1 1939, L’Amour et l’Occident. Avertissement
1 Avertissement J’ai appelé « livres » les différentes parties de cet ouvrage, parce que chacune esquisse le con
2 J’ai appelé « livres » les différentes parties de cet ouvrage, parce que chacune esquisse le contenu d’un volume de dim
3 arties de cet ouvrage, parce que chacune esquisse le contenu d’un volume de dimensions ordinaires. Le grand nombre des fai
4 et ouvrage, parce que chacune esquisse le contenu d’ un volume de dimensions ordinaires. Le grand nombre des faits et des t
5 parce que chacune esquisse le contenu d’un volume de dimensions ordinaires. Le grand nombre des faits et des textes cités,
6 le contenu d’un volume de dimensions ordinaires. Le grand nombre des faits et des textes cités, le jeu des « leitmotive »
7 s. Le grand nombre des faits et des textes cités, le jeu des « leitmotive » entrelacés, risqueraient d’égarer certains lec
8 e jeu des « leitmotive » entrelacés, risqueraient d’ égarer certains lecteurs si je ne donnais ici la clef de ma compositio
9 t d’égarer certains lecteurs si je ne donnais ici la clef de ma composition. Le premier livre expose le contenu caché de l
10 er certains lecteurs si je ne donnais ici la clef de ma composition. Le premier livre expose le contenu caché de la légend
11 a clef de ma composition. Le premier livre expose le contenu caché de la légende ou du mythe de Tristan. C’est une descent
12 osition. Le premier livre expose le contenu caché de la légende ou du mythe de Tristan. C’est une descente aux cercles suc
13 tion. Le premier livre expose le contenu caché de la légende ou du mythe de Tristan. C’est une descente aux cercles succes
14 expose le contenu caché de la légende ou du mythe de Tristan. C’est une descente aux cercles successifs de la passion. Le
15 ristan. C’est une descente aux cercles successifs de la passion. Le dernier livre indique une attitude humaine diamétralem
16 tan. C’est une descente aux cercles successifs de la passion. Le dernier livre indique une attitude humaine diamétralement
17 maine diamétralement opposée, et par là il achève la description de la passion, car on ne connaît vraiment que les choses
18 ement opposée, et par là il achève la description de la passion, car on ne connaît vraiment que les choses dépassées, ou d
19 nt opposée, et par là il achève la description de la passion, car on ne connaît vraiment que les choses dépassées, ou du m
20 ion de la passion, car on ne connaît vraiment que les choses dépassées, ou du moins celles dont on a pu toucher, fût-ce mêm
21 ins celles dont on a pu toucher, fût-ce même sans les franchir, les limites. Quant aux livres intermédiaires : le deuxième
22 t on a pu toucher, fût-ce même sans les franchir, les limites. Quant aux livres intermédiaires : le deuxième tente de remon
23 ant aux livres intermédiaires : le deuxième tente de remonter aux origines religieuses du mythe, tandis que les suivants d
24 ter aux origines religieuses du mythe, tandis que les suivants décrivent ses effets dans les domaines les plus divers : mys
25 tandis que les suivants décrivent ses effets dans les domaines les plus divers : mystique, littérature, art de la guerre, m
26 s suivants décrivent ses effets dans les domaines les plus divers : mystique, littérature, art de la guerre, morale du mari
27 ines les plus divers : mystique, littérature, art de la guerre, morale du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses de l’
28 s les plus divers : mystique, littérature, art de la guerre, morale du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses de l’amo
29 ttérature, art de la guerre, morale du mariage. ⁂ L’ agrément de parler des choses de l’amour est un prétexte assez peu con
30 art de la guerre, morale du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses de l’amour est un prétexte assez peu convaincant, l
31 ale du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses de l’amour est un prétexte assez peu convaincant, lorsqu’il s’agit d’un
32 du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses de l’ amour est un prétexte assez peu convaincant, lorsqu’il s’agit d’un vol
33 prétexte assez peu convaincant, lorsqu’il s’agit d’ un volume aussi dense. Douteux avantage d’ailleurs : on rougirait de l
34 dense. Douteux avantage d’ailleurs : on rougirait de le partager avec tant d’auteurs à succès. Aussi me suis-je donné quel
35 se. Douteux avantage d’ailleurs : on rougirait de le partager avec tant d’auteurs à succès. Aussi me suis-je donné quelque
36 ’ailleurs : on rougirait de le partager avec tant d’ auteurs à succès. Aussi me suis-je donné quelques difficultés. Je n’ai
37 oulu flatter ni déprécier ce que Stendhal nommait l’ amour-passion, mais j’ai tenté de le décrire comme un phénomène histor
38 Stendhal nommait l’amour-passion, mais j’ai tenté de le décrire comme un phénomène historique, d’origine proprement religi
39 ndhal nommait l’amour-passion, mais j’ai tenté de le décrire comme un phénomène historique, d’origine proprement religieus
40 enté de le décrire comme un phénomène historique, d’ origine proprement religieuse. Or les hommes, et les femmes, tolèrent
41 e historique, d’origine proprement religieuse. Or les hommes, et les femmes, tolèrent fort bien que l’on parle d’amour, et
42 ’origine proprement religieuse. Or les hommes, et les femmes, tolèrent fort bien que l’on parle d’amour, et même ils ne s’e
43 les hommes, et les femmes, tolèrent fort bien que l’ on parle d’amour, et même ils ne s’en lassent jamais, si commun que so
44 et les femmes, tolèrent fort bien que l’on parle d’ amour, et même ils ne s’en lassent jamais, si commun que soit le disco
45 me ils ne s’en lassent jamais, si commun que soit le discours ; mais ils redoutent que l’on définisse la passion, pour peu
46 mun que soit le discours ; mais ils redoutent que l’ on définisse la passion, pour peu de rigueur que l’on y apporte. La pl
47 discours ; mais ils redoutent que l’on définisse la passion, pour peu de rigueur que l’on y apporte. La plupart, estime L
48 ’on définisse la passion, pour peu de rigueur que l’ on y apporte. La plupart, estime Laclos, « renonceraient même à leurs
49 même à leurs plaisirs, s’il devait leur en coûter la fatigue d’une réflexion ». Il s’en suit que ce livre montrera sa néce
50 s plaisirs, s’il devait leur en coûter la fatigue d’ une réflexion ». Il s’en suit que ce livre montrera sa nécessité dans
51 s’en suit que ce livre montrera sa nécessité dans la mesure où d’abord il déplaira ; et il n’aura d’utilité que s’il conva
52 s la mesure où d’abord il déplaira ; et il n’aura d’ utilité que s’il convainc ceux qui auront pris conscience, en le lisan
53 s’il convainc ceux qui auront pris conscience, en le lisant, des raisons qu’ils pouvaient avoir de le trouver d’abord dépl
54 en le lisant, des raisons qu’ils pouvaient avoir de le trouver d’abord déplaisant. Cette manière me vaudra bien des repro
55 le lisant, des raisons qu’ils pouvaient avoir de le trouver d’abord déplaisant. Cette manière me vaudra bien des reproche
56 sant. Cette manière me vaudra bien des reproches. Les amoureux me tiendront pour cynique, et ceux qui n’ont jamais connu la
57 ront pour cynique, et ceux qui n’ont jamais connu la vraie passion s’étonneront de m’y voir consacrer tout un livre. Les u
58 n’ont jamais connu la vraie passion s’étonneront de m’y voir consacrer tout un livre. Les uns diront qu’à définir l’amour
59 s’étonneront de m’y voir consacrer tout un livre. Les uns diront qu’à définir l’amour, on le perd ; les autres, qu’on y per
60 sacrer tout un livre. Les uns diront qu’à définir l’ amour, on le perd ; les autres, qu’on y perd son temps. À qui plairai-
61 un livre. Les uns diront qu’à définir l’amour, on le perd ; les autres, qu’on y perd son temps. À qui plairai-je ? À ceux
62 Les uns diront qu’à définir l’amour, on le perd ; les autres, qu’on y perd son temps. À qui plairai-je ? À ceux qui veulent
63 savoir, peut-être, ou même guérir ? Je suis parti d’ un type de la passion telle que la vivent les Occidentaux, d’une forme
64 ut-être, ou même guérir ? Je suis parti d’un type de la passion telle que la vivent les Occidentaux, d’une forme extrême,
65 être, ou même guérir ? Je suis parti d’un type de la passion telle que la vivent les Occidentaux, d’une forme extrême, exc
66 ? Je suis parti d’un type de la passion telle que la vivent les Occidentaux, d’une forme extrême, exceptionnelle en appare
67 parti d’un type de la passion telle que la vivent les Occidentaux, d’une forme extrême, exceptionnelle en apparences : le m
68 e la passion telle que la vivent les Occidentaux, d’ une forme extrême, exceptionnelle en apparences : le mythe de Tristan
69 une forme extrême, exceptionnelle en apparences : le mythe de Tristan et Iseut. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemp
70 extrême, exceptionnelle en apparences : le mythe de Tristan et Iseut. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemple éclata
71 cet exemple éclatant et « banal » — comme on dit d’ un four qu’il est banal, donc unique — si nous voulons comprendre dans
72 unique — si nous voulons comprendre dans nos vies le sens et la fin de la passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié.
73 nous voulons comprendre dans nos vies le sens et la fin de la passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié. Pourquoi p
74 oulons comprendre dans nos vies le sens et la fin de la passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié. Pourquoi perdre s
75 ons comprendre dans nos vies le sens et la fin de la passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié. Pourquoi perdre son
76 son temps et son style à expliquer sans cesse que la réalité est plus complexe que tout ce qu’on peut en dire ? Que la vie
77 lus complexe que tout ce qu’on peut en dire ? Que la vie soit confuse ne saurait signifier qu’une œuvre écrite doit l’imit
78 use ne saurait signifier qu’une œuvre écrite doit l’ imiter. Si j’ai parfois dogmatisé, je n’en demanderai pardon qu’à ceux
79 is dogmatisé, je n’en demanderai pardon qu’à ceux de mes lecteurs qui estimeront que mes stylisations font tort au sens pr
80 raîné par mes analyses dans des domaines réservés d’ ordinaire aux « spécialistes », j’ai profité autant que je l’ai pu des
81 aux « spécialistes », j’ai profité autant que je l’ ai pu des travaux réputés classiques, et de quelques autres ; et si je
82 que je l’ai pu des travaux réputés classiques, et de quelques autres ; et si je n’en ai cité qu’un nombre assez restreint,
83 n’est pas toujours par ignorance, mais par souci de m’en tenir à l’essentiel. Les spécialistes me pardonneront-ils d’avoi
84 urs par ignorance, mais par souci de m’en tenir à l’ essentiel. Les spécialistes me pardonneront-ils d’avoir tenté un effor
85 ance, mais par souci de m’en tenir à l’essentiel. Les spécialistes me pardonneront-ils d’avoir tenté un effort de synthèse
86 l’essentiel. Les spécialistes me pardonneront-ils d’ avoir tenté un effort de synthèse que toute leur formation technique c
87 istes me pardonneront-ils d’avoir tenté un effort de synthèse que toute leur formation technique condamne ? À défaut d’une
88 oute leur formation technique condamne ? À défaut d’ une science universelle qu’il faudrait plusieurs vies pour maîtriser,
89 qu’il n’était besoin, et n’ai livré qu’un résumé de mes recherches. Ce compromis m’expose à un double péril. J’aurais peu
90 ais pas donné des preuves. Et je me serais acquis l’ estime des spécialistes si je n’avais pas tiré de leurs travaux des co
91 l’estime des spécialistes si je n’avais pas tiré de leurs travaux des conclusions… Dans cette situation fâcheuse, il ne m
92 ion fâcheuse, il ne me reste qu’un espoir : celui d’ instruire les lectrices tout en amusant les savants. J’ai vécu ce livr
93 , il ne me reste qu’un espoir : celui d’instruire les lectrices tout en amusant les savants. J’ai vécu ce livre pendant tou
94 : celui d’instruire les lectrices tout en amusant les savants. J’ai vécu ce livre pendant toute mon adolescence et ma jeune
95 pendant toute mon adolescence et ma jeunesse ; je l’ ai conçu sous forme d’œuvre écrite, et nourri de quelques lectures, de
96 escence et ma jeunesse ; je l’ai conçu sous forme d’ œuvre écrite, et nourri de quelques lectures, depuis deux ans ; enfin
97 e l’ai conçu sous forme d’œuvre écrite, et nourri de quelques lectures, depuis deux ans ; enfin je l’ai rédigé en quatre m
98 de quelques lectures, depuis deux ans ; enfin je l’ ai rédigé en quatre mois. Ceci me rappelle le mot de Vernet, à propos
99 n je l’ai rédigé en quatre mois. Ceci me rappelle le mot de Vernet, à propos d’un tableau qu’il vendait assez cher : « Il
100 ai rédigé en quatre mois. Ceci me rappelle le mot de Vernet, à propos d’un tableau qu’il vendait assez cher : « Il m’a dem
101 l vendait assez cher : « Il m’a demandé une heure de travail, et toute la vie. » D. de R.
102 : « Il m’a demandé une heure de travail, et toute la vie. » D. de R.
103 andé une heure de travail, et toute la vie. » D. de R.
2 1939, L’Amour et l’Occident. Livre premier. Le mythe de Tristan
104 Livre premierLe mythe de Tristan 1.Triomphe du roman, et ce qu’il cache « Seigneurs, vo
105 , et ce qu’il cache « Seigneurs, vous plaît-il d’ entendre un beau conte d’amour et de mort ?… » — Rien au monde ne saur
106 Seigneurs, vous plaît-il d’entendre un beau conte d’ amour et de mort ?… » — Rien au monde ne saurait nous plaire davantage
107 vous plaît-il d’entendre un beau conte d’amour et de mort ?… » — Rien au monde ne saurait nous plaire davantage. À tel poi
108 ue ce début du Tristan de Bédier doit passer pour le type idéal de la première phrase d’un roman. C’est le trait d’un art
109 Tristan de Bédier doit passer pour le type idéal de la première phrase d’un roman. C’est le trait d’un art infaillible qu
110 t passer pour le type idéal de la première phrase d’ un roman. C’est le trait d’un art infaillible qui nous jette dès le se
111 ype idéal de la première phrase d’un roman. C’est le trait d’un art infaillible qui nous jette dès le seuil du conte dans
112 de la première phrase d’un roman. C’est le trait d’ un art infaillible qui nous jette dès le seuil du conte dans l’état pa
113 le trait d’un art infaillible qui nous jette dès le seuil du conte dans l’état passionné d’attente où naît l’illusion rom
114 illible qui nous jette dès le seuil du conte dans l’ état passionné d’attente où naît l’illusion romanesque. D’où vient ce
115 jette dès le seuil du conte dans l’état passionné d’ attente où naît l’illusion romanesque. D’où vient ce charme ? Et quell
116 du conte dans l’état passionné d’attente où naît l’ illusion romanesque. D’où vient ce charme ? Et quelles complicités cet
117 assionné d’attente où naît l’illusion romanesque. D’ où vient ce charme ? Et quelles complicités cet artifice de « rhétoriq
118 t ce charme ? Et quelles complicités cet artifice de « rhétorique profonde » sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que l’acco
119 profonde » sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que l’ accord d’amour et de mort soit celui qui émeuve en nous les résonances
120 » sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que l’accord d’ amour et de mort soit celui qui émeuve en nous les résonances les plus
121 ejoindre dans nos cœurs ? Que l’accord d’amour et de mort soit celui qui émeuve en nous les résonances les plus profondes,
122 d’amour et de mort soit celui qui émeuve en nous les résonances les plus profondes, c’est un fait qu’établit à première vu
123 mort soit celui qui émeuve en nous les résonances les plus profondes, c’est un fait qu’établit à première vue le succès pro
124 rofondes, c’est un fait qu’établit à première vue le succès prodigieux du roman. Il est d’autres raisons, plus secrètes, d
125 du roman. Il est d’autres raisons, plus secrètes, d’ y voir comme une définition de la conscience occidentale… Amour et mor
126 ons, plus secrètes, d’y voir comme une définition de la conscience occidentale… Amour et mort, amour mortel : si ce n’est
127 , plus secrètes, d’y voir comme une définition de la conscience occidentale… Amour et mort, amour mortel : si ce n’est pas
128 our et mort, amour mortel : si ce n’est pas toute la poésie, c’est du moins tout ce qu’il y a de populaire, tout ce qu’il
129 toute la poésie, c’est du moins tout ce qu’il y a de populaire, tout ce qu’il y a d’universellement émouvant dans nos litt
130 tout ce qu’il y a de populaire, tout ce qu’il y a d’ universellement émouvant dans nos littératures ; et dans nos plus viei
131 illes légendes, et dans nos plus belles chansons. L’ amour heureux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que de l’amour mor
132 nos plus belles chansons. L’amour heureux n’a pas d’ histoire. Il n’est de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de l’a
133 ons. L’amour heureux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condam
134 heureux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la vie
135 reux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que de l’ amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la vie mê
136 ’est de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte le lyrisme
137 t de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de l’ amour menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte le lyrisme occ
138 l, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisi
139 menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisir des sens, ni la paix féco
140 Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisir des sens, ni la paix féconde du couple. C’est moins l’amour c
141 occidental, ce n’est pas le plaisir des sens, ni la paix féconde du couple. C’est moins l’amour comblé que la passion d’a
142 s sens, ni la paix féconde du couple. C’est moins l’ amour comblé que la passion d’amour. Et passion signifie souffrance. V
143 féconde du couple. C’est moins l’amour comblé que la passion d’amour. Et passion signifie souffrance. Voilà le fait fondam
144 couple. C’est moins l’amour comblé que la passion d’ amour. Et passion signifie souffrance. Voilà le fait fondamental. Mais
145 on d’amour. Et passion signifie souffrance. Voilà le fait fondamental. Mais l’enthousiasme que nous montrons pour le roman
146 nifie souffrance. Voilà le fait fondamental. Mais l’ enthousiasme que nous montrons pour le roman, et pour le film né du ro
147 ental. Mais l’enthousiasme que nous montrons pour le roman, et pour le film né du roman ; l’érotisme idéalisé diffus dans
148 ousiasme que nous montrons pour le roman, et pour le film né du roman ; l’érotisme idéalisé diffus dans toute notre cultur
149 rons pour le roman, et pour le film né du roman ; l’ érotisme idéalisé diffus dans toute notre culture, dans notre éducatio
150 s toute notre culture, dans notre éducation, dans les images qui font le décor de nos vies ; enfin le besoin d’évasion exas
151 e, dans notre éducation, dans les images qui font le décor de nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mé
152 otre éducation, dans les images qui font le décor de nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mécanique,
153 les images qui font le décor de nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mécanique, tout en nous et auto
154 s qui font le décor de nos vies ; enfin le besoin d’ évasion exaspéré par l’ennui mécanique, tout en nous et autour de nous
155 nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ ennui mécanique, tout en nous et autour de nous glorifie à tel point l
156 ut en nous et autour de nous glorifie à tel point la passion que nous en sommes venus à voir en elle une promesse de vie p
157 nous en sommes venus à voir en elle une promesse de vie plus vivante, une puissance qui transfigure, quelque chose qui se
158 e, quelque chose qui serait au-delà du bonheur et de la souffrance, une béatitude ardente. Dans « passion » nous ne senton
159 quelque chose qui serait au-delà du bonheur et de la souffrance, une béatitude ardente. Dans « passion » nous ne sentons p
160 e » mais « ce qui est passionnant ». Et pourtant, la passion d’amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous viv
161 ce qui est passionnant ». Et pourtant, la passion d’ amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous vivons et dont
162 nant ». Et pourtant, la passion d’amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous vivons et dont les mœurs n’ont g
163 la passion d’amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous vivons et dont les mœurs n’ont guère changé, sous ce
164 it, un malheur. La société où nous vivons et dont les mœurs n’ont guère changé, sous ce rapport, depuis des siècles, réduit
165 angé, sous ce rapport, depuis des siècles, réduit l’ amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de l’adultère. Et
166 uit l’amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de l’adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tou
167 ur-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de l’adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tous les cas
168 passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de l’ adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tous les cas d’
169 tir la forme de l’adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tous les cas d’exception, mais la statistique est
170 Et j’entends bien que les amants invoqueront tous les cas d’exception, mais la statistique est cruelle : elle réfute notre
171 ends bien que les amants invoqueront tous les cas d’ exception, mais la statistique est cruelle : elle réfute notre poésie.
172 amants invoqueront tous les cas d’exception, mais la statistique est cruelle : elle réfute notre poésie. Vivons-nous dans
173 us exalte à ce qui semblerait combler notre idéal de vie harmonieuse ? Serrons de plus près cette contradiction, par un ef
174 squ’il tend à détruire une illusion. Affirmer que l’ amour-passion signifie, de fait, l’adultère, c’est insister sur la réa
175 illusion. Affirmer que l’amour-passion signifie, de fait, l’adultère, c’est insister sur la réalité que notre culte de l’
176 . Affirmer que l’amour-passion signifie, de fait, l’ adultère, c’est insister sur la réalité que notre culte de l’amour mas
177 signifie, de fait, l’adultère, c’est insister sur la réalité que notre culte de l’amour masque et transfigure à la fois ;
178 re, c’est insister sur la réalité que notre culte de l’amour masque et transfigure à la fois ; c’est mettre au jour ce que
179 c’est insister sur la réalité que notre culte de l’ amour masque et transfigure à la fois ; c’est mettre au jour ce que ce
180 our ce que ce culte dissimule, refoule, et refuse de nommer pour nous permettre un abandon ardent à ce que nous n’osions p
181 on ardent à ce que nous n’osions pas revendiquer. La résistance même qu’éprouvera le lecteur à reconnaître que passion et
182 pas revendiquer. La résistance même qu’éprouvera le lecteur à reconnaître que passion et adultère se confondent le plus s
183 reconnaître que passion et adultère se confondent le plus souvent dans la société qui est la nôtre, n’est-ce pas une premi
184 on et adultère se confondent le plus souvent dans la société qui est la nôtre, n’est-ce pas une première preuve de ce fait
185 onfondent le plus souvent dans la société qui est la nôtre, n’est-ce pas une première preuve de ce fait paradoxal : que no
186 ui est la nôtre, n’est-ce pas une première preuve de ce fait paradoxal : que nous voulons la passion et le malheur à condi
187 re preuve de ce fait paradoxal : que nous voulons la passion et le malheur à condition de ne jamais avouer que nous les vo
188 e fait paradoxal : que nous voulons la passion et le malheur à condition de ne jamais avouer que nous les voulons en tant
189 malheur à condition de ne jamais avouer que nous les voulons en tant que tels ? ⁂ Pour qui nous jugerait sur nos littératu
190  ? ⁂ Pour qui nous jugerait sur nos littératures, l’ adultère paraîtrait l’une des occupations les plus remarquables auxque
191 ures, l’adultère paraîtrait l’une des occupations les plus remarquables auxquelles se livrent les Occidentaux. On aurait vi
192 tions les plus remarquables auxquelles se livrent les Occidentaux. On aurait vite dressé la liste des romans qui n’y font a
193 se livrent les Occidentaux. On aurait vite dressé la liste des romans qui n’y font aucune allusion ; et le succès remporté
194 iste des romans qui n’y font aucune allusion ; et le succès remporté par les autres, les complaisances qu’ils éveillent, l
195 font aucune allusion ; et le succès remporté par les autres, les complaisances qu’ils éveillent, la passion même qu’on app
196 allusion ; et le succès remporté par les autres, les complaisances qu’ils éveillent, la passion même qu’on apporte à les c
197 r les autres, les complaisances qu’ils éveillent, la passion même qu’on apporte à les condamner quelquefois, tout cela dit
198 qu’ils éveillent, la passion même qu’on apporte à les condamner quelquefois, tout cela dit assez à quoi rêvent les couples,
199 er quelquefois, tout cela dit assez à quoi rêvent les couples, sous un régime qui a fait du mariage un devoir et une commod
200 fait du mariage un devoir et une commodité. Sans l’ adultère, que seraient toutes nos littératures ? Elles vivent de la « 
201 e seraient toutes nos littératures ? Elles vivent de la « crise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles l’entretienne
202 eraient toutes nos littératures ? Elles vivent de la « crise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles l’entretiennent,
203 rise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles l’ entretiennent, soit qu’elles « chantent » en prose et en vers ce que l
204 qu’elles « chantent » en prose et en vers ce que la religion tient pour un crime, et la Loi pour une contravention, soit
205 n vers ce que la religion tient pour un crime, et la Loi pour une contravention, soit au contraire qu’elles s’en amusent,
206 , et qu’elles en tirent un répertoire inépuisable de situations comiques ou cyniques. Droit divin de la passion, psycholog
207 e de situations comiques ou cyniques. Droit divin de la passion, psychologie mondaine, succès du trio au théâtre — soit qu
208 e situations comiques ou cyniques. Droit divin de la passion, psychologie mondaine, succès du trio au théâtre — soit qu’on
209 ilise, ou ironise, que fait-on si ce n’est trahir le tourment innombrable et obsédant de l’amour en rupture de loi ? Ne se
210 n’est trahir le tourment innombrable et obsédant de l’amour en rupture de loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader
211 est trahir le tourment innombrable et obsédant de l’ amour en rupture de loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader de
212 ent innombrable et obsédant de l’amour en rupture de loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader de son affreuse réali
213 e loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader de son affreuse réalité ? Tourner la situation en mystique ou en farce,
214 rche à s’évader de son affreuse réalité ? Tourner la situation en mystique ou en farce, c’est toujours avouer qu’elle est
215 ou trompés : que ce soit en fait ou en rêve, dans le remords ou dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiét
216 soit en fait ou en rêve, dans le remords ou dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation,
217 en rêve, dans le remords ou dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’homm
218 ns le remords ou dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne s
219 le remords ou dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne se r
220 dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’ anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent d
221 ainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent dans l’une
222 te, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent dans l’une au
223 révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’ hommes qui ne se reconnaissent dans l’une au moins de ces catégories.
224 ommes qui ne se reconnaissent dans l’une au moins de ces catégories. Renoncements, compromis, ruptures, neurasthénies, con
225 neurasthénies, confusions irritantes et mesquines de rêves, d’obligations, de complaisances secrètes — la moitié du malheu
226 ies, confusions irritantes et mesquines de rêves, d’ obligations, de complaisances secrètes — la moitié du malheur humain s
227 irritantes et mesquines de rêves, d’obligations, de complaisances secrètes — la moitié du malheur humain se résume dans l
228 rêves, d’obligations, de complaisances secrètes —  la moitié du malheur humain se résume dans le mot d’adultère. Malgré tou
229 ètes — la moitié du malheur humain se résume dans le mot d’adultère. Malgré toutes nos littératures — ou peut-être à cause
230 la moitié du malheur humain se résume dans le mot d’ adultère. Malgré toutes nos littératures — ou peut-être à cause d’elle
231 ré toutes nos littératures — ou peut-être à cause d’ elles justement — il peut sembler parfois qu’on n’ait encore rien dit
232 t sembler parfois qu’on n’ait encore rien dit sur la réalité de ce malheur. Et que certaines questions des plus naïves, en
233 arfois qu’on n’ait encore rien dit sur la réalité de ce malheur. Et que certaines questions des plus naïves, en ce domaine
234 té plus souvent résolues que posées… Par exemple, le mal constaté, faut-il en rejeter la faute sur l’institution du mariag
235 Par exemple, le mal constaté, faut-il en rejeter la faute sur l’institution du mariage, ou au contraire, sur « quelque ch
236 le mal constaté, faut-il en rejeter la faute sur l’ institution du mariage, ou au contraire, sur « quelque chose » qui la
237 riage, ou au contraire, sur « quelque chose » qui la ruine au cœur même de nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup
238 , sur « quelque chose » qui la ruine au cœur même de nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup le pensent, la concep
239 e nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup le pensent, la conception dite « chrétienne » du mariage qui cause tout
240 ons ? Est-ce vraiment, comme beaucoup le pensent, la conception dite « chrétienne » du mariage qui cause tout notre tourme
241 tourment, ou au contraire, est-ce une conception de l’amour dont on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès le pri
242 urment, ou au contraire, est-ce une conception de l’ amour dont on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès le princi
243 on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès le principe, insupportable ? Je constate que l’Occidental aime au moins
244 dès le principe, insupportable ? Je constate que l’ Occidental aime au moins autant ce qui détruit que ce qui assure « le
245 u moins autant ce qui détruit que ce qui assure «  le bonheur des époux ». D’où peut venir une telle contradiction ? Si le
246 truit que ce qui assure « le bonheur des époux ». D’ où peut venir une telle contradiction ? Si le secret de la crise du ma
247 x ». D’où peut venir une telle contradiction ? Si le secret de la crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit,
248 peut venir une telle contradiction ? Si le secret de la crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit, d’où nous
249 t venir une telle contradiction ? Si le secret de la crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit, d’où nous vi
250 i le secret de la crise du mariage est simplement l’ attrait de l’interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idé
251 t de la crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amo
252 e la crise du mariage est simplement l’attrait de l’ interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amour
253 u mariage est simplement l’attrait de l’interdit, d’ où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amour trahit-il ?
254 d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amour trahit-il ? Quel secret de notre existence, de notre esprit,
255 où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’ amour trahit-il ? Quel secret de notre existence, de notre esprit, de
256  ? Quelle idée de l’amour trahit-il ? Quel secret de notre existence, de notre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.
257 amour trahit-il ? Quel secret de notre existence, de notre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.Le mythe Il exist
258 Quel secret de notre existence, de notre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.Le mythe Il existe un grand mythe
259 2.Le mythe Il existe un grand mythe européen de l’adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre ext
260 .Le mythe Il existe un grand mythe européen de l’ adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrêm
261 Il existe un grand mythe européen de l’adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême de nos mœur
262 un grand mythe européen de l’adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans l
263 Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans la confusion des morales et des immoralismes qui en v
264 Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans la confusion des morales et des immoralismes qui en vivent, aux moments
265 es et des immoralismes qui en vivent, aux moments les plus purs d’un drame, il arrive qu’on voie transparaître en filigrane
266 ralismes qui en vivent, aux moments les plus purs d’ un drame, il arrive qu’on voie transparaître en filigrane cette forme
267 e. Comme une grande image simple, comme une sorte de type primitif de nos tourments les plus complexes. Et de même que pou
268 de image simple, comme une sorte de type primitif de nos tourments les plus complexes. Et de même que pour se tirer des co
269 comme une sorte de type primitif de nos tourments les plus complexes. Et de même que pour se tirer des confusions de notre
270 exes. Et de même que pour se tirer des confusions de notre langue, les poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs or
271 que pour se tirer des confusions de notre langue, les poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs origines lointaines,
272 onfusions de notre langue, les poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à la cho
273 notre langue, les poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à la chose ou à l’acte
274 mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à la chose ou à l’acte qu’on pense qu’ils désignaient d’abord, je voudrais
275 origines lointaines, c’est-à-dire à la chose ou à l’ acte qu’on pense qu’ils désignaient d’abord, je voudrais rapporter à c
276 oudrais rapporter à ce mythe certaines confusions de nos mœurs. Étymologie des passions, moins décevante que celle des mot
277 tion. ⁂ Mais d’abord, dira-t-on, est-il exact que le roman de Tristan soit un mythe ? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruir
278 ais d’abord, dira-t-on, est-il exact que le roman de Tristan soit un mythe ? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruire son cha
279 dans ce cas, n’est-ce pas détruire son charme que d’ essayer de l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est s
280 s, n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer de l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme d’
281 n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer de l’ analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme d’irr
282 n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme d’ irréalité ou d’illusion. Trop de mythes manifestent parmi nous une pui
283 us à croire que mythe est synonyme d’irréalité ou d’ illusion. Trop de mythes manifestent parmi nous une puissance trop inc
284 ythe est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop de mythes manifestent parmi nous une puissance trop incontestable. Mais
285 parmi nous une puissance trop incontestable. Mais l’ abus que l’on fait du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire d’un
286 une puissance trop incontestable. Mais l’abus que l’ on fait du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire d’une manière g
287 stable. Mais l’abus que l’on fait du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire d’une manière générale qu’un mythe est un
288 it du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire d’ une manière générale qu’un mythe est une histoire, une fable symboliqu
289 e, simple et frappante, résumant un nombre infini de situations plus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir d’un co
290 bre infini de situations plus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir d’un coup d’œil certains types de relations co
291 tuations plus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir d’un coup d’œil certains types de relations constantes, et de
292 lus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir d’ un coup d’œil certains types de relations constantes, et de les dégage
293 e permet de saisir d’un coup d’œil certains types de relations constantes, et de les dégager du fouillis des apparences qu
294 d’œil certains types de relations constantes, et de les dégager du fouillis des apparences quotidiennes. Dans un sens plu
295 œil certains types de relations constantes, et de les dégager du fouillis des apparences quotidiennes. Dans un sens plus ét
296 pparences quotidiennes. Dans un sens plus étroit, les mythes traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religi
297 . Dans un sens plus étroit, les mythes traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religieux. Ils procèdent don
298 ens plus étroit, les mythes traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’élé
299 oit, les mythes traduisent les règles de conduite d’ un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’élément sacré a
300 un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’élément sacré autour duquel s’est constitué le groupe. (Récits symb
301 groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’ élément sacré autour duquel s’est constitué le groupe. (Récits symboli
302 de l’élément sacré autour duquel s’est constitué le groupe. (Récits symboliques de la vie et de la mort des dieux, légend
303 el s’est constitué le groupe. (Récits symboliques de la vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou
304 s’est constitué le groupe. (Récits symboliques de la vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’
305 titué le groupe. (Récits symboliques de la vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’origine de
306 ué le groupe. (Récits symboliques de la vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’origine des t
307 vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’origine des tabous, etc.). On l’a remarqué souvent :
308 des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’ origine des tabous, etc.). On l’a remarqué souvent : un mythe n’a pas
309 les sacrifices ou l’origine des tabous, etc.). On l’ a remarqué souvent : un mythe n’a pas d’auteur. Son origine doit être
310 etc.). On l’a remarqué souvent : un mythe n’a pas d’ auteur. Son origine doit être obscure. Et son sens même l’est en parti
311 . Son origine doit être obscure. Et son sens même l’ est en partie. Il se présente comme l’expression tout anonyme de réali
312 n sens même l’est en partie. Il se présente comme l’ expression tout anonyme de réalités collectives, ou plus exactement :
313 e. Il se présente comme l’expression tout anonyme de réalités collectives, ou plus exactement : communes. L’œuvre d’art — 
314 lités collectives, ou plus exactement : communes. L’ œuvre d’art — poème, conte ou roman — se distingue donc radicalement d
315 mythe. Sa valeur ne relève en effet que du talent de son créateur. Ce qui importe en elle, c’est justement ce qui n’import
316 n elle, c’est justement ce qui n’importe pas dans le cas du mythe : sa « beauté », ou sa « vraisemblance », et toutes ses
317 , ou sa « vraisemblance », et toutes ses qualités de réussite singulière (originalité, habileté, style, etc.). Mais le ca
318 lière (originalité, habileté, style, etc.). Mais le caractère le plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur
319 alité, habileté, style, etc.). Mais le caractère le plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, général
320 Mais le caractère le plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. Ce qui fait
321 mme telle, n’a pas à proprement parler un pouvoir de contrainte sur le public. Si belle et puissante qu’elle soit, on peut
322 à proprement parler un pouvoir de contrainte sur le public. Si belle et puissante qu’elle soit, on peut toujours la criti
323 belle et puissante qu’elle soit, on peut toujours la critiquer, ou la goûter pour des raisons individuelles. Il n’en va pa
324 e qu’elle soit, on peut toujours la critiquer, ou la goûter pour des raisons individuelles. Il n’en va pas de même pour le
325 aisons individuelles. Il n’en va pas de même pour le mythe : son énoncé désarme toute critique, réduit au silence la raiso
326 énoncé désarme toute critique, réduit au silence la raison, ou tout au moins, la rend inefficace. Or je me propose d’envi
327 e, réduit au silence la raison, ou tout au moins, la rend inefficace. Or je me propose d’envisager Tristan non point comme
328 ut au moins, la rend inefficace. Or je me propose d’ envisager Tristan non point comme œuvre littéraire, mais comme type de
329 e œuvre littéraire, mais comme type des relations de l’homme et de la femme dans un groupe historique donné : l’élite soci
330 uvre littéraire, mais comme type des relations de l’ homme et de la femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale
331 aire, mais comme type des relations de l’homme et de la femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale, la cheval
332 e, mais comme type des relations de l’homme et de la femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale, la chevaleri
333 et de la femme dans un groupe historique donné : l’ élite sociale, la chevalerie du xiie et du xiiie siècle. Ce groupe e
334 ans un groupe historique donné : l’élite sociale, la chevalerie du xiie et du xiiie siècle. Ce groupe est à vrai dire di
335 ngtemps. Pourtant ses lois sont encore les nôtres d’ une manière secrète et diffuse. Profanées et reniées par nos codes off
336 iées par nos codes officiels, elles sont devenues d’ autant plus contraignantes qu’elles n’ont plus de pouvoir que sur nos
337 d’autant plus contraignantes qu’elles n’ont plus de pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de la légende de Tristan
338 s de pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de la légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord
339 e pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de la légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le
340 ue sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de la légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que l
341 . ⁂ Bien des traits de la légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que l’auteur — à supp
342 n sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que l’auteur — à supposer qu’il y en eût un, et un seul — nous e
343 ux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que l’ auteur — à supposer qu’il y en eût un, et un seul — nous est totalemen
344 eût un, et un seul — nous est totalement inconnu. Les cinq versions « originales » qui nous restent sont des remaniements a
345 ui nous restent sont des remaniements artistiques d’ un archétype dont on n’a pu trouver la moindre trace1. Un autre aspect
346 artistiques d’un archétype dont on n’a pu trouver la moindre trace1. Un autre aspect mythique de la légende de Tristan, c’
347 ouver la moindre trace1. Un autre aspect mythique de la légende de Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise2. Le pro
348 er la moindre trace1. Un autre aspect mythique de la légende de Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise2. Le progrè
349 re trace1. Un autre aspect mythique de la légende de Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise2. Le progrès de l’acti
350 e aspect mythique de la légende de Tristan, c’est l’ élément sacré qu’elle utilise2. Le progrès de l’action, et les effets
351 Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise2. Le progrès de l’action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’audit
352 ’est l’élément sacré qu’elle utilise2. Le progrès de l’action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépend
353 t l’élément sacré qu’elle utilise2. Le progrès de l’ action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépendent
354 acré qu’elle utilise2. Le progrès de l’action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépendent dans une cert
355 ’action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’ auditeur, dépendent dans une certaine mesure (que nous aurons à précis
356 une certaine mesure (que nous aurons à préciser) d’ un ensemble de règles et de cérémonies qui n’est autre que la coutume
357 mesure (que nous aurons à préciser) d’un ensemble de règles et de cérémonies qui n’est autre que la coutume de la chevaler
358 ous aurons à préciser) d’un ensemble de règles et de cérémonies qui n’est autre que la coutume de la chevalerie médiévale.
359 le de règles et de cérémonies qui n’est autre que la coutume de la chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie f
360 s et de cérémonies qui n’est autre que la coutume de la chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie furent souve
361 t de cérémonies qui n’est autre que la coutume de la chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie furent souvent
362 tre que la coutume de la chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie furent souvent appelés « religions ». Chaste
363 ume de la chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie furent souvent appelés « religions ». Chastellain, chroniq
364 t appelés « religions ». Chastellain, chroniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison d’or (dernier en date)
365 ppelés « religions ». Chastellain, chroniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison d’or (dernier en date), e
366 tellain, chroniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi l’ ordre de la Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un m
367 chroniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère s
368 roniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère sacr
369 de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison d’ or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère sacré, en un s
370 ison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’ un mystère sacré, en un siècle où pourtant la chevalerie n’était plus
371 omme d’un mystère sacré, en un siècle où pourtant la chevalerie n’était plus guère qu’une survivance3. Enfin la nature mêm
372 erie n’était plus guère qu’une survivance3. Enfin la nature même de l’obscurité que nous découvrirons dans la légende, dén
373 us guère qu’une survivance3. Enfin la nature même de l’obscurité que nous découvrirons dans la légende, dénote sa parenté
374 guère qu’une survivance3. Enfin la nature même de l’ obscurité que nous découvrirons dans la légende, dénote sa parenté pro
375 re même de l’obscurité que nous découvrirons dans la légende, dénote sa parenté profonde avec le mythe. L’obscurité du myt
376 dans la légende, dénote sa parenté profonde avec le mythe. L’obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’
377 égende, dénote sa parenté profonde avec le mythe. L’ obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’expression
378 é du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’ expression4. Elle tient d’une part au mystère de son origine, et d’aut
379 e d’expression4. Elle tient d’une part au mystère de son origine, et d’autre part à l’importance vitale des faits que le m
380 part au mystère de son origine, et d’autre part à l’ importance vitale des faits que le mythe symbolise. Si ces faits n’éta
381 d’autre part à l’importance vitale des faits que le mythe symbolise. Si ces faits n’étaient pas obscurs, ou s’il n’y avai
382 érêt à obscurcir leur origine et leur portée pour les soustraire à la critique, il n’y aurait pas besoin de mythe. On pourr
383 leur origine et leur portée pour les soustraire à la critique, il n’y aurait pas besoin de mythe. On pourrait se contenter
384 oustraire à la critique, il n’y aurait pas besoin de mythe. On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité de morale, ou
385 ait pas besoin de mythe. On pourrait se contenter d’ une loi, d’un traité de morale, ou même d’une historiette jouant le rô
386 oin de mythe. On pourrait se contenter d’une loi, d’ un traité de morale, ou même d’une historiette jouant le rôle de résum
387 . On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité de morale, ou même d’une historiette jouant le rôle de résumé mnémotechn
388 ntenter d’une loi, d’un traité de morale, ou même d’ une historiette jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point de myth
389 raité de morale, ou même d’une historiette jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point de mythe tant qu’il est loisible
390 morale, ou même d’une historiette jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point de mythe tant qu’il est loisible de s’en
391 te jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point de mythe tant qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et de les e
392 technique. Point de mythe tant qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et de les exprimer d’une manière manifeste o
393 qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et de les exprimer d’une manière manifeste ou directe. Au contraire, le myt
394 il est loisible de s’en tenir aux évidences et de les exprimer d’une manière manifeste ou directe. Au contraire, le mythe p
395 le de s’en tenir aux évidences et de les exprimer d’ une manière manifeste ou directe. Au contraire, le mythe paraît lorsqu
396 d’une manière manifeste ou directe. Au contraire, le mythe paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible d’avouer claire
397 e paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible d’ avouer clairement un certain nombre de faits sociaux ou religieux, ou
398 impossible d’avouer clairement un certain nombre de faits sociaux ou religieux, ou de relations affectives, que l’on tien
399 certain nombre de faits sociaux ou religieux, ou de relations affectives, que l’on tient cependant à conserver, ou qu’il
400 aux ou religieux, ou de relations affectives, que l’ on tient cependant à conserver, ou qu’il est impossible de détruire. N
401 nt cependant à conserver, ou qu’il est impossible de détruire. Nous n’avons plus besoin de mythes, par exemple, pour expri
402 impossible de détruire. Nous n’avons plus besoin de mythes, par exemple, pour exprimer les vérités de la science : nous l
403 plus besoin de mythes, par exemple, pour exprimer les vérités de la science : nous les considérons en effet d’une manière p
404 de mythes, par exemple, pour exprimer les vérités de la science : nous les considérons en effet d’une manière parfaitement
405 mythes, par exemple, pour exprimer les vérités de la science : nous les considérons en effet d’une manière parfaitement « 
406 e, pour exprimer les vérités de la science : nous les considérons en effet d’une manière parfaitement « profane », et elles
407 tés de la science : nous les considérons en effet d’ une manière parfaitement « profane », et elles ont donc tout à gagner
408 nt « profane », et elles ont donc tout à gagner à la critique individuelle. Mais nous avons besoin d’un mythe pour exprime
409 la critique individuelle. Mais nous avons besoin d’ un mythe pour exprimer le fait obscur et inavouable que la passion est
410 . Mais nous avons besoin d’un mythe pour exprimer le fait obscur et inavouable que la passion est liée à la mort, et qu’el
411 he pour exprimer le fait obscur et inavouable que la passion est liée à la mort, et qu’elle entraîne la destruction pour c
412 it obscur et inavouable que la passion est liée à la mort, et qu’elle entraîne la destruction pour ceux qui s’y abandonnen
413 a passion est liée à la mort, et qu’elle entraîne la destruction pour ceux qui s’y abandonnent de toutes leurs forces. C’e
414 aîne la destruction pour ceux qui s’y abandonnent de toutes leurs forces. C’est que nous voulons sauver cette passion, et
415 ndant que nos morales officielles et notre raison les condamnent. L’obscurité du mythe nous met donc en mesure d’accueillir
416 rales officielles et notre raison les condamnent. L’ obscurité du mythe nous met donc en mesure d’accueillir son contenu dé
417 ent. L’obscurité du mythe nous met donc en mesure d’ accueillir son contenu déguisé et d’en jouir par l’imagination, sans e
418 onc en mesure d’accueillir son contenu déguisé et d’ en jouir par l’imagination, sans en prendre toutefois une conscience a
419 ’accueillir son contenu déguisé et d’en jouir par l’ imagination, sans en prendre toutefois une conscience assez claire pou
420 tefois une conscience assez claire pour qu’éclate la contradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri de la critique certai
421 clate la contradiction. Ainsi se trouvent mises à l’ abri de la critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pr
422 a contradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri de la critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pressento
423 ontradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri de la critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pressentons
424 es que nous sentons ou pressentons fondamentales. Le mythe exprime ces réalités, dans la mesure où notre instinct l’exige,
425 ondamentales. Le mythe exprime ces réalités, dans la mesure où notre instinct l’exige, mais il les voile aussi dans la mes
426 me ces réalités, dans la mesure où notre instinct l’ exige, mais il les voile aussi dans la mesure où le grand jour et la r
427 dans la mesure où notre instinct l’exige, mais il les voile aussi dans la mesure où le grand jour et la raison5 les menacer
428 re instinct l’exige, mais il les voile aussi dans la mesure où le grand jour et la raison5 les menaceraient. ⁂ D’origine i
429 ’exige, mais il les voile aussi dans la mesure où le grand jour et la raison5 les menaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou ma
430 es voile aussi dans la mesure où le grand jour et la raison5 les menaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue — de car
431 ssi dans la mesure où le grand jour et la raison5 les menaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue — de caractère primi
432 ù le grand jour et la raison5 les menaceraient. ⁂ D’ origine inconnue ou mal connue — de caractère primitivement sacré — vo
433 enaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue —  de caractère primitivement sacré — voilant le secret qu’il exprime, le R
434 nnue — de caractère primitivement sacré — voilant le secret qu’il exprime, le Roman mythique de Tristan posséderait-il au
435 tivement sacré — voilant le secret qu’il exprime, le Roman mythique de Tristan posséderait-il au même degré les qualités c
436 oilant le secret qu’il exprime, le Roman mythique de Tristan posséderait-il au même degré les qualités contraignantes d’un
437 mythique de Tristan posséderait-il au même degré les qualités contraignantes d’un vrai mythe ? Cette question ne peut être
438 rait-il au même degré les qualités contraignantes d’ un vrai mythe ? Cette question ne peut être esquivée. Elle nous porte
439 esquivée. Elle nous porte au cœur du problème et de son actualité. Précisons que les règles chevaleresques qui jouaient b
440 ur du problème et de son actualité. Précisons que les règles chevaleresques qui jouaient bel et bien au xiiie siècle un rô
441 qui jouaient bel et bien au xiiie siècle un rôle de contrainte absolue, n’interviennent dans le roman qu’à titre d’obstac
442 rôle de contrainte absolue, n’interviennent dans le roman qu’à titre d’obstacle mythique et de figures rituelles de rhéto
443 absolue, n’interviennent dans le roman qu’à titre d’ obstacle mythique et de figures rituelles de rhétorique. Sans elles, l
444 t dans le roman qu’à titre d’obstacle mythique et de figures rituelles de rhétorique. Sans elles, la fable n’aurait pas tr
445 titre d’obstacle mythique et de figures rituelles de rhétorique. Sans elles, la fable n’aurait pas trouvé ses prétextes à
446 t de figures rituelles de rhétorique. Sans elles, la fable n’aurait pas trouvé ses prétextes à rebondissements, et surtout
447 r que ces « cérémonies » sociales sont des moyens de faire admettre un contenu antisocial, qui est la passion. Le mot « co
448 de faire admettre un contenu antisocial, qui est la passion. Le mot « contenu » prend ici toute sa force : la passion de
449 mettre un contenu antisocial, qui est la passion. Le mot « contenu » prend ici toute sa force : la passion de Tristan et d
450 on. Le mot « contenu » prend ici toute sa force : la passion de Tristan et d’Iseut est littéralement « contenue » par les
451 « contenu » prend ici toute sa force : la passion de Tristan et d’Iseut est littéralement « contenue » par les règles de l
452 end ici toute sa force : la passion de Tristan et d’ Iseut est littéralement « contenue » par les règles de la chevalerie.
453 tan et d’Iseut est littéralement « contenue » par les règles de la chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle po
454 eut est littéralement « contenue » par les règles de la chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle pourra s’exp
455 est littéralement « contenue » par les règles de la chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle pourra s’exprim
456 ondition seulement qu’elle pourra s’exprimer dans le demi-jour du mythe. Car en tant que passion qui veut la Nuit et qui t
457 i-jour du mythe. Car en tant que passion qui veut la Nuit et qui triomphe dans une Mort transfigurante, elle représente po
458 e menace violemment intolérable. Il faut donc que les groupes constitués soient capables de lui opposer une structure forte
459 t donc que les groupes constitués soient capables de lui opposer une structure fortement charpentée, pour qu’elle trouve l
460 ructure fortement charpentée, pour qu’elle trouve l’ occasion de s’extérioriser sans causer les pires dégâts. Que, par la s
461 tement charpentée, pour qu’elle trouve l’occasion de s’extérioriser sans causer les pires dégâts. Que, par la suite, le li
462 e trouve l’occasion de s’extérioriser sans causer les pires dégâts. Que, par la suite, le lien social vienne à faiblir, ou
463 térioriser sans causer les pires dégâts. Que, par la suite, le lien social vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissoci
464 sans causer les pires dégâts. Que, par la suite, le lien social vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le myth
465 la suite, le lien social vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le mythe cessera d’être un mythe au sens strict
466 vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le mythe cessera d’être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perd
467 ou que le groupe soit dissocié, le mythe cessera d’ être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en force contra
468 il aura perdu en force contraignante et en moyens de se communiquer sous une forme voilée et admissible, il le retrouvera
469 mmuniquer sous une forme voilée et admissible, il le retrouvera en influence souterraine et en violence anarchisante. À me
470 erraine et en violence anarchisante. À mesure que la chevalerie, même sous sa forme profanée de savoir-vivre — les usages
471 re que la chevalerie, même sous sa forme profanée de savoir-vivre — les usages qu’il faut observer si l’on veut être un ge
472 ie, même sous sa forme profanée de savoir-vivre —  les usages qu’il faut observer si l’on veut être un gentleman — perdra se
473 savoir-vivre — les usages qu’il faut observer si l’ on veut être un gentleman — perdra ses dernières vertus, la passion « 
474 être un gentleman — perdra ses dernières vertus, la passion « contenue » dans le mythe primitif se répandra dans la vie q
475 es dernières vertus, la passion « contenue » dans le mythe primitif se répandra dans la vie quotidienne, envahira le subco
476 ontenue » dans le mythe primitif se répandra dans la vie quotidienne, envahira le subconscient, — appellera de nouvelles c
477 tif se répandra dans la vie quotidienne, envahira le subconscient, — appellera de nouvelles contraintes, se les inventera
478 uotidienne, envahira le subconscient, — appellera de nouvelles contraintes, se les inventera au besoin… Car nous verrons q
479 nscient, — appellera de nouvelles contraintes, se les inventera au besoin… Car nous verrons que ce n’est pas seulement la n
480 soin… Car nous verrons que ce n’est pas seulement la nature de la société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exi
481 nous verrons que ce n’est pas seulement la nature de la société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu
482 s verrons que ce n’est pas seulement la nature de la société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu ma
483 n’est pas seulement la nature de la société, mais l’ ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, a
484 ement la nature de la société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, au sens strict
485 nt la nature de la société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, au sens strict du
486 me de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, au sens strict du terme, se constitua au xiie siècle, c’est-à
487 au xiie siècle, c’est-à-dire dans une période où les élites faisaient un vaste effort de mise en ordre sociale et morale.
488 e période où les élites faisaient un vaste effort de mise en ordre sociale et morale. Il s’agissait de « contenir », préci
489 de mise en ordre sociale et morale. Il s’agissait de « contenir », précisément, les poussées de l’instinct destructeur : c
490 rale. Il s’agissait de « contenir », précisément, les poussées de l’instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant,
491 issait de « contenir », précisément, les poussées de l’instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant, l’exaspérai
492 ait de « contenir », précisément, les poussées de l’ instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant, l’exaspérait.
