1
ue l’on n’a pas jugé utile de nommer.) Le lecteur
sera
déçu s’il attend une évocation poétique de l’Allemagne : c’est le rég
2
ur sa vie quotidienne, sur son existence dans les
êtres
, celle dont l’Histoire ne nous parlera point, — la plus réelle. On se
3
On se demandera sans doute pourquoi ce journal n’
est
publié qu’après deux ans de tiroir. Les nouvelles qu’il apporte ne so
4
eux ans de tiroir. Les nouvelles qu’il apporte ne
sont
-elles pas vieillies, dépassées par les événements, et par certaine pa
5
nts, et par certaine panique récente ? L’auteur s’
est
posé la question d’une manière un peu différente. S’il a tardé à publ
6
c’est justement qu’à son retour d’Allemagne, il n’
était
pas encore fixé sur la nature de leur actualité. Il craignait de n’av
7
ects passagers du régime. Et comme son ambition n’
était
nullement de faire concurrence aux journalistes d’information, il s’e
8
concurrence aux journalistes d’information, il s’
est
dit que le seul moyen de vérifier l’actualité de ses notes, c’était d
9
n assez spéciale de l’« actuel ». Ce petit livre
est
un journal, mais bien que publié, c’est un journal privé. La fonction
10
journal privé. La fonction de ce genre littéraire
est
à peu près l’inverse de la fonction de la presse. Qu’attendons-nous d
11
ire — il s’attache aux faits et aux gestes qui ne
sont
ni tout à fait ce que l’on croyait, ni exactement le contraire. Et il
12
in sous nos yeux, il se peut que le journal privé
soit
la forme de transition qui corresponde à la réalité d’un temps nouvea
13
(1935-1936) Fin d’octobre 1935 Des amis se
sont
étonnés de me voir accepter ce poste, offert par le hasard d’une renc
14
tir en m’offrant d’en voir un de près. Quand cela
serait
, pourquoi me dérober ? S’ils sont dans le vrai, il est urgent de le d
15
s. Quand cela serait, pourquoi me dérober ? S’ils
sont
dans le vrai, il est urgent de le dire, et de me dédire. Et s’ils se
16
pourquoi me dérober ? S’ils sont dans le vrai, il
est
urgent de le dire, et de me dédire. Et s’ils se trompent, je saurai m
17
ute compréhension de notre temps. Mais encore, ce
serait
peu que le voir de ses yeux. Il faudrait le voir comme à travers son
18
arrêt de deux jours « avant le régime ». Mais je
suis
arrivé persuadé que tout était changé, depuis janvier 1933, de ce que
19
e régime ». Mais je suis arrivé persuadé que tout
était
changé, depuis janvier 1933, de ce que j’avais aimé dans ce pays. Cet
20
ne de ces nations neuves : on s’imagine que tout,
êtres
et choses, va nous montrer des marques de la révolution. Et certes, e
21
buvette qui m’a frappé (huit mois à peine qu’ils
sont
Allemands du IIIe Reich !). Puis deux ou trois incidents que je vais
22
ion redevenait à peu près invisible. Le phénomène
est
d’ailleurs bien connu : c’est aux premiers contacts que l’on perçoit
23
s, un livre apparaît. Le douanier s’en empare : —
Est
-ce de la Hetzpropaganda ?1 demande-t-il d’un air menaçant. — Nous ne
24
ue au fond de la malle. Mais un second douanier s’
est
approché, attiré par nos éclats de voix. Il coupe court : Nie mehr Kr
25
it dans son carnet : Tous les douaniers allemands
sont
des espions mais en même temps des pacifistes.) Appartements. — Le
26
.) Appartements. — Le quartier de l’Université
est
le plus riche de la ville. Grandes villas et palais dans des jardins,
27
nts, au mobilier trop luxueusement 1900, mais ils
sont
réservés aux juifs, comme j’aurais dû le voir par cette indication :
28
une pièce au dernier étage de son hôtel. Le reste
est
« loti ». Quatre jeunes ménages et trois célibataires. Cuisine commun
29
liothèque, un seul étudiant. Il a dû penser que j’
étais
le nouveau professeur. Je l’aborde et il se lève brusquement pour me
30
arrage.) Nous pénétrons dans la grande salle. Ils
sont
en effet une quarantaine au plus, trois ou quatre en uniforme brun ou
31
agne !… » Gêne. Tous ont senti l’hésitation. Ce n’
est
guère qu’à de très petits signes de ce genre que j’ai pu distinguer,
32
e que par certains « lapsus révélateurs ». Encore
serait
-il exagéré de déduire de cette hésitation du Dr N. qu’il est mal disp
33
éré de déduire de cette hésitation du Dr N. qu’il
est
mal disposé pour le régime. Peut-être, simplement, n’a-t-il pas encor
34
phrase, puis un silence pendant quatre pas — nous
est
devenu familier. Le défilé fait partie de l’atmosphère allemande comm
35
des rues commerçantes et des quartiers populaires
sont
rouges du haut en bas. Seul le palais Rothschild reste nu, scandaleus
36
ents », c’est-à-dire on ne sait où. Quoi qu’il en
soit
, j’ai déjà pu constater que l’État retient 7 % de mon traitement comm
37
ement comme « don volontaire » au WHW. Mon devoir
est
donc fait, si devoir il y a. Et au surplus, je tiens essentiellement
38
st donc fait, si devoir il y a. Et au surplus, je
tiens
essentiellement à ce qu’un passant sur mille — moi par exemple — oppo
39
nérale. Tâchons du moins de sauver l’honneur. (Il
est
vrai que mon geste perd beaucoup de sa portée du fait que je suis étr
40
n geste perd beaucoup de sa portée du fait que je
suis
étranger.) Au-dessus des grandes artères, on a tendu des calicots rou
41
chlagwort » : La lutte contre la faim et le froid
est
notre guerre. Est-ce une déclaration pacifiste ? Ou bien ne peut-on e
42
utte contre la faim et le froid est notre guerre.
Est
-ce une déclaration pacifiste ? Ou bien ne peut-on enthousiasmer l’All
43
asmer l’Allemand qu’en lui parlant de « guerre »,
fût
-ce même contre le froid ? Dimanche dernier, c’était le jour de l’Eint
44
ple et de propagande, les notabilités de la ville
tiennent
à prendre ce repas en public, à des tables dressées devant l’Opéra. T
45
ouveau, avec un regard méfiant vers le voisin qui
est
membre du Parti. Morale de Sparte embourgeoisée. La Révolution ne ser
46
Morale de Sparte embourgeoisée. La Révolution ne
serait
-elle qu’une façade rouge pour abriter le petit-bourgeois ? Une campag
47
onsidérable des hommes dans l’assemblée. (Mais où
sont
les jeunes gens ?) Et le recueillement profond. Il m’a semblé aussi q
48
asteur a parlé de l’héroïsme. Le héros chrétien n’
est
pas celui qui meurt glorieusement pour la puissance de sa race, mais
49
qui croit humblement jusqu’à la mort. Le Christ n’
est
pas mort en héros, mais en paria, aux yeux de sa nation. Comme je sor
50
més. Un voisin me les répète entre les dents : il
est
question de « notre force » et de drapeaux qu’il faut teindre dans le
51
s souci de leur possible insignifiance5. Le mieux
sera
sans doute d’envisager l’un après l’autre quelques types sociaux très
52
. — J’arrivais de Paris persuadé que l’hitlérisme
est
un mouvement « de droite », une dernière tentative pour sauver le cap
53
moins ruinés : il me faut bien reconnaître qu’ils
sont
tous contre le régime. C’est un bolchévisme déguisé, répètent-ils. Dr
54
». Ils se plaignent de ce que toutes les réformes
soient
en faveur des ouvriers et des paysans ; et que les impôts prennent le
55
onfiscation de capital ; et que la vie de famille
soit
détruite, l’autorité des parents sapée, la religion dénaturée, élimin
56
viens à leur faire avouer que le bolchévisme brun
est
tout de même, à leurs yeux, moins affreux que le rouge. Il n’y a pas
57
s maîtres nouveaux. (Le gouverneur de la province
est
un ancien employé de postes, ventripotent et qu’on juge très vulgaire
58
aralyse en germe tout essai de résister : si ce n’
étaient
pas les bruns qui avaient le pouvoir, ce seraient les rouges. Ils n’i
59
’étaient pas les bruns qui avaient le pouvoir, ce
seraient
les rouges. Ils n’imaginent pas d’autre alternative. De fait, ces « p
60
paradoxe, c’est le régime national-socialiste qui
est
en train de leur faire découvrir le fait social et les problèmes qu’i
61
rce et la rapidité de l’ascension hitlérienne ont
été
l’expression directe d’une carence du sens civique, loi générale qui
62
emands ont toujours eu le sens du groupe, et l’on
est
trop souvent tenté d’expliquer le national-socialisme par ce besoin d
63
e et de penser ensemble. En réalité, ce phénomène
est
aussi vieux que les Allemagnes ; il ne peut donc rien expliquer de ce
64
s carences profondes, et de les compenser. Hitler
est
en train d’opérer un dressage du peuple allemand (comme Staline, un d
65
ais quel hypothétique et préhistorique germanisme
sont
destinés — plus ou moins consciemment — à masquer le caractère antial
66
agit d’inculquer à cette inerte bourgeoisie, ce n’
est
pas le sens du groupe, qu’elle avait, mais le sens de l’État, qu’elle
67
ne part, et la séparation des classes de l’autre,
étaient
les vrais fondements des mœurs. Seulement, il y a cette différence pr
68
que. Un petit industriel. — Avant 1933, sa vie
était
impossible : grèves, menaces de mort de la part des extrémistes, disc
69
. C’était la « liberté ». Maintenant, plus rien n’
est
libre, mais tout marche, assure-t-il, ou va marcher. Plus de discussi
70
le droit de se mettre en grève. La paix sociale a
été
obtenue par la fixation des devoirs réciproques à un niveau de justic
71
tice fort médiocre, mais stable. — En somme, vous
êtes
content ? Il sourit, hausse un peu les épaules, fait oui de la tête.
