1
e. Je réponds que je voudrais bien n’avoir jamais
été
forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que
2
n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel
est
le malheur des temps : pour peu que l’intellectuel d’aujourd’hui ait
3
s rusée que les bureaucrates. La brimade étatique
est
beaucoup plus perfide : elle consiste, en principe, à exiger de l’int
4
officielle, et qui n’a plus de cesse qu’il n’ait
été
loué par ses plus conscientes victimes. Je veux bien obéir aux décret
5
rets du tyran ; je ne veux pas qu’on exige que ce
soit
de bon cœur. Je me défends en attaquant. Je préfère porter cette guer
6
ngagé malgré lui dans le désordre de l’époque. Ce
sont
là des motifs égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques autres, il est vr
7
égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques autres, il
est
vrai. Mais ne vaut-il pas mieux les taire, dans un temps où certain h
8
s un conflit concret, — et découvre bientôt qu’il
est
social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle avait
9
ouvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’
était
pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir ch
10
tances, et provoquer des adversaires plus nobles.
Est
-ce que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx
11
que tout se ramène à des querelles de gros sous ?
Est
-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot d
12
uerelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison,
est
-ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances morales ? P
13
Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique
serait
le dernier mot des souffrances morales ? Pour peu qu’on sorte de sa c
14
morales ? Pour peu qu’on sorte de sa chambre, on
est
presque forcé d’en convenir3. Mais c’est cela qui est révoltant, c’es
15
presque forcé d’en convenir3. Mais c’est cela qui
est
révoltant, c’est cela qu’il faut dénoncer. C’est pour aider à changer
16
d’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que
soit
par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que
17
tre à son dégoût, accepte le combat tel qu’il lui
est
offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce risque
18
é ce risque à la politique de l’autruche. L’issue
fût
-elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. 1. Je ne suis pas
19
e. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’
est
-elle pas. 1. Je ne suis pas pacifiste par doctrine. Mais pourquoi d
20
pérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. 1. Je ne
suis
pas pacifiste par doctrine. Mais pourquoi dire que la guerre est « mo
21
te par doctrine. Mais pourquoi dire que la guerre
est
« morale » ou qu’elle est « juste et nécessaire » ? Nécessité et just
22
quoi dire que la guerre est « morale » ou qu’elle
est
« juste et nécessaire » ? Nécessité et justice sont deux choses ; et
23
st « juste et nécessaire » ? Nécessité et justice
sont
deux choses ; et la morale voudrait qu’on ne fît pas de guerre. D’ail
24
fît pas de guerre. D’ailleurs la guerre moderne n’
est
plus la guerre. Elle naît d’une mainmise de la finance sur les sentim
25
enda dirait qu’il préfère garder la chambre. S’il
était
moine, on le comprendrait mieux…
26
et impuissance du clerc qui s’engage Le risque
est
la santé de la pensée, à condition toutefois qu’elle l’envisage sans
27
agée que celle que doit jouer notre génération, n’
est
pas de ceux dont on puisse parler avec une légèreté de bon aloi. Je n
28
impénitent ». L’expression, dans un certain sens,
est
fort exacte. Nous vivons à l’époque de la plus juste pénitence des in
29
scepticisme réaliste. L’intelligentsia citadine s’
est
mise tout entière à l’école de Montaigne : « Les autres forment l’hom
30
t même le déformer de telle sorte que la pensée n’
est
plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont p
31
rationnelle. La ruine de leurs finances va-t-elle
être
le commencement de leur sagesse ? Il faudrait pour cela qu’on leur of
32
les clercs dont on pouvait croire que la mission
était
de penser leur époque ? Ils s’en garderont bien, pour les raisons qu’
33
délèguent au chef inconnu le droit et le risque d’
être
homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils sont prêts pour les dic
34
tre homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils
sont
prêts pour les dictatures. Et c’est ainsi que la séparation de la doc
35
isceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’
est
plus faire de la doctrine, mais bien, et quoi qu’on veuille, jouer le
36
ites par les clercs pour « repenser l’époque » ne
sont
point trop encourageantes. Ne les voyons-nous pas, pour cette importa
37
meurt soldat, ivre ou lucide, peu importe, ce ne
sera
pas dans son lit5. Certaines réalités se rappellent à nous avec un sé
38
pe de clercs, fort désireux d’aller au peuple. On
est
frappé cependant de voir que ce goût du pratique n’aboutit, pratiquem
39
ispense de porter sérieusement nos angoisses ; il
est
certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agi
40
usement nos angoisses ; il est certain que cela n’
est
pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agir au moins autant que d
41
sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’
est
plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté s
42
ibération d’un journaliste allemand de gauche. Où
seront
placardées ces affiches ? À Paris. Hitler, plusieurs fois renversé pa
43
r des intellectuels et son usage Si le désordre
est
tel que la pensée n’engrène plus à rien ; et si la pensée « débrayée
44
eule et même erreur initiale sur l’homme. L’homme
est
un animal pensant, nous apprend-on dès l’école primaire. Il n’est ni
45
nsant, nous apprend-on dès l’école primaire. Il n’
est
ni ange, ni bête, on se plaît à le répéter. Et nous voyons pourtant q
46
nt que les hommes de ce temps pensent comme s’ils
étaient
anges, et agissent comme bêtes. Le mal qui est dans l’action n’a pas
47
taient anges, et agissent comme bêtes. Le mal qui
est
dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pen
48
l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui
est
dans la pensée. Politiciens ou clercs, ils oublient ce qu’est l’homme
49
pensée. Politiciens ou clercs, ils oublient ce qu’
est
l’homme. Ils ont perdu de vue sa définition même. Leur point de dépar
50
u de vue sa définition même. Leur point de départ
est
faux, et leurs efforts les plus sincères aboutissent au malheur de l’
51
oir des intellectuels, dans la situation qui nous
est
faite, c’est de rechercher l’homme perdu. C’est aussi là leur seul po
52
rdirait, toute question de talent mise à part. Il
est
clair que le monde moderne n’est pas conduit par des raisons, plus ou
53
mise à part. Il est clair que le monde moderne n’
est
pas conduit par des raisons, plus ou moins bonnes, mais par des folie
54
i se croit dans son bon sens, à elle ! Les hommes
sont
malades de la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’est pas u
55
la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’
est
pas une raison, si l’on en sait la cause, pour la taire, et pour reno
56
t pour renoncer à vanter le remède que l’on pense
tenir
. Ils sont en train de se déshumaniser : ce n’est pas une raison pour
57
ncer à vanter le remède que l’on pense tenir. Ils
sont
en train de se déshumaniser : ce n’est pas une raison pour renoncer à
58
enir. Ils sont en train de se déshumaniser : ce n’
est
pas une raison pour renoncer à ce qu’on sait être l’humain, pour reno
59
’est pas une raison pour renoncer à ce qu’on sait
être
l’humain, pour renoncer à être un homme. La plupart des folies qu’on
60
er à ce qu’on sait être l’humain, pour renoncer à
être
un homme. La plupart des folies qu’on nous dit toutes-puissantes, et
61
et devant lesquelles on se courbe parce qu’elles
sont
, soi-disant, fatales, perdent beaucoup de leur majesté redoutable, dè
62
espèce de scandale. Les groupes qui le défendent
sont
petits, mal connus7. On les accuse d’utopie. Ils tablent en effet sur
63
Ils constatent que, dans la réalité politique, ce
sont
encore des hommes qui agissent, et non pas du tout ces faux dieux qu’
64
hodique aux calculs ingénieux des sociologues. Il
est
d’ailleurs probable que la sociologie n’est qu’une science de mythoma
65
s. Il est d’ailleurs probable que la sociologie n’
est
qu’une science de mythomanes. J’y verrais même le symptôme d’une espè
66
s et ses pensées : l’un des plus caractéristiques
est
justement cette pensée sociologique qui voudrait codifier la loi d’év
67
d’évolution des « masses » comme si les masses n’
étaient
pas faites d’hommes, c’est-à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre
68
à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre trouble
est
cet amour théorique de l’Humanité, qui traduit une fuite devant l’hum
69
uite devant l’humanité particulière telle qu’elle
est
incarnée par le prochain visible. Sociologues et humanitaires souffre
70
nds mouvements sociaux contemporains (hitlérisme)
est
très frappant. Il n’y a pas lieu d’insister sur ce point après tant d
71
éduire ceci : La première tâche des intellectuels
est
, aujourd’hui, de conduire une critique des mythes collectivistes nés
72
onnalistes . 8. Les Déterminismes économiques ne
sont
pas venus au secours des chefs communistes allemands. Et ce n’est pas
73
secours des chefs communistes allemands. Et ce n’
est
pas la Fatalité qui prépare les guerres, mais plutôt, à en croire cer
74
e politique à hauteur d’homme Toute la question
est
de savoir à quel niveau l’on situe le concret ; à quelles fins les po
75
irs entendent mener les hommes. Toute la question
est
de savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle polit
76
estion est de savoir quelle définition de l’homme
est
impliquée dans telle politique qu’on défend. C’est cette question qu’
77
r dans le monde des politiciens ! Si la Politique
est
l’art de gouverner les hommes, il ne saurait être indifférent à ceux
78
est l’art de gouverner les hommes, il ne saurait
être
indifférent à ceux qui l’exercent de connaître d’abord ce qu’est l’ho
79
à ceux qui l’exercent de connaître d’abord ce qu’
est
l’homme, quelles sont les conditions de son humanité, à quelles règle
80
t de connaître d’abord ce qu’est l’homme, quelles
sont
les conditions de son humanité, à quelles règles il faut se plier pou
81
l faut se plier pour respecter en lui sa raison d’
être
. Les partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni à dr
82
on d’être. Les partis politiques ne possèdent, il
est
vrai, ni à gauche ni à droite, aucune définition de l’homme9. C’est p
83
une raison suffisante pour estimer que ces partis
sont
tous également malfaisants. Beaucoup de gens commencent à sentir cela
84
réaliste, opportuniste ou empirique, mais qui ne
sont
en fait qu’une énorme combine montée sur un fond d’ignorance par quel
85
e de croire par exemple qu’un bon agent électoral
est
un homme qui connaît les hommes ; cesse de s’en laisser imposer par l
86
s. Et je la vois trop ignorante dans cet art pour
être
en rien touchée par ces artistes. Ils cesseront d’ailleurs de jouer d
87
dictature, parce que le centre vivant d’un pays n’
est
pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des cit
88
st pas dans un organisme de contrainte, mais doit
être
en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas, une
89
mais doit être en chacun des citoyens conscients,
fussent
-ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’hommes réellement hu
90
le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut
être
humanisé. Le but de la société, c’est la personne. On n’y atteindra j
91
té capitaliste », écrit : « Mais cette iniquité n’
est
elle-même que le résultat d’une erreur plus profonde. Elle traduit, d
92
5.En dernier ressort Quel que
soit
le dégoût qu’inspire au clerc l’action publique, je pense qu’il doit
93
mes pourraient ou devraient s’égaler. Mais quelle
sera
la valeur du modèle que l’homme peut imaginer de lui-même ? Elle ne s
94
e que l’homme peut imaginer de lui-même ? Elle ne
sera
jamais que relative, vouée dès sa naissance à la dégradation commune.
95
me historique n’a existé dans l’absolu, ni n’a pu
être
imaginé dans un absolu existant. Le plus sublime modèle et le plus at
96
agination la plus dynamique de l’homme parfait ne
sera
jamais pour nous qu’une utopie dont rien n’atteste la réalité, la pui
97
a haine pour tout idéal un peu haut : il faudrait
être
fou pour persister longtemps dans l’effort périlleux de le lui impose
98
corde un triomphe fictif. Les dictatures modernes
sont
nées de tels chantages. Et l’on ne sait qui perd le plus à ces victoi
99
un bras se tende. Le chrétien sait que ce bras s’
est
tendu. La foi est un ordre reçu, obéi et ordonnateur. Elle contient t
100
Le chrétien sait que ce bras s’est tendu. La foi
est
un ordre reçu, obéi et ordonnateur. Elle contient tout ensemble, dans
101
ir sur le plan politique, si d’une part toute foi
est
action, s’il est vrai d’autre part qu’une action quelconque, d’ordre
102
litique, si d’une part toute foi est action, s’il
est
vrai d’autre part qu’une action quelconque, d’ordre intellectuel par
103
position du chrétien dans le monde d’aujourd’hui
est
trop exceptionnelle — sinon même scandaleuse — pour qu’on puisse négl
104
d’équivoque ? Dès qu’il fait de la politique, il
est
bien obligé de parler le langage du monde, et cependant il l’entend a
105
du monde, et cependant il l’entend autrement ; il
est
bien obligé de formuler des revendications concrètes, et cependant l’
106
rètes, et cependant l’objet de ces revendications
est
toujours relatif, subordonné à une fin transcendante, jugé par elle,
107
désillusionné ! C’est dans cette situation qu’ont
été
composés les essais qu’on va lire. Et si j’ose parler d’équivoque, c’
108
équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs d’
être
trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, de su
109
être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’
est
pas, je crois, de supprimer les difficultés de cet ordre, encore moin
110
veut-il en venir ? Va-t-il à gauche ? à droite ?
Est
-il rouge, est-il blanc ? Il est contre les communistes et les fascist
111
nir ? Va-t-il à gauche ? à droite ? Est-il rouge,
est
-il blanc ? Il est contre les communistes et les fascistes, mais aussi
112
uche ? à droite ? Est-il rouge, est-il blanc ? Il
est
contre les communistes et les fascistes, mais aussi contre « l’ordre
113
e. Il nous parle de la personne : il veut qu’elle
soit
la mesure de tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous l
114
le soit la mesure de tout, mais il ajoute qu’elle
est
très rare, et il nous laisse très perplexes, etc. » Si le lecteur se
115
ce lecteur au carrefour de quelques problèmes qui
sont
, je crois, ceux qui se posent. À qui se posent-ils ? Et comment les a
116
indiquer pour finir. I. Le malheur de l’homme
est
toujours plus grand qu’on ne le croirait à lire des essais politiques
117
raît sous un jour nouveau : on voit bien qu’elles
sont
sans rapport à la misère réelle des hommes, mais on voit bien aussi q
118
personnel. Dans ce sens, toutes les politiques ne
sont
que politique d’autruche. On se passionne pour des moyens, et c’est p
119
fins dernières. Pourtant la seule politique vraie
serait
celle dont tous les moyens seraient vraiment ordonnés au vrai but ass
120
politique vraie serait celle dont tous les moyens
seraient
vraiment ordonnés au vrai but assigné à la vie de l’homme. Le souci d
121
e la politique ceux pour qui nul moyen ne saurait
être
utilisé, qui ne porte en lui-même la loi et l’image de la fin poursui
122
condition. Mais l’état du chrétien dans ce monde
est
justement de connaître sans cesse, dans l’angoisse et dans l’espéranc
123
oppements. C’est que la politique, redisons-le, n’
est
pas un art : toute forme pure lui échappe. Elle est toujours en porte
124
t pas un art : toute forme pure lui échappe. Elle
est
toujours en porte-à-faux, appuyée sur des faits qu’on n’a pas à chois
125
choisir, penchant vers des idées que la logique n’
est
pas seule à ordonner. Le mieux était de conserver à ces écrits leur p
126
e la logique n’est pas seule à ordonner. Le mieux
était
de conserver à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de par
127
endant de leur objet. Faire de la politique, ce n’
est
pas là mon choix, c’est une obligation à quoi je me résous en maudiss
128
y a eu le « triomphe », c’est-à-dire qu’Hitler s’
est
vendu à l’industrie lourde, et ne règne que par la promesse de ne rie
129
tise, comme le grand lieu commun de la peur qui s’
est
emparée des hommes. On ne nous parle plus que du « désarroi actuel ».
