1 1934, Politique de la personne. Introduction — 1. L’engagement politique
1 e. Je réponds que je voudrais bien n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que
2 n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que l’intellectuel d’aujourd’hui ait
3 s rusée que les bureaucrates. La brimade étatique est beaucoup plus perfide : elle consiste, en principe, à exiger de l’int
4 officielle, et qui n’a plus de cesse qu’il n’ait été loué par ses plus conscientes victimes. Je veux bien obéir aux décret
5 rets du tyran ; je ne veux pas qu’on exige que ce soit de bon cœur. Je me défends en attaquant. Je préfère porter cette guer
6 ngagé malgré lui dans le désordre de l’époque. Ce sont là des motifs égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques autres, il est vr
7 égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques autres, il est vrai. Mais ne vaut-il pas mieux les taire, dans un temps où certain h
8 s un conflit concret, — et découvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle avait
9 ouvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’ était pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir ch
10 tances, et provoquer des adversaires plus nobles. Est -ce que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx
11 que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est -ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot d
12 uerelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est -ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances morales ? P
13 Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances morales ? Pour peu qu’on sorte de sa c
14 morales ? Pour peu qu’on sorte de sa chambre, on est presque forcé d’en convenir3. Mais c’est cela qui est révoltant, c’es
15 presque forcé d’en convenir3. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est cela qu’il faut dénoncer. C’est pour aider à changer
16 d’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que
17 tre à son dégoût, accepte le combat tel qu’il lui est offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce risque
18 é ce risque à la politique de l’autruche. L’issue fût -elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. 1. Je ne suis pas
19 e. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’ est -elle pas. 1. Je ne suis pas pacifiste par doctrine. Mais pourquoi d
20 pérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. 1. Je ne suis pas pacifiste par doctrine. Mais pourquoi dire que la guerre est « mo
21 te par doctrine. Mais pourquoi dire que la guerre est « morale » ou qu’elle est « juste et nécessaire » ? Nécessité et just
22 quoi dire que la guerre est « morale » ou qu’elle est « juste et nécessaire » ? Nécessité et justice sont deux choses ; et
23 st « juste et nécessaire » ? Nécessité et justice sont deux choses ; et la morale voudrait qu’on ne fît pas de guerre. D’ail
24 fît pas de guerre. D’ailleurs la guerre moderne n’ est plus la guerre. Elle naît d’une mainmise de la finance sur les sentim
25 enda dirait qu’il préfère garder la chambre. S’il était moine, on le comprendrait mieux…
2 1934, Politique de la personne. Introduction — 2. Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage
26 et impuissance du clerc qui s’engage Le risque est la santé de la pensée, à condition toutefois qu’elle l’envisage sans
27 agée que celle que doit jouer notre génération, n’ est pas de ceux dont on puisse parler avec une légèreté de bon aloi. Je n
28 impénitent ». L’expression, dans un certain sens, est fort exacte. Nous vivons à l’époque de la plus juste pénitence des in
29 scepticisme réaliste. L’intelligentsia citadine s’ est mise tout entière à l’école de Montaigne : « Les autres forment l’hom
30 t même le déformer de telle sorte que la pensée n’ est plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont p
31 rationnelle. La ruine de leurs finances va-t-elle être le commencement de leur sagesse ? Il faudrait pour cela qu’on leur of
32 les clercs dont on pouvait croire que la mission était de penser leur époque ? Ils s’en garderont bien, pour les raisons qu’
33 délèguent au chef inconnu le droit et le risque d’ être homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils sont prêts pour les dic
34 tre homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils sont prêts pour les dictatures. Et c’est ainsi que la séparation de la doc
35 isceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’ est plus faire de la doctrine, mais bien, et quoi qu’on veuille, jouer le
36 ites par les clercs pour « repenser l’époque » ne sont point trop encourageantes. Ne les voyons-nous pas, pour cette importa
37 meurt soldat, ivre ou lucide, peu importe, ce ne sera pas dans son lit5. Certaines réalités se rappellent à nous avec un sé
38 pe de clercs, fort désireux d’aller au peuple. On est frappé cependant de voir que ce goût du pratique n’aboutit, pratiquem
39 ispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agi
40 usement nos angoisses ; il est certain que cela n’ est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agir au moins autant que d
41 sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’ est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté s
42 ibération d’un journaliste allemand de gauche. Où seront placardées ces affiches ? À Paris. Hitler, plusieurs fois renversé pa
3 1934, Politique de la personne. Introduction — 3. Le vrai pouvoir des intellectuels et son usage
43 r des intellectuels et son usage Si le désordre est tel que la pensée n’engrène plus à rien ; et si la pensée « débrayée 
44 eule et même erreur initiale sur l’homme. L’homme est un animal pensant, nous apprend-on dès l’école primaire. Il n’est ni
45 nsant, nous apprend-on dès l’école primaire. Il n’ est ni ange, ni bête, on se plaît à le répéter. Et nous voyons pourtant q
46 nt que les hommes de ce temps pensent comme s’ils étaient anges, et agissent comme bêtes. Le mal qui est dans l’action n’a pas
47 taient anges, et agissent comme bêtes. Le mal qui est dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pen
48 l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Politiciens ou clercs, ils oublient ce qu’est l’homme
49 pensée. Politiciens ou clercs, ils oublient ce qu’ est l’homme. Ils ont perdu de vue sa définition même. Leur point de dépar
50 u de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et leurs efforts les plus sincères aboutissent au malheur de l’
51 oir des intellectuels, dans la situation qui nous est faite, c’est de rechercher l’homme perdu. C’est aussi là leur seul po
52 rdirait, toute question de talent mise à part. Il est clair que le monde moderne n’est pas conduit par des raisons, plus ou
53 mise à part. Il est clair que le monde moderne n’ est pas conduit par des raisons, plus ou moins bonnes, mais par des folie
54 i se croit dans son bon sens, à elle ! Les hommes sont malades de la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’est pas u
55 la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’ est pas une raison, si l’on en sait la cause, pour la taire, et pour reno
56 t pour renoncer à vanter le remède que l’on pense tenir . Ils sont en train de se déshumaniser : ce n’est pas une raison pour
57 ncer à vanter le remède que l’on pense tenir. Ils sont en train de se déshumaniser : ce n’est pas une raison pour renoncer à
58 enir. Ils sont en train de se déshumaniser : ce n’ est pas une raison pour renoncer à ce qu’on sait être l’humain, pour reno
59 ’est pas une raison pour renoncer à ce qu’on sait être l’humain, pour renoncer à être un homme. La plupart des folies qu’on
60 er à ce qu’on sait être l’humain, pour renoncer à être un homme. La plupart des folies qu’on nous dit toutes-puissantes, et
61 et devant lesquelles on se courbe parce qu’elles sont , soi-disant, fatales, perdent beaucoup de leur majesté redoutable, dè
62 espèce de scandale. Les groupes qui le défendent sont petits, mal connus7. On les accuse d’utopie. Ils tablent en effet sur
63 Ils constatent que, dans la réalité politique, ce sont encore des hommes qui agissent, et non pas du tout ces faux dieux qu’
64 hodique aux calculs ingénieux des sociologues. Il est d’ailleurs probable que la sociologie n’est qu’une science de mythoma
65 s. Il est d’ailleurs probable que la sociologie n’ est qu’une science de mythomanes. J’y verrais même le symptôme d’une espè
66 s et ses pensées : l’un des plus caractéristiques est justement cette pensée sociologique qui voudrait codifier la loi d’év
67 d’évolution des « masses » comme si les masses n’ étaient pas faites d’hommes, c’est-à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre
68 à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre trouble est cet amour théorique de l’Humanité, qui traduit une fuite devant l’hum
69 uite devant l’humanité particulière telle qu’elle est incarnée par le prochain visible. Sociologues et humanitaires souffre
70 nds mouvements sociaux contemporains (hitlérisme) est très frappant. Il n’y a pas lieu d’insister sur ce point après tant d
71 éduire ceci : La première tâche des intellectuels est , aujourd’hui, de conduire une critique des mythes collectivistes nés
72 onnalistes . 8. Les Déterminismes économiques ne sont pas venus au secours des chefs communistes allemands. Et ce n’est pas
73 secours des chefs communistes allemands. Et ce n’ est pas la Fatalité qui prépare les guerres, mais plutôt, à en croire cer
4 1934, Politique de la personne. Introduction — 4. Pour une politique à hauteur d’homme
74 e politique à hauteur d’homme Toute la question est de savoir à quel niveau l’on situe le concret ; à quelles fins les po
75 irs entendent mener les hommes. Toute la question est de savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle polit
76 estion est de savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle politique qu’on défend. C’est cette question qu’
77 r dans le monde des politiciens ! Si la Politique est l’art de gouverner les hommes, il ne saurait être indifférent à ceux
78 est l’art de gouverner les hommes, il ne saurait être indifférent à ceux qui l’exercent de connaître d’abord ce qu’est l’ho
79 à ceux qui l’exercent de connaître d’abord ce qu’ est l’homme, quelles sont les conditions de son humanité, à quelles règle
80 t de connaître d’abord ce qu’est l’homme, quelles sont les conditions de son humanité, à quelles règles il faut se plier pou
81 l faut se plier pour respecter en lui sa raison d’ être . Les partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni à dr
82 on d’être. Les partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni à droite, aucune définition de l’homme9. C’est p
83 une raison suffisante pour estimer que ces partis sont tous également malfaisants. Beaucoup de gens commencent à sentir cela
84 réaliste, opportuniste ou empirique, mais qui ne sont en fait qu’une énorme combine montée sur un fond d’ignorance par quel
85 e de croire par exemple qu’un bon agent électoral est un homme qui connaît les hommes ; cesse de s’en laisser imposer par l
86 s. Et je la vois trop ignorante dans cet art pour être en rien touchée par ces artistes. Ils cesseront d’ailleurs de jouer d
87 dictature, parce que le centre vivant d’un pays n’ est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des cit
88 st pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas, une
89 mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent -ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’hommes réellement hu
90 le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but de la société, c’est la personne. On n’y atteindra j
91 té capitaliste », écrit : « Mais cette iniquité n’ est elle-même que le résultat d’une erreur plus profonde. Elle traduit, d
5 1934, Politique de la personne. Introduction — 5. En dernier ressort
92 5.En dernier ressort Quel que soit le dégoût qu’inspire au clerc l’action publique, je pense qu’il doit
93 mes pourraient ou devraient s’égaler. Mais quelle sera la valeur du modèle que l’homme peut imaginer de lui-même ? Elle ne s
94 e que l’homme peut imaginer de lui-même ? Elle ne sera jamais que relative, vouée dès sa naissance à la dégradation commune.
95 me historique n’a existé dans l’absolu, ni n’a pu être imaginé dans un absolu existant. Le plus sublime modèle et le plus at
96 agination la plus dynamique de l’homme parfait ne sera jamais pour nous qu’une utopie dont rien n’atteste la réalité, la pui
97 a haine pour tout idéal un peu haut : il faudrait être fou pour persister longtemps dans l’effort périlleux de le lui impose
98 corde un triomphe fictif. Les dictatures modernes sont nées de tels chantages. Et l’on ne sait qui perd le plus à ces victoi
99 un bras se tende. Le chrétien sait que ce bras s’ est tendu. La foi est un ordre reçu, obéi et ordonnateur. Elle contient t
100 Le chrétien sait que ce bras s’est tendu. La foi est un ordre reçu, obéi et ordonnateur. Elle contient tout ensemble, dans
101 ir sur le plan politique, si d’une part toute foi est action, s’il est vrai d’autre part qu’une action quelconque, d’ordre
102 litique, si d’une part toute foi est action, s’il est vrai d’autre part qu’une action quelconque, d’ordre intellectuel par
103 position du chrétien dans le monde d’aujourd’hui est trop exceptionnelle — sinon même scandaleuse — pour qu’on puisse négl
104 d’équivoque ? Dès qu’il fait de la politique, il est bien obligé de parler le langage du monde, et cependant il l’entend a
105 du monde, et cependant il l’entend autrement ; il est bien obligé de formuler des revendications concrètes, et cependant l’
106 rètes, et cependant l’objet de ces revendications est toujours relatif, subordonné à une fin transcendante, jugé par elle,
107 désillusionné ! C’est dans cette situation qu’ont été composés les essais qu’on va lire. Et si j’ose parler d’équivoque, c’
108 équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs d’ être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, de su
109 être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’ est pas, je crois, de supprimer les difficultés de cet ordre, encore moin
110 veut-il en venir ? Va-t-il à gauche ? à droite ? Est -il rouge, est-il blanc ? Il est contre les communistes et les fascist
111 nir ? Va-t-il à gauche ? à droite ? Est-il rouge, est -il blanc ? Il est contre les communistes et les fascistes, mais aussi
112 uche ? à droite ? Est-il rouge, est-il blanc ? Il est contre les communistes et les fascistes, mais aussi contre « l’ordre
113 e. Il nous parle de la personne : il veut qu’elle soit la mesure de tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous l
114 le soit la mesure de tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous laisse très perplexes, etc. » Si le lecteur se
115 ce lecteur au carrefour de quelques problèmes qui sont , je crois, ceux qui se posent. À qui se posent-ils ? Et comment les a
116 indiquer pour finir.   I. Le malheur de l’homme est toujours plus grand qu’on ne le croirait à lire des essais politiques
117 raît sous un jour nouveau : on voit bien qu’elles sont sans rapport à la misère réelle des hommes, mais on voit bien aussi q
118 personnel. Dans ce sens, toutes les politiques ne sont que politique d’autruche. On se passionne pour des moyens, et c’est p
119 fins dernières. Pourtant la seule politique vraie serait celle dont tous les moyens seraient vraiment ordonnés au vrai but ass
120 politique vraie serait celle dont tous les moyens seraient vraiment ordonnés au vrai but assigné à la vie de l’homme. Le souci d
121 e la politique ceux pour qui nul moyen ne saurait être utilisé, qui ne porte en lui-même la loi et l’image de la fin poursui
122 condition. Mais l’état du chrétien dans ce monde est justement de connaître sans cesse, dans l’angoisse et dans l’espéranc
123 oppements. C’est que la politique, redisons-le, n’ est pas un art : toute forme pure lui échappe. Elle est toujours en porte
124 t pas un art : toute forme pure lui échappe. Elle est toujours en porte-à-faux, appuyée sur des faits qu’on n’a pas à chois
125 choisir, penchant vers des idées que la logique n’ est pas seule à ordonner. Le mieux était de conserver à ces écrits leur p
126 e la logique n’est pas seule à ordonner. Le mieux était de conserver à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de par
127 endant de leur objet. Faire de la politique, ce n’ est pas là mon choix, c’est une obligation à quoi je me résous en maudiss
128 y a eu le « triomphe », c’est-à-dire qu’Hitler s’ est vendu à l’industrie lourde, et ne règne que par la promesse de ne rie
6 1934, Politique de la personne. Première partie. Primauté du spirituel ? — I. Destin du siècle ou vocation personnelle ?
129 tise, comme le grand lieu commun de la peur qui s’ est emparée des hommes. On ne nous parle plus que du « désarroi actuel ».
