1 1932, Le Paysan du Danube. Note
1 Note Certain public égaré par les mœurs éditoriales attend des jeunes auteurs qu’ils se présentent avec
2 tend des jeunes auteurs qu’ils se présentent avec l’ assurance et l’optimisme pressant du commis voyageur. Mais alors, l’or
3 auteurs qu’ils se présentent avec l’assurance et l’ optimisme pressant du commis voyageur. Mais alors, l’orgueil de quelqu
4 ptimisme pressant du commis voyageur. Mais alors, l’ orgueil de quelques-uns, se refusant à une vanité profitable autant qu
5 ressant du commis voyageur. Mais alors, l’orgueil de quelques-uns, se refusant à une vanité profitable autant que vulgaire
6 une vanité profitable autant que vulgaire, prend l’ aspect d’une assez prétentieuse modestie. Comment, après cela, l’auteu
7 té profitable autant que vulgaire, prend l’aspect d’ une assez prétentieuse modestie. Comment, après cela, l’auteur du Pays
8 assez prétentieuse modestie. Comment, après cela, l’ auteur du Paysan du Danube oserait-il assurer qu’il considère ces peti
9 er qu’il considère ces petits écrits comme autant de hors-d’œuvre ? — De la composition desquels il voudrait bien qu’on ne
10 es petits écrits comme autant de hors-d’œuvre ? —  De la composition desquels il voudrait bien qu’on ne déduise pas celle d
11 petits écrits comme autant de hors-d’œuvre ? — De la composition desquels il voudrait bien qu’on ne déduise pas celle des
2 1932, Le Paysan du Danube. Le sentiment de l’Europe centrale
12 Le sentiment de l’Europe centrale Un accord sans résolution Il ar
13 Le sentiment de l’Europe centrale Un accord sans résolution Il arrive qu’au so
14 Le sentiment de l’ Europe centrale Un accord sans résolution Il arrive qu’au sorti
15 ans résolution Il arrive qu’au sortir de Paris le train de banlieue qui emmène son chargement de somnambules énervés de
16 ution Il arrive qu’au sortir de Paris le train de banlieue qui emmène son chargement de somnambules énervés de fumée et
17 is le train de banlieue qui emmène son chargement de somnambules énervés de fumée et qui se cachent dans les journaux du s
18 qui emmène son chargement de somnambules énervés de fumée et qui se cachent dans les journaux du soir, soit lentement dou
19 mnambules énervés de fumée et qui se cachent dans les journaux du soir, soit lentement doublé par le rapide de Bretagne. Ce
20 s les journaux du soir, soit lentement doublé par le rapide de Bretagne. Ce long passage lumineux des vacances, traînée d’
21 naux du soir, soit lentement doublé par le rapide de Bretagne. Ce long passage lumineux des vacances, traînée d’espoirs dé
22 e. Ce long passage lumineux des vacances, traînée d’ espoirs délivrés qui nous frôle, éveille chez ceux qui restent un sent
23 éveille chez ceux qui restent un sentiment confus d’ exil et de plaisir dont souvent j’ai cru distinguer la contagion dans
24 ez ceux qui restent un sentiment confus d’exil et de plaisir dont souvent j’ai cru distinguer la contagion dans le regard
25 il et de plaisir dont souvent j’ai cru distinguer la contagion dans le regard de mes voisins. Ainsi d’autres fois j’ai vib
26 ont souvent j’ai cru distinguer la contagion dans le regard de mes voisins. Ainsi d’autres fois j’ai vibré au passage des
27 t j’ai cru distinguer la contagion dans le regard de mes voisins. Ainsi d’autres fois j’ai vibré au passage des rapides de
28 i d’autres fois j’ai vibré au passage des rapides de l’Europe centrale ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais d’u
29 ’autres fois j’ai vibré au passage des rapides de l’ Europe centrale ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais d’une
30 assage des rapides de l’Europe centrale ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais d’une fièvre brève qui révélait la
31 e ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais d’ une fièvre brève qui révélait la trouble densité de l’atmosphère. La r
32 nostalgique, mais d’une fièvre brève qui révélait la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans
33 ’une fièvre brève qui révélait la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbru
34 e fièvre brève qui révélait la trouble densité de l’ atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck
35 qui révélait la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck figure dans me
36 ait la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck figure dans mes songerie
37 la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de l’ express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck figure dans mes songeries l
38 l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck figure dans mes songeries le passage du « Sturm an
39 re. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’ Innsbruck figure dans mes songeries le passage du « Sturm and Drang »
40 s la vallée d’Innsbruck figure dans mes songeries le passage du « Sturm and Drang » à 100 kilomètres à l’heure. ⁂ L’Europe
41 passage du « Sturm and Drang » à 100 kilomètres à l’ heure. ⁂ L’Europe centrale est une de ces réalités qu’on reconnaît d’a
42 « Sturm and Drang » à 100 kilomètres à l’heure. ⁂ L’ Europe centrale est une de ces réalités qu’on reconnaît d’abord par le
43 kilomètres à l’heure. ⁂ L’Europe centrale est une de ces réalités qu’on reconnaît d’abord par leur frisson particulier. Ma
44 iculier. Mais il n’en faut pas plus pour ébranler le souvenir. Naissent alors des images champêtres, les toits pointus d’u
45 e souvenir. Naissent alors des images champêtres, les toits pointus d’un bourg au sein d’une vallée de verdure et de verger
46 nt alors des images champêtres, les toits pointus d’ un bourg au sein d’une vallée de verdure et de vergers — c’est la Soua
47 les toits pointus d’un bourg au sein d’une vallée de verdure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoi
48 tus d’un bourg au sein d’une vallée de verdure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise sans avaric
49 ein d’une vallée de verdure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise sans avarice ; — puis le contr
50 allée de verdure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise sans avarice ; — puis le contraste d’un m
51 ure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise sans avarice ; — puis le contraste d’un massif central
52 Thuringe, la vie bourgeoise sans avarice ; — puis le contraste d’un massif central de sapins et de lacs secrets, cœur noir
53 vie bourgeoise sans avarice ; — puis le contraste d’ un massif central de sapins et de lacs secrets, cœur noir et tourmenté
54 avarice ; — puis le contraste d’un massif central de sapins et de lacs secrets, cœur noir et tourmenté du continent —, cet
55 uis le contraste d’un massif central de sapins et de lacs secrets, cœur noir et tourmenté du continent —, cette région esc
56 rpée entre Munich, Salzbourg et Prague, qui forme le décor voluptueux et lugubre de tant de drames nourris de solitude ; e
57 Prague, qui forme le décor voluptueux et lugubre de tant de drames nourris de solitude ; et puis des plaines qui se perde
58 r voluptueux et lugubre de tant de drames nourris de solitude ; et puis des plaines qui se perdent en steppes, — démesure
59 ntement dans ces campagnes qui ne sont nulle part la « province ». Elles condensent la vie de leur contrée, en donnent la
60 sont nulle part la « province ». Elles condensent la vie de leur contrée, en donnent la visible formule, petites capitales
61 lle part la « province ». Elles condensent la vie de leur contrée, en donnent la visible formule, petites capitales enraci
62 les condensent la vie de leur contrée, en donnent la visible formule, petites capitales enracinées. Il advint pourtant que
63 racinées. Il advint pourtant que certaines, selon l’ égarement du temps, tentèrent de vivre par elles-mêmes. Elles retirent
64 certaines, selon l’égarement du temps, tentèrent de vivre par elles-mêmes. Elles retirent les parcs qui les alliaient à l
65 entèrent de vivre par elles-mêmes. Elles retirent les parcs qui les alliaient à la campagne, se ceinturent d’usines, et pre
66 vre par elles-mêmes. Elles retirent les parcs qui les alliaient à la campagne, se ceinturent d’usines, et prennent aussitôt
67 mes. Elles retirent les parcs qui les alliaient à la campagne, se ceinturent d’usines, et prennent aussitôt cette fièvre c
68 cs qui les alliaient à la campagne, se ceinturent d’ usines, et prennent aussitôt cette fièvre caractéristique des organism
69 vre caractéristique des organismes humains isolés de la vie végétale. C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation de
70 caractéristique des organismes humains isolés de la vie végétale. C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation de ses
71 a vie végétale. C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation de ses ferments de tristesses intellectuelles, sur une pe
72 C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation de ses ferments de tristesses intellectuelles, sur une petite superficie
73 Berlin réglemente la circulation de ses ferments de tristesses intellectuelles, sur une petite superficie minérale où la
74 lectuelles, sur une petite superficie minérale où la vie se décompose avec virulence. Mais Stuttgart, plus moderne, plante
75 sur ses collines, s’aère et redevient une ville à la campagne ; du même coup, un centre spirituel. Diversités, naissant, v
76 un centre spirituel. Diversités, naissant, vivant les unes des autres, contrastes qui jamais ne s’équilibrent, violence et
77 librent, violence et mélancolie, paysages — états d’ âme imposant tour à tour le cynisme ou la bonhomie, tout cela baigne d
78 olie, paysages — états d’âme imposant tour à tour le cynisme ou la bonhomie, tout cela baigne dans une inguérissable nosta
79 — états d’âme imposant tour à tour le cynisme ou la bonhomie, tout cela baigne dans une inguérissable nostalgie, celle d’
80 la baigne dans une inguérissable nostalgie, celle d’ un grand accord complexe qui chercherait en vain sa résolution. ⁂ M’at
81 e géographie sentimentale, j’avais un temps conçu l’ idée d’établir une Carte du Tendre de la nouvelle Europe centrale. Il
82 aphie sentimentale, j’avais un temps conçu l’idée d’ établir une Carte du Tendre de la nouvelle Europe centrale. Il semblai
83 temps conçu l’idée d’établir une Carte du Tendre de la nouvelle Europe centrale. Il semblait que les noms des traités de
84 mps conçu l’idée d’établir une Carte du Tendre de la nouvelle Europe centrale. Il semblait que les noms des traités de 19,
85 e de la nouvelle Europe centrale. Il semblait que les noms des traités de 19, Versailles, Trianon, convenaient mieux au roc
86 pe centrale. Il semblait que les noms des traités de 19, Versailles, Trianon, convenaient mieux au rococo des sentiments q
87 , convenaient mieux au rococo des sentiments qu’à l’ hypocrite gravité des politiques. Ce projet, d’autre part, flattait un
88 re part, flattait un certain goût du graphique et de l’imagerie stylisée qu’à la réflexion je trouvai trop spécifiquement
89 part, flattait un certain goût du graphique et de l’ imagerie stylisée qu’à la réflexion je trouvai trop spécifiquement fra
90 goût du graphique et de l’imagerie stylisée qu’à la réflexion je trouvai trop spécifiquement français pour rendre compte
91 i trop spécifiquement français pour rendre compte d’ une réalité qui, justement, m’attirait comme une étrangère. Néanmoins,
92 étrangère. Néanmoins, j’eusse un beau jour cédé à la tentation du pittoresque et défini, au goût du temps, les frontières
93 ation du pittoresque et défini, au goût du temps, les frontières de certains pays dont on venait à peine de reconnaître l’e
94 esque et défini, au goût du temps, les frontières de certains pays dont on venait à peine de reconnaître l’existence légal
95 rtains pays dont on venait à peine de reconnaître l’ existence légale… Je préférai soudain monter dans un express. Pour gué
96 férai soudain monter dans un express. Pour guérir de Descartes, il n’est que d’aimer en voyage : l’on découvre bientôt que
97 n express. Pour guérir de Descartes, il n’est que d’ aimer en voyage : l’on découvre bientôt que rien n’est comparable. Que
98 ir de Descartes, il n’est que d’aimer en voyage : l’ on découvre bientôt que rien n’est comparable. Quel était ce besoin de
99 t que rien n’est comparable. Quel était ce besoin de fixer, de cerner, de localiser dans l’espace des sentiments ou des dé
100 n’est comparable. Quel était ce besoin de fixer, de cerner, de localiser dans l’espace des sentiments ou des désirs sans
101 arable. Quel était ce besoin de fixer, de cerner, de localiser dans l’espace des sentiments ou des désirs sans fin, et qui
102 ce besoin de fixer, de cerner, de localiser dans l’ espace des sentiments ou des désirs sans fin, et qui n’ont de réalité
103 s sentiments ou des désirs sans fin, et qui n’ont de réalité qu’en un cœur, lorsqu’il aime1 ? Tout devenait incompréhensib
104 ime1 ? Tout devenait incompréhensible et certain, l’ amour n’existait pas ailleurs que dans mes bras, et nul chemin, nulle
105 chemin, nulle distance mesurable, ne conduisaient de Tendre-sur-noblesse à Saint-Masoch-en-Démonie, mais tout se mêlait gl
106 glorieusement dans un humour inénarrable et dans les pleurs… J’étais jeune. Le titanisme et la métamorphose « Métamo
107 inénarrable et dans les pleurs… J’étais jeune. Le titanisme et la métamorphose « Métamorphose » et « paradoxe », tel
108 ans les pleurs… J’étais jeune. Le titanisme et la métamorphose « Métamorphose » et « paradoxe », tels sont peut-être
109 tamorphose » et « paradoxe », tels sont peut-être les mots-clés de l’Europe sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue
110 t « paradoxe », tels sont peut-être les mots-clés de l’Europe sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue les traduise
111  paradoxe », tels sont peut-être les mots-clés de l’ Europe sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue les traduise, e
112 e sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue les traduise, en vertu d’une convention qu’il serait temps de réviser, pa
113 ise, en vertu d’une convention qu’il serait temps de réviser, par « démesure » et « confusion » ? Car il est trop certain
114  » et « confusion » ? Car il est trop certain que le mot démesure désigne dans l’esprit d’un bourgeois cartésien quelque c
115 est trop certain que le mot démesure désigne dans l’ esprit d’un bourgeois cartésien quelque chose dont il convient de se g
116 certain que le mot démesure désigne dans l’esprit d’ un bourgeois cartésien quelque chose dont il convient de se gausser sa
117 ourgeois cartésien quelque chose dont il convient de se gausser sans examen. Mais une exacte traduction ne servirait au fo
118 cte traduction ne servirait au fond qu’à déplacer le prétexte d’un malentendu plus tenace. Lorsqu’on parle de paradoxe, Ta
119 on ne servirait au fond qu’à déplacer le prétexte d’ un malentendu plus tenace. Lorsqu’on parle de paradoxe, Tartempion se
120 exte d’un malentendu plus tenace. Lorsqu’on parle de paradoxe, Tartempion se souvient du café du Commerce, tandis que le p
121 andis que le premier des Doktor phil. venu évoque le concept d’ironie selon Jean-Paul, la dialectique selon Hegel, et peut
122 e premier des Doktor phil. venu évoque le concept d’ ironie selon Jean-Paul, la dialectique selon Hegel, et peut-être la pa
123 venu évoque le concept d’ironie selon Jean-Paul, la dialectique selon Hegel, et peut-être la passion de Kierkegaard. Mais
124 an-Paul, la dialectique selon Hegel, et peut-être la passion de Kierkegaard. Mais alors M. Truc parle des « brumes nordiqu
125 dialectique selon Hegel, et peut-être la passion de Kierkegaard. Mais alors M. Truc parle des « brumes nordiques » ! Car
126 lors M. Truc parle des « brumes nordiques » ! Car la métamorphose a pour effet certain de rendre tout légalisme inefficace
127 ques » ! Car la métamorphose a pour effet certain de rendre tout légalisme inefficace — il n’y a jugement possible que du
128 ce — il n’y a jugement possible que du même —, et le paradoxe apparaît aux yeux de ceux pour qui la religion n’est qu’assu
129 et le paradoxe apparaît aux yeux de ceux pour qui la religion n’est qu’assurance, comme une dérision désespérée. Malentend
130 sse renaissant au contact des éléments inférieurs de deux mondes dont la synthèse constituerait la gloire de ce temps, et,
131 ntact des éléments inférieurs de deux mondes dont la synthèse constituerait la gloire de ce temps, et, accessoirement, not
132 urs de deux mondes dont la synthèse constituerait la gloire de ce temps, et, accessoirement, notre salut.   Parmi les trai
133 x mondes dont la synthèse constituerait la gloire de ce temps, et, accessoirement, notre salut.   Parmi les traits tout qu
134 e temps, et, accessoirement, notre salut.   Parmi les traits tout quotidiens de la mentalité germanique, les plus frappants
135 , notre salut.   Parmi les traits tout quotidiens de la mentalité germanique, les plus frappants apparaissent déterminés p
136 otre salut.   Parmi les traits tout quotidiens de la mentalité germanique, les plus frappants apparaissent déterminés par
137 raits tout quotidiens de la mentalité germanique, les plus frappants apparaissent déterminés par la morale du titanisme. Or
138 e, les plus frappants apparaissent déterminés par la morale du titanisme. Or elle implique la réalité de la métamorphose.
139 inés par la morale du titanisme. Or elle implique la réalité de la métamorphose. Les autres traits relèvent d’un sentiment
140 morale du titanisme. Or elle implique la réalité de la métamorphose. Les autres traits relèvent d’un sentimentalisme part
141 rale du titanisme. Or elle implique la réalité de la métamorphose. Les autres traits relèvent d’un sentimentalisme particu
142 . Or elle implique la réalité de la métamorphose. Les autres traits relèvent d’un sentimentalisme particulier, synthèse « p
143 té de la métamorphose. Les autres traits relèvent d’ un sentimentalisme particulier, synthèse « paradoxale » et jamais suff
144 arguments sanglants. Et s’il est des domaines où de nos jours, l’on peut réclamer à bon droit l’économie de nuances vaine
145 glants. Et s’il est des domaines où de nos jours, l’ on peut réclamer à bon droit l’économie de nuances vaines et la décisi
146 s où de nos jours, l’on peut réclamer à bon droit l’ économie de nuances vaines et la décision, même brutale, l’on ne saura
147 jours, l’on peut réclamer à bon droit l’économie de nuances vaines et la décision, même brutale, l’on ne saurait ici serr
148 lamer à bon droit l’économie de nuances vaines et la décision, même brutale, l’on ne saurait ici serrer de trop près les o
149 e de nuances vaines et la décision, même brutale, l’ on ne saurait ici serrer de trop près les origines secrètes d’un phéno
150 écision, même brutale, l’on ne saurait ici serrer de trop près les origines secrètes d’un phénomène qui produit ses effets
151 brutale, l’on ne saurait ici serrer de trop près les origines secrètes d’un phénomène qui produit ses effets sur tous les
152 ait ici serrer de trop près les origines secrètes d’ un phénomène qui produit ses effets sur tous les plans, celui de la gu
153 es d’un phénomène qui produit ses effets sur tous les plans, celui de la guerre y compris. Mais il est bon de préciser, fût
154 qui produit ses effets sur tous les plans, celui de la guerre y compris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’aide d’u
155 i produit ses effets sur tous les plans, celui de la guerre y compris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’aide d’un s
156 ns, celui de la guerre y compris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’aide d’un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est
157 y compris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’ aide d’un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est brutal ; le Français m
158 ris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’aide d’ un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est brutal ; le Français malin. D
159 n de préciser, fût-ce à l’aide d’un seul exemple. L’ Allemand, dit-on, est brutal ; le Français malin. Deux traits de carac
160 un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est brutal ; le Français malin. Deux traits de caractère dont les manifestations quot
161 t-on, est brutal ; le Français malin. Deux traits de caractère dont les manifestations quotidiennes, dans le domaine du se
162 le Français malin. Deux traits de caractère dont les manifestations quotidiennes, dans le domaine du sentiment et des rapp
163 actère dont les manifestations quotidiennes, dans le domaine du sentiment et des rapports sociaux, sont agaçants à l’extrê
164 entiment et des rapports sociaux, sont agaçants à l’ extrême pour l’autre. Agacement que l’on traduit en s’accusant récipro
165 agaçants à l’extrême pour l’autre. Agacement que l’ on traduit en s’accusant réciproquement de mensonge chronique. Et de f
166 ent que l’on traduit en s’accusant réciproquement de mensonge chronique. Et de fait, la brutalité paraît fausse, parce qu’
167 accusant réciproquement de mensonge chronique. Et de fait, la brutalité paraît fausse, parce qu’elle impose un ordre arbit
168 réciproquement de mensonge chronique. Et de fait, la brutalité paraît fausse, parce qu’elle impose un ordre arbitraire au
169 parce qu’elle impose un ordre arbitraire au prix d’ un désordre. Mais à l’Allemand, cette sorte-là de mensonge n’est guère
170 un ordre arbitraire au prix d’un désordre. Mais à l’ Allemand, cette sorte-là de mensonge n’est guère sensible : la vérité
171 d’un désordre. Mais à l’Allemand, cette sorte-là de mensonge n’est guère sensible : la vérité pour lui étant ce qui s’imp
172 cette sorte-là de mensonge n’est guère sensible : la vérité pour lui étant ce qui s’impose, il la confond assez naturellem
173 le : la vérité pour lui étant ce qui s’impose, il la confond assez naturellement avec ce qu’il impose. Confusion liée au m
174 avec ce qu’il impose. Confusion liée au mouvement le plus profond de l’âme allemande, qui la porte à la création volontair
175 pose. Confusion liée au mouvement le plus profond de l’âme allemande, qui la porte à la création volontaire, titanique, du
176 e. Confusion liée au mouvement le plus profond de l’ âme allemande, qui la porte à la création volontaire, titanique, du ré
177 mouvement le plus profond de l’âme allemande, qui la porte à la création volontaire, titanique, du réel. Son mensonge devi
178 e plus profond de l’âme allemande, qui la porte à la création volontaire, titanique, du réel. Son mensonge devient vérité
179 du réel. Son mensonge devient vérité dès qu’elle le veut assez puissamment. Mais en revanche, l’habileté paraît fausse, p
180 elle le veut assez puissamment. Mais en revanche, l’ habileté paraît fausse, parce qu’elle se sert du mensonge comme d’une
181 t fausse, parce qu’elle se sert du mensonge comme d’ une arme normale. La brutalité du moins est loyale jusque dans ses exc
182 lle se sert du mensonge comme d’une arme normale. La brutalité du moins est loyale jusque dans ses excès. L’habileté, elle
183 talité du moins est loyale jusque dans ses excès. L’ habileté, elle, masque et renie ses mensonges. Mais pour le Français,
184 é, elle, masque et renie ses mensonges. Mais pour le Français, cela ne saurait présenter que des inconvénients tout pratiq
185 convénients tout pratiques, strictement limités à la victime. Car il reste sous-entendu et bien entendu, qu’en soi, la vér
186 il reste sous-entendu et bien entendu, qu’en soi, la vérité est immuable, qu’elle n’est nullement atteinte par un mensonge
187 n définitive, ne change rien. En d’autres termes, le mensonge français n’est pas mythique. Il ne crée ni ne fausse rien d’
188 n’est pas mythique. Il ne crée ni ne fausse rien d’ essentiel à la réalité. Le système D n’est pas un système philosophiq
189 hique. Il ne crée ni ne fausse rien d’essentiel à la réalité. Le système D n’est pas un système philosophique. Ainsi se d
190 crée ni ne fausse rien d’essentiel à la réalité. Le système D n’est pas un système philosophique. Ainsi se dessineraient,
191 phique. Ainsi se dessineraient, si nous étendions l’ analyse, deux « natures » fondamentalement divergentes, dont il serait
192 ndamentalement divergentes, dont il serait facile de suivre les manifestations dans les domaines les plus variés de l’être
193 ment divergentes, dont il serait facile de suivre les manifestations dans les domaines les plus variés de l’être. Qu’on ne
194 l serait facile de suivre les manifestations dans les domaines les plus variés de l’être. Qu’on ne voie pas ici quelque fac
195 le de suivre les manifestations dans les domaines les plus variés de l’être. Qu’on ne voie pas ici quelque facile généralis
196 manifestations dans les domaines les plus variés de l’être. Qu’on ne voie pas ici quelque facile généralisation, mais bie
197 nifestations dans les domaines les plus variés de l’ être. Qu’on ne voie pas ici quelque facile généralisation, mais bien p
198 facile généralisation, mais bien plutôt un essai de spécification. Je pense, comme vous, qu’il existe quantité d’Allemand
199 tion. Je pense, comme vous, qu’il existe quantité d’ Allemands et de Français pour lesquels la distinction que l’on vient d
200 comme vous, qu’il existe quantité d’Allemands et de Français pour lesquels la distinction que l’on vient d’établir ne vau
201 quantité d’Allemands et de Français pour lesquels la distinction que l’on vient d’établir ne vaut rien : il est même proba
202 s et de Français pour lesquels la distinction que l’ on vient d’établir ne vaut rien : il est même probable qu’ils forment
203 nçais pour lesquels la distinction que l’on vient d’ établir ne vaut rien : il est même probable qu’ils forment la majorité
204 e vaut rien : il est même probable qu’ils forment la majorité, car peu de gens sont typiques de quoi que ce soit. Il reste
205 orment la majorité, car peu de gens sont typiques de quoi que ce soit. Il reste que certains tours de pensée ne sont vérit
206 de quoi que ce soit. Il reste que certains tours de pensée ne sont véritablement réalisables qu’au sein d’un ensemble org
207 nt réalisables qu’au sein d’un ensemble organique de mœurs, de climat et d’ambitions collectives, ensemble que, tout indép
208 bles qu’au sein d’un ensemble organique de mœurs, de climat et d’ambitions collectives, ensemble que, tout indépendamment
209 in d’un ensemble organique de mœurs, de climat et d’ ambitions collectives, ensemble que, tout indépendamment des réalités
210 endamment des réalités économiques et politiques, l’ on peut nommer ici Allemagne, et là, France. Il reste qu’un Empédocle,
211 ançais qui, le premier, conçut, pour s’en vanter, l’ idée qu’il était né malin. Paradoxe du sentiment Une rumeur loin
212 ntiment Une rumeur lointaine et continue, nous l’ entendons seulement lorsqu’elle cesse, ou bien lorsqu’elle grandit sou
213 cesse, ou bien lorsqu’elle grandit soudain. Ainsi de la rumeur en nous du sang qui court ; ainsi de la respiration. Il n’y
214 se, ou bien lorsqu’elle grandit soudain. Ainsi de la rumeur en nous du sang qui court ; ainsi de la respiration. Il n’y a
215 si de la rumeur en nous du sang qui court ; ainsi de la respiration. Il n’y a sensation que du discontinu. Il n’y a sentim
216 de la rumeur en nous du sang qui court ; ainsi de la respiration. Il n’y a sensation que du discontinu. Il n’y a sentiment
217 nsation que du discontinu. Il n’y a sentiment que de ce qui nous quitte, ou nous surprend, ou bien encore au fond de l’êtr
218 quitte, ou nous surprend, ou bien encore au fond de l’être nous déchire et nous ressuscite. À la naissance du sentiment,
219 itte, ou nous surprend, ou bien encore au fond de l’ être nous déchire et nous ressuscite. À la naissance du sentiment, nou
220 fond de l’être nous déchire et nous ressuscite. À la naissance du sentiment, nous trouvons invariablement une contradictio
221 est un appel, et qui crée sa réponse — en vain. Le sentiment mesure une défaillance de l’être. Mais ici, deux interpréta
222 e — en vain. Le sentiment mesure une défaillance de l’être. Mais ici, deux interprétations deviennent possibles. Selon l’
223  en vain. Le sentiment mesure une défaillance de l’ être. Mais ici, deux interprétations deviennent possibles. Selon l’une
224 est inhérente à toute réalité humaine ; elle est la marque même de sa validité, la preuve d’humanité pourrait-on dire. (O
225 à toute réalité humaine ; elle est la marque même de sa validité, la preuve d’humanité pourrait-on dire. (On appelle inhum
226 humaine ; elle est la marque même de sa validité, la preuve d’humanité pourrait-on dire. (On appelle inhumain l’être qui n
227 elle est la marque même de sa validité, la preuve d’ humanité pourrait-on dire. (On appelle inhumain l’être qui ne sent rie
228 d’humanité pourrait-on dire. (On appelle inhumain l’ être qui ne sent rien.) Selon l’autre, elle indique seulement un défau
229 , elle indique seulement un défaut qu’il convient de guérir par des moyens appropriés, par une politique ou par une morale
230 , par une politique ou par une morale. D’une part l’ on tient la déficience pour essentielle ; de l’autre elle apparaît un
231 olitique ou par une morale. D’une part l’on tient la déficience pour essentielle ; de l’autre elle apparaît un accident fâ
232 part l’on tient la déficience pour essentielle ; de l’autre elle apparaît un accident fâcheux. Telles, peut-être, se déli
233 ccident fâcheux. Telles, peut-être, se délimitent la notion chrétienne et la notion antique de l’homme ; telles, dans une
234 peut-être, se délimitent la notion chrétienne et la notion antique de l’homme ; telles, dans une certaine mesure, la noti
235 imitent la notion chrétienne et la notion antique de l’homme ; telles, dans une certaine mesure, la notion germanique et l
236 tent la notion chrétienne et la notion antique de l’ homme ; telles, dans une certaine mesure, la notion germanique et la n
237 ue de l’homme ; telles, dans une certaine mesure, la notion germanique et la notion latine. Le paradoxe humain revêt aux y
238 dans une certaine mesure, la notion germanique et la notion latine. Le paradoxe humain revêt aux yeux du philosophe modern
239 mesure, la notion germanique et la notion latine. Le paradoxe humain revêt aux yeux du philosophe moderne une valeur métap
240 ne une valeur métaphysique alors qu’il garde pour le moraliste latin la signification d’un accident social réductible à l’
241 hysique alors qu’il garde pour le moraliste latin la signification d’un accident social réductible à l’ordre imposé. Passa
242 il garde pour le moraliste latin la signification d’ un accident social réductible à l’ordre imposé. Passant à la limite du
243 a signification d’un accident social réductible à l’ ordre imposé. Passant à la limite du sentiment, là où il prend une val
244 ent social réductible à l’ordre imposé. Passant à la limite du sentiment, là où il prend une valeur d’acte ou de jugement,
245 la limite du sentiment, là où il prend une valeur d’ acte ou de jugement, l’on peut symboliser l’opposition des deux vision
246 du sentiment, là où il prend une valeur d’acte ou de jugement, l’on peut symboliser l’opposition des deux visions du monde
247 là où il prend une valeur d’acte ou de jugement, l’ on peut symboliser l’opposition des deux visions du monde dans celle,
248 aleur d’acte ou de jugement, l’on peut symboliser l’ opposition des deux visions du monde dans celle, plus précise, de deux
249 s deux visions du monde dans celle, plus précise, de deux notions du tragique. Le monde latin connaît un tragique aux arêt
250 celle, plus précise, de deux notions du tragique. Le monde latin connaît un tragique aux arêtes de pierre taillée : confli
251 ue. Le monde latin connaît un tragique aux arêtes de pierre taillée : conflits d’actes, de faits ou de droits ; l’Europe c
252 tragique aux arêtes de pierre taillée : conflits d’ actes, de faits ou de droits ; l’Europe centrale, de ces choses « déch
253 aux arêtes de pierre taillée : conflits d’actes, de faits ou de droits ; l’Europe centrale, de ces choses « déchirantes »
254 de pierre taillée : conflits d’actes, de faits ou de droits ; l’Europe centrale, de ces choses « déchirantes » et sans nom
255 illée : conflits d’actes, de faits ou de droits ; l’ Europe centrale, de ces choses « déchirantes » et sans nom qui font da
256 actes, de faits ou de droits ; l’Europe centrale, de ces choses « déchirantes » et sans nom qui font dans l’âme un bruit d
257 choses « déchirantes » et sans nom qui font dans l’ âme un bruit de vent mortel et caressant ; une qualité métaphysique et
258 rantes » et sans nom qui font dans l’âme un bruit de vent mortel et caressant ; une qualité métaphysique et passionnée de
259 aressant ; une qualité métaphysique et passionnée de l’« impossible », — qui dans ce sens, vraiment, n’est pas un mot fran
260 ssant ; une qualité métaphysique et passionnée de l’ « impossible », — qui dans ce sens, vraiment, n’est pas un mot françai
261 s, vraiment, n’est pas un mot français. En ceci, le monde de l’Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si
262 nt, n’est pas un mot français. En ceci, le monde de l’Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si l’on cons
263 n’est pas un mot français. En ceci, le monde de l’ Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si l’on considè
264 monde de l’Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si l’on considère ses manières de sentir et de penser —
265 entrale est plus chrétien que le monde latin — si l’ on considère ses manières de sentir et de penser — qu’il est essentiel
266 e le monde latin — si l’on considère ses manières de sentir et de penser — qu’il est essentiellement antithétique, déchiré
267 tin — si l’on considère ses manières de sentir et de penser — qu’il est essentiellement antithétique, déchiré (« déchirant
268 déchiré (« déchirant ») et fondé sur cette vision de la réalité humaine : la vie est manque et compensation de ce manque ;
269 hiré (« déchirant ») et fondé sur cette vision de la réalité humaine : la vie est manque et compensation de ce manque ; co
270 et fondé sur cette vision de la réalité humaine : la vie est manque et compensation de ce manque ; contradictions et dépas
271 alité humaine : la vie est manque et compensation de ce manque ; contradictions et dépassement de ces contradictions2. Le
272 tion de ce manque ; contradictions et dépassement de ces contradictions2. Le monde latin, en tant que latin, étant un mond
273 radictions et dépassement de ces contradictions2. Le monde latin, en tant que latin, étant un monde de l’unité (en vérité
274 Le monde latin, en tant que latin, étant un monde de l’unité (en vérité de l’unification à tout prix) est un monde « sécul
275 monde latin, en tant que latin, étant un monde de l’ unité (en vérité de l’unification à tout prix) est un monde « séculari
276 t que latin, étant un monde de l’unité (en vérité de l’unification à tout prix) est un monde « sécularisé » jusque dans se
277 ue latin, étant un monde de l’unité (en vérité de l’ unification à tout prix) est un monde « sécularisé » jusque dans ses m
278 est un monde « sécularisé » jusque dans ses modes les plus intimes de souffrir. Car il n’accepte pas la souffrance comme un
279 cularisé » jusque dans ses modes les plus intimes de souffrir. Car il n’accepte pas la souffrance comme une condition de l
280 es plus intimes de souffrir. Car il n’accepte pas la souffrance comme une condition de la conscience du réel, mais la repo
281 l n’accepte pas la souffrance comme une condition de la conscience du réel, mais la repousse comme le signe d’un manque à
282 ’accepte pas la souffrance comme une condition de la conscience du réel, mais la repousse comme le signe d’un manque à la
283 omme une condition de la conscience du réel, mais la repousse comme le signe d’un manque à la loi. Il y a une contrepartie
284 de la conscience du réel, mais la repousse comme le signe d’un manque à la loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante
285 nscience du réel, mais la repousse comme le signe d’ un manque à la loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante le sens d
286 el, mais la repousse comme le signe d’un manque à la loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante le sens du péché — c’es
287 la loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante le sens du péché — c’est-à-dire de la réalité humaine — celui-là résiste
288 . Celui que hante le sens du péché — c’est-à-dire de la réalité humaine — celui-là résiste rarement à la tentation de cult
289 elui que hante le sens du péché — c’est-à-dire de la réalité humaine — celui-là résiste rarement à la tentation de cultive
290 la réalité humaine — celui-là résiste rarement à la tentation de cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que réa
291 umaine — celui-là résiste rarement à la tentation de cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que réalité spiritue
292 ui-là résiste rarement à la tentation de cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que réalité spirituelle sera plu
293 rarement à la tentation de cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que réalité spirituelle sera plus vive, son âm
294 ement à la tentation de cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que réalité spirituelle sera plus vive, son âme p
295 ra plus vive, son âme plus fortement engagée dans le tragique essentiel. Calcul faux, comme tous les calculs de l’âme : le
296 ns le tragique essentiel. Calcul faux, comme tous les calculs de l’âme : le péché n’est réel que pour celui qui veut s’en a
297 ue essentiel. Calcul faux, comme tous les calculs de l’âme : le péché n’est réel que pour celui qui veut s’en arracher. To
298 essentiel. Calcul faux, comme tous les calculs de l’ âme : le péché n’est réel que pour celui qui veut s’en arracher. Toute
299 l. Calcul faux, comme tous les calculs de l’âme : le péché n’est réel que pour celui qui veut s’en arracher. Toute délecta
300 détruit jusqu’aux sens sur lesquels elle régnait. Le sentimentalisme, dès qu’il devient délectation des sentiments, donne
301 , donne naissance à une lâcheté singulière devant la vie. Né d’un retard dans l’actualisation, il peut tourner alors en un
302 ssance à une lâcheté singulière devant la vie. Né d’ un retard dans l’actualisation, il peut tourner alors en un refus chro
303 eté singulière devant la vie. Né d’un retard dans l’ actualisation, il peut tourner alors en un refus chronique. Et c’est e
304 ner alors en un refus chronique. Et c’est en quoi le monde latin, monde de la spontanéité, est à son tour plus audacieux,
305 chronique. Et c’est en quoi le monde latin, monde de la spontanéité, est à son tour plus audacieux, et pour tout dire, plu
306 onique. Et c’est en quoi le monde latin, monde de la spontanéité, est à son tour plus audacieux, et pour tout dire, plus c
307 s audacieux, et pour tout dire, plus chrétien que le monde de l’Europe centrale. L’intelligence est sentimentale Le
308 ux, et pour tout dire, plus chrétien que le monde de l’Europe centrale. L’intelligence est sentimentale Le sentiment
309 et pour tout dire, plus chrétien que le monde de l’ Europe centrale. L’intelligence est sentimentale Le sentiment :
310 us chrétien que le monde de l’Europe centrale. L’ intelligence est sentimentale Le sentiment : un retard, un regret.
311 e centrale. L’intelligence est sentimentale Le sentiment : un retard, un regret. Mais c’est aussi un retour amoureux
312 egard qui s’appuie sur soi-même : et voici naître la conscience, c’est-à-dire, un état d’intensité mortelle de la vie. Car
313 voici naître la conscience, c’est-à-dire, un état d’ intensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une
314 ience, c’est-à-dire, un état d’intensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qu
315 ce, c’est-à-dire, un état d’intensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qui e
316 dire, un état d’intensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qui exalte la vie
317 d’intensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qui exalte la vie ; et dans le
318 vivre implique une réflexion concrète qui exalte la vie ; et dans le même temps, un jugement abstrait, qui la tue. Le sen
319 ne réflexion concrète qui exalte la vie ; et dans le même temps, un jugement abstrait, qui la tue. Le sentimentalisme n’es
320 et dans le même temps, un jugement abstrait, qui la tue. Le sentimentalisme n’est pas du tout le contraire du rationalism
321 le même temps, un jugement abstrait, qui la tue. Le sentimentalisme n’est pas du tout le contraire du rationalisme (mais
322 qui la tue. Le sentimentalisme n’est pas du tout le contraire du rationalisme (mais nous vivons sur des distinctions de m
323 tionalisme (mais nous vivons sur des distinctions de manuels). Il est même étonnant de constater combien exactement ces de
324 es distinctions de manuels). Il est même étonnant de constater combien exactement ces deux attitudes de l’esprit sont para
325 e constater combien exactement ces deux attitudes de l’esprit sont parallèles. Toutes deux ont leur origine dans un perpét
326 onstater combien exactement ces deux attitudes de l’ esprit sont parallèles. Toutes deux ont leur origine dans un perpétuel
327 leur origine dans un perpétuel et anxieux besoin de dire les choses, comme pour s’en assurer à la fois et s’en délecter3.
328 igine dans un perpétuel et anxieux besoin de dire les choses, comme pour s’en assurer à la fois et s’en délecter3. À cette
329 à la fois et s’en délecter3. À cette disposition l’ on pourrait opposer, plutôt que la taciturne réflexion romaine, la tou
330 tte disposition l’on pourrait opposer, plutôt que la taciturne réflexion romaine, la tournure d’esprit sentencieuse et syn
331 poser, plutôt que la taciturne réflexion romaine, la tournure d’esprit sentencieuse et synthétique de l’esprit hindou. Et
332 t que la taciturne réflexion romaine, la tournure d’ esprit sentencieuse et synthétique de l’esprit hindou. Et cela n’est p
333 la tournure d’esprit sentencieuse et synthétique de l’esprit hindou. Et cela n’est point trop théorique. Que l’on considè
334 tournure d’esprit sentencieuse et synthétique de l’ esprit hindou. Et cela n’est point trop théorique. Que l’on considère
335 t hindou. Et cela n’est point trop théorique. Que l’ on considère en effet le devenir dialectique de la pensée allemande de
336 point trop théorique. Que l’on considère en effet le devenir dialectique de la pensée allemande depuis Goethe : c’est à l’
337 ue l’on considère en effet le devenir dialectique de la pensée allemande depuis Goethe : c’est à l’Orient, d’instinct, que
338 l’on considère en effet le devenir dialectique de la pensée allemande depuis Goethe : c’est à l’Orient, d’instinct, que ce
339 ue de la pensée allemande depuis Goethe : c’est à l’ Orient, d’instinct, que cette pensée va demander non point seulement s
340 ensée allemande depuis Goethe : c’est à l’Orient, d’ instinct, que cette pensée va demander non point seulement sa revanche
341 venir.   Ne pourrait-on pas voir une autre preuve de cette identité formelle dans l’observation suivante : au sortir de l’
342 une autre preuve de cette identité formelle dans l’ observation suivante : au sortir de l’adolescence, l’homme devient à l
343 rmelle dans l’observation suivante : au sortir de l’ adolescence, l’homme devient à la fois moins abstrait et moins sentime
344 bservation suivante : au sortir de l’adolescence, l’ homme devient à la fois moins abstrait et moins sentimental ; cela se
345 t moins porté à généraliser, et borne son désir à l’ immédiat. — À la limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne.
346 généraliser, et borne son désir à l’immédiat. — À la limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne. Goethe en ce se
347 r, et borne son désir à l’immédiat. — À la limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bie
348 et borne son désir à l’immédiat. — À la limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bien l
349 l’immédiat. — À la limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bien l’antiallemand, ou en
350 a réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bien l’ antiallemand, ou encore comme le disait Curtius, le premier classique
351 ce sens est bien l’antiallemand, ou encore comme le disait Curtius, le premier classique allemand. Bien plus que Nietzsch
352 plus que Nietzsche, type du déchiré, qui glorifie l’ instinct perdu, en véritable sentimental.   L’instinct mène au plaisir
353 fie l’instinct perdu, en véritable sentimental.   L’ instinct mène au plaisir par l’acte ; le sentiment à la mélancolie, pa
354 ble sentimental.   L’instinct mène au plaisir par l’ acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en rés
355 mental.   L’instinct mène au plaisir par l’acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que
356 tinct mène au plaisir par l’acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que la sensualité g
357 ir par l’acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que la sensualité germanique est plus
358 acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que la sensualité germanique est plus conscient
359 e ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’ acte. Il en résulte que la sensualité germanique est plus consciente (
360 ncolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que la sensualité germanique est plus consciente (c’est-à-dire à la fois plu
361 dire à la fois plus morose et plus débauchée) que la latine. Elle tourne en sentiments dans la mesure où elle refuse de s’
362 ée) que la latine. Elle tourne en sentiments dans la mesure où elle refuse de s’accomplir pleinement. L’Italien fait l’amo
363 ourne en sentiments dans la mesure où elle refuse de s’accomplir pleinement. L’Italien fait l’amour et n’épilogue pas. L’A
364 mesure où elle refuse de s’accomplir pleinement. L’ Italien fait l’amour et n’épilogue pas. L’Allemand ne fait pas l’amour
365 refuse de s’accomplir pleinement. L’Italien fait l’ amour et n’épilogue pas. L’Allemand ne fait pas l’amour et en tire une
366 nement. L’Italien fait l’amour et n’épilogue pas. L’ Allemand ne fait pas l’amour et en tire une métaphysique4. Le plaisir
367 l’amour et n’épilogue pas. L’Allemand ne fait pas l’ amour et en tire une métaphysique4. Le plaisir est pour lui rareté, fr
368 ne fait pas l’amour et en tire une métaphysique4. Le plaisir est pour lui rareté, friandise, et devient tout de suite une
369 déchirante et délicieuse comme les secondes voix de Schumann. Mais la crainte me prend qu’on aille chercher en ces remarq
370 icieuse comme les secondes voix de Schumann. Mais la crainte me prend qu’on aille chercher en ces remarques je ne sais que
371 ercher en ces remarques je ne sais quelle défense d’ un Occident latin dont justement nous récusons l’idéal d’orgueilleuse
372 d’un Occident latin dont justement nous récusons l’ idéal d’orgueilleuse et stérilisante perfection. L’intelligence latine
373 cident latin dont justement nous récusons l’idéal d’ orgueilleuse et stérilisante perfection. L’intelligence latine aurait
374 ’idéal d’orgueilleuse et stérilisante perfection. L’ intelligence latine aurait tout à gagner à se laisser berner et houspi
375 dées, trop soumises par leur nature et dépourvues de coquetteries. À force de se craindre dupe, elle a perdu le goût de se
376 teries. À force de se craindre dupe, elle a perdu le goût de se risquer, de découvrir. Et l’impuissance qui déjà la frappe
377 À force de se craindre dupe, elle a perdu le goût de se risquer, de découvrir. Et l’impuissance qui déjà la frappe n’est p
378 raindre dupe, elle a perdu le goût de se risquer, de découvrir. Et l’impuissance qui déjà la frappe n’est pas même compens
379 e a perdu le goût de se risquer, de découvrir. Et l’ impuissance qui déjà la frappe n’est pas même compensée par une réelle
380 risquer, de découvrir. Et l’impuissance qui déjà la frappe n’est pas même compensée par une réelle prise de conscience. C
381 ar une réelle prise de conscience. Car voici bien le triomphe du sentiment : c’est qu’en définitive il détient plus de réa
382 entiment : c’est qu’en définitive il détient plus de réalité que la sensation5. Le désir et le regret sont plus certains q
383 t qu’en définitive il détient plus de réalité que la sensation5. Le désir et le regret sont plus certains que le plaisir.
384 ive il détient plus de réalité que la sensation5. Le désir et le regret sont plus certains que le plaisir. Seuls ils suppo
385 nt plus de réalité que la sensation5. Le désir et le regret sont plus certains que le plaisir. Seuls ils supportent dans l
386 on5. Le désir et le regret sont plus certains que le plaisir. Seuls ils supportent dans leur sein la réflexion. Bien plus,
387 e le plaisir. Seuls ils supportent dans leur sein la réflexion. Bien plus, ils la provoquent, l’animent et la rendent rayo
388 rtent dans leur sein la réflexion. Bien plus, ils la provoquent, l’animent et la rendent rayonnante, au lieu que le plaisi
389 sein la réflexion. Bien plus, ils la provoquent, l’ animent et la rendent rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, o
390 exion. Bien plus, ils la provoquent, l’animent et la rendent rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue. La
391 , l’animent et la rendent rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’
392 la rendent rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’intelligence v
393 rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’intelligence véritable est
394 te, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’intelligence véritable est toujour
395 laisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’intelligence véritable est toujours sentimentale. ⁂ Eu
396 t, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’ intelligence véritable est toujours sentimentale. ⁂ Europe du sentimen
397 jours sentimentale. ⁂ Europe du sentiment, patrie de la lenteur, — encore un paradis perdu ! C’était bien notre dernier lu
398 rs sentimentale. ⁂ Europe du sentiment, patrie de la lenteur, — encore un paradis perdu ! C’était bien notre dernier luxe,
399 vie. Mais ils s’achètent des Bugatti pour brûler les étapes d’un destin qu’ils pressentent absurde. Rien désormais ne pour
400 ils s’achètent des Bugatti pour brûler les étapes d’ un destin qu’ils pressentent absurde. Rien désormais ne pourra plus no
401 bsurde. Rien désormais ne pourra plus nous rendre le silence et la lenteur des choses. Derniers refuges, vastes auberges d
402 ésormais ne pourra plus nous rendre le silence et la lenteur des choses. Derniers refuges, vastes auberges de la Souabe où
403 eur des choses. Derniers refuges, vastes auberges de la Souabe où l’on chantait les chœurs de Schubert après boire — et le
404 des choses. Derniers refuges, vastes auberges de la Souabe où l’on chantait les chœurs de Schubert après boire — et les h
405 Derniers refuges, vastes auberges de la Souabe où l’ on chantait les chœurs de Schubert après boire — et les hommes parlaie
406 es, vastes auberges de la Souabe où l’on chantait les chœurs de Schubert après boire — et les hommes parlaient lentement, p
407 auberges de la Souabe où l’on chantait les chœurs de Schubert après boire — et les hommes parlaient lentement, parlaient p
408 chantait les chœurs de Schubert après boire — et les hommes parlaient lentement, parlaient peu —, c’est le secret de votre
409 ommes parlaient lentement, parlaient peu —, c’est le secret de votre bienveillance que je voudrais rechercher maintenant.
410 aient lentement, parlaient peu —, c’est le secret de votre bienveillance que je voudrais rechercher maintenant. Bienveilla
411 escence encore « marche, s’arrête et marche, avec le col penché »… Contribution à l’archéologie des états d’âme.   L’Europ
412 e et marche, avec le col penché »… Contribution à l’ archéologie des états d’âme.   L’Europe du sentiment, c’est notre Euro
413 penché »… Contribution à l’archéologie des états d’ âme.   L’Europe du sentiment, c’est notre Europe des adieux. Elle ne v
414 … Contribution à l’archéologie des états d’âme.   L’ Europe du sentiment, c’est notre Europe des adieux. Elle ne vit plus q
415 es adieux. Elle ne vit plus qu’en nous déjà, nous la portons encore comme le souvenir d’un soir d’adolescence sur la prair
416 lus qu’en nous déjà, nous la portons encore comme le souvenir d’un soir d’adolescence sur la prairie où des filles s’éloig
417 us déjà, nous la portons encore comme le souvenir d’ un soir d’adolescence sur la prairie où des filles s’éloignent en chan
418 ous la portons encore comme le souvenir d’un soir d’ adolescence sur la prairie où des filles s’éloignent en chantant. Voic
419 ore comme le souvenir d’un soir d’adolescence sur la prairie où des filles s’éloignent en chantant. Voici la nuit du souve
420 irie où des filles s’éloignent en chantant. Voici la nuit du souvenir, brève nuit d’août et souvenirs de nos enfances. Ce
421 n chantant. Voici la nuit du souvenir, brève nuit d’ août et souvenirs de nos enfances. Ce soir des Signes où des renards s
422 nuit du souvenir, brève nuit d’août et souvenirs de nos enfances. Ce soir des Signes où des renards sortirent à la lisièr
423 es. Ce soir des Signes où des renards sortirent à la lisière de la forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus, l’orage s’
424 des Signes où des renards sortirent à la lisière de la forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus, l’orage s’amassait. M
425 s Signes où des renards sortirent à la lisière de la forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus, l’orage s’amassait. Ma m
426 e la forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus, l’ orage s’amassait. Ma mère me dit : « Il va y avoir une averse. Cours à
427 mère me dit : « Il va y avoir une averse. Cours à la rencontre de ton père et donne-lui cette pèlerine. » Et quand je le r
428 « Il va y avoir une averse. Cours à la rencontre de ton père et donne-lui cette pèlerine. » Et quand je le rejoignis dans
429 n père et donne-lui cette pèlerine. » Et quand je le rejoignis dans l’obscurité tombante, il m’embrassa. Les premières gou
430 i cette pèlerine. » Et quand je le rejoignis dans l’ obscurité tombante, il m’embrassa. Les premières gouttes tombaient et
431 il m’embrassa. Les premières gouttes tombaient et le tonnerre roulait au loin mais je n’avais plus peur. Pourtant je vis d
432 Pourtant je vis des larmes dans ses yeux, c’était la guerre. Brève nuit d’août, le temps d’un peu se souvenir. Et bientôt
433 mes dans ses yeux, c’était la guerre. Brève nuit d’ août, le temps d’un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra l’aube dure.
434 ses yeux, c’était la guerre. Brève nuit d’août, le temps d’un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra l’aube dure. Alors no
435 , c’était la guerre. Brève nuit d’août, le temps d’ un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra l’aube dure. Alors nous entrer
436 e temps d’un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra l’ aube dure. Alors nous entrerons dans cette joie sauvage du Grand Jour,
437 u Grand Jour, où nous irons avec ce qu’il restera de bonté dans notre cœur, plus inutile que jamais, dominatrice et bafoué
438 du sentimentalisme subjectif qui rend impossible la conception toute classique, objective, latine, spatiale et statique,
439 tine, spatiale et statique, qui présida au dessin de la Carte du Tendre. C’est le cri d’un poète français, non d’un França
440 e, spatiale et statique, qui présida au dessin de la Carte du Tendre. C’est le cri d’un poète français, non d’un Français.
441 ui présida au dessin de la Carte du Tendre. C’est le cri d’un poète français, non d’un Français. 2. Hegel serait le philo
442 ida au dessin de la Carte du Tendre. C’est le cri d’ un poète français, non d’un Français. 2. Hegel serait le philosophe p
443 du Tendre. C’est le cri d’un poète français, non d’ un Français. 2. Hegel serait le philosophe par excellence de l’Europe
444 ète français, non d’un Français. 2. Hegel serait le philosophe par excellence de l’Europe Centrale. Ce qu’il a tenté d’ét
445 is. 2. Hegel serait le philosophe par excellence de l’Europe Centrale. Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l
446 2. Hegel serait le philosophe par excellence de l’ Europe Centrale. Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l’éq
447 excellence de l’Europe Centrale. Ce qu’il a tenté d’ étaler dans l’Histoire, c’est l’équation d’existence de l’âme allemand
448 l’Europe Centrale. Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’ Histoire, c’est l’équation d’existence de l’âme allemande. Mais il a v
449 Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l’ équation d’existence de l’âme allemande. Mais il a voulu que ses momen
450 tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l’équation d’ existence de l’âme allemande. Mais il a voulu que ses moments fussent
451 ler dans l’Histoire, c’est l’équation d’existence de l’âme allemande. Mais il a voulu que ses moments fussent successifs :
452 dans l’Histoire, c’est l’équation d’existence de l’ âme allemande. Mais il a voulu que ses moments fussent successifs : c’
453 ses moments fussent successifs : c’était un moyen de la résoudre. Et c’est justement cette « résolution » que combattra Ki
454 moments fussent successifs : c’était un moyen de la résoudre. Et c’est justement cette « résolution » que combattra Kierk
455 on » que combattra Kierkegaard. Chez Kierkegaard, la dialectique redevient simultanée, irréductible, vivante… 3. Que l’on
456 evient simultanée, irréductible, vivante… 3. Que l’ on pense aux expansions verbeuses de Jean-Paul ou du Hölderlin d’Hypér
457 ante… 3. Que l’on pense aux expansions verbeuses de Jean-Paul ou du Hölderlin d’Hypérion ; et d’autre part, à la manie d’
458 l ou du Hölderlin d’Hypérion ; et d’autre part, à la manie d’exposition systématique et statistique des professeurs allema
459 ölderlin d’Hypérion ; et d’autre part, à la manie d’ exposition systématique et statistique des professeurs allemands. Autr
460 e des professeurs allemands. Autre exemple : tous les romantiques allemands sont nourris des théorèmes de Spinoza. 4. Je n
461 romantiques allemands sont nourris des théorèmes de Spinoza. 4. Je n’entends point par là que la métaphysique allemande
462 mes de Spinoza. 4. Je n’entends point par là que la métaphysique allemande est fille de la timidité sexuelle : il est cla
463 nt par là que la métaphysique allemande est fille de la timidité sexuelle : il est clair que, s’il y avait une filiation à
464 par là que la métaphysique allemande est fille de la timidité sexuelle : il est clair que, s’il y avait une filiation à ét
465 t clair que, s’il y avait une filiation à établir de l’une à l’autre, j’opterais pour l’inverse. En réalité, les deux phén
466 ion à établir de l’une à l’autre, j’opterais pour l’ inverse. En réalité, les deux phénomènes relèvent, encore une fois, d’
467 à l’autre, j’opterais pour l’inverse. En réalité, les deux phénomènes relèvent, encore une fois, d’un même état d’âme. Le n
468 é, les deux phénomènes relèvent, encore une fois, d’ un même état d’âme. Le nommer serait nommer l’une des raisons d’être p
469 relèvent, encore une fois, d’un même état d’âme. Le nommer serait nommer l’une des raisons d’être profonde du monde germa
470 d’âme. Le nommer serait nommer l’une des raisons d’ être profonde du monde germanique. 5. Seule réalité vivante prise en
471 Seule réalité vivante prise en considération par l’ intelligence rationaliste.
3 1932, Le Paysan du Danube. Première partie. Le Paysan du Danube — Un soir à Vienne avec Gérard
472 n étoile nervalienne. Je vins à Vienne pour fuir l’ Amérique. Mais les Viennois avaient fui dans les opérettes de Strauss,
473 nne. Je vins à Vienne pour fuir l’Amérique. Mais les Viennois avaient fui dans les opérettes de Strauss, qu’on ne trouve p
474 ir l’Amérique. Mais les Viennois avaient fui dans les opérettes de Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. Dans les danci
475 Mais les Viennois avaient fui dans les opérettes de Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. Dans les dancings, un peupl
476 de Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. Dans les dancings, un peuple de fêtards modérés, Juifs et ressortissants de la
477 uve plus nulle part. Dans les dancings, un peuple de fêtards modérés, Juifs et ressortissants de la Petite-Entente, applau
478 euple de fêtards modérés, Juifs et ressortissants de la Petite-Entente, applaudissait chaque soir entre deux airs anglais
479 le de fêtards modérés, Juifs et ressortissants de la Petite-Entente, applaudissait chaque soir entre deux airs anglais Le
480 applaudissait chaque soir entre deux airs anglais Le Beau Danube bleu, en commémoration polie d’un passé imaginaire, ou pe
481 glais Le Beau Danube bleu, en commémoration polie d’ un passé imaginaire, ou peut-être pour essayer de se prendre encore au
482 d’un passé imaginaire, ou peut-être pour essayer de se prendre encore au rêve de valse qu’on était venu chercher parce qu
483 ut-être pour essayer de se prendre encore au rêve de valse qu’on était venu chercher parce que cela vaudrait bien d’autres
484 vaudrait bien d’autres stupéfiants. Mais un tour de tambour anéantissait cette Vienne tout occupée à ressembler à l’idée
485 ntissait cette Vienne tout occupée à ressembler à l’ idée qu’on s’en fait. Le Ring, trop large, ouvert au vent glacial, cr
486 t occupée à ressembler à l’idée qu’on s’en fait. Le Ring, trop large, ouvert au vent glacial, crée autour du centre de la
487 ge, ouvert au vent glacial, crée autour du centre de la ville une insécurité qui fait songer à la Russie et au sifflement
488 ouvert au vent glacial, crée autour du centre de la ville une insécurité qui fait songer à la Russie et au sifflement des
489 ntre de la ville une insécurité qui fait songer à la Russie et au sifflement des balles perdues d’une révolution. Sept heu
490 r à la Russie et au sifflement des balles perdues d’ une révolution. Sept heures du soir : le moment était venu d’arrêter l
491 s perdues d’une révolution. Sept heures du soir : le moment était venu d’arrêter le plan de la soirée, et cette promenade
492 ution. Sept heures du soir : le moment était venu d’ arrêter le plan de la soirée, et cette promenade où il y avait juste a
493 t heures du soir : le moment était venu d’arrêter le plan de la soirée, et cette promenade où il y avait juste assez de pa
494 du soir : le moment était venu d’arrêter le plan de la soirée, et cette promenade où il y avait juste assez de passants p
495 soir : le moment était venu d’arrêter le plan de la soirée, et cette promenade où il y avait juste assez de passants pour
496 rée, et cette promenade où il y avait juste assez de passants pour qu’on la sentît déserte ne me proposait qu’une frileuse
497 où il y avait juste assez de passants pour qu’on la sentît déserte ne me proposait qu’une frileuse nostalgie. Mais qui fa
498 e frileuse nostalgie. Mais qui fallait-il accuser de cette duperie, qui rendre responsable de ma déception, sinon moi-même
499 accuser de cette duperie, qui rendre responsable de ma déception, sinon moi-même, me dis-je bientôt. Car je professe qu’u
500 son objet, de même qu’atteignant un certain degré d’ intensité, un état d’âme crée une situation qui l’exprime — bien qu’on
501 d’intensité, un état d’âme crée une situation qui l’ exprime — bien qu’on pense généralement l’inverse. Donc, n’ayant pas r
502 ion qui l’exprime — bien qu’on pense généralement l’ inverse. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’avais d’un ro
503 , n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’avais d’ un romantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de compromis sen
504 omantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de compromis sentimental, à l’Opéra où l’on donnait les Contes d’Hoffman
505 onduit, par une sorte de compromis sentimental, à l’ Opéra où l’on donnait les Contes d’Hoffmann. Je comprends aujourd’hui
506 une sorte de compromis sentimental, à l’Opéra où l’ on donnait les Contes d’Hoffmann. Je comprends aujourd’hui le lien qui
507 compromis sentimental, à l’Opéra où l’on donnait les Contes d’Hoffmann. Je comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans
508 sentimental, à l’Opéra où l’on donnait les Contes d’ Hoffmann. Je comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans mon espri
509 t les Contes d’Hoffmann. Je comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans mon esprit Vienne et Hoffmann : c’était le sou
510 sait dans mon esprit Vienne et Hoffmann : c’était le souvenir de Gérard de Nerval. Mais je pense que je n’avais même pas p
511 n esprit Vienne et Hoffmann : c’était le souvenir de Gérard de Nerval. Mais je pense que je n’avais même pas prononcé ment
512 ononcé mentalement ce nom lorsque je m’assis dans l’ ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouver à côté d’une
513 dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouver à côté d’une place vide : la jolie femme qu’on attend dans
514 re, en retard, un peu ennuyé de me trouver à côté d’ une place vide : la jolie femme qu’on attend dans ces circonstances, u
515 eu ennuyé de me trouver à côté d’une place vide : la jolie femme qu’on attend dans ces circonstances, une fois de plus man
516 dans ces circonstances, une fois de plus manquait le rendez-vous que j’avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème d
517 uait le rendez-vous que j’avais demandé au hasard d’ arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’empare bientôt de tout mon
518 us que j’avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’empare bientôt de tout mon être — ainsi d’au
519 avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’empare bientôt de tout mon être — ainsi d’autres devi
520 is demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’empare bientôt de tout mon être — ainsi d’autres devienn
521 . Mais le thème de la Barcarolle s’empare bientôt de tout mon être — ainsi d’autres deviennent patriotes au son d’une fanf
522 être — ainsi d’autres deviennent patriotes au son d’ une fanfare militaire, ainsi je m’abandonne au rêve d’un monde que sus
523 e fanfare militaire, ainsi je m’abandonne au rêve d’ un monde que suscite en moi seul peut-être cette plainte heureuse des
524 eul peut-être cette plainte heureuse des violons. Le diable sort des parois, noir et blanc, la ravissante héroïne est à so
525 iolons. Le diable sort des parois, noir et blanc, la ravissante héroïne est à son piano, c’est un duo des ténèbres et de l
526 ïne est à son piano, c’est un duo des ténèbres et de la pureté où vibrent par instants les accords d’une harmonie surnatur
527 est à son piano, c’est un duo des ténèbres et de la pureté où vibrent par instants les accords d’une harmonie surnaturell
528 ténèbres et de la pureté où vibrent par instants les accords d’une harmonie surnaturelle. Et tout cela chanté dans une lan
529 de la pureté où vibrent par instants les accords d’ une harmonie surnaturelle. Et tout cela chanté dans une langue que je
530 p plus loin que moi, il n’entend pas ma question. L’ envie me prend d’aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évoca
531 oi, il n’entend pas ma question. L’envie me prend d’ aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation d’un amour t
532 ’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation d’un amour tragiquem
533 d d’aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’ évocation d’un amour tragiquement mêlé à des forces inconnues et menaç
534 rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation d’ un amour tragiquement mêlé à des forces inconnues et menaçantes. Mais
535 t mêlé à des forces inconnues et menaçantes. Mais la musique est si légère, la voix de la jeune fille si transparente : la
536 ues et menaçantes. Mais la musique est si légère, la voix de la jeune fille si transparente : la mort même en devient moin
537 enaçantes. Mais la musique est si légère, la voix de la jeune fille si transparente : la mort même en devient moins brutal
538 çantes. Mais la musique est si légère, la voix de la jeune fille si transparente : la mort même en devient moins brutale.
