1 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — I. Le problème de la culture
1 t de suite à un exemple extrême. Pour le croyant, Dieu n’est pas un problème, ni la solution d’un problème, mais il est la p
2 C’est lorsque la foi disparaît que le problème de Dieu se pose — éternellement insoluble. Ou bien Dieu est présent, et c’est
3 e Dieu se pose — éternellement insoluble. Ou bien Dieu est présent, et c’est un ordre souverain ; ou bien il se retire, et d
4 e jouer le jeu de grandes questions métaphysiques sans ébranler l’autorité spirituelle ou politique qui nous commande — tant
5 cidé de ne pas poser, en vertu de cette confiance sans laquelle on ne peut gouverner. Qu’un homme en vienne à poser cette qu
6 t de résoudre les faux problèmes ou les problèmes sans issue qu’elle a fait naître. C’est ce que la sagesse populaire tradui
7 euve en soit la manière dont ils usent entre eux, sans éveiller la méfiance de leurs pairs, de l’argument « simple question
8 journaux et prend au sérieux ce qu’ils impriment, sans remarquer que leur langage est la négation du langage, la négation de
9 l se pose à nous à partir du moment où son objet ( Dieu , la culture, l’amour, la nation, le travail, etc.) s’éloigne ou s’aff
2 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — II. D’une culture qui parle dans le vide
10 e de la culture. Disons parallélisme, simplement, sans préjuger de la nature du phénomène qui lie l’économique et la culture
11 mauvais savants, c’est prétendre étudier la nuit sans le secours de la lumière. Le sens du passé n’apparaît qu’aux yeux de
12 qui ont permis aux écrivains bourgeois d’exprimer sans aucun scrupule les fondements secrets de leur puissance. Aussi les éc
13 bolise le nom de Poincaré et qu’on lui a reproché sans trop savoir pourquoi : parce qu’on sentait obscurément que les mesure
3 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — III. Fatalités du rationalisme bourgeois
14 ’un chaos sombre ou d’un subtil réseau spirituel, sans remarquer la différence. Il y a toujours une sorte de caporalisme dan
15 isons Diderot pour fixer les idées, put triompher sans peine des conventions d’une élite mondaine, tout ahurie qu’on vînt lu
16 qu’il faut citer, cette fois-ci pour l’approuver sans réserve.
4 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — IV. Hegel, Comte, Marx, ou la rationalisation
17 grandiose Progrès de l’esprit, bref cet idéalisme sans lequel toute révolution s’étranglerait au stade de l’émeute. Le virus
18 dans l’absolu, comme un idéal religieux, comme un Dieu , mais un dieu vérifiable, comme une Providence plus rigoureuse que l’
19 implacable contre laquelle l’esprit humain reste sans force. En fin de compte, elles opposent pareillement le Destin de la
20 d’être « ce qui fait ». Elle se réduit à décrire sans juger. À moins qu’elle ne vise au contraire à masquer cette tyrannie
21 âche. Mais à l’inverse, que l’on déclare l’esprit sans force, voici que la fin commune des efforts théoriques et pratiques c
22 nt, justifiant ou jugeant les moyens, et recréant sans cesse les hiérarchies. Et ces hiérarchies à leur tour cessent de valo
23 et 17), décrit ce processus en termes semblables, sans toutefois souligner le rôle déterminant du rationalisme dans l’évolut
5 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — V. Importance de la notion de commune mesure
24 sure Ce raccourci d’une évolution séculaire est sans nul doute stylisé : on n’aurait pas de peine à nuancer, à corriger, à
25 entôt elle nous rend ses esclaves. Elle poursuit, sans souci des fins dernières de l’homme, son œuvre de division réelle et