130 nous parle plus que du « désarroi actuel ». Il n’ est pas d’expression plus juste, pour qui se borne à considérer notre épo
131 ires qui s’affrontent au milieu du désordre. Il n’ est pas d’expression plus fausse, et même plus dangereuse, pour qui veut
132 t tyrannique, comme une divinité qui, depuis peu, serait devenue folle. Des peuples entiers s’exaltent pour une dictature qui
133 et de la lâcheté publique. Des provinces entières sont ruinées par des exploitations dont les bénéfices s’engloutissent en d
134 nt leur astuce à équilibrer des budgets, dont ils seront les seuls bénéficiaires. La corruption s’étale, flétrie avec grandilo
135 ésarroi actuel ». Croit-on vraiment que tout cela soit si nouveau ? Croit-on vraiment que, jusqu’à ces dernières années, la
136 es hommes ? Croit-on vraiment que le « désarroi » soit seulement « actuel », et ne veut-on parler de « désarroi » que lorsqu
137 es valeurs boursières et la tranquillité publique sont menacées ? La vérité, c’est que la situation du monde a été de tout t
138 es ? La vérité, c’est que la situation du monde a été de tout temps désespérée. Seulement, maintenant, cela se voit. Depuis
139 llénaire dont les périodes dites « prospères » ne sont que les temps de répit, souvent déshonorés par la culture des illusio
140 s de la révolte. L’histoire du monde, bien loin d’ être l’histoire d’un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une solen
141 t, certaines époques ont connu la grandeur. Ce ne furent pas les moins corrompues de l’histoire, mais celles où la corruption
142 histoire, mais celles où la corruption permanente fut ouvertement reconnue, dénoncée et battue en brèche. Notre époque, ell
143 ordre » qui couvait sous des apparences paisibles est soudain devenu flagrant. Il promène par les rues de nos villes europé
144 éclame qui parlent un langage clair. Jamais il ne fut plus facile de reconnaître les choix nécessaires. Désordre, oui, et p
145 s grand que jamais. Désarroi ? Non. Les doctrines sont contradictoires ? Les évaluations morales sont devenues presque impos
146 es sont contradictoires ? Les évaluations morales sont devenues presque impossibles ? Oui, certes ! Sur le plan de la connai
147 aire apparaît avec une netteté qui, je le répète, est la chance de notre époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu
148 répète que les événements nous dominent et qu’ils sont incompréhensibles et impensables. Ce n’est pas vrai ! C’est encore un
149 u’ils sont incompréhensibles et impensables. Ce n’ est pas vrai ! C’est encore un vieux raisonnement que nous connaissons tr
150 t faire, nous répondent : attention ! le problème est plus complexe ! Non, les problèmes ne sont pas si complexes, en réali
151 roblème est plus complexe ! Non, les problèmes ne sont pas si complexes, en réalité, ou, s’ils le sont, osons les simplifier
152 e sont pas si complexes, en réalité, ou, s’ils le sont , osons les simplifier. Ce qui est difficile, ce n’est pas de voir le
153 , ou, s’ils le sont, osons les simplifier. Ce qui est difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il
154 osons les simplifier. Ce qui est difficile, ce n’ est pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que nous c
155 garde contre un « certain esprit simpliste », qui est , au vrai, l’esprit de décision et d’engagement concret dont nous avon
156 des complexités que nous créons à plaisir, qui ne sont pas dans la situation et qui sont autant de prétextes à refuser de pr
157 plaisir, qui ne sont pas dans la situation et qui sont autant de prétextes à refuser de prendre position, comme si ce n’étai
158 xtes à refuser de prendre position, comme si ce n’ était pas là, déjà, prendre une position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous
159 e position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous nous sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop souvent
160 ssés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop souvent pour nous des professeurs d’abstention distinguée, des g
161 efuge idéal. Ne nous en plaignons pas : le risque est la santé de la pensée. ⁂ Destin du siècle ! Expression curieuse et b
162 eut avoir un destin, un homme seul, en tant qu’il est différent des autres hommes. Napoléon, César, Lénine ont un destin. M
163 la mesure où chacun de nous possède une raison d’ être , quelle qu’elle soit, une servitude particulière, une passion qui est
164 de nous possède une raison d’être, quelle qu’elle soit , une servitude particulière, une passion qui est bien à lui, une voca
165 soit, une servitude particulière, une passion qui est bien à lui, une vocation. Si l’on admet facilement de nos jours, qu’u
166 ’attribuer une sorte de valeur indépendante à des êtres collectifs. Je m’explique. Quand nous disons : le siècle, le xxe siè
167 ui englobe toute l’humanité, et dont les éléments sont presque tous de nature collective. L’histoire d’un siècle, c’est l’hi
168 races, des entreprises publiques ou privées. Ce n’ est que très accessoirement l’histoire des personnes, de quelques génies,
169 destin du siècle, c’est le destin des ismes, qui sont — en fin de compte — des abstractions. Et, je le répète, pour que ces
170 — les destins. Notre siècle, en tant que siècle, est athée, totalement athée, et consciemment athée. Mais, en même temps,
171 e, et consciemment athée. Mais, en même temps, il est polythéiste et superstitieux au dernier degré. La grande majorité de
172 us, nous leur obéissons, et certains d’entre nous sont prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms de ces divinités, vous
173 s de ces divinités, vous les connaissez bien : ce sont l’État, la nation, la classe, la race, l’argent et l’opinion publique
174 n publique. Elles ont encore un autre nom, et qui est commun à toutes : c’est le Nombre, c’est peut-être Légion… Sans doute
175 es dieux pour cette espèce-là d’incroyants, et ce sont , par exemple, l’opinion publique et la presse, auxquelles nul d’entre
176 ue nous prouvent abondamment leurs exigences, qui sont la foi aveugle et les sacrifices humains. Ces dieux ont même leur thé
177 entendu, et dont les deux disciplines principales sont l’Histoire et la Sociologie. Nous trouverons les meilleurs exemples d
178 taquable, une fois les prémisses admises. Quelles sont ces prémisses ? La principale, c’est que toute notre idéologie, toute
179 Trotski, s’explique entièrement par le fait qu’il était , à la fin de la guerre, caporal dans l’armée allemande. Son idéologie
180 es petits gradés d’une armée vaincue. L’hypothèse est séduisante, vraisemblable même. Que répondra Hitler ? Il répondra que
181 ski s’explique simplement par le fait que Trotski est un Juif. Voilà, n’est-ce pas, deux points de vue inconciliables et co
182 ent par le fait que Trotski est un Juif. Voilà, n’ est -ce pas, deux points de vue inconciliables et contradictoires ? Sur le
183 rtaine violence ; mais par rapport à l’homme, ils sont absolument semblables et nous pouvons les renvoyer dos à dos. L’un et
184 l’autre tendent à nous faire croire que l’homme n’ est rien, mais moins que rien, et que tout ce qui se passe dans le monde
185 nt à notre volonté et sur lesquelles nos révoltes sont sans prise, puisque ces révoltes sont elles-mêmes prévues et détermin
186 os révoltes sont sans prise, puisque ces révoltes sont elles-mêmes prévues et déterminées par notre classe ou notre race. De
187 es et qu’ils ont exposé leurs vies. Enfin, qu’ils sont animés par une foi constructive que bien des jeunes bourgeois railleu
188 à savoir si la foi des marxistes et des racistes est vraie. Sur quoi se fonde-t-elle ? Quelles réalités sont à la base ? D
189 raie. Sur quoi se fonde-t-elle ? Quelles réalités sont à la base ? De l’aveu même des sociologues marxistes ou hitlériens, c
190 même des sociologues marxistes ou hitlériens, ce sont des réalités générales, d’ordre statistique ; des considérations, par
191 pement économique des siècles passés, quand ce ne sont pas des statistiques de phrénologues. Ce sont toujours des réalités p
192 ne sont pas des statistiques de phrénologues. Ce sont toujours des réalités passées, historiques, achevées, mortes comme to
193 bien se fonder une loi historique ? Sur ce qui a été fait. Toute loi qu’on découvre dans la société humaine repose sur le
194 par exemple, un ivrogne qui s’arrête de boire, ne fût -ce que pour faire mentir le proverbe. Les lois générales, économiques
195 rbe. Les lois générales, économiques ou sociales, sont toujours justes, dans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d
196 omme descend du singe, les autres croient qu’il a été créé par Dieu. Ils se disputent énormément. Je crois qu’ils ont tort
197 ’ils ont raison les uns et les autres. Ma théorie est la suivante : ceux qui pensent que l’homme descend du singe, descende
198 r Dieu, et qui, eux, croient et savent qu’ils ont été créés par Dieu. Cette petite histoire ne s’applique pas seulement au
199 ssi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il est tout à fait vrai que les adeptes du marxisme et du racisme sont entiè
200 it vrai que les adeptes du marxisme et du racisme sont entièrement dominés par la classe ou la race, et c’est perdre son tem
201 fatalement, si on le laisse tomber. En cela, ils sont peut-être supérieurs aux libéraux et aux dilettantes qui tombent, eux
202 qu’ils aient le droit de disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût-ce q
203 de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût -ce que par le moyen de la presse. On peut dire, sans exagérer, que le
204 qui prélude à toute guerre moderne bien comprise serait impossible. Sans eux, les partis politiques seraient sans force, les
205 erait impossible. Sans eux, les partis politiques seraient sans force, les luttes sociales perdraient beaucoup de leur violence.
206 avec l’argent, nous n’en finirions pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin d
207 nous n’en finirions pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin du siècle, destin
208 s pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin du siècle, destin des ismes, dévora
209 emise brune. On nous dit que la vie, en Amérique, est impossible, parce que tous les appartements sont pareils et qu’un hom
210 , est impossible, parce que tous les appartements sont pareils et qu’un homme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé
211 e sans destin, un homme sans vocation ni raison d’ être , un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement, dev
212 être, un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet être -là, fatalement, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîm
213 ement dans quelque troupe d’assaut. En vérité, ce serait une erreur insondable que de voir le salut de notre époque dans un re
214 re époque dans un retour à l’individu. L’individu est l’origine la plus certaine du triomphe des masses. C’est parce que l’
215 s masses. C’est parce que l’individu des libéraux était sans destin, qu’il a cru au destin des autres ; c’est parce qu’il n’a
216 e. On me dira que la solidarité entre les peuples est désormais un fait acquis, une réalité économique. Nous devons au prog
217 sprit, lorsqu’on vous dit que désormais « tout se tient  » dans le monde, c’est l’exemple suivant : le krach d’une banque à Pa
218 lliers d’ouvriers annamites. Oui, certes, tout se tient désormais. Mais la solidarité des masses est toujours une solidarité
219 se tient désormais. Mais la solidarité des masses est toujours une solidarité catastrophique. Oui, le destin du siècle, le
220 solitude. J’ai terminé ma description du siècle. Est -elle pessimiste à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il nous importe de s
221 n du siècle. Est-elle pessimiste à l’excès ? Ce n’ est pas cela qu’il nous importe de savoir. Si j’ai simplifié le tableau,
222 personnel ? Irresponsable ou responsable ? Telle est , je crois, en définitive, la question simple que nous pose l’époque.
223 ifs, cette fois. Les dieux, les mythes du siècle, sont tout puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n’est pas encore
224 puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n’ est pas encore leur échapper. Les nier purement et simplement, ou désirer
225 désirer leur destruction, c’est de l’utopie. Ils sont là, et ils ont probablement leur raison d’être. La classe, la race, j
226 ls sont là, et ils ont probablement leur raison d’ être . La classe, la race, jouent dans le monde le même rôle que l’instinct
227 de compter avec eux. Mais, compter avec eux, ce n’ est pas les diviniser ni abdiquer sous leur implacable destin. Ceux qui l
228 vers une nouvelle communauté humaine. Mais ils se sont cruellement trompés de porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’
229 oublié ce fait très simple : que la société doit être composée d’hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en
230 ommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en effet incalculable : l’acte de l’homme. Mais le temps vient où les
231 f l’essentiel. Voici notre dilemme : voulons-nous être des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de sang,
232 ais connaissant aussi leur dignité, leur raison d’ être personnelle ? Voulons-nous être des personnes ? Voilà le mot lâché. J
233 té, leur raison d’être personnelle ? Voulons-nous être des personnes ? Voilà le mot lâché. Je connais la réaction qui l’accu
234 rien à proposer que votre chétive personne ? Vous serez emportés comme les autres. Votre réaction est disproportionnée au dan
235 s serez emportés comme les autres. Votre réaction est disproportionnée au danger. Et d’ailleurs qu’est-ce que cette personn
236 est disproportionnée au danger. Et d’ailleurs qu’ est -ce que cette personne, dont on nous parle tant depuis quelques années
237 t , et dans les cercles de L’Ordre nouveau  ? Qu’ est -ce que la personne ? Permettez-moi de renverser la question : que son
238 ne ? Permettez-moi de renverser la question : que sont ces dieux et ces mythes collectifs sous lesquels on prétend nous cour
239 nous courber ? J’ai essayé de vous montrer qu’ils sont des créations de l’homme, et particulièrement de ce personnage égoïst
240 révolutions, enfin réelles, elle prépare. Mais ce serait là une autre conférence. ⁂ Il reste une question grave, une question
241 oudrais y répondre ici en mon nom personnel. Quel est donc, nous dit-on, le fondement réel de la personne ? Est-ce une vue
242 , nous dit-on, le fondement réel de la personne ? Est -ce une vue philosophique ? Est-ce une attitude nietzschéenne ? Est-ce
243 l de la personne ? Est-ce une vue philosophique ? Est -ce une attitude nietzschéenne ? Est-ce un choix subjectif ? Vous préf
244 ilosophique ? Est-ce une attitude nietzschéenne ? Est -ce un choix subjectif ? Vous préférez l’homme créateur à l’homme qui
245 nous le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’ être . Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu cet ordr
246 une vocation personnelle. Personne et vocation ne sont point séparables. Et toutes deux ne sont possibles que dans cet acte
247 ation ne sont point séparables. Et toutes deux ne sont possibles que dans cet acte unique d’obéissance à l’ordre de Dieu, qu
248 : acte, et il faut insister là-dessus. Le monde s’ est emparé des paroles du Christ et il les a complètement perverties. On
249 n a transporté dans l’histoire cet amour qui doit être un acte, une présence et un engagement immédiat. Acte, présence et en
250 ne, mais aussi ce que Jésus-Christ nous ordonne d’ être  : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulurent éprouver Jésu
251 s, l’un d’entre eux se leva et lui dit : mais qui est mon prochain ? Ce docteur se disait sans doute : aimer son prochain,
252 la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné
253 de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin per
254 siècle, lui seul atteint le mal à sa racine, qui est en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois histori
255 atteint le mal à sa racine, qui est en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et révolutio
256 lles ne pénètrent jamais dans l’intimité de notre être , là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas son destin.
257 près tout, l’homme désespéré, ce qu’il veut, ce n’ est pas une explication du désespoir qui le possède, mais c’est une conso
258 , c’est littéralement : rendre complet, unifier l’ être , réunir. L’homme désespéré, l’homme sans vocation personnelle, c’est
259 nnelle, c’est un homme incomplet, désuni. Et ce n’ est pas la connaissance intellectuelle du destin de sa classe ou de sa ra
260 ecueil d’essais politiques dont le retentissement fut grand. Ce n’est pas ici le titre de M. Bloch que je vise, mais le suc
261 politiques dont le retentissement fut grand. Ce n’ est pas ici le titre de M. Bloch que je vise, mais le succès et la rapide
7 1934, Politique de la personne. Première partie. Primauté du spirituel ? — II. Personne ou individu ? (D’après une discussion)
262 elle se taira sans doute pour vous, quand vous ne serez plus ; mais c’est elle que vous entendez à présent, elle est immortel
263 mais c’est elle que vous entendez à présent, elle est immortelle malgré vous, elle s’en va et s’en ira toujours disant : in
264 en ira toujours disant : individu ! Individu ! Je suis heureux de notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux e
265 s heureux de notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux encore si je vous entendais confirmer mon point de vue.
266 dais confirmer mon point de vue. Réponse. — J’en suis fâché, mais la personne dont je parle n’a rien à voir avec l’individu
267 individualistes et personnalistes, la différence est purement verbale. Reprenons l’origine des termes. L’individu est défi
268 rbale. Reprenons l’origine des termes. L’individu est défini par rapport à l’ensemble, à l’espèce16. Il est une partie d’un
269 défini par rapport à l’ensemble, à l’espèce16. Il est une partie d’un tout : mais alors c’est le tout qui est donné d’abord
270 e partie d’un tout : mais alors c’est le tout qui est donné d’abord, et c’est cela qu’il faut bien retenir. La logique nous
271 retenir. La logique nous enseigne que la partie n’ est pas plus grande que le tout. Ce qui revient à dire, sur le plan polit
272 . Dans ces conditions, l’individualisme libéral n’ est pas justifié, et les individualistes à la mode du xixe siècle font f
273 sme, le fascisme ou la dictature stalinienne. Tel est le paradoxe malheureux de la démocratie laïque. L’individu au nom duq
274 L’individu au nom duquel légiféra la Convention n’ était en somme défini que par des droits — et par des droits tout relatifs
275 s tout relatifs à l’ensemble dont il dérivait. Il était donc fatal que le conflit individu-État fût résolu au profit du plus
276 Il était donc fatal que le conflit individu-État fût résolu au profit du plus grand des deux et aboutît à une espèce d’abd
277 a situation se renverse. La vocation d’un homme n’ est pas un droit pour lui, mais une charge ; disons plus : elle est sa vé
278 it pour lui, mais une charge ; disons plus : elle est sa véritable raison d’être. Il apparaît dès lors à l’évidence que le
279 ge ; disons plus : elle est sa véritable raison d’ être . Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien de l’ensemble ne peut
280 du bien de chaque personne. Le bien de l’ensemble est comme une extension normale du bien particulier. La personne est prem
281 xtension normale du bien particulier. La personne est première ou n’est pas. Cela revient à dire, sur le plan politique, qu
282 u bien particulier. La personne est première ou n’ est pas. Cela revient à dire, sur le plan politique, que l’État n’est rie
283 vient à dire, sur le plan politique, que l’État n’ est rien d’autre qu’une machine destinée à subvenir à l’entretien des per
284 ndividu libéral, c’est le fédéralisme. L’individu étant conçu par les juristes à partir de l’ensemble, ses droits dépendent,
285 ut au contraire, des lois fondées sur la personne sont obligées de tenir compte en premier lieu des diversités personnelles,
286 vivant. Mais, de la sorte, le centre du pouvoir n’ est pas dans les bureaux d’État, il reste dans l’activité réelle de chaqu
287 ne, au sein de groupes d’autant plus forts qu’ils sont moins étendus. Peut-être ces exemples politiques seront-ils plus prob
288 moins étendus. Peut-être ces exemples politiques seront -ils plus probants que les définitions d’un philosophe ? Je tiens à ma
289 probants que les définitions d’un philosophe ? Je tiens à marquer toutefois qu’ils ne sont pas sans justifications philosophi
290 ilosophe ? Je tiens à marquer toutefois qu’ils ne sont pas sans justifications philosophiques, voire même théologiques… mais
291 n parlerons une autre fois. Autre question. — Qu’ est -ce que cela signifie : « Fonder les lois sur la personne » ? Vous dit
292 i vous diront : je ne me sens pas de vocation, il est probable que je n’en ai pas, je ne sais pas très bien ce que c’est qu
293 profession, et vous diront : ma vocation, c’est d’ être gangster. Encore une fois, que signifierait pour tous ces gens votre
294 le. C’est le cas de la démocratie libérale ; elle est fondée sur une notion de l’individu qui défie l’expérience et la réal
295 fait le bonheur, — si par malheur cette maxime n’ était fausse. Ceci dit, la difficulté du personnalisme subsiste. Il y a trè
296 re public. Mais ce peu de personnes existantes, n’ est -ce pas déjà un avantage sur l’individualisme qui serait en peine de m
297 -ce pas déjà un avantage sur l’individualisme qui serait en peine de montrer un seul individu réel, l’individu des droits de l
298 individu réel, l’individu des droits de l’homme n’ étant rien qu’un concept juridique. Il y a peu de personnes. Qu’est-ce que
299 un concept juridique. Il y a peu de personnes. Qu’ est -ce que cela signifie ? Qu’il y a peu d’hommes qui acceptent les charg
300 s, ici, faisons deux remarques : 1° La vocation n’ est pas un choix de l’homme. On ne saurait proprement parler du choix d’u
301 ement parler du choix d’une vocation. La vocation est un appel, une mission confiée à un homme, — une parole que Dieu lui a
302 oir une vocation, où qu’il se trouve, quelles que soient ses capacités. Pour l’un, ce sera quelque chose de très modeste : se
303 , quelles que soient ses capacités. Pour l’un, ce sera quelque chose de très modeste : se marier, persévérer dans une tâche
304 er telle compromission. Pour l’autre, la vocation sera comme une puissance qui fond sur lui, puissance trop forte pour ses f
305 tre même mortelle. Dans tous les cas, la vocation est une mission qui vient de l’extérieur, qui est d’abord tout objective,
306 ion est une mission qui vient de l’extérieur, qui est d’abord tout objective, mais qu’il faut aussitôt s’approprier. Une fo
307 aussitôt s’approprier. Une fois que l’homme se l’ est appropriée, il découvre que son vrai moi réside dans l’exercice de ce
308 2° Mais on me dira que la vocation ainsi comprise est une réalité chrétienne, qui n’a pas de sens pour l’incroyant. Je ne p
309 l arrive qu’ils se sacrifient à la tâche qui leur est assignée par une force pour eux insondable, et qu’ils ne sauraient qu
310 ’un vient dire maintenant : je ne sais pas quelle est ma vocation, je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet o
311 enant : je ne sais pas quelle est ma vocation, je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt u
312 nté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et d’éprouver
313 . La vocation telle que l’entendent les chrétiens est imprévisible. Or les lois ont pour utilité principale de prévoir. Il
314 lois, si détaillées et si particulières qu’elles soient , deviennent forcément inopérantes. Réponse. — La force de cette obje
315 souffle où il veut, c’est vrai. Mais la vocation est avant tout incarnation de l’Esprit. Et l’incarnation est soumise aux
316 nt tout incarnation de l’Esprit. Et l’incarnation est soumise aux nécessités de la « chair », qui ne sont pas variées à l’i
317 st soumise aux nécessités de la « chair », qui ne sont pas variées à l’infini. D’autre part, on peut renverser l’objection.
