1
t politique J’ai, pour la politique, une espèce
d’
aversion naturelle. L’aveu paraîtra maladroit au seuil du livre que vo
2
que voici. Mais faut-il aimer davantage l’espèce
d’
adresse au jour le jour qui tient lieu de vertu politique à ce siècle
3
e siècle débile et fiévreux ? On se demande alors
de
quoi je me mêle. Je réponds que je voudrais bien n’avoir jamais été f
4
nds que je voudrais bien n’avoir jamais été forcé
de
m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que l’intell
5
e malheur des temps : pour peu que l’intellectuel
d’
aujourd’hui ait préservé en lui un pouvoir de colère, et par ailleurs
6
tuel d’aujourd’hui ait préservé en lui un pouvoir
de
colère, et par ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de rép
7
i un pouvoir de colère, et par ailleurs le besoin
de
penser, il se voit obligé de répondre activement aux empiètements dan
8
r ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé
de
répondre activement aux empiètements dans son domaine de ce qu’on a n
9
ndre activement aux empiètements dans son domaine
de
ce qu’on a nommé le désordre établi. Si « privée » que se veuille en
10
intérieur, l’État moderne a su trouver les moyens
de
venir la brimer. Non tant, d’ailleurs, par des interdictions qu’elle
11
us perfide : elle consiste, en principe, à exiger
de
l’intellectuel une adhésion sentimentale, un enthousiasme sans réserv
12
ont plus guère à lui envier qu’un degré supérieur
de
logique dans l’application du système. L’État, sa politique, ses décr
13
ésentent dans notre siècle un monstrueux complexe
de
bêtise officielle, et qui n’a plus de cesse qu’il n’ait été loué par
14
ux complexe de bêtise officielle, et qui n’a plus
de
cesse qu’il n’ait été loué par ses plus conscientes victimes. Je veux
15
e qu’on me fait sur le territoire ennemi. Je fais
de
la politique pour qu’on n’en fasse plus, ou plutôt pour qu’un jour de
16
r violence. Ou plus exactement encore, si je fais
de
la politique, c’est bien moins pour sauver le monde que pour accompli
17
voirs du clerc engagé malgré lui dans le désordre
de
l’époque. Ce sont là des motifs égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques
18
emps où certain humanitarisme verbeux couvre plus
d’
exactions que jamais le cynisme d’un Talleyrand n’en jugea nécessaires
19
eux couvre plus d’exactions que jamais le cynisme
d’
un Talleyrand n’en jugea nécessaires ? L’amour du peuple et des victim
20
a nécessaires ? L’amour du peuple et des victimes
d’
une société affolée s’étale sur les affiches électorales : j’y vois la
21
nobles. Est-ce que tout se ramène à des querelles
de
gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait
22
ot des souffrances morales ? Pour peu qu’on sorte
de
sa chambre, on est presque forcé d’en convenir3. Mais c’est cela qui
23
u qu’on sorte de sa chambre, on est presque forcé
d’
en convenir3. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est cela qu’il faut
24
’est pour aider à changer cela qu’un intellectuel
d’
aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par aille
25
ger cela qu’un intellectuel d’aujourd’hui se doit
de
sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa dé
26
u’un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir
de
sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bo
27
a chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité
de
sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que l’on écrit contribue en qu
28
crit contribue en quelque façon au bien ou au mal
de
beaucoup. Lorsque l’intelligence, dégoûtée, déserte le Forum, c’est l
29
liques et tout finit en dictature : plus question
de
pensée libre, j’entends : de pensée responsable. Mais si l’intelligen
30
ture : plus question de pensée libre, j’entends :
de
pensée responsable. Mais si l’intelligence, passant outre à son dégoû
31
at tel qu’il lui est offert, elle court le risque
de
s’y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politique de l’autruche. L’
32
y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politique
de
l’autruche. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle p
33
x choses ; et la morale voudrait qu’on ne fît pas
de
guerre. D’ailleurs la guerre moderne n’est plus la guerre. Elle naît
34
la guerre moderne n’est plus la guerre. Elle naît
d’
une mainmise de la finance sur les sentiments patriotiques. Elle about
35
ne n’est plus la guerre. Elle naît d’une mainmise
de
la finance sur les sentiments patriotiques. Elle aboutit à des traité
36
». Entre deux, il se passe quelque chose qui n’a
de
nom dans aucune langue. 2. Dans le cas le plus favorable, et sous ré
37
ce du clerc qui s’engage Le risque est la santé
de
la pensée, à condition toutefois qu’elle l’envisage sans illusions ni
38
l’envisage sans illusions ni romantisme. L’enjeu
d’
une partie aussi mal engagée que celle que doit jouer notre génération
39
celle que doit jouer notre génération, n’est pas
de
ceux dont on puisse parler avec une légèreté de bon aloi. Je ne m’exc
40
s de ceux dont on puisse parler avec une légèreté
de
bon aloi. Je ne m’excuse pas du sérieux peut-être pesant des considér
41
Nietzsche, déjà, ne scandalise plus, fait figure
de
Don Quichotte littérateur. Qu’un homme cherche à juger quelque folie
42
it naguère lucidité, il se voit simplement traité
d’
« intellectuel impénitent ». L’expression, dans un certain sens, est f
43
ain sens, est fort exacte. Nous vivons à l’époque
de
la plus juste pénitence des intellectuels. Ils ont si bien habitué le
44
e grand public à leur manière toute désintéressée
de
traiter les questions humaines, qu’on se trouve aujourd’hui justifié
45
ns humaines, qu’on se trouve aujourd’hui justifié
d’
accueillir leurs « au loup ! » avec un scepticisme réaliste. L’intelli
46
entsia citadine s’est mise tout entière à l’école
de
Montaigne : « Les autres forment l’homme, je le récite », répète-t-el
47
ps. Ils ont su former l’homme et même le déformer
de
telle sorte que la pensée n’est plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l
48
sorte que la pensée n’est plus pour lui qu’un jeu
d’
oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont point, de ceux qui vivent da
49
st plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l’activité
de
ceux qui n’en ont point, de ceux qui vivent dans l’ignorance des néce
50
’oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont point,
de
ceux qui vivent dans l’ignorance des nécessités pratiques de notre èr
51
vivent dans l’ignorance des nécessités pratiques
de
notre ère. Situation aussi néfaste pour les penseurs que pour les aut
52
ce assez puissante. D’une part, les « réalistes »
de
la petite et de la grande économie capitaliste se trouvent pris au dé
53
te. D’une part, les « réalistes » de la petite et
de
la grande économie capitaliste se trouvent pris au dépourvu, au beau
54
de leurs calculs : ils avaient oublié l’humanité
de
l’homme, et tout échoue devant une révolte qui leur paraît irrationne
55
e révolte qui leur paraît irrationnelle. La ruine
de
leurs finances va-t-elle être le commencement de leur sagesse ? Il fa
56
de leurs finances va-t-elle être le commencement
de
leur sagesse ? Il faudrait pour cela qu’on leur offre un programme, d
57
ur cela qu’on leur offre un programme, des moyens
d’
en sortir, une nouvelle direction d’activité. Vont-ils se tourner vers
58
e, des moyens d’en sortir, une nouvelle direction
d’
activité. Vont-ils se tourner vers les sages, vers les clercs dont on
59
lercs dont on pouvait croire que la mission était
de
penser leur époque ? Ils s’en garderont bien, pour les raisons qu’on
60
s délèguent au chef inconnu le droit et le risque
d’
être homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils sont prêts pour les
61
t le risque d’être homme, et se réservent le rôle
d’
assurés. Ils sont prêts pour les dictatures. Et c’est ainsi que la sép
62
les dictatures. Et c’est ainsi que la séparation
de
la doctrine et de l’action proclamée par toute la pensée bourgeoise a
63
t c’est ainsi que la séparation de la doctrine et
de
l’action proclamée par toute la pensée bourgeoise aboutit à la concep
64
pensée bourgeoise aboutit à la conception brutale
d’
une politique stalinienne ou fasciste, qui ne connaît plus d’autre aut
65
ique stalinienne ou fasciste, qui ne connaît plus
d’
autre autorité que la police, plus d’autre unité que l’État, et plus d
66
connaît plus d’autre autorité que la police, plus
d’
autre unité que l’État, et plus d’autres réalités que celles qui conce
67
és que celles qui concernent la moitié inférieure
de
l’homme. (Pour le cœur et la tête, on verra plus tard, disent-ils4 ;
68
4 ; en attendant, ils les veulent soumis.) Dans
de
telles conjonctures, on comprendra sans peine qu’un intellectuel hési
69
u’un intellectuel hésite à s’engager. En ce temps
de
partis, de faisceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’est pl
70
ectuel hésite à s’engager. En ce temps de partis,
de
faisceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire de
71
s’engager. En ce temps de partis, de faisceaux et
de
fronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire de la doctrine, ma
72
ronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire
de
la doctrine, mais bien, et quoi qu’on veuille, jouer le jeu commun. C
73
rtante entreprise, faire appel à toute la rigueur
d’
un « esprit » par essence impondérable et volatil ? Dirait-on pas qu’i
74
ginent exercer sur le cours des choses une espèce
de
magie phénoménale ? Enivrés d’hypothèses, ils se croient facilement d
75
choses une espèce de magie phénoménale ? Enivrés
d’
hypothèses, ils se croient facilement démiurges, cependant qu’ils négl
76
e troupier qu’un capitaine rencontre saoul, comme
d’
habitude. « Si tu ne buvais pas tant, dit l’officier, tu pourrais pass
77
s » qu’affirme, depuis la guerre, un autre groupe
de
clercs, fort désireux d’aller au peuple. On est frappé cependant de v
78
guerre, un autre groupe de clercs, fort désireux
d’
aller au peuple. On est frappé cependant de voir que ce goût du pratiq
79
sireux d’aller au peuple. On est frappé cependant
de
voir que ce goût du pratique n’aboutit, pratiquement, qu’à une espèce
80
pratique n’aboutit, pratiquement, qu’à une espèce
de
négation de la pensée. Le peuple veut des programmes pratiques, mais
81
boutit, pratiquement, qu’à une espèce de négation
de
la pensée. Le peuple veut des programmes pratiques, mais se contente,
82
« entrer dans l’action », et cela se traduit par
de
généreux manifestes, des formules vagues, à peine sonores et toujours
83
atique, laïque, progressiste, etc. », ni l’effort
de
signer quelques appels à l’Opinion publique6, n’engagent à rien, pers
84
iblement troublées ; il se peut que cela dispense
de
porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas
85
la n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne
d’
agir au moins autant que de penser. Entre ces deux écueils, le ridicul
86
ert à rien et détourne d’agir au moins autant que
de
penser. Entre ces deux écueils, le ridicule et l’impuissance, existe-
87
? Existe-t-il pour l’intellectuel une possibilité
de
sortir de sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus,
88
-il pour l’intellectuel une possibilité de sortir
de
sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’av
89
ous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce
de
liberté sous conditions. Le clerc bourgeois, chez nous, se croit enco
90
ps. 4. Voir plus loin : Précédence ou primauté
de
l’économique ? 5. « Les généraux meurent dans leur lit. » 6. On c
91
6. On compose des affiches péremptoires signées
de
quelques grands noms de Sorbonne, pour exiger d’Hitler la libération
92
ches péremptoires signées de quelques grands noms
de
Sorbonne, pour exiger d’Hitler la libération d’un journaliste alleman
93
de quelques grands noms de Sorbonne, pour exiger
d’
Hitler la libération d’un journaliste allemand de gauche. Où seront pl
94
s de Sorbonne, pour exiger d’Hitler la libération
d’
un journaliste allemand de gauche. Où seront placardées ces affiches ?
95
d’Hitler la libération d’un journaliste allemand
de
gauche. Où seront placardées ces affiches ? À Paris. Hitler, plusieur
96
bien se fâcher un jour et décréter la dissolution
de
nos partis de gauche. Qu’ils y prennent garde !
97
un jour et décréter la dissolution de nos partis
de
gauche. Qu’ils y prennent garde !
98
et la pensée inefficace, cela provient, je crois,
d’
une seule et même cause, d’une seule et même erreur initiale sur l’hom
99
la provient, je crois, d’une seule et même cause,
d’
une seule et même erreur initiale sur l’homme. L’homme est un animal p
100
e répéter. Et nous voyons pourtant que les hommes
de
ce temps pensent comme s’ils étaient anges, et agissent comme bêtes.
101
cs, ils oublient ce qu’est l’homme. Ils ont perdu
de
vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et leurs effor
102
s ont perdu de vue sa définition même. Leur point
de
départ est faux, et leurs efforts les plus sincères aboutissent au ma
103
efforts les plus sincères aboutissent au malheur
de
l’homme. Car tout ce qui ne se fonde pas dans la réalité de l’homme a
104
. Car tout ce qui ne se fonde pas dans la réalité
de
l’homme agit au détriment de son humanité. Il n’y a pas d’autre cause
105
e agit au détriment de son humanité. Il n’y a pas
d’
autre cause à la crise présente : l’homme moderne a perdu la mesure de
106
rise présente : l’homme moderne a perdu la mesure
de
l’humain. Le seul devoir des intellectuels, dans la situation qui nou
107
uels, dans la situation qui nous est faite, c’est
de
rechercher l’homme perdu. C’est aussi là leur seul pouvoir. C’est à e
108
seul pouvoir. C’est à eux seuls qu’il appartient
de
l’exercer dans le désordre politique. Pratiquement et spirituellement
109
uement et spirituellement, il n’y a pas pour nous
de
tâche plus urgente ni plus grave, et c’est la seule à laquelle nous p
110
ucune autre puissance. C’est dans cette recherche
d’
une mesure de l’homme et d’une définition concrète de l’humain qu’il f
111
uissance. C’est dans cette recherche d’une mesure
de
l’homme et d’une définition concrète de l’humain qu’il faut voir l’in
112
t dans cette recherche d’une mesure de l’homme et
d’
une définition concrète de l’humain qu’il faut voir l’intention généra
113
ne mesure de l’homme et d’une définition concrète
de
l’humain qu’il faut voir l’intention générale des essais réunis dans
114
e me fais aucune illusion sur la portée immédiate
de
mon effort. La situation présente me l’interdirait, toute question de
115
tuation présente me l’interdirait, toute question
de
talent mise à part. Il est clair que le monde moderne n’est pas condu
116
que par le bourgeois. Deux-cents pages de plus ou
de
moins n’y changeront rien, dit le bon sens. Mais j’ai ma petite folie
117
ns son bon sens, à elle ! Les hommes sont malades
de
la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’est pas une raison,
118
redoutable, dès que l’on considère que le concret
de
l’homme réside dans ses actes et non pas dans ses mythes. Il faut rec
119
nnaître que ce point de vue, dans l’état d’esprit
d’
aujourd’hui, provoque une espèce de scandale. Les groupes qui le défen
120
’état d’esprit d’aujourd’hui, provoque une espèce
de
scandale. Les groupes qui le défendent sont petits, mal connus7. On l
121
défendent sont petits, mal connus7. On les accuse
d’
utopie. Ils tablent en effet sur la chance de l’homme concret, de la p
122
cuse d’utopie. Ils tablent en effet sur la chance
de
l’homme concret, de la personne. Ils réputent abstraites ces « nécess
123
ablent en effet sur la chance de l’homme concret,
de
la personne. Ils réputent abstraites ces « nécessités historiques » q
124
s « nécessités historiques » qui, selon l’opinion
de
nos maîtres, dicteraient à l’homme ses destins. Ils constatent que, d
125
à gauche et à droite pour justifier les trahisons
de
la personne, n’existent réellement qu’à partir du moment où l’homme n
126
des lois diminue aussitôt. Aussi bien convient-il
d’
opposer un scepticisme méthodique aux calculs ingénieux des sociologue
127
s probable que la sociologie n’est qu’une science
de
mythomanes. J’y verrais même le symptôme d’une espèce de refoulement.
128
ience de mythomanes. J’y verrais même le symptôme
d’
une espèce de refoulement. Dès que l’homme, en effet, refoule sa vocat
129
omanes. J’y verrais même le symptôme d’une espèce
de
refoulement. Dès que l’homme, en effet, refoule sa vocation personnel
130
cation personnelle, on voit paraître toute espèce
de
troubles dans ses activités et ses pensées : l’un des plus caractéris
131
pensée sociologique qui voudrait codifier la loi
d’
évolution des « masses » comme si les masses n’étaient pas faites d’ho
132
masses » comme si les masses n’étaient pas faites
d’
hommes, c’est-à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre trouble est ce
133
asses n’étaient pas faites d’hommes, c’est-à-dire
d’
éléments imprévisibles. Un autre trouble est cet amour théorique de l’
134
isibles. Un autre trouble est cet amour théorique
de
l’Humanité, qui traduit une fuite devant l’humanité particulière tell
135
in visible. Sociologues et humanitaires souffrent
d’
une sorte de daltonisme : ils ne savent plus distinguer l’homme en tan
136
Sociologues et humanitaires souffrent d’une sorte
de
daltonisme : ils ne savent plus distinguer l’homme en tant qu’homme,
137
(hitlérisme) est très frappant. Il n’y a pas lieu
d’
insister sur ce point après tant d’autres. Ce qu’on n’a peut-être pas
138
du refoulement personnaliste, le symptôme évident
de
la débilité spirituelle qui favorise la dissociation de l’homme en es
139
débilité spirituelle qui favorise la dissociation
de
l’homme en esprit et en corps irresponsables l’un de l’autre. La bour
140
l’homme en esprit et en corps irresponsables l’un
de
l’autre. La bourgeoisie libérale ne sait plus honorer l’esprit qui fi
141
cisme tardif l’abstraction toujours plus irréelle
de
sa pensée et de ses rêves. Elle pense trop haut, agit trop bas : c’es
142
bstraction toujours plus irréelle de sa pensée et
de
ses rêves. Elle pense trop haut, agit trop bas : c’est qu’elle a perd
143
s. Ces faits bien établis — et nous y reviendrons
d’
une manière plus concrète à propos de situations précises — on peut en
144
remière tâche des intellectuels est, aujourd’hui,
de
conduire une critique des mythes collectivistes nés de la maladie de
145
nduire une critique des mythes collectivistes nés
de
la maladie de la personne. Puis il s’agit de retrouver une définition
146
tique des mythes collectivistes nés de la maladie
de
la personne. Puis il s’agit de retrouver une définition concrète de l
147
nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit
de
retrouver une définition concrète de la personne. Enfin de la traduir
148
is il s’agit de retrouver une définition concrète
de
la personne. Enfin de la traduire en institutions et coutumes. Ou, to
149
ver une définition concrète de la personne. Enfin
de
la traduire en institutions et coutumes. Ou, tout au moins, d’indique
150
e en institutions et coutumes. Ou, tout au moins,
d’
indiquer les limites, la formule et les buts de ces institutions. 7.
151
s, d’indiquer les limites, la formule et les buts
de
ces institutions. 7. Voir à l’appendice : Groupements personnalist
152
4.Pour une politique à hauteur
d’
homme Toute la question est de savoir à quel niveau l’on situe le co
153
litique à hauteur d’homme Toute la question est
de
savoir à quel niveau l’on situe le concret ; à quelles fins les pouvo
154
entendent mener les hommes. Toute la question est
de
savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle politiqu
155
Toute la question est de savoir quelle définition
de
l’homme est impliquée dans telle politique qu’on défend. C’est cette
156
qu’on défend. C’est cette question qu’on a cessé
de
poser dans le monde des politiciens ! Si la Politique est l’art de go
157
monde des politiciens ! Si la Politique est l’art
de
gouverner les hommes, il ne saurait être indifférent à ceux qui l’exe
158
ne saurait être indifférent à ceux qui l’exercent
de
connaître d’abord ce qu’est l’homme, quelles sont les conditions de s
159
rd ce qu’est l’homme, quelles sont les conditions
de
son humanité, à quelles règles il faut se plier pour respecter en lui
160
il faut se plier pour respecter en lui sa raison
d’
être. Les partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni
161
vrai, ni à gauche ni à droite, aucune définition
de
l’homme9. C’est peut-être une raison suffisante pour estimer que ces
162
ncent à sentir cela. Beaucoup commencent à douter
de
la valeur de ces méthodes qui se disent réaliste, opportuniste ou emp
163
r cela. Beaucoup commencent à douter de la valeur
de
ces méthodes qui se disent réaliste, opportuniste ou empirique, mais
164
en fait qu’une énorme combine montée sur un fond
d’
ignorance par quelques centaines d’arrivistes appuyés par les intérêts
165
ée sur un fond d’ignorance par quelques centaines
d’
arrivistes appuyés par les intérêts de quelques milliers d’arrivés. Dé
166
s centaines d’arrivistes appuyés par les intérêts
de
quelques milliers d’arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse d
167
tes appuyés par les intérêts de quelques milliers
d’
arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse de confondre réalisme
168
d’arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse
de
confondre réalisme et combine ; cesse de croire par exemple qu’un bon
169
se cesse de confondre réalisme et combine ; cesse
de
croire par exemple qu’un bon agent électoral est un homme qui connaît
170
toral est un homme qui connaît les hommes ; cesse
de
s’en laisser imposer par les fameuses « nécessités de l’action » que
171
’en laisser imposer par les fameuses « nécessités
de
l’action » que de petits ambitieux débutants croyaient naguère découv
172
r par les fameuses « nécessités de l’action » que
de
petits ambitieux débutants croyaient naguère découvrir dans les coulo
173
nts croyaient naguère découvrir dans les couloirs
de
la Chambre. Cette jeunesse ne veut pas de ce genre d’action là. Elle
174
ouloirs de la Chambre. Cette jeunesse ne veut pas
de
ce genre d’action là. Elle n’a plus le moindre respect pour l’habilet
175
a Chambre. Cette jeunesse ne veut pas de ce genre
d’
action là. Elle n’a plus le moindre respect pour l’habileté politicien
176
ouchée par ces artistes. Ils cesseront d’ailleurs
de
jouer dès qu’on ne prendra plus la peine de croire à ce qu’ils font.
177
leurs de jouer dès qu’on ne prendra plus la peine
de
croire à ce qu’ils font. Victimes de l’obscurantisme laïque, ils ont
178
lus la peine de croire à ce qu’ils font. Victimes
de
l’obscurantisme laïque, ils ont cru pouvoir vivre sur des mots d’ordr
179
se posent pas beaucoup de questions, ils ont peu
d’
imagination. Leur médiocrité même, leur petite taille morale, empêcher
180
ge trop durement responsables. Mais prenons garde
de
borner notre vision aux proportions du spectacle qu’ils offrent, à ce
181
que dansent les droites et les gauches. Changeons
de
plan ! Reposons la question politique dans une perspective humaine, e
182
’optique parlementaire ». Une politique à hauteur
d’
homme, c’est une politique dont le principe de cohérence s’appelle la
183
eur d’homme, c’est une politique dont le principe
de
cohérence s’appelle la responsabilité de la personne humaine. En d’au
184
principe de cohérence s’appelle la responsabilité
de
la personne humaine. En d’autres termes, c’est une politique dont cha
185
uvent subordonnés à la défense et à l’affirmation
de
la personne, module universel de toutes les institutions. Cette polit
186
à l’affirmation de la personne, module universel
de
toutes les institutions. Cette politique s’oppose au gigantisme améri
187
apitaliste ; elle s’oppose à l’émiettement social
de
la démocratie individualiste ; elle s’oppose à l’exploitation de l’ho
188
e individualiste ; elle s’oppose à l’exploitation
de
l’homme par ses créations, par l’État et par les bavards. Elle refuse
189
e refuse la dictature, parce que le centre vivant
d’
un pays n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en c
190
ntre vivant d’un pays n’est pas dans un organisme
de
contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent
191
nt-ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu
d’
hommes réellement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit reven
192
r, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but
de
la société, c’est la personne. On n’y atteindra jamais que par une po
193
art à ce niveau. 9. Jean-Richard Bloch, parlant
de
« l’iniquité capitaliste », écrit : « Mais cette iniquité n’est elle-
194
is cette iniquité n’est elle-même que le résultat
d’
une erreur plus profonde. Elle traduit, dans l’ordre social, une mécon
195
social, une méconnaissance intime des valeurs et
de
leur hiérarchie. Elle trahit une ignorance à peine croyable de la déf
196
rchie. Elle trahit une ignorance à peine croyable
de
la définition humaine. » (Offrande à la politique, p. 255.) Ignorance
197
pensée à son terme ; enfin je crois que la vision
d’
un homme non point parfait mais librement humain, ne peut exister autr
198
main, ne peut exister autrement que sous l’espèce
d’
un appel à restaurer cette stature dégradée. Les trois motifs d’agir q
199
estaurer cette stature dégradée. Les trois motifs
d’
agir que je viens d’exposer appartiennent à l’ordre humain, et relèven
200
re dégradée. Les trois motifs d’agir que je viens
d’
exposer appartiennent à l’ordre humain, et relèvent, pourrait-on dire,
201
main, et relèvent, pourrait-on dire, des intérêts
de
la pensée protectrice de notre condition. En tant qu’intéressés, au m
202
it-on dire, des intérêts de la pensée protectrice
de
notre condition. En tant qu’intéressés, au meilleur sens du mot, ces
203
s motifs peuvent très bien revêtir les apparences
d’
une politique supérieure, et comme tels se voir adoptés par des clercs
204
es jugent suffisants, et n’éprouvent aucun besoin
de
les étayer autrement. Je ne saurais croire pourtant à l’efficacité d’
205
ent. Je ne saurais croire pourtant à l’efficacité
d’
une foi en l’homme fondée sur l’homme seul. Croire en l’homme, c’est c
206
era la valeur du modèle que l’homme peut imaginer
de
lui-même ? Elle ne sera jamais que relative, vouée dès sa naissance à
207
le plus attirant, l’imagination la plus dynamique
de
l’homme parfait ne sera jamais pour nous qu’une utopie dont rien n’at
208
éalité, la puissance, la vérité. Nul idéal humain
de
l’homme n’a jamais résisté à l’échec, n’a jamais su tirer de ses défa
209
n’a jamais résisté à l’échec, n’a jamais su tirer
de
ses défaites une espérance plus certaine, une féconde humiliation. L’
210
e féconde humiliation. L’homme des foules n’a que
de
la haine pour tout idéal un peu haut : il faudrait être fou pour pers
211
pour persister longtemps dans l’effort périlleux
de
le lui imposer de force. On a vu de ces fous : mais ils n’ont triomph
212
ngtemps dans l’effort périlleux de le lui imposer
de
force. On a vu de ces fous : mais ils n’ont triomphé que par l’abdica
213
ort périlleux de le lui imposer de force. On a vu
de
ces fous : mais ils n’ont triomphé que par l’abdication de l’idéal pr
214
us : mais ils n’ont triomphé que par l’abdication
de
l’idéal premier. En échange de leur promesse d’abandonner leurs exige
215
e par l’abdication de l’idéal premier. En échange
de
leur promesse d’abandonner leurs exigences trop réelles10, on leur ac
216
n de l’idéal premier. En échange de leur promesse
d’
abandonner leurs exigences trop réelles10, on leur accorde un triomphe
217
riomphe fictif. Les dictatures modernes sont nées
de
tels chantages. Et l’on ne sait qui perd le plus à ces victoires, du
218
provisoirement dans sa bassesse, ou du tyran vidé
d’
héroïsme et de rêves. Toute l’histoire le démontre avec le conte fameu
219
dans sa bassesse, ou du tyran vidé d’héroïsme et
de
rêves. Toute l’histoire le démontre avec le conte fameux : l’homme ne
220
teur. Elle contient tout ensemble, dans l’instant
de
son existence, le motif absolu de l’action du chrétien, la justificat
221
dans l’instant de son existence, le motif absolu
de
l’action du chrétien, la justification de cette action et la vision d
222
absolu de l’action du chrétien, la justification
de
cette action et la vision de ses buts immédiats. J’aurais pu faire ai
223
en, la justification de cette action et la vision
de
ses buts immédiats. J’aurais pu faire ainsi l’économie de mes « raiso
224
uts immédiats. J’aurais pu faire ainsi l’économie
de
mes « raisons » d’agir sur le plan politique, si d’une part toute foi
225
rais pu faire ainsi l’économie de mes « raisons »
d’
agir sur le plan politique, si d’une part toute foi est action, s’il e
226
l est vrai d’autre part qu’une action quelconque,
d’
ordre intellectuel par exemple, ébranle nécessairement une suite de co
227
uel par exemple, ébranle nécessairement une suite
de
conséquences qu’on ne peut limiter au « privé ». Mais la position du
228
ivé ». Mais la position du chrétien dans le monde
d’
aujourd’hui est trop exceptionnelle — sinon même scandaleuse — pour qu
229
nt veut-on que le chrétien échappe à cette espèce
d’
équivoque ? Dès qu’il fait de la politique, il est bien obligé de parl
230
happe à cette espèce d’équivoque ? Dès qu’il fait
de
la politique, il est bien obligé de parler le langage du monde, et ce
231
ès qu’il fait de la politique, il est bien obligé
de
parler le langage du monde, et cependant il l’entend autrement ; il e
232
endant il l’entend autrement ; il est bien obligé
de
formuler des revendications concrètes, et cependant l’objet de ces re
233
es revendications concrètes, et cependant l’objet
de
ces revendications est toujours relatif, subordonné à une fin transce
234
osés les essais qu’on va lire. Et si j’ose parler
d’
équivoque, c’est dans l’espoir qu’on voudra bien ne pas oublier les ra
235
s oublier les raisons qui m’empêchent honnêtement
d’
en sortir. Une équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs d’être t
236
ne équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs
d’
être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, d
237
telle cesse d’ailleurs d’être trompeuse. Le rôle
de
la pensée chrétienne n’est pas, je crois, de supprimer les difficulté
238
rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois,
de
supprimer les difficultés de cet ordre, encore moins de les maquiller
239
n’est pas, je crois, de supprimer les difficultés
de
cet ordre, encore moins de les maquiller ; mais bien plutôt d’en assu
240
primer les difficultés de cet ordre, encore moins
de
les maquiller ; mais bien plutôt d’en assumer le risque, sobrement. ⁂
241
encore moins de les maquiller ; mais bien plutôt
d’
en assumer le risque, sobrement. ⁂ J’imagine assez bien la gêne du lec
242
l voudrait que la Pensée s’en mêle. Il nous parle
de
la personne : il veut qu’elle soit la mesure de tout, mais il ajoute
243
e de la personne : il veut qu’elle soit la mesure
de
tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous laisse très pe
244
ux dire qu’elle a conduit ce lecteur au carrefour
de
quelques problèmes qui sont, je crois, ceux qui se posent. À qui se p
245
’il me faut indiquer pour finir. I. Le malheur
de
l’homme est toujours plus grand qu’on ne le croirait à lire des essai
246
t bien aussi qu’elles servent à distraire l’homme
de
son sort personnel. Dans ce sens, toutes les politiques ne sont que p
247
sens, toutes les politiques ne sont que politique
d’
autruche. On se passionne pour des moyens, et c’est pour oublier les f
248
nt vraiment ordonnés au vrai but assigné à la vie
de
l’homme. Le souci des moyens et de leur convenance à l’idéal qu’on se
249
signé à la vie de l’homme. Le souci des moyens et
de
leur convenance à l’idéal qu’on sert peut sembler très naïf au politi
250
l qu’on sert peut sembler très naïf au politicien
de
métier : c’est qu’il ne prend pas au sérieux le fait humain et la des
251
d pas au sérieux le fait humain et la destination
de
l’homme. Il ne connaît, dans ses calculs « pratiques », ni la misère
252
« pratiques », ni la misère réelle ni la grandeur
de
l’homme. Il porte rarement le poids des injustices du régime social.
253
urtout si cette « légèreté » devient la condition
de
son « succès » pratique. J’estime que seuls ont droit à faire de la p
254
» pratique. J’estime que seuls ont droit à faire
de
la politique ceux pour qui nul moyen ne saurait être utilisé, qui ne
255
ilisé, qui ne porte en lui-même la loi et l’image
de
la fin poursuivie. On n’aboutit pas à l’humain en agissant au mépris
256
is l’état du chrétien dans ce monde est justement
de
connaître sans cesse, dans l’angoisse et dans l’espérance, la véritab
257
oisse et dans l’espérance, la véritable condition
de
l’homme, et les conditions qu’elle impose. C’est pourquoi, seul, il p
258
mettant sous une même couverture quelques essais
de
circonstance qui n’ont parfois rien d’autre en commun pour la forme q
259
ues essais de circonstance qui n’ont parfois rien
d’
autre en commun pour la forme que les défauts de l’improvisation, je n
260
n d’autre en commun pour la forme que les défauts
de
l’improvisation, je ne crois pas un instant faire une œuvre ni d’art
261
on, je ne crois pas un instant faire une œuvre ni
d’
art ni de philosophie. Les objets que diverses occasions tout imprévue
262
crois pas un instant faire une œuvre ni d’art ni
de
philosophie. Les objets que diverses occasions tout imprévues — confé
263
lics, enquêtes — m’invitèrent à traiter sans trop
de
précautions, se prêtaient peu d’ailleurs à de rigoureux développement
264
rop de précautions, se prêtaient peu d’ailleurs à
de
rigoureux développements. C’est que la politique, redisons-le, n’est
265
ogique n’est pas seule à ordonner. Le mieux était
de
conserver à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de partis
266
it de conserver à ces écrits leur possible valeur
de
témoignages, de partis pris accidentels, plutôt que de leur imposer u
267
à ces écrits leur possible valeur de témoignages,
de
partis pris accidentels, plutôt que de leur imposer un style indépend
268
moignages, de partis pris accidentels, plutôt que
de
leur imposer un style indépendant de leur objet. Faire de la politiqu
269
, plutôt que de leur imposer un style indépendant
de
leur objet. Faire de la politique, ce n’est pas là mon choix, c’est u
270
imposer un style indépendant de leur objet. Faire
de
la politique, ce n’est pas là mon choix, c’est une obligation à quoi
271
re du temps. L’occasion seule, sous la contrainte
de
la foi, légitime à mes yeux cette action : il fallait que cela parais
272
il fallait que cela paraisse dans la disposition
de
ce recueil. 10. Comparez les premiers programmes hitlériens avec le
273
industrie lourde, et ne règne que par la promesse
de
ne rien faire de ce qu’il revendiquait. 11. C’est dans ce jusqu’au b
274
et ne règne que par la promesse de ne rien faire
de
ce qu’il revendiquait. 11. C’est dans ce jusqu’au bout que réside en
275
it toujours par opposer au chrétien qui le presse
de
conclure sur la destination de l’homme, un « on verra plus tard », qu
276
tien qui le presse de conclure sur la destination
de
l’homme, un « on verra plus tard », qui trahit la faiblesse des bases
277
ra plus tard », qui trahit la faiblesse des bases
de
départ du marxisme.
