1 1938, Journal d’Allemagne. Avertissement
1 ue l’on n’a pas jugé utile de nommer.) Le lecteur sera déçu s’il attend une évocation poétique de l’Allemagne : c’est le rég
2 ur sa vie quotidienne, sur son existence dans les êtres , celle dont l’Histoire ne nous parlera point, — la plus réelle. On se
3 On se demandera sans doute pourquoi ce journal n’ est publié qu’après deux ans de tiroir. Les nouvelles qu’il apporte ne so
4 eux ans de tiroir. Les nouvelles qu’il apporte ne sont -elles pas vieillies, dépassées par les événements, et par certaine pa
5 nts, et par certaine panique récente ? L’auteur s’ est posé la question d’une manière un peu différente. S’il a tardé à publ
6 c’est justement qu’à son retour d’Allemagne, il n’ était pas encore fixé sur la nature de leur actualité. Il craignait de n’av
7 ects passagers du régime. Et comme son ambition n’ était nullement de faire concurrence aux journalistes d’information, il s’e
8 concurrence aux journalistes d’information, il s’ est dit que le seul moyen de vérifier l’actualité de ses notes, c’était d
9 n assez spéciale de l’« actuel ». Ce petit livre est un journal, mais bien que publié, c’est un journal privé. La fonction
10 journal privé. La fonction de ce genre littéraire est à peu près l’inverse de la fonction de la presse. Qu’attendons-nous d
11 ire — il s’attache aux faits et aux gestes qui ne sont ni tout à fait ce que l’on croyait, ni exactement le contraire. Et il
12 in sous nos yeux, il se peut que le journal privé soit la forme de transition qui corresponde à la réalité d’un temps nouvea
2 1938, Journal d’Allemagne. I. Journal (1935-1936)
13 (1935-1936) Fin d’octobre 1935 Des amis se sont étonnés de me voir accepter ce poste, offert par le hasard d’une renc
14 tir en m’offrant d’en voir un de près. Quand cela serait , pourquoi me dérober ? S’ils sont dans le vrai, il est urgent de le d
15 s. Quand cela serait, pourquoi me dérober ? S’ils sont dans le vrai, il est urgent de le dire, et de me dédire. Et s’ils se
16 pourquoi me dérober ? S’ils sont dans le vrai, il est urgent de le dire, et de me dédire. Et s’ils se trompent, je saurai m
17 ute compréhension de notre temps. Mais encore, ce serait peu que le voir de ses yeux. Il faudrait le voir comme à travers son
18 arrêt de deux jours « avant le régime ». Mais je suis arrivé persuadé que tout était changé, depuis janvier 1933, de ce que
19 e régime ». Mais je suis arrivé persuadé que tout était changé, depuis janvier 1933, de ce que j’avais aimé dans ce pays. Cet
20 ne de ces nations neuves : on s’imagine que tout, êtres et choses, va nous montrer des marques de la révolution. Et certes, e
21 buvette qui m’a frappé (huit mois à peine qu’ils sont Allemands du IIIe Reich !). Puis deux ou trois incidents que je vais
22 ion redevenait à peu près invisible. Le phénomène est d’ailleurs bien connu : c’est aux premiers contacts que l’on perçoit
23 s, un livre apparaît. Le douanier s’en empare : —  Est -ce de la Hetzpropaganda ?1 demande-t-il d’un air menaçant. — Nous ne
24 ue au fond de la malle. Mais un second douanier s’ est approché, attiré par nos éclats de voix. Il coupe court : Nie mehr Kr
25 it dans son carnet : Tous les douaniers allemands sont des espions mais en même temps des pacifistes.)   Appartements. — Le
26 .)   Appartements. — Le quartier de l’Université est le plus riche de la ville. Grandes villas et palais dans des jardins,
27 nts, au mobilier trop luxueusement 1900, mais ils sont réservés aux juifs, comme j’aurais dû le voir par cette indication :
28 une pièce au dernier étage de son hôtel. Le reste est « loti ». Quatre jeunes ménages et trois célibataires. Cuisine commun
29 liothèque, un seul étudiant. Il a dû penser que j’ étais le nouveau professeur. Je l’aborde et il se lève brusquement pour me
30 arrage.) Nous pénétrons dans la grande salle. Ils sont en effet une quarantaine au plus, trois ou quatre en uniforme brun ou
31 agne !… » Gêne. Tous ont senti l’hésitation. Ce n’ est guère qu’à de très petits signes de ce genre que j’ai pu distinguer,
32 e que par certains « lapsus révélateurs ». Encore serait -il exagéré de déduire de cette hésitation du Dr N. qu’il est mal disp
33 éré de déduire de cette hésitation du Dr N. qu’il est mal disposé pour le régime. Peut-être, simplement, n’a-t-il pas encor
34 phrase, puis un silence pendant quatre pas — nous est devenu familier. Le défilé fait partie de l’atmosphère allemande comm
35 des rues commerçantes et des quartiers populaires sont rouges du haut en bas. Seul le palais Rothschild reste nu, scandaleus
36 ents », c’est-à-dire on ne sait où. Quoi qu’il en soit , j’ai déjà pu constater que l’État retient 7 % de mon traitement comm
37 ement comme « don volontaire » au WHW. Mon devoir est donc fait, si devoir il y a. Et au surplus, je tiens essentiellement
38 st donc fait, si devoir il y a. Et au surplus, je tiens essentiellement à ce qu’un passant sur mille — moi par exemple — oppo
39 nérale. Tâchons du moins de sauver l’honneur. (Il est vrai que mon geste perd beaucoup de sa portée du fait que je suis étr
40 n geste perd beaucoup de sa portée du fait que je suis étranger.) Au-dessus des grandes artères, on a tendu des calicots rou
41 chlagwort » : La lutte contre la faim et le froid est notre guerre. Est-ce une déclaration pacifiste ? Ou bien ne peut-on e
42 utte contre la faim et le froid est notre guerre. Est -ce une déclaration pacifiste ? Ou bien ne peut-on enthousiasmer l’All
43 asmer l’Allemand qu’en lui parlant de « guerre », fût -ce même contre le froid ? Dimanche dernier, c’était le jour de l’Eint
44 ple et de propagande, les notabilités de la ville tiennent à prendre ce repas en public, à des tables dressées devant l’Opéra. T
45 ouveau, avec un regard méfiant vers le voisin qui est membre du Parti. Morale de Sparte embourgeoisée. La Révolution ne ser
46 Morale de Sparte embourgeoisée. La Révolution ne serait -elle qu’une façade rouge pour abriter le petit-bourgeois ? Une campag
47 onsidérable des hommes dans l’assemblée. (Mais où sont les jeunes gens ?) Et le recueillement profond. Il m’a semblé aussi q
48 asteur a parlé de l’héroïsme. Le héros chrétien n’ est pas celui qui meurt glorieusement pour la puissance de sa race, mais
49 qui croit humblement jusqu’à la mort. Le Christ n’ est pas mort en héros, mais en paria, aux yeux de sa nation. Comme je sor
50 més. Un voisin me les répète entre les dents : il est question de « notre force » et de drapeaux qu’il faut teindre dans le
51 s souci de leur possible insignifiance5. Le mieux sera sans doute d’envisager l’un après l’autre quelques types sociaux très
52 . — J’arrivais de Paris persuadé que l’hitlérisme est un mouvement « de droite », une dernière tentative pour sauver le cap
53 moins ruinés : il me faut bien reconnaître qu’ils sont tous contre le régime. C’est un bolchévisme déguisé, répètent-ils. Dr
54 ». Ils se plaignent de ce que toutes les réformes soient en faveur des ouvriers et des paysans ; et que les impôts prennent le
55 onfiscation de capital ; et que la vie de famille soit détruite, l’autorité des parents sapée, la religion dénaturée, élimin
56 viens à leur faire avouer que le bolchévisme brun est tout de même, à leurs yeux, moins affreux que le rouge. Il n’y a pas
57 s maîtres nouveaux. (Le gouverneur de la province est un ancien employé de postes, ventripotent et qu’on juge très vulgaire
58 aralyse en germe tout essai de résister : si ce n’ étaient pas les bruns qui avaient le pouvoir, ce seraient les rouges. Ils n’i
59 ’étaient pas les bruns qui avaient le pouvoir, ce seraient les rouges. Ils n’imaginent pas d’autre alternative. De fait, ces « p
60 paradoxe, c’est le régime national-socialiste qui est en train de leur faire découvrir le fait social et les problèmes qu’i
61 rce et la rapidité de l’ascension hitlérienne ont été l’expression directe d’une carence du sens civique, loi générale qui
62 emands ont toujours eu le sens du groupe, et l’on est trop souvent tenté d’expliquer le national-socialisme par ce besoin d
63 e et de penser ensemble. En réalité, ce phénomène est aussi vieux que les Allemagnes ; il ne peut donc rien expliquer de ce
64 s carences profondes, et de les compenser. Hitler est en train d’opérer un dressage du peuple allemand (comme Staline, un d
65 ais quel hypothétique et préhistorique germanisme sont destinés — plus ou moins consciemment — à masquer le caractère antial
66 agit d’inculquer à cette inerte bourgeoisie, ce n’ est pas le sens du groupe, qu’elle avait, mais le sens de l’État, qu’elle
67 ne part, et la séparation des classes de l’autre, étaient les vrais fondements des mœurs. Seulement, il y a cette différence pr
68 que.   Un petit industriel. — Avant 1933, sa vie était impossible : grèves, menaces de mort de la part des extrémistes, disc
69 . C’était la « liberté ». Maintenant, plus rien n’ est libre, mais tout marche, assure-t-il, ou va marcher. Plus de discussi
70 le droit de se mettre en grève. La paix sociale a été obtenue par la fixation des devoirs réciproques à un niveau de justic
71 tice fort médiocre, mais stable. — En somme, vous êtes content ? Il sourit, hausse un peu les épaules, fait oui de la tête.