72
nes plus tard. — Ce camp ? — Eh bien voilà : nous
étions
dans une grande maison, logeant deux par deux dans des chambres confo
73
’auberge du village… Je le sens tout rajeuni : il
est
retourné à l’école ; et tout délivré : ces ouvriers sont au fond des
74
tourné à l’école ; et tout délivré : ces ouvriers
sont
au fond des braves types, on peut leur parler sans relever le menton…
75
oins grossière à la question courante : le régime
est
-il de gauche ou de droite ? Voici : le régime est beaucoup plus à gau
76
est-il de gauche ou de droite ? Voici : le régime
est
beaucoup plus à gauche qu’on ne le croit en France, et un peu moins q
77
ais sans doute une réponse exacte ne saurait-elle
être
donnée, la question étant elle-même fort irréelle dès que l’on quitte
78
e exacte ne saurait-elle être donnée, la question
étant
elle-même fort irréelle dès que l’on quitte le plan de la polémique (
79
hèques créées ou enrichies, concerts… « Tout cela
est
passé », conclut-il. Cette petite phrase contient une somme de vérité
80
ans doute plus que tout autre : c’est pourquoi il
est
libéral. Rien de moins juif, à mon sens, que Marx.) Ce qui est passé,
81
Rien de moins juif, à mon sens, que Marx.) Ce qui
est
passé, c’est une forme de culture, séduisante, aimable et « profonde
82
stincts. Mais je ne vais pas redire ici ce que je
suis
en train d’écrire ailleurs6. Je noterai simplement qu’un juif, cultiv
83
l’hitlérisme qu’en tant qu’absurdité totale. Ce n’
est
pas l’antisémitisme qui lui demeure impénétrable — loin de là ! bien
84
fait, où sa pensée ne trouve plus de repères. Il
est
d’ailleurs injuste, ou inexact, de dire en général : le juif. Ici mêm
85
d presque avec le type européen du libéral. Il en
est
d’autres (on le prétend), qui sont devenus marxistes et même stalinie
86
libéral. Il en est d’autres (on le prétend), qui
sont
devenus marxistes et même staliniens, tant par idéalisme que par ress
87
appeler aux parents humiliés que leurs enfants ne
sont
jamais les premiers dans une classe où se trouvent des juifs… Ou bie
88
se trouvent des juifs… Ou bien le ressentiment n’
est
pas le seul fait des gauches ; ou bien l’hitlérisme est de gauche. Da
89
s le seul fait des gauches ; ou bien l’hitlérisme
est
de gauche. Dans les deux cas, nos droites se trompent. Les étudian
90
andes, le nombre des étudiants en langues romanes
est
tombé au dixième de ce qu’il était en 1932. Certes, il fallait combat
91
langues romanes est tombé au dixième de ce qu’il
était
en 1932. Certes, il fallait combattre le chômage. Mais de fait, les j
92
e le chômage. Mais de fait, les jeunes bacheliers
sont
obligés de faire six mois de camp de travail, deux ans de service mil
93
ral. Parmi ceux qui suivent mes cours, la plupart
sont
des étudiants de quatrième ou de cinquième année. C’est la dernière g
94
me affiché par l’auteur, et conclut que « ce doit
être
une erreur, de la part de ce poète ». Même réaction à propos de Giono
95
plus ce respect dû au titre et même à l’âge, qui
était
naguère si frappant en Allemagne. C’est simplement l’indispensable te
96
es causeries en français et que cela prouve qu’il
est
« utile » de connaître cette langue du voisin. Un peu avant le début
97
ion. La portée de cette révolution dans les mœurs
est
soulignée chaque semaine par l’organe universitaire du Parti, le Bewe
98
la violence démagogique de ces articles. Car elle
est
moins dans la vivacité, voire dans la grossièreté des termes, que dan
99
ai payé aujourd’hui ma cotisation à la SA. Car je
suis
un ami de l’ordre. — Amen. Dans un autre numéro, l’article de tête e
100
— Amen. Dans un autre numéro, l’article de tête
est
intitulé : Arrogance académique. J’en traduis quelques passages : Il
101
académique. J’en traduis quelques passages : Il
fut
un temps en Allemagne où l’on se croyait tout permis, et nous pensons
102
t, il nous semble parfois que l’épuration n’a pas
été
poussée aussi loin de ce côté que du côté du marxisme, et que derrièr
103
eux et leur caste, c’était le bon temps ! Il doit
être
pénible de « s’abaisser » de l’état de demi-dieu académique à celui d
104
t ». — Je me promène avec un de mes étudiants. Il
est
déjà doktor phil., et il voudrait se perfectionner en français, dans
105
on. Il craint d’ailleurs de n’en point trouver, n’
étant
pas du Parti. Il a fait beaucoup de psychanalyse : « Cela m’avait mêm
106
s. On ne peut plus croire à rien. » Maintenant il
est
disciple de Nicolaï Hartmann : la volonté, le réel, l’orgueil de l’ho
107
ses ? — On ne peut rien faire. Et en tout cas, je
suis
déjà trop vieux. — Trop vieux, vous ? Quel âge avez-vous ? — 27 ans.
108
Un communiste. — Dans sa petite cuisine, où nous
sommes
attablés, depuis deux heures il me raconte ses bagarres avec les nazi
109
ses bagarres avec les nazis, avant 1933, quand il
était
en feldgrau (l’uniforme des communistes) et les autres en brun. C’est
110
a lutte, il a 50 ans. Se bagarrer encore ? Ils ne
sont
pas comme ça, les ouvriers allemands. « Vous autres Français, me dit-
111
resque le même programme que le nôtre ! Mais il a
été
plus malin, il a rassuré les bourgeois en n’attaquant pas tout de sui
112
si tous l’abandonnent, tous ces gros cochons qui
sont
autour de lui (et il nomme les principaux chefs du régime) eh bien mo
113
ait plus dans la société de la ville ; depuis, il
est
devenu un personnage, recherché par ceux-là mêmes qui lui avaient fai
114
eurs critiques. Mais il conclut : — Quoi qu’il en
soit
, vous ne pouvez pas nier que le Führer fait de la grande politique !
115
t le monde ici répète : nous n’en voulons pas, ce
serait
une opération économiquement désastreuse, nous avons déjà assez de ca
116
ouger. Aucun danger de guerre. Un éclair, et tout
sera
terminé. N’ayez pas peur pour la paix, nous savons calculer, et tout
117
peur pour la paix, nous savons calculer, et tout
est
calculé dans cette affaire. Dans la chambre de son fils : il prend le
118
et l’élève devant lui en disant : — « Oui, toi tu
seras
un vrai guerrier ! » Sa femme : — « Voyons, tu es stupide de dire des
119
as un vrai guerrier ! » Sa femme : — « Voyons, tu
es
stupide de dire des choses pareilles devant des Français ! » Mais il
120
nçais ! » Mais il n’a pas l’air de comprendre. Où
est
la gaffe ? Parents et enfants. — Déjeuner chez un avocat. Madame s
121
me. Tous les soirs, deux de mes enfants sur trois
sont
pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans. Elle est « Führerin » d’u
122
pris par le Parti. Ma fille aînée a 18 ans. Elle
est
« Führerin » d’un groupe de jeunes filles qu’elle doit commander deux
123
nner aux plus pauvres, de les visiter quand elles
sont
malades (c’est un contrôle), et même, c’est arrivé plus d’une fois, d
124
notre fils, qui a 15 ans, de sortir un soir qu’il
est
un peu malade, par exemple, nous risquerions une mauvaise histoire av
125
ise histoire avec les autorités du Parti. Nous ne
sommes
que des civils pour nos enfants. Eux, ils se sentent des militaires.
126
aires. » Plainte vingt fois entendue. Les enfants
sont
ravis, naturellement. Ils se sentent libres. Car la liberté, pour un
127
t, c’est tout ce qui ne dépend pas de la famille,
fût
-ce la plus dure discipline, pourvu qu’elle soit extérieure au foyer.