278
ns toutes les conférences, dans tous les journaux
d’
opinion, dans tous les manifestes de partis ou de ligues, une expressi
279
les journaux d’opinion, dans tous les manifestes
de
partis ou de ligues, une expression revient comme une véritable hanti
280
d’opinion, dans tous les manifestes de partis ou
de
ligues, une expression revient comme une véritable hantise, comme le
281
une véritable hantise, comme le grand lieu commun
de
la peur qui s’est emparée des hommes. On ne nous parle plus que du «
282
rle plus que du « désarroi actuel ». Il n’est pas
d’
expression plus juste, pour qui se borne à considérer notre époque et
283
s’affrontent au milieu du désordre. Il n’est pas
d’
expression plus fausse, et même plus dangereuse, pour qui veut prendre
284
ent pour une dictature qui tire son seul prestige
de
la misère et de la lâcheté publique. Des provinces entières sont ruin
285
tature qui tire son seul prestige de la misère et
de
la lâcheté publique. Des provinces entières sont ruinées par des expl
286
dont les bénéfices s’engloutissent en deux heures
de
panique boursière. Les inventeurs se voient refuser des brevets parce
287
rs, crée du chômage13. Et, cependant, les peuples
de
toute la terre continuent de croire au Progrès et aux bienfaits de la
288
pendant, les peuples de toute la terre continuent
de
croire au Progrès et aux bienfaits de la richesse. Les campagnes se v
289
continuent de croire au Progrès et aux bienfaits
de
la richesse. Les campagnes se vident ; les jeunes gens n’ont plus goû
290
misère fiévreuse. Et, cependant, les politiciens
de
tous bords consacrent leur astuce à équilibrer des budgets, dont ils
291
e avec grandiloquence par des journaux qui vivent
de
fonds secrets. C’est à tout cela que l’on pense lorsqu’on nous parle
292
ue, jusqu’à ces dernières années, la civilisation
de
l’Occident ait permis plus d’espoirs, favorisé plus de vertu, mieux a
293
es, la civilisation de l’Occident ait permis plus
d’
espoirs, favorisé plus de vertu, mieux assuré la paix du monde et les
294
Occident ait permis plus d’espoirs, favorisé plus
de
vertu, mieux assuré la paix du monde et les rapports normaux entre le
295
» soit seulement « actuel », et ne veut-on parler
de
« désarroi » que lorsque les valeurs boursières et la tranquillité pu
296
La vérité, c’est que la situation du monde a été
de
tout temps désespérée. Seulement, maintenant, cela se voit. Depuis la
297
ériodes dites « prospères » ne sont que les temps
de
répit, souvent déshonorés par la culture des illusions et la dégradat
298
a culture des illusions et la dégradation du sens
de
la révolte. L’histoire du monde, bien loin d’être l’histoire d’un pro
299
ens de la révolte. L’histoire du monde, bien loin
d’
être l’histoire d’un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une s
300
L’histoire du monde, bien loin d’être l’histoire
d’
un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une solennelle dégringo
301
comme une solennelle dégringolade, une contagion
de
déséquilibres, dévorant successivement toutes les possibilités d’amén
302
, dévorant successivement toutes les possibilités
d’
aménagement de la terre. Pourtant, certaines époques ont connu la gran
303
cessivement toutes les possibilités d’aménagement
de
la terre. Pourtant, certaines époques ont connu la grandeur. Ce ne fu
304
a grandeur. Ce ne furent pas les moins corrompues
de
l’histoire, mais celles où la corruption permanente fut ouvertement r
305
èche. Notre époque, elle aussi, possède sa chance
de
grandeur. Je dirai même qu’elle a plus de chances qu’aucune autre. Le
306
chance de grandeur. Je dirai même qu’elle a plus
de
chances qu’aucune autre. Le vieux « désordre » qui couvait sous des a
307
soudain devenu flagrant. Il promène par les rues
de
nos villes européennes de grands panneaux-réclame qui parlent un lang
308
Il promène par les rues de nos villes européennes
de
grands panneaux-réclame qui parlent un langage clair. Jamais il ne fu
309
nt un langage clair. Jamais il ne fut plus facile
de
reconnaître les choix nécessaires. Désordre, oui, et plus grand que j
310
s presque impossibles ? Oui, certes ! Sur le plan
de
la connaissance désintéressée, nous ne trouvons jamais aucun principe
311
u contraire, dès que nous nous posons la question
de
l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’homme en face du destin d
312
nous nous posons la question de l’homme, du rôle
de
l’homme, du destin de l’homme en face du destin du siècle, tout se si
313
uestion de l’homme, du rôle de l’homme, du destin
de
l’homme en face du destin du siècle, tout se simplifie aussitôt ; et
314
, faisant un pas de plus, nous posons la question
de
notre destin personnel en face des destins collectifs, le choix néces
315
avec une netteté qui, je le répète, est la chance
de
notre époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle nous ap
316
décrire cette époque, telle qu’elle nous apparaît
de
ce point de vue, en quelques traits fort simples. J’insiste sur le mo
317
es simplifier. Ce qui est difficile, ce n’est pas
de
voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que nous connaiss
318
st difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est
d’
oser les actes qu’il faut, et que nous connaissons très bien. Trop sou
319
souvent, nos maîtres nous ont fourni des méthodes
d’
évasion dans la complexité. Trop souvent ils nous ont mis en garde con
320
in esprit simpliste », qui est, au vrai, l’esprit
de
décision et d’engagement concret dont nous avons le plus besoin. Cess
321
iste », qui est, au vrai, l’esprit de décision et
d’
engagement concret dont nous avons le plus besoin. Cessons de nous réf
322
t concret dont nous avons le plus besoin. Cessons
de
nous réfugier derrière des complexités que nous créons à plaisir, qui
323
ne sont pas dans la situation et qui sont autant
de
prétextes à refuser de prendre position, comme si ce n’était pas là,
324
tuation et qui sont autant de prétextes à refuser
de
prendre position, comme si ce n’était pas là, déjà, prendre une posit
325
és ont été trop souvent pour nous des professeurs
d’
abstention distinguée, des grands prêtres de l’insoluble. Mais, un bea
326
seurs d’abstention distinguée, des grands prêtres
de
l’insoluble. Mais, un beau jour, les événements nous réveillent brusq
327
hoisir. La pensée redevient un danger, un facteur
de
choix et de risque, et non plus un refuge idéal. Ne nous en plaignons
328
ensée redevient un danger, un facteur de choix et
de
risque, et non plus un refuge idéal. Ne nous en plaignons pas : le ri
329
Ne nous en plaignons pas : le risque est la santé
de
la pensée. ⁂ Destin du siècle ! Expression curieuse et bien moderne1
330
curieuse et bien moderne14 ! Si nous y regardons
de
près, nous allons voir que le simple assemblage de ces deux mots, des
331
e près, nous allons voir que le simple assemblage
de
ces deux mots, destin et siècle, contient peut-être le secret de tout
332
s, destin et siècle, contient peut-être le secret
de
tout le mal dont nous souffrons. Il suffit, pour le faire apparaître,
333
s souffrons. Il suffit, pour le faire apparaître,
de
poser cette simple question : comment un siècle peut-il avoir un dest
334
le peut-il avoir un destin ? En réalité, il n’y a
de
destin que personnel. Seul un homme peut avoir un destin, un homme se
335
n, César, Lénine ont un destin. Mais aussi chacun
de
nous a un destin, dans la mesure où chacun de nous possède une raison
336
cun de nous a un destin, dans la mesure où chacun
de
nous possède une raison d’être, quelle qu’elle soit, une servitude pa
337
ns la mesure où chacun de nous possède une raison
d’
être, quelle qu’elle soit, une servitude particulière, une passion qui
338
ien à lui, une vocation. Si l’on admet facilement
de
nos jours, qu’un siècle ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitu
339
e ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitude
d’
attribuer une sorte de valeur indépendante à des êtres collectifs. Je
340
que l’on a pris l’habitude d’attribuer une sorte
de
valeur indépendante à des êtres collectifs. Je m’explique. Quand nous
341
’humanité, et dont les éléments sont presque tous
de
nature collective. L’histoire d’un siècle, c’est l’histoire des colle
342
ont presque tous de nature collective. L’histoire
d’
un siècle, c’est l’histoire des collectivités, c’est l’histoire des pe
343
que très accessoirement l’histoire des personnes,
de
quelques génies, par exemple. Quand nous disons destin du siècle, nou
344
un destin, il faut que nous ayons pris l’habitude
de
les considérer comme autant de réalités autonomes, possédant leurs lo
345
ns pris l’habitude de les considérer comme autant
de
réalités autonomes, possédant leurs lois propres, échappant à notre d
346
e, leur destinée. Autant dire que nous avons fait
de
toutes les réalités collectives des divinités nouvelles, des divinité
347
s menaçantes, et dont nous essayons avec angoisse
de
scruter les caractères, les habitudes, les intentions secrètes, — les
348
uperstitieux au dernier degré. La grande majorité
de
nos contemporains ne croit pas en Dieu et sait qu’elle n’y croit pas.
349
t pas. Mais elle garde chevillé au cœur le besoin
d’
obéir à des forces invisibles et de leur rendre un culte de latrie. To
350
cœur le besoin d’obéir à des forces invisibles et
de
leur rendre un culte de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, n
351
des forces invisibles et de leur rendre un culte
de
latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, nous leur obéissons, et c
352
nt prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms
de
ces divinités, vous les connaissez bien : ce sont l’État, la nation,
353
… Sans doute n’avons-nous pas toujours conscience
de
les servir. Vous me direz peut-être que, pour votre compte, la classe
354
. Vous jouez, vis-à-vis de ces divinités, le rôle
d’
incroyants, de sceptiques ou même d’adversaires. Mais il y a d’autres
355
vis-à-vis de ces divinités, le rôle d’incroyants,
de
sceptiques ou même d’adversaires. Mais il y a d’autres dieux pour cet
356
ités, le rôle d’incroyants, de sceptiques ou même
d’
adversaires. Mais il y a d’autres dieux pour cette espèce-là d’incroya
357
. Mais il y a d’autres dieux pour cette espèce-là
d’
incroyants, et ce sont, par exemple, l’opinion publique et la presse,
358
a race : voilà peut-être les divinités maîtresses
de
cette première moitié du siècle. Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’e
359
première moitié du siècle. Qu’il s’agisse bien là
de
dieux, c’est ce que nous prouvent abondamment leurs exigences, qui so
360
ociologie. Nous trouverons les meilleurs exemples
de
cette théologie dans les écrits marxistes, plus intelligents et plus
361
fascistes et racistes. Prenez le dernier article
de
Trotski contre Hitler. C’est d’une logique parfaite. Tout s’y enchaîn
362
e dernier article de Trotski contre Hitler. C’est
d’
une logique parfaite. Tout s’y enchaîne en une démonstration inattaqua
363
oltes, toute notre attitude pratique s’expliquent
d’
une manière suffisante par notre appartenance à une classe déterminée.
364
que entièrement par le fait qu’il était, à la fin
de
la guerre, caporal dans l’armée allemande. Son idéologie n’a rien de
365
al dans l’armée allemande. Son idéologie n’a rien
de
personnel, c’est l’idéologie des petits gradés d’une armée vaincue. L
366
de personnel, c’est l’idéologie des petits gradés
d’
une armée vaincue. L’hypothèse est séduisante, vraisemblable même. Que
367
sse ou notre race. Destin du siècle contre destin
de
l’homme. Il faut bien reconnaître qu’en cette année 1934, l’homme se
368
irent une conclusion inattendue. Reprenant le mot
de
Goethe, sans le savoir, ils nous enseignent que la loi seule nous con
369
ous conduit à la liberté. Adhérez au déterminisme
de
l’histoire, abandonnez votre cher petit moi, fondez votre destin dans
370
fondez votre destin dans celui du prolétariat ou
de
la race aryenne, et toutes vos inquiétudes s’apaiseront. Bien. Mais i
371
iseront. Bien. Mais il faut prendre garde d’abord
de
confondre le sacrifice et le suicide. L’élan qui jette des millions d
372
fice et le suicide. L’élan qui jette des millions
de
nos contemporains dans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan
373
ans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan
d’
une fuite devant le destin particulier et la responsabilité de chacun.
374
devant le destin particulier et la responsabilité
de
chacun. Les brigadiers de choc et les miliciens hitlériens s’indignen
375
er et la responsabilité de chacun. Les brigadiers
de
choc et les miliciens hitlériens s’indignent de ce reproche. Ils nous
376
s de choc et les miliciens hitlériens s’indignent
de
ce reproche. Ils nous répondent, avec raison, que leur action n’a pas
377
ec raison, que leur action n’a pas les apparences
d’
une évasion, d’une démission ; qu’ils n’ont pas fui les risques et qu’
378
leur action n’a pas les apparences d’une évasion,
d’
une démission ; qu’ils n’ont pas fui les risques et qu’ils ont exposé
379
fonde-t-elle ? Quelles réalités sont à la base ?
De
l’aveu même des sociologues marxistes ou hitlériens, ce sont des réal
380
es ou hitlériens, ce sont des réalités générales,
d’
ordre statistique ; des considérations, par exemple, sur le développem
381
les passés, quand ce ne sont pas des statistiques
de
phrénologues. Ce sont toujours des réalités passées, historiques, ach
382
nd du terme, la seule chose qui intéresse chacune
de
nos vies —, c’est qu’il y ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’
383
ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’arrête
de
boire, ne fût-ce que pour faire mentir le proverbe. Les lois générale
384
ours justes, dans la mesure où nous démissionnons
de
notre rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure ex
385
ans la mesure où nous démissionnons de notre rôle
d’
hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure exactement notre
386
se disputent énormément. Je crois qu’ils ont tort
de
se disputer, parce qu’ils ont raison les uns et les autres. Ma théori
387
e s’applique pas seulement aux partisans attardés
de
Darwin, mais aussi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il est
388
attardés de Darwin, mais aussi bien aux partisans
de
Marx et de Gobineau. Il est tout à fait vrai que les adeptes du marxi
389
Darwin, mais aussi bien aux partisans de Marx et
de
Gobineau. Il est tout à fait vrai que les adeptes du marxisme et du r
390
classe ou la race, et c’est perdre son temps que
de
contester leur croyance. Ces hommes-là savent au moins ce qui les mèn
391
lettantes qui tombent, eux aussi, mais continuent
d’
évoquer la liberté et les idéaux supérieurs dont ils s’éloignent de pl
392
beau ne pas croire, pour mon compte, à la réalité
de
tous ces mythes, j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de dis
393
es, j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit
de
disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait,
394
u ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer
de
nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dom
395
roit de disposer de nos vies, je suis bien obligé
de
reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût-ce que par le moyen
396
it, ils nous dominent. Ne fût-ce que par le moyen
de
la presse. On peut dire, sans exagérer, que les journaux disposent de
397
t dire, sans exagérer, que les journaux disposent
de
nos vies. Sans eux, la préparation des esprits qui prélude à toute gu
398
du siècle, et peut-être aurions-nous un peu plus
d’
attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais si les journaux d
399
un peu plus d’attention pour les vrais problèmes
de
nos vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispos
400
lèmes de nos vies. Mais si les journaux disposent
de
nos vies, l’argent dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau d
401
dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau
de
la chaîne de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en f
402
journaux. Et voilà le dernier anneau de la chaîne
de
notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en finirions pas.
403
cette description a pu faire naître dans l’esprit
de
quelques-uns. Je sais que le bon ton, dans certains milieux bien-pens
404
ilieux bien-pensants, veut qu’on dénonce le règne
de
la masse. On s’indigne du nivellement universel, à quoi doit aboutir
405
ents sont pareils et qu’un homme n’a pas le droit
de
sortir dans la rue coiffé d’un chapeau de paille avant la date fixée
406
mme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé
d’
un chapeau de paille avant la date fixée par les grands fournisseurs.
407
e droit de sortir dans la rue coiffé d’un chapeau
de
paille avant la date fixée par les grands fournisseurs. On prétend qu
408
nonyme. Je crois que c’est là ce qu’il peut faire
de
mieux. L’individu, tel que le concevait le dernier siècle, l’homme is
409
it jalousement sa petite vie intérieure, à l’abri
de
la Déclaration des droits de l’homme, ne mérite pas qu’on le pleure.
410
mme sans destin, un homme sans vocation ni raison
d’
être, un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement,
411
rien. Cet être-là, fatalement, devait désespérer
de
soi-même et de tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre, reparaître l
412
-là, fatalement, devait désespérer de soi-même et
de
tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre, reparaître le fameux « mal
413
plus dégradant. On vit alors, chez les meilleurs
de
ces jeunes gens, se déclarer une épidémie de suicides, qui ne prit pa
414
eurs de ces jeunes gens, se déclarer une épidémie
de
suicides, qui ne prit pas toujours la forme romantique du coup de rev
415
ne prit pas toujours la forme romantique du coup
de
revolver, qui prit même beaucoup plus souvent la forme d’un enrôlemen
416
ver, qui prit même beaucoup plus souvent la forme
d’
un enrôlement dans quelque troupe d’assaut. En vérité, ce serait une e
417
vent la forme d’un enrôlement dans quelque troupe
d’
assaut. En vérité, ce serait une erreur insondable que de voir le salu
418
t. En vérité, ce serait une erreur insondable que
de
voir le salut de notre époque dans un retour à l’individu. L’individu
419
serait une erreur insondable que de voir le salut
de
notre époque dans un retour à l’individu. L’individu est l’origine la
420
destin des autres ; c’est parce qu’il n’avait pas
de
vocation, qu’il a voulu servir la seule vocation de sa race. La meill
421
vocation, qu’il a voulu servir la seule vocation
de
sa race. La meilleure preuve, d’ailleurs, de l’origine individualiste
422
tion de sa race. La meilleure preuve, d’ailleurs,
de
l’origine individualiste des mythes collectifs, je la vois dans l’abo
423
ythes collectifs, je la vois dans l’aboutissement
de
ces mythes. On a cru trouver en eux les principes d’une communauté no
424
ces mythes. On a cru trouver en eux les principes
d’
une communauté nouvelle que l’individualisme avait dissoute. Il n’y a
425
ualisme avait dissoute. Il n’y a jamais eu autant
de
ligues, de groupements, de partis et d’associations qu’aujourd’hui, m
426
it dissoute. Il n’y a jamais eu autant de ligues,
de
groupements, de partis et d’associations qu’aujourd’hui, mais aussi j
427
n’y a jamais eu autant de ligues, de groupements,
de
partis et d’associations qu’aujourd’hui, mais aussi jamais moins d’ac
428
eu autant de ligues, de groupements, de partis et
d’
associations qu’aujourd’hui, mais aussi jamais moins d’accord réel, ja
429
ais aussi jamais moins d’accord réel, jamais plus
de
haine déclarée. L’amour des hommes, transposé dans la collectivité, d
430
osé dans la collectivité, devient automatiquement
de
la haine. On me dira que la solidarité entre les peuples est désormai
431
ue désormais le globe entier apparaisse solidaire
d’
une même civilisation. Mais cette solidarité, que vaut-elle ? Le premi
432
dans le monde, c’est l’exemple suivant : le krach
d’
une banque à Paris peut ruiner des petits rentiers belges et jeter sur
433
ntiers belges et jeter sur la paille des milliers
d’
ouvriers annamites. Oui, certes, tout se tient désormais. Mais la soli
434
le destin des ismes, ne nous laisse rien prévoir
d’
autre qu’un monde chaotique hautement organisé, une monstrueuse agglom
435
hautement organisé, une monstrueuse agglomération
d’
individus assemblés par la peur et la faim, et la haine, parqués dans
436
la haine, parqués dans des casernes ou des camps
de
travail — et mourant de solitude. J’ai terminé ma description du sièc
437
des casernes ou des camps de travail — et mourant
de
solitude. J’ai terminé ma description du siècle. Est-elle pessimiste
438
à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il nous importe
de
savoir. Si j’ai simplifié le tableau, c’est que je veux maintenant dé
439
nous peut prendre. ⁂ Destin du siècle ou destin
de
l’homme ? Loi historique ou acte personnel ? Irresponsable ou respons
440
et simplement, ou désirer leur destruction, c’est
de
l’utopie. Ils sont là, et ils ont probablement leur raison d’être. La
441
Ils sont là, et ils ont probablement leur raison
d’
être. La classe, la race, jouent dans le monde le même rôle que l’inst
442
ignorés. Les voilà qui reviennent sous le couvert
de
ce cheval de Troie qui se nomme déterminisme historique. Il faut croi
443
voilà qui reviennent sous le couvert de ce cheval
de
Troie qui se nomme déterminisme historique. Il faut croire qu’ils ont
444
, et que le mieux à faire pour nous, c’est encore
de
compter avec eux. Mais, compter avec eux, ce n’est pas les diviniser
445
e qui les poussait, je vois bien ce qu’il y avait
d’
émouvant dans leur élan vers une nouvelle communauté humaine. Mais ils
446
uté humaine. Mais ils se sont cruellement trompés
de
porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’était l’homme qu’il fal
447
t très simple : que la société doit être composée
d’
hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en effet incalc
448
é, sauf ce qui est en effet incalculable : l’acte
de
l’homme. Mais le temps vient où les hommes se lassent de théories qui
449
mme. Mais le temps vient où les hommes se lassent
de
théories qui expliquent tout sauf l’essentiel. Voici notre dilemme :
450
ci notre dilemme : voulons-nous être des éléments
de
statistique, ou bien des hommes de chair et de sang, reconnaissant le
451
e des éléments de statistique, ou bien des hommes
de
chair et de sang, reconnaissant leur condition concrète, mais connais
452
ts de statistique, ou bien des hommes de chair et
de
sang, reconnaissant leur condition concrète, mais connaissant aussi l
453
mais connaissant aussi leur dignité, leur raison
d’
être personnelle ? Voulons-nous être des personnes ? Voilà le mot lâch
454
s années dans les jeunes groupes révolutionnaires
de
France et de Belgique, dans la revue Esprit , et dans les cercles de
455
les jeunes groupes révolutionnaires de France et
de
Belgique, dans la revue Esprit , et dans les cercles de L’Ordre nou
456
ique, dans la revue Esprit , et dans les cercles
de
L’Ordre nouveau ? Qu’est-ce que la personne ? Permettez-moi de renv
457
veau ? Qu’est-ce que la personne ? Permettez-moi
de
renverser la question : que sont ces dieux et ces mythes collectifs s
458
us lesquels on prétend nous courber ? J’ai essayé
de
vous montrer qu’ils sont des créations de l’homme, et particulièremen
459
essayé de vous montrer qu’ils sont des créations
de
l’homme, et particulièrement de ce personnage égoïste et, en somme, a
460
ont des créations de l’homme, et particulièrement
de
ce personnage égoïste et, en somme, assez lâche, qu’on appelle l’indi
461
’une certaine attitude, l’attitude démissionnaire
de
l’homme en fuite devant sa vocation, sa destinée. Les fantômes collec
462
ntômes collectifs, comme tous les fantômes, n’ont
de
réalité que celle qu’on leur prête. Si personne n’y croyait, ils n’ex
463
ces mythes représentent l’attitude démissionnaire
de
l’homme, la somme de toutes les démissions particulières, — la person
464
nt l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme
de
toutes les démissions particulières, — la personne au contraire repré
465
aire représente l’attitude créatrice, la vocation
de
l’homme. Tout, en définitive, se joue dans l’homme et se rapporte à
466
à sa réalité. Dans l’homme, la masse n’a pas plus
de
puissance que la personne. Et c’est dans l’homme qu’a lieu le choix,
467
on pas dans la rue, dans l’opinion, dans les lois
de
l’évolution. Le lieu de toute décision qui crée, c’est la personne. E
468
l’opinion, dans les lois de l’évolution. Le lieu
de
toute décision qui crée, c’est la personne. Et votre rôle d’étudiants
469
cision qui crée, c’est la personne. Et votre rôle
d’
étudiants, c’est-à-dire d’intellectuels, m’apparaît alors dans toute s
470
personne. Et votre rôle d’étudiants, c’est-à-dire
d’
intellectuels, m’apparaît alors dans toute sa grandeur. C’est à vous d
471
paraît alors dans toute sa grandeur. C’est à vous
de
rechercher dans vos pensées les origines concrètes de ces grands fait
472
echercher dans vos pensées les origines concrètes
de
ces grands faits qui bouleversent le monde. C’est à vous de déceler,
473
nds faits qui bouleversent le monde. C’est à vous
de
déceler, par exemple, l’origine permanente et virtuelle des dictature
474
ctatures, dans un fléchissement, en vous, du sens
de
votre destinée personnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude
475
u sens de votre destinée personnelle. À l’origine
de
tout, il y a une attitude de l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’a
476
onnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude
de
l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’attitude de celui qui se réfug
477
tout, il y a une attitude de l’homme. J’ai essayé
de
vous montrer l’attitude de celui qui se réfugie dans l’Histoire15, qu
478
e l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’attitude
de
celui qui se réfugie dans l’Histoire15, qui pense par périodes sécula
479
ul éveillé et conscient des réalités. J’ai essayé
de
vous montrer qu’en pensant historiquement, il fonde, dès maintenant,
480
dès maintenant, en lui, la dictature du nombre et
de
l’irresponsable. Je pourrais maintenant vous donner une contrepartie,
481
s maintenant vous donner une contrepartie, tenter
de
vous décrire la pensée personnaliste, la pensée qui ne veut s’attache
482
ontraire de l’individu perdu dans l’Histoire, vit
d’
instant en instant, d’une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte
483
perdu dans l’Histoire, vit d’instant en instant,
d’
une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte, toujours imprévisibl
484
it d’instant en instant, d’une tâche à une autre,
d’
un acte à un autre acte, toujours imprévisible, toujours aventureux. E
485
el. Quel est donc, nous dit-on, le fondement réel
de
la personne ? Est-ce une vue philosophique ? Est-ce une attitude niet
486
réponse à toutes ces questions, c’est la réponse
de
l’Évangile. Faites toutes les sociétés que vous voudrez, bouleversez
487
seul nous le désigne, bien plus : il nous ordonne
de
l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu c
488
voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu
de
Dieu cet ordre : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tous donc, n
489
s deux ne sont possibles que dans cet acte unique
d’
obéissance à l’ordre de Dieu, qui s’appelle l’amour du prochain. Je di
490
s que dans cet acte unique d’obéissance à l’ordre
de
Dieu, qui s’appelle l’amour du prochain. Je dis bien : acte, et il fa
491
rance à l’égard du voisin, une façon plus commode
de
vivre en société. On a transporté dans l’histoire cet amour qui doit
492
onne, mais aussi ce que Jésus-Christ nous ordonne
d’
être : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulurent éprouver
493
rdonne d’être : le prochain. Lorsque les docteurs
de
la loi voulurent éprouver Jésus, l’un d’entre eux se leva et lui dit
494
parabole, celle du Bon Samaritain. Et le docteur
de
la loi découvrit cette vérité que toute sa religion n’avait pas pu lu
495
ce, en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun
de
nous, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’i
496
Cet acte, en chacun de nous, peut être vainqueur
de
l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné de le faire,
497
ire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné
de
le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin personnel et
498
société possible. Ne nous y trompons pas : l’acte
de
la miséricorde, c’est l’acte le plus révolutionnaire qui ait jamais p
499
mal à sa racine, qui est en nous, qui est au fond
de
notre désespoir. Les grandes lois historiques et révolutionnaires peu
500
ques et révolutionnaires peuvent bien nous servir
de
refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passions, au se
501
olutionnaires peuvent bien nous servir de refuge,
de
prétextes et d’arguments au service de nos passions, au secours de no
502
uvent bien nous servir de refuge, de prétextes et
d’
arguments au service de nos passions, au secours de notre misère matér
503
de refuge, de prétextes et d’arguments au service
de
nos passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pé
504
’arguments au service de nos passions, au secours
de
notre misère matérielle. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimi
505
e. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité
de
notre être, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas s
506
intimité de notre être, là où réside le désespoir
de
l’homme qui ne connaît pas son destin. Après tout, l’homme désespéré,
507
’est pas la connaissance intellectuelle du destin
de
sa classe ou de sa race qui va suffire pour l’arracher à sa misère ;
508
aissance intellectuelle du destin de sa classe ou
de
sa race qui va suffire pour l’arracher à sa misère ; il lui faut une
509
ant. Nous ne rencontrons personne au monde, avant
d’
avoir rencontré Dieu. 12. Conférence donnée à Genève, le 12 février
510
ichard Bloch intitula Destin du siècle un recueil
d’
essais politiques dont le retentissement fut grand. Ce n’est pas ici l
511
tentissement fut grand. Ce n’est pas ici le titre
de
M. Bloch que je vise, mais le succès et la rapide vulgarisation d’une
512
e vise, mais le succès et la rapide vulgarisation
d’
une expression qui en dit plus long que son auteur ne voulait sans dou
513
question. — Vous parlez beaucoup de la personne…
De
mon temps, nous disions : individu. Les termes changent, selon le cou
514
rs disant : individu ! Individu ! Je suis heureux
de
notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux encore si je
515
idu et personne. Je ne pense pas qu’il y ait lieu
de
s’en féliciter, ni surtout d’en conclure qu’entre individualistes et
516
as qu’il y ait lieu de s’en féliciter, ni surtout
d’
en conclure qu’entre individualistes et personnalistes, la différence
517
ort à l’ensemble, à l’espèce16. Il est une partie
d’
un tout : mais alors c’est le tout qui est donné d’abord, et c’est cel
518
ent à dire, sur le plan politique, que les droits
de
l’État priment ceux du citoyen. Voilà ce qui découle normalement de l
519
ceux du citoyen. Voilà ce qui découle normalement
de
la définition courante de l’individu. Dans ces conditions, l’individu
520
qui découle normalement de la définition courante
de
l’individu. Dans ces conditions, l’individualisme libéral n’est pas j
521
vidualistes à la mode du xixe siècle font figure
de
révoltés non seulement contre l’État, mais aussi contre la définition
522
ntre l’État, mais aussi contre la définition même
de
l’individu, et, en fin de compte, contre la raison, — dont ils aiment
523
se réclamer par ailleurs. La conséquence logique
de
l’individu, c’est l’étatisme, le fascisme ou la dictature stalinienne
524
ature stalinienne. Tel est le paradoxe malheureux
de
la démocratie laïque. L’individu au nom duquel légiféra la Convention
525
it du plus grand des deux et aboutît à une espèce
d’
abdication logique des doctrines libérales. Laissons aux communistes l
526
rines libérales. Laissons aux communistes le soin
de
s’en réjouir. Si maintenant nous définissons la personne comme une vo
527
créatrice, la situation se renverse. La vocation
d’
un homme n’est pas un droit pour lui, mais une charge ; disons plus :
528
arge ; disons plus : elle est sa véritable raison
d’
être. Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien de l’ensemble ne p
529
re. Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien
de
l’ensemble ne peut exister qu’à partir du bien de chaque personne. Le
530
de l’ensemble ne peut exister qu’à partir du bien
de
chaque personne. Le bien de l’ensemble est comme une extension normal
531
r qu’à partir du bien de chaque personne. Le bien
de
l’ensemble est comme une extension normale du bien particulier. La pe
532
ire, sur le plan politique, que l’État n’est rien
d’
autre qu’une machine destinée à subvenir à l’entretien des personnes.
533
née à subvenir à l’entretien des personnes. Privé
de
toute dignité mystique, il doit devenir un simple organe d’économie e
534
ignité mystique, il doit devenir un simple organe
d’
économie et de distribution des tâches serviles et mécaniques, ou bien
535
e, il doit devenir un simple organe d’économie et
de
distribution des tâches serviles et mécaniques, ou bien encore, une a
536
niques, ou bien encore, une administration, dotée
d’
une police minime. Une autre conséquence politique du personnalisme, q
537
ue du personnalisme, qui marque bien l’opposition
de
ce système à ceux qu’on a fondés sur l’individu libéral, c’est le féd
538
ses droits dépendent, en pratique, du bon plaisir
de
l’État. Tout au contraire, des lois fondées sur la personne sont obli
539
e, des lois fondées sur la personne sont obligées
de
tenir compte en premier lieu des diversités personnelles, puis locale
540
puis locales, puis régionales… On pourrait dire,
d’
une manière un peu paradoxale, que ces lois perdent en puissance à mes
541
esure qu’elles s’éloignent du foyer vivant. Mais,
de
la sorte, le centre du pouvoir n’est pas dans les bureaux d’État, il
542
, le centre du pouvoir n’est pas dans les bureaux
d’
État, il reste dans l’activité réelle de chaque personne, au sein de g
543
s bureaux d’État, il reste dans l’activité réelle
de
chaque personne, au sein de groupes d’autant plus forts qu’ils sont m
544
ité réelle de chaque personne, au sein de groupes
d’
autant plus forts qu’ils sont moins étendus. Peut-être ces exemples po
545
ques seront-ils plus probants que les définitions
d’
un philosophe ? Je tiens à marquer toutefois qu’ils ne sont pas sans j
546
mettons. Mais vous trouverez un très grand nombre
d’
hommes qui vous diront : je ne me sens pas de vocation, il est probabl
547
mbre d’hommes qui vous diront : je ne me sens pas
de
vocation, il est probable que je n’en ai pas, je ne sais pas très bie
548
t profession, et vous diront : ma vocation, c’est
d’
être gangster. Encore une fois, que signifierait pour tous ces gens vo
549
. Tout système comporte en réalité une difficulté
de
ce genre. Le plus souvent, on la passe sous silence, et le système s’
550
blit sur une équivoque fondamentale. C’est le cas
de
la démocratie libérale ; elle est fondée sur une notion de l’individu
551
ocratie libérale ; elle est fondée sur une notion
de
l’individu qui défie l’expérience et la réalité humaine. Elle a pourt
552
avantage sur l’individualisme qui serait en peine
de
montrer un seul individu réel, l’individu des droits de l’homme n’éta
553
nnes. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il y a peu
d’
hommes qui acceptent les charges de leur vocation. Mais, ici, faisons
554
Qu’il y a peu d’hommes qui acceptent les charges
de
leur vocation. Mais, ici, faisons deux remarques : 1° La vocation n’e
555
eux remarques : 1° La vocation n’est pas un choix
de
l’homme. On ne saurait proprement parler du choix d’une vocation. La
556
l’homme. On ne saurait proprement parler du choix
d’
une vocation. La vocation est un appel, une mission confiée à un homme
557
t ses capacités. Pour l’un, ce sera quelque chose
de
très modeste : se marier, persévérer dans une tâche entreprise, refus
558
découvre que son vrai moi réside dans l’exercice
de
cette vocation. L’exercice de sa vocation figure désormais sa liberté
559
ide dans l’exercice de cette vocation. L’exercice
de
sa vocation figure désormais sa liberté concrète et c’est cela qu’il
560
comprise est une réalité chrétienne, qui n’a pas
de
sens pour l’incroyant. Je ne puis l’accorder sans de fortes réserves.
561
sens pour l’incroyant. Je ne puis l’accorder sans
de
fortes réserves. L’Évangile nous apprend que Dieu s’adresse à tous le
562
es hommes, croyants ou non. Je pense que beaucoup
d’
incroyants acceptent cet appel, obscurément — inconsciemment, diraient
563
— dans la mesure où ils agissent sous l’impulsion
d’
un absolu17. Je connais plusieurs incroyants qui croient très fermemen
564
ncroyants qui croient très fermement à la mission
de
leur vie : ils l’appellent leur dignité. Ils savent que c’est là ce q
565
e sais pas quelle est ma vocation, je serai tenté
de
lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce
566
, je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance
de
cet ordre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner
567
ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce
de
refus… À chacun de s’examiner et d’éprouver son courage « personnel »
568
dre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun
de
s’examiner et d’éprouver son courage « personnel ». Il y a très peu d
569
ôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et
d’
éprouver son courage « personnel ». Il y a très peu de personnes. Mais
570
es lois sur la personne, c’est assurer la liberté
d’
action des hommes les plus humains, les plus capables par là même de t
571
s les plus humains, les plus capables par là même
de
travailler au bien de tous. C’est, pratiquement, prévoir et respecter
572
s plus capables par là même de travailler au bien
de
tous. C’est, pratiquement, prévoir et respecter les différences, les
573
ettre le pouvoir à quelques-uns… Mais le seul mot
d’
oligarchie introduit tant de confusions qu’il vaut mieux l’éviter ici.
574
tant de confusions qu’il vaut mieux l’éviter ici.
D’
autant plus qu’on pourrait aussi bien parler d’une démocratie minimum,
575
i. D’autant plus qu’on pourrait aussi bien parler
d’
une démocratie minimum, exercée par quelques personnes en vue d’attein
576
ie minimum, exercée par quelques personnes en vue
d’
atteindre un maximum. Troisième question. — Il y a dans votre positio
577
personnaliste un danger bien plus grand que celui
de
l’oligarchie. C’est celui de l’anarchie. La vocation telle que l’ente
578
plus grand que celui de l’oligarchie. C’est celui
de
l’anarchie. La vocation telle que l’entendent les chrétiens est impré
579
évisible. Or les lois ont pour utilité principale
de
prévoir. Il y a là une opposition de principe qui me paraît irréducti
580
é principale de prévoir. Il y a là une opposition
de
principe qui me paraît irréductible. Si chacun prétend suivre sa voca
581
nnent forcément inopérantes. Réponse. — La force
de
cette objection réside dans une vue rationaliste du monde. Dans la ré
582
s reçues s’insèrent naturellement dans le concret
de
la vie, et revêtent par là même une espèce de… régularité. L’Esprit s
583
ret de la vie, et revêtent par là même une espèce
de
… régularité. L’Esprit souffle où il veut, c’est vrai. Mais la vocatio
584
vrai. Mais la vocation est avant tout incarnation
de
l’Esprit. Et l’incarnation est soumise aux nécessités de la « chair »
585
prit. Et l’incarnation est soumise aux nécessités
de
la « chair », qui ne sont pas variées à l’infini. D’autre part, on pe
586
it, peut très bien n’être que la fixation brutale
d’
un désordre réel. Cet ordre reste à la merci de la révolte suffisammen
587
le d’un désordre réel. Cet ordre reste à la merci
de
la révolte suffisamment violente de quelques vocations, de quelques «
588
te à la merci de la révolte suffisamment violente
de
quelques vocations, de quelques « personnalités » qui ne peuvent plus
589
olte suffisamment violente de quelques vocations,
de
quelques « personnalités » qui ne peuvent plus, à un moment donné, le
590
, supportent beaucoup plus facilement l’irruption
de
l’imprévisible, et la prévoient en quelque sorte. C’est ainsi que les
591
ment personnalistes, s’accommodent assez aisément
de
l’objection de conscience, alors que les lois rationnelles de l’État
592
stes, s’accommodent assez aisément de l’objection
de
conscience, alors que les lois rationnelles de l’État français transf
593
on de conscience, alors que les lois rationnelles
de
l’État français transforment aussitôt cette objection de conscience e
594
at français transforment aussitôt cette objection
de
conscience en un péril pour la défense nationale et l’ordre public.
595
ion. — Les personnalistes se réclament volontiers
de
l’esprit. Ils revendiquent la primauté du spirituel, reprenant l’expr
596
lui qui réside, comme disait Bernanos, en l’hôtel
de
la nonciature. Je ne crois pas que les personnalistes puissent se tar
597
is pas que les personnalistes puissent se targuer
d’
un « esprit » aussi rigoureusement administré et contrôlé. Je crains a
598
ns alors que leur « esprit » ne soit qu’une forme
de
l’esprit bourgeois, une dernière survivance du spiritualisme, de la «
599
rgeois, une dernière survivance du spiritualisme,
de
la « belle âme », et, pour tout dire, de l’hypocrisie de la classe po
600
ualisme, de la « belle âme », et, pour tout dire,
de
l’hypocrisie de la classe possédante. Ils célèbrent l’esprit pour end
601
belle âme », et, pour tout dire, de l’hypocrisie
de
la classe possédante. Ils célèbrent l’esprit pour endormir le peuple,
602
el ne connaît que la « chair » selon l’expression
de
l’Apôtre. Cette « chair » signifie aussi bien la raison et l’intellig
603
t souffle où il veut. Mais lorsqu’il parle à l’un
de
nous, et que celui qui le reçoit dans cette parole croit en lui, il s
604
uelque chose. Je dis donc que l’Esprit n’est rien
d’
autre pour nous qu’un acte, et un acte d’obéissance. Cet acte justemen
605
est rien d’autre pour nous qu’un acte, et un acte
d’
obéissance. Cet acte justement qui fonde notre personne. La primauté d
606
auté du spirituel, c’est pratiquement la primauté
de
la personne. La primauté de la personne, voilà la définition de la se
607
tiquement la primauté de la personne. La primauté
de
la personne, voilà la définition de la seule autorité réelle, rayonna
608
. La primauté de la personne, voilà la définition
de
la seule autorité réelle, rayonnante, et qui ne se fonde pas sur la c
609
. L’Esprit dont nous parlons n’est pas une espèce
de
fluide très subtil, d’autant plus respectable qu’il serait plus invis
610
rlons n’est pas une espèce de fluide très subtil,
d’
autant plus respectable qu’il serait plus invisible. Et ce n’est pas n
611
trième à la notion que les personnalistes se font
de
l’individu ; la troisième à la confusion courante de l’individu et de
612
l’individu ; la troisième à la confusion courante
de
l’individu et de la personne. 17. Ceci demanderait quelques précisio
613
roisième à la confusion courante de l’individu et
de
la personne. 17. Ceci demanderait quelques précisions. Dès que l’abs
614
t qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse
d’
être un homme qui ne connaît pas son Dieu, pour devenir un faux croyan
615
III.Précédence ou primauté
de
l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cerc
616
à un débat dans un cercle privé) L’affirmation
de
l’importance décisive du fait économique servit de point de départ à
617
e l’importance décisive du fait économique servit
de
point de départ à Marx dans une époque où la bourgeoisie se croyait «
618
tance décisive du fait économique servit de point
de
départ à Marx dans une époque où la bourgeoisie se croyait « spiritua
619
spiritualiste » ou « idéaliste » au sens vulgaire
de
ces termes. Marx révélait ainsi à cette bourgeoisie la vraie nature d
620
évélait ainsi à cette bourgeoisie la vraie nature
de
la société moderne. Aux grands bourgeois libéraux, philanthropes et d
621
es, par-dessus tout leur religion, étaient autant
de
moyens hypocrites — ou peut-être sincères — de duper systématiquement
622
nt de moyens hypocrites — ou peut-être sincères —
de
duper systématiquement le monde — et peut-être eux-mêmes — sur la vér
623
es bénéficiaires. L’affirmation brutale du primat
de
l’économique intervint à ce moment de l’histoire comme un rappel à la
624
e du primat de l’économique intervint à ce moment
de
l’histoire comme un rappel à la réalité de la condition humaine. Elle
625
moment de l’histoire comme un rappel à la réalité
de
la condition humaine. Elle fut d’abord pour Marx et pour Engels une a
626
êmement efficace et qui tirait sa vérité relative
de
l’état de mensonge dans lequel vivait la bourgeoisie. Ajoutons tout d
627
ficace et qui tirait sa vérité relative de l’état
de
mensonge dans lequel vivait la bourgeoisie. Ajoutons tout de suite qu
628
e suite que cette vérité relative subsiste encore
de
nos jours dans la mesure où cet état de mensonge subsiste lui-même. Q
629
te encore de nos jours dans la mesure où cet état
de
mensonge subsiste lui-même. Que nous soyons marxistes ou antimarxiste
630
arxistes, il nous arrive à tous, dans des moments
d’
indignation en présence de l’hypocrisie plus ou moins consciente de ce
631
présence de l’hypocrisie plus ou moins consciente
de
certains capitalistes, de certains porte-paroles ou porte-plumes de l
632
lus ou moins consciente de certains capitalistes,
de
certains porte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie, de nous écr
633
listes, de certains porte-paroles ou porte-plumes
de
la bourgeoisie, de nous écrier, trop souvent, hélas ! en pensée seule
634
porte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie,
de
nous écrier, trop souvent, hélas ! en pensée seulement : « Vends tous
635
t nous verrons ensuite si tu attaches encore tant
d’
importance aux ventes de charité, à la poésie pure ou à la contingence
636
i tu attaches encore tant d’importance aux ventes
de
charité, à la poésie pure ou à la contingence des lois de la nature !