72 nes plus tard. — Ce camp ? — Eh bien voilà : nous étions dans une grande maison, logeant deux par deux dans des chambres confo
73 ’auberge du village… Je le sens tout rajeuni : il est retourné à l’école ; et tout délivré : ces ouvriers sont au fond des
74 tourné à l’école ; et tout délivré : ces ouvriers sont au fond des braves types, on peut leur parler sans relever le menton…
75 oins grossière à la question courante : le régime est -il de gauche ou de droite ? Voici : le régime est beaucoup plus à gau
76 est-il de gauche ou de droite ? Voici : le régime est beaucoup plus à gauche qu’on ne le croit en France, et un peu moins q
77 ais sans doute une réponse exacte ne saurait-elle être donnée, la question étant elle-même fort irréelle dès que l’on quitte
78 e exacte ne saurait-elle être donnée, la question étant elle-même fort irréelle dès que l’on quitte le plan de la polémique (
79 hèques créées ou enrichies, concerts… « Tout cela est passé », conclut-il. Cette petite phrase contient une somme de vérité
80 ans doute plus que tout autre : c’est pourquoi il est libéral. Rien de moins juif, à mon sens, que Marx.) Ce qui est passé,
81 Rien de moins juif, à mon sens, que Marx.) Ce qui est passé, c’est une forme de culture, séduisante, aimable et « profonde 
82 stincts. Mais je ne vais pas redire ici ce que je suis en train d’écrire ailleurs6. Je noterai simplement qu’un juif, cultiv
83 l’hitlérisme qu’en tant qu’absurdité totale. Ce n’ est pas l’antisémitisme qui lui demeure impénétrable — loin de là ! bien
84 fait, où sa pensée ne trouve plus de repères. Il est d’ailleurs injuste, ou inexact, de dire en général : le juif. Ici mêm
85 d presque avec le type européen du libéral. Il en est d’autres (on le prétend), qui sont devenus marxistes et même stalinie
86 libéral. Il en est d’autres (on le prétend), qui sont devenus marxistes et même staliniens, tant par idéalisme que par ress
87 appeler aux parents humiliés que leurs enfants ne sont jamais les premiers dans une classe où se trouvent des juifs… Ou bie
88 se trouvent des juifs… Ou bien le ressentiment n’ est pas le seul fait des gauches ; ou bien l’hitlérisme est de gauche. Da
89 s le seul fait des gauches ; ou bien l’hitlérisme est de gauche. Dans les deux cas, nos droites se trompent.   Les étudian
90 andes, le nombre des étudiants en langues romanes est tombé au dixième de ce qu’il était en 1932. Certes, il fallait combat
91 langues romanes est tombé au dixième de ce qu’il était en 1932. Certes, il fallait combattre le chômage. Mais de fait, les j
92 e le chômage. Mais de fait, les jeunes bacheliers sont obligés de faire six mois de camp de travail, deux ans de service mil
93 ral. Parmi ceux qui suivent mes cours, la plupart sont des étudiants de quatrième ou de cinquième année. C’est la dernière g
94 me affiché par l’auteur, et conclut que « ce doit être une erreur, de la part de ce poète ». Même réaction à propos de Giono
95 plus ce respect dû au titre et même à l’âge, qui était naguère si frappant en Allemagne. C’est simplement l’indispensable te
96 es causeries en français et que cela prouve qu’il est « utile » de connaître cette langue du voisin. Un peu avant le début
97 ion. La portée de cette révolution dans les mœurs est soulignée chaque semaine par l’organe universitaire du Parti, le Bewe
98 la violence démagogique de ces articles. Car elle est moins dans la vivacité, voire dans la grossièreté des termes, que dan
99 ai payé aujourd’hui ma cotisation à la SA. Car je suis un ami de l’ordre. — Amen. Dans un autre numéro, l’article de tête e
100 — Amen. Dans un autre numéro, l’article de tête est intitulé : Arrogance académique. J’en traduis quelques passages : Il
101 académique. J’en traduis quelques passages : Il fut un temps en Allemagne où l’on se croyait tout permis, et nous pensons
102 t, il nous semble parfois que l’épuration n’a pas été poussée aussi loin de ce côté que du côté du marxisme, et que derrièr
103 eux et leur caste, c’était le bon temps ! Il doit être pénible de « s’abaisser » de l’état de demi-dieu académique à celui d
104 t ». — Je me promène avec un de mes étudiants. Il est déjà doktor phil., et il voudrait se perfectionner en français, dans
105 on. Il craint d’ailleurs de n’en point trouver, n’ étant pas du Parti. Il a fait beaucoup de psychanalyse : « Cela m’avait mêm
106 s. On ne peut plus croire à rien. » Maintenant il est disciple de Nicolaï Hartmann : la volonté, le réel, l’orgueil de l’ho
107 ses ? — On ne peut rien faire. Et en tout cas, je suis déjà trop vieux. — Trop vieux, vous ? Quel âge avez-vous ? — 27 ans.
108 Un communiste. — Dans sa petite cuisine, où nous sommes attablés, depuis deux heures il me raconte ses bagarres avec les nazi
109 ses bagarres avec les nazis, avant 1933, quand il était en feldgrau (l’uniforme des communistes) et les autres en brun. C’est
110 a lutte, il a 50 ans. Se bagarrer encore ? Ils ne sont pas comme ça, les ouvriers allemands. « Vous autres Français, me dit-
111 resque le même programme que le nôtre ! Mais il a été plus malin, il a rassuré les bourgeois en n’attaquant pas tout de sui
112 si tous l’abandonnent, tous ces gros cochons qui sont autour de lui (et il nomme les principaux chefs du régime) eh bien mo
113 ait plus dans la société de la ville ; depuis, il est devenu un personnage, recherché par ceux-là mêmes qui lui avaient fai
114 eurs critiques. Mais il conclut : — Quoi qu’il en soit , vous ne pouvez pas nier que le Führer fait de la grande politique !
115 t le monde ici répète : nous n’en voulons pas, ce serait une opération économiquement désastreuse, nous avons déjà assez de ca
116 ouger. Aucun danger de guerre. Un éclair, et tout sera terminé. N’ayez pas peur pour la paix, nous savons calculer, et tout
117 peur pour la paix, nous savons calculer, et tout est calculé dans cette affaire. Dans la chambre de son fils : il prend le
118 et l’élève devant lui en disant : — « Oui, toi tu seras un vrai guerrier ! » Sa femme : — « Voyons, tu es stupide de dire des
119 as un vrai guerrier ! » Sa femme : — « Voyons, tu es stupide de dire des choses pareilles devant des Français ! » Mais il
120 nçais ! » Mais il n’a pas l’air de comprendre. Où est la gaffe ?   Parents et enfants. — Déjeuner chez un avocat. Madame s
121 me. Tous les soirs, deux de mes enfants sur trois sont pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans. Elle est « Führerin » d’u
122 pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans. Elle est « Führerin » d’un groupe de jeunes filles qu’elle doit commander deux
123 nner aux plus pauvres, de les visiter quand elles sont malades (c’est un contrôle), et même, c’est arrivé plus d’une fois, d
124 notre fils, qui a 15 ans, de sortir un soir qu’il est un peu malade, par exemple, nous risquerions une mauvaise histoire av
125 ise histoire avec les autorités du Parti. Nous ne sommes que des civils pour nos enfants. Eux, ils se sentent des militaires. 
126 aires. » Plainte vingt fois entendue. Les enfants sont ravis, naturellement. Ils se sentent libres. Car la liberté, pour un
127 t, c’est tout ce qui ne dépend pas de la famille, fût -ce la plus dure discipline, pourvu qu’elle soit extérieure au foyer.