539 gère, la voix de la jeune fille si transparente : la mort même en devient moins brutale. Elle rôde ici comme une tristesse
540 omme une tristesse amoureuse. Elle n’est plus que l’ approche d’une grandeur où se perdraient nos amours terrestres dans d’
541 istesse amoureuse. Elle n’est plus que l’approche d’ une grandeur où se perdraient nos amours terrestres dans d’imprévisibl
542 ndeur où se perdraient nos amours terrestres dans d’ imprévisibles transfigurations — l’heure anxieuse et mélancolique où l
543 errestres dans d’imprévisibles transfigurations —  l’ heure anxieuse et mélancolique où l’on quitte ce visage aimé pour d’au
544 figurations — l’heure anxieuse et mélancolique où l’ on quitte ce visage aimé pour d’autres plus beaux peut-être, mais inco
545 plus beaux peut-être, mais inconnus. Et voici que la forme blanche, sous un brusque faisceau de lumière m’apparaît avec le
546 ci que la forme blanche, sous un brusque faisceau de lumière m’apparaît avec le visage même de mon amour. Je me sens volup
547 us un brusque faisceau de lumière m’apparaît avec le visage même de mon amour. Je me sens voluptueusement perdre pied. Ver
548 aisceau de lumière m’apparaît avec le visage même de mon amour. Je me sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revo
549 . Je me sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revoir, vertige de te perdre vraiment, parce que c’est toi, parce
550 sement perdre pied. Vertige de te revoir, vertige de te perdre vraiment, parce que c’est toi, parce que c’est bien toi de
551 ix, à côté de moi, c’est une chose singulière que le pouvoir de cette musique. Voici que vous êtes tout près de comprendre
552 de moi, c’est une chose singulière que le pouvoir de cette musique. Voici que vous êtes tout près de comprendre… Mon voisi
553 ourtant ne se détournait. Comment pouvais-je être le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous vene
554 se détournait. Comment pouvais-je être le seul à l’ avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez d’attein
555 u ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez d’ atteindre au monde des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous m
556 renez certaines choses par votre souffrance… Mais le temps approche où vous n’aurez plus besoin de souffrir pour comprendr
557 ais le temps approche où vous n’aurez plus besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumière quitta la scène, un
558 n’aurez plus besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumière quitta la scène, un reflet balaya le parterre, le
559 s besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumière quitta la scène, un reflet balaya le parterre, le visage de m
560 ir pour comprendre. Le faisceau de lumière quitta la scène, un reflet balaya le parterre, le visage de mon voisin m’apparu
561 ceau de lumière quitta la scène, un reflet balaya le parterre, le visage de mon voisin m’apparut, pâle dans son collier de
562 re quitta la scène, un reflet balaya le parterre, le visage de mon voisin m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire.
563 la scène, un reflet balaya le parterre, le visage de mon voisin m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis
564 ge de mon voisin m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis que je l’avais déjà reconnu. Il portait une ca
565 dans son collier de barbe noire. Je sentis que je l’ avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu-sombre, à la mode de 1830
566 déjà reconnu. Il portait une cape bleu-sombre, à la mode de 1830, qui, à la rigueur, pouvait passer pour une élégance trè
567 connu. Il portait une cape bleu-sombre, à la mode de 1830, qui, à la rigueur, pouvait passer pour une élégance très modern
568 t une cape bleu-sombre, à la mode de 1830, qui, à la rigueur, pouvait passer pour une élégance très moderne. Il n’y avait
569 moderne. Il n’y avait dans toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce f
570 e rien de positivement démodé ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce fût d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m
571 itivement démodé ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce fût d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’avait jeté l
572 je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce fût d’ immatériel. D’ailleurs le trouble où m’avait jeté la première reconnai
573 iment de quoi que ce fût d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’avait jeté la première reconnaissance empêcha ma raison
574 jeté la première reconnaissance empêcha ma raison d’ intervenir entre la réalité de ma vision et mon cerveau pris au défaut
575 connaissance empêcha ma raison d’intervenir entre la réalité de ma vision et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de
576 e empêcha ma raison d’intervenir entre la réalité de ma vision et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de principes e
577 éalité de ma vision et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de principes et d’évidences opaques. Nous sortîmes de l’O
578 sion et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de principes et d’évidences opaques. Nous sortîmes de l’Opéra, Gérard de
579 eau pris au défaut de sa carapace de principes et d’ évidences opaques. Nous sortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi,
580 e principes et d’évidences opaques. Nous sortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans nous être rien dit d’autre, co
581 rincipes et d’évidences opaques. Nous sortîmes de l’ Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans nous être rien dit d’autre, comme
582 Gérard de Nerval et moi, sans nous être rien dit d’ autre, comme des amis qui se connaissent depuis si longtemps qu’un éch
583 qu’un échange tacite suffit aux petites décisions de la vie quotidienne. Gérard tenait en laisse le fameux homard enrubann
584 un échange tacite suffit aux petites décisions de la vie quotidienne. Gérard tenait en laisse le fameux homard enrubanné.
585 ns de la vie quotidienne. Gérard tenait en laisse le fameux homard enrubanné. « Cela vexe les Viennois, me dit-il, parce q
586 en laisse le fameux homard enrubanné. « Cela vexe les Viennois, me dit-il, parce qu’ils y voient une façon de me moquer de
587 nnois, me dit-il, parce qu’ils y voient une façon de me moquer de leurs petits chiens muselés… Je n’en suis pas fâché. »  
588 -il, parce qu’ils y voient une façon de me moquer de leurs petits chiens muselés… Je n’en suis pas fâché. »   Il y avait p
589 suis pas fâché. »   Il y avait peu de monde dans les rues. Des jeunes gens avec une femme à chaque bras, l’air de ne pas t
590 es. Des jeunes gens avec une femme à chaque bras, l’ air de ne pas trop s’amuser. Ceci du moins n’a guère changé, dis-je, s
591 s jeunes gens avec une femme à chaque bras, l’air de ne pas trop s’amuser. Ceci du moins n’a guère changé, dis-je, songean
592 ins n’a guère changé, dis-je, songeant aux Amours de Vienne. Certes, répondit Gérard, malgré les apparences, cette vie sen
593 Amours de Vienne. Certes, répondit Gérard, malgré les apparences, cette vie sentimentale est une des seules réalités qui co
594 ne des seules réalités qui correspondent encore à l’ image classique de Vienne. Sentimentalisme capricieux d’ailleurs, dépo
595 ités qui correspondent encore à l’image classique de Vienne. Sentimentalisme capricieux d’ailleurs, dépourvu d’ironie mais
596 . Sentimentalisme capricieux d’ailleurs, dépourvu d’ ironie mais non pas de légèreté. C’est une sorte d’inconstance folâtre
597 icieux d’ailleurs, dépourvu d’ironie mais non pas de légèreté. C’est une sorte d’inconstance folâtre qui cache une incapac
598 ’ironie mais non pas de légèreté. C’est une sorte d’ inconstance folâtre qui cache une incapacité définitive à se passionne
599 soit. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose que je comprends assez bien, a
600 t. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de l’ étreinte… C’est d’ailleurs une chose que je comprends assez bien, ajou
601 moment, comme nous traversions une rue sillonnée de taxis rapides, le homard refusa obstinément de progresser. Gérard dut
602 s traversions une rue sillonnée de taxis rapides, le homard refusa obstinément de progresser. Gérard dut le prendre sous l
603 ée de taxis rapides, le homard refusa obstinément de progresser. Gérard dut le prendre sous le bras, et les paires de pinc
604 mard refusa obstinément de progresser. Gérard dut le prendre sous le bras, et les paires de pinces s’accrochèrent désespér
605 inément de progresser. Gérard dut le prendre sous le bras, et les paires de pinces s’accrochèrent désespérément à ses manc
606 rogresser. Gérard dut le prendre sous le bras, et les paires de pinces s’accrochèrent désespérément à ses manches. De terre
607 Gérard dut le prendre sous le bras, et les paires de pinces s’accrochèrent désespérément à ses manches. De terreur, le hom
608 inces s’accrochèrent désespérément à ses manches. De terreur, le homard avait rougi : il conserva toute la nuit une magnif
609 ochèrent désespérément à ses manches. De terreur, le homard avait rougi : il conserva toute la nuit une magnifique couleur
610 erreur, le homard avait rougi : il conserva toute la nuit une magnifique couleur orangée. Gérard semblait habitué à ces so
611 eur orangée. Gérard semblait habitué à ces sortes de scènes. On reparla de l’inconstance viennoise. Gérard l’attribuait à
612 mblait habitué à ces sortes de scènes. On reparla de l’inconstance viennoise. Gérard l’attribuait à une certaine anémie de
613 ait habitué à ces sortes de scènes. On reparla de l’ inconstance viennoise. Gérard l’attribuait à une certaine anémie des s
614 es. On reparla de l’inconstance viennoise. Gérard l’ attribuait à une certaine anémie des sentiments, à un manque de caract
615 à une certaine anémie des sentiments, à un manque de caractère aussi. La fidélité véritable est une œuvre d’art qui demand
616 e des sentiments, à un manque de caractère aussi. La fidélité véritable est une œuvre d’art qui demande un long effort, et
617 st une œuvre d’art qui demande un long effort, et les Viennois sont, par nature et par attitude, des gens fatigués. — Pour
618 s gens fatigués. — Pour moi, dit Gérard, je situe l’ amour dans un monde où la question fidélité ou inconstance ne se pose
619 oi, dit Gérard, je situe l’amour dans un monde où la question fidélité ou inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n
620 ion fidélité ou inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissant b
621 en y réfléchissant bien, mais peut-être était-ce la même sous deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ont rete
622 ce la même sous deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ont retenu un instant, c’était parce qu’elles évoquaient
623 t amour, c’était parce que je découvrais en elles de secrètes ressemblances, qui pour les autres paraissaient purement mys
624 rais en elles de secrètes ressemblances, qui pour les autres paraissaient purement mystiques… Mais vous savez, « les autres
625 raissaient purement mystiques… Mais vous savez, «  les autres » n’y comprennent jamais rien, dès qu’on aime… Oh ! cette femm
626 regard, un certain regard, mais j’ai su retrouver la sensation de ce regard jusque dans des objets — et c’est cela seul qu
627 rtain regard, mais j’ai su retrouver la sensation de ce regard jusque dans des objets — et c’est cela seul qui donne un se
628 mps. Livrons-nous plutôt à une petite malice dont l’ idée me vient à la vue de cette vendeuse de fleurs. C’était la petite
629 e dont l’idée me vient à la vue de cette vendeuse de fleurs. C’était la petite bossue qui vend des roses et des œillets ru
630 ent à la vue de cette vendeuse de fleurs. C’était la petite bossue qui vend des roses et des œillets rue de Carinthie. Gér
631 lques œillets rouges en expliquant qu’elle devait les donner au hasard, à une jolie femme qui passerait seule. Nous nous ar
632 erait seule. Nous nous arrêtâmes non loin, auprès d’ une devanture de robes de soie, nous amusant à imaginer les corps préc
633 s nous arrêtâmes non loin, auprès d’une devanture de robes de soie, nous amusant à imaginer les corps précieux qui les rev
634 rêtâmes non loin, auprès d’une devanture de robes de soie, nous amusant à imaginer les corps précieux qui les revêtiraient
635 vanture de robes de soie, nous amusant à imaginer les corps précieux qui les revêtiraient. Vint à pas pressés une jeune fem
636 e, nous amusant à imaginer les corps précieux qui les revêtiraient. Vint à pas pressés une jeune femme, chapeau rouge et ma
637 pressés une jeune femme, chapeau rouge et manteau de fourrure brune, inévitablement. Et ce qui se passa fut, hélas, non mo
638 e qui se passa fut, hélas, non moins inévitable : la jeune femme refusa d’abord les fleurs pour se donner le temps de rega
639 moins inévitable : la jeune femme refusa d’abord les fleurs pour se donner le temps de regarder autour d’elle ; l’intérêt
640 ne femme refusa d’abord les fleurs pour se donner le temps de regarder autour d’elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dis
641 refusa d’abord les fleurs pour se donner le temps de regarder autour d’elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler n
642 fleurs pour se donner le temps de regarder autour d’ elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle f
643 ur se donner le temps de regarder autour d’elle ; l’ intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit donc
644 donc par accepter et vint à nous avec un sourire d’ opérette : « Les Messieurs sont vraiment gentils ! » Il n’y avait plus
645 ter et vint à nous avec un sourire d’opérette : «  Les Messieurs sont vraiment gentils ! » Il n’y avait plus qu’à lui prendr
646 dont Gérard attendait évidemment quelque imprévu, la seule atteinte à la coutume viennoise. L’enfant était charmante, comm
647 t évidemment quelque imprévu, la seule atteinte à la coutume viennoise. L’enfant était charmante, comme elles le sont pres
648 mprévu, la seule atteinte à la coutume viennoise. L’ enfant était charmante, comme elles le sont presque toutes dans cette
649 viennoise. L’enfant était charmante, comme elles le sont presque toutes dans cette ville, — du type que Gérard et Théo no
650 ain où nous nous engouffrâmes dans un grand bruit de saxophones et de cors anglais jouant la Marche de Tannhäuser en tango
651 engouffrâmes dans un grand bruit de saxophones et de cors anglais jouant la Marche de Tannhäuser en tango, un Balkanique t
652 and bruit de saxophones et de cors anglais jouant la Marche de Tannhäuser en tango, un Balkanique très lisse nous délivra
653 r en tango, un Balkanique très lisse nous délivra de notre conquête pour la durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà ce
654 ue très lisse nous délivra de notre conquête pour la durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà ce que c’est que de prend
655 anses. Gérard bâillait : « Voilà ce que c’est que de prendre des femmes au hasard, disait-il. Je sens très bien que nous a
656 vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeuse — c’est une façon de parler — à laquelle on s
657 être de cette pêche miraculeuse — c’est une façon de parler — à laquelle on se livre dans ces lieux de plaisir — autre faç
658 de parler — à laquelle on se livre dans ces lieux de plaisir — autre façon de parler. On dit que j’ai vécu d’illusions, av
659 se livre dans ces lieux de plaisir — autre façon de parler. On dit que j’ai vécu d’illusions, avouez que les miennes étai
660 sir — autre façon de parler. On dit que j’ai vécu d’ illusions, avouez que les miennes étaient de meilleure qualité : car c
661 vécu d’illusions, avouez que les miennes étaient de meilleure qualité : car c’est une pauvre illusion que le plaisir qu’o
662 leure qualité : car c’est une pauvre illusion que le plaisir qu’on vient chercher ici avec le premier être venu. — Certes,
663 e venu. — Certes, poursuivit-il, je comprends que l’ Europe est en décadence quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdr
664 comprends que l’Europe est en décadence quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdre ce sens des correspondances secrè
665 ules faisaient sa dignité humaine, parce qu’elles le rattachaient aux buts les plus hauts de notre vie. Ces citadins blasé
666 humaine, parce qu’elles le rattachaient aux buts les plus hauts de notre vie. Ces citadins blasés s’amusent plus grossière
667 qu’elles le rattachaient aux buts les plus hauts de notre vie. Ces citadins blasés s’amusent plus grossièrement que des b
668 é, avec des femmes qui élargissent des sourires à la mesure exacte de leur générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes
669 s qui élargissent des sourires à la mesure exacte de leur générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes de distributeurs
670 à la mesure exacte de leur générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes de distributeurs automatiques de plaisir. Autant
671 ur générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes de distributeurs automatiques de plaisir. Autant dire que ceux qui les f
672 uit sont des sortes de distributeurs automatiques de plaisir. Autant dire que ceux qui les fréquentent ne savent plus ce q
673 automatiques de plaisir. Autant dire que ceux qui les fréquentent ne savent plus ce que c’est que le plaisir. Ils prennent
674 i les fréquentent ne savent plus ce que c’est que le plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ont pas été prépar
675 été préparées pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni les ressemblances. Aussi l’ennui règne-t-il bruyamment dans
676 pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni les ressemblances. Aussi l’ennui règne-t-il bruyamment dans ces lieux : c
677 avent plus les signes ni les ressemblances. Aussi l’ ennui règne-t-il bruyamment dans ces lieux : cet orchestre triomphant
678 t épaissis. Regardez ces yeux mornes, ou luisants de concupiscences élémentaires : Ce sont vos contemporains livrés à la d
679 élémentaires : Ce sont vos contemporains livrés à la démocratie des plaisirs dans une foire éclatante de faux luxe. La mis
680 démocratie des plaisirs dans une foire éclatante de faux luxe. La misère, c’est de voir ici des femmes aussi ravissantes
681 s plaisirs dans une foire éclatante de faux luxe. La misère, c’est de voir ici des femmes aussi ravissantes que celle-là q
682 ne foire éclatante de faux luxe. La misère, c’est de voir ici des femmes aussi ravissantes que celle-là qui danse en robe
683 qui danse en robe mauve, avec tant de gravité et de détachement. Je viens souvent la regarder, à cause de la noblesse de
684 nt de gravité et de détachement. Je viens souvent la regarder, à cause de la noblesse de sa danse. Je la nomme Clarissa, p
685 chement. Je viens souvent la regarder, à cause de la noblesse de sa danse. Je la nomme Clarissa, parce que cela lui va. Ma
686 viens souvent la regarder, à cause de la noblesse de sa danse. Je la nomme Clarissa, parce que cela lui va. Mais comme c’e
687 regarder, à cause de la noblesse de sa danse. Je la nomme Clarissa, parce que cela lui va. Mais comme c’est odieux qu’une
688 x qu’une créature aussi parfaite soit touchée par les mains outrageusement baguées de ces courtiers alourdis de « Knödl ».
689 soit touchée par les mains outrageusement baguées de ces courtiers alourdis de « Knödl ». En Orient on en ferait une chose
690 outrageusement baguées de ces courtiers alourdis de « Knödl ». En Orient on en ferait une chose extrêmement précieuse, qu
691 ’on n’approcherait qu’avec un sentiment religieux de la beauté. Mais je crois que l’Occident est devenu fou. Il ne compren
692 n’approcherait qu’avec un sentiment religieux de la beauté. Mais je crois que l’Occident est devenu fou. Il ne comprend p
693 ntiment religieux de la beauté. Mais je crois que l’ Occident est devenu fou. Il ne comprend plus rien. » Des bugles agonis
694 . » Des bugles agonisaient, aux dernières mesures d’ un tango. Notre encombrante conquête revint s’asseoir auprès de nous.
695 moins. « Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-elle d’ un ton de reproche, évidemment scandalisée par cette atteinte aux lois
696 Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-elle d’un ton de reproche, évidemment scandalisée par cette atteinte aux lois du genre
697 scandalisée par cette atteinte aux lois du genre le plus conventionnel qui soit. Gérard la regarda avec une certaine piti
698 s du genre le plus conventionnel qui soit. Gérard la regarda avec une certaine pitié : « Chère enfant, dit-il doucement, p
699 ment, pauvre colombe dépareillée, vous n’avez pas de ressemblance, et c’est bien ce qui vous perdra. » La pauvre fille ne
700 ressemblance, et c’est bien ce qui vous perdra. » La pauvre fille ne comprenant pas, il y eut un moment pénible, comme il
701 un moment pénible, comme il arrive lorsqu’un peu d’ humanité vient interrompre une comédie aux attitudes convenues, et don
702 pre une comédie aux attitudes convenues, et donne l’ air bête aux acteurs. Puis Gérard embrassa paternellement la belle eff
703 aux acteurs. Puis Gérard embrassa paternellement la belle effarée, et nous sortîmes, non sans avoir délivré le homard qui
704 effarée, et nous sortîmes, non sans avoir délivré le homard qui, laissé au vestiaire, y était l’objet de vexations diverse
705 livré le homard qui, laissé au vestiaire, y était l’ objet de vexations diverses et de curiosités grossières de la part des
706 homard qui, laissé au vestiaire, y était l’objet de vexations diverses et de curiosités grossières de la part des garçons
707 stiaire, y était l’objet de vexations diverses et de curiosités grossières de la part des garçons. « Encore une proie inut
708 s garçons. « Encore une proie inutile lâchée pour l’ ombre, dit Gérard d’un ton rêveur et malicieux. Mais l’ombre de cette
709 une proie inutile lâchée pour l’ombre, dit Gérard d’ un ton rêveur et malicieux. Mais l’ombre de cette ville illusoire est
710 re, dit Gérard d’un ton rêveur et malicieux. Mais l’ ombre de cette ville illusoire est la plus douce à mes vagabondages sa
711 Gérard d’un ton rêveur et malicieux. Mais l’ombre de cette ville illusoire est la plus douce à mes vagabondages sans but.
712 icieux. Mais l’ombre de cette ville illusoire est la plus douce à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes file
713 es sans but. Vous savez, je lance mes filets dans l’ eau des nuits, et quelquefois j’en ramène des animaux aux yeux bizarre
714 ène des animaux aux yeux bizarres où je sais lire les signes. » Comme je ne répondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-
715 efs il y a très longtemps, très longtemps… Et pas de Lune ce soir, il serait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers m
716 emps… Et pas de Lune ce soir, il serait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il prononça : « La nuit sera noire
717 ’endormir. » Se penchant vers moi il prononça : «  La nuit sera noire et blanche. » Je ressentis quelque émotion à l’ouïe d
718 oire et blanche. » Je ressentis quelque émotion à l’ ouïe de cette phrase célèbre. Les cocktails du Moulin-Rouge avaient pe
719 blanche. » Je ressentis quelque émotion à l’ouïe de cette phrase célèbre. Les cocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu
720 quelque émotion à l’ouïe de cette phrase célèbre. Les cocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notre sang. Nos pe
721 Nos pensées devenaient légères comme des ballons. La rumeur de Vienne baignait nos corps fatigués jusqu’à l’insensibilité
722 s devenaient légères comme des ballons. La rumeur de Vienne baignait nos corps fatigués jusqu’à l’insensibilité et l’illus
723 eur de Vienne baignait nos corps fatigués jusqu’à l’ insensibilité et l’illusion étendait sur toutes choses une aile d’ombr
724 ait nos corps fatigués jusqu’à l’insensibilité et l’ illusion étendait sur toutes choses une aile d’ombre flatteuse aux cap
725 et l’illusion étendait sur toutes choses une aile d’ ombre flatteuse aux caprices redoutables. Cette nuit-là nous rencontrâ
726 des oiseaux nous parlèrent, bientôt dissous dans le vent. Tout n’était que reflet, passages, allusions. Plus tard, dans
727 s, allusions. Plus tard, dans un petit bar laqué de noir jusqu’à mi-hauteur, puis couvert de glaces qui, reflétant le pla
728 ar laqué de noir jusqu’à mi-hauteur, puis couvert de glaces qui, reflétant le plafond à caissons dorés, l’étendent indéfin
729 mi-hauteur, puis couvert de glaces qui, reflétant le plafond à caissons dorés, l’étendent indéfiniment — c’est un ciel sus
730 laces qui, reflétant le plafond à caissons dorés, l’ étendent indéfiniment — c’est un ciel suspendu assez bas sur nos têtes
731 ulé joue très doucement. Nous sommes assis autour d’ une petite table lumineuse, verdâtre, et Gérard, penché sur cet aquari
732 use, verdâtre, et Gérard, penché sur cet aquarium de rêves, discourt et décrit les images qu’il y découvre. Il y a les ail
733 ché sur cet aquarium de rêves, discourt et décrit les images qu’il y découvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont l
734 urt et décrit les images qu’il y découvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont les bras de Clarissa dans sa danse, e
735 ouvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont les bras de Clarissa dans sa danse, et Clarissa c’est aussi l’Anglaise au
736 y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont les bras de Clarissa dans sa danse, et Clarissa c’est aussi l’Anglaise aux citron
737 e Clarissa dans sa danse, et Clarissa c’est aussi l’ Anglaise aux citrons de Pompéi, l’Octavie du golfe de Marseille, ou bi
738 e, et Clarissa c’est aussi l’Anglaise aux citrons de Pompéi, l’Octavie du golfe de Marseille, ou bien plutôt, par on ne sa
739 ssa c’est aussi l’Anglaise aux citrons de Pompéi, l’ Octavie du golfe de Marseille, ou bien plutôt, par on ne sait quelle e
740 nglaise aux citrons de Pompéi, l’Octavie du golfe de Marseille, ou bien plutôt, par on ne sait quelle erreur d’images, — c
741 lle, ou bien plutôt, par on ne sait quelle erreur d’ images, — ce serait la gravité énigmatique d’Adrienne ; mais dans le l
742 ar on ne sait quelle erreur d’images, — ce serait la gravité énigmatique d’Adrienne ; mais dans le lointain, Aurélia lui r
743 reur d’images, — ce serait la gravité énigmatique d’ Adrienne ; mais dans le lointain, Aurélia lui répond d’un regard parei
744 ait la gravité énigmatique d’Adrienne ; mais dans le lointain, Aurélia lui répond d’un regard pareil. Des visages naissent
745 ienne ; mais dans le lointain, Aurélia lui répond d’ un regard pareil. Des visages naissent comme des étoiles dans un halo,
746 es naissent comme des étoiles dans un halo, comme les couleurs sous les paupières ; s’élargissent, se fondent, et se superp
747 des étoiles dans un halo, comme les couleurs sous les paupières ; s’élargissent, se fondent, et se superposent, restituant
748 dent, et se superposent, restituant vivantes dans la même minute toutes les incarnations d’un amour dont l’être éternel pe
749 t, restituant vivantes dans la même minute toutes les incarnations d’un amour dont l’être éternel peu à peu transparaît au
750 antes dans la même minute toutes les incarnations d’ un amour dont l’être éternel peu à peu transparaît au travers de ses m
751 me minute toutes les incarnations d’un amour dont l’ être éternel peu à peu transparaît au travers de ses manifestations. G
752 erté magnifique et angoissante. Il mêle tout dans le temps et l’espace. Cent années et tous les visages aimés revivent dan
753 que et angoissante. Il mêle tout dans le temps et l’ espace. Cent années et tous les visages aimés revivent dans cette coup
754 ut dans le temps et l’espace. Cent années et tous les visages aimés revivent dans cette coupe de songes, avec leurs illusio
755 tous les visages aimés revivent dans cette coupe de songes, avec leurs illusions, — ces formes passagères que nous croyon
756 s seules réelles, ces reflets qui nous illuminent le visage terrestre des choses dont l’autre moitié sera toujours cachée,
757 s dont l’autre moitié sera toujours cachée, ainsi la Lune et sa moitié d’ombre. Et parce que tout revit en un instant dans
758 sera toujours cachée, ainsi la Lune et sa moitié d’ ombre. Et parce que tout revit en un instant dans cette vision, il con
759 en un instant dans cette vision, il connaît enfin la substance unique de ses amours, il communie avec quelque chose d’éter
760 ette vision, il connaît enfin la substance unique de ses amours, il communie avec quelque chose d’éternel. Tous les drames
761 que de ses amours, il communie avec quelque chose d’ éternel. Tous les drames du monde ne sont que des décors mouvants dans
762 s, il communie avec quelque chose d’éternel. Tous les drames du monde ne sont que des décors mouvants dans la lueur bariolé
763 mes du monde ne sont que des décors mouvants dans la lueur bariolée des sentiments, ils ne sont que reflets, épisodes, sym
764 ts, ils ne sont que reflets, épisodes, symboles : le vrai drame de son destin est ailleurs. Il se met alors à m’expliquer
765 t que reflets, épisodes, symboles : le vrai drame de son destin est ailleurs. Il se met alors à m’expliquer des signes, de
766 sent aux pierres précieuses en passant par toutes les formes animales. L’âme du monde palpite dans cette confidence. Il m’e
767 ieuses en passant par toutes les formes animales. L’ âme du monde palpite dans cette confidence. Il m’enseigne que la passi
768 palpite dans cette confidence. Il m’enseigne que la passion seule, par la souffrance qu’elle entraîne, nous révèle le sen
769 nfidence. Il m’enseigne que la passion seule, par la souffrance qu’elle entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et
770 , par la souffrance qu’elle entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de leurs moindres rencontres. La
771 france qu’elle entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de leurs moindres rencontres. La fatigue calm
772 us révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de leurs moindres rencontres. La fatigue calme son lyrisme et son exalta
773 vies, et peu à peu, de leurs moindres rencontres. La fatigue calme son lyrisme et son exaltation. Il semble se rapprocher
774 yrisme et son exaltation. Il semble se rapprocher de moi. Il me raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que po
775 on. Il semble se rapprocher de moi. Il me raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que pour nos savants retombé
776 Il dit que sa vie ressemble surtout à un film où les épisodes s’appellent par le simple jeu des images, se voient par tran
777 surtout à un film où les épisodes s’appellent par le simple jeu des images, se voient par transparence l’un au travers de
778 vers de l’autre. Il dit : « Pour celui qui saisit les correspondances, chaque geste, chaque minute d’une vie résume cette v
779 les correspondances, chaque geste, chaque minute d’ une vie résume cette vie entière, et fait allusion à tout ce qu’il y a
780 ntière, et fait allusion à tout ce qu’il y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, vous pourriez écrire une Vie si
781 oyez-moi, vous pourriez écrire une Vie simultanée de Gérard : elle tiendrait toute en une heure, en un lieu, en une vision
782 une vision. »   Nous sortîmes. Seules des trompes d’ autos s’appelaient dans la nuit froide. Gérard ne disait presque plus
783 mes. Seules des trompes d’autos s’appelaient dans la nuit froide. Gérard ne disait presque plus rien ; à peine, de temps e
784 , qui semblait d’ailleurs endormi. En passant par la Freyung, nous vîmes un palais aux fenêtres illuminées. Des autos atte
785 fenêtres illuminées. Des autos attendaient devant le porche grand ouvert. Les chauffeurs battaient la semelle dans la neig
786 autos attendaient devant le porche grand ouvert. Les chauffeurs battaient la semelle dans la neige fraîche ou s’accoudaien
787 le porche grand ouvert. Les chauffeurs battaient la semelle dans la neige fraîche ou s’accoudaient à la banquette d’un ki
788 ouvert. Les chauffeurs battaient la semelle dans la neige fraîche ou s’accoudaient à la banquette d’un kiosque à « Würste
789 semelle dans la neige fraîche ou s’accoudaient à la banquette d’un kiosque à « Würstel » où nous nous arrêtâmes. Au léger
790 la neige fraîche ou s’accoudaient à la banquette d’ un kiosque à « Würstel » où nous nous arrêtâmes. Au léger sifflement d
791 fflement du bec de gaz sans manchon qui éclairait la boutique, et que le vent menaçait à chaque instant d’éteindre, le hom
792 az sans manchon qui éclairait la boutique, et que le vent menaçait à chaque instant d’éteindre, le homard se réveilla. Gér
793 outique, et que le vent menaçait à chaque instant d’ éteindre, le homard se réveilla. Gérard m’expliqua qu’il en était ains
794 que le vent menaçait à chaque instant d’éteindre, le homard se réveilla. Gérard m’expliqua qu’il en était ainsi chaque nui
795 m’expliqua qu’il en était ainsi chaque nuit, que l’ animal devenait nerveux et que depuis quelques semaines, il avait dû l
796 veux et que depuis quelques semaines, il avait dû le mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion et la fit pre
797 caviar. Il en demanda donc une petite portion et la fit prendre au homard avec toutes sortes de soins. Les chauffeurs reg
798 on et la fit prendre au homard avec toutes sortes de soins. Les chauffeurs regardaient d’un œil las, trop las pour s’étonn
799 it prendre au homard avec toutes sortes de soins. Les chauffeurs regardaient d’un œil las, trop las pour s’étonner. Transi,
800 outes sortes de soins. Les chauffeurs regardaient d’ un œil las, trop las pour s’étonner. Transi, je me balançais d’un pied
801 trop las pour s’étonner. Transi, je me balançais d’ un pied sur l’autre dans la neige fondante, tout en croquant une de ce
802 ransi, je me balançais d’un pied sur l’autre dans la neige fondante, tout en croquant une de ces saucisses à la moutarde q
803 utre dans la neige fondante, tout en croquant une de ces saucisses à la moutarde qu’on appelle ici « Frankfurter » et aill
804 fondante, tout en croquant une de ces saucisses à la moutarde qu’on appelle ici « Frankfurter » et ailleurs « Wienerli ».
805 « Frankfurter » et ailleurs « Wienerli ». Soudain les autos se mirent à ronfler. Par le grand escalier, au fond de la cour
806 rli ». Soudain les autos se mirent à ronfler. Par le grand escalier, au fond de la cour du palais, descendaient les invité
807 mirent à ronfler. Par le grand escalier, au fond de la cour du palais, descendaient les invités du bal. Des femmes sans c
808 rent à ronfler. Par le grand escalier, au fond de la cour du palais, descendaient les invités du bal. Des femmes sans chap
809 alier, au fond de la cour du palais, descendaient les invités du bal. Des femmes sans chapeau couraient vers les voitures,
810 és du bal. Des femmes sans chapeau couraient vers les voitures, les hommes s’inclinaient pour des baise-mains silencieux et
811 femmes sans chapeau couraient vers les voitures, les hommes s’inclinaient pour des baise-mains silencieux et mécaniques. J
812 ux faces maigres qui ressemblaient terriblement à d’ anciens Habsbourg, des comtes athlétiques et la silhouette échassière
813 à d’anciens Habsbourg, des comtes athlétiques et la silhouette échassière de la jeune duchesse de Clam-Clammansfeld en ma
814 es comtes athlétiques et la silhouette échassière de la jeune duchesse de Clam-Clammansfeld en manteau de velours rose, do
815 comtes athlétiques et la silhouette échassière de la jeune duchesse de Clam-Clammansfeld en manteau de velours rose, dont
816 la jeune duchesse de Clam-Clammansfeld en manteau de velours rose, dont la tête frisée jetait des insolences sur les chape
817 lam-Clammansfeld en manteau de velours rose, dont la tête frisée jetait des insolences sur les chapeaux noirs de ses caval
818 se, dont la tête frisée jetait des insolences sur les chapeaux noirs de ses cavaliers. Tout cela s’empila dans les autos ;
819 isée jetait des insolences sur les chapeaux noirs de ses cavaliers. Tout cela s’empila dans les autos ; en un quart d’heur
820 x noirs de ses cavaliers. Tout cela s’empila dans les autos ; en un quart d’heure, il n’y eut plus personne, la place s’éte
821  ; en un quart d’heure, il n’y eut plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’étaient fixés intensément,
822 Gérard ? Ses yeux s’étaient fixés intensément, à la sortie des invités, sur une femme qui s’en allait toute seule vers un
823 me qui s’en allait toute seule vers une voiture à l’ écart des autres. Une femme aux cheveux noirs en bandeaux, au teint pâ
824 mme aux cheveux noirs en bandeaux, au teint pâle, l’ air d’autrefois. Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fu
825 x cheveux noirs en bandeaux, au teint pâle, l’air d’ autrefois. Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apai
826 autrefois. Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus que j’étais seul. Une dernière aut
827 olument silencieuse fila devant moi ; je reconnus la voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux étaient bais
828 encieuse fila devant moi ; je reconnus la voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux étaient baissés. Déj
829 ieuse fila devant moi ; je reconnus la voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux étaient baissés. Déjà o
830 s la voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux étaient baissés. Déjà on criait les journaux du matin, des
831 is les rideaux étaient baissés. Déjà on criait les journaux du matin, des triporteurs passèrent à toute vitesse, m’éclab
832 orteurs passèrent à toute vitesse, m’éclaboussant de neige et de titres dépourvus de sens. Je dormais debout. (Vienne, 192
833 èrent à toute vitesse, m’éclaboussant de neige et de titres dépourvus de sens. Je dormais debout. (Vienne, 1928) 6. Quel
834 e, m’éclaboussant de neige et de titres dépourvus de sens. Je dormais debout. (Vienne, 1928) 6. Quelque chose comme « pâ
4 1932, Le Paysan du Danube. Première partie. Le Paysan du Danube — Une « tasse de thé » au Palais C…
835 Une « tasse de thé » au Palais C… Il fait fausse route, celui qui considère la ch
836 s C… Il fait fausse route, celui qui considère la chose mondaine autrement que comme symbolique. Hofmannsthal Un aqu
837 que comme symbolique. Hofmannsthal Un aquarium de lumière rose où nagent des phoques à ventre blanc qui sont des minist
838 ènes en lamé qui sont presque des dames, et aussi de vrais messieurs et de vraies dames : ils montent et descendent de tou
839 presque des dames, et aussi de vrais messieurs et de vraies dames : ils montent et descendent de toutes parts, du haut des
840 iers que décorent trois opulents Tiepolo, du fond d’ un hall périlleux, pressés, poliment bousculés de salon en salon ; et,
841 d’un hall périlleux, pressés, poliment bousculés de salon en salon ; et, plus loin que la rumeur des voix, orchestre du g
842 t bousculés de salon en salon ; et, plus loin que la rumeur des voix, orchestre du grand monde qui accorde, s’égarent parf
843 parfois dans un silence qui s’approfondit au long de corridors capitonnés d’amarante, du côté des collections de vieux Ven
844 qui s’approfondit au long de corridors capitonnés d’ amarante, du côté des collections de vieux Venise, jusqu’au petit salo
845 rs capitonnés d’amarante, du côté des collections de vieux Venise, jusqu’au petit salon où il y a deux Bellini. Et que dir
846 dissimulées derrière des cardinaux du xviiie , —  de cet air mystérieux qu’on prend ici à rester seul. Il faudrait se cach
847 end ici à rester seul. Il faudrait se cacher dans les plis de ces hauts rideaux dorés, pour écouter Mozart et attendre, qui
848 rester seul. Il faudrait se cacher dans les plis de ces hauts rideaux dorés, pour écouter Mozart et attendre, qui sait ?
849 iqueurs transfigurantes, — il faudrait un miracle d’ amour qui fasse pousser un grand cri à un homme qu’on verrait alors s’
850 ns un silence impressionnant et rester longtemps, les yeux agrandis, aux pieds d’une femme qui ne le regarderait pas, qui a
851 et rester longtemps, les yeux agrandis, aux pieds d’ une femme qui ne le regarderait pas, qui aurait l’air seulement d’écou
852 , les yeux agrandis, aux pieds d’une femme qui ne le regarderait pas, qui aurait l’air seulement d’écouter autre chose…
853 ne le regarderait pas, qui aurait l’air seulement d’ écouter autre chose… En vérité le monde propose à l’imagination de
854 air seulement d’écouter autre chose… En vérité le monde propose à l’imagination de bien étranges spectacles ; pourquoi
855 uter autre chose… En vérité le monde propose à l’ imagination de bien étranges spectacles ; pourquoi veut-il qu’on les i
856 se… En vérité le monde propose à l’imagination de bien étranges spectacles ; pourquoi veut-il qu’on les ignore ou qu’on
857 bien étranges spectacles ; pourquoi veut-il qu’on les ignore ou qu’on le feigne ? D’un balcon, entre deux hautes colonnes,
858 cles ; pourquoi veut-il qu’on les ignore ou qu’on le feigne ? D’un balcon, entre deux hautes colonnes, je vois des jardins
859 uoi veut-il qu’on les ignore ou qu’on le feigne ? D’ un balcon, entre deux hautes colonnes, je vois des jardins florentins
860 rés par dedans. Côté jardin, côté « cour »… Mais de quoi s’agit-il dans cette intrigue monotone et serrée, et dont se per
861 otone et serrée, et dont se perd à chaque instant le fil conducteur ? Ils improvisent tous un rôle, mais le ton seul est c
862 l conducteur ? Ils improvisent tous un rôle, mais le ton seul est convenu ; et l’on en reste indéfiniment à la présentatio
863 t tous un rôle, mais le ton seul est convenu ; et l’ on en reste indéfiniment à la présentation des acteurs. Ah ! jeter tou
864 eul est convenu ; et l’on en reste indéfiniment à la présentation des acteurs. Ah ! jeter tout cela dans quelque vaudevill
865 eville dont une poésie insolente et ivre tirerait les ficelles ! Quelle figuration pour une satire à grand spectacle de not
866 elle figuration pour une satire à grand spectacle de notre civilisation finissante ! (Vous souriez ? Vous mourrez avec ell
867 souriez ? Vous mourrez avec elle.) Cependant, que de belles personnes — en vain ! Et quelle tenue. Ici l’on sait encore qu
868 belles personnes — en vain ! Et quelle tenue. Ici l’ on sait encore qu’un Américain n’est qu’un nouveau riche ; ailleurs on
869 Américain n’est qu’un nouveau riche ; ailleurs on les imite. Il est vrai que voici enfin des Autrichiens pur sang ; moi qui
870 ns pur sang ; moi qui prétendais l’autre jour que les Suisses les avaient tous tués au Morgarten ! — et mes Juifs de grogne
871 ; moi qui prétendais l’autre jour que les Suisses les avaient tous tués au Morgarten ! — et mes Juifs de grogner d’aise. La
872 s avaient tous tués au Morgarten ! — et mes Juifs de grogner d’aise. La noblesse germanique fait encore des enfants et ils
873 ous tués au Morgarten ! — et mes Juifs de grogner d’ aise. La noblesse germanique fait encore des enfants et ils sont grand
874 au Morgarten ! — et mes Juifs de grogner d’aise. La noblesse germanique fait encore des enfants et ils sont grands5 beaux
875 Cette société n’a peut-être pas encore oublié que la race s’oppose à l’individu. Ici, plus qu’ailleurs, l’originalité est
876 eut-être pas encore oublié que la race s’oppose à l’ individu. Ici, plus qu’ailleurs, l’originalité est signe de sang mêlé.
877 ace s’oppose à l’individu. Ici, plus qu’ailleurs, l’ originalité est signe de sang mêlé. Ici comme ailleurs, il faut être c
878 u. Ici, plus qu’ailleurs, l’originalité est signe de sang mêlé. Ici comme ailleurs, il faut être conforme, au moins en app
879 en apparence. Mais ce n’est pas à une routine que l’ on sacrifie, à une morale, à je ne sais quel profit : c’est à une para
880 ontestablement vaine. Il y a peu de mensonge dans le grand monde : plutôt des règles de jeu, et personne n’a l’idée d’y cr
881 mensonge dans le grand monde : plutôt des règles de jeu, et personne n’a l’idée d’y croire. Le pire mensonge est dans la
882 monde : plutôt des règles de jeu, et personne n’a l’ idée d’y croire. Le pire mensonge est dans la vie réputée pratique, pa
883 plutôt des règles de jeu, et personne n’a l’idée d’ y croire. Le pire mensonge est dans la vie réputée pratique, parce qu’
884 règles de jeu, et personne n’a l’idée d’y croire. Le pire mensonge est dans la vie réputée pratique, parce qu’il n’y est p
885 n’a l’idée d’y croire. Le pire mensonge est dans la vie réputée pratique, parce qu’il n’y est pas avoué. — Ce que je me d
886 e je me dis là, c’est un truisme. Truisme a l’air d’ être le nom d’une de ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en
887 dis là, c’est un truisme. Truisme a l’air d’être le nom d’une de ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en souria
888 , c’est un truisme. Truisme a l’air d’être le nom d’ une de ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en souriant de f
889 t un truisme. Truisme a l’air d’être le nom d’une de ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en souriant de fauteui
890 es un peu volumineuses qui déambulent en souriant de fauteuil en divan, portant de petits animaux au museau pointu sur leu
891 mbulent en souriant de fauteuil en divan, portant de petits animaux au museau pointu sur leurs épaules naguère divines. Je
892 intu sur leurs épaules naguère divines. Je pars à l’ aventure. Bientôt je parviens à un immense salon où beaucoup de gens d
893 x, regardent quelque chose qui se passe au centre de la pièce. Il y a là dans un espace vide un piano à l’aile levée, et d
894 regardent quelque chose qui se passe au centre de la pièce. Il y a là dans un espace vide un piano à l’aile levée, et deva
895 a pièce. Il y a là dans un espace vide un piano à l’ aile levée, et devant le piano, assis sur un tabouret bas — le pan de
896 un espace vide un piano à l’aile levée, et devant le piano, assis sur un tabouret bas — le pan de l’habit repose sur le pa
897 , et devant le piano, assis sur un tabouret bas —  le pan de l’habit repose sur le parquet — quelqu’un qui ressemble à Rich
898 vant le piano, assis sur un tabouret bas — le pan de l’habit repose sur le parquet — quelqu’un qui ressemble à Richard Str
899 t le piano, assis sur un tabouret bas — le pan de l’ habit repose sur le parquet — quelqu’un qui ressemble à Richard Straus
900 ur un tabouret bas — le pan de l’habit repose sur le parquet — quelqu’un qui ressemble à Richard Strauss, et qui est Richa
901 est Richard Strauss. Il touche quelques accords, l’ acteur Moissi tourne les pages et secoue ses mèches, Elizabeth Schuman
902 l touche quelques accords, l’acteur Moissi tourne les pages et secoue ses mèches, Elizabeth Schumann, adossée au piano, cha
903 plaisir… C’est bouleversant et presque ridicule. Le corps diplomatique, debout en cercle, écoute dans un recueillement st
904 llement stupide, applaudit, poliment enivré. Mais le miracle se poursuit. C’est maintenant Hugo von Hofmannsthal qui appar
905 apparaît comme ses œuvres naissent : au carrefour de la célébrité, de l’élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des v
906 araît comme ses œuvres naissent : au carrefour de la célébrité, de l’élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des vers
907 s œuvres naissent : au carrefour de la célébrité, de l’élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent d
908 uvres naissent : au carrefour de la célébrité, de l’ élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de p
909  : au carrefour de la célébrité, de l’élégance et d’ une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la
910 r de la célébrité, de l’élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la poésie est dan
911 et d’une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’habi
912 e musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’habit classi
913 rauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’habit classique, l’accent p
914 le vent de printemps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’habit classique, l’accent profond et nasillard d’origi
915 emps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’ habit classique, l’accent profond et nasillard d’origine juive ; une m
916 t dans toutes les anthologies, l’habit classique, l’ accent profond et nasillard d’origine juive ; une main pend sur l’ébèn
917 l’habit classique, l’accent profond et nasillard d’ origine juive ; une main pend sur l’ébène, succombant à ses bagues. On
918 et nasillard d’origine juive ; une main pend sur l’ ébène, succombant à ses bagues. On voudrait que cela dure longtemps, o
919 mps, on voudrait comprendre ce qui se passe… Mais le poète referme son livre, plie ses lunettes, baise la main de la maîtr
920 poète referme son livre, plie ses lunettes, baise la main de la maîtresse de maison qui lui offre son bras et l’entraîne d
921 ferme son livre, plie ses lunettes, baise la main de la maîtresse de maison qui lui offre son bras et l’entraîne dans le b
922 me son livre, plie ses lunettes, baise la main de la maîtresse de maison qui lui offre son bras et l’entraîne dans le bal.
923 la maîtresse de maison qui lui offre son bras et l’ entraîne dans le bal. Vit-on jamais plus courtoise dérision du génie.
924 maison qui lui offre son bras et l’entraîne dans le bal. Vit-on jamais plus courtoise dérision du génie. Spectacle en vér
925 e. Spectacle en vérité terriblement intéressant ! Le xxe siècle européen offre ici de lui-même l’image la plus flattée :
926 t intéressant ! Le xxe siècle européen offre ici de lui-même l’image la plus flattée : son plus grand musicien, des écriv
927 t ! Le xxe siècle européen offre ici de lui-même l’ image la plus flattée : son plus grand musicien, des écrivains célèbre
928 xe siècle européen offre ici de lui-même l’image la plus flattée : son plus grand musicien, des écrivains célèbres, des c
929 paraît son étrange impuissance : tous ces accords de gloire et de génie ne font qu’une rumeur informe, insignifiante. Tout
930 range impuissance : tous ces accords de gloire et de génie ne font qu’une rumeur informe, insignifiante. Tout se dégrade e
931 Tout se dégrade en amabilités. N’oublions pas que l’ on a réuni tant de richesses de tous les ordres — pour rien. Exactemen
932 N’oublions pas que l’on a réuni tant de richesses de tous les ordres — pour rien. Exactement. Ni plaisir ni profits. Voilà
933 ns pas que l’on a réuni tant de richesses de tous les ordres — pour rien. Exactement. Ni plaisir ni profits. Voilà bien à q
934 profits. Voilà bien à quels jeux aboutissent tant d’ ambition et le sérieux dans les affaires : une civilisation qui se don
935 bien à quels jeux aboutissent tant d’ambition et le sérieux dans les affaires : une civilisation qui se donne à elle-même
936 ux aboutissent tant d’ambition et le sérieux dans les affaires : une civilisation qui se donne à elle-même un défilé de man
937 e civilisation qui se donne à elle-même un défilé de mannequins. Comme tout ce qui n’a pas de raison, voilà qui est plein
938 n défilé de mannequins. Comme tout ce qui n’a pas de raison, voilà qui est plein de significations troublantes. Cela donne
939 out ce qui n’a pas de raison, voilà qui est plein de significations troublantes. Cela donne à penser, prête à rire, mais j
940 penser, prête à rire, mais je réserve pour demain les conclusions de philosophe, on m’entraîne par le bras vers les jardins
941 rire, mais je réserve pour demain les conclusions de philosophe, on m’entraîne par le bras vers les jardins. Des ballerine
942 les conclusions de philosophe, on m’entraîne par le bras vers les jardins. Des ballerines de l’opéra dansent autour d’une
943 ons de philosophe, on m’entraîne par le bras vers les jardins. Des ballerines de l’opéra dansent autour d’une vasque, dans
944 aîne par le bras vers les jardins. Des ballerines de l’opéra dansent autour d’une vasque, dans un théâtre de grands buis t
945 e par le bras vers les jardins. Des ballerines de l’ opéra dansent autour d’une vasque, dans un théâtre de grands buis tail
946 jardins. Des ballerines de l’opéra dansent autour d’ une vasque, dans un théâtre de grands buis taillés à l’italienne. Un p
947 péra dansent autour d’une vasque, dans un théâtre de grands buis taillés à l’italienne. Un projecteur balaie les gazons, l
948 vasque, dans un théâtre de grands buis taillés à l’ italienne. Un projecteur balaie les gazons, les terrasses, des amateur
949 buis taillés à l’italienne. Un projecteur balaie les gazons, les terrasses, des amateurs de baisers dans l’ombre et des fu
950 s à l’italienne. Un projecteur balaie les gazons, les terrasses, des amateurs de baisers dans l’ombre et des fumeurs isolés
951 ur balaie les gazons, les terrasses, des amateurs de baisers dans l’ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le tour de bi
952 zons, les terrasses, des amateurs de baisers dans l’ ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le tour de bien des choses, H
953 s dans l’ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le tour de bien des choses, Hofmannsthal enfin, serré dans un petit mant
954 ’ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le tour de bien des choses, Hofmannsthal enfin, serré dans un petit manteau, vis
955 au, visiblement aux prises une fois de plus, avec le dilemme hamlétique, — celui pourtant, depuis trente ans, qu’il résout
956 lui pourtant, depuis trente ans, qu’il résout par l’ acte d’écrire… Moi je suis dans les buis, près des basses du petit orc
957 rtant, depuis trente ans, qu’il résout par l’acte d’ écrire… Moi je suis dans les buis, près des basses du petit orchestre,
958 u’il résout par l’acte d’écrire… Moi je suis dans les buis, près des basses du petit orchestre, avec des écharpes et du sen
959 orchestre, avec des écharpes et du sentiment. (Vu de près, le sourire éperdu des ballerines est émouvant, masque plus vrai
960 , avec des écharpes et du sentiment. (Vu de près, le sourire éperdu des ballerines est émouvant, masque plus vrai que leur
961 ai que leurs visages.) On éteint. Et c’est alors, d’ un balcon qui domine les groupes, une voix qui descend avec un tremble
962 On éteint. Et c’est alors, d’un balcon qui domine les groupes, une voix qui descend avec un tremblement d’étoile. Richard S
963 groupes, une voix qui descend avec un tremblement d’ étoile. Richard Strauss a levé la tête, il reçoit sur son bon visage o
964 c un tremblement d’étoile. Richard Strauss a levé la tête, il reçoit sur son bon visage où cette rosée divine fait perler
965 sage où cette rosée divine fait perler une larme, la bénédiction de sa musique. Les petites baronnes ont froid, veulent re
966 osée divine fait perler une larme, la bénédiction de sa musique. Les petites baronnes ont froid, veulent rentrer, car elle
967 t perler une larme, la bénédiction de sa musique. Les petites baronnes ont froid, veulent rentrer, car elles sont sages. Da
968 roid, veulent rentrer, car elles sont sages. Dans les salons désertés du rez-de-chaussée, elles me désignent un des rêves d
969 rez-de-chaussée, elles me désignent un des rêves de mon adolescence : sur un canapé d’angle, drapée dans une robe longue,
970 t un des rêves de mon adolescence : sur un canapé d’ angle, drapée dans une robe longue, grise et argent, Henny Porten immo
971 , grise et argent, Henny Porten immobile présente de profil son visage un peu plus grand que nature. À 17 ans, du fond d’u
972 e un peu plus grand que nature. À 17 ans, du fond d’ un cinéma, l’ai-je aimée ? — Je lui sais gré de rester là muette, asse
973 grand que nature. À 17 ans, du fond d’un cinéma, l’ ai-je aimée ? — Je lui sais gré de rester là muette, assez absente enc
974 nd d’un cinéma, l’ai-je aimée ? — Je lui sais gré de rester là muette, assez absente encore pour ressembler vraiment à son
975 Tout est lumière dans cet espace, jeu silencieux de lustres, de glaces et d’acajous polis. On entend le rythme assourdi,
976 mière dans cet espace, jeu silencieux de lustres, de glaces et d’acajous polis. On entend le rythme assourdi, mais non la
977 t espace, jeu silencieux de lustres, de glaces et d’ acajous polis. On entend le rythme assourdi, mais non la mélodie d’une
978 lustres, de glaces et d’acajous polis. On entend le rythme assourdi, mais non la mélodie d’une danse, au-dessus, et des v
979 ous polis. On entend le rythme assourdi, mais non la mélodie d’une danse, au-dessus, et des voix qui passent. Allées et ve
980 On entend le rythme assourdi, mais non la mélodie d’ une danse, au-dessus, et des voix qui passent. Allées et venues dans l
981 s, et des voix qui passent. Allées et venues dans la fête invisible qui m’environne, ah ! que n’êtes-vous celles des désir
982 environne, ah ! que n’êtes-vous celles des désirs de l’amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil
983 ironne, ah ! que n’êtes-vous celles des désirs de l’ amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil. C
984  ! que n’êtes-vous celles des désirs de l’amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil. C’était la
985 tes-vous celles des désirs de l’amour ! La traîne d’ une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de la
986 e l’amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je la
987 e tournoie, éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans
988 ie, éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans mes pen
989 éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans mes pensée
990 il. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans mes pensées. Mais quelle approche me
991 la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans mes pensées. Mais quelle approche me saisit ? Parfois, au c
992  ? Parfois, au cœur des grandes fêtes, une sphère de silence descend, s’arrête quelques secondes, et ceux qu’elle baigne d
993 ’arrête quelques secondes, et ceux qu’elle baigne d’ une grâce furtive sont pris du désir d’adorer. Du sein de tant de cont
994 lle baigne d’une grâce furtive sont pris du désir d’ adorer. Du sein de tant de contraintes polies et dans la pose la plus
995 râce furtive sont pris du désir d’adorer. Du sein de tant de contraintes polies et dans la pose la plus naturellement élég
996 er. Du sein de tant de contraintes polies et dans la pose la plus naturellement élégante, j’ai vu des yeux lever vers moi
997 ein de tant de contraintes polies et dans la pose la plus naturellement élégante, j’ai vu des yeux lever vers moi un regar
998 égante, j’ai vu des yeux lever vers moi un regard d’ ardente confiance qui était tout ce qu’on ne pouvait dire, — qui était
999 pouvait dire, — qui était, dans un suprême délice de libération, une prière pour que l’amour soit bien-aimé… Oh ! qu’il y
1000 suprême délice de libération, une prière pour que l’ amour soit bien-aimé… Oh ! qu’il y ait eu cette joie par un regard de
1001 imé… Oh ! qu’il y ait eu cette joie par un regard de jeune fille ! Tout peut encore être sauvé… Un accord brusque de rumeu
1002  ! Tout peut encore être sauvé… Un accord brusque de rumeurs à travers une porte qui s’ouvre ramène le bal dans mes désert
1003 de rumeurs à travers une porte qui s’ouvre ramène le bal dans mes déserts. (Elle est partie. — Des rires en cape de velour
1004 es déserts. (Elle est partie. — Des rires en cape de velours s’enfuient vers les jardins.) Qu’il y ait eu ce regard, et qu
1005 e. — Des rires en cape de velours s’enfuient vers les jardins.) Qu’il y ait eu ce regard, et que personne ne l’ait vu ! Ils
1006 ns.) Qu’il y ait eu ce regard, et que personne ne l’ ait vu ! Ils ne savent plus que l’amour seul eût mérité ces fastes ; l
1007 que personne ne l’ait vu ! Ils ne savent plus que l’ amour seul eût mérité ces fastes ; l’usage de leurs politesses imite d
1008 ent plus que l’amour seul eût mérité ces fastes ; l’ usage de leurs politesses imite dérisoirement la gravité sacrée et l’a
1009 que l’amour seul eût mérité ces fastes ; l’usage de leurs politesses imite dérisoirement la gravité sacrée et l’ascèse ad
1010 ; l’usage de leurs politesses imite dérisoirement la gravité sacrée et l’ascèse adorable que seule invente la passion. Ils
1011 litesses imite dérisoirement la gravité sacrée et l’ ascèse adorable que seule invente la passion. Ils reviennent. Tombé de
1012 ité sacrée et l’ascèse adorable que seule invente la passion. Ils reviennent. Tombé de mon silence parmi les bavardages, o
1013 e seule invente la passion. Ils reviennent. Tombé de mon silence parmi les bavardages, où irai-je avec peut-être un air de
1014 ssion. Ils reviennent. Tombé de mon silence parmi les bavardages, où irai-je avec peut-être un air de dégoût, par mégarde…
1015 les bavardages, où irai-je avec peut-être un air de dégoût, par mégarde… On se presse au bar assourdissant et les visages
1016 par mégarde… On se presse au bar assourdissant et les visages se prennent à vivre, dangereusement. Ô fête d’une époque où t
1017 sages se prennent à vivre, dangereusement. Ô fête d’ une époque où tout ce qui vaut qu’on l’aime oscille entre l’ivresse et
1018 nt. Ô fête d’une époque où tout ce qui vaut qu’on l’ aime oscille entre l’ivresse et la neurasthénie, avec parfois des cris
1019 ue où tout ce qui vaut qu’on l’aime oscille entre l’ ivresse et la neurasthénie, avec parfois des cris admirables ou des ca
1020 qui vaut qu’on l’aime oscille entre l’ivresse et la neurasthénie, avec parfois des cris admirables ou des caresses déchir
1021 dmirables ou des caresses déchirantes, — mais ici l’ on aime que tout soit exprimé en symboles gantés de blanc. Nous sommes
1022 ’on aime que tout soit exprimé en symboles gantés de blanc. Nous sommes fous, mais il y a la manière. J’ai l’ennui de mon
1023 es gantés de blanc. Nous sommes fous, mais il y a la manière. J’ai l’ennui de mon ami Gérard de Nerval, je bois une menthe
1024 c. Nous sommes fous, mais il y a la manière. J’ai l’ ennui de mon ami Gérard de Nerval, je bois une menthe à son souvenir.
