1 1934, Politique de la personne. Introduction — 1. L’engagement politique
1 que, ses décrets, ses brimades, représentent dans notre siècle un monstrueux complexe de bêtise officielle, et qui n’a plus d
2 moins pour sauver le monde que pour accomplir les devoirs du clerc engagé malgré lui dans le désordre de l’époque. Ce sont là d
3 sait plus le prendre au sérieux. Gardons secrets nos élans vertueux. Il vaut mieux faire plus qu’on ne dit, et si l’on fai
4 ne dit, et si l’on fait peu, ne rien dire. Voici notre désordre. On ne peut plus penser sans buter aussitôt contre un dilemm
5 changer cela qu’un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa
2 1934, Politique de la personne. Introduction — 2. Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage
6 njeu d’une partie aussi mal engagée que celle que doit jouer notre génération, n’est pas de ceux dont on puisse parler avec
7 partie aussi mal engagée que celle que doit jouer notre génération, n’est pas de ceux dont on puisse parler avec une légèreté
8 e pesant des considérations qui suivent. Dire que notre époque a renversé toutes les valeurs, c’est trop peu dire. Elle les a
9 xpression, dans un certain sens, est fort exacte. Nous vivons à l’époque de la plus juste pénitence des intellectuels. Ils o
10 vent dans l’ignorance des nécessités pratiques de notre ère. Situation aussi néfaste pour les penseurs que pour les autres. L
11 ne sont point trop encourageantes. Ne les voyons- nous pas, pour cette importante entreprise, faire appel à toute la rigueur
12 dans son lit5. Certaines réalités se rappellent à nous avec un sérieux décisif, et qui coupe court aux dernières pirouettes.
13 se peut que cela dispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rie
14  ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté sous conditi
15 liberté sous conditions. Le clerc bourgeois, chez nous , se croit encore tranquille. On ne le laissera plus tranquille bien l
16 n se fâcher un jour et décréter la dissolution de nos partis de gauche. Qu’ils y prennent garde !
3 1934, Politique de la personne. Introduction — 3. Le vrai pouvoir des intellectuels et son usage
17 tiale sur l’homme. L’homme est un animal pensant, nous apprend-on dès l’école primaire. Il n’est ni ange, ni bête, on se pla
18 st ni ange, ni bête, on se plaît à le répéter. Et nous voyons pourtant que les hommes de ce temps pensent comme s’ils étaien
19 me moderne a perdu la mesure de l’humain. Le seul devoir des intellectuels, dans la situation qui nous est faite, c’est de rec
20 l devoir des intellectuels, dans la situation qui nous est faite, c’est de rechercher l’homme perdu. C’est aussi là leur seu
21 ratiquement et spirituellement, il n’y a pas pour nous de tâche plus urgente ni plus grave, et c’est la seule à laquelle nou
22 gente ni plus grave, et c’est la seule à laquelle nous puissions nous employer sans ridicule ni trahison, nous qui n’avons a
23 rave, et c’est la seule à laquelle nous puissions nous employer sans ridicule ni trahison, nous qui n’avons aucune autre pui
24 uissions nous employer sans ridicule ni trahison, nous qui n’avons aucune autre puissance. C’est dans cette recherche d’une
25 ncer à être un homme. La plupart des folies qu’on nous dit toutes-puissantes, et devant lesquelles on se courbe parce qu’ell
26  nécessités historiques » qui, selon l’opinion de nos maîtres, dicteraient à l’homme ses destins. Ils constatent que, dans
27 la crise finale s’appelle dictature, réside dans notre culte du « pratique », dans la confiance naïve que nous donnons aux t
28 ulte du « pratique », dans la confiance naïve que nous donnons aux techniciens. Je distingue dans ce culte le premier temps
29 ue les opportunistes. Ces faits bien établis — et nous y reviendrons d’une manière plus concrète à propos de situations préc
4 1934, Politique de la personne. Introduction — 4. Pour une politique à hauteur d’homme
30 vivre sur des mots d’ordre « progressistes » que nos enfants mettront au nombre des superstitions les plus étranges du siè
31 rement responsables. Mais prenons garde de borner notre vision aux proportions du spectacle qu’ils offrent, à ce ballet si ma
32 s n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas,
33 llement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but de la société
5 1934, Politique de la personne. Introduction — 5. En dernier ressort
34 nspire au clerc l’action publique, je pense qu’il doit le surmonter en premier lieu pour se défendre ; en second lieu pour s
35 on dire, des intérêts de la pensée protectrice de notre condition. En tant qu’intéressés, au meilleur sens du mot, ces motifs
36 oire en un modèle à quoi les hommes pourraient ou devraient s’égaler. Mais quelle sera la valeur du modèle que l’homme peut imagi
37 dynamique de l’homme parfait ne sera jamais pour nous qu’une utopie dont rien n’atteste la réalité, la puissance, la vérité
38 tique, et il voudrait que la Pensée s’en mêle. Il nous parle de la personne : il veut qu’elle soit la mesure de tout, mais i
39 tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous laisse très perplexes, etc. » Si le lecteur se pose ces questions-là,
40 humains. On n’agit pas humainement si l’on ignore notre vraie condition. Mais l’état du chrétien dans ce monde est justement
6 1934, Politique de la personne. Première partie. Primauté du spirituel ? — I. Destin du siècle ou vocation personnelle ?
41 un de la peur qui s’est emparée des hommes. On ne nous parle plus que du « désarroi actuel ». Il n’est pas d’expression plus
42 ession plus juste, pour qui se borne à considérer notre époque et les doctrines infiniment contradictoires qui s’affrontent a
43 désordre et la contradiction. L’argent règne sur notre monde, comme une puissance occulte et pourtant méticuleusement tyrann
44 crets. C’est à tout cela que l’on pense lorsqu’on nous parle du « désarroi actuel ». Croit-on vraiment que tout cela soit si
45 bien loin d’être l’histoire d’un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une solennelle dégringolade, une contagion de d
46 vertement reconnue, dénoncée et battue en brèche. Notre époque, elle aussi, possède sa chance de grandeur. Je dirai même qu’e
47 udain devenu flagrant. Il promène par les rues de nos villes européennes de grands panneaux-réclame qui parlent un langage
48 s ! Sur le plan de la connaissance désintéressée, nous ne trouvons jamais aucun principe qui unifie. Mais, au contraire, dès
49 principe qui unifie. Mais, au contraire, dès que nous nous posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de
50 cipe qui unifie. Mais, au contraire, dès que nous nous posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’hom
51 mplifie aussitôt ; et si, faisant un pas de plus, nous posons la question de notre destin personnel en face des destins coll
52 aisant un pas de plus, nous posons la question de notre destin personnel en face des destins collectifs, le choix nécessaire
53 c une netteté qui, je le répète, est la chance de notre époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle nous apparaît
54 . Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle nous apparaît de ce point de vue, en quelques traits fort simples. J’insis
55 ste sur le mot simple, qui me paraît caractériser notre siècle. On dit le contraire un peu partout, je le sais bien. On répèt
56 ut, je le sais bien. On répète que les événements nous dominent et qu’ils sont incompréhensibles et impensables. Ce n’est pa
57 pas vrai ! C’est encore un vieux raisonnement que nous connaissons trop bien, et dont nous connaissons aussi la significatio
58 sonnement que nous connaissons trop bien, et dont nous connaissons aussi la signification réelle. C’est l’argument des gens
59 l’argument des gens en place qui, chaque fois que nous venons dire : voici ce qu’il faut faire, nous répondent : attention !