128 e, fût-ce la plus dure discipline, pourvu qu’elle soit extérieure au foyer. Je ne dirai plus que le « fascisme » tue l’espri
129 e qu’on exige, c’est celle qui sert l’État et qui est prévue par lui ; c’est celle que la tactique moderne exige du soldat
130 exige du soldat dans le terrain. Contraindre, ce serait peu. Mais s’emparer de la liberté même des jeunes, voilà le totalitar
131 t d’avoir su rendre la presse ennuyeuse. Car elle est ennuyeuse, tout le monde le dit ; et qu’un lecteur comme moi ne parta
132 rançais l’ignore sereinement, mais par contre, il est au courant des faits et gestes de Mademoiselle Darrieux, la star. On
133 le Darrieux, la star. On nous affirme aussi qu’il est prêt à se faire tuer pour assurer la liberté de sa presse : le droit
134 d’hui membre des SA, me dit qu’à son avis, Hitler était le seul homme capable d’assurer des relations équilibrées (?) entre l
135 n aurait-elle de chômeurs ? Les journaux français sont pleins d’allusions ironiques au mot de Goering sur le beurre remplacé
136 lacé par les canons. Voici la réalité : le beurre est contingenté, on ne peut en acheter qu’un demi-quart à la fois. Si l’o
137 suivante. C’est ce que nous faisons. Les magasins sont magnifiques à voir. Perfection des vitrines, des installations matéri
138 élevés. Les étalages des boutiques d’alimentation sont maigres : pas un melon de plus qu’on est certain d’en vendre dans la
139 ntation sont maigres : pas un melon de plus qu’on est certain d’en vendre dans la journée. Quand rien ne se perd, quand il
140 perd, quand il n’y a plus d’excès possible, c’en est fait de la douceur de vivre. Mais le tout est de savoir pour quels ex
141 ’en est fait de la douceur de vivre. Mais le tout est de savoir pour quels excès l’on se réserve. L’argent liquide est fort
142 our quels excès l’on se réserve. L’argent liquide est fort rare. Presque tous les achats de quelque importance se payent pa
143 rétextes, pour gagner un jour, un week-end. Je me suis laissé dire aussi que la police des rues feint de relâcher sa surveil
144 s de 1 mark. Comme, au surplus, les porte-monnaie sont souvent vides à cette époque, c’est triple gain pour la police, car u
145 amende dont on ne peut se libérer séance tenante est portée à 3 marks payables à domicile. Voici un trait caractéristique
146 les Allemands. Les propriétaires de notre maison sont ruinés. Ils n’ont plus d’autre argent liquide que celui que leur rapp
147 3 », etc., etc. Ils vous expliquent surtout quels sont les devoirs très rationnels (à leurs yeux tout au moins) qu’exige d’e
148 ns) qu’exige d’eux le nouvel ordre social. Ce qui était révoltant dans les discours lancés comme des défis à l’étranger, devi
149 ans la bouche d’un SA convaincu, ou de sa femme ! Serais -je contaminé par l’optimisme de commande en ce pays ? Je me dis parfo
150 e. Et pour réaliser ses premières conditions, qui sont le sens vulgarisé de l’État et le sens du service social.   Compensa
151 ne proclame une religion du travail et les Russes sont les plus paresseux des hommes ; Mussolini une religion de l’Empire, e
152 , et c’est à peine si les Italiens avaient jamais été une nation ; Hitler une religion de l’État, et les Allemands l’appren
153 pas faire, nous, une religion de la Liberté ! Ce serait le signe que nous en perdons le goût et l’usage naturel, spontané.  
154 ané.   Vertige de la relativité historique. — On est tenté de s’imaginer que certains choix entre deux causes sont simples
155 e s’imaginer que certains choix entre deux causes sont simples, parce que des hommes n’ont pas hésité un instant à se faire
156 eaktion » et du « Rotfront », savaient-ils ce que serait le régime pour lequel ils se sacrifiaient ? Seuls leurs descendants l
157 nt. Et encore, d’un savoir bien relatif, car il n’ est pas de mesure constante dans cet ordre. Ils sont donc morts pour une
158 n’est pas de mesure constante dans cet ordre. Ils sont donc morts pour une idée que son triomphe tuera peut-être, ou révéler
159 mourir « en connaissance de cause », il faudrait être à même d’anticiper prophétiquement sur au moins quelques siècles d’hi
160 t. Et derrière lui retentit cette parole : « Tout est accompli » — sur la Croix. Fin de décembre 1935 Noël. Et le rég
161 … 2 janvier 1936 Le fils de la propriétaire est un maigre blafard, blessé de guerre, et qui ne peut plus s’occuper qu
162 sifflant un air martial chaque fois que quelqu’un est sorti, pour vérifier si la porte a été refermée à clé. Hier soir, il
163 quelqu’un est sorti, pour vérifier si la porte a été refermée à clé. Hier soir, il m’avait remis la note du mois de décemb
164 s vous auriez dû le prévoir dès le début. Je m’en tiens à notre contrat. (J’ai pris la pose de Poincaré.) — Dans ces conditio
165 nnaît plus de contrat. Difficulté de prononcer où est la plus grande injustice. Et au surplus, dans l’un et l’autre cas, c’
166 ant seul qui parle d’injustice, alors que l’autre est en droit d’affirmer : point de justice sans révision des clauses deve
167 village qui trahisse son honneur : c’est qu’elle est née d’une mère russe. (Tout métis a la trahison dans le sang.) On voi
168 éralisme morbide). Le jeune paysan brutal qui lui tient tête figure l’Allemagne nouvelle. Grâce à lui, le village sera sauvé,
169 ure l’Allemagne nouvelle. Grâce à lui, le village sera sauvé, les Russes proprement massacrés. Dans une scène pathétique ave
170 r, c’est une activité plutôt « réactionnaire », n’ est -ce pas ? Lui. — Ah ! oui… (silence poli). Moi. — Allons au fait. J
171 ces types se préparent à la guerre. Lui. — Ce n’ est là, tout simplement, qu’un goût que nous avons. Cela n’a rien à voir
172 nt aimé la marche et le chant par groupes. Ainsi, tenez , les Suisses se passionnent pour le tir au fusil. Vous n’irez pas leu
173 . Vous n’irez pas leur reprocher, tout de même, d’ être un danger pour leurs voisins. Moi. — Bon. Admettons. C’est là que no
174 ins. Moi. — Bon. Admettons. C’est là que nous en étions restés. Je vous avais dit pour conclure : Souhaitons que vous arrivie
175 ors d’Allemagne, que votre goût du décor guerrier est un goût pacifique somme toute, sportif, artistique si j’ose dire ! L
176 pour l’œuvre contiennent le mot Kampf, quand ce n’ est pas le mot Krieg. « La lutte contre la faim et le froid est notre gue
177 mot Krieg. « La lutte contre la faim et le froid est notre guerre. » Je sais bien ce que vous entendez par là : « Les autr
178 ue vous entendez par là : « Les autres peuples en sont encore à la guerre armée, nous, nous luttons pour édifier un monde sa
179 e guerre ! » Mais pourquoi faut-il que votre paix soit encore une guerre ? Ne pouvez-vous vraiment enthousiasmer vos concito
180 faire l’exercice dans la campagne. Bon, voilà qui est simple. Moi, c’est plus compliqué à expliquer… et peut-être aussi à f
181 utre problème à résoudre maintenant. Le spirituel est réglé… officiellement du moins. Mais qu’allons-nous faire de notre én
182 avons honte devant eux. Nous sentons que nous ne sommes jamais allés jusqu’au bout de nos forces. Il y a un instinct profond,
183 ans : le sport… Lui. — C’est quelque chose. Ce n’ est pas assez, ce n’est pas sérieux. L’adversaire n’est pas un vrai adver
184 . — C’est quelque chose. Ce n’est pas assez, ce n’ est pas sérieux. L’adversaire n’est pas un vrai adversaire, comme à la gu
185 t pas assez, ce n’est pas sérieux. L’adversaire n’ est pas un vrai adversaire, comme à la guerre. Nous avons besoin de senti
186 roche à votre « peut-être qu’il faut cela », ce n’ est pas son cynisme, c’est bien plutôt son idéalisme lamentable. La guerr
187 ôt son idéalisme lamentable. La guerre actuelle n’ est pas du tout un appel à la virilité. Nous ne sommes plus au temps de F
188 n’est pas du tout un appel à la virilité. Nous ne sommes plus au temps de Frédéric le Grand. La guerre actuelle n’est pas une
189 temps de Frédéric le Grand. La guerre actuelle n’ est pas une éducation de la violence physique, c’est une machine à tuer c
190 ont subi une épreuve inutile et mauvaise. Ils ont été victimes d’un effroyable accident. Une épreuve pareille n’est pas hum
191 d’un effroyable accident. Une épreuve pareille n’ est pas humaine, elle n’a aucune valeur pour la vie normale de l’homme. E
192 même faire la théorie d’un ordre nouveau ? Vous n’ êtes pas trop réalistes, en France. Moi. — Vous savez que je ne suis pas
193 éalistes, en France. Moi. — Vous savez que je ne suis pas « pacifiste ». Je reconnais la réalité et la nécessité de conflit
194 itions naturelles pour vouloir les anéantir. Nous sommes fédéralistes, c’est-à-dire que nous voulons que toutes les différence
195  ! Je vous dis que vous manquez de réalisme. Vous êtes encore disciple de Rousseau plus que vous ne le croyez ! Dans la réal
196 ions. La nation-bloc, telle que vous la concevez, est un danger dès qu’elle est forte et armée. C’est bien pourquoi j’estim
197 e que vous la concevez, est un danger dès qu’elle est forte et armée. C’est bien pourquoi j’estime que votre « sport armé »
