1 1934, Politique de la personne. Introduction — 1. L’engagement politique
1 t politique J’ai, pour la politique, une espèce d’ aversion naturelle. L’aveu paraîtra maladroit au seuil du livre que vo
2 que voici. Mais faut-il aimer davantage l’espèce d’ adresse au jour le jour qui tient lieu de vertu politique à ce siècle
3 e siècle débile et fiévreux ? On se demande alors de quoi je me mêle. Je réponds que je voudrais bien n’avoir jamais été f
4 nds que je voudrais bien n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que l’intell
5 e malheur des temps : pour peu que l’intellectuel d’ aujourd’hui ait préservé en lui un pouvoir de colère, et par ailleurs
6 tuel d’aujourd’hui ait préservé en lui un pouvoir de colère, et par ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de rép
7 i un pouvoir de colère, et par ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de répondre activement aux empiètements dan
8 r ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de répondre activement aux empiètements dans son domaine de ce qu’on a n
9 ndre activement aux empiètements dans son domaine de ce qu’on a nommé le désordre établi. Si « privée » que se veuille en
10 intérieur, l’État moderne a su trouver les moyens de venir la brimer. Non tant, d’ailleurs, par des interdictions qu’elle
11 us perfide : elle consiste, en principe, à exiger de l’intellectuel une adhésion sentimentale, un enthousiasme sans réserv
12 ont plus guère à lui envier qu’un degré supérieur de logique dans l’application du système. L’État, sa politique, ses décr
13 ésentent dans notre siècle un monstrueux complexe de bêtise officielle, et qui n’a plus de cesse qu’il n’ait été loué par
14 ux complexe de bêtise officielle, et qui n’a plus de cesse qu’il n’ait été loué par ses plus conscientes victimes. Je veux
15 e qu’on me fait sur le territoire ennemi. Je fais de la politique pour qu’on n’en fasse plus, ou plutôt pour qu’un jour de
16 r violence. Ou plus exactement encore, si je fais de la politique, c’est bien moins pour sauver le monde que pour accompli
17 voirs du clerc engagé malgré lui dans le désordre de l’époque. Ce sont là des motifs égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques
18 emps où certain humanitarisme verbeux couvre plus d’ exactions que jamais le cynisme d’un Talleyrand n’en jugea nécessaires
19 eux couvre plus d’exactions que jamais le cynisme d’ un Talleyrand n’en jugea nécessaires ? L’amour du peuple et des victim
20 a nécessaires ? L’amour du peuple et des victimes d’ une société affolée s’étale sur les affiches électorales : j’y vois la
21 nobles. Est-ce que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait
22 ot des souffrances morales ? Pour peu qu’on sorte de sa chambre, on est presque forcé d’en convenir3. Mais c’est cela qui
23 u qu’on sorte de sa chambre, on est presque forcé d’ en convenir3. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est cela qu’il faut
24 ’est pour aider à changer cela qu’un intellectuel d’ aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par aille
25 ger cela qu’un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa dé
26 u’un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bo
27 a chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que l’on écrit contribue en qu
28 crit contribue en quelque façon au bien ou au mal de beaucoup. Lorsque l’intelligence, dégoûtée, déserte le Forum, c’est l
29 liques et tout finit en dictature : plus question de pensée libre, j’entends : de pensée responsable. Mais si l’intelligen
30 ture : plus question de pensée libre, j’entends : de pensée responsable. Mais si l’intelligence, passant outre à son dégoû
31 at tel qu’il lui est offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politique de l’autruche. L’
32 y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politique de l’autruche. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle p
33 x choses ; et la morale voudrait qu’on ne fît pas de guerre. D’ailleurs la guerre moderne n’est plus la guerre. Elle naît
34 la guerre moderne n’est plus la guerre. Elle naît d’ une mainmise de la finance sur les sentiments patriotiques. Elle about
35 ne n’est plus la guerre. Elle naît d’une mainmise de la finance sur les sentiments patriotiques. Elle aboutit à des traité
36  ». Entre deux, il se passe quelque chose qui n’a de nom dans aucune langue. 2. Dans le cas le plus favorable, et sous ré
2 1934, Politique de la personne. Introduction — 2. Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage
37 ce du clerc qui s’engage Le risque est la santé de la pensée, à condition toutefois qu’elle l’envisage sans illusions ni
38 l’envisage sans illusions ni romantisme. L’enjeu d’ une partie aussi mal engagée que celle que doit jouer notre génération
39 celle que doit jouer notre génération, n’est pas de ceux dont on puisse parler avec une légèreté de bon aloi. Je ne m’exc
40 s de ceux dont on puisse parler avec une légèreté de bon aloi. Je ne m’excuse pas du sérieux peut-être pesant des considér
41 Nietzsche, déjà, ne scandalise plus, fait figure de Don Quichotte littérateur. Qu’un homme cherche à juger quelque folie
42 it naguère lucidité, il se voit simplement traité d’ « intellectuel impénitent ». L’expression, dans un certain sens, est f
43 ain sens, est fort exacte. Nous vivons à l’époque de la plus juste pénitence des intellectuels. Ils ont si bien habitué le
44 e grand public à leur manière toute désintéressée de traiter les questions humaines, qu’on se trouve aujourd’hui justifié
45 ns humaines, qu’on se trouve aujourd’hui justifié d’ accueillir leurs « au loup ! » avec un scepticisme réaliste. L’intelli
46 entsia citadine s’est mise tout entière à l’école de Montaigne : « Les autres forment l’homme, je le récite », répète-t-el
47 ps. Ils ont su former l’homme et même le déformer de telle sorte que la pensée n’est plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l
48 sorte que la pensée n’est plus pour lui qu’un jeu d’ oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont point, de ceux qui vivent da
49 st plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont point, de ceux qui vivent dans l’ignorance des néce
50 ’oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont point, de ceux qui vivent dans l’ignorance des nécessités pratiques de notre èr
51 vivent dans l’ignorance des nécessités pratiques de notre ère. Situation aussi néfaste pour les penseurs que pour les aut
52 ce assez puissante. D’une part, les « réalistes » de la petite et de la grande économie capitaliste se trouvent pris au dé
53 te. D’une part, les « réalistes » de la petite et de la grande économie capitaliste se trouvent pris au dépourvu, au beau
54 de leurs calculs : ils avaient oublié l’humanité de l’homme, et tout échoue devant une révolte qui leur paraît irrationne
55 e révolte qui leur paraît irrationnelle. La ruine de leurs finances va-t-elle être le commencement de leur sagesse ? Il fa
56 de leurs finances va-t-elle être le commencement de leur sagesse ? Il faudrait pour cela qu’on leur offre un programme, d
57 ur cela qu’on leur offre un programme, des moyens d’ en sortir, une nouvelle direction d’activité. Vont-ils se tourner vers
58 e, des moyens d’en sortir, une nouvelle direction d’ activité. Vont-ils se tourner vers les sages, vers les clercs dont on
59 lercs dont on pouvait croire que la mission était de penser leur époque ? Ils s’en garderont bien, pour les raisons qu’on
60 s délèguent au chef inconnu le droit et le risque d’ être homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils sont prêts pour les
61 t le risque d’être homme, et se réservent le rôle d’ assurés. Ils sont prêts pour les dictatures. Et c’est ainsi que la sép
62 les dictatures. Et c’est ainsi que la séparation de la doctrine et de l’action proclamée par toute la pensée bourgeoise a
63 t c’est ainsi que la séparation de la doctrine et de l’action proclamée par toute la pensée bourgeoise aboutit à la concep
64 pensée bourgeoise aboutit à la conception brutale d’ une politique stalinienne ou fasciste, qui ne connaît plus d’autre aut
65 ique stalinienne ou fasciste, qui ne connaît plus d’ autre autorité que la police, plus d’autre unité que l’État, et plus d
66 connaît plus d’autre autorité que la police, plus d’ autre unité que l’État, et plus d’autres réalités que celles qui conce
67 és que celles qui concernent la moitié inférieure de l’homme. (Pour le cœur et la tête, on verra plus tard, disent-ils4 ;
68 4 ; en attendant, ils les veulent soumis.)   Dans de telles conjonctures, on comprendra sans peine qu’un intellectuel hési
69 u’un intellectuel hésite à s’engager. En ce temps de partis, de faisceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’est pl
70 ectuel hésite à s’engager. En ce temps de partis, de faisceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire de
71 s’engager. En ce temps de partis, de faisceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire de la doctrine, ma
72 ronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire de la doctrine, mais bien, et quoi qu’on veuille, jouer le jeu commun. C
73 rtante entreprise, faire appel à toute la rigueur d’ un « esprit » par essence impondérable et volatil ? Dirait-on pas qu’i
74 ginent exercer sur le cours des choses une espèce de magie phénoménale ? Enivrés d’hypothèses, ils se croient facilement d
75 choses une espèce de magie phénoménale ? Enivrés d’ hypothèses, ils se croient facilement démiurges, cependant qu’ils négl
76 e troupier qu’un capitaine rencontre saoul, comme d’ habitude. « Si tu ne buvais pas tant, dit l’officier, tu pourrais pass
77 s » qu’affirme, depuis la guerre, un autre groupe de clercs, fort désireux d’aller au peuple. On est frappé cependant de v
78 guerre, un autre groupe de clercs, fort désireux d’ aller au peuple. On est frappé cependant de voir que ce goût du pratiq
79 sireux d’aller au peuple. On est frappé cependant de voir que ce goût du pratique n’aboutit, pratiquement, qu’à une espèce
80 pratique n’aboutit, pratiquement, qu’à une espèce de négation de la pensée. Le peuple veut des programmes pratiques, mais
81 boutit, pratiquement, qu’à une espèce de négation de la pensée. Le peuple veut des programmes pratiques, mais se contente,
82 « entrer dans l’action », et cela se traduit par de généreux manifestes, des formules vagues, à peine sonores et toujours
83 atique, laïque, progressiste, etc. », ni l’effort de signer quelques appels à l’Opinion publique6, n’engagent à rien, pers
84 iblement troublées ; il se peut que cela dispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas
85 la n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’ agir au moins autant que de penser. Entre ces deux écueils, le ridicul
86 ert à rien et détourne d’agir au moins autant que de penser. Entre ces deux écueils, le ridicule et l’impuissance, existe-
87 ? Existe-t-il pour l’intellectuel une possibilité de sortir de sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus,
88 -il pour l’intellectuel une possibilité de sortir de sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’av
89 ous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté sous conditions. Le clerc bourgeois, chez nous, se croit enco
90 ps. 4. Voir plus loin : Précédence ou primauté de l’économique ? 5. « Les généraux meurent dans leur lit. » 6. On c
91 6. On compose des affiches péremptoires signées de quelques grands noms de Sorbonne, pour exiger d’Hitler la libération
92 ches péremptoires signées de quelques grands noms de Sorbonne, pour exiger d’Hitler la libération d’un journaliste alleman
93 de quelques grands noms de Sorbonne, pour exiger d’ Hitler la libération d’un journaliste allemand de gauche. Où seront pl
94 s de Sorbonne, pour exiger d’Hitler la libération d’ un journaliste allemand de gauche. Où seront placardées ces affiches ?
95 d’Hitler la libération d’un journaliste allemand de gauche. Où seront placardées ces affiches ? À Paris. Hitler, plusieur
96 bien se fâcher un jour et décréter la dissolution de nos partis de gauche. Qu’ils y prennent garde !
97 un jour et décréter la dissolution de nos partis de gauche. Qu’ils y prennent garde !
3 1934, Politique de la personne. Introduction — 3. Le vrai pouvoir des intellectuels et son usage
98 et la pensée inefficace, cela provient, je crois, d’ une seule et même cause, d’une seule et même erreur initiale sur l’hom
99 la provient, je crois, d’une seule et même cause, d’ une seule et même erreur initiale sur l’homme. L’homme est un animal p
100 e répéter. Et nous voyons pourtant que les hommes de ce temps pensent comme s’ils étaient anges, et agissent comme bêtes.
101 cs, ils oublient ce qu’est l’homme. Ils ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et leurs effor
102 s ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et leurs efforts les plus sincères aboutissent au ma
103 efforts les plus sincères aboutissent au malheur de l’homme. Car tout ce qui ne se fonde pas dans la réalité de l’homme a
104 . Car tout ce qui ne se fonde pas dans la réalité de l’homme agit au détriment de son humanité. Il n’y a pas d’autre cause
105 e agit au détriment de son humanité. Il n’y a pas d’ autre cause à la crise présente : l’homme moderne a perdu la mesure de
106 rise présente : l’homme moderne a perdu la mesure de l’humain. Le seul devoir des intellectuels, dans la situation qui nou
107 uels, dans la situation qui nous est faite, c’est de rechercher l’homme perdu. C’est aussi là leur seul pouvoir. C’est à e
108 seul pouvoir. C’est à eux seuls qu’il appartient de l’exercer dans le désordre politique. Pratiquement et spirituellement
109 uement et spirituellement, il n’y a pas pour nous de tâche plus urgente ni plus grave, et c’est la seule à laquelle nous p
110 ucune autre puissance. C’est dans cette recherche d’ une mesure de l’homme et d’une définition concrète de l’humain qu’il f
111 uissance. C’est dans cette recherche d’une mesure de l’homme et d’une définition concrète de l’humain qu’il faut voir l’in
112 t dans cette recherche d’une mesure de l’homme et d’ une définition concrète de l’humain qu’il faut voir l’intention généra
113 ne mesure de l’homme et d’une définition concrète de l’humain qu’il faut voir l’intention générale des essais réunis dans
114 e me fais aucune illusion sur la portée immédiate de mon effort. La situation présente me l’interdirait, toute question de
115 tuation présente me l’interdirait, toute question de talent mise à part. Il est clair que le monde moderne n’est pas condu
116 que par le bourgeois. Deux-cents pages de plus ou de moins n’y changeront rien, dit le bon sens. Mais j’ai ma petite folie
117 ns son bon sens, à elle ! Les hommes sont malades de la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’est pas une raison,
118 redoutable, dès que l’on considère que le concret de l’homme réside dans ses actes et non pas dans ses mythes. Il faut rec
119 nnaître que ce point de vue, dans l’état d’esprit d’ aujourd’hui, provoque une espèce de scandale. Les groupes qui le défen
120 ’état d’esprit d’aujourd’hui, provoque une espèce de scandale. Les groupes qui le défendent sont petits, mal connus7. On l
121 défendent sont petits, mal connus7. On les accuse d’ utopie. Ils tablent en effet sur la chance de l’homme concret, de la p
122 cuse d’utopie. Ils tablent en effet sur la chance de l’homme concret, de la personne. Ils réputent abstraites ces « nécess
123 ablent en effet sur la chance de l’homme concret, de la personne. Ils réputent abstraites ces « nécessités historiques » q
124 s « nécessités historiques » qui, selon l’opinion de nos maîtres, dicteraient à l’homme ses destins. Ils constatent que, d
125 à gauche et à droite pour justifier les trahisons de la personne, n’existent réellement qu’à partir du moment où l’homme n
126 des lois diminue aussitôt. Aussi bien convient-il d’ opposer un scepticisme méthodique aux calculs ingénieux des sociologue
127 s probable que la sociologie n’est qu’une science de mythomanes. J’y verrais même le symptôme d’une espèce de refoulement.
128 ience de mythomanes. J’y verrais même le symptôme d’ une espèce de refoulement. Dès que l’homme, en effet, refoule sa vocat
129 omanes. J’y verrais même le symptôme d’une espèce de refoulement. Dès que l’homme, en effet, refoule sa vocation personnel
130 cation personnelle, on voit paraître toute espèce de troubles dans ses activités et ses pensées : l’un des plus caractéris
131 pensée sociologique qui voudrait codifier la loi d’ évolution des « masses » comme si les masses n’étaient pas faites d’ho
132 masses » comme si les masses n’étaient pas faites d’ hommes, c’est-à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre trouble est ce
133 asses n’étaient pas faites d’hommes, c’est-à-dire d’ éléments imprévisibles. Un autre trouble est cet amour théorique de l’
134 isibles. Un autre trouble est cet amour théorique de l’Humanité, qui traduit une fuite devant l’humanité particulière tell
135 in visible. Sociologues et humanitaires souffrent d’ une sorte de daltonisme : ils ne savent plus distinguer l’homme en tan
136 Sociologues et humanitaires souffrent d’une sorte de daltonisme : ils ne savent plus distinguer l’homme en tant qu’homme,
137 (hitlérisme) est très frappant. Il n’y a pas lieu d’ insister sur ce point après tant d’autres. Ce qu’on n’a peut-être pas
138 du refoulement personnaliste, le symptôme évident de la débilité spirituelle qui favorise la dissociation de l’homme en es
139 débilité spirituelle qui favorise la dissociation de l’homme en esprit et en corps irresponsables l’un de l’autre. La bour
140 l’homme en esprit et en corps irresponsables l’un de l’autre. La bourgeoisie libérale ne sait plus honorer l’esprit qui fi
141 cisme tardif l’abstraction toujours plus irréelle de sa pensée et de ses rêves. Elle pense trop haut, agit trop bas : c’es
142 bstraction toujours plus irréelle de sa pensée et de ses rêves. Elle pense trop haut, agit trop bas : c’est qu’elle a perd
143 s. Ces faits bien établis — et nous y reviendrons d’ une manière plus concrète à propos de situations précises — on peut en
144 remière tâche des intellectuels est, aujourd’hui, de conduire une critique des mythes collectivistes nés de la maladie de
145 nduire une critique des mythes collectivistes nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit de retrouver une définition
146 tique des mythes collectivistes nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit de retrouver une définition concrète de l
147 nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit de retrouver une définition concrète de la personne. Enfin de la traduir
148 is il s’agit de retrouver une définition concrète de la personne. Enfin de la traduire en institutions et coutumes. Ou, to
149 ver une définition concrète de la personne. Enfin de la traduire en institutions et coutumes. Ou, tout au moins, d’indique
150 e en institutions et coutumes. Ou, tout au moins, d’ indiquer les limites, la formule et les buts de ces institutions. 7.
151 s, d’indiquer les limites, la formule et les buts de ces institutions. 7. Voir à l’appendice : Groupements personnalist
4 1934, Politique de la personne. Introduction — 4. Pour une politique à hauteur d’homme
152 4.Pour une politique à hauteur d’ homme Toute la question est de savoir à quel niveau l’on situe le co
153 litique à hauteur d’homme Toute la question est de savoir à quel niveau l’on situe le concret ; à quelles fins les pouvo
154 entendent mener les hommes. Toute la question est de savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle politiqu
155 Toute la question est de savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle politique qu’on défend. C’est cette
156 qu’on défend. C’est cette question qu’on a cessé de poser dans le monde des politiciens ! Si la Politique est l’art de go
157 monde des politiciens ! Si la Politique est l’art de gouverner les hommes, il ne saurait être indifférent à ceux qui l’exe
158 ne saurait être indifférent à ceux qui l’exercent de connaître d’abord ce qu’est l’homme, quelles sont les conditions de s
159 rd ce qu’est l’homme, quelles sont les conditions de son humanité, à quelles règles il faut se plier pour respecter en lui
160 il faut se plier pour respecter en lui sa raison d’ être. Les partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni
161 vrai, ni à gauche ni à droite, aucune définition de l’homme9. C’est peut-être une raison suffisante pour estimer que ces
162 ncent à sentir cela. Beaucoup commencent à douter de la valeur de ces méthodes qui se disent réaliste, opportuniste ou emp
163 r cela. Beaucoup commencent à douter de la valeur de ces méthodes qui se disent réaliste, opportuniste ou empirique, mais
164 en fait qu’une énorme combine montée sur un fond d’ ignorance par quelques centaines d’arrivistes appuyés par les intérêts
165 ée sur un fond d’ignorance par quelques centaines d’ arrivistes appuyés par les intérêts de quelques milliers d’arrivés. Dé
166 s centaines d’arrivistes appuyés par les intérêts de quelques milliers d’arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse d
167 tes appuyés par les intérêts de quelques milliers d’ arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse de confondre réalisme
168 d’arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse de confondre réalisme et combine ; cesse de croire par exemple qu’un bon
169 se cesse de confondre réalisme et combine ; cesse de croire par exemple qu’un bon agent électoral est un homme qui connaît
170 toral est un homme qui connaît les hommes ; cesse de s’en laisser imposer par les fameuses « nécessités de l’action » que
171 ’en laisser imposer par les fameuses « nécessités de l’action » que de petits ambitieux débutants croyaient naguère découv
172 r par les fameuses « nécessités de l’action » que de petits ambitieux débutants croyaient naguère découvrir dans les coulo
173 nts croyaient naguère découvrir dans les couloirs de la Chambre. Cette jeunesse ne veut pas de ce genre d’action là. Elle
174 ouloirs de la Chambre. Cette jeunesse ne veut pas de ce genre d’action là. Elle n’a plus le moindre respect pour l’habilet
175 a Chambre. Cette jeunesse ne veut pas de ce genre d’ action là. Elle n’a plus le moindre respect pour l’habileté politicien
176 ouchée par ces artistes. Ils cesseront d’ailleurs de jouer dès qu’on ne prendra plus la peine de croire à ce qu’ils font.
177 leurs de jouer dès qu’on ne prendra plus la peine de croire à ce qu’ils font. Victimes de l’obscurantisme laïque, ils ont
178 lus la peine de croire à ce qu’ils font. Victimes de l’obscurantisme laïque, ils ont cru pouvoir vivre sur des mots d’ordr
179 se posent pas beaucoup de questions, ils ont peu d’ imagination. Leur médiocrité même, leur petite taille morale, empêcher
180 ge trop durement responsables. Mais prenons garde de borner notre vision aux proportions du spectacle qu’ils offrent, à ce
181 que dansent les droites et les gauches. Changeons de plan ! Reposons la question politique dans une perspective humaine, e
182 ’optique parlementaire ». Une politique à hauteur d’ homme, c’est une politique dont le principe de cohérence s’appelle la
183 eur d’homme, c’est une politique dont le principe de cohérence s’appelle la responsabilité de la personne humaine. En d’au
184 principe de cohérence s’appelle la responsabilité de la personne humaine. En d’autres termes, c’est une politique dont cha
185 uvent subordonnés à la défense et à l’affirmation de la personne, module universel de toutes les institutions. Cette polit
186 à l’affirmation de la personne, module universel de toutes les institutions. Cette politique s’oppose au gigantisme améri
187 apitaliste ; elle s’oppose à l’émiettement social de la démocratie individualiste ; elle s’oppose à l’exploitation de l’ho
188 e individualiste ; elle s’oppose à l’exploitation de l’homme par ses créations, par l’État et par les bavards. Elle refuse
189 e refuse la dictature, parce que le centre vivant d’ un pays n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en c
190 ntre vivant d’un pays n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent
191 nt-ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’ hommes réellement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit reven
192 r, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but de la société, c’est la personne. On n’y atteindra jamais que par une po
193 art à ce niveau. 9. Jean-Richard Bloch, parlant de « l’iniquité capitaliste », écrit : « Mais cette iniquité n’est elle-
194 is cette iniquité n’est elle-même que le résultat d’ une erreur plus profonde. Elle traduit, dans l’ordre social, une mécon
195 social, une méconnaissance intime des valeurs et de leur hiérarchie. Elle trahit une ignorance à peine croyable de la déf
196 rchie. Elle trahit une ignorance à peine croyable de la définition humaine. » (Offrande à la politique, p. 255.) Ignorance
5 1934, Politique de la personne. Introduction — 5. En dernier ressort
197 pensée à son terme ; enfin je crois que la vision d’ un homme non point parfait mais librement humain, ne peut exister autr
198 main, ne peut exister autrement que sous l’espèce d’ un appel à restaurer cette stature dégradée. Les trois motifs d’agir q
199 estaurer cette stature dégradée. Les trois motifs d’ agir que je viens d’exposer appartiennent à l’ordre humain, et relèven
200 re dégradée. Les trois motifs d’agir que je viens d’ exposer appartiennent à l’ordre humain, et relèvent, pourrait-on dire,
201 main, et relèvent, pourrait-on dire, des intérêts de la pensée protectrice de notre condition. En tant qu’intéressés, au m
202 it-on dire, des intérêts de la pensée protectrice de notre condition. En tant qu’intéressés, au meilleur sens du mot, ces
203 s motifs peuvent très bien revêtir les apparences d’ une politique supérieure, et comme tels se voir adoptés par des clercs
204 es jugent suffisants, et n’éprouvent aucun besoin de les étayer autrement. Je ne saurais croire pourtant à l’efficacité d’
205 ent. Je ne saurais croire pourtant à l’efficacité d’ une foi en l’homme fondée sur l’homme seul. Croire en l’homme, c’est c
206 era la valeur du modèle que l’homme peut imaginer de lui-même ? Elle ne sera jamais que relative, vouée dès sa naissance à
207 le plus attirant, l’imagination la plus dynamique de l’homme parfait ne sera jamais pour nous qu’une utopie dont rien n’at
208 éalité, la puissance, la vérité. Nul idéal humain de l’homme n’a jamais résisté à l’échec, n’a jamais su tirer de ses défa
209 n’a jamais résisté à l’échec, n’a jamais su tirer de ses défaites une espérance plus certaine, une féconde humiliation. L’
210 e féconde humiliation. L’homme des foules n’a que de la haine pour tout idéal un peu haut : il faudrait être fou pour pers
211 pour persister longtemps dans l’effort périlleux de le lui imposer de force. On a vu de ces fous : mais ils n’ont triomph
212 ngtemps dans l’effort périlleux de le lui imposer de force. On a vu de ces fous : mais ils n’ont triomphé que par l’abdica
213 ort périlleux de le lui imposer de force. On a vu de ces fous : mais ils n’ont triomphé que par l’abdication de l’idéal pr
214 us : mais ils n’ont triomphé que par l’abdication de l’idéal premier. En échange de leur promesse d’abandonner leurs exige
215 e par l’abdication de l’idéal premier. En échange de leur promesse d’abandonner leurs exigences trop réelles10, on leur ac
216 n de l’idéal premier. En échange de leur promesse d’ abandonner leurs exigences trop réelles10, on leur accorde un triomphe
217 riomphe fictif. Les dictatures modernes sont nées de tels chantages. Et l’on ne sait qui perd le plus à ces victoires, du
218 provisoirement dans sa bassesse, ou du tyran vidé d’ héroïsme et de rêves. Toute l’histoire le démontre avec le conte fameu
219 dans sa bassesse, ou du tyran vidé d’héroïsme et de rêves. Toute l’histoire le démontre avec le conte fameux : l’homme ne
220 teur. Elle contient tout ensemble, dans l’instant de son existence, le motif absolu de l’action du chrétien, la justificat
221 dans l’instant de son existence, le motif absolu de l’action du chrétien, la justification de cette action et la vision d
222 absolu de l’action du chrétien, la justification de cette action et la vision de ses buts immédiats. J’aurais pu faire ai
223 en, la justification de cette action et la vision de ses buts immédiats. J’aurais pu faire ainsi l’économie de mes « raiso
224 uts immédiats. J’aurais pu faire ainsi l’économie de mes « raisons » d’agir sur le plan politique, si d’une part toute foi
225 rais pu faire ainsi l’économie de mes « raisons » d’ agir sur le plan politique, si d’une part toute foi est action, s’il e
226 l est vrai d’autre part qu’une action quelconque, d’ ordre intellectuel par exemple, ébranle nécessairement une suite de co
227 uel par exemple, ébranle nécessairement une suite de conséquences qu’on ne peut limiter au « privé ». Mais la position du
228 ivé ». Mais la position du chrétien dans le monde d’ aujourd’hui est trop exceptionnelle — sinon même scandaleuse — pour qu
229 nt veut-on que le chrétien échappe à cette espèce d’ équivoque ? Dès qu’il fait de la politique, il est bien obligé de parl
230 happe à cette espèce d’équivoque ? Dès qu’il fait de la politique, il est bien obligé de parler le langage du monde, et ce
231 ès qu’il fait de la politique, il est bien obligé de parler le langage du monde, et cependant il l’entend autrement ; il e
232 endant il l’entend autrement ; il est bien obligé de formuler des revendications concrètes, et cependant l’objet de ces re
233 es revendications concrètes, et cependant l’objet de ces revendications est toujours relatif, subordonné à une fin transce
234 osés les essais qu’on va lire. Et si j’ose parler d’ équivoque, c’est dans l’espoir qu’on voudra bien ne pas oublier les ra
235 s oublier les raisons qui m’empêchent honnêtement d’ en sortir. Une équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs d’être t
236 ne équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs d’ être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, d
237 telle cesse d’ailleurs d’être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, de supprimer les difficulté
238 rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, de supprimer les difficultés de cet ordre, encore moins de les maquiller
239 n’est pas, je crois, de supprimer les difficultés de cet ordre, encore moins de les maquiller ; mais bien plutôt d’en assu
240 primer les difficultés de cet ordre, encore moins de les maquiller ; mais bien plutôt d’en assumer le risque, sobrement. ⁂
241 encore moins de les maquiller ; mais bien plutôt d’ en assumer le risque, sobrement. ⁂ J’imagine assez bien la gêne du lec
242 l voudrait que la Pensée s’en mêle. Il nous parle de la personne : il veut qu’elle soit la mesure de tout, mais il ajoute
243 e de la personne : il veut qu’elle soit la mesure de tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous laisse très pe
244 ux dire qu’elle a conduit ce lecteur au carrefour de quelques problèmes qui sont, je crois, ceux qui se posent. À qui se p
245 ’il me faut indiquer pour finir.   I. Le malheur de l’homme est toujours plus grand qu’on ne le croirait à lire des essai
246 t bien aussi qu’elles servent à distraire l’homme de son sort personnel. Dans ce sens, toutes les politiques ne sont que p
247 sens, toutes les politiques ne sont que politique d’ autruche. On se passionne pour des moyens, et c’est pour oublier les f
248 nt vraiment ordonnés au vrai but assigné à la vie de l’homme. Le souci des moyens et de leur convenance à l’idéal qu’on se
249 signé à la vie de l’homme. Le souci des moyens et de leur convenance à l’idéal qu’on sert peut sembler très naïf au politi
250 l qu’on sert peut sembler très naïf au politicien de métier : c’est qu’il ne prend pas au sérieux le fait humain et la des
251 d pas au sérieux le fait humain et la destination de l’homme. Il ne connaît, dans ses calculs « pratiques », ni la misère
252 « pratiques », ni la misère réelle ni la grandeur de l’homme. Il porte rarement le poids des injustices du régime social.
253 urtout si cette « légèreté » devient la condition de son « succès » pratique. J’estime que seuls ont droit à faire de la p
254  » pratique. J’estime que seuls ont droit à faire de la politique ceux pour qui nul moyen ne saurait être utilisé, qui ne
255 ilisé, qui ne porte en lui-même la loi et l’image de la fin poursuivie. On n’aboutit pas à l’humain en agissant au mépris
256 is l’état du chrétien dans ce monde est justement de connaître sans cesse, dans l’angoisse et dans l’espérance, la véritab
257 oisse et dans l’espérance, la véritable condition de l’homme, et les conditions qu’elle impose. C’est pourquoi, seul, il p
258 mettant sous une même couverture quelques essais de circonstance qui n’ont parfois rien d’autre en commun pour la forme q
259 ues essais de circonstance qui n’ont parfois rien d’ autre en commun pour la forme que les défauts de l’improvisation, je n
260 n d’autre en commun pour la forme que les défauts de l’improvisation, je ne crois pas un instant faire une œuvre ni d’art
261 on, je ne crois pas un instant faire une œuvre ni d’ art ni de philosophie. Les objets que diverses occasions tout imprévue
262 crois pas un instant faire une œuvre ni d’art ni de philosophie. Les objets que diverses occasions tout imprévues — confé
263 lics, enquêtes — m’invitèrent à traiter sans trop de précautions, se prêtaient peu d’ailleurs à de rigoureux développement
264 rop de précautions, se prêtaient peu d’ailleurs à de rigoureux développements. C’est que la politique, redisons-le, n’est
265 ogique n’est pas seule à ordonner. Le mieux était de conserver à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de partis
266 it de conserver à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de partis pris accidentels, plutôt que de leur imposer u
267 à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de partis pris accidentels, plutôt que de leur imposer un style indépend
268 moignages, de partis pris accidentels, plutôt que de leur imposer un style indépendant de leur objet. Faire de la politiqu
269 , plutôt que de leur imposer un style indépendant de leur objet. Faire de la politique, ce n’est pas là mon choix, c’est u
270 imposer un style indépendant de leur objet. Faire de la politique, ce n’est pas là mon choix, c’est une obligation à quoi
271 re du temps. L’occasion seule, sous la contrainte de la foi, légitime à mes yeux cette action : il fallait que cela parais
272 il fallait que cela paraisse dans la disposition de ce recueil. 10. Comparez les premiers programmes hitlériens avec le
273 industrie lourde, et ne règne que par la promesse de ne rien faire de ce qu’il revendiquait. 11. C’est dans ce jusqu’au b
274 et ne règne que par la promesse de ne rien faire de ce qu’il revendiquait. 11. C’est dans ce jusqu’au bout que réside en
275 it toujours par opposer au chrétien qui le presse de conclure sur la destination de l’homme, un « on verra plus tard », qu
276 tien qui le presse de conclure sur la destination de l’homme, un « on verra plus tard », qui trahit la faiblesse des bases
277 ra plus tard », qui trahit la faiblesse des bases de départ du marxisme.
6 1934, Politique de la personne. Première partie. Primauté du spirituel ? — I. Destin du siècle ou vocation personnelle ?