1025 sommes fous, mais il y a la manière. J’ai l’ennui de mon ami Gérard de Nerval, je bois une menthe à son souvenir. Si je bu
1026 r. Si je buvais assez il serait là. En attendant, les autres s’en vont ou disparaissent on ne sait comment. Presque tous le
1027 ou disparaissent on ne sait comment. Presque tous les truismes se sont évanouis ; restent les paradoxes : peut-être vont-il
1028 sque tous les truismes se sont évanouis ; restent les paradoxes : peut-être vont-ils se mettre à rêver à voix haute ? Ébra
1029 rêver à voix haute ? Ébranle un peu ces lambris d’ or, tu vois bien que tout cède aux regards de l’ivresse. Un coude nu s
1030 bris d’or, tu vois bien que tout cède aux regards de l’ivresse. Un coude nu s’appuie à mon épaule, je brise des pailles su
1031 s d’or, tu vois bien que tout cède aux regards de l’ ivresse. Un coude nu s’appuie à mon épaule, je brise des pailles sur u
1032 épaule, je brise des pailles sur une perle verte, l’ orchestre russe emmêle des arabesques de danseurs et déjà quelques-uns
1033 le verte, l’orchestre russe emmêle des arabesques de danseurs et déjà quelques-uns de ces hôtes diaphanes du petit jour. J
1034 e des arabesques de danseurs et déjà quelques-uns de ces hôtes diaphanes du petit jour. J’en ai vu deux, chaussés d’escarp
1035 iaphanes du petit jour. J’en ai vu deux, chaussés d’ escarpins fins courant comme des reflets sur le parquet, venir par une
1036 és d’escarpins fins courant comme des reflets sur le parquet, venir par une salle vide où pénètre le ciel pâli. Transparen
1037 r le parquet, venir par une salle vide où pénètre le ciel pâli. Transparents sous les lumières qui déjà retirent leurs plu
1038 e vide où pénètre le ciel pâli. Transparents sous les lumières qui déjà retirent leurs plus longs rayons, ils ont encore de
1039 s ont encore des lèvres pour me dire une phrase à l’ oreille, de leur voix trop naturelle, voix de jour. Paroles aussitôt o
1040 e des lèvres pour me dire une phrase à l’oreille, de leur voix trop naturelle, voix de jour. Paroles aussitôt oubliées, ma
1041 se à l’oreille, de leur voix trop naturelle, voix de jour. Paroles aussitôt oubliées, mais je sais que la nuit va s’éteind
1042 jour. Paroles aussitôt oubliées, mais je sais que la nuit va s’éteindre. L’un m’a soufflé quelque chose dans la tête par l
1043 a s’éteindre. L’un m’a soufflé quelque chose dans la tête par la paille que je suçais : me voici sourd à la musique mais d
1044 . L’un m’a soufflé quelque chose dans la tête par la paille que je suçais : me voici sourd à la musique mais des sonorités
1045 te par la paille que je suçais : me voici sourd à la musique mais des sonorités glacées naissent en moi. Cependant que l’a
1046 , trop vite pour que j’aie pu bouger, a baisé sur les lèvres une femme qui devient pâle et s’adosse à une colonne, — me reg
1047 oujours plus ivres. Rosette Anday levant sa coupe de champagne rit et déchaîne des opéras. — « Comme elle est laide, mais
1048 « Comme elle est laide, mais une voix à faire mal de bonheur, mais laide !… ah ! magnifique ! », dit quelqu’un près de moi
1049 quelqu’un près de moi. Ma tête cède, vient contre la colonne, paupières fermées, et c’est soudain une déchirure assourdiss
1050 mphante, et des vaisseaux qui ramènent Iseut dans le silence d’un midi d’été nordique, à l’heure de mourir dans une légère
1051 des vaisseaux qui ramènent Iseut dans le silence d’ un midi d’été nordique, à l’heure de mourir dans une légèreté éperdue…
1052 eaux qui ramènent Iseut dans le silence d’un midi d’ été nordique, à l’heure de mourir dans une légèreté éperdue… Mais une
1053 Iseut dans le silence d’un midi d’été nordique, à l’ heure de mourir dans une légèreté éperdue… Mais une main de femme au b
1054 ns le silence d’un midi d’été nordique, à l’heure de mourir dans une légèreté éperdue… Mais une main de femme au bord du s
1055 e mourir dans une légèreté éperdue… Mais une main de femme au bord du sommeil saisie me ramène aux regards. Que sont tous
1056 gestes rythmés ? Anday chante. Ils me voient dans la nudité du rêve, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main d’une
1057 te. Ils me voient dans la nudité du rêve, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main d’une femme qui tremble… Comtesse
1058 e voient dans la nudité du rêve, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main d’une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde
1059 é du rêve, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main d’une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde en soie d’aurore, voi
1060 e, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main d’ une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde en soie d’aurore, voici l’heu
1061 ’une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde en soie d’ aurore, voici l’heure que nous attendions. Les escaliers s’abaissent d
1062 remble… Comtesse Adélaïde en soie d’aurore, voici l’ heure que nous attendions. Les escaliers s’abaissent dans le silence n
1063 soie d’aurore, voici l’heure que nous attendions. Les escaliers s’abaissent dans le silence nouveau, nous entendons nos pas
1064 e nous attendions. Les escaliers s’abaissent dans le silence nouveau, nous entendons nos pas jusqu’aux jardins tendus en t
1065 pas jusqu’aux jardins tendus en tapisserie entre les arcades d’un péristyle sombre. Le bleu glacé du petit jour noie les b
1066 ux jardins tendus en tapisserie entre les arcades d’ un péristyle sombre. Le bleu glacé du petit jour noie les buis qui s’é
1067 pisserie entre les arcades d’un péristyle sombre. Le bleu glacé du petit jour noie les buis qui s’éteignent par degrés. Un
1068 éristyle sombre. Le bleu glacé du petit jour noie les buis qui s’éteignent par degrés. Un peu de nuage flotte sur le bassin
1069 ’éteignent par degrés. Un peu de nuage flotte sur le bassin, grand œil vide où paraît le vertige. Voici que cèdent les ama
1070 ge flotte sur le bassin, grand œil vide où paraît le vertige. Voici que cèdent les amarres des pelouses, tout le jardin mo
1071 d œil vide où paraît le vertige. Voici que cèdent les amarres des pelouses, tout le jardin monte sans fin dans le frisson d
1072 . Voici que cèdent les amarres des pelouses, tout le jardin monte sans fin dans le frisson désespéré de l’aube, — et nous,
1073 des pelouses, tout le jardin monte sans fin dans le frisson désespéré de l’aube, — et nous, au bord du péristyle arrêtés,
1074 e jardin monte sans fin dans le frisson désespéré de l’aube, — et nous, au bord du péristyle arrêtés, au bord de la nuit q
1075 ardin monte sans fin dans le frisson désespéré de l’ aube, — et nous, au bord du péristyle arrêtés, au bord de la nuit qui
1076 et nous, au bord du péristyle arrêtés, au bord de la nuit qui nous possède encore, nous assistons au miracle hostile. Elle
1077 . Alors je me tourne vers ce visage très blanc où les yeux d’un bleu nocturne se refusent… Quelle tendresse, auprès de cet
1078 e me tourne vers ce visage très blanc où les yeux d’ un bleu nocturne se refusent… Quelle tendresse, auprès de cet être sec
1079 et être secret, inaccessible et pourtant complice d’ une angoisse plus bouleversante que l’amour, à la minute où l’on voit
1080 nt complice d’une angoisse plus bouleversante que l’ amour, à la minute où l’on voit de très près, entre la nuit qui s’évap
1081 d’une angoisse plus bouleversante que l’amour, à la minute où l’on voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’au
1082 se plus bouleversante que l’amour, à la minute où l’ on voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’aube encore vac
1083 uleversante que l’amour, à la minute où l’on voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’aube encore vacillante, l
1084 our, à la minute où l’on voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’aube encore vacillante, le vide absurde où s’
1085 voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’ aube encore vacillante, le vide absurde où s’en vont nos plaisirs et d
1086 a nuit qui s’évapore et l’aube encore vacillante, le vide absurde où s’en vont nos plaisirs et d’où remonte notre peine. A
1087 nte, le vide absurde où s’en vont nos plaisirs et d’ où remonte notre peine. Ah ! surprendre sur un visage décontenancé, et
1088 rendre sur un visage décontenancé, et jusque dans le rythme d’une respiration, l’envahissement de cette dure connaissance 
1089 un visage décontenancé, et jusque dans le rythme d’ une respiration, l’envahissement de cette dure connaissance ! Elle se
1090 ancé, et jusque dans le rythme d’une respiration, l’ envahissement de cette dure connaissance ! Elle se tait, plus seule qu
1091 dans le rythme d’une respiration, l’envahissement de cette dure connaissance ! Elle se tait, plus seule que moi. Le jour q
1092 connaissance ! Elle se tait, plus seule que moi. Le jour qui déjà me saisit va-t-il ainsi nous séparer ? Ce corps de femm
1093 à me saisit va-t-il ainsi nous séparer ? Ce corps de femme défend encore sa nuit, si nu pourtant dans la soie et le velour
1094 femme défend encore sa nuit, si nu pourtant dans la soie et le velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléch
1095 nd encore sa nuit, si nu pourtant dans la soie et le velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléchit un peu.
1096 , si nu pourtant dans la soie et le velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir
1097 la soie et le velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’écœurement de r
1098 velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’écœurement de revivre — touche
1099 fatigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’écœurement de revivre — toucher un corps livré à la violence immobi
1100 tigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’ écœurement de revivre — toucher un corps livré à la violence immobile
1101 fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’écœurement de revivre — toucher un corps livré à la violence immobile de son âme… M
1102 ’écœurement de revivre — toucher un corps livré à la violence immobile de son âme… Mais les jeunes filles sont parfois tro
1103 e — toucher un corps livré à la violence immobile de son âme… Mais les jeunes filles sont parfois trop émouvantes pour qu’
1104 rps livré à la violence immobile de son âme… Mais les jeunes filles sont parfois trop émouvantes pour qu’on ose les embrass
1105 illes sont parfois trop émouvantes pour qu’on ose les embrasser. — Je tenais sa main, — ho ! qui l’a retirée des miennes ?
1106 se les embrasser. — Je tenais sa main, — ho ! qui l’ a retirée des miennes ? … Sans se retourner, avec cette décision qu’el
1107 ume encore une cigarette entre mes lèvres sèches. Le hall s’éclaire d’un jour de balayage, il reste deux chapeaux melons a
1108 arette entre mes lèvres sèches. Le hall s’éclaire d’ un jour de balayage, il reste deux chapeaux melons au vestiaire, et qu
1109 re mes lèvres sèches. Le hall s’éclaire d’un jour de balayage, il reste deux chapeaux melons au vestiaire, et quelques val
1110 au vestiaire, et quelques valets gris. Une corde de violon saute dans sa boîte. Je crois que dans ma tête aussi, des chos
1111 -coups. Je vais marcher au long des trottoirs que le soleil lave à grande eau, et me laisser aller un peu à mes idées. Le
1112 ande eau, et me laisser aller un peu à mes idées. Le commerce du monde mène plus loin qu’il n’y paraît, mène parfois bien
1113 loin qu’il n’y paraît, mène parfois bien près de la réalité — et d’un mouvement non dépourvu d’élégance, j’entends : par
1114 paraît, mène parfois bien près de la réalité — et d’ un mouvement non dépourvu d’élégance, j’entends : par une certaine qua
1115 ès de la réalité — et d’un mouvement non dépourvu d’ élégance, j’entends : par une certaine qualité de déception, qu’il nou
1116 d’élégance, j’entends : par une certaine qualité de déception, qu’il nous propose. La joie du jour, hélas, la plus forte…
1117 ertaine qualité de déception, qu’il nous propose. La joie du jour, hélas, la plus forte… (Vienne, 1928)
1118 tion, qu’il nous propose. La joie du jour, hélas, la plus forte… (Vienne, 1928)
5 1932, Le Paysan du Danube. Première partie. Le Paysan du Danube — Voyage en Hongrie
1119 Voyage en Hongrie À Albert Gyergyai i Le dormeur au fil de l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jam
1120 grie À Albert Gyergyai i Le dormeur au fil de l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ;
1121 e À Albert Gyergyai i Le dormeur au fil de l’ eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ; il
1122 i Le dormeur au fil de l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ; il faudrait réveiller tant
1123 l de l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ; il faudrait réveiller tant de beautés redoutabl
1124 Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ; il faudrait réveiller tant de beautés redoutables pour at
1125 ernière chaise libre. En bas, il y a juste autant de vieilles dames et de ministres en retraite que de fauteuils. Et on me
1126 En bas, il y a juste autant de vieilles dames et de ministres en retraite que de fauteuils. Et on me regarde. J’ai beau f
1127 de vieilles dames et de ministres en retraite que de fauteuils. Et on me regarde. J’ai beau feindre l’intérêt le plus sing
1128 de fauteuils. Et on me regarde. J’ai beau feindre l’ intérêt le plus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant
1129 ls. Et on me regarde. J’ai beau feindre l’intérêt le plus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant vu ! Ils
1130 e l’intérêt le plus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon vis
1131 en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où je n’ai pas dor
1132 yeux stupides me demandent où je n’ai pas dormi. Le seul refuge est à l’avant, parmi des cordages, des chaînes, sur un ba
1133 andent où je n’ai pas dormi. Le seul refuge est à l’ avant, parmi des cordages, des chaînes, sur un banc humide, — juste de
1134 ordages, des chaînes, sur un banc humide, — juste de quoi s’étendre, et regarder jaillir sans fin contre soi l’eau de ce b
1135 ’étendre, et regarder jaillir sans fin contre soi l’ eau de ce beau Danube jaune qui est le plus inodore des fleuves. Dormi
1136 re, et regarder jaillir sans fin contre soi l’eau de ce beau Danube jaune qui est le plus inodore des fleuves. Dormir. San
1137 contre soi l’eau de ce beau Danube jaune qui est le plus inodore des fleuves. Dormir. Sans avoir pu retrouver cette mélod
1138 . Sans avoir pu retrouver cette mélodie descendue d’ un balcon où chantait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de
1139 r cette mélodie descendue d’un balcon où chantait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à s
1140 où chantait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à sa villa, vers cinq heures à travers ce
1141 tait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à sa villa, vers cinq heures à travers ces quart
1142 Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’ on a reconduit à sa villa, vers cinq heures à travers ces quartiers si
1143 à travers ces quartiers si clairs, arbres et jets d’ eau ; sans avoir pu retrouver, des conversations de ce bal, autre chos
1144 ’eau ; sans avoir pu retrouver, des conversations de ce bal, autre chose que la phrase, l’unique phrase que Richard Straus
1145 ver, des conversations de ce bal, autre chose que la phrase, l’unique phrase que Richard Strauss m’aura jamais adressée en
1146 nversations de ce bal, autre chose que la phrase, l’ unique phrase que Richard Strauss m’aura jamais adressée en cette vie 
1147 t… » C’était au vestiaire, il enfilait une manche de pardessus, me donnait l’autre à serrer, la main n’étant pas encore so
1148 manche de pardessus, me donnait l’autre à serrer, la main n’étant pas encore sortie… Dormir au fil de l’eau, entre l’étran
1149 la main n’étant pas encore sortie… Dormir au fil de l’eau, entre l’étrange nuit du bal et cette perspective invraisemblab
1150 main n’étant pas encore sortie… Dormir au fil de l’ eau, entre l’étrange nuit du bal et cette perspective invraisemblable
1151 pas encore sortie… Dormir au fil de l’eau, entre l’ étrange nuit du bal et cette perspective invraisemblable d’un voyage a
1152 nuit du bal et cette perspective invraisemblable d’ un voyage au hasard commencé dans l’insomnie — vrai voyage à dormir de
1153 vraisemblable d’un voyage au hasard commencé dans l’ insomnie — vrai voyage à dormir debout… Le monde renaît dans des acco
1154 é dans l’insomnie — vrai voyage à dormir debout… Le monde renaît dans des accords. Une mélodie hongroise éveille un vagab
1155 il reconnaît son rêve. Huit heures aux clochers de la capitale qui s’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur la
1156 reconnaît son rêve. Huit heures aux clochers de la capitale qui s’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur la pl
1157 res aux clochers de la capitale qui s’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur la plaine, avec ses dômes et ses fa
1158 de la capitale qui s’avance dans la lumière fauve d’ un soir chaud sur la plaine, avec ses dômes et ses façades exubérantes
1159 ’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur la plaine, avec ses dômes et ses façades exubérantes de reflets, — et dé
1160 plaine, avec ses dômes et ses façades exubérantes de reflets, — et déjà nous passons sous de hauts ponts sonores, au long
1161 ubérantes de reflets, — et déjà nous passons sous de hauts ponts sonores, au long d’un quai tout fleuri de terrasses ; on
1162 nous passons sous de hauts ponts sonores, au long d’ un quai tout fleuri de terrasses ; on nous déverse dans cette foule et
1163 auts ponts sonores, au long d’un quai tout fleuri de terrasses ; on nous déverse dans cette foule et ces musiques, deux vi
1164 es qui font des signes pour demain, présentations de mes Espoirs aux jeunes Promesses nationales (on n’a pas bien compris
1165 nes Promesses nationales (on n’a pas bien compris les noms, on échange, à la dérobée, des coups d’œil, dans le léger étourd
1166 (on n’a pas bien compris les noms, on échange, à la dérobée, des coups d’œil, dans le léger étourdissement de l’amitié pr
1167 , on échange, à la dérobée, des coups d’œil, dans le léger étourdissement de l’amitié prochaine). Et la générosité des lum
1168 ée, des coups d’œil, dans le léger étourdissement de l’amitié prochaine). Et la générosité des lumières d’avant le soir, —
1169 des coups d’œil, dans le léger étourdissement de l’ amitié prochaine). Et la générosité des lumières d’avant le soir, — et
1170 e léger étourdissement de l’amitié prochaine). Et la générosité des lumières d’avant le soir, — et cette espèce de tendres
1171 ’amitié prochaine). Et la générosité des lumières d’ avant le soir, — et cette espèce de tendresse pour tous les possibles,
1172 prochaine). Et la générosité des lumières d’avant le soir, — et cette espèce de tendresse pour tous les possibles, qu’on a
1173 é des lumières d’avant le soir, — et cette espèce de tendresse pour tous les possibles, qu’on appelle, je crois bien, jeun
1174 le soir, — et cette espèce de tendresse pour tous les possibles, qu’on appelle, je crois bien, jeunesse… Je me suis endormi
1175 oûtes sombres, qui est un Collège célèbre. ii La Recherche de l’objet inconnu Personne n’a mon adresse, je n’attend
1176 , qui est un Collège célèbre. ii La Recherche de l’objet inconnu Personne n’a mon adresse, je n’attends rien d’aill
1177 ui est un Collège célèbre. ii La Recherche de l’ objet inconnu Personne n’a mon adresse, je n’attends rien d’ailleur
1178 en ce premier réveil — délivré. Chez moi je suis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne
1179 emier réveil — délivré. Chez moi je suis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quo
1180 er réveil — délivré. Chez moi je suis la proie de l’ angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quoi d
1181 uis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quoi de très important… Trois déceptions
1182 r. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quoi de très important… Trois déceptions par jour ne peuvent qu’énerver le dé
1183 … Trois déceptions par jour ne peuvent qu’énerver le désir. Parfois j’imagine que le facteur va m’apporter ce Paquet inouï
1184 euvent qu’énerver le désir. Parfois j’imagine que le facteur va m’apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciateur d’une mira
1185 a m’apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciateur d’ une miraculeuse et royale Venue. Dans le silence de l’adoration comblé
1186 onciateur d’une miraculeuse et royale Venue. Dans le silence de l’adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans nom
1187 ’une miraculeuse et royale Venue. Dans le silence de l’adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans nom, inutilisa
1188 e miraculeuse et royale Venue. Dans le silence de l’ adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans nom, inutilisable
1189 le silence de l’adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans nom, inutilisables, bouleversants de perfection, gage
1190 ces objets sans nom, inutilisables, bouleversants de perfection, gages d’un monde que les poètes essaient de décrire sans
1191 inutilisables, bouleversants de perfection, gages d’ un monde que les poètes essaient de décrire sans l’avoir jamais vu, et
1192 bouleversants de perfection, gages d’un monde que les poètes essaient de décrire sans l’avoir jamais vu, et dont nous savon
1193 fection, gages d’un monde que les poètes essaient de décrire sans l’avoir jamais vu, et dont nous savons seulement que tou
1194 ’un monde que les poètes essaient de décrire sans l’ avoir jamais vu, et dont nous savons seulement que tout y a son écho l
1195 dont nous savons seulement que tout y a son écho le plus pur. Le voyage trompe un temps cette angoisse. J’irai chercher m
1196 vons seulement que tout y a son écho le plus pur. Le voyage trompe un temps cette angoisse. J’irai chercher moi-même, me s
1197 hercher moi-même, me suis-je dit, je ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qui sait si tant d’erreurs ne compo
1198 ême, me suis-je dit, je ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qui sait si tant d’erreurs ne composeront pas un
1199 vances, les plus exténuantes, et qui sait si tant d’ erreurs ne composeront pas un jour une sorte d’incantation capable d’i
1200 nt d’erreurs ne composeront pas un jour une sorte d’ incantation capable d’incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans l
1201 eront pas un jour une sorte d’incantation capable d’ incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans les bazars, aux étalage
1202 n jour une sorte d’incantation capable d’incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans les bazars, aux étalages des fêtes
1203 d’incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans les bazars, aux étalages des fêtes populaires, au fond des boutiques de v
1204 lages des fêtes populaires, au fond des boutiques de vieux en province, dans les combles d’un château prussien où tissaien
1205 au fond des boutiques de vieux en province, dans les combles d’un château prussien où tissaient d’incroyables araignées, p
1206 boutiques de vieux en province, dans les combles d’ un château prussien où tissaient d’incroyables araignées, partout où l
1207 ns les combles d’un château prussien où tissaient d’ incroyables araignées, partout où le désordre naturel des choses pouva
1208 où tissaient d’incroyables araignées, partout où le désordre naturel des choses pouvait offrir asile à l’Objet inconnu qu
1209 ésordre naturel des choses pouvait offrir asile à l’ Objet inconnu que je chercherai sans doute jusqu’à la fin des fins… Ma
1210 bjet inconnu que je chercherai sans doute jusqu’à la fin des fins… Mais voici mes amis. Et la question terrible, tout de s
1211 jusqu’à la fin des fins… Mais voici mes amis. Et la question terrible, tout de suite : « Mais qui, mais qu’êtes-vous venu
1212 her jusque chez nous ? » (En Hongrie, à 30 heures d’ express, on dit « jusque chez nous », ce qu’on ne dit pas en Amérique.
1213 qu’on ne dit pas en Amérique.) Grands dieux ! je le vois bien, à tout prix il vous faut un prétexte avouable… On me deman
1214 demandera donc toujours des passeports ? Dussè-je les inventer… Ah ! l’embarras de voyager n’est rien auprès de celui d’exp
1215 ours des passeports ? Dussè-je les inventer… Ah ! l’ embarras de voyager n’est rien auprès de celui d’expliquer pourquoi l’
1216 sseports ? Dussè-je les inventer… Ah ! l’embarras de voyager n’est rien auprès de celui d’expliquer pourquoi l’on est part
1217 l’embarras de voyager n’est rien auprès de celui d’ expliquer pourquoi l’on est parti. Cependant, mes regards errant sur u
1218 r n’est rien auprès de celui d’expliquer pourquoi l’ on est parti. Cependant, mes regards errant sur une bibliothèque, je c
1219 in de s’user, ne tarde pas à devenir notre raison de vivre. Mais combien votre sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviabl
1220 u ! — Ô Destin sans repos et qui me voue à toutes les magies ! Les désirs les plus incompréhensibles s’emparent de moi comm
1221 n sans repos et qui me voue à toutes les magies ! Les désirs les plus incompréhensibles s’emparent de moi comme des superst
1222 s et qui me voue à toutes les magies ! Les désirs les plus incompréhensibles s’emparent de moi comme des superstitions. Tou
1223 Les désirs les plus incompréhensibles s’emparent de moi comme des superstitions. Tout mon avoir se fond dans une loterie
1224 ir se fond dans une loterie qui peut-être n’a pas de gros lot, et jamais, je crains bien, jamais je ne parviendrai à le re
1225 amais, je crains bien, jamais je ne parviendrai à le regretter… » L’ironie indulgente et cette pitié à peine jalouse que l
1226 bien, jamais je ne parviendrai à le regretter… » L’ ironie indulgente et cette pitié à peine jalouse que l’on réserve aux
1227 nie indulgente et cette pitié à peine jalouse que l’ on réserve aux égarements d’une jeunesse démodée se peignirent sur les
1228 é à peine jalouse que l’on réserve aux égarements d’ une jeunesse démodée se peignirent sur les traits de mes auditeurs. —
1229 arements d’une jeunesse démodée se peignirent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubl
1230 une jeunesse démodée se peignirent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles disting
1231 mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles distingués. Peu de sens du réel. Mais nous vous montrerons n
1232 rie, ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quoi l’ on m’entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée de Budapest enferme
1233 quoi l’on m’entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée de Budapest enferme quelques paysages romantiques aux ciels ple
1234 n m’entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée de Budapest enferme quelques paysages romantiques aux ciels pleins de dé
1235 me quelques paysages romantiques aux ciels pleins de démesure. Et, de Giorgione, ce « Portrait d’un homme » devant lequel
1236 ges romantiques aux ciels pleins de démesure. Et, de Giorgione, ce « Portrait d’un homme » devant lequel il faut se taire
1237 eins de démesure. Et, de Giorgione, ce « Portrait d’ un homme » devant lequel il faut se taire pour écouter ce qu’il entend
1238 pour écouter ce qu’il entend. iii Au tombeau de Gül Baba Dans Bude il y a des ruelles qui sentent encore le Turc.
1239 Dans Bude il y a des ruelles qui sentent encore le Turc. Tandis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous m’avez montr
1240 brunis qui rougeoyaient au sommet du Rozsadomb —  la Colline des roses. Une ancienne mosquée, disiez-vous, le tombeau du p
1241 ine des roses. Une ancienne mosquée, disiez-vous, le tombeau du prophète Gül Baba. Puis, comme le soleil se couchait, nous
1242 ous, le tombeau du prophète Gül Baba. Puis, comme le soleil se couchait, nous avons repassé un grand pont vibrant et nous
1243 nt vibrant et nous sommes rentrés en Europe. Mais le lendemain, m’échappant d’un programme admirable, nourrissant et offic
1244 rentrés en Europe. Mais le lendemain, m’échappant d’ un programme admirable, nourrissant et officiel, il a bien fallu que j
1245 ant et officiel, il a bien fallu que je recherche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez, m’avait-on dit, qu’une paire
1246 . « Vous n’y verrez, m’avait-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosquée vide que personne n’a plus l’idée de visit
1247 uches dans une mosquée vide que personne n’a plus l’ idée de visiter. » Mais comment ne pas voir qu’un lieu qui porte un no
1248 ans une mosquée vide que personne n’a plus l’idée de visiter. » Mais comment ne pas voir qu’un lieu qui porte un nom parei
1249 là même extraordinaire. Celui qui ne croit pas à la vertu des noms reste prisonnier de ses sens ; mais celui-là est vérit
1250 ne croit pas à la vertu des noms reste prisonnier de ses sens ; mais celui-là est véritablement voyageur qui n’a pas renon
1251 blement voyageur qui n’a pas renoncé à convaincre le réel de mystère. Montant au Rozsadomb par ce matin brûlant, je savais
1252 voyageur qui n’a pas renoncé à convaincre le réel de mystère. Montant au Rozsadomb par ce matin brûlant, je savais bien qu
1253 pellent une conduite magique. Or il est délicieux de réaliser une idée fixe injustifiable : c’est le plaisir même de l’enf
1254 x de réaliser une idée fixe injustifiable : c’est le plaisir même de l’enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je g
1255 e idée fixe injustifiable : c’est le plaisir même de l’enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je grimpais gravemen
1256 dée fixe injustifiable : c’est le plaisir même de l’ enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je grimpais gravement c
1257 isir même de l’enfance. Je portais donc ma vision d’ Orient et je grimpais gravement comme je ferai, je pense, au jour de m
1258 mpais gravement comme je ferai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. Voici que ce j’ai vu. On
1259 ai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. Voici que ce j’ai vu. On passe une barrière, une cou
1260 je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’ Objet inconnu. Voici que ce j’ai vu. On passe une barrière, une cour v
1261 . On passe une barrière, une cour vide ; on prend le sentier qui monte en zigzag à travers des jardins dont les arbustes s
1262 er qui monte en zigzag à travers des jardins dont les arbustes sèchent, vers une espèce de grande villa ou palais baroque a
1263 ardins dont les arbustes sèchent, vers une espèce de grande villa ou palais baroque assez décrépit, un décor en pierre bru
1264 répit, un décor en pierre brune peu solide, rongé de roses Crimson. On longe une galerie couverte, on tourne dans un escal
1265 n tourne dans un escalier compliqué : c’est plein de colonnettes et de statues dégradées et charmantes. (Vue sur des maiso
1266 scalier compliqué : c’est plein de colonnettes et de statues dégradées et charmantes. (Vue sur des maisons pauvres un peu
1267 ntre des murs assez hauts dont l’un est peut-être la façade d’une chapelle ; mais la porte est fermée. Par une ouverture é
1268 urs assez hauts dont l’un est peut-être la façade d’ une chapelle ; mais la porte est fermée. Par une ouverture étroite on
1269 ’un est peut-être la façade d’une chapelle ; mais la porte est fermée. Par une ouverture étroite on passe ensuite à une se
1270 vaste, où il y a quelques arbres devant une sorte de tour peu élevée, à demi recouverte de rosiers, et qu’il paraît imposs
1271 t une sorte de tour peu élevée, à demi recouverte de rosiers, et qu’il paraît impossible de situer dans l’ensemble des con
1272 recouverte de rosiers, et qu’il paraît impossible de situer dans l’ensemble des constructions. C’est là qu’on entre. Murs
1273 osiers, et qu’il paraît impossible de situer dans l’ ensemble des constructions. C’est là qu’on entre. Murs nus. Un catafal
1274 ns. C’est là qu’on entre. Murs nus. Un catafalque de bois, au milieu, recouvert d’un très beau tapis mince, ou bannière, a
1275 nus. Un catafalque de bois, au milieu, recouvert d’ un très beau tapis mince, ou bannière, avec des caractères turcs brodé
1276 bannière, avec des caractères turcs brodés en or. L’ histoire de Gül Baba est racontée sur un papier jauni encadré et fixé
1277 vec des caractères turcs brodés en or. L’histoire de Gül Baba est racontée sur un papier jauni encadré et fixé au mur. Gül
1278 est le dernier héros musulman qui ait fait parler de lui en Hongrie. Il s’appelait en vérité KehlBaba, ce qui signifie le
1279 Il s’appelait en vérité KehlBaba, ce qui signifie le Prophète chauve. Les Hongrois, par erreur, en ont fait Gül Baba, ce q
1280 ité KehlBaba, ce qui signifie le Prophète chauve. Les Hongrois, par erreur, en ont fait Gül Baba, ce qui signifie le Père d
1281 par erreur, en ont fait Gül Baba, ce qui signifie le Père des roses. Moyennant cette naturalisation il continue de protége
1282 roses. Moyennant cette naturalisation il continue de protéger la ville (en collaboration avec saint Gellert, dont la statu
1283 nant cette naturalisation il continue de protéger la ville (en collaboration avec saint Gellert, dont la statue colossale,
1284 ville (en collaboration avec saint Gellert, dont la statue colossale, sur un rocher, les bras levés, dirige la circulatio
1285 Gellert, dont la statue colossale, sur un rocher, les bras levés, dirige la circulation de Pest. Gül Baba est moins théâtra
1286 colossale, sur un rocher, les bras levés, dirige la circulation de Pest. Gül Baba est moins théâtral). D’ailleurs le tomb
1287 un rocher, les bras levés, dirige la circulation de Pest. Gül Baba est moins théâtral). D’ailleurs le tombeau est vide. E
1288 de Pest. Gül Baba est moins théâtral). D’ailleurs le tombeau est vide. Et les babouches ? Pas de babouches. Je sais bien q
1289 ins théâtral). D’ailleurs le tombeau est vide. Et les babouches ? Pas de babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’heure d
1290 leurs le tombeau est vide. Et les babouches ? Pas de babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter : le Père
1291 ? Pas de babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’ heure de visiter : le Père des roses est peut-être allé se promener. D
1292 babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter : le Père des roses est peut-être allé se promener. Dehors, l
1293 e sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter : le Père des roses est peut-être allé se promener. Dehors, les roses Crim
1294 des roses est peut-être allé se promener. Dehors, les roses Crimson sentent le soufre. Trente degrés à l’ombre. Ce sanctuai
1295 lé se promener. Dehors, les roses Crimson sentent le soufre. Trente degrés à l’ombre. Ce sanctuaire indigent est plutôt in
1296 roses Crimson sentent le soufre. Trente degrés à l’ ombre. Ce sanctuaire indigent est plutôt inexplicable que mystérieux.
1297 nt est plutôt inexplicable que mystérieux. Aussi, la confusion des noms ne comporte aucun symbole à développer noblement.
1298 un symbole à développer noblement. Une chute dans le quotidien. Car, en somme, le Prophète Chauve est devenu le jardinier
1299 ment. Une chute dans le quotidien. Car, en somme, le Prophète Chauve est devenu le jardinier du Rozsadomb… Mais qu’eussè-j
1300 ien. Car, en somme, le Prophète Chauve est devenu le jardinier du Rozsadomb… Mais qu’eussè-je pu contempler de plus « obje
1301 bjectivement » étrange que ce lieu — inquiétant à la façon de certains regards lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie
1302 ent » étrange que ce lieu — inquiétant à la façon de certains regards lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie, tout d’
1303 ains regards lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie, tout d’un coup, à trois heures de l’après-midi par exemple —, no
1304 lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie, tout d’ un coup, à trois heures de l’après-midi par exemple —, non sans angois
1305 porte sur la vie, tout d’un coup, à trois heures de l’après-midi par exemple —, non sans angoisse. iv De midi à quato
1306 rte sur la vie, tout d’un coup, à trois heures de l’ après-midi par exemple —, non sans angoisse. iv De midi à quatorze
1307 rès-midi par exemple —, non sans angoisse. iv De midi à quatorze heures On voyage de nos jours d’une façon « ration
1308 se. iv De midi à quatorze heures On voyage de nos jours d’une façon « rationnelle », c’est-à-dire que les Cook’s ti
1309 midi à quatorze heures On voyage de nos jours d’ une façon « rationnelle », c’est-à-dire que les Cook’s tickets remplac
1310 urs d’une façon « rationnelle », c’est-à-dire que les Cook’s tickets remplacent l’exigence intérieure. On n’avoue que des d
1311 », c’est-à-dire que les Cook’s tickets remplacent l’ exigence intérieure. On n’avoue que des désirs archéologiques, d’aille
1312 ut autre, un non-conformisme intransigeant serait la seule conduite féconde. Il me semble que la servitude de l’homme mode
1313 erait la seule conduite féconde. Il me semble que la servitude de l’homme moderne apparaît ici sous un aspect bien inquiét
1314 e conduite féconde. Il me semble que la servitude de l’homme moderne apparaît ici sous un aspect bien inquiétant : c’est à
1315 onduite féconde. Il me semble que la servitude de l’ homme moderne apparaît ici sous un aspect bien inquiétant : c’est à la
1316 raît ici sous un aspect bien inquiétant : c’est à la sensibilité même qu’on impose une livrée. — « Je comprends, me dit-on
1317 vrée. — « Je comprends, me dit-on. Vous êtes pour la fantaisie, c’est bien joli ! » — Non, Monsieur, ce n’est pas joli, ce
1318 joli, ce n’est pas fantaisie. Je parle simplement de vérité et de mensonge, opposant une réalité vivante à une duperie com
1319 t pas fantaisie. Je parle simplement de vérité et de mensonge, opposant une réalité vivante à une duperie commerciale. Mai
1320 pensez que tant de mots pour une simple question de sentiment… C’est que vous êtes déjà bien malade. Il perd le sentimen
1321 t… C’est que vous êtes déjà bien malade. Il perd le sentiment, disait-on, du temps que l’on parlait français. J’expliqua
1322 e. Il perd le sentiment, disait-on, du temps que l’ on parlait français. J’expliquais donc que je ne voyage qu’au hasard,
1323 quoi : « Monsieur a du temps à perdre ! » s’écrie le lecteur, et comme il est, lui, de l’autre école, il referme ces pages
1324 dre ! » s’écrie le lecteur, et comme il est, lui, de l’autre école, il referme ces pages et vaque à ses devoirs. Nous voic
1325 s pages et vaque à ses devoirs. Nous voici plus à l’ aise. Eh bien oui : je me ferai un mérite de perdre tout mon temps, si
1326 lus à l’aise. Eh bien oui : je me ferai un mérite de perdre tout mon temps, si toutefois perdre conserve ici le sens qu’il
1327 tout mon temps, si toutefois perdre conserve ici le sens qu’il a pris dans ce monde, — j’entends : leur monde, avec leurs
1328 e, avec leurs « problèmes du plus haut intérêt », le « prix de l’action » et leur morale qui ne parle que d’ obligations d
1329 urs « problèmes du plus haut intérêt », le « prix de l’action » et leur morale qui ne parle que d’ obligations dont on ne
1330 « problèmes du plus haut intérêt », le « prix de l’ action » et leur morale qui ne parle que d’ obligations dont on ne sau
1331 rix de l’action » et leur morale qui ne parle que d’ obligations dont on ne saurait à la légère se débarrasser sans courir
1332 ne parle que d’ obligations dont on ne saurait à la légère se débarrasser sans courir les risques7 les plus graves et pro
1333 ne saurait à la légère se débarrasser sans courir les risques7 les plus graves et provoquer une crise, bref, sans le payer
1334 la légère se débarrasser sans courir les risques7 les plus graves et provoquer une crise, bref, sans le payer cher. Tout ce
1335 es plus graves et provoquer une crise, bref, sans le payer cher. Tout cela est langage de bourse. Pour moi, je poursuivrai
1336 , bref, sans le payer cher. Tout cela est langage de bourse. Pour moi, je poursuivrai mon discours en faveur de l’inutile,
1337 our moi, je poursuivrai mon discours en faveur de l’ inutile, et ceci à la face des bouffons qui plongent invariablement le
1338 ai mon discours en faveur de l’inutile, et ceci à la face des bouffons qui plongent invariablement les mains dans leurs va
1339 la face des bouffons qui plongent invariablement les mains dans leurs vastes poches insulaires pour m’informer de cette ir
1340 ns leurs vastes poches insulaires pour m’informer de cette irrécusable vérité : les affaires sont les affaires, axiome qui
1341 res pour m’informer de cette irrécusable vérité : les affaires sont les affaires, axiome qui constitue à leurs yeux ma cond
1342 r de cette irrécusable vérité : les affaires sont les affaires, axiome qui constitue à leurs yeux ma condamnation et celle
1343 s minus habentes qui me ressemblent. Au risque de les voir trépigner, je continuerai à chercher mon bien de midi à quatorze
1344 oir trépigner, je continuerai à chercher mon bien de midi à quatorze heures, temps qu’ils réservent à la mastication, entr
1345 midi à quatorze heures, temps qu’ils réservent à la mastication, entre deux séries d’heures de travail consacrées, si l’o
1346 ils réservent à la mastication, entre deux séries d’ heures de travail consacrées, si l’on ose dire, à assurer cette mastic
1347 vent à la mastication, entre deux séries d’heures de travail consacrées, si l’on ose dire, à assurer cette mastication. Ma
1348 re deux séries d’heures de travail consacrées, si l’ on ose dire, à assurer cette mastication. Mais je m’égare, laissons-là
1349 ons-là ces moutons. v Café amer En Hongrie l’ on est assailli par le pittoresque, mais il s’agit de le déjouer au mo
1350 v Café amer En Hongrie l’on est assailli par le pittoresque, mais il s’agit de le déjouer au moyen de toutes sortes d
1351 n est assailli par le pittoresque, mais il s’agit de le déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et de scepticismes, don
1352 st assailli par le pittoresque, mais il s’agit de le déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et de scepticismes, dont l
1353 il s’agit de le déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et de scepticismes, dont le plus simple consiste à traduire ce
1354 le déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et de scepticismes, dont le plus simple consiste à traduire ce que l’on voi
1355 e toutes sortes de ruses et de scepticismes, dont le plus simple consiste à traduire ce que l’on voit. Cette banque à la f
1356 s, dont le plus simple consiste à traduire ce que l’ on voit. Cette banque à la façade violette, or et bleue, aux grandes l
1357 siste à traduire ce que l’on voit. Cette banque à la façade violette, or et bleue, aux grandes lignes verticales peinturlu
1358 s lignes verticales peinturlurées — elle n’a rien d’ étrange, si l’on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que
1359 cales peinturlurées — elle n’a rien d’étrange, si l’ on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que je trouve ce
1360 e n’est qu’amour jaloux du merveilleux, avec quoi l’ on est trop souvent tenté de confondre l’excès de bizarrerie. C’est le
1361 erveilleux, avec quoi l’on est trop souvent tenté de confondre l’excès de bizarrerie. C’est le faux merveilleux qui a disc
1362 vec quoi l’on est trop souvent tenté de confondre l’ excès de bizarrerie. C’est le faux merveilleux qui a discrédité le vra
1363 l’on est trop souvent tenté de confondre l’excès de bizarrerie. C’est le faux merveilleux qui a discrédité le vrai, leque
1364 t tenté de confondre l’excès de bizarrerie. C’est le faux merveilleux qui a discrédité le vrai, lequel est quotidien, circ
1365 rerie. C’est le faux merveilleux qui a discrédité le vrai, lequel est quotidien, circonspect, souvent microscopique, moral
1366 opique, moralement microscopique. (Il a tellement l’ air de rien que nous sommes presque excusables de ne le point apercevo
1367 , moralement microscopique. (Il a tellement l’air de rien que nous sommes presque excusables de ne le point apercevoir.) J
1368 l’air de rien que nous sommes presque excusables de ne le point apercevoir.) Je vais cependant dire quelque chose d’une s
1369 de rien que nous sommes presque excusables de ne le point apercevoir.) Je vais cependant dire quelque chose d’une scène p
1370 apercevoir.) Je vais cependant dire quelque chose d’ une scène pittoresque. Mais c’est une autre fois que je l’ai vue, à Pe
1371 ène pittoresque. Mais c’est une autre fois que je l’ ai vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël,
1372 ’est une autre fois que je l’ai vue, à Pest, lors d’ un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre de l’
1373 je l’ai vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre de l’année par les rues vides
1374 un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël, —  la plus sombre de l’année par les rues vides sous la pluie étrangère. Un
1375 , dans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre de l’année par les rues vides sous la pluie étrangère. Une porte basse s
1376 ans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre de l’ année par les rues vides sous la pluie étrangère. Une porte basse s’ou
1377 ne qui suit Noël, — la plus sombre de l’année par les rues vides sous la pluie étrangère. Une porte basse s’ouvre sur un lo
1378 la plus sombre de l’année par les rues vides sous la pluie étrangère. Une porte basse s’ouvre sur un long corridor hanté d
1379 ne porte basse s’ouvre sur un long corridor hanté d’ ombres drapées, qui ne sont pas des nonnes, bien que les voûtes soient
1380 res drapées, qui ne sont pas des nonnes, bien que les voûtes soient celles d’un ancien couvent. Nous pénétrons dans une gra
1381 pas des nonnes, bien que les voûtes soient celles d’ un ancien couvent. Nous pénétrons dans une grande salle vivement éclai
1382 le vivement éclairée. Murs chaulés, et de nouveau de hautes voûtes. Une banquette longe trois des parois, la quatrième est
1383 es parois, la quatrième est occupée en partie par le comptoir (un écriteau porte simplement ce tarif : 5 pengö), en partie
1384 verres et bouteilles sont placées au hasard dans l’ espace vide où tourne la fumée des cigares. Assis sur la banquette, qu
1385 nt placées au hasard dans l’espace vide où tourne la fumée des cigares. Assis sur la banquette, quelques bougres isolés pr
1386 ce vide où tourne la fumée des cigares. Assis sur la banquette, quelques bougres isolés produisent en silence cette fumée,
1387 bougres isolés produisent en silence cette fumée, les yeux à terre, dans l’attente. Nous sommes assis autour d’une table et
1388 nt en silence cette fumée, les yeux à terre, dans l’ attente. Nous sommes assis autour d’une table et nous voyons, au milie
1389 à terre, dans l’attente. Nous sommes assis autour d’ une table et nous voyons, au milieu de la salle, un arbre de Noël aux
1390 s autour d’une table et nous voyons, au milieu de la salle, un arbre de Noël aux amples branches rayonnantes, dans une glo
1391 e et nous voyons, au milieu de la salle, un arbre de Noël aux amples branches rayonnantes, dans une gloire de dorures, — e
1392 aux amples branches rayonnantes, dans une gloire de dorures, — et massées tout autour, frileuses dans leurs dessous roses
1393 tout autour, frileuses dans leurs dessous roses, les filles qui chantent une chanson populaire et regardent tristement les
1394 ent une chanson populaire et regardent tristement les lumières. Il y en a aussi qui se réchauffent sur les degrés du poêle,
1395 lumières. Il y en a aussi qui se réchauffent sur les degrés du poêle, celles-là ne chantant pas. Parmi elles, des Tziganes
1396 ignoir noir et blanc… Je ne puis avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlons pas : l
1397 s avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlons pas : le froid paralyse la mâchoire.
1398 qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlons pas : le froid paralyse la mâchoire. vi Doutes sur la nature du sujet J
1399 . Dehors, nous ne parlons pas : le froid paralyse la mâchoire. vi Doutes sur la nature du sujet Je crois qu’il faut
1400 le froid paralyse la mâchoire. vi Doutes sur la nature du sujet Je crois qu’il faut que je raconte mon voyage « à
1401 Je crois qu’il faut que je raconte mon voyage « à la suite », renonçant à écrire d’abord les chapitres qui en ont envie, p
1402 voyage « à la suite », renonçant à écrire d’abord les chapitres qui en ont envie, puis ceux qui en auront envie : car cela
1403 er après coup des transitions, et c’est alors que l’ on est tenté de mentir, si fort tenté que l’on cède à coup sûr, en se
1404 es transitions, et c’est alors que l’on est tenté de mentir, si fort tenté que l’on cède à coup sûr, en se persuadant que
1405 s que l’on est tenté de mentir, si fort tenté que l’ on cède à coup sûr, en se persuadant que c’est pour des raisons « tech
1406 e que cela ne devrait pas, au contraire, aggraver le cas ?) Or l’intérêt d’un récit de voyage ne réside pas dans sa vérité
1407 devrait pas, au contraire, aggraver le cas ?) Or l’ intérêt d’un récit de voyage ne réside pas dans sa vérité générale, ma
1408 as, au contraire, aggraver le cas ?) Or l’intérêt d’ un récit de voyage ne réside pas dans sa vérité générale, mais bien se
1409 raire, aggraver le cas ?) Or l’intérêt d’un récit de voyage ne réside pas dans sa vérité générale, mais bien se réfugie da
1410 qui ne ressemble à rien, gênante comme un cadeau de pauvre, comme un vrai cadeau. Si le conteur ment — pendant qu’il y es
1411 mme un cadeau de pauvre, comme un vrai cadeau. Si le conteur ment — pendant qu’il y est, il ferait mieux de choisir un aut
1412 nteur ment — pendant qu’il y est, il ferait mieux de choisir un autre pays que la Hongrie archi-connue —, le lecteur le se
1413 est, il ferait mieux de choisir un autre pays que la Hongrie archi-connue —, le lecteur le sent vite, et devient extrêmeme
1414 isir un autre pays que la Hongrie archi-connue —, le lecteur le sent vite, et devient extrêmement exigeant, car le plus be
1415 re pays que la Hongrie archi-connue —, le lecteur le sent vite, et devient extrêmement exigeant, car le plus beau mensonge
1416 e sent vite, et devient extrêmement exigeant, car le plus beau mensonge atteint à peine le degré d’intérêt d’une vérité ba
1417 igeant, car le plus beau mensonge atteint à peine le degré d’intérêt d’une vérité banale, et seulement à condition de lui
1418 ar le plus beau mensonge atteint à peine le degré d’ intérêt d’une vérité banale, et seulement à condition de lui ressemble
1419 beau mensonge atteint à peine le degré d’intérêt d’ une vérité banale, et seulement à condition de lui ressembler, ne fût-
1420 ment à condition de lui ressembler, ne fût-ce que de loin, — c’est alors ce qu’on appelait un paradoxe, du temps des petit
1421 radoxe, du temps des petites manières. Cependant, la réalité d’un pays apparaissant en général au voyageur de ma sorte sou
1422 temps des petites manières. Cependant, la réalité d’ un pays apparaissant en général au voyageur de ma sorte sous ses modal
1423 ité d’un pays apparaissant en général au voyageur de ma sorte sous ses modalités sentimentales plus que documentaires, peu
1424 , peut-être serait-il bon que je parsème ce texte de quelques noms impossibles et de beaucoup de chiffres vraisemblables ?
1425 parsème ce texte de quelques noms impossibles et de beaucoup de chiffres vraisemblables ? Ainsi le lecteur superficiel au
1426 et de beaucoup de chiffres vraisemblables ? Ainsi le lecteur superficiel aurait-il l’impression que je suis zur Sache, que
1427 mblables ? Ainsi le lecteur superficiel aurait-il l’ impression que je suis zur Sache, que je parle de mon sujet, — étant a
1428 l’impression que je suis zur Sache, que je parle de mon sujet, — étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce qui me par
1429 le de mon sujet, — étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce qui me paraît infiniment baroque, à peine compréhensible,
1430 sujet : on est sujet. Et tout ceci n’est rien que le voyage du Sujet à la recherche de son Objet, — en passant par la Hong
1431 Et tout ceci n’est rien que le voyage du Sujet à la recherche de son Objet, — en passant par la Hongrie. — Mais puisqu’en
1432 n’est rien que le voyage du Sujet à la recherche de son Objet, — en passant par la Hongrie. — Mais puisqu’enfin nous y vo
1433 jet à la recherche de son Objet, — en passant par la Hongrie. — Mais puisqu’enfin nous y voici… (Le tombeau de Gül Baba es
1434 ar la Hongrie. — Mais puisqu’enfin nous y voici… ( Le tombeau de Gül Baba est symboliquement vide. Quant à l’arbre de Noël,
1435 ie. — Mais puisqu’enfin nous y voici… (Le tombeau de Gül Baba est symboliquement vide. Quant à l’arbre de Noël, il ne deva
1436 beau de Gül Baba est symboliquement vide. Quant à l’ arbre de Noël, il ne devait à nulle pendeloque insolite l’étrangeté de
1437 Gül Baba est symboliquement vide. Quant à l’arbre de Noël, il ne devait à nulle pendeloque insolite l’étrangeté de son écl
1438 de Noël, il ne devait à nulle pendeloque insolite l’ étrangeté de son éclat. Alors je m’en vais oublier le But de mon voyag
1439 ne devait à nulle pendeloque insolite l’étrangeté de son éclat. Alors je m’en vais oublier le But de mon voyage, — qui est
1440 trangeté de son éclat. Alors je m’en vais oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais feindre de prendre au
1441 é de son éclat. Alors je m’en vais oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais feindre de prendre au sérieux
1442 e mon voyage, — qui est sa cause. Je vais feindre de prendre au sérieux ce que je vois. Ruse connue : c’est l’histoire du
1443 re au sérieux ce que je vois. Ruse connue : c’est l’ histoire du mot que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’
1444 nnue : c’est l’histoire du mot que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque temps… Car on n
1445 que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque temps… Car on ne trouve vraiment que ce qu’on
1446 Car on ne trouve vraiment que ce qu’on a consenti de ne pas trouver sur l’heure. En petit et intéressé, ce geste s’appelle
1447 ent que ce qu’on a consenti de ne pas trouver sur l’ heure. En petit et intéressé, ce geste s’appelle coquetterie ; en gran
1448 rifice.) … feuilletons un peu ma Hongrie. vii Les magnats en taxis La place Saint-Georges, à Bude, est une place vra
1449 n peu ma Hongrie. vii Les magnats en taxis La place Saint-Georges, à Bude, est une place vraiment royale. Vide, ell
1450 e prend toute sa hauteur. Silencieuse, solennelle de nudité, entre le Palais du Régent et celui d’un des archiducs, quel d
1451 hauteur. Silencieuse, solennelle de nudité, entre le Palais du Régent et celui d’un des archiducs, quel décor à rêver le c
1452 lle de nudité, entre le Palais du Régent et celui d’ un des archiducs, quel décor à rêver le cortège d’un sacre ! J’y ai vu
1453 t et celui d’un des archiducs, quel décor à rêver le cortège d’un sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jou
1454 d’un des archiducs, quel décor à rêver le cortège d’ un sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élec
1455 à rêver le cortège d’un sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des quatre gardiens d
1456 sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint É
1457 J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne.
1458 ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’ élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Aup
1459 ler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’ un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Auprès du porc
1460 s, le jour de l’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Auprès du porche du Palais, ils n’étaie
1461 le jour de l’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Auprès du porche du Palais, ils n’étaient
1462 ’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Auprès du porche du Palais, ils n’étaient guère qu’une
1463 he du Palais, ils n’étaient guère qu’une centaine de curieux, et quelques gardes. Traversant dans sa longueur toute l’imme
1464 uelques gardes. Traversant dans sa longueur toute l’ immense place, les automobiles passèrent lentement, l’une après l’autr
1465 raversant dans sa longueur toute l’immense place, les automobiles passèrent lentement, l’une après l’autre, durant une demi
1466 e après l’autre, durant une demi-heure, saluées à l’ entrée du Palais par les gardes présentant les armes. À ce salut, les
1467 une demi-heure, saluées à l’entrée du Palais par les gardes présentant les armes. À ce salut, les quelques députés bourgeo
1468 es à l’entrée du Palais par les gardes présentant les armes. À ce salut, les quelques députés bourgeois en redingote ne rép
1469 par les gardes présentant les armes. À ce salut, les quelques députés bourgeois en redingote ne répondent que du bout des
1470 dent que du bout des doigts, crainte, sans doute, de troubler l’équilibre toujours instable des huit reflets de leur digni
1471 bout des doigts, crainte, sans doute, de troubler l’ équilibre toujours instable des huit reflets de leur dignité. Mais je
1472 er l’équilibre toujours instable des huit reflets de leur dignité. Mais je n’oublierai pas le sourire de ce vieux prince :
1473 reflets de leur dignité. Mais je n’oublierai pas le sourire de ce vieux prince : un vrai sourire, adressé personnellement
1474 leur dignité. Mais je n’oublierai pas le sourire de ce vieux prince : un vrai sourire, adressé personnellement à l’homme,
1475 ince : un vrai sourire, adressé personnellement à l’ homme, — et le mot « affable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui
1476 sourire, adressé personnellement à l’homme, — et le mot « affable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui a la tête de
1477 fable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui a la tête de François-Joseph, dont il fut peut-être valet, nomme à leur pa
1478 reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui a la tête de François-Joseph, dont il fut peut-être valet, nomme à leur passage le
1479 dont il fut peut-être valet, nomme à leur passage les Karolyi, les Festetics, les Esterhazy, et ces comtes Szechenyi qui co
1480 eut-être valet, nomme à leur passage les Karolyi, les Festetics, les Esterhazy, et ces comtes Szechenyi qui construisirent
1481 nomme à leur passage les Karolyi, les Festetics, les Esterhazy, et ces comtes Szechenyi qui construisirent le premier pont
1482 Szechenyi qui construisirent le premier pont sur le Danube, auteurs ainsi du trait d’union de Buda-Pest. Il y a trois sem
1483 remier pont sur le Danube, auteurs ainsi du trait d’ union de Buda-Pest. Il y a trois semaines, à Freudenau, lors du Derby
1484 ont sur le Danube, auteurs ainsi du trait d’union de Buda-Pest. Il y a trois semaines, à Freudenau, lors du Derby viennois
1485 semaines, à Freudenau, lors du Derby viennois, je les ai vus portant cylindre gris à la terrasse du Jockey-Club. Maintenant
1486 y viennois, je les ai vus portant cylindre gris à la terrasse du Jockey-Club. Maintenant dans leurs limousines armoriées —
1487 s limousines armoriées — couronnes princières sur le bouchon du radiateur — les voici, pères et fils, revêtus des couleurs
1488 ouronnes princières sur le bouchon du radiateur — les voici, pères et fils, revêtus des couleurs familiales. Ils se tiennen
1489 se tiennent très droits, appuyés sur leurs sabres d’ or recourbés dont les poignées entre leurs doigts gantés étincellent.
1490 its, appuyés sur leurs sabres d’or recourbés dont les poignées entre leurs doigts gantés étincellent. Parfois un collier de
1491 urs doigts gantés étincellent. Parfois un collier de la Toison d’Or, sur la fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pend
1492 doigts gantés étincellent. Parfois un collier de la Toison d’Or, sur la fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pendre
1493 ntés étincellent. Parfois un collier de la Toison d’ Or, sur la fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pendre son petit
1494 ellent. Parfois un collier de la Toison d’Or, sur la fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pendre son petit mouton. Ai
1495 Mais, ô pathétique dissonance, tangible absurdité de notre époque, beaucoup ont dû louer des taxis démodés, au tarif infér
1496 odés, au tarif inférieur. Des chauffeurs vautrés, la casquette de travers sur leurs idées sociales, pareils aux chauffeurs
1497 f inférieur. Des chauffeurs vautrés, la casquette de travers sur leurs idées sociales, pareils aux chauffeurs de toutes le
1498 sur leurs idées sociales, pareils aux chauffeurs de toutes les villes, conduisent dans la cour d’honneur ces reliques inc
1499 idées sociales, pareils aux chauffeurs de toutes les villes, conduisent dans la cour d’honneur ces reliques incroyables et
1500 chauffeurs de toutes les villes, conduisent dans la cour d’honneur ces reliques incroyables et les encensent à la benzine
1501 urs de toutes les villes, conduisent dans la cour d’ honneur ces reliques incroyables et les encensent à la benzine industr
1502 ans la cour d’honneur ces reliques incroyables et les encensent à la benzine industrielle. Mais quelle gravité parmi les sp
1503 nneur ces reliques incroyables et les encensent à la benzine industrielle. Mais quelle gravité parmi les spectateurs. Reli
1504 a benzine industrielle. Mais quelle gravité parmi les spectateurs. Reliques ? Elles conservent du moins toute leur efficace
1505 es conservent du moins toute leur efficace. Voici le Prince Primat, les doigts levés. On se signe. Et voici venir à pied d
1506 oins toute leur efficace. Voici le Prince Primat, les doigts levés. On se signe. Et voici venir à pied de son palais proche
1507 doigts levés. On se signe. Et voici venir à pied de son palais proche, tout seul, un archiduc. On salue profondément, en
1508 e profondément, en silence (cliquetis des rangées de décorations sur l’uniforme kaki, et du sabre balancé). Une auto encor
1509 silence (cliquetis des rangées de décorations sur l’ uniforme kaki, et du sabre balancé). Une auto encore, en retard : le p
1510 t du sabre balancé). Une auto encore, en retard : le président du Conseil, maigre, jaune et rigide dans son costume noir e
1511 , jaune et rigide dans son costume noir et or. Si le comte Bethlen venait à la SDN en tenue de magnat, beaucoup de gens co
1512 costume noir et or. Si le comte Bethlen venait à la SDN en tenue de magnat, beaucoup de gens comprendraient mieux sa poli
1513 or. Si le comte Bethlen venait à la SDN en tenue de magnat, beaucoup de gens comprendraient mieux sa politique. viii
1514 gens comprendraient mieux sa politique. viii Les coussins Rothermere Le nationalisme de la plupart des États de l’E
1515 sa politique. viii Les coussins Rothermere Le nationalisme de la plupart des États de l’Europe se formule en revend
1516 viii Les coussins Rothermere Le nationalisme de la plupart des États de l’Europe se formule en revendications d’homme
1517 es États de l’Europe se formule en revendications d’ hommes d’affaires. Ce qu’on prétend défendre, c’est son droit, ses int
1518 de l’Europe se formule en revendications d’hommes d’ affaires. Ce qu’on prétend défendre, c’est son droit, ses intérêts. Ma
1519 c’est son droit, ses intérêts. Mais, en Hongrie, le nationalisme est une passion toute nue, qui exprime l’être profond de
1520 tionalisme est une passion toute nue, qui exprime l’ être profond de la race. On ne discute pas cet amour, on ne réfute pas
1521 une passion toute nue, qui exprime l’être profond de la race. On ne discute pas cet amour, on ne réfute pas cette haine. I
1522 passion toute nue, qui exprime l’être profond de la race. On ne discute pas cet amour, on ne réfute pas cette haine. Ici,
1523 pas cet amour, on ne réfute pas cette haine. Ici, la sympathie est un devoir de politesse. Comment la mesurer sans mauvais
1524 pas cette haine. Ici, la sympathie est un devoir de politesse. Comment la mesurer sans mauvaise grâce à qui vous a reçu c
1525 la sympathie est un devoir de politesse. Comment la mesurer sans mauvaise grâce à qui vous a reçu comme un cadeau de Dieu
1526 mauvaise grâce à qui vous a reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit la formule traditionnelle.
1527 eau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit la formule traditionnelle.) La liqueur de pêche rend démonstratif, dont
1528 ui vous envoie », dit la formule traditionnelle.) La liqueur de pêche rend démonstratif, dont on vide trois verres d’un tr
1529 oie », dit la formule traditionnelle.) La liqueur de pêche rend démonstratif, dont on vide trois verres d’un trait en guis
1530 êche rend démonstratif, dont on vide trois verres d’ un trait en guise de salut. C’est alors que se déplient les cartes de
1531 it en guise de salut. C’est alors que se déplient les cartes de « la Hongrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé le
1532 de salut. C’est alors que se déplient les cartes de « la Hongrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tie
1533 alut. C’est alors que se déplient les cartes de «  la Hongrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tiers de
1534 ngrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tiers de notre patrie ? » — Ah ! ce n’est pas vous, maintenant,
1535 . — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tiers de notre patrie ? » — Ah ! ce n’est pas vous, maintenant, qui allez dema
1536 maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont ils traitaient, au temps de leur puissance, les allogèn
1537 ntenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont ils traitaient, au temps de leur puissance, les allogènes
1538 dont ils traitaient, au temps de leur puissance, les allogènes infiltrés dans certaines régions jusqu’à y former la majori
1539 infiltrés dans certaines régions jusqu’à y former la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombr
1540 ions jusqu’à y former la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de l’an
1541 Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de l’antiquité d’une civilisation ; qu’il
1542 us répondre que les nombres ont tort au regard de l’ antiquité d’une civilisation ; qu’il s’agit ici de valeurs ; que si le
1543 que les nombres ont tort au regard de l’antiquité d’ une civilisation ; qu’il s’agit ici de valeurs ; que si les population
1544 l’antiquité d’une civilisation ; qu’il s’agit ici de valeurs ; que si les populations des régions perdues étaient parfois
1545 vilisation ; qu’il s’agit ici de valeurs ; que si les populations des régions perdues étaient parfois en majorité roumaines
1546 aient parfois en majorité roumaines ou slovaques, la minorité hongroise y comptait cependant pour plus ; elle était seule
1547 pour plus ; elle était seule active et créatrice. Le reste : des porteurs d’eau… Dans l’inextricable confusion d’injustice
1548 eule active et créatrice. Le reste : des porteurs d’ eau… Dans l’inextricable confusion d’injustices à quoi devait mener le
1549 et créatrice. Le reste : des porteurs d’eau… Dans l’ inextricable confusion d’injustices à quoi devait mener le wilsonisme
1550 des porteurs d’eau… Dans l’inextricable confusion d’ injustices à quoi devait mener le wilsonisme schématique qui traça les
1551 icable confusion d’injustices à quoi devait mener le wilsonisme schématique qui traça les frontières actuelles, dans ce re
1552 devait mener le wilsonisme schématique qui traça les frontières actuelles, dans ce renversement des rôles, l’oppresseur de
1553 tières actuelles, dans ce renversement des rôles, l’ oppresseur devenant l’opprimé sans y perdre le sentiment de sa supério
1554 ce renversement des rôles, l’oppresseur devenant l’ opprimé sans y perdre le sentiment de sa supériorité de race — sa véri
1555 es, l’oppresseur devenant l’opprimé sans y perdre le sentiment de sa supériorité de race — sa véritable légitimité — on co
1556 eur devenant l’opprimé sans y perdre le sentiment de sa supériorité de race — sa véritable légitimité — on comprend que le
1557 rimé sans y perdre le sentiment de sa supériorité de race — sa véritable légitimité — on comprend que le Hongrois n’ait po
1558 race — sa véritable légitimité — on comprend que le Hongrois n’ait point conservé une extrême sensibilité aux arguments d
1559 nt conservé une extrême sensibilité aux arguments de « droit » qui autorisèrent ce chaos. Il lui reste sa foi en la grande
1560 qui autorisèrent ce chaos. Il lui reste sa foi en la grandeur éternelle de la Hongrie — intemporelle, n’ayant cure des sta
1561 aos. Il lui reste sa foi en la grandeur éternelle de la Hongrie — intemporelle, n’ayant cure des statistiques — et sa doul
1562 . Il lui reste sa foi en la grandeur éternelle de la Hongrie — intemporelle, n’ayant cure des statistiques — et sa douleur
1563 e des statistiques — et sa douleur aussi, douleur d’ orgueil blessé, mais qui emporte la sympathie : car l’orgueil hongrois
1564 aussi, douleur d’orgueil blessé, mais qui emporte la sympathie : car l’orgueil hongrois n’est point de ce que l’on gagne s
1565 gueil blessé, mais qui emporte la sympathie : car l’ orgueil hongrois n’est point de ce que l’on gagne sur autrui, mais de
1566 la sympathie : car l’orgueil hongrois n’est point de ce que l’on gagne sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’u
1567 ie : car l’orgueil hongrois n’est point de ce que l’ on gagne sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’un parvenu,
1568 n’est point de ce que l’on gagne sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’un parvenu, mais d’un aristocrate. Tous
1569 t de ce que l’on gagne sur autrui, mais de ce que l’ on est ; non point d’un parvenu, mais d’un aristocrate. Tous dangers é
1570 e sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’ un parvenu, mais d’un aristocrate. Tous dangers égaux d’ailleurs, préf
1571 de ce que l’on est ; non point d’un parvenu, mais d’ un aristocrate. Tous dangers égaux d’ailleurs, préférons cet impériali
1572 gers égaux d’ailleurs, préférons cet impérialisme de l’âme à l’impérialisme de la surproduction des machines et des enfant
1573 s égaux d’ailleurs, préférons cet impérialisme de l’ âme à l’impérialisme de la surproduction des machines et des enfants.