318 . Les lois rigides, rationnelles et générales, ne sont pas celles qui assurent l’ordre le plus vivant. Ne nous laissons pas
319 moyen des violences qu’on sait, peut très bien n’ être que la fixation brutale d’un désordre réel. Cet ordre reste à la merc
320 spirituel auquel songeait le philosophe thomiste est très bien défini : c’est le pouvoir du pape ; c’est celui qui réside,
321 contrôlé. Je crains alors que leur « esprit » ne soit qu’une forme de l’esprit bourgeois, une dernière survivance du spirit
322 onnaît pas l’Esprit, le seul auquel je croie, qui est le Saint-Esprit. L’homme naturel ne connaît que la « chair » selon l’
323 e corps et les passions. L’Esprit auquel je crois est justement celui que l’homme ne peut connaître, sinon en lui obéissant
324 ut voir quelque chose. Je dis donc que l’Esprit n’ est rien d’autre pour nous qu’un acte, et un acte d’obéissance. Cet acte
325 éateur, ordonnateur. L’Esprit dont nous parlons n’ est pas une espèce de fluide très subtil, d’autant plus respectable qu’il
326 uide très subtil, d’autant plus respectable qu’il serait plus invisible. Et ce n’est pas non plus l’intelligence, ni la pensée
327 respectable qu’il serait plus invisible. Et ce n’ est pas non plus l’intelligence, ni la pensée, ni les fameuses « valeurs
328 ’Esprit qui vient s’incarner parmi nous. L’Esprit est autorité, disait Rimbaud. Ou il n’est rien. 16. Littré donne : « In
329 s. L’Esprit est autorité, disait Rimbaud. Ou il n’ est rien. 16. Littré donne : « Individu. 1° Tout corps considéré comme
330 laquelle il appartient. Ex. : « Les individus ne sont rien, et les espèces sont éternelles » (Voltaire) ; … 3° l’être perso
331 x. : « Les individus ne sont rien, et les espèces sont éternelles » (Voltaire) ; … 3° l’être personnel considéré par opposit
332 les espèces sont éternelles » (Voltaire) ; … 3° l’ être personnel considéré par opposition à l’état ou à la société ; 4° homm
333 ques précisions. Dès que l’absolu auquel on obéit est qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse d’être un homme qui n
334 qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse d’ être un homme qui ne connaît pas son Dieu, pour devenir un faux croyant, c
335 tice humaine, nation, peuple, etc.), cet absolu n’ est plus le Dieu caché, mais une croyance morale divinisée, une idole mal
8 1934, Politique de la personne. Première partie. Primauté du spirituel ? — III. Précédence ou primauté de l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cercle privé)
336 es gens », Marx montrait que leur activité réelle était l’exploitation économique du prolétaire, que leur libéralisme c’était
337 ûts démocratiques, par-dessus tout leur religion, étaient autant de moyens hypocrites — ou peut-être sincères — de duper systém
338 des rapports humains et du statut social dont ils étaient les bénéficiaires. L’affirmation brutale du primat de l’économique in
339 rappel à la réalité de la condition humaine. Elle fut d’abord pour Marx et pour Engels une affirmation polémique extrêmemen
340 cet état de mensonge subsiste lui-même. Que nous soyons marxistes ou antimarxistes, il nous arrive à tous, dans des moments d
341 à la suite surtout des derniers écrits de Marx, a été beaucoup plus loin que son indignation première. De cet argument polé
342 le prolétaire. Puis il affirma que ce prolétaire était l’homme véritable, et duquel il fallait partir pour aboutir, dans que
343 le critique, une fois accompli, le déterminisme s’ est révélé incapable de soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle e
344 e soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle est la contradiction centrale du marxisme : les fins qu’il veut atteindre
345 du marxisme : les fins qu’il veut atteindre, qui sont la libération de l’individu et la suppression de l’État, sont sans co
346 ration de l’individu et la suppression de l’État, sont sans commune mesure avec les moyens qu’il met en œuvre. Ou mieux enco
347 n œuvre. Ou mieux encore : les moyens du marxisme sont incapables d’engendrer les fins désirées, parce qu’ils ne portent pas
348 n peut dire, très exactement, que le matérialisme est l’opium de la Révolution. Certes, le marxisme contient bien d’autres
349  : elle n’en demeure pas moins essentielle. Et ce serait une grande duperie que de croire comme certains qu’on peut l’accepter
350 hégélienne. Les réalisations marxistes en URSS ne sont guère utiles pour nous fixer à cet égard. L’URSS étant encore en plei
351 guère utiles pour nous fixer à cet égard. L’URSS étant encore en pleine période de transition, il est trop facile de rejeter
352 étant encore en pleine période de transition, il est trop facile de rejeter toutes les critiques de fait adressées au plan
353 atteignent pas le marxisme authentique, lequel ne sera réalisé que dans quelques siècles peut-être. Où donc irons-nous cherc
354 sauf une doctrine marxiste cohérente. Force nous est donc de partir du marxisme « moyen », théorique et vulgarisé, celui p
355 ils se sentent privés de défense intérieure : il est comme l’expression brutale de leur inconscient, il décrit sans pudeur
356 ons que je ne ferai ici que mentionner, car elles sont fort connues : 1° La thèse est historiquement critiquable. Si l’on pe
357 ionner, car elles sont fort connues : 1° La thèse est historiquement critiquable. Si l’on peut montrer que le capitalisme e
358 tiquable. Si l’on peut montrer que le capitalisme est bien à l’origine de l’idéologie bourgeoise, on a pu montrer aussi20 q
359 r aussi20 qu’un fait spirituel, la Réforme, avait été un facteur décisif du développement capitaliste ; 2° La primauté de l
360 ment capitaliste ; 2° La primauté de l’économique est au fond une croyance bourgeoise, une de ces croyances jamais avouées
361 croyance en la seule valeur des faits tels qu’ils sont , qui paraît à certains égards antirévolutionnaire ; 4° La primauté de
362 me, et nous disons : tant que le minimum de vie n’ est pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité. Commençons
363 parlerons ensuite de ce spirituel auquel vous ne tenez tant que parce qu’il vous permet d’éluder le vrai problème. » Mais ce
364 nant, et ceci à cause de deux faits nouveaux, qui sont  : 1° l’instauration du régime soviétique en Russie ; 2° la naissance
365 éalité économique proclamé par Marx. Mais il ne s’ est pas tenu là. Il a, dès le début, avec autant d’hypocrisie sans doute
366 conomique proclamé par Marx. Mais il ne s’est pas tenu là. Il a, dès le début, avec autant d’hypocrisie sans doute que d’hab
367 alité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse d’ être théorique. Cette spiritualité que Marx n’avait pas définie, il faut m
368 nie, il faut maintenant la préciser d’urgence, ne fût -ce que pour des fins démagogiques, ou, comme le disaient récemment ce
369 récemment certains socialistes français, « pour n’ être pas pris de vitesse par les fascistes ». Aussi bien a-t-on vu apparaî
370 d’ordre assez nouveau parmi les communistes. On s’ est mis à citer les textes du jeune Marx21. On s’est fondé sur eux pour a
371 ’est mis à citer les textes du jeune Marx21. On s’ est fondé sur eux pour affirmer que la primauté du matériel n’avait qu’un
372 ique, et tout à fait provisoire. Que le but final était bel et bien la libération de l’homme complet, spirituel compris. Enfi
373 it qu’un sens chronologique. Tout cela, certes, n’ est pas bien nouveau. On n’a eu qu’à reprendre des textes anciens. Mais l
374 upation dite culturelle apparaît là où naguère on était surtout occupé à dogmatiser sur le matérialisme plus ou moins pur. Ce
375 la matière. Maintenant que la critique marxiste s’ est vulgarisée et que l’on commence à comprendre : 1° que la bourgeoisie
376 prendre : 1° que la bourgeoisie et le capitalisme sont liés ; 2° que le capitalisme est une doctrine matérialiste à sa façon
377 le capitalisme sont liés ; 2° que le capitalisme est une doctrine matérialiste à sa façon, — les marxistes ont intérêt à r
378 iquer à leur tour les droits de « l’esprit ». Tel étant , à peu près, l’état de la question, je voudrais maintenant indiquer e
379 lle tactique. Si les jeunes philosophes marxistes tiennent à ce qu’on parle de précédence plutôt que de primauté de l’économique
380 t passer à une œuvre spirituelle. Mais ce passage serait la négation de leurs principales thèses de combat actuelles, fondées
381 ique, entièrement livrée à la nécessité. L’esprit est d’abord jeu, liberté, création imprévue. Mais cette évasion hors du d
382 ie révolution, nous dit-on. Or cette révolution n’ est pas encore opérée en Russie. Nous ne sommes que dans la période de pr
383 lution n’est pas encore opérée en Russie. Nous ne sommes que dans la période de préparation, qui doit fatalement se « nier » u
384 utosuppression de l’État, au moment où la société sera devenue homogène, c’est-à-dire sans classes.) Tout cela n’est qu’un r
385 homogène, c’est-à-dire sans classes.) Tout cela n’ est qu’un rêve d’intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalit
386 Tout cela n’est qu’un rêve d’intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalité humaine. Cette extraordinaire opérati
387 irituel et de la liberté, dans un monde où seules sont admises les valeurs matérielles et quantitatives, figure une sorte de
388 e une civilisation, dont on ne voit pas quel dieu serait l’auteur, et que rien dans le passé de l’humanité ne peut permettre m
389 ualité nouvelle ! Même si les germes du spirituel sont semés, ils tomberont désormais dans un milieu de plus en plus stérili
390 mpose actuellement le marxisme-léninisme, ne peut être que conservatrice. Elle s’établit au niveau du fait, c’est-à-dire du
391 rne une réalité totalement déterminée qui ne peut être même par avance que du passé. Cette anthropologie marxiste — qui n’es
392 ue du passé. Cette anthropologie marxiste — qui n’ est pas celle de Marx lui-même — tend à rendre l’homme irresponsable, obé
393 que le passage au spirituel (selon les marxistes) soit possible, je me refuse à croire que ce passage constituera un progrès
394 ge constituera un progrès sur notre état présent. Étant admises les « valeurs » rationnelles, laïques et collectives, le spir
395 collectives, le spirituel soviétique ne pourrait être qu’une réédition standardisée de « l’esprit » bourgeois — dont justem
396 e de « l’esprit » bourgeois — dont justement nous étions reconnaissants à Karl Marx d’avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là
397 rl Marx d’avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là serait tout bonnement le vieil individualisme français, dont les marxistes s
398 vieil individualisme français, dont les marxistes seraient ainsi les derniers défenseurs au xxe siècle. Un spirituel qui ne vie
399 e l’action et la vie spirituelle, distinction qui est pour nous l’origine même du désordre actuel. ⁂ Mais ce mot de précéde
400 es moralismes) que l’« esprit » et la « liberté » sont au terme de l’effort humain. Or, je crois, au contraire, que si le sp
401 Or, je crois, au contraire, que si le spirituel n’ est pas à l’origine, il n’est pas non plus à la fin d’un système, d’une a
402 , que si le spirituel n’est pas à l’origine, il n’ est pas non plus à la fin d’un système, d’une action, d’une croyance. S’i
403 d’un système, d’une action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble de déterminismes, aucune liberté ne
404 action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble de déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais de son
405 e d’actualité, nulle « période de transition » ne sera capable de l’engendrer. Et si par exemple la personne humaine est com
406 ’engendrer. Et si par exemple la personne humaine est comptée pour rien dans les suppositions fondamentales du collectivism
407 marxistes croient que l’homme primitivement bon a été gâté par des institutions sociales irrationnelles, et qui l’ont explo
408 exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégradé sera sauvé plus tard, dans quelque millenium dont il doit préparer lui-mêm
409 e la venue. Nous croyons au contraire — mais ce n’ est pas exactement le contraire — que l’homme pécheur, déchu, a été sauvé
410 ment le contraire — que l’homme pécheur, déchu, a été sauvé, et qu’il est ainsi, actuellement, à la fois pécheur et sauvé,
411 que l’homme pécheur, déchu, a été sauvé, et qu’il est ainsi, actuellement, à la fois pécheur et sauvé, sans qu’il soit poss
412 uellement, à la fois pécheur et sauvé, sans qu’il soit possible de distinguer dans le temps une précédence, des stades succe
413 précédence, des stades successifs. Notre réalité est dans une dialectique simultanée, non pas successive. Nous pourrions
414 rions dire : dans l’histoire, dans ce temps, nous sommes charnels, non seulement d’abord, mais ensuite et toujours. Mais la pr
415 ns. Les communistes du Midi ne savent guère ce qu’ est le marxisme. 20. Max Weber, contredit d’ailleurs par Werner Sombart.
416 motive qui a inventé Stephenson, que Stephenson n’ est qu’une superstructure, une malicieuse « machination » des exploiteurs
417 eux qui font de la propagande parmi les cheminots seraient bien en peine de vivre. Nous ne parlons pas, d’ailleurs, du même « es
418 nous affirmons la primauté du spirituel. Mais il est curieux de remarquer que, même sur le plan purement humaniste, cette
9 1934, Politique de la personne. Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — IV. Ni ange ni bête : ni gauche ni droite (Fondements théologiques d’une action politique)
419 du désordre. Toute doctrine sociale, aujourd’hui, fût -elle même la plus subversive, est la doctrine d’un certain ordre terr
420 e, aujourd’hui, fût-elle même la plus subversive, est la doctrine d’un certain ordre terrestre, d’un certain aménagement de
421 stre suppose une conception de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception réact
422 on de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être . Tel qu’il est : c’est la conception réactionnaire, ou statique, la
423 l qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est  : c’est la conception réactionnaire, ou statique, la politique de la
424 tique de la camisole de force. Tel qu’il devrait être  : c’est la conception révolutionnaire, ou dynamique, la politique du
425 e. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n’ est pas dans le présent injuste, mais dans le futur libérateur. Politique
426 itique millénariste. À droite, on dit que l’homme est une bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir. À gauche,
427 bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir . À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son but est toutefois
428 l faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christianisme
429 uche, on dit que si l’homme est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christianisme intervient dans cette
430 ndant, fort bien exprimé par Pascal : « L’homme n’ est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la
431 ut que qui veut faire l’ange fait la bête24. » Qu’ est l’homme ? Il ne se connaît pas. L’Évangile le révèle à lui-même, comm
432 , et par cette révélation, sauvé. Ainsi l’homme n’ est humain que dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé,
433 si l’homme n’est humain que dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauvé lorsqu’il se sait perdu.
