’est parce que les Hongro
1582
tion des machines et des enfants. C’est parce que
les
Hongrois n’ont pas perdu le sentiment qu’ils sont en scandale au mond
1583
nts. C’est parce que les Hongrois n’ont pas perdu
le
sentiment qu’ils sont en scandale au monde moderne. Voilà ce qu’on ne
1584
au monde moderne. Voilà ce qu’on ne dit pas dans
les
dépêches d’agence : les journalistes, une fois de plus, passent à côt
1585
erne. Voilà ce qu’on ne dit pas dans les dépêches
d’
agence : les journalistes, une fois de plus, passent à côté de l’essen
1586
ce qu’on ne dit pas dans les dépêches d’agence :
les
journalistes, une fois de plus, passent à côté de l’essentiel8. Rien
1587
journalistes, une fois de plus, passent à côté de
l’
essentiel8. Rien n’est grave, que le sentiment, — en politique comme a
1588
ent à côté de l’essentiel8. Rien n’est grave, que
le
sentiment, — en politique comme ailleurs. Songez à ce qui forme l’opi
1589
n politique comme ailleurs. Songez à ce qui forme
l’
opinion, cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne les argument
1590
rs. Songez à ce qui forme l’opinion, cet ensemble
de
mythes sentimentaux qui gouverne les arguments. Songez combien souven
1591
cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne
les
arguments. Songez combien souvent les raisons qu’on allègue masquent
1592
ui gouverne les arguments. Songez combien souvent
les
raisons qu’on allègue masquent les causes qui agissent. Ici je rentre
1593
ombien souvent les raisons qu’on allègue masquent
les
causes qui agissent. Ici je rentre dans mes chasses et rembouche mon
1594
et rembouche mon cor. Macrocosme et microcosme :
la
politique des peuples ressemble à celle des individus, pour ce qui es
1595
à celle des individus, pour ce qui est du moins,
de
mentir à soi-même. Mais les Hongrois ne renient pas leur romantisme.
1596
r ce qui est du moins, de mentir à soi-même. Mais
les
Hongrois ne renient pas leur romantisme. Quelle revanche prendrait la
1597
nt pas leur romantisme. Quelle revanche prendrait
la
Hongrie, sur une Carte du Tendre d’après le traité de Trianon ! Ces c
1598
drait la Hongrie, sur une Carte du Tendre d’après
le
traité de Trianon ! Ces choses, je les ai rêvées sur un divan, à caus
1599
ongrie, sur une Carte du Tendre d’après le traité
de
Trianon ! Ces choses, je les ai rêvées sur un divan, à cause d’un cou
1600
dre d’après le traité de Trianon ! Ces choses, je
les
ai rêvées sur un divan, à cause d’un coussin où s’étalait le sourire
1601
es choses, je les ai rêvées sur un divan, à cause
d’
un coussin où s’étalait le sourire optimiste de Lord Rothermere, en so
1602
s sur un divan, à cause d’un coussin où s’étalait
le
sourire optimiste de Lord Rothermere, en soie blanche sur fond noir.
1603
se d’un coussin où s’étalait le sourire optimiste
de
Lord Rothermere, en soie blanche sur fond noir. Quelques articles fa
1604
he sur fond noir. Quelques articles favorables à
la
Hongrie, au moment où l’Europe semblait abandonner à son malheur ce p
1605
es articles favorables à la Hongrie, au moment où
l’
Europe semblait abandonner à son malheur ce peuple turbulent et déchu,
1606
r ce peuple turbulent et déchu, suffirent à faire
d’
un affairiste anglais l’idole du nationalisme magyar. Son portrait aff
1607
déchu, suffirent à faire d’un affairiste anglais
l’
idole du nationalisme magyar. Son portrait affiché dans tous les cafés
1608
tionalisme magyar. Son portrait affiché dans tous
les
cafés, dans les halls universitaires, brodé aux devantures des magasi
1609
r. Son portrait affiché dans tous les cafés, dans
les
halls universitaires, brodé aux devantures des magasins de mode, et s
1610
universitaires, brodé aux devantures des magasins
de
mode, et son nom en lettres géantes sur une montagne chauve, voisine
1611
lettres géantes sur une montagne chauve, voisine
de
Budapest, témoignent des espérances démesurées qu’il sut entretenir a
1612
espérances démesurées qu’il sut entretenir autour
d’
une action certes méritoire, mais plus symbolique qu’efficace. Et sans
1613
Et sans lendemain. Ce mélange, en toutes choses,
d’
enfantillage et de grandeur, d’imaginations absurdes et de souffrances
1614
. Ce mélange, en toutes choses, d’enfantillage et
de
grandeur, d’imaginations absurdes et de souffrances vraies, n’est-ce
1615
en toutes choses, d’enfantillage et de grandeur,
d’
imaginations absurdes et de souffrances vraies, n’est-ce point le clim
1616
illage et de grandeur, d’imaginations absurdes et
de
souffrances vraies, n’est-ce point le climat de la passion ? — C’est
1617
absurdes et de souffrances vraies, n’est-ce point
le
climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie9. ix Une lettr
1618
t de souffrances vraies, n’est-ce point le climat
de
la passion ? — C’est celui de la Hongrie9. ix Une lettre de Matth
1619
e souffrances vraies, n’est-ce point le climat de
la
passion ? — C’est celui de la Hongrie9. ix Une lettre de Matthias
1620
-ce point le climat de la passion ? — C’est celui
de
la Hongrie9. ix Une lettre de Matthias Corvin « Matthias, par
1621
point le climat de la passion ? — C’est celui de
la
Hongrie9. ix Une lettre de Matthias Corvin « Matthias, par la
1622
? — C’est celui de la Hongrie9. ix Une lettre
de
Matthias Corvin « Matthias, par la grâce de Dieu roi de Hongrie. B
1623
Une lettre de Matthias Corvin « Matthias, par
la
grâce de Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pa
1624
re de Matthias Corvin « Matthias, par la grâce
de
Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vo
1625
as Corvin « Matthias, par la grâce de Dieu roi
de
Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter
1626
enez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez
la
tête. Donné à Bude. Le roi. » x Visite à Babits Personne, à ma
1627
enter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude.
Le
roi. » x Visite à Babits Personne, à ma connaissance, ne se pl
1628
bits Personne, à ma connaissance, ne se plaint
de
ce qu’il y ait peu de poètes par le monde. C’est dans l’ordre des cho
1629
ne se plaint de ce qu’il y ait peu de poètes par
le
monde. C’est dans l’ordre des choses, et l’on sait qu’il suffit de tr
1630
u’il y ait peu de poètes par le monde. C’est dans
l’
ordre des choses, et l’on sait qu’il suffit de très peu de sel pour re
1631
s par le monde. C’est dans l’ordre des choses, et
l’
on sait qu’il suffit de très peu de sel pour rendre mangeables beaucou
1632
ans l’ordre des choses, et l’on sait qu’il suffit
de
très peu de sel pour rendre mangeables beaucoup de nouilles. Mais voi
1633
ais voici, par exemple, ce qu’il faudrait essayer
d’
obtenir : que la grande majorité des gens ne deviennent pas enragés dè
1634
xemple, ce qu’il faudrait essayer d’obtenir : que
la
grande majorité des gens ne deviennent pas enragés dès qu’ils perçoiv
1635
s ne deviennent pas enragés dès qu’ils perçoivent
de
la poésie dans l’air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut c
1636
e deviennent pas enragés dès qu’ils perçoivent de
la
poésie dans l’air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut croi
1637
s enragés dès qu’ils perçoivent de la poésie dans
l’
air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut croire bien près d’
1638
oute chimérique, mais qu’on peut croire bien près
d’
être comblé dans ce pays où les courtiers ne donnent pas encore le ton
1639
ut croire bien près d’être comblé dans ce pays où
les
courtiers ne donnent pas encore le ton. La littérature hongroise n’e
1640
ns ce pays où les courtiers ne donnent pas encore
le
ton. La littérature hongroise n’est guère connue à l’étranger que pa
1641
s où les courtiers ne donnent pas encore le ton.
La
littérature hongroise n’est guère connue à l’étranger que par quelque
1642
n. La littérature hongroise n’est guère connue à
l’
étranger que par quelques pièces légères de Molnar, qui n’ont de hongr
1643
nnue à l’étranger que par quelques pièces légères
de
Molnar, qui n’ont de hongrois que l’auteur, d’ailleurs israélite. Il
1644
par quelques pièces légères de Molnar, qui n’ont
de
hongrois que l’auteur, d’ailleurs israélite. Il y a, bien entendu, un
1645
èces légères de Molnar, qui n’ont de hongrois que
l’
auteur, d’ailleurs israélite. Il y a, bien entendu, une littérature of
1646
du, une littérature officielle destinée à remplir
les
revues bien pensantes. Elle traite de sujets « bien hongrois » dans u
1647
à remplir les revues bien pensantes. Elle traite
de
sujets « bien hongrois » dans un style académique qui me paraît être
1648
ois » dans un style académique qui me paraît être
le
contraire du style hongrois. Il y a aussi une extrême gauche, et sa r
1649
extrême gauche, et sa revue Documentum (une sorte
d’
Esprit nouveau troublé de surréalisme), groupée autour de Louis Kassak
1650
ue Documentum (une sorte d’Esprit nouveau troublé
de
surréalisme), groupée autour de Louis Kassak, nettement international
1651
tour de Louis Kassak, nettement internationaliste
de
doctrine, au lyrisme neuf et parfois sauvage, social ou futuriste, et
1652
et parfois sauvage, social ou futuriste, et dont
la
« furia » serait assez hongroise… Mais l’expression la plus libre et
1653
et dont la « furia » serait assez hongroise… Mais
l’
expression la plus libre et la plus vivante du génie littéraire de cet
1654
furia » serait assez hongroise… Mais l’expression
la
plus libre et la plus vivante du génie littéraire de cette race me pa
1655
sez hongroise… Mais l’expression la plus libre et
la
plus vivante du génie littéraire de cette race me paraît bien avoir é
1656
plus libre et la plus vivante du génie littéraire
de
cette race me paraît bien avoir été donnée par le groupe important du
1657
de cette race me paraît bien avoir été donnée par
le
groupe important du Nyugât (l’Occident), revue fondée par ces deux gr
1658
oir été donnée par le groupe important du Nyugât (
l’
Occident), revue fondée par ces deux grands poètes : André Ady et Mich
1659
grands poètes : André Ady et Michel Babits. Ady,
le
sombre et pathétique, est mort à 35 ans, mais sa ferveur anime encore
1660
r anime encore ces écrivains profondément magyars
de
sensibilité, bien que souvent européens de goûts et de curiosités, et
1661
agyars de sensibilité, bien que souvent européens
de
goûts et de curiosités, et dont Michel Babits est aujourd’hui le chef
1662
nsibilité, bien que souvent européens de goûts et
de
curiosités, et dont Michel Babits est aujourd’hui le chef de file. De
1663
curiosités, et dont Michel Babits est aujourd’hui
le
chef de file. Des amis m’emmènent le voir à Esztergom, où il passe se
1664
és, et dont Michel Babits est aujourd’hui le chef
de
file. Des amis m’emmènent le voir à Esztergom, où il passe ses étés.
1665
aujourd’hui le chef de file. Des amis m’emmènent
le
voir à Esztergom, où il passe ses étés. Esztergom est la plus vieille
1666
à Esztergom, où il passe ses étés. Esztergom est
la
plus vieille capitale de la Hongrie. Attila, me dit-on, y régna. Aujo
1667
ses étés. Esztergom est la plus vieille capitale
de
la Hongrie. Attila, me dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidenc
1668
s étés. Esztergom est la plus vieille capitale de
la
Hongrie. Attila, me dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidence d
1669
ie. Attila, me dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est
la
résidence du Prince Primat. Au-dessus du palais de l’archevêché, sur
1670
a résidence du Prince Primat. Au-dessus du palais
de
l’archevêché, sur une colline que le Danube contourne, la Basilique é
1671
ésidence du Prince Primat. Au-dessus du palais de
l’
archevêché, sur une colline que le Danube contourne, la Basilique élèv
1672
us du palais de l’archevêché, sur une colline que
le
Danube contourne, la Basilique élève une coupole d’ocre éclatante, im
1673
hevêché, sur une colline que le Danube contourne,
la
Basilique élève une coupole d’ocre éclatante, immense et froide, domi
1674
Danube contourne, la Basilique élève une coupole
d’
ocre éclatante, immense et froide, dominant cette plaine onduleuse don
1675
e et froide, dominant cette plaine onduleuse dont
les
vagues se perdent dans une poussière violacée à l’horizon — chez les
1676
s vagues se perdent dans une poussière violacée à
l’
horizon — chez les Tchèques déjà. Nous allons aux bains, car c’est dan
1677
nt dans une poussière violacée à l’horizon — chez
les
Tchèques déjà. Nous allons aux bains, car c’est dans la piscine que n
1678
èques déjà. Nous allons aux bains, car c’est dans
la
piscine que nous devons rencontrer le poète. Cheveux noirs d’aigle co
1679
c’est dans la piscine que nous devons rencontrer
le
poète. Cheveux noirs d’aigle collés sur son large front, belle carrur
1680
ue nous devons rencontrer le poète. Cheveux noirs
d’
aigle collés sur son large front, belle carrure ruisselante, il nous s
1681
, belle carrure ruisselante, il nous sourit, dans
l’
eau jusqu’à mi-corps, mythologique. Nous sortons ensemble de la petite
1682
u’à mi-corps, mythologique. Nous sortons ensemble
de
la petite ville aux rues de terre brûlante, aux maisons jaunes basses
1683
mi-corps, mythologique. Nous sortons ensemble de
la
petite ville aux rues de terre brûlante, aux maisons jaunes basses, v
1684
Nous sortons ensemble de la petite ville aux rues
de
terre brûlante, aux maisons jaunes basses, ville sans ombre, sans arb
1685
lle sans ombre, sans arbres, et nous montons vers
la
maison du poète, sur un coteau de vignes. Trois chambres boisées ento
1686
us montons vers la maison du poète, sur un coteau
de
vignes. Trois chambres boisées entourées d’une large galerie d’où l’o
1687
oteau de vignes. Trois chambres boisées entourées
d’
une large galerie d’où l’on voit le Danube gris-jaune, brillant, sans
1688
is chambres boisées entourées d’une large galerie
d’
où l’on voit le Danube gris-jaune, brillant, sans rides, la petite vil
1689
ambres boisées entourées d’une large galerie d’où
l’
on voit le Danube gris-jaune, brillant, sans rides, la petite ville ju
1690
sées entourées d’une large galerie d’où l’on voit
le
Danube gris-jaune, brillant, sans rides, la petite ville juste au-des
1691
voit le Danube gris-jaune, brillant, sans rides,
la
petite ville juste au-dessous de soi, et la Basilique sur son rocher.
1692
ides, la petite ville juste au-dessous de soi, et
la
Basilique sur son rocher. Fraîches, sentant bon, avec des livres sur
1693
vans aux riches couleurs, des boissons préparées,
l’
ombre bourdonnante, — trois petites chambres et un pan de toit par-des
1694
bourdonnante, — trois petites chambres et un pan
de
toit par-dessus, cela fait une baraque à peine visible dans les vigne
1695
essus, cela fait une baraque à peine visible dans
les
vignes, à peine détachée du flanc de la colline (pour que les vents n
1696
isible dans les vignes, à peine détachée du flanc
de
la colline (pour que les vents ne l’emportent pas), un beau nid de po
1697
ble dans les vignes, à peine détachée du flanc de
la
colline (pour que les vents ne l’emportent pas), un beau nid de poète
1698
à peine détachée du flanc de la colline (pour que
les
vents ne l’emportent pas), un beau nid de poète : car demeurer ici, c
1699
hée du flanc de la colline (pour que les vents ne
l’
emportent pas), un beau nid de poète : car demeurer ici, c’est demeure
1700
ur que les vents ne l’emportent pas), un beau nid
de
poète : car demeurer ici, c’est demeurer vraiment « en pleine nature
1701
r vraiment « en pleine nature », un peu au-dessus
de
la plaine, pas tout à fait dans le ciel, là où doivent vivre ceux qui
1702
raiment « en pleine nature », un peu au-dessus de
la
plaine, pas tout à fait dans le ciel, là où doivent vivre ceux qui «
1703
peu au-dessus de la plaine, pas tout à fait dans
le
ciel, là où doivent vivre ceux qui « chantent ». L’après-midi est imm
1704
ciel, là où doivent vivre ceux qui « chantent ».
L’
après-midi est immense. Nous buvons des vins dorés et doux que nous ve
1705
s belle), nous inscrivons nos noms au charbon sur
le
mur chaulé, Gachot prend des photos, Gyergyai fouille la plaine à la
1706
chaulé, Gachot prend des photos, Gyergyai fouille
la
plaine à la longue-vue et rêve qu’il y est, je grimpe au cerisier sau
1707
ot prend des photos, Gyergyai fouille la plaine à
la
longue-vue et rêve qu’il y est, je grimpe au cerisier sauvage, derriè
1708
il y est, je grimpe au cerisier sauvage, derrière
la
maison, un peintre tout en blanc arrive par les vignes, ah ! qu’il fa
1709
re la maison, un peintre tout en blanc arrive par
les
vignes, ah ! qu’il fait beau temps, l’horizon est aussi lointain qu’o
1710
rrive par les vignes, ah ! qu’il fait beau temps,
l’
horizon est aussi lointain qu’on l’imagine, tout a de belles couleurs,
1711
it beau temps, l’horizon est aussi lointain qu’on
l’
imagine, tout a de belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y
1712
orizon est aussi lointain qu’on l’imagine, tout a
de
belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans
1713
ntain qu’on l’imagine, tout a de belles couleurs,
le
poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans l’air… xi Le re
1714
poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans
l’
air… xi Le retour d’Esztergom Il faut se pencher aux portières
1715
n lui-même, il y a une enfance dans l’air… xi
Le
retour d’Esztergom Il faut se pencher aux portières et laisser l’a
1716
, il y a une enfance dans l’air… xi Le retour
d’
Esztergom Il faut se pencher aux portières et laisser l’air furieux
1717
om Il faut se pencher aux portières et laisser
l’
air furieux emmêler les cheveux, glacer le masque et appuyer au front
1718
er aux portières et laisser l’air furieux emmêler
les
cheveux, glacer le masque et appuyer au front comme une caresse indéf
1719
laisser l’air furieux emmêler les cheveux, glacer
le
masque et appuyer au front comme une caresse indéfinie de la puissanc
1720
e et appuyer au front comme une caresse indéfinie
de
la puissance. Soir de voyage, tout enfiévré d’orgueil errant, de conq
1721
t appuyer au front comme une caresse indéfinie de
la
puissance. Soir de voyage, tout enfiévré d’orgueil errant, de conquêt
1722
comme une caresse indéfinie de la puissance. Soir
de
voyage, tout enfiévré d’orgueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce
1723
ie de la puissance. Soir de voyage, tout enfiévré
d’
orgueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est de la terre renon
1724
. Soir de voyage, tout enfiévré d’orgueil errant,
de
conquêtes vagues… Tout ce qui est de la terre renonce à s’affirmer en
1725
ueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est
de
la terre renonce à s’affirmer en détail précis, se masse dans une con
1726
l errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est de
la
terre renonce à s’affirmer en détail précis, se masse dans une confus
1727
mer en détail précis, se masse dans une confusion
de
violet sombre, et par la seule ligne dure de l’horizon s’oppose au ci
1728
masse dans une confusion de violet sombre, et par
la
seule ligne dure de l’horizon s’oppose au ciel qui retire ses lueurs.
1729
sion de violet sombre, et par la seule ligne dure
de
l’horizon s’oppose au ciel qui retire ses lueurs. Ciel blanc, où très
1730
n de violet sombre, et par la seule ligne dure de
l’
horizon s’oppose au ciel qui retire ses lueurs. Ciel blanc, où très pe
1731
el qui retire ses lueurs. Ciel blanc, où très peu
d’
or rose s’évanouit… Le train serpente dans un de ces paysages de nulle
1732
rs. Ciel blanc, où très peu d’or rose s’évanouit…
Le
train serpente dans un de ces paysages de nulle part qui sont les plu
1733
u d’or rose s’évanouit… Le train serpente dans un
de
ces paysages de nulle part qui sont les plus émouvants, entre des col
1734
anouit… Le train serpente dans un de ces paysages
de
nulle part qui sont les plus émouvants, entre des collines basses gra
1735
te dans un de ces paysages de nulle part qui sont
les
plus émouvants, entre des collines basses grattées par les vents, aux
1736
émouvants, entre des collines basses grattées par
les
vents, aux arbres rares, mais aux replis si doucement intimes qu’à ce
1737
e heure on sent bien que poursuivre est une sorte
d’
enivrant péché. — Nous aurions une maison dans ce désert aux formes te
1738
désert aux formes tendres et déjà familières, et
le
passage des trains chaque soir nous redirait un adieu bref, — chaque
1739
adieu bref, — chaque soir plus infime, à cause de
l’
éloignement en nous-mêmes. À l’entrée d’un tunnel tu vois que la veill
1740
infime, à cause de l’éloignement en nous-mêmes. À
l’
entrée d’un tunnel tu vois que la veilleuse brûle toujours — et moi, p
1741
cause de l’éloignement en nous-mêmes. À l’entrée
d’
un tunnel tu vois que la veilleuse brûle toujours — et moi, parmi les
1742
en nous-mêmes. À l’entrée d’un tunnel tu vois que
la
veilleuse brûle toujours — et moi, parmi les reflets fuyants de toute
1743
s que la veilleuse brûle toujours — et moi, parmi
les
reflets fuyants de toutes sortes de faces et de paysages soudainement
1744
rûle toujours — et moi, parmi les reflets fuyants
de
toutes sortes de faces et de paysages soudainement invisibles, je dis
1745
t moi, parmi les reflets fuyants de toutes sortes
de
faces et de paysages soudainement invisibles, je distingue le doux fe
1746
les reflets fuyants de toutes sortes de faces et
de
paysages soudainement invisibles, je distingue le doux feu bleu de mo
1747
de paysages soudainement invisibles, je distingue
le
doux feu bleu de mon obsession. L’Objet inconnu, — quand je pense à c
1748
inement invisibles, je distingue le doux feu bleu
de
mon obsession. L’Objet inconnu, — quand je pense à ce qu’en imaginera
1749
, je distingue le doux feu bleu de mon obsession.
L’
Objet inconnu, — quand je pense à ce qu’en imagineraient les autres, s
1750
nconnu, — quand je pense à ce qu’en imagineraient
les
autres, si je leur en parlais… Il leur suffirait de l’image d’un bibe
1751
autres, si je leur en parlais… Il leur suffirait
de
l’image d’un bibelot d’une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un c
1752
tres, si je leur en parlais… Il leur suffirait de
l’
image d’un bibelot d’une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un cert
1753
je leur en parlais… Il leur suffirait de l’image
d’
un bibelot d’une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un certain arra
1754
arlais… Il leur suffirait de l’image d’un bibelot
d’
une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un certain arrangement des c
1755
oses qui rende un certain son spirituel… Un objet
de
musique et de couleurs, mais aussi une forme symbolique de tout… Enfi
1756
un certain son spirituel… Un objet de musique et
de
couleurs, mais aussi une forme symbolique de tout… Enfin, tellement i
1757
e et de couleurs, mais aussi une forme symbolique
de
tout… Enfin, tellement inconnu et tellement fascinant à la fois, qu’i
1758
tellement fascinant à la fois, qu’il me préserve
de
tout amour pour quelque bien particulier où je serais tenté de me com
1759
pour quelque bien particulier où je serais tenté
de
me complaire. Oh ! je sais ! — Je ne sais plus. — Le train s’attarde
1760
me complaire. Oh ! je sais ! — Je ne sais plus. —
Le
train s’attarde dans sa fumée, on respire une lourde obscurité qui se
1761
a fumée, on respire une lourde obscurité qui sent
l’
enfer. Je ne pense plus qu’« au souffle »… Mais alors tout s’allume et
1762
« au souffle »… Mais alors tout s’allume et voici
la
nuit des faubourgs de Pest, au-dessous de nous. xii Un bal, ou de
1763
lors tout s’allume et voici la nuit des faubourgs
de
Pest, au-dessous de nous. xii Un bal, ou de l’ivresse considérée
1764
s de Pest, au-dessous de nous. xii Un bal, ou
de
l’ivresse considérée comme un des beaux-arts Ils n’ont plus de nom
1765
e Pest, au-dessous de nous. xii Un bal, ou de
l’
ivresse considérée comme un des beaux-arts Ils n’ont plus de noms,
1766
sidérée comme un des beaux-arts Ils n’ont plus
de
noms, ils ne sont qu’une ivresse aux cent visages, lorsque j’entre da
1767
ne ivresse aux cent visages, lorsque j’entre dans
l’
atelier du peintre. Je ne tarde pas à oublier ce qui est lent ou fixe
1768
ou bassement mélancoliques. Souvent laids — sauf
les
demi-juifs — mais laids comme des paysans, beaux hommes aux traits lo
1769
des paysans, beaux hommes aux traits lourds. Dans
l’
ivresse, leurs yeux s’agrandissent. Dans la danse, ils incarnent l’all
1770
. Dans l’ivresse, leurs yeux s’agrandissent. Dans
la
danse, ils incarnent l’allégresse rythmique. Je les vois frapper le s
1771
yeux s’agrandissent. Dans la danse, ils incarnent
l’
allégresse rythmique. Je les vois frapper le sol du talon en levant un
1772
a danse, ils incarnent l’allégresse rythmique. Je
les
vois frapper le sol du talon en levant un bras, la main à la nuque ;
1773
rnent l’allégresse rythmique. Je les vois frapper
le
sol du talon en levant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol d
1774
s vois frapper le sol du talon en levant un bras,
la
main à la nuque ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de mai
1775
pper le sol du talon en levant un bras, la main à
la
nuque ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de main ; saisir
1776
n en levant un bras, la main à la nuque ; frapper
le
sol de l’autre talon en changeant de main ; saisir la danseuse sous l
1777
vant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol
de
l’autre talon en changeant de main ; saisir la danseuse sous les bras
1778
ue ; frapper le sol de l’autre talon en changeant
de
main ; saisir la danseuse sous les bras (elle pose alors ses mains su
1779
ol de l’autre talon en changeant de main ; saisir
la
danseuse sous les bras (elle pose alors ses mains sur les épaules du
1780
on en changeant de main ; saisir la danseuse sous
les
bras (elle pose alors ses mains sur les épaules du cavalier) et la fa
1781
euse sous les bras (elle pose alors ses mains sur
les
épaules du cavalier) et la faire pirouetter un quart de tour à droite
1782
e alors ses mains sur les épaules du cavalier) et
la
faire pirouetter un quart de tour à droite, un quart de tour à gauche
1783
ules du cavalier) et la faire pirouetter un quart
de
tour à droite, un quart de tour à gauche ; pirouetter seuls sur place
1784
s du cavalier) et la faire pirouetter un quart de
tour
à droite, un quart de tour à gauche ; pirouetter seuls sur place ; de
1785
re pirouetter un quart de tour à droite, un quart
de
tour à gauche ; pirouetter seuls sur place ; de nouveau frapper le so
1786
pirouetter un quart de tour à droite, un quart de
tour
à gauche ; pirouetter seuls sur place ; de nouveau frapper le sol des
1787
; pirouetter seuls sur place ; de nouveau frapper
le
sol des talons, alternativement ; saisir la danseuse, tourbillonner,
1788
apper le sol des talons, alternativement ; saisir
la
danseuse, tourbillonner, pousser de grands cris ; tourbillonner en se
1789
ment ; saisir la danseuse, tourbillonner, pousser
de
grands cris ; tourbillonner en sens inverse ; frapper des talons touj
1790
; frapper des talons toujours plus vite, mains à
la
nuque, mains à la hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant l
1791
ons toujours plus vite, mains à la nuque, mains à
la
hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant le parquet jusqu’à
1792
ite, mains à la nuque, mains à la hanche, mains à
la
danseuse ; partir en martelant le parquet jusqu’à produire un rouleme
1793
hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant
le
parquet jusqu’à produire un roulement continu, marteler encore plus v
1794
illonnant, choir enfin dans une vaste culbute sur
les
divans où l’ivresse les lâche, affalés, tandis que les danseuses seco
1795
ir enfin dans une vaste culbute sur les divans où
l’
ivresse les lâche, affalés, tandis que les danseuses secouent leurs ch
1796
ans une vaste culbute sur les divans où l’ivresse
les
lâche, affalés, tandis que les danseuses secouent leurs cheveux et te
1797
ivans où l’ivresse les lâche, affalés, tandis que
les
danseuses secouent leurs cheveux et tendent les bras en riant pour qu
1798
e les danseuses secouent leurs cheveux et tendent
les
bras en riant pour qu’on les relève. Elles : des Vénitiennes aux yeux
1799
s cheveux et tendent les bras en riant pour qu’on
les
relève. Elles : des Vénitiennes aux yeux de plaine, comme les autres
1800
Elles : des Vénitiennes aux yeux de plaine, comme
les
autres ont des yeux de mer. Des grâces d’amazones avec un coup de tal
1801
aux yeux de plaine, comme les autres ont des yeux
de
mer. Des grâces d’amazones avec un coup de talon qui les secoue jusqu
1802
comme les autres ont des yeux de mer. Des grâces
d’
amazones avec un coup de talon qui les secoue jusqu’à la chevelure. Gr
1803
s yeux de mer. Des grâces d’amazones avec un coup
de
talon qui les secoue jusqu’à la chevelure. Graves entre leurs éclats
1804
. Des grâces d’amazones avec un coup de talon qui
les
secoue jusqu’à la chevelure. Graves entre leurs éclats de rire tourno
1805
ones avec un coup de talon qui les secoue jusqu’à
la
chevelure. Graves entre leurs éclats de rire tournoyants mais non pas
1806
des gestes tendres des bras en balançant vivement
la
tête. Quand elles parlent, la voix un peu rauque, voluptueuse ; quand
1807
balançant vivement la tête. Quand elles parlent,
la
voix un peu rauque, voluptueuse ; quand elles chantent, les moires et
1808
n peu rauque, voluptueuse ; quand elles chantent,
les
moires et l’ondulation des rubans de vents chauds sur la plaine, avec
1809
voluptueuse ; quand elles chantent, les moires et
l’
ondulation des rubans de vents chauds sur la plaine, avec des éloignem
1810
s chantent, les moires et l’ondulation des rubans
de
vents chauds sur la plaine, avec des éloignements et des retours, des
1811
es et l’ondulation des rubans de vents chauds sur
la
plaine, avec des éloignements et des retours, des enroulements et dér
1812
soutenues par un long souffle vif. J’observe que
les
paroles autant que les gestes sont gouvernées par la seule logique d’
1813
souffle vif. J’observe que les paroles autant que
les
gestes sont gouvernées par la seule logique d’un rythme constamment i
1814
paroles autant que les gestes sont gouvernées par
la
seule logique d’un rythme constamment imprévu. Il s’agit moins de com
1815
e les gestes sont gouvernées par la seule logique
d’
un rythme constamment imprévu. Il s’agit moins de comprendre que de s’
1816
d’un rythme constamment imprévu. Il s’agit moins
de
comprendre que de s’abandonner d’une certaine manière. En France, cha
1817
amment imprévu. Il s’agit moins de comprendre que
de
s’abandonner d’une certaine manière. En France, chacun parle pour son
1818
Il s’agit moins de comprendre que de s’abandonner
d’
une certaine manière. En France, chacun parle pour son compte, paraphe
1819
aphe son épigramme, jette son petit caillou. Ici,
le
sens des mots et des choses est celui d’un courant musical qui domine
1820
ou. Ici, le sens des mots et des choses est celui
d’
un courant musical qui domine l’ensemble et le compose selon les lois
1821
choses est celui d’un courant musical qui domine
l’
ensemble et le compose selon les lois d’une plastique exubérante. Quan
1822
lui d’un courant musical qui domine l’ensemble et
le
compose selon les lois d’une plastique exubérante. Quand je dis que j
1823
musical qui domine l’ensemble et le compose selon
les
lois d’une plastique exubérante. Quand je dis que j’observe, je n’obs
1824
ui domine l’ensemble et le compose selon les lois
d’
une plastique exubérante. Quand je dis que j’observe, je n’observe rie
1825
rien. Il y a des femmes si belles qu’on en ferme
les
yeux. Quel style dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime l’
1826
i belles qu’on en ferme les yeux. Quel style dans
la
liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime l’ivresse comme un art. Et
1827
dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime
l’
ivresse comme un art. Et qu’on soigne sa mise en scène, qu’on sauvegar
1828
on sauvegarde sa qualité. Ailleurs, chez nous, on
la
laisse traîner dans la sciure ou dans le gâtisme. On trouve que ça n’
1829
é. Ailleurs, chez nous, on la laisse traîner dans
la
sciure ou dans le gâtisme. On trouve que ça n’est pas distingué, et e
1830
nous, on la laisse traîner dans la sciure ou dans
le
gâtisme. On trouve que ça n’est pas distingué, et en effet, que serai
1831
rait un lyrisme distingué ? Il faut choisir entre
les
bonnes manières et les belles manières. Et quant à ceux qui n’ont pas
1832
ué ? Il faut choisir entre les bonnes manières et
les
belles manières. Et quant à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivre
1833
es belles manières. Et quant à ceux qui n’ont pas
le
pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auront que c
1834
anières. Et quant à ceux qui n’ont pas le pouvoir
de
s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auront que cela, car c’
1835
oujours raison, mais n’auront que cela, car c’est
l’
ivresse10 seulement qui permet à l’esprit de passer d’une forme dans d
1836
ela, car c’est l’ivresse10 seulement qui permet à
l’
esprit de passer d’une forme dans d’autres, — et c’est même en ce pass
1837
c’est l’ivresse10 seulement qui permet à l’esprit
de
passer d’une forme dans d’autres, — et c’est même en ce passage qu’el
1838
resse10 seulement qui permet à l’esprit de passer
d’
une forme dans d’autres, — et c’est même en ce passage qu’elle consist
1839
e passage qu’elle consiste — ô Danses ! avènement
de
l’âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ailes en silence au-dess
1840
assage qu’elle consiste — ô Danses ! avènement de
l’
âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ailes en silence au-dessus
1841
ent de l’âme aux gestes ! Vous voici, longs coups
d’
ailes en silence au-dessus du gouffre. Je vole sur place, mais tout se
1842
hais » un instant, toutes choses disparaîtraient…
Le
vertige (la peur et l’amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait de
1843
stant, toutes choses disparaîtraient… Le vertige (
la
peur et l’amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait de l’autre côté
1844
es choses disparaîtraient… Le vertige (la peur et
l’
amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait de l’autre côté ? Se laiss
1845
et l’amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait
de
l’autre côté ? Se laisser choir dans le Gris ? Rejoindre ?… Derrière
1846
y aurait de l’autre côté ? Se laisser choir dans
le
Gris ? Rejoindre ?… Derrière mes paupières, dans ce désordre lumineux
1847
errière mes paupières, dans ce désordre lumineux,
le
verrai-je naître à mon désir ? Rejoindre ! Mais vous, derrière ma têt
1848
pour cette fois. xiii Chansons hongroises
Les
Suisses chantent immobiles, les yeux fixes, le visage impassible. Mai
1849
ons hongroises Les Suisses chantent immobiles,
les
yeux fixes, le visage impassible. Mais rien dans la chanson hongroise
1850
Les Suisses chantent immobiles, les yeux fixes,
le
visage impassible. Mais rien dans la chanson hongroise ne rappelle la
1851
yeux fixes, le visage impassible. Mais rien dans
la
chanson hongroise ne rappelle la nostalgie traînante des lieder de l’
1852
. Mais rien dans la chanson hongroise ne rappelle
la
nostalgie traînante des lieder de l’Oberland : ici la mélancolie même
1853
ise ne rappelle la nostalgie traînante des lieder
de
l’Oberland : ici la mélancolie même est passionnée. Elles chantent av
1854
ne rappelle la nostalgie traînante des lieder de
l’
Oberland : ici la mélancolie même est passionnée. Elles chantent avec
1855
ostalgie traînante des lieder de l’Oberland : ici
la
mélancolie même est passionnée. Elles chantent avec le corps entier —
1856
lancolie même est passionnée. Elles chantent avec
le
corps entier — non pas avec les bras, comme on chante du Verdi, — ell
1857
lles chantent avec le corps entier — non pas avec
les
bras, comme on chante du Verdi, — elles ont des mouvements vifs du bu
1858
es mouvements vifs du buste, et des mains pleines
de
drôleries ou de supplication. Je ne sais ce que disent les paroles. J
1859
fs du buste, et des mains pleines de drôleries ou
de
supplication. Je ne sais ce que disent les paroles. Je vois des cheva
1860
ries ou de supplication. Je ne sais ce que disent
les
paroles. Je vois des chevauchées sous le soleil, des campements noctu
1861
disent les paroles. Je vois des chevauchées sous
le
soleil, des campements nocturnes où le souvenir des pays désertés enf
1862
chées sous le soleil, des campements nocturnes où
le
souvenir des pays désertés enfièvre encore un désir de perdition illi
1863
uvenir des pays désertés enfièvre encore un désir
de
perdition illimitée… Les Hongrois se sont arrêtés dans cette plaine.
1864
enfièvre encore un désir de perdition illimitée…
Les
Hongrois se sont arrêtés dans cette plaine. Mais c’est le soir au cam
1865
ois se sont arrêtés dans cette plaine. Mais c’est
le
soir au camp, perpétuel. Une lassitude de steppe brûlante, des ondula
1866
s c’est le soir au camp, perpétuel. Une lassitude
de
steppe brûlante, des ondulations longues… Mais un cheval se cabre ; e
1867
tions longues… Mais un cheval se cabre ; et c’est
la
danse qui se lève, et des tambours et des cris modulés, et toute la f
1868
ve, et des tambours et des cris modulés, et toute
la
frénésie d’un grand souffle qui se serait mis à tourbillonner sur pla
1869
ambours et des cris modulés, et toute la frénésie
d’
un grand souffle qui se serait mis à tourbillonner sur place. xiv
1870
se serait mis à tourbillonner sur place. xiv
L’
amour en Hongrie (généralités) Les Allemands aiment les femmes comm
1871
lace. xiv L’amour en Hongrie (généralités)
Les
Allemands aiment les femmes comme ils aiment les saucisses ou les cat
1872
en Hongrie (généralités) Les Allemands aiment
les
femmes comme ils aiment les saucisses ou les catastrophes, selon qu’i
1873
Les Allemands aiment les femmes comme ils aiment
les
saucisses ou les catastrophes, selon qu’ils sont techniciens ou intel
1874
ment les femmes comme ils aiment les saucisses ou
les
catastrophes, selon qu’ils sont techniciens ou intellectuels. Les Fra
1875
, selon qu’ils sont techniciens ou intellectuels.
Les
Français aiment par goût du bavardage. Les Suisses aiment avec une bo
1876
tuels. Les Français aiment par goût du bavardage.
Les
Suisses aiment avec une bonne ou une mauvaise conscience. À Vienne on
1877
être à la fois cocasses et fades. En Italie… Mais
l’
amour hongrois t’emportera dans une inénarrable confusion de sentiment
1878
ngrois t’emportera dans une inénarrable confusion
de
sentimentalisme et de passion, et c’est là son miracle. Si tu n’as pa
1879
s une inénarrable confusion de sentimentalisme et
de
passion, et c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens de la musiqu
1880
passion, et c’est là son miracle. Si tu n’as pas
le
sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je
1881
, et c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens
de
la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je t’envier
1882
t c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens de
la
musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je t’envierais
1883
as le sens de la musique, conserve quelque espoir
de
t’en tirer. Sinon… je t’envierais presque. Celui qui part pour la Hon
1884
inon… je t’envierais presque. Celui qui part pour
la
Hongrie sans talisman, s’il a du cœur, n’en revient plus. xv La p
1885
lisman, s’il a du cœur, n’en revient plus. xv
La
plaine et la musique L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’expr
1886
a du cœur, n’en revient plus. xv La plaine et
la
musique L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’express de Transy
1887
n revient plus. xv La plaine et la musique
L’
ouverture de Stravinsky exécutée par l’express de Transylvanie au sort
1888
us. xv La plaine et la musique L’ouverture
de
Stravinsky exécutée par l’express de Transylvanie au sortir de la gar
1889
musique L’ouverture de Stravinsky exécutée par
l’
express de Transylvanie au sortir de la gare de Budapest, devient avec
1890
L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’express
de
Transylvanie au sortir de la gare de Budapest, devient avec la plaine
1891
écutée par l’express de Transylvanie au sortir de
la
gare de Budapest, devient avec la plaine une Symphonie-Dichtung borod
1892
ar l’express de Transylvanie au sortir de la gare
de
Budapest, devient avec la plaine une Symphonie-Dichtung borodinesque,
1893
ie au sortir de la gare de Budapest, devient avec
la
plaine une Symphonie-Dichtung borodinesque, mais l’erreur n’est imput
1894
plaine une Symphonie-Dichtung borodinesque, mais
l’
erreur n’est imputable qu’à mon instabilité rythmique. (Trop souvent c
1895
ouvent ce que je vois traverse ce que j’entends.)
La
plaine hongroise n’est pas monotone, parce qu’elle est d’un seul tena
1896
e hongroise n’est pas monotone, parce qu’elle est
d’
un seul tenant. Rien qui fasse répétition. C’est ici le premier pays q
1897
. C’est ici le premier pays que je n’ai pas envie
d’
élaguer ; dont je ne me compose pas de morceaux choisis11. Il y a une
1898
i pas envie d’élaguer ; dont je ne me compose pas
de
morceaux choisis11. Il y a une grande ville, un grand lac, une plaine
1899
ille, un grand lac, une plaine et une seule vigne
de
véritable Tokay. Et point de ces endroits déprimants, à plusieurs mil
1900
e et une seule vigne de véritable Tokay. Et point
de
ces endroits déprimants, à plusieurs milliers d’exemplaires, tels que
1901
de ces endroits déprimants, à plusieurs milliers
d’
exemplaires, tels que : banlieue française, village suisse, gare allem
1902
çaise, village suisse, gare allemande grouillante
de
questions sociales. La Puszta est une terre vierge, je veux dire que
1903
gare allemande grouillante de questions sociales.