1574 d’ailleurs, préférons cet impérialisme de l’âme à l’ impérialisme de la surproduction des machines et des enfants. C’est pa
1575 férons cet impérialisme de l’âme à l’impérialisme de la surproduction des machines et des enfants. C’est parce que les Hon
1576 ons cet impérialisme de l’âme à l’impérialisme de la surproduction des machines et des enfants. C’est parce que les Hongro
1577 tion des machines et des enfants. C’est parce que les Hongrois n’ont pas perdu le sentiment qu’ils sont en scandale au mond
1578 nts. C’est parce que les Hongrois n’ont pas perdu le sentiment qu’ils sont en scandale au monde moderne. Voilà ce qu’on ne
1579 au monde moderne. Voilà ce qu’on ne dit pas dans les dépêches d’agence : les journalistes, une fois de plus, passent à côt
1580 erne. Voilà ce qu’on ne dit pas dans les dépêches d’ agence : les journalistes, une fois de plus, passent à côté de l’essen
1581 ce qu’on ne dit pas dans les dépêches d’agence : les journalistes, une fois de plus, passent à côté de l’essentiel8. Rien
1582 journalistes, une fois de plus, passent à côté de l’ essentiel8. Rien n’est grave, que le sentiment, — en politique comme a
1583 ent à côté de l’essentiel8. Rien n’est grave, que le sentiment, — en politique comme ailleurs. Songez à ce qui forme l’opi
1584 n politique comme ailleurs. Songez à ce qui forme l’ opinion, cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne les argument
1585 rs. Songez à ce qui forme l’opinion, cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne les arguments. Songez combien souven
1586 cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne les arguments. Songez combien souvent les raisons qu’on allègue masquent
1587 ui gouverne les arguments. Songez combien souvent les raisons qu’on allègue masquent les causes qui agissent. Ici je rentre
1588 ombien souvent les raisons qu’on allègue masquent les causes qui agissent. Ici je rentre dans mes chasses et rembouche mon
1589 et rembouche mon cor. Macrocosme et microcosme : la politique des peuples ressemble à celle des individus, pour ce qui es
1590 à celle des individus, pour ce qui est du moins, de mentir à soi-même. Mais les Hongrois ne renient pas leur romantisme.
1591 r ce qui est du moins, de mentir à soi-même. Mais les Hongrois ne renient pas leur romantisme. Quelle revanche prendrait la
1592 nt pas leur romantisme. Quelle revanche prendrait la Hongrie, sur une Carte du Tendre d’après le traité de Trianon ! Ces c
1593 drait la Hongrie, sur une Carte du Tendre d’après le traité de Trianon ! Ces choses, je les ai rêvées sur un divan, à caus
1594 ongrie, sur une Carte du Tendre d’après le traité de Trianon ! Ces choses, je les ai rêvées sur un divan, à cause d’un cou
1595 dre d’après le traité de Trianon ! Ces choses, je les ai rêvées sur un divan, à cause d’un coussin où s’étalait le sourire
1596 es choses, je les ai rêvées sur un divan, à cause d’ un coussin où s’étalait le sourire optimiste de Lord Rothermere, en so
1597 s sur un divan, à cause d’un coussin où s’étalait le sourire optimiste de Lord Rothermere, en soie blanche sur fond noir.
1598 se d’un coussin où s’étalait le sourire optimiste de Lord Rothermere, en soie blanche sur fond noir. Quelques articles fa
1599 he sur fond noir. Quelques articles favorables à la Hongrie, au moment où l’Europe semblait abandonner à son malheur ce p
1600 es articles favorables à la Hongrie, au moment où l’ Europe semblait abandonner à son malheur ce peuple turbulent et déchu,
1601 r ce peuple turbulent et déchu, suffirent à faire d’ un affairiste anglais l’idole du nationalisme magyar. Son portrait aff
1602 déchu, suffirent à faire d’un affairiste anglais l’ idole du nationalisme magyar. Son portrait affiché dans tous les cafés
1603 tionalisme magyar. Son portrait affiché dans tous les cafés, dans les halls universitaires, brodé aux devantures des magasi
1604 r. Son portrait affiché dans tous les cafés, dans les halls universitaires, brodé aux devantures des magasins de mode, et s
1605 universitaires, brodé aux devantures des magasins de mode, et son nom en lettres géantes sur une montagne chauve, voisine
1606 lettres géantes sur une montagne chauve, voisine de Budapest, témoignent des espérances démesurées qu’il sut entretenir a
1607 espérances démesurées qu’il sut entretenir autour d’ une action certes méritoire, mais plus symbolique qu’efficace. Et sans
1608 Et sans lendemain. Ce mélange, en toutes choses, d’ enfantillage et de grandeur, d’imaginations absurdes et de souffrances
1609 . Ce mélange, en toutes choses, d’enfantillage et de grandeur, d’imaginations absurdes et de souffrances vraies, n’est-ce
1610 en toutes choses, d’enfantillage et de grandeur, d’ imaginations absurdes et de souffrances vraies, n’est-ce point le clim
1611 illage et de grandeur, d’imaginations absurdes et de souffrances vraies, n’est-ce point le climat de la passion ? — C’est
1612 absurdes et de souffrances vraies, n’est-ce point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie9. ix Une lettr
1613 t de souffrances vraies, n’est-ce point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie9. ix Une lettre de Matth
1614 e souffrances vraies, n’est-ce point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie9. ix Une lettre de Matthias
1615 -ce point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie9. ix Une lettre de Matthias Corvin « Matthias, par
1616 point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie9. ix Une lettre de Matthias Corvin « Matthias, par la
1617 ? — C’est celui de la Hongrie9. ix Une lettre de Matthias Corvin « Matthias, par la grâce de Dieu roi de Hongrie. B
1618 Une lettre de Matthias Corvin « Matthias, par la grâce de Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pa
1619 re de Matthias Corvin « Matthias, par la grâce de Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vo
1620 as Corvin « Matthias, par la grâce de Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter
1621 enez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » x Visite à Babits Personne, à ma
1622 enter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » x Visite à Babits Personne, à ma connaissance, ne se pl
1623 bits Personne, à ma connaissance, ne se plaint de ce qu’il y ait peu de poètes par le monde. C’est dans l’ordre des cho
1624 ne se plaint de ce qu’il y ait peu de poètes par le monde. C’est dans l’ordre des choses, et l’on sait qu’il suffit de tr
1625 u’il y ait peu de poètes par le monde. C’est dans l’ ordre des choses, et l’on sait qu’il suffit de très peu de sel pour re
1626 s par le monde. C’est dans l’ordre des choses, et l’ on sait qu’il suffit de très peu de sel pour rendre mangeables beaucou
1627 ans l’ordre des choses, et l’on sait qu’il suffit de très peu de sel pour rendre mangeables beaucoup de nouilles. Mais voi
1628 ais voici, par exemple, ce qu’il faudrait essayer d’ obtenir : que la grande majorité des gens ne deviennent pas enragés dè
1629 xemple, ce qu’il faudrait essayer d’obtenir : que la grande majorité des gens ne deviennent pas enragés dès qu’ils perçoiv
1630 s ne deviennent pas enragés dès qu’ils perçoivent de la poésie dans l’air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut c
1631 e deviennent pas enragés dès qu’ils perçoivent de la poésie dans l’air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut croi
1632 s enragés dès qu’ils perçoivent de la poésie dans l’ air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut croire bien près d’
1633 oute chimérique, mais qu’on peut croire bien près d’ être comblé dans ce pays où les courtiers ne donnent pas encore le ton
1634 ut croire bien près d’être comblé dans ce pays où les courtiers ne donnent pas encore le ton. La littérature hongroise n’e
1635 ns ce pays où les courtiers ne donnent pas encore le ton. La littérature hongroise n’est guère connue à l’étranger que pa
1636 s où les courtiers ne donnent pas encore le ton. La littérature hongroise n’est guère connue à l’étranger que par quelque
1637 n. La littérature hongroise n’est guère connue à l’ étranger que par quelques pièces légères de Molnar, qui n’ont de hongr
1638 nnue à l’étranger que par quelques pièces légères de Molnar, qui n’ont de hongrois que l’auteur, d’ailleurs israélite. Il
1639 par quelques pièces légères de Molnar, qui n’ont de hongrois que l’auteur, d’ailleurs israélite. Il y a, bien entendu, un
1640 èces légères de Molnar, qui n’ont de hongrois que l’ auteur, d’ailleurs israélite. Il y a, bien entendu, une littérature of
1641 du, une littérature officielle destinée à remplir les revues bien pensantes. Elle traite de sujets « bien hongrois » dans u
1642 à remplir les revues bien pensantes. Elle traite de sujets « bien hongrois » dans un style académique qui me paraît être
1643 ois » dans un style académique qui me paraît être le contraire du style hongrois. Il y a aussi une extrême gauche, et sa r
1644 extrême gauche, et sa revue Documentum (une sorte d’ Esprit nouveau troublé de surréalisme), groupée autour de Louis Kassak
1645 ue Documentum (une sorte d’Esprit nouveau troublé de surréalisme), groupée autour de Louis Kassak, nettement international
1646 tour de Louis Kassak, nettement internationaliste de doctrine, au lyrisme neuf et parfois sauvage, social ou futuriste, et
1647 et parfois sauvage, social ou futuriste, et dont la « furia » serait assez hongroise… Mais l’expression la plus libre et
1648 et dont la « furia » serait assez hongroise… Mais l’ expression la plus libre et la plus vivante du génie littéraire de cet
1649 furia » serait assez hongroise… Mais l’expression la plus libre et la plus vivante du génie littéraire de cette race me pa
1650 sez hongroise… Mais l’expression la plus libre et la plus vivante du génie littéraire de cette race me paraît bien avoir é
1651 plus libre et la plus vivante du génie littéraire de cette race me paraît bien avoir été donnée par le groupe important du
1652 de cette race me paraît bien avoir été donnée par le groupe important du Nyugât (l’Occident), revue fondée par ces deux gr
1653 oir été donnée par le groupe important du Nyugât ( l’ Occident), revue fondée par ces deux grands poètes : André Ady et Mich
1654 grands poètes : André Ady et Michel Babits. Ady, le sombre et pathétique, est mort à 35 ans, mais sa ferveur anime encore
1655 r anime encore ces écrivains profondément magyars de sensibilité, bien que souvent européens de goûts et de curiosités, et
1656 agyars de sensibilité, bien que souvent européens de goûts et de curiosités, et dont Michel Babits est aujourd’hui le chef
1657 nsibilité, bien que souvent européens de goûts et de curiosités, et dont Michel Babits est aujourd’hui le chef de file. De
1658 curiosités, et dont Michel Babits est aujourd’hui le chef de file. Des amis m’emmènent le voir à Esztergom, où il passe se
1659 és, et dont Michel Babits est aujourd’hui le chef de file. Des amis m’emmènent le voir à Esztergom, où il passe ses étés.
1660 aujourd’hui le chef de file. Des amis m’emmènent le voir à Esztergom, où il passe ses étés. Esztergom est la plus vieille
1661 à Esztergom, où il passe ses étés. Esztergom est la plus vieille capitale de la Hongrie. Attila, me dit-on, y régna. Aujo
1662 ses étés. Esztergom est la plus vieille capitale de la Hongrie. Attila, me dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidenc
1663 s étés. Esztergom est la plus vieille capitale de la Hongrie. Attila, me dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidence d
1664 ie. Attila, me dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidence du Prince Primat. Au-dessus du palais de l’archevêché, sur
1665 a résidence du Prince Primat. Au-dessus du palais de l’archevêché, sur une colline que le Danube contourne, la Basilique é
1666 ésidence du Prince Primat. Au-dessus du palais de l’ archevêché, sur une colline que le Danube contourne, la Basilique élèv
1667 us du palais de l’archevêché, sur une colline que le Danube contourne, la Basilique élève une coupole d’ocre éclatante, im
1668 hevêché, sur une colline que le Danube contourne, la Basilique élève une coupole d’ocre éclatante, immense et froide, domi
1669 Danube contourne, la Basilique élève une coupole d’ ocre éclatante, immense et froide, dominant cette plaine onduleuse don
1670 e et froide, dominant cette plaine onduleuse dont les vagues se perdent dans une poussière violacée à l’horizon — chez les
1671 s vagues se perdent dans une poussière violacée à l’ horizon — chez les Tchèques déjà. Nous allons aux bains, car c’est dan
1672 nt dans une poussière violacée à l’horizon — chez les Tchèques déjà. Nous allons aux bains, car c’est dans la piscine que n
1673 èques déjà. Nous allons aux bains, car c’est dans la piscine que nous devons rencontrer le poète. Cheveux noirs d’aigle co
1674 c’est dans la piscine que nous devons rencontrer le poète. Cheveux noirs d’aigle collés sur son large front, belle carrur
1675 ue nous devons rencontrer le poète. Cheveux noirs d’ aigle collés sur son large front, belle carrure ruisselante, il nous s
1676 , belle carrure ruisselante, il nous sourit, dans l’ eau jusqu’à mi-corps, mythologique. Nous sortons ensemble de la petite
1677 u’à mi-corps, mythologique. Nous sortons ensemble de la petite ville aux rues de terre brûlante, aux maisons jaunes basses
1678 mi-corps, mythologique. Nous sortons ensemble de la petite ville aux rues de terre brûlante, aux maisons jaunes basses, v
1679 Nous sortons ensemble de la petite ville aux rues de terre brûlante, aux maisons jaunes basses, ville sans ombre, sans arb
1680 lle sans ombre, sans arbres, et nous montons vers la maison du poète, sur un coteau de vignes. Trois chambres boisées ento
1681 us montons vers la maison du poète, sur un coteau de vignes. Trois chambres boisées entourées d’une large galerie d’où l’o
1682 oteau de vignes. Trois chambres boisées entourées d’ une large galerie d’où l’on voit le Danube gris-jaune, brillant, sans
1683 is chambres boisées entourées d’une large galerie d’ où l’on voit le Danube gris-jaune, brillant, sans rides, la petite vil
1684 ambres boisées entourées d’une large galerie d’où l’ on voit le Danube gris-jaune, brillant, sans rides, la petite ville ju
1685 sées entourées d’une large galerie d’où l’on voit le Danube gris-jaune, brillant, sans rides, la petite ville juste au-des
1686 voit le Danube gris-jaune, brillant, sans rides, la petite ville juste au-dessous de soi, et la Basilique sur son rocher.
1687 ides, la petite ville juste au-dessous de soi, et la Basilique sur son rocher. Fraîches, sentant bon, avec des livres sur
1688 vans aux riches couleurs, des boissons préparées, l’ ombre bourdonnante, — trois petites chambres et un pan de toit par-des
1689 bourdonnante, — trois petites chambres et un pan de toit par-dessus, cela fait une baraque à peine visible dans les vigne
1690 essus, cela fait une baraque à peine visible dans les vignes, à peine détachée du flanc de la colline (pour que les vents n
1691 isible dans les vignes, à peine détachée du flanc de la colline (pour que les vents ne l’emportent pas), un beau nid de po
1692 ble dans les vignes, à peine détachée du flanc de la colline (pour que les vents ne l’emportent pas), un beau nid de poète
1693 à peine détachée du flanc de la colline (pour que les vents ne l’emportent pas), un beau nid de poète : car demeurer ici, c
1694 hée du flanc de la colline (pour que les vents ne l’ emportent pas), un beau nid de poète : car demeurer ici, c’est demeure
1695 ur que les vents ne l’emportent pas), un beau nid de poète : car demeurer ici, c’est demeurer vraiment « en pleine nature 
1696 r vraiment « en pleine nature », un peu au-dessus de la plaine, pas tout à fait dans le ciel, là où doivent vivre ceux qui
1697 raiment « en pleine nature », un peu au-dessus de la plaine, pas tout à fait dans le ciel, là où doivent vivre ceux qui « 
1698 peu au-dessus de la plaine, pas tout à fait dans le ciel, là où doivent vivre ceux qui « chantent ». L’après-midi est imm
1699 ciel, là où doivent vivre ceux qui « chantent ». L’ après-midi est immense. Nous buvons des vins dorés et doux que nous ve
1700 s belle), nous inscrivons nos noms au charbon sur le mur chaulé, Gachot prend des photos, Gyergyai fouille la plaine à la
1701 chaulé, Gachot prend des photos, Gyergyai fouille la plaine à la longue-vue et rêve qu’il y est, je grimpe au cerisier sau
1702 ot prend des photos, Gyergyai fouille la plaine à la longue-vue et rêve qu’il y est, je grimpe au cerisier sauvage, derriè
1703 il y est, je grimpe au cerisier sauvage, derrière la maison, un peintre tout en blanc arrive par les vignes, ah ! qu’il fa
1704 re la maison, un peintre tout en blanc arrive par les vignes, ah ! qu’il fait beau temps, l’horizon est aussi lointain qu’o
1705 rrive par les vignes, ah ! qu’il fait beau temps, l’ horizon est aussi lointain qu’on l’imagine, tout a de belles couleurs,
1706 it beau temps, l’horizon est aussi lointain qu’on l’ imagine, tout a de belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y
1707 orizon est aussi lointain qu’on l’imagine, tout a de belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans
1708 ntain qu’on l’imagine, tout a de belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans l’air… xi Le re
1709 poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans l’ air… xi Le retour d’Esztergom Il faut se pencher aux portières
1710 n lui-même, il y a une enfance dans l’air… xi Le retour d’Esztergom Il faut se pencher aux portières et laisser l’a
1711 , il y a une enfance dans l’air… xi Le retour d’ Esztergom Il faut se pencher aux portières et laisser l’air furieux
1712 om Il faut se pencher aux portières et laisser l’ air furieux emmêler les cheveux, glacer le masque et appuyer au front
1713 er aux portières et laisser l’air furieux emmêler les cheveux, glacer le masque et appuyer au front comme une caresse indéf
1714 laisser l’air furieux emmêler les cheveux, glacer le masque et appuyer au front comme une caresse indéfinie de la puissanc
1715 e et appuyer au front comme une caresse indéfinie de la puissance. Soir de voyage, tout enfiévré d’orgueil errant, de conq
1716 t appuyer au front comme une caresse indéfinie de la puissance. Soir de voyage, tout enfiévré d’orgueil errant, de conquêt
1717 comme une caresse indéfinie de la puissance. Soir de voyage, tout enfiévré d’orgueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce
1718 ie de la puissance. Soir de voyage, tout enfiévré d’ orgueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est de la terre renon
1719 . Soir de voyage, tout enfiévré d’orgueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est de la terre renonce à s’affirmer en
1720 ueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est de la terre renonce à s’affirmer en détail précis, se masse dans une con
1721 l errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est de la terre renonce à s’affirmer en détail précis, se masse dans une confus
1722 mer en détail précis, se masse dans une confusion de violet sombre, et par la seule ligne dure de l’horizon s’oppose au ci
1723 masse dans une confusion de violet sombre, et par la seule ligne dure de l’horizon s’oppose au ciel qui retire ses lueurs.
1724 sion de violet sombre, et par la seule ligne dure de l’horizon s’oppose au ciel qui retire ses lueurs. Ciel blanc, où très
1725 n de violet sombre, et par la seule ligne dure de l’ horizon s’oppose au ciel qui retire ses lueurs. Ciel blanc, où très pe
1726 el qui retire ses lueurs. Ciel blanc, où très peu d’ or rose s’évanouit… Le train serpente dans un de ces paysages de nulle
1727 rs. Ciel blanc, où très peu d’or rose s’évanouit… Le train serpente dans un de ces paysages de nulle part qui sont les plu
1728 u d’or rose s’évanouit… Le train serpente dans un de ces paysages de nulle part qui sont les plus émouvants, entre des col
1729 anouit… Le train serpente dans un de ces paysages de nulle part qui sont les plus émouvants, entre des collines basses gra
1730 te dans un de ces paysages de nulle part qui sont les plus émouvants, entre des collines basses grattées par les vents, aux
1731 émouvants, entre des collines basses grattées par les vents, aux arbres rares, mais aux replis si doucement intimes qu’à ce
1732 e heure on sent bien que poursuivre est une sorte d’ enivrant péché. — Nous aurions une maison dans ce désert aux formes te
1733 désert aux formes tendres et déjà familières, et le passage des trains chaque soir nous redirait un adieu bref, — chaque
1734 adieu bref, — chaque soir plus infime, à cause de l’ éloignement en nous-mêmes. À l’entrée d’un tunnel tu vois que la veill
1735 infime, à cause de l’éloignement en nous-mêmes. À l’ entrée d’un tunnel tu vois que la veilleuse brûle toujours — et moi, p
1736 cause de l’éloignement en nous-mêmes. À l’entrée d’ un tunnel tu vois que la veilleuse brûle toujours — et moi, parmi les
1737 en nous-mêmes. À l’entrée d’un tunnel tu vois que la veilleuse brûle toujours — et moi, parmi les reflets fuyants de toute
1738 s que la veilleuse brûle toujours — et moi, parmi les reflets fuyants de toutes sortes de faces et de paysages soudainement
1739 rûle toujours — et moi, parmi les reflets fuyants de toutes sortes de faces et de paysages soudainement invisibles, je dis
1740 t moi, parmi les reflets fuyants de toutes sortes de faces et de paysages soudainement invisibles, je distingue le doux fe
1741 les reflets fuyants de toutes sortes de faces et de paysages soudainement invisibles, je distingue le doux feu bleu de mo
1742 de paysages soudainement invisibles, je distingue le doux feu bleu de mon obsession. L’Objet inconnu, — quand je pense à c
1743 inement invisibles, je distingue le doux feu bleu de mon obsession. L’Objet inconnu, — quand je pense à ce qu’en imaginera
1744 , je distingue le doux feu bleu de mon obsession. L’ Objet inconnu, — quand je pense à ce qu’en imagineraient les autres, s
1745 nconnu, — quand je pense à ce qu’en imagineraient les autres, si je leur en parlais… Il leur suffirait de l’image d’un bibe
1746 autres, si je leur en parlais… Il leur suffirait de l’image d’un bibelot d’une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un c
1747 tres, si je leur en parlais… Il leur suffirait de l’ image d’un bibelot d’une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un cert
1748 je leur en parlais… Il leur suffirait de l’image d’ un bibelot d’une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un certain arra
1749 arlais… Il leur suffirait de l’image d’un bibelot d’ une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un certain arrangement des c
1750 oses qui rende un certain son spirituel… Un objet de musique et de couleurs, mais aussi une forme symbolique de tout… Enfi
1751 un certain son spirituel… Un objet de musique et de couleurs, mais aussi une forme symbolique de tout… Enfin, tellement i
1752 e et de couleurs, mais aussi une forme symbolique de tout… Enfin, tellement inconnu et tellement fascinant à la fois, qu’i
1753 tellement fascinant à la fois, qu’il me préserve de tout amour pour quelque bien particulier où je serais tenté de me com
1754 pour quelque bien particulier où je serais tenté de me complaire. Oh ! je sais ! — Je ne sais plus. — Le train s’attarde
1755 me complaire. Oh ! je sais ! — Je ne sais plus. —  Le train s’attarde dans sa fumée, on respire une lourde obscurité qui se
1756 a fumée, on respire une lourde obscurité qui sent l’ enfer. Je ne pense plus qu’« au souffle »… Mais alors tout s’allume et
1757 « au souffle »… Mais alors tout s’allume et voici la nuit des faubourgs de Pest, au-dessous de nous. xii Un bal, ou de
1758 lors tout s’allume et voici la nuit des faubourgs de Pest, au-dessous de nous. xii Un bal, ou de l’ivresse considérée
1759 s de Pest, au-dessous de nous. xii Un bal, ou de l’ivresse considérée comme un des beaux-arts Ils n’ont plus de nom
1760 e Pest, au-dessous de nous. xii Un bal, ou de l’ ivresse considérée comme un des beaux-arts Ils n’ont plus de noms,
1761 sidérée comme un des beaux-arts Ils n’ont plus de noms, ils ne sont qu’une ivresse aux cent visages, lorsque j’entre da
1762 ne ivresse aux cent visages, lorsque j’entre dans l’ atelier du peintre. Je ne tarde pas à oublier ce qui est lent ou fixe
1763 ou bassement mélancoliques. Souvent laids — sauf les demi-juifs — mais laids comme des paysans, beaux hommes aux traits lo
1764 des paysans, beaux hommes aux traits lourds. Dans l’ ivresse, leurs yeux s’agrandissent. Dans la danse, ils incarnent l’all
1765 . Dans l’ivresse, leurs yeux s’agrandissent. Dans la danse, ils incarnent l’allégresse rythmique. Je les vois frapper le s
1766 yeux s’agrandissent. Dans la danse, ils incarnent l’ allégresse rythmique. Je les vois frapper le sol du talon en levant un
1767 a danse, ils incarnent l’allégresse rythmique. Je les vois frapper le sol du talon en levant un bras, la main à la nuque ;
1768 rnent l’allégresse rythmique. Je les vois frapper le sol du talon en levant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol d
1769 s vois frapper le sol du talon en levant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de mai
1770 pper le sol du talon en levant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de main ; saisir
1771 n en levant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de main ; saisir la danseuse sous l
1772 vant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de main ; saisir la danseuse sous les bras
1773 ue ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de main ; saisir la danseuse sous les bras (elle pose alors ses mains su
1774 ol de l’autre talon en changeant de main ; saisir la danseuse sous les bras (elle pose alors ses mains sur les épaules du
1775 on en changeant de main ; saisir la danseuse sous les bras (elle pose alors ses mains sur les épaules du cavalier) et la fa
1776 euse sous les bras (elle pose alors ses mains sur les épaules du cavalier) et la faire pirouetter un quart de tour à droite
1777 e alors ses mains sur les épaules du cavalier) et la faire pirouetter un quart de tour à droite, un quart de tour à gauche
1778 ules du cavalier) et la faire pirouetter un quart de tour à droite, un quart de tour à gauche ; pirouetter seuls sur place
1779 re pirouetter un quart de tour à droite, un quart de tour à gauche ; pirouetter seuls sur place ; de nouveau frapper le so
1780 ; pirouetter seuls sur place ; de nouveau frapper le sol des talons, alternativement ; saisir la danseuse, tourbillonner,
1781 apper le sol des talons, alternativement ; saisir la danseuse, tourbillonner, pousser de grands cris ; tourbillonner en se
1782 ment ; saisir la danseuse, tourbillonner, pousser de grands cris ; tourbillonner en sens inverse ; frapper des talons touj
1783  ; frapper des talons toujours plus vite, mains à la nuque, mains à la hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant l
1784 ons toujours plus vite, mains à la nuque, mains à la hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant le parquet jusqu’à
1785 ite, mains à la nuque, mains à la hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant le parquet jusqu’à produire un rouleme
1786 hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant le parquet jusqu’à produire un roulement continu, marteler encore plus v
1787 illonnant, choir enfin dans une vaste culbute sur les divans où l’ivresse les lâche, affalés, tandis que les danseuses seco
1788 ir enfin dans une vaste culbute sur les divans où l’ ivresse les lâche, affalés, tandis que les danseuses secouent leurs ch
1789 ans une vaste culbute sur les divans où l’ivresse les lâche, affalés, tandis que les danseuses secouent leurs cheveux et te
1790 ivans où l’ivresse les lâche, affalés, tandis que les danseuses secouent leurs cheveux et tendent les bras en riant pour qu
1791 e les danseuses secouent leurs cheveux et tendent les bras en riant pour qu’on les relève. Elles : des Vénitiennes aux yeux
1792 s cheveux et tendent les bras en riant pour qu’on les relève. Elles : des Vénitiennes aux yeux de plaine, comme les autres
1793 Elles : des Vénitiennes aux yeux de plaine, comme les autres ont des yeux de mer. Des grâces d’amazones avec un coup de tal
1794 aux yeux de plaine, comme les autres ont des yeux de mer. Des grâces d’amazones avec un coup de talon qui les secoue jusqu
1795 comme les autres ont des yeux de mer. Des grâces d’ amazones avec un coup de talon qui les secoue jusqu’à la chevelure. Gr
1796 s yeux de mer. Des grâces d’amazones avec un coup de talon qui les secoue jusqu’à la chevelure. Graves entre leurs éclats
1797 . Des grâces d’amazones avec un coup de talon qui les secoue jusqu’à la chevelure. Graves entre leurs éclats de rire tourno
1798 ones avec un coup de talon qui les secoue jusqu’à la chevelure. Graves entre leurs éclats de rire tournoyants mais non pas
1799 des gestes tendres des bras en balançant vivement la tête. Quand elles parlent, la voix un peu rauque, voluptueuse ; quand
1800 balançant vivement la tête. Quand elles parlent, la voix un peu rauque, voluptueuse ; quand elles chantent, les moires et
1801 n peu rauque, voluptueuse ; quand elles chantent, les moires et l’ondulation des rubans de vents chauds sur la plaine, avec
1802 voluptueuse ; quand elles chantent, les moires et l’ ondulation des rubans de vents chauds sur la plaine, avec des éloignem
1803 s chantent, les moires et l’ondulation des rubans de vents chauds sur la plaine, avec des éloignements et des retours, des
1804 es et l’ondulation des rubans de vents chauds sur la plaine, avec des éloignements et des retours, des enroulements et dér
1805 soutenues par un long souffle vif. J’observe que les paroles autant que les gestes sont gouvernées par la seule logique d’
1806 souffle vif. J’observe que les paroles autant que les gestes sont gouvernées par la seule logique d’un rythme constamment i
1807 paroles autant que les gestes sont gouvernées par la seule logique d’un rythme constamment imprévu. Il s’agit moins de com
1808 e les gestes sont gouvernées par la seule logique d’ un rythme constamment imprévu. Il s’agit moins de comprendre que de s’
1809 d’un rythme constamment imprévu. Il s’agit moins de comprendre que de s’abandonner d’une certaine manière. En France, cha
1810 amment imprévu. Il s’agit moins de comprendre que de s’abandonner d’une certaine manière. En France, chacun parle pour son
1811 Il s’agit moins de comprendre que de s’abandonner d’ une certaine manière. En France, chacun parle pour son compte, paraphe
1812 aphe son épigramme, jette son petit caillou. Ici, le sens des mots et des choses est celui d’un courant musical qui domine
1813 ou. Ici, le sens des mots et des choses est celui d’ un courant musical qui domine l’ensemble et le compose selon les lois
1814 choses est celui d’un courant musical qui domine l’ ensemble et le compose selon les lois d’une plastique exubérante. Quan
1815 lui d’un courant musical qui domine l’ensemble et le compose selon les lois d’une plastique exubérante. Quand je dis que j
1816 musical qui domine l’ensemble et le compose selon les lois d’une plastique exubérante. Quand je dis que j’observe, je n’obs
1817 ui domine l’ensemble et le compose selon les lois d’ une plastique exubérante. Quand je dis que j’observe, je n’observe rie
1818 rien. Il y a des femmes si belles qu’on en ferme les yeux. Quel style dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime l’
1819 i belles qu’on en ferme les yeux. Quel style dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime l’ivresse comme un art. Et
1820 dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime l’ ivresse comme un art. Et qu’on soigne sa mise en scène, qu’on sauvegar
1821 on sauvegarde sa qualité. Ailleurs, chez nous, on la laisse traîner dans la sciure ou dans le gâtisme. On trouve que ça n’
1822 é. Ailleurs, chez nous, on la laisse traîner dans la sciure ou dans le gâtisme. On trouve que ça n’est pas distingué, et e
1823 nous, on la laisse traîner dans la sciure ou dans le gâtisme. On trouve que ça n’est pas distingué, et en effet, que serai
1824 rait un lyrisme distingué ? Il faut choisir entre les bonnes manières et les belles manières. Et quant à ceux qui n’ont pas
1825 ué ? Il faut choisir entre les bonnes manières et les belles manières. Et quant à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivre
1826 es belles manières. Et quant à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auront que c
1827 anières. Et quant à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auront que cela, car c’
1828 oujours raison, mais n’auront que cela, car c’est l’ ivresse10 seulement qui permet à l’esprit de passer d’une forme dans d
1829 ela, car c’est l’ivresse10 seulement qui permet à l’ esprit de passer d’une forme dans d’autres, — et c’est même en ce pass
1830 c’est l’ivresse10 seulement qui permet à l’esprit de passer d’une forme dans d’autres, — et c’est même en ce passage qu’el
1831 resse10 seulement qui permet à l’esprit de passer d’ une forme dans d’autres, — et c’est même en ce passage qu’elle consist
1832 e passage qu’elle consiste — ô Danses ! avènement de l’âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ailes en silence au-dess
1833 assage qu’elle consiste — ô Danses ! avènement de l’ âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ailes en silence au-dessus
1834 ent de l’âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ ailes en silence au-dessus du gouffre. Je vole sur place, mais tout se
1835 hais » un instant, toutes choses disparaîtraient… Le vertige (la peur et l’amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait de
1836 stant, toutes choses disparaîtraient… Le vertige ( la peur et l’amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait de l’autre côté
1837 es choses disparaîtraient… Le vertige (la peur et l’ amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait de l’autre côté ? Se laiss
1838 et l’amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait de l’autre côté ? Se laisser choir dans le Gris ? Rejoindre ?… Derrière
1839 y aurait de l’autre côté ? Se laisser choir dans le Gris ? Rejoindre ?… Derrière mes paupières, dans ce désordre lumineux
1840 errière mes paupières, dans ce désordre lumineux, le verrai-je naître à mon désir ? Rejoindre ! Mais vous, derrière ma têt
1841 pour cette fois. xiii Chansons hongroises Les Suisses chantent immobiles, les yeux fixes, le visage impassible. Mai
1842 ons hongroises Les Suisses chantent immobiles, les yeux fixes, le visage impassible. Mais rien dans la chanson hongroise
1843 Les Suisses chantent immobiles, les yeux fixes, le visage impassible. Mais rien dans la chanson hongroise ne rappelle la
1844 yeux fixes, le visage impassible. Mais rien dans la chanson hongroise ne rappelle la nostalgie traînante des lieder de l’
1845 . Mais rien dans la chanson hongroise ne rappelle la nostalgie traînante des lieder de l’Oberland : ici la mélancolie même
1846 ise ne rappelle la nostalgie traînante des lieder de l’Oberland : ici la mélancolie même est passionnée. Elles chantent av
1847 ne rappelle la nostalgie traînante des lieder de l’ Oberland : ici la mélancolie même est passionnée. Elles chantent avec
1848 ostalgie traînante des lieder de l’Oberland : ici la mélancolie même est passionnée. Elles chantent avec le corps entier —
1849 lancolie même est passionnée. Elles chantent avec le corps entier — non pas avec les bras, comme on chante du Verdi, — ell
1850 lles chantent avec le corps entier — non pas avec les bras, comme on chante du Verdi, — elles ont des mouvements vifs du bu
1851 es mouvements vifs du buste, et des mains pleines de drôleries ou de supplication. Je ne sais ce que disent les paroles. J
1852 fs du buste, et des mains pleines de drôleries ou de supplication. Je ne sais ce que disent les paroles. Je vois des cheva
1853 ries ou de supplication. Je ne sais ce que disent les paroles. Je vois des chevauchées sous le soleil, des campements noctu
1854 disent les paroles. Je vois des chevauchées sous le soleil, des campements nocturnes où le souvenir des pays désertés enf
1855 chées sous le soleil, des campements nocturnes où le souvenir des pays désertés enfièvre encore un désir de perdition illi
1856 uvenir des pays désertés enfièvre encore un désir de perdition illimitée… Les Hongrois se sont arrêtés dans cette plaine.
1857 enfièvre encore un désir de perdition illimitée… Les Hongrois se sont arrêtés dans cette plaine. Mais c’est le soir au cam
1858 ois se sont arrêtés dans cette plaine. Mais c’est le soir au camp, perpétuel. Une lassitude de steppe brûlante, des ondula
1859 s c’est le soir au camp, perpétuel. Une lassitude de steppe brûlante, des ondulations longues… Mais un cheval se cabre ; e
1860 tions longues… Mais un cheval se cabre ; et c’est la danse qui se lève, et des tambours et des cris modulés, et toute la f
1861 ve, et des tambours et des cris modulés, et toute la frénésie d’un grand souffle qui se serait mis à tourbillonner sur pla
1862 ambours et des cris modulés, et toute la frénésie d’ un grand souffle qui se serait mis à tourbillonner sur place. xiv
1863 se serait mis à tourbillonner sur place. xiv L’ amour en Hongrie (généralités) Les Allemands aiment les femmes comm
1864 lace. xiv L’amour en Hongrie (généralités) Les Allemands aiment les femmes comme ils aiment les saucisses ou les cat
1865 en Hongrie (généralités) Les Allemands aiment les femmes comme ils aiment les saucisses ou les catastrophes, selon qu’i
1866 Les Allemands aiment les femmes comme ils aiment les saucisses ou les catastrophes, selon qu’ils sont techniciens ou intel
1867 ment les femmes comme ils aiment les saucisses ou les catastrophes, selon qu’ils sont techniciens ou intellectuels. Les Fra
1868 , selon qu’ils sont techniciens ou intellectuels. Les Français aiment par goût du bavardage. Les Suisses aiment avec une bo
1869 tuels. Les Français aiment par goût du bavardage. Les Suisses aiment avec une bonne ou une mauvaise conscience. À Vienne on
1870 être à la fois cocasses et fades. En Italie… Mais l’ amour hongrois t’emportera dans une inénarrable confusion de sentiment
1871 ngrois t’emportera dans une inénarrable confusion de sentimentalisme et de passion, et c’est là son miracle. Si tu n’as pa
1872 s une inénarrable confusion de sentimentalisme et de passion, et c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens de la musiqu
1873 passion, et c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je
1874 , et c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je t’envier
1875 t c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je t’envierais
1876 as le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je t’envierais presque. Celui qui part pour la Hon
1877 inon… je t’envierais presque. Celui qui part pour la Hongrie sans talisman, s’il a du cœur, n’en revient plus. xv La p
1878 lisman, s’il a du cœur, n’en revient plus. xv La plaine et la musique L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’expr
1879 a du cœur, n’en revient plus. xv La plaine et la musique L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’express de Transy
1880 n revient plus. xv La plaine et la musique L’ ouverture de Stravinsky exécutée par l’express de Transylvanie au sort
1881 us. xv La plaine et la musique L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’express de Transylvanie au sortir de la gar
1882 musique L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’ express de Transylvanie au sortir de la gare de Budapest, devient avec
1883 L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’express de Transylvanie au sortir de la gare de Budapest, devient avec la plaine
1884 écutée par l’express de Transylvanie au sortir de la gare de Budapest, devient avec la plaine une Symphonie-Dichtung borod
1885 ar l’express de Transylvanie au sortir de la gare de Budapest, devient avec la plaine une Symphonie-Dichtung borodinesque,
1886 ie au sortir de la gare de Budapest, devient avec la plaine une Symphonie-Dichtung borodinesque, mais l’erreur n’est imput
1887 plaine une Symphonie-Dichtung borodinesque, mais l’ erreur n’est imputable qu’à mon instabilité rythmique. (Trop souvent c
1888 ouvent ce que je vois traverse ce que j’entends.) La plaine hongroise n’est pas monotone, parce qu’elle est d’un seul tena
1889 e hongroise n’est pas monotone, parce qu’elle est d’ un seul tenant. Rien qui fasse répétition. C’est ici le premier pays q
1890 . C’est ici le premier pays que je n’ai pas envie d’ élaguer ; dont je ne me compose pas de morceaux choisis11. Il y a une
1891 i pas envie d’élaguer ; dont je ne me compose pas de morceaux choisis11. Il y a une grande ville, un grand lac, une plaine
1892 ille, un grand lac, une plaine et une seule vigne de véritable Tokay. Et point de ces endroits déprimants, à plusieurs mil
1893 e et une seule vigne de véritable Tokay. Et point de ces endroits déprimants, à plusieurs milliers d’exemplaires, tels que
1894 de ces endroits déprimants, à plusieurs milliers d’ exemplaires, tels que : banlieue française, village suisse, gare allem
1895 çaise, village suisse, gare allemande grouillante de questions sociales. La Puszta est une terre vierge, je veux dire que
1896 gare allemande grouillante de questions sociales. La Puszta est une terre vierge, je veux dire que la bourgeoisie ne s’y e
1897 La Puszta est une terre vierge, je veux dire que la bourgeoisie ne s’y est pas encore répandue. Il y a peu de bourgeois e
1898 andue. Il y a peu de bourgeois en Hongrie. Il y a de petits nobles déclassés, des juifs, des paysans, des communistes, de
1899 classés, des juifs, des paysans, des communistes, de grands nobles, et des Tziganes. D’ailleurs, le bourgeois supporterait
1900 s, de grands nobles, et des Tziganes. D’ailleurs, le bourgeois supporterait difficilement l’ampleur qu’ont ici toutes chos
1901 ailleurs, le bourgeois supporterait difficilement l’ ampleur qu’ont ici toutes choses, cette atmosphère de nomadisme, et ce
1902 mpleur qu’ont ici toutes choses, cette atmosphère de nomadisme, et ces vents vastes ; et cette passion de vivre « au-dessu
1903 nomadisme, et ces vents vastes ; et cette passion de vivre « au-dessus de ses moyens » — c’est-à-dire au-dessus du Moyen —
1904 ts vastes ; et cette passion de vivre « au-dessus de ses moyens » — c’est-à-dire au-dessus du Moyen — qui est caractéristi
1905 rgement ? » demande certaine hargne à cet artiste de la prodigalité. — « Ah ! répond-il, j’aimerais bien pouvoir vivre com
1906 ment ? » demande certaine hargne à cet artiste de la prodigalité. — « Ah ! répond-il, j’aimerais bien pouvoir vivre comme
1907 imerais bien pouvoir vivre comme je vis ! » Voici les cigognes, dont Andersen assure qu’elles parlent en égyptien, « car c’
1908 assure qu’elles parlent en égyptien, « car c’est la langue qu’elles apprennent de leurs mères ». Combien j’aime ces sœurs
1909 yptien, « car c’est la langue qu’elles apprennent de leurs mères ». Combien j’aime ces sœurs des Tziganes ! Les Tziganes v
1910 mères ». Combien j’aime ces sœurs des Tziganes ! Les Tziganes vinrent en Europe conduits par le noir Duc d’Égypte ; aussi
1911 nes ! Les Tziganes vinrent en Europe conduits par le noir Duc d’Égypte ; aussi les nomma-t-on gipsys. Pour leur nom allema
1912 Europe conduits par le noir Duc d’Égypte ; aussi les nomma-t-on gipsys. Pour leur nom allemand, c’est : Zigeuner ; hongroi
1913 gyptiens venaient des Indes, qui nous apportèrent le tarot et la roulotte, dont descendent le bridge et la bohème, c’est-à
1914 aient des Indes, qui nous apportèrent le tarot et la roulotte, dont descendent le bridge et la bohème, c’est-à-dire un sym
1915 ortèrent le tarot et la roulotte, dont descendent le bridge et la bohème, c’est-à-dire un symbole de la servitude et un sy
1916 arot et la roulotte, dont descendent le bridge et la bohème, c’est-à-dire un symbole de la servitude et un symbole de la l
1917 t le bridge et la bohème, c’est-à-dire un symbole de la servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même
1918 e bridge et la bohème, c’est-à-dire un symbole de la servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même a q
1919 t-à-dire un symbole de la servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne »
1920 -dire un symbole de la servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne », d
1921 e de la servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne », dans un sens vas
1922 berté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne », dans un sens vaste et mystique, elle le doit au charme é
1923 « moderne », dans un sens vaste et mystique, elle le doit au charme égyptien du peuple errant qui lui donna sa musique nat
1924 uple errant qui lui donna sa musique nationale12. Les signes parlent, et certains sages : nous entrons dans une ère égyptie
1925 ns une ère égyptienne. Mais que dire des pouvoirs de la plaine qui s’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’en raconte la m
1926 une ère égyptienne. Mais que dire des pouvoirs de la plaine qui s’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’en raconte la musi
1927 ’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’en raconte la musique — tu vas l’entendre à toutes les terrasses de Debrecen. Debre
1928 s heures ? — Ce qu’en raconte la musique — tu vas l’ entendre à toutes les terrasses de Debrecen. Debrecen est une sorte de
1929 n raconte la musique — tu vas l’entendre à toutes les terrasses de Debrecen. Debrecen est une sorte de grande ville indescr
1930 usique — tu vas l’entendre à toutes les terrasses de Debrecen. Debrecen est une sorte de grande ville indescriptible, à de
1931 les terrasses de Debrecen. Debrecen est une sorte de grande ville indescriptible, à demi mêlée aux sables de la plaine du
1932 nde ville indescriptible, à demi mêlée aux sables de la plaine du Hortobágy, aux longues maisons jaunes immensément aligné
1933 ville indescriptible, à demi mêlée aux sables de la plaine du Hortobágy, aux longues maisons jaunes immensément alignées,
1934 ngues maisons jaunes immensément alignées, autour d’ une place rectangulaire qui ressemble à un jardin public, flanquée d’u
1935 ulaire qui ressemble à un jardin public, flanquée d’ un temple blanc à deux clochers baroques, d’hôtels modernes, de statue
1936 nquée d’un temple blanc à deux clochers baroques, d’ hôtels modernes, de statues, de pylônes plantés dans un grand désordre
1937 lanc à deux clochers baroques, d’hôtels modernes, de statues, de pylônes plantés dans un grand désordre de piétons et de c
1938 clochers baroques, d’hôtels modernes, de statues, de pylônes plantés dans un grand désordre de piétons et de chars à bœufs
1939 tatues, de pylônes plantés dans un grand désordre de piétons et de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrece
1940 ônes plantés dans un grand désordre de piétons et de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent
1941 and désordre de piétons et de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux
1942 e de piétons et de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux confort que
1943 t de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux confort que nous n’avons
1944 les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux confort que nous n’avons qu’au prix de tout ce qu
1945 e tout ce qu’à Debrecen je viens admirer. On aime les Hongrois comme on aime l’enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de d
1946 viens admirer. On aime les Hongrois comme on aime l’ enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de devenir une grande personne
1947 On aime les Hongrois comme on aime l’enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de devenir une grande personne. On me l’a dit
1948 les Hongrois comme on aime l’enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de devenir une grande personne. On me l’a dit, c’est
1949 Hongrois comme on aime l’enfance : or le rêve de l’ enfant, c’est de devenir une grande personne. On me l’a dit, c’est vra
1950 on aime l’enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de devenir une grande personne. On me l’a dit, c’est vrai : cette ville
1951 fant, c’est de devenir une grande personne. On me l’ a dit, c’est vrai : cette ville historique est aussi l’autre « Rome pr
1952 ique est aussi l’autre « Rome protestante ». Mais d’ avoir vu ses profondes bibliothèques et son quartier universitaire tou
1953 euni dans des jardins luisants ne m’empêchera pas de m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de l’Europe. Je ne sai
1954 de m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de l’Europe. Je ne sais quel hasard a voulu que j’y entende, un soir, un
1955 m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de l’ Europe. Je ne sais quel hasard a voulu que j’y entende, un soir, une a
1956 rd a voulu que j’y entende, un soir, une audition de musiques hongroises, turques et chinoises, commentées et comparées pa
1957 simples, tragiques, à peine modulées, qui donnent le vertige, et dont soudain se cabre le rythme, avant la chute stridente
1958 qui donnent le vertige, et dont soudain se cabre le rythme, avant la chute stridente et basse, prolongée. Peut-être ce so
1959 ertige, et dont soudain se cabre le rythme, avant la chute stridente et basse, prolongée. Peut-être ce soir-là, ai-je comp
1960 e, prolongée. Peut-être ce soir-là, ai-je compris la Grande Plaine, et que par sa musique j’étais aux marches de l’Asie. E
1961 Plaine, et que par sa musique j’étais aux marches de l’Asie. En sortant du concert, j’ai erré aux terrasses des hôtels, da
1962 ine, et que par sa musique j’étais aux marches de l’ Asie. En sortant du concert, j’ai erré aux terrasses des hôtels, dans
1963 concert, j’ai erré aux terrasses des hôtels, dans le grandiose bavardage des Tziganes. Qu’est-ce qu’ils regardent en jouan
1964 ent en jouant ? Qu’est-ce qu’ils écoutent au-delà de leur musique — car aussitôt donnée la phrase, voici qu’une autre vien
1965 ent au-delà de leur musique — car aussitôt donnée la phrase, voici qu’une autre vient d’ailleurs, entraînée par je ne sais
1966 rs, entraînée par je ne sais quel vent sonore qui l’ étire et l’égare, et l’enroule et d’un coup la subtilise, ne laissant
1967 ée par je ne sais quel vent sonore qui l’étire et l’ égare, et l’enroule et d’un coup la subtilise, ne laissant plus qu’un
1968 sais quel vent sonore qui l’étire et l’égare, et l’ enroule et d’un coup la subtilise, ne laissant plus qu’un long silence
1969 nt sonore qui l’étire et l’égare, et l’enroule et d’ un coup la subtilise, ne laissant plus qu’un long silence soutenu, com
1970 qui l’étire et l’égare, et l’enroule et d’un coup la subtilise, ne laissant plus qu’un long silence soutenu, comme un appe
1971 plus qu’un long silence soutenu, comme un appel à la rafale dont l’approche déjà fait grésiller les notes basses du cymbal
1972 silence soutenu, comme un appel à la rafale dont l’ approche déjà fait grésiller les notes basses du cymbalum, — et mainte
1973 l à la rafale dont l’approche déjà fait grésiller les notes basses du cymbalum, — et maintenant ferme les yeux sous la vagu
1974 s notes basses du cymbalum, — et maintenant ferme les yeux sous la vague toujours un peu plus haute que profonde ne fut l’a
1975 du cymbalum, — et maintenant ferme les yeux sous la vague toujours un peu plus haute que profonde ne fut l’attente, et lâ
1976 ue toujours un peu plus haute que profonde ne fut l’ attente, et lâche tout. C’est l’âme qui joue aux montagnes russes, mai
1977 e profonde ne fut l’attente, et lâche tout. C’est l’ âme qui joue aux montagnes russes, mais voici que le petit train en ru
1978 âme qui joue aux montagnes russes, mais voici que le petit train en rumeur depuis un moment ne redescend plus : il gouvern
1979 : il gouverne avec une vertigineuse docilité dans les voies d’un amour ineffable et se perd avec lui vers le désert et ses
1980 rne avec une vertigineuse docilité dans les voies d’ un amour ineffable et se perd avec lui vers le désert et ses mirages.
1981 ies d’un amour ineffable et se perd avec lui vers le désert et ses mirages. On ne sait d’où tu viens, tu ne sais où tu vas
1982 vec lui vers le désert et ses mirages. On ne sait d’ où tu viens, tu ne sais où tu vas, peuple de perdition, Peuple inconnu
1983 sait d’où tu viens, tu ne sais où tu vas, peuple de perdition, Peuple inconnu, — mais c’est toi, c’est toi qui l’as caché
1984 , Peuple inconnu, — mais c’est toi, c’est toi qui l’ as caché dans une roulotte sous des chiffons bariolés et des secrets q
1985 eur aux femmes, cet Objet dont parfois, au comble de la turbulence de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’une
1986 aux femmes, cet Objet dont parfois, au comble de la turbulence de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’une li
1987 et Objet dont parfois, au comble de la turbulence de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’une ligne nette, ins
1988 de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’ une ligne nette, insaisissable, déjà perdue (comme le rêve pendant que
1989 ne ligne nette, insaisissable, déjà perdue (comme le rêve pendant que bat la paupière lourde de celui qui succombe à l’exc
1990 sable, déjà perdue (comme le rêve pendant que bat la paupière lourde de celui qui succombe à l’excès du sommeil) — et me v
1991 (comme le rêve pendant que bat la paupière lourde de celui qui succombe à l’excès du sommeil) — et me voici plus seul, ave
1992 ue bat la paupière lourde de celui qui succombe à l’ excès du sommeil) — et me voici plus seul, avec une nostalgie qui ne v
1993 ici plus seul, avec une nostalgie qui ne veut pas de la romance à mon oreille d’un violoneux qui me croit triste. Ils l
1994 plus seul, avec une nostalgie qui ne veut pas de la romance à mon oreille d’un violoneux qui me croit triste. Ils l’on
1995 algie qui ne veut pas de la romance à mon oreille d’ un violoneux qui me croit triste. Ils l’ont amené du fond d’une Ind
1996 reille d’un violoneux qui me croit triste. Ils l’ ont amené du fond d’une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout
1997 x qui me croit triste. Ils l’ont amené du fond d’ une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout d’un monde où si peu
1998 riste. Ils l’ont amené du fond d’une Inde. Ils l’ ont égaré, comme ils égarent tout d’un monde où si peu vaut qu’on le c
1999 une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout d’ un monde où si peu vaut qu’on le conserve, au long d’un chemin effacé
2000 ils égarent tout d’un monde où si peu vaut qu’on le conserve, au long d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l
2001 n monde où si peu vaut qu’on le conserve, au long d’ un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ont perdu comme un r
2002 qu’on le conserve, au long d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ont perdu comme un rêve au matin s’élude, —
2003 serve, au long d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ont perdu comme un rêve au matin s’élude, — et leur mus
2004 d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ ont perdu comme un rêve au matin s’élude, — et leur musique seule s’en
2005 Trésor si pur qu’on ne doit même pas savoir qu’on le possède… Tout près d’ici, peut-être, mais invisible. Lève-toi, pars,
2006 sans vider ton verre — il n’y a pure ivresse que de l’abandon —, car voici qu’à son tour il s’égare au bras d’une erreur
2007 ns vider ton verre — il n’y a pure ivresse que de l’ abandon —, car voici qu’à son tour il s’égare au bras d’une erreur inc
2008 don —, car voici qu’à son tour il s’égare au bras d’ une erreur inconnue, ton fantôme éternel, ton « Désir désiré ». xv
2009 on fantôme éternel, ton « Désir désiré ». xvi Les eaux fades du Balaton Deux jours après, dégrisé, je nageais dans l
2010 ton Deux jours après, dégrisé, je nageais dans les eaux fades du Balaton. Ces eaux, je crois, s’en vont à la mer Noire,
2011 fades du Balaton. Ces eaux, je crois, s’en vont à la mer Noire, et je n’en connais pas les fées, c’est pourquoi je nageais
2012 s’en vont à la mer Noire, et je n’en connais pas les fées, c’est pourquoi je nageais à brasses prudentes avec aux jambes l
2013 oi je nageais à brasses prudentes avec aux jambes l’ imperceptible angoisse de rencontrer une onde trop légère. Mais pour c
2014 rudentes avec aux jambes l’imperceptible angoisse de rencontrer une onde trop légère. Mais pour connaître un lac, il faut
2015 ger ; et ensuite, s’il vous a paru beau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur caprice, tandis que s’y baign
2016 eau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur caprice, tandis que s’y baigner est une règle de savoir-vivre ave
2017 pur caprice, tandis que s’y baigner est une règle de savoir-vivre avec la Nature. Lac doré, horizon de collines pointues,
2018 ue s’y baigner est une règle de savoir-vivre avec la Nature. Lac doré, horizon de collines pointues, rives basses, verdoya
2019 de savoir-vivre avec la Nature. Lac doré, horizon de collines pointues, rives basses, verdoyantes, toutes fraîches de musi
2020 ntues, rives basses, verdoyantes, toutes fraîches de musiquettes et de baigneuses ; quais de Balaton-Füred aux élégances b
2021 s, verdoyantes, toutes fraîches de musiquettes et de baigneuses ; quais de Balaton-Füred aux élégances bourgeoises et mili
2022 fraîches de musiquettes et de baigneuses ; quais de Balaton-Füred aux élégances bourgeoises et militaires, idylles de jar
2023 aux élégances bourgeoises et militaires, idylles de jardins publics à l’écart d’un concert du samedi soir, petits profess
2024 oises et militaires, idylles de jardins publics à l’ écart d’un concert du samedi soir, petits professeurs entourés de leur
2025 militaires, idylles de jardins publics à l’écart d’ un concert du samedi soir, petits professeurs entourés de leur famille
2026 ncert du samedi soir, petits professeurs entourés de leur famille, et toutes ces Magda, toutes ces Maritza rieuses et déjà
2027 r quelques jours ? On ferait connaissance à table d’ hôte, on irait ensemble à Tihany — elle a l’air d’être en Italie sur s
2028 d’hôte, on irait ensemble à Tihany — elle a l’air d’ être en Italie sur sa presqu’île — par cet instable bateau-mouche qui
2029 cet instable bateau-mouche qui naguère emportait l’ infortuné roi Charles. Non, non, plutôt emmener ce désir, comme un ten
2030 plutôt emmener ce désir, comme un tendre souvenir de voyage, et partir en croyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne,
2031 e souvenir de voyage, et partir en croyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne, et les petites gens plus de bonté… Déj
2032 t partir en croyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne, et les petites gens plus de bonté… Déjà je suis repris par le
2033 oyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne, et les petites gens plus de bonté… Déjà je suis repris par le malaise que m’
2034 parfois moins de hargne, et les petites gens plus de bonté… Déjà je suis repris par le malaise que m’infligent les lieux f
2035 tites gens plus de bonté… Déjà je suis repris par le malaise que m’infligent les lieux faciles. Ô tristesse des crèmeries
2036 éjà je suis repris par le malaise que m’infligent les lieux faciles. Ô tristesse des crèmeries et des jardins ! C’est devan
2037  ! C’est devant une glace panachée qu’il m’arrive de douter de la vie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nu
2038 evant une glace panachée qu’il m’arrive de douter de la vie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai r
2039 nt une glace panachée qu’il m’arrive de douter de la vie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé
2040 er de la vie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’app
2041 ie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’apparence roc
2042 pproches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’apparence rocheuse — ce sont des rest
2043 , j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’ apparence rocheuse — ce sont des restes de volcans — blanches sous la
2044 basses, d’apparence rocheuse — ce sont des restes de volcans — blanches sous la Lune et toutes lustrées de rêches végétati
2045 e — ce sont des restes de volcans — blanches sous la Lune et toutes lustrées de rêches végétations. J’ai traversé l’angois
2046 olcans — blanches sous la Lune et toutes lustrées de rêches végétations. J’ai traversé l’angoisse lunaire des villages vid
2047 tes lustrées de rêches végétations. J’ai traversé l’ angoisse lunaire des villages vides aux portes aveugles (j’avais peur
2048 vides aux portes aveugles (j’avais peur du bruit de mes pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers dans les champs de maïs,
2049 mes pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’être n’im
2050 u hasard, j’ai suivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’être n’importe où…
2051 uivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’être n’importe où… évadé ? Mais
2052 sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’ une joie inconnue. Joie d’être n’importe où… évadé ? Mais soudain,
2053 e maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’ être n’importe où… évadé ? Mais soudain, c’est au silence que je me
2054 au silence que je me heurte, comme réveillé dans l’ absurdité d’être n’importe où. Une panique balaye la nuit déserte jusq
2055 que je me heurte, comme réveillé dans l’absurdité d’ être n’importe où. Une panique balaye la nuit déserte jusqu’à l’horizo
2056 absurdité d’être n’importe où. Une panique balaye la nuit déserte jusqu’à l’horizon. Où vas-tu, les mains vides, faiblemen
2057 te où. Une panique balaye la nuit déserte jusqu’à l’ horizon. Où vas-tu, les mains vides, faiblement ? Ah ! toutes les acti
2058 aye la nuit déserte jusqu’à l’horizon. Où vas-tu, les mains vides, faiblement ? Ah ! toutes les actions précises et courage
2059 vas-tu, les mains vides, faiblement ? Ah ! toutes les actions précises et courageuses, tout ce qui t’appelle là-bas, mainte
2060 maintenant, maintenant, où tu n’es pas — et tant d’ amour perdu… Un train dormait devant la gare campagnarde. Je me suis é
2061 — et tant d’amour perdu… Un train dormait devant la gare campagnarde. Je me suis étendu dans un compartiment obscur, stor
2062 du dans un compartiment obscur, stores baissés, à l’ abri de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars.
