1
parle ». Et voilà, par exemple, une situation qui
nous
pose un problème réel ! Mais après tout, qu’est-ce qu’un problème ? E
2
e leur présence, quand elles font leur plein dans
nos
vies, elles laissent toujours une petite place à notre doute, à nos q
3
vies, elles laissent toujours une petite place à
notre
doute, à nos questions, à notre sentiment privé. Il ne faut donc pas
4
issent toujours une petite place à notre doute, à
nos
questions, à notre sentiment privé. Il ne faut donc pas s’étonner de
5
ne petite place à notre doute, à nos questions, à
notre
sentiment privé. Il ne faut donc pas s’étonner de la multitude des pr
6
c pas s’étonner de la multitude des problèmes que
nous
sommes en état de poser, sinon de résoudre du tout. (Mais la vie ne s
7
aines permet qu’au sein de l’ordre le plus ferme,
notre
esprit trouve lieu de s’ébattre autour des forces et des faits qui l’
8
t des faits qui l’animent, et qui le soutiennent.
Nous
avons tout loisir de jouer le jeu de grandes questions métaphysiques
9
ébranler l’autorité spirituelle ou politique qui
nous
commande — tant qu’elle nous commande vraiment. Mais autre chose est
10
lle ou politique qui nous commande — tant qu’elle
nous
commande vraiment. Mais autre chose est de poser des questions au se
11
faut insister tout d’abord sur l’existence parmi
nous
de ce problème, sur l’inquiétude qu’il trahit, sur la crise de confia
12
culture : tant d’autres ont su décrire avant moi
notre
crise. Au travers des critiques qu’à mon tour il me faudra bien formu
13
il ne prendra la force d’un destin que le jour où
nous
refuserons de connaître sa vraie nature. Insuffisance de nos refus
14
de connaître sa vraie nature. Insuffisance de
nos
refus Si la culture nous pose un problème, c’est donc, et tout d’a
15
re. Insuffisance de nos refus Si la culture
nous
pose un problème, c’est donc, et tout d’abord, qu’elle est en décaden
16
une amertume voilée de complaisance. Au point où
nous
voici, la seule chose possible, c’est de repartir avec une grande pas
17
plir. Les critiques perspicaces et pessimistes de
notre
état social et culturel en plein déclin n’aboutissent, on l’a remarqu
18
. Ils semblent n’avoir d’autre rôle que d’attiser
notre
mauvaise conscience. Ce sont les hommes les plus intelligents du sièc
19
n Proust, un Gide et d’une manière générale, tous
nos
romanciers à la mode, bourgeois confus de l’être encore, habiles dans
20
poussée, le coup de pouce simplificateur. Méfions-
nous
des critiques « impartiales », des « je vous parle en toute sincérité
21
main. L’esprit n’est vrai que dans son acte, que
nos
clercs qualifient d’abaissement. C’est en effet un abaissement pour l
22
Je voudrais prudemment insister. La décadence de
notre
culture provient à mon avis d’un ensemble de causes économiques, poli
23
t cela sous l’éternel prétexte invoqué par toutes
nos
lâchetés : le prétexte de l’impuissance. « Une aussi sotte race que l
24
t pur. Sacrifice inutile au reste : la science ne
nous
apprend-elle pas que les lois de l’histoire sont des lois, et que l’e
25
quoi écrire et de quoi me laver les mains. Voilà
nos
clercs. C’est pour avoir refusé de s’abaisser à hauteur d’homme, au n
26
baisser à hauteur d’homme, au niveau du réel, que
notre
culture se défait. Immortalité académique2, faux sublime officiel, en
27
ite l’opinion ; qu’il dise au financier : « Entre
nous
, cher monsieur, tout cela n’a guère d’importance, c’est une simple qu
28
a dans des débats où, cependant, le sens des mots
devrait
primer tout autre souci plus médiat. Comment ne voient-ils pas que si
29
ulture. J’ai dit que tout problème réel se pose à
nous
à partir du moment où son objet (Dieu, la culture, l’amour, la nation
30
e construction. Ces constatations préalables vont
nous
guider dans l’examen du concept de culture en soi — de ses apparition
31
e allemand, E. R. Curtius, écrit4 : « Il y a dans
notre
langue peu de mots aussi usés, aussi éventés que celui de culture ; i
32
on : “la gymnastique est de la culture”, voilà où
nous
en sommes. La majeure partie de ce que l’on dit aujourd’hui sur la cu
33
ouvent accouplé au substantif héritage : « sauver
notre
héritage culturel ». Cet automatisme en dit long sur la notion couran
34
idée de culture s’associe tout naturellement dans
notre
esprit l’idée de l’homme cultivé, plutôt que celle du créateur ; l’id
35
adaptation de la production à la consommation, il
nous
reste à prendre conscience d’un parallélisme frappant entre la crise
36
ordination de l’une à l’autre ou origine commune.
Nous
y reviendrons. Prendre conscience de la crise culturelle, c’est d’abo
37
oncière inadaptation de la culture, telle qu’elle
nous
est transmise, aux besoins que l’époque nous crée. Surproduction ou s
38
elle nous est transmise, aux besoins que l’époque
nous
crée. Surproduction ou sous-consommation ? C’est bien le même dilemme
39
ous-consommation ? C’est bien le même dilemme que
nous
pose le capitalisme sur le plan de la quantité. Sur le plan de la qua
40
s, la culture ne « rend » plus. Elle n’est plus à
notre
mesure, elle nous offre des nourritures de luxe, et nous avons besoin
41
rend » plus. Elle n’est plus à notre mesure, elle
nous
offre des nourritures de luxe, et nous avons besoin de pain de ménage
42
sure, elle nous offre des nourritures de luxe, et
nous
avons besoin de pain de ménage. Elle nous offre des spécialités pharm
43
uxe, et nous avons besoin de pain de ménage. Elle
nous
offre des spécialités pharmaceutiques et nous avons besoin de tonifia
44
lle nous offre des spécialités pharmaceutiques et
nous
avons besoin de tonifiants élémentaires, de vitamines naturelles. Lai
45
s qui pourraient encore égarer : la culture qu’on
nous
donne ne nous commande plus rien. Elle parle dans le vide. Elle parle
46
nt encore égarer : la culture qu’on nous donne ne
nous
commande plus rien. Elle parle dans le vide. Elle parle dans les audi
47
’une évolution, ou mieux d’une décomposition dont
nous
sommes les victimes, par surcroît de malheur, inconscientes. On peut
48
sissement de la culture. Je ne vois qu’un seul de
nos
contemporains qui ait étudié sérieusement les causes historiques de c
49
orel — restera le premier témoignage important de
notre
prise de conscience culturelle, j’entends de notre prise de mauvaise
50
otre prise de conscience culturelle, j’entends de
notre
prise de mauvaise conscience. C’est aussi qu’il est le premier à défi
51
, qu’on choisit par un acte de foi, qui détermine
notre
vision rétrospective. C’est elle seule qui donne aux faits passés une
52
s celle des fins, et c’est pourquoi la vigueur de
nos
prises sur les documents de l’histoire n’est qu’un aspect de notre pu
53
les documents de l’histoire n’est qu’un aspect de
notre
puissance personnelle d’anticipation. L’histoire n’est qu’une prophét
54
entière ; et l’Église, en tant que directrice du
devoir
universel, fait sienne cette exigence. Ainsi il n’est plus seulement
55
l n’est plus seulement dit : “Celui qui travaille
doit
être honoré” mais il est encore dit : “Chacun doit travailler pour êt
56
oit être honoré” mais il est encore dit : “Chacun
doit
travailler pour être honoré en ce monde et être sauvé dans l’autre” »
57
tre sauvé dans l’autre” » (page 137). Ce principe
nous
est devenu familier. Mais au déclin du Moyen Âge il apparaît comme un
58
riomphante, dans le domaine conquis. La charnière
doit
être située aux confins du xiiie et du xive siècle, pendant la brèv
59
Interprétons maintenant ces faits économiques de
notre
point de vue culturel. L’éthique générale des bourgeois, qui les a po
60
oisifs » qui la « cultivent » pour elle-même. Que
nous
enseigne cette évolution ? Il me semble qu’on peut en tirer une const
61
C’est ici qu’une question plus profonde me paraît
devoir
être posée : l’éthique des maîtres oisifs est-elle vraiment la négati
62
mplets et durables, de la bourgeoisie d’Occident,
nous
permettra peut-être de répondre à cette question décisive. L’établiss
63
et des débuts du xxe siècle vont-ils sans doute
nous
révéler plus aisément la nature spirituelle de l’erreur qui, peut-êtr
64
ure bourgeoises. Quelques remarques préliminaires
nous
aideront à interpréter les illustrations qui vont suivre. 4. Dans D
65
ent prise au sérieux : ce dont la phrase suivante
nous
permet de douter : « Par conséquent, la seule représentation réelle à
66
i l’on se demande quel est le principe central de
notre
société bourgeoise, son lieu commun fondamental, son arme défensive e
67
e raison ennemie de tout ce que le xviiie siècle
devait
flétrir du nom d’obscurantisme. La « philosophie des lumières » en es
68
i est à l’origine de la Révolution française, qui
devait
par ailleurs rendre un culte à la Raison déifiée. Mais cette raison e
69
de gladiateurs, les marquises encyclopédistes, et
nos
belles excitées des meetings communistes symbolisent non sans pittore
70
evêt un masque passionné que la raison peut duper
notre
foi. Mais il n’est pas dans sa nature de composer longtemps avec les
71
s la raison n’est pas seulement cet instrument de
notre
domination sur les choses. Elle est aussi une défense nécessaire cont
72
la tyrannie des mythes. C’est peut-être elle qui
nous
a délivrés de l’empire des magies primitives9. Il y a une santé authe
73
tères despotiques peut être un moment héroïque de
notre
lutte contre la mort. Imposer l’ordre et la mesure humaine à l’anarch
74
usurpe les pouvoirs des royautés obscures qu’elle
nous
avait permis de vaincre. Elle se met à régner à leur place, et sa tyr
75
s doctrines les plus puissantes du dernier siècle
nous
fournira l’illustration de cette thèse. 8. Je prends le mot « poéti
76
obéissant à la logique interne de la raison, dont
nous
avons montré quelles étaient les fatalités ; et une série économique,
77
mentaux, politiques et littéraires, très tenaces,
nous
empêche bien souvent de distinguer la similitude profonde des deux gr
78
in. Elles s’accordent pour affirmer que l’homme «
doit
de plus en plus16 se subordonner à l’Humanité » (Comte), c’est-à-dire
79
de. Le temporel et le spirituel sont devenus dans
notre
langage : la police et la propagande. Et la raison : raison d’État. P
80
s’en offusqueraient, aux yeux des libertaires qui
devraient
la combattre, mais dont la débile passion se satisfait à moindre risq
81
ans l’illusion d’une liberté tout « intérieure ».
Nous
aurons donc deux espèces de clercs : les conformistes et les rêveurs.
82
nnelles qui furent un temps celles du Progrès. Et
nous
voici revenus à cette crise dont nous avions en débutant posé le fait
83
Progrès. Et nous voici revenus à cette crise dont
nous
avions en débutant posé le fait. 11. On se rappelle que Condorcet f
84
ciété et ne devient complet que par elle. Et cela
nous
donnera Maurras, et certains éléments du fascisme. Aux noms de Hegel,
85
que marxiste : que l’œuvre étatiste de Staline ne
nous
le fasse pas oublier ! 16. C’est la seconde fois que nous retrouvons
86
asse pas oublier ! 16. C’est la seconde fois que
nous
retrouvons ce « de plus en plus » dans une formule fondamentale de Co
87
ée du réel, se flattait d’une absurde liberté. Or
nous
voyons que cette pratique et cette doctrine n’ont plus entre elles de
88
rables. L’intérêt de ce fait me paraît double. Il
nous
fait voir, premièrement, de quel complexe économique et spirituel not
89
èrement, de quel complexe économique et spirituel
notre
culture tire son origine. Il nous permet ainsi de mieux comprendre le
90
e et spirituel notre culture tire son origine. Il
nous
permet ainsi de mieux comprendre les raisons de la crise présente, te
91
que de producteurs à une éthique d’assurances. Il
nous
permet en second lieu d’apercevoir qu’une culture peut être définie p
92
qui domine l’action et la pensée de leur époque.
Nous
avons vu que l’époque bourgeoise honore un principe rationnel. Or la
93
omme il arrive quand les premiers succès comblent
nos
appétits les plus violents, qui sont aussi, par malheur, les moins no
94
, — aussitôt la raison s’émancipe et bientôt elle
nous
rend ses esclaves. Elle poursuit, sans souci des fins dernières de l’
95
homme et la nature de la raison, pour prophétiser
notre
crise. On voit maintenant l’importance décisive de ce que j’appelle l
96
omène aussi complexe, en apparence tout au moins.