26 t culture que là où règne une mesure commune. Car sans mesure il n’est pas de grandeur, ni par conséquent de valeur. On voit
6 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — VI. L’Arche de l’Alliance
27 est vrai qu’un prophète authentique est un homme sans biographie18 on peut dire pareillement du peuple prophétique qu’il n’
28 leur « histoire », c’est l’histoire des gestes de Dieu , dont les Hébreux ne furent que les instruments. C’est l’histoire des
29 celle que lui prêchent ses prophètes. Il vient de Dieu , il va vers Dieu, et c’est la loi de Dieu qui le conduit. C’est pourq
30 chent ses prophètes. Il vient de Dieu, il va vers Dieu , et c’est la loi de Dieu qui le conduit. C’est pourquoi son télos est
31 ient de Dieu, il va vers Dieu, et c’est la loi de Dieu qui le conduit. C’est pourquoi son télos est transcendant comme Dieu,
32 . C’est pourquoi son télos est transcendant comme Dieu , unique en son essence comme Dieu, et comme Dieu objet de la foi seul
33 nscendant comme Dieu, unique en son essence comme Dieu , et comme Dieu objet de la foi seule. Mais il est invisible aux morte
34 Dieu, unique en son essence comme Dieu, et comme Dieu objet de la foi seule. Mais il est invisible aux mortels, et c’est po
35 tution égare Et ils se prostituent loin de leur Dieu . (Osée, 4,12) Cet « esprit de prostitution », cette idolâtrie qui re
36 lte du destin profane contre la libre vocation de Dieu . Et de même que cette révolte est symbolisée au concret par les statu
37 la fois l’origine et la fin du peuple : l’Éternel Dieu et son service. Parce qu’elle est la loi de Dieu, et que ce Dieu est
38 Dieu et son service. Parce qu’elle est la loi de Dieu , et que ce Dieu est l’Éternel, la Loi est la conscience finale du peu
39 vice. Parce qu’elle est la loi de Dieu, et que ce Dieu est l’Éternel, la Loi est la conscience finale du peuple hébreu. Et p
40 du peuple hébreu. Et parce qu’elle est la loi de Dieu , elle porte en elle la règle permanente de toute action et de toute p
41 es civiles : c’est que la mesure est indivisible. Dieu est au ciel, sa loi est sur la terre, et les prêtres sont là pour vei
42 que ce soit leur métier —, s’ils oublient que le Dieu qu’ils servent est un Dieu qui se nomme « jaloux », les prophètes se
43 s’ils oublient que le Dieu qu’ils servent est un Dieu qui se nomme « jaloux », les prophètes se lèvent contre eux et dénonc
44 pas ordonné à la fin que les prophètes annoncent sans relâche. Que devient alors la culture ? — « L’homme qui a une vocatio
45 ntreprise de Babel : une révolte d’orgueil contre Dieu . La culture d’Israël sera pauvre à raison même de sa pureté. Sa pauvr
46 actions : c’est que le culte qu’il faut rendre au Dieu vivant est une obéissance directe « en esprit et en vérité ». Or abst
47 e la Nouvelle Alliance, est aujourd’hui le peuple sans mesure, sans limites et sans foyer. Sans espérance, il crée des utopi
48 Alliance, est aujourd’hui le peuple sans mesure, sans limites et sans foyer. Sans espérance, il crée des utopies. Sans obéi
49 ujourd’hui le peuple sans mesure, sans limites et sans foyer. Sans espérance, il crée des utopies. Sans obéissance, il imagi
50 e peuple sans mesure, sans limites et sans foyer. Sans espérance, il crée des utopies. Sans obéissance, il imagine des lois
51 sans foyer. Sans espérance, il crée des utopies. Sans obéissance, il imagine des lois fatales. Sans Messie, il se fait préc
52 es. Sans obéissance, il imagine des lois fatales. Sans Messie, il se fait précurseur des messies qui ne viendront pas… 18.