434 adoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauvé lorsqu’il se sait perdu. Je dis que seul ce paradoxe le rend hu
435 eut se voir perdu, c’est qu’il croit, c’est qu’il est dans la foi ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de Dieu,
436 t qu’il croit, c’est qu’il est dans la foi ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de Dieu, c’est agir, c’est donc a
437 ester sa dignité proprement humaine. La foi seule est un acte absolu ; le croyant seul, véritablement homme. Dans ce parado
438 qui nous serviront de critères : d’une part, elle est seule humaine, au sens évangélique du terme ; d’autre part, elle para
439 utre part, elle paraît à peu près intenable. Elle est seule humaine, parce que seule elle pose la question dernière du dest
440 ition actuelle. Mais il faut savoir aussi qu’elle est intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours imprévisibles
441 lle est intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’ê
442 bles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’ être d’avance limités par un système, par un programme, par des solutions
443 ’abord, que d’un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et accepté, il s’agit de l’exécuter. L’ordre reçu
444 ’agit de l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est dans l’instant, hic et nunc ; l’ordre imposé par une politique est da
445 t, hic et nunc ; l’ordre imposé par une politique est dans l’évolution, dans la durée. Mais il faut que l’ordre reçu s’insè
446 l doit rester subordonné à l’origine et à la fin, est cependant inséparable de celles-ci. Il est donc non seulement possibl
447 a fin, est cependant inséparable de celles-ci. Il est donc non seulement possible, mais nécessaire, que le chrétien prenne
448 éactionnaire, il veut connaître l’homme tel qu’il est — seulement il le connaît mieux. Comme le marxiste, il sait que sa do
449 onnaire, il affirme que l’ordre établi ne saurait être en aucun cas définitif ni suffisant. Contre le marxiste, il affirme q
450 ar ignorance de sa nature véritable. Certes, nous sommes dans l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous sommes au mond
451 l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous sommes au monde comme n’étant pas du monde ; dans le péché, mais comme ayant
452 comme la subissant. Nous sommes au monde comme n’ étant pas du monde ; dans le péché, mais comme ayant reçu la promesse d’êtr
453 ans le péché, mais comme ayant reçu la promesse d’ être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme m
454 tre sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme manger, travailler et penser, mais jamais un systèm
455 litique chrétienne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dessus de la collectivité25. » Cela ne signifie pas que le croyant
456 unauté, mais bien que la communauté doit toujours être subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’est sa foi, — sa
457 bordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’ est sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non seulement le chré
458 ule communauté réelle et humainement bienfaisante est celle qui se fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’où d
459 l’homme, succède une dictature. Certain fascisme est d’autant plus « bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’i
460 es débuts que la doctrine libérale qu’il renverse était plus « angélique » dans ses prétentions. 25. Rencontre curieuse avec
10 1934, Politique de la personne. Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — V. Sur la devise du Taciturne
461 Faisons-nous donc du paradoxe ? Non : Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe
462 doxe ? Non : Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe est la marque et la preuve
463 xe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe est la marque et la preuve de toute réalité en tant que saisie et vécue,
464 , c’est sortir de la réalité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en relation personnelle et immédiate avec
465 et immédiate avec Dieu : et que la relation d’un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair
466 ation d’un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair, d’une clarté proprement aveuglante et
467 son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair, d’une clarté proprement aveuglante et même insupportable, si n
468 r la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle est la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétienne : elle
469 vie chrétienne : elle rejette tout espoir qui ne serait pas le seul espoir, toute promesse qui ne serait pas la seule promess
470 serait pas le seul espoir, toute promesse qui ne serait pas la seule promesse : espoir et promesse de la foi, — et la foi naî
471 lectique chrétienne rejette tout désespoir qui ne serait pas le seul désespoir réel : celui qui dévaste la nature humaine jusq
472 e éternel de la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre
473 », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-c
474 tructive reste vaine, évasive et mortelle. « Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. » Toute construction politique
475 sive et mortelle. « Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. » Toute construction politique qui ne prend pas au séri
476 es de l’antinomie, ou qui cherche à la supprimer, est antichrétienne en son principe. Ainsi se trouvent définies les trois
477 qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’ est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individ
478 ue ; point de vue qui rend absurde le fait même d’ être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste
479 urde le fait même d’être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste constate au contraire que « 
480 érésie optimiste constate au contraire que « nous sommes au monde pour quelque chose », mais elle oublie que ce quelque chose,
481 aume sur la terre, mais elle oublie que cela nous est à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les Europ
482 nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente à tout système rationaliste du monde, soit qu’il prétende,
483 t inhérente à tout système rationaliste du monde, soit qu’il prétende, comme le système romain, enfermer les antinomies dans
484 un équilibre durable, même si la foi disparaît ; soit qu’il refuse, comme le marxisme, l’antinomie centrale de notre condit
485 u’aurions-nous à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous rende à leur t
486 tenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Qu’ est -ce donc pour nous que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire d
487 cessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’ être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne
488 jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’ être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi. Agis
489 uelconque ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’ est pas de réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’
490 e, mais l’ensemble des relations humaines, la foi est ce qui rend la vie impossible (par ses exigences absolues), tandis qu
491 es absolues), tandis qu’au contraire la politique est l’art d’accommoder les relations dans le sens de la plus grande facil
492 plus grande facilité de réalisation. La politique est un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la me
493 ue est un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mai
494 onclure au refus de toute activité politique ? Ce serait admettre que les deux termes de l’antinomie s’équivalent et peuvent s
495 rtir de concepts réduits au même ordre. Mais ce n’ est pas ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivant
496 est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’ est capable de la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais n
497 ons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont , — des hommes qui ont besoin d’une politique pour suppléer à leur fai
498 montre la vanité d’une chose si nécessaire. Telle est , dans son principe, la seule attitude politique que puisse adopter le
499 eut de l’activisme sans illusions. Et sa devise n’ est autre que la maxime souveraine du Taciturne, la maxime calviniste par
500 , la maxime calviniste par excellence : « Point n’ est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »
501 à la valeur absolue du résultat, sinon de l’acte, est en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tou
502 temps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tous les livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont été les
503 es livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont été les plus « actifs » des temps modernes. Il s’est même produit ceci, q
504 été les plus « actifs » des temps modernes. Il s’ est même produit ceci, que ceux d’entre eux qui perdaient la foi — c’est-
505 e. Corruptio optimi pessima. ⁂ Mais il existe des êtres que l’attitude du pessimisme actif condamne sans discussion et sans a
506 er un programme : la devise de Guillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont l
507 d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce s
508 rt des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nou
509 Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nou
510 s invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce sont les dieux que l’homme fait à son image. Or, si l’homme est un loup po
511 ieux que l’homme fait à son image. Or, si l’homme est un loup pour l’homme, que seront pour lui ses créatures divinisées !
512 age. Or, si l’homme est un loup pour l’homme, que seront pour lui ses créatures divinisées ! Les dieux de l’Occident réclament
513 qu’elle espère en un Dieu transcendant, et qui n’ est point fait de main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nou
514 dépit de tous nos échecs, c’est un Dieu qui veut être adoré sans partage ! On ne peut pas espérer en son nom, et croire aus
515 udes : les adorer ou les fracasser. Tout chrétien est iconoclaste. C’est là le premier temps de son action rénovatrice. Ser
516 atrice. Servir Dieu, c’est combattre Mammon, ce n’ est pas déplorer ses excès et toucher par ailleurs les bénéfices provisoi
517 ime et les pouvoirs régnants, le conformisme nous est pratiquement interdit : car les ordres que donne la foi sont absolus,
518 uement interdit : car les ordres que donne la foi sont absolus, et ils s’opposent aux ordres de l’État totalitaire. Mais d’a
519 suppose trop de calculs et trop de compromis pour être compatible avec une attitude chrétienne. À l’origine permanente de to
520 ion. Et la Réforme elle-même, malgré son nom, que fut -elle, sinon une révolution, une nouvelle conversion de l’Église ? Car
521 La plus grande liberté d’action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respect du résultat en soi. Pessi
522 appel de la seule grandeur transcendante. Nous ne sommes pas condamnés au succès, mais à l’obéissance jusqu’à l’absurde, et pa
523 veuille. Un certain nombre de compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance aux
524 nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parol
525 fulgurantes du Saint-Esprit. La politique romaine est la recherche d’une harmonie statique des relations humaines, d’un vis
526 ile, et qui même dans certains cas extrêmes, nous tiendrait quitte de la foi. 28. Expression qu’Arnaud Dandieu opposait dans un
11 1934, Politique de la personne. Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — VI. Note sur un certain humour
527 ôtres dont la ferveur s’excite dès que les rentes sont menacées, à ces particuliers qui parlent de l’« esprit » comme si son
528 ficelle du destin pour se prouver que le destin n’ est plus son maître, que ça ne marche plus, et qu’un enfant de Dieu n’est
529 que ça ne marche plus, et qu’un enfant de Dieu n’ est plus un pauvre pantin du hasard ! Vienne l’échec, il en rend grâces à
530 point ; mais parce que cet échec, si grand qu’il soit n’est rien, en regard du péché dont la foi nous délivre. ⁂ Tout enfin
531 ; mais parce que cet échec, si grand qu’il soit n’ est rien, en regard du péché dont la foi nous délivre. ⁂ Tout enfin se ra
532 ous délivre. ⁂ Tout enfin se ramène à ceci : quel est le sens des échecs humains ? De la réponse qu’un homme fait à cette q
533 ait, les cyniques ont raison, à leur manière, qui est de réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables
534 , à leur manière, qui est de réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables, injustes, inertes, soudain
535 est de réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables, injustes, inertes, soudain féroces. Ils veulent
536 , injustes, inertes, soudain féroces. Ils veulent être battus et en gémir. Ils n’ont un peu de vie que dans le désespoir de
537 ou des bourgeois, la seule méthode qui réussisse est la violence. L’idéalisme et la révolution, toutes les doctrines qui v
538 échec juge toute tentative transformatrice. Il n’ est de politique que celle qui réussit. Vous avez tort de vous mettre en
539 ge toutes ces petites raisons d’État. C’est qu’il est encore plus pessimiste que les cyniques sur le compte des hommes d’au
540 ou des échecs humains ; mais c’est un bien qui n’ est réel que pour celui qui veut l’atteindre. Qu’est-ce qu’un homme conve
541 ’est réel que pour celui qui veut l’atteindre. Qu’ est -ce qu’un homme converti ? C’est un homme qui a mesuré dans un instant
542 a cru à autre chose. C’est un homme pour qui tout est accompli : le péché, et le salut en Christ. Voilà sa liberté : sa mor
543 et le salut en Christ. Voilà sa liberté : sa mort est derrière lui. Le problème a été résolu, c’est pourquoi le croyant a l
544 liberté : sa mort est derrière lui. Le problème a été résolu, c’est pourquoi le croyant a le droit de parler avec résolutio
545 r Qui il combat. Bien plus, il sait que l’affaire est réglée ; j’ajoute qu’il ne le sait qu’au plus fort du combat, une foi
546 dans la bataille, et qu’il rejoint. ⁂ Notre enjeu est ailleurs, si tout se joue ici. C’est ce que le communisme ne peut pas
547 son sort terrestre. C’est que le salut, pour lui, est lié au succès de son effort. Pas d’ironie possible vis-à-vis de son œ
548 les hommes n’arrivent pas au bonheur moyen, tout sera perdu. Si je crève de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout e
549 moyen, tout sera perdu. Si je crève de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout est déjà perdu, et bien plus que vous n
550 de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout est déjà perdu, et bien plus que vous ne croyez, mais aussi tout est déjà
551 et bien plus que vous ne croyez, mais aussi tout est déjà sauvé. Crever de faim n’est pas le pire des risques que je cours
552 mais aussi tout est déjà sauvé. Crever de faim n’ est pas le pire des risques que je cours. Le pire des risques, c’est de m
553 quer cet acte par lequel je saisis le salut qui m’ est promis29, salut gagé sur le fait historique de la mort et de la résur
554 importe : ce qui importe, c’est que l’action ait été faite en vertu de la foi, car « c’est la foi qui sauve ». 29. Cet a
555 29. Cet acte — faut-il le répéter encore ? — n’ est pas l’acte d’un solitaire, mais bien l’acte de miséricorde par lequel
12 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — VII. Comment rompre ?
556 tre Kierkegaard (Journal). La volonté de rupture est l’origine même du christianisme ; c’est pourquoi l’apparition d’une v
557 ure la lutte le christianisme vainc : sa victoire est d’être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que l
558 lutte le christianisme vainc : sa victoire est d’ être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les chré
559 nisme vainc : sa victoire est d’être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les chrétiens, fatigués d
560 ns, fatigués de la lutte, viennent à croire qu’il est une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à un
561 tout dit pour la rendormir, mais en vain : elle s’ est fait mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire cro
562 mais en vain : elle s’est fait mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire croire que cet « ordre » social q
563 eux qui réellement gouvernent. (On sait ce qu’ils sont .) Il faut qu’un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme de la
564 qu’ils sont.) Il faut qu’un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage
565 it du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’un réveil. Et quand bien même il ne serait poussé que
566 témoignage d’un réveil. Et quand bien même il ne serait poussé que par quelques-uns, rien ni personne ne pourra faire qu’il n
567 é de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté, rétablit le christianisme et sa nouveauté menaçante. ⁂ Que la
568 pourra s’opérer qu’au lieu même où la collusion s’ est faite. Or elle n’a pas pu se faire entre le christianisme et l’injust
569 istant que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’ est pas le christianisme qui a confondu sa cause avec celle de la bourgeo
570 Mais c’est un parti de gens qui, ayant peut-être été chrétiens, veulent en tirer des intérêts, abusent de ce qu’ils consid
571 er un titre désormais irrecevable. Ce parti peut être aussi nombreux que l’on voudra, il peut représenter la grande majorit
572 ciel et le plus puissant de la chrétienté, — il n’ est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui de rompre avec l’injustic
573 étienté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’ est pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, e
574 st pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’ est fait le soutien, et qui, depuis, assure son succès relatif. Une églis
575 uste du monde et s’appuyant sur lui, en réalité n’ est plus l’Église et n’a plus le droit de parler ; elle n’est plus qu’une
576 l’Église et n’a plus le droit de parler ; elle n’ est plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture de police. Qu’on n’
577 s ne pourront qu’attester par là même qu’elles ne sont plus le christianisme, qu’elles sont incapables de rupture, qu’elles
578 qu’elles ne sont plus le christianisme, qu’elles sont incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et dep
579 ut à fait impossible, parce que la « chrétienté » est sécularisée, et qu’on ne peut demander à ce siècle de rompre avec lui
580 réclame encore au moment où elle le trahit. Telle sera donc la forme et tel sera le premier lieu de la rupture nécessaire :
581 ù elle le trahit. Telle sera donc la forme et tel sera le premier lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation d’une impo
582 ore au nom du christianisme. ⁂ Le christianisme n’ est pas une puissance à notre disposition, puissance que les hommes aurai
583 onstituées, existant en elles-mêmes, qui auraient été introduites dans le monde par Dieu, que nous aurions mal dirigées, co
584 ne manière imprévisible. La seule liberté qui lui soit accordée vis-à-vis de la foi, c’est de la refuser. Comment dès lors l
585 une tout autre force que celle de la foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou sur une éthique de bo
586 ore. Toutes ces formules d’« ordre chrétien » ont été plus ou moins réalisées, et constituent dans leur ensemble, du Moyen
587 e sur son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’ est pas le lieu des décisions et des calculs humains ; il est à l’intérie
588 le lieu des décisions et des calculs humains ; il est à l’intérieur de la religion. Les églises qui se crurent en droit d’é
589 ion antichrétienne de la foi. La foi, pour elles, est une « force » que l’homme peut se procurer, apprivoiser, réglementer,
590 aurait, une fois pour toutes. Et cette possession serait en quelque sorte garantie par des institutions de plus en plus humain
591 u, et gratuit — « afin que nul ne se glorifie » — est une participation instantanée à l’éternel, elle juge et condamne ceux
592 hrétien, dans toute politique humaine organisée —  fût -ce à la gloire de Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier
593 ipiterai, dit l’Éternel… Car le jour de l’Éternel est proche pour toutes les nations. » (Abdias, 3-4 et 15.) Ils ont préten
594 ainsi : « Dans cette philosophie et cette morale est délibérément supprimée toute idée de liberté, toute idée de propriété
595 hrétienne, l’idée religieuse, l’idée même de Dieu est abolie… » Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée » soit abolie,
596  » Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée » soit abolie, le Père de la Brière lance un vibrant appel aux écrivains : q
597 ns, menteurs ! — et je lui répondrai : Ta révolte est la mienne, mon humaine révolte. Mais j’en ai une autre plus profonde 
598 uffres ; mais j’ai encore plus à souffrir, car je suis encore plus sceptique que toi… Tu ne crois pas, dis-tu à ces docteurs
599 sais quelles régions spirituelles dont tout leur être — et cette maladie même ! — prouvent l’inexistence ou la disparition.