60 que nous venons dire : voici ce qu’il faut faire, nous répondent : attention ! le problème est plus complexe ! Non, les prob
61 e vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que nous connaissons très bien. Trop souvent, nos maîtres nous ont fourni des
62 et que nous connaissons très bien. Trop souvent, nos maîtres nous ont fourni des méthodes d’évasion dans la complexité. Tr
63 connaissons très bien. Trop souvent, nos maîtres nous ont fourni des méthodes d’évasion dans la complexité. Trop souvent il
64 es d’évasion dans la complexité. Trop souvent ils nous ont mis en garde contre un « certain esprit simpliste », qui est, au
65 l’esprit de décision et d’engagement concret dont nous avons le plus besoin. Cessons de nous réfugier derrière des complexit
66 oncret dont nous avons le plus besoin. Cessons de nous réfugier derrière des complexités que nous créons à plaisir, qui ne s
67 ons de nous réfugier derrière des complexités que nous créons à plaisir, qui ne sont pas dans la situation et qui sont autan
68 prendre une position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous nous sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été
69 re une position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous nous sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop
70 sûr, la pire ! Nous nous sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop souvent pour nous des profess
71 tres les plus respectés ont été trop souvent pour nous des professeurs d’abstention distinguée, des grands prêtres de l’inso
72 e l’insoluble. Mais, un beau jour, les événements nous réveillent brusquement. Maintenant, il va falloir choisir. La pensée
73 oix et de risque, et non plus un refuge idéal. Ne nous en plaignons pas : le risque est la santé de la pensée. ⁂ Destin du
74 ècle ! Expression curieuse et bien moderne14 ! Si nous y regardons de près, nous allons voir que le simple assemblage de ces
75 et bien moderne14 ! Si nous y regardons de près, nous allons voir que le simple assemblage de ces deux mots, destin et sièc
76 contient peut-être le secret de tout le mal dont nous souffrons. Il suffit, pour le faire apparaître, de poser cette simple
77 César, Lénine ont un destin. Mais aussi chacun de nous a un destin, dans la mesure où chacun de nous possède une raison d’êt
78 de nous a un destin, dans la mesure où chacun de nous possède une raison d’être, quelle qu’elle soit, une servitude particu
79 à lui, une vocation. Si l’on admet facilement de nos jours, qu’un siècle ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitude d
80 ante à des êtres collectifs. Je m’explique. Quand nous disons : le siècle, le xxe siècle par exemple, nous entendons par là
81 s disons : le siècle, le xxe siècle par exemple, nous entendons par là une réalité historique très composite, très générale
82 personnes, de quelques génies, par exemple. Quand nous disons destin du siècle, nous disons destin des nations, destin du pr
83 par exemple. Quand nous disons destin du siècle, nous disons destin des nations, destin du prolétariat, destin du capitalis
84 ns. Et, je le répète, pour que ces ismes aient, à nos yeux, un destin, il faut que nous ayons pris l’habitude de les consid
85 s ismes aient, à nos yeux, un destin, il faut que nous ayons pris l’habitude de les considérer comme autant de réalités auto
86 onomes, possédant leurs lois propres, échappant à notre domination et poursuivant, en dehors de nos vies personnelles, leur é
87 t à notre domination et poursuivant, en dehors de nos vies personnelles, leur évolution fatale, leur destinée. Autant dire
88 évolution fatale, leur destinée. Autant dire que nous avons fait de toutes les réalités collectives des divinités nouvelles
89 es divinités presque toujours menaçantes, et dont nous essayons avec angoisse de scruter les caractères, les habitudes, les
90 abitudes, les intentions secrètes, — les destins. Notre siècle, en tant que siècle, est athée, totalement athée, et consciemm
91 rstitieux au dernier degré. La grande majorité de nos contemporains ne croit pas en Dieu et sait qu’elle n’y croit pas. Mai
92 ibles et de leur rendre un culte de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, nous leur obéissons, et certains d’entre nou
93 te de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, nous leur obéissons, et certains d’entre nous sont prêts à leur sacrifier
94 x, tous, nous leur obéissons, et certains d’entre nous sont prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms de ces divinités,
95 ombre, c’est peut-être Légion… Sans doute n’avons- nous pas toujours conscience de les servir. Vous me direz peut-être que, p
96 ion publique et la presse, auxquelles nul d’entre nous n’échappe, ni ne songe à échapper. La classe et la race : voilà peut-
97 le. Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’est ce que nous prouvent abondamment leurs exigences, qui sont la foi aveugle et les
98 nes principales sont l’Histoire et la Sociologie. Nous trouverons les meilleurs exemples de cette théologie dans les écrits
99 nt ces prémisses ? La principale, c’est que toute notre idéologie, toutes nos révoltes, toute notre attitude pratique s’expli
100 incipale, c’est que toute notre idéologie, toutes nos révoltes, toute notre attitude pratique s’expliquent d’une manière su
101 toute notre idéologie, toutes nos révoltes, toute notre attitude pratique s’expliquent d’une manière suffisante par notre app
102 ratique s’expliquent d’une manière suffisante par notre appartenance à une classe déterminée. Hitler, selon Trotski, s’expliq
103 port à l’homme, ils sont absolument semblables et nous pouvons les renvoyer dos à dos. L’un et l’autre tendent à nous faire
104 les renvoyer dos à dos. L’un et l’autre tendent à nous faire croire que l’homme n’est rien, mais moins que rien, et que tout
105 des lois générales et historiques qui échappent à notre volonté et sur lesquelles nos révoltes sont sans prise, puisque ces r
106 s qui échappent à notre volonté et sur lesquelles nos révoltes sont sans prise, puisque ces révoltes sont elles-mêmes prévu
107 oltes sont elles-mêmes prévues et déterminées par notre classe ou notre race. Destin du siècle contre destin de l’homme. Il f
108 -mêmes prévues et déterminées par notre classe ou notre race. Destin du siècle contre destin de l’homme. Il faut bien reconna
109 it-il, quand il adore tout ce qui veut sa perte ? Nos camarades marxistes ou racistes ont bien vu le danger. Mais ils en ti
110 . Reprenant le mot de Goethe, sans le savoir, ils nous enseignent que la loi seule nous conduit à la liberté. Adhérez au dét
111 s le savoir, ils nous enseignent que la loi seule nous conduit à la liberté. Adhérez au déterminisme de l’histoire, abandonn
112 e et le suicide. L’élan qui jette des millions de nos contemporains dans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan d’un
113 iciens hitlériens s’indignent de ce reproche. Ils nous répondent, avec raison, que leur action n’a pas les apparences d’une
114 structive que bien des jeunes bourgeois railleurs devraient leur envier. C’est juste. Aussi bien la question revient-elle en défi
115 du terme, la seule chose qui intéresse chacune de nos vies —, c’est qu’il y ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’arrê
116 sociales, sont toujours justes, dans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur
117 s justes, dans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure exacteme
118 bles et créateurs. Leur rigueur mesure exactement notre dégénérescence. Le philosophe Léon Chestov disait un jour à quelques
119 ne, ils poussent le monde dans la direction où il doit tomber fatalement, si on le laisse tomber. En cela, ils sont peut-êtr
120 e pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominen
121 e suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût-ce que par le moyen de la presse. On peut dire, sans
122 ire, sans exagérer, que les journaux disposent de nos vies. Sans eux, la préparation des esprits qui prélude à toute guerre
123 s perdraient beaucoup de leur violence. Sans eux, nous ne saurions pas grand-chose des dieux du siècle, et peut-être aurions
124 d-chose des dieux du siècle, et peut-être aurions- nous un peu plus d’attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais si
125 peu plus d’attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispose de
126 es de nos vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau de la
127 rnaux. Et voilà le dernier anneau de la chaîne de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en finirions pas. L’arg
128 e de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en finirions pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est to
129 se. On s’indigne du nivellement universel, à quoi doit aboutir le communisme. On raille le caporalisme des jeunes miliciens
130 ralisme des jeunes miliciens en chemise brune. On nous dit que la vie, en Amérique, est impossible, parce que tous les appar
131 e monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre
132 ent, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre, reparaître le fameux « mal du siècle ». L
133 ait une erreur insondable que de voir le salut de notre époque dans un retour à l’individu. L’individu est l’origine la plus
134 désormais un fait acquis, une réalité économique. Nous devons au progrès mécanique que désormais le globe entier apparaisse
135 mais un fait acquis, une réalité économique. Nous devons au progrès mécanique que désormais le globe entier apparaisse solidai
136 Oui, le destin du siècle, le destin des ismes, ne nous laisse rien prévoir d’autre qu’un monde chaotique hautement organisé,
137 le pessimiste à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il nous importe de savoir. Si j’ai simplifié le tableau, c’est que je veux ma
138 dégager le choix, la décision que chacun d’entre nous peut prendre. ⁂ Destin du siècle ou destin de l’homme ? Loi historiq
139 , je crois, en définitive, la question simple que nous pose l’époque. Vous avez pressenti le parti que j’embrasse. Il me res
140 ux, les mythes du siècle, sont tout puissants sur nous . Dénoncer leurs méfaits, ce n’est pas encore leur échapper. Les nier
141 La culture du xixe siècle a voulu les ignorer et nous assistons à leur vengeance. Le spiritualisme les a déclarés vulgaires
142 ils ont la vie dure, et que le mieux à faire pour nous , c’est encore de compter avec eux. Mais, compter avec eux, ce n’est p
143 ollectifs. C’était l’homme qu’il fallait refaire. Nous avons oublié ce fait très simple : que la société doit être composée
144 avons oublié ce fait très simple : que la société doit être composée d’hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui es
145 que la société doit être composée d’hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en effet incalculable : l’acte de
146 ories qui expliquent tout sauf l’essentiel. Voici notre dilemme : voulons-nous être des éléments de statistique, ou bien des
147 t sauf l’essentiel. Voici notre dilemme : voulons- nous être des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de s
148 dignité, leur raison d’être personnelle ? Voulons- nous être des personnes ? Voilà le mot lâché. Je connais la réaction qui l
149 d’ailleurs qu’est-ce que cette personne, dont on nous parle tant depuis quelques années dans les jeunes groupes révolutionn
150 et ces mythes collectifs sous lesquels on prétend nous courber ? J’ai essayé de vous montrer qu’ils sont des créations de l’
151 répondre ici en mon nom personnel. Quel est donc, nous dit-on, le fondement réel de la personne ? Est-ce une vue philosophiq
152 à son prochain. Or, ce prochain, l’Évangile seul nous le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’être. Et voilà la réalit
153 , l’Évangile seul nous le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reç
154 ne de l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu cet ordre : tu aimeras ton prochain comme toi-même
155 u aimeras ton prochain comme toi-même. Tous donc, nous avons reçu, chacun à notre place et dans nos circonstances particuliè
156 me toi-même. Tous donc, nous avons reçu, chacun à notre place et dans nos circonstances particulières, une vocation personnel
157 nc, nous avons reçu, chacun à notre place et dans nos circonstances particulières, une vocation personnelle. Personne et vo
158 du Christ et il les a complètement perverties. On nous a présenté cet amour du prochain comme un sentiment bienveillant, une
159 té. On a transporté dans l’histoire cet amour qui doit être un acte, une présence et un engagement immédiat. Acte, présence
160 ssent la personne, mais aussi ce que Jésus-Christ nous ordonne d’être : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi vouluren
161 en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous , peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nou
162 ueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin
163 né de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin personnel et fonde aussi la seule société possible. Ne nous y
164 nnel et fonde aussi la seule société possible. Ne nous y trompons pas : l’acte de la miséricorde, c’est l’acte le plus révol
165 le plus révolutionnaire qui ait jamais paru dans notre monde. Lui seul suffit à vaincre les destins du siècle, lui seul atte
166 , lui seul atteint le mal à sa racine, qui est en nous , qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et
167 à sa racine, qui est en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et révolutionnaires peuvent b
168 lois historiques et révolutionnaires peuvent bien nous servir de refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passi
169 refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pénètr
170 guments au service de nos passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité de
171 Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité de notre être, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas son des
172 mystère devant lequel je vous laisse maintenant. Nous ne rencontrons personne au monde, avant d’avoir rencontré Dieu. 12.