128
e, fût-ce la plus dure discipline, pourvu qu’elle
soit
extérieure au foyer. Je ne dirai plus que le « fascisme » tue l’espri
129
e qu’on exige, c’est celle qui sert l’État et qui
est
prévue par lui ; c’est celle que la tactique moderne exige du soldat
130
exige du soldat dans le terrain. Contraindre, ce
serait
peu. Mais s’emparer de la liberté même des jeunes, voilà le totalitar
131
t d’avoir su rendre la presse ennuyeuse. Car elle
est
ennuyeuse, tout le monde le dit ; et qu’un lecteur comme moi ne parta
132
rançais l’ignore sereinement, mais par contre, il
est
au courant des faits et gestes de Mademoiselle Darrieux, la star. On
133
le Darrieux, la star. On nous affirme aussi qu’il
est
prêt à se faire tuer pour assurer la liberté de sa presse : le droit
134
d’hui membre des SA, me dit qu’à son avis, Hitler
était
le seul homme capable d’assurer des relations équilibrées (?) entre l
135
n aurait-elle de chômeurs ? Les journaux français
sont
pleins d’allusions ironiques au mot de Goering sur le beurre remplacé
136
lacé par les canons. Voici la réalité : le beurre
est
contingenté, on ne peut en acheter qu’un demi-quart à la fois. Si l’o
137
suivante. C’est ce que nous faisons. Les magasins
sont
magnifiques à voir. Perfection des vitrines, des installations matéri
138
élevés. Les étalages des boutiques d’alimentation
sont
maigres : pas un melon de plus qu’on est certain d’en vendre dans la
139
ntation sont maigres : pas un melon de plus qu’on
est
certain d’en vendre dans la journée. Quand rien ne se perd, quand il
140
perd, quand il n’y a plus d’excès possible, c’en
est
fait de la douceur de vivre. Mais le tout est de savoir pour quels ex
141
’en est fait de la douceur de vivre. Mais le tout
est
de savoir pour quels excès l’on se réserve. L’argent liquide est fort
142
our quels excès l’on se réserve. L’argent liquide
est
fort rare. Presque tous les achats de quelque importance se payent pa
143
rétextes, pour gagner un jour, un week-end. Je me
suis
laissé dire aussi que la police des rues feint de relâcher sa surveil
144
s de 1 mark. Comme, au surplus, les porte-monnaie
sont
souvent vides à cette époque, c’est triple gain pour la police, car u
145
amende dont on ne peut se libérer séance tenante
est
portée à 3 marks payables à domicile. Voici un trait caractéristique
146
les Allemands. Les propriétaires de notre maison
sont
ruinés. Ils n’ont plus d’autre argent liquide que celui que leur rapp
147
3 », etc., etc. Ils vous expliquent surtout quels
sont
les devoirs très rationnels (à leurs yeux tout au moins) qu’exige d’e
148
ns) qu’exige d’eux le nouvel ordre social. Ce qui
était
révoltant dans les discours lancés comme des défis à l’étranger, devi
149
ans la bouche d’un SA convaincu, ou de sa femme !
Serais
-je contaminé par l’optimisme de commande en ce pays ? Je me dis parfo
150
e. Et pour réaliser ses premières conditions, qui
sont
le sens vulgarisé de l’État et le sens du service social. Compensa
151
ne proclame une religion du travail et les Russes
sont
les plus paresseux des hommes ; Mussolini une religion de l’Empire, e
152
, et c’est à peine si les Italiens avaient jamais
été
une nation ; Hitler une religion de l’État, et les Allemands l’appren
153
pas faire, nous, une religion de la Liberté ! Ce
serait
le signe que nous en perdons le goût et l’usage naturel, spontané.
154
ané. Vertige de la relativité historique. — On
est
tenté de s’imaginer que certains choix entre deux causes sont simples
155
e s’imaginer que certains choix entre deux causes
sont
simples, parce que des hommes n’ont pas hésité un instant à se faire
156
eaktion » et du « Rotfront », savaient-ils ce que
serait
le régime pour lequel ils se sacrifiaient ? Seuls leurs descendants l
157
nt. Et encore, d’un savoir bien relatif, car il n’
est
pas de mesure constante dans cet ordre. Ils sont donc morts pour une
158
n’est pas de mesure constante dans cet ordre. Ils
sont
donc morts pour une idée que son triomphe tuera peut-être, ou révéler
159
mourir « en connaissance de cause », il faudrait
être
à même d’anticiper prophétiquement sur au moins quelques siècles d’hi
160
t. Et derrière lui retentit cette parole : « Tout
est
accompli » — sur la Croix. Fin de décembre 1935 Noël. Et le rég
161
… 2 janvier 1936 Le fils de la propriétaire
est
un maigre blafard, blessé de guerre, et qui ne peut plus s’occuper qu
162
sifflant un air martial chaque fois que quelqu’un
est
sorti, pour vérifier si la porte a été refermée à clé. Hier soir, il
163
quelqu’un est sorti, pour vérifier si la porte a
été
refermée à clé. Hier soir, il m’avait remis la note du mois de décemb
164
s vous auriez dû le prévoir dès le début. Je m’en
tiens
à notre contrat. (J’ai pris la pose de Poincaré.) — Dans ces conditio
165
nnaît plus de contrat. Difficulté de prononcer où
est
la plus grande injustice. Et au surplus, dans l’un et l’autre cas, c’
166
ant seul qui parle d’injustice, alors que l’autre
est
en droit d’affirmer : point de justice sans révision des clauses deve
167
village qui trahisse son honneur : c’est qu’elle
est
née d’une mère russe. (Tout métis a la trahison dans le sang.) On voi
168
éralisme morbide). Le jeune paysan brutal qui lui
tient
tête figure l’Allemagne nouvelle. Grâce à lui, le village sera sauvé,
169
ure l’Allemagne nouvelle. Grâce à lui, le village
sera
sauvé, les Russes proprement massacrés. Dans une scène pathétique ave
170
r, c’est une activité plutôt « réactionnaire », n’
est
-ce pas ? Lui. — Ah ! oui… (silence poli). Moi. — Allons au fait. J
171
ces types se préparent à la guerre. Lui. — Ce n’
est
là, tout simplement, qu’un goût que nous avons. Cela n’a rien à voir
172
nt aimé la marche et le chant par groupes. Ainsi,
tenez
, les Suisses se passionnent pour le tir au fusil. Vous n’irez pas leu
173
. Vous n’irez pas leur reprocher, tout de même, d’
être
un danger pour leurs voisins. Moi. — Bon. Admettons. C’est là que no
174
ins. Moi. — Bon. Admettons. C’est là que nous en
étions
restés. Je vous avais dit pour conclure : Souhaitons que vous arrivie
175
ors d’Allemagne, que votre goût du décor guerrier
est
un goût pacifique somme toute, sportif, artistique si j’ose dire ! L
176
pour l’œuvre contiennent le mot Kampf, quand ce n’
est
pas le mot Krieg. « La lutte contre la faim et le froid est notre gue
177
mot Krieg. « La lutte contre la faim et le froid
est
notre guerre. » Je sais bien ce que vous entendez par là : « Les autr
178
ue vous entendez par là : « Les autres peuples en
sont
encore à la guerre armée, nous, nous luttons pour édifier un monde sa
179
e guerre ! » Mais pourquoi faut-il que votre paix
soit
encore une guerre ? Ne pouvez-vous vraiment enthousiasmer vos concito
180
faire l’exercice dans la campagne. Bon, voilà qui
est
simple. Moi, c’est plus compliqué à expliquer… et peut-être aussi à f
181
utre problème à résoudre maintenant. Le spirituel
est
réglé… officiellement du moins. Mais qu’allons-nous faire de notre én
182
avons honte devant eux. Nous sentons que nous ne
sommes
jamais allés jusqu’au bout de nos forces. Il y a un instinct profond,
183
ans : le sport… Lui. — C’est quelque chose. Ce n’
est
pas assez, ce n’est pas sérieux. L’adversaire n’est pas un vrai adver
184
. — C’est quelque chose. Ce n’est pas assez, ce n’
est
pas sérieux. L’adversaire n’est pas un vrai adversaire, comme à la gu
185
t pas assez, ce n’est pas sérieux. L’adversaire n’
est
pas un vrai adversaire, comme à la guerre. Nous avons besoin de senti
186
roche à votre « peut-être qu’il faut cela », ce n’
est
pas son cynisme, c’est bien plutôt son idéalisme lamentable. La guerr
187
ôt son idéalisme lamentable. La guerre actuelle n’
est
pas du tout un appel à la virilité. Nous ne sommes plus au temps de F
188
n’est pas du tout un appel à la virilité. Nous ne
sommes
plus au temps de Frédéric le Grand. La guerre actuelle n’est pas une
189
temps de Frédéric le Grand. La guerre actuelle n’
est
pas une éducation de la violence physique, c’est une machine à tuer c
190
ont subi une épreuve inutile et mauvaise. Ils ont
été
victimes d’un effroyable accident. Une épreuve pareille n’est pas hum
191
d’un effroyable accident. Une épreuve pareille n’
est
pas humaine, elle n’a aucune valeur pour la vie normale de l’homme. E
192
même faire la théorie d’un ordre nouveau ? Vous n’
êtes
pas trop réalistes, en France. Moi. — Vous savez que je ne suis pas
193
éalistes, en France. Moi. — Vous savez que je ne
suis
pas « pacifiste ». Je reconnais la réalité et la nécessité de conflit
194
itions naturelles pour vouloir les anéantir. Nous
sommes
fédéralistes, c’est-à-dire que nous voulons que toutes les différence
195
! Je vous dis que vous manquez de réalisme. Vous
êtes
encore disciple de Rousseau plus que vous ne le croyez ! Dans la réal
196
ions. La nation-bloc, telle que vous la concevez,
est
un danger dès qu’elle est forte et armée. C’est bien pourquoi j’estim
197
e que vous la concevez, est un danger dès qu’elle
est
forte et armée. C’est bien pourquoi j’estime que votre « sport armé »