278 ns toutes les conférences, dans tous les journaux d’ opinion, dans tous les manifestes de partis ou de ligues, une expressi
279 les journaux d’opinion, dans tous les manifestes de partis ou de ligues, une expression revient comme une véritable hanti
280 d’opinion, dans tous les manifestes de partis ou de ligues, une expression revient comme une véritable hantise, comme le
281 une véritable hantise, comme le grand lieu commun de la peur qui s’est emparée des hommes. On ne nous parle plus que du « 
282 rle plus que du « désarroi actuel ». Il n’est pas d’ expression plus juste, pour qui se borne à considérer notre époque et
283 s’affrontent au milieu du désordre. Il n’est pas d’ expression plus fausse, et même plus dangereuse, pour qui veut prendre
284 ent pour une dictature qui tire son seul prestige de la misère et de la lâcheté publique. Des provinces entières sont ruin
285 tature qui tire son seul prestige de la misère et de la lâcheté publique. Des provinces entières sont ruinées par des expl
286 dont les bénéfices s’engloutissent en deux heures de panique boursière. Les inventeurs se voient refuser des brevets parce
287 rs, crée du chômage13. Et, cependant, les peuples de toute la terre continuent de croire au Progrès et aux bienfaits de la
288 pendant, les peuples de toute la terre continuent de croire au Progrès et aux bienfaits de la richesse. Les campagnes se v
289 continuent de croire au Progrès et aux bienfaits de la richesse. Les campagnes se vident ; les jeunes gens n’ont plus goû
290 misère fiévreuse. Et, cependant, les politiciens de tous bords consacrent leur astuce à équilibrer des budgets, dont ils
291 e avec grandiloquence par des journaux qui vivent de fonds secrets. C’est à tout cela que l’on pense lorsqu’on nous parle
292 ue, jusqu’à ces dernières années, la civilisation de l’Occident ait permis plus d’espoirs, favorisé plus de vertu, mieux a
293 es, la civilisation de l’Occident ait permis plus d’ espoirs, favorisé plus de vertu, mieux assuré la paix du monde et les
294 Occident ait permis plus d’espoirs, favorisé plus de vertu, mieux assuré la paix du monde et les rapports normaux entre le
295 » soit seulement « actuel », et ne veut-on parler de « désarroi » que lorsque les valeurs boursières et la tranquillité pu
296 La vérité, c’est que la situation du monde a été de tout temps désespérée. Seulement, maintenant, cela se voit. Depuis la
297 ériodes dites « prospères » ne sont que les temps de répit, souvent déshonorés par la culture des illusions et la dégradat
298 a culture des illusions et la dégradation du sens de la révolte. L’histoire du monde, bien loin d’être l’histoire d’un pro
299 ens de la révolte. L’histoire du monde, bien loin d’ être l’histoire d’un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une s
300 L’histoire du monde, bien loin d’être l’histoire d’ un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une solennelle dégringo
301 comme une solennelle dégringolade, une contagion de déséquilibres, dévorant successivement toutes les possibilités d’amén
302 , dévorant successivement toutes les possibilités d’ aménagement de la terre. Pourtant, certaines époques ont connu la gran
303 cessivement toutes les possibilités d’aménagement de la terre. Pourtant, certaines époques ont connu la grandeur. Ce ne fu
304 a grandeur. Ce ne furent pas les moins corrompues de l’histoire, mais celles où la corruption permanente fut ouvertement r
305 èche. Notre époque, elle aussi, possède sa chance de grandeur. Je dirai même qu’elle a plus de chances qu’aucune autre. Le
306 chance de grandeur. Je dirai même qu’elle a plus de chances qu’aucune autre. Le vieux « désordre » qui couvait sous des a
307 soudain devenu flagrant. Il promène par les rues de nos villes européennes de grands panneaux-réclame qui parlent un lang
308 Il promène par les rues de nos villes européennes de grands panneaux-réclame qui parlent un langage clair. Jamais il ne fu
309 nt un langage clair. Jamais il ne fut plus facile de reconnaître les choix nécessaires. Désordre, oui, et plus grand que j
310 s presque impossibles ? Oui, certes ! Sur le plan de la connaissance désintéressée, nous ne trouvons jamais aucun principe
311 u contraire, dès que nous nous posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’homme en face du destin d
312 nous nous posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’homme en face du destin du siècle, tout se si
313 uestion de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’homme en face du destin du siècle, tout se simplifie aussitôt ; et
314 , faisant un pas de plus, nous posons la question de notre destin personnel en face des destins collectifs, le choix néces
315 avec une netteté qui, je le répète, est la chance de notre époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle nous ap
316 décrire cette époque, telle qu’elle nous apparaît de ce point de vue, en quelques traits fort simples. J’insiste sur le mo
317 es simplifier. Ce qui est difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que nous connaiss
318 st difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est d’ oser les actes qu’il faut, et que nous connaissons très bien. Trop sou
319 souvent, nos maîtres nous ont fourni des méthodes d’ évasion dans la complexité. Trop souvent ils nous ont mis en garde con
320 in esprit simpliste », qui est, au vrai, l’esprit de décision et d’engagement concret dont nous avons le plus besoin. Cess
321 iste », qui est, au vrai, l’esprit de décision et d’ engagement concret dont nous avons le plus besoin. Cessons de nous réf
322 t concret dont nous avons le plus besoin. Cessons de nous réfugier derrière des complexités que nous créons à plaisir, qui
323 ne sont pas dans la situation et qui sont autant de prétextes à refuser de prendre position, comme si ce n’était pas là,
324 tuation et qui sont autant de prétextes à refuser de prendre position, comme si ce n’était pas là, déjà, prendre une posit
325 és ont été trop souvent pour nous des professeurs d’ abstention distinguée, des grands prêtres de l’insoluble. Mais, un bea
326 seurs d’abstention distinguée, des grands prêtres de l’insoluble. Mais, un beau jour, les événements nous réveillent brusq
327 hoisir. La pensée redevient un danger, un facteur de choix et de risque, et non plus un refuge idéal. Ne nous en plaignons
328 ensée redevient un danger, un facteur de choix et de risque, et non plus un refuge idéal. Ne nous en plaignons pas : le ri
329 Ne nous en plaignons pas : le risque est la santé de la pensée. ⁂ Destin du siècle ! Expression curieuse et bien moderne1
330 curieuse et bien moderne14 ! Si nous y regardons de près, nous allons voir que le simple assemblage de ces deux mots, des
331 e près, nous allons voir que le simple assemblage de ces deux mots, destin et siècle, contient peut-être le secret de tout
332 s, destin et siècle, contient peut-être le secret de tout le mal dont nous souffrons. Il suffit, pour le faire apparaître,
333 s souffrons. Il suffit, pour le faire apparaître, de poser cette simple question : comment un siècle peut-il avoir un dest
334 le peut-il avoir un destin ? En réalité, il n’y a de destin que personnel. Seul un homme peut avoir un destin, un homme se
335 n, César, Lénine ont un destin. Mais aussi chacun de nous a un destin, dans la mesure où chacun de nous possède une raison
336 cun de nous a un destin, dans la mesure où chacun de nous possède une raison d’être, quelle qu’elle soit, une servitude pa
337 ns la mesure où chacun de nous possède une raison d’ être, quelle qu’elle soit, une servitude particulière, une passion qui
338 ien à lui, une vocation. Si l’on admet facilement de nos jours, qu’un siècle ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitu
339 e ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitude d’ attribuer une sorte de valeur indépendante à des êtres collectifs. Je
340 que l’on a pris l’habitude d’attribuer une sorte de valeur indépendante à des êtres collectifs. Je m’explique. Quand nous
341 ’humanité, et dont les éléments sont presque tous de nature collective. L’histoire d’un siècle, c’est l’histoire des colle
342 ont presque tous de nature collective. L’histoire d’ un siècle, c’est l’histoire des collectivités, c’est l’histoire des pe
343 que très accessoirement l’histoire des personnes, de quelques génies, par exemple. Quand nous disons destin du siècle, nou
344 un destin, il faut que nous ayons pris l’habitude de les considérer comme autant de réalités autonomes, possédant leurs lo
345 ns pris l’habitude de les considérer comme autant de réalités autonomes, possédant leurs lois propres, échappant à notre d
346 e, leur destinée. Autant dire que nous avons fait de toutes les réalités collectives des divinités nouvelles, des divinité
347 s menaçantes, et dont nous essayons avec angoisse de scruter les caractères, les habitudes, les intentions secrètes, — les
348 uperstitieux au dernier degré. La grande majorité de nos contemporains ne croit pas en Dieu et sait qu’elle n’y croit pas.
349 t pas. Mais elle garde chevillé au cœur le besoin d’ obéir à des forces invisibles et de leur rendre un culte de latrie. To
350 cœur le besoin d’obéir à des forces invisibles et de leur rendre un culte de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, n
351 des forces invisibles et de leur rendre un culte de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, nous leur obéissons, et c
352 nt prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms de ces divinités, vous les connaissez bien : ce sont l’État, la nation,
353 … Sans doute n’avons-nous pas toujours conscience de les servir. Vous me direz peut-être que, pour votre compte, la classe
354 . Vous jouez, vis-à-vis de ces divinités, le rôle d’ incroyants, de sceptiques ou même d’adversaires. Mais il y a d’autres
355 vis-à-vis de ces divinités, le rôle d’incroyants, de sceptiques ou même d’adversaires. Mais il y a d’autres dieux pour cet
356 ités, le rôle d’incroyants, de sceptiques ou même d’ adversaires. Mais il y a d’autres dieux pour cette espèce-là d’incroya
357 . Mais il y a d’autres dieux pour cette espèce-là d’ incroyants, et ce sont, par exemple, l’opinion publique et la presse,
358 a race : voilà peut-être les divinités maîtresses de cette première moitié du siècle. Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’e
359 première moitié du siècle. Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’est ce que nous prouvent abondamment leurs exigences, qui so
360 ociologie. Nous trouverons les meilleurs exemples de cette théologie dans les écrits marxistes, plus intelligents et plus
361 fascistes et racistes. Prenez le dernier article de Trotski contre Hitler. C’est d’une logique parfaite. Tout s’y enchaîn
362 e dernier article de Trotski contre Hitler. C’est d’ une logique parfaite. Tout s’y enchaîne en une démonstration inattaqua
363 oltes, toute notre attitude pratique s’expliquent d’ une manière suffisante par notre appartenance à une classe déterminée.
364 que entièrement par le fait qu’il était, à la fin de la guerre, caporal dans l’armée allemande. Son idéologie n’a rien de
365 al dans l’armée allemande. Son idéologie n’a rien de personnel, c’est l’idéologie des petits gradés d’une armée vaincue. L
366 de personnel, c’est l’idéologie des petits gradés d’ une armée vaincue. L’hypothèse est séduisante, vraisemblable même. Que
367 sse ou notre race. Destin du siècle contre destin de l’homme. Il faut bien reconnaître qu’en cette année 1934, l’homme se
368 irent une conclusion inattendue. Reprenant le mot de Goethe, sans le savoir, ils nous enseignent que la loi seule nous con
369 ous conduit à la liberté. Adhérez au déterminisme de l’histoire, abandonnez votre cher petit moi, fondez votre destin dans
370 fondez votre destin dans celui du prolétariat ou de la race aryenne, et toutes vos inquiétudes s’apaiseront. Bien. Mais i
371 iseront. Bien. Mais il faut prendre garde d’abord de confondre le sacrifice et le suicide. L’élan qui jette des millions d
372 fice et le suicide. L’élan qui jette des millions de nos contemporains dans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan
373 ans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan d’ une fuite devant le destin particulier et la responsabilité de chacun.
374 devant le destin particulier et la responsabilité de chacun. Les brigadiers de choc et les miliciens hitlériens s’indignen
375 er et la responsabilité de chacun. Les brigadiers de choc et les miliciens hitlériens s’indignent de ce reproche. Ils nous
376 s de choc et les miliciens hitlériens s’indignent de ce reproche. Ils nous répondent, avec raison, que leur action n’a pas
377 ec raison, que leur action n’a pas les apparences d’ une évasion, d’une démission ; qu’ils n’ont pas fui les risques et qu’
378 leur action n’a pas les apparences d’une évasion, d’ une démission ; qu’ils n’ont pas fui les risques et qu’ils ont exposé
379 fonde-t-elle ? Quelles réalités sont à la base ? De l’aveu même des sociologues marxistes ou hitlériens, ce sont des réal
380 es ou hitlériens, ce sont des réalités générales, d’ ordre statistique ; des considérations, par exemple, sur le développem
381 les passés, quand ce ne sont pas des statistiques de phrénologues. Ce sont toujours des réalités passées, historiques, ach
382 nd du terme, la seule chose qui intéresse chacune de nos vies —, c’est qu’il y ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’
383 ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’arrête de boire, ne fût-ce que pour faire mentir le proverbe. Les lois générale
384 ours justes, dans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure ex
385 ans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d’ hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure exactement notre
386 se disputent énormément. Je crois qu’ils ont tort de se disputer, parce qu’ils ont raison les uns et les autres. Ma théori
387 e s’applique pas seulement aux partisans attardés de Darwin, mais aussi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il est
388 attardés de Darwin, mais aussi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il est tout à fait vrai que les adeptes du marxi
389 Darwin, mais aussi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il est tout à fait vrai que les adeptes du marxisme et du r
390 classe ou la race, et c’est perdre son temps que de contester leur croyance. Ces hommes-là savent au moins ce qui les mèn
391 lettantes qui tombent, eux aussi, mais continuent d’ évoquer la liberté et les idéaux supérieurs dont ils s’éloignent de pl
392 beau ne pas croire, pour mon compte, à la réalité de tous ces mythes, j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de dis
393 es, j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait,
394 u ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dom
395 roit de disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût-ce que par le moyen
396 it, ils nous dominent. Ne fût-ce que par le moyen de la presse. On peut dire, sans exagérer, que les journaux disposent de
397 t dire, sans exagérer, que les journaux disposent de nos vies. Sans eux, la préparation des esprits qui prélude à toute gu
398 du siècle, et peut-être aurions-nous un peu plus d’ attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais si les journaux d
399 un peu plus d’attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispos
400 lèmes de nos vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau d
401 dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau de la chaîne de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en f
402 journaux. Et voilà le dernier anneau de la chaîne de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en finirions pas.
403 cette description a pu faire naître dans l’esprit de quelques-uns. Je sais que le bon ton, dans certains milieux bien-pens
404 ilieux bien-pensants, veut qu’on dénonce le règne de la masse. On s’indigne du nivellement universel, à quoi doit aboutir
405 ents sont pareils et qu’un homme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé d’un chapeau de paille avant la date fixée
406 mme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé d’ un chapeau de paille avant la date fixée par les grands fournisseurs.
407 e droit de sortir dans la rue coiffé d’un chapeau de paille avant la date fixée par les grands fournisseurs. On prétend qu
408 nonyme. Je crois que c’est là ce qu’il peut faire de mieux. L’individu, tel que le concevait le dernier siècle, l’homme is
409 it jalousement sa petite vie intérieure, à l’abri de la Déclaration des droits de l’homme, ne mérite pas qu’on le pleure.
410 mme sans destin, un homme sans vocation ni raison d’ être, un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement,
411 rien. Cet être-là, fatalement, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre, reparaître l
412 -là, fatalement, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre, reparaître le fameux « mal
413 plus dégradant. On vit alors, chez les meilleurs de ces jeunes gens, se déclarer une épidémie de suicides, qui ne prit pa
414 eurs de ces jeunes gens, se déclarer une épidémie de suicides, qui ne prit pas toujours la forme romantique du coup de rev
415 ne prit pas toujours la forme romantique du coup de revolver, qui prit même beaucoup plus souvent la forme d’un enrôlemen
416 ver, qui prit même beaucoup plus souvent la forme d’ un enrôlement dans quelque troupe d’assaut. En vérité, ce serait une e
417 vent la forme d’un enrôlement dans quelque troupe d’ assaut. En vérité, ce serait une erreur insondable que de voir le salu
418 t. En vérité, ce serait une erreur insondable que de voir le salut de notre époque dans un retour à l’individu. L’individu
419 serait une erreur insondable que de voir le salut de notre époque dans un retour à l’individu. L’individu est l’origine la
420 destin des autres ; c’est parce qu’il n’avait pas de vocation, qu’il a voulu servir la seule vocation de sa race. La meill
421 vocation, qu’il a voulu servir la seule vocation de sa race. La meilleure preuve, d’ailleurs, de l’origine individualiste
422 tion de sa race. La meilleure preuve, d’ailleurs, de l’origine individualiste des mythes collectifs, je la vois dans l’abo
423 ythes collectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes. On a cru trouver en eux les principes d’une communauté no
424 ces mythes. On a cru trouver en eux les principes d’ une communauté nouvelle que l’individualisme avait dissoute. Il n’y a
425 ualisme avait dissoute. Il n’y a jamais eu autant de ligues, de groupements, de partis et d’associations qu’aujourd’hui, m
426 it dissoute. Il n’y a jamais eu autant de ligues, de groupements, de partis et d’associations qu’aujourd’hui, mais aussi j
427 n’y a jamais eu autant de ligues, de groupements, de partis et d’associations qu’aujourd’hui, mais aussi jamais moins d’ac
428 eu autant de ligues, de groupements, de partis et d’ associations qu’aujourd’hui, mais aussi jamais moins d’accord réel, ja
429 ais aussi jamais moins d’accord réel, jamais plus de haine déclarée. L’amour des hommes, transposé dans la collectivité, d
430 osé dans la collectivité, devient automatiquement de la haine. On me dira que la solidarité entre les peuples est désormai
431 ue désormais le globe entier apparaisse solidaire d’ une même civilisation. Mais cette solidarité, que vaut-elle ? Le premi
432 dans le monde, c’est l’exemple suivant : le krach d’ une banque à Paris peut ruiner des petits rentiers belges et jeter sur
433 ntiers belges et jeter sur la paille des milliers d’ ouvriers annamites. Oui, certes, tout se tient désormais. Mais la soli
434 le destin des ismes, ne nous laisse rien prévoir d’ autre qu’un monde chaotique hautement organisé, une monstrueuse agglom
435 hautement organisé, une monstrueuse agglomération d’ individus assemblés par la peur et la faim, et la haine, parqués dans
436 la haine, parqués dans des casernes ou des camps de travail — et mourant de solitude. J’ai terminé ma description du sièc
437 des casernes ou des camps de travail — et mourant de solitude. J’ai terminé ma description du siècle. Est-elle pessimiste
438 à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il nous importe de savoir. Si j’ai simplifié le tableau, c’est que je veux maintenant dé
439 nous peut prendre. ⁂ Destin du siècle ou destin de l’homme ? Loi historique ou acte personnel ? Irresponsable ou respons
440 et simplement, ou désirer leur destruction, c’est de l’utopie. Ils sont là, et ils ont probablement leur raison d’être. La
441 Ils sont là, et ils ont probablement leur raison d’ être. La classe, la race, jouent dans le monde le même rôle que l’inst
442 ignorés. Les voilà qui reviennent sous le couvert de ce cheval de Troie qui se nomme déterminisme historique. Il faut croi
443 voilà qui reviennent sous le couvert de ce cheval de Troie qui se nomme déterminisme historique. Il faut croire qu’ils ont
444 , et que le mieux à faire pour nous, c’est encore de compter avec eux. Mais, compter avec eux, ce n’est pas les diviniser
445 e qui les poussait, je vois bien ce qu’il y avait d’ émouvant dans leur élan vers une nouvelle communauté humaine. Mais ils
446 uté humaine. Mais ils se sont cruellement trompés de porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’était l’homme qu’il fal
447 t très simple : que la société doit être composée d’ hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en effet incalc
448 é, sauf ce qui est en effet incalculable : l’acte de l’homme. Mais le temps vient où les hommes se lassent de théories qui
449 mme. Mais le temps vient où les hommes se lassent de théories qui expliquent tout sauf l’essentiel. Voici notre dilemme :
450 ci notre dilemme : voulons-nous être des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de sang, reconnaissant le
451 e des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de sang, reconnaissant leur condition concrète, mais connais
452 ts de statistique, ou bien des hommes de chair et de sang, reconnaissant leur condition concrète, mais connaissant aussi l
453 mais connaissant aussi leur dignité, leur raison d’ être personnelle ? Voulons-nous être des personnes ? Voilà le mot lâch
454 s années dans les jeunes groupes révolutionnaires de France et de Belgique, dans la revue Esprit , et dans les cercles de
455 les jeunes groupes révolutionnaires de France et de Belgique, dans la revue Esprit , et dans les cercles de L’Ordre nou
456 ique, dans la revue Esprit , et dans les cercles de L’Ordre nouveau  ? Qu’est-ce que la personne ? Permettez-moi de renv
457 veau  ? Qu’est-ce que la personne ? Permettez-moi de renverser la question : que sont ces dieux et ces mythes collectifs s
458 us lesquels on prétend nous courber ? J’ai essayé de vous montrer qu’ils sont des créations de l’homme, et particulièremen
459 essayé de vous montrer qu’ils sont des créations de l’homme, et particulièrement de ce personnage égoïste et, en somme, a
460 ont des créations de l’homme, et particulièrement de ce personnage égoïste et, en somme, assez lâche, qu’on appelle l’indi
461 ’une certaine attitude, l’attitude démissionnaire de l’homme en fuite devant sa vocation, sa destinée. Les fantômes collec
462 ntômes collectifs, comme tous les fantômes, n’ont de réalité que celle qu’on leur prête. Si personne n’y croyait, ils n’ex
463 ces mythes représentent l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme de toutes les démissions particulières, — la person
464 nt l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme de toutes les démissions particulières, — la personne au contraire repré
465 aire représente l’attitude créatrice, la vocation de l’homme. Tout, en définitive, se joue dans l’homme et se rapporte à
466 à sa réalité. Dans l’homme, la masse n’a pas plus de puissance que la personne. Et c’est dans l’homme qu’a lieu le choix,
467 on pas dans la rue, dans l’opinion, dans les lois de l’évolution. Le lieu de toute décision qui crée, c’est la personne. E
468 l’opinion, dans les lois de l’évolution. Le lieu de toute décision qui crée, c’est la personne. Et votre rôle d’étudiants
469 cision qui crée, c’est la personne. Et votre rôle d’ étudiants, c’est-à-dire d’intellectuels, m’apparaît alors dans toute s
470 personne. Et votre rôle d’étudiants, c’est-à-dire d’ intellectuels, m’apparaît alors dans toute sa grandeur. C’est à vous d
471 paraît alors dans toute sa grandeur. C’est à vous de rechercher dans vos pensées les origines concrètes de ces grands fait
472 echercher dans vos pensées les origines concrètes de ces grands faits qui bouleversent le monde. C’est à vous de déceler,
473 nds faits qui bouleversent le monde. C’est à vous de déceler, par exemple, l’origine permanente et virtuelle des dictature
474 ctatures, dans un fléchissement, en vous, du sens de votre destinée personnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude
475 u sens de votre destinée personnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude de l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’a
476 onnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude de l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’attitude de celui qui se réfug
477 tout, il y a une attitude de l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’attitude de celui qui se réfugie dans l’Histoire15, qu
478 e l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’attitude de celui qui se réfugie dans l’Histoire15, qui pense par périodes sécula
479 ul éveillé et conscient des réalités. J’ai essayé de vous montrer qu’en pensant historiquement, il fonde, dès maintenant,
480 dès maintenant, en lui, la dictature du nombre et de l’irresponsable. Je pourrais maintenant vous donner une contrepartie,
481 s maintenant vous donner une contrepartie, tenter de vous décrire la pensée personnaliste, la pensée qui ne veut s’attache
482 ontraire de l’individu perdu dans l’Histoire, vit d’ instant en instant, d’une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte
483 perdu dans l’Histoire, vit d’instant en instant, d’ une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte, toujours imprévisibl
484 it d’instant en instant, d’une tâche à une autre, d’ un acte à un autre acte, toujours imprévisible, toujours aventureux. E
485 el. Quel est donc, nous dit-on, le fondement réel de la personne ? Est-ce une vue philosophique ? Est-ce une attitude niet
486 réponse à toutes ces questions, c’est la réponse de l’Évangile. Faites toutes les sociétés que vous voudrez, bouleversez
487 seul nous le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu c
488 voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu cet ordre : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tous donc, n
489 s deux ne sont possibles que dans cet acte unique d’ obéissance à l’ordre de Dieu, qui s’appelle l’amour du prochain. Je di
490 s que dans cet acte unique d’obéissance à l’ordre de Dieu, qui s’appelle l’amour du prochain. Je dis bien : acte, et il fa
491 rance à l’égard du voisin, une façon plus commode de vivre en société. On a transporté dans l’histoire cet amour qui doit
492 onne, mais aussi ce que Jésus-Christ nous ordonne d’ être : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulurent éprouver
493 rdonne d’être : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulurent éprouver Jésus, l’un d’entre eux se leva et lui dit 
494 parabole, celle du Bon Samaritain. Et le docteur de la loi découvrit cette vérité que toute sa religion n’avait pas pu lu
495 ce, en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’i
496 Cet acte, en chacun de nous, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné de le faire,
497 ire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin personnel et
498 société possible. Ne nous y trompons pas : l’acte de la miséricorde, c’est l’acte le plus révolutionnaire qui ait jamais p
499 mal à sa racine, qui est en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et révolutionnaires peu
500 ques et révolutionnaires peuvent bien nous servir de refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passions, au se
501 olutionnaires peuvent bien nous servir de refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passions, au secours de no
502 uvent bien nous servir de refuge, de prétextes et d’ arguments au service de nos passions, au secours de notre misère matér
503 de refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pé
504 ’arguments au service de nos passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimi
505 e. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité de notre être, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas s
506 intimité de notre être, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas son destin. Après tout, l’homme désespéré,
507 ’est pas la connaissance intellectuelle du destin de sa classe ou de sa race qui va suffire pour l’arracher à sa misère ;
508 aissance intellectuelle du destin de sa classe ou de sa race qui va suffire pour l’arracher à sa misère ; il lui faut une
509 ant. Nous ne rencontrons personne au monde, avant d’ avoir rencontré Dieu. 12. Conférence donnée à Genève, le 12 février
510 ichard Bloch intitula Destin du siècle un recueil d’ essais politiques dont le retentissement fut grand. Ce n’est pas ici l
511 tentissement fut grand. Ce n’est pas ici le titre de M. Bloch que je vise, mais le succès et la rapide vulgarisation d’une
512 e vise, mais le succès et la rapide vulgarisation d’ une expression qui en dit plus long que son auteur ne voulait sans dou
7 1934, Politique de la personne. Première partie. Primauté du spirituel ? — II. Personne ou individu ? (D’après une discussion)
513 question. — Vous parlez beaucoup de la personne… De mon temps, nous disions : individu. Les termes changent, selon le cou
514 rs disant : individu ! Individu ! Je suis heureux de notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux encore si je
515 idu et personne. Je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’en féliciter, ni surtout d’en conclure qu’entre individualistes et
516 as qu’il y ait lieu de s’en féliciter, ni surtout d’ en conclure qu’entre individualistes et personnalistes, la différence
517 ort à l’ensemble, à l’espèce16. Il est une partie d’ un tout : mais alors c’est le tout qui est donné d’abord, et c’est cel
518 ent à dire, sur le plan politique, que les droits de l’État priment ceux du citoyen. Voilà ce qui découle normalement de l
519 ceux du citoyen. Voilà ce qui découle normalement de la définition courante de l’individu. Dans ces conditions, l’individu
520 qui découle normalement de la définition courante de l’individu. Dans ces conditions, l’individualisme libéral n’est pas j
521 vidualistes à la mode du xixe siècle font figure de révoltés non seulement contre l’État, mais aussi contre la définition
522 ntre l’État, mais aussi contre la définition même de l’individu, et, en fin de compte, contre la raison, — dont ils aiment
523 se réclamer par ailleurs. La conséquence logique de l’individu, c’est l’étatisme, le fascisme ou la dictature stalinienne
524 ature stalinienne. Tel est le paradoxe malheureux de la démocratie laïque. L’individu au nom duquel légiféra la Convention
525 it du plus grand des deux et aboutît à une espèce d’ abdication logique des doctrines libérales. Laissons aux communistes l
526 rines libérales. Laissons aux communistes le soin de s’en réjouir. Si maintenant nous définissons la personne comme une vo
527 créatrice, la situation se renverse. La vocation d’ un homme n’est pas un droit pour lui, mais une charge ; disons plus :
528 arge ; disons plus : elle est sa véritable raison d’ être. Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien de l’ensemble ne p
529 re. Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien de l’ensemble ne peut exister qu’à partir du bien de chaque personne. Le
530 de l’ensemble ne peut exister qu’à partir du bien de chaque personne. Le bien de l’ensemble est comme une extension normal
531 r qu’à partir du bien de chaque personne. Le bien de l’ensemble est comme une extension normale du bien particulier. La pe
532 ire, sur le plan politique, que l’État n’est rien d’ autre qu’une machine destinée à subvenir à l’entretien des personnes.
533 née à subvenir à l’entretien des personnes. Privé de toute dignité mystique, il doit devenir un simple organe d’économie e
534 ignité mystique, il doit devenir un simple organe d’ économie et de distribution des tâches serviles et mécaniques, ou bien
535 e, il doit devenir un simple organe d’économie et de distribution des tâches serviles et mécaniques, ou bien encore, une a
536 niques, ou bien encore, une administration, dotée d’ une police minime. Une autre conséquence politique du personnalisme, q
537 ue du personnalisme, qui marque bien l’opposition de ce système à ceux qu’on a fondés sur l’individu libéral, c’est le féd
538 ses droits dépendent, en pratique, du bon plaisir de l’État. Tout au contraire, des lois fondées sur la personne sont obli
539 e, des lois fondées sur la personne sont obligées de tenir compte en premier lieu des diversités personnelles, puis locale
540 puis locales, puis régionales… On pourrait dire, d’ une manière un peu paradoxale, que ces lois perdent en puissance à mes
541 esure qu’elles s’éloignent du foyer vivant. Mais, de la sorte, le centre du pouvoir n’est pas dans les bureaux d’État, il
542 , le centre du pouvoir n’est pas dans les bureaux d’ État, il reste dans l’activité réelle de chaque personne, au sein de g
543 s bureaux d’État, il reste dans l’activité réelle de chaque personne, au sein de groupes d’autant plus forts qu’ils sont m
544 ité réelle de chaque personne, au sein de groupes d’ autant plus forts qu’ils sont moins étendus. Peut-être ces exemples po
545 ques seront-ils plus probants que les définitions d’ un philosophe ? Je tiens à marquer toutefois qu’ils ne sont pas sans j
546 mettons. Mais vous trouverez un très grand nombre d’ hommes qui vous diront : je ne me sens pas de vocation, il est probabl
547 mbre d’hommes qui vous diront : je ne me sens pas de vocation, il est probable que je n’en ai pas, je ne sais pas très bie
548 t profession, et vous diront : ma vocation, c’est d’ être gangster. Encore une fois, que signifierait pour tous ces gens vo
549 . Tout système comporte en réalité une difficulté de ce genre. Le plus souvent, on la passe sous silence, et le système s’
550 blit sur une équivoque fondamentale. C’est le cas de la démocratie libérale ; elle est fondée sur une notion de l’individu
551 ocratie libérale ; elle est fondée sur une notion de l’individu qui défie l’expérience et la réalité humaine. Elle a pourt
552 avantage sur l’individualisme qui serait en peine de montrer un seul individu réel, l’individu des droits de l’homme n’éta
553 nnes. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il y a peu d’ hommes qui acceptent les charges de leur vocation. Mais, ici, faisons
554 Qu’il y a peu d’hommes qui acceptent les charges de leur vocation. Mais, ici, faisons deux remarques : 1° La vocation n’e
555 eux remarques : 1° La vocation n’est pas un choix de l’homme. On ne saurait proprement parler du choix d’une vocation. La
556 l’homme. On ne saurait proprement parler du choix d’ une vocation. La vocation est un appel, une mission confiée à un homme
557 t ses capacités. Pour l’un, ce sera quelque chose de très modeste : se marier, persévérer dans une tâche entreprise, refus
558 découvre que son vrai moi réside dans l’exercice de cette vocation. L’exercice de sa vocation figure désormais sa liberté
559 ide dans l’exercice de cette vocation. L’exercice de sa vocation figure désormais sa liberté concrète et c’est cela qu’il
560 comprise est une réalité chrétienne, qui n’a pas de sens pour l’incroyant. Je ne puis l’accorder sans de fortes réserves.
561 sens pour l’incroyant. Je ne puis l’accorder sans de fortes réserves. L’Évangile nous apprend que Dieu s’adresse à tous le
562 es hommes, croyants ou non. Je pense que beaucoup d’ incroyants acceptent cet appel, obscurément — inconsciemment, diraient
563 — dans la mesure où ils agissent sous l’impulsion d’ un absolu17. Je connais plusieurs incroyants qui croient très fermemen
564 ncroyants qui croient très fermement à la mission de leur vie : ils l’appellent leur dignité. Ils savent que c’est là ce q
565 e sais pas quelle est ma vocation, je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce
566 , je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner
567 ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et d’éprouver son courage « personnel »
568 dre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et d’éprouver son courage « personnel ». Il y a très peu d
569 ôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et d’ éprouver son courage « personnel ». Il y a très peu de personnes. Mais
570 es lois sur la personne, c’est assurer la liberté d’ action des hommes les plus humains, les plus capables par là même de t
571 s les plus humains, les plus capables par là même de travailler au bien de tous. C’est, pratiquement, prévoir et respecter
572 s plus capables par là même de travailler au bien de tous. C’est, pratiquement, prévoir et respecter les différences, les
573 ettre le pouvoir à quelques-uns… Mais le seul mot d’ oligarchie introduit tant de confusions qu’il vaut mieux l’éviter ici.
574 tant de confusions qu’il vaut mieux l’éviter ici. D’ autant plus qu’on pourrait aussi bien parler d’une démocratie minimum,
575 i. D’autant plus qu’on pourrait aussi bien parler d’ une démocratie minimum, exercée par quelques personnes en vue d’attein
576 ie minimum, exercée par quelques personnes en vue d’ atteindre un maximum. Troisième question. — Il y a dans votre positio
577 personnaliste un danger bien plus grand que celui de l’oligarchie. C’est celui de l’anarchie. La vocation telle que l’ente
578 plus grand que celui de l’oligarchie. C’est celui de l’anarchie. La vocation telle que l’entendent les chrétiens est impré
579 évisible. Or les lois ont pour utilité principale de prévoir. Il y a là une opposition de principe qui me paraît irréducti
580 é principale de prévoir. Il y a là une opposition de principe qui me paraît irréductible. Si chacun prétend suivre sa voca
581 nnent forcément inopérantes. Réponse. — La force de cette objection réside dans une vue rationaliste du monde. Dans la ré
582 s reçues s’insèrent naturellement dans le concret de la vie, et revêtent par là même une espèce de… régularité. L’Esprit s
583 ret de la vie, et revêtent par là même une espèce de … régularité. L’Esprit souffle où il veut, c’est vrai. Mais la vocatio
584 vrai. Mais la vocation est avant tout incarnation de l’Esprit. Et l’incarnation est soumise aux nécessités de la « chair »
585 prit. Et l’incarnation est soumise aux nécessités de la « chair », qui ne sont pas variées à l’infini. D’autre part, on pe
586 it, peut très bien n’être que la fixation brutale d’ un désordre réel. Cet ordre reste à la merci de la révolte suffisammen
587 le d’un désordre réel. Cet ordre reste à la merci de la révolte suffisamment violente de quelques vocations, de quelques «
588 te à la merci de la révolte suffisamment violente de quelques vocations, de quelques « personnalités » qui ne peuvent plus
589 olte suffisamment violente de quelques vocations, de quelques « personnalités » qui ne peuvent plus, à un moment donné, le
590 , supportent beaucoup plus facilement l’irruption de l’imprévisible, et la prévoient en quelque sorte. C’est ainsi que les
591 ment personnalistes, s’accommodent assez aisément de l’objection de conscience, alors que les lois rationnelles de l’État
592 stes, s’accommodent assez aisément de l’objection de conscience, alors que les lois rationnelles de l’État français transf
593 on de conscience, alors que les lois rationnelles de l’État français transforment aussitôt cette objection de conscience e
594 at français transforment aussitôt cette objection de conscience en un péril pour la défense nationale et l’ordre public.
595 ion. — Les personnalistes se réclament volontiers de l’esprit. Ils revendiquent la primauté du spirituel, reprenant l’expr
596 lui qui réside, comme disait Bernanos, en l’hôtel de la nonciature. Je ne crois pas que les personnalistes puissent se tar
597 is pas que les personnalistes puissent se targuer d’ un « esprit » aussi rigoureusement administré et contrôlé. Je crains a
598 ns alors que leur « esprit » ne soit qu’une forme de l’esprit bourgeois, une dernière survivance du spiritualisme, de la «
599 rgeois, une dernière survivance du spiritualisme, de la « belle âme », et, pour tout dire, de l’hypocrisie de la classe po
600 ualisme, de la « belle âme », et, pour tout dire, de l’hypocrisie de la classe possédante. Ils célèbrent l’esprit pour end
601  belle âme », et, pour tout dire, de l’hypocrisie de la classe possédante. Ils célèbrent l’esprit pour endormir le peuple,
602 el ne connaît que la « chair » selon l’expression de l’Apôtre. Cette « chair » signifie aussi bien la raison et l’intellig
603 t souffle où il veut. Mais lorsqu’il parle à l’un de nous, et que celui qui le reçoit dans cette parole croit en lui, il s
604 uelque chose. Je dis donc que l’Esprit n’est rien d’ autre pour nous qu’un acte, et un acte d’obéissance. Cet acte justemen
605 est rien d’autre pour nous qu’un acte, et un acte d’ obéissance. Cet acte justement qui fonde notre personne. La primauté d
606 auté du spirituel, c’est pratiquement la primauté de la personne. La primauté de la personne, voilà la définition de la se
607 tiquement la primauté de la personne. La primauté de la personne, voilà la définition de la seule autorité réelle, rayonna
608 . La primauté de la personne, voilà la définition de la seule autorité réelle, rayonnante, et qui ne se fonde pas sur la c
609 . L’Esprit dont nous parlons n’est pas une espèce de fluide très subtil, d’autant plus respectable qu’il serait plus invis
610 rlons n’est pas une espèce de fluide très subtil, d’ autant plus respectable qu’il serait plus invisible. Et ce n’est pas n
611 trième à la notion que les personnalistes se font de l’individu ; la troisième à la confusion courante de l’individu et de
612 l’individu ; la troisième à la confusion courante de l’individu et de la personne. 17. Ceci demanderait quelques précisio
613 roisième à la confusion courante de l’individu et de la personne. 17. Ceci demanderait quelques précisions. Dès que l’abs
614 t qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse d’ être un homme qui ne connaît pas son Dieu, pour devenir un faux croyan
8 1934, Politique de la personne. Première partie. Primauté du spirituel ? — III. Précédence ou primauté de l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cercle privé)
615 III.Précédence ou primauté de l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cerc
616 à un débat dans un cercle privé) L’affirmation de l’importance décisive du fait économique servit de point de départ à
617 e l’importance décisive du fait économique servit de point de départ à Marx dans une époque où la bourgeoisie se croyait «
618 tance décisive du fait économique servit de point de départ à Marx dans une époque où la bourgeoisie se croyait « spiritua
619 spiritualiste » ou « idéaliste » au sens vulgaire de ces termes. Marx révélait ainsi à cette bourgeoisie la vraie nature d
620 évélait ainsi à cette bourgeoisie la vraie nature de la société moderne. Aux grands bourgeois libéraux, philanthropes et d
621 es, par-dessus tout leur religion, étaient autant de moyens hypocrites — ou peut-être sincères — de duper systématiquement
622 nt de moyens hypocrites — ou peut-être sincères — de duper systématiquement le monde — et peut-être eux-mêmes — sur la vér
623 es bénéficiaires. L’affirmation brutale du primat de l’économique intervint à ce moment de l’histoire comme un rappel à la
624 e du primat de l’économique intervint à ce moment de l’histoire comme un rappel à la réalité de la condition humaine. Elle
625 moment de l’histoire comme un rappel à la réalité de la condition humaine. Elle fut d’abord pour Marx et pour Engels une a
626 êmement efficace et qui tirait sa vérité relative de l’état de mensonge dans lequel vivait la bourgeoisie. Ajoutons tout d
627 ficace et qui tirait sa vérité relative de l’état de mensonge dans lequel vivait la bourgeoisie. Ajoutons tout de suite qu
628 e suite que cette vérité relative subsiste encore de nos jours dans la mesure où cet état de mensonge subsiste lui-même. Q
629 te encore de nos jours dans la mesure où cet état de mensonge subsiste lui-même. Que nous soyons marxistes ou antimarxiste
630 arxistes, il nous arrive à tous, dans des moments d’ indignation en présence de l’hypocrisie plus ou moins consciente de ce
631 présence de l’hypocrisie plus ou moins consciente de certains capitalistes, de certains porte-paroles ou porte-plumes de l
632 lus ou moins consciente de certains capitalistes, de certains porte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie, de nous écr
633 listes, de certains porte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie, de nous écrier, trop souvent, hélas ! en pensée seule
634 porte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie, de nous écrier, trop souvent, hélas ! en pensée seulement : « Vends tous
635 t nous verrons ensuite si tu attaches encore tant d’ importance aux ventes de charité, à la poésie pure ou à la contingence
636 i tu attaches encore tant d’importance aux ventes de charité, à la poésie pure ou à la contingence des lois de la nature !