637
té, à la poésie pure ou à la contingence des lois
de
la nature ! » Mais le marxisme, à la suite surtout des derniers écrit
638
marxisme, à la suite surtout des derniers écrits
de
Marx, a été beaucoup plus loin que son indignation première. De cet a
639
beaucoup plus loin que son indignation première.
De
cet argument polémique, de ce rappel à la vraie nature des choses, ou
640
indignation première. De cet argument polémique,
de
ce rappel à la vraie nature des choses, ou tout au moins à un aspect
641
ique — et légitime en raison même du grand nombre
de
faits dont l’argument paraissait rendre compte ; mais ensuite constru
642
bref, Marx démontra d’abord le matérialisme réel
de
la bourgeoisie qui se croyait idéaliste. Puis il systématisa sa criti
643
et homme réduit au minimum matériel, sur cet état
de
l’homme précisément qu’à l’origine il jugeait inhumain. Il condamna d
644
ues siècles peut-être, à un homme nouveau capable
de
créer un « spirituel » également rénové. C’était là, très exactement,
645
tement, comme le dit l’expression courante, faire
de
nécessité vertu. Mais c’était aussi introduire dans la doctrine de la
646
u. Mais c’était aussi introduire dans la doctrine
de
la Révolution un primat du déterminisme, dont je dirai, sans plus de
647
? Parce qu’il fait abstraction du facteur homme,
de
la personne, de l’origine concrète de toute révolution. Du point de v
648
ait abstraction du facteur homme, de la personne,
de
l’origine concrète de toute révolution. Du point de vue tactique, le
649
teur homme, de la personne, de l’origine concrète
de
toute révolution. Du point de vue tactique, le matérialisme a joué un
650
accompli, le déterminisme s’est révélé incapable
de
soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle est la contradiction
651
fins qu’il veut atteindre, qui sont la libération
de
l’individu et la suppression de l’État, sont sans commune mesure avec
652
ont la libération de l’individu et la suppression
de
l’État, sont sans commune mesure avec les moyens qu’il met en œuvre.
653
x encore : les moyens du marxisme sont incapables
d’
engendrer les fins désirées, parce qu’ils ne portent pas en eux-mêmes
654
tent pas en eux-mêmes l’image et la préfiguration
de
ces fins. On ne fait pas de la liberté avec de la nécessité, on ne cr
655
e et la préfiguration de ces fins. On ne fait pas
de
la liberté avec de la nécessité, on ne crée pas des personnes par le
656
on de ces fins. On ne fait pas de la liberté avec
de
la nécessité, on ne crée pas des personnes par le moyen des dictature
657
r le moyen des dictatures, pas plus qu’on ne fait
de
l’éternité en accumulant siècles sur siècles. Le matérialisme bourgeo
658
en charge par le marxisme, empêche la Révolution
de
s’arracher du plan capitaliste. Il alourdit, il entrave, finalement i
659
finalement il paralyse brutalement, par le moyen
de
la dictature étatiste, l’élan créateur, spirituel de la Révolution. O
660
la dictature étatiste, l’élan créateur, spirituel
de
la Révolution. On peut dire, très exactement, que le matérialisme est
661
très exactement, que le matérialisme est l’opium
de
la Révolution. Certes, le marxisme contient bien d’autres éléments qu
662
d’autres éléments que cette affirmation du primat
de
l’économique : elle n’en demeure pas moins essentielle. Et ce serait
663
essentielle. Et ce serait une grande duperie que
de
croire comme certains qu’on peut l’accepter sous réserves, limiter se
664
us réserves, limiter ses dégâts ou même se passer
d’
elle, tout en acceptant d’autres parties de la doctrine. Car toute la
665
passer d’elle, tout en acceptant d’autres parties
de
la doctrine. Car toute la force de propagande du marxisme-léninisme r
666
autres parties de la doctrine. Car toute la force
de
propagande du marxisme-léninisme réside dans la cohérence de ses affi
667
de du marxisme-léninisme réside dans la cohérence
de
ses affirmations polémiques et de ses analyses théoriques. Que les th
668
ns la cohérence de ses affirmations polémiques et
de
ses analyses théoriques. Que les thèses marxistes reposent sur une co
669
e. On ne sait jamais très bien, en présence d’une
de
ces thèses, si elle veut exprimer simplement un état de fait, ou si e
670
thèses, si elle veut exprimer simplement un état
de
fait, ou si elle le condamne, ou si elle le revendique. C’est un des
671
cet égard. L’URSS étant encore en pleine période
de
transition, il est trop facile de rejeter toutes les critiques de fai
672
pleine période de transition, il est trop facile
de
rejeter toutes les critiques de fait adressées au plan quinquennal en
673
l est trop facile de rejeter toutes les critiques
de
fait adressées au plan quinquennal en montrant qu’elles n’atteignent
674
doctrine marxiste cohérente. Force nous est donc
de
partir du marxisme « moyen », théorique et vulgarisé, celui préciséme
675
ment parce que, contre lui, ils se sentent privés
de
défense intérieure : il est comme l’expression brutale de leur incons
676
se intérieure : il est comme l’expression brutale
de
leur inconscient, il décrit sans pudeur la part honteuse de leur natu
677
conscient, il décrit sans pudeur la part honteuse
de
leur nature réelle. Prenons donc d’abord la thèse matérialiste en ell
678
correctifs que pourrait lui apporter telle lettre
de
Marx à Engels, ou telle conséquence imprévue du jeu de bascule dialec
679
rx à Engels, ou telle conséquence imprévue du jeu
de
bascule dialectique. On a pu lui opposer une série d’objections que j
680
ascule dialectique. On a pu lui opposer une série
d’
objections que je ne ferai ici que mentionner, car elles sont fort con
681
t montrer que le capitalisme est bien à l’origine
de
l’idéologie bourgeoise, on a pu montrer aussi20 qu’un fait spirituel,
682
sif du développement capitaliste ; 2° La primauté
de
l’économique est au fond une croyance bourgeoise, une de ces croyance
683
onomique est au fond une croyance bourgeoise, une
de
ces croyances jamais avouées mais réellement agissantes qui définisse
684
uler brutalement et systématiser ; 3° La primauté
de
l’économique implique une foi au déterminisme, une croyance en la seu
685
tains égards antirévolutionnaire ; 4° La primauté
de
l’économique suppose une anthropologie particulière, qui considère l’
686
son dans l’absolu, mais nous nous occupons, nous,
de
la situation présente de l’homme, et nous disons : tant que le minimu
687
ous nous occupons, nous, de la situation présente
de
l’homme, et nous disons : tant que le minimum de vie n’est pas assuré
688
de l’homme, et nous disons : tant que le minimum
de
vie n’est pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité.
689
imum de vie n’est pas assuré, c’est un leurre que
de
parler de spiritualité. Commençons par le commencement : donnons du p
690
e n’est pas assuré, c’est un leurre que de parler
de
spiritualité. Commençons par le commencement : donnons du pain à tout
691
s du pain à tout le monde. Nous parlerons ensuite
de
ce spirituel auquel vous ne tenez tant que parce qu’il vous permet d’
692
el vous ne tenez tant que parce qu’il vous permet
d’
éluder le vrai problème. » Mais cette réponse simpliste, valable tout
693
’est pas tenu là. Il a, dès le début, avec autant
d’
hypocrisie sans doute que d’habileté, et même de sagesse, proclamé en
694
le début, avec autant d’hypocrisie sans doute que
d’
habileté, et même de sagesse, proclamé en même temps que la réalité de
695
t d’hypocrisie sans doute que d’habileté, et même
de
sagesse, proclamé en même temps que la réalité de l’économie, la réal
696
de sagesse, proclamé en même temps que la réalité
de
l’économie, la réalité supérieure de la vie « spirituelle ». Par là m
697
e la réalité de l’économie, la réalité supérieure
de
la vie « spirituelle ». Par là même, il paraît plus capable que le ma
698
r là même, il paraît plus capable que le marxisme
d’
entraîner les classes moyennes, d’utiliser leur « idéalisme » impénite
699
que le marxisme d’entraîner les classes moyennes,
d’
utiliser leur « idéalisme » impénitent. D’autre part, la réalisation p
700
mpénitent. D’autre part, la réalisation partielle
de
l’économie marxiste en Russie fait apparaître désormais la nécessité
701
en Russie fait apparaître désormais la nécessité
d’
une spiritualité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse d’être théo
702
tualité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse
d’
être théorique. Cette spiritualité que Marx n’avait pas définie, il fa
703
avait pas définie, il faut maintenant la préciser
d’
urgence, ne fût-ce que pour des fins démagogiques, ou, comme le disaie
704
ains socialistes français, « pour n’être pas pris
de
vitesse par les fascistes ». Aussi bien a-t-on vu apparaître, au cour
705
Que le but final était bel et bien la libération
de
l’homme complet, spirituel compris. Enfin, que cette primauté n’avait
706
ste indique une orientation nouvelle du marxisme.
De
tous côtés la préoccupation dite culturelle apparaît là où naguère on
707
italisme, les marxistes revendiquaient les droits
de
la matière. Maintenant que la critique marxiste s’est vulgarisée et q
708
ont intérêt à revendiquer à leur tour les droits
de
« l’esprit ». Tel étant, à peu près, l’état de la question, je voudra
709
ts de « l’esprit ». Tel étant, à peu près, l’état
de
la question, je voudrais maintenant indiquer en quelques thèses rapid
710
s philosophes marxistes tiennent à ce qu’on parle
de
précédence plutôt que de primauté de l’économique, c’est donc qu’ensu
711
iennent à ce qu’on parle de précédence plutôt que
de
primauté de l’économique, c’est donc qu’ensuite, une fois leurs reven
712
qu’on parle de précédence plutôt que de primauté
de
l’économique, c’est donc qu’ensuite, une fois leurs revendications éc
713
e spirituelle. Mais ce passage serait la négation
de
leurs principales thèses de combat actuelles, fondées sur le détermin
714
ge serait la négation de leurs principales thèses
de
combat actuelles, fondées sur le déterminisme. Si le mot « spirituel
715
urément par opposition avec les lois inéluctables
d’
une nature tyrannique, entièrement livrée à la nécessité. L’esprit est
716
n hors du déterminisme, la dialectique hégélienne
de
Marx l’a cependant prévue. On se souvient des phrases fameuses concer
717
phrases fameuses concernant « le saut du royaume
de
la nécessité dans celui de la liberté ». Ce saut, c’est la vraie révo
718
t « le saut du royaume de la nécessité dans celui
de
la liberté ». Ce saut, c’est la vraie révolution, nous dit-on. Or cet
719
rée en Russie. Nous ne sommes que dans la période
de
préparation, qui doit fatalement se « nier » un jour. (Autosuppressio
720
-à-dire sans classes.) Tout cela n’est qu’un rêve
d’
intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalité humaine. Cet
721
êve d’intellectuel qui ne tient plus aucun compte
de
la réalité humaine. Cette extraordinaire opération de rétablissement
722
a réalité humaine. Cette extraordinaire opération
de
rétablissement du spirituel et de la liberté, dans un monde où seules
723
naire opération de rétablissement du spirituel et
de
la liberté, dans un monde où seules sont admises les valeurs matériel
724
rs matérielles et quantitatives, figure une sorte
de
conversion profonde et subite de toute une civilisation, dont on ne v
725
figure une sorte de conversion profonde et subite
de
toute une civilisation, dont on ne voit pas quel dieu serait l’auteur
726
l dieu serait l’auteur, et que rien dans le passé
de
l’humanité ne peut permettre même d’imaginer. Il s’agit là d’une giga
727
ans le passé de l’humanité ne peut permettre même
d’
imaginer. Il s’agit là d’une gigantesque caricature de réalités chréti
728
é ne peut permettre même d’imaginer. Il s’agit là
d’
une gigantesque caricature de réalités chrétiennes, qui n’ont d’existe
729
aginer. Il s’agit là d’une gigantesque caricature
de
réalités chrétiennes, qui n’ont d’existence que pour la personne huma
730
que caricature de réalités chrétiennes, qui n’ont
d’
existence que pour la personne humaine, et qui supposent une Personne
731
onne divine comme auteur. Si l’on refuse cet acte
de
foi en la dialectique marxiste, il reste peu de raisons d’imaginer po
732
la dialectique marxiste, il reste peu de raisons
d’
imaginer possible le saut dans l’ordre de la liberté. En effet, les no
733
raisons d’imaginer possible le saut dans l’ordre
de
la liberté. En effet, les nouvelles valeurs instituées pendant la pér
734
s nouvelles valeurs instituées pendant la période
de
transition au socialisme ont, d’ores et déjà, une existence concrète,
735
d’ores et déjà, une existence concrète, une durée
d’
action et de réaction. Elles modèlent l’homme, elles créent des habitu
736
jà, une existence concrète, une durée d’action et
de
réaction. Elles modèlent l’homme, elles créent des habitudes de pensé
737
lles modèlent l’homme, elles créent des habitudes
de
pensée et de vie entièrement soumise aux lois du nombre et de la mati
738
l’homme, elles créent des habitudes de pensée et
de
vie entièrement soumise aux lois du nombre et de la matière, pour ne
739
de vie entièrement soumise aux lois du nombre et
de
la matière, pour ne rien dire de la police et de la délation organisé
740
ois du nombre et de la matière, pour ne rien dire
de
la police et de la délation organisée. Atmosphère peu favorable à l’i
741
de la matière, pour ne rien dire de la police et
de
la délation organisée. Atmosphère peu favorable à l’instauration d’un
742
anisée. Atmosphère peu favorable à l’instauration
d’
une spiritualité nouvelle ! Même si les germes du spirituel sont semés
743
sormais dans un milieu de plus en plus stérilisé,
de
moins en moins favorable à une révolution réelle, surtout brusque. Un
744
ette anthropologie marxiste — qui n’est pas celle
de
Marx lui-même — tend à rendre l’homme irresponsable, obéissant aux se
745
uels, au sens étymologique. Des hommes incapables
d’
actualiser une création, c’est-à-dire incapables de concevoir un spiri
746
’actualiser une création, c’est-à-dire incapables
de
concevoir un spirituel véritable. Seule une anthropologie établie dès
747
veau de l’acte, et non du fait, me paraît capable
de
préparer une révolution. Il y a plus. À supposer que le passage au sp
748
ue ne pourrait être qu’une réédition standardisée
de
« l’esprit » bourgeois — dont justement nous étions reconnaissants à
749
justement nous étions reconnaissants à Karl Marx
d’
avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là serait tout bonnement le vieil
750
ituel qui ne vient qu’ensuite, c’est un spirituel
de
luxe, « gratuit » comme on disait naguère, sans efficace, sans respon
751
à fait digne des éloges du « clerc parfait », et
de
l’approbation des bourgeois les plus vilipendés par le marxisme dans
752
l’origine même du désordre actuel. ⁂ Mais ce mot
de
précédence évoque encore autre chose que la séparation bourgeoise et
753
ertain optimisme évolutionniste, tout un ensemble
de
doctrines qui trouvent leur lieu commun dans la doctrine de l’immanen
754
es qui trouvent leur lieu commun dans la doctrine
de
l’immanence. Au fond du débat précédence ou primauté, nous retrouvons
755
que l’« esprit » et la « liberté » sont au terme
de
l’effort humain. Or, je crois, au contraire, que si le spirituel n’es
756
t pas à l’origine, il n’est pas non plus à la fin
d’
un système, d’une action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme es
757
ine, il n’est pas non plus à la fin d’un système,
d’
une action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble
758
pas non plus à la fin d’un système, d’une action,
d’
une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble de déterminism
759
oyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble
de
déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais de son effort, ni auc
760
e déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais
de
son effort, ni aucun esprit. À moins qu’un Dieu transcendant ne les y
761
dire, semblablement, que s’il n’y a pas à la base
d’
une doctrine politique un principe d’actualité, nulle « période de tra
762
as à la base d’une doctrine politique un principe
d’
actualité, nulle « période de transition » ne sera capable de l’engend
763
olitique un principe d’actualité, nulle « période
de
transition » ne sera capable de l’engendrer. Et si par exemple la per
764
, nulle « période de transition » ne sera capable
de
l’engendrer. Et si par exemple la personne humaine est comptée pour r
765
sitions fondamentales du collectivisme, le succès
de
cette doctrine ne préparera nullement un terrain plus favorable à l’é
766
n terrain plus favorable à l’épanouissement futur
de
la personne. Quand on perd sur la personne, on ne peut pas se rattrap
767
ous séparez vous aussi, dans le temps, ce qui n’a
d’
existence réelle que dans l’unité, dans l’instant. Faisons ici une dis
768
l’économique d’abord des marxistes. Il a un sens
de
primauté non pas chronologique et transitoire, mais absolue. Primauté
769
n chrétienne et la conception marxiste-hégélienne
de
la réalité humaine et de l’histoire. On peut dire, dans ce sens, que
770
tion marxiste-hégélienne de la réalité humaine et
de
l’histoire. On peut dire, dans ce sens, que la croyance à la période
771
dire, dans ce sens, que la croyance à la période
de
transition résume à nos yeux toute l’erreur marxiste. Les hégéliens e
772
ales irrationnelles, et qui l’ont exploité. (Mais
d’
où vient cet esprit d’exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégrad
773
t qui l’ont exploité. (Mais d’où vient cet esprit
d’
exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégradé sera sauvé plus tard
774
a fois pécheur et sauvé, sans qu’il soit possible
de
distinguer dans le temps une précédence, des stades successifs. Notre
775
t à l’Esprit qui agit dans l’instant bouleversant
de
la foi, comme il agit à l’Origine et à la Fin. Le marxisme apparaît a
776
Sombart. Cf. encore sur cette question l’article
de
Louis Febvre, in Foi et Vie , n° 58-59 : Capitalisme et Réforme. 21
777
Réforme. 21. La publication en France des écrits
de
Marx Sur la dialectique hégélienne ne date en effet que de 1932. 22.
778
ur la dialectique hégélienne ne date en effet que
de
1932. 22. Affirmation due à M. Nizan, dans Europe (avril 1933). Cet
779
a matière. L’esprit suivra quand on aura le temps
de
s’en occuper, c’est-à-dire à la fin du dernier plan quinquennal. Ce r
780
nous apprend que les hommes vivent des inventions
de
l’esprit — au sens tout humain du mot —, et que, si Stephenson n’avai
781
n’avait pas inventé la locomotive, ceux qui font
de
la propagande parmi les cheminots seraient bien en peine de vivre. No
782
agande parmi les cheminots seraient bien en peine
de
vivre. Nous ne parlons pas, d’ailleurs, du même « esprit » lorsque no
783
ons la primauté du spirituel. Mais il est curieux
de
remarquer que, même sur le plan purement humaniste, cette thèse matér
784
: ni gauche ni droite23 (Fondements théologiques
d’
une action politique) En dépit de la vieille polémique des bien-pens
785
des bien-pensants, il n’existe plus, parmi nous,
de
théoriciens du désordre. Toute doctrine sociale, aujourd’hui, fût-ell
786
fût-elle même la plus subversive, est la doctrine
d’
un certain ordre terrestre, d’un certain aménagement des activités, de
787
ve, est la doctrine d’un certain ordre terrestre,
d’
un certain aménagement des activités, de la durée, des créations humai
788
errestre, d’un certain aménagement des activités,
de
la durée, des créations humaines. Tout ordre terrestre suppose une co
789
ines. Tout ordre terrestre suppose une conception
de
l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’
790
nception réactionnaire, ou statique, la politique
de
la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie
791
ou statique, la politique de la contrainte armée,
de
l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est
792
ique de la contrainte armée, de l’ordre immuable,
de
la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est une doctrine pessimi
793
sée. C’est une doctrine pessimiste, une politique
de
la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception r
794
doctrine pessimiste, une politique de la camisole
de
force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception révolutionnaire,
795
onnaire, ou dynamique, la politique du devenir et
de
l’évolution fatale. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n’es
796
ue si l’homme est une bête, son but est toutefois
de
devenir un ange. Le christianisme intervient dans cette fausse symétr
797
ervient dans cette fausse symétrie avec une sorte
d’
humour transcendant, fort bien exprimé par Pascal : « L’homme n’est ni
798
i ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté
de
Dieu, c’est agir, c’est donc attester sa dignité proprement humaine.
799
s, peut se fonder une politique qui mérite le nom
de
chrétienne. Je la vois caractérisée par deux traits qui nous serviron
800
s caractérisée par deux traits qui nous serviront
de
critères : d’une part, elle est seule humaine, au sens évangélique du
801
ue seule elle pose la question dernière du destin
de
l’homme, en même temps qu’elle connaît et saisit l’homme dans sa cond
802
aussi qu’elle est intenable, parce que les ordres
de
la foi sont toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ils ne souffre
803
sibles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point
d’
être d’avance limités par un système, par un programme, par des soluti
804
instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’être
d’
avance limités par un système, par un programme, par des solutions tou
805
i ne veut connaître que les fins, et risque ainsi
de
sous-estimer les moyens. Ou encore : pour le politique pur, il s’agit
806
ncore : pour le politique pur, il s’agit toujours
d’
un ordre établi ou d’un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit
807
ique pur, il s’agit toujours d’un ordre établi ou
d’
un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’un o
808
blir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que
d’
un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et accepté
809
dre est véritablement reçu, et accepté, il s’agit
de
l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est dans l’instant, hic et n
810
l’origine et à la fin, est cependant inséparable
de
celles-ci. Il est donc non seulement possible, mais nécessaire, que l
811
ait que cette transformation s’appelle le Royaume
de
Dieu, non le royaume de l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il af
812
tion s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume
de
l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il affirme que l’ordre établi
813
dis terrestre. Aux uns et aux autres, il reproche
de
déshumaniser l’homme, par ignorance de sa nature véritable. Certes, n
814
l reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance
de
sa nature véritable. Certes, nous sommes dans l’histoire, mais non pa
815
dans le péché, mais comme ayant reçu la promesse
d’
être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, com
816
, mais comme ayant reçu la promesse d’être sauvés
de
son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme manger, tra
817
stème politique ni aucune synthèse humaine n’aura
de
droit sur nous en tant que personnes, en tant que vocations. Surtout,
818
, se confondre avec un progrès du salut. Principe
d’
une politique du pessimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume, à
819
e d’une politique du pessimisme actif. Une phrase
de
Kierkegaard résume, à mon sens, le fondement et la seule direction po
820
sens, le fondement et la seule direction possible
de
toute politique chrétienne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dess
821
enne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dessus
de
la collectivité25. » Cela ne signifie pas que le croyant doive s’isol
822
ela ne signifie pas que le croyant doive s’isoler
de
la communauté, mais bien que la communauté doit toujours être subordo
823
ujours être subordonnée à cette fin la plus haute
de
l’homme qu’est sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non se
824
politiques qui revendiquent les droits supérieurs
de
la personne par rapport à l’ensemble ; mais encore il pourra et devra
825
e est celle qui se fonde dans ce rapport originel
de
l’homme à Dieu, d’où découle la relation concrète et humainement bien
826
fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu,
d’
où découle la relation concrète et humainement bienfaisante que l’Évan
827
t aux fins terrestres, mais impliquant l’activité
de
l’homme considérée comme un service nécessaire — voilà peut-être défi
828
ution sans illusions. 23. Réponse à une enquête
de
la Revue du christianisme social, sur l’attitude des jeunes protestan
829
: à tout système qui tend à l’anarchie par excès
de
confiance dans l’homme, succède une dictature. Certain fascisme est d
830
omme, succède une dictature. Certain fascisme est
d’
autant plus « bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’il r
831
ues précisions sur la portée proprement politique
de
cette formule.
832
exactement le paradoxe est la marque et la preuve
de
toute réalité en tant que saisie et vécue, c’est-à-dire assumée par l
833
rationaliste, romaine, ou marxiste, c’est sortir
de
la réalité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en re
834
nelle et immédiate avec Dieu : et que la relation
d’
un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela es
835
ur ne puisse être que paradoxale, cela est clair,
d’
une clarté proprement aveuglante et même insupportable, si nous n’avio
836
lement accessible au plus profond du désespoir et
de
la nuit, par la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle est la d
837
elle est la démarche paradoxale, « dialectique »,
de
la vie chrétienne : elle rejette tout espoir qui ne serait pas le seu
838
serait pas la seule promesse : espoir et promesse
de
la foi, — et la foi naît au cœur du désespoir. Mais, d’autre part, en
839
ofondeurs dernières où l’attend l’espoir éclatant
de
la révélation. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’«
840
clatant de la révélation. La Croix, signe éternel
de
la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien,
841
n. La Croix, signe éternel de la contradiction et
de
l’« agonie », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le s
842
u monde chrétien, parce qu’elle est le signe même
de
notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous e
843
d pas au sérieux ce qu’impliquent les deux termes
de
l’antinomie, ou qui cherche à la supprimer, est antichrétienne en son
844
ne à lui-même un monde qui ne saurait nous offrir
de
salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde
845
ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est
de
salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individual
846
t qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe
de
l’individualisme anarchique ; point de vue qui rend absurde le fait m
847
ique ; point de vue qui rend absurde le fait même
d’
être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optim
848
rend absurde le fait même d’être né, c’est-à-dire
d’
avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste constate au contrai
849
a nous est à jamais impossible. C’est le principe
de
cet activisme que les Européens trouvent commode de nommer « américai
850
cet activisme que les Européens trouvent commode
de
nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente à tou
851
ent commode de nommer « américain ». 3° L’hérésie
de
la synthèse est inhérente à tout système rationaliste du monde, soit
852
l refuse, comme le marxisme, l’antinomie centrale
de
notre condition, et que, enfermant les conflits purement humains dans
853
fermant les conflits purement humains dans le jeu
de
synthèses successives, il achemine l’espèce vers un équilibre final,
854
rende à leur tour intenables les dernières ruses
de
la sécurité. ⁂ Qu’est-ce donc pour nous que l’effort humain ? Sinon l
855
que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire
de
l’âme, son actualisation, la raison d’être de son incorporation ; mai
856
nécessaire de l’âme, son actualisation, la raison
d’
être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effor
857
ire de l’âme, son actualisation, la raison d’être
de
son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne no
858
son incorporation ; mais les résultats terrestres
de
cet effort ne nous mériteront jamais le Pardon ; ils mériteront tout
859
nt jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus
d’
être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi.
860
t la foi. Agissez donc, mais votre action ne sert
de
rien. L’hérésie pessimiste et l’hérésie optimiste ainsi renvoyées dos
861
ésence de l’accusation plus subtile des partisans
de
la synthèse. Comment un homme qui se réclame de Calvin et de Luther,
862
s de la synthèse. Comment un homme qui se réclame
de
Calvin et de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites
863
èse. Comment un homme qui se réclame de Calvin et
de
Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites humains, pou
864
i se réclame de Calvin et de Luther, c’est-à-dire
de
contempteurs absolus des mérites humains, pourrait-il, s’il prend au
865
un effort politique quelconque ? Ayons le courage
de
l’affirmer ; il n’est pas de réponse à cette question pour ceux qui n
866
e ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’est pas
de
réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’est que
867
s), tandis qu’au contraire la politique est l’art
d’
accommoder les relations dans le sens de la plus grande facilité de ré
868
est l’art d’accommoder les relations dans le sens
de
la plus grande facilité de réalisation. La politique est un art de sy
869
relations dans le sens de la plus grande facilité
de
réalisation. La politique est un art de synthèses pratiques ; son off
870
facilité de réalisation. La politique est un art
de
synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’
871
st un art de synthèses pratiques ; son office est
de
résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mais l
872
iques ; son office est de résoudre dans la mesure
de
l’utile des difficultés naturelles. Mais la foi, bien souvent, ne peu
873
s physiques et morales. Doit-on conclure au refus
de
toute activité politique ? Ce serait admettre que les deux termes de
874
olitique ? Ce serait admettre que les deux termes
de
l’antinomie s’équivalent et peuvent s’annuler. La logique n’a le droi
875
ent et peuvent s’annuler. La logique n’a le droit
de
conclure qu’à partir de concepts réduits au même ordre. Mais ce n’est
876
s au même ordre. Mais ce n’est pas ici du concept
de
la foi que nous parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul
877
ici du concept de la foi que nous parlons. C’est
de
la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capable de la posséder
878
i vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capable
de
la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais nous ne pouv
879
t jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme
d’
une force à notre disposition ; elle survient, et c’est alors un ordre
880
mes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin
d’
une politique pour suppléer à leur faiblesse, qui ont besoin tout auta
881
nt besoin tout autant qu’on leur montre la vanité
d’
une chose si nécessaire. Telle est, dans son principe, la seule attitu
882
politique du pessimisme actif, — ou si l’on veut
de
l’activisme sans illusions. Et sa devise n’est autre que la maxime so
883
calviniste par excellence : « Point n’est besoin
d’
espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Cette abse
884
oint n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni
de
réussir pour persévérer. » Cette absence d’illusions quant à la valeu
885
e, ni de réussir pour persévérer. » Cette absence
d’
illusions quant à la valeur absolue du résultat, sinon de l’acte, est
886
ions quant à la valeur absolue du résultat, sinon
de
l’acte, est en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve
887
de l’acte, est en même temps le meilleur ressort
de
l’action. La preuve est dans tous les livres d’histoire. Les peuples
888
t de l’action. La preuve est dans tous les livres
d’
histoire. Les peuples calvinistes ont été les plus « actifs » des temp
889
principe animateur —, n’en continuaient pas moins
d’
agir en vertu du principe d’inertie(tout corps en mouvement tend à con
890
ontinuaient pas moins d’agir en vertu du principe
d’
inertie(tout corps en mouvement tend à conserver son mouvement). C’est
891
ientés ont développé le capitalisme, symbole même
de
l’action dépourvue de fins transcendantes, de l’action optimiste. Cor
892
e capitalisme, symbole même de l’action dépourvue
de
fins transcendantes, de l’action optimiste. Corruptio optimi pessima.
893
ême de l’action dépourvue de fins transcendantes,
de
l’action optimiste. Corruptio optimi pessima. ⁂ Mais il existe des êt
894
ssion et sans appel. Et c’est peut-être vis-à-vis
d’
eux seulement que notre politique pourra se fixer un programme : la de
895
olitique pourra se fixer un programme : la devise
de
Guillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc
896
mme : la devise de Guillaume d’Orange est l’arrêt
de
mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont les création
897
lles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations
de
nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec
898
ont pour lui ses créatures divinisées ! Les dieux
de
l’Occident réclament des dividendes ; ils réclament aussi des sacrifi
899
es humains. Le dieu-nation respire la bonne odeur
d’
onze millions de morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redo
900
ieu-nation respire la bonne odeur d’onze millions
de
morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redoutable, en appar
901
e, le dieu-production se contente des macérations
de
30 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de c
902
uction se contente des macérations de 30 millions
de
chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus.
903
te des macérations de 30 millions de chômeurs, et
de
super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’
904
ions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels
de
blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il
905
chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé,
de
coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il se conf
906
de super-holocaustes annuels de blé, de coton et
d’
obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il se confie dans ses
907
blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va
de
l’homme lorsqu’il se confie dans ses œuvres, et qu’il adore ses puiss
908
prime, par son paradoxe, une espérance qui se rit
de
nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, n
909
ui se rit de nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit
de
nos idoles, et par ce rire, nous en délivre. Elle espère contre tout
910
en un Dieu transcendant, et qui n’est point fait
de
main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, d
911
ieu transcendant, et qui n’est point fait de main
d’
homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, dans le f
912
n’est point fait de main d’homme. Quel Dieu fait
de
nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salu
913
nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond
de
nos âmes, un salut qui se joue des ultimes efforts et des ultimes déf
914
joue des ultimes efforts et des ultimes défaites
de
notre volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit
915
efforts et des ultimes défaites de notre volonté
de
vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tous nos échec
916
l’homme, comme avant. On ne peut pas lui demander
de
bénir ces idoles dont il nous délivre. On ne peut pas adorer Dieu et
917
rétien est iconoclaste. C’est là le premier temps
de
son action rénovatrice. Servir Dieu, c’est combattre Mammon, ce n’est
918
etuent : capitalisme ou stalinisme, nationalismes
de
toutes farines, révolutions qui prétendraient fonder notre salut sur
919
au nom d’une espérance qui, elle, a bien le droit
de
se dire révolutionnaire. Quelle autre voie s’ouvrirait donc au christ
920
oie s’ouvrirait donc au christianisme, hors celle
de
la révolution ? Quand bien même nous aurions des raisons dogmatiques
921
nd bien même nous aurions des raisons dogmatiques
d’
admettre le régime et les pouvoirs régnants, le conformisme nous est p
922
la foi sont absolus, et ils s’opposent aux ordres
de
l’État totalitaire. Mais d’autre part, le réformisme suppose trop de
923
re. Mais d’autre part, le réformisme suppose trop
de
calculs et trop de compromis pour être compatible avec une attitude c
924
rt, le réformisme suppose trop de calculs et trop
de
compromis pour être compatible avec une attitude chrétienne. À l’orig
925
c une attitude chrétienne. À l’origine permanente
de
toute action vraiment évangélique, il n’y a pas une sage volonté de r
926
aiment évangélique, il n’y a pas une sage volonté
de
réforme, mais une révolution totale : la conversion. Et la Réforme el
927
le, sinon une révolution, une nouvelle conversion
de
l’Église ? Car l’Église, elle aussi, peut devenir une idole, dès qu’e
928
s où ils trouvent la sécurité, mais qui n’ont pas
de
vérité27. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révolution est prom
929
i n’ont pas de vérité27. ⁂ La plus grande liberté
d’
action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respec
930
de vérité27. ⁂ La plus grande liberté d’action et
de
révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respect du résulta
931
isme rétablissant sur un plan supérieur une sorte
de
jeu, ou mieux d’humour, qui se mêle au tragique quotidien comme un ra
932
sur un plan supérieur une sorte de jeu, ou mieux
d’
humour, qui se mêle au tragique quotidien comme un rappel de la seule
933
qui se mêle au tragique quotidien comme un rappel
de
la seule grandeur transcendante. Nous ne sommes pas condamnés au succ
934
les idoles menaçantes. Et puis rester aux ordres
de
l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous
935
ux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre
d’
assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à l’avance p
936
« chrétien » qu’on le veuille. Un certain nombre
de
compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est
937
jamais impossibles : et tout le reste est affaire
d’
obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parole. Point de
938
d’obéissance aux ordres imprévisibles et concrets
de
la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation » ailleurs q
939
res imprévisibles et concrets de la Parole. Point
de
« synthèse », point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre ac
940
ncrets de la Parole. Point de « synthèse », point
de
« consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre action baigne dans l’« an
941
u’en Dieu : notre action baigne dans l’« angoisse
de
l’espérance28 ». 27. Je songe ici à l’armature catholique, qui cond
942
int-Esprit. La politique romaine est la recherche
d’
une harmonie statique des relations humaines, d’un visible « principe
943
e d’une harmonie statique des relations humaines,
d’
un visible « principe d’union » (terme de l’encyclique Quadragesimo an
944
e des relations humaines, d’un visible « principe
d’
union » (terme de l’encyclique Quadragesimo anno), tout à fait étrange
945
umaines, d’un visible « principe d’union » (terme
de
l’encyclique Quadragesimo anno), tout à fait étranger au réalisme « t
946
o), tout à fait étranger au réalisme « tragique »
de
l’Évangile, et qui même dans certains cas extrêmes, nous tiendrait qu
947
dans certains cas extrêmes, nous tiendrait quitte
de
la foi. 28. Expression qu’Arnaud Dandieu opposait dans un intéressan
948
naud Dandieu opposait dans un intéressant article
de
la Revue d’Allemagne (oct. 1932), à la conception kierkegaardienne du
949
opposait dans un intéressant article de la Revue
d’
Allemagne (oct. 1932), à la conception kierkegaardienne du désespoir.
950
e formule ne désigne en réalité qu’un des moments
de
la dialectique du désespoir : le moment décisif, l’acte. Elle n’a de
951
u désespoir : le moment décisif, l’acte. Elle n’a
de
sens, pour nous, que parce qu’il y a la foi.
952
d des conflits du monde, et qu’elle s’éprouve par
de
bien autres mines que celles qu’on voit aux pieuses gens chargées de
953
s que celles qu’on voit aux pieuses gens chargées
de
trop de soucis généraux. Un homme qui se connaît entièrement dépendan
954
lles qu’on voit aux pieuses gens chargées de trop
de
soucis généraux. Un homme qui se connaît entièrement dépendant de la
955
ux. Un homme qui se connaît entièrement dépendant
de
la grâce de son Sauveur, un homme qui sait que son salut ne dépend pa
956
qui se connaît entièrement dépendant de la grâce
de
son Sauveur, un homme qui sait que son salut ne dépend pas du monde,
957
tes sont menacées, à ces particuliers qui parlent
de
l’« esprit » comme si son existence dépendait de la leur ? Ils ne res
958
de l’« esprit » comme si son existence dépendait
de
la leur ? Ils ne respectent que la vie, ils savent trop bien jouer le
959
à perdre quelques coups, pour se prouver que rien
de
ce qui compte n’en dépend. Il tire un peu sur la ficelle du destin po
960
on maître, que ça ne marche plus, et qu’un enfant
de
Dieu n’est plus un pauvre pantin du hasard ! Vienne l’échec, il en re
961
ne à ceci : quel est le sens des échecs humains ?