7 1934, Politique de la personne. Première partie. Primauté du spirituel ? — II. Personne ou individu ? (D’après une discussion)
173 ous parlez beaucoup de la personne… De mon temps, nous disions : individu. Les termes changent, selon le cours des modes, ma
174 disant : individu ! Individu ! Je suis heureux de notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux encore si je vous
175 ont je parle n’a rien à voir avec l’individu dont nous parlait le xixe  ! Le langage courant confond volontiers individu et
176 et c’est cela qu’il faut bien retenir. La logique nous enseigne que la partie n’est pas plus grande que le tout. Ce qui revi
177 ommunistes le soin de s’en réjouir. Si maintenant nous définissons la personne comme une vocation créatrice, la situation se
178 es personnes. Privé de toute dignité mystique, il doit devenir un simple organe d’économie et de distribution des tâches ser
179 ons philosophiques, voire même théologiques… mais nous en parlerons une autre fois. Autre question. — Qu’est-ce que cela si
180 ée à un homme, — une parole que Dieu lui adresse. Nous en avons le type le plus pur dans la vocation des prophètes. Tout hom
181 désormais sa liberté concrète et c’est cela qu’il doit défendre contre l’empiètement des lois trop générales. 2° Mais on me
182 is l’accorder sans de fortes réserves. L’Évangile nous apprend que Dieu s’adresse à tous les hommes, croyants ou non. Je pen
183 s une vue rationaliste du monde. Dans la réalité, nous voyons au contraire que les vocations reçues s’insèrent naturellement
184 as celles qui assurent l’ordre le plus vivant. Ne nous laissons pas envoûter par l’exemple des dictatures ! L’ordre extérieu
185 l veut, nul ne sait où il va. Mais c’est Dieu qui nous dit cela, par la Bible. Nous ne l’aurions pas trouvé par nos observat
186 Mais c’est Dieu qui nous dit cela, par la Bible. Nous ne l’aurions pas trouvé par nos observations. En fait, l’homme nature
187 a, par la Bible. Nous ne l’aurions pas trouvé par nos observations. En fait, l’homme naturel ne connaît pas l’Esprit, le se
188 ouffle où il veut. Mais lorsqu’il parle à l’un de nous , et que celui qui le reçoit dans cette parole croit en lui, il se pas
189 Je dis donc que l’Esprit n’est rien d’autre pour nous qu’un acte, et un acte d’obéissance. Cet acte justement qui fonde not
190 n acte d’obéissance. Cet acte justement qui fonde notre personne. La primauté du spirituel, c’est pratiquement la primauté de
191 r le pouvoir créateur, ordonnateur. L’Esprit dont nous parlons n’est pas une espèce de fluide très subtil, d’autant plus res
192 n. Mais c’est l’Esprit qui vient s’incarner parmi nous . L’Esprit est autorité, disait Rimbaud. Ou il n’est rien. 16. Littr
8 1934, Politique de la personne. Première partie. Primauté du spirituel ? — III. Précédence ou primauté de l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cercle privé)
193 uite que cette vérité relative subsiste encore de nos jours dans la mesure où cet état de mensonge subsiste lui-même. Que n
194 re où cet état de mensonge subsiste lui-même. Que nous soyons marxistes ou antimarxistes, il nous arrive à tous, dans des mo
195 e. Que nous soyons marxistes ou antimarxistes, il nous arrive à tous, dans des moments d’indignation en présence de l’hypocr
196 rte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie, de nous écrier, trop souvent, hélas ! en pensée seulement : « Vends tous tes
197 Vends tous tes biens et donne-les aux pauvres, et nous verrons ensuite si tu attaches encore tant d’importance aux ventes de
198 tions marxistes en URSS ne sont guère utiles pour nous fixer à cet égard. L’URSS étant encore en pleine période de transitio
199 ue dans quelques siècles peut-être. Où donc irons- nous chercher ce marxisme authentique ? Chez Marx ? On y trouve tout ce qu
200 veut, sauf une doctrine marxiste cohérente. Force nous est donc de partir du marxisme « moyen », théorique et vulgarisé, cel
201 nt que l’on expose aux masses. C’est bien lui que nous rencontrons dans toutes nos discussions avec les militants du Parti19
202 . C’est bien lui que nous rencontrons dans toutes nos discussions avec les militants du Parti19, c’est lui qui fait tremble
203 « Vous avez peut-être raison dans l’absolu, mais nous nous occupons, nous, de la situation présente de l’homme, et nous dis
204 us avez peut-être raison dans l’absolu, mais nous nous occupons, nous, de la situation présente de l’homme, et nous disons :
205 re raison dans l’absolu, mais nous nous occupons, nous , de la situation présente de l’homme, et nous disons : tant que le mi
206 ns, nous, de la situation présente de l’homme, et nous disons : tant que le minimum de vie n’est pas assuré, c’est un leurre
207 e commencement : donnons du pain à tout le monde. Nous parlerons ensuite de ce spirituel auquel vous ne tenez tant que parce
208 la liberté ». Ce saut, c’est la vraie révolution, nous dit-on. Or cette révolution n’est pas encore opérée en Russie. Nous n
209 tte révolution n’est pas encore opérée en Russie. Nous ne sommes que dans la période de préparation, qui doit fatalement se
210 ne sommes que dans la période de préparation, qui doit fatalement se « nier » un jour. (Autosuppression de l’État, au moment
211 croire que ce passage constituera un progrès sur notre état présent. Étant admises les « valeurs » rationnelles, laïques et
212 rdisée de « l’esprit » bourgeois — dont justement nous étions reconnaissants à Karl Marx d’avoir montré l’inanité. Ce spirit
213 r le marxisme dans sa période critique virulente. Nous préférons encore le matérialisme le plus plat et le plus grossier, ma
214 n et la vie spirituelle, distinction qui est pour nous l’origine même du désordre actuel. ⁂ Mais ce mot de précédence évoque
215 manence. Au fond du débat précédence ou primauté, nous retrouvons le débat immanence ou transcendance, c’est-à-dire une oppo
216 une distinction importante que j’aurais peut-être faire plus tôt. Quand nous disons spirituel d’abord, ce d’abord n’a p
217 e que j’aurais peut-être dû faire plus tôt. Quand nous disons spirituel d’abord, ce d’abord n’a pas le même sens temporel, h
218 bsolue. Primauté éternelle et non pas temporelle. Nous touchons ici à la divergence irréductible qui existe entre la concept
219 e la croyance à la période de transition résume à nos yeux toute l’erreur marxiste. Les hégéliens et les marxistes croient
220 et les marxistes croient à une succession, là où nous croyons à une simultanéité. Les marxistes croient que l’homme primiti
221 a sauvé plus tard, dans quelque millenium dont il doit préparer lui-même la venue. Nous croyons au contraire — mais ce n’est
222 illenium dont il doit préparer lui-même la venue. Nous croyons au contraire — mais ce n’est pas exactement le contraire — qu
223 s le temps une précédence, des stades successifs. Notre réalité est dans une dialectique simultanée, non pas successive. Nou
224 une dialectique simultanée, non pas successive. Nous pourrions dire : dans l’histoire, dans ce temps, nous sommes charnels
225 pourrions dire : dans l’histoire, dans ce temps, nous sommes charnels, non seulement d’abord, mais ensuite et toujours. Mai
226 ne ne date en effet que de 1932. 22. Affirmation due à M. Nizan, dans Europe (avril 1933). Cet auteur veut « commencer par
227 iteurs. Malheureusement pour M. Nizan, l’histoire nous apprend que les hommes vivent des inventions de l’esprit — au sens to
228 mi les cheminots seraient bien en peine de vivre. Nous ne parlons pas, d’ailleurs, du même « esprit » lorsque nous affirmons
229 rlons pas, d’ailleurs, du même « esprit » lorsque nous affirmons la primauté du spirituel. Mais il est curieux de remarquer
9 1934, Politique de la personne. Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — IV. Ni ange ni bête : ni gauche ni droite (Fondements théologiques d’une action politique)
230 émique des bien-pensants, il n’existe plus, parmi nous , de théoriciens du désordre. Toute doctrine sociale, aujourd’hui, fût
231 conception de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception réactionnaire, ou statique
232 une politique de la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception révolutionnaire, ou dynamique, la politiqu
233 enne. Je la vois caractérisée par deux traits qui nous serviront de critères : d’une part, elle est seule humaine, au sens é
234 endu qui s’institue partout entre la politique et notre foi : la politique s’occupe des moyens, et néglige bientôt les fins,
235 dans l’histoire ; et le problème des moyens, s’il doit rester subordonné à l’origine et à la fin, est cependant inséparable
236 tiques. S’il rejette les partis pris, c’est qu’il doit sans cesse, à nouveau prendre parti. Comme le réactionnaire, il veut
237 ux. Comme le marxiste, il sait que sa doctrine ne doit pas se borner à interpréter le monde, mais doit plutôt le transformer
238 e doit pas se borner à interpréter le monde, mais doit plutôt le transformer. Seulement il sait que cette transformation s’a