637 té, à la poésie pure ou à la contingence des lois de la nature ! » Mais le marxisme, à la suite surtout des derniers écrit
638 marxisme, à la suite surtout des derniers écrits de Marx, a été beaucoup plus loin que son indignation première. De cet a
639 beaucoup plus loin que son indignation première. De cet argument polémique, de ce rappel à la vraie nature des choses, ou
640 indignation première. De cet argument polémique, de ce rappel à la vraie nature des choses, ou tout au moins à un aspect
641 ique — et légitime en raison même du grand nombre de faits dont l’argument paraissait rendre compte ; mais ensuite constru
642 bref, Marx démontra d’abord le matérialisme réel de la bourgeoisie qui se croyait idéaliste. Puis il systématisa sa criti
643 et homme réduit au minimum matériel, sur cet état de l’homme précisément qu’à l’origine il jugeait inhumain. Il condamna d
644 ues siècles peut-être, à un homme nouveau capable de créer un « spirituel » également rénové. C’était là, très exactement,
645 tement, comme le dit l’expression courante, faire de nécessité vertu. Mais c’était aussi introduire dans la doctrine de la
646 u. Mais c’était aussi introduire dans la doctrine de la Révolution un primat du déterminisme, dont je dirai, sans plus de
647  ? Parce qu’il fait abstraction du facteur homme, de la personne, de l’origine concrète de toute révolution. Du point de v
648 ait abstraction du facteur homme, de la personne, de l’origine concrète de toute révolution. Du point de vue tactique, le
649 teur homme, de la personne, de l’origine concrète de toute révolution. Du point de vue tactique, le matérialisme a joué un
650 accompli, le déterminisme s’est révélé incapable de soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle est la contradiction
651 fins qu’il veut atteindre, qui sont la libération de l’individu et la suppression de l’État, sont sans commune mesure avec
652 ont la libération de l’individu et la suppression de l’État, sont sans commune mesure avec les moyens qu’il met en œuvre.
653 x encore : les moyens du marxisme sont incapables d’ engendrer les fins désirées, parce qu’ils ne portent pas en eux-mêmes
654 tent pas en eux-mêmes l’image et la préfiguration de ces fins. On ne fait pas de la liberté avec de la nécessité, on ne cr
655 e et la préfiguration de ces fins. On ne fait pas de la liberté avec de la nécessité, on ne crée pas des personnes par le
656 on de ces fins. On ne fait pas de la liberté avec de la nécessité, on ne crée pas des personnes par le moyen des dictature
657 r le moyen des dictatures, pas plus qu’on ne fait de l’éternité en accumulant siècles sur siècles. Le matérialisme bourgeo
658 en charge par le marxisme, empêche la Révolution de s’arracher du plan capitaliste. Il alourdit, il entrave, finalement i
659 finalement il paralyse brutalement, par le moyen de la dictature étatiste, l’élan créateur, spirituel de la Révolution. O
660 la dictature étatiste, l’élan créateur, spirituel de la Révolution. On peut dire, très exactement, que le matérialisme est
661 très exactement, que le matérialisme est l’opium de la Révolution. Certes, le marxisme contient bien d’autres éléments qu
662 d’autres éléments que cette affirmation du primat de l’économique : elle n’en demeure pas moins essentielle. Et ce serait
663 essentielle. Et ce serait une grande duperie que de croire comme certains qu’on peut l’accepter sous réserves, limiter se
664 us réserves, limiter ses dégâts ou même se passer d’ elle, tout en acceptant d’autres parties de la doctrine. Car toute la
665 passer d’elle, tout en acceptant d’autres parties de la doctrine. Car toute la force de propagande du marxisme-léninisme r
666 autres parties de la doctrine. Car toute la force de propagande du marxisme-léninisme réside dans la cohérence de ses affi
667 de du marxisme-léninisme réside dans la cohérence de ses affirmations polémiques et de ses analyses théoriques. Que les th
668 ns la cohérence de ses affirmations polémiques et de ses analyses théoriques. Que les thèses marxistes reposent sur une co
669 e. On ne sait jamais très bien, en présence d’une de ces thèses, si elle veut exprimer simplement un état de fait, ou si e
670 thèses, si elle veut exprimer simplement un état de fait, ou si elle le condamne, ou si elle le revendique. C’est un des
671 cet égard. L’URSS étant encore en pleine période de transition, il est trop facile de rejeter toutes les critiques de fai
672 pleine période de transition, il est trop facile de rejeter toutes les critiques de fait adressées au plan quinquennal en
673 l est trop facile de rejeter toutes les critiques de fait adressées au plan quinquennal en montrant qu’elles n’atteignent
674 doctrine marxiste cohérente. Force nous est donc de partir du marxisme « moyen », théorique et vulgarisé, celui préciséme
675 ment parce que, contre lui, ils se sentent privés de défense intérieure : il est comme l’expression brutale de leur incons
676 se intérieure : il est comme l’expression brutale de leur inconscient, il décrit sans pudeur la part honteuse de leur natu
677 conscient, il décrit sans pudeur la part honteuse de leur nature réelle. Prenons donc d’abord la thèse matérialiste en ell
678 correctifs que pourrait lui apporter telle lettre de Marx à Engels, ou telle conséquence imprévue du jeu de bascule dialec
679 rx à Engels, ou telle conséquence imprévue du jeu de bascule dialectique. On a pu lui opposer une série d’objections que j
680 ascule dialectique. On a pu lui opposer une série d’ objections que je ne ferai ici que mentionner, car elles sont fort con
681 t montrer que le capitalisme est bien à l’origine de l’idéologie bourgeoise, on a pu montrer aussi20 qu’un fait spirituel,
682 sif du développement capitaliste ; 2° La primauté de l’économique est au fond une croyance bourgeoise, une de ces croyance
683 onomique est au fond une croyance bourgeoise, une de ces croyances jamais avouées mais réellement agissantes qui définisse
684 uler brutalement et systématiser ; 3° La primauté de l’économique implique une foi au déterminisme, une croyance en la seu
685 tains égards antirévolutionnaire ; 4° La primauté de l’économique suppose une anthropologie particulière, qui considère l’
686 son dans l’absolu, mais nous nous occupons, nous, de la situation présente de l’homme, et nous disons : tant que le minimu
687 ous nous occupons, nous, de la situation présente de l’homme, et nous disons : tant que le minimum de vie n’est pas assuré
688 de l’homme, et nous disons : tant que le minimum de vie n’est pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité.
689 imum de vie n’est pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité. Commençons par le commencement : donnons du p
690 e n’est pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité. Commençons par le commencement : donnons du pain à tout
691 s du pain à tout le monde. Nous parlerons ensuite de ce spirituel auquel vous ne tenez tant que parce qu’il vous permet d’
692 el vous ne tenez tant que parce qu’il vous permet d’ éluder le vrai problème. » Mais cette réponse simpliste, valable tout
693 ’est pas tenu là. Il a, dès le début, avec autant d’ hypocrisie sans doute que d’habileté, et même de sagesse, proclamé en
694 le début, avec autant d’hypocrisie sans doute que d’ habileté, et même de sagesse, proclamé en même temps que la réalité de
695 t d’hypocrisie sans doute que d’habileté, et même de sagesse, proclamé en même temps que la réalité de l’économie, la réal
696 de sagesse, proclamé en même temps que la réalité de l’économie, la réalité supérieure de la vie « spirituelle ». Par là m
697 e la réalité de l’économie, la réalité supérieure de la vie « spirituelle ». Par là même, il paraît plus capable que le ma
698 r là même, il paraît plus capable que le marxisme d’ entraîner les classes moyennes, d’utiliser leur « idéalisme » impénite
699 que le marxisme d’entraîner les classes moyennes, d’ utiliser leur « idéalisme » impénitent. D’autre part, la réalisation p
700 mpénitent. D’autre part, la réalisation partielle de l’économie marxiste en Russie fait apparaître désormais la nécessité
701 en Russie fait apparaître désormais la nécessité d’ une spiritualité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse d’être théo
702 tualité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse d’ être théorique. Cette spiritualité que Marx n’avait pas définie, il fa
703 avait pas définie, il faut maintenant la préciser d’ urgence, ne fût-ce que pour des fins démagogiques, ou, comme le disaie
704 ains socialistes français, « pour n’être pas pris de vitesse par les fascistes ». Aussi bien a-t-on vu apparaître, au cour
705 Que le but final était bel et bien la libération de l’homme complet, spirituel compris. Enfin, que cette primauté n’avait
706 ste indique une orientation nouvelle du marxisme. De tous côtés la préoccupation dite culturelle apparaît là où naguère on
707 italisme, les marxistes revendiquaient les droits de la matière. Maintenant que la critique marxiste s’est vulgarisée et q
708 ont intérêt à revendiquer à leur tour les droits de « l’esprit ». Tel étant, à peu près, l’état de la question, je voudra
709 ts de « l’esprit ». Tel étant, à peu près, l’état de la question, je voudrais maintenant indiquer en quelques thèses rapid
710 s philosophes marxistes tiennent à ce qu’on parle de précédence plutôt que de primauté de l’économique, c’est donc qu’ensu
711 iennent à ce qu’on parle de précédence plutôt que de primauté de l’économique, c’est donc qu’ensuite, une fois leurs reven
712 qu’on parle de précédence plutôt que de primauté de l’économique, c’est donc qu’ensuite, une fois leurs revendications éc
713 e spirituelle. Mais ce passage serait la négation de leurs principales thèses de combat actuelles, fondées sur le détermin
714 ge serait la négation de leurs principales thèses de combat actuelles, fondées sur le déterminisme. Si le mot « spirituel 
715 urément par opposition avec les lois inéluctables d’ une nature tyrannique, entièrement livrée à la nécessité. L’esprit est
716 n hors du déterminisme, la dialectique hégélienne de Marx l’a cependant prévue. On se souvient des phrases fameuses concer
717 phrases fameuses concernant « le saut du royaume de la nécessité dans celui de la liberté ». Ce saut, c’est la vraie révo
718 t « le saut du royaume de la nécessité dans celui de la liberté ». Ce saut, c’est la vraie révolution, nous dit-on. Or cet
719 rée en Russie. Nous ne sommes que dans la période de préparation, qui doit fatalement se « nier » un jour. (Autosuppressio
720 -à-dire sans classes.) Tout cela n’est qu’un rêve d’ intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalité humaine. Cet
721 êve d’intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalité humaine. Cette extraordinaire opération de rétablissement
722 a réalité humaine. Cette extraordinaire opération de rétablissement du spirituel et de la liberté, dans un monde où seules
723 naire opération de rétablissement du spirituel et de la liberté, dans un monde où seules sont admises les valeurs matériel
724 rs matérielles et quantitatives, figure une sorte de conversion profonde et subite de toute une civilisation, dont on ne v
725 figure une sorte de conversion profonde et subite de toute une civilisation, dont on ne voit pas quel dieu serait l’auteur
726 l dieu serait l’auteur, et que rien dans le passé de l’humanité ne peut permettre même d’imaginer. Il s’agit là d’une giga
727 ans le passé de l’humanité ne peut permettre même d’ imaginer. Il s’agit là d’une gigantesque caricature de réalités chréti
728 é ne peut permettre même d’imaginer. Il s’agit là d’ une gigantesque caricature de réalités chrétiennes, qui n’ont d’existe
729 aginer. Il s’agit là d’une gigantesque caricature de réalités chrétiennes, qui n’ont d’existence que pour la personne huma
730 que caricature de réalités chrétiennes, qui n’ont d’ existence que pour la personne humaine, et qui supposent une Personne
731 onne divine comme auteur. Si l’on refuse cet acte de foi en la dialectique marxiste, il reste peu de raisons d’imaginer po
732 la dialectique marxiste, il reste peu de raisons d’ imaginer possible le saut dans l’ordre de la liberté. En effet, les no
733 raisons d’imaginer possible le saut dans l’ordre de la liberté. En effet, les nouvelles valeurs instituées pendant la pér
734 s nouvelles valeurs instituées pendant la période de transition au socialisme ont, d’ores et déjà, une existence concrète,
735 d’ores et déjà, une existence concrète, une durée d’ action et de réaction. Elles modèlent l’homme, elles créent des habitu
736 jà, une existence concrète, une durée d’action et de réaction. Elles modèlent l’homme, elles créent des habitudes de pensé
737 lles modèlent l’homme, elles créent des habitudes de pensée et de vie entièrement soumise aux lois du nombre et de la mati
738 l’homme, elles créent des habitudes de pensée et de vie entièrement soumise aux lois du nombre et de la matière, pour ne
739 de vie entièrement soumise aux lois du nombre et de la matière, pour ne rien dire de la police et de la délation organisé
740 ois du nombre et de la matière, pour ne rien dire de la police et de la délation organisée. Atmosphère peu favorable à l’i
741 de la matière, pour ne rien dire de la police et de la délation organisée. Atmosphère peu favorable à l’instauration d’un
742 anisée. Atmosphère peu favorable à l’instauration d’ une spiritualité nouvelle ! Même si les germes du spirituel sont semés
743 sormais dans un milieu de plus en plus stérilisé, de moins en moins favorable à une révolution réelle, surtout brusque. Un
744 ette anthropologie marxiste — qui n’est pas celle de Marx lui-même — tend à rendre l’homme irresponsable, obéissant aux se
745 uels, au sens étymologique. Des hommes incapables d’ actualiser une création, c’est-à-dire incapables de concevoir un spiri
746 ’actualiser une création, c’est-à-dire incapables de concevoir un spirituel véritable. Seule une anthropologie établie dès
747 veau de l’acte, et non du fait, me paraît capable de préparer une révolution. Il y a plus. À supposer que le passage au sp
748 ue ne pourrait être qu’une réédition standardisée de « l’esprit » bourgeois — dont justement nous étions reconnaissants à
749 justement nous étions reconnaissants à Karl Marx d’ avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là serait tout bonnement le vieil
750 ituel qui ne vient qu’ensuite, c’est un spirituel de luxe, « gratuit » comme on disait naguère, sans efficace, sans respon
751 à fait digne des éloges du « clerc parfait », et de l’approbation des bourgeois les plus vilipendés par le marxisme dans
752 l’origine même du désordre actuel. ⁂ Mais ce mot de précédence évoque encore autre chose que la séparation bourgeoise et
753 ertain optimisme évolutionniste, tout un ensemble de doctrines qui trouvent leur lieu commun dans la doctrine de l’immanen
754 es qui trouvent leur lieu commun dans la doctrine de l’immanence. Au fond du débat précédence ou primauté, nous retrouvons
755 que l’« esprit » et la « liberté » sont au terme de l’effort humain. Or, je crois, au contraire, que si le spirituel n’es
756 t pas à l’origine, il n’est pas non plus à la fin d’ un système, d’une action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme es
757 ine, il n’est pas non plus à la fin d’un système, d’ une action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble
758 pas non plus à la fin d’un système, d’une action, d’ une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble de déterminism
759 oyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble de déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais de son effort, ni auc
760 e déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais de son effort, ni aucun esprit. À moins qu’un Dieu transcendant ne les y
761 dire, semblablement, que s’il n’y a pas à la base d’ une doctrine politique un principe d’actualité, nulle « période de tra
762 as à la base d’une doctrine politique un principe d’ actualité, nulle « période de transition » ne sera capable de l’engend
763 olitique un principe d’actualité, nulle « période de transition » ne sera capable de l’engendrer. Et si par exemple la per
764 , nulle « période de transition » ne sera capable de l’engendrer. Et si par exemple la personne humaine est comptée pour r
765 sitions fondamentales du collectivisme, le succès de cette doctrine ne préparera nullement un terrain plus favorable à l’é
766 n terrain plus favorable à l’épanouissement futur de la personne. Quand on perd sur la personne, on ne peut pas se rattrap
767 ous séparez vous aussi, dans le temps, ce qui n’a d’ existence réelle que dans l’unité, dans l’instant. Faisons ici une dis
768 l’économique d’abord des marxistes. Il a un sens de primauté non pas chronologique et transitoire, mais absolue. Primauté
769 n chrétienne et la conception marxiste-hégélienne de la réalité humaine et de l’histoire. On peut dire, dans ce sens, que
770 tion marxiste-hégélienne de la réalité humaine et de l’histoire. On peut dire, dans ce sens, que la croyance à la période
771 dire, dans ce sens, que la croyance à la période de transition résume à nos yeux toute l’erreur marxiste. Les hégéliens e
772 ales irrationnelles, et qui l’ont exploité. (Mais d’ où vient cet esprit d’exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégrad
773 t qui l’ont exploité. (Mais d’où vient cet esprit d’ exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégradé sera sauvé plus tard
774 a fois pécheur et sauvé, sans qu’il soit possible de distinguer dans le temps une précédence, des stades successifs. Notre
775 t à l’Esprit qui agit dans l’instant bouleversant de la foi, comme il agit à l’Origine et à la Fin. Le marxisme apparaît a
776 Sombart. Cf. encore sur cette question l’article de Louis Febvre, in Foi et Vie , n° 58-59 : Capitalisme et Réforme. 21
777 Réforme. 21. La publication en France des écrits de Marx Sur la dialectique hégélienne ne date en effet que de 1932. 22.
778 ur la dialectique hégélienne ne date en effet que de 1932. 22. Affirmation due à M. Nizan, dans Europe (avril 1933). Cet
779 a matière. L’esprit suivra quand on aura le temps de s’en occuper, c’est-à-dire à la fin du dernier plan quinquennal. Ce r
780 nous apprend que les hommes vivent des inventions de l’esprit — au sens tout humain du mot —, et que, si Stephenson n’avai
781 n’avait pas inventé la locomotive, ceux qui font de la propagande parmi les cheminots seraient bien en peine de vivre. No
782 agande parmi les cheminots seraient bien en peine de vivre. Nous ne parlons pas, d’ailleurs, du même « esprit » lorsque no
783 ons la primauté du spirituel. Mais il est curieux de remarquer que, même sur le plan purement humaniste, cette thèse matér
9 1934, Politique de la personne. Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — IV. Ni ange ni bête : ni gauche ni droite (Fondements théologiques d’une action politique)
784  : ni gauche ni droite23 (Fondements théologiques d’ une action politique) En dépit de la vieille polémique des bien-pens
785 des bien-pensants, il n’existe plus, parmi nous, de théoriciens du désordre. Toute doctrine sociale, aujourd’hui, fût-ell
786 fût-elle même la plus subversive, est la doctrine d’ un certain ordre terrestre, d’un certain aménagement des activités, de
787 ve, est la doctrine d’un certain ordre terrestre, d’ un certain aménagement des activités, de la durée, des créations humai
788 errestre, d’un certain aménagement des activités, de la durée, des créations humaines. Tout ordre terrestre suppose une co
789 ines. Tout ordre terrestre suppose une conception de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’
790 nception réactionnaire, ou statique, la politique de la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie
791 ou statique, la politique de la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est
792 ique de la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est une doctrine pessimi
793 sée. C’est une doctrine pessimiste, une politique de la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception r
794 doctrine pessimiste, une politique de la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception révolutionnaire,
795 onnaire, ou dynamique, la politique du devenir et de l’évolution fatale. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n’es
796 ue si l’homme est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christianisme intervient dans cette fausse symétr
797 ervient dans cette fausse symétrie avec une sorte d’ humour transcendant, fort bien exprimé par Pascal : « L’homme n’est ni
798 i ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de Dieu, c’est agir, c’est donc attester sa dignité proprement humaine.
799 s, peut se fonder une politique qui mérite le nom de chrétienne. Je la vois caractérisée par deux traits qui nous serviron
800 s caractérisée par deux traits qui nous serviront de critères : d’une part, elle est seule humaine, au sens évangélique du
801 ue seule elle pose la question dernière du destin de l’homme, en même temps qu’elle connaît et saisit l’homme dans sa cond
802 aussi qu’elle est intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ils ne souffre
803 sibles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’ être d’avance limités par un système, par un programme, par des soluti
804 instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’être d’ avance limités par un système, par un programme, par des solutions tou
805 i ne veut connaître que les fins, et risque ainsi de sous-estimer les moyens. Ou encore : pour le politique pur, il s’agit
806 ncore : pour le politique pur, il s’agit toujours d’ un ordre établi ou d’un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit
807 ique pur, il s’agit toujours d’un ordre établi ou d’ un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’un o
808 blir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’ un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et accepté
809 dre est véritablement reçu, et accepté, il s’agit de l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est dans l’instant, hic et n
810 l’origine et à la fin, est cependant inséparable de celles-ci. Il est donc non seulement possible, mais nécessaire, que l
811 ait que cette transformation s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume de l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il af
812 tion s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume de l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il affirme que l’ordre établi
813 dis terrestre. Aux uns et aux autres, il reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance de sa nature véritable. Certes, n
814 l reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance de sa nature véritable. Certes, nous sommes dans l’histoire, mais non pa
815 dans le péché, mais comme ayant reçu la promesse d’ être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, com
816 , mais comme ayant reçu la promesse d’être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme manger, tra
817 stème politique ni aucune synthèse humaine n’aura de droit sur nous en tant que personnes, en tant que vocations. Surtout,
818 , se confondre avec un progrès du salut. Principe d’ une politique du pessimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume, à
819 e d’une politique du pessimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume, à mon sens, le fondement et la seule direction po
820 sens, le fondement et la seule direction possible de toute politique chrétienne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dess
821 enne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dessus de la collectivité25. » Cela ne signifie pas que le croyant doive s’isol
822 ela ne signifie pas que le croyant doive s’isoler de la communauté, mais bien que la communauté doit toujours être subordo
823 ujours être subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’est sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non se
824 politiques qui revendiquent les droits supérieurs de la personne par rapport à l’ensemble ; mais encore il pourra et devra
825 e est celle qui se fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’où découle la relation concrète et humainement bien
826 fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’ où découle la relation concrète et humainement bienfaisante que l’Évan
827 t aux fins terrestres, mais impliquant l’activité de l’homme considérée comme un service nécessaire — voilà peut-être défi
828 ution sans illusions. 23. Réponse à une enquête de la Revue du christianisme social, sur l’attitude des jeunes protestan
829  : à tout système qui tend à l’anarchie par excès de confiance dans l’homme, succède une dictature. Certain fascisme est d
830 omme, succède une dictature. Certain fascisme est d’ autant plus « bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’il r
831 ues précisions sur la portée proprement politique de cette formule.
10 1934, Politique de la personne. Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — V. Sur la devise du Taciturne
832 exactement le paradoxe est la marque et la preuve de toute réalité en tant que saisie et vécue, c’est-à-dire assumée par l
833 rationaliste, romaine, ou marxiste, c’est sortir de la réalité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en re
834 nelle et immédiate avec Dieu : et que la relation d’ un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela es
835 ur ne puisse être que paradoxale, cela est clair, d’ une clarté proprement aveuglante et même insupportable, si nous n’avio
836 lement accessible au plus profond du désespoir et de la nuit, par la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle est la d
837 elle est la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétienne : elle rejette tout espoir qui ne serait pas le seu
838 serait pas la seule promesse : espoir et promesse de la foi, — et la foi naît au cœur du désespoir. Mais, d’autre part, en
839 ofondeurs dernières où l’attend l’espoir éclatant de la révélation. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’« 
840 clatant de la révélation. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien,
841 n. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le s
842 u monde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous e
843 d pas au sérieux ce qu’impliquent les deux termes de l’antinomie, ou qui cherche à la supprimer, est antichrétienne en son
844 ne à lui-même un monde qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde
845 ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individual
846 t qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individualisme anarchique ; point de vue qui rend absurde le fait m
847 ique ; point de vue qui rend absurde le fait même d’ être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optim
848 rend absurde le fait même d’être né, c’est-à-dire d’ avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste constate au contrai
849 a nous est à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les Européens trouvent commode de nommer « américai
850 cet activisme que les Européens trouvent commode de nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente à tou
851 ent commode de nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente à tout système rationaliste du monde, soit
852 l refuse, comme le marxisme, l’antinomie centrale de notre condition, et que, enfermant les conflits purement humains dans
853 fermant les conflits purement humains dans le jeu de synthèses successives, il achemine l’espèce vers un équilibre final,
854 rende à leur tour intenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Qu’est-ce donc pour nous que l’effort humain ? Sinon l
855 que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’être de son incorporation ; mai
856 nécessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’ être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effor
857 ire de l’âme, son actualisation, la raison d’être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne no
858 son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne nous mériteront jamais le Pardon ; ils mériteront tout
859 nt jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’ être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi.
860 t la foi. Agissez donc, mais votre action ne sert de rien. L’hérésie pessimiste et l’hérésie optimiste ainsi renvoyées dos
861 ésence de l’accusation plus subtile des partisans de la synthèse. Comment un homme qui se réclame de Calvin et de Luther,
862 s de la synthèse. Comment un homme qui se réclame de Calvin et de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites
863 èse. Comment un homme qui se réclame de Calvin et de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites humains, pou
864 i se réclame de Calvin et de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites humains, pourrait-il, s’il prend au
865 un effort politique quelconque ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’est pas de réponse à cette question pour ceux qui n
866 e ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’est pas de réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’est que
867 s), tandis qu’au contraire la politique est l’art d’ accommoder les relations dans le sens de la plus grande facilité de ré
868 est l’art d’accommoder les relations dans le sens de la plus grande facilité de réalisation. La politique est un art de sy
869 relations dans le sens de la plus grande facilité de réalisation. La politique est un art de synthèses pratiques ; son off
870 facilité de réalisation. La politique est un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’
871 st un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mais l
872 iques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mais la foi, bien souvent, ne peu
873 s physiques et morales. Doit-on conclure au refus de toute activité politique ? Ce serait admettre que les deux termes de
874 olitique ? Ce serait admettre que les deux termes de l’antinomie s’équivalent et peuvent s’annuler. La logique n’a le droi
875 ent et peuvent s’annuler. La logique n’a le droit de conclure qu’à partir de concepts réduits au même ordre. Mais ce n’est
876 s au même ordre. Mais ce n’est pas ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul
877 ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capable de la posséder
878 i vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capable de la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais nous ne pouv
879 t jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme d’ une force à notre disposition ; elle survient, et c’est alors un ordre
880 mes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin d’ une politique pour suppléer à leur faiblesse, qui ont besoin tout auta
881 nt besoin tout autant qu’on leur montre la vanité d’ une chose si nécessaire. Telle est, dans son principe, la seule attitu
882 politique du pessimisme actif, — ou si l’on veut de l’activisme sans illusions. Et sa devise n’est autre que la maxime so
883 calviniste par excellence : « Point n’est besoin d’ espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Cette abse
884 oint n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Cette absence d’illusions quant à la valeu
885 e, ni de réussir pour persévérer. » Cette absence d’ illusions quant à la valeur absolue du résultat, sinon de l’acte, est
886 ions quant à la valeur absolue du résultat, sinon de l’acte, est en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve
887 de l’acte, est en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tous les livres d’histoire. Les peuples
888 t de l’action. La preuve est dans tous les livres d’ histoire. Les peuples calvinistes ont été les plus « actifs » des temp
889 principe animateur —, n’en continuaient pas moins d’ agir en vertu du principe d’inertie(tout corps en mouvement tend à con
890 ontinuaient pas moins d’agir en vertu du principe d’ inertie(tout corps en mouvement tend à conserver son mouvement). C’est
891 ientés ont développé le capitalisme, symbole même de l’action dépourvue de fins transcendantes, de l’action optimiste. Cor
892 e capitalisme, symbole même de l’action dépourvue de fins transcendantes, de l’action optimiste. Corruptio optimi pessima.
893 ême de l’action dépourvue de fins transcendantes, de l’action optimiste. Corruptio optimi pessima. ⁂ Mais il existe des êt
894 ssion et sans appel. Et c’est peut-être vis-à-vis d’ eux seulement que notre politique pourra se fixer un programme : la de
895 olitique pourra se fixer un programme : la devise de Guillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc
896 mme : la devise de Guillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont les création
897 lles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec
898 ont pour lui ses créatures divinisées ! Les dieux de l’Occident réclament des dividendes ; ils réclament aussi des sacrifi
899 es humains. Le dieu-nation respire la bonne odeur d’ onze millions de morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redo
900 ieu-nation respire la bonne odeur d’onze millions de morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redoutable, en appar
901 e, le dieu-production se contente des macérations de 30 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de c
902 uction se contente des macérations de 30 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus.
903 te des macérations de 30 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’
904 ions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il
905 chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il se conf
906 de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’ obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il se confie dans ses
907 blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il se confie dans ses œuvres, et qu’il adore ses puiss
908 prime, par son paradoxe, une espérance qui se rit de nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, n
909 ui se rit de nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, nous en délivre. Elle espère contre tout
910 en un Dieu transcendant, et qui n’est point fait de main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, d
911 ieu transcendant, et qui n’est point fait de main d’ homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, dans le f
912 n’est point fait de main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salu
913 nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salut qui se joue des ultimes efforts et des ultimes déf
914 joue des ultimes efforts et des ultimes défaites de notre volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit
915 efforts et des ultimes défaites de notre volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tous nos échec
916 l’homme, comme avant. On ne peut pas lui demander de bénir ces idoles dont il nous délivre. On ne peut pas adorer Dieu et
917 rétien est iconoclaste. C’est là le premier temps de son action rénovatrice. Servir Dieu, c’est combattre Mammon, ce n’est
918 etuent : capitalisme ou stalinisme, nationalismes de toutes farines, révolutions qui prétendraient fonder notre salut sur
919 au nom d’une espérance qui, elle, a bien le droit de se dire révolutionnaire. Quelle autre voie s’ouvrirait donc au christ
920 oie s’ouvrirait donc au christianisme, hors celle de la révolution ? Quand bien même nous aurions des raisons dogmatiques
921 nd bien même nous aurions des raisons dogmatiques d’ admettre le régime et les pouvoirs régnants, le conformisme nous est p
922 la foi sont absolus, et ils s’opposent aux ordres de l’État totalitaire. Mais d’autre part, le réformisme suppose trop de
923 re. Mais d’autre part, le réformisme suppose trop de calculs et trop de compromis pour être compatible avec une attitude c
924 rt, le réformisme suppose trop de calculs et trop de compromis pour être compatible avec une attitude chrétienne. À l’orig
925 c une attitude chrétienne. À l’origine permanente de toute action vraiment évangélique, il n’y a pas une sage volonté de r
926 aiment évangélique, il n’y a pas une sage volonté de réforme, mais une révolution totale : la conversion. Et la Réforme el
927 le, sinon une révolution, une nouvelle conversion de l’Église ? Car l’Église, elle aussi, peut devenir une idole, dès qu’e
928 s où ils trouvent la sécurité, mais qui n’ont pas de vérité27. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révolution est prom
929 i n’ont pas de vérité27. ⁂ La plus grande liberté d’ action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respec
930 de vérité27. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respect du résulta
931 isme rétablissant sur un plan supérieur une sorte de jeu, ou mieux d’humour, qui se mêle au tragique quotidien comme un ra
932 sur un plan supérieur une sorte de jeu, ou mieux d’ humour, qui se mêle au tragique quotidien comme un rappel de la seule
933 qui se mêle au tragique quotidien comme un rappel de la seule grandeur transcendante. Nous ne sommes pas condamnés au succ
934 les idoles menaçantes. Et puis rester aux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous
935 ux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’ assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à l’avance p
936 « chrétien » qu’on le veuille. Un certain nombre de compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est
937 jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’ obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parole. Point de
938 d’obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation » ailleurs q
939 res imprévisibles et concrets de la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre ac
940 ncrets de la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre action baigne dans l’« an
941 u’en Dieu : notre action baigne dans l’« angoisse de l’espérance28 ». 27. Je songe ici à l’armature catholique, qui cond
942 int-Esprit. La politique romaine est la recherche d’ une harmonie statique des relations humaines, d’un visible « principe
943 e d’une harmonie statique des relations humaines, d’ un visible « principe d’union » (terme de l’encyclique Quadragesimo an
944 e des relations humaines, d’un visible « principe d’ union » (terme de l’encyclique Quadragesimo anno), tout à fait étrange
945 umaines, d’un visible « principe d’union » (terme de l’encyclique Quadragesimo anno), tout à fait étranger au réalisme « t
946 o), tout à fait étranger au réalisme « tragique » de l’Évangile, et qui même dans certains cas extrêmes, nous tiendrait qu
947 dans certains cas extrêmes, nous tiendrait quitte de la foi. 28. Expression qu’Arnaud Dandieu opposait dans un intéressan
948 naud Dandieu opposait dans un intéressant article de la Revue d’Allemagne (oct. 1932), à la conception kierkegaardienne du
949 opposait dans un intéressant article de la Revue d’ Allemagne (oct. 1932), à la conception kierkegaardienne du désespoir.
950 e formule ne désigne en réalité qu’un des moments de la dialectique du désespoir : le moment décisif, l’acte. Elle n’a de
951 u désespoir : le moment décisif, l’acte. Elle n’a de sens, pour nous, que parce qu’il y a la foi.