De
la réponse qu’un homme fait à cette question, l’on pourrait tirer un
962
à cette question, l’on pourrait tirer un critère
de
l’incroyance ou de la foi. Tout compte fait, les cyniques ont raison,
963
l’on pourrait tirer un critère de l’incroyance ou
de
la foi. Tout compte fait, les cyniques ont raison, à leur manière, qu
964
les cyniques ont raison, à leur manière, qui est
de
réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables, i
965
ir. Ils n’ont un peu de vie que dans le désespoir
de
la révolte, et c’est ce qu’ils cherchent. Comme une femelle cherche l
966
bourgeoisie attend son dictateur. Qu’il s’agisse
de
la masse, des prolétaires ou des bourgeois, la seule méthode qui réus
967
ec juge toute tentative transformatrice. Il n’est
de
politique que celle qui réussit. Vous avez tort de vous mettre en sou
968
e politique que celle qui réussit. Vous avez tort
de
vous mettre en souci pour les humains tels que nous les voyons : ils
969
ns tels que nous les voyons : ils se moquent bien
de
vos sollicitudes ! » Un chrétien n’entre pas dans ces astuces à court
970
traitable, et qui juge toutes ces petites raisons
d’
État. C’est qu’il est encore plus pessimiste que les cyniques sur le c
971
simiste que les cyniques sur le compte des hommes
d’
aujourd’hui et des méthodes opportunistes que l’on vante. Il a considé
972
oi ? Parce qu’il connaît un autre bien. La vision
de
cet autre bien lui a permis de mesurer la vanité des réussites ou des
973
re bien. La vision de cet autre bien lui a permis
de
mesurer la vanité des réussites ou des échecs humains ; mais c’est un
974
homme qui a mesuré dans un instant l’échec total
de
ses activités, — et qui a cru à autre chose. C’est un homme pour qui
975
été résolu, c’est pourquoi le croyant a le droit
de
parler avec résolution même des choses les plus douloureusement incer
976
des choses les plus douloureusement incertaines ;
de
la politique par exemple. J’insiste sur l’aspect humoristique de cett
977
par exemple. J’insiste sur l’aspect humoristique
de
cette phrase, — sur son humour à deux tranchants. Le chrétien ne peut
978
ut pas prendre totalement au tragique le problème
de
l’aménagement des intérêts terrestres. Il les prend au sérieux dans l
979
a mesure où il croit : c’est une des conséquences
de
sa foi que de s’occuper sérieusement du sort de la cité où s’écoule s
980
croit : c’est une des conséquences de sa foi que
de
s’occuper sérieusement du sort de la cité où s’écoule sa vie. Mais c’
981
s de sa foi que de s’occuper sérieusement du sort
de
la cité où s’écoule sa vie. Mais c’est là un sérieux subordonné, et l
982
royant qui joue tout sur la politique, et se voit
de
la sorte contraint d’accorder une valeur absolue à des problèmes inso
983
ur la politique, et se voit de la sorte contraint
d’
accorder une valeur absolue à des problèmes insondablement relatifs. L
984
risques endossés. Voilà son paradoxe et l’humour
de
sa lutte. L’issue de la bataille, il peut bien la prévoir fatale, mai
985
ilà son paradoxe et l’humour de sa lutte. L’issue
de
la bataille, il peut bien la prévoir fatale, mais elle ouvre une autr
986
. C’est que le salut, pour lui, est lié au succès
de
son effort. Pas d’ironie possible vis-à-vis de son œuvre. Si tous les
987
t, pour lui, est lié au succès de son effort. Pas
d’
ironie possible vis-à-vis de son œuvre. Si tous les hommes n’arrivent
988
as au bonheur moyen, tout sera perdu. Si je crève
de
faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout est déjà perdu, et bien
989
ne croyez, mais aussi tout est déjà sauvé. Crever
de
faim n’est pas le pire des risques que je cours. Le pire des risques,
990
risques que je cours. Le pire des risques, c’est
de
manquer cet acte par lequel je saisis le salut qui m’est promis29, sa
991
m’est promis29, salut gagé sur le fait historique
de
la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon ac
992
, salut gagé sur le fait historique de la mort et
de
la résurrection de Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon action consiste
993
fait historique de la mort et de la résurrection
de
Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon action consiste à m’en rendre conte
994
ion consiste à m’en rendre contemporain. Au terme
de
mon action, il y aura un échec ou un succès terrestre, peu importe :
995
— faut-il le répéter encore ? — n’est pas l’acte
d’
un solitaire, mais bien l’acte de miséricorde par lequel je deviens le
996
n’est pas l’acte d’un solitaire, mais bien l’acte
de
miséricorde par lequel je deviens le prochain de mon frère. C’est l’a
997
de miséricorde par lequel je deviens le prochain
de
mon frère. C’est l’acte personnel qui fonde la seule communauté vivan
998
re ?30 Le jugement va commencer par la maison
de
Dieu. I. Pierre, 4, 17. Le faux rapport entre le christianisme et l
999
apport entre le christianisme et le christianisme
de
la chrétienté réside en ceci : que le christianisme parle sans cesse
1000
e en ceci : que le christianisme parle sans cesse
de
l’Éternité, pense continuellement à l’Éternel, — et que la chrétienté
1001
à l’Éternel, — et que la chrétienté ensuite parle
de
la même façon, mais pense à cette vie terrestre Kierkegaard (Journal)
1002
vie terrestre Kierkegaard (Journal). La volonté
de
rupture est l’origine même du christianisme ; c’est pourquoi l’appari
1003
me du christianisme ; c’est pourquoi l’apparition
d’
une volonté contraire définit exactement, pour la chrétienté, le début
1004
définit exactement, pour la chrétienté, le début
de
la décadence. Il y a des siècles de lutte sourde entre ces deux voulo
1005
nté, le début de la décadence. Il y a des siècles
de
lutte sourde entre ces deux vouloirs, et tant que dure la lutte le ch
1006
la lutte le christianisme vainc : sa victoire est
d’
être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les
1007
le commandement. Mais que les chrétiens, fatigués
de
la lutte, viennent à croire qu’il est une autre façon de vaincre, et
1008
utte, viennent à croire qu’il est une autre façon
de
vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à une paix avantageuse,
1009
u’il est une autre façon de vaincre, et que c’est
de
réduire l’adversaire à une paix avantageuse, à une paix dont ils s’im
1010
à la lutte, qu’ils l’organisent, la sanctionnent
d’
une autorité que seule leur conférait la rupture initiale —, qu’enfin
1011
aussi de par la souveraineté, désormais usurpée,
de
l’Église, le désordre se trouve « établi ». Notre jeunesse s’éveille
1012
». Notre jeunesse s’éveille au milieu des statuts
de
cette confusion. C’est contre eux dès l’abord qu’elle vient buter. On
1013
it mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé
de
nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était
1014
l qui nous blessait, c’était un aspect nécessaire
de
l’« ordre chrétien » du monde. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — l
1015
de. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps
de
nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de
1016
ns pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir
de
la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toutes les partie
1017
la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent
de
toutes les parties de la terre contre une chrétienté qui, loin d’avoi
1018
i, des imprécations montent de toutes les parties
de
la terre contre une chrétienté qui, loin d’avoir maudit la guerre et
1019
rties de la terre contre une chrétienté qui, loin
d’
avoir maudit la guerre et surtout ce qui l’a permise, prétend encore d
1020
ur l’Europe, et ne peut maintenir cette apparence
de
règne qu’en confondant scandaleusement sa cause avec la cause de ceux
1021
confondant scandaleusement sa cause avec la cause
de
ceux qui réellement gouvernent. (On sait ce qu’ils sont.) Il faut qu’
1022
un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme
de
la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’un réveil. Et quand bi
1023
e de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage
d’
un réveil. Et quand bien même il ne serait poussé que par quelques-uns
1024
faire qu’il n’y ait eu cette preuve, aujourd’hui,
d’
une volonté de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté,
1025
y ait eu cette preuve, aujourd’hui, d’une volonté
de
rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté, rétablit le c
1026
ous voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra
de
la violence. Mais où porter le coup ? qui dénoncer ? au nom de quoi ?
1027
pu se faire entre le christianisme et l’injustice
de
ce monde, l’un n’existant que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’
1028
christianisme qui a confondu sa cause avec celle
de
la bourgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti de gens qui, ayant pe
1029
e la bourgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti
de
gens qui, ayant peut-être été chrétiens, veulent en tirer des intérêt
1030
chrétiens, veulent en tirer des intérêts, abusent
de
ce qu’ils considèrent comme un privilège, le perdent par là même, et
1031
plus voyant, le plus officiel et le plus puissant
de
la chrétienté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui
1032
n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui
de
rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, et qui, depuis
1033
réalité n’est plus l’Église et n’a plus le droit
de
parler ; elle n’est plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture
1034
ler ; elle n’est plus qu’une précieuse auxiliaire
de
la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel au
1035
plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture
de
police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux Églises en tant
1036
la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas
de
nous un appel aux Églises en tant que corps constitués et officiels31
1037
tués et officiels31. Non, en présence du scandale
de
la chrétienté embourgeoisée, patriotarde, riche et peureuse, les égli
1038
t plus le christianisme, qu’elles sont incapables
de
rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et depuis si longtem
1039
incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp
de
l’ennemi, et depuis si longtemps qu’elles parlent maintenant sa langu
1040
. Bien moins encore que tout cela, attendons-nous
de
nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale opposée aux doctri
1041
ée aux doctrines régnantes. Nous n’attendons rien
d’
aucun acte délibéré, pesé et calculé, tendant à désolidariser la « chr
1042
écularisée, et qu’on ne peut demander à ce siècle
de
rompre avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture poss
1043
eut demander à ce siècle de rompre avec lui-même,
de
s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture possible qu’au nom de l’Évang
1044
re avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a
de
rupture possible qu’au nom de l’Évangile32. Elle ne peut se produire
1045
le sera donc la forme et tel sera le premier lieu
de
la rupture nécessaire : la dénonciation d’une imposture, partout où l
1046
r lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation
d’
une imposture, partout où la chrétienté, ayant touché ses 30 deniers,
1047
e que les hommes auraient eu le tort, simplement,
de
mal utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrét
1048
auraient eu le tort, simplement, de mal utiliser,
de
négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrétiennes » spécifiq
1049
l utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité,
de
« forces chrétiennes » spécifiques, constituées, existant en elles-mê
1050
esse, et que nous pourrions, par exemple, dégager
de
leurs complicités avec les « forces du monde ». Le chrétien ne connaî
1051
s « forces du monde ». Le chrétien ne connaît pas
d’
autre force réelle que celle de la foi. Or cette unique force ne lui a
1052
ien ne connaît pas d’autre force réelle que celle
de
la foi. Or cette unique force ne lui appartient pas ; tout au plus le
1053
lui appartient pas ; tout au plus le saisit-elle,
d’
une manière imprévisible. La seule liberté qui lui soit accordée vis-à
1054
qui lui soit accordée vis-à-vis de la foi, c’est
de
la refuser. Comment dès lors l’utiliserait-il à son gré ? Car d’une p
1055
est en réalité sur une tout autre force que celle
de
la foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou
1056
que celle de la foi. Ce peut être sur une éthique
de
puissance et de service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un i
1057
foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et
de
service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un idéal humanitaire
1058
e de puissance et de service ; ou sur une éthique
de
bonheur ; ou sur un idéal humanitaire ; ou sur un idéal de sécurité ;
1059
r ; ou sur un idéal humanitaire ; ou sur un idéal
de
sécurité ; ou sur des intérêts plus bassement optimistes encore. Tout
1060
bassement optimistes encore. Toutes ces formules
d’
« ordre chrétien » ont été plus ou moins réalisées, et constituent dan
1061
manifestations actuelles. ⁂ Ne nous excusons pas
d’
avoir recours ici à des formules théologiques, puisque précisément, à
1062
établissement, nous trouvons ce désir trop humain
de
parler des choses de la foi dans le langage du bonheur terrestre. La
1063
rouvons ce désir trop humain de parler des choses
de
la foi dans le langage du bonheur terrestre. La rupture que nous voul
1064
eur terrestre. La rupture que nous voulons n’aura
de
conséquences politiques que si nous posons le problème sur son plan r
1065
posons le problème sur son plan réel. Or, le lieu
de
sa décision n’est pas le lieu des décisions et des calculs humains ;
1066
la religion. Les églises qui se crurent en droit
d’
édicter un « ordre chrétien », se fondaient toutes, et se fondent enco
1067
fondent encore, sur une conception antichrétienne
de
la foi. La foi, pour elles, est une « force » que l’homme peut se pro
1068
C’est la meilleure façon que le monde ait trouvée
de
rejeter le Christ : feindre d’accepter la doctrine de ses disciples,
1069
monde ait trouvée de rejeter le Christ : feindre
d’
accepter la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvret
1070
ejeter le Christ : feindre d’accepter la doctrine
de
ses disciples, se faire un avoir de la Pauvreté évangélique, et bient
1071
r la doctrine de ses disciples, se faire un avoir
de
la Pauvreté évangélique, et bientôt ne plus vivre que sur les intérêt
1072
ue, et bientôt ne plus vivre que sur les intérêts
de
cet avoir. Mais si la foi, don de Dieu, et gratuit — « afin que nul n
1073
ur les intérêts de cet avoir. Mais si la foi, don
de
Dieu, et gratuit — « afin que nul ne se glorifie » — est une particip
1074
me qui se dit chrétien. (On ne peut dire cela que
d’
un point de vue chrétien.) Mais c’est aussi pourquoi il y a une suprêm
1075
politique humaine organisée — fût-ce à la gloire
de
Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier de la justice de D
1076
ieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier
de
la justice de Dieu. Et la voix du prophète s’élève contre l’Église :
1077
ursuivrait son plan sans se soucier de la justice
de
Dieu. Et la voix du prophète s’élève contre l’Église : « Tes amis t’o
1078
— Quand tu placerais ton nid aussi haut que celui
de
l’aigle, quand tu placerais ton nid parmi les étoiles, je t’en précip
1079
je t’en précipiterai, dit l’Éternel… Car le jour
de
l’Éternel est proche pour toutes les nations. » (Abdias, 3-4 et 15.)
1080
ns cette politique, la théologie se fait servante
de
la chose publique. Et que voit-on dès lors ? Présentement ? — On voit
1081
Goyau et autres « croyants » décorés, s’indigner
de
ce que les sans-Dieu parlent de confisquer à leur profit « la primaut
1082
corés, s’indigner de ce que les sans-Dieu parlent
de
confisquer à leur profit « la primauté du Christ et celle de l’Europe
1083
er à leur profit « la primauté du Christ et celle
de
l’Europe 33 ». L’on voit des von Papen, délégués par l’industrie lour
1084
, délégués par l’industrie lourde au gouvernement
d’
une nation « chrétienne » revendiquer dans leurs discours la défense d
1085
pour célébrer le même massacre. On voit une nuée
de
piétistes et de bigots, demeurer agressifs dans leur volonté de confo
1086
e même massacre. On voit une nuée de piétistes et
de
bigots, demeurer agressifs dans leur volonté de confondre la morale p
1087
t de bigots, demeurer agressifs dans leur volonté
de
confondre la morale petite-bourgeoise avec les ordres de la foi. Et l
1088
ondre la morale petite-bourgeoise avec les ordres
de
la foi. Et l’on a vu Babitt. Mais n’allons pas chercher si loin. Ouvr
1089
n’allons pas chercher si loin. Ouvrons un journal
de
Paris. Un discours chaleureux du père de la Brière34 voudrait nous en
1090
rière34 voudrait nous enflammer contre une espèce
de
bolchévisme qu’il décrit ainsi : « Dans cette philosophie et cette mo
1091
ette morale est délibérément supprimée toute idée
de
liberté, toute idée de propriété, toute idée de patrie… [et l’énuméra
1092
ément supprimée toute idée de liberté, toute idée
de
propriété, toute idée de patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’
1093
e de liberté, toute idée de propriété, toute idée
de
patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’à ceci] : Chose plus atro
1094
l’idée chrétienne, l’idée religieuse, l’idée même
de
Dieu est abolie… » Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée » soi
1095
nnera 50 000 francs au mieux pensant. Et Figaro
de
conclure : « En terminant, l’éminent religieux déclara que ce concour
1096
lara que ce concours international avait pour but
de
contribuer à la sauvegarde des hautes valeurs spirituelles et des vér
1097
pirituelles et des vérités saintes que l’Académie
d’
éducation et d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire r
1098
des vérités saintes que l’Académie d’éducation et
d’
entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’
1099
d’éducation et d’entraide sociale a pour mission
de
servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétien
1100
et d’entraide sociale a pour mission de servir et
de
faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétienne35, les hau
1101
ission de servir et de faire rayonner. » — L’idée
de
propriété, l’idée chrétienne35, les hautes valeurs, les vérités saint
1102
hautes valeurs, les vérités saintes, — l’Académie
d’
entraide sociale enfin ! Contribution à la « sauvegarde » : 50 000 fra
1103
lte. Mais j’en ai une autre plus profonde : celle
de
voir qualifier de « chrétienne » une « idée » qui sert l’injustice ét
1104
une autre plus profonde : celle de voir qualifier
de
« chrétienne » une « idée » qui sert l’injustice établie. Tu ne crois
1105
rdinaire sottise (s’il faut lui laisser toutefois
de
l’extraordinaire) de défendre le christianisme, la piètre connaissanc
1106
l faut lui laisser toutefois de l’extraordinaire)
de
défendre le christianisme, la piètre connaissance de l’homme que l’on
1107
défendre le christianisme, la piètre connaissance
de
l’homme que l’on trahit ainsi, et, comment cette tactique, encore qu’
1108
andale, en faisant du christianisme quelque chose
de
si lamentable, qu’il faille à la fin plaider pour le sauver. » Rompre
1109
bli, c’est faire en sorte simplement, qu’il cesse
d’
être « établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mai
1110
christianisme ; à cette défection élevée au rang
d’
institution ecclésiastique, qui aujourd’hui prétend durer et se défend
1111
dominait. « Car le péché n’est pas le dérèglement
de
la chair et du sang, mais le consentement de l’esprit à ce dérèglemen
1112
ment de la chair et du sang, mais le consentement
de
l’esprit à ce dérèglement38. » Et pourtant, nous n’avons jamais à dre
1113
ce positive contre une force de même ordre. Assez
de
cette « politique chrétienne » où l’on embarque une prétendue foi dan
1114
ndue foi dans les plus discutables déterminations
de
l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : T
1115
discutables déterminations de l’avenir. L’office
de
l’Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c
1116
l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps
de
dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire
1117
onde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule
de
me dire : Tu dois ! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic e
1118
e moi-même, hic et nunc. La politique est affaire
de
systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours de vouloir s
1119
s ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours
de
vouloir sur le champ le plus juste. Car ce qui manifeste la foi, c’es
1120
i, c’est le choix et non pas le système :il n’est
de
choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de port
1121
e :il n’est de choix que personnel. Ainsi le rôle
de
l’Église doit-il rester de porter sur le monde un jugement permanent
1122
rsonnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester
de
porter sur le monde un jugement permanent et enseignant ; tandis que
1123
nant ; tandis que la révolution dans ce qu’elle a
de
nécessairement constructif, reste le lieu d’obéissance privilégié pou
1124
le a de nécessairement constructif, reste le lieu
d’
obéissance privilégié pour le chrétien, mais ne se confond pas avec l’
1125
le chrétien, mais ne se confond pas avec l’enjeu
de
son salut. Tel est le paradoxe, qui remonte au cœur même du christian
1126
en collusion avec aucune durée, étant la rupture
de
toute durée. Mais dès lors, nous savons le véritable nom de la ruptur
1127
urée. Mais dès lors, nous savons le véritable nom
de
la rupture, son lieu, son mode et son enjeu total : rétablir à chaque
1128
bli. Cet article y parut, « confronté » avec ceux
de
MM. Mounier, Maritain, Philip, Berdiaev et Dulot. 31. L’Église « cor
1129
se, par définition, le christianisme n’étant rien
d’
autre qu’un événement, un drame entre Dieu et l’homme. 36. Parce qu’o
1130
t-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun
de
nous, une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avan
1131
ion existentielle — pour employer un terme favori
de
la théologie et de la philosophie allemandes contemporaines ?40 L’un
1132
pour employer un terme favori de la théologie et
de
la philosophie allemandes contemporaines ?40 L’une des caractéristiq
1133
es contemporaines ?40 L’une des caractéristiques
de
notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question
1134
e notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a
de
mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de
1135
se posent et nous sont posés, hic et nunc. Avant
d’
aller plus loin, cherchons donc à serrer un peu les deux termes de not
1136
n, cherchons donc à serrer un peu les deux termes
de
notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il no
1137
ut de suite dissiper un malentendu : par le terme
d’
humanisme, on se borne trop souvent encore, en France, à désigner la c
1138
moins précis, qui désigne une conception générale
de
la vie — politique, économique, éthique — fondée sur la croyance au s
1139
omique, éthique — fondée sur la croyance au salut
de
l’homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoure
1140
ianisme, s’il est avant tout la croyance au salut
de
l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas,
1141
a croyance au salut de l’homme par la seule force
de
Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de
1142
i. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit
de
salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diront que, là où le ch
1143
eront. Ils me diront que, là où le chrétien parle
de
salut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des hommes, la justice
1144
e dans l’un et l’autre cas, il s’agit bel et bien
de
savoir quel sens l’homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre
1145
, immanent. Les humanistes accusent les chrétiens
d’
une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité s
1146
Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte
de
lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité surhumaine qu
1147
hrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent
d’
avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispense de mettre en œ
1148
recours à une réalité surhumaine qui les dispense
de
mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de fai
1149
re toutes leurs forces humaines. Ils les accusent
de
faire appel à une Volonté dont l’opération, à leurs yeux, anéantit ce
1150
té dont l’opération, à leurs yeux, anéantit celle
de
la volonté humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les ac
1151
rend absolument vaine. En somme, ils les accusent
de
diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un au-delà qui serait
1152
t de diminuer l’homme par la promesse débilitante
d’
un au-delà qui serait comme une revanche contre tout l’imparfait de «
1153
serait comme une revanche contre tout l’imparfait
de
« ce bas-monde », mais une revanche à bon marché, permettant, sur cet
1154
mettant, sur cette terre une scandaleuse économie
d’
énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme.
1155
cette terre une scandaleuse économie d’énergie et
de
courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, le
1156
origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé »
de
Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché « originel » — i
1157
tendus, sans cesse renaissants. Il a l’impression
d’
avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidit
1158
aissants. Il a l’impression d’avoir perdu la clef
de
ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une effroyabl
1159
u la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures
de
lucidité, comme une effroyable tragi-comédie. Au fond, ce que l’homme
1160
s plus importantes du monde : l’origine et la fin
de
son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoi
1161
re. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoir
de
sauver l’homme en se fondant sur l’homme, sont semblables, aux yeux d
1162
fameux baron de Crac qui prétendait se tirer hors
d’
un puits en se soulevant par la chevelure. 3. Humanisme contre christi
1163
contre christianisme, n’est-ce donc qu’un conflit
d’
amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui soignera le mieux cet homme
1164
en, non ; le conflit est plus grave, car le rejet
de
l’humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation a priori, fonda
1165
rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte
d’
obligation a priori, fondamentale : l’humanisme, c’est le péché même,
1166
nir le péché par la volonté, naturelle à l’homme,
d’
agir pour soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’humanis
1167
r soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour
de
l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considè
1168
our Dieu. C’est maintenant au tour de l’humaniste
d’
endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un hom
1169
ant au tour de l’humaniste d’endosser le reproche
de
lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepte
1170
e chrétien le considère comme un homme qui refuse
d’
accepter, dans toute sa violence, la question que lui pose sans cesse
1171
rme encore plus précise, il devient l’antagonisme
de
deux volontés qui ne s’opposent pas front à front sur le même plan, m
1172
perpendiculairement. Chez les chrétiens, volonté
de
se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vi
1173
ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté
de
vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le plus possible, comme si
1174
z les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes,
de
vivre à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien ab
1175
n absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre
de
l’éthique quotidienne. L’humaniste cherchera une solution humaine qui
1176
cherchera une solution humaine qui lui permettra
d’
assurer ce bien absolu qu’est sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux
1177
st sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux ordres
de
sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’a
1178
obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mépris
de
sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrific
1179
e même au mépris de sa vie : tel est le fondement
de
l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fa
1180
is de sa vie : tel est le fondement de l’attitude
de
service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un r
1181
tel est le fondement de l’attitude de service et
de
sacrifice qui, dans tous les domaines, fait de lui un révolutionnaire
1182
et de sacrifice qui, dans tous les domaines, fait
de
lui un révolutionnaire, l’homme du risque opposé à l’homme des assura
1183
’est, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise
d’
assurance-vie. L’humaniste pourra répondre qu’à ses yeux, le christian
1184
dans cet acte ; il agit en humaniste. Il témoigne
de
sa défiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un
1185
un « bonheur » imprévu, pousse en réalité le cri
d’
un humaniste, c’est-à-dire d’un homme pour qui la valeur absolue est l
1186
se en réalité le cri d’un humaniste, c’est-à-dire
d’
un homme pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et d
1187
l, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement
d’
humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du
1188
, — porte un jugement d’humaniste, mange du fruit
de
l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’hom
1189
n jugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre
de
la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme pieux qu
1190
l les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté
de
Dieu, si souvent contraire à la sienne ?) Prier pour qu’il fasse beau
1191
ce n’est pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu
d’
humaniste. Si je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir de provo
1192
i je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir
de
provoquer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de vous faire
1193
uer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir
de
vous faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’être une sim
1194
faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin
d’
être une simple conception philosophique, est une attitude devant la «
1195
expression politique cohérente. Qu’il me suffise
de
rappeler les écrits de MM. Fernandez41 et Guéhenno. Si intéressant et
1196
ohérente. Qu’il me suffise de rappeler les écrits
de
MM. Fernandez41 et Guéhenno. Si intéressant et précis que soit l’un d
1197
ntéressant et précis que soit l’un dans le détail
de
sa dialectique critique, et si généreux que se veuille le second dans
1198
uteurs aient été jusqu’aux dernières conséquences
de
leur refus du transcendant42. Le communisme seul a poussé jusqu’aux r
1199
’humain. Le communisme est le véritable humanisme
de
notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour
1200
à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure
de
l’individu considéré comme autonome, et « calculable » humainement. L
1201
est d’ores et déjà la plus formidable entreprise
d’
assurance-vie que l’humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que l
1202
relever maintenant la vraie défense de l’homme, —
de
l’homme considéré comme le lieu naturel du nécessaire conflit de l’an
1203
idéré comme le lieu naturel du nécessaire conflit
de
l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux con
1204
e lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et
de
la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturel
1205
aturelles, sur ce conflit qui constitue la raison
d’
être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il enc
1206
es, sur ce conflit qui constitue la raison d’être
de
la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un
1207
le nom qu’il leur donne ; — il y trouve sa raison
de
vivre, c’est-à-dire de lutter pour devenir une personne devant Dieu.
1208
; — il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire
de
lutter pour devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’humanism
1209
pour devenir une personne devant Dieu. Le succès
de
l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’homme
1210
l’humanisme triomphant serait-il tout simplement
d’
enlever à l’homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’h
1211
ment d’enlever à l’homme toute raison personnelle
de
vivre ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en dé
1212
mme toute raison personnelle de vivre ? Le succès
de
l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, un suicide
1213
elle, c’est-à-dire : qui concerne « l’existence »
de
chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit exi
1214
t-à-dire : qui concerne « l’existence » de chacun
de
nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit exigeant une
1215
r se réaliser. 41. « Le chrétien est un embusqué
de
l’infini », écrivait Ramon Fernandez. 42. On sait que la secousse du
1216
en43 Je crois qu’il est tout à fait illégitime
de
s’occuper du marxisme, d’en parler en public, surtout pour l’attaquer
1217
tout à fait illégitime de s’occuper du marxisme,
d’
en parler en public, surtout pour l’attaquer, si l’on n’a pas témoigné
1218
r l’attaquer, si l’on n’a pas témoigné auparavant
de
son dégoût pour toutes les formes existantes ou théoriques de civilis
1219
t pour toutes les formes existantes ou théoriques
de
civilisation capitaliste. Je crois, comme André Philip l’écrivait un
1220
uré que si parmi vous quelques-uns se réjouissent
de
me voir condamner le marxisme, ceux-là ne puissent pas un instant cro
1221
Ceci soit dit une fois pour toutes.) On a coutume
d’
opposer christianisme et communisme sur le plan des réalisations humai
1222
ines. Je ne vois pas l’avantage qui peut résulter
d’
une comparaison entre deux réalités à ce point inégales, et d’ordre es
1223
aison entre deux réalités à ce point inégales, et
d’
ordre essentiellement différent. D’une façon générale, cela n’a aucun
1224
t inégales, et d’ordre essentiellement différent.
D’
une façon générale, cela n’a aucun sens de comparer deux civilisations
1225
férent. D’une façon générale, cela n’a aucun sens
de
comparer deux civilisations, et c’est une grande illusion de croire q
1226
deux civilisations, et c’est une grande illusion
de
croire qu’on trouvera dans cette comparaison des motifs de choisir. N
1227
qu’on trouvera dans cette comparaison des motifs
de
choisir. Non seulement les éléments en présence sont beaucoup trop co
1228
xes, mais encore, mais surtout, l’illusion serait
de
croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choix,
1229
lusion serait de croire que le choix est au terme
de
ce travail comparatif. Le choix, la décision, sur le plan éthique, es
1230
rnative christianisme-communisme. Si vous essayez
de
mettre en balance les avantages et les déficiences de la chrétienté d
1231
ettre en balance les avantages et les déficiences
de
la chrétienté d’une part, les avantages et déficiences du soviétisme
1232
ulez. Le christianisme ne sera jamais justiciable
de
sa réussite ou de son échec terrestre. On peut et on doit dire plus :
1233
isme ne sera jamais justiciable de sa réussite ou
de
son échec terrestre. On peut et on doit dire plus : l’issue terrestre
1234
On peut et on doit dire plus : l’issue terrestre
de
l’aventure chrétienne est connue depuis le Christ, elle a été prédite
1235
l ne l’ignore, c’est l’établissement sur la terre
d’
un état de bonheur « moyen » pour tous les hommes. On perd donc son te
1236
ore, c’est l’établissement sur la terre d’un état
de
bonheur « moyen » pour tous les hommes. On perd donc son temps à essa
1237
n seulement les modes de vie mais encore les buts
de
la vie humaine, il faut croire à cette doctrine. Y croire, c’est-à-di
1238
et sans retour. Y croire, c’est-à-dire en assumer
d’
avance toutes les imperfections, décidé à les combattre de l’intérieur
1239
toutes les imperfections, décidé à les combattre
de
l’intérieur, et non pas du tout pour le plaisir d’en triompher, mais
1240
e l’intérieur, et non pas du tout pour le plaisir
d’
en triompher, mais pour faire triompher la cause à tout prix. Si je ra
1241
r souligner l’impossibilité où nous nous trouvons
de
« choisir en toute impartialité », comme le veut une locution moderne
1242
is discuter sa théorie économique ; sa conception
de
l’histoire ; sa dialectique ; ses méthodes politiques et sociales. Je
1243
les. Je puis leur reconnaître une part importante
de
vérité, surtout dans leur aspect critique, qui me paraît désormais ac
1244
réunies. Il est avant tout une conception totale
de
la destinée humaine. Et c’est à cette conception totale, à cette vie,
1245
e, que je ne puis participer même en imagination,
d’
une manière efficace, ou mieux : d’une manière consciente et volontair
1246
n imagination, d’une manière efficace, ou mieux :
d’
une manière consciente et volontaire. Certes, il m’est arrivé de « sen
1247
consciente et volontaire. Certes, il m’est arrivé
de
« sentir communiste ». Cela nous arrive à tous, et plus souvent que n
1248
ous, et plus souvent que nous ne le pensons. Mais
de
là à accepter, à prendre sur soi et assumer en toute conscience la co
1249
eption communiste, il y a un abîme. Seul, un acte
d’
adhésion, une sorte d’acte de foi, pourrait me le faire franchir. Il n
1250
y a un abîme. Seul, un acte d’adhésion, une sorte
d’
acte de foi, pourrait me le faire franchir. Il ne me reste donc qu’à é
1251
abîme. Seul, un acte d’adhésion, une sorte d’acte
de
foi, pourrait me le faire franchir. Il ne me reste donc qu’à énumérer
1252
on pas que, sur ce terrain, les graves objections
de
méthode que je faisais tout à l’heure ne soient plus valables. Là enc
1253
circonscrite, les positions sont nettes, connues
de
tous. Il y a même un fait très frappant : c’est qu’il est étrangement
1254
rès frappant : c’est qu’il est étrangement facile
d’
opposer terme à terme les expressions chrétiennes et les expressions c
1255
n vont, dans une aventure qui ne ressemble à rien
de
connu, qui est la folie même. À ce risque matériel qui se retrouve à
1256
isque matériel qui se retrouve à tous les moments
de
la vie chrétienne, le marxiste oppose son idéal d’assurance matériell
1257
e la vie chrétienne, le marxiste oppose son idéal
d’
assurance matérielle. Il dit à l’ouvrier : « Viens avec nous, nous t’a
1258
oyait d’ailleurs pas. Le mérite du communiste est
de
réduire crûment l’idéal qu’il propose à ce but le plus prochain. Pour
1259
C’est exactement le contraire du commandement et
de
la promesse biblique : « Croyez premièrement au Royaume, et tout le r
1260
ne les dit pas, il n’en parle pas : ils n’ont pas
d’
importance en eux-mêmes. Ils resteront toujours purement symboliques d
1261
êmes. Ils resteront toujours purement symboliques
de
l’obéissance à Dieu, immédiats à l’origine et à la fin. Le marxiste,
1262
que d’abord les moyens. Il leur confère une sorte
d’
autonomie. Et le but final : la libération de l’individu, reste toujou
1263
orte d’autonomie. Et le but final : la libération
de
l’individu, reste toujours hétérogène à ces moyens, qui sont, en l’es
1264
lle collective. D’autres vous montreront l’erreur
de
cette méthode, et qu’en réalité, si la libération n’est pas déjà prés
1265
est pour le chrétien un pur exercice. Il n’a pas
de
valeur en soi. Il n’est pas une vertu, comme voulurent nous le faire
1266
tes. Il est purement symbolique du péché d’abord,
de
l’obéissance à Dieu ensuite. L’épitaphe laïque qu’on voit dans certai
1267
ne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le brigadier
de
choc. Staline a fait du travail une vertu absolue, qui a sa fin en el
1268
i a sa fin en elle-même, et qui mesure la dignité
de
l’homme. On me dira que j’exagère, que le travail du brigadier de cho
1269
e dira que j’exagère, que le travail du brigadier
de
choc est d’abord un service rendu à la collectivité. Mais cela ne fai
1270
vie au service du plan quinquennal, le brigadier
de
choc travaille pour des avantages humains, pour assurer un bien-être
1271
éfinitive. Il n’est qu’une extension intelligente
de
l’intérêt personnel. Il est donc le contraire du service chrétien, le
1272
ce chrétien, lequel est d’abord sacrifice au bien
de
l’autre en tant qu’autre, sacrifice qui ne peut avoir aucune raison h
1273
ut être qu’obéissance ; qui reste donc symbolique
d’
une réalité non humaine. Je m’étonne toujours de voir des chrétiens s’
1274
e d’une réalité non humaine. Je m’étonne toujours
de
voir des chrétiens s’extasier devant « le magnifique élan qui soulève
1275
qui soulève la jeunesse russe et la porte au-delà
d’
elle-même », comme si cet élan manifestait une sorte de christianisme
1276
e-même », comme si cet élan manifestait une sorte
de
christianisme inconscient. C’est là une illusion de moraliste. Nos ac
1277
christianisme inconscient. C’est là une illusion
de
moraliste. Nos actes ne valent que dans la mesure où ils sont faits p
1278
r Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait
d’
être pharisien. Inutile de s’étendre plus sur le troisième exemple, ce
1279
ieu. Sinon il suffirait d’être pharisien. Inutile
de
s’étendre plus sur le troisième exemple, celui de l’amour du prochain
1280
de s’étendre plus sur le troisième exemple, celui
de
l’amour du prochain. Il est évident pour un chrétien que cet amour es
1281
in vers autrui passe par Dieu. Et il n’y en a pas
d’
autre. Il n’y a pas d’autre communion humaine. Il faut, hélas ! que le
1282
ar Dieu. Et il n’y en a pas d’autre. Il n’y a pas
d’
autre communion humaine. Il faut, hélas ! que les chrétiens l’aient bi
1283
u’ils aient bien oublié et bien perdu la lucidité
d’
un La Rochefoucauld et de l’école des moralistes sceptiques français.
1284
t bien perdu la lucidité d’un La Rochefoucauld et
de
l’école des moralistes sceptiques français. Toutes les hypocrisies qu
1285
est précisément le plan du marxisme. Je laisserai
de
côté, dans ces notes, le fameux problème de la personne chrétienne en
1286
serai de côté, dans ces notes, le fameux problème
de
la personne chrétienne en face du collectif marxiste. C’est l’opposit
1287
est aussi celle qui entraîne le plus grand nombre
de
malentendus. En définitive et selon les écoles marxistes, il est très
1288
selon les écoles marxistes, il est très difficile
de
savoir si oui ou non le communisme veut la destruction des personnes.