198 t bien pourquoi j’estime que votre « sport armé » est une menace pour la paix, que vous le vouliez ou non, parce qu’il est
199 la paix, que vous le vouliez ou non, parce qu’il est au service de l’État. Lui. — Ach ! C’est uniquement pour notre éduca
200 ec la Russie ? Lui. — C’est autre chose. Il faut être prêt à tout, bien qu’il y ait encore la Pologne entre deux. Mais surt
201 n doute, mais que je n’arrive pas à concevoir. Je suis sans doute trop rationaliste encore ? Lui. — Je ne nie pas la diffic
202 ncore ? Lui. — Je ne nie pas la difficulté. Mais est -ce qu’il n’y en a pas aussi dans votre système « fédéraliste » ? Et,
203 ui de la guerre moderne. Nous nions que la guerre soit jamais une solution, étant donnés ses instruments actuels. Nous voulo
204 ous nions que la guerre soit jamais une solution, étant donnés ses instruments actuels. Nous voulons une lutte créatrice, et
205 as destructrice. Tout l’effort de la civilisation est là : rendre féconds les conflits nécessaires. Et non pas aboutir à la
206 ntagonistes. Je sais bien que le mot civilisation est mal vu chez vous. Mais nous ne renoncerons pas à la civilisation sous
207 le sens où Rimbaud a dit : « Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes. » Lui. — Et pour ceux qui n’a
208 Ou à mort, plutôt… Je veux bien, pourvu que ce ne soit pas en France. Mais je vous répondrai plus sérieusement, d’un seul mo
209 d’éducation. Pour nous, éduquer les hommes, ce n’ est pas leur bourrer le crâne de notions inutiles, ni même de notions dit
210 de l’innocente biographie d’une femme de bien… — Est -ce un ouvrage politique ? me demande l’employé. — Comment voulez-vous
211 e vous répondrai dans huit jours. D’ailleurs tout est politique chez vous, même les biographies de sœurs d’hôpital, je pens
212 ois de l’espèce « grand bourgeois » : « Le peuple est favorable au régime. Les employés et les ouvriers y trouvent mille oc
213 ne nous respectent plus. » (Cela signifie qu’ils sont devenus moins serviles, qu’ils se respectent davantage.)   — Je me pr
214 is : au fond, il n’y a pas eu de révolution. Tout est à peu près comme avant, sauf qu’on ne tue plus dans la rue. (Je crois
215 ère dépend en somme d’une propagande habile, elle est morale d’abord, égalisatrice et corrective ; la seconde exigerait un
216 ncfort en proie au Carnaval et à l’angoisse, ce n’ est pas moi qui pose la question : elle m’assiège. Le dernier Carnaval, p
217 s cessé de me nourrir depuis dix ans. Kierkegaard est ma démesure, Goethe mon équilibre. Contemporains, ils se seraient dét
218 sure, Goethe mon équilibre. Contemporains, ils se seraient détestés. Et c’est moins un dialogue en moi qu’une lutte quotidienne
219 mieux ? Cet humaniste tourmenté mais trop habile, serait -il un obstacle sérieux pour l’entreprise de glorification des forces
220 tout savoir pour calculer son acte, et ce savoir est accessible : il est au terme du progrès, de l’évolution de notre indi
221 lculer son acte, et ce savoir est accessible : il est au terme du progrès, de l’évolution de notre individu. Les nazis corr
222 istoire hypothétique, que se joue le salut de ton être . Alors il n’y a plus de prétextes. Ou bien tu crois, ou bien tu te ré
223 évoltes. — Et je vois que les seuls qui résistent sont en fait ceux qui communient dans la foi où vivait le Danois. Mais moi
224 dans la foi où vivait le Danois. Mais moi qui ne suis pas de ce pays, moi qui ne vis pas encore sous la menace directe, dan
225 et la jeunesse des démocraties. Laquelle des deux est en retard sur la « vérité » historique ? Sur la marche « fatale » des
226  ? Faut-il penser que les régimes totalitaires ne sont que des folies passagères ? Ou bien sont-ils ce que l’on nommera la v
227 aires ne sont que des folies passagères ? Ou bien sont -ils ce que l’on nommera la vérité politique de ce temps, celle qui s’
228 qui demain la dominera ? Si le régime totalitaire est le châtiment qu’a mérité l’Europe, si plus rien ne peut s’opposer à s
229 plus secret d’un tel régime les valeurs qui nous sont vitales ? Pour un chrétien, il y va de bien plus : de la forme que po
230 ngile, le témoignage des fidèles. Le grand danger serait de lier sa foi à des valeurs humaines périmées. C’est pourquoi la lut
231 ue poursuit la chrétienté allemande sous la croix est pour nous d’une valeur exemplaire : jusqu’où peut-on céder à ce César
232 eut-on céder à ce César sans rien céder de ce qui est à Dieu ? Tragique révision des valeurs, qui nous oblige à dépouiller
233 dio à l’étage supérieur, sans comprendre. Ce doit être le discours du Führer. Personne dans la maison ne répond plus aux son
234 pond plus aux sonneries, et toutes les portes ont été fermées à double tour. Une heure. Le discours vient de prendre fin. U
235 Francs et Wisigoths, où la dignité d’homme libre était attestée par le droit de porter une arme à la guerre et de la conserv
236 er à son foyer en temps de paix. La ville entière est pavoisée. Des cortèges bruns circulent en chantant. Je n’ai pas vu le
237 elles ont passé à l’aube, en direction du Rhin. — Est -ce la guerre ? m’a demandé le vendeur du kiosque à journaux. — La gue
238 elques soldats à vos frontières ? Les Français ne sont pas si fous ! Il a paru complètement déconcerté. 9 mars 1936 Jo
239 éphone, encore anxieuse : « Dès que le discours a été terminé, je me suis précipitée à la fenêtre pour voir s’il n’y avait
240 euse : « Dès que le discours a été terminé, je me suis précipitée à la fenêtre pour voir s’il n’y avait pas d’avions françai
241 e aussi : épouser. La réoccupation de la Rhénanie est une espèce d’acte sexuel, au moins autant qu’un acte politique. Comme
242 nt expliquer autrement cette euphorie bizarre qui est dans l’air de la ville, dans la circulation de la foule, dans les reg
243 dans les regards croisés, les propos égarés ? On est en train de coller sur les piliers de publicité d’énormes affiches ro
244 est pour après-demain, à la Festhalle. Les places sont déjà plantées de hauts mâts blancs. Des équipes du service de travail
245 s’accélère. Les glandes endocrines sécrètent. Il serait curieux de mesurer l’augmentation du volume des affaires dans une vil
246 , n’a cessé de battre hier par toute la ville. Il est trois heures du matin : j’ai été réveillé par son roulement proche, e
247 ute la ville. Il est trois heures du matin : j’ai été réveillé par son roulement proche, et je l’entends encore au loin. Ce
248 je l’entends encore au loin. Cette fois-ci nous y sommes . C’est le grand tam-tam de la tribu qui est déclenché. Le sommeil mêm
249 y sommes. C’est le grand tam-tam de la tribu qui est déclenché. Le sommeil même doit être mis au pas, et l’inconscient ryt
250 la tribu qui est déclenché. Le sommeil même doit être mis au pas, et l’inconscient rythmé lugubrement. 11 mars 1936
251 L. : — Vous y croyez, vous, à l’âme collective ? Est -ce que ce n’est pas une formule grandiloquente pour désigner l’absenc
252 royez, vous, à l’âme collective ? Est-ce que ce n’ est pas une formule grandiloquente pour désigner l’absence d’âme personne
253 car les portes s’ouvrent à 5 heures. — Mais il n’ est annoncé que pour 9 heures, et j’ai une carte. — Venez voir ! Du seuil
254 a place de l’Opéra. Des milliers de SA et de SS y sont déjà rangés, immobiles. Le Führer viendra au balcon à 11 heures. D’ic
255 d, il y aura un million d’auditeurs immédiats. Je suis venu avec l’idée d’écouter aussi la foule. Je me trouve au milieu d’o
256 rovince nasille des lieux communs, mal écouté. Je suis debout, malaxé et soutenu par la foule, depuis bientôt quatre fois so
257 ule, depuis bientôt quatre fois soixante minutes. Est -ce que cela vaut la peine ? Mais voici une rumeur de marée, des tromp
258 ue. Quarante mille hommes, quarante mille bras se sont levés d’un seul coup. L’homme s’avance très lentement, saluant d’un g
259 emarquer que j’ai les mains dans mes poches : ils sont dressés, immobiles et hurlant en mesure, les yeux fixés sur ce point
260 rande cérémonie sacrale d’une religion dont je ne suis pas, et qui m’écrase et me repousse avec bien plus de puissance même
261 sique, que tous ces corps horriblement tendus. Je suis seul et ils sont tous ensemble. 12 mars 1936 Le journal de ce m
262 es corps horriblement tendus. Je suis seul et ils sont tous ensemble. 12 mars 1936 Le journal de ce matin écrit : « Lo
263 e que si ma foi puissante dans le Peuple allemand est sans cesse renforcée par la foi et la confiance du Peuple en moi ! —
264 lan. « Une ère nouvelle commence ici… » Non, ce n’ est pas de haine qu’il s’agit, mais d’amour. J’ai entendu le râle d’amour
265 iens, retournez aux catacombes ! Votre “religion” est vaincue, vos cérémonies modestes, vos petites assemblées, vos chants
266 tites assemblées, vos chants traînants, tout cela sera balayé. Il ne vous restera que la foi. Mais la vraie lutte commence l
267 e difficulté de faire comprendre ici la chose qui est en jeu là-bas : il m’a fallu, sur place, des mois pour la comprendre.