La
Puszta est une terre vierge, je veux dire que la bourgeoisie ne s’y e
1904
La Puszta est une terre vierge, je veux dire que
la
bourgeoisie ne s’y est pas encore répandue. Il y a peu de bourgeois e
1905
andue. Il y a peu de bourgeois en Hongrie. Il y a
de
petits nobles déclassés, des juifs, des paysans, des communistes, de
1906
classés, des juifs, des paysans, des communistes,
de
grands nobles, et des Tziganes. D’ailleurs, le bourgeois supporterait
1907
s, de grands nobles, et des Tziganes. D’ailleurs,
le
bourgeois supporterait difficilement l’ampleur qu’ont ici toutes chos
1908
ailleurs, le bourgeois supporterait difficilement
l’
ampleur qu’ont ici toutes choses, cette atmosphère de nomadisme, et ce
1909
mpleur qu’ont ici toutes choses, cette atmosphère
de
nomadisme, et ces vents vastes ; et cette passion de vivre « au-dessu
1910
nomadisme, et ces vents vastes ; et cette passion
de
vivre « au-dessus de ses moyens » — c’est-à-dire au-dessus du Moyen —
1911
ts vastes ; et cette passion de vivre « au-dessus
de
ses moyens » — c’est-à-dire au-dessus du Moyen — qui est caractéristi
1912
rgement ? » demande certaine hargne à cet artiste
de
la prodigalité. — « Ah ! répond-il, j’aimerais bien pouvoir vivre com
1913
ment ? » demande certaine hargne à cet artiste de
la
prodigalité. — « Ah ! répond-il, j’aimerais bien pouvoir vivre comme
1914
imerais bien pouvoir vivre comme je vis ! » Voici
les
cigognes, dont Andersen assure qu’elles parlent en égyptien, « car c’
1915
assure qu’elles parlent en égyptien, « car c’est
la
langue qu’elles apprennent de leurs mères ». Combien j’aime ces sœurs
1916
yptien, « car c’est la langue qu’elles apprennent
de
leurs mères ». Combien j’aime ces sœurs des Tziganes ! Les Tziganes v
1917
mères ». Combien j’aime ces sœurs des Tziganes !
Les
Tziganes vinrent en Europe conduits par le noir Duc d’Égypte ; aussi
1918
nes ! Les Tziganes vinrent en Europe conduits par
le
noir Duc d’Égypte ; aussi les nomma-t-on gipsys. Pour leur nom allema
1919
Europe conduits par le noir Duc d’Égypte ; aussi
les
nomma-t-on gipsys. Pour leur nom allemand, c’est : Zigeuner ; hongroi
1920
gyptiens venaient des Indes, qui nous apportèrent
le
tarot et la roulotte, dont descendent le bridge et la bohème, c’est-à
1921
aient des Indes, qui nous apportèrent le tarot et
la
roulotte, dont descendent le bridge et la bohème, c’est-à-dire un sym
1922
ortèrent le tarot et la roulotte, dont descendent
le
bridge et la bohème, c’est-à-dire un symbole de la servitude et un sy
1923
arot et la roulotte, dont descendent le bridge et
la
bohème, c’est-à-dire un symbole de la servitude et un symbole de la l
1924
t le bridge et la bohème, c’est-à-dire un symbole
de
la servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même
1925
e bridge et la bohème, c’est-à-dire un symbole de
la
servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même a q
1926
t-à-dire un symbole de la servitude et un symbole
de
la liberté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne »
1927
-dire un symbole de la servitude et un symbole de
la
liberté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne », d
1928
e de la servitude et un symbole de la liberté. Si
la
Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne », dans un sens vas
1929
berté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose
de
« moderne », dans un sens vaste et mystique, elle le doit au charme é
1930
« moderne », dans un sens vaste et mystique, elle
le
doit au charme égyptien du peuple errant qui lui donna sa musique nat
1931
uple errant qui lui donna sa musique nationale12.
Les
signes parlent, et certains sages : nous entrons dans une ère égyptie
1932
ns une ère égyptienne. Mais que dire des pouvoirs
de
la plaine qui s’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’en raconte la m
1933
une ère égyptienne. Mais que dire des pouvoirs de
la
plaine qui s’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’en raconte la musi
1934
’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’en raconte
la
musique — tu vas l’entendre à toutes les terrasses de Debrecen. Debre
1935
s heures ? — Ce qu’en raconte la musique — tu vas
l’
entendre à toutes les terrasses de Debrecen. Debrecen est une sorte de
1936
n raconte la musique — tu vas l’entendre à toutes
les
terrasses de Debrecen. Debrecen est une sorte de grande ville indescr
1937
usique — tu vas l’entendre à toutes les terrasses
de
Debrecen. Debrecen est une sorte de grande ville indescriptible, à de
1938
les terrasses de Debrecen. Debrecen est une sorte
de
grande ville indescriptible, à demi mêlée aux sables de la plaine du
1939
nde ville indescriptible, à demi mêlée aux sables
de
la plaine du Hortobágy, aux longues maisons jaunes immensément aligné
1940
ville indescriptible, à demi mêlée aux sables de
la
plaine du Hortobágy, aux longues maisons jaunes immensément alignées,
1941
ngues maisons jaunes immensément alignées, autour
d’
une place rectangulaire qui ressemble à un jardin public, flanquée d’u
1942
ulaire qui ressemble à un jardin public, flanquée
d’
un temple blanc à deux clochers baroques, d’hôtels modernes, de statue
1943
nquée d’un temple blanc à deux clochers baroques,
d’
hôtels modernes, de statues, de pylônes plantés dans un grand désordre
1944
lanc à deux clochers baroques, d’hôtels modernes,
de
statues, de pylônes plantés dans un grand désordre de piétons et de c
1945
clochers baroques, d’hôtels modernes, de statues,
de
pylônes plantés dans un grand désordre de piétons et de chars à bœufs
1946
tatues, de pylônes plantés dans un grand désordre
de
piétons et de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrece
1947
ônes plantés dans un grand désordre de piétons et
de
chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent
1948
and désordre de piétons et de chars à bœufs parmi
les
trams. Les habitants de Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux
1949
e de piétons et de chars à bœufs parmi les trams.
Les
habitants de Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux confort que
1950
t de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants
de
Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux confort que nous n’avons
1951
les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent
de
n’avoir pas ce faux confort que nous n’avons qu’au prix de tout ce qu
1952
e tout ce qu’à Debrecen je viens admirer. On aime
les
Hongrois comme on aime l’enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de d
1953
viens admirer. On aime les Hongrois comme on aime
l’
enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de devenir une grande personne
1954
On aime les Hongrois comme on aime l’enfance : or
le
rêve de l’enfant, c’est de devenir une grande personne. On me l’a dit
1955
les Hongrois comme on aime l’enfance : or le rêve
de
l’enfant, c’est de devenir une grande personne. On me l’a dit, c’est
1956
Hongrois comme on aime l’enfance : or le rêve de
l’
enfant, c’est de devenir une grande personne. On me l’a dit, c’est vra
1957
on aime l’enfance : or le rêve de l’enfant, c’est
de
devenir une grande personne. On me l’a dit, c’est vrai : cette ville
1958
fant, c’est de devenir une grande personne. On me
l’
a dit, c’est vrai : cette ville historique est aussi l’autre « Rome pr
1959
ique est aussi l’autre « Rome protestante ». Mais
d’
avoir vu ses profondes bibliothèques et son quartier universitaire tou
1960
euni dans des jardins luisants ne m’empêchera pas
de
m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de l’Europe. Je ne sai
1961
de m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême
de
l’Europe. Je ne sais quel hasard a voulu que j’y entende, un soir, un
1962
m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de
l’
Europe. Je ne sais quel hasard a voulu que j’y entende, un soir, une a
1963
rd a voulu que j’y entende, un soir, une audition
de
musiques hongroises, turques et chinoises, commentées et comparées pa
1964
simples, tragiques, à peine modulées, qui donnent
le
vertige, et dont soudain se cabre le rythme, avant la chute stridente
1965
qui donnent le vertige, et dont soudain se cabre
le
rythme, avant la chute stridente et basse, prolongée. Peut-être ce so
1966
ertige, et dont soudain se cabre le rythme, avant
la
chute stridente et basse, prolongée. Peut-être ce soir-là, ai-je comp
1967
e, prolongée. Peut-être ce soir-là, ai-je compris
la
Grande Plaine, et que par sa musique j’étais aux marches de l’Asie. E
1968
Plaine, et que par sa musique j’étais aux marches
de
l’Asie. En sortant du concert, j’ai erré aux terrasses des hôtels, da
1969
ine, et que par sa musique j’étais aux marches de
l’
Asie. En sortant du concert, j’ai erré aux terrasses des hôtels, dans
1970
concert, j’ai erré aux terrasses des hôtels, dans
le
grandiose bavardage des Tziganes. Qu’est-ce qu’ils regardent en jouan
1971
ent en jouant ? Qu’est-ce qu’ils écoutent au-delà
de
leur musique — car aussitôt donnée la phrase, voici qu’une autre vien
1972
ent au-delà de leur musique — car aussitôt donnée
la
phrase, voici qu’une autre vient d’ailleurs, entraînée par je ne sais
1973
rs, entraînée par je ne sais quel vent sonore qui
l’
étire et l’égare, et l’enroule et d’un coup la subtilise, ne laissant
1974
ée par je ne sais quel vent sonore qui l’étire et
l’
égare, et l’enroule et d’un coup la subtilise, ne laissant plus qu’un
1975
sais quel vent sonore qui l’étire et l’égare, et
l’
enroule et d’un coup la subtilise, ne laissant plus qu’un long silence
1976
nt sonore qui l’étire et l’égare, et l’enroule et
d’
un coup la subtilise, ne laissant plus qu’un long silence soutenu, com
1977
qui l’étire et l’égare, et l’enroule et d’un coup
la
subtilise, ne laissant plus qu’un long silence soutenu, comme un appe
1978
plus qu’un long silence soutenu, comme un appel à
la
rafale dont l’approche déjà fait grésiller les notes basses du cymbal
1979
silence soutenu, comme un appel à la rafale dont
l’
approche déjà fait grésiller les notes basses du cymbalum, — et mainte
1980
l à la rafale dont l’approche déjà fait grésiller
les
notes basses du cymbalum, — et maintenant ferme les yeux sous la vagu
1981
s notes basses du cymbalum, — et maintenant ferme
les
yeux sous la vague toujours un peu plus haute que profonde ne fut l’a
1982
du cymbalum, — et maintenant ferme les yeux sous
la
vague toujours un peu plus haute que profonde ne fut l’attente, et lâ
1983
ue toujours un peu plus haute que profonde ne fut
l’
attente, et lâche tout. C’est l’âme qui joue aux montagnes russes, mai
1984
e profonde ne fut l’attente, et lâche tout. C’est
l’
âme qui joue aux montagnes russes, mais voici que le petit train en ru
1985
âme qui joue aux montagnes russes, mais voici que
le
petit train en rumeur depuis un moment ne redescend plus : il gouvern
1986
: il gouverne avec une vertigineuse docilité dans
les
voies d’un amour ineffable et se perd avec lui vers le désert et ses
1987
rne avec une vertigineuse docilité dans les voies
d’
un amour ineffable et se perd avec lui vers le désert et ses mirages.
1988
ies d’un amour ineffable et se perd avec lui vers
le
désert et ses mirages. On ne sait d’où tu viens, tu ne sais où tu vas
1989
vec lui vers le désert et ses mirages. On ne sait
d’
où tu viens, tu ne sais où tu vas, peuple de perdition, Peuple inconnu
1990
sait d’où tu viens, tu ne sais où tu vas, peuple
de
perdition, Peuple inconnu, — mais c’est toi, c’est toi qui l’as caché
1991
, Peuple inconnu, — mais c’est toi, c’est toi qui
l’
as caché dans une roulotte sous des chiffons bariolés et des secrets q
1992
eur aux femmes, cet Objet dont parfois, au comble
de
la turbulence de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’une
1993
aux femmes, cet Objet dont parfois, au comble de
la
turbulence de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’une li
1994
et Objet dont parfois, au comble de la turbulence
de
tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’une ligne nette, ins
1995
de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose,
d’
une ligne nette, insaisissable, déjà perdue (comme le rêve pendant que
1996
ne ligne nette, insaisissable, déjà perdue (comme
le
rêve pendant que bat la paupière lourde de celui qui succombe à l’exc
1997
sable, déjà perdue (comme le rêve pendant que bat
la
paupière lourde de celui qui succombe à l’excès du sommeil) — et me v
1998
(comme le rêve pendant que bat la paupière lourde
de
celui qui succombe à l’excès du sommeil) — et me voici plus seul, ave
1999
ue bat la paupière lourde de celui qui succombe à
l’
excès du sommeil) — et me voici plus seul, avec une nostalgie qui ne v
2000
ici plus seul, avec une nostalgie qui ne veut pas
de
la romance à mon oreille d’un violoneux qui me croit triste. Ils l
2001
plus seul, avec une nostalgie qui ne veut pas de
la
romance à mon oreille d’un violoneux qui me croit triste. Ils l’on
2002
algie qui ne veut pas de la romance à mon oreille
d’
un violoneux qui me croit triste. Ils l’ont amené du fond d’une Ind
2003
reille d’un violoneux qui me croit triste. Ils
l’
ont amené du fond d’une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout
2004
x qui me croit triste. Ils l’ont amené du fond
d’
une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout d’un monde où si peu
2005
riste. Ils l’ont amené du fond d’une Inde. Ils
l’
ont égaré, comme ils égarent tout d’un monde où si peu vaut qu’on le c
2006
une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout
d’
un monde où si peu vaut qu’on le conserve, au long d’un chemin effacé
2007
ils égarent tout d’un monde où si peu vaut qu’on
le
conserve, au long d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l
2008
n monde où si peu vaut qu’on le conserve, au long
d’
un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ont perdu comme un r
2009
qu’on le conserve, au long d’un chemin effacé par
le
vent sur la plaine… Ils l’ont perdu comme un rêve au matin s’élude, —
2010
serve, au long d’un chemin effacé par le vent sur
la
plaine… Ils l’ont perdu comme un rêve au matin s’élude, — et leur mus
2011
d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils
l’
ont perdu comme un rêve au matin s’élude, — et leur musique seule s’en
2012
Trésor si pur qu’on ne doit même pas savoir qu’on
le
possède… Tout près d’ici, peut-être, mais invisible. Lève-toi, pars,
2013
sans vider ton verre — il n’y a pure ivresse que
de
l’abandon —, car voici qu’à son tour il s’égare au bras d’une erreur
2014
ns vider ton verre — il n’y a pure ivresse que de
l’
abandon —, car voici qu’à son tour il s’égare au bras d’une erreur inc
2015
re ivresse que de l’abandon —, car voici qu’à son
tour
il s’égare au bras d’une erreur inconnue, ton fantôme éternel, ton «
2016
don —, car voici qu’à son tour il s’égare au bras
d’
une erreur inconnue, ton fantôme éternel, ton « Désir désiré ». xv
2017
on fantôme éternel, ton « Désir désiré ». xvi
Les
eaux fades du Balaton Deux jours après, dégrisé, je nageais dans l
2018
ton Deux jours après, dégrisé, je nageais dans
les
eaux fades du Balaton. Ces eaux, je crois, s’en vont à la mer Noire,
2019
fades du Balaton. Ces eaux, je crois, s’en vont à
la
mer Noire, et je n’en connais pas les fées, c’est pourquoi je nageais
2020
s’en vont à la mer Noire, et je n’en connais pas
les
fées, c’est pourquoi je nageais à brasses prudentes avec aux jambes l
2021
oi je nageais à brasses prudentes avec aux jambes
l’
imperceptible angoisse de rencontrer une onde trop légère. Mais pour c
2022
rudentes avec aux jambes l’imperceptible angoisse
de
rencontrer une onde trop légère. Mais pour connaître un lac, il faut
2023
ger ; et ensuite, s’il vous a paru beau, en faire
le
tour, mais voilà qui est affaire de pur caprice, tandis que s’y baign
2024
; et ensuite, s’il vous a paru beau, en faire le
tour
, mais voilà qui est affaire de pur caprice, tandis que s’y baigner es
2025
eau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire
de
pur caprice, tandis que s’y baigner est une règle de savoir-vivre ave
2026
pur caprice, tandis que s’y baigner est une règle
de
savoir-vivre avec la Nature. Lac doré, horizon de collines pointues,
2027
ue s’y baigner est une règle de savoir-vivre avec
la
Nature. Lac doré, horizon de collines pointues, rives basses, verdoya
2028
de savoir-vivre avec la Nature. Lac doré, horizon
de
collines pointues, rives basses, verdoyantes, toutes fraîches de musi
2029
ntues, rives basses, verdoyantes, toutes fraîches
de
musiquettes et de baigneuses ; quais de Balaton-Füred aux élégances b
2030
s, verdoyantes, toutes fraîches de musiquettes et
de
baigneuses ; quais de Balaton-Füred aux élégances bourgeoises et mili
2031
fraîches de musiquettes et de baigneuses ; quais
de
Balaton-Füred aux élégances bourgeoises et militaires, idylles de jar
2032
aux élégances bourgeoises et militaires, idylles
de
jardins publics à l’écart d’un concert du samedi soir, petits profess
2033
oises et militaires, idylles de jardins publics à
l’
écart d’un concert du samedi soir, petits professeurs entourés de leur
2034
militaires, idylles de jardins publics à l’écart
d’
un concert du samedi soir, petits professeurs entourés de leur famille
2035
ncert du samedi soir, petits professeurs entourés
de
leur famille, et toutes ces Magda, toutes ces Maritza rieuses et déjà
2036
r quelques jours ? On ferait connaissance à table
d’
hôte, on irait ensemble à Tihany — elle a l’air d’être en Italie sur s
2037
d’hôte, on irait ensemble à Tihany — elle a l’air
d’
être en Italie sur sa presqu’île — par cet instable bateau-mouche qui
2038
cet instable bateau-mouche qui naguère emportait
l’
infortuné roi Charles. Non, non, plutôt emmener ce désir, comme un ten
2039
plutôt emmener ce désir, comme un tendre souvenir
de
voyage, et partir en croyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne,
2040
e souvenir de voyage, et partir en croyant qu’ici
la
vie a parfois moins de hargne, et les petites gens plus de bonté… Déj
2041
t partir en croyant qu’ici la vie a parfois moins
de
hargne, et les petites gens plus de bonté… Déjà je suis repris par le
2042
oyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne, et
les
petites gens plus de bonté… Déjà je suis repris par le malaise que m’
2043
parfois moins de hargne, et les petites gens plus
de
bonté… Déjà je suis repris par le malaise que m’infligent les lieux f
2044
tites gens plus de bonté… Déjà je suis repris par
le
malaise que m’infligent les lieux faciles. Ô tristesse des crèmeries
2045
éjà je suis repris par le malaise que m’infligent
les
lieux faciles. Ô tristesse des crèmeries et des jardins ! C’est devan
2046
! C’est devant une glace panachée qu’il m’arrive
de
douter de la vie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nu
2047
evant une glace panachée qu’il m’arrive de douter
de
la vie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai r
2048
nt une glace panachée qu’il m’arrive de douter de
la
vie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé
2049
er de la vie, comme d’autres aux approches du mal
de
mer. À la nuit, j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’app
2050
ie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À
la
nuit, j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’apparence roc
2051
pproches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé dans
la
campagne aux collines basses, d’apparence rocheuse — ce sont des rest
2052
, j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses,
d’
apparence rocheuse — ce sont des restes de volcans — blanches sous la
2053
basses, d’apparence rocheuse — ce sont des restes
de
volcans — blanches sous la Lune et toutes lustrées de rêches végétati
2054
e — ce sont des restes de volcans — blanches sous
la
Lune et toutes lustrées de rêches végétations. J’ai traversé l’angois
2055
olcans — blanches sous la Lune et toutes lustrées
de
rêches végétations. J’ai traversé l’angoisse lunaire des villages vid
2056
tes lustrées de rêches végétations. J’ai traversé
l’
angoisse lunaire des villages vides aux portes aveugles (j’avais peur
2057
vides aux portes aveugles (j’avais peur du bruit
de
mes pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers dans les champs de maïs,
2058
mes pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers dans
les
champs de maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’être n’im
2059
u hasard, j’ai suivi des sentiers dans les champs
de
maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’être n’importe où…
2060
uivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant
la
venue d’une joie inconnue. Joie d’être n’importe où… évadé ? Mais
2061
sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue
d’
une joie inconnue. Joie d’être n’importe où… évadé ? Mais soudain,
2062
e maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie
d’
être n’importe où… évadé ? Mais soudain, c’est au silence que je me
2063
au silence que je me heurte, comme réveillé dans
l’
absurdité d’être n’importe où. Une panique balaye la nuit déserte jusq
2064
que je me heurte, comme réveillé dans l’absurdité
d’
être n’importe où. Une panique balaye la nuit déserte jusqu’à l’horizo
2065
absurdité d’être n’importe où. Une panique balaye
la
nuit déserte jusqu’à l’horizon. Où vas-tu, les mains vides, faiblemen
2066
te où. Une panique balaye la nuit déserte jusqu’à
l’
horizon. Où vas-tu, les mains vides, faiblement ? Ah ! toutes les acti
2067
aye la nuit déserte jusqu’à l’horizon. Où vas-tu,
les
mains vides, faiblement ? Ah ! toutes les actions précises et courage
2068
vas-tu, les mains vides, faiblement ? Ah ! toutes
les
actions précises et courageuses, tout ce qui t’appelle là-bas, mainte
2069
maintenant, maintenant, où tu n’es pas — et tant
d’
amour perdu… Un train dormait devant la gare campagnarde. Je me suis é
2070
— et tant d’amour perdu… Un train dormait devant
la
gare campagnarde. Je me suis étendu dans un compartiment obscur, stor
2071
du dans un compartiment obscur, stores baissés, à
l’
abri de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars.
2072
un compartiment obscur, stores baissés, à l’abri
de
la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube
2073
compartiment obscur, stores baissés, à l’abri de
la
lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube m’
2074
ment obscur, stores baissés, à l’abri de la lune.
Le
contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube m’éveille d
2075
ontrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars.
L’
aube m’éveille dans les faubourgs de Budapest, cheveux en désordre, pa
2076
n rôle dans mes cauchemars. L’aube m’éveille dans
les
faubourgs de Budapest, cheveux en désordre, pantalon plissé, et cet a
2077
s cauchemars. L’aube m’éveille dans les faubourgs
de
Budapest, cheveux en désordre, pantalon plissé, et cet abruti de cont
2078
eveux en désordre, pantalon plissé, et cet abruti
de
contrôleur qui rit et me dit je ne sais quoi, — alors que justement j
2079
rs que justement j’allais rattraper, comme un pan
de
la nuit fuyante, un songe où j’ai dû voir l’Objet pour la première fo
2080
que justement j’allais rattraper, comme un pan de
la
nuit fuyante, un songe où j’ai dû voir l’Objet pour la première fois
2081
pan de la nuit fuyante, un songe où j’ai dû voir
l’
Objet pour la première fois — ou bien était-ce un être ? xvii Inso
2082
ait-ce un être ? xvii Insomnie J’éteignais
la
lampe et la veilleuse me rendait compagnon d’une momie bleuâtre, mais
2083
re ? xvii Insomnie J’éteignais la lampe et
la
veilleuse me rendait compagnon d’une momie bleuâtre, mais peut-on se
2084
ais la lampe et la veilleuse me rendait compagnon
d’
une momie bleuâtre, mais peut-on se reposer vraiment à 100 km à l’heur
2085
âtre, mais peut-on se reposer vraiment à 100 km à
l’
heure. Par-dessous le store, je voyais la Lune faire des bonds courts
2086
reposer vraiment à 100 km à l’heure. Par-dessous
le
store, je voyais la Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée
2087
100 km à l’heure. Par-dessous le store, je voyais
la
Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée de nuit. J’essayais
2088
ore, je voyais la Lune faire des bonds courts sur
la
plaine inondée de nuit. J’essayais de penser par-dessous le rythme ob
2089
Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée
de
nuit. J’essayais de penser par-dessous le rythme obstiné de cette hur
2090
courts sur la plaine inondée de nuit. J’essayais
de
penser par-dessous le rythme obstiné de cette hurlante bousculade sur
2091
inondée de nuit. J’essayais de penser par-dessous
le
rythme obstiné de cette hurlante bousculade sur place qu’est un voyag
2092
’essayais de penser par-dessous le rythme obstiné
de
cette hurlante bousculade sur place qu’est un voyage en express. Mais
2093
est un voyage en express. Mais je ne trouvais pas
la
pente de mon esprit, et tout en le parcourant avec une soif qui annon
2094
yage en express. Mais je ne trouvais pas la pente
de
mon esprit, et tout en le parcourant avec une soif qui annonçait le d
2095
e trouvais pas la pente de mon esprit, et tout en
le
parcourant avec une soif qui annonçait le désert, je traçais des plan
2096
tout en le parcourant avec une soif qui annonçait
le
désert, je traçais des plans d’œuvres sablonneuses. Je composais un t
2097
oif qui annonçait le désert, je traçais des plans
d’
œuvres sablonneuses. Je composais un traité des voyages : les titres e
2098
ablonneuses. Je composais un traité des voyages :
les
titres en étaient de Sénèque ou de Swift, et je voyais très bien ce q
2099
ais un traité des voyages : les titres en étaient
de
Sénèque ou de Swift, et je voyais très bien ce qu’en eussent tiré Ste
2100
des voyages : les titres en étaient de Sénèque ou
de
Swift, et je voyais très bien ce qu’en eussent tiré Sterne ou Goethe,
2101
e à Gérard de Nerval, je sentais qu’il s’agissait
d’
autre chose. — Il s’agit toujours d’autre chose que de ce qu’on dit.
2102
il s’agissait d’autre chose. — Il s’agit toujours
d’
autre chose que de ce qu’on dit. (L’imprudence que de penser dans l’i
2103
tre chose. — Il s’agit toujours d’autre chose que
de
ce qu’on dit. (L’imprudence que de penser dans l’insomnie ! Cela tou
2104
git toujours d’autre chose que de ce qu’on dit. (
L’
imprudence que de penser dans l’insomnie ! Cela tourne tout de suite à
2105
tre chose que de ce qu’on dit. (L’imprudence que
de
penser dans l’insomnie ! Cela tourne tout de suite à la débauche. Not
2106
e ce qu’on dit. (L’imprudence que de penser dans
l’
insomnie ! Cela tourne tout de suite à la débauche. Notre liberté de p
2107
ser dans l’insomnie ! Cela tourne tout de suite à
la
débauche. Notre liberté de penser est absurde au regard des contraint
2108
tourne tout de suite à la débauche. Notre liberté
de
penser est absurde au regard des contraintes que subissent nos gestes
2109
giner ce qui se produirait, si par quelque Décret
l’
on élevait la Morale du domaine des actions à celui de la pensée, de l
2110
se produirait, si par quelque Décret l’on élevait
la
Morale du domaine des actions à celui de la pensée, de l’Apparence à
2111
élevait la Morale du domaine des actions à celui
de
la pensée, de l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés q
2112
evait la Morale du domaine des actions à celui de
la
pensée, de l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés qui
2113
rale du domaine des actions à celui de la pensée,
de
l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent,
2114
e du domaine des actions à celui de la pensée, de
l’
Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent, le
2115
es actions à celui de la pensée, de l’Apparence à
l’
Essence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent, le chômage dans l
2116
à celui de la pensée, de l’Apparence à l’Essence.
D’
un coup, tous les refoulés qui explosent, le chômage dans la gendarmer
2117
nsée, de l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous
les
refoulés qui explosent, le chômage dans la gendarmerie et les fakirs
2118
ence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent,
le
chômage dans la gendarmerie et les fakirs débordés. L’hypocrisie s’en
2119
tous les refoulés qui explosent, le chômage dans
la
gendarmerie et les fakirs débordés. L’hypocrisie s’en tire avec une v
2120
qui explosent, le chômage dans la gendarmerie et
les
fakirs débordés. L’hypocrisie s’en tire avec une volte-face.) Quelle
2121
ômage dans la gendarmerie et les fakirs débordés.
L’
hypocrisie s’en tire avec une volte-face.) Quelle heure est-il ? La Lu
2122
tire avec une volte-face.) Quelle heure est-il ?
La
Lune se tient assez bien depuis un moment, c’est que la ligne est dro
2123
e se tient assez bien depuis un moment, c’est que
la
ligne est droite. Je ne sais plus dans quel sens je roule. J’aime ces
2124
l sens je roule. J’aime ces heures désorientées ;
le
sentiment du « non-sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que
2125
eures désorientées ; le sentiment du « non-sens »
de
la vie n’est-il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur
2126
es désorientées ; le sentiment du « non-sens » de
la
vie n’est-il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur dés
2127
sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que
les
mystiques appellent leur désert, — cette zone vide qu’il faut travers
2128
one vide qu’il faut traverser avant de parvenir à
la
Réalité. Entre « déjà plus » et « pas encore »… Bon point de vue pour
2129
Entre « déjà plus » et « pas encore »… Bon point
de
vue pour déconsidérer nos raisons de vivre. La maladie aussi. Rien ne
2130
»… Bon point de vue pour déconsidérer nos raisons
de
vivre. La maladie aussi. Rien ne ressemble au voyage comme la maladie
2131
nt de vue pour déconsidérer nos raisons de vivre.
La
maladie aussi. Rien ne ressemble au voyage comme la maladie. C’est la
2132
maladie aussi. Rien ne ressemble au voyage comme
la
maladie. C’est la même angoisse au départ, le même dépaysement au ret
2133
en ne ressemble au voyage comme la maladie. C’est
la
même angoisse au départ, le même dépaysement au retour. « Il revient
2134
mme la maladie. C’est la même angoisse au départ,
le
même dépaysement au retour. « Il revient de loin » signifie : qu’il v
2135
part, le même dépaysement au retour. « Il revient
de
loin » signifie : qu’il vient d’être très malade. Si dans ta chambre,
2136
ur. « Il revient de loin » signifie : qu’il vient
d’
être très malade. Si dans ta chambre, en plein jour, tu t’endors, et q
2137
chambre, en plein jour, tu t’endors, et que, vers
le
soir, tu t’éveilles dans une lueur jaune, ne sachant plus en quel end
2138
le que tu es parti. Voyager — serait-ce brouiller
les
horaires ? Le voyage est un état d’âme et non pas une question de tra
2139
rti. Voyager — serait-ce brouiller les horaires ?
Le
voyage est un état d’âme et non pas une question de transport. Un vra
2140
voyage est un état d’âme et non pas une question
de
transport. Un vrai voyage, on ne sait jamais où cela mène, c’est une
2141
amais où cela mène, c’est une aventure qui relève
de
la métaphysique plus que de la psychologie. — Une vaste licence poéti
2142
is où cela mène, c’est une aventure qui relève de
la
métaphysique plus que de la psychologie. — Une vaste licence poétique
2143
e aventure qui relève de la métaphysique plus que
de
la psychologie. — Une vaste licence poétique… (Voici bien la fatigue
2144
venture qui relève de la métaphysique plus que de
la
psychologie. — Une vaste licence poétique… (Voici bien la fatigue ave
2145
ologie. — Une vaste licence poétique… (Voici bien
la
fatigue avec son jeu des définitions)… pas de but. — C’est vous qui l
2146
ien la fatigue avec son jeu des définitions)… pas
de
but. — C’est vous qui le dites ! — Vous, naturellement… (Encore un qu
2147
eu des définitions)… pas de but. — C’est vous qui
le
dites ! — Vous, naturellement… (Encore un qui se réveille dans ma têt
2148
tu n’étais prêt à voir ? — Mais il fallait aller
le
voir ! — La vie est presque partout la même… — Mais en voyage on la r
2149
prêt à voir ? — Mais il fallait aller le voir ! —
La
vie est presque partout la même… — Mais en voyage on la regarde mieux
2150
lait aller le voir ! — La vie est presque partout
la
même… — Mais en voyage on la regarde mieux. — La vie… (une sorte de c
2151
est presque partout la même… — Mais en voyage on
la
regarde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar de la pensée, qui ne
2152
la même… — Mais en voyage on la regarde mieux. —
La
vie… (une sorte de cauchemar de la pensée, qui ne peut plus s’arrêter
2153
voyage on la regarde mieux. — La vie… (une sorte
de
cauchemar de la pensée, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peu
2154
regarde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar
de
la pensée, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on ch
2155
garde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar de
la
pensée, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on cherc
2156
auchemar de la pensée, qui ne peut plus s’arrêter
de
penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seuleme
2157
us s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on cherche
le
sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher d
2158
êter de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens
de
la vie ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon êt
2159
r de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de
la
vie ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon être
2160
e sais seulement que ma vie a un but. M’approcher
de
mon être véritable. Seul au milieu des miens, j’oubliais ma race, j’a
2161
au milieu des miens, j’oubliais ma race, j’avais
l’
illusion de n’être rien que… moi-même. Identique à mon centre. Ici, co
2162
des miens, j’oubliais ma race, j’avais l’illusion
de
n’être rien que… moi-même. Identique à mon centre. Ici, comparé à tan
2163
resque infiniment variable, indéterminé. Et c’est
le
voyage qui me fixe. Je rayonnais, on me dessine. Mais en même temps,
2164
Mais en même temps, j’ai découvert mes puissances
d’
évasion intérieure. Et souvent je pressens qu’il existe une clef : dél
2165
uvent je pressens qu’il existe une clef : délivré
de
moi-même j’entrerais en plein Moi… Une clef ? Plutôt « cela » qui me
2166
oi… Une clef ? Plutôt « cela » qui me permettrait
de
combler l’écart entre moi et Moi qui est la seule réalité absolument
2167
f ? Plutôt « cela » qui me permettrait de combler
l’
écart entre moi et Moi qui est la seule réalité absolument tragique… U
2168
trait de combler l’écart entre moi et Moi qui est
la
seule réalité absolument tragique… Une chose ? Un être ? L’Objet ? —
2169
éalité absolument tragique… Une chose ? Un être ?
L’
Objet ? — Est-ce que je dors dans mes pensées ? La veilleuse fleurit s
2170
L’Objet ? — Est-ce que je dors dans mes pensées ?
La
veilleuse fleurit soudain d’un éclat bleu douloureux, le train ralent
2171
s dans mes pensées ? La veilleuse fleurit soudain
d’
un éclat bleu douloureux, le train ralentit. Hegyeshalom, petite gare
2172
leuse fleurit soudain d’un éclat bleu douloureux,
le
train ralentit. Hegyeshalom, petite gare frontière arrêtée au milieu
2173
halom, petite gare frontière arrêtée au milieu de
la
plaine à l’heure A, — l’heure des arrivées et des adieux… Il y a dans
2174
e gare frontière arrêtée au milieu de la plaine à
l’
heure A, — l’heure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous les ré
2175
ère arrêtée au milieu de la plaine à l’heure A, —
l’
heure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous les réveils une dét
2176
eure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous
les
réveils une détresse et une délivrance étrangement mêlées. xviii
2177
e et une délivrance étrangement mêlées. xviii
Les
clefs perdues Il faudrait sortir à l’air frais, mais chaque porte
2178
xviii Les clefs perdues Il faudrait sortir à
l’
air frais, mais chaque porte est obstruée par un douanier, tant qu’à l
2179
que porte est obstruée par un douanier, tant qu’à
la
fin on me refoule dans mon compartiment. Est-ce encore un rêve ? Je c
2180
it ouvrir ces valises, mais j’ai perdu mes clefs.
L’
œil du douanier conseille des aveux complets. J’ai le feu à la tête, m
2181
il du douanier conseille des aveux complets. J’ai
le
feu à la tête, mais je suis innocent : puisque enfin il n’est pas dan
2182
anier conseille des aveux complets. J’ai le feu à
la
tête, mais je suis innocent : puisque enfin il n’est pas dans ma vali
2183
Cependant, « rien à déclarer » après des semaines
de
voyage ? Cela va paraître improbable. On a dû voir sur moi que je le
2184
paraître improbable. On a dû voir sur moi que je
le
cherche, c’est pourquoi l’œil est implacable… Pas de clefs dans mes o
2185
dû voir sur moi que je le cherche, c’est pourquoi
l’
œil est implacable… Pas de clefs dans mes onze poches. Seulement ce pa
2186
cherche, c’est pourquoi l’œil est implacable… Pas
de
clefs dans mes onze poches. Seulement ce papier timbré d’un ministère
2187
dans mes onze poches. Seulement ce papier timbré
d’
un ministère… mais déjà l’œil s’éteint, le corps se plie, fait demi-to
2188
lement ce papier timbré d’un ministère… mais déjà
l’
œil s’éteint, le corps se plie, fait demi-tour et puis s’en va. Rien,
2189
timbré d’un ministère… mais déjà l’œil s’éteint,
le
corps se plie, fait demi-tour et puis s’en va. Rien, rien à déclarer,
2190
tristesse. Mais qu’a-t-on jamais pu « déclarer »
d’
important ? Je ne sais pas parler en vers et la prose n’indique que le
2191
» d’important ? Je ne sais pas parler en vers et
la
prose n’indique que les choses les plus évidentes. C’est bien pourquo
2192
sais pas parler en vers et la prose n’indique que
les
choses les plus évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet n’a pas de nom
2193
rler en vers et la prose n’indique que les choses
les
plus évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet n’a pas de nom. Parfois j
2194
es choses les plus évidentes. C’est bien pourquoi
l’
Objet n’a pas de nom. Parfois je me suis demandé s’il n’était pas une
2195
us évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet n’a pas
de
nom. Parfois je me suis demandé s’il n’était pas une sorte de pierre
2196
ois je me suis demandé s’il n’était pas une sorte
de
pierre philosophale. Peut-être ces deux mots suffiraient-ils à l’indi
2197
ophale. Peut-être ces deux mots suffiraient-ils à
l’
indiquer quand je m’en parle ? Tout en donnant le change à celles de m
2198
l’indiquer quand je m’en parle ? Tout en donnant
le
change à celles de mes pensées qui exigent des apparences positives.