Nous
considérerons alors quatre autres moments culturels qui paraissent pr
97
idéal d’une mesure à la fois souveraine et vraie,
nous
le trouverons chez les anciens Hébreux. Le Moyen Âge à son déclin nou
98
ez les anciens Hébreux. Le Moyen Âge à son déclin
nous
donnera l’occasion de saisir d’un coup d’œil l’instant où une mesure,
99
esure, pourtant vraie, se corrompt. L’anarchie de
notre
langage révélera l’anarchie spirituelle d’un monde où la mesure est m
100
ovation qui sont en cours en URSS et en Allemagne
nous
montreront le négatif de notre état : une culture unifiée par la forc
101
RSS et en Allemagne nous montreront le négatif de
notre
état : une culture unifiée par la force, et dont la mesure actuelle e
102
cience permanente d’une finalité commune à toutes
nos
œuvres. En second lieu, je dirai qu’une mesure vérifiée par ce critèr
103
irai qu’une mesure vérifiée par ce critère formel
doit
être en même temps vérifiée par son actualité intrinsèque. On pourrai
104
nt. C’est le cas présent de la mesure bourgeoise,
nous
le verrons, et ce fut le cas de la mesure qui domina l’Europe du Moye
105
ève et qu’il tombe avec son ministère. Que savons-
nous
de ces tribus infimes ? Leurs annales sont celles d’une puissance qui
106
is immanente à leurs médiocres conditions. Ce que
nous
connaissons de leur « histoire », c’est l’histoire des gestes de Dieu
107
proclamait que la justice à l’ancienne manière ne
devait
jamais être sacrifiée21. » Ainsi toute tentative de culture profane s
108
mercial et industriel. » Que reste-t-il de ce que
nous
nommons culture ? Philosophie, beaux-arts, fictions écrites, science,
109
fins. La décadence du latin à la fin du Moyen Âge
nous
offrira un autre exemple de cette espèce d’idolâtrie. 21. Ernest Re
110
ut dire d’une théologie catholique, on peut et on
doit
l’affirmer de la théologie en général. Elle fut bien le sous-entendu
111
s ecclésiastiques, intellectuelles et temporelles
nous
entraînerait beaucoup plus loin qu’il n’est utile pour le dessein de
112
est utile pour le dessein de cet ouvrage. Bornons-
nous
donc à l’examen d’un signe ou mieux d’un instrument qui fut commun à
113
mple qui détermine l’échelle des valeurs. Lorsque
nous
agissons en tant qu’hommes simplement, c’est la vertu qui est notre m
114
tant qu’hommes simplement, c’est la vertu qui est
notre
mesure ; lorsque nous agissons en citoyens : la loi ; lorsque nous ag
115
nt, c’est la vertu qui est notre mesure ; lorsque
nous
agissons en citoyens : la loi ; lorsque nous agissons en « hommes lat
116
sque nous agissons en citoyens : la loi ; lorsque
nous
agissons en « hommes latins », ce sont alors certains « signes très s
117
lle au xiiie siècle. Le titre même de son traité
nous
met en garde contre cette interprétation. Les « signes » latins, selo
118
ils commencent à distinguer les voix… ; celui que
nous
apprenons sans aucune règle en imitant notre nourrice ». La langue la
119
i que nous apprenons sans aucune règle en imitant
notre
nourrice ». La langue latine, « locutio secundaria », est au contrair
120
latine, « locutio secundaria », est au contraire
notre
« grammaire ». Et des deux langues, c’est la vulgaire qui est la plus
121
arum quoque nobilior est vulgaris : parce qu’elle
nous
est naturelle, et l’autre plus artificielle…) Mais parmi les idiomes
122
il est essentiel, pour Dante, que les outils que
nous
manions n’imposent pas leurs conditions à l’activité culturelle25 : i
123
oïncidence est frappante : c’est la même date que
nous
donnions à la première « crise » bourgeoise (voir chap. ii ). Un fait
124
pieds et des mains !33 » 23. Toute mesure vraie
doit
être « universelle » dans le temps de sa vérité et les limites du mon
125
session des moyens avait obscurci la fin commune.
Nous
retrouverons cette parabole ! 26. « Ineptias, quas omnibus, et mihi
126
Alice au pays des merveilles On peut penser que
notre
langue est plus malade que n’était le latin à l’époque de la Renaissa
127
péens. On ne saurait en dire autant du langage de
nos
bons écrivains. Car non seulement il est mal entendu par la grande ma
128
usage : un sens commun. La plupart des débats qui
nous
occupent, qu’il s’agisse de politique, de religion ou de littérature,
129
isse de politique, de religion ou de littérature,
nous
offrent l’image d’un jeu dont les différents partenaires changent la
130
de guerre : « Qu’on lui coupe la tête ! » — Ainsi
nos
mots se déforment entre nos mains, nos problèmes se déplacent au hasa
131
e la tête ! » — Ainsi nos mots se déforment entre
nos
mains, nos problèmes se déplacent au hasard, chacun joue sa partie co
132
» — Ainsi nos mots se déforment entre nos mains,
nos
problèmes se déplacent au hasard, chacun joue sa partie comme il le p
133
s plus fréquents dans le langage et les écrits de
notre
temps : esprit, révolution, liberté, ordre, patrie. Voilà les instrum
134
struments du jeu philosophique, ou politique, que
nous
sommes en train de jouer, écrivains ou lecteurs, citoyens ou hommes d
135
fois l’un contre l’autre deux hommes qui auraient
dû
« s’entendre » et s’allier : c’est que pour l’un, esprit signifie éva
136
e, présence effective de la pensée et de la foi à
nos
misères, activité concrète et créatrice, et garantie contre les préju
137
és. « Voyez, gémit Alice, l’arceau sous lequel je
dois
passer se promène à l’autre bout du jeu et j’aurais dû croquer le hér
138
sser se promène à l’autre bout du jeu et j’aurais
dû
croquer le hérisson de la Reine s’il ne s’était mis à courir juste au
139
évolution. Mais là, aux neuf sens très précis que
nous
donne le dictionnaire, il nous faut ajouter une dizaine de sens parfo
140
ns très précis que nous donne le dictionnaire, il
nous
faut ajouter une dizaine de sens parfois contradictoires, créés par l
141
uire une volonté d’action bientôt jugée vulgaire.
Nous
décrirons plus loin l’aspect spirituel de cette maladie du langage, d
142
spect spirituel de cette maladie du langage, dont
nous
venons d’énumérer quelques causes accidentelles. La vraie raison de t
143
. La vraie raison de tout le mal — et le fait qui
nous
intéresse directement dans ce chapitre — c’est que la civilisation oc
144
un principe communautaire vivant et puissant dans
nos
vies, c’est le drame de la civilisation, de la culture, de la cité mo
145
l trompe. Cette fin commune, cet idéal commun que
nous
devions servir ensemble dans la fraternité que crée l’œuvre unanime,
146
mpe. Cette fin commune, cet idéal commun que nous
devions
servir ensemble dans la fraternité que crée l’œuvre unanime, nous les
147
mble dans la fraternité que crée l’œuvre unanime,
nous
les cherchions en vain, et sans le savoir, dans la cité qu’on nous a
148
ns en vain, et sans le savoir, dans la cité qu’on
nous
a faite. C’est une faim, une soif, une nostalgie que tous nos gestes,
149
C’est une faim, une soif, une nostalgie que tous
nos
gestes, à notre insu, trahissent. Mais quelqu’un s’en est aperçu. Que
150
m, une soif, une nostalgie que tous nos gestes, à
notre
insu, trahissent. Mais quelqu’un s’en est aperçu. Quelqu’un a formé l
151
is été vivants pour cette génération sans but. On
nous
en donnera donc de nouveaux fabriqués à notre mesure, — et quelle mis
152
. On nous en donnera donc de nouveaux fabriqués à
notre
mesure, — et quelle misérable mesure ! « Slogans » publicitaires, mot
153
e politiques, tels sont les ersatz pitoyables que
nous
proposent l’Argent et l’État. Giovinezza ! Tod den Juden ! Nous feron
154
l’Argent et l’État. Giovinezza ! Tod den Juden !
Nous
ferons mieux que l’Amérique ! Achetez français ! Passez vos vacances
155
ciplines extérieures, à des ambitions inhumaines.
Nous
vivons à l’âge des mots d’ordre. L’on peut penser que c’est une espèc
156
lace des lieux communs spirituels et affectifs ne
nous
ordonnent qu’à des fins provisoires ou dégradantes : l’état totalitai
157
xes et d’obsessions ? N’est-elle pas une somme de
nos
défaites intimes, de nos dénis d’humanité, — le contraire absolu de l
158
st-elle pas une somme de nos défaites intimes, de
nos
dénis d’humanité, — le contraire absolu de la culture, si la culture
159
re, trahissent en somme l’impuissance pratique de
notre
langue. Si les mots « portaient » réellement, les écrivains seraient
160
Au cours des analyses historiques qui précèdent,
nous
avons vu comment les grandes cultures, et les communautés nationales
161
Baudelaire, Dostoïevski, Rimbaud et Nietzsche… Si
nous
disons qu’ils furent les plus grands de ce siècle, quelle est la mesu
162
lus grands de ce siècle, quelle est la mesure qui
nous
permet de porter un tel jugement ? Si nous disons qu’ils ont sauvé l’
163
re qui nous permet de porter un tel jugement ? Si
nous
disons qu’ils ont sauvé l’esprit et la culture, quelles définitions d
164
éfinitions de l’esprit et de la culture supposons-
nous
? Le triomphe de la bourgeoisie était complet. Rationalisme, producti
165
— tout allait dans le même sens, tout paraissait
devoir
unifier la pensée et l’action, et les aspirations des masses. Et cepe
166
« Je veux un corps ! », gémissait Kierkegaard. Et
nous
voici au seuil de ces années où le chant séculaire de l’angoisse, apr
167
d’elles-mêmes qu’elles avaient trop longtemps cru
devoir
ignorer ou mépriser. ⁂ S’il pouvait subsister quelque doute sur l’imp
168
t actuellement plus importantes et plus dignes de
nous
retenir que l’élan titanique du Troisième Plan. Je comprends très bie
169
dirai-je, d’essayer d’élargir cette critique, et
notre
idée de la culture s’il le faut. Quand l’esprit « perd ses droits »,
170
faut. Quand l’esprit « perd ses droits », c’est à
nous
de les lui rendre. Poussé par les nécessités de la polémique antispir
171
ion de la vie, — qui requiert surtout la pensée —
doivent
s’ordonner à une mesure commune en vue de réaliser cette fin commune
172
yance originelle en l’évolution « mécanique ». On
doit
admettre que les définitions de la culture que je viens de citer selo
173
ses conducteurs, en vue d’une fin à laquelle tout
doit
s’ordonner. Je ne sais si dans l’histoire universelle, on trouverait
174
r, avec une bonne humeur et une bonne volonté qui
devraient
empêcher que l’on en rie… Poursuivons donc avec sérieux notre examen
175
er que l’on en rie… Poursuivons donc avec sérieux
notre
examen de la valeur du Plan considéré comme mesure culturelle, sans p
176
ns en particulier d’appliquer au plan quinquennal
nos
deux critères objectifs de vérité de la mesure. 1° Le Plan joue-t-il
177
onse me paraît évidente. Tous les témoignages que
nous
possédons sur l’état d’esprit des membres du Parti communiste d’une p
178
et policière exercée par ce Parti, d’autre part,
nous
permettent d’affirmer que, de gré ou de force, le Plan est bien ce ra
179
es yeux. Si les Russes sont de bonne humeur et si
nous
sommes de mauvaise humeur, c’est qu’ils savent pourquoi ils travaille
180
est qu’ils savent pourquoi ils travaillent et que
nous
l’ignorons généralement ; c’est qu’ils acceptent les buts de leur tra
181
qu’ils acceptent les buts de leur travail et que
nous
nous méfions généralement des buts obscurs, peut-être criminels, du n
182
ls acceptent les buts de leur travail et que nous
nous
méfions généralement des buts obscurs, peut-être criminels, du nôtre.
183
alement des buts obscurs, peut-être criminels, du
nôtre
. 2° Mais le Plan possède-t-il vraiment cette actualité intrinsèque, c
184
alité intrinsèque, cette puissance animatrice qui
doit
être, en tous les domaines, le caractère d’une mesure vivante ? L’idé
185
humaines de création, d’espérance, d’amour ? Pour
nous
borner à un exemple : les disciplines imposées par le Plan à la créat
186
ve. Le succès même des premiers plans de cinq ans
devait
manifester l’insuffisance d’un principe de communion aussi pauvre. Ca
187
he de la classe ouvrière. La phrase de de Man que
nous
citions plus haut donne la formule de ce changement de méthode : pour
188
imprévisible, en vue duquel la culture communiste
devrait
dorénavant s’organiser (le paradoxe est soutenable) se substitue dans
189
re d’opposition, de la culture séparée, qui, sous
nos
yeux, vient de se renouer au cœur de la construction socialiste. La t
190
on par des moyens mis en œuvre pour l’atteindre —
devait
résulter une scission, et le désir d’une mesure plus vivante. La scis
191
rer de tout cela une conclusion concrète qui peut
nous
être utile pour une future construction : la mesure pseudo-marxiste q
192
l’heure sa malfaisance « culturelle ». Mais pour
nous
, il ne s’agit plus de découvrir les semelles-crêpe et le métro. Notre
193
plus de découvrir les semelles-crêpe et le métro.
Notre
espérance est au-delà de ces réussites utiles. Vis-à-vis de la jeune
194
s réussites utiles. Vis-à-vis de la jeune Russie,
notre
devoir n’est pas de railler des naïvetés plus sympathiques que nos as
195
sites utiles. Vis-à-vis de la jeune Russie, notre
devoir
n’est pas de railler des naïvetés plus sympathiques que nos astuces,
196
pas de railler des naïvetés plus sympathiques que
nos
astuces, mais il n’est pas non plus de les admirer ; il n’est pas de
197
pas de dire non à tout, ni oui à tout ; c’est un
devoir
de critique lucide ; et j’ajouterai : de critique méfiante, dans la m
198
ns la mesure où les jeunes communistes viennent à
nous
avec cette morgue que l’on disait naguère américaine, et qui ressembl
199
le à celle des nouveaux riches de tous les temps.