1289
tout cas il sera toujours possible à un marxiste
de
le nier, en se référant aux phrases finales du Manifeste communiste,
1290
ales du Manifeste communiste, à certaines lettres
de
Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’être d’accord là-d
1291
certaines lettres de Engels, etc. Les philosophes
de
Moscou sont loin d’être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair
1292
Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin
d’
être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons m
1293
deux religions, celle qui concerne le sens total
de
la vie terrestre. Je dis bien le sens, la direction. Le sens de la vi
1294
estre. Je dis bien le sens, la direction. Le sens
de
la vie chrétienne est vertical, le sens de la vie marxiste est horizo
1295
e sens de la vie chrétienne est vertical, le sens
de
la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est d
1296
e sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens
de
la vie du chrétien c’est de sortir de la vie. C’est la mort à soi-mêm
1297
t horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est
de
sortir de la vie. C’est la mort à soi-même. Le sens de la vie marxist
1298
al. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir
de
la vie. C’est la mort à soi-même. Le sens de la vie marxiste, c’est d
1299
rtir de la vie. C’est la mort à soi-même. Le sens
de
la vie marxiste, c’est de s’accrocher à sa vie indéfiniment. Mais les
1300
ort à soi-même. Le sens de la vie marxiste, c’est
de
s’accrocher à sa vie indéfiniment. Mais les chrétiens le savent-ils e
1301
avent-ils encore que, pour entrer dans le Royaume
de
Dieu, il faut mourir ? Que toutes les promesses du Christ concernent
1302
toutes les promesses du Christ concernent la vie
de
celui qui d’abord est mort ? Que non seulement le Royaume ne sera jam
1303
ais encore qu’il consiste précisément dans l’acte
de
sortir de ce monde ? Cette dialectique inconcevable de la vie et de l
1304
qu’il consiste précisément dans l’acte de sortir
de
ce monde ? Cette dialectique inconcevable de la vie et de la mort, ce
1305
rtir de ce monde ? Cette dialectique inconcevable
de
la vie et de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’être dans
1306
nde ? Cette dialectique inconcevable de la vie et
de
la mort, ce commandement que nous avons reçu d’être dans ce monde com
1307
t de la mort, ce commandement que nous avons reçu
d’
être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno
1308
sses du Christ concernent une vie qui est au-delà
de
la mort. Toutes ces promesses sont eschatologiques. Ce qui ne veut nu
1309
rois littéralement qu’il n’y a aucun point commun
de
doctrine entre un communiste sincère et un chrétien obéissant. Ils pa
1310
et un chrétien obéissant. Ils parleront toujours
de
choses radicalement différentes, même s’ils semblent parler des mêmes
1311
chrétiens, est là. Il a fait apparaître aux yeux
d’
une chrétienté qui s’endormait dans l’illusion humaniste, que ce monde
1312
onde-ci n’a rien en lui-même qui puisse permettre
d’
accéder à l’autre monde. Trop longtemps, les chrétiens ont cru pouvoir
1313
les chrétiens ont cru pouvoir utiliser la morale
de
ce monde, qui est une morale d’intérêts humains, alors que le command
1314
tiliser la morale de ce monde, qui est une morale
d’
intérêts humains, alors que le commandement du Christ est un commandem
1315
que le commandement du Christ est un commandement
de
sacrifice total, et de mort au monde. Maintenant, les jeux sont faits
1316
Christ est un commandement de sacrifice total, et
de
mort au monde. Maintenant, les jeux sont faits. L’abîme devient flagr
1317
us avons cru que le christianisme était une règle
de
vie, valable en soi et propre à maintenir l’ordre, la prospérité et l
1318
confortables entre les humains. Voilà une erreur
de
belle taille, et que désormais le fait marxiste nous dispensera de co
1319
et que désormais le fait marxiste nous dispensera
de
commettre. Car c’est le marxisme qui est une règle de vie dans le mon
1320
ommettre. Car c’est le marxisme qui est une règle
de
vie dans le monde, au sens où le christianisme est une règle de mort
1321
monde, au sens où le christianisme est une règle
de
mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi, tout ce que d
1322
e est une règle de mort au monde. Et il est temps
de
voir que sans la foi, tout ce que disent les chrétiens à la suite du
1323
ivait récemment André Gide45. La religion n’a pas
de
sens humain : jamais les hommes n’arriveront à donner un sens réel au
1324
es n’arriveront à donner un sens réel aux paroles
de
l’Évangile. Dieu seul le peut. La conclusion de tout cela est évident
1325
s de l’Évangile. Dieu seul le peut. La conclusion
de
tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence
1326
tout cela est évidente. Si nous sommes conscients
de
toute l’exigence du christianisme, le marxisme ne peut plus nous appa
1327
sse à notre christianisme. Il nous met en demeure
de
radicaliser ce christianisme. Je crois que toute autre solution, et e
1328
hrétien un mauvais marxiste, sans cesse soupçonné
de
« sabotage idéaliste » par les camarades du parti, — ou un de ces chr
1329
e idéaliste » par les camarades du parti, — ou un
de
ces chrétiens incertains, dont justement l’incertitude a provoqué l’i
1330
ertitude a provoqué l’inévitable et juste révolte
de
nos frères athées. Il n’est de charité bien ordonnée que celle qui co
1331
e et juste révolte de nos frères athées. Il n’est
de
charité bien ordonnée que celle qui commence par rendre à Dieu ce qui
1332
lui-même pâtira. 43. Causerie donnée au cercle
d’
études marxistes de la Fédération des étudiants de Paris, au mois de m
1333
43. Causerie donnée au cercle d’études marxistes
de
la Fédération des étudiants de Paris, au mois de mai 1933. 44. Cf. A
1334
d’études marxistes de la Fédération des étudiants
de
Paris, au mois de mai 1933. 44. Cf. Aron et Dandieu : La Révolution
1335
de la Fédération des étudiants de Paris, au mois
de
mai 1933. 44. Cf. Aron et Dandieu : La Révolution nécessaire (Grasse
1336
sme l’aurait inventé. L’antifascisme est en passe
de
devenir la nouvelle mystique de gauche. Cette mystique est d’autant p
1337
isme est en passe de devenir la nouvelle mystique
de
gauche. Cette mystique est d’autant plus vive qu’elle se développe —
1338
a nouvelle mystique de gauche. Cette mystique est
d’
autant plus vive qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri de t
1339
qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri
de
toutes sanctions et périls concrets — à l’abri de toutes précisions.
1340
de toutes sanctions et périls concrets — à l’abri
de
toutes précisions. Une mystique n’est jamais puissante que dans le va
1341
s en France. Nous nous élevons contre une méthode
de
gouverner imaginairement transposée dans nos mœurs. Personne encore n
1342
sme français, mais nous ne dénonçons qu’avec plus
d’
éloquence ce que nous baptisons « un fascisme larvé ». Quand nous trai
1343
fascisme larvé ». Quand nous traitons un individu
de
« fasciste », cela ne signifie pas que cet individu partage les opini
1344
ignifie pas que cet individu partage les opinions
d’
Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est d’un autre avis que
1345
que cet individu partage les opinions d’Hitler ou
de
Mussolini, mais simplement qu’il est d’un autre avis que Léon Blum su
1346
Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est
d’
un autre avis que Léon Blum sur les moyens à employer pour « mettre en
1347
ettre en vacances la légalité ». Ainsi l’épithète
de
fasciste est-elle devenue rapidement une espèce d’injure politique, u
1348
e fasciste est-elle devenue rapidement une espèce
d’
injure politique, un synonyme de méchant homme, d’ennemi du peuple, de
1349
dement une espèce d’injure politique, un synonyme
de
méchant homme, d’ennemi du peuple, de bourgeois brutal. Réaction sans
1350
d’injure politique, un synonyme de méchant homme,
d’
ennemi du peuple, de bourgeois brutal. Réaction sans doute sympathique
1351
un synonyme de méchant homme, d’ennemi du peuple,
de
bourgeois brutal. Réaction sans doute sympathique, mais dont je crain
1352
es esprits est telle qu’il est presque impossible
d’
envisager froidement la nature réelle du danger. Cet élan d’opinion po
1353
r froidement la nature réelle du danger. Cet élan
d’
opinion populaire, guidé par quelques professeurs, peut retarder la fo
1354
quelques professeurs, peut retarder la formation
d’
un parti ouvertement fasciste, et c’est très bien. Il peut aussi distr
1355
ainsi la naissance et les premiers développements
d’
une intolérance « de gauche », d’un goût morbide de « l’autorité » con
1356
t les premiers développements d’une intolérance «
de
gauche », d’un goût morbide de « l’autorité » confondue avec la tyran
1357
s développements d’une intolérance « de gauche »,
d’
un goût morbide de « l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique,
1358
’une intolérance « de gauche », d’un goût morbide
de
« l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique, d’un anti- « gran
1359
l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique,
d’
un anti- « grand capitalisme » de petits bourgeois, bref — d’un fascis
1360
rannie étatique, d’un anti- « grand capitalisme »
de
petits bourgeois, bref — d’un fascisme. On dit à l’homme du peuple :
1361
« grand capitalisme » de petits bourgeois, bref —
d’
un fascisme. On dit à l’homme du peuple : tout ce que tu crains, tout
1362
me, groupez-vous ! », proclament alors les ligues
de
gauche. On se groupe. Pour se reconnaître, on adopte un insigne, une
1363
hemise. On cherche des chefs. Les chefs demandent
de
la discipline. La discipline exige le sacrifice des libertés personne
1364
ectif. Le bien collectif, c’est l’État. Il s’agit
de
s’en emparer. Un jour, vient l’ordre de marcher sur Paris. On install
1365
Il s’agit de s’en emparer. Un jour, vient l’ordre
de
marcher sur Paris. On installe au pouvoir le leader des antifascistes
1366
au pouvoir le leader des antifascistes, un homme
de
gauche bien entendu, un fils du peuple. Le triomphe de l’antifascisme
1367
uche bien entendu, un fils du peuple. Le triomphe
de
l’antifascisme s’appelle le fascisme français. Cette hypothèse n’est
1368
tifascisme, en France, ignore la véritable nature
de
son adversaire. 2° Les politiciens antifascistes, comme tous les poli
1369
nt leur tactique à l’adversaire. Les conséquences
de
ces deux faits sont faciles à prévoir : la tactique utilisée par les
1370
litique, et leur carence doctrinale les empêchera
de
remarquer que cette attitude politique est précisément le fascisme. J
1371
it par la radio. Et comment concevoir l’avènement
d’
un fascisme sans discours diffusés par les postes d’État ? Dès qu’il s
1372
un fascisme sans discours diffusés par les postes
d’
État ? Dès qu’il s’agit de propagande de masses, le triomphe du plus b
1373
diffusés par les postes d’État ? Dès qu’il s’agit
de
propagande de masses, le triomphe du plus bête est à peu près certain
1374
es postes d’État ? Dès qu’il s’agit de propagande
de
masses, le triomphe du plus bête est à peu près certain. Qu’est-ce
1375
Dans ce livre où je cherche à juger les moyens
de
la politique du point de vue de ses fins humaines, et ces fins à leur
1376
juger les moyens de la politique du point de vue
de
ses fins humaines, et ces fins à leur tour du point de vue de la réal
1377
humaines, et ces fins à leur tour du point de vue
de
la réalité première qu’est la personne, je ne m’attarderai pas à déno
1378
m’attarderai pas à dénoncer les excès trop connus
de
certaines méthodes « d’ordre ». Il y a des excès partout47 ; la malfa
1379
cer les excès trop connus de certaines méthodes «
d’
ordre ». Il y a des excès partout47 ; la malfaisance d’un régime ne sa
1380
re ». Il y a des excès partout47 ; la malfaisance
d’
un régime ne saurait être mesurée au nombre de vies d’hommes que ce ré
1381
nce d’un régime ne saurait être mesurée au nombre
de
vies d’hommes que ce régime a supprimées pour s’établir. Cherchons pl
1382
régime ne saurait être mesurée au nombre de vies
d’
hommes que ce régime a supprimées pour s’établir. Cherchons plutôt à q
1383
t justifiée, voire nécessaire : elle a des points
d’
application vraiment vitaux. Rien de pareil dans le cas du fascisme. M
1384
a des points d’application vraiment vitaux. Rien
de
pareil dans le cas du fascisme. Malgré certaines apparences sur lesqu
1385
scisme n’a pas une conception totale et cohérente
de
la vie humaine. Ou plutôt, il n’est cohérent que dans un domaine rest
1386
isme et l’hitlérisme48 se ramène à cette exigence
d’
un État fort, centralisé, dispensateur de tous les biens, méritant don
1387
exigence d’un État fort, centralisé, dispensateur
de
tous les biens, méritant donc tous les sacrifices. Si l’on admet cett
1388
tous les sacrifices. Si l’on admet cette primauté
de
l’État, les violences nécessaires à son établissement se trouvent aus
1389
s ? Il répond en tout premier lieu à la nostalgie
d’
unité qui s’empare des peuples fatigués — démoralisés par la politique
1390
gués — démoralisés par la politique —, incertains
de
leur mission. Reprenons ces trois caractéristiques. L’État fasciste
1391
ment l’idéal national que la culture et les mœurs
de
l’élite devenaient impuissantes à incarner aux yeux du peuple49. Cet
1392
radictoires. Il satisfait d’abord les adversaires
de
l’individualisme50 ; ceux de droite parce qu’il propose un chef, un c
1393
bord les adversaires de l’individualisme50 ; ceux
de
droite parce qu’il propose un chef, un cadre rigide et logique, une h
1394
rarchie primant les libertés individuelles ; ceux
de
gauche, parce qu’il concrétise certaines aspirations collectivistes.
1395
èrent un pays comme une entreprise dont il s’agit
de
tirer le rendement matériel maximum. Il satisfait enfin à certaines a
1396
it enfin à certaines aspirations « spirituelles »
de
deux espèces d’hommes à vrai dire assez différentes : les jacobins et
1397
ines aspirations « spirituelles » de deux espèces
d’
hommes à vrai dire assez différentes : les jacobins et les ultramontai
1398
a réalisé, sur le plan laïque, un des vieux rêves
de
la pensée thomiste51. Dangers du fascisme La cohérence du fasci
1399
s hommes ont toujours appelé « dieu » le principe
de
cohérence de leur vie sociale et privée. Le fascisme aboutit donc néc
1400
toujours appelé « dieu » le principe de cohérence
de
leur vie sociale et privée. Le fascisme aboutit donc nécessairement à
1401
sme aboutit donc nécessairement à la divinisation
de
l’État. Tout ce qui échappe à l’emprise de l’État devient dès lors su
1402
sation de l’État. Tout ce qui échappe à l’emprise
de
l’État devient dès lors suspect, hérétique, coupable — à moins qu’on
1403
s qu’on ne parvienne à l’intégrer, fût-ce au prix
d’
un mensonge, dans le mécanisme étatique. La véritable brutalité du fas
1404
atique. La véritable brutalité du fascisme, c’est
d’
avoir voulu renverser toute l’échelle des valeurs occidentales, d’avoi
1405
nverser toute l’échelle des valeurs occidentales,
d’
avoir voulu subordonner à l’organisme matériel de l’État, préalablemen
1406
d’avoir voulu subordonner à l’organisme matériel
de
l’État, préalablement divinisé, les libertés fondamentales de la pers
1407
réalablement divinisé, les libertés fondamentales
de
la personne et des églises, ainsi que toute espèce de création spirit
1408
a personne et des églises, ainsi que toute espèce
de
création spirituelle. Le véritable malheur du fascisme, c’est d’avoir
1409
rituelle. Le véritable malheur du fascisme, c’est
d’
avoir voulu étendre par la force, à tous les domaines de la vie, un pr
1410
r voulu étendre par la force, à tous les domaines
de
la vie, un principe de cohérence étroit, pauvre et stérilisant. Toute
1411
force, à tous les domaines de la vie, un principe
de
cohérence étroit, pauvre et stérilisant. Toutes les méthodes fasciste
1412
rilisant. Toutes les méthodes fascistes procèdent
de
cette erreur fondamentale, erreur spirituelle analogue à celle du sta
1413
le. Un mot résume le fascisme en tant que méthode
d’
extension, par la force, d’un principe de soi sans puissance : c’est l
1414
me en tant que méthode d’extension, par la force,
d’
un principe de soi sans puissance : c’est le mot allemand Gleichschalt
1415
méthode d’extension, par la force, d’un principe
de
soi sans puissance : c’est le mot allemand Gleichschaltung — mise au
1416
ltung — mise au pas — qui justifia tous les coups
de
force hitlériens. Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux d
1417
a tous les coups de force hitlériens. Les hérauts
de
Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne ser
1418
ups de force hitlériens. Les hérauts de Hitler ou
de
Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais qu
1419
Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux
de
Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais que des « missionnaires bot
1420
e Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et
de
la Guépéou, ne seront jamais que des « missionnaires bottés52 ». On n
1421
nnable où, pour la première fois, dans l’histoire
de
l’Europe, la passion unitaire se donna libre cours. L’ancêtre du fasc
1422
mise au pas », une inversion du spirituel soumis
de
force à la raison d’État ? C’est bien déjà la folie unitaire, le mal
1423
nversion du spirituel soumis de force à la raison
d’
État ? C’est bien déjà la folie unitaire, le mal fasciste, qui pousse
1424
, à décapiter ses élites pour le plaisir maniaque
d’
établir l’uniformité aux dépens de la vie multiple du pays. Cet exempl
1425
a vie multiple du pays. Cet exemple est pour nous
d’
un rude enseignement. Toute Gleichschaltung, toute expérience fasciste
1426
le s’attaque, c’est là qu’elle inocule une espèce
de
paralysie progressive. Et de là viennent cette folie des grandeurs au
1427
e inocule une espèce de paralysie progressive. Et
de
là viennent cette folie des grandeurs aux premiers temps, cet activis
1428
cette stérilité verbeuse, puis toute cette suite
de
décompositions morales que les historiens vont décrire mais que d’aut
1429
e : ceux qu’on nomme aujourd’hui les psychiatres.
De
toutes les idoles modernes, l’État totalitaire est peut-être la plus
1430
isé) et son culte orthodoxe, le marxisme, exigent
de
l’humanité un déploiement plus généreux, plus intégral de ses puissan
1431
anité un déploiement plus généreux, plus intégral
de
ses puissances. Les prétentions totalitaires du communisme sont fondé
1432
sme sont fondées, en effet, sur une notion totale
de
l’homme naturel. Par là même, elles sont mieux justifiées, aux yeux d
1433
du fascisme, fondées sur une notion disciplinaire
de
l’homme. Le marxisme est pour le chrétien un adversaire plus noble,
1434
tien un adversaire plus noble, plus représentatif
de
l’athéisme conséquent, que le fascisme. Il vaut bien mieux repousser
1435
e fascisme. Il vaut bien mieux repousser Dieu que
de
l’admettre comme soutien de l’État. La comédie spiritualiste, que le
1436
ux repousser Dieu que de l’admettre comme soutien
de
l’État. La comédie spiritualiste, que le fascisme croit devoir jouer
1437
le décret du Parti, c’est à peu près le contraire
de
l’héroïsme personnel. L’État fasciste a réussi à faire prendre pour u
1438
fasciste a réussi à faire prendre pour une fièvre
d’
héroïsme le conformisme tremblant des militants. Mais qui ne voit la l
1439
. Les fusillades, les passages à tabac et l’huile
de
ricin les indignent ; mais l’exactitude des trains les rassure, au mo
1440
arxisme. Ils croient que le fascisme est le parti
de
l’ordre. Ils ne voient pas à quel niveau ni à quel prix s’établit cet
1441
— unitaire ! — travaillait à l’éducation fasciste
de
ses militants. Ce n’est pas que je croie un seul instant à la duplici
1442
rinale dont leurs manifestes font preuve favorise
de
toute évidence le développement des confusions les plus propres à la
1443
t ? Où chercher la doctrine efficace qui permette
de
déceler et de combattre à sa naissance le péril fasciste présent ? L’
1444
r la doctrine efficace qui permette de déceler et
de
combattre à sa naissance le péril fasciste présent ? L’expérience hit
1445
te présent ? L’expérience hitlérienne nous permet
de
répondre à coup sûr. Que nous montre, en effet, l’Allemagne ? Dans l’
1446
qui gagnent encore en secret le plus grand nombre
d’
adhérents. Les raisons de cette double résistance sont claires. Un pro
1447
ret le plus grand nombre d’adhérents. Les raisons
de
cette double résistance sont claires. Un protestant resté fidèle à la
1448
claires. Un protestant resté fidèle à la doctrine
de
la Réforme55 sait que le premier commandement, c’est de servir Dieu s
1449
Réforme55 sait que le premier commandement, c’est
de
servir Dieu seul, et non pas Dieu et la Patrie, Hitler et Dieu, la ra
1450
e péché majeur est celui qui consiste à se servir
de
Dieu en le servant. L’opposition du christianisme et du fascisme, c’e
1451
christianisme et du fascisme, c’est l’opposition
d’
une foi par excellence totalitaire, à la prétention d’un organe qui se
1452
e foi par excellence totalitaire, à la prétention
d’
un organe qui se veut plus grand que le tout, et qui réclame sa part d
1453
ut plus grand que le tout, et qui réclame sa part
d’
honneurs divins. Pour le personnalisme, tel que j’ai essayé de le décr
1454
ivins. Pour le personnalisme, tel que j’ai essayé
de
le décrire plus haut, il n’est pas moins aisé de voir qu’il est le vé
1455
de le décrire plus haut, il n’est pas moins aisé
de
voir qu’il est le véritable antifascisme politique. La personne n’est
1456
onne n’est jamais « au pas ». Elle est aux ordres
de
sa vocation, elle est seule responsable de son risque ; surtout, elle
1457
ordres de sa vocation, elle est seule responsable
de
son risque ; surtout, elle se sait plus réelle que toute réalité coll
1458
réalité collective. Elle ne croit pas à la valeur
d’
une unité obtenue aux dépens des unités concrètes et de leur nécessair
1459
unité obtenue aux dépens des unités concrètes et
de
leur nécessaire diversité. Elle veut que l’État soit une émanation de
1460
iversité. Elle veut que l’État soit une émanation
de
l’homme, et non l’inverse. Elle veut qu’il y ait d’abord des hommes h
1461
ord des hommes humains, ensuite l’État au service
de
ces hommes. Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jamais tota
1462
ne sera jamais totalitaire. 46. C’est au reçu
d’
une circulaire m’invitant à adhérer à l’une d’entre elles, que j’éprou
1463
er à l’une d’entre elles, que j’éprouve le besoin
de
mettre au point, ici, quelques définitions. 47. Que ceux qui s’indig
1464
, comme le prouve l’exemple italien. La dictature
de
la jeunesse n’est pas non plus le fait du seul fascisme : l’URSS et l
1465
eunes ». 49. La confiscation par l’État fasciste
de
l’idéal culturel d’une « nation » est clairement symbolisé par la sub
1466
fiscation par l’État fasciste de l’idéal culturel
d’
une « nation » est clairement symbolisé par la substitution de l’insig
1467
on » est clairement symbolisé par la substitution
de
l’insigne du Parti aux anciennes couleurs nationales. La croix gammée
1468
on pour laquelle le fascisme échoue dans les pays
d’
esprit « personnaliste » que sont les pays protestants. Réaction « hié
1469
les pays où le sens civique a faibli. Je m’excuse
d’
indiquer d’une manière si sommaire un phénomène qui mériterait d’ample
1470
le sens civique a faibli. Je m’excuse d’indiquer
d’
une manière si sommaire un phénomène qui mériterait d’amples explicati
1471
e manière si sommaire un phénomène qui mériterait
d’
amples explications… 51. Je n’entends pas insinuer par là que le thom
1472
icative. 52. C’est ainsi qu’on nomma les dragons
de
Villars et Noailles massacreurs des huguenots dans les Cévennes. 53.
1473
total, les raisons dernières du choix que chacun
de
nous va se trouver contraint de faire, d’ici peu. 54. Des considérat
1474
choix que chacun de nous va se trouver contraint
de
faire, d’ici peu. 54. Des considérations qu’on devine m’empêchent ma
1475
érations qu’on devine m’empêchent malheureusement
de
préciser. 55. Je ne reviens pas sur l’aventure du parti des Deutsche
1476
XI.D’un Cahier
de
revendications En décembre 1932, la Nouvelle Revue française publi
1477
la Nouvelle Revue française publiait un ensemble
de
témoignages rédigés par de jeunes écrivains membres de groupes révolu
1478
e publiait un ensemble de témoignages rédigés par
de
jeunes écrivains membres de groupes révolutionnaires personnalistes e
1479
moignages rédigés par de jeunes écrivains membres
de
groupes révolutionnaires personnalistes et marxistes. Ce Cahier de
1480
onnaires personnalistes et marxistes. Ce Cahier
de
revendications était introduit en ces termes : Est-il possible de d
1481
était introduit en ces termes : Est-il possible
de
définir une cause commune de la jeunesse française, une communauté d’
1482
: Est-il possible de définir une cause commune
de
la jeunesse française, une communauté d’attitude essentielle ? Il sem
1483
commune de la jeunesse française, une communauté
d’
attitude essentielle ? Il semble que la solidarité du péril crée en no
1484
que n’ont su faire ni maîtres ni doctrines, unité
de
refus devant la consternante misère d’une époque où tout ce qu’un hom
1485
nes, unité de refus devant la consternante misère
d’
une époque où tout ce qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coup
1486
qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coupé
de
son origine vivante, flétri, dénaturé, inverti, saboté. Des groupes t
1487
prit, Plans, Réaction, par leur volonté proclamée
de
rupture, et plus encore par leurs revendications constructives, révèl
1488
t-être, dans leur diversité, les premières lignes
de
force d’une nouvelle révolution française. Leur anticapitalisme n’est
1489
ans leur diversité, les premières lignes de force
d’
une nouvelle révolution française. Leur anticapitalisme n’est pas celu
1490
n française. Leur anticapitalisme n’est pas celui
de
la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marxiste, en deho
1491
elle s’est constitué ce nouveau front, forme l’un
de
ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques a
1492
stitué ce nouveau front, forme l’un de ses points
de
repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques appuis occasion
1493
tifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitude
de
tous ces groupes un acte de présence à la misère du siècle, assez nou
1494
firme dans l’attitude de tous ces groupes un acte
de
présence à la misère du siècle, assez nouveau parmi les intellectuels
1495
xandre Marc, René Dupuis, Robert Aron. Ce concert
de
refus n’avait rien d’harmonieux. On pouvait cependant y distinguer de
1496
is, Robert Aron. Ce concert de refus n’avait rien
d’
harmonieux. On pouvait cependant y distinguer deux thèmes que je tenta
1497
cependant y distinguer deux thèmes que je tentai
d’
analyser dans les Conclusions que voici. Nous sommes une génération c
1498
ici. Nous sommes une génération comblée. Comblée
de
chances de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse
1499
sommes une génération comblée. Comblée de chances
de
grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le
1500
mblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée
de
risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le pa
1501
, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse
de
1932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existen
1502
ues mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit
de
vivre, le paradoxe fondamental de toute « existence » se concrétise d
1503
932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental
de
toute « existence » se concrétise dans une « nécessité » révolutionna
1504
pleur est sans précédent. Ce n’est plus seulement
de
conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais p
1505
ns précédent. Ce n’est plus seulement de conflits
d’
idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous, en
1506
ulement de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même
de
conflits d’intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup
1507
onflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits
d’
intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace
1508
. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup
d’
une menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre q
1509
ous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace
de
faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci :
1510
menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir
de
rien d’autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul
1511
de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien
d’
autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’
1512
planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que
de
ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’en réchapper
1513
: s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen
d’
en réchapper, — l’imposer. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que no
1514
durer, puisque ça dure depuis si longtemps. Masse
de
sourds, de muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irrite
1515
que ça dure depuis si longtemps. Masse de sourds,
de
muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos c
1516
depuis si longtemps. Masse de sourds, de muets et
d’
aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est
1517
aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent
de
nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont tr
1518
nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain
de
la guerre, ont trop souvent crié au loup, par goût des atmosphères tr
1519
ues. Littérature et mauvais caractère. Il y avait
de
quoi vous fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien de mieux
1520
fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien
de
mieux à faire. Et vous pensiez que la révolution, c’était une bande d
1521
vous pensiez que la révolution, c’était une bande
de
méchants garçons. Puis vous avez pensé que c’étaient des gens dangere
1522
vos maîtres. Bientôt vous chercherez des équipes
de
sauvetage. Ici paraît le communisme, comme une constatation de la fai
1523
Ici paraît le communisme, comme une constatation
de
la faillite, une liquidation à un taux sous-humain. Voici le Plan, pr
1524
cette « raison » déjà qui se trouvait à l’origine
de
tout le mal ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous so
1525
gine de tout le mal ? Telles sont les composantes
de
notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ;
1526
ouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter
de
nous battre pour un « ordre » et des « idéaux » criminels. Il y a la
1527
est plus un état d’esprit, ni un refus des tâches
d’
homme. La révolution est une nécessité au sens le plus banal du terme,
1528
sens le plus banal du terme, et aussi à son sens
de
« misère qui appelle ». Nous ne sommes pas « des bourgeois-dégoûtés »
1529
’on lui offre il faudrait qu’elle le paie du prix
de
l’âme même. On nous donne à choisir entre un régime bourgeois odieux,
1530
espérance, une utopie, qu’il nous est impossible
d’
accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’une réalisation
1531
une utopie, qu’il nous est impossible d’accepter
de
« bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’une réalisation épurée, ty
1532
s qu’une réalisation épurée, tyrannique et privée
de
toute résistance interne, de cela justement que dans le désordre régn
1533
tyrannique et privée de toute résistance interne,
de
cela justement que dans le désordre régnant, nous détestons de toute
1534
ment que dans le désordre régnant, nous détestons
de
toute la force de notre être : la primauté du matériel. Comment pens
1535
ésordre régnant, nous détestons de toute la force
de
notre être : la primauté du matériel. Comment penser — si « penser »
1536
. Comment penser — si « penser » est inséparable
d’
une action — entre une bourgeoisie déchue et un marxisme faux ? Il res
1537
y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine
de
quelque chose d’autre, dont la réalité échappe encore à ceux que réci
1538
s. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose
d’
autre, dont la réalité échappe encore à ceux que récitent Marx : une «
1539
iste, l’autre personnaliste ; la première en voie
de
réalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de g
1540
éalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée
de
sa période de gestation doctrinale. Tout le monde sait ce que signifi
1541
URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période
de
gestation doctrinale. Tout le monde sait ce que signifie politiquemen
1542
à la lutte des classes, ce pragmatisme, cet acte
de
foi optimiste dans le cours « dialectique » de l’Histoire, qui caract
1543
te de foi optimiste dans le cours « dialectique »
de
l’Histoire, qui caractérisent la position marxiste. Par contre, les b
1544
es bases doctrinales exposées ici par des membres
d’
Esprit ou de L’Ordre nouveau , pour n’être pas entièrement original
1545
inales exposées ici par des membres d’ Esprit ou
de
L’Ordre nouveau , pour n’être pas entièrement originales, ne peuvent
1546
re pas entièrement originales, ne peuvent manquer
de
déconcerter tous ceux qui n’imaginent de choix possible qu’entre un c
1547
manquer de déconcerter tous ceux qui n’imaginent
de
choix possible qu’entre un capitalisme plus ou moins fascistisé, et u
1548
disé. Les marxistes détiennent l’avantage certain
de
tabler sur une « utopie » partiellement traduite en faits. C’est même
1549
traduite en faits. C’est même, à voir les choses
de
près, leur meilleur argument contre les révolutionnaires non marxiste
1550
les voir déjà préparer en sous-main des terrains
d’
entente avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit, comme l’é
1551
e en vain quelle idéologie les empêcherait encore
de
répondre aux invites de ces parents naguère inavouables, mais qui sou
1552
ie les empêcherait encore de répondre aux invites
de
ces parents naguère inavouables, mais qui soudain font mine de « réus
1553
s naguère inavouables, mais qui soudain font mine
de
« réussir ». N’est-ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intér
1554
de « réussir ». N’est-ce donc plus qu’un conflit
d’
intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas l
1555
N’est-ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et
d’
intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réel
1556
as les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels
d’
un être aux prises avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’h
1557
s avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge
d’
hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une
1558
maine ? Ni pour le mensonge d’hier, ni pour celui
de
demain nous ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et
1559
plement. Les uns croient, avec Marx, à la réalité
d’
une dialectique ternaire ; ils placent leur espoir dans l’avènement de
1560
rnaire ; ils placent leur espoir dans l’avènement
de
synthèses successives, acheminant l’espèce vers un équilibre final, t
1561
ique du conflit nécessaire et vital. Il n’y a pas
de
« troisième terme », — ou c’est la mort56. Mais la co-efficience de d
1562
me », — ou c’est la mort56. Mais la co-efficience
de
deux termes vrais, et assumés comme tels, c’est la personne. L’opposi
1563
sumés comme tels, c’est la personne. L’opposition
de
Proudhon et de Marx, sur le terrain économique, traduit exactement l’
1564
s, c’est la personne. L’opposition de Proudhon et
de
Marx, sur le terrain économique, traduit exactement l’opposition de K
1565
rrain économique, traduit exactement l’opposition
de
Kierkegaard et de Hegel dans le domaine religieux. Elle traduira dema
1566
traduit exactement l’opposition de Kierkegaard et
de
Hegel dans le domaine religieux. Elle traduira demain l’opposition de
1567
s patries personnalistes. Mais où sont les motifs
de
notre choix ? J’en indiquerai trois : 1° La seule révolution qui nous
1568
ntaires : elle n’est qu’une projection du conflit
de
la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « moral
1569
nflit de la personne. Les marxistes nous accusent
de
mêler des notions « morales » — ainsi désignent-ils la notion de pers
1570
tions « morales » — ainsi désignent-ils la notion
de
personne ! — aux forces politiques et historiques qui selon eux déter
1571
ntièrement le devenir révolutionnaire. Mais c’est
de
la mythomanie : les « Forces économiques », dont ils parlent avec tre
1572
ec tremblement, n’existent pas. Elles font partie
de
ces créations pseudo-mystiques qui pullulent dans un monde athée. Que
1573
utionnaire, et que nier cette valeur « décisive »
de
la personne, c’est désarmer la révolution. Mais il y a plus. Si la pe
1574
i la personne est véritablement l’élément décisif
de
la réalité humaine, toute révolution est vaine qui se fonde sur des f
1575
se agir sur les faits autrement que par une suite
de
coups de force, d’actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme r
1576
ur les faits autrement que par une suite de coups
de
force, d’actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux
1577
ts autrement que par une suite de coups de force,
d’
actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux de la mati
1578
teurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux
de
la matière abandonnée à elle-même ? La dialectique historique à trois
1579
mps est une arbitraire projection dans les choses
d’
un mécanisme de « l’intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme in
1580
itraire projection dans les choses d’un mécanisme
de
« l’intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme interne reparaît
1581
révolutionnaire57. Le matérialisme, c’est l’opium
de
la révolution. 3° La conception personnaliste est seule capable d’édi
1582
3° La conception personnaliste est seule capable
d’
édifier un monde culturel, économique et social qu’anime un risque per
1583
duit l’aventure humaine à un déroulement indéfini
de
changements, justiciables tout au plus de la statistique. Mais les ma
1584
ndéfini de changements, justiciables tout au plus
de
la statistique. Mais les marxistes répugnent à nous suivre sur ce ter
1585
ction ? Est-ce un opportunisme purement tactique,
d’
allure électorale ? « Toutes les tentatives qui ne se fondent pas sur
1586
s sur la classe révolutionnaire ne comportent pas
de
points d’application », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion
1587
lasse révolutionnaire ne comportent pas de points
d’
application », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos i
1588
», écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion »
de
nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les
1589
de nos intellectuels, même marxistes. Abdication
de
la pensée entre les mains du prolétaire qui, justement, avait besoin
1590
mains du prolétaire qui, justement, avait besoin
d’
être conduit par la pensée de quelques-uns58 ! Mais ce sont les « rêve
1591
tement, avait besoin d’être conduit par la pensée
de
quelques-uns58 ! Mais ce sont les « rêveries » des « penseurs » qui o
1592
s les révolutions ! Lénine réussit une révolution
d’
intellectuels dans un pays qui compte à cette époque moins de 3 millio
1593
uels dans un pays qui compte à cette époque moins
de
3 millions d’ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bo
1594
ays qui compte à cette époque moins de 3 millions
d’
ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bourgeoisie exis
1595
moins de 3 millions d’ouvriers sur une population
de
160 millions, et où la bourgeoisie existe à peine en tant que classe,
1596
1932 le parti ne compte encore que deux millions
de
membres, sévèrement contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions
1597
contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions
d’
un Lénine n’étaient pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de
1598
t pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement
de
l’histoire. » Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la
1599
Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme
de
la réussite, à un fatalisme, à un pragmatisme historique dont le fond
1600
rique dont le fondement matérialiste n’exige rien
de
moins qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindr
1601
ent matérialiste n’exige rien de moins qu’un acte
de
foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance de succès ?
1602
tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance
de
succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays ? La violence des com
1603
ns la ligne des forces révolutionnaires profondes
de
la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte de 89, dans
1604
utionnaires profondes de la France. Cette révolte
de
la personne, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable
1605
e. Cette révolte de la personne, c’est la révolte
de
89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à pr
1606
ne, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde
de
valable et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvel
1607
évolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et
de
dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvelle Révolution
1608
et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort
de
la nouvelle Révolution française. La volonté, la possibilité de ruptu
1609
Révolution française. La volonté, la possibilité
de
rupture, affirmée par les politiciens marxistes, mais niée en sous-ma
1610
es, mais niée en sous-main par leur doctrine, est
de
leur part une duperie manifeste. Je les entends menacer le bourgeois
1611
vois pas plus forts. Je vois bien l’accumulation
de
leurs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons dav
1612
oient ainsi triompher à la fois des bourgeois, et
de
la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donne
1613
à la fois des bourgeois, et de la vérité humaine
de
nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux
1614
octrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas
de
pain. Ceux qui ne promettent que du pain, finalement n’en donnent jam
1615
itiques (nationalisme, SDN60, etc.), condamnation
de
l’individu, de la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), d
1616
alisme, SDN60, etc.), condamnation de l’individu,
de
la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), des méthodes pol
1617
abli. Mais nous allons plus loin dans la critique
de
ce désordre : jusqu’à ce point où le marxisme, révélant sa vraie natu
1618
sa vraie nature, apparaît comme un cas privilégié
de
la folie capitaliste-matérialiste. Non, ce n’est pas une classe que n
1619
ot, le « salut » n’est pas à débattre sur le plan
de
l’humanité, mais entre l’homme, entre tel homme et la Réalité qui seu
1620
ielles permettent à ce suprême et quotidien débat
d’
avoir un sens, un point d’application : la personne. Tel est, en derni
1621
rême et quotidien débat d’avoir un sens, un point
d’
application : la personne. Tel est, en dernière analyse, le fondement,
1622
l est, en dernière analyse, le fondement, l’enjeu
de
la révolution nouvelle. Ici, je ne dirai plus nous, mais je. À la qu
1623
sérieux vos idées, y croyez-vous ? », les hommes
de
ce temps n’aiment pas répondre, car c’est une question personnelle, u
1624
cherche. Ce qu’il faut pour légitimer un système
d’
idées en elles-mêmes justes et opportunes, c’est une violence spiritue
1625
seule chose que les hommes éprouvent dans le fond
de
leur être. Il faut derrière ces idées une masse volontaire, une pesan
1626
dées une masse volontaire, une pesante contrainte
de
foi, une pureté terrible et humble. Loin de moi la pensée que par des
1627
sée que par des arguments nous pourrons triompher
d’
autre chose que d’arguments. À l’effort admirable du peuple russe retr
1628
guments nous pourrons triompher d’autre chose que
d’
arguments. À l’effort admirable du peuple russe retrouvant la grandeur
1629
tique « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendront
de
nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’
1630
Les hommes n’entendront de nous que notre volonté
de
sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste.