130
nous parle plus que du « désarroi actuel ». Il n’
est
pas d’expression plus juste, pour qui se borne à considérer notre épo
131
ires qui s’affrontent au milieu du désordre. Il n’
est
pas d’expression plus fausse, et même plus dangereuse, pour qui veut
132
t tyrannique, comme une divinité qui, depuis peu,
serait
devenue folle. Des peuples entiers s’exaltent pour une dictature qui
133
et de la lâcheté publique. Des provinces entières
sont
ruinées par des exploitations dont les bénéfices s’engloutissent en d
134
nt leur astuce à équilibrer des budgets, dont ils
seront
les seuls bénéficiaires. La corruption s’étale, flétrie avec grandilo
135
ésarroi actuel ». Croit-on vraiment que tout cela
soit
si nouveau ? Croit-on vraiment que, jusqu’à ces dernières années, la
136
es hommes ? Croit-on vraiment que le « désarroi »
soit
seulement « actuel », et ne veut-on parler de « désarroi » que lorsqu
137
es valeurs boursières et la tranquillité publique
sont
menacées ? La vérité, c’est que la situation du monde a été de tout t
138
es ? La vérité, c’est que la situation du monde a
été
de tout temps désespérée. Seulement, maintenant, cela se voit. Depuis
139
llénaire dont les périodes dites « prospères » ne
sont
que les temps de répit, souvent déshonorés par la culture des illusio
140
s de la révolte. L’histoire du monde, bien loin d’
être
l’histoire d’un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une solen
141
t, certaines époques ont connu la grandeur. Ce ne
furent
pas les moins corrompues de l’histoire, mais celles où la corruption
142
histoire, mais celles où la corruption permanente
fut
ouvertement reconnue, dénoncée et battue en brèche. Notre époque, ell
143
ordre » qui couvait sous des apparences paisibles
est
soudain devenu flagrant. Il promène par les rues de nos villes europé
144
éclame qui parlent un langage clair. Jamais il ne
fut
plus facile de reconnaître les choix nécessaires. Désordre, oui, et p
145
s grand que jamais. Désarroi ? Non. Les doctrines
sont
contradictoires ? Les évaluations morales sont devenues presque impos
146
es sont contradictoires ? Les évaluations morales
sont
devenues presque impossibles ? Oui, certes ! Sur le plan de la connai
147
aire apparaît avec une netteté qui, je le répète,
est
la chance de notre époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu
148
répète que les événements nous dominent et qu’ils
sont
incompréhensibles et impensables. Ce n’est pas vrai ! C’est encore un
149
u’ils sont incompréhensibles et impensables. Ce n’
est
pas vrai ! C’est encore un vieux raisonnement que nous connaissons tr
150
t faire, nous répondent : attention ! le problème
est
plus complexe ! Non, les problèmes ne sont pas si complexes, en réali
151
roblème est plus complexe ! Non, les problèmes ne
sont
pas si complexes, en réalité, ou, s’ils le sont, osons les simplifier
152
e sont pas si complexes, en réalité, ou, s’ils le
sont
, osons les simplifier. Ce qui est difficile, ce n’est pas de voir le
153
, ou, s’ils le sont, osons les simplifier. Ce qui
est
difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il
154
osons les simplifier. Ce qui est difficile, ce n’
est
pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que nous c
155
garde contre un « certain esprit simpliste », qui
est
, au vrai, l’esprit de décision et d’engagement concret dont nous avon
156
des complexités que nous créons à plaisir, qui ne
sont
pas dans la situation et qui sont autant de prétextes à refuser de pr
157
plaisir, qui ne sont pas dans la situation et qui
sont
autant de prétextes à refuser de prendre position, comme si ce n’étai
158
xtes à refuser de prendre position, comme si ce n’
était
pas là, déjà, prendre une position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous
159
e position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous nous
sommes
laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop souvent
160
ssés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont
été
trop souvent pour nous des professeurs d’abstention distinguée, des g
161
efuge idéal. Ne nous en plaignons pas : le risque
est
la santé de la pensée. ⁂ Destin du siècle ! Expression curieuse et b
162
eut avoir un destin, un homme seul, en tant qu’il
est
différent des autres hommes. Napoléon, César, Lénine ont un destin. M
163
la mesure où chacun de nous possède une raison d’
être
, quelle qu’elle soit, une servitude particulière, une passion qui est
164
de nous possède une raison d’être, quelle qu’elle
soit
, une servitude particulière, une passion qui est bien à lui, une voca
165
soit, une servitude particulière, une passion qui
est
bien à lui, une vocation. Si l’on admet facilement de nos jours, qu’u
166
’attribuer une sorte de valeur indépendante à des
êtres
collectifs. Je m’explique. Quand nous disons : le siècle, le xxe siè
167
ui englobe toute l’humanité, et dont les éléments
sont
presque tous de nature collective. L’histoire d’un siècle, c’est l’hi
168
races, des entreprises publiques ou privées. Ce n’
est
que très accessoirement l’histoire des personnes, de quelques génies,
169
destin du siècle, c’est le destin des ismes, qui
sont
— en fin de compte — des abstractions. Et, je le répète, pour que ces
170
— les destins. Notre siècle, en tant que siècle,
est
athée, totalement athée, et consciemment athée. Mais, en même temps,
171
e, et consciemment athée. Mais, en même temps, il
est
polythéiste et superstitieux au dernier degré. La grande majorité de
172
us, nous leur obéissons, et certains d’entre nous
sont
prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms de ces divinités, vous
173
s de ces divinités, vous les connaissez bien : ce
sont
l’État, la nation, la classe, la race, l’argent et l’opinion publique
174
n publique. Elles ont encore un autre nom, et qui
est
commun à toutes : c’est le Nombre, c’est peut-être Légion… Sans doute
175
es dieux pour cette espèce-là d’incroyants, et ce
sont
, par exemple, l’opinion publique et la presse, auxquelles nul d’entre
176
ue nous prouvent abondamment leurs exigences, qui
sont
la foi aveugle et les sacrifices humains. Ces dieux ont même leur thé
177
entendu, et dont les deux disciplines principales
sont
l’Histoire et la Sociologie. Nous trouverons les meilleurs exemples d
178
taquable, une fois les prémisses admises. Quelles
sont
ces prémisses ? La principale, c’est que toute notre idéologie, toute
179
Trotski, s’explique entièrement par le fait qu’il
était
, à la fin de la guerre, caporal dans l’armée allemande. Son idéologie
180
es petits gradés d’une armée vaincue. L’hypothèse
est
séduisante, vraisemblable même. Que répondra Hitler ? Il répondra que
181
ski s’explique simplement par le fait que Trotski
est
un Juif. Voilà, n’est-ce pas, deux points de vue inconciliables et co
182
ent par le fait que Trotski est un Juif. Voilà, n’
est
-ce pas, deux points de vue inconciliables et contradictoires ? Sur le
183
rtaine violence ; mais par rapport à l’homme, ils
sont
absolument semblables et nous pouvons les renvoyer dos à dos. L’un et
184
l’autre tendent à nous faire croire que l’homme n’
est
rien, mais moins que rien, et que tout ce qui se passe dans le monde
185
nt à notre volonté et sur lesquelles nos révoltes
sont
sans prise, puisque ces révoltes sont elles-mêmes prévues et détermin
186
os révoltes sont sans prise, puisque ces révoltes
sont
elles-mêmes prévues et déterminées par notre classe ou notre race. De
187
es et qu’ils ont exposé leurs vies. Enfin, qu’ils
sont
animés par une foi constructive que bien des jeunes bourgeois railleu
188
à savoir si la foi des marxistes et des racistes
est
vraie. Sur quoi se fonde-t-elle ? Quelles réalités sont à la base ? D
189
raie. Sur quoi se fonde-t-elle ? Quelles réalités
sont
à la base ? De l’aveu même des sociologues marxistes ou hitlériens, c
190
même des sociologues marxistes ou hitlériens, ce
sont
des réalités générales, d’ordre statistique ; des considérations, par
191
pement économique des siècles passés, quand ce ne
sont
pas des statistiques de phrénologues. Ce sont toujours des réalités p
192
ne sont pas des statistiques de phrénologues. Ce
sont
toujours des réalités passées, historiques, achevées, mortes comme to
193
bien se fonder une loi historique ? Sur ce qui a
été
fait. Toute loi qu’on découvre dans la société humaine repose sur le
194
par exemple, un ivrogne qui s’arrête de boire, ne
fût
-ce que pour faire mentir le proverbe. Les lois générales, économiques
195
rbe. Les lois générales, économiques ou sociales,
sont
toujours justes, dans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d
196
omme descend du singe, les autres croient qu’il a
été
créé par Dieu. Ils se disputent énormément. Je crois qu’ils ont tort
197
’ils ont raison les uns et les autres. Ma théorie
est
la suivante : ceux qui pensent que l’homme descend du singe, descende
198
r Dieu, et qui, eux, croient et savent qu’ils ont
été
créés par Dieu. Cette petite histoire ne s’applique pas seulement au
199
ssi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il
est
tout à fait vrai que les adeptes du marxisme et du racisme sont entiè
200
it vrai que les adeptes du marxisme et du racisme
sont
entièrement dominés par la classe ou la race, et c’est perdre son tem
201
fatalement, si on le laisse tomber. En cela, ils
sont
peut-être supérieurs aux libéraux et aux dilettantes qui tombent, eux
202
qu’ils aient le droit de disposer de nos vies, je
suis
bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût-ce q
203
de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne
fût
-ce que par le moyen de la presse. On peut dire, sans exagérer, que le
204
qui prélude à toute guerre moderne bien comprise
serait
impossible. Sans eux, les partis politiques seraient sans force, les
205
erait impossible. Sans eux, les partis politiques
seraient
sans force, les luttes sociales perdraient beaucoup de leur violence.
206
avec l’argent, nous n’en finirions pas. L’argent
est
partout, il est dans tout, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin d
207
nous n’en finirions pas. L’argent est partout, il
est
dans tout, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin du siècle, destin
208
s pas. L’argent est partout, il est dans tout, il
est
tout et tous le servent. ⁂ Destin du siècle, destin des ismes, dévora
209
emise brune. On nous dit que la vie, en Amérique,
est
impossible, parce que tous les appartements sont pareils et qu’un hom
210
, est impossible, parce que tous les appartements
sont
pareils et qu’un homme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé
211
e sans destin, un homme sans vocation ni raison d’
être
, un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement, dev
212
être, un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet
être
-là, fatalement, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîm
213
ement dans quelque troupe d’assaut. En vérité, ce
serait
une erreur insondable que de voir le salut de notre époque dans un re
214
re époque dans un retour à l’individu. L’individu
est
l’origine la plus certaine du triomphe des masses. C’est parce que l’
215
s masses. C’est parce que l’individu des libéraux
était
sans destin, qu’il a cru au destin des autres ; c’est parce qu’il n’a
216
e. On me dira que la solidarité entre les peuples
est
désormais un fait acquis, une réalité économique. Nous devons au prog
217
sprit, lorsqu’on vous dit que désormais « tout se
tient
» dans le monde, c’est l’exemple suivant : le krach d’une banque à Pa
218
lliers d’ouvriers annamites. Oui, certes, tout se
tient
désormais. Mais la solidarité des masses est toujours une solidarité
219
se tient désormais. Mais la solidarité des masses
est
toujours une solidarité catastrophique. Oui, le destin du siècle, le
220
solitude. J’ai terminé ma description du siècle.
Est
-elle pessimiste à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il nous importe de s
221
n du siècle. Est-elle pessimiste à l’excès ? Ce n’
est
pas cela qu’il nous importe de savoir. Si j’ai simplifié le tableau,
222
personnel ? Irresponsable ou responsable ? Telle
est
, je crois, en définitive, la question simple que nous pose l’époque.
223
ifs, cette fois. Les dieux, les mythes du siècle,
sont
tout puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n’est pas encore
224
puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n’
est
pas encore leur échapper. Les nier purement et simplement, ou désirer
225
désirer leur destruction, c’est de l’utopie. Ils
sont
là, et ils ont probablement leur raison d’être. La classe, la race, j
226
ls sont là, et ils ont probablement leur raison d’
être
. La classe, la race, jouent dans le monde le même rôle que l’instinct
227
de compter avec eux. Mais, compter avec eux, ce n’
est
pas les diviniser ni abdiquer sous leur implacable destin. Ceux qui l
228
vers une nouvelle communauté humaine. Mais ils se
sont
cruellement trompés de porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’
229
oublié ce fait très simple : que la société doit
être
composée d’hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en
230
ommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui
est
en effet incalculable : l’acte de l’homme. Mais le temps vient où les
231
f l’essentiel. Voici notre dilemme : voulons-nous
être
des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de sang,
232
ais connaissant aussi leur dignité, leur raison d’
être
personnelle ? Voulons-nous être des personnes ? Voilà le mot lâché. J
233
té, leur raison d’être personnelle ? Voulons-nous
être
des personnes ? Voilà le mot lâché. Je connais la réaction qui l’accu
234
rien à proposer que votre chétive personne ? Vous
serez
emportés comme les autres. Votre réaction est disproportionnée au dan
235
s serez emportés comme les autres. Votre réaction
est
disproportionnée au danger. Et d’ailleurs qu’est-ce que cette personn
236
est disproportionnée au danger. Et d’ailleurs qu’
est
-ce que cette personne, dont on nous parle tant depuis quelques années
237
t , et dans les cercles de L’Ordre nouveau ? Qu’
est
-ce que la personne ? Permettez-moi de renverser la question : que son
238
ne ? Permettez-moi de renverser la question : que
sont
ces dieux et ces mythes collectifs sous lesquels on prétend nous cour
239
nous courber ? J’ai essayé de vous montrer qu’ils
sont
des créations de l’homme, et particulièrement de ce personnage égoïst
240
révolutions, enfin réelles, elle prépare. Mais ce
serait
là une autre conférence. ⁂ Il reste une question grave, une question
241
oudrais y répondre ici en mon nom personnel. Quel
est
donc, nous dit-on, le fondement réel de la personne ? Est-ce une vue
242
, nous dit-on, le fondement réel de la personne ?
Est
-ce une vue philosophique ? Est-ce une attitude nietzschéenne ? Est-ce
243
l de la personne ? Est-ce une vue philosophique ?
Est
-ce une attitude nietzschéenne ? Est-ce un choix subjectif ? Vous préf
244
ilosophique ? Est-ce une attitude nietzschéenne ?
Est
-ce un choix subjectif ? Vous préférez l’homme créateur à l’homme qui
245
nous le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’
être
. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu cet ordr
246
une vocation personnelle. Personne et vocation ne
sont
point séparables. Et toutes deux ne sont possibles que dans cet acte
247
ation ne sont point séparables. Et toutes deux ne
sont
possibles que dans cet acte unique d’obéissance à l’ordre de Dieu, qu
248
: acte, et il faut insister là-dessus. Le monde s’
est
emparé des paroles du Christ et il les a complètement perverties. On
249
n a transporté dans l’histoire cet amour qui doit
être
un acte, une présence et un engagement immédiat. Acte, présence et en
250
ne, mais aussi ce que Jésus-Christ nous ordonne d’
être
: le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulurent éprouver Jésu
251
s, l’un d’entre eux se leva et lui dit : mais qui
est
mon prochain ? Ce docteur se disait sans doute : aimer son prochain,
252
la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous, peut
être
vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné
253
de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous
est
donné de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin per
254
siècle, lui seul atteint le mal à sa racine, qui
est
en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois histori
255
atteint le mal à sa racine, qui est en nous, qui
est
au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et révolutio
256
lles ne pénètrent jamais dans l’intimité de notre
être
, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas son destin.
257
près tout, l’homme désespéré, ce qu’il veut, ce n’
est
pas une explication du désespoir qui le possède, mais c’est une conso
258
, c’est littéralement : rendre complet, unifier l’
être
, réunir. L’homme désespéré, l’homme sans vocation personnelle, c’est
259
nnelle, c’est un homme incomplet, désuni. Et ce n’
est
pas la connaissance intellectuelle du destin de sa classe ou de sa ra
260
ecueil d’essais politiques dont le retentissement
fut
grand. Ce n’est pas ici le titre de M. Bloch que je vise, mais le suc
261
politiques dont le retentissement fut grand. Ce n’
est
pas ici le titre de M. Bloch que je vise, mais le succès et la rapide
262
elle se taira sans doute pour vous, quand vous ne
serez
plus ; mais c’est elle que vous entendez à présent, elle est immortel
263
mais c’est elle que vous entendez à présent, elle
est
immortelle malgré vous, elle s’en va et s’en ira toujours disant : in
264
en ira toujours disant : individu ! Individu ! Je
suis
heureux de notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux e
265
s heureux de notre accord, malgré les mots, et je
serais
plus heureux encore si je vous entendais confirmer mon point de vue.
266
dais confirmer mon point de vue. Réponse. — J’en
suis
fâché, mais la personne dont je parle n’a rien à voir avec l’individu
267
individualistes et personnalistes, la différence
est
purement verbale. Reprenons l’origine des termes. L’individu est défi
268
rbale. Reprenons l’origine des termes. L’individu
est
défini par rapport à l’ensemble, à l’espèce16. Il est une partie d’un
269
défini par rapport à l’ensemble, à l’espèce16. Il
est
une partie d’un tout : mais alors c’est le tout qui est donné d’abord
270
e partie d’un tout : mais alors c’est le tout qui
est
donné d’abord, et c’est cela qu’il faut bien retenir. La logique nous
271
retenir. La logique nous enseigne que la partie n’
est
pas plus grande que le tout. Ce qui revient à dire, sur le plan polit
272
. Dans ces conditions, l’individualisme libéral n’
est
pas justifié, et les individualistes à la mode du xixe siècle font f
273
sme, le fascisme ou la dictature stalinienne. Tel
est
le paradoxe malheureux de la démocratie laïque. L’individu au nom duq
274
L’individu au nom duquel légiféra la Convention n’
était
en somme défini que par des droits — et par des droits tout relatifs
275
s tout relatifs à l’ensemble dont il dérivait. Il
était
donc fatal que le conflit individu-État fût résolu au profit du plus
276
Il était donc fatal que le conflit individu-État
fût
résolu au profit du plus grand des deux et aboutît à une espèce d’abd
277
a situation se renverse. La vocation d’un homme n’
est
pas un droit pour lui, mais une charge ; disons plus : elle est sa vé
278
it pour lui, mais une charge ; disons plus : elle
est
sa véritable raison d’être. Il apparaît dès lors à l’évidence que le
279
ge ; disons plus : elle est sa véritable raison d’
être
. Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien de l’ensemble ne peut
280
du bien de chaque personne. Le bien de l’ensemble
est
comme une extension normale du bien particulier. La personne est prem
281
xtension normale du bien particulier. La personne
est
première ou n’est pas. Cela revient à dire, sur le plan politique, qu
282
u bien particulier. La personne est première ou n’
est
pas. Cela revient à dire, sur le plan politique, que l’État n’est rie
283
vient à dire, sur le plan politique, que l’État n’
est
rien d’autre qu’une machine destinée à subvenir à l’entretien des per
284
ndividu libéral, c’est le fédéralisme. L’individu
étant
conçu par les juristes à partir de l’ensemble, ses droits dépendent,
285
ut au contraire, des lois fondées sur la personne
sont
obligées de tenir compte en premier lieu des diversités personnelles,
286
vivant. Mais, de la sorte, le centre du pouvoir n’
est
pas dans les bureaux d’État, il reste dans l’activité réelle de chaqu
287
ne, au sein de groupes d’autant plus forts qu’ils
sont
moins étendus. Peut-être ces exemples politiques seront-ils plus prob
288
moins étendus. Peut-être ces exemples politiques
seront
-ils plus probants que les définitions d’un philosophe ? Je tiens à ma
289
probants que les définitions d’un philosophe ? Je
tiens
à marquer toutefois qu’ils ne sont pas sans justifications philosophi
290
ilosophe ? Je tiens à marquer toutefois qu’ils ne
sont
pas sans justifications philosophiques, voire même théologiques… mais
291
n parlerons une autre fois. Autre question. — Qu’
est
-ce que cela signifie : « Fonder les lois sur la personne » ? Vous dit
292
i vous diront : je ne me sens pas de vocation, il
est
probable que je n’en ai pas, je ne sais pas très bien ce que c’est qu
293
profession, et vous diront : ma vocation, c’est d’
être
gangster. Encore une fois, que signifierait pour tous ces gens votre
294
le. C’est le cas de la démocratie libérale ; elle
est
fondée sur une notion de l’individu qui défie l’expérience et la réal
295
fait le bonheur, — si par malheur cette maxime n’
était
fausse. Ceci dit, la difficulté du personnalisme subsiste. Il y a trè
296
re public. Mais ce peu de personnes existantes, n’
est
-ce pas déjà un avantage sur l’individualisme qui serait en peine de m
297
-ce pas déjà un avantage sur l’individualisme qui
serait
en peine de montrer un seul individu réel, l’individu des droits de l
298
individu réel, l’individu des droits de l’homme n’
étant
rien qu’un concept juridique. Il y a peu de personnes. Qu’est-ce que
299
un concept juridique. Il y a peu de personnes. Qu’
est
-ce que cela signifie ? Qu’il y a peu d’hommes qui acceptent les charg
300
s, ici, faisons deux remarques : 1° La vocation n’
est
pas un choix de l’homme. On ne saurait proprement parler du choix d’u
301
ement parler du choix d’une vocation. La vocation
est
un appel, une mission confiée à un homme, — une parole que Dieu lui a
302
oir une vocation, où qu’il se trouve, quelles que
soient
ses capacités. Pour l’un, ce sera quelque chose de très modeste : se
303
, quelles que soient ses capacités. Pour l’un, ce
sera
quelque chose de très modeste : se marier, persévérer dans une tâche
304
er telle compromission. Pour l’autre, la vocation
sera
comme une puissance qui fond sur lui, puissance trop forte pour ses f
305
tre même mortelle. Dans tous les cas, la vocation
est
une mission qui vient de l’extérieur, qui est d’abord tout objective,
306
ion est une mission qui vient de l’extérieur, qui
est
d’abord tout objective, mais qu’il faut aussitôt s’approprier. Une fo
307
aussitôt s’approprier. Une fois que l’homme se l’
est
appropriée, il découvre que son vrai moi réside dans l’exercice de ce
308
2° Mais on me dira que la vocation ainsi comprise
est
une réalité chrétienne, qui n’a pas de sens pour l’incroyant. Je ne p
309
l arrive qu’ils se sacrifient à la tâche qui leur
est
assignée par une force pour eux insondable, et qu’ils ne sauraient qu
310
’un vient dire maintenant : je ne sais pas quelle
est
ma vocation, je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet o
311
enant : je ne sais pas quelle est ma vocation, je
serai
tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt u
312
nté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre
est
bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et d’éprouver
313
. La vocation telle que l’entendent les chrétiens
est
imprévisible. Or les lois ont pour utilité principale de prévoir. Il
314
lois, si détaillées et si particulières qu’elles
soient
, deviennent forcément inopérantes. Réponse. — La force de cette obje
315
souffle où il veut, c’est vrai. Mais la vocation
est
avant tout incarnation de l’Esprit. Et l’incarnation est soumise aux
316
nt tout incarnation de l’Esprit. Et l’incarnation
est
soumise aux nécessités de la « chair », qui ne sont pas variées à l’i
317
st soumise aux nécessités de la « chair », qui ne
sont
pas variées à l’infini. D’autre part, on peut renverser l’objection.