Nous
avons fait des expériences dont ils ne soupçonnent pas la gravité, et
200
avant longtemps. Ils retrouveront avant longtemps
nos
problèmes spirituels. Toute la question est alors de savoir si nous l
201
rituels. Toute la question est alors de savoir si
nous
les aurons résolus, dans nos catégories occidentales. Sinon, il sera
202
alors de savoir si nous les aurons résolus, dans
nos
catégories occidentales. Sinon, il sera toujours temps d’aller demand
203
era toujours temps d’aller demander là-bas ce qui
nous
manque. 36. Pas tous d’ailleurs, ni les plus marquants… 37. C’étai
204
let désaccord avec la géographie physique. À lire
nos
revues, à écouter les débats les plus acharnés qui surexcitent les in
205
volution nationale-socialiste ? À peu près ce que
nous
savions de la Russie vers les années 1920 : ce qu’en rapportent quelq
206
s faits qui la distinguent radicalement de toutes
nos
possibilités occidentales : la richesse d’un énorme territoire et l’é
207
e socialisme que la traduction française du terme
nous
invite à imaginer. Il exprime en une seule formule l’aspect politique
208
on libre peuple. Ses paroles sont le programme de
notre
lutte. Elles sont les sources du nouveau droit qui s’établit. Ses pen
209
action »48. — Voilà les fins auxquelles la mesure
doit
conduire, avec une rigueur fanatique, — ce fanatisme traduisant néces
210
rée, au nom de doctrines et de buts dont certains
nous
paraissent à jamais incompatibles. Dans les deux cas, la prise de pou
211
sse, qui assure le futur automatisme du régime. «
Nos
expériences actuelles nous montrent que seule la victoire d’une conce
212
utomatisme du régime. « Nos expériences actuelles
nous
montrent que seule la victoire d’une conception du monde unifiée peut
213
emblables. Le schématisme même dont j’ai parlé va
nous
permettre ici de comparer formellement, terme à terme, les « valeurs
214
à peu près identiques des deux côtés. Le travail
doit
remplacer la guerre. (« La lutte contre le froid et la faim est notre
215
uerre. (« La lutte contre le froid et la faim est
notre
guerre ! » peut-on lire sur les panneaux de propagande du Secours d’h
216
il sert est immanent aux intérêts du Volkstum, et
doit
se confondre avec ces intérêts sous peine de mort. La Diesseitigkeit
217
conception ascétique ou moyenâgeuse de la vie : «
Nous
condamnons tous les systèmes d’éducation qui se fondaient d’une façon
218
isse de l’imagination. Au lieu de la résignation,
nous
avons exalté la fierté ; au lieu de cultiver le sentiment d’infériori
219
; au lieu de cultiver le sentiment d’infériorité,
nous
avons mis sur le pavois le sentiment de l’honneur. Et au lieu de cult
220
au lieu de cultiver l’angoisse de l’imagination,
nous
avons poussé à l’estime de soi-même. » Avec des différences d’accent
221
ois, par les circonstances de départ différentes,
nous
retrouvons dans les deux régimes la même condamnation orgueilleuse de
222
ls me diront comme ils ont dit souvent déjà : a)
Nous
ne pouvions pas faire autre chose. Nos circonstances économiques et h
223
éjà : a) Nous ne pouvions pas faire autre chose.
Nos
circonstances économiques et historiques étaient telles qu’il fallait
224
e à la vie de continuer. Il est incontestable que
nous
avons établi cet ordre : on ne se mitraille plus dans nos rues, l’Éta
225
s établi cet ordre : on ne se mitraille plus dans
nos
rues, l’État combat la misère et le chômage, nous avons supprimé les
226
nos rues, l’État combat la misère et le chômage,
nous
avons supprimé les partis et leurs luttes épuisantes et stériles. Le
227
alade, il fallait l’opérer d’urgence, à chaud, et
nous
y avons porté le fer d’une main assurée. Vos critiques ne nous touche
228
porté le fer d’une main assurée. Vos critiques ne
nous
touchent pas, parce qu’elles ne tiennent pas compte des faits qui nou
229
rce qu’elles ne tiennent pas compte des faits qui
nous
ont imposé leurs conditions. b) Vous souffrez vous aussi, dans vos d
230
entaires, des maux qui étaient devenus aigus chez
nous
: luttes sociales, injustices économiques, décadence d’une culture sé
231
nduit ses adeptes. Si vous ne faites rien, que de
nous
critiquer, vous en serez bientôt au point où nous étions quand la rév
232
nous critiquer, vous en serez bientôt au point où
nous
étions quand la révolution a éclaté. Si au contraire vous essayez de
233
je ne sais ; mais ce que je sais, c’est que tous
nos
pays se trouveront un jour futur en face des mêmes tâches décisives d
234
d’un matériel de base beaucoup plus puissant que
le nôtre
; mais nous gardons l’avantage important d’une tradition de liberté.
235
e base beaucoup plus puissant que le nôtre ; mais
nous
gardons l’avantage important d’une tradition de liberté. Et vos premi
236
radition de liberté. Et vos premières expériences
nous
enseignent. Toute la question est alors de savoir si nous saurons uti
237
eignent. Toute la question est alors de savoir si
nous
saurons utiliser ces avantages, et le temps de réflexion ou de manœuv
238
ages, et le temps de réflexion ou de manœuvre qui
nous
reste, pour calculer et préparer spirituellement une révolution qui s
239
préparer spirituellement une révolution qui soit
nôtre
, sans brutalités extérieures, sans destructions aveugles, sans propag
240
s propagande de masse abêtissante. Autrement dit,
nous
avons à créer un nouveau type de révolution, dont l’exemple vous sera
241
sera certainement plus utile que les critiques de
nos
vieillards. Dans cette tâche-là, je vois le seul fondement d’une nouv
242
nouvelle culture européenne… b) Il est faux que
nous
soyons obligés de commencer par l’extérieur, si nous voulons rétablir
243
s soyons obligés de commencer par l’extérieur, si
nous
voulons rétablir une mesure commune à la pensée et à l’action. Car un
244
évidence, et qui n’est pas moins actuelle. 51.
Nous
voulons passer, dit Rosenberg, « de la confession et de la classe au
245
rtaines ont perdu leur pouvoir parce que ceux qui
devaient
l’exercer ont failli à leur vocation. Tel fut le cas de la mesure des
246
vient pas et ne parviendra jamais à unifier toute
notre
vie, toutes nos actions et toute notre pensée, — parce qu’il y a quel
247
rviendra jamais à unifier toute notre vie, toutes
nos
actions et toute notre pensée, — parce qu’il y a quelque chose encore
248
fier toute notre vie, toutes nos actions et toute
notre
pensée, — parce qu’il y a quelque chose encore à côté d’elle ou derri
249
au-delà, que l’esprit ne peut pas oublier. Ainsi
notre
cœur se partage et se condamne dans ce qu’il veut. Car il veut bien c
250
des fins. La grandeur, l’importance de chacune de
nos
vies, la dignité que nous attribuons à nos actions, si minuscules qu’
251
importance de chacune de nos vies, la dignité que
nous
attribuons à nos actions, si minuscules qu’elles soient au regard de
252
une de nos vies, la dignité que nous attribuons à
nos
actions, si minuscules qu’elles soient au regard de l’histoire, la pa
253
ent au regard de l’histoire, la passion même dont
nous
les chargeons, tout cela vient uniquement de la fin à laquelle nous l
254
, tout cela vient uniquement de la fin à laquelle
nous
les dédions. Or, c’est là ce que le très grand nombre ignore ou préfè
255
nombre ignore ou préfère ignorer. Comment jugeons-
nous
, par exemple, au nom de quoi refusons-nous ce qui paraît vrai au vois
256
ugeons-nous, par exemple, au nom de quoi refusons-
nous
ce qui paraît vrai au voisin ? Nous nous payons sans cesse de prétext
257
quoi refusons-nous ce qui paraît vrai au voisin ?
Nous
nous payons sans cesse de prétextes « pratiques » ou d’arguments appr
258
refusons-nous ce qui paraît vrai au voisin ? Nous
nous
payons sans cesse de prétextes « pratiques » ou d’arguments appris à
259
es » ou d’arguments appris à droite et à gauche ;
nous
prétendons juger objectivement, rationnellement, etc., et nous nous e
260
ns juger objectivement, rationnellement, etc., et
nous
nous embrouillons dans une foule de raisons qui dissimulent bien plus
261
ger objectivement, rationnellement, etc., et nous
nous
embrouillons dans une foule de raisons qui dissimulent bien plus qu’e
262
qui dissimulent bien plus qu’elles ne traduisent
notre
passion fondamentale, la fin dernière vers quoi tend notre vie, et qu
263
sion fondamentale, la fin dernière vers quoi tend
notre
vie, et qui seule donne un sens à cette vie. Nous croyons que nous ju
264
otre vie, et qui seule donne un sens à cette vie.
Nous
croyons que nous jugeons au nom de certaines raisons, et nous jugeons
265
seule donne un sens à cette vie. Nous croyons que
nous
jugeons au nom de certaines raisons, et nous jugeons en vérité au nom
266
que nous jugeons au nom de certaines raisons, et
nous
jugeons en vérité au nom de la religion que nous suivons, plus ou moi
267
nous jugeons en vérité au nom de la religion que
nous
suivons, plus ou moins consciemment d’ailleurs. Il importe avant tout
268
précédents chapitres —, l’on peut aussi, et l’on
doit
, mettre en doute la vérité qui vérifie ces mêmes critères. Or, à ce d
269
aire ou ne pas faire l’acte de foi que réclame de
nous
ce système, l’acte de foi dans l’avenir communiste, cette espèce d’au
270
mple aussi considérable une leçon qui vaille pour
nous
, pour notre action ici et maintenant, pour le choix que nous avons à
271
considérable une leçon qui vaille pour nous, pour
notre
action ici et maintenant, pour le choix que nous avons à faire dans d
272
notre action ici et maintenant, pour le choix que
nous
avons à faire dans des circonstances différentes. Et qu’il advienne d
273
qu’il advienne de la Russie ce que Dieu voudra !
Nous
avons bien assez de notre sort pour en être aujourd’hui responsables.
274
sie ce que Dieu voudra ! Nous avons bien assez de
notre
sort pour en être aujourd’hui responsables. À la question que je posa
275
ondre premièrement : c’est par un acte de foi que
nous
pouvons le trouver. Mais il s’agit de prendre cette expression dans s
276
raison qu’un idéal est toujours dans l’avenir, et
notre
action toujours dans le présent. Ensuite parce que tout idéal comport
277
ertitude, qui le rend impropre à unifier vraiment
nos
vies. Je vois bien dix définitions de l’Homme nouveau : cet idéal m’a
278
ait même qu’il prend sa source dans les désirs de
nos
cœurs actuels. Or, ce n’est pas une image flatteuse conçue comme un n
279
e conçue comme un négatif du désordre, qui pourra
nous
sauver de ce désordre. Car, ou bien elle nous reste extérieure, ou bi
280
rra nous sauver de ce désordre. Car, ou bien elle
nous
reste extérieure, ou bien elle est complice de nos faiblesses. Elle n
281
us reste extérieure, ou bien elle est complice de
nos
faiblesses. Elle n’est pas vraie en soi. Elle n’est pas plus vraie qu
282
t pas vraie en soi. Elle n’est pas plus vraie que
nous
, tels que nous sommes, dans le désordre actuel. Par acte de foi, j’en
283
soi. Elle n’est pas plus vraie que nous, tels que
nous
sommes, dans le désordre actuel. Par acte de foi, j’entends préciséme
284
taine, et en même temps assez totale pour mériter
notre
acte de foi ? ⁂ Le lecteur qui n’est pas philosophe ne manquera pas d
285
il n’en pourra jamais remonter. Reste à savoir si
nous
voulons des réponses simples et faciles, ou bien la vérité qui est so
286
, ou bien la vérité qui est souvent difficile. Si
nous
refusons de descendre au cœur de ce problème, qui est un problème mét
287
e, qui est un problème métaphysique et religieux,
nous
nous condamnons en même temps à ne jamais le résoudre totalement. Or,
288
i est un problème métaphysique et religieux, nous
nous
condamnons en même temps à ne jamais le résoudre totalement. Or, c’es
289
le reproche qu’il y a lieu de faire, ici et dans
nos
conditions, et en vertu de notre destinée, à la mesure soviétique ou
290
faire, ici et dans nos conditions, et en vertu de
notre
destinée, à la mesure soviétique ou à la mesure hitlérienne, c’est qu
291
très bien que ce mot n’est pas le dernier mot de
notre
vocation humaine. Ce qui est d’un parti est partiel. Ce qui est parti
292
le aussi cette vérité a le pouvoir d’unifier tout
notre
être lorsqu’il tend activement vers elle. La mesure que nous cherchon
293
orsqu’il tend activement vers elle. La mesure que
nous
cherchons ne peut donc être définie qu’en relation avec la vérité der
294
itude de pensée et d’action, indistinctement, qui
nous
rapproche de cette vérité. Mais à l’inverse, on pourrait dire que cet
295
ette vérité même est indiquée par une attitude de
notre
être, telle que la pensée et l’action s’y confondent indistinctement.
296
n s’y confondent indistinctement. Autrement dit :
notre
chemin est éclairé par la seule vérité du but. Mais à l’inverse, le b
297
seule vérité du but. Mais à l’inverse, le but ne
nous
devient visible que lorsque nous marchons et avançons sur le chemin.
298
verse, le but ne nous devient visible que lorsque
nous
marchons et avançons sur le chemin. C’est donc ce chemin qu’il va fal
299
sur l’épaule. Il n’est pas tout tracé par l’État.
Nous
avons à le construire nous-mêmes au prix d’un effort quotidien : c’es
300
nous-mêmes au prix d’un effort quotidien : c’est
notre
risque et notre bonne conscience. Et d’abord, il faudra déblayer et d
301
rix d’un effort quotidien : c’est notre risque et
notre
bonne conscience. Et d’abord, il faudra déblayer et débrousser le poi
302
s’orienter et inventer une méthode de marche qui
nous
procure à chaque pas la certitude d’obéir au seul appel du but final.