239 me, par ignorance de sa nature véritable. Certes, nous sommes dans l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous sommes
240 dans l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous sommes au monde comme n’étant pas du monde ; dans le péché, mais comm
241 e d’être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme manger, travailler et penser, mais jamais un sy
242 ue ni aucune synthèse humaine n’aura de droit sur nous en tant que personnes, en tant que vocations. Surtout, jamais un succ
243 rtout, jamais un succès politique ne pourra, pour nous , se confondre avec un progrès du salut. Principe d’une politique du p
244 ectivité25. » Cela ne signifie pas que le croyant doive s’isoler de la communauté, mais bien que la communauté doit toujours
245 ler de la communauté, mais bien que la communauté doit toujours être subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’est
246 devant Dieu. Non seulement le chrétien pourra et devra collaborer avec tous les « mouvements » politiques qui revendiquent l
247 r rapport à l’ensemble ; mais encore il pourra et devra affirmer que la seule communauté réelle et humainement bienfaisante e
10 1934, Politique de la personne. Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — V. Sur la devise du Taciturne
248 V.Sur la devise du Taciturne Faisons- nous donc du paradoxe ? Non : Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la
249 urne Faisons-nous donc du paradoxe ? Non : Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le para
250 alité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en relation personnelle et immédiate avec Dieu : et que la relati
251 é proprement aveuglante et même insupportable, si nous n’avions le Christ, seul méditateur et seul espoir, seulement accessi
252 la nuit, par la foi seule, — qui ne vient pas de nous . Telle est la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétie
253 onde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimo
254 est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimons par ces deux mots contra
255 on. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimons par ces deux mots contradictoires l’antinomie hors de laque
256 constructive reste vaine, évasive et mortelle. «  Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. » Toute construction po
257 ine, évasive et mortelle. « Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. » Toute construction politique qui ne prend p
258 iste abandonne à lui-même un monde qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcend
259 ° L’hérésie optimiste constate au contraire que «  nous sommes au monde pour quelque chose », mais elle oublie que ce quelque
260 e chose », mais elle oublie que ce quelque chose, notre activité, ne vaut rien pour notre salut. Elle se souvient que nous de
261 quelque chose, notre activité, ne vaut rien pour notre salut. Elle se souvient que nous devons travailler à établir le Royau
262 vaut rien pour notre salut. Elle se souvient que nous devons travailler à établir le Royaume sur la terre, mais elle oublie
263 rien pour notre salut. Elle se souvient que nous devons travailler à établir le Royaume sur la terre, mais elle oublie que ce
264 e Royaume sur la terre, mais elle oublie que cela nous est à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les E
265 efuse, comme le marxisme, l’antinomie centrale de notre condition, et que, enfermant les conflits purement humains dans le je
266 plique morne et désespérée du millenium chrétien. Nous voici donc en face de deux solutions synthétiques « possibles », impo
267 s « possibles », imposantes, établies. Qu’aurions- nous à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement « 
268 , établies. Qu’aurions-nous à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous ren
269 dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous rende à leur tour intenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Qu
270 ières ruses de la sécurité. ⁂ Qu’est-ce donc pour nous que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire de l’âme, son actua
271  ; mais les résultats terrestres de cet effort ne nous mériteront jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’être eux-
272 t tout au plus d’être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi. Agissez donc, mais votre action ne se
273 n paix à ses déterminations physiques et morales. Doit -on conclure au refus de toute activité politique ? Ce serait admettre
274 e. Mais ce n’est pas ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capa
275 éder dans la durée ; elle « survient », et jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme d’une force à notre disposition ;
276 ne pouvons en tirer argument, comme d’une force à notre disposition ; elle survient, et c’est alors un ordre que nous recevon
277 tion ; elle survient, et c’est alors un ordre que nous recevons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des ho
278 et c’est alors un ordre que nous recevons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin d
279 Et c’est peut-être vis-à-vis d’eux seulement que notre politique pourra se fixer un programme : la devise de Guillaume d’Ora
280 st l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce sont les d
281 s sont donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec tou
282 ns de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nous invoquons contre
283 nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nous invoquons contre nos d
284 nt les dieux que nous nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nous invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce s
285 us nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nous invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce sont les dieux que l’
286 c toutes nos folies, et que nous invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce sont les dieux que l’homme fait à son imag
287 me, par son paradoxe, une espérance qui se rit de nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, nous
288 se rit de nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, nous en délivre. Elle espère contre tout espo
289 -à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, nous en délivre. Elle espère contre tout espoir, parce qu’elle espère en u
290 est point fait de main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salut qu
291 in d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salut qui se joue des ultimes
292 s idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salut qui se joue des ultimes efforts et des ultimes défaite
293 ue des ultimes efforts et des ultimes défaites de notre volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tou
294 notre volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tous nos échecs, c’est un Dieu qui veut être adoré
295 is aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tous nos échecs, c’est un Dieu qui veut être adoré sans partage ! On ne peut p
296 peut pas lui demander de bénir ces idoles dont il nous délivre. On ne peut pas adorer Dieu et la nation, Dieu et l’argent, D
297 visoires qu’il dispense. Une politique chrétienne doit d’abord condamner toutes les « solutions » que nous avons divinisées,
298 it d’abord condamner toutes les « solutions » que nous avons divinisées, toutes les idolâtries flatteuses ou basses ou génér
299 tes farines, révolutions qui prétendraient fonder notre salut sur un ordre terrestre. Mais toutes ces négations, nous les déc
300 ur un ordre terrestre. Mais toutes ces négations, nous les déclarerons au nom d’une espérance qui, elle, a bien le droit de
301 me, hors celle de la révolution ? Quand bien même nous aurions des raisons dogmatiques d’admettre le régime et les pouvoirs
302 e régime et les pouvoirs régnants, le conformisme nous est pratiquement interdit : car les ordres que donne la foi sont abso
303 mme un rappel de la seule grandeur transcendante. Nous ne sommes pas condamnés au succès, mais à l’obéissance jusqu’à l’absu
304 e la Promesse et le péché, entre la foi et ce qui nous paraît la « défier ». ⁂ Que faire donc ? Briser d’abord les idoles me
305 enaçantes. Et puis rester aux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à n
306 n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à l’avance par un programme, si « chrétie
307 dre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à l’avance par un programme, si « chrétien » qu’on le veuill
308 n le veuille. Un certain nombre de compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance
309 », point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre action baigne dans l’« angoisse de l’espérance28 ». 27. Je songe ic
310 Évangile, et qui même dans certains cas extrêmes, nous tiendrait quitte de la foi. 28. Expression qu’Arnaud Dandieu opposai
311 le moment décisif, l’acte. Elle n’a de sens, pour nous , que parce qu’il y a la foi.