2063 un compartiment obscur, stores baissés, à l’abri de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube
2064 compartiment obscur, stores baissés, à l’abri de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube m’
2065 ment obscur, stores baissés, à l’abri de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube m’éveille d
2066 ontrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’ aube m’éveille dans les faubourgs de Budapest, cheveux en désordre, pa
2067 n rôle dans mes cauchemars. L’aube m’éveille dans les faubourgs de Budapest, cheveux en désordre, pantalon plissé, et cet a
2068 s cauchemars. L’aube m’éveille dans les faubourgs de Budapest, cheveux en désordre, pantalon plissé, et cet abruti de cont
2069 eveux en désordre, pantalon plissé, et cet abruti de contrôleur qui rit et me dit je ne sais quoi, — alors que justement j
2070 rs que justement j’allais rattraper, comme un pan de la nuit fuyante, un songe où j’ai dû voir l’Objet pour la première fo
2071 que justement j’allais rattraper, comme un pan de la nuit fuyante, un songe où j’ai dû voir l’Objet pour la première fois 
2072 pan de la nuit fuyante, un songe où j’ai dû voir l’ Objet pour la première fois — ou bien était-ce un être ? xvii Inso
2073 ait-ce un être ? xvii Insomnie J’éteignais la lampe et la veilleuse me rendait compagnon d’une momie bleuâtre, mais
2074 re ? xvii Insomnie J’éteignais la lampe et la veilleuse me rendait compagnon d’une momie bleuâtre, mais peut-on se
2075 ais la lampe et la veilleuse me rendait compagnon d’ une momie bleuâtre, mais peut-on se reposer vraiment à 100 km à l’heur
2076 âtre, mais peut-on se reposer vraiment à 100 km à l’ heure. Par-dessous le store, je voyais la Lune faire des bonds courts
2077 reposer vraiment à 100 km à l’heure. Par-dessous le store, je voyais la Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée
2078 100 km à l’heure. Par-dessous le store, je voyais la Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée de nuit. J’essayais
2079 ore, je voyais la Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée de nuit. J’essayais de penser par-dessous le rythme ob
2080 Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée de nuit. J’essayais de penser par-dessous le rythme obstiné de cette hur
2081 courts sur la plaine inondée de nuit. J’essayais de penser par-dessous le rythme obstiné de cette hurlante bousculade sur
2082 inondée de nuit. J’essayais de penser par-dessous le rythme obstiné de cette hurlante bousculade sur place qu’est un voyag
2083 ’essayais de penser par-dessous le rythme obstiné de cette hurlante bousculade sur place qu’est un voyage en express. Mais
2084 est un voyage en express. Mais je ne trouvais pas la pente de mon esprit, et tout en le parcourant avec une soif qui annon
2085 yage en express. Mais je ne trouvais pas la pente de mon esprit, et tout en le parcourant avec une soif qui annonçait le d
2086 e trouvais pas la pente de mon esprit, et tout en le parcourant avec une soif qui annonçait le désert, je traçais des plan
2087 tout en le parcourant avec une soif qui annonçait le désert, je traçais des plans d’œuvres sablonneuses. Je composais un t
2088 oif qui annonçait le désert, je traçais des plans d’ œuvres sablonneuses. Je composais un traité des voyages : les titres e
2089 ablonneuses. Je composais un traité des voyages : les titres en étaient de Sénèque ou de Swift, et je voyais très bien ce q
2090 ais un traité des voyages : les titres en étaient de Sénèque ou de Swift, et je voyais très bien ce qu’en eussent tiré Ste
2091 des voyages : les titres en étaient de Sénèque ou de Swift, et je voyais très bien ce qu’en eussent tiré Sterne ou Goethe,
2092 e à Gérard de Nerval, je sentais qu’il s’agissait d’ autre chose. — Il s’agit toujours d’autre chose que de ce qu’on dit.
2093 il s’agissait d’autre chose. — Il s’agit toujours d’ autre chose que de ce qu’on dit. (L’imprudence que de penser dans l’i
2094 tre chose. — Il s’agit toujours d’autre chose que de ce qu’on dit. (L’imprudence que de penser dans l’insomnie ! Cela tou
2095 git toujours d’autre chose que de ce qu’on dit. ( L’ imprudence que de penser dans l’insomnie ! Cela tourne tout de suite à
2096 tre chose que de ce qu’on dit. (L’imprudence que de penser dans l’insomnie ! Cela tourne tout de suite à la débauche. Not
2097 e ce qu’on dit. (L’imprudence que de penser dans l’ insomnie ! Cela tourne tout de suite à la débauche. Notre liberté de p
2098 ser dans l’insomnie ! Cela tourne tout de suite à la débauche. Notre liberté de penser est absurde au regard des contraint
2099 tourne tout de suite à la débauche. Notre liberté de penser est absurde au regard des contraintes que subissent nos gestes
2100 giner ce qui se produirait, si par quelque Décret l’ on élevait la Morale du domaine des actions à celui de la pensée, de l
2101 se produirait, si par quelque Décret l’on élevait la Morale du domaine des actions à celui de la pensée, de l’Apparence à
2102 élevait la Morale du domaine des actions à celui de la pensée, de l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés q
2103 evait la Morale du domaine des actions à celui de la pensée, de l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés qui
2104 rale du domaine des actions à celui de la pensée, de l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent,
2105 e du domaine des actions à celui de la pensée, de l’ Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent, le
2106 es actions à celui de la pensée, de l’Apparence à l’ Essence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent, le chômage dans l
2107 à celui de la pensée, de l’Apparence à l’Essence. D’ un coup, tous les refoulés qui explosent, le chômage dans la gendarmer
2108 nsée, de l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent, le chômage dans la gendarmerie et les fakirs
2109 ence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent, le chômage dans la gendarmerie et les fakirs débordés. L’hypocrisie s’en
2110 tous les refoulés qui explosent, le chômage dans la gendarmerie et les fakirs débordés. L’hypocrisie s’en tire avec une v
2111 qui explosent, le chômage dans la gendarmerie et les fakirs débordés. L’hypocrisie s’en tire avec une volte-face.) Quelle
2112 ômage dans la gendarmerie et les fakirs débordés. L’ hypocrisie s’en tire avec une volte-face.) Quelle heure est-il ? La Lu
2113 tire avec une volte-face.) Quelle heure est-il ? La Lune se tient assez bien depuis un moment, c’est que la ligne est dro
2114 e se tient assez bien depuis un moment, c’est que la ligne est droite. Je ne sais plus dans quel sens je roule. J’aime ces
2115 l sens je roule. J’aime ces heures désorientées ; le sentiment du « non-sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que
2116 eures désorientées ; le sentiment du « non-sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur
2117 es désorientées ; le sentiment du « non-sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur dés
2118 sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur désert, — cette zone vide qu’il faut travers
2119 one vide qu’il faut traverser avant de parvenir à la Réalité. Entre « déjà plus » et « pas encore »… Bon point de vue pour
2120 Entre « déjà plus » et « pas encore »… Bon point de vue pour déconsidérer nos raisons de vivre. La maladie aussi. Rien ne
2121 »… Bon point de vue pour déconsidérer nos raisons de vivre. La maladie aussi. Rien ne ressemble au voyage comme la maladie
2122 nt de vue pour déconsidérer nos raisons de vivre. La maladie aussi. Rien ne ressemble au voyage comme la maladie. C’est la
2123 maladie aussi. Rien ne ressemble au voyage comme la maladie. C’est la même angoisse au départ, le même dépaysement au ret
2124 en ne ressemble au voyage comme la maladie. C’est la même angoisse au départ, le même dépaysement au retour. « Il revient
2125 mme la maladie. C’est la même angoisse au départ, le même dépaysement au retour. « Il revient de loin » signifie : qu’il v
2126 part, le même dépaysement au retour. « Il revient de loin » signifie : qu’il vient d’être très malade. Si dans ta chambre,
2127 ur. « Il revient de loin » signifie : qu’il vient d’ être très malade. Si dans ta chambre, en plein jour, tu t’endors, et q
2128 chambre, en plein jour, tu t’endors, et que, vers le soir, tu t’éveilles dans une lueur jaune, ne sachant plus en quel end
2129 le que tu es parti. Voyager — serait-ce brouiller les horaires ? Le voyage est un état d’âme et non pas une question de tra
2130 rti. Voyager — serait-ce brouiller les horaires ? Le voyage est un état d’âme et non pas une question de transport. Un vra
2131 voyage est un état d’âme et non pas une question de transport. Un vrai voyage, on ne sait jamais où cela mène, c’est une
2132 amais où cela mène, c’est une aventure qui relève de la métaphysique plus que de la psychologie. — Une vaste licence poéti
2133 is où cela mène, c’est une aventure qui relève de la métaphysique plus que de la psychologie. — Une vaste licence poétique
2134 e aventure qui relève de la métaphysique plus que de la psychologie. — Une vaste licence poétique… (Voici bien la fatigue
2135 venture qui relève de la métaphysique plus que de la psychologie. — Une vaste licence poétique… (Voici bien la fatigue ave
2136 ologie. — Une vaste licence poétique… (Voici bien la fatigue avec son jeu des définitions)… pas de but. — C’est vous qui l
2137 ien la fatigue avec son jeu des définitions)… pas de but. — C’est vous qui le dites ! — Vous, naturellement… (Encore un qu
2138 eu des définitions)… pas de but. — C’est vous qui le dites ! — Vous, naturellement… (Encore un qui se réveille dans ma têt
2139 tu n’étais prêt à voir ? — Mais il fallait aller le voir ! — La vie est presque partout la même… — Mais en voyage on la r
2140 prêt à voir ? — Mais il fallait aller le voir ! — La vie est presque partout la même… — Mais en voyage on la regarde mieux
2141 lait aller le voir ! — La vie est presque partout la même… — Mais en voyage on la regarde mieux. — La vie… (une sorte de c
2142 est presque partout la même… — Mais en voyage on la regarde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar de la pensée, qui ne
2143 la même… — Mais en voyage on la regarde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar de la pensée, qui ne peut plus s’arrêter
2144 voyage on la regarde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar de la pensée, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peu
2145 regarde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar de la pensée, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on ch
2146 garde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar de la pensée, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on cherc
2147 auchemar de la pensée, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seuleme
2148 us s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher d
2149 êter de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon êt
2150 r de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon être
2151 e sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon être véritable. Seul au milieu des miens, j’oubliais ma race, j’a
2152 au milieu des miens, j’oubliais ma race, j’avais l’ illusion de n’être rien que… moi-même. Identique à mon centre. Ici, co
2153 des miens, j’oubliais ma race, j’avais l’illusion de n’être rien que… moi-même. Identique à mon centre. Ici, comparé à tan
2154 resque infiniment variable, indéterminé. Et c’est le voyage qui me fixe. Je rayonnais, on me dessine. Mais en même temps,
2155 Mais en même temps, j’ai découvert mes puissances d’ évasion intérieure. Et souvent je pressens qu’il existe une clef : dél
2156 uvent je pressens qu’il existe une clef : délivré de moi-même j’entrerais en plein Moi… Une clef ? Plutôt « cela » qui me
2157 oi… Une clef ? Plutôt « cela » qui me permettrait de combler l’écart entre moi et Moi qui est la seule réalité absolument
2158 f ? Plutôt « cela » qui me permettrait de combler l’ écart entre moi et Moi qui est la seule réalité absolument tragique… U
2159 trait de combler l’écart entre moi et Moi qui est la seule réalité absolument tragique… Une chose ? Un être ? L’Objet ? — 
2160 éalité absolument tragique… Une chose ? Un être ? L’ Objet ? — Est-ce que je dors dans mes pensées ? La veilleuse fleurit s
2161 L’Objet ? — Est-ce que je dors dans mes pensées ? La veilleuse fleurit soudain d’un éclat bleu douloureux, le train ralent
2162 s dans mes pensées ? La veilleuse fleurit soudain d’ un éclat bleu douloureux, le train ralentit. Hegyeshalom, petite gare
2163 leuse fleurit soudain d’un éclat bleu douloureux, le train ralentit. Hegyeshalom, petite gare frontière arrêtée au milieu
2164 halom, petite gare frontière arrêtée au milieu de la plaine à l’heure A, — l’heure des arrivées et des adieux… Il y a dans
2165 e gare frontière arrêtée au milieu de la plaine à l’ heure A, — l’heure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous les ré
2166 ère arrêtée au milieu de la plaine à l’heure A, —  l’ heure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous les réveils une dét
2167 eure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous les réveils une détresse et une délivrance étrangement mêlées. xviii
2168 e et une délivrance étrangement mêlées. xviii Les clefs perdues Il faudrait sortir à l’air frais, mais chaque porte
2169 xviii Les clefs perdues Il faudrait sortir à l’ air frais, mais chaque porte est obstruée par un douanier, tant qu’à l
2170 que porte est obstruée par un douanier, tant qu’à la fin on me refoule dans mon compartiment. Est-ce encore un rêve ? Je c
2171 it ouvrir ces valises, mais j’ai perdu mes clefs. L’ œil du douanier conseille des aveux complets. J’ai le feu à la tête, m
2172 il du douanier conseille des aveux complets. J’ai le feu à la tête, mais je suis innocent : puisque enfin il n’est pas dan
2173 anier conseille des aveux complets. J’ai le feu à la tête, mais je suis innocent : puisque enfin il n’est pas dans ma vali
2174 Cependant, « rien à déclarer » après des semaines de voyage ? Cela va paraître improbable. On a dû voir sur moi que je le
2175 paraître improbable. On a dû voir sur moi que je le cherche, c’est pourquoi l’œil est implacable… Pas de clefs dans mes o
2176 dû voir sur moi que je le cherche, c’est pourquoi l’ œil est implacable… Pas de clefs dans mes onze poches. Seulement ce pa
2177 cherche, c’est pourquoi l’œil est implacable… Pas de clefs dans mes onze poches. Seulement ce papier timbré d’un ministère
2178 dans mes onze poches. Seulement ce papier timbré d’ un ministère… mais déjà l’œil s’éteint, le corps se plie, fait demi-to
2179 lement ce papier timbré d’un ministère… mais déjà l’ œil s’éteint, le corps se plie, fait demi-tour et puis s’en va. Rien,
2180 timbré d’un ministère… mais déjà l’œil s’éteint, le corps se plie, fait demi-tour et puis s’en va. Rien, rien à déclarer,
2181 tristesse. Mais qu’a-t-on jamais pu « déclarer » d’ important ? Je ne sais pas parler en vers et la prose n’indique que le
2182  » d’important ? Je ne sais pas parler en vers et la prose n’indique que les choses les plus évidentes. C’est bien pourquo
2183 sais pas parler en vers et la prose n’indique que les choses les plus évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet n’a pas de nom
2184 rler en vers et la prose n’indique que les choses les plus évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet n’a pas de nom. Parfois j
2185 es choses les plus évidentes. C’est bien pourquoi l’ Objet n’a pas de nom. Parfois je me suis demandé s’il n’était pas une
2186 us évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet n’a pas de nom. Parfois je me suis demandé s’il n’était pas une sorte de pierre
2187 ois je me suis demandé s’il n’était pas une sorte de pierre philosophale. Peut-être ces deux mots suffiraient-ils à l’indi
2188 ophale. Peut-être ces deux mots suffiraient-ils à l’ indiquer quand je m’en parle ? Tout en donnant le change à celles de m
2189 l’indiquer quand je m’en parle ? Tout en donnant le change à celles de mes pensées qui exigent des apparences positives.
2190 e m’en parle ? Tout en donnant le change à celles de mes pensées qui exigent des apparences positives. Ainsi donc, j’ai ch
2191 es apparences positives. Ainsi donc, j’ai cherché la Pierre des philosophes. D’autres aussi, peut-être, la cherchent. Et q
2192 ierre des philosophes. D’autres aussi, peut-être, la cherchent. Et qui sait si vraiment elle n’existe plus, l’Hermétique S
2193 hent. Et qui sait si vraiment elle n’existe plus, l’ Hermétique Société13 de ceux qui ne désespèrent pas encore du Grand Œu
2194 aiment elle n’existe plus, l’Hermétique Société13 de ceux qui ne désespèrent pas encore du Grand Œuvre ? Cela seul est cer
2195 u’il existe des signes. Peut-être faut-il d’abord les découvrir tous par soi-même. Et c’est alors seulement qu’aux yeux de
2196 seulement qu’aux yeux de ceux qui surent désirer de la voir, apparaît la « Loge invisible ». J’attends, j’appelle quelqu’
2197 ulement qu’aux yeux de ceux qui surent désirer de la voir, apparaît la « Loge invisible ». J’attends, j’appelle quelqu’un
2198 x de ceux qui surent désirer de la voir, apparaît la « Loge invisible ». J’attends, j’appelle quelqu’un qui vienne me pren
2199 ds, j’appelle quelqu’un qui vienne me prendre par la main. Ainsi je quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’elle m’a do
2200 ui vienne me prendre par la main. Ainsi je quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’elle m’a donné ? Cette notion plus v
2201 out ce qu’elle m’a donné ? Cette notion plus vive d’ un univers où la présence de l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bi
2202 ’a donné ? Cette notion plus vive d’un univers où la présence de l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’ai-je su vo
2203 ette notion plus vive d’un univers où la présence de l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’ai-je su voir autre cho
2204 e notion plus vive d’un univers où la présence de l’ Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’ai-je su voir autre chose
2205 robable ? Ou bien n’ai-je su voir autre chose que la Hongrie de mes rêves, ma Hongrie intérieure ? Il est vrai que l’on co
2206 u bien n’ai-je su voir autre chose que la Hongrie de mes rêves, ma Hongrie intérieure ? Il est vrai que l’on connaît depui
2207 es rêves, ma Hongrie intérieure ? Il est vrai que l’ on connaît depuis toujours ce qu’une fois l’on aimera. Et les uns dise
2208 i que l’on connaît depuis toujours ce qu’une fois l’ on aimera. Et les uns disent qu’il faut connaître pour aimer ; les aut
2209 ît depuis toujours ce qu’une fois l’on aimera. Et les uns disent qu’il faut connaître pour aimer ; les autres, aimer pour c
2210 les uns disent qu’il faut connaître pour aimer ; les autres, aimer pour connaître. Débat qui se résout dans une synthèse,
2211 sout dans une synthèse, comme toujours : au point de perfection, aimer et connaître sont un seul et même acte. Peut-être l
2212 et connaître sont un seul et même acte. Peut-être l’ ai-je aimée d’un amour égoïste, comme un être dont on a besoin et de q
2213 ont un seul et même acte. Peut-être l’ai-je aimée d’ un amour égoïste, comme un être dont on a besoin et de qui l’on chérit
2214 amour égoïste, comme un être dont on a besoin et de qui l’on chérit surtout ce dont on manque : touchantes annexions, pie
2215 égoïste, comme un être dont on a besoin et de qui l’ on chérit surtout ce dont on manque : touchantes annexions, pieux mens
2216 amour est un amour mineur. Mais qui saura jamais la vérité sur aucun être ? Et s’il fallait attendre pour aimer ! Je me s
2217 s’il fallait attendre pour aimer ! Je me souviens de ces terrains de sable noir, piqués de petits arbres et d’un désordre
2218 endre pour aimer ! Je me souviens de ces terrains de sable noir, piqués de petits arbres et d’un désordre de maisons basse
2219 me souviens de ces terrains de sable noir, piqués de petits arbres et d’un désordre de maisons basses, les dernières de la
2220 errains de sable noir, piqués de petits arbres et d’ un désordre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen,
2221 le noir, piqués de petits arbres et d’un désordre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la
2222 petits arbres et d’un désordre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore
2223 et d’un désordre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de
2224 d’un désordre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de so
2225 rdre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de soleil couc
2226 les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de soleil couchant. J’y suis venu par
2227 cen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de soleil couchant. J’y suis venu par hasard, en flânant ; je me suis sa
2228 ent j’ai peine à m’imaginer que jamais plus je ne la reverrai, cette lumière en ce lieu, secrète et familière. Songeant à
2229 autres semblables, en voyage, je me dis que c’est de là que j’ai tiré le sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive d’é
2230 n voyage, je me dis que c’est de là que j’ai tiré le sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive d’éprouver en face d’un
2231 me dis que c’est de là que j’ai tiré le sentiment d’ absurdité foncière qu’il m’arrive d’éprouver en face d’une action pure
2232 le sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive d’ éprouver en face d’une action purement raisonnable. Ah ! quelle raison
2233 le. Ah ! quelle raison ici t’attirait donc, sinon l’ espoir bien fou d’y retrouver l’émotion d’un miracle imminent. Ou moin
2234 ison ici t’attirait donc, sinon l’espoir bien fou d’ y retrouver l’émotion d’un miracle imminent. Ou moins encore : l’image
2235 irait donc, sinon l’espoir bien fou d’y retrouver l’ émotion d’un miracle imminent. Ou moins encore : l’image, née en rêve,
2236 , sinon l’espoir bien fou d’y retrouver l’émotion d’ un miracle imminent. Ou moins encore : l’image, née en rêve, d’une pla
2237 ’émotion d’un miracle imminent. Ou moins encore : l’ image, née en rêve, d’une plaine, d’un couchant plus grandiose au ciel
2238 imminent. Ou moins encore : l’image, née en rêve, d’ une plaine, d’un couchant plus grandiose au ciel et sur la terre plus
2239 oins encore : l’image, née en rêve, d’une plaine, d’ un couchant plus grandiose au ciel et sur la terre plus secret que dan
2240 aine, d’un couchant plus grandiose au ciel et sur la terre plus secret que dans ton pays. Tu attendais une révélation, non
2241 ton pays. Tu attendais une révélation, non point de cet endroit, ni même par lui, — mais à cet endroit, en ce temps. Qui
2242 ais à cet endroit, en ce temps. Qui sait si tu ne l’ as pas reçue ? Une qualité, une tendresse, quelque similitude… Oh ! si
2243 Mais qu’est-ce que ce voyage, si tu songes à tous les espaces à parcourir encore dans ce monde et dans d’autres, dans cette
2244 s cette vie et dans d’autres vies, pour approcher de tous côtés un But dont tu ne sais rien d’autre que sa fuite : n’est-i
2245 procher de tous côtés un But dont tu ne sais rien d’ autre que sa fuite : n’est-il pas cet objet qui n’ait rien de commun a
2246 sa fuite : n’est-il pas cet objet qui n’ait rien de commun avec ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le voir, c
2247 bjet qui n’ait rien de commun avec ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans la totali
2248 ec ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans la totalité du monde, effacer ta dernière
2249 n cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans la totalité du monde, effacer ta dernière différence, — car on ne voit q
2250 nière différence, — car on ne voit que ce qui est de soi-même, et conscient. Et c’est à cause d’un pari peut-être fou, et
2251 i est de soi-même, et conscient. Et c’est à cause d’ un pari peut-être fou, et qui porte sur des sentiments indéfinis, à ca
2252 nts indéfinis, à cause de ce pari dont tu n’as vu l’ enjeu qu’un seul instant — nos rêves sont instantanés — que tu es part
2253 tu t’intéresses, tu serres des mains, — tu perds les clefs de tes valises… (Cela encore : m’arrêter à Vienne à cause des s
2254 resses, tu serres des mains, — tu perds les clefs de tes valises… (Cela encore : m’arrêter à Vienne à cause des serrures.
2255 s serrures. Peut-être y passer une nuit — rôder à la recherche de Gérard par les rues noires aux palais vides mais hantés,
2256 eut-être y passer une nuit — rôder à la recherche de Gérard par les rues noires aux palais vides mais hantés, et dans les
2257 ser une nuit — rôder à la recherche de Gérard par les rues noires aux palais vides mais hantés, et dans les grands cafés du
2258 rues noires aux palais vides mais hantés, et dans les grands cafés du centre. Quelle autre rencontre espérer — maintenant ?
2259 xix « Tous ceux qui quittent ce monde vont à la Lune — lit-on dans les upanishads. — Or si un homme n’est pas satisfa
2260 ui quittent ce monde vont à la Lune — lit-on dans les upanishads. — Or si un homme n’est pas satisfait dans la lune, celle-
2261 ishads. — Or si un homme n’est pas satisfait dans la lune, celle-ci le libère (le laisse aller chez Brahma) ; mais si un h
2262 homme n’est pas satisfait dans la lune, celle-ci le libère (le laisse aller chez Brahma) ; mais si un homme y est satisfa
2263 t pas satisfait dans la lune, celle-ci le libère ( le laisse aller chez Brahma) ; mais si un homme y est satisfait, la Lune
2264 chez Brahma) ; mais si un homme y est satisfait, la Lune le renvoie sur terre en forme de pluie. » Si je trouvais un jour
2265 ahma) ; mais si un homme y est satisfait, la Lune le renvoie sur terre en forme de pluie. » Si je trouvais un jour l’Objet
2266 terre en forme de pluie. » Si je trouvais un jour l’ Objet, il ne me resterait qu’à le détruire. (Aussitôt je commence à co
2267 trouvais un jour l’Objet, il ne me resterait qu’à le détruire. (Aussitôt je commence à comprendre ce qu’il est : cela qui
2268 7. Rappelons que notre société est fondée sur la peur du risque. Je vis plutôt mal. 8. Il faut ajouter aux autres cau
2269 plutôt mal. 8. Il faut ajouter aux autres causes de l’incompréhension des journalistes la ruse hongroise qu’ils ne peuven
2270 tôt mal. 8. Il faut ajouter aux autres causes de l’ incompréhension des journalistes la ruse hongroise qu’ils ne peuvent p
2271 tres causes de l’incompréhension des journalistes la ruse hongroise qu’ils ne peuvent pas déjouer, car le Hongrois est ing
2272 ruse hongroise qu’ils ne peuvent pas déjouer, car le Hongrois est ingénument rusé, à la façon des passionnés, non point à
2273 s déjouer, car le Hongrois est ingénument rusé, à la façon des passionnés, non point à celle des arrivistes. 9. Parce que
2274 à celle des arrivistes. 9. Parce que j’« exalte les valeurs de passion » — pour parler comme le seul clerc qui n’ait pas
2275 arrivistes. 9. Parce que j’« exalte les valeurs de passion » — pour parler comme le seul clerc qui n’ait pas trahi — qui
2276 alte les valeurs de passion » — pour parler comme le seul clerc qui n’ait pas trahi — qui me paraissent être la grandeur d
2277 lerc qui n’ait pas trahi — qui me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, p
2278 it pas trahi — qui me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin
2279 pas trahi — qui me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin ce
2280 r de la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin cet état d’esprit que j’admire est, entre autre
2281 belliqueux. Or je suis pacifiste. Comment ne pas l’ être ! Mais je crois que les pacifistes qui veulent assurer la paix pa
2282 ifiste. Comment ne pas l’être ! Mais je crois que les pacifistes qui veulent assurer la paix par la mutilation des passions
2283 s je crois que les pacifistes qui veulent assurer la paix par la mutilation des passions sont disciples d’Origène. Il doit
2284 ue les pacifistes qui veulent assurer la paix par la mutilation des passions sont disciples d’Origène. Il doit y avoir d’a
2285 aix par la mutilation des passions sont disciples d’ Origène. Il doit y avoir d’autres solutions… 10. Toute l’échelle des
2286 e. Il doit y avoir d’autres solutions… 10. Toute l’ échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule,
2287 ons… 10. Toute l’échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11.
2288 … 10. Toute l’échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Exp
2289 ute l’échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Expression o
2290 l’échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’ alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Expression où v
2291 des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Expression où va se réfug
2292 s ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Expression où va se réfugier
2293  : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Expression où va se réfugier le dernie
2294 ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Expression où va se réfugier le dernier v
2295 a faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 11. Expression où va se réfugier le dernier vestige de la
2296 aim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’ extase. 11. Expression où va se réfugier le dernier vestige de la sen
2297 . Expression où va se réfugier le dernier vestige de la sensualité des érudits. 12. La fameuse marche de Rakoczy est l’œu
2298 xpression où va se réfugier le dernier vestige de la sensualité des érudits. 12. La fameuse marche de Rakoczy est l’œuvre
2299 ernier vestige de la sensualité des érudits. 12. La fameuse marche de Rakoczy est l’œuvre d’une Tzigane. 13. L’or n’étai
2300 la sensualité des érudits. 12. La fameuse marche de Rakoczy est l’œuvre d’une Tzigane. 13. L’or n’était qu’un prétexte.
2301 es érudits. 12. La fameuse marche de Rakoczy est l’ œuvre d’une Tzigane. 13. L’or n’était qu’un prétexte. Encore une blag
2302 ts. 12. La fameuse marche de Rakoczy est l’œuvre d’ une Tzigane. 13. L’or n’était qu’un prétexte. Encore une blague de pa
2303 marche de Rakoczy est l’œuvre d’une Tzigane. 13. L’ or n’était qu’un prétexte. Encore une blague de passeport.
2304 3. L’or n’était qu’un prétexte. Encore une blague de passeport.
6 1932, Le Paysan du Danube. Deuxième partie. La lenteur des choses — La tour de Hölderlin
2305 La tour de Hölderlin « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au
2306 La tour de Hölderlin « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au bord d’
2307 e une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’il dort les portes ouvertes, et pendant des heures récite des odes grecques au mu
2308 nt des heures récite des odes grecques au murmure de l’eau ; la princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il
2309 des heures récite des odes grecques au murmure de l’ eau ; la princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il a c
2310 es récite des odes grecques au murmure de l’eau ; la princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il a coupé les
2311 l’eau ; la princesse de Homburg lui a fait cadeau d’ un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plu
2312 burg lui a fait cadeau d’un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plusieurs touches sonnent encor
2313 lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu attirer là-des
2314 piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’ image de son âme ; j’ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin
2315 ont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais i
2316 l’image de son âme ; j’ai voulu attirer là-dessus l’ attention du médecin, mais il est plus difficile de se faire comprendr
2317 ’attention du médecin, mais il est plus difficile de se faire comprendre par un sot que par un fou. » L’hiver dernier, m’o
2318 se faire comprendre par un sot que par un fou. » L’ hiver dernier, m’occupant assez longuement d’un des poètes auxquels no
2319 u. » L’hiver dernier, m’occupant assez longuement d’ un des poètes auxquels notre temps doit vouer l’attention la plus grav
2320 t d’un des poètes auxquels notre temps doit vouer l’ attention la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’esprit hu
2321 oètes auxquels notre temps doit vouer l’attention la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’esprit humain qui con
2322 ion la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’esprit humain qui confinent peut-être à l’Esprit et dont certains d
2323 la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’ esprit humain qui confinent peut-être à l’Esprit et dont certains des
2324 ches de l’esprit humain qui confinent peut-être à l’ Esprit et dont certains des plus purs d’entre nous ont voulu tenter le
2325 tains des plus purs d’entre nous ont voulu tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sa
2326 u tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute assez profondément pour qu’aujou
2327 enter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’ émouvante Bettina, rêvé sans doute assez profondément pour qu’aujourd’
2328 sans doute assez profondément pour qu’aujourd’hui le hasard qui m’amène à Tubingue ne soit pas seulement un hasard… Hier,
2329 ue ne soit pas seulement un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où t
2330 seulement un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’
2331 nt un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’appellen
2332 un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’appellent,
2333 aute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’ appellent, combien sont dignes de s’attendre au don du langage sacré ?
2334 où tant de voix l’appellent, combien sont dignes de s’attendre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’est po
2335 s’attendre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui l’a consumé… Digne ? — Un ad
2336 angue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui l’ a consumé… Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rimait
2337 ui l’a consumé… Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rimait sagement des odes à la liberté… Et voici dans
2338 age de jeune fille qui rimait sagement des odes à la liberté… Et voici dans sa vie cette double venue de l’amour et du cha
2339 berté… Et voici dans sa vie cette double venue de l’ amour et du chant prophétique, confondant leurs flammes. Dix années da
2340 étique, confondant leurs flammes. Dix années dans le Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet être faible, humilié
2341 mmes. Dix années dans le Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet être faible, humilié par le monde. L’amour s’éloi
2342 ù le génie tourmente cet être faible, humilié par le monde. L’amour s’éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter la
2343 tourmente cet être faible, humilié par le monde. L’ amour s’éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter la maison de
2344 ’éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter la maison de Mme Gontard15, déchirement à peine sensible dans son œuvre.
2345 e premier, quand Hölderlin doit quitter la maison de Mme Gontard15, déchirement à peine sensible dans son œuvre. Car ce po
2346 dans son œuvre. Car ce poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas so
2347 n œuvre. Car ce poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas son auteur
2348 poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, —  d’ une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par
2349 ut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’ on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il
2350 ses Hymnes une sérénité presque effrayante. Vient le temps où le sens de son monologue entre terre et ciel lui échappe. Il
2351 ne sérénité presque effrayante. Vient le temps où le sens de son monologue entre terre et ciel lui échappe. Il jette encor
2352 ité presque effrayante. Vient le temps où le sens de son monologue entre terre et ciel lui échappe. Il jette encore quelqu
2353 rappelle — Ou bien envoie — un héros — Ou bien —  la sagesse. » Mais le feu s’éteint — l’esprit souffle où il veut. Juin 1
2354 envoie — un héros — Ou bien — la sagesse. » Mais le feu s’éteint — l’esprit souffle où il veut. Juin 1802 : au moment où
2355  — Ou bien — la sagesse. » Mais le feu s’éteint —  l’ esprit souffle où il veut. Juin 1802 : au moment où meurt Diotima, Höl
2356 au moment où meurt Diotima, Hölderlin errant loin d’ elle (dans la région de Bordeaux croit-on) est frappé d’insolation ; s
2357 meurt Diotima, Hölderlin errant loin d’elle (dans la région de Bordeaux croit-on) est frappé d’insolation ; sa folie d’un
2358 ima, Hölderlin errant loin d’elle (dans la région de Bordeaux croit-on) est frappé d’insolation ; sa folie d’un coup l’env
2359 (dans la région de Bordeaux croit-on) est frappé d’ insolation ; sa folie d’un coup l’envahit. C’est une sorte de vieillar
2360 eaux croit-on) est frappé d’insolation ; sa folie d’ un coup l’envahit. C’est une sorte de vieillard qui reparaît en Allema
2361 -on) est frappé d’insolation ; sa folie d’un coup l’ envahit. C’est une sorte de vieillard qui reparaît en Allemagne. Et du
2362 n ; sa folie d’un coup l’envahit. C’est une sorte de vieillard qui reparaît en Allemagne. Et durant trente années, ce pauv
2363 ente années, ce pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubingue, chez un charpentier — vivra très doucement,
2364 pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubingue, chez un charpentier — vivra très doucement, inexplicablemen
2365 rès doucement, inexplicablement, une vie monotone de vieux maniaque. Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce q
2366 plicablement, une vie monotone de vieux maniaque. Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce qui fut Hölderlin si
2367 e de vieux maniaque. Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce qui fut Hölderlin signe maintenant Scardanelli de
2368 s qu’il donne aux visiteurs venus pour contempler la victime d’un miracle. — C’était l’époque des amateurs de ruines. Je s
2369 ne aux visiteurs venus pour contempler la victime d’ un miracle. — C’était l’époque des amateurs de ruines. Je suis descend
2370 our contempler la victime d’un miracle. — C’était l’ époque des amateurs de ruines. Je suis descendu au bord de l’eau, un p
2371 ime d’un miracle. — C’était l’époque des amateurs de ruines. Je suis descendu au bord de l’eau, un peu au-dessous de la ma
2372 s amateurs de ruines. Je suis descendu au bord de l’ eau, un peu au-dessous de la maison, en attendant l’heure d’ouverture.
2373 s descendu au bord de l’eau, un peu au-dessous de la maison, en attendant l’heure d’ouverture. Il y a là une station de ca
2374 eau, un peu au-dessous de la maison, en attendant l’ heure d’ouverture. Il y a là une station de canots de louage où j’ai v
2375 peu au-dessous de la maison, en attendant l’heure d’ ouverture. Il y a là une station de canots de louage où j’ai vite déco
2376 endant l’heure d’ouverture. Il y a là une station de canots de louage où j’ai vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à
2377 eure d’ouverture. Il y a là une station de canots de louage où j’ai vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’un
2378 vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’ un « Hypérion ». En cherchant, je trouverais bien aussi un « Nietzsche
2379 tzsche » à fond plat. Des saules se penchent vers l’ eau lente. Sur l’autre rive qui est celle d’une longue île, des étudia
2380 vers l’eau lente. Sur l’autre rive qui est celle d’ une longue île, des étudiants au crâne rasé se promènent un roman jaun
2381 iants au crâne rasé se promènent un roman jaune à la main. L’un après l’autre, dans cette paresse de jour férié, les cloch
2382 à la main. L’un après l’autre, dans cette paresse de jour férié, les clochers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un
2383 après l’autre, dans cette paresse de jour férié, les clochers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors
2384 e, dans cette paresse de jour férié, les clochers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors de vieille
2385 dans cette paresse de jour férié, les clochers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors de vieille mai
2386 chers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors de vieille maison souabe, hauts et sombres, qui paraîtr
2387 sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors de vieille maison souabe, hauts et sombres, qui paraîtraient immenses s’
2388 traient immenses s’ils n’étaient à demi encombrés d’ armoires. Un couloir, la chambre. L’homme qui me conduit est le propri
2389 ’étaient à demi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homme qui me conduit est le propriétaire actuel. « Monsieu
2390 emi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’ homme qui me conduit est le propriétaire actuel. « Monsieur connaît Hö
2391 n couloir, la chambre. L’homme qui me conduit est le propriétaire actuel. « Monsieur connaît Hölderlin ? questionne-t-il,
2392 ? — (et comme je considère un ravissant médaillon de marbre) — Ça, c’est Diotima. » On rougirait à moins. — « Je ne puis p
2393 » On rougirait à moins. — « Je ne puis pas parler de lui, ici à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt l’on se met à ra
2394 , ici à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt l’ on se met à raconter les choses les plus affreuses sur son compte, sim
2395 vait Bettina, car aussitôt l’on se met à raconter les choses les plus affreuses sur son compte, simplement parce qu’il a ai
2396 a, car aussitôt l’on se met à raconter les choses les plus affreuses sur son compte, simplement parce qu’il a aimé une femm
2397 l a aimé une femme, pour écrire Hypérion, et pour les gens d’ici, aimer, c’est seulement vouloir se marier… » — Et puis plu
2398 uloir se marier… » — Et puis plus tard on encadre les lettres des amants, on propose le couple à l’admiration des écoliers
2399 ard on encadre les lettres des amants, on propose le couple à l’admiration des écoliers en promenade, et le guide désigne
2400 re les lettres des amants, on propose le couple à l’ admiration des écoliers en promenade, et le guide désigne familièremen
2401 uple à l’admiration des écoliers en promenade, et le guide désigne familièrement l’image d’une femme par le nom qu’elle po
2402 s en promenade, et le guide désigne familièrement l’ image d’une femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour. Tr
2403 menade, et le guide désigne familièrement l’image d’ une femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour. Trois peti
2404 ide désigne familièrement l’image d’une femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour. Trois petites fenêtres orn
2405 d’une femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour. Trois petites fenêtres ornées de cactus miséreux, une pipe q
2406 ne femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’ amour. Trois petites fenêtres ornées de cactus miséreux, une pipe qui
2407 mystère de l’amour. Trois petites fenêtres ornées de cactus miséreux, une pipe qui traîne sur l’appui ; le jardinet avec s
2408 rnées de cactus miséreux, une pipe qui traîne sur l’ appui ; le jardinet avec son banc et ses lilas fleuris qui trempent. T
2409 actus miséreux, une pipe qui traîne sur l’appui ; le jardinet avec son banc et ses lilas fleuris qui trempent. Tout est fa
2410 rmotter. Trente-sept ans dans cette chambre, avec le bruit de l’eau et cette complainte de malade épuisé après un grand ac
2411 Trente-sept ans dans cette chambre, avec le bruit de l’eau et cette complainte de malade épuisé après un grand accès de fi
2412 nte-sept ans dans cette chambre, avec le bruit de l’ eau et cette complainte de malade épuisé après un grand accès de fièvr
2413 ambre, avec le bruit de l’eau et cette complainte de malade épuisé après un grand accès de fièvre… L’agrément de ce mo
2414 complainte de malade épuisé après un grand accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeu
2415 malade épuisé après un grand accès de fièvre… L’ agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si
2416 sé après un grand accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps,
2417 d accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu
2418 fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles ont f
2419 L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles ont fui. Avril
2420 ’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles ont fui. Avril et
2421 en, je n’aime plus vivre. Il y avait encore plus de paix que maintenant. La grande allée sur l’île n’existait pas, en fac
2422 . Il y avait encore plus de paix que maintenant. La grande allée sur l’île n’existait pas, en face, ni les maisons. Il vo
2423 plus de paix que maintenant. La grande allée sur l’ île n’existait pas, en face, ni les maisons. Il voyait des prairies et
2424 rande allée sur l’île n’existait pas, en face, ni les maisons. Il voyait des prairies et des collines basses, de l’autre cô
2425 s. Il voyait des prairies et des collines basses, de l’autre côté de l’eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans
2426 prairies et des collines basses, de l’autre côté de l’eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la v
2427 airies et des collines basses, de l’autre côté de l’ eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie 
2428 u jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’a pas d
2429 et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’a pas de plaint
2430 verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’a pas de plainte… 
2431 la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : «  La perfection n’a pas de plainte… » Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m
2432  et cet aveu mystérieux : « La perfection n’a pas de plainte… » Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gar
2433 vait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh !
2434 — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4. Un
2435 . Il ne vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4. Une rue étouffée entre des maisons pointues et les contreforts
2436 4. Une rue étouffée entre des maisons pointues et les contreforts de l’Église du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour
2437 fée entre des maisons pointues et les contreforts de l’Église du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au prof
2438 entre des maisons pointues et les contreforts de l’ Église du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au profil
2439 ise du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au profil de vieille femme qui promène doucement dans cette calme
2440 je vois s’y engager chaque jour le fou au profil de vieille femme qui promène doucement dans cette calme Tubingue le secr
2441 e qui promène doucement dans cette calme Tubingue le secret d’une épouvantable mélancolie. Les étudiants le rencontrent, q
2442 ène doucement dans cette calme Tubingue le secret d’ une épouvantable mélancolie. Les étudiants le rencontrent, qui montent
2443 Tubingue le secret d’une épouvantable mélancolie. Les étudiants le rencontrent, qui montent au Séminaire protestant : il le
2444 cret d’une épouvantable mélancolie. Les étudiants le rencontrent, qui montent au Séminaire protestant : il leur fait de pr
2445 ui montent au Séminaire protestant : il leur fait de profondes révérences…   La rumeur et le cliquetis d’une grande terras
2446 testant : il leur fait de profondes révérences…   La rumeur et le cliquetis d’une grande terrasse de café au bord du Necka
2447 leur fait de profondes révérences…   La rumeur et le cliquetis d’une grande terrasse de café au bord du Neckar, sous les m
2448 profondes révérences…   La rumeur et le cliquetis d’ une grande terrasse de café au bord du Neckar, sous les marronniers. À
2449   La rumeur et le cliquetis d’une grande terrasse de café au bord du Neckar, sous les marronniers. À quatre heures, l’orch
2450 e grande terrasse de café au bord du Neckar, sous les marronniers. À quatre heures, l’orchestre s’est mis à jouer des ringu
2451 du Neckar, sous les marronniers. À quatre heures, l’ orchestre s’est mis à jouer des ringues charmantes, jazz et clarinette
2452 ringues charmantes, jazz et clarinette, chansons de mai. Les bateaux qui dérivent dans le voisinage se rapprochent, tourn
2453 charmantes, jazz et clarinette, chansons de mai. Les bateaux qui dérivent dans le voisinage se rapprochent, tournoient len
2454 e, chansons de mai. Les bateaux qui dérivent dans le voisinage se rapprochent, tournoient lentement dans la musique. Je n’
2455 isinage se rapprochent, tournoient lentement dans la musique. Je n’aime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de b
2456 urnoient lentement dans la musique. Je n’aime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de bain, qui pagayent vigoureus
2457 ime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de bain, qui pagayent vigoureusement, les dents serrées. « Weg zur Kraft
2458 en costume de bain, qui pagayent vigoureusement, les dents serrées. « Weg zur Kraft und Schönheit ! » J’aime les bateaux p
2459 serrées. « Weg zur Kraft und Schönheit ! » J’aime les bateaux plats et incertains, avec des Daphnés dedans, qui ne savent p
2460 pas bien ramer et qui lisent des magazines au fil de l’onde, au comble des vacances. À la table voisine, des adolescents b
2461 bien ramer et qui lisent des magazines au fil de l’ onde, au comble des vacances. À la table voisine, des adolescents bala
2462 zines au fil de l’onde, au comble des vacances. À la table voisine, des adolescents balafrés font des signes énergiques à
2463 lafrés font des signes énergiques à une compagnie de cavaliers qui passe sur le pont devant la statue d’Eberhard-en-Barbe.
2464 giques à une compagnie de cavaliers qui passe sur le pont devant la statue d’Eberhard-en-Barbe. Des bourgeois se rient con
2465 mpagnie de cavaliers qui passe sur le pont devant la statue d’Eberhard-en-Barbe. Des bourgeois se rient contre par-dessus
2466 cavaliers qui passe sur le pont devant la statue d’ Eberhard-en-Barbe. Des bourgeois se rient contre par-dessus leurs chop
2467 sus leurs chopes. « Gemütlichkeit. » Évidemment : la vie normale. Il y a pourtant cette petite chambre… Est-ce que tout ce
2468 petite chambre… Est-ce que tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser parfois de ces grandes questions na
2469 tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser parfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vécu dans
2470 dans le même monde ? (Il est bon de poser parfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vécu dans cette ville, tou
2471 t seuls… Et puis, il lui est arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux
2472 out le monde s’accorde à trouver malsain ce genre de tentatives : cela ne peut que mal finir. Ceux du bon sens hochent la
2473 a ne peut que mal finir. Ceux du bon sens hochent la tête et citent la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui
2474 finir. Ceux du bon sens hochent la tête et citent la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange…
2475 x du bon sens hochent la tête et citent la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange… » a autor
2476 a tête et citent la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange… » a autorisé des générations de
2477 tent la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange… » a autorisé des générations de bourgeois cu
2478 us malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ ange… » a autorisé des générations de bourgeois cultivés à faire la bê
2479 i veut faire l’ange… » a autorisé des générations de bourgeois cultivés à faire la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la
2480 isé des générations de bourgeois cultivés à faire la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela pren
2481 urgeois cultivés à faire la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais que
2482 eois cultivés à faire la bête dès qu’il s’agit de l’ âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle
2483 s à faire la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche du
2484 la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche du médiocre
2485 âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche du médiocre dont ils se sentent bénéficiai
2486 dont ils se sentent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui ont préféré faire tout de suite la bête : comme cela on
2487 les malins ! qui ont préféré faire tout de suite la bête : comme cela on est mieux pour donner le coup de pied de l’âne…
2488 ite la bête : comme cela on est mieux pour donner le coup de pied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina — la vérité est plus h
2489 mme cela on est mieux pour donner le coup de pied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina — la vérité est plus humaine, est plus
2490 cela on est mieux pour donner le coup de pied de l’ âne… Écoutons plutôt Bettina — la vérité est plus humaine, est plus di
2491 coup de pied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina —  la vérité est plus humaine, est plus divine, quand c’est une telle femme
2492 est plus divine, quand c’est une telle femme qui la confesse : « Celui qui entre en commerce trop étroit avec le ciel, le
2493  : « Celui qui entre en commerce trop étroit avec le ciel, les dieux le vouent au malheur. » Ô cette chambre, où pénètre l
2494 i qui entre en commerce trop étroit avec le ciel, les dieux le vouent au malheur. » Ô cette chambre, où pénètre la facilité
2495 e en commerce trop étroit avec le ciel, les dieux le vouent au malheur. » Ô cette chambre, où pénètre la facilité atroce d
2496 vouent au malheur. » Ô cette chambre, où pénètre la facilité atroce de la fin d’un après-midi, ces musiquettes et ces par
2497  » Ô cette chambre, où pénètre la facilité atroce de la fin d’un après-midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d
2498 Ô cette chambre, où pénètre la facilité atroce de la fin d’un après-midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d’ea
2499 chambre, où pénètre la facilité atroce de la fin d’ un après-midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d’eau… elle
2500 n d’un après-midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d’eau… elle est tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un
2501 midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d’ eau… elle est tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des deux soi
2502 urs… Faut-il donc que l’un des deux soit absurde, de ces mondes à mes yeux soudain simultanés ?…   Le tragique de la facil
2503 de ces mondes à mes yeux soudain simultanés ?…   Le tragique de la facilité, c’est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant
2504 es à mes yeux soudain simultanés ?…   Le tragique de la facilité, c’est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle
2505 à mes yeux soudain simultanés ?…   Le tragique de la facilité, c’est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle pa
2506 blie, triomphante, à beau fixe. Pourquoi troubler le miroir innocent de ces eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ? E
2507 à beau fixe. Pourquoi troubler le miroir innocent de ces eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ? Est-ce qu’ils ne sou
2508 amais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, quand l’ amour leur donne une petite fièvre, — cette semaine de leur jeunesse o
2509 our leur donne une petite fièvre, — cette semaine de leur jeunesse où ils ont cru pressentir de grandes choses généreuses
2510 emaine de leur jeunesse où ils ont cru pressentir de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’oublie. Et l’amour, to
2511 ru pressentir de grandes choses généreuses autour d’ eux… Cela s’oublie. Et l’amour, tout justement, nous fait comprendre,
2512 choses généreuses autour d’eux… Cela s’oublie. Et l’ amour, tout justement, nous fait comprendre, dans le temps même qu’il
2513 amour, tout justement, nous fait comprendre, dans le temps même qu’il nous entrouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait la
2514 mprendre, dans le temps même qu’il nous entrouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait la terre… Mais que cette musique vulg
2515 nous entrouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait la terre… Mais que cette musique vulgaire, par quel hasard, donne l’acco
2516 ue cette musique vulgaire, par quel hasard, donne l’ accord qui m’ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe — je t’échap
2517 e : déjà je leur échappe — je t’échappe ô douceur de vivre ! Tout redevient autour de moi insuffisant, transitoire, allusi
2518 , transitoire, allusif. Tout se remet à signifier l’ absence. (1929) 14. Bettina von Arnim-Brentano : Die Günderode. 15.
2519 ode. 15. Où il était précepteur. Mme Gontard est la Diotima de l’Hypérion et des poèmes.
7 1932, Le Paysan du Danube. Deuxième partie. La lenteur des choses — Petit journal de Souabe
2520 Petit journal de Souabe À la tombée d’une nuit froide, en avril, le voyageur descend
2521 Petit journal de Souabe À la tombée d’une nuit froide, en avril, le voyageur descend dans un vieux
2522 Petit journal de Souabe À la tombée d’ une nuit froide, en avril, le voyageur descend dans un vieux bourg de
2523 Souabe À la tombée d’une nuit froide, en avril, le voyageur descend dans un vieux bourg de Souabe, — quelques lumières a
2524 en avril, le voyageur descend dans un vieux bourg de Souabe, — quelques lumières au milieu d’une étroite vallée où le trai
2525 elques lumières au milieu d’une étroite vallée où le train longtemps côtoya une rivière, des forêts. Les rues sont vides j
2526 e train longtemps côtoya une rivière, des forêts. Les rues sont vides jusqu’au cœur de la ville, où l’attend une ample deme
2527 re, des forêts. Les rues sont vides jusqu’au cœur de la ville, où l’attend une ample demeure. Et maintenant le chien s’est
2528 des forêts. Les rues sont vides jusqu’au cœur de la ville, où l’attend une ample demeure. Et maintenant le chien s’est tu
2529 Les rues sont vides jusqu’au cœur de la ville, où l’ attend une ample demeure. Et maintenant le chien s’est tu ; des pas s’
2530 lle, où l’attend une ample demeure. Et maintenant le chien s’est tu ; des pas s’éloignent. Un trait de lumière sous la por
2531 le chien s’est tu ; des pas s’éloignent. Un trait de lumière sous la porte disparaît. Il aime sentir autour de lui vivre l
2532 u ; des pas s’éloignent. Un trait de lumière sous la porte disparaît. Il aime sentir autour de lui vivre la grande maisonn
2533 rte disparaît. Il aime sentir autour de lui vivre la grande maisonnée, cet espace cloisonné de murailles respectables, ple
2534 i vivre la grande maisonnée, cet espace cloisonné de murailles respectables, plein de présences et d’absences — la chambre
2535 espace cloisonné de murailles respectables, plein de présences et d’absences — la chambre principale où une lampe arrose l
2536 de murailles respectables, plein de présences et d’ absences — la chambre principale où une lampe arrose la pesante nappe
2537 respectables, plein de présences et d’absences —  la chambre principale où une lampe arrose la pesante nappe aux dessins b
2538 ences — la chambre principale où une lampe arrose la pesante nappe aux dessins brodés, des verres, des coudes et des pipes
2539 ssins brodés, des verres, des coudes et des pipes de méditation —, des pièces vides où la Lune avance comme un chat sur le
2540 et des pipes de méditation —, des pièces vides où la Lune avance comme un chat sur le lit conjugal, un salon glacé dont le
2541 pièces vides où la Lune avance comme un chat sur le lit conjugal, un salon glacé dont le parquet craque sans que nul pied
2542 un chat sur le lit conjugal, un salon glacé dont le parquet craque sans que nul pied jamais ne s’y pose, et tous ces corr
2543 is ne s’y pose, et tous ces corridors si hauts où l’ on devine à tâtons des armoires monumentales. Dans une chambre froide
2544 ide il s’est couché en grelottant. Mais à travers l’ ombre il distingue les masses confortables de meubles volumineux, le p
2545 n grelottant. Mais à travers l’ombre il distingue les masses confortables de meubles volumineux, le poêle blanc à chapiteau
2546 vers l’ombre il distingue les masses confortables de meubles volumineux, le poêle blanc à chapiteau rococo et ce lit énorm
2547 ue les masses confortables de meubles volumineux, le poêle blanc à chapiteau rococo et ce lit énorme aux édredons rebondis
2548 rococo et ce lit énorme aux édredons rebondis où l’ on s’enfouit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de la rivière
2549 edons rebondis où l’on s’enfouit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera
2550 l’on s’enfouit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera sa première habi
2551 nfouit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera sa première habitude. 2
2552 uit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera sa première habitude. 22 a
2553 était le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera sa première habitude. 22 avril 1929 M
2554 ait le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’ écluse proche, — ce sera sa première habitude. 22 avril 1929 Mes
2555 tude. 22 avril 1929 Mes fenêtres donnent sur la rivière. En m’y penchant je puis me voir dans l’eau plate, élargie en
2556 la rivière. En m’y penchant je puis me voir dans l’ eau plate, élargie en cet endroit, avant l’écluse qui la prend de biai
2557 r dans l’eau plate, élargie en cet endroit, avant l’ écluse qui la prend de biais sur la droite. Un nageur passe à travers
2558 plate, élargie en cet endroit, avant l’écluse qui la prend de biais sur la droite. Un nageur passe à travers les reflets j
2559 argie en cet endroit, avant l’écluse qui la prend de biais sur la droite. Un nageur passe à travers les reflets jaunes, ro
2560 endroit, avant l’écluse qui la prend de biais sur la droite. Un nageur passe à travers les reflets jaunes, roses, verts, d
2561 de biais sur la droite. Un nageur passe à travers les reflets jaunes, roses, verts, des maisons à façades triangulaires. Co
2562 ts, des maisons à façades triangulaires. Couleurs d’ un crépuscule de pluie. Plus près, des reflets d’arbres ; plus près en
2563 à façades triangulaires. Couleurs d’un crépuscule de pluie. Plus près, des reflets d’arbres ; plus près encore, des nuages
2564 d’un crépuscule de pluie. Plus près, des reflets d’ arbres ; plus près encore, des nuages troués de petits poissons. À gau
2565 ts d’arbres ; plus près encore, des nuages troués de petits poissons. À gauche je domine un pesant pont de pierre rougeâtr
2566 etits poissons. À gauche je domine un pesant pont de pierre rougeâtre, trois arches dont les piles s’avancent en éperons.
2567 esant pont de pierre rougeâtre, trois arches dont les piles s’avancent en éperons. Encastrée dans le parapet, une petite ch
2568 t les piles s’avancent en éperons. Encastrée dans le parapet, une petite chapelle bossue, nourrie de poussière depuis le M
2569 s le parapet, une petite chapelle bossue, nourrie de poussière depuis le Moyen Âge, propose humblement son anachronisme de
2570 tite chapelle bossue, nourrie de poussière depuis le Moyen Âge, propose humblement son anachronisme de plain-pied avec les
2571 le Moyen Âge, propose humblement son anachronisme de plain-pied avec les passants, les voitures. (Ils l’aiment bien, — ne
2572 se humblement son anachronisme de plain-pied avec les passants, les voitures. (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.)
2573 son anachronisme de plain-pied avec les passants, les voitures. (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.) La vie du pont
2574 plain-pied avec les passants, les voitures. (Ils l’ aiment bien, — ne la voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme l
2575 passants, les voitures. (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme les remous dans l’eau
2576 res. (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme les remous dans l’eau. Un char traverse l
2577 a voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme les remous dans l’eau. Un char traverse lentement. Une belle auto derrièr
2578 La vie du pont m’occupe, comme les remous dans l’ eau. Un char traverse lentement. Une belle auto derrière s’impatiente,
2579 Une belle auto derrière s’impatiente, tandis que les collégiens vont flairer sa marque, méprisant les occupants à lunettes
2580 les collégiens vont flairer sa marque, méprisant les occupants à lunettes. Viennent deux filles sans chapeau qui se promèn
2581 hapeau qui se promènent pour montrer leurs robes. Le nageur les intéresse, elles s’accoudent au parapet, tout près d’ici.
2582 se promènent pour montrer leurs robes. Le nageur les intéresse, elles s’accoudent au parapet, tout près d’ici. Vont-elles
2583 arapet, tout près d’ici. Vont-elles sentir que je les regarde ? Vraiment la plus petite est jolie, très brune, avec un gros
2584 . Vont-elles sentir que je les regarde ? Vraiment la plus petite est jolie, très brune, avec un gros collier de verre bleu
2585 etite est jolie, très brune, avec un gros collier de verre bleu… Elle lève les yeux tout droit vers moi, une seconde, parl
2586 ne, avec un gros collier de verre bleu… Elle lève les yeux tout droit vers moi, une seconde, parle vite à sa compagne, roug
2587 ent et s’en vont, et avant de disparaître au coin d’ une maison jaune, se retournent. Ce petit monde enclos par le pont et
2588 n jaune, se retournent. Ce petit monde enclos par le pont et l’écluse, je m’en contenterai doucement. Comme si j’avais pre
2589 retournent. Ce petit monde enclos par le pont et l’ écluse, je m’en contenterai doucement. Comme si j’avais presque oublié
2590 — « Seul et séparé », ces deux mots que rythmait le train, est-ce qu’ils font encore vraiment mal ? 24 avril 1929 L
2591 ls font encore vraiment mal ? 24 avril 1929 Les habitants de la maison me paraissent peu nombreux, mais sait-on bien
2592 vraiment mal ? 24 avril 1929 Les habitants de la maison me paraissent peu nombreux, mais sait-on bien d’où il peut
2593 aiment mal ? 24 avril 1929 Les habitants de la maison me paraissent peu nombreux, mais sait-on bien d’où il peut en
2594 son me paraissent peu nombreux, mais sait-on bien d’ où il peut en sortir encore — sans compter les fantômes, probables ? L
2595 bien d’où il peut en sortir encore — sans compter les fantômes, probables ? Le père Reinecke, un barberousse aux yeux perça
2596 r encore — sans compter les fantômes, probables ? Le père Reinecke, un barberousse aux yeux perçants, ex-nouveau riche rui
2597 sse aux yeux perçants, ex-nouveau riche ruiné par l’ inflation, partage sa vie entre la vente des articles de sport et les
2598 riche ruiné par l’inflation, partage sa vie entre la vente des articles de sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce
2599 ation, partage sa vie entre la vente des articles de sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce installé au rez-de-ch
2600 ge sa vie entre la vente des articles de sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa
2601 entre la vente des articles de sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa demeure p
2602 re la vente des articles de sport et les joies de l’ esprit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa demeure patr
2603 articles de sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa demeure patricienne souffre
2604 prit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa demeure patricienne souffre par le fait des menées impérialistes d
2605 de-chaussée de sa demeure patricienne souffre par le fait des menées impérialistes de la France, il cherche une revanche s
2606 enne souffre par le fait des menées impérialistes de la France, il cherche une revanche sournoise et désintéressée dans l’
2607 e souffre par le fait des menées impérialistes de la France, il cherche une revanche sournoise et désintéressée dans l’act
2608 rche une revanche sournoise et désintéressée dans l’ activité d’un jugement qui domine la médiocrité du monde. Le père Rein
2609 vanche sournoise et désintéressée dans l’activité d’ un jugement qui domine la médiocrité du monde. Le père Reinecke est un
2610 téressée dans l’activité d’un jugement qui domine la médiocrité du monde. Le père Reinecke est un esprit « caustique » — i
2611 d’un jugement qui domine la médiocrité du monde. Le père Reinecke est un esprit « caustique » — il aime à me le répéter e
2612 inecke est un esprit « caustique » — il aime à me le répéter en français, —et je le verrai bien, assure-t-il, le jour où i
2613 e » — il aime à me le répéter en français, —et je le verrai bien, assure-t-il, le jour où il me confiera quelques fragment
2614 en français, —et je le verrai bien, assure-t-il, le jour où il me confiera quelques fragments du « livre de sa vie », don
2615 r où il me confiera quelques fragments du « livre de sa vie », dont il compose chaque matin deux pages à la machine. Il y
2616 vie », dont il compose chaque matin deux pages à la machine. Il y juge du monde en général, de la religion, des mœurs, de
2617 ages à la machine. Il y juge du monde en général, de la religion, des mœurs, de l’histoire, et de ses voisins en particuli
2618 s à la machine. Il y juge du monde en général, de la religion, des mœurs, de l’histoire, et de ses voisins en particulier.