493 ent, les poussées de l’instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant, l’exaspérait. Les chroniques, les sermons e
494 s de l’instinct destructeur : car la religion, en l’ attaquant, l’exaspérait. Les chroniques, les sermons et les satires de
495 ct destructeur : car la religion, en l’attaquant, l’ exaspérait. Les chroniques, les sermons et les satires de ce siècle no
496  : car la religion, en l’attaquant, l’exaspérait. Les chroniques, les sermons et les satires de ce siècle nous révèlent qu’
497 on, en l’attaquant, l’exaspérait. Les chroniques, les sermons et les satires de ce siècle nous révèlent qu’il connut une pr
498 ant, l’exaspérait. Les chroniques, les sermons et les satires de ce siècle nous révèlent qu’il connut une première « crise
499 érait. Les chroniques, les sermons et les satires de ce siècle nous révèlent qu’il connut une première « crise du mariage 
500 se du mariage ». Elle appelait une réaction vive. Le succès du Roman de Tristan fut donc d’ordonner la passion dans un cad
501 le appelait une réaction vive. Le succès du Roman de Tristan fut donc d’ordonner la passion dans un cadre où elle pût s’ex
502 tion vive. Le succès du Roman de Tristan fut donc d’ ordonner la passion dans un cadre où elle pût s’exprimer en satisfacti
503 Le succès du Roman de Tristan fut donc d’ordonner la passion dans un cadre où elle pût s’exprimer en satisfactions symboli
504 t s’exprimer en satisfactions symboliques. (Ainsi l’ Église avait « compris » le paganisme dans ses rites.) Or si ce cadre
505 ns symboliques. (Ainsi l’Église avait « compris » le paganisme dans ses rites.) Or si ce cadre disparaît, cette passion n’
506 as moins. Elle est toujours aussi dangereuse pour la vie de la société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la s
507 s. Elle est toujours aussi dangereuse pour la vie de la société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la société,
508 Elle est toujours aussi dangereuse pour la vie de la société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la société, un
509 té. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la société, une mise en ordre équivalente. D’où la permanence historique
510 art de la société, une mise en ordre équivalente. D’ où la permanence historique non point du mythe sous sa forme première,
511 e la société, une mise en ordre équivalente. D’où la permanence historique non point du mythe sous sa forme première, mais
512 e non point du mythe sous sa forme première, mais de l’exigence mythique à laquelle répondait le Roman. Élargissant notre
513 on point du mythe sous sa forme première, mais de l’ exigence mythique à laquelle répondait le Roman. Élargissant notre déf
514 mais de l’exigence mythique à laquelle répondait le Roman. Élargissant notre définition, nous appellerons mythe, désormai
515 us appellerons mythe, désormais, cette permanence d’ un type de relations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tris
516 rons mythe, désormais, cette permanence d’un type de relations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et Ise
517 ype de relations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais l
518 lations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phénomè
519 he de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phénomène qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas
520 t Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phénomène qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas cessé de s’éten
521 Roman, mais le phénomène qu’il illustre, et dont l’ influence n’a pas cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de la
522 qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de la nature obscure, dynamisme
523 pas cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de la nature obscure, dynamisme excité par l’esprit, possibilité préform
524 cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de la nature obscure, dynamisme excité par l’esprit, possibilité préformée
525 assion de la nature obscure, dynamisme excité par l’ esprit, possibilité préformée à la recherche d’une contrainte qui l’ex
526 isme excité par l’esprit, possibilité préformée à la recherche d’une contrainte qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : t
527 ar l’esprit, possibilité préformée à la recherche d’ une contrainte qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le myt
528 ité préformée à la recherche d’une contrainte qui l’ exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le mythe qui nous tourmente
529 qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le mythe qui nous tourmente. Qu’il ait perdu sa forme primitive voilà pr
530 perdu sa forme primitive voilà précisément ce qui le rend si dangereux. Les mythes déchus deviennent vénéneux comme les vé
531 ve voilà précisément ce qui le rend si dangereux. Les mythes déchus deviennent vénéneux comme les vérités mortes dont parle
532 reux. Les mythes déchus deviennent vénéneux comme les vérités mortes dont parle Nietzsche. 3.Actualité du mythe ; raison
533 arle Nietzsche. 3.Actualité du mythe ; raisons de notre analyse Nul besoin d’avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui
534 du mythe ; raisons de notre analyse Nul besoin d’ avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir enten
535 raisons de notre analyse Nul besoin d’avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra
536 besoin d’avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans la v
537 u le Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’ avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’
538 Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu l’ opéra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’empire nostalgiq
539 ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’empire nostalgique d’un
540 ’avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’empire nostalgique d’un tel mythe. Il se trahit dan
541 éra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’ empire nostalgique d’un tel mythe. Il se trahit dans la plupart de nos
542 ubir dans la vie quotidienne l’empire nostalgique d’ un tel mythe. Il se trahit dans la plupart de nos romans et de nos fil
543 he. Il se trahit dans la plupart de nos romans et de nos films, dans leurs succès auprès des masses, dans les complaisance
544 films, dans leurs succès auprès des masses, dans les complaisances qu’ils réveillent au cœur des bourgeois, des poètes, de
545 poètes, des mal mariés, des midinettes qui rêvent d’ amours miraculeuses. Le mythe agit partout où la passion est rêvée com
546 des midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses. Le mythe agit partout où la passion est rêvée comme un idéal, non point
547 t d’amours miraculeuses. Le mythe agit partout où la passion est rêvée comme un idéal, non point redoutée comme une fièvre
548 rophe, et non point comme une catastrophe. Il vit de la vie même de ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était
549 he, et non point comme une catastrophe. Il vit de la vie même de ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était le
550 oint comme une catastrophe. Il vit de la vie même de ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était le philtre du
551 he. Il vit de la vie même de ceux qui croient que l’ amour est une destinée (c’était le philtre du Roman) ; qu’il fond sur
552 qui croient que l’amour est une destinée (c’était le philtre du Roman) ; qu’il fond sur l’homme impuissant et ravi pour le
553 ée (c’était le philtre du Roman) ; qu’il fond sur l’ homme impuissant et ravi pour le consumer d’un feu pur ; et qu’il est
554  ; qu’il fond sur l’homme impuissant et ravi pour le consumer d’un feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que le bo
555 d sur l’homme impuissant et ravi pour le consumer d’ un feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que le bonheur, la so
556 feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que le bonheur, la société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme
557 qu’il est plus fort et plus vrai que le bonheur, la société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; i
558 s fort et plus vrai que le bonheur, la société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; il est le grand
559 i que le bonheur, la société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette
560 ue le bonheur, la société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette rel
561 vit de la vie même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se fi
562 e du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres
563  ; il est le grand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cett
564 eligion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cette influence et de sa nature mythique,
565 s poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cette influence et de sa nature mythique, la preuve est
566 ècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cette influence et de sa nature mythique, la preuve est d’ailleurs im
567 es prêtres et les inspirés. De cette influence et de sa nature mythique, la preuve est d’ailleurs immédiate. Elle nous ser
568 rés. De cette influence et de sa nature mythique, la preuve est d’ailleurs immédiate. Elle nous sera donnée ici même par u
569 ine répugnance du lecteur à envisager mon projet. Le Roman de Tristan nous est « sacré » dans la mesure exacte où l’on est
570 nance du lecteur à envisager mon projet. Le Roman de Tristan nous est « sacré » dans la mesure exacte où l’on estimera que
571 ojet. Le Roman de Tristan nous est « sacré » dans la mesure exacte où l’on estimera que je commets un « sacrilège » en ten
572 istan nous est « sacré » dans la mesure exacte où l’ on estimera que je commets un « sacrilège » en tentant de l’analyser.
573 timera que je commets un « sacrilège » en tentant de l’analyser. Certes, ce reproche de sacrilège revêt alors un sens bien
574 era que je commets un « sacrilège » en tentant de l’ analyser. Certes, ce reproche de sacrilège revêt alors un sens bien an
575 e » en tentant de l’analyser. Certes, ce reproche de sacrilège revêt alors un sens bien anodin, si l’on songe qu’il se tra
576 de sacrilège revêt alors un sens bien anodin, si l’ on songe qu’il se traduisait, dans les sociétés primitives, non par ce
577 n anodin, si l’on songe qu’il se traduisait, dans les sociétés primitives, non par cette répugnance que je prévois, mais pa
578 non par cette répugnance que je prévois, mais par la mise à mort du coupable. Le sacré qui entre ici en jeu n’est plus qu’
579 je prévois, mais par la mise à mort du coupable. Le sacré qui entre ici en jeu n’est plus qu’une survivance obscure et dé
580 nce obscure et déprimée. Je ne courrai donc guère d’ autre risque que celui de voir le lecteur fermer le volume à cette pag
581 Je ne courrai donc guère d’autre risque que celui de voir le lecteur fermer le volume à cette page. (Et certes, le sens in
582 urrai donc guère d’autre risque que celui de voir le lecteur fermer le volume à cette page. (Et certes, le sens inconscien
583 ’autre risque que celui de voir le lecteur fermer le volume à cette page. (Et certes, le sens inconscient d’un tel geste n
584 ecteur fermer le volume à cette page. (Et certes, le sens inconscient d’un tel geste n’est rien de moins que la mise à mor
585 ume à cette page. (Et certes, le sens inconscient d’ un tel geste n’est rien de moins que la mise à mort de l’auteur. Pourt
586 es, le sens inconscient d’un tel geste n’est rien de moins que la mise à mort de l’auteur. Pourtant il demeure sans effets
587 nconscient d’un tel geste n’est rien de moins que la mise à mort de l’auteur. Pourtant il demeure sans effets). Mais si tu
588 tel geste n’est rien de moins que la mise à mort de l’auteur. Pourtant il demeure sans effets). Mais si tu m’épargnes, ô
589 l geste n’est rien de moins que la mise à mort de l’ auteur. Pourtant il demeure sans effets). Mais si tu m’épargnes, ô lec
590 ô lecteur ! faut-il croire que cela signifie que la passion n’est point sacrée pour toi ? Ou simplement que les hommes d’
591 n n’est point sacrée pour toi ? Ou simplement que les hommes d’aujourd’hui ne sont pas moins débiles dans leurs passions qu
592 nt sacrée pour toi ? Ou simplement que les hommes d’ aujourd’hui ne sont pas moins débiles dans leurs passions que dans leu
593 débiles dans leurs passions que dans leurs gestes de réprobation ? À défaut d’ennemis déclarés, où sera le courage que l’o
594 s que dans leurs gestes de réprobation ? À défaut d’ ennemis déclarés, où sera le courage que l’on réclame des écrivains ?
595 éprobation ? À défaut d’ennemis déclarés, où sera le courage que l’on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils l’exercen
596 défaut d’ennemis déclarés, où sera le courage que l’ on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils l’exercent contre eux-mê
597 e l’on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils l’ exercent contre eux-mêmes ? Et ne peut-on vraiment livrer bataille qu’
598 mes ? Et ne peut-on vraiment livrer bataille qu’à l’ adversaire qu’on porte en soi ? J’avoue que j’ai moi-même éprouvé du d
599 me éprouvé du dépit à voir l’un des commentateurs de la légende de Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La for
600 éprouvé du dépit à voir l’un des commentateurs de la légende de Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La formul
601 dépit à voir l’un des commentateurs de la légende de Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La formule est sans
602 r l’un des commentateurs de la légende de Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La formule est sans doute exact
603 de la légende de Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La formule est sans doute exacte, si l’on se borne à co
604 la légende de Tristan la définir « une épopée de l’ adultère ». La formule est sans doute exacte, si l’on se borne à consi
605 Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La formule est sans doute exacte, si l’on se borne à considérer la donné
606 ’adultère ». La formule est sans doute exacte, si l’ on se borne à considérer la donnée sèche du Roman. Elle n’en paraît pa
607 sans doute exacte, si l’on se borne à considérer la donnée sèche du Roman. Elle n’en paraît pas moins vexante et « prosaï
608 prosaïquement » restrictive. Peut-on soutenir que la faute morale est le vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner p
609 rictive. Peut-on soutenir que la faute morale est le vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serai
610 on soutenir que la faute morale est le vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opé
611 soutenir que la faute morale est le vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra
612 la faute morale est le vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra de l’adultère
613 n de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra de l’adultère ? Et l’adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot 
614 e Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra de l’ adultère ? Et l’adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? U
615 mple, ne serait-il qu’un opéra de l’adultère ? Et l’ adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? Une rupture de co
616 , n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? Une rupture de contrat ? C’est cela aussi, ce n’est que cela dans trop de cas ; mais
617 t ? C’est cela aussi, ce n’est que cela dans trop de cas ; mais c’est souvent bien davantage : une atmosphère tragique et
618 : une atmosphère tragique et passionnée, par-delà le bien et le mal, un beau drame ou un drame affreux… Enfin, c’est un dr
619 phère tragique et passionnée, par-delà le bien et le mal, un beau drame ou un drame affreux… Enfin, c’est un drame, un rom
620 un drame, un roman. Et romantisme vient de roman… Le problème s’élargit magnifiquement — et mon cas empire d’autant. Je di
621 lème s’élargit magnifiquement — et mon cas empire d’ autant. Je dirai mes raisons de persévérer, et l’on jugera si elles so
622  et mon cas empire d’autant. Je dirai mes raisons de persévérer, et l’on jugera si elles sont diaboliques. La première est
623 d’autant. Je dirai mes raisons de persévérer, et l’ on jugera si elles sont diaboliques. La première est que nous sommes p
624 La première est que nous sommes parvenus au point de désordre social où l’immoralisme se révèle plus exténuant que les mor
625 us sommes parvenus au point de désordre social où l’ immoralisme se révèle plus exténuant que les morales anciennes. Le cul
626 ial où l’immoralisme se révèle plus exténuant que les morales anciennes. Le culte de l’amour-passion s’est tellement démocr
627 révèle plus exténuant que les morales anciennes. Le culte de l’amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses v
628 lus exténuant que les morales anciennes. Le culte de l’amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses vertus est
629 exténuant que les morales anciennes. Le culte de l’ amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses vertus esthét
630 sé qu’il perd ses vertus esthétiques et sa valeur de tragédie spirituelle. Reste une confuse et diffuse souffrance, quelqu
631 une confuse et diffuse souffrance, quelque chose d’ impur et de triste, dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner
632 e et diffuse souffrance, quelque chose d’impur et de triste, dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner les causes
633 dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner les causes faussement sacrées : cette littérature de la passion, cette pu
634 les causes faussement sacrées : cette littérature de la passion, cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue » d’allure
635 causes faussement sacrées : cette littérature de la passion, cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue » d’allure com
636 , cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue » d’ allure commerciale de ce qui fut un secret religieux… Il faut s’attaqu
637 on lui fait, cette « vogue » d’allure commerciale de ce qui fut un secret religieux… Il faut s’attaquer à tout cela, fût-c
638 t s’attaquer à tout cela, fût-ce même pour sauver le mythe des abus de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacr
639 t cela, fût-ce même pour sauver le mythe des abus de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège. La poésie a
640 us de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège. La poésie a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas
641 ême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège. La poésie a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur
642 e a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas d’ un défenseur de la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût
643 ances. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur de la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair
644 es. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur de la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair, d
645 s d’un défenseur de la beauté, même maudite, mais d’ un homme qui a le goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie
646 de la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de
647 auté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût d’ y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de ses cont
648 te, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je
649 i a le goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de
650 ’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’e
651 voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est
652 air, de prendre conscience de sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’il p
653 ie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’il permet de dégager une raison simple de notre con
654 m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’il permet de dégager une raison simple de notre confusion présente. C’est qu’il pe
655 , c’est qu’il permet de dégager une raison simple de notre confusion présente. C’est qu’il permet aussi de formuler certai
656 otre confusion présente. C’est qu’il permet aussi de formuler certaines relations permanentes noyées sous les vulgarités m
657 muler certaines relations permanentes noyées sous les vulgarités minutieuses de nos psychologies. C’est enfin qu’il permet
658 ermanentes noyées sous les vulgarités minutieuses de nos psychologies. C’est enfin qu’il permet de mettre à nu certain dil
659 ses de nos psychologies. C’est enfin qu’il permet de mettre à nu certain dilemme dont notre vie hâtive, notre culture et l
660 n dilemme dont notre vie hâtive, notre culture et le ronron de nos morales sont en passe de nous faire oublier la sévère r
661 dont notre vie hâtive, notre culture et le ronron de nos morales sont en passe de nous faire oublier la sévère réalité. Dr
662 culture et le ronron de nos morales sont en passe de nous faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de la passion
663 e nos morales sont en passe de nous faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de la passion dans sa violence primi
664 de nous faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pur
665 faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté monum
666 re oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté monument
667 sur notre impuissance à choisir vaillamment entre la Norme du Jour et la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la M
668 e à choisir vaillamment entre la Norme du Jour et la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’ex
669 vaillamment entre la Norme du Jour et la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte l’ango
670 illamment entre la Norme du Jour et la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte l’angoiss
671 r et la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte l’angoissant et vampirique crescendo du
672 t la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte l’angoissant et vampirique crescendo du sec
673 sser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte l’ angoissant et vampirique crescendo du second acte de Wagner, tel est l
674 angoissant et vampirique crescendo du second acte de Wagner, tel est le premier objet de cet ouvrage ; et le succès qu’il
675 u second acte de Wagner, tel est le premier objet de cet ouvrage ; et le succès qu’il ambitionne, c’est d’amener un lecteu
676 ner, tel est le premier objet de cet ouvrage ; et le succès qu’il ambitionne, c’est d’amener un lecteur au seuil du choix 
677 et ouvrage ; et le succès qu’il ambitionne, c’est d’ amener un lecteur au seuil du choix : « J’ai voulu cela ! » ou bien :
678 « Que Dieu m’en garde ! » Je ne suis pas sûr que la conscience claire soit utile d’une manière générale, et en soi. Ni qu
679 suis pas sûr que la conscience claire soit utile d’ une manière générale, et en soi. Ni que les vérités utiles soient avou
680 t utile d’une manière générale, et en soi. Ni que les vérités utiles soient avouables sur la place. Mais quelle que soit « 
681 i. Ni que les vérités utiles soient avouables sur la place. Mais quelle que soit « l’utilité » de mon entreprise, notre so
682 nt avouables sur la place. Mais quelle que soit «  l’ utilité » de mon entreprise, notre sort n’en demeure pas moins, à nous
683 sur la place. Mais quelle que soit « l’utilité » de mon entreprise, notre sort n’en demeure pas moins, à nous autres Occi
684 ’en demeure pas moins, à nous autres Occidentaux, de devenir de plus en plus conscients des illusions dont nous vivons. Et
685 des illusions dont nous vivons. Et peut-être que la fonction du philosophe, du moraliste, du créateur de formes idéales,
686 fonction du philosophe, du moraliste, du créateur de formes idéales, est simplement d’accroître la conscience, donc la mau
687 te, du créateur de formes idéales, est simplement d’ accroître la conscience, donc la mauvaise conscience des hommes… Qui s
688 eur de formes idéales, est simplement d’accroître la conscience, donc la mauvaise conscience des hommes… Qui sait où cela
689 s, est simplement d’accroître la conscience, donc la mauvaise conscience des hommes… Qui sait où cela peut nous mener ? Là
690 où cela peut nous mener ? Là-dessus, il est temps de passer à l’opération annoncée. La condition de sa réussite est sans d
691 nous mener ? Là-dessus, il est temps de passer à l’ opération annoncée. La condition de sa réussite est sans doute une cer
692 s, il est temps de passer à l’opération annoncée. La condition de sa réussite est sans doute une certaine froideur avec la
693 ps de passer à l’opération annoncée. La condition de sa réussite est sans doute une certaine froideur avec laquelle nous l
694 ns doute une certaine froideur avec laquelle nous la mènerons. Sourds et aveugles aux « charmes » du récit, essayons de ré
695 ds et aveugles aux « charmes » du récit, essayons de résumer « objectivement » les faits qu’il nous rapporte et les raison
696 » du récit, essayons de résumer « objectivement » les faits qu’il nous rapporte et les raisons qu’il en propose, ou qu’il o
697  objectivement » les faits qu’il nous rapporte et les raisons qu’il en propose, ou qu’il omet très curieusement de nous ind
698 qu’il en propose, ou qu’il omet très curieusement de nous indiquer. 4.Le contenu manifeste du Roman de Tristan6 Amo
699 nous indiquer. 4.Le contenu manifeste du Roman de Tristan6 Amors par force vos demeine ! (Béroul.) Tristan naît d
700 force vos demeine ! (Béroul.) Tristan naît dans le malheur. Son père vient de mourir, et sa mère Blanchefleur ne survit
701 a mère Blanchefleur ne survit pas à sa naissance. D’ où le nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’orag
702 e Blanchefleur ne survit pas à sa naissance. D’où le nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’orage qui
703 survit pas à sa naissance. D’où le nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’orage qui couvre la légend
704 aissance. D’où le nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de
705 le nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornouailles,
706 éros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’ orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornouailles, frère de Bla
707 mbre de sa vie, et le ciel bas d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend l’
708 ie, et le ciel bas d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend l’orphelin à s
709 arc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend l’ orphelin à sa cour et l’éduque. Première prouesse ou performance : la
710 re de Blanchefleur, prend l’orphelin à sa cour et l’ éduque. Première prouesse ou performance : la victoire de Tristan sur
711 et l’éduque. Première prouesse ou performance : la victoire de Tristan sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme l
712 . Première prouesse ou performance : la victoire de Tristan sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme le Minotaure,
713 uesse ou performance : la victoire de Tristan sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme le Minotaure, exiger son tri
714 n sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme le Minotaure, exiger son tribut de jeunes filles ou de jeunes gens de Co
715 dais vient, comme le Minotaure, exiger son tribut de jeunes filles ou de jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient la p
716 Minotaure, exiger son tribut de jeunes filles ou de jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient la permission de le comb
717 ger son tribut de jeunes filles ou de jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient la permission de le combattre, au momen
718 u de jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient la permission de le combattre, au moment où il pourrait être armé cheval
719 ns de Cornouailles. Tristan obtient la permission de le combattre, au moment où il pourrait être armé chevalier, donc peu
720 de Cornouailles. Tristan obtient la permission de le combattre, au moment où il pourrait être armé chevalier, donc peu apr
721 tre armé chevalier, donc peu après sa puberté. Il le tue, mais il en a reçu un coup d’épée empoisonnée. Sans espoir de sur
722 en a reçu un coup d’épée empoisonnée. Sans espoir de survivre à son mal, Tristan s’embarque à l’aventure dans un bateau sa
723 spoir de survivre à son mal, Tristan s’embarque à l’ aventure dans un bateau sans voile ni rames, emportant son épée et sa
724 épée et sa harpe. Il aborde au rivage irlandais. La reine d’Irlande détient seule le secret du remède qui peut le sauver.
725 ivage irlandais. La reine d’Irlande détient seule le secret du remède qui peut le sauver. Mais le géant Morholt était le f
726 rlande détient seule le secret du remède qui peut le sauver. Mais le géant Morholt était le frère de cette reine, aussi Tr
727 eule le secret du remède qui peut le sauver. Mais le géant Morholt était le frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t
728 e qui peut le sauver. Mais le géant Morholt était le frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et
729 t le sauver. Mais le géant Morholt était le frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et l’origin
730 frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t-il d’ avouer son nom et l’origine de son mal. Iseut, princesse royale, le so
731 , aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et l’ origine de son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et le guérit. C
732 istan se garde-t-il d’avouer son nom et l’origine de son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est le Pr
733 et l’origine de son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est le Prologue. Quelques années plus tard, le
734 de son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est le Prologue. Quelques années plus tard, le roi Marc déc
735 , princesse royale, le soigne et le guérit. C’est le Prologue. Quelques années plus tard, le roi Marc décide d’épouser la
736 it. C’est le Prologue. Quelques années plus tard, le roi Marc décide d’épouser la femme dont un oiseau lui apporta un chev
737 ue. Quelques années plus tard, le roi Marc décide d’ épouser la femme dont un oiseau lui apporta un cheveu d’or. C’est Tris
738 es années plus tard, le roi Marc décide d’épouser la femme dont un oiseau lui apporta un cheveu d’or. C’est Tristan qu’il
739 ser la femme dont un oiseau lui apporta un cheveu d’ or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête » de l’inconnue. Une tempê
740 orta un cheveu d’or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête » de l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande.
741 u d’or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête » de l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande. Là, il comba
742 ’or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête » de l’ inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande. Là, il combat e
743 à la « quête » de l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait la
744 de l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’ Irlande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait la capitale. (C’e
745 ande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait la capitale. (C’est le motif consacré de la vierge délivrée par un jeune
746 et tue un dragon qui menaçait la capitale. (C’est le motif consacré de la vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé pa
747 ui menaçait la capitale. (C’est le motif consacré de la vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par le monstre, Tris
748 menaçait la capitale. (C’est le motif consacré de la vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par le monstre, Tristan
749 vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par le monstre, Tristan est soigné de nouveau par Iseut. Un jour, cette prin
750 par Iseut. Un jour, cette princesse découvre que le blessé n’est autre que le meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée
751 princesse découvre que le blessé n’est autre que le meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de le
752 couvre que le blessé n’est autre que le meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de le tuer dans so
753 autre que le meurtrier de son oncle. Elle saisit l’ épée de Tristan et menace de le tuer dans son bain. Alors, il lui révè
754 que le meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la m
755 on oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la mission dont le roi Ma
756 oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la mission dont le roi Marc
757 ce de le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la mission dont le roi Marc l’a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car ell
758 ns son bain. Alors, il lui révèle la mission dont le roi Marc l’a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car elle veut être rein
759 Alors, il lui révèle la mission dont le roi Marc l’ a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car elle veut être reine. (Selon ce
760 elon certains auteurs, c’est aussi qu’elle admire la beauté du jeune homme, à ce moment.) Tristan et la princesse voguent
761 a beauté du jeune homme, à ce moment.) Tristan et la princesse voguent vers les terres de Marc. En haute mer, le vent tomb
762 ce moment.) Tristan et la princesse voguent vers les terres de Marc. En haute mer, le vent tombe, la chaleur est pesante.
763 ) Tristan et la princesse voguent vers les terres de Marc. En haute mer, le vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont so
764 se voguent vers les terres de Marc. En haute mer, le vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont soif. La servante Brangie
765 les terres de Marc. En haute mer, le vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont soif. La servante Brangien leur donne à
766 vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont soif. La servante Brangien leur donne à boire. Mais elle leur verse par erreur
767 donne à boire. Mais elle leur verse par erreur «  le vin herbé » destiné aux époux, et qu’avait préparé la mère d’Iseut. I
768 in herbé » destiné aux époux, et qu’avait préparé la mère d’Iseut. Ils le boivent. Les voici entrés dans les voies d’une d
769 x époux, et qu’avait préparé la mère d’Iseut. Ils le boivent. Les voici entrés dans les voies d’une destinée « qui jamais
770 qu’avait préparé la mère d’Iseut. Ils le boivent. Les voici entrés dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauld
771 re d’Iseut. Ils le boivent. Les voici entrés dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leurs vies,
772 . Ils le boivent. Les voici entrés dans les voies d’ une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leurs vies, car ils
773 d’une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leurs vies, car ils ont beu leur destruction et leur mort ». Ils s’av
774 ouent leur amour et ils y cèdent. (Notons ici que le texte primitif, suivi par le seul Béroul, limitait l’efficacité du ph
775 ent. (Notons ici que le texte primitif, suivi par le seul Béroul, limitait l’efficacité du philtre à trois ans1. Thomas, i
776 exte primitif, suivi par le seul Béroul, limitait l’ efficacité du philtre à trois ans1. Thomas, imbu de fine psychologie,
777 ’efficacité du philtre à trois ans1. Thomas, imbu de fine psychologie, et plein de méfiance pour le merveilleux, qu’il jug
778 ans1. Thomas, imbu de fine psychologie, et plein de méfiance pour le merveilleux, qu’il juge grossier, réduit autant que
779 bu de fine psychologie, et plein de méfiance pour le merveilleux, qu’il juge grossier, réduit autant que possible l’import
780 , qu’il juge grossier, réduit autant que possible l’ importance du philtre, et présente l’amour de Tristan et d’Iseut comme
781 que possible l’importance du philtre, et présente l’ amour de Tristan et d’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès
782 ible l’importance du philtre, et présente l’amour de Tristan et d’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès la scèn
783 nce du philtre, et présente l’amour de Tristan et d’ Iseut comme une affection spontanée, apparue dès la scène du bain. Eil
784 ’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès la scène du bain. Eilhart, Gottfried et la plupart des autres accordent
785 e plus significatif que ces variantes, comme nous le verrons.) La faute est donc consommée. Mais Tristan reste lié par la
786 icatif que ces variantes, comme nous le verrons.) La faute est donc consommée. Mais Tristan reste lié par la mission qu’il
787 te est donc consommée. Mais Tristan reste lié par la mission qu’il a reçue du roi. Il conduit donc Iseut à Marc, malgré le
788 par ruse, passera la première nuit nuptiale avec le roi, sauvant ainsi sa maîtresse du déshonneur, tout en expiant l’erre
789 ainsi sa maîtresse du déshonneur, tout en expiant l’ erreur fatale qu’elle a commise. Cependant des barons « félons » dénon
790 Cependant des barons « félons » dénoncent au roi l’ amour de Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une
791 nt des barons « félons » dénoncent au roi l’amour de Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvell
792 « félons » dénoncent au roi l’amour de Tristan et d’ Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvelle ruse (scène
793 de Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc de son
794 n et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’ une nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc de son innocence
795 nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc de son innocence et revient à la cour. Le nain Frocine, complice des bar
796 ), il convainc Marc de son innocence et revient à la cour. Le nain Frocine, complice des barons, cherche à surprendre les
797 vainc Marc de son innocence et revient à la cour. Le nain Frocine, complice des barons, cherche à surprendre les amants et
798 rocine, complice des barons, cherche à surprendre les amants et leur tend un piège. Entre le lit de Tristan et celui de la
799 urprendre les amants et leur tend un piège. Entre le lit de Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ».
800 re les amants et leur tend un piège. Entre le lit de Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan
801 r tend un piège. Entre le lit de Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé
802 end un piège. Entre le lit de Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’u
803 e le lit de Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle missio
804 e lit de Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle mission,
805 istan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle mission, veut rejoin
806 e la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’ une nouvelle mission, veut rejoindre une dernière fois son amie, penda
807 eut rejoindre une dernière fois son amie, pendant la nuit qui précède son départ. Il franchit d’un saut l’espace qui sépar
808 ndant la nuit qui précède son départ. Il franchit d’ un saut l’espace qui sépare les deux lits. Mais une blessure récente q
809 uit qui précède son départ. Il franchit d’un saut l’ espace qui sépare les deux lits. Mais une blessure récente qu’il a reç
810 départ. Il franchit d’un saut l’espace qui sépare les deux lits. Mais une blessure récente qu’il a reçue à la jambe se rouv
811 x lits. Mais une blessure récente qu’il a reçue à la jambe se rouvre par l’effort. Marc et les barons, alertés par le nain
812 re récente qu’il a reçue à la jambe se rouvre par l’ effort. Marc et les barons, alertés par le nain, font irruption dans l
813 reçue à la jambe se rouvre par l’effort. Marc et les barons, alertés par le nain, font irruption dans le dortoir. Ils voie
814 vre par l’effort. Marc et les barons, alertés par le nain, font irruption dans le dortoir. Ils voient des traces de sang s
815 barons, alertés par le nain, font irruption dans le dortoir. Ils voient des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve
816 irruption dans le dortoir. Ils voient des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Is
817 ans le dortoir. Ils voient des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera liv
818 rtoir. Ils voient des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une
819 ls voient des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe
820 des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe de lépreux
821 traces de sang sur la fleur de blé. La preuve de l’ adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe de lépreux et
822 e est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe de lépreux et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène de la chapelle)
823 eux et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène de la chapelle). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt
824 et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène de la chapelle). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt de
825 e). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt de Morois. Trois ans durant, ils y mènent une vie « aspre et du
826 livre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt de Morois. Trois ans durant, ils y mènent une vie « aspre et dure ». Un
827 y mènent une vie « aspre et dure ». Un jour, Marc les surprend endormis. Mais il se trouve que Tristan a déposé entre leurs
828 on épée nue. Ému par ce qu’il prend pour un signe de chasteté, le roi les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de
829 Ému par ce qu’il prend pour un signe de chasteté, le roi les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de Tristan et dé
830 ce qu’il prend pour un signe de chasteté, le roi les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de Tristan et dépose à s
831 ur un signe de chasteté, le roi les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de Tristan et dépose à sa place l’épée roy
832 le roi les épargne. Sans les réveiller, il prend l’ épée de Tristan et dépose à sa place l’épée royale. Les trois ans éco
833 les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de Tristan et dépose à sa place l’épée royale. Les trois ans écoulés, l
834 , il prend l’épée de Tristan et dépose à sa place l’ épée royale. Les trois ans écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Bé
835 e de Tristan et dépose à sa place l’épée royale. Les trois ans écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Béroul et l’ancêtre
836 à sa place l’épée royale. Les trois ans écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Béroul et l’ancêtre commun des cinq versi
837 royale. Les trois ans écoulés, le philtre cesse d’ agir (selon Béroul et l’ancêtre commun des cinq versions). Alors seule
838 écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Béroul et l’ ancêtre commun des cinq versions). Alors seulement Tristan se repent,
839 ement Tristan se repent, Iseut se met à regretter la cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par l’entremise duquel Tristan
840 seut se met à regretter la cour… Ils vont trouver l’ ermite Ogrin, par l’entremise duquel Tristan offre au roi de lui rendr
841 ter la cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par l’ entremise duquel Tristan offre au roi de lui rendre sa femme. Marc pro
842 grin, par l’entremise duquel Tristan offre au roi de lui rendre sa femme. Marc promet son pardon. Les amants se séparent à
843 i de lui rendre sa femme. Marc promet son pardon. Les amants se séparent à l’approche du cortège royal. Iseut supplie encor
844 Marc promet son pardon. Les amants se séparent à l’ approche du cortège royal. Iseut supplie encore Tristan de demeurer da
845 he du cortège royal. Iseut supplie encore Tristan de demeurer dans le pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc la trait
846 al. Iseut supplie encore Tristan de demeurer dans le pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc la traite bien. Puis, par
847 ns le pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc la traite bien. Puis, par une dernière ruse féminine, exploitant cette c
848 nière ruse féminine, exploitant cette concession, la reine déclare qu’elle rejoindra le chevalier au premier signal de sa
849 te concession, la reine déclare qu’elle rejoindra le chevalier au premier signal de sa part, et sans que rien puisse la re
850 qu’elle rejoindra le chevalier au premier signal de sa part, et sans que rien puisse la retenir, « ni tour, ni mur, ni fo
851 remier signal de sa part, et sans que rien puisse la retenir, « ni tour, ni mur, ni fort chastel ». Chez Orri le forestier
852 , « ni tour, ni mur, ni fort chastel ». Chez Orri le forestier, ils ont plusieurs rendez-vous clandestins. Mais les barons
853 , ils ont plusieurs rendez-vous clandestins. Mais les barons félons veillent sur la vertu de la reine. Celle-ci demande et
854 clandestins. Mais les barons félons veillent sur la vertu de la reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu 
855 ins. Mais les barons félons veillent sur la vertu de la reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu » pour pr
856 . Mais les barons félons veillent sur la vertu de la reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu » pour prouv
857 reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu » pour prouver son innocence. Grâce à un subterfuge, elle triomp
858 n innocence. Grâce à un subterfuge, elle triomphe de l’épreuve : avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main d
859 nnocence. Grâce à un subterfuge, elle triomphe de l’ épreuve : avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main de q
860 uge, elle triomphe de l’épreuve : avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main de qui n’a pas menti, elle jure
861 : avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main de qui n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras
862 de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main de qui n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras d’aucun
863 n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras d’aucun homme, hors ceux du roi son maître et du manant qui vien
864 menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras d’ aucun homme, hors ceux du roi son maître et du manant qui vient de l’a
865 ceux du roi son maître et du manant qui vient de l’ aider à descendre de sa barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mai
866 tre et du manant qui vient de l’aider à descendre de sa barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mais de nouvelles avent
867 nt qui vient de l’aider à descendre de sa barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mais de nouvelles aventures entraînen
868 a barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mais de nouvelles aventures entraînent au loin le chevalier. Il croit que la
869 … Mais de nouvelles aventures entraînent au loin le chevalier. Il croit que la reine a cessé de l’aimer. C’est alors qu’i
870 res entraînent au loin le chevalier. Il croit que la reine a cessé de l’aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-del
871 loin le chevalier. Il croit que la reine a cessé de l’aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de la mer, « po
872 in le chevalier. Il croit que la reine a cessé de l’ aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de la mer, « pour
873 mer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de la mer, « pour son nom et pour sa beauté »7 une autre Iseut, l’Iseut
874 . C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de la mer, « pour son nom et pour sa beauté »7 une autre Iseut, l’Iseut « a
875 our son nom et pour sa beauté »7 une autre Iseut, l’ Iseut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vierge,
876 seut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vierge, car il regrette « Iseut la bloie ». Enfin, blessé à
877 istan la laissera vierge, car il regrette « Iseut la bloie ». Enfin, blessé à mort, et de nouveau empoisonné par cette ble
878 poisonné par cette blessure, Tristan fait appeler la reine de Cornouailles, la seule qui puisse encore le guérir. Elle vie
879 e, Tristan fait appeler la reine de Cornouailles, la seule qui puisse encore le guérir. Elle vient, et son vaisseau arbore
880 reine de Cornouailles, la seule qui puisse encore le guérir. Elle vient, et son vaisseau arbore une voile blanche, signe d
881 , et son vaisseau arbore une voile blanche, signe d’ espoir. Iseut aux blanches mains guettait son arrivée. Tourmentée par
882 anches mains guettait son arrivée. Tourmentée par la jalousie, elle s’en vient au lit de Tristan et lui annonce que la voi
883 ourmentée par la jalousie, elle s’en vient au lit de Tristan et lui annonce que la voile est noire. Tristan meurt. Iseut l
884 e s’en vient au lit de Tristan et lui annonce que la voile est noire. Tristan meurt. Iseut la blonde débarque à cet instan
885 once que la voile est noire. Tristan meurt. Iseut la blonde débarque à cet instant, monte au château, embrasse le corps de
886 ébarque à cet instant, monte au château, embrasse le corps de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de la sorte, et
887 cet instant, monte au château, embrasse le corps de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de la sorte, et tout « ch
888 ps de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de la sorte, et tout « charme » détruit, à considérer froidement le plus
889 de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de la sorte, et tout « charme » détruit, à considérer froidement le plus en
890 tout « charme » détruit, à considérer froidement le plus envoûtant des poèmes, on s’aperçoit que sa donnée ni son progrès
891 it que sa donnée ni son progrès ne sont dépourvus d’ équivoque. J’ai passé quantité d’épisodes accessoires, mais aucun des
892 e sont dépourvus d’équivoque. J’ai passé quantité d’ épisodes accessoires, mais aucun des motifs allégués de l’action centr
893 sodes accessoires, mais aucun des motifs allégués de l’action centrale du Roman. Et je les ai même soulignés. On a pu voir
894 es accessoires, mais aucun des motifs allégués de l’ action centrale du Roman. Et je les ai même soulignés. On a pu voir qu
895 ifs allégués de l’action centrale du Roman. Et je les ai même soulignés. On a pu voir qu’ils se réduisent à fort peu de cho
896 stan conduit Iseut au roi parce qu’il est lié par la fidélité du chevalier ; — les amants se séparent, au terme des trois
897 ce qu’il est lié par la fidélité du chevalier ; —  les amants se séparent, au terme des trois années dans la forêt, parce qu
898 mants se séparent, au terme des trois années dans la forêt, parce que le philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse Iseut aux
899 u terme des trois années dans la forêt, parce que le philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse Iseut aux blanches mains « po
900 années dans la forêt, parce que le philtre cesse d’ agir ; — Tristan épouse Iseut aux blanches mains « pour son nom et pou
901 enant, ces « raisons » mises à part — nous aurons l’ occasion d’y revenir — on s’aperçoit que le Roman repose sur une série
902 « raisons » mises à part — nous aurons l’occasion d’ y revenir — on s’aperçoit que le Roman repose sur une série de contrad
903 aurons l’occasion d’y revenir — on s’aperçoit que le Roman repose sur une série de contradictions énigmatiques. Une premi
904 — on s’aperçoit que le Roman repose sur une série de contradictions énigmatiques. Une première remarque m’a frappé, faite
905 é, faite en passant par l’un des éditeurs récents de la légende : tout au long du Roman, Tristan paraît physiquement supér
906 faite en passant par l’un des éditeurs récents de la légende : tout au long du Roman, Tristan paraît physiquement supérieu
907 , au roi. Aucune force extérieure ne saurait donc l’ empêcher d’enlever Iseut et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps s
908 ucune force extérieure ne saurait donc l’empêcher d’ enlever Iseut et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent
909 ure ne saurait donc l’empêcher d’enlever Iseut et d’ obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent le droit du plus f
910 empêcher d’enlever Iseut et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent le droit du plus fort, elles le divinisen
911 éir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent le droit du plus fort, elles le divinisent même sans le moindre scrupule
912 u temps sanctionnent le droit du plus fort, elles le divinisent même sans le moindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du
913 droit du plus fort, elles le divinisent même sans le moindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du droit d’un homme sur une
914 oindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du droit d’ un homme sur une femme : c’est l’enjeu habituel des tournois. Pourquoi
915 s’agit du droit d’un homme sur une femme : c’est l’ enjeu habituel des tournois. Pourquoi Tristan n’use-t-il pas de ce dro
916 uel des tournois. Pourquoi Tristan n’use-t-il pas de ce droit ? Mise en éveil par cette première question, notre méfiance
917 igmes, non moins curieuses et obscures. Pourquoi l’ épée de chasteté entre les corps dans la forêt ? Les amants ont déjà p
918 non moins curieuses et obscures. Pourquoi l’épée de chasteté entre les corps dans la forêt ? Les amants ont déjà péché ;
919 s et obscures. Pourquoi l’épée de chasteté entre les corps dans la forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent de se
920 Pourquoi l’épée de chasteté entre les corps dans la forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent de se repentir, à ce
921 ’épée de chasteté entre les corps dans la forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent de se repentir, à ce moment-là ;
922 forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent de se repentir, à ce moment-là ; enfin ils ne prévoient nullement que le
923 moment-là ; enfin ils ne prévoient nullement que le roi pourrait les surprendre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, da
924 in ils ne prévoient nullement que le roi pourrait les surprendre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, dans les différente
925 endre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, dans les différentes versions, qui donne la raison de cet acte8. Pourquoi Tri
926 un mot, dans les différentes versions, qui donne la raison de cet acte8. Pourquoi Tristan rend-il la reine à Marc, et ce
927 ans les différentes versions, qui donne la raison de cet acte8. Pourquoi Tristan rend-il la reine à Marc, et cela, même d
928 la raison de cet acte8. Pourquoi Tristan rend-il la reine à Marc, et cela, même dans les versions où le philtre continue
929 istan rend-il la reine à Marc, et cela, même dans les versions où le philtre continue d’agir ? Si, comme certains le disent
930 reine à Marc, et cela, même dans les versions où le philtre continue d’agir ? Si, comme certains le disent, c’est une rep
931 la, même dans les versions où le philtre continue d’ agir ? Si, comme certains le disent, c’est une repentance sincère qui
932 ù le philtre continue d’agir ? Si, comme certains le disent, c’est une repentance sincère qui motive la séparation, pourqu
933 e disent, c’est une repentance sincère qui motive la séparation, pourquoi se promettent-ils de se revoir au moment même où
934 motive la séparation, pourquoi se promettent-ils de se revoir au moment même où ils acceptent de se quitter ? Pourquoi Tr
935 -ils de se revoir au moment même où ils acceptent de se quitter ? Pourquoi Tristan s’éloigne-t-il ensuite pour courir de n
936 urquoi Tristan s’éloigne-t-il ensuite pour courir de nouvelles aventures, alors qu’ils ont un rendez-vous dans la forêt ?