198
t bien pourquoi j’estime que votre « sport armé »
est
une menace pour la paix, que vous le vouliez ou non, parce qu’il est
199
la paix, que vous le vouliez ou non, parce qu’il
est
au service de l’État. Lui. — Ach ! C’est uniquement pour notre éduca
200
ec la Russie ? Lui. — C’est autre chose. Il faut
être
prêt à tout, bien qu’il y ait encore la Pologne entre deux. Mais surt
201
n doute, mais que je n’arrive pas à concevoir. Je
suis
sans doute trop rationaliste encore ? Lui. — Je ne nie pas la diffic
202
ncore ? Lui. — Je ne nie pas la difficulté. Mais
est
-ce qu’il n’y en a pas aussi dans votre système « fédéraliste » ? Et,
203
ui de la guerre moderne. Nous nions que la guerre
soit
jamais une solution, étant donnés ses instruments actuels. Nous voulo
204
ous nions que la guerre soit jamais une solution,
étant
donnés ses instruments actuels. Nous voulons une lutte créatrice, et
205
as destructrice. Tout l’effort de la civilisation
est
là : rendre féconds les conflits nécessaires. Et non pas aboutir à la
206
ntagonistes. Je sais bien que le mot civilisation
est
mal vu chez vous. Mais nous ne renoncerons pas à la civilisation sous
207
le sens où Rimbaud a dit : « Le combat spirituel
est
aussi brutal que la bataille d’hommes. » Lui. — Et pour ceux qui n’a
208
Ou à mort, plutôt… Je veux bien, pourvu que ce ne
soit
pas en France. Mais je vous répondrai plus sérieusement, d’un seul mo
209
d’éducation. Pour nous, éduquer les hommes, ce n’
est
pas leur bourrer le crâne de notions inutiles, ni même de notions dit
210
de l’innocente biographie d’une femme de bien… —
Est
-ce un ouvrage politique ? me demande l’employé. — Comment voulez-vous
211
e vous répondrai dans huit jours. D’ailleurs tout
est
politique chez vous, même les biographies de sœurs d’hôpital, je pens
212
ois de l’espèce « grand bourgeois » : « Le peuple
est
favorable au régime. Les employés et les ouvriers y trouvent mille oc
213
ne nous respectent plus. » (Cela signifie qu’ils
sont
devenus moins serviles, qu’ils se respectent davantage.) — Je me pr
214
is : au fond, il n’y a pas eu de révolution. Tout
est
à peu près comme avant, sauf qu’on ne tue plus dans la rue. (Je crois
215
ère dépend en somme d’une propagande habile, elle
est
morale d’abord, égalisatrice et corrective ; la seconde exigerait un
216
ncfort en proie au Carnaval et à l’angoisse, ce n’
est
pas moi qui pose la question : elle m’assiège. Le dernier Carnaval, p
217
s cessé de me nourrir depuis dix ans. Kierkegaard
est
ma démesure, Goethe mon équilibre. Contemporains, ils se seraient dét
218
sure, Goethe mon équilibre. Contemporains, ils se
seraient
détestés. Et c’est moins un dialogue en moi qu’une lutte quotidienne
219
mieux ? Cet humaniste tourmenté mais trop habile,
serait
-il un obstacle sérieux pour l’entreprise de glorification des forces
220
tout savoir pour calculer son acte, et ce savoir
est
accessible : il est au terme du progrès, de l’évolution de notre indi
221
lculer son acte, et ce savoir est accessible : il
est
au terme du progrès, de l’évolution de notre individu. Les nazis corr
222
istoire hypothétique, que se joue le salut de ton
être
. Alors il n’y a plus de prétextes. Ou bien tu crois, ou bien tu te ré
223
évoltes. — Et je vois que les seuls qui résistent
sont
en fait ceux qui communient dans la foi où vivait le Danois. Mais moi
224
dans la foi où vivait le Danois. Mais moi qui ne
suis
pas de ce pays, moi qui ne vis pas encore sous la menace directe, dan
225
et la jeunesse des démocraties. Laquelle des deux
est
en retard sur la « vérité » historique ? Sur la marche « fatale » des
226
? Faut-il penser que les régimes totalitaires ne
sont
que des folies passagères ? Ou bien sont-ils ce que l’on nommera la v
227
aires ne sont que des folies passagères ? Ou bien
sont
-ils ce que l’on nommera la vérité politique de ce temps, celle qui s’
228
qui demain la dominera ? Si le régime totalitaire
est
le châtiment qu’a mérité l’Europe, si plus rien ne peut s’opposer à s
229
plus secret d’un tel régime les valeurs qui nous
sont
vitales ? Pour un chrétien, il y va de bien plus : de la forme que po
230
ngile, le témoignage des fidèles. Le grand danger
serait
de lier sa foi à des valeurs humaines périmées. C’est pourquoi la lut
231
ue poursuit la chrétienté allemande sous la croix
est
pour nous d’une valeur exemplaire : jusqu’où peut-on céder à ce César
232
eut-on céder à ce César sans rien céder de ce qui
est
à Dieu ? Tragique révision des valeurs, qui nous oblige à dépouiller
233
dio à l’étage supérieur, sans comprendre. Ce doit
être
le discours du Führer. Personne dans la maison ne répond plus aux son
234
pond plus aux sonneries, et toutes les portes ont
été
fermées à double tour. Une heure. Le discours vient de prendre fin. U
235
Francs et Wisigoths, où la dignité d’homme libre
était
attestée par le droit de porter une arme à la guerre et de la conserv
236
er à son foyer en temps de paix. La ville entière
est
pavoisée. Des cortèges bruns circulent en chantant. Je n’ai pas vu le
237
elles ont passé à l’aube, en direction du Rhin. —
Est
-ce la guerre ? m’a demandé le vendeur du kiosque à journaux. — La gue
238
elques soldats à vos frontières ? Les Français ne
sont
pas si fous ! Il a paru complètement déconcerté. 9 mars 1936 Jo
239
éphone, encore anxieuse : « Dès que le discours a
été
terminé, je me suis précipitée à la fenêtre pour voir s’il n’y avait
240
euse : « Dès que le discours a été terminé, je me
suis
précipitée à la fenêtre pour voir s’il n’y avait pas d’avions françai
241
e aussi : épouser. La réoccupation de la Rhénanie
est
une espèce d’acte sexuel, au moins autant qu’un acte politique. Comme
242
nt expliquer autrement cette euphorie bizarre qui
est
dans l’air de la ville, dans la circulation de la foule, dans les reg
243
dans les regards croisés, les propos égarés ? On
est
en train de coller sur les piliers de publicité d’énormes affiches ro
244
est pour après-demain, à la Festhalle. Les places
sont
déjà plantées de hauts mâts blancs. Des équipes du service de travail
245
s’accélère. Les glandes endocrines sécrètent. Il
serait
curieux de mesurer l’augmentation du volume des affaires dans une vil
246
, n’a cessé de battre hier par toute la ville. Il
est
trois heures du matin : j’ai été réveillé par son roulement proche, e
247
ute la ville. Il est trois heures du matin : j’ai
été
réveillé par son roulement proche, et je l’entends encore au loin. Ce
248
je l’entends encore au loin. Cette fois-ci nous y
sommes
. C’est le grand tam-tam de la tribu qui est déclenché. Le sommeil mêm
249
y sommes. C’est le grand tam-tam de la tribu qui
est
déclenché. Le sommeil même doit être mis au pas, et l’inconscient ryt
250
la tribu qui est déclenché. Le sommeil même doit
être
mis au pas, et l’inconscient rythmé lugubrement. 11 mars 1936
251
L. : — Vous y croyez, vous, à l’âme collective ?
Est
-ce que ce n’est pas une formule grandiloquente pour désigner l’absenc
252
royez, vous, à l’âme collective ? Est-ce que ce n’
est
pas une formule grandiloquente pour désigner l’absence d’âme personne
253
car les portes s’ouvrent à 5 heures. — Mais il n’
est
annoncé que pour 9 heures, et j’ai une carte. — Venez voir ! Du seuil
254
a place de l’Opéra. Des milliers de SA et de SS y
sont
déjà rangés, immobiles. Le Führer viendra au balcon à 11 heures. D’ic
255
d, il y aura un million d’auditeurs immédiats. Je
suis
venu avec l’idée d’écouter aussi la foule. Je me trouve au milieu d’o
256
rovince nasille des lieux communs, mal écouté. Je
suis
debout, malaxé et soutenu par la foule, depuis bientôt quatre fois so
257
ule, depuis bientôt quatre fois soixante minutes.
Est
-ce que cela vaut la peine ? Mais voici une rumeur de marée, des tromp
258
ue. Quarante mille hommes, quarante mille bras se
sont
levés d’un seul coup. L’homme s’avance très lentement, saluant d’un g
259
emarquer que j’ai les mains dans mes poches : ils
sont
dressés, immobiles et hurlant en mesure, les yeux fixés sur ce point
260
rande cérémonie sacrale d’une religion dont je ne
suis
pas, et qui m’écrase et me repousse avec bien plus de puissance même
261
sique, que tous ces corps horriblement tendus. Je
suis
seul et ils sont tous ensemble. 12 mars 1936 Le journal de ce m
262
es corps horriblement tendus. Je suis seul et ils
sont
tous ensemble. 12 mars 1936 Le journal de ce matin écrit : « Lo
263
e que si ma foi puissante dans le Peuple allemand
est
sans cesse renforcée par la foi et la confiance du Peuple en moi ! —
264
lan. « Une ère nouvelle commence ici… » Non, ce n’
est
pas de haine qu’il s’agit, mais d’amour. J’ai entendu le râle d’amour
265
iens, retournez aux catacombes ! Votre “religion”
est
vaincue, vos cérémonies modestes, vos petites assemblées, vos chants
266
tites assemblées, vos chants traînants, tout cela
sera
balayé. Il ne vous restera que la foi. Mais la vraie lutte commence l
267
e difficulté de faire comprendre ici la chose qui
est
en jeu là-bas : il m’a fallu, sur place, des mois pour la comprendre.