318
. Les lois rigides, rationnelles et générales, ne
sont
pas celles qui assurent l’ordre le plus vivant. Ne nous laissons pas
319
moyen des violences qu’on sait, peut très bien n’
être
que la fixation brutale d’un désordre réel. Cet ordre reste à la merc
320
spirituel auquel songeait le philosophe thomiste
est
très bien défini : c’est le pouvoir du pape ; c’est celui qui réside,
321
contrôlé. Je crains alors que leur « esprit » ne
soit
qu’une forme de l’esprit bourgeois, une dernière survivance du spirit
322
onnaît pas l’Esprit, le seul auquel je croie, qui
est
le Saint-Esprit. L’homme naturel ne connaît que la « chair » selon l’
323
e corps et les passions. L’Esprit auquel je crois
est
justement celui que l’homme ne peut connaître, sinon en lui obéissant
324
ut voir quelque chose. Je dis donc que l’Esprit n’
est
rien d’autre pour nous qu’un acte, et un acte d’obéissance. Cet acte
325
éateur, ordonnateur. L’Esprit dont nous parlons n’
est
pas une espèce de fluide très subtil, d’autant plus respectable qu’il
326
uide très subtil, d’autant plus respectable qu’il
serait
plus invisible. Et ce n’est pas non plus l’intelligence, ni la pensée
327
respectable qu’il serait plus invisible. Et ce n’
est
pas non plus l’intelligence, ni la pensée, ni les fameuses « valeurs
328
’Esprit qui vient s’incarner parmi nous. L’Esprit
est
autorité, disait Rimbaud. Ou il n’est rien. 16. Littré donne : « In
329
s. L’Esprit est autorité, disait Rimbaud. Ou il n’
est
rien. 16. Littré donne : « Individu. 1° Tout corps considéré comme
330
laquelle il appartient. Ex. : « Les individus ne
sont
rien, et les espèces sont éternelles » (Voltaire) ; … 3° l’être perso
331
x. : « Les individus ne sont rien, et les espèces
sont
éternelles » (Voltaire) ; … 3° l’être personnel considéré par opposit
332
les espèces sont éternelles » (Voltaire) ; … 3° l’
être
personnel considéré par opposition à l’état ou à la société ; 4° homm
333
ques précisions. Dès que l’absolu auquel on obéit
est
qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse d’être un homme qui n
334
qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse d’
être
un homme qui ne connaît pas son Dieu, pour devenir un faux croyant, c
335
tice humaine, nation, peuple, etc.), cet absolu n’
est
plus le Dieu caché, mais une croyance morale divinisée, une idole mal
336
es gens », Marx montrait que leur activité réelle
était
l’exploitation économique du prolétaire, que leur libéralisme c’était
337
ûts démocratiques, par-dessus tout leur religion,
étaient
autant de moyens hypocrites — ou peut-être sincères — de duper systém
338
des rapports humains et du statut social dont ils
étaient
les bénéficiaires. L’affirmation brutale du primat de l’économique in
339
rappel à la réalité de la condition humaine. Elle
fut
d’abord pour Marx et pour Engels une affirmation polémique extrêmemen
340
cet état de mensonge subsiste lui-même. Que nous
soyons
marxistes ou antimarxistes, il nous arrive à tous, dans des moments d
341
à la suite surtout des derniers écrits de Marx, a
été
beaucoup plus loin que son indignation première. De cet argument polé
342
le prolétaire. Puis il affirma que ce prolétaire
était
l’homme véritable, et duquel il fallait partir pour aboutir, dans que
343
le critique, une fois accompli, le déterminisme s’
est
révélé incapable de soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle e
344
e soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle
est
la contradiction centrale du marxisme : les fins qu’il veut atteindre
345
du marxisme : les fins qu’il veut atteindre, qui
sont
la libération de l’individu et la suppression de l’État, sont sans co
346
ration de l’individu et la suppression de l’État,
sont
sans commune mesure avec les moyens qu’il met en œuvre. Ou mieux enco
347
n œuvre. Ou mieux encore : les moyens du marxisme
sont
incapables d’engendrer les fins désirées, parce qu’ils ne portent pas
348
n peut dire, très exactement, que le matérialisme
est
l’opium de la Révolution. Certes, le marxisme contient bien d’autres
349
: elle n’en demeure pas moins essentielle. Et ce
serait
une grande duperie que de croire comme certains qu’on peut l’accepter
350
hégélienne. Les réalisations marxistes en URSS ne
sont
guère utiles pour nous fixer à cet égard. L’URSS étant encore en plei
351
guère utiles pour nous fixer à cet égard. L’URSS
étant
encore en pleine période de transition, il est trop facile de rejeter
352
étant encore en pleine période de transition, il
est
trop facile de rejeter toutes les critiques de fait adressées au plan
353
atteignent pas le marxisme authentique, lequel ne
sera
réalisé que dans quelques siècles peut-être. Où donc irons-nous cherc
354
sauf une doctrine marxiste cohérente. Force nous
est
donc de partir du marxisme « moyen », théorique et vulgarisé, celui p
355
ils se sentent privés de défense intérieure : il
est
comme l’expression brutale de leur inconscient, il décrit sans pudeur
356
ons que je ne ferai ici que mentionner, car elles
sont
fort connues : 1° La thèse est historiquement critiquable. Si l’on pe
357
ionner, car elles sont fort connues : 1° La thèse
est
historiquement critiquable. Si l’on peut montrer que le capitalisme e
358
tiquable. Si l’on peut montrer que le capitalisme
est
bien à l’origine de l’idéologie bourgeoise, on a pu montrer aussi20 q
359
r aussi20 qu’un fait spirituel, la Réforme, avait
été
un facteur décisif du développement capitaliste ; 2° La primauté de l
360
ment capitaliste ; 2° La primauté de l’économique
est
au fond une croyance bourgeoise, une de ces croyances jamais avouées
361
croyance en la seule valeur des faits tels qu’ils
sont
, qui paraît à certains égards antirévolutionnaire ; 4° La primauté de
362
me, et nous disons : tant que le minimum de vie n’
est
pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité. Commençons
363
parlerons ensuite de ce spirituel auquel vous ne
tenez
tant que parce qu’il vous permet d’éluder le vrai problème. » Mais ce
364
nant, et ceci à cause de deux faits nouveaux, qui
sont
: 1° l’instauration du régime soviétique en Russie ; 2° la naissance
365
éalité économique proclamé par Marx. Mais il ne s’
est
pas tenu là. Il a, dès le début, avec autant d’hypocrisie sans doute
366
conomique proclamé par Marx. Mais il ne s’est pas
tenu
là. Il a, dès le début, avec autant d’hypocrisie sans doute que d’hab
367
alité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse d’
être
théorique. Cette spiritualité que Marx n’avait pas définie, il faut m
368
nie, il faut maintenant la préciser d’urgence, ne
fût
-ce que pour des fins démagogiques, ou, comme le disaient récemment ce
369
récemment certains socialistes français, « pour n’
être
pas pris de vitesse par les fascistes ». Aussi bien a-t-on vu apparaî
370
d’ordre assez nouveau parmi les communistes. On s’
est
mis à citer les textes du jeune Marx21. On s’est fondé sur eux pour a
371
’est mis à citer les textes du jeune Marx21. On s’
est
fondé sur eux pour affirmer que la primauté du matériel n’avait qu’un
372
ique, et tout à fait provisoire. Que le but final
était
bel et bien la libération de l’homme complet, spirituel compris. Enfi
373
it qu’un sens chronologique. Tout cela, certes, n’
est
pas bien nouveau. On n’a eu qu’à reprendre des textes anciens. Mais l
374
upation dite culturelle apparaît là où naguère on
était
surtout occupé à dogmatiser sur le matérialisme plus ou moins pur. Ce
375
la matière. Maintenant que la critique marxiste s’
est
vulgarisée et que l’on commence à comprendre : 1° que la bourgeoisie
376
prendre : 1° que la bourgeoisie et le capitalisme
sont
liés ; 2° que le capitalisme est une doctrine matérialiste à sa façon
377
le capitalisme sont liés ; 2° que le capitalisme
est
une doctrine matérialiste à sa façon, — les marxistes ont intérêt à r
378
iquer à leur tour les droits de « l’esprit ». Tel
étant
, à peu près, l’état de la question, je voudrais maintenant indiquer e
379
lle tactique. Si les jeunes philosophes marxistes
tiennent
à ce qu’on parle de précédence plutôt que de primauté de l’économique
380
t passer à une œuvre spirituelle. Mais ce passage
serait
la négation de leurs principales thèses de combat actuelles, fondées
381
ique, entièrement livrée à la nécessité. L’esprit
est
d’abord jeu, liberté, création imprévue. Mais cette évasion hors du d
382
ie révolution, nous dit-on. Or cette révolution n’
est
pas encore opérée en Russie. Nous ne sommes que dans la période de pr
383
lution n’est pas encore opérée en Russie. Nous ne
sommes
que dans la période de préparation, qui doit fatalement se « nier » u
384
utosuppression de l’État, au moment où la société
sera
devenue homogène, c’est-à-dire sans classes.) Tout cela n’est qu’un r
385
homogène, c’est-à-dire sans classes.) Tout cela n’
est
qu’un rêve d’intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalit
386
Tout cela n’est qu’un rêve d’intellectuel qui ne
tient
plus aucun compte de la réalité humaine. Cette extraordinaire opérati
387
irituel et de la liberté, dans un monde où seules
sont
admises les valeurs matérielles et quantitatives, figure une sorte de
388
e une civilisation, dont on ne voit pas quel dieu
serait
l’auteur, et que rien dans le passé de l’humanité ne peut permettre m
389
ualité nouvelle ! Même si les germes du spirituel
sont
semés, ils tomberont désormais dans un milieu de plus en plus stérili
390
mpose actuellement le marxisme-léninisme, ne peut
être
que conservatrice. Elle s’établit au niveau du fait, c’est-à-dire du
391
rne une réalité totalement déterminée qui ne peut
être
même par avance que du passé. Cette anthropologie marxiste — qui n’es
392
ue du passé. Cette anthropologie marxiste — qui n’
est
pas celle de Marx lui-même — tend à rendre l’homme irresponsable, obé
393
que le passage au spirituel (selon les marxistes)
soit
possible, je me refuse à croire que ce passage constituera un progrès
394
ge constituera un progrès sur notre état présent.
Étant
admises les « valeurs » rationnelles, laïques et collectives, le spir
395
collectives, le spirituel soviétique ne pourrait
être
qu’une réédition standardisée de « l’esprit » bourgeois — dont justem
396
e de « l’esprit » bourgeois — dont justement nous
étions
reconnaissants à Karl Marx d’avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là
397
rl Marx d’avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là
serait
tout bonnement le vieil individualisme français, dont les marxistes s
398
vieil individualisme français, dont les marxistes
seraient
ainsi les derniers défenseurs au xxe siècle. Un spirituel qui ne vie
399
e l’action et la vie spirituelle, distinction qui
est
pour nous l’origine même du désordre actuel. ⁂ Mais ce mot de précéde
400
es moralismes) que l’« esprit » et la « liberté »
sont
au terme de l’effort humain. Or, je crois, au contraire, que si le sp
401
Or, je crois, au contraire, que si le spirituel n’
est
pas à l’origine, il n’est pas non plus à la fin d’un système, d’une a
402
, que si le spirituel n’est pas à l’origine, il n’
est
pas non plus à la fin d’un système, d’une action, d’une croyance. S’i
403
d’un système, d’une action, d’une croyance. S’il
est
vrai que l’homme est un ensemble de déterminismes, aucune liberté ne
404
action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme
est
un ensemble de déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais de son
405
e d’actualité, nulle « période de transition » ne
sera
capable de l’engendrer. Et si par exemple la personne humaine est com
406
’engendrer. Et si par exemple la personne humaine
est
comptée pour rien dans les suppositions fondamentales du collectivism
407
marxistes croient que l’homme primitivement bon a
été
gâté par des institutions sociales irrationnelles, et qui l’ont explo
408
exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégradé
sera
sauvé plus tard, dans quelque millenium dont il doit préparer lui-mêm
409
e la venue. Nous croyons au contraire — mais ce n’
est
pas exactement le contraire — que l’homme pécheur, déchu, a été sauvé
410
ment le contraire — que l’homme pécheur, déchu, a
été
sauvé, et qu’il est ainsi, actuellement, à la fois pécheur et sauvé,
411
que l’homme pécheur, déchu, a été sauvé, et qu’il
est
ainsi, actuellement, à la fois pécheur et sauvé, sans qu’il soit poss
412
uellement, à la fois pécheur et sauvé, sans qu’il
soit
possible de distinguer dans le temps une précédence, des stades succe
413
précédence, des stades successifs. Notre réalité
est
dans une dialectique simultanée, non pas successive. Nous pourrions
414
rions dire : dans l’histoire, dans ce temps, nous
sommes
charnels, non seulement d’abord, mais ensuite et toujours. Mais la pr
415
ns. Les communistes du Midi ne savent guère ce qu’
est
le marxisme. 20. Max Weber, contredit d’ailleurs par Werner Sombart.
416
motive qui a inventé Stephenson, que Stephenson n’
est
qu’une superstructure, une malicieuse « machination » des exploiteurs
417
eux qui font de la propagande parmi les cheminots
seraient
bien en peine de vivre. Nous ne parlons pas, d’ailleurs, du même « es
418
nous affirmons la primauté du spirituel. Mais il
est
curieux de remarquer que, même sur le plan purement humaniste, cette
419
du désordre. Toute doctrine sociale, aujourd’hui,
fût
-elle même la plus subversive, est la doctrine d’un certain ordre terr
420
e, aujourd’hui, fût-elle même la plus subversive,
est
la doctrine d’un certain ordre terrestre, d’un certain aménagement de
421
stre suppose une conception de l’homme, tel qu’il
est
ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception réact
422
on de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait
être
. Tel qu’il est : c’est la conception réactionnaire, ou statique, la
423
l qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il
est
: c’est la conception réactionnaire, ou statique, la politique de la
424
tique de la camisole de force. Tel qu’il devrait
être
: c’est la conception révolutionnaire, ou dynamique, la politique du
425
e. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n’
est
pas dans le présent injuste, mais dans le futur libérateur. Politique
426
itique millénariste. À droite, on dit que l’homme
est
une bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir. À gauche,
427
bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y
tenir
. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son but est toutefois
428
l faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme
est
une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christianisme
429
uche, on dit que si l’homme est une bête, son but
est
toutefois de devenir un ange. Le christianisme intervient dans cette
430
ndant, fort bien exprimé par Pascal : « L’homme n’
est
ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la
431
ut que qui veut faire l’ange fait la bête24. » Qu’
est
l’homme ? Il ne se connaît pas. L’Évangile le révèle à lui-même, comm
432
, et par cette révélation, sauvé. Ainsi l’homme n’
est
humain que dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé,
433
si l’homme n’est humain que dans un paradoxe ; il
est
perdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauvé lorsqu’il se sait perdu.
434
adoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé, il
est
sauvé lorsqu’il se sait perdu. Je dis que seul ce paradoxe le rend hu
435
eut se voir perdu, c’est qu’il croit, c’est qu’il
est
dans la foi ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de Dieu,
436
t qu’il croit, c’est qu’il est dans la foi ; mais
être
dans la foi, c’est faire la volonté de Dieu, c’est agir, c’est donc a
437
ester sa dignité proprement humaine. La foi seule
est
un acte absolu ; le croyant seul, véritablement homme. Dans ce parado
438
qui nous serviront de critères : d’une part, elle
est
seule humaine, au sens évangélique du terme ; d’autre part, elle para
439
utre part, elle paraît à peu près intenable. Elle
est
seule humaine, parce que seule elle pose la question dernière du dest
440
ition actuelle. Mais il faut savoir aussi qu’elle
est
intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours imprévisibles
441
lle est intenable, parce que les ordres de la foi
sont
toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’ê
442
bles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’
être
d’avance limités par un système, par un programme, par des solutions
443
’abord, que d’un ordre reçu. Mais dès que l’ordre
est
véritablement reçu, et accepté, il s’agit de l’exécuter. L’ordre reçu
444
’agit de l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien
est
dans l’instant, hic et nunc ; l’ordre imposé par une politique est da
445
t, hic et nunc ; l’ordre imposé par une politique
est
dans l’évolution, dans la durée. Mais il faut que l’ordre reçu s’insè
446
l doit rester subordonné à l’origine et à la fin,
est
cependant inséparable de celles-ci. Il est donc non seulement possibl
447
a fin, est cependant inséparable de celles-ci. Il
est
donc non seulement possible, mais nécessaire, que le chrétien prenne
448
éactionnaire, il veut connaître l’homme tel qu’il
est
— seulement il le connaît mieux. Comme le marxiste, il sait que sa do
449
onnaire, il affirme que l’ordre établi ne saurait
être
en aucun cas définitif ni suffisant. Contre le marxiste, il affirme q
450
ar ignorance de sa nature véritable. Certes, nous
sommes
dans l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous sommes au mond
451
l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous
sommes
au monde comme n’étant pas du monde ; dans le péché, mais comme ayant
452
comme la subissant. Nous sommes au monde comme n’
étant
pas du monde ; dans le péché, mais comme ayant reçu la promesse d’êtr
453
ans le péché, mais comme ayant reçu la promesse d’
être
sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme m
454
tre sauvés de son empire. L’action politique nous
est
nécessaire, comme manger, travailler et penser, mais jamais un systèm
455
litique chrétienne : « L’homme seul (devant Dieu)
est
au-dessus de la collectivité25. » Cela ne signifie pas que le croyant
456
unauté, mais bien que la communauté doit toujours
être
subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’est sa foi, — sa
457
bordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’
est
sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non seulement le chré
458
ule communauté réelle et humainement bienfaisante
est
celle qui se fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’où d
459
l’homme, succède une dictature. Certain fascisme
est
d’autant plus « bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’i
460
es débuts que la doctrine libérale qu’il renverse
était
plus « angélique » dans ses prétentions. 25. Rencontre curieuse avec
461
Faisons-nous donc du paradoxe ? Non : Dieu nous
est
paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe
462
doxe ? Non : Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe
est
la réalité, ou plus exactement le paradoxe est la marque et la preuve
463
xe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe
est
la marque et la preuve de toute réalité en tant que saisie et vécue,
464
, c’est sortir de la réalité même. Car la réalité
est
précisément ce qui nous met en relation personnelle et immédiate avec
465
et immédiate avec Dieu : et que la relation d’un
être
déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair
466
ation d’un être déchu avec son Créateur ne puisse
être
que paradoxale, cela est clair, d’une clarté proprement aveuglante et
467
son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela
est
clair, d’une clarté proprement aveuglante et même insupportable, si n
468
r la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle
est
la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétienne : elle
469
vie chrétienne : elle rejette tout espoir qui ne
serait
pas le seul espoir, toute promesse qui ne serait pas la seule promess
470
serait pas le seul espoir, toute promesse qui ne
serait
pas la seule promesse : espoir et promesse de la foi, — et la foi naî
471
lectique chrétienne rejette tout désespoir qui ne
serait
pas le seul désespoir réel : celui qui dévaste la nature humaine jusq
472
e éternel de la contradiction et de l’« agonie »,
est
au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre
473
», est au centre du monde chrétien, parce qu’elle
est
le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-c
474
tructive reste vaine, évasive et mortelle. « Nous
sommes
au monde, nous ne sommes pas du monde. » Toute construction politique
475
sive et mortelle. « Nous sommes au monde, nous ne
sommes
pas du monde. » Toute construction politique qui ne prend pas au séri
476
es de l’antinomie, ou qui cherche à la supprimer,
est
antichrétienne en son principe. Ainsi se trouvent définies les trois
477
qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’
est
de salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individ
478
ue ; point de vue qui rend absurde le fait même d’
être
né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste
479
urde le fait même d’être né, c’est-à-dire d’avoir
été
« mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste constate au contraire que «
480
érésie optimiste constate au contraire que « nous
sommes
au monde pour quelque chose », mais elle oublie que ce quelque chose,
481
aume sur la terre, mais elle oublie que cela nous
est
à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les Europ
482
nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse
est
inhérente à tout système rationaliste du monde, soit qu’il prétende,
483
t inhérente à tout système rationaliste du monde,
soit
qu’il prétende, comme le système romain, enfermer les antinomies dans
484
un équilibre durable, même si la foi disparaît ;
soit
qu’il refuse, comme le marxisme, l’antinomie centrale de notre condit
485
u’aurions-nous à leur opposer ? Tout notre espoir
est
dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous rende à leur t
486
tenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Qu’
est
-ce donc pour nous que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire d
487
cessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’
être
de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne
488
jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’
être
eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi. Agis
489
uelconque ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’
est
pas de réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’
490
e, mais l’ensemble des relations humaines, la foi
est
ce qui rend la vie impossible (par ses exigences absolues), tandis qu
491
es absolues), tandis qu’au contraire la politique
est
l’art d’accommoder les relations dans le sens de la plus grande facil
492
plus grande facilité de réalisation. La politique
est
un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la me
493
ue est un art de synthèses pratiques ; son office
est
de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mai
494
onclure au refus de toute activité politique ? Ce
serait
admettre que les deux termes de l’antinomie s’équivalent et peuvent s
495
rtir de concepts réduits au même ordre. Mais ce n’
est
pas ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivant
496
est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’
est
capable de la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais n
497
ons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils
sont
, — des hommes qui ont besoin d’une politique pour suppléer à leur fai
498
montre la vanité d’une chose si nécessaire. Telle
est
, dans son principe, la seule attitude politique que puisse adopter le
499
eut de l’activisme sans illusions. Et sa devise n’
est
autre que la maxime souveraine du Taciturne, la maxime calviniste par
500
, la maxime calviniste par excellence : « Point n’
est
besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »
501
à la valeur absolue du résultat, sinon de l’acte,
est
en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tou
502
temps le meilleur ressort de l’action. La preuve
est
dans tous les livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont été les
503
es livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont
été
les plus « actifs » des temps modernes. Il s’est même produit ceci, q
504
été les plus « actifs » des temps modernes. Il s’
est
même produit ceci, que ceux d’entre eux qui perdaient la foi — c’est-
505
e. Corruptio optimi pessima. ⁂ Mais il existe des
êtres
que l’attitude du pessimisme actif condamne sans discussion et sans a
506
er un programme : la devise de Guillaume d’Orange
est
l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont l
507
d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles
sont
donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce s
508
rt des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce
sont
les créations de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nou
509
Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce
sont
les dieux que nous nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nou
510
s invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce
sont
les dieux que l’homme fait à son image. Or, si l’homme est un loup po
511
ieux que l’homme fait à son image. Or, si l’homme
est
un loup pour l’homme, que seront pour lui ses créatures divinisées !