937 s aventures, alors qu’ils ont un rendez-vous dans la forêt ? Pourquoi la reine coupable propose-t-elle un « jugement de Di
938 u’ils ont un rendez-vous dans la forêt ? Pourquoi la reine coupable propose-t-elle un « jugement de Dieu » ? Elle sait bie
939 oi la reine coupable propose-t-elle un « jugement de Dieu » ? Elle sait bien que cette épreuve doit la perdre. Elle n’en t
940 de Dieu » ? Elle sait bien que cette épreuve doit la perdre. Elle n’en triomphe que par une ruse improvisée in extremis, e
941 est donnée comme trompant Dieu lui-même, puisque le miracle s’opère9 ! Enfin, ce jugement étant acquis, la reine passe po
942 racle s’opère9 ! Enfin, ce jugement étant acquis, la reine passe pour innocente. Tristan l’est donc aussi, et l’on ne voit
943 nt acquis, la reine passe pour innocente. Tristan l’ est donc aussi, et l’on ne voit plus du tout ce qui s’opposerait à son
944 asse pour innocente. Tristan l’est donc aussi, et l’ on ne voit plus du tout ce qui s’opposerait à son retour auprès du roi
945 pposerait à son retour auprès du roi, donc auprès d’ Iseut… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiiie
946 seut… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiiie siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’honneur, de
947 s du xiiie siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’ honneur, de fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot de comme
948 siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’honneur, de fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot de commentaire tant
949 fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot de commentaire tant d’actions aussi peu défendables ? Comment peuvent-il
950 , laissent passer sans un mot de commentaire tant d’ actions aussi peu défendables ? Comment peuvent-ils nous présenter tel
951 mment peuvent-ils nous présenter tel qu’un modèle de chevalerie ce Tristan qui a trompé son roi par les ruses les plus cyn
952 de chevalerie ce Tristan qui a trompé son roi par les ruses les plus cyniques ; ou telle qu’une vertueuse dame cette épouse
953 rie ce Tristan qui a trompé son roi par les ruses les plus cyniques ; ou telle qu’une vertueuse dame cette épouse adultère,
954 Pourquoi traitent-ils au contraire de « félons » les barons qui défendent l’honneur de Marc ? Même si la jalousie les meut
955 contraire de « félons » les barons qui défendent l’ honneur de Marc ? Même si la jalousie les meut, ils n’ont du moins ni
956 de « félons » les barons qui défendent l’honneur de Marc ? Même si la jalousie les meut, ils n’ont du moins ni menti ni t
957 barons qui défendent l’honneur de Marc ? Même si la jalousie les meut, ils n’ont du moins ni menti ni trompé, et ce n’est
958 défendent l’honneur de Marc ? Même si la jalousie les meut, ils n’ont du moins ni menti ni trompé, et ce n’est pas le cas d
959 ’ont du moins ni menti ni trompé, et ce n’est pas le cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter de la valeur même des ra
960 moins ni menti ni trompé, et ce n’est pas le cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter de la valeur même des rares mot
961 trompé, et ce n’est pas le cas de Tristan… Enfin l’ on en vient à douter de la valeur même des rares motifs allégués. En e
962 s le cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter de la valeur même des rares motifs allégués. En effet, si la morale de l
963 e cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter de la valeur même des rares motifs allégués. En effet, si la morale de la f
964 leur même des rares motifs allégués. En effet, si la morale de la fidélité au suzerain voulait que Tristan livre à Marc la
965 des rares motifs allégués. En effet, si la morale de la fidélité au suzerain voulait que Tristan livre à Marc la fiancée q
966 rares motifs allégués. En effet, si la morale de la fidélité au suzerain voulait que Tristan livre à Marc la fiancée qu’i
967 lité au suzerain voulait que Tristan livre à Marc la fiancée qu’il alla quérir10, on ne peut s’empêcher de penser que ces
968 iancée qu’il alla quérir10, on ne peut s’empêcher de penser que ces scrupules sont bien tardifs et peu sincères, puisque T
969 bien tardifs et peu sincères, puisque Tristan n’a de cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui ce
970 s, puisque Tristan n’a de cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas
971 an n’a de cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès d’ Iseut… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas destiné aux épou
972 la cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui cesse d’ agir, n’était-il pas destiné aux époux ? Alors, pourquoi limiter sa du
973 limiter sa durée ? Trois ans, ce n’est guère pour le bonheur d’un couple. Et quand Tristan épouse l’autre Iseut « pour son
974 durée ? Trois ans, ce n’est guère pour le bonheur d’ un couple. Et quand Tristan épouse l’autre Iseut « pour son nom et pou
975 « pour son nom et pour sa beauté » mais cependant la laisse vierge, n’est-il pas évident que rien ne l’oblige à ce mariage
976 a laisse vierge, n’est-il pas évident que rien ne l’ oblige à ce mariage et à cette chasteté injurieuse, et qu’il se met da
977 ieuse, et qu’il se met dans une situation qui n’a d’ autre issue que la mort ? 6.Chevalerie contre Mariage Un moderne
978 met dans une situation qui n’a d’autre issue que la mort ? 6.Chevalerie contre Mariage Un moderne commentateur du R
979 ontre Mariage Un moderne commentateur du Roman de Tristan et Iseut veut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et
980 et Iseut veut y voir un « conflit cornélien entre l’ amour et le devoir ». Cette interprétation classique est d’un aimable
981 ut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et le devoir ». Cette interprétation classique est d’un aimable anachronism
982 t le devoir ». Cette interprétation classique est d’ un aimable anachronisme. Outre qu’elle abuse de Corneille, elle paraît
983 st d’un aimable anachronisme. Outre qu’elle abuse de Corneille, elle paraît ignorer l’un de ces faits dont l’envergure éch
984 elle abuse de Corneille, elle paraît ignorer l’un de ces faits dont l’envergure échappe souvent aux prises de l’érudition
985 eille, elle paraît ignorer l’un de ces faits dont l’ envergure échappe souvent aux prises de l’érudition scrupuleuse. Je ve
986 faits dont l’envergure échappe souvent aux prises de l’érudition scrupuleuse. Je veux parler de l’opposition qui se manife
987 ts dont l’envergure échappe souvent aux prises de l’ érudition scrupuleuse. Je veux parler de l’opposition qui se manifeste
988 prises de l’érudition scrupuleuse. Je veux parler de l’opposition qui se manifeste dès la seconde moitié du xiie siècle e
989 ses de l’érudition scrupuleuse. Je veux parler de l’ opposition qui se manifeste dès la seconde moitié du xiie siècle entr
990 feste dès la seconde moitié du xiie siècle entre la règle chevaleresque et les coutumes féodales. Peut-être n’a-t-on pas
991 é du xiie siècle entre la règle chevaleresque et les coutumes féodales. Peut-être n’a-t-on pas assez marqué à quel point l
992 Peut-être n’a-t-on pas assez marqué à quel point les romans bretons la reflètent et la cultivent. Il est probable que la c
993 pas assez marqué à quel point les romans bretons la reflètent et la cultivent. Il est probable que la chevalerie courtois
994 é à quel point les romans bretons la reflètent et la cultivent. Il est probable que la chevalerie courtoise ne fut guère q
995 la reflètent et la cultivent. Il est probable que la chevalerie courtoise ne fut guère qu’un idéal. Les premiers auteurs q
996 un idéal. Les premiers auteurs qui en parlent ont l’ habitude de déplorer sa décadence : mais ils oublient que, telle qu’il
997 es premiers auteurs qui en parlent ont l’habitude de déplorer sa décadence : mais ils oublient que, telle qu’ils la souhai
998 a décadence : mais ils oublient que, telle qu’ils la souhaitent, elle vient à peine de naître dans leurs rêves. N’est-il p
999 à peine de naître dans leurs rêves. N’est-il pas de l’essence d’un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même o
1000 peine de naître dans leurs rêves. N’est-il pas de l’ essence d’un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même où i
1001 aître dans leurs rêves. N’est-il pas de l’essence d’ un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même où il essaie m
1002 s rêves. N’est-il pas de l’essence d’un idéal que l’ on déplore sa décadence à l’instant même où il essaie maladroitement d
1003 ence à l’instant même où il essaie maladroitement de se réaliser ? D’autre part, la chance du roman n’est-elle pas d’oppos
1004 aie maladroitement de se réaliser ? D’autre part, la chance du roman n’est-elle pas d’opposer la fiction d’un certain idéa
1005 ? D’autre part, la chance du roman n’est-elle pas d’ opposer la fiction d’un certain idéal de vie aux réalités tyranniques 
1006 part, la chance du roman n’est-elle pas d’opposer la fiction d’un certain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus d’u
1007 ance du roman n’est-elle pas d’opposer la fiction d’ un certain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus d’une énigme q
1008 -elle pas d’opposer la fiction d’un certain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus d’une énigme que nous pose le Rom
1009 tain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus d’ une énigme que nous pose le Roman nous incite à chercher de ce côté le
1010 tés tyranniques ? Plus d’une énigme que nous pose le Roman nous incite à chercher de ce côté les éléments d’une première s
1011 gme que nous pose le Roman nous incite à chercher de ce côté les éléments d’une première solution. Si l’on admet que l’ave
1012 s pose le Roman nous incite à chercher de ce côté les éléments d’une première solution. Si l’on admet que l’aventure de Tri
1013 an nous incite à chercher de ce côté les éléments d’ une première solution. Si l’on admet que l’aventure de Tristan devait
1014 ce côté les éléments d’une première solution. Si l’ on admet que l’aventure de Tristan devait servir à illustrer le confli
1015 éments d’une première solution. Si l’on admet que l’ aventure de Tristan devait servir à illustrer le conflit de la chevale
1016 e première solution. Si l’on admet que l’aventure de Tristan devait servir à illustrer le conflit de la chevalerie et de l
1017 e l’aventure de Tristan devait servir à illustrer le conflit de la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit d
1018 e de Tristan devait servir à illustrer le conflit de la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devo
1019 e Tristan devait servir à illustrer le conflit de la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devoirs
1020 servir à illustrer le conflit de la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’
1021 vir à illustrer le conflit de la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’avo
1022 de la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 7, le conflit d
1023 alerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 7, le conflit de deux « re
1024 e — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’ avons vu page 7, le conflit de deux « religions » —, l’on s’aperçoit q
1025 de deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 7, le conflit de deux « religions » —, l’on s’aperçoit que bien des épisode
1026 voirs ou même, nous l’avons vu page 7, le conflit de deux « religions » —, l’on s’aperçoit que bien des épisodes s’éclaire
1027 ns vu page 7, le conflit de deux « religions » —,  l’ on s’aperçoit que bien des épisodes s’éclairent, et qu’en tout cas, si
1028 n des épisodes s’éclairent, et qu’en tout cas, si l’ hypothèse ne résout point toutes les difficultés, elle en repousse la
1029 n tout cas, si l’hypothèse ne résout point toutes les difficultés, elle en repousse la solution d’une manière significative
1030 ut point toutes les difficultés, elle en repousse la solution d’une manière significative. En quoi le roman breton se dist
1031 tes les difficultés, elle en repousse la solution d’ une manière significative. En quoi le roman breton se distingue-t-il d
1032 la solution d’une manière significative. En quoi le roman breton se distingue-t-il de la chanson de geste, qu’il supplant
1033 cative. En quoi le roman breton se distingue-t-il de la chanson de geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie s
1034 ive. En quoi le roman breton se distingue-t-il de la chanson de geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie sièc
1035 i le roman breton se distingue-t-il de la chanson de geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie siècle avec une
1036 ec une étonnante rapidité ? En ceci qu’il donne à la femme le rôle qui revenait précédemment au suzerain. Le chevalier bre
1037 onnante rapidité ? En ceci qu’il donne à la femme le rôle qui revenait précédemment au suzerain. Le chevalier breton, tout
1038 me le rôle qui revenait précédemment au suzerain. Le chevalier breton, tout comme le troubadour méridional, se reconnaît l
1039 ment au suzerain. Le chevalier breton, tout comme le troubadour méridional, se reconnaît le vassal d’une Dame élue. Mais e
1040 tout comme le troubadour méridional, se reconnaît le vassal d’une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal d’un seign
1041 le troubadour méridional, se reconnaît le vassal d’ une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal d’un seigneur. D’où
1042 vassal d’une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal d’un seigneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont le Ro
1043 une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal d’ un seigneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont le Roman offre
1044 Mais en fait, il demeure le vassal d’un seigneur. D’ où naîtront des conflits de droit, dont le Roman offre plus d’un exemp
1045 vassal d’un seigneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont le Roman offre plus d’un exemple. Reprenons l’épisode des
1046 igneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont le Roman offre plus d’un exemple. Reprenons l’épisode des trois barons «
1047 t des conflits de droit, dont le Roman offre plus d’ un exemple. Reprenons l’épisode des trois barons « félons ». Selon la
1048 dont le Roman offre plus d’un exemple. Reprenons l’ épisode des trois barons « félons ». Selon la morale féodale, le vassa
1049 nons l’épisode des trois barons « félons ». Selon la morale féodale, le vassal est tenu de dénoncer au seigneur tout ce qu
1050 trois barons « félons ». Selon la morale féodale, le vassal est tenu de dénoncer au seigneur tout ce qui lèse son droit ou
1051 ns ». Selon la morale féodale, le vassal est tenu de dénoncer au seigneur tout ce qui lèse son droit ou son honneur : il e
1052 n droit ou son honneur : il est « félon » s’il ne le fait pas. Or, dans Tristan, les barons dénoncent Iseut au roi Marc :
1053 « félon » s’il ne le fait pas. Or, dans Tristan, les barons dénoncent Iseut au roi Marc : ils devraient donc passer pour «
1054 aient donc passer pour « féaux » et loyaux. Et si l’ auteur les traite cependant de félons, c’est en vertu d’un autre code
1055 c passer pour « féaux » et loyaux. Et si l’auteur les traite cependant de félons, c’est en vertu d’un autre code évidemment
1056  » et loyaux. Et si l’auteur les traite cependant de félons, c’est en vertu d’un autre code évidemment, qui ne peut être q
1057 autre code évidemment, qui ne peut être que celui de la chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour de la Gascogne e
1058 re code évidemment, qui ne peut être que celui de la chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour de la Gascogne est
1059 ne peut être que celui de la chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour de la Gascogne est bien connue : félon ser
1060 i de la chevalerie du Midi. La décision des cours d’ amour de la Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les
1061 chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour de la Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les secrets
1062 valerie du Midi. La décision des cours d’amour de la Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les secrets de
1063 gne est bien connue : félon sera celui qui révèle les secrets de l’amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer qu
1064 connue : félon sera celui qui révèle les secrets de l’amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que les auteu
1065 nnue : félon sera celui qui révèle les secrets de l’ amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que les auteurs
1066 urtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que les auteurs du Roman avaient choisi en toute conscience pour la chevaleri
1067 du Roman avaient choisi en toute conscience pour la chevalerie « courtoise » contre le droit féodal. Mais nous avons d’au
1068 onscience pour la chevalerie « courtoise » contre le droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons de le croire. La conce
1069 le droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons de le croire. La conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour
1070 droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons de le croire. La conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour cou
1071 l. Mais nous avons d’autres raisons de le croire. La conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est
1072 vons d’autres raisons de le croire. La conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est seule capable
1073 s d’autres raisons de le croire. La conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est seule capable d’e
1074 La conception de la fidélité et du mariage, selon l’ amour courtois, est seule capable d’expliquer certaines contradictions
1075 ariage, selon l’amour courtois, est seule capable d’ expliquer certaines contradictions frappantes du récit. Selon la thèse
1076 rtaines contradictions frappantes du récit. Selon la thèse officiellement admise, l’amour courtois est né d’une réaction à
1077 s du récit. Selon la thèse officiellement admise, l’ amour courtois est né d’une réaction à l’anarchie brutale des mœurs fé
1078 se officiellement admise, l’amour courtois est né d’ une réaction à l’anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que le m
1079 admise, l’amour courtois est né d’une réaction à l’ anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que le mariage, au xiie
1080 ’anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que le mariage, au xiie siècle, était devenu pour les seigneurs une pure et
1081 ue le mariage, au xiie siècle, était devenu pour les seigneurs une pure et simple occasion de s’enrichir, et d’annexer des
1082 nu pour les seigneurs une pure et simple occasion de s’enrichir, et d’annexer des terres données en dot ou espérées en hér
1083 urs une pure et simple occasion de s’enrichir, et d’ annexer des terres données en dot ou espérées en héritage. Quand l’« a
1084 res données en dot ou espérées en héritage. Quand l’ « affaire » tournait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte de l’ince
1085 ’« affaire » tournait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte de l’inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans
1086 tournait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte de l’inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans résistance :
1087 urnait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte de l’ inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans résistance : il
1088 xte de l’inceste, curieusement exploité, trouvait l’ Église sans résistance : il suffisait d’alléguer sans trop de preuves,
1089 trouvait l’Église sans résistance : il suffisait d’ alléguer sans trop de preuves, une parenté au quatrième degré, pour ob
1090 ns résistance : il suffisait d’alléguer sans trop de preuves, une parenté au quatrième degré, pour obtenir l’annulation. À
1091 ves, une parenté au quatrième degré, pour obtenir l’ annulation. À ces abus, générateurs de querelles infinies et de guerre
1092 our obtenir l’annulation. À ces abus, générateurs de querelles infinies et de guerres, l’amour courtois oppose une fidélit
1093 À ces abus, générateurs de querelles infinies et de guerres, l’amour courtois oppose une fidélité indépendante du mariage
1094 générateurs de querelles infinies et de guerres, l’ amour courtois oppose une fidélité indépendante du mariage légal et fo
1095 élité indépendante du mariage légal et fondée sur le seul amour. Il en vient même à déclarer que l’amour et le mariage ne
1096 ur le seul amour. Il en vient même à déclarer que l’ amour et le mariage ne sont pas compatibles : c’est le fameux jugement
1097 amour. Il en vient même à déclarer que l’amour et le mariage ne sont pas compatibles : c’est le fameux jugement d’une cour
1098 our et le mariage ne sont pas compatibles : c’est le fameux jugement d’une cour d’amour tenue chez la comtesse de Champagn
1099 e sont pas compatibles : c’est le fameux jugement d’ une cour d’amour tenue chez la comtesse de Champagne. (Appendice 3.) S
1100 compatibles : c’est le fameux jugement d’une cour d’ amour tenue chez la comtesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan,
1101 le fameux jugement d’une cour d’amour tenue chez la comtesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan, et l’auteur du Roma
1102 tesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan, et l’ auteur du Roman, partagent une telle manière de voir, la félonie et l’
1103 et l’auteur du Roman, partagent une telle manière de voir, la félonie et l’adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magn
1104 ur du Roman, partagent une telle manière de voir, la félonie et l’adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magnifiés com
1105 artagent une telle manière de voir, la félonie et l’ adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magnifiés comme exprimant u
1106 agnifiés comme exprimant une intrépide fidélité à la loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire de l’amour courtois. (Donnoi,
1107 élité à la loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire de l’amour courtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne la relatio
1108 té à la loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire de l’ amour courtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne la relation d
1109 ourtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne la relation de vasselage instituée entre l’amant-chevalier et sa dame, o
1110 nnoi, ou domnei en provençal, désigne la relation de vasselage instituée entre l’amant-chevalier et sa dame, ou domina.) F
1111 désigne la relation de vasselage instituée entre l’ amant-chevalier et sa dame, ou domina.) Fidélité incompatible avec cel
1112 ) Fidélité incompatible avec celle du mariage, on l’ a vu. Le Roman ne manque pas une occasion de rabaisser l’institution s
1113 té incompatible avec celle du mariage, on l’a vu. Le Roman ne manque pas une occasion de rabaisser l’institution sociale,
1114 e, on l’a vu. Le Roman ne manque pas une occasion de rabaisser l’institution sociale, d’humilier le mari — roi aux oreille
1115 Le Roman ne manque pas une occasion de rabaisser l’ institution sociale, d’humilier le mari — roi aux oreilles de cheval,
1116 une occasion de rabaisser l’institution sociale, d’ humilier le mari — roi aux oreilles de cheval, toujours si facilement
1117 on de rabaisser l’institution sociale, d’humilier le mari — roi aux oreilles de cheval, toujours si facilement dupé — et d
1118 on sociale, d’humilier le mari — roi aux oreilles de cheval, toujours si facilement dupé — et de glorifier la vertu de ceu
1119 illes de cheval, toujours si facilement dupé — et de glorifier la vertu de ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui
1120 al, toujours si facilement dupé — et de glorifier la vertu de ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui. Mais cette
1121 urs si facilement dupé — et de glorifier la vertu de ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui. Mais cette fidélité
1122 curieux : elle s’oppose, autant qu’au mariage, à la « satisfaction » de l’amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien, ce
1123 pose, autant qu’au mariage, à la « satisfaction » de l’amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien, celui qui désire l’ent
1124 e, autant qu’au mariage, à la « satisfaction » de l’ amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien, celui qui désire l’entièr
1125 e, à la « satisfaction » de l’amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien, celui qui désire l’entière possession de sa dam
1126 ne sait de donnoi vraiment rien, celui qui désire l’ entière possession de sa dame. Cela n’est plus amour, qui tourne à la
1127 iment rien, celui qui désire l’entière possession de sa dame. Cela n’est plus amour, qui tourne à la réalité 11. » Voilà q
1128 n de sa dame. Cela n’est plus amour, qui tourne à la réalité 11. » Voilà qui nous met sur la voie d’une première explicati
1129 tourne à la réalité 11. » Voilà qui nous met sur la voie d’une première explication d’épisodes tels que ceux de l’épée de
1130 à la réalité 11. » Voilà qui nous met sur la voie d’ une première explication d’épisodes tels que ceux de l’épée de chastet
1131 i nous met sur la voie d’une première explication d’ épisodes tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour d’Iseut à son
1132 une première explication d’épisodes tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite da
1133 première explication d’épisodes tels que ceux de l’ épée de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite dans
1134 re explication d’épisodes tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite dans le Moro
1135 es tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour d’ Iseut à son mari après la retraite dans le Morois, ou même du mariage
1136 e de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite dans le Morois, ou même du mariage de Tristan. En effet, le
1137 retour d’Iseut à son mari après la retraite dans le Morois, ou même du mariage de Tristan. En effet, le « droit de la pas
1138 ès la retraite dans le Morois, ou même du mariage de Tristan. En effet, le « droit de la passion » au sens où l’entendent
1139 Morois, ou même du mariage de Tristan. En effet, le « droit de la passion » au sens où l’entendent les modernes, permettr
1140 même du mariage de Tristan. En effet, le « droit de la passion » au sens où l’entendent les modernes, permettrait à Trist
1141 me du mariage de Tristan. En effet, le « droit de la passion » au sens où l’entendent les modernes, permettrait à Tristan
1142 . En effet, le « droit de la passion » au sens où l’ entendent les modernes, permettrait à Tristan d’enlever Iseut, après q
1143 le « droit de la passion » au sens où l’entendent les modernes, permettrait à Tristan d’enlever Iseut, après qu’ils ont bu
1144 ù l’entendent les modernes, permettrait à Tristan d’ enlever Iseut, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il la livre à
1145 it à Tristan d’enlever Iseut, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est que la règle de l’amour
1146 eut, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est que la règle de l’amour courtois s’oppose à ce q
1147 philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est que la règle de l’amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne
1148 Cependant il la livre à Marc : c’est que la règle de l’amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne à la réa
1149 endant il la livre à Marc : c’est que la règle de l’ amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne à la réalit
1150 ois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne à la réalité », c’est-à-dire aboutisse à l’« entière possession de sa dame
1151 « tourne à la réalité », c’est-à-dire aboutisse à l’ « entière possession de sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas,
1152 , c’est-à-dire aboutisse à l’« entière possession de sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas, d’observer la fidélité
1153 de sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas, d’ observer la fidélité féodale, masque et complice énigmatique de la fid
1154 ». Tristan choisira donc, dans ce cas, d’observer la fidélité féodale, masque et complice énigmatique de la fidélité court
1155 fidélité féodale, masque et complice énigmatique de la fidélité courtoise. Il choisit en toute liberté, car nous avons ma
1156 délité féodale, masque et complice énigmatique de la fidélité courtoise. Il choisit en toute liberté, car nous avons marqu
1157 ous avons marqué plus haut qu’étant plus fort que le Roi et les barons, il pourrait, dans le plan féodal qu’il adopte, fai
1158 marqué plus haut qu’étant plus fort que le Roi et les barons, il pourrait, dans le plan féodal qu’il adopte, faire valoir l
1159 fort que le Roi et les barons, il pourrait, dans le plan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit de la force… Étrange
1160 t, dans le plan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit de la force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux
1161 e plan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit de la force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui
1162 lan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit de la force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui le
1163 our, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui le condamnent, afin de mieux se conserver ! D’où peut venir cette préfér
1164 s qui le condamnent, afin de mieux se conserver ! D’ où peut venir cette préférence pour ce qui entrave la passion, pour ce
1165 ù peut venir cette préférence pour ce qui entrave la passion, pour ce qui empêche le « bonheur » des amants, les sépare et
1166 ur ce qui entrave la passion, pour ce qui empêche le « bonheur » des amants, les sépare et les martyrise ? Répondre : ains
1167 n, pour ce qui empêche le « bonheur » des amants, les sépare et les martyrise ? Répondre : ainsi le veut l’amour courtois,
1168 empêche le « bonheur » des amants, les sépare et les martyrise ? Répondre : ainsi le veut l’amour courtois, ce n’est pas e
1169 s, les sépare et les martyrise ? Répondre : ainsi le veut l’amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur le fond, car
1170 épare et les martyrise ? Répondre : ainsi le veut l’ amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur le fond, car il s’agi
1171 ’amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur le fond, car il s’agit de savoir pourquoi l’on préfère cet amour à l’aut
1172 st pas encore répondre sur le fond, car il s’agit de savoir pourquoi l’on préfère cet amour à l’autre, à celui qui se « ré
1173 dre sur le fond, car il s’agit de savoir pourquoi l’ on préfère cet amour à l’autre, à celui qui se « réalise », à celui qu
1174 e », à celui qui se « satisfait ». En recourant à l’ hypothèse, fort vraisemblable, que le Roman illustre un conflit de « r
1175 recourant à l’hypothèse, fort vraisemblable, que le Roman illustre un conflit de « religions », nous avons pu préciser et
1176 t vraisemblable, que le Roman illustre un conflit de « religions », nous avons pu préciser et cerner les principales diffi
1177 e « religions », nous avons pu préciser et cerner les principales difficultés de l’intrigue : mais en fin de compte, la sol
1178 pu préciser et cerner les principales difficultés de l’intrigue : mais en fin de compte, la solution se trouve simplement
1179 préciser et cerner les principales difficultés de l’ intrigue : mais en fin de compte, la solution se trouve simplement rec
1180 ifficultés de l’intrigue : mais en fin de compte, la solution se trouve simplement reculée. 7.L’amour du roman Si l’
1181 e simplement reculée. 7.L’amour du roman Si l’ on se reporte à notre résumé de la légende, on ne peut manquer d’être
1182 our du roman Si l’on se reporte à notre résumé de la légende, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait : les deux lo
1183 du roman Si l’on se reporte à notre résumé de la légende, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait : les deux lois
1184 à notre résumé de la légende, on ne peut manquer d’ être frappé de ce fait : les deux lois qui entrent en jeu, chevalerie
1185 é de la légende, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait : les deux lois qui entrent en jeu, chevalerie et morale féod
1186 de, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait : les deux lois qui entrent en jeu, chevalerie et morale féodale, ne sont o
1187 evalerie et morale féodale, ne sont observées par l’ auteur que dans les seules situations où elles permettent au roman de
1188 féodale, ne sont observées par l’auteur que dans les seules situations où elles permettent au roman de rebondir 12. Cette
1189 es seules situations où elles permettent au roman de rebondir 12. Cette remarque à son tour ne saurait constituer par ell
1190 nstituer par elle-même une explication. À chacune de nos questions, il serait évidemment facile de répondre : les choses s
1191 une de nos questions, il serait évidemment facile de répondre : les choses se passent ainsi parce qu’autrement il n’y aura
1192 stions, il serait évidemment facile de répondre : les choses se passent ainsi parce qu’autrement il n’y aurait plus de roma
1193 ssent ainsi parce qu’autrement il n’y aurait plus de roman. Mais cette réponse ne paraît convaincante qu’en vertu d’une co
1194 convaincante qu’en vertu d’une coutume paresseuse de notre critique littéraire. En vérité, elle ne répond à rien. Elle nou
1195 n roman ? Et ce roman, précisément ? Question que l’ on dira naïve, non sans une inconsciente sagesse : c’est qu’on pressen
1196 t pas sans danger. Elle nous met en effet au cœur de tout le problème — et sa portée dépasse sans aucun doute le cas parti
1197 ns danger. Elle nous met en effet au cœur de tout le problème — et sa portée dépasse sans aucun doute le cas particulier d
1198 problème — et sa portée dépasse sans aucun doute le cas particulier de notre mythe. Pour qui se place, par un effort d’ab
1199 ortée dépasse sans aucun doute le cas particulier de notre mythe. Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à l’exté
1200 de notre mythe. Pour qui se place, par un effort d’ abstraction, à l’extérieur du phénomène commun au romancier et au lect
1201 Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à l’ extérieur du phénomène commun au romancier et au lecteur, pour qui ass
1202 aît qu’une convention tacite, ou mieux, une sorte de complicité les lie : la volonté que le roman continue, ou comme on di
1203 vention tacite, ou mieux, une sorte de complicité les lie : la volonté que le roman continue, ou comme on dit, qu’il rebond
1204 cite, ou mieux, une sorte de complicité les lie : la volonté que le roman continue, ou comme on dit, qu’il rebondisse. Sup
1205 une sorte de complicité les lie : la volonté que le roman continue, ou comme on dit, qu’il rebondisse. Supprimez cette vo
1206 ndisse. Supprimez cette volonté, il n’y aura plus de vraisemblance qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas de l’His
1207 semblance qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas de l’Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux »
1208 ce qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas de l’Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’
1209 qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas de l’ Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’aut
1210 se passe dans le cas de l’Histoire scientifique. ( Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sa
1211 ns le cas de l’Histoire scientifique. (Le lecteur d’ un ouvrage « sérieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sait que le d
1212 ifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’ autant plus exigeant qu’il sait que le déroulement des faits ne doit d
1213 ieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sait que le déroulement des faits ne doit dépendre ni de son désir ni des fantais
1214 que le déroulement des faits ne doit dépendre ni de son désir ni des fantaisies de l’auteur.) Supposez au contraire cette
1215 e doit dépendre ni de son désir ni des fantaisies de l’auteur.) Supposez au contraire cette volonté toute pure, il n’y aur
1216 oit dépendre ni de son désir ni des fantaisies de l’ auteur.) Supposez au contraire cette volonté toute pure, il n’y aura p
1217 traire cette volonté toute pure, il n’y aura plus d’ invraisemblance possible : c’est le cas du conte. Entre ces deux extrê
1218 n’y aura plus d’invraisemblance possible : c’est le cas du conte. Entre ces deux extrêmes, il est autant de niveaux de vr
1219 du conte. Entre ces deux extrêmes, il est autant de niveaux de vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut : la vraisemb
1220 Entre ces deux extrêmes, il est autant de niveaux de vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut : la vraisemblance dépen
1221 es, il est autant de niveaux de vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut : la vraisemblance dépend, pour un ouvrage ro
1222 de niveaux de vraisemblance que de sujets. Ou si l’ on veut : la vraisemblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, d
1223 de vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut : la vraisemblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, de la nature
1224 mblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, de la nature des passions qu’il veut flatter. C’est dire que l’on accept
1225 ance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, de la nature des passions qu’il veut flatter. C’est dire que l’on acceptera
1226 e des passions qu’il veut flatter. C’est dire que l’ on acceptera le « coup de pouce » du créateur, et les entorses qu’il f
1227 qu’il veut flatter. C’est dire que l’on acceptera le « coup de pouce » du créateur, et les entorses qu’il fait subir à la
1228 flatter. C’est dire que l’on acceptera le « coup de pouce » du créateur, et les entorses qu’il fait subir à la « logique 
1229 on acceptera le « coup de pouce » du créateur, et les entorses qu’il fait subir à la « logique » d’observation courante, da
1230 » du créateur, et les entorses qu’il fait subir à la « logique » d’observation courante, dans la mesure exacte où ces lice
1231 et les entorses qu’il fait subir à la « logique » d’ observation courante, dans la mesure exacte où ces licences fourniront
1232 bir à la « logique » d’observation courante, dans la mesure exacte où ces licences fourniront les prétextes nécessaires à
1233 dans la mesure exacte où ces licences fourniront les prétextes nécessaires à la passion que l’on désire éprouver. Ainsi, l
1234 s licences fourniront les prétextes nécessaires à la passion que l’on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre es
1235 niront les prétextes nécessaires à la passion que l’ on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre est révélé par la
1236 res à la passion que l’on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre est révélé par la nature des « trucs » que l’a
1237 on que l’on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet d’ une œuvre est révélé par la nature des « trucs » que l’auteur fait int
1238 . Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre est révélé par la nature des « trucs » que l’auteur fait intervenir, et qu’on pardonne
1239 œuvre est révélé par la nature des « trucs » que l’ auteur fait intervenir, et qu’on pardonne dans la mesure exacte où l’o
1240 l’auteur fait intervenir, et qu’on pardonne dans la mesure exacte où l’on partage ses intentions. Nous avons vu que les o
1241 venir, et qu’on pardonne dans la mesure exacte où l’ on partage ses intentions. Nous avons vu que les obstacles extérieurs
1242 où l’on partage ses intentions. Nous avons vu que les obstacles extérieurs qui s’opposent à l’amour de Tristan sont dans un
1243 vu que les obstacles extérieurs qui s’opposent à l’ amour de Tristan sont dans un certain sens gratuits, c’est-à-dire qu’i
1244 les obstacles extérieurs qui s’opposent à l’amour de Tristan sont dans un certain sens gratuits, c’est-à-dire qu’ils ne so
1245 dre, que des artifices romanesques. Or il résulte de nos remarques au sujet de la vraisemblance, que la gratuité même des
1246 sques. Or il résulte de nos remarques au sujet de la vraisemblance, que la gratuité même des obstacles invoqués peut révél
1247 e nos remarques au sujet de la vraisemblance, que la gratuité même des obstacles invoqués peut révéler le vrai sujet d’une
1248 gratuité même des obstacles invoqués peut révéler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en
1249 des obstacles invoqués peut révéler le vrai sujet d’ une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en jeu. Il faut s
1250 invoqués peut révéler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici
1251 évéler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici tout est symbole
1252 ler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici tout est symbole, t
1253 pose à la manière d’un rêve, et non point à celle de nos vies : les prétextes du romancier, les actions de ses deux héros,
1254 ère d’un rêve, et non point à celle de nos vies : les prétextes du romancier, les actions de ses deux héros, et les préfére
1255 à celle de nos vies : les prétextes du romancier, les actions de ses deux héros, et les préférences secrètes qu’il suppose
1256 os vies : les prétextes du romancier, les actions de ses deux héros, et les préférences secrètes qu’il suppose chez son le
1257 s du romancier, les actions de ses deux héros, et les préférences secrètes qu’il suppose chez son lecteur. Les « faits » ne
1258 férences secrètes qu’il suppose chez son lecteur. Les « faits » ne sont que les images ou les projections d’un désir, de ce
1259 ppose chez son lecteur. Les « faits » ne sont que les images ou les projections d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui
1260 lecteur. Les « faits » ne sont que les images ou les projections d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalte
1261 faits » ne sont que les images ou les projections d’ un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplemen
1262 ont que les images ou les projections d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplement le faire d
1263 les projections d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplement le faire durer. Tout manifeste,
1264 d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’ exalter, ou simplement le faire durer. Tout manifeste, dans le comport
1265 y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplement le faire durer. Tout manifeste, dans le comportement du chevalier et de
1266 u simplement le faire durer. Tout manifeste, dans le comportement du chevalier et de la princesse, une exigence ignorée d’
1267 t manifeste, dans le comportement du chevalier et de la princesse, une exigence ignorée d’eux — et peut-être du romancier 
1268 anifeste, dans le comportement du chevalier et de la princesse, une exigence ignorée d’eux — et peut-être du romancier — m
1269 hevalier et de la princesse, une exigence ignorée d’ eux — et peut-être du romancier — mais plus profonde que celle de leur
1270 -être du romancier — mais plus profonde que celle de leur bonheur. Pas un des obstacles qu’ils rencontrent ne se révèle, o
1271 ! On peut dire qu’ils ne perdent pas une occasion de se séparer. Quand il n’y a pas d’obstacle, ils en inventent : l’épée
1272 as une occasion de se séparer. Quand il n’y a pas d’ obstacle, ils en inventent : l’épée nue, le mariage de Tristan. Ils en
1273 Quand il n’y a pas d’obstacle, ils en inventent : l’ épée nue, le mariage de Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — b
1274 a pas d’obstacle, ils en inventent : l’épée nue, le mariage de Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — bien qu’ils e
1275 stacle, ils en inventent : l’épée nue, le mariage de Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — bien qu’ils en souffrent
1276 — bien qu’ils en souffrent. Serait-ce alors pour le plaisir du romancier et du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon
1277 romancier et du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon de l’amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’
1278 et du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon de l’amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’où naît l
1279 du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon de l’ amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’où naît leur
1280 e l’amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’où naît leur souffrance, c’est le démon même du roman tel que
1281 courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’ où naît leur souffrance, c’est le démon même du roman tel que l’aiment
1282 amants les ruses d’où naît leur souffrance, c’est le démon même du roman tel que l’aiment les Occidentaux. Quel est alors
1283 souffrance, c’est le démon même du roman tel que l’ aiment les Occidentaux. Quel est alors le vrai sujet de la légende ? L
1284 ce, c’est le démon même du roman tel que l’aiment les Occidentaux. Quel est alors le vrai sujet de la légende ? La séparati
1285 tel que l’aiment les Occidentaux. Quel est alors le vrai sujet de la légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au no
1286 ent les Occidentaux. Quel est alors le vrai sujet de la légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passio
1287 les Occidentaux. Quel est alors le vrai sujet de la légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passion,
1288 aux. Quel est alors le vrai sujet de la légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passion, et pour l’amo
1289  ? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passion, et pour l’amour de l’amour même qui les tourmente, pour l’ex
1290 amants ? Oui, mais au nom de la passion, et pour l’ amour de l’amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le trans
1291 ? Oui, mais au nom de la passion, et pour l’amour de l’amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer
1292 ui, mais au nom de la passion, et pour l’amour de l’ amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer — a
1293 e la passion, et pour l’amour de l’amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer — au détriment de leu
1294 r l’amour de l’amour même qui les tourmente, pour l’ exalter, pour le transfigurer — au détriment de leur bonheur et de leu
1295 mour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer — au détriment de leur bonheur et de leur vie même… ⁂ No
1296 le transfigurer — au détriment de leur bonheur et de leur vie même… ⁂ Nous commençons à distinguer le sens secret et inqui
1297 de leur vie même… ⁂ Nous commençons à distinguer le sens secret et inquiétant du mythe : le danger qu’il exprime et voile
1298 istinguer le sens secret et inquiétant du mythe : le danger qu’il exprime et voile, cette passion qui ressemble au vertige
1299 sion qui ressemble au vertige… Mais ce n’est plus l’ heure de se détourner. Nous sommes atteints, nous subissons le charme,
1300 ressemble au vertige… Mais ce n’est plus l’heure de se détourner. Nous sommes atteints, nous subissons le charme, nous co
1301 e détourner. Nous sommes atteints, nous subissons le charme, nous co-naissons au « tourment délicieux ». Toute condamnatio
1302 te condamnation serait vaine : on ne condamne pas le vertige. Mais la passion du philosophe n’est-elle point de méditer da
1303 erait vaine : on ne condamne pas le vertige. Mais la passion du philosophe n’est-elle point de méditer dans le vertige ? I
1304 e. Mais la passion du philosophe n’est-elle point de méditer dans le vertige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien
1305 on du philosophe n’est-elle point de méditer dans le vertige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien d’autre que l’e
1306 point de méditer dans le vertige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien d’autre que l’effort d’un esprit qui résist
1307 ige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien d’ autre que l’effort d’un esprit qui résiste à la chute, et qui se défen
1308 peut que la connaissance ne soit rien d’autre que l’ effort d’un esprit qui résiste à la chute, et qui se défend au sein de
1309 la connaissance ne soit rien d’autre que l’effort d’ un esprit qui résiste à la chute, et qui se défend au sein de la tenta
1310 en d’autre que l’effort d’un esprit qui résiste à la chute, et qui se défend au sein de la tentation… 8.L’amour de l’am
1311 i résiste à la chute, et qui se défend au sein de la tentation… 8.L’amour de l’amour De tous les maux, le mien diffè
1312 i se défend au sein de la tentation… 8.L’amour de l’amour De tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me ré
1313 e défend au sein de la tentation… 8.L’amour de l’ amour De tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjou
1314 sein de la tentation… 8.L’amour de l’amour De tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis de lui ;
1315 la tentation… 8.L’amour de l’amour De tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis de lui ; mon mal
1316 ux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis de lui ; mon mal est ce que je veux et ma douleur est ma santé. Je ne vo
1317 x et ma douleur est ma santé. Je ne vois donc pas de quoi je me plains, car mon mal me vient de ma volonté ; c’est mon vou
1318 mon vouloir qui devient mon mal ; mais j’ai tant d’ aise à vouloir ainsi que je souffre agréablement, et tant de joie dans
1319 avec délices. Chrétien de Troyes. Il faut avoir l’ audace de poser la question : Tristan aime-t-il Iseut ? Est-il aimé pa
1320 ces. Chrétien de Troyes. Il faut avoir l’audace de poser la question : Tristan aime-t-il Iseut ? Est-il aimé par elle ?
1321 aime-t-il Iseut ? Est-il aimé par elle ? (Seules les questions « stupides » peuvent nous instruire, et tout ce qui passe p
1322 qui passe pour évident cache quelque chose qui ne l’ est point, comme l’a dit à peu près Valéry.) Rien d’humain ne paraît
1323 ent cache quelque chose qui ne l’est point, comme l’ a dit à peu près Valéry.) Rien d’humain ne paraît rapprocher nos aman
1324 st point, comme l’a dit à peu près Valéry.) Rien d’ humain ne paraît rapprocher nos amants, bien au contraire. Lors de leu
1325 ur première rencontre, ils n’ont que des rapports de politesse conventionnelle. Et quand Tristan revient en quête d’Iseut,
1326 onventionnelle. Et quand Tristan revient en quête d’ Iseut, on se souvient que cette politesse fait place à la plus franche
1327 , on se souvient que cette politesse fait place à la plus franche hostilité. Tout porte à croire que librement ils ne se f
1328 ils ne se fussent jamais choisis. Mais ils ont bu le philtre, et voici la passion. Une tendresse va-t-elle naître et les u
1329 ais choisis. Mais ils ont bu le philtre, et voici la passion. Une tendresse va-t-elle naître et les unir, à la faveur de c
1330 ici la passion. Une tendresse va-t-elle naître et les unir, à la faveur de ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces
1331 on. Une tendresse va-t-elle naître et les unir, à la faveur de ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces milliers d
1332 ndresse va-t-elle naître et les unir, à la faveur de ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces milliers devers, je
1333 nir, à la faveur de ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces milliers devers, je n’en ai trouvé qu’une seule trace
1334 é qu’une seule trace. C’est quand ils vivent dans la forêt de Morois, après l’évasion de Tristan. Aspre vie meinent et du
1335 seule trace. C’est quand ils vivent dans la forêt de Morois, après l’évasion de Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant
1336 t quand ils vivent dans la forêt de Morois, après l’ évasion de Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment de
1337 s vivent dans la forêt de Morois, après l’évasion de Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment de bone amor
1338 . Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment de bone amor L’un par l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes d
1339 or L’un par l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes de cette époque furent moins sentimentaux que nous ne le somme
1340 l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes de cette époque furent moins sentimentaux que nous ne le sommes devenus,
1341 ette époque furent moins sentimentaux que nous ne le sommes devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas le besoin d’insister sur
1342 ne le sommes devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas le besoin d’insister sur ce qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivem
1343 es devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas le besoin d’ insister sur ce qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivement, le ré
1344 qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivement, le récit des trois ans dans la forêt. Ses deux scènes les plus belles, q
1345 alors, attentivement, le récit des trois ans dans la forêt. Ses deux scènes les plus belles, qui sont peut-être aussi les
1346 écit des trois ans dans la forêt. Ses deux scènes les plus belles, qui sont peut-être aussi les plus profondes de la légend
1347 scènes les plus belles, qui sont peut-être aussi les plus profondes de la légende, ce sont les deux visites que les amants
1348 lles, qui sont peut-être aussi les plus profondes de la légende, ce sont les deux visites que les amants font à l’ermite O
1349 s, qui sont peut-être aussi les plus profondes de la légende, ce sont les deux visites que les amants font à l’ermite Ogri
1350 e aussi les plus profondes de la légende, ce sont les deux visites que les amants font à l’ermite Ogrin. La première fois,
1351 ondes de la légende, ce sont les deux visites que les amants font à l’ermite Ogrin. La première fois, c’est pour se confess
1352 e, ce sont les deux visites que les amants font à l’ ermite Ogrin. La première fois, c’est pour se confesser. Mais au lieu
1353 se confesser. Mais au lieu d’avouer leur péché et de demander l’absolution, ils s’efforcent de démontrer qu’ils n’ont aucu
1354 . Mais au lieu d’avouer leur péché et de demander l’ absolution, ils s’efforcent de démontrer qu’ils n’ont aucune responsab
1355 éché et de demander l’absolution, ils s’efforcent de démontrer qu’ils n’ont aucune responsabilité dans l’aventure, puisqu’
1356 démontrer qu’ils n’ont aucune responsabilité dans l’ aventure, puisqu’en somme ils ne s’aiment pas ! Q’el m’aime, c’est pa
1357 mme ils ne s’aiment pas ! Q’el m’aime, c’est par la poison Ge ne me pus de lié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan
1358  ! Q’el m’aime, c’est par la poison Ge ne me pus de lié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan. Et Iseut après lui :
1359 t par la poison Ge ne me pus de lié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan. Et Iseut après lui : Sire, por Dieu omnip
1360 herbé dont je bui Et il en but : ce fu pechiez. La situation dans laquelle ils se trouvent est donc passionnément contra
1361 même implorer leur pardon… En vérité, comme tous les grands amants, ils se sentent ravis « par-delà le bien et le mal », d
1362 es grands amants, ils se sentent ravis « par-delà le bien et le mal », dans une sorte de transcendance de nos communes con
1363 mants, ils se sentent ravis « par-delà le bien et le mal », dans une sorte de transcendance de nos communes conditions, da
1364 is « par-delà le bien et le mal », dans une sorte de transcendance de nos communes conditions, dans un absolu indicible, i
1365 bien et le mal », dans une sorte de transcendance de nos communes conditions, dans un absolu indicible, incompatible avec
1366 ions, dans un absolu indicible, incompatible avec les lois du monde, mais qu’ils éprouvent comme plus réel que ce monde. La
1367 is qu’ils éprouvent comme plus réel que ce monde. La fatalité qui les presse, et à laquelle ils s’abandonnent en gémissant
1368 ent comme plus réel que ce monde. La fatalité qui les presse, et à laquelle ils s’abandonnent en gémissant, supprime l’oppo
1369 laquelle ils s’abandonnent en gémissant, supprime l’ opposition du bien et du mal ; elle les conduit même au-delà de l’orig
1370 t, supprime l’opposition du bien et du mal ; elle les conduit même au-delà de l’origine de toutes valeurs morales, au-delà
1371 du bien et du mal ; elle les conduit même au-delà de l’origine de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souf
1372 bien et du mal ; elle les conduit même au-delà de l’ origine de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souffra
1373 mal ; elle les conduit même au-delà de l’origine de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souffrance, au-de
1374 de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souffrance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où les contra
1375 toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souffrance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où les contraire
1376 laisir et de la souffrance, au-delà du domaine où l’ on distingue, et où les contraires s’excluent. L’aveu n’en est pas moi
1377 ance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où les contraires s’excluent. L’aveu n’en est pas moins formel : « Il ne m’a
1378 l’on distingue, et où les contraires s’excluent. L’ aveu n’en est pas moins formel : « Il ne m’aime pas, ne je lui. » Tout
1379 as, comme s’ils ne se reconnaissaient pas. Ce qui les rive au « tourment délicieux » n’appartient ni à l’un ni à l’autre, m
1380 n’appartient ni à l’un ni à l’autre, mais relève d’ une puissance étrangère, indépendante de leurs qualités, de leurs dési
1381 is relève d’une puissance étrangère, indépendante de leurs qualités, de leurs désirs, au moins conscients, et de leur être
1382 ssance étrangère, indépendante de leurs qualités, de leurs désirs, au moins conscients, et de leur être tel qu’ils le conn
1383 ualités, de leurs désirs, au moins conscients, et de leur être tel qu’ils le connaissent. Les traits physiques et psycholo
1384 , au moins conscients, et de leur être tel qu’ils le connaissent. Les traits physiques et psychologiques de cet homme et d
1385 ients, et de leur être tel qu’ils le connaissent. Les traits physiques et psychologiques de cet homme et de cette femme son
1386 nnaissent. Les traits physiques et psychologiques de cet homme et de cette femme sont parfaitement conventionnels et rhéto
1387 raits physiques et psychologiques de cet homme et de cette femme sont parfaitement conventionnels et rhétoriques. Lui, c’e
1388 ement conventionnels et rhétoriques. Lui, c’est «  le plus fort » ; elle, « la plus belle ». Lui, le chevalier ; elle, la p
1389 hétoriques. Lui, c’est « le plus fort » ; elle, «  la plus belle ». Lui, le chevalier ; elle, la princesse, etc. Comment co
1390 « le plus fort » ; elle, « la plus belle ». Lui, le chevalier ; elle, la princesse, etc. Comment concevoir une affection
1391 lle, « la plus belle ». Lui, le chevalier ; elle, la princesse, etc. Comment concevoir une affection humaine entre deux ty
1392 humaine entre deux types à ce point simplifiés ? L’ « amistié » dont il est question à propos de la durée du philtre est l
1393  ? L’« amistié » dont il est question à propos de la durée du philtre est le contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si
1394 est question à propos de la durée du philtre est le contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si l’amitié morale se fait
1395 à propos de la durée du philtre est le contraire d’ une amitié réelle. Bien plus, si l’amitié morale se fait jour, ce n’es
1396 t le contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si l’ amitié morale se fait jour, ce n’est qu’au moment où la passion faibli
1397 tié morale se fait jour, ce n’est qu’au moment où la passion faiblit. Et le premier effet de cette amitié naissante n’est
1398 moment où la passion faiblit. Et le premier effet de cette amitié naissante n’est pas : du tout d’unir davantage les amant
1399 fet de cette amitié naissante n’est pas : du tout d’ unir davantage les amants, mais au contraire de leur montrer qu’ils on
1400 ié naissante n’est pas : du tout d’unir davantage les amants, mais au contraire de leur montrer qu’ils ont tout intérêt à s
1401 ls ont tout intérêt à se quitter. Voyons ce point d’ un peu plus près. L’endemain de la saint Jehan Aconpli furent li troi
1402 se quitter. Voyons ce point d’un peu plus près. L’ endemain de la saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassai
1403 . Voyons ce point d’un peu plus près. L’endemain de la saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans la f
1404 oyons ce point d’un peu plus près. L’endemain de la saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans la forê
1405 Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans la forêt. Soudain, il se souvient du monde. Il revoit la cour du roi Mar
1406 orêt. Soudain, il se souvient du monde. Il revoit la cour du roi Marc. Il regrette « le vair et le gris » et l’apparat de
1407 nde. Il revoit la cour du roi Marc. Il regrette «  le vair et le gris » et l’apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il p
1408 oit la cour du roi Marc. Il regrette « le vair et le gris » et l’apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occ
1409 u roi Marc. Il regrette « le vair et le gris » et l’ apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi le
1410 . Il regrette « le vair et le gris » et l’apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons d
1411 vair et le gris » et l’apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons de son oncle. Il so
1412 rie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons de son oncle. Il songe aussi à son amie, — pour la première fo
1413 haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons de son oncle. Il songe aussi à son amie, — pour la première fois semble-
1414 lle pourrait être « en beles chambres… portendües de dras de soie ». Iseut de son côté, à la même heure conçoit les mêmes
1415 rait être « en beles chambres… portendües de dras de soie ». Iseut de son côté, à la même heure conçoit les mêmes gestes.
1416 les chambres… portendües de dras de soie ». Iseut de son côté, à la même heure conçoit les mêmes gestes. Le soir venu, ils
1417 ortendües de dras de soie ». Iseut de son côté, à la même heure conçoit les mêmes gestes. Le soir venu, ils se retrouvent,
1418 oie ». Iseut de son côté, à la même heure conçoit les mêmes gestes. Le soir venu, ils se retrouvent, et avouent leur nouvea
1419 n côté, à la même heure conçoit les mêmes gestes. Le soir venu, ils se retrouvent, et avouent leur nouveau tourment : « En
1420 ouveau tourment : « En mal uson notre jovente… ». La décision de se séparer est bientôt prise. Tristan propose de « gerpir
1421 ent : « En mal uson notre jovente… ». La décision de se séparer est bientôt prise. Tristan propose de « gerpir » en Bretag
1422 de se séparer est bientôt prise. Tristan propose de « gerpir » en Bretagne. Auparavant, ils iront voir Ogrin l’ermite pou
1423 r » en Bretagne. Auparavant, ils iront voir Ogrin l’ ermite pour obtenir son pardon — et celui du roi Marc pour Iseut. Ici
1424 n — et celui du roi Marc pour Iseut. Ici se place le court dialogue si dramatique entre l’ermite et les deux repentants :
1425 ci se place le court dialogue si dramatique entre l’ ermite et les deux repentants : Amors par force vos demeine ! Combien
1426 le court dialogue si dramatique entre l’ermite et les deux repentants : Amors par force vos demeine ! Combien durra vostre
1427 a vostre folie ? Trop avez mené ceste vie. Ainsi les admoneste Ogrin. Tristan li dist : or escoutez Si longuement l’avons
1428 rin. Tristan li dist : or escoutez Si longuement l’ avons menée Itel fu nostre destinée. (Amors par force vos demeine ! C
1429 e ! Comment ne s’arrêterait-on point pour admirer la plus poignante définition qu’un poète ait jamais donnée de la passion
1430 oignante définition qu’un poète ait jamais donnée de la passion ! À lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force de l
1431 nante définition qu’un poète ait jamais donnée de la passion ! À lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force de lang
1432 lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force de langage qui fait pâlir le romantisme tout entier ! Qui nous rendra ce
1433 tout, et avec une force de langage qui fait pâlir le romantisme tout entier ! Qui nous rendra ce dur « patois du cœur ? »)
1434 r ? ») Un dernier trait : lorsque Tristan reçoit la réponse favorable du roi acceptant de reprendre Iseut : Dex ! dist T
1435 stan reçoit la réponse favorable du roi acceptant de reprendre Iseut : Dex ! dist Tristan, quel departie ! Mot est dolenz
1436 du roi qu’auprès de son ami ; plus heureuse dans le malheur d’amour que dans leur vie commune du Morois… ⁂ On sait d’aill
1437 auprès de son ami ; plus heureuse dans le malheur d’ amour que dans leur vie commune du Morois… ⁂ On sait d’ailleurs que pa
1438 e commune du Morois… ⁂ On sait d’ailleurs que par la suite, et bien que le philtre n’agisse plus, les amants seront repris
1439 On sait d’ailleurs que par la suite, et bien que le philtre n’agisse plus, les amants seront repris par la passion, jusqu
1440 r la suite, et bien que le philtre n’agisse plus, les amants seront repris par la passion, jusqu’au point qu’ils en perdron
1441 iltre n’agisse plus, les amants seront repris par la passion, jusqu’au point qu’ils en perdront la vie, « lui par elle, el
1442 par la passion, jusqu’au point qu’ils en perdront la vie, « lui par elle, elle par lui… » L’égoïsme apparent d’un tel amou
1443 perdront la vie, « lui par elle, elle par lui… » L’ égoïsme apparent d’un tel amour expliquerait à lui seul bien des « has
1444  lui par elle, elle par lui… » L’égoïsme apparent d’ un tel amour expliquerait à lui seul bien des « hasards », bien des ma
1445 ui s’opposent au bonheur des amants. Mais comment l’ expliquer lui-même, dans sa profonde ambiguïté ? Tout égoïsme, dit-on,
1446 profonde ambiguïté ? Tout égoïsme, dit-on, mène à la mort, mais c’est par une ultime défaite. Celui-ci au contraire veut l
1447 ar une ultime défaite. Celui-ci au contraire veut la mort comme son accomplissement parfait, comme son triomphe… Une seule
1448 e du mythe. Tristan et Iseut ne s’aiment pas, ils l’ ont dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le
1449 n et Iseut ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le fait même d’aimer
1450 dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’ amour, c’est le fait même d’aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient
1451 confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le fait même d’aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient compris que to
1452 qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le fait même d’ aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient compris que tout ce qui s’o
1453 s’ils avaient compris que tout ce qui s’oppose à l’ amour le garantit et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’in
1454 vaient compris que tout ce qui s’oppose à l’amour le garantit et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dan
1455 que tout ce qui s’oppose à l’amour le garantit et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant de
1456 r le garantit et le consacre dans leur cœur, pour l’ exalter à l’infini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la mor
1457 t et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’ infini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan a
1458 re dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’ instant de l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir
1459 ur cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir aimer, bie
1460 cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant de l’ obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir aimer, bien p
1461 fini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir aimer, bien plus qu’il n’aime Iseut la B
1462 . Et Iseut ne fait rien pour retenir Tristan près d’ elle : il lui suffit d’un rêve passionné. Ils ont besoin l’un de l’aut
1463 pour retenir Tristan près d’elle : il lui suffit d’ un rêve passionné. Ils ont besoin l’un de l’autre pour brûler, mais no
1464 i suffit d’un rêve passionné. Ils ont besoin l’un de l’autre pour brûler, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non de la
1465 ont besoin l’un de l’autre pour brûler, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non de la présence de l’autre, mais bien p
1466 rûler, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non de la présence de l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparati
1467 er, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non de la présence de l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparation
1468 de l’autre tel qu’il est ; et non de la présence de l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparation des amants r
1469 t non de la présence de l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparation des amants résulte ainsi de leur passion
1470 nce de l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparation des amants résulte ainsi de leur passion même, et de l’amo
1471 absence ! La séparation des amants résulte ainsi de leur passion même, et de l’amour qu’ils portent à leur passion plutôt
1472 des amants résulte ainsi de leur passion même, et de l’amour qu’ils portent à leur passion plutôt qu’à son contentement, p
1473 amants résulte ainsi de leur passion même, et de l’ amour qu’ils portent à leur passion plutôt qu’à son contentement, plut
1474 à son contentement, plutôt qu’à son vivant objet. D’ où les obstacles multipliés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnan
1475 contentement, plutôt qu’à son vivant objet. D’où les obstacles multipliés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnante de
1476 n vivant objet. D’où les obstacles multipliés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve
1477 jet. D’où les obstacles multipliés par le Roman ; d’ où l’indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve au sein du
1478 D’où les obstacles multipliés par le Roman ; d’où l’ indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve au sein duquel
1479 liés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ;
1480  ; d’où l’indifférence étonnante de ces complices d’ un même rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ; d’où le crescend
1481 es complices d’un même rêve au sein duquel chacun d’ eux reste seul ; d’où le crescendo romanesque et la mortelle apothéose
1482 ême rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ; d’ où le crescendo romanesque et la mortelle apothéose. Dualité irrémédia
1483 êve au sein duquel chacun d’eux reste seul ; d’où le crescendo romanesque et la mortelle apothéose. Dualité irrémédiable e
1484 ’eux reste seul ; d’où le crescendo romanesque et la mortelle apothéose. Dualité irrémédiable et désirée ! « Mot est dolen
1485 » soupire Tristan. Pourtant il sent déjà, au fond de la nuit qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par l’absence.
1486 oupire Tristan. Pourtant il sent déjà, au fond de la nuit qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par l’absence.
1487 sent déjà, au fond de la nuit qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour de la Mort Mai
1488 qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par l’ absence. 9.L’amour de la Mort Mais il nous faut pousser plus loi
1489 amme secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour de la Mort Mais il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare d’Aug
1490 e secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour de la Mort Mais il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare d’August
1491 la Mort Mais il nous faut pousser plus loin : l’ amabam amare d’Augustin est une émouvante formule dont lui-même ne s’e
1492 s il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare d’ Augustin est une émouvante formule dont lui-même ne s’est pas satisfai
1493 nte formule dont lui-même ne s’est pas satisfait. L’ obstacle dont nous avons souvent parlé, et la création de l’obstacle p
1494 ait. L’obstacle dont nous avons souvent parlé, et la création de l’obstacle par la passion des deux héros (confondant ici
1495 cle dont nous avons souvent parlé, et la création de l’obstacle par la passion des deux héros (confondant ici ses effets a
1496 dont nous avons souvent parlé, et la création de l’ obstacle par la passion des deux héros (confondant ici ses effets avec
1497 s souvent parlé, et la création de l’obstacle par la passion des deux héros (confondant ici ses effets avec ceux de l’exig
1498 s deux héros (confondant ici ses effets avec ceux de l’exigence romanesque et de l’attente du lecteur) — cet obstacle n’es
1499 eux héros (confondant ici ses effets avec ceux de l’ exigence romanesque et de l’attente du lecteur) — cet obstacle n’est-i
1500 ses effets avec ceux de l’exigence romanesque et de l’attente du lecteur) — cet obstacle n’est-il qu’un prétexte, nécessa
1501 s effets avec ceux de l’exigence romanesque et de l’ attente du lecteur) — cet obstacle n’est-il qu’un prétexte, nécessaire
1502 le n’est-il qu’un prétexte, nécessaire au progrès de la passion, ou n’est-il pas lié à la passion d’une manière beaucoup p
1503 n’est-il qu’un prétexte, nécessaire au progrès de la passion, ou n’est-il pas lié à la passion d’une manière beaucoup plus
1504 e au progrès de la passion, ou n’est-il pas lié à la passion d’une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet m
1505 s de la passion, ou n’est-il pas lié à la passion d’ une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même de la p
1506 une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’ objet même de la passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous
1507 eaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même de la passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que
1508 coup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même de la passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que le
1509 e ? N’est-il pas l’objet même de la passion, — si l’ on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que le progrès du roman
1510 on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que le progrès du roman a pour principe les séparations et les revoirs succe
1511 avons vu que le progrès du roman a pour principe les séparations et les revoirs successifs des amants13. Or les causes de
1512 ogrès du roman a pour principe les séparations et les revoirs successifs des amants13. Or les causes de séparation sont de
1513 ations et les revoirs successifs des amants13. Or les causes de séparation sont de deux sortes ; circonstances extérieures
1514 es revoirs successifs des amants13. Or les causes de séparation sont de deux sortes ; circonstances extérieures adverses,
1515 fs des amants13. Or les causes de séparation sont de deux sortes ; circonstances extérieures adverses, entraves inventées
1516 ventées par Tristan. Tristan ne se comportera pas de la même manière dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dé
1517 tées par Tristan. Tristan ne se comportera pas de la même manière dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dégag
1518 stan ne se comportera pas de la même manière dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dégager cette dialectique d
1519 e dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dégager cette dialectique de l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce son
1520 est pas sans intérêt de dégager cette dialectique de l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales
1521 pas sans intérêt de dégager cette dialectique de l’ obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui
1522 t de dégager cette dialectique de l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui menacent les am
1523 ique de l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui menacent les amants (présence de Marc, méf
1524 e ce sont les circonstances sociales qui menacent les amants (présence de Marc, méfiance des barons, jugement de Dieu, etc.
1525 tances sociales qui menacent les amants (présence de Marc, méfiance des barons, jugement de Dieu, etc.), Tristan bondit pa
1526 (présence de Marc, méfiance des barons, jugement de Dieu, etc.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (le saut d’un lit à
1527 ugement de Dieu, etc.), Tristan bondit par-dessus l’ obstacle (le saut d’un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souf
1528 ieu, etc.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle ( le saut d’un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souffrir (sa ble
1529 .), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (le saut d’ un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souffrir (sa blessure se
1530 sus l’obstacle (le saut d’un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souffrir (sa blessure se rouvre) et à risquer sa v
1531 uvre) et à risquer sa vie (il se sait épié). Mais la passion est alors si violente, si animale pourrait-on dire, qu’il oub
1532 olente, si animale pourrait-on dire, qu’il oublie la douleur et le danger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le s
1533 male pourrait-on dire, qu’il oublie la douleur et le danger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang de sa bles
1534 n dire, qu’il oublie la douleur et le danger dans l’ ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure le trahit.
1535 ’il oublie la douleur et le danger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure le trahit. C’est la
1536 anger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met le r
1537 ns l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur l
1538 son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’ad
1539 Pourtant, le sang de sa blessure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’adultère. Quant à n
1540 sure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la tr
1541 hit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dess
1542 t la « marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dessein secre
1543 a « marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’ adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dessein secret d
1544 ce de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dessein secret des amants : leur recherche du péril pour lui
1545 r recherche du péril pour lui-même. Mais tant que le péril n’est qu’une menace tout extérieure, la prouesse par laquelle T
1546 que le péril n’est qu’une menace tout extérieure, la prouesse par laquelle Tristan le surmonte est une affirmation de la v
1547 tout extérieure, la prouesse par laquelle Tristan le surmonte est une affirmation de la vie. En tout cela ; Tristan n’obéi
1548 laquelle Tristan le surmonte est une affirmation de la vie. En tout cela ; Tristan n’obéit qu’à la coutume féodale des ch
1549 quelle Tristan le surmonte est une affirmation de la vie. En tout cela ; Tristan n’obéit qu’à la coutume féodale des cheva
1550 on de la vie. En tout cela ; Tristan n’obéit qu’à la coutume féodale des chevaliers : il s’agit de faire preuve de « valeu
1551 u’à la coutume féodale des chevaliers : il s’agit de faire preuve de « valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou le plus
1552 éodale des chevaliers : il s’agit de faire preuve de « valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou le plus rusé. Nous avon
1553 l s’agit de faire preuve de « valeur », il s’agit d’ être le plus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela le conduira
1554 t de faire preuve de « valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela le conduirait à en
1555 de « valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela le conduirait à enlever la reine à
1556 lus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela le conduirait à enlever la reine à son roi. Et que le droit établi n’est
1557 é. Nous avons vu que cela le conduirait à enlever la reine à son roi. Et que le droit établi n’est soudain respecté, à ce
1558 e conduirait à enlever la reine à son roi. Et que le droit établi n’est soudain respecté, à ce moment, que parce qu’il fou
1559 parce qu’il fournit un prétexte à faire rebondir le roman. Toute autre est l’attitude du chevalier lorsque rien d’extérie
1560 étexte à faire rebondir le roman. Toute autre est l’ attitude du chevalier lorsque rien d’extérieur à eux-mêmes ne sépare p
1561 te autre est l’attitude du chevalier lorsque rien d’ extérieur à eux-mêmes ne sépare plus les amants. C’est même l’inverse
1562 rsque rien d’extérieur à eux-mêmes ne sépare plus les amants. C’est même l’inverse qui se produit alors : l’épée nue déposé
1563 à eux-mêmes ne sépare plus les amants. C’est même l’ inverse qui se produit alors : l’épée nue déposée par Tristan entre le
1564 ants. C’est même l’inverse qui se produit alors : l’ épée nue déposée par Tristan entre leurs corps demeurés vêtus, c’est e
1565 leurs corps demeurés vêtus, c’est encore occasion de prouesse, mais cette fois-ci contre lui-même, à ses dépens. Puisqu’il
1566 lui-même, à ses dépens. Puisqu’il en est lui-même le fauteur, c’est un obstacle qu’il ne peut plus vaincre ! N’oublions pa
1567 e qu’il ne peut plus vaincre ! N’oublions pas que la hiérarchie des faits contés traduit exactement la hiérarchie des préf
1568 la hiérarchie des faits contés traduit exactement la hiérarchie des préférences du conteur et de son lecteur. L’obstacle l
1569 ement la hiérarchie des préférences du conteur et de son lecteur. L’obstacle le plus grave, c’est donc celui que l’on préf
1570 hie des préférences du conteur et de son lecteur. L’ obstacle le plus grave, c’est donc celui que l’on préfère par-dessus t
1571 férences du conteur et de son lecteur. L’obstacle le plus grave, c’est donc celui que l’on préfère par-dessus tout. C’est
1572 r. L’obstacle le plus grave, c’est donc celui que l’ on préfère par-dessus tout. C’est le plus propre à grandir la passion.