1631
ntendront de nous que notre volonté de sacrifice,
de
pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste. La vérité ne
1632
rifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave
de
penser juste. La vérité ne peut exister parmi nous que sous la forme
1633
rité ne peut exister parmi nous que sous la forme
d’
une accusation personnelle. Il faut savoir entendre ce mutisme formida
1634
peut en donner jusqu’au bout le courage. Je parle
de
la foi chrétienne où je veux être, de ce suprême « choix » qui ne vie
1635
e. Je parle de la foi chrétienne où je veux être,
de
ce suprême « choix » qui ne vient pas de moi, mais qui soudain me cho
1636
mais qui soudain me choisit, me saisit. Je parle
de
cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin d’arguments pour juge
1637
e cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin
d’
arguments pour juger les idoles du monde ; de cette seule chose pour l
1638
soin d’arguments pour juger les idoles du monde ;
de
cette seule chose pour laquelle j’accepterais la mort, parce que ce n
1639
la donnant. Je n’ai pas à sauver quoi que ce soit
de
la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pardon
1640
mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est
de
pardon que pour celui qui agit. On me dira sans doute que je me perds
1641
! Déjà les hommes le pressentent : il n’y a rien
d’
autre à attendre que cette force surhumaine d’entrer dans l’Ordre de l
1642
ien d’autre à attendre que cette force surhumaine
d’
entrer dans l’Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions
1643
que cette force surhumaine d’entrer dans l’Ordre
de
la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions — après les avoir fai
1644
tre la construction entreprise par le capitalisme
d’
État soviétique, contre la mystique productiviste déjà « niée » par la
1645
américaine en particulier. 58. Exemple frappant
de
l’Allemagne : voici un pays enfin qui réunit toutes les conditions th
1646
n éclate. Il ne se passe rien. Parce qu’on manque
de
chefs. Parce qu’il n’y a plus de « personnes ». — La position définie
1647
rce qu’on manque de chefs. Parce qu’il n’y a plus
de
« personnes ». — La position définie par la phrase citée de M. Nizan
1648
nnes ». — La position définie par la phrase citée
de
M. Nizan est exactement celle des révolutionnaires russes dit « popul
1649
ionnaires russes dit « populistes », aux environs
de
1900. Lénine a eu des sarcasmes terribles à l’adresse de ces « héréti
1650
aire ?) 59. Le succès du communisme serait-il «
de
nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dans Hic et
1651
s du communisme serait-il « de nous rendre la vie
de
caserne acceptable » ? (R. de Pury, dans Hic et Nunc, n° 1). 60. Ces
1652
maladive. L’homme sain ne s’excite pas sur l’idée
de
sécurité. Il demande un principe de grandeur, ou simplement quelque c
1653
as sur l’idée de sécurité. Il demande un principe
de
grandeur, ou simplement quelque chose à faire. La paix n’est pas une
1654
lisation, elle n’est rien que l’absence obsédante
de
la guerre. Tout cela est assez connu, mais peu de personnes en tienne
1655
n d’insister, une fois de plus, sur cette absence
de
tout principe vivant d’unité et d’union, qui est la marque de notre t
1656
e plus, sur cette absence de tout principe vivant
d’
unité et d’union, qui est la marque de notre temps, et la cause de not
1657
cette absence de tout principe vivant d’unité et
d’
union, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose
1658
cipe vivant d’unité et d’union, qui est la marque
de
notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cett
1659
on, qui est la marque de notre temps, et la cause
de
notre psychose de sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne se
1660
que de notre temps, et la cause de notre psychose
de
sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne sera pas dénoncée, r
1661
n temps à dénoncer et à combattre les instruments
de
la guerre menaçante : politiciens, maîtres de forges, journalistes. L
1662
nts de la guerre menaçante : politiciens, maîtres
de
forges, journalistes. La corruption est tellement générale que ces dé
1663
a guerre. Les communistes ont parfaitement raison
de
soutenir que le régime est organiquement lié à la guerre, et que la g
1664
profond : il est dans la conception rationaliste
de
l’État moderne et dans la conception abstraite de l’homme considéré c
1665
de l’État moderne et dans la conception abstraite
de
l’homme considéré comme individu atomique. Or ces deux conceptions so
1666
Or ces deux conceptions sont également à la base
de
tout le système marxiste-stalinien. Elles y sont même plus rigoureuse
1667
le communisme comme l’agent le plus perfectionné
de
la désagrégation atomique de notre monde, — désagrégation dont l’abou
1668
le plus perfectionné de la désagrégation atomique
de
notre monde, — désagrégation dont l’aboutissement fatal serait la rui
1669
gation dont l’aboutissement fatal serait la ruine
de
toute vie organique et de toute solidarité réelle, comme il était, en
1670
t fatal serait la ruine de toute vie organique et
de
toute solidarité réelle, comme il était, en régime capitaliste, la gu
1671
ait, en régime capitaliste, la guerre du droit et
de
la justice. Ces simplifications résument des études que nous avons, a
1672
poussées dans le détail61. Elles nous permettent
de
situer notre opposition au monde actuel. Elles nous permettent aussi
1673
tion au monde actuel. Elles nous permettent aussi
de
donner sa réelle et pratique importance, dans l’ordre des sanctions i
1674
’ordre des sanctions immédiates, à une opposition
d’
apparence toute philosophique : celle de l’individu et de la personne.
1675
pposition d’apparence toute philosophique : celle
de
l’individu et de la personne. L’égalité contre la fraternité Co
1676
ence toute philosophique : celle de l’individu et
de
la personne. L’égalité contre la fraternité Considérer l’homme
1677
r l’homme en tant qu’individu abstrait (principes
de
89 — marxisme) et fonder sur cet individu toutes les institutions, et
1678
t la morale, c’est méconnaître la nature concrète
de
l’homme, qui comporte le conflit. Les institutions, n’ayant pas compt
1679
’homme concret, n’ont pas compté avec le principe
de
tout conflit, et sont sans forces contre les conflits qui surgissent.
1680
les conflits qui surgissent. Elles essaient alors
de
déshumaniser les hommes. Elles cherchent la paix par la stérilisation
1681
s qui éclatent sont alors sanglants. L’évolution
de
la notion d’individu, d’homme en soi, d’homme type, est trop connue p
1682
t sont alors sanglants. L’évolution de la notion
d’
individu, d’homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous
1683
sanglants. L’évolution de la notion d’individu,
d’
homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous la reprenion
1684
volution de la notion d’individu, d’homme en soi,
d’
homme type, est trop connue pour que nous la reprenions ici. On sait c
1685
aveur des théories rationalistes et matérialistes
de
l’Encyclopédie. Les théoriciens des droits de l’homme, ayant cru rema
1686
férences entre les hommes, conçurent cette utopie
de
supprimer les différences. Ils se flattaient ainsi d’établir une paix
1687
upprimer les différences. Ils se flattaient ainsi
d’
établir une paix définitive. Ce qui leur permettait de croire possible
1688
ablir une paix définitive. Ce qui leur permettait
de
croire possible une telle égalisation, c’était peut-être l’importance
1689
l’argent. L’argent devenait le principal facteur
de
différenciation entre les hommes. Du moins le plus visible. Il se peu
1690
lles et méprisables. Les premières revendications
d’
égalité furent néanmoins d’ordre strictement politique. On voulait un
1691
emières revendications d’égalité furent néanmoins
d’
ordre strictement politique. On voulait un système fondé sur l’homme-e
1692
battit pour ce système et on l’obtint. On perdit
de
vue les hommes, dans leur diversité. L’État devint une réalité indépe
1693
tat devint une réalité indépendante, l’expression
de
la collectivité des égaux. Or ces égaux n’existaient pas. Il fallait
1694
tout prix. À la fois pour dissimuler la brutalité
de
cette action, et pour la rendre populaire, on eut recours à des mots
1695
ble au moment même où elle l’imposait sur le plan
de
l’État. On ne le vit pas tout de suite : l’État commença par détruire
1696
aines injustices criantes, détournant l’attention
de
l’injustice permanente et sournoise qu’il établissait parmi les homme
1697
qu’il est, un principe entre tous néfaste : celui
de
la comparaison perpétuelle. À qui fallait-il être égal ? Sur le plan
1698
ait pas le besoin qu’on avait créé63. Dans la vie
de
tous les jours, la revendication de l’égalité ne pouvait se traduire
1699
. Dans la vie de tous les jours, la revendication
de
l’égalité ne pouvait se traduire que par un mécontentement confus et
1700
n mécontentement confus et inextinguible. Le soin
de
fixer empiriquement le niveau de l’égalité idéale revint à l’Opinion
1701
nguible. Le soin de fixer empiriquement le niveau
de
l’égalité idéale revint à l’Opinion publique, c’est-à-dire à la Press
1702
le capital) et à la Publicité. L’homme n’eut plus
de
« prochain », mais seulement, comme le dit Keyserling, des « voisins
1703
ces insupportables et scandaleuses. L’homme cessa
de
croire à ses besoins, à ses désirs réels, et s’hypnotisa sur l’idée d
1704
sirs réels, et s’hypnotisa sur l’idée du standing
de
vie, défini par comparaison avec « les autres », déterminé par une sé
1705
ison avec « les autres », déterminé par une série
de
facteurs plus ou moins abstraits, artificiels, imposés du dehors et p
1706
homme. Il n’est plus assuré par la responsabilité
de
chacun, mais par le cadre policier de l’État, par l’ambiance morale q
1707
ponsabilité de chacun, mais par le cadre policier
de
l’État, par l’ambiance morale que créent la Presse et la Publicité, e
1708
et détruit la fraternité. Capital, police, lutte
de
classes, guerre. Primauté du paraître sur l’être. La Personne : fo
1709
u paraître sur l’être. La Personne : fondement
de
la Communauté La personne, c’est l’homme en acte, c’est-à-dire l’h
1710
nstitutions, c’est reconnaître la nature concrète
de
l’homme, qui comporte le conflit. Les institutions qui comptent avec
1711
t avec l’homme concret, comptent avec le principe
de
tout conflit, et ont pour but de rendre les antagonismes féconds pour
1712
avec le principe de tout conflit, et ont pour but
de
rendre les antagonismes féconds pour l’ensemble du corps social. Elle
1713
’union par et dans la diversité créatrice. Fortes
de
leur souplesse, elles empêchent les conflits de s’accumuler et d’écla
1714
s de leur souplesse, elles empêchent les conflits
de
s’accumuler et d’éclater en désordres sanglants. Si le dernier parag
1715
e, elles empêchent les conflits de s’accumuler et
d’
éclater en désordres sanglants. Si le dernier paragraphe de cette thè
1716
en désordres sanglants. Si le dernier paragraphe
de
cette thèse peut paraître encore utopique, remarquons toutefois qu’il
1717
brimées. L’individu n’a jamais existé qu’à l’état
de
définition. Partir des conflits quotidiens, des conflits d’intérêts e
1718
ion. Partir des conflits quotidiens, des conflits
d’
intérêts et d’idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des ré
1719
s conflits quotidiens, des conflits d’intérêts et
d’
idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des régions et des r
1720
d’intérêts et d’idéaux, des conflits qui naissent
de
la diversité des régions et des races, — pour les utiliser. Telle est
1721
r les utiliser. Telle est la formule fondamentale
de
notre politique. Elle entraîne immédiatement cette constatation : c’e
1722
ation : c’est qu’il ne s’agit pas pour le légiste
d’
établir des équilibres stériles ou forcés, ni des compromis dégradants
1723
mis dégradants pour l’une et l’autre partie, mais
d’
assurer le jeu des tensions normales. Le groupe de L’Ordre nouveau a
1724
d’assurer le jeu des tensions normales. Le groupe
de
L’Ordre nouveau a exposé dans un ensemble de travaux de détail comm
1725
pe de L’Ordre nouveau a exposé dans un ensemble
de
travaux de détail comment il entendait sauvegarder et orienter ces te
1726
dre nouveau a exposé dans un ensemble de travaux
de
détail comment il entendait sauvegarder et orienter ces tensions créa
1727
d’une part, le centre directeur du service civil
de
l’autre. Tension organique entre la commune ou la région d’une part,
1728
commune ou la région d’une part, et la fédération
de
l’autre.) Je ne puis m’attacher ici qu’à définir une attitude spiritu
1729
spirituelle. Les principes qui seront à la base
de
l’économie et de politique nouvelles sont identiques à ceux qui seron
1730
s principes qui seront à la base de l’économie et
de
politique nouvelles sont identiques à ceux qui seront à la base de la
1731
elles sont identiques à ceux qui seront à la base
de
la vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de distinction thé
1732
a vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas
de
distinction théorique et inopérante entre la vie privée et la vie pub
1733
e dans la mesure où il se manifeste concrètement,
d’
une façon qui lui est particulière, dans une tâche qui lui est propre
1734
des théories dans le monde abstrait et juridique
de
l’égalité, la personne s’enracine au contraire dans le concret d’une
1735
personne s’enracine au contraire dans le concret
d’
une vocation. L’apparition de la personne est liée à l’apparition d’un
1736
aire dans le concret d’une vocation. L’apparition
de
la personne est liée à l’apparition d’une tension. Car d’une part ell
1737
apparition de la personne est liée à l’apparition
d’
une tension. Car d’une part elle est déterminée par les conditions don
1738
conditions données, d’autre part elle a pour but
de
les dépasser et de les rendre créatrices. Le type même d’une telle te
1739
, d’autre part elle a pour but de les dépasser et
de
les rendre créatrices. Le type même d’une telle tension est celle qui
1740
épasser et de les rendre créatrices. Le type même
d’
une telle tension est celle qui s’établit entre deux hommes qui se ren
1741
me n’est humain que lorsqu’il manifeste sa raison
d’
être particulière. Mais dès qu’il la manifeste, il crée une nouveauté,
1742
dignité consiste à assumer ce risque. La dignité
de
l’homme, c’est d’être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irres
1743
à assumer ce risque. La dignité de l’homme, c’est
d’
être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irresponsables. Le « pr
1744
st d’être responsable. Le monde actuel est peuplé
d’
irresponsables. Le « prolétaire » tel que le fabrique le capitalisme e
1745
ère plus que celle du bourgeois attaché à son bas
de
laine ou prisonnier des assurances. Pour nous, la liberté ne consiste
1746
obligations, mais dans la possibilité pour chacun
de
courir son risque propre. Ainsi, la valeur suprême de la personne, c’
1747
ourir son risque propre. Ainsi, la valeur suprême
de
la personne, c’est, à la limite, l’héroïsme. Nous savons bien que ce
1748
alifier. Ils ont assimilé l’héroïsme au sacrifice
de
toute vocation personnelle, à l’anéantissement de l’homme dans le gro
1749
de toute vocation personnelle, à l’anéantissement
de
l’homme dans le groupe pour le plus grand bien de l’État. Cette inver
1750
de l’homme dans le groupe pour le plus grand bien
de
l’État. Cette inversion flagrante ne nous empêchera pas de prononcer
1751
. Cette inversion flagrante ne nous empêchera pas
de
prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son prestige et sa va
1752
hera pas de prononcer un mot auquel il est urgent
de
rendre son prestige et sa valeur d’appel. L’héroïsme véritable, c’est
1753
il est urgent de rendre son prestige et sa valeur
d’
appel. L’héroïsme véritable, c’est la pointe extrême de la vocation, c
1754
el. L’héroïsme véritable, c’est la pointe extrême
de
la vocation, c’est-à-dire, pour un chrétien, la fidélité de l’homme à
1755
tion, c’est-à-dire, pour un chrétien, la fidélité
de
l’homme à persévérer dans sa mission particulière en dépit de toutes
1756
rréductible que rencontre le fascisme, qu’il soit
de
Berlin ou de Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’homm
1757
ue rencontre le fascisme, qu’il soit de Berlin ou
de
Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’homme le plus uti
1758
ain. C’est aussi l’homme le plus utile. La morale
de
l’ordre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout, de l’homme en a
1759
. La morale de l’ordre nouveau, ce sera la morale
de
l’homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale qui impose un
1760
dre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout,
de
l’homme en acte. Non pas une morale qui impose un certain nombre de v
1761
. Non pas une morale qui impose un certain nombre
de
vertus officielles, et qui prenne pour modèle le Citoyen-Respectable
1762
le Travailleur en soi. Mais une morale qui exige
de
chaque homme qu’il tienne sa place unique dans la communauté. Qu’il a
1763
la communauté. Qu’il ait à en répondre. Il n’y a
d’
ordre qu’à ce prix. Une paix véritable ne saurait résulter de l’affaib
1764
à ce prix. Une paix véritable ne saurait résulter
de
l’affaiblissement systématique des antagonismes. La paix, l’ordre, la
1765
es droits de l’homme et savent si bien l’empêcher
d’
en user ? Sans doute. Et nos « valeurs » ne seront jamais cotées sur l
1766
XIII.Triomphe
de
la Personne (Aphorismes) Doctrines et passions Je parle, dans
1767
Doctrines et passions Je parle, dans ce livre,
de
philosophie politique et de doctrines sociales ; cela paraîtra sans d
1768
parle, dans ce livre, de philosophie politique et
de
doctrines sociales ; cela paraîtra sans doute un comble d’ingénuité o
1769
nes sociales ; cela paraîtra sans doute un comble
d’
ingénuité ou d’ironie — au choix — à toutes les personnes averties de
1770
cela paraîtra sans doute un comble d’ingénuité ou
d’
ironie — au choix — à toutes les personnes averties de l’état politiqu
1771
onie — au choix — à toutes les personnes averties
de
l’état politique de l’Europe ; cela ne paraîtra pas même un comble, m
1772
toutes les personnes averties de l’état politique
de
l’Europe ; cela ne paraîtra pas même un comble, mais sera tenu pour u
1773
ens « réalistes ». Voilà pour l’utilité immédiate
de
ce recueil. Comment ! me disent les politiciens, comment ne voyez-vou
1774
ne voyez-vous pas que c’est perdre son temps que
de
raisonner sur des réalités irrationnelles ? Qu’est-ce qui conduit les
1775
uns ni les autres. Elle prétend agir à l’encontre
de
toute notre expérience électorale. — C’est bien cela. — Mais alors vo
1776
s tyrannies les plus absurdes ont seules la vertu
d’
exciter l’enthousiasme. Mais vous êtes moins réalistes que vous ne cro
1777
appe : c’est que vos « réalismes » n’ont pas plus
d’
effet, pratiquement, que nos « utopies ». Ou sinon je devrais vous ren
1778
s ». Ou sinon je devrais vous rendre responsables
de
la crise actuelle ? Mais tranquillisez-vous, je n’y songe pas. La cri
1779
re davantage s’il se peut. Le monde actuel est né
d’
une révolution. Cette révolution n’a pas été sans théories. Vous savez
1780
alisme » voudrait simplement que l’homme s’arrête
de
penser, et crie avec les loups. Le « réalisme » ainsi conçu et certai
1781
on est inefficace. Ils ne veulent pas qu’on parle
de
ce qui vit, de ce qu’ils vivent. (C’est trop pauvre, peut-être, à leu
1782
ce. Ils ne veulent pas qu’on parle de ce qui vit,
de
ce qu’ils vivent. (C’est trop pauvre, peut-être, à leurs yeux.) Mais
1783
auvre, peut-être, à leurs yeux.) Mais qu’on parle
de
ce dont ils parlent : en termes d’affiches électorales, d’éditoriaux
1784
t ils parlent : en termes d’affiches électorales,
d’
éditoriaux de l’Ami du Peuple, de « justifications » aux congrès radic
1785
: en termes d’affiches électorales, d’éditoriaux
de
l’Ami du Peuple, de « justifications » aux congrès radicaux : voilà q
1786
hes électorales, d’éditoriaux de l’Ami du Peuple,
de
« justifications » aux congrès radicaux : voilà qui est pratique, c’e
1787
e ? — Ceci, et cela, pour telles raisons déduites
de
la nature des choses et du destin de l’homme. — Utopie ! Utopie ! Voy
1788
ons déduites de la nature des choses et du destin
de
l’homme. — Utopie ! Utopie ! Voyez-vous, je préfère encore Léon Blum,
1789
ours, du « pratique », c’est-à-dire quelque chose
d’
électoral. Être « objectif » Dans nos plans, nous parlons des ch
1790
tif » Dans nos plans, nous parlons des choses,
de
leur nature et de leurs lois, de leur production, répartition et usag
1791
plans, nous parlons des choses, de leur nature et
de
leurs lois, de leur production, répartition et usage humain, et nous
1792
lons des choses, de leur nature et de leurs lois,
de
leur production, répartition et usage humain, et nous en parlons obje
1793
plus « élevés » ? Non point, mais les plus dignes
d’
être revendiqués par l’homme responsable de son activité : ce sont les
1794
dignes d’être revendiqués par l’homme responsable
de
son activité : ce sont les intérêts de son métier, de son ménage, de
1795
esponsable de son activité : ce sont les intérêts
de
son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nou
1796
on activité : ce sont les intérêts de son métier,
de
son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humai
1797
e sont les intérêts de son métier, de son ménage,
de
sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humainement des chos
1798
n métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux
de
son œuvre. Nous parlons humainement des choses les plus pratiques… Ma
1799
choses les plus pratiques… Mais eux, ils veulent
de
la mystique, des discours et des revendications « excitantes ». Toute
1800
excitantes ». Toute la politique qu’on leur sert,
de
Doumergue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous sommes objec
1801
’est parce qu’ils se méfient qu’ils nous traitent
d’
utopistes et de gens peu pratiques. Ils répètent au hasard les vocable
1802
ls se méfient qu’ils nous traitent d’utopistes et
de
gens peu pratiques. Ils répètent au hasard les vocables que l’école p
1803
cole primaire leur a mis dans la tête. — Problème
d’
éducation civique. Incertitude essentielle de toute considération p
1804
e d’éducation civique. Incertitude essentielle
de
toute considération politique Les fins qu’on veut atteindre par l’
1805
le réactionnaire allègue la défense des intérêts
d’
une civilisation, ce qui peut apparaître « spirituel », mais il se tro
1806
l », mais il se trouve qu’à ses yeux les intérêts
de
la civilisation se confondent avec ceux de la classe possédante, qui
1807
térêts de la civilisation se confondent avec ceux
de
la classe possédante, qui sont franchement matériels. Le communiste a
1808
tuelle, dont le présent état social ne permet pas
de
prévoir la nature. Et je ne donne ici que deux exemples extrêmes, c’e
1809
ule chose paraît claire : il y a des gens qui ont
de
quoi vivre, et d’autres qui n’ont pas de quoi. Mais cette distinction
1810
qui ont de quoi vivre, et d’autres qui n’ont pas
de
quoi. Mais cette distinction « matérielle » ne se confond nullement a
1811
ue droite-gauche. Chacun sait qu’il ne suffit pas
d’
être ruiné pour devenir marxiste, et qu’on peut posséder une auto et n
1812
cer la mise en ordre du monde moderne. Importance
d’
une définition de la personne. Toute la tactique de notre révolution e
1813
dre du monde moderne. Importance d’une définition
de
la personne. Toute la tactique de notre révolution en dépend. Humi
1814
’une définition de la personne. Toute la tactique
de
notre révolution en dépend. Humilité du spirituel Les revues bi
1815
spirituel pour qu’il s’agisse encore, pour elles,
d’
un spirituel vraiment vivant. Le spirituel dont je me réclame a sa réa
1816
est-à-dire : ce que l’homme place au premier rang
d’
un « ordre » humain et rien qu’humain sera au dernier rang de l’ordre
1817
e » humain et rien qu’humain sera au dernier rang
de
l’ordre spirituel, que Dieu ordonne. Et encore : le plus grand est ce
1818
bles dans leur abaissement. C’est cela qu’on perd
de
vue lorsqu’on réclame pour le spirituel une primauté de droit plutôt
1819
lorsqu’on réclame pour le spirituel une primauté
de
droit plutôt que de service. On voudrait que le spirituel soit honoré
1820
our le spirituel une primauté de droit plutôt que
de
service. On voudrait que le spirituel soit honoré comme souverain d’u
1821
rait que le spirituel soit honoré comme souverain
d’
une hiérarchie intangible, et l’on oublie qu’un souverain, fût-il de d
1822
ntangible, et l’on oublie qu’un souverain, fût-il
de
droit divin — et peut-être surtout dans ce cas —, ne saurait fonder s
1823
rait fonder son pouvoir que sur l’exercice fidèle
de
sa charge. Or, l’exercice du pouvoir spirituel nous est prescrit, par
1824
s sociaux des groupes personnalistes, ont coutume
de
les ranger sous une rubrique dont le titre me plaît : Calligrafia pol
1825
me plaît : Calligrafia politica. C’est très bien
de
se moquer des calligraphes. Mais ce sont eux qui nous apprennent à éc
1826
dèles, qui prévoient les déformations nécessaires
de
l’écriture courante. Il y a des gens qui estiment que la « pratique »
1827
tyran. Jamais souverain ne fut à ce degré jaloux
de
son aveuglement, impatient à l’égard de qui veut l’éclairer, cruel et
1828
liquement ? Qui donc oserait encourir la disgrâce
de
l’Opinion, comme Fénelon avait encouru celle du Roi ? Qui donc oserai
1829
à l’État personnifié, lui déclarer sans artifices
de
langage : « Voilà, Sire, l’état où vous êtes ! » Personne ne tente pl
1830
e, l’état où vous êtes ! » Personne ne tente plus
de
délivrer le peuple souverain de ses flatteurs. Il se trouve au contra
1831
nne ne tente plus de délivrer le peuple souverain
de
ses flatteurs. Il se trouve au contraire des centaines de Marat pour
1832
latteurs. Il se trouve au contraire des centaines
de
Marat pour lui dire qu’il a raison toujours ; des centaines de petits
1833
lui dire qu’il a raison toujours ; des centaines
de
petits Robespierre pour lui dire qu’il est infaillible ; et pour gouv
1834
lérance qu’on accorde aux flatteurs. Le plus beau
de
l’affaire, c’est qu’un homme qui voudrait témoigner par des actes de
1835
qu’un homme qui voudrait témoigner par des actes
de
son amour réel, de sa pitié pour le peuple trompé, passerait infailli
1836
udrait témoigner par des actes de son amour réel,
de
sa pitié pour le peuple trompé, passerait infailliblement pour le plu
1837
s. La seule opposition sérieuse La violence
de
leurs écrits s’accroît, l’aigreur des polémiques s’accroît, les revue
1838
de des lettres, qui me parviennent, me paraissent
de
jour en jour plus absurdes. Ils ont perdu la tête, me dis-je. Pourtan
1839
u la tête, me dis-je. Pourtant non, je n’apprends
d’
aucun d’entre eux qu’il ait commis la plus minime folie. Beaucoup « ad
1840
nce à son argent. Beaucoup proclament la faillite
de
la culture bourgeoise, aucun ne renonce à y faire figure honorable. A
1841
ndent en justifications éloquentes. Justification
de
leurs actes ? Non. Justifications de leurs intentions, de leurs revir
1842
ustification de leurs actes ? Non. Justifications
de
leurs intentions, de leurs revirements intérieurs, de leurs anxiétés
1843
actes ? Non. Justifications de leurs intentions,
de
leurs revirements intérieurs, de leurs anxiétés intérieures, de leurs
1844
eurs intentions, de leurs revirements intérieurs,
de
leurs anxiétés intérieures, de leurs préférences individuelles, de le
1845
ements intérieurs, de leurs anxiétés intérieures,
de
leurs préférences individuelles, de leurs virtualités imaginées. Est-
1846
intérieures, de leurs préférences individuelles,
de
leurs virtualités imaginées. Est-ce que peut-être ils ne croient pas
1847
mets pas en cause leur sincérité, je ne parle que
de
ce qui est contrôlable. « Si c’était vrai, ça se verrait », dit le pe
1848
dit le peuple. N’oublions pas que l’intellectuel
d’
aujourd’hui est avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu de s’a
1849
t avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu
de
s’agiter. Je me méfie toujours des théories d’action que proposent le
1850
eu de s’agiter. Je me méfie toujours des théories
d’
action que proposent les incroyants. Benda est plus honnête, dans sa t
1851
croyants. Benda est plus honnête, dans sa théorie
de
l’inaction. Tous les autres calculent, jusque dans leur désir de scan
1852
Tous les autres calculent, jusque dans leur désir
de
scandaliser le bourgeois. Il n’y a qu’une façon réelle de mettre les
1853
aliser le bourgeois. Il n’y a qu’une façon réelle
de
mettre les pieds dans le plat : c’est de croire. Il n’y a qu’une faço
1854
n réelle de mettre les pieds dans le plat : c’est
de
croire. Il n’y a qu’une façon réelle de croire : c’est d’agir. Mais d
1855
t : c’est de croire. Il n’y a qu’une façon réelle
de
croire : c’est d’agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme appre
1856
e. Il n’y a qu’une façon réelle de croire : c’est
d’
agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme apprenons-nous qu’il co
1857
açon réelle de croire : c’est d’agir. Mais duquel
de
nos coryphées du marxisme apprenons-nous qu’il conforme sa vie à ses
1858
, ils ne sont pas sérieux. Un chrétien a le droit
de
faire cette observation simpliste, qui soulève généralement la méfian
1859
i retourne le reproche. Il accepte, en vertu même
de
sa foi, qu’on le condamne ; alors que tous les autres veulent se just
1860
eule opposition réelle, la seule qu’il y ait lieu
de
prendre au sérieux. Autocritique Qu’y a-t-il donc sous cette ré
1861
s assurés, et qui sortent, dit-on, « fatalement »
de
nos ombres ? Je vois naître dans un lent cauchemar la Bête de l’Apoca
1862
s ? Je vois naître dans un lent cauchemar la Bête
de
l’Apocalypse, le dieu glacé État qu’ils édifient pour le Grand Soir.
1863
u crépuscule qui se prépare, c’est l’Inauguration
de
la Statue du dieu au seuil de la nuit sans histoire où tous les homme
1864
’est l’Inauguration de la Statue du dieu au seuil
de
la nuit sans histoire où tous les hommes en rangs serrés sans fin mar
1865
! Mais ne le suis-je pas par cette seule volonté
de
l’être ? Il faut croire que non, et que je suis encore mal assuré dan
1866
spéré ? N’est-ce point là notre plus belle chance
de
grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’est pas ce
1867
s bien plutôt que les autres ne meurent bassement
de
n’en pas mourir. Mais d’où vient encore la révolte ? Sinon d’une peu
1868
res ne meurent bassement de n’en pas mourir. Mais
d’
où vient encore la révolte ? Sinon d’une peur de moi-même ? C’est qu’
1869
ourir. Mais d’où vient encore la révolte ? Sinon
d’
une peur de moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore de me voir entraîné
1870
d’où vient encore la révolte ? Sinon d’une peur
de
moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore de me voir entraîné ce soir-là
1871
ne peur de moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore
de
me voir entraîné ce soir-là dans leurs rangs, serrant les coudes, ent
1872
rangs, serrant les coudes, entraîné par l’ivresse
de
la fraternité indifférente et lâche. Presque tous les hommes ont été
1873
r un homme. Et peut-être que tous les jeunes gens
de
ce temps sont tentés à la fois par le marxisme, le fascisme, et le li
1874
sme, et le libertinage bourgeois. Dans la révolte
de
la personne contre l’État, il n’y a pas seulement la vision d’un nouv
1875
e contre l’État, il n’y a pas seulement la vision
d’
un nouvel ordre et d’une franchise plus énergique, il y a aussi une dé
1876
’y a pas seulement la vision d’un nouvel ordre et
d’
une franchise plus énergique, il y a aussi une défense contre certaine
1877
certaines complaisances intimes. Je les condamne
d’
autant plus fort que je les comprends mieux, que je les comprends trop
1878
je les comprends trop bien ! J’appelle au secours
de
ma foi cette Révolution qui me fortifiera contre moi-même. J’appelle
1879
tre moi-même. J’appelle ce témoignage irrévocable
de
ma force contre ma faiblesse. Misère de l’homme, qu’il ait besoin de
1880
révocable de ma force contre ma faiblesse. Misère
de
l’homme, qu’il ait besoin de fomenter contre lui-même les coups de fo
1881
ma faiblesse. Misère de l’homme, qu’il ait besoin
de
fomenter contre lui-même les coups de force de l’histoire ! Folies
1882
ait besoin de fomenter contre lui-même les coups
de
force de l’histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois de « fol
1883
in de fomenter contre lui-même les coups de force
de
l’histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois de « folies » pol
1884
histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois
de
« folies » politiques. Ne l’ai-je pas fait avec plus d’indignation qu
1885
olies » politiques. Ne l’ai-je pas fait avec plus
d’
indignation que de pitié ? Les hommes se traitent de fous par manière
1886
. Ne l’ai-je pas fait avec plus d’indignation que
de
pitié ? Les hommes se traitent de fous par manière d’injure. Mais la
1887
indignation que de pitié ? Les hommes se traitent
de
fous par manière d’injure. Mais la folie demande plutôt des soins que
1888
itié ? Les hommes se traitent de fous par manière
d’
injure. Mais la folie demande plutôt des soins que des injures. Cruaut
1889
demande plutôt des soins que des injures. Cruauté
de
la politique : non point que les gens qui la font soient très méchant
1890
la font soient très méchants ; mais ils manquent
de
sérieux humain. (J’ai dit aussi qu’ils manquent d’humour.) Anonyma
1891
e sérieux humain. (J’ai dit aussi qu’ils manquent
d’
humour.) Anonymat Ils ont un « front commun », mais ils n’ont pl
1892
Ils ont un « front commun », mais ils n’ont plus
de
visages particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un mythe. C’es
1893
r est un mythe. C’est un état vaguement pressenti
de
réussite permanente, un ensemble de facilités matérielles, une assura
1894
ent pressenti de réussite permanente, un ensemble
de
facilités matérielles, une assurance contre tous risques. On n’en peu
1895
rance contre tous risques. On n’en peut rien dire
de
précis, sauf à tomber dans la trivialité (heureux les ventres pleins,
1896
ventres pleins, etc.), car chacun sait que l’état
de
bonheur est une chose trop fragile pour être définie et qui s’évanoui
1897
s, éthérées ! La carotte qu’on fixe devant le nez
de
l’âne a, sur le bonheur que poursuivent presque tous nos contemporain
1898
uivent presque tous nos contemporains, l’avantage
d’
être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un
1899
qu’un reflet, et un reflet terrestre et trouble,
de
cette félicité promise à ceux qui auront gardé la foi. On a perdu la
1900
ceux qui auront gardé la foi. On a perdu la force
de
croire, mais on voudrait que la félicité subsiste. Bien plus, on la v
1901
it dès cette vie. Aussi bien n’en espère-t-on pas
d’
autre. L’Évangile ne parle jamais du bonheur65. Il indique à chaque ho
1902
entreprise qui ne laisse aucune place au tourment
de
la recherche du bonheur. Quant à l’Égalité, chacun le sait, elle est
1903
chacun le sait, elle est surtout la revendication
de
ceux qui voudraient être un peu plus 66 qu’ils ne sont, et qui s’en t
1904
ns laquelle ils sont nés, soit par la nature même
de
leurs aptitudes. C’est à la fois le plus insaisissable et le plus gén
1905
plus insaisissable et le plus généralement révéré
de
nos mythes : personne encore n’a su le définir et fixer son niveau co
1906
re n’a su le définir et fixer son niveau concret.
D’
où sa vitalité et son pouvoir mystique. On dit souvent (surtout les in
1907
stique. On dit souvent (surtout les intellectuels
de
gauche) que le Français est « passionnément attaché à l’égalité ». C’
1908
». C’est inexact, parce qu’il n’y a aucune espèce
d’
égalité en France, — en France moins que partout ailleurs. Il faudrait
1909
çais est passionnément attaché à la revendication
de
l’égalité, et d’autant plus passionnément que ses coutumes sociales s
1910
ément attaché à la revendication de l’égalité, et
d’
autant plus passionnément que ses coutumes sociales sont plus tyranniq
1911
r ce que cela signifie. Être social, dans le sens
de
sociable, c’est honorer les catégories et conventions sociales, les a
1912
s, les honneurs qui s’attachent au rang, au degré
de
fortune, à la charge, à la tradition, au nom, au métier. Tout cela es
1913
a tout Français pour les allusions, les tournures
de
langage convenues, les « façons » discrètes qui mettent ou qui remett
1914
un à son rang. Et le Français veut bien se vanter
d’
une telle finesse. Jusqu’au moment toutefois où il s’agit de confronte
1915
e finesse. Jusqu’au moment toutefois où il s’agit
de
confronter ses coutumes avec son idéal, car rien n’est plus contradic
1916
moyen, né social, et décidé à le rester, a besoin
d’
affirmer hautement qu’il est égalitaire. C’est à peine paradoxal, c’es
1917
se met à légiférer pratiquement sur le fondement
de
cette égalité abstraite. Car toutes les lois que l’on édicte alors (é
1918
ar toutes les lois que l’on édicte alors (égalité
de
droits) contredisent aux coutumes dont on vit (inégalité de fait). Et
1919
contredisent aux coutumes dont on vit (inégalité
de
fait). Et si, d’une part, elles satisfont aux exigences de la raison,
1920
Et si, d’une part, elles satisfont aux exigences
de
la raison, ou à certaine idée d’une « dignité » de l’homme, d’autre p
1921
nt aux exigences de la raison, ou à certaine idée
d’
une « dignité » de l’homme, d’autre part elles entravent le cours habi
1922
e la raison, ou à certaine idée d’une « dignité »
de
l’homme, d’autre part elles entravent le cours habituel de la vie. El
1923
e, d’autre part elles entravent le cours habituel
de
la vie. Elles créent une aigreur permanente, surtout sensible dans la
1924
la petite bourgeoisie. L’Évangile ne parle jamais
d’
égalité. Il dit simplement que les premiers seront les derniers, et le
1925
s, et les derniers les premiers — dans le Royaume
de
Dieu. Il adresse à chaque homme une vocation : là s’arrête son égalit
1926
: là s’arrête son égalitarisme. Car il n’y a pas
de
comparaison possible, pas d’égalité humaine concevable entre deux voc
1927
me. Car il n’y a pas de comparaison possible, pas
d’
égalité humaine concevable entre deux vocations, une fois qu’elles son
1928
ns, une fois qu’elles sont reçues et qu’il s’agit
de
les réaliser. Mais les hommes ont grand-peur de se « différencier » d
1929
t de les réaliser. Mais les hommes ont grand-peur
de
se « différencier » de cette façon. À cet égard, l’égalitarisme moral
1930
les hommes ont grand-peur de se « différencier »
de
cette façon. À cet égard, l’égalitarisme moral a misé sur la lâcheté
1931
a misé sur la lâcheté humaine. C’est le contraire
d’
un idéal. Perspectives (I) Si l’Amérique se soviétise à son tour
1932
vingt ans tombe sous la domination des compagnies
d’
assurances étatisées, notre chance « personnaliste » reste entière. Ou
1933
rsonnaliste » reste entière. Ou plutôt elle cesse
d’
être une chance pour devenir la seule chance humaine de l’humain. La p
1934
e une chance pour devenir la seule chance humaine
de
l’humain. La personne deviendra la revendication unique d’un monde pa
1935
in. La personne deviendra la revendication unique
d’
un monde par ailleurs comblé de biens qu’il ne saura goûter. Le triomp
1936
vendication unique d’un monde par ailleurs comblé
de
biens qu’il ne saura goûter. Le triomphe du personnalisme est aussi f
1937
personnalisme est aussi fatal que la continuation
de
la vie. Pas davantage. Qu’est-ce que la continuation de la vie ? C’es
1938
vie. Pas davantage. Qu’est-ce que la continuation
de
la vie ? C’est la renaissance permanente d’une élite, aux dépens de l
1939
ation de la vie ? C’est la renaissance permanente
d’
une élite, aux dépens de laquelle vivent les hommes, et dont tout le p
1940
e plaisir, tout l’honneur, toute la morale soient
de
faire vivre ceux-là mêmes qui lui refusent leur reconnaissance. (Mais
1941
moyen imposé par l’État détend tous les ressorts
de
la création personnelle ? S’il n’y a plus d’élite ? Il n’y aura plus
1942
orts de la création personnelle ? S’il n’y a plus
d’
élite ? Il n’y aura plus personne pour s’en plaindre ; mais plus perso
1943
; mais plus personne non plus pour rien connaître
de
la nature du litige humain. Nous mourrons de la mort des singes.)