268 que j’ai senti, ce que j’ai miterlebt ? (Le mot n’ est même pas traduisible.) Les plus puissantes réalités de l’époque sont
269 isible.) Les plus puissantes réalités de l’époque sont affectives et religieuses, et l’on ne me parle que d’économie, de tec
270 peu de passion que j’y mette, on m’apprend que je suis hitlérien ! C’est que les hommes de notre temps ne croient pas au jug
271 Hitler. — On me questionne sur le Führer. Je ne suis pas son confident. Et vous avez les journalistes… Je l’ai entendu pen
272 Une seule chaîne de SS le séparait de la foule. J’ étais au premier rang, à deux mètres de lui. Un bon tireur l’eût descendu t
273 descendu très facilement. Mais ce bon tireur ne s’ est jamais trouvé, dans cent occasions analogues. Voilà le principal de c
274 u même délirer. On ne tire pas sur un homme qui n’ est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est l
275 On ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de 60 mil
276 t tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de 60 millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi,
277 n, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion sont réservés à d’autres catastrophes. Je sais qu’il y a des fous, des acc
278 tège. Il faut croire un homme qui dit cela. Qu’il soit un instrument de la Providence comme il l’affirme, ou qu’il soit un f
279 ent de la Providence comme il l’affirme, ou qu’il soit un fléau de Dieu (c’est une nuance), son destin ne dépend plus des ho
280 À plus forte raison, notre jugement sur lui doit être absolument indépendant des mérites qu’il a ou n’a pas, de la sympathi
281 rgie de cette nature, on sent très bien qu’elle n’ est pas de l’individu, et même qu’elle ne saurait se manifester qu’autant
282 t que l’individu ne compte plus, n’existe plus, n’ est que le support d’une puissance qui échappe à nos psychologies. Ce que
283 qui échappe à nos psychologies. Ce que je dis là serait du romantisme de la plus déplorable espèce si l’œuvre accomplie par c
284 ntends bien par cette puissance à travers lui — n’ était pas une réalité qui provoque la stupeur du siècle. On demande sotteme
285 e la stupeur du siècle. On demande sottement s’il est intelligent. Ne voyez-vous donc pas qu’un homme intelligent, qu’il le
286 z-vous donc pas qu’un homme intelligent, qu’il le soit très peu ou follement, si cela compte en lui le moins du monde, il ne
287 l ne vaut rien pour un destin pareil ? Un génie n’ est ni fou ni bête, ni sensé ni intelligent. Il ne s’appartient pas, n’a
288 de compte en banque, et à peine un état civil. Il est le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces for
289 l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déjà sont dressées devant vous ; et après cela, vous pouvez le supprimer sans r
290 ouvez le supprimer sans rien détruire de ce qui s’ est fait par lui. Qu’il y ait eu dans ces temps aveugles à toute réalité
291 cela suffit à vous en protéger. » Mais les malins sont déjà tous en train de faire des canons et des abris sous terre. Ce n’
292 de faire des canons et des abris sous terre. Ce n’ est pas une manière de prouver qu’ils ont quelque chose à défendre, à sup
293 s ont quelque chose à défendre, à supposer que ce soit une manière de se défendre, ce dont il est prudent de douter. Dites-v
294 ue ce soit une manière de se défendre, ce dont il est prudent de douter. Dites-vous encore que j’admire le Führer ? Laissez
295 in… À croire que ceux-ci créent celle-là… Mais ce serait trop beau dans le genre édifiant. Notre destin ne dépend pas seulemen
296 out cela beaucoup plus vite, mais on redoute de n’ être pas compris… J’aurais pu dire par exemple que ceci définit Hitler : s
297 our certains de mes contemporains : un prophète n’ est pas un devin, astrologue ou conteur de l’avenir, mais un homme qui pr
298 et homme-là, comme l’autre, ne compte pas, car où serait sinon sa puissance ?)   À force de vouloir « expliquer » le régime hi
299 iquer » le régime hitlérien, je m’aperçois que je suis contraint bien malgré moi, de le défendre ou de m’en donner les airs.
300 réponds : non, ils en ont peur. On me dit qu’ils sont capitalistes et bourgeois. Je réponds : non, ils tournent le dos à to
301 ’ont rien fait de sérieux, et que leur socialisme est une façade. Je réponds : non, c’est leur « nationalisme » (au sens bo
302 est leur « nationalisme » (au sens bourgeois) qui est pour eux un moyen de propagande, un moyen de séduire les droites et d
303 égime établi ; et quand il y en aurait autant, ce serait peu au regard de l’amour que le grand nombre a voué au Führer. Que vo
304 l qui étudie le terrain de sa bataille décisive n’ est pas précisément ce qu’on nomme impartial, mais s’il est incapable d’e
305 s précisément ce qu’on nomme impartial, mais s’il est incapable d’estimer objectivement les forces en présence, il ferait m
306 ’Hitler d’Allemagne et l’Hitler de M. Bailby. Ils sont fatigués d’avoir peur. Un peu de vérité les tuerait. Avril 1936 (D
307 . — J’ai fait admettre comme sujet de mon cours d’ été  : la littérature de la Révolution française. Il sera curieux de montr
308 é : la littérature de la Révolution française. Il sera curieux de montrer à mes étudiants que le national-socialisme est un
309 ontrer à mes étudiants que le national-socialisme est un jacobinisme allemand16. Les nazis sont contre l’esprit de 89 ? San
310 cialisme est un jacobinisme allemand16. Les nazis sont contre l’esprit de 89 ? Sans doute. Mais c’est qu’ils sont, sans le s
311 re l’esprit de 89 ? Sans doute. Mais c’est qu’ils sont , sans le savoir, pour la Terreur et Robespierre. Non point pour la Te
312 Des sans-culottes aux chemises brunes, le progrès est pourtant notable : Robespierre n’a pas réussi, il a posé les principe
313 our qu’elle devienne rentable. Mais l’inspiration est la même. Même esprit centralisateur ; même obsession de l’unité-bloc 
314 ent la politique : dans l’un et l’autre cas, l’on est totalitaire. La religion doit y passer, comme le reste, et peut-être
315 senberg. On rejette le Dieu personnel parce qu’il est le Dieu des personnes, et l’on adore un Dieu cosmique, non révélé, no
316 re un Dieu cosmique, non révélé, non incarné, qui est l’instinct sublimé de la masse, le bain tiède où se dissout le moi ja
317 n : l’analogie des deux mouvements totalitaires y est illustrée d’exemples d’une précision terrible. Le Prussien Anacharsis
318 r influence dans l’éducation publique peuvent-ils être livrés à des spéculations particulières ou privées ? » Non, estime Cl
319 s ? » Non, estime Cloots, bien que « la tolérance soit un mal nécessaire dans les conditions actuelles ». Car les spectacles
320 itions actuelles ». Car les spectacles populaires sont un moyen de dressage civique. Il s’agit de faire de tout le peuple de
321 a, puisque déjà « le coup électrique de la raison est si prompt d’un bout de la France à l’autre ». Et maintenant, confront
322 ilosophie a pris une consistance inébranlable… Je suis sûr de moi depuis que je suis sûr du peuple » (Cloots). « Je ne puis
323 ce inébranlable… Je suis sûr de moi depuis que je suis sûr du peuple » (Cloots). « Je ne puis vivre que si ma foi puissante
324 e que si ma foi puissante dans le peuple allemand est sans cesse renforcée par la foi et la confiance du peuple en moi ! »
325  leur » Révolution, ou qui regrettent qu’elle ait été trahie avant d’avoir accompli ses promesses. Qu’opposeraient-ils à Ro
326 et de ne pas penser davantage que le voisin, qui est bien trop prudent pour penser. Programme communiste atténué. 10 ma
327 pour m’assurer que s’ils ne m’ont rien dit, ce n’ est point par crainte ou par méfiance, mais simplement parce qu’ils n’ont
328 dehors ; nous croyons que tous ceux qui y vivent sont affectés d’un signe de haine ou d’approbation enthousiaste pour le ré
329 ’approbation enthousiaste pour le régime qui leur est imposé. La vérité est que le grand nombre admet le régime avec indiff
330 ste pour le régime qui leur est imposé. La vérité est que le grand nombre admet le régime avec indifférence, j’entends : ne
331 ette faculté humaine d’accepter le fait accompli, fût -il le plus artificiel, et incommode, et inhumain. De l’accepter au po
332 urait cru qu’en une vingtaine d’années les hommes seraient capables de conduire ces machines en pensant à n’importe quoi, dans u
333 fait figure de héros national. Son autobiographie est célèbre : Du sous-marin à la chaire. Elle nous le montre à Kiel, en j
334 ice de la « Mission intérieure ». Depuis 1931, il est pasteur d’un quartier berlinois. Et maintenant, je le vois sortir de
335 Et maintenant, je le vois sortir de l’ombre où il était assis au fond de la chaire, poser les deux mains sur l’appui et regar
336 le sérieusement. Chacun de ces mots qu’il détache est un témoignage de la foi — et peut le faire jeter en prison. Il m’est
337 e la foi — et peut le faire jeter en prison. Il m’ est arrivé de souhaiter que les écrivains de nos démocraties soient soumi
338 de souhaiter que les écrivains de nos démocraties soient soumis pendant quelque temps à des sanctions conditionnelles très pré
339 ar force, malgré soi, et c’est cela justement qui est sérieux ! Le témoignage rendu à Dieu quand Dieu le veut et que les ho
340 e veut et que les hommes l’interdisent, ah ! ce n’ est pas un choix de l’homme ou une école d’énergie, ni rien qui flatte le
341 tendre encore, de ménager ses chances ; ou ce qui serait peut-être encore plus sage : de s’en remettre à la Providence !… Mais
342 !… Mais voici que cette Providence m’abandonnera, sera contre moi, si je me tais ! La propagande nationale-socialiste répand