268
que j’ai senti, ce que j’ai miterlebt ? (Le mot n’
est
même pas traduisible.) Les plus puissantes réalités de l’époque sont
269
isible.) Les plus puissantes réalités de l’époque
sont
affectives et religieuses, et l’on ne me parle que d’économie, de tec
270
peu de passion que j’y mette, on m’apprend que je
suis
hitlérien ! C’est que les hommes de notre temps ne croient pas au jug
271
Hitler. — On me questionne sur le Führer. Je ne
suis
pas son confident. Et vous avez les journalistes… Je l’ai entendu pen
272
Une seule chaîne de SS le séparait de la foule. J’
étais
au premier rang, à deux mètres de lui. Un bon tireur l’eût descendu t
273
descendu très facilement. Mais ce bon tireur ne s’
est
jamais trouvé, dans cent occasions analogues. Voilà le principal de c
274
u même délirer. On ne tire pas sur un homme qui n’
est
rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est l
275
On ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui
est
tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de 60 mil
276
t tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui
est
le rêve de 60 millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi,
277
n, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion
sont
réservés à d’autres catastrophes. Je sais qu’il y a des fous, des acc
278
tège. Il faut croire un homme qui dit cela. Qu’il
soit
un instrument de la Providence comme il l’affirme, ou qu’il soit un f
279
ent de la Providence comme il l’affirme, ou qu’il
soit
un fléau de Dieu (c’est une nuance), son destin ne dépend plus des ho
280
À plus forte raison, notre jugement sur lui doit
être
absolument indépendant des mérites qu’il a ou n’a pas, de la sympathi
281
rgie de cette nature, on sent très bien qu’elle n’
est
pas de l’individu, et même qu’elle ne saurait se manifester qu’autant
282
t que l’individu ne compte plus, n’existe plus, n’
est
que le support d’une puissance qui échappe à nos psychologies. Ce que
283
qui échappe à nos psychologies. Ce que je dis là
serait
du romantisme de la plus déplorable espèce si l’œuvre accomplie par c
284
ntends bien par cette puissance à travers lui — n’
était
pas une réalité qui provoque la stupeur du siècle. On demande sotteme
285
e la stupeur du siècle. On demande sottement s’il
est
intelligent. Ne voyez-vous donc pas qu’un homme intelligent, qu’il le
286
z-vous donc pas qu’un homme intelligent, qu’il le
soit
très peu ou follement, si cela compte en lui le moins du monde, il ne
287
l ne vaut rien pour un destin pareil ? Un génie n’
est
ni fou ni bête, ni sensé ni intelligent. Il ne s’appartient pas, n’a
288
de compte en banque, et à peine un état civil. Il
est
le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces for
289
l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déjà
sont
dressées devant vous ; et après cela, vous pouvez le supprimer sans r
290
ouvez le supprimer sans rien détruire de ce qui s’
est
fait par lui. Qu’il y ait eu dans ces temps aveugles à toute réalité
291
cela suffit à vous en protéger. » Mais les malins
sont
déjà tous en train de faire des canons et des abris sous terre. Ce n’
292
de faire des canons et des abris sous terre. Ce n’
est
pas une manière de prouver qu’ils ont quelque chose à défendre, à sup
293
s ont quelque chose à défendre, à supposer que ce
soit
une manière de se défendre, ce dont il est prudent de douter. Dites-v
294
ue ce soit une manière de se défendre, ce dont il
est
prudent de douter. Dites-vous encore que j’admire le Führer ? Laissez
295
in… À croire que ceux-ci créent celle-là… Mais ce
serait
trop beau dans le genre édifiant. Notre destin ne dépend pas seulemen
296
out cela beaucoup plus vite, mais on redoute de n’
être
pas compris… J’aurais pu dire par exemple que ceci définit Hitler : s
297
our certains de mes contemporains : un prophète n’
est
pas un devin, astrologue ou conteur de l’avenir, mais un homme qui pr
298
et homme-là, comme l’autre, ne compte pas, car où
serait
sinon sa puissance ?) À force de vouloir « expliquer » le régime hi
299
iquer » le régime hitlérien, je m’aperçois que je
suis
contraint bien malgré moi, de le défendre ou de m’en donner les airs.
300
réponds : non, ils en ont peur. On me dit qu’ils
sont
capitalistes et bourgeois. Je réponds : non, ils tournent le dos à to
301
’ont rien fait de sérieux, et que leur socialisme
est
une façade. Je réponds : non, c’est leur « nationalisme » (au sens bo
302
est leur « nationalisme » (au sens bourgeois) qui
est
pour eux un moyen de propagande, un moyen de séduire les droites et d
303
égime établi ; et quand il y en aurait autant, ce
serait
peu au regard de l’amour que le grand nombre a voué au Führer. Que vo
304
l qui étudie le terrain de sa bataille décisive n’
est
pas précisément ce qu’on nomme impartial, mais s’il est incapable d’e
305
s précisément ce qu’on nomme impartial, mais s’il
est
incapable d’estimer objectivement les forces en présence, il ferait m
306
’Hitler d’Allemagne et l’Hitler de M. Bailby. Ils
sont
fatigués d’avoir peur. Un peu de vérité les tuerait. Avril 1936 (D
307
. — J’ai fait admettre comme sujet de mon cours d’
été
: la littérature de la Révolution française. Il sera curieux de montr
308
é : la littérature de la Révolution française. Il
sera
curieux de montrer à mes étudiants que le national-socialisme est un
309
ontrer à mes étudiants que le national-socialisme
est
un jacobinisme allemand16. Les nazis sont contre l’esprit de 89 ? San
310
cialisme est un jacobinisme allemand16. Les nazis
sont
contre l’esprit de 89 ? Sans doute. Mais c’est qu’ils sont, sans le s
311
re l’esprit de 89 ? Sans doute. Mais c’est qu’ils
sont
, sans le savoir, pour la Terreur et Robespierre. Non point pour la Te
312
Des sans-culottes aux chemises brunes, le progrès
est
pourtant notable : Robespierre n’a pas réussi, il a posé les principe
313
our qu’elle devienne rentable. Mais l’inspiration
est
la même. Même esprit centralisateur ; même obsession de l’unité-bloc
314
ent la politique : dans l’un et l’autre cas, l’on
est
totalitaire. La religion doit y passer, comme le reste, et peut-être
315
senberg. On rejette le Dieu personnel parce qu’il
est
le Dieu des personnes, et l’on adore un Dieu cosmique, non révélé, no
316
re un Dieu cosmique, non révélé, non incarné, qui
est
l’instinct sublimé de la masse, le bain tiède où se dissout le moi ja
317
n : l’analogie des deux mouvements totalitaires y
est
illustrée d’exemples d’une précision terrible. Le Prussien Anacharsis
318
r influence dans l’éducation publique peuvent-ils
être
livrés à des spéculations particulières ou privées ? » Non, estime Cl
319
s ? » Non, estime Cloots, bien que « la tolérance
soit
un mal nécessaire dans les conditions actuelles ». Car les spectacles
320
itions actuelles ». Car les spectacles populaires
sont
un moyen de dressage civique. Il s’agit de faire de tout le peuple de
321
a, puisque déjà « le coup électrique de la raison
est
si prompt d’un bout de la France à l’autre ». Et maintenant, confront
322
ilosophie a pris une consistance inébranlable… Je
suis
sûr de moi depuis que je suis sûr du peuple » (Cloots). « Je ne puis
323
ce inébranlable… Je suis sûr de moi depuis que je
suis
sûr du peuple » (Cloots). « Je ne puis vivre que si ma foi puissante
324
e que si ma foi puissante dans le peuple allemand
est
sans cesse renforcée par la foi et la confiance du peuple en moi ! »
325
leur » Révolution, ou qui regrettent qu’elle ait
été
trahie avant d’avoir accompli ses promesses. Qu’opposeraient-ils à Ro
326
et de ne pas penser davantage que le voisin, qui
est
bien trop prudent pour penser. Programme communiste atténué. 10 ma
327
pour m’assurer que s’ils ne m’ont rien dit, ce n’
est
point par crainte ou par méfiance, mais simplement parce qu’ils n’ont
328
dehors ; nous croyons que tous ceux qui y vivent
sont
affectés d’un signe de haine ou d’approbation enthousiaste pour le ré
329
’approbation enthousiaste pour le régime qui leur
est
imposé. La vérité est que le grand nombre admet le régime avec indiff
330
ste pour le régime qui leur est imposé. La vérité
est
que le grand nombre admet le régime avec indifférence, j’entends : ne
331
ette faculté humaine d’accepter le fait accompli,
fût
-il le plus artificiel, et incommode, et inhumain. De l’accepter au po
332
urait cru qu’en une vingtaine d’années les hommes
seraient
capables de conduire ces machines en pensant à n’importe quoi, dans u
333
fait figure de héros national. Son autobiographie
est
célèbre : Du sous-marin à la chaire. Elle nous le montre à Kiel, en j
334
ice de la « Mission intérieure ». Depuis 1931, il
est
pasteur d’un quartier berlinois. Et maintenant, je le vois sortir de
335
Et maintenant, je le vois sortir de l’ombre où il
était
assis au fond de la chaire, poser les deux mains sur l’appui et regar
336
le sérieusement. Chacun de ces mots qu’il détache
est
un témoignage de la foi — et peut le faire jeter en prison. Il m’est
337
e la foi — et peut le faire jeter en prison. Il m’
est
arrivé de souhaiter que les écrivains de nos démocraties soient soumi
338
de souhaiter que les écrivains de nos démocraties
soient
soumis pendant quelque temps à des sanctions conditionnelles très pré
339
ar force, malgré soi, et c’est cela justement qui
est
sérieux ! Le témoignage rendu à Dieu quand Dieu le veut et que les ho
340
e veut et que les hommes l’interdisent, ah ! ce n’
est
pas un choix de l’homme ou une école d’énergie, ni rien qui flatte le
341
tendre encore, de ménager ses chances ; ou ce qui
serait
peut-être encore plus sage : de s’en remettre à la Providence !… Mais
342