2619 e du monde en général, de la religion, des mœurs, de l’histoire, et de ses voisins en particulier. La « Gnädige » fait ave
2620 u monde en général, de la religion, des mœurs, de l’ histoire, et de ses voisins en particulier. La « Gnädige » fait avec b
2621 ral, de la religion, des mœurs, de l’histoire, et de ses voisins en particulier. La « Gnädige » fait avec bonne humeur la
2622 de l’histoire, et de ses voisins en particulier. La « Gnädige » fait avec bonne humeur la meilleure cuisine possible au W
2623 articulier. La « Gnädige » fait avec bonne humeur la meilleure cuisine possible au Wurtemberg, et de ces gâteaux compliqué
2624 r la meilleure cuisine possible au Wurtemberg, et de ces gâteaux compliqués qu’elle orne d’un quatrain de bienvenue. Elle
2625 emberg, et de ces gâteaux compliqués qu’elle orne d’ un quatrain de bienvenue. Elle me confie qu’il lui arrive de rêver en
2626 ces gâteaux compliqués qu’elle orne d’un quatrain de bienvenue. Elle me confie qu’il lui arrive de rêver en vers. Chacun s
2627 ain de bienvenue. Elle me confie qu’il lui arrive de rêver en vers. Chacun son petit talent dans la famille. Le gros Fritz
2628 ve de rêver en vers. Chacun son petit talent dans la famille. Le gros Fritz est un blond géant de 25 ans, qui rit avec bon
2629 en vers. Chacun son petit talent dans la famille. Le gros Fritz est un blond géant de 25 ans, qui rit avec bonté et se dis
2630 dans la famille. Le gros Fritz est un blond géant de 25 ans, qui rit avec bonté et se distingue dans les concours de gymna
2631 e 25 ans, qui rit avec bonté et se distingue dans les concours de gymnastes. La domestique a cet air de victime attristée q
2632 rit avec bonté et se distingue dans les concours de gymnastes. La domestique a cet air de victime attristée que prennent
2633 é et se distingue dans les concours de gymnastes. La domestique a cet air de victime attristée que prennent souvent les se
2634 es concours de gymnastes. La domestique a cet air de victime attristée que prennent souvent les servantes de la bourgeoisi
2635 cet air de victime attristée que prennent souvent les servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de l’espèce dite « schna
2636 time attristée que prennent souvent les servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de l’espèce dite « schnauzer », il mo
2637 e attristée que prennent souvent les servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de l’espèce dite « schnauzer », il montr
2638 les servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de l’espèce dite « schnauzer », il montre un poil de couleur neutre, et
2639 s servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de l’ espèce dite « schnauzer », il montre un poil de couleur neutre, et que
2640 de l’espèce dite « schnauzer », il montre un poil de couleur neutre, et quelque bienveillance lorsqu’il a compris. Est-ce
2641 lorsqu’il a compris. Est-ce tout ? Il y a encore l’ absence de la fille, élément considérable dans l’atmosphère et dans l’
2642 a compris. Est-ce tout ? Il y a encore l’absence de la fille, élément considérable dans l’atmosphère et dans l’économie d
2643 compris. Est-ce tout ? Il y a encore l’absence de la fille, élément considérable dans l’atmosphère et dans l’économie du l
2644 l’absence de la fille, élément considérable dans l’ atmosphère et dans l’économie du lieu. On l’a mise en pension en Baviè
2645 e, élément considérable dans l’atmosphère et dans l’ économie du lieu. On l’a mise en pension en Bavière, et les galants qu
2646 dans l’atmosphère et dans l’économie du lieu. On l’ a mise en pension en Bavière, et les galants qui passent sans avoir l’
2647 ie du lieu. On l’a mise en pension en Bavière, et les galants qui passent sans avoir l’air de rien sur le pont Saint-Nikola
2648 ière, et les galants qui passent sans avoir l’air de rien sur le pont Saint-Nikolaus sont bien capons de voir à sa fenêtre
2649 galants qui passent sans avoir l’air de rien sur le pont Saint-Nikolaus sont bien capons de voir à sa fenêtre la silhouet
2650 rien sur le pont Saint-Nikolaus sont bien capons de voir à sa fenêtre la silhouette de l’Étranger. On a laissé sa photo d
2651 nt-Nikolaus sont bien capons de voir à sa fenêtre la silhouette de l’Étranger. On a laissé sa photo dans ma chambre, « pou
2652 nt bien capons de voir à sa fenêtre la silhouette de l’Étranger. On a laissé sa photo dans ma chambre, « pour que vous aye
2653 bien capons de voir à sa fenêtre la silhouette de l’ Étranger. On a laissé sa photo dans ma chambre, « pour que vous ayez u
2654 elée, qui rit, — et qui doit savoir se défendre à l’ occasion, mais comme elles font, pas trop tôt. 28 avril 1929 Ils
2655 s font, pas trop tôt. 28 avril 1929 Ils ont de la peine à comprendre pourquoi je suis venu vivre dans ce bourg, chez
2656 ont, pas trop tôt. 28 avril 1929 Ils ont de la peine à comprendre pourquoi je suis venu vivre dans ce bourg, chez eu
2657 et paisiblement habité ? Cette ville est pour eux la moins quelconque du monde. Je prétexte des écritures — qui se réduise
2658 se réduisent d’ailleurs à ce journal — pour avoir la paix dans ma chambre ; aussi, une ancienne fatigue à guérir pour qu’o
2659 fatigue à guérir pour qu’on me laisse errer dans la campagne. La petite ville au crépuscule, couchée en rond entre les co
2660 érir pour qu’on me laisse errer dans la campagne. La petite ville au crépuscule, couchée en rond entre les collines, secrè
2661 petite ville au crépuscule, couchée en rond entre les collines, secrète sous un voile de brume bleue, dans une grande paix.
2662 en rond entre les collines, secrète sous un voile de brume bleue, dans une grande paix. Vue de la hauteur, sous un ciel pâ
2663 n voile de brume bleue, dans une grande paix. Vue de la hauteur, sous un ciel pâle avec des nuages blancs qui s’en vont. U
2664 oile de brume bleue, dans une grande paix. Vue de la hauteur, sous un ciel pâle avec des nuages blancs qui s’en vont. Un v
2665 ent froid, mais quelques douceurs aux abris, près d’ une de ces maisons isolées où je ne l’amènerai jamais, à cette heure q
2666 oid, mais quelques douceurs aux abris, près d’une de ces maisons isolées où je ne l’amènerai jamais, à cette heure qui ser
2667 abris, près d’une de ces maisons isolées où je ne l’ amènerai jamais, à cette heure qui serait celle de rentrer chez nous s
2668 l’amènerai jamais, à cette heure qui serait celle de rentrer chez nous s’asseoir auprès d’un feu… — Mais non. 7 mai 192
2669 erait celle de rentrer chez nous s’asseoir auprès d’ un feu… — Mais non. 7 mai 1929 « J’ai mes brouillards et mon bea
2670 de moi », remarque Pascal, asservi au seul climat de l’âme. Pour moi, c’est ma jeunesse et ma vieillesse que je porte ains
2671 moi », remarque Pascal, asservi au seul climat de l’ âme. Pour moi, c’est ma jeunesse et ma vieillesse que je porte ainsi t
2672 vieillesse que je porte ainsi tour à tour. Entre l’ âge de mes humeurs et le chiffre de mes années, « peu de liaison ». C’
2673 lesse que je porte ainsi tour à tour. Entre l’âge de mes humeurs et le chiffre de mes années, « peu de liaison ». C’est à
2674 ainsi tour à tour. Entre l’âge de mes humeurs et le chiffre de mes années, « peu de liaison ». C’est à l’intimité de mon
2675 à tour. Entre l’âge de mes humeurs et le chiffre de mes années, « peu de liaison ». C’est à l’intimité de mon regard avec
2676 hiffre de mes années, « peu de liaison ». C’est à l’ intimité de mon regard avec les choses que je mesure ma jeunesse : dan
2677 es années, « peu de liaison ». C’est à l’intimité de mon regard avec les choses que je mesure ma jeunesse : dans ces campa
2678 liaison ». C’est à l’intimité de mon regard avec les choses que je mesure ma jeunesse : dans ces campagnes solitaires, je
2679 pagnes solitaires, je promène un adolescent. Tout l’ après-midi j’ai rôdé, marchant, m’arrêtant pour écouter et respirer lo
2680 choisissant parfois pour y sommeiller une lisière d’ où l’on voit de lointains horizons, puis de nouveau m’enfonçant au has
2681 issant parfois pour y sommeiller une lisière d’où l’ on voit de lointains horizons, puis de nouveau m’enfonçant au hasard d
2682 fois pour y sommeiller une lisière d’où l’on voit de lointains horizons, puis de nouveau m’enfonçant au hasard dans la for
2683 izons, puis de nouveau m’enfonçant au hasard dans la forêt. Vers le soir, j’étais bien perdu. La lumière montait vers la c
2684 nouveau m’enfonçant au hasard dans la forêt. Vers le soir, j’étais bien perdu. La lumière montait vers la cime des arbres,
2685 dans la forêt. Vers le soir, j’étais bien perdu. La lumière montait vers la cime des arbres, aux lisières d’une forêt de
2686 soir, j’étais bien perdu. La lumière montait vers la cime des arbres, aux lisières d’une forêt de Parsifal, et les plus ha
2687 ère montait vers la cime des arbres, aux lisières d’ une forêt de Parsifal, et les plus hauts feuillages exultaient de clar
2688 vers la cime des arbres, aux lisières d’une forêt de Parsifal, et les plus hauts feuillages exultaient de clarté devant le
2689 arbres, aux lisières d’une forêt de Parsifal, et les plus hauts feuillages exultaient de clarté devant le ciel pâli. Tout
2690 Parsifal, et les plus hauts feuillages exultaient de clarté devant le ciel pâli. Tout vivait autour de moi dans une sorte
2691 plus hauts feuillages exultaient de clarté devant le ciel pâli. Tout vivait autour de moi dans une sorte d’ivresse lente e
2692 el pâli. Tout vivait autour de moi dans une sorte d’ ivresse lente et majestueuse, et bientôt je me pris à composer des phr
2693 ser des phrases, tout en allant comme en rêve sur l’ herbe où s’étouffait tout bruit. « Ô crépuscule adolescent, disais-je,
2694 e, chasseur au cœur battant, que poursuis-tu dans le mystère des orées d’ombre ? » Et l’on me répondait : « Ici, la jeune
2695 attant, que poursuis-tu dans le mystère des orées d’ ombre ? » Et l’on me répondait : « Ici, la jeune fille Aurore a surpri
2696 rsuis-tu dans le mystère des orées d’ombre ? » Et l’ on me répondait : « Ici, la jeune fille Aurore a surpris la licorne pu
2697 s orées d’ombre ? » Et l’on me répondait : « Ici, la jeune fille Aurore a surpris la licorne pure… » (Je croyais voir un é
2698 épondait : « Ici, la jeune fille Aurore a surpris la licorne pure… » (Je croyais voir un éclair blanc sous la futaie.) J’a
2699 rne pure… » (Je croyais voir un éclair blanc sous la futaie.) J’avançais à travers une nature de divagation. Les lisières
2700 sous la futaie.) J’avançais à travers une nature de divagation. Les lisières sont des lieux de l’esprit où circulent des
2701 .) J’avançais à travers une nature de divagation. Les lisières sont des lieux de l’esprit où circulent des bêtes nées du rê
2702 nature de divagation. Les lisières sont des lieux de l’esprit où circulent des bêtes nées du rêve. Et l’Archer vierge y co
2703 ure de divagation. Les lisières sont des lieux de l’ esprit où circulent des bêtes nées du rêve. Et l’Archer vierge y court
2704 l’esprit où circulent des bêtes nées du rêve. Et l’ Archer vierge y court en vain sur la trace des figures de son désir. (
2705 s du rêve. Et l’Archer vierge y court en vain sur la trace des figures de son désir. (« Oh ! qu’il garde ses flèches, il n
2706 r vierge y court en vain sur la trace des figures de son désir. (« Oh ! qu’il garde ses flèches, il ne tuerait qu’un songe
2707 garde ses flèches, il ne tuerait qu’un songe. ») La nuit fraîche m’a réveillé. Mais tandis qu’ici j’écris, je me sens tou
2708 dis qu’ici j’écris, je me sens tout baigné encore de cette fièvre amoureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de l’om
2709 amoureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je retrou
2710 oureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de l’ ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je retrouve
2711 veau. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je retrouve en eux mon enfance entourée de pré
2712 u. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je retrouve en eux mon enfance entourée de présen
2713 dentale : je retrouve en eux mon enfance entourée de présences obscures, mon enfance, cette foi anxieuse en je ne sais que
2714 eut un instant merveilleux que je veux noter ici. Le ciel est encore plus blanc, et la prairie s’embrume. Soudain, à dix p
2715 veux noter ici. Le ciel est encore plus blanc, et la prairie s’embrume. Soudain, à dix pas devant moi, une biche dresse la
2716 . Soudain, à dix pas devant moi, une biche dresse la tête au ras des herbes, se lève, saute sur place, — n’est plus là. — 
2717 lace, — n’est plus là. — J’ai poursuivi longtemps le reflet rouge de ses yeux parmi les troncs qui luisaient, faiblement,
2718 us là. — J’ai poursuivi longtemps le reflet rouge de ses yeux parmi les troncs qui luisaient, faiblement, vers le cœur pro
2719 suivi longtemps le reflet rouge de ses yeux parmi les troncs qui luisaient, faiblement, vers le cœur profond du bois. Et je
2720 parmi les troncs qui luisaient, faiblement, vers le cœur profond du bois. Et je croyais m’enfoncer et me perdre dans le s
2721 bois. Et je croyais m’enfoncer et me perdre dans le silence d’une mémoire bienheureuse. 21 mai 1929 Matinées végéta
2722 e croyais m’enfoncer et me perdre dans le silence d’ une mémoire bienheureuse. 21 mai 1929 Matinées végétales, depuis
2723 e à 7 heures, rassemble quelques papiers, un tome de Meister, un paquet de tabac, le tout dans une couverture sous mon bra
2724 e quelques papiers, un tome de Meister, un paquet de tabac, le tout dans une couverture sous mon bras. La ville s’éveille
2725 papiers, un tome de Meister, un paquet de tabac, le tout dans une couverture sous mon bras. La ville s’éveille et s’aère.
2726 tabac, le tout dans une couverture sous mon bras. La ville s’éveille et s’aère. Je me mets à grimper la colline parmi le b
2727 a ville s’éveille et s’aère. Je me mets à grimper la colline parmi le bourdonnement des buissons qui surplombent un sentie
2728 et s’aère. Je me mets à grimper la colline parmi le bourdonnement des buissons qui surplombent un sentier rapide. Il faut
2729 i surplombent un sentier rapide. Il faut enjamber le portail rouillé, redescendre quelques marches enfouies sous les branc
2730 uillé, redescendre quelques marches enfouies sous les branches folles : le jardin est abandonné depuis des années, sur ses
2731 lques marches enfouies sous les branches folles : le jardin est abandonné depuis des années, sur ses terrasses étroites, d
2732 asses étroites, déjà brûlantes au matin, dominant la ville, ses bruits de chars, ses cris d’enfants. Je traverse l’odeur d
2733 brûlantes au matin, dominant la ville, ses bruits de chars, ses cris d’enfants. Je traverse l’odeur des groseilliers, écar
2734 dominant la ville, ses bruits de chars, ses cris d’ enfants. Je traverse l’odeur des groseilliers, écarte des ronces, et v
2735 bruits de chars, ses cris d’enfants. Je traverse l’ odeur des groseilliers, écarte des ronces, et voici sous une voûte de
2736 liers, écarte des ronces, et voici sous une voûte de feuillage, la table de pierre et son banc en demi-cercle. L’air est e
2737 des ronces, et voici sous une voûte de feuillage, la table de pierre et son banc en demi-cercle. L’air est encore humide d
2738 s, et voici sous une voûte de feuillage, la table de pierre et son banc en demi-cercle. L’air est encore humide dans cette
2739 e, la table de pierre et son banc en demi-cercle. L’ air est encore humide dans cette grotte d’ombre. Sur le banc froid j’é
2740 cercle. L’air est encore humide dans cette grotte d’ ombre. Sur le banc froid j’étale ma couverture, et mes papiers sur la
2741 est encore humide dans cette grotte d’ombre. Sur le banc froid j’étale ma couverture, et mes papiers sur la table où s’av
2742 c froid j’étale ma couverture, et mes papiers sur la table où s’aventurent des cloportes. Je bourre une pipe. Et alors je
2743 urre une pipe. Et alors je ris, je ris du plaisir de la matinée vide devant moi. Merveille de penser au fil du désordre le
2744 e une pipe. Et alors je ris, je ris du plaisir de la matinée vide devant moi. Merveille de penser au fil du désordre lent
2745 plaisir de la matinée vide devant moi. Merveille de penser au fil du désordre lent de la vie d’un jardin, dans l’odeur de
2746 moi. Merveille de penser au fil du désordre lent de la vie d’un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre n
2747 i. Merveille de penser au fil du désordre lent de la vie d’un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre noir
2748 eille de penser au fil du désordre lent de la vie d’ un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre noire, des
2749 fil du désordre lent de la vie d’un jardin, dans l’ odeur des feuilles vivantes, de la terre noire, des mousses. Des fils
2750 d’un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre noire, des mousses. Des fils d’araignée luisent et des brind
2751 un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre noire, des mousses. Des fils d’araignée luisent et des brindill
2752 ivantes, de la terre noire, des mousses. Des fils d’ araignée luisent et des brindilles tombent sur mes mains, écorces, che
2753 nt sur mes mains, écorces, chenilles. Une bouffée de pipe enveloppe une guêpe qui rôde autour de ma tête. La volupté de te
2754 e enveloppe une guêpe qui rôde autour de ma tête. La volupté de telles heures consiste à n’écrire que quatre ou cinq phras
2755 une guêpe qui rôde autour de ma tête. La volupté de telles heures consiste à n’écrire que quatre ou cinq phrases mais en
2756 que quatre ou cinq phrases mais en tenant compte de tout ce qui bouge. Il importe de s’arrêter longuement sous tous les p
2757 en tenant compte de tout ce qui bouge. Il importe de s’arrêter longuement sous tous les prétextes, de secouer sa pipe quan
2758 uge. Il importe de s’arrêter longuement sous tous les prétextes, de secouer sa pipe quand les dernières bouffées deviennent
2759 de s’arrêter longuement sous tous les prétextes, de secouer sa pipe quand les dernières bouffées deviennent écœurantes, d
2760 sous tous les prétextes, de secouer sa pipe quand les dernières bouffées deviennent écœurantes, de s’étirer alors et de con
2761 and les dernières bouffées deviennent écœurantes, de s’étirer alors et de considérer les flaques de soleil sur la table. J
2762 ffées deviennent écœurantes, de s’étirer alors et de considérer les flaques de soleil sur la table. Je somnole dans une mé
2763 nt écœurantes, de s’étirer alors et de considérer les flaques de soleil sur la table. Je somnole dans une méditation à la f
2764 s, de s’étirer alors et de considérer les flaques de soleil sur la table. Je somnole dans une méditation à la fois distrai
2765 alors et de considérer les flaques de soleil sur la table. Je somnole dans une méditation à la fois distraite et nourrie
2766 distraite et nourrie par tout ce qui flotte dans l’ air, rampe, gratte le sol, pique, bruisse exquisement au vent. Ainsi s
2767 par tout ce qui flotte dans l’air, rampe, gratte le sol, pique, bruisse exquisement au vent. Ainsi se créent peu à peu da
2768 quisement au vent. Ainsi se créent peu à peu dans l’ esprit ces formes végétales, ces cheminements brisés et délicats d’ins
2769 es végétales, ces cheminements brisés et délicats d’ insectes rampants ou volants, ces formes et ces voies qui sont celles
2770 formes et ces voies qui sont celles mêmes par où la pensée entre en contact avec tout le mobile et l’ineffable du monde.
2771 mêmes par où la pensée entre en contact avec tout le mobile et l’ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuil
2772 la pensée entre en contact avec tout le mobile et l’ ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuillages — et tr
2773 avec tout le mobile et l’ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuillages — et trois heures de tennis chaque
2774 mobile et l’ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuillages — et trois heures de tennis chaque après-midi 
2775 ’ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuillages — et trois heures de tennis chaque après-midi —, cure vrai
2776 meil, de rêves et de feuillages — et trois heures de tennis chaque après-midi —, cure vraiment : il s’agit de dissoudre ce
2777 is chaque après-midi —, cure vraiment : il s’agit de dissoudre ces angles droits, ces symétries minérales qu’on instruisit
2778 erclus au milieu des métamorphoses. Il s’agit que l’ esprit et l’espace vivant, de nouveau se répondent, se conviennent et
2779 lieu des métamorphoses. Il s’agit que l’esprit et l’ espace vivant, de nouveau se répondent, se conviennent et soient signe
2780 e répondent, se conviennent et soient signes l’un de l’autre. Dans le bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la
2781 onviennent et soient signes l’un de l’autre. Dans le bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la séduction des ra
2782 et soient signes l’un de l’autre. Dans le bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la séduction des ramures, et v
2783 ’un de l’autre. Dans le bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la séduction des ramures, et voici qu’elle appre
2784 bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la séduction des ramures, et voici qu’elle apprend à distinguer dans leu
2785 tinguer dans leur dessin des formes particulières de son activité. En même temps elle se peuple d’arbres, de germes lents,
2786 res de son activité. En même temps elle se peuple d’ arbres, de germes lents, de passages ailés. Le vent qui glisse à trave
2787 activité. En même temps elle se peuple d’arbres, de germes lents, de passages ailés. Le vent qui glisse à travers ce jard
2788 e temps elle se peuple d’arbres, de germes lents, de passages ailés. Le vent qui glisse à travers ce jardin éveille en ell
2789 ple d’arbres, de germes lents, de passages ailés. Le vent qui glisse à travers ce jardin éveille en elle une allégresse se
2790 se semblable au frémissement des hautes branches. L’ architecture, dit Goethe, est une musique glacée. Mais l’arborescence
2791 tecture, dit Goethe, est une musique glacée. Mais l’ arborescence est une musique vivante, une musique infiniment lente. El
2792 iment lente. Elle fraie des pistes délicates dans l’ esprit de qui sait l’entendre, et celui-là peut-être, si plus tard il
2793 te. Elle fraie des pistes délicates dans l’esprit de qui sait l’entendre, et celui-là peut-être, si plus tard il remonte j
2794 ie des pistes délicates dans l’esprit de qui sait l’ entendre, et celui-là peut-être, si plus tard il remonte jusqu’à la vi
2795 lui-là peut-être, si plus tard il remonte jusqu’à la vision, distinguera des choses nouvelles dans l’espace. (Au poète de
2796 la vision, distinguera des choses nouvelles dans l’ espace. (Au poète de les nommer.) 22 mai 1929 (Après avoir relu
2797 era des choses nouvelles dans l’espace. (Au poète de les nommer.) 22 mai 1929 (Après avoir relu ce que j’écrivais hi
2798 des choses nouvelles dans l’espace. (Au poète de les nommer.) 22 mai 1929 (Après avoir relu ce que j’écrivais hier.)
2799 u ce que j’écrivais hier.) Il s’agirait, au fond, d’ amener la pensée à la plus insistante vénération du réel. Tel serait l
2800 j’écrivais hier.) Il s’agirait, au fond, d’amener la pensée à la plus insistante vénération du réel. Tel serait le fondeme
2801 ier.) Il s’agirait, au fond, d’amener la pensée à la plus insistante vénération du réel. Tel serait le fondement d’une mor
2802 la plus insistante vénération du réel. Tel serait le fondement d’une morale des idées « par-delà le logique et l’absurde »
2803 tante vénération du réel. Tel serait le fondement d’ une morale des idées « par-delà le logique et l’absurde ». Ah bien ! j
2804 it le fondement d’une morale des idées « par-delà le logique et l’absurde ». Ah bien ! je connais quelques êtres entièreme
2805 t d’une morale des idées « par-delà le logique et l’ absurde ». Ah bien ! je connais quelques êtres entièrement en substanc
2806 eux dit cela, — mauvais signe. J’ai pourtant dans la tête et dans la peau toute cette matinée d’air, l’odeur de l’ombre so
2807 mauvais signe. J’ai pourtant dans la tête et dans la peau toute cette matinée d’air, l’odeur de l’ombre sous les feuilles,
2808 dans la tête et dans la peau toute cette matinée d’ air, l’odeur de l’ombre sous les feuilles, et cette autre odeur de hau
2809 a tête et dans la peau toute cette matinée d’air, l’ odeur de l’ombre sous les feuilles, et cette autre odeur de hautes tig
2810 t dans la peau toute cette matinée d’air, l’odeur de l’ombre sous les feuilles, et cette autre odeur de hautes tiges crois
2811 ans la peau toute cette matinée d’air, l’odeur de l’ ombre sous les feuilles, et cette autre odeur de hautes tiges croissan
2812 oute cette matinée d’air, l’odeur de l’ombre sous les feuilles, et cette autre odeur de hautes tiges croissantes et de four
2813 e l’ombre sous les feuilles, et cette autre odeur de hautes tiges croissantes et de fourmis rouges. Dès 9 heures j’ai pu t
2814 cette autre odeur de hautes tiges croissantes et de fourmis rouges. Dès 9 heures j’ai pu travailler en costume de bain. B
2815 ouges. Dès 9 heures j’ai pu travailler en costume de bain. Buffon préférait les manchettes et le jabot. C’est bien l’un de
2816 u travailler en costume de bain. Buffon préférait les manchettes et le jabot. C’est bien l’un des auteurs les plus constamm
2817 stume de bain. Buffon préférait les manchettes et le jabot. C’est bien l’un des auteurs les plus constamment provocants de
2818 nchettes et le jabot. C’est bien l’un des auteurs les plus constamment provocants de son siècle, — il faudra s’y remettre.
2819 l’un des auteurs les plus constamment provocants de son siècle, — il faudra s’y remettre. Mais ici je m’adonne aux seuls
2820 aniques. J’ai trouvé Swedenborg et Paracelse dans l’ armoire sculptée du père Reinecke. (Il y a Goethe, Schiller, Lessing r
2821 vers bavarois, avec des médaillons en relief sur la couverture ; aussi Angelus Silesius ; un petit recueil des upanishads
2822 cueil des upanishads ; quelques romans modernes.) Le pasteur suédois et le mage d’Einsiedeln représentent assez bien à eux
2823 quelques romans modernes.) Le pasteur suédois et le mage d’Einsiedeln représentent assez bien à eux deux, par un hasard q
2824 s romans modernes.) Le pasteur suédois et le mage d’ Einsiedeln représentent assez bien à eux deux, par un hasard qui ne m’
2825 hasard qui ne m’étonne guère, ce double mouvement de matérialisation du spirituel et d’intellectualisation du physique qui
2826 uble mouvement de matérialisation du spirituel et d’ intellectualisation du physique qui justement m’apparaît comme le thèm
2827 sation du physique qui justement m’apparaît comme le thème de mes songeries souabes. Mettons un peu cela au net. Paracelse
2828 physique qui justement m’apparaît comme le thème de mes songeries souabes. Mettons un peu cela au net. Paracelse s’occupa
2829 Mettons un peu cela au net. Paracelse s’occupait d’ extraire l’ens des corps, tandis que Swedenborg se complaît à décrire
2830 peu cela au net. Paracelse s’occupait d’extraire l’ ens des corps, tandis que Swedenborg se complaît à décrire le vêtement
2831 orps, tandis que Swedenborg se complaît à décrire le vêtement des anges. L’un découvre l’univers dans chaque organe de la
2832 ît à décrire le vêtement des anges. L’un découvre l’ univers dans chaque organe de la machine humaine. L’autre enseigne que
2833 anges. L’un découvre l’univers dans chaque organe de la machine humaine. L’autre enseigne que chacun des anges est un miro
2834 es. L’un découvre l’univers dans chaque organe de la machine humaine. L’autre enseigne que chacun des anges est un miroir
2835 miroir du ciel entier. C’est parce qu’ils savent les correspondances que ce médecin parle avec mystère des objets que nous
2836 ets que nous touchons, — ce mystique avec naturel de ce qui nous est invisible. Tous deux orientent la réflexion vers le s
2837 de ce qui nous est invisible. Tous deux orientent la réflexion vers le sens et vers le symbole concret. N’est-ce point ce
2838 invisible. Tous deux orientent la réflexion vers le sens et vers le symbole concret. N’est-ce point ce genre de démarche
2839 deux orientent la réflexion vers le sens et vers le symbole concret. N’est-ce point ce genre de démarche que notre « cul
2840 vers le symbole concret. N’est-ce point ce genre de démarche que notre « culture » a le plus méprisé ? N’est-ce point à c
2841 oint ce genre de démarche que notre « culture » a le plus méprisé ? N’est-ce point à cause de ce mépris qu’elle a perdu le
2842 est-ce point à cause de ce mépris qu’elle a perdu le secret de l’humain ? Car voici bien le monde qu’on nous a fait. Tout
2843 nt à cause de ce mépris qu’elle a perdu le secret de l’humain ? Car voici bien le monde qu’on nous a fait. Tout encombré d
2844 à cause de ce mépris qu’elle a perdu le secret de l’ humain ? Car voici bien le monde qu’on nous a fait. Tout encombré d’id
2845 le a perdu le secret de l’humain ? Car voici bien le monde qu’on nous a fait. Tout encombré d’idées sans corps, de corps s
2846 ci bien le monde qu’on nous a fait. Tout encombré d’ idées sans corps, de corps stupides — de nihilistes et de boxeurs, si
2847 on nous a fait. Tout encombré d’idées sans corps, de corps stupides — de nihilistes et de boxeurs, si vous voulez —, tout
2848 encombré d’idées sans corps, de corps stupides —  de nihilistes et de boxeurs, si vous voulez —, tout encombré de larves e
2849 sans corps, de corps stupides — de nihilistes et de boxeurs, si vous voulez —, tout encombré de larves et de systèmes qui
2850 es et de boxeurs, si vous voulez —, tout encombré de larves et de systèmes qui ne correspondent à rien ni dans le ciel ni
2851 urs, si vous voulez —, tout encombré de larves et de systèmes qui ne correspondent à rien ni dans le ciel ni sur la terre.
2852 t de systèmes qui ne correspondent à rien ni dans le ciel ni sur la terre. Car enfin, qu’est-ce que l’homme ? qu’est-ce do
2853 ui ne correspondent à rien ni dans le ciel ni sur la terre. Car enfin, qu’est-ce que l’homme ? qu’est-ce donc que ce parad
2854 le ciel ni sur la terre. Car enfin, qu’est-ce que l’ homme ? qu’est-ce donc que ce paradoxal mélange de chair et d’âme ? — 
2855 l’homme ? qu’est-ce donc que ce paradoxal mélange de chair et d’âme ? — Paracelse et Swedenborg s’accorderaient, je le cro
2856 ’est-ce donc que ce paradoxal mélange de chair et d’ âme ? — Paracelse et Swedenborg s’accorderaient, je le crois, pour rép
2857 e ? — Paracelse et Swedenborg s’accorderaient, je le crois, pour répondre. L’homme est un point de vue central et médiateu
2858 borg s’accorderaient, je le crois, pour répondre. L’ homme est un point de vue central et médiateur entre les corps et les
2859 me est un point de vue central et médiateur entre les corps et les esprits. C’est en cela seulement que réside son original
2860 nt de vue central et médiateur entre les corps et les esprits. C’est en cela seulement que réside son originalité dans l’un
2861 en cela seulement que réside son originalité dans l’ univers, son irremplaçable et divine originalité16. Or, pour l’être si
2862 n irremplaçable et divine originalité16. Or, pour l’ être situé en un tel lieu — le lieu humain par excellence —, il devien
2863 inalité16. Or, pour l’être situé en un tel lieu —  le lieu humain par excellence —, il devient aussitôt patent que toute ré
2864 oute réalité spirituelle a sa correspondance dans la matière, ou bien n’est qu’une duperie. Correspondances à vrai dire t
2865 rt des êtres qui peuplent ces villes, là-bas, que le nom d’homme ne saurait plus les désigner sans fraude. Un bel assortim
2866 êtres qui peuplent ces villes, là-bas, que le nom d’ homme ne saurait plus les désigner sans fraude. Un bel assortiment de
2867 illes, là-bas, que le nom d’homme ne saurait plus les désigner sans fraude. Un bel assortiment de monstres ! (J’ai lu le jo
2868 plus les désigner sans fraude. Un bel assortiment de monstres ! (J’ai lu le journal après dîner.) Et tous les accessoires
2869 fraude. Un bel assortiment de monstres ! (J’ai lu le journal après dîner.) Et tous les accessoires de leurs démences, depu
2870 stres ! (J’ai lu le journal après dîner.) Et tous les accessoires de leurs démences, depuis les petites ailes dans le dos j
2871 le journal après dîner.) Et tous les accessoires de leurs démences, depuis les petites ailes dans le dos jusqu’au groin a
2872 Et tous les accessoires de leurs démences, depuis les petites ailes dans le dos jusqu’au groin antigaz ! Ah ! Diogène, Diog
2873 de leurs démences, depuis les petites ailes dans le dos jusqu’au groin antigaz ! Ah ! Diogène, Diogène ! cesse de cherche
2874 ’au groin antigaz ! Ah ! Diogène, Diogène ! cesse de chercher un homme. Tâche plutôt d’en devenir un. — Parmi ces gens d’i
2875 iogène ! cesse de chercher un homme. Tâche plutôt d’ en devenir un. — Parmi ces gens d’ici, qui prennent leur temps. Parmi
2876 26 mai 1929 Curieux comme ces lectures que les modernes ont fait passer pour abstraites ont au contraire le pouvoir
2877 ont fait passer pour abstraites ont au contraire le pouvoir de rendre à nos sens leur efficacité et leur étonnement. Je r
2878 asser pour abstraites ont au contraire le pouvoir de rendre à nos sens leur efficacité et leur étonnement. Je regarde les
2879 ns leur efficacité et leur étonnement. Je regarde les feuilles de ma salade d’un autre œil, depuis que je lis Paracelse, mé
2880 acité et leur étonnement. Je regarde les feuilles de ma salade d’un autre œil, depuis que je lis Paracelse, méditant avec
2881 étonnement. Je regarde les feuilles de ma salade d’ un autre œil, depuis que je lis Paracelse, méditant avec appétit sur c
2882 e… Et j’ai copié dans Swedenborg des passages sur l’ amour des anges et des humains, — l’amour, qui est le lieu des corresp
2883 passages sur l’amour des anges et des humains, —  l’ amour, qui est le lieu des correspondances, qui est le degré suprême d
2884 mour des anges et des humains, — l’amour, qui est le lieu des correspondances, qui est le degré suprême de la significatio
2885 our, qui est le lieu des correspondances, qui est le degré suprême de la signification. (L’état de l’âme et du corps où to
2886 ieu des correspondances, qui est le degré suprême de la signification. (L’état de l’âme et du corps où tout nous apparaît
2887 des correspondances, qui est le degré suprême de la signification. (L’état de l’âme et du corps où tout nous apparaît en
2888 s, qui est le degré suprême de la signification. ( L’ état de l’âme et du corps où tout nous apparaît en relations concrètes
2889 est le degré suprême de la signification. (L’état de l’âme et du corps où tout nous apparaît en relations concrètes.) 3
2890 le degré suprême de la signification. (L’état de l’ âme et du corps où tout nous apparaît en relations concrètes.) 31 m
2891 .) 31 mai 1929 Personne n’a fabriqué autant de mots abstraits que les professeurs allemands, et cependant, par une a
2892 ersonne n’a fabriqué autant de mots abstraits que les professeurs allemands, et cependant, par une apparente contradiction,
2893 s, et cependant, par une apparente contradiction, la mentalité du bourgeois de ce pays est puissamment réaliste. J’en trou
2894 pparente contradiction, la mentalité du bourgeois de ce pays est puissamment réaliste. J’en trouve des marques bien curieu
2895 iste. J’en trouve des marques bien curieuses dans les « considérations sur ma vie » du père Reinecke. Il y est beaucoup que
2896 ie » du père Reinecke. Il y est beaucoup question de la vie éternelle, et d’expériences vécues avec l’Ange gardien, mais c
2897 » du père Reinecke. Il y est beaucoup question de la vie éternelle, et d’expériences vécues avec l’Ange gardien, mais c’es
2898 l y est beaucoup question de la vie éternelle, et d’ expériences vécues avec l’Ange gardien, mais c’est toujours en relatio
2899 de la vie éternelle, et d’expériences vécues avec l’ Ange gardien, mais c’est toujours en relations pratiques avec le comme
2900 , mais c’est toujours en relations pratiques avec le commerce quotidien. J’en traduis cette page Sur la mort. Mes funérail
2901 e commerce quotidien. J’en traduis cette page Sur la mort. Mes funérailles devront se dérouler dans le cadre de Jésus-Sira
2902 la mort. Mes funérailles devront se dérouler dans le cadre de Jésus-Sirach, 38, versets 16-24. Qu’on mange et qu’on boive
2903 Mes funérailles devront se dérouler dans le cadre de Jésus-Sirach, 38, versets 16-24. Qu’on mange et qu’on boive ferme apr
2904 erme après ma mort, tant que je serai encore dans la maison, et qu’on ne lésine pas. Il restera toujours assez, à l’époque
2905 qu’on ne lésine pas. Il restera toujours assez, à l’ époque de ma mort, pour supporter ces frais ; à tout le moins, les mil
2906 lésine pas. Il restera toujours assez, à l’époque de ma mort, pour supporter ces frais ; à tout le moins, les mille marks
2907 que de ma mort, pour supporter ces frais ; à tout le moins, les mille marks que paie la Caisse de décès y suffiront. Il fa
2908 mort, pour supporter ces frais ; à tout le moins, les mille marks que paie la Caisse de décès y suffiront. Il faut que chac
2909 frais ; à tout le moins, les mille marks que paie la Caisse de décès y suffiront. Il faut que chacun des participants s’en
2910 tout le moins, les mille marks que paie la Caisse de décès y suffiront. Il faut que chacun des participants s’en retourne
2911 rrement ! » Et de même, ceux qui auront pris soin de moi au moment de ma mort et tôt après devront être largement dédommag
2912 l ne sait si je ne flotterai pas encore au-dessus de vous, et si je n’éprouverai pas de l’amertume à voir que mes derniers
2913 core au-dessus de vous, et si je n’éprouverai pas de l’amertume à voir que mes derniers désirs même ne sont pas accomplis.
2914 e au-dessus de vous, et si je n’éprouverai pas de l’ amertume à voir que mes derniers désirs même ne sont pas accomplis. Ta
2915 sont pas accomplis. Tant que je serai étendu dans la maison, je veux que la lumière brille dans ma chambre et dans les cor
2916 t que je serai étendu dans la maison, je veux que la lumière brille dans ma chambre et dans les corridors, pendant toute l
2917 eux que la lumière brille dans ma chambre et dans les corridors, pendant toute la nuit, et qu’on n’y regarde pas à quelques
2918 s ma chambre et dans les corridors, pendant toute la nuit, et qu’on n’y regarde pas à quelques kilowatts. Je veux être mis
2919 owatts. Je veux être mis en bière dans mes habits de tous les jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantal
2920 Je veux être mis en bière dans mes habits de tous les jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantalon brille
2921 s mes habits de tous les jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantalon brillent. En aucun cas je ne veux ê
2922 e tous les jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantalon brillent. En aucun cas je ne veux être emballé d
2923 es jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantalon brillent. En aucun cas je ne veux être emballé dans une
2924 un cas je ne veux être emballé dans une serviette de papier. Je renonce aux couronnes mortuaires et à toute autre marque e
2925 nes mortuaires et à toute autre marque extérieure de deuil ; par contre je voudrais que l’on joue sur ma tombe : Schon die
2926 extérieure de deuil ; par contre je voudrais que l’ on joue sur ma tombe : Schon die Abendglocken klangen et ensuite : Hei
2927 , oh giesse du ! » 10 juin 1929 Tennis avec la jolie fille au collier de perles bleues. Après la partie, où l’on s’e
2928 uin 1929 Tennis avec la jolie fille au collier de perles bleues. Après la partie, où l’on s’est renvoyé autant de regar
2929 la jolie fille au collier de perles bleues. Après la partie, où l’on s’est renvoyé autant de regards que de balles : — « J
2930 au collier de perles bleues. Après la partie, où l’ on s’est renvoyé autant de regards que de balles : — « Je vous ai bien
2931 es. Après la partie, où l’on s’est renvoyé autant de regards que de balles : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre
2932 rtie, où l’on s’est renvoyé autant de regards que de balles : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre de mon amie, vo
2933 que de balles : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre de mon amie, vous étiez si melancholisch ! » — « À ma fenêtre
2934 es : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre de mon amie, vous étiez si melancholisch ! » — « À ma fenêtre ? Je ne m’
2935 ouviens pas », dis-je, mentant. Une grosse averse d’ orage nous a fait fuir sous la tonnelle du vestiaire. « N’est-ce pas,
2936 . Une grosse averse d’orage nous a fait fuir sous la tonnelle du vestiaire. « N’est-ce pas, les Français sont terribles av
2937 ir sous la tonnelle du vestiaire. « N’est-ce pas, les Français sont terribles avec les filles ? » (Je pense : comme elles s
2938 « N’est-ce pas, les Français sont terribles avec les filles ? » (Je pense : comme elles sont tout de suite en fuite, de to
2939 pense : comme elles sont tout de suite en fuite, de tout leur maintien, quand elles ne sont pas provocantes.) Elle baisse
2940 quand elles ne sont pas provocantes.) Elle baisse les yeux, rougit, respire. Elle a l’air de se moquer de moi et d’avoir su
2941 le baisse les yeux, rougit, respire. Elle a l’air de se moquer de moi et d’avoir subi une sorte d’affront, en même temps.
2942 yeux, rougit, respire. Elle a l’air de se moquer de moi et d’avoir subi une sorte d’affront, en même temps. — « Ne regard
2943 git, respire. Elle a l’air de se moquer de moi et d’ avoir subi une sorte d’affront, en même temps. — « Ne regardez donc pa
2944 air de se moquer de moi et d’avoir subi une sorte d’ affront, en même temps. — « Ne regardez donc pas mes mains, je dois fa
2945 — « Ne regardez donc pas mes mains, je dois faire le ménage ces jours, la peau devient toute sèche et je n’ai même pas pu
2946 pas mes mains, je dois faire le ménage ces jours, la peau devient toute sèche et je n’ai même pas pu me faire les ongles… 
2947 vient toute sèche et je n’ai même pas pu me faire les ongles… » Elle voudrait ressembler aux girls de son magazine, et me v
2948 les ongles… » Elle voudrait ressembler aux girls de son magazine, et me voit comme au cinéma. Moi, je crois entendre Gret
2949 au cinéma. Moi, je crois entendre Gretchen (dans la scène du jardin, du premier Faust. Presque les mêmes mots !). Doux ma
2950 ans la scène du jardin, du premier Faust. Presque les mêmes mots !). Doux malentendu qui nous rapproche sous la forme, resp
2951 mots !). Doux malentendu qui nous rapproche sous la forme, respectivement, d’une carte postale et d’une réminiscence litt
2952 qui nous rapproche sous la forme, respectivement, d’ une carte postale et d’une réminiscence littéraire. Ses deux sœurs son
2953 la forme, respectivement, d’une carte postale et d’ une réminiscence littéraire. Ses deux sœurs sont venues la chercher, e
2954 miniscence littéraire. Ses deux sœurs sont venues la chercher, et nous sommes rentrés sous le même parapluie, jusqu’à leur
2955 t venues la chercher, et nous sommes rentrés sous le même parapluie, jusqu’à leur petite maison couverte de roses Crimson.
2956 me parapluie, jusqu’à leur petite maison couverte de roses Crimson. Le père est un colonel en retraite qui déteste les Fra
2957 u’à leur petite maison couverte de roses Crimson. Le père est un colonel en retraite qui déteste les Franzosen. On ne me p
2958 n. Le père est un colonel en retraite qui déteste les Franzosen. On ne me permet pas d’entrer. 11 juin 1929 Au rebour
2959 te qui déteste les Franzosen. On ne me permet pas d’ entrer. 11 juin 1929 Au rebours des classiques français, livrés
2960 9 Au rebours des classiques français, livrés à l’ Enseignement, Goethe est profondément « populaire ». Non seulement l’a
2961 the est profondément « populaire ». Non seulement l’ aubergiste d’en face cite ses vers en guise de proverbes à propos du t
2962 ndément « populaire ». Non seulement l’aubergiste d’ en face cite ses vers en guise de proverbes à propos du temps ou des a
2963 à propos du temps ou des affaires locales ; mais les bourgeois de Meister parlent exactement comme mes hôtes, avec les mêm
2964 emps ou des affaires locales ; mais les bourgeois de Meister parlent exactement comme mes hôtes, avec les mêmes tours fami
2965 Meister parlent exactement comme mes hôtes, avec les mêmes tours familiers et sentencieux, qu’il s’agisse des choses du ci
2966 sentencieux, qu’il s’agisse des choses du ciel ou de l’ordonnance du ménage. Une fois de plus, je m’émerveille du réalisme
2967 tencieux, qu’il s’agisse des choses du ciel ou de l’ ordonnance du ménage. Une fois de plus, je m’émerveille du réalisme de
2968 ge. Une fois de plus, je m’émerveille du réalisme de ce peuple de rêveurs. Dans les Affinités électives, au moment le plus
2969 de plus, je m’émerveille du réalisme de ce peuple de rêveurs. Dans les Affinités électives, au moment le plus dramatique,
2970 rveille du réalisme de ce peuple de rêveurs. Dans les Affinités électives, au moment le plus dramatique, celui de la noyade
2971 rêveurs. Dans les Affinités électives, au moment le plus dramatique, celui de la noyade pendant le feu d’artifice, souven
2972 és électives, au moment le plus dramatique, celui de la noyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va
2973 électives, au moment le plus dramatique, celui de la noyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-
2974 nt le plus dramatique, celui de la noyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher l
2975 lus dramatique, celui de la noyade pendant le feu d’ artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher le desti
2976 a noyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux cris
2977 oyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux cris ra
2978 uvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux cris raciniens ? Elle envoie le capitaine
2979 tesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux cris raciniens ? Elle envoie le capitaine au château puis songe
2980 ou pousser de beaux cris raciniens ? Elle envoie le capitaine au château puis songe qu’il a oublié la clef de l’armoire a
2981 le capitaine au château puis songe qu’il a oublié la clef de l’armoire aux confitures. (Je crois qu’il y a dans cette armo
2982 aine au château puis songe qu’il a oublié la clef de l’armoire aux confitures. (Je crois qu’il y a dans cette armoire un c
2983 e au château puis songe qu’il a oublié la clef de l’ armoire aux confitures. (Je crois qu’il y a dans cette armoire un cord
2984 y a dans cette armoire un cordial tout indiqué en l’ occurrence.) Ainsi vivait l’Allemagne d’hier — celle de cette province
2985 rdial tout indiqué en l’occurrence.) Ainsi vivait l’ Allemagne d’hier — celle de cette province encore — dans l’intimité vi
2986 ndiqué en l’occurrence.) Ainsi vivait l’Allemagne d’ hier — celle de cette province encore — dans l’intimité vivante de ses
2987 urrence.) Ainsi vivait l’Allemagne d’hier — celle de cette province encore — dans l’intimité vivante de ses classiques. De
2988 ne d’hier — celle de cette province encore — dans l’ intimité vivante de ses classiques. De là peut-être cette dignité conf
2989 e cette province encore — dans l’intimité vivante de ses classiques. De là peut-être cette dignité conférée à la vie bourg
2990 core — dans l’intimité vivante de ses classiques. De là peut-être cette dignité conférée à la vie bourgeoise, qui fait un
2991 ssiques. De là peut-être cette dignité conférée à la vie bourgeoise, qui fait un peu sourire, et qui est si réconfortante.
2992 Swedenborg : Goethe m’y ramène, dont je lis qu’il les prisait fort, ainsi que Boehme, dans sa jeunesse. Il m’y ramène par u
2993 unesse. Il m’y ramène par un tour moins imprudent de la réflexion, avec ce même « réalisme » exemplaire, que tout, ici, co
2994 sse. Il m’y ramène par un tour moins imprudent de la réflexion, avec ce même « réalisme » exemplaire, que tout, ici, consp
2995 it laisser aucun doute, fussions-nous même privés de certains témoignages oraux ou de quelques textes irréfutables. Cepend
2996 nous même privés de certains témoignages oraux ou de quelques textes irréfutables. Cependant il possède à un si haut degré
2997 futables. Cependant il possède à un si haut degré le sens de l’enrobement des vérités occultes, de leur symbolisme concret
2998 . Cependant il possède à un si haut degré le sens de l’enrobement des vérités occultes, de leur symbolisme concret, de leu
2999 ependant il possède à un si haut degré le sens de l’ enrobement des vérités occultes, de leur symbolisme concret, de leur i
3000 gré le sens de l’enrobement des vérités occultes, de leur symbolisme concret, de leur incarnation, qu’il est possible de l
3001 des vérités occultes, de leur symbolisme concret, de leur incarnation, qu’il est possible de lire les Affinités « sans y r
3002 concret, de leur incarnation, qu’il est possible de lire les Affinités « sans y rien voir », comme on dit17. Mais lorsqu’
3003 , de leur incarnation, qu’il est possible de lire les Affinités « sans y rien voir », comme on dit17. Mais lorsqu’on « voit
3004 voit » soudain — quelle prise ! Et combien j’aime le paysage de cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails de l’intendance
3005 ain — quelle prise ! Et combien j’aime le paysage de cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails de l’intendance des domain
3006 age de cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails de l’intendance des domaines. Là, toute démarche de la pensée s’accorde
3007 de cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails de l’ intendance des domaines. Là, toute démarche de la pensée s’accorde à d
3008 de l’intendance des domaines. Là, toute démarche de la pensée s’accorde à des pentes variées et réelles, aux collines thu
3009 l’intendance des domaines. Là, toute démarche de la pensée s’accorde à des pentes variées et réelles, aux collines thurin
3010 nnes sous un très grand ciel doux. Une atmosphère de réflexion confiante et substantielle… Qu’irai-je demander d’autre à c
3011 n confiante et substantielle… Qu’irai-je demander d’ autre à cette « Germanie aimée18 » ? Ah ! les livres nous avaient bien
3012 ander d’autre à cette « Germanie aimée18 » ? Ah ! les livres nous avaient bien trompés. Pas trace ici de « merveilleux ». T
3013 s livres nous avaient bien trompés. Pas trace ici de « merveilleux ». Tout ce qui, sous d’autres climats, fait effervescen
3014 s d’autres climats, fait effervescence et fuse en l’ air, ici fermente en pleine pâte. Ainsi voudrais-je un jour décrire ma
3015 rais-je un jour décrire ma Souabe : comme un état de l’âme patiente. Une pensée sensuelle et lente, et qui jouit parfois d
3016 s-je un jour décrire ma Souabe : comme un état de l’ âme patiente. Une pensée sensuelle et lente, et qui jouit parfois de s
3017 e pensée sensuelle et lente, et qui jouit parfois de son objet… 13 juin 1929 Werther. J’ai mis des feuilles de buva
3018 13 juin 1929 Werther. J’ai mis des feuilles de buvard entre les pages, à cause de toutes ces larmes. Maintenant, par
3019 Werther. J’ai mis des feuilles de buvard entre les pages, à cause de toutes ces larmes. Maintenant, parlez-moi du modern
3020 mes. Maintenant, parlez-moi du modernisme éternel de cette plainte. — Des Werthers aux yeux secs, voilà ce que nous sommes
3021 1929 Je suis assis en face du magazine que lit le père Reinecke. Ses grosses pattes et sa barbe rousse dépassent, et pa
3022 épassent, et parfois un œil égrillard. Impossible de lire Meister ce soir. Je ne sais pas ce qu’il y a, sinon que je dois
3023 , sinon que je dois retenir violemment une espèce de joie qui attrape la fièvre dans mon corps. Toute cette journée baigné
3024 retenir violemment une espèce de joie qui attrape la fièvre dans mon corps. Toute cette journée baignée de l’air des colli
3025 ièvre dans mon corps. Toute cette journée baignée de l’air des collines, il semble que mon sang ce soir la comprenne et lu
3026 re dans mon corps. Toute cette journée baignée de l’ air des collines, il semble que mon sang ce soir la comprenne et lui r
3027 ’air des collines, il semble que mon sang ce soir la comprenne et lui réponde sourdement. La nuit s’ouvre comme un jardin
3028 g ce soir la comprenne et lui réponde sourdement. La nuit s’ouvre comme un jardin aux allées aventureuses. Je sortirai dan
3029 jardin aux allées aventureuses. Je sortirai dans les rues vides, je monterai jusqu’au signal, voir le pays sous la lune, j
3030 les rues vides, je monterai jusqu’au signal, voir le pays sous la lune, je choisirai une maison isolée, la plus secrète da
3031 s, je monterai jusqu’au signal, voir le pays sous la lune, je choisirai une maison isolée, la plus secrète dans les arbres
3032 ays sous la lune, je choisirai une maison isolée, la plus secrète dans les arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ?
3033 choisirai une maison isolée, la plus secrète dans les arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ? La fille au collier b
3034 ne maison isolée, la plus secrète dans les arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ? La fille au collier bleu… Tout
3035 us secrète dans les arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ? La fille au collier bleu… Tout d’un coup le sommeil me
3036 s arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ? La fille au collier bleu… Tout d’un coup le sommeil me vide les jambes.
3037 Le sais-je même ? La fille au collier bleu… Tout d’ un coup le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’imaginatio
3038 e même ? La fille au collier bleu… Tout d’un coup le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’imagination, cette n
3039 u collier bleu… Tout d’un coup le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’imagination, cette nuit qu’il eût fallu
3040 eu… Tout d’un coup le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’imagination, cette nuit qu’il eût fallu vivre tout
3041 le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’ imagination, cette nuit qu’il eût fallu vivre tout entière et qui n’es
3042 entre ce que je vois et ce que je pense, tournant les choses, les vidant, allant pincer le nerf Réalité avec un sourd gémis
3043 je vois et ce que je pense, tournant les choses, les vidant, allant pincer le nerf Réalité avec un sourd gémissement de la
3044 e, tournant les choses, les vidant, allant pincer le nerf Réalité avec un sourd gémissement de la pensée. J’ai vu la vie,
3045 pincer le nerf Réalité avec un sourd gémissement de la pensée. J’ai vu la vie, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bo
3046 ncer le nerf Réalité avec un sourd gémissement de la pensée. J’ai vu la vie, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bougé
3047 é avec un sourd gémissement de la pensée. J’ai vu la vie, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bougé. Le père Reinecke
3048 e, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bougé. Le père Reinecke ferme son magazine d’un coup, ôte ses lunettes, me rega
3049 ai pas bougé. Le père Reinecke ferme son magazine d’ un coup, ôte ses lunettes, me regarde avec des yeux écarquillés. « Mai
3050 ec des yeux écarquillés. « Maintenant, dit-il (et l’ on sent qu’il pense : maintenant que nous avons clos cette journée par
3051 voulons aller dormir. Ainsi, dormez bien, faites de doux rêves, — il cligne vers son magazine — pas trop doux, hein !… »
3052 s trop doux, hein !… » Tout cela est très juste ; la vie doit être ainsi : parfaitement compréhensible et d’une vulgarité
3053 doit être ainsi : parfaitement compréhensible et d’ une vulgarité toute naturelle. Il faut aller dormir. Rose de Tannen
3054 . Il faut aller dormir. Rose de Tannenbourg L’ esplanade du Brühl, un soir de fête, en juin. Il y a dans les marronni
3055 e de Tannenbourg L’esplanade du Brühl, un soir de fête, en juin. Il y a dans les marronniers noirs des lampions et des
3056 e du Brühl, un soir de fête, en juin. Il y a dans les marronniers noirs des lampions et des touffes de gamins qui regardent
3057 les marronniers noirs des lampions et des touffes de gamins qui regardent avec la bouche ce qui se passe à l’intérieur d’u
3058 pions et des touffes de gamins qui regardent avec la bouche ce qui se passe à l’intérieur d’une enceinte de toiles tendues
3059 ns qui regardent avec la bouche ce qui se passe à l’ intérieur d’une enceinte de toiles tendues au-devant d’un petit théâtr
3060 dent avec la bouche ce qui se passe à l’intérieur d’ une enceinte de toiles tendues au-devant d’un petit théâtre. La rampe
3061 uche ce qui se passe à l’intérieur d’une enceinte de toiles tendues au-devant d’un petit théâtre. La rampe a des feux stel
3062 érieur d’une enceinte de toiles tendues au-devant d’ un petit théâtre. La rampe a des feux stellaires, couleur d’Aldébaran.
3063 e de toiles tendues au-devant d’un petit théâtre. La rampe a des feux stellaires, couleur d’Aldébaran. On joue Rose de Tan
3064 théâtre. La rampe a des feux stellaires, couleur d’ Aldébaran. On joue Rose de Tannenbourg, drame en 15 tableaux, un prolo
3065 me en 15 tableaux, un prologue et une conclusion. Le carton des armures sonne sourdement sous les coups d’un Kühnrich à la
3066 sion. Le carton des armures sonne sourdement sous les coups d’un Kühnrich à la basse rugissante, plus traître que nature av
3067 arton des armures sonne sourdement sous les coups d’ un Kühnrich à la basse rugissante, plus traître que nature avec sa lar
3068 s sonne sourdement sous les coups d’un Kühnrich à la basse rugissante, plus traître que nature avec sa large face mangée p
3069 e avec sa large face mangée par une barbe en crin de cheval du diable. L’héroïne est belle comme une ballade de Bürger, ta
3070 mangée par une barbe en crin de cheval du diable. L’ héroïne est belle comme une ballade de Bürger, tandis qu’elle arrose d
3071 du diable. L’héroïne est belle comme une ballade de Bürger, tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de la prison pat
3072 omme une ballade de Bürger, tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de la prison paternelle, tout en coulant un clin
3073 de de Bürger, tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de la prison paternelle, tout en coulant un clin d’œil assassin
3074 ger, tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de la prison paternelle, tout en coulant un clin d’œil assassin vers le
3075 , tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de la prison paternelle, tout en coulant un clin d’œil assassin vers le par
3076 elle, tout en coulant un clin d’œil assassin vers le parterre agité de passions contradictoires. Durant les entractes, une
3077 ant un clin d’œil assassin vers le parterre agité de passions contradictoires. Durant les entractes, une fanfare de paysan
3078 arterre agité de passions contradictoires. Durant les entractes, une fanfare de paysans bleu de roi joue sur un rythme impe
3079 ontradictoires. Durant les entractes, une fanfare de paysans bleu de roi joue sur un rythme impeccable, avec toujours les
3080 Durant les entractes, une fanfare de paysans bleu de roi joue sur un rythme impeccable, avec toujours les mêmes notes fêlé
3081 roi joue sur un rythme impeccable, avec toujours les mêmes notes fêlées et l’accompagnement dans les feuillages de voix fa
3082 peccable, avec toujours les mêmes notes fêlées et l’ accompagnement dans les feuillages de voix fausses mais aériennes, des
3083 s les mêmes notes fêlées et l’accompagnement dans les feuillages de voix fausses mais aériennes, des chansons du Grand Duch
3084 es fêlées et l’accompagnement dans les feuillages de voix fausses mais aériennes, des chansons du Grand Duché de Bade qui
3085 usses mais aériennes, des chansons du Grand Duché de Bade qui sont ce que je connais de plus indiciblement nostalgique. U
3086 n, muss sie am Rheine Geboren sein… (Il faudrait la mélodie.) La fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur les collines.
3087 m Rheine Geboren sein… (Il faudrait la mélodie.) La fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur les collines. Un grand verr
3088 (Il faudrait la mélodie.) La fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur les collines. Un grand verre de bière à l’auberge
3089 ie.) La fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur les collines. Un grand verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et mon
3090 nuit est chaude sur les collines. Un grand verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La peti
3091 haude sur les collines. Un grand verre de bière à l’ auberge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison d
3092 berge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retraite a des fenêtres basses, mais défe
3093 iers sauvages. Laquelle des trois filles est donc la plus jolie ? Sans doute celle qui dort dans la mansarde, et qui n’a p
3094 nc la plus jolie ? Sans doute celle qui dort dans la mansarde, et qui n’a pas peur… Mais c’est l’aînée que je préfère, et
3095 dans la mansarde, et qui n’a pas peur… Mais c’est l’ aînée que je préfère, et qui m’attend peut-être, derrière ses volets m
3096 ué son collier à mon poignet : « pour que je rêve d’ elle ». Son sérieux enfantin devant la vie. « Es ist doch Schicksal, e
3097 que je rêve d’elle ». Son sérieux enfantin devant la vie. « Es ist doch Schicksal, es ist alles Schicksal ! » Avec un soup
3098 et cela signifie d’ailleurs qu’il n’y a pas lieu de résister. 22 juin 1929 Rencontre avec la jeune fille tzigane. L
3099 eu de résister. 22 juin 1929 Rencontre avec la jeune fille tzigane. Le dirai-je ici comme un rêve ? ou comme quelque
3100 in 1929 Rencontre avec la jeune fille tzigane. Le dirai-je ici comme un rêve ? ou comme quelque chose de bien vrai et q
3101 rai-je ici comme un rêve ? ou comme quelque chose de bien vrai et qui s’est passé cette nuit ? Plusieurs choses sont douce
3102 ette nuit ? Plusieurs choses sont douces au désir de celui qui marche dans une campagne nocturne. Mais plus douce que tout
3103 e nocturne. Mais plus douce que toutes choses est la rencontre sous un arbre noir d’une femme abandonnée dans sa tristesse
3104 toutes choses est la rencontre sous un arbre noir d’ une femme abandonnée dans sa tristesse. Par moments il y a la Lune et
3105 abandonnée dans sa tristesse. Par moments il y a la Lune et le visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi
3106 dans sa tristesse. Par moments il y a la Lune et le visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi je demeure
3107 se. Par moments il y a la Lune et le visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.)
3108 Par moments il y a la Lune et le visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.) Qua
3109 Lune et le visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.) Quand la Lune s’en va, il
3110 debout contre le tronc. (Pour moi je demeure dans l’ ombre.) Quand la Lune s’en va, il y a ce haut corps obscur qui vit tou
3111 tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.) Quand la Lune s’en va, il y a ce haut corps obscur qui vit tout près de moi da
3112 vit tout près de moi dans son véritable silence, les yeux clos. L’arbre, en sa nuit vivante, rêve de nous. Plus tard, nous
3113 de moi dans son véritable silence, les yeux clos. L’ arbre, en sa nuit vivante, rêve de nous. Plus tard, nous nous sommes r
3114 les yeux clos. L’arbre, en sa nuit vivante, rêve de nous. Plus tard, nous nous sommes regardés sans fin. (Ah ! comment di
3115 ette nuit.) Un vent léger écartait une branche et la Lune éclairait à longs traits nos visages. Je reconnus la jeune fille
3116 éclairait à longs traits nos visages. Je reconnus la jeune fille tzigane, ma Rose noire de Tannenbourg. La lumière délirai
3117 Je reconnus la jeune fille tzigane, ma Rose noire de Tannenbourg. La lumière délirait doucement, au sein du silence et du
3118 eune fille tzigane, ma Rose noire de Tannenbourg. La lumière délirait doucement, au sein du silence et du regard. Et nous
3119 egard. Et nous sommes demeurés des heures au-delà de ce que l’on ignore d’un être, dans le domaine sans frontières où l’on
3120 nous sommes demeurés des heures au-delà de ce que l’ on ignore d’un être, dans le domaine sans frontières où l’on connaît p
3121 demeurés des heures au-delà de ce que l’on ignore d’ un être, dans le domaine sans frontières où l’on connaît profondément.