600 n leur répond qu’il y a prescription : l’Esprit n’ est plus avec ceux qui ont intérêt à le défendre. L’Esprit n’est plus ave
601 ec ceux qui ont intérêt à le défendre. L’Esprit n’ est plus avec ceux qui ont cru pouvoir l’utiliser. L’esprit n’est jamais
602 c ceux qui ont cru pouvoir l’utiliser. L’esprit n’ est jamais avec ceux qui le défendent36, mais peut-être avec ceux qu’il e
603 i, c’est faire en sorte simplement, qu’il cesse d’ être « établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mais à
604 nt, qu’il cesse d’être « établi ». Qu’il ait pu l’ être , la faute n’en est pas à lui, mais à la défection du christianisme ;
605 re « établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mais à la défection du christianisme ; à cette défection é
606 la seule force qui le dominait. « Car le péché n’ est pas le dérèglement de la chair et du sang, mais le consentement de l’
607 déterminations de l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi
608 s engager que moi-même, hic et nunc. La politique est affaire de systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours d
609 ire de systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours de vouloir sur le champ le plus juste. Car ce qui manifeste
610 a foi, c’est le choix et non pas le système :il n’ est de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de p
611 ne se confond pas avec l’enjeu de son salut. Tel est le paradoxe, qui remonte au cœur même du christianisme, si le christi
612 u cœur même du christianisme, si le christianisme est la foi au Christ « éternellement actuel ». Cette foi est inébranlabl
613 oi au Christ « éternellement actuel ». Cette foi est inébranlable. Elle ne constitue pas un ordre : elle donne des ordres,
614 ordre : elle donne des ordres, simplement. Elle n’ est jamais entrée en collusion avec aucune durée, étant la rupture de tou
615 est jamais entrée en collusion avec aucune durée, étant la rupture de toute durée. Mais dès lors, nous savons le véritable no
616 christianisme, dans sa nouveauté prophétique, tel est l’Acte — le seul ! — et tel est aussi le mystère ; car cette seule Ru
617 prophétique, tel est l’Acte — le seul ! — et tel est aussi le mystère ; car cette seule Rupture effective surpasse absolum
618 pitaliste ou marxiste. Car la révolte du chrétien est immédiate, indubitable ; mais l’ordre chrétien, dont certains parlent
619 mais l’ordre chrétien, dont certains parlent, où est -il aujourd’hui ? Faudrait-il attendre qu’on l’ait trouvé ? 33. Fig
620 e idée fausse, par définition, le christianisme n’ étant rien d’autre qu’un événement, un drame entre Dieu et l’homme. 36. Pa
621 it ce que c’est que l’esprit, en ce siècle ! Il a été admirablement défini par la Sorbonne, entre autres. 37. Traité du d
13 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — VIII. Humanisme et christianisme
622 VIII.Humanisme et christianisme39 Je ne suis pas venu pour vous apporter un exposé systématique ou historique, mai
623 rées. Et d’abord, la question qui nous occupe ici est -elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous, une question
624 qui nous occupe ici est-elle une vraie question ? Est -elle, pour chacun de nous, une question qui se pose dans la vie, que
625 réellement, vous cherchez à répondre ? En un mot, est -ce une question existentielle — pour employer un terme favori de la t
626 ’existent, en réalité, que dans la mesure où l’on est décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu’ils c
627 évasion hors des problèmes qui se posent et nous sont posés, hic et nunc. Avant d’aller plus loin, cherchons donc à serrer
628 ui s’oppose rigoureusement au christianisme, s’il est avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu
629 ement ? C’est en ceci que, pour les uns, le salut est transcendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes
630 omme par la promesse débilitante d’un au-delà qui serait comme une revanche contre tout l’imparfait de « ce bas-monde », mais
631 énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’homme
632 l’homme dans son origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché « 
633 es, par exemple : il ne sait même pas pourquoi il est au monde, ni pour quoi ; il se demande parfois ce qu’il a bien pu ven
634 tragi-comédie. Au fond, ce que l’homme ignore, ce sont les choses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son
635 voir de sauver l’homme en se fondant sur l’homme, sont semblables, aux yeux du chrétien, à ce fameux baron de Crac qui préte
636 a chevelure. 3. Humanisme contre christianisme, n’ est -ce donc qu’un conflit d’amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui so
637 t-ce donc qu’un conflit d’amour, assez touchant ? Est -ce à celui qui soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à tenir
638 soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à tenir pour malade actuellement ? Aux yeux de certains humanistes, peut-être
639 peut-être. Aux yeux du chrétien, non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte
640 re à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique
641 ine qui lui permettra d’assurer ce bien absolu qu’ est sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même
642 Le chrétien cherche à obéir aux ordres de sa foi, fût -ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de s
643 de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous
644 pposé à l’homme des assurances. Car l’humanisme n’ est , aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’assurance-vie. L’human
645 pourra répondre qu’à ses yeux, le christianisme n’ est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est aussi misérable qu’inj
646 n’est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est aussi misérable qu’injurieux, si l’on songe que ce « paradis » doit ê
647 ’injurieux, si l’on songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas du mépris des garanties humaines les plus élémentaires,
648 e l’histoire des martyrs en témoigne. Un chrétien est un être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contr
649 toire des martyrs en témoigne. Un chrétien est un être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contre toute
650 chrétien qui contracte une assurance sur la vie n’ est pas plus un chrétien à cet instant et dans cet acte ; il agit en huma
651 ’est-à-dire d’un homme pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des
652 , parlant des autres ou parlant en général : ceci est bon, moral, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement d’humanist
653 ou parlant en général : ceci est bon, moral, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement d’humaniste, mange du fruit de
654 ienne ?) Prier pour qu’il fasse beau demain, ce n’ est pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu d’humaniste. Si je vous donn
655 ire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’ être une simple conception philosophique, est une attitude devant la « vie
656 loin d’être une simple conception philosophique, est une attitude devant la « vie pratique » — comme on dit, mais y en a-t
657 mment à l’existence des chrétiens eux-mêmes. Ce n’ est pas à dire que l’humanisme n’ait pas ses doctrines, et même une expre
658 andez41 et Guéhenno. Si intéressant et précis que soit l’un dans le détail de sa dialectique critique, et si généreux que se
659 re », il ne semble pas que ces deux auteurs aient été jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du transcendant42. Le
660 nder une foi véritable en l’humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement
661 autonome, et « calculable » humainement. Le Plan est d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’assurance-vie que l’hu
662 est à ce titre que le « marxisme-léninisme » peut être opposé utilement au christianisme, comme une « question » réelle et f
663 ntre la nature définitivement asservie. Cet homme sera-t -il encore humain ? Que fera-t-il, une fois son triomphe assuré par sa
664 urelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’ être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore
665 te ? Sera-t-il encore un homme ? L’homme chrétien est à la fois ange et bête. Dans ce conflit perpétuel, il trouve sa joie
666 devant Dieu. Le succès de l’humanisme triomphant serait -il tout simplement d’enlever à l’homme toute raison personnelle de vi
667 re ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait -il, en définitive, un suicide supérieurement organisé, du « genre hum
668 ion concrète pour se réaliser. 41. « Le chrétien est un embusqué de l’infini », écrivait Ramon Fernandez. 42. On sait que
14 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — IX. Antimarxiste parce que chrétien
669 timarxiste parce que chrétien43 Je crois qu’il est tout à fait illégitime de s’occuper du marxisme, d’en parler en publi
670 dré Philip l’écrivait un jour, que le capitalisme est un système radicalement imperméable au christianisme. J’ajoute aussit
671 est dans la mesure même où je le repousse, que je suis amené à me méfier du communisme. Je ne reprendrai pas ici la critique
672 ici la critique du capitalisme. Mais je voudrais être assuré que si parmi vous quelques-uns se réjouissent de me voir conda
673 ire que c’est au profit du désordre établi. (Ceci soit dit une fois pour toutes.) On a coutume d’opposer christianisme et co
674 e choisir. Non seulement les éléments en présence sont beaucoup trop complexes, mais encore, mais surtout, l’illusion serait
675 complexes, mais encore, mais surtout, l’illusion serait de croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choi
676 surtout, l’illusion serait de croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choix, la décision, sur le plan
677 atif. Le choix, la décision, sur le plan éthique, est toujours à l’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il est un
678 sur le plan éthique, est toujours à l’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il est un acte véritable. Prenez l’alte
679 ue, est toujours à l’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il est un acte véritable. Prenez l’alternative christian
680 ’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il est un acte véritable. Prenez l’alternative christianisme-communisme. Si
681 au marxisme : vous calculez. Le christianisme ne sera jamais justiciable de sa réussite ou de son échec terrestre. On peut
682 plus : l’issue terrestre de l’aventure chrétienne est connue depuis le Christ, elle a été prédite par l’Évangile et l’Apoca
683 re chrétienne est connue depuis le Christ, elle a été prédite par l’Évangile et l’Apocalypse — c’est une catastrophe. Tandi
684 ui me paraît désormais acquis. Mais le communisme est bien plus que toutes ces choses réunies. Il est avant tout une concep
685 e est bien plus que toutes ces choses réunies. Il est avant tout une conception totale de la destinée humaine. Et c’est à c
686 ne manière consciente et volontaire. Certes, il m’ est arrivé de « sentir communiste ». Cela nous arrive à tous, et plus sou
687 ste donc qu’à énumérer les réactions que je crois être celles du chrétien en présence des thèses communistes. Il y a des adv
688 tions de méthode que je faisais tout à l’heure ne soient plus valables. Là encore, le choix précède. Mais du moins la lutte es
689 encore, le choix précède. Mais du moins la lutte est circonscrite, les positions sont nettes, connues de tous. Il y a même
690 du moins la lutte est circonscrite, les positions sont nettes, connues de tous. Il y a même un fait très frappant : c’est qu
691 . Il y a même un fait très frappant : c’est qu’il est étrangement facile d’opposer terme à terme les expressions chrétienne
692 sur le plan métaphysique.   1° Le christianisme est d’abord risque et folie. Le Christ dit à deux pécheurs, qu’il surpren
693 ne aventure qui ne ressemble à rien de connu, qui est la folie même. À ce risque matériel qui se retrouve à tous les moment
694 e croyait d’ailleurs pas. Le mérite du communiste est de réduire crûment l’idéal qu’il propose à ce but le plus prochain. P
695 ez premièrement au Royaume, et tout le reste vous sera donné par-dessus. »   2° Le « Suis-moi » du Christ affirme que le déb
696 le reste vous sera donné par-dessus. »   2° Le «  Suis -moi » du Christ affirme que le début, c’est l’obéissance à Dieu, mais
697 à Dieu, mais que c’est aussi le vrai but. La fin est déjà présente dans l’origine. Les moyens, les modes de vie que cela e
698 vidu, reste toujours hétérogène à ces moyens, qui sont , en l’espèce, l’organisation matérielle collective. D’autres vous mon
699 tte méthode, et qu’en réalité, si la libération n’ est pas déjà présente dans l’acte initial, elle ne sera nullement rendue
700 st pas déjà présente dans l’acte initial, elle ne sera nullement rendue possible par les moyens mis en œuvre44. Je veux simp
701 vail, le service, l’amour du prochain. Le travail est pour le chrétien un pur exercice. Il n’a pas de valeur en soi. Il n’e
702 n pur exercice. Il n’a pas de valeur en soi. Il n’ est pas une vertu, comme voulurent nous le faire croire Benjamin Franklin
703 croire Benjamin Franklin et les capitalistes. Il est purement symbolique du péché d’abord, de l’obéissance à Dieu ensuite.
704 qu’on voit dans certains cimetières : Le travail fut sa vie, est purement païenne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le bri
705 dans certains cimetières : Le travail fut sa vie, est purement païenne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le brigadier de ch
706 ue j’exagère, que le travail du brigadier de choc est d’abord un service rendu à la collectivité. Mais cela ne fait qu’aggr
707 ien-être général matériel d’abord. Ce « service » est donc purement intéressé, en définitive. Il n’est qu’une extension int
708 est donc purement intéressé, en définitive. Il n’ est qu’une extension intelligente de l’intérêt personnel. Il est donc le
709 extension intelligente de l’intérêt personnel. Il est donc le contraire du service chrétien, lequel est d’abord sacrifice a
710 est donc le contraire du service chrétien, lequel est d’abord sacrifice au bien de l’autre en tant qu’autre, sacrifice qui
711 ne peut avoir aucune raison humaine, qui ne peut être qu’obéissance ; qui reste donc symbolique d’une réalité non humaine.
712 te. Nos actes ne valent que dans la mesure où ils sont faits pour Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait d’être pha
713 Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait d’ être pharisien. Inutile de s’étendre plus sur le troisième exemple, celui
714 oisième exemple, celui de l’amour du prochain. Il est évident pour un chrétien que cet amour est inconcevable et impossible
715 in. Il est évident pour un chrétien que cet amour est inconcevable et impossible, est une pure hypocrisie en dehors de Dieu
716 ien que cet amour est inconcevable et impossible, est une pure hypocrisie en dehors de Dieu. Le plus court chemin vers autr
717 ite au plan humaniste, au plan psychologique. Qui est précisément le plan du marxisme. Je laisserai de côté, dans ces notes
718 . En définitive et selon les écoles marxistes, il est très difficile de savoir si oui ou non le communisme veut la destruct
719 veut la destruction des personnes. En tout cas il sera toujours possible à un marxiste de le nier, en se référant aux phrase
720 lettres de Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous for
721 ngels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’ être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons maint
722 sens, la direction. Le sens de la vie chrétienne est vertical, le sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vi
723 rétienne est vertical, le sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir de la vie.
724 du Christ concernent la vie de celui qui d’abord est mort ? Que non seulement le Royaume ne sera jamais réalisé dans ce mo
725 ’abord est mort ? Que non seulement le Royaume ne sera jamais réalisé dans ce monde, mais encore qu’il consiste précisément
726 de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’ être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno nomm
727 avons reçu d’être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno nomme l’agonie du christianisme, voilà en d
728 es les promesses du Christ concernent une vie qui est au-delà de la mort. Toutes ces promesses sont eschatologiques. Ce qui
729 qui est au-delà de la mort. Toutes ces promesses sont eschatologiques. Ce qui ne veut nullement dire : futures au sens temp
730 futures au sens temporel du terme. Car le Royaume est toujours proche. L’Éternité est toujours proche. Elle n’est pas seule
731 e. Car le Royaume est toujours proche. L’Éternité est toujours proche. Elle n’est pas seulement au terme des temps, elle es
732 rs proche. L’Éternité est toujours proche. Elle n’ est pas seulement au terme des temps, elle est dans l’instant. Les promes
733 Elle n’est pas seulement au terme des temps, elle est dans l’instant. Les promesses du marxisme elles aussi ont pu être app
734 ant. Les promesses du marxisme elles aussi ont pu être appelées eschatologiques. Mais dans un tout autre sens, dans le sens
735 sens futur. La réalisation du paradis socialiste est promise aux foules dans mille ans, deux-mille ans. La réalisation des
736 mille ans. La réalisation des promesses du Christ est promise à ses disciples pour l’instant même où ils obéissent au « sui
737 -moi », meurent au monde, et Le suivent. Les unes sont historiques, les autres éternelles. En somme, ce qui oppose irréduct
738 ervice que le marxisme peut rendre aux chrétiens, est là. Il a fait apparaître aux yeux d’une chrétienté qui s’endormait da
739 t cru pouvoir utiliser la morale de ce monde, qui est une morale d’intérêts humains, alors que le commandement du Christ es
740 rêts humains, alors que le commandement du Christ est un commandement de sacrifice total, et de mort au monde. Maintenant,
741 total, et de mort au monde. Maintenant, les jeux sont faits. L’abîme devient flagrant. Il serait temps que nos bourgeois va
742 les jeux sont faits. L’abîme devient flagrant. Il serait temps que nos bourgeois vaguement chrétiens s’en rendent compte clair
743 sans la foi. Nous avons cru que le christianisme était une règle de vie, valable en soi et propre à maintenir l’ordre, la pr
744 ispensera de commettre. Car c’est le marxisme qui est une règle de vie dans le monde, au sens où le christianisme est une r
745 de vie dans le monde, au sens où le christianisme est une règle de mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi,
746 ristianisme est une règle de mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi, tout ce que disent les chrétiens à la
747 le. Dieu seul le peut. La conclusion de tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence du christiani
748 La conclusion de tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence du christianisme, le marxisme ne peut
749 u un appel à la compromission avec le monde. Il n’ est plus que le défi que l’humanisme total adresse à notre christianisme.
750 table et juste révolte de nos frères athées. Il n’ est de charité bien ordonnée que celle qui commence par rendre à Dieu ce
751 e que celle qui commence par rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Sinon, César lui-même pâtira. 43. Causerie donnée au cercle
15 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — X. Fascisme
752 , l’antifascisme l’aurait inventé. L’antifascisme est en passe de devenir la nouvelle mystique de gauche. Cette mystique es
753 ir la nouvelle mystique de gauche. Cette mystique est d’autant plus vive qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri d
754 s — à l’abri de toutes précisions. Une mystique n’ est jamais puissante que dans le vague. Or, celle-ci s’alimente à l’étran
755 a pleine signification humaine : le fait fasciste étant avant tout national. Nous ne sentons pas l’hitlérisme comme des Allem
756 rsonne encore ne sait ni ne prétend savoir ce que serait un fascisme français, mais nous ne dénonçons qu’avec plus d’éloquence
757 s d’Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est d’un autre avis que Léon Blum sur les moyens à employer pour « mettre
758 ances la légalité ». Ainsi l’épithète de fasciste est -elle devenue rapidement une espèce d’injure politique, un synonyme de
759 ns doute sympathique, mais dont je crains qu’elle soit insuffisante pour combattre le péril éventuel : elle ne contribue pas
760 els se déchaînent : déjà la nervosité des esprits est telle qu’il est presque impossible d’envisager froidement la nature r
761 t : déjà la nervosité des esprits est telle qu’il est presque impossible d’envisager froidement la nature réelle du danger.
762 s’appelle le fascisme français. Cette hypothèse n’ est pas gratuite. Elle s’appuie sur deux constatations : 1° L’antifascism
763 ntifascistes, comme tous les politiciens, croient être réalistes quand ils empruntent leur tactique à l’adversaire. Les cons
764 l’adversaire. Les conséquences de ces deux faits sont faciles à prévoir : la tactique utilisée par les antifascistes va leu
765 pêchera de remarquer que cette attitude politique est précisément le fascisme. Je simplifie à l’excès ? Mais nous voyons tr
766 de propagande de masses, le triomphe du plus bête est à peu près certain. Qu’est-ce que le fascisme ? Dans ce livre o
767 iomphe du plus bête est à peu près certain. Qu’ est -ce que le fascisme ? Dans ce livre où je cherche à juger les moyen
768 ur tour du point de vue de la réalité première qu’ est la personne, je ne m’attarderai pas à dénoncer les excès trop connus
769 partout47 ; la malfaisance d’un régime ne saurait être mesurée au nombre de vies d’hommes que ce régime a supprimées pour s’
770 tifier ses moyens. Le problème des fins humaines est assez clairement posé et résolu par le marxisme. Contre le communisme
771 e. Contre le communisme, une polémique doctrinale est justifiée, voire nécessaire : elle a des points d’application vraimen
772 e et cohérente de la vie humaine. Ou plutôt, il n’ est cohérent que dans un domaine restreint. Si l’on cherche à décrire le
773 revendication commune : l’étatisme. Tout ce qui n’ est pas accidentel dans le fascisme et l’hitlérisme48 se ramène à cette e
774 iste subvient aux défaillances particulières : il est impersonnel et jamais fatigué. L’État fasciste met fin aux luttes pol
775 Dangers du fascisme La cohérence du fascisme n’ est réelle et organique qu’à partir de l’État. Mais depuis l’origine du m
776 upable — à moins qu’on ne parvienne à l’intégrer, fût -ce au prix d’un mensonge, dans le mécanisme étatique. La véritable br
777 solini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais que des « missionnaires bottés52 ». On ne peut convertir perso
778 n toutefois au mensonge officiel. Et quand l’État tiendrait la vérité, il en fait un mensonge dès qu’il y convertit par ses décre
779 songe dès qu’il y convertit par ses décrets. Ce n’ est pas par hasard que me revient, ici, le souvenir du siècle raisonnable
780 ours. L’ancêtre du fascisme, c’est Louis XIV. Que furent les dragonnades, sinon une « mise au pas », une inversion du spiritue
781 ux dépens de la vie multiple du pays. Cet exemple est pour nous d’un rude enseignement. Toute Gleichschaltung, toute expéri
782 rissement spirituel dont les conséquences peuvent être séculaires : car c’est aux moelles du pays qu’elle s’attaque, c’est l
783 De toutes les idoles modernes, l’État totalitaire est peut-être la plus décevante. L’idole des humanistes (l’homme divinisé
784 ances. Les prétentions totalitaires du communisme sont fondées, en effet, sur une notion totale de l’homme naturel. Par là m
785 ion totale de l’homme naturel. Par là même, elles sont mieux justifiées, aux yeux de l’incroyant du moins, que les prétentio
786 une notion disciplinaire de l’homme. Le marxisme est pour le chrétien un adversaire plus noble, plus représentatif de l’at
787 devoir jouer pour entraîner les classes moyennes, est un danger plus grand pour les Églises que la tragédie soviétique. Et
788 ogues, l’humanisme fasciste et le culte des héros sont pour notre personnalisme une menace plus perfide que le collectivisme
789 déclaré. Célébrer des héros dont l’authenticité n’ est établie que par le décret du Parti, c’est à peu près le contraire de
790 es héros ? — Le héros vrai n’imite personne. Il n’ est conforme qu’à sa vocation. Qui n’est pas fasciste ? Le danger r
791 nne. Il n’est conforme qu’à sa vocation. Qui n’ est pas fasciste ? Le danger réel du fascisme n’apparaît pas à la majo
792 parence) du marxisme. Ils croient que le fascisme est le parti de l’ordre. Ils ne voient pas à quel niveau ni à quel prix s
793 ait à l’éducation fasciste de ses militants. Ce n’ est pas que je croie un seul instant à la duplicité des ligues antifascis
794 principe fédéraliste. Dans l’ordre politique, ce sont les groupes « personnalistes » qui ont résisté le plus longtemps54 et
795 adhérents. Les raisons de cette double résistance sont claires. Un protestant resté fidèle à la doctrine de la Réforme55 sai
796 ire des Prophètes lui apprend que le péché majeur est celui qui consiste à se servir de Dieu en le servant. L’opposition du
797 tel que j’ai essayé de le décrire plus haut, il n’ est pas moins aisé de voir qu’il est le véritable antifascisme politique.