1573 onc celui que l’on préfère par-dessus tout. C’est le plus propre à grandir la passion. Notons aussi qu’en cette extrémité,
1574 e par-dessus tout. C’est le plus propre à grandir la passion. Notons aussi qu’en cette extrémité, la volonté de se séparer
1575 r la passion. Notons aussi qu’en cette extrémité, la volonté de se séparer revêt une valeur affective plus forte que la pa
1576 n. Notons aussi qu’en cette extrémité, la volonté de se séparer revêt une valeur affective plus forte que la passion même.
1577 séparer revêt une valeur affective plus forte que la passion même. La mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’é
1578 valeur affective plus forte que la passion même. La mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas
1579 plus forte que la passion même. La mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’express
1580 orte que la passion même. La mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression déc
1581 e que la passion même. La mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression décisi
1582 sion même. La mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression décisive du désir
1583 mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’ épée nue n’est pas encore l’expression décisive du désir sombre, de la
1584 passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’ expression décisive du désir sombre, de la fin même de la passion (au
1585 pas encore l’expression décisive du désir sombre, de la fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’admirable ép
1586 encore l’expression décisive du désir sombre, de la fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’admirable épiso
1587 pression décisive du désir sombre, de la fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’admirable épisode des épées
1588 ssion décisive du désir sombre, de la fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’admirable épisode des épées éc
1589 n même de la passion (au double sens du mot fin). L’ admirable épisode des épées échangées le fait voir. Quand le roi vient
1590 mot fin). L’admirable épisode des épées échangées le fait voir. Quand le roi vient surprendre les amants, l’on se rappelle
1591 e épisode des épées échangées le fait voir. Quand le roi vient surprendre les amants, l’on se rappelle qu’il substitue son
1592 ngées le fait voir. Quand le roi vient surprendre les amants, l’on se rappelle qu’il substitue son arme à celle de son riva
1593 t voir. Quand le roi vient surprendre les amants, l’ on se rappelle qu’il substitue son arme à celle de son rival. Cela sig
1594 l’on se rappelle qu’il substitue son arme à celle de son rival. Cela signifie qu’à l’obstacle désiré et librement créé par
1595 son arme à celle de son rival. Cela signifie qu’à l’ obstacle désiré et librement créé par les amants, il substitue le sign
1596 ifie qu’à l’obstacle désiré et librement créé par les amants, il substitue le signe de son pouvoir social, l’obstacle légal
1597 ré et librement créé par les amants, il substitue le signe de son pouvoir social, l’obstacle légal, objectif. Tristan relè
1598 rement créé par les amants, il substitue le signe de son pouvoir social, l’obstacle légal, objectif. Tristan relève ce déf
1599 nts, il substitue le signe de son pouvoir social, l’ obstacle légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’où le rebondissem
1600 bstacle légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’ où le rebondissement de l’action. Et ici le mot prend un sens symboliq
1601 le légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’où le rebondissement de l’action. Et ici le mot prend un sens symbolique :
1602 . Tristan relève ce défi : d’où le rebondissement de l’action. Et ici le mot prend un sens symbolique : l’action empêche l
1603 ristan relève ce défi : d’où le rebondissement de l’ action. Et ici le mot prend un sens symbolique : l’action empêche la «
1604 défi : d’où le rebondissement de l’action. Et ici le mot prend un sens symbolique : l’action empêche la « passion » d’être
1605 ’action. Et ici le mot prend un sens symbolique : l’ action empêche la « passion » d’être totale, car la passion, c’est « c
1606 e mot prend un sens symbolique : l’action empêche la « passion » d’être totale, car la passion, c’est « ce que l’on subit 
1607 sens symbolique : l’action empêche la « passion » d’ être totale, car la passion, c’est « ce que l’on subit » — à la limite
1608 ’action empêche la « passion » d’être totale, car la passion, c’est « ce que l’on subit » — à la limite, c’est la mort. En
1609 n » d’être totale, car la passion, c’est « ce que l’ on subit » — à la limite, c’est la mort. En d’autres termes, cette act
1610 , car la passion, c’est « ce que l’on subit » — à la limite, c’est la mort. En d’autres termes, cette action est un nouvea
1611 c’est « ce que l’on subit » — à la limite, c’est la mort. En d’autres termes, cette action est un nouveau délai de la pas
1612 ’autres termes, cette action est un nouveau délai de la passion, c’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera la mêm
1613 tres termes, cette action est un nouveau délai de la passion, c’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera la même d
1614 uveau délai de la passion, c’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre les deux mariages
1615 au délai de la passion, c’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre les deux mariages du
1616 ’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre les deux mariages du Roman ; celui d’Iseut la
1617 a Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre les deux mariages du Roman ; celui d’Iseut la Blonde avec le Roi, et celu
1618 lectique entre les deux mariages du Roman ; celui d’ Iseut la Blonde avec le Roi, et celui d’Iseut aux blanches mains avec
1619 mariages du Roman ; celui d’Iseut la Blonde avec le Roi, et celui d’Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier de
1620 n ; celui d’Iseut la Blonde avec le Roi, et celui d’ Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier de ces mariages est
1621 Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier de ces mariages est l’obstacle de fait. Il est symbolisé par l’existence
1622 ains avec Tristan. Le premier de ces mariages est l’ obstacle de fait. Il est symbolisé par l’existence concrète du mari, m
1623 ristan. Le premier de ces mariages est l’obstacle de fait. Il est symbolisé par l’existence concrète du mari, méprisé par
1624 ages est l’obstacle de fait. Il est symbolisé par l’ existence concrète du mari, méprisé par l’amour courtois. Occasion de
1625 isé par l’existence concrète du mari, méprisé par l’ amour courtois. Occasion de prouesse classique et de rebondissements f
1626 e du mari, méprisé par l’amour courtois. Occasion de prouesse classique et de rebondissements faciles. L’existence du mari
1627 amour courtois. Occasion de prouesse classique et de rebondissements faciles. L’existence du mari, l’obstacle de l’adultèr
1628 prouesse classique et de rebondissements faciles. L’ existence du mari, l’obstacle de l’adultère, c’est le premier prétexte
1629 de rebondissements faciles. L’existence du mari, l’ obstacle de l’adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus nature
1630 ssements faciles. L’existence du mari, l’obstacle de l’adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus naturellement ima
1631 ments faciles. L’existence du mari, l’obstacle de l’ adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus naturellement imagin
1632 le de l’adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus naturellement imaginable, le plus conforme à l’expérience quotid
1633 prétexte venu, le plus naturellement imaginable, le plus conforme à l’expérience quotidienne. (Le romantisme en trouvera
1634 plus naturellement imaginable, le plus conforme à l’ expérience quotidienne. (Le romantisme en trouvera de plus fins.) Il f
1635 le, le plus conforme à l’expérience quotidienne. ( Le romantisme en trouvera de plus fins.) Il faut voir comme Tristan le b
1636 rouvera de plus fins.) Il faut voir comme Tristan le bouscule, et comme il s’en joue à plaisir ! Sans le mari, je ne donne
1637 bouscule, et comme il s’en joue à plaisir ! Sans le mari, je ne donne pas plus de trois ans à l’amour de Tristan et Iseut
1638 ue à plaisir ! Sans le mari, je ne donne pas plus de trois ans à l’amour de Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sages
1639 Sans le mari, je ne donne pas plus de trois ans à l’ amour de Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sagesse du vieux Bér
1640 mari, je ne donne pas plus de trois ans à l’amour de Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’e
1641 s ans à l’amour de Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’est d’avoir limité à cette durée l’
1642 n effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’est d’ avoir limité à cette durée l’action du philtre : « La mère Iseut qui l
1643 vieux Béroul, c’est d’avoir limité à cette durée l’ action du philtre : « La mère Iseut qui le bollit — À trois anz d’amis
1644 voir limité à cette durée l’action du philtre : «  La mère Iseut qui le bollit — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le m
1645 e durée l’action du philtre : « La mère Iseut qui le bollit — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le mari, il ne restera
1646 tre : « La mère Iseut qui le bollit — À trois anz d’ amistié le fist. » Sans le mari, il ne resterait aux deux amants qu’à
1647 mère Iseut qui le bollit — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le mari, il ne resterait aux deux amants qu’à se marier.
1648 le bollit — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le mari, il ne resterait aux deux amants qu’à se marier. Or on ne conçoi
1649 que Tristan puisse jamais épouser Iseut. Elle est le type de la femme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’ai
1650 tan puisse jamais épouser Iseut. Elle est le type de la femme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’aimer, pui
1651 puisse jamais épouser Iseut. Elle est le type de la femme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’aimer, puisqu
1652 emme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’aimer, puisqu’elle cesserait d’être ce qu’elle est. Imaginez cela :
1653 e qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’ aimer, puisqu’elle cesserait d’être ce qu’elle est. Imaginez cela : Ma
1654 rs on cesserait de l’aimer, puisqu’elle cesserait d’ être ce qu’elle est. Imaginez cela : Madame Tristan ! C’est la négatio
1655 ’elle est. Imaginez cela : Madame Tristan ! C’est la négation de la passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’
1656 maginez cela : Madame Tristan ! C’est la négation de la passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’ardeur amour
1657 inez cela : Madame Tristan ! C’est la négation de la passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’ardeur amoureus
1658 istan ! C’est la négation de la passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’ardeur amoureuse spontanée, couronné
1659 ssion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’ ardeur amoureuse spontanée, couronnée et non combattue, est par essenc
1660 ble. C’est une flambée qui ne peut pas survivre à l’ éclat de sa consommation. Mais sa brûlure demeure inoubliable, et c’es
1661 st une flambée qui ne peut pas survivre à l’éclat de sa consommation. Mais sa brûlure demeure inoubliable, et c’est elle q
1662 sa brûlure demeure inoubliable, et c’est elle que les amants veulent prolonger et renouveler à l’infini. D’où les périls no
1663 que les amants veulent prolonger et renouveler à l’ infini. D’où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du
1664 mants veulent prolonger et renouveler à l’infini. D’ où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du chevalier
1665 veulent prolonger et renouveler à l’infini. D’où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du chevalier est t
1666 D’où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du chevalier est telle qu’il les aura bientôt tous surmontés.
1667 fier. Mais la valeur du chevalier est telle qu’il les aura bientôt tous surmontés. C’est alors qu’il s’éloigne, en quête d’
1668 surmontés. C’est alors qu’il s’éloigne, en quête d’ aventures plus secrètes et plus profondes, l’on dirait même : plus int
1669 uête d’aventures plus secrètes et plus profondes, l’ on dirait même : plus intérieures. Lorsque Tristan soupire à voix bass
1670 eures. Lorsque Tristan soupire à voix basse après l’ Iseut perdue, le frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoure
1671 ristan soupire à voix basse après l’Iseut perdue, le frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux de sa sœur. C
1672 d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux de sa sœur. Cette erreur — provoquée par le nom des deux femmes — est la
1673 amoureux de sa sœur. Cette erreur — provoquée par le nom des deux femmes — est la seule « raison » du mariage de Tristan.
1674 reur — provoquée par le nom des deux femmes — est la seule « raison » du mariage de Tristan. L’on voit qu’il lui serait ai
1675 deux femmes — est la seule « raison » du mariage de Tristan. L’on voit qu’il lui serait aisé de s’expliquer. Mais une foi
1676  — est la seule « raison » du mariage de Tristan. L’ on voit qu’il lui serait aisé de s’expliquer. Mais une fois de plus, l
1677 riage de Tristan. L’on voit qu’il lui serait aisé de s’expliquer. Mais une fois de plus, l’honneur interviendra, et au seu
1678 erait aisé de s’expliquer. Mais une fois de plus, l’ honneur interviendra, et au seul titre de prétexte, pour empêcher Tris
1679 de plus, l’honneur interviendra, et au seul titre de prétexte, pour empêcher Tristan de se dédire. C’est que l’amant press
1680 au seul titre de prétexte, pour empêcher Tristan de se dédire. C’est que l’amant pressent, dans cette nouvelle épreuve qu
1681 te, pour empêcher Tristan de se dédire. C’est que l’ amant pressent, dans cette nouvelle épreuve qu’il s’impose, l’occasion
1682 sent, dans cette nouvelle épreuve qu’il s’impose, l’ occasion d’un progrès décisif. Ce mariage blanc avec une femme qu’il t
1683 cette nouvelle épreuve qu’il s’impose, l’occasion d’ un progrès décisif. Ce mariage blanc avec une femme qu’il trouve belle
1684 ge blanc avec une femme qu’il trouve belle, c’est l’ obstacle qu’il ne peut surmonter que par une victoire sur lui-même (au
1685 par une victoire sur lui-même (aussi bien que sur le mariage, qu’il ruine ainsi par l’intérieur). Prouesse dont il est la
1686 si bien que sur le mariage, qu’il ruine ainsi par l’ intérieur). Prouesse dont il est la victime ! La chasteté du chevalier
1687 uine ainsi par l’intérieur). Prouesse dont il est la victime ! La chasteté du chevalier marié répond à la déposition de l’
1688 r l’intérieur). Prouesse dont il est la victime ! La chasteté du chevalier marié répond à la déposition de l’épée nue entr
1689 victime ! La chasteté du chevalier marié répond à la déposition de l’épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontair
1690 hasteté du chevalier marié répond à la déposition de l’épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un su
1691 teté du chevalier marié répond à la déposition de l’ épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un suici
1692 marié répond à la déposition de l’épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un suicide symbolique — (o
1693 taire, c’est un suicide symbolique — (on voit ici le sens caché de l’épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la
1694 n suicide symbolique — (on voit ici le sens caché de l’épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la robuste tradit
1695 uicide symbolique — (on voit ici le sens caché de l’ épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la robuste tradition
1696 ici le sens caché de l’épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la robuste tradition celtique qui affirmait l’or
1697 i le sens caché de l’épée). C’est une victoire de l’ idéal courtois sur la robuste tradition celtique qui affirmait l’orgue
1698 épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la robuste tradition celtique qui affirmait l’orgueil de vivre. C’est un
1699 s sur la robuste tradition celtique qui affirmait l’ orgueil de vivre. C’est une manière de purification de ce qui subsista
1700 obuste tradition celtique qui affirmait l’orgueil de vivre. C’est une manière de purification de ce qui subsistait, dans l
1701 i affirmait l’orgueil de vivre. C’est une manière de purification de ce qui subsistait, dans le désir, de spontané, d’anim
1702 gueil de vivre. C’est une manière de purification de ce qui subsistait, dans le désir, de spontané, d’animal et d’actif. V
1703 anière de purification de ce qui subsistait, dans le désir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire de la « passion » s
1704 purification de ce qui subsistait, dans le désir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le dési
1705 de ce qui subsistait, dans le désir, de spontané, d’ animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe d
1706 bsistait, dans le désir, de spontané, d’animal et d’ actif. Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort su
1707 désir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi
1708 ir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi don
1709 animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence
1710 Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstac
1711 toire de la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstacle
1712 « passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstacle voulu, c’éta
1713 la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’ obstacle voulu, c’était l’affirmation de la mort, c’était un progrès v
1714 e préférence accordée à l’obstacle voulu, c’était l’ affirmation de la mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers un
1715 ccordée à l’obstacle voulu, c’était l’affirmation de la mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort d’amour
1716 rdée à l’obstacle voulu, c’était l’affirmation de la mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort d’amour, v
1717 l’affirmation de la mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort d’amour, vers une mort volontaire au terme
1718 tait un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort d’ amour, vers une mort volontaire au terme d’une série d’épreuves dont T
1719 e mort d’amour, vers une mort volontaire au terme d’ une série d’épreuves dont Tristan sorte purifié ; vers une mort qui so
1720 ur, vers une mort volontaire au terme d’une série d’ épreuves dont Tristan sorte purifié ; vers une mort qui soit une trans
1721 non pas un hasard brutal. Il s’agit donc toujours de ramener la fatalité extérieure à une fatalité interne, librement assu
1722 hasard brutal. Il s’agit donc toujours de ramener la fatalité extérieure à une fatalité interne, librement assumée par les
1723 ure à une fatalité interne, librement assumée par les amants. C’est le rachat de leur destin qu’ils accomplissent en mouran
1724 interne, librement assumée par les amants. C’est le rachat de leur destin qu’ils accomplissent en mourant par amour : c’e
1725 librement assumée par les amants. C’est le rachat de leur destin qu’ils accomplissent en mourant par amour : c’est une rev
1726 ent en mourant par amour : c’est une revanche sur le philtre. Et l’on assiste, in extremis, au renversement de la dialect
1727 ar amour : c’est une revanche sur le philtre. Et l’ on assiste, in extremis, au renversement de la dialectique passion-obs
1728 e. Et l’on assiste, in extremis, au renversement de la dialectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus l’obstacle qu
1729 Et l’on assiste, in extremis, au renversement de la dialectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus l’obstacle qui e
1730 lectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus l’ obstacle qui est au service de la passion fatale, mais au contraire il
1731 iment ce n’est plus l’obstacle qui est au service de la passion fatale, mais au contraire il est devenu le but, la fin dés
1732 nt ce n’est plus l’obstacle qui est au service de la passion fatale, mais au contraire il est devenu le but, la fin désiré
1733 a passion fatale, mais au contraire il est devenu le but, la fin désirée pour elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un
1734 n fatale, mais au contraire il est devenu le but, la fin désirée pour elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un rôle d’
1735 devenu le but, la fin désirée pour elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un rôle d’épreuve purificatrice, on dirait p
1736 elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un rôle d’ épreuve purificatrice, on dirait presque de pénitence au service de ce
1737 n rôle d’épreuve purificatrice, on dirait presque de pénitence au service de cette mort qui transfigure. Nous touchons au
1738 atrice, on dirait presque de pénitence au service de cette mort qui transfigure. Nous touchons au secret dernier. L’amour
1739 qui transfigure. Nous touchons au secret dernier. L’ amour de l’amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible,
1740 sfigure. Nous touchons au secret dernier. L’amour de l’amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible, une volo
1741 gure. Nous touchons au secret dernier. L’amour de l’ amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible, une volonté
1742 que se « trahir » par des symboles tels que celui de l’épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants m
1743 se « trahir » par des symboles tels que celui de l’ épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malg
1744 par des symboles tels que celui de l’épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malgré eux n’ont j
1745 r des symboles tels que celui de l’épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malgré eux n’ont jama
1746 de l’épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans
1747 nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans le savoir, e
1748 ir, les amants malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans le savoir, en se trompant passionnément, ils n’ont jamais
1749 malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans le savoir, en se trompant passionnément, ils n’ont jamais cherché que le
1750 mpant passionnément, ils n’ont jamais cherché que le rachat et la revanche de « ce qu’ils subissaient » — la passion initi
1751 nément, ils n’ont jamais cherché que le rachat et la revanche de « ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par le phi
1752 n’ont jamais cherché que le rachat et la revanche de « ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par le philtre. Au fon
1753 hat et la revanche de « ce qu’ils subissaient » —  la passion initiée par le philtre. Au fond le plus secret de leur cœur,
1754  ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par le philtre. Au fond le plus secret de leur cœur, c’était la volonté de l
1755 nt » — la passion initiée par le philtre. Au fond le plus secret de leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion a
1756 on initiée par le philtre. Au fond le plus secret de leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion active de la Nui
1757 tre. Au fond le plus secret de leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses
1758 d le plus secret de leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions
1759 e plus secret de leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions fat
1760 cret de leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions fatales.
1761 c’était la volonté de la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions fatales. 10.Le philtre E
1762 était la volonté de la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions fatales. 10.Le philtre Et v
1763 10.Le philtre Et voici que s’entre-dévoile la raison constituante du mythe, la nécessité même qui l’a créé. Le sens
1764 s’entre-dévoile la raison constituante du mythe, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est tellement
1765 ison constituante du mythe, la nécessité même qui l’ a créé. Le sens réel de la passion est tellement effrayant et inavouab
1766 ituante du mythe, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est tellement effrayant et inavouable, que no
1767 the, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est tellement effrayant et inavouable, que non seulement c
1768 , la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est tellement effrayant et inavouable, que non seulement ceux
1769 frayant et inavouable, que non seulement ceux qui la vivent ne sauraient prendre aucune conscience de sa fin, mais que ceu
1770 la vivent ne sauraient prendre aucune conscience de sa fin, mais que ceux qui la veulent dépeindre dans sa merveilleuse v
1771 re aucune conscience de sa fin, mais que ceux qui la veulent dépeindre dans sa merveilleuse violence se voient contraints
1772 ans sa merveilleuse violence se voient contraints de recourir au langage trompeur des symboles. Laissons de côté, pour le
1773 courir au langage trompeur des symboles. Laissons de côté, pour le moment, la question de savoir si les auteurs des cinq p
1774 age trompeur des symboles. Laissons de côté, pour le moment, la question de savoir si les auteurs des cinq poèmes primitif
1775 r des symboles. Laissons de côté, pour le moment, la question de savoir si les auteurs des cinq poèmes primitifs étaient o
1776 es. Laissons de côté, pour le moment, la question de savoir si les auteurs des cinq poèmes primitifs étaient ou non consci
1777 de côté, pour le moment, la question de savoir si les auteurs des cinq poèmes primitifs étaient ou non conscients de la por
1778 s cinq poèmes primitifs étaient ou non conscients de la portée de leur œuvre. En tout état de cause, il convient de précis
1779 inq poèmes primitifs étaient ou non conscients de la portée de leur œuvre. En tout état de cause, il convient de préciser
1780 primitifs étaient ou non conscients de la portée de leur œuvre. En tout état de cause, il convient de préciser le sens du
1781 nscients de la portée de leur œuvre. En tout état de cause, il convient de préciser le sens du mot « trompeur » que nous v
1782 de leur œuvre. En tout état de cause, il convient de préciser le sens du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser. La v
1783 e. En tout état de cause, il convient de préciser le sens du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser. La vulgarisation
1784 ciser le sens du mot « trompeur » que nous venons d’ utiliser. La vulgarisation de la psychanalyse nous habitue à concevoir
1785 s du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser. La vulgarisation de la psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir
1786 ur » que nous venons d’utiliser. La vulgarisation de la psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir refoulé « s’expr
1787 » que nous venons d’utiliser. La vulgarisation de la psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir refoulé « s’exprime
1788 « s’exprime » toujours, mais de manière à égarer le jugement. La passion interdite, l’amour inavouable, se créent un syst
1789 » toujours, mais de manière à égarer le jugement. La passion interdite, l’amour inavouable, se créent un système de symbol
1790 nière à égarer le jugement. La passion interdite, l’ amour inavouable, se créent un système de symboles, un langage hiérogl
1791 terdite, l’amour inavouable, se créent un système de symboles, un langage hiéroglyphique, dont la conscience n’a pas la cl
1792 tème de symboles, un langage hiéroglyphique, dont la conscience n’a pas la clé. Langage ambigu par essence, car il « trahi
1793 angage hiéroglyphique, dont la conscience n’a pas la clé. Langage ambigu par essence, car il « trahit » au double sens du
1794 » au double sens du terme ce qu’il veut dire sans le dire. Il lui arrive de composer en un seul geste ou une seule métapho
1795 me ce qu’il veut dire sans le dire. Il lui arrive de composer en un seul geste ou une seule métaphore à la fois l’expressi
1796 en un seul geste ou une seule métaphore à la fois l’ expression de l’objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce dés
1797 ste ou une seule métaphore à la fois l’expression de l’objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’i
1798 ou une seule métaphore à la fois l’expression de l’ objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’inte
1799 phore à la fois l’expression de l’objet désiré et l’ expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’interdiction reste aff
1800 is l’expression de l’objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’interdiction reste affirmée, et l’o
1801 t l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’ interdiction reste affirmée, et l’objet reste inavoué, mais tout de mê
1802 ce désir. Ainsi l’interdiction reste affirmée, et l’ objet reste inavoué, mais tout de même il y est fait allusion, et par
1803 ibles se voient du même coup satisfaites : besoin de parler de ce qu’on aime et besoin de le soustraire au jugement, amour
1804 oient du même coup satisfaites : besoin de parler de ce qu’on aime et besoin de le soustraire au jugement, amour du risque
1805 tes : besoin de parler de ce qu’on aime et besoin de le soustraire au jugement, amour du risque et instinct de prudence. I
1806  : besoin de parler de ce qu’on aime et besoin de le soustraire au jugement, amour du risque et instinct de prudence. Inte
1807 ustraire au jugement, amour du risque et instinct de prudence. Interrogez celui qui use d’un tel langage, demandez-lui rai
1808 et instinct de prudence. Interrogez celui qui use d’ un tel langage, demandez-lui raison de sa prédilection pour telle ou t
1809 lui qui use d’un tel langage, demandez-lui raison de sa prédilection pour telle ou telle image d’apparence bizarre, il rép
1810 ison de sa prédilection pour telle ou telle image d’ apparence bizarre, il répondra que « c’est tout naturel », « qu’il n’e
1811 « qu’il n’en sait rien », « qu’il n’y attache pas d’ importance ». S’il est poète, il parlera d’inspiration, ou au contrair
1812 he pas d’importance ». S’il est poète, il parlera d’ inspiration, ou au contraire de rhétorique. Il ne sera jamais à court
1813 ontraire de rhétorique. Il ne sera jamais à court de bonnes raisons pour démontrer qu’il n’est responsable de rien… Imagin
1814 es raisons pour démontrer qu’il n’est responsable de rien… Imaginons maintenant le problème qui se posait à l’auteur du Ro
1815 l n’est responsable de rien… Imaginons maintenant le problème qui se posait à l’auteur du Roman primitif. De quel matériel
1816 Imaginons maintenant le problème qui se posait à l’ auteur du Roman primitif. De quel matériel symbolique — apte à cacher
1817 blème qui se posait à l’auteur du Roman primitif. De quel matériel symbolique — apte à cacher ce qu’il fallait traduire —
1818 fallait traduire — disposait-il au xiie siècle ? De la magie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d
1819 lait traduire — disposait-il au xiie siècle ? De la magie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’ex
1820 e — disposait-il au xiie siècle ? De la magie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’expression sau
1821 disposait-il au xiie siècle ? De la magie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’expression saute
1822  ? De la magie et de la rhétorique chevaleresque. L’ avantage de ces modes d’expression saute aux yeux. La magie persuade s
1823 gie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’expression saute aux yeux. La magie persuade sans donner
1824 rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’ expression saute aux yeux. La magie persuade sans donner de raisons, v
1825 vantage de ces modes d’expression saute aux yeux. La magie persuade sans donner de raisons, voire dans la mesure où elle n
1826 ion saute aux yeux. La magie persuade sans donner de raisons, voire dans la mesure où elle n’en donne point. Et la rhétori
1827 magie persuade sans donner de raisons, voire dans la mesure où elle n’en donne point. Et la rhétorique chevaleresque, comm
1828 voire dans la mesure où elle n’en donne point. Et la rhétorique chevaleresque, comme d’ailleurs toute rhétorique, est le m
1829 aleresque, comme d’ailleurs toute rhétorique, est le moyen de faire passer pour « naturelles » les plus obscures propositi
1830 , comme d’ailleurs toute rhétorique, est le moyen de faire passer pour « naturelles » les plus obscures propositions. Masq
1831 est le moyen de faire passer pour « naturelles » les plus obscures propositions. Masque idéal ! Garantie de secret, mais a
1832 us obscures propositions. Masque idéal ! Garantie de secret, mais aussi garantie d’approbation sans condition de la part d
1833 e idéal ! Garantie de secret, mais aussi garantie d’ approbation sans condition de la part du lecteur de roman. La chevaler
1834 ’approbation sans condition de la part du lecteur de roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle
1835 on sans condition de la part du lecteur de roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle rêvent d’
1836 la part du lecteur de roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « f
1837 roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « folies » dont elles se
1838 la règle sociale que les élites du siècle rêvent d’ opposer aux pires « folies » dont elles se sentent menacées. La coutum
1839 pires « folies » dont elles se sentent menacées. La coutume de la chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avo
1840 lies » dont elles se sentent menacées. La coutume de la chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avons marqué,
1841 s » dont elles se sentent menacées. La coutume de la chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avons marqué, en
1842 nacées. La coutume de la chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avons marqué, en maint endroit, le caractère
1843 du Roman. Et nous avons marqué, en maint endroit, le caractère de « prétexte rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pou
1844 nous avons marqué, en maint endroit, le caractère de « prétexte rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pour la magie, v
1845 te rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pour la magie, voici quel sera son rôle. Il s’agit de dépeindre une passion d
1846 our la magie, voici quel sera son rôle. Il s’agit de dépeindre une passion dont la violence fascinante ne peut être accept
1847 son rôle. Il s’agit de dépeindre une passion dont la violence fascinante ne peut être acceptée sans scrupules. Elle appara
1848 t barbare dans ses effets. Elle est proscrite par l’ Église comme un péché ; par la raison comme un excès morbide. On ne po
1849 e est proscrite par l’Église comme un péché ; par la raison comme un excès morbide. On ne pourra donc l’admirer qu’en tant
1850 raison comme un excès morbide. On ne pourra donc l’ admirer qu’en tant qu’on l’aura libérée de toute espèce de lien visibl
1851 ide. On ne pourra donc l’admirer qu’en tant qu’on l’ aura libérée de toute espèce de lien visible avec l’humaine responsabi
1852 ra donc l’admirer qu’en tant qu’on l’aura libérée de toute espèce de lien visible avec l’humaine responsabilité. L’interve
1853 r qu’en tant qu’on l’aura libérée de toute espèce de lien visible avec l’humaine responsabilité. L’intervention du philtre
1854 aura libérée de toute espèce de lien visible avec l’ humaine responsabilité. L’intervention du philtre, agissant d’une mani
1855 ce de lien visible avec l’humaine responsabilité. L’ intervention du philtre, agissant d’une manière fatale, et mieux encor
1856 sponsabilité. L’intervention du philtre, agissant d’ une manière fatale, et mieux encore bu par erreur, se révèle désormais
1857 évèle désormais nécessaire14. Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’alibi de la passion. C’est ce qui permet aux malheu
1858 essaire14. Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’ alibi de la passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire
1859 4. Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’alibi de la passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire : « Vou
1860 Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’alibi de la passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire : « Vous v
1861 assion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire : « Vous voyez que je n’y suis pour rien, vous voyez que c’est p
1862 rt que moi. » Et cependant, nous voyons bien qu’à la faveur de cette fatalité trompeuse, tous leurs actes sont orientés ve
1863 . » Et cependant, nous voyons bien qu’à la faveur de cette fatalité trompeuse, tous leurs actes sont orientés vers le dest
1864 té trompeuse, tous leurs actes sont orientés vers le destin mortel qu’ils aiment, avec une sorte d’astucieuse résolution,
1865 rs le destin mortel qu’ils aiment, avec une sorte d’ astucieuse résolution, avec une ruse d’autant plus infaillible qu’elle
1866 une sorte d’astucieuse résolution, avec une ruse d’ autant plus infaillible qu’elle peut agir à l’abri du jugement. Nos ac
1867 use d’autant plus infaillible qu’elle peut agir à l’ abri du jugement. Nos actions les moins calculées sont parfois les plu
1868 ’elle peut agir à l’abri du jugement. Nos actions les moins calculées sont parfois les plus efficaces. La pierre qu’on lanc
1869 ent. Nos actions les moins calculées sont parfois les plus efficaces. La pierre qu’on lance « sans viser » va droit au but.
1870 moins calculées sont parfois les plus efficaces. La pierre qu’on lance « sans viser » va droit au but. En vérité, c’est q
1871 u but. En vérité, c’est qu’on visait ce but, mais la conscience n’a pas eu le temps d’intervenir et de gauchir le geste sp
1872 u’on visait ce but, mais la conscience n’a pas eu le temps d’intervenir et de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi
1873 it ce but, mais la conscience n’a pas eu le temps d’ intervenir et de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi les plus
1874 la conscience n’a pas eu le temps d’intervenir et de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi les plus belles scènes d
1875 ce n’a pas eu le temps d’intervenir et de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi les plus belles scènes du Roman son
1876 t de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi les plus belles scènes du Roman sont celles que les auteurs n’ont pas su
1877 i les plus belles scènes du Roman sont celles que les auteurs n’ont pas su commenter, et qu’ils décrivent comme en toute in
1878 ent comme en toute innocence. ⁂ Il n’y aurait pas de mythe, il n’y aurait pas de roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire
1879 . ⁂ Il n’y aurait pas de mythe, il n’y aurait pas de roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire quelle est la fin qu’ils se
1880 an, si Tristan et Iseut pouvaient dire quelle est la fin qu’ils se préparent de toute leur volonté profonde, et plus que p
1881 vaient dire quelle est la fin qu’ils se préparent de toute leur volonté profonde, et plus que profonde, abyssale. Qui donc
1882 nde, abyssale. Qui donc oserait avouer qu’il veut la Mort ? et qu’il déteste le Jour qui l’offusque ? et qu’il attend de t
1883 rait avouer qu’il veut la Mort ? et qu’il déteste le Jour qui l’offusque ? et qu’il attend de tout son être l’anéantisseme
1884 qu’il veut la Mort ? et qu’il déteste le Jour qui l’ offusque ? et qu’il attend de tout son être l’anéantissement de son êt
1885 déteste le Jour qui l’offusque ? et qu’il attend de tout son être l’anéantissement de son être ? Certains poètes, beaucou
1886 qui l’offusque ? et qu’il attend de tout son être l’ anéantissement de son être ? Certains poètes, beaucoup plus tard, ont
1887 et qu’il attend de tout son être l’anéantissement de son être ? Certains poètes, beaucoup plus tard, ont osé cet aveu supr
1888 eaucoup plus tard, ont osé cet aveu suprême. Mais la foule dit : ce sont des fous. Et la passion que le romancier désire f
1889 suprême. Mais la foule dit : ce sont des fous. Et la passion que le romancier désire flatter chez l’auditeur paraît, d’ord
1890 a foule dit : ce sont des fous. Et la passion que le romancier désire flatter chez l’auditeur paraît, d’ordinaire, plus dé
1891 t la passion que le romancier désire flatter chez l’ auditeur paraît, d’ordinaire, plus débile. Il y a peu de chance qu’ell
1892 romancier désire flatter chez l’auditeur paraît, d’ ordinaire, plus débile. Il y a peu de chance qu’elle soit jamais pouss
1893 vouer par son excès indubitable, par une mort qui la manifeste au-delà de tout repentir possible ! Certains mystiques ont
1894 ndubitable, par une mort qui la manifeste au-delà de tout repentir possible ! Certains mystiques ont fait plus qu’avouer :
1895 u et se sont expliqués. Mais s’ils ont affronté «  la Nuit obscure » avec la plus sévère et lucide passion, c’est qu’ils av
1896 Mais s’ils ont affronté « la Nuit obscure » avec la plus sévère et lucide passion, c’est qu’ils avaient le gage, par la f
1897 us sévère et lucide passion, c’est qu’ils avaient le gage, par la foi, qu’une Volonté toute personnelle et « lumineuse » s
1898 lucide passion, c’est qu’ils avaient le gage, par la foi, qu’une Volonté toute personnelle et « lumineuse » se substituera
1899 e personnelle et « lumineuse » se substituerait à la leur. Ce n’était pas le dieu sans nom du philtre, une force aveugle o
1900 euse » se substituerait à la leur. Ce n’était pas le dieu sans nom du philtre, une force aveugle ou le Néant, qui s’empara
1901 le dieu sans nom du philtre, une force aveugle ou le Néant, qui s’emparaient de leur secret vouloir, mais le Dieu qui prom
1902 , une force aveugle ou le Néant, qui s’emparaient de leur secret vouloir, mais le Dieu qui promet sa grâce, et la « vive f
1903 nt, qui s’emparaient de leur secret vouloir, mais le Dieu qui promet sa grâce, et la « vive flamme d’amour » éclose aux « 
1904 ret vouloir, mais le Dieu qui promet sa grâce, et la « vive flamme d’amour » éclose aux « déserts » de la Nuit. Tristan, l
1905 le Dieu qui promet sa grâce, et la « vive flamme d’ amour » éclose aux « déserts » de la Nuit. Tristan, lui, ne peut rien
1906 la « vive flamme d’amour » éclose aux « déserts » de la Nuit. Tristan, lui, ne peut rien avouer. Il veut comme s’il ne vou
1907 « vive flamme d’amour » éclose aux « déserts » de la Nuit. Tristan, lui, ne peut rien avouer. Il veut comme s’il ne voulai
1908 able, injustifiable, dont il rejette avec horreur la connaissance. Il tient son excuse toute prête, et elle le trompe mieu
1909 issance. Il tient son excuse toute prête, et elle le trompe mieux que quiconque : c’est le poison qui le « demeine par for
1910 te, et elle le trompe mieux que quiconque : c’est le poison qui le « demeine par force ». Et cependant, qu’il ait choisi c
1911 trompe mieux que quiconque : c’est le poison qui le « demeine par force ». Et cependant, qu’il ait choisi cette destinée,
1912 cependant, qu’il ait choisi cette destinée, qu’il l’ ait voulue et accueillie par un obscur et souverain assentiment, tout
1913 llie par un obscur et souverain assentiment, tout le trahit dans son action, et jusque dans sa fuite désespérée, dans la s
1914 action, et jusque dans sa fuite désespérée, dans la sublime coquetterie de sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel
1915 sa fuite désespérée, dans la sublime coquetterie de sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplair
1916 ans la sublime coquetterie de sa fuite ! Et qu’il l’ ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplaire de sa vie. Les raison
1917 e sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons de la Nuit ne sont pas cel
1918 ’ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne s
1919 est essentiel à la grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas comm
1920 l à la grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas communicables a
1921 la grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas communicables au J
1922 elles ne sont pas communicables au Jour15. Elles le méprisent. Tristan s’est fait prisonnier d’un délire auprès duquel pâ
1923 Elles le méprisent. Tristan s’est fait prisonnier d’ un délire auprès duquel pâlissent toute sagesse, toute « vérité », et
1924 uel pâlissent toute sagesse, toute « vérité », et la vie même. Il est au-delà de nos bonheurs, de nos souffrances. Il s’él
1925 toute « vérité », et la vie même. Il est au-delà de nos bonheurs, de nos souffrances. Il s’élance vers l’instant suprême
1926 , et la vie même. Il est au-delà de nos bonheurs, de nos souffrances. Il s’élance vers l’instant suprême où la totale joui
1927 os bonheurs, de nos souffrances. Il s’élance vers l’ instant suprême où la totale jouissance est de sombrer. ⁂ Les mots du
1928 ouffrances. Il s’élance vers l’instant suprême où la totale jouissance est de sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décri
1929 ers l’instant suprême où la totale jouissance est de sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais la « mus
1930 suprême où la totale jouissance est de sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais la « musique savante »
1931 de sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais la « musique savante » n’a pas manqué à ce désir dont elle
1932 Les mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais la « musique savante » n’a pas manqué à ce désir dont elle procède. Leve
1933 sir dont elle procède. Levez-vous, orages sonores de la mort de Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le hé
1934 dont elle procède. Levez-vous, orages sonores de la mort de Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros
1935 le procède. Levez-vous, orages sonores de la mort de Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros, tes so
1936 vez-vous, orages sonores de la mort de Tristan et d’ Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros, tes sons lamentables
1937 stan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros, tes sons lamentables parvenaient jusqu’à moi sur les vents du
1938 tes sons lamentables parvenaient jusqu’à moi sur les vents du soir, lorsqu’en un temps lointain la mort du père fut annonc
1939 ur les vents du soir, lorsqu’en un temps lointain la mort du père fut annoncée au fils. Dans l’aube sinistre, tu me cherch
1940 intain la mort du père fut annoncée au fils. Dans l’ aube sinistre, tu me cherchais, de plus en plus inquiète, lorsque le f
1941 u me cherchais, de plus en plus inquiète, lorsque le fils apprit le sort de la mère… Quand mon père m’engendra et mourut,
1942 de plus en plus inquiète, lorsque le fils apprit le sort de la mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère m
1943 en plus inquiète, lorsque le fils apprit le sort de la mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna
1944 plus inquiète, lorsque le fils apprit le sort de la mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna le
1945 père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna le jour en expirant, la vieille mélodie arrivait aussi à leurs oreilles,
1946 urut, quand ma mère me donna le jour en expirant, la vieille mélodie arrivait aussi à leurs oreilles, languissante et tris
1947 Pour quel destin suis-je né ? Pour quel destin ? La vieille mélodie me répète : — Pour désirer et pour mourir ! Pour mour
1948 ète : — Pour désirer et pour mourir ! Pour mourir de désirer ! Il peut maudire ses astres, sa naissance, mais la musique
1949 ! Il peut maudire ses astres, sa naissance, mais la musique est savante, vraiment, et elle nous chante immensément le bea
1950 avante, vraiment, et elle nous chante immensément le beau secret : c’est lui qui a voulu son destin : Ce terrible philtre
1951 me condamne au supplice, c’est moi, moi-même qui l’ ai composé… Et je l’ai bu à longs traits de délice !… 11.L’amour r
1952 lice, c’est moi, moi-même qui l’ai composé… Et je l’ ai bu à longs traits de délice !… 11.L’amour réciproque malheureux
1953 me qui l’ai composé… Et je l’ai bu à longs traits de délice !… 11.L’amour réciproque malheureux Passion veut dire s
1954 ffrance, chose subie, prépondérance du destin sur la personne libre et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet de l’am
1955 estin sur la personne libre et responsable. Aimer l’ amour plus que l’objet de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de
1956 onne libre et responsable. Aimer l’amour plus que l’ objet de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d
1957 re et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augusti
1958 et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet de l’ amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augustin j
1959 Aimer l’amour plus que l’objet de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augustin jusqu’au romanti
1960 bjet de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et
1961 t de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de l’ amabam amare d’Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et ch
1962 imer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d’ Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et chercher la souff
1963 qu’au romantisme moderne, c’est aimer et chercher la souffrance. Amour-passion : désir de ce qui nous blesse, et nous anéa
1964 et chercher la souffrance. Amour-passion : désir de ce qui nous blesse, et nous anéantit par son triomphe. C’est un secre
1965 s anéantit par son triomphe. C’est un secret dont l’ Occident n’a jamais toléré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler,
1966 C’est un secret dont l’Occident n’a jamais toléré l’ aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler, — de préserver ! Il en est p
1967 n’a jamais toléré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler, — de préserver ! Il en est peu de plus tragiques, et sa per
1968 éré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler, —  de préserver ! Il en est peu de plus tragiques, et sa persistance nous i
1969 iques, et sa persistance nous invite à porter sur l’ avenir de l’Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incid
1970 sa persistance nous invite à porter sur l’avenir de l’Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incidence qui
1971 persistance nous invite à porter sur l’avenir de l’ Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incidence qui mér
1972 qui méritera plus tard son développement : c’est la liaison ou la complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle di
1973 plus tard son développement : c’est la liaison ou la complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’
1974 développement : c’est la liaison ou la complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mod
1975 eloppement : c’est la liaison ou la complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode d
1976 a liaison ou la complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode de connaître qui défi
1977 iaison ou la complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode de connaître qui définir
1978 passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’ un certain mode de connaître qui définirait à lui seul notre psyché oc
1979 e la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode de connaître qui définirait à lui seul notre psyché occidentale. Pourquo
1980 ait à lui seul notre psyché occidentale. Pourquoi l’ homme d’Occident veut-il subir cette passion qui le blesse et que tout
1981 i seul notre psyché occidentale. Pourquoi l’homme d’ Occident veut-il subir cette passion qui le blesse et que toute sa rai
1982 ’homme d’Occident veut-il subir cette passion qui le blesse et que toute sa raison condamne ? Pourquoi veut-il cet amour d
1983 raison condamne ? Pourquoi veut-il cet amour dont l’ éclat ne peut être que son suicide ? C’est qu’il se connaît et s’éprou
1984 uicide ? C’est qu’il se connaît et s’éprouve sous le coup de menaces vitales, dans la souffrance et au seuil de la mort. L
1985 C’est qu’il se connaît et s’éprouve sous le coup de menaces vitales, dans la souffrance et au seuil de la mort. Le troisi
1986 t s’éprouve sous le coup de menaces vitales, dans la souffrance et au seuil de la mort. Le troisième acte du drame de Wagn
1987 e menaces vitales, dans la souffrance et au seuil de la mort. Le troisième acte du drame de Wagner décrit bien davantage q
1988 enaces vitales, dans la souffrance et au seuil de la mort. Le troisième acte du drame de Wagner décrit bien davantage qu’u
1989 t au seuil de la mort. Le troisième acte du drame de Wagner décrit bien davantage qu’une catastrophe romanesque : il décri
1990 vantage qu’une catastrophe romanesque : il décrit l’ essentielle catastrophe de notre sadique génie, ce goût réprimé de la
1991 romanesque : il décrit l’essentielle catastrophe de notre sadique génie, ce goût réprimé de la mort, ce goût de se connaî
1992 tastrophe de notre sadique génie, ce goût réprimé de la mort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision
1993 trophe de notre sadique génie, ce goût réprimé de la mort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision ré
1994 adique génie, ce goût réprimé de la mort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision révélatrice qui est
1995 oût réprimé de la mort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision révélatrice qui est sans doute la plu
1996 ort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision révélatrice qui est sans doute la plus inarrachable des
1997 , ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision révélatrice qui est sans doute la plus inarrachable des rac
1998 ût de la collision révélatrice qui est sans doute la plus inarrachable des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂ D
1999 i est sans doute la plus inarrachable des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illus
2000 st sans doute la plus inarrachable des racines de l’ instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustré
2001 te la plus inarrachable des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustrée, avouée e
2002 la plus inarrachable des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustrée, avouée et c
2003 des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustrée, avouée et constatée par la puret
2004 mité tragique, illustrée, avouée et constatée par la pureté du mythe originel, redescendons à l’expérience de la passion t
2005 e par la pureté du mythe originel, redescendons à l’ expérience de la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui.
2006 té du mythe originel, redescendons à l’expérience de la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès pr
2007 du mythe originel, redescendons à l’expérience de la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès prodi
2008 descendons à l’expérience de la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tri
2009 à l’expérience de la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tristan révèle
2010 ence de la passion telle que la vivent les hommes d’ aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tristan révèle en nous,
2011 ion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tristan révèle en nous, que nous le vou
2012 mmes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tristan révèle en nous, que nous le voulions ou non, une préférence i
2013 ieux du Roman de Tristan révèle en nous, que nous le voulions ou non, une préférence intime pour le malheur. Que ce malheu
2014 us le voulions ou non, une préférence intime pour le malheur. Que ce malheur, selon la force de notre âme, soit la « délic
2015 nce intime pour le malheur. Que ce malheur, selon la force de notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de
2016 e pour le malheur. Que ce malheur, selon la force de notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de la décade
2017 Que ce malheur, selon la force de notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de la décadence, ou la souffran
2018 de notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de la décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi
2019 me, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de la décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que l’espr
2020 soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de la décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que l’esprit
2021 euse tristesse » et le spleen de la décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que l’esprit jette au monde, c
2022 a décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que l’esprit jette au monde, ce que nous cherchons, c’est ce qui
2023 ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que l’ esprit jette au monde, ce que nous cherchons, c’est ce qui peut nous e
2024 xalter jusqu’à nous faire accéder, malgré nous, à la « vraie vie » dont parlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’es
2025 der, malgré nous, à la « vraie vie » dont parlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’est la vie impossible. Ce ciel au
2026 rlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’est la vie impossible. Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule empourpré d’hé
2027 Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule empourpré d’ héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais la Nuit ! La « vraie vie est ail
2028 s, crépuscule empourpré d’héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais la Nuit ! La « vraie vie est ailleurs », dit Rimbaud. Elle
2029 empourpré d’héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais la Nuit ! La « vraie vie est ailleurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un d
2030 d’héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais la Nuit ! La « vraie vie est ailleurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de
2031 illeurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de la Mort, le seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feign
2032 eurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de la Mort, le seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feignant
2033 it Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de la Mort, le seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feignant de la re
2034 ms de la Mort, le seul nom par lequel nous osions l’ appeler — tout en feignant de la repousser. Pourquoi préférons-nous à
2035 r lequel nous osions l’appeler — tout en feignant de la repousser. Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d’un a
2036 equel nous osions l’appeler — tout en feignant de la repousser. Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d’un amou
2037 Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d’ un amour impossible ? C’est que nous aimons la brûlure, et la conscien
2038 lui d’un amour impossible ? C’est que nous aimons la brûlure, et la conscience de ce qui brûle en nous. Liaison profonde d
2039 impossible ? C’est que nous aimons la brûlure, et la conscience de ce qui brûle en nous. Liaison profonde de la souffrance
2040 ’est que nous aimons la brûlure, et la conscience de ce qui brûle en nous. Liaison profonde de la souffrance et du savoir.
2041 science de ce qui brûle en nous. Liaison profonde de la souffrance et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort
2042 ence de ce qui brûle en nous. Liaison profonde de la souffrance et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort !
2043 rofonde de la souffrance et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explica
2044 onde de la souffrance et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explicatio
2045 ance et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explication générale de not
2046 e et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explication générale de notre
2047 gel a pu fonder sur elle une explication générale de notre esprit et même de notre Histoire.) Je définirais volontiers le
2048 une explication générale de notre esprit et même de notre Histoire.) Je définirais volontiers le romantique occidental co
2049 même de notre Histoire.) Je définirais volontiers le romantique occidental comme un homme pour qui la douleur, et spéciale
2050 le romantique occidental comme un homme pour qui la douleur, et spécialement la douleur amoureuse, est un moyen privilégi
2051 mme un homme pour qui la douleur, et spécialement la douleur amoureuse, est un moyen privilégié de connaissance. Certes, c
2052 ent la douleur amoureuse, est un moyen privilégié de connaissance. Certes, cela vaut pour les meilleurs. Le grand nombre s
2053 rivilégié de connaissance. Certes, cela vaut pour les meilleurs. Le grand nombre se soucie peu de connaître, et de se conna
2054 nnaissance. Certes, cela vaut pour les meilleurs. Le grand nombre se soucie peu de connaître, et de se connaître. Il cherc
2055 s. Le grand nombre se soucie peu de connaître, et de se connaître. Il cherche simplement l’amour le plus sensible. Mais c’
2056 naître, et de se connaître. Il cherche simplement l’ amour le plus sensible. Mais c’est encore l’amour dont quelque entrave
2057 et de se connaître. Il cherche simplement l’amour le plus sensible. Mais c’est encore l’amour dont quelque entrave vient r
2058 ement l’amour le plus sensible. Mais c’est encore l’ amour dont quelque entrave vient retarder l’heureux accomplissement. A
2059 ncore l’amour dont quelque entrave vient retarder l’ heureux accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire l’amour le plus cons
2060 heureux accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire l’ amour le plus conscient, ou simplement l’amour le plus intense, on dés
2061 accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire l’amour le plus conscient, ou simplement l’amour le plus intense, on désire en s
2062 n désire l’amour le plus conscient, ou simplement l’ amour le plus intense, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on l
2063 l’amour le plus conscient, ou simplement l’amour le plus intense, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on le crée,
2064 ment l’amour le plus intense, on désire en secret l’ obstacle. Au besoin, on le crée, on l’imagine. Il me paraît que cela e
2065 se, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on le crée, on l’imagine. Il me paraît que cela explique une bonne partie d
2066 e en secret l’obstacle. Au besoin, on le crée, on l’ imagine. Il me paraît que cela explique une bonne partie de notre psyc
2067 . Il me paraît que cela explique une bonne partie de notre psychologie. Sans traverses à l’amour, point de « roman ». Or c
2068 nne partie de notre psychologie. Sans traverses à l’ amour, point de « roman ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire
2069 otre psychologie. Sans traverses à l’amour, point de « roman ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience,
2070 traverses à l’amour, point de « roman ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience, l’intensité, les variat
2071 man ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience, l’intensité, les variations et les retards de la passion,
2072 le roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience, l’ intensité, les variations et les retards de la passion, son crescendo
2073 on aime, c’est-à-dire la conscience, l’intensité, les variations et les retards de la passion, son crescendo jusqu’à la cat
2074 ire la conscience, l’intensité, les variations et les retards de la passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non
2075 ience, l’intensité, les variations et les retards de la passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non point sa ra
2076 ce, l’intensité, les variations et les retards de la passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non point sa rapid
2077 les retards de la passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non point sa rapide flambée. Considérez notre littér
2078 sa rapide flambée. Considérez notre littérature. Le bonheur des amants ne nous émeut que par l’attente du malheur qui le
2079 ture. Le bonheur des amants ne nous émeut que par l’ attente du malheur qui le guette. Il y faut cette menace de la vie et
2080 ts ne nous émeut que par l’attente du malheur qui le guette. Il y faut cette menace de la vie et des hostiles réalités qui
2081 du malheur qui le guette. Il y faut cette menace de la vie et des hostiles réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà.