512
age. Or, si l’homme est un loup pour l’homme, que
seront
pour lui ses créatures divinisées ! Les dieux de l’Occident réclament
513
qu’elle espère en un Dieu transcendant, et qui n’
est
point fait de main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nou
514
dépit de tous nos échecs, c’est un Dieu qui veut
être
adoré sans partage ! On ne peut pas espérer en son nom, et croire aus
515
udes : les adorer ou les fracasser. Tout chrétien
est
iconoclaste. C’est là le premier temps de son action rénovatrice. Ser
516
atrice. Servir Dieu, c’est combattre Mammon, ce n’
est
pas déplorer ses excès et toucher par ailleurs les bénéfices provisoi
517
ime et les pouvoirs régnants, le conformisme nous
est
pratiquement interdit : car les ordres que donne la foi sont absolus,
518
uement interdit : car les ordres que donne la foi
sont
absolus, et ils s’opposent aux ordres de l’État totalitaire. Mais d’a
519
suppose trop de calculs et trop de compromis pour
être
compatible avec une attitude chrétienne. À l’origine permanente de to
520
ion. Et la Réforme elle-même, malgré son nom, que
fut
-elle, sinon une révolution, une nouvelle conversion de l’Église ? Car
521
La plus grande liberté d’action et de révolution
est
promise à celui que n’empêtre aucun respect du résultat en soi. Pessi
522
appel de la seule grandeur transcendante. Nous ne
sommes
pas condamnés au succès, mais à l’obéissance jusqu’à l’absurde, et pa
523
veuille. Un certain nombre de compromissions nous
sont
à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance aux
524
nous sont à jamais impossibles : et tout le reste
est
affaire d’obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parol
525
fulgurantes du Saint-Esprit. La politique romaine
est
la recherche d’une harmonie statique des relations humaines, d’un vis
526
ile, et qui même dans certains cas extrêmes, nous
tiendrait
quitte de la foi. 28. Expression qu’Arnaud Dandieu opposait dans un
527
ôtres dont la ferveur s’excite dès que les rentes
sont
menacées, à ces particuliers qui parlent de l’« esprit » comme si son
528
ficelle du destin pour se prouver que le destin n’
est
plus son maître, que ça ne marche plus, et qu’un enfant de Dieu n’est
529
que ça ne marche plus, et qu’un enfant de Dieu n’
est
plus un pauvre pantin du hasard ! Vienne l’échec, il en rend grâces à
530
point ; mais parce que cet échec, si grand qu’il
soit
n’est rien, en regard du péché dont la foi nous délivre. ⁂ Tout enfin
531
; mais parce que cet échec, si grand qu’il soit n’
est
rien, en regard du péché dont la foi nous délivre. ⁂ Tout enfin se ra
532
ous délivre. ⁂ Tout enfin se ramène à ceci : quel
est
le sens des échecs humains ? De la réponse qu’un homme fait à cette q
533
ait, les cyniques ont raison, à leur manière, qui
est
de réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables
534
, à leur manière, qui est de réussir. « Le peuple
est
bête, les masses sont aveugles, instables, injustes, inertes, soudain
535
est de réussir. « Le peuple est bête, les masses
sont
aveugles, instables, injustes, inertes, soudain féroces. Ils veulent
536
, injustes, inertes, soudain féroces. Ils veulent
être
battus et en gémir. Ils n’ont un peu de vie que dans le désespoir de
537
ou des bourgeois, la seule méthode qui réussisse
est
la violence. L’idéalisme et la révolution, toutes les doctrines qui v
538
échec juge toute tentative transformatrice. Il n’
est
de politique que celle qui réussit. Vous avez tort de vous mettre en
539
ge toutes ces petites raisons d’État. C’est qu’il
est
encore plus pessimiste que les cyniques sur le compte des hommes d’au
540
ou des échecs humains ; mais c’est un bien qui n’
est
réel que pour celui qui veut l’atteindre. Qu’est-ce qu’un homme conve
541
’est réel que pour celui qui veut l’atteindre. Qu’
est
-ce qu’un homme converti ? C’est un homme qui a mesuré dans un instant
542
a cru à autre chose. C’est un homme pour qui tout
est
accompli : le péché, et le salut en Christ. Voilà sa liberté : sa mor
543
et le salut en Christ. Voilà sa liberté : sa mort
est
derrière lui. Le problème a été résolu, c’est pourquoi le croyant a l
544
liberté : sa mort est derrière lui. Le problème a
été
résolu, c’est pourquoi le croyant a le droit de parler avec résolutio
545
r Qui il combat. Bien plus, il sait que l’affaire
est
réglée ; j’ajoute qu’il ne le sait qu’au plus fort du combat, une foi
546
dans la bataille, et qu’il rejoint. ⁂ Notre enjeu
est
ailleurs, si tout se joue ici. C’est ce que le communisme ne peut pas
547
son sort terrestre. C’est que le salut, pour lui,
est
lié au succès de son effort. Pas d’ironie possible vis-à-vis de son œ
548
les hommes n’arrivent pas au bonheur moyen, tout
sera
perdu. Si je crève de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout e
549
moyen, tout sera perdu. Si je crève de faim, tout
sera
perdu. Le chrétien dit : tout est déjà perdu, et bien plus que vous n
550
de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout
est
déjà perdu, et bien plus que vous ne croyez, mais aussi tout est déjà
551
et bien plus que vous ne croyez, mais aussi tout
est
déjà sauvé. Crever de faim n’est pas le pire des risques que je cours
552
mais aussi tout est déjà sauvé. Crever de faim n’
est
pas le pire des risques que je cours. Le pire des risques, c’est de m
553
quer cet acte par lequel je saisis le salut qui m’
est
promis29, salut gagé sur le fait historique de la mort et de la résur
554
importe : ce qui importe, c’est que l’action ait
été
faite en vertu de la foi, car « c’est la foi qui sauve ». 29. Cet a
555
29. Cet acte — faut-il le répéter encore ? — n’
est
pas l’acte d’un solitaire, mais bien l’acte de miséricorde par lequel
556
tre Kierkegaard (Journal). La volonté de rupture
est
l’origine même du christianisme ; c’est pourquoi l’apparition d’une v
557
ure la lutte le christianisme vainc : sa victoire
est
d’être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que l
558
lutte le christianisme vainc : sa victoire est d’
être
éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les chré
559
nisme vainc : sa victoire est d’être éveillé. Tel
est
pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les chrétiens, fatigués d
560
ns, fatigués de la lutte, viennent à croire qu’il
est
une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à un
561
tout dit pour la rendormir, mais en vain : elle s’
est
fait mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire cro
562
mais en vain : elle s’est fait mal, et la douleur
tient
réveillé. On a essayé de nous faire croire que cet « ordre » social q
563
eux qui réellement gouvernent. (On sait ce qu’ils
sont
.) Il faut qu’un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme de la
564
qu’ils sont.) Il faut qu’un cri jaillisse : c’en
est
fait du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage
565
it du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri
est
le témoignage d’un réveil. Et quand bien même il ne serait poussé que
566
témoignage d’un réveil. Et quand bien même il ne
serait
poussé que par quelques-uns, rien ni personne ne pourra faire qu’il n
567
é de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il
est
porté, rétablit le christianisme et sa nouveauté menaçante. ⁂ Que la
568
pourra s’opérer qu’au lieu même où la collusion s’
est
faite. Or elle n’a pas pu se faire entre le christianisme et l’injust
569
istant que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’
est
pas le christianisme qui a confondu sa cause avec celle de la bourgeo
570
Mais c’est un parti de gens qui, ayant peut-être
été
chrétiens, veulent en tirer des intérêts, abusent de ce qu’ils consid
571
er un titre désormais irrecevable. Ce parti peut
être
aussi nombreux que l’on voudra, il peut représenter la grande majorit
572
ciel et le plus puissant de la chrétienté, — il n’
est
pas le christianisme, et ce n’est pas à lui de rompre avec l’injustic
573
étienté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’
est
pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, e
574
st pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’
est
fait le soutien, et qui, depuis, assure son succès relatif. Une églis
575
uste du monde et s’appuyant sur lui, en réalité n’
est
plus l’Église et n’a plus le droit de parler ; elle n’est plus qu’une
576
l’Église et n’a plus le droit de parler ; elle n’
est
plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture de police. Qu’on n’
577
s ne pourront qu’attester par là même qu’elles ne
sont
plus le christianisme, qu’elles sont incapables de rupture, qu’elles
578
qu’elles ne sont plus le christianisme, qu’elles
sont
incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et dep
579
ut à fait impossible, parce que la « chrétienté »
est
sécularisée, et qu’on ne peut demander à ce siècle de rompre avec lui
580
réclame encore au moment où elle le trahit. Telle
sera
donc la forme et tel sera le premier lieu de la rupture nécessaire :
581
ù elle le trahit. Telle sera donc la forme et tel
sera
le premier lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation d’une impo
582
ore au nom du christianisme. ⁂ Le christianisme n’
est
pas une puissance à notre disposition, puissance que les hommes aurai
583
onstituées, existant en elles-mêmes, qui auraient
été
introduites dans le monde par Dieu, que nous aurions mal dirigées, co
584
ne manière imprévisible. La seule liberté qui lui
soit
accordée vis-à-vis de la foi, c’est de la refuser. Comment dès lors l
585
une tout autre force que celle de la foi. Ce peut
être
sur une éthique de puissance et de service ; ou sur une éthique de bo
586
ore. Toutes ces formules d’« ordre chrétien » ont
été
plus ou moins réalisées, et constituent dans leur ensemble, du Moyen
587
e sur son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’
est
pas le lieu des décisions et des calculs humains ; il est à l’intérie
588
le lieu des décisions et des calculs humains ; il
est
à l’intérieur de la religion. Les églises qui se crurent en droit d’é
589
ion antichrétienne de la foi. La foi, pour elles,
est
une « force » que l’homme peut se procurer, apprivoiser, réglementer,
590
aurait, une fois pour toutes. Et cette possession
serait
en quelque sorte garantie par des institutions de plus en plus humain
591
u, et gratuit — « afin que nul ne se glorifie » —
est
une participation instantanée à l’éternel, elle juge et condamne ceux
592
hrétien, dans toute politique humaine organisée —
fût
-ce à la gloire de Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier
593
ipiterai, dit l’Éternel… Car le jour de l’Éternel
est
proche pour toutes les nations. » (Abdias, 3-4 et 15.) Ils ont préten
594
ainsi : « Dans cette philosophie et cette morale
est
délibérément supprimée toute idée de liberté, toute idée de propriété
595
hrétienne, l’idée religieuse, l’idée même de Dieu
est
abolie… » Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée » soit abolie,
596
» Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée »
soit
abolie, le Père de la Brière lance un vibrant appel aux écrivains : q
597
ns, menteurs ! — et je lui répondrai : Ta révolte
est
la mienne, mon humaine révolte. Mais j’en ai une autre plus profonde
598
uffres ; mais j’ai encore plus à souffrir, car je
suis
encore plus sceptique que toi… Tu ne crois pas, dis-tu à ces docteurs
599
sais quelles régions spirituelles dont tout leur
être
— et cette maladie même ! — prouvent l’inexistence ou la disparition.
600
n leur répond qu’il y a prescription : l’Esprit n’
est
plus avec ceux qui ont intérêt à le défendre. L’Esprit n’est plus ave
601
ec ceux qui ont intérêt à le défendre. L’Esprit n’
est
plus avec ceux qui ont cru pouvoir l’utiliser. L’esprit n’est jamais
602
c ceux qui ont cru pouvoir l’utiliser. L’esprit n’
est
jamais avec ceux qui le défendent36, mais peut-être avec ceux qu’il e
603
i, c’est faire en sorte simplement, qu’il cesse d’
être
« établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mais à
604
nt, qu’il cesse d’être « établi ». Qu’il ait pu l’
être
, la faute n’en est pas à lui, mais à la défection du christianisme ;
605
re « établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en
est
pas à lui, mais à la défection du christianisme ; à cette défection é
606
la seule force qui le dominait. « Car le péché n’
est
pas le dérèglement de la chair et du sang, mais le consentement de l’
607
déterminations de l’avenir. L’office de l’Église
est
en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi
608
s engager que moi-même, hic et nunc. La politique
est
affaire de systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours d
609
ire de systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien,
sera
toujours de vouloir sur le champ le plus juste. Car ce qui manifeste
610
a foi, c’est le choix et non pas le système :il n’
est
de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de p
611
ne se confond pas avec l’enjeu de son salut. Tel
est
le paradoxe, qui remonte au cœur même du christianisme, si le christi
612
u cœur même du christianisme, si le christianisme
est
la foi au Christ « éternellement actuel ». Cette foi est inébranlabl
613
oi au Christ « éternellement actuel ». Cette foi
est
inébranlable. Elle ne constitue pas un ordre : elle donne des ordres,
614
ordre : elle donne des ordres, simplement. Elle n’
est
jamais entrée en collusion avec aucune durée, étant la rupture de tou
615
est jamais entrée en collusion avec aucune durée,
étant
la rupture de toute durée. Mais dès lors, nous savons le véritable no
616
christianisme, dans sa nouveauté prophétique, tel
est
l’Acte — le seul ! — et tel est aussi le mystère ; car cette seule Ru
617
prophétique, tel est l’Acte — le seul ! — et tel
est
aussi le mystère ; car cette seule Rupture effective surpasse absolum
618
pitaliste ou marxiste. Car la révolte du chrétien
est
immédiate, indubitable ; mais l’ordre chrétien, dont certains parlent
619
mais l’ordre chrétien, dont certains parlent, où
est
-il aujourd’hui ? Faudrait-il attendre qu’on l’ait trouvé ? 33. Fig
620
e idée fausse, par définition, le christianisme n’
étant
rien d’autre qu’un événement, un drame entre Dieu et l’homme. 36. Pa
621
it ce que c’est que l’esprit, en ce siècle ! Il a
été
admirablement défini par la Sorbonne, entre autres. 37. Traité du d
622
VIII.Humanisme et christianisme39 Je ne
suis
pas venu pour vous apporter un exposé systématique ou historique, mai
623
rées. Et d’abord, la question qui nous occupe ici
est
-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous, une question
624
qui nous occupe ici est-elle une vraie question ?
Est
-elle, pour chacun de nous, une question qui se pose dans la vie, que
625
réellement, vous cherchez à répondre ? En un mot,
est
-ce une question existentielle — pour employer un terme favori de la t
626
’existent, en réalité, que dans la mesure où l’on
est
décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu’ils c
627
évasion hors des problèmes qui se posent et nous
sont
posés, hic et nunc. Avant d’aller plus loin, cherchons donc à serrer
628
ui s’oppose rigoureusement au christianisme, s’il
est
avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu
629
ement ? C’est en ceci que, pour les uns, le salut
est
transcendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes
630
omme par la promesse débilitante d’un au-delà qui
serait
comme une revanche contre tout l’imparfait de « ce bas-monde », mais
631
énergie et de courage. Pour eux, le christianisme
est
contre l’homme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’homme
632
l’homme dans son origine et dans sa fin. L’homme
étant
« séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché «
633
es, par exemple : il ne sait même pas pourquoi il
est
au monde, ni pour quoi ; il se demande parfois ce qu’il a bien pu ven
634
tragi-comédie. Au fond, ce que l’homme ignore, ce
sont
les choses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son
635
voir de sauver l’homme en se fondant sur l’homme,
sont
semblables, aux yeux du chrétien, à ce fameux baron de Crac qui préte
636
a chevelure. 3. Humanisme contre christianisme, n’
est
-ce donc qu’un conflit d’amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui so
637
t-ce donc qu’un conflit d’amour, assez touchant ?