303
el du but final. Cette méthode sera la mesure que
nous
cherchons : à la fois intime et active, réglant la pensée et l’action
304
onde partie de ce livre. Mais il reste à tirer de
notre
examen de quelques mesures anciennes ou actuelles, la conclusion préc
305
u actuelles, la conclusion précise en vue de quoi
nous
sommes partis. 52. Politique de la personne, chap. III : « Précéd
306
minées, et tirant justement de ces mesures ce que
nous
appelons leur grandeur. L’Inde ancienne, la Grèce d’Homère et la Grèc
307
de toute problématique culturelle. Mais cependant
nous
avons vu qu’elle ne comporte pas de réponse en soi. Une mesure n’est
308
t j’ai dit que c’est un acte de foi — déterminera
notre
jugement sur cette mesure. ⁂ Si nous voulons restaurer une mesure dan
309
déterminera notre jugement sur cette mesure. ⁂ Si
nous
voulons restaurer une mesure dans notre civilisation défaite, il nous
310
sure. ⁂ Si nous voulons restaurer une mesure dans
notre
civilisation défaite, il nous faudra donc commencer par ce qui déterm
311
er une mesure dans notre civilisation défaite, il
nous
faudra donc commencer par ce qui détermine toute mesure : il nous fau
312
commencer par ce qui détermine toute mesure : il
nous
faudra commencer par la fin ! Et non pas emprunter ici ou là, dans le
313
créés par d’autres pour des fins qui ne sont pas
les nôtres
. On ne refait une mesure qu’en retrouvant une foi. Mais on ne retrouv
314
el unique. C’est là seulement qu’elle se révèle à
nous
, comme un jugement porté sur cette situation. Je ne crois pas aux voi
315
el des faits. Considérons les temps, les lieux où
nous
vivons, la situation précise qui nous est faite, et l’appel concret q
316
es lieux où nous vivons, la situation précise qui
nous
est faite, et l’appel concret qui en résulte ; et après cela jugeons
317
et après cela jugeons , c’est-à-dire choisissons
nos
buts prochains au nom d’une vérité finale qui ne connaît pas nos cont
318
ins au nom d’une vérité finale qui ne connaît pas
nos
contingences. Voilà la tension créatrice : réalité et vérité assumées
319
rminent, fût-ce même contre eux. 2° Situation qui
nous
est faite. — Au terme du libéralisme, à l’origine des dictatures, une
320
n ou mauvais selon vos idées, c’est ce régime qui
nous
a délivrés de la misère53. Et cela suffit à le justifier pour le mome
321
unauté moderne. Elle est la toile de fond de tous
nos
drames, de nos pensées, de nos actions et même de nos utopies. Il n’e
322
Elle est la toile de fond de tous nos drames, de
nos
pensées, de nos actions et même de nos utopies. Il n’est pas difficil
323
le de fond de tous nos drames, de nos pensées, de
nos
actions et même de nos utopies. Il n’est pas difficile, après coup, d
324
drames, de nos pensées, de nos actions et même de
nos
utopies. Il n’est pas difficile, après coup, de distinguer les très p
325
siècles cet abaissement de niveau communautaire.
Nous
en avons défini quelques-unes au cours des précédents chapitres. Nous
326
quelques-unes au cours des précédents chapitres.
Nous
avons essayé de dégager quelques-unes des fatalités internes qui abou
327
es qui précèdent. La dictature de cette crise sur
nos
esprits et sur nos corps signifie sans erreur possible, et à elle seu
328
a dictature de cette crise sur nos esprits et sur
nos
corps signifie sans erreur possible, et à elle seule, que toute commu
329
e seule, que toute commune mesure est morte parmi
nous
, et que nulle mesure vraie n’est encore restaurée. Le régime libéral
330
la raison, l’individu, et la science cartésienne.
Nous
savons aujourd’hui que la raison n’est pas un idéal, mais un outil ;
331
s. Je parle ici du vide ou du vertige que crée en
nous
la ruine de l’individualisme. Là où nulle conscience nationale ne pou
332
qui désarme instantanément les hommes d’État que
nous
leur opposons, vieux juristes ou parlementaires professionnels, coupé
333
tradition qui survit sans grandeur à ses racines.
Notre
seule chance de salut, à nous autres nations libérales, est dans la c
334
eur à ses racines. Notre seule chance de salut, à
nous
autres nations libérales, est dans la création d’une communauté libre
335
les, est dans la création d’une communauté libre.
Notre
chance est dans l’invention, et non dans la défense, ou dans l’imitat
336
rce nouvelle qui résolve la crise dans le sens de
notre
destin. 5° Le dilemme. — Je parle ici de forces totales, de crise tot
337
es et culturels. L’Europe des religions nouvelles
nous
met au défi de résoudre sur tous les plans le grand dilemme que voici
338
us les plans le grand dilemme que voici : ou bien
nous
perdrons notre temps et notre chance dans l’histoire à critiquer ce q
339
e grand dilemme que voici : ou bien nous perdrons
notre
temps et notre chance dans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont
340
que voici : ou bien nous perdrons notre temps et
notre
chance dans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont dû faire ; et
341
e dans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont
dû
faire ; et alors, d’ici vingt ou cent ans, nous serons réduits à l’ét
342
ont dû faire ; et alors, d’ici vingt ou cent ans,
nous
serons réduits à l’état de colonies économiques et culturelles par l’
343
omiques et culturelles par l’expansion normale de
nos
voisins ; ou bien nous recréerons notre commune mesure originale, à l
344
par l’expansion normale de nos voisins ; ou bien
nous
recréerons notre commune mesure originale, à la faveur d’une révoluti
345
normale de nos voisins ; ou bien nous recréerons
notre
commune mesure originale, à la faveur d’une révolution qui nous appor
346
esure originale, à la faveur d’une révolution qui
nous
apporte au moins l’équivalent des dynamismes nationaux. Nous avons de
347
e au moins l’équivalent des dynamismes nationaux.
Nous
avons des valeurs à défendre. Mais nous avons surtout des valeurs à c
348
ationaux. Nous avons des valeurs à défendre. Mais
nous
avons surtout des valeurs à créer, et que nous seuls pouvons créer. N
349
is nous avons surtout des valeurs à créer, et que
nous
seuls pouvons créer. Nous ne sommes pas en retard sur les Soviets ou
350
valeurs à créer, et que nous seuls pouvons créer.
Nous
ne sommes pas en retard sur les Soviets ou sur l’Allemagne, tout au c
351
ts ou sur l’Allemagne, tout au contraire. Mais si
nous
ne marquons pas notre avance historique par des créations aussi forte
352
, tout au contraire. Mais si nous ne marquons pas
notre
avance historique par des créations aussi fortes que celles qui nous
353
que par des créations aussi fortes que celles qui
nous
défient là-bas, nous serons colonisés, comme la Grèce par Rome. Cesso
354
aussi fortes que celles qui nous défient là-bas,
nous
serons colonisés, comme la Grèce par Rome. Cessons de loucher avec mé
355
en face, connaissons-les : c’est le seul moyen de
nous
reconnaître. Ils ont fondé des religions dont le but est la force com
356
su se créer des symboles grandioses. Ces symboles
nous
paraissent « barbares », et cela est juste. Nous pouvons éprouver la
357
nous paraissent « barbares », et cela est juste.
Nous
pouvons éprouver la puissance de ces nouvelles religions, nous pouvon
358
éprouver la puissance de ces nouvelles religions,
nous
pouvons nous mêler à leurs cérémonies, vibrer à l’unisson de leur pan
359
uissance de ces nouvelles religions, nous pouvons
nous
mêler à leurs cérémonies, vibrer à l’unisson de leur panique sacrée :
360
nisson de leur panique sacrée : c’est l’animal en
nous
qui frémira. Mais la protestation totale de notre esprit nous avertir
361
nous qui frémira. Mais la protestation totale de
notre
esprit nous avertira d’un danger : ici commence un monde étrange, ici
362
mira. Mais la protestation totale de notre esprit
nous
avertira d’un danger : ici commence un monde étrange, ici règne une n
363
mence un monde étrange, ici règne une nation dont
nous
ne sommes pas, et qui nous est hostile, non point par volonté méchant
364
règne une nation dont nous ne sommes pas, et qui
nous
est hostile, non point par volonté méchante, ni par avidité ou jalous
365
re, par le seul fait que sa religion n’est pas la
nôtre
. Étudions les doctrines provisoires ou les tactiques de ces révolutio
366
oires ou les tactiques de ces révolutions, mêlons-
nous
à leurs masses déifiées, distinguons leurs raisons profondes, leurs n
367
ue certaines erreurs que commettent leurs chefs :
nous
ne pourrons jamais faire davantage, nous ne pourrons jamais en être,
368
chefs : nous ne pourrons jamais faire davantage,
nous
ne pourrons jamais en être, nous sommes nés sous d’autres astres, et
369
faire davantage, nous ne pourrons jamais en être,
nous
sommes nés sous d’autres astres, et notre vocation est différente. No
370
en être, nous sommes nés sous d’autres astres, et
notre
vocation est différente. Nous ne sommes pas de ces religions. Leur li
371
’autres astres, et notre vocation est différente.
Nous
ne sommes pas de ces religions. Leur lieu saint nous demeure impénétr
372
s ne sommes pas de ces religions. Leur lieu saint
nous
demeure impénétrable54. Nos fins sont d’autres fins, et la mesure qui
373
ons. Leur lieu saint nous demeure impénétrable54.
Nos
fins sont d’autres fins, et la mesure qui doit les incarner ne sera i
374
54. Nos fins sont d’autres fins, et la mesure qui
doit
les incarner ne sera inventée que par nous. Non seulement nos meilleu
375
re qui doit les incarner ne sera inventée que par
nous
. Non seulement nos meilleures traditions, mais encore notre situation
376
rner ne sera inventée que par nous. Non seulement
nos
meilleures traditions, mais encore notre situation dans l’histoire co
377
seulement nos meilleures traditions, mais encore
notre
situation dans l’histoire contemporaine, nous indiquent aujourd’hui p
378
re notre situation dans l’histoire contemporaine,
nous
indiquent aujourd’hui plus clairement que jamais nos buts prochains,
379
indiquent aujourd’hui plus clairement que jamais
nos
buts prochains, nos fins dernières. Si nous condamnons ces religions,
380
ui plus clairement que jamais nos buts prochains,
nos
fins dernières. Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur ter
381
jamais nos buts prochains, nos fins dernières. Si
nous
condamnons ces religions, c’est dans leur terme, au nom d’un acte de
382
acte de foi contraire. Elles veulent la force, et
nous
voulons la vérité. Elles veulent la force du grand nombre, et nous vo
383
érité. Elles veulent la force du grand nombre, et
nous
voulons la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre mesure
384
la force personnelle, celle que donne la vérité.
Notre
mesure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne :
385
sure commune ne sera pas collective, extérieure à
notre
personne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus
386
eure à notre personne : cela n’a pas de sens pour
nous
. Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter
387
elations actives avec tous ses prochains. C’est à
nous
qu’il incombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui résoud
388
et de la masse. 6° La violence nécessaire. — Car
notre
force est personnelle, non collective. Elle réside dans les petits gr
389
n seul, et non le gigantisme national. La société
doit
être un corps, non pas une construction mécanisée. Et la santé et la
390
personnes et de groupes organiques, c’est obéir à
notre
vocation présente, mais c’est aussi assurer pour l’avenir l’efficacit
391
c’est aussi assurer pour l’avenir l’efficacité de
notre
action dans la culture européenne. Sinon nous serons colonisés, je n’
392
de notre action dans la culture européenne. Sinon
nous
serons colonisés, je n’ai pas fini de le répéter. Est-ce à dire qu’af
393
pas fini de le répéter. Est-ce à dire qu’affirmer
notre
force, en face d’impérialismes conquérants, mène à la guerre ? Oui, s
394
rialismes conquérants, mène à la guerre ? Oui, si
nous
l’affirmons sans l’exercer avec puissance, si nous refusons d’aller j
395
ous l’affirmons sans l’exercer avec puissance, si
nous
refusons d’aller jusqu’au terme concret de nos pensées. Car alors il
396
i nous refusons d’aller jusqu’au terme concret de
nos
pensées. Car alors il faudra subir les brutalités excitées par nos né
397
alors il faudra subir les brutalités excitées par
nos
négations irritantes. Contre les brutales poussées de masses qui ne s
398
us, seule la violence de l’esprit est pacifiante.
Notre
seule chance de collaboration féconde avec les peuples impériaux, est
399
leurs monuments sacrés à l’Est. Pour le présent,
notre
devoir européen est d’exercer la vocation de vérité qui est la nôtre,
400
monuments sacrés à l’Est. Pour le présent, notre
devoir
européen est d’exercer la vocation de vérité qui est la nôtre, avec u
401
en est d’exercer la vocation de vérité qui est la
nôtre
, avec un maximum de violence créatrice. 53. Les Russes ajoutent : d
402
bruyantes n’ont eu jusqu’ici d’autre effet que de
nous
détourner de notre rôle, lequel est d’incarner l’esprit au service de
403
jusqu’ici d’autre effet que de nous détourner de
notre
rôle, lequel est d’incarner l’esprit au service de la vérité. Je défi
404
opportunisme de la vérité. Je ne perds pas de vue
nos
conditions actuelles, le temps et les lieux où j’écris ; mais je les
405
c’est pour prendre élan vers ce que je crois qui
doit
être, vers ce que je pressens, vers cette nouvelle mesure que l’élan
406
ir va préciser. ⁂ Il m’a semblé qu’à l’origine de
notre
crise et de la décomposition des vieilles mesures, il y avait une cri
407
ne défection de la culture ; et que par suite, si
nous
voulions rebâtir, il fallait commencer par refaire des fondements, et
408
mme d’envisager tous les aspects de la mesure que
nous
ne faisons que pressentir. C’est pourquoi, laissant dans les marges l
409
ude de pensée, le parti pris fondamental qui peut
nous
orienter dès à présent vers une communauté solide et libérale ? ⁂ Je
410
cessaires pour affirmer le sens encore obscur que
nous
avons d’une mesure nouvelle. Essai d’éthique de la pensée — qui est p
411
ins. — La formule est brutale et je pense qu’elle
doit
l’être. Nos circonstances sont plus brutales encore, et nous invitent
412
mule est brutale et je pense qu’elle doit l’être.