2082 malheur qui le guette. Il y faut cette menace de la vie et des hostiles réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà. La
2083 tte menace de la vie et des hostiles réalités qui l’ éloignent dans quelque au-delà. La nostalgie, le souvenir, et non pas
2084 es réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà. La nostalgie, le souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent. La pré
2085 i l’éloignent dans quelque au-delà. La nostalgie, le souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent. La présence est inex
2086 ue au-delà. La nostalgie, le souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent. La présence est inexprimable, elle ne possèd
2087 souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent. La présence est inexprimable, elle ne possède aucune durée sensible, ell
2088 e durée sensible, elle ne peut être qu’un instant de grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une id
2089 sible, elle ne peut être qu’un instant de grâce —  le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de car
2090 elle ne peut être qu’un instant de grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de carte post
2091 de grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’ on tombe dans une idylle de carte postale. L’amour heureux n’a pas d’h
2092 an et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de carte postale. L’amour heureux n’a pas d’histoire dans la littérature
2093 bien l’on tombe dans une idylle de carte postale. L’ amour heureux n’a pas d’histoire dans la littérature occidentale. Et l
2094 idylle de carte postale. L’amour heureux n’a pas d’ histoire dans la littérature occidentale. Et l’amour qui n’est pas réc
2095 postale. L’amour heureux n’a pas d’histoire dans la littérature occidentale. Et l’amour qui n’est pas réciproque ne passe
2096 as d’histoire dans la littérature occidentale. Et l’ amour qui n’est pas réciproque ne passe point pour un amour vrai. La g
2097 pas réciproque ne passe point pour un amour vrai. La grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui les distingue avant
2098 ur un amour vrai. La grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mondial
2099 un amour vrai. La grande trouvaille des poètes de l’ Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mondiale,
2100 grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mondiale, ce qui exprime le
2101 de l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mondiale, ce qui exprime le plus profondément l’obsession
2102 tout dans la littérature mondiale, ce qui exprime le plus profondément l’obsession de l’Européen : connaître à travers la
2103 ure mondiale, ce qui exprime le plus profondément l’ obsession de l’Européen : connaître à travers la douleur, c’est le sec
2104 , ce qui exprime le plus profondément l’obsession de l’Européen : connaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe
2105 e qui exprime le plus profondément l’obsession de l’ Européen : connaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe de
2106 t l’obsession de l’Européen : connaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe de Tristan, l’amour-passion à la fo
2107 ’Européen : connaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe de Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et comb
2108 re à travers la douleur, c’est le secret du mythe de Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’un
2109 la douleur, c’est le secret du mythe de Tristan, l’ amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’un bonheur qu’i
2110 ur-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’ un bonheur qu’il repousse, magnifié par sa catastrophe, — l’amour réci
2111 ur qu’il repousse, magnifié par sa catastrophe, —  l’ amour réciproque malheureux. ⁂ Arrêtons-nous sur cette formule du myth
2112 Et il est vrai qu’ils sont, l’un envers l’autre, d’ une fidélité exemplaire. Mais le malheur, c’est que l’amour qui les « 
2113 n envers l’autre, d’une fidélité exemplaire. Mais le malheur, c’est que l’amour qui les « demeine » n’est pas l’amour de l
2114 e fidélité exemplaire. Mais le malheur, c’est que l’ amour qui les « demeine » n’est pas l’amour de l’autre tel qu’il est d
2115 xemplaire. Mais le malheur, c’est que l’amour qui les « demeine » n’est pas l’amour de l’autre tel qu’il est dans sa réalit
2116 , c’est que l’amour qui les « demeine » n’est pas l’ amour de l’autre tel qu’il est dans sa réalité concrète. Ils s’entr’ai
2117 que l’amour qui les « demeine » n’est pas l’amour de l’autre tel qu’il est dans sa réalité concrète. Ils s’entr’aiment, ma
2118 ais chacun n’aime l’autre qu’à partir de soi, non de l’autre. Leur malheur prend ainsi sa source dans une fausse réciproci
2119 nsi sa source dans une fausse réciprocité, masque d’ un double narcissisme. À tel point qu’à certains moments, on sent perc
2120 point qu’à certains moments, on sent percer dans l’ excès de leur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’a vue, b
2121 u’à certains moments, on sent percer dans l’excès de leur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avan
2122 nt percer dans l’excès de leur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psy
2123 dans l’excès de leur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues
2124 ns l’excès de leur passion une espèce de haine de l’ aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues. «
2125 eur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’ a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues. « Élu par moi, p
2126 ne de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues. « Élu par moi, perdu par moi ! » chantait Isol
2127 moi ! » chantait Isolde en son amour sauvage. Et la chanson du marinier, du haut du mât, prédit leur sort inévitable : V
2128 haut du mât, prédit leur sort inévitable : Vers l’ Occident erre le regard ; vers l’Orient file le navire. Frais, le vent
2129 édit leur sort inévitable : Vers l’Occident erre le regard ; vers l’Orient file le navire. Frais, le vent souffle vers la
2130 évitable : Vers l’Occident erre le regard ; vers l’ Orient file le navire. Frais, le vent souffle vers la terre natale. Ô
2131 rs l’Occident erre le regard ; vers l’Orient file le navire. Frais, le vent souffle vers la terre natale. Ô fille d’Irland
2132 le regard ; vers l’Orient file le navire. Frais, le vent souffle vers la terre natale. Ô fille d’Irlande, où t’attardes-t
2133 rient file le navire. Frais, le vent souffle vers la terre natale. Ô fille d’Irlande, où t’attardes-tu ? Ce qui gonfle ma
2134 is, le vent souffle vers la terre natale. Ô fille d’ Irlande, où t’attardes-tu ? Ce qui gonfle ma voile, sont-ce tes soupir
2135 le, souffle ô vent ! Malheur, ah ! malheur, fille d’ Irlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur de la passion qui fuit
2136 d’Irlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur de la passion qui fuit le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de
2137 rlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur de la passion qui fuit le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de l’
2138 sauvage ! Double malheur de la passion qui fuit le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que l’on
2139 Double malheur de la passion qui fuit le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que l’on désire, on
2140 it le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort —
2141 le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de l’ amour : ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et
2142 me du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que l’ on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que
2143 essentiel de l’amour : ce que l’on désire, on ne l’ a pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que l’on avait, — la jo
2144 ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que l’on avait, — la jouissance de la vie. Mai
2145 désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et l’ on perd ce que l’on avait, — la jouissance de la vie. Mais cette perte
2146 pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que l’ on avait, — la jouissance de la vie. Mais cette perte n’est pas sentie
2147 c’est la Mort — et l’on perd ce que l’on avait, —  la jouissance de la vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appa
2148 — et l’on perd ce que l’on avait, — la jouissance de la vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appauvrissement, b
2149 t l’on perd ce que l’on avait, — la jouissance de la vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appauvrissement, bien
2150 auvrissement, bien au contraire. On s’imagine que l’ on vit davantage, plus dangereusement, plus magnifiquement. C’est que
2151 us dangereusement, plus magnifiquement. C’est que l’ approche de la mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au
2152 sement, plus magnifiquement. C’est que l’approche de la mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens
2153 ent, plus magnifiquement. C’est que l’approche de la mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du
2154 gnifiquement. C’est que l’approche de la mort est l’ aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le d
2155 . C’est que l’approche de la mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle l
2156 ’est que l’approche de la mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle l’ag
2157 sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle l’aggrave même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou
2158 e aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle l’ aggrave même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se tuer, ou
2159 désir. Elle l’aggrave même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se tuer, ou de sombrer dans un commun naufrage.
2160 e même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se tuer, ou de sombrer dans un commun naufrage. Ô vents, clamait enc
2161 jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se tuer, ou de sombrer dans un commun naufrage. Ô vents, clamait encore Isolde, sec
2162 aufrage. Ô vents, clamait encore Isolde, secouez la léthargie de cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs l’implaca
2163 ents, clamait encore Isolde, secouez la léthargie de cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs l’implacable convoitis
2164 de cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs l’ implacable convoitise, montrez-lui la proie que je lui offre ! Brisez
2165 profondeurs l’implacable convoitise, montrez-lui la proie que je lui offre ! Brisez le vaisseau, engloutissez les épaves 
2166 e, montrez-lui la proie que je lui offre ! Brisez le vaisseau, engloutissez les épaves ! Tout ce qui palpite et respire, ô
2167 e je lui offre ! Brisez le vaisseau, engloutissez les épaves ! Tout ce qui palpite et respire, ô vents, je vous le donne en
2168 Tout ce qui palpite et respire, ô vents, je vous le donne en récompense ! Attirés par la mort loin de la vie qui les pou
2169 ts, je vous le donne en récompense ! Attirés par la mort loin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces con
2170 onne en récompense ! Attirés par la mort loin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces contradictoires mai
2171 ompense ! Attirés par la mort loin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces contradictoires mais qui les pr
2172 oin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces contradictoires mais qui les précipitent au même vertige, les
2173 s voluptueuses de forces contradictoires mais qui les précipitent au même vertige, les amants ne pourront se rejoindre qu’à
2174 ctoires mais qui les précipitent au même vertige, les amants ne pourront se rejoindre qu’à l’instant qui les prive à jamais
2175 mants ne pourront se rejoindre qu’à l’instant qui les prive à jamais de tout espoir humain, de tout amour possible, au sein
2176 e rejoindre qu’à l’instant qui les prive à jamais de tout espoir humain, de tout amour possible, au sein de l’obstacle abs
2177 ant qui les prive à jamais de tout espoir humain, de tout amour possible, au sein de l’obstacle absolu et d’une suprême ex
2178 espoir humain, de tout amour possible, au sein de l’ obstacle absolu et d’une suprême exaltation qui se détruit par son acc
2179 t amour possible, au sein de l’obstacle absolu et d’ une suprême exaltation qui se détruit par son accomplissement. 12.U
2180 nous a fait pressentir certaines contradictions. L’ hypothèse d’une opposition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre
2181 pressentir certaines contradictions. L’hypothèse d’ une opposition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi de ch
2182 contradictions. L’hypothèse d’une opposition, que l’ auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutum
2183 ypothèse d’une opposition, que l’auteur eût tenté d’ illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutumes féodales, nous a
2184 sition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutumes féodales, nous a permis de surprend
2185 que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutumes féodales, nous a permis de surprendre le m
2186 tenté d’illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutumes féodales, nous a permis de surprendre le mécanisme de ces co
2187 hevalerie et les coutumes féodales, nous a permis de surprendre le mécanisme de ces contradictions. Alors a commencé notre
2188 es coutumes féodales, nous a permis de surprendre le mécanisme de ces contradictions. Alors a commencé notre recherche du
2189 éodales, nous a permis de surprendre le mécanisme de ces contradictions. Alors a commencé notre recherche du vrai sujet de
2190 s. Alors a commencé notre recherche du vrai sujet de la légende. Derrière la préférence accordée par l’auteur à la règle d
2191 Alors a commencé notre recherche du vrai sujet de la légende. Derrière la préférence accordée par l’auteur à la règle de c
2192 e recherche du vrai sujet de la légende. Derrière la préférence accordée par l’auteur à la règle de chevalerie, il y a le
2193 e la légende. Derrière la préférence accordée par l’ auteur à la règle de chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrièr
2194 e. Derrière la préférence accordée par l’auteur à la règle de chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière le goût d
2195 re la préférence accordée par l’auteur à la règle de chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière le goût du romanes
2196 dée par l’auteur à la règle de chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière le goût du romanesque, il y a celui de l
2197 hevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière le goût du romanesque, il y a celui de l’amour pour lui-même. Et cela su
2198 que. Derrière le goût du romanesque, il y a celui de l’amour pour lui-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’obs
2199 . Derrière le goût du romanesque, il y a celui de l’ amour pour lui-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’obstac
2200 r lui-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’obstacle favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque
2201 ui-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’ obstacle favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque d’
2202 e une recherche secrète de l’obstacle favorable à l’ amour. Mais ce n’est encore là que le masque d’un amour de l’obstacle
2203 favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque d’un amour de l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est
2204 à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque d’ un amour de l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, q
2205 Mais ce n’est encore là que le masque d’un amour de l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèl
2206 is ce n’est encore là que le masque d’un amour de l’ obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèle a
2207 que le masque d’un amour de l’obstacle en soi. Et l’ obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de l’aventure
2208 e l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin, le dés
2209 le suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la pas
2210 suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de l’ aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passio
2211 mort, qui se révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche su
2212 révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche sur le destin qu
2213 ’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui es
2214 comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin r
2215 mme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin rach
2216 fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin racheté. Cette a
2217 ésiré dès le début de la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin racheté. Cette analyse du mythe
2218 yse du mythe primitif livre quelques secrets dont l’ importance est appréciable, — mais dont la conscience commune doit ren
2219 ts dont l’importance est appréciable, — mais dont la conscience commune doit renier l’intime évidence. Que la sécheresse d
2220 le, — mais dont la conscience commune doit renier l’ intime évidence. Que la sécheresse d’une description réduite à suivre
2221 cience commune doit renier l’intime évidence. Que la sécheresse d’une description réduite à suivre en ses détours la logiq
2222 doit renier l’intime évidence. Que la sécheresse d’ une description réduite à suivre en ses détours la logique interne du
2223 d’une description réduite à suivre en ses détours la logique interne du Roman puisse paraître vaguement injurieuse, je le
2224 du Roman puisse paraître vaguement injurieuse, je le sens bien, et m’en console si les résultats sont exacts ; que certain
2225 t injurieuse, je le sens bien, et m’en console si les résultats sont exacts ; que certaines conjectures soient discutables,
2226 que certaines conjectures soient discutables, je l’ admettrai sans peine devant les preuves ; mais quoi qu’on pense d’une
2227 ent discutables, je l’admettrai sans peine devant les preuves ; mais quoi qu’on pense d’une interprétation que j’ai stylisé
2228 peine devant les preuves ; mais quoi qu’on pense d’ une interprétation que j’ai stylisée à dessein, il demeure qu’elle nou
2229 lisée à dessein, il demeure qu’elle nous a permis de surprendre à l’état naissant quelques relations fondamentales qui sou
2230 il demeure qu’elle nous a permis de surprendre à l’ état naissant quelques relations fondamentales qui sous-tendent nos de
2231 s qui sous-tendent nos destinées. Pour autant que l’ amour-passion rénove le mythe dans nos vies, nous ne pouvons plus igno
2232 destinées. Pour autant que l’amour-passion rénove le mythe dans nos vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais, la cond
2233 os vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais, la condamnation radicale qu’il représente pour le mariage. Nous savons,
2234 s, la condamnation radicale qu’il représente pour le mariage. Nous savons, par la fin du mythe, que la passion est une asc
2235 u’il représente pour le mariage. Nous savons, par la fin du mythe, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie t
2236 le mariage. Nous savons, par la fin du mythe, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre d’une manièr
2237 e, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre d’une manière d’autant plus efficace qu’elle prend la f
2238 est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre d’ une manière d’autant plus efficace qu’elle prend la forme du désir, et
2239 e. Elle s’oppose à la vie terrestre d’une manière d’ autant plus efficace qu’elle prend la forme du désir, et que ce désir,
2240 ’une manière d’autant plus efficace qu’elle prend la forme du désir, et que ce désir, à son tour, se déguise en fatalité.
2241 amour n’est pas sans lien profond avec notre goût de la guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la pa
2242 ur n’est pas sans lien profond avec notre goût de la guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la passi
2243 notre goût de la guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la passion, sont des aspects de notre mode o
2244 a guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la passion, sont des aspects de notre mode occidental de co
2245 Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la passion, sont des aspects de notre mode occidental de connaissance
2246 in, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la passion, sont des aspects de notre mode occidental de connaissance, i
2247 ion, et le besoin de la passion, sont des aspects de notre mode occidental de connaissance, il faut en venir — au moins so
2248 assion, sont des aspects de notre mode occidental de connaissance, il faut en venir — au moins sous forme de question — à
2249 tion qui se révélera peut-être, en fin de compte, la plus fondamentale de toutes. Connaître à travers la souffrance, n’est
2250 peut-être, en fin de compte, la plus fondamentale de toutes. Connaître à travers la souffrance, n’est-ce pas l’acte même,
2251 plus fondamentale de toutes. Connaître à travers la souffrance, n’est-ce pas l’acte même, et l’audace, de nos mystiques l
2252 . Connaître à travers la souffrance, n’est-ce pas l’ acte même, et l’audace, de nos mystiques les plus lucides ? Érotique a
2253 avers la souffrance, n’est-ce pas l’acte même, et l’ audace, de nos mystiques les plus lucides ? Érotique au sens noble, et
2254 ouffrance, n’est-ce pas l’acte même, et l’audace, de nos mystiques les plus lucides ? Érotique au sens noble, et mystique 
2255 ce pas l’acte même, et l’audace, de nos mystiques les plus lucides ? Érotique au sens noble, et mystique : que l’une de l’a
2256 ? Érotique au sens noble, et mystique : que l’une de l’autre soit cause ou effet, ou qu’elles aient une commune origine — 
2257 ême langage, et chantent peut-être dans notre âme la même « vieille et grave mélodie » orchestrée par le drame de Wagner :
2258 même « vieille et grave mélodie » orchestrée par le drame de Wagner : Elle m’a interrogé un jour, et voici qu’elle me pa
2259 ieille et grave mélodie » orchestrée par le drame de Wagner : Elle m’a interrogé un jour, et voici qu’elle me parle encor
2260 Pour quel destin suis-je né ? Pour quel destin ? La vieille mélodie me répète : — Pour désirer et pour mourir. ⁂ Partant
2261 épète : — Pour désirer et pour mourir. ⁂ Partant d’ un examen « physionomique » des formes et des structures du Roman, nou
2262 et des structures du Roman, nous avons pu saisir le contenu originel du mythe, dans sa pureté fruste et grande. Deux voie
2263 oies nous tentent maintenant : l’une remonte vers les arrière-plans historiques et religieux du mythe, — l’autre descend du
2264 re descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons- les l’une après l’autre, librement. Nous ferons halte ici ou là pour véri
2265 nous venons de dégager. 1. Il est assez facile d’ éliminer, par une comparaison critique, les fantaisies individuelles d
2266 facile d’éliminer, par une comparaison critique, les fantaisies individuelles des cinq auteurs. Dans l’analyse du contenu
2267 s fantaisies individuelles des cinq auteurs. Dans l’ analyse du contenu de la légende qu’on trouvera au chapitre 5, ces var
2268 elles des cinq auteurs. Dans l’analyse du contenu de la légende qu’on trouvera au chapitre 5, ces variantes seront négligé
2269 es des cinq auteurs. Dans l’analyse du contenu de la légende qu’on trouvera au chapitre 5, ces variantes seront négligées
2270 circonstances passagères, ou des goûts personnels de l’auteur. 2. Voir Appendice 1. 3. Appendice 2. 4. Ce serait ici l
2271 constances passagères, ou des goûts personnels de l’ auteur. 2. Voir Appendice 1. 3. Appendice 2. 4. Ce serait ici le l
2272 Appendice 1. 3. Appendice 2. 4. Ce serait ici le langage du poème : or on sait qu’il est des plus simples. 5. La rais
2273 oème : or on sait qu’il est des plus simples. 5. La raison dont je parle ici étant l’activité profanatrice qui s’exerce a
2274 us simples. 5. La raison dont je parle ici étant l’ activité profanatrice qui s’exerce aux dépens du sacré collectif et qu
2275 ce aux dépens du sacré collectif et qui en libère l’ individu. Que le rationalisme soit passé au rang de doctrine officiell
2276 sacré collectif et qui en libère l’individu. Que le rationalisme soit passé au rang de doctrine officielle ne doit pas no
2277 ’individu. Que le rationalisme soit passé au rang de doctrine officielle ne doit pas nous faire oublier son efficacité pro
2278 antisociale, « dissociatrice ». 6. Je résumerai les principaux événements du Roman en m’appuyant, sauf exception, sur la
2279 ments du Roman en m’appuyant, sauf exception, sur la concordance établie par M. Joseph Bédier (dans son étude sur le poème
2280 établie par M. Joseph Bédier (dans son étude sur le poème de Thomas) entre les cinq versions du xiie siècle : Béroul, Th
2281 par M. Joseph Bédier (dans son étude sur le poème de Thomas) entre les cinq versions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eil
2282 ier (dans son étude sur le poème de Thomas) entre les cinq versions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eilhart, la Folie Tri
2283 rsions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eilhart, la Folie Tristan et le Roman en prose. Les versions ultérieures de Gottf
2284 le : Béroul, Thomas, Eilhart, la Folie Tristan et le Roman en prose. Les versions ultérieures de Gottfried de Strasbourg e
2285 , Eilhart, la Folie Tristan et le Roman en prose. Les versions ultérieures de Gottfried de Strasbourg et de tous les imitat
2286 an et le Roman en prose. Les versions ultérieures de Gottfried de Strasbourg et de tous les imitateurs allemands, italiens
2287 ersions ultérieures de Gottfried de Strasbourg et de tous les imitateurs allemands, italiens, danois, russes, tchèques, et
2288 ultérieures de Gottfried de Strasbourg et de tous les imitateurs allemands, italiens, danois, russes, tchèques, etc., se ra
2289 mpte également des travaux critiques plus récents de MM. E. Muret et E. Vinaver. 7. « Pur belté e pur nun d’Isolt » (Thom
2290 E. Muret et E. Vinaver. 7. « Pur belté e pur nun d’ Isolt » (Thomas). 8. Toutefois, dans l’édition Bédier du poème de Tho
2291 e pur nun d’Isolt » (Thomas). 8. Toutefois, dans l’ édition Bédier du poème de Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que le v
2292 s). 8. Toutefois, dans l’édition Bédier du poème de Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que le veneur du roi, pénétrant da
2293 u poème de Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que le veneur du roi, pénétrant dans la retraite des amants « vit Tristan co
2294 nous lisons que le veneur du roi, pénétrant dans la retraite des amants « vit Tristan couché, et de l’autre côté de la gr
2295 s la retraite des amants « vit Tristan couché, et de l’autre côté de la grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour s
2296 s amants « vit Tristan couché, et de l’autre côté de la grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour se reposer à caus
2297 mants « vit Tristan couché, et de l’autre côté de la grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour se reposer à cause d
2298 n couché, et de l’autre côté de la grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour se reposer à cause de la forte chaleur,
2299 ants s’étaient couchés pour se reposer à cause de la forte chaleur, et dormaient ainsi séparés l’un de l’autre parce que… 
2300 la forte chaleur, et dormaient ainsi séparés l’un de l’autre parce que… » Ici le texte est interrompu ! Et Bédier dit en n
2301 nt ainsi séparés l’un de l’autre parce que… » Ici le texte est interrompu ! Et Bédier dit en note : « Passage inintelligib
2302 ance maléfique est donc intervenue pour brouiller le seul texte qui pût éclaircir le mystère ? 9. Gottfried de Strasbour
2303 ue pour brouiller le seul texte qui pût éclaircir le mystère ? 9. Gottfried de Strasbourg insiste avec cynisme : « Ce f
2304 nsi chose manifeste — Et avérée devant tous — Que le très glorieux Christ — Se plie comme une étoffe dont on s’habille — I
2305 une étoffe dont on s’habille — Il se prête au gré de tous — Soit à la sincérité soit à la tromperie — Il est toujours ce q
2306 n s’habille — Il se prête au gré de tous — Soit à la sincérité soit à la tromperie — Il est toujours ce qu’on veut qu’il s
2307 prête au gré de tous — Soit à la sincérité soit à la tromperie — Il est toujours ce qu’on veut qu’il soit… » 10. Et qu’
2308 veut qu’il soit… » 10. Et qu’il avait conquise de plein droit pour lui-même en la délivrant du dragon — comme ne manque
2309 il avait conquise de plein droit pour lui-même en la délivrant du dragon — comme ne manque pas de le souligner Thomas. 11
2310 e en la délivrant du dragon — comme ne manque pas de le souligner Thomas. 11. Fauriel, Histoire de la poésie provençale,
2311 n la délivrant du dragon — comme ne manque pas de le souligner Thomas. 11. Fauriel, Histoire de la poésie provençale, I,
2312 s de le souligner Thomas. 11. Fauriel, Histoire de la poésie provençale, I, p. 512. 12. Précisons que : 1° elles sont o
2313 e le souligner Thomas. 11. Fauriel, Histoire de la poésie provençale, I, p. 512. 12. Précisons que : 1° elles sont obse
2314 tour à tour, en vertu d’un calcul secret ; car si l’ on choisissait l’une d’elles à l’exclusion totale de l’autre, la situa
2315 ’un calcul secret ; car si l’on choisissait l’une d’ elles à l’exclusion totale de l’autre, la situation se dénouerait trop
2316 secret ; car si l’on choisissait l’une d’elles à l’ exclusion totale de l’autre, la situation se dénouerait trop vite ; 2°
2317 on choisissait l’une d’elles à l’exclusion totale de l’autre, la situation se dénouerait trop vite ; 2° elles ne sont pas
2318 it l’une d’elles à l’exclusion totale de l’autre, la situation se dénouerait trop vite ; 2° elles ne sont pas toujours obs
2319 ; 2° elles ne sont pas toujours observées : ainsi le péché consommé dès que les amants ont bu le philtre est un péché aux
2320 jours observées : ainsi le péché consommé dès que les amants ont bu le philtre est un péché aux yeux de l’amour courtois no
2321 ainsi le péché consommé dès que les amants ont bu le philtre est un péché aux yeux de l’amour courtois non moins qu’aux ye
2322 amants ont bu le philtre est un péché aux yeux de l’ amour courtois non moins qu’aux yeux de la morale chrétienne et féodal
2323 yeux de l’amour courtois non moins qu’aux yeux de la morale chrétienne et féodale. Mais sans cette faute initiale, il n’y
2324 Mais sans cette faute initiale, il n’y aurait pas de roman du tout. 13. Rappelons ici ces étapes : Premier séjour de Tri
2325 . 13. Rappelons ici ces étapes : Premier séjour de Tristan en Irlande. Ils se séparent sans s’aimer. — Second séjour : e
2326 éparent sans s’aimer. — Second séjour : elle veut le tuer. — Navigation et philtre, péché consommé ; Iseut livrée. — Trist
2327 e, péché consommé ; Iseut livrée. — Tristan banni de la cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour. Le « 
2328 péché consommé ; Iseut livrée. — Tristan banni de la cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour. Le « fla
2329 rée. — Tristan banni de la cour. Rendez-vous sous l’ arbre. — Tristan revient à la cour. Le « flagrant délit ». Ils sont sé
2330 ur. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour. Le « flagrant délit ». Ils sont séparés. — Ils se retrouvent et
2331 z-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour. Le « flagrant délit ». Ils sont séparés. — Ils se retrouvent et passent
2332 és. — Ils se retrouvent et passent trois ans dans la forêt, puis se séparent. — Rendez-vous chez Orri le forestier ; Trist
2333 forêt, puis se séparent. — Rendez-vous chez Orri le forestier ; Tristan s’éloigne. — Tristan revient déguisé en fou ; s’é
2334 en fou ; s’éloigne. — Longue séparation, mariage de Tristan. — Iseut s’approche et Tristan meurt. Puis mort d’Iseut. Résu
2335 n. — Iseut s’approche et Tristan meurt. Puis mort d’ Iseut. Résumons encore : une seule longue période de réunion (l’aspre
2336 Iseut. Résumons encore : une seule longue période de réunion (l’aspre vie) à quoi répond la longue période de séparation (
2337 ons encore : une seule longue période de réunion ( l’ aspre vie) à quoi répond la longue période de séparation (le mariage d
2338 ue période de réunion (l’aspre vie) à quoi répond la longue période de séparation (le mariage de Tristan). Auparavant : le
2339 ion (l’aspre vie) à quoi répond la longue période de séparation (le mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fi
2340 e) à quoi répond la longue période de séparation ( le mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double M
2341 épond la longue période de séparation (le mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double Mort ; entre
2342 séparation (le mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double Mort ; entre-temps, de furtives rencon
2343 mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double Mort ; entre-temps, de furtives rencontres. 14. Tho
2344 de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double Mort ; entre-temps, de furtives rencontres. 14. Thomas, qui
2345 hiltre ; à la fin : la double Mort ; entre-temps, de furtives rencontres. 14. Thomas, qui cherche à diminuer le rôle de
2346 rencontres. 14. Thomas, qui cherche à diminuer le rôle de cette « emprise » magique, se verra condamné à rendre la pass
2347 res. 14. Thomas, qui cherche à diminuer le rôle de cette « emprise » magique, se verra condamné à rendre la passion moin
2348 e « emprise » magique, se verra condamné à rendre la passion moins inhumaine plus acceptable aux yeux du moraliste. Inféri
2349 r en ceci à Béroul il sera le premier responsable de la dégradation du mythe. 15. Dans le drame de Wagner, quand le roi s
2350 n ceci à Béroul il sera le premier responsable de la dégradation du mythe. 15. Dans le drame de Wagner, quand le roi surp
2351 responsable de la dégradation du mythe. 15. Dans le drame de Wagner, quand le roi surprend les amants, Tristan répond à s
2352 le de la dégradation du mythe. 15. Dans le drame de Wagner, quand le roi surprend les amants, Tristan répond à ses questi
2353 ion du mythe. 15. Dans le drame de Wagner, quand le roi surprend les amants, Tristan répond à ses questions douloureuses 
2354 5. Dans le drame de Wagner, quand le roi surprend les amants, Tristan répond à ses questions douloureuses : « Ce mystère, j
2355 stions douloureuses : « Ce mystère, je ne puis te le révéler. Jamais tu ne pourras connaître ce que tu demandes. » Et plus
2356 réveil. Mais où ai-je fait séjour ? Je ne saurais le dire… C’était là où je fus toujours, et là où j’irai pour toujours :
2357 je fus toujours, et là où j’irai pour toujours : le vaste empire de l’éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est
2358 , et là où j’irai pour toujours : le vaste empire de l’éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est donnée : le div
2359 t là où j’irai pour toujours : le vaste empire de l’ éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est donnée : le divin,
2360 uit. Là-bas, une science unique nous est donnée : le divin, l’éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si t
2361 s, une science unique nous est donnée : le divin, l’ éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si tu pouvais
2362 nce unique nous est donnée : le divin, l’éternel, l’ originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si tu pouvais me comprend
2363 , l’éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si tu pouvais me comprendre ! » 1. Vers 1412-1415 : A conbi
2364 ien fu determinez Li lovendrincs, li vin herbez : La mere Yseut, qui le bollit, A trois anz d’amistié le fist.
2365 i lovendrincs, li vin herbez : La mere Yseut, qui le bollit, A trois anz d’amistié le fist.
2366 erbez : La mere Yseut, qui le bollit, A trois anz d’ amistié le fist.
2367 mere Yseut, qui le bollit, A trois anz d’amistié le fist.
3 1939, L’Amour et l’Occident. Livre II. Les origines religieuses du mythe
2368 autres héritiers du xixe . Qu’on nous montre dans la nature, ou dans l’instinct, les esquisses grossières de faits « spiri
2369 xixe . Qu’on nous montre dans la nature, ou dans l’ instinct, les esquisses grossières de faits « spirituels », aussitôt n
2370 n nous montre dans la nature, ou dans l’instinct, les esquisses grossières de faits « spirituels », aussitôt nous croyons t
2371 ure, ou dans l’instinct, les esquisses grossières de faits « spirituels », aussitôt nous croyons tenir une explication de
2372 ls », aussitôt nous croyons tenir une explication de ces faits. Le plus bas nous paraît le plus vrai. C’est la superstitio
2373 nous croyons tenir une explication de ces faits. Le plus bas nous paraît le plus vrai. C’est la superstition du temps, la
2374 explication de ces faits. Le plus bas nous paraît le plus vrai. C’est la superstition du temps, la manie de « ramener » le
2375 aits. Le plus bas nous paraît le plus vrai. C’est la superstition du temps, la manie de « ramener » le sublime à l’infime,
2376 aît le plus vrai. C’est la superstition du temps, la manie de « ramener » le sublime à l’infime, l’étrange erreur qui pren
2377 us vrai. C’est la superstition du temps, la manie de « ramener » le sublime à l’infime, l’étrange erreur qui prend pour ca
2378 la superstition du temps, la manie de « ramener » le sublime à l’infime, l’étrange erreur qui prend pour cause suffisante
2379 on du temps, la manie de « ramener » le sublime à l’ infime, l’étrange erreur qui prend pour cause suffisante une condition
2380 s, la manie de « ramener » le sublime à l’infime, l’ étrange erreur qui prend pour cause suffisante une condition simplemen
2381 une condition simplement nécessaire. C’est aussi le scrupule scientifique, nous dit-on. Il fallait cela pour affranchir l
2382 que, nous dit-on. Il fallait cela pour affranchir l’ esprit des illusions spiritualistes. Mais je distingue mal l’intérêt d
2383 s illusions spiritualistes. Mais je distingue mal l’ intérêt d’un affranchissement qui consiste à « expliquer » Dostoïevski
2384 s spiritualistes. Mais je distingue mal l’intérêt d’ un affranchissement qui consiste à « expliquer » Dostoïevski par le ha
2385 ment qui consiste à « expliquer » Dostoïevski par le haut mal, et Nietzsche par la syphilis. Curieuse manière de libérer l
2386 r » Dostoïevski par le haut mal, et Nietzsche par la syphilis. Curieuse manière de libérer l’esprit, qui se « ramène » à l
2387 l, et Nietzsche par la syphilis. Curieuse manière de libérer l’esprit, qui se « ramène » à le nier. Mais j’ai beau dire et
2388 sche par la syphilis. Curieuse manière de libérer l’ esprit, qui se « ramène » à le nier. Mais j’ai beau dire et protester
2389 manière de libérer l’esprit, qui se « ramène » à le nier. Mais j’ai beau dire et protester d’avance : si je constate que
2390 ène » à le nier. Mais j’ai beau dire et protester d’ avance : si je constate que l’instinct et le sexe connaissent une dial
2391 u dire et protester d’avance : si je constate que l’ instinct et le sexe connaissent une dialectique spontanée, analogue à
2392 ester d’avance : si je constate que l’instinct et le sexe connaissent une dialectique spontanée, analogue à certains égard
2393 ue spontanée, analogue à certains égards, à celle de la passion dans notre mythe, beaucoup penseront que voilà qui suffit…
2394 spontanée, analogue à certains égards, à celle de la passion dans notre mythe, beaucoup penseront que voilà qui suffit… Do
2395 que voilà qui suffit… Donnons une page à ce genre d’ objections. ⁂ L’obstacle dont on a vu le jeu au cours de notre analyse
2396 ffit… Donnons une page à ce genre d’objections. ⁂ L’ obstacle dont on a vu le jeu au cours de notre analyse du mythe, n’est
2397 ce genre d’objections. ⁂ L’obstacle dont on a vu le jeu au cours de notre analyse du mythe, n’est-il pas d’origine toute
2398 au cours de notre analyse du mythe, n’est-il pas d’ origine toute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas la ruse la
2399 n’est-il pas d’origine toute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir ? Et l’hom
2400 ute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir ? Et l’homme n’est-il pas « ainsi f
2401 relle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir ? Et l’homme n’est-il pas « ainsi fait » qu
2402 -ce pas la ruse la plus élémentaire du désir ? Et l’ homme n’est-il pas « ainsi fait » qu’il s’impose parfois une certaine
2403 l s’impose parfois une certaine continence, quasi d’ instinct, dans l’intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur de S
2404 s une certaine continence, quasi d’instinct, dans l’ intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait a
2405 continence, quasi d’instinct, dans l’intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait aux jeunes marié
2406 tinence, quasi d’instinct, dans l’intérêt même de l’ espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait aux jeunes mariés u
2407 ’intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait aux jeunes mariés une abstinence prolongée. « C’est
2408 que — qu’ils soient toujours plus forts et dispos de leur corps, et qu’en ne jouissant pas du plaisir d’aimer à cœur saoul
2409 leur corps, et qu’en ne jouissant pas du plaisir d’ aimer à cœur saoul, leur amour en demeure toujours frais, et que leurs
2410 urs enfants en viennent plus robustes. » (Amyot). La chevalerie féodale, de même, honorait dans la chasteté un obstacle in
2411 t). La chevalerie féodale, de même, honorait dans la chasteté un obstacle instinctif à l’instinct, ayant pour fin de rendr
2412 onorait dans la chasteté un obstacle instinctif à l’ instinct, ayant pour fin de rendre les guerriers plus valeureux. Or la
2413 obstacle instinctif à l’instinct, ayant pour fin de rendre les guerriers plus valeureux. Or la vertu d’une telle discipli
2414 instinctif à l’instinct, ayant pour fin de rendre les guerriers plus valeureux. Or la vertu d’une telle discipline est rela
2415 ur fin de rendre les guerriers plus valeureux. Or la vertu d’une telle discipline est relative à la vie même, non à l’espr
2416 rendre les guerriers plus valeureux. Or la vertu d’ une telle discipline est relative à la vie même, non à l’esprit. Elle
2417 Or la vertu d’une telle discipline est relative à la vie même, non à l’esprit. Elle cède au succès obtenu. Elle ne cherche
2418 elle discipline est relative à la vie même, non à l’ esprit. Elle cède au succès obtenu. Elle ne cherche rien au-delà. L’eu
2419 e au succès obtenu. Elle ne cherche rien au-delà. L’ eugénisme d’un Lycurgue n’est nullement ascétique, puisqu’il vise au c
2420 obtenu. Elle ne cherche rien au-delà. L’eugénisme d’ un Lycurgue n’est nullement ascétique, puisqu’il vise au contraire à l
2421 ullement ascétique, puisqu’il vise au contraire à la meilleure propagation de l’espèce. On ne saurait voir dans ces proces
2422 u’il vise au contraire à la meilleure propagation de l’espèce. On ne saurait voir dans ces processus vitaux autre chose qu
2423 l vise au contraire à la meilleure propagation de l’ espèce. On ne saurait voir dans ces processus vitaux autre chose que l
2424 it voir dans ces processus vitaux autre chose que le support physiologique de la dialectique passionnelle. Il faut bien qu
2425 s vitaux autre chose que le support physiologique de la dialectique passionnelle. Il faut bien que la passion se serve des
2426 itaux autre chose que le support physiologique de la dialectique passionnelle. Il faut bien que la passion se serve des co
2427 de la dialectique passionnelle. Il faut bien que la passion se serve des corps, et qu’elle utilise leurs lois. Mais la co
2428 ve des corps, et qu’elle utilise leurs lois. Mais la constatation des lois du corps n’explique nullement l’amour d’un Tris
2429 nstatation des lois du corps n’explique nullement l’ amour d’un Tristan, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente l’in
2430 on des lois du corps n’explique nullement l’amour d’ un Tristan, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente l’interventi
2431 ment l’amour d’un Tristan, par exemple. Elle rend d’ autant plus évidente l’intervention d’un facteur « étranger » seul cap
2432 an, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente l’ intervention d’un facteur « étranger » seul capable de détourner l’ins
2433 . Elle rend d’autant plus évidente l’intervention d’ un facteur « étranger » seul capable de détourner l’instinct de son bu
2434 tervention d’un facteur « étranger » seul capable de détourner l’instinct de son but naturel et de transformer le désir en
2435 un facteur « étranger » seul capable de détourner l’ instinct de son but naturel et de transformer le désir en une aspirati
2436 « étranger » seul capable de détourner l’instinct de son but naturel et de transformer le désir en une aspiration indéfini
2437 ble de détourner l’instinct de son but naturel et de transformer le désir en une aspiration indéfinie, c’est-à-dire sans f
2438 r l’instinct de son but naturel et de transformer le désir en une aspiration indéfinie, c’est-à-dire sans fins vitales, vo
2439 ire à ces fins. Ces mêmes remarques vaudront pour les coutumes et les interdictions sacrées chez les peuplades primitives.
2440 Ces mêmes remarques vaudront pour les coutumes et les interdictions sacrées chez les peuplades primitives. C’est un jeu que
2441 ur les coutumes et les interdictions sacrées chez les peuplades primitives. C’est un jeu que de retrouver l’« origine » sac
2442 s chez les peuplades primitives. C’est un jeu que de retrouver l’« origine » sacrée des motifs caractéristiques du Roman.
2443 uplades primitives. C’est un jeu que de retrouver l’ « origine » sacrée des motifs caractéristiques du Roman. La quête de l
2444 ne » sacrée des motifs caractéristiques du Roman. La quête de la fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial
2445 ée des motifs caractéristiques du Roman. La quête de la fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial du rapt
2446 des motifs caractéristiques du Roman. La quête de la fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial du rapt nup
2447 , se rattache au cérémonial du rapt nuptial, chez les tribus exogamiques. La morale de la prouesse est une sublimation non
2448 ial du rapt nuptial, chez les tribus exogamiques. La morale de la prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes be
2449 t nuptial, chez les tribus exogamiques. La morale de la prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes beaucoup plu
2450 uptial, chez les tribus exogamiques. La morale de la prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes beaucoup plus a
2451 e de la prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes beaucoup plus anciennes traduisant la nécessité d’une sélect
2452 ée de coutumes beaucoup plus anciennes traduisant la nécessité d’une sélection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir
2453 s beaucoup plus anciennes traduisant la nécessité d’ une sélection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir de la mort qu
2454 ection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir de la mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit pa
2455 ion biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir de la mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit par F
2456 ue. Et il n’est pas jusqu’au désir de la mort que l’ on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit par Freud et par
2457 désir de la mort que l’on ne puisse « ramener » à l’ instinct de mort décrit par Freud et par les plus récents biologistes.
2458 mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit par Freud et par les plus récents biologistes. Mais on ne
2459 er » à l’instinct de mort décrit par Freud et par les plus récents biologistes. Mais on ne voit pas que tout ceci explique
2460 istes. Mais on ne voit pas que tout ceci explique l’ apparition tardive du mythe, et encore moins sa localisation dans notr
2461 s sa localisation dans notre histoire européenne… L’ antiquité n’a rien connu de semblable à l’amour de Tristan et d’Iseut.
2462 e histoire européenne… L’antiquité n’a rien connu de semblable à l’amour de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les
2463 péenne… L’antiquité n’a rien connu de semblable à l’ amour de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les R
2464 L’antiquité n’a rien connu de semblable à l’amour de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les Romains,
2465 a rien connu de semblable à l’amour de Tristan et d’ Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’amour est un
2466 our de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans la mesu
2467 n et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans la mesure où il tran
2468 On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’ amour est une maladie (Ménandre) dans la mesure où il transcende la vo
2469 Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans la mesure où il transcende la volupté qui est sa fin naturelle. C’est un
2470 aladie (Ménandre) dans la mesure où il transcende la volupté qui est sa fin naturelle. C’est une « frénésie », dit Plutarq
2471 ux, il leur faut pardonner comme étant malades… » D’ où vient alors cette glorification de la passion, qui est justement ce
2472 t malades… » D’où vient alors cette glorification de la passion, qui est justement ce qui nous touche dans le Roman ? Parl
2473 alades… » D’où vient alors cette glorification de la passion, qui est justement ce qui nous touche dans le Roman ? Parler
2474 assion, qui est justement ce qui nous touche dans le Roman ? Parler de déviation de l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’
2475 stement ce qui nous touche dans le Roman ? Parler de déviation de l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoi
2476 i nous touche dans le Roman ? Parler de déviation de l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoir, précisémen
2477 ous touche dans le Roman ? Parler de déviation de l’ instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoir, précisément,
2478 e l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoir, précisément, quel est le facteur qui a pu causer cette déviat
2479 puisqu’il s’agit de savoir, précisément, quel est le facteur qui a pu causer cette déviation. 2.Éros, ou le Désir sans
2480 ur qui a pu causer cette déviation. 2.Éros, ou le Désir sans fin (Platonisme, druidisme, manichéisme.) Platon nous p
2481 manichéisme.) Platon nous parle dans Phèdre et le Banquet d’une fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler d’hume
2482 .) Platon nous parle dans Phèdre et le Banquet d’ une fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler d’humeurs maligne
2483 èdre et le Banquet d’une fureur qui va du corps à l’ âme, pour la troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’
2484 anquet d’une fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il le loue.
2485 fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler d’ humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il le loue. Mais il est
2486 pour la troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas l’ amour tel qu’il le loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou de
2487 ’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il le loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou de délire, qui ne s’
2488 r tel qu’il le loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou de délire, qui ne s’engendre pas sans quelque divinité, ni
2489 loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou de délire, qui ne s’engendre pas sans quelque divinité, ni ne se crée da
2490 dre pas sans quelque divinité, ni ne se crée dans l’ âme au-dedans de nous : c’est une inspiration toute étrangère, un attr
2491 agit du dehors, un emportement, un rapt indéfini de la raison et du sens naturel. On l’appellera donc enthousiasme, ce qu
2492 it du dehors, un emportement, un rapt indéfini de la raison et du sens naturel. On l’appellera donc enthousiasme, ce qui s
2493 rapt indéfini de la raison et du sens naturel. On l’ appellera donc enthousiasme, ce qui signifie « endieusement », car ce
2494 signifie « endieusement », car ce délire procède de la divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est l’amour platonicie
2495 gnifie « endieusement », car ce délire procède de la divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est l’amour platonicien :
2496 a divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est l’ amour platonicien : « délire divin », transport de l’âme, folie et sup
2497 l’amour platonicien : « délire divin », transport de l’âme, folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de l’être aimé
2498 mour platonicien : « délire divin », transport de l’ âme, folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de l’être aimé « c
2499 , transport de l’âme, folie et suprême raison. Et l’ amant est auprès de l’être aimé « comme dans le ciel », car l’amour es
2500 folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de l’ être aimé « comme dans le ciel », car l’amour est la voie qui monte pa
2501 Et l’amant est auprès de l’être aimé « comme dans le ciel », car l’amour est la voie qui monte par degrés d’extase vers l’
2502 auprès de l’être aimé « comme dans le ciel », car l’ amour est la voie qui monte par degrés d’extase vers l’origine unique
2503 être aimé « comme dans le ciel », car l’amour est la voie qui monte par degrés d’extase vers l’origine unique de tout ce q
2504 l », car l’amour est la voie qui monte par degrés d’ extase vers l’origine unique de tout ce qui existe, loin des corps et
2505 ur est la voie qui monte par degrés d’extase vers l’ origine unique de tout ce qui existe, loin des corps et de la matière,
2506 i monte par degrés d’extase vers l’origine unique de tout ce qui existe, loin des corps et de la matière, loin de ce qui d
2507 e unique de tout ce qui existe, loin des corps et de la matière, loin de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur d’
2508 nique de tout ce qui existe, loin des corps et de la matière, loin de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur d’êtr
2509 de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur d’ être soi et d’être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est le Désir tota
2510 se et distingue, au-delà du malheur d’être soi et d’ être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est l’Asp
2511 au-delà du malheur d’être soi et d’être deux dans l’ amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse
2512 heur d’être soi et d’être deux dans l’amour même. L’ Éros, c’est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan relig
2513 i et d’être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan religieux originel
2514 l’amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est l’ Aspiration lumineuse, l’élan religieux originel porté à sa plus haute
2515 est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’ élan religieux originel porté à sa plus haute puissance, à l’extrême e
2516 gieux originel porté à sa plus haute puissance, à l’ extrême exigence de pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais l’
2517 é à sa plus haute puissance, à l’extrême exigence de pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais l’unité dernière est
2518 puissance, à l’extrême exigence de pureté qui est l’ extrême exigence d’Unité. Mais l’unité dernière est négation de l’être
2519 ême exigence de pureté qui est l’extrême exigence d’ Unité. Mais l’unité dernière est négation de l’être actuel, dans sa so
2520 e pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais l’ unité dernière est négation de l’être actuel, dans sa souffrante multi
2521 gence d’Unité. Mais l’unité dernière est négation de l’être actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi l’élan suprême
2522 ce d’Unité. Mais l’unité dernière est négation de l’ être actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi l’élan suprême du
2523 re actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi l’ élan suprême du désir aboutit à ce qui est non-désir. La dialectique d
2524 suprême du désir aboutit à ce qui est non-désir. La dialectique d’Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étrang
2525 ir aboutit à ce qui est non-désir. La dialectique d’ Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes
2526 t non-désir. La dialectique d’Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de l’attrait sexuel :
2527 ctique d’Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de l’attrait sexuel : un désir qui ne retom
2528 la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de l’attrait sexuel : un désir qui ne retombe plus, que plus rien ne peu
2529 vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de l’ attrait sexuel : un désir qui ne retombe plus, que plus rien ne peut s
2530 ien ne peut satisfaire, qui repousse même et fuit la tentation de s’accomplir dans notre monde, parce qu’il ne veut embras
2531 atisfaire, qui repousse même et fuit la tentation de s’accomplir dans notre monde, parce qu’il ne veut embrasser que le To
2532 ns notre monde, parce qu’il ne veut embrasser que le Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension de l’homme vers son di
2533 parce qu’il ne veut embrasser que le Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension de l’homme vers son dieu. Et ce mouve
2534 brasser que le Tout. C’est le dépassement infini, l’ ascension de l’homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂
2535 le Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension de l’homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂ Les origine
2536 Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension de l’ homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂ Les origines i
2537 vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂ Les origines iraniennes et orphiques du platonisme sont encore mal connue
2538 core mal connues mais certaines. Et par Plotin et l’ Aréopagite, cette doctrine s’est transmise au monde médiéval. Ainsi l’
2539 doctrine s’est transmise au monde médiéval. Ainsi l’ Orient vint rêver dans nos vies, réveillant de très vieux souvenirs. C
2540 nsi l’Orient vint rêver dans nos vies, réveillant de très vieux souvenirs. Car du fond de notre Occident, la voix des bard
2541 , réveillant de très vieux souvenirs. Car du fond de notre Occident, la voix des bardes celtes lui répondait. Je ne sais s
2542 s vieux souvenirs. Car du fond de notre Occident, la voix des bardes celtes lui répondait. Je ne sais si c’était un écho,
2543 armonie ancestrale — toutes nos races sont venues d’ Orient — ou simplement si la nature humaine n’est point portée en tous
2544 nos races sont venues d’Orient — ou simplement si la nature humaine n’est point portée en tous lieux et tous temps à divin
2545 ormes toujours semblables. Je ne sais ce que vaut l’ hypothèse qui assimile jusque dans les détails les plus vieux mythes c
2546 ce que vaut l’hypothèse qui assimile jusque dans les détails les plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs — la quête d
2547 l’hypothèse qui assimile jusque dans les détails les plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs — la quête du Graal à ce
2548 es plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs —  la quête du Graal à celle de la Toison d’or — et les doctrines de Pythag
2549 ques à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle de la Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration
2550 s à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle de la Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration des
2551 es Grecs — la quête du Graal à celle de la Toison d’ or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration des âmes à ce
2552  la quête du Graal à celle de la Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration des âmes à celles des dr
2553 raal à celle de la Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration des âmes à celles des druides sur l’i
2554 a Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration des âmes à celles des druides sur l’immortalité. La my
2555 transmigration des âmes à celles des druides sur l’ immortalité. La mythologie comparée est la plus périlleuse des science
2556 des âmes à celles des druides sur l’immortalité. La mythologie comparée est la plus périlleuse des sciences, si l’on exce
2557 des sur l’immortalité. La mythologie comparée est la plus périlleuse des sciences, si l’on excepte l’étymologie dont elle
2558 comparée est la plus périlleuse des sciences, si l’ on excepte l’étymologie dont elle procède bien souvent : l’une et l’au
2559 la plus périlleuse des sciences, si l’on excepte l’ étymologie dont elle procède bien souvent : l’une et l’autre sans cess
2560 cède bien souvent : l’une et l’autre sans cesse à la merci du calembour le plus tentant… Quoi qu’il en soit, certaines con
2561 une et l’autre sans cesse à la merci du calembour le plus tentant… Quoi qu’il en soit, certaines convergences générales se
2562 rales se dégagent des travaux récents, renforçant l’ hypothèse d’une communauté originelle des croyances religieuses en Ori
2563 agent des travaux récents, renforçant l’hypothèse d’ une communauté originelle des croyances religieuses en Orient et en Oc
2564 uses en Orient et en Occident. ⁂ Bien avant Rome, les Celtes avaient conquis une grande partie de l’Europe actuelle. Venus
2565 ome, les Celtes avaient conquis une grande partie de l’Europe actuelle. Venus du Sud-Ouest de la Germanie et du Nord-Est d
2566 , les Celtes avaient conquis une grande partie de l’ Europe actuelle. Venus du Sud-Ouest de la Germanie et du Nord-Est de l
2567 avaient mis à sac Rome et Delphes, et soumis tous les peuples de l’Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en
2568 à sac Rome et Delphes, et soumis tous les peuples de l’Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et
2569 ac Rome et Delphes, et soumis tous les peuples de l’ Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et en
2570 hes, et soumis tous les peuples de l’Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et en Asie Mineure (G
2571 e Mineure (Galates), préfigurant assez exactement l’ extension de l’Empire romain. Or les Celtes n’étaient pas une nation.