11 1934, Politique de la personne. Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — VI. Note sur un certain humour
952 d des conflits du monde, et qu’elle s’éprouve par de bien autres mines que celles qu’on voit aux pieuses gens chargées de
953 s que celles qu’on voit aux pieuses gens chargées de trop de soucis généraux. Un homme qui se connaît entièrement dépendan
954 lles qu’on voit aux pieuses gens chargées de trop de soucis généraux. Un homme qui se connaît entièrement dépendant de la
955 ux. Un homme qui se connaît entièrement dépendant de la grâce de son Sauveur, un homme qui sait que son salut ne dépend pa
956 qui se connaît entièrement dépendant de la grâce de son Sauveur, un homme qui sait que son salut ne dépend pas du monde,
957 tes sont menacées, à ces particuliers qui parlent de l’« esprit » comme si son existence dépendait de la leur ? Ils ne res
958 de l’« esprit » comme si son existence dépendait de la leur ? Ils ne respectent que la vie, ils savent trop bien jouer le
959 à perdre quelques coups, pour se prouver que rien de ce qui compte n’en dépend. Il tire un peu sur la ficelle du destin po
960 on maître, que ça ne marche plus, et qu’un enfant de Dieu n’est plus un pauvre pantin du hasard ! Vienne l’échec, il en re
961 ne à ceci : quel est le sens des échecs humains ? De la réponse qu’un homme fait à cette question, l’on pourrait tirer un
962 à cette question, l’on pourrait tirer un critère de l’incroyance ou de la foi. Tout compte fait, les cyniques ont raison,
963 l’on pourrait tirer un critère de l’incroyance ou de la foi. Tout compte fait, les cyniques ont raison, à leur manière, qu
964 les cyniques ont raison, à leur manière, qui est de réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables, i
965 ir. Ils n’ont un peu de vie que dans le désespoir de la révolte, et c’est ce qu’ils cherchent. Comme une femelle cherche l
966 bourgeoisie attend son dictateur. Qu’il s’agisse de la masse, des prolétaires ou des bourgeois, la seule méthode qui réus
967 ec juge toute tentative transformatrice. Il n’est de politique que celle qui réussit. Vous avez tort de vous mettre en sou
968 e politique que celle qui réussit. Vous avez tort de vous mettre en souci pour les humains tels que nous les voyons : ils
969 ns tels que nous les voyons : ils se moquent bien de vos sollicitudes ! » Un chrétien n’entre pas dans ces astuces à court
970 traitable, et qui juge toutes ces petites raisons d’ État. C’est qu’il est encore plus pessimiste que les cyniques sur le c
971 simiste que les cyniques sur le compte des hommes d’ aujourd’hui et des méthodes opportunistes que l’on vante. Il a considé
972 oi ? Parce qu’il connaît un autre bien. La vision de cet autre bien lui a permis de mesurer la vanité des réussites ou des
973 re bien. La vision de cet autre bien lui a permis de mesurer la vanité des réussites ou des échecs humains ; mais c’est un
974 homme qui a mesuré dans un instant l’échec total de ses activités, — et qui a cru à autre chose. C’est un homme pour qui
975 été résolu, c’est pourquoi le croyant a le droit de parler avec résolution même des choses les plus douloureusement incer
976 des choses les plus douloureusement incertaines ; de la politique par exemple. J’insiste sur l’aspect humoristique de cett
977 par exemple. J’insiste sur l’aspect humoristique de cette phrase, — sur son humour à deux tranchants. Le chrétien ne peut
978 ut pas prendre totalement au tragique le problème de l’aménagement des intérêts terrestres. Il les prend au sérieux dans l
979 a mesure où il croit : c’est une des conséquences de sa foi que de s’occuper sérieusement du sort de la cité où s’écoule s
980 croit : c’est une des conséquences de sa foi que de s’occuper sérieusement du sort de la cité où s’écoule sa vie. Mais c’
981 s de sa foi que de s’occuper sérieusement du sort de la cité où s’écoule sa vie. Mais c’est là un sérieux subordonné, et l
982 royant qui joue tout sur la politique, et se voit de la sorte contraint d’accorder une valeur absolue à des problèmes inso
983 ur la politique, et se voit de la sorte contraint d’ accorder une valeur absolue à des problèmes insondablement relatifs. L
984 risques endossés. Voilà son paradoxe et l’humour de sa lutte. L’issue de la bataille, il peut bien la prévoir fatale, mai
985 ilà son paradoxe et l’humour de sa lutte. L’issue de la bataille, il peut bien la prévoir fatale, mais elle ouvre une autr
986 . C’est que le salut, pour lui, est lié au succès de son effort. Pas d’ironie possible vis-à-vis de son œuvre. Si tous les
987 t, pour lui, est lié au succès de son effort. Pas d’ ironie possible vis-à-vis de son œuvre. Si tous les hommes n’arrivent
988 as au bonheur moyen, tout sera perdu. Si je crève de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout est déjà perdu, et bien
989 ne croyez, mais aussi tout est déjà sauvé. Crever de faim n’est pas le pire des risques que je cours. Le pire des risques,
990 risques que je cours. Le pire des risques, c’est de manquer cet acte par lequel je saisis le salut qui m’est promis29, sa
991 m’est promis29, salut gagé sur le fait historique de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon ac
992 , salut gagé sur le fait historique de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon action consiste
993 fait historique de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon action consiste à m’en rendre conte
994 ion consiste à m’en rendre contemporain. Au terme de mon action, il y aura un échec ou un succès terrestre, peu importe :
995 — faut-il le répéter encore ? — n’est pas l’acte d’ un solitaire, mais bien l’acte de miséricorde par lequel je deviens le
996 n’est pas l’acte d’un solitaire, mais bien l’acte de miséricorde par lequel je deviens le prochain de mon frère. C’est l’a
997 de miséricorde par lequel je deviens le prochain de mon frère. C’est l’acte personnel qui fonde la seule communauté vivan
12 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — VII. Comment rompre ?
998 re ?30 Le jugement va commencer par la maison de Dieu. I. Pierre, 4, 17. Le faux rapport entre le christianisme et l
999 apport entre le christianisme et le christianisme de la chrétienté réside en ceci : que le christianisme parle sans cesse
1000 e en ceci : que le christianisme parle sans cesse de l’Éternité, pense continuellement à l’Éternel, — et que la chrétienté
1001 à l’Éternel, — et que la chrétienté ensuite parle de la même façon, mais pense à cette vie terrestre Kierkegaard (Journal)
1002 vie terrestre Kierkegaard (Journal). La volonté de rupture est l’origine même du christianisme ; c’est pourquoi l’appari
1003 me du christianisme ; c’est pourquoi l’apparition d’ une volonté contraire définit exactement, pour la chrétienté, le début
1004 définit exactement, pour la chrétienté, le début de la décadence. Il y a des siècles de lutte sourde entre ces deux voulo
1005 nté, le début de la décadence. Il y a des siècles de lutte sourde entre ces deux vouloirs, et tant que dure la lutte le ch
1006 la lutte le christianisme vainc : sa victoire est d’ être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les
1007 le commandement. Mais que les chrétiens, fatigués de la lutte, viennent à croire qu’il est une autre façon de vaincre, et
1008 utte, viennent à croire qu’il est une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à une paix avantageuse,
1009 u’il est une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à une paix avantageuse, à une paix dont ils s’im
1010 à la lutte, qu’ils l’organisent, la sanctionnent d’ une autorité que seule leur conférait la rupture initiale —, qu’enfin
1011 aussi de par la souveraineté, désormais usurpée, de l’Église, le désordre se trouve « établi ». Notre jeunesse s’éveille
1012 ». Notre jeunesse s’éveille au milieu des statuts de cette confusion. C’est contre eux dès l’abord qu’elle vient buter. On
1013 it mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était
1014 l qui nous blessait, c’était un aspect nécessaire de l’« ordre chrétien » du monde. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — l
1015 de. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de
1016 ns pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toutes les partie
1017 la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toutes les parties de la terre contre une chrétienté qui, loin d’avoi
1018 i, des imprécations montent de toutes les parties de la terre contre une chrétienté qui, loin d’avoir maudit la guerre et
1019 rties de la terre contre une chrétienté qui, loin d’ avoir maudit la guerre et surtout ce qui l’a permise, prétend encore d
1020 ur l’Europe, et ne peut maintenir cette apparence de règne qu’en confondant scandaleusement sa cause avec la cause de ceux
1021 confondant scandaleusement sa cause avec la cause de ceux qui réellement gouvernent. (On sait ce qu’ils sont.) Il faut qu’
1022 un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’un réveil. Et quand bi
1023 e de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’ un réveil. Et quand bien même il ne serait poussé que par quelques-uns
1024 faire qu’il n’y ait eu cette preuve, aujourd’hui, d’ une volonté de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté,
1025 y ait eu cette preuve, aujourd’hui, d’une volonté de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté, rétablit le c
1026 ous voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra de la violence. Mais où porter le coup ? qui dénoncer ? au nom de quoi ?
1027 pu se faire entre le christianisme et l’injustice de ce monde, l’un n’existant que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’
1028 christianisme qui a confondu sa cause avec celle de la bourgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti de gens qui, ayant pe
1029 e la bourgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti de gens qui, ayant peut-être été chrétiens, veulent en tirer des intérêt
1030 chrétiens, veulent en tirer des intérêts, abusent de ce qu’ils considèrent comme un privilège, le perdent par là même, et
1031 plus voyant, le plus officiel et le plus puissant de la chrétienté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui
1032 n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, et qui, depuis
1033 réalité n’est plus l’Église et n’a plus le droit de parler ; elle n’est plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture
1034 ler ; elle n’est plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel au
1035 plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux Églises en tant
1036 la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux Églises en tant que corps constitués et officiels31
1037 tués et officiels31. Non, en présence du scandale de la chrétienté embourgeoisée, patriotarde, riche et peureuse, les égli
1038 t plus le christianisme, qu’elles sont incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et depuis si longtem
1039 incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et depuis si longtemps qu’elles parlent maintenant sa langu
1040 . Bien moins encore que tout cela, attendons-nous de nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale opposée aux doctri
1041 ée aux doctrines régnantes. Nous n’attendons rien d’ aucun acte délibéré, pesé et calculé, tendant à désolidariser la « chr
1042 écularisée, et qu’on ne peut demander à ce siècle de rompre avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture poss
1043 eut demander à ce siècle de rompre avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture possible qu’au nom de l’Évang
1044 re avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture possible qu’au nom de l’Évangile32. Elle ne peut se produire
1045 le sera donc la forme et tel sera le premier lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation d’une imposture, partout où l
1046 r lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation d’ une imposture, partout où la chrétienté, ayant touché ses 30 deniers,
1047 e que les hommes auraient eu le tort, simplement, de mal utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrét
1048 auraient eu le tort, simplement, de mal utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrétiennes » spécifiq
1049 l utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrétiennes » spécifiques, constituées, existant en elles-mê
1050 esse, et que nous pourrions, par exemple, dégager de leurs complicités avec les « forces du monde ». Le chrétien ne connaî
1051 s « forces du monde ». Le chrétien ne connaît pas d’ autre force réelle que celle de la foi. Or cette unique force ne lui a
1052 ien ne connaît pas d’autre force réelle que celle de la foi. Or cette unique force ne lui appartient pas ; tout au plus le
1053 lui appartient pas ; tout au plus le saisit-elle, d’ une manière imprévisible. La seule liberté qui lui soit accordée vis-à
1054 qui lui soit accordée vis-à-vis de la foi, c’est de la refuser. Comment dès lors l’utiliserait-il à son gré ? Car d’une p
1055 est en réalité sur une tout autre force que celle de la foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou
1056 que celle de la foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un i
1057 foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un idéal humanitaire
1058 e de puissance et de service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un idéal humanitaire ; ou sur un idéal de sécurité ;
1059 r ; ou sur un idéal humanitaire ; ou sur un idéal de sécurité ; ou sur des intérêts plus bassement optimistes encore. Tout
1060 bassement optimistes encore. Toutes ces formules d’ « ordre chrétien » ont été plus ou moins réalisées, et constituent dan
1061 manifestations actuelles. ⁂ Ne nous excusons pas d’ avoir recours ici à des formules théologiques, puisque précisément, à
1062 établissement, nous trouvons ce désir trop humain de parler des choses de la foi dans le langage du bonheur terrestre. La
1063 rouvons ce désir trop humain de parler des choses de la foi dans le langage du bonheur terrestre. La rupture que nous voul
1064 eur terrestre. La rupture que nous voulons n’aura de conséquences politiques que si nous posons le problème sur son plan r
1065 posons le problème sur son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’est pas le lieu des décisions et des calculs humains ;
1066 la religion. Les églises qui se crurent en droit d’ édicter un « ordre chrétien », se fondaient toutes, et se fondent enco
1067 fondent encore, sur une conception antichrétienne de la foi. La foi, pour elles, est une « force » que l’homme peut se pro
1068 C’est la meilleure façon que le monde ait trouvée de rejeter le Christ : feindre d’accepter la doctrine de ses disciples,
1069 monde ait trouvée de rejeter le Christ : feindre d’ accepter la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvret
1070 ejeter le Christ : feindre d’accepter la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvreté évangélique, et bient
1071 r la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvreté évangélique, et bientôt ne plus vivre que sur les intérêt
1072 ue, et bientôt ne plus vivre que sur les intérêts de cet avoir. Mais si la foi, don de Dieu, et gratuit — « afin que nul n
1073 ur les intérêts de cet avoir. Mais si la foi, don de Dieu, et gratuit — « afin que nul ne se glorifie » — est une particip
1074 me qui se dit chrétien. (On ne peut dire cela que d’ un point de vue chrétien.) Mais c’est aussi pourquoi il y a une suprêm
1075 politique humaine organisée — fût-ce à la gloire de Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier de la justice de D
1076 ieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier de la justice de Dieu. Et la voix du prophète s’élève contre l’Église :
1077 ursuivrait son plan sans se soucier de la justice de Dieu. Et la voix du prophète s’élève contre l’Église : « Tes amis t’o
1078 — Quand tu placerais ton nid aussi haut que celui de l’aigle, quand tu placerais ton nid parmi les étoiles, je t’en précip
1079 je t’en précipiterai, dit l’Éternel… Car le jour de l’Éternel est proche pour toutes les nations. » (Abdias, 3-4 et 15.)
1080 ns cette politique, la théologie se fait servante de la chose publique. Et que voit-on dès lors ? Présentement ? — On voit
1081 Goyau et autres « croyants » décorés, s’indigner de ce que les sans-Dieu parlent de confisquer à leur profit « la primaut
1082 corés, s’indigner de ce que les sans-Dieu parlent de confisquer à leur profit « la primauté du Christ et celle de l’Europe
1083 er à leur profit « la primauté du Christ et celle de l’Europe 33 ». L’on voit des von Papen, délégués par l’industrie lour
1084 , délégués par l’industrie lourde au gouvernement d’ une nation « chrétienne » revendiquer dans leurs discours la défense d
1085 pour célébrer le même massacre. On voit une nuée de piétistes et de bigots, demeurer agressifs dans leur volonté de confo
1086 e même massacre. On voit une nuée de piétistes et de bigots, demeurer agressifs dans leur volonté de confondre la morale p
1087 t de bigots, demeurer agressifs dans leur volonté de confondre la morale petite-bourgeoise avec les ordres de la foi. Et l
1088 ondre la morale petite-bourgeoise avec les ordres de la foi. Et l’on a vu Babitt. Mais n’allons pas chercher si loin. Ouvr
1089 n’allons pas chercher si loin. Ouvrons un journal de Paris. Un discours chaleureux du père de la Brière34 voudrait nous en
1090 rière34 voudrait nous enflammer contre une espèce de bolchévisme qu’il décrit ainsi : « Dans cette philosophie et cette mo
1091 ette morale est délibérément supprimée toute idée de liberté, toute idée de propriété, toute idée de patrie… [et l’énuméra
1092 ément supprimée toute idée de liberté, toute idée de propriété, toute idée de patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’
1093 e de liberté, toute idée de propriété, toute idée de patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’à ceci] : Chose plus atro
1094 l’idée chrétienne, l’idée religieuse, l’idée même de Dieu est abolie… » Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée » soi
1095 nnera 50 000 francs au mieux pensant. Et Figaro de conclure : « En terminant, l’éminent religieux déclara que ce concour
1096 lara que ce concours international avait pour but de contribuer à la sauvegarde des hautes valeurs spirituelles et des vér
1097 pirituelles et des vérités saintes que l’Académie d’ éducation et d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire r
1098 des vérités saintes que l’Académie d’éducation et d’ entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’
1099 d’éducation et d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétien
1100 et d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétienne35, les hau
1101 ission de servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétienne35, les hautes valeurs, les vérités saint
1102 hautes valeurs, les vérités saintes, — l’Académie d’ entraide sociale enfin ! Contribution à la « sauvegarde » : 50 000 fra
1103 lte. Mais j’en ai une autre plus profonde : celle de voir qualifier de « chrétienne » une « idée » qui sert l’injustice ét
1104 une autre plus profonde : celle de voir qualifier de « chrétienne » une « idée » qui sert l’injustice établie. Tu ne crois
1105 rdinaire sottise (s’il faut lui laisser toutefois de l’extraordinaire) de défendre le christianisme, la piètre connaissanc
1106 l faut lui laisser toutefois de l’extraordinaire) de défendre le christianisme, la piètre connaissance de l’homme que l’on
1107 défendre le christianisme, la piètre connaissance de l’homme que l’on trahit ainsi, et, comment cette tactique, encore qu’
1108 andale, en faisant du christianisme quelque chose de si lamentable, qu’il faille à la fin plaider pour le sauver. » Rompre
1109 bli, c’est faire en sorte simplement, qu’il cesse d’ être « établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mai
1110 christianisme ; à cette défection élevée au rang d’ institution ecclésiastique, qui aujourd’hui prétend durer et se défend
1111 dominait. « Car le péché n’est pas le dérèglement de la chair et du sang, mais le consentement de l’esprit à ce dérèglemen
1112 ment de la chair et du sang, mais le consentement de l’esprit à ce dérèglement38. » Et pourtant, nous n’avons jamais à dre
1113 ce positive contre une force de même ordre. Assez de cette « politique chrétienne » où l’on embarque une prétendue foi dan
1114 ndue foi dans les plus discutables déterminations de l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : T
1115 discutables déterminations de l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c
1116 l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire
1117 onde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic e
1118 e moi-même, hic et nunc. La politique est affaire de systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours de vouloir s
1119 s ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours de vouloir sur le champ le plus juste. Car ce qui manifeste la foi, c’es
1120 i, c’est le choix et non pas le système :il n’est de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de port
1121 e :il n’est de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de porter sur le monde un jugement permanent
1122 rsonnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de porter sur le monde un jugement permanent et enseignant ; tandis que
1123 nant ; tandis que la révolution dans ce qu’elle a de nécessairement constructif, reste le lieu d’obéissance privilégié pou
1124 le a de nécessairement constructif, reste le lieu d’ obéissance privilégié pour le chrétien, mais ne se confond pas avec l’
1125 le chrétien, mais ne se confond pas avec l’enjeu de son salut. Tel est le paradoxe, qui remonte au cœur même du christian
1126 en collusion avec aucune durée, étant la rupture de toute durée. Mais dès lors, nous savons le véritable nom de la ruptur
1127 urée. Mais dès lors, nous savons le véritable nom de la rupture, son lieu, son mode et son enjeu total : rétablir à chaque
1128 bli. Cet article y parut, « confronté » avec ceux de MM. Mounier, Maritain, Philip, Berdiaev et Dulot. 31. L’Église « cor
1129 se, par définition, le christianisme n’étant rien d’ autre qu’un événement, un drame entre Dieu et l’homme. 36. Parce qu’o
13 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — VIII. Humanisme et christianisme
1130 t-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous, une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avan
1131 ion existentielle — pour employer un terme favori de la théologie et de la philosophie allemandes contemporaines ?40 L’un
1132  pour employer un terme favori de la théologie et de la philosophie allemandes contemporaines ?40 L’une des caractéristiq
1133 es contemporaines ?40 L’une des caractéristiques de notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question
1134 e notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de
1135 se posent et nous sont posés, hic et nunc. Avant d’ aller plus loin, cherchons donc à serrer un peu les deux termes de not
1136 n, cherchons donc à serrer un peu les deux termes de notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il no
1137 ut de suite dissiper un malentendu : par le terme d’ humanisme, on se borne trop souvent encore, en France, à désigner la c
1138 moins précis, qui désigne une conception générale de la vie — politique, économique, éthique — fondée sur la croyance au s
1139 omique, éthique — fondée sur la croyance au salut de l’homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoure
1140 ianisme, s’il est avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas,
1141 a croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de
1142 i. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diront que, là où le ch
1143 eront. Ils me diront que, là où le chrétien parle de salut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des hommes, la justice
1144 e dans l’un et l’autre cas, il s’agit bel et bien de savoir quel sens l’homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre
1145 , immanent. Les humanistes accusent les chrétiens d’ une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité s
1146 Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité surhumaine qu
1147 hrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’ avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispense de mettre en œ
1148 recours à une réalité surhumaine qui les dispense de mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de fai
1149 re toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de faire appel à une Volonté dont l’opération, à leurs yeux, anéantit ce
1150 té dont l’opération, à leurs yeux, anéantit celle de la volonté humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les ac
1151 rend absolument vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un au-delà qui serait
1152 t de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’ un au-delà qui serait comme une revanche contre tout l’imparfait de « 
1153 serait comme une revanche contre tout l’imparfait de « ce bas-monde », mais une revanche à bon marché, permettant, sur cet
1154 mettant, sur cette terre une scandaleuse économie d’ énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme.
1155 cette terre une scandaleuse économie d’énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, le
1156 origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché « originel » — i
1157 tendus, sans cesse renaissants. Il a l’impression d’ avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidit
1158 aissants. Il a l’impression d’avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une effroyabl
1159 u la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une effroyable tragi-comédie. Au fond, ce que l’homme
1160 s plus importantes du monde : l’origine et la fin de son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoi
1161 re. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoir de sauver l’homme en se fondant sur l’homme, sont semblables, aux yeux d
1162 fameux baron de Crac qui prétendait se tirer hors d’ un puits en se soulevant par la chevelure. 3. Humanisme contre christi
1163 contre christianisme, n’est-ce donc qu’un conflit d’ amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui soignera le mieux cet homme
1164 en, non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation a priori, fonda
1165 rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte d’ obligation a priori, fondamentale : l’humanisme, c’est le péché même,
1166 nir le péché par la volonté, naturelle à l’homme, d’ agir pour soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’humanis
1167 r soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considè
1168 our Dieu. C’est maintenant au tour de l’humaniste d’ endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un hom
1169 ant au tour de l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepte
1170 e chrétien le considère comme un homme qui refuse d’ accepter, dans toute sa violence, la question que lui pose sans cesse
1171 rme encore plus précise, il devient l’antagonisme de deux volontés qui ne s’opposent pas front à front sur le même plan, m
1172 perpendiculairement. Chez les chrétiens, volonté de se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vi
1173 ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le plus possible, comme si
1174 z les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien ab
1175 n absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste cherchera une solution humaine qui
1176 cherchera une solution humaine qui lui permettra d’ assurer ce bien absolu qu’est sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux
1177 st sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’a
1178 obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrific
1179 e même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fa
1180 is de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un r
1181 tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un révolutionnaire
1182 et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un révolutionnaire, l’homme du risque opposé à l’homme des assura
1183 ’est, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’ assurance-vie. L’humaniste pourra répondre qu’à ses yeux, le christian
1184 dans cet acte ; il agit en humaniste. Il témoigne de sa défiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un
1185 un « bonheur » imprévu, pousse en réalité le cri d’ un humaniste, c’est-à-dire d’un homme pour qui la valeur absolue est l
1186 se en réalité le cri d’un humaniste, c’est-à-dire d’ un homme pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et d
1187 l, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement d’ humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du
1188 , — porte un jugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’hom
1189 n jugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme pieux qu
1190 l les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté de Dieu, si souvent contraire à la sienne ?) Prier pour qu’il fasse beau
1191 ce n’est pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu d’ humaniste. Si je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir de provo
1192 i je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir de provoquer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de vous faire
1193 uer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de vous faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’être une sim
1194 faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’ être une simple conception philosophique, est une attitude devant la «
1195 expression politique cohérente. Qu’il me suffise de rappeler les écrits de MM. Fernandez41 et Guéhenno. Si intéressant et
1196 ohérente. Qu’il me suffise de rappeler les écrits de MM. Fernandez41 et Guéhenno. Si intéressant et précis que soit l’un d
1197 ntéressant et précis que soit l’un dans le détail de sa dialectique critique, et si généreux que se veuille le second dans
1198 uteurs aient été jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du transcendant42. Le communisme seul a poussé jusqu’aux r
1199 ’humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour
1200 à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’individu considéré comme autonome, et « calculable » humainement. L
1201 est d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’ assurance-vie que l’humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que l
1202 relever maintenant la vraie défense de l’homme, —  de l’homme considéré comme le lieu naturel du nécessaire conflit de l’an
1203 idéré comme le lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux con
1204 e lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturel
1205 aturelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’ être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il enc
1206 es, sur ce conflit qui constitue la raison d’être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un
1207 le nom qu’il leur donne ; — il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire de lutter pour devenir une personne devant Dieu.
1208  ; — il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire de lutter pour devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’humanism
1209 pour devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’homme
1210 l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’ enlever à l’homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’h
1211 ment d’enlever à l’homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en dé
1212 mme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, un suicide
1213 elle, c’est-à-dire : qui concerne « l’existence » de chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit exi
1214 t-à-dire : qui concerne « l’existence » de chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit exigeant une
1215 r se réaliser. 41. « Le chrétien est un embusqué de l’infini », écrivait Ramon Fernandez. 42. On sait que la secousse du
14 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — IX. Antimarxiste parce que chrétien
1216 en43 Je crois qu’il est tout à fait illégitime de s’occuper du marxisme, d’en parler en public, surtout pour l’attaquer
1217 tout à fait illégitime de s’occuper du marxisme, d’ en parler en public, surtout pour l’attaquer, si l’on n’a pas témoigné
1218 r l’attaquer, si l’on n’a pas témoigné auparavant de son dégoût pour toutes les formes existantes ou théoriques de civilis
1219 t pour toutes les formes existantes ou théoriques de civilisation capitaliste. Je crois, comme André Philip l’écrivait un
1220 uré que si parmi vous quelques-uns se réjouissent de me voir condamner le marxisme, ceux-là ne puissent pas un instant cro
1221 Ceci soit dit une fois pour toutes.) On a coutume d’ opposer christianisme et communisme sur le plan des réalisations humai
1222 ines. Je ne vois pas l’avantage qui peut résulter d’ une comparaison entre deux réalités à ce point inégales, et d’ordre es
1223 aison entre deux réalités à ce point inégales, et d’ ordre essentiellement différent. D’une façon générale, cela n’a aucun
1224 t inégales, et d’ordre essentiellement différent. D’ une façon générale, cela n’a aucun sens de comparer deux civilisations
1225 férent. D’une façon générale, cela n’a aucun sens de comparer deux civilisations, et c’est une grande illusion de croire q
1226 deux civilisations, et c’est une grande illusion de croire qu’on trouvera dans cette comparaison des motifs de choisir. N
1227 qu’on trouvera dans cette comparaison des motifs de choisir. Non seulement les éléments en présence sont beaucoup trop co
1228 xes, mais encore, mais surtout, l’illusion serait de croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choix,
1229 lusion serait de croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choix, la décision, sur le plan éthique, es
1230 rnative christianisme-communisme. Si vous essayez de mettre en balance les avantages et les déficiences de la chrétienté d
1231 ettre en balance les avantages et les déficiences de la chrétienté d’une part, les avantages et déficiences du soviétisme
1232 ulez. Le christianisme ne sera jamais justiciable de sa réussite ou de son échec terrestre. On peut et on doit dire plus :
1233 isme ne sera jamais justiciable de sa réussite ou de son échec terrestre. On peut et on doit dire plus : l’issue terrestre
1234 On peut et on doit dire plus : l’issue terrestre de l’aventure chrétienne est connue depuis le Christ, elle a été prédite
1235 l ne l’ignore, c’est l’établissement sur la terre d’ un état de bonheur « moyen » pour tous les hommes. On perd donc son te
1236 ore, c’est l’établissement sur la terre d’un état de bonheur « moyen » pour tous les hommes. On perd donc son temps à essa
1237 n seulement les modes de vie mais encore les buts de la vie humaine, il faut croire à cette doctrine. Y croire, c’est-à-di
1238 et sans retour. Y croire, c’est-à-dire en assumer d’ avance toutes les imperfections, décidé à les combattre de l’intérieur
1239 toutes les imperfections, décidé à les combattre de l’intérieur, et non pas du tout pour le plaisir d’en triompher, mais
1240 e l’intérieur, et non pas du tout pour le plaisir d’ en triompher, mais pour faire triompher la cause à tout prix. Si je ra
1241 r souligner l’impossibilité où nous nous trouvons de « choisir en toute impartialité », comme le veut une locution moderne
1242 is discuter sa théorie économique ; sa conception de l’histoire ; sa dialectique ; ses méthodes politiques et sociales. Je
1243 les. Je puis leur reconnaître une part importante de vérité, surtout dans leur aspect critique, qui me paraît désormais ac
1244 réunies. Il est avant tout une conception totale de la destinée humaine. Et c’est à cette conception totale, à cette vie,
1245 e, que je ne puis participer même en imagination, d’ une manière efficace, ou mieux : d’une manière consciente et volontair
1246 n imagination, d’une manière efficace, ou mieux : d’ une manière consciente et volontaire. Certes, il m’est arrivé de « sen
1247 consciente et volontaire. Certes, il m’est arrivé de « sentir communiste ». Cela nous arrive à tous, et plus souvent que n
1248 ous, et plus souvent que nous ne le pensons. Mais de là à accepter, à prendre sur soi et assumer en toute conscience la co
1249 eption communiste, il y a un abîme. Seul, un acte d’ adhésion, une sorte d’acte de foi, pourrait me le faire franchir. Il n
1250 y a un abîme. Seul, un acte d’adhésion, une sorte d’ acte de foi, pourrait me le faire franchir. Il ne me reste donc qu’à é
1251 abîme. Seul, un acte d’adhésion, une sorte d’acte de foi, pourrait me le faire franchir. Il ne me reste donc qu’à énumérer
1252 on pas que, sur ce terrain, les graves objections de méthode que je faisais tout à l’heure ne soient plus valables. Là enc
1253 circonscrite, les positions sont nettes, connues de tous. Il y a même un fait très frappant : c’est qu’il est étrangement
1254 rès frappant : c’est qu’il est étrangement facile d’ opposer terme à terme les expressions chrétiennes et les expressions c
1255 n vont, dans une aventure qui ne ressemble à rien de connu, qui est la folie même. À ce risque matériel qui se retrouve à
1256 isque matériel qui se retrouve à tous les moments de la vie chrétienne, le marxiste oppose son idéal d’assurance matériell
1257 e la vie chrétienne, le marxiste oppose son idéal d’ assurance matérielle. Il dit à l’ouvrier : « Viens avec nous, nous t’a
1258 oyait d’ailleurs pas. Le mérite du communiste est de réduire crûment l’idéal qu’il propose à ce but le plus prochain. Pour
1259 C’est exactement le contraire du commandement et de la promesse biblique : « Croyez premièrement au Royaume, et tout le r
1260 ne les dit pas, il n’en parle pas : ils n’ont pas d’ importance en eux-mêmes. Ils resteront toujours purement symboliques d
1261 êmes. Ils resteront toujours purement symboliques de l’obéissance à Dieu, immédiats à l’origine et à la fin. Le marxiste,
1262 que d’abord les moyens. Il leur confère une sorte d’ autonomie. Et le but final : la libération de l’individu, reste toujou
1263 orte d’autonomie. Et le but final : la libération de l’individu, reste toujours hétérogène à ces moyens, qui sont, en l’es
1264 lle collective. D’autres vous montreront l’erreur de cette méthode, et qu’en réalité, si la libération n’est pas déjà prés
1265 est pour le chrétien un pur exercice. Il n’a pas de valeur en soi. Il n’est pas une vertu, comme voulurent nous le faire
1266 tes. Il est purement symbolique du péché d’abord, de l’obéissance à Dieu ensuite. L’épitaphe laïque qu’on voit dans certai
1267 ne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le brigadier de choc. Staline a fait du travail une vertu absolue, qui a sa fin en el
1268 i a sa fin en elle-même, et qui mesure la dignité de l’homme. On me dira que j’exagère, que le travail du brigadier de cho
1269 e dira que j’exagère, que le travail du brigadier de choc est d’abord un service rendu à la collectivité. Mais cela ne fai
1270 vie au service du plan quinquennal, le brigadier de choc travaille pour des avantages humains, pour assurer un bien-être
1271 éfinitive. Il n’est qu’une extension intelligente de l’intérêt personnel. Il est donc le contraire du service chrétien, le
1272 ce chrétien, lequel est d’abord sacrifice au bien de l’autre en tant qu’autre, sacrifice qui ne peut avoir aucune raison h
1273 ut être qu’obéissance ; qui reste donc symbolique d’ une réalité non humaine. Je m’étonne toujours de voir des chrétiens s’
1274 e d’une réalité non humaine. Je m’étonne toujours de voir des chrétiens s’extasier devant « le magnifique élan qui soulève
1275 qui soulève la jeunesse russe et la porte au-delà d’ elle-même », comme si cet élan manifestait une sorte de christianisme
1276 e-même », comme si cet élan manifestait une sorte de christianisme inconscient. C’est là une illusion de moraliste. Nos ac
1277 christianisme inconscient. C’est là une illusion de moraliste. Nos actes ne valent que dans la mesure où ils sont faits p
1278 r Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait d’ être pharisien. Inutile de s’étendre plus sur le troisième exemple, ce
1279 ieu. Sinon il suffirait d’être pharisien. Inutile de s’étendre plus sur le troisième exemple, celui de l’amour du prochain
1280 de s’étendre plus sur le troisième exemple, celui de l’amour du prochain. Il est évident pour un chrétien que cet amour es
1281 in vers autrui passe par Dieu. Et il n’y en a pas d’ autre. Il n’y a pas d’autre communion humaine. Il faut, hélas ! que le
1282 ar Dieu. Et il n’y en a pas d’autre. Il n’y a pas d’ autre communion humaine. Il faut, hélas ! que les chrétiens l’aient bi
1283 u’ils aient bien oublié et bien perdu la lucidité d’ un La Rochefoucauld et de l’école des moralistes sceptiques français.
1284 t bien perdu la lucidité d’un La Rochefoucauld et de l’école des moralistes sceptiques français. Toutes les hypocrisies qu
1285 est précisément le plan du marxisme. Je laisserai de côté, dans ces notes, le fameux problème de la personne chrétienne en
1286 serai de côté, dans ces notes, le fameux problème de la personne chrétienne en face du collectif marxiste. C’est l’opposit
1287 est aussi celle qui entraîne le plus grand nombre de malentendus. En définitive et selon les écoles marxistes, il est très
1288 selon les écoles marxistes, il est très difficile de savoir si oui ou non le communisme veut la destruction des personnes.
1289 tout cas il sera toujours possible à un marxiste de le nier, en se référant aux phrases finales du Manifeste communiste,
1290 ales du Manifeste communiste, à certaines lettres de Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’être d’accord là-d
1291 certaines lettres de Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair
1292 Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’ être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons m
1293 deux religions, celle qui concerne le sens total de la vie terrestre. Je dis bien le sens, la direction. Le sens de la vi
1294 estre. Je dis bien le sens, la direction. Le sens de la vie chrétienne est vertical, le sens de la vie marxiste est horizo
1295 e sens de la vie chrétienne est vertical, le sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est d
1296 e sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir de la vie. C’est la mort à soi-mêm
1297 t horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir de la vie. C’est la mort à soi-même. Le sens de la vie marxist
1298 al. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir de la vie. C’est la mort à soi-même. Le sens de la vie marxiste, c’est d
1299 rtir de la vie. C’est la mort à soi-même. Le sens de la vie marxiste, c’est de s’accrocher à sa vie indéfiniment. Mais les
1300 ort à soi-même. Le sens de la vie marxiste, c’est de s’accrocher à sa vie indéfiniment. Mais les chrétiens le savent-ils e
1301 avent-ils encore que, pour entrer dans le Royaume de Dieu, il faut mourir ? Que toutes les promesses du Christ concernent
1302 toutes les promesses du Christ concernent la vie de celui qui d’abord est mort ? Que non seulement le Royaume ne sera jam
1303 ais encore qu’il consiste précisément dans l’acte de sortir de ce monde ? Cette dialectique inconcevable de la vie et de l
1304 qu’il consiste précisément dans l’acte de sortir de ce monde ? Cette dialectique inconcevable de la vie et de la mort, ce
1305 rtir de ce monde ? Cette dialectique inconcevable de la vie et de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’être dans
1306 nde ? Cette dialectique inconcevable de la vie et de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’être dans ce monde com
1307 t de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’ être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno
1308 sses du Christ concernent une vie qui est au-delà de la mort. Toutes ces promesses sont eschatologiques. Ce qui ne veut nu
1309 rois littéralement qu’il n’y a aucun point commun de doctrine entre un communiste sincère et un chrétien obéissant. Ils pa
1310 et un chrétien obéissant. Ils parleront toujours de choses radicalement différentes, même s’ils semblent parler des mêmes
1311 chrétiens, est là. Il a fait apparaître aux yeux d’ une chrétienté qui s’endormait dans l’illusion humaniste, que ce monde
1312 onde-ci n’a rien en lui-même qui puisse permettre d’ accéder à l’autre monde. Trop longtemps, les chrétiens ont cru pouvoir
1313 les chrétiens ont cru pouvoir utiliser la morale de ce monde, qui est une morale d’intérêts humains, alors que le command
1314 tiliser la morale de ce monde, qui est une morale d’ intérêts humains, alors que le commandement du Christ est un commandem
1315 que le commandement du Christ est un commandement de sacrifice total, et de mort au monde. Maintenant, les jeux sont faits
1316 Christ est un commandement de sacrifice total, et de mort au monde. Maintenant, les jeux sont faits. L’abîme devient flagr
1317 us avons cru que le christianisme était une règle de vie, valable en soi et propre à maintenir l’ordre, la prospérité et l
1318 confortables entre les humains. Voilà une erreur de belle taille, et que désormais le fait marxiste nous dispensera de co
1319 et que désormais le fait marxiste nous dispensera de commettre. Car c’est le marxisme qui est une règle de vie dans le mon
1320 ommettre. Car c’est le marxisme qui est une règle de vie dans le monde, au sens où le christianisme est une règle de mort
1321 monde, au sens où le christianisme est une règle de mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi, tout ce que d
1322 e est une règle de mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi, tout ce que disent les chrétiens à la suite du
1323 ivait récemment André Gide45. La religion n’a pas de sens humain : jamais les hommes n’arriveront à donner un sens réel au
1324 es n’arriveront à donner un sens réel aux paroles de l’Évangile. Dieu seul le peut. La conclusion de tout cela est évident
1325 s de l’Évangile. Dieu seul le peut. La conclusion de tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence
1326 tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence du christianisme, le marxisme ne peut plus nous appa
1327 sse à notre christianisme. Il nous met en demeure de radicaliser ce christianisme. Je crois que toute autre solution, et e
1328 hrétien un mauvais marxiste, sans cesse soupçonné de « sabotage idéaliste » par les camarades du parti, — ou un de ces chr
1329 e idéaliste » par les camarades du parti, — ou un de ces chrétiens incertains, dont justement l’incertitude a provoqué l’i
1330 ertitude a provoqué l’inévitable et juste révolte de nos frères athées. Il n’est de charité bien ordonnée que celle qui co
1331 e et juste révolte de nos frères athées. Il n’est de charité bien ordonnée que celle qui commence par rendre à Dieu ce qui
1332 lui-même pâtira. 43. Causerie donnée au cercle d’ études marxistes de la Fédération des étudiants de Paris, au mois de m
1333 43. Causerie donnée au cercle d’études marxistes de la Fédération des étudiants de Paris, au mois de mai 1933. 44. Cf. A
1334 d’études marxistes de la Fédération des étudiants de Paris, au mois de mai 1933. 44. Cf. Aron et Dandieu : La Révolution
1335 de la Fédération des étudiants de Paris, au mois de mai 1933. 44. Cf. Aron et Dandieu : La Révolution nécessaire (Grasse
15 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — X. Fascisme
1336 sme l’aurait inventé. L’antifascisme est en passe de devenir la nouvelle mystique de gauche. Cette mystique est d’autant p
1337 isme est en passe de devenir la nouvelle mystique de gauche. Cette mystique est d’autant plus vive qu’elle se développe — 
1338 a nouvelle mystique de gauche. Cette mystique est d’ autant plus vive qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri de t
1339 qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri de toutes sanctions et périls concrets — à l’abri de toutes précisions.