2199
e m’en parle ? Tout en donnant le change à celles
de
mes pensées qui exigent des apparences positives. Ainsi donc, j’ai ch
2200
es apparences positives. Ainsi donc, j’ai cherché
la
Pierre des philosophes. D’autres aussi, peut-être, la cherchent. Et q
2201
ierre des philosophes. D’autres aussi, peut-être,
la
cherchent. Et qui sait si vraiment elle n’existe plus, l’Hermétique S
2202
hent. Et qui sait si vraiment elle n’existe plus,
l’
Hermétique Société13 de ceux qui ne désespèrent pas encore du Grand Œu
2203
aiment elle n’existe plus, l’Hermétique Société13
de
ceux qui ne désespèrent pas encore du Grand Œuvre ? Cela seul est cer
2204
u’il existe des signes. Peut-être faut-il d’abord
les
découvrir tous par soi-même. Et c’est alors seulement qu’aux yeux de
2205
seulement qu’aux yeux de ceux qui surent désirer
de
la voir, apparaît la « Loge invisible ». J’attends, j’appelle quelqu’
2206
ulement qu’aux yeux de ceux qui surent désirer de
la
voir, apparaît la « Loge invisible ». J’attends, j’appelle quelqu’un
2207
x de ceux qui surent désirer de la voir, apparaît
la
« Loge invisible ». J’attends, j’appelle quelqu’un qui vienne me pren
2208
ds, j’appelle quelqu’un qui vienne me prendre par
la
main. Ainsi je quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’elle m’a do
2209
ui vienne me prendre par la main. Ainsi je quitte
la
Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’elle m’a donné ? Cette notion plus v
2210
out ce qu’elle m’a donné ? Cette notion plus vive
d’
un univers où la présence de l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bi
2211
’a donné ? Cette notion plus vive d’un univers où
la
présence de l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’ai-je su vo
2212
ette notion plus vive d’un univers où la présence
de
l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’ai-je su voir autre cho
2213
e notion plus vive d’un univers où la présence de
l’
Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’ai-je su voir autre chose
2214
robable ? Ou bien n’ai-je su voir autre chose que
la
Hongrie de mes rêves, ma Hongrie intérieure ? Il est vrai que l’on co
2215
u bien n’ai-je su voir autre chose que la Hongrie
de
mes rêves, ma Hongrie intérieure ? Il est vrai que l’on connaît depui
2216
es rêves, ma Hongrie intérieure ? Il est vrai que
l’
on connaît depuis toujours ce qu’une fois l’on aimera. Et les uns dise
2217
i que l’on connaît depuis toujours ce qu’une fois
l’
on aimera. Et les uns disent qu’il faut connaître pour aimer ; les aut
2218
ît depuis toujours ce qu’une fois l’on aimera. Et
les
uns disent qu’il faut connaître pour aimer ; les autres, aimer pour c
2219
les uns disent qu’il faut connaître pour aimer ;
les
autres, aimer pour connaître. Débat qui se résout dans une synthèse,
2220
sout dans une synthèse, comme toujours : au point
de
perfection, aimer et connaître sont un seul et même acte. Peut-être l
2221
et connaître sont un seul et même acte. Peut-être
l’
ai-je aimée d’un amour égoïste, comme un être dont on a besoin et de q
2222
ont un seul et même acte. Peut-être l’ai-je aimée
d’
un amour égoïste, comme un être dont on a besoin et de qui l’on chérit
2223
amour égoïste, comme un être dont on a besoin et
de
qui l’on chérit surtout ce dont on manque : touchantes annexions, pie
2224
égoïste, comme un être dont on a besoin et de qui
l’
on chérit surtout ce dont on manque : touchantes annexions, pieux mens
2225
amour est un amour mineur. Mais qui saura jamais
la
vérité sur aucun être ? Et s’il fallait attendre pour aimer ! Je me s
2226
s’il fallait attendre pour aimer ! Je me souviens
de
ces terrains de sable noir, piqués de petits arbres et d’un désordre
2227
endre pour aimer ! Je me souviens de ces terrains
de
sable noir, piqués de petits arbres et d’un désordre de maisons basse
2228
me souviens de ces terrains de sable noir, piqués
de
petits arbres et d’un désordre de maisons basses, les dernières de la
2229
errains de sable noir, piqués de petits arbres et
d’
un désordre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen,
2230
le noir, piqués de petits arbres et d’un désordre
de
maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la
2231
petits arbres et d’un désordre de maisons basses,
les
dernières de la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore
2232
et d’un désordre de maisons basses, les dernières
de
la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de
2233
d’un désordre de maisons basses, les dernières de
la
ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de so
2234
rdre de maisons basses, les dernières de la ville
de
Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de soleil couc
2235
les dernières de la ville de Debrecen, au bord de
la
Grande Plaine encore rougeâtre de soleil couchant. J’y suis venu par
2236
cen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre
de
soleil couchant. J’y suis venu par hasard, en flânant ; je me suis sa
2237
ent j’ai peine à m’imaginer que jamais plus je ne
la
reverrai, cette lumière en ce lieu, secrète et familière. Songeant à
2238
autres semblables, en voyage, je me dis que c’est
de
là que j’ai tiré le sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive d’é
2239
n voyage, je me dis que c’est de là que j’ai tiré
le
sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive d’éprouver en face d’un
2240
me dis que c’est de là que j’ai tiré le sentiment
d’
absurdité foncière qu’il m’arrive d’éprouver en face d’une action pure
2241
le sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive
d’
éprouver en face d’une action purement raisonnable. Ah ! quelle raison
2242
le. Ah ! quelle raison ici t’attirait donc, sinon
l’
espoir bien fou d’y retrouver l’émotion d’un miracle imminent. Ou moin
2243
ison ici t’attirait donc, sinon l’espoir bien fou
d’
y retrouver l’émotion d’un miracle imminent. Ou moins encore : l’image
2244
irait donc, sinon l’espoir bien fou d’y retrouver
l’
émotion d’un miracle imminent. Ou moins encore : l’image, née en rêve,
2245
, sinon l’espoir bien fou d’y retrouver l’émotion
d’
un miracle imminent. Ou moins encore : l’image, née en rêve, d’une pla
2246
’émotion d’un miracle imminent. Ou moins encore :
l’
image, née en rêve, d’une plaine, d’un couchant plus grandiose au ciel
2247
imminent. Ou moins encore : l’image, née en rêve,
d’
une plaine, d’un couchant plus grandiose au ciel et sur la terre plus
2248
oins encore : l’image, née en rêve, d’une plaine,
d’
un couchant plus grandiose au ciel et sur la terre plus secret que dan
2249
aine, d’un couchant plus grandiose au ciel et sur
la
terre plus secret que dans ton pays. Tu attendais une révélation, non
2250
ton pays. Tu attendais une révélation, non point
de
cet endroit, ni même par lui, — mais à cet endroit, en ce temps. Qui
2251
ais à cet endroit, en ce temps. Qui sait si tu ne
l’
as pas reçue ? Une qualité, une tendresse, quelque similitude… Oh ! si
2252
Mais qu’est-ce que ce voyage, si tu songes à tous
les
espaces à parcourir encore dans ce monde et dans d’autres, dans cette
2253
s cette vie et dans d’autres vies, pour approcher
de
tous côtés un But dont tu ne sais rien d’autre que sa fuite : n’est-i
2254
procher de tous côtés un But dont tu ne sais rien
d’
autre que sa fuite : n’est-il pas cet objet qui n’ait rien de commun a
2255
sa fuite : n’est-il pas cet objet qui n’ait rien
de
commun avec ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le voir, c
2256
bjet qui n’ait rien de commun avec ce que tu sais
de
toi-même en cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans la totali
2257
ec ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais
le
voir, ce serait mourir dans la totalité du monde, effacer ta dernière
2258
n cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans
la
totalité du monde, effacer ta dernière différence, — car on ne voit q
2259
nière différence, — car on ne voit que ce qui est
de
soi-même, et conscient. Et c’est à cause d’un pari peut-être fou, et
2260
i est de soi-même, et conscient. Et c’est à cause
d’
un pari peut-être fou, et qui porte sur des sentiments indéfinis, à ca
2261
nts indéfinis, à cause de ce pari dont tu n’as vu
l’
enjeu qu’un seul instant — nos rêves sont instantanés — que tu es part
2262
tu t’intéresses, tu serres des mains, — tu perds
les
clefs de tes valises… (Cela encore : m’arrêter à Vienne à cause des s
2263
resses, tu serres des mains, — tu perds les clefs
de
tes valises… (Cela encore : m’arrêter à Vienne à cause des serrures.
2264
s serrures. Peut-être y passer une nuit — rôder à
la
recherche de Gérard par les rues noires aux palais vides mais hantés,
2265
eut-être y passer une nuit — rôder à la recherche
de
Gérard par les rues noires aux palais vides mais hantés, et dans les
2266
ser une nuit — rôder à la recherche de Gérard par
les
rues noires aux palais vides mais hantés, et dans les grands cafés du
2267
rues noires aux palais vides mais hantés, et dans
les
grands cafés du centre. Quelle autre rencontre espérer — maintenant ?
2268
xix « Tous ceux qui quittent ce monde vont à
la
Lune — lit-on dans les upanishads. — Or si un homme n’est pas satisfa
2269
ui quittent ce monde vont à la Lune — lit-on dans
les
upanishads. — Or si un homme n’est pas satisfait dans la lune, celle-
2270
ishads. — Or si un homme n’est pas satisfait dans
la
lune, celle-ci le libère (le laisse aller chez Brahma) ; mais si un h
2271
homme n’est pas satisfait dans la lune, celle-ci
le
libère (le laisse aller chez Brahma) ; mais si un homme y est satisfa
2272
t pas satisfait dans la lune, celle-ci le libère (
le
laisse aller chez Brahma) ; mais si un homme y est satisfait, la Lune
2273
chez Brahma) ; mais si un homme y est satisfait,
la
Lune le renvoie sur terre en forme de pluie. » Si je trouvais un jour
2274
ahma) ; mais si un homme y est satisfait, la Lune
le
renvoie sur terre en forme de pluie. » Si je trouvais un jour l’Objet
2275
terre en forme de pluie. » Si je trouvais un jour
l’
Objet, il ne me resterait qu’à le détruire. (Aussitôt je commence à co
2276
trouvais un jour l’Objet, il ne me resterait qu’à
le
détruire. (Aussitôt je commence à comprendre ce qu’il est : cela qui
2277
7. Rappelons que notre société est fondée sur
la
peur du risque. Je vis plutôt mal. 8. Il faut ajouter aux autres cau
2278
plutôt mal. 8. Il faut ajouter aux autres causes
de
l’incompréhension des journalistes la ruse hongroise qu’ils ne peuven
2279
tôt mal. 8. Il faut ajouter aux autres causes de
l’
incompréhension des journalistes la ruse hongroise qu’ils ne peuvent p
2280
tres causes de l’incompréhension des journalistes
la
ruse hongroise qu’ils ne peuvent pas déjouer, car le Hongrois est ing
2281
ruse hongroise qu’ils ne peuvent pas déjouer, car
le
Hongrois est ingénument rusé, à la façon des passionnés, non point à
2282
s déjouer, car le Hongrois est ingénument rusé, à
la
façon des passionnés, non point à celle des arrivistes. 9. Parce que
2283
à celle des arrivistes. 9. Parce que j’« exalte
les
valeurs de passion » — pour parler comme le seul clerc qui n’ait pas
2284
arrivistes. 9. Parce que j’« exalte les valeurs
de
passion » — pour parler comme le seul clerc qui n’ait pas trahi — qui
2285
alte les valeurs de passion » — pour parler comme
le
seul clerc qui n’ait pas trahi — qui me paraissent être la grandeur d
2286
lerc qui n’ait pas trahi — qui me paraissent être
la
grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, p
2287
it pas trahi — qui me paraissent être la grandeur
de
la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin
2288
pas trahi — qui me paraissent être la grandeur de
la
Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin ce
2289
r de la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour
la
guerre, puisque enfin cet état d’esprit que j’admire est, entre autre
2290
belliqueux. Or je suis pacifiste. Comment ne pas
l’
être ! Mais je crois que les pacifistes qui veulent assurer la paix pa
2291
ifiste. Comment ne pas l’être ! Mais je crois que
les
pacifistes qui veulent assurer la paix par la mutilation des passions
2292
s je crois que les pacifistes qui veulent assurer
la
paix par la mutilation des passions sont disciples d’Origène. Il doit
2293
ue les pacifistes qui veulent assurer la paix par
la
mutilation des passions sont disciples d’Origène. Il doit y avoir d’a
2294
aix par la mutilation des passions sont disciples
d’
Origène. Il doit y avoir d’autres solutions… 10. Toute l’échelle des
2295
e. Il doit y avoir d’autres solutions… 10. Toute
l’
échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule,
2296
ons… 10. Toute l’échelle des ivresses : ivresses
de
la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11.
2297
… 10. Toute l’échelle des ivresses : ivresses de
la
faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Exp
2298
ute l’échelle des ivresses : ivresses de la faim,
de
l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Expression o
2299
l’échelle des ivresses : ivresses de la faim, de
l’
alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Expression où v
2300
des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool,
de
la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Expression où va se réfug
2301
s ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de
la
foule, de la solitude, de l’extase. 11. Expression où va se réfugier
2302
: ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule,
de
la solitude, de l’extase. 11. Expression où va se réfugier le dernie
2303
ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de
la
solitude, de l’extase. 11. Expression où va se réfugier le dernier v
2304
a faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude,
de
l’extase. 11. Expression où va se réfugier le dernier vestige de la
2305
aim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de
l’
extase. 11. Expression où va se réfugier le dernier vestige de la sen
2306
. Expression où va se réfugier le dernier vestige
de
la sensualité des érudits. 12. La fameuse marche de Rakoczy est l’œu
2307
xpression où va se réfugier le dernier vestige de
la
sensualité des érudits. 12. La fameuse marche de Rakoczy est l’œuvre
2308
ernier vestige de la sensualité des érudits. 12.
La
fameuse marche de Rakoczy est l’œuvre d’une Tzigane. 13. L’or n’étai
2309
la sensualité des érudits. 12. La fameuse marche
de
Rakoczy est l’œuvre d’une Tzigane. 13. L’or n’était qu’un prétexte.
2310
es érudits. 12. La fameuse marche de Rakoczy est
l’
œuvre d’une Tzigane. 13. L’or n’était qu’un prétexte. Encore une blag
2311
ts. 12. La fameuse marche de Rakoczy est l’œuvre
d’
une Tzigane. 13. L’or n’était qu’un prétexte. Encore une blague de pa
2312
marche de Rakoczy est l’œuvre d’une Tzigane. 13.
L’
or n’était qu’un prétexte. Encore une blague de passeport.
2313
3. L’or n’était qu’un prétexte. Encore une blague
de
passeport.
2314
La
tour de Hölderlin « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au
2315
La
tour
de Hölderlin « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au bord
2316
La tour
de
Hölderlin « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au bord d’
2317
e une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’il dort
les
portes ouvertes, et pendant des heures récite des odes grecques au mu
2318
nt des heures récite des odes grecques au murmure
de
l’eau ; la princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il
2319
des heures récite des odes grecques au murmure de
l’
eau ; la princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il a c
2320
es récite des odes grecques au murmure de l’eau ;
la
princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il a coupé les
2321
l’eau ; la princesse de Homburg lui a fait cadeau
d’
un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plu
2322
burg lui a fait cadeau d’un piano dont il a coupé
les
cordes, mais pas toutes, en sorte que plusieurs touches sonnent encor
2323
lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont il a cassé
les
cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu attirer là-des
2324
piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment
l’
image de son âme ; j’ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin
2325
ont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image
de
son âme ; j’ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais i
2326
l’image de son âme ; j’ai voulu attirer là-dessus
l’
attention du médecin, mais il est plus difficile de se faire comprendr
2327
’attention du médecin, mais il est plus difficile
de
se faire comprendre par un sot que par un fou. » L’hiver dernier, m’o
2328
se faire comprendre par un sot que par un fou. »
L’
hiver dernier, m’occupant assez longuement d’un des poètes auxquels no
2329
u. » L’hiver dernier, m’occupant assez longuement
d’
un des poètes auxquels notre temps doit vouer l’attention la plus grav
2330
t d’un des poètes auxquels notre temps doit vouer
l’
attention la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’esprit hu
2331
oètes auxquels notre temps doit vouer l’attention
la
plus grave — car il vécut dans ces marches de l’esprit humain qui con
2332
ion la plus grave — car il vécut dans ces marches
de
l’esprit humain qui confinent peut-être à l’Esprit et dont certains d
2333
la plus grave — car il vécut dans ces marches de
l’
esprit humain qui confinent peut-être à l’Esprit et dont certains des
2334
ches de l’esprit humain qui confinent peut-être à
l’
Esprit et dont certains des plus purs d’entre nous ont voulu tenter le
2335
tains des plus purs d’entre nous ont voulu tenter
le
climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sa
2336
u tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage
de
l’émouvante Bettina, rêvé sans doute assez profondément pour qu’aujou
2337
enter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de
l’
émouvante Bettina, rêvé sans doute assez profondément pour qu’aujourd’
2338
sans doute assez profondément pour qu’aujourd’hui
le
hasard qui m’amène à Tubingue ne soit pas seulement un hasard… Hier,
2339
ue ne soit pas seulement un hasard… Hier, c’était
la
Pentecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où t
2340
seulement un hasard… Hier, c’était la Pentecôte.
La
fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’
2341
nt un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête
de
la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’appellen
2342
un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de
la
plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’appellent,
2343
aute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix
l’
appellent, combien sont dignes de s’attendre au don du langage sacré ?
2344
où tant de voix l’appellent, combien sont dignes
de
s’attendre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’est po
2345
s’attendre au don du langage sacré ? Cette langue
de
feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui l’a consumé… Digne ? — Un ad
2346
angue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui
l’
a consumé… Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rimait
2347
ui l’a consumé… Digne ? — Un adolescent au visage
de
jeune fille qui rimait sagement des odes à la liberté… Et voici dans
2348
age de jeune fille qui rimait sagement des odes à
la
liberté… Et voici dans sa vie cette double venue de l’amour et du cha
2349
berté… Et voici dans sa vie cette double venue de
l’
amour et du chant prophétique, confondant leurs flammes. Dix années da
2350
étique, confondant leurs flammes. Dix années dans
le
Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet être faible, humilié
2351
mmes. Dix années dans le Grand Jeu. Dix années où
le
génie tourmente cet être faible, humilié par le monde. L’amour s’éloi
2352
ù le génie tourmente cet être faible, humilié par
le
monde. L’amour s’éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter la
2353
tourmente cet être faible, humilié par le monde.
L’
amour s’éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter la maison de
2354
’éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter
la
maison de Mme Gontard15, déchirement à peine sensible dans son œuvre.
2355
e premier, quand Hölderlin doit quitter la maison
de
Mme Gontard15, déchirement à peine sensible dans son œuvre. Car ce po
2356
dans son œuvre. Car ce poète n’est peut-être que
le
lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas so
2357
n œuvre. Car ce poète n’est peut-être que le lieu
de
sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas son auteur
2358
poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, —
d’
une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par
2359
ut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie,
l’
on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il
2360
ses Hymnes une sérénité presque effrayante. Vient
le
temps où le sens de son monologue entre terre et ciel lui échappe. Il
2361
ne sérénité presque effrayante. Vient le temps où
le
sens de son monologue entre terre et ciel lui échappe. Il jette encor
2362
ité presque effrayante. Vient le temps où le sens
de
son monologue entre terre et ciel lui échappe. Il jette encore quelqu
2363
rappelle — Ou bien envoie — un héros — Ou bien —
la
sagesse. » Mais le feu s’éteint — l’esprit souffle où il veut. Juin 1
2364
envoie — un héros — Ou bien — la sagesse. » Mais
le
feu s’éteint — l’esprit souffle où il veut. Juin 1802 : au moment où
2365
— Ou bien — la sagesse. » Mais le feu s’éteint —
l’
esprit souffle où il veut. Juin 1802 : au moment où meurt Diotima, Höl
2366
au moment où meurt Diotima, Hölderlin errant loin
d’
elle (dans la région de Bordeaux croit-on) est frappé d’insolation ; s
2367
meurt Diotima, Hölderlin errant loin d’elle (dans
la
région de Bordeaux croit-on) est frappé d’insolation ; sa folie d’un
2368
ima, Hölderlin errant loin d’elle (dans la région
de
Bordeaux croit-on) est frappé d’insolation ; sa folie d’un coup l’env
2369
(dans la région de Bordeaux croit-on) est frappé
d’
insolation ; sa folie d’un coup l’envahit. C’est une sorte de vieillar
2370
eaux croit-on) est frappé d’insolation ; sa folie
d’
un coup l’envahit. C’est une sorte de vieillard qui reparaît en Allema
2371
-on) est frappé d’insolation ; sa folie d’un coup
l’
envahit. C’est une sorte de vieillard qui reparaît en Allemagne. Et du
2372
n ; sa folie d’un coup l’envahit. C’est une sorte
de
vieillard qui reparaît en Allemagne. Et durant trente années, ce pauv
2373
ente années, ce pauvre corps abandonné vivra dans
la
petite tour de Tubingue, chez un charpentier — vivra très doucement,
2374
s, ce pauvre corps abandonné vivra dans la petite
tour
de Tubingue, chez un charpentier — vivra très doucement, inexplicable
2375
pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour
de
Tubingue, chez un charpentier — vivra très doucement, inexplicablemen
2376
rès doucement, inexplicablement, une vie monotone
de
vieux maniaque. Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce q
2377
plicablement, une vie monotone de vieux maniaque.
Le
buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce qui fut Hölderlin si
2378
e de vieux maniaque. Le buisson ardent quitté par
le
feu se dessèche. Ce qui fut Hölderlin signe maintenant Scardanelli de
2379
s qu’il donne aux visiteurs venus pour contempler
la
victime d’un miracle. — C’était l’époque des amateurs de ruines. Je s
2380
ne aux visiteurs venus pour contempler la victime
d’
un miracle. — C’était l’époque des amateurs de ruines. Je suis descend
2381
our contempler la victime d’un miracle. — C’était
l’
époque des amateurs de ruines. Je suis descendu au bord de l’eau, un p
2382
ime d’un miracle. — C’était l’époque des amateurs
de
ruines. Je suis descendu au bord de l’eau, un peu au-dessous de la ma
2383
s amateurs de ruines. Je suis descendu au bord de
l’
eau, un peu au-dessous de la maison, en attendant l’heure d’ouverture.
2384
s descendu au bord de l’eau, un peu au-dessous de
la
maison, en attendant l’heure d’ouverture. Il y a là une station de ca
2385
eau, un peu au-dessous de la maison, en attendant
l’
heure d’ouverture. Il y a là une station de canots de louage où j’ai v
2386
peu au-dessous de la maison, en attendant l’heure
d’
ouverture. Il y a là une station de canots de louage où j’ai vite déco
2387
endant l’heure d’ouverture. Il y a là une station
de
canots de louage où j’ai vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à
2388
eure d’ouverture. Il y a là une station de canots
de
louage où j’ai vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’un
2389
vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté
d’
un « Hypérion ». En cherchant, je trouverais bien aussi un « Nietzsche
2390
tzsche » à fond plat. Des saules se penchent vers
l’
eau lente. Sur l’autre rive qui est celle d’une longue île, des étudia
2391
vers l’eau lente. Sur l’autre rive qui est celle
d’
une longue île, des étudiants au crâne rasé se promènent un roman jaun
2392
iants au crâne rasé se promènent un roman jaune à
la
main. L’un après l’autre, dans cette paresse de jour férié, les cloch
2393
à la main. L’un après l’autre, dans cette paresse
de
jour férié, les clochers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un
2394
après l’autre, dans cette paresse de jour férié,
les
clochers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors
2395
e, dans cette paresse de jour férié, les clochers
de
la ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors de vieille
2396
dans cette paresse de jour férié, les clochers de
la
ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors de vieille mai
2397
chers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un
de
ces corridors de vieille maison souabe, hauts et sombres, qui paraîtr
2398
sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors
de
vieille maison souabe, hauts et sombres, qui paraîtraient immenses s’
2399
traient immenses s’ils n’étaient à demi encombrés
d’
armoires. Un couloir, la chambre. L’homme qui me conduit est le propri
2400
’étaient à demi encombrés d’armoires. Un couloir,
la
chambre. L’homme qui me conduit est le propriétaire actuel. « Monsieu
2401
emi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre.
L’
homme qui me conduit est le propriétaire actuel. « Monsieur connaît Hö
2402
n couloir, la chambre. L’homme qui me conduit est
le
propriétaire actuel. « Monsieur connaît Hölderlin ? questionne-t-il,
2403
? — (et comme je considère un ravissant médaillon
de
marbre) — Ça, c’est Diotima. » On rougirait à moins. — « Je ne puis p
2404
» On rougirait à moins. — « Je ne puis pas parler
de
lui, ici à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt l’on se met à ra
2405
, ici à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt
l’
on se met à raconter les choses les plus affreuses sur son compte, sim
2406
vait Bettina, car aussitôt l’on se met à raconter
les
choses les plus affreuses sur son compte, simplement parce qu’il a ai
2407
a, car aussitôt l’on se met à raconter les choses
les
plus affreuses sur son compte, simplement parce qu’il a aimé une femm
2408
l a aimé une femme, pour écrire Hypérion, et pour
les
gens d’ici, aimer, c’est seulement vouloir se marier… » — Et puis plu
2409
uloir se marier… » — Et puis plus tard on encadre
les
lettres des amants, on propose le couple à l’admiration des écoliers
2410
ard on encadre les lettres des amants, on propose
le
couple à l’admiration des écoliers en promenade, et le guide désigne
2411
re les lettres des amants, on propose le couple à
l’
admiration des écoliers en promenade, et le guide désigne familièremen
2412
uple à l’admiration des écoliers en promenade, et
le
guide désigne familièrement l’image d’une femme par le nom qu’elle po
2413
s en promenade, et le guide désigne familièrement
l’
image d’une femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour. Tr
2414
menade, et le guide désigne familièrement l’image
d’
une femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour. Trois peti
2415
ide désigne familièrement l’image d’une femme par
le
nom qu’elle portait au mystère de l’amour. Trois petites fenêtres orn
2416
d’une femme par le nom qu’elle portait au mystère
de
l’amour. Trois petites fenêtres ornées de cactus miséreux, une pipe q
2417
ne femme par le nom qu’elle portait au mystère de
l’
amour. Trois petites fenêtres ornées de cactus miséreux, une pipe qui
2418
mystère de l’amour. Trois petites fenêtres ornées
de
cactus miséreux, une pipe qui traîne sur l’appui ; le jardinet avec s
2419
rnées de cactus miséreux, une pipe qui traîne sur
l’
appui ; le jardinet avec son banc et ses lilas fleuris qui trempent. T
2420
actus miséreux, une pipe qui traîne sur l’appui ;
le
jardinet avec son banc et ses lilas fleuris qui trempent. Tout est fa
2421
rmotter. Trente-sept ans dans cette chambre, avec
le
bruit de l’eau et cette complainte de malade épuisé après un grand ac
2422
Trente-sept ans dans cette chambre, avec le bruit
de
l’eau et cette complainte de malade épuisé après un grand accès de fi
2423
nte-sept ans dans cette chambre, avec le bruit de
l’
eau et cette complainte de malade épuisé après un grand accès de fièvr
2424
ambre, avec le bruit de l’eau et cette complainte
de
malade épuisé après un grand accès de fièvre… L’agrément de ce mo
2425
complainte de malade épuisé après un grand accès
de
fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeu
2426
malade épuisé après un grand accès de fièvre…
L’
agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si
2427
sé après un grand accès de fièvre… L’agrément
de
ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps,
2428
d accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je
l’
ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu
2429
fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu.
Les
joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles ont f
2430
L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies
de
la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles ont fui. Avril
2431
’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de
la
jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles ont fui. Avril et
2432
en, je n’aime plus vivre. Il y avait encore plus
de
paix que maintenant. La grande allée sur l’île n’existait pas, en fac
2433
. Il y avait encore plus de paix que maintenant.
La
grande allée sur l’île n’existait pas, en face, ni les maisons. Il vo
2434
plus de paix que maintenant. La grande allée sur
l’
île n’existait pas, en face, ni les maisons. Il voyait des prairies et
2435
rande allée sur l’île n’existait pas, en face, ni
les
maisons. Il voyait des prairies et des collines basses, de l’autre cô
2436
s. Il voyait des prairies et des collines basses,
de
l’autre côté de l’eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans
2437
prairies et des collines basses, de l’autre côté
de
l’eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la v
2438
airies et des collines basses, de l’autre côté de
l’
eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie
2439
u jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans
la
nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’a pas d
2440
et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit
de
la vie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’a pas de plaint
2441
verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de
la
vie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’a pas de plainte…
2442
la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : «
La
perfection n’a pas de plainte… » Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m
2443
et cet aveu mystérieux : « La perfection n’a pas
de
plainte… » Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gar
2444
vait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais
le
gardien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh !
2445
— Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter
la
chambre. Il ne vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4. Un
2446
. Il ne vient pas tant de visiteurs, et seulement
de
2 à 4. Une rue étouffée entre des maisons pointues et les contreforts
2447
4. Une rue étouffée entre des maisons pointues et
les
contreforts de l’Église du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour
2448
fée entre des maisons pointues et les contreforts
de
l’Église du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au prof
2449
entre des maisons pointues et les contreforts de
l’
Église du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au profil
2450
ise du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour
le
fou au profil de vieille femme qui promène doucement dans cette calme
2451
je vois s’y engager chaque jour le fou au profil
de
vieille femme qui promène doucement dans cette calme Tubingue le secr
2452
e qui promène doucement dans cette calme Tubingue
le
secret d’une épouvantable mélancolie. Les étudiants le rencontrent, q
2453
ène doucement dans cette calme Tubingue le secret
d’
une épouvantable mélancolie. Les étudiants le rencontrent, qui montent
2454
Tubingue le secret d’une épouvantable mélancolie.
Les
étudiants le rencontrent, qui montent au Séminaire protestant : il le
2455
cret d’une épouvantable mélancolie. Les étudiants
le
rencontrent, qui montent au Séminaire protestant : il leur fait de pr
2456
ui montent au Séminaire protestant : il leur fait
de
profondes révérences… La rumeur et le cliquetis d’une grande terras
2457
testant : il leur fait de profondes révérences…
La
rumeur et le cliquetis d’une grande terrasse de café au bord du Necka
2458
leur fait de profondes révérences… La rumeur et
le
cliquetis d’une grande terrasse de café au bord du Neckar, sous les m
2459
profondes révérences… La rumeur et le cliquetis
d’
une grande terrasse de café au bord du Neckar, sous les marronniers. À
2460
La rumeur et le cliquetis d’une grande terrasse
de
café au bord du Neckar, sous les marronniers. À quatre heures, l’orch
2461
e grande terrasse de café au bord du Neckar, sous
les
marronniers. À quatre heures, l’orchestre s’est mis à jouer des ringu
2462
du Neckar, sous les marronniers. À quatre heures,
l’
orchestre s’est mis à jouer des ringues charmantes, jazz et clarinette
2463
ringues charmantes, jazz et clarinette, chansons
de
mai. Les bateaux qui dérivent dans le voisinage se rapprochent, tourn
2464
charmantes, jazz et clarinette, chansons de mai.
Les
bateaux qui dérivent dans le voisinage se rapprochent, tournoient len
2465
e, chansons de mai. Les bateaux qui dérivent dans
le
voisinage se rapprochent, tournoient lentement dans la musique. Je n’
2466
isinage se rapprochent, tournoient lentement dans
la
musique. Je n’aime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de b
2467
urnoient lentement dans la musique. Je n’aime pas
les
jeunes Doktors à lunettes, en costume de bain, qui pagayent vigoureus
2468
ime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume
de
bain, qui pagayent vigoureusement, les dents serrées. « Weg zur Kraft
2469
en costume de bain, qui pagayent vigoureusement,
les
dents serrées. « Weg zur Kraft und Schönheit ! » J’aime les bateaux p
2470
serrées. « Weg zur Kraft und Schönheit ! » J’aime
les
bateaux plats et incertains, avec des Daphnés dedans, qui ne savent p
2471
pas bien ramer et qui lisent des magazines au fil
de
l’onde, au comble des vacances. À la table voisine, des adolescents b
2472
bien ramer et qui lisent des magazines au fil de
l’
onde, au comble des vacances. À la table voisine, des adolescents bala
2473
zines au fil de l’onde, au comble des vacances. À
la
table voisine, des adolescents balafrés font des signes énergiques à
2474
lafrés font des signes énergiques à une compagnie
de
cavaliers qui passe sur le pont devant la statue d’Eberhard-en-Barbe.
2475
giques à une compagnie de cavaliers qui passe sur
le
pont devant la statue d’Eberhard-en-Barbe. Des bourgeois se rient con
2476
mpagnie de cavaliers qui passe sur le pont devant
la
statue d’Eberhard-en-Barbe. Des bourgeois se rient contre par-dessus
2477
cavaliers qui passe sur le pont devant la statue
d’
Eberhard-en-Barbe. Des bourgeois se rient contre par-dessus leurs chop
2478
sus leurs chopes. « Gemütlichkeit. » Évidemment :
la
vie normale. Il y a pourtant cette petite chambre… Est-ce que tout ce
2479
petite chambre… Est-ce que tout cela existe dans
le
même monde ? (Il est bon de poser parfois de ces grandes questions na
2480
tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon
de
poser parfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vécu dans
2481
dans le même monde ? (Il est bon de poser parfois
de
ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vécu dans cette ville, tou
2482
t seuls… Et puis, il lui est arrivé quelque chose
de
terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux
2483
out le monde s’accorde à trouver malsain ce genre
de
tentatives : cela ne peut que mal finir. Ceux du bon sens hochent la
2484
a ne peut que mal finir. Ceux du bon sens hochent
la
tête et citent la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui
2485
finir. Ceux du bon sens hochent la tête et citent
la
phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange…
2486
x du bon sens hochent la tête et citent la phrase
la
plus malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange… » a autor
2487
a tête et citent la phrase la plus malencontreuse
de
Pascal : le « Qui veut faire l’ange… » a autorisé des générations de
2488
tent la phrase la plus malencontreuse de Pascal :
le
« Qui veut faire l’ange… » a autorisé des générations de bourgeois cu
2489
us malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire
l’
ange… » a autorisé des générations de bourgeois cultivés à faire la bê
2490
i veut faire l’ange… » a autorisé des générations
de
bourgeois cultivés à faire la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la
2491
isé des générations de bourgeois cultivés à faire
la
bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela pren
2492
urgeois cultivés à faire la bête dès qu’il s’agit
de
l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais que
2493
eois cultivés à faire la bête dès qu’il s’agit de
l’
âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle
2494
s à faire la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans
la
bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche du
2495
la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la bouche
de
certains, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche du médiocre
2496
âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air
de
je ne sais quelle revanche du médiocre dont ils se sentent bénéficiai
2497
dont ils se sentent bénéficiaires. Ah ! vraiment
les
malins ! qui ont préféré faire tout de suite la bête : comme cela on
2498
les malins ! qui ont préféré faire tout de suite
la
bête : comme cela on est mieux pour donner le coup de pied de l’âne…
2499
ite la bête : comme cela on est mieux pour donner
le
coup de pied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina — la vérité est plus h
2500
mme cela on est mieux pour donner le coup de pied
de
l’âne… Écoutons plutôt Bettina — la vérité est plus humaine, est plus
2501
cela on est mieux pour donner le coup de pied de
l’
âne… Écoutons plutôt Bettina — la vérité est plus humaine, est plus di
2502
coup de pied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina —
la
vérité est plus humaine, est plus divine, quand c’est une telle femme
2503
est plus divine, quand c’est une telle femme qui
la
confesse : « Celui qui entre en commerce trop étroit avec le ciel, le
2504
: « Celui qui entre en commerce trop étroit avec
le
ciel, les dieux le vouent au malheur. » Ô cette chambre, où pénètre l
2505
i qui entre en commerce trop étroit avec le ciel,
les
dieux le vouent au malheur. » Ô cette chambre, où pénètre la facilité
2506
e en commerce trop étroit avec le ciel, les dieux
le
vouent au malheur. » Ô cette chambre, où pénètre la facilité atroce d
2507
vouent au malheur. » Ô cette chambre, où pénètre
la
facilité atroce de la fin d’un après-midi, ces musiquettes et ces par
2508
» Ô cette chambre, où pénètre la facilité atroce
de
la fin d’un après-midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d
2509
Ô cette chambre, où pénètre la facilité atroce de
la
fin d’un après-midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d’ea
2510
chambre, où pénètre la facilité atroce de la fin
d’
un après-midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d’eau… elle
2511
n d’un après-midi, ces musiquettes et ces parfums
de
fleurs et d’eau… elle est tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un
2512
midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et
d’
eau… elle est tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des deux soi
2513
urs… Faut-il donc que l’un des deux soit absurde,
de
ces mondes à mes yeux soudain simultanés ?… Le tragique de la facil
2514
de ces mondes à mes yeux soudain simultanés ?…
Le
tragique de la facilité, c’est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant
2515
es à mes yeux soudain simultanés ?… Le tragique
de
la facilité, c’est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle
2516
à mes yeux soudain simultanés ?… Le tragique de
la
facilité, c’est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle pa
2517
blie, triomphante, à beau fixe. Pourquoi troubler
le
miroir innocent de ces eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ? E
2518
à beau fixe. Pourquoi troubler le miroir innocent
de
ces eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ? Est-ce qu’ils ne sou
2519
amais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, quand
l’
amour leur donne une petite fièvre, — cette semaine de leur jeunesse o
2520
our leur donne une petite fièvre, — cette semaine
de
leur jeunesse où ils ont cru pressentir de grandes choses généreuses
2521
emaine de leur jeunesse où ils ont cru pressentir
de
grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’oublie. Et l’amour, to
2522
ru pressentir de grandes choses généreuses autour
d’
eux… Cela s’oublie. Et l’amour, tout justement, nous fait comprendre,
2523
choses généreuses autour d’eux… Cela s’oublie. Et
l’
amour, tout justement, nous fait comprendre, dans le temps même qu’il
2524
amour, tout justement, nous fait comprendre, dans
le
temps même qu’il nous entrouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait la
2525
mprendre, dans le temps même qu’il nous entrouvre
le
ciel, qu’il est bon qu’il y ait la terre… Mais que cette musique vulg
2526
nous entrouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait
la
terre… Mais que cette musique vulgaire, par quel hasard, donne l’acco
2527
ue cette musique vulgaire, par quel hasard, donne
l’
accord qui m’ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe — je t’échap
2528
e : déjà je leur échappe — je t’échappe ô douceur
de
vivre ! Tout redevient autour de moi insuffisant, transitoire, allusi
2529
, transitoire, allusif. Tout se remet à signifier
l’
absence. (1929) 14. Bettina von Arnim-Brentano : Die Günderode. 15.
2530
ode. 15. Où il était précepteur. Mme Gontard est
la
Diotima de l’Hypérion et des poèmes.
2531
Petit journal
de
Souabe À la tombée d’une nuit froide, en avril, le voyageur descend
2532
Petit journal de Souabe À
la
tombée d’une nuit froide, en avril, le voyageur descend dans un vieux
2533
Petit journal de Souabe À la tombée
d’
une nuit froide, en avril, le voyageur descend dans un vieux bourg de
2534
Souabe À la tombée d’une nuit froide, en avril,
le
voyageur descend dans un vieux bourg de Souabe, — quelques lumières a
2535
en avril, le voyageur descend dans un vieux bourg
de
Souabe, — quelques lumières au milieu d’une étroite vallée où le trai
2536
elques lumières au milieu d’une étroite vallée où
le
train longtemps côtoya une rivière, des forêts. Les rues sont vides j
2537
e train longtemps côtoya une rivière, des forêts.
Les
rues sont vides jusqu’au cœur de la ville, où l’attend une ample deme
2538
re, des forêts. Les rues sont vides jusqu’au cœur
de
la ville, où l’attend une ample demeure. Et maintenant le chien s’est
2539
des forêts. Les rues sont vides jusqu’au cœur de
la
ville, où l’attend une ample demeure. Et maintenant le chien s’est tu
2540
Les rues sont vides jusqu’au cœur de la ville, où
l’
attend une ample demeure. Et maintenant le chien s’est tu ; des pas s’
2541
lle, où l’attend une ample demeure. Et maintenant
le
chien s’est tu ; des pas s’éloignent. Un trait de lumière sous la por
2542
le chien s’est tu ; des pas s’éloignent. Un trait
de
lumière sous la porte disparaît. Il aime sentir autour de lui vivre l
2543
u ; des pas s’éloignent. Un trait de lumière sous
la
porte disparaît. Il aime sentir autour de lui vivre la grande maisonn
2544
rte disparaît. Il aime sentir autour de lui vivre
la
grande maisonnée, cet espace cloisonné de murailles respectables, ple
2545
i vivre la grande maisonnée, cet espace cloisonné
de
murailles respectables, plein de présences et d’absences — la chambre
2546
espace cloisonné de murailles respectables, plein
de
présences et d’absences — la chambre principale où une lampe arrose l
2547
de murailles respectables, plein de présences et
d’
absences — la chambre principale où une lampe arrose la pesante nappe
2548
respectables, plein de présences et d’absences —
la
chambre principale où une lampe arrose la pesante nappe aux dessins b
2549
ences — la chambre principale où une lampe arrose
la
pesante nappe aux dessins brodés, des verres, des coudes et des pipes
2550
ssins brodés, des verres, des coudes et des pipes
de
méditation —, des pièces vides où la Lune avance comme un chat sur le
2551
et des pipes de méditation —, des pièces vides où
la
Lune avance comme un chat sur le lit conjugal, un salon glacé dont le
2552
pièces vides où la Lune avance comme un chat sur
le
lit conjugal, un salon glacé dont le parquet craque sans que nul pied
2553
un chat sur le lit conjugal, un salon glacé dont
le
parquet craque sans que nul pied jamais ne s’y pose, et tous ces corr
2554
is ne s’y pose, et tous ces corridors si hauts où
l’
on devine à tâtons des armoires monumentales. Dans une chambre froide
2555
ide il s’est couché en grelottant. Mais à travers
l’
ombre il distingue les masses confortables de meubles volumineux, le p
2556
n grelottant. Mais à travers l’ombre il distingue
les
masses confortables de meubles volumineux, le poêle blanc à chapiteau
2557
vers l’ombre il distingue les masses confortables
de
meubles volumineux, le poêle blanc à chapiteau rococo et ce lit énorm
2558
ue les masses confortables de meubles volumineux,
le
poêle blanc à chapiteau rococo et ce lit énorme aux édredons rebondis
2559
rococo et ce lit énorme aux édredons rebondis où
l’
on s’enfouit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de la rivière
2560
edons rebondis où l’on s’enfouit comme s’il était
le
sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera
2561
l’on s’enfouit comme s’il était le sommeil même.
Le
bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera sa première habi
2562
nfouit comme s’il était le sommeil même. Le bruit
de
la rivière et de l’écluse proche, — ce sera sa première habitude. 2
2563
uit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de
la
rivière et de l’écluse proche, — ce sera sa première habitude. 22 a
2564
était le sommeil même. Le bruit de la rivière et
de
l’écluse proche, — ce sera sa première habitude. 22 avril 1929 M
2565
ait le sommeil même. Le bruit de la rivière et de
l’
écluse proche, — ce sera sa première habitude. 22 avril 1929 Mes
2566
tude. 22 avril 1929 Mes fenêtres donnent sur
la
rivière. En m’y penchant je puis me voir dans l’eau plate, élargie en
2567
la rivière. En m’y penchant je puis me voir dans
l’
eau plate, élargie en cet endroit, avant l’écluse qui la prend de biai
2568
r dans l’eau plate, élargie en cet endroit, avant
l’
écluse qui la prend de biais sur la droite. Un nageur passe à travers
2569
plate, élargie en cet endroit, avant l’écluse qui
la
prend de biais sur la droite. Un nageur passe à travers les reflets j
2570
argie en cet endroit, avant l’écluse qui la prend
de
biais sur la droite. Un nageur passe à travers les reflets jaunes, ro
2571
endroit, avant l’écluse qui la prend de biais sur
la
droite. Un nageur passe à travers les reflets jaunes, roses, verts, d
2572
de biais sur la droite. Un nageur passe à travers
les
reflets jaunes, roses, verts, des maisons à façades triangulaires. Co
2573
ts, des maisons à façades triangulaires. Couleurs
d’
un crépuscule de pluie. Plus près, des reflets d’arbres ; plus près en
2574
à façades triangulaires. Couleurs d’un crépuscule
de
pluie. Plus près, des reflets d’arbres ; plus près encore, des nuages
2575
d’un crépuscule de pluie. Plus près, des reflets
d’
arbres ; plus près encore, des nuages troués de petits poissons. À gau
2576
ts d’arbres ; plus près encore, des nuages troués
de
petits poissons. À gauche je domine un pesant pont de pierre rougeâtr
2577
etits poissons. À gauche je domine un pesant pont
de
pierre rougeâtre, trois arches dont les piles s’avancent en éperons.