53 t tombe avec sa mission. » (Karl Barth, Parole de Dieu et parole humaine.) 19. Au sens hégélien du mot « histoire », que je
54 rs ceux qui rappellent le peuple au culte du vrai Dieu — contre les prêtres des dieux étrangers —, mais aussi ceux qui dénon
7 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — VII. Sur le déclin du Moyen Âge
55 les clercs et le siècle entendaient et vénéraient sans discussion possible. Ici, les luttes mêmes qu’elle fit naître témoign
56 à distinguer les voix… ; celui que nous apprenons sans aucune règle en imitant notre nourrice ». La langue latine, « locutio
57 lâtrie des moyens, qu’ils s’appliquent à raffiner sans plus tenir compte des fins communes, jugées vulgaires, les laïques se
58 jugées vulgaires, les laïques se font un langage sans règles et souvent sans beauté, inhabile à traduire les vérités spirit
59 laïques se font un langage sans règles et souvent sans beauté, inhabile à traduire les vérités spirituelles, qu’on en vient
8 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — VIII. Décadence des lieux communs
60 u hasard, chacun joue sa partie comme il le peut, sans souci de la règle commune, et la terreur domine cette anarchie, distr
61 ondérant sur lequel puisse se faire l’accord. Or, sans parler des 29 sens que Littré donne pour le seul mot : esprit, si j’i
62 Le vocabulaire des journaux est vague, impropre, sans saveur et sans pouvoir d’évocation active du vrai. Il habitue des mil
63 des journaux est vague, impropre, sans saveur et sans pouvoir d’évocation active du vrai. Il habitue des millions de lecteu
64 ublie sa vocation et se détourne de l’Éternel son Dieu , il perd aussi le sens des noms et bientôt sa langue délire : « Il pr
65 l’œuvre unanime, nous les cherchions en vain, et sans le savoir, dans la cité qu’on nous a faite. C’est une faim, une soif,
66 tte faim et cette soif. Au païen ignorant du vrai Dieu , les prêtres donnent des idoles faites à l’image des terreurs de l’ho
67 ls n’ont jamais été vivants pour cette génération sans but. On nous en donnera donc de nouveaux fabriqués à notre mesure, — 
68 stes et les politiciens modernes, avec une fureur sans exemple dans l’histoire de la culture, trahissent en somme l’impuissa
9 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — IX. Tentatives de restauration d’une commune mesure
69 ne vérité individuelle antisociale, des prophètes sans message pour le peuple, sans grandeur mesurable dans les faits, accus
70 ciale, des prophètes sans message pour le peuple, sans grandeur mesurable dans les faits, accusateurs, inquisiteurs et anarc
10 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — X. La mesure soviétique
71 taine religion fanatique ; et tout cela ne va pas sans doctrine. ⁂ Lorsqu’on critique les fondements doctrinaux du régime de
72 erreurs d’ordre métaphysique, qui leur paraissent sans gravité pratique. (J’ai dit sur quelle notion de l’esprit se fonde un
73 ire, à l’appui de leur foi nouvelle. Ce n’est pas sans raison qu’ils se remettent à glorifier les mythes du Progrès indéfini
74 naïve, que les Soviets en sont venus à confondre, sans l’ombre d’un doute, culture et production en général. Étonnante réact
75 valeur du Plan considéré comme mesure culturelle, sans plus tenir compte de ces énormités peut-être inévitables au début de
11 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — XI. La mesure nationale-socialiste
76 aient guère qu’à coloniser. Ils ont pu appliquer, sans crainte d’aucune sanction directe de la part des faits, une vieille d
77 quement par des élites contradictoires et souvent sans racines, enfin un prolétariat exaspéré par la misère et qui formait l
78 ’importance capitale de ce fait, que l’on confond sans le moindre scrupule national et nationaliste, quand il est question d
79 on ne dise pas que cela est impensable en France, sans se rappeler que ce fut un jour mieux que pensable : les soldats de Ke
80 ue aux mains du chef ? Je voudrais esquisser ici, sans tenir compte de l’opinion que je puis avoir sur la valeur ou le bon d
81 viétique des sans-Dieu, on ne saurait nier que le Dieu qu’il sert est immanent aux intérêts du Volkstum, et doit se confondr
12 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — XII. Leçon des dictatures
82 s ou allemandes. Ces entreprises, d’une envergure sans précédent, ne sont pas justiciables des critiques qu’on leur adresse
83 er spirituellement une révolution qui soit nôtre, sans brutalités extérieures, sans destructions aveugles, sans propagande d
84 tion qui soit nôtre, sans brutalités extérieures, sans destructions aveugles, sans propagande de masse abêtissante. Autremen
85 utalités extérieures, sans destructions aveugles, sans propagande de masse abêtissante. Autrement dit, nous avons à créer un