1340 de toutes sanctions et périls concrets — à l’abri de toutes précisions. Une mystique n’est jamais puissante que dans le va
1341 s en France. Nous nous élevons contre une méthode de gouverner imaginairement transposée dans nos mœurs. Personne encore n
1342 sme français, mais nous ne dénonçons qu’avec plus d’ éloquence ce que nous baptisons « un fascisme larvé ». Quand nous trai
1343 fascisme larvé ». Quand nous traitons un individu de « fasciste », cela ne signifie pas que cet individu partage les opini
1344 ignifie pas que cet individu partage les opinions d’ Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est d’un autre avis que
1345 que cet individu partage les opinions d’Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est d’un autre avis que Léon Blum su
1346 Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est d’ un autre avis que Léon Blum sur les moyens à employer pour « mettre en
1347 ettre en vacances la légalité ». Ainsi l’épithète de fasciste est-elle devenue rapidement une espèce d’injure politique, u
1348 e fasciste est-elle devenue rapidement une espèce d’ injure politique, un synonyme de méchant homme, d’ennemi du peuple, de
1349 dement une espèce d’injure politique, un synonyme de méchant homme, d’ennemi du peuple, de bourgeois brutal. Réaction sans
1350 d’injure politique, un synonyme de méchant homme, d’ ennemi du peuple, de bourgeois brutal. Réaction sans doute sympathique
1351 un synonyme de méchant homme, d’ennemi du peuple, de bourgeois brutal. Réaction sans doute sympathique, mais dont je crain
1352 es esprits est telle qu’il est presque impossible d’ envisager froidement la nature réelle du danger. Cet élan d’opinion po
1353 r froidement la nature réelle du danger. Cet élan d’ opinion populaire, guidé par quelques professeurs, peut retarder la fo
1354 quelques professeurs, peut retarder la formation d’ un parti ouvertement fasciste, et c’est très bien. Il peut aussi distr
1355 ainsi la naissance et les premiers développements d’ une intolérance « de gauche », d’un goût morbide de « l’autorité » con
1356 t les premiers développements d’une intolérance «  de gauche », d’un goût morbide de « l’autorité » confondue avec la tyran
1357 s développements d’une intolérance « de gauche », d’ un goût morbide de « l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique,
1358 ’une intolérance « de gauche », d’un goût morbide de « l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique, d’un anti- « gran
1359 l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique, d’ un anti- « grand capitalisme » de petits bourgeois, bref — d’un fascis
1360 rannie étatique, d’un anti- « grand capitalisme » de petits bourgeois, bref — d’un fascisme. On dit à l’homme du peuple :
1361 « grand capitalisme » de petits bourgeois, bref —  d’ un fascisme. On dit à l’homme du peuple : tout ce que tu crains, tout
1362 me, groupez-vous ! », proclament alors les ligues de gauche. On se groupe. Pour se reconnaître, on adopte un insigne, une
1363 hemise. On cherche des chefs. Les chefs demandent de la discipline. La discipline exige le sacrifice des libertés personne
1364 ectif. Le bien collectif, c’est l’État. Il s’agit de s’en emparer. Un jour, vient l’ordre de marcher sur Paris. On install
1365 Il s’agit de s’en emparer. Un jour, vient l’ordre de marcher sur Paris. On installe au pouvoir le leader des antifascistes
1366 au pouvoir le leader des antifascistes, un homme de gauche bien entendu, un fils du peuple. Le triomphe de l’antifascisme
1367 uche bien entendu, un fils du peuple. Le triomphe de l’antifascisme s’appelle le fascisme français. Cette hypothèse n’est
1368 tifascisme, en France, ignore la véritable nature de son adversaire. 2° Les politiciens antifascistes, comme tous les poli
1369 nt leur tactique à l’adversaire. Les conséquences de ces deux faits sont faciles à prévoir : la tactique utilisée par les
1370 litique, et leur carence doctrinale les empêchera de remarquer que cette attitude politique est précisément le fascisme. J
1371 it par la radio. Et comment concevoir l’avènement d’ un fascisme sans discours diffusés par les postes d’État ? Dès qu’il s
1372 un fascisme sans discours diffusés par les postes d’ État ? Dès qu’il s’agit de propagande de masses, le triomphe du plus b
1373 diffusés par les postes d’État ? Dès qu’il s’agit de propagande de masses, le triomphe du plus bête est à peu près certain
1374 es postes d’État ? Dès qu’il s’agit de propagande de masses, le triomphe du plus bête est à peu près certain. Qu’est-ce
1375 Dans ce livre où je cherche à juger les moyens de la politique du point de vue de ses fins humaines, et ces fins à leur
1376 juger les moyens de la politique du point de vue de ses fins humaines, et ces fins à leur tour du point de vue de la réal
1377 humaines, et ces fins à leur tour du point de vue de la réalité première qu’est la personne, je ne m’attarderai pas à déno
1378 m’attarderai pas à dénoncer les excès trop connus de certaines méthodes « d’ordre ». Il y a des excès partout47 ; la malfa
1379 cer les excès trop connus de certaines méthodes «  d’ ordre ». Il y a des excès partout47 ; la malfaisance d’un régime ne sa
1380 re ». Il y a des excès partout47 ; la malfaisance d’ un régime ne saurait être mesurée au nombre de vies d’hommes que ce ré
1381 nce d’un régime ne saurait être mesurée au nombre de vies d’hommes que ce régime a supprimées pour s’établir. Cherchons pl
1382 régime ne saurait être mesurée au nombre de vies d’ hommes que ce régime a supprimées pour s’établir. Cherchons plutôt à q
1383 t justifiée, voire nécessaire : elle a des points d’ application vraiment vitaux. Rien de pareil dans le cas du fascisme. M
1384 a des points d’application vraiment vitaux. Rien de pareil dans le cas du fascisme. Malgré certaines apparences sur lesqu
1385 scisme n’a pas une conception totale et cohérente de la vie humaine. Ou plutôt, il n’est cohérent que dans un domaine rest
1386 isme et l’hitlérisme48 se ramène à cette exigence d’ un État fort, centralisé, dispensateur de tous les biens, méritant don
1387 exigence d’un État fort, centralisé, dispensateur de tous les biens, méritant donc tous les sacrifices. Si l’on admet cett
1388 tous les sacrifices. Si l’on admet cette primauté de l’État, les violences nécessaires à son établissement se trouvent aus
1389 s ? Il répond en tout premier lieu à la nostalgie d’ unité qui s’empare des peuples fatigués — démoralisés par la politique
1390 gués — démoralisés par la politique —, incertains de leur mission. Reprenons ces trois caractéristiques. L’État fasciste
1391 ment l’idéal national que la culture et les mœurs de l’élite devenaient impuissantes à incarner aux yeux du peuple49. Cet
1392 radictoires. Il satisfait d’abord les adversaires de l’individualisme50 ; ceux de droite parce qu’il propose un chef, un c
1393 bord les adversaires de l’individualisme50 ; ceux de droite parce qu’il propose un chef, un cadre rigide et logique, une h
1394 rarchie primant les libertés individuelles ; ceux de gauche, parce qu’il concrétise certaines aspirations collectivistes.
1395 èrent un pays comme une entreprise dont il s’agit de tirer le rendement matériel maximum. Il satisfait enfin à certaines a
1396 it enfin à certaines aspirations « spirituelles » de deux espèces d’hommes à vrai dire assez différentes : les jacobins et
1397 ines aspirations « spirituelles » de deux espèces d’ hommes à vrai dire assez différentes : les jacobins et les ultramontai
1398 a réalisé, sur le plan laïque, un des vieux rêves de la pensée thomiste51. Dangers du fascisme La cohérence du fasci
1399 s hommes ont toujours appelé « dieu » le principe de cohérence de leur vie sociale et privée. Le fascisme aboutit donc néc
1400 toujours appelé « dieu » le principe de cohérence de leur vie sociale et privée. Le fascisme aboutit donc nécessairement à
1401 sme aboutit donc nécessairement à la divinisation de l’État. Tout ce qui échappe à l’emprise de l’État devient dès lors su
1402 sation de l’État. Tout ce qui échappe à l’emprise de l’État devient dès lors suspect, hérétique, coupable — à moins qu’on
1403 s qu’on ne parvienne à l’intégrer, fût-ce au prix d’ un mensonge, dans le mécanisme étatique. La véritable brutalité du fas
1404 atique. La véritable brutalité du fascisme, c’est d’ avoir voulu renverser toute l’échelle des valeurs occidentales, d’avoi
1405 nverser toute l’échelle des valeurs occidentales, d’ avoir voulu subordonner à l’organisme matériel de l’État, préalablemen
1406 d’avoir voulu subordonner à l’organisme matériel de l’État, préalablement divinisé, les libertés fondamentales de la pers
1407 réalablement divinisé, les libertés fondamentales de la personne et des églises, ainsi que toute espèce de création spirit
1408 a personne et des églises, ainsi que toute espèce de création spirituelle. Le véritable malheur du fascisme, c’est d’avoir
1409 rituelle. Le véritable malheur du fascisme, c’est d’ avoir voulu étendre par la force, à tous les domaines de la vie, un pr
1410 r voulu étendre par la force, à tous les domaines de la vie, un principe de cohérence étroit, pauvre et stérilisant. Toute
1411 force, à tous les domaines de la vie, un principe de cohérence étroit, pauvre et stérilisant. Toutes les méthodes fasciste
1412 rilisant. Toutes les méthodes fascistes procèdent de cette erreur fondamentale, erreur spirituelle analogue à celle du sta
1413 le. Un mot résume le fascisme en tant que méthode d’ extension, par la force, d’un principe de soi sans puissance : c’est l
1414 me en tant que méthode d’extension, par la force, d’ un principe de soi sans puissance : c’est le mot allemand Gleichschalt
1415 méthode d’extension, par la force, d’un principe de soi sans puissance : c’est le mot allemand Gleichschaltung — mise au
1416 ltung — mise au pas — qui justifia tous les coups de force hitlériens. Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux d
1417 a tous les coups de force hitlériens. Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne ser
1418 ups de force hitlériens. Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais qu
1419 Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais que des « missionnaires bot
1420 e Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais que des « missionnaires bottés52 ». On n
1421 nnable où, pour la première fois, dans l’histoire de l’Europe, la passion unitaire se donna libre cours. L’ancêtre du fasc
1422  mise au pas », une inversion du spirituel soumis de force à la raison d’État ? C’est bien déjà la folie unitaire, le mal
1423 nversion du spirituel soumis de force à la raison d’ État ? C’est bien déjà la folie unitaire, le mal fasciste, qui pousse
1424 , à décapiter ses élites pour le plaisir maniaque d’ établir l’uniformité aux dépens de la vie multiple du pays. Cet exempl
1425 a vie multiple du pays. Cet exemple est pour nous d’ un rude enseignement. Toute Gleichschaltung, toute expérience fasciste
1426 le s’attaque, c’est là qu’elle inocule une espèce de paralysie progressive. Et de là viennent cette folie des grandeurs au
1427 e inocule une espèce de paralysie progressive. Et de là viennent cette folie des grandeurs aux premiers temps, cet activis
1428 cette stérilité verbeuse, puis toute cette suite de décompositions morales que les historiens vont décrire mais que d’aut
1429 e : ceux qu’on nomme aujourd’hui les psychiatres. De toutes les idoles modernes, l’État totalitaire est peut-être la plus
1430 isé) et son culte orthodoxe, le marxisme, exigent de l’humanité un déploiement plus généreux, plus intégral de ses puissan
1431 anité un déploiement plus généreux, plus intégral de ses puissances. Les prétentions totalitaires du communisme sont fondé
1432 sme sont fondées, en effet, sur une notion totale de l’homme naturel. Par là même, elles sont mieux justifiées, aux yeux d
1433 du fascisme, fondées sur une notion disciplinaire de l’homme. Le marxisme est pour le chrétien un adversaire plus noble,
1434 tien un adversaire plus noble, plus représentatif de l’athéisme conséquent, que le fascisme. Il vaut bien mieux repousser
1435 e fascisme. Il vaut bien mieux repousser Dieu que de l’admettre comme soutien de l’État. La comédie spiritualiste, que le
1436 ux repousser Dieu que de l’admettre comme soutien de l’État. La comédie spiritualiste, que le fascisme croit devoir jouer
1437 le décret du Parti, c’est à peu près le contraire de l’héroïsme personnel. L’État fasciste a réussi à faire prendre pour u
1438 fasciste a réussi à faire prendre pour une fièvre d’ héroïsme le conformisme tremblant des militants. Mais qui ne voit la l
1439 . Les fusillades, les passages à tabac et l’huile de ricin les indignent ; mais l’exactitude des trains les rassure, au mo
1440 arxisme. Ils croient que le fascisme est le parti de l’ordre. Ils ne voient pas à quel niveau ni à quel prix s’établit cet
1441 — unitaire ! — travaillait à l’éducation fasciste de ses militants. Ce n’est pas que je croie un seul instant à la duplici
1442 rinale dont leurs manifestes font preuve favorise de toute évidence le développement des confusions les plus propres à la
1443 t ? Où chercher la doctrine efficace qui permette de déceler et de combattre à sa naissance le péril fasciste présent ? L’
1444 r la doctrine efficace qui permette de déceler et de combattre à sa naissance le péril fasciste présent ? L’expérience hit
1445 te présent ? L’expérience hitlérienne nous permet de répondre à coup sûr. Que nous montre, en effet, l’Allemagne ? Dans l’
1446 qui gagnent encore en secret le plus grand nombre d’ adhérents. Les raisons de cette double résistance sont claires. Un pro
1447 ret le plus grand nombre d’adhérents. Les raisons de cette double résistance sont claires. Un protestant resté fidèle à la
1448 claires. Un protestant resté fidèle à la doctrine de la Réforme55 sait que le premier commandement, c’est de servir Dieu s
1449 Réforme55 sait que le premier commandement, c’est de servir Dieu seul, et non pas Dieu et la Patrie, Hitler et Dieu, la ra
1450 e péché majeur est celui qui consiste à se servir de Dieu en le servant. L’opposition du christianisme et du fascisme, c’e
1451 christianisme et du fascisme, c’est l’opposition d’ une foi par excellence totalitaire, à la prétention d’un organe qui se
1452 e foi par excellence totalitaire, à la prétention d’ un organe qui se veut plus grand que le tout, et qui réclame sa part d
1453 ut plus grand que le tout, et qui réclame sa part d’ honneurs divins. Pour le personnalisme, tel que j’ai essayé de le décr
1454 ivins. Pour le personnalisme, tel que j’ai essayé de le décrire plus haut, il n’est pas moins aisé de voir qu’il est le vé
1455 de le décrire plus haut, il n’est pas moins aisé de voir qu’il est le véritable antifascisme politique. La personne n’est
1456 onne n’est jamais « au pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle est seule responsable de son risque ; surtout, elle
1457 ordres de sa vocation, elle est seule responsable de son risque ; surtout, elle se sait plus réelle que toute réalité coll
1458 réalité collective. Elle ne croit pas à la valeur d’ une unité obtenue aux dépens des unités concrètes et de leur nécessair
1459 unité obtenue aux dépens des unités concrètes et de leur nécessaire diversité. Elle veut que l’État soit une émanation de
1460 iversité. Elle veut que l’État soit une émanation de l’homme, et non l’inverse. Elle veut qu’il y ait d’abord des hommes h
1461 ord des hommes humains, ensuite l’État au service de ces hommes. Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jamais tota
1462 ne sera jamais totalitaire. 46. C’est au reçu d’ une circulaire m’invitant à adhérer à l’une d’entre elles, que j’éprou
1463 er à l’une d’entre elles, que j’éprouve le besoin de mettre au point, ici, quelques définitions. 47. Que ceux qui s’indig
1464 , comme le prouve l’exemple italien. La dictature de la jeunesse n’est pas non plus le fait du seul fascisme : l’URSS et l
1465 eunes ». 49. La confiscation par l’État fasciste de l’idéal culturel d’une « nation » est clairement symbolisé par la sub
1466 fiscation par l’État fasciste de l’idéal culturel d’ une « nation » est clairement symbolisé par la substitution de l’insig
1467 on » est clairement symbolisé par la substitution de l’insigne du Parti aux anciennes couleurs nationales. La croix gammée
1468 on pour laquelle le fascisme échoue dans les pays d’ esprit « personnaliste » que sont les pays protestants. Réaction « hié
1469 les pays où le sens civique a faibli. Je m’excuse d’ indiquer d’une manière si sommaire un phénomène qui mériterait d’ample
1470 le sens civique a faibli. Je m’excuse d’indiquer d’ une manière si sommaire un phénomène qui mériterait d’amples explicati
1471 e manière si sommaire un phénomène qui mériterait d’ amples explications… 51. Je n’entends pas insinuer par là que le thom
1472 icative. 52. C’est ainsi qu’on nomma les dragons de Villars et Noailles massacreurs des huguenots dans les Cévennes. 53.
1473 total, les raisons dernières du choix que chacun de nous va se trouver contraint de faire, d’ici peu. 54. Des considérat
1474 choix que chacun de nous va se trouver contraint de faire, d’ici peu. 54. Des considérations qu’on devine m’empêchent ma
1475 érations qu’on devine m’empêchent malheureusement de préciser. 55. Je ne reviens pas sur l’aventure du parti des Deutsche
16 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XI. D’un Cahier de revendications
1476 XI.D’un Cahier de revendications En décembre 1932, la Nouvelle Revue française publi
1477 la Nouvelle Revue française publiait un ensemble de témoignages rédigés par de jeunes écrivains membres de groupes révolu
1478 e publiait un ensemble de témoignages rédigés par de jeunes écrivains membres de groupes révolutionnaires personnalistes e
1479 moignages rédigés par de jeunes écrivains membres de groupes révolutionnaires personnalistes et marxistes. Ce Cahier de
1480 onnaires personnalistes et marxistes. Ce Cahier de revendications était introduit en ces termes :   Est-il possible de d
1481 était introduit en ces termes :   Est-il possible de définir une cause commune de la jeunesse française, une communauté d’
1482  :   Est-il possible de définir une cause commune de la jeunesse française, une communauté d’attitude essentielle ? Il sem
1483 commune de la jeunesse française, une communauté d’ attitude essentielle ? Il semble que la solidarité du péril crée en no
1484 que n’ont su faire ni maîtres ni doctrines, unité de refus devant la consternante misère d’une époque où tout ce qu’un hom
1485 nes, unité de refus devant la consternante misère d’ une époque où tout ce qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coup
1486 qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coupé de son origine vivante, flétri, dénaturé, inverti, saboté. Des groupes t
1487 prit, Plans, Réaction, par leur volonté proclamée de rupture, et plus encore par leurs revendications constructives, révèl
1488 t-être, dans leur diversité, les premières lignes de force d’une nouvelle révolution française. Leur anticapitalisme n’est
1489 ans leur diversité, les premières lignes de force d’ une nouvelle révolution française. Leur anticapitalisme n’est pas celu
1490 n française. Leur anticapitalisme n’est pas celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marxiste, en deho
1491 elle s’est constitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques a
1492 stitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques appuis occasion
1493 tifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de tous ces groupes un acte de présence à la misère du siècle, assez nou
1494 firme dans l’attitude de tous ces groupes un acte de présence à la misère du siècle, assez nouveau parmi les intellectuels
1495 xandre Marc, René Dupuis, Robert Aron. Ce concert de refus n’avait rien d’harmonieux. On pouvait cependant y distinguer de
1496 is, Robert Aron. Ce concert de refus n’avait rien d’ harmonieux. On pouvait cependant y distinguer deux thèmes que je tenta
1497 cependant y distinguer deux thèmes que je tentai d’ analyser dans les Conclusions que voici. Nous sommes une génération c
1498 ici. Nous sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse
1499 sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le
1500 mblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le pa
1501 , et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existen
1502 ues mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existence » se concrétise d
1503 932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existence » se concrétise dans une « nécessité » révolutionna
1504 pleur est sans précédent. Ce n’est plus seulement de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais p
1505 ns précédent. Ce n’est plus seulement de conflits d’ idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous, en
1506 ulement de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup
1507 onflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’ intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace
1508 . Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup d’ une menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre q
1509 ous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci :
1510 menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul
1511 de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’ autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’
1512 planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’en réchapper
1513 : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’ en réchapper, — l’imposer. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que no
1514 durer, puisque ça dure depuis si longtemps. Masse de sourds, de muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irrite
1515 que ça dure depuis si longtemps. Masse de sourds, de muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos c
1516 depuis si longtemps. Masse de sourds, de muets et d’ aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est
1517 aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont tr
1518 nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop souvent crié au loup, par goût des atmosphères tr
1519 ues. Littérature et mauvais caractère. Il y avait de quoi vous fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien de mieux
1520 fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien de mieux à faire. Et vous pensiez que la révolution, c’était une bande d
1521 vous pensiez que la révolution, c’était une bande de méchants garçons. Puis vous avez pensé que c’étaient des gens dangere
1522 vos maîtres. Bientôt vous chercherez des équipes de sauvetage. Ici paraît le communisme, comme une constatation de la fai
1523 Ici paraît le communisme, comme une constatation de la faillite, une liquidation à un taux sous-humain. Voici le Plan, pr
1524 cette « raison » déjà qui se trouvait à l’origine de tout le mal ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous so
1525 gine de tout le mal ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ;
1526 ouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous battre pour un « ordre » et des « idéaux » criminels. Il y a la
1527 est plus un état d’esprit, ni un refus des tâches d’ homme. La révolution est une nécessité au sens le plus banal du terme,
1528 sens le plus banal du terme, et aussi à son sens de « misère qui appelle ». Nous ne sommes pas « des bourgeois-dégoûtés »
1529 ’on lui offre il faudrait qu’elle le paie du prix de l’âme même. On nous donne à choisir entre un régime bourgeois odieux,
1530 espérance, une utopie, qu’il nous est impossible d’ accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’une réalisation
1531 une utopie, qu’il nous est impossible d’accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’une réalisation épurée, ty
1532 s qu’une réalisation épurée, tyrannique et privée de toute résistance interne, de cela justement que dans le désordre régn
1533 tyrannique et privée de toute résistance interne, de cela justement que dans le désordre régnant, nous détestons de toute
1534 ment que dans le désordre régnant, nous détestons de toute la force de notre être : la primauté du matériel. Comment pens
1535 ésordre régnant, nous détestons de toute la force de notre être : la primauté du matériel. Comment penser — si « penser »
1536 . Comment penser — si « penser » est inséparable d’ une action — entre une bourgeoisie déchue et un marxisme faux ? Il res
1537 y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité échappe encore à ceux que réci
1538 s. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’ autre, dont la réalité échappe encore à ceux que récitent Marx : une «
1539 iste, l’autre personnaliste ; la première en voie de réalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de g
1540 éalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de gestation doctrinale. Tout le monde sait ce que signifi
1541 URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de gestation doctrinale. Tout le monde sait ce que signifie politiquemen
1542 à la lutte des classes, ce pragmatisme, cet acte de foi optimiste dans le cours « dialectique » de l’Histoire, qui caract
1543 te de foi optimiste dans le cours « dialectique » de l’Histoire, qui caractérisent la position marxiste. Par contre, les b
1544 es bases doctrinales exposées ici par des membres d’ Esprit ou de L’Ordre nouveau , pour n’être pas entièrement original
1545 inales exposées ici par des membres d’ Esprit ou de L’Ordre nouveau , pour n’être pas entièrement originales, ne peuvent
1546 re pas entièrement originales, ne peuvent manquer de déconcerter tous ceux qui n’imaginent de choix possible qu’entre un c
1547 manquer de déconcerter tous ceux qui n’imaginent de choix possible qu’entre un capitalisme plus ou moins fascistisé, et u
1548 disé. Les marxistes détiennent l’avantage certain de tabler sur une « utopie » partiellement traduite en faits. C’est même
1549 traduite en faits. C’est même, à voir les choses de près, leur meilleur argument contre les révolutionnaires non marxiste
1550 les voir déjà préparer en sous-main des terrains d’ entente avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit, comme l’é
1551 e en vain quelle idéologie les empêcherait encore de répondre aux invites de ces parents naguère inavouables, mais qui sou
1552 ie les empêcherait encore de répondre aux invites de ces parents naguère inavouables, mais qui soudain font mine de « réus
1553 s naguère inavouables, mais qui soudain font mine de « réussir ». N’est-ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intér
1554 de « réussir ». N’est-ce donc plus qu’un conflit d’ intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas l
1555 N’est-ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et d’ intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réel
1556 as les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’ un être aux prises avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’h
1557 s avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’ hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une
1558 maine ? Ni pour le mensonge d’hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et
1559 plement. Les uns croient, avec Marx, à la réalité d’ une dialectique ternaire ; ils placent leur espoir dans l’avènement de
1560 rnaire ; ils placent leur espoir dans l’avènement de synthèses successives, acheminant l’espèce vers un équilibre final, t
1561 ique du conflit nécessaire et vital. Il n’y a pas de « troisième terme », — ou c’est la mort56. Mais la co-efficience de d
1562 me », — ou c’est la mort56. Mais la co-efficience de deux termes vrais, et assumés comme tels, c’est la personne. L’opposi
1563 sumés comme tels, c’est la personne. L’opposition de Proudhon et de Marx, sur le terrain économique, traduit exactement l’
1564 s, c’est la personne. L’opposition de Proudhon et de Marx, sur le terrain économique, traduit exactement l’opposition de K
1565 rrain économique, traduit exactement l’opposition de Kierkegaard et de Hegel dans le domaine religieux. Elle traduira dema
1566 traduit exactement l’opposition de Kierkegaard et de Hegel dans le domaine religieux. Elle traduira demain l’opposition de
1567 s patries personnalistes. Mais où sont les motifs de notre choix ? J’en indiquerai trois : 1° La seule révolution qui nous
1568 ntaires : elle n’est qu’une projection du conflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « moral
1569 nflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « morales » — ainsi désignent-ils la notion de pers
1570 tions « morales » — ainsi désignent-ils la notion de personne ! — aux forces politiques et historiques qui selon eux déter
1571 ntièrement le devenir révolutionnaire. Mais c’est de la mythomanie : les « Forces économiques », dont ils parlent avec tre
1572 ec tremblement, n’existent pas. Elles font partie de ces créations pseudo-mystiques qui pullulent dans un monde athée. Que
1573 utionnaire, et que nier cette valeur « décisive » de la personne, c’est désarmer la révolution. Mais il y a plus. Si la pe
1574 i la personne est véritablement l’élément décisif de la réalité humaine, toute révolution est vaine qui se fonde sur des f
1575 se agir sur les faits autrement que par une suite de coups de force, d’actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme r
1576 ur les faits autrement que par une suite de coups de force, d’actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux
1577 ts autrement que par une suite de coups de force, d’ actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux de la mati
1578 teurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux de la matière abandonnée à elle-même ? La dialectique historique à trois
1579 mps est une arbitraire projection dans les choses d’ un mécanisme de « l’intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme in
1580 itraire projection dans les choses d’un mécanisme de « l’intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme interne reparaît
1581 révolutionnaire57. Le matérialisme, c’est l’opium de la révolution. 3° La conception personnaliste est seule capable d’édi
1582 3° La conception personnaliste est seule capable d’ édifier un monde culturel, économique et social qu’anime un risque per
1583 duit l’aventure humaine à un déroulement indéfini de changements, justiciables tout au plus de la statistique. Mais les ma
1584 ndéfini de changements, justiciables tout au plus de la statistique. Mais les marxistes répugnent à nous suivre sur ce ter
1585 ction ? Est-ce un opportunisme purement tactique, d’ allure électorale ? « Toutes les tentatives qui ne se fondent pas sur
1586 s sur la classe révolutionnaire ne comportent pas de points d’application », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion 
1587 lasse révolutionnaire ne comportent pas de points d’ application », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos i
1588 », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les
1589 de nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les mains du prolétaire qui, justement, avait besoin
1590 mains du prolétaire qui, justement, avait besoin d’ être conduit par la pensée de quelques-uns58 ! Mais ce sont les « rêve
1591 tement, avait besoin d’être conduit par la pensée de quelques-uns58 ! Mais ce sont les « rêveries » des « penseurs » qui o
1592 s les révolutions ! Lénine réussit une révolution d’ intellectuels dans un pays qui compte à cette époque moins de 3 millio
1593 uels dans un pays qui compte à cette époque moins de 3 millions d’ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bo
1594 ays qui compte à cette époque moins de 3 millions d’ ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bourgeoisie exis
1595 moins de 3 millions d’ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bourgeoisie existe à peine en tant que classe,
1596 1932 le parti ne compte encore que deux millions de membres, sévèrement contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions
1597 contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions d’ un Lénine n’étaient pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de
1598 t pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire. » Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la
1599 Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la réussite, à un fatalisme, à un pragmatisme historique dont le fond
1600 rique dont le fondement matérialiste n’exige rien de moins qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindr
1601 ent matérialiste n’exige rien de moins qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance de succès ?
1602 tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance de succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays ? La violence des com
1603 ns la ligne des forces révolutionnaires profondes de la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte de 89, dans
1604 utionnaires profondes de la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable
1605 e. Cette révolte de la personne, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à pr
1606 ne, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvel
1607 évolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvelle Révolution
1608 et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvelle Révolution française. La volonté, la possibilité de ruptu
1609 Révolution française. La volonté, la possibilité de rupture, affirmée par les politiciens marxistes, mais niée en sous-ma
1610 es, mais niée en sous-main par leur doctrine, est de leur part une duperie manifeste. Je les entends menacer le bourgeois 
1611 vois pas plus forts. Je vois bien l’accumulation de leurs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons dav
1612 oient ainsi triompher à la fois des bourgeois, et de la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donne
1613 à la fois des bourgeois, et de la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux
1614 octrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux qui ne promettent que du pain, finalement n’en donnent jam
1615 itiques (nationalisme, SDN60, etc.), condamnation de l’individu, de la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), d
1616 alisme, SDN60, etc.), condamnation de l’individu, de la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), des méthodes pol
1617 abli. Mais nous allons plus loin dans la critique de ce désordre : jusqu’à ce point où le marxisme, révélant sa vraie natu
1618 sa vraie nature, apparaît comme un cas privilégié de la folie capitaliste-matérialiste. Non, ce n’est pas une classe que n
1619 ot, le « salut » n’est pas à débattre sur le plan de l’humanité, mais entre l’homme, entre tel homme et la Réalité qui seu
1620 ielles permettent à ce suprême et quotidien débat d’ avoir un sens, un point d’application : la personne. Tel est, en derni
1621 rême et quotidien débat d’avoir un sens, un point d’ application : la personne. Tel est, en dernière analyse, le fondement,
1622 l est, en dernière analyse, le fondement, l’enjeu de la révolution nouvelle. Ici, je ne dirai plus nous, mais je. À la qu
1623 sérieux vos idées, y croyez-vous ? », les hommes de ce temps n’aiment pas répondre, car c’est une question personnelle, u
1624 cherche. Ce qu’il faut pour légitimer un système d’ idées en elles-mêmes justes et opportunes, c’est une violence spiritue
1625 seule chose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être. Il faut derrière ces idées une masse volontaire, une pesan
1626 dées une masse volontaire, une pesante contrainte de foi, une pureté terrible et humble. Loin de moi la pensée que par des
1627 sée que par des arguments nous pourrons triompher d’ autre chose que d’arguments. À l’effort admirable du peuple russe retr
1628 guments nous pourrons triompher d’autre chose que d’ arguments. À l’effort admirable du peuple russe retrouvant la grandeur
1629 tique « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’
1630 Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste.
1631 ntendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste. La vérité ne
1632 rifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste. La vérité ne peut exister parmi nous que sous la forme
1633 rité ne peut exister parmi nous que sous la forme d’ une accusation personnelle. Il faut savoir entendre ce mutisme formida
1634 peut en donner jusqu’au bout le courage. Je parle de la foi chrétienne où je veux être, de ce suprême « choix » qui ne vie
1635 e. Je parle de la foi chrétienne où je veux être, de ce suprême « choix » qui ne vient pas de moi, mais qui soudain me cho
1636 mais qui soudain me choisit, me saisit. Je parle de cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin d’arguments pour juge
1637 e cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin d’ arguments pour juger les idoles du monde ; de cette seule chose pour l
1638 soin d’arguments pour juger les idoles du monde ; de cette seule chose pour laquelle j’accepterais la mort, parce que ce n
1639 la donnant. Je n’ai pas à sauver quoi que ce soit de la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pardon
1640 mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pardon que pour celui qui agit. On me dira sans doute que je me perds
1641  ! Déjà les hommes le pressentent : il n’y a rien d’ autre à attendre que cette force surhumaine d’entrer dans l’Ordre de l
1642 ien d’autre à attendre que cette force surhumaine d’ entrer dans l’Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions
1643 que cette force surhumaine d’entrer dans l’Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions — après les avoir fai
1644 tre la construction entreprise par le capitalisme d’ État soviétique, contre la mystique productiviste déjà « niée » par la
1645 américaine en particulier. 58. Exemple frappant de l’Allemagne : voici un pays enfin qui réunit toutes les conditions th
1646 n éclate. Il ne se passe rien. Parce qu’on manque de chefs. Parce qu’il n’y a plus de « personnes ». — La position définie
1647 rce qu’on manque de chefs. Parce qu’il n’y a plus de « personnes ». — La position définie par la phrase citée de M. Nizan
1648 nnes ». — La position définie par la phrase citée de M. Nizan est exactement celle des révolutionnaires russes dit « popul
1649 ionnaires russes dit « populistes », aux environs de 1900. Lénine a eu des sarcasmes terribles à l’adresse de ces « héréti
1650 aire ?) 59. Le succès du communisme serait-il «  de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dans Hic et
1651 s du communisme serait-il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dans Hic et Nunc, n° 1). 60. Ces
17 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XII. Communauté révolutionnaire
1652 maladive. L’homme sain ne s’excite pas sur l’idée de sécurité. Il demande un principe de grandeur, ou simplement quelque c
1653 as sur l’idée de sécurité. Il demande un principe de grandeur, ou simplement quelque chose à faire. La paix n’est pas une
1654 lisation, elle n’est rien que l’absence obsédante de la guerre. Tout cela est assez connu, mais peu de personnes en tienne
1655 n d’insister, une fois de plus, sur cette absence de tout principe vivant d’unité et d’union, qui est la marque de notre t
1656 e plus, sur cette absence de tout principe vivant d’ unité et d’union, qui est la marque de notre temps, et la cause de not
1657 cette absence de tout principe vivant d’unité et d’ union, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose
1658 cipe vivant d’unité et d’union, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cett
1659 on, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne se
1660 que de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne sera pas dénoncée, r
1661 n temps à dénoncer et à combattre les instruments de la guerre menaçante : politiciens, maîtres de forges, journalistes. L
1662 nts de la guerre menaçante : politiciens, maîtres de forges, journalistes. La corruption est tellement générale que ces dé
1663 a guerre. Les communistes ont parfaitement raison de soutenir que le régime est organiquement lié à la guerre, et que la g
1664 profond : il est dans la conception rationaliste de l’État moderne et dans la conception abstraite de l’homme considéré c
1665 de l’État moderne et dans la conception abstraite de l’homme considéré comme individu atomique. Or ces deux conceptions so
1666 Or ces deux conceptions sont également à la base de tout le système marxiste-stalinien. Elles y sont même plus rigoureuse
1667 le communisme comme l’agent le plus perfectionné de la désagrégation atomique de notre monde, — désagrégation dont l’abou
1668 le plus perfectionné de la désagrégation atomique de notre monde, — désagrégation dont l’aboutissement fatal serait la rui
1669 gation dont l’aboutissement fatal serait la ruine de toute vie organique et de toute solidarité réelle, comme il était, en
1670 t fatal serait la ruine de toute vie organique et de toute solidarité réelle, comme il était, en régime capitaliste, la gu
1671 ait, en régime capitaliste, la guerre du droit et de la justice. Ces simplifications résument des études que nous avons, a
1672 poussées dans le détail61. Elles nous permettent de situer notre opposition au monde actuel. Elles nous permettent aussi
1673 tion au monde actuel. Elles nous permettent aussi de donner sa réelle et pratique importance, dans l’ordre des sanctions i
1674 ’ordre des sanctions immédiates, à une opposition d’ apparence toute philosophique : celle de l’individu et de la personne.