343 iste répand le bruit que l’Église confessionnelle est le refuge de l’opposition démocratique et socialiste. Et il se peut q
344 chrétiens : ils se figurent que le christianisme est un parti.) La vérité est autrement tragique. La vérité est que le trè
345 ent que le christianisme est un parti.) La vérité est autrement tragique. La vérité est que le très grand nombre des fidèle
346 rti.) La vérité est autrement tragique. La vérité est que le très grand nombre des fidèles de cette Église sont des « natio
347 le très grand nombre des fidèles de cette Église sont des « nationaux » convaincus, politiquement d’accord avec Hitler. On
348 aucun gré. Le Parti n’aime pas les chrétiens. Ils sont là comme l’œil de Caïn dans la tombe, — la tombe autarchique. Peu à p
349 ment, ne pouvait se contenter de leur zèle, qu’il était jaloux de leur foi18. Peu à peu, on les a contraints à distinguer l’É
350 s chefs du régime ; alors que la lutte actuelle n’ est que le premier affrontement de l’Église chrétienne et d’un système « 
351 sans accepter l’esprit qui les édicte… Car telle est la misère du temps : César ne sait plus gouverner s’il n’usurpe les d
352 n’usurpe les droits de Dieu. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, cela s’appelle alors du sabotage, et cela conduit au camp de
353 o, qu’on sait nombreux. Rien n’empêchera que nous soyons ici des frères en communion avec l’Église universelle. Rien n’empêche
354 empêchera que dans ce lieu où le néant de l’homme est déclaré, Dieu n’ait retrouvé des humains. 21 juin 1936, nuit F
355 ins. 21 juin 1936, nuit Fête du solstice d’ été . — Dans la nuit noire, sur une plaine inégale, où le pied bute, nous
356 nt le faisceau se perd dans la hauteur. Nous nous sommes assis sur l’herbe, à côté des porte-drapeaux de la Vieille garde du P
357 à la hauteur des bottes. Derrière nous, la plaine est vide, parfois parcourue de moteurs. Une voix dure et nasillarde s’élè
358 hmes de tambour lugubres en sourdine. « Le Peuple était divisé, égaré… » On entend des bruits de guerre civile, cris, tac-tac
359 populaires, puis fanfares : « La vieille légende est devenue réalité ! Il est venu réveiller son Peuple ! » Et maintenant
360 s : « La vieille légende est devenue réalité ! Il est venu réveiller son Peuple ! » Et maintenant des voix militaires décri
361 ’armée motorisée, la liberté reconquise… Ce drame est visiblement inspiré par la liturgie protestante ; il en copie le plan
362 à son peuple l’orgueil. Et les articles du Credo sont remplacés par l’énumération très orthodoxe des prouesses du nouveau r
363 ici-bas qui a raison, qui montre enfin ce dont il est capable ! Qu’il est triste, le Horst Wessel Lied, quand il ne retent
364 qui montre enfin ce dont il est capable ! Qu’il est triste, le Horst Wessel Lied, quand il ne retentit pas comme un défi
365 — quand il monte et se perd dans une belle nuit d’ été , vers le ciel vide ! Minuit. La flamme jaillit de l’énorme bûcher, il
366 ûcher, illuminant des faces rouges, immobiles. Où est la joie des feux de la Saint-Jean sautés avec des cris aigus ? (Ce fe
367 aint-Jean sautés avec des cris aigus ? (Ce feu-là est beaucoup trop gros, et d’ailleurs, on ne quitte pas les rangs.) Plus
368 enant en proie au cauchemar de la force ? Ou bien serait -ce aujourd’hui seulement que la vérité de cette nation paraît, et alo
369 s, et des chansons de la vieille France, dont ils étaient les seuls à savoir toutes les strophes… — Quelle impression emportez-
370 le critiquer ? Vous me dites que tout cela devait être , vous me le prouvez à l’évidence… « Vous avez vos problèmes, et nous
371 rase par laquelle l’un de vous m’accueillit. ⁂ Il est facile d’avoir raison, de loin, contre un peuple qu’on ne voit pas. M
372 st bien celui qui consiste à reconnaître que nous sommes tous responsables de tout ; et que la question sérieuse n’est pas de
373 ponsables de tout ; et que la question sérieuse n’ est pas de savoir qui l’est le plus ou qui l’est le moins, mais comment n
374 ue la question sérieuse n’est pas de savoir qui l’ est le plus ou qui l’est le moins, mais comment nous allons nous y prendr
375 se n’est pas de savoir qui l’est le plus ou qui l’ est le moins, mais comment nous allons nous y prendre pour éviter ce mal
376 rément satisfaits, je me dis parfois : ils aiment être battus ; ils ont, au fond, ce qu’ils méritent. Mais attention : nous
377 le cynisme, nous dirait Machiavel, le vrai, qui n’ est pas celui qu’invoquent nos réalistes pour justifier les sottises de l
378 pour justifier les sottises de leur classe. Je ne suis pas « contre » le fascisme des Allemands : ils en font leur affaire,
379 Allemands : ils en font leur affaire, et je n’en suis pas. Mais j’essaie de savoir ce qu’il est, pour le reconnaître ailleu
380 e n’en suis pas. Mais j’essaie de savoir ce qu’il est , pour le reconnaître ailleurs à sa naissance, là où il peut nous conc
381 à où il peut nous concerner ; là où si peu que ce soit dépend de notre effort, et de notre lucidité. Que sert de critiquer l
382 faux miracles ; mais les sceptiques et les malins sont destinés à les prendre au sérieux. La foi seule nous délivrera des re
383 Seiss-Inquart et de M. Henlein. 11. Le temple a été brûlé par les bolchéviques, comme il se doit. Mais ces « pieux » germ
384 Grande différence avec le régime russe. Mon cours fut écouté avec un intérêt courtois, vaguement étonné il est vrai… 17. (
385 uté avec un intérêt courtois, vaguement étonné il est vrai… 17. (Note de 1938.) Niemöller arrêté on 1937 a été jugé après
386 … 17. (Note de 1938.) Niemöller arrêté on 1937 a été jugé après plusieurs mois de prison. Libéré par le tribunal, il a été
387 eurs mois de prison. Libéré par le tribunal, il a été aussitôt reconduit dans un camp sous le prétexte de « protection de l
388 ue. — Au dernier moment, j’apprends que Niemöller est déclaré prisonnier personnel du Führer pour dix ans. 18. Voir l’App
3 1938, Journal d’Allemagne. II. Conclusion 1938
389 IIConclusion 1938 Deux années se sont écoulées depuis la fin de ce Journal. Je ne vois pas qu’elles aient r
390 rien apporté qui puisse motiver des retouches. Il est un point toutefois que certains événements se sont chargés de me rend
391 est un point toutefois que certains événements se sont chargés de me rendre encore plus clair, et sur lequel on n’insistera
392 ssez : la nature religieuse de l’hitlérisme. Ce n’ est plus une découverte, tous les journaux en parlent aujourd’hui. Mais j
393 nazis ont compris que le socialisme économique n’ est que la moitié d’une doctrine : l’État ne sera maître de l’argent que
394 ue n’est que la moitié d’une doctrine : l’État ne sera maître de l’argent que s’il est maître des esprits. Ils ont tiré la g
395 rine : l’État ne sera maître de l’argent que s’il est maître des esprits. Ils ont tiré la grande leçon de la guerre ; pour
396 ion. Tout « étatisme » (au sens atténué du xixe ) est condamné de nos jours à se vouloir franchement totalitaire, sinon c’e
397 me « socialise » le sentiment patriotique. L’un n’ est plus possible sans l’autre, dans l’état de nos sociétés. On peut n’ai
398 étés. On peut n’aimer ni l’un ni l’autre, mais il serait un peu stupide de croire encore qu’on puisse choisir, qu’il soit inté
399 pide de croire encore qu’on puisse choisir, qu’il soit intéressant de choisir entre les phénomènes tertiaires (fascisme) et
400 d’une maladie aussi vieille que l’Europe, et qui est sa P. G. politique. Ainsi l’État devient l’expression unique (plus en
401 simple des triomphes totalitaires. Évidemment, il sera toujours possible d’invoquer les lois économiques, les forces relativ
402 les marxistes et papen contre Hitler : tout cela est bel et bon, et fournit de la copie aux marxistes et aux libéraux. À l
403 st très dangereux. Reste à savoir pourquoi cela s’ est réalisé. Car on ne nous parle jamais que du comment. Et les « explica
404 er que de cette sorte. Voilà pourquoi votre fille est muette. Les mêmes théoriciens, en 1932, vous démontraient, le Capital
405  » à l’aide des mêmes schémas que le contraire se soit produit en fait… Dernière défense du capital, récitent sans se lasser
406 allemand. Il ne s’agit ici que de religion. Ce n’ est pas pour défendre le capitalisme que les mineurs de la Sarre ont voté
407 re ont voté leur rattachement au IIIe Reich. Ce n’ est pas en parlant d’hystérie qu’on peut comprendre le phénomène fondamen
408 mmunauté autour d’un sentiment « sacré ». Et ce n’ est pas la soif d’une tyrannie, au sens politique et légal, qui a jeté l’
409 u’exerce une religion naissante, si basse qu’elle soit , sur les masses décomposées par des siècles d’individualisme. Dans un
410 sme. Dans une société où tous les liens originels sont dissous ; où les religions n’apparaissent plus au peuple et aux élite
411 ; où les élites parlent un langage que les masses sont en mesure d’entendre, mais non pas de comprendre (et c’est souvent he
412 mune mesure a disparu — dans une telle société il est fatal que se répande par les masses et que s’installe au cœur de chaq
413 que les dictateurs ont su répondre. Tout le reste est littérature, bavardage de théoriciens, ou ce qui est pire, de « réali
414 littérature, bavardage de théoriciens, ou ce qui est pire, de « réalistes ». J’ai reçu récemment d’Allemagne une lettre q
415 d’Allemagne une lettre qui résume tout ceci. Elle est d’un jeune national-socialiste qui, ayant lu par hasard un de mes liv
416 hitlérien. Il explique tout d’abord que ce régime est né de la pauvreté et du malheur de son pays, — ce qui est très juste.