!… Mais voici que cette Providence m’abandonnera,
sera
contre moi, si je me tais ! La propagande nationale-socialiste répand
343
iste répand le bruit que l’Église confessionnelle
est
le refuge de l’opposition démocratique et socialiste. Et il se peut q
344
chrétiens : ils se figurent que le christianisme
est
un parti.) La vérité est autrement tragique. La vérité est que le trè
345
ent que le christianisme est un parti.) La vérité
est
autrement tragique. La vérité est que le très grand nombre des fidèle
346
rti.) La vérité est autrement tragique. La vérité
est
que le très grand nombre des fidèles de cette Église sont des « natio
347
le très grand nombre des fidèles de cette Église
sont
des « nationaux » convaincus, politiquement d’accord avec Hitler. On
348
aucun gré. Le Parti n’aime pas les chrétiens. Ils
sont
là comme l’œil de Caïn dans la tombe, — la tombe autarchique. Peu à p
349
ment, ne pouvait se contenter de leur zèle, qu’il
était
jaloux de leur foi18. Peu à peu, on les a contraints à distinguer l’É
350
s chefs du régime ; alors que la lutte actuelle n’
est
que le premier affrontement de l’Église chrétienne et d’un système «
351
sans accepter l’esprit qui les édicte… Car telle
est
la misère du temps : César ne sait plus gouverner s’il n’usurpe les d
352
n’usurpe les droits de Dieu. Rendre à Dieu ce qui
est
à Dieu, cela s’appelle alors du sabotage, et cela conduit au camp de
353
o, qu’on sait nombreux. Rien n’empêchera que nous
soyons
ici des frères en communion avec l’Église universelle. Rien n’empêche
354
empêchera que dans ce lieu où le néant de l’homme
est
déclaré, Dieu n’ait retrouvé des humains. 21 juin 1936, nuit F
355
ins. 21 juin 1936, nuit Fête du solstice d’
été
. — Dans la nuit noire, sur une plaine inégale, où le pied bute, nous
356
nt le faisceau se perd dans la hauteur. Nous nous
sommes
assis sur l’herbe, à côté des porte-drapeaux de la Vieille garde du P
357
à la hauteur des bottes. Derrière nous, la plaine
est
vide, parfois parcourue de moteurs. Une voix dure et nasillarde s’élè
358
hmes de tambour lugubres en sourdine. « Le Peuple
était
divisé, égaré… » On entend des bruits de guerre civile, cris, tac-tac
359
populaires, puis fanfares : « La vieille légende
est
devenue réalité ! Il est venu réveiller son Peuple ! » Et maintenant
360
s : « La vieille légende est devenue réalité ! Il
est
venu réveiller son Peuple ! » Et maintenant des voix militaires décri
361
’armée motorisée, la liberté reconquise… Ce drame
est
visiblement inspiré par la liturgie protestante ; il en copie le plan
362
à son peuple l’orgueil. Et les articles du Credo
sont
remplacés par l’énumération très orthodoxe des prouesses du nouveau r
363
ici-bas qui a raison, qui montre enfin ce dont il
est
capable ! Qu’il est triste, le Horst Wessel Lied, quand il ne retent
364
qui montre enfin ce dont il est capable ! Qu’il
est
triste, le Horst Wessel Lied, quand il ne retentit pas comme un défi
365
— quand il monte et se perd dans une belle nuit d’
été
, vers le ciel vide ! Minuit. La flamme jaillit de l’énorme bûcher, il
366
ûcher, illuminant des faces rouges, immobiles. Où
est
la joie des feux de la Saint-Jean sautés avec des cris aigus ? (Ce fe
367
aint-Jean sautés avec des cris aigus ? (Ce feu-là
est
beaucoup trop gros, et d’ailleurs, on ne quitte pas les rangs.) Plus
368
enant en proie au cauchemar de la force ? Ou bien
serait
-ce aujourd’hui seulement que la vérité de cette nation paraît, et alo
369
s, et des chansons de la vieille France, dont ils
étaient
les seuls à savoir toutes les strophes… — Quelle impression emportez-
370
le critiquer ? Vous me dites que tout cela devait
être
, vous me le prouvez à l’évidence… « Vous avez vos problèmes, et nous
371
rase par laquelle l’un de vous m’accueillit. ⁂ Il
est
facile d’avoir raison, de loin, contre un peuple qu’on ne voit pas. M
372
st bien celui qui consiste à reconnaître que nous
sommes
tous responsables de tout ; et que la question sérieuse n’est pas de
373
ponsables de tout ; et que la question sérieuse n’
est
pas de savoir qui l’est le plus ou qui l’est le moins, mais comment n
374
ue la question sérieuse n’est pas de savoir qui l’
est
le plus ou qui l’est le moins, mais comment nous allons nous y prendr
375
se n’est pas de savoir qui l’est le plus ou qui l’
est
le moins, mais comment nous allons nous y prendre pour éviter ce mal
376
rément satisfaits, je me dis parfois : ils aiment
être
battus ; ils ont, au fond, ce qu’ils méritent. Mais attention : nous
377
le cynisme, nous dirait Machiavel, le vrai, qui n’
est
pas celui qu’invoquent nos réalistes pour justifier les sottises de l
378
pour justifier les sottises de leur classe. Je ne
suis
pas « contre » le fascisme des Allemands : ils en font leur affaire,
379
Allemands : ils en font leur affaire, et je n’en
suis
pas. Mais j’essaie de savoir ce qu’il est, pour le reconnaître ailleu
380
e n’en suis pas. Mais j’essaie de savoir ce qu’il
est
, pour le reconnaître ailleurs à sa naissance, là où il peut nous conc
381
à où il peut nous concerner ; là où si peu que ce
soit
dépend de notre effort, et de notre lucidité. Que sert de critiquer l
382
faux miracles ; mais les sceptiques et les malins
sont
destinés à les prendre au sérieux. La foi seule nous délivrera des re
383
Seiss-Inquart et de M. Henlein. 11. Le temple a
été
brûlé par les bolchéviques, comme il se doit. Mais ces « pieux » germ
384
Grande différence avec le régime russe. Mon cours
fut
écouté avec un intérêt courtois, vaguement étonné il est vrai… 17. (
385
uté avec un intérêt courtois, vaguement étonné il
est
vrai… 17. (Note de 1938.) Niemöller arrêté on 1937 a été jugé après
386
… 17. (Note de 1938.) Niemöller arrêté on 1937 a
été
jugé après plusieurs mois de prison. Libéré par le tribunal, il a été
387
eurs mois de prison. Libéré par le tribunal, il a
été
aussitôt reconduit dans un camp sous le prétexte de « protection de l
388
ue. — Au dernier moment, j’apprends que Niemöller
est
déclaré prisonnier personnel du Führer pour dix ans. 18. Voir l’App
389
IIConclusion 1938 Deux années se
sont
écoulées depuis la fin de ce Journal. Je ne vois pas qu’elles aient r
390
rien apporté qui puisse motiver des retouches. Il
est
un point toutefois que certains événements se sont chargés de me rend
391
est un point toutefois que certains événements se
sont
chargés de me rendre encore plus clair, et sur lequel on n’insistera
392
ssez : la nature religieuse de l’hitlérisme. Ce n’
est
plus une découverte, tous les journaux en parlent aujourd’hui. Mais j
393
nazis ont compris que le socialisme économique n’
est
que la moitié d’une doctrine : l’État ne sera maître de l’argent que
394
ue n’est que la moitié d’une doctrine : l’État ne
sera
maître de l’argent que s’il est maître des esprits. Ils ont tiré la g
395
rine : l’État ne sera maître de l’argent que s’il
est
maître des esprits. Ils ont tiré la grande leçon de la guerre ; pour
396
ion. Tout « étatisme » (au sens atténué du xixe )
est
condamné de nos jours à se vouloir franchement totalitaire, sinon c’e
397
me « socialise » le sentiment patriotique. L’un n’
est
plus possible sans l’autre, dans l’état de nos sociétés. On peut n’ai
398
étés. On peut n’aimer ni l’un ni l’autre, mais il
serait
un peu stupide de croire encore qu’on puisse choisir, qu’il soit inté
399
pide de croire encore qu’on puisse choisir, qu’il
soit
intéressant de choisir entre les phénomènes tertiaires (fascisme) et
400
d’une maladie aussi vieille que l’Europe, et qui
est
sa P. G. politique. Ainsi l’État devient l’expression unique (plus en
401
simple des triomphes totalitaires. Évidemment, il
sera
toujours possible d’invoquer les lois économiques, les forces relativ
402
les marxistes et papen contre Hitler : tout cela
est
bel et bon, et fournit de la copie aux marxistes et aux libéraux. À l
403
st très dangereux. Reste à savoir pourquoi cela s’
est
réalisé. Car on ne nous parle jamais que du comment. Et les « explica
404
er que de cette sorte. Voilà pourquoi votre fille
est
muette. Les mêmes théoriciens, en 1932, vous démontraient, le Capital
405
» à l’aide des mêmes schémas que le contraire se
soit
produit en fait… Dernière défense du capital, récitent sans se lasser
406
allemand. Il ne s’agit ici que de religion. Ce n’
est
pas pour défendre le capitalisme que les mineurs de la Sarre ont voté
407
re ont voté leur rattachement au IIIe Reich. Ce n’
est
pas en parlant d’hystérie qu’on peut comprendre le phénomène fondamen
408
mmunauté autour d’un sentiment « sacré ». Et ce n’
est
pas la soif d’une tyrannie, au sens politique et légal, qui a jeté l’
409
u’exerce une religion naissante, si basse qu’elle
soit
, sur les masses décomposées par des siècles d’individualisme. Dans un
410
sme. Dans une société où tous les liens originels
sont
dissous ; où les religions n’apparaissent plus au peuple et aux élite
411
; où les élites parlent un langage que les masses
sont
en mesure d’entendre, mais non pas de comprendre (et c’est souvent he
412
mune mesure a disparu — dans une telle société il
est
fatal que se répande par les masses et que s’installe au cœur de chaq
413
que les dictateurs ont su répondre. Tout le reste
est
littérature, bavardage de théoriciens, ou ce qui est pire, de « réali
414
littérature, bavardage de théoriciens, ou ce qui
est
pire, de « réalistes ». J’ai reçu récemment d’Allemagne une lettre q
415
d’Allemagne une lettre qui résume tout ceci. Elle
est
d’un jeune national-socialiste qui, ayant lu par hasard un de mes liv
416
hitlérien. Il explique tout d’abord que ce régime
est
né de la pauvreté et du malheur de son pays, — ce qui est très juste.