1944
ître de la nature du litige humain. Nous mourrons
de
la mort des singes.) Perspectives (II) Avantage du personnalism
1945
socialiste n’est pas encore imaginable. Il dépend
d’
un ensemble économique qui n’a jamais été réalisé. Car le plan quinque
1946
L’avènement du régime idéal demandera des siècles
de
travail, de sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’
1947
du régime idéal demandera des siècles de travail,
de
sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’Europe qui n
1948
emandera des siècles de travail, de sacrifices et
de
police. Nous connaissons une jeunesse d’Europe qui n’a pas attendu po
1949
fices et de police. Nous connaissons une jeunesse
d’
Europe qui n’a pas attendu pour vivre la permission du marxisme orthod
1950
ons eu, depuis dix ans, comme une première vision
d’
un style de vie personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de l
1951
uis dix ans, comme une première vision d’un style
de
vie personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de la force et
1952
personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût
de
la force et du risque. Elle rit bien. Elle n’a pas ce sérieux engourd
1953
ler en prison, se taire, négliger les précautions
d’
usage, épouser par amour, faire scandale sans épiloguer, là où il faut
1954
sans épiloguer, là où il faut, mépriser, admirer.
D’
une manière générale, elle admire plutôt les « caractères » que les dé
1955
que les députés ou les littérateurs. Elle a plus
de
dureté et plus de chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise d’après-gu
1956
u les littérateurs. Elle a plus de dureté et plus
de
chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise d’après-guerre. Elle ne va p
1957
rateurs. Elle a plus de dureté et plus de chaleur
d’
âme que la jeunesse bourgeoise d’après-guerre. Elle ne va plus à la re
1958
plus de chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise
d’
après-guerre. Elle ne va plus à la recherche du bonheur, elle ne s’eff
1959
qu’elle est en train de se créer un nouveau style
de
vie. Prendre ses responsabilités, c’est renoncer à justifier ses acte
1960
ens fort et littéral, s’autoriser dans l’exercice
d’
une vocation incomparable. Un trait peut-être résume tous les autres :
1961
jeunesse reste sobre devant la mort, à la mesure
de
sa violence devant la vie. Sobre et prodigue. Grattez un peu le confo
1962
retrouverez ce visage, cette allure, ce sentiment
de
la vie immédiate que vous voyez grandir dans les nouvelles génération
1963
vous voyez grandir dans les nouvelles générations
de
France et d’Angleterre. Est-ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen
1964
andir dans les nouvelles générations de France et
d’
Angleterre. Est-ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen ? Aventur
1965
ons de France et d’Angleterre. Est-ce l’avènement
d’
un nouvel Ordre européen ? Aventures ? La révolution n’est pas u
1966
n n’est pas une aventure. Elle est la réalisation
d’
une doctrine de l’homme véritable. La révolution n’est pas un mythe, m
1967
aventure. Elle est la réalisation d’une doctrine
de
l’homme véritable. La révolution n’est pas un mythe, mais une action
1968
être atteints sans nulle émeute, sans nul emploi
de
la violence, la révolution serait pure, — si pure qu’elle en deviendr
1969
n humanité totale que là où il se montre créateur
de
lui-même. Non, ce n’est point un « homme nouveau » que la révolution
1970
n « homme nouveau » que la révolution fait sortir
de
nos ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré d’un régime qui l
1971
s ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré
d’
un régime qui le déshumanise, et dénudé de son hypocrisie bourgeoise.
1972
Délivré d’un régime qui le déshumanise, et dénudé
de
son hypocrisie bourgeoise. Une révolution qui part à l’aventure about
1973
t au risque pour le risque ! La conclusion fatale
de
leur désespoir s’appelle toujours l’État totalitaire. Pessimisme a
1974
simisme actif Quand on part pour une promenade
de
deux heures, on est fatigué au bout de la première heure. Quand on pa
1975
la première heure. Quand on part pour une course
de
dix-huit heures, on n’est fatigué que vers la cinquième heure. Vers l
1976
fatigue s’étale, devient beaucoup moins sensible.
De
la huitième à la dixième heure, par exemple, elle est loin d’augmente
1977
me à la dixième heure, par exemple, elle est loin
d’
augmenter autant que de la première à la deuxième heure d’une promenad
1978
par exemple, elle est loin d’augmenter autant que
de
la première à la deuxième heure d’une promenade de deux heures. Voilà
1979
ter autant que de la première à la deuxième heure
d’
une promenade de deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alp
1980
e la première à la deuxième heure d’une promenade
de
deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alpinistes et de to
1981
romenade de deux heures. Voilà qui est bien connu
de
tous les alpinistes et de tous ceux qui ont fait des voyages à pied.
1982
oilà qui est bien connu de tous les alpinistes et
de
tous ceux qui ont fait des voyages à pied. Cela ne peut pas être expl
1983
n total indécomposable, et que l’effort le mesure
d’
avance et à chaque moment, comme tel, c’est-à-dire comme un tout. C’es
1984
vous dise : partez pour une course qui n’aura pas
de
fin, puisque vous devrez marcher jusqu’à votre mort, sans nul espoir
1985
evrez marcher jusqu’à votre mort, sans nul espoir
d’
atteindre le but ! (Ce but étant caché dans la mort même.) L’incroyant
1986
royant — celui qui ne croit pas au but — refusera
de
partir, ou tentera de se suicider. Le croyant au contraire trouvera d
1987
croit pas au but — refusera de partir, ou tentera
de
se suicider. Le croyant au contraire trouvera des forces infinies dan
1988
mort », portant en lui à chaque moment la mesure
d’
un effort infini. 64. Cela signifie : une vocation concrète, non pa
1989
ion du Christ, opposée à sa réprobation. Elle n’a
de
sens que par rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’être pa
1990
on. Elle n’a de sens que par rapport à la volonté
de
Dieu. Il ne s’agit pas d’être pauvre pour être heureux, mais il s’agi
1991
ar rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas
d’
être pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui
1992
s d’être pauvre pour être heureux, mais il s’agit
d’
obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se plaire. 66. Par ce plus q
1993
our être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ;
de
Lui plaire, non pas de se plaire. 66. Par ce plus qui est le contenu
1994
il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas
de
se plaire. 66. Par ce plus qui est le contenu paradoxal de la revend
1995
re. 66. Par ce plus qui est le contenu paradoxal
de
la revendication d’égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle es
1996
qui est le contenu paradoxal de la revendication
d’
égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle est donc liée à l’insa
1997
la revendication d’égalité, s’introduit la notion
de
progrès. Elle est donc liée à l’insatisfaction. Curieuse incompatibil
1998
on. Curieuse incompatibilité, dans l’état actuel,
de
la mystique du bonheur et de celle du progrès. Le bonheur est une mys
1999
dans l’état actuel, de la mystique du bonheur et
de
celle du progrès. Le bonheur est une mystique de droite, le progrès u
2000
de celle du progrès. Le bonheur est une mystique
de
droite, le progrès une mystique de gauche.
2001
t une mystique de droite, le progrès une mystique
de
gauche.
2002
te la moindre réflexion : ils tiennent les moyens
de
l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient de gauche, du c
2003
tiennent les moyens de l’action pour indépendants
de
ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous le
2004
tion pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient
de
gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les mêm
2005
e ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou
de
la droite, nous les voyons préconiser les mêmes formations de combat,
2006
, nous les voyons préconiser les mêmes formations
de
combat, exciter des passions sans rapport aux idéaux qu’il s’agit d’i
2007
des passions sans rapport aux idéaux qu’il s’agit
d’
imposer — et ce sont les mêmes passions —, discourir dans les mêmes li
2008
nt pas leurs moyens ; secundo : qu’ils se moquent
de
ces fins, quelles que soient, par ailleurs, leur conviction et leur s
2009
dés sur cette erreur commune, ils nous reprochent
d’
être sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de
2010
nous reprochent d’être sans « force » au service
de
nos vérités. (Ils disent alors : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent
2011
» au service de nos vérités. (Ils disent alors :
de
nos rêveries.) Ils ne conçoivent en effet d’autre force que la passio
2012
rs : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent en effet
d’
autre force que la passion électorale. Si nous briguions leurs avantag
2013
core qu’ils ne le croient ; mais, comme il s’agit
d’
autre chose, comme il s’agit précisément pour nous de purifier le mond
2014
utre chose, comme il s’agit précisément pour nous
de
purifier le monde de leurs moyens et de leurs idéaux, cette critique
2015
s’agit précisément pour nous de purifier le monde
de
leurs moyens et de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est
2016
pour nous de purifier le monde de leurs moyens et
de
leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est naïve. Quand on tra
2017
lle dans le médiocre, on aurait tort, évidemment,
de
raffiner sur la technique. Les moyens n’ont pas d’importance quand le
2018
e raffiner sur la technique. Les moyens n’ont pas
d’
importance quand les fins sont mal définies. Mais nous visons des buts
2019
ne faut pas épauler au hasard. Le grand problème
de
la pensée personnaliste est désormais de créer une tactique déduite d
2020
problème de la pensée personnaliste est désormais
de
créer une tactique déduite de la nature de la personne en acte. Pou
2021
liste est désormais de créer une tactique déduite
de
la nature de la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous di
2022
ormais de créer une tactique déduite de la nature
de
la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous disons que la f
2023
te de la nature de la personne en acte. Pouvoir
de
la doctrine Nous disons que la force, l’autorité valable et le pou
2024
, l’autorité valable et le pouvoir sont l’apanage
de
la personne, en fin de compte, et non du nombre. On s’imagine volonti
2025
, des personnes animées par une certitude qui est
de
l’ordre du spirituel. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à douter
2026
l. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à douter
de
lui-même, l’armée n’est plus une arme entre les mains des gouvernants
2027
é qu’il soit, s’écroule, dès lors que le principe
de
son pouvoir se montre défaillant. Car, en fait comme en droit, le pou
2028
le pouvoir appartient à ceux qui savent témoigner
de
la plus grande violence spirituelle. L’exemple récent de l’Allemagne
2029
lus grande violence spirituelle. L’exemple récent
de
l’Allemagne le prouve. Schleicher et la République de Weimar disposai
2030
hitlérien. On pourrait sans difficulté multiplier
de
tels exemples. Et le moindre ne serait pas celui du régime kérenskyst
2031
rsé presque sans coup férir par quelques milliers
de
bolchéviques mal armés, mais bien dirigés. Sur le plan de la tactique
2032
éviques mal armés, mais bien dirigés. Sur le plan
de
la tactique révolutionnaire, il faut traduire « pouvoir de la personn
2033
tique révolutionnaire, il faut traduire « pouvoir
de
la personne » par « solidité de la doctrine ». Je m’aiderai ici d’une
2034
raduire « pouvoir de la personne » par « solidité
de
la doctrine ». Je m’aiderai ici d’une image autorisée, me semble-t-il
2035
par « solidité de la doctrine ». Je m’aiderai ici
d’
une image autorisée, me semble-t-il, par toute l’histoire des révoluti
2036
jugements et des décisions, c’est toujours autour
d’
un petit noyau solide et fixe que s’opère le rassemblement. En d’autre
2037
voqué lui-même l’insurrection. La première arme
d’
une révolution véritable, c’est la doctrine de l’ordre qu’elle entend
2038
rme d’une révolution véritable, c’est la doctrine
de
l’ordre qu’elle entend établir. Doctrine et tactique sont absolument
2039
ge certaines opportunités imprévues, il n’y a pas
d’
exemples que les buts de la Révolution ne soient du même coup trahis.
2040
s imprévues, il n’y a pas d’exemples que les buts
de
la Révolution ne soient du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalini
2041
Révolution ne soient du même coup trahis. Le cas
de
l’URSS stalinienne est très typique. La dictature « de transition » f
2042
URSS stalinienne est très typique. La dictature «
de
transition » fut installée au lendemain de la révolution d’Octobre po
2043
ture « de transition » fut installée au lendemain
de
la révolution d’Octobre pour assurer provisoirement le régime nouveau
2044
ion » fut installée au lendemain de la révolution
d’
Octobre pour assurer provisoirement le régime nouveau dans des positio
2045
préparées. Cette tactique, infidèle au but final
de
la doctrine de Marx (an-archique), n’a pas tardé à poser des problème
2046
te tactique, infidèle au but final de la doctrine
de
Marx (an-archique), n’a pas tardé à poser des problèmes pratiques tou
2047
i urgents que la doctrine, toujours ajournée sous
d’
excellents prétextes, a fini par perdre toute sa virulence. La révolut
2048
t ses objectifs véritables, s’égare sur des voies
de
garage qui conduisent à l’État totalitaire. La force véritable d’un g
2049
nduisent à l’État totalitaire. La force véritable
d’
un groupe restreint numériquement réside tout entière dans sa bonne co
2050
dans la cohésion, la lucidité et l’intransigeance
de
ses constructions, de ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’
2051
ucidité et l’intransigeance de ses constructions,
de
ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’est et ne peut être ri
2052
propre à un tel groupe n’est et ne peut être rien
d’
autre que l’actualisation de sa doctrine. Avant de proposer quelques m
2053
et ne peut être rien d’autre que l’actualisation
de
sa doctrine. Avant de proposer quelques maximes tactiques déduites de
2054
t de proposer quelques maximes tactiques déduites
de
notre position personnaliste, il n’est pas inutile de formuler quelqu
2055
otre position personnaliste, il n’est pas inutile
de
formuler quelques remarques sur la valeur générale — indépendante du
2056
générale — indépendante du contenu particulier —
d’
une doctrine révolutionnaire. 1° La doctrine situe les faits au fur et
2057
1° La doctrine situe les faits au fur et à mesure
de
leur apparition. Elle constitue le sûr appui grâce auquel on peut rés
2058
appui grâce auquel on peut résister au choc moral
de
la surprise. Dans la panique générale, dans le désordre inévitable, e
2059
, dans le désordre inévitable, elle est la pierre
de
touche de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent seront les seuls
2060
désordre inévitable, elle est la pierre de touche
de
l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent seront les seuls à demeure
2061
ent tout seuls et dans tous les sens — mais celle
d’
un regard précis, d’une visée ferme ; 2° La doctrine d’un groupe révol
2062
ns tous les sens — mais celle d’un regard précis,
d’
une visée ferme ; 2° La doctrine d’un groupe révolutionnaire n’est pas
2063
regard précis, d’une visée ferme ; 2° La doctrine
d’
un groupe révolutionnaire n’est pas seulement théorique, elle est auss
2064
e conscience. C’est là, dit-on, l’aspect primaire
de
toute doctrine militante. Qu’importe, si les buts de la révolution so
2065
toute doctrine militante. Qu’importe, si les buts
de
la révolution sont assez hauts ? Les revendications de la majorité de
2066
révolution sont assez hauts ? Les revendications
de
la majorité des hommes sont courtes, et trop souvent mal exprimées. C
2067
et trop souvent mal exprimées. C’est la doctrine
de
la révolution qui les rassemble, les oriente et leur donne à la fois
2068
lution véritable. La doctrine est seule créatrice
d’
une liberté que l’homme des rues reste incapable de forger avec toute
2069
’une liberté que l’homme des rues reste incapable
de
forger avec toute sa brutalité, ses injustices et ses colères désordo
2070
sure toujours l’imperfection du travail doctrinal
de
la révolution. À cet égard, on peut bien dire que la doctrine est ins
2071
on peut bien dire que la doctrine est instrument
de
paix, au moins autant que de rénovation : à condition qu’on ne l’oubl
2072
trine est instrument de paix, au moins autant que
de
rénovation : à condition qu’on ne l’oublie pas en route, et qu’on sac
2073
ragiquement cette thèse. Que se passait-il, place
de
la Concorde, au moment où les gardes mobiles s’ébranlèrent ? Pour rés
2074
ule, je dirai que ce fut le choc des « défenseurs
de
l’ordre » (les Anciens Combattants) et des gardiens de l’ordre. De pa
2075
ordre » (les Anciens Combattants) et des gardiens
de
l’ordre. De part et d’autre, une conception très vague de l’ordre ; d
2076
Anciens Combattants) et des gardiens de l’ordre.
De
part et d’autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’
2077
mbattants) et des gardiens de l’ordre. De part et
d’
autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’autre, aucu
2078
re. De part et d’autre, une conception très vague
de
l’ordre ; de part et d’autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine coh
2079
t d’autre, une conception très vague de l’ordre ;
de
part et d’autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine cohérente et luc
2080
une conception très vague de l’ordre ; de part et
d’
autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine cohérente et lucide. Les un
2081
ommander. Attaque improvisée, mauvaise conscience
de
la défense : trente morts attestent cette double carence. Maximes
2082
morts attestent cette double carence. Maximes
d’
une tactique personnaliste 1. Il faut déduire les moyens de la fin.
2083
ue personnaliste 1. Il faut déduire les moyens
de
la fin. (Les communistes russes sont prisonniers d’une maxime inverse
2084
la fin. (Les communistes russes sont prisonniers
d’
une maxime inverse.) 2. Ne rien utiliser qui n’ait déjà sa place prévu
2085
Condamnation des partis, du Parlement, des moyens
de
propagande de masses, etc. Méfiance méthodique à l’égard de toute cen
2086
es partis, du Parlement, des moyens de propagande
de
masses, etc. Méfiance méthodique à l’égard de toute centrale bureaucr
2087
égard de toute centrale bureaucratique. Nécessité
d’
un certain puritanisme, etc.) 3. Un chef doit être pauvre et savoir q
2088
lit. (Si cela est admis, il n’est plus nécessaire
de
beaucoup discourir sur les autres vertus morales.) 4. Mieux vaut un c
2089
le dont dépendra la décision. On parle volontiers
de
ces fameux « impondérables », et l’on persiste néanmoins à travailler
2090
t une mise en ordre. Cela signifie que la période
de
transition au nouvel état social est dès maintenant inaugurée, à l’in
2091
conduisent fatalement à stabiliser la « dictature
de
transition » et, de la sorte, elles étranglent la révolution dès ses
2092
t à stabiliser la « dictature de transition » et,
de
la sorte, elles étranglent la révolution dès ses premiers succès.) 6.
2093
ses premiers succès.) 6. Les « centres nerveux »
d’
un pays, dont il s’agit de se rendre maître, ne sont pas seulement ceu
2094
Les « centres nerveux » d’un pays, dont il s’agit
de
se rendre maître, ne sont pas seulement ceux du régime actuel, mais s
2095
s.) 7. Ce n’est pas la masse informe qu’il s’agit
d’
émouvoir, mais il nous faut atteindre des hommes, un à un, — et les fo
2096
personnes responsables, chacune pour son compte,
de
postes définis.) Le combat singulier La troupe d’assaut reste l
2097
tes définis.) Le combat singulier La troupe
d’
assaut reste l’expression adéquate d’une méthode de gouvernement antip
2098
La troupe d’assaut reste l’expression adéquate
d’
une méthode de gouvernement antipersonnaliste, démocratique au mauvais
2099
’assaut reste l’expression adéquate d’une méthode
de
gouvernement antipersonnaliste, démocratique au mauvais sens du terme
2100
sme pourrait revendiquer à juste titre l’épithète
de
« démocratique », si le mot n’était perverti par l’usage qu’en ont fa
2101
ge qu’en ont fait les individualistes.) La troupe
d’
assaut et la brigade de choc sont instruments de dictature. L’ordre no
2102
ndividualistes.) La troupe d’assaut et la brigade
de
choc sont instruments de dictature. L’ordre nouveau sera l’œuvre d’un
2103
e d’assaut et la brigade de choc sont instruments
de
dictature. L’ordre nouveau sera l’œuvre d’un « ordre » analogue aux a
2104
uments de dictature. L’ordre nouveau sera l’œuvre
d’
un « ordre » analogue aux anciens ordres de chevalerie. Son honneur :
2105
’œuvre d’un « ordre » analogue aux anciens ordres
de
chevalerie. Son honneur : le combat singulier. C’est-à-dire la conquê
2106
dans leur situation particulière. L’établissement
de
relations concrètes d’homme à homme, de prochain à prochain. Ordre pa
2107
ticulière. L’établissement de relations concrètes
d’
homme à homme, de prochain à prochain. Ordre pauvre : sa seule richess
2108
lissement de relations concrètes d’homme à homme,
de
prochain à prochain. Ordre pauvre : sa seule richesse consistant à sa
2109
ue le monde n’est jamais plus fort qu’une volonté
de
pauvreté. Pauvre, mais d’une pauvreté qui ne se mesure pas à l’aune d
2110
lus fort qu’une volonté de pauvreté. Pauvre, mais
d’
une pauvreté qui ne se mesure pas à l’aune des bourgeois, qui se révèl
2111
des bourgeois, qui se révèle par les témoignages
de
la liberté qu’elle assure. Ordre secret et fraternel au milieu de la
2112
ail, ou la superstition du loisir — c’est affaire
d’
accent mis sur le premier ou sur le second membre de la phrase —, ce c
2113
accent mis sur le premier ou sur le second membre
de
la phrase —, ce cri est significatif de l’étrange équivoque cultivée
2114
nd membre de la phrase —, ce cri est significatif
de
l’étrange équivoque cultivée par la bourgeoisie capitaliste. De cette
2115
quivoque cultivée par la bourgeoisie capitaliste.
De
cette équivoque, sans doute pensa-t-elle jusqu’à la guerre pouvoir re
2116
mps la dernière à souffrir. Elle risque cependant
de
se voir bientôt réveillée par une brutalité dont elle est entièrement
2117
sait en 1933 à quel morne cauchemar aux sursauts
de
mitraille conduisent ces deux revendications confusément mêlées dans
2118
es citadines. Nous ne manquerons aucune occasion
de
critiquer dans cette revue68 la morale du travail sur laquelle le mon
2119
sans cesse l’hypocrisie plus ou moins consciente
de
cette morale, que le soviétisme est en train de rajeunir, Staline pre
2120
rajeunir, Staline prenant glorieusement la suite
de
Benjamin Franklin. Pour cette fois, utilisant un exemple que l’angois
2121
r cette fois, utilisant un exemple que l’angoisse
de
l’heure rend particulièrement concret, celui du chômage, bornons-nous
2122
, bornons-nous à montrer les conséquences fatales
d’
une erreur à peu près universelle. ⁂ Le terme de « travailleur » est d
2123
s d’une erreur à peu près universelle. ⁂ Le terme
de
« travailleur » est devenu dans le monde moderne à peu près synonyme
2124
devenu dans le monde moderne à peu près synonyme
de
travailleur industriel. Le « travailleur » des réunions électorales,
2125
lleur » des réunions électorales, c’est l’ouvrier
d’
usine, l’homme lié à la machine. Cette assimilation en dit long sur la
2126
ressortir le paradoxe. En effet, quel est le but
de
la machine ? Une économie de travail. Le machinisme est, en principe,
2127
fet, quel est le but de la machine ? Une économie
de
travail. Le machinisme est, en principe, destiné à créer du loisir, d
2128
tte société n’accorde pas au loisir, but secret69
de
la plupart de ses membres, la dignité morale qu’elle attribue au trav
2129
rt à créer des possibilités toujours plus grandes
de
loisir. C’est pourquoi elle est condamnée à une espèce de dégradation
2130
r. C’est pourquoi elle est condamnée à une espèce
de
dégradation, dans la mesure même où son effort pratique aboutit : au
2131
où son effort pratique aboutit : au lieu de créer
de
la liberté, le machinisme crée du chômage. Ce paradoxe est lié à l’es
2132
du chômage. Ce paradoxe est lié à l’essence même
de
la société capitaliste-bourgeoise. On pouvait prévoir ses effets dès
2133
absorbés par des activités nouvelles. À la faveur
de
l’optimisme puéril qui caractérise le xixe siècle, capitalistes et i
2134
— comme se l’imaginent aujourd’hui les brigadiers
de
choc — que, le domaine de la production étant illimité, il n’y avait
2135
ourd’hui les brigadiers de choc — que, le domaine
de
la production étant illimité, il n’y avait pas lieu de prévoir sérieu
2136
production étant illimité, il n’y avait pas lieu
de
prévoir sérieusement le moment où, une certaine limite d’absorption é
2137
ir sérieusement le moment où, une certaine limite
d’
absorption étant atteinte, le machinisme développerait son pouvoir rée
2138
nte, le machinisme développerait son pouvoir réel
de
« libération ». La liberté fait plus peur qu’envie au commun des mort
2139
purement théorique, on la célébrait, sous le nom
de
Progrès, comme une possibilité perpétuellement future. Le jour où ell
2140
é perpétuellement future. Le jour où elle a cessé
d’
être illusoire, on s’est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage,
2141
elle a cessé d’être illusoire, on s’est vu forcé
de
la baptiser chômage. Le chômage, telle est la véritable fin, tel est
2142
bourgeois ou « quinquennal ». Il n’y aura jamais
de
liberté possible, efficace, pratique, que dans un monde où le spiritu
2143
régime capitaliste. Si nous examinons les courbes
d’
accroissement de la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons
2144
te. Si nous examinons les courbes d’accroissement
de
la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascens
2145
rbes d’accroissement de la productivité par homme
de
1899 à 1919, nous voyons que leur ascension est relativement lente et
2146
lente et passe, par exemple, pour les États-Unis,
de
l’index 100 en 1899 à l’index 104 en 191970. Durant toute cette pério
2147
en 191970. Durant toute cette période, la courbe
de
la production poursuit une ascension à peu près parallèle, de même qu
2148
diquant le nombre des employés. Il n’y a pas lieu
de
douter du Progrès. Il y a plutôt lieu d’augmenter les salaires, preuv
2149
pas lieu de douter du Progrès. Il y a plutôt lieu
d’
augmenter les salaires, preuves grossières et démagogiques de l’excell
2150
les salaires, preuves grossières et démagogiques
de
l’excellence d’un système dont il importe que les victimes ne mettent
2151
reuves grossières et démagogiques de l’excellence
d’
un système dont il importe que les victimes ne mettent jamais en quest
2152
ue réservait l’année 1921. Reprenons notre courbe
de
productivité. À partir de 1921, et sans qu’aucun fait nouveau puisse
2153
é qui tient du fantastique. L’index général passe
de
104 en 1919 à 125 en 1923. Si l’on considère l’une après l’autre les
2154
e. En prenant pour base l’année la plus favorable
de
la période précédente, c’est-à-dire 1914, on passe ainsi pour la méta
2155
-à-dire 1914, on passe ainsi pour la métallurgie,
de
100 en 1914 à 159 en 1925 ; pour le pétrole, de 100 à 183 ; enfin pou
2156
, de 100 en 1914 à 159 en 1925 ; pour le pétrole,
de
100 à 183 ; enfin pour le caoutchouc, de 100 à 311. D’un tel fait, qu
2157
pétrole, de 100 à 183 ; enfin pour le caoutchouc,
de
100 à 311. D’un tel fait, qu’on peut bien dire sans précédent dans l’
2158
0 à 183 ; enfin pour le caoutchouc, de 100 à 311.
D’
un tel fait, qu’on peut bien dire sans précédent dans l’histoire de no
2159
’on peut bien dire sans précédent dans l’histoire
de
notre civilisation, et que son apparence irrationnelle devrait contri
2160
oudrais insister maintenant que sur son caractère
de
jugement du système. Les circonstances actuelles y prêtent, il faut l
2161
re plus qu’il ne serait nécessaire pour la clarté
de
la démonstration. Car si le chômage technologique provoqué par l’augm
2162
30, dans une mesure à vrai dire décroissante, par
de
multiples facteurs temporaires71 qui en masquent les effets statistiq
2163
guère que depuis trois ou quatre ans que le saut
de
1921 déploie tout son pouvoir « libérateur ». Et voici le capitalisme
2164
dustriel, placé soudain devant le succès inespéré
de
ses efforts techniques, qui prend peur et porte lui-même les première
2165
partout la rationalisation et rachète les brevets
d’
invention comme autant d’emplâtres à coller sur sa jambe de bois. On s
2166
n et rachète les brevets d’invention comme autant
d’
emplâtres à coller sur sa jambe de bois. On se demande, non sans scept
2167
on comme autant d’emplâtres à coller sur sa jambe
de
bois. On se demande, non sans scepticisme d’ailleurs, s’il admettra u
2168
ra un jour qu’il conviendrait aussi, par exemple,
de
faire sauter le tabou du profit, lequel ne tarderait pas à entraîner
2169
ait pris une conscience vraiment révolutionnaire
de
son vice interne, vice qui affecte dès l’origine sa conception de la
2170
rne, vice qui affecte dès l’origine sa conception
de
la valeur du travail et, conséquemment, du loisir. Il ne semble pas q
2171
, associée à une conception purement quantitative
de
l’activité, n’est plus une mystique de classe : elle est devenue quas
2172
antitative de l’activité, n’est plus une mystique
de
classe : elle est devenue quasi universelle. Que le « travailleur » s
2173
ière inerte, une quantité calculable, justiciable
de
la statistique, qu’on puisse en couper (ou en remettre si l’on est en
2174
est en URSS) selon les seules nécessités internes
de
la production machiniste, et comme s’il s’agissait d’une espèce de ma
2175
a production machiniste, et comme s’il s’agissait
d’
une espèce de macaroni informe, voilà qui ne scandalise les masses qu’
2176
machiniste, et comme s’il s’agissait d’une espèce
de
macaroni informe, voilà qui ne scandalise les masses qu’à partir du j
2177
onstitue au contraire la contre-épreuve éclatante
de
ce que nous venons d’avancer : parce que le champ d’absorption est lo
2178
la contre-épreuve éclatante de ce que nous venons
d’
avancer : parce que le champ d’absorption est loin d’être couvert en R
2179
ce que nous venons d’avancer : parce que le champ
d’
absorption est loin d’être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre
2180
vancer : parce que le champ d’absorption est loin
d’
être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde aux mach
2181
à tous bouche bée devant la plus inhumaine erreur
de
l’Histoire. Tout a commencé par les philosophes, le jour où, à la per
2182
nne créatrice, ils ont substitué pour les besoins
de
leurs systèmes l’individu abstrait, l’atome désigné par un chiffre et
2183
trait, l’atome désigné par un chiffre et dépourvu
de
résistance active. Alors le travail créateur, seul travail qui n’impl
2184
la négation du loisir, qui ne vide pas le loisir
de
toute signification positive mais bien au contraire en figure la plén
2185
travail véritable a fait place dans les desseins
de
l’homme au labeur qu’on mesure et tarife. Et l’on s’est mis à calcule
2186
l’infini. Du peuple on a fait une masse, — comme
de
la personne un numéro. De la patrie on a fait la nation, — et des att
2187
fait une masse, — comme de la personne un numéro.
De
la patrie on a fait la nation, — et des attachements humains, des cha
2188
ciales. Du travailleur on a fait un salarié, — et
de
sa liberté on a fait le chômage. Mais la misère présente est un appel
2189
pleine efficacité ceux pour lesquels il n’est pas
de
salut hors de cette réalité perpétuellement réparatrice et proprement
2190
que du travail quantitatif tend à vider le loisir
de
tout contenu concret. 70. Après avoir touché à 107 en 1914. Nous uti
2191
Economic Service. 71. Tels que l’accroissement
de
l’embauche dans le bâtiment, la construction des voies de communicati
2192
auche dans le bâtiment, la construction des voies
de
communication, ou la création d’innombrables industries, accessoires
2193
uction des voies de communication, ou la création
d’
innombrables industries, accessoires de celle de l’automobile. 72. Ca
2194
a création d’innombrables industries, accessoires
de
celle de l’automobile. 72. Car la protestation contre le scandale du
2195
n d’innombrables industries, accessoires de celle
de
l’automobile. 72. Car la protestation contre le scandale du profit p
2196
n contre le scandale du profit patronal s’émousse
d’
autant plus que la misère grandit. C’est une des leçons de la crise.
2197
plus que la misère grandit. C’est une des leçons
de
la crise. 73. Nos écrivains courent admirer là-bas la fabrication d’
2198
s écrivains courent admirer là-bas la fabrication
d’
une casserole en treize minutes. — « Nous ferons mieux que l’Amérique
2199
dernier mérite et conditionne le « matérialisme »
de
ce siècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière
2200
isme » de ce siècle, de même que cette séparation
de
l’esprit et de la matière dénature et dégrade à la fois l’esprit et l
2201
ècle, de même que cette séparation de l’esprit et
de
la matière dénature et dégrade à la fois l’esprit et la matière, et r
2202
s l’esprit et la matière, et risque, à la limite,
de
les priver de toute raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement,
2203
la matière, et risque, à la limite, de les priver
de
toute raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corrupt
2204
isque, à la limite, de les priver de toute raison
d’
être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle
2205
raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement,
de
la corruption spirituelle des loisirs est née la présente corruption
2206
: « je turbine » ou « je ne fous rien ». Phrases
d’
esclaves, consternante misère : une misère qui nous rabat au sol. L’h
2207
joie. Une totalité. Et s’il divise alors le temps
de
ses journées, c’est pour mieux dominer ses moyens. Selon sa loi. Mais
2208
roduis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant
de
ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’iso
2209
en « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et
de
séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’isolement et d’imp
2210
autant de ruptures et de séparations hargneuses,
de
constats d’injustice, d’isolement et d’impuissance. La division de no
2211
uptures et de séparations hargneuses, de constats
d’
injustice, d’isolement et d’impuissance. La division de nos journées e
2212
séparations hargneuses, de constats d’injustice,
d’
isolement et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de
2213
rgneuses, de constats d’injustice, d’isolement et
d’
impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 h
2214
ustice, d’isolement et d’impuissance. La division
de
nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dér
2215
uissance. La division de nos journées en 8 heures
de
travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des rythmes cr
2216
e nos journées en 8 heures de travail et 8 heures
de
loisir est une dérision brutale des rythmes créateurs. Elle exprime s
2217
ateurs. Elle exprime simplement l’état accidentel
d’
un conflit absurde entre deux opérations dont nous avons perdu le cont
2218
en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle
de
la condamnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remet
2219
onymes naissent et grandissent à la mesure exacte
de
nos démissions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie
2220
missions personnelles : genèse des mythiques lois
de
l’économie, de l’histoire. Lorsque l’homme renonce à créer, son « tra
2221
nelles : genèse des mythiques lois de l’économie,
de
l’histoire. Lorsque l’homme renonce à créer, son « travail » n’est pl
2222
il » n’est plus que souffrance. Il ne s’agit plus
d’
accoucher, mais seulement de purger sa peine. C’est alors qu’un Frankl
2223
ce. Il ne s’agit plus d’accoucher, mais seulement
de
purger sa peine. C’est alors qu’un Franklin, qu’un Guizot, qu’un Stal
2224
t cette démission en dignité nouvelle. La dignité
de
l’homme consisterait, dit-on, dans le travail qu’il fournit pour « ga
2225
ieure. Les singes gagnent leur vie et ne font pas
d’
histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinquennaux.
2226
d’histoires. Ils ne font pas tant de publicité et
de
plans quinquennaux. Leurs moyens sont plus simples, plus élégants. Ni
2227
n a voulu mettre l’esprit au service du « minimum
de
vie » que n’importe quel animal s’assure à moins de frais. Sinistre f
2228
vie » que n’importe quel animal s’assure à moins
de
frais. Sinistre farce. Morale officielle de la Troisième République,
2229
moins de frais. Sinistre farce. Morale officielle
de
la Troisième République, de l’Amérique et des Soviets. Nous croyons i
2230
ce. Morale officielle de la Troisième République,
de
l’Amérique et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’homme
2231
e et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité
de
l’homme consiste à mettre en jeu sa vie, à la risquer jusqu’à la perd
2232
vie, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure
de
notre acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre se
2233
e nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas
d’
autre sens pour nous. Bourgeois et marxistes partent de la nécessité
2234
e sens pour nous. Bourgeois et marxistes partent
de
la nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons de la liberté du
2235
nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons
de
la liberté du risque, — c’est peut-être perdre sa vie. Cette oppositi
2236
le, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit
de
prendre au tragique l’opposition toute relative du communisme et du c
2237
communisme et du capitalisme. ⁂ Ils partent donc
de
la nécessité. Ils n’arriveront jamais à la liberté, au loisir plein.
2238
loisir plein. Si la liberté n’est pas à l’origine
d’
un système, elle ne s’introduira jamais dans ses effets (à moins d’une
2239
e ne s’introduira jamais dans ses effets (à moins
d’
une révolution). Mais il y a plus. Tout travail qu’on limite à la néce
2240
a plus. Tout travail qu’on limite à la nécessité
d’
assurer le minimum de vie se trouve condamné par là même à ne jamais s
2241
qu’on limite à la nécessité d’assurer le minimum
de
vie se trouve condamné par là même à ne jamais suffire à cette nécess
2242
s loisir, sans liberté, laisse s’étendre l’empire
de
la nécessité. On aura beau l’intensifier74 : la tâche grandira d’auta
2243
On aura beau l’intensifier74 : la tâche grandira
d’
autant. Et la tristesse. « Le temps Vuide » Il semble que la con
2244
sur le travail-nécessité frappe toutes les règles
de
vie que l’homme essaie de se donner pour justifier à ses propres yeux
2245
rappe toutes les règles de vie que l’homme essaie
de
se donner pour justifier à ses propres yeux, voire pour glorifier ce
2246
du cynisme grossier — « Je gagne mon bifteck » —
de
la morale bourgeoise, et de l’idéalisme socialiste, démocratisation d
2247
gagne mon bifteck » — de la morale bourgeoise, et
de
l’idéalisme socialiste, démocratisation du confort moyen et de la TSF
2248
e socialiste, démocratisation du confort moyen et
de
la TSF dans un monde où le libre divertissement de chacun sera la con
2249
e la TSF dans un monde où le libre divertissement
de
chacun sera la condition du libre abrutissement de tous par la propag
2250
e chacun sera la condition du libre abrutissement
de
tous par la propagande électorale. Prendre le travail comme point de
2251
agande électorale. Prendre le travail comme point
de
départ d’un système économique ou d’une culture, c’est vicier à la ba
2252
ctorale. Prendre le travail comme point de départ
d’
un système économique ou d’une culture, c’est vicier à la base toutes
2253
comme point de départ d’un système économique ou
d’
une culture, c’est vicier à la base toutes les conceptions du loisir q
2254
se toutes les conceptions du loisir qui découlent
de
cette erreur spirituelle ; et principalement la conception abstraite
2255
. On peut en dater l’origine. Dans l’Encyclopédie
de
1765, vous trouverez loisir défini comme « le temps vuide ». Cette no
2256
n reconnaître insuffisante, nous a valu le siècle
d’
égarement que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinis
2257
le siècle d’égarement que nous tentons maintenant
de
solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’inflation mécanique, si
2258
que nous tentons maintenant de solder. Un siècle
de
machinisme, ou plutôt d’inflation mécanique, si l’on convient que la
2259
ant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt
d’
inflation mécanique, si l’on convient que la mesure du travail ne peut
2260
être prise ailleurs que dans la capacité humaine
d’
utiliser les effets du travail. Mais nous savons le vrai nom du « temp
2261
ps vuide » et c’est chômage. Tout le mal est venu
d’
une séparation, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont touj
2262
t chômage. Tout le mal est venu d’une séparation,
d’
une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont toujours plus complexe
2263
ant déceler la lâcheté originelle. Car c’est bien
d’
un relâchement qu’elle résulte, d’une déficience de cette tension créa
2264
Car c’est bien d’un relâchement qu’elle résulte,
d’
une déficience de cette tension créatrice qui seule définit un « temps
2265
’un relâchement qu’elle résulte, d’une déficience
de
cette tension créatrice qui seule définit un « temps plein ». En sort
2266
« temps plein ». En sorte que le « temps vuide »
de
l’Encyclopédie n’est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’
2267
est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement
d’
un temps rempli, d’un travail sans jeu, c’est-à-dire du travail forcé.