11 1934, Politique de la personne. Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — VI. Note sur un certain humour
312 l soit n’est rien, en regard du péché dont la foi nous délivre. ⁂ Tout enfin se ramène à ceci : quel est le sens des échecs
313 de vous mettre en souci pour les humains tels que nous les voyons : ils se moquent bien de vos sollicitudes ! » Un chrétien
314 ui l’a jeté dans la bataille, et qu’il rejoint. ⁂ Notre enjeu est ailleurs, si tout se joue ici. C’est ce que le communisme n
12 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — VII. Comment rompre ?
315 e, de l’Église, le désordre se trouve « établi ». Notre jeunesse s’éveille au milieu des statuts de cette confusion. C’est co
316 mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était un a
317 de nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était un aspect nécessaire de l’« ordre chrétien » du mon
318 pect nécessaire de l’« ordre chrétien » du monde. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerr
319 Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toute
320 e et sa nouveauté menaçante. ⁂ Que la passion qui nous arrache ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons
321 açante. ⁂ Que la passion qui nous arrache ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et nous savon
322 e ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra de la violence. Mais où
323 si lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra de la violence. Mais où porter le coup ? qui dé
324 préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux Églises en tant que corps constitués et officiels31. Non
325 anons. Bien moins encore que tout cela, attendons- nous de nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale opposée aux doc
326 ien moins encore que tout cela, attendons-nous de nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale opposée aux doctrines
327 doctrine sociale opposée aux doctrines régnantes. Nous n’attendons rien d’aucun acte délibéré, pesé et calculé, tendant à dé
328 sme. ⁂ Le christianisme n’est pas une puissance à notre disposition, puissance que les hommes auraient eu le tort, simplement
329 aient été introduites dans le monde par Dieu, que nous aurions mal dirigées, compromises par maladresse, et que nous pourrio
330 mal dirigées, compromises par maladresse, et que nous pourrions, par exemple, dégager de leurs complicités avec les « force
331 ge à l’Amérique moderne, la grande Imposture dont nous avons à dénoncer l’origine permanente et les manifestations actuelles
332 permanente et les manifestations actuelles. ⁂ Ne nous excusons pas d’avoir recours ici à des formules théologiques, puisque
333 désordre, et plus encore dans son établissement, nous trouvons ce désir trop humain de parler des choses de la foi dans le
334 s le langage du bonheur terrestre. La rupture que nous voulons n’aura de conséquences politiques que si nous posons le probl
335 voulons n’aura de conséquences politiques que si nous posons le problème sur son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’es
336 scours chaleureux du père de la Brière34 voudrait nous enflammer contre une espèce de bolchévisme qu’il décrit ainsi : « Dan
337 ère lance un vibrant appel aux écrivains : qu’ils nous écrivent des romans contre le bolchévisme, et l’on donnera 50 000 fra
338 nt de l’esprit à ce dérèglement38. » Et pourtant, nous n’avons jamais à dresser notre christianisme contre le monde, comme u
339 t38. » Et pourtant, nous n’avons jamais à dresser notre christianisme contre le monde, comme une force positive contre une fo
340 Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je
341 s pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois  ! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic et nunc. La politiq
342 de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit -il rester de porter sur le monde un jugement permanent et enseignant 
343 , étant la rupture de toute durée. Mais dès lors, nous savons le véritable nom de la rupture, son lieu, son mode et son enje
344 cette seule Rupture effective surpasse absolument nos forces, en même temps qu’elle en exige tout : c’est la conversion.
345 ésespoir, trad. Gateau (Gallimard), p. 178. C’est nous qui soulignons. 38. Ibid., p. 170.
13 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — VIII. Humanisme et christianisme
346 prudemment mesurées. Et d’abord, la question qui nous occupe ici est-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nou
347 lle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous , une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avant de
348 contemporaines ?40 L’une des caractéristiques de notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question les q
349 de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de plus en plus, à discuter sur des nuances métaphysiq
350 ettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de plus en plus, à discuter sur des nuances métaphysiques a
351 lits concrets et les décisions qu’ils comportent. Nous refusons toute problématique dans laquelle nous croyons distinguer un
352 . Nous refusons toute problématique dans laquelle nous croyons distinguer une évasion hors des problèmes qui se posent et no
353 r une évasion hors des problèmes qui se posent et nous sont posés, hic et nunc. Avant d’aller plus loin, cherchons donc à se
354 cherchons donc à serrer un peu les deux termes de notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous fau
355 otre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous faut tout de suite dissiper un malentendu : par le t
356 chons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous faut tout de suite dissiper un malentendu : par le terme d’humanisme,
357 e, en France, à désigner la culture gréco-latine. Nous n’avons pas, bien entendu, à discuter ici la question des humanités.
358 ntendu, à discuter ici la question des humanités. Nous prendrons le mot humanisme au sens plus général, non moins précis, qu
359 uel sens l’homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre pour mieux vivre. Mais alors, en quoi les deux conceptions s’op
360 mme si la vie était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste cherchera
361 le qu’injurieux, si l’on songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas du mépris des garanties humaines les plus élémentai
362 éfiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un autre exemple. Un chrétien qui s’écrie : c’est providentie
363 ussé jusqu’aux réalisations effectives que semble devoir commander une foi véritable en l’humain. Le communisme est le véritab
364 main. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour soustr
365 -dire : qui concerne « l’existence » de chacun de nous , en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit exigeant une décis
14 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — IX. Antimarxiste parce que chrétien
366 ’est simplement pour souligner l’impossibilité où nous nous trouvons de « choisir en toute impartialité », comme le veut une
367 simplement pour souligner l’impossibilité où nous nous trouvons de « choisir en toute impartialité », comme le veut une locu
368 s, il m’est arrivé de « sentir communiste ». Cela nous arrive à tous, et plus souvent que nous ne le pensons. Mais de là à a
369 e ». Cela nous arrive à tous, et plus souvent que nous ne le pensons. Mais de là à accepter, à prendre sur soi et assumer en
370 nce matérielle. Il dit à l’ouvrier : « Viens avec nous , nous t’assurerons le travail, la nourriture et le logis. » Le capita
371 térielle. Il dit à l’ouvrier : « Viens avec nous, nous t’assurerons le travail, la nourriture et le logis. » Le capitaliste
372 r en soi. Il n’est pas une vertu, comme voulurent nous le faire croire Benjamin Franklin et les capitalistes. Il est puremen
373 inconscient. C’est là une illusion de moraliste. Nos actes ne valent que dans la mesure où ils sont faits pour Dieu, c’est
374 hypocrisies que ces moralistes ont décelées dans nos beaux sentiments, toute cette critique reste valable quand on se limi
375 es de Moscou sont loin d’être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons maintenant la divergence plus
376 d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons maintenant la divergence plus profonde, l’ultime et crucial
377 able de la vie et de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet éta
378 que nous avons reçu d’être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno nomme l’agonie du christianisme,
379 ts. L’abîme devient flagrant. Il serait temps que nos bourgeois vaguement chrétiens s’en rendent compte clairement. Nous av
380 guement chrétiens s’en rendent compte clairement. Nous avons longtemps cru que le « point de vue mystique » pouvait servir à
381 servir à la vie dans le monde, même sans la foi. Nous avons cru que le christianisme était une règle de vie, valable en soi
382 e belle taille, et que désormais le fait marxiste nous dispensera de commettre. Car c’est le marxisme qui est une règle de v
383 peut. La conclusion de tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence du christianisme, le marxisme n
384 igence du christianisme, le marxisme ne peut plus nous apparaître comme un problème difficile, une tentation ou un appel à l
385 plus que le défi que l’humanisme total adresse à notre christianisme. Il nous met en demeure de radicaliser ce christianisme
386 humanisme total adresse à notre christianisme. Il nous met en demeure de radicaliser ce christianisme. Je crois que toute au
387 itude a provoqué l’inévitable et juste révolte de nos frères athées. Il n’est de charité bien ordonnée que celle qui commen
15 1934, Politique de la personne. Troisième partie. Idoles — X. Fascisme
388 e qu’elle s’élève contre un fait dont malgré tout nous ignorons la pleine signification humaine : le fait fasciste étant ava