1675 pposition d’apparence toute philosophique : celle de l’individu et de la personne. L’égalité contre la fraternité Co
1676 ence toute philosophique : celle de l’individu et de la personne. L’égalité contre la fraternité Considérer l’homme
1677 r l’homme en tant qu’individu abstrait (principes de 89 — marxisme) et fonder sur cet individu toutes les institutions, et
1678 t la morale, c’est méconnaître la nature concrète de l’homme, qui comporte le conflit. Les institutions, n’ayant pas compt
1679 ’homme concret, n’ont pas compté avec le principe de tout conflit, et sont sans forces contre les conflits qui surgissent.
1680 les conflits qui surgissent. Elles essaient alors de déshumaniser les hommes. Elles cherchent la paix par la stérilisation
1681 s qui éclatent sont alors sanglants. L’évolution de la notion d’individu, d’homme en soi, d’homme type, est trop connue p
1682 t sont alors sanglants. L’évolution de la notion d’ individu, d’homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous
1683 sanglants. L’évolution de la notion d’individu, d’ homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous la reprenion
1684 volution de la notion d’individu, d’homme en soi, d’ homme type, est trop connue pour que nous la reprenions ici. On sait c
1685 aveur des théories rationalistes et matérialistes de l’Encyclopédie. Les théoriciens des droits de l’homme, ayant cru rema
1686 férences entre les hommes, conçurent cette utopie de supprimer les différences. Ils se flattaient ainsi d’établir une paix
1687 upprimer les différences. Ils se flattaient ainsi d’ établir une paix définitive. Ce qui leur permettait de croire possible
1688 ablir une paix définitive. Ce qui leur permettait de croire possible une telle égalisation, c’était peut-être l’importance
1689 l’argent. L’argent devenait le principal facteur de différenciation entre les hommes. Du moins le plus visible. Il se peu
1690 lles et méprisables. Les premières revendications d’ égalité furent néanmoins d’ordre strictement politique. On voulait un
1691 emières revendications d’égalité furent néanmoins d’ ordre strictement politique. On voulait un système fondé sur l’homme-e
1692 battit pour ce système et on l’obtint. On perdit de vue les hommes, dans leur diversité. L’État devint une réalité indépe
1693 tat devint une réalité indépendante, l’expression de la collectivité des égaux. Or ces égaux n’existaient pas. Il fallait
1694 tout prix. À la fois pour dissimuler la brutalité de cette action, et pour la rendre populaire, on eut recours à des mots
1695 ble au moment même où elle l’imposait sur le plan de l’État. On ne le vit pas tout de suite : l’État commença par détruire
1696 aines injustices criantes, détournant l’attention de l’injustice permanente et sournoise qu’il établissait parmi les homme
1697 qu’il est, un principe entre tous néfaste : celui de la comparaison perpétuelle. À qui fallait-il être égal ? Sur le plan
1698 ait pas le besoin qu’on avait créé63. Dans la vie de tous les jours, la revendication de l’égalité ne pouvait se traduire
1699 . Dans la vie de tous les jours, la revendication de l’égalité ne pouvait se traduire que par un mécontentement confus et
1700 n mécontentement confus et inextinguible. Le soin de fixer empiriquement le niveau de l’égalité idéale revint à l’Opinion
1701 nguible. Le soin de fixer empiriquement le niveau de l’égalité idéale revint à l’Opinion publique, c’est-à-dire à la Press
1702 le capital) et à la Publicité. L’homme n’eut plus de « prochain », mais seulement, comme le dit Keyserling, des « voisins
1703 ces insupportables et scandaleuses. L’homme cessa de croire à ses besoins, à ses désirs réels, et s’hypnotisa sur l’idée d
1704 sirs réels, et s’hypnotisa sur l’idée du standing de vie, défini par comparaison avec « les autres », déterminé par une sé
1705 ison avec « les autres », déterminé par une série de facteurs plus ou moins abstraits, artificiels, imposés du dehors et p
1706 homme. Il n’est plus assuré par la responsabilité de chacun, mais par le cadre policier de l’État, par l’ambiance morale q
1707 ponsabilité de chacun, mais par le cadre policier de l’État, par l’ambiance morale que créent la Presse et la Publicité, e
1708 et détruit la fraternité. Capital, police, lutte de classes, guerre. Primauté du paraître sur l’être. La Personne : fo
1709 u paraître sur l’être. La Personne : fondement de la Communauté La personne, c’est l’homme en acte, c’est-à-dire l’h
1710 nstitutions, c’est reconnaître la nature concrète de l’homme, qui comporte le conflit. Les institutions qui comptent avec
1711 t avec l’homme concret, comptent avec le principe de tout conflit, et ont pour but de rendre les antagonismes féconds pour
1712 avec le principe de tout conflit, et ont pour but de rendre les antagonismes féconds pour l’ensemble du corps social. Elle
1713 ’union par et dans la diversité créatrice. Fortes de leur souplesse, elles empêchent les conflits de s’accumuler et d’écla
1714 s de leur souplesse, elles empêchent les conflits de s’accumuler et d’éclater en désordres sanglants. Si le dernier parag
1715 e, elles empêchent les conflits de s’accumuler et d’ éclater en désordres sanglants. Si le dernier paragraphe de cette thè
1716 en désordres sanglants. Si le dernier paragraphe de cette thèse peut paraître encore utopique, remarquons toutefois qu’il
1717 brimées. L’individu n’a jamais existé qu’à l’état de définition. Partir des conflits quotidiens, des conflits d’intérêts e
1718 ion. Partir des conflits quotidiens, des conflits d’ intérêts et d’idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des ré
1719 s conflits quotidiens, des conflits d’intérêts et d’ idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des régions et des r
1720 d’intérêts et d’idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des régions et des races, — pour les utiliser. Telle est
1721 r les utiliser. Telle est la formule fondamentale de notre politique. Elle entraîne immédiatement cette constatation : c’e
1722 ation : c’est qu’il ne s’agit pas pour le légiste d’ établir des équilibres stériles ou forcés, ni des compromis dégradants
1723 mis dégradants pour l’une et l’autre partie, mais d’ assurer le jeu des tensions normales. Le groupe de L’Ordre nouveau a
1724 d’assurer le jeu des tensions normales. Le groupe de L’Ordre nouveau a exposé dans un ensemble de travaux de détail comm
1725 pe de L’Ordre nouveau a exposé dans un ensemble de travaux de détail comment il entendait sauvegarder et orienter ces te
1726 dre nouveau a exposé dans un ensemble de travaux de détail comment il entendait sauvegarder et orienter ces tensions créa
1727 d’une part, le centre directeur du service civil de l’autre. Tension organique entre la commune ou la région d’une part,
1728 commune ou la région d’une part, et la fédération de l’autre.) Je ne puis m’attacher ici qu’à définir une attitude spiritu
1729 spirituelle. Les principes qui seront à la base de l’économie et de politique nouvelles sont identiques à ceux qui seron
1730 s principes qui seront à la base de l’économie et de politique nouvelles sont identiques à ceux qui seront à la base de la
1731 elles sont identiques à ceux qui seront à la base de la vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de distinction thé
1732 a vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de distinction théorique et inopérante entre la vie privée et la vie pub
1733 e dans la mesure où il se manifeste concrètement, d’ une façon qui lui est particulière, dans une tâche qui lui est propre
1734 des théories dans le monde abstrait et juridique de l’égalité, la personne s’enracine au contraire dans le concret d’une
1735 personne s’enracine au contraire dans le concret d’ une vocation. L’apparition de la personne est liée à l’apparition d’un
1736 aire dans le concret d’une vocation. L’apparition de la personne est liée à l’apparition d’une tension. Car d’une part ell
1737 apparition de la personne est liée à l’apparition d’ une tension. Car d’une part elle est déterminée par les conditions don
1738 conditions données, d’autre part elle a pour but de les dépasser et de les rendre créatrices. Le type même d’une telle te
1739 , d’autre part elle a pour but de les dépasser et de les rendre créatrices. Le type même d’une telle tension est celle qui
1740 épasser et de les rendre créatrices. Le type même d’ une telle tension est celle qui s’établit entre deux hommes qui se ren
1741 me n’est humain que lorsqu’il manifeste sa raison d’ être particulière. Mais dès qu’il la manifeste, il crée une nouveauté,
1742 dignité consiste à assumer ce risque. La dignité de l’homme, c’est d’être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irres
1743 à assumer ce risque. La dignité de l’homme, c’est d’ être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irresponsables. Le « pr
1744 st d’être responsable. Le monde actuel est peuplé d’ irresponsables. Le « prolétaire » tel que le fabrique le capitalisme e
1745 ère plus que celle du bourgeois attaché à son bas de laine ou prisonnier des assurances. Pour nous, la liberté ne consiste
1746 obligations, mais dans la possibilité pour chacun de courir son risque propre. Ainsi, la valeur suprême de la personne, c’
1747 ourir son risque propre. Ainsi, la valeur suprême de la personne, c’est, à la limite, l’héroïsme. Nous savons bien que ce
1748 alifier. Ils ont assimilé l’héroïsme au sacrifice de toute vocation personnelle, à l’anéantissement de l’homme dans le gro
1749 de toute vocation personnelle, à l’anéantissement de l’homme dans le groupe pour le plus grand bien de l’État. Cette inver
1750 de l’homme dans le groupe pour le plus grand bien de l’État. Cette inversion flagrante ne nous empêchera pas de prononcer
1751 . Cette inversion flagrante ne nous empêchera pas de prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son prestige et sa va
1752 hera pas de prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son prestige et sa valeur d’appel. L’héroïsme véritable, c’est
1753 il est urgent de rendre son prestige et sa valeur d’ appel. L’héroïsme véritable, c’est la pointe extrême de la vocation, c
1754 el. L’héroïsme véritable, c’est la pointe extrême de la vocation, c’est-à-dire, pour un chrétien, la fidélité de l’homme à
1755 tion, c’est-à-dire, pour un chrétien, la fidélité de l’homme à persévérer dans sa mission particulière en dépit de toutes
1756 rréductible que rencontre le fascisme, qu’il soit de Berlin ou de Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’homm
1757 ue rencontre le fascisme, qu’il soit de Berlin ou de Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’homme le plus uti
1758 ain. C’est aussi l’homme le plus utile. La morale de l’ordre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout, de l’homme en a
1759 . La morale de l’ordre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale qui impose un
1760 dre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale qui impose un certain nombre de v
1761 . Non pas une morale qui impose un certain nombre de vertus officielles, et qui prenne pour modèle le Citoyen-Respectable
1762 le Travailleur en soi. Mais une morale qui exige de chaque homme qu’il tienne sa place unique dans la communauté. Qu’il a
1763 la communauté. Qu’il ait à en répondre. Il n’y a d’ ordre qu’à ce prix. Une paix véritable ne saurait résulter de l’affaib
1764 à ce prix. Une paix véritable ne saurait résulter de l’affaiblissement systématique des antagonismes. La paix, l’ordre, la
1765 es droits de l’homme et savent si bien l’empêcher d’ en user ? Sans doute. Et nos « valeurs » ne seront jamais cotées sur l
18 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIII. Triomphe de la Personne, (Aphorismes)
1766 XIII.Triomphe de la Personne (Aphorismes) Doctrines et passions Je parle, dans
1767 Doctrines et passions Je parle, dans ce livre, de philosophie politique et de doctrines sociales ; cela paraîtra sans d
1768 parle, dans ce livre, de philosophie politique et de doctrines sociales ; cela paraîtra sans doute un comble d’ingénuité o
1769 nes sociales ; cela paraîtra sans doute un comble d’ ingénuité ou d’ironie — au choix — à toutes les personnes averties de
1770 cela paraîtra sans doute un comble d’ingénuité ou d’ ironie — au choix — à toutes les personnes averties de l’état politiqu
1771 onie — au choix — à toutes les personnes averties de l’état politique de l’Europe ; cela ne paraîtra pas même un comble, m
1772 toutes les personnes averties de l’état politique de l’Europe ; cela ne paraîtra pas même un comble, mais sera tenu pour u
1773 ens « réalistes ». Voilà pour l’utilité immédiate de ce recueil. Comment ! me disent les politiciens, comment ne voyez-vou
1774 ne voyez-vous pas que c’est perdre son temps que de raisonner sur des réalités irrationnelles ? Qu’est-ce qui conduit les
1775 uns ni les autres. Elle prétend agir à l’encontre de toute notre expérience électorale. — C’est bien cela. — Mais alors vo
1776 s tyrannies les plus absurdes ont seules la vertu d’ exciter l’enthousiasme. Mais vous êtes moins réalistes que vous ne cro
1777 appe : c’est que vos « réalismes » n’ont pas plus d’ effet, pratiquement, que nos « utopies ». Ou sinon je devrais vous ren
1778 s ». Ou sinon je devrais vous rendre responsables de la crise actuelle ? Mais tranquillisez-vous, je n’y songe pas. La cri
1779 re davantage s’il se peut. Le monde actuel est né d’ une révolution. Cette révolution n’a pas été sans théories. Vous savez
1780 alisme » voudrait simplement que l’homme s’arrête de penser, et crie avec les loups. Le « réalisme » ainsi conçu et certai
1781 on est inefficace. Ils ne veulent pas qu’on parle de ce qui vit, de ce qu’ils vivent. (C’est trop pauvre, peut-être, à leu
1782 ce. Ils ne veulent pas qu’on parle de ce qui vit, de ce qu’ils vivent. (C’est trop pauvre, peut-être, à leurs yeux.) Mais
1783 auvre, peut-être, à leurs yeux.) Mais qu’on parle de ce dont ils parlent : en termes d’affiches électorales, d’éditoriaux
1784 t ils parlent : en termes d’affiches électorales, d’ éditoriaux de l’Ami du Peuple, de « justifications » aux congrès radic
1785  : en termes d’affiches électorales, d’éditoriaux de l’Ami du Peuple, de « justifications » aux congrès radicaux : voilà q
1786 hes électorales, d’éditoriaux de l’Ami du Peuple, de « justifications » aux congrès radicaux : voilà qui est pratique, c’e
1787 e ? — Ceci, et cela, pour telles raisons déduites de la nature des choses et du destin de l’homme. — Utopie ! Utopie ! Voy
1788 ons déduites de la nature des choses et du destin de l’homme. — Utopie ! Utopie ! Voyez-vous, je préfère encore Léon Blum,
1789 ours, du « pratique », c’est-à-dire quelque chose d’ électoral. Être « objectif » Dans nos plans, nous parlons des ch
1790 tif » Dans nos plans, nous parlons des choses, de leur nature et de leurs lois, de leur production, répartition et usag
1791 plans, nous parlons des choses, de leur nature et de leurs lois, de leur production, répartition et usage humain, et nous
1792 lons des choses, de leur nature et de leurs lois, de leur production, répartition et usage humain, et nous en parlons obje
1793 plus « élevés » ? Non point, mais les plus dignes d’ être revendiqués par l’homme responsable de son activité : ce sont les
1794 dignes d’être revendiqués par l’homme responsable de son activité : ce sont les intérêts de son métier, de son ménage, de
1795 esponsable de son activité : ce sont les intérêts de son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nou
1796 on activité : ce sont les intérêts de son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humai
1797 e sont les intérêts de son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humainement des chos
1798 n métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humainement des choses les plus pratiques… Ma
1799 choses les plus pratiques… Mais eux, ils veulent de la mystique, des discours et des revendications « excitantes ». Toute
1800 excitantes ». Toute la politique qu’on leur sert, de Doumergue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous sommes objec
1801 ’est parce qu’ils se méfient qu’ils nous traitent d’ utopistes et de gens peu pratiques. Ils répètent au hasard les vocable
1802 ls se méfient qu’ils nous traitent d’utopistes et de gens peu pratiques. Ils répètent au hasard les vocables que l’école p
1803 cole primaire leur a mis dans la tête. — Problème d’ éducation civique. Incertitude essentielle de toute considération p
1804 e d’éducation civique. Incertitude essentielle de toute considération politique Les fins qu’on veut atteindre par l’
1805 le réactionnaire allègue la défense des intérêts d’ une civilisation, ce qui peut apparaître « spirituel », mais il se tro
1806 l », mais il se trouve qu’à ses yeux les intérêts de la civilisation se confondent avec ceux de la classe possédante, qui
1807 térêts de la civilisation se confondent avec ceux de la classe possédante, qui sont franchement matériels. Le communiste a
1808 tuelle, dont le présent état social ne permet pas de prévoir la nature. Et je ne donne ici que deux exemples extrêmes, c’e
1809 ule chose paraît claire : il y a des gens qui ont de quoi vivre, et d’autres qui n’ont pas de quoi. Mais cette distinction
1810 qui ont de quoi vivre, et d’autres qui n’ont pas de quoi. Mais cette distinction « matérielle » ne se confond nullement a
1811 ue droite-gauche. Chacun sait qu’il ne suffit pas d’ être ruiné pour devenir marxiste, et qu’on peut posséder une auto et n
1812 cer la mise en ordre du monde moderne. Importance d’ une définition de la personne. Toute la tactique de notre révolution e
1813 dre du monde moderne. Importance d’une définition de la personne. Toute la tactique de notre révolution en dépend. Humi
1814 ’une définition de la personne. Toute la tactique de notre révolution en dépend. Humilité du spirituel Les revues bi
1815 spirituel pour qu’il s’agisse encore, pour elles, d’ un spirituel vraiment vivant. Le spirituel dont je me réclame a sa réa
1816 est-à-dire : ce que l’homme place au premier rang d’ un « ordre » humain et rien qu’humain sera au dernier rang de l’ordre
1817 e » humain et rien qu’humain sera au dernier rang de l’ordre spirituel, que Dieu ordonne. Et encore : le plus grand est ce
1818 bles dans leur abaissement. C’est cela qu’on perd de vue lorsqu’on réclame pour le spirituel une primauté de droit plutôt
1819 lorsqu’on réclame pour le spirituel une primauté de droit plutôt que de service. On voudrait que le spirituel soit honoré
1820 our le spirituel une primauté de droit plutôt que de service. On voudrait que le spirituel soit honoré comme souverain d’u
1821 rait que le spirituel soit honoré comme souverain d’ une hiérarchie intangible, et l’on oublie qu’un souverain, fût-il de d
1822 ntangible, et l’on oublie qu’un souverain, fût-il de droit divin — et peut-être surtout dans ce cas —, ne saurait fonder s
1823 rait fonder son pouvoir que sur l’exercice fidèle de sa charge. Or, l’exercice du pouvoir spirituel nous est prescrit, par
1824 s sociaux des groupes personnalistes, ont coutume de les ranger sous une rubrique dont le titre me plaît : Calligrafia pol
1825 me plaît : Calligrafia politica. C’est très bien de se moquer des calligraphes. Mais ce sont eux qui nous apprennent à éc
1826 dèles, qui prévoient les déformations nécessaires de l’écriture courante. Il y a des gens qui estiment que la « pratique »
1827 tyran. Jamais souverain ne fut à ce degré jaloux de son aveuglement, impatient à l’égard de qui veut l’éclairer, cruel et
1828 liquement ? Qui donc oserait encourir la disgrâce de l’Opinion, comme Fénelon avait encouru celle du Roi ? Qui donc oserai
1829 à l’État personnifié, lui déclarer sans artifices de langage : « Voilà, Sire, l’état où vous êtes ! » Personne ne tente pl
1830 e, l’état où vous êtes ! » Personne ne tente plus de délivrer le peuple souverain de ses flatteurs. Il se trouve au contra
1831 nne ne tente plus de délivrer le peuple souverain de ses flatteurs. Il se trouve au contraire des centaines de Marat pour
1832 latteurs. Il se trouve au contraire des centaines de Marat pour lui dire qu’il a raison toujours ; des centaines de petits
1833 lui dire qu’il a raison toujours ; des centaines de petits Robespierre pour lui dire qu’il est infaillible ; et pour gouv
1834 lérance qu’on accorde aux flatteurs. Le plus beau de l’affaire, c’est qu’un homme qui voudrait témoigner par des actes de
1835 qu’un homme qui voudrait témoigner par des actes de son amour réel, de sa pitié pour le peuple trompé, passerait infailli
1836 udrait témoigner par des actes de son amour réel, de sa pitié pour le peuple trompé, passerait infailliblement pour le plu
1837 s. La seule opposition sérieuse La violence de leurs écrits s’accroît, l’aigreur des polémiques s’accroît, les revue
1838 de des lettres, qui me parviennent, me paraissent de jour en jour plus absurdes. Ils ont perdu la tête, me dis-je. Pourtan
1839 u la tête, me dis-je. Pourtant non, je n’apprends d’ aucun d’entre eux qu’il ait commis la plus minime folie. Beaucoup « ad
1840 nce à son argent. Beaucoup proclament la faillite de la culture bourgeoise, aucun ne renonce à y faire figure honorable. A
1841 ndent en justifications éloquentes. Justification de leurs actes ? Non. Justifications de leurs intentions, de leurs revir
1842 ustification de leurs actes ? Non. Justifications de leurs intentions, de leurs revirements intérieurs, de leurs anxiétés
1843 actes ? Non. Justifications de leurs intentions, de leurs revirements intérieurs, de leurs anxiétés intérieures, de leurs
1844 eurs intentions, de leurs revirements intérieurs, de leurs anxiétés intérieures, de leurs préférences individuelles, de le
1845 ements intérieurs, de leurs anxiétés intérieures, de leurs préférences individuelles, de leurs virtualités imaginées. Est-
1846 intérieures, de leurs préférences individuelles, de leurs virtualités imaginées. Est-ce que peut-être ils ne croient pas
1847 mets pas en cause leur sincérité, je ne parle que de ce qui est contrôlable. « Si c’était vrai, ça se verrait », dit le pe
1848 dit le peuple. N’oublions pas que l’intellectuel d’ aujourd’hui est avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu de s’a
1849 t avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu de s’agiter. Je me méfie toujours des théories d’action que proposent le
1850 eu de s’agiter. Je me méfie toujours des théories d’ action que proposent les incroyants. Benda est plus honnête, dans sa t
1851 croyants. Benda est plus honnête, dans sa théorie de l’inaction. Tous les autres calculent, jusque dans leur désir de scan
1852 Tous les autres calculent, jusque dans leur désir de scandaliser le bourgeois. Il n’y a qu’une façon réelle de mettre les
1853 aliser le bourgeois. Il n’y a qu’une façon réelle de mettre les pieds dans le plat : c’est de croire. Il n’y a qu’une faço
1854 n réelle de mettre les pieds dans le plat : c’est de croire. Il n’y a qu’une façon réelle de croire : c’est d’agir. Mais d
1855 t : c’est de croire. Il n’y a qu’une façon réelle de croire : c’est d’agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme appre
1856 e. Il n’y a qu’une façon réelle de croire : c’est d’ agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme apprenons-nous qu’il co
1857 açon réelle de croire : c’est d’agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme apprenons-nous qu’il conforme sa vie à ses
1858 , ils ne sont pas sérieux. Un chrétien a le droit de faire cette observation simpliste, qui soulève généralement la méfian
1859 i retourne le reproche. Il accepte, en vertu même de sa foi, qu’on le condamne ; alors que tous les autres veulent se just
1860 eule opposition réelle, la seule qu’il y ait lieu de prendre au sérieux. Autocritique Qu’y a-t-il donc sous cette ré
1861 s assurés, et qui sortent, dit-on, « fatalement » de nos ombres ? Je vois naître dans un lent cauchemar la Bête de l’Apoca
1862 s ? Je vois naître dans un lent cauchemar la Bête de l’Apocalypse, le dieu glacé État qu’ils édifient pour le Grand Soir.
1863 u crépuscule qui se prépare, c’est l’Inauguration de la Statue du dieu au seuil de la nuit sans histoire où tous les homme
1864 ’est l’Inauguration de la Statue du dieu au seuil de la nuit sans histoire où tous les hommes en rangs serrés sans fin mar
1865  ! Mais ne le suis-je pas par cette seule volonté de l’être ? Il faut croire que non, et que je suis encore mal assuré dan
1866 spéré ? N’est-ce point là notre plus belle chance de grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’est pas ce
1867 s bien plutôt que les autres ne meurent bassement de n’en pas mourir. Mais d’où vient encore la révolte ? Sinon d’une peu
1868 res ne meurent bassement de n’en pas mourir. Mais d’ où vient encore la révolte ? Sinon d’une peur de moi-même ? C’est qu’
1869 ourir. Mais d’où vient encore la révolte ? Sinon d’ une peur de moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore de me voir entraîné
1870 d’où vient encore la révolte ? Sinon d’une peur de moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore de me voir entraîné ce soir-là
1871 ne peur de moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore de me voir entraîné ce soir-là dans leurs rangs, serrant les coudes, ent
1872 rangs, serrant les coudes, entraîné par l’ivresse de la fraternité indifférente et lâche. Presque tous les hommes ont été
1873 r un homme. Et peut-être que tous les jeunes gens de ce temps sont tentés à la fois par le marxisme, le fascisme, et le li
1874 sme, et le libertinage bourgeois. Dans la révolte de la personne contre l’État, il n’y a pas seulement la vision d’un nouv
1875 e contre l’État, il n’y a pas seulement la vision d’ un nouvel ordre et d’une franchise plus énergique, il y a aussi une dé
1876 ’y a pas seulement la vision d’un nouvel ordre et d’ une franchise plus énergique, il y a aussi une défense contre certaine
1877 certaines complaisances intimes. Je les condamne d’ autant plus fort que je les comprends mieux, que je les comprends trop
1878 je les comprends trop bien ! J’appelle au secours de ma foi cette Révolution qui me fortifiera contre moi-même. J’appelle
1879 tre moi-même. J’appelle ce témoignage irrévocable de ma force contre ma faiblesse. Misère de l’homme, qu’il ait besoin de
1880 révocable de ma force contre ma faiblesse. Misère de l’homme, qu’il ait besoin de fomenter contre lui-même les coups de fo
1881 ma faiblesse. Misère de l’homme, qu’il ait besoin de fomenter contre lui-même les coups de force de l’histoire ! Folies
1882 ait besoin de fomenter contre lui-même les coups de force de l’histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois de « fol
1883 in de fomenter contre lui-même les coups de force de l’histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois de « folies » pol
1884 histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois de « folies » politiques. Ne l’ai-je pas fait avec plus d’indignation qu
1885 olies » politiques. Ne l’ai-je pas fait avec plus d’ indignation que de pitié ? Les hommes se traitent de fous par manière
1886 . Ne l’ai-je pas fait avec plus d’indignation que de pitié ? Les hommes se traitent de fous par manière d’injure. Mais la
1887 indignation que de pitié ? Les hommes se traitent de fous par manière d’injure. Mais la folie demande plutôt des soins que
1888 itié ? Les hommes se traitent de fous par manière d’ injure. Mais la folie demande plutôt des soins que des injures. Cruaut
1889 demande plutôt des soins que des injures. Cruauté de la politique : non point que les gens qui la font soient très méchant
1890 la font soient très méchants ; mais ils manquent de sérieux humain. (J’ai dit aussi qu’ils manquent d’humour.) Anonyma
1891 e sérieux humain. (J’ai dit aussi qu’ils manquent d’ humour.) Anonymat Ils ont un « front commun », mais ils n’ont pl
1892 Ils ont un « front commun », mais ils n’ont plus de visages particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un mythe. C’es
1893 r est un mythe. C’est un état vaguement pressenti de réussite permanente, un ensemble de facilités matérielles, une assura
1894 ent pressenti de réussite permanente, un ensemble de facilités matérielles, une assurance contre tous risques. On n’en peu
1895 rance contre tous risques. On n’en peut rien dire de précis, sauf à tomber dans la trivialité (heureux les ventres pleins,
1896 ventres pleins, etc.), car chacun sait que l’état de bonheur est une chose trop fragile pour être définie et qui s’évanoui
1897 s, éthérées ! La carotte qu’on fixe devant le nez de l’âne a, sur le bonheur que poursuivent presque tous nos contemporain
1898 uivent presque tous nos contemporains, l’avantage d’ être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un
1899 qu’un reflet, et un reflet terrestre et trouble, de cette félicité promise à ceux qui auront gardé la foi. On a perdu la
1900 ceux qui auront gardé la foi. On a perdu la force de croire, mais on voudrait que la félicité subsiste. Bien plus, on la v
1901 it dès cette vie. Aussi bien n’en espère-t-on pas d’ autre. L’Évangile ne parle jamais du bonheur65. Il indique à chaque ho
1902 entreprise qui ne laisse aucune place au tourment de la recherche du bonheur. Quant à l’Égalité, chacun le sait, elle est
1903 chacun le sait, elle est surtout la revendication de ceux qui voudraient être un peu plus 66 qu’ils ne sont, et qui s’en t
1904 ns laquelle ils sont nés, soit par la nature même de leurs aptitudes. C’est à la fois le plus insaisissable et le plus gén
1905 plus insaisissable et le plus généralement révéré de nos mythes : personne encore n’a su le définir et fixer son niveau co
1906 re n’a su le définir et fixer son niveau concret. D’ où sa vitalité et son pouvoir mystique. On dit souvent (surtout les in
1907 stique. On dit souvent (surtout les intellectuels de gauche) que le Français est « passionnément attaché à l’égalité ». C’
1908 ». C’est inexact, parce qu’il n’y a aucune espèce d’ égalité en France, — en France moins que partout ailleurs. Il faudrait
1909 çais est passionnément attaché à la revendication de l’égalité, et d’autant plus passionnément que ses coutumes sociales s
1910 ément attaché à la revendication de l’égalité, et d’ autant plus passionnément que ses coutumes sociales sont plus tyranniq
1911 r ce que cela signifie. Être social, dans le sens de sociable, c’est honorer les catégories et conventions sociales, les a
1912 s, les honneurs qui s’attachent au rang, au degré de fortune, à la charge, à la tradition, au nom, au métier. Tout cela es
1913 a tout Français pour les allusions, les tournures de langage convenues, les « façons » discrètes qui mettent ou qui remett
1914 un à son rang. Et le Français veut bien se vanter d’ une telle finesse. Jusqu’au moment toutefois où il s’agit de confronte
1915 e finesse. Jusqu’au moment toutefois où il s’agit de confronter ses coutumes avec son idéal, car rien n’est plus contradic
1916 moyen, né social, et décidé à le rester, a besoin d’ affirmer hautement qu’il est égalitaire. C’est à peine paradoxal, c’es
1917 se met à légiférer pratiquement sur le fondement de cette égalité abstraite. Car toutes les lois que l’on édicte alors (é
1918 ar toutes les lois que l’on édicte alors (égalité de droits) contredisent aux coutumes dont on vit (inégalité de fait). Et
1919 contredisent aux coutumes dont on vit (inégalité de fait). Et si, d’une part, elles satisfont aux exigences de la raison,
1920 Et si, d’une part, elles satisfont aux exigences de la raison, ou à certaine idée d’une « dignité » de l’homme, d’autre p
1921 nt aux exigences de la raison, ou à certaine idée d’ une « dignité » de l’homme, d’autre part elles entravent le cours habi
1922 e la raison, ou à certaine idée d’une « dignité » de l’homme, d’autre part elles entravent le cours habituel de la vie. El
1923 e, d’autre part elles entravent le cours habituel de la vie. Elles créent une aigreur permanente, surtout sensible dans la
1924 la petite bourgeoisie. L’Évangile ne parle jamais d’ égalité. Il dit simplement que les premiers seront les derniers, et le
1925 s, et les derniers les premiers — dans le Royaume de Dieu. Il adresse à chaque homme une vocation : là s’arrête son égalit
1926  : là s’arrête son égalitarisme. Car il n’y a pas de comparaison possible, pas d’égalité humaine concevable entre deux voc
1927 me. Car il n’y a pas de comparaison possible, pas d’ égalité humaine concevable entre deux vocations, une fois qu’elles son
1928 ns, une fois qu’elles sont reçues et qu’il s’agit de les réaliser. Mais les hommes ont grand-peur de se « différencier » d
1929 t de les réaliser. Mais les hommes ont grand-peur de se « différencier » de cette façon. À cet égard, l’égalitarisme moral
1930 les hommes ont grand-peur de se « différencier » de cette façon. À cet égard, l’égalitarisme moral a misé sur la lâcheté
1931 a misé sur la lâcheté humaine. C’est le contraire d’ un idéal. Perspectives (I) Si l’Amérique se soviétise à son tour
1932 vingt ans tombe sous la domination des compagnies d’ assurances étatisées, notre chance « personnaliste » reste entière. Ou
1933 rsonnaliste » reste entière. Ou plutôt elle cesse d’ être une chance pour devenir la seule chance humaine de l’humain. La p
1934 e une chance pour devenir la seule chance humaine de l’humain. La personne deviendra la revendication unique d’un monde pa
1935 in. La personne deviendra la revendication unique d’ un monde par ailleurs comblé de biens qu’il ne saura goûter. Le triomp
1936 vendication unique d’un monde par ailleurs comblé de biens qu’il ne saura goûter. Le triomphe du personnalisme est aussi f
1937 personnalisme est aussi fatal que la continuation de la vie. Pas davantage. Qu’est-ce que la continuation de la vie ? C’es
1938 vie. Pas davantage. Qu’est-ce que la continuation de la vie ? C’est la renaissance permanente d’une élite, aux dépens de l
1939 ation de la vie ? C’est la renaissance permanente d’ une élite, aux dépens de laquelle vivent les hommes, et dont tout le p
1940 e plaisir, tout l’honneur, toute la morale soient de faire vivre ceux-là mêmes qui lui refusent leur reconnaissance. (Mais
1941 moyen imposé par l’État détend tous les ressorts de la création personnelle ? S’il n’y a plus d’élite ? Il n’y aura plus
1942 orts de la création personnelle ? S’il n’y a plus d’ élite ? Il n’y aura plus personne pour s’en plaindre ; mais plus perso
1943 ; mais plus personne non plus pour rien connaître de la nature du litige humain. Nous mourrons de la mort des singes.)