Est
-ce à celui qui soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à tenir
638
soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à
tenir
pour malade actuellement ? Aux yeux de certains humanistes, peut-être
639
peut-être. Aux yeux du chrétien, non ; le conflit
est
plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte
640
re à tout prix, le plus possible, comme si la vie
était
le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique
641
ine qui lui permettra d’assurer ce bien absolu qu’
est
sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même
642
Le chrétien cherche à obéir aux ordres de sa foi,
fût
-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de s
643
de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel
est
le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous
644
pposé à l’homme des assurances. Car l’humanisme n’
est
, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’assurance-vie. L’human
645
pourra répondre qu’à ses yeux, le christianisme n’
est
qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est aussi misérable qu’inj
646
n’est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche
est
aussi misérable qu’injurieux, si l’on songe que ce « paradis » doit ê
647
’injurieux, si l’on songe que ce « paradis » doit
être
payé ici-bas du mépris des garanties humaines les plus élémentaires,
648
e l’histoire des martyrs en témoigne. Un chrétien
est
un être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contr
649
toire des martyrs en témoigne. Un chrétien est un
être
qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contre toute
650
chrétien qui contracte une assurance sur la vie n’
est
pas plus un chrétien à cet instant et dans cet acte ; il agit en huma
651
’est-à-dire d’un homme pour qui la valeur absolue
est
la vie, non l’obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des
652
, parlant des autres ou parlant en général : ceci
est
bon, moral, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement d’humanist
653
ou parlant en général : ceci est bon, moral, cela
est
mauvais, immoral, — porte un jugement d’humaniste, mange du fruit de
654
ienne ?) Prier pour qu’il fasse beau demain, ce n’
est
pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu d’humaniste. Si je vous donn
655
ire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’
être
une simple conception philosophique, est une attitude devant la « vie
656
loin d’être une simple conception philosophique,
est
une attitude devant la « vie pratique » — comme on dit, mais y en a-t
657
mment à l’existence des chrétiens eux-mêmes. Ce n’
est
pas à dire que l’humanisme n’ait pas ses doctrines, et même une expre
658
andez41 et Guéhenno. Si intéressant et précis que
soit
l’un dans le détail de sa dialectique critique, et si généreux que se
659
re », il ne semble pas que ces deux auteurs aient
été
jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du transcendant42. Le
660
nder une foi véritable en l’humain. Le communisme
est
le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement
661
autonome, et « calculable » humainement. Le Plan
est
d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’assurance-vie que l’hu
662
est à ce titre que le « marxisme-léninisme » peut
être
opposé utilement au christianisme, comme une « question » réelle et f
663
ntre la nature définitivement asservie. Cet homme
sera-t
-il encore humain ? Que fera-t-il, une fois son triomphe assuré par sa
664
urelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’
être
de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore
665
te ? Sera-t-il encore un homme ? L’homme chrétien
est
à la fois ange et bête. Dans ce conflit perpétuel, il trouve sa joie
666
devant Dieu. Le succès de l’humanisme triomphant
serait
-il tout simplement d’enlever à l’homme toute raison personnelle de vi
667
re ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs
serait
-il, en définitive, un suicide supérieurement organisé, du « genre hum
668
ion concrète pour se réaliser. 41. « Le chrétien
est
un embusqué de l’infini », écrivait Ramon Fernandez. 42. On sait que
669
timarxiste parce que chrétien43 Je crois qu’il
est
tout à fait illégitime de s’occuper du marxisme, d’en parler en publi
670
dré Philip l’écrivait un jour, que le capitalisme
est
un système radicalement imperméable au christianisme. J’ajoute aussit
671
est dans la mesure même où je le repousse, que je
suis
amené à me méfier du communisme. Je ne reprendrai pas ici la critique
672
ici la critique du capitalisme. Mais je voudrais
être
assuré que si parmi vous quelques-uns se réjouissent de me voir conda
673
ire que c’est au profit du désordre établi. (Ceci
soit
dit une fois pour toutes.) On a coutume d’opposer christianisme et co
674
e choisir. Non seulement les éléments en présence
sont
beaucoup trop complexes, mais encore, mais surtout, l’illusion serait
675
complexes, mais encore, mais surtout, l’illusion
serait
de croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choi
676
surtout, l’illusion serait de croire que le choix
est
au terme de ce travail comparatif. Le choix, la décision, sur le plan
677
atif. Le choix, la décision, sur le plan éthique,
est
toujours à l’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il est un
678
sur le plan éthique, est toujours à l’origine. Il
est
immédiat. Il est sans raison. Il est un acte véritable. Prenez l’alte
679
ue, est toujours à l’origine. Il est immédiat. Il
est
sans raison. Il est un acte véritable. Prenez l’alternative christian
680
’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il
est
un acte véritable. Prenez l’alternative christianisme-communisme. Si
681
au marxisme : vous calculez. Le christianisme ne
sera
jamais justiciable de sa réussite ou de son échec terrestre. On peut
682
plus : l’issue terrestre de l’aventure chrétienne
est
connue depuis le Christ, elle a été prédite par l’Évangile et l’Apoca
683
re chrétienne est connue depuis le Christ, elle a
été
prédite par l’Évangile et l’Apocalypse — c’est une catastrophe. Tandi
684
ui me paraît désormais acquis. Mais le communisme
est
bien plus que toutes ces choses réunies. Il est avant tout une concep
685
e est bien plus que toutes ces choses réunies. Il
est
avant tout une conception totale de la destinée humaine. Et c’est à c
686
ne manière consciente et volontaire. Certes, il m’
est
arrivé de « sentir communiste ». Cela nous arrive à tous, et plus sou
687
ste donc qu’à énumérer les réactions que je crois
être
celles du chrétien en présence des thèses communistes. Il y a des adv
688
tions de méthode que je faisais tout à l’heure ne
soient
plus valables. Là encore, le choix précède. Mais du moins la lutte es
689
encore, le choix précède. Mais du moins la lutte
est
circonscrite, les positions sont nettes, connues de tous. Il y a même
690
du moins la lutte est circonscrite, les positions
sont
nettes, connues de tous. Il y a même un fait très frappant : c’est qu
691
. Il y a même un fait très frappant : c’est qu’il
est
étrangement facile d’opposer terme à terme les expressions chrétienne
692
sur le plan métaphysique. 1° Le christianisme
est
d’abord risque et folie. Le Christ dit à deux pécheurs, qu’il surpren
693
ne aventure qui ne ressemble à rien de connu, qui
est
la folie même. À ce risque matériel qui se retrouve à tous les moment
694
e croyait d’ailleurs pas. Le mérite du communiste
est
de réduire crûment l’idéal qu’il propose à ce but le plus prochain. P
695
ez premièrement au Royaume, et tout le reste vous
sera
donné par-dessus. » 2° Le « Suis-moi » du Christ affirme que le déb
696
le reste vous sera donné par-dessus. » 2° Le «
Suis
-moi » du Christ affirme que le début, c’est l’obéissance à Dieu, mais
697
à Dieu, mais que c’est aussi le vrai but. La fin
est
déjà présente dans l’origine. Les moyens, les modes de vie que cela e
698
vidu, reste toujours hétérogène à ces moyens, qui
sont
, en l’espèce, l’organisation matérielle collective. D’autres vous mon
699
tte méthode, et qu’en réalité, si la libération n’
est
pas déjà présente dans l’acte initial, elle ne sera nullement rendue
700
st pas déjà présente dans l’acte initial, elle ne
sera
nullement rendue possible par les moyens mis en œuvre44. Je veux simp
701
vail, le service, l’amour du prochain. Le travail
est
pour le chrétien un pur exercice. Il n’a pas de valeur en soi. Il n’e
702
n pur exercice. Il n’a pas de valeur en soi. Il n’
est
pas une vertu, comme voulurent nous le faire croire Benjamin Franklin
703
croire Benjamin Franklin et les capitalistes. Il
est
purement symbolique du péché d’abord, de l’obéissance à Dieu ensuite.
704
qu’on voit dans certains cimetières : Le travail
fut
sa vie, est purement païenne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le bri
705
dans certains cimetières : Le travail fut sa vie,
est
purement païenne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le brigadier de ch
706
ue j’exagère, que le travail du brigadier de choc
est
d’abord un service rendu à la collectivité. Mais cela ne fait qu’aggr
707
ien-être général matériel d’abord. Ce « service »
est
donc purement intéressé, en définitive. Il n’est qu’une extension int
708
est donc purement intéressé, en définitive. Il n’
est
qu’une extension intelligente de l’intérêt personnel. Il est donc le
709
extension intelligente de l’intérêt personnel. Il
est
donc le contraire du service chrétien, lequel est d’abord sacrifice a
710
est donc le contraire du service chrétien, lequel
est
d’abord sacrifice au bien de l’autre en tant qu’autre, sacrifice qui
711
ne peut avoir aucune raison humaine, qui ne peut
être
qu’obéissance ; qui reste donc symbolique d’une réalité non humaine.
712
te. Nos actes ne valent que dans la mesure où ils
sont
faits pour Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait d’être pha
713
Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait d’
être
pharisien. Inutile de s’étendre plus sur le troisième exemple, celui
714
oisième exemple, celui de l’amour du prochain. Il
est
évident pour un chrétien que cet amour est inconcevable et impossible
715
in. Il est évident pour un chrétien que cet amour
est
inconcevable et impossible, est une pure hypocrisie en dehors de Dieu
716
ien que cet amour est inconcevable et impossible,
est
une pure hypocrisie en dehors de Dieu. Le plus court chemin vers autr
717
ite au plan humaniste, au plan psychologique. Qui
est
précisément le plan du marxisme. Je laisserai de côté, dans ces notes
718
. En définitive et selon les écoles marxistes, il
est
très difficile de savoir si oui ou non le communisme veut la destruct
719
veut la destruction des personnes. En tout cas il
sera
toujours possible à un marxiste de le nier, en se référant aux phrase
720
lettres de Engels, etc. Les philosophes de Moscou
sont
loin d’être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous for
721
ngels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’
être
d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons maint
722
sens, la direction. Le sens de la vie chrétienne
est
vertical, le sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vi
723
rétienne est vertical, le sens de la vie marxiste
est
horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir de la vie.
724
du Christ concernent la vie de celui qui d’abord
est
mort ? Que non seulement le Royaume ne sera jamais réalisé dans ce mo
725
’abord est mort ? Que non seulement le Royaume ne
sera
jamais réalisé dans ce monde, mais encore qu’il consiste précisément
726
de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’
être
dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno nomm
727
avons reçu d’être dans ce monde comme si nous n’y
étions
pas, cet état que Unamuno nomme l’agonie du christianisme, voilà en d
728
es les promesses du Christ concernent une vie qui
est
au-delà de la mort. Toutes ces promesses sont eschatologiques. Ce qui
729
qui est au-delà de la mort. Toutes ces promesses
sont
eschatologiques. Ce qui ne veut nullement dire : futures au sens temp
730
futures au sens temporel du terme. Car le Royaume
est
toujours proche. L’Éternité est toujours proche. Elle n’est pas seule
731
e. Car le Royaume est toujours proche. L’Éternité
est
toujours proche. Elle n’est pas seulement au terme des temps, elle es
732
rs proche. L’Éternité est toujours proche. Elle n’
est
pas seulement au terme des temps, elle est dans l’instant. Les promes
733
Elle n’est pas seulement au terme des temps, elle
est
dans l’instant. Les promesses du marxisme elles aussi ont pu être app
734
ant. Les promesses du marxisme elles aussi ont pu
être
appelées eschatologiques. Mais dans un tout autre sens, dans le sens
735
sens futur. La réalisation du paradis socialiste
est
promise aux foules dans mille ans, deux-mille ans. La réalisation des
736
mille ans. La réalisation des promesses du Christ
est
promise à ses disciples pour l’instant même où ils obéissent au « sui
737
-moi », meurent au monde, et Le suivent. Les unes
sont
historiques, les autres éternelles. En somme, ce qui oppose irréduct
738
ervice que le marxisme peut rendre aux chrétiens,
est
là. Il a fait apparaître aux yeux d’une chrétienté qui s’endormait da
739
t cru pouvoir utiliser la morale de ce monde, qui
est
une morale d’intérêts humains, alors que le commandement du Christ es
740
rêts humains, alors que le commandement du Christ
est
un commandement de sacrifice total, et de mort au monde. Maintenant,
741
total, et de mort au monde. Maintenant, les jeux
sont
faits. L’abîme devient flagrant. Il serait temps que nos bourgeois va
742
les jeux sont faits. L’abîme devient flagrant. Il
serait
temps que nos bourgeois vaguement chrétiens s’en rendent compte clair
743
sans la foi. Nous avons cru que le christianisme
était
une règle de vie, valable en soi et propre à maintenir l’ordre, la pr
744
ispensera de commettre. Car c’est le marxisme qui
est
une règle de vie dans le monde, au sens où le christianisme est une r
745
de vie dans le monde, au sens où le christianisme
est
une règle de mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi,
746
ristianisme est une règle de mort au monde. Et il
est
temps de voir que sans la foi, tout ce que disent les chrétiens à la
747
le. Dieu seul le peut. La conclusion de tout cela
est
évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence du christiani
748
La conclusion de tout cela est évidente. Si nous
sommes
conscients de toute l’exigence du christianisme, le marxisme ne peut
749
u un appel à la compromission avec le monde. Il n’
est
plus que le défi que l’humanisme total adresse à notre christianisme.
750
table et juste révolte de nos frères athées. Il n’
est
de charité bien ordonnée que celle qui commence par rendre à Dieu ce
751
e que celle qui commence par rendre à Dieu ce qui
est
à Dieu. Sinon, César lui-même pâtira. 43. Causerie donnée au cercle
752
, l’antifascisme l’aurait inventé. L’antifascisme
est
en passe de devenir la nouvelle mystique de gauche. Cette mystique es
753
ir la nouvelle mystique de gauche. Cette mystique
est
d’autant plus vive qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri d
754
s — à l’abri de toutes précisions. Une mystique n’
est
jamais puissante que dans le vague. Or, celle-ci s’alimente à l’étran
755
a pleine signification humaine : le fait fasciste
étant
avant tout national. Nous ne sentons pas l’hitlérisme comme des Allem
756
rsonne encore ne sait ni ne prétend savoir ce que
serait
un fascisme français, mais nous ne dénonçons qu’avec plus d’éloquence
757
s d’Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il
est
d’un autre avis que Léon Blum sur les moyens à employer pour « mettre
758
ances la légalité ». Ainsi l’épithète de fasciste
est
-elle devenue rapidement une espèce d’injure politique, un synonyme de
759
ns doute sympathique, mais dont je crains qu’elle
soit
insuffisante pour combattre le péril éventuel : elle ne contribue pas
760
els se déchaînent : déjà la nervosité des esprits
est
telle qu’il est presque impossible d’envisager froidement la nature r
761
t : déjà la nervosité des esprits est telle qu’il
est
presque impossible d’envisager froidement la nature réelle du danger.
762
s’appelle le fascisme français. Cette hypothèse n’
est
pas gratuite. Elle s’appuie sur deux constatations : 1° L’antifascism
763
ntifascistes, comme tous les politiciens, croient
être
réalistes quand ils empruntent leur tactique à l’adversaire. Les cons
764
l’adversaire. Les conséquences de ces deux faits
sont
faciles à prévoir : la tactique utilisée par les antifascistes va leu
765
pêchera de remarquer que cette attitude politique
est
précisément le fascisme. Je simplifie à l’excès ? Mais nous voyons tr
766
de propagande de masses, le triomphe du plus bête
est
à peu près certain. Qu’est-ce que le fascisme ? Dans ce livre o
767
iomphe du plus bête est à peu près certain. Qu’
est
-ce que le fascisme ? Dans ce livre où je cherche à juger les moyen
768
ur tour du point de vue de la réalité première qu’
est
la personne, je ne m’attarderai pas à dénoncer les excès trop connus
769
partout47 ; la malfaisance d’un régime ne saurait
être
mesurée au nombre de vies d’hommes que ce régime a supprimées pour s’
770
tifier ses moyens. Le problème des fins humaines
est
assez clairement posé et résolu par le marxisme. Contre le communisme
771
e. Contre le communisme, une polémique doctrinale
est
justifiée, voire nécessaire : elle a des points d’application vraimen
772
e et cohérente de la vie humaine. Ou plutôt, il n’
est
cohérent que dans un domaine restreint. Si l’on cherche à décrire le
773
revendication commune : l’étatisme. Tout ce qui n’
est
pas accidentel dans le fascisme et l’hitlérisme48 se ramène à cette e
774
iste subvient aux défaillances particulières : il
est
impersonnel et jamais fatigué. L’État fasciste met fin aux luttes pol
775
Dangers du fascisme La cohérence du fascisme n’
est
réelle et organique qu’à partir de l’État. Mais depuis l’origine du m
776
upable — à moins qu’on ne parvienne à l’intégrer,
fût
-ce au prix d’un mensonge, dans le mécanisme étatique. La véritable br
777
solini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne
seront
jamais que des « missionnaires bottés52 ». On ne peut convertir perso
778
n toutefois au mensonge officiel. Et quand l’État
tiendrait
la vérité, il en fait un mensonge dès qu’il y convertit par ses décre
779
songe dès qu’il y convertit par ses décrets. Ce n’
est
pas par hasard que me revient, ici, le souvenir du siècle raisonnable
780
ours. L’ancêtre du fascisme, c’est Louis XIV. Que
furent
les dragonnades, sinon une « mise au pas », une inversion du spiritue
781
ux dépens de la vie multiple du pays. Cet exemple
est
pour nous d’un rude enseignement. Toute Gleichschaltung, toute expéri
782
rissement spirituel dont les conséquences peuvent
être
séculaires : car c’est aux moelles du pays qu’elle s’attaque, c’est l
783
De toutes les idoles modernes, l’État totalitaire
est
peut-être la plus décevante. L’idole des humanistes (l’homme divinisé
784
ances. Les prétentions totalitaires du communisme
sont
fondées, en effet, sur une notion totale de l’homme naturel. Par là m
785
ion totale de l’homme naturel. Par là même, elles
sont
mieux justifiées, aux yeux de l’incroyant du moins, que les prétentio
786
une notion disciplinaire de l’homme. Le marxisme
est
pour le chrétien un adversaire plus noble, plus représentatif de l’at
787
devoir jouer pour entraîner les classes moyennes,
est
un danger plus grand pour les Églises que la tragédie soviétique. Et
788
ogues, l’humanisme fasciste et le culte des héros
sont
pour notre personnalisme une menace plus perfide que le collectivisme
789
déclaré. Célébrer des héros dont l’authenticité n’
est
établie que par le décret du Parti, c’est à peu près le contraire de
790
es héros ? — Le héros vrai n’imite personne. Il n’
est
conforme qu’à sa vocation. Qui n’est pas fasciste ? Le danger r
791
nne. Il n’est conforme qu’à sa vocation. Qui n’
est
pas fasciste ? Le danger réel du fascisme n’apparaît pas à la majo
792
parence) du marxisme. Ils croient que le fascisme
est
le parti de l’ordre. Ils ne voient pas à quel niveau ni à quel prix s
793
ait à l’éducation fasciste de ses militants. Ce n’
est
pas que je croie un seul instant à la duplicité des ligues antifascis
794
principe fédéraliste. Dans l’ordre politique, ce
sont
les groupes « personnalistes » qui ont résisté le plus longtemps54 et
795
adhérents. Les raisons de cette double résistance
sont
claires. Un protestant resté fidèle à la doctrine de la Réforme55 sai
796
ire des Prophètes lui apprend que le péché majeur
est
celui qui consiste à se servir de Dieu en le servant. L’opposition du
797
tel que j’ai essayé de le décrire plus haut, il n’
est
pas moins aisé de voir qu’il est le véritable antifascisme politique.