Nos
circonstances sont plus brutales encore, et nous invitent à parler ne
413
. Nos circonstances sont plus brutales encore, et
nous
invitent à parler net. Il ne s’agit plus aujourd’hui de nuancer des v
414
mentale Toute œuvre qui ne met pas en question
notre
situation personnelle dans l’univers ne sert de rien à l’humanité, re
415
’est que des siècles d’abandon charmant, derrière
nous
, aboutissent à une catastrophe dont pourraient seules nous sauver les
416
utissent à une catastrophe dont pourraient seules
nous
sauver les violences d’une foi nouvelle. Il s’agit de fonder maintena
417
archie monumentale, et il s’agit de lui soumettre
nos
jugements les plus intimes avec une fidélité pesante et très sévère.
418
tif, de rétablir une situation désespérée qui fut
notre
douceur de vivre, mais qui sera la honte de notre mort si nous n’y po
419
notre douceur de vivre, mais qui sera la honte de
notre
mort si nous n’y portons des mains fortes. Il est temps de proclamer
420
de vivre, mais qui sera la honte de notre mort si
nous
n’y portons des mains fortes. Il est temps de proclamer vaine toute œ
421
trop de drames inoffensifs se nouent par jeu dans
nos
romans, trop de scribes inoffensifs nous singent la fureur, ou la rév
422
jeu dans nos romans, trop de scribes inoffensifs
nous
singent la fureur, ou la révolte, l’indulgence sceptique ou la paix d
423
je suis vrai », écrivait Rilke. Et c’est pourquoi
nous
prendrons au sérieux cette distinction : il y a des hommes qui sont l
424
inction : il y a des hommes qui sont l’orgueil de
notre
esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre esprit. Il y a
425
e esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent de
notre
esprit. Il y a des hommes qui créent, d’autres qui enregistrent : il
426
peinant peut-être en pure perte, si ce n’est pour
notre
perte à tous. Or, ces gens forment l’opinion, sans aucun doute, et il
427
s de penser, que vas-tu faire de ton cerveau ? »,
nous
dit ce bon esprit au nom de beaucoup de sa sorte. Ce qui revient à di
428
c’est avec les roues de son auto qu’on roule, que
doit
-on faire de son moteur ? » Mais nous ne partons pas pour plaisanter a
429
n roule, que doit-on faire de son moteur ? » Mais
nous
ne partons pas pour plaisanter avec les bons esprits. Qu’est-ce en ef
430
lière que de se vouloir inoffensif et impuissant.
Nous
l’avons dit souvent déjà, et nous aurons sans doute l’occasion d’y re
431
et impuissant. Nous l’avons dit souvent déjà, et
nous
aurons sans doute l’occasion d’y revenir avec toute l’insistance que
432
onfondre ce que des siècles de culture bourgeoise
nous
ont appris à distinguer et opposer : le cerveau et les mains dans le
433
cte qui les unit. Il est temps d’embrayer, disons-
nous
. Il est grand temps que l’on s’avise de penser avec les mains. Les
434
r avec les mains. Les mains Quelles mains ?
Notre
siècle « à mains » ne serait-il pas assez maniaque comme cela ? Oui,
435
amais fini de soupeser leurs doutes opportuns. Il
nous
faut des mains maîtrisées, mais qui pèsent. Non pas ces mains qui man
436
’initiative ? Cependant, ne soyons pas dupe de
notre
image. N’allons pas lui permettre de se préciser à sa façon, au détri
437
iplines de pensée58. Je ne vais pas recommander à
notre
culture décadente une cure de petits travaux manuels, quand nous avon
438
cadente une cure de petits travaux manuels, quand
nous
avons besoin d’abord d’un gros œuvre intellectuel. Louis XVI n’a pas
439
ouis XVI n’a pas sauvé un régime moins malade que
le nôtre
en forgeant sur son enclume des pièces de serrurerie. Si la pensée, s
440
ts, au sens précis et décisif de l’expression. Si
nous
ne partons pas, dès nos premières démarches, d’une définition concrèt
441
isif de l’expression. Si nous ne partons pas, dès
nos
premières démarches, d’une définition concrète des mots en jeu, la pa
442
es. Je doute qu’il en existe de cette sorte parmi
nous
. Mais au moins trouverons-nous un arbitre qui rende à notre jeu quelq
443
cette sorte parmi nous. Mais au moins trouverons-
nous
un arbitre qui rende à notre jeu quelque sérieux, fût-il tout proviso
444
s au moins trouverons-nous un arbitre qui rende à
notre
jeu quelque sérieux, fût-il tout provisoire ? Peut-être l’étymologie
445
out provisoire ? Peut-être l’étymologie peut-elle
nous
secourir. Il s’agit ici de deux mots : pensée et main. Au sujet de la
446
alors sur le mot pensée, et il est clair qu’elle
doit
reposer là, si la pensée est bien l’agent initiateur qui qualifie la
447
e qu’il pèse 59 et que la pensée est un poids que
nous
jetons dans la balance. Poids, de pensum, chose pesée. Mais la chose
448
ien au poids ? Telle est l’équivoque du mot. Elle
nous
jette aussitôt dans un choix. Pour les uns, la pensée reste l’office
449
coup. Et ceci dictera le plan de cette section de
notre
recherche. Nous suivrons d’une part la logique de la pensée qui n’est
450
tera le plan de cette section de notre recherche.
Nous
suivrons d’une part la logique de la pensée qui n’est que descriptive
451
ue descriptive — pensée balance. Et d’autre part,
nous
essaierons d’énumérer les conditions que la pensée en actes — pensée
452
mbolise tout le reste. Ainsi l’esprit « moderne »
nous
apparaît dans son ensemble défini par la phrase fameuse de M. Teste :
453
ment vers elle. C’est donc de cette situation que
nous
partons. C’est parce qu’elle existe autour de nous, et nous en elle s
454
ous partons. C’est parce qu’elle existe autour de
nous
, et nous en elle sans trop le savoir peut-être, c’est parce qu’elle a
455
ns. C’est parce qu’elle existe autour de nous, et
nous
en elle sans trop le savoir peut-être, c’est parce qu’elle affecte l’
456
sée, et par suite, la communauté que cette pensée
devait
régir, qu’il n’est pas vain de l’envisager. Mais il faudra, pour la m
457
? Entre les deux définitions de la pensée que
nous
avons formulées tout à l’heure, l’élite bourgeoise a choisi. Elle est
458
amen d’une maxime dont l’apparence inoffensive ne
doit
pas nous faire oublier qu’elle pourrait servir d’épigraphe à toute la
459
e maxime dont l’apparence inoffensive ne doit pas
nous
faire oublier qu’elle pourrait servir d’épigraphe à toute la culture
460
e le décrire et non plus de le conduire au salut.
Nous
tenons ici la première supposition impliquée par la maxime bourgeoise
461
efforts qu’il faut le prendre. Car il arrive que
nos
succès nous jugent plus sévèrement que nos échecs. Dans tous les cas,
462
’il faut le prendre. Car il arrive que nos succès
nous
jugent plus sévèrement que nos échecs. Dans tous les cas, il faut all
463
ve que nos succès nous jugent plus sévèrement que
nos
échecs. Dans tous les cas, il faut aller plus loin que la plus juste
464
e louange assez commune. Qu’on puisse et que l’on
doive
y voir en même temps le synonyme d’une certaine lâcheté, d’un certain
465
aine révolte inconsciente contre la condition qui
nous
est faite, voilà ce qu’il faudrait expliquer maintenant. L’apparei
466
On parle volontiers, mais vaguement, de culture.
Nous
avons vu quel est alors le sens du mot : c’est héritage, patrimoine,
467
devenu trop intime. J’examinerai donc maintenant
notre
appareil intellectuel dans la perspective de l’acte créateur, de l’in
468
ertu et d’un si sobre détachement, c’est cela que
nous
appellerons l’appareil intellectuel. Lorsqu’un clerc nous dira qu’en
469
ellerons l’appareil intellectuel. Lorsqu’un clerc
nous
dira qu’en toute impartialité il estime… nous saurons donc qu’il juge
470
erc nous dira qu’en toute impartialité il estime…
nous
saurons donc qu’il juge au nom de l’appareil interposé par sa culture
471
ui jouit dans le siècle d’un si curieux prestige,
nous
saurons qu’il invoque un ensemble de lois, un ensemble de dogmes et d
472
qu’un clerc enfin louera le sérieux d’un ouvrage,
nous
saurons qu’il s’agit d’un ouvrage dont la composition révèle un emplo
473
iale, cultivée, objective, sérieuse, c’est ce que
nos
grandes écoles proposent comme idéal à leurs élèves, dans un ordre de
474
tative de réforme : le fait que la délicatesse de
nos
balances est excessive dans l’état où nous sommes. Je veux dire ceci
475
esse de nos balances est excessive dans l’état où
nous
sommes. Je veux dire ceci : notre horlogerie intellectuelle, tous ces
476
e dans l’état où nous sommes. Je veux dire ceci :
notre
horlogerie intellectuelle, tous ces rouages et ces ressorts presque i
477
d le prochain congrès… Je ne dirai pas de mal de
nos
outils. Mais je les voudrais utilisables. Machines à penser Il
478
de leurs mains ces appareils de quelque utilité,
nous
saurons bien à notre tour les approprier à nos fins. C’est un romanti
479
appareils de quelque utilité, nous saurons bien à
notre
tour les approprier à nos fins. C’est un romantisme assez plat, un ar
480
, nous saurons bien à notre tour les approprier à
nos
fins. C’est un romantisme assez plat, un archéologisme heureusement d
481
aimés et truffés d’insolence. Celui qui veut agir
doit
aimer ses outils. Non, je ne vais pas demander qu’on détruise les mac
482
ui pourrait le contester ? Elle ne ferait que son
devoir
… Ainsi les maîtres du siècle dernier — et nous en subissons encore la
483
devoir… Ainsi les maîtres du siècle dernier — et
nous
en subissons encore la coutume — ont réduit toute activité de penser
484
garantissent la correction formelle d’une pensée.
Nous
voici donc de plus en plus guindés par l’automatisme de plus en plus
485
ent séduisant à force de commodité, c’est lui qui
nous
contrôle, c’est lui qui, sans douleur, marque tant de « travaux » de
486
e méthodisme exagéré que vous pourriez sans doute
nous
fournir en quantité, après tant d’autres, pour ridicules qu’ils soien
487
épercussions dans les domaines les plus imprévus.
Nous
y viendrons. Écoutons Nietzsche, qui ricane sa sagesse : « Ne pas pér
488
ent la pensée. Seule, et d’abord, l’irritation de
notre
sensibilité éthique nous avertit du danger et nous presse de recherch
489
’abord, l’irritation de notre sensibilité éthique
nous
avertit du danger et nous presse de rechercher et de nommer ses cause
490
tre sensibilité éthique nous avertit du danger et
nous
presse de rechercher et de nommer ses causes. Au risque de forcer un
491
te pauvre notion d’une correction intellectuelle.
Nous
assistons, du côté de l’esprit, à cette phase du désordre que l’on po
492
s valeurs qu’elle violente n’ayant pas cours dans
nos
démocraties70, nul ne s’étonne plus qu’on puisse parler de la pondéra
493
dération ou du sérieux d’un qui vient par exemple
nous
condamner Pascal au nom de je ne sais quelle arithmétique, d’un autre
494
s en soi, et non moins graves en tant que signes,
nous
prouvent que l’élite établie a perdu le sens des hiérarchies ; qu’ell
495
ien de plus frappant aujourd’hui que le destin de
notre
économie. C’est qu’entre la crise matérielle et la crise de la pensée
496
sance et de honte est suspendue à l’abdication de
nos
« maîtres » devant les normes et devant l’appareil d’une sécurité fat
497
il d’une sécurité fatale à la vie qu’elle abrite.
Nous
avons décelé dans la logique interne d’un certain rationalisme71 l’or
498
étymologie. Elle est l’arrêt d’une immanente loi.
Nous
y voici justement parvenus. Déjà l’on subordonne l’invention aux lois
499
ant du progrès. — La technique a ses exigences. —
Nous
ne sommes pas le gouvernement. — Sauvegardons l’impartialité de l’int
500
Sauvegardons l’impartialité de l’intelligence. —
Nous
sommes des psychologues, non pas des moralistes. » Ces incroyants nou
501
ologues, non pas des moralistes. » Ces incroyants
nous
ont peuplé le monde de divinités impuissantes, et pourtant propres à
502
ur et le labeur automatique, cette dichotomie qui
devait
être à la base de notre régime du travail, nul n’aurait pu la prendre
503
ue, cette dichotomie qui devait être à la base de
notre
régime du travail, nul n’aurait pu la prendre en considération : elle
504
cit. Fatalité prolétarienne ! Diverses dictatures
nous
en montrent déjà l’aboutissement impitoyablement logique. La machine,
505
icte ses lois au producteur : c’est la formule de
notre
crise industrielle comme aussi de la fameuse prolétarisation des mass
506
anger présent dans le développement magnifique de
nos
instruments de pensée, et s’il est vrai en général que le danger n’es
507
est vrai en général que le danger n’est pas dans
nos
outils, mais bien dans la faiblesse de nos mains, il n’est pas moins
508
s dans nos outils, mais bien dans la faiblesse de
nos
mains, il n’est pas moins urgent de préciser qu’une pensée qui s’aban
509
ement. Admirable désintéressement de l’élite ! Il
nous
oblige, hélas, maintenant, par une injuste et nécessaire révolte, à l
510
En vérité, c’est une dure ironie qui fit glisser
nos
maîtres distingués, par le détour de cette distinction même, à la con
511
t de l’attaque ? En vertu de certaines théories ?