417 e la pauvreté et du malheur de son pays, — ce qui est très juste. Et il ajoute : « Mais la pauvreté et le malheur ne peuven
418 La raison profonde d’un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulions vi
419 ous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité de croire
420 à l’immortalité du peuple (un arbre dont nous ne sommes que les feuilles qui tombent à chaque génération) et peut-être réussi
421 goissée de croire à la première qui se présente —  fût -elle aussi invraisemblable que « l’immortalité » d’un peuple : on ne
422 urons maintenant la naïveté des « réalistes » qui tiennent fréquemment ce propos : « Tout n’est pas mal de ce qui se fait là-bas
423 s » qui tiennent fréquemment ce propos : « Tout n’ est pas mal de ce qui se fait là-bas. Il y a bien des choses à y prendre.
424 de main-d’œuvre en 1938. La dignité de la nation est rétablie. L’autorité est restaurée. « Et nous voici sauvés du communi
425 La dignité de la nation est rétablie. L’autorité est restaurée. « Et nous voici sauvés du communisme. » C’est ainsi que be
426 litaire ne signifiait pas, justement, que tout se tient dans ce régime, et que rien ne peut en être détaché sous peine de per
427 t se tient dans ce régime, et que rien ne peut en être détaché sous peine de perdre toute espèce de sens ! Croit-on que l’or
428 e l’ordre social qu’on admire en Allemagne puisse être obtenu à bas prix, par des méthodes plus ou moins « habiles », ou « r
429 ou « politiques » ? Ne voit-on pas que cet ordre est simplement la suppression brutale et militaire de toute expression li
430 e expression libre des antagonismes qui chez nous sont encore la réalité même du social ? Que la paix est obtenue par l’écra
431 nt encore la réalité même du social ? Que la paix est obtenue par l’écrasement des faibles ? Que l’unanimité des ouvriers r
432 de la mise au pas des syndicats ? Que tout cela n’ est devenu possible que par le fait d’une complicité quasi universelle et
433 une complicité quasi universelle et inconsciente, fût -ce de la part des opposants ? Que cette complicité elle-même procède
434 e ? Et qu’enfin ce qui importe au dictateur, ce n’ est pas telle mesure en soi, mais au contraire le sens qu’elle prend par
435 résistances ont cédé. L’internationale ouvrière s’ est effondrée sans faire usage de ses armes. Le capital est en bonne voie
436 fondrée sans faire usage de ses armes. Le capital est en bonne voie d’étatisation sans douleur. Idéalisme et réalisme ont f
437 t les troupes veuillent la guerre ! Les hommes ne sont pas si méchants, ni même si bêtes. Mais ce qu’il faut voir, c’est que
438 sé si peu que dans les régimes totalitaires. Ce n’ est pas le chef qui commande, et ce ne sont pas les désirs conscients et
439 ires. Ce n’est pas le chef qui commande, et ce ne sont pas les désirs conscients et avoués qui sont puissants. Ce qui est pu
440 e ne sont pas les désirs conscients et avoués qui sont puissants. Ce qui est puissant, ce qui commande tout, c’est le mécani
441 s conscients et avoués qui sont puissants. Ce qui est puissant, ce qui commande tout, c’est le mécanisme de la dictature to
442 , la structure de l’État totalitaire — quelle que soit sa doctrine — c’est l’état de guerre. Tout ce que l’on fait là-bas se
443 le de guerre ; et toutes les mesures d’oppression sont « joyeusement acceptées » pour peu que l’union sacrée les légitime. I
444 on en France d’un air malin. On oublie que le mot est de Goering lui-même. « Du beurre ou des canons », c’est un slogan de
445 s — pour les canons. Ces foules peuvent très bien être composées de pacifistes. Cela n’a aucune importance. Car ce qui compt
446 la Nation, pratiquement c’est l’État. Et cet État est né de la guerre ; il y prépare du simple fait que ses conditions d’ex
447 are du simple fait que ses conditions d’existence sont celles d’une mobilisation ; il compte à chaque instant avec l’éventua
448 e, et il y puise sa force de cohésion. Quelle que soit donc la volonté consciente et avouée du Führer et du peuple, il n’y a
449 toute guerre engagée avec les États totalitaires est une guerre perdue, quelle que soit son issue, pour les nations démocr
450 ts totalitaires est une guerre perdue, quelle que soit son issue, pour les nations démocratiques. D’une guerre totale, telle
451 énergies belliqueuses. Or, se montrer fort, ce n’ est pas s’armer jusqu’aux dents. Réagir au péril totalitaire par des plan
452 e sens civique décadent. Retrouver une foi qui ne soit pas cette volonté anxieuse de croire à la Nation… Le seul problème pr
453 religieux qui naît de cette angoisse — même s’il est encore inconscient. Toute la question est de savoir si nous saurons m
454 me s’il est encore inconscient. Toute la question est de savoir si nous saurons mettre à profit pour le résoudre le délai q
455 ble, et quelques restes de traditions civiques. ( Été 1938.)
4 1938, Journal d’Allemagne. Appendice i. Instruction spirituelle donnée aux étudiants hitlériens, (Extrait de lettre d’un étudiant allemand)
456 xtrait de lettre d’un étudiant allemand) « J’ai été convoqué par ma corporation à un camp d’instruction de deux semaines
457 ur lesquelles les participants doivent évidemment être au clair. Il s’exprima comme il suit — je sténographiai les formules
458 urnée du Parti de 1935 : « Le national-socialisme est une conception du monde. » Cette conception du monde est décrite dans
459 conception du monde. » Cette conception du monde est décrite dans Le Mythe du xxe siècle de Rosenberg… Dans les camps du
460 strupp). La conception chrétienne et la marxiste sont l’une et l’autre libérales, parce qu’individualistes… La piété german
461 , parce qu’individualistes… La piété germanique n’ est qu’une attitude de profond respect en face des lois de l’Harmonie et
462 voir à cause de leur infériorité raciale, doivent être rejetés, ce qui se produit en partie grâce aux mesures de stérilisati
463 érilisation… La conception nationale-socialiste n’ est destinée qu’à la race germanique, et non pas à toutes les races, comm
464 ment parce que la religiosité courante en ce pays était le christianisme, et pour plus de clarté, qu’on a utilisé le terme de
465 en soi… Tous les membres des diverses confessions sont plus ou moins des trafiquants de devises et des traîtres au peuple… M
466 ésir de servir le peuple — et il y en a — doivent être combattus, car leur erreur est préjudiciable à la communauté populair
467 y en a — doivent être combattus, car leur erreur est préjudiciable à la communauté populaire, et antinaturelle puisqu’elle
468 ommunauté populaire, et antinaturelle puisqu’elle est d’origine raciale étrangère. Ce qu’il faut attaquer dans le christian
469 tionalisme, etc. Toutefois l’orateur s’efforce d’ être objectif. L’essentiel est qu’il affirme sans cesse que ce n’est pas u
470 l’orateur s’efforce d’être objectif. L’essentiel est qu’il affirme sans cesse que ce n’est pas une opinion personnelle qu’
471 L’essentiel est qu’il affirme sans cesse que ce n’ est pas une opinion personnelle qu’il expose, mais la position officielle
472 camp et demandèrent l’autorisation de se retirer, étant chrétiens. Suit le récit de plusieurs entrevues prolongées avec les r
473 remarquer en outre que le point 24 du programme n’ est pas une hypocrisie, comme le prétendait l’étudiant, mais qu’il témoig
474 témoigne d’une grande sagesse : « Il arrive qu’on soit obligé de ne pas dire la vérité à un grand malade, de peur de lui ôte
475 ui ôter sa dernière volonté de vivre. Le peuple n’ est pas encore mûr pour la nouvelle conception du monde, et une guerre de
476 onception du monde, et une guerre de religion lui serait fatale. » Finalement le chef des étudiants du Reich arrive au camp. I
477  le temps vient où beaucoup de camarades du Parti seront désillusionnés, qui avaient cru mener un combat purement politique. I
5 1938, Journal d’Allemagne. Appendice ii Plébiscite et démocratie. (À propos des « élections » au Reichstag, 29 mars 1936)
478 onales-socialistes doivent logiquement apparaître soit comme un truquage monumental, soit comme une manifestation de puissan
479 ent apparaître soit comme un truquage monumental, soit comme une manifestation de puissance au moins superflue. Les « électi
480 des candidats, et le seul ministre de l’Intérieur était en droit de nommer définitivement les députés. Le vote revenait donc
481 la technique de la propagande et du vote lui-même était indiquée par la nature du but visé, et il n’y a pas lieu de chicaner
482 ains membres du parti N.-S. reconnaissent qu’on a été « un peu fort » dans l’application des moyens de contrainte légale, s
483 ts de toute faculté pratique de dire non). Le but étant l’unanimité, et non la majorité, et cette unanimité n’existant pas en
484 ocratie Or cette opération antiparlementaire a été présentée au peuple allemand, après le 7 mars, comme un acte démocrat
485 émocraties de l’Ouest, disait-il en substance, ne sont en réalité que des oligarchies. Le peuple y est privé du pouvoir de t
486 sont en réalité que des oligarchies. Le peuple y est privé du pouvoir de trancher les questions importantes. Entre lui et
487 ns votre approbation, sans votre confiance. Je ne suis pas un usurpateur, ni un dictateur, mais je suis le porte-parole d’un