417
e la pauvreté et du malheur de son pays, — ce qui
est
très juste. Et il ajoute : « Mais la pauvreté et le malheur ne peuven
418
La raison profonde d’un mouvement comme le nôtre
est
irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulions vi
419
ous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons
été
reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité de croire
420
à l’immortalité du peuple (un arbre dont nous ne
sommes
que les feuilles qui tombent à chaque génération) et peut-être réussi
421
goissée de croire à la première qui se présente —
fût
-elle aussi invraisemblable que « l’immortalité » d’un peuple : on ne
422
urons maintenant la naïveté des « réalistes » qui
tiennent
fréquemment ce propos : « Tout n’est pas mal de ce qui se fait là-bas
423
s » qui tiennent fréquemment ce propos : « Tout n’
est
pas mal de ce qui se fait là-bas. Il y a bien des choses à y prendre.
424
de main-d’œuvre en 1938. La dignité de la nation
est
rétablie. L’autorité est restaurée. « Et nous voici sauvés du communi
425
La dignité de la nation est rétablie. L’autorité
est
restaurée. « Et nous voici sauvés du communisme. » C’est ainsi que be
426
litaire ne signifiait pas, justement, que tout se
tient
dans ce régime, et que rien ne peut en être détaché sous peine de per
427
t se tient dans ce régime, et que rien ne peut en
être
détaché sous peine de perdre toute espèce de sens ! Croit-on que l’or
428
e l’ordre social qu’on admire en Allemagne puisse
être
obtenu à bas prix, par des méthodes plus ou moins « habiles », ou « r
429
ou « politiques » ? Ne voit-on pas que cet ordre
est
simplement la suppression brutale et militaire de toute expression li
430
e expression libre des antagonismes qui chez nous
sont
encore la réalité même du social ? Que la paix est obtenue par l’écra
431
nt encore la réalité même du social ? Que la paix
est
obtenue par l’écrasement des faibles ? Que l’unanimité des ouvriers r
432
de la mise au pas des syndicats ? Que tout cela n’
est
devenu possible que par le fait d’une complicité quasi universelle et
433
une complicité quasi universelle et inconsciente,
fût
-ce de la part des opposants ? Que cette complicité elle-même procède
434
e ? Et qu’enfin ce qui importe au dictateur, ce n’
est
pas telle mesure en soi, mais au contraire le sens qu’elle prend par
435
résistances ont cédé. L’internationale ouvrière s’
est
effondrée sans faire usage de ses armes. Le capital est en bonne voie
436
fondrée sans faire usage de ses armes. Le capital
est
en bonne voie d’étatisation sans douleur. Idéalisme et réalisme ont f
437
t les troupes veuillent la guerre ! Les hommes ne
sont
pas si méchants, ni même si bêtes. Mais ce qu’il faut voir, c’est que
438
sé si peu que dans les régimes totalitaires. Ce n’
est
pas le chef qui commande, et ce ne sont pas les désirs conscients et
439
ires. Ce n’est pas le chef qui commande, et ce ne
sont
pas les désirs conscients et avoués qui sont puissants. Ce qui est pu
440
e ne sont pas les désirs conscients et avoués qui
sont
puissants. Ce qui est puissant, ce qui commande tout, c’est le mécani
441
s conscients et avoués qui sont puissants. Ce qui
est
puissant, ce qui commande tout, c’est le mécanisme de la dictature to
442
, la structure de l’État totalitaire — quelle que
soit
sa doctrine — c’est l’état de guerre. Tout ce que l’on fait là-bas se
443
le de guerre ; et toutes les mesures d’oppression
sont
« joyeusement acceptées » pour peu que l’union sacrée les légitime. I
444
on en France d’un air malin. On oublie que le mot
est
de Goering lui-même. « Du beurre ou des canons », c’est un slogan de
445
s — pour les canons. Ces foules peuvent très bien
être
composées de pacifistes. Cela n’a aucune importance. Car ce qui compt
446
la Nation, pratiquement c’est l’État. Et cet État
est
né de la guerre ; il y prépare du simple fait que ses conditions d’ex
447
are du simple fait que ses conditions d’existence
sont
celles d’une mobilisation ; il compte à chaque instant avec l’éventua
448
e, et il y puise sa force de cohésion. Quelle que
soit
donc la volonté consciente et avouée du Führer et du peuple, il n’y a
449
toute guerre engagée avec les États totalitaires
est
une guerre perdue, quelle que soit son issue, pour les nations démocr
450
ts totalitaires est une guerre perdue, quelle que
soit
son issue, pour les nations démocratiques. D’une guerre totale, telle
451
énergies belliqueuses. Or, se montrer fort, ce n’
est
pas s’armer jusqu’aux dents. Réagir au péril totalitaire par des plan
452
e sens civique décadent. Retrouver une foi qui ne
soit
pas cette volonté anxieuse de croire à la Nation… Le seul problème pr
453
religieux qui naît de cette angoisse — même s’il
est
encore inconscient. Toute la question est de savoir si nous saurons m
454
me s’il est encore inconscient. Toute la question
est
de savoir si nous saurons mettre à profit pour le résoudre le délai q
455
ble, et quelques restes de traditions civiques. (
Été
1938.)
456
xtrait de lettre d’un étudiant allemand) « J’ai
été
convoqué par ma corporation à un camp d’instruction de deux semaines
457
ur lesquelles les participants doivent évidemment
être
au clair. Il s’exprima comme il suit — je sténographiai les formules
458
urnée du Parti de 1935 : « Le national-socialisme
est
une conception du monde. » Cette conception du monde est décrite dans
459
conception du monde. » Cette conception du monde
est
décrite dans Le Mythe du xxe siècle de Rosenberg… Dans les camps du
460
strupp). La conception chrétienne et la marxiste
sont
l’une et l’autre libérales, parce qu’individualistes… La piété german
461
, parce qu’individualistes… La piété germanique n’
est
qu’une attitude de profond respect en face des lois de l’Harmonie et
462
voir à cause de leur infériorité raciale, doivent
être
rejetés, ce qui se produit en partie grâce aux mesures de stérilisati
463
érilisation… La conception nationale-socialiste n’
est
destinée qu’à la race germanique, et non pas à toutes les races, comm
464
ment parce que la religiosité courante en ce pays
était
le christianisme, et pour plus de clarté, qu’on a utilisé le terme de
465
en soi… Tous les membres des diverses confessions
sont
plus ou moins des trafiquants de devises et des traîtres au peuple… M
466
ésir de servir le peuple — et il y en a — doivent
être
combattus, car leur erreur est préjudiciable à la communauté populair
467
y en a — doivent être combattus, car leur erreur
est
préjudiciable à la communauté populaire, et antinaturelle puisqu’elle
468
ommunauté populaire, et antinaturelle puisqu’elle
est
d’origine raciale étrangère. Ce qu’il faut attaquer dans le christian
469
tionalisme, etc. Toutefois l’orateur s’efforce d’
être
objectif. L’essentiel est qu’il affirme sans cesse que ce n’est pas u
470
l’orateur s’efforce d’être objectif. L’essentiel
est
qu’il affirme sans cesse que ce n’est pas une opinion personnelle qu’
471
L’essentiel est qu’il affirme sans cesse que ce n’
est
pas une opinion personnelle qu’il expose, mais la position officielle
472
camp et demandèrent l’autorisation de se retirer,
étant
chrétiens. Suit le récit de plusieurs entrevues prolongées avec les r
473
remarquer en outre que le point 24 du programme n’
est
pas une hypocrisie, comme le prétendait l’étudiant, mais qu’il témoig
474
témoigne d’une grande sagesse : « Il arrive qu’on
soit
obligé de ne pas dire la vérité à un grand malade, de peur de lui ôte
475
ui ôter sa dernière volonté de vivre. Le peuple n’
est
pas encore mûr pour la nouvelle conception du monde, et une guerre de
476
onception du monde, et une guerre de religion lui
serait
fatale. » Finalement le chef des étudiants du Reich arrive au camp. I
477
le temps vient où beaucoup de camarades du Parti
seront
désillusionnés, qui avaient cru mener un combat purement politique. I
478
onales-socialistes doivent logiquement apparaître
soit
comme un truquage monumental, soit comme une manifestation de puissan
479
ent apparaître soit comme un truquage monumental,
soit
comme une manifestation de puissance au moins superflue. Les « électi
480
des candidats, et le seul ministre de l’Intérieur
était
en droit de nommer définitivement les députés. Le vote revenait donc
481
la technique de la propagande et du vote lui-même
était
indiquée par la nature du but visé, et il n’y a pas lieu de chicaner
482
ains membres du parti N.-S. reconnaissent qu’on a
été
« un peu fort » dans l’application des moyens de contrainte légale, s
483
ts de toute faculté pratique de dire non). Le but
étant
l’unanimité, et non la majorité, et cette unanimité n’existant pas en
484
ocratie Or cette opération antiparlementaire a
été
présentée au peuple allemand, après le 7 mars, comme un acte démocrat
485
émocraties de l’Ouest, disait-il en substance, ne
sont
en réalité que des oligarchies. Le peuple y est privé du pouvoir de t
486
sont en réalité que des oligarchies. Le peuple y
est
privé du pouvoir de trancher les questions importantes. Entre lui et
487
ns votre approbation, sans votre confiance. Je ne
suis
pas un usurpateur, ni un dictateur, mais je suis le porte-parole d’un
488