2572 alates), préfigurant assez exactement l’extension de l’Empire romain. Or les Celtes n’étaient pas une nation. Ils n’avaien
2573 tes), préfigurant assez exactement l’extension de l’ Empire romain. Or les Celtes n’étaient pas une nation. Ils n’avaient p
2574 sez exactement l’extension de l’Empire romain. Or les Celtes n’étaient pas une nation. Ils n’avaient pas d’autre « unité »
2575 eltes n’étaient pas une nation. Ils n’avaient pas d’ autre « unité » que celle d’une civilisation, dont le principe spiritu
2576 on. Ils n’avaient pas d’autre « unité » que celle d’ une civilisation, dont le principe spirituel était maintenu par le col
2577 utre « unité » que celle d’une civilisation, dont le principe spirituel était maintenu par le collège sacerdotal des druid
2578 on, dont le principe spirituel était maintenu par le collège sacerdotal des druides. Ce collège à son tour n’était nulleme
2579 druides. Ce collège à son tour n’était nullement l’ émanation des petits peuples ou tribus, mais « une institution en quel
2580 en quelque sorte internationale », commune à tous les peuples d’origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’Irlande ju
2581 orte internationale », commune à tous les peuples d’ origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Ital
2582 ne à tous les peuples d’origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les v
2583 à tous les peuples d’origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voya
2584 les d’origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et les renc
2585 d’origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’ Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et les rencont
2586 de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et les rencontres des druides « cimentaient l’union des peupl
2587 usqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et les rencontres des druides « cimentaient l’union des peuples celtiques et
2588 yages et les rencontres des druides « cimentaient l’ union des peuples celtiques et le sentiment de leur parenté »16. Les d
2589 es « cimentaient l’union des peuples celtiques et le sentiment de leur parenté »16. Les druides formaient des confréries r
2590 ent l’union des peuples celtiques et le sentiment de leur parenté »16. Les druides formaient des confréries religieuses do
2591 es celtiques et le sentiment de leur parenté »16. Les druides formaient des confréries religieuses douées de pouvoirs très
2592 uides formaient des confréries religieuses douées de pouvoirs très étendus. Ils étaient à la fois devins, magiciens, médec
2593 ecins, prêtres, professeurs. Ils n’écrivaient pas de livres, mais donnaient un enseignement oral, en vers gnomiques, à des
2594 s gnomiques, à des élèves qu’ils gardaient auprès d’ eux pendant vingt ans17. (On a pu rapprocher ce collège sacerdotal d’i
2595 ans17. (On a pu rapprocher ce collège sacerdotal d’ institutions tout à fait identiques chez les autres peuples indo-europ
2596 rdotal d’institutions tout à fait identiques chez les autres peuples indo-européens : mages iraniens, brahmanes de l’Inde,
2597 euples indo-européens : mages iraniens, brahmanes de l’Inde, pontifes et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs le m
2598 les indo-européens : mages iraniens, brahmanes de l’ Inde, pontifes et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même
2599 aniens, brahmanes de l’Inde, pontifes et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même nom que le brahmane.18) Il e
2600 rahmanes de l’Inde, pontifes et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même nom que le brahmane.18) Il est certai
2601 s et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même nom que le brahmane.18) Il est certain que les Celtes croyaient
2602 Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même nom que le brahmane.18) Il est certain que les Celtes croyaient à une vie après
2603 e même nom que le brahmane.18) Il est certain que les Celtes croyaient à une vie après la mort. Vie aventureuse, très sembl
2604 certain que les Celtes croyaient à une vie après la mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de la terre, mais épuré
2605 la mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de la terre, mais épurée, et dont certains héros pouvaient revenir, sous
2606 mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de la terre, mais épurée, et dont certains héros pouvaient revenir, sous d’
2607 se mêler aux vivants. Par cette doctrine centrale de la survie des âmes, les Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute do
2608 mêler aux vivants. Par cette doctrine centrale de la survie des âmes, les Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctr
2609 ar cette doctrine centrale de la survie des âmes, les Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine de l’immortalité
2610 ltes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine de l’immortalité suppose une préoccupation tragique de la mort. Les Celt
2611 s s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine de l’ immortalité suppose une préoccupation tragique de la mort. Les Celtes,
2612 l’immortalité suppose une préoccupation tragique de la mort. Les Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la méta
2613 immortalité suppose une préoccupation tragique de la mort. Les Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la métaphy
2614 té suppose une préoccupation tragique de la mort. Les Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la métaphysique de l
2615 Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la métaphysique de la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était u
2616 ubert, « ont cultivé certainement la métaphysique de la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était une compagne fami
2617 rt, « ont cultivé certainement la métaphysique de la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était une compagne familiè
2618 étaphysique de la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était une compagne familière dont ils se sont plu à déguiser
2619 ompagne familière dont ils se sont plu à déguiser le caractère inquiétant ». De même, dans leur mythologie, « l’idée de mo
2620 re inquiétant ». De même, dans leur mythologie, «  l’ idée de mort domine tout, et tout la découvre »19. Et cela n’est pas s
2621 iétant ». De même, dans leur mythologie, « l’idée de mort domine tout, et tout la découvre »19. Et cela n’est pas sans inc
2622 mythologie, « l’idée de mort domine tout, et tout la découvre »19. Et cela n’est pas sans inciter à des rapprochements trè
2623 iter à des rapprochements très précis avec ce que l’ on a dit plus haut du mythe de Tristan, qui voile et exprime à la fois
2624 précis avec ce que l’on a dit plus haut du mythe de Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir de mort. D’autre par
2625 mythe de Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir de mort. D’autre part, les dieux celtiques forment deux séries
2626 Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir de mort. D’autre part, les dieux celtiques forment deux séries opposées 
2627 exprime à la fois le désir de mort. D’autre part, les dieux celtiques forment deux séries opposées : dieux lumineux et dieu
2628 dieux lumineux et dieux sombres. Il nous importe de souligner ce fait du dualisme fondamental de la religion des druides.
2629 orte de souligner ce fait du dualisme fondamental de la religion des druides. Car c’est ici que se révèle la convergence d
2630 e de souligner ce fait du dualisme fondamental de la religion des druides. Car c’est ici que se révèle la convergence des
2631 religion des druides. Car c’est ici que se révèle la convergence des mythes iraniens, gnostiques, et hindouistes avec la r
2632 mythes iraniens, gnostiques, et hindouistes avec la religion fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantiqu
2633 ues, et hindouistes avec la religion fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprim
2634 , et hindouistes avec la religion fondamentale de l’ Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé,
2635 uistes avec la religion fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les f
2636 tes avec la religion fondamentale de l’Europe. De l’ Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les form
2637 ion fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les formes les plus diver
2638 fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives de l’ Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les formes les plus diverses
2639 es de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les formes les plus diverses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et d
2640 antique, nous retrouvons exprimé, dans les formes les plus diverses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et de leur lutt
2641 mes les plus diverses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et de leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lu
2642 les plus diverses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et de leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lumiè
2643 verses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et de leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lumière incréée,
2644 our et de la Nuit, et de leur lutte mortelle dans l’ homme. Il est un dieu de Lumière incréée, intemporelle, et un dieu de
2645 leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lumière incréée, intemporelle, et un dieu de Ténèbres, auteur du mal,
2646 dieu de Lumière incréée, intemporelle, et un dieu de Ténèbres, auteur du mal, qui domine toute la Création visible. Des si
2647 dieu de Ténèbres, auteur du mal, qui domine toute la Création visible. Des siècles avant l’apparition de Mani, on peut déc
2648 mine toute la Création visible. Des siècles avant l’ apparition de Mani, on peut déceler la même opposition dans les mythol
2649 Création visible. Des siècles avant l’apparition de Mani, on peut déceler la même opposition dans les mythologies indo-eu
2650 ècles avant l’apparition de Mani, on peut déceler la même opposition dans les mythologies indo-européennes. Dieux lumineux
2651 de Mani, on peut déceler la même opposition dans les mythologies indo-européennes. Dieux lumineux : l’Ahura-Mazda (ou Ormu
2652 es mythologies indo-européennes. Dieux lumineux : l’ Ahura-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens, l’Apollon grec, l’Abellion celti
2653 umineux : l’Ahura-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens, l’ Apollon grec, l’Abellion celtibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar san
2654 a-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens, l’Apollon grec, l’ Abellion celtibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar sanskrit, l’Ahrrima
2655 ollon grec, l’Abellion celtibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar sanskrit, l’Ahrriman iranien, le Zeus pater hellène, le J
2656 ltibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar sanskrit, l’ Ahrriman iranien, le Zeus pater hellène, le Jupiter latin, le Dispater
2657 es : le Dyaus Pitar sanskrit, l’Ahrriman iranien, le Zeus pater hellène, le Jupiter latin, le Dispater gaulois… Bien d’aut
2658 skrit, l’Ahrriman iranien, le Zeus pater hellène, le Jupiter latin, le Dispater gaulois… Bien d’autres rapprochements nous
2659 iranien, le Zeus pater hellène, le Jupiter latin, le Dispater gaulois… Bien d’autres rapprochements nous tentent, dont l’u
2660 tentent, dont l’un au moins intéresse directement l’ objet de ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pa
2661 dont l’un au moins intéresse directement l’objet de ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pas sans r
2662 moins intéresse directement l’objet de ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dia
2663 e directement l’objet de ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique plato
2664 irectement l’objet de ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique platonic
2665 bjet de ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique platonicienne de l’Amou
2666 la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique platonicienne de l’Amour. La femme figure aux yeux des dr
2667 st pas sans rappeler la dialectique platonicienne de l’Amour. La femme figure aux yeux des druides un être divin et prophé
2668 pas sans rappeler la dialectique platonicienne de l’ Amour. La femme figure aux yeux des druides un être divin et prophétiq
2669 rappeler la dialectique platonicienne de l’Amour. La femme figure aux yeux des druides un être divin et prophétique. C’est
2670 x des druides un être divin et prophétique. C’est la Velléda des Martyrs, le fantôme lumineux qui apparaît aux regards du
2671 vin et prophétique. C’est la Velléda des Martyrs, le fantôme lumineux qui apparaît aux regards du général romain perdu dan
2672 s-tu que je suis fée ? », dit-elle. Éros a revêtu les apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qu
2673 s fée ? », dit-elle. Éros a revêtu les apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mé
2674 ée ? », dit-elle. Éros a revêtu les apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépri
2675 Éros a revêtu les apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terr
2676 s a revêtu les apparences de la Femme, symbole de l’ au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terrest
2677 s apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terrestres. Mais sym
2678 delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terrestres. Mais symbole équivoque puisqu’il tend à confondre l
2679 Mais symbole équivoque puisqu’il tend à confondre l’ attrait du sexe et le Désir sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, «
2680 e puisqu’il tend à confondre l’attrait du sexe et le Désir sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, « objet de contemplati
2681 confondre l’attrait du sexe et le Désir sans fin. L’ Essylt des légendes sacrées, « objet de contemplation, spectacle mysté
2682 sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, « objet de contemplation, spectacle mystérieux », c’était l’invitation à désirer
2683 de contemplation, spectacle mystérieux », c’était l’ invitation à désirer ce qui est au-delà des formes incarnées. Mais ell
2684 able en soi… Et pourtant sa nature est fuyante. «  L’ Éternel féminin nous entraîne », dira Goethe. Et Novalis : « La femme
2685 inin nous entraîne », dira Goethe. Et Novalis : «  La femme est le but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la Lumière pre
2686 raîne », dira Goethe. Et Novalis : « La femme est le but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la Lumière prend pour symbo
2687 , dira Goethe. Et Novalis : « La femme est le but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la Lumière prend pour symbole l’at
2688 ira Goethe. Et Novalis : « La femme est le but de l’ homme. » Ainsi l’aspiration vers la Lumière prend pour symbole l’attra
2689 valis : « La femme est le but de l’homme. » Ainsi l’ aspiration vers la Lumière prend pour symbole l’attrait nocturne des s
2690 est le but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la Lumière prend pour symbole l’attrait nocturne des sexes. Le grand Jou
2691 i l’aspiration vers la Lumière prend pour symbole l’ attrait nocturne des sexes. Le grand Jour incréé, aux yeux de la chair
2692 prend pour symbole l’attrait nocturne des sexes. Le grand Jour incréé, aux yeux de la chair, n’est que la Nuit. Mais notr
2693 urne des sexes. Le grand Jour incréé, aux yeux de la chair, n’est que la Nuit. Mais notre jour, aux yeux du dieu qui résid
2694 rand Jour incréé, aux yeux de la chair, n’est que la Nuit. Mais notre jour, aux yeux du dieu qui réside par-delà les étoil
2695 notre jour, aux yeux du dieu qui réside par-delà les étoiles, c’est le royaume de Dispater, le père des Ombres. Et de même
2696 ux du dieu qui réside par-delà les étoiles, c’est le royaume de Dispater, le père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wa
2697 qui réside par-delà les étoiles, c’est le royaume de Dispater, le père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wagner veut s
2698 r-delà les étoiles, c’est le royaume de Dispater, le père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wagner veut sombrer, mais
2699 aume de Dispater, le père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wagner veut sombrer, mais pour renaître en un ciel de Lumi
2700 agner veut sombrer, mais pour renaître en un ciel de Lumière. La « Nuit » qu’il chante, c’est le Jour incréé. Et sa passio
2701 ombrer, mais pour renaître en un ciel de Lumière. La « Nuit » qu’il chante, c’est le Jour incréé. Et sa passion, c’est le
2702 ciel de Lumière. La « Nuit » qu’il chante, c’est le Jour incréé. Et sa passion, c’est le culte d’Éros, le Désir qui mépri
2703 hante, c’est le Jour incréé. Et sa passion, c’est le culte d’Éros, le Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volup
2704 est le Jour incréé. Et sa passion, c’est le culte d’ Éros, le Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volupté, même
2705 our incréé. Et sa passion, c’est le culte d’Éros, le Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volupté, même quand il
2706 même quand il croit aimer un être… On parle trop de nirvana et de bouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si le f
2707 croit aimer un être… On parle trop de nirvana et de bouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen de l
2708 arle trop de nirvana et de bouddhisme à propos de l’ opéra wagnérien. Comme si le fond païen de l’Occident n’avait pas pu f
2709 ouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen de l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléme
2710 opos de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen de l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléments les plus a
2711 s de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen de l’ Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléments les plus acti
2712 de l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléments les plus actifs de son philtre ! Il est frappant de constate
2713 t n’avait pas pu fournir au magicien les éléments les plus actifs de son philtre ! Il est frappant de constater d’ailleurs
2714 fournir au magicien les éléments les plus actifs de son philtre ! Il est frappant de constater d’ailleurs à quel point le
2715 les plus actifs de son philtre ! Il est frappant de constater d’ailleurs à quel point le celtisme originel de l’Europe a
2716 est frappant de constater d’ailleurs à quel point le celtisme originel de l’Europe a survécu à la conquête romaine et aux
2717 ater d’ailleurs à quel point le celtisme originel de l’Europe a survécu à la conquête romaine et aux invasions germaniques
2718 r d’ailleurs à quel point le celtisme originel de l’ Europe a survécu à la conquête romaine et aux invasions germaniques. «
2719 oint le celtisme originel de l’Europe a survécu à la conquête romaine et aux invasions germaniques. « Les Gallo-Romains so
2720 conquête romaine et aux invasions germaniques. «  Les Gallo-Romains sont restés pour la plupart des Celtes déguisés. Si bie
2721 la plupart des Celtes déguisés. Si bien qu’après les invasions germaniques, on vit reparaître en Gaule des modes et des go
2722 et des goûts qui avaient été ceux des Celtes.20 » L’ art roman et les langues romanes attestent l’importance de l’héritage
2723 i avaient été ceux des Celtes.20 » L’art roman et les langues romanes attestent l’importance de l’héritage celtique. Plus t
2724 20 » L’art roman et les langues romanes attestent l’ importance de l’héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’I
2725 man et les langues romanes attestent l’importance de l’héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et de
2726 et les langues romanes attestent l’importance de l’ héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et de Bre
2727 éritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’ Irlande et de Bretagne — derniers refuges des légendes bardiques conse
2728 que. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et de Bretagne — derniers refuges des légendes bardiques conservées justeme
2729 s des légendes bardiques conservées justement par les clercs — qui évangélisèrent l’Europe, et la rappelèrent au culte des
2730 ées justement par les clercs — qui évangélisèrent l’ Europe, et la rappelèrent au culte des lettres. Et ceci nous amène aux
2731 par les clercs — qui évangélisèrent l’Europe, et la rappelèrent au culte des lettres. Et ceci nous amène aux abords de l’
2732 culte des lettres. Et ceci nous amène aux abords de l’époque où se forma notre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon
2733 lte des lettres. Et ceci nous amène aux abords de l’ époque où se forma notre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon et
2734 tre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon et les druides, une sorte d’unité mystique du monde indo-européen se dessine
2735 près de nous que Platon et les druides, une sorte d’ unité mystique du monde indo-européen se dessine comme en filigrane à
2736 nde indo-européen se dessine comme en filigrane à l’ arrière-plan des hérésies du Moyen Âge. Si nous embrassons le domaine
2737 lan des hérésies du Moyen Âge. Si nous embrassons le domaine géographique et historique qui va de l’Inde à la Bretagne, no
2738 sons le domaine géographique et historique qui va de l’Inde à la Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandu
2739 s le domaine géographique et historique qui va de l’ Inde à la Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandue,
2740 ine géographique et historique qui va de l’Inde à la Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandue, d’une man
2741 nous constatons qu’une religion s’y est répandue, d’ une manière à vrai dire souterraine, dès le iiie siècle de notre ère,
2742 andue, d’une manière à vrai dire souterraine, dès le iiie siècle de notre ère, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour
2743 ière à vrai dire souterraine, dès le iiie siècle de notre ère, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et de la Nuit t
2744 e, dès le iiie siècle de notre ère, syncrétisant l’ ensemble des mythes du Jour et de la Nuit tels qu’ils s’étaient élabor
2745 re, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et de la Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans le
2746 syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et de la Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans les s
2747 ls s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans les sectes gnostiques et orphiques : et c’est la foi manichéenne. Les dif
2748 ans les sectes gnostiques et orphiques : et c’est la foi manichéenne. Les difficultés mêmes que l’on éprouve de nos jours
2749 iques et orphiques : et c’est la foi manichéenne. Les difficultés mêmes que l’on éprouve de nos jours à définir cette relig
2750 est la foi manichéenne. Les difficultés mêmes que l’ on éprouve de nos jours à définir cette religion ne sont pas sans nous
2751 nichéenne. Les difficultés mêmes que l’on éprouve de nos jours à définir cette religion ne sont pas sans nous renseigner s
2752 t partout persécutée avec une violence inouïe par les pouvoirs ou les orthodoxies. On vit en elle la pire menace sociale. S
2753 utée avec une violence inouïe par les pouvoirs ou les orthodoxies. On vit en elle la pire menace sociale. Ses fidèles furen
2754 r les pouvoirs ou les orthodoxies. On vit en elle la pire menace sociale. Ses fidèles furent massacrés, leurs écrits dispe
2755 és, leurs écrits dispersés et brûlés. Si bien que les témoignages sur lesquels elle a été jugée jusqu’à nos jours émanent p
2756 e jusqu’à nos jours émanent presque exclusivement de ses adversaires. Ensuite, il semble bien que la doctrine de Mani (qui
2757 t de ses adversaires. Ensuite, il semble bien que la doctrine de Mani (qui était originaire de l’Iran) ait pris, selon les
2758 ersaires. Ensuite, il semble bien que la doctrine de Mani (qui était originaire de l’Iran) ait pris, selon les peuples et
2759 ien que la doctrine de Mani (qui était originaire de l’Iran) ait pris, selon les peuples et leurs croyances, des formes tr
2760 que la doctrine de Mani (qui était originaire de l’ Iran) ait pris, selon les peuples et leurs croyances, des formes très
2761 (qui était originaire de l’Iran) ait pris, selon les peuples et leurs croyances, des formes très diverses, tantôt chrétien
2762 (Zarathustra ou Zoroastre). De plus il est permis de penser que les survivances celtiques dans le Midi languedocien offrir
2763 u Zoroastre). De plus il est permis de penser que les survivances celtiques dans le Midi languedocien offrirent à certaines
2764 rmis de penser que les survivances celtiques dans le Midi languedocien offrirent à certaines sectes manichéennes un terrai
2765 ichéennes un terrain spécialement favorable. Pour les développements qui suivront, deux faits surtout doivent être retenus 
2766 ont, deux faits surtout doivent être retenus : 1° Le dogme fondamental de toutes les sectes manichéennes, c’est la nature
2767 ut doivent être retenus : 1° Le dogme fondamental de toutes les sectes manichéennes, c’est la nature divine ou angélique d
2768 être retenus : 1° Le dogme fondamental de toutes les sectes manichéennes, c’est la nature divine ou angélique de l’âme, pr
2769 damental de toutes les sectes manichéennes, c’est la nature divine ou angélique de l’âme, prisonnière des formes créées et
2770 manichéennes, c’est la nature divine ou angélique de l’âme, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Is
2771 ichéennes, c’est la nature divine ou angélique de l’ âme, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Issu
2772 élique de l’âme, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en e
2773 que de l’âme, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil
2774 ’âme, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil et sépa
2775 e, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil et séparé
2776 formes créées et de la nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil et séparé d’eux. Je suis un
2777 rmes créées et de la nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil et séparé d’eux. Je suis un di
2778 a lumière et des dieux Me voici en exil et séparé d’ eux. Je suis un dieu, et né des dieux Mais maintenant réduit à souffr
2779 ais maintenant réduit à souffrir. Ainsi lamente le Moi spirituel d’un disciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin d
2780 duit à souffrir. Ainsi lamente le Moi spirituel d’ un disciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan d
2781 Moi spirituel d’un disciple du sauveur Mani, dans l’ hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sa
2782 disciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une p
2783 sciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin de l’ Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part
2784 du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’ élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « r
2785 eur Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminisc
2786 Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’ âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminiscenc
2787 l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminiscence du Beau »
2788 vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminiscence du Beau » dont parlent les dialogues platoniciens, et
2789 une part la « réminiscence du Beau » dont parlent les dialogues platoniciens, et d’autre part la nostalgie du héros celte r
2790 rlent les dialogues platoniciens, et d’autre part la nostalgie du héros celte revenu du Ciel sur la terre, et qui se souvi
2791 rt la nostalgie du héros celte revenu du Ciel sur la terre, et qui se souvient de l’île des immortels. Mais cet élan est s
2792 e revenu du Ciel sur la terre, et qui se souvient de l’île des immortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par la jalo
2793 evenu du Ciel sur la terre, et qui se souvient de l’ île des immortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par la jalousi
2794 mortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par la jalousie de Vénus (Dîbat dans le premier hymne cité) qui veut retenir
2795 s cet élan est sans cesse entravé par la jalousie de Vénus (Dîbat dans le premier hymne cité) qui veut retenir dans la som
2796 dans le premier hymne cité) qui veut retenir dans la sombre matière l’amant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat
2797 mne cité) qui veut retenir dans la sombre matière l’ amant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel
2798 tière l’amant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fond
2799 ant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale d
2800 en proie au lumineux Désir. Tel est le combat de l’ amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des
2801 eux Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des anges déchus dans
2802 Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel et de l’ Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des anges déchus dans des
2803 at de l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’ angoisse fondamentale des anges déchus dans des corps trop humains… 2.
2804 . Il est très important et significatif pour nous de remarquer à la suite d’un travail récent22 que la structure de la foi
2805 mportant et significatif pour nous de remarquer à la suite d’un travail récent22 que la structure de la foi manichéenne « 
2806 et significatif pour nous de remarquer à la suite d’ un travail récent22 que la structure de la foi manichéenne « est essen
2807 de remarquer à la suite d’un travail récent22 que la structure de la foi manichéenne « est essentiellement lyrique ». Autr
2808 à la suite d’un travail récent22 que la structure de la foi manichéenne « est essentiellement lyrique ». Autrement dit, qu
2809 a suite d’un travail récent22 que la structure de la foi manichéenne « est essentiellement lyrique ». Autrement dit, qu’il
2810 sentiellement lyrique ». Autrement dit, qu’il est de la nature profonde de cette foi de se refuser à toute exposition rati
2811 tiellement lyrique ». Autrement dit, qu’il est de la nature profonde de cette foi de se refuser à toute exposition rationa
2812 ». Autrement dit, qu’il est de la nature profonde de cette foi de se refuser à toute exposition rationaliste, impersonnell
2813 dit, qu’il est de la nature profonde de cette foi de se refuser à toute exposition rationaliste, impersonnelle et « object
2814 is angoissée et enthousiasmante (au sens littéral de ce terme), d’ordre essentiellement poétique. « La « vérité » de la co
2815 t enthousiasmante (au sens littéral de ce terme), d’ ordre essentiellement poétique. « La « vérité » de la cosmogonie et de
2816 de ce terme), d’ordre essentiellement poétique. «  La « vérité » de la cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se cons
2817 d’ordre essentiellement poétique. « La « vérité » de la cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans
2818 rdre essentiellement poétique. « La « vérité » de la cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la
2819 ent poétique. « La « vérité » de la cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la certitude attest
2820 poétique. « La « vérité » de la cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la certitude attestée
2821 la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la certitude attestée par le récitatif du psaume ». Et l’on songe au sec
2822 e se constitue que dans la certitude attestée par le récitatif du psaume ». Et l’on songe au secret de Tristan, qu’il ne p
2823 rtitude attestée par le récitatif du psaume ». Et l’ on songe au secret de Tristan, qu’il ne peut « dire » mais seulement c
2824 le récitatif du psaume ». Et l’on songe au secret de Tristan, qu’il ne peut « dire » mais seulement chanter… ⁂ Toute conce
2825 onception dualiste, disons manichéenne, voit dans la vie le malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de l
2826 on dualiste, disons manichéenne, voit dans la vie le malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de la faute
2827 éenne, voit dans la vie le malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégrati
2828 oit dans la vie le malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégration dans
2829 e malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la l
2830 même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse i
2831 e ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indi
2832 ns la mort le bien dernier, le rachat de la faute d’ être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indistinction
2833 le bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indistinction. Dès ici-b
2834 ute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indistinction. Dès ici-bas, par une ascension graduelle, pa
2835 on. Dès ici-bas, par une ascension graduelle, par la mort progressive et volontaire de l’ascèse, nous pouvons accéder à la
2836 graduelle, par la mort progressive et volontaire de l’ascèse, nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’esprit,
2837 aduelle, par la mort progressive et volontaire de l’ ascèse, nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’esprit, so
2838 et volontaire de l’ascèse, nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la v
2839 l’ascèse, nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie, c’est la mort
2840 e, nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie, c’est la mort. Éros,
2841 nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’ esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie, c’est la mort. Éros, no
2842 re. Mais la fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie, c’est la mort. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos
2843 s la fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie, c’est la mort. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos désirs
2844 a fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie, c’est la mort. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos désirs qu
2845 rit, son but, c’est aussi la fin de la vie, c’est la mort. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos désirs que pour les sac
2846 notre Désir suprême, n’exalte nos désirs que pour les sacrifier. L’accomplissement de l’Amour nie tout amour terrestre. Et
2847 rême, n’exalte nos désirs que pour les sacrifier. L’ accomplissement de l’Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur ni
2848 désirs que pour les sacrifier. L’accomplissement de l’Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur nie tout bonheur ter
2849 sirs que pour les sacrifier. L’accomplissement de l’ Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur nie tout bonheur terres
2850 tout bonheur terrestre. Considéré du point de vue de la vie, un tel Amour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le
2851 t bonheur terrestre. Considéré du point de vue de la vie, un tel Amour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le gra
2852 mour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le grand fond du paganisme oriental-occidental sur lequel se détache not
2853 ccidental sur lequel se détache notre mythe. Mais d’ où vient qu’il s’en soit « détaché », justement ? Quelle menace, quell
2854  ? Quelle menace, quelle interdiction a contraint la doctrine à se voiler, à ne plus s’avouer que par symboles trompeurs,
2855 boles trompeurs, — à ne plus nous séduire que par le charme et la secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou l’amour c
2856 rs, — à ne plus nous séduire que par le charme et la secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Pr
2857 duire que par le charme et la secrète incantation d’ un mythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de
2858 la secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou l’ amour chrétien Prologue de l’Évangile de Jean : Au commencement é
2859 ythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole
2860 e ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de l’ Évangile de Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole éta
2861 apè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Die
2862 ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de Jean  : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et
2863 e de l’Évangile de Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu… En ell
2864 e de Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu… En elle était la vie
2865 était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu… En elle était la vie, et la vie était la lumière d
2866 avec Dieu, et la Parole était Dieu… En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les
2867 et la Parole était Dieu… En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, e
2868 était Dieu… En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbre
2869 it la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue. (
2870 était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encor
2871 des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encore le dualisme éte
2872 umière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encore le dualisme éternel, sans rémi
2873 bres ne l’ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encore le dualisme éternel, sans rémission, l’irrévocable hostilité de la Nuit
2874 st-ce encore le dualisme éternel, sans rémission, l’ irrévocable hostilité de la Nuit terrestre et du Jour transcendant ? N
2875 éternel, sans rémission, l’irrévocable hostilité de la Nuit terrestre et du Jour transcendant ? Non, car voici la suite d
2876 ernel, sans rémission, l’irrévocable hostilité de la Nuit terrestre et du Jour transcendant ? Non, car voici la suite du p
2877 errestre et du Jour transcendant ? Non, car voici la suite du passage : Et la Parole a été faite chair, et elle a habité
2878 ndant ? Non, car voici la suite du passage : Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâc
2879 faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire co
2880 , et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloir
2881 nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père (I, 14-15). L’incarnation de la P
2882 a gloire du Fils unique venu du Père (I, 14-15). L’ incarnation de la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbr
2883 ls unique venu du Père (I, 14-15). L’incarnation de la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est
2884 unique venu du Père (I, 14-15). L’incarnation de la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’é
2885 Père (I, 14-15). L’incarnation de la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï
2886 -15). L’incarnation de la Parole dans le monde —  de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous dé
2887 ). L’incarnation de la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous déliv
2888 n de la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous délivre du malheur de
2889 onde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’ événement inouï qui nous délivre du malheur de vivre. Tel est le centr
2890 est l’événement inouï qui nous délivre du malheur de vivre. Tel est le centre de tout le christianisme, et le foyer de l’a
2891 ouï qui nous délivre du malheur de vivre. Tel est le centre de tout le christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que
2892 us délivre du malheur de vivre. Tel est le centre de tout le christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que l’Écriture
2893 re du malheur de vivre. Tel est le centre de tout le christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que l’Écriture nomme A
2894 e. Tel est le centre de tout le christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans
2895 t le centre de tout le christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent
2896 e centre de tout le christianisme, et le foyer de l’ amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent, e
2897 hristianisme, et le foyer de l’amour chrétien que l’ Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent, et « naturellement » i
2898 s précédent, et « naturellement » incroyable. Car le fait de l’Incarnation est la négation radicale de toute espèce de rel
2899 ent, et « naturellement » incroyable. Car le fait de l’Incarnation est la négation radicale de toute espèce de religion. I
2900 , et « naturellement » incroyable. Car le fait de l’ Incarnation est la négation radicale de toute espèce de religion. Il e
2901 nt » incroyable. Car le fait de l’Incarnation est la négation radicale de toute espèce de religion. Il est le suprême scan
2902 le fait de l’Incarnation est la négation radicale de toute espèce de religion. Il est le suprême scandale, non seulement p
2903 arnation est la négation radicale de toute espèce de religion. Il est le suprême scandale, non seulement pour notre raison
2904 tion radicale de toute espèce de religion. Il est le suprême scandale, non seulement pour notre raison qui n’admet point c
2905 ison qui n’admet point cette impensable confusion de l’infini et du fini, mais surtout pour l’esprit religieux naturel. To
2906 n qui n’admet point cette impensable confusion de l’ infini et du fini, mais surtout pour l’esprit religieux naturel. Toute
2907 nfusion de l’infini et du fini, mais surtout pour l’ esprit religieux naturel. Toutes les religions connues tendent à subli
2908 s surtout pour l’esprit religieux naturel. Toutes les religions connues tendent à sublimer l’homme, et aboutissent à condam
2909 . Toutes les religions connues tendent à sublimer l’ homme, et aboutissent à condamner sa vie « finie ». Le dieu Éros exalt
2910 mme, et aboutissent à condamner sa vie « finie ». Le dieu Éros exalte et sublime nos désirs, les rassemblant dans un Désir
2911 nie ». Le dieu Éros exalte et sublime nos désirs, les rassemblant dans un Désir unique, qui aboutit à les nier. Le but fina
2912 s rassemblant dans un Désir unique, qui aboutit à les nier. Le but final de cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du
2913 ant dans un Désir unique, qui aboutit à les nier. Le but final de cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps. L
2914 ésir unique, qui aboutit à les nier. Le but final de cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps. La Nuit et le
2915 es nier. Le but final de cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’
2916 but final de cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’homme créé q
2917 dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’homme créé qui appartient à la
2918 e, c’est la non-vie, la mort du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’homme créé qui appartient à la Nuit, ne p
2919 du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’ homme créé qui appartient à la Nuit, ne peut trouver de salut qu’en ce
2920 tant incompatibles, l’homme créé qui appartient à la Nuit, ne peut trouver de salut qu’en cessant d’être, en se « perdant 
2921 me créé qui appartient à la Nuit, ne peut trouver de salut qu’en cessant d’être, en se « perdant » au sein de la divinité.
2922 à la Nuit, ne peut trouver de salut qu’en cessant d’ être, en se « perdant » au sein de la divinité. Mais le christianisme,
2923 u’en cessant d’être, en se « perdant » au sein de la divinité. Mais le christianisme, par son dogme de l’incarnation du Ch
2924 e, en se « perdant » au sein de la divinité. Mais le christianisme, par son dogme de l’incarnation du Christ dans Jésus, r
2925 la divinité. Mais le christianisme, par son dogme de l’incarnation du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique de fon
2926 divinité. Mais le christianisme, par son dogme de l’ incarnation du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique de fond e
2927 du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique de fond en comble. Au lieu que la mort soit le terme dernier, elle devie
2928 cette dialectique de fond en comble. Au lieu que la mort soit le terme dernier, elle devient la première condition. Ce qu
2929 tique de fond en comble. Au lieu que la mort soit le terme dernier, elle devient la première condition. Ce que l’Évangile
2930 rnier, elle devient la première condition. Ce que l’ Évangile appelle « mort à soi-même », c’est le début d’une vie nouvell
2931 que l’Évangile appelle « mort à soi-même », c’est le début d’une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esp
2932 ngile appelle « mort à soi-même », c’est le début d’ une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esprit hors
2933 but d’une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du
2934 vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du monde ! U
2935 e nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’ esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du monde ! Une
2936 nde ! Une recréation immédiate. Une réaffirmation de la vie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéal
2937  ! Une recréation immédiate. Une réaffirmation de la vie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale,
2938 iate. Une réaffirmation de la vie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente
2939 e. Une réaffirmation de la vie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente qu
2940 ie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu —
2941 non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le
2942 a vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est f
2943 ie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait
2944 pas de la vie idéale, mais de la vie présente que l’ Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homm
2945 de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu —  le vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme. En la personne de Jésus-
2946 e vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme. En la personne de Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu » la lumiè
2947 — s’est fait homme, et vrai homme. En la personne de Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu » la lumière. Et tout
2948 e, et vrai homme. En la personne de Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu » la lumière. Et tout homme né de femme
2949 Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu » la lumière. Et tout homme né de femme qui croit cela, renaît de l’esprit
2950 raiment ont « reçu » la lumière. Et tout homme né de femme qui croit cela, renaît de l’esprit dès maintenant : mort à soi-
2951 Et tout homme né de femme qui croit cela, renaît de l’esprit dès maintenant : mort à soi-même et mort au monde en tant qu
2952 tout homme né de femme qui croit cela, renaît de l’ esprit dès maintenant : mort à soi-même et mort au monde en tant que l
2953 nt : mort à soi-même et mort au monde en tant que le moi et le monde sont pécheurs, mais rendu à soi-même et au monde en t
2954 à soi-même et mort au monde en tant que le moi et le monde sont pécheurs, mais rendu à soi-même et au monde en tant que l’
2955 rs, mais rendu à soi-même et au monde en tant que l’ Esprit veut les sauver. Désormais, l’amour n’est plus fuite et perpétu
2956 à soi-même et au monde en tant que l’Esprit veut les sauver. Désormais, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus de l’a
2957 en tant que l’Esprit veut les sauver. Désormais, l’ amour n’est plus fuite et perpétuel refus de l’acte. Il commence au-de
2958 mais, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus de l’acte. Il commence au-delà de la mort, mais il se retourne vers la v
2959 s, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus de l’ acte. Il commence au-delà de la mort, mais il se retourne vers la vie.
2960 et perpétuel refus de l’acte. Il commence au-delà de la mort, mais il se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’am
2961 perpétuel refus de l’acte. Il commence au-delà de la mort, mais il se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’amour
2962 ence au-delà de la mort, mais il se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour
2963 s il se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros, la créature n’était
2964 l se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’ amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros, la créature n’était qu
2965 e. Et cette conversion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros, la créature n’était qu’un prétexte illusoire,
2966 sion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’ Éros, la créature n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion de s’
2967 l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros, la créature n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion de s’enflamme
2968 re n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion de s’enflammer ; et il fallait aussitôt s’en déprendre, puisque le but é
2969  ; et il fallait aussitôt s’en déprendre, puisque le but était de brûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir ! L’êt
2970 ait aussitôt s’en déprendre, puisque le but était de brûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir ! L’être particulie
2971 re, puisque le but était de brûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir ! L’être particulier n’était guère qu’un déf
2972 ûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir ! L’ être particulier n’était guère qu’un défaut et un obscurcissement de l
2973 n’était guère qu’un défaut et un obscurcissement de l’Être unique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n
2974 était guère qu’un défaut et un obscurcissement de l’ Être unique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n’ét
2975 t et un obscurcissement de l’Être unique. Comment l’ aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà, l’homme
2976 ique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà, l’homme religieux se détournait des créatur
2977 t, tel qu’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà, l’ homme religieux se détournait des créatures ignorées par son dieu. Mai
2978 notre forme et nos limitations. Il a été jusqu’à les revêtir. Et revêtant la condition de l’homme pécheur et séparé, mais
2979 ations. Il a été jusqu’à les revêtir. Et revêtant la condition de l’homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se d
2980 été jusqu’à les revêtir. Et revêtant la condition de l’homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amo
2981 jusqu’à les revêtir. Et revêtant la condition de l’ homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amour
2982 r et séparé, mais sans pécher et sans se diviser, l’ Amour de Dieu nous a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de
2983 aré, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amour de Dieu nous a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de la sanct
2984 s a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de la sanctification. Le contraire de la sublimation, qui n’était que fu
2985 ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de la sanctification. Le contraire de la sublimation, qui n’était que fuite
2986 dicalement nouvelle : celle de la sanctification. Le contraire de la sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà
2987 uvelle : celle de la sanctification. Le contraire de la sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà du concret de
2988 lle : celle de la sanctification. Le contraire de la sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà du concret de la
2989 ui n’était que fuite illusoire au-delà du concret de la vie. Aimer devient alors une action positive, une action de transf
2990 n’était que fuite illusoire au-delà du concret de la vie. Aimer devient alors une action positive, une action de transform
2991 mer devient alors une action positive, une action de transformation. Éros cherchait le dépassement à l’infini. L’amour chr
2992 ive, une action de transformation. Éros cherchait le dépassement à l’infini. L’amour chrétien est obéissance dans le prése
2993 e transformation. Éros cherchait le dépassement à l’ infini. L’amour chrétien est obéissance dans le présent. Car aimer Die
2994 mation. Éros cherchait le dépassement à l’infini. L’ amour chrétien est obéissance dans le présent. Car aimer Dieu, c’est o
2995 à l’infini. L’amour chrétien est obéissance dans le présent. Car aimer Dieu, c’est obéir à Dieu qui nous ordonne de nous
2996 r aimer Dieu, c’est obéir à Dieu qui nous ordonne de nous aimer les uns les autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’e
2997 c’est obéir à Dieu qui nous ordonne de nous aimer les uns les autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de
2998 éir à Dieu qui nous ordonne de nous aimer les uns les autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de l’égoïs
2999 autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’ abandon de l’égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de
3000 ue signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de l’égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme i
3001 signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de l’ égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme isol
3002 os ennemis ? C’est l’abandon de l’égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est auss
3003 C’est l’abandon de l’égoïsme, du moi de désir et d’ angoisse, c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est aussi la naissan
3004 me, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est aussi la naissance du prochain. À ceux qui
3005 du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’ homme isolé, mais c’est aussi la naissance du prochain. À ceux qui lui
3006 c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est aussi la naissance du prochain. À ceux qui lui demandaient ironiquement : Qui
3007 ent : Qui est mon prochain ? Jésus répond : c’est l’ homme qui a besoin de vous. Tous les rapports humains, dès cet instant
3008 chain ? Jésus répond : c’est l’homme qui a besoin de vous. Tous les rapports humains, dès cet instant, changent de sens. L
3009 répond : c’est l’homme qui a besoin de vous. Tous les rapports humains, dès cet instant, changent de sens. Le nouveau symbo
3010 s les rapports humains, dès cet instant, changent de sens. Le nouveau symbole de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie
3011 ports humains, dès cet instant, changent de sens. Le nouveau symbole de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’âme
3012 cet instant, changent de sens. Le nouveau symbole de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’âme en quête de lumièr
3013 instant, changent de sens. Le nouveau symbole de l’ Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’âme en quête de lumière,
3014 ens. Le nouveau symbole de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’âme en quête de lumière, mais c’est le mariage d
3015 bole de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’âme en quête de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Ég
3016 e de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’ âme en quête de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Églis
3017 e n’est plus la passion infinie de l’âme en quête de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Église. L’amour huma
3018 infinie de l’âme en quête de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Église. L’amour humain lui-même s’en trouve
3019 te de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Église. L’amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que
3020 de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’ Église. L’amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que les
3021 , mais c’est le mariage du Christ et de l’Église. L’ amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que les mystiques
3022 umain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que les mystiques païennes le sublimaient jusqu’à en faire un dieu, et en mêm
3023 uve transformé. Tandis que les mystiques païennes le sublimaient jusqu’à en faire un dieu, et en même temps le vouaient à
3024 maient jusqu’à en faire un dieu, et en même temps le vouaient à la mort, le christianisme le replace dans son ordre, et là
3025 en faire un dieu, et en même temps le vouaient à la mort, le christianisme le replace dans son ordre, et là, le sanctifie
3026 un dieu, et en même temps le vouaient à la mort, le christianisme le replace dans son ordre, et là, le sanctifie par le m
3027 ême temps le vouaient à la mort, le christianisme le replace dans son ordre, et là, le sanctifie par le mariage. Un tel am
3028 e christianisme le replace dans son ordre, et là, le sanctifie par le mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de l’am
3029 e replace dans son ordre, et là, le sanctifie par le mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de l’amour du Christ pou
3030 tifie par le mariage. Un tel amour, étant conçu à l’ image de l’amour du Christ pour son Église (Éph., 5,25), peut être vra
3031 r le mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de l’amour du Christ pour son Église (Éph., 5,25), peut être vraiment ré
3032 e mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de l’ amour du Christ pour son Église (Éph., 5,25), peut être vraiment récip
3033 r il aime l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer l’ idée de l’amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux
3034 me l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer l’idée de l’amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se mar
3035 l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer l’idée de l’ amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se marier
3036 élicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se marier que de brûler », écrit saint Paul aux Corinthiens.) De plus, c’est un amour
3037 thiens.) De plus, c’est un amour heureux — malgré les entraves du péché — puisqu’il connaît dès ici-bas, dans l’obéissance,
3038 es du péché — puisqu’il connaît dès ici-bas, dans l’ obéissance, la plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la
3039 puisqu’il connaît dès ici-bas, dans l’obéissance, la plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à
3040 naît dès ici-bas, dans l’obéissance, la plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à son extrême
3041 , dans l’obéissance, la plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à son extrême logique, aboutis
3042 plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à son extrême logique, aboutissait, du point de vue d
3043 énitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à son extrême logique, aboutissait, du point de vue de l
3044 son extrême logique, aboutissait, du point de vue de la vie, au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un
3045 extrême logique, aboutissait, du point de vue de la vie, au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un ma
3046 oint de vue de la vie, au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un malheur mortel que pour l’homme sépar
3047 ue de la vie, au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un malheur mortel que pour l’homme séparé de Dieu
3048 Le christianisme n’est un malheur mortel que pour l’ homme séparé de Dieu, mais un malheur recréateur et bienheureux dès ce
3049 e n’est un malheur mortel que pour l’homme séparé de Dieu, mais un malheur recréateur et bienheureux dès cette vie pour le
3050 heur recréateur et bienheureux dès cette vie pour le croyant que « saisit le salut ». 4.Orient et Occident Est-il po
3051 eureux dès cette vie pour le croyant que « saisit le salut ». 4.Orient et Occident Est-il possible de définir l’Orie
3052 lut ». 4.Orient et Occident Est-il possible de définir l’Orient et l’Occident en dehors de la géographie ? En présen
3053 .Orient et Occident Est-il possible de définir l’ Orient et l’Occident en dehors de la géographie ? En présence d’un pro
3054 ccident Est-il possible de définir l’Orient et l’ Occident en dehors de la géographie ? En présence d’un problème aussi
3055 le de définir l’Orient et l’Occident en dehors de la géographie ? En présence d’un problème aussi complexe, et en l’absenc
3056 ? En présence d’un problème aussi complexe, et en l’ absence de toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivai
3057 nce d’un problème aussi complexe, et en l’absence de toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivain que de s
3058 n l’absence de toute réponse satisfaisante, c’est l’ honnêteté d’un écrivain que de se borner à déclarer son parti pris. Ce
3059 de toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté d’ un écrivain que de se borner à déclarer son parti pris. Ce que j’appel
3060 atisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivain que de se borner à déclarer son parti pris. Ce que j’appelle Orient, dans ce
3061 elle Orient, dans cet ouvrage, c’est une tendance de l’esprit humain qui a trouvé du côté de l’Asie ses plus hautes et pur
3062 e Orient, dans cet ouvrage, c’est une tendance de l’ esprit humain qui a trouvé du côté de l’Asie ses plus hautes et pures
3063 ndance de l’esprit humain qui a trouvé du côté de l’ Asie ses plus hautes et pures expressions. J’entends parler d’une form
3064 lus hautes et pures expressions. J’entends parler d’ une forme de mystique à la fois dualiste dans sa vision du monde, et m
3065 t pures expressions. J’entends parler d’une forme de mystique à la fois dualiste dans sa vision du monde, et moniste dans
3066 et moniste dans son accomplissement. À quoi tend l’ ascèse « orientale » ? À la négation du divers, à l’absorption de tous
3067 lissement. À quoi tend l’ascèse « orientale » ? À la négation du divers, à l’absorption de tous en Un, à la fusion totale
3068 ascèse « orientale » ? À la négation du divers, à l’ absorption de tous en Un, à la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y
3069 ntale » ? À la négation du divers, à l’absorption de tous en Un, à la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas de die
3070 gation du divers, à l’absorption de tous en Un, à la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans le
3071 absorption de tous en Un, à la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans le bouddhisme, avec l’Êtr
3072 la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans le bouddhisme, avec l’Être-Un universel. Et j’appel
3073 ec le dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans le bouddhisme, avec l’Être-Un universel. Et j’appellerai « occidentale 
3074 n’y a pas de dieu, comme dans le bouddhisme, avec l’ Être-Un universel. Et j’appellerai « occidentale » une conception rel
3075 qu’en Occident : celle qui pose qu’entre Dieu et l’ homme, il existe un abîme essentiel, ou comme le dira Kierkegaard « un
3076 t l’homme, il existe un abîme essentiel, ou comme le dira Kierkegaard « une différence qualitative infinie ». Donc point d
3077  une différence qualitative infinie ». Donc point de fusion possible, ni d’union substantielle. Mais seulement une communi
3078 tive infinie ». Donc point de fusion possible, ni d’ union substantielle. Mais seulement une communion, dont le modèle est
3079 substantielle. Mais seulement une communion, dont le modèle est dans le mariage de l’Église et de son Seigneur. Ces deux e
3080 seulement une communion, dont le modèle est dans le mariage de l’Église et de son Seigneur. Ces deux extrêmes ainsi marqu
3081 une communion, dont le modèle est dans le mariage de l’Église et de son Seigneur. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’
3082 communion, dont le modèle est dans le mariage de l’ Église et de son Seigneur. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aur
3083 dont le modèle est dans le mariage de l’Église et de son Seigneur. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas de pei
3084 de son Seigneur. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’ on n’aura pas de peine à démontrer qu’il existe en Orient de nombreuse
3085 Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas de peine à démontrer qu’il existe en Orient de nombreuses tendances occi
3086 a pas de peine à démontrer qu’il existe en Orient de nombreuses tendances occidentales ; et l’inverse. (Mais je ne fais pa
3087 Orient de nombreuses tendances occidentales ; et l’ inverse. (Mais je ne fais pas ici une histoire des religions.) ⁂ Maint
3088 gions.) ⁂ Maintenant, rappelons-nous qu’Éros veut l’ union, c’est-à-dire la fusion essentielle de l’individu dans le dieu.
3089 rappelons-nous qu’Éros veut l’union, c’est-à-dire la fusion essentielle de l’individu dans le dieu. L’individu distinct — 
3090 veut l’union, c’est-à-dire la fusion essentielle de l’individu dans le dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureu
3091 ut l’union, c’est-à-dire la fusion essentielle de l’ individu dans le dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureuse 
3092 t-à-dire la fusion essentielle de l’individu dans le dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureuse — doit s’élever
3093 la fusion essentielle de l’individu dans le dieu. L’ individu distinct — cette erreur douloureuse — doit s’élever jusqu’à s
3094 ouloureuse — doit s’élever jusqu’à se perdre dans la divine perfection. Que l’homme se n’attache pas aux créatures, puisqu
3095 jusqu’à se perdre dans la divine perfection. Que l’ homme se n’attache pas aux créatures, puisqu’elles n’ont aucune excell
3096 ticulières, elles ne représentent que des défauts de l’Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de l’Amo
3097 ulières, elles ne représentent que des défauts de l’ Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de l’Amour
3098 ue des défauts de l’Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de l’Amour sera en même temps son ascèse, l
3099 e l’Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et l’ exaltation de l’Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène
3100 s n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de l’Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la
3101 ’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de l’ Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la vi
3102 ltation de l’Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la vie. Agapè au contraire ne cherche pas l
3103 n même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la vie. Agapè au contraire ne cherche pas l’union qui s’opérerait au
3104 ême temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la vie. Agapè au contraire ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-de
3105 elà de la vie. Agapè au contraire ne cherche pas l’ union qui s’opérerait au-delà de la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu
3106 re ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà de la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort
3107 ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà de la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort se
3108 à de la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort se joue ici-bas. Le péché n’est pas d’être né, m
3109 u es sur la terre. » Et ton sort se joue ici-bas. Le péché n’est pas d’être né, mais d’avoir perdu Dieu en devenant autono
3110 » Et ton sort se joue ici-bas. Le péché n’est pas d’ être né, mais d’avoir perdu Dieu en devenant autonome. Or, nous ne tro
3111 joue ici-bas. Le péché n’est pas d’être né, mais d’ avoir perdu Dieu en devenant autonome. Or, nous ne trouverons pas Dieu
3112 e trouverons pas Dieu par une élévation indéfinie de notre désir. Nous aurons beau sublimer notre Éros, il ne sera jamais
3113 re Éros, il ne sera jamais que nous-mêmes ! Point d’ illusions ni d’optimisme humain, dans le christianisme orthodoxe. Mais
3114 sera jamais que nous-mêmes ! Point d’illusions ni d’ optimisme humain, dans le christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est l
3115 s ! Point d’illusions ni d’optimisme humain, dans le christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est le désespoir ? Ce serait l
3116 ans le christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est le désespoir ? Ce serait le désespoir, s’il n’y avait pas la Bonne Nouve
3117 odoxe. Mais alors, c’est le désespoir ? Ce serait le désespoir, s’il n’y avait pas la Bonne Nouvelle ; et cette nouvelle,
3118 poir ? Ce serait le désespoir, s’il n’y avait pas la Bonne Nouvelle ; et cette nouvelle, c’est que Dieu nous cherche. Et i
3119 béissant. Dieu nous cherche et nous a trouvés par l’ amour de son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est le signe his
3120 . Dieu nous cherche et nous a trouvés par l’amour de son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est le signe historique
3121 vés par l’amour de son Fils abaissé jusqu’à nous. L’ Incarnation est le signe historique d’une création renouvelée, où le c
3122 son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est le signe historique d’une création renouvelée, où le croyant se trouve r
3123 squ’à nous. L’Incarnation est le signe historique d’ une création renouvelée, où le croyant se trouve réintégré par l’acte
3124 le signe historique d’une création renouvelée, où le croyant se trouve réintégré par l’acte même de sa foi. Désormais, par
3125 renouvelée, où le croyant se trouve réintégré par l’ acte même de sa foi. Désormais, pardonné et sanctifié, c’est-à-dire ré
3126 où le croyant se trouve réintégré par l’acte même de sa foi. Désormais, pardonné et sanctifié, c’est-à-dire réconcilié, l’
3127 , pardonné et sanctifié, c’est-à-dire réconcilié, l’ homme reste un homme (n’est pas divinisé) mais un homme qui ne vit plu
3128 homme qui ne vit plus pour lui seul. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même. » C’est ainsi dans
3129 t ton prochain comme toi-même. » C’est ainsi dans l’ amour du prochain que le chrétien se réalise et s’aime lui-même en vér
3130 -même. » C’est ainsi dans l’amour du prochain que le chrétien se réalise et s’aime lui-même en vérité. Pour l’Agapè, point
3131 ien se réalise et s’aime lui-même en vérité. Pour l’ Agapè, point de fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amou
3132 et s’aime lui-même en vérité. Pour l’Agapè, point de fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’o
3133 -même en vérité. Pour l’Agapè, point de fusion ni d’ exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’origine d’une
3134 e fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu. L’ Amour divin est l’origine d’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’a
3135 tée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’ origine d’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle la communio
3136 ution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’origine d’ une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle la communion. Et pour
3137 mour divin est l’origine d’une vie nouvelle, dont l’ acte créateur s’appelle la communion. Et pour qu’il y ait une communio
3138 ’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle la communion. Et pour qu’il y ait une communion réelle, il faut bien qu’
3139 présents l’un à l’autre : donc l’un pour l’autre le prochain. Si l’Agapè reconnaît seule le prochain, et l’aime non plus
3140 l’autre : donc l’un pour l’autre le prochain. Si l’ Agapè reconnaît seule le prochain, et l’aime non plus comme un prétext
3141 r l’autre le prochain. Si l’Agapè reconnaît seule le prochain, et l’aime non plus comme un prétexte à s’exalter, mais tel
3142 chain. Si l’Agapè reconnaît seule le prochain, et l’ aime non plus comme un prétexte à s’exalter, mais tel qu’il est dans l
3143 un prétexte à s’exalter, mais tel qu’il est dans la réalité de sa détresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas de
3144 e à s’exalter, mais tel qu’il est dans la réalité de sa détresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas de prochain, —
3145 s tel qu’il est dans la réalité de sa détresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas de prochain, — n’est-on pas en d
3146 éalité de sa détresse et de son espérance ; et si l’ Éros n’a pas de prochain, — n’est-on pas en droit de conclure que cett
3147 tresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas de prochain, — n’est-on pas en droit de conclure que cette forme d’amour
3148 Éros n’a pas de prochain, — n’est-on pas en droit de conclure que cette forme d’amour nommée passion doit normalement se d
3149 n’est-on pas en droit de conclure que cette forme d’ amour nommée passion doit normalement se développer au sein des peuple
3150 es peuples qui adorent Éros ? Et qu’au contraire, les peuples chrétiens — historiquement les peuples d’Occident — ne devrai
3151 contraire, les peuples chrétiens — historiquement les peuples d’Occident — ne devraient pas connaître la passion, ou tout a
3152 es peuples chrétiens — historiquement les peuples d’ Occident — ne devraient pas connaître la passion, ou tout au moins la
3153 s peuples d’Occident — ne devraient pas connaître la passion, ou tout au moins la traiter d’incroyance ? Or l’Histoire nou
3154 raient pas connaître la passion, ou tout au moins la traiter d’incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’e
3155 connaître la passion, ou tout au moins la traiter d’ incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’est l’invers
3156 on, ou tout au moins la traiter d’incroyance ? Or l’ Histoire nous oblige à le constater : c’est l’inverse qui s’est réalis
3157 raiter d’incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’est l’inverse qui s’est réalisé. Nous voyons qu’en Orie
3158 Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’est l’ inverse qui s’est réalisé. Nous voyons qu’en Orient23, et dans la Grèc
3159 ’est réalisé. Nous voyons qu’en Orient23, et dans la Grèce contemporaine de Platon, l’amour humain est très généralement c
3160 ns qu’en Orient23, et dans la Grèce contemporaine de Platon, l’amour humain est très généralement conçu comme le plaisir,
3161 ient23, et dans la Grèce contemporaine de Platon, l’ amour humain est très généralement conçu comme le plaisir, la simple v
3162 l’amour humain est très généralement conçu comme le plaisir, la simple volupté physique. Et la passion — au sens tragique
3163 ain est très généralement conçu comme le plaisir, la simple volupté physique. Et la passion — au sens tragique et douloure
3164 comme le plaisir, la simple volupté physique. Et la passion — au sens tragique et douloureux — non seulement y est rare,
3165 t rare, mais encore et surtout y est méprisée par la morale courante comme une maladie frénétique. « Aucuns pensent que c’
3166 ous voyons qu’en Occident, au xiie siècle, c’est le mariage qui est en butte au mépris, tandis que la passion est glorifi
3167 le mariage qui est en butte au mépris, tandis que la passion est glorifiée dans la mesure même où elle est déraisonnable,
3168 mépris, tandis que la passion est glorifiée dans la mesure même où elle est déraisonnable, où elle fait souffrir, où elle
3169 où elle exerce ses ravages aux dépens du monde et de soi. L’identification des éléments religieux dont nous avions décelé
3170 exerce ses ravages aux dépens du monde et de soi. L’ identification des éléments religieux dont nous avions décelé la prése
3171 on des éléments religieux dont nous avions décelé la présence dans le mythe nous amène donc à constater une contradiction
3172 eligieux dont nous avions décelé la présence dans le mythe nous amène donc à constater une contradiction flagrante entre l
3173 onc à constater une contradiction flagrante entre les doctrines et les mœurs. Serait-ce alors dans le fait même de cette co
3174 ne contradiction flagrante entre les doctrines et les mœurs. Serait-ce alors dans le fait même de cette contradiction flagr
3175 les doctrines et les mœurs. Serait-ce alors dans le fait même de cette contradiction flagrante que résiderait l’explicati
3176 s et les mœurs. Serait-ce alors dans le fait même de cette contradiction flagrante que résiderait l’explication du mythe ?