2578
esant pont de pierre rougeâtre, trois arches dont
les
piles s’avancent en éperons. Encastrée dans le parapet, une petite ch
2579
t les piles s’avancent en éperons. Encastrée dans
le
parapet, une petite chapelle bossue, nourrie de poussière depuis le M
2580
s le parapet, une petite chapelle bossue, nourrie
de
poussière depuis le Moyen Âge, propose humblement son anachronisme de
2581
tite chapelle bossue, nourrie de poussière depuis
le
Moyen Âge, propose humblement son anachronisme de plain-pied avec les
2582
le Moyen Âge, propose humblement son anachronisme
de
plain-pied avec les passants, les voitures. (Ils l’aiment bien, — ne
2583
se humblement son anachronisme de plain-pied avec
les
passants, les voitures. (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.)
2584
son anachronisme de plain-pied avec les passants,
les
voitures. (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.) La vie du pont
2585
plain-pied avec les passants, les voitures. (Ils
l’
aiment bien, — ne la voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme l
2586
passants, les voitures. (Ils l’aiment bien, — ne
la
voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme les remous dans l’eau
2587
res. (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.)
La
vie du pont m’occupe, comme les remous dans l’eau. Un char traverse l
2588
a voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme
les
remous dans l’eau. Un char traverse lentement. Une belle auto derrièr
2589
La vie du pont m’occupe, comme les remous dans
l’
eau. Un char traverse lentement. Une belle auto derrière s’impatiente,
2590
Une belle auto derrière s’impatiente, tandis que
les
collégiens vont flairer sa marque, méprisant les occupants à lunettes
2591
les collégiens vont flairer sa marque, méprisant
les
occupants à lunettes. Viennent deux filles sans chapeau qui se promèn
2592
hapeau qui se promènent pour montrer leurs robes.
Le
nageur les intéresse, elles s’accoudent au parapet, tout près d’ici.
2593
se promènent pour montrer leurs robes. Le nageur
les
intéresse, elles s’accoudent au parapet, tout près d’ici. Vont-elles
2594
arapet, tout près d’ici. Vont-elles sentir que je
les
regarde ? Vraiment la plus petite est jolie, très brune, avec un gros
2595
. Vont-elles sentir que je les regarde ? Vraiment
la
plus petite est jolie, très brune, avec un gros collier de verre bleu
2596
etite est jolie, très brune, avec un gros collier
de
verre bleu… Elle lève les yeux tout droit vers moi, une seconde, parl
2597
ne, avec un gros collier de verre bleu… Elle lève
les
yeux tout droit vers moi, une seconde, parle vite à sa compagne, roug
2598
ent et s’en vont, et avant de disparaître au coin
d’
une maison jaune, se retournent. Ce petit monde enclos par le pont et
2599
n jaune, se retournent. Ce petit monde enclos par
le
pont et l’écluse, je m’en contenterai doucement. Comme si j’avais pre
2600
retournent. Ce petit monde enclos par le pont et
l’
écluse, je m’en contenterai doucement. Comme si j’avais presque oublié
2601
— « Seul et séparé », ces deux mots que rythmait
le
train, est-ce qu’ils font encore vraiment mal ? 24 avril 1929 L
2602
ls font encore vraiment mal ? 24 avril 1929
Les
habitants de la maison me paraissent peu nombreux, mais sait-on bien
2603
vraiment mal ? 24 avril 1929 Les habitants
de
la maison me paraissent peu nombreux, mais sait-on bien d’où il peut
2604
aiment mal ? 24 avril 1929 Les habitants de
la
maison me paraissent peu nombreux, mais sait-on bien d’où il peut en
2605
son me paraissent peu nombreux, mais sait-on bien
d’
où il peut en sortir encore — sans compter les fantômes, probables ? L
2606
bien d’où il peut en sortir encore — sans compter
les
fantômes, probables ? Le père Reinecke, un barberousse aux yeux perça
2607
r encore — sans compter les fantômes, probables ?
Le
père Reinecke, un barberousse aux yeux perçants, ex-nouveau riche rui
2608
sse aux yeux perçants, ex-nouveau riche ruiné par
l’
inflation, partage sa vie entre la vente des articles de sport et les
2609
riche ruiné par l’inflation, partage sa vie entre
la
vente des articles de sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce
2610
ation, partage sa vie entre la vente des articles
de
sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce installé au rez-de-ch
2611
ge sa vie entre la vente des articles de sport et
les
joies de l’esprit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa
2612
entre la vente des articles de sport et les joies
de
l’esprit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa demeure p
2613
re la vente des articles de sport et les joies de
l’
esprit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa demeure patr
2614
articles de sport et les joies de l’esprit. Quand
le
négoce installé au rez-de-chaussée de sa demeure patricienne souffre
2615
prit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée
de
sa demeure patricienne souffre par le fait des menées impérialistes d
2616
de-chaussée de sa demeure patricienne souffre par
le
fait des menées impérialistes de la France, il cherche une revanche s
2617
enne souffre par le fait des menées impérialistes
de
la France, il cherche une revanche sournoise et désintéressée dans l’
2618
e souffre par le fait des menées impérialistes de
la
France, il cherche une revanche sournoise et désintéressée dans l’act
2619
rche une revanche sournoise et désintéressée dans
l’
activité d’un jugement qui domine la médiocrité du monde. Le père Rein
2620
vanche sournoise et désintéressée dans l’activité
d’
un jugement qui domine la médiocrité du monde. Le père Reinecke est un
2621
téressée dans l’activité d’un jugement qui domine
la
médiocrité du monde. Le père Reinecke est un esprit « caustique » — i
2622
d’un jugement qui domine la médiocrité du monde.
Le
père Reinecke est un esprit « caustique » — il aime à me le répéter e
2623
inecke est un esprit « caustique » — il aime à me
le
répéter en français, —et je le verrai bien, assure-t-il, le jour où i
2624
e » — il aime à me le répéter en français, —et je
le
verrai bien, assure-t-il, le jour où il me confiera quelques fragment
2625
en français, —et je le verrai bien, assure-t-il,
le
jour où il me confiera quelques fragments du « livre de sa vie », don
2626
r où il me confiera quelques fragments du « livre
de
sa vie », dont il compose chaque matin deux pages à la machine. Il y
2627
vie », dont il compose chaque matin deux pages à
la
machine. Il y juge du monde en général, de la religion, des mœurs, de
2628
ages à la machine. Il y juge du monde en général,
de
la religion, des mœurs, de l’histoire, et de ses voisins en particuli
2629
s à la machine. Il y juge du monde en général, de
la
religion, des mœurs, de l’histoire, et de ses voisins en particulier.
2630
e du monde en général, de la religion, des mœurs,
de
l’histoire, et de ses voisins en particulier. La « Gnädige » fait ave
2631
u monde en général, de la religion, des mœurs, de
l’
histoire, et de ses voisins en particulier. La « Gnädige » fait avec b
2632
ral, de la religion, des mœurs, de l’histoire, et
de
ses voisins en particulier. La « Gnädige » fait avec bonne humeur la
2633
de l’histoire, et de ses voisins en particulier.
La
« Gnädige » fait avec bonne humeur la meilleure cuisine possible au W
2634
articulier. La « Gnädige » fait avec bonne humeur
la
meilleure cuisine possible au Wurtemberg, et de ces gâteaux compliqué
2635
r la meilleure cuisine possible au Wurtemberg, et
de
ces gâteaux compliqués qu’elle orne d’un quatrain de bienvenue. Elle
2636
emberg, et de ces gâteaux compliqués qu’elle orne
d’
un quatrain de bienvenue. Elle me confie qu’il lui arrive de rêver en
2637
ces gâteaux compliqués qu’elle orne d’un quatrain
de
bienvenue. Elle me confie qu’il lui arrive de rêver en vers. Chacun s
2638
ain de bienvenue. Elle me confie qu’il lui arrive
de
rêver en vers. Chacun son petit talent dans la famille. Le gros Fritz
2639
ve de rêver en vers. Chacun son petit talent dans
la
famille. Le gros Fritz est un blond géant de 25 ans, qui rit avec bon
2640
en vers. Chacun son petit talent dans la famille.
Le
gros Fritz est un blond géant de 25 ans, qui rit avec bonté et se dis
2641
dans la famille. Le gros Fritz est un blond géant
de
25 ans, qui rit avec bonté et se distingue dans les concours de gymna
2642
e 25 ans, qui rit avec bonté et se distingue dans
les
concours de gymnastes. La domestique a cet air de victime attristée q
2643
rit avec bonté et se distingue dans les concours
de
gymnastes. La domestique a cet air de victime attristée que prennent
2644
é et se distingue dans les concours de gymnastes.
La
domestique a cet air de victime attristée que prennent souvent les se
2645
es concours de gymnastes. La domestique a cet air
de
victime attristée que prennent souvent les servantes de la bourgeoisi
2646
cet air de victime attristée que prennent souvent
les
servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de l’espèce dite « schna
2647
time attristée que prennent souvent les servantes
de
la bourgeoisie. Quant au chien, de l’espèce dite « schnauzer », il mo
2648
e attristée que prennent souvent les servantes de
la
bourgeoisie. Quant au chien, de l’espèce dite « schnauzer », il montr
2649
les servantes de la bourgeoisie. Quant au chien,
de
l’espèce dite « schnauzer », il montre un poil de couleur neutre, et
2650
s servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de
l’
espèce dite « schnauzer », il montre un poil de couleur neutre, et que
2651
de l’espèce dite « schnauzer », il montre un poil
de
couleur neutre, et quelque bienveillance lorsqu’il a compris. Est-ce
2652
lorsqu’il a compris. Est-ce tout ? Il y a encore
l’
absence de la fille, élément considérable dans l’atmosphère et dans l’
2653
a compris. Est-ce tout ? Il y a encore l’absence
de
la fille, élément considérable dans l’atmosphère et dans l’économie d
2654
compris. Est-ce tout ? Il y a encore l’absence de
la
fille, élément considérable dans l’atmosphère et dans l’économie du l
2655
l’absence de la fille, élément considérable dans
l’
atmosphère et dans l’économie du lieu. On l’a mise en pension en Baviè
2656
e, élément considérable dans l’atmosphère et dans
l’
économie du lieu. On l’a mise en pension en Bavière, et les galants qu
2657
dans l’atmosphère et dans l’économie du lieu. On
l’
a mise en pension en Bavière, et les galants qui passent sans avoir l’
2658
ie du lieu. On l’a mise en pension en Bavière, et
les
galants qui passent sans avoir l’air de rien sur le pont Saint-Nikola
2659
ière, et les galants qui passent sans avoir l’air
de
rien sur le pont Saint-Nikolaus sont bien capons de voir à sa fenêtre
2660
galants qui passent sans avoir l’air de rien sur
le
pont Saint-Nikolaus sont bien capons de voir à sa fenêtre la silhouet
2661
rien sur le pont Saint-Nikolaus sont bien capons
de
voir à sa fenêtre la silhouette de l’Étranger. On a laissé sa photo d
2662
nt-Nikolaus sont bien capons de voir à sa fenêtre
la
silhouette de l’Étranger. On a laissé sa photo dans ma chambre, « pou
2663
nt bien capons de voir à sa fenêtre la silhouette
de
l’Étranger. On a laissé sa photo dans ma chambre, « pour que vous aye
2664
bien capons de voir à sa fenêtre la silhouette de
l’
Étranger. On a laissé sa photo dans ma chambre, « pour que vous ayez u
2665
elée, qui rit, — et qui doit savoir se défendre à
l’
occasion, mais comme elles font, pas trop tôt. 28 avril 1929 Ils
2666
s font, pas trop tôt. 28 avril 1929 Ils ont
de
la peine à comprendre pourquoi je suis venu vivre dans ce bourg, chez
2667
ont, pas trop tôt. 28 avril 1929 Ils ont de
la
peine à comprendre pourquoi je suis venu vivre dans ce bourg, chez eu
2668
et paisiblement habité ? Cette ville est pour eux
la
moins quelconque du monde. Je prétexte des écritures — qui se réduise
2669
se réduisent d’ailleurs à ce journal — pour avoir
la
paix dans ma chambre ; aussi, une ancienne fatigue à guérir pour qu’o
2670
fatigue à guérir pour qu’on me laisse errer dans
la
campagne. La petite ville au crépuscule, couchée en rond entre les co
2671
érir pour qu’on me laisse errer dans la campagne.
La
petite ville au crépuscule, couchée en rond entre les collines, secrè
2672
petite ville au crépuscule, couchée en rond entre
les
collines, secrète sous un voile de brume bleue, dans une grande paix.
2673
en rond entre les collines, secrète sous un voile
de
brume bleue, dans une grande paix. Vue de la hauteur, sous un ciel pâ
2674
n voile de brume bleue, dans une grande paix. Vue
de
la hauteur, sous un ciel pâle avec des nuages blancs qui s’en vont. U
2675
oile de brume bleue, dans une grande paix. Vue de
la
hauteur, sous un ciel pâle avec des nuages blancs qui s’en vont. Un v
2676
ent froid, mais quelques douceurs aux abris, près
d’
une de ces maisons isolées où je ne l’amènerai jamais, à cette heure q
2677
oid, mais quelques douceurs aux abris, près d’une
de
ces maisons isolées où je ne l’amènerai jamais, à cette heure qui ser
2678
abris, près d’une de ces maisons isolées où je ne
l’
amènerai jamais, à cette heure qui serait celle de rentrer chez nous s
2679
l’amènerai jamais, à cette heure qui serait celle
de
rentrer chez nous s’asseoir auprès d’un feu… — Mais non. 7 mai 192
2680
erait celle de rentrer chez nous s’asseoir auprès
d’
un feu… — Mais non. 7 mai 1929 « J’ai mes brouillards et mon bea
2681
de moi », remarque Pascal, asservi au seul climat
de
l’âme. Pour moi, c’est ma jeunesse et ma vieillesse que je porte ains
2682
moi », remarque Pascal, asservi au seul climat de
l’
âme. Pour moi, c’est ma jeunesse et ma vieillesse que je porte ainsi t
2683
vieillesse que je porte ainsi tour à tour. Entre
l’
âge de mes humeurs et le chiffre de mes années, « peu de liaison ». C’
2684
lesse que je porte ainsi tour à tour. Entre l’âge
de
mes humeurs et le chiffre de mes années, « peu de liaison ». C’est à
2685
ainsi tour à tour. Entre l’âge de mes humeurs et
le
chiffre de mes années, « peu de liaison ». C’est à l’intimité de mon
2686
à tour. Entre l’âge de mes humeurs et le chiffre
de
mes années, « peu de liaison ». C’est à l’intimité de mon regard avec
2687
hiffre de mes années, « peu de liaison ». C’est à
l’
intimité de mon regard avec les choses que je mesure ma jeunesse : dan
2688
es années, « peu de liaison ». C’est à l’intimité
de
mon regard avec les choses que je mesure ma jeunesse : dans ces campa
2689
liaison ». C’est à l’intimité de mon regard avec
les
choses que je mesure ma jeunesse : dans ces campagnes solitaires, je
2690
pagnes solitaires, je promène un adolescent. Tout
l’
après-midi j’ai rôdé, marchant, m’arrêtant pour écouter et respirer lo
2691
choisissant parfois pour y sommeiller une lisière
d’
où l’on voit de lointains horizons, puis de nouveau m’enfonçant au has
2692
issant parfois pour y sommeiller une lisière d’où
l’
on voit de lointains horizons, puis de nouveau m’enfonçant au hasard d
2693
fois pour y sommeiller une lisière d’où l’on voit
de
lointains horizons, puis de nouveau m’enfonçant au hasard dans la for
2694
izons, puis de nouveau m’enfonçant au hasard dans
la
forêt. Vers le soir, j’étais bien perdu. La lumière montait vers la c
2695
nouveau m’enfonçant au hasard dans la forêt. Vers
le
soir, j’étais bien perdu. La lumière montait vers la cime des arbres,
2696
dans la forêt. Vers le soir, j’étais bien perdu.
La
lumière montait vers la cime des arbres, aux lisières d’une forêt de
2697
soir, j’étais bien perdu. La lumière montait vers
la
cime des arbres, aux lisières d’une forêt de Parsifal, et les plus ha
2698
ère montait vers la cime des arbres, aux lisières
d’
une forêt de Parsifal, et les plus hauts feuillages exultaient de clar
2699
vers la cime des arbres, aux lisières d’une forêt
de
Parsifal, et les plus hauts feuillages exultaient de clarté devant le
2700
arbres, aux lisières d’une forêt de Parsifal, et
les
plus hauts feuillages exultaient de clarté devant le ciel pâli. Tout
2701
Parsifal, et les plus hauts feuillages exultaient
de
clarté devant le ciel pâli. Tout vivait autour de moi dans une sorte
2702
plus hauts feuillages exultaient de clarté devant
le
ciel pâli. Tout vivait autour de moi dans une sorte d’ivresse lente e
2703
el pâli. Tout vivait autour de moi dans une sorte
d’
ivresse lente et majestueuse, et bientôt je me pris à composer des phr
2704
ser des phrases, tout en allant comme en rêve sur
l’
herbe où s’étouffait tout bruit. « Ô crépuscule adolescent, disais-je,
2705
e, chasseur au cœur battant, que poursuis-tu dans
le
mystère des orées d’ombre ? » Et l’on me répondait : « Ici, la jeune
2706
attant, que poursuis-tu dans le mystère des orées
d’
ombre ? » Et l’on me répondait : « Ici, la jeune fille Aurore a surpri
2707
rsuis-tu dans le mystère des orées d’ombre ? » Et
l’
on me répondait : « Ici, la jeune fille Aurore a surpris la licorne pu
2708
s orées d’ombre ? » Et l’on me répondait : « Ici,
la
jeune fille Aurore a surpris la licorne pure… » (Je croyais voir un é
2709
épondait : « Ici, la jeune fille Aurore a surpris
la
licorne pure… » (Je croyais voir un éclair blanc sous la futaie.) J’a
2710
rne pure… » (Je croyais voir un éclair blanc sous
la
futaie.) J’avançais à travers une nature de divagation. Les lisières
2711
sous la futaie.) J’avançais à travers une nature
de
divagation. Les lisières sont des lieux de l’esprit où circulent des
2712
.) J’avançais à travers une nature de divagation.
Les
lisières sont des lieux de l’esprit où circulent des bêtes nées du rê
2713
nature de divagation. Les lisières sont des lieux
de
l’esprit où circulent des bêtes nées du rêve. Et l’Archer vierge y co
2714
ure de divagation. Les lisières sont des lieux de
l’
esprit où circulent des bêtes nées du rêve. Et l’Archer vierge y court
2715
l’esprit où circulent des bêtes nées du rêve. Et
l’
Archer vierge y court en vain sur la trace des figures de son désir. (
2716
s du rêve. Et l’Archer vierge y court en vain sur
la
trace des figures de son désir. (« Oh ! qu’il garde ses flèches, il n
2717
r vierge y court en vain sur la trace des figures
de
son désir. (« Oh ! qu’il garde ses flèches, il ne tuerait qu’un songe
2718
garde ses flèches, il ne tuerait qu’un songe. »)
La
nuit fraîche m’a réveillé. Mais tandis qu’ici j’écris, je me sens tou
2719
dis qu’ici j’écris, je me sens tout baigné encore
de
cette fièvre amoureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de l’om
2720
amoureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes
de
l’ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je retrou
2721
oureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de
l’
ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je retrouve
2722
veau. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis
de
la forêt occidentale : je retrouve en eux mon enfance entourée de pré
2723
u. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de
la
forêt occidentale : je retrouve en eux mon enfance entourée de présen
2724
dentale : je retrouve en eux mon enfance entourée
de
présences obscures, mon enfance, cette foi anxieuse en je ne sais que
2725
eut un instant merveilleux que je veux noter ici.
Le
ciel est encore plus blanc, et la prairie s’embrume. Soudain, à dix p
2726
veux noter ici. Le ciel est encore plus blanc, et
la
prairie s’embrume. Soudain, à dix pas devant moi, une biche dresse la
2727
. Soudain, à dix pas devant moi, une biche dresse
la
tête au ras des herbes, se lève, saute sur place, — n’est plus là. —
2728
lace, — n’est plus là. — J’ai poursuivi longtemps
le
reflet rouge de ses yeux parmi les troncs qui luisaient, faiblement,
2729
us là. — J’ai poursuivi longtemps le reflet rouge
de
ses yeux parmi les troncs qui luisaient, faiblement, vers le cœur pro
2730
suivi longtemps le reflet rouge de ses yeux parmi
les
troncs qui luisaient, faiblement, vers le cœur profond du bois. Et je
2731
parmi les troncs qui luisaient, faiblement, vers
le
cœur profond du bois. Et je croyais m’enfoncer et me perdre dans le s
2732
bois. Et je croyais m’enfoncer et me perdre dans
le
silence d’une mémoire bienheureuse. 21 mai 1929 Matinées végéta
2733
e croyais m’enfoncer et me perdre dans le silence
d’
une mémoire bienheureuse. 21 mai 1929 Matinées végétales, depuis
2734
e à 7 heures, rassemble quelques papiers, un tome
de
Meister, un paquet de tabac, le tout dans une couverture sous mon bra
2735
e quelques papiers, un tome de Meister, un paquet
de
tabac, le tout dans une couverture sous mon bras. La ville s’éveille
2736
papiers, un tome de Meister, un paquet de tabac,
le
tout dans une couverture sous mon bras. La ville s’éveille et s’aère.
2737
tabac, le tout dans une couverture sous mon bras.
La
ville s’éveille et s’aère. Je me mets à grimper la colline parmi le b
2738
a ville s’éveille et s’aère. Je me mets à grimper
la
colline parmi le bourdonnement des buissons qui surplombent un sentie
2739
et s’aère. Je me mets à grimper la colline parmi
le
bourdonnement des buissons qui surplombent un sentier rapide. Il faut
2740
i surplombent un sentier rapide. Il faut enjamber
le
portail rouillé, redescendre quelques marches enfouies sous les branc
2741
uillé, redescendre quelques marches enfouies sous
les
branches folles : le jardin est abandonné depuis des années, sur ses
2742
lques marches enfouies sous les branches folles :
le
jardin est abandonné depuis des années, sur ses terrasses étroites, d
2743
asses étroites, déjà brûlantes au matin, dominant
la
ville, ses bruits de chars, ses cris d’enfants. Je traverse l’odeur d
2744
brûlantes au matin, dominant la ville, ses bruits
de
chars, ses cris d’enfants. Je traverse l’odeur des groseilliers, écar
2745
dominant la ville, ses bruits de chars, ses cris
d’
enfants. Je traverse l’odeur des groseilliers, écarte des ronces, et v
2746
bruits de chars, ses cris d’enfants. Je traverse
l’
odeur des groseilliers, écarte des ronces, et voici sous une voûte de
2747
liers, écarte des ronces, et voici sous une voûte
de
feuillage, la table de pierre et son banc en demi-cercle. L’air est e
2748
des ronces, et voici sous une voûte de feuillage,
la
table de pierre et son banc en demi-cercle. L’air est encore humide d
2749
s, et voici sous une voûte de feuillage, la table
de
pierre et son banc en demi-cercle. L’air est encore humide dans cette
2750
e, la table de pierre et son banc en demi-cercle.
L’
air est encore humide dans cette grotte d’ombre. Sur le banc froid j’é
2751
cercle. L’air est encore humide dans cette grotte
d’
ombre. Sur le banc froid j’étale ma couverture, et mes papiers sur la
2752
est encore humide dans cette grotte d’ombre. Sur
le
banc froid j’étale ma couverture, et mes papiers sur la table où s’av
2753
c froid j’étale ma couverture, et mes papiers sur
la
table où s’aventurent des cloportes. Je bourre une pipe. Et alors je
2754
urre une pipe. Et alors je ris, je ris du plaisir
de
la matinée vide devant moi. Merveille de penser au fil du désordre le
2755
e une pipe. Et alors je ris, je ris du plaisir de
la
matinée vide devant moi. Merveille de penser au fil du désordre lent
2756
plaisir de la matinée vide devant moi. Merveille
de
penser au fil du désordre lent de la vie d’un jardin, dans l’odeur de
2757
moi. Merveille de penser au fil du désordre lent
de
la vie d’un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre n
2758
i. Merveille de penser au fil du désordre lent de
la
vie d’un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre noir
2759
eille de penser au fil du désordre lent de la vie
d’
un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre noire, des
2760
fil du désordre lent de la vie d’un jardin, dans
l’
odeur des feuilles vivantes, de la terre noire, des mousses. Des fils
2761
d’un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes,
de
la terre noire, des mousses. Des fils d’araignée luisent et des brind
2762
un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de
la
terre noire, des mousses. Des fils d’araignée luisent et des brindill
2763
ivantes, de la terre noire, des mousses. Des fils
d’
araignée luisent et des brindilles tombent sur mes mains, écorces, che
2764
nt sur mes mains, écorces, chenilles. Une bouffée
de
pipe enveloppe une guêpe qui rôde autour de ma tête. La volupté de te
2765
e enveloppe une guêpe qui rôde autour de ma tête.
La
volupté de telles heures consiste à n’écrire que quatre ou cinq phras
2766
une guêpe qui rôde autour de ma tête. La volupté
de
telles heures consiste à n’écrire que quatre ou cinq phrases mais en
2767
que quatre ou cinq phrases mais en tenant compte
de
tout ce qui bouge. Il importe de s’arrêter longuement sous tous les p
2768
en tenant compte de tout ce qui bouge. Il importe
de
s’arrêter longuement sous tous les prétextes, de secouer sa pipe quan
2769
uge. Il importe de s’arrêter longuement sous tous
les
prétextes, de secouer sa pipe quand les dernières bouffées deviennent
2770
de s’arrêter longuement sous tous les prétextes,
de
secouer sa pipe quand les dernières bouffées deviennent écœurantes, d
2771
sous tous les prétextes, de secouer sa pipe quand
les
dernières bouffées deviennent écœurantes, de s’étirer alors et de con
2772
and les dernières bouffées deviennent écœurantes,
de
s’étirer alors et de considérer les flaques de soleil sur la table. J
2773
ffées deviennent écœurantes, de s’étirer alors et
de
considérer les flaques de soleil sur la table. Je somnole dans une mé
2774
nt écœurantes, de s’étirer alors et de considérer
les
flaques de soleil sur la table. Je somnole dans une méditation à la f
2775
s, de s’étirer alors et de considérer les flaques
de
soleil sur la table. Je somnole dans une méditation à la fois distrai
2776
alors et de considérer les flaques de soleil sur
la
table. Je somnole dans une méditation à la fois distraite et nourrie
2777
distraite et nourrie par tout ce qui flotte dans
l’
air, rampe, gratte le sol, pique, bruisse exquisement au vent. Ainsi s
2778
par tout ce qui flotte dans l’air, rampe, gratte
le
sol, pique, bruisse exquisement au vent. Ainsi se créent peu à peu da
2779
quisement au vent. Ainsi se créent peu à peu dans
l’
esprit ces formes végétales, ces cheminements brisés et délicats d’ins
2780
es végétales, ces cheminements brisés et délicats
d’
insectes rampants ou volants, ces formes et ces voies qui sont celles
2781
formes et ces voies qui sont celles mêmes par où
la
pensée entre en contact avec tout le mobile et l’ineffable du monde.
2782
mêmes par où la pensée entre en contact avec tout
le
mobile et l’ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuil
2783
la pensée entre en contact avec tout le mobile et
l’
ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuillages — et tr
2784
avec tout le mobile et l’ineffable du monde. Cure
de
sommeil, de rêves et de feuillages — et trois heures de tennis chaque
2785
mobile et l’ineffable du monde. Cure de sommeil,
de
rêves et de feuillages — et trois heures de tennis chaque après-midi
2786
’ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et
de
feuillages — et trois heures de tennis chaque après-midi —, cure vrai
2787
meil, de rêves et de feuillages — et trois heures
de
tennis chaque après-midi —, cure vraiment : il s’agit de dissoudre ce
2788
is chaque après-midi —, cure vraiment : il s’agit
de
dissoudre ces angles droits, ces symétries minérales qu’on instruisit
2789
erclus au milieu des métamorphoses. Il s’agit que
l’
esprit et l’espace vivant, de nouveau se répondent, se conviennent et
2790
lieu des métamorphoses. Il s’agit que l’esprit et
l’
espace vivant, de nouveau se répondent, se conviennent et soient signe
2791
e répondent, se conviennent et soient signes l’un
de
l’autre. Dans le bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la
2792
onviennent et soient signes l’un de l’autre. Dans
le
bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la séduction des ra
2793
et soient signes l’un de l’autre. Dans le bonheur
de
cette matinée, la pensée s’abandonne à la séduction des ramures, et v
2794
’un de l’autre. Dans le bonheur de cette matinée,
la
pensée s’abandonne à la séduction des ramures, et voici qu’elle appre
2795
bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à
la
séduction des ramures, et voici qu’elle apprend à distinguer dans leu
2796
tinguer dans leur dessin des formes particulières
de
son activité. En même temps elle se peuple d’arbres, de germes lents,
2797
res de son activité. En même temps elle se peuple
d’
arbres, de germes lents, de passages ailés. Le vent qui glisse à trave
2798
activité. En même temps elle se peuple d’arbres,
de
germes lents, de passages ailés. Le vent qui glisse à travers ce jard
2799
e temps elle se peuple d’arbres, de germes lents,
de
passages ailés. Le vent qui glisse à travers ce jardin éveille en ell
2800
ple d’arbres, de germes lents, de passages ailés.
Le
vent qui glisse à travers ce jardin éveille en elle une allégresse se
2801
se semblable au frémissement des hautes branches.
L’
architecture, dit Goethe, est une musique glacée. Mais l’arborescence
2802
tecture, dit Goethe, est une musique glacée. Mais
l’
arborescence est une musique vivante, une musique infiniment lente. El
2803
iment lente. Elle fraie des pistes délicates dans
l’
esprit de qui sait l’entendre, et celui-là peut-être, si plus tard il
2804
te. Elle fraie des pistes délicates dans l’esprit
de
qui sait l’entendre, et celui-là peut-être, si plus tard il remonte j
2805
ie des pistes délicates dans l’esprit de qui sait
l’
entendre, et celui-là peut-être, si plus tard il remonte jusqu’à la vi
2806
lui-là peut-être, si plus tard il remonte jusqu’à
la
vision, distinguera des choses nouvelles dans l’espace. (Au poète de
2807
la vision, distinguera des choses nouvelles dans
l’
espace. (Au poète de les nommer.) 22 mai 1929 (Après avoir relu
2808
era des choses nouvelles dans l’espace. (Au poète
de
les nommer.) 22 mai 1929 (Après avoir relu ce que j’écrivais hi
2809
des choses nouvelles dans l’espace. (Au poète de
les
nommer.) 22 mai 1929 (Après avoir relu ce que j’écrivais hier.)
2810
u ce que j’écrivais hier.) Il s’agirait, au fond,
d’
amener la pensée à la plus insistante vénération du réel. Tel serait l
2811
j’écrivais hier.) Il s’agirait, au fond, d’amener
la
pensée à la plus insistante vénération du réel. Tel serait le fondeme
2812
ier.) Il s’agirait, au fond, d’amener la pensée à
la
plus insistante vénération du réel. Tel serait le fondement d’une mor
2813
la plus insistante vénération du réel. Tel serait
le
fondement d’une morale des idées « par-delà le logique et l’absurde »
2814
tante vénération du réel. Tel serait le fondement
d’
une morale des idées « par-delà le logique et l’absurde ». Ah bien ! j
2815
it le fondement d’une morale des idées « par-delà
le
logique et l’absurde ». Ah bien ! je connais quelques êtres entièreme
2816
t d’une morale des idées « par-delà le logique et
l’
absurde ». Ah bien ! je connais quelques êtres entièrement en substanc
2817
eux dit cela, — mauvais signe. J’ai pourtant dans
la
tête et dans la peau toute cette matinée d’air, l’odeur de l’ombre so
2818
mauvais signe. J’ai pourtant dans la tête et dans
la
peau toute cette matinée d’air, l’odeur de l’ombre sous les feuilles,
2819
dans la tête et dans la peau toute cette matinée
d’
air, l’odeur de l’ombre sous les feuilles, et cette autre odeur de hau
2820
a tête et dans la peau toute cette matinée d’air,
l’
odeur de l’ombre sous les feuilles, et cette autre odeur de hautes tig
2821
t dans la peau toute cette matinée d’air, l’odeur
de
l’ombre sous les feuilles, et cette autre odeur de hautes tiges crois
2822
ans la peau toute cette matinée d’air, l’odeur de
l’
ombre sous les feuilles, et cette autre odeur de hautes tiges croissan
2823
oute cette matinée d’air, l’odeur de l’ombre sous
les
feuilles, et cette autre odeur de hautes tiges croissantes et de four
2824
e l’ombre sous les feuilles, et cette autre odeur
de
hautes tiges croissantes et de fourmis rouges. Dès 9 heures j’ai pu t
2825
cette autre odeur de hautes tiges croissantes et
de
fourmis rouges. Dès 9 heures j’ai pu travailler en costume de bain. B
2826
ouges. Dès 9 heures j’ai pu travailler en costume
de
bain. Buffon préférait les manchettes et le jabot. C’est bien l’un de
2827
u travailler en costume de bain. Buffon préférait
les
manchettes et le jabot. C’est bien l’un des auteurs les plus constamm
2828
stume de bain. Buffon préférait les manchettes et
le
jabot. C’est bien l’un des auteurs les plus constamment provocants de
2829
nchettes et le jabot. C’est bien l’un des auteurs
les
plus constamment provocants de son siècle, — il faudra s’y remettre.
2830
l’un des auteurs les plus constamment provocants
de
son siècle, — il faudra s’y remettre. Mais ici je m’adonne aux seuls
2831
aniques. J’ai trouvé Swedenborg et Paracelse dans
l’
armoire sculptée du père Reinecke. (Il y a Goethe, Schiller, Lessing r
2832
vers bavarois, avec des médaillons en relief sur
la
couverture ; aussi Angelus Silesius ; un petit recueil des upanishads
2833
cueil des upanishads ; quelques romans modernes.)
Le
pasteur suédois et le mage d’Einsiedeln représentent assez bien à eux
2834
quelques romans modernes.) Le pasteur suédois et
le
mage d’Einsiedeln représentent assez bien à eux deux, par un hasard q
2835
s romans modernes.) Le pasteur suédois et le mage
d’
Einsiedeln représentent assez bien à eux deux, par un hasard qui ne m’
2836
hasard qui ne m’étonne guère, ce double mouvement
de
matérialisation du spirituel et d’intellectualisation du physique qui
2837
uble mouvement de matérialisation du spirituel et
d’
intellectualisation du physique qui justement m’apparaît comme le thèm
2838
sation du physique qui justement m’apparaît comme
le
thème de mes songeries souabes. Mettons un peu cela au net. Paracelse
2839
physique qui justement m’apparaît comme le thème
de
mes songeries souabes. Mettons un peu cela au net. Paracelse s’occupa
2840
Mettons un peu cela au net. Paracelse s’occupait
d’
extraire l’ens des corps, tandis que Swedenborg se complaît à décrire
2841
peu cela au net. Paracelse s’occupait d’extraire
l’
ens des corps, tandis que Swedenborg se complaît à décrire le vêtement
2842
orps, tandis que Swedenborg se complaît à décrire
le
vêtement des anges. L’un découvre l’univers dans chaque organe de la
2843
ît à décrire le vêtement des anges. L’un découvre
l’
univers dans chaque organe de la machine humaine. L’autre enseigne que
2844
anges. L’un découvre l’univers dans chaque organe
de
la machine humaine. L’autre enseigne que chacun des anges est un miro
2845
es. L’un découvre l’univers dans chaque organe de
la
machine humaine. L’autre enseigne que chacun des anges est un miroir
2846
miroir du ciel entier. C’est parce qu’ils savent
les
correspondances que ce médecin parle avec mystère des objets que nous
2847
ets que nous touchons, — ce mystique avec naturel
de
ce qui nous est invisible. Tous deux orientent la réflexion vers le s
2848
de ce qui nous est invisible. Tous deux orientent
la
réflexion vers le sens et vers le symbole concret. N’est-ce point ce
2849
invisible. Tous deux orientent la réflexion vers
le
sens et vers le symbole concret. N’est-ce point ce genre de démarche
2850
deux orientent la réflexion vers le sens et vers
le
symbole concret. N’est-ce point ce genre de démarche que notre « cul
2851
vers le symbole concret. N’est-ce point ce genre
de
démarche que notre « culture » a le plus méprisé ? N’est-ce point à c
2852
oint ce genre de démarche que notre « culture » a
le
plus méprisé ? N’est-ce point à cause de ce mépris qu’elle a perdu le
2853
est-ce point à cause de ce mépris qu’elle a perdu
le
secret de l’humain ? Car voici bien le monde qu’on nous a fait. Tout
2854
nt à cause de ce mépris qu’elle a perdu le secret
de
l’humain ? Car voici bien le monde qu’on nous a fait. Tout encombré d
2855
à cause de ce mépris qu’elle a perdu le secret de
l’
humain ? Car voici bien le monde qu’on nous a fait. Tout encombré d’id
2856
le a perdu le secret de l’humain ? Car voici bien
le
monde qu’on nous a fait. Tout encombré d’idées sans corps, de corps s
2857
ci bien le monde qu’on nous a fait. Tout encombré
d’
idées sans corps, de corps stupides — de nihilistes et de boxeurs, si
2858
on nous a fait. Tout encombré d’idées sans corps,
de
corps stupides — de nihilistes et de boxeurs, si vous voulez —, tout
2859
encombré d’idées sans corps, de corps stupides —
de
nihilistes et de boxeurs, si vous voulez —, tout encombré de larves e
2860
sans corps, de corps stupides — de nihilistes et
de
boxeurs, si vous voulez —, tout encombré de larves et de systèmes qui
2861
es et de boxeurs, si vous voulez —, tout encombré
de
larves et de systèmes qui ne correspondent à rien ni dans le ciel ni
2862
urs, si vous voulez —, tout encombré de larves et
de
systèmes qui ne correspondent à rien ni dans le ciel ni sur la terre.
2863
t de systèmes qui ne correspondent à rien ni dans
le
ciel ni sur la terre. Car enfin, qu’est-ce que l’homme ? qu’est-ce do
2864
ui ne correspondent à rien ni dans le ciel ni sur
la
terre. Car enfin, qu’est-ce que l’homme ? qu’est-ce donc que ce parad
2865
le ciel ni sur la terre. Car enfin, qu’est-ce que
l’
homme ? qu’est-ce donc que ce paradoxal mélange de chair et d’âme ? —
2866
l’homme ? qu’est-ce donc que ce paradoxal mélange
de
chair et d’âme ? — Paracelse et Swedenborg s’accorderaient, je le cro
2867
’est-ce donc que ce paradoxal mélange de chair et
d’
âme ? — Paracelse et Swedenborg s’accorderaient, je le crois, pour rép
2868
e ? — Paracelse et Swedenborg s’accorderaient, je
le
crois, pour répondre. L’homme est un point de vue central et médiateu
2869
borg s’accorderaient, je le crois, pour répondre.