798
plus haut, il n’est pas moins aisé de voir qu’il
est
le véritable antifascisme politique. La personne n’est jamais « au pa
799
e véritable antifascisme politique. La personne n’
est
jamais « au pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle est seule
800
itique. La personne n’est jamais « au pas ». Elle
est
aux ordres de sa vocation, elle est seule responsable de son risque ;
801
u pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle
est
seule responsable de son risque ; surtout, elle se sait plus réelle q
802
e leur nécessaire diversité. Elle veut que l’État
soit
une émanation de l’homme, et non l’inverse. Elle veut qu’il y ait d’a
803
État au service de ces hommes. Là où l’homme veut
être
total, l’État ne sera jamais totalitaire. 46. C’est au reçu d’une
804
hommes. Là où l’homme veut être total, l’État ne
sera
jamais totalitaire. 46. C’est au reçu d’une circulaire m’invitant
805
istes en Indochine par exemple. 48. Le racisme n’
est
pas essentiellement fasciste, comme le prouve l’exemple italien. La d
806
l’exemple italien. La dictature de la jeunesse n’
est
pas non plus le fait du seul fascisme : l’URSS et les USA sont aussi
807
plus le fait du seul fascisme : l’URSS et les USA
sont
aussi des États « jeunes ». 49. La confiscation par l’État fasciste
808
tat fasciste de l’idéal culturel d’une « nation »
est
clairement symbolisé par la substitution de l’insigne du Parti aux an
809
houe dans les pays d’esprit « personnaliste » que
sont
les pays protestants. Réaction « hiérarchiste » contre l’individualis
810
chef du néo-thomisme italien, au régime fasciste
est
à cet égard significative. 52. C’est ainsi qu’on nomma les dragons d
811
s bonnes raisons du fascisme, italien surtout, ne
sont
pas niables. Mais je n’ai pas ici à marquer des points, bons ou mauva
812
des points, bons ou mauvais. Ce qui m’importe, ce
sont
les fins spirituelles, l’enjeu total, les raisons dernières du choix
813
utsche Christen… À l’heure où j’écris, le schisme
est
imminent entre ces pseudo-protestants et les églises fidèles à l’Évan
814
istes et marxistes. Ce Cahier de revendications
était
introduit en ces termes : Est-il possible de définir une cause comm
815
revendications était introduit en ces termes :
Est
-il possible de définir une cause commune de la jeunesse française, un
816
elle révolution française. Leur anticapitalisme n’
est
pas celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marx
817
is, la doctrine marxiste, en dehors de laquelle s’
est
constitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère princi
818
lques appuis occasionnels ; et certains objectifs
sont
communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de tous ces groupes un acte d
819
paraître suffisant pour définir un front unique,
fût
-il provisoire. C’est dans cette vue qu’ont été réunies — rapidement c
820
e, fût-il provisoire. C’est dans cette vue qu’ont
été
réunies — rapidement car tout nous presse — les déclarations que l’on
821
d’analyser dans les Conclusions que voici. Nous
sommes
une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de
822
une « nécessité » révolutionnaire dont l’ampleur
est
sans précédent. Ce n’est plus seulement de conflits d’idées qu’il s’a
823
tionnaire dont l’ampleur est sans précédent. Ce n’
est
plus seulement de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits
824
r le seul moyen d’en réchapper, — l’imposer. Ce n’
est
plus pour quelque « idéal » que nous avons à lutter maintenant, mais
825
as si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il
est
vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop souvent crié a
826
i se trouvait à l’origine de tout le mal ? Telles
sont
les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus
827
les sont les composantes de notre situation. Nous
sommes
là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous b
828
otre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus
tenir
longtemps ; ne pouvant accepter de nous battre pour un « ordre » et d
829
r quoi la supporterons-nous ? La révolution, ce n’
est
plus un état d’esprit, ni un refus des tâches d’homme. La révolution
830
it, ni un refus des tâches d’homme. La révolution
est
une nécessité au sens le plus banal du terme, et aussi à son sens de
831
ssi à son sens de « misère qui appelle ». Nous ne
sommes
pas « des bourgeois-dégoûtés » ou des « prolétaires-avides-des-riches
832
’autre part une espérance, une utopie, qu’il nous
est
impossible d’accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’u
833
égnant, nous détestons de toute la force de notre
être
: la primauté du matériel. Comment penser — si « penser » est insépa
834
auté du matériel. Comment penser — si « penser »
est
inséparable d’une action — entre une bourgeoisie déchue et un marxism
835
embres d’ Esprit ou de L’Ordre nouveau , pour n’
être
pas entièrement originales, ne peuvent manquer de déconcerter tous ce
836
rien. Et nous ne trahirons pas l’homme tel qu’il
est
, sous prétexte qu’il faut se hâter, et qu’en Russie c’est en train de
837
s tout sur une révolution vraie. Les catastrophes
sont
proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capital
838
ion vraie. Les catastrophes sont proches. Nous ne
sommes
plus les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ont si bien comp
839
te avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre
soit
, comme l’écrit Henri Lefebvre, la seule « chance » des capitalistes.
840
bvre, la seule « chance » des capitalistes. Il en
est
une moins coûteuse à risquer et qui consisterait à se laisser convain
841
les, mais qui soudain font mine de « réussir ». N’
est
-ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas
842
s qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne
sont
pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux pris
843
Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne
sont
pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la condition humaine
844
s nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’un
être
aux prises avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’hier, ni
845
ectivistes et des patries personnalistes. Mais où
sont
les motifs de notre choix ? J’en indiquerai trois : 1° La seule révol
846
’homme, exprime ses données élémentaires : elle n’
est
qu’une projection du conflit de la personne. Les marxistes nous accus
847
ues qui pullulent dans un monde athée. Quelle que
soit
d’ailleurs la conception historique que l’on ait, il faut pourtant re
848
ait, il faut pourtant reconnaître que la personne
est
un facteur « décisif », sinon suffisant, du processus révolutionnaire
849
r la révolution. Mais il y a plus. Si la personne
est
véritablement l’élément décisif de la réalité humaine, toute révoluti
850
t décisif de la réalité humaine, toute révolution
est
vaine qui se fonde sur des faits mortels pour la personne, même si «
851
its mortels pour la personne, même si « ces faits
sont
les faits » comme on voudrait nous le faire croire. Une révolution n’
852
elque chose : elle se fera contre ces faits. Elle
sera
« acte ». 2° Le matérialisme décrit un monde tel qu’on ne voit pas où
853
le-même ? La dialectique historique à trois temps
est
une arbitraire projection dans les choses d’un mécanisme de « l’intel
854
te toute efficacité créatrice et par là même doit
être
dénoncée comme antirévolutionnaire57. Le matérialisme, c’est l’opium
855
de la révolution. 3° La conception personnaliste
est
seule capable d’édifier un monde culturel, économique et social qu’an
856
rêveries » l’action. Qu’appellent-ils l’action ?
Est
-ce un opportunisme purement tactique, d’allure électorale ? « Toutes
857
ains du prolétaire qui, justement, avait besoin d’
être
conduit par la pensée de quelques-uns58 ! Mais ce sont les « rêveries
858
conduit par la pensée de quelques-uns58 ! Mais ce
sont
les « rêveries » des « penseurs » qui ont fait toutes les révolutions
859
illeurs brimée. En février 1917, les bolchévistes
sont
200. En octobre, ils s’emparent du pouvoir sur toutes les Russies. En
860
ais, nous dit-on, les constructions d’un Lénine n’
étaient
pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire. » Nous
861
a-t-il en France la moindre chance de succès ? Où
est
sa tradition vivante en ce pays ? La violence des communistes françai
862
este le plus souvent verbale, électorale ; elle n’
est
pas dans leur doctrine constructive. Elle se fonde sur des apparences
863
mais insuffisamment analysés. Les faits, demain,
seront
pour nous. L’Ordre nouveau, Esprit, travaillent dans la ligne des for
864
xistes, mais niée en sous-main par leur doctrine,
est
de leur part une duperie manifeste. Je les entends menacer le bourgeo
865
as en quoi la tyrannie du matériel qu’ils prônent
est
meilleure pour les hommes que le présent désordre. Je ne vois pas qu’
866
n l’accumulation de leurs griefs, — dont beaucoup
sont
les nôtres, mais nous en avons davantage. Ils jouent sur une révolte
867
é de la folie capitaliste-matérialiste. Non, ce n’
est
pas une classe que nous devons sauver, c’est l’homme menacé dans son
868
e menacé dans son intégrité. Sauver l’homme, ce n’
est
pas sauver des consommateurs. Ce n’est pas sauver des entreprises, de
869
omme, ce n’est pas sauver des consommateurs. Ce n’
est
pas sauver des entreprises, des nations, les intérêts (?) du monde. O
870
nde » ? Rien. Au sens fort du mot, le « salut » n’
est
pas à débattre sur le plan de l’humanité, mais entre l’homme, entre t
871
l homme et la Réalité qui seule peut garantir son
être
. — Encore faut-il que les conditions matérielles permettent à ce supr
872
n sens, un point d’application : la personne. Tel
est
, en dernière analyse, le fondement, l’enjeu de la révolution nouvelle
873
s ; une substance, une exigence impossible et qui
est
la seule chose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être. Il
874
ose que les hommes éprouvent dans le fond de leur
être
. Il faut derrière ces idées une masse volontaire, une pesante contrai
875
courage. Je parle de la foi chrétienne où je veux
être
, de ce suprême « choix » qui ne vient pas de moi, mais qui soudain me
876
r laquelle j’accepterais la mort, parce que ce ne
serait
pas crever bassement dans la haine, mais ce serait un acte enfin dans
877
erait pas crever bassement dans la haine, mais ce
serait
un acte enfin dans lequel je posséderais toute ma vie, d’un seul coup
878
, en la donnant. Je n’ai pas à sauver quoi que ce
soit
de la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pard
879
rre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’
est
de pardon que pour celui qui agit. On me dira sans doute que je me pe
880
évolution qu’elle légitimerait, en bonne logique,
serait
une révolution contre la construction entreprise par le capitalisme d
881
position définie par la phrase citée de M. Nizan
est
exactement celle des révolutionnaires russes dit « populistes », aux
882
. (Cf. Que faire ?) 59. Le succès du communisme
serait
-il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dan
883
ordre, ou l’aventure, ou le plaisir. Cette ardeur
est
évidemment maladive. L’homme sain ne s’excite pas sur l’idée de sécur
884
r, ou simplement quelque chose à faire. La paix n’
est
pas une occupation, ni un but. Du moins pour notre civilisation, elle
885
un but. Du moins pour notre civilisation, elle n’
est
rien que l’absence obsédante de la guerre. Tout cela est assez connu,
886
n que l’absence obsédante de la guerre. Tout cela
est
assez connu, mais peu de personnes en tiennent compte. Si nous le rép
887
e de tout principe vivant d’unité et d’union, qui
est
la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité.
888
sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne
sera
pas dénoncée, reconnue et combattue, on perdra son temps à dénoncer e
889
s, maîtres de forges, journalistes. La corruption
est
tellement générale que ces dénonciations perdent toute efficacité. El
890
ces dénonciations perdent toute efficacité. Elles
sont
d’ailleurs filtrées et maquillées par la Presse, c’est-à-dire par l’u
891
ont parfaitement raison de soutenir que le régime
est
organiquement lié à la guerre, et que la guerre est une des pièces in
892
t organiquement lié à la guerre, et que la guerre
est
une des pièces indispensables du système capitaliste. Mais ils s’arrê
893
nonciation des moyens et des personnes. Le danger
est
beaucoup plus profond : il est dans la conception rationaliste de l’É
894
rsonnes. Le danger est beaucoup plus profond : il
est
dans la conception rationaliste de l’État moderne et dans la concepti
895
comme individu atomique. Or ces deux conceptions
sont
également à la base de tout le système marxiste-stalinien. Elles y so
896
se de tout le système marxiste-stalinien. Elles y
sont
même plus rigoureusement formulées que dans le système parlementaire.
897
monde, — désagrégation dont l’aboutissement fatal
serait
la ruine de toute vie organique et de toute solidarité réelle, comme
898
organique et de toute solidarité réelle, comme il
était
, en régime capitaliste, la guerre du droit et de la justice. Ces simp
899
t pas compté avec le principe de tout conflit, et
sont
sans forces contre les conflits qui surgissent. Elles essaient alors
900
lleurs, elles échouent. Les conflits qui éclatent
sont
alors sanglants. L’évolution de la notion d’individu, d’homme en soi
901
notion d’individu, d’homme en soi, d’homme type,
est
trop connue pour que nous la reprenions ici. On sait comment cette no
902
s différences humaines et à faire croire qu’elles
étaient
accidentelles et méprisables. Les premières revendications d’égalité
903
prisables. Les premières revendications d’égalité
furent
néanmoins d’ordre strictement politique. On voulait un système fondé
904
istaient pas. Il fallait les créer. L’égalité, ce
fut
en fait l’égalisation à tout prix. À la fois pour dissimuler la bruta
905
Liberté et la Fraternité. En fait, l’égalisation
était
une atteinte à la liberté, et la rendait humainement impossible au mo
906
urnoise qu’il établissait parmi les hommes. Ce ne
fut
que lorsque les citoyens eurent compris que leur égalité purement pol
907
urent compris que leur égalité purement politique
était
fictive62 qu’ils commencèrent à soupçonner la duperie. Il leur reste
908
perie. Il leur reste à comprendre que l’Égalité n’
est
pas seulement fictive, mais encore que sa revendication est contre na
909
ulement fictive, mais encore que sa revendication
est
contre nature, et forcément tyrannique. D’autre part, et ceci est plu
910
e, et forcément tyrannique. D’autre part, et ceci
est
plus grave, l’égalisation rendait impossible toute fraternité véritab
911
introduisait en effet, dans notre monde tel qu’il
est
, un principe entre tous néfaste : celui de la comparaison perpétuelle
912
i de la comparaison perpétuelle. À qui fallait-il
être
égal ? Sur le plan politique, la réponse était facile ; mais elle ne
913
-il être égal ? Sur le plan politique, la réponse
était
facile ; mais elle ne satisfaisait pas le besoin qu’on avait créé63.
914
, que sur des valeurs extérieures à l’homme. Il n’
est
plus assuré par la responsabilité de chacun, mais par le cadre polici
915
te de classes, guerre. Primauté du paraître sur l’
être
. La Personne : fondement de la Communauté La personne, c’est l’
916
encore utopique, remarquons toutefois qu’il ne l’
est
pas plus que la prétention égalitaire. D’autre part, il exprime un es
917
espoir fondé sur la réalité humaine telle qu’elle
est
, alors que l’utopie individualiste fondait son espoir sur une réalité
918
régions et des races, — pour les utiliser. Telle
est
la formule fondamentale de notre politique. Elle entraîne immédiateme
919
inir une attitude spirituelle. Les principes qui
seront
à la base de l’économie et de politique nouvelles sont identiques à c
920
à la base de l’économie et de politique nouvelles
sont
identiques à ceux qui seront à la base de la vie sociale quotidienne.
921
de politique nouvelles sont identiques à ceux qui
seront
à la base de la vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de di
922
ue nous disons sur la morale sociale doit et peut
être
immédiatement traduit en institutions économiques par exemple. Dans l
923
est la personne, et non point la famille, qui lui
est
subordonnée. La personne, telle que je viens de la définir, n’est pas
924
La personne, telle que je viens de la définir, n’
est
pas un état, mais un acte. L’homme devient personne dans la mesure où
925
il se manifeste concrètement, d’une façon qui lui
est
particulière, dans une tâche qui lui est propre et pour laquelle il e
926
qui lui est particulière, dans une tâche qui lui
est
propre et pour laquelle il est responsable. Alors que « l’individu »
927
une tâche qui lui est propre et pour laquelle il
est
responsable. Alors que « l’individu » se balade au gré des théories d
928
ncret d’une vocation. L’apparition de la personne
est
liée à l’apparition d’une tension. Car d’une part elle est déterminée
929
à l’apparition d’une tension. Car d’une part elle
est
déterminée par les conditions données, d’autre part elle a pour but d
930
ndre créatrices. Le type même d’une telle tension
est
celle qui s’établit entre deux hommes qui se rencontrent pour exécute
931
i se rencontrent pour exécuter une tâche commune,
soit
que l’un vienne en aide à l’autre (c’est la définition chrétienne du
932
(c’est la définition chrétienne du « prochain »),
soit
que tous deux, apportant des aptitudes différentes, les composent en
933
s, les composent en une force nouvelle. L’homme n’
est
humain que lorsqu’il manifeste sa raison d’être particulière. Mais dè
934
n’est humain que lorsqu’il manifeste sa raison d’
être
particulière. Mais dès qu’il la manifeste, il crée une nouveauté, c’e
935
assumer ce risque. La dignité de l’homme, c’est d’
être
responsable. Le monde actuel est peuplé d’irresponsables. Le « prolét
936
’homme, c’est d’être responsable. Le monde actuel
est
peuplé d’irresponsables. Le « prolétaire » tel que le fabrique le cap
937
« prolétaire » tel que le fabrique le capitalisme
est
défini par son irresponsabilité, et c’est pourquoi sa condition est d
938
irresponsabilité, et c’est pourquoi sa condition
est
dégradante. Mais elle ne l’est guère plus que celle du bourgeois atta
939
rquoi sa condition est dégradante. Mais elle ne l’
est
guère plus que celle du bourgeois attaché à son bas de laine ou priso
940
nous empêchera pas de prononcer un mot auquel il
est
urgent de rendre son prestige et sa valeur d’appel. L’héroïsme vérita
941
cle irréductible que rencontre le fascisme, qu’il
soit
de Berlin ou de Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’h
942
e le plus utile. La morale de l’ordre nouveau, ce
sera
la morale de l’homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale q
943
. Mais une morale qui exige de chaque homme qu’il
tienne
sa place unique dans la communauté. Qu’il ait à en répondre. Il n’y a
944
, et par là même solidariste : il faut que chacun
soit
à sa place. Est-ce trop simple pour les évasifs et les désespérés qui
945
solidariste : il faut que chacun soit à sa place.
Est
-ce trop simple pour les évasifs et les désespérés qui nous entourent
946
es évasifs et les désespérés qui nous entourent ?
Est
-ce « trop subtil », trop « intellectuel », trop « théorique » pour le
947
her d’en user ? Sans doute. Et nos « valeurs » ne
seront
jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous nous adressons à des homme
948
ltent, par exemple. 63. Le fait que l’égalité ne
soit
possible que sur le plan politique, bien qu’elle soit prêchée à l’éco
949
possible que sur le plan politique, bien qu’elle
soit
prêchée à l’école comme une valeur morale, crée un abîme entre la vie
950
urope ; cela ne paraîtra pas même un comble, mais
sera
tenu pour un rien et moins encore par les politiciens « réalistes ».