389 ine : le fait fasciste étant avant tout national. Nous ne sentons pas l’hitlérisme comme des Allemands, ni le fascisme comme
390 des Allemands, ni le fascisme comme des Italiens. Nous ne les sentons pas en France. Nous nous élevons contre une méthode de
391 des Italiens. Nous ne les sentons pas en France. Nous nous élevons contre une méthode de gouverner imaginairement transposé
392 Italiens. Nous ne les sentons pas en France. Nous nous élevons contre une méthode de gouverner imaginairement transposée dan
393 thode de gouverner imaginairement transposée dans nos mœurs. Personne encore ne sait ni ne prétend savoir ce que serait un
394 d savoir ce que serait un fascisme français, mais nous ne dénonçons qu’avec plus d’éloquence ce que nous baptisons « un fasc
395 nous ne dénonçons qu’avec plus d’éloquence ce que nous baptisons « un fascisme larvé ». Quand nous traitons un individu de «
396 e que nous baptisons « un fascisme larvé ». Quand nous traitons un individu de « fasciste », cela ne signifie pas que cet in
397 sément le fascisme. Je simplifie à l’excès ? Mais nous voyons trois peuples occidentaux obéir à des déterminations guère plu
398 de la vie multiple du pays. Cet exemple est pour nous d’un rude enseignement. Toute Gleichschaltung, toute expérience fasci
399 . La comédie spiritualiste, que le fascisme croit devoir jouer pour entraîner les classes moyennes, est un danger plus grand p
400 umanisme fasciste et le culte des héros sont pour notre personnalisme une menace plus perfide que le collectivisme déclaré. C
401 péril fasciste présent ? L’expérience hitlérienne nous permet de répondre à coup sûr. Que nous montre, en effet, l’Allemagne
402 tlérienne nous permet de répondre à coup sûr. Que nous montre, en effet, l’Allemagne ? Dans l’ordre ecclésiastique, c’est le
403 tal, les raisons dernières du choix que chacun de nous va se trouver contraint de faire, d’ici peu. 54. Des considérations
16 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XI. D’un Cahier de revendications
404 le ? Il semble que la solidarité du péril crée en nous une unité que n’ont su faire ni maîtres ni doctrines, unité de refus
405 ette vue qu’ont été réunies — rapidement car tout nous presse — les déclarations que l’on va lire. Suivaient onze « témoign
406 entai d’analyser dans les Conclusions que voici. Nous sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et com
407 s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous , entrés dans la vie sous le coup d’une menace de faillite planétaire,
408 imposer. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que nous avons à lutter maintenant, mais pour que les hommes vivent et demeure
409 ugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop s
410 e de tout le mal ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pou
411 ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de
412 ant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous battre pour un « ordre » et des « idéaux » criminels. Il y a la guerr
413 x » criminels. Il y a la guerre proche. La ferons- nous  ? pour qui ? Il y a la misère présente : pour quoi la supporterons-no
414 a la misère présente : pour quoi la supporterons- nous  ? La révolution, ce n’est plus un état d’esprit, ni un refus des tâch
415 e, et aussi à son sens de « misère qui appelle ». Nous ne sommes pas « des bourgeois-dégoûtés » ou des « prolétaires-avides-
416 audrait qu’elle le paie du prix de l’âme même. On nous donne à choisir entre un régime bourgeois odieux, raté, dont beaucoup
417  et d’autre part une espérance, une utopie, qu’il nous est impossible d’accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons
418 impossible d’accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’une réalisation épurée, tyrannique et privée de toute r
419 , de cela justement que dans le désordre régnant, nous détestons de toute la force de notre être : la primauté du matériel.
420 rdre régnant, nous détestons de toute la force de notre être : la primauté du matériel. Comment penser — si « penser » est i
421 aie. Ni à gauche, ni à droite, il n’y a rien pour nous . Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réal
422 i à gauche, ni à droite, il n’y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité éc
423 auche, ni à droite, il n’y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité échappe
424 les révolutionnaires non marxistes. Mais comment nous laisser convaincre par une réussite matérielle, temporaire, et d’aill
425 eurs discutable ? C’est l’homme qui se révolte en nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pas l’h
426 nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pas l’homme tel qu’il est, sous prétexte qu’il faut se h
427 hâter, et qu’en Russie c’est en train de marcher. Nous jouerons tout sur une révolution vraie. Les catastrophes sont proches
428 révolution vraie. Les catastrophes sont proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ont si
429 en sous-main des terrains d’entente avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit, comme l’écrit Henri Lefebvre, la s
430 onflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres , qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la cond
431 pour le mensonge d’hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et condamne tou
432 d’hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et condamne tout cela. Entre le co
433 atries personnalistes. Mais où sont les motifs de notre choix ? J’en indiquerai trois : 1° La seule révolution qui nous impor
434 ’en indiquerai trois : 1° La seule révolution qui nous importe concerne l’homme, exprime ses données élémentaires : elle n’e
435 ojection du conflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « morales » — ainsi désignent-ils la no
436 si « ces faits sont les faits » comme on voudrait nous le faire croire. Une révolution n’agit pas dans le vide, mais contre
437 l’acte toute efficacité créatrice et par là même doit être dénoncée comme antirévolutionnaire57. Le matérialisme, c’est l’o
438 de la statistique. Mais les marxistes répugnent à nous suivre sur ce terrain. Suivons-les donc sur le leur. Ils opposent à n
439 ain. Suivons-les donc sur le leur. Ils opposent à nos « rêveries » l’action. Qu’appellent-ils l’action ? Est-ce un opportun
440 écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les main
441 illions de membres, sévèrement contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions d’un Lénine n’étaient pas songes, elles s’a
442 es s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire. » Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la réussite, à un fata
443 isamment analysés. Les faits, demain, seront pour nous . L’Ordre nouveau, Esprit, travaillent dans la ligne des forces révolu
444 ne vois pas qu’ils connaissent l’homme mieux que nous . Je ne les vois pas plus forts. Je vois bien l’accumulation de leurs
445 ccumulation de leurs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres , mais nous en avons davantage. Ils jouent sur une révolte des hommes
446 urs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons davantage. Ils jouent sur une révolte des hommes contre le c
447 la fois des bourgeois, et de la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux qui
448 tent que du pain, finalement n’en donnent jamais. Nous avons en commun avec eux certains mots d’ordre immédiats : lutte cont
449 auxquelles se maintient le désordre établi. Mais nous allons plus loin dans la critique de ce désordre : jusqu’à ce point o
450 te-matérialiste. Non, ce n’est pas une classe que nous devons sauver, c’est l’homme menacé dans son intégrité. Sauver l’homm
451 térialiste. Non, ce n’est pas une classe que nous devons sauver, c’est l’homme menacé dans son intégrité. Sauver l’homme, ce n
452 rises, des nations, les intérêts (?) du monde. On nous demande : que signifie « sauver le monde » ? Rien. Au sens fort du mo
453 de la révolution nouvelle. Ici, je ne dirai plus nous , mais je. À la question « Prenez-vous au sérieux vos idées, y croyez-
454 mble. Loin de moi la pensée que par des arguments nous pourrons triompher d’autre chose que d’arguments. À l’effort admirabl
455 nt la grandeur des luttes élémentaires, n’aurions- nous à répondre qu’un dogmatique « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendro
456 ue « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est g
457 e trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de pe
458 de penser juste. La vérité ne peut exister parmi nous que sous la forme d’une accusation personnelle. Il faut savoir entend
459 e ?) 59. Le succès du communisme serait-il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dans Hic et Nunc
17 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XII. Communauté révolutionnaire
460 XII.Communauté révolutionnaire L’époque où nous vivons cherche la paix comme d’autres ont cherché la puissance, ou l’
461 ’est pas une occupation, ni un but. Du moins pour notre civilisation, elle n’est rien que l’absence obsédante de la guerre. T
462 nnu, mais peu de personnes en tiennent compte. Si nous le répétons, c’est afin d’insister, une fois de plus, sur cette absen
463 e vivant d’unité et d’union, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cette care
464 qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne sera pas
465 que dans le système parlementaire. C’est pourquoi nous considérons le communisme comme l’agent le plus perfectionné de la dé
466 plus perfectionné de la désagrégation atomique de notre monde, — désagrégation dont l’aboutissement fatal serait la ruine de
467 tice. Ces simplifications résument des études que nous avons, ailleurs, poussées dans le détail61. Elles nous permettent de
468 avons, ailleurs, poussées dans le détail61. Elles nous permettent de situer notre opposition au monde actuel. Elles nous per