Nous
l’avons vu. Mais pourquoi, dira-t-on, ces théories, et non pas d’autr
512
er aux côtés du peuple. (Le désir de compensation
doit
les porter naturellement de ce côté.) C’est qu’en effet l’intelligenc
513
ce — ces trois vertus seront toujours liées — que
doit
s’adresser la pitié. La pensée sans douleur Cette sobriété méfi
514
tions », une morale de rhéteurs et non d’apôtres.
Nous
voici donc à ce point d’étrangeté où l’on oppose la pensée et l’actio
515
derne et cartésienne, admet ainsi d’une part, que
notre
conduite peut être aliénée au premier automatisme venu, même moral, c
516
isme venu, même moral, cependant que d’autre part
notre
esprit débrayé, comme un psychologue nominaliste, bavarde impunément
517
anger d’un écart, par ailleurs confortable, entre
nos
idéaux généreux et nos petites activités, s’étant manifesté avec quel
518
illeurs confortable, entre nos idéaux généreux et
nos
petites activités, s’étant manifesté avec quelque insistance depuis 1
519
n caractère permanent de l’anarchie dans laquelle
nous
vivons nous rend son examen relativement aisé. La pensée sans douleur
520
permanent de l’anarchie dans laquelle nous vivons
nous
rend son examen relativement aisé. La pensée sans douleur, en effet,
521
une pensée systématique. Cet adjectif évoque dans
nos
esprits modernes une vision d’ordre ou d’ordonnance. Et cette vision
522
Illusion rationaliste, dont le crédit repose sur
notre
instinct de fuite devant les responsabilités. Comme si le désordre ré
523
art, l’origine réelle du concept de dictature que
nos
bons libéraux voudraient attribuer à je ne sais quel satanisme dont i
524
se justifiait pas, dès l’origine, sans recours à
nos
conventions morales et sociales76. Le fameux « compromis social » à l
525
peints par un Rembrandt sont bien davantage pour
nous
une description du regard de Rembrandt, et par là même de son visage,
526
on visage, qu’une reproduction de ses modèles qui
nous
importent assez peu. Cette particularité de la nature humaine me para
527
t pas une inversion de la durée, une extension de
notre
propre absence de style, à des époques de grand style ? Est-ce que le
528
a démission spirituelle de la pensée bourgeoise ?
Nous
touchons ici au dernier chaînon de notre cycle. Bon gré mal gré, le c
529
rgeoise ? Nous touchons ici au dernier chaînon de
notre
cycle. Bon gré mal gré, le clerc enseigne. C’est l’élément pédagogiqu
530
’est l’élément pédagogique de son activité qui va
nous
révéler que le cercle est vicieux. L’histoire, la psychologie, la phi
531
oujours ses présuppositions dès l’instant qu’elle
doit
être enseignée. En se vulgarisant, pour se vulgariser, elle se voit c
532
s autres forment l’homme… » Qui sont ces autres ?
Nous
le savons maintenant : ce sont ces lois nées du dessaisissement de la
533
indépendants de ses pouvoirs. Ce sont les lois de
nos
savants, correspondant au « ils » du peuple (d’où cette connivence pa
534
une doctrine de l’homme idéal et du progrès. Mais
nous
avons été menés plus loin que le constat tout théorique — ou provisoi
535
stés et prolongés selon leur mécanique propre. Et
nous
voici plus empêtrés qu’on ne le croirait dans le matérialisme univers
536
on ne le croirait dans le matérialisme universel,
notre
crise. Cependant que l’esprit surnage, un esprit assez purifié de vul
537
e chez les fascistes devant les lois biologiques,
nous
ne sommes pas rentrés pour si peu dans le concret, j’entends dans le
538
s inactuelles, et le cliquetis de leurs luttes ne
doit
plus effrayer que la réaction qui s’excite au fond des provinces. b)
539
vinces. b) Mais la notion d’assurance matérielle
nous
révèle une attache plus intime encore, s’il se peut, de l’étatisme au
540
ts publicitaires, les dictateurs. Ironie, disions-
nous
: communistes, bourgeois, libéraux et fascistes ont tout mis à feu et
541
s ont tout mis à feu et à sang pour installer sur
notre
terre le règne du confort moderne. Peut-être verra-t-on qu’il vaut la
542
nd temps d’au moins reconnaître une situation que
nous
pâtirions tous de voir tranchée par la seule brutalité des événements
543
fficielles, on croirait en effet que plusieurs de
nos
clercs, fort bourgeois par ailleurs, mais peut-être conscients de la
544
re protection que le spectacle des fatalités dont
nous
avons encombré le passé. Le monde n’ira pas son train selon nos « loi
545
mbré le passé. Le monde n’ira pas son train selon
nos
« lois » ; la loi du monde n’est pas la loi que nous tirons de notre
546
s « lois » ; la loi du monde n’est pas la loi que
nous
tirons de notre défection au monde. La loi du monde est que l’homme l
547
loi du monde n’est pas la loi que nous tirons de
notre
défection au monde. La loi du monde est que l’homme lutte contre le m
548
pesamment le monde — pour le faire. Car ce refus
nous
tient debout et rassemblés. Et c’est là notre vocation d’hommes qui p
549
efus nous tient debout et rassemblés. Et c’est là
notre
vocation d’hommes qui pensent, notre partialité fondamentale et créat
550
Et c’est là notre vocation d’hommes qui pensent,
notre
partialité fondamentale et créatrice. Partialité de l’homme debout, e
551
lle déficience morale, dans tel refus précis dont
nous
sommes responsables aujourd’hui ? L’implication éthique de la serve p
552
s-les tous maintenant dans une imprécation qui ne
nous
laisse pas intacts : tous ceux de nos contemporains qui déclarent s’e
553
ion qui ne nous laisse pas intacts : tous ceux de
nos
contemporains qui déclarent s’en remettre aux faits lorsqu’il s’agit
554
de doute, une allusion à l’infinie complexité de
nos
problèmes ; tous ceux qui cherchent un refuge dans l’idéal quand il f
555
ontre le rythme singulier qui trahit en chacun de
nous
la lutte ouverte de la vie et de la mort ; tous ceux qui refusent l’i
556
distinguée, de sa révolte contre la condition qui
nous
est assignée, — créatrice ; tous ceux-là fondent, ici et maintenant,
557
sciste, peu importe — ces noms sont insensés pour
nous
— l’État qui sanctionnera la lâcheté sociale par décret des tyrans, l
558
qui, sous le nom d’histoire, impose simplement à
nos
esprits une certaine métaphysique, une certaine mythologie déterminis
559
es, elles sont constituées, précisément, par tous
nos
refus des extrêmes : vérités d’ordre statistique, donc irréelles par
560
igne une revendication que tout homme raisonnable
doit
faire sienne. Mais cette revendication ne sera justement humaine que
561
vie n’est d’ailleurs qu’une caricature du « Donne-
nous
chaque jour notre pain quotidien ». Le bourgeois athée, le fasciste e
562
urs qu’une caricature du « Donne-nous chaque jour
notre
pain quotidien ». Le bourgeois athée, le fasciste et le communiste di
563
à l’État-providence : « Assure-nous pour toujours
notre
minimum de vie. » Toutes les fois que l’humanitarisme veut singer le
564
. Elle ne peut qu’être créée. 80. Des réalistes
nous
diront : oui, mais les États totalitaires procurent aux ouvriers des
565
’est en vertu d’une vision positive et créatrice,
nous
l’avons dit, que nous pouvons critiquer la culture, ses déviations et
566
sion positive et créatrice, nous l’avons dit, que
nous
pouvons critiquer la culture, ses déviations et leurs aboutissements
567
ses déviations et leurs aboutissements pratiques.
Notre
critique n’avait pas d’autre but, que de préciser, par une voie négat
568
u quelque réalité en mouvement, comme par exemple
notre
mesure nouvelle, on peut décrire la situation d’où le mouvement résul
569
turelle La décadence de la culture en Occident
nous
pose pour la première fois dans notre histoire le problème global de
570
en Occident nous pose pour la première fois dans
notre
histoire le problème global de la culture : d’où vient-elle ? — qu’es
571
vient-elle ? — qu’est-elle ? — où va-t-elle ? Si
nous
persévérons dans notre état, certaines imitations de fascisme ou de c
572
-elle ? — où va-t-elle ? Si nous persévérons dans
notre
état, certaines imitations de fascisme ou de communisme en tireront b
573
ascisme ou de communisme en tireront bientôt chez
nous
les conclusions inévitables. Je crains ces renaissances toutes corrom
574
ons. Et cette crainte n’est pas théorique. Car si
notre
culture libérale se révèle impuissante à ressaisir les secrets de sa
575
rvation des biens acquis. La liberté de penser ne
doit
pas signifier que la pensée est libre au sens idéaliste, qu’on lui do
576
histoire dure, — après tout ce n’est pas cela qui
nous
importe — mais pour le salut de la pensée et pour que l’homme reste h
577
homme reste humain, ou le devienne. Certes, quand
nous
parlons d’une durée de l’histoire, faut-il entendre qu’elle relève de
578
crois cela. Mais cette longanimité agit aussi par
nos
mains d’hommes. Si nous voulons la reconnaître utilement, reconnaisso
579
longanimité agit aussi par nos mains d’hommes. Si
nous
voulons la reconnaître utilement, reconnaissons d’abord la pensée cré
580
t, reconnaissons d’abord la pensée créatrice dans
nos
vies, celle qui demeure l’ouvrière efficace et méconnue d’un siècle c
581
efficacité les inventions instituées par l’homme.
Nous
vivons d’elles, même si nous les nions. Nous vivons d’elles, même et
582
tituées par l’homme. Nous vivons d’elles, même si
nous
les nions. Nous vivons d’elles, même et surtout lorsqu’elles attaquen
583
mme. Nous vivons d’elles, même si nous les nions.
Nous
vivons d’elles, même et surtout lorsqu’elles attaquent nos habitudes
584
s d’elles, même et surtout lorsqu’elles attaquent
nos
habitudes les plus chères. Je dis que la mission de la culture est de
585
l’action, à l’élite et au peuple que cette élite
devrait
aider. C’est surtout incarner cette mesure par des actes, et transfor
586
udre en création. Voilà la grande opposition d’où
nous
partons. Il ne suffit pas de la poser. Il faut en exprimer successive
587
r des hommes responsables. La pensée prolétarisée
nous
a donc menés à ce point — il n’est question ni de s’en réjouir ni d’e
588
’en gémir, mais de le bien voir — où le choix qui
nous
est imposé n’est plus qu’entre vérités statistiques, et vérités perso
589
r en tant que penseur. Évolution contre Personne.
Nous
retrouvons ici le conflit de Marx et de Nietzsche. Mais derrière eux
590
rkegaard dominent et résument ce débat. Désormais
nous
les retrouverons aux prises à tous les degrés de notre activité. Les
591
les retrouverons aux prises à tous les degrés de
notre
activité. Les attaques de Kierkegaard contre la philosophie dialectiq
592
que de l’histoire, d’où Marx, Engels et Feuerbach
devaient
tirer le matérialisme historique, — attaques reprises sur le plan pol
593
me de la pensée occidentale vient s’incarner dans
notre
génération. (Et déjà ce n’est plus qu’à notre situation géographique
594
ans notre génération. (Et déjà ce n’est plus qu’à
notre
situation géographique que nous devons de pouvoir trancher le débat s
595
n’est plus qu’à notre situation géographique que
nous
devons de pouvoir trancher le débat sans risquer le camp de concentra
596
t plus qu’à notre situation géographique que nous
devons
de pouvoir trancher le débat sans risquer le camp de concentration. J
597
ierkegaard est probablement le penseur capital de
notre
ère. Je veux dire l’objection la plus absolue, la plus fondamentale q
598
ontraire l’a priori éthique. Kierkegaard est pour
notre
temps une figure littéralement gênante, un appel presque insupportabl
599
applaudir à ses thèses pour apaiser ce regard qui
nous
perce… Reprenons par exemple son objection au doute cartésien en mora
600
tation critique qu’on peut accepter facilement de
nos
jours, Kierkegaard conclut par un renversement soudain : « Cela ne vi
601
un désespoir. Il y avait bien leurs idéaux qu’ils
nous
conseillaient d’appliquer. Mais comment peut-on appliquer ce qui n’a
602
ainsi un acte dont j’ai dit qu’il est le concret.
Nous
sommes ici au cœur de la difficulté de notre entreprise. Quel est cet
603
cret. Nous sommes ici au cœur de la difficulté de
notre
entreprise. Quel est cet acte ? Comment le définir ? Pourquoi l’appel
604
a pensée, et qu’elle subit des lois que la pensée
doit
se borner à décrire. Je répondrais qu’une telle culture est ou bien u
605
crivain qui parle de la culture ; à son discours.
Nous
allons donc raisonner à partir de cet acte indicible, et c’est la sui
606
, et c’est la suite de ses contrecoups moraux qui
nous
permettra seul de le décrire. Un acte n’est rien s’il ne comporte des
607
« valeurs » au sens nietzschéen — qu’un critique
devrait
retrouver dans tel ouvrage qui s’ordonnerait à la mesure que nous che
608
ans tel ouvrage qui s’ordonnerait à la mesure que
nous
cherchons. Première vertu : le réalisme Tout le malheur de l’ho
609
eulement contre des hommes qui se trompent ou qui
nous
trompent, ou qui sont faibles, — ou contre moi. Je le dis surtout con
610
exe typiquement moderne se fondent presque toutes
nos
exagérations, utopies morales, subtilités intempérantes, ou enthousia
611
e ou du désir et de son acte. C’est pour cela que
nous
sommes si fiévreux et excessifs, pessimistes ou optimistes, cyniques
612
gement personnel et réfléchi. (Au lieu de cela on
nous
propose partout des engagements collectifs et sentimentaux !) Il faut
613
a place au faire, et cela dans tous les ordres de
nos
activités, non seulement dans la politique ou la religion, où cela va
614
d’une vision commune, un acte d’incarnation dans
nos
limites finies. Nous avons grand besoin d’une cure d’assobrissement.