L’
homme est un point de vue central et médiateur entre les corps et les
2870
me est un point de vue central et médiateur entre
les
corps et les esprits. C’est en cela seulement que réside son original
2871
nt de vue central et médiateur entre les corps et
les
esprits. C’est en cela seulement que réside son originalité dans l’un
2872
en cela seulement que réside son originalité dans
l’
univers, son irremplaçable et divine originalité16. Or, pour l’être si
2873
n irremplaçable et divine originalité16. Or, pour
l’
être situé en un tel lieu — le lieu humain par excellence —, il devien
2874
inalité16. Or, pour l’être situé en un tel lieu —
le
lieu humain par excellence —, il devient aussitôt patent que toute ré
2875
oute réalité spirituelle a sa correspondance dans
la
matière, ou bien n’est qu’une duperie. Correspondances à vrai dire t
2876
rt des êtres qui peuplent ces villes, là-bas, que
le
nom d’homme ne saurait plus les désigner sans fraude. Un bel assortim
2877
êtres qui peuplent ces villes, là-bas, que le nom
d’
homme ne saurait plus les désigner sans fraude. Un bel assortiment de
2878
illes, là-bas, que le nom d’homme ne saurait plus
les
désigner sans fraude. Un bel assortiment de monstres ! (J’ai lu le jo
2879
plus les désigner sans fraude. Un bel assortiment
de
monstres ! (J’ai lu le journal après dîner.) Et tous les accessoires
2880
fraude. Un bel assortiment de monstres ! (J’ai lu
le
journal après dîner.) Et tous les accessoires de leurs démences, depu
2881
stres ! (J’ai lu le journal après dîner.) Et tous
les
accessoires de leurs démences, depuis les petites ailes dans le dos j
2882
le journal après dîner.) Et tous les accessoires
de
leurs démences, depuis les petites ailes dans le dos jusqu’au groin a
2883
Et tous les accessoires de leurs démences, depuis
les
petites ailes dans le dos jusqu’au groin antigaz ! Ah ! Diogène, Diog
2884
de leurs démences, depuis les petites ailes dans
le
dos jusqu’au groin antigaz ! Ah ! Diogène, Diogène ! cesse de cherche
2885
’au groin antigaz ! Ah ! Diogène, Diogène ! cesse
de
chercher un homme. Tâche plutôt d’en devenir un. — Parmi ces gens d’i
2886
iogène ! cesse de chercher un homme. Tâche plutôt
d’
en devenir un. — Parmi ces gens d’ici, qui prennent leur temps. Parmi
2887
26 mai 1929 Curieux comme ces lectures que
les
modernes ont fait passer pour abstraites ont au contraire le pouvoir
2888
ont fait passer pour abstraites ont au contraire
le
pouvoir de rendre à nos sens leur efficacité et leur étonnement. Je r
2889
asser pour abstraites ont au contraire le pouvoir
de
rendre à nos sens leur efficacité et leur étonnement. Je regarde les
2890
ns leur efficacité et leur étonnement. Je regarde
les
feuilles de ma salade d’un autre œil, depuis que je lis Paracelse, mé
2891
acité et leur étonnement. Je regarde les feuilles
de
ma salade d’un autre œil, depuis que je lis Paracelse, méditant avec
2892
étonnement. Je regarde les feuilles de ma salade
d’
un autre œil, depuis que je lis Paracelse, méditant avec appétit sur c
2893
e… Et j’ai copié dans Swedenborg des passages sur
l’
amour des anges et des humains, — l’amour, qui est le lieu des corresp
2894
passages sur l’amour des anges et des humains, —
l’
amour, qui est le lieu des correspondances, qui est le degré suprême d
2895
mour des anges et des humains, — l’amour, qui est
le
lieu des correspondances, qui est le degré suprême de la significatio
2896
our, qui est le lieu des correspondances, qui est
le
degré suprême de la signification. (L’état de l’âme et du corps où to
2897
ieu des correspondances, qui est le degré suprême
de
la signification. (L’état de l’âme et du corps où tout nous apparaît
2898
des correspondances, qui est le degré suprême de
la
signification. (L’état de l’âme et du corps où tout nous apparaît en
2899
s, qui est le degré suprême de la signification. (
L’
état de l’âme et du corps où tout nous apparaît en relations concrètes
2900
est le degré suprême de la signification. (L’état
de
l’âme et du corps où tout nous apparaît en relations concrètes.) 3
2901
le degré suprême de la signification. (L’état de
l’
âme et du corps où tout nous apparaît en relations concrètes.) 31 m
2902
.) 31 mai 1929 Personne n’a fabriqué autant
de
mots abstraits que les professeurs allemands, et cependant, par une a
2903
ersonne n’a fabriqué autant de mots abstraits que
les
professeurs allemands, et cependant, par une apparente contradiction,
2904
s, et cependant, par une apparente contradiction,
la
mentalité du bourgeois de ce pays est puissamment réaliste. J’en trou
2905
pparente contradiction, la mentalité du bourgeois
de
ce pays est puissamment réaliste. J’en trouve des marques bien curieu
2906
iste. J’en trouve des marques bien curieuses dans
les
« considérations sur ma vie » du père Reinecke. Il y est beaucoup que
2907
ie » du père Reinecke. Il y est beaucoup question
de
la vie éternelle, et d’expériences vécues avec l’Ange gardien, mais c
2908
» du père Reinecke. Il y est beaucoup question de
la
vie éternelle, et d’expériences vécues avec l’Ange gardien, mais c’es
2909
l y est beaucoup question de la vie éternelle, et
d’
expériences vécues avec l’Ange gardien, mais c’est toujours en relatio
2910
de la vie éternelle, et d’expériences vécues avec
l’
Ange gardien, mais c’est toujours en relations pratiques avec le comme
2911
, mais c’est toujours en relations pratiques avec
le
commerce quotidien. J’en traduis cette page Sur la mort. Mes funérail
2912
e commerce quotidien. J’en traduis cette page Sur
la
mort. Mes funérailles devront se dérouler dans le cadre de Jésus-Sira
2913
la mort. Mes funérailles devront se dérouler dans
le
cadre de Jésus-Sirach, 38, versets 16-24. Qu’on mange et qu’on boive
2914
Mes funérailles devront se dérouler dans le cadre
de
Jésus-Sirach, 38, versets 16-24. Qu’on mange et qu’on boive ferme apr
2915
erme après ma mort, tant que je serai encore dans
la
maison, et qu’on ne lésine pas. Il restera toujours assez, à l’époque
2916
qu’on ne lésine pas. Il restera toujours assez, à
l’
époque de ma mort, pour supporter ces frais ; à tout le moins, les mil
2917
lésine pas. Il restera toujours assez, à l’époque
de
ma mort, pour supporter ces frais ; à tout le moins, les mille marks
2918
que de ma mort, pour supporter ces frais ; à tout
le
moins, les mille marks que paie la Caisse de décès y suffiront. Il fa
2919
mort, pour supporter ces frais ; à tout le moins,
les
mille marks que paie la Caisse de décès y suffiront. Il faut que chac
2920
frais ; à tout le moins, les mille marks que paie
la
Caisse de décès y suffiront. Il faut que chacun des participants s’en
2921
tout le moins, les mille marks que paie la Caisse
de
décès y suffiront. Il faut que chacun des participants s’en retourne
2922
rrement ! » Et de même, ceux qui auront pris soin
de
moi au moment de ma mort et tôt après devront être largement dédommag
2923
l ne sait si je ne flotterai pas encore au-dessus
de
vous, et si je n’éprouverai pas de l’amertume à voir que mes derniers
2924
core au-dessus de vous, et si je n’éprouverai pas
de
l’amertume à voir que mes derniers désirs même ne sont pas accomplis.
2925
e au-dessus de vous, et si je n’éprouverai pas de
l’
amertume à voir que mes derniers désirs même ne sont pas accomplis. Ta
2926
sont pas accomplis. Tant que je serai étendu dans
la
maison, je veux que la lumière brille dans ma chambre et dans les cor
2927
t que je serai étendu dans la maison, je veux que
la
lumière brille dans ma chambre et dans les corridors, pendant toute l
2928
eux que la lumière brille dans ma chambre et dans
les
corridors, pendant toute la nuit, et qu’on n’y regarde pas à quelques
2929
s ma chambre et dans les corridors, pendant toute
la
nuit, et qu’on n’y regarde pas à quelques kilowatts. Je veux être mis
2930
owatts. Je veux être mis en bière dans mes habits
de
tous les jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantal
2931
Je veux être mis en bière dans mes habits de tous
les
jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantalon brille
2932
s mes habits de tous les jours, et peu importe si
les
coudes ou le fond de mon pantalon brillent. En aucun cas je ne veux ê
2933
e tous les jours, et peu importe si les coudes ou
le
fond de mon pantalon brillent. En aucun cas je ne veux être emballé d
2934
es jours, et peu importe si les coudes ou le fond
de
mon pantalon brillent. En aucun cas je ne veux être emballé dans une
2935
un cas je ne veux être emballé dans une serviette
de
papier. Je renonce aux couronnes mortuaires et à toute autre marque e
2936
nes mortuaires et à toute autre marque extérieure
de
deuil ; par contre je voudrais que l’on joue sur ma tombe : Schon die
2937
extérieure de deuil ; par contre je voudrais que
l’
on joue sur ma tombe : Schon die Abendglocken klangen et ensuite : Hei
2938
, oh giesse du ! » 10 juin 1929 Tennis avec
la
jolie fille au collier de perles bleues. Après la partie, où l’on s’e
2939
uin 1929 Tennis avec la jolie fille au collier
de
perles bleues. Après la partie, où l’on s’est renvoyé autant de regar
2940
la jolie fille au collier de perles bleues. Après
la
partie, où l’on s’est renvoyé autant de regards que de balles : — « J
2941
au collier de perles bleues. Après la partie, où
l’
on s’est renvoyé autant de regards que de balles : — « Je vous ai bien
2942
es. Après la partie, où l’on s’est renvoyé autant
de
regards que de balles : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre
2943
rtie, où l’on s’est renvoyé autant de regards que
de
balles : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre de mon amie, vo
2944
que de balles : — « Je vous ai bien vu, un jour à
la
fenêtre de mon amie, vous étiez si melancholisch ! » — « À ma fenêtre
2945
es : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre
de
mon amie, vous étiez si melancholisch ! » — « À ma fenêtre ? Je ne m’
2946
ouviens pas », dis-je, mentant. Une grosse averse
d’
orage nous a fait fuir sous la tonnelle du vestiaire. « N’est-ce pas,
2947
. Une grosse averse d’orage nous a fait fuir sous
la
tonnelle du vestiaire. « N’est-ce pas, les Français sont terribles av
2948
ir sous la tonnelle du vestiaire. « N’est-ce pas,
les
Français sont terribles avec les filles ? » (Je pense : comme elles s
2949
« N’est-ce pas, les Français sont terribles avec
les
filles ? » (Je pense : comme elles sont tout de suite en fuite, de to
2950
pense : comme elles sont tout de suite en fuite,
de
tout leur maintien, quand elles ne sont pas provocantes.) Elle baisse
2951
quand elles ne sont pas provocantes.) Elle baisse
les
yeux, rougit, respire. Elle a l’air de se moquer de moi et d’avoir su
2952
le baisse les yeux, rougit, respire. Elle a l’air
de
se moquer de moi et d’avoir subi une sorte d’affront, en même temps.
2953
yeux, rougit, respire. Elle a l’air de se moquer
de
moi et d’avoir subi une sorte d’affront, en même temps. — « Ne regard
2954
git, respire. Elle a l’air de se moquer de moi et
d’
avoir subi une sorte d’affront, en même temps. — « Ne regardez donc pa
2955
air de se moquer de moi et d’avoir subi une sorte
d’
affront, en même temps. — « Ne regardez donc pas mes mains, je dois fa
2956
— « Ne regardez donc pas mes mains, je dois faire
le
ménage ces jours, la peau devient toute sèche et je n’ai même pas pu
2957
pas mes mains, je dois faire le ménage ces jours,
la
peau devient toute sèche et je n’ai même pas pu me faire les ongles…
2958
vient toute sèche et je n’ai même pas pu me faire
les
ongles… » Elle voudrait ressembler aux girls de son magazine, et me v
2959
les ongles… » Elle voudrait ressembler aux girls
de
son magazine, et me voit comme au cinéma. Moi, je crois entendre Gret
2960
au cinéma. Moi, je crois entendre Gretchen (dans
la
scène du jardin, du premier Faust. Presque les mêmes mots !). Doux ma
2961
ans la scène du jardin, du premier Faust. Presque
les
mêmes mots !). Doux malentendu qui nous rapproche sous la forme, resp
2962
mots !). Doux malentendu qui nous rapproche sous
la
forme, respectivement, d’une carte postale et d’une réminiscence litt
2963
qui nous rapproche sous la forme, respectivement,
d’
une carte postale et d’une réminiscence littéraire. Ses deux sœurs son
2964
la forme, respectivement, d’une carte postale et
d’
une réminiscence littéraire. Ses deux sœurs sont venues la chercher, e
2965
miniscence littéraire. Ses deux sœurs sont venues
la
chercher, et nous sommes rentrés sous le même parapluie, jusqu’à leur
2966
t venues la chercher, et nous sommes rentrés sous
le
même parapluie, jusqu’à leur petite maison couverte de roses Crimson.
2967
me parapluie, jusqu’à leur petite maison couverte
de
roses Crimson. Le père est un colonel en retraite qui déteste les Fra
2968
u’à leur petite maison couverte de roses Crimson.
Le
père est un colonel en retraite qui déteste les Franzosen. On ne me p
2969
n. Le père est un colonel en retraite qui déteste
les
Franzosen. On ne me permet pas d’entrer. 11 juin 1929 Au rebour
2970
te qui déteste les Franzosen. On ne me permet pas
d’
entrer. 11 juin 1929 Au rebours des classiques français, livrés
2971
9 Au rebours des classiques français, livrés à
l’
Enseignement, Goethe est profondément « populaire ». Non seulement l’a
2972
the est profondément « populaire ». Non seulement
l’
aubergiste d’en face cite ses vers en guise de proverbes à propos du t
2973
ndément « populaire ». Non seulement l’aubergiste
d’
en face cite ses vers en guise de proverbes à propos du temps ou des a
2974
à propos du temps ou des affaires locales ; mais
les
bourgeois de Meister parlent exactement comme mes hôtes, avec les mêm
2975
emps ou des affaires locales ; mais les bourgeois
de
Meister parlent exactement comme mes hôtes, avec les mêmes tours fami
2976
Meister parlent exactement comme mes hôtes, avec
les
mêmes tours familiers et sentencieux, qu’il s’agisse des choses du ci
2977
arlent exactement comme mes hôtes, avec les mêmes
tours
familiers et sentencieux, qu’il s’agisse des choses du ciel ou de l’o
2978
sentencieux, qu’il s’agisse des choses du ciel ou
de
l’ordonnance du ménage. Une fois de plus, je m’émerveille du réalisme
2979
tencieux, qu’il s’agisse des choses du ciel ou de
l’
ordonnance du ménage. Une fois de plus, je m’émerveille du réalisme de
2980
ge. Une fois de plus, je m’émerveille du réalisme
de
ce peuple de rêveurs. Dans les Affinités électives, au moment le plus
2981
de plus, je m’émerveille du réalisme de ce peuple
de
rêveurs. Dans les Affinités électives, au moment le plus dramatique,
2982
rveille du réalisme de ce peuple de rêveurs. Dans
les
Affinités électives, au moment le plus dramatique, celui de la noyade
2983
rêveurs. Dans les Affinités électives, au moment
le
plus dramatique, celui de la noyade pendant le feu d’artifice, souven
2984
és électives, au moment le plus dramatique, celui
de
la noyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va
2985
électives, au moment le plus dramatique, celui de
la
noyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-
2986
nt le plus dramatique, celui de la noyade pendant
le
feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher l
2987
lus dramatique, celui de la noyade pendant le feu
d’
artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher le desti
2988
a noyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous
de
la comtesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux cris
2989
oyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de
la
comtesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux cris ra
2990
uvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher
le
destin ou pousser de beaux cris raciniens ? Elle envoie le capitaine
2991
tesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser
de
beaux cris raciniens ? Elle envoie le capitaine au château puis songe
2992
ou pousser de beaux cris raciniens ? Elle envoie
le
capitaine au château puis songe qu’il a oublié la clef de l’armoire a
2993
le capitaine au château puis songe qu’il a oublié
la
clef de l’armoire aux confitures. (Je crois qu’il y a dans cette armo
2994
aine au château puis songe qu’il a oublié la clef
de
l’armoire aux confitures. (Je crois qu’il y a dans cette armoire un c
2995
e au château puis songe qu’il a oublié la clef de
l’
armoire aux confitures. (Je crois qu’il y a dans cette armoire un cord
2996
y a dans cette armoire un cordial tout indiqué en
l’
occurrence.) Ainsi vivait l’Allemagne d’hier — celle de cette province
2997
rdial tout indiqué en l’occurrence.) Ainsi vivait
l’
Allemagne d’hier — celle de cette province encore — dans l’intimité vi
2998
ndiqué en l’occurrence.) Ainsi vivait l’Allemagne
d’
hier — celle de cette province encore — dans l’intimité vivante de ses
2999
urrence.) Ainsi vivait l’Allemagne d’hier — celle
de
cette province encore — dans l’intimité vivante de ses classiques. De
3000
ne d’hier — celle de cette province encore — dans
l’
intimité vivante de ses classiques. De là peut-être cette dignité conf
3001
e cette province encore — dans l’intimité vivante
de
ses classiques. De là peut-être cette dignité conférée à la vie bourg
3002
core — dans l’intimité vivante de ses classiques.
De
là peut-être cette dignité conférée à la vie bourgeoise, qui fait un
3003
ssiques. De là peut-être cette dignité conférée à
la
vie bourgeoise, qui fait un peu sourire, et qui est si réconfortante.
3004
Swedenborg : Goethe m’y ramène, dont je lis qu’il
les
prisait fort, ainsi que Boehme, dans sa jeunesse. Il m’y ramène par u
3005
ue Boehme, dans sa jeunesse. Il m’y ramène par un
tour
moins imprudent de la réflexion, avec ce même « réalisme » exemplaire
3006
unesse. Il m’y ramène par un tour moins imprudent
de
la réflexion, avec ce même « réalisme » exemplaire, que tout, ici, co
3007
sse. Il m’y ramène par un tour moins imprudent de
la
réflexion, avec ce même « réalisme » exemplaire, que tout, ici, consp
3008
it laisser aucun doute, fussions-nous même privés
de
certains témoignages oraux ou de quelques textes irréfutables. Cepend
3009
nous même privés de certains témoignages oraux ou
de
quelques textes irréfutables. Cependant il possède à un si haut degré
3010
futables. Cependant il possède à un si haut degré
le
sens de l’enrobement des vérités occultes, de leur symbolisme concret
3011
. Cependant il possède à un si haut degré le sens
de
l’enrobement des vérités occultes, de leur symbolisme concret, de leu
3012
ependant il possède à un si haut degré le sens de
l’
enrobement des vérités occultes, de leur symbolisme concret, de leur i
3013
gré le sens de l’enrobement des vérités occultes,
de
leur symbolisme concret, de leur incarnation, qu’il est possible de l
3014
des vérités occultes, de leur symbolisme concret,
de
leur incarnation, qu’il est possible de lire les Affinités « sans y r
3015
concret, de leur incarnation, qu’il est possible
de
lire les Affinités « sans y rien voir », comme on dit17. Mais lorsqu’
3016
, de leur incarnation, qu’il est possible de lire
les
Affinités « sans y rien voir », comme on dit17. Mais lorsqu’on « voit
3017
voit » soudain — quelle prise ! Et combien j’aime
le
paysage de cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails de l’intendance
3018
ain — quelle prise ! Et combien j’aime le paysage
de
cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails de l’intendance des domain
3019
age de cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails
de
l’intendance des domaines. Là, toute démarche de la pensée s’accorde
3020
de cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails de
l’
intendance des domaines. Là, toute démarche de la pensée s’accorde à d
3021
de l’intendance des domaines. Là, toute démarche
de
la pensée s’accorde à des pentes variées et réelles, aux collines thu
3022
l’intendance des domaines. Là, toute démarche de
la
pensée s’accorde à des pentes variées et réelles, aux collines thurin
3023
nnes sous un très grand ciel doux. Une atmosphère
de
réflexion confiante et substantielle… Qu’irai-je demander d’autre à c
3024
n confiante et substantielle… Qu’irai-je demander
d’
autre à cette « Germanie aimée18 » ? Ah ! les livres nous avaient bien
3025
ander d’autre à cette « Germanie aimée18 » ? Ah !
les
livres nous avaient bien trompés. Pas trace ici de « merveilleux ». T
3026
s livres nous avaient bien trompés. Pas trace ici
de
« merveilleux ». Tout ce qui, sous d’autres climats, fait effervescen
3027
s d’autres climats, fait effervescence et fuse en
l’
air, ici fermente en pleine pâte. Ainsi voudrais-je un jour décrire ma
3028
rais-je un jour décrire ma Souabe : comme un état
de
l’âme patiente. Une pensée sensuelle et lente, et qui jouit parfois d
3029
s-je un jour décrire ma Souabe : comme un état de
l’
âme patiente. Une pensée sensuelle et lente, et qui jouit parfois de s
3030
e pensée sensuelle et lente, et qui jouit parfois
de
son objet… 13 juin 1929 Werther. J’ai mis des feuilles de buva
3031
13 juin 1929 Werther. J’ai mis des feuilles
de
buvard entre les pages, à cause de toutes ces larmes. Maintenant, par
3032
Werther. J’ai mis des feuilles de buvard entre
les
pages, à cause de toutes ces larmes. Maintenant, parlez-moi du modern
3033
mes. Maintenant, parlez-moi du modernisme éternel
de
cette plainte. — Des Werthers aux yeux secs, voilà ce que nous sommes
3034
1929 Je suis assis en face du magazine que lit
le
père Reinecke. Ses grosses pattes et sa barbe rousse dépassent, et pa
3035
épassent, et parfois un œil égrillard. Impossible
de
lire Meister ce soir. Je ne sais pas ce qu’il y a, sinon que je dois
3036
, sinon que je dois retenir violemment une espèce
de
joie qui attrape la fièvre dans mon corps. Toute cette journée baigné
3037
retenir violemment une espèce de joie qui attrape
la
fièvre dans mon corps. Toute cette journée baignée de l’air des colli
3038
ièvre dans mon corps. Toute cette journée baignée
de
l’air des collines, il semble que mon sang ce soir la comprenne et lu
3039
re dans mon corps. Toute cette journée baignée de
l’
air des collines, il semble que mon sang ce soir la comprenne et lui r
3040
’air des collines, il semble que mon sang ce soir
la
comprenne et lui réponde sourdement. La nuit s’ouvre comme un jardin
3041
g ce soir la comprenne et lui réponde sourdement.
La
nuit s’ouvre comme un jardin aux allées aventureuses. Je sortirai dan
3042
jardin aux allées aventureuses. Je sortirai dans
les
rues vides, je monterai jusqu’au signal, voir le pays sous la lune, j
3043
les rues vides, je monterai jusqu’au signal, voir
le
pays sous la lune, je choisirai une maison isolée, la plus secrète da
3044
s, je monterai jusqu’au signal, voir le pays sous
la
lune, je choisirai une maison isolée, la plus secrète dans les arbres
3045
ays sous la lune, je choisirai une maison isolée,
la
plus secrète dans les arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ?
3046
choisirai une maison isolée, la plus secrète dans
les
arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ? La fille au collier b
3047
ne maison isolée, la plus secrète dans les arbres
de
son verger… pour… ? Le sais-je même ? La fille au collier bleu… Tout
3048
us secrète dans les arbres de son verger… pour… ?
Le
sais-je même ? La fille au collier bleu… Tout d’un coup le sommeil me
3049
s arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ?
La
fille au collier bleu… Tout d’un coup le sommeil me vide les jambes.
3050
Le sais-je même ? La fille au collier bleu… Tout
d’
un coup le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’imaginatio
3051
e même ? La fille au collier bleu… Tout d’un coup
le
sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’imagination, cette n
3052
u collier bleu… Tout d’un coup le sommeil me vide
les
jambes. La nuit se ferme à l’imagination, cette nuit qu’il eût fallu
3053
eu… Tout d’un coup le sommeil me vide les jambes.
La
nuit se ferme à l’imagination, cette nuit qu’il eût fallu vivre tout
3054
le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à
l’
imagination, cette nuit qu’il eût fallu vivre tout entière et qui n’es
3055
entre ce que je vois et ce que je pense, tournant
les
choses, les vidant, allant pincer le nerf Réalité avec un sourd gémis
3056
je vois et ce que je pense, tournant les choses,
les
vidant, allant pincer le nerf Réalité avec un sourd gémissement de la
3057
e, tournant les choses, les vidant, allant pincer
le
nerf Réalité avec un sourd gémissement de la pensée. J’ai vu la vie,
3058
pincer le nerf Réalité avec un sourd gémissement
de
la pensée. J’ai vu la vie, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bo
3059
ncer le nerf Réalité avec un sourd gémissement de
la
pensée. J’ai vu la vie, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bougé
3060
é avec un sourd gémissement de la pensée. J’ai vu
la
vie, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bougé. Le père Reinecke
3061
e, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bougé.
Le
père Reinecke ferme son magazine d’un coup, ôte ses lunettes, me rega
3062
ai pas bougé. Le père Reinecke ferme son magazine
d’
un coup, ôte ses lunettes, me regarde avec des yeux écarquillés. « Mai
3063
ec des yeux écarquillés. « Maintenant, dit-il (et
l’
on sent qu’il pense : maintenant que nous avons clos cette journée par
3064
voulons aller dormir. Ainsi, dormez bien, faites
de
doux rêves, — il cligne vers son magazine — pas trop doux, hein !… »
3065
s trop doux, hein !… » Tout cela est très juste ;
la
vie doit être ainsi : parfaitement compréhensible et d’une vulgarité
3066
doit être ainsi : parfaitement compréhensible et
d’
une vulgarité toute naturelle. Il faut aller dormir. Rose de Tannen
3067
. Il faut aller dormir. Rose de Tannenbourg
L’
esplanade du Brühl, un soir de fête, en juin. Il y a dans les marronni
3068
e de Tannenbourg L’esplanade du Brühl, un soir
de
fête, en juin. Il y a dans les marronniers noirs des lampions et des
3069
e du Brühl, un soir de fête, en juin. Il y a dans
les
marronniers noirs des lampions et des touffes de gamins qui regardent
3070
les marronniers noirs des lampions et des touffes
de
gamins qui regardent avec la bouche ce qui se passe à l’intérieur d’u
3071
pions et des touffes de gamins qui regardent avec
la
bouche ce qui se passe à l’intérieur d’une enceinte de toiles tendues
3072
ns qui regardent avec la bouche ce qui se passe à
l’
intérieur d’une enceinte de toiles tendues au-devant d’un petit théâtr
3073
dent avec la bouche ce qui se passe à l’intérieur
d’
une enceinte de toiles tendues au-devant d’un petit théâtre. La rampe
3074
uche ce qui se passe à l’intérieur d’une enceinte
de
toiles tendues au-devant d’un petit théâtre. La rampe a des feux stel
3075
érieur d’une enceinte de toiles tendues au-devant
d’
un petit théâtre. La rampe a des feux stellaires, couleur d’Aldébaran.
3076
e de toiles tendues au-devant d’un petit théâtre.
La
rampe a des feux stellaires, couleur d’Aldébaran. On joue Rose de Tan
3077
théâtre. La rampe a des feux stellaires, couleur
d’
Aldébaran. On joue Rose de Tannenbourg, drame en 15 tableaux, un prolo
3078
me en 15 tableaux, un prologue et une conclusion.
Le
carton des armures sonne sourdement sous les coups d’un Kühnrich à la
3079
sion. Le carton des armures sonne sourdement sous
les
coups d’un Kühnrich à la basse rugissante, plus traître que nature av
3080
arton des armures sonne sourdement sous les coups
d’
un Kühnrich à la basse rugissante, plus traître que nature avec sa lar
3081
s sonne sourdement sous les coups d’un Kühnrich à
la
basse rugissante, plus traître que nature avec sa large face mangée p
3082
e avec sa large face mangée par une barbe en crin
de
cheval du diable. L’héroïne est belle comme une ballade de Bürger, ta
3083
mangée par une barbe en crin de cheval du diable.
L’
héroïne est belle comme une ballade de Bürger, tandis qu’elle arrose d
3084
du diable. L’héroïne est belle comme une ballade
de
Bürger, tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de la prison pat
3085
omme une ballade de Bürger, tandis qu’elle arrose
de
ses larmes le seuil de la prison paternelle, tout en coulant un clin
3086
de de Bürger, tandis qu’elle arrose de ses larmes
le
seuil de la prison paternelle, tout en coulant un clin d’œil assassin
3087
ger, tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil
de
la prison paternelle, tout en coulant un clin d’œil assassin vers le
3088
, tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de
la
prison paternelle, tout en coulant un clin d’œil assassin vers le par
3089
elle, tout en coulant un clin d’œil assassin vers
le
parterre agité de passions contradictoires. Durant les entractes, une
3090
ant un clin d’œil assassin vers le parterre agité
de
passions contradictoires. Durant les entractes, une fanfare de paysan
3091
arterre agité de passions contradictoires. Durant
les
entractes, une fanfare de paysans bleu de roi joue sur un rythme impe
3092
ontradictoires. Durant les entractes, une fanfare
de
paysans bleu de roi joue sur un rythme impeccable, avec toujours les
3093
Durant les entractes, une fanfare de paysans bleu
de
roi joue sur un rythme impeccable, avec toujours les mêmes notes fêlé
3094
roi joue sur un rythme impeccable, avec toujours
les
mêmes notes fêlées et l’accompagnement dans les feuillages de voix fa
3095
peccable, avec toujours les mêmes notes fêlées et
l’
accompagnement dans les feuillages de voix fausses mais aériennes, des
3096
s les mêmes notes fêlées et l’accompagnement dans
les
feuillages de voix fausses mais aériennes, des chansons du Grand Duch
3097
es fêlées et l’accompagnement dans les feuillages
de
voix fausses mais aériennes, des chansons du Grand Duché de Bade qui
3098
usses mais aériennes, des chansons du Grand Duché
de
Bade qui sont ce que je connais de plus indiciblement nostalgique. U
3099
n, muss sie am Rheine Geboren sein… (Il faudrait
la
mélodie.) La fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur les collines.
3100
m Rheine Geboren sein… (Il faudrait la mélodie.)
La
fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur les collines. Un grand verr
3101
(Il faudrait la mélodie.) La fanfare s’éloigne.
La
nuit est chaude sur les collines. Un grand verre de bière à l’auberge
3102
ie.) La fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur
les
collines. Un grand verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et mon
3103
nuit est chaude sur les collines. Un grand verre
de
bière à l’auberge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La peti
3104
haude sur les collines. Un grand verre de bière à
l’
auberge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison d
3105
berge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne.
La
petite maison du colonel en retraite a des fenêtres basses, mais défe
3106
iers sauvages. Laquelle des trois filles est donc
la
plus jolie ? Sans doute celle qui dort dans la mansarde, et qui n’a p
3107
nc la plus jolie ? Sans doute celle qui dort dans
la
mansarde, et qui n’a pas peur… Mais c’est l’aînée que je préfère, et
3108
dans la mansarde, et qui n’a pas peur… Mais c’est
l’
aînée que je préfère, et qui m’attend peut-être, derrière ses volets m
3109
ué son collier à mon poignet : « pour que je rêve
d’
elle ». Son sérieux enfantin devant la vie. « Es ist doch Schicksal, e
3110
que je rêve d’elle ». Son sérieux enfantin devant
la
vie. « Es ist doch Schicksal, es ist alles Schicksal ! » Avec un soup
3111
et cela signifie d’ailleurs qu’il n’y a pas lieu
de
résister. 22 juin 1929 Rencontre avec la jeune fille tzigane. L
3112
eu de résister. 22 juin 1929 Rencontre avec
la
jeune fille tzigane. Le dirai-je ici comme un rêve ? ou comme quelque
3113
in 1929 Rencontre avec la jeune fille tzigane.
Le
dirai-je ici comme un rêve ? ou comme quelque chose de bien vrai et q
3114
rai-je ici comme un rêve ? ou comme quelque chose
de
bien vrai et qui s’est passé cette nuit ? Plusieurs choses sont douce
3115
ette nuit ? Plusieurs choses sont douces au désir
de
celui qui marche dans une campagne nocturne. Mais plus douce que tout
3116
e nocturne. Mais plus douce que toutes choses est
la
rencontre sous un arbre noir d’une femme abandonnée dans sa tristesse
3117
toutes choses est la rencontre sous un arbre noir
d’
une femme abandonnée dans sa tristesse. Par moments il y a la Lune et
3118
abandonnée dans sa tristesse. Par moments il y a
la
Lune et le visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi
3119
dans sa tristesse. Par moments il y a la Lune et
le
visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi je demeure
3120
se. Par moments il y a la Lune et le visage blanc
de
la femme debout contre le tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.)
3121
Par moments il y a la Lune et le visage blanc de
la
femme debout contre le tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.) Qua
3122
Lune et le visage blanc de la femme debout contre
le
tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.) Quand la Lune s’en va, il
3123
debout contre le tronc. (Pour moi je demeure dans
l’
ombre.) Quand la Lune s’en va, il y a ce haut corps obscur qui vit tou
3124
tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.) Quand
la
Lune s’en va, il y a ce haut corps obscur qui vit tout près de moi da
3125
vit tout près de moi dans son véritable silence,
les
yeux clos. L’arbre, en sa nuit vivante, rêve de nous. Plus tard, nous
3126
de moi dans son véritable silence, les yeux clos.
L’
arbre, en sa nuit vivante, rêve de nous. Plus tard, nous nous sommes r
3127
les yeux clos. L’arbre, en sa nuit vivante, rêve
de
nous. Plus tard, nous nous sommes regardés sans fin. (Ah ! comment di
3128
ette nuit.) Un vent léger écartait une branche et
la
Lune éclairait à longs traits nos visages. Je reconnus la jeune fille
3129
éclairait à longs traits nos visages. Je reconnus
la
jeune fille tzigane, ma Rose noire de Tannenbourg. La lumière délirai
3130
Je reconnus la jeune fille tzigane, ma Rose noire
de
Tannenbourg. La lumière délirait doucement, au sein du silence et du
3131
eune fille tzigane, ma Rose noire de Tannenbourg.
La
lumière délirait doucement, au sein du silence et du regard. Et nous
3132
egard. Et nous sommes demeurés des heures au-delà
de
ce que l’on ignore d’un être, dans le domaine sans frontières où l’on
3133
nous sommes demeurés des heures au-delà de ce que
l’
on ignore d’un être, dans le domaine sans frontières où l’on connaît p
3134
demeurés des heures au-delà de ce que l’on ignore
d’
un être, dans le domaine sans frontières où l’on connaît profondément.
3135
res au-delà de ce que l’on ignore d’un être, dans
le
domaine sans frontières où l’on connaît profondément. Par les yeux d’
3136
ore d’un être, dans le domaine sans frontières où
l’
on connaît profondément. Par les yeux d’une femme étrangère, mes yeux
3137
sans frontières où l’on connaît profondément. Par
les
yeux d’une femme étrangère, mes yeux possédaient sans mesure tout ce
3138
tières où l’on connaît profondément. Par les yeux
d’
une femme étrangère, mes yeux possédaient sans mesure tout ce que l’an
3139
ère, mes yeux possédaient sans mesure tout ce que
l’
anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence
3140
eux possédaient sans mesure tout ce que l’anxiété
de
la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infinimen
3141
possédaient sans mesure tout ce que l’anxiété de
la
vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infiniment c
3142
ure tout ce que l’anxiété de la vie nous dérobe :
la
nudité, la plénitude et la violence infiniment comblée. Oui, je sus q
3143
que l’anxiété de la vie nous dérobe : la nudité,
la
plénitude et la violence infiniment comblée. Oui, je sus que l’échang
3144
e la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et
la
violence infiniment comblée. Oui, je sus que l’échange de deux regard
3145
t la violence infiniment comblée. Oui, je sus que
l’
échange de deux regards est infini, est indéfiniment grandiose et musi
3146
nce infiniment comblée. Oui, je sus que l’échange
de
deux regards est infini, est indéfiniment grandiose et musical. Ainsi
3147
t touchées, lorsque au point du jour je vis pâlir
la
jeune femme. Elle comprit que j’allais parler, et mit un doigt contre
3148
ai mes regards sur ses vêtements misérables et je
l’
accueillis dans mes bras. Elle rêvait, ses mains étaient très douces,
3149
u bien une prairie. (Je suis rentré sans éveiller
le
chien. Un chaud soleil pénétrait dans la grande maison fraîche. Maint
3150
éveiller le chien. Un chaud soleil pénétrait dans
la
grande maison fraîche. Maintenant la journée commence, avec les pas d
3151
nétrait dans la grande maison fraîche. Maintenant
la
journée commence, avec les pas de la servante au corridor.) Début
3152
son fraîche. Maintenant la journée commence, avec
les
pas de la servante au corridor.) Début de juillet 1929 Écrivez
3153
che. Maintenant la journée commence, avec les pas
de
la servante au corridor.) Début de juillet 1929 Écrivez donc un
3154
. Maintenant la journée commence, avec les pas de
la
servante au corridor.) Début de juillet 1929 Écrivez donc une n
3155
vec les pas de la servante au corridor.) Début
de
juillet 1929 Écrivez donc une nouvelle allemande pleine de myosoti
3156
929 Écrivez donc une nouvelle allemande pleine
de
myosotis, de Gérard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de c
3157
z donc une nouvelle allemande pleine de myosotis,
de
Gérard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la
3158
llemande pleine de myosotis, de Gérard de Nerval,
de
victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la redingote verte, de j
3159
tis, de Gérard de Nerval, de victoria égarée dans
la
forêt, de chasseur à la redingote verte, de jeunes filles qui jouent
3160
rard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt,
de
chasseur à la redingote verte, de jeunes filles qui jouent du violon
3161
, de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à
la
redingote verte, de jeunes filles qui jouent du violon dans les champ
3162
dans la forêt, de chasseur à la redingote verte,
de
jeunes filles qui jouent du violon dans les champs de myrtille et d’i
3163
verte, de jeunes filles qui jouent du violon dans
les
champs de myrtille et d’impératrices qui prient dans des chapelles en
3164
eunes filles qui jouent du violon dans les champs
de
myrtille et d’impératrices qui prient dans des chapelles envahies par
3165
i jouent du violon dans les champs de myrtille et
d’
impératrices qui prient dans des chapelles envahies par les sapins. C’
3166
trices qui prient dans des chapelles envahies par
les
sapins. C’est dans une lettre de l’auteur de la Rose de Thuringe. J’a
3167
es envahies par les sapins. C’est dans une lettre
de
l’auteur de la Rose de Thuringe. J’ai répondu : Je ne sais pas si vou
3168
envahies par les sapins. C’est dans une lettre de
l’
auteur de la Rose de Thuringe. J’ai répondu : Je ne sais pas si vous a
3169
par les sapins. C’est dans une lettre de l’auteur
de
la Rose de Thuringe. J’ai répondu : Je ne sais pas si vous avez connu
3170
les sapins. C’est dans une lettre de l’auteur de
la
Rose de Thuringe. J’ai répondu : Je ne sais pas si vous avez connu ce
3171
sais pas si vous avez connu ce contentement large
de
tout l’être devant un verre de vin allemand que l’on boit à petites g
3172
si vous avez connu ce contentement large de tout
l’
être devant un verre de vin allemand que l’on boit à petites gorgées,
3173
contentement large de tout l’être devant un verre
de
vin allemand que l’on boit à petites gorgées, entre des bouffées de p
3174
e tout l’être devant un verre de vin allemand que
l’
on boit à petites gorgées, entre des bouffées de pipe, à l’auberge. Le
3175
e l’on boit à petites gorgées, entre des bouffées
de
pipe, à l’auberge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’o
3176
à petites gorgées, entre des bouffées de pipe, à
l’
auberge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de l
3177
gorgées, entre des bouffées de pipe, à l’auberge.
Le
charme se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d
3178
uffées de pipe, à l’auberge. Le charme se compose
de
voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d’une certaine puissan
3179
erge. Le charme se compose de voluptés du goût et
de
l’odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’esprit qui se c
3180
e. Le charme se compose de voluptés du goût et de
l’
odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’esprit qui se conc
3181
me se compose de voluptés du goût et de l’odorat,
de
lenteur et d’une certaine puissance de l’esprit qui se concentre dans
3182
de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et
d’
une certaine puissance de l’esprit qui se concentre dans un désir ou d
3183
l’odorat, de lenteur et d’une certaine puissance
de
l’esprit qui se concentre dans un désir ou dans un rêve. Le vin de So
3184
odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de
l’
esprit qui se concentre dans un désir ou dans un rêve. Le vin de Souab
3185
t qui se concentre dans un désir ou dans un rêve.
Le
vin de Souabe grise insensiblement, c’est plutôt qu’une fièvre une ju
3186
e concentre dans un désir ou dans un rêve. Le vin
de
Souabe grise insensiblement, c’est plutôt qu’une fièvre une jubilatio
3187
fièvre une jubilation bonhomique qui commence par
le
cœur et se contente de ralentir doucement les idées. C’est un attendr
3188
onhomique qui commence par le cœur et se contente
de
ralentir doucement les idées. C’est un attendrissement plein de force
3189
par le cœur et se contente de ralentir doucement
les
idées. C’est un attendrissement plein de force et de dignité. Alors s
3190
ucement les idées. C’est un attendrissement plein
de
force et de dignité. Alors si l’on est quelques-uns, on se met à chan
3191
idées. C’est un attendrissement plein de force et
de
dignité. Alors si l’on est quelques-uns, on se met à chanter des chos
3192
drissement plein de force et de dignité. Alors si
l’
on est quelques-uns, on se met à chanter des choses déchirantes qui pe
3193
imer cette euphorie. Quelques larmes font briller
les
yeux souriants et généreux. On se sent très près de ce qu’il y a de p
3194
e sent très près de ce qu’il y a de plus pur dans
la
nature et toutes sortes de sensualités et de gourmandises qui s’éveil
3195
l y a de plus pur dans la nature et toutes sortes
de
sensualités et de gourmandises qui s’éveillent, en sont comme sanctif
3196
dans la nature et toutes sortes de sensualités et
de
gourmandises qui s’éveillent, en sont comme sanctifiées. Mais c’est l
3197
’éveillent, en sont comme sanctifiées. Mais c’est
le
moment d’entamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table
3198
, en sont comme sanctifiées. Mais c’est le moment
d’
entamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table une servan
3199
comme sanctifiées. Mais c’est le moment d’entamer
le
jambon et les cornichons que dépose sur la table une servante respect
3200
iées. Mais c’est le moment d’entamer le jambon et
les
cornichons que dépose sur la table une servante respectueuse des plai
3201
ntamer le jambon et les cornichons que dépose sur
la
table une servante respectueuse des plaisirs des hommes, et peut-être
3202
ueuse des plaisirs des hommes, et peut-être aussi
de
leurs familiarités. J’étais attablé ce soir-là dans l’Auberge du Cerf
3203
urs familiarités. J’étais attablé ce soir-là dans
l’
Auberge du Cerf, au premier, les pieds contre mon schnauzer enfin calm
3204
lé ce soir-là dans l’Auberge du Cerf, au premier,
les
pieds contre mon schnauzer enfin calmé (il avait harcelé la servante
3205
ontre mon schnauzer enfin calmé (il avait harcelé
la
servante avec cette démesure qu’apportent dans leurs démonstrations l
3206
e démesure qu’apportent dans leurs démonstrations
les
chiens de tous les pays). Au bout d’un certain temps, et sans doute à
3207
qu’apportent dans leurs démonstrations les chiens
de
tous les pays). Au bout d’un certain temps, et sans doute à cause de
3208
tent dans leurs démonstrations les chiens de tous
les
pays). Au bout d’un certain temps, et sans doute à cause de ce que je
3209
temps, et sans doute à cause de ce que je venais
d’
écrire, la faim me prit et je demandai une paire de saucisses croquant
3210
sans doute à cause de ce que je venais d’écrire,
la
faim me prit et je demandai une paire de saucisses croquantes et de l
3211
’écrire, la faim me prit et je demandai une paire
de
saucisses croquantes et de la moutarde douce. Le journal local m’avai
3212
je demandai une paire de saucisses croquantes et
de
la moutarde douce. Le journal local m’avait apporté cette ration de b
3213
demandai une paire de saucisses croquantes et de
la
moutarde douce. Le journal local m’avait apporté cette ration de boul
3214
de saucisses croquantes et de la moutarde douce.