1944 ître de la nature du litige humain. Nous mourrons de la mort des singes.) Perspectives (II) Avantage du personnalism
1945 socialiste n’est pas encore imaginable. Il dépend d’ un ensemble économique qui n’a jamais été réalisé. Car le plan quinque
1946 L’avènement du régime idéal demandera des siècles de travail, de sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’
1947 du régime idéal demandera des siècles de travail, de sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’Europe qui n
1948 emandera des siècles de travail, de sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’Europe qui n’a pas attendu po
1949 fices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’ Europe qui n’a pas attendu pour vivre la permission du marxisme orthod
1950 ons eu, depuis dix ans, comme une première vision d’ un style de vie personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de l
1951 uis dix ans, comme une première vision d’un style de vie personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de la force et
1952 personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de la force et du risque. Elle rit bien. Elle n’a pas ce sérieux engourd
1953 ler en prison, se taire, négliger les précautions d’ usage, épouser par amour, faire scandale sans épiloguer, là où il faut
1954 sans épiloguer, là où il faut, mépriser, admirer. D’ une manière générale, elle admire plutôt les « caractères » que les dé
1955 que les députés ou les littérateurs. Elle a plus de dureté et plus de chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise d’après-gu
1956 u les littérateurs. Elle a plus de dureté et plus de chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise d’après-guerre. Elle ne va p
1957 rateurs. Elle a plus de dureté et plus de chaleur d’ âme que la jeunesse bourgeoise d’après-guerre. Elle ne va plus à la re
1958 plus de chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise d’ après-guerre. Elle ne va plus à la recherche du bonheur, elle ne s’eff
1959 qu’elle est en train de se créer un nouveau style de vie. Prendre ses responsabilités, c’est renoncer à justifier ses acte
1960 ens fort et littéral, s’autoriser dans l’exercice d’ une vocation incomparable. Un trait peut-être résume tous les autres :
1961 jeunesse reste sobre devant la mort, à la mesure de sa violence devant la vie. Sobre et prodigue. Grattez un peu le confo
1962 retrouverez ce visage, cette allure, ce sentiment de la vie immédiate que vous voyez grandir dans les nouvelles génération
1963 vous voyez grandir dans les nouvelles générations de France et d’Angleterre. Est-ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen
1964 andir dans les nouvelles générations de France et d’ Angleterre. Est-ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen ? Aventur
1965 ons de France et d’Angleterre. Est-ce l’avènement d’ un nouvel Ordre européen ? Aventures ? La révolution n’est pas u
1966 n n’est pas une aventure. Elle est la réalisation d’ une doctrine de l’homme véritable. La révolution n’est pas un mythe, m
1967 aventure. Elle est la réalisation d’une doctrine de l’homme véritable. La révolution n’est pas un mythe, mais une action
1968 être atteints sans nulle émeute, sans nul emploi de la violence, la révolution serait pure, — si pure qu’elle en deviendr
1969 n humanité totale que là où il se montre créateur de lui-même. Non, ce n’est point un « homme nouveau » que la révolution
1970 n « homme nouveau » que la révolution fait sortir de nos ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré d’un régime qui l
1971 s ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré d’ un régime qui le déshumanise, et dénudé de son hypocrisie bourgeoise.
1972 Délivré d’un régime qui le déshumanise, et dénudé de son hypocrisie bourgeoise. Une révolution qui part à l’aventure about
1973 t au risque pour le risque ! La conclusion fatale de leur désespoir s’appelle toujours l’État totalitaire. Pessimisme a
1974 simisme actif Quand on part pour une promenade de deux heures, on est fatigué au bout de la première heure. Quand on pa
1975 la première heure. Quand on part pour une course de dix-huit heures, on n’est fatigué que vers la cinquième heure. Vers l
1976 fatigue s’étale, devient beaucoup moins sensible. De la huitième à la dixième heure, par exemple, elle est loin d’augmente
1977 me à la dixième heure, par exemple, elle est loin d’ augmenter autant que de la première à la deuxième heure d’une promenad
1978 par exemple, elle est loin d’augmenter autant que de la première à la deuxième heure d’une promenade de deux heures. Voilà
1979 ter autant que de la première à la deuxième heure d’ une promenade de deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alp
1980 e la première à la deuxième heure d’une promenade de deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alpinistes et de to
1981 romenade de deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alpinistes et de tous ceux qui ont fait des voyages à pied.
1982 oilà qui est bien connu de tous les alpinistes et de tous ceux qui ont fait des voyages à pied. Cela ne peut pas être expl
1983 n total indécomposable, et que l’effort le mesure d’ avance et à chaque moment, comme tel, c’est-à-dire comme un tout. C’es
1984 vous dise : partez pour une course qui n’aura pas de fin, puisque vous devrez marcher jusqu’à votre mort, sans nul espoir
1985 evrez marcher jusqu’à votre mort, sans nul espoir d’ atteindre le but ! (Ce but étant caché dans la mort même.) L’incroyant
1986 royant — celui qui ne croit pas au but — refusera de partir, ou tentera de se suicider. Le croyant au contraire trouvera d
1987 croit pas au but — refusera de partir, ou tentera de se suicider. Le croyant au contraire trouvera des forces infinies dan
1988 mort », portant en lui à chaque moment la mesure d’ un effort infini. 64. Cela signifie : une vocation concrète, non pa
1989 ion du Christ, opposée à sa réprobation. Elle n’a de sens que par rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’être pa
1990 on. Elle n’a de sens que par rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’être pauvre pour être heureux, mais il s’agi
1991 ar rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’ être pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui
1992 s d’être pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’ obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se plaire. 66. Par ce plus q
1993 our être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se plaire. 66. Par ce plus qui est le contenu
1994 il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se plaire. 66. Par ce plus qui est le contenu paradoxal de la revend
1995 re. 66. Par ce plus qui est le contenu paradoxal de la revendication d’égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle es
1996 qui est le contenu paradoxal de la revendication d’ égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle est donc liée à l’insa
1997 la revendication d’égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle est donc liée à l’insatisfaction. Curieuse incompatibil
1998 on. Curieuse incompatibilité, dans l’état actuel, de la mystique du bonheur et de celle du progrès. Le bonheur est une mys
1999 dans l’état actuel, de la mystique du bonheur et de celle du progrès. Le bonheur est une mystique de droite, le progrès u
2000 de celle du progrès. Le bonheur est une mystique de droite, le progrès une mystique de gauche.
2001 t une mystique de droite, le progrès une mystique de gauche.
19 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIV. Tactique personnaliste
2002 te la moindre réflexion : ils tiennent les moyens de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient de gauche, du c
2003 tiennent les moyens de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous le
2004 tion pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les mêm
2005 e ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les mêmes formations de combat,
2006 , nous les voyons préconiser les mêmes formations de combat, exciter des passions sans rapport aux idéaux qu’il s’agit d’i
2007 des passions sans rapport aux idéaux qu’il s’agit d’ imposer — et ce sont les mêmes passions —, discourir dans les mêmes li
2008 nt pas leurs moyens ; secundo : qu’ils se moquent de ces fins, quelles que soient, par ailleurs, leur conviction et leur s
2009 dés sur cette erreur commune, ils nous reprochent d’ être sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de
2010 nous reprochent d’être sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent
2011  » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent en effet d’autre force que la passio
2012 rs : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent en effet d’ autre force que la passion électorale. Si nous briguions leurs avantag
2013 core qu’ils ne le croient ; mais, comme il s’agit d’ autre chose, comme il s’agit précisément pour nous de purifier le mond
2014 utre chose, comme il s’agit précisément pour nous de purifier le monde de leurs moyens et de leurs idéaux, cette critique
2015 s’agit précisément pour nous de purifier le monde de leurs moyens et de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est
2016 pour nous de purifier le monde de leurs moyens et de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est naïve. Quand on tra
2017 lle dans le médiocre, on aurait tort, évidemment, de raffiner sur la technique. Les moyens n’ont pas d’importance quand le
2018 e raffiner sur la technique. Les moyens n’ont pas d’ importance quand les fins sont mal définies. Mais nous visons des buts
2019 ne faut pas épauler au hasard. Le grand problème de la pensée personnaliste est désormais de créer une tactique déduite d
2020 problème de la pensée personnaliste est désormais de créer une tactique déduite de la nature de la personne en acte. Pou
2021 liste est désormais de créer une tactique déduite de la nature de la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous di
2022 ormais de créer une tactique déduite de la nature de la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous disons que la f
2023 te de la nature de la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous disons que la force, l’autorité valable et le pou
2024 , l’autorité valable et le pouvoir sont l’apanage de la personne, en fin de compte, et non du nombre. On s’imagine volonti
2025 , des personnes animées par une certitude qui est de l’ordre du spirituel. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à douter
2026 l. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à douter de lui-même, l’armée n’est plus une arme entre les mains des gouvernants
2027 é qu’il soit, s’écroule, dès lors que le principe de son pouvoir se montre défaillant. Car, en fait comme en droit, le pou
2028 le pouvoir appartient à ceux qui savent témoigner de la plus grande violence spirituelle. L’exemple récent de l’Allemagne
2029 lus grande violence spirituelle. L’exemple récent de l’Allemagne le prouve. Schleicher et la République de Weimar disposai
2030 hitlérien. On pourrait sans difficulté multiplier de tels exemples. Et le moindre ne serait pas celui du régime kérenskyst
2031 rsé presque sans coup férir par quelques milliers de bolchéviques mal armés, mais bien dirigés. Sur le plan de la tactique
2032 éviques mal armés, mais bien dirigés. Sur le plan de la tactique révolutionnaire, il faut traduire « pouvoir de la personn
2033 tique révolutionnaire, il faut traduire « pouvoir de la personne » par « solidité de la doctrine ». Je m’aiderai ici d’une
2034 raduire « pouvoir de la personne » par « solidité de la doctrine ». Je m’aiderai ici d’une image autorisée, me semble-t-il
2035 par « solidité de la doctrine ». Je m’aiderai ici d’ une image autorisée, me semble-t-il, par toute l’histoire des révoluti
2036 jugements et des décisions, c’est toujours autour d’ un petit noyau solide et fixe que s’opère le rassemblement. En d’autre
2037 voqué lui-même l’insurrection.   La première arme d’ une révolution véritable, c’est la doctrine de l’ordre qu’elle entend
2038 rme d’une révolution véritable, c’est la doctrine de l’ordre qu’elle entend établir. Doctrine et tactique sont absolument
2039 ge certaines opportunités imprévues, il n’y a pas d’ exemples que les buts de la Révolution ne soient du même coup trahis.
2040 s imprévues, il n’y a pas d’exemples que les buts de la Révolution ne soient du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalini
2041 Révolution ne soient du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalinienne est très typique. La dictature « de transition » f
2042 URSS stalinienne est très typique. La dictature «  de transition » fut installée au lendemain de la révolution d’Octobre po
2043 ture « de transition » fut installée au lendemain de la révolution d’Octobre pour assurer provisoirement le régime nouveau
2044 ion » fut installée au lendemain de la révolution d’ Octobre pour assurer provisoirement le régime nouveau dans des positio
2045 préparées. Cette tactique, infidèle au but final de la doctrine de Marx (an-archique), n’a pas tardé à poser des problème
2046 te tactique, infidèle au but final de la doctrine de Marx (an-archique), n’a pas tardé à poser des problèmes pratiques tou
2047 i urgents que la doctrine, toujours ajournée sous d’ excellents prétextes, a fini par perdre toute sa virulence. La révolut
2048 t ses objectifs véritables, s’égare sur des voies de garage qui conduisent à l’État totalitaire. La force véritable d’un g
2049 nduisent à l’État totalitaire. La force véritable d’ un groupe restreint numériquement réside tout entière dans sa bonne co
2050 dans la cohésion, la lucidité et l’intransigeance de ses constructions, de ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’
2051 ucidité et l’intransigeance de ses constructions, de ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’est et ne peut être ri
2052 propre à un tel groupe n’est et ne peut être rien d’ autre que l’actualisation de sa doctrine. Avant de proposer quelques m
2053 et ne peut être rien d’autre que l’actualisation de sa doctrine. Avant de proposer quelques maximes tactiques déduites de
2054 t de proposer quelques maximes tactiques déduites de notre position personnaliste, il n’est pas inutile de formuler quelqu
2055 otre position personnaliste, il n’est pas inutile de formuler quelques remarques sur la valeur générale — indépendante du
2056 générale — indépendante du contenu particulier — d’ une doctrine révolutionnaire. 1° La doctrine situe les faits au fur et
2057 1° La doctrine situe les faits au fur et à mesure de leur apparition. Elle constitue le sûr appui grâce auquel on peut rés
2058 appui grâce auquel on peut résister au choc moral de la surprise. Dans la panique générale, dans le désordre inévitable, e
2059 , dans le désordre inévitable, elle est la pierre de touche de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent seront les seuls
2060 désordre inévitable, elle est la pierre de touche de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent seront les seuls à demeure
2061 ent tout seuls et dans tous les sens — mais celle d’ un regard précis, d’une visée ferme ; 2° La doctrine d’un groupe révol
2062 ns tous les sens — mais celle d’un regard précis, d’ une visée ferme ; 2° La doctrine d’un groupe révolutionnaire n’est pas
2063 regard précis, d’une visée ferme ; 2° La doctrine d’ un groupe révolutionnaire n’est pas seulement théorique, elle est auss
2064 e conscience. C’est là, dit-on, l’aspect primaire de toute doctrine militante. Qu’importe, si les buts de la révolution so
2065 toute doctrine militante. Qu’importe, si les buts de la révolution sont assez hauts ? Les revendications de la majorité de
2066 révolution sont assez hauts ? Les revendications de la majorité des hommes sont courtes, et trop souvent mal exprimées. C
2067 et trop souvent mal exprimées. C’est la doctrine de la révolution qui les rassemble, les oriente et leur donne à la fois
2068 lution véritable. La doctrine est seule créatrice d’ une liberté que l’homme des rues reste incapable de forger avec toute
2069 ’une liberté que l’homme des rues reste incapable de forger avec toute sa brutalité, ses injustices et ses colères désordo
2070 sure toujours l’imperfection du travail doctrinal de la révolution. À cet égard, on peut bien dire que la doctrine est ins
2071 on peut bien dire que la doctrine est instrument de paix, au moins autant que de rénovation : à condition qu’on ne l’oubl
2072 trine est instrument de paix, au moins autant que de rénovation : à condition qu’on ne l’oublie pas en route, et qu’on sac
2073 ragiquement cette thèse. Que se passait-il, place de la Concorde, au moment où les gardes mobiles s’ébranlèrent ? Pour rés
2074 ule, je dirai que ce fut le choc des « défenseurs de l’ordre » (les Anciens Combattants) et des gardiens de l’ordre. De pa
2075 ordre » (les Anciens Combattants) et des gardiens de l’ordre. De part et d’autre, une conception très vague de l’ordre ; d
2076 Anciens Combattants) et des gardiens de l’ordre. De part et d’autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’
2077 mbattants) et des gardiens de l’ordre. De part et d’ autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’autre, aucu
2078 re. De part et d’autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine coh
2079 t d’autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine cohérente et luc
2080 une conception très vague de l’ordre ; de part et d’ autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine cohérente et lucide. Les un
2081 ommander. Attaque improvisée, mauvaise conscience de la défense : trente morts attestent cette double carence. Maximes
2082 morts attestent cette double carence. Maximes d’ une tactique personnaliste 1. Il faut déduire les moyens de la fin.
2083 ue personnaliste 1. Il faut déduire les moyens de la fin. (Les communistes russes sont prisonniers d’une maxime inverse
2084 la fin. (Les communistes russes sont prisonniers d’ une maxime inverse.) 2. Ne rien utiliser qui n’ait déjà sa place prévu
2085 Condamnation des partis, du Parlement, des moyens de propagande de masses, etc. Méfiance méthodique à l’égard de toute cen
2086 es partis, du Parlement, des moyens de propagande de masses, etc. Méfiance méthodique à l’égard de toute centrale bureaucr
2087 égard de toute centrale bureaucratique. Nécessité d’ un certain puritanisme, etc.) 3. Un chef doit être pauvre et savoir q
2088 lit. (Si cela est admis, il n’est plus nécessaire de beaucoup discourir sur les autres vertus morales.) 4. Mieux vaut un c
2089 le dont dépendra la décision. On parle volontiers de ces fameux « impondérables », et l’on persiste néanmoins à travailler
2090 t une mise en ordre. Cela signifie que la période de transition au nouvel état social est dès maintenant inaugurée, à l’in
2091 conduisent fatalement à stabiliser la « dictature de transition » et, de la sorte, elles étranglent la révolution dès ses
2092 t à stabiliser la « dictature de transition » et, de la sorte, elles étranglent la révolution dès ses premiers succès.) 6.
2093 ses premiers succès.) 6. Les « centres nerveux » d’ un pays, dont il s’agit de se rendre maître, ne sont pas seulement ceu
2094 Les « centres nerveux » d’un pays, dont il s’agit de se rendre maître, ne sont pas seulement ceux du régime actuel, mais s
2095 s.) 7. Ce n’est pas la masse informe qu’il s’agit d’ émouvoir, mais il nous faut atteindre des hommes, un à un, — et les fo
2096 personnes responsables, chacune pour son compte, de postes définis.) Le combat singulier La troupe d’assaut reste l
2097 tes définis.) Le combat singulier La troupe d’ assaut reste l’expression adéquate d’une méthode de gouvernement antip
2098 La troupe d’assaut reste l’expression adéquate d’ une méthode de gouvernement antipersonnaliste, démocratique au mauvais
2099 ’assaut reste l’expression adéquate d’une méthode de gouvernement antipersonnaliste, démocratique au mauvais sens du terme
2100 sme pourrait revendiquer à juste titre l’épithète de « démocratique », si le mot n’était perverti par l’usage qu’en ont fa
2101 ge qu’en ont fait les individualistes.) La troupe d’ assaut et la brigade de choc sont instruments de dictature. L’ordre no
2102 ndividualistes.) La troupe d’assaut et la brigade de choc sont instruments de dictature. L’ordre nouveau sera l’œuvre d’un
2103 e d’assaut et la brigade de choc sont instruments de dictature. L’ordre nouveau sera l’œuvre d’un « ordre » analogue aux a
2104 uments de dictature. L’ordre nouveau sera l’œuvre d’ un « ordre » analogue aux anciens ordres de chevalerie. Son honneur :
2105 ’œuvre d’un « ordre » analogue aux anciens ordres de chevalerie. Son honneur : le combat singulier. C’est-à-dire la conquê
2106 dans leur situation particulière. L’établissement de relations concrètes d’homme à homme, de prochain à prochain. Ordre pa
2107 ticulière. L’établissement de relations concrètes d’ homme à homme, de prochain à prochain. Ordre pauvre : sa seule richess
2108 lissement de relations concrètes d’homme à homme, de prochain à prochain. Ordre pauvre : sa seule richesse consistant à sa
2109 ue le monde n’est jamais plus fort qu’une volonté de pauvreté. Pauvre, mais d’une pauvreté qui ne se mesure pas à l’aune d
2110 lus fort qu’une volonté de pauvreté. Pauvre, mais d’ une pauvreté qui ne se mesure pas à l’aune des bourgeois, qui se révèl
2111 des bourgeois, qui se révèle par les témoignages de la liberté qu’elle assure. Ordre secret et fraternel au milieu de la
20 1934, Politique de la personne. Appendice — 1. Liberté ou chômage ?
2112 ail, ou la superstition du loisir — c’est affaire d’ accent mis sur le premier ou sur le second membre de la phrase —, ce c
2113 accent mis sur le premier ou sur le second membre de la phrase —, ce cri est significatif de l’étrange équivoque cultivée
2114 nd membre de la phrase —, ce cri est significatif de l’étrange équivoque cultivée par la bourgeoisie capitaliste. De cette
2115 quivoque cultivée par la bourgeoisie capitaliste. De cette équivoque, sans doute pensa-t-elle jusqu’à la guerre pouvoir re
2116 mps la dernière à souffrir. Elle risque cependant de se voir bientôt réveillée par une brutalité dont elle est entièrement
2117 sait en 1933 à quel morne cauchemar aux sursauts de mitraille conduisent ces deux revendications confusément mêlées dans
2118 es citadines. Nous ne manquerons aucune occasion de critiquer dans cette revue68 la morale du travail sur laquelle le mon
2119 sans cesse l’hypocrisie plus ou moins consciente de cette morale, que le soviétisme est en train de rajeunir, Staline pre
2120 rajeunir, Staline prenant glorieusement la suite de Benjamin Franklin. Pour cette fois, utilisant un exemple que l’angois
2121 r cette fois, utilisant un exemple que l’angoisse de l’heure rend particulièrement concret, celui du chômage, bornons-nous
2122 , bornons-nous à montrer les conséquences fatales d’ une erreur à peu près universelle. ⁂ Le terme de « travailleur » est d
2123 s d’une erreur à peu près universelle. ⁂ Le terme de « travailleur » est devenu dans le monde moderne à peu près synonyme
2124 devenu dans le monde moderne à peu près synonyme de travailleur industriel. Le « travailleur » des réunions électorales,
2125 lleur » des réunions électorales, c’est l’ouvrier d’ usine, l’homme lié à la machine. Cette assimilation en dit long sur la
2126 ressortir le paradoxe. En effet, quel est le but de la machine ? Une économie de travail. Le machinisme est, en principe,
2127 fet, quel est le but de la machine ? Une économie de travail. Le machinisme est, en principe, destiné à créer du loisir, d
2128 tte société n’accorde pas au loisir, but secret69 de la plupart de ses membres, la dignité morale qu’elle attribue au trav
2129 rt à créer des possibilités toujours plus grandes de loisir. C’est pourquoi elle est condamnée à une espèce de dégradation
2130 r. C’est pourquoi elle est condamnée à une espèce de dégradation, dans la mesure même où son effort pratique aboutit : au
2131 où son effort pratique aboutit : au lieu de créer de la liberté, le machinisme crée du chômage. Ce paradoxe est lié à l’es
2132 du chômage. Ce paradoxe est lié à l’essence même de la société capitaliste-bourgeoise. On pouvait prévoir ses effets dès
2133 absorbés par des activités nouvelles. À la faveur de l’optimisme puéril qui caractérise le xixe siècle, capitalistes et i
2134 — comme se l’imaginent aujourd’hui les brigadiers de choc — que, le domaine de la production étant illimité, il n’y avait
2135 ourd’hui les brigadiers de choc — que, le domaine de la production étant illimité, il n’y avait pas lieu de prévoir sérieu
2136 production étant illimité, il n’y avait pas lieu de prévoir sérieusement le moment où, une certaine limite d’absorption é
2137 ir sérieusement le moment où, une certaine limite d’ absorption étant atteinte, le machinisme développerait son pouvoir rée
2138 nte, le machinisme développerait son pouvoir réel de « libération ». La liberté fait plus peur qu’envie au commun des mort
2139 purement théorique, on la célébrait, sous le nom de Progrès, comme une possibilité perpétuellement future. Le jour où ell
2140 é perpétuellement future. Le jour où elle a cessé d’ être illusoire, on s’est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage,
2141 elle a cessé d’être illusoire, on s’est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage, telle est la véritable fin, tel est
2142 bourgeois ou « quinquennal ». Il n’y aura jamais de liberté possible, efficace, pratique, que dans un monde où le spiritu
2143 régime capitaliste. Si nous examinons les courbes d’ accroissement de la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons
2144 te. Si nous examinons les courbes d’accroissement de la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascens
2145 rbes d’accroissement de la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascension est relativement lente et
2146 lente et passe, par exemple, pour les États-Unis, de l’index 100 en 1899 à l’index 104 en 191970. Durant toute cette pério
2147 en 191970. Durant toute cette période, la courbe de la production poursuit une ascension à peu près parallèle, de même qu
2148 diquant le nombre des employés. Il n’y a pas lieu de douter du Progrès. Il y a plutôt lieu d’augmenter les salaires, preuv
2149 pas lieu de douter du Progrès. Il y a plutôt lieu d’ augmenter les salaires, preuves grossières et démagogiques de l’excell
2150 les salaires, preuves grossières et démagogiques de l’excellence d’un système dont il importe que les victimes ne mettent
2151 reuves grossières et démagogiques de l’excellence d’ un système dont il importe que les victimes ne mettent jamais en quest
2152 ue réservait l’année 1921. Reprenons notre courbe de productivité. À partir de 1921, et sans qu’aucun fait nouveau puisse
2153 é qui tient du fantastique. L’index général passe de 104 en 1919 à 125 en 1923. Si l’on considère l’une après l’autre les
2154 e. En prenant pour base l’année la plus favorable de la période précédente, c’est-à-dire 1914, on passe ainsi pour la méta
2155 -à-dire 1914, on passe ainsi pour la métallurgie, de 100 en 1914 à 159 en 1925 ; pour le pétrole, de 100 à 183 ; enfin pou
2156 , de 100 en 1914 à 159 en 1925 ; pour le pétrole, de 100 à 183 ; enfin pour le caoutchouc, de 100 à 311. D’un tel fait, qu
2157 pétrole, de 100 à 183 ; enfin pour le caoutchouc, de 100 à 311. D’un tel fait, qu’on peut bien dire sans précédent dans l’
2158 0 à 183 ; enfin pour le caoutchouc, de 100 à 311. D’ un tel fait, qu’on peut bien dire sans précédent dans l’histoire de no
2159 ’on peut bien dire sans précédent dans l’histoire de notre civilisation, et que son apparence irrationnelle devrait contri
2160 oudrais insister maintenant que sur son caractère de jugement du système. Les circonstances actuelles y prêtent, il faut l
2161 re plus qu’il ne serait nécessaire pour la clarté de la démonstration. Car si le chômage technologique provoqué par l’augm
2162 30, dans une mesure à vrai dire décroissante, par de multiples facteurs temporaires71 qui en masquent les effets statistiq
2163 guère que depuis trois ou quatre ans que le saut de 1921 déploie tout son pouvoir « libérateur ». Et voici le capitalisme
2164 dustriel, placé soudain devant le succès inespéré de ses efforts techniques, qui prend peur et porte lui-même les première
2165 partout la rationalisation et rachète les brevets d’ invention comme autant d’emplâtres à coller sur sa jambe de bois. On s
2166 n et rachète les brevets d’invention comme autant d’ emplâtres à coller sur sa jambe de bois. On se demande, non sans scept
2167 on comme autant d’emplâtres à coller sur sa jambe de bois. On se demande, non sans scepticisme d’ailleurs, s’il admettra u
2168 ra un jour qu’il conviendrait aussi, par exemple, de faire sauter le tabou du profit, lequel ne tarderait pas à entraîner
2169 ait pris une conscience vraiment révolutionnaire de son vice interne, vice qui affecte dès l’origine sa conception de la
2170 rne, vice qui affecte dès l’origine sa conception de la valeur du travail et, conséquemment, du loisir. Il ne semble pas q
2171 , associée à une conception purement quantitative de l’activité, n’est plus une mystique de classe : elle est devenue quas
2172 antitative de l’activité, n’est plus une mystique de classe : elle est devenue quasi universelle. Que le « travailleur » s
2173 ière inerte, une quantité calculable, justiciable de la statistique, qu’on puisse en couper (ou en remettre si l’on est en
2174 est en URSS) selon les seules nécessités internes de la production machiniste, et comme s’il s’agissait d’une espèce de ma
2175 a production machiniste, et comme s’il s’agissait d’ une espèce de macaroni informe, voilà qui ne scandalise les masses qu’
2176 machiniste, et comme s’il s’agissait d’une espèce de macaroni informe, voilà qui ne scandalise les masses qu’à partir du j
2177 onstitue au contraire la contre-épreuve éclatante de ce que nous venons d’avancer : parce que le champ d’absorption est lo
2178 la contre-épreuve éclatante de ce que nous venons d’ avancer : parce que le champ d’absorption est loin d’être couvert en R
2179 ce que nous venons d’avancer : parce que le champ d’ absorption est loin d’être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre
2180 vancer : parce que le champ d’absorption est loin d’ être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde aux mach
2181 à tous bouche bée devant la plus inhumaine erreur de l’Histoire. Tout a commencé par les philosophes, le jour où, à la per
2182 nne créatrice, ils ont substitué pour les besoins de leurs systèmes l’individu abstrait, l’atome désigné par un chiffre et
2183 trait, l’atome désigné par un chiffre et dépourvu de résistance active. Alors le travail créateur, seul travail qui n’impl
2184 la négation du loisir, qui ne vide pas le loisir de toute signification positive mais bien au contraire en figure la plén
2185 travail véritable a fait place dans les desseins de l’homme au labeur qu’on mesure et tarife. Et l’on s’est mis à calcule
2186 l’infini. Du peuple on a fait une masse, — comme de la personne un numéro. De la patrie on a fait la nation, — et des att
2187 fait une masse, — comme de la personne un numéro. De la patrie on a fait la nation, — et des attachements humains, des cha
2188 ciales. Du travailleur on a fait un salarié, — et de sa liberté on a fait le chômage. Mais la misère présente est un appel
2189 pleine efficacité ceux pour lesquels il n’est pas de salut hors de cette réalité perpétuellement réparatrice et proprement
2190 que du travail quantitatif tend à vider le loisir de tout contenu concret. 70. Après avoir touché à 107 en 1914. Nous uti
2191 Economic Service. 71. Tels que l’accroissement de l’embauche dans le bâtiment, la construction des voies de communicati
2192 auche dans le bâtiment, la construction des voies de communication, ou la création d’innombrables industries, accessoires
2193 uction des voies de communication, ou la création d’ innombrables industries, accessoires de celle de l’automobile. 72. Ca
2194 a création d’innombrables industries, accessoires de celle de l’automobile. 72. Car la protestation contre le scandale du
2195 n d’innombrables industries, accessoires de celle de l’automobile. 72. Car la protestation contre le scandale du profit p
2196 n contre le scandale du profit patronal s’émousse d’ autant plus que la misère grandit. C’est une des leçons de la crise.
2197 plus que la misère grandit. C’est une des leçons de la crise. 73. Nos écrivains courent admirer là-bas la fabrication d’
2198 s écrivains courent admirer là-bas la fabrication d’ une casserole en treize minutes. — « Nous ferons mieux que l’Amérique 
21 1934, Politique de la personne. Appendice — 2. Loisir ou temps vide ?
2199 dernier mérite et conditionne le « matérialisme » de ce siècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière
2200 isme » de ce siècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière dénature et dégrade à la fois l’esprit et l
2201 ècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière dénature et dégrade à la fois l’esprit et la matière, et r
2202 s l’esprit et la matière, et risque, à la limite, de les priver de toute raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement,
2203 la matière, et risque, à la limite, de les priver de toute raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corrupt
2204 isque, à la limite, de les priver de toute raison d’ être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle
2205 raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle des loisirs est née la présente corruption
2206  : « je turbine » ou « je ne fous rien ». Phrases d’ esclaves, consternante misère : une misère qui nous rabat au sol. L’h
2207 joie. Une totalité. Et s’il divise alors le temps de ses journées, c’est pour mieux dominer ses moyens. Selon sa loi. Mais
2208 roduis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’iso
2209 en « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’isolement et d’imp
2210 autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’isolement et d’impuissance. La division de no
2211 uptures et de séparations hargneuses, de constats d’ injustice, d’isolement et d’impuissance. La division de nos journées e
2212 séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’ isolement et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de
2213 rgneuses, de constats d’injustice, d’isolement et d’ impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 h
2214 ustice, d’isolement et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dér
2215 uissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des rythmes cr
2216 e nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des rythmes créateurs. Elle exprime s
2217 ateurs. Elle exprime simplement l’état accidentel d’ un conflit absurde entre deux opérations dont nous avons perdu le cont
2218 en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remet
2219 onymes naissent et grandissent à la mesure exacte de nos démissions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie
2220 missions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie, de l’histoire. Lorsque l’homme renonce à créer, son « tra
2221 nelles : genèse des mythiques lois de l’économie, de l’histoire. Lorsque l’homme renonce à créer, son « travail » n’est pl
2222 il » n’est plus que souffrance. Il ne s’agit plus d’ accoucher, mais seulement de purger sa peine. C’est alors qu’un Frankl
2223 ce. Il ne s’agit plus d’accoucher, mais seulement de purger sa peine. C’est alors qu’un Franklin, qu’un Guizot, qu’un Stal
2224 t cette démission en dignité nouvelle. La dignité de l’homme consisterait, dit-on, dans le travail qu’il fournit pour « ga
2225 ieure. Les singes gagnent leur vie et ne font pas d’ histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinquennaux.
2226 d’histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinquennaux. Leurs moyens sont plus simples, plus élégants. Ni
2227 n a voulu mettre l’esprit au service du « minimum de vie » que n’importe quel animal s’assure à moins de frais. Sinistre f
2228 vie » que n’importe quel animal s’assure à moins de frais. Sinistre farce. Morale officielle de la Troisième République,
2229 moins de frais. Sinistre farce. Morale officielle de la Troisième République, de l’Amérique et des Soviets. Nous croyons i
2230 ce. Morale officielle de la Troisième République, de l’Amérique et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’homme
2231 e et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’homme consiste à mettre en jeu sa vie, à la risquer jusqu’à la perd
2232 vie, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre se
2233 e nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’ autre sens pour nous. Bourgeois et marxistes partent de la nécessité
2234 e sens pour nous. Bourgeois et marxistes partent de la nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons de la liberté du
2235 nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons de la liberté du risque, — c’est peut-être perdre sa vie. Cette oppositi
2236 le, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit de prendre au tragique l’opposition toute relative du communisme et du c
2237 communisme et du capitalisme. ⁂ Ils partent donc de la nécessité. Ils n’arriveront jamais à la liberté, au loisir plein.
2238 loisir plein. Si la liberté n’est pas à l’origine d’ un système, elle ne s’introduira jamais dans ses effets (à moins d’une
2239 e ne s’introduira jamais dans ses effets (à moins d’ une révolution). Mais il y a plus. Tout travail qu’on limite à la néce
2240 a plus. Tout travail qu’on limite à la nécessité d’ assurer le minimum de vie se trouve condamné par là même à ne jamais s
2241 qu’on limite à la nécessité d’assurer le minimum de vie se trouve condamné par là même à ne jamais suffire à cette nécess
2242 s loisir, sans liberté, laisse s’étendre l’empire de la nécessité. On aura beau l’intensifier74 : la tâche grandira d’auta
2243 On aura beau l’intensifier74 : la tâche grandira d’ autant. Et la tristesse. « Le temps Vuide » Il semble que la con
2244 sur le travail-nécessité frappe toutes les règles de vie que l’homme essaie de se donner pour justifier à ses propres yeux
2245 rappe toutes les règles de vie que l’homme essaie de se donner pour justifier à ses propres yeux, voire pour glorifier ce
2246 du cynisme grossier — « Je gagne mon bifteck » — de la morale bourgeoise, et de l’idéalisme socialiste, démocratisation d
2247 gagne mon bifteck » — de la morale bourgeoise, et de l’idéalisme socialiste, démocratisation du confort moyen et de la TSF
2248 e socialiste, démocratisation du confort moyen et de la TSF dans un monde où le libre divertissement de chacun sera la con
2249 e la TSF dans un monde où le libre divertissement de chacun sera la condition du libre abrutissement de tous par la propag
2250 e chacun sera la condition du libre abrutissement de tous par la propagande électorale. Prendre le travail comme point de
2251 agande électorale. Prendre le travail comme point de départ d’un système économique ou d’une culture, c’est vicier à la ba
2252 ctorale. Prendre le travail comme point de départ d’ un système économique ou d’une culture, c’est vicier à la base toutes
2253 comme point de départ d’un système économique ou d’ une culture, c’est vicier à la base toutes les conceptions du loisir q
2254 se toutes les conceptions du loisir qui découlent de cette erreur spirituelle ; et principalement la conception abstraite
2255 . On peut en dater l’origine. Dans l’Encyclopédie de 1765, vous trouverez loisir défini comme « le temps vuide ». Cette no
2256 n reconnaître insuffisante, nous a valu le siècle d’ égarement que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinis
2257 le siècle d’égarement que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’inflation mécanique, si
2258 que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’inflation mécanique, si l’on convient que la
2259 ant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’ inflation mécanique, si l’on convient que la mesure du travail ne peut
2260 être prise ailleurs que dans la capacité humaine d’ utiliser les effets du travail. Mais nous savons le vrai nom du « temp
2261 ps vuide » et c’est chômage. Tout le mal est venu d’ une séparation, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont touj
2262 t chômage. Tout le mal est venu d’une séparation, d’ une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont toujours plus complexe
2263 ant déceler la lâcheté originelle. Car c’est bien d’ un relâchement qu’elle résulte, d’une déficience de cette tension créa
2264 Car c’est bien d’un relâchement qu’elle résulte, d’ une déficience de cette tension créatrice qui seule définit un « temps
2265 ’un relâchement qu’elle résulte, d’une déficience de cette tension créatrice qui seule définit un « temps plein ». En sort
2266 « temps plein ». En sorte que le « temps vuide » de l’Encyclopédie n’est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’
2267 est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’ un temps rempli, d’un travail sans jeu, c’est-à-dire du travail forcé.