615
e, un acte d’incarnation dans nos limites finies.
Nous
avons grand besoin d’une cure d’assobrissement. (Et c’est peut-être à
616
de vue particulier que le travail manuel pourrait
nous
apporter d’utiles disciplines de pensée.) Quand nous reconnaîtrons le
617
s apporter d’utiles disciplines de pensée.) Quand
nous
reconnaîtrons les vrais problèmes, les vrais dilemmes que pose la vie
618
èmes, les vrais dilemmes que pose la vie commune,
nous
toucherons enfin le vrai tragique, qui est celui du péché et de la fo
619
euse mystification, dont le plus sûr effet est de
nous
empêcher d’envisager les problèmes derniers. Je ne dis pas que ses vi
620
sérieux de la vie et sa réalité ne se révèlent à
nous
qu’au point où nous heurtons ces limites extrêmes de notre condition.
621
t sa réalité ne se révèlent à nous qu’au point où
nous
heurtons ces limites extrêmes de notre condition. Mais il nous faut a
622
au point où nous heurtons ces limites extrêmes de
notre
condition. Mais il nous faut apprendre que ce qui est exagéré est le
623
ces limites extrêmes de notre condition. Mais il
nous
faut apprendre que ce qui est exagéré est le contraire de ce qui est
624
le contraire de ce qui est extrême. Les extrêmes
nous
touchent, et c’était pour les fuir que nous nous évadions dans des ex
625
rêmes nous touchent, et c’était pour les fuir que
nous
nous évadions dans des excès imaginés. Deuxième vertu : la violenc
626
nous touchent, et c’était pour les fuir que nous
nous
évadions dans des excès imaginés. Deuxième vertu : la violence
627
sens pas, à la lecture d’un livre, que l’auteur a
dû
violenter ses habitudes, ou celles de son milieu, ses faiblesses, la
628
e spirituelle. Elle resterait purement théorique.
Nous
n’avons plus d’autorité, autant se taire si l’on ne veut pas crier av
629
pouvait faire dans ses limites. Dès cet instant,
notre
pensée se mit à mentir, à dire ce qui n’est pas et qu’on ne veut pas
630
ritique libérale a prétendu légitimer ce mal. Il
nous
faut revenir encore au méchant couple des frères ennemis, spiritualis
631
future, dévaste le champ des possibles, appauvrit
nos
images, et débilite nos prises sur le concret. Pourquoi donc voudrait
632
des possibles, appauvrit nos images, et débilite
nos
prises sur le concret. Pourquoi donc voudrait-on que les foules aient
633
i trouve l’argent pour payer les soldats. Lorsque
nous
parlons d’une force spirituelle, il s’agit de la force d’un Pascal ou
634
à des systèmes, y a perdu le sentiment. Résumons-
nous
: pour la pensée active, rien n’est pratique ou théorique, tout est c
635
sens de l’immédiate prise de l’esprit. Cependant
nous
sommes dans le temps, et le temps nous sépare sans cesse de l’immédia
636
Cependant nous sommes dans le temps, et le temps
nous
sépare sans cesse de l’immédiat, de l’instant actuel, du risque vrai.
637
l’immédiat, de l’instant actuel, du risque vrai.
Notre
durée agit comme Une force centrifuge : nous remettons à demain les c
638
ai. Notre durée agit comme Une force centrifuge :
nous
remettons à demain les conclusions pratiques… D’où la nécessité d’un
639
risque sur la sécurité, comme fondement de toutes
nos
hiérarchies intellectuelles. Quatrième vertu : le goût du risque
640
il faut y tendre sans relâche. Ne fût-ce que pour
nous
prémunir contre les tentations du réformisme. Et par exemple, craigno
641
ignons les médecins malades, ceux qui feignent de
nous
comprendre, ceux dont la sollicitude va seulement à ménager le patien
642
tion est d’ailleurs symbolique du relâchement que
nous
avons décrit. On établit d’abord un conformisme89, une sécurité de l’
643
de « créations ».) On s’imagine que la révolution
doit
apporter de l’inédit, du jamais vu. C’est un exotisme de plus. Ou sin
644
le aussi, en un certain sens. Elle constitue pour
nous
une tentation perpétuelle. Et déjà beaucoup pensent que la révolution
645
aborer de nouveau un dictionnaire des origines de
nos
mots. L’étymologie pourrait bien être une des sciences les plus subve
646
tôt après, reparaît. C’est à de tels instants que
nous
devons de subsister, malgré le temps qui nous dissout ; de durer malg
647
près, reparaît. C’est à de tels instants que nous
devons
de subsister, malgré le temps qui nous dissout ; de durer malgré la d
648
que nous devons de subsister, malgré le temps qui
nous
dissout ; de durer malgré la durée. Notre être véritable est donc dis
649
emps qui nous dissout ; de durer malgré la durée.
Notre
être véritable est donc discontinu : nous ne sommes que par instant v
650
durée. Notre être véritable est donc discontinu :
nous
ne sommes que par instant vraiment humains. Et nous avons à conquérir
651
us ne sommes que par instant vraiment humains. Et
nous
avons à conquérir sans cesse le propre, le concret, l’original de not
652
r sans cesse le propre, le concret, l’original de
notre
vie : d’où la nécessité de subordonner toutes nos valeurs à cet acte
653
tre vie : d’où la nécessité de subordonner toutes
nos
valeurs à cet acte qui constitue l’étalon de toute existence, et par
654
à l’acte de l’expression, à la parole qui scande
notre
durée muette et qui témoigne de notre humanité. Rien n’est, que ce qu
655
qui scande notre durée muette et qui témoigne de
notre
humanité. Rien n’est, que ce qui s’exprime. Cette définition, absolue
656
l’espace et toutes les limitations qui composent
notre
condition recréent sans cesse une différence. Que l’être et l’express
657
oujours dire ce qui est, cela ne signifie pas que
nous
ayons le droit de spéculer impunément92. Cela signifiera pour nous to
658
it de spéculer impunément92. Cela signifiera pour
nous
tout au contraire que nous avons à regagner notre humanité véritable
659
. Cela signifiera pour nous tout au contraire que
nous
avons à regagner notre humanité véritable sur l’abstraction et le men
660
nous tout au contraire que nous avons à regagner
notre
humanité véritable sur l’abstraction et le mensonge des mots, partout
661
straction et le mensonge des mots, partout où ils
nous
ont tentés, et ne cessent de nous tenter. Sous cette forme générale,
662
partout où ils nous ont tentés, et ne cessent de
nous
tenter. Sous cette forme générale, nous posons ici le principe d’une
663
essent de nous tenter. Sous cette forme générale,
nous
posons ici le principe d’une ascèse d’incarnation : volonté d’assumer
664
lonté d’assumer dans une prise unique tout ce que
notre
péché sépare ; méfiance active à l’égard des habitudes et mécanismes
665
ns ; tension qui se résout en acte, et tout acte,
nous
l’avons vu, est à contre-courant, à contretemps, à contre-espace. Ain
666
our conforme à l’ordre chrétien tel que cet ordre
nous
est adressé ; l’autre ascèse, antihumaine et spiritualiste — celle qu
667
t conforme à l’ordre religieux tel que, pécheurs,
nous
prétendons l’organiser pour notre usage. L’ascèse chrétienne est une
668
l que, pécheurs, nous prétendons l’organiser pour
notre
usage. L’ascèse chrétienne est une lutte contre le péché même, en son
669
e part les idées, et de l’autre les mots. Bornons-
nous
à cela qui nous est immédiat, tandis que j’écris et tandis que vous l
670
, et de l’autre les mots. Bornons-nous à cela qui
nous
est immédiat, tandis que j’écris et tandis que vous lisez. Comment ré
671
fets. Pour prévenir les pires erreurs sur l’acte,
nous
disposons d’un seul moyen, et c’est la connaissance de ce qui, certai
672
x tentations perpétuelles menacent de déprimer en
nous
la volonté d’incarnation, c’est-à-dire de transformation du monde. Ce
673
e devant le conflit humain tel qu’il se joue dans
nos
limites charnelles. Mais ce qui est sûr, c’est que le conformisme et
674
t à cela même qu’on peut reconnaître sa présence.
Nous
appellerons dès lors incarnation un acte qui ne sera réductible ni à
675
ent de décrire ce qui est, il faut décrire ce qui
doit
être, ce que l’on veut qui soit, mais qui n’est pas encore, ce que l’
676
ns. La dialectique du conformisme et de l’évasion
nous
indiquera au moins ce qu’ils ne doivent pas être. Il existe une espèc
677
de l’évasion nous indiquera au moins ce qu’ils ne
doivent
pas être. Il existe une espèce d’imagination que l’on peut qualifier
678
hes populaires avec un succès qui en dit long sur
notre
état social93. Non seulement elle « se paye de mots », mais comme il
679
qualité de la langue des auteurs à succès — pour
nous
borner à cet aspect de leur production — n’est de leur part qu’une ha
680
égradations de la langue, et de l’imagination qui
devait
maintenir la langue vivante, il ne suffirait pas d’opposer, par exemp
681
ntime. Oui, c’est un fanatisme qui fait descendre
nos
images dans nos mains, c’est une émeute contre les sécurités apprises
682
t un fanatisme qui fait descendre nos images dans
nos
mains, c’est une émeute contre les sécurités apprises qui joint avec
683
etour aux origines n’est qu’un moyen de retremper
nos
armes pour un combat dont l’enjeu est à venir. Imaginer, c’est voir l
684
les traduira dans les formes qui les trahissent.
Nous
retrouvons ici la division du mot et de la pensée, qui a pour premier
685
de priver la pensée de son efficacité. C’est que
nous
avons pris l’habitude de penser, de parler et d’écrire sans tenir com
686
enser, de parler et d’écrire sans tenir compte de
nos
données concrètes, soit que nous sacrifiions à un académisme, soit qu
687
s tenir compte de nos données concrètes, soit que
nous
sacrifiions à un académisme, soit que nous oubliions les fins commune
688
it que nous sacrifiions à un académisme, soit que
nous
oubliions les fins communes de la pensée. J’entends par données concr
689
a situation, au lieu de rappeler des sources. Que
nos
écrits figurent les microcosmes de cet ordre nouveau qu’ils revendiqu
690
espèce d’homme qui se hâte », écrivait Nietzsche.
Nous
dirions : Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’esp
691
e premier pas dans l’immédiat. Alors, n’acceptons-
nous
plus un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à no
692
plus un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui
nous
ont appris à nous méfier des maîtres. Je viens de nommer Nietzsche, —
693
re ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à
nous
méfier des maîtres. Je viens de nommer Nietzsche, — Nietzsche qui, le
694
t la « réalité rugueuse »… « Et allons !… » — Ils
nous
disent tous d’aller à notre vie. La mesure occidentale Depuis q
695
« Et allons !… » — Ils nous disent tous d’aller à
notre
vie. La mesure occidentale Depuis quelques milliers d’années qu
696
s que les peuples édifient des civilisations dont
nous
connaissons la chronique, il est frappant de voir qu’ils n’ont imagin
697
is XIV, la raison d’État incarnée par le roi ; et
nous
voyons les Russes bâtir une mesure matérielle et les Allemands une me
698
s, l’autorité spirituelle et le pouvoir organisé.
Nous
ne reverrons pas ce miracle. C’est que nous héritons d’une faillite s
699
nisé. Nous ne reverrons pas ce miracle. C’est que
nous
héritons d’une faillite sociale, c’est-à-dire d’une culture et d’une
700
de mesure commune depuis cent-cinquante ans déjà.
Nous
assistons à des essais de reconstruction qui se fondent par exemple s
701
esprit créateur de ses élites intellectuelles. Si
nous
voulons reprendre notre marche sans retomber dans l’ornière séculaire
702
élites intellectuelles. Si nous voulons reprendre
notre
marche sans retomber dans l’ornière séculaire, c’est une élite qu’il
703
r dans l’ornière séculaire, c’est une élite qu’il
nous
faut reformer, une élite d’hommes porteurs de la conscience du but co
704
d’une autorité effective. C’est l’esprit seul qui
nous
sauvera, et non l’État, l’esprit autoritaire et incarné, l’esprit qui
705
esterait une description abstraite du concret, si
nous
n’arrivions pas à situer, à baptiser, l’incarnation de cette mesure s
706
e construction parfois séculaire des pouvoirs. Et
nous
n’en sommes qu’aux premiers cris. Si nous parvenons aujourd’hui à pre
707
irs. Et nous n’en sommes qu’aux premiers cris. Si
nous
parvenons aujourd’hui à prendre une conscience ferme des nécessités d
708
s nécessités de l’esprit et de l’éthique qu’elles
nous
imposent dans la situation où nous sommes, peut-être aurons-nous fait
709
hique qu’elles nous imposent dans la situation où
nous
sommes, peut-être aurons-nous fait ce que devait faire notre générati
710
ans la situation où nous sommes, peut-être aurons-
nous
fait ce que devait faire notre génération. C’est le principe spiritue
711
où nous sommes, peut-être aurons-nous fait ce que
devait
faire notre génération. C’est le principe spirituel de la mesure qu’i
712
s, peut-être aurons-nous fait ce que devait faire
notre
génération. C’est le principe spirituel de la mesure qu’il nous faut
713
n. C’est le principe spirituel de la mesure qu’il
nous
faut tout d’abord définir, et le signe naîtra ensuite. Or ce principe
714
uiétude métaphysique et de l’angoisse sociale qui
nous
obsèdent. Individu et masses, telles sont les déviations d’une tradit
715
ès maintenant l’ordre nouveau, communautaire, que
nous
appelons. Incarnation de la mesure occidentale : la personne Je
716
qui s’en sont occupés97. La personne, c’est pour
nos
contemporains la découverte non pas du moi, mais bien du toi. La déco
717
secret du service commun dans la cité, secret que
nous
avait fait perdre un siècle de sociologies collectivistes ou individu
718
emière fois cette évidence monumentale : que tout
notre
désordre vient de ce que les centres auxquels se rapportaient jusqu’à
719
oment, un ordre ou une tentation. Quand cesserons-
nous
d’agiter des problèmes qui n’ont jamais été notre problème ? Car un p
720
-nous d’agiter des problèmes qui n’ont jamais été
notre
problème ? Car un problème n’est jamais réel que pour celui qui peut
721
s premières déviations politiques. Pour éviter de
nous
perdre dans des jugements historiques pour lesquels nous ne serons ja
722
rdre dans des jugements historiques pour lesquels
nous
ne serons jamais assez documentés, ramenons cet examen à une grammair
723
enons cet examen à une grammaire de la personne :
nous
gagnerons en précision ce que nous perdons sans doute, mais volontier
724
la personne : nous gagnerons en précision ce que
nous
perdons sans doute, mais volontiers, en pittoresque superficiel et di
725
scutable. Des philosophes aux disciples puissants
nous
assurent aujourd’hui que le conflit fécond, la communion du toi et du
726
n du toi et du moi se résout pratiquement dans un
nous
, que l’on oppose aux ils des sociologues positivistes. Cette opératio
727
c’est le fascisme, ou le national-socialisme. Le
nous
, c’est le groupe, le faisceau, la troupe d’assaut, puis le Parti ou l
728
les entendre, si certains spectacles de masses ne
nous
rendaient un peu plus que méfiants à l’endroit d’une philosophie qui,
729
et de faire la leçon au monde entier en vertu de
notre
vieille sagesse. Le nous national-socialiste n’est pas seulement un c
730
onde entier en vertu de notre vieille sagesse. Le
nous
national-socialiste n’est pas seulement un concept philosophique, il
731
onde de la Nation, à la réalité précise du Parti.