3177 e de cette contradiction flagrante que résiderait l’ explication du mythe ? 5.Contrecoup du christianisme dans les mœurs
3178 du mythe ? 5.Contrecoup du christianisme dans les mœurs occidentales Pour introduire plus de clarté dans ce dédale d
3179 ns les mœurs occidentales Pour introduire plus de clarté dans ce dédale dialectique, je proposerai le schéma suivant :
3180 clarté dans ce dédale dialectique, je proposerai le schéma suivant : doctrine application théorique réalisation
3181 rare et méprisée. Christianisme Communion (pas d’ union essentielle). Amour du prochain. (Mariage heureux.) Conflits dou
3182 heureux.) Conflits douloureux, passion exaltée. Le principe d’explication de ce tableau est assez simple. Le platonisme,
3183 nflits douloureux, passion exaltée. Le principe d’ explication de ce tableau est assez simple. Le platonisme, au temps de
3184 eux, passion exaltée. Le principe d’explication de ce tableau est assez simple. Le platonisme, au temps de Platon et dur
3185 ipe d’explication de ce tableau est assez simple. Le platonisme, au temps de Platon et durant les siècles suivants, ne fut
3186 mple. Le platonisme, au temps de Platon et durant les siècles suivants, ne fut jamais une doctrine populaire, mais une sage
3187 e ésotérique. Il en alla de même, plus tard, pour les mystères manichéens, et en partie pour ceux des Celtes. Sur quoi le c
3188 éens, et en partie pour ceux des Celtes. Sur quoi le christianisme triompha. La primitive Église fut une communauté de fai
3189 x des Celtes. Sur quoi le christianisme triompha. La primitive Église fut une communauté de faibles et de méprisés. Mais à
3190 triompha. La primitive Église fut une communauté de faibles et de méprisés. Mais à partir de Constantin, puis des empereu
3191 primitive Église fut une communauté de faibles et de méprisés. Mais à partir de Constantin, puis des empereurs carolingien
3192 s empereurs carolingiens, ses doctrines devinrent l’ apanage des princes et des classes dominantes, qui les imposèrent par
3193 panage des princes et des classes dominantes, qui les imposèrent par la force à tous les peuples d’Occident. Dès lors, les
3194 et des classes dominantes, qui les imposèrent par la force à tous les peuples d’Occident. Dès lors, les vieilles croyances
3195 ominantes, qui les imposèrent par la force à tous les peuples d’Occident. Dès lors, les vieilles croyances païennes refoulé
3196 ui les imposèrent par la force à tous les peuples d’ Occident. Dès lors, les vieilles croyances païennes refoulées devinren
3197 la force à tous les peuples d’Occident. Dès lors, les vieilles croyances païennes refoulées devinrent le refuge et l’espéra
3198 s vieilles croyances païennes refoulées devinrent le refuge et l’espérance des tendances naturelles non converties, mais b
3199 oyances païennes refoulées devinrent le refuge et l’ espérance des tendances naturelles non converties, mais brimées par la
3200 ances naturelles non converties, mais brimées par la loi nouvelle. Le mariage, par exemple, n’avait pour les Anciens qu’un
3201 non converties, mais brimées par la loi nouvelle. Le mariage, par exemple, n’avait pour les Anciens qu’une signification u
3202 i nouvelle. Le mariage, par exemple, n’avait pour les Anciens qu’une signification utilitaire, et limitée. Les coutumes per
3203 iens qu’une signification utilitaire, et limitée. Les coutumes permettaient l’adultère et le concubinat24. Tandis que le ma
3204 utilitaire, et limitée. Les coutumes permettaient l’ adultère et le concubinat24. Tandis que le mariage chrétien, en devena
3205 limitée. Les coutumes permettaient l’adultère et le concubinat24. Tandis que le mariage chrétien, en devenant un sacremen
3206 ttaient l’adultère et le concubinat24. Tandis que le mariage chrétien, en devenant un sacrement, imposait une fidélité ins
3207 sacrement, imposait une fidélité insupportable à l’ homme naturel. Supposons le cas du converti par force. Engagé malgré l
3208 délité insupportable à l’homme naturel. Supposons le cas du converti par force. Engagé malgré lui dans un cadre chrétien,
3209 ui dans un cadre chrétien, mais privé des secours d’ une foi réelle, un tel homme, fatalement, devait sentir en lui s’exalt
3210 homme, fatalement, devait sentir en lui s’exalter la révolte du sang barbare. Il était prêt à accueillir, sous le couvert
3211 du sang barbare. Il était prêt à accueillir, sous le couvert de formes catholiques, toutes les reviviscences des mystiques
3212 bare. Il était prêt à accueillir, sous le couvert de formes catholiques, toutes les reviviscences des mystiques païennes c
3213 ir, sous le couvert de formes catholiques, toutes les reviviscences des mystiques païennes capables de le « libérer ». C’es
3214 les reviviscences des mystiques païennes capables de le « libérer ». C’est ainsi que les doctrines secrètes, dont nous avo
3215 reviviscences des mystiques païennes capables de le « libérer ». C’est ainsi que les doctrines secrètes, dont nous avons
3216 ennes capables de le « libérer ». C’est ainsi que les doctrines secrètes, dont nous avons rappelé la parenté, ne devinrent
3217 e les doctrines secrètes, dont nous avons rappelé la parenté, ne devinrent largement vivantes en Occident que dans les siè
3218 devinrent largement vivantes en Occident que dans les siècles où elles se virent condamnées par le christianisme officiel.
3219 ans les siècles où elles se virent condamnées par le christianisme officiel. Et c’est ainsi que l’amour-passion, forme ter
3220 par le christianisme officiel. Et c’est ainsi que l’ amour-passion, forme terrestre du culte de l’Éros, envahit la psyché d
3221 nsi que l’amour-passion, forme terrestre du culte de l’Éros, envahit la psyché des élites mal converties et souffrant du m
3222 que l’amour-passion, forme terrestre du culte de l’ Éros, envahit la psyché des élites mal converties et souffrant du mari
3223 sion, forme terrestre du culte de l’Éros, envahit la psyché des élites mal converties et souffrant du mariage. Mais cette
3224 ette ferveur renouvelée pour un dieu condamné par l’ Église ne pouvait s’avouer au grand jour. Elle revêtit des formes ésot
3225 rmes ésotériques, se déguisa en hérésies secrètes d’ apparences plus ou moins orthodoxes. Ces hérésies se propagèrent très
3226 . Ces hérésies se propagèrent très rapidement dès le début du xiie siècle. Elles s’insinuèrent d’une part dans le clergé,
3227 xiie siècle. Elles s’insinuèrent d’une part dans le clergé, où nous les retrouverons un peu plus tard mêlées de la manièr
3228 s’insinuèrent d’une part dans le clergé, où nous les retrouverons un peu plus tard mêlées de la manière la plus complexe à
3229 où nous les retrouverons un peu plus tard mêlées de la manière la plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre
3230 nous les retrouverons un peu plus tard mêlées de la manière la plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre pa
3231 etrouverons un peu plus tard mêlées de la manière la plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre part, elles t
3232 plus tard mêlées de la manière la plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre part, elles trouvaient des compl
3233 elles trouvaient des complaisances profondes dans la mentalité du siècle. Elles pénétrèrent bientôt la société féodale. Ce
3234 la mentalité du siècle. Elles pénétrèrent bientôt la société féodale. Celle-ci ne connaissait pas toujours l’origine et la
3235 été féodale. Celle-ci ne connaissait pas toujours l’ origine et la portée mystique de valeurs qu’elle prenait pour une mode
3236 Celle-ci ne connaissait pas toujours l’origine et la portée mystique de valeurs qu’elle prenait pour une mode et qu’elle a
3237 sait pas toujours l’origine et la portée mystique de valeurs qu’elle prenait pour une mode et qu’elle accommodait à ses pl
3238 laisirs. Elle ne devait pas tarder à matérialiser les préceptes d’une religion qui pourtant s’opposait au christianisme par
3239 ne devait pas tarder à matérialiser les préceptes d’ une religion qui pourtant s’opposait au christianisme par son refus de
3240 ourtant s’opposait au christianisme par son refus de l’Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul
3241 tant s’opposait au christianisme par son refus de l’ Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul ex
3242 l’Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour l’ instant qu’un seul exemple de ce processus si typiquement occidental,
3243 Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul exemple de ce processus si typiquement occidental, et qui consiste à garder le s
3244 typiquement occidental, et qui consiste à garder le signe matériel d’une religion dont on trahit l’esprit25. Platon liait
3245 ental, et qui consiste à garder le signe matériel d’ une religion dont on trahit l’esprit25. Platon liait l’Amour à la Beau
3246 r le signe matériel d’une religion dont on trahit l’ esprit25. Platon liait l’Amour à la Beauté. Mais la Beauté qu’il enten
3247 religion dont on trahit l’esprit25. Platon liait l’ Amour à la Beauté. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’e
3248 dont on trahit l’esprit25. Platon liait l’Amour à la Beauté. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’essence int
3249 ’esprit25. Platon liait l’Amour à la Beauté. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’essence intellectuelle de l
3250 . Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’ essence intellectuelle de la perfection incréée : l’idée même de toute
3251 tendait, c’était d’abord l’essence intellectuelle de la perfection incréée : l’idée même de toute excellence. Qu’est deven
3252 dait, c’était d’abord l’essence intellectuelle de la perfection incréée : l’idée même de toute excellence. Qu’est devenue
3253 essence intellectuelle de la perfection incréée : l’ idée même de toute excellence. Qu’est devenue cette doctrine parmi nou
3254 llectuelle de la perfection incréée : l’idée même de toute excellence. Qu’est devenue cette doctrine parmi nous ? « Person
3255 ne saurait dire jusqu’à quelles couches profondes de l’humanité d’Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’h
3256 saurait dire jusqu’à quelles couches profondes de l’ humanité d’Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’homm
3257 e jusqu’à quelles couches profondes de l’humanité d’ Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’homme le plus s
3258 es profondes de l’humanité d’Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’homme le plus simple use couramment d’e
3259 ident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’ homme le plus simple use couramment d’expressions et de notions qui re
3260 t pénétré les conceptions platoniciennes. L’homme le plus simple use couramment d’expressions et de notions qui remontent
3261 oniciennes. L’homme le plus simple use couramment d’ expressions et de notions qui remontent à Platon.26 » Mais il en abuse
3262 me le plus simple use couramment d’expressions et de notions qui remontent à Platon.26 » Mais il en abuse dans le sens où
3263 qui remontent à Platon.26 » Mais il en abuse dans le sens où l’incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que le platonis
3264 nt à Platon.26 » Mais il en abuse dans le sens où l’ incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que le platonisme nous a c
3265 s il en abuse dans le sens où l’incline sa nature d’ Occidental. C’est ainsi que le platonisme nous a conduits à une terrib
3266 l’incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que le platonisme nous a conduits à une terrible confusion : à cette idée qu
3267 duits à une terrible confusion : à cette idée que l’ amour dépend avant tout de la beauté physique — alors qu’en fait cette
3268 sion : à cette idée que l’amour dépend avant tout de la beauté physique — alors qu’en fait cette beauté même n’est que l’a
3269 n : à cette idée que l’amour dépend avant tout de la beauté physique — alors qu’en fait cette beauté même n’est que l’attr
3270 ue — alors qu’en fait cette beauté même n’est que l’ attribut conféré par l’amant à l’objet de son choix d’amour. L’expérie
3271 ette beauté même n’est que l’attribut conféré par l’ amant à l’objet de son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre
3272 é même n’est que l’attribut conféré par l’amant à l’ objet de son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre bien que «
3273 ’est que l’attribut conféré par l’amant à l’objet de son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre bien que « l’amour
3274 tribut conféré par l’amant à l’objet de son choix d’ amour. L’expérience quotidienne montre bien que « l’amour embellit son
3275 nféré par l’amant à l’objet de son choix d’amour. L’ expérience quotidienne montre bien que « l’amour embellit son objet »,
3276 amour. L’expérience quotidienne montre bien que «  l’ amour embellit son objet », et que la beauté « officielle » n’est pas
3277 e bien que « l’amour embellit son objet », et que la beauté « officielle » n’est pas un gage d’être aimé. Mais le platonis
3278 et que la beauté « officielle » n’est pas un gage d’ être aimé. Mais le platonisme dégénéré, qui nous obsède, nous rend ave
3279  officielle » n’est pas un gage d’être aimé. Mais le platonisme dégénéré, qui nous obsède, nous rend aveugles à la réalité
3280 e dégénéré, qui nous obsède, nous rend aveugles à la réalité de l’objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la ren
3281 qui nous obsède, nous rend aveugles à la réalité de l’objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la rend peu aimab
3282 i nous obsède, nous rend aveugles à la réalité de l’ objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la rend peu aimable.
3283 objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la rend peu aimable. Et il nous jette à la poursuite de chimères qui n’e
3284 bien nous la rend peu aimable. Et il nous jette à la poursuite de chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore, d’où vi
3285 rend peu aimable. Et il nous jette à la poursuite de chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore, d’où vient ce succès
3286 chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore, d’ où vient ce succès et cette permanence invincible de l’erreur héritée
3287 où vient ce succès et cette permanence invincible de l’erreur héritée de Platon ? C’est qu’elle trouve dans le cœur de tou
3288 vient ce succès et cette permanence invincible de l’ erreur héritée de Platon ? C’est qu’elle trouve dans le cœur de tout h
3289 t cette permanence invincible de l’erreur héritée de Platon ? C’est qu’elle trouve dans le cœur de tout homme — et spécial
3290 eur héritée de Platon ? C’est qu’elle trouve dans le cœur de tout homme — et spécialement de tout Occidental — de très obs
3291 tée de Platon ? C’est qu’elle trouve dans le cœur de tout homme — et spécialement de tout Occidental — de très obscures co
3292 ouve dans le cœur de tout homme — et spécialement de tout Occidental — de très obscures complicités. Souvenons-nous du cul
3293 tout homme — et spécialement de tout Occidental — de très obscures complicités. Souvenons-nous du culte druidique pour la
3294 mplicités. Souvenons-nous du culte druidique pour la Femme, être prophétique, « éternel féminin », « but de l’homme ». Les
3295 mme, être prophétique, « éternel féminin », « but de l’homme ». Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan div
3296 , être prophétique, « éternel féminin », « but de l’ homme ». Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan divin,
3297 hétique, « éternel féminin », « but de l’homme ». Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan divin, à lui donne
3298 . Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’ élan divin, à lui donner un support corporel. Mais il y a plus, nous l
3299 onner un support corporel. Mais il y a plus, nous le savons depuis Freud : le « type de femme » que chaque homme porte dan
3300 . Mais il y a plus, nous le savons depuis Freud : le « type de femme » que chaque homme porte dans son cœur et qu’il assim
3301 y a plus, nous le savons depuis Freud : le « type de femme » que chaque homme porte dans son cœur et qu’il assimile d’inst
3302 haque homme porte dans son cœur et qu’il assimile d’ instinct à la définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la
3303 orte dans son cœur et qu’il assimile d’instinct à la définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé »
3304 cœur et qu’il assimile d’instinct à la définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoi
3305 r et qu’il assimile d’instinct à la définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoire
3306 stinct à la définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles so
3307 définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les
3308 inition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les cau
3309 » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les causes de la curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entr
3310 émoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les causes de la curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entre les doct
3311 ire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les causes de la curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entre les doctrin
3312 contradiction qui apparaît au xiie siècle entre les doctrines et les mœurs, une première conclusion peut être formulée dè
3313 i apparaît au xiie siècle entre les doctrines et les mœurs, une première conclusion peut être formulée dès à présent : L’a
3314 ère conclusion peut être formulée dès à présent : L’ amour-passion est apparu en Occident comme l’un des contrecoups du chr
3315 des contrecoups du christianisme (et spécialement de sa doctrine du mariage) dans les âmes où vivait encore un paganisme n
3316 (et spécialement de sa doctrine du mariage) dans les âmes où vivait encore un paganisme naturel ou hérité. Mais tout cela
3317 que et contestable si nous n’étions pas en mesure de décrire avec précision les voies et moyens historiques de cette renai
3318 n’étions pas en mesure de décrire avec précision les voies et moyens historiques de cette renaissance de l’Éros. Or nous a
3319 re avec précision les voies et moyens historiques de cette renaissance de l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers l
3320 voies et moyens historiques de cette renaissance de l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers le milieu du xiie siè
3321 ies et moyens historiques de cette renaissance de l’ Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers le milieu du xiie siècle
3322 de l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers le milieu du xiie siècle. (Date de naissance de l’amour-passion !27) Et
3323 é sa date : vers le milieu du xiie siècle. (Date de naissance de l’amour-passion !27) Et nous allons montrer qu’elle port
3324 ers le milieu du xiie siècle. (Date de naissance de l’amour-passion !27) Et nous allons montrer qu’elle porte un nom par
3325 le milieu du xiie siècle. (Date de naissance de l’ amour-passion !27) Et nous allons montrer qu’elle porte un nom par ail
3326 er qu’elle porte un nom par ailleurs bien connu : la cortezia, l’amour courtois. 6.L’amour courtois : troubadours et ca
3327 rte un nom par ailleurs bien connu : la cortezia, l’ amour courtois. 6.L’amour courtois : troubadours et cathares Que
3328 r courtois : troubadours et cathares Que toute la poésie européenne soit issue de la poésie des troubadours au xiie si
3329 ares Que toute la poésie européenne soit issue de la poésie des troubadours au xiie siècle, c’est ce dont personne ne
3330 s Que toute la poésie européenne soit issue de la poésie des troubadours au xiie siècle, c’est ce dont personne ne sau
3331 ont personne ne saurait plus douter. « Oui, entre les xie et xiie siècles, la poésie d’où qu’elle fût (hongroise, espagno
3332 s douter. « Oui, entre les xie et xiie siècles, la poésie d’où qu’elle fût (hongroise, espagnole, portugaise, allemande,
3333 « Oui, entre les xie et xiie siècles, la poésie d’ où qu’elle fût (hongroise, espagnole, portugaise, allemande, sicilienn
3334 ait au préalable languedocienne, c’est-à-dire que le poète, ne pouvant être que troubadour, était tenu de parler — et de l
3335 poète, ne pouvant être que troubadour, était tenu de parler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du trou
3336 nt être que troubadour, était tenu de parler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour, qui n’a
3337 être que troubadour, était tenu de parler — et de l’ apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour, qui n’a ja
3338 était tenu de parler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour, qui n’a jamais été que le prov
3339 arler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour, qui n’a jamais été que le provençal.28 » Qu’es
3340 le langage du troubadour, qui n’a jamais été que le provençal.28 » Qu’est-ce que la poésie des troubadours ? L’exaltation
3341 ’a jamais été que le provençal.28 » Qu’est-ce que la poésie des troubadours ? L’exaltation de l’amour malheureux. « Il n’y
3342 al.28 » Qu’est-ce que la poésie des troubadours ? L’ exaltation de l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occ
3343 t-ce que la poésie des troubadours ? L’exaltation de l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et la l
3344 e que la poésie des troubadours ? L’exaltation de l’ amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et la lyri
3345 tion de l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et la lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème
3346 eux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et la lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème : l’amour ; et pas l’a
3347 lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème : l’ amour ; et pas l’amour heureux, comblé ou satisfait (ce spectacle ne p
3348 esque et dantesque qu’un thème : l’amour ; et pas l’ amour heureux, comblé ou satisfait (ce spectacle ne peut rien engendre
3349 satisfait (ce spectacle ne peut rien engendrer), l’ amour perpétuellement insatisfait au contraire ; enfin, que deux perso
3350 fait au contraire ; enfin, que deux personnages : le poète qui, huit-cents, neuf-cents, mille fois réédite sa plainte, et
3351 a plainte, et une belle qui toujours dit non.29 » L’ Europe n’a pas connu de poésie plus profondément rhétorique : non seul
3352 qui toujours dit non.29 » L’Europe n’a pas connu de poésie plus profondément rhétorique : non seulement dans ses formes v
3353 ême, puisque celle-ci ne prend sa source que dans les lois de l’amour courtois, les leys d’amors. Mais il faut dire aussi q
3354 que celle-ci ne prend sa source que dans les lois de l’amour courtois, les leys d’amors. Mais il faut dire aussi que jamai
3355 celle-ci ne prend sa source que dans les lois de l’ amour courtois, les leys d’amors. Mais il faut dire aussi que jamais r
3356 sa source que dans les lois de l’amour courtois, les leys d’amors. Mais il faut dire aussi que jamais rhétorique ne fut pl
3357 e que dans les lois de l’amour courtois, les leys d’ amors. Mais il faut dire aussi que jamais rhétorique ne fut plus exalt
3358 s exaltante et fervente. Ce qu’elle exalte, c’est l’ amour hors du mariage, car le mariage ne signifie que l’union des corp
3359 u’elle exalte, c’est l’amour hors du mariage, car le mariage ne signifie que l’union des corps, tandis que l’« Amor », qui
3360 r hors du mariage, car le mariage ne signifie que l’ union des corps, tandis que l’« Amor », qui est l’Éros suprême, est l’
3361 age ne signifie que l’union des corps, tandis que l’ « Amor », qui est l’Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers l’uni
3362 l’union des corps, tandis que l’« Amor », qui est l’ Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-del
3363 andis que l’« Amor », qui est l’Éros suprême, est l’ élancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour poss
3364  Amor », qui est l’Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette
3365 or », qui est l’Éros suprême, est l’élancement de l’ âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette vi
3366 st l’Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers l’ union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette vie. Voilà po
3367 ancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette vie. Voilà pourquoi l’Amour suppose la c
3368 tout amour possible en cette vie. Voilà pourquoi l’ Amour suppose la chasteté. E d’amor mou castitaz (d’amour vient chaste
3369 ible en cette vie. Voilà pourquoi l’Amour suppose la chasteté. E d’amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante le tr
3370 ie. Voilà pourquoi l’Amour suppose la chasteté. E d’ amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante le troubadour toulou
3371 Amour suppose la chasteté. E d’amor mou castitaz ( d’ amour vient chasteté) chante le troubadour toulousain Guilhem Montanha
3372 amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante le troubadour toulousain Guilhem Montanhagol. L’Amour suppose aussi un r
3373 nte le troubadour toulousain Guilhem Montanhagol. L’ Amour suppose aussi un rituel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureu
3374 em Montanhagol. L’Amour suppose aussi un rituel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par la
3375 rituel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par la beauté de son hommage musical. Il lui ju
3376 vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par la beauté de son hommage musical. Il lui jure à genoux une éternelle fid
3377 amoureux. Le poète a gagné sa dame par la beauté de son hommage musical. Il lui jure à genoux une éternelle fidélité, com
3378 fidélité, comme on fait à un suzerain. « En gage d’ amour, la dame donnait à son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoign
3379 , comme on fait à un suzerain. « En gage d’amour, la dame donnait à son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoignait de se
3380 ur, la dame donnait à son paladin-poète un anneau d’ or, lui enjoignait de se lever, et lui déposait un baiser sur le front
3381 son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoignait de se lever, et lui déposait un baiser sur le front. Premier baiser, gén
3382 ignait de se lever, et lui déposait un baiser sur le front. Premier baiser, généralement le seul… et qui s’appelait consol
3383 baiser sur le front. Premier baiser, généralement le seul… et qui s’appelait consolament. Certains prêtres provençaux béni
3384 provençaux bénirent même cette union mystique en la plaçant sous l’invocation de la Vierge Marie. »30 (De tels excès ne d
3385 rent même cette union mystique en la plaçant sous l’ invocation de la Vierge Marie. »30 (De tels excès ne devaient pas se m
3386 te union mystique en la plaçant sous l’invocation de la Vierge Marie. »30 (De tels excès ne devaient pas se multiplier, d’
3387 union mystique en la plaçant sous l’invocation de la Vierge Marie. »30 (De tels excès ne devaient pas se multiplier, d’ail
3388 laçant sous l’invocation de la Vierge Marie. »30 ( De tels excès ne devaient pas se multiplier, d’ailleurs, et l’on va voir
3389 cès ne devaient pas se multiplier, d’ailleurs, et l’ on va voir pour quelles raisons.) D’où vient cette conception nouvelle
3390 ’ailleurs, et l’on va voir pour quelles raisons.) D’ où vient cette conception nouvelle de l’amour « perpétuellement insati
3391 es raisons.) D’où vient cette conception nouvelle de l’amour « perpétuellement insatisfait », et cette louange enthousiast
3392 raisons.) D’où vient cette conception nouvelle de l’ amour « perpétuellement insatisfait », et cette louange enthousiaste e
3393 ait », et cette louange enthousiaste et plaintive d’ « une belle qui toujours dit non » ? Et d’où vient ce savant lyrisme q
3394 aintive d’« une belle qui toujours dit non » ? Et d’ où vient ce savant lyrisme qui tout d’un coup se trouve là pour tradui
3395 non » ? Et d’où vient ce savant lyrisme qui tout d’ un coup se trouve là pour traduire la passion nouvelle ? On ne saurait
3396 sme qui tout d’un coup se trouve là pour traduire la passion nouvelle ? On ne saurait trop souligner le caractère miracule
3397 a passion nouvelle ? On ne saurait trop souligner le caractère miraculeux de cette double naissance, si rapide : en l’espa
3398 ne saurait trop souligner le caractère miraculeux de cette double naissance, si rapide : en l’espace d’une vingtaine d’ann
3399 aculeux de cette double naissance, si rapide : en l’ espace d’une vingtaine d’années, naissance d’une vision de la femme en
3400 e cette double naissance, si rapide : en l’espace d’ une vingtaine d’années, naissance d’une vision de la femme entièrement
3401 aissance, si rapide : en l’espace d’une vingtaine d’ années, naissance d’une vision de la femme entièrement contraire aux m
3402 : en l’espace d’une vingtaine d’années, naissance d’ une vision de la femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles
3403 d’une vingtaine d’années, naissance d’une vision de la femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles — (la femme
3404 une vingtaine d’années, naissance d’une vision de la femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles — (la femme se
3405 ntièrement contraire aux mœurs traditionnelles — ( la femme se voit élevée au-dessus de l’homme, dont elle devient l’idéal
3406 ditionnelles — (la femme se voit élevée au-dessus de l’homme, dont elle devient l’idéal nostalgique) — et naissance d’une
3407 ionnelles — (la femme se voit élevée au-dessus de l’ homme, dont elle devient l’idéal nostalgique) — et naissance d’une poé
3408 it élevée au-dessus de l’homme, dont elle devient l’ idéal nostalgique) — et naissance d’une poésie à formes fixes, très co
3409 elle devient l’idéal nostalgique) — et naissance d’ une poésie à formes fixes, très compliquées et raffinées, sans précéde
3410 mpliquées et raffinées, sans précédent dans toute l’ Antiquité ni dans les quelques siècles de culture qui succèdent à la r
3411 es, sans précédent dans toute l’Antiquité ni dans les quelques siècles de culture qui succèdent à la renaissance carolingie
3412 ns toute l’Antiquité ni dans les quelques siècles de culture qui succèdent à la renaissance carolingienne. Ou bien tout ce
3413 s les quelques siècles de culture qui succèdent à la renaissance carolingienne. Ou bien tout cela « tombe du ciel », c’est
3414 tout cela « tombe du ciel », c’est-à-dire jaillit d’ une inspiration subite et collective — mais encore faudrait-il expliqu
3415 els lieux bien définis ; ou bien tout cela relève d’ une cause historique précise — mais alors il s’agit de savoir pour que
3416 e cause historique précise — mais alors il s’agit de savoir pour quelles raisons elle est demeurée obscure jusqu’à nos jou
3417 urs. Ce qui est curieux au plus haut point, c’est l’ embarras des romanistes les plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reco
3418 plus haut point, c’est l’embarras des romanistes les plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reconnaître la question, et la
3419 plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reconnaître la question, et la facilité avec laquelle ils décident de n’y point répo
3420 squ’ils en viennent à reconnaître la question, et la facilité avec laquelle ils décident de n’y point répondre. Tout le mo
3421 estion, et la facilité avec laquelle ils décident de n’y point répondre. Tout le monde admet aujourd’hui que la poésie pro
3422 int répondre. Tout le monde admet aujourd’hui que la poésie provençale et les conceptions de l’amour qu’elle illustre, « l
3423 nde admet aujourd’hui que la poésie provençale et les conceptions de l’amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par le
3424 d’hui que la poésie provençale et les conceptions de l’amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par les conditions où
3425 ui que la poésie provençale et les conceptions de l’ amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par les conditions où el
3426 amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par les conditions où elle naquit, semble en contradiction absolue avec ces c
3427 1. « Il est évident qu’elle ne reflète aucunement la réalité, la condition de la femme n’ayant pas été, dans les instituti
3428 évident qu’elle ne reflète aucunement la réalité, la condition de la femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales
3429 le ne reflète aucunement la réalité, la condition de la femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales du Midi, moi
3430 ne reflète aucunement la réalité, la condition de la femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales du Midi, moins
3431 é, la condition de la femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales du Midi, moins humble et dépendante que dans ce
3432 Nord.32 » Or, s’il est à ce point « évident » que les troubadours ne tiraient rien de la réalité sociale, il paraît non moi
3433 « évident » que les troubadours ne tiraient rien de la réalité sociale, il paraît non moins évident que leur conception d
3434 évident » que les troubadours ne tiraient rien de la réalité sociale, il paraît non moins évident que leur conception de l
3435 , il paraît non moins évident que leur conception de l’amour venait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ? La même q
3436 l paraît non moins évident que leur conception de l’ amour venait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ? La même ques
3437 nait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ? La même question se pose pour leur art, j’entends pour leur technique po
3438  », écrit M. Jeanroy (quitte à reprocher à chacun de ces poètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce d’originalité
3439 te à reprocher à chacun de ces poètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce d’originalité et de s’être borné à raffi
3440 oètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce d’ originalité et de s’être borné à raffiner des formes fixes et des lieu
3441 de n’avoir montré aucune espèce d’originalité et de s’être borné à raffiner des formes fixes et des lieux communs : mais
3442 encore fallait-il que l’un d’entre eux, au moins, les eût créés !). Or dès qu’un historien se risque à formuler une hypothè
3443 historien se risque à formuler une hypothèse sur l’ origine de la rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des p
3444 se risque à formuler une hypothèse sur l’origine de la rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des plus aigres
3445 risque à formuler une hypothèse sur l’origine de la rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des plus aigres ir
3446 pothèse sur l’origine de la rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des plus aigres ironies, en France surtout.
3447 gine de la rhétorique courtoise, les spécialistes l’ accablent des plus aigres ironies, en France surtout. Sismondi faisait
3448 nce surtout. Sismondi faisait remonter aux Arabes le mysticisme du sentiment : on écarte dédaigneusement « cette énormité 
3449 tte énormité »33. Diez a montré des ressemblances de forme (rythmes et coupes) entre la lyrique arabe et la lyrique proven
3450 ressemblances de forme (rythmes et coupes) entre la lyrique arabe et la lyrique provençale : ce n’est pas sérieux, nous d
3451 rme (rythmes et coupes) entre la lyrique arabe et la lyrique provençale : ce n’est pas sérieux, nous dit-on. Brinkmann et
3452 ous dit-on. Brinkmann et d’autres ont supposé que la poésie latine des xie et xiie siècles avait pu fournir des modèles 
3453 les : tout compte fait, cela ne se tient pas, car les troubadours, paraît-il, avaient trop peu de culture pour connaître ce
3454 peu de culture pour connaître cette poésie. Ainsi de chaque réponse proposée : le « sérieux » des savants paraissant consi
3455 cette poésie. Ainsi de chaque réponse proposée : le « sérieux » des savants paraissant consister surtout dans une propens
3456 consister surtout dans une propension à qualifier d’ énormité ou de fantaisie tout ce qui menace de donner un sens au phéno
3457 out dans une propension à qualifier d’énormité ou de fantaisie tout ce qui menace de donner un sens au phénomène qu’ils pa
3458 ier d’énormité ou de fantaisie tout ce qui menace de donner un sens au phénomène qu’ils passent leur vie à étudier. Il est
3459 eux34, a cru pouvoir tout éclaircir en décelant à l’ origine de la lyrique provençale des influences religieuses, néo-plato
3460 ru pouvoir tout éclaircir en décelant à l’origine de la lyrique provençale des influences religieuses, néo-platoniciennes
3461 pouvoir tout éclaircir en décelant à l’origine de la lyrique provençale des influences religieuses, néo-platoniciennes et
3462 ations hardies » ont aussitôt dressé contre elles l’ ensemble de nos érudits. Wechssler s’est vu traiter de « doctrinaire »
3463 ies » ont aussitôt dressé contre elles l’ensemble de nos érudits. Wechssler s’est vu traiter de « doctrinaire » — suprême
3464 semble de nos érudits. Wechssler s’est vu traiter de « doctrinaire » — suprême injure — et plusieurs ont insinué que la qu
3465 » — suprême injure — et plusieurs ont insinué que la qualité d’Allemand de ce professeur les dispensait de réfuter un syst
3466 injure — et plusieurs ont insinué que la qualité d’ Allemand de ce professeur les dispensait de réfuter un système incompa
3467 t plusieurs ont insinué que la qualité d’Allemand de ce professeur les dispensait de réfuter un système incompatible avec
3468 nsinué que la qualité d’Allemand de ce professeur les dispensait de réfuter un système incompatible avec le clair génie de
3469 ualité d’Allemand de ce professeur les dispensait de réfuter un système incompatible avec le clair génie de notre race. Il
3470 ispensait de réfuter un système incompatible avec le clair génie de notre race. Il reste donc d’une part un phénomène étra
3471 futer un système incompatible avec le clair génie de notre race. Il reste donc d’une part un phénomène étrange, et d’autre
3472 d’une part un phénomène étrange, et d’autre part, de fort savantes réfutations de tout ce qui prétend l’expliquer. « Il es
3473 ge, et d’autre part, de fort savantes réfutations de tout ce qui prétend l’expliquer. « Il est également impossible — écri
3474 fort savantes réfutations de tout ce qui prétend l’ expliquer. « Il est également impossible — écrit un de nos professeurs
3475 pliquer. « Il est également impossible — écrit un de nos professeurs — de voir dans ces chansons d’amour, qui forment les
3476 lement impossible — écrit un de nos professeurs — de voir dans ces chansons d’amour, qui forment les trois quarts de la po
3477 un de nos professeurs — de voir dans ces chansons d’ amour, qui forment les trois quarts de la poésie provençale, une image
3478  — de voir dans ces chansons d’amour, qui forment les trois quarts de la poésie provençale, une image fidèle de la réalité
3479 es chansons d’amour, qui forment les trois quarts de la poésie provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemb
3480 chansons d’amour, qui forment les trois quarts de la poésie provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemblag
3481 quarts de la poésie provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemblage de formules vides de sens. » Certes.
3482 arts de la poésie provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemblage de formules vides de sens. » Certes. Mai
3483 e image fidèle de la réalité et un pur assemblage de formules vides de sens. » Certes. Mais là-dessus, l’auteur annonce qu
3484 la réalité et un pur assemblage de formules vides de sens. » Certes. Mais là-dessus, l’auteur annonce qu’« en historien sc
3485 formules vides de sens. » Certes. Mais là-dessus, l’ auteur annonce qu’« en historien scrupuleux », il se garde bien de se
3486 qu’« en historien scrupuleux », il se garde bien de se prononcer. Ce qui revient à dire que la lyrique courtoise dont il
3487 e bien de se prononcer. Ce qui revient à dire que la lyrique courtoise dont il s’occupe reste à ses yeux et jusqu’à plus a
3488 eux et jusqu’à plus ample informé « un assemblage de formules vides de sens ». Excellent « matériel » il est vrai, pour un
3489 s ample informé « un assemblage de formules vides de sens ». Excellent « matériel » il est vrai, pour un philologue qui se
3490 ue qui se respecte et n’entend pas « solliciter » les textes, fût-ce par le moindre essai de les comprendre. Je ne saurais
3491 ’entend pas « solliciter » les textes, fût-ce par le moindre essai de les comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma
3492 liciter » les textes, fût-ce par le moindre essai de les comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part, d’une hypot
3493 iter » les textes, fût-ce par le moindre essai de les comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part, d’une hypothèse
3494 rendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part, d’ une hypothèse à tel point scrupuleuse. Je me refuse à supposer un seul
3495 euse. Je me refuse à supposer un seul instant que les troubadours furent des faibles d’esprit, tout juste bons à répéter sa
3496 ul instant que les troubadours furent des faibles d’ esprit, tout juste bons à répéter sans se lasser des formules apprises
3497 où. Et je me demande, après Aroux et Péladan, si le secret de toute cette poésie ne devrait pas être cherché beaucoup plu
3498 me demande, après Aroux et Péladan, si le secret de toute cette poésie ne devrait pas être cherché beaucoup plus près d’e
3499 ie ne devrait pas être cherché beaucoup plus près d’ elle qu’on ne l’a fait — tout près : sur place, dans le milieu même où
3500 s être cherché beaucoup plus près d’elle qu’on ne l’ a fait — tout près : sur place, dans le milieu même où elle est née. E
3501 e qu’on ne l’a fait — tout près : sur place, dans le milieu même où elle est née. Et non pas dans le milieu purement « soc
3502 s le milieu même où elle est née. Et non pas dans le milieu purement « social » au sens moderne, mais bien dans l’atmosphè
3503 rement « social » au sens moderne, mais bien dans l’ atmosphère religieuse qui se trouvait déterminer les formes, même soci
3504 ’atmosphère religieuse qui se trouvait déterminer les formes, même sociales, de ce milieu35. Partant de là, constatons qu’
3505 se trouvait déterminer les formes, même sociales, de ce milieu35. Partant de là, constatons qu’un grand fait historique d
3506 s formes, même sociales, de ce milieu35. Partant de là, constatons qu’un grand fait historique domine le xiie siècle pro
3507 là, constatons qu’un grand fait historique domine le xiie siècle provençal : Dans le même temps que le lyrisme du domnei,
3508 istorique domine le xiie siècle provençal : Dans le même temps que le lyrisme du domnei, et dans les mêmes provinces, et
3509 e xiie siècle provençal : Dans le même temps que le lyrisme du domnei, et dans les mêmes provinces, et dans les mêmes cla
3510 s le même temps que le lyrisme du domnei, et dans les mêmes provinces, et dans les mêmes classes, une hérésie puissante se
3511 e du domnei, et dans les mêmes provinces, et dans les mêmes classes, une hérésie puissante se répandait. L’on a pu dire de
3512 êmes classes, une hérésie puissante se répandait. L’ on a pu dire de la religion cathare qu’elle représenta pour l’Église u
3513 ne hérésie puissante se répandait. L’on a pu dire de la religion cathare qu’elle représenta pour l’Église un péril aussi g
3514 hérésie puissante se répandait. L’on a pu dire de la religion cathare qu’elle représenta pour l’Église un péril aussi grav
3515 re de la religion cathare qu’elle représenta pour l’ Église un péril aussi grave que celui de l’arianisme. Certains ne vont
3516 enta pour l’Église un péril aussi grave que celui de l’arianisme. Certains ne vont-ils pas jusqu’à prétendre qu’elle fit e
3517 a pour l’Église un péril aussi grave que celui de l’ arianisme. Certains ne vont-ils pas jusqu’à prétendre qu’elle fit en O
3518 ’à prétendre qu’elle fit en Occident des millions de fidèles secrets, malgré la très sanglante croisade des albigeois — ou
3519 Occident des millions de fidèles secrets, malgré la très sanglante croisade des albigeois — ou à cause d’elle — au xiiie
3520 rès sanglante croisade des albigeois — ou à cause d’ elle — au xiiie siècle et jusqu’à la Réforme. Selon Rahn, l’on peut a
3521 — ou à cause d’elle — au xiiie siècle et jusqu’à la Réforme. Selon Rahn, l’on peut attribuer pour origine précise à l’hér
3522 xiiie siècle et jusqu’à la Réforme. Selon Rahn, l’ on peut attribuer pour origine précise à l’hérésie la secte des prisci
3523 Rahn, l’on peut attribuer pour origine précise à l’ hérésie la secte des priscillianistes, qui s’établit dans la région de
3524 n peut attribuer pour origine précise à l’hérésie la secte des priscillianistes, qui s’établit dans la région des Pyrénées
3525 la secte des priscillianistes, qui s’établit dans la région des Pyrénées méridionales au ive siècle de notre ère, et conv
3526 a région des Pyrénées méridionales au ive siècle de notre ère, et convertit au christianisme les druides habitant ces con
3527 iècle de notre ère, et convertit au christianisme les druides habitant ces contrées. D’autres auteurs font remonter le mouv
3528 tant ces contrées. D’autres auteurs font remonter le mouvement à la secte des Pauliciens, et aux églises néo-manichéennes
3529 es. D’autres auteurs font remonter le mouvement à la secte des Pauliciens, et aux églises néo-manichéennes d’Asie Mineure
3530 e des Pauliciens, et aux églises néo-manichéennes d’ Asie Mineure et de Bulgarie. Quoi qu’il en soit, les « purs » ou catha
3531 et aux églises néo-manichéennes d’Asie Mineure et de Bulgarie. Quoi qu’il en soit, les « purs » ou cathares se rattachaien
3532 ’Asie Mineure et de Bulgarie. Quoi qu’il en soit, les « purs » ou cathares se rattachaient aux grands courants gnostiques q
3533 ersent le premier millénaire du christianisme. Et l’ on sait assez que la Gnose, de même que les doctrines de Mani (ou Manè
3534 llénaire du christianisme. Et l’on sait assez que la Gnose, de même que les doctrines de Mani (ou Manès), plonge des racin
3535 sme. Et l’on sait assez que la Gnose, de même que les doctrines de Mani (ou Manès), plonge des racines dans la religion dua
3536 ait assez que la Gnose, de même que les doctrines de Mani (ou Manès), plonge des racines dans la religion dualiste de l’Ir
3537 rines de Mani (ou Manès), plonge des racines dans la religion dualiste de l’Iran36. Quelle était la doctrine des cathares 
3538 ès), plonge des racines dans la religion dualiste de l’Iran36. Quelle était la doctrine des cathares ? L’Inquisition a brû
3539 , plonge des racines dans la religion dualiste de l’ Iran36. Quelle était la doctrine des cathares ? L’Inquisition a brûlé
3540 ns la religion dualiste de l’Iran36. Quelle était la doctrine des cathares ? L’Inquisition a brûlé la plupart de leurs écr
3541 l’Iran36. Quelle était la doctrine des cathares ? L’ Inquisition a brûlé la plupart de leurs écrits37 ; mais ses registres
3542 s écrits37 ; mais ses registres nous ont conservé les interrogatoires des accusés38. En tenant compte de ce que nous savons
3543 s interrogatoires des accusés38. En tenant compte de ce que nous savons par ailleurs du manichéisme, et des méthodes inqui
3544 es méthodes inquisitoriales, il nous est possible de reconstituer dans ses grands traits le dogme de « l’Église d’Amour ».
3545 t possible de reconstituer dans ses grands traits le dogme de « l’Église d’Amour ». Dieu est amour. Mais le monde est mauv
3546 e de reconstituer dans ses grands traits le dogme de « l’Église d’Amour ». Dieu est amour. Mais le monde est mauvais. Donc
3547 reconstituer dans ses grands traits le dogme de «  l’ Église d’Amour ». Dieu est amour. Mais le monde est mauvais. Donc Dieu
3548 uer dans ses grands traits le dogme de « l’Église d’ Amour ». Dieu est amour. Mais le monde est mauvais. Donc Dieu ne saura
3549 gme de « l’Église d’Amour ». Dieu est amour. Mais le monde est mauvais. Donc Dieu ne saurait être l’auteur du monde, de se
3550 s le monde est mauvais. Donc Dieu ne saurait être l’ auteur du monde, de ses ténèbres, et du péché qui nous enserre. Sa cré
3551 ais. Donc Dieu ne saurait être l’auteur du monde, de ses ténèbres, et du péché qui nous enserre. Sa création première, enc
3552 encore informe, a été achevée mais pervertie par l’ Ange révolté, Satan ou le Démiurge39. L’homme est un ange déchu, empri
3553 hevée mais pervertie par l’Ange révolté, Satan ou le Démiurge39. L’homme est un ange déchu, emprisonné dans la matière, et
3554 ertie par l’Ange révolté, Satan ou le Démiurge39. L’ homme est un ange déchu, emprisonné dans la matière, et soumis de ce f
3555 rge39. L’homme est un ange déchu, emprisonné dans la matière, et soumis de ce fait aux lois des corps dont la plus tyranni
3556 ange déchu, emprisonné dans la matière, et soumis de ce fait aux lois des corps dont la plus tyrannique est la procréation
3557 ère, et soumis de ce fait aux lois des corps dont la plus tyrannique est la procréation. Mais le Fils de Dieu est venu pou
3558 it aux lois des corps dont la plus tyrannique est la procréation. Mais le Fils de Dieu est venu pour nous montrer le chemi
3559 dont la plus tyrannique est la procréation. Mais le Fils de Dieu est venu pour nous montrer le chemin du retour à la Lumi
3560 plus tyrannique est la procréation. Mais le Fils de Dieu est venu pour nous montrer le chemin du retour à la Lumière. Ce
3561 . Mais le Fils de Dieu est venu pour nous montrer le chemin du retour à la Lumière. Ce Christ ne s’est pas incarné : il n’
3562 est venu pour nous montrer le chemin du retour à la Lumière. Ce Christ ne s’est pas incarné : il n’a pris que l’apparence
3563 Ce Christ ne s’est pas incarné : il n’a pris que l’ apparence d’un homme40. Les cathares rejettent donc le dogme de l’Inca
3564 e s’est pas incarné : il n’a pris que l’apparence d’ un homme40. Les cathares rejettent donc le dogme de l’Incarnation, et
3565 carné : il n’a pris que l’apparence d’un homme40. Les cathares rejettent donc le dogme de l’Incarnation, et par suite, le s
3566 parence d’un homme40. Les cathares rejettent donc le dogme de l’Incarnation, et par suite, le sacrement de la Cène qui le
3567 ’un homme40. Les cathares rejettent donc le dogme de l’Incarnation, et par suite, le sacrement de la Cène qui le traduit (
3568 homme40. Les cathares rejettent donc le dogme de l’ Incarnation, et par suite, le sacrement de la Cène qui le traduit (et
3569 ent donc le dogme de l’Incarnation, et par suite, le sacrement de la Cène qui le traduit (et qu’ils remplacent par une sim
3570 ogme de l’Incarnation, et par suite, le sacrement de la Cène qui le traduit (et qu’ils remplacent par une simple agape com
3571 e de l’Incarnation, et par suite, le sacrement de la Cène qui le traduit (et qu’ils remplacent par une simple agape commém
3572 nation, et par suite, le sacrement de la Cène qui le traduit (et qu’ils remplacent par une simple agape commémorative). Il
3573 « spiritualiste » des évangiles, et spécialement de l’Évangile de Jean. Triple hérésie contre la Trinité : en effet, elle
3574 spiritualiste » des évangiles, et spécialement de l’ Évangile de Jean. Triple hérésie contre la Trinité : en effet, elle di
3575 te » des évangiles, et spécialement de l’Évangile de Jean. Triple hérésie contre la Trinité : en effet, elle divise le Pèr
3576 » des évangiles, et spécialement de l’Évangile de Jean . Triple hérésie contre la Trinité : en effet, elle divise le Père, di
3577 ment de l’Évangile de Jean. Triple hérésie contre la Trinité : en effet, elle divise le Père, distinguant Dieu de Jéhovah 
3578 hérésie contre la Trinité : en effet, elle divise le Père, distinguant Dieu de Jéhovah ; elle diminue le rôle du Fils en é
3579 Père, distinguant Dieu de Jéhovah ; elle diminue le rôle du Fils en évacuant la Croix et le rachat unique ; enfin, elle e
3580 éhovah ; elle diminue le rôle du Fils en évacuant la Croix et le rachat unique ; enfin, elle exagère et dénature le rôle d
3581 vah ; elle diminue le rôle du Fils en évacuant la Croix et le rachat unique ; enfin, elle exagère et dénature le rôle du Sain
3582 e diminue le rôle du Fils en évacuant la Croix et le rachat unique ; enfin, elle exagère et dénature le rôle du Saint-Espr
3583 e rachat unique ; enfin, elle exagère et dénature le rôle du Saint-Esprit (du « Paraclet ») dont elle fait « la Mère de Di
3584 u Saint-Esprit (du « Paraclet ») dont elle fait «  la Mère de Dieu », le principe féminin de l’Amour (c’est la Sophia chez
3585 « Paraclet ») dont elle fait « la Mère de Dieu », le principe féminin de l’Amour (c’est la Sophia chez les gnostiques grec
3586 lle fait « la Mère de Dieu », le principe féminin de l’Amour (c’est la Sophia chez les gnostiques grecs ; Maria chez les c
3587 fait « la Mère de Dieu », le principe féminin de l’ Amour (c’est la Sophia chez les gnostiques grecs ; Maria chez les cath
3588 de Dieu », le principe féminin de l’Amour (c’est la Sophia chez les gnostiques grecs ; Maria chez les cathares.) L’Église
3589 principe féminin de l’Amour (c’est la Sophia chez les gnostiques grecs ; Maria chez les cathares.) L’Église d’Amour, la San
3590 la Sophia chez les gnostiques grecs ; Maria chez les cathares.) L’Église d’Amour, la Santa Gleyzia des cathares, ne connaî
3591 les gnostiques grecs ; Maria chez les cathares.) L’ Église d’Amour, la Santa Gleyzia des cathares, ne connaît qu’un seul «
3592 tiques grecs ; Maria chez les cathares.) L’Église d’ Amour, la Santa Gleyzia des cathares, ne connaît qu’un seul « sacremen
3593 ecs ; Maria chez les cathares.) L’Église d’Amour, la Santa Gleyzia des cathares, ne connaît qu’un seul « sacrement » c’est
3594 thares, ne connaît qu’un seul « sacrement » c’est le baptême du Saint-Esprit consolateur, le baiser de paix ou consolament
3595 t » c’est le baptême du Saint-Esprit consolateur, le baiser de paix ou consolamentum que donne le prêtre au nouveau frère
3596 le baptême du Saint-Esprit consolateur, le baiser de paix ou consolamentum que donne le prêtre au nouveau frère pendant la
3597 eur, le baiser de paix ou consolamentum que donne le prêtre au nouveau frère pendant la cérémonie d’initiation. Encore est
3598 ntum que donne le prêtre au nouveau frère pendant la cérémonie d’initiation. Encore est-ce moins un sacrement au sens cath
3599 e le prêtre au nouveau frère pendant la cérémonie d’ initiation. Encore est-ce moins un sacrement au sens catholique de ce
3600 core est-ce moins un sacrement au sens catholique de ce terme, qu’un signe d’accession à la vie spirituelle. Avant de rece
3601 ement au sens catholique de ce terme, qu’un signe d’ accession à la vie spirituelle. Avant de recevoir ce baiser, le néophy
3602 catholique de ce terme, qu’un signe d’accession à la vie spirituelle. Avant de recevoir ce baiser, le néophyte s’engageait
3603 la vie spirituelle. Avant de recevoir ce baiser, le néophyte s’engageait solennellement à se consacrer à Dieu et à son Év
3604 angile, à ne jamais mentir ni jurer, à s’abstenir de tout contact avec sa femme s’il était marié 41, à ne tuer ni ne mange
3605 ul animal, enfin à tenir sa foi secrète. Un jeûne de quarante jours, ou endura, précédait cette initiation, et un autre d’
3606 u endura, précédait cette initiation, et un autre d’ égale durée lui succédait. « Il arrivait fréquemment, nous dit Rahn, q
3607 it. « Il arrivait fréquemment, nous dit Rahn, que les cathares, après la réception du Consolamentum et pendant l’endura, se
3608 équemment, nous dit Rahn, que les cathares, après la réception du Consolamentum et pendant l’endura, se donnassent volonta
3609 s, après la réception du Consolamentum et pendant l’ endura, se donnassent volontairement la mort. Leur doctrine permettait
3610 et pendant l’endura, se donnassent volontairement la mort. Leur doctrine permettait, comme celle des druides, le suicide.