488 suis pas un usurpateur, ni un dictateur, mais je suis le porte-parole d’une volonté nationale à laquelle j’obéirai toujours
489 vent répondre sans chercher bien loin : si vous n’ étiez pas sûr d’avance du résultat de votre plébiscite, vous sauriez fort b
490 ce de cause. C’est pourquoi la vraie démocratie n’ est possible que là où l’opinion a été formée et disciplinée par un seul
491 e démocratie n’est possible que là où l’opinion a été formée et disciplinée par un seul parti dirigé par un seul homme. » (
492 allemand qui écoute ce langage. Il se peut qu’il soit un instant gêné par le sophisme qui assimile « vraie démocratie » et
493 ernement d’un seul appuyé sur une opinion qu’il s’ est créée favorable par les moyens que l’on sait. Mais il est probable qu
494 e favorable par les moyens que l’on sait. Mais il est probable que cet électeur est beaucoup plus sensible à la dénonciatio
495 l’on sait. Mais il est probable que cet électeur est beaucoup plus sensible à la dénonciation du sophisme contraire, parce
496 enne et la « démocratie » parlementaire française sont deux trahisons de la véritable démocratie si celle-ci doit être défin
497 isons de la véritable démocratie si celle-ci doit être définie comme le gouvernement du peuple par lui-même. Ce régime idéal
498 petits cantons suisses où les affaires publiques sont discutées par l’assemblée plénière des électeurs (Landsgemeinde). Mai
499 e). Mais une telle démocratie, la seule réelle, n’ est plus possible dès que le nombre des électeurs dépasse la dizaine de m
500 pouvoirs délégués échappent à tout contrôle, ils sont perdus. Mais là où le référendum ne peut être provoqué que par le gou
501 ils sont perdus. Mais là où le référendum ne peut être provoqué que par le gouvernement, comme en Allemagne, on ne saurait p
502 r. 3. Nécessité du plébiscite Le plébiscite est donc un référendum contrôlé, pratiquement : un référendum truqué. Il
503 isolé, acte qui d’ailleurs a toutes les chances d’ être très généralement approuvé même par les adversaires du régime. (Les 3
504 el point a-t-on le droit de tromper le peuple ? —  fût -ce pour son bien… On voit très clairement pourquoi l’état national-so
505 tie ». C’est que le problème allemand fondamental est aujourd’hui de constituer une nation unitaire, centralisée, une solid
506 açon ouverte ou voilée, à un plébiscite. Sinon ce serait la ruine rapide de l’étatisme centralisateur. (On a remarqué depuis l
507 emarqué depuis longtemps que le référendum suisse est généralement dirigé contre l’État. C’est-à-dire que la plupart des lo
508 is proposées par l’État et soumises au référendum sont ipso facto repoussées par la majorité des citoyens.) La nécessité du
509 rer le référendum, la « consultation populaire », sera en réalité une tentative de plébiscite, et donc une négation de la dé
510 cratie réelle. (Encore une fois : le référendum n’ est possible en Suisse, il n’est « démocratique » que dans la mesure où l
511 is : le référendum n’est possible en Suisse, il n’ est « démocratique » que dans la mesure où le fédéralisme suisse subsiste
512 unité depuis des siècles, et qui peut-être a même été trop loin dans ce sens ; pour un pays qui a fait la Révolution de 89,
513 s ; pour un pays enfin dont la mission a toujours été libératrice — ou tout au moins affirmée telle —, la tentation plébisc
514 affirmée telle —, la tentation plébiscitaire, qui est la tentation fasciste, n’a plus de sens historique ni spirituel. Il i
515 tout contraire des élections partisanes. Si nous sommes antiparlementaires, nous ne souffrirons pas qu’une paresse d’esprit v
516 tion, voilà l’ennemi ; et peu nous importe que ce soit un pseudo-fascisme de droite ou un pseudo-démocratisme de gauche qui
517 ersonnaliste de la France, ces deux tentatives ne seront jamais que des trahisons jumelles. Nous sommes contre la centralisati
518 ne seront jamais que des trahisons jumelles. Nous sommes contre la centralisation, contre l’étatisme, contre le nationalisme é
519 ce de fascisme « à la française ». Parce que nous sommes pour le fédéralisme communaliste, pour l’exercice de l’autorité sur p
520 s et qui savent ce qu’ils font, dans un cadre qui soit à mesure d’homme, — pour la seule vraie « démocratie », dirions-nous
521 a chose. 20. Les deux articles qui suivent ont été écrits à l’époque de ce journal, pour la revue L’Ordre nouveau . Ils
6 1938, Journal d’Allemagne. Appendice iii. Les jacobins en chemise brune
522 tournures que prend le national-socialisme, il n’ est pas rare qu’un membre du parti d’Hitler réponde : « Vous êtes bien ma
523 e qu’un membre du parti d’Hitler réponde : « Vous êtes bien mal venu à critiquer ce qui se fait ici ! Vous condamnez notre c
524 oriens vantent les bienfaits de cette unité. Elle est passée dans vos mœurs, à tel point que vous n’en êtes plus même consc
525 passée dans vos mœurs, à tel point que vous n’en êtes plus même conscients. Vous criez au nationalisme, c’est-à-dire à l’or
526 je pense, dès qu’un peuple à côté de vous, que ce soit l’Italie ou l’Allemagne, essaie de faire ce que vous avez fait, et do
527 si fiers ! » Je note d’abord que ces propos m’ont été tenus spontanément, par des personnes très favorables à Hitler, mais
528 iers ! » Je note d’abord que ces propos m’ont été tenus spontanément, par des personnes très favorables à Hitler, mais qui ga
529 ler, mais qui gardaient leur sens critique. Ce ne sont pas là des « Schlagworte », des mots d’ordre de la Propagande. Il y a
530 hances qu’ils traduisent la réalité telle qu’elle est , et non point telle qu’on la décrète. ⁂ Dans quelle situation histori
531 petits États autonomes, dont certains risquent d’ être entraînés dans des orbites étrangères. (La Bavière catholique se rapp
532 ira rechercher des Chamberlain, des Gobineau qui sont bien loin des préoccupations urgentes du peuple allemand, mais qui fo
533 tte pour l’idée nationale. Au fond, le problème n’ est pas si différent de celui qui se posait aux jacobins, mais les moyens
534 sait aux jacobins, mais les moyens de le résoudre seront nécessairement tout autres. Les jacobins, en effet, défendaient une r
535 té de regrouper toutes les forces allemandes pour tenir tète à la double pression qu’exercent les Alliés et les réactionnaire
536 s Français qui occupent la Rhénanie, eh bien ! ce sera « l’armée de Coblence ! » 3° Lutte contre les cliques politiciennes.
537 tre les cliques politiciennes. — Ici le parallèle est moins frappant ; c’est qu’en effet la technique des révolutions de ma
538 rienne, de même que la Révolution française, ne s’ est pas proposé d’abord une modification du corps social et de la structu
539 endre contre droites et gauches, mais un Hébert n’ est pas de la taille d’un Röhm ou d’un Strasser.) Mais où le parallèle hi
540 ir affermi. La justification des actes de terreur est à peu près la même de part et d’autre. C’est le bras vengeur du justi
541 e une stupeur horrifiée, dont l’effet infaillible est de faire apparaître le tyran sous les espèces d’un surhomme. Après qu
542 es Moissons, fête de la Jeunesse ou du Solstice d’ été , culte des morts de la Révolution, sous Hitler. L’analogie est à peu
543 s morts de la Révolution, sous Hitler. L’analogie est à peu près parfaite, à ceci près que Robespierre ne disposant pas de
544 oi les ergoteurs ne manqueront pas de répliquer : était -ce la peine de dire tant de mal de l’esprit de 89 et de la Déclaratio
545 moins que la France ? (Ou bien, contre Staline : était -ce la peine de dénoncer la peste du capitalisme, pour déclarer, aussi
546 » ?) Mais on ne peut pas refaire l’histoire. Nous sommes là pour la créer. Vis-à-vis des jacobins bruns, nous ne pouvons nous
547 à-vis des jacobins bruns, nous ne pouvons nous en tenir à des critiques rétrospectives. Tournés vers l’avenir prochain, nous
548 de guerre. Il n’a pas vu que cette même structure était la cause de la stérilité de la paix. S’il avait mieux connu la France
549 x. S’il avait mieux connu la France telle qu’elle est , s’il n’avait pas été hypnotisé par les nécessités de « son combat »2
550 nnu la France telle qu’elle est, s’il n’avait pas été hypnotisé par les nécessités de « son combat »22, il eût tiré aussi l
551 atisme centralisateur. Tant que ce dépassement ne sera pas amorcé par la France, les nations jeunes, faute d’un autre modèle
552 iques à venir, mais de la paix européenne. Car il est clair que la menace de guerre se confond actuellement avec le fait to
553 pas détruit cette racine de la guerre, on ne peut être sûr que du pire. Le jacobinisme, l’esprit centralisateur, le principe
554 plinée dans un cadre rigide, tout cela ne cesse d’ être stérile et abstrait — en temps de paix — que pour devenir la guerre c
555 e, bonne ou mauvaise. On me dira sans doute qu’il est trop tard. Désespérer de la paix, c’est rendre une guerre fatale. Dés
556 érer de la paix. Et c’est précisément parce qu’il est trop tard pour empêcher la guerre par tout autre moyen, que nous devo
557 des partisans d’Hitler déclarer que le racisme n’ est en réalité que la lutte contre les juifs. Ils restent assez sceptique
558 qu’une idéologie née du seul combat (Mein Kampf) sera forcément d’allure totalitaire.