86 et de propagande de masses. Pas d’ordre spirituel sans un minimum matériel, c’est l’évidence. Mais pas d’ordre total sans un
87 atériel, c’est l’évidence. Mais pas d’ordre total sans une soumission organique du matériel au spirituel. C’est encore là un
13 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — XIII. commune mesure et acte de foi
88 le chef — et l’esprit va d’un autre côté, bientôt sans force ni joie créatrice, divaguant dans les rêves ou les mythes d’une
89 s ce qui paraît vrai au voisin ? Nous nous payons sans cesse de prétextes « pratiques » ou d’arguments appris à droite et à
90 ifférentes. Et qu’il advienne de la Russie ce que Dieu voudra ! Nous avons bien assez de notre sort pour en être aujourd’hui
14 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — XIV. L’appel à la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle
91 Just (Discours du 12 février 1793) L’on pourrait sans difficulté multiplier les grands exemples de civilisations anciennes
92 . La question de la mesure d’une civilisation est sans nul doute la question-mère de toute problématique culturelle. Mais ce
93 ement liberté de se plaindre, mais de se plaindre sans passion profonde. La misère n’est encore qu’à la porte, mais on dirai
94 e crise sur nos esprits et sur nos corps signifie sans erreur possible, et à elle seule, que toute commune mesure est morte
95 a liberté ; il a suffi qu’on lui propose, souvent sans preuve, un grand mythe de communauté : nation unie, ou société sans c
96 and mythe de communauté : nation unie, ou société sans classe… Si l’on veut comprendre ce temps, et l’ère nouvelle, incalcul
97 vivante et prisonniers d’une tradition qui survit sans grandeur à ses racines. Notre seule chance de salut, à nous autres na
98 ants, mène à la guerre ? Oui, si nous l’affirmons sans l’exercer avec puissance, si nous refusons d’aller jusqu’au terme con
99 néfice pratique de mon blasphème, et les comparer sans scrupule, à seule fin d’utiliser ici leurs grandes leçons.
15 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — I. La pensée prolétarisée
100 ous ceux dont l’œuvre n’est pas ce lieu de combat sans merci où quelque chose qu’il ne peut plus fuir attaque l’auteur et to
101 ière libérale, ou un capital bien placé. Cerveaux sans mains ! et qui jugent de haut, mais de loin, et toujours après coup,
102 n, et toujours après coup, la multitude des mains sans cerveaux qui travaillent sans fin par le monde, peinant peut-être en
103 multitude des mains sans cerveaux qui travaillent sans fin par le monde, peinant peut-être en pure perte, si ce n’est pour n
104 tre perte à tous. Or, ces gens forment l’opinion, sans aucun doute, et ils le savent. Toute l’opinion du monde en est à peu
105 te vers un adversaire qui va se désigner lui-même sans retard. Toute l’astuce d’une certaine critique me paraît en effet s’e
106 e au bien d’autrui. Car celui qui touche un objet sans le marquer profondément de son empreinte et le faire sien, ne peut to
107 de ce contrôle. Non point qu’aucune force existe sans mesures, mais le choix qui importe est celui-ci : préfère-t-on lire l
108 e Proust, Joyce63… Et c’est encore la description sans fin, le procès même de la conscience : se voir sentir ou penser, ou p
109 ntir ou penser, ou parler… (« Parler pour dire », sans définir l’objet, parler pour voir comment on pourrait dire… rejoint,
110 ce qu’elle existe autour de nous, et nous en elle sans trop le savoir peut-être, c’est parce qu’elle affecte l’existence mêm
111 n revenir à plus de grossièreté ? Mais le peut-on sans émousser la vérité ? Je ne vais pas proposer d’impossibles « retours 
112 dans le train de l’action, enfin d’agir. Ils ont sans cesse besoin de se référer à des systèmes de mots ou de critique phil
113 dité, c’est lui qui nous contrôle, c’est lui qui, sans douleur, marque tant de « travaux » de son poinçon d’inefficacité67.
114 e Histoire ! De Nietzsche au dernier nietzschéen, sans oublier les pamphlets de Péguy : elle ne s’en porte pas plus mal. Son
115 nt d’inaction. Cette révolte dissimulée ne va pas sans brutalité verbale. Mais les valeurs qu’elle violente n’ayant pas cour
116 licité tacite qui lie depuis un siècle les clercs sans risque et les meneurs du jeu économique. C’est bien la même erreur su
117 nt la hiérarchie inverse de celle qu’on révérait, sans trop le savoir d’ailleurs. Plutôt que de reconnaître cette inversion,
118 scient collectif, cette intelligence affinée mais sans prises sensibles, ne peut plus connaître le peuple qu’au travers des
119 iées — que doit s’adresser la pitié. La pensée sans douleur Cette sobriété méfiante et cette absence de pétulance inte
120 un monde laïque. Mais c’est d’une morale idéale «  sans obligations ni sanctions », une morale de rhéteurs et non d’apôtres.