951
; cela ne paraîtra pas même un comble, mais sera
tenu
pour un rien et moins encore par les politiciens « réalistes ». Voilà
952
de raisonner sur des réalités irrationnelles ? Qu’
est
-ce qui conduit les peuples ? Les intérêts et les passions. La politiq
953
lectorale. — C’est bien cela. — Mais alors vous n’
êtes
rien ! Des artistes, des philosophes, des esthètes ! Des philanthrope
954
losophes, des esthètes ! Des philanthropes ! — Je
suis
d’accord, sauf pour esthètes. Je vois comme vous, d’autre part, que l
955
ules la vertu d’exciter l’enthousiasme. Mais vous
êtes
moins réalistes que vous ne croyez. Il y a par exemple une chose qui
956
le ignore davantage s’il se peut. Le monde actuel
est
né d’une révolution. Cette révolution n’a pas été sans théories. Vous
957
est né d’une révolution. Cette révolution n’a pas
été
sans théories. Vous savez bien utiliser dans vos discours Machiavel o
958
Maurras, voire Guesde et Jaurès. Leurs doctrines
sont
passées dans les mœurs, c’est pourquoi vous pensez qu’elles n’étaient
959
les mœurs, c’est pourquoi vous pensez qu’elles n’
étaient
pas « philosophiques » au même titre que les nôtres. Nous revenons à
960
i ne dépendent pas du rendement électoral, et qui
sont
justement les plus concrètes, les modernes, qu’il faut plaindre, dise
961
il faut plaindre, disent et croient presque qu’on
est
inefficace. Ils ne veulent pas qu’on parle de ce qui vit, de ce qu’il
962
justifications » aux congrès radicaux : voilà qui
est
pratique, c’est-à-dire électoral. « Vous critiquez, c’est bien facile
963
oins, il fait quelque chose. — Que fait-il ? — Il
est
dans l’action politique, dans la lutte… — Dans la lutte électorale ?
964
ue ! — Dans la réalité électorale ? — Ah ! Vous n’
êtes
que des intellectuels ! » Cela signifie : vous cherchez la vérité po
965
que », c’est-à-dire quelque chose d’électoral.
Être
« objectif » Dans nos plans, nous parlons des choses, de leur natu
966
e bien irritant. Le parti pris que nous affirmons
est
bien connu : il n’en est pas de plus simpliste. Nous ramenons tout à
967
pris que nous affirmons est bien connu : il n’en
est
pas de plus simpliste. Nous ramenons tout à l’homme et à ses intérêts
968
us « élevés » ? Non point, mais les plus dignes d’
être
revendiqués par l’homme responsable de son activité : ce sont les int
969
qués par l’homme responsable de son activité : ce
sont
les intérêts de son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux d
970
politique qu’on leur sert, de Doumergue à Cachin,
est
romantisme. C’est parce que nous sommes objectifs qu’ils se méfient ;
971
ue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous
sommes
objectifs qu’ils se méfient ; c’est parce qu’ils se méfient qu’ils no
972
’on veut atteindre par l’action politique peuvent
être
clairement définies, mais elles restent diverses et incommensurables
973
confondent avec ceux de la classe possédante, qui
sont
franchement matériels. Le communiste affirme : économique d’abord ! m
974
droite-gauche. Chacun sait qu’il ne suffit pas d’
être
ruiné pour devenir marxiste, et qu’on peut posséder une auto et ne pa
975
donc bien admettre que les facteurs « matériels »
sont
singulièrement troublés par des facteurs « spirituels », et même que
976
ble vient de là. L’économie purement matérialiste
serait
simple, mais elle n’existe pas, à cause de l’« esprit ». C’est donc p
977
gélique. Que dit donc l’Évangile ? « Les premiers
seront
les derniers », c’est-à-dire : ce que l’homme place au premier rang d
978
mier rang d’un « ordre » humain et rien qu’humain
sera
au dernier rang de l’ordre spirituel, que Dieu ordonne. Et encore : l
979
tuel, que Dieu ordonne. Et encore : le plus grand
est
celui qui s’abaisse à servir les plus humbles dans leur abaissement.
980
utôt que de service. On voudrait que le spirituel
soit
honoré comme souverain d’une hiérarchie intangible, et l’on oublie qu
981
rchie intangible, et l’on oublie qu’un souverain,
fût
-il de droit divin — et peut-être surtout dans ce cas —, ne saurait fo
982
charge. Or, l’exercice du pouvoir spirituel nous
est
prescrit, par l’Évangile, comme un service dans l’abaissement. La pri
983
ce dans l’abaissement. La primauté du spirituel n’
est
donc active et justifiée que pour autant que la personne se met au se
984
la personne se met au service du prochain. Elle n’
est
pas une « valeur », mais un acte. Et cet acte n’a lieu que dans l’hum
985
très bien de se moquer des calligraphes. Mais ce
sont
eux qui nous apprennent à écrire, qui nous donnent les modèles, qui p
986
Il y a des gens qui estiment que la « pratique »
étant
très infidèle aux théories, on aurait pu tout aussi bien se passer de
987
vrait dire : le peuple tyran. Jamais souverain ne
fut
à ce degré jaloux de son aveuglement, impatient à l’égard de qui veut
988
ifices de langage : « Voilà, Sire, l’état où vous
êtes
! » Personne ne tente plus de délivrer le peuple souverain de ses fla
989
ntaines de petits Robespierre pour lui dire qu’il
est
infaillible ; et pour gouverner à sa place, sans raison et sans loyau
990
es individuelles, de leurs virtualités imaginées.
Est
-ce que peut-être ils ne croient pas plus que ça à ce qu’ils disent ?
991
n cause leur sincérité, je ne parle que de ce qui
est
contrôlable. « Si c’était vrai, ça se verrait », dit le peuple. N’ou
992
N’oublions pas que l’intellectuel d’aujourd’hui
est
avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu de s’agiter. Je me mé
993
ries d’action que proposent les incroyants. Benda
est
plus honnête, dans sa théorie de l’inaction. Tous les autres calculen
994
e sa vie à ses récentes opinions ? Allons, ils ne
sont
pas sérieux. Un chrétien a le droit de faire cette observation simpli
995
ourquoi le chrétien a-t-il ce droit ? Parce qu’il
est
plus actif que les autres ? Non, hélas ! Mais parce que, en tant que
996
r mécanique. Je veux rester un homme ! Mais ne le
suis
-je pas par cette seule volonté de l’être ? Il faut croire que non, et
997
is ne le suis-je pas par cette seule volonté de l’
être
? Il faut croire que non, et que je suis encore mal assuré dans la vé
998
nté de l’être ? Il faut croire que non, et que je
suis
encore mal assuré dans la vérité que je sais. Je voudrais un aveu plu
999
que je sais. Je voudrais un aveu plus profond. Qu’
est
-ce qu’un homme ? J’ai dit : un risque personnel64. Le règne qu’ils pr
1000
orter à notre audace un défi presque inespéré ? N’
est
-ce point là notre plus belle chance de grandeur ? Ils nous tueront !
1001
e chance de grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole
est
absolue. Et ce n’est pas cette mort-là qu’il nous faut craindre, mais
1002
? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’
est
pas cette mort-là qu’il nous faut craindre, mais bien plutôt que les
1003
ndifférente et lâche. Presque tous les hommes ont
été
tentés une fois au moins par presque tout ce qui peut tenter un homme
1004
Et peut-être que tous les jeunes gens de ce temps
sont
tentés à la fois par le marxisme, le fascisme, et le libertinage bour
1005
la politique : non point que les gens qui la font
soient
très méchants ; mais ils manquent de sérieux humain. (J’ai dit aussi
1006
isages particuliers. Deux mythes Le Bonheur
est
un mythe. C’est un état vaguement pressenti de réussite permanente, u
1007
ins, etc.), car chacun sait que l’état de bonheur
est
une chose trop fragile pour être définie et qui s’évanouit aussitôt q
1008
l’état de bonheur est une chose trop fragile pour
être
définie et qui s’évanouit aussitôt qu’on l’atteint. Vraiment, notre é
1009
vent presque tous nos contemporains, l’avantage d’
être
comestible. Le mythe moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un ref
1010
d’être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’
est
qu’un reflet, et un reflet terrestre et trouble, de cette félicité pr
1011
bonheur. Quant à l’Égalité, chacun le sait, elle
est
surtout la revendication de ceux qui voudraient être un peu plus 66 q
1012
t surtout la revendication de ceux qui voudraient
être
un peu plus 66 qu’ils ne sont, et qui s’en trouvent empêchés soit par
1013
ceux qui voudraient être un peu plus 66 qu’ils ne
sont
, et qui s’en trouvent empêchés soit par la condition dans laquelle il
1014
66 qu’ils ne sont, et qui s’en trouvent empêchés
soit
par la condition dans laquelle ils sont nés, soit par la nature même
1015
empêchés soit par la condition dans laquelle ils
sont
nés, soit par la nature même de leurs aptitudes. C’est à la fois le p
1016
soit par la condition dans laquelle ils sont nés,
soit
par la nature même de leurs aptitudes. C’est à la fois le plus insais
1017
tout les intellectuels de gauche) que le Français
est
« passionnément attaché à l’égalité ». C’est inexact, parce qu’il n’y
1018
artout ailleurs. Il faudrait dire que le Français
est
passionnément attaché à la revendication de l’égalité, et d’autant pl
1019
tant plus passionnément que ses coutumes sociales
sont
plus tyranniquement hiérarchisées et honorées. Le Français est l’être
1020
nniquement hiérarchisées et honorées. Le Français
est
l’être le plus « social » du monde. On l’admet volontiers, mais il fa
1021
ment hiérarchisées et honorées. Le Français est l’
être
le plus « social » du monde. On l’admet volontiers, mais il faut voir
1022
lontiers, mais il faut voir ce que cela signifie.
Être
social, dans le sens de sociable, c’est honorer les catégories et con
1023
rge, à la tradition, au nom, au métier. Tout cela
est
nécessaire, légitime jusqu’à un certain point. Tout cela est éminemme
1024
ire, légitime jusqu’à un certain point. Tout cela
est
éminemment français. L’Allemand par exemple enviera toujours ce sens
1025
onfronter ses coutumes avec son idéal, car rien n’
est
plus contradictoire. Le Français moyen, né social, et décidé à le res
1026
à le rester, a besoin d’affirmer hautement qu’il
est
égalitaire. C’est à peine paradoxal, c’est assez normalement humain.
1027
ais d’égalité. Il dit simplement que les premiers
seront
les derniers, et les derniers les premiers — dans le Royaume de Dieu.
1028
oncevable entre deux vocations, une fois qu’elles
sont
reçues et qu’il s’agit de les réaliser. Mais les hommes ont grand-peu
1029
onnaliste » reste entière. Ou plutôt elle cesse d’
être
une chance pour devenir la seule chance humaine de l’humain. La perso
1030
’il ne saura goûter. Le triomphe du personnalisme
est
aussi fatal que la continuation de la vie. Pas davantage. Qu’est-ce q
1031
que la continuation de la vie. Pas davantage. Qu’
est
-ce que la continuation de la vie ? C’est la renaissance permanente d’
1032
tout le plaisir, tout l’honneur, toute la morale
soient
de faire vivre ceux-là mêmes qui lui refusent leur reconnaissance. (M
1033
orthodoxes, le mode de vie purement socialiste n’
est
pas encore imaginable. Il dépend d’un ensemble économique qui n’a jam
1034
Il dépend d’un ensemble économique qui n’a jamais
été
réalisé. Car le plan quinquennal n’est qu’une première transition. L
1035
n’a jamais été réalisé. Car le plan quinquennal n’
est
qu’une première transition. L’avènement du régime idéal demandera de
1036
n d’un style de vie personnaliste. Cette jeunesse
est
pauvre par goût de la force et du risque. Elle rit bien. Elle n’a pas
1037
l’argent, elle l’utilise quand il y en a. Elle n’
est
pas excitée, révoltée, ni droguée, elle ne croit plus à la vertu des
1038
rce plus au désespoir. Elle veut connaître ce qui
est
. Surtout, elle prend ses responsabilités, et c’est cela qui est le pl
1039
elle prend ses responsabilités, et c’est cela qui
est
le plus nouveau et qui prouve qu’elle est en train de se créer un nou
1040
ela qui est le plus nouveau et qui prouve qu’elle
est
en train de se créer un nouveau style de vie. Prendre ses responsabil
1041
nouvelles générations de France et d’Angleterre.
Est
-ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen ? Aventures ? La révo
1042
rdre européen ? Aventures ? La révolution n’
est
pas une aventure. Elle est la réalisation d’une doctrine de l’homme v
1043
s ? La révolution n’est pas une aventure. Elle
est
la réalisation d’une doctrine de l’homme véritable. La révolution n’e
1044
ne doctrine de l’homme véritable. La révolution n’
est
pas un mythe, mais une action vigoureusement conditionnée par des but
1045
r des buts humains définis. Si ces buts pouvaient
être
atteints sans nulle émeute, sans nul emploi de la violence, la révolu
1046
te, sans nul emploi de la violence, la révolution
serait
pure, — si pure qu’elle en deviendrait invisible et qu’on pourrait n’
1047
ent durer, elles se défendent par la force, et ce
sont
elles qui provoquent les désordres et peignent en rouge la révolution
1048
et peignent en rouge la révolution. La révolution
est
créatrice. Mais elle ne crée pas n’importe quoi, elle ne crée pas à l
1049
s à l’aventure. Elle veut créer l’homme tel qu’il
est
. L’homme n’est égal à son humanité totale que là où il se montre créa
1050
Elle veut créer l’homme tel qu’il est. L’homme n’
est
égal à son humanité totale que là où il se montre créateur de lui-mêm
1051
à où il se montre créateur de lui-même. Non, ce n’
est
point un « homme nouveau » que la révolution fait sortir de nos ombre
1052
and on part pour une promenade de deux heures, on
est
fatigué au bout de la première heure. Quand on part pour une course d
1053
on part pour une course de dix-huit heures, on n’
est
fatigué que vers la cinquième heure. Vers la huitième heure, la fatig
1054
la huitième à la dixième heure, par exemple, elle
est
loin d’augmenter autant que de la première à la deuxième heure d’une
1055
e heure d’une promenade de deux heures. Voilà qui
est
bien connu de tous les alpinistes et de tous ceux qui ont fait des vo
1056
qui ont fait des voyages à pied. Cela ne peut pas
être
expliqué par les dispositions prises au départ, encore qu’elles jouen
1057
nt un certain rôle, mais non pas décisif. Le fait
est
que la course est un total indécomposable, et que l’effort le mesure
1058
, mais non pas décisif. Le fait est que la course
est
un total indécomposable, et que l’effort le mesure d’avance et à chaq
1059
c’est-à-dire comme un tout. C’est donc la fin qui
est
décisive. (La distance du but.) Supposez maintenant qu’on vous dise :
1060
ort, sans nul espoir d’atteindre le but ! (Ce but
étant
caché dans la mort même.) L’incroyant — celui qui ne croit pas au but
1061
rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’
être
pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plai
1062
onté de Dieu. Il ne s’agit pas d’être pauvre pour
être
heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se
1063
laire, non pas de se plaire. 66. Par ce plus qui
est
le contenu paradoxal de la revendication d’égalité, s’introduit la no
1064
d’égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle
est
donc liée à l’insatisfaction. Curieuse incompatibilité, dans l’état a
1065
que du bonheur et de celle du progrès. Le bonheur
est
une mystique de droite, le progrès une mystique de gauche.
1066
trange si l’on y prête la moindre réflexion : ils
tiennent
les moyens de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient d
1067
de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils
soient
de gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les
1068
rapport aux idéaux qu’il s’agit d’imposer — et ce
sont
les mêmes passions —, discourir dans les mêmes lieux et prétendre aux
1069
undo : qu’ils se moquent de ces fins, quelles que
soient
, par ailleurs, leur conviction et leur sincérité. Fondés sur cette er
1070
s sur cette erreur commune, ils nous reprochent d’
être
sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos
1071
ectorale. Si nous briguions leurs avantages, nous
serions
plus nigauds encore qu’ils ne le croient ; mais, comme il s’agit d’au
1072
de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font
est
naïve. Quand on travaille dans le médiocre, on aurait tort, évidemmen
1073
Les moyens n’ont pas d’importance quand les fins
sont
mal définies. Mais nous visons des buts bien définis : il ne faut pas
1074
ard. Le grand problème de la pensée personnaliste
est
désormais de créer une tactique déduite de la nature de la personne e
1075
ns que la force, l’autorité valable et le pouvoir
sont
l’apanage de la personne, en fin de compte, et non du nombre. On s’im
1076
onne, des personnes animées par une certitude qui
est
de l’ordre du spirituel. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à dout
1077
vienne à faiblir, à douter de lui-même, l’armée n’
est
plus une arme entre les mains des gouvernants. Tout régime, si bien a
1078
des gouvernants. Tout régime, si bien armé qu’il
soit
, s’écroule, dès lors que le principe de son pouvoir se montre défaill
1079
tuelle » — par opposition à la force matérielle —
était
passée du côté hitlérien. On pourrait sans difficulté multiplier de t
1080
lté multiplier de tels exemples. Et le moindre ne
serait
pas celui du régime kérenskyste, renversé presque sans coup férir par
1081
upement le plus ferme en doctrine, si petit qu’il
soit
, que revient la décision finale. Peu importe que ce groupement ait ou
1082
rdre qu’elle entend établir. Doctrine et tactique
sont
absolument inséparables dans la Révolution. Et si l’on vient à les sé
1083
a pas d’exemples que les buts de la Révolution ne
soient
du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalinienne est très typique. L
1084
du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalinienne
est
très typique. La dictature « de transition » fut installée au lendema
1085
est très typique. La dictature « de transition »
fut
installée au lendemain de la révolution d’Octobre pour assurer provis
1086
on. Et ces problèmes « autonomes » à leur tour se
sont
révélés si urgents que la doctrine, toujours ajournée sous d’excellen
1087
de ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’
est
et ne peut être rien d’autre que l’actualisation de sa doctrine. Avan
1088
tactique propre à un tel groupe n’est et ne peut
être
rien d’autre que l’actualisation de sa doctrine. Avant de proposer qu
1089
es déduites de notre position personnaliste, il n’
est
pas inutile de formuler quelques remarques sur la valeur générale — i
1090
nique générale, dans le désordre inévitable, elle
est
la pierre de touche de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent ser
1091
che de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent
seront
les seuls à demeurer calmes parmi les foules affolées, à l’heure où l
1092
foules affolées, à l’heure où la force efficace n’
est
plus celle des fusils — qui partent tout seuls et dans tous les sens
1093
me ; 2° La doctrine d’un groupe révolutionnaire n’
est
pas seulement théorique, elle est aussi militante. Elle s’applique à
1094
volutionnaire n’est pas seulement théorique, elle
est
aussi militante. Elle s’applique à interpréter tous les faits en vue
1095
ter tous les faits en vue de la révolution : elle
est
donc un choix perpétuel et partial dans la réalité. Elle possède ains
1096
sans cesse aux actes nécessaires ; 3° La doctrine
est
enseignante par nature, comme la révolution qui est toujours et tout
1097
t enseignante par nature, comme la révolution qui
est
toujours et tout d’abord enseignement, orientation — prise de conscie
1098
litante. Qu’importe, si les buts de la révolution
sont
assez hauts ? Les revendications de la majorité des hommes sont court
1099
ts ? Les revendications de la majorité des hommes
sont
courtes, et trop souvent mal exprimées. C’est la doctrine de la révol
1100
s confuses, une révolution véritable. La doctrine
est
seule créatrice d’une liberté que l’homme des rues reste incapable de
1101
et ses colères désordonnées ; 4° « Une révolution
est
sanglante dans la mesure où elle est mal préparée67. » C’est dire que
1102
e révolution est sanglante dans la mesure où elle
est
mal préparée67. » C’est dire que le sang versé par les émeutes mesure
1103
n. À cet égard, on peut bien dire que la doctrine
est
instrument de paix, au moins autant que de rénovation : à condition q
1104
umer la situation en une formule, je dirai que ce
fut
le choc des « défenseurs de l’ordre » (les Anciens Combattants) et de
1105
ire les moyens de la fin. (Les communistes russes
sont
prisonniers d’une maxime inverse.) 2. Ne rien utiliser qui n’ait déjà
1106
d’un certain puritanisme, etc.) 3. Un chef doit
être
pauvre et savoir que la richesse affaiblit. (Si cela est admis, il n’
1107
vre et savoir que la richesse affaiblit. (Si cela
est
admis, il n’est plus nécessaire de beaucoup discourir sur les autres
1108
e la richesse affaiblit. (Si cela est admis, il n’
est
plus nécessaire de beaucoup discourir sur les autres vertus morales.)