2268
emps vidé, irréel renversement d’un temps rempli,
d’
un travail sans jeu, c’est-à-dire du travail forcé. (La logique du lan
2269
isirs que ses ancêtres consacraient à la création
de
leur puissance, du même coup elle décrète « forcé » le travail des cl
2270
décrète « forcé » le travail des classes chargées
d’
assurer ce loisir. C’est créer un monde impensable, le nôtre. Car si l
2271
et son but ; si le labeur et le repos n’ont plus
de
finalité commune ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de tr
2272
n’ont plus de finalité commune ; s’il n’y a plus
de
loisir dans le travail ni de travail dans le loisir ; s’il n’y a plus
2273
ne ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni
de
travail dans le loisir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette
2274
sir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette
de
saisir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité p
2275
s rien dans l’un qui permette de saisir la nature
de
l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité pour l’esprit qui les
2276
sir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que
de
l’absurdité pour l’esprit qui les confronte, il n’y a plus que du dés
2277
onnateur, ou révolution La tâche restauratrice
de
l’esprit, dévolue à notre génération, apparaît maintenant évidente :
2278
irons d’abord l’erreur cartésienne, la séparation
de
la « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en homm
2279
ur cartésienne, la séparation de la « pensée » et
de
l’« action ». Nous réapprendrons à penser en hommes responsables, à p
2280
ommes responsables, à penser dans le risque total
de
l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nou
2281
retrouveront leur commun sens : dans l’actualité
de
l’être, où ils ne seront plus que les temps alternés d’une plénitude
2282
tre, où ils ne seront plus que les temps alternés
d’
une plénitude joyeusement renouvelée. L’homme tendu assume dans ses de
2283
lon sa loi pour créer un risque nouveau. Le temps
de
cet homme est plein, et nul n’y pourrait distinguer des heures « creu
2284
Est-ce un long loisir créateur ? Un long travail
d’
enfantement ? Cela ne va pas sans douleur, non plus que sans volupté.
2285
, et fondent l’œuvre en dignité. Dignité du temps
de
l’homme. ⁂ Un jour, l’empereur de la Chine fait appeler auprès de lui
2286
ignité du temps de l’homme. ⁂ Un jour, l’empereur
de
la Chine fait appeler auprès de lui son peintre. « Peins-moi sur ce r
2287
pinceaux. » On fait cela, on déroule une soie. Et
d’
un seul trait miraculeux… P.-S. — Cette histoire de la Chine se suffit
2288
’un seul trait miraculeux… P.-S. — Cette histoire
de
la Chine se suffit. J’aurais pu faire l’économie du reste. Mais nous
2289
spirituelle, notre tâche constructive est d’abord
d’
ordre spirituel. Qui dit précédence dit primauté. 2° que dans l’ordre,
2290
eut sauvegarder l’acte créateur, fondement humain
de
la personne, il faut légiférer à partir de cet acte. Il ne peut sorti
2291
légiférer à partir de cet acte. Il ne peut sortir
d’
un système que ce que l’on y met dès l’origine. 74. On aura beau l’
2292
’origine. 74. On aura beau l’appeler « travail
de
choc ». Ultime tentative pour faire aimer aux hommes une caricature d
2293
avail créateur, l’émulation socialiste n’est rien
d’
autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une échelle
2294
’est rien d’autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage
de
crâne réalisé sur une échelle que Ford n’avait imaginée qu’en rêve, c
2295
maginée qu’en rêve, c’est la tentative désespérée
de
Staline pour introduire un peu de joie dans une activité qui est la n
2296
e joie dans une activité qui est la négation même
de
la création ; activité purement « nécessitée » par la révolte de 17,
2297
; activité purement « nécessitée » par la révolte
de
17, qui décréta l’instauration en Russie d’une civilisation américain
2298
volte de 17, qui décréta l’instauration en Russie
d’
une civilisation américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de sa
2299
ivilisation américaine dont on s’efforce, à coups
de
plans, de satisfaire les exigences artificielles.
2300
n américaine dont on s’efforce, à coups de plans,
de
satisfaire les exigences artificielles.
2301
3.Groupements personnalistes Le drame
de
la France politique, c’est la carence du socialisme véritable. L’espr
2302
re a détourné la tradition du socialisme français
de
ses buts proprement sociaux. Il a fait de la « gauche » un parti néga
2303
rançais de ses buts proprement sociaux. Il a fait
de
la « gauche » un parti négatif, anticlérical d’abord. Il a créé dans
2304
lancs et rouges s’opposent aujourd’hui exactement
de
la même manière qu’ils s’opposaient en 1848. Mais le monde a changé d
2305
nçais porte deux tares qui l’empêcheront toujours
d’
agir et de créer : la mystique parlementaire et le marxisme — l’une tr
2306
e deux tares qui l’empêcheront toujours d’agir et
de
créer : la mystique parlementaire et le marxisme — l’une trop françai
2307
ique dans une large mesure l’impuissance du parti
de
gauche à penser le monde moderne et la situation concrète de la Franc
2308
penser le monde moderne et la situation concrète
de
la France en termes révolutionnaires et politiquement créateurs. Deva
2309
se cherche une tradition, plutôt que des modèles
d’
importation récente. Il ne faut pas oublier que la France est le pays
2310
France est le pays qui a vu le plus grand nombre
de
révolutions depuis cent-cinquante ans. C’est peut-être qu’elles y éta
2311
s y étaient plus nécessaires qu’ailleurs, du fait
de
l’échec de la Réforme. Il n’en reste pas moins que, toute bourgeoise
2312
plus nécessaires qu’ailleurs, du fait de l’échec
de
la Réforme. Il n’en reste pas moins que, toute bourgeoise qu’elle soi
2313
ent que l’on peut fonder raisonnablement l’espoir
d’
une rénovation sociale et même culturelle de ce pays. C’est Proudhon,
2314
spoir d’une rénovation sociale et même culturelle
de
ce pays. C’est Proudhon, et non point Marx, qui sera le prophète d’un
2315
Proudhon, et non point Marx, qui sera le prophète
d’
une révolution réellement française et humaine. Proudhon qui s’opposai
2316
Proudhon qui s’opposait à Marx au nom des droits
de
la personne. Proudhon qui dénonçait, dans le matérialisme historique,
2317
Kierkegaard critiquait chez Hegel cette mécanique
de
l’histoire qui supprime l’individu, le conflit tragique et la respons
2318
ule vivante encore que peu visible dans la France
d’
aujourd’hui, que se placent les « groupes personnalistes ». Anticapita
2319
on brutale du capitalisme en crise. L’originalité
de
ces groupes réside d’abord dans leur refus absolu de poser les questi
2320
ces groupes réside d’abord dans leur refus absolu
de
poser les questions par rapport à une droite et à une gauche égalemen
2321
eul refus, ils opèrent déjà ce que le vocabulaire
de
L’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », — c’est-à-dire un
2322
ulaire de L’Ordre nouveau nomme un « changement
de
plan », — c’est-à-dire un acte révolutionnaire. Ils se dressent ainsi
2323
se dressent ainsi contre le préjugé le plus nocif
de
la mentalité politique française. C’est un volume entier qu’il faudra
2324
u’il faudrait consacrer à la critique des méfaits
de
ce préjugé, si profondément enraciné dans le sentiment du Français mo
2325
rtout par L’Ordre nouveau auraient conquis déjà
d’
innombrables adhésions, si seulement elles s’étaient données pour des
2326
lement elles s’étaient données pour des doctrines
de
droite ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion senti
2327
s’étaient données pour des doctrines de droite ou
de
gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion sentimentale que l
2328
ite ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre
d’
adhésion sentimentale que les deux groupes refusent avec rigueur. D’où
2329
ntale que les deux groupes refusent avec rigueur.
D’
où les malentendus, parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués de
2330
, parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués
de
tous côtés. « Petits penseurs qui travaillent pour le fascisme », s’é
2331
marxistes ! » Esprit , de même, se voit qualifié
de
fasciste par les gauches, et de bolchévique par les droites. Preuve q
2332
se voit qualifié de fasciste par les gauches, et
de
bolchévique par les droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes d
2333
s droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes
de
jeunes quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’irréductibl
2334
y a dans ces deux groupes de jeunes quelque chose
de
vraiment nouveau, quelque chose d’irréductible aux vieilles distincti
2335
quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose
d’
irréductible aux vieilles distinctions familières, concrétisées par la
2336
tés dans les travées du Palais-Bourbon. Le Cahier
de
revendications que publiait en 1932, la Nouvelle Revue française, man
2337
aise, manifesta pour la première fois l’existence
de
cette « troisième force », non marxiste et anticapitaliste, qui depui
2338
rs s’est précisée et développée. Les deux groupes
de
tête du mouvement restent à ce jour Esprit et L’Ordre nouveau . Ch
2339
ques refus massifs, refus du capitalisme créateur
d’
injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’
2340
efus du capitalisme créateur d’injustice sociale,
de
guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme géné
2341
talisme créateur d’injustice sociale, de guerres,
de
chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se m
2342
teur d’injustice sociale, de guerres, de chômage,
d’
immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se manifeste jus
2343
de guerres, de chômage, d’immoralité publique et
d’
un mercantilisme général qui se manifeste jusque dans le domaine de la
2344
e général qui se manifeste jusque dans le domaine
de
la pensée ; refus du nationalisme mystique, considéré comme une capta
2345
ystique, considéré comme une captation, au profit
de
l’État et de la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de
2346
idéré comme une captation, au profit de l’État et
de
la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de la culture b
2347
inance, du sentiment patriotique originel ; refus
de
la culture bourgeoise et de la distinction commode qu’elle suppose et
2348
ique originel ; refus de la culture bourgeoise et
de
la distinction commode qu’elle suppose et implique entre la pensée et
2349
affirmations doctrinales : affirmation des droits
de
la personne humaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit n
2350
e la personne humaine, toujours supérieurs à ceux
de
l’État, qui doit normalement leur être subordonné ; affirmation de la
2351
it normalement leur être subordonné ; affirmation
de
la primauté nécessaire du spirituel (qu’ils définissent d’ailleurs as
2352
ssent d’ailleurs assez diversement) ; affirmation
de
la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation écon
2353
assez diversement) ; affirmation de la nécessité
de
reprendre à la base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne
2354
de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble
de
l’organisation économique, et de ne pas se contenter de réformes part
2355
base l’ensemble de l’organisation économique, et
de
ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’un n
2356
rganisation économique, et de ne pas se contenter
de
réformes partielles ; affirmation enfin d’un nouvel esprit communauta
2357
tenter de réformes partielles ; affirmation enfin
d’
un nouvel esprit communautaire, fondé non pas sur une mystique de race
2358
rit communautaire, fondé non pas sur une mystique
de
race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabil
2359
nautaire, fondé non pas sur une mystique de race,
de
classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabilités pers
2360
dé non pas sur une mystique de race, de classe ou
de
parti, mais sur un sens concret des responsabilités personnelles. Ces
2361
jeunes groupes. Ils indiquent assez la nouveauté
de
leur point de départ. Alors que les partis aux prises dans la presse
2362
s. Ils indiquent assez la nouveauté de leur point
de
départ. Alors que les partis aux prises dans la presse évitent avec e
2363
s aux prises dans la presse évitent avec ensemble
de
poser les questions fondamentales, et se cantonnent dans des luttes p
2364
les, et se cantonnent dans des luttes périmées et
de
polémiques malhonnêtes, Esprit et L’Ordre nouveau affirment la né
2365
prit et L’Ordre nouveau affirment la nécessité
de
s’attaquer au problème de l’homme même dans la civilisation mécanique
2366
affirment la nécessité de s’attaquer au problème
de
l’homme même dans la civilisation mécanique. Ainsi, pour être moins b
2367
me : c’est aux racines du mal qu’ils s’attaquent.
D’
où leur force d’entraînement lente et profonde, dont les effets se man
2368
acines du mal qu’ils s’attaquent. D’où leur force
d’
entraînement lente et profonde, dont les effets se manifesteront de pl
2369
en plus visiblement à mesure que le développement
de
la crise confirmera leurs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un poi
2370
urs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un point
de
départ soit juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ
2371
it juste. Il faut encore partir, — sinon le point
de
départ se transforme en un simple point de vue, pour le plaisir stéri
2372
érile des clercs bourgeois. C’est ici la question
de
la tactique qui se pose, en même temps que celle des institutions à c
2373
gent. Qu’est-ce que L’Ordre nouveau ? Un comité
d’
écrivains et de techniciens. Autour de lui prolifèrent des cellules75,
2374
que L’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains et
de
techniciens. Autour de lui prolifèrent des cellules75, autant de germ
2375
Autour de lui prolifèrent des cellules75, autant
de
germes semés dans la diversité des régions et des métiers : germes de
2376
la diversité des régions et des métiers : germes
de
corporations destinées à faire éclater, par leur développement normal
2377
clater, par leur développement normal, les cadres
de
l’ordre ancien. Une doctrine rigoureuse, qui s’exprime directement da
2378
ntenant l’ordre nouveau. Le groupe compte éviter,
de
la sorte autant que possible, l’écueil des révolutions russe et allem
2379
olutions russe et allemande, la fameuse « période
de
transition » nécessairement dictatoriale et étatiste, dont l’équipeme
2380
ictatoriale et étatiste, dont l’équipement actuel
de
la France doit permettre l’économie. Le travail critique de L’Ordre
2381
ce doit permettre l’économie. Le travail critique
de
L’Ordre nouveau , tel qu’on peut le suivre dans la revue qui paraît
2382
la revue qui paraît sous ce titre depuis le mois
de
mai 1933, est essentiellement orienté vers la création. C’est en vain
2383
pas l’exaspération du ton qui mesure l’efficacité
d’
une prise de conscience révolutionnaire. Lieu commun pour cette généra
2384
uctiviste, régionalisme, traduisant cette formule
de
base : Spirituel d’abord, Économique ensuite, Politique à leur servic
2385
ensuite, Politique à leur service. Il est facile
d’
indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans
2386
. Il est facile d’indiquer rapidement le principe
de
cohésion de ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, L’Ordre no
2387
ile d’indiquer rapidement le principe de cohésion
de
ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, L’Ordre nouveau suspe
2388
engagé dans un conflit concret). Sur cette notion
de
l’homme actif et créateur, se fondent une analyse du pouvoir et des v
2389
era la première synthèse dans l’ouvrage important
d’
Aron et Dandieu : La Révolution nécessaire 77. Sa revendication essent
2390
77. Sa revendication essentielle est l’abolition
de
la condition prolétarienne par le moyen du service civil de travail.
2391
ition prolétarienne par le moyen du service civil
de
travail. L’analyse du pouvoir aboutit d’autre part à une conception d
2392
du pouvoir aboutit d’autre part à une conception
de
l’organisation politique radicalement antiétatiste, fédéraliste, ou m
2393
déraliste, ou mieux communaliste. L’assimilation
de
la personne à un acte78, tel est donc le fait spirituel, le fait huma
2394
in par excellence auquel l’ordre nouveau rattache
d’
une façon immédiate toutes ses institutions. Telle est la « primauté d
2395
e est la « primauté du spirituel » qu’il ne cesse
d’
invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoirement, dans cer
2396
l ne cesse d’invoquer au risque, il faut le dire,
de
créer provisoirement, dans certains cerveaux, les plus graves malente
2397
les plus graves malentendus. (On a cru, ou feint
de
croire, qu’il ne s’agissait là que d’un « spiritualisme ». De même, o
2398
u, ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là que
d’
un « spiritualisme ». De même, on a trop souvent confondu, et jusque c
2399
un an ont été lancés par l’ON qui a eu l’adresse
de
ne pas en faire une sorte de propriété privée. Parmi eux, je citerai
2400
N qui a eu l’adresse de ne pas en faire une sorte
de
propriété privée. Parmi eux, je citerai le « ni droite ni gauche » re
2401
oite ni gauche » repris depuis peu par les ligues
d’
anciens combattants (dont l’action sera peut-être décisive l’année pro
2402
ra peut-être décisive l’année prochaine) ; l’idée
de
la « mission personnaliste de la France », qu’à notre suite, beaucoup
2403
prochaine) ; l’idée de la « mission personnaliste
de
la France », qu’à notre suite, beaucoup opposent à la mystique des ma
2404
usse ou allemande ; enfin l’idée du service civil
de
travail, qui pourrait, qui devrait devenir le cheval de bataille des
2405
vail, qui pourrait, qui devrait devenir le cheval
de
bataille des mouvements de gauche. L’organisation du service civil es
2406
rait devenir le cheval de bataille des mouvements
de
gauche. L’organisation du service civil est l’objet des études patien
2407
du service civil est l’objet des études patientes
d’
un groupe d’ingénieurs qui sont en train de la chiffrer et de la tradu
2408
ivil est l’objet des études patientes d’un groupe
d’
ingénieurs qui sont en train de la chiffrer et de la traduire en lois.
2409
d’ingénieurs qui sont en train de la chiffrer et
de
la traduire en lois. Son but, je l’ai dit, n’est rien de moins que la
2410
raduire en lois. Son but, je l’ai dit, n’est rien
de
moins que la suppression de la condition prolétarienne. Ses moyens ?
2411
l’ai dit, n’est rien de moins que la suppression
de
la condition prolétarienne. Ses moyens ? Créer un service de travail
2412
tion prolétarienne. Ses moyens ? Créer un service
de
travail analogue au service militaire, et destiné à assurer toute la
2413
ute la production mécanisée, c’est-à-dire la part
de
labeur qui revient dans l’ordre actuel aux manœuvres, aux ouvriers no
2414
aboli, et la production dégagée des lois fatales
de
la concurrence libérale et de la concentration capitaliste : le servi
2415
ée des lois fatales de la concurrence libérale et
de
la concentration capitaliste : le service civil de travail dépendrait
2416
e la concentration capitaliste : le service civil
de
travail dépendrait, en effet, d’un office central qui aurait pour tâc
2417
le service civil de travail dépendrait, en effet,
d’
un office central qui aurait pour tâche d’ajuster exactement la produc
2418
effet, d’un office central qui aurait pour tâche
d’
ajuster exactement la production à la consommation. Le rôle de l’État
2419
actement la production à la consommation. Le rôle
de
l’État se confondrait à peu de choses près avec celui de cet office.
2420
at se confondrait à peu de choses près avec celui
de
cet office. Tout le reste de la production « qualifiée » serait libre
2421
oses près avec celui de cet office. Tout le reste
de
la production « qualifiée » serait libre, et placé sous la responsabi
2422
e » serait libre, et placé sous la responsabilité
de
corporations régionales. Ainsi l’État se trouverait-il réduit à sa pl
2423
il réduit à sa plus simple expression : un bureau
de
statistiques et de répartition ; les tâches politiques étant confiées
2424
simple expression : un bureau de statistiques et
de
répartition ; les tâches politiques étant confiées à la fédération de
2425
comme acte ? Certes, Emmanuel Mounier, directeur
de
la revue, définissait dès son premier numéro une conception spiritual
2426
numéro une conception spiritualiste qui n’a rien
de
commun avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques de droite et
2427
avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques
de
droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne
2428
ont voulu voir en elle les critiques de droite et
de
gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux
2429
le les critiques de droite et de gauche, victimes
de
la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux qui disent Esprit !
2430
capitale —, il est incontestable que l’« esprit »
d’
Esprit est d’inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’aille
2431
l est incontestable que l’« esprit » d’Esprit est
d’
inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ailleurs francheme
2432
ordre établi. Esprit n’en reste pas moins le lieu
de
rencontre d’une centaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et
2433
Esprit n’en reste pas moins le lieu de rencontre
d’
une centaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes in
2434
ste pas moins le lieu de rencontre d’une centaine
de
jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incroyances », co
2435
de rencontre d’une centaine de jeunes écrivains «
de
toutes croyances et de toutes incroyances », comme disait Péguy — le
2436
aine de jeunes écrivains « de toutes croyances et
de
toutes incroyances », comme disait Péguy — le lieu d’une enquête perm
2437
outes incroyances », comme disait Péguy — le lieu
d’
une enquête permanente et approfondie sur la condition humaine telle q
2438
apitalisme et l’esprit bourgeois, — le lieu enfin
d’
un ambitieux effort de reconstruction culturelle. Il faut citer ici le
2439
bourgeois, — le lieu enfin d’un ambitieux effort
de
reconstruction culturelle. Il faut citer ici les numéros volumineux c
2440
era-t-elle un rôle comparable à celui des Cahiers
de
la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de la démagogie, des à
2441
de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien
de
la démagogie, des à peu près journalistiques, des attaques personnell
2442
listiques, des attaques personnelles qui assurent
d’
ordinaire aux publications dites révolutionnaires un succès de lecture
2443
aux publications dites révolutionnaires un succès
de
lecture, aux dépens de toute adhésion durable. Des obscurités, des lo
2444
parfois complaisant, — on voudrait faire l’éloge
de
ces gaucheries, songeant aux habiletés stériles de la critique bien p
2445
e ces gaucheries, songeant aux habiletés stériles
de
la critique bien pensante… Il faut citer enfin la Troisième Force, mo
2446
Il faut citer enfin la Troisième Force, mouvement
d’
action né de la doctrine d’ Esprit , mais qui n’a pas tardé à dévier v
2447
r enfin la Troisième Force, mouvement d’action né
de
la doctrine d’ Esprit , mais qui n’a pas tardé à dévier vers le Front
2448
sième Force, mouvement d’action né de la doctrine
d’
Esprit , mais qui n’a pas tardé à dévier vers le Front commun de M. B
2449
s qui n’a pas tardé à dévier vers le Front commun
de
M. Bergery. 75. Et depuis peu, plusieurs mouvements d’action publiq
2450
ergery. 75. Et depuis peu, plusieurs mouvements
d’
action publique, qui dans des domaines divers, répandent la doctrine O
2451
divers, répandent la doctrine ON, tel que le Club
de
février, la ligue Nous voulons. Inspirés par L’Ordre nouveau , ils s
2452
généraux du temps considérés dans la perspective
de
l’ON voir Daniel-Rops : Éléments de notre destin (Spes). [NdE] Nous a
2453
a perspective de l’ON voir Daniel-Rops : Éléments
de
notre destin (Spes). [NdE] Nous avons placé là cette note, en l’absen
2454
NdE] Nous avons placé là cette note, en l’absence
d’
appel de note clairement indiqué dans l’édition originale. 77. Voir p
2455
s avons placé là cette note, en l’absence d’appel
de
note clairement indiqué dans l’édition originale. 77. Voir plus loin
2456
dition originale. 77. Voir plus loin une analyse
de
ce livre. 78. N’est-ce pas ainsi que l’Évangile définit la notion f
2457
nsi que l’Évangile définit la notion fondamentale
de
prochain ? Le prochain, c’est celui qui pratique la miséricorde ; ce
2458
ni gauche Le plus dur pour un parlement, c’est
de
conclure. Le plus dur pour la Révolution, c’est de commencer. Car la
2459
e conclure. Le plus dur pour la Révolution, c’est
de
commencer. Car la Révolution commence par ce qui fait mourir un parle
2460
t pas un parlement, qu’il ne s’agit pas pour nous
d’
aller nous asseoir quelque part, mais bien de marcher, de vivre, de cr
2461
nous d’aller nous asseoir quelque part, mais bien
de
marcher, de vivre, de créer et d’abattre, à droite, à gauche, au cent
2462
nous asseoir quelque part, mais bien de marcher,
de
vivre, de créer et d’abattre, à droite, à gauche, au centre, peu impo
2463
oir quelque part, mais bien de marcher, de vivre,
de
créer et d’abattre, à droite, à gauche, au centre, peu importe, — par
2464
part, mais bien de marcher, de vivre, de créer et
d’
abattre, à droite, à gauche, au centre, peu importe, — partout où une
2465
ent cynique, donne prise à notre acte, donne lieu
de
manifester ce qu’il y a d’humain en nous-mêmes : la personne. Sur le
2466
notre acte, donne lieu de manifester ce qu’il y a
d’
humain en nous-mêmes : la personne. Sur le plan politique, le premier
2467
plan politique, le premier acte que nous exigeons
d’
un révolutionnaire, c’est un acte d’imagination : en présence d’une do
2468
nous exigeons d’un révolutionnaire, c’est un acte
d’
imagination : en présence d’une donnée concrète, trouver la solution l
2469
ntes, qui ont déjà classé l’affaire comme étant «
de
gauche » ou « de droite ». (Nous entendons cette expression : classer
2470
à classé l’affaire comme étant « de gauche » ou «
de
droite ». (Nous entendons cette expression : classer l’affaire, au se
2471
les parlements et les partis n’avaient jamais eu
d’
existence que dans la cervelle d’un fou. C’est tout. Mais c’est presqu
2472
vaient jamais eu d’existence que dans la cervelle
d’
un fou. C’est tout. Mais c’est presque le tout. Ou du moins, c’est la
2473
is, plus encore : du parti, en tant que formation
d’
action, sur le plan politique. D’où la condamnation, bien entendu, du
2474
nt que formation d’action, sur le plan politique.
D’
où la condamnation, bien entendu, du Parlement. Le Parlement : une diz
2475
entendu, du Parlement. Le Parlement : une dizaine
de
programmes, représentés par autant de groupes fort inégaux en nombre.
2476
une dizaine de programmes, représentés par autant
de
groupes fort inégaux en nombre. Tout problème concret, particulier (l
2477
égime du blé, sur les magnaneries, sur la journée
de
huit heures, etc.) qui vient en discussion dans l’hémicycle se trouve
2478
ccordons, pour simplifier, trente-trois pour cent
d’
influence à chaque facteur. 3. — Une commission spéciale élaborera la
2479
se faire avec soin.) 4. — Le produit — infécond —
de
ce croisement improvisé, après avoir subi les railleries des extrémis
2480
bi les railleries des extrémistes, l’indifférence
de
la majorité, et un scrutin de pure forme, sera versé au dossier d’un
2481
tes, l’indifférence de la majorité, et un scrutin
de
pure forme, sera versé au dossier d’un ministère éphémère, puis livré
2482
t un scrutin de pure forme, sera versé au dossier
d’
un ministère éphémère, puis livré au sadisme des fonctionnaires, comme
2483
le fait apparaître immédiatement l’aspect positif
de
la formule « ni droite ni gauche ». C’est l’aspect décentralisateur,
2484
t improbable — l’aspect fédéraliste, communaliste
de
la révolution. Nous touchons ici au caractère essentiel de la doctrin
2485
olution. Nous touchons ici au caractère essentiel
de
la doctrine de L’Ordre nouveau : les revendications politiques qu’e
2486
ouchons ici au caractère essentiel de la doctrine
de
L’Ordre nouveau : les revendications politiques qu’elle comporte ne
2487
qu’elle comporte ne sont pas l’« aboutissement »
de
ses principes sur le plan des réalisations, — moyennant une série de
2488
r le plan des réalisations, — moyennant une série
de
compromis et de transformations forcément équivoques ; elles sont, bi
2489
alisations, — moyennant une série de compromis et
de
transformations forcément équivoques ; elles sont, bien au contraire,
2490
s sont, bien au contraire, l’expression immédiate
de
ces principes. Ce que nous combattons de toute notre violence, c’est
2491
mmédiate de ces principes. Ce que nous combattons
de
toute notre violence, c’est la fameuse séparation de la doctrine et d
2492
toute notre violence, c’est la fameuse séparation
de
la doctrine et de l’action — fondement de l’esprit bourgeois sur le p
2493
ce, c’est la fameuse séparation de la doctrine et
de
l’action — fondement de l’esprit bourgeois sur le plan éthique et cul
2494
aration de la doctrine et de l’action — fondement
de
l’esprit bourgeois sur le plan éthique et culturel, fondement sur le
2495
rtis, considérés comme les organes indispensables
de
toute « réalisation pratique ». Entre la doctrine et l’action, nous n
2496
ne et l’action, nous n’admettons aucune « période
de
transition ». À quoi cela peut-il donc correspondre ? Simplement, dir
2497
n, vous sentez-vous plus près des communistes que
de
l’Écho de Paris ? », manifestent simplement par cette question l’empr
2498
ntez-vous plus près des communistes que de l’Écho
de
Paris ? », manifestent simplement par cette question l’emprise d’une
2499
nifestent simplement par cette question l’emprise
d’
une idéologie, voire d’une sensibilité conditionnée par la démocratie
2500
r cette question l’emprise d’une idéologie, voire
d’
une sensibilité conditionnée par la démocratie parlementaire, — absolu
2501
mûr pour la révolution qui a compris l’absurdité
d’
une pareille classification. (Janvier 1934.)
2502
5. La Révolution nécessaire79 Au cours
d’
une conversation récente, Nicolas Berdiaev faisait observer que notre
2503
lèmes économiques », comme on dit, ne possède pas
d’
économistes. Il entendait par là, bien entendu, des créateurs de valeu
2504
Il entendait par là, bien entendu, des créateurs
de
valeurs neuves, ou même peut-être simplement, des hommes qui dominent
2505
du moins, sa dernière œuvre. Aussi, les éléments
d’
une suite à cet ouvrage capital, suite qui s’intitulera Dictature de l
2506
ouvrage capital, suite qui s’intitulera Dictature
de
la liberté, et que Robert Aron va mener à son terme. Telle qu’il nous
2507
son terme. Telle qu’il nous l’a laissée, l’œuvre
d’
Arnaud Dandieu apporte non seulement des idées neuves — une nouvelle p
2508
rt importantes. Indiquons simplement, ici, l’idée
de
ce service industriel, destiné selon les prévisions de Dandieu, à pro
2509
service industriel, destiné selon les prévisions
de
Dandieu, à provoquer la suppression de l’inhumaine « condition prolét
2510
prévisions de Dandieu, à provoquer la suppression
de
l’inhumaine « condition prolétarienne ». Il est bon de noter que cett
2511
inhumaine « condition prolétarienne ». Il est bon
de
noter que cette conception dépasse les rêveries marxistes dans leur d
2512
dépasse les rêveries marxistes dans leur domaine
de
prédilection. Mais voilà qui est plus important : elle se révèle immé
2513
e se révèle immédiatement réalisable. Les travaux
d’
un groupe d’ingénieurs occupés depuis quelques mois à la chiffrer, à l
2514
immédiatement réalisable. Les travaux d’un groupe
d’
ingénieurs occupés depuis quelques mois à la chiffrer, à la traduire e
2515
é la justesse, découvert la fécondité surprenante
de
cette vue d’origine purement doctrinale. Bel exemple du pouvoir des p
2516
, découvert la fécondité surprenante de cette vue
d’
origine purement doctrinale. Bel exemple du pouvoir des philosophes. E
2517
e, nos professeurs idéalistes et tous nos prêtres
de
l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce temps conservent dan
2518
res de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes
de
ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’être hommes, et sache
2519
de ce temps conservent dans leur cœur la volonté
d’
être hommes, et sachent s’emparer des puissances libératrices qu’on le
2520
que ne font pas les brigadiers et les embrigadés
de
toute farine que nous voyons parader en Europe devant ces dieux que l
2521
és à la moderne, ces vieilles tyrannies importées
d’
un Orient où l’on savait au moins, même en les adorant, qu’elles se no
2522
e en les adorant, qu’elles se nourrissent du sang
de
l’homme. On pourrait montrer facilement, à propos de maint autre prob
2523
urs positions philosophiques et leurs conclusions
d’
ordre politique et social. Ces conclusions ne manqueront pas d’impress
2524
ique et social. Ces conclusions ne manqueront pas
d’
impressionner certain public au détriment des principes dont elles pro
2525
hui le théoricien est peut-être la juste punition
d’
une intelligentsia dont toute la « distinction » consiste à séparer ja
2526
nction » consiste à séparer jalousement la pensée
de
l’action, du risque et de l’engagement personnel, quitte à se lamente
2527
r jalousement la pensée de l’action, du risque et
de
l’engagement personnel, quitte à se lamenter sur le monde tel qu’il v
2528
t « réaliste » qui trompe sur la véritable nature
de
la pensée, et sur ses droits. « Sans théorie révolutionnaire, pas d’a
2529
r ses droits. « Sans théorie révolutionnaire, pas
d’
action révolutionnaire, écrivait Lénine dans Que faire ? On ne saurait
2530
our les formes les plus étroites du praticisme va
de
pair avec la propagande de l’opportunisme. » C’est pourquoi, sans vou
2531
oites du praticisme va de pair avec la propagande
de
l’opportunisme. » C’est pourquoi, sans vouloir en rien sous-estimer l
2532
yse qu’Aron et Dandieu nous proposent des notions
d’
échange80 et de travail, je voudrais insister surtout sur la nouveauté
2533
Dandieu nous proposent des notions d’échange80 et
de
travail, je voudrais insister surtout sur la nouveauté d’un chapitre
2534
il, je voudrais insister surtout sur la nouveauté
d’
un chapitre de doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esq
2535
s insister surtout sur la nouveauté d’un chapitre
de
doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse d’une th
2536
l que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse
d’
une théorie générale de la Révolution qui ouvre la seconde partie du l
2537
ution », et sur l’Esquisse d’une théorie générale
de
la Révolution qui ouvre la seconde partie du livre. Antithétique — an
2538
violence extérieure mesure, simplement, un défaut
de
préparation doctrinale, — ce mot devant être entendu, répétons-le, da
2539
on la plus littéralement « actuelle ». L’Esquisse
d’
une théorie générale de la Révolution est un effort pour retrouver le
2540
t « actuelle ». L’Esquisse d’une théorie générale
de
la Révolution est un effort pour retrouver le contenu concret et préc
2541
trouver le contenu concret et précis du grand mot
de
révolution dont abusent aujourd’hui, à l’envi, les anarchistes petits
2542
ée effective, créatrice, c’est bien cette faculté
de
libérer l’être des mots. Esprit et Révolution… « Le malaise révolutio
2543
el point que les deux mots ont l’air bien souvent
de
s’opposer. À force de considérer d’une part qu’il n’est d’autre révol
2544
ser. À force de considérer d’une part qu’il n’est
d’
autre révolution que la révolution matérialiste, à force d’autre part,
2545
la révolution matérialiste, à force d’autre part,
de
faire sur l’esprit le contresens habituel qui le réduit à être une fa
2546
riliser l’un et l’autre, en privant la révolution
de
son ressort psychique et en privant l’esprit de son aboutissement néc
2547
n de son ressort psychique et en privant l’esprit
de
son aboutissement nécessaire. L’esprit, comme la révolution, s’exprim
2548
xprime par la violence ; ce n’est pas une faculté
d’
usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres de la pensée ses opér
2549
’usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres
de
la pensée ses opérations solitaires. C’est essentiellement la faculté
2550
ivre, attaquer et étendre son pouvoir, lui permet
de
rallier toutes ses forces psychologiques ou physiques, dans un souci
2551
forces psychologiques ou physiques, dans un souci
de
conservation et d’expansion81. » Ce langage est clair. Seuls les « pe
2552
es ou physiques, dans un souci de conservation et
d’
expansion81. » Ce langage est clair. Seuls les « petits purs » jugeron
2553
its purs » jugeront sans doute utile et astucieux
de
feindre d’y voir un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’est qu
2554
jugeront sans doute utile et astucieux de feindre
d’
y voir un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’est que l’emprein
2555
on conformistes. (Les journalistes bien-pensants,
de
L’Aube à Figaro , les en félicitent gravement.) Il faut rendre à Dan
2556
jamais été son fait, mais bien celui, intéressé,
de
certains de ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit
2557
son fait, mais bien celui, intéressé, de certains
de
ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit ne saurait d
2558
celui, intéressé, de certains de ses adversaires,
de
certains de ses louangeurs. L’esprit ne saurait désigner que la total
2559
essé, de certains de ses adversaires, de certains
de
ses louangeurs. L’esprit ne saurait désigner que la totalité créatric
2560
rit ne saurait désigner que la totalité créatrice
de
l’homme, corps et intelligence, indissolublement, en acte. La séparat
2561
issolublement, en acte. La séparation cartésienne
de
l’esprit et du corps, la divinisation hégélienne de l’esprit pur, son
2562
l’esprit et du corps, la divinisation hégélienne
de
l’esprit pur, sont en réalité à l’origine même du désordre actuelleme
2563
Pour en découvrir la logique, il suffit pourtant
d’
étudier la marche des révolutions bourgeoise et prolétarienne qui inst
2564
uisse en décèle avec rigueur le vice fondamental,
d’
essence rationaliste. Pourquoi les révolutions de 1789 et de 1917 abou
2565
d’essence rationaliste. Pourquoi les révolutions
de
1789 et de 1917 aboutissent-elles à des dictatures, c’est-à-dire à la
2566
rationaliste. Pourquoi les révolutions de 1789 et
de
1917 aboutissent-elles à des dictatures, c’est-à-dire à la négation d
2567
lles à des dictatures, c’est-à-dire à la négation
de
leur élan originel, an-archique, antiétatiste ? Parce qu’elles repose
2568
saut révolutionnaire. « En réalité, la dictature
de
transition qui enterre toutes les revendications en promettant la lun
2569
rvir qu’à masquer sur le terrain pratique l’échec
d’
une révolution qui ne sait pas où elle va. » Cartésienne ou hégélienne
2570
mpte que des données antérieures à tout acte, non
de
l’acte lui-même. Au moment de sauter, elles hésitent et reculent. Ell
2571
et reculent. Elles tombent alors dans l’illusion
d’
une synthèse qu’elles veulent croire transitive, conciliant les contra
2572
contradictions réelles sur le plan tout abstrait
de
l’étatisme, au lieu de les laisser se développer jusqu’à provoquer le
2573
ser se développer jusqu’à provoquer le changement
de
plan, qui seul constituerait la Révolution véritable. Contre cette il
2574
ble. Contre cette illusion rationaliste-idéaliste
de
la synthèse, qui justifie en philosophie le monisme, en politique les
2575
gumentation que Proudhon d’une part, et Bakounine
de
l’autre, opposaient à Karl Marx en son temps. J’ai souligné ailleurs
2576
é, à vrai dire surprenante, des thèses politiques
de
Proudhon et des thèses philosophiques, de Kierkegaard contre la diale
2577
itiques de Proudhon et des thèses philosophiques,
de
Kierkegaard contre la dialectique hégélienne. Cette opposition me par
2578
paraît la plus profonde et la plus significative
de
toutes celles qui aient occupé jusqu’à présent les philosophes. Tous
2579
-t-elle une fois de plus, s’endormir dans le rêve
d’
un « troisième terme » dont nous connaissons désormais le monstrueux v
2580
ons désormais le monstrueux visage, qui est celui
de
l’État totalitaire ? — « Nous sommes sur la terre décisive… » 79. P
2581
la question — et en passant, l’un des fondements
de
la théorie économique de Marx — en s’appuyant sur une documentation d
2582
ant, l’un des fondements de la théorie économique
de
Marx — en s’appuyant sur une documentation dont la formule même est u
2583
dont la formule même est une trouvaille. (Travaux
de
Mans sur le potlatch.) 81. À quoi j’ajouterais pour ma part le souc
2584
e souci du service. Cf. p. 188. 82. Et au groupe
de
L’Ordre nouveau , le seul qui se soit exprimé sur ce point avec nett
2585
xprimé sur ce point avec netteté (Cf. le numéro 3
de
sa revue).