798 plus haut, il n’est pas moins aisé de voir qu’il est le véritable antifascisme politique. La personne n’est jamais « au pa
799 e véritable antifascisme politique. La personne n’ est jamais « au pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle est seule
800 itique. La personne n’est jamais « au pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle est seule responsable de son risque ;
801 u pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle est seule responsable de son risque ; surtout, elle se sait plus réelle q
802 e leur nécessaire diversité. Elle veut que l’État soit une émanation de l’homme, et non l’inverse. Elle veut qu’il y ait d’a
803 État au service de ces hommes. Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire. 46. C’est au reçu d’une
804 hommes. Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire. 46. C’est au reçu d’une circulaire m’invitant
805 istes en Indochine par exemple. 48. Le racisme n’ est pas essentiellement fasciste, comme le prouve l’exemple italien. La d
806 l’exemple italien. La dictature de la jeunesse n’ est pas non plus le fait du seul fascisme : l’URSS et les USA sont aussi
807 plus le fait du seul fascisme : l’URSS et les USA sont aussi des États « jeunes ». 49. La confiscation par l’État fasciste
808 tat fasciste de l’idéal culturel d’une « nation » est clairement symbolisé par la substitution de l’insigne du Parti aux an
809 houe dans les pays d’esprit « personnaliste » que sont les pays protestants. Réaction « hiérarchiste » contre l’individualis
810 chef du néo-thomisme italien, au régime fasciste est à cet égard significative. 52. C’est ainsi qu’on nomma les dragons d
811 s bonnes raisons du fascisme, italien surtout, ne sont pas niables. Mais je n’ai pas ici à marquer des points, bons ou mauva
812 des points, bons ou mauvais. Ce qui m’importe, ce sont les fins spirituelles, l’enjeu total, les raisons dernières du choix
813 utsche Christen… À l’heure où j’écris, le schisme est imminent entre ces pseudo-protestants et les églises fidèles à l’Évan
16 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XI. D’un Cahier de revendications
814 istes et marxistes. Ce Cahier de revendications était introduit en ces termes :   Est-il possible de définir une cause comm
815 revendications était introduit en ces termes :   Est -il possible de définir une cause commune de la jeunesse française, un
816 elle révolution française. Leur anticapitalisme n’ est pas celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marx
817 is, la doctrine marxiste, en dehors de laquelle s’ est constitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère princi
818 lques appuis occasionnels ; et certains objectifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de tous ces groupes un acte d
819 paraître suffisant pour définir un front unique, fût -il provisoire. C’est dans cette vue qu’ont été réunies — rapidement c
820 e, fût-il provisoire. C’est dans cette vue qu’ont été réunies — rapidement car tout nous presse — les déclarations que l’on
821 d’analyser dans les Conclusions que voici. Nous sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de
822 une « nécessité » révolutionnaire dont l’ampleur est sans précédent. Ce n’est plus seulement de conflits d’idées qu’il s’a
823 tionnaire dont l’ampleur est sans précédent. Ce n’ est plus seulement de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits
824 r le seul moyen d’en réchapper, — l’imposer. Ce n’ est plus pour quelque « idéal » que nous avons à lutter maintenant, mais
825 as si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop souvent crié a
826 i se trouvait à l’origine de tout le mal ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus
827 les sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous b
828 otre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous battre pour un « ordre » et d
829 r quoi la supporterons-nous ? La révolution, ce n’ est plus un état d’esprit, ni un refus des tâches d’homme. La révolution
830 it, ni un refus des tâches d’homme. La révolution est une nécessité au sens le plus banal du terme, et aussi à son sens de
831 ssi à son sens de « misère qui appelle ». Nous ne sommes pas « des bourgeois-dégoûtés » ou des « prolétaires-avides-des-riches
832 ’autre part une espérance, une utopie, qu’il nous est impossible d’accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’u
833 égnant, nous détestons de toute la force de notre être  : la primauté du matériel. Comment penser — si « penser » est insépa
834 auté du matériel. Comment penser — si « penser » est inséparable d’une action — entre une bourgeoisie déchue et un marxism
835 embres d’ Esprit ou de L’Ordre nouveau , pour n’ être pas entièrement originales, ne peuvent manquer de déconcerter tous ce
836 rien. Et nous ne trahirons pas l’homme tel qu’il est , sous prétexte qu’il faut se hâter, et qu’en Russie c’est en train de
837 s tout sur une révolution vraie. Les catastrophes sont proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capital
838 ion vraie. Les catastrophes sont proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ont si bien comp
839 te avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit , comme l’écrit Henri Lefebvre, la seule « chance » des capitalistes.
840 bvre, la seule « chance » des capitalistes. Il en est une moins coûteuse à risquer et qui consisterait à se laisser convain
841 les, mais qui soudain font mine de « réussir ». N’ est -ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas
842 s qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux pris
843 Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la condition humaine
844 s nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’hier, ni
845 ectivistes et des patries personnalistes. Mais où sont les motifs de notre choix ? J’en indiquerai trois : 1° La seule révol
846 ’homme, exprime ses données élémentaires : elle n’ est qu’une projection du conflit de la personne. Les marxistes nous accus
847 ues qui pullulent dans un monde athée. Quelle que soit d’ailleurs la conception historique que l’on ait, il faut pourtant re
848 ait, il faut pourtant reconnaître que la personne est un facteur « décisif », sinon suffisant, du processus révolutionnaire
849 r la révolution. Mais il y a plus. Si la personne est véritablement l’élément décisif de la réalité humaine, toute révoluti
850 t décisif de la réalité humaine, toute révolution est vaine qui se fonde sur des faits mortels pour la personne, même si « 
851 its mortels pour la personne, même si « ces faits sont les faits » comme on voudrait nous le faire croire. Une révolution n’
852 elque chose : elle se fera contre ces faits. Elle sera « acte ». 2° Le matérialisme décrit un monde tel qu’on ne voit pas où
853 le-même ? La dialectique historique à trois temps est une arbitraire projection dans les choses d’un mécanisme de « l’intel
854 te toute efficacité créatrice et par là même doit être dénoncée comme antirévolutionnaire57. Le matérialisme, c’est l’opium
855 de la révolution. 3° La conception personnaliste est seule capable d’édifier un monde culturel, économique et social qu’an
856  rêveries » l’action. Qu’appellent-ils l’action ? Est -ce un opportunisme purement tactique, d’allure électorale ? « Toutes
857 ains du prolétaire qui, justement, avait besoin d’ être conduit par la pensée de quelques-uns58 ! Mais ce sont les « rêveries
858 conduit par la pensée de quelques-uns58 ! Mais ce sont les « rêveries » des « penseurs » qui ont fait toutes les révolutions
859 illeurs brimée. En février 1917, les bolchévistes sont 200. En octobre, ils s’emparent du pouvoir sur toutes les Russies. En
860 ais, nous dit-on, les constructions d’un Lénine n’ étaient pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire. » Nous
861 a-t-il en France la moindre chance de succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays ? La violence des communistes françai
862 este le plus souvent verbale, électorale ; elle n’ est pas dans leur doctrine constructive. Elle se fonde sur des apparences
863 mais insuffisamment analysés. Les faits, demain, seront pour nous. L’Ordre nouveau, Esprit, travaillent dans la ligne des for
864 xistes, mais niée en sous-main par leur doctrine, est de leur part une duperie manifeste. Je les entends menacer le bourgeo
865 as en quoi la tyrannie du matériel qu’ils prônent est meilleure pour les hommes que le présent désordre. Je ne vois pas qu’
866 n l’accumulation de leurs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons davantage. Ils jouent sur une révolte
867 é de la folie capitaliste-matérialiste. Non, ce n’ est pas une classe que nous devons sauver, c’est l’homme menacé dans son
868 e menacé dans son intégrité. Sauver l’homme, ce n’ est pas sauver des consommateurs. Ce n’est pas sauver des entreprises, de
869 omme, ce n’est pas sauver des consommateurs. Ce n’ est pas sauver des entreprises, des nations, les intérêts (?) du monde. O
870 nde » ? Rien. Au sens fort du mot, le « salut » n’ est pas à débattre sur le plan de l’humanité, mais entre l’homme, entre t
871 l homme et la Réalité qui seule peut garantir son être . — Encore faut-il que les conditions matérielles permettent à ce supr
872 n sens, un point d’application : la personne. Tel est , en dernière analyse, le fondement, l’enjeu de la révolution nouvelle
873 s ; une substance, une exigence impossible et qui est la seule chose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être. Il
874 ose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être . Il faut derrière ces idées une masse volontaire, une pesante contrai
875 courage. Je parle de la foi chrétienne où je veux être , de ce suprême « choix » qui ne vient pas de moi, mais qui soudain me
876 r laquelle j’accepterais la mort, parce que ce ne serait pas crever bassement dans la haine, mais ce serait un acte enfin dans
877 erait pas crever bassement dans la haine, mais ce serait un acte enfin dans lequel je posséderais toute ma vie, d’un seul coup
878 , en la donnant. Je n’ai pas à sauver quoi que ce soit de la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pard
879 rre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’ est de pardon que pour celui qui agit. On me dira sans doute que je me pe
880 évolution qu’elle légitimerait, en bonne logique, serait une révolution contre la construction entreprise par le capitalisme d
881 position définie par la phrase citée de M. Nizan est exactement celle des révolutionnaires russes dit « populistes », aux
882 . (Cf. Que faire ?) 59. Le succès du communisme serait -il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dan
17 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XII. Communauté révolutionnaire
883 ordre, ou l’aventure, ou le plaisir. Cette ardeur est évidemment maladive. L’homme sain ne s’excite pas sur l’idée de sécur
884 r, ou simplement quelque chose à faire. La paix n’ est pas une occupation, ni un but. Du moins pour notre civilisation, elle
885 un but. Du moins pour notre civilisation, elle n’ est rien que l’absence obsédante de la guerre. Tout cela est assez connu,
886 n que l’absence obsédante de la guerre. Tout cela est assez connu, mais peu de personnes en tiennent compte. Si nous le rép
887 e de tout principe vivant d’unité et d’union, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité.
888 sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne sera pas dénoncée, reconnue et combattue, on perdra son temps à dénoncer e
889 s, maîtres de forges, journalistes. La corruption est tellement générale que ces dénonciations perdent toute efficacité. El
890 ces dénonciations perdent toute efficacité. Elles sont d’ailleurs filtrées et maquillées par la Presse, c’est-à-dire par l’u
891 ont parfaitement raison de soutenir que le régime est organiquement lié à la guerre, et que la guerre est une des pièces in
892 t organiquement lié à la guerre, et que la guerre est une des pièces indispensables du système capitaliste. Mais ils s’arrê
893 nonciation des moyens et des personnes. Le danger est beaucoup plus profond : il est dans la conception rationaliste de l’É
894 rsonnes. Le danger est beaucoup plus profond : il est dans la conception rationaliste de l’État moderne et dans la concepti
895 comme individu atomique. Or ces deux conceptions sont également à la base de tout le système marxiste-stalinien. Elles y so
896 se de tout le système marxiste-stalinien. Elles y sont même plus rigoureusement formulées que dans le système parlementaire.
897 monde, — désagrégation dont l’aboutissement fatal serait la ruine de toute vie organique et de toute solidarité réelle, comme
898 organique et de toute solidarité réelle, comme il était , en régime capitaliste, la guerre du droit et de la justice. Ces simp
899 t pas compté avec le principe de tout conflit, et sont sans forces contre les conflits qui surgissent. Elles essaient alors
900 lleurs, elles échouent. Les conflits qui éclatent sont alors sanglants. L’évolution de la notion d’individu, d’homme en soi
901 notion d’individu, d’homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous la reprenions ici. On sait comment cette no
902 s différences humaines et à faire croire qu’elles étaient accidentelles et méprisables. Les premières revendications d’égalité
903 prisables. Les premières revendications d’égalité furent néanmoins d’ordre strictement politique. On voulait un système fondé
904 istaient pas. Il fallait les créer. L’égalité, ce fut en fait l’égalisation à tout prix. À la fois pour dissimuler la bruta
905 Liberté et la Fraternité. En fait, l’égalisation était une atteinte à la liberté, et la rendait humainement impossible au mo
906 urnoise qu’il établissait parmi les hommes. Ce ne fut que lorsque les citoyens eurent compris que leur égalité purement pol
907 urent compris que leur égalité purement politique était fictive62 qu’ils commencèrent à soupçonner la duperie. Il leur reste
908 perie. Il leur reste à comprendre que l’Égalité n’ est pas seulement fictive, mais encore que sa revendication est contre na
909 ulement fictive, mais encore que sa revendication est contre nature, et forcément tyrannique. D’autre part, et ceci est plu
910 e, et forcément tyrannique. D’autre part, et ceci est plus grave, l’égalisation rendait impossible toute fraternité véritab
911 introduisait en effet, dans notre monde tel qu’il est , un principe entre tous néfaste : celui de la comparaison perpétuelle
912 i de la comparaison perpétuelle. À qui fallait-il être égal ? Sur le plan politique, la réponse était facile ; mais elle ne
913 -il être égal ? Sur le plan politique, la réponse était facile ; mais elle ne satisfaisait pas le besoin qu’on avait créé63.
914 , que sur des valeurs extérieures à l’homme. Il n’ est plus assuré par la responsabilité de chacun, mais par le cadre polici
915 te de classes, guerre. Primauté du paraître sur l’ être . La Personne : fondement de la Communauté La personne, c’est l’
916 encore utopique, remarquons toutefois qu’il ne l’ est pas plus que la prétention égalitaire. D’autre part, il exprime un es
917 espoir fondé sur la réalité humaine telle qu’elle est , alors que l’utopie individualiste fondait son espoir sur une réalité
918 régions et des races, — pour les utiliser. Telle est la formule fondamentale de notre politique. Elle entraîne immédiateme
919 inir une attitude spirituelle. Les principes qui seront à la base de l’économie et de politique nouvelles sont identiques à c
920 à la base de l’économie et de politique nouvelles sont identiques à ceux qui seront à la base de la vie sociale quotidienne.
921 de politique nouvelles sont identiques à ceux qui seront à la base de la vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de di
922 ue nous disons sur la morale sociale doit et peut être immédiatement traduit en institutions économiques par exemple. Dans l
923 est la personne, et non point la famille, qui lui est subordonnée. La personne, telle que je viens de la définir, n’est pas
924 La personne, telle que je viens de la définir, n’ est pas un état, mais un acte. L’homme devient personne dans la mesure où
925 il se manifeste concrètement, d’une façon qui lui est particulière, dans une tâche qui lui est propre et pour laquelle il e
926 qui lui est particulière, dans une tâche qui lui est propre et pour laquelle il est responsable. Alors que « l’individu »
927 une tâche qui lui est propre et pour laquelle il est responsable. Alors que « l’individu » se balade au gré des théories d
928 ncret d’une vocation. L’apparition de la personne est liée à l’apparition d’une tension. Car d’une part elle est déterminée
929 à l’apparition d’une tension. Car d’une part elle est déterminée par les conditions données, d’autre part elle a pour but d
930 ndre créatrices. Le type même d’une telle tension est celle qui s’établit entre deux hommes qui se rencontrent pour exécute
931 i se rencontrent pour exécuter une tâche commune, soit que l’un vienne en aide à l’autre (c’est la définition chrétienne du
932 (c’est la définition chrétienne du « prochain »), soit que tous deux, apportant des aptitudes différentes, les composent en
933 s, les composent en une force nouvelle. L’homme n’ est humain que lorsqu’il manifeste sa raison d’être particulière. Mais dè
934 n’est humain que lorsqu’il manifeste sa raison d’ être particulière. Mais dès qu’il la manifeste, il crée une nouveauté, c’e
935 assumer ce risque. La dignité de l’homme, c’est d’ être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irresponsables. Le « prolét
936 ’homme, c’est d’être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irresponsables. Le « prolétaire » tel que le fabrique le cap
937 « prolétaire » tel que le fabrique le capitalisme est défini par son irresponsabilité, et c’est pourquoi sa condition est d
938 irresponsabilité, et c’est pourquoi sa condition est dégradante. Mais elle ne l’est guère plus que celle du bourgeois atta
939 rquoi sa condition est dégradante. Mais elle ne l’ est guère plus que celle du bourgeois attaché à son bas de laine ou priso
940 nous empêchera pas de prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son prestige et sa valeur d’appel. L’héroïsme vérita
941 cle irréductible que rencontre le fascisme, qu’il soit de Berlin ou de Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’h
942 e le plus utile. La morale de l’ordre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale q
943 . Mais une morale qui exige de chaque homme qu’il tienne sa place unique dans la communauté. Qu’il ait à en répondre. Il n’y a
944 , et par là même solidariste : il faut que chacun soit à sa place. Est-ce trop simple pour les évasifs et les désespérés qui
945 solidariste : il faut que chacun soit à sa place. Est -ce trop simple pour les évasifs et les désespérés qui nous entourent 
946 es évasifs et les désespérés qui nous entourent ? Est -ce « trop subtil », trop « intellectuel », trop « théorique » pour le
947 her d’en user ? Sans doute. Et nos « valeurs » ne seront jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous nous adressons à des homme
948 ltent, par exemple. 63. Le fait que l’égalité ne soit possible que sur le plan politique, bien qu’elle soit prêchée à l’éco
949 possible que sur le plan politique, bien qu’elle soit prêchée à l’école comme une valeur morale, crée un abîme entre la vie
18 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIII. Triomphe de la Personne, (Aphorismes)
950 urope ; cela ne paraîtra pas même un comble, mais sera tenu pour un rien et moins encore par les politiciens « réalistes ».
951  ; cela ne paraîtra pas même un comble, mais sera tenu pour un rien et moins encore par les politiciens « réalistes ». Voilà
952 de raisonner sur des réalités irrationnelles ? Qu’ est -ce qui conduit les peuples ? Les intérêts et les passions. La politiq
953 lectorale. — C’est bien cela. — Mais alors vous n’ êtes rien ! Des artistes, des philosophes, des esthètes ! Des philanthrope
954 losophes, des esthètes ! Des philanthropes ! — Je suis d’accord, sauf pour esthètes. Je vois comme vous, d’autre part, que l
955 ules la vertu d’exciter l’enthousiasme. Mais vous êtes moins réalistes que vous ne croyez. Il y a par exemple une chose qui
956 le ignore davantage s’il se peut. Le monde actuel est né d’une révolution. Cette révolution n’a pas été sans théories. Vous
957 est né d’une révolution. Cette révolution n’a pas été sans théories. Vous savez bien utiliser dans vos discours Machiavel o
958 Maurras, voire Guesde et Jaurès. Leurs doctrines sont passées dans les mœurs, c’est pourquoi vous pensez qu’elles n’étaient
959 les mœurs, c’est pourquoi vous pensez qu’elles n’ étaient pas « philosophiques » au même titre que les nôtres. Nous revenons à
960 i ne dépendent pas du rendement électoral, et qui sont justement les plus concrètes, les modernes, qu’il faut plaindre, dise
961 il faut plaindre, disent et croient presque qu’on est inefficace. Ils ne veulent pas qu’on parle de ce qui vit, de ce qu’il
962 justifications » aux congrès radicaux : voilà qui est pratique, c’est-à-dire électoral. « Vous critiquez, c’est bien facile
963 oins, il fait quelque chose. — Que fait-il ? — Il est dans l’action politique, dans la lutte… — Dans la lutte électorale ?