469 dans le détail61. Elles nous permettent de situer notre opposition au monde actuel. Elles nous permettent aussi de donner sa
470 de situer notre opposition au monde actuel. Elles nous permettent aussi de donner sa réelle et pratique importance, dans l’o
471 me en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous la reprenions ici. On sait comment cette notion a passé dans les mœur
472 rnité véritable. Elle introduisait en effet, dans notre monde tel qu’il est, un principe entre tous néfaste : celui de la com
473 mépriser. Ainsi, la revendication égalitaire, qui devait dans l’esprit des théoriciens supprimer les conflits en supprimant le
474 es utiliser. Telle est la formule fondamentale de notre politique. Elle entraîne immédiatement cette constatation : c’est qu’
475 i seront à la base de la vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de distinction théorique et inopérante entre la vie
476 nopérante entre la vie privée et la vie publique. Nous n’avons pas deux morales. Et tout ce que nous disons sur la morale so
477 ue. Nous n’avons pas deux morales. Et tout ce que nous disons sur la morale sociale doit et peut être immédiatement traduit
478 Et tout ce que nous disons sur la morale sociale doit et peut être immédiatement traduit en institutions économiques par ex
479 n bas de laine ou prisonnier des assurances. Pour nous , la liberté ne consistera jamais dans la suppression des obligations,
480 e de la personne, c’est, à la limite, l’héroïsme. Nous savons bien que ce mot introduit une équivoque grave. Les fascismes r
481 rand bien de l’État. Cette inversion flagrante ne nous empêchera pas de prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son
482 antagonismes. La paix, l’ordre, la solidarité que nous voulons se fonderont sur cette affirmation antiégalitaire, personnali
483 rop simple pour les évasifs et les désespérés qui nous entourent ? Est-ce « trop subtil », trop « intellectuel », trop « thé
484 ent si bien l’empêcher d’en user ? Sans doute. Et nos « valeurs » ne seront jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous nous
485 » ne seront jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous nous adressons à des hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, n
486 seront jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous nous adressons à des hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, ni des
487 Mais nous nous adressons à des hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, ni des meneurs, mais des hommes humains. On n
18 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIII. Triomphe de la Personne, (Aphorismes)
488 s autres. Elle prétend agir à l’encontre de toute notre expérience électorale. — C’est bien cela. — Mais alors vous n’êtes ri
489 ismes » n’ont pas plus d’effet, pratiquement, que nos « utopies ». Ou sinon je devrais vous rendre responsables de la crise
490 t, pratiquement, que nos « utopies ». Ou sinon je devrais vous rendre responsables de la crise actuelle ? Mais tranquillisez-vo
491 ’étaient pas « philosophiques » au même titre que les nôtres . Nous revenons à ces doctrines pour les combattre ou pour les rénover
492 « philosophiques » au même titre que les nôtres. Nous revenons à ces doctrines pour les combattre ou pour les rénover. Ce q
493 signifie : vous cherchez la vérité politique, et nous , nous voulons des discours, du « pratique », c’est-à-dire quelque cho
494 fie : vous cherchez la vérité politique, et nous, nous voulons des discours, du « pratique », c’est-à-dire quelque chose d’é
495 e chose d’électoral. Être « objectif » Dans nos plans, nous parlons des choses, de leur nature et de leurs lois, de l
496 lectoral. Être « objectif » Dans nos plans, nous parlons des choses, de leur nature et de leurs lois, de leur producti
497 leur production, répartition et usage humain, et nous en parlons objectivement, mais non sans parti pris. Et voilà qui para
498 coup un paradoxe bien irritant. Le parti pris que nous affirmons est bien connu : il n’en est pas de plus simpliste. Nous ra
499 t bien connu : il n’en est pas de plus simpliste. Nous ramenons tout à l’homme et à ses intérêts humains. Quel homme ? Le me
500 on ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humainement des choses les plus pratiques… Mais eux, ils veul
501 umergue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous sommes objectifs qu’ils se méfient ; c’est parce qu’ils se méfient qu
502 se méfient ; c’est parce qu’ils se méfient qu’ils nous traitent d’utopistes et de gens peu pratiques. Ils répètent au hasard
503 t ». C’est donc par les facteurs spirituels qu’il nous faut commencer la mise en ordre du monde moderne. Importance d’une dé
504 e définition de la personne. Toute la tactique de notre révolution en dépend. Humilité du spirituel Les revues bien-pen
505 de sa charge. Or, l’exercice du pouvoir spirituel nous est prescrit, par l’Évangile, comme un service dans l’abaissement. La
506 se moquer des calligraphes. Mais ce sont eux qui nous apprennent à écrire, qui nous donnent les modèles, qui prévoient les
507 ais ce sont eux qui nous apprennent à écrire, qui nous donnent les modèles, qui prévoient les déformations nécessaires de l’
508 t pu tout aussi bien se passer des théoriciens… «  Nous avons les locomotives, à quoi sert Stephenson ? » « Nous avons l’URSS
509 ons les locomotives, à quoi sert Stephenson ? » «  Nous avons l’URSS, à quoi sert Marx ? »… Le peuple souverain On devr
510 n réelle de croire : c’est d’agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme apprenons-nous qu’il conforme sa vie à ses réce
511 ais duquel de nos coryphées du marxisme apprenons- nous qu’il conforme sa vie à ses récentes opinions ? Allons, ils ne sont p
512 ssurés, et qui sortent, dit-on, « fatalement » de nos ombres ? Je vois naître dans un lent cauchemar la Bête de l’Apocalyps
513 règne qu’ils préparent ne va-t-il point porter à notre audace un défi presque inespéré ? N’est-ce point là notre plus belle
514 dace un défi presque inespéré ? N’est-ce point là notre plus belle chance de grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolu
515 oint là notre plus belle chance de grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’est pas cette mort-là qu’il no
516 est absolue. Et ce n’est pas cette mort-là qu’il nous faut craindre, mais bien plutôt que les autres ne meurent bassement d
517 ui s’évanouit aussitôt qu’on l’atteint. Vraiment, notre époque vit sur des données fragiles, éthérées ! La carotte qu’on fixe
518 ne a, sur le bonheur que poursuivent presque tous nos contemporains, l’avantage d’être comestible. Le mythe moderne du bonh
519 s insaisissable et le plus généralement révéré de nos mythes : personne encore n’a su le définir et fixer son niveau concre
520 domination des compagnies d’assurances étatisées, notre chance « personnaliste » reste entière. Ou plutôt elle cesse d’être u
521 our rien connaître de la nature du litige humain. Nous mourrons de la mort des singes.) Perspectives (II) Avantage du
522 s siècles de travail, de sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’Europe qui n’a pas attendu pour vivre la p
523 u pour vivre la permission du marxisme orthodoxe. Nous avons eu, depuis dix ans, comme une première vision d’un style de vie
524  homme nouveau » que la révolution fait sortir de nos ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré d’un régime qui le dé
525 ur une course qui n’aura pas de fin, puisque vous devrez marcher jusqu’à votre mort, sans nul espoir d’atteindre le but ! (Ce
19 1934, Politique de la personne. Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIV. Tactique personnaliste
526 ’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les mêmes formations de combat, exciter des pas
527 dre aux faveurs du même « peuple » conventionnel. Nous les voyons utiliser la même tactique, pour des visées qui se voudraie
528 r sincérité. Fondés sur cette erreur commune, ils nous reprochent d’être sans « force » au service de nos vérités. (Ils dise
529 us reprochent d’être sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent en e
530 au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent en effet d’autre force que la passion él
531 effet d’autre force que la passion électorale. Si nous briguions leurs avantages, nous serions plus nigauds encore qu’ils ne
532 on électorale. Si nous briguions leurs avantages, nous serions plus nigauds encore qu’ils ne le croient ; mais, comme il s’a
533 t d’autre chose, comme il s’agit précisément pour nous de purifier le monde de leurs moyens et de leurs idéaux, cette critiq
534 moyens et de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est naïve. Quand on travaille dans le médiocre, on aurait tort,
535 importance quand les fins sont mal définies. Mais nous visons des buts bien définis : il ne faut pas épauler au hasard. Le g
536 la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous disons que la force, l’autorité valable et le pouvoir sont l’apanage
537 e proposer quelques maximes tactiques déduites de notre position personnaliste, il n’est pas inutile de formuler quelques rem
538 ssité d’un certain puritanisme, etc.) 3. Un chef doit être pauvre et savoir que la richesse affaiblit. (Si cela est admis,
539 actuel, mais surtout ceux du régime nouveau. (Car nous ne sommes pas des émeutiers, mais des constructeurs.) 7. Ce n’est pas
540 la masse informe qu’il s’agit d’émouvoir, mais il nous faut atteindre des hommes, un à un, — et les former. (Notre action su
541 atteindre des hommes, un à un, — et les former. ( Notre action sur les masses consiste à dissocier ces masses en personnes re
542 nnaliste, démocratique au mauvais sens du terme. ( Notre personnalisme pourrait revendiquer à juste titre l’épithète de « démo
20 1934, Politique de la personne. Appendice — 1. Liberté ou chômage ?