Le
journal local m’avait apporté cette ration de bouleversements, locaux
3215
ce. Le journal local m’avait apporté cette ration
de
bouleversements, locaux aussi à leur manière, et très éloignés, qui c
3216
peser des idées qui venaient se poser devant moi.
La
servante à l’autre coin de la pièce brodait, bâillait, se sentait seu
3217
t se poser devant moi. La servante à l’autre coin
de
la pièce brodait, bâillait, se sentait seule aussi. Ah ! pensai-je —
3218
e poser devant moi. La servante à l’autre coin de
la
pièce brodait, bâillait, se sentait seule aussi. Ah ! pensai-je — et
3219
j’écris ici, c’était alors une soudaine virulence
de
ma pensée, un élan contenu de certitude et de tendre lucidité, — je s
3220
soudaine virulence de ma pensée, un élan contenu
de
certitude et de tendre lucidité, — je sais pourquoi je puis rester da
3221
nce de ma pensée, un élan contenu de certitude et
de
tendre lucidité, — je sais pourquoi je puis rester dans cette Souabe
3222
es jours, je crois, oui je crois bien que je sens
la
vie tout le temps… 15 juillet 1929 Le père Reinecke me félicite
3223
crois, oui je crois bien que je sens la vie tout
le
temps… 15 juillet 1929 Le père Reinecke me félicite de ma bonne
3224
sens la vie tout le temps… 15 juillet 1929
Le
père Reinecke me félicite de ma bonne mine, résultat selon lui de l’e
3225
15 juillet 1929 Le père Reinecke me félicite
de
ma bonne mine, résultat selon lui de l’excellente cuisine que nous se
3226
me félicite de ma bonne mine, résultat selon lui
de
l’excellente cuisine que nous sert la Gnädige. Je n’aurais plus l’air
3227
félicite de ma bonne mine, résultat selon lui de
l’
excellente cuisine que nous sert la Gnädige. Je n’aurais plus l’air ci
3228
t selon lui de l’excellente cuisine que nous sert
la
Gnädige. Je n’aurais plus l’air citadin. Allons bon, félicitons l’hôt
3229
uisine que nous sert la Gnädige. Je n’aurais plus
l’
air citadin. Allons bon, félicitons l’hôtesse. Au reste il s’agit bel
3230
aurais plus l’air citadin. Allons bon, félicitons
l’
hôtesse. Au reste il s’agit bel et bien d’une question de nourriture,
3231
icitons l’hôtesse. Au reste il s’agit bel et bien
d’
une question de nourriture, — la question fondamentale, et non point s
3232
se. Au reste il s’agit bel et bien d’une question
de
nourriture, — la question fondamentale, et non point seulement pour l
3233
’agit bel et bien d’une question de nourriture, —
la
question fondamentale, et non point seulement pour le corps. J’ai pen
3234
uestion fondamentale, et non point seulement pour
le
corps. J’ai pensé aux gens des villes, au décor de leur « vie ». J’ai
3235
e corps. J’ai pensé aux gens des villes, au décor
de
leur « vie ». J’ai vu clairement qu’ils sont en péril d’inanition spi
3236
« vie ». J’ai vu clairement qu’ils sont en péril
d’
inanition spirituelle. Ils ne dorment plus assez pour se rendre compte
3237
. Ils ne dorment plus assez pour se rendre compte
de
la décadence de leurs rêves et des possessions en rêve — ce signal d’
3238
ls ne dorment plus assez pour se rendre compte de
la
décadence de leurs rêves et des possessions en rêve — ce signal d’ala
3239
plus assez pour se rendre compte de la décadence
de
leurs rêves et des possessions en rêve — ce signal d’alarme —, et l’a
3240
eurs rêves et des possessions en rêve — ce signal
d’
alarme —, et l’amour qu’ils essaient encore le samedi soir n’est plus
3241
es possessions en rêve — ce signal d’alarme —, et
l’
amour qu’ils essaient encore le samedi soir n’est plus cet infini repo
3242
nal d’alarme —, et l’amour qu’ils essaient encore
le
samedi soir n’est plus cet infini repos dans la puissance et l’être,
3243
e le samedi soir n’est plus cet infini repos dans
la
puissance et l’être, mais seulement une usure des nerfs. Lampe vide,
3244
n’est plus cet infini repos dans la puissance et
l’
être, mais seulement une usure des nerfs. Lampe vide, la mèche se cons
3245
, mais seulement une usure des nerfs. Lampe vide,
la
mèche se consume. Bois du lait, perds du temps, bats les lisières du
3246
he se consume. Bois du lait, perds du temps, bats
les
lisières du sommeil. Ou bien descends les bras collés au corps dans l
3247
s, bats les lisières du sommeil. Ou bien descends
les
bras collés au corps dans l’onde apaisée du souvenir. Sois riche d’av
3248
l. Ou bien descends les bras collés au corps dans
l’
onde apaisée du souvenir. Sois riche d’avoir ce que tu es, comme ils s
3249
corps dans l’onde apaisée du souvenir. Sois riche
d’
avoir ce que tu es, comme ils sont pauvres de n’avoir que ce qu’ils on
3250
iche d’avoir ce que tu es, comme ils sont pauvres
de
n’avoir que ce qu’ils ont. 19 juillet 1929 Ces mois de Souabe m
3251
que ce qu’ils ont. 19 juillet 1929 Ces mois
de
Souabe m’apparaissent de plus en plus comme une retraite sensuelle. N
3252
plus comme une retraite sensuelle. N’est-ce point
de
cela que l’homme des villes a besoin de nos jours ? On parle toujours
3253
ne retraite sensuelle. N’est-ce point de cela que
l’
homme des villes a besoin de nos jours ? On parle toujours de son appé
3254
-ce point de cela que l’homme des villes a besoin
de
nos jours ? On parle toujours de son appétit du plaisir. C’est un cli
3255
villes a besoin de nos jours ? On parle toujours
de
son appétit du plaisir. C’est un cliché d’un autre âge, et trompeur.
3256
ujours de son appétit du plaisir. C’est un cliché
d’
un autre âge, et trompeur. Car l’argent n’est pas le plaisir et ne s’o
3257
C’est un cliché d’un autre âge, et trompeur. Car
l’
argent n’est pas le plaisir et ne s’obtient pas dans le plaisir. Les a
3258
un autre âge, et trompeur. Car l’argent n’est pas
le
plaisir et ne s’obtient pas dans le plaisir. Les affaires modernes vu
3259
ent n’est pas le plaisir et ne s’obtient pas dans
le
plaisir. Les affaires modernes vulgarisent en fait une ascèse inhumai
3260
s le plaisir et ne s’obtient pas dans le plaisir.
Les
affaires modernes vulgarisent en fait une ascèse inhumaine et sans bu
3261
scèse inhumaine et sans but divin. C’est pourquoi
l’
usage d’une sensualité consciente redevient une conquête de la sagesse
3262
humaine et sans but divin. C’est pourquoi l’usage
d’
une sensualité consciente redevient une conquête de la sagesse. Fin
3263
’une sensualité consciente redevient une conquête
de
la sagesse. Fin juillet 1929 Promenades sous la pluie, à la tom
3264
e sensualité consciente redevient une conquête de
la
sagesse. Fin juillet 1929 Promenades sous la pluie, à la tombée
3265
a sagesse. Fin juillet 1929 Promenades sous
la
pluie, à la tombée du jour. L’esprit patient et fort trouve son repos
3266
Fin juillet 1929 Promenades sous la pluie, à
la
tombée du jour. L’esprit patient et fort trouve son repos dans les fi
3267
Promenades sous la pluie, à la tombée du jour.
L’
esprit patient et fort trouve son repos dans les figures qu’il engendr
3268
r. L’esprit patient et fort trouve son repos dans
les
figures qu’il engendre. Il arrive aussi qu’il les aime et qu’il resse
3269
les figures qu’il engendre. Il arrive aussi qu’il
les
aime et qu’il ressente à leur égard les désirs qu’auparavant il dédia
3270
ssi qu’il les aime et qu’il ressente à leur égard
les
désirs qu’auparavant il dédiait à quelque amie de haut parage spiritu
3271
es désirs qu’auparavant il dédiait à quelque amie
de
haut parage spirituel. Le corps même y trouve sa part, car l’inventio
3272
dédiait à quelque amie de haut parage spirituel.
Le
corps même y trouve sa part, car l’invention favorise la circulation
3273
ge spirituel. Le corps même y trouve sa part, car
l’
invention favorise la circulation du sang, amplifie le rythme des maré
3274
s même y trouve sa part, car l’invention favorise
la
circulation du sang, amplifie le rythme des marées qui baignent nos m
3275
vention favorise la circulation du sang, amplifie
le
rythme des marées qui baignent nos membres. J’ai connu peu de joies p
3276
joies plus hautes que celle-ci : se promener dans
les
campagnes amies en conversant avec les pensées et les êtres nés de la
3277
mener dans les campagnes amies en conversant avec
les
pensées et les êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Comb
3278
campagnes amies en conversant avec les pensées et
les
êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Combien j’aime ces
3279
s en conversant avec les pensées et les êtres nés
de
la marche et du bonheur de respirer. Combien j’aime ces ciels bas et
3280
n conversant avec les pensées et les êtres nés de
la
marche et du bonheur de respirer. Combien j’aime ces ciels bas et tra
3281
nsées et les êtres nés de la marche et du bonheur
de
respirer. Combien j’aime ces ciels bas et traînants. Le beau temps n’
3282
pirer. Combien j’aime ces ciels bas et traînants.
Le
beau temps n’est pas toujours le bon, si l’expression veut qu’il figu
3283
as et traînants. Le beau temps n’est pas toujours
le
bon, si l’expression veut qu’il figure le contraire du « mauvais ». L
3284
ants. Le beau temps n’est pas toujours le bon, si
l’
expression veut qu’il figure le contraire du « mauvais ». Les jours de
3285
oujours le bon, si l’expression veut qu’il figure
le
contraire du « mauvais ». Les jours de pluie dans les campagnes ont u
3286
on veut qu’il figure le contraire du « mauvais ».
Les
jours de pluie dans les campagnes ont un charme consolant et secret q
3287
’il figure le contraire du « mauvais ». Les jours
de
pluie dans les campagnes ont un charme consolant et secret qui favori
3288
contraire du « mauvais ». Les jours de pluie dans
les
campagnes ont un charme consolant et secret qui favorise la vie intér
3289
es ont un charme consolant et secret qui favorise
la
vie intérieure. Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vou
3290
avorise la vie intérieure. Longues randonnées sur
les
plateaux de la Souabe, vous resterez pour moi comme une introduction
3291
e intérieure. Longues randonnées sur les plateaux
de
la Souabe, vous resterez pour moi comme une introduction à la vie len
3292
ntérieure. Longues randonnées sur les plateaux de
la
Souabe, vous resterez pour moi comme une introduction à la vie lente
3293
, vous resterez pour moi comme une introduction à
la
vie lente — celle que mène l’esprit humain parmi les formes désirable
3294
une introduction à la vie lente — celle que mène
l’
esprit humain parmi les formes désirables du monde, lorsqu’il veut les
3295
vie lente — celle que mène l’esprit humain parmi
les
formes désirables du monde, lorsqu’il veut les connaître et les possé
3296
mi les formes désirables du monde, lorsqu’il veut
les
connaître et les posséder dans sa force. Car la lenteur est chose sou
3297
irables du monde, lorsqu’il veut les connaître et
les
posséder dans sa force. Car la lenteur est chose souveraine, — elle s
3298
les connaître et les posséder dans sa force. Car
la
lenteur est chose souveraine, — elle seule domine l’amour. Les plus g
3299
lenteur est chose souveraine, — elle seule domine
l’
amour. Les plus grands spectacles naturels sont des spectacles de lent
3300
st chose souveraine, — elle seule domine l’amour.
Les
plus grands spectacles naturels sont des spectacles de lenteur ou d’i
3301
us grands spectacles naturels sont des spectacles
de
lenteur ou d’immobilité dans le mouvement. Et c’est par là qu’ils par
3302
tacles naturels sont des spectacles de lenteur ou
d’
immobilité dans le mouvement. Et c’est par là qu’ils parlent à notre â
3303
nt des spectacles de lenteur ou d’immobilité dans
le
mouvement. Et c’est par là qu’ils parlent à notre âme et la retiennen
3304
nt. Et c’est par là qu’ils parlent à notre âme et
la
retiennent, la captivent. Fin juillet 1929 Vraiment la rapidité
3305
r là qu’ils parlent à notre âme et la retiennent,
la
captivent. Fin juillet 1929 Vraiment la rapidité ne saurait êtr
3306
nt, la captivent. Fin juillet 1929 Vraiment
la
rapidité ne saurait être le fait d’un esprit incarné, mais seulement
3307
llet 1929 Vraiment la rapidité ne saurait être
le
fait d’un esprit incarné, mais seulement de son imagination pervertie
3308
9 Vraiment la rapidité ne saurait être le fait
d’
un esprit incarné, mais seulement de son imagination pervertie. Les ef
3309
être le fait d’un esprit incarné, mais seulement
de
son imagination pervertie. Les effets de vitesse sont du domaine de l
3310
rné, mais seulement de son imagination pervertie.
Les
effets de vitesse sont du domaine de la matière abandonnée à sa manie
3311
eulement de son imagination pervertie. Les effets
de
vitesse sont du domaine de la matière abandonnée à sa manie de tomber
3312
pervertie. Les effets de vitesse sont du domaine
de
la matière abandonnée à sa manie de tomber. Dès que l’esprit entre da
3313
rvertie. Les effets de vitesse sont du domaine de
la
matière abandonnée à sa manie de tomber. Dès que l’esprit entre dans
3314
nt du domaine de la matière abandonnée à sa manie
de
tomber. Dès que l’esprit entre dans le jeu, il provoque des lenteurs
3315
matière abandonnée à sa manie de tomber. Dès que
l’
esprit entre dans le jeu, il provoque des lenteurs et des retards d’où
3316
à sa manie de tomber. Dès que l’esprit entre dans
le
jeu, il provoque des lenteurs et des retards d’où naissent le désir e
3317
s le jeu, il provoque des lenteurs et des retards
d’
où naissent le désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mai
3318
rovoque des lenteurs et des retards d’où naissent
le
désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi
3319
lenteurs et des retards d’où naissent le désir et
la
conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventio
3320
retards d’où naissent le désir et la conscience.
De
là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventions destinées d’
3321
ssent le désir et la conscience. De là des pertes
de
temps ; mais de là aussi les inventions destinées d’abord à les combl
3322
t la conscience. De là des pertes de temps ; mais
de
là aussi les inventions destinées d’abord à les combler et qui toujou
3323
nce. De là des pertes de temps ; mais de là aussi
les
inventions destinées d’abord à les combler et qui toujours dépassent
3324
is de là aussi les inventions destinées d’abord à
les
combler et qui toujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère de
3325
s d’abord à les combler et qui toujours dépassent
le
but. Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’e
3326
les combler et qui toujours dépassent le but. Et
de
la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’emporte. Pro
3327
s combler et qui toujours dépassent le but. Et de
la
sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’emporte. Provis
3328
oujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère
de
vitesse est une ère où la matière l’emporte. Provisoirement ; car il
3329
Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où
la
matière l’emporte. Provisoirement ; car il se produit ceci d’étrange
3330
rte, une ère de vitesse est une ère où la matière
l’
emporte. Provisoirement ; car il se produit ceci d’étrange que la mati
3331
’emporte. Provisoirement ; car il se produit ceci
d’
étrange que la matière à certaines très grandes vitesses commence de s
3332
isoirement ; car il se produit ceci d’étrange que
la
matière à certaines très grandes vitesses commence de se spiritualise
3333
atière à certaines très grandes vitesses commence
de
se spiritualiser. À la vitesse suprême, elle s’évanouit en lumière. C
3334
grandes vitesses commence de se spiritualiser. À
la
vitesse suprême, elle s’évanouit en lumière. C’est ainsi que dans le
3335
elle s’évanouit en lumière. C’est ainsi que dans
le
monde spirituel, l’ère de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés…
3336
lumière. C’est ainsi que dans le monde spirituel,
l’
ère de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension d
3337
e. C’est ainsi que dans le monde spirituel, l’ère
de
la vitesse préparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension de l’es
3338
C’est ainsi que dans le monde spirituel, l’ère de
la
vitesse préparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension de l’espri
3339
monde spirituel, l’ère de la vitesse préparerait
l’
ère des Illuminés… L’extrême tension de l’esprit peut aboutir à des ma
3340
re de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés…
L’
extrême tension de l’esprit peut aboutir à des matérialisations, cepen
3341
réparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension
de
l’esprit peut aboutir à des matérialisations, cependant que l’extrême
3342
arerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension de
l’
esprit peut aboutir à des matérialisations, cependant que l’extrême te
3343
eut aboutir à des matérialisations, cependant que
l’
extrême tension de la matière explose en subtilité. Double mouvement d
3344
matérialisations, cependant que l’extrême tension
de
la matière explose en subtilité. Double mouvement dont l’axe se nomme
3345
érialisations, cependant que l’extrême tension de
la
matière explose en subtilité. Double mouvement dont l’axe se nomme :
3346
tière explose en subtilité. Double mouvement dont
l’
axe se nomme : l’humain. 10 août 1929 Le retour en troisième cla
3347
subtilité. Double mouvement dont l’axe se nomme :
l’
humain. 10 août 1929 Le retour en troisième classe. Cinquième ar
3348
ont l’axe se nomme : l’humain. 10 août 1929
Le
retour en troisième classe. Cinquième arrêt ! Il y en aura une douzai
3349
n doit arriver vers 8 heures, J’ai d’abord essayé
de
me confiner dans cette petite édition cartonnée d’Andersen, mais sans
3350
e me confiner dans cette petite édition cartonnée
d’
Andersen, mais sans cesse des hommes entrent, cherchent une place, ouv
3351
des hommes entrent, cherchent une place, ouvrent
la
fenêtre, ou bien c’est un contrôleur, ou bien c’est encore une gare e
3352
est encore une gare en géraniums, et il faut bien
la
regarder, la vivre un moment. Ce train paraît destiné à la réquisitio
3353
e gare en géraniums, et il faut bien la regarder,
la
vivre un moment. Ce train paraît destiné à la réquisition de l’élémen
3354
er, la vivre un moment. Ce train paraît destiné à
la
réquisition de l’élément minable des populations qu’il traverse. À ch
3355
moment. Ce train paraît destiné à la réquisition
de
l’élément minable des populations qu’il traverse. À chaque station no
3356
ment. Ce train paraît destiné à la réquisition de
l’
élément minable des populations qu’il traverse. À chaque station nous
3357
se. À chaque station nous débarquons un peu moins
de
paysans et de paniers ventrus, embarquons un peu plus d’ouvriers, cas
3358
tation nous débarquons un peu moins de paysans et
de
paniers ventrus, embarquons un peu plus d’ouvriers, casquettes et bou
3359
ans et de paniers ventrus, embarquons un peu plus
d’
ouvriers, casquettes et bouts de cigares. Des ouvrières aussi, au rega
3360
quons un peu plus d’ouvriers, casquettes et bouts
de
cigares. Des ouvrières aussi, au regard irrité. Deux d’entre elles on
3361
u regard irrité. Deux d’entre elles ont fait mine
de
s’asseoir, en face et à côté de moi, mais je n’ai pas retiré ma valis
3362
s retiré ma valise et ne me suis pas serré contre
la
fenêtre. Elles ont senti cette sourde résistance et se sont assises p
3363
stance et se sont assises plus loin en maugréant.
La
misère de tous ces regards me paralyse. Comment répondre à leur hosti
3364
se sont assises plus loin en maugréant. La misère
de
tous ces regards me paralyse. Comment répondre à leur hostilité, comm
3365
ité, comment accueillir avec un cœur viril et bon
le
spectacle de ces corps amaigris, énervés ? Un cœur viril et bon comme
3366
accueillir avec un cœur viril et bon le spectacle
de
ces corps amaigris, énervés ? Un cœur viril et bon comme celui d’Ande
3367
igris, énervés ? Un cœur viril et bon comme celui
d’
Andersen, un tel cœur ne se fermerait pas devant la haine qui sourd de
3368
’Andersen, un tel cœur ne se fermerait pas devant
la
haine qui sourd de tant d’anxiétés. J’aimerais échanger mon costume c
3369
œur ne se fermerait pas devant la haine qui sourd
de
tant d’anxiétés. J’aimerais échanger mon costume clair de voyage cont
3370
e fermerait pas devant la haine qui sourd de tant
d’
anxiétés. J’aimerais échanger mon costume clair de voyage contre leurs
3371
d’anxiétés. J’aimerais échanger mon costume clair
de
voyage contre leurs vêtements et leur casquette, me prouver que vraim
3372
asquette, me prouver que vraiment je n’aurais pas
d’
envie… Nouvel arrêt. Mais cette fois c’est une fée qui monte, une gran
3373
de jeune fille nette aux yeux bleu-vert, au teint
de
princesse d’Andersen. Oh ! qu’elle vienne s’asseoir ici ! Mais je n’o
3374
! Mais je n’ose plus lui faire place. Je sens que
les
deux ouvrières me regardent. Elle, sans doute, ne veut pas trop chois
3375
op choisir, ni surtout me choisir, — va s’asseoir
de
l’autre côté du couloir, tout au bord d’une banquette. Mais je la voi
3376
du couloir, tout au bord d’une banquette. Mais je
la
vois encore en regardant devant moi. J’ai honte. Comme nous sommes in
3377
ant moi. J’ai honte. Comme nous sommes incapables
de
nous libérer de barrières sociales ou de pudeurs qu’en pensée nous te
3378
nte. Comme nous sommes incapables de nous libérer
de
barrières sociales ou de pudeurs qu’en pensée nous tenions pour nulle
3379
capables de nous libérer de barrières sociales ou
de
pudeurs qu’en pensée nous tenions pour nulles. Si j’étais vraiment li
3380
deux ouvrières laides, sans méfiance, — ou bien à
la
jeune fille, sans fausse honte. Si j’étais vraiment libre, je lui par
3381
vraiment libre, je lui parlerais très doucement…
La
fumée des cigares lui fait peut-être mal au cœur, et aussi la curiosi
3382
cigares lui fait peut-être mal au cœur, et aussi
la
curiosité sournoise des ouvriers, des deux femmes qui examinent ses v
3383
femmes qui examinent ses vêtements. Elle a quitté
le
château endormi pour aller faire des courses en ville, probablement ;
3384
ourses en ville, probablement ; elle a dû prendre
le
train des ouvriers, — et c’est à elle que va ma sympathie ?… Les homm
3385
uvriers, — et c’est à elle que va ma sympathie ?…
Les
hommes parlent une langue brusque et de mauvaise humeur, les yeux mor
3386
athie ?… Les hommes parlent une langue brusque et
de
mauvaise humeur, les yeux mornes ou trop brillants ; ou lisent des fe
3387
parlent une langue brusque et de mauvaise humeur,
les
yeux mornes ou trop brillants ; ou lisent des feuilles communistes. L
3388
p brillants ; ou lisent des feuilles communistes.
Le
« Bummelzug », interminablement, crache sa fumée dans des gares de ba
3389
interminablement, crache sa fumée dans des gares
de
banlieue qui ne sont plus fleuries. Il règne dans ce wagon un malaise
3390
lavée — et cette robe verte seule pure —, et oh !
la
pauvre interrogation des visages devant l’atrocité de notre vie socia
3391
t oh ! la pauvre interrogation des visages devant
l’
atrocité de notre vie sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. Et l
3392
auvre interrogation des visages devant l’atrocité
de
notre vie sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. Et la foule men
3393
evant l’atrocité de notre vie sociale ! Je baisse
les
yeux sur mon livre. Et la foule menaçante se pressait autour du char
3394
ie sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. Et
la
foule menaçante se pressait autour du char de la princesse qu’on mena
3395
Et la foule menaçante se pressait autour du char
de
la princesse qu’on menait au bûcher. Alors vinrent d’un seul vol onze
3396
la foule menaçante se pressait autour du char de
la
princesse qu’on menait au bûcher. Alors vinrent d’un seul vol onze gr
3397
a princesse qu’on menait au bûcher. Alors vinrent
d’
un seul vol onze grands cygnes blancs. Ils se posèrent autour d’elle e
3398
onze grands cygnes blancs. Ils se posèrent autour
d’
elle et battirent de leurs grandes ailes. Et le peuple effrayé recula.
3399
lancs. Ils se posèrent autour d’elle et battirent
de
leurs grandes ailes. Et le peuple effrayé recula. » Mais la princesse
3400
ur d’elle et battirent de leurs grandes ailes. Et
le
peuple effrayé recula. » Mais la princesse jette sur eux les cottes d
3401
randes ailes. Et le peuple effrayé recula. » Mais
la
princesse jette sur eux les cottes d’orties qu’elle tissait de ses ma
3402
effrayé recula. » Mais la princesse jette sur eux
les
cottes d’orties qu’elle tissait de ses mains, et voici onze princes q
3403
ula. » Mais la princesse jette sur eux les cottes
d’
orties qu’elle tissait de ses mains, et voici onze princes qui se tien
3404
jette sur eux les cottes d’orties qu’elle tissait
de
ses mains, et voici onze princes qui se tiennent autour d’elle. « Ell
3405
ins, et voici onze princes qui se tiennent autour
d’
elle. « Elle est innocente ! » s’écrient-ils, et le peuple s’agenouill
3406
’elle. « Elle est innocente ! » s’écrient-ils, et
le
peuple s’agenouille comme devant une sainte. « Et pendant que l’aîné
3407
nouille comme devant une sainte. « Et pendant que
l’
aîné des frères racontait tout ce qui était arrivé, un parfum de milli
3408
res racontait tout ce qui était arrivé, un parfum
de
millions de roses se répandit dans les airs, tandis qu’au sommet du b
3409
t tout ce qui était arrivé, un parfum de millions
de
roses se répandit dans les airs, tandis qu’au sommet du bûcher parais
3410
, un parfum de millions de roses se répandit dans
les
airs, tandis qu’au sommet du bûcher paraissait une blanche et lumineu
3411
dissait comme une étoile. Mais pourquoi détourner
la
tête vers la vitre sale, retenir des larmes ? Un soudain excès de l’a
3412
une étoile. Mais pourquoi détourner la tête vers
la
vitre sale, retenir des larmes ? Un soudain excès de l’amour s’est li
3413
vitre sale, retenir des larmes ? Un soudain excès
de
l’amour s’est libéré dans tout mon être et s’élance vers ces vies pro
3414
re sale, retenir des larmes ? Un soudain excès de
l’
amour s’est libéré dans tout mon être et s’élance vers ces vies proche
3415
ient, s’ils pouvaient seulement savoir ! Partager
la
consolation miraculeuse ! En cet instant du moins je les ai tous aimé
3416
solation miraculeuse ! En cet instant du moins je
les
ai tous aimés. Et j’ai compris que la grandeur du cœur humain, c’est
3417
u moins je les ai tous aimés. Et j’ai compris que
la
grandeur du cœur humain, c’est de donner sans mesure un amour dont no
3418
’ai compris que la grandeur du cœur humain, c’est
de
donner sans mesure un amour dont notre vie, peut-être, n’a que faire.
3419
amour dont notre vie, peut-être, n’a que faire. ⁂
Le
reste de la vie, c’est toujours entre deux voyages d’Allemagne. On pe
3420
t notre vie, peut-être, n’a que faire. ⁂ Le reste
de
la vie, c’est toujours entre deux voyages d’Allemagne. On peut s’épre
3421
otre vie, peut-être, n’a que faire. ⁂ Le reste de
la
vie, c’est toujours entre deux voyages d’Allemagne. On peut s’éprendr
3422
este de la vie, c’est toujours entre deux voyages
d’
Allemagne. On peut s’éprendre d’une telle absence, qui vient au lieu d
3423
ntre deux voyages d’Allemagne. On peut s’éprendre
d’
une telle absence, qui vient au lieu d’un temps étrange et plus pesant
3424
us pesant que nulle part. Me voici tout environné
de
ville. Où trouver ici la lenteur des choses ? Où le désir peut-il err
3425
Me voici tout environné de ville. Où trouver ici
la
lenteur des choses ? Où le désir peut-il errer, se retournant souvent
3426
ville. Où trouver ici la lenteur des choses ? Où
le
désir peut-il errer, se retournant souvent vers son passé, méditant s
3427
e retournant souvent vers son passé, méditant sur
l’
oubli jusqu’à ce qu’un souvenir bouge et s’émeuve… Où se perdre ? Où p
3428
e ? Où porter un regard amoureux du mystère, dans
la
puissante circonspection de l’attente ? Ô journées souabes, répandues
3429
reux du mystère, dans la puissante circonspection
de
l’attente ? Ô journées souabes, répandues dans la fraîcheur et l’âcre
3430
x du mystère, dans la puissante circonspection de
l’
attente ? Ô journées souabes, répandues dans la fraîcheur et l’âcreté
3431
de l’attente ? Ô journées souabes, répandues dans
la
fraîcheur et l’âcreté des arbres désirables, que ne vous ai-je donné
3432
journées souabes, répandues dans la fraîcheur et
l’
âcreté des arbres désirables, que ne vous ai-je donné ma vie ! Encore
3433
ma vie ! Encore un peu, qu’on me laisse au regret
de
vos paysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir
3434
n peu, qu’on me laisse au regret de vos paysages,
de
vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir quittées pour ce
3435
ysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords
de
vous avoir quittées pour cette ville à présent sans relâche, où les o
3436
ttées pour cette ville à présent sans relâche, où
les
orages n’ont pas d’odeur, terrains morts où l’on n’a plus peur d’un a
3437
e à présent sans relâche, où les orages n’ont pas
d’
odeur, terrains morts où l’on n’a plus peur d’un arbre immense, ni des
3438
ù les orages n’ont pas d’odeur, terrains morts où
l’
on n’a plus peur d’un arbre immense, ni des femmes, mais de soi-même,
3439
pas d’odeur, terrains morts où l’on n’a plus peur
d’
un arbre immense, ni des femmes, mais de soi-même, sourdement, dans l’
3440
plus peur d’un arbre immense, ni des femmes, mais
de
soi-même, sourdement, dans l’insomnie du petit jour populeux… (avril-
3441
ni des femmes, mais de soi-même, sourdement, dans
l’
insomnie du petit jour populeux… (avril-août 1929. Repris en 1932.)
3442
puleux… (avril-août 1929. Repris en 1932.) 16.
Les
anges eux-mêmes la lui envient, dit Swedenborg, puisque leur tentatio
3443
1929. Repris en 1932.) 16. Les anges eux-mêmes
la
lui envient, dit Swedenborg, puisque leur tentation, leur nostalgie,
3444
rg, puisque leur tentation, leur nostalgie, c’est
de
revêtir un corps humain. 17. Tel fut bien, d’ailleurs, son dessein,
3445
t bien, d’ailleurs, son dessein, qu’il avoue dans
les
entretiens (recueillis par Biedermann). 18. Comme dit l’A. O. Barnab
3446
tiens (recueillis par Biedermann). 18. Comme dit
l’
A. O. Barnabooth de M. Valery-Larbaud.
3447
ar Biedermann). 18. Comme dit l’A. O. Barnabooth
de
M. Valery-Larbaud.
3448
usse Au loin passaient des voiles claires parmi
les
blés violents ; le ciel paraissait plus grand que la terre. Des bois
3449
ient des voiles claires parmi les blés violents ;
le
ciel paraissait plus grand que la terre. Des bois de pins s’approchai
3450
blés violents ; le ciel paraissait plus grand que
la
terre. Des bois de pins s’approchaient, s’écartaient, livrant passage
3451
ciel paraissait plus grand que la terre. Des bois
de
pins s’approchaient, s’écartaient, livrant passage à la chaussée impé
3452
s s’approchaient, s’écartaient, livrant passage à
la
chaussée impériale dont brillaient les grandes portées blanches sur l
3453
t passage à la chaussée impériale dont brillaient
les
grandes portées blanches sur les ondulations sablonneuses de la plain
3454
dont brillaient les grandes portées blanches sur
les
ondulations sablonneuses de la plaine. Des prairies doucement soulevé
3455
portées blanches sur les ondulations sablonneuses
de
la plaine. Des prairies doucement soulevées s’arrêtaient au bord du c
3456
tées blanches sur les ondulations sablonneuses de
la
plaine. Des prairies doucement soulevées s’arrêtaient au bord du ciel
3457
nt soulevées s’arrêtaient au bord du ciel, devant
la
lumière maritime ; puis cédaient de l’épaule et l’on voyait le golfe
3458
ciel, devant la lumière maritime ; puis cédaient
de
l’épaule et l’on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du sole
3459
el, devant la lumière maritime ; puis cédaient de
l’
épaule et l’on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du soleil.
3460
a lumière maritime ; puis cédaient de l’épaule et
l’
on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du soleil. Une lisière
3461
ritime ; puis cédaient de l’épaule et l’on voyait
le
golfe violacé écumer sous la masse du soleil. Une lisière qui nous ac
3462
paule et l’on voyait le golfe violacé écumer sous
la
masse du soleil. Une lisière qui nous accompagnait vira largement, no
3463
, nous fit front, et il n’y eut plus qu’une piste
de
terre entre les sapins noirs, la rumeur du rivage et du soleil derriè
3464
t, et il n’y eut plus qu’une piste de terre entre
les
sapins noirs, la rumeur du rivage et du soleil derrière nous décroiss
3465
lus qu’une piste de terre entre les sapins noirs,
la
rumeur du rivage et du soleil derrière nous décroissant, tumulte d’un
3466
e et du soleil derrière nous décroissant, tumulte
d’
un matin d’été. Maintenant une odeur fine de benzine traverse les odeu
3467
eil derrière nous décroissant, tumulte d’un matin
d’
été. Maintenant une odeur fine de benzine traverse les odeurs de la fo
3468
multe d’un matin d’été. Maintenant une odeur fine
de
benzine traverse les odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralen
3469
té. Maintenant une odeur fine de benzine traverse
les
odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur
3470
ant une odeur fine de benzine traverse les odeurs
de
la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’
3471
une odeur fine de benzine traverse les odeurs de
la
forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’on
3472
ne de benzine traverse les odeurs de la forêt, et
le
moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’on s’éveille enf
3473
de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans
la
fraîcheur sobre. L’on s’éveille enfin du long voyage nocturne, les ye
3474
oteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre.
L’
on s’éveille enfin du long voyage nocturne, les yeux cessent de cligne
3475
re. L’on s’éveille enfin du long voyage nocturne,
les
yeux cessent de cligner, le corps se détend. Là devant, un chauffeur
3476
e enfin du long voyage nocturne, les yeux cessent
de
cligner, le corps se détend. Là devant, un chauffeur immobile guette
3477
ong voyage nocturne, les yeux cessent de cligner,
le
corps se détend. Là devant, un chauffeur immobile guette les ornières
3478
e détend. Là devant, un chauffeur immobile guette
les
ornières profondes où les roues s’enfoncent parfois avec un cahot mou
3479
auffeur immobile guette les ornières profondes où
les
roues s’enfoncent parfois avec un cahot mou. Le silence grandit ; cri
3480
les roues s’enfoncent parfois avec un cahot mou.
Le
silence grandit ; cris de pics, vibration basse des cylindres. On voi
3481
fois avec un cahot mou. Le silence grandit ; cris
de
pics, vibration basse des cylindres. On voit paraître de plus hauts a
3482
et bientôt un vaste portail, aux piles couronnées
de
grands cerfs de bronze. La piste se fait plane, la forêt s’ordonne. É
3483
ste portail, aux piles couronnées de grands cerfs
de
bronze. La piste se fait plane, la forêt s’ordonne. Échappée sur des
3484
, aux piles couronnées de grands cerfs de bronze.
La
piste se fait plane, la forêt s’ordonne. Échappée sur des étangs couv
3485
e grands cerfs de bronze. La piste se fait plane,
la
forêt s’ordonne. Échappée sur des étangs couverts de mousse jaune. (T
3486
forêt s’ordonne. Échappée sur des étangs couverts
de
mousse jaune. (Tout à fait réveillé et attentif, maintenant.) Jardin
3487
res rouges, piquées au loin de massifs éclatants,
le
gravier d’une allée fait son bruit luxueux, tout s’éclaire, nous y so
3488
piquées au loin de massifs éclatants, le gravier
d’
une allée fait son bruit luxueux, tout s’éclaire, nous y sommes : cent
3489
out s’éclaire, nous y sommes : cent fenêtres, sur
la
gauche, dans une façade de grès Louis XV. Nous la longeons, nous mont
3490
s : cent fenêtres, sur la gauche, dans une façade
de
grès Louis XV. Nous la longeons, nous montons une rampe pavée qui s’e
3491
la gauche, dans une façade de grès Louis XV. Nous
la
longeons, nous montons une rampe pavée qui s’engage sous un porche co
3492
sous un porche couvert aux colonnes enguirlandées
de
roses. Toute une famille de géants, debout sur un seuil solennel, me
3493
olonnes enguirlandées de roses. Toute une famille
de
géants, debout sur un seuil solennel, me regarde piquer du nez à l’ar
3494
sur un seuil solennel, me regarde piquer du nez à
l’
arrêt brusque. Ici règne le plus ancien, mais le dernier « burgrave e
3495
garde piquer du nez à l’arrêt brusque. Ici règne
le
plus ancien, mais le dernier « burgrave et comte » de la Prusse-Orien
3496
lus ancien, mais le dernier « burgrave et comte »
de
la Prusse-Orientale. Journées À huit heures, tout le monde se ré
3497
ancien, mais le dernier « burgrave et comte » de
la
Prusse-Orientale. Journées À huit heures, tout le monde se réuni
3498
t heures, tout le monde se réunit en silence dans
la
grande salle du château. Une douzaine de domestiques, homme et femmes
3499
nce dans la grande salle du château. Une douzaine
de
domestiques, homme et femmes, pénètrent par le fond, s’alignent debou
3500
ne de domestiques, homme et femmes, pénètrent par
le
fond, s’alignent debout. Les enfants sur un long canapé ; les hôtes d
3501
femmes, pénètrent par le fond, s’alignent debout.
Les
enfants sur un long canapé ; les hôtes dans leurs fauteuils ; la comt
3502
alignent debout. Les enfants sur un long canapé ;
les
hôtes dans leurs fauteuils ; la comtesse est à l’harmonium ; le comte
3503
un long canapé ; les hôtes dans leurs fauteuils ;
la
comtesse est à l’harmonium ; le comte en face d’elle lit l’Écriture.
3504
es hôtes dans leurs fauteuils ; la comtesse est à
l’
harmonium ; le comte en face d’elle lit l’Écriture. Puis on chante et
3505
leurs fauteuils ; la comtesse est à l’harmonium ;
le
comte en face d’elle lit l’Écriture. Puis on chante et ce sont parfoi
3506
e est à l’harmonium ; le comte en face d’elle lit
l’
Écriture. Puis on chante et ce sont parfois des strophes de Novalis, d
3507
e. Puis on chante et ce sont parfois des strophes
de
Novalis, des mélodies de Bach. Après le Notre Père, chacun s’en va, s
3508
ont parfois des strophes de Novalis, des mélodies
de
Bach. Après le Notre Père, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le r
3509
strophes de Novalis, des mélodies de Bach. Après
le
Notre Père, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de la mati
3510
ch. Après le Notre Père, chacun s’en va, sérieux,
de
son côté. Le reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer.
3511
Notre Père, chacun s’en va, sérieux, de son côté.
Le
reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer. Jeux du riva
3512
e, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste
de
la matinée se passe à cheval au bord de la mer. Jeux du rivage : sur
3513
chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de
la
matinée se passe à cheval au bord de la mer. Jeux du rivage : sur les
3514
reste de la matinée se passe à cheval au bord de
la
mer. Jeux du rivage : sur les montures à poil on s’élance au galop da
3515
à cheval au bord de la mer. Jeux du rivage : sur
les
montures à poil on s’élance au galop dans les flots. Un formidable so
3516
sur les montures à poil on s’élance au galop dans
les
flots. Un formidable soleil fait resplendir les dunes éblouissantes,
3517
s les flots. Un formidable soleil fait resplendir
les
dunes éblouissantes, autour du « Haff »19 coloré de traînées d’algues
3518
dunes éblouissantes, autour du « Haff »19 coloré
de
traînées d’algues pourpres. Les chevaux ruisselants s’échappent de no
3519
issantes, autour du « Haff »19 coloré de traînées
d’
algues pourpres. Les chevaux ruisselants s’échappent de nos bras, et n
3520
« Haff »19 coloré de traînées d’algues pourpres.
Les
chevaux ruisselants s’échappent de nos bras, et nous les poursuivons,
3521
ues pourpres. Les chevaux ruisselants s’échappent
de
nos bras, et nous les poursuivons, le long des grèves, dans les blés.
3522
vaux ruisselants s’échappent de nos bras, et nous
les
poursuivons, le long des grèves, dans les blés. Midi. Au haut de l’es
3523
et nous les poursuivons, le long des grèves, dans
les
blés. Midi. Au haut de l’escalier monumental — une armature de fer fo
3524
le long des grèves, dans les blés. Midi. Au haut
de
l’escalier monumental — une armature de fer forgé supportant des marc
3525
long des grèves, dans les blés. Midi. Au haut de
l’
escalier monumental — une armature de fer forgé supportant des marches
3526
. Au haut de l’escalier monumental — une armature
de
fer forgé supportant des marches de marbre —, un cortège se forme. La
3527
une armature de fer forgé supportant des marches
de
marbre —, un cortège se forme. La porte de la salle à manger s’ouvre
3528
ant des marches de marbre —, un cortège se forme.