suis pas un usurpateur, ni un dictateur, mais je
suis
le porte-parole d’une volonté nationale à laquelle j’obéirai toujours
489
vent répondre sans chercher bien loin : si vous n’
étiez
pas sûr d’avance du résultat de votre plébiscite, vous sauriez fort b
490
ce de cause. C’est pourquoi la vraie démocratie n’
est
possible que là où l’opinion a été formée et disciplinée par un seul
491
e démocratie n’est possible que là où l’opinion a
été
formée et disciplinée par un seul parti dirigé par un seul homme. » (
492
allemand qui écoute ce langage. Il se peut qu’il
soit
un instant gêné par le sophisme qui assimile « vraie démocratie » et
493
ernement d’un seul appuyé sur une opinion qu’il s’
est
créée favorable par les moyens que l’on sait. Mais il est probable qu
494
e favorable par les moyens que l’on sait. Mais il
est
probable que cet électeur est beaucoup plus sensible à la dénonciatio
495
l’on sait. Mais il est probable que cet électeur
est
beaucoup plus sensible à la dénonciation du sophisme contraire, parce
496
enne et la « démocratie » parlementaire française
sont
deux trahisons de la véritable démocratie si celle-ci doit être défin
497
isons de la véritable démocratie si celle-ci doit
être
définie comme le gouvernement du peuple par lui-même. Ce régime idéal
498
petits cantons suisses où les affaires publiques
sont
discutées par l’assemblée plénière des électeurs (Landsgemeinde). Mai
499
e). Mais une telle démocratie, la seule réelle, n’
est
plus possible dès que le nombre des électeurs dépasse la dizaine de m
500
pouvoirs délégués échappent à tout contrôle, ils
sont
perdus. Mais là où le référendum ne peut être provoqué que par le gou
501
ils sont perdus. Mais là où le référendum ne peut
être
provoqué que par le gouvernement, comme en Allemagne, on ne saurait p
502
r. 3. Nécessité du plébiscite Le plébiscite
est
donc un référendum contrôlé, pratiquement : un référendum truqué. Il
503
isolé, acte qui d’ailleurs a toutes les chances d’
être
très généralement approuvé même par les adversaires du régime. (Les 3
504
el point a-t-on le droit de tromper le peuple ? —
fût
-ce pour son bien… On voit très clairement pourquoi l’état national-so
505
tie ». C’est que le problème allemand fondamental
est
aujourd’hui de constituer une nation unitaire, centralisée, une solid
506
açon ouverte ou voilée, à un plébiscite. Sinon ce
serait
la ruine rapide de l’étatisme centralisateur. (On a remarqué depuis l
507
emarqué depuis longtemps que le référendum suisse
est
généralement dirigé contre l’État. C’est-à-dire que la plupart des lo
508
is proposées par l’État et soumises au référendum
sont
ipso facto repoussées par la majorité des citoyens.) La nécessité du
509
rer le référendum, la « consultation populaire »,
sera
en réalité une tentative de plébiscite, et donc une négation de la dé
510
cratie réelle. (Encore une fois : le référendum n’
est
possible en Suisse, il n’est « démocratique » que dans la mesure où l
511
is : le référendum n’est possible en Suisse, il n’
est
« démocratique » que dans la mesure où le fédéralisme suisse subsiste
512
unité depuis des siècles, et qui peut-être a même
été
trop loin dans ce sens ; pour un pays qui a fait la Révolution de 89,
513
s ; pour un pays enfin dont la mission a toujours
été
libératrice — ou tout au moins affirmée telle —, la tentation plébisc
514
affirmée telle —, la tentation plébiscitaire, qui
est
la tentation fasciste, n’a plus de sens historique ni spirituel. Il i
515
tout contraire des élections partisanes. Si nous
sommes
antiparlementaires, nous ne souffrirons pas qu’une paresse d’esprit v
516
tion, voilà l’ennemi ; et peu nous importe que ce
soit
un pseudo-fascisme de droite ou un pseudo-démocratisme de gauche qui
517
ersonnaliste de la France, ces deux tentatives ne
seront
jamais que des trahisons jumelles. Nous sommes contre la centralisati
518
ne seront jamais que des trahisons jumelles. Nous
sommes
contre la centralisation, contre l’étatisme, contre le nationalisme é
519
ce de fascisme « à la française ». Parce que nous
sommes
pour le fédéralisme communaliste, pour l’exercice de l’autorité sur p
520
s et qui savent ce qu’ils font, dans un cadre qui
soit
à mesure d’homme, — pour la seule vraie « démocratie », dirions-nous
521
a chose. 20. Les deux articles qui suivent ont
été
écrits à l’époque de ce journal, pour la revue L’Ordre nouveau . Ils
522
tournures que prend le national-socialisme, il n’
est
pas rare qu’un membre du parti d’Hitler réponde : « Vous êtes bien ma
523
e qu’un membre du parti d’Hitler réponde : « Vous
êtes
bien mal venu à critiquer ce qui se fait ici ! Vous condamnez notre c
524
oriens vantent les bienfaits de cette unité. Elle
est
passée dans vos mœurs, à tel point que vous n’en êtes plus même consc
525
passée dans vos mœurs, à tel point que vous n’en
êtes
plus même conscients. Vous criez au nationalisme, c’est-à-dire à l’or
526
je pense, dès qu’un peuple à côté de vous, que ce
soit
l’Italie ou l’Allemagne, essaie de faire ce que vous avez fait, et do
527
si fiers ! » Je note d’abord que ces propos m’ont
été
tenus spontanément, par des personnes très favorables à Hitler, mais
528
iers ! » Je note d’abord que ces propos m’ont été
tenus
spontanément, par des personnes très favorables à Hitler, mais qui ga
529
ler, mais qui gardaient leur sens critique. Ce ne
sont
pas là des « Schlagworte », des mots d’ordre de la Propagande. Il y a
530
hances qu’ils traduisent la réalité telle qu’elle
est
, et non point telle qu’on la décrète. ⁂ Dans quelle situation histori
531
petits États autonomes, dont certains risquent d’
être
entraînés dans des orbites étrangères. (La Bavière catholique se rapp
532
ira rechercher des Chamberlain, des Gobineau qui
sont
bien loin des préoccupations urgentes du peuple allemand, mais qui fo
533
tte pour l’idée nationale. Au fond, le problème n’
est
pas si différent de celui qui se posait aux jacobins, mais les moyens
534
sait aux jacobins, mais les moyens de le résoudre
seront
nécessairement tout autres. Les jacobins, en effet, défendaient une r
535
té de regrouper toutes les forces allemandes pour
tenir
tète à la double pression qu’exercent les Alliés et les réactionnaire
536
s Français qui occupent la Rhénanie, eh bien ! ce
sera
« l’armée de Coblence ! » 3° Lutte contre les cliques politiciennes.
537
tre les cliques politiciennes. — Ici le parallèle
est
moins frappant ; c’est qu’en effet la technique des révolutions de ma
538
rienne, de même que la Révolution française, ne s’
est
pas proposé d’abord une modification du corps social et de la structu
539
endre contre droites et gauches, mais un Hébert n’
est
pas de la taille d’un Röhm ou d’un Strasser.) Mais où le parallèle hi
540
ir affermi. La justification des actes de terreur
est
à peu près la même de part et d’autre. C’est le bras vengeur du justi
541
e une stupeur horrifiée, dont l’effet infaillible
est
de faire apparaître le tyran sous les espèces d’un surhomme. Après qu
542
es Moissons, fête de la Jeunesse ou du Solstice d’
été
, culte des morts de la Révolution, sous Hitler. L’analogie est à peu
543
s morts de la Révolution, sous Hitler. L’analogie
est
à peu près parfaite, à ceci près que Robespierre ne disposant pas de
544
oi les ergoteurs ne manqueront pas de répliquer :
était
-ce la peine de dire tant de mal de l’esprit de 89 et de la Déclaratio
545
moins que la France ? (Ou bien, contre Staline :
était
-ce la peine de dénoncer la peste du capitalisme, pour déclarer, aussi
546
» ?) Mais on ne peut pas refaire l’histoire. Nous
sommes
là pour la créer. Vis-à-vis des jacobins bruns, nous ne pouvons nous
547
à-vis des jacobins bruns, nous ne pouvons nous en
tenir
à des critiques rétrospectives. Tournés vers l’avenir prochain, nous
548
de guerre. Il n’a pas vu que cette même structure
était
la cause de la stérilité de la paix. S’il avait mieux connu la France
549
x. S’il avait mieux connu la France telle qu’elle
est
, s’il n’avait pas été hypnotisé par les nécessités de « son combat »2
550
nnu la France telle qu’elle est, s’il n’avait pas
été
hypnotisé par les nécessités de « son combat »22, il eût tiré aussi l
551
atisme centralisateur. Tant que ce dépassement ne
sera
pas amorcé par la France, les nations jeunes, faute d’un autre modèle
552
iques à venir, mais de la paix européenne. Car il
est
clair que la menace de guerre se confond actuellement avec le fait to
553
pas détruit cette racine de la guerre, on ne peut
être
sûr que du pire. Le jacobinisme, l’esprit centralisateur, le principe
554
plinée dans un cadre rigide, tout cela ne cesse d’
être
stérile et abstrait — en temps de paix — que pour devenir la guerre c
555
e, bonne ou mauvaise. On me dira sans doute qu’il
est
trop tard. Désespérer de la paix, c’est rendre une guerre fatale. Dés
556
érer de la paix. Et c’est précisément parce qu’il
est
trop tard pour empêcher la guerre par tout autre moyen, que nous devo
557
des partisans d’Hitler déclarer que le racisme n’
est
en réalité que la lutte contre les juifs. Ils restent assez sceptique
558
qu’une idéologie née du seul combat (Mein Kampf)
sera
forcément d’allure totalitaire.