3122 res au-delà de ce que l’on ignore d’un être, dans le domaine sans frontières où l’on connaît profondément. Par les yeux d’
3123 ore d’un être, dans le domaine sans frontières où l’ on connaît profondément. Par les yeux d’une femme étrangère, mes yeux
3124 sans frontières où l’on connaît profondément. Par les yeux d’une femme étrangère, mes yeux possédaient sans mesure tout ce
3125 tières où l’on connaît profondément. Par les yeux d’ une femme étrangère, mes yeux possédaient sans mesure tout ce que l’an
3126 ère, mes yeux possédaient sans mesure tout ce que l’ anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence
3127 eux possédaient sans mesure tout ce que l’anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infinimen
3128 possédaient sans mesure tout ce que l’anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infiniment c
3129 ure tout ce que l’anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infiniment comblée. Oui, je sus q
3130 que l’anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infiniment comblée. Oui, je sus que l’échang
3131 e la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infiniment comblée. Oui, je sus que l’échange de deux regard
3132 t la violence infiniment comblée. Oui, je sus que l’ échange de deux regards est infini, est indéfiniment grandiose et musi
3133 nce infiniment comblée. Oui, je sus que l’échange de deux regards est infini, est indéfiniment grandiose et musical. Ainsi
3134 t touchées, lorsque au point du jour je vis pâlir la jeune femme. Elle comprit que j’allais parler, et mit un doigt contre
3135 ai mes regards sur ses vêtements misérables et je l’ accueillis dans mes bras. Elle rêvait, ses mains étaient très douces,
3136 u bien une prairie. (Je suis rentré sans éveiller le chien. Un chaud soleil pénétrait dans la grande maison fraîche. Maint
3137 éveiller le chien. Un chaud soleil pénétrait dans la grande maison fraîche. Maintenant la journée commence, avec les pas d
3138 nétrait dans la grande maison fraîche. Maintenant la journée commence, avec les pas de la servante au corridor.) Début
3139 son fraîche. Maintenant la journée commence, avec les pas de la servante au corridor.) Début de juillet 1929 Écrivez
3140 che. Maintenant la journée commence, avec les pas de la servante au corridor.) Début de juillet 1929 Écrivez donc un
3141 . Maintenant la journée commence, avec les pas de la servante au corridor.) Début de juillet 1929 Écrivez donc une n
3142 vec les pas de la servante au corridor.) Début de juillet 1929 Écrivez donc une nouvelle allemande pleine de myosoti
3143 929 Écrivez donc une nouvelle allemande pleine de myosotis, de Gérard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de c
3144 z donc une nouvelle allemande pleine de myosotis, de Gérard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la
3145 llemande pleine de myosotis, de Gérard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la redingote verte, de j
3146 tis, de Gérard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la redingote verte, de jeunes filles qui jouent
3147 rard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la redingote verte, de jeunes filles qui jouent du violon
3148 , de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la redingote verte, de jeunes filles qui jouent du violon dans les champ
3149 dans la forêt, de chasseur à la redingote verte, de jeunes filles qui jouent du violon dans les champs de myrtille et d’i
3150 verte, de jeunes filles qui jouent du violon dans les champs de myrtille et d’impératrices qui prient dans des chapelles en
3151 eunes filles qui jouent du violon dans les champs de myrtille et d’impératrices qui prient dans des chapelles envahies par
3152 i jouent du violon dans les champs de myrtille et d’ impératrices qui prient dans des chapelles envahies par les sapins. C’
3153 trices qui prient dans des chapelles envahies par les sapins. C’est dans une lettre de l’auteur de la Rose de Thuringe. J’a
3154 es envahies par les sapins. C’est dans une lettre de l’auteur de la Rose de Thuringe. J’ai répondu : Je ne sais pas si vou
3155 envahies par les sapins. C’est dans une lettre de l’ auteur de la Rose de Thuringe. J’ai répondu : Je ne sais pas si vous a
3156 par les sapins. C’est dans une lettre de l’auteur de la Rose de Thuringe. J’ai répondu : Je ne sais pas si vous avez connu
3157 les sapins. C’est dans une lettre de l’auteur de la Rose de Thuringe. J’ai répondu : Je ne sais pas si vous avez connu ce
3158 sais pas si vous avez connu ce contentement large de tout l’être devant un verre de vin allemand que l’on boit à petites g
3159 si vous avez connu ce contentement large de tout l’ être devant un verre de vin allemand que l’on boit à petites gorgées,
3160 contentement large de tout l’être devant un verre de vin allemand que l’on boit à petites gorgées, entre des bouffées de p
3161 e tout l’être devant un verre de vin allemand que l’ on boit à petites gorgées, entre des bouffées de pipe, à l’auberge. Le
3162 e l’on boit à petites gorgées, entre des bouffées de pipe, à l’auberge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’o
3163 à petites gorgées, entre des bouffées de pipe, à l’ auberge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de l
3164 gorgées, entre des bouffées de pipe, à l’auberge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d
3165 uffées de pipe, à l’auberge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d’une certaine puissan
3166 erge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’esprit qui se c
3167 e. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’ odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’esprit qui se conc
3168 me se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’esprit qui se concentre dans
3169 de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d’ une certaine puissance de l’esprit qui se concentre dans un désir ou d
3170 l’odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’esprit qui se concentre dans un désir ou dans un rêve. Le vin de So
3171 odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’ esprit qui se concentre dans un désir ou dans un rêve. Le vin de Souab
3172 t qui se concentre dans un désir ou dans un rêve. Le vin de Souabe grise insensiblement, c’est plutôt qu’une fièvre une ju
3173 e concentre dans un désir ou dans un rêve. Le vin de Souabe grise insensiblement, c’est plutôt qu’une fièvre une jubilatio
3174 fièvre une jubilation bonhomique qui commence par le cœur et se contente de ralentir doucement les idées. C’est un attendr
3175 onhomique qui commence par le cœur et se contente de ralentir doucement les idées. C’est un attendrissement plein de force
3176 par le cœur et se contente de ralentir doucement les idées. C’est un attendrissement plein de force et de dignité. Alors s
3177 ucement les idées. C’est un attendrissement plein de force et de dignité. Alors si l’on est quelques-uns, on se met à chan
3178 idées. C’est un attendrissement plein de force et de dignité. Alors si l’on est quelques-uns, on se met à chanter des chos
3179 drissement plein de force et de dignité. Alors si l’ on est quelques-uns, on se met à chanter des choses déchirantes qui pe
3180 imer cette euphorie. Quelques larmes font briller les yeux souriants et généreux. On se sent très près de ce qu’il y a de p
3181 e sent très près de ce qu’il y a de plus pur dans la nature et toutes sortes de sensualités et de gourmandises qui s’éveil
3182 l y a de plus pur dans la nature et toutes sortes de sensualités et de gourmandises qui s’éveillent, en sont comme sanctif
3183 dans la nature et toutes sortes de sensualités et de gourmandises qui s’éveillent, en sont comme sanctifiées. Mais c’est l
3184 ’éveillent, en sont comme sanctifiées. Mais c’est le moment d’entamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table
3185 , en sont comme sanctifiées. Mais c’est le moment d’ entamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table une servan
3186 comme sanctifiées. Mais c’est le moment d’entamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table une servante respect
3187 iées. Mais c’est le moment d’entamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table une servante respectueuse des plai
3188 ntamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table une servante respectueuse des plaisirs des hommes, et peut-être
3189 ueuse des plaisirs des hommes, et peut-être aussi de leurs familiarités. J’étais attablé ce soir-là dans l’Auberge du Cerf
3190 urs familiarités. J’étais attablé ce soir-là dans l’ Auberge du Cerf, au premier, les pieds contre mon schnauzer enfin calm
3191 lé ce soir-là dans l’Auberge du Cerf, au premier, les pieds contre mon schnauzer enfin calmé (il avait harcelé la servante
3192 ontre mon schnauzer enfin calmé (il avait harcelé la servante avec cette démesure qu’apportent dans leurs démonstrations l
3193 e démesure qu’apportent dans leurs démonstrations les chiens de tous les pays). Au bout d’un certain temps, et sans doute à
3194 qu’apportent dans leurs démonstrations les chiens de tous les pays). Au bout d’un certain temps, et sans doute à cause de
3195 tent dans leurs démonstrations les chiens de tous les pays). Au bout d’un certain temps, et sans doute à cause de ce que je
3196 temps, et sans doute à cause de ce que je venais d’ écrire, la faim me prit et je demandai une paire de saucisses croquant
3197 sans doute à cause de ce que je venais d’écrire, la faim me prit et je demandai une paire de saucisses croquantes et de l
3198 ’écrire, la faim me prit et je demandai une paire de saucisses croquantes et de la moutarde douce. Le journal local m’avai
3199 je demandai une paire de saucisses croquantes et de la moutarde douce. Le journal local m’avait apporté cette ration de b
3200 demandai une paire de saucisses croquantes et de la moutarde douce. Le journal local m’avait apporté cette ration de boul
3201 de saucisses croquantes et de la moutarde douce. Le journal local m’avait apporté cette ration de bouleversements, locaux
3202 ce. Le journal local m’avait apporté cette ration de bouleversements, locaux aussi à leur manière, et très éloignés, qui c
3203 peser des idées qui venaient se poser devant moi. La servante à l’autre coin de la pièce brodait, bâillait, se sentait seu
3204 t se poser devant moi. La servante à l’autre coin de la pièce brodait, bâillait, se sentait seule aussi. Ah ! pensai-je — 
3205 e poser devant moi. La servante à l’autre coin de la pièce brodait, bâillait, se sentait seule aussi. Ah ! pensai-je — et
3206 j’écris ici, c’était alors une soudaine virulence de ma pensée, un élan contenu de certitude et de tendre lucidité, — je s
3207 soudaine virulence de ma pensée, un élan contenu de certitude et de tendre lucidité, — je sais pourquoi je puis rester da
3208 nce de ma pensée, un élan contenu de certitude et de tendre lucidité, — je sais pourquoi je puis rester dans cette Souabe
3209 es jours, je crois, oui je crois bien que je sens la vie tout le temps… 15 juillet 1929 Le père Reinecke me félicite
3210 crois, oui je crois bien que je sens la vie tout le temps… 15 juillet 1929 Le père Reinecke me félicite de ma bonne
3211 sens la vie tout le temps… 15 juillet 1929 Le père Reinecke me félicite de ma bonne mine, résultat selon lui de l’e
3212 15 juillet 1929 Le père Reinecke me félicite de ma bonne mine, résultat selon lui de l’excellente cuisine que nous se
3213 me félicite de ma bonne mine, résultat selon lui de l’excellente cuisine que nous sert la Gnädige. Je n’aurais plus l’air
3214 félicite de ma bonne mine, résultat selon lui de l’ excellente cuisine que nous sert la Gnädige. Je n’aurais plus l’air ci
3215 t selon lui de l’excellente cuisine que nous sert la Gnädige. Je n’aurais plus l’air citadin. Allons bon, félicitons l’hôt
3216 uisine que nous sert la Gnädige. Je n’aurais plus l’ air citadin. Allons bon, félicitons l’hôtesse. Au reste il s’agit bel
3217 aurais plus l’air citadin. Allons bon, félicitons l’ hôtesse. Au reste il s’agit bel et bien d’une question de nourriture,
3218 icitons l’hôtesse. Au reste il s’agit bel et bien d’ une question de nourriture, — la question fondamentale, et non point s
3219 se. Au reste il s’agit bel et bien d’une question de nourriture, — la question fondamentale, et non point seulement pour l
3220 ’agit bel et bien d’une question de nourriture, —  la question fondamentale, et non point seulement pour le corps. J’ai pen
3221 uestion fondamentale, et non point seulement pour le corps. J’ai pensé aux gens des villes, au décor de leur « vie ». J’ai
3222 e corps. J’ai pensé aux gens des villes, au décor de leur « vie ». J’ai vu clairement qu’ils sont en péril d’inanition spi
3223 « vie ». J’ai vu clairement qu’ils sont en péril d’ inanition spirituelle. Ils ne dorment plus assez pour se rendre compte
3224 . Ils ne dorment plus assez pour se rendre compte de la décadence de leurs rêves et des possessions en rêve — ce signal d’
3225 ls ne dorment plus assez pour se rendre compte de la décadence de leurs rêves et des possessions en rêve — ce signal d’ala
3226 plus assez pour se rendre compte de la décadence de leurs rêves et des possessions en rêve — ce signal d’alarme —, et l’a
3227 eurs rêves et des possessions en rêve — ce signal d’ alarme —, et l’amour qu’ils essaient encore le samedi soir n’est plus
3228 es possessions en rêve — ce signal d’alarme —, et l’ amour qu’ils essaient encore le samedi soir n’est plus cet infini repo
3229 nal d’alarme —, et l’amour qu’ils essaient encore le samedi soir n’est plus cet infini repos dans la puissance et l’être,
3230 e le samedi soir n’est plus cet infini repos dans la puissance et l’être, mais seulement une usure des nerfs. Lampe vide,
3231 n’est plus cet infini repos dans la puissance et l’ être, mais seulement une usure des nerfs. Lampe vide, la mèche se cons
3232 , mais seulement une usure des nerfs. Lampe vide, la mèche se consume. Bois du lait, perds du temps, bats les lisières du
3233 he se consume. Bois du lait, perds du temps, bats les lisières du sommeil. Ou bien descends les bras collés au corps dans l
3234 s, bats les lisières du sommeil. Ou bien descends les bras collés au corps dans l’onde apaisée du souvenir. Sois riche d’av
3235 l. Ou bien descends les bras collés au corps dans l’ onde apaisée du souvenir. Sois riche d’avoir ce que tu es, comme ils s
3236 corps dans l’onde apaisée du souvenir. Sois riche d’ avoir ce que tu es, comme ils sont pauvres de n’avoir que ce qu’ils on
3237 iche d’avoir ce que tu es, comme ils sont pauvres de n’avoir que ce qu’ils ont. 19 juillet 1929 Ces mois de Souabe m
3238 que ce qu’ils ont. 19 juillet 1929 Ces mois de Souabe m’apparaissent de plus en plus comme une retraite sensuelle. N
3239 plus comme une retraite sensuelle. N’est-ce point de cela que l’homme des villes a besoin de nos jours ? On parle toujours
3240 ne retraite sensuelle. N’est-ce point de cela que l’ homme des villes a besoin de nos jours ? On parle toujours de son appé
3241 -ce point de cela que l’homme des villes a besoin de nos jours ? On parle toujours de son appétit du plaisir. C’est un cli
3242 villes a besoin de nos jours ? On parle toujours de son appétit du plaisir. C’est un cliché d’un autre âge, et trompeur.
3243 ujours de son appétit du plaisir. C’est un cliché d’ un autre âge, et trompeur. Car l’argent n’est pas le plaisir et ne s’o
3244 C’est un cliché d’un autre âge, et trompeur. Car l’ argent n’est pas le plaisir et ne s’obtient pas dans le plaisir. Les a
3245 un autre âge, et trompeur. Car l’argent n’est pas le plaisir et ne s’obtient pas dans le plaisir. Les affaires modernes vu
3246 ent n’est pas le plaisir et ne s’obtient pas dans le plaisir. Les affaires modernes vulgarisent en fait une ascèse inhumai
3247 s le plaisir et ne s’obtient pas dans le plaisir. Les affaires modernes vulgarisent en fait une ascèse inhumaine et sans bu
3248 scèse inhumaine et sans but divin. C’est pourquoi l’ usage d’une sensualité consciente redevient une conquête de la sagesse
3249 humaine et sans but divin. C’est pourquoi l’usage d’ une sensualité consciente redevient une conquête de la sagesse. Fin
3250 ’une sensualité consciente redevient une conquête de la sagesse. Fin juillet 1929 Promenades sous la pluie, à la tom
3251 e sensualité consciente redevient une conquête de la sagesse. Fin juillet 1929 Promenades sous la pluie, à la tombée
3252 a sagesse. Fin juillet 1929 Promenades sous la pluie, à la tombée du jour. L’esprit patient et fort trouve son repos
3253 Fin juillet 1929 Promenades sous la pluie, à la tombée du jour. L’esprit patient et fort trouve son repos dans les fi
3254 Promenades sous la pluie, à la tombée du jour. L’ esprit patient et fort trouve son repos dans les figures qu’il engendr
3255 r. L’esprit patient et fort trouve son repos dans les figures qu’il engendre. Il arrive aussi qu’il les aime et qu’il resse
3256 les figures qu’il engendre. Il arrive aussi qu’il les aime et qu’il ressente à leur égard les désirs qu’auparavant il dédia
3257 ssi qu’il les aime et qu’il ressente à leur égard les désirs qu’auparavant il dédiait à quelque amie de haut parage spiritu
3258 es désirs qu’auparavant il dédiait à quelque amie de haut parage spirituel. Le corps même y trouve sa part, car l’inventio
3259 dédiait à quelque amie de haut parage spirituel. Le corps même y trouve sa part, car l’invention favorise la circulation
3260 ge spirituel. Le corps même y trouve sa part, car l’ invention favorise la circulation du sang, amplifie le rythme des maré
3261 s même y trouve sa part, car l’invention favorise la circulation du sang, amplifie le rythme des marées qui baignent nos m
3262 vention favorise la circulation du sang, amplifie le rythme des marées qui baignent nos membres. J’ai connu peu de joies p
3263 joies plus hautes que celle-ci : se promener dans les campagnes amies en conversant avec les pensées et les êtres nés de la
3264 mener dans les campagnes amies en conversant avec les pensées et les êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Comb
3265 campagnes amies en conversant avec les pensées et les êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Combien j’aime ces
3266 s en conversant avec les pensées et les êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Combien j’aime ces ciels bas et
3267 n conversant avec les pensées et les êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Combien j’aime ces ciels bas et tra
3268 nsées et les êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Combien j’aime ces ciels bas et traînants. Le beau temps n’
3269 pirer. Combien j’aime ces ciels bas et traînants. Le beau temps n’est pas toujours le bon, si l’expression veut qu’il figu
3270 as et traînants. Le beau temps n’est pas toujours le bon, si l’expression veut qu’il figure le contraire du « mauvais ». L
3271 ants. Le beau temps n’est pas toujours le bon, si l’ expression veut qu’il figure le contraire du « mauvais ». Les jours de
3272 oujours le bon, si l’expression veut qu’il figure le contraire du « mauvais ». Les jours de pluie dans les campagnes ont u
3273 on veut qu’il figure le contraire du « mauvais ». Les jours de pluie dans les campagnes ont un charme consolant et secret q
3274 ’il figure le contraire du « mauvais ». Les jours de pluie dans les campagnes ont un charme consolant et secret qui favori
3275 contraire du « mauvais ». Les jours de pluie dans les campagnes ont un charme consolant et secret qui favorise la vie intér
3276 es ont un charme consolant et secret qui favorise la vie intérieure. Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vou
3277 avorise la vie intérieure. Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vous resterez pour moi comme une introduction
3278 e intérieure. Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vous resterez pour moi comme une introduction à la vie len
3279 ntérieure. Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vous resterez pour moi comme une introduction à la vie lente
3280 , vous resterez pour moi comme une introduction à la vie lente — celle que mène l’esprit humain parmi les formes désirable
3281 une introduction à la vie lente — celle que mène l’ esprit humain parmi les formes désirables du monde, lorsqu’il veut les
3282 vie lente — celle que mène l’esprit humain parmi les formes désirables du monde, lorsqu’il veut les connaître et les possé
3283 mi les formes désirables du monde, lorsqu’il veut les connaître et les posséder dans sa force. Car la lenteur est chose sou
3284 irables du monde, lorsqu’il veut les connaître et les posséder dans sa force. Car la lenteur est chose souveraine, — elle s
3285 les connaître et les posséder dans sa force. Car la lenteur est chose souveraine, — elle seule domine l’amour. Les plus g
3286 lenteur est chose souveraine, — elle seule domine l’ amour. Les plus grands spectacles naturels sont des spectacles de lent
3287 st chose souveraine, — elle seule domine l’amour. Les plus grands spectacles naturels sont des spectacles de lenteur ou d’i
3288 us grands spectacles naturels sont des spectacles de lenteur ou d’immobilité dans le mouvement. Et c’est par là qu’ils par
3289 tacles naturels sont des spectacles de lenteur ou d’ immobilité dans le mouvement. Et c’est par là qu’ils parlent à notre â
3290 nt des spectacles de lenteur ou d’immobilité dans le mouvement. Et c’est par là qu’ils parlent à notre âme et la retiennen
3291 nt. Et c’est par là qu’ils parlent à notre âme et la retiennent, la captivent. Fin juillet 1929 Vraiment la rapidité
3292 r là qu’ils parlent à notre âme et la retiennent, la captivent. Fin juillet 1929 Vraiment la rapidité ne saurait êtr
3293 nt, la captivent. Fin juillet 1929 Vraiment la rapidité ne saurait être le fait d’un esprit incarné, mais seulement
3294 llet 1929 Vraiment la rapidité ne saurait être le fait d’un esprit incarné, mais seulement de son imagination pervertie
3295 9 Vraiment la rapidité ne saurait être le fait d’ un esprit incarné, mais seulement de son imagination pervertie. Les ef
3296 être le fait d’un esprit incarné, mais seulement de son imagination pervertie. Les effets de vitesse sont du domaine de l
3297 rné, mais seulement de son imagination pervertie. Les effets de vitesse sont du domaine de la matière abandonnée à sa manie
3298 eulement de son imagination pervertie. Les effets de vitesse sont du domaine de la matière abandonnée à sa manie de tomber
3299 pervertie. Les effets de vitesse sont du domaine de la matière abandonnée à sa manie de tomber. Dès que l’esprit entre da
3300 rvertie. Les effets de vitesse sont du domaine de la matière abandonnée à sa manie de tomber. Dès que l’esprit entre dans
3301 nt du domaine de la matière abandonnée à sa manie de tomber. Dès que l’esprit entre dans le jeu, il provoque des lenteurs
3302 matière abandonnée à sa manie de tomber. Dès que l’ esprit entre dans le jeu, il provoque des lenteurs et des retards d’où
3303 à sa manie de tomber. Dès que l’esprit entre dans le jeu, il provoque des lenteurs et des retards d’où naissent le désir e
3304 s le jeu, il provoque des lenteurs et des retards d’ où naissent le désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mai
3305 rovoque des lenteurs et des retards d’où naissent le désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi
3306 lenteurs et des retards d’où naissent le désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventio
3307 retards d’où naissent le désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventions destinées d’
3308 ssent le désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventions destinées d’abord à les combl
3309 t la conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventions destinées d’abord à les combler et qui toujou
3310 nce. De là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventions destinées d’abord à les combler et qui toujours dépassent
3311 is de là aussi les inventions destinées d’abord à les combler et qui toujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère de
3312 s d’abord à les combler et qui toujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’e
3313 les combler et qui toujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’emporte. Pro
3314 s combler et qui toujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’emporte. Provis
3315 oujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’emporte. Provisoirement ; car il
3316 Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’emporte. Provisoirement ; car il se produit ceci d’étrange
3317 rte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’ emporte. Provisoirement ; car il se produit ceci d’étrange que la mati
3318 ’emporte. Provisoirement ; car il se produit ceci d’ étrange que la matière à certaines très grandes vitesses commence de s
3319 isoirement ; car il se produit ceci d’étrange que la matière à certaines très grandes vitesses commence de se spiritualise
3320 atière à certaines très grandes vitesses commence de se spiritualiser. À la vitesse suprême, elle s’évanouit en lumière. C
3321 grandes vitesses commence de se spiritualiser. À la vitesse suprême, elle s’évanouit en lumière. C’est ainsi que dans le
3322 elle s’évanouit en lumière. C’est ainsi que dans le monde spirituel, l’ère de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés…
3323 lumière. C’est ainsi que dans le monde spirituel, l’ ère de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension d
3324 e. C’est ainsi que dans le monde spirituel, l’ère de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension de l’es
3325 C’est ainsi que dans le monde spirituel, l’ère de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension de l’espri
3326 monde spirituel, l’ère de la vitesse préparerait l’ ère des Illuminés… L’extrême tension de l’esprit peut aboutir à des ma
3327 re de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés… L’ extrême tension de l’esprit peut aboutir à des matérialisations, cepen
3328 réparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension de l’esprit peut aboutir à des matérialisations, cependant que l’extrême
3329 arerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension de l’ esprit peut aboutir à des matérialisations, cependant que l’extrême te
3330 eut aboutir à des matérialisations, cependant que l’ extrême tension de la matière explose en subtilité. Double mouvement d
3331 matérialisations, cependant que l’extrême tension de la matière explose en subtilité. Double mouvement dont l’axe se nomme
3332 érialisations, cependant que l’extrême tension de la matière explose en subtilité. Double mouvement dont l’axe se nomme :
3333 tière explose en subtilité. Double mouvement dont l’ axe se nomme : l’humain. 10 août 1929 Le retour en troisième cla
3334 subtilité. Double mouvement dont l’axe se nomme : l’ humain. 10 août 1929 Le retour en troisième classe. Cinquième ar
3335 ont l’axe se nomme : l’humain. 10 août 1929 Le retour en troisième classe. Cinquième arrêt ! Il y en aura une douzai
3336 n doit arriver vers 8 heures, J’ai d’abord essayé de me confiner dans cette petite édition cartonnée d’Andersen, mais sans
3337 e me confiner dans cette petite édition cartonnée d’ Andersen, mais sans cesse des hommes entrent, cherchent une place, ouv
3338 des hommes entrent, cherchent une place, ouvrent la fenêtre, ou bien c’est un contrôleur, ou bien c’est encore une gare e
3339 est encore une gare en géraniums, et il faut bien la regarder, la vivre un moment. Ce train paraît destiné à la réquisitio
3340 e gare en géraniums, et il faut bien la regarder, la vivre un moment. Ce train paraît destiné à la réquisition de l’élémen
3341 er, la vivre un moment. Ce train paraît destiné à la réquisition de l’élément minable des populations qu’il traverse. À ch
3342 moment. Ce train paraît destiné à la réquisition de l’élément minable des populations qu’il traverse. À chaque station no
3343 ment. Ce train paraît destiné à la réquisition de l’ élément minable des populations qu’il traverse. À chaque station nous
3344 se. À chaque station nous débarquons un peu moins de paysans et de paniers ventrus, embarquons un peu plus d’ouvriers, cas
3345 tation nous débarquons un peu moins de paysans et de paniers ventrus, embarquons un peu plus d’ouvriers, casquettes et bou
3346 ans et de paniers ventrus, embarquons un peu plus d’ ouvriers, casquettes et bouts de cigares. Des ouvrières aussi, au rega
3347 quons un peu plus d’ouvriers, casquettes et bouts de cigares. Des ouvrières aussi, au regard irrité. Deux d’entre elles on
3348 u regard irrité. Deux d’entre elles ont fait mine de s’asseoir, en face et à côté de moi, mais je n’ai pas retiré ma valis
3349 s retiré ma valise et ne me suis pas serré contre la fenêtre. Elles ont senti cette sourde résistance et se sont assises p
3350 stance et se sont assises plus loin en maugréant. La misère de tous ces regards me paralyse. Comment répondre à leur hosti
3351 se sont assises plus loin en maugréant. La misère de tous ces regards me paralyse. Comment répondre à leur hostilité, comm
3352 ité, comment accueillir avec un cœur viril et bon le spectacle de ces corps amaigris, énervés ? Un cœur viril et bon comme
3353 accueillir avec un cœur viril et bon le spectacle de ces corps amaigris, énervés ? Un cœur viril et bon comme celui d’Ande
3354 igris, énervés ? Un cœur viril et bon comme celui d’ Andersen, un tel cœur ne se fermerait pas devant la haine qui sourd de
3355 ’Andersen, un tel cœur ne se fermerait pas devant la haine qui sourd de tant d’anxiétés. J’aimerais échanger mon costume c
3356 œur ne se fermerait pas devant la haine qui sourd de tant d’anxiétés. J’aimerais échanger mon costume clair de voyage cont
3357 e fermerait pas devant la haine qui sourd de tant d’ anxiétés. J’aimerais échanger mon costume clair de voyage contre leurs
3358 d’anxiétés. J’aimerais échanger mon costume clair de voyage contre leurs vêtements et leur casquette, me prouver que vraim
3359 asquette, me prouver que vraiment je n’aurais pas d’ envie… Nouvel arrêt. Mais cette fois c’est une fée qui monte, une gran
3360 de jeune fille nette aux yeux bleu-vert, au teint de princesse d’Andersen. Oh ! qu’elle vienne s’asseoir ici ! Mais je n’o
3361 ! Mais je n’ose plus lui faire place. Je sens que les deux ouvrières me regardent. Elle, sans doute, ne veut pas trop chois
3362 op choisir, ni surtout me choisir, — va s’asseoir de l’autre côté du couloir, tout au bord d’une banquette. Mais je la voi
3363 du couloir, tout au bord d’une banquette. Mais je la vois encore en regardant devant moi. J’ai honte. Comme nous sommes in
3364 ant moi. J’ai honte. Comme nous sommes incapables de nous libérer de barrières sociales ou de pudeurs qu’en pensée nous te
3365 nte. Comme nous sommes incapables de nous libérer de barrières sociales ou de pudeurs qu’en pensée nous tenions pour nulle
3366 capables de nous libérer de barrières sociales ou de pudeurs qu’en pensée nous tenions pour nulles. Si j’étais vraiment li
3367 deux ouvrières laides, sans méfiance, — ou bien à la jeune fille, sans fausse honte. Si j’étais vraiment libre, je lui par
3368 vraiment libre, je lui parlerais très doucement… La fumée des cigares lui fait peut-être mal au cœur, et aussi la curiosi
3369 cigares lui fait peut-être mal au cœur, et aussi la curiosité sournoise des ouvriers, des deux femmes qui examinent ses v
3370 femmes qui examinent ses vêtements. Elle a quitté le château endormi pour aller faire des courses en ville, probablement ;
3371 ourses en ville, probablement ; elle a dû prendre le train des ouvriers, — et c’est à elle que va ma sympathie ?… Les homm
3372 uvriers, — et c’est à elle que va ma sympathie ?… Les hommes parlent une langue brusque et de mauvaise humeur, les yeux mor
3373 athie ?… Les hommes parlent une langue brusque et de mauvaise humeur, les yeux mornes ou trop brillants ; ou lisent des fe
3374 parlent une langue brusque et de mauvaise humeur, les yeux mornes ou trop brillants ; ou lisent des feuilles communistes. L
3375 p brillants ; ou lisent des feuilles communistes. Le « Bummelzug », interminablement, crache sa fumée dans des gares de ba
3376 interminablement, crache sa fumée dans des gares de banlieue qui ne sont plus fleuries. Il règne dans ce wagon un malaise
3377 lavée — et cette robe verte seule pure —, et oh ! la pauvre interrogation des visages devant l’atrocité de notre vie socia
3378 t oh ! la pauvre interrogation des visages devant l’ atrocité de notre vie sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. Et l
3379 auvre interrogation des visages devant l’atrocité de notre vie sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. Et la foule men
3380 evant l’atrocité de notre vie sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. Et la foule menaçante se pressait autour du char
3381 ie sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. Et la foule menaçante se pressait autour du char de la princesse qu’on mena
3382 Et la foule menaçante se pressait autour du char de la princesse qu’on menait au bûcher. Alors vinrent d’un seul vol onze
3383 la foule menaçante se pressait autour du char de la princesse qu’on menait au bûcher. Alors vinrent d’un seul vol onze gr
3384 a princesse qu’on menait au bûcher. Alors vinrent d’ un seul vol onze grands cygnes blancs. Ils se posèrent autour d’elle e
3385 onze grands cygnes blancs. Ils se posèrent autour d’ elle et battirent de leurs grandes ailes. Et le peuple effrayé recula.
3386 lancs. Ils se posèrent autour d’elle et battirent de leurs grandes ailes. Et le peuple effrayé recula. » Mais la princesse
3387 ur d’elle et battirent de leurs grandes ailes. Et le peuple effrayé recula. » Mais la princesse jette sur eux les cottes d
3388 randes ailes. Et le peuple effrayé recula. » Mais la princesse jette sur eux les cottes d’orties qu’elle tissait de ses ma
3389 effrayé recula. » Mais la princesse jette sur eux les cottes d’orties qu’elle tissait de ses mains, et voici onze princes q
3390 ula. » Mais la princesse jette sur eux les cottes d’ orties qu’elle tissait de ses mains, et voici onze princes qui se tien
3391 jette sur eux les cottes d’orties qu’elle tissait de ses mains, et voici onze princes qui se tiennent autour d’elle. « Ell
3392 ins, et voici onze princes qui se tiennent autour d’ elle. « Elle est innocente ! » s’écrient-ils, et le peuple s’agenouill
3393 ’elle. « Elle est innocente ! » s’écrient-ils, et le peuple s’agenouille comme devant une sainte. « Et pendant que l’aîné
3394 nouille comme devant une sainte. « Et pendant que l’ aîné des frères racontait tout ce qui était arrivé, un parfum de milli
3395 res racontait tout ce qui était arrivé, un parfum de millions de roses se répandit dans les airs, tandis qu’au sommet du b
3396 t tout ce qui était arrivé, un parfum de millions de roses se répandit dans les airs, tandis qu’au sommet du bûcher parais
3397 , un parfum de millions de roses se répandit dans les airs, tandis qu’au sommet du bûcher paraissait une blanche et lumineu
3398 dissait comme une étoile. Mais pourquoi détourner la tête vers la vitre sale, retenir des larmes ? Un soudain excès de l’a
3399 une étoile. Mais pourquoi détourner la tête vers la vitre sale, retenir des larmes ? Un soudain excès de l’amour s’est li
3400 vitre sale, retenir des larmes ? Un soudain excès de l’amour s’est libéré dans tout mon être et s’élance vers ces vies pro
3401 re sale, retenir des larmes ? Un soudain excès de l’ amour s’est libéré dans tout mon être et s’élance vers ces vies proche
3402 ient, s’ils pouvaient seulement savoir ! Partager la consolation miraculeuse ! En cet instant du moins je les ai tous aimé
3403 solation miraculeuse ! En cet instant du moins je les ai tous aimés. Et j’ai compris que la grandeur du cœur humain, c’est
3404 u moins je les ai tous aimés. Et j’ai compris que la grandeur du cœur humain, c’est de donner sans mesure un amour dont no
3405 ’ai compris que la grandeur du cœur humain, c’est de donner sans mesure un amour dont notre vie, peut-être, n’a que faire.
3406 amour dont notre vie, peut-être, n’a que faire. ⁂ Le reste de la vie, c’est toujours entre deux voyages d’Allemagne. On pe
3407 t notre vie, peut-être, n’a que faire. ⁂ Le reste de la vie, c’est toujours entre deux voyages d’Allemagne. On peut s’épre
3408 otre vie, peut-être, n’a que faire. ⁂ Le reste de la vie, c’est toujours entre deux voyages d’Allemagne. On peut s’éprendr
3409 este de la vie, c’est toujours entre deux voyages d’ Allemagne. On peut s’éprendre d’une telle absence, qui vient au lieu d
3410 ntre deux voyages d’Allemagne. On peut s’éprendre d’ une telle absence, qui vient au lieu d’un temps étrange et plus pesant
3411 us pesant que nulle part. Me voici tout environné de ville. Où trouver ici la lenteur des choses ? Où le désir peut-il err
3412 Me voici tout environné de ville. Où trouver ici la lenteur des choses ? Où le désir peut-il errer, se retournant souvent
3413 ville. Où trouver ici la lenteur des choses ? Où le désir peut-il errer, se retournant souvent vers son passé, méditant s
3414 e retournant souvent vers son passé, méditant sur l’ oubli jusqu’à ce qu’un souvenir bouge et s’émeuve… Où se perdre ? Où p
3415 e ? Où porter un regard amoureux du mystère, dans la puissante circonspection de l’attente ? Ô journées souabes, répandues
3416 reux du mystère, dans la puissante circonspection de l’attente ? Ô journées souabes, répandues dans la fraîcheur et l’âcre
3417 x du mystère, dans la puissante circonspection de l’ attente ? Ô journées souabes, répandues dans la fraîcheur et l’âcreté
3418 de l’attente ? Ô journées souabes, répandues dans la fraîcheur et l’âcreté des arbres désirables, que ne vous ai-je donné
3419 journées souabes, répandues dans la fraîcheur et l’ âcreté des arbres désirables, que ne vous ai-je donné ma vie ! Encore
3420 ma vie ! Encore un peu, qu’on me laisse au regret de vos paysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir
3421 n peu, qu’on me laisse au regret de vos paysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir quittées pour ce
3422 ysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir quittées pour cette ville à présent sans relâche, où les o
3423 ttées pour cette ville à présent sans relâche, où les orages n’ont pas d’odeur, terrains morts où l’on n’a plus peur d’un a
3424 e à présent sans relâche, où les orages n’ont pas d’ odeur, terrains morts où l’on n’a plus peur d’un arbre immense, ni des
3425 ù les orages n’ont pas d’odeur, terrains morts où l’ on n’a plus peur d’un arbre immense, ni des femmes, mais de soi-même,
3426 pas d’odeur, terrains morts où l’on n’a plus peur d’ un arbre immense, ni des femmes, mais de soi-même, sourdement, dans l’
3427 plus peur d’un arbre immense, ni des femmes, mais de soi-même, sourdement, dans l’insomnie du petit jour populeux… (avril-
3428 ni des femmes, mais de soi-même, sourdement, dans l’ insomnie du petit jour populeux… (avril-août 1929. Repris en 1932.)
3429 puleux… (avril-août 1929. Repris en 1932.) 16. Les anges eux-mêmes la lui envient, dit Swedenborg, puisque leur tentatio
3430 1929. Repris en 1932.) 16. Les anges eux-mêmes la lui envient, dit Swedenborg, puisque leur tentation, leur nostalgie,
3431 rg, puisque leur tentation, leur nostalgie, c’est de revêtir un corps humain. 17. Tel fut bien, d’ailleurs, son dessein,
3432 t bien, d’ailleurs, son dessein, qu’il avoue dans les entretiens (recueillis par Biedermann). 18. Comme dit l’A. O. Barnab
3433 tiens (recueillis par Biedermann). 18. Comme dit l’ A. O. Barnabooth de M. Valery-Larbaud.
3434 ar Biedermann). 18. Comme dit l’A. O. Barnabooth de M. Valery-Larbaud.
8 1932, Le Paysan du Danube. Deuxième partie. La lenteur des choses — Châteaux en Prusse
3435 usse Au loin passaient des voiles claires parmi les blés violents ; le ciel paraissait plus grand que la terre. Des bois
3436 ient des voiles claires parmi les blés violents ; le ciel paraissait plus grand que la terre. Des bois de pins s’approchai
3437 blés violents ; le ciel paraissait plus grand que la terre. Des bois de pins s’approchaient, s’écartaient, livrant passage
3438 ciel paraissait plus grand que la terre. Des bois de pins s’approchaient, s’écartaient, livrant passage à la chaussée impé
3439 s s’approchaient, s’écartaient, livrant passage à la chaussée impériale dont brillaient les grandes portées blanches sur l
3440 t passage à la chaussée impériale dont brillaient les grandes portées blanches sur les ondulations sablonneuses de la plain
3441 dont brillaient les grandes portées blanches sur les ondulations sablonneuses de la plaine. Des prairies doucement soulevé
3442 portées blanches sur les ondulations sablonneuses de la plaine. Des prairies doucement soulevées s’arrêtaient au bord du c
3443 tées blanches sur les ondulations sablonneuses de la plaine. Des prairies doucement soulevées s’arrêtaient au bord du ciel
3444 nt soulevées s’arrêtaient au bord du ciel, devant la lumière maritime ; puis cédaient de l’épaule et l’on voyait le golfe
3445 ciel, devant la lumière maritime ; puis cédaient de l’épaule et l’on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du sole
3446 el, devant la lumière maritime ; puis cédaient de l’ épaule et l’on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du soleil.
3447 a lumière maritime ; puis cédaient de l’épaule et l’ on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du soleil. Une lisière
3448 ritime ; puis cédaient de l’épaule et l’on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du soleil. Une lisière qui nous ac
3449 paule et l’on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du soleil. Une lisière qui nous accompagnait vira largement, no
3450 , nous fit front, et il n’y eut plus qu’une piste de terre entre les sapins noirs, la rumeur du rivage et du soleil derriè
3451 t, et il n’y eut plus qu’une piste de terre entre les sapins noirs, la rumeur du rivage et du soleil derrière nous décroiss
3452 lus qu’une piste de terre entre les sapins noirs, la rumeur du rivage et du soleil derrière nous décroissant, tumulte d’un
3453 e et du soleil derrière nous décroissant, tumulte d’ un matin d’été. Maintenant une odeur fine de benzine traverse les odeu
3454 eil derrière nous décroissant, tumulte d’un matin d’ été. Maintenant une odeur fine de benzine traverse les odeurs de la fo
3455 multe d’un matin d’été. Maintenant une odeur fine de benzine traverse les odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralen
3456 té. Maintenant une odeur fine de benzine traverse les odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur
3457 ant une odeur fine de benzine traverse les odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’
3458 une odeur fine de benzine traverse les odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’on
3459 ne de benzine traverse les odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’on s’éveille enf
3460 de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’on s’éveille enfin du long voyage nocturne, les ye
3461 oteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’ on s’éveille enfin du long voyage nocturne, les yeux cessent de cligne
3462 re. L’on s’éveille enfin du long voyage nocturne, les yeux cessent de cligner, le corps se détend. Là devant, un chauffeur
3463 e enfin du long voyage nocturne, les yeux cessent de cligner, le corps se détend. Là devant, un chauffeur immobile guette
3464 ong voyage nocturne, les yeux cessent de cligner, le corps se détend. Là devant, un chauffeur immobile guette les ornières
3465 e détend. Là devant, un chauffeur immobile guette les ornières profondes où les roues s’enfoncent parfois avec un cahot mou
3466 auffeur immobile guette les ornières profondes où les roues s’enfoncent parfois avec un cahot mou. Le silence grandit ; cri
3467 les roues s’enfoncent parfois avec un cahot mou. Le silence grandit ; cris de pics, vibration basse des cylindres. On voi
3468 fois avec un cahot mou. Le silence grandit ; cris de pics, vibration basse des cylindres. On voit paraître de plus hauts a
3469 et bientôt un vaste portail, aux piles couronnées de grands cerfs de bronze. La piste se fait plane, la forêt s’ordonne. É
3470 ste portail, aux piles couronnées de grands cerfs de bronze. La piste se fait plane, la forêt s’ordonne. Échappée sur des
3471 , aux piles couronnées de grands cerfs de bronze. La piste se fait plane, la forêt s’ordonne. Échappée sur des étangs couv
3472 e grands cerfs de bronze. La piste se fait plane, la forêt s’ordonne. Échappée sur des étangs couverts de mousse jaune. (T
3473 forêt s’ordonne. Échappée sur des étangs couverts de mousse jaune. (Tout à fait réveillé et attentif, maintenant.) Jardin
3474 res rouges, piquées au loin de massifs éclatants, le gravier d’une allée fait son bruit luxueux, tout s’éclaire, nous y so
3475 piquées au loin de massifs éclatants, le gravier d’ une allée fait son bruit luxueux, tout s’éclaire, nous y sommes : cent
3476 out s’éclaire, nous y sommes : cent fenêtres, sur la gauche, dans une façade de grès Louis XV. Nous la longeons, nous mont
3477 s : cent fenêtres, sur la gauche, dans une façade de grès Louis XV. Nous la longeons, nous montons une rampe pavée qui s’e
3478 la gauche, dans une façade de grès Louis XV. Nous la longeons, nous montons une rampe pavée qui s’engage sous un porche co
3479 sous un porche couvert aux colonnes enguirlandées de roses. Toute une famille de géants, debout sur un seuil solennel, me
3480 olonnes enguirlandées de roses. Toute une famille de géants, debout sur un seuil solennel, me regarde piquer du nez à l’ar
3481 sur un seuil solennel, me regarde piquer du nez à l’ arrêt brusque. Ici règne le plus ancien, mais le dernier « burgrave e
3482 garde piquer du nez à l’arrêt brusque. Ici règne le plus ancien, mais le dernier « burgrave et comte » de la Prusse-Orien
3483 lus ancien, mais le dernier « burgrave et comte » de la Prusse-Orientale. Journées À huit heures, tout le monde se ré
3484 ancien, mais le dernier « burgrave et comte » de la Prusse-Orientale. Journées À huit heures, tout le monde se réuni
3485 t heures, tout le monde se réunit en silence dans la grande salle du château. Une douzaine de domestiques, homme et femmes
3486 nce dans la grande salle du château. Une douzaine de domestiques, homme et femmes, pénètrent par le fond, s’alignent debou
3487 ne de domestiques, homme et femmes, pénètrent par le fond, s’alignent debout. Les enfants sur un long canapé ; les hôtes d
3488 femmes, pénètrent par le fond, s’alignent debout. Les enfants sur un long canapé ; les hôtes dans leurs fauteuils ; la comt
3489 alignent debout. Les enfants sur un long canapé ; les hôtes dans leurs fauteuils ; la comtesse est à l’harmonium ; le comte
3490 un long canapé ; les hôtes dans leurs fauteuils ; la comtesse est à l’harmonium ; le comte en face d’elle lit l’Écriture.
3491 es hôtes dans leurs fauteuils ; la comtesse est à l’ harmonium ; le comte en face d’elle lit l’Écriture. Puis on chante et
3492 leurs fauteuils ; la comtesse est à l’harmonium ; le comte en face d’elle lit l’Écriture. Puis on chante et ce sont parfoi
3493 e est à l’harmonium ; le comte en face d’elle lit l’ Écriture. Puis on chante et ce sont parfois des strophes de Novalis, d
3494 e. Puis on chante et ce sont parfois des strophes de Novalis, des mélodies de Bach. Après le Notre Père, chacun s’en va, s
3495 ont parfois des strophes de Novalis, des mélodies de Bach. Après le Notre Père, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le r
3496 strophes de Novalis, des mélodies de Bach. Après le Notre Père, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de la mati
3497 ch. Après le Notre Père, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer.
3498 Notre Père, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer. Jeux du riva
3499 e, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer. Jeux du rivage : sur
3500 chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer. Jeux du rivage : sur les
3501 reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer. Jeux du rivage : sur les montures à poil on s’élance au galop da
3502 à cheval au bord de la mer. Jeux du rivage : sur les montures à poil on s’élance au galop dans les flots. Un formidable so
3503 sur les montures à poil on s’élance au galop dans les flots. Un formidable soleil fait resplendir les dunes éblouissantes,
3504 s les flots. Un formidable soleil fait resplendir les dunes éblouissantes, autour du « Haff »19 coloré de traînées d’algues
3505 dunes éblouissantes, autour du « Haff »19 coloré de traînées d’algues pourpres. Les chevaux ruisselants s’échappent de no
3506 issantes, autour du « Haff »19 coloré de traînées d’ algues pourpres. Les chevaux ruisselants s’échappent de nos bras, et n
3507 « Haff »19 coloré de traînées d’algues pourpres. Les chevaux ruisselants s’échappent de nos bras, et nous les poursuivons,
3508 ues pourpres. Les chevaux ruisselants s’échappent de nos bras, et nous les poursuivons, le long des grèves, dans les blés.
3509 vaux ruisselants s’échappent de nos bras, et nous les poursuivons, le long des grèves, dans les blés. Midi. Au haut de l’es
3510 et nous les poursuivons, le long des grèves, dans les blés. Midi. Au haut de l’escalier monumental — une armature de fer fo
3511 le long des grèves, dans les blés. Midi. Au haut de l’escalier monumental — une armature de fer forgé supportant des marc
3512 long des grèves, dans les blés. Midi. Au haut de l’ escalier monumental — une armature de fer forgé supportant des marches
3513 . Au haut de l’escalier monumental — une armature de fer forgé supportant des marches de marbre —, un cortège se forme. La
3514  une armature de fer forgé supportant des marches de marbre —, un cortège se forme. La porte de la salle à manger s’ouvre
3515 ant des marches de marbre —, un cortège se forme. La porte de la salle à manger s’ouvre à deux battants et le comte entre
3516 arches de marbre —, un cortège se forme. La porte de la salle à manger s’ouvre à deux battants et le comte entre le premie
3517 hes de marbre —, un cortège se forme. La porte de la salle à manger s’ouvre à deux battants et le comte entre le premier,
3518 e de la salle à manger s’ouvre à deux battants et le comte entre le premier, à grands pas, suivi par toute la famille et p
3519 e entre le premier, à grands pas, suivi par toute la famille et par les hôtes qui se précipitent pour atteindre leur place
3520 , à grands pas, suivi par toute la famille et par les hôtes qui se précipitent pour atteindre leur place en même temps que
3521 itent pour atteindre leur place en même temps que le maître la sienne : car à peine arrivé il crie le nom d’un des enfants
3522 le maître la sienne : car à peine arrivé il crie le nom d’un des enfants et celui-ci récite une courte prière, durant laq
3523 tre la sienne : car à peine arrivé il crie le nom d’ un des enfants et celui-ci récite une courte prière, durant laquelle i
3524 te prière, durant laquelle il n’est plus question de bouger. La table immense est chargée des produits du domaine. On boit
3525 durant laquelle il n’est plus question de bouger. La table immense est chargée des produits du domaine. On boit un peu de
3526 un peu de bière, mais surtout du lait froid dans de grands verres : il n’est pas de boisson plus rafraîchissante, ni qui
3527 u lait froid dans de grands verres : il n’est pas de boisson plus rafraîchissante, ni qui se marie mieux avec le goût du c
3528 plus rafraîchissante, ni qui se marie mieux avec le goût du chevreuil, dont on mange presque chaque jour. L’après-midi es
3529 du chevreuil, dont on mange presque chaque jour. L’ après-midi est consacré à l’inspection des terres. Chaque jour nous pa
3530 presque chaque jour. L’après-midi est consacré à l’ inspection des terres. Chaque jour nous partons en break à deux chevau
3531 graviat. Par des chemins à peine tracés au ras de la plaine sablonneuse — et parfois hors des pistes, à travers la forêt —
3532 blonneuse — et parfois hors des pistes, à travers la forêt —, nous gagnons la maison de l’inspecteur. On la distingue de l
3533 rs des pistes, à travers la forêt —, nous gagnons la maison de l’inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pie
3534 tes, à travers la forêt —, nous gagnons la maison de l’inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi
3535 , à travers la forêt —, nous gagnons la maison de l’ inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les
3536 rêt —, nous gagnons la maison de l’inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique
3537 agnons la maison de l’inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique au toit de c
3538 nspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’ins
3539 distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’inspecteur paraît su
3540 de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’inspecteur paraît sur son seui
3541 isse de pierre parmi les fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’inspecteur paraît sur son seuil au garde à vous,
3542 es fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’ inspecteur paraît sur son seuil au garde à vous, et débite son rapport
3543 . Une cordialité militaire, sans nulle gêne, unit le maître et les subordonnés. Le travail aux champs se fait par équipes
3544 ité militaire, sans nulle gêne, unit le maître et les subordonnés. Le travail aux champs se fait par équipes très nombreuse
3545 ns nulle gêne, unit le maître et les subordonnés. Le travail aux champs se fait par équipes très nombreuses, à grand renfo
3546 uipes très nombreuses, à grand renfort de chevaux de trait, car la nature marécageuse du sol rend les transports malaisés.
3547 breuses, à grand renfort de chevaux de trait, car la nature marécageuse du sol rend les transports malaisés.   Souvent, ap
3548 x de trait, car la nature marécageuse du sol rend les transports malaisés.   Souvent, après dîner, l’on repart en voiture o
3549 les transports malaisés.   Souvent, après dîner, l’ on repart en voiture ouverte à travers les prairies ou le long des lis
3550 s dîner, l’on repart en voiture ouverte à travers les prairies ou le long des lisières surprendre les chevreuils et repérer
3551 s les prairies ou le long des lisières surprendre les chevreuils et repérer les « bocks » mal encornés. Le fusil déposé sur
3552 des lisières surprendre les chevreuils et repérer les « bocks » mal encornés. Le fusil déposé sur nos genoux, par habitude,
3553 chevreuils et repérer les « bocks » mal encornés. Le fusil déposé sur nos genoux, par habitude, ce sera pour tirer un chat
3554 de, ce sera pour tirer un chat qui rôde autour de la faisanderie. Les couchers de soleil à cette saison se prolongent jusq
3555 tirer un chat qui rôde autour de la faisanderie. Les couchers de soleil à cette saison se prolongent jusque vers onze heur
3556 t qui rôde autour de la faisanderie. Les couchers de soleil à cette saison se prolongent jusque vers onze heures, en des j
3557 jusque vers onze heures, en des jeux infinis sur les vastes ondulations des terres. À l’horizon, des ailes de moulin tourn
3558 infinis sur les vastes ondulations des terres. À l’ horizon, des ailes de moulin tournent, ou scintille une mer dorée. Tou
3559 es ondulations des terres. À l’horizon, des ailes de moulin tournent, ou scintille une mer dorée. Tout impose un silence h
3560 une mer dorée. Tout impose un silence heureux.   Les plus proches voisins habitent à 40 km, plus loin vers la Russie, dans
3561 proches voisins habitent à 40 km, plus loin vers la Russie, dans un pays de lacs, de forêts maigres et de pâturages, à pe
3562 t à 40 km, plus loin vers la Russie, dans un pays de lacs, de forêts maigres et de pâturages, à perte de vue. Nous sommes
3563 , plus loin vers la Russie, dans un pays de lacs, de forêts maigres et de pâturages, à perte de vue. Nous sommes pour troi
3564 ussie, dans un pays de lacs, de forêts maigres et de pâturages, à perte de vue. Nous sommes pour trois jours, les hôtes d’
3565 es, à perte de vue. Nous sommes pour trois jours, les hôtes d’une immense demeure en briques roses et jaunes, entourée de p
3566 e de vue. Nous sommes pour trois jours, les hôtes d’ une immense demeure en briques roses et jaunes, entourée de prairies a
3567 ense demeure en briques roses et jaunes, entourée de prairies aux bosquets vaporeux. Des parterres de fleurs descendent ju
3568 de prairies aux bosquets vaporeux. Des parterres de fleurs descendent jusqu’à la rivière immobile, élargie en un lac sinu
3569 oreux. Des parterres de fleurs descendent jusqu’à la rivière immobile, élargie en un lac sinueux. Un paysage peint à l’aqu
3570 le, élargie en un lac sinueux. Un paysage peint à l’ aquarelle. Le château, salmigondis de styles, résume, si l’on peut dir
3571 n un lac sinueux. Un paysage peint à l’aquarelle. Le château, salmigondis de styles, résume, si l’on peut dire, une enquêt
3572 sage peint à l’aquarelle. Le château, salmigondis de styles, résume, si l’on peut dire, une enquête que poursuivit son con
3573 le. Le château, salmigondis de styles, résume, si l’ on peut dire, une enquête que poursuivit son constructeur parmi toutes
3574 uête que poursuivit son constructeur parmi toutes les demeures seigneuriales d’Europe, aux fins de réunir les éléments les
3575 structeur parmi toutes les demeures seigneuriales d’ Europe, aux fins de réunir les éléments les plus confortables des dive
3576 meures seigneuriales d’Europe, aux fins de réunir les éléments les plus confortables des diverses architectures. Un château
3577 uriales d’Europe, aux fins de réunir les éléments les plus confortables des diverses architectures. Un château construit su
3578 diverses architectures. Un château construit sur la seule notion du confort. Voilà sans doute la figuration la plus concr
3579 sur la seule notion du confort. Voilà sans doute la figuration la plus concrète de l’égarement des esprits au siècle dern
3580 notion du confort. Voilà sans doute la figuration la plus concrète de l’égarement des esprits au siècle dernier. Qui dit s
3581 . Voilà sans doute la figuration la plus concrète de l’égarement des esprits au siècle dernier. Qui dit style d’abord dit
3582 oilà sans doute la figuration la plus concrète de l’ égarement des esprits au siècle dernier. Qui dit style d’abord dit sac
3583 er. Qui dit style d’abord dit sacrifice à une vue de l’esprit. Qui dit confort d’abord dit refus de tout style. Cette mais
3584 Qui dit style d’abord dit sacrifice à une vue de l’ esprit. Qui dit confort d’abord dit refus de tout style. Cette maison
3585 ue de l’esprit. Qui dit confort d’abord dit refus de tout style. Cette maison qui offre les commodités du plus luxueux hom
3586 d dit refus de tout style. Cette maison qui offre les commodités du plus luxueux home anglais, est monstrueuse jusqu’à l’im
3587 lus luxueux home anglais, est monstrueuse jusqu’à l’ impudeur. Apparemment, l’on est ici plus à la page que chez mes burgra
3588 est monstrueuse jusqu’à l’impudeur. Apparemment, l’ on est ici plus à la page que chez mes burgraves. Les maîtres de lieu
3589 qu’à l’impudeur. Apparemment, l’on est ici plus à la page que chez mes burgraves. Les maîtres de lieu sourient un peu de «
3590 on est ici plus à la page que chez mes burgraves. Les maîtres de lieu sourient un peu de « ceux de W. qui ne boivent que du
3591 lus à la page que chez mes burgraves. Les maîtres de lieu sourient un peu de « ceux de W. qui ne boivent que du lait ». Et
3592 es. Les maîtres de lieu sourient un peu de « ceux de W. qui ne boivent que du lait ». Et nous servent du thé bouillant où
3593 s servent du thé bouillant où nagent des morceaux de glace. À ces détails près, le même train de vie bottée. Les écuries r
3594 nagent des morceaux de glace. À ces détails près, le même train de vie bottée. Les écuries résonnent sous les coups de pie
3595 ceaux de glace. À ces détails près, le même train de vie bottée. Les écuries résonnent sous les coups de pied des étalons
3596 À ces détails près, le même train de vie bottée. Les écuries résonnent sous les coups de pied des étalons de course, géant
3597 e train de vie bottée. Les écuries résonnent sous les coups de pied des étalons de course, géants aux longs fessiers noirs
3598 ries résonnent sous les coups de pied des étalons de course, géants aux longs fessiers noirs luisants. Sur la plaine éblou
3599 se, géants aux longs fessiers noirs luisants. Sur la plaine éblouissante, des troupeaux de chevaux pâturent en liberté. Le
3600 isants. Sur la plaine éblouissante, des troupeaux de chevaux pâturent en liberté. Le meuglement des bœufs ne s’apaise pas
3601 te, des troupeaux de chevaux pâturent en liberté. Le meuglement des bœufs ne s’apaise pas sous le soleil et nous entoure d
3602 rté. Le meuglement des bœufs ne s’apaise pas sous le soleil et nous entoure d’une rumeur animale tenace comme toutes ces o
3603 fs ne s’apaise pas sous le soleil et nous entoure d’ une rumeur animale tenace comme toutes ces odeurs de la terre, des her
3604 une rumeur animale tenace comme toutes ces odeurs de la terre, des herbes et des bêtes. Parfois souffle le vent marin ; et
3605 rumeur animale tenace comme toutes ces odeurs de la terre, des herbes et des bêtes. Parfois souffle le vent marin ; et de
3606 a terre, des herbes et des bêtes. Parfois souffle le vent marin ; et des cigognes filent sur nos têtes, tirant leurs patte
3607 ilent sur nos têtes, tirant leurs pattes roses. À l’ horizon toujours passent des voiles, mais on ne voit pas la mer.   Dan
3608 toujours passent des voiles, mais on ne voit pas la mer.   Dans la bibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la
3609 nt des voiles, mais on ne voit pas la mer.   Dans la bibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la chasse, j’ai tr
3610 ais on ne voit pas la mer.   Dans la bibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la chasse, j’ai trouvé tous les cl
3611 Dans la bibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la chasse, j’ai trouvé tous les classiques français, et l’Encyc
3612 ibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la chasse, j’ai trouvé tous les classiques français, et l’Encyclopédie.