121 rable invention, que l’on peut baptiser la pensée sans douleur et qui comblait si doucement la débilité morale du siècle. El
122 4, il apparaît que la question peut être reprise, sans trop de mauvais goût cette fois, par une génération que l’on dit peu
123 nous rend son examen relativement aisé. La pensée sans douleur, en effet, est d’abord une pensée systématique. Cet adjectif
124 sonnel, tout ce désordre confortable n’allait pas sans système, ne se justifiait pas, dès l’origine, sans recours à nos conv
125 ans système, ne se justifiait pas, dès l’origine, sans recours à nos conventions morales et sociales76. Le fameux « compromi
126 Je néglige quelques sectaires, dont Péguy a parlé sans douceur : j’ai dit que je me bornerais à l’examen des bonnes raisons,
127 ait qu’il ne décrit ou ne récite jamais une chose sans se décrire ou se réciter en même temps, ne fût-ce dans le meilleur ca
128 u de frais. Ce sont des gants qui se retournent —  sans devenir pour si peu des mains ! Seule une croyance survivante en la v
129 ique pour qu’apparaisse l’ironie qui le tourmente sans espoir, ironie triste de cette tristesse des moyennes qui n’est jamai
130 tifique de la pensée contemporaine, on comprendra sans peine la belle ruse de certains de ces Messieurs, et pourquoi en part
131 e pétrirai selon la loi nouvelle. Advienne ce que Dieu voudra ! J’aurai du moins gagné ma mort. J’aurai vécu. Le sort du mon
132 ir et les mouvoir, si l’on vitupère des doctrines sans dénoncer leur origine permanente dans telle déficience morale, dans t
133 eté ; tous ceux qui, de leur horoscope, concluent sans peine au fatalisme, au conformisme, dans l’ignorance où on les a tenu
134 eur destin natif ; tous ceux enfin qui se donnent sans remords à la loi brutale du nombre, trahissant dans ce temps, mais po
135 lâcheté sociale par décret des tyrans, la pensée sans douleur par des diplômes et des titres, la religion sans foi par le r
136 uleur par des diplômes et des titres, la religion sans foi par le respect public ; oui, tous ceux-là, dès maintenant, instit
137 est-ce que le bourgeois comme tel ? C’est l’homme sans problèmes réels. Et qu’est-ce qu’un problème réel ? C’est une situati
16 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — II. Éléments d’une morale de la pensée
138 l entendre qu’elle relève de la seule patience de Dieu . Je crois cela. Mais cette longanimité agit aussi par nos mains d’hom
139 ique que nous devons de pouvoir trancher le débat sans risquer le camp de concentration. Je m’en rends compte en écrivant ce
140 concret. (Ou bien y aurait-il au monde une pesée sans résistance, une résistance sans insistance ?) Hors de cet acte, et di
141 u monde une pesée sans résistance, une résistance sans insistance ?) Hors de cet acte, et disjointe sa prise, la pensée devi
142 c’est cette altération qui rend toute chose autre sans nulle création. Dégradation, de degredi, — éloignement. Et que me fon
143 contre les philosophes distingués qui repoussent sans fin les vrais dilemmes pour « continuer à analyser ». Je ne dis pas c
144 oir en face, pour l’accepter ou pour le refuser : Dieu , mal, souffrance, responsabilité de la pensée, but de la littérature,
145 efuse à peser, à violenter, elle s’expose à subir sans fruit toutes les brutalités que son absence a libérées. Troisième
146 s’ils ignoraient, qu’il n’y a pas plus de pensée sans effets que d’effet sans causes. Ou mieux : ils croient que les causes
147 n’y a pas plus de pensée sans effets que d’effet sans causes. Ou mieux : ils croient que les causes spirituelles sont sans
148 ux : ils croient que les causes spirituelles sont sans effet dans le domaine de l’action, qui serait soumis à des déterminis
149 ous sommes dans le temps, et le temps nous sépare sans cesse de l’immédiat, de l’instant actuel, du risque vrai. Notre durée
150 rtain fanatisme spirituel, consistant à soumettre sans cesse l’automatisme de la pensée à sa volonté créatrice, et à revendi
151 ie ! Il faut poser cette limite, il faut y tendre sans relâche. Ne fût-ce que pour nous prémunir contre les tentations du ré