2268 emps vidé, irréel renversement d’un temps rempli, d’ un travail sans jeu, c’est-à-dire du travail forcé. (La logique du lan
2269 isirs que ses ancêtres consacraient à la création de leur puissance, du même coup elle décrète « forcé » le travail des cl
2270 décrète « forcé » le travail des classes chargées d’ assurer ce loisir. C’est créer un monde impensable, le nôtre. Car si l
2271 et son but ; si le labeur et le repos n’ont plus de finalité commune ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de tr
2272 n’ont plus de finalité commune ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de travail dans le loisir ; s’il n’y a plus
2273 ne ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de travail dans le loisir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette
2274 sir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette de saisir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité p
2275 s rien dans l’un qui permette de saisir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité pour l’esprit qui les
2276 sir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité pour l’esprit qui les confronte, il n’y a plus que du dés
2277 onnateur, ou révolution La tâche restauratrice de l’esprit, dévolue à notre génération, apparaît maintenant évidente :
2278 irons d’abord l’erreur cartésienne, la séparation de la « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en homm
2279 ur cartésienne, la séparation de la « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en hommes responsables, à p
2280 ommes responsables, à penser dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nou
2281 retrouveront leur commun sens : dans l’actualité de l’être, où ils ne seront plus que les temps alternés d’une plénitude
2282 tre, où ils ne seront plus que les temps alternés d’ une plénitude joyeusement renouvelée. L’homme tendu assume dans ses de
2283 lon sa loi pour créer un risque nouveau. Le temps de cet homme est plein, et nul n’y pourrait distinguer des heures « creu
2284 Est-ce un long loisir créateur ? Un long travail d’ enfantement ? Cela ne va pas sans douleur, non plus que sans volupté.
2285 , et fondent l’œuvre en dignité. Dignité du temps de l’homme. ⁂ Un jour, l’empereur de la Chine fait appeler auprès de lui
2286 ignité du temps de l’homme. ⁂ Un jour, l’empereur de la Chine fait appeler auprès de lui son peintre. « Peins-moi sur ce r
2287 pinceaux. » On fait cela, on déroule une soie. Et d’ un seul trait miraculeux… P.-S. — Cette histoire de la Chine se suffit
2288 ’un seul trait miraculeux… P.-S. — Cette histoire de la Chine se suffit. J’aurais pu faire l’économie du reste. Mais nous
2289 spirituelle, notre tâche constructive est d’abord d’ ordre spirituel. Qui dit précédence dit primauté. 2° que dans l’ordre,
2290 eut sauvegarder l’acte créateur, fondement humain de la personne, il faut légiférer à partir de cet acte. Il ne peut sorti
2291 légiférer à partir de cet acte. Il ne peut sortir d’ un système que ce que l’on y met dès l’origine. 74. On aura beau l’
2292 ’origine. 74. On aura beau l’appeler « travail de choc ». Ultime tentative pour faire aimer aux hommes une caricature d
2293 avail créateur, l’émulation socialiste n’est rien d’ autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une échelle
2294 ’est rien d’autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une échelle que Ford n’avait imaginée qu’en rêve, c
2295 maginée qu’en rêve, c’est la tentative désespérée de Staline pour introduire un peu de joie dans une activité qui est la n
2296 e joie dans une activité qui est la négation même de la création ; activité purement « nécessitée » par la révolte de 17,
2297 ; activité purement « nécessitée » par la révolte de 17, qui décréta l’instauration en Russie d’une civilisation américain
2298 volte de 17, qui décréta l’instauration en Russie d’ une civilisation américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de sa
2299 ivilisation américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de satisfaire les exigences artificielles.
2300 n américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de satisfaire les exigences artificielles.
22 1934, Politique de la personne. Appendice — 3. Groupements personnalistes
2301 3.Groupements personnalistes Le drame de la France politique, c’est la carence du socialisme véritable. L’espr
2302 re a détourné la tradition du socialisme français de ses buts proprement sociaux. Il a fait de la « gauche » un parti néga
2303 rançais de ses buts proprement sociaux. Il a fait de la « gauche » un parti négatif, anticlérical d’abord. Il a créé dans
2304 lancs et rouges s’opposent aujourd’hui exactement de la même manière qu’ils s’opposaient en 1848. Mais le monde a changé d
2305 nçais porte deux tares qui l’empêcheront toujours d’ agir et de créer : la mystique parlementaire et le marxisme — l’une tr
2306 e deux tares qui l’empêcheront toujours d’agir et de créer : la mystique parlementaire et le marxisme — l’une trop françai
2307 ique dans une large mesure l’impuissance du parti de gauche à penser le monde moderne et la situation concrète de la Franc
2308 penser le monde moderne et la situation concrète de la France en termes révolutionnaires et politiquement créateurs. Deva
2309 se cherche une tradition, plutôt que des modèles d’ importation récente. Il ne faut pas oublier que la France est le pays
2310 France est le pays qui a vu le plus grand nombre de révolutions depuis cent-cinquante ans. C’est peut-être qu’elles y éta
2311 s y étaient plus nécessaires qu’ailleurs, du fait de l’échec de la Réforme. Il n’en reste pas moins que, toute bourgeoise
2312 plus nécessaires qu’ailleurs, du fait de l’échec de la Réforme. Il n’en reste pas moins que, toute bourgeoise qu’elle soi
2313 ent que l’on peut fonder raisonnablement l’espoir d’ une rénovation sociale et même culturelle de ce pays. C’est Proudhon,
2314 spoir d’une rénovation sociale et même culturelle de ce pays. C’est Proudhon, et non point Marx, qui sera le prophète d’un
2315 Proudhon, et non point Marx, qui sera le prophète d’ une révolution réellement française et humaine. Proudhon qui s’opposai
2316 Proudhon qui s’opposait à Marx au nom des droits de la personne. Proudhon qui dénonçait, dans le matérialisme historique,
2317 Kierkegaard critiquait chez Hegel cette mécanique de l’histoire qui supprime l’individu, le conflit tragique et la respons
2318 ule vivante encore que peu visible dans la France d’ aujourd’hui, que se placent les « groupes personnalistes ». Anticapita
2319 on brutale du capitalisme en crise. L’originalité de ces groupes réside d’abord dans leur refus absolu de poser les questi
2320 ces groupes réside d’abord dans leur refus absolu de poser les questions par rapport à une droite et à une gauche égalemen
2321 eul refus, ils opèrent déjà ce que le vocabulaire de L’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », — c’est-à-dire un
2322 ulaire de L’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », — c’est-à-dire un acte révolutionnaire. Ils se dressent ainsi
2323 se dressent ainsi contre le préjugé le plus nocif de la mentalité politique française. C’est un volume entier qu’il faudra
2324 u’il faudrait consacrer à la critique des méfaits de ce préjugé, si profondément enraciné dans le sentiment du Français mo
2325 rtout par L’Ordre nouveau auraient conquis déjà d’ innombrables adhésions, si seulement elles s’étaient données pour des
2326 lement elles s’étaient données pour des doctrines de droite ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion senti
2327 s’étaient données pour des doctrines de droite ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion sentimentale que l
2328 ite ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’ adhésion sentimentale que les deux groupes refusent avec rigueur. D’où
2329 ntale que les deux groupes refusent avec rigueur. D’ où les malentendus, parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués de
2330 , parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués de tous côtés. « Petits penseurs qui travaillent pour le fascisme », s’é
2331 marxistes ! » Esprit , de même, se voit qualifié de fasciste par les gauches, et de bolchévique par les droites. Preuve q
2332 se voit qualifié de fasciste par les gauches, et de bolchévique par les droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes d
2333 s droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes de jeunes quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’irréductibl
2334 y a dans ces deux groupes de jeunes quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’irréductible aux vieilles distincti
2335 quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’ irréductible aux vieilles distinctions familières, concrétisées par la
2336 tés dans les travées du Palais-Bourbon. Le Cahier de revendications que publiait en 1932, la Nouvelle Revue française, man
2337 aise, manifesta pour la première fois l’existence de cette « troisième force », non marxiste et anticapitaliste, qui depui
2338 rs s’est précisée et développée. Les deux groupes de tête du mouvement restent à ce jour Esprit et L’Ordre nouveau . Ch
2339 ques refus massifs, refus du capitalisme créateur d’ injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’
2340 efus du capitalisme créateur d’injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme géné
2341 talisme créateur d’injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se m
2342 teur d’injustice sociale, de guerres, de chômage, d’ immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se manifeste jus
2343 de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’ un mercantilisme général qui se manifeste jusque dans le domaine de la
2344 e général qui se manifeste jusque dans le domaine de la pensée ; refus du nationalisme mystique, considéré comme une capta
2345 ystique, considéré comme une captation, au profit de l’État et de la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de
2346 idéré comme une captation, au profit de l’État et de la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de la culture b
2347 inance, du sentiment patriotique originel ; refus de la culture bourgeoise et de la distinction commode qu’elle suppose et
2348 ique originel ; refus de la culture bourgeoise et de la distinction commode qu’elle suppose et implique entre la pensée et
2349 affirmations doctrinales : affirmation des droits de la personne humaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit n
2350 e la personne humaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit normalement leur être subordonné ; affirmation de la
2351 it normalement leur être subordonné ; affirmation de la primauté nécessaire du spirituel (qu’ils définissent d’ailleurs as
2352 ssent d’ailleurs assez diversement) ; affirmation de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation écon
2353 assez diversement) ; affirmation de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne
2354 de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne pas se contenter de réformes part
2355 base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’un n
2356 rganisation économique, et de ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’un nouvel esprit communauta
2357 tenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’ un nouvel esprit communautaire, fondé non pas sur une mystique de race
2358 rit communautaire, fondé non pas sur une mystique de race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabil
2359 nautaire, fondé non pas sur une mystique de race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabilités pers
2360 dé non pas sur une mystique de race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabilités personnelles. Ces
2361 jeunes groupes. Ils indiquent assez la nouveauté de leur point de départ. Alors que les partis aux prises dans la presse
2362 s. Ils indiquent assez la nouveauté de leur point de départ. Alors que les partis aux prises dans la presse évitent avec e
2363 s aux prises dans la presse évitent avec ensemble de poser les questions fondamentales, et se cantonnent dans des luttes p
2364 les, et se cantonnent dans des luttes périmées et de polémiques malhonnêtes, Esprit et L’Ordre nouveau affirment la né
2365 prit et L’Ordre nouveau affirment la nécessité de s’attaquer au problème de l’homme même dans la civilisation mécanique
2366 affirment la nécessité de s’attaquer au problème de l’homme même dans la civilisation mécanique. Ainsi, pour être moins b
2367 me : c’est aux racines du mal qu’ils s’attaquent. D’ où leur force d’entraînement lente et profonde, dont les effets se man
2368 acines du mal qu’ils s’attaquent. D’où leur force d’ entraînement lente et profonde, dont les effets se manifesteront de pl
2369 en plus visiblement à mesure que le développement de la crise confirmera leurs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un poi
2370 urs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un point de départ soit juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ
2371 it juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ se transforme en un simple point de vue, pour le plaisir stéri
2372 érile des clercs bourgeois. C’est ici la question de la tactique qui se pose, en même temps que celle des institutions à c
2373 gent. Qu’est-ce que L’Ordre nouveau  ? Un comité d’ écrivains et de techniciens. Autour de lui prolifèrent des cellules75,
2374 que L’Ordre nouveau  ? Un comité d’écrivains et de techniciens. Autour de lui prolifèrent des cellules75, autant de germ
2375 Autour de lui prolifèrent des cellules75, autant de germes semés dans la diversité des régions et des métiers : germes de
2376 la diversité des régions et des métiers : germes de corporations destinées à faire éclater, par leur développement normal
2377 clater, par leur développement normal, les cadres de l’ordre ancien. Une doctrine rigoureuse, qui s’exprime directement da
2378 ntenant l’ordre nouveau. Le groupe compte éviter, de la sorte autant que possible, l’écueil des révolutions russe et allem
2379 olutions russe et allemande, la fameuse « période de transition » nécessairement dictatoriale et étatiste, dont l’équipeme
2380 ictatoriale et étatiste, dont l’équipement actuel de la France doit permettre l’économie. Le travail critique de L’Ordre
2381 ce doit permettre l’économie. Le travail critique de L’Ordre nouveau , tel qu’on peut le suivre dans la revue qui paraît
2382 la revue qui paraît sous ce titre depuis le mois de mai 1933, est essentiellement orienté vers la création. C’est en vain
2383 pas l’exaspération du ton qui mesure l’efficacité d’ une prise de conscience révolutionnaire. Lieu commun pour cette généra
2384 uctiviste, régionalisme, traduisant cette formule de base : Spirituel d’abord, Économique ensuite, Politique à leur servic
2385 ensuite, Politique à leur service. Il est facile d’ indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans
2386 . Il est facile d’indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, L’Ordre no
2387 ile d’indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, L’Ordre nouveau suspe
2388 engagé dans un conflit concret). Sur cette notion de l’homme actif et créateur, se fondent une analyse du pouvoir et des v
2389 era la première synthèse dans l’ouvrage important d’ Aron et Dandieu : La Révolution nécessaire 77. Sa revendication essent
2390 77. Sa revendication essentielle est l’abolition de la condition prolétarienne par le moyen du service civil de travail.
2391 ition prolétarienne par le moyen du service civil de travail. L’analyse du pouvoir aboutit d’autre part à une conception d
2392 du pouvoir aboutit d’autre part à une conception de l’organisation politique radicalement antiétatiste, fédéraliste, ou m
2393 déraliste, ou mieux communaliste. L’assimilation de la personne à un acte78, tel est donc le fait spirituel, le fait huma
2394 in par excellence auquel l’ordre nouveau rattache d’ une façon immédiate toutes ses institutions. Telle est la « primauté d
2395 e est la « primauté du spirituel » qu’il ne cesse d’ invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoirement, dans cer
2396 l ne cesse d’invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoirement, dans certains cerveaux, les plus graves malente
2397 les plus graves malentendus. (On a cru, ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là que d’un « spiritualisme ». De même, o
2398 u, ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là que d’ un « spiritualisme ». De même, on a trop souvent confondu, et jusque c
2399 un an ont été lancés par l’ON qui a eu l’adresse de ne pas en faire une sorte de propriété privée. Parmi eux, je citerai
2400 N qui a eu l’adresse de ne pas en faire une sorte de propriété privée. Parmi eux, je citerai le « ni droite ni gauche » re
2401 oite ni gauche » repris depuis peu par les ligues d’ anciens combattants (dont l’action sera peut-être décisive l’année pro
2402 ra peut-être décisive l’année prochaine) ; l’idée de la « mission personnaliste de la France », qu’à notre suite, beaucoup
2403 prochaine) ; l’idée de la « mission personnaliste de la France », qu’à notre suite, beaucoup opposent à la mystique des ma
2404 usse ou allemande ; enfin l’idée du service civil de travail, qui pourrait, qui devrait devenir le cheval de bataille des
2405 vail, qui pourrait, qui devrait devenir le cheval de bataille des mouvements de gauche. L’organisation du service civil es
2406 rait devenir le cheval de bataille des mouvements de gauche. L’organisation du service civil est l’objet des études patien
2407 du service civil est l’objet des études patientes d’ un groupe d’ingénieurs qui sont en train de la chiffrer et de la tradu
2408 ivil est l’objet des études patientes d’un groupe d’ ingénieurs qui sont en train de la chiffrer et de la traduire en lois.
2409 d’ingénieurs qui sont en train de la chiffrer et de la traduire en lois. Son but, je l’ai dit, n’est rien de moins que la
2410 raduire en lois. Son but, je l’ai dit, n’est rien de moins que la suppression de la condition prolétarienne. Ses moyens ?
2411 l’ai dit, n’est rien de moins que la suppression de la condition prolétarienne. Ses moyens ? Créer un service de travail
2412 tion prolétarienne. Ses moyens ? Créer un service de travail analogue au service militaire, et destiné à assurer toute la
2413 ute la production mécanisée, c’est-à-dire la part de labeur qui revient dans l’ordre actuel aux manœuvres, aux ouvriers no
2414 aboli, et la production dégagée des lois fatales de la concurrence libérale et de la concentration capitaliste : le servi
2415 ée des lois fatales de la concurrence libérale et de la concentration capitaliste : le service civil de travail dépendrait
2416 e la concentration capitaliste : le service civil de travail dépendrait, en effet, d’un office central qui aurait pour tâc
2417 le service civil de travail dépendrait, en effet, d’ un office central qui aurait pour tâche d’ajuster exactement la produc
2418 effet, d’un office central qui aurait pour tâche d’ ajuster exactement la production à la consommation. Le rôle de l’État
2419 actement la production à la consommation. Le rôle de l’État se confondrait à peu de choses près avec celui de cet office.
2420 at se confondrait à peu de choses près avec celui de cet office. Tout le reste de la production « qualifiée » serait libre
2421 oses près avec celui de cet office. Tout le reste de la production « qualifiée » serait libre, et placé sous la responsabi
2422 e » serait libre, et placé sous la responsabilité de corporations régionales. Ainsi l’État se trouverait-il réduit à sa pl
2423 il réduit à sa plus simple expression : un bureau de statistiques et de répartition ; les tâches politiques étant confiées
2424 simple expression : un bureau de statistiques et de répartition ; les tâches politiques étant confiées à la fédération de
2425 comme acte ? Certes, Emmanuel Mounier, directeur de la revue, définissait dès son premier numéro une conception spiritual
2426 numéro une conception spiritualiste qui n’a rien de commun avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques de droite et
2427 avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne
2428 ont voulu voir en elle les critiques de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux
2429 le les critiques de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux qui disent Esprit !
2430 capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’aille
2431 l est incontestable que l’« esprit » d’Esprit est d’ inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ailleurs francheme
2432 ordre établi. Esprit n’en reste pas moins le lieu de rencontre d’une centaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et
2433 Esprit n’en reste pas moins le lieu de rencontre d’ une centaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes in
2434 ste pas moins le lieu de rencontre d’une centaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incroyances », co
2435 de rencontre d’une centaine de jeunes écrivains «  de toutes croyances et de toutes incroyances », comme disait Péguy — le
2436 aine de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incroyances », comme disait Péguy — le lieu d’une enquête perm
2437 outes incroyances », comme disait Péguy — le lieu d’ une enquête permanente et approfondie sur la condition humaine telle q
2438 apitalisme et l’esprit bourgeois, — le lieu enfin d’ un ambitieux effort de reconstruction culturelle. Il faut citer ici le
2439 bourgeois, — le lieu enfin d’un ambitieux effort de reconstruction culturelle. Il faut citer ici les numéros volumineux c
2440 era-t-elle un rôle comparable à celui des Cahiers de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de la démagogie, des à
2441 de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de la démagogie, des à peu près journalistiques, des attaques personnell
2442 listiques, des attaques personnelles qui assurent d’ ordinaire aux publications dites révolutionnaires un succès de lecture
2443 aux publications dites révolutionnaires un succès de lecture, aux dépens de toute adhésion durable. Des obscurités, des lo
2444 parfois complaisant, — on voudrait faire l’éloge de ces gaucheries, songeant aux habiletés stériles de la critique bien p
2445 e ces gaucheries, songeant aux habiletés stériles de la critique bien pensante… Il faut citer enfin la Troisième Force, mo
2446 Il faut citer enfin la Troisième Force, mouvement d’ action né de la doctrine d’ Esprit , mais qui n’a pas tardé à dévier v
2447 r enfin la Troisième Force, mouvement d’action né de la doctrine d’ Esprit , mais qui n’a pas tardé à dévier vers le Front
2448 sième Force, mouvement d’action né de la doctrine d’ Esprit , mais qui n’a pas tardé à dévier vers le Front commun de M. B
2449 s qui n’a pas tardé à dévier vers le Front commun de M. Bergery. 75. Et depuis peu, plusieurs mouvements d’action publiq
2450 ergery. 75. Et depuis peu, plusieurs mouvements d’ action publique, qui dans des domaines divers, répandent la doctrine O
2451 divers, répandent la doctrine ON, tel que le Club de février, la ligue Nous voulons. Inspirés par L’Ordre nouveau , ils s
2452 généraux du temps considérés dans la perspective de l’ON voir Daniel-Rops : Éléments de notre destin (Spes). [NdE] Nous a
2453 a perspective de l’ON voir Daniel-Rops : Éléments de notre destin (Spes). [NdE] Nous avons placé là cette note, en l’absen
2454 NdE] Nous avons placé là cette note, en l’absence d’ appel de note clairement indiqué dans l’édition originale. 77. Voir p
2455 s avons placé là cette note, en l’absence d’appel de note clairement indiqué dans l’édition originale. 77. Voir plus loin
2456 dition originale. 77. Voir plus loin une analyse de ce livre. 78. N’est-ce pas ainsi que l’Évangile définit la notion f
2457 nsi que l’Évangile définit la notion fondamentale de prochain ? Le prochain, c’est celui qui pratique la miséricorde ; ce
23 1934, Politique de la personne. Appendice — 4. Ni droite ni gauche
2458 ni gauche Le plus dur pour un parlement, c’est de conclure. Le plus dur pour la Révolution, c’est de commencer. Car la
2459 e conclure. Le plus dur pour la Révolution, c’est de commencer. Car la Révolution commence par ce qui fait mourir un parle
2460 t pas un parlement, qu’il ne s’agit pas pour nous d’ aller nous asseoir quelque part, mais bien de marcher, de vivre, de cr
2461 nous d’aller nous asseoir quelque part, mais bien de marcher, de vivre, de créer et d’abattre, à droite, à gauche, au cent
2462 nous asseoir quelque part, mais bien de marcher, de vivre, de créer et d’abattre, à droite, à gauche, au centre, peu impo
2463 oir quelque part, mais bien de marcher, de vivre, de créer et d’abattre, à droite, à gauche, au centre, peu importe, — par
2464 part, mais bien de marcher, de vivre, de créer et d’ abattre, à droite, à gauche, au centre, peu importe, — partout où une
2465 ent cynique, donne prise à notre acte, donne lieu de manifester ce qu’il y a d’humain en nous-mêmes : la personne. Sur le
2466 notre acte, donne lieu de manifester ce qu’il y a d’ humain en nous-mêmes : la personne. Sur le plan politique, le premier
2467 plan politique, le premier acte que nous exigeons d’ un révolutionnaire, c’est un acte d’imagination : en présence d’une do
2468 nous exigeons d’un révolutionnaire, c’est un acte d’ imagination : en présence d’une donnée concrète, trouver la solution l
2469 ntes, qui ont déjà classé l’affaire comme étant «  de gauche » ou « de droite ». (Nous entendons cette expression : classer
2470 à classé l’affaire comme étant « de gauche » ou «  de droite ». (Nous entendons cette expression : classer l’affaire, au se
2471 les parlements et les partis n’avaient jamais eu d’ existence que dans la cervelle d’un fou. C’est tout. Mais c’est presqu
2472 vaient jamais eu d’existence que dans la cervelle d’ un fou. C’est tout. Mais c’est presque le tout. Ou du moins, c’est la
2473 is, plus encore : du parti, en tant que formation d’ action, sur le plan politique. D’où la condamnation, bien entendu, du
2474 nt que formation d’action, sur le plan politique. D’ où la condamnation, bien entendu, du Parlement. Le Parlement : une diz
2475 entendu, du Parlement. Le Parlement : une dizaine de programmes, représentés par autant de groupes fort inégaux en nombre.
2476 une dizaine de programmes, représentés par autant de groupes fort inégaux en nombre. Tout problème concret, particulier (l
2477 égime du blé, sur les magnaneries, sur la journée de huit heures, etc.) qui vient en discussion dans l’hémicycle se trouve
2478 ccordons, pour simplifier, trente-trois pour cent d’ influence à chaque facteur. 3. — Une commission spéciale élaborera la
2479 se faire avec soin.) 4. — Le produit — infécond — de ce croisement improvisé, après avoir subi les railleries des extrémis
2480 bi les railleries des extrémistes, l’indifférence de la majorité, et un scrutin de pure forme, sera versé au dossier d’un
2481 tes, l’indifférence de la majorité, et un scrutin de pure forme, sera versé au dossier d’un ministère éphémère, puis livré
2482 t un scrutin de pure forme, sera versé au dossier d’ un ministère éphémère, puis livré au sadisme des fonctionnaires, comme
2483 le fait apparaître immédiatement l’aspect positif de la formule « ni droite ni gauche ». C’est l’aspect décentralisateur,
2484 t improbable — l’aspect fédéraliste, communaliste de la révolution. Nous touchons ici au caractère essentiel de la doctrin
2485 olution. Nous touchons ici au caractère essentiel de la doctrine de L’Ordre nouveau  : les revendications politiques qu’e
2486 ouchons ici au caractère essentiel de la doctrine de L’Ordre nouveau  : les revendications politiques qu’elle comporte ne
2487 qu’elle comporte ne sont pas l’« aboutissement » de ses principes sur le plan des réalisations, — moyennant une série de
2488 r le plan des réalisations, — moyennant une série de compromis et de transformations forcément équivoques ; elles sont, bi
2489 alisations, — moyennant une série de compromis et de transformations forcément équivoques ; elles sont, bien au contraire,
2490 s sont, bien au contraire, l’expression immédiate de ces principes. Ce que nous combattons de toute notre violence, c’est
2491 mmédiate de ces principes. Ce que nous combattons de toute notre violence, c’est la fameuse séparation de la doctrine et d
2492 toute notre violence, c’est la fameuse séparation de la doctrine et de l’action — fondement de l’esprit bourgeois sur le p
2493 ce, c’est la fameuse séparation de la doctrine et de l’action — fondement de l’esprit bourgeois sur le plan éthique et cul
2494 aration de la doctrine et de l’action — fondement de l’esprit bourgeois sur le plan éthique et culturel, fondement sur le
2495 rtis, considérés comme les organes indispensables de toute « réalisation pratique ». Entre la doctrine et l’action, nous n
2496 ne et l’action, nous n’admettons aucune « période de transition ». À quoi cela peut-il donc correspondre ? Simplement, dir
2497 n, vous sentez-vous plus près des communistes que de l’Écho de Paris ? », manifestent simplement par cette question l’empr
2498 ntez-vous plus près des communistes que de l’Écho de Paris ? », manifestent simplement par cette question l’emprise d’une
2499 nifestent simplement par cette question l’emprise d’ une idéologie, voire d’une sensibilité conditionnée par la démocratie
2500 r cette question l’emprise d’une idéologie, voire d’ une sensibilité conditionnée par la démocratie parlementaire, — absolu
2501 mûr pour la révolution qui a compris l’absurdité d’ une pareille classification. (Janvier 1934.)
24 1934, Politique de la personne. Appendice — 5. La Révolution nécessaire
2502 5. La Révolution nécessaire79 Au cours d’ une conversation récente, Nicolas Berdiaev faisait observer que notre
2503 lèmes économiques », comme on dit, ne possède pas d’ économistes. Il entendait par là, bien entendu, des créateurs de valeu
2504 Il entendait par là, bien entendu, des créateurs de valeurs neuves, ou même peut-être simplement, des hommes qui dominent
2505 du moins, sa dernière œuvre. Aussi, les éléments d’ une suite à cet ouvrage capital, suite qui s’intitulera Dictature de l
2506 ouvrage capital, suite qui s’intitulera Dictature de la liberté, et que Robert Aron va mener à son terme. Telle qu’il nous
2507 son terme. Telle qu’il nous l’a laissée, l’œuvre d’ Arnaud Dandieu apporte non seulement des idées neuves — une nouvelle p
2508 rt importantes. Indiquons simplement, ici, l’idée de ce service industriel, destiné selon les prévisions de Dandieu, à pro
2509 service industriel, destiné selon les prévisions de Dandieu, à provoquer la suppression de l’inhumaine « condition prolét
2510 prévisions de Dandieu, à provoquer la suppression de l’inhumaine « condition prolétarienne ». Il est bon de noter que cett
2511 inhumaine « condition prolétarienne ». Il est bon de noter que cette conception dépasse les rêveries marxistes dans leur d
2512 dépasse les rêveries marxistes dans leur domaine de prédilection. Mais voilà qui est plus important : elle se révèle immé
2513 e se révèle immédiatement réalisable. Les travaux d’ un groupe d’ingénieurs occupés depuis quelques mois à la chiffrer, à l
2514 immédiatement réalisable. Les travaux d’un groupe d’ ingénieurs occupés depuis quelques mois à la chiffrer, à la traduire e
2515 é la justesse, découvert la fécondité surprenante de cette vue d’origine purement doctrinale. Bel exemple du pouvoir des p
2516 , découvert la fécondité surprenante de cette vue d’ origine purement doctrinale. Bel exemple du pouvoir des philosophes. E
2517 e, nos professeurs idéalistes et tous nos prêtres de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce temps conservent dan
2518 res de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’être hommes, et sache
2519 de ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’ être hommes, et sachent s’emparer des puissances libératrices qu’on le
2520 que ne font pas les brigadiers et les embrigadés de toute farine que nous voyons parader en Europe devant ces dieux que l
2521 és à la moderne, ces vieilles tyrannies importées d’ un Orient où l’on savait au moins, même en les adorant, qu’elles se no
2522 e en les adorant, qu’elles se nourrissent du sang de l’homme. On pourrait montrer facilement, à propos de maint autre prob
2523 urs positions philosophiques et leurs conclusions d’ ordre politique et social. Ces conclusions ne manqueront pas d’impress
2524 ique et social. Ces conclusions ne manqueront pas d’ impressionner certain public au détriment des principes dont elles pro
2525 hui le théoricien est peut-être la juste punition d’ une intelligentsia dont toute la « distinction » consiste à séparer ja
2526 nction » consiste à séparer jalousement la pensée de l’action, du risque et de l’engagement personnel, quitte à se lamente
2527 r jalousement la pensée de l’action, du risque et de l’engagement personnel, quitte à se lamenter sur le monde tel qu’il v
2528 t « réaliste » qui trompe sur la véritable nature de la pensée, et sur ses droits. « Sans théorie révolutionnaire, pas d’a
2529 r ses droits. « Sans théorie révolutionnaire, pas d’ action révolutionnaire, écrivait Lénine dans Que faire ? On ne saurait
2530 our les formes les plus étroites du praticisme va de pair avec la propagande de l’opportunisme. » C’est pourquoi, sans vou
2531 oites du praticisme va de pair avec la propagande de l’opportunisme. » C’est pourquoi, sans vouloir en rien sous-estimer l
2532 yse qu’Aron et Dandieu nous proposent des notions d’ échange80 et de travail, je voudrais insister surtout sur la nouveauté
2533 Dandieu nous proposent des notions d’échange80 et de travail, je voudrais insister surtout sur la nouveauté d’un chapitre
2534 il, je voudrais insister surtout sur la nouveauté d’ un chapitre de doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esq
2535 s insister surtout sur la nouveauté d’un chapitre de doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse d’une th
2536 l que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse d’ une théorie générale de la Révolution qui ouvre la seconde partie du l
2537 ution », et sur l’Esquisse d’une théorie générale de la Révolution qui ouvre la seconde partie du livre. Antithétique — an
2538 violence extérieure mesure, simplement, un défaut de préparation doctrinale, — ce mot devant être entendu, répétons-le, da
2539 on la plus littéralement « actuelle ». L’Esquisse d’ une théorie générale de la Révolution est un effort pour retrouver le
2540 t « actuelle ». L’Esquisse d’une théorie générale de la Révolution est un effort pour retrouver le contenu concret et préc
2541 trouver le contenu concret et précis du grand mot de révolution dont abusent aujourd’hui, à l’envi, les anarchistes petits
2542 ée effective, créatrice, c’est bien cette faculté de libérer l’être des mots. Esprit et Révolution… « Le malaise révolutio
2543 el point que les deux mots ont l’air bien souvent de s’opposer. À force de considérer d’une part qu’il n’est d’autre révol
2544 ser. À force de considérer d’une part qu’il n’est d’ autre révolution que la révolution matérialiste, à force d’autre part,
2545 la révolution matérialiste, à force d’autre part, de faire sur l’esprit le contresens habituel qui le réduit à être une fa
2546 riliser l’un et l’autre, en privant la révolution de son ressort psychique et en privant l’esprit de son aboutissement néc
2547 n de son ressort psychique et en privant l’esprit de son aboutissement nécessaire. L’esprit, comme la révolution, s’exprim
2548 xprime par la violence ; ce n’est pas une faculté d’ usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres de la pensée ses opér
2549 ’usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres de la pensée ses opérations solitaires. C’est essentiellement la faculté
2550 ivre, attaquer et étendre son pouvoir, lui permet de rallier toutes ses forces psychologiques ou physiques, dans un souci
2551 forces psychologiques ou physiques, dans un souci de conservation et d’expansion81. » Ce langage est clair. Seuls les « pe
2552 es ou physiques, dans un souci de conservation et d’ expansion81. » Ce langage est clair. Seuls les « petits purs » jugeron
2553 its purs » jugeront sans doute utile et astucieux de feindre d’y voir un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’est qu
2554 jugeront sans doute utile et astucieux de feindre d’ y voir un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’est que l’emprein
2555 on conformistes. (Les journalistes bien-pensants, de L’Aube à Figaro , les en félicitent gravement.) Il faut rendre à Dan
2556 jamais été son fait, mais bien celui, intéressé, de certains de ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit
2557 son fait, mais bien celui, intéressé, de certains de ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit ne saurait d
2558 celui, intéressé, de certains de ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit ne saurait désigner que la total
2559 essé, de certains de ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit ne saurait désigner que la totalité créatric
2560 rit ne saurait désigner que la totalité créatrice de l’homme, corps et intelligence, indissolublement, en acte. La séparat
2561 issolublement, en acte. La séparation cartésienne de l’esprit et du corps, la divinisation hégélienne de l’esprit pur, son
2562 l’esprit et du corps, la divinisation hégélienne de l’esprit pur, sont en réalité à l’origine même du désordre actuelleme
2563 Pour en découvrir la logique, il suffit pourtant d’ étudier la marche des révolutions bourgeoise et prolétarienne qui inst
2564 uisse en décèle avec rigueur le vice fondamental, d’ essence rationaliste. Pourquoi les révolutions de 1789 et de 1917 abou
2565 d’essence rationaliste. Pourquoi les révolutions de 1789 et de 1917 aboutissent-elles à des dictatures, c’est-à-dire à la
2566 rationaliste. Pourquoi les révolutions de 1789 et de 1917 aboutissent-elles à des dictatures, c’est-à-dire à la négation d
2567 lles à des dictatures, c’est-à-dire à la négation de leur élan originel, an-archique, antiétatiste ? Parce qu’elles repose
2568 saut révolutionnaire. « En réalité, la dictature de transition qui enterre toutes les revendications en promettant la lun
2569 rvir qu’à masquer sur le terrain pratique l’échec d’ une révolution qui ne sait pas où elle va. » Cartésienne ou hégélienne
2570 mpte que des données antérieures à tout acte, non de l’acte lui-même. Au moment de sauter, elles hésitent et reculent. Ell
2571 et reculent. Elles tombent alors dans l’illusion d’ une synthèse qu’elles veulent croire transitive, conciliant les contra
2572 contradictions réelles sur le plan tout abstrait de l’étatisme, au lieu de les laisser se développer jusqu’à provoquer le
2573 ser se développer jusqu’à provoquer le changement de plan, qui seul constituerait la Révolution véritable. Contre cette il
2574 ble. Contre cette illusion rationaliste-idéaliste de la synthèse, qui justifie en philosophie le monisme, en politique les
2575 gumentation que Proudhon d’une part, et Bakounine de l’autre, opposaient à Karl Marx en son temps. J’ai souligné ailleurs
2576 é, à vrai dire surprenante, des thèses politiques de Proudhon et des thèses philosophiques, de Kierkegaard contre la diale
2577 itiques de Proudhon et des thèses philosophiques, de Kierkegaard contre la dialectique hégélienne. Cette opposition me par
2578 paraît la plus profonde et la plus significative de toutes celles qui aient occupé jusqu’à présent les philosophes. Tous
2579 -t-elle une fois de plus, s’endormir dans le rêve d’ un « troisième terme » dont nous connaissons désormais le monstrueux v
2580 ons désormais le monstrueux visage, qui est celui de l’État totalitaire ? — « Nous sommes sur la terre décisive… » 79. P
2581 la question — et en passant, l’un des fondements de la théorie économique de Marx — en s’appuyant sur une documentation d
2582 ant, l’un des fondements de la théorie économique de Marx — en s’appuyant sur une documentation dont la formule même est u
2583 dont la formule même est une trouvaille. (Travaux de Mans sur le potlatch.) 81. À quoi j’ajouterais pour ma part le souc
2584 e souci du service. Cf. p. 188. 82. Et au groupe de L’Ordre nouveau , le seul qui se soit exprimé sur ce point avec nett
2585 xprimé sur ce point avec netteté (Cf. le numéro 3 de sa revue).