La
porte de la salle à manger s’ouvre à deux battants et le comte entre
3529
arches de marbre —, un cortège se forme. La porte
de
la salle à manger s’ouvre à deux battants et le comte entre le premie
3530
hes de marbre —, un cortège se forme. La porte de
la
salle à manger s’ouvre à deux battants et le comte entre le premier,
3531
e de la salle à manger s’ouvre à deux battants et
le
comte entre le premier, à grands pas, suivi par toute la famille et p
3532
e entre le premier, à grands pas, suivi par toute
la
famille et par les hôtes qui se précipitent pour atteindre leur place
3533
, à grands pas, suivi par toute la famille et par
les
hôtes qui se précipitent pour atteindre leur place en même temps que
3534
itent pour atteindre leur place en même temps que
le
maître la sienne : car à peine arrivé il crie le nom d’un des enfants
3535
le maître la sienne : car à peine arrivé il crie
le
nom d’un des enfants et celui-ci récite une courte prière, durant laq
3536
tre la sienne : car à peine arrivé il crie le nom
d’
un des enfants et celui-ci récite une courte prière, durant laquelle i
3537
te prière, durant laquelle il n’est plus question
de
bouger. La table immense est chargée des produits du domaine. On boit
3538
durant laquelle il n’est plus question de bouger.
La
table immense est chargée des produits du domaine. On boit un peu de
3539
un peu de bière, mais surtout du lait froid dans
de
grands verres : il n’est pas de boisson plus rafraîchissante, ni qui
3540
u lait froid dans de grands verres : il n’est pas
de
boisson plus rafraîchissante, ni qui se marie mieux avec le goût du c
3541
plus rafraîchissante, ni qui se marie mieux avec
le
goût du chevreuil, dont on mange presque chaque jour. L’après-midi es
3542
du chevreuil, dont on mange presque chaque jour.
L’
après-midi est consacré à l’inspection des terres. Chaque jour nous pa
3543
presque chaque jour. L’après-midi est consacré à
l’
inspection des terres. Chaque jour nous partons en break à deux chevau
3544
graviat. Par des chemins à peine tracés au ras de
la
plaine sablonneuse — et parfois hors des pistes, à travers la forêt —
3545
blonneuse — et parfois hors des pistes, à travers
la
forêt —, nous gagnons la maison de l’inspecteur. On la distingue de l
3546
rs des pistes, à travers la forêt —, nous gagnons
la
maison de l’inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pie
3547
tes, à travers la forêt —, nous gagnons la maison
de
l’inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi
3548
, à travers la forêt —, nous gagnons la maison de
l’
inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les
3549
rêt —, nous gagnons la maison de l’inspecteur. On
la
distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique
3550
agnons la maison de l’inspecteur. On la distingue
de
loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique au toit de c
3551
nspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse
de
pierre parmi les fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’ins
3552
distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi
les
fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’inspecteur paraît su
3553
de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes
de
brique au toit de chaume. Un appel : l’inspecteur paraît sur son seui
3554
isse de pierre parmi les fermes de brique au toit
de
chaume. Un appel : l’inspecteur paraît sur son seuil au garde à vous,
3555
es fermes de brique au toit de chaume. Un appel :
l’
inspecteur paraît sur son seuil au garde à vous, et débite son rapport
3556
. Une cordialité militaire, sans nulle gêne, unit
le
maître et les subordonnés. Le travail aux champs se fait par équipes
3557
ité militaire, sans nulle gêne, unit le maître et
les
subordonnés. Le travail aux champs se fait par équipes très nombreuse
3558
ns nulle gêne, unit le maître et les subordonnés.
Le
travail aux champs se fait par équipes très nombreuses, à grand renfo
3559
uipes très nombreuses, à grand renfort de chevaux
de
trait, car la nature marécageuse du sol rend les transports malaisés.
3560
breuses, à grand renfort de chevaux de trait, car
la
nature marécageuse du sol rend les transports malaisés. Souvent, ap
3561
x de trait, car la nature marécageuse du sol rend
les
transports malaisés. Souvent, après dîner, l’on repart en voiture o
3562
les transports malaisés. Souvent, après dîner,
l’
on repart en voiture ouverte à travers les prairies ou le long des lis
3563
s dîner, l’on repart en voiture ouverte à travers
les
prairies ou le long des lisières surprendre les chevreuils et repérer
3564
s les prairies ou le long des lisières surprendre
les
chevreuils et repérer les « bocks » mal encornés. Le fusil déposé sur
3565
des lisières surprendre les chevreuils et repérer
les
« bocks » mal encornés. Le fusil déposé sur nos genoux, par habitude,
3566
chevreuils et repérer les « bocks » mal encornés.
Le
fusil déposé sur nos genoux, par habitude, ce sera pour tirer un chat
3567
de, ce sera pour tirer un chat qui rôde autour de
la
faisanderie. Les couchers de soleil à cette saison se prolongent jusq
3568
tirer un chat qui rôde autour de la faisanderie.
Les
couchers de soleil à cette saison se prolongent jusque vers onze heur
3569
t qui rôde autour de la faisanderie. Les couchers
de
soleil à cette saison se prolongent jusque vers onze heures, en des j
3570
jusque vers onze heures, en des jeux infinis sur
les
vastes ondulations des terres. À l’horizon, des ailes de moulin tourn
3571
infinis sur les vastes ondulations des terres. À
l’
horizon, des ailes de moulin tournent, ou scintille une mer dorée. Tou
3572
es ondulations des terres. À l’horizon, des ailes
de
moulin tournent, ou scintille une mer dorée. Tout impose un silence h
3573
une mer dorée. Tout impose un silence heureux.
Les
plus proches voisins habitent à 40 km, plus loin vers la Russie, dans
3574
proches voisins habitent à 40 km, plus loin vers
la
Russie, dans un pays de lacs, de forêts maigres et de pâturages, à pe
3575
t à 40 km, plus loin vers la Russie, dans un pays
de
lacs, de forêts maigres et de pâturages, à perte de vue. Nous sommes
3576
, plus loin vers la Russie, dans un pays de lacs,
de
forêts maigres et de pâturages, à perte de vue. Nous sommes pour troi
3577
ussie, dans un pays de lacs, de forêts maigres et
de
pâturages, à perte de vue. Nous sommes pour trois jours, les hôtes d’
3578
es, à perte de vue. Nous sommes pour trois jours,
les
hôtes d’une immense demeure en briques roses et jaunes, entourée de p
3579
e de vue. Nous sommes pour trois jours, les hôtes
d’
une immense demeure en briques roses et jaunes, entourée de prairies a
3580
ense demeure en briques roses et jaunes, entourée
de
prairies aux bosquets vaporeux. Des parterres de fleurs descendent ju
3581
de prairies aux bosquets vaporeux. Des parterres
de
fleurs descendent jusqu’à la rivière immobile, élargie en un lac sinu
3582
oreux. Des parterres de fleurs descendent jusqu’à
la
rivière immobile, élargie en un lac sinueux. Un paysage peint à l’aqu
3583
le, élargie en un lac sinueux. Un paysage peint à
l’
aquarelle. Le château, salmigondis de styles, résume, si l’on peut dir
3584
n un lac sinueux. Un paysage peint à l’aquarelle.
Le
château, salmigondis de styles, résume, si l’on peut dire, une enquêt
3585
sage peint à l’aquarelle. Le château, salmigondis
de
styles, résume, si l’on peut dire, une enquête que poursuivit son con
3586
le. Le château, salmigondis de styles, résume, si
l’
on peut dire, une enquête que poursuivit son constructeur parmi toutes
3587
uête que poursuivit son constructeur parmi toutes
les
demeures seigneuriales d’Europe, aux fins de réunir les éléments les
3588
structeur parmi toutes les demeures seigneuriales
d’
Europe, aux fins de réunir les éléments les plus confortables des dive
3589
meures seigneuriales d’Europe, aux fins de réunir
les
éléments les plus confortables des diverses architectures. Un château
3590
uriales d’Europe, aux fins de réunir les éléments
les
plus confortables des diverses architectures. Un château construit su
3591
diverses architectures. Un château construit sur
la
seule notion du confort. Voilà sans doute la figuration la plus concr
3592
sur la seule notion du confort. Voilà sans doute
la
figuration la plus concrète de l’égarement des esprits au siècle dern
3593
notion du confort. Voilà sans doute la figuration
la
plus concrète de l’égarement des esprits au siècle dernier. Qui dit s
3594
. Voilà sans doute la figuration la plus concrète
de
l’égarement des esprits au siècle dernier. Qui dit style d’abord dit
3595
oilà sans doute la figuration la plus concrète de
l’
égarement des esprits au siècle dernier. Qui dit style d’abord dit sac
3596
er. Qui dit style d’abord dit sacrifice à une vue
de
l’esprit. Qui dit confort d’abord dit refus de tout style. Cette mais
3597
Qui dit style d’abord dit sacrifice à une vue de
l’
esprit. Qui dit confort d’abord dit refus de tout style. Cette maison
3598
ue de l’esprit. Qui dit confort d’abord dit refus
de
tout style. Cette maison qui offre les commodités du plus luxueux hom
3599
d dit refus de tout style. Cette maison qui offre
les
commodités du plus luxueux home anglais, est monstrueuse jusqu’à l’im
3600
lus luxueux home anglais, est monstrueuse jusqu’à
l’
impudeur. Apparemment, l’on est ici plus à la page que chez mes burgra
3601
est monstrueuse jusqu’à l’impudeur. Apparemment,
l’
on est ici plus à la page que chez mes burgraves. Les maîtres de lieu
3602
qu’à l’impudeur. Apparemment, l’on est ici plus à
la
page que chez mes burgraves. Les maîtres de lieu sourient un peu de «
3603
on est ici plus à la page que chez mes burgraves.
Les
maîtres de lieu sourient un peu de « ceux de W. qui ne boivent que du
3604
lus à la page que chez mes burgraves. Les maîtres
de
lieu sourient un peu de « ceux de W. qui ne boivent que du lait ». Et
3605
es. Les maîtres de lieu sourient un peu de « ceux
de
W. qui ne boivent que du lait ». Et nous servent du thé bouillant où
3606
s servent du thé bouillant où nagent des morceaux
de
glace. À ces détails près, le même train de vie bottée. Les écuries r
3607
nagent des morceaux de glace. À ces détails près,
le
même train de vie bottée. Les écuries résonnent sous les coups de pie
3608
ceaux de glace. À ces détails près, le même train
de
vie bottée. Les écuries résonnent sous les coups de pied des étalons
3609
À ces détails près, le même train de vie bottée.
Les
écuries résonnent sous les coups de pied des étalons de course, géant
3610
e train de vie bottée. Les écuries résonnent sous
les
coups de pied des étalons de course, géants aux longs fessiers noirs
3611
ries résonnent sous les coups de pied des étalons
de
course, géants aux longs fessiers noirs luisants. Sur la plaine éblou
3612
se, géants aux longs fessiers noirs luisants. Sur
la
plaine éblouissante, des troupeaux de chevaux pâturent en liberté. Le
3613
isants. Sur la plaine éblouissante, des troupeaux
de
chevaux pâturent en liberté. Le meuglement des bœufs ne s’apaise pas
3614
te, des troupeaux de chevaux pâturent en liberté.
Le
meuglement des bœufs ne s’apaise pas sous le soleil et nous entoure d
3615
rté. Le meuglement des bœufs ne s’apaise pas sous
le
soleil et nous entoure d’une rumeur animale tenace comme toutes ces o
3616
fs ne s’apaise pas sous le soleil et nous entoure
d’
une rumeur animale tenace comme toutes ces odeurs de la terre, des her
3617
une rumeur animale tenace comme toutes ces odeurs
de
la terre, des herbes et des bêtes. Parfois souffle le vent marin ; et
3618
rumeur animale tenace comme toutes ces odeurs de
la
terre, des herbes et des bêtes. Parfois souffle le vent marin ; et de
3619
a terre, des herbes et des bêtes. Parfois souffle
le
vent marin ; et des cigognes filent sur nos têtes, tirant leurs patte
3620
ilent sur nos têtes, tirant leurs pattes roses. À
l’
horizon toujours passent des voiles, mais on ne voit pas la mer. Dan
3621
toujours passent des voiles, mais on ne voit pas
la
mer. Dans la bibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la
3622
nt des voiles, mais on ne voit pas la mer. Dans
la
bibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la chasse, j’ai tr
3623
ais on ne voit pas la mer. Dans la bibliothèque
de
Waldburg, qui sent encore le cuir, la chasse, j’ai trouvé tous les cl
3624
Dans la bibliothèque de Waldburg, qui sent encore
le
cuir, la chasse, j’ai trouvé tous les classiques français, et l’Encyc
3625
ibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir,
la
chasse, j’ai trouvé tous les classiques français, et l’Encyclopédie.
3626
sent encore le cuir, la chasse, j’ai trouvé tous
les
classiques français, et l’Encyclopédie. Même, un petit Voltaire dépar
3627
sse, j’ai trouvé tous les classiques français, et
l’
Encyclopédie. Même, un petit Voltaire dépareillé, « ex-libris de la Ma
3628
. Même, un petit Voltaire dépareillé, « ex-libris
de
la Malmaison ». (Une négligence sans doute, on l’aura retrouvé dans l
3629
ême, un petit Voltaire dépareillé, « ex-libris de
la
Malmaison ». (Une négligence sans doute, on l’aura retrouvé dans les
3630
de la Malmaison ». (Une négligence sans doute, on
l’
aura retrouvé dans les poches d’un uniforme au retour de la campagne d
3631
ne négligence sans doute, on l’aura retrouvé dans
les
poches d’un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoire
3632
ce sans doute, on l’aura retrouvé dans les poches
d’
un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoires, en fran
3633
retrouvé dans les poches d’un uniforme au retour
de
la campagne de France.) Les mémoires, en français, d’un des burgraves
3634
trouvé dans les poches d’un uniforme au retour de
la
campagne de France.) Les mémoires, en français, d’un des burgraves zu
3635
les poches d’un uniforme au retour de la campagne
de
France.) Les mémoires, en français, d’un des burgraves zu D. qui fut
3636
’un uniforme au retour de la campagne de France.)
Les
mémoires, en français, d’un des burgraves zu D. qui fut gouverneur d’
3637
a campagne de France.) Les mémoires, en français,
d’
un des burgraves zu D. qui fut gouverneur d’Orange, et eut pour précep
3638
çais, d’un des burgraves zu D. qui fut gouverneur
d’
Orange, et eut pour précepteur Pierre Bayle en personne, dont il se mo
3639
onvient. Ensuite, tout Schleiermacher, un protégé
de
la famille. Mais à partir de cette date, il n’y a plus que les Gothas
3640
ient. Ensuite, tout Schleiermacher, un protégé de
la
famille. Mais à partir de cette date, il n’y a plus que les Gothas. L
3641
e. Mais à partir de cette date, il n’y a plus que
les
Gothas. Les modernes sont fous et ridicules. Ils ont mis un sellier à
3642
rtir de cette date, il n’y a plus que les Gothas.
Les
modernes sont fous et ridicules. Ils ont mis un sellier à la tête du
3643
sont fous et ridicules. Ils ont mis un sellier à
la
tête du Reich, et seuls les insensés voudraient lire ce qu’ils publie
3644
s ont mis un sellier à la tête du Reich, et seuls
les
insensés voudraient lire ce qu’ils publient. Éducation L’obéiss
3645
udraient lire ce qu’ils publient. Éducation
L’
obéissance militaire aux parents, que l’on exige des jeunes Prussiens,
3646
cation L’obéissance militaire aux parents, que
l’
on exige des jeunes Prussiens, ferait hurler nos pédagogues. Mais elle
3647
rler nos pédagogues. Mais elle s’unit à un régime
de
responsabilités concrètes qui sauvegarde l’initiative personnelle plu
3648
égime de responsabilités concrètes qui sauvegarde
l’
initiative personnelle plus réellement que ne le fait l’éducation libé
3649
e l’initiative personnelle plus réellement que ne
le
fait l’éducation libérale et bourgeoise. Ici le risque et la violence
3650
iative personnelle plus réellement que ne le fait
l’
éducation libérale et bourgeoise. Ici le risque et la violence physiqu
3651
e le fait l’éducation libérale et bourgeoise. Ici
le
risque et la violence physiques jouent dans la vie de chaque jour leu
3652
ducation libérale et bourgeoise. Ici le risque et
la
violence physiques jouent dans la vie de chaque jour leur rôle nature
3653
ci le risque et la violence physiques jouent dans
la
vie de chaque jour leur rôle naturel et tonique. On lâche les garçons
3654
isque et la violence physiques jouent dans la vie
de
chaque jour leur rôle naturel et tonique. On lâche les garçons à chev
3655
haque jour leur rôle naturel et tonique. On lâche
les
garçons à cheval dès 6 ans ; plus tard on leur confie des poulains à
3656
des poulains à dresser — et ce n’est pas commode
de
se trouver devant une bête en liberté qu’on doit saisir d’abord, puis
3657
ompter. Ou bien ce sont des tâches précises, dans
l’
organisation des domaines ou des chasses ; des commandements, des déci
3658
des commandements, des décisions pratiques, tout
l’
apprentissage de la conduite des hommes, des animaux et des éléments n
3659
ts, des décisions pratiques, tout l’apprentissage
de
la conduite des hommes, des animaux et des éléments naturels. Pour no
3660
des décisions pratiques, tout l’apprentissage de
la
conduite des hommes, des animaux et des éléments naturels. Pour nous,
3661
Pour nous, nous développons un sens plutôt fictif
de
la responsabilité. Nous développons au vrai un hamlétisme. Notre prép
3662
r nous, nous développons un sens plutôt fictif de
la
responsabilité. Nous développons au vrai un hamlétisme. Notre prépara
3663
oppons au vrai un hamlétisme. Notre préparation à
l’
autonomie de l’individu demeure théorique, et son application est indé
3664
ai un hamlétisme. Notre préparation à l’autonomie
de
l’individu demeure théorique, et son application est indéfiniment ret
3665
un hamlétisme. Notre préparation à l’autonomie de
l’
individu demeure théorique, et son application est indéfiniment retard
3666
et par toute notre ambiance éducatrice, un organe
de
l’autonomie qui ne trouve nulle part où s’exercer : d’où les conflits
3667
par toute notre ambiance éducatrice, un organe de
l’
autonomie qui ne trouve nulle part où s’exercer : d’où les conflits pu
3668
autonomie qui ne trouve nulle part où s’exercer :
d’
où les conflits purement « moraux » qui nous empêtrent, jusqu’au-delà
3669
omie qui ne trouve nulle part où s’exercer : d’où
les
conflits purement « moraux » qui nous empêtrent, jusqu’au-delà de nos
3670
ment « moraux » qui nous empêtrent, jusqu’au-delà
de
nos adolescences. Jeux des enfants prussiens : s’asseoir à six ou sep
3671
genoux plient. Dresser des étalons en liberté, et
les
monter à poil. Jouer à football avec les hérissons du parc. Capturer
3672
erté, et les monter à poil. Jouer à football avec
les
hérissons du parc. Capturer des canards sauvages et leur faire subir
3673
rminablement à table. — Cruauté franche est signe
de
santé. Tacite prétend que l’élan est un animal aux jambes dépourvue
3674
franche est signe de santé. Tacite prétend que
l’
élan est un animal aux jambes dépourvues d’articulations, en sorte qu’
3675
nd que l’élan est un animal aux jambes dépourvues
d’
articulations, en sorte qu’il ne peut se coucher et doit dormir appuyé
3676
se coucher et doit dormir appuyé aux arbres. Pour
le
capturer, les indigènes scient à moitié les troncs, et lorsque l’élan
3677
doit dormir appuyé aux arbres. Pour le capturer,
les
indigènes scient à moitié les troncs, et lorsque l’élan s’appuie, l’a
3678
. Pour le capturer, les indigènes scient à moitié
les
troncs, et lorsque l’élan s’appuie, l’arbre cède et la bête se trouve
3679
indigènes scient à moitié les troncs, et lorsque
l’
élan s’appuie, l’arbre cède et la bête se trouve sans défense. Tacite
3680
à moitié les troncs, et lorsque l’élan s’appuie,
l’
arbre cède et la bête se trouve sans défense. Tacite n’a jamais vu d’é
3681
oncs, et lorsque l’élan s’appuie, l’arbre cède et
la
bête se trouve sans défense. Tacite n’a jamais vu d’élan. Ces animaux
3682
bête se trouve sans défense. Tacite n’a jamais vu
d’
élan. Ces animaux d’allure fantastique déambulent à la tombée de la nu
3683
défense. Tacite n’a jamais vu d’élan. Ces animaux
d’
allure fantastique déambulent à la tombée de la nuit dans les clairièr
3684
an. Ces animaux d’allure fantastique déambulent à
la
tombée de la nuit dans les clairières, comme des arbres qui se mettra
3685
imaux d’allure fantastique déambulent à la tombée
de
la nuit dans les clairières, comme des arbres qui se mettraient en ma
3686
ux d’allure fantastique déambulent à la tombée de
la
nuit dans les clairières, comme des arbres qui se mettraient en march
3687
antastique déambulent à la tombée de la nuit dans
les
clairières, comme des arbres qui se mettraient en marche, et sont tel
3688
membres ne se déboîtent. On a vu des élans gagner
de
vitesse les automobiles le long de la chaussée de Königsberg. Combie
3689
se déboîtent. On a vu des élans gagner de vitesse
les
automobiles le long de la chaussée de Königsberg. Combien j’aimais c
3690
lans gagner de vitesse les automobiles le long de
la
chaussée de Königsberg. Combien j’aimais ces randonnées interminable
3691
de vitesse les automobiles le long de la chaussée
de
Königsberg. Combien j’aimais ces randonnées interminables dans les f
3692
ombien j’aimais ces randonnées interminables dans
les
forêts de chasse : on allait deux à deux, l’arme en ballant, durant d
3693
mais ces randonnées interminables dans les forêts
de
chasse : on allait deux à deux, l’arme en ballant, durant des heures
3694
ans les forêts de chasse : on allait deux à deux,
l’
arme en ballant, durant des heures sans dire un mot, — car il ne falla
3695
ans dire un mot, — car il ne fallait pas effrayer
le
gibier sensible au moindre son de voix humaine. (Tout cela c’était po
3696
it pas effrayer le gibier sensible au moindre son
de
voix humaine. (Tout cela c’était pour préparer quelque battue prochai
3697
ils trouvent leur plaisir dans ces longs mutismes
de
guetteurs, dont on ressort ivre et comme possédé par les génies du mo
3698
tteurs, dont on ressort ivre et comme possédé par
les
génies du monde végétal. Il y a une sorte de violence aussi dans ces
3699
par les génies du monde végétal. Il y a une sorte
de
violence aussi dans ces bains de silence forestier. Qui peut en calcu
3700
Il y a une sorte de violence aussi dans ces bains
de
silence forestier. Qui peut en calculer le bienfait d’énergie ? Les j
3701
bains de silence forestier. Qui peut en calculer
le
bienfait d’énergie ? Les journées, même de vacances, baignent ici dan
3702
lence forestier. Qui peut en calculer le bienfait
d’
énergie ? Les journées, même de vacances, baignent ici dans une atmosp
3703
ier. Qui peut en calculer le bienfait d’énergie ?
Les
journées, même de vacances, baignent ici dans une atmosphère goethéen
3704
lculer le bienfait d’énergie ? Les journées, même
de
vacances, baignent ici dans une atmosphère goethéenne d’utilité, — au
3705
nces, baignent ici dans une atmosphère goethéenne
d’
utilité, — au sens élevé et civilisateur du terme. La notion moderne d
3706
tilité, — au sens élevé et civilisateur du terme.
La
notion moderne de superflu, qui donne aux plaisirs mondains l’aspect
3707
élevé et civilisateur du terme. La notion moderne
de
superflu, qui donne aux plaisirs mondains l’aspect absurde que nous l
3708
erne de superflu, qui donne aux plaisirs mondains
l’
aspect absurde que nous leur connaissons, cette superstition ne leur e
3709
ontredisent pas leurs travaux et n’en figurent ni
la
revanche ni l’évasion : mais ils s’ordonnent tranquillement dans une
3710
leurs travaux et n’en figurent ni la revanche ni
l’
évasion : mais ils s’ordonnent tranquillement dans une activité qui ti
3711
ent dans une activité qui tire son unité foncière
de
la nature même des choses. Le rythme perpétuellement syncopé du trav
3712
dans une activité qui tire son unité foncière de
la
nature même des choses. Le rythme perpétuellement syncopé du travail
3713
son unité foncière de la nature même des choses.
Le
rythme perpétuellement syncopé du travail et du loisir, créé par l’éc
3714
llement syncopé du travail et du loisir, créé par
l’
économie citadine, ici s’apaise et laisse percevoir les rythmes nature
3715
onomie citadine, ici s’apaise et laisse percevoir
les
rythmes naturels, l’ample respiration élémentaire. Je ne défendrai
3716
’apaise et laisse percevoir les rythmes naturels,
l’
ample respiration élémentaire. Je ne défendrai pas les junkers…
3717
e respiration élémentaire. Je ne défendrai pas
les
junkers… J’entends les gens de villes : « Ça ne doit pas être bien
3718
Je ne défendrai pas les junkers… J’entends
les
gens de villes : « Ça ne doit pas être bien drôle à la longue ! » Ave
3719
défendrai pas les junkers… J’entends les gens
de
villes : « Ça ne doit pas être bien drôle à la longue ! » Avec cela q
3720
» Avec cela que vos plaisirs vous amusent tant !
La
neurasthénie n’est-elle pas une de vos inventions ? Et toute votre li
3721
amusent tant ! La neurasthénie n’est-elle pas une
de
vos inventions ? Et toute votre littérature est occupée à décrire vos
3722
vos satiétés, quand elle ne se met pas au service
d’
un régime de surenchère désespérée des sensations de luxe, dont elle c
3723
, quand elle ne se met pas au service d’un régime
de
surenchère désespérée des sensations de luxe, dont elle constitue la
3724
un régime de surenchère désespérée des sensations
de
luxe, dont elle constitue la publicité. Mais il s’agit bien de plaisi
3725
pérée des sensations de luxe, dont elle constitue
la
publicité. Mais il s’agit bien de plaisirs ! Il s’agirait plutôt du s
3726
elle constitue la publicité. Mais il s’agit bien
de
plaisirs ! Il s’agirait plutôt du seul plaisir de vivre. Que demander
3727
de plaisirs ! Il s’agirait plutôt du seul plaisir
de
vivre. Que demander à un milieu social ? Qu’il vous laisse la franchi
3728
e demander à un milieu social ? Qu’il vous laisse
la
franchise du cœur. Ici, l’on vous aime plus naïvement qu’ailleurs. On
3729
al ? Qu’il vous laisse la franchise du cœur. Ici,
l’
on vous aime plus naïvement qu’ailleurs. On ne vous cache pas, pour de
3730
naïvement qu’ailleurs. On ne vous cache pas, pour
de
ténébreuses habiletés salonnardes, l’intérêt et la sympathie qu’on a
3731
e pas, pour de ténébreuses habiletés salonnardes,
l’
intérêt et la sympathie qu’on a pour vous, ou qu’on n’a pas. Nulle gên
3732
e ténébreuses habiletés salonnardes, l’intérêt et
la
sympathie qu’on a pour vous, ou qu’on n’a pas. Nulle gêne d’aucune so
3733
e qu’on a pour vous, ou qu’on n’a pas. Nulle gêne
d’
aucune sorte. Le confort véritable de vivre, comment le concevoir aill
3734
ous, ou qu’on n’a pas. Nulle gêne d’aucune sorte.
Le
confort véritable de vivre, comment le concevoir ailleurs qu’au sein
3735
. Nulle gêne d’aucune sorte. Le confort véritable
de
vivre, comment le concevoir ailleurs qu’au sein d’une nature qui, san
3736
une sorte. Le confort véritable de vivre, comment
le
concevoir ailleurs qu’au sein d’une nature qui, sans cesse exige de l
3737
urs qu’au sein d’une nature qui, sans cesse exige
de
l’homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’a
3738
qu’au sein d’une nature qui, sans cesse exige de
l’
homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’autr
3739
ein d’une nature qui, sans cesse exige de l’homme
la
maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’autres empêc
3740
e qui, sans cesse exige de l’homme la maîtrise et
le
déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’autres empêchements que ceu
3741
se exige de l’homme la maîtrise et le déploiement
de
ses instincts ? Ici, pas d’autres empêchements que ceux-là justement
3742
ments que ceux-là justement qui donnent sa raison
d’
être au labeur des journées. Nous voici délivrés de la grande bourgeoi
3743
’être au labeur des journées. Nous voici délivrés
de
la grande bourgeoisie, de ces gens qui croient devoir, ou se devoir.
3744
re au labeur des journées. Nous voici délivrés de
la
grande bourgeoisie, de ces gens qui croient devoir, ou se devoir. De
3745
es. Nous voici délivrés de la grande bourgeoisie,
de
ces gens qui croient devoir, ou se devoir. De ces gens grossièrement
3746
ie, de ces gens qui croient devoir, ou se devoir.
De
ces gens grossièrement distingués qui ne vous ont pas vu, qui détourn
3747
distingués qui ne vous ont pas vu, qui détournent
la
tête avec une expression méprisable de gêne et de morgue. Et dire que
3748
détournent la tête avec une expression méprisable
de
gêne et de morgue. Et dire que ce sont ces gens-là — cette tourbe — q
3749
la tête avec une expression méprisable de gêne et
de
morgue. Et dire que ce sont ces gens-là — cette tourbe — qui se perme
3750
nt ces gens-là — cette tourbe — qui se permettent
de
juger la noblesse terrienne. Dire que ce sont ces bourgeois-là, basse
3751
ns-là — cette tourbe — qui se permettent de juger
la
noblesse terrienne. Dire que ce sont ces bourgeois-là, bassement inca
3752
ue ce sont ces bourgeois-là, bassement incapables
de
brutalité ou d’orgueil physiques, en revanche hérissés de vanités mor
3753
ourgeois-là, bassement incapables de brutalité ou
d’
orgueil physiques, en revanche hérissés de vanités morales et de provo
3754
lité ou d’orgueil physiques, en revanche hérissés
de
vanités morales et de provocantes civilités, qui viennent vous dire,
3755
iques, en revanche hérissés de vanités morales et
de
provocantes civilités, qui viennent vous dire, entre deux bridges, qu
3756
, qui viennent vous dire, entre deux bridges, que
les
« terreux » sont démodés. Bien joli quand ils ne leur reprochent pas
3757
modés. Bien joli quand ils ne leur reprochent pas
d’
ignorer Proust. Mais quoi, je ne défendrai pas les junkers, — dont le
3758
d’ignorer Proust. Mais quoi, je ne défendrai pas
les
junkers, — dont le nom seul est une injure dans tant de bouches, une
3759
ais quoi, je ne défendrai pas les junkers, — dont
le
nom seul est une injure dans tant de bouches, une injure dans le vide
3760
une injure dans tant de bouches, une injure dans
le
vide, d’ailleurs, car ceux qui l’utilisent ignorent ce qu’elle désign
3761
une injure dans le vide, d’ailleurs, car ceux qui
l’
utilisent ignorent ce qu’elle désigne. Un tel milieu ne sollicite guèr
3762
qu’elle désigne. Un tel milieu ne sollicite guère
de
l’étranger je ne sais quelle admiration sentimentale ou esthétique. Q
3763
elle désigne. Un tel milieu ne sollicite guère de
l’
étranger je ne sais quelle admiration sentimentale ou esthétique. Que
3764
tion sentimentale ou esthétique. Que feraient-ils
de
mes éloges, même sincères ? Ils n’ont jamais mis en question la néces
3765
même sincères ? Ils n’ont jamais mis en question
la
nécessité de leur genre de vie, et verraient une sorte d’inconvenance
3766
s ? Ils n’ont jamais mis en question la nécessité
de
leur genre de vie, et verraient une sorte d’inconvenance dans l’appro
3767
jamais mis en question la nécessité de leur genre
de
vie, et verraient une sorte d’inconvenance dans l’approbation que je
3768
sité de leur genre de vie, et verraient une sorte
d’
inconvenance dans l’approbation que je pourrais leur en témoigner. Bon
3769
e vie, et verraient une sorte d’inconvenance dans
l’
approbation que je pourrais leur en témoigner. Bon pour les gens des v
3770
ation que je pourrais leur en témoigner. Bon pour
les
gens des villes, toujours inquiets, toujours doutant de leurs raisons
3771
s des villes, toujours inquiets, toujours doutant
de
leurs raisons d’êtres et de leur actualité, de quêter chez autrui des
3772
jours inquiets, toujours doutant de leurs raisons
d’
êtres et de leur actualité, de quêter chez autrui des confirmations, d
3773
ets, toujours doutant de leurs raisons d’êtres et
de
leur actualité, de quêter chez autrui des confirmations, des flatteri
3774
nt de leurs raisons d’êtres et de leur actualité,
de
quêter chez autrui des confirmations, des flatteries, toutes choses q
3775
ons, des flatteries, toutes choses qui impliquent
la
possibilité d’un doute. Il n’y a d’aristocratie qu’inévitable. On pou
3776
ries, toutes choses qui impliquent la possibilité
d’
un doute. Il n’y a d’aristocratie qu’inévitable. On pourrait dire : de
3777
ui impliquent la possibilité d’un doute. Il n’y a
d’
aristocratie qu’inévitable. On pourrait dire : de droit divin, c’est e
3778
d’aristocratie qu’inévitable. On pourrait dire :
de
droit divin, c’est encore à dire : du droit des choses telles que Die
3779
core à dire : du droit des choses telles que Dieu
les
a créées. Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considé
3780
choses telles que Dieu les a créées. Aristocratie
de
l’être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste d
3781
ses telles que Dieu les a créées. Aristocratie de
l’
être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l
3782
que Dieu les a créées. Aristocratie de l’être et
de
la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bo
3783
e Dieu les a créées. Aristocratie de l’être et de
la
fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bourg
3784
es. Aristocratie de l’être et de la fonction, non
de
la considération. Et tout le reste de l’Europe bourgeoise fait nouvea
3785
Aristocratie de l’être et de la fonction, non de
la
considération. Et tout le reste de l’Europe bourgeoise fait nouveau r
3786
de la fonction, non de la considération. Et tout
le
reste de l’Europe bourgeoise fait nouveau riche, en regard de cette s
3787
nction, non de la considération. Et tout le reste
de
l’Europe bourgeoise fait nouveau riche, en regard de cette seule clas
3788
ion, non de la considération. Et tout le reste de
l’
Europe bourgeoise fait nouveau riche, en regard de cette seule classe
3789
n regard de cette seule classe qui ne doit rien à
l’
opinion. Non, je ne peux rien voir dans la « féodalité » de ces junk
3790
ien à l’opinion. Non, je ne peux rien voir dans
la
« féodalité » de ces junkers, qui soit plus répugnant pour notre huma
3791
Non, je ne peux rien voir dans la « féodalité »
de
ces junkers, qui soit plus répugnant pour notre humanité que tant de
3792
ur notre humanité que tant de systèmes prônés par
les
partisans du progrès, — le taylorisme par exemple. J’y vois, au contr
3793
e systèmes prônés par les partisans du progrès, —
le
taylorisme par exemple. J’y vois, au contraire, des avantages « humai
3794
ains » peu contestables : des rapports personnels
de
maître à serviteur, des rapports personnels de l’homme à la nature so
3795
ls de maître à serviteur, des rapports personnels
de
l’homme à la nature sous toutes ses formes, animales, végétales, dome
3796
de maître à serviteur, des rapports personnels de
l’
homme à la nature sous toutes ses formes, animales, végétales, domesti
3797
à serviteur, des rapports personnels de l’homme à
la
nature sous toutes ses formes, animales, végétales, domestiquées ou c
3798
Je suis scandalisé quand je vois se croiser dans
la
rue sans se connaître un patron d’usine et l’un de ses mécanos. Ou en
3799
e croiser dans la rue sans se connaître un patron
d’
usine et l’un de ses mécanos. Ou encore, quand le patron salue avec ce
3800
a rue sans se connaître un patron d’usine et l’un
de
ses mécanos. Ou encore, quand le patron salue avec ce mélange de haut
3801
d’usine et l’un de ses mécanos. Ou encore, quand
le
patron salue avec ce mélange de hauteur, de méfiance et de gêne auque
3802
Ou encore, quand le patron salue avec ce mélange
de
hauteur, de méfiance et de gêne auquel répond chez l’inférieur un mél
3803
quand le patron salue avec ce mélange de hauteur,
de
méfiance et de gêne auquel répond chez l’inférieur un mélange de crai
3804
salue avec ce mélange de hauteur, de méfiance et
de
gêne auquel répond chez l’inférieur un mélange de crainte, de colère
3805
auteur, de méfiance et de gêne auquel répond chez
l’
inférieur un mélange de crainte, de colère et de gêne guère moins igno
3806
de gêne auquel répond chez l’inférieur un mélange
de
crainte, de colère et de gêne guère moins ignoble. Mais je ne suis pa
3807
el répond chez l’inférieur un mélange de crainte,
de
colère et de gêne guère moins ignoble. Mais je ne suis pas scandalisé
3808
z l’inférieur un mélange de crainte, de colère et
de
gêne guère moins ignoble. Mais je ne suis pas scandalisé quand le bur
3809
ins ignoble. Mais je ne suis pas scandalisé quand
le
burgrave salue cordialement et franchement des paysans qui s’inclinen
3810
i s’inclinent sans contrainte. Est-ce là dire que
le
« retour » à tel état soit souhaitable ? La question me paraît, au co
3811
e que le « retour » à tel état soit souhaitable ?
La
question me paraît, au concret, dépourvue de sens. Mais au nom de la
3812
le ? La question me paraît, au concret, dépourvue
de
sens. Mais au nom de la dignité humaine, je demande que les journalis
3813
ît, au concret, dépourvue de sens. Mais au nom de
la
dignité humaine, je demande que les journalistes cessent de déverser
3814
Mais au nom de la dignité humaine, je demande que
les
journalistes cessent de déverser sur une classe qu’ils ne peuvent con
3815
humaine, je demande que les journalistes cessent
de
déverser sur une classe qu’ils ne peuvent connaître une haine convent
3816
onnelle et bassement démagogique. C’est ainsi que
les
frères Tharaud dénonçaient récemment encore, dans un grand quotidien
3817
nçaient récemment encore, dans un grand quotidien
de
Paris, ces junkers qui, d’après eux, constituent la fraction d’humani
3818
Paris, ces junkers qui, d’après eux, constituent
la
fraction d’humanité la plus dangereuse pour la paix du monde. Quoi !
3819
junkers qui, d’après eux, constituent la fraction
d’
humanité la plus dangereuse pour la paix du monde. Quoi ! cette centai
3820
, d’après eux, constituent la fraction d’humanité
la
plus dangereuse pour la paix du monde. Quoi ! cette centaine de famil
3821
nt la fraction d’humanité la plus dangereuse pour
la
paix du monde. Quoi ! cette centaine de familles écartées du pouvoir
3822
euse pour la paix du monde. Quoi ! cette centaine
de
familles écartées du pouvoir dans leur propre patrie depuis la chute
3823
cartées du pouvoir dans leur propre patrie depuis
la
chute de Bismarck, coupées de tous liens politiques avec une Europe b
3824
u pouvoir dans leur propre patrie depuis la chute
de
Bismarck, coupées de tous liens politiques avec une Europe bourgeoise
3825
ropre patrie depuis la chute de Bismarck, coupées
de
tous liens politiques avec une Europe bourgeoise, résignée à laisser
3826
eur — cette race désarmée qui ne subsiste que par
la
force d’une vertu sans égale, sans espoir —, péril pour le monde ! Fa
3827
te race désarmée qui ne subsiste que par la force
d’
une vertu sans égale, sans espoir —, péril pour le monde ! Fable énorm
3828
d’une vertu sans égale, sans espoir —, péril pour
le
monde ! Fable énorme et qui étonne de la part d’écrivains d’ordinaire
3829
Fable énorme et qui étonne de la part d’écrivains
d’
ordinaire consciencieux. Les canons de Shanghai, qui rapportèrent tant
3830
de la part d’écrivains d’ordinaire consciencieux.
Les
canons de Shanghai, qui rapportèrent tant d’argent aux propriétaires
3831
d’écrivains d’ordinaire consciencieux. Les canons
de
Shanghai, qui rapportèrent tant d’argent aux propriétaires de la pres
3832
ux. Les canons de Shanghai, qui rapportèrent tant
d’
argent aux propriétaires de la presse qui publie ces articles, me para
3833
qui rapportèrent tant d’argent aux propriétaires
de
la presse qui publie ces articles, me paraissaient en ce temps-là plu
3834
i rapportèrent tant d’argent aux propriétaires de
la
presse qui publie ces articles, me paraissaient en ce temps-là plus i
3835
paraissaient en ce temps-là plus inquiétants que
le
fusil de chasse de mes hôtes prussiens. Et puis, allez donc voir un p
3836
ient en ce temps-là plus inquiétants que le fusil
de
chasse de mes hôtes prussiens. Et puis, allez donc voir un peu dans l
3837
temps-là plus inquiétants que le fusil de chasse
de
mes hôtes prussiens. Et puis, allez donc voir un peu dans les cryptes
3838
s prussiens. Et puis, allez donc voir un peu dans
les
cryptes secrètes du grand capitalisme. Satan lui-même y donne ses dir
3839
atan lui-même y donne ses directives. Et regardez
les
têtes qui vous entoureront. Personne, croyez-m’en, de la race des cav
3840
êtes qui vous entoureront. Personne, croyez-m’en,
de
la race des cavaliers. Quant à savoir si cette classe justifie sa fon
3841
s qui vous entoureront. Personne, croyez-m’en, de
la
race des cavaliers. Quant à savoir si cette classe justifie sa foncti
3842
savoir si cette classe justifie sa fonction dans
le
monde actuel, je répondrai que cela dépend après tout des possibilité
3843
t des possibilités qu’on lui en laisse. On, c’est
le
pouvoir. Or, le pouvoir se fait de plus en plus l’instrument des foli
3844
és qu’on lui en laisse. On, c’est le pouvoir. Or,
le
pouvoir se fait de plus en plus l’instrument des folies citadines. C’
3845
e pouvoir. Or, le pouvoir se fait de plus en plus
l’
instrument des folies citadines. C’est dans les villes qu’on parle des
3846
lus l’instrument des folies citadines. C’est dans
les
villes qu’on parle des temps nouveaux. Et l’on voit bien pourquoi les
3847
ans les villes qu’on parle des temps nouveaux. Et
l’
on voit bien pourquoi les intellectuels, les ouvriers, les exploités o
3848
le des temps nouveaux. Et l’on voit bien pourquoi
les
intellectuels, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes.