152 uérir, simplement ils ont peur du remède radical. Sans la menace révolutionnaire, qui songerait à des réformes ? Mais ces ré
153 arce qu’elles sont, dès leur origine et à jamais, sans nul pouvoir d’incarnation. Seule, détient le pouvoir de s’incarner, l
154 de cette combinaison ? De fait, vit-on jamais âme sans corps, ou corps sans âme ? Si l’on a pu distinguer âme et corps, c’es
155 ? De fait, vit-on jamais âme sans corps, ou corps sans âme ? Si l’on a pu distinguer âme et corps, c’est à la suite d’un rel
156 stant vraiment humains. Et nous avons à conquérir sans cesse le propre, le concret, l’original de notre vie : d’où la nécess
157 imitations qui composent notre condition recréent sans cesse une différence. Que l’être et l’expression ne soient point sépa
158 le péché même, en son principe, lutte qui se sait sans fin dans cette vie, et dont la mesure n’est jamais dans aucun résulta
159 ltats ! Mais au terme de ce progrès, il n’y a pas Dieu , il n’y a pas l’unité restaurée, il y a seulement l’esprit humain dés
160 e désigner par ses effets, mais cela ne va jamais sans équivoques : car il transcende toujours ses effets. Pour prévenir les
161 consciente. Entre deux mots qui s’offrent choisir sans faute le plus « évocateur », entre deux sens d’un même mot, le moins
162 uns imaginent le donné, l’état du langage banal, sans volonté de transformation ; tandis que les autres imaginent des métam
163 pris l’habitude de penser, de parler et d’écrire sans tenir compte de nos données concrètes, soit que nous sacrifiions à un
164 es modèles flatteurs ? Plus simplement encore, et sans juger des réussites, combien pourraient désigner dans leurs œuvres le
165 ectuelles. Si nous voulons reprendre notre marche sans retomber dans l’ornière séculaire, c’est une élite qu’il nous faut re
166 ffet le nous n’est rien qu’un biais : c’est un tu sans visage qui vient se confondre avec un moi désormais incertain de ses
167 il est admirable de l’aimer. Et la pensée même de Dieu ne s’est point soustraite à cette loi, c’est-à-dire à ce choix souver
168 à cette loi, c’est-à-dire à ce choix souverain de Dieu . C’est en s’y soumettant qu’elle se révèle à l’homme, lorsqu’elle s’i
169 entier et relié en chacun de ses points, parfois sans autre transition logique, à l’acte créateur. Nous avons constaté que
170 ste en eux ? Répondre à cette question outrepasse sans nul doute les limites d’un ouvrage profane. D’autre part, il n’est pa
171 ation de sortir de la condition d’homme telle que Dieu l’a créée. L’origine de l’histoire, c’est la chute dans le temps. Le
172 vision de l’homme, la forme de son corps tel que Dieu le forma. Ainsi l’acte nous réincarne. La primauté du spirituel, c’es
173 ensée ». Primauté décisive mais pourtant reperdue sans cesse. Car il n’arrête pas le cours du temps, cet Instant d’une joie
174 et acte, en mourant sur la croix. Mais Christ est Dieu . Le caractère humain de l’acte est d’aller contre quelque chose — Die
175 main de l’acte est d’aller contre quelque chose —  Dieu seul agit et crée de rien — mais de n’aller pas jusqu’au bout. Et c’e
176 é est défini par cette contradiction. Aux yeux de Dieu , notre acte est seulement restaurateur. À la mesure de sa violence, i
177 le faux dieu du moi pur, pour ressusciter le vrai Dieu . C’est pourquoi dans le temps tout se renverse. Chacun des actes que
178 le l’homme perdit jusqu’au souvenir de l’image de Dieu qu’il était. L’homme créateur n’est pas le démiurge isolé d’un idéali
179 ice. En même temps, elle est le gage du salut que Dieu a promis à ceux qui gardent son commandement. Car c’est en espérance
180 pour ne la voir pas, mais de continuer à analyser sans repos. » Cette phrase d’Alain montre très bien comment le souci d’hon
181 conduire un camion, prononcer un discours, sortir sans pardessus par un froid extraordinaire, cueillir une fleur, voler un p
182 tout de même qu’il n’y aurait pas d’acte possible sans résistance sur le plan humain. Ne nous plaignons jamais des résistanc