964 ue ! — Dans la réalité électorale ? — Ah ! Vous n’ êtes que des intellectuels ! » Cela signifie : vous cherchez la vérité po
965 que », c’est-à-dire quelque chose d’électoral. Être « objectif » Dans nos plans, nous parlons des choses, de leur natu
966 e bien irritant. Le parti pris que nous affirmons est bien connu : il n’en est pas de plus simpliste. Nous ramenons tout à
967 pris que nous affirmons est bien connu : il n’en est pas de plus simpliste. Nous ramenons tout à l’homme et à ses intérêts
968 us « élevés » ? Non point, mais les plus dignes d’ être revendiqués par l’homme responsable de son activité : ce sont les int
969 qués par l’homme responsable de son activité : ce sont les intérêts de son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux d
970 politique qu’on leur sert, de Doumergue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous sommes objectifs qu’ils se méfient ;
971 ue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous sommes objectifs qu’ils se méfient ; c’est parce qu’ils se méfient qu’ils no
972 ’on veut atteindre par l’action politique peuvent être clairement définies, mais elles restent diverses et incommensurables
973 confondent avec ceux de la classe possédante, qui sont franchement matériels. Le communiste affirme : économique d’abord ! m
974 droite-gauche. Chacun sait qu’il ne suffit pas d’ être ruiné pour devenir marxiste, et qu’on peut posséder une auto et ne pa
975 donc bien admettre que les facteurs « matériels » sont singulièrement troublés par des facteurs « spirituels », et même que
976 ble vient de là. L’économie purement matérialiste serait simple, mais elle n’existe pas, à cause de l’« esprit ». C’est donc p
977 gélique. Que dit donc l’Évangile ? « Les premiers seront les derniers », c’est-à-dire : ce que l’homme place au premier rang d
978 mier rang d’un « ordre » humain et rien qu’humain sera au dernier rang de l’ordre spirituel, que Dieu ordonne. Et encore : l
979 tuel, que Dieu ordonne. Et encore : le plus grand est celui qui s’abaisse à servir les plus humbles dans leur abaissement.
980 utôt que de service. On voudrait que le spirituel soit honoré comme souverain d’une hiérarchie intangible, et l’on oublie qu
981 rchie intangible, et l’on oublie qu’un souverain, fût -il de droit divin — et peut-être surtout dans ce cas —, ne saurait fo
982 charge. Or, l’exercice du pouvoir spirituel nous est prescrit, par l’Évangile, comme un service dans l’abaissement. La pri
983 ce dans l’abaissement. La primauté du spirituel n’ est donc active et justifiée que pour autant que la personne se met au se
984 la personne se met au service du prochain. Elle n’ est pas une « valeur », mais un acte. Et cet acte n’a lieu que dans l’hum
985 très bien de se moquer des calligraphes. Mais ce sont eux qui nous apprennent à écrire, qui nous donnent les modèles, qui p
986 Il y a des gens qui estiment que la « pratique » étant très infidèle aux théories, on aurait pu tout aussi bien se passer de
987 vrait dire : le peuple tyran. Jamais souverain ne fut à ce degré jaloux de son aveuglement, impatient à l’égard de qui veut
988 ifices de langage : « Voilà, Sire, l’état où vous êtes  ! » Personne ne tente plus de délivrer le peuple souverain de ses fla
989 ntaines de petits Robespierre pour lui dire qu’il est infaillible ; et pour gouverner à sa place, sans raison et sans loyau
990 es individuelles, de leurs virtualités imaginées. Est -ce que peut-être ils ne croient pas plus que ça à ce qu’ils disent ?
991 n cause leur sincérité, je ne parle que de ce qui est contrôlable. « Si c’était vrai, ça se verrait », dit le peuple. N’ou
992 N’oublions pas que l’intellectuel d’aujourd’hui est avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu de s’agiter. Je me mé
993 ries d’action que proposent les incroyants. Benda est plus honnête, dans sa théorie de l’inaction. Tous les autres calculen
994 e sa vie à ses récentes opinions ? Allons, ils ne sont pas sérieux. Un chrétien a le droit de faire cette observation simpli
995 ourquoi le chrétien a-t-il ce droit ? Parce qu’il est plus actif que les autres ? Non, hélas ! Mais parce que, en tant que
996 r mécanique. Je veux rester un homme ! Mais ne le suis -je pas par cette seule volonté de l’être ? Il faut croire que non, et
997 is ne le suis-je pas par cette seule volonté de l’ être  ? Il faut croire que non, et que je suis encore mal assuré dans la vé
998 nté de l’être ? Il faut croire que non, et que je suis encore mal assuré dans la vérité que je sais. Je voudrais un aveu plu
999 que je sais. Je voudrais un aveu plus profond. Qu’ est -ce qu’un homme ? J’ai dit : un risque personnel64. Le règne qu’ils pr
1000 orter à notre audace un défi presque inespéré ? N’ est -ce point là notre plus belle chance de grandeur ? Ils nous tueront !
1001 e chance de grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’est pas cette mort-là qu’il nous faut craindre, mais
1002 ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’ est pas cette mort-là qu’il nous faut craindre, mais bien plutôt que les
1003 ndifférente et lâche. Presque tous les hommes ont été tentés une fois au moins par presque tout ce qui peut tenter un homme
1004 Et peut-être que tous les jeunes gens de ce temps sont tentés à la fois par le marxisme, le fascisme, et le libertinage bour
1005 la politique : non point que les gens qui la font soient très méchants ; mais ils manquent de sérieux humain. (J’ai dit aussi
1006 isages particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un mythe. C’est un état vaguement pressenti de réussite permanente, u
1007 ins, etc.), car chacun sait que l’état de bonheur est une chose trop fragile pour être définie et qui s’évanouit aussitôt q
1008 l’état de bonheur est une chose trop fragile pour être définie et qui s’évanouit aussitôt qu’on l’atteint. Vraiment, notre é
1009 vent presque tous nos contemporains, l’avantage d’ être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un ref
1010 d’être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’ est qu’un reflet, et un reflet terrestre et trouble, de cette félicité pr
1011 bonheur. Quant à l’Égalité, chacun le sait, elle est surtout la revendication de ceux qui voudraient être un peu plus 66 q
1012 t surtout la revendication de ceux qui voudraient être un peu plus 66 qu’ils ne sont, et qui s’en trouvent empêchés soit par
1013 ceux qui voudraient être un peu plus 66 qu’ils ne sont , et qui s’en trouvent empêchés soit par la condition dans laquelle il
1014 66 qu’ils ne sont, et qui s’en trouvent empêchés soit par la condition dans laquelle ils sont nés, soit par la nature même
1015 empêchés soit par la condition dans laquelle ils sont nés, soit par la nature même de leurs aptitudes. C’est à la fois le p
1016 soit par la condition dans laquelle ils sont nés, soit par la nature même de leurs aptitudes. C’est à la fois le plus insais
1017 tout les intellectuels de gauche) que le Français est « passionnément attaché à l’égalité ». C’est inexact, parce qu’il n’y
1018 artout ailleurs. Il faudrait dire que le Français est passionnément attaché à la revendication de l’égalité, et d’autant pl
1019 tant plus passionnément que ses coutumes sociales sont plus tyranniquement hiérarchisées et honorées. Le Français est l’être
1020 nniquement hiérarchisées et honorées. Le Français est l’être le plus « social » du monde. On l’admet volontiers, mais il fa
1021 ment hiérarchisées et honorées. Le Français est l’ être le plus « social » du monde. On l’admet volontiers, mais il faut voir
1022 lontiers, mais il faut voir ce que cela signifie. Être social, dans le sens de sociable, c’est honorer les catégories et con
1023 rge, à la tradition, au nom, au métier. Tout cela est nécessaire, légitime jusqu’à un certain point. Tout cela est éminemme
1024 ire, légitime jusqu’à un certain point. Tout cela est éminemment français. L’Allemand par exemple enviera toujours ce sens
1025 onfronter ses coutumes avec son idéal, car rien n’ est plus contradictoire. Le Français moyen, né social, et décidé à le res
1026 à le rester, a besoin d’affirmer hautement qu’il est égalitaire. C’est à peine paradoxal, c’est assez normalement humain.
1027 ais d’égalité. Il dit simplement que les premiers seront les derniers, et les derniers les premiers — dans le Royaume de Dieu.
1028 oncevable entre deux vocations, une fois qu’elles sont reçues et qu’il s’agit de les réaliser. Mais les hommes ont grand-peu
1029 onnaliste » reste entière. Ou plutôt elle cesse d’ être une chance pour devenir la seule chance humaine de l’humain. La perso
1030 ’il ne saura goûter. Le triomphe du personnalisme est aussi fatal que la continuation de la vie. Pas davantage. Qu’est-ce q
1031 que la continuation de la vie. Pas davantage. Qu’ est -ce que la continuation de la vie ? C’est la renaissance permanente d’
1032 tout le plaisir, tout l’honneur, toute la morale soient de faire vivre ceux-là mêmes qui lui refusent leur reconnaissance. (M
1033 orthodoxes, le mode de vie purement socialiste n’ est pas encore imaginable. Il dépend d’un ensemble économique qui n’a jam
1034 Il dépend d’un ensemble économique qui n’a jamais été réalisé. Car le plan quinquennal n’est qu’une première transition. L
1035 n’a jamais été réalisé. Car le plan quinquennal n’ est qu’une première transition. L’avènement du régime idéal demandera de
1036 n d’un style de vie personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de la force et du risque. Elle rit bien. Elle n’a pas
1037 l’argent, elle l’utilise quand il y en a. Elle n’ est pas excitée, révoltée, ni droguée, elle ne croit plus à la vertu des
1038 rce plus au désespoir. Elle veut connaître ce qui est . Surtout, elle prend ses responsabilités, et c’est cela qui est le pl
1039 elle prend ses responsabilités, et c’est cela qui est le plus nouveau et qui prouve qu’elle est en train de se créer un nou
1040 ela qui est le plus nouveau et qui prouve qu’elle est en train de se créer un nouveau style de vie. Prendre ses responsabil
1041 nouvelles générations de France et d’Angleterre. Est -ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen ? Aventures ? La révo
1042 rdre européen ? Aventures ? La révolution n’ est pas une aventure. Elle est la réalisation d’une doctrine de l’homme v
1043 s ? La révolution n’est pas une aventure. Elle est la réalisation d’une doctrine de l’homme véritable. La révolution n’e
1044 ne doctrine de l’homme véritable. La révolution n’ est pas un mythe, mais une action vigoureusement conditionnée par des but
1045 r des buts humains définis. Si ces buts pouvaient être atteints sans nulle émeute, sans nul emploi de la violence, la révolu
1046 te, sans nul emploi de la violence, la révolution serait pure, — si pure qu’elle en deviendrait invisible et qu’on pourrait n’
1047 ent durer, elles se défendent par la force, et ce sont elles qui provoquent les désordres et peignent en rouge la révolution
1048 et peignent en rouge la révolution. La révolution est créatrice. Mais elle ne crée pas n’importe quoi, elle ne crée pas à l
1049 s à l’aventure. Elle veut créer l’homme tel qu’il est . L’homme n’est égal à son humanité totale que là où il se montre créa
1050 Elle veut créer l’homme tel qu’il est. L’homme n’ est égal à son humanité totale que là où il se montre créateur de lui-mêm
1051 à où il se montre créateur de lui-même. Non, ce n’ est point un « homme nouveau » que la révolution fait sortir de nos ombre
1052 and on part pour une promenade de deux heures, on est fatigué au bout de la première heure. Quand on part pour une course d
1053 on part pour une course de dix-huit heures, on n’ est fatigué que vers la cinquième heure. Vers la huitième heure, la fatig
1054 la huitième à la dixième heure, par exemple, elle est loin d’augmenter autant que de la première à la deuxième heure d’une
1055 e heure d’une promenade de deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alpinistes et de tous ceux qui ont fait des vo
1056 qui ont fait des voyages à pied. Cela ne peut pas être expliqué par les dispositions prises au départ, encore qu’elles jouen
1057 nt un certain rôle, mais non pas décisif. Le fait est que la course est un total indécomposable, et que l’effort le mesure
1058 , mais non pas décisif. Le fait est que la course est un total indécomposable, et que l’effort le mesure d’avance et à chaq
1059 c’est-à-dire comme un tout. C’est donc la fin qui est décisive. (La distance du but.) Supposez maintenant qu’on vous dise :
1060 ort, sans nul espoir d’atteindre le but ! (Ce but étant caché dans la mort même.) L’incroyant — celui qui ne croit pas au but
1061 rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’ être pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plai
1062 onté de Dieu. Il ne s’agit pas d’être pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se
1063 laire, non pas de se plaire. 66. Par ce plus qui est le contenu paradoxal de la revendication d’égalité, s’introduit la no
1064 d’égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle est donc liée à l’insatisfaction. Curieuse incompatibilité, dans l’état a
1065 que du bonheur et de celle du progrès. Le bonheur est une mystique de droite, le progrès une mystique de gauche.
19 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIV. Tactique personnaliste
1066 trange si l’on y prête la moindre réflexion : ils tiennent les moyens de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient d
1067 de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les
1068 rapport aux idéaux qu’il s’agit d’imposer — et ce sont les mêmes passions —, discourir dans les mêmes lieux et prétendre aux
1069 undo : qu’ils se moquent de ces fins, quelles que soient , par ailleurs, leur conviction et leur sincérité. Fondés sur cette er
1070 s sur cette erreur commune, ils nous reprochent d’ être sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos
1071 ectorale. Si nous briguions leurs avantages, nous serions plus nigauds encore qu’ils ne le croient ; mais, comme il s’agit d’au
1072 de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est naïve. Quand on travaille dans le médiocre, on aurait tort, évidemmen
1073 Les moyens n’ont pas d’importance quand les fins sont mal définies. Mais nous visons des buts bien définis : il ne faut pas
1074 ard. Le grand problème de la pensée personnaliste est désormais de créer une tactique déduite de la nature de la personne e
1075 ns que la force, l’autorité valable et le pouvoir sont l’apanage de la personne, en fin de compte, et non du nombre. On s’im
1076 onne, des personnes animées par une certitude qui est de l’ordre du spirituel. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à dout
1077 vienne à faiblir, à douter de lui-même, l’armée n’ est plus une arme entre les mains des gouvernants. Tout régime, si bien a
1078 des gouvernants. Tout régime, si bien armé qu’il soit , s’écroule, dès lors que le principe de son pouvoir se montre défaill
1079 tuelle » — par opposition à la force matérielle — était passée du côté hitlérien. On pourrait sans difficulté multiplier de t
1080 lté multiplier de tels exemples. Et le moindre ne serait pas celui du régime kérenskyste, renversé presque sans coup férir par
1081 upement le plus ferme en doctrine, si petit qu’il soit , que revient la décision finale. Peu importe que ce groupement ait ou
1082 rdre qu’elle entend établir. Doctrine et tactique sont absolument inséparables dans la Révolution. Et si l’on vient à les sé
1083 a pas d’exemples que les buts de la Révolution ne soient du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalinienne est très typique. L
1084 du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalinienne est très typique. La dictature « de transition » fut installée au lendema
1085 est très typique. La dictature « de transition » fut installée au lendemain de la révolution d’Octobre pour assurer provis
1086 on. Et ces problèmes « autonomes » à leur tour se sont révélés si urgents que la doctrine, toujours ajournée sous d’excellen
1087 de ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’ est et ne peut être rien d’autre que l’actualisation de sa doctrine. Avan
1088 tactique propre à un tel groupe n’est et ne peut être rien d’autre que l’actualisation de sa doctrine. Avant de proposer qu
1089 es déduites de notre position personnaliste, il n’ est pas inutile de formuler quelques remarques sur la valeur générale — i
1090 nique générale, dans le désordre inévitable, elle est la pierre de touche de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent ser
1091 che de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent seront les seuls à demeurer calmes parmi les foules affolées, à l’heure où l
1092 foules affolées, à l’heure où la force efficace n’ est plus celle des fusils — qui partent tout seuls et dans tous les sens 
1093 me ; 2° La doctrine d’un groupe révolutionnaire n’ est pas seulement théorique, elle est aussi militante. Elle s’applique à
1094 volutionnaire n’est pas seulement théorique, elle est aussi militante. Elle s’applique à interpréter tous les faits en vue
1095 ter tous les faits en vue de la révolution : elle est donc un choix perpétuel et partial dans la réalité. Elle possède ains
1096 sans cesse aux actes nécessaires ; 3° La doctrine est enseignante par nature, comme la révolution qui est toujours et tout
1097 t enseignante par nature, comme la révolution qui est toujours et tout d’abord enseignement, orientation — prise de conscie
1098 litante. Qu’importe, si les buts de la révolution sont assez hauts ? Les revendications de la majorité des hommes sont court
1099 ts ? Les revendications de la majorité des hommes sont courtes, et trop souvent mal exprimées. C’est la doctrine de la révol
1100 s confuses, une révolution véritable. La doctrine est seule créatrice d’une liberté que l’homme des rues reste incapable de
1101 et ses colères désordonnées ; 4° « Une révolution est sanglante dans la mesure où elle est mal préparée67. » C’est dire que
1102 e révolution est sanglante dans la mesure où elle est mal préparée67. » C’est dire que le sang versé par les émeutes mesure
1103 n. À cet égard, on peut bien dire que la doctrine est instrument de paix, au moins autant que de rénovation : à condition q
1104 umer la situation en une formule, je dirai que ce fut le choc des « défenseurs de l’ordre » (les Anciens Combattants) et de
1105 ire les moyens de la fin. (Les communistes russes sont prisonniers d’une maxime inverse.) 2. Ne rien utiliser qui n’ait déjà
1106 d’un certain puritanisme, etc.) 3. Un chef doit être pauvre et savoir que la richesse affaiblit. (Si cela est admis, il n’
1107 vre et savoir que la richesse affaiblit. (Si cela est admis, il n’est plus nécessaire de beaucoup discourir sur les autres
1108 e la richesse affaiblit. (Si cela est admis, il n’ est plus nécessaire de beaucoup discourir sur les autres vertus morales.)