3849
ux. Et l’on voit bien pourquoi les intellectuels,
les
ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes. Mais au regard de
3850
it bien pourquoi les intellectuels, les ouvriers,
les
exploités ont besoin de tels mythes. Mais au regard de la nature, cel
3851
llectuels, les ouvriers, les exploités ont besoin
de
tels mythes. Mais au regard de la nature, cela n’a point de sens. Ou
3852
ités ont besoin de tels mythes. Mais au regard de
la
nature, cela n’a point de sens. Ou bien alors : cela désigne une nouv
3853
thes. Mais au regard de la nature, cela n’a point
de
sens. Ou bien alors : cela désigne une nouvelle répartition des terre
3854
une nouvelle répartition des terres. Question que
la
nature du sol résoudra seule durablement. Les landes de la Prusse-Ori
3855
que la nature du sol résoudra seule durablement.
Les
landes de la Prusse-Orientale sont très irrégulièrement fertiles ; se
3856
ure du sol résoudra seule durablement. Les landes
de
la Prusse-Orientale sont très irrégulièrement fertiles ; seules les g
3857
du sol résoudra seule durablement. Les landes de
la
Prusse-Orientale sont très irrégulièrement fertiles ; seules les gran
3858
ntale sont très irrégulièrement fertiles ; seules
les
grandes entreprises « tiennent le coup » lors d’une inondation ou d’u
3859
tiles ; seules les grandes entreprises « tiennent
le
coup » lors d’une inondation ou d’une sécheresse partielle. J’ai vu s
3860
les grandes entreprises « tiennent le coup » lors
d’
une inondation ou d’une sécheresse partielle. J’ai vu sur les terres d
3861
ses « tiennent le coup » lors d’une inondation ou
d’
une sécheresse partielle. J’ai vu sur les terres de Waldburg un villag
3862
dation ou d’une sécheresse partielle. J’ai vu sur
les
terres de Waldburg un village que le burgrave a de son propre chef «
3863
’une sécheresse partielle. J’ai vu sur les terres
de
Waldburg un village que le burgrave a de son propre chef « libéré ».
3864
J’ai vu sur les terres de Waldburg un village que
le
burgrave a de son propre chef « libéré ». C’est de tous le plus misér
3865
s terres de Waldburg un village que le burgrave a
de
son propre chef « libéré ». C’est de tous le plus misérable. Le morce
3866
e burgrave a de son propre chef « libéré ». C’est
de
tous le plus misérable. Le morcellement des terres, le stade démocrat
3867
ve a de son propre chef « libéré ». C’est de tous
le
plus misérable. Le morcellement des terres, le stade démocratique, es
3868
chef « libéré ». C’est de tous le plus misérable.
Le
morcellement des terres, le stade démocratique, est ici plus visiblem
3869
us le plus misérable. Le morcellement des terres,
le
stade démocratique, est ici plus visiblement qu’ailleurs une utopie.
3870
us visiblement qu’ailleurs une utopie. Impossible
de
passer du latifundium au pavillon de banlieue. Au « majorat » succéde
3871
. Impossible de passer du latifundium au pavillon
de
banlieue. Au « majorat » succédera sans doute un organisme du type de
3872
viétiques. Dépersonnalisation du pouvoir. Faut-il
le
déplorer ? Tout jugement affectif s’évapore devant une évolution néce
3873
s son ensemble, reste étrangère au capital. Comme
les
autres ils ont été ruinés par la guerre, c’est-à-dire qu’ils n’ont pl
3874
capital. Comme les autres ils ont été ruinés par
la
guerre, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus de monnaie : cela n’a rien cha
3875
nés par la guerre, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus
de
monnaie : cela n’a rien changé à l’organisme de leur vie sociale. Ils
3876
ls n’ont plus de monnaie : cela n’a rien changé à
l’
organisme de leur vie sociale. Ils vivent en paysans, de leurs produit
3877
s de monnaie : cela n’a rien changé à l’organisme
de
leur vie sociale. Ils vivent en paysans, de leurs produits. Ils conso
3878
nisme de leur vie sociale. Ils vivent en paysans,
de
leurs produits. Ils consomment fort peu d’idéologies importées. Les c
3879
ysans, de leurs produits. Ils consomment fort peu
d’
idéologies importées. Les cadets de famille, ceux qu’on envoyait à l’a
3880
. Ils consomment fort peu d’idéologies importées.
Les
cadets de famille, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois de la
3881
mment fort peu d’idéologies importées. Les cadets
de
famille, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois de la politique
3882
ées. Les cadets de famille, ceux qu’on envoyait à
l’
armée, font parfois de la politique : Hitler les flatte mais ne vainc
3883
ille, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois
de
la politique : Hitler les flatte mais ne vainc pas souvent leurs méfi
3884
e, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois de
la
politique : Hitler les flatte mais ne vainc pas souvent leurs méfianc
3885
à l’armée, font parfois de la politique : Hitler
les
flatte mais ne vainc pas souvent leurs méfiances. Certains se sont fa
3886
ces. Certains se sont faits communistes, par goût
de
l’énergie peut-être. J’ai vu des membres d’un parti national-marxiste
3887
. Certains se sont faits communistes, par goût de
l’
énergie peut-être. J’ai vu des membres d’un parti national-marxiste do
3888
goût de l’énergie peut-être. J’ai vu des membres
d’
un parti national-marxiste dont le rêve est de restaurer la Prusse du
3889
vu des membres d’un parti national-marxiste dont
le
rêve est de restaurer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de
3890
res d’un parti national-marxiste dont le rêve est
de
restaurer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Rac
3891
i national-marxiste dont le rêve est de restaurer
la
Prusse du grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Race de colonisa
3892
est de restaurer la Prusse du grand Frédéric par
les
méthodes de Lénine… Race de colonisateurs, dominant sur ces marches d
3893
urer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes
de
Lénine… Race de colonisateurs, dominant sur ces marches de l’Europe d
3894
u grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Race
de
colonisateurs, dominant sur ces marches de l’Europe depuis des siècle
3895
… Race de colonisateurs, dominant sur ces marches
de
l’Europe depuis des siècles, mais séculairement menacés par l’Asie :
3896
ace de colonisateurs, dominant sur ces marches de
l’
Europe depuis des siècles, mais séculairement menacés par l’Asie : ils
3897
epuis des siècles, mais séculairement menacés par
l’
Asie : ils lui résistent par leur pauvreté. Les magnats de Hongrie son
3898
par l’Asie : ils lui résistent par leur pauvreté.
Les
magnats de Hongrie sont déjà des pachas, et l’Occident ne peut rien e
3899
ils lui résistent par leur pauvreté. Les magnats
de
Hongrie sont déjà des pachas, et l’Occident ne peut rien en attendre,
3900
. Les magnats de Hongrie sont déjà des pachas, et
l’
Occident ne peut rien en attendre, qu’un corps de janissaires tout au
3901
l’Occident ne peut rien en attendre, qu’un corps
de
janissaires tout au plus. Mais ces hommes durs, silencieux, et sains
3902
ieux, et sains, servants des terres conquises par
les
chevaliers teutoniques, qui sait s’ils n’auront pas demain leur comma
3903
mandement dans cet Ordre du Sacrifice auquel rêve
l’
Europe, qu’elle redoute encore, mais qui forge sa loi au secret de son
3904
e redoute encore, mais qui forge sa loi au secret
de
son désespoir… Bastions de l’Occident ? — Duquel ? Ou bien race liée
3905
forge sa loi au secret de son désespoir… Bastions
de
l’Occident ? — Duquel ? Ou bien race liée au seul goût de sa puissanc
3906
ge sa loi au secret de son désespoir… Bastions de
l’
Occident ? — Duquel ? Ou bien race liée au seul goût de sa puissance ?
3907
ident ? — Duquel ? Ou bien race liée au seul goût
de
sa puissance ? Il y a plus qu’un passé d’héroïsme dans ces châteaux p
3908
ul goût de sa puissance ? Il y a plus qu’un passé
d’
héroïsme dans ces châteaux perdus, dans ce Waldburg gardien de quels s
3909
ans ces châteaux perdus, dans ce Waldburg gardien
de
quels secrets longuement, lentement fortifiés… La nuit, les moustiq
3910
quels secrets longuement, lentement fortifiés…
La
nuit, les moustiques tissent une rumeur dans l’obscurité profonde. De
3911
crets longuement, lentement fortifiés… La nuit,
les
moustiques tissent une rumeur dans l’obscurité profonde. Des cris de
3912
La nuit, les moustiques tissent une rumeur dans
l’
obscurité profonde. Des cris de chouettes se poursuivent, s’éloignent,
3913
nt une rumeur dans l’obscurité profonde. Des cris
de
chouettes se poursuivent, s’éloignent, reprennent tout proches. Les é
3914
oursuivent, s’éloignent, reprennent tout proches.
Les
élans dorment agenouillés, aussi hauts que les jeunes arbres de la la
3915
s. Les élans dorment agenouillés, aussi hauts que
les
jeunes arbres de la lande. Et la mer respire fort contre les grèves,
3916
nt agenouillés, aussi hauts que les jeunes arbres
de
la lande. Et la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pe
3917
agenouillés, aussi hauts que les jeunes arbres de
la
lande. Et la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesan
3918
aussi hauts que les jeunes arbres de la lande. Et
la
mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesante lumière. M
3919
arbres de la lande. Et la mer respire fort contre
les
grèves, soulagée de la pesante lumière. Mais dans cette chambre élevé
3920
t la mer respire fort contre les grèves, soulagée
de
la pesante lumière. Mais dans cette chambre élevée du château, l’air
3921
a mer respire fort contre les grèves, soulagée de
la
pesante lumière. Mais dans cette chambre élevée du château, l’air dem
3922
mière. Mais dans cette chambre élevée du château,
l’
air demeure étouffant et parfois l’odeur des étangs vient se mêler à c
3923
ée du château, l’air demeure étouffant et parfois
l’
odeur des étangs vient se mêler à celle des vieilles boiseries. Envelo
3924
e mêler à celle des vieilles boiseries. Enveloppé
de
gaze je sors sur mon balcon, je me penche sur le parc incertain. Palp
3925
de gaze je sors sur mon balcon, je me penche sur
le
parc incertain. Palpitation lointaine et animale du silence. Le long
3926
ation lointaine et animale du silence. Le long de
la
crête des forêts, une rougissante lueur avance de l’Occident vers l’O
3927
la crête des forêts, une rougissante lueur avance
de
l’Occident vers l’Orient. 19. Bras de mer intérieur qui s’avance j
3928
crête des forêts, une rougissante lueur avance de
l’
Occident vers l’Orient. 19. Bras de mer intérieur qui s’avance jusq
3929
, une rougissante lueur avance de l’Occident vers
l’
Orient. 19. Bras de mer intérieur qui s’avance jusqu’à Königsberg.
3930
r avance de l’Occident vers l’Orient. 19. Bras
de
mer intérieur qui s’avance jusqu’à Königsberg.
3931
Le
balcon sur l’eau Tu es appuyée debout contre moi, et nous regardons
3932
Le balcon sur
l’
eau Tu es appuyée debout contre moi, et nous regardons à nos pieds l
3933
debout contre moi, et nous regardons à nos pieds
l’
eau vivante. La brume est proche. Une haute muraille derrière nous fer
3934
moi, et nous regardons à nos pieds l’eau vivante.
La
brume est proche. Une haute muraille derrière nous ferme le monde. Tu
3935
st proche. Une haute muraille derrière nous ferme
le
monde. Tu ne trembles plus, tu t’appuies. Nos reflets ondulent très p
3936
’appuies. Nos reflets ondulent très peu, gris sur
le
blanc doucement luisant de la surface ; mais le silence a des vagues
3937
ent très peu, gris sur le blanc doucement luisant
de
la surface ; mais le silence a des vagues profondes. L’eau clapote
3938
très peu, gris sur le blanc doucement luisant de
la
surface ; mais le silence a des vagues profondes. L’eau clapote av
3939
r le blanc doucement luisant de la surface ; mais
le
silence a des vagues profondes. L’eau clapote avec tendresse, et s
3940
face ; mais le silence a des vagues profondes.
L’
eau clapote avec tendresse, et se retient… Et l’air chargé d’attente.
3941
L’eau clapote avec tendresse, et se retient… Et
l’
air chargé d’attente. Nos têtes immobiles sont près de se toucher, nos
3942
te avec tendresse, et se retient… Et l’air chargé
d’
attente. Nos têtes immobiles sont près de se toucher, nos regards s’en
3943
sont près de se toucher, nos regards s’en vont à
la
rencontre de ce qui est voilé. Retiens ton souffle, retiens ton envie
3944
se toucher, nos regards s’en vont à la rencontre
de
ce qui est voilé. Retiens ton souffle, retiens ton envie de fermer le
3945
est voilé. Retiens ton souffle, retiens ton envie
de
fermer les yeux contre une épaule, attends encore un peu plus fort, é
3946
Retiens ton souffle, retiens ton envie de fermer
les
yeux contre une épaule, attends encore un peu plus fort, écoute encor
3947
autour de nous : il y a une grande lenteur. C’est
l’
avenir ou l’éternité qui ouvre la bouche pour dire quelque chose, écou
3948
us : il y a une grande lenteur. C’est l’avenir ou
l’
éternité qui ouvre la bouche pour dire quelque chose, écoute, attends…
3949
e lenteur. C’est l’avenir ou l’éternité qui ouvre
la
bouche pour dire quelque chose, écoute, attends… Peut-être que déjà l
3950
uelque chose, écoute, attends… Peut-être que déjà
la
parole fut dite et reçue quelque part en nous-mêmes, dans la brume où
3951
ut dite et reçue quelque part en nous-mêmes, dans
la
brume où nous sommes perdus avec ce clapotis d’une eau étrangement vi
3952
s la brume où nous sommes perdus avec ce clapotis
d’
une eau étrangement vivante et qui rêve ; et rien que nos yeux qui bri
3953
qui rêve ; et rien que nos yeux qui brillent dans
l’
étendue où nos deux formes confondent leur ombre et leur songe… Odeur
3954
formes confondent leur ombre et leur songe… Odeur
de
l’eau, — pour toute la vie. (1929)
3955
mes confondent leur ombre et leur songe… Odeur de
l’
eau, — pour toute la vie. (1929)
3956
ombre et leur songe… Odeur de l’eau, — pour toute
la
vie. (1929)
3957
Appendice
Les
Soirées du Brambilla-Club (1930) Pour Albert Béguin. Paris la nui
3958
ambilla-Club (1930) Pour Albert Béguin. Paris
la
nuit oublie parfois d’être spirituelle, devient tragique ou tout simp
3959
Pour Albert Béguin. Paris la nuit oublie parfois
d’
être spirituelle, devient tragique ou tout simplement germanique. « L’
3960
devient tragique ou tout simplement germanique. «
L’
Allemagne, c’est la Poésie, et la France c’est la Chambre des Députés
3961
tout simplement germanique. « L’Allemagne, c’est
la
Poésie, et la France c’est la Chambre des Députés », disait un amoure
3962
nt germanique. « L’Allemagne, c’est la Poésie, et
la
France c’est la Chambre des Députés », disait un amoureux de la Franc
3963
L’Allemagne, c’est la Poésie, et la France c’est
la
Chambre des Députés », disait un amoureux de la France. Quand vous pr
3964
’est la Chambre des Députés », disait un amoureux
de
la France. Quand vous prenez un taxi passé onze heures, c’est double
3965
t la Chambre des Députés », disait un amoureux de
la
France. Quand vous prenez un taxi passé onze heures, c’est double tar
3966
: à côté de vous, si vous êtes seul, un fantôme,
d’
office, a pris place. On lie bien vite connaissance, pourvu qu’on sach
3967
bien vite connaissance, pourvu qu’on sache un peu
d’
allemand, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne me sens
3968
sance, pourvu qu’on sache un peu d’allemand, — et
l’
allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne me sens pas trop embarra
3969
e ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite
l’
Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne et nous n
3970
barrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujours
le
fantôme de l’Odéon qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, n
3971
comme j’habite l’Odéon, c’est toujours le fantôme
de
l’Odéon qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons
3972
me j’habite l’Odéon, c’est toujours le fantôme de
l’
Odéon qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les
3973
pagne et nous ne disons presque rien, nous savons
les
mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné dans les mêm
3974
s savons les mêmes histoires et nous avons durant
la
journée bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcades. La plupart d
3975
res et nous avons durant la journée bouquiné dans
les
mêmes boîtes sous les arcades. La plupart des noctambules préfèrent a
3976
nt la journée bouquiné dans les mêmes boîtes sous
les
arcades. La plupart des noctambules préfèrent aller à pied ; mais moi
3977
à pied ; mais moi je me méfie ; se promener seul
la
nuit dans une ville étrangère, n’est-ce point la définition même de l
3978
la nuit dans une ville étrangère, n’est-ce point
la
définition même de la luxure ? Quand je vais à pied, j’oublie en chem
3979
ille étrangère, n’est-ce point la définition même
de
la luxure ? Quand je vais à pied, j’oublie en chemin les meilleures p
3980
e étrangère, n’est-ce point la définition même de
la
luxure ? Quand je vais à pied, j’oublie en chemin les meilleures phra
3981
luxure ? Quand je vais à pied, j’oublie en chemin
les
meilleures phrases que j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je
3982
ns une sentimentalité exquise, navrante. Il reste
de
s’asseoir à quelque terrasse de café pour y boire à petits coups une
3983
avrante. Il reste de s’asseoir à quelque terrasse
de
café pour y boire à petits coups une amertume acide et tiède comme l’
3984
à petits coups une amertume acide et tiède comme
l’
adolescence, un désespoir de nuit d’été sous le tilleul où elle n’est
3985
acide et tiède comme l’adolescence, un désespoir
de
nuit d’été sous le tilleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lie
3986
t tiède comme l’adolescence, un désespoir de nuit
d’
été sous le tilleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’a
3987
me l’adolescence, un désespoir de nuit d’été sous
le
tilleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer : je
3988
us le tilleul où elle n’est pas venue… (C’est ici
le
lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir que des rapports de polit
3989
lleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu
de
l’avouer : je ne saurais entretenir que des rapports de politesse dis
3990
ul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu de
l’
avouer : je ne saurais entretenir que des rapports de politesse distan
3991
vouer : je ne saurais entretenir que des rapports
de
politesse distante avec les personnes qui ont pu dire, ne fut-ce qu’u
3992
tenir que des rapports de politesse distante avec
les
personnes qui ont pu dire, ne fut-ce qu’une fois en leur vie : « J’ai
3993
e fut-ce qu’une fois en leur vie : « J’ai horreur
de
la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous deux le fantôme
3994
ut-ce qu’une fois en leur vie : « J’ai horreur de
la
sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous deux le fantôme ».
3995
entalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous deux
le
fantôme ». Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a donné
3996
nc en taxi, « nous deux le fantôme ». Ce soir-là,
le
fantôme ayant envie de manger ferme a donné au chauffeur l’adresse d’
3997
le fantôme ». Ce soir-là, le fantôme ayant envie
de
manger ferme a donné au chauffeur l’adresse d’un ogre. C’est tout prè
3998
ayant envie de manger ferme a donné au chauffeur
l’
adresse d’un ogre. C’est tout près parce que j’ai peur. En même temps
3999
ie de manger ferme a donné au chauffeur l’adresse
d’
un ogre. C’est tout près parce que j’ai peur. En même temps c’est très
4000
me temps c’est très loin parce que je me réjouis.
La
Maison des Ogres est au 53, rue de Rennes ; je ne vous le confie pas
4001
n des Ogres est au 53, rue de Rennes ; je ne vous
le
confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou, e
4002
cret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou, et
le
fantôme se fait aussi négligeable que possible, pratiquement invisibl
4003
ans cette minuscule voiture. Déjà nous traversons
la
nuit rose et violette de Montparnasse. Là, l’insondable lubie d’un ag
4004
re. Déjà nous traversons la nuit rose et violette
de
Montparnasse. Là, l’insondable lubie d’un agent nous immobilise une m
4005
ons la nuit rose et violette de Montparnasse. Là,
l’
insondable lubie d’un agent nous immobilise une minute aux lisières od
4006
violette de Montparnasse. Là, l’insondable lubie
d’
un agent nous immobilise une minute aux lisières odorantes d’une terra
4007
nous immobilise une minute aux lisières odorantes
d’
une terrasse où nous voyons Charles-Albert Cingria, transfiguré par un
4008
en train de décrire à Blaise Cendrars, son voisin
de
table, l’arrivée des Mongols dans Paris et leurs établissements place
4009
e décrire à Blaise Cendrars, son voisin de table,
l’
arrivée des Mongols dans Paris et leurs établissements place de la Con
4010
Mongols dans Paris et leurs établissements place
de
la Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plu
4011
ngols dans Paris et leurs établissements place de
la
Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus r
4012
ents place de la Concorde. Notre conteur est vêtu
de
la gloire d’un pourpoint « plus rouge que rouge ». On assure qu’il po
4013
s place de la Concorde. Notre conteur est vêtu de
la
gloire d’un pourpoint « plus rouge que rouge ». On assure qu’il possè
4014
la Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire
d’
un pourpoint « plus rouge que rouge ». On assure qu’il possède encore
4015
l est « pittoresque », cas déplorable, s’agissant
d’
un poète authentique. Le pittoresque. D’abord je crains que la notion
4016
as déplorable, s’agissant d’un poète authentique.
Le
pittoresque. D’abord je crains que la notion n’en soit toute relative
4017
uthentique. Le pittoresque. D’abord je crains que
la
notion n’en soit toute relative aux modes de « vie » bourgeois ; et p
4018
que la notion n’en soit toute relative aux modes
de
« vie » bourgeois ; et puis, la comédie n’est pas mon fort, même la t
4019
elative aux modes de « vie » bourgeois ; et puis,
la
comédie n’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que les ch
4020
is ; et puis, la comédie n’est pas mon fort, même
la
triste. Je n’aime plus que les choses lentement émouvantes, monotones
4021
pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que
les
choses lentement émouvantes, monotones et aiguës, comme la pluie dans
4022
lentement émouvantes, monotones et aiguës, comme
la
pluie dans les campagnes au printemps. Ou encore : la lecture des rom
4023
uvantes, monotones et aiguës, comme la pluie dans
les
campagnes au printemps. Ou encore : la lecture des romans anglais, le
4024
luie dans les campagnes au printemps. Ou encore :
la
lecture des romans anglais, les loisirs obsédés du jaloux, le travail
4025
temps. Ou encore : la lecture des romans anglais,
les
loisirs obsédés du jaloux, le travail jusqu’à l’aube, la naissance d’
4026
es romans anglais, les loisirs obsédés du jaloux,
le
travail jusqu’à l’aube, la naissance d’un visage dans ma mémoire (d’h
4027
les loisirs obsédés du jaloux, le travail jusqu’à
l’
aube, la naissance d’un visage dans ma mémoire (d’heure en heure ces y
4028
irs obsédés du jaloux, le travail jusqu’à l’aube,
la
naissance d’un visage dans ma mémoire (d’heure en heure ces yeux plus
4029
u jaloux, le travail jusqu’à l’aube, la naissance
d’
un visage dans ma mémoire (d’heure en heure ces yeux plus vivants…). D
4030
l’aube, la naissance d’un visage dans ma mémoire (
d’
heure en heure ces yeux plus vivants…). De là, je le suppose, une cert
4031
émoire (d’heure en heure ces yeux plus vivants…).
De
là, je le suppose, une certaine misanthropie en germe : les êtres cha
4032
heure en heure ces yeux plus vivants…). De là, je
le
suppose, une certaine misanthropie en germe : les êtres changent trop
4033
le suppose, une certaine misanthropie en germe :
les
êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter
4034
germe : les êtres changent trop vite, je n’ai pas
le
temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi
4035
es êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps
de
me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sai
4036
e, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou
de
les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais pas de commerce humain q
4037
je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de
les
rendre esclaves, hors de quoi je ne sais pas de commerce humain qui v
4038
les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais pas
de
commerce humain qui vaille la peine, qui vaille l’amour. Durant cette
4039
quoi je ne sais pas de commerce humain qui vaille
la
peine, qui vaille l’amour. Durant cette méditation, nous avons gagné
4040
e commerce humain qui vaille la peine, qui vaille
l’
amour. Durant cette méditation, nous avons gagné une rue pauvrement éc
4041
, nous avons gagné une rue pauvrement éclairée où
l’
on s’arrête. Le fantôme derrière nous claque la portière. Il fait asse
4042
gné une rue pauvrement éclairée où l’on s’arrête.
Le
fantôme derrière nous claque la portière. Il fait assez froid. ⁂ Lors
4043
où l’on s’arrête. Le fantôme derrière nous claque
la
portière. Il fait assez froid. ⁂ Lorsque l’homme, cédant à l’évidence
4044
laque la portière. Il fait assez froid. ⁂ Lorsque
l’
homme, cédant à l’évidence des choses ou de l’esprit, comprend enfin q
4045
Il fait assez froid. ⁂ Lorsque l’homme, cédant à
l’
évidence des choses ou de l’esprit, comprend enfin qu’il est perdu, il
4046
orsque l’homme, cédant à l’évidence des choses ou
de
l’esprit, comprend enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. Le
4047
que l’homme, cédant à l’évidence des choses ou de
l’
esprit, comprend enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. Le goû
4048
prit, comprend enfin qu’il est perdu, il découvre
la
liberté. Le goût de se perdre est un des plus profonds mystères de no
4049
nd enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté.
Le
goût de se perdre est un des plus profonds mystères de notre conditio
4050
qu’il est perdu, il découvre la liberté. Le goût
de
se perdre est un des plus profonds mystères de notre condition, et je
4051
ût de se perdre est un des plus profonds mystères
de
notre condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origi
4052
notre condition, et je ne crois pas trop absurde
d’
y chercher l’origine non seulement des passions amoureuses, mais de la
4053
ion, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher
l’
origine non seulement des passions amoureuses, mais de la plupart des
4054
igine non seulement des passions amoureuses, mais
de
la plupart des entreprises démesurées qu’enregistre l’Histoire, scien
4055
plupart des entreprises démesurées qu’enregistre
l’
Histoire, science chargée d’illustrer à ses propres yeux l’Humanité. E
4056
esurées qu’enregistre l’Histoire, science chargée
d’
illustrer à ses propres yeux l’Humanité. En passant, relevons un sophi
4057
e, science chargée d’illustrer à ses propres yeux
l’
Humanité. En passant, relevons un sophisme à la mode, qui vient trébuc
4058
ux l’Humanité. En passant, relevons un sophisme à
la
mode, qui vient trébucher dans les méandres de notre chemin : « Il fa
4059
s un sophisme à la mode, qui vient trébucher dans
les
méandres de notre chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », n
4060
à la mode, qui vient trébucher dans les méandres
de
notre chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », nous enseigne
4061
ne doctrine en vérité moins généreuse que ne veut
le
croire M. Gide, — si pareil entre les griffes de son égoïsme à la so
4062
que ne veut le croire M. Gide, — si pareil entre
les
griffes de son égoïsme à la souris qu’un chat subtil et ironique fein
4063
le croire M. Gide, — si pareil entre les griffes
de
son égoïsme à la souris qu’un chat subtil et ironique feint de lâcher
4064
, — si pareil entre les griffes de son égoïsme à
la
souris qu’un chat subtil et ironique feint de lâcher pour mieux croqu
4065
e à la souris qu’un chat subtil et ironique feint
de
lâcher pour mieux croquer. Pourquoi ne pas se perdre sans arrière-pen
4066
? S’il me reste un espoir au sein de mes erreurs
les
moins préméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé. J’ai toujour
4067
urs les moins préméditées, c’est sans doute celui
d’
être trouvé. J’ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir da
4068
doute celui d’être trouvé. J’ai toujours méprisé
le
geste de l’homme qui, le soir dans sa chambre d’hôtel, ferme sa porte
4069
lui d’être trouvé. J’ai toujours méprisé le geste
de
l’homme qui, le soir dans sa chambre d’hôtel, ferme sa porte à double
4070
d’être trouvé. J’ai toujours méprisé le geste de
l’
homme qui, le soir dans sa chambre d’hôtel, ferme sa porte à double to
4071
é. J’ai toujours méprisé le geste de l’homme qui,
le
soir dans sa chambre d’hôtel, ferme sa porte à double tour. Ah ! qu’u
4072
le geste de l’homme qui, le soir dans sa chambre
d’
hôtel, ferme sa porte à double tour. Ah ! qu’une nuit enfin, à la fave
4073
dans sa chambre d’hôtel, ferme sa porte à double
tour
. Ah ! qu’une nuit enfin, à la faveur de mon sommeil, on me vole à moi
4074
sa porte à double tour. Ah ! qu’une nuit enfin, à
la
faveur de mon sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’
4075
double tour. Ah ! qu’une nuit enfin, à la faveur
de
mon sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent
4076
ient là où je ne sais pas que j’ai si grand désir
d’
aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi : des murs sans yeux domi
4077
délibérément notre fantôme. Il avance sans bouger
les
jambes. Nous suivons à tâtons. Ce que je pressentais ne tarde pas à s
4078
se produire : des aboiements fous et une effusion
de
lumière basse, rougeoyante, campagnarde. ⁂ La sauce est au rôti comme
4079
ion de lumière basse, rougeoyante, campagnarde. ⁂
La
sauce est au rôti comme le style à la pensée. Il arrive qu’on parle,
4080
oyante, campagnarde. ⁂ La sauce est au rôti comme
le
style à la pensée. Il arrive qu’on parle, en art culinaire, du style
4081
pagnarde. ⁂ La sauce est au rôti comme le style à
la
pensée. Il arrive qu’on parle, en art culinaire, du style d’un rôti,
4082
Il arrive qu’on parle, en art culinaire, du style
d’
un rôti, et en cuisine littéraire, de pensers mis à toutes sauces. Mai
4083
re, du style d’un rôti, et en cuisine littéraire,
de
pensers mis à toutes sauces. Mais qui donc, parmi nos penseurs, mérit
4084
es. Mais qui donc, parmi nos penseurs, mériterait
d’
être servi en sauce Marthaler ? Mais ne parlons pas de mangeaille : c’
4085
re servi en sauce Marthaler ? Mais ne parlons pas
de
mangeaille : c’est tout de suite écœurant et prétentieux. Je suis de
4086
st tout de suite écœurant et prétentieux. Je suis
de
ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je remarque simplement qu’on
4087
étentieux. Je suis de ceux qui mangent sans faire
d’
histoires. Je remarque simplement qu’on n’est jamais mieux pour parler
4088
ux pour parler qu’en face d’une assiette pleine :
l’
occupation agréable et essentielle qui consiste à diviser pour mieux l
4089
et essentielle qui consiste à diviser pour mieux
l’
engloutir — ainsi que le conseillait déjà René Descartes — la portion
4090
iste à diviser pour mieux l’engloutir — ainsi que
le
conseillait déjà René Descartes — la portion que l’on s’est administr
4091
— ainsi que le conseillait déjà René Descartes —
la
portion que l’on s’est administrée, accapare nos facultés les plus vu
4092
conseillait déjà René Descartes — la portion que
l’
on s’est administrée, accapare nos facultés les plus vulgaires, libéra
4093
que l’on s’est administrée, accapare nos facultés
les
plus vulgaires, libérant par là cette part gratuite de nous-mêmes qui
4094
us vulgaires, libérant par là cette part gratuite
de
nous-mêmes qui se plaît à disserter de poésie pure. Edmond Jaloux pré
4095
t gratuite de nous-mêmes qui se plaît à disserter
de
poésie pure. Edmond Jaloux préside à cette agape dont il m’est imposs
4096
ux préside à cette agape dont il m’est impossible
de
nommer tous les officiants visibles ou virtuels, et cela pour différe
4097
tte agape dont il m’est impossible de nommer tous
les
officiants visibles ou virtuels, et cela pour différentes raisons, la
4098
e Miomandre n’est pas là. Il a téléphoné au début
de
l’après-midi qu’il commençait un roman. Son absence nous fera-t-elle
4099
iomandre n’est pas là. Il a téléphoné au début de
l’
après-midi qu’il commençait un roman. Son absence nous fera-t-elle cro
4100
-t-elle croire qu’il apporte quelque préciosité à
le
parfaire ? — il est bientôt minuit20. Mon fantôme est là. Un chien, D
4101
bien être là, puisqu’en ma voisine, je reconnais
la
Jeune fille de neige. On la sent prête à fondre de tendresse au premi
4102
puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille
de
neige. On la sent prête à fondre de tendresse au premier regard. Mais
4103
voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On
la
sent prête à fondre de tendresse au premier regard. Mais non, trop bi
4104
a Jeune fille de neige. On la sent prête à fondre
de
tendresse au premier regard. Mais non, trop bien élevée, elle se ress
4105
le se ressaisit, pense à Genève, reprend aussitôt
de
la consistance, et dans son trouble apparaît toute parcourue d’adorab
4106
se ressaisit, pense à Genève, reprend aussitôt de
la
consistance, et dans son trouble apparaît toute parcourue d’adorables
4107
nce, et dans son trouble apparaît toute parcourue
d’
adorables roseurs boréales. E. T. A. Hoffmann est là, sous un nom d’em
4108
s boréales. E. T. A. Hoffmann est là, sous un nom
d’
emprunt. Une femme fatale et un grand incompris sont là. Enfin Jean Ca
4109
pris sont là. Enfin Jean Cassou, représentant Mgr
le
marquis de Carabas, absent de Paris, est là. Peut-être aussi Jean de
4110
à. Enfin Jean Cassou, représentant Mgr le marquis
de
Carabas, absent de Paris, est là. Peut-être aussi Jean de Boschère, e
4111
u, représentant Mgr le marquis de Carabas, absent
de
Paris, est là. Peut-être aussi Jean de Boschère, en dépit de certaine
4112
i vous enlevez Georges Petit égaré, en ayant soin
d’
ajouter ceux que j’oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des partic
4113
soin d’ajouter ceux que j’oublie, vous obtiendrez
le
chiffre exact des participants ; calculez l’âge du capitaine. Au dess
4114
drez le chiffre exact des participants ; calculez
l’
âge du capitaine. Au dessert, chacun y va de son petit miracle. Edmond
4115
culez l’âge du capitaine. Au dessert, chacun y va
de
son petit miracle. Edmond Jaloux et Dick conversent en danois. Quatre
4116
en danois. Quatre anciens Belletriens21 célèbrent
les
rites du Sapin Vert. Ô glossolalies amoureuses, ô sirènes mal défendu
4117
lalies amoureuses, ô sirènes mal défendues, parmi
les
entreprises des fantômes… Enfin, un Étranger raconte l’histoire suiva
4118
reprises des fantômes… Enfin, un Étranger raconte
l’
histoire suivante qui est une des plus belles du monde : Un prince it
4119
alien ayant commandé à Pergolèse un Stabat Mater,
le
musicien quitta Naples où il habitait alors, abandonnant sa femme, et
4120
ors, abandonnant sa femme, et se mit à errer dans
les
campagnes, en quête de l’inspiration qui le fuyait. Il buvait, rêvait
4121
e, et se mit à errer dans les campagnes, en quête
de
l’inspiration qui le fuyait. Il buvait, rêvait, dormait sous les trei
4122
et se mit à errer dans les campagnes, en quête de
l’
inspiration qui le fuyait. Il buvait, rêvait, dormait sous les treille
4123
dans les campagnes, en quête de l’inspiration qui
le
fuyait. Il buvait, rêvait, dormait sous les treilles, divaguait sous
4124
on qui le fuyait. Il buvait, rêvait, dormait sous
les
treilles, divaguait sous la lune, hagard et fiévreux, mais comme aban
4125
rêvait, dormait sous les treilles, divaguait sous
la
lune, hagard et fiévreux, mais comme abandonné par la grâce. Ce vagab
4126
une, hagard et fiévreux, mais comme abandonné par
la
grâce. Ce vagabondage désespéré dura plusieurs semaines, au terme des
4127
a plusieurs semaines, au terme desquelles, épuisé
de
corps et d’âme, et n’ayant pas écrit une seule note, il se retrouva a
4128
semaines, au terme desquelles, épuisé de corps et
d’
âme, et n’ayant pas écrit une seule note, il se retrouva aux portes de
4129
seule note, il se retrouva aux portes de Naples,
d’
où il n’eut que la force de regagner son logis. Comme il allait y péné
4130
retrouva aux portes de Naples, d’où il n’eut que
la
force de regagner son logis. Comme il allait y pénétrer, il aperçut a
4131
aux portes de Naples, d’où il n’eut que la force
de
regagner son logis. Comme il allait y pénétrer, il aperçut auprès du
4132
il s’enferma, écrivit dans une grande fièvre tout
le
Stabat Mater, sa plus belle œuvre, sur le thème des pleurs de la viei
4133
re tout le Stabat Mater, sa plus belle œuvre, sur
le
thème des pleurs de la vieille, et mourut comme il l’achevait. ⁂ Par
4134
ter, sa plus belle œuvre, sur le thème des pleurs
de
la vieille, et mourut comme il l’achevait. ⁂ Partout où il y a de la
4135
, sa plus belle œuvre, sur le thème des pleurs de
la
vieille, et mourut comme il l’achevait. ⁂ Partout où il y a de la mu
4136
hème des pleurs de la vieille, et mourut comme il
l’
achevait. ⁂ Partout où il y a de la musique, de l’Italie et une certa
4137
mourut comme il l’achevait. ⁂ Partout où il y a
de
la musique, de l’Italie et une certaine qualité de désespoir, je retr
4138
urut comme il l’achevait. ⁂ Partout où il y a de
la
musique, de l’Italie et une certaine qualité de désespoir, je retrouv
4139
l l’achevait. ⁂ Partout où il y a de la musique,
de
l’Italie et une certaine qualité de désespoir, je retrouve les contes
4140
’achevait. ⁂ Partout où il y a de la musique, de
l’
Italie et une certaine qualité de désespoir, je retrouve les contes d’
4141
e la musique, de l’Italie et une certaine qualité
de
désespoir, je retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de les v
4142
et une certaine qualité de désespoir, je retrouve
les
contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt que d’en parler
4143
aine qualité de désespoir, je retrouve les contes
d’
Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt que d’en parler ; vous vo
4144
je retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit
de
les vivre plutôt que d’en parler ; vous voyez bien que j’ai quitté ce
4145
retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de
les
vivre plutôt que d’en parler ; vous voyez bien que j’ai quitté cette
4146
’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt que
d’
en parler ; vous voyez bien que j’ai quitté cette table écroulée, dans
4147
z bien que j’ai quitté cette table écroulée, dans
la
fumée et les évocations, sous les bouteilles, — et les lampes meurent
4148
’ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et
les
évocations, sous les bouteilles, — et les lampes meurent en jetant un
4149
e écroulée, dans la fumée et les évocations, sous
les
bouteilles, — et les lampes meurent en jetant une longue flamme. À Ve
4150
umée et les évocations, sous les bouteilles, — et
les
lampes meurent en jetant une longue flamme. À Venise, sous le brouill
4151
urent en jetant une longue flamme. À Venise, sous
le
brouillard qui cachait le front des palais, une nuit d’hiver, je chan
4152
flamme. À Venise, sous le brouillard qui cachait
le
front des palais, une nuit d’hiver, je chantonnais la Barcarolle en d
4153
uillard qui cachait le front des palais, une nuit
d’
hiver, je chantonnais la Barcarolle en descendant le Grand Canal, — c’
4154
ront des palais, une nuit d’hiver, je chantonnais
la
Barcarolle en descendant le Grand Canal, — c’est une romance assez dé
4155
hiver, je chantonnais la Barcarolle en descendant
le
Grand Canal, — c’est une romance assez déchirante, à mi-voix. 20. D
4156
a paru Samsara — un beau livre baroque — et dont
le
titre explique tout ce qui peut être expliqué. 21. Club d’étudiants
4157
xplique tout ce qui peut être expliqué. 21. Club
d’
étudiants de la Suisse romande qui représente en ce pays un état d’ana
4158
ce qui peut être expliqué. 21. Club d’étudiants
de
la Suisse romande qui représente en ce pays un état d’anarchie perman
4159
qui peut être expliqué. 21. Club d’étudiants de
la
Suisse romande qui représente en ce pays un état d’anarchie permanent
4160
Suisse romande qui représente en ce pays un état
d’
anarchie permanente — sentimentale et non point politique — dont l’esp
4161
ente — sentimentale et non point politique — dont
l’
esprit s’apparente beaucoup plus à celui des Wandervogel qu’au surréal
4162
sme — encore qu’il ait préfiguré certains aspects
de
ce mouvement littéraire parisien.