1109
iers du désordre établi. (Car cet homme convaincu
sera
l’impondérable dont dépendra la décision. On parle volontiers de ces
1110
vailler avec « les masses » !) 5. L’ordre nouveau
est
dès maintenant une mise en ordre. Cela signifie que la période de tra
1111
ue la période de transition au nouvel état social
est
dès maintenant inaugurée, à l’intérieur du désordre établi. (Condamna
1112
d’un pays, dont il s’agit de se rendre maître, ne
sont
pas seulement ceux du régime actuel, mais surtout ceux du régime nouv
1113
mais surtout ceux du régime nouveau. (Car nous ne
sommes
pas des émeutiers, mais des constructeurs.) 7. Ce n’est pas la masse
1114
s des émeutiers, mais des constructeurs.) 7. Ce n’
est
pas la masse informe qu’il s’agit d’émouvoir, mais il nous faut attei
1115
titre l’épithète de « démocratique », si le mot n’
était
perverti par l’usage qu’en ont fait les individualistes.) La troupe d
1116
listes.) La troupe d’assaut et la brigade de choc
sont
instruments de dictature. L’ordre nouveau sera l’œuvre d’un « ordre »
1117
oc sont instruments de dictature. L’ordre nouveau
sera
l’œuvre d’un « ordre » analogue aux anciens ordres de chevalerie. Son
1118
non par refus du monde, mais parce que le monde n’
est
jamais plus fort qu’une volonté de pauvreté. Pauvre, mais d’une pauvr
1119
econnaissent à ce signe invisible et certain : ce
sont
des hommes, si grands qu’ils soient parfois, qui sont moins grands qu
1120
et certain : ce sont des hommes, si grands qu’ils
soient
parfois, qui sont moins grands que leur mission. 67. Aron et Dandi
1121
des hommes, si grands qu’ils soient parfois, qui
sont
moins grands que leur mission. 67. Aron et Dandieu : La Révolution
1122
er ou sur le second membre de la phrase —, ce cri
est
significatif de l’étrange équivoque cultivée par la bourgeoisie capit
1123
oir bientôt réveillée par une brutalité dont elle
est
entièrement responsable. Droit au travail, droit au loisir, on sait e
1124
ins consciente de cette morale, que le soviétisme
est
en train de rajeunir, Staline prenant glorieusement la suite de Benja
1125
u près universelle. ⁂ Le terme de « travailleur »
est
devenu dans le monde moderne à peu près synonyme de travailleur indus
1126
médiatement ressortir le paradoxe. En effet, quel
est
le but de la machine ? Une économie de travail. Le machinisme est, en
1127
machine ? Une économie de travail. Le machinisme
est
, en principe, destiné à créer du loisir, dans une société dont la rel
1128
isir, dans une société dont la religion dominante
est
la religion du travail mécanique. Cette société n’accorde pas au lois
1129
jours plus grandes de loisir. C’est pourquoi elle
est
condamnée à une espèce de dégradation, dans la mesure même où son eff
1130
berté, le machinisme crée du chômage. Ce paradoxe
est
lié à l’essence même de la société capitaliste-bourgeoise. On pouvait
1131
adiers de choc — que, le domaine de la production
étant
illimité, il n’y avait pas lieu de prévoir sérieusement le moment où,
1132
nt le moment où, une certaine limite d’absorption
étant
atteinte, le machinisme développerait son pouvoir réel de « libératio
1133
perpétuellement future. Le jour où elle a cessé d’
être
illusoire, on s’est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage, tell
1134
e. Le jour où elle a cessé d’être illusoire, on s’
est
vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage, telle est la véritable f
1135
u forcé de la baptiser chômage. Le chômage, telle
est
la véritable fin, tel est le véritable nom du Progrès, dans un monde
1136
mage. Le chômage, telle est la véritable fin, tel
est
le véritable nom du Progrès, dans un monde dont le matérialisme fonci
1137
monde dont le matérialisme foncier ne pourra plus
être
longtemps masqué par le moralisme bourgeois ou « quinquennal ». Il n’
1138
me de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascension
est
relativement lente et passe, par exemple, pour les États-Unis, de l’i
1139
par homme se met à croître avec une rapidité qui
tient
du fantastique. L’index général passe de 104 en 1919 à 125 en 1923. S
1140
ctuelles y prêtent, il faut le dire plus qu’il ne
serait
nécessaire pour la clarté de la démonstration. Car si le chômage tech
1141
uvoir productif se manifeste dès l’année 1923, il
est
neutralisé jusque vers 1929-1930, dans une mesure à vrai dire décrois
1142
squent les effets statistiques, sinon réels. Ce n’
est
donc guère que depuis trois ou quatre ans que le saut de 1921 déploie
1143
conception purement quantitative de l’activité, n’
est
plus une mystique de classe : elle est devenue quasi universelle. Que
1144
ctivité, n’est plus une mystique de classe : elle
est
devenue quasi universelle. Que le « travailleur » soit considéré comm
1145
devenue quasi universelle. Que le « travailleur »
soit
considéré comme une matière inerte, une quantité calculable, justicia
1146
e, qu’on puisse en couper (ou en remettre si l’on
est
en URSS) selon les seules nécessités internes de la production machin
1147
enons d’avancer : parce que le champ d’absorption
est
loin d’être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde
1148
ncer : parce que le champ d’absorption est loin d’
être
couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde aux machines
1149
homme au labeur qu’on mesure et tarife. Et l’on s’
est
mis à calculer avec les hommes, comme s’ils n’étaient plus des hommes
1150
est mis à calculer avec les hommes, comme s’ils n’
étaient
plus des hommes. On les a pris d’ici pour les poser là, côte à côte,
1151
rté on a fait le chômage. Mais la misère présente
est
un appel à l’homme. Seuls sauront y répondre en pleine efficacité ceu
1152
ndre en pleine efficacité ceux pour lesquels il n’
est
pas de salut hors de cette réalité perpétuellement réparatrice et pro
1153
que, à la limite, de les priver de toute raison d’
être
efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle des
1154
èlement, de la corruption spirituelle des loisirs
est
née la présente corruption du travail. Notre siècle ne connaît plus n
1155
» ou « Je produis », ou bien « Je chôme », et ce
sont
autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injust
1156
nées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir
est
une dérision brutale des rythmes créateurs. Elle exprime simplement l
1157
a production et la consommation. Cette division n’
est
pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons d
1158
dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’
est
pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que
1159
orsque l’homme renonce à créer, son « travail » n’
est
plus que souffrance. Il ne s’agit plus d’accoucher, mais seulement de
1160
publicité et de plans quinquennaux. Leurs moyens
sont
plus simples, plus élégants. Ni plus ni moins efficaces d’ailleurs. ⁂
1161
— c’est peut-être perdre sa vie. Cette opposition
est
tellement radicale, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit de
1162
is à la liberté, au loisir plein. Si la liberté n’
est
pas à l’origine d’un système, elle ne s’introduira jamais dans ses ef
1163
ans un monde où le libre divertissement de chacun
sera
la condition du libre abrutissement de tous par la propagande élector
1164
si l’on convient que la mesure du travail ne peut
être
prise ailleurs que dans la capacité humaine d’utiliser les effets du
1165
du « temps vuide » et c’est chômage. Tout le mal
est
venu d’une séparation, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses s
1166
ion, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses
sont
toujours plus complexes que nos sommations, tout le mal moderne est s
1167
complexes que nos sommations, tout le mal moderne
est
symbolisé par cette disjonction du travail et du loisir, dont il faut
1168
sorte que le « temps vuide » de l’Encyclopédie n’
est
au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’un temps rempli, d’un
1169
r un monde impensable, le nôtre. Car si le loisir
est
simplement le contraire du travail, et son but ; si le labeur et le r
1170
responsables, à penser dans le risque total de l’
être
, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous diron
1171
les, à penser dans le risque total de l’être, qui
est
l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : le bu
1172
créatrices. Nous dirons : le but du travail, ce n’
est
pas le loisir, mais la création. Et le but du loisir, ce n’est pas la
1173
isir, mais la création. Et le but du loisir, ce n’
est
pas la jouissance, mais la création. Nous n’avons pas le goût du vide
1174
ouveront leur commun sens : dans l’actualité de l’
être
, où ils ne seront plus que les temps alternés d’une plénitude joyeuse
1175
mmun sens : dans l’actualité de l’être, où ils ne
seront
plus que les temps alternés d’une plénitude joyeusement renouvelée. L
1176
ur créer un risque nouveau. Le temps de cet homme
est
plein, et nul n’y pourrait distinguer des heures « creuses » ou des e
1177
r des heures « creuses » ou des efforts stériles.
Est
-ce un long loisir créateur ? Un long travail d’enfantement ? Cela ne
1178
ntemple, il apprend, il calcule. Au terme qu’il s’
était
fixé, le voici devant son seigneur. « Ton tableau ? » — « Qu’on m’app
1179
iquerai donc encore : 1° que si l’erreur initiale
fut
bien spirituelle, notre tâche constructive est d’abord d’ordre spirit
1180
le fut bien spirituelle, notre tâche constructive
est
d’abord d’ordre spirituel. Qui dit précédence dit primauté. 2° que da
1181
non toutefois l’organisation des loisirs, qui lui
sera
tôt ou tard conjointe. 3° que si l’on veut sauvegarder l’acte créateu
1182
ure du travail créateur, l’émulation socialiste n’
est
rien d’autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une
1183
r introduire un peu de joie dans une activité qui
est
la négation même de la création ; activité purement « nécessitée » pa
1184
ion récente. Il ne faut pas oublier que la France
est
le pays qui a vu le plus grand nombre de révolutions depuis cent-cinq
1185
is cent-cinquante ans. C’est peut-être qu’elles y
étaient
plus nécessaires qu’ailleurs, du fait de l’échec de la Réforme. Il n’
1186
’en reste pas moins que, toute bourgeoise qu’elle
soit
et qu’elle apparaisse aux yeux du monde entier, la France possède une
1187
e ce pays. C’est Proudhon, et non point Marx, qui
sera
le prophète d’une révolution réellement française et humaine. Proudho
1188
jà d’innombrables adhésions, si seulement elles s’
étaient
données pour des doctrines de droite ou de gauche. Mais c’est précisé
1189
on marxiste et anticapitaliste, qui depuis lors s’
est
précisée et développée. Les deux groupes de tête du mouvement restent
1190
ieurs à ceux de l’État, qui doit normalement leur
être
subordonné ; affirmation de la primauté nécessaire du spirituel (qu’i
1191
même dans la civilisation mécanique. Ainsi, pour
être
moins bruyant et moins démagogique, le combat qu’ils mènent est beauc
1192
ant et moins démagogique, le combat qu’ils mènent
est
beaucoup plus radical au sens étymologique du terme : c’est aux racin
1193
ions. Mais il ne suffit pas qu’un point de départ
soit
juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ se transform
1194
. Et c’est ici que nos deux groupes divergent. Qu’
est
-ce que L’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains et de techniciens. A
1195
paraît sous ce titre depuis le mois de mai 1933,
est
essentiellement orienté vers la création. C’est en vain que l’on cher
1196
jeunesse, mais la jeunesse qu’ils ont atteinte n’
est
pas celle qui voulait être flattée. Et ce n’est pas l’exaspération du
1197
e qu’ils ont atteinte n’est pas celle qui voulait
être
flattée. Et ce n’est pas l’exaspération du ton qui mesure l’efficacit
1198
n’est pas celle qui voulait être flattée. Et ce n’
est
pas l’exaspération du ton qui mesure l’efficacité d’une prise de cons
1199
mun pour cette génération : la violence véritable
est
celle des constructeurs76. Le premier manifeste publié par L’Ordre n
1200
Économique ensuite, Politique à leur service. Il
est
facile d’indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ord
1201
ution nécessaire 77. Sa revendication essentielle
est
l’abolition de la condition prolétarienne par le moyen du service civ
1202
. L’assimilation de la personne à un acte78, tel
est
donc le fait spirituel, le fait humain par excellence auquel l’ordre
1203
ne façon immédiate toutes ses institutions. Telle
est
la « primauté du spirituel » qu’il ne cesse d’invoquer au risque, il
1204
ectique.) L’influence des idées « ordre nouveau »
est
beaucoup plus considérable qu’on ne le croirait à lire la presse poli
1205
la jeunesse française fait siens depuis un an ont
été
lancés par l’ON qui a eu l’adresse de ne pas en faire une sorte de pr
1206
r les ligues d’anciens combattants (dont l’action
sera
peut-être décisive l’année prochaine) ; l’idée de la « mission person
1207
ements de gauche. L’organisation du service civil
est
l’objet des études patientes d’un groupe d’ingénieurs qui sont en tra
1208
des études patientes d’un groupe d’ingénieurs qui
sont
en train de la chiffrer et de la traduire en lois. Son but, je l’ai d
1209
t de la traduire en lois. Son but, je l’ai dit, n’
est
rien de moins que la suppression de la condition prolétarienne. Ses m
1210
ice. Tout le reste de la production « qualifiée »
serait
libre, et placé sous la responsabilité de corporations régionales. Ai
1211
stiques et de répartition ; les tâches politiques
étant
confiées à la fédération des « petites patries régionales ». « Prim
1212
, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne
sont
pas ceux qui disent Esprit ! Esprit !… » Mais tandis que L’Ordre nou
1213
l » qualifiant l’acte personnel — et cette nuance
est
capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’Esprit est d’insp
1214
te personnel — et cette nuance est capitale —, il
est
incontestable que l’« esprit » d’Esprit est d’inspiration spécifiquem
1215
—, il est incontestable que l’« esprit » d’Esprit
est
d’inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ailleurs franch
1216
Nous voulons. Inspirés par L’Ordre nouveau , ils
sont
cependant autonomes. 76. Sur la position du groupe relativement aux
1217
. Voir plus loin une analyse de ce livre. 78. N’
est
-ce pas ainsi que l’Évangile définit la notion fondamentale de prochai
1218
n, c’est celui qui pratique la miséricorde ; ce n’
est
pas le simple voisin.
1219
omprendre, mais jusqu’aux moelles, que le monde n’
est
pas un parlement, qu’il ne s’agit pas pour nous d’aller nous asseoir
1220
ns courantes, qui ont déjà classé l’affaire comme
étant
« de gauche » ou « de droite ». (Nous entendons cette expression : cl
1221
la condition nécessaire. « Ni droite ni gauche »
est
d’abord une formule critique. Elle signifie la condamnation des parti
1222
à la région ou à la profession dans laquelle il s’
est
posé. Et on le reposera sur un plan « général » (dans le cadre étatis
1223
és auprès des électeurs si par hasard la solution
est
adoptée. Accordons, pour simplifier, trente-trois pour cent d’influen
1224
ence de la majorité, et un scrutin de pure forme,
sera
versé au dossier d’un ministère éphémère, puis livré au sadisme des f
1225
les revendications politiques qu’elle comporte ne
sont
pas l’« aboutissement » de ses principes sur le plan des réalisations
1226
t de transformations forcément équivoques ; elles
sont
, bien au contraire, l’expression immédiate de ces principes. Ce que n
1227
ui ont à l’exercer sans nul intermédiaire, que ce
soient
les communes ou les corporations, les syndicats ou les fédérations. L
1228
le du point de vue révolutionnaire. Celui-là seul
est
mûr pour la révolution qui a compris l’absurdité d’une pareille class
1229
ent. Car pour « l’économiste distingué », nous en
sommes
pourvus, fort au-delà du nécessaire. (Il y a même quelques députés.)
1230
on de l’inhumaine « condition prolétarienne ». Il
est
bon de noter que cette conception dépasse les rêveries marxistes dans
1231
dans leur domaine de prédilection. Mais voilà qui
est
plus important : elle se révèle immédiatement réalisable. Les travaux
1232
e ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’
être
hommes, et sachent s’emparer des puissances libératrices qu’on leur p
1233
riment des principes dont elles procèdent, et qui
sont
à mes yeux beaucoup plus graves et significatifs. Le mépris dans lequ
1234
graves et significatifs. Le mépris dans lequel on
tient
aujourd’hui le théoricien est peut-être la juste punition d’une intel
1235
is dans lequel on tient aujourd’hui le théoricien
est
peut-être la juste punition d’une intelligentsia dont toute la « dist
1236
hique —, seule et par elle-même transitive, telle
est
, pour Aron et Dandieu, la Révolution véritable. Cela ne signifie poin
1237
défaut de préparation doctrinale, — ce mot devant
être
entendu, répétons-le, dans l’acception la plus littéralement « actuel
1238
’Esquisse d’une théorie générale de la Révolution
est
un effort pour retrouver le contenu concret et précis du grand mot de
1239
créatrice, c’est bien cette faculté de libérer l’
être
des mots. Esprit et Révolution… « Le malaise révolutionnaire et la co
1240
aise révolutionnaire et la confusion des idées en
sont
arrivés à un tel point que les deux mots ont l’air bien souvent de s’
1241
opposer. À force de considérer d’une part qu’il n’
est
d’autre révolution que la révolution matérialiste, à force d’autre pa
1242
r l’esprit le contresens habituel qui le réduit à
être
une faculté purement intellectuelle, sans contact avec les événements
1243
ct avec les événements, sans action effective, on
est
parvenu à stériliser l’un et l’autre, en privant la révolution de son
1244
e la révolution, s’exprime par la violence ; ce n’
est
pas une faculté d’usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres de
1245
ci de conservation et d’expansion81. » Ce langage
est
clair. Seuls les « petits purs » jugeront sans doute utile et astucie
1246
oir un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’
est
que l’empreinte négative. On abuse singulièrement du mot « esprit » d
1247
e « contresens habituel sur l’esprit » n’a jamais
été
son fait, mais bien celui, intéressé, de certains de ses adversaires,
1248
orps, la divinisation hégélienne de l’esprit pur,
sont
en réalité à l’origine même du désordre actuellement établi, qu’il se
1249
s connaissons désormais le monstrueux visage, qui
est
celui de l’État totalitaire ? — « Nous sommes sur la terre décisive…
1250
e, qui est celui de l’État totalitaire ? — « Nous
sommes
sur la terre décisive… » 79. Par Robert Aron et Arnaud Dandieu. (Gr
1251
puyant sur une documentation dont la formule même
est
une trouvaille. (Travaux de Mans sur le potlatch.) 81. À quoi j’ajo
1252
Et au groupe de L’Ordre nouveau , le seul qui se
soit
exprimé sur ce point avec netteté (Cf. le numéro 3 de sa revue).