1109 iers du désordre établi. (Car cet homme convaincu sera l’impondérable dont dépendra la décision. On parle volontiers de ces
1110 vailler avec « les masses » !) 5. L’ordre nouveau est dès maintenant une mise en ordre. Cela signifie que la période de tra
1111 ue la période de transition au nouvel état social est dès maintenant inaugurée, à l’intérieur du désordre établi. (Condamna
1112 d’un pays, dont il s’agit de se rendre maître, ne sont pas seulement ceux du régime actuel, mais surtout ceux du régime nouv
1113 mais surtout ceux du régime nouveau. (Car nous ne sommes pas des émeutiers, mais des constructeurs.) 7. Ce n’est pas la masse
1114 s des émeutiers, mais des constructeurs.) 7. Ce n’ est pas la masse informe qu’il s’agit d’émouvoir, mais il nous faut attei
1115 titre l’épithète de « démocratique », si le mot n’ était perverti par l’usage qu’en ont fait les individualistes.) La troupe d
1116 listes.) La troupe d’assaut et la brigade de choc sont instruments de dictature. L’ordre nouveau sera l’œuvre d’un « ordre »
1117 oc sont instruments de dictature. L’ordre nouveau sera l’œuvre d’un « ordre » analogue aux anciens ordres de chevalerie. Son
1118 non par refus du monde, mais parce que le monde n’ est jamais plus fort qu’une volonté de pauvreté. Pauvre, mais d’une pauvr
1119 econnaissent à ce signe invisible et certain : ce sont des hommes, si grands qu’ils soient parfois, qui sont moins grands qu
1120 et certain : ce sont des hommes, si grands qu’ils soient parfois, qui sont moins grands que leur mission. 67. Aron et Dandi
1121 des hommes, si grands qu’ils soient parfois, qui sont moins grands que leur mission. 67. Aron et Dandieu : La Révolution
20 1934, Politique de la personne. Appendice — 1. Liberté ou chômage ?
1122 er ou sur le second membre de la phrase —, ce cri est significatif de l’étrange équivoque cultivée par la bourgeoisie capit
1123 oir bientôt réveillée par une brutalité dont elle est entièrement responsable. Droit au travail, droit au loisir, on sait e
1124 ins consciente de cette morale, que le soviétisme est en train de rajeunir, Staline prenant glorieusement la suite de Benja
1125 u près universelle. ⁂ Le terme de « travailleur » est devenu dans le monde moderne à peu près synonyme de travailleur indus
1126 médiatement ressortir le paradoxe. En effet, quel est le but de la machine ? Une économie de travail. Le machinisme est, en
1127 machine ? Une économie de travail. Le machinisme est , en principe, destiné à créer du loisir, dans une société dont la rel
1128 isir, dans une société dont la religion dominante est la religion du travail mécanique. Cette société n’accorde pas au lois
1129 jours plus grandes de loisir. C’est pourquoi elle est condamnée à une espèce de dégradation, dans la mesure même où son eff
1130 berté, le machinisme crée du chômage. Ce paradoxe est lié à l’essence même de la société capitaliste-bourgeoise. On pouvait
1131 adiers de choc — que, le domaine de la production étant illimité, il n’y avait pas lieu de prévoir sérieusement le moment où,
1132 nt le moment où, une certaine limite d’absorption étant atteinte, le machinisme développerait son pouvoir réel de « libératio
1133 perpétuellement future. Le jour où elle a cessé d’ être illusoire, on s’est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage, tell
1134 e. Le jour où elle a cessé d’être illusoire, on s’ est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage, telle est la véritable f
1135 u forcé de la baptiser chômage. Le chômage, telle est la véritable fin, tel est le véritable nom du Progrès, dans un monde
1136 mage. Le chômage, telle est la véritable fin, tel est le véritable nom du Progrès, dans un monde dont le matérialisme fonci
1137 monde dont le matérialisme foncier ne pourra plus être longtemps masqué par le moralisme bourgeois ou « quinquennal ». Il n’
1138 me de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascension est relativement lente et passe, par exemple, pour les États-Unis, de l’i
1139 par homme se met à croître avec une rapidité qui tient du fantastique. L’index général passe de 104 en 1919 à 125 en 1923. S
1140 ctuelles y prêtent, il faut le dire plus qu’il ne serait nécessaire pour la clarté de la démonstration. Car si le chômage tech
1141 uvoir productif se manifeste dès l’année 1923, il est neutralisé jusque vers 1929-1930, dans une mesure à vrai dire décrois
1142 squent les effets statistiques, sinon réels. Ce n’ est donc guère que depuis trois ou quatre ans que le saut de 1921 déploie
1143 conception purement quantitative de l’activité, n’ est plus une mystique de classe : elle est devenue quasi universelle. Que
1144 ctivité, n’est plus une mystique de classe : elle est devenue quasi universelle. Que le « travailleur » soit considéré comm
1145 devenue quasi universelle. Que le « travailleur » soit considéré comme une matière inerte, une quantité calculable, justicia
1146 e, qu’on puisse en couper (ou en remettre si l’on est en URSS) selon les seules nécessités internes de la production machin
1147 enons d’avancer : parce que le champ d’absorption est loin d’être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde
1148 ncer : parce que le champ d’absorption est loin d’ être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde aux machines
1149 homme au labeur qu’on mesure et tarife. Et l’on s’ est mis à calculer avec les hommes, comme s’ils n’étaient plus des hommes
1150 est mis à calculer avec les hommes, comme s’ils n’ étaient plus des hommes. On les a pris d’ici pour les poser là, côte à côte,
1151 rté on a fait le chômage. Mais la misère présente est un appel à l’homme. Seuls sauront y répondre en pleine efficacité ceu
1152 ndre en pleine efficacité ceux pour lesquels il n’ est pas de salut hors de cette réalité perpétuellement réparatrice et pro
21 1934, Politique de la personne. Appendice — 2. Loisir ou temps vide ?
1153 que, à la limite, de les priver de toute raison d’ être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle des
1154 èlement, de la corruption spirituelle des loisirs est née la présente corruption du travail. Notre siècle ne connaît plus n
1155  » ou « Je produis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injust
1156 nées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des rythmes créateurs. Elle exprime simplement l
1157 a production et la consommation. Cette division n’ est pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons d
1158 dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’ est pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que
1159 orsque l’homme renonce à créer, son « travail » n’ est plus que souffrance. Il ne s’agit plus d’accoucher, mais seulement de
1160 publicité et de plans quinquennaux. Leurs moyens sont plus simples, plus élégants. Ni plus ni moins efficaces d’ailleurs. ⁂
1161 — c’est peut-être perdre sa vie. Cette opposition est tellement radicale, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit de
1162 is à la liberté, au loisir plein. Si la liberté n’ est pas à l’origine d’un système, elle ne s’introduira jamais dans ses ef
1163 ans un monde où le libre divertissement de chacun sera la condition du libre abrutissement de tous par la propagande élector
1164 si l’on convient que la mesure du travail ne peut être prise ailleurs que dans la capacité humaine d’utiliser les effets du
1165 du « temps vuide » et c’est chômage. Tout le mal est venu d’une séparation, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses s
1166 ion, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont toujours plus complexes que nos sommations, tout le mal moderne est s
1167 complexes que nos sommations, tout le mal moderne est symbolisé par cette disjonction du travail et du loisir, dont il faut
1168 sorte que le « temps vuide » de l’Encyclopédie n’ est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’un temps rempli, d’un
1169 r un monde impensable, le nôtre. Car si le loisir est simplement le contraire du travail, et son but ; si le labeur et le r
1170 responsables, à penser dans le risque total de l’ être , qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous diron
1171 les, à penser dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : le bu
1172 créatrices. Nous dirons : le but du travail, ce n’ est pas le loisir, mais la création. Et le but du loisir, ce n’est pas la
1173 isir, mais la création. Et le but du loisir, ce n’ est pas la jouissance, mais la création. Nous n’avons pas le goût du vide
1174 ouveront leur commun sens : dans l’actualité de l’ être , où ils ne seront plus que les temps alternés d’une plénitude joyeuse
1175 mmun sens : dans l’actualité de l’être, où ils ne seront plus que les temps alternés d’une plénitude joyeusement renouvelée. L
1176 ur créer un risque nouveau. Le temps de cet homme est plein, et nul n’y pourrait distinguer des heures « creuses » ou des e
1177 r des heures « creuses » ou des efforts stériles. Est -ce un long loisir créateur ? Un long travail d’enfantement ? Cela ne
1178 ntemple, il apprend, il calcule. Au terme qu’il s’ était fixé, le voici devant son seigneur. « Ton tableau ? » — « Qu’on m’app
1179 iquerai donc encore : 1° que si l’erreur initiale fut bien spirituelle, notre tâche constructive est d’abord d’ordre spirit
1180 le fut bien spirituelle, notre tâche constructive est d’abord d’ordre spirituel. Qui dit précédence dit primauté. 2° que da
1181 non toutefois l’organisation des loisirs, qui lui sera tôt ou tard conjointe. 3° que si l’on veut sauvegarder l’acte créateu
1182 ure du travail créateur, l’émulation socialiste n’ est rien d’autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une
1183 r introduire un peu de joie dans une activité qui est la négation même de la création ; activité purement « nécessitée » pa
22 1934, Politique de la personne. Appendice — 3. Groupements personnalistes
1184 ion récente. Il ne faut pas oublier que la France est le pays qui a vu le plus grand nombre de révolutions depuis cent-cinq
1185 is cent-cinquante ans. C’est peut-être qu’elles y étaient plus nécessaires qu’ailleurs, du fait de l’échec de la Réforme. Il n’
1186 ’en reste pas moins que, toute bourgeoise qu’elle soit et qu’elle apparaisse aux yeux du monde entier, la France possède une
1187 e ce pays. C’est Proudhon, et non point Marx, qui sera le prophète d’une révolution réellement française et humaine. Proudho
1188 jà d’innombrables adhésions, si seulement elles s’ étaient données pour des doctrines de droite ou de gauche. Mais c’est précisé
1189 on marxiste et anticapitaliste, qui depuis lors s’ est précisée et développée. Les deux groupes de tête du mouvement restent
1190 ieurs à ceux de l’État, qui doit normalement leur être subordonné ; affirmation de la primauté nécessaire du spirituel (qu’i
1191 même dans la civilisation mécanique. Ainsi, pour être moins bruyant et moins démagogique, le combat qu’ils mènent est beauc
1192 ant et moins démagogique, le combat qu’ils mènent est beaucoup plus radical au sens étymologique du terme : c’est aux racin
1193 ions. Mais il ne suffit pas qu’un point de départ soit juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ se transform
1194 . Et c’est ici que nos deux groupes divergent. Qu’ est -ce que L’Ordre nouveau  ? Un comité d’écrivains et de techniciens. A
1195 paraît sous ce titre depuis le mois de mai 1933, est essentiellement orienté vers la création. C’est en vain que l’on cher
1196 jeunesse, mais la jeunesse qu’ils ont atteinte n’ est pas celle qui voulait être flattée. Et ce n’est pas l’exaspération du
1197 e qu’ils ont atteinte n’est pas celle qui voulait être flattée. Et ce n’est pas l’exaspération du ton qui mesure l’efficacit
1198 n’est pas celle qui voulait être flattée. Et ce n’ est pas l’exaspération du ton qui mesure l’efficacité d’une prise de cons
1199 mun pour cette génération : la violence véritable est celle des constructeurs76. Le premier manifeste publié par L’Ordre n
1200 Économique ensuite, Politique à leur service. Il est facile d’indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ord
1201 ution nécessaire 77. Sa revendication essentielle est l’abolition de la condition prolétarienne par le moyen du service civ
1202 . L’assimilation de la personne à un acte78, tel est donc le fait spirituel, le fait humain par excellence auquel l’ordre
1203 ne façon immédiate toutes ses institutions. Telle est la « primauté du spirituel » qu’il ne cesse d’invoquer au risque, il
1204 ectique.) L’influence des idées « ordre nouveau » est beaucoup plus considérable qu’on ne le croirait à lire la presse poli
1205 la jeunesse française fait siens depuis un an ont été lancés par l’ON qui a eu l’adresse de ne pas en faire une sorte de pr
1206 r les ligues d’anciens combattants (dont l’action sera peut-être décisive l’année prochaine) ; l’idée de la « mission person
1207 ements de gauche. L’organisation du service civil est l’objet des études patientes d’un groupe d’ingénieurs qui sont en tra
1208 des études patientes d’un groupe d’ingénieurs qui sont en train de la chiffrer et de la traduire en lois. Son but, je l’ai d
1209 t de la traduire en lois. Son but, je l’ai dit, n’ est rien de moins que la suppression de la condition prolétarienne. Ses m
1210 ice. Tout le reste de la production « qualifiée » serait libre, et placé sous la responsabilité de corporations régionales. Ai
1211 stiques et de répartition ; les tâches politiques étant confiées à la fédération des « petites patries régionales ».   « Prim
1212 , victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux qui disent Esprit ! Esprit !… » Mais tandis que L’Ordre nou
1213 l » qualifiant l’acte personnel — et cette nuance est capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’Esprit est d’insp
1214 te personnel — et cette nuance est capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’Esprit est d’inspiration spécifiquem
1215 —, il est incontestable que l’« esprit » d’Esprit est d’inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ailleurs franch
1216 Nous voulons. Inspirés par L’Ordre nouveau , ils sont cependant autonomes. 76. Sur la position du groupe relativement aux
1217 . Voir plus loin une analyse de ce livre. 78. N’ est -ce pas ainsi que l’Évangile définit la notion fondamentale de prochai
1218 n, c’est celui qui pratique la miséricorde ; ce n’ est pas le simple voisin.
23 1934, Politique de la personne. Appendice — 4. Ni droite ni gauche
1219 omprendre, mais jusqu’aux moelles, que le monde n’ est pas un parlement, qu’il ne s’agit pas pour nous d’aller nous asseoir
1220 ns courantes, qui ont déjà classé l’affaire comme étant « de gauche » ou « de droite ». (Nous entendons cette expression : cl
1221 la condition nécessaire. « Ni droite ni gauche » est d’abord une formule critique. Elle signifie la condamnation des parti
1222 à la région ou à la profession dans laquelle il s’ est posé. Et on le reposera sur un plan « général » (dans le cadre étatis
1223 és auprès des électeurs si par hasard la solution est adoptée. Accordons, pour simplifier, trente-trois pour cent d’influen
1224 ence de la majorité, et un scrutin de pure forme, sera versé au dossier d’un ministère éphémère, puis livré au sadisme des f
1225 les revendications politiques qu’elle comporte ne sont pas l’« aboutissement » de ses principes sur le plan des réalisations
1226 t de transformations forcément équivoques ; elles sont , bien au contraire, l’expression immédiate de ces principes. Ce que n
1227 ui ont à l’exercer sans nul intermédiaire, que ce soient les communes ou les corporations, les syndicats ou les fédérations. L
1228 le du point de vue révolutionnaire. Celui-là seul est mûr pour la révolution qui a compris l’absurdité d’une pareille class
24 1934, Politique de la personne. Appendice — 5. La Révolution nécessaire
1229 ent. Car pour « l’économiste distingué », nous en sommes pourvus, fort au-delà du nécessaire. (Il y a même quelques députés.)
1230 on de l’inhumaine « condition prolétarienne ». Il est bon de noter que cette conception dépasse les rêveries marxistes dans
1231 dans leur domaine de prédilection. Mais voilà qui est plus important : elle se révèle immédiatement réalisable. Les travaux
1232 e ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’ être hommes, et sachent s’emparer des puissances libératrices qu’on leur p
1233 riment des principes dont elles procèdent, et qui sont à mes yeux beaucoup plus graves et significatifs. Le mépris dans lequ
1234 graves et significatifs. Le mépris dans lequel on tient aujourd’hui le théoricien est peut-être la juste punition d’une intel
1235 is dans lequel on tient aujourd’hui le théoricien est peut-être la juste punition d’une intelligentsia dont toute la « dist
1236 hique —, seule et par elle-même transitive, telle est , pour Aron et Dandieu, la Révolution véritable. Cela ne signifie poin
1237 défaut de préparation doctrinale, — ce mot devant être entendu, répétons-le, dans l’acception la plus littéralement « actuel
1238 ’Esquisse d’une théorie générale de la Révolution est un effort pour retrouver le contenu concret et précis du grand mot de
1239 créatrice, c’est bien cette faculté de libérer l’ être des mots. Esprit et Révolution… « Le malaise révolutionnaire et la co
1240 aise révolutionnaire et la confusion des idées en sont arrivés à un tel point que les deux mots ont l’air bien souvent de s’
1241 opposer. À force de considérer d’une part qu’il n’ est d’autre révolution que la révolution matérialiste, à force d’autre pa
1242 r l’esprit le contresens habituel qui le réduit à être une faculté purement intellectuelle, sans contact avec les événements
1243 ct avec les événements, sans action effective, on est parvenu à stériliser l’un et l’autre, en privant la révolution de son
1244 e la révolution, s’exprime par la violence ; ce n’ est pas une faculté d’usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres de
1245 ci de conservation et d’expansion81. » Ce langage est clair. Seuls les « petits purs » jugeront sans doute utile et astucie
1246 oir un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’ est que l’empreinte négative. On abuse singulièrement du mot « esprit » d
1247 e « contresens habituel sur l’esprit » n’a jamais été son fait, mais bien celui, intéressé, de certains de ses adversaires,
1248 orps, la divinisation hégélienne de l’esprit pur, sont en réalité à l’origine même du désordre actuellement établi, qu’il se
1249 s connaissons désormais le monstrueux visage, qui est celui de l’État totalitaire ? — « Nous sommes sur la terre décisive… 
1250 e, qui est celui de l’État totalitaire ? — « Nous sommes sur la terre décisive… » 79. Par Robert Aron et Arnaud Dandieu. (Gr
1251 puyant sur une documentation dont la formule même est une trouvaille. (Travaux de Mans sur le potlatch.) 81. À quoi j’ajo
1252 Et au groupe de L’Ordre nouveau , le seul qui se soit exprimé sur ce point avec netteté (Cf. le numéro 3 de sa revue).