3613 sent encore le cuir, la chasse, j’ai trouvé tous les classiques français, et l’Encyclopédie. Même, un petit Voltaire dépar
3614 sse, j’ai trouvé tous les classiques français, et l’ Encyclopédie. Même, un petit Voltaire dépareillé, « ex-libris de la Ma
3615 . Même, un petit Voltaire dépareillé, « ex-libris de la Malmaison ». (Une négligence sans doute, on l’aura retrouvé dans l
3616 ême, un petit Voltaire dépareillé, « ex-libris de la Malmaison ». (Une négligence sans doute, on l’aura retrouvé dans les
3617 de la Malmaison ». (Une négligence sans doute, on l’ aura retrouvé dans les poches d’un uniforme au retour de la campagne d
3618 ne négligence sans doute, on l’aura retrouvé dans les poches d’un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoire
3619 ce sans doute, on l’aura retrouvé dans les poches d’ un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoires, en fran
3620 retrouvé dans les poches d’un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoires, en français, d’un des burgraves
3621 trouvé dans les poches d’un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoires, en français, d’un des burgraves zu
3622 les poches d’un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoires, en français, d’un des burgraves zu D. qui fut
3623 ’un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoires, en français, d’un des burgraves zu D. qui fut gouverneur d’
3624 a campagne de France.) Les mémoires, en français, d’ un des burgraves zu D. qui fut gouverneur d’Orange, et eut pour précep
3625 çais, d’un des burgraves zu D. qui fut gouverneur d’ Orange, et eut pour précepteur Pierre Bayle en personne, dont il se mo
3626 onvient. Ensuite, tout Schleiermacher, un protégé de la famille. Mais à partir de cette date, il n’y a plus que les Gothas
3627 ient. Ensuite, tout Schleiermacher, un protégé de la famille. Mais à partir de cette date, il n’y a plus que les Gothas. L
3628 e. Mais à partir de cette date, il n’y a plus que les Gothas. Les modernes sont fous et ridicules. Ils ont mis un sellier à
3629 rtir de cette date, il n’y a plus que les Gothas. Les modernes sont fous et ridicules. Ils ont mis un sellier à la tête du
3630 sont fous et ridicules. Ils ont mis un sellier à la tête du Reich, et seuls les insensés voudraient lire ce qu’ils publie
3631 s ont mis un sellier à la tête du Reich, et seuls les insensés voudraient lire ce qu’ils publient. Éducation L’obéiss
3632 udraient lire ce qu’ils publient. Éducation L’ obéissance militaire aux parents, que l’on exige des jeunes Prussiens,
3633 cation L’obéissance militaire aux parents, que l’ on exige des jeunes Prussiens, ferait hurler nos pédagogues. Mais elle
3634 rler nos pédagogues. Mais elle s’unit à un régime de responsabilités concrètes qui sauvegarde l’initiative personnelle plu
3635 égime de responsabilités concrètes qui sauvegarde l’ initiative personnelle plus réellement que ne le fait l’éducation libé
3636 e l’initiative personnelle plus réellement que ne le fait l’éducation libérale et bourgeoise. Ici le risque et la violence
3637 iative personnelle plus réellement que ne le fait l’ éducation libérale et bourgeoise. Ici le risque et la violence physiqu
3638 e le fait l’éducation libérale et bourgeoise. Ici le risque et la violence physiques jouent dans la vie de chaque jour leu
3639 ducation libérale et bourgeoise. Ici le risque et la violence physiques jouent dans la vie de chaque jour leur rôle nature
3640 ci le risque et la violence physiques jouent dans la vie de chaque jour leur rôle naturel et tonique. On lâche les garçons
3641 isque et la violence physiques jouent dans la vie de chaque jour leur rôle naturel et tonique. On lâche les garçons à chev
3642 haque jour leur rôle naturel et tonique. On lâche les garçons à cheval dès 6 ans ; plus tard on leur confie des poulains à
3643 des poulains à dresser — et ce n’est pas commode de se trouver devant une bête en liberté qu’on doit saisir d’abord, puis
3644 ompter. Ou bien ce sont des tâches précises, dans l’ organisation des domaines ou des chasses ; des commandements, des déci
3645 des commandements, des décisions pratiques, tout l’ apprentissage de la conduite des hommes, des animaux et des éléments n
3646 ts, des décisions pratiques, tout l’apprentissage de la conduite des hommes, des animaux et des éléments naturels. Pour no
3647 des décisions pratiques, tout l’apprentissage de la conduite des hommes, des animaux et des éléments naturels. Pour nous,
3648 Pour nous, nous développons un sens plutôt fictif de la responsabilité. Nous développons au vrai un hamlétisme. Notre prép
3649 r nous, nous développons un sens plutôt fictif de la responsabilité. Nous développons au vrai un hamlétisme. Notre prépara
3650 oppons au vrai un hamlétisme. Notre préparation à l’ autonomie de l’individu demeure théorique, et son application est indé
3651 ai un hamlétisme. Notre préparation à l’autonomie de l’individu demeure théorique, et son application est indéfiniment ret
3652 un hamlétisme. Notre préparation à l’autonomie de l’ individu demeure théorique, et son application est indéfiniment retard
3653 et par toute notre ambiance éducatrice, un organe de l’autonomie qui ne trouve nulle part où s’exercer : d’où les conflits
3654 par toute notre ambiance éducatrice, un organe de l’ autonomie qui ne trouve nulle part où s’exercer : d’où les conflits pu
3655 autonomie qui ne trouve nulle part où s’exercer : d’ où les conflits purement « moraux » qui nous empêtrent, jusqu’au-delà
3656 omie qui ne trouve nulle part où s’exercer : d’où les conflits purement « moraux » qui nous empêtrent, jusqu’au-delà de nos
3657 ment « moraux » qui nous empêtrent, jusqu’au-delà de nos adolescences. Jeux des enfants prussiens : s’asseoir à six ou sep
3658 genoux plient. Dresser des étalons en liberté, et les monter à poil. Jouer à football avec les hérissons du parc. Capturer
3659 erté, et les monter à poil. Jouer à football avec les hérissons du parc. Capturer des canards sauvages et leur faire subir
3660 rminablement à table. — Cruauté franche est signe de santé.   Tacite prétend que l’élan est un animal aux jambes dépourvue
3661 franche est signe de santé.   Tacite prétend que l’ élan est un animal aux jambes dépourvues d’articulations, en sorte qu’
3662 nd que l’élan est un animal aux jambes dépourvues d’ articulations, en sorte qu’il ne peut se coucher et doit dormir appuyé
3663 se coucher et doit dormir appuyé aux arbres. Pour le capturer, les indigènes scient à moitié les troncs, et lorsque l’élan
3664 doit dormir appuyé aux arbres. Pour le capturer, les indigènes scient à moitié les troncs, et lorsque l’élan s’appuie, l’a
3665 . Pour le capturer, les indigènes scient à moitié les troncs, et lorsque l’élan s’appuie, l’arbre cède et la bête se trouve
3666 indigènes scient à moitié les troncs, et lorsque l’ élan s’appuie, l’arbre cède et la bête se trouve sans défense. Tacite
3667 à moitié les troncs, et lorsque l’élan s’appuie, l’ arbre cède et la bête se trouve sans défense. Tacite n’a jamais vu d’é
3668 oncs, et lorsque l’élan s’appuie, l’arbre cède et la bête se trouve sans défense. Tacite n’a jamais vu d’élan. Ces animaux
3669 bête se trouve sans défense. Tacite n’a jamais vu d’ élan. Ces animaux d’allure fantastique déambulent à la tombée de la nu
3670 défense. Tacite n’a jamais vu d’élan. Ces animaux d’ allure fantastique déambulent à la tombée de la nuit dans les clairièr
3671 an. Ces animaux d’allure fantastique déambulent à la tombée de la nuit dans les clairières, comme des arbres qui se mettra
3672 imaux d’allure fantastique déambulent à la tombée de la nuit dans les clairières, comme des arbres qui se mettraient en ma
3673 ux d’allure fantastique déambulent à la tombée de la nuit dans les clairières, comme des arbres qui se mettraient en march
3674 antastique déambulent à la tombée de la nuit dans les clairières, comme des arbres qui se mettraient en marche, et sont tel
3675 membres ne se déboîtent. On a vu des élans gagner de vitesse les automobiles le long de la chaussée de Königsberg. Combie
3676 se déboîtent. On a vu des élans gagner de vitesse les automobiles le long de la chaussée de Königsberg. Combien j’aimais c
3677 lans gagner de vitesse les automobiles le long de la chaussée de Königsberg. Combien j’aimais ces randonnées interminable
3678 de vitesse les automobiles le long de la chaussée de Königsberg. Combien j’aimais ces randonnées interminables dans les f
3679 ombien j’aimais ces randonnées interminables dans les forêts de chasse : on allait deux à deux, l’arme en ballant, durant d
3680 mais ces randonnées interminables dans les forêts de chasse : on allait deux à deux, l’arme en ballant, durant des heures
3681 ans les forêts de chasse : on allait deux à deux, l’ arme en ballant, durant des heures sans dire un mot, — car il ne falla
3682 ans dire un mot, — car il ne fallait pas effrayer le gibier sensible au moindre son de voix humaine. (Tout cela c’était po
3683 it pas effrayer le gibier sensible au moindre son de voix humaine. (Tout cela c’était pour préparer quelque battue prochai
3684 ils trouvent leur plaisir dans ces longs mutismes de guetteurs, dont on ressort ivre et comme possédé par les génies du mo
3685 tteurs, dont on ressort ivre et comme possédé par les génies du monde végétal. Il y a une sorte de violence aussi dans ces
3686 par les génies du monde végétal. Il y a une sorte de violence aussi dans ces bains de silence forestier. Qui peut en calcu
3687 Il y a une sorte de violence aussi dans ces bains de silence forestier. Qui peut en calculer le bienfait d’énergie ? Les j
3688 bains de silence forestier. Qui peut en calculer le bienfait d’énergie ? Les journées, même de vacances, baignent ici dan
3689 lence forestier. Qui peut en calculer le bienfait d’ énergie ? Les journées, même de vacances, baignent ici dans une atmosp
3690 ier. Qui peut en calculer le bienfait d’énergie ? Les journées, même de vacances, baignent ici dans une atmosphère goethéen
3691 lculer le bienfait d’énergie ? Les journées, même de vacances, baignent ici dans une atmosphère goethéenne d’utilité, — au
3692 nces, baignent ici dans une atmosphère goethéenne d’ utilité, — au sens élevé et civilisateur du terme. La notion moderne d
3693 tilité, — au sens élevé et civilisateur du terme. La notion moderne de superflu, qui donne aux plaisirs mondains l’aspect
3694 élevé et civilisateur du terme. La notion moderne de superflu, qui donne aux plaisirs mondains l’aspect absurde que nous l
3695 erne de superflu, qui donne aux plaisirs mondains l’ aspect absurde que nous leur connaissons, cette superstition ne leur e
3696 ontredisent pas leurs travaux et n’en figurent ni la revanche ni l’évasion : mais ils s’ordonnent tranquillement dans une
3697 leurs travaux et n’en figurent ni la revanche ni l’ évasion : mais ils s’ordonnent tranquillement dans une activité qui ti
3698 ent dans une activité qui tire son unité foncière de la nature même des choses. Le rythme perpétuellement syncopé du trav
3699 dans une activité qui tire son unité foncière de la nature même des choses. Le rythme perpétuellement syncopé du travail
3700 son unité foncière de la nature même des choses. Le rythme perpétuellement syncopé du travail et du loisir, créé par l’éc
3701 llement syncopé du travail et du loisir, créé par l’ économie citadine, ici s’apaise et laisse percevoir les rythmes nature
3702 onomie citadine, ici s’apaise et laisse percevoir les rythmes naturels, l’ample respiration élémentaire. Je ne défendrai
3703 ’apaise et laisse percevoir les rythmes naturels, l’ ample respiration élémentaire. Je ne défendrai pas les junkers…
3704 e respiration élémentaire. Je ne défendrai pas les junkers… J’entends les gens de villes : « Ça ne doit pas être bien
3705 Je ne défendrai pas les junkers… J’entends les gens de villes : « Ça ne doit pas être bien drôle à la longue ! » Ave
3706 défendrai pas les junkers… J’entends les gens de villes : « Ça ne doit pas être bien drôle à la longue ! » Avec cela q
3707  » Avec cela que vos plaisirs vous amusent tant ! La neurasthénie n’est-elle pas une de vos inventions ? Et toute votre li
3708 amusent tant ! La neurasthénie n’est-elle pas une de vos inventions ? Et toute votre littérature est occupée à décrire vos
3709 vos satiétés, quand elle ne se met pas au service d’ un régime de surenchère désespérée des sensations de luxe, dont elle c
3710 , quand elle ne se met pas au service d’un régime de surenchère désespérée des sensations de luxe, dont elle constitue la
3711 un régime de surenchère désespérée des sensations de luxe, dont elle constitue la publicité. Mais il s’agit bien de plaisi
3712 pérée des sensations de luxe, dont elle constitue la publicité. Mais il s’agit bien de plaisirs ! Il s’agirait plutôt du s
3713 elle constitue la publicité. Mais il s’agit bien de plaisirs ! Il s’agirait plutôt du seul plaisir de vivre. Que demander
3714 de plaisirs ! Il s’agirait plutôt du seul plaisir de vivre. Que demander à un milieu social ? Qu’il vous laisse la franchi
3715 e demander à un milieu social ? Qu’il vous laisse la franchise du cœur. Ici, l’on vous aime plus naïvement qu’ailleurs. On
3716 al ? Qu’il vous laisse la franchise du cœur. Ici, l’ on vous aime plus naïvement qu’ailleurs. On ne vous cache pas, pour de
3717 naïvement qu’ailleurs. On ne vous cache pas, pour de ténébreuses habiletés salonnardes, l’intérêt et la sympathie qu’on a
3718 e pas, pour de ténébreuses habiletés salonnardes, l’ intérêt et la sympathie qu’on a pour vous, ou qu’on n’a pas. Nulle gên
3719 e ténébreuses habiletés salonnardes, l’intérêt et la sympathie qu’on a pour vous, ou qu’on n’a pas. Nulle gêne d’aucune so
3720 e qu’on a pour vous, ou qu’on n’a pas. Nulle gêne d’ aucune sorte. Le confort véritable de vivre, comment le concevoir aill
3721 ous, ou qu’on n’a pas. Nulle gêne d’aucune sorte. Le confort véritable de vivre, comment le concevoir ailleurs qu’au sein
3722 . Nulle gêne d’aucune sorte. Le confort véritable de vivre, comment le concevoir ailleurs qu’au sein d’une nature qui, san
3723 une sorte. Le confort véritable de vivre, comment le concevoir ailleurs qu’au sein d’une nature qui, sans cesse exige de l
3724 urs qu’au sein d’une nature qui, sans cesse exige de l’homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’a
3725 qu’au sein d’une nature qui, sans cesse exige de l’ homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’autr
3726 ein d’une nature qui, sans cesse exige de l’homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’autres empêc
3727 e qui, sans cesse exige de l’homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’autres empêchements que ceu
3728 se exige de l’homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’autres empêchements que ceux-là justement
3729 ments que ceux-là justement qui donnent sa raison d’ être au labeur des journées. Nous voici délivrés de la grande bourgeoi
3730 ’être au labeur des journées. Nous voici délivrés de la grande bourgeoisie, de ces gens qui croient devoir, ou se devoir.
3731 re au labeur des journées. Nous voici délivrés de la grande bourgeoisie, de ces gens qui croient devoir, ou se devoir. De
3732 es. Nous voici délivrés de la grande bourgeoisie, de ces gens qui croient devoir, ou se devoir. De ces gens grossièrement
3733 ie, de ces gens qui croient devoir, ou se devoir. De ces gens grossièrement distingués qui ne vous ont pas vu, qui détourn
3734 distingués qui ne vous ont pas vu, qui détournent la tête avec une expression méprisable de gêne et de morgue. Et dire que
3735 détournent la tête avec une expression méprisable de gêne et de morgue. Et dire que ce sont ces gens-là — cette tourbe — q
3736 la tête avec une expression méprisable de gêne et de morgue. Et dire que ce sont ces gens-là — cette tourbe — qui se perme
3737 nt ces gens-là — cette tourbe — qui se permettent de juger la noblesse terrienne. Dire que ce sont ces bourgeois-là, basse
3738 ns-là — cette tourbe — qui se permettent de juger la noblesse terrienne. Dire que ce sont ces bourgeois-là, bassement inca
3739 ue ce sont ces bourgeois-là, bassement incapables de brutalité ou d’orgueil physiques, en revanche hérissés de vanités mor
3740 ourgeois-là, bassement incapables de brutalité ou d’ orgueil physiques, en revanche hérissés de vanités morales et de provo
3741 lité ou d’orgueil physiques, en revanche hérissés de vanités morales et de provocantes civilités, qui viennent vous dire,
3742 iques, en revanche hérissés de vanités morales et de provocantes civilités, qui viennent vous dire, entre deux bridges, qu
3743 , qui viennent vous dire, entre deux bridges, que les « terreux » sont démodés. Bien joli quand ils ne leur reprochent pas
3744 modés. Bien joli quand ils ne leur reprochent pas d’ ignorer Proust. Mais quoi, je ne défendrai pas les junkers, — dont le
3745 d’ignorer Proust. Mais quoi, je ne défendrai pas les junkers, — dont le nom seul est une injure dans tant de bouches, une
3746 ais quoi, je ne défendrai pas les junkers, — dont le nom seul est une injure dans tant de bouches, une injure dans le vide
3747 une injure dans tant de bouches, une injure dans le vide, d’ailleurs, car ceux qui l’utilisent ignorent ce qu’elle désign
3748 une injure dans le vide, d’ailleurs, car ceux qui l’ utilisent ignorent ce qu’elle désigne. Un tel milieu ne sollicite guèr
3749 qu’elle désigne. Un tel milieu ne sollicite guère de l’étranger je ne sais quelle admiration sentimentale ou esthétique. Q
3750 elle désigne. Un tel milieu ne sollicite guère de l’ étranger je ne sais quelle admiration sentimentale ou esthétique. Que
3751 tion sentimentale ou esthétique. Que feraient-ils de mes éloges, même sincères ? Ils n’ont jamais mis en question la néces
3752 même sincères ? Ils n’ont jamais mis en question la nécessité de leur genre de vie, et verraient une sorte d’inconvenance
3753 s ? Ils n’ont jamais mis en question la nécessité de leur genre de vie, et verraient une sorte d’inconvenance dans l’appro
3754 jamais mis en question la nécessité de leur genre de vie, et verraient une sorte d’inconvenance dans l’approbation que je
3755 sité de leur genre de vie, et verraient une sorte d’ inconvenance dans l’approbation que je pourrais leur en témoigner. Bon
3756 e vie, et verraient une sorte d’inconvenance dans l’ approbation que je pourrais leur en témoigner. Bon pour les gens des v
3757 ation que je pourrais leur en témoigner. Bon pour les gens des villes, toujours inquiets, toujours doutant de leurs raisons
3758 s des villes, toujours inquiets, toujours doutant de leurs raisons d’êtres et de leur actualité, de quêter chez autrui des
3759 jours inquiets, toujours doutant de leurs raisons d’ êtres et de leur actualité, de quêter chez autrui des confirmations, d
3760 ets, toujours doutant de leurs raisons d’êtres et de leur actualité, de quêter chez autrui des confirmations, des flatteri
3761 nt de leurs raisons d’êtres et de leur actualité, de quêter chez autrui des confirmations, des flatteries, toutes choses q
3762 ons, des flatteries, toutes choses qui impliquent la possibilité d’un doute. Il n’y a d’aristocratie qu’inévitable. On pou
3763 ries, toutes choses qui impliquent la possibilité d’ un doute. Il n’y a d’aristocratie qu’inévitable. On pourrait dire : de
3764 ui impliquent la possibilité d’un doute. Il n’y a d’ aristocratie qu’inévitable. On pourrait dire : de droit divin, c’est e
3765 d’aristocratie qu’inévitable. On pourrait dire : de droit divin, c’est encore à dire : du droit des choses telles que Die
3766 core à dire : du droit des choses telles que Dieu les a créées. Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considé
3767 choses telles que Dieu les a créées. Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste d
3768 ses telles que Dieu les a créées. Aristocratie de l’ être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l
3769 que Dieu les a créées. Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bo
3770 e Dieu les a créées. Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bourg
3771 es. Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bourgeoise fait nouvea
3772 Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bourgeoise fait nouveau r
3773 de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bourgeoise fait nouveau riche, en regard de cette s
3774 nction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bourgeoise fait nouveau riche, en regard de cette seule clas
3775 ion, non de la considération. Et tout le reste de l’ Europe bourgeoise fait nouveau riche, en regard de cette seule classe
3776 n regard de cette seule classe qui ne doit rien à l’ opinion.   Non, je ne peux rien voir dans la « féodalité » de ces junk
3777 ien à l’opinion.   Non, je ne peux rien voir dans la « féodalité » de ces junkers, qui soit plus répugnant pour notre huma
3778   Non, je ne peux rien voir dans la « féodalité » de ces junkers, qui soit plus répugnant pour notre humanité que tant de
3779 ur notre humanité que tant de systèmes prônés par les partisans du progrès, — le taylorisme par exemple. J’y vois, au contr
3780 e systèmes prônés par les partisans du progrès, —  le taylorisme par exemple. J’y vois, au contraire, des avantages « humai
3781 ains » peu contestables : des rapports personnels de maître à serviteur, des rapports personnels de l’homme à la nature so
3782 ls de maître à serviteur, des rapports personnels de l’homme à la nature sous toutes ses formes, animales, végétales, dome
3783 de maître à serviteur, des rapports personnels de l’ homme à la nature sous toutes ses formes, animales, végétales, domesti
3784 à serviteur, des rapports personnels de l’homme à la nature sous toutes ses formes, animales, végétales, domestiquées ou c
3785 Je suis scandalisé quand je vois se croiser dans la rue sans se connaître un patron d’usine et l’un de ses mécanos. Ou en
3786 e croiser dans la rue sans se connaître un patron d’ usine et l’un de ses mécanos. Ou encore, quand le patron salue avec ce
3787 a rue sans se connaître un patron d’usine et l’un de ses mécanos. Ou encore, quand le patron salue avec ce mélange de haut
3788 d’usine et l’un de ses mécanos. Ou encore, quand le patron salue avec ce mélange de hauteur, de méfiance et de gêne auque
3789 Ou encore, quand le patron salue avec ce mélange de hauteur, de méfiance et de gêne auquel répond chez l’inférieur un mél
3790 quand le patron salue avec ce mélange de hauteur, de méfiance et de gêne auquel répond chez l’inférieur un mélange de crai
3791 salue avec ce mélange de hauteur, de méfiance et de gêne auquel répond chez l’inférieur un mélange de crainte, de colère
3792 auteur, de méfiance et de gêne auquel répond chez l’ inférieur un mélange de crainte, de colère et de gêne guère moins igno
3793 de gêne auquel répond chez l’inférieur un mélange de crainte, de colère et de gêne guère moins ignoble. Mais je ne suis pa
3794 el répond chez l’inférieur un mélange de crainte, de colère et de gêne guère moins ignoble. Mais je ne suis pas scandalisé
3795 z l’inférieur un mélange de crainte, de colère et de gêne guère moins ignoble. Mais je ne suis pas scandalisé quand le bur
3796 ins ignoble. Mais je ne suis pas scandalisé quand le burgrave salue cordialement et franchement des paysans qui s’inclinen
3797 i s’inclinent sans contrainte. Est-ce là dire que le « retour » à tel état soit souhaitable ? La question me paraît, au co
3798 e que le « retour » à tel état soit souhaitable ? La question me paraît, au concret, dépourvue de sens. Mais au nom de la
3799 le ? La question me paraît, au concret, dépourvue de sens. Mais au nom de la dignité humaine, je demande que les journalis
3800 ît, au concret, dépourvue de sens. Mais au nom de la dignité humaine, je demande que les journalistes cessent de déverser
3801 Mais au nom de la dignité humaine, je demande que les journalistes cessent de déverser sur une classe qu’ils ne peuvent con
3802 humaine, je demande que les journalistes cessent de déverser sur une classe qu’ils ne peuvent connaître une haine convent
3803 onnelle et bassement démagogique. C’est ainsi que les frères Tharaud dénonçaient récemment encore, dans un grand quotidien
3804 nçaient récemment encore, dans un grand quotidien de Paris, ces junkers qui, d’après eux, constituent la fraction d’humani
3805 Paris, ces junkers qui, d’après eux, constituent la fraction d’humanité la plus dangereuse pour la paix du monde. Quoi !
3806 junkers qui, d’après eux, constituent la fraction d’ humanité la plus dangereuse pour la paix du monde. Quoi ! cette centai
3807 , d’après eux, constituent la fraction d’humanité la plus dangereuse pour la paix du monde. Quoi ! cette centaine de famil
3808 nt la fraction d’humanité la plus dangereuse pour la paix du monde. Quoi ! cette centaine de familles écartées du pouvoir
3809 euse pour la paix du monde. Quoi ! cette centaine de familles écartées du pouvoir dans leur propre patrie depuis la chute
3810 cartées du pouvoir dans leur propre patrie depuis la chute de Bismarck, coupées de tous liens politiques avec une Europe b
3811 u pouvoir dans leur propre patrie depuis la chute de Bismarck, coupées de tous liens politiques avec une Europe bourgeoise
3812 ropre patrie depuis la chute de Bismarck, coupées de tous liens politiques avec une Europe bourgeoise, résignée à laisser
3813 eur — cette race désarmée qui ne subsiste que par la force d’une vertu sans égale, sans espoir —, péril pour le monde ! Fa
3814 te race désarmée qui ne subsiste que par la force d’ une vertu sans égale, sans espoir —, péril pour le monde ! Fable énorm
3815 d’une vertu sans égale, sans espoir —, péril pour le monde ! Fable énorme et qui étonne de la part d’écrivains d’ordinaire
3816 Fable énorme et qui étonne de la part d’écrivains d’ ordinaire consciencieux. Les canons de Shanghai, qui rapportèrent tant
3817 de la part d’écrivains d’ordinaire consciencieux. Les canons de Shanghai, qui rapportèrent tant d’argent aux propriétaires
3818 d’écrivains d’ordinaire consciencieux. Les canons de Shanghai, qui rapportèrent tant d’argent aux propriétaires de la pres
3819 ux. Les canons de Shanghai, qui rapportèrent tant d’ argent aux propriétaires de la presse qui publie ces articles, me para
3820 qui rapportèrent tant d’argent aux propriétaires de la presse qui publie ces articles, me paraissaient en ce temps-là plu
3821 i rapportèrent tant d’argent aux propriétaires de la presse qui publie ces articles, me paraissaient en ce temps-là plus i
3822 paraissaient en ce temps-là plus inquiétants que le fusil de chasse de mes hôtes prussiens. Et puis, allez donc voir un p
3823 ient en ce temps-là plus inquiétants que le fusil de chasse de mes hôtes prussiens. Et puis, allez donc voir un peu dans l
3824 temps-là plus inquiétants que le fusil de chasse de mes hôtes prussiens. Et puis, allez donc voir un peu dans les cryptes
3825 s prussiens. Et puis, allez donc voir un peu dans les cryptes secrètes du grand capitalisme. Satan lui-même y donne ses dir
3826 atan lui-même y donne ses directives. Et regardez les têtes qui vous entoureront. Personne, croyez-m’en, de la race des cav
3827 êtes qui vous entoureront. Personne, croyez-m’en, de la race des cavaliers. Quant à savoir si cette classe justifie sa fon
3828 s qui vous entoureront. Personne, croyez-m’en, de la race des cavaliers. Quant à savoir si cette classe justifie sa foncti
3829 savoir si cette classe justifie sa fonction dans le monde actuel, je répondrai que cela dépend après tout des possibilité
3830 t des possibilités qu’on lui en laisse. On, c’est le pouvoir. Or, le pouvoir se fait de plus en plus l’instrument des foli
3831 és qu’on lui en laisse. On, c’est le pouvoir. Or, le pouvoir se fait de plus en plus l’instrument des folies citadines. C’
3832 e pouvoir. Or, le pouvoir se fait de plus en plus l’ instrument des folies citadines. C’est dans les villes qu’on parle des
3833 lus l’instrument des folies citadines. C’est dans les villes qu’on parle des temps nouveaux. Et l’on voit bien pourquoi les
3834 ans les villes qu’on parle des temps nouveaux. Et l’ on voit bien pourquoi les intellectuels, les ouvriers, les exploités o
3835 le des temps nouveaux. Et l’on voit bien pourquoi les intellectuels, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes.
3836 ux. Et l’on voit bien pourquoi les intellectuels, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes. Mais au regard de
3837 it bien pourquoi les intellectuels, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes. Mais au regard de la nature, cel
3838 llectuels, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes. Mais au regard de la nature, cela n’a point de sens. Ou
3839 ités ont besoin de tels mythes. Mais au regard de la nature, cela n’a point de sens. Ou bien alors : cela désigne une nouv
3840 thes. Mais au regard de la nature, cela n’a point de sens. Ou bien alors : cela désigne une nouvelle répartition des terre
3841 une nouvelle répartition des terres. Question que la nature du sol résoudra seule durablement. Les landes de la Prusse-Ori
3842 que la nature du sol résoudra seule durablement. Les landes de la Prusse-Orientale sont très irrégulièrement fertiles ; se
3843 ure du sol résoudra seule durablement. Les landes de la Prusse-Orientale sont très irrégulièrement fertiles ; seules les g
3844 du sol résoudra seule durablement. Les landes de la Prusse-Orientale sont très irrégulièrement fertiles ; seules les gran
3845 ntale sont très irrégulièrement fertiles ; seules les grandes entreprises « tiennent le coup » lors d’une inondation ou d’u
3846 tiles ; seules les grandes entreprises « tiennent le coup » lors d’une inondation ou d’une sécheresse partielle. J’ai vu s
3847 les grandes entreprises « tiennent le coup » lors d’ une inondation ou d’une sécheresse partielle. J’ai vu sur les terres d
3848 ses « tiennent le coup » lors d’une inondation ou d’ une sécheresse partielle. J’ai vu sur les terres de Waldburg un villag
3849 dation ou d’une sécheresse partielle. J’ai vu sur les terres de Waldburg un village que le burgrave a de son propre chef « 
3850 ’une sécheresse partielle. J’ai vu sur les terres de Waldburg un village que le burgrave a de son propre chef « libéré ».
3851 J’ai vu sur les terres de Waldburg un village que le burgrave a de son propre chef « libéré ». C’est de tous le plus misér
3852 s terres de Waldburg un village que le burgrave a de son propre chef « libéré ». C’est de tous le plus misérable. Le morce
3853 e burgrave a de son propre chef « libéré ». C’est de tous le plus misérable. Le morcellement des terres, le stade démocrat
3854 ve a de son propre chef « libéré ». C’est de tous le plus misérable. Le morcellement des terres, le stade démocratique, es
3855 chef « libéré ». C’est de tous le plus misérable. Le morcellement des terres, le stade démocratique, est ici plus visiblem
3856 us le plus misérable. Le morcellement des terres, le stade démocratique, est ici plus visiblement qu’ailleurs une utopie.
3857 us visiblement qu’ailleurs une utopie. Impossible de passer du latifundium au pavillon de banlieue. Au « majorat » succéde
3858 . Impossible de passer du latifundium au pavillon de banlieue. Au « majorat » succédera sans doute un organisme du type de
3859 viétiques. Dépersonnalisation du pouvoir. Faut-il le déplorer ? Tout jugement affectif s’évapore devant une évolution néce
3860 s son ensemble, reste étrangère au capital. Comme les autres ils ont été ruinés par la guerre, c’est-à-dire qu’ils n’ont pl
3861 capital. Comme les autres ils ont été ruinés par la guerre, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus de monnaie : cela n’a rien cha
3862 nés par la guerre, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus de monnaie : cela n’a rien changé à l’organisme de leur vie sociale. Ils
3863 ls n’ont plus de monnaie : cela n’a rien changé à l’ organisme de leur vie sociale. Ils vivent en paysans, de leurs produit
3864 s de monnaie : cela n’a rien changé à l’organisme de leur vie sociale. Ils vivent en paysans, de leurs produits. Ils conso
3865 nisme de leur vie sociale. Ils vivent en paysans, de leurs produits. Ils consomment fort peu d’idéologies importées. Les c
3866 ysans, de leurs produits. Ils consomment fort peu d’ idéologies importées. Les cadets de famille, ceux qu’on envoyait à l’a
3867 . Ils consomment fort peu d’idéologies importées. Les cadets de famille, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois de la
3868 mment fort peu d’idéologies importées. Les cadets de famille, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois de la politique 
3869 ées. Les cadets de famille, ceux qu’on envoyait à l’ armée, font parfois de la politique : Hitler les flatte mais ne vainc
3870 ille, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois de la politique : Hitler les flatte mais ne vainc pas souvent leurs méfi
3871 e, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois de la politique : Hitler les flatte mais ne vainc pas souvent leurs méfianc
3872 à l’armée, font parfois de la politique : Hitler les flatte mais ne vainc pas souvent leurs méfiances. Certains se sont fa
3873 ces. Certains se sont faits communistes, par goût de l’énergie peut-être. J’ai vu des membres d’un parti national-marxiste
3874 . Certains se sont faits communistes, par goût de l’ énergie peut-être. J’ai vu des membres d’un parti national-marxiste do
3875 goût de l’énergie peut-être. J’ai vu des membres d’ un parti national-marxiste dont le rêve est de restaurer la Prusse du
3876 vu des membres d’un parti national-marxiste dont le rêve est de restaurer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de
3877 res d’un parti national-marxiste dont le rêve est de restaurer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Rac
3878 i national-marxiste dont le rêve est de restaurer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Race de colonisa
3879 est de restaurer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Race de colonisateurs, dominant sur ces marches d
3880 urer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Race de colonisateurs, dominant sur ces marches de l’Europe d
3881 u grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Race de colonisateurs, dominant sur ces marches de l’Europe depuis des siècle
3882 … Race de colonisateurs, dominant sur ces marches de l’Europe depuis des siècles, mais séculairement menacés par l’Asie :
3883 ace de colonisateurs, dominant sur ces marches de l’ Europe depuis des siècles, mais séculairement menacés par l’Asie : ils
3884 epuis des siècles, mais séculairement menacés par l’ Asie : ils lui résistent par leur pauvreté. Les magnats de Hongrie son
3885 par l’Asie : ils lui résistent par leur pauvreté. Les magnats de Hongrie sont déjà des pachas, et l’Occident ne peut rien e
3886 ils lui résistent par leur pauvreté. Les magnats de Hongrie sont déjà des pachas, et l’Occident ne peut rien en attendre,
3887 . Les magnats de Hongrie sont déjà des pachas, et l’ Occident ne peut rien en attendre, qu’un corps de janissaires tout au
3888 l’Occident ne peut rien en attendre, qu’un corps de janissaires tout au plus. Mais ces hommes durs, silencieux, et sains
3889 ieux, et sains, servants des terres conquises par les chevaliers teutoniques, qui sait s’ils n’auront pas demain leur comma
3890 mandement dans cet Ordre du Sacrifice auquel rêve l’ Europe, qu’elle redoute encore, mais qui forge sa loi au secret de son
3891 e redoute encore, mais qui forge sa loi au secret de son désespoir… Bastions de l’Occident ? — Duquel ? Ou bien race liée
3892 forge sa loi au secret de son désespoir… Bastions de l’Occident ? — Duquel ? Ou bien race liée au seul goût de sa puissanc
3893 ge sa loi au secret de son désespoir… Bastions de l’ Occident ? — Duquel ? Ou bien race liée au seul goût de sa puissance ?
3894 ident ? — Duquel ? Ou bien race liée au seul goût de sa puissance ? Il y a plus qu’un passé d’héroïsme dans ces châteaux p
3895 ul goût de sa puissance ? Il y a plus qu’un passé d’ héroïsme dans ces châteaux perdus, dans ce Waldburg gardien de quels s
3896 ans ces châteaux perdus, dans ce Waldburg gardien de quels secrets longuement, lentement fortifiés…   La nuit, les moustiq
3897 quels secrets longuement, lentement fortifiés…   La nuit, les moustiques tissent une rumeur dans l’obscurité profonde. De
3898 crets longuement, lentement fortifiés…   La nuit, les moustiques tissent une rumeur dans l’obscurité profonde. Des cris de
3899   La nuit, les moustiques tissent une rumeur dans l’ obscurité profonde. Des cris de chouettes se poursuivent, s’éloignent,
3900 nt une rumeur dans l’obscurité profonde. Des cris de chouettes se poursuivent, s’éloignent, reprennent tout proches. Les é
3901 oursuivent, s’éloignent, reprennent tout proches. Les élans dorment agenouillés, aussi hauts que les jeunes arbres de la la
3902 s. Les élans dorment agenouillés, aussi hauts que les jeunes arbres de la lande. Et la mer respire fort contre les grèves,
3903 nt agenouillés, aussi hauts que les jeunes arbres de la lande. Et la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pe
3904 agenouillés, aussi hauts que les jeunes arbres de la lande. Et la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesan
3905 aussi hauts que les jeunes arbres de la lande. Et la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesante lumière. M
3906 arbres de la lande. Et la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesante lumière. Mais dans cette chambre élevé
3907 t la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesante lumière. Mais dans cette chambre élevée du château, l’air
3908 a mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesante lumière. Mais dans cette chambre élevée du château, l’air dem
3909 mière. Mais dans cette chambre élevée du château, l’ air demeure étouffant et parfois l’odeur des étangs vient se mêler à c
3910 ée du château, l’air demeure étouffant et parfois l’ odeur des étangs vient se mêler à celle des vieilles boiseries. Envelo
3911 e mêler à celle des vieilles boiseries. Enveloppé de gaze je sors sur mon balcon, je me penche sur le parc incertain. Palp
3912 de gaze je sors sur mon balcon, je me penche sur le parc incertain. Palpitation lointaine et animale du silence. Le long
3913 ation lointaine et animale du silence. Le long de la crête des forêts, une rougissante lueur avance de l’Occident vers l’O
3914 la crête des forêts, une rougissante lueur avance de l’Occident vers l’Orient. 19. Bras de mer intérieur qui s’avance j
3915 crête des forêts, une rougissante lueur avance de l’ Occident vers l’Orient. 19. Bras de mer intérieur qui s’avance jusq
3916 , une rougissante lueur avance de l’Occident vers l’ Orient. 19. Bras de mer intérieur qui s’avance jusqu’à Königsberg.
3917 r avance de l’Occident vers l’Orient. 19. Bras de mer intérieur qui s’avance jusqu’à Königsberg.
9 1932, Le Paysan du Danube. Deuxième partie. La lenteur des choses — Le balcon sur l’eau
3918 Le balcon sur l’eau Tu es appuyée debout contre moi, et nous regardons
3919 Le balcon sur l’ eau Tu es appuyée debout contre moi, et nous regardons à nos pieds l
3920 debout contre moi, et nous regardons à nos pieds l’ eau vivante. La brume est proche. Une haute muraille derrière nous fer
3921 moi, et nous regardons à nos pieds l’eau vivante. La brume est proche. Une haute muraille derrière nous ferme le monde. Tu
3922 st proche. Une haute muraille derrière nous ferme le monde. Tu ne trembles plus, tu t’appuies. Nos reflets ondulent très p
3923 ’appuies. Nos reflets ondulent très peu, gris sur le blanc doucement luisant de la surface ; mais le silence a des vagues
3924 ent très peu, gris sur le blanc doucement luisant de la surface ; mais le silence a des vagues profondes. L’eau clapote
3925 très peu, gris sur le blanc doucement luisant de la surface ; mais le silence a des vagues profondes. L’eau clapote av
3926 r le blanc doucement luisant de la surface ; mais le silence a des vagues profondes. L’eau clapote avec tendresse, et s
3927 face ; mais le silence a des vagues profondes. L’ eau clapote avec tendresse, et se retient… Et l’air chargé d’attente.
3928 L’eau clapote avec tendresse, et se retient… Et l’ air chargé d’attente. Nos têtes immobiles sont près de se toucher, nos
3929 te avec tendresse, et se retient… Et l’air chargé d’ attente. Nos têtes immobiles sont près de se toucher, nos regards s’en
3930 sont près de se toucher, nos regards s’en vont à la rencontre de ce qui est voilé. Retiens ton souffle, retiens ton envie
3931 se toucher, nos regards s’en vont à la rencontre de ce qui est voilé. Retiens ton souffle, retiens ton envie de fermer le
3932 est voilé. Retiens ton souffle, retiens ton envie de fermer les yeux contre une épaule, attends encore un peu plus fort, é
3933 Retiens ton souffle, retiens ton envie de fermer les yeux contre une épaule, attends encore un peu plus fort, écoute encor
3934 autour de nous : il y a une grande lenteur. C’est l’ avenir ou l’éternité qui ouvre la bouche pour dire quelque chose, écou
3935 us : il y a une grande lenteur. C’est l’avenir ou l’ éternité qui ouvre la bouche pour dire quelque chose, écoute, attends…
3936 e lenteur. C’est l’avenir ou l’éternité qui ouvre la bouche pour dire quelque chose, écoute, attends… Peut-être que déjà l
3937 uelque chose, écoute, attends… Peut-être que déjà la parole fut dite et reçue quelque part en nous-mêmes, dans la brume où
3938 ut dite et reçue quelque part en nous-mêmes, dans la brume où nous sommes perdus avec ce clapotis d’une eau étrangement vi
3939 s la brume où nous sommes perdus avec ce clapotis d’ une eau étrangement vivante et qui rêve ; et rien que nos yeux qui bri
3940 qui rêve ; et rien que nos yeux qui brillent dans l’ étendue où nos deux formes confondent leur ombre et leur songe… Odeur
3941 formes confondent leur ombre et leur songe… Odeur de l’eau, — pour toute la vie. (1929)
3942 mes confondent leur ombre et leur songe… Odeur de l’ eau, — pour toute la vie. (1929)
3943 ombre et leur songe… Odeur de l’eau, — pour toute la vie. (1929)
10 1932, Le Paysan du Danube. Deuxième partie. La lenteur des choses — Appendice. Les Soirées du Brambilla-Club, (1930)
3944 Appendice Les Soirées du Brambilla-Club (1930) Pour Albert Béguin. Paris la nui
3945 ambilla-Club (1930) Pour Albert Béguin. Paris la nuit oublie parfois d’être spirituelle, devient tragique ou tout simp
3946 Pour Albert Béguin. Paris la nuit oublie parfois d’ être spirituelle, devient tragique ou tout simplement germanique. « L’
3947 devient tragique ou tout simplement germanique. «  L’ Allemagne, c’est la Poésie, et la France c’est la Chambre des Députés 
3948 tout simplement germanique. « L’Allemagne, c’est la Poésie, et la France c’est la Chambre des Députés », disait un amoure
3949 nt germanique. « L’Allemagne, c’est la Poésie, et la France c’est la Chambre des Députés », disait un amoureux de la Franc
3950  L’Allemagne, c’est la Poésie, et la France c’est la Chambre des Députés », disait un amoureux de la France. Quand vous pr
3951 ’est la Chambre des Députés », disait un amoureux de la France. Quand vous prenez un taxi passé onze heures, c’est double
3952 t la Chambre des Députés », disait un amoureux de la France. Quand vous prenez un taxi passé onze heures, c’est double tar
3953  : à côté de vous, si vous êtes seul, un fantôme, d’ office, a pris place. On lie bien vite connaissance, pourvu qu’on sach
3954 bien vite connaissance, pourvu qu’on sache un peu d’ allemand, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne me sens
3955 sance, pourvu qu’on sache un peu d’allemand, — et l’ allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne me sens pas trop embarra
3956 e ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’ Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne et nous n
3957 barrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, n
3958 comme j’habite l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons
3959 me j’habite l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’ Odéon qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les
3960 pagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné dans les mêm
3961 s savons les mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcades. La plupart d
3962 res et nous avons durant la journée bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcades. La plupart des noctambules préfèrent a
3963 nt la journée bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcades. La plupart des noctambules préfèrent aller à pied ; mais moi
3964 à pied ; mais moi je me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’est-ce point la définition même de l
3965 la nuit dans une ville étrangère, n’est-ce point la définition même de la luxure ? Quand je vais à pied, j’oublie en chem
3966 ille étrangère, n’est-ce point la définition même de la luxure ? Quand je vais à pied, j’oublie en chemin les meilleures p
3967 e étrangère, n’est-ce point la définition même de la luxure ? Quand je vais à pied, j’oublie en chemin les meilleures phra
3968 luxure ? Quand je vais à pied, j’oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je
3969 ns une sentimentalité exquise, navrante. Il reste de s’asseoir à quelque terrasse de café pour y boire à petits coups une
3970 avrante. Il reste de s’asseoir à quelque terrasse de café pour y boire à petits coups une amertume acide et tiède comme l’
3971 à petits coups une amertume acide et tiède comme l’ adolescence, un désespoir de nuit d’été sous le tilleul où elle n’est
3972 acide et tiède comme l’adolescence, un désespoir de nuit d’été sous le tilleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lie
3973 t tiède comme l’adolescence, un désespoir de nuit d’ été sous le tilleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’a
3974 me l’adolescence, un désespoir de nuit d’été sous le tilleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer : je
3975 us le tilleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir que des rapports de polit
3976 lleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir que des rapports de politesse dis
3977 ul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’ avouer : je ne saurais entretenir que des rapports de politesse distan
3978 vouer : je ne saurais entretenir que des rapports de politesse distante avec les personnes qui ont pu dire, ne fut-ce qu’u
3979 tenir que des rapports de politesse distante avec les personnes qui ont pu dire, ne fut-ce qu’une fois en leur vie : « J’ai
3980 e fut-ce qu’une fois en leur vie : « J’ai horreur de la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous deux le fantôme
3981 ut-ce qu’une fois en leur vie : « J’ai horreur de la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous deux le fantôme ».
3982 entalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous deux le fantôme ». Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a donné
3983 nc en taxi, « nous deux le fantôme ». Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a donné au chauffeur l’adresse d’
3984 le fantôme ». Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a donné au chauffeur l’adresse d’un ogre. C’est tout prè
3985 ayant envie de manger ferme a donné au chauffeur l’ adresse d’un ogre. C’est tout près parce que j’ai peur. En même temps
3986 ie de manger ferme a donné au chauffeur l’adresse d’ un ogre. C’est tout près parce que j’ai peur. En même temps c’est très
3987 me temps c’est très loin parce que je me réjouis. La Maison des Ogres est au 53, rue de Rennes ; je ne vous le confie pas
3988 n des Ogres est au 53, rue de Rennes ; je ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou, e
3989 cret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou, et le fantôme se fait aussi négligeable que possible, pratiquement invisibl
3990 ans cette minuscule voiture. Déjà nous traversons la nuit rose et violette de Montparnasse. Là, l’insondable lubie d’un ag
3991 re. Déjà nous traversons la nuit rose et violette de Montparnasse. Là, l’insondable lubie d’un agent nous immobilise une m
3992 ons la nuit rose et violette de Montparnasse. Là, l’ insondable lubie d’un agent nous immobilise une minute aux lisières od
3993 violette de Montparnasse. Là, l’insondable lubie d’ un agent nous immobilise une minute aux lisières odorantes d’une terra
3994 nous immobilise une minute aux lisières odorantes d’ une terrasse où nous voyons Charles-Albert Cingria, transfiguré par un
3995 en train de décrire à Blaise Cendrars, son voisin de table, l’arrivée des Mongols dans Paris et leurs établissements place
3996 e décrire à Blaise Cendrars, son voisin de table, l’ arrivée des Mongols dans Paris et leurs établissements place de la Con
3997 Mongols dans Paris et leurs établissements place de la Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plu
3998 ngols dans Paris et leurs établissements place de la Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus r
3999 ents place de la Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus rouge que rouge ». On assure qu’il po
4000 s place de la Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus rouge que rouge ». On assure qu’il possè
4001 la Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire d’ un pourpoint « plus rouge que rouge ». On assure qu’il possède encore
4002 l est « pittoresque », cas déplorable, s’agissant d’ un poète authentique. Le pittoresque. D’abord je crains que la notion
4003 as déplorable, s’agissant d’un poète authentique. Le pittoresque. D’abord je crains que la notion n’en soit toute relative
4004 uthentique. Le pittoresque. D’abord je crains que la notion n’en soit toute relative aux modes de « vie » bourgeois ; et p
4005 que la notion n’en soit toute relative aux modes de « vie » bourgeois ; et puis, la comédie n’est pas mon fort, même la t
4006 elative aux modes de « vie » bourgeois ; et puis, la comédie n’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que les ch
4007 is ; et puis, la comédie n’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement émouvantes, monotones
4008 pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement émouvantes, monotones et aiguës, comme la pluie dans
4009 lentement émouvantes, monotones et aiguës, comme la pluie dans les campagnes au printemps. Ou encore : la lecture des rom
4010 uvantes, monotones et aiguës, comme la pluie dans les campagnes au printemps. Ou encore : la lecture des romans anglais, le
4011 luie dans les campagnes au printemps. Ou encore : la lecture des romans anglais, les loisirs obsédés du jaloux, le travail
4012 temps. Ou encore : la lecture des romans anglais, les loisirs obsédés du jaloux, le travail jusqu’à l’aube, la naissance d’
4013 es romans anglais, les loisirs obsédés du jaloux, le travail jusqu’à l’aube, la naissance d’un visage dans ma mémoire (d’h
4014 les loisirs obsédés du jaloux, le travail jusqu’à l’ aube, la naissance d’un visage dans ma mémoire (d’heure en heure ces y
4015 irs obsédés du jaloux, le travail jusqu’à l’aube, la naissance d’un visage dans ma mémoire (d’heure en heure ces yeux plus
4016 u jaloux, le travail jusqu’à l’aube, la naissance d’ un visage dans ma mémoire (d’heure en heure ces yeux plus vivants…). D
4017 l’aube, la naissance d’un visage dans ma mémoire ( d’ heure en heure ces yeux plus vivants…). De là, je le suppose, une cert
4018 émoire (d’heure en heure ces yeux plus vivants…). De là, je le suppose, une certaine misanthropie en germe : les êtres cha
4019 heure en heure ces yeux plus vivants…). De là, je le suppose, une certaine misanthropie en germe : les êtres changent trop
4020 le suppose, une certaine misanthropie en germe : les êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter
4021 germe : les êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi
4022 es êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sai
4023 e, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais pas de commerce humain q
4024 je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais pas de commerce humain qui v
4025 les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais pas de commerce humain qui vaille la peine, qui vaille l’amour. Durant cette
4026 quoi je ne sais pas de commerce humain qui vaille la peine, qui vaille l’amour. Durant cette méditation, nous avons gagné
4027 e commerce humain qui vaille la peine, qui vaille l’ amour. Durant cette méditation, nous avons gagné une rue pauvrement éc
4028 , nous avons gagné une rue pauvrement éclairée où l’ on s’arrête. Le fantôme derrière nous claque la portière. Il fait asse
4029 gné une rue pauvrement éclairée où l’on s’arrête. Le fantôme derrière nous claque la portière. Il fait assez froid. ⁂ Lors
4030 où l’on s’arrête. Le fantôme derrière nous claque la portière. Il fait assez froid. ⁂ Lorsque l’homme, cédant à l’évidence
4031 laque la portière. Il fait assez froid. ⁂ Lorsque l’ homme, cédant à l’évidence des choses ou de l’esprit, comprend enfin q
4032 Il fait assez froid. ⁂ Lorsque l’homme, cédant à l’ évidence des choses ou de l’esprit, comprend enfin qu’il est perdu, il
4033 orsque l’homme, cédant à l’évidence des choses ou de l’esprit, comprend enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. Le
4034 que l’homme, cédant à l’évidence des choses ou de l’ esprit, comprend enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. Le goû
4035 prit, comprend enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. Le goût de se perdre est un des plus profonds mystères de no
4036 nd enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. Le goût de se perdre est un des plus profonds mystères de notre conditio
4037 qu’il est perdu, il découvre la liberté. Le goût de se perdre est un des plus profonds mystères de notre condition, et je
4038 ût de se perdre est un des plus profonds mystères de notre condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origi
4039 notre condition, et je ne crois pas trop absurde d’ y chercher l’origine non seulement des passions amoureuses, mais de la
4040 ion, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’ origine non seulement des passions amoureuses, mais de la plupart des
4041 igine non seulement des passions amoureuses, mais de la plupart des entreprises démesurées qu’enregistre l’Histoire, scien
4042 plupart des entreprises démesurées qu’enregistre l’ Histoire, science chargée d’illustrer à ses propres yeux l’Humanité. E
4043 esurées qu’enregistre l’Histoire, science chargée d’ illustrer à ses propres yeux l’Humanité. En passant, relevons un sophi
4044 e, science chargée d’illustrer à ses propres yeux l’ Humanité. En passant, relevons un sophisme à la mode, qui vient trébuc
4045 ux l’Humanité. En passant, relevons un sophisme à la mode, qui vient trébucher dans les méandres de notre chemin : « Il fa
4046 s un sophisme à la mode, qui vient trébucher dans les méandres de notre chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », n
4047 à la mode, qui vient trébucher dans les méandres de notre chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », nous enseigne
4048 ne doctrine en vérité moins généreuse que ne veut le croire M. Gide, —  si pareil entre les griffes de son égoïsme à la so
4049 que ne veut le croire M. Gide, —  si pareil entre les griffes de son égoïsme à la souris qu’un chat subtil et ironique fein
4050 le croire M. Gide, —  si pareil entre les griffes de son égoïsme à la souris qu’un chat subtil et ironique feint de lâcher
4051 , —  si pareil entre les griffes de son égoïsme à la souris qu’un chat subtil et ironique feint de lâcher pour mieux croqu
4052 e à la souris qu’un chat subtil et ironique feint de lâcher pour mieux croquer. Pourquoi ne pas se perdre sans arrière-pen
4053  ? S’il me reste un espoir au sein de mes erreurs les moins préméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé. J’ai toujour
4054 urs les moins préméditées, c’est sans doute celui d’ être trouvé. J’ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir da
4055 doute celui d’être trouvé. J’ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir dans sa chambre d’hôtel, ferme sa porte
4056 lui d’être trouvé. J’ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir dans sa chambre d’hôtel, ferme sa porte à double
4057 d’être trouvé. J’ai toujours méprisé le geste de l’ homme qui, le soir dans sa chambre d’hôtel, ferme sa porte à double to
4058 é. J’ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir dans sa chambre d’hôtel, ferme sa porte à double tour. Ah ! qu’u
4059 le geste de l’homme qui, le soir dans sa chambre d’ hôtel, ferme sa porte à double tour. Ah ! qu’une nuit enfin, à la fave
4060 sa porte à double tour. Ah ! qu’une nuit enfin, à la faveur de mon sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’
4061 double tour. Ah ! qu’une nuit enfin, à la faveur de mon sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent 
4062 ient là où je ne sais pas que j’ai si grand désir d’ aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi : des murs sans yeux domi
4063 délibérément notre fantôme. Il avance sans bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce que je pressentais ne tarde pas à s
4064 se produire : des aboiements fous et une effusion de lumière basse, rougeoyante, campagnarde. ⁂ La sauce est au rôti comme
4065 ion de lumière basse, rougeoyante, campagnarde. ⁂ La sauce est au rôti comme le style à la pensée. Il arrive qu’on parle,
4066 oyante, campagnarde. ⁂ La sauce est au rôti comme le style à la pensée. Il arrive qu’on parle, en art culinaire, du style
4067 pagnarde. ⁂ La sauce est au rôti comme le style à la pensée. Il arrive qu’on parle, en art culinaire, du style d’un rôti,
4068 Il arrive qu’on parle, en art culinaire, du style d’ un rôti, et en cuisine littéraire, de pensers mis à toutes sauces. Mai
4069 re, du style d’un rôti, et en cuisine littéraire, de pensers mis à toutes sauces. Mais qui donc, parmi nos penseurs, mérit
4070 es. Mais qui donc, parmi nos penseurs, mériterait d’ être servi en sauce Marthaler ? Mais ne parlons pas de mangeaille : c’
4071 re servi en sauce Marthaler ? Mais ne parlons pas de mangeaille : c’est tout de suite écœurant et prétentieux. Je suis de
4072 st tout de suite écœurant et prétentieux. Je suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je remarque simplement qu’on
4073 étentieux. Je suis de ceux qui mangent sans faire d’ histoires. Je remarque simplement qu’on n’est jamais mieux pour parler
4074 ux pour parler qu’en face d’une assiette pleine : l’ occupation agréable et essentielle qui consiste à diviser pour mieux l
4075 et essentielle qui consiste à diviser pour mieux l’ engloutir — ainsi que le conseillait déjà René Descartes — la portion
4076 iste à diviser pour mieux l’engloutir — ainsi que le conseillait déjà René Descartes — la portion que l’on s’est administr
4077 — ainsi que le conseillait déjà René Descartes — la portion que l’on s’est administrée, accapare nos facultés les plus vu
4078 conseillait déjà René Descartes — la portion que l’ on s’est administrée, accapare nos facultés les plus vulgaires, libéra
4079 que l’on s’est administrée, accapare nos facultés les plus vulgaires, libérant par là cette part gratuite de nous-mêmes qui
4080 us vulgaires, libérant par là cette part gratuite de nous-mêmes qui se plaît à disserter de poésie pure. Edmond Jaloux pré
4081 t gratuite de nous-mêmes qui se plaît à disserter de poésie pure. Edmond Jaloux préside à cette agape dont il m’est imposs
4082 ux préside à cette agape dont il m’est impossible de nommer tous les officiants visibles ou virtuels, et cela pour différe
4083 tte agape dont il m’est impossible de nommer tous les officiants visibles ou virtuels, et cela pour différentes raisons, la
4084 e Miomandre n’est pas là. Il a téléphoné au début de l’après-midi qu’il commençait un roman. Son absence nous fera-t-elle
4085 iomandre n’est pas là. Il a téléphoné au début de l’ après-midi qu’il commençait un roman. Son absence nous fera-t-elle cro
4086 -t-elle croire qu’il apporte quelque préciosité à le parfaire ? — il est bientôt minuit20. Mon fantôme est là. Un chien, D
4087 bien être là, puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fondre de tendresse au premi
4088 puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fondre de tendresse au premier regard. Mais
4089 voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fondre de tendresse au premier regard. Mais non, trop bi
4090 a Jeune fille de neige. On la sent prête à fondre de tendresse au premier regard. Mais non, trop bien élevée, elle se ress
4091 le se ressaisit, pense à Genève, reprend aussitôt de la consistance, et dans son trouble apparaît toute parcourue d’adorab
4092 se ressaisit, pense à Genève, reprend aussitôt de la consistance, et dans son trouble apparaît toute parcourue d’adorables
4093 nce, et dans son trouble apparaît toute parcourue d’ adorables roseurs boréales. E. T. A. Hoffmann est là, sous un nom d’em
4094 s boréales. E. T. A. Hoffmann est là, sous un nom d’ emprunt. Une femme fatale et un grand incompris sont là. Enfin Jean Ca
4095 pris sont là. Enfin Jean Cassou, représentant Mgr le marquis de Carabas, absent de Paris, est là. Peut-être aussi Jean de
4096 à. Enfin Jean Cassou, représentant Mgr le marquis de Carabas, absent de Paris, est là. Peut-être aussi Jean de Boschère, e
4097 u, représentant Mgr le marquis de Carabas, absent de Paris, est là. Peut-être aussi Jean de Boschère, en dépit de certaine
4098 i vous enlevez Georges Petit égaré, en ayant soin d’ ajouter ceux que j’oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des partic
4099 soin d’ajouter ceux que j’oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des participants ; calculez l’âge du capitaine. Au dess
4100 drez le chiffre exact des participants ; calculez l’ âge du capitaine. Au dessert, chacun y va de son petit miracle. Edmond
4101 culez l’âge du capitaine. Au dessert, chacun y va de son petit miracle. Edmond Jaloux et Dick conversent en danois. Quatre
4102 en danois. Quatre anciens Belletriens21 célèbrent les rites du Sapin Vert. Ô glossolalies amoureuses, ô sirènes mal défendu
4103 lalies amoureuses, ô sirènes mal défendues, parmi les entreprises des fantômes… Enfin, un Étranger raconte l’histoire suiva
4104 reprises des fantômes… Enfin, un Étranger raconte l’ histoire suivante qui est une des plus belles du monde : Un prince it
4105 alien ayant commandé à Pergolèse un Stabat Mater, le musicien quitta Naples où il habitait alors, abandonnant sa femme, et
4106 ors, abandonnant sa femme, et se mit à errer dans les campagnes, en quête de l’inspiration qui le fuyait. Il buvait, rêvait
4107 e, et se mit à errer dans les campagnes, en quête de l’inspiration qui le fuyait. Il buvait, rêvait, dormait sous les trei
4108 et se mit à errer dans les campagnes, en quête de l’ inspiration qui le fuyait. Il buvait, rêvait, dormait sous les treille
4109 dans les campagnes, en quête de l’inspiration qui le fuyait. Il buvait, rêvait, dormait sous les treilles, divaguait sous
4110 on qui le fuyait. Il buvait, rêvait, dormait sous les treilles, divaguait sous la lune, hagard et fiévreux, mais comme aban
4111 rêvait, dormait sous les treilles, divaguait sous la lune, hagard et fiévreux, mais comme abandonné par la grâce. Ce vagab
4112 une, hagard et fiévreux, mais comme abandonné par la grâce. Ce vagabondage désespéré dura plusieurs semaines, au terme des
4113 a plusieurs semaines, au terme desquelles, épuisé de corps et d’âme, et n’ayant pas écrit une seule note, il se retrouva a
4114 semaines, au terme desquelles, épuisé de corps et d’ âme, et n’ayant pas écrit une seule note, il se retrouva aux portes de
4115 seule note, il se retrouva aux portes de Naples, d’ où il n’eut que la force de regagner son logis. Comme il allait y péné
4116 retrouva aux portes de Naples, d’où il n’eut que la force de regagner son logis. Comme il allait y pénétrer, il aperçut a
4117 aux portes de Naples, d’où il n’eut que la force de regagner son logis. Comme il allait y pénétrer, il aperçut auprès du
4118 il s’enferma, écrivit dans une grande fièvre tout le Stabat Mater, sa plus belle œuvre, sur le thème des pleurs de la viei
4119 re tout le Stabat Mater, sa plus belle œuvre, sur le thème des pleurs de la vieille, et mourut comme il l’achevait. ⁂ Par
4120 ter, sa plus belle œuvre, sur le thème des pleurs de la vieille, et mourut comme il l’achevait. ⁂ Partout où il y a de la
4121 , sa plus belle œuvre, sur le thème des pleurs de la vieille, et mourut comme il l’achevait. ⁂ Partout où il y a de la mu
4122 hème des pleurs de la vieille, et mourut comme il l’ achevait. ⁂ Partout où il y a de la musique, de l’Italie et une certa
4123 mourut comme il l’achevait. ⁂ Partout où il y a de la musique, de l’Italie et une certaine qualité de désespoir, je retr
4124 urut comme il l’achevait. ⁂ Partout où il y a de la musique, de l’Italie et une certaine qualité de désespoir, je retrouv
4125 l l’achevait. ⁂ Partout où il y a de la musique, de l’Italie et une certaine qualité de désespoir, je retrouve les contes
4126 ’achevait. ⁂ Partout où il y a de la musique, de l’ Italie et une certaine qualité de désespoir, je retrouve les contes d’
4127 e la musique, de l’Italie et une certaine qualité de désespoir, je retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de les v
4128 et une certaine qualité de désespoir, je retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt que d’en parler
4129 aine qualité de désespoir, je retrouve les contes d’ Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt que d’en parler ; vous vo
4130 je retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt que d’en parler ; vous voyez bien que j’ai quitté ce
4131 retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt que d’en parler ; vous voyez bien que j’ai quitté cette
4132 ’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt que d’ en parler ; vous voyez bien que j’ai quitté cette table écroulée, dans
4133 z bien que j’ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et les évocations, sous les bouteilles, — et les lampes meurent
4134 ’ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et les évocations, sous les bouteilles, — et les lampes meurent en jetant un
4135 e écroulée, dans la fumée et les évocations, sous les bouteilles, — et les lampes meurent en jetant une longue flamme. À Ve
4136 umée et les évocations, sous les bouteilles, — et les lampes meurent en jetant une longue flamme. À Venise, sous le brouill
4137 urent en jetant une longue flamme. À Venise, sous le brouillard qui cachait le front des palais, une nuit d’hiver, je chan
4138 flamme. À Venise, sous le brouillard qui cachait le front des palais, une nuit d’hiver, je chantonnais la Barcarolle en d
4139 uillard qui cachait le front des palais, une nuit d’ hiver, je chantonnais la Barcarolle en descendant le Grand Canal, — c’
4140 ront des palais, une nuit d’hiver, je chantonnais la Barcarolle en descendant le Grand Canal, — c’est une romance assez dé
4141 hiver, je chantonnais la Barcarolle en descendant le Grand Canal, — c’est une romance assez déchirante, à mi-voix. 20. D
4142 a paru Samsara — un beau livre baroque — et dont le titre explique tout ce qui peut être expliqué. 21. Club d’étudiants
4143 xplique tout ce qui peut être expliqué. 21. Club d’ étudiants de la Suisse romande qui représente en ce pays un état d’ana
4144 ce qui peut être expliqué. 21. Club d’étudiants de la Suisse romande qui représente en ce pays un état d’anarchie perman
4145 qui peut être expliqué. 21. Club d’étudiants de la Suisse romande qui représente en ce pays un état d’anarchie permanent
4146 Suisse romande qui représente en ce pays un état d’ anarchie permanente — sentimentale et non point politique — dont l’esp
4147 ente — sentimentale et non point politique — dont l’ esprit s’apparente beaucoup plus à celui des Wandervogel qu’au surréal
4148 sme — encore qu’il ait préfiguré certains aspects de ce mouvement littéraire parisien.