Nous
n’avons pas à « corriger » de tels faits ou de telles religions. Mais
732
de tels faits ou de telles religions. Mais ce que
nous
pouvons faire, et qui est utile, c’est de discuter les propositions g
733
faits, et qui pourraient tenter certains d’entre
nous
. Et par exemple, je me demande sérieusement si, dans nos conditions,
734
par exemple, je me demande sérieusement si, dans
nos
conditions, ce nous qu’on nous propose pourrait être autre chose qu’u
735
demande sérieusement si, dans nos conditions, ce
nous
qu’on nous propose pourrait être autre chose qu’une moyenne entre le
736
rieusement si, dans nos conditions, ce nous qu’on
nous
propose pourrait être autre chose qu’une moyenne entre le je des libé
737
des libéraux et le ils des collectivistes ? Selon
nos
mœurs et notre vocabulaire, n’est-il pas, lui aussi, un être « abstra
738
et le ils des collectivistes ? Selon nos mœurs et
notre
vocabulaire, n’est-il pas, lui aussi, un être « abstrait », ne laisse
739
ment son risque vis-à-vis du « prochain » ? Pour
nous
« l’erreur fasciste » est peut-être plus grave que les erreurs qu’ell
740
se, à la transformer en un « état » alors qu’elle
devrait
être un acte. C’est faire simplement abstraction de la tension, de la
741
coup objectivés et prisonniers de ce rapport, le
nous
. Le groupe ainsi est défini par l’extérieur, disons par sa circonfére
742
urs mains. Pour chacun d’eux, le tu est devenu le
nous
, c’est-à-dire a cessé d’être une question directe, il a cessé d’être
743
être un des pôles de la personne. Car en effet le
nous
n’est rien qu’un biais : c’est un tu sans visage qui vient se confond
744
e donne en vertu de sa vocation. Les partisans du
nous
ont fait erreur sur la personne. Si la personne est au principe la mi
745
’eux-mêmes, fût-ce au-dessus d’eux-mêmes, dans le
nous
(la Gesamtperson). Pour nous aimer, pour nous entraider, nous devons
746
d’eux-mêmes, dans le nous (la Gesamtperson). Pour
nous
aimer, pour nous entraider, nous devons faire chacun tout le chemin q
747
le nous (la Gesamtperson). Pour nous aimer, pour
nous
entraider, nous devons faire chacun tout le chemin qui nous sépare le
748
amtperson). Pour nous aimer, pour nous entraider,
nous
devons faire chacun tout le chemin qui nous sépare les uns des autres
749
rson). Pour nous aimer, pour nous entraider, nous
devons
faire chacun tout le chemin qui nous sépare les uns des autres. Et c’
750
ider, nous devons faire chacun tout le chemin qui
nous
sépare les uns des autres. Et c’est au seul moment où je t’atteins en
751
je t’atteins en toi, où tu m’atteins en moi, que
nous
devenons deux personnes, et l’un pour l’autre le prochain. Ainsi le p
752
ce pour qu’une idée devienne ce mythe qui vive en
nous
et dans lequel nous vivions, jusqu’au point que chacun de nos gestes
753
devienne ce mythe qui vive en nous et dans lequel
nous
vivions, jusqu’au point que chacun de nos gestes — oui, même ce signe
754
lequel nous vivions, jusqu’au point que chacun de
nos
gestes — oui, même ce signe de la main — trahisse son immanente puiss
755
il concevait mais redoutait, et qui devient alors
notre
sang et nos songes ! Le sang, les songes, tour à tour nous poussent v
756
ais redoutait, et qui devient alors notre sang et
nos
songes ! Le sang, les songes, tour à tour nous poussent vers les être
757
et nos songes ! Le sang, les songes, tour à tour
nous
poussent vers les êtres, et guident notre main. Par eux s’incarne la
758
r à tour nous poussent vers les êtres, et guident
notre
main. Par eux s’incarne la pensée, et c’est là l’héroïsme de l’esprit
759
e du désordre régnant — la pensée prolétarisée —,
nous
avons entrepris la description d’un nouvel ordre de valeurs éthiques,
760
sans autre transition logique, à l’acte créateur.
Nous
avons constaté que cet acte fonde toute existence en tant qu’elle est
761
oute existence. Cette dynamique de l’incarnation,
nous
avons essayé d’en surprendre le fait dans l’expression écrite. Beauco
762
qu’un tel problème ressortit aux règles de l’art.
Nous
l’avons ramené à des conflits éthiques. Au cœur de tout conflit fécon
763
e peut l’approcher que par la voie des négations.
Nous
avons proposé une dialectique critique dont les deux termes négatifs
764
termes négatifs sont évasion et conformisme. Elle
nous
a permis de cerner le lieu et le moment de l’action créatrice, dans l
765
ice, dans l’exercice de deux vertus maîtresses de
notre
éthique, l’imagination et le style. Enfin, nous avons assumé, et conc
766
notre éthique, l’imagination et le style. Enfin,
nous
avons assumé, et concentré toutes ces tensions dans la tension origin
767
er le même et l’autre, toi et moi. Par ces voies,
nous
sommes parvenus au centre des problèmes du monde moderne, en même tem
768
. Car si toutes les contradictions qui empêtrent
nos
vies et la vie des nations depuis cent ans restent stériles, c’est qu
769
Personne, celui que l’Évangile a révélé lorsqu’il
nous
a montré dans chaque homme le Prochain. Les contradictions du monde n
770
t. Si quelques-uns m’ont suivi jusqu’ici, je leur
dois
bien la franchise d’avouer que ma conscience n’est pas encore à l’ais
771
’abord qui a péché. Mais de ce péché, dans lequel
nous
nous voyons plongés, nous ne pouvons donner qu’une description tout e
772
d qui a péché. Mais de ce péché, dans lequel nous
nous
voyons plongés, nous ne pouvons donner qu’une description tout empiri
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e ce péché, dans lequel nous nous voyons plongés,
nous
ne pouvons donner qu’une description tout empirique, par là même insu
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ique, par là même insuffisante. La cause première
nous
échappe, puisque le péché, justement, c’est d’être séparé de notre or
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isque le péché, justement, c’est d’être séparé de
notre
origine absolue. Toucherait-on ici au quiétisme, au fatalisme ? Mais
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t actuelle de toute répétition du péché primitif,
nous
pouvons la nommer, la décrire. Ainsi, dans une certaine mesure, nous
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mer, la décrire. Ainsi, dans une certaine mesure,
nous
la tenons dans notre puissance. C’est la tentation de sortir de la co
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si, dans une certaine mesure, nous la tenons dans
notre
puissance. C’est la tentation de sortir de la condition d’homme telle
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le refus de l’obéissance instantanée à l’Éternel.
Nous
avons lâché la rampe, et désormais l’accélération de notre chute dans
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ns lâché la rampe, et désormais l’accélération de
notre
chute dans le temps et l’espace est entièrement déterminée par les lo
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rminée par les lois mécaniques. Fatalement, elles
nous
entraînent dans une dissolution atomique : elles nous ramènent à la p
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entraînent dans une dissolution atomique : elles
nous
ramènent à la poussière. Mais au fond de l’abîme de la Séparation, la
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de son corps tel que Dieu le forma. Ainsi l’acte
nous
réincarne. La primauté du spirituel, c’est la primauté du créant, de
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e joie absolue et pour certains presque mortelle.
Notre
vie s’anéantirait dans ce contact avec l’éternité, et notre acte sera
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s’anéantirait dans ce contact avec l’éternité, et
notre
acte serait comme un suicide, si nous osions agir, une seule fois, de
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ernité, et notre acte serait comme un suicide, si
nous
osions agir, une seule fois, de toutes les forces que la foi nous off
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, une seule fois, de toutes les forces que la foi
nous
offre. Nous ne faisons en réalité que nous approcher de cette mort. E
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fois, de toutes les forces que la foi nous offre.
Nous
ne faisons en réalité que nous approcher de cette mort. Et voici le d
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la foi nous offre. Nous ne faisons en réalité que
nous
approcher de cette mort. Et voici le dernier paradoxe : c’est cet ins
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voici le dernier paradoxe : c’est cet instant où
nous
touchons la mort qui recrée notre vie temporelle. Tout aussitôt, nous
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t cet instant où nous touchons la mort qui recrée
notre
vie temporelle. Tout aussitôt, nous replongeons dans le monde des rés
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t qui recrée notre vie temporelle. Tout aussitôt,
nous
replongeons dans le monde des résistances, dont nous savons qu’elles
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s replongeons dans le monde des résistances, dont
nous
savons qu’elles conditionnent notre durée. Mais la force de notre att
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istances, dont nous savons qu’elles conditionnent
notre
durée. Mais la force de notre attaque a suscité des obstacles plus gr
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elles conditionnent notre durée. Mais la force de
notre
attaque a suscité des obstacles plus grands et plus profonds. Sans do
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lus grands et plus profonds. Sans doute n’oserons-
nous
jamais les vaincre une fois pour toutes. Car un acte total, un oui to
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n oui total à l’instant éternel dresserait contre
nous
l’univers totalement unifié dans le non, — la pleine stature de mort.
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es dans l’instant qu’il ranime l’être. Le sens de
notre
liberté est défini par cette contradiction. Aux yeux de Dieu, notre a
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défini par cette contradiction. Aux yeux de Dieu,
notre
acte est seulement restaurateur. À la mesure de sa violence, il tente
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res dans leur état incorruptible. Ce n’est pas en
notre
pouvoir d’étonner l’Éternel, ni d’inventer quoi que ce soit qu’il n’a
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ce soit qu’il n’ait prévu, qu’il n’ait donné, que
nous
n’ayons perdu par notre chute dans le temps. Cette connaissance derni
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vu, qu’il n’ait donné, que nous n’ayons perdu par
notre
chute dans le temps. Cette connaissance dernière est celle de la foi
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Elle est don de l’Esprit, révélation. Elle tue en
nous
le faux dieu du moi pur, pour ressusciter le vrai Dieu. C’est pourquo
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s le temps tout se renverse. Chacun des actes que
nous
osons faire nous apparaît comme une création absolue. Chacune de nos
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e renverse. Chacun des actes que nous osons faire
nous
apparaît comme une création absolue. Chacune de nos victoires est une
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s apparaît comme une création absolue. Chacune de
nos
victoires est une nouveauté absolue dans les âges, quelque chose de j
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dent son commandement. Car c’est en espérance que
nous
sommes sauvés, mais cette espérance est certaine. Car le temps détrui
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e suis parti d’une considération très générale de
notre
désordre universel. J’en ai cherché les causes historiques lointaines
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ant ensuite le champ de mes observations à ce qui
nous
concerne pratiquement, j’ai cherché la formule de nos désordres en dé
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concerne pratiquement, j’ai cherché la formule de
nos
désordres en décrivant notre élite libérale. J’ai fait un pas de plus
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cherché la formule de nos désordres en décrivant
notre
élite libérale. J’ai fait un pas de plus vers le concret en situant d
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e aboutisse ou qu’elle échoue — et l’effort qu’il
nous
faut entreprendre — qu’il aboutisse ou qu’il échoue — pour situer en
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ne pas le sentiment, bien sûr ! C’est par lui que
nous
avons connaissance du milieu où il faut agir, des destins que notre a
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ssance du milieu où il faut agir, des destins que
notre
acte inclinera. 86. On ne pourrait m’opposer qu’un seul exemple, cel
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nt pas d’action réelle. 89. Qu’est-ce qui, dans
notre
langage ou notre pensée, n’est pas conformiste ? C’est ce qui est cré
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éelle. 89. Qu’est-ce qui, dans notre langage ou
notre
pensée, n’est pas conformiste ? C’est ce qui est créé, c’est-à-dire c
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e possible sans résistance sur le plan humain. Ne
nous
plaignons jamais des résistances, mais seulement de leur mauvaise qua
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même de la science, c’est entendu, et la science
nous
permet d’accroître nos prises sur la réalité. Mais il faudrait alors
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st entendu, et la science nous permet d’accroître
nos
prises sur la réalité. Mais il faudrait alors un accroissement corres
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tend à les rendre inefficaces, alors que son but
devrait
être d’augmenter le pouvoir de la pensée. 93. Un éditeur introduit e