543 1.Liberté ou chômage ? Nous entendions l’autre jour, en buvant un café sur le zinc : « Le travail
544 ent mêlées dans les pauvres cervelles citadines. Nous ne manquerons aucune occasion de critiquer dans cette revue68 la mora
545 onde bourgeois prétend fonder la dignité humaine. Nous dénoncerons sans cesse l’hypocrisie plus ou moins consciente de cette
546 rticulièrement concret, celui du chômage, bornons- nous à montrer les conséquences fatales d’une erreur à peu près universell
547 té que récemment, à la suite de circonstances que nous préciserons tout à l’heure. Durant plusieurs décades, la production a
548 cessaires du machinisme en régime capitaliste. Si nous examinons les courbes d’accroissement de la productivité par homme de
549 ment de la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascension est relativement lente et passe, par exempl
550 prévoir ce que réservait l’année 1921. Reprenons notre courbe de productivité. À partir de 1921, et sans qu’aucun fait nouve
551 peut bien dire sans précédent dans l’histoire de notre civilisation, et que son apparence irrationnelle devrait contribuer à
552 civilisation, et que son apparence irrationnelle devrait contribuer à rendre plus frappant, nous comptons tirer, dans nos proc
553 nnelle devrait contribuer à rendre plus frappant, nous comptons tirer, dans nos prochains numéros, les conclusions pratiques
554 à rendre plus frappant, nous comptons tirer, dans nos prochains numéros, les conclusions pratiques et les significations ré
555 u contraire la contre-épreuve éclatante de ce que nous venons d’avancer : parce que le champ d’absorption est loin d’être co
556 u concret. 70. Après avoir touché à 107 en 1914. Nous utilisons les chiffres donnés par le Federal Réserve Board d’une part
557 e grandit. C’est une des leçons de la crise. 73. Nos écrivains courent admirer là-bas la fabrication d’une casserole en tr
558 abrication d’une casserole en treize minutes. — «  Nous ferons mieux que l’Amérique ! »
21 1934, Politique de la personne. Appendice — 2. Loisir ou temps vide ?
559 oisirs est née la présente corruption du travail. Notre siècle ne connaît plus ni le travail ni le loisir depuis qu’il a coup
560 loisir depuis qu’il a coupé leurs liens vivants. Nous le voyons se débattre dans une amère contradiction : labeur forcé ou
561 d’esclaves, consternante misère : une misère qui nous rabat au sol. L’homme dit « j’agis », et il trouve dans l’acte sa me
562 ice, d’isolement et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérisio
563 l d’un conflit absurde entre deux opérations dont nous avons perdu le contrôle, pour les avoir follement décrétées autonomes
564 sommation. Cette division n’est pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’es
565 pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle de la condamnation p
566 qui n’est pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remettons. Fausse dignité du travai
567 damnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remettons. Fausse dignité du travail Les nécessités anonymes
568 mes naissent et grandissent à la mesure exacte de nos démissions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie, de
569 oisième République, de l’Amérique et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’homme consiste à mettre en jeu sa vie
570 e, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pou
571 quer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pour nous. B
572 Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pour nous . Bourgeois et marxistes partent de la nécessité du gain, — gagner sa
573 partent de la nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons de la liberté du risque, — c’est peut-être perdre sa vie. Cet
574 llement radicale, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit de prendre au tragique l’opposition toute relative du commun
575 ier ce qu’il répugne à considérer comme sa peine. Nous assistons au triple échec du cynisme grossier — « Je gagne mon biftec
576 ’un libéral voudra bien reconnaître insuffisante, nous a valu le siècle d’égarement que nous tentons maintenant de solder. U
577 suffisante, nous a valu le siècle d’égarement que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’in
578 té humaine d’utiliser les effets du travail. Mais nous savons le vrai nom du « temps vuide » et c’est chômage. Tout le mal e
579 , car les choses sont toujours plus complexes que nos sommations, tout le mal moderne est symbolisé par cette disjonction d
580 dire du travail forcé. (La logique du langage ici nous guide sûrement.) Qu’une classe possédante en vienne par fatigue à déc
581 surer ce loisir. C’est créer un monde impensable, le nôtre . Car si le loisir est simplement le contraire du travail, et son but 
582 La tâche restauratrice de l’esprit, dévolue à notre génération, apparaît maintenant évidente : remontant à la racine du m
583 intenant évidente : remontant à la racine du mal, nous réduirons d’abord l’erreur cartésienne, la séparation de la « pensée 
584 a séparation de la « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en hommes responsables, à penser dans le risqu
585 r dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : le but du travail,
586 l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : le but du travail, ce n’est pas le loisir, mais la création.
587 ir, ce n’est pas la jouissance, mais la création. Nous n’avons pas le goût du vide. Par cet acte, travail et loisir retrouve
588 ffit. J’aurais pu faire l’économie du reste. Mais nous vivons dans une époque impatiente : il faut tout expliquer. J’indique
589 1° que si l’erreur initiale fut bien spirituelle, notre tâche constructive est d’abord d’ordre spirituel. Qui dit précédence
22 1934, Politique de la personne. Appendice — 3. Groupements personnalistes
590 tica fascista déclare à propos du même groupe : «  Nous préférons encore les marxistes ! » Esprit , de même, se voit qualifi
591 umaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit normalement leur être subordonné ; affirmation de la primauté nécessa
592 e des institutions à construire. Et c’est ici que nos deux groupes divergent. Qu’est-ce que L’Ordre nouveau  ? Un comité d
593 t étatiste, dont l’équipement actuel de la France doit permettre l’économie. Le travail critique de L’Ordre nouveau , tel q
594 e la « mission personnaliste de la France », qu’à notre suite, beaucoup opposent à la mystique des masses russe ou allemande 
595 ée du service civil de travail, qui pourrait, qui devrait devenir le cheval de bataille des mouvements de gauche. L’organisatio
596 atries régionales ».   « Primauté du spirituel », nous retrouvons cette affirmation dans la revue Esprit . S’agit-il là, en
597 doctrine ON, tel que le Club de février, la ligue Nous voulons. Inspirés par L’Ordre nouveau , ils sont cependant autonomes
598 erspective de l’ON voir Daniel-Rops : Éléments de notre destin (Spes). [NdE] Nous avons placé là cette note, en l’absence d’a
599 iel-Rops : Éléments de notre destin (Spes). [NdE] Nous avons placé là cette note, en l’absence d’appel de note clairement in
23 1934, Politique de la personne. Appendice — 4. Ni droite ni gauche
600 n’est pas un parlement, qu’il ne s’agit pas pour nous d’aller nous asseoir quelque part, mais bien de marcher, de vivre, de
601 parlement, qu’il ne s’agit pas pour nous d’aller nous asseoir quelque part, mais bien de marcher, de vivre, de créer et d’a
602 vare, inerte, ou platement cynique, donne prise à notre acte, donne lieu de manifester ce qu’il y a d’humain en nous-mêmes :
603 sonne. Sur le plan politique, le premier acte que nous exigeons d’un révolutionnaire, c’est un acte d’imagination : en prése
604 aire comme étant « de gauche » ou « de droite ». ( Nous entendons cette expression : classer l’affaire, au sens des juristes
605 spect fédéraliste, communaliste de la révolution. Nous touchons ici au caractère essentiel de la doctrine de L’Ordre nouvea
606 , l’expression immédiate de ces principes. Ce que nous combattons de toute notre violence, c’est la fameuse séparation de la
607 de ces principes. Ce que nous combattons de toute notre violence, c’est la fameuse séparation de la doctrine et de l’action —
608 sation pratique ». Entre la doctrine et l’action, nous n’admettons aucune « période de transition ». À quoi cela peut-il don
609 la peut-il donc correspondre ? Simplement, dirons- nous , à la remise du pouvoir à ceux qui ont à l’exercer sans nul intermédi
610 es syndicats ou les fédérations. Les attardés qui nous demandent : « Mais enfin, vous sentez-vous plus près des communistes
24 1934, Politique de la personne. Appendice — 5. La Révolution nécessaire
611 on récente, Nicolas Berdiaev faisait observer que notre époque dominée par les « problèmes économiques », comme on dit, ne po
612 ls traitent. Car pour « l’économiste distingué », nous en sommes pourvus, fort au-delà du nécessaire. (Il y a même quelques
613 quelques députés.) On répondit à Berdiaev : mais nous avons Dandieu… Il nous reste, du moins, sa dernière œuvre. Aussi, les
614 répondit à Berdiaev : mais nous avons Dandieu… Il nous reste, du moins, sa dernière œuvre. Aussi, les éléments d’une suite à
615 que Robert Aron va mener à son terme. Telle qu’il nous l’a laissée, l’œuvre d’Arnaud Dandieu apporte non seulement des idées
616 ’est ce que ne font pas, et ne peuvent pas faire, nos professeurs idéalistes et tous nos prêtres de l’insoluble. Encore fau
617 ent pas faire, nos professeurs idéalistes et tous nos prêtres de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce temps con
618 brigadiers et les embrigadés de toute farine que nous voyons parader en Europe devant ces dieux que l’on nomme, depuis peu,
619 en rien sous-estimer l’analyse qu’Aron et Dandieu nous proposent des notions d’échange80 et de travail, je voudrais insister
620 s fascistes. Le trait décisif, sans doute, auquel nous pouvons reconnaître une pensée effective, créatrice, c’est bien cette
621 ls, cet antagonisme radical vient s’incarner dans notre génération. Saura-t-elle le pousser jusqu’à ses confins créateurs, — 
622 dormir dans le rêve d’un « troisième terme » dont nous connaissons désormais le monstrueux visage, qui est celui de l’État t
623 visage, qui est celui de l’État totalitaire ? — «  Nous sommes sur la terre décisive… » 79. Par Robert Aron et Arnaud Dandi