3611 eur doctrine permettait, comme celle des druides, le suicide. Toutefois, elle exigeait qu’on mît fin à sa vie non par lass
3612 exigeait qu’on mît fin à sa vie non par lassitude de vivre, par peur ou par douleur, mais dans un état de parfait détachem
3613 vivre, par peur ou par douleur, mais dans un état de parfait détachement de la matière… Cinq genres de morts volontaires a
3614 douleur, mais dans un état de parfait détachement de la matière… Cinq genres de morts volontaires avaient la préférence de
3615 leur, mais dans un état de parfait détachement de la matière… Cinq genres de morts volontaires avaient la préférence des c
3616 de parfait détachement de la matière… Cinq genres de morts volontaires avaient la préférence des cathares : ils s’empoison
3617 matière… Cinq genres de morts volontaires avaient la préférence des cathares : ils s’empoisonnaient, ils se laissaient mou
3618  : ils s’empoisonnaient, ils se laissaient mourir de faim, ils s’ouvraient les veines du poignet, ils se jetaient dans un
3619 ils se laissaient mourir de faim, ils s’ouvraient les veines du poignet, ils se jetaient dans un précipice, ou bien, en hiv
3620 Chez eux, cette maladie était toujours mortelle. Le meilleur médecin ne saurait sauver des malades qui veulent mourir.42 
3621 42 » Notons enfin ce dernier trait : comme ce fut le cas pour tant de sectes et de religions orientales — jaïnisme, bouddh
3622 rait : comme ce fut le cas pour tant de sectes et de religions orientales — jaïnisme, bouddhisme, essénisme, gnosticisme c
3623 me, bouddhisme, essénisme, gnosticisme chrétien — l’ Église cathare se divisait en deux groupes : les parfaits (perfecti 43
3624  — l’Église cathare se divisait en deux groupes : les parfaits (perfecti 43) et les simples croyants (credentes ou imperfec
3625 t en deux groupes : les parfaits (perfecti 43) et les simples croyants (credentes ou imperfecti). Seuls les seconds avaient
3626 edentes ou imperfecti). Seuls les seconds avaient le droit de se marier et de vivre dans le monde condamné par les purs, s
3627 u imperfecti). Seuls les seconds avaient le droit de se marier et de vivre dans le monde condamné par les purs, sans s’ast
3628 euls les seconds avaient le droit de se marier et de vivre dans le monde condamné par les purs, sans s’astreindre à tous l
3629 ds avaient le droit de se marier et de vivre dans le monde condamné par les purs, sans s’astreindre à tous les préceptes d
3630 se marier et de vivre dans le monde condamné par les purs, sans s’astreindre à tous les préceptes de la morale ésotérique 
3631 e condamné par les purs, sans s’astreindre à tous les préceptes de la morale ésotérique : mortifications corporelles, mépri
3632 les purs, sans s’astreindre à tous les préceptes de la morale ésotérique : mortifications corporelles, mépris de la créat
3633 s purs, sans s’astreindre à tous les préceptes de la morale ésotérique : mortifications corporelles, mépris de la création
3634 e ésotérique : mortifications corporelles, mépris de la création, dissolution de tous les « liens mondains ». Saint Bernar
3635 sotérique : mortifications corporelles, mépris de la création, dissolution de tous les « liens mondains ». Saint Bernard d
3636 s corporelles, mépris de la création, dissolution de tous les « liens mondains ». Saint Bernard de Clairvaux (cité par Rah
3637 elles, mépris de la création, dissolution de tous les « liens mondains ». Saint Bernard de Clairvaux (cité par Rahn) a pu d
3638 a pu dire des cathares, qu’il combattit pourtant de toutes ses forces : « Il n’y a certainement pas de sermons plus chrét
3639 e toutes ses forces : « Il n’y a certainement pas de sermons plus chrétiens que les leurs, et leurs mœurs étaient pures… »
3640 a certainement pas de sermons plus chrétiens que les leurs, et leurs mœurs étaient pures… » Ce jugement rachète en partie
3641 rs étaient pures… » Ce jugement rachète en partie les calomnies de l’Inquisition. Mais on s’étonne de voir le saint qualifi
3642 es… » Ce jugement rachète en partie les calomnies de l’Inquisition. Mais on s’étonne de voir le saint qualifier de « chrét
3643  » Ce jugement rachète en partie les calomnies de l’ Inquisition. Mais on s’étonne de voir le saint qualifier de « chrétien
3644 les calomnies de l’Inquisition. Mais on s’étonne de voir le saint qualifier de « chrétienne » une prédication qui nie plu
3645 omnies de l’Inquisition. Mais on s’étonne de voir le saint qualifier de « chrétienne » une prédication qui nie plusieurs d
3646 tion. Mais on s’étonne de voir le saint qualifier de « chrétienne » une prédication qui nie plusieurs des dogmes fondament
3647 ication qui nie plusieurs des dogmes fondamentaux de l’Église. Quant à la pureté de mœurs des cathares, nous avons vu qu’e
3648 tion qui nie plusieurs des dogmes fondamentaux de l’ Église. Quant à la pureté de mœurs des cathares, nous avons vu qu’elle
3649 eurs des dogmes fondamentaux de l’Église. Quant à la pureté de mœurs des cathares, nous avons vu qu’elle traduisait des cr
3650 ogmes fondamentaux de l’Église. Quant à la pureté de mœurs des cathares, nous avons vu qu’elle traduisait des croyances to
3651 croyances toutes contraires à celles qui fondent la morale chrétienne authentique. La condamnation de la chair, où certai
3652 les qui fondent la morale chrétienne authentique. La condamnation de la chair, où certains croient voir aujourd’hui une ca
3653 la morale chrétienne authentique. La condamnation de la chair, où certains croient voir aujourd’hui une caractéristique ch
3654 morale chrétienne authentique. La condamnation de la chair, où certains croient voir aujourd’hui une caractéristique chrét
3655 r aujourd’hui une caractéristique chrétienne, est d’ origine manichéenne et hérétique. Car il faut bien noter que la « chai
3656 ichéenne et hérétique. Car il faut bien noter que la « chair » dont parle saint Paul n’est pas le corps physique, mais le
3657 que la « chair » dont parle saint Paul n’est pas le corps physique, mais le tout de l’homme incroyant, corps, raison, fac
3658 arle saint Paul n’est pas le corps physique, mais le tout de l’homme incroyant, corps, raison, facultés, désirs… ⁂ La croi
3659 nt Paul n’est pas le corps physique, mais le tout de l’homme incroyant, corps, raison, facultés, désirs… ⁂ La croisade des
3660 Paul n’est pas le corps physique, mais le tout de l’ homme incroyant, corps, raison, facultés, désirs… ⁂ La croisade des al
3661 mme incroyant, corps, raison, facultés, désirs… ⁂ La croisade des albigeois, conduite par l’abbé de Citeaux, au commenceme
3662 désirs… ⁂ La croisade des albigeois, conduite par l’ abbé de Citeaux, au commencement du xiiie siècle, détruisit les cités
3663 eaux, au commencement du xiiie siècle, détruisit les cités des cathares, brûla leurs livres, massacra et brûla les populat
3664 s cathares, brûla leurs livres, massacra et brûla les populations qui les aimaient, viola leur sanctuaire de Montségur — le
3665 urs livres, massacra et brûla les populations qui les aimaient, viola leur sanctuaire de Montségur — le Montsalvat de la lé
3666 pulations qui les aimaient, viola leur sanctuaire de Montségur — le Montsalvat de la légende du Graal44 — enfin saccagea b
3667 es aimaient, viola leur sanctuaire de Montségur —  le Montsalvat de la légende du Graal44 — enfin saccagea brutalement la c
3668 iola leur sanctuaire de Montségur — le Montsalvat de la légende du Graal44 — enfin saccagea brutalement la civilisation qu
3669 a leur sanctuaire de Montségur — le Montsalvat de la légende du Graal44 — enfin saccagea brutalement la civilisation qu’il
3670 a légende du Graal44 — enfin saccagea brutalement la civilisation qu’ils avaient édifiée en moins d’un siècle. Et cependan
3671 t la civilisation qu’ils avaient édifiée en moins d’ un siècle. Et cependant, de cette culture et de ses doctrines secrètes
3672 aient édifiée en moins d’un siècle. Et cependant, de cette culture et de ses doctrines secrètes, nous sommes encore tribut
3673 ns d’un siècle. Et cependant, de cette culture et de ses doctrines secrètes, nous sommes encore tributaires, au-delà de ce
3674 secrètes, nous sommes encore tributaires, au-delà de ce que l’on imagine… (Comme j’espère le montrer par ce livre.) 7.H
3675 nous sommes encore tributaires, au-delà de ce que l’ on imagine… (Comme j’espère le montrer par ce livre.) 7.Hérésie et
3676 , au-delà de ce que l’on imagine… (Comme j’espère le montrer par ce livre.) 7.Hérésie et poésie Doit-on considérer l
3677 re.) 7.Hérésie et poésie Doit-on considérer les troubadours comme les « croyants » de l’Église cathare, et comme les
3678 oésie Doit-on considérer les troubadours comme les « croyants » de l’Église cathare, et comme les chantres de son hérési
3679 considérer les troubadours comme les « croyants » de l’Église cathare, et comme les chantres de son hérésie ? Les présompt
3680 sidérer les troubadours comme les « croyants » de l’ Église cathare, et comme les chantres de son hérésie ? Les présomption
3681 me les « croyants » de l’Église cathare, et comme les chantres de son hérésie ? Les présomptions en faveur de cette thèse s
3682 ants » de l’Église cathare, et comme les chantres de son hérésie ? Les présomptions en faveur de cette thèse sont tellemen
3683 e cathare, et comme les chantres de son hérésie ? Les présomptions en faveur de cette thèse sont tellement fortes qu’il con
3684 te thèse sont tellement fortes qu’il conviendrait de retourner la question : comment et par quoi expliquer le lyrisme des
3685 tellement fortes qu’il conviendrait de retourner la question : comment et par quoi expliquer le lyrisme des troubadours,
3686 urner la question : comment et par quoi expliquer le lyrisme des troubadours, si l’on nie que l’hérésie cathare en ait été
3687 par quoi expliquer le lyrisme des troubadours, si l’ on nie que l’hérésie cathare en ait été la source vive ? Otto Rahn n’h
3688 iquer le lyrisme des troubadours, si l’on nie que l’ hérésie cathare en ait été la source vive ? Otto Rahn n’hésite point à
3689 urs, si l’on nie que l’hérésie cathare en ait été la source vive ? Otto Rahn n’hésite point à écrire : « La plupart des tr
3690 plupart des troubadours étaient hérétiques, tous les cathares étaient troubadours. » Mais nous avons assez de bonnes raiso
3691 ares étaient troubadours. » Mais nous avons assez de bonnes raisons pour nous passer de toute espèce d’exagération enthous
3692 us avons assez de bonnes raisons pour nous passer de toute espèce d’exagération enthousiaste. Est-ce pure coïncidence, si
3693 e bonnes raisons pour nous passer de toute espèce d’ exagération enthousiaste. Est-ce pure coïncidence, si les troubadours
3694 ération enthousiaste. Est-ce pure coïncidence, si les troubadours comme les cathares glorifient l’amour « perpétuellement i
3695 Est-ce pure coïncidence, si les troubadours comme les cathares glorifient l’amour « perpétuellement insatisfait », et vante
3696 si les troubadours comme les cathares glorifient l’ amour « perpétuellement insatisfait », et vantent — sans toujours l’ex
3697 llement insatisfait », et vantent — sans toujours l’ exercer — la vertu de chasteté ? Est-ce pure coïncidence, si, comme le
3698 tisfait », et vantent — sans toujours l’exercer — la vertu de chasteté ? Est-ce pure coïncidence, si, comme les « purs »,
3699 , et vantent — sans toujours l’exercer — la vertu de chasteté ? Est-ce pure coïncidence, si, comme les « purs », ils ne re
3700 de chasteté ? Est-ce pure coïncidence, si, comme les « purs », ils ne reçoivent de leur Dame qu’un seul baiser d’initiatio
3701 cidence, si, comme les « purs », ils ne reçoivent de leur Dame qu’un seul baiser d’initiation ? Et s’ils distinguent deux
3702 , ils ne reçoivent de leur Dame qu’un seul baiser d’ initiation ? Et s’ils distinguent deux degrés dans le domnei (le prega
3703 nitiation ? Et s’ils distinguent deux degrés dans le domnei (le pregaire, ou prière, et l’entendeire) comme on distingue d
3704 Et s’ils distinguent deux degrés dans le domnei ( le pregaire, ou prière, et l’entendeire) comme on distingue dans l’Églis
3705 degrés dans le domnei (le pregaire, ou prière, et l’ entendeire) comme on distingue dans l’Église d’Amour les adeptes et le
3706 prière, et l’entendeire) comme on distingue dans l’ Église d’Amour les adeptes et les parfaits ? Et s’ils raillent les lie
3707 et l’entendeire) comme on distingue dans l’Église d’ Amour les adeptes et les parfaits ? Et s’ils raillent les liens du mar
3708 endeire) comme on distingue dans l’Église d’Amour les adeptes et les parfaits ? Et s’ils raillent les liens du mariage ? Et
3709 on distingue dans l’Église d’Amour les adeptes et les parfaits ? Et s’ils raillent les liens du mariage ? Et s’ils invectiv
3710 r les adeptes et les parfaits ? Et s’ils raillent les liens du mariage ? Et s’ils invectivent les clercs et leurs alliés le
3711 llent les liens du mariage ? Et s’ils invectivent les clercs et leurs alliés les féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à
3712 ? Et s’ils invectivent les clercs et leurs alliés les féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à la manière errante des « pu
3713 iés les féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à la manière errante des « purs » qui s’en allaient deux par deux sur les
3714 des « purs » qui s’en allaient deux par deux sur les routes ? Et si les cours où ils s’arrêtent pour chanter et offrir leu
3715 ’en allaient deux par deux sur les routes ? Et si les cours où ils s’arrêtent pour chanter et offrir leur hommage se trouve
3716 offrir leur hommage se trouvent être précisément les cours des seigneurs hérétiques ? Il ne serait que trop facile de mult
3717 igneurs hérétiques ? Il ne serait que trop facile de multiplier ces questions. Voyons plutôt les arguments adverses. Tous
3718 facile de multiplier ces questions. Voyons plutôt les arguments adverses. Tous les troubadours, dira-t-on, ne furent pas da
3719 tions. Voyons plutôt les arguments adverses. Tous les troubadours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp de l’hérésie. Plus
3720 us les troubadours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp de l’hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents.
3721 roubadours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp de l’hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents. Certes,
3722 badours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp de l’ hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents. Certes, et
3723 et même un Folquet de Marseille a pu se joindre à la croisade des Albigeois. Mais aussi passa-t-il pour un traître, jusqu’
3724 un traître, jusqu’au jour où il fut accusé devant le pape Innocent III d’avoir causé la mort de cinq-cent-mille personnes 
3725 jour où il fut accusé devant le pape Innocent III d’ avoir causé la mort de cinq-cent-mille personnes ! D’ailleurs, quand o
3726 accusé devant le pape Innocent III d’avoir causé la mort de cinq-cent-mille personnes ! D’ailleurs, quand on démontrerait
3727 devant le pape Innocent III d’avoir causé la mort de cinq-cent-mille personnes ! D’ailleurs, quand on démontrerait, à supp
3728 oser que ce fût possible en soi, que tels d’entre les troubadours ignoraient les analogies de leur lyrisme et du dogme cath
3729 soi, que tels d’entre les troubadours ignoraient les analogies de leur lyrisme et du dogme cathare, on n’aurait pas encore
3730 d’entre les troubadours ignoraient les analogies de leur lyrisme et du dogme cathare, on n’aurait pas encore démontré que
3731 ogme cathare, on n’aurait pas encore démontré que l’ origine de ce lyrisme n’est pas cathare. N’oublions pas qu’ils composa
3732 re, on n’aurait pas encore démontré que l’origine de ce lyrisme n’est pas cathare. N’oublions pas qu’ils composaient leurs
3733 composaient leurs coblas et leurs sirventés selon les canons d’une rhétorique admirablement invariable, qu’ils apprenaient
3734 leurs coblas et leurs sirventés selon les canons d’ une rhétorique admirablement invariable, qu’ils apprenaient pendant l’
3735 irablement invariable, qu’ils apprenaient pendant l’ hiver dans des écoles nommées « menestrandises » — (les conservatoires
3736 ver dans des écoles nommées « menestrandises » — ( les conservatoires de l’époque, note Cingria). On peut concevoir une poés
3737 nommées « menestrandises » — (les conservatoires de l’époque, note Cingria). On peut concevoir une poésie — même très bel
3738 mmées « menestrandises » — (les conservatoires de l’ époque, note Cingria). On peut concevoir une poésie — même très belle 
3739 r une poésie — même très belle — qui serait faite de lieux communs dont le poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pa
3740 ès belle — qui serait faite de lieux communs dont le poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plu
3741 t faite de lieux communs dont le poète ne saurait d’ où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plutôt courant ? Et si
3742 ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plutôt courant ? Et si l’on dit : ces troubadours ne parlent
3743 st-ce pas, sauf la beauté, plutôt courant ? Et si l’ on dit : ces troubadours ne parlent point de leurs croyances dans les
3744 Et si l’on dit : ces troubadours ne parlent point de leurs croyances dans les poésies qui nous restent — il suffit de rapp
3745 ubadours ne parlent point de leurs croyances dans les poésies qui nous restent — il suffit de rappeler que les cathares pro
3746 ces dans les poésies qui nous restent — il suffit de rappeler que les cathares promettaient, lors de l’initiation, de ne j
3747 sies qui nous restent — il suffit de rappeler que les cathares promettaient, lors de l’initiation, de ne jamais trahir leur
3748 e rappeler que les cathares promettaient, lors de l’ initiation, de ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût la mo
3749 les cathares promettaient, lors de l’initiation, de ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût la mort dont ils se
3750 ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût la mort dont ils se verraient menacés. C’est ainsi que les registres de
3751 rt dont ils se verraient menacés. C’est ainsi que les registres de l’Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la
3752 verraient menacés. C’est ainsi que les registres de l’Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la minesola 45,
3753 rraient menacés. C’est ainsi que les registres de l’ Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la minesola 45, sup
3754 nquisition ne portent pas un seul aveu concernant la minesola 45, suprême initiation des « purs ». La fréquence même de ce
3755 la minesola 45, suprême initiation des « purs ». La fréquence même de cette question débattue dans les cours d’amour : « 
3756 uprême initiation des « purs ». La fréquence même de cette question débattue dans les cours d’amour : « Un chevalier peut-
3757 La fréquence même de cette question débattue dans les cours d’amour : « Un chevalier peut-il être à la fois marié et fidèle
3758 ce même de cette question débattue dans les cours d’ amour : « Un chevalier peut-il être à la fois marié et fidèle à sa dam
3759 à sa dame ? » — voilà qui nous donne à penser si l’ on songe à tous les troubadours qui devaient subir un apparent « maria
3760 oilà qui nous donne à penser si l’on songe à tous les troubadours qui devaient subir un apparent « mariage » avec l’Église
3761 s qui devaient subir un apparent « mariage » avec l’ Église de Rome dont ils étaient les clercs, tout en servant dans leurs
3762 aient subir un apparent « mariage » avec l’Église de Rome dont ils étaient les clercs, tout en servant dans leurs « pensée
3763  mariage » avec l’Église de Rome dont ils étaient les clercs, tout en servant dans leurs « pensées » une autre Dame, l’Égli
3764 en servant dans leurs « pensées » une autre Dame, l’ Église d’Amour…46 Mais certains abjurèrent l’hérésie sans abandonner
3765 t dans leurs « pensées » une autre Dame, l’Église d’ Amour…46 Mais certains abjurèrent l’hérésie sans abandonner le « trob
3766 me, l’Église d’Amour…46 Mais certains abjurèrent l’ hérésie sans abandonner le « trobar » ? Eh oui ! tout comme tel conver
3767 ais certains abjurèrent l’hérésie sans abandonner le « trobar » ? Eh oui ! tout comme tel converti dans la plus récente po
3768  trobar » ? Eh oui ! tout comme tel converti dans la plus récente poésie, voue à la Vierge des images qu’il avait inventée
3769 tel converti dans la plus récente poésie, voue à la Vierge des images qu’il avait inventées pour d’autres. Peire d’Auverg
3770 fin, ce qui doit égarer, c’est un ésotérisme dont l’ existence ne fait plus de doute aujourd’hui. « Il y eut dès le milieu
3771 c’est un ésotérisme dont l’existence ne fait plus de doute aujourd’hui. « Il y eut dès le milieu du xiie siècle (et ce ph
3772 ne fait plus de doute aujourd’hui. « Il y eut dès le milieu du xiie siècle (et ce phénomène à cette époque est singulière
3773 nt curieux) une école, celle du trobar clus, dont l’ ambition était de voiler la pensée sous l’ambiguïté des expressions »
3774 cole, celle du trobar clus, dont l’ambition était de voiler la pensée sous l’ambiguïté des expressions » (Jeanroy). Est-ce
3775 e du trobar clus, dont l’ambition était de voiler la pensée sous l’ambiguïté des expressions » (Jeanroy). Est-ce vraiment
3776 s, dont l’ambition était de voiler la pensée sous l’ ambiguïté des expressions » (Jeanroy). Est-ce vraiment si « curieux »
3777  » cette prudence, en cette époque précisément où l’ Église de Rome préparait sa croisade et son Inquisition ? Mais venons-
3778 prudence, en cette époque précisément où l’Église de Rome préparait sa croisade et son Inquisition ? Mais venons-en aux te
3779 ition ? Mais venons-en aux textes, et considérons- les dans la très pure nudité et transparence de leur adamantine rhétoriqu
3780 ais venons-en aux textes, et considérons-les dans la très pure nudité et transparence de leur adamantine rhétorique. ⁂ Thè
3781 rons-les dans la très pure nudité et transparence de leur adamantine rhétorique. ⁂ Thème de la mort, que l’on préfère aux
3782 ansparence de leur adamantine rhétorique. ⁂ Thème de la mort, que l’on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de m
3783 parence de leur adamantine rhétorique. ⁂ Thème de la mort, que l’on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de mour
3784 ur adamantine rhétorique. ⁂ Thème de la mort, que l’ on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de mourir Que de joi
3785 on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de mourir Que de joie vilaine jouir Car joie qui repaît vilement N’a pou
3786 dons du monde : Plus m’agrée donc de mourir Que de joie vilaine jouir Car joie qui repaît vilement N’a pouvoir ni droit
3787 Car joie qui repaît vilement N’a pouvoir ni droit de me plaire tant. Ainsi chante Aimeric de Belenoi47. La « joie vilaine
3788 plaire tant. Ainsi chante Aimeric de Belenoi47. La « joie vilaine », c’est ce qui le guérirait de son désir, si justemen
3789 c de Belenoi47. La « joie vilaine », c’est ce qui le guérirait de son désir, si justement l’amour sans fin n’était le mal
3790 7. La « joie vilaine », c’est ce qui le guérirait de son désir, si justement l’amour sans fin n’était le mal qu’il aime, l
3791 st ce qui le guérirait de son désir, si justement l’ amour sans fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’amor », le délire
3792 son désir, si justement l’amour sans fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’amor », le délire qui prévaut : … en fait
3793 ement l’amour sans fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’amor », le délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’oc
3794 mour sans fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’ amor », le délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’occira, que
3795 fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’amor », le délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’occira, que je reste
3796 me plaint. … et ce désir Prévaut — bien que fait de délire — Sur tout autre… S’il ne veut pas mourir encore, c’est qu’il
3797 st pas assez détaché du désir, c’est qu’il craint de quitter son corps par désespoir, « mortel péché », enfin, c’est qu’il
3798 c’est qu’il ignore encore à quoi lui peut servir De laisser en extase son âme ravir. La doctrine n’exigeait-elle pas qu’
3799 peut servir De laisser en extase son âme ravir. La doctrine n’exigeait-elle pas qu’on mît fin à sa vie « non par lassitu
3800 ssitude ni par peur ou douleur, mais dans un état de parfait détachement de la matière…48 ». Voici le thème de la séparat
3801 douleur, mais dans un état de parfait détachement de la matière…48 ». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de to
3802 leur, mais dans un état de parfait détachement de la matière…48 ». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de tout
3803 de parfait détachement de la matière…48 ». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu
3804 t détachement de la matière…48 ». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! commen
3805 étachement de la matière…48 ». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! comment s
3806 a matière…48 ». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire
3807 ». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’e
3808 i le thème de la séparation, le leitmotiv de tout l’ amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’est loin
3809 comment se peut-il faire Que plus m’est loin plus la désire ? Et voici Guiraut de Bornheil qui prie la vraie 49 Lumière e
3810 a désire ? Et voici Guiraut de Bornheil qui prie la vraie 49 Lumière en attendant l’aube du jour terrestre : cette aube q
3811 ornheil qui prie la vraie 49 Lumière en attendant l’ aube du jour terrestre : cette aube qui doit le réunir à son « copain 
3812 nt l’aube du jour terrestre : cette aube qui doit le réunir à son « copain » de route, et donc d’épreuves dans le monde. (
3813  : cette aube qui doit le réunir à son « copain » de route, et donc d’épreuves dans le monde. (Ces deux « copains », est-c
3814 doit le réunir à son « copain » de route, et donc d’ épreuves dans le monde. (Ces deux « copains », est-ce l’esprit et le c
3815 son « copain » de route, et donc d’épreuves dans le monde. (Ces deux « copains », est-ce l’esprit et le corps ? Mais souv
3816 uves dans le monde. (Ces deux « copains », est-ce l’ esprit et le corps ? Mais souvenons-nous aussi de la coutume des missi
3817 monde. (Ces deux « copains », est-ce l’esprit et le corps ? Mais souvenons-nous aussi de la coutume des missionnaires che
3818 l’esprit et le corps ? Mais souvenons-nous aussi de la coutume des missionnaires cheminant deux par deux) : Roi glorieux
3819 esprit et le corps ? Mais souvenons-nous aussi de la coutume des missionnaires cheminant deux par deux) : Roi glorieux, l
3820 À mon copain fidèle soit aide et bienvenue Car ne l’ ai plus revu depuis la nuit venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à l
3821 it aide et bienvenue Car ne l’ai plus revu depuis la nuit venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin de la chanson, l
3822 plus revu depuis la nuit venue Et bientôt viendra l’ aube. Mais à la fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœu
3823 la nuit venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-
3824 t venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trou
3825 enue Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé
3826 tôt viendra l’aube. Mais à la fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de l
3827 trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de la nuit la Lumière vraie dont il ne faut se séparer ? Beau doux copain,
3828 s vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de la nuit la Lumière vraie dont il ne faut se séparer ? Beau doux copain, tant ri
3829 our Que ne veux jamais plus voir aube ni jour Car la plus belle fille qui de mère naquit La tiens dedans mes bras, donc pl
3830 lus voir aube ni jour Car la plus belle fille qui de mère naquit La tiens dedans mes bras, donc plus ne me soucie Ni de ja
3831 i jour Car la plus belle fille qui de mère naquit La tiens dedans mes bras, donc plus ne me soucie Ni de jaloux ni d’aube.
3832 tiens dedans mes bras, donc plus ne me soucie Ni de jaloux ni d’aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer le trille
3833 mes bras, donc plus ne me soucie Ni de jaloux ni d’ aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer le trille dont Wagner,
3834 d’aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer le trille dont Wagner, au deuxième acte de Tristan, fera le cri sublime
3835 de lancer le trille dont Wagner, au deuxième acte de Tristan, fera le cri sublime de Brengaine : « Habet acht ! Habet acht
3836 le dont Wagner, au deuxième acte de Tristan, fera le cri sublime de Brengaine : « Habet acht ! Habet acht ! Schon weicht d
3837 au deuxième acte de Tristan, fera le cri sublime de Brengaine : « Habet acht ! Habet acht ! Schon weicht dem Tag die Nach
3838 te « belle qui toujours dit non » — encore qu’ici le doute s’insinue — qui est-elle, femme ou symbole ? Pourquoi sont-ils
3839 sont-ils tous à jurer que jamais ils ne trahiront le secret de leur grande passion, — comme s’il s’agissait d’une foi, et
3840 ous à jurer que jamais ils ne trahiront le secret de leur grande passion, — comme s’il s’agissait d’une foi, et d’une foi
3841 t de leur grande passion, — comme s’il s’agissait d’ une foi, et d’une foi initiatique ? Ne sais comment lui faire savoir
3842 de passion, — comme s’il s’agissait d’une foi, et d’ une foi initiatique ? Ne sais comment lui faire savoir Ma flamme, cra
3843 ire. dit l’un. Et tel autre : Renoncez, je vous le dis, au nom d’Amour et au mien renoncez, perfides délateurs, accompli
3844 est son pays, s’il est loin ou près, car je vous le tiendrai bien caché. Je mourrais plutôt que de faillir en un seul mot
3845 us le tiendrai bien caché. Je mourrais plutôt que de faillir en un seul mot… Quelle est la « dame » qui mériterait ce sac
3846 plutôt que de faillir en un seul mot… Quelle est la « dame » qui mériterait ce sacrifice ? Ou ce cri de Guillaume de Poit
3847 « dame » qui mériterait ce sacrifice ? Ou ce cri de Guillaume de Poitiers : Par elle seule je serai sauvé ! S’il ne s’a
3848 r elle seule je serai sauvé ! S’il ne s’agit que de figures de rhétorique, quel est l’esprit qui leur donna naissance ? E
3849 e je serai sauvé ! S’il ne s’agit que de figures de rhétorique, quel est l’esprit qui leur donna naissance ? Et quel Amou
3850 ne s’agit que de figures de rhétorique, quel est l’ esprit qui leur donna naissance ? Et quel Amour en fut l’idée platonic
3851 t qui leur donna naissance ? Et quel Amour en fut l’ idée platonicienne ? Dans sa chanson « Du moindre tiers d’Amour », cel
3852 latonicienne ? Dans sa chanson « Du moindre tiers d’ Amour », celui des femmes — Guiraut de Calanson dit des deux autres ti
3853 — Guiraut de Calanson dit des deux autres tiers, l’ amour des parents et l’amour divin : Au second tiers conviennent Nobl
3854 dit des deux autres tiers, l’amour des parents et l’ amour divin : Au second tiers conviennent Noblesse et Merci ; et le p
3855 conviennent Noblesse et Merci ; et le premier est de telle élévation qu’au-dessus du ciel plane son pouvoir. Cet Amour u
3856 est du genre féminin) qui chez Dante va « mouvoir le ciel et toutes les étoiles », n’est-ce point déjà la Divinité en soi
3857 in) qui chez Dante va « mouvoir le ciel et toutes les étoiles », n’est-ce point déjà la Divinité en soi des grands mystique
3858 ciel et toutes les étoiles », n’est-ce point déjà la Divinité en soi des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu d’avant la
3859 Divinité en soi des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu d’avant la Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart 
3860 en soi des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu d’ avant la Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart ? Et d’o
3861 des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu d’avant la Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart ? Et d’où viendr
3862 xes, le Dieu d’avant la Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart ? Et d’où viendrait, sinon, l’incertitude, vo
3863 dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart ? Et d’ où viendrait, sinon, l’incertitude, voire le sentiment d’équivoque don
3864 ose et Maître Eckhart ? Et d’où viendrait, sinon, l’ incertitude, voire le sentiment d’équivoque dont on ne peut se départi
3865  ? Et d’où viendrait, sinon, l’incertitude, voire le sentiment d’équivoque dont on ne peut se départir à la lecture de ces
3866 endrait, sinon, l’incertitude, voire le sentiment d’ équivoque dont on ne peut se départir à la lecture de ces poèmes amour
3867 ntiment d’équivoque dont on ne peut se départir à la lecture de ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien d’une femme réelle51
3868 quivoque dont on ne peut se départir à la lecture de ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien d’une femme réelle51 comme dans
3869 a lecture de ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien d’ une femme réelle51 comme dans le Cantique des Cantiques, mais là aussi
3870  ? Il s’agit bien d’une femme réelle51 comme dans le Cantique des Cantiques, mais là aussi, le ton est réellement mystique
3871 me dans le Cantique des Cantiques, mais là aussi, le ton est réellement mystique. Les érudits nous ressassent leur formule
3872 s, mais là aussi, le ton est réellement mystique. Les érudits nous ressassent leur formule : il n’y aurait là, tout « simpl
3873 l n’y aurait là, tout « simplement » qu’une manie d’ idéaliser la femme et l’amour naturel. Mais d’où provient donc cette m
3874 là, tout « simplement » qu’une manie d’idéaliser la femme et l’amour naturel. Mais d’où provient donc cette manie ? D’une
3875 simplement » qu’une manie d’idéaliser la femme et l’ amour naturel. Mais d’où provient donc cette manie ? D’une « humeur id
3876 nie d’idéaliser la femme et l’amour naturel. Mais d’ où provient donc cette manie ? D’une « humeur idéalisante » ? Lisons p
3877 ur naturel. Mais d’où provient donc cette manie ? D’ une « humeur idéalisante » ? Lisons plutôt ce cantique de Peire de Rog
3878  humeur idéalisante » ? Lisons plutôt ce cantique de Peire de Rogiers : Âpre tourment je dois souffrir Pour chagrin d’ell
3879 rs : Âpre tourment je dois souffrir Pour chagrin d’ elle que j’ai si grand Mon cœur ne s’en doit point défaire Ni jamais j
3880 ais rien, car ne sais vouloir qu’ELLE. Et ce cri de Bernart de Ventadour : Elle m’a pris mon cœur, elle m’a pris moi-mêm
3881 s mon cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris le monde, puis elle s’est elle-même dérobée à moi, ne me laissant que mo
3882 ésir et mon cœur assoiffé ! Et ces deux strophes d’ Arnaut Daniel — un noble qui se fit jongleur errant, et dont les roman
3883 el — un noble qui se fit jongleur errant, et dont les romanistes assurent que les poèmes sont « vides de pensée » : n’y tro
3884 gleur errant, et dont les romanistes assurent que les poèmes sont « vides de pensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche pré
3885 s romanistes assurent que les poèmes sont « vides de pensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise de la mystique nég
3886 es sont « vides de pensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise de la mystique négative, et ses métaphores invariabl
3887 ensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise de la mystique négative, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et l
3888 ée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise de la mystique négative, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et la r
3889 que négative, et ses métaphores invariables ? Je l’ aime et la recherche de si grand cœur que, par excès de désir, je croi
3890 ve, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et la recherche de si grand cœur que, par excès de désir, je crois que je m
3891 taphores invariables ? Je l’aime et la recherche de si grand cœur que, par excès de désir, je crois que je m’enlèverai to
3892 e et la recherche de si grand cœur que, par excès de désir, je crois que je m’enlèverai tout désir si l’on peut rien perdr
3893 désir, je crois que je m’enlèverai tout désir si l’ on peut rien perdre à force de bien aimer. Car son cœur submerge le mi
3894 aimer. Car son cœur submerge le mien tout entier d’ un flot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni l’Empire de Rome, ni qu’o
3895 er d’un flot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni l’ Empire de Rome, ni qu’on m’en nomme le pape (et pour cause !), si je n
3896 lot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni l’Empire de Rome, ni qu’on m’en nomme le pape (et pour cause !), si je ne dois pa
3897 ne veux ni l’Empire de Rome, ni qu’on m’en nomme le pape (et pour cause !), si je ne dois pas faire retour vers elle pour
3898 mon tourment avec un baiser (consolamentum) avant le Nouvel An, elle me détruit et elle se damne. La pétulance méridional
3899 le Nouvel An, elle me détruit et elle se damne. La pétulance méridionale vient masquer, à la fin du poème, le sens trop
3900 damne. La pétulance méridionale vient masquer, à la fin du poème, le sens trop grave de cette opposition des deux Églises
3901 nce méridionale vient masquer, à la fin du poème, le sens trop grave de cette opposition des deux Églises : Je suis Arnau
3902 nt masquer, à la fin du poème, le sens trop grave de cette opposition des deux Églises : Je suis Arnaut qui amasse le ven
3903 ion des deux Églises : Je suis Arnaut qui amasse le vent, et je chasse le lièvre à l’aide d’un bœuf, et je nage contre le
3904 Je suis Arnaut qui amasse le vent, et je chasse le lièvre à l’aide d’un bœuf, et je nage contre le flux ! On se souvien
3905 naut qui amasse le vent, et je chasse le lièvre à l’ aide d’un bœuf, et je nage contre le flux ! On se souvient de l’appar
3906 i amasse le vent, et je chasse le lièvre à l’aide d’ un bœuf, et je nage contre le flux ! On se souvient de l’apparition d
3907 e le lièvre à l’aide d’un bœuf, et je nage contre le flux ! On se souvient de l’apparition d’Arnaut Daniel au Purgatoire,
3908 bœuf, et je nage contre le flux ! On se souvient de l’apparition d’Arnaut Daniel au Purgatoire, comme il se nomme à Dante
3909 f, et je nage contre le flux ! On se souvient de l’ apparition d’Arnaut Daniel au Purgatoire, comme il se nomme à Dante, s
3910 contre le flux ! On se souvient de l’apparition d’ Arnaut Daniel au Purgatoire, comme il se nomme à Dante, son disciple,
3911 çal : Jeu sui Arnautz, che plor e vai cantan… ⁂ L’ Église de Rome savait fort bien ce que trop de savants s’obstinent enc
3912 u sui Arnautz, che plor e vai cantan… ⁂ L’Église de Rome savait fort bien ce que trop de savants s’obstinent encore à ne
3913 ⁂ L’Église de Rome savait fort bien ce que trop de savants s’obstinent encore à ne pas voir. Elle mesura toute l’ampleur
3914 obstinent encore à ne pas voir. Elle mesura toute l’ ampleur du péril que lui faisait courir l’Hérésie. Il y eut la Croisad
3915 a toute l’ampleur du péril que lui faisait courir l’ Hérésie. Il y eut la Croisade fameuse, l’Inquisition dominicaine. Mais
3916 péril que lui faisait courir l’Hérésie. Il y eut la Croisade fameuse, l’Inquisition dominicaine. Mais cette répression pa
3917 t courir l’Hérésie. Il y eut la Croisade fameuse, l’ Inquisition dominicaine. Mais cette répression par la force ne pouvait
3918 nquisition dominicaine. Mais cette répression par la force ne pouvait suffire à la tâche d’extirper les racines vivantes,
3919 ette répression par la force ne pouvait suffire à la tâche d’extirper les racines vivantes, pures et impures, de la révolt
3920 ession par la force ne pouvait suffire à la tâche d’ extirper les racines vivantes, pures et impures, de la révolte. Au cul
3921 la force ne pouvait suffire à la tâche d’extirper les racines vivantes, pures et impures, de la révolte. Au culte symboliqu
3922 ’extirper les racines vivantes, pures et impures, de la révolte. Au culte symbolique de la Femme, le clergé eut la grande
3923 tirper les racines vivantes, pures et impures, de la révolte. Au culte symbolique de la Femme, le clergé eut la grande sag
3924 es et impures, de la révolte. Au culte symbolique de la Femme, le clergé eut la grande sagesse d’opposer une croyance « or
3925 et impures, de la révolte. Au culte symbolique de la Femme, le clergé eut la grande sagesse d’opposer une croyance « ortho
3926 , de la révolte. Au culte symbolique de la Femme, le clergé eut la grande sagesse d’opposer une croyance « orthodoxe » qui
3927 e. Au culte symbolique de la Femme, le clergé eut la grande sagesse d’opposer une croyance « orthodoxe » qui répondit au m
3928 ique de la Femme, le clergé eut la grande sagesse d’ opposer une croyance « orthodoxe » qui répondit au même désir. De là l
3929 royance « orthodoxe » qui répondit au même désir. De là les tentatives multipliées, dès le milieu du xiie siècle, pour in
3930 e « orthodoxe » qui répondit au même désir. De là les tentatives multipliées, dès le milieu du xiie siècle, pour instituer
3931 même désir. De là les tentatives multipliées, dès le milieu du xiie siècle, pour instituer un culte de la Vierge. À la « 
3932 e milieu du xiie siècle, pour instituer un culte de la Vierge. À la « Dame des pensées » de l’hérétique, on substituera «
3933 ilieu du xiie siècle, pour instituer un culte de la Vierge. À la « Dame des pensées » de l’hérétique, on substituera « No
3934 siècle, pour instituer un culte de la Vierge. À la « Dame des pensées » de l’hérétique, on substituera « Notre-Dame ». E
3935 un culte de la Vierge. À la « Dame des pensées » de l’hérétique, on substituera « Notre-Dame ». En 1140, à Lyon, les chan
3936 culte de la Vierge. À la « Dame des pensées » de l’ hérétique, on substituera « Notre-Dame ». En 1140, à Lyon, les chanoin
3937 , on substituera « Notre-Dame ». En 1140, à Lyon, les chanoines établissent une fête de l’Immaculée Conception de Notre-Dam
3938 1140, à Lyon, les chanoines établissent une fête de l’Immaculée Conception de Notre-Dame. Et les ordres monastiques qui a
3939 40, à Lyon, les chanoines établissent une fête de l’ Immaculée Conception de Notre-Dame. Et les ordres monastiques qui appa
3940 es établissent une fête de l’Immaculée Conception de Notre-Dame. Et les ordres monastiques qui apparaissent alors sont des
3941 fête de l’Immaculée Conception de Notre-Dame. Et les ordres monastiques qui apparaissent alors sont des répliques aux ordr
3942 rs sont des répliques aux ordres chevaleresques. ( Le moine est « chevalier de Marie »). Saint Bernard de Clairvaux eut bea
3943 ordres chevaleresques. (Le moine est « chevalier de Marie »). Saint Bernard de Clairvaux eut beau protester dans une lett
3944 e lettre fameuse contre « cette fête nouvelle que l’ usage de l’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la traditi
3945 fameuse contre « cette fête nouvelle que l’usage de l’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la tradition n’aut
3946 meuse contre « cette fête nouvelle que l’usage de l’ Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la tradition n’autori
3947 fête nouvelle que l’usage de l’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la tradition n’autorise point… et qui intr
3948 ’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la tradition n’autorise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de la
3949 e la tradition n’autorise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de la superstition, fille de l’inconstance ». Et sain
3950 torise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de la superstition, fille de l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau,
3951 ise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de la superstition, fille de l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cen
3952 duit la nouveauté, sœur de la superstition, fille de l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire
3953 t la nouveauté, sœur de la superstition, fille de l’ inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire de
3954 saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire de la manière la plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, el
3955 nt Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire de la manière la plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, elle
3956 ut beau, cent ans plus tard, écrire de la manière la plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, elle n’aurait pa
3957 té conçue sans péché, elle n’aurait pas eu besoin d’ être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de la Vierge répondait à un
3958 pas eu besoin d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de la Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Égl
3959 soin d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de la Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Église menac
3960 n d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de la Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Église menacée.
3961 » Le culte de la Vierge répondait à une nécessité d’ ordre vital pour l’Église menacée. La papauté, plusieurs siècles plus
3962 erge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’ Église menacée. La papauté, plusieurs siècles plus tard, ne put que sa
3963 ne nécessité d’ordre vital pour l’Église menacée. La papauté, plusieurs siècles plus tard, ne put que sanctionner un senti
3964 sanctionner un sentiment qui n’avait pas attendu le dogme pour triompher dans tous les arts. 8.Objections Des deux
3965 ait pas attendu le dogme pour triompher dans tous les arts. 8.Objections Des deux chapitres qui précèdent, se dégagen
3966 s qui précèdent, se dégagent des conclusions dont l’ importance risque de se mesurer au nombre d’objections qu’elles soulèv
3967 dégagent des conclusions dont l’importance risque de se mesurer au nombre d’objections qu’elles soulèveront. Je ne songe p
3968 dont l’importance risque de se mesurer au nombre d’ objections qu’elles soulèveront. Je ne songe pas à esquiver des critiq
3969 squiver des critiques que j’espère fécondes. Mais le lecteur me saura gré de tenir compte des doutes qui ont dû s’élever d
3970 e j’espère fécondes. Mais le lecteur me saura gré de tenir compte des doutes qui ont dû s’élever dans son esprit, et d’ind
3971 es doutes qui ont dû s’élever dans son esprit, et d’ indiquer en bref par quelles raisons je crois pouvoir les surmonter. O
3972 quer en bref par quelles raisons je crois pouvoir les surmonter. On a dit et on me dira : 1° Que la religion des cathares n
3973 ir les surmonter. On a dit et on me dira : 1° Que la religion des cathares nous est encore mal connue et qu’il est donc au
3974 e mal connue et qu’il est donc au moins prématuré d’ y voir la source du lyrisme courtois ; 2° Que les troubadours n’ont ja
3975 nue et qu’il est donc au moins prématuré d’y voir la source du lyrisme courtois ; 2° Que les troubadours n’ont jamais dit
3976 é d’y voir la source du lyrisme courtois ; 2° Que les troubadours n’ont jamais dit qu’ils suivaient cette religion, ou que
3977 t qu’ils suivaient cette religion, ou que c’était d’ elle qu’ils parlaient ; 3° Qu’au contraire, l’amour qu’ils exaltent n
3978 it d’elle qu’ils parlaient ; 3° Qu’au contraire, l’ amour qu’ils exaltent n’est que l’idéalisation ou la sublimation du dé
3979 u’au contraire, l’amour qu’ils exaltent n’est que l’ idéalisation ou la sublimation du désir sexuel ; 4° Qu’on distingue ma
3980 amour qu’ils exaltent n’est que l’idéalisation ou la sublimation du désir sexuel ; 4° Qu’on distingue mal comment, de la c
3981 du désir sexuel ; 4° Qu’on distingue mal comment, de la confuse combinaison de doctrines manichéennes et néo-platonicienne
3982 désir sexuel ; 4° Qu’on distingue mal comment, de la confuse combinaison de doctrines manichéennes et néo-platoniciennes,
3983 distingue mal comment, de la confuse combinaison de doctrines manichéennes et néo-platoniciennes, sur un fond de traditio
3984 s manichéennes et néo-platoniciennes, sur un fond de traditions celtibériques, aurait pu naître une rhétorique aussi préci
3985 cise que celle des troubadours. Je répondrai dans l’ ordre de ces critiques. 1. Religion mal connue Si elle n’était pas con
3986 celle des troubadours. Je répondrai dans l’ordre de ces critiques. 1. Religion mal connue Si elle n’était pas connue du t
3987 on mal connue Si elle n’était pas connue du tout, le problème du lyrisme provençal resterait totalement obscur, comme il r
3988 çal resterait totalement obscur, comme il ressort de l’aveu même des romanistes. Or je répète que je me refuse, pour ma pa
3989 resterait totalement obscur, comme il ressort de l’ aveu même des romanistes. Or je répète que je me refuse, pour ma part,
3990 sidérer comme absurde une poétique et une éthique de l’amour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles
3991 érer comme absurde une poétique et une éthique de l’ amour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuv
3992 me absurde une poétique et une éthique de l’amour d’ où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuvres de l
3993 et une éthique de l’amour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuvres de la littérature occidental
3994 mour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuvres de la littérature occidentale. D’autre part, le pe
3995 dans les siècles suivants, les plus belles œuvres de la littérature occidentale. D’autre part, le peu que l’on connaît des
3996 s les siècles suivants, les plus belles œuvres de la littérature occidentale. D’autre part, le peu que l’on connaît des cr
3997 vres de la littérature occidentale. D’autre part, le peu que l’on connaît des croyances et des rites cathares suffit à éta
3998 littérature occidentale. D’autre part, le peu que l’ on connaît des croyances et des rites cathares suffit à établir sans p
3999 it à établir sans plus de contestations possibles les origines manichéennes de l’hérésie. Or si l’on se reporte à ce qui fu
4000 contestations possibles les origines manichéennes de l’hérésie. Or si l’on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) s
4001 testations possibles les origines manichéennes de l’ hérésie. Or si l’on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur
4002 les les origines manichéennes de l’hérésie. Or si l’ on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur la nature essenti
4003 se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur la nature essentiellement lyrique des dogmes manichéens en général, il a
4004 nichéens en général, il apparaît qu’un supplément d’ information sur telle ou telle nuance ou altération qu’auraient reçues
4005 ou altération qu’auraient reçues ces dogmes dans l’ Église du Midi, n’apporterait pas grand-chose pour ou contre ma thèse.
4006 lles et exactes du dogme qu’il faut chercher dans la rhétorique courtoise, mais bien le développement lyrique et psalmodiq
4007 chercher dans la rhétorique courtoise, mais bien le développement lyrique et psalmodique des symboles fondamentaux. De mê
4008 entaux. De même, pour prendre un exemple moderne, le « sentiment chrétien » que l’on reconnaît chez un Baudelaire est autr
4009 un exemple moderne, le « sentiment chrétien » que l’ on reconnaît chez un Baudelaire est autre chose qu’une transposition t
4010 lité (même formelle) qui serait inconcevable sans le dogme catholique ; à quoi s’ajoutent des éléments de vocabulaire et d
4011 dogme catholique ; à quoi s’ajoutent des éléments de vocabulaire et de syntaxe dont l’origine est nettement liturgique. On
4012 à quoi s’ajoutent des éléments de vocabulaire et de syntaxe dont l’origine est nettement liturgique. On peut imaginer que
4013 nt des éléments de vocabulaire et de syntaxe dont l’ origine est nettement liturgique. On peut imaginer que les thèmes que
4014 ne est nettement liturgique. On peut imaginer que les thèmes que nous avons relevés chez les poètes provençaux entretiennen
4015 aginer que les thèmes que nous avons relevés chez les poètes provençaux entretiennent avec le néo-manichéisme des relations
4016 vés chez les poètes provençaux entretiennent avec le néo-manichéisme des relations d’un type analogue52. Au surplus, les o
4017 tretiennent avec le néo-manichéisme des relations d’ un type analogue52. Au surplus, les origines hérétiques des lieux comm
4018 e des relations d’un type analogue52. Au surplus, les origines hérétiques des lieux communs de la rhétorique courtoise devi
4019 urplus, les origines hérétiques des lieux communs de la rhétorique courtoise deviennent sensibles dès que l’on compare ces
4020 lus, les origines hérétiques des lieux communs de la rhétorique courtoise deviennent sensibles dès que l’on compare ces li
4021 rhétorique courtoise deviennent sensibles dès que l’ on compare ces lieux communs à ceux de la poésie cléricale de l’époque
4022 les dès que l’on compare ces lieux communs à ceux de la poésie cléricale de l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que J
4023 dès que l’on compare ces lieux communs à ceux de la poésie cléricale de l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jean
4024 e ces lieux communs à ceux de la poésie cléricale de l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans
4025 es lieux communs à ceux de la poésie cléricale de l’ époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans le
4026 iste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans le remarquer. Parlant de la lyrique abstraite des troubadours du xiiie
4027 ue Jeanroy n’a pas été sans le remarquer. Parlant de la lyrique abstraite des troubadours du xiiie siècle, et de la confu
4028 Jeanroy n’a pas été sans le remarquer. Parlant de la lyrique abstraite des troubadours du xiiie siècle, et de la confusio
4029 ue abstraite des troubadours du xiiie siècle, et de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il
4030 abstraite des troubadours du xiiie siècle, et de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il écr
4031 iie siècle, et de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on,
4032 , et de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures
4033 t de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures de
4034 il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures de rhétorique sans conséquences. Soit. Mais les théories que les troubad
4035 gures de rhétorique sans conséquences. Soit. Mais les théories que les troubadours développaient avec une si grave applicat
4036 ue sans conséquences. Soit. Mais les théories que les troubadours développaient avec une si grave application, ne sont-elle
4037 ourquoi n’y a-t-il dans leurs œuvres aucune trace de ce déchirement intérieur, de ce dissidio qui rend si pathétiques cert
4038 œuvres aucune trace de ce déchirement intérieur, de ce dissidio qui rend si pathétiques certains vers de Pétrarque ? » Ce
4039 ce dissidio qui rend si pathétiques certains vers de Pétrarque ? » Cette question qui demeure ouverte dans l’ouvrage de M.
4040 arque ? » Cette question qui demeure ouverte dans l’ ouvrage de M. Jeanroy53, trouve une réponse tout évidente dans l’hypot
4041 Cette question qui demeure ouverte dans l’ouvrage de M. Jeanroy53, trouve une réponse tout évidente dans l’hypothèse que j
4042  Jeanroy53, trouve une réponse tout évidente dans l’ hypothèse que je propose. Je ne vois pas qu’elle en trouve ailleurs. 2
4043 se. Je ne vois pas qu’elle en trouve ailleurs. 2.  Les troubadours gardent le secret Nous avons dit plus haut pour quelles r
4044 le en trouve ailleurs. 2. Les troubadours gardent le secret Nous avons dit plus haut pour quelles raisons impérieuses (cra
4045 us haut pour quelles raisons impérieuses (crainte de la persécution et serment d’initiation) ces poètes ne pouvaient parle
4046 haut pour quelles raisons impérieuses (crainte de la persécution et serment d’initiation) ces poètes ne pouvaient parler o
4047 impérieuses (crainte de la persécution et serment d’ initiation) ces poètes ne pouvaient parler ouvertement de leur foi cat
4048 ation) ces poètes ne pouvaient parler ouvertement de leur foi cathare. (Ceux qui en ont parlé l’avaient tout d’abord abjur
4049 ement de leur foi cathare. (Ceux qui en ont parlé l’ avaient tout d’abord abjurée). Nous avons dit aussi qu’il n’est pas né
4050 . Nous avons dit aussi qu’il n’est pas nécessaire de supposer que tous partageaient cette foi. Mais il reste à marquer que
4051 rtageaient cette foi. Mais il reste à marquer que le symbolisme courtois, s’il explique de la part des troubadours certain
4052 rtaines confusions ou abus, en explique davantage de notre part. Si l’on essaie de se replacer dans l’atmosphère du Moyen
4053 ou abus, en explique davantage de notre part. Si l’ on essaie de se replacer dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit
4054 explique davantage de notre part. Si l’on essaie de se replacer dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absen
4055 de notre part. Si l’on essaie de se replacer dans l’ atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absence de signification
4056 dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’ absence de signification symbolique d’une poésie serait un fait beauco
4057 osphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absence de signification symbolique d’une poésie serait un fait beaucoup plus sc
4058 perçoit que l’absence de signification symbolique d’ une poésie serait un fait beaucoup plus scandaleux que ne peut l’être
4059 rait un fait beaucoup plus scandaleux que ne peut l’ être à nos yeux, par exemple, le symbolisme de la Dame. Dans l’optique
4060 aleux que ne peut l’être à nos yeux, par exemple, le symbolisme de la Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chos
4061 eut l’être à nos yeux, par exemple, le symbolisme de la Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chose signifie aut
4062 l’être à nos yeux, par exemple, le symbolisme de la Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chose signifie autre
4063 mple, le symbolisme de la Dame. Dans l’optique de l’ homme médiéval, toute chose signifie autre chose, et cela sans qu’inte
4064 e chose, et cela sans qu’intervienne aucun effort de traduction conceptuelle. En d’autres termes, le médiéval n’a pas beso
4065 t de traduction conceptuelle. En d’autres termes, le médiéval n’a pas besoin de se formuler le sens des symboles qu’il emp
4066 e. En d’autres termes, le médiéval n’a pas besoin de se formuler le sens des symboles qu’il emploie, ni d’en prendre une c
4067 termes, le médiéval n’a pas besoin de se formuler le sens des symboles qu’il emploie, ni d’en prendre une conscience disti
4068 e formuler le sens des symboles qu’il emploie, ni d’ en prendre une conscience distincte. Il est indemne de ce rationalisme
4069 prendre une conscience distincte. Il est indemne de ce rationalisme qui nous permet, à nous autres modernes, d’isoler et
4070 onalisme qui nous permet, à nous autres modernes, d’ isoler et d’abstraire de toute ambiance significative les objets que n
4071 nous permet, à nous autres modernes, d’isoler et d’ abstraire de toute ambiance significative les objets que nous considér
4072 , à nous autres modernes, d’isoler et d’abstraire de toute ambiance significative les objets que nous considérons54. L’un
4073 er et d’abstraire de toute ambiance significative les objets que nous considérons54. L’un des meilleurs historiens des mœur
4074 iques ; celui, entre autres, du mystique Suso : «  La vie de la chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, s
4075 celui, entre autres, du mystique Suso : « La vie de la chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, saturée
4076 lui, entre autres, du mystique Suso : « La vie de la chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, saturée de
4077 vale est, dans toutes ses manifestations, saturée de représentations religieuses. Pas de choses ou d’actions, si ordinaire
4078 ions, saturée de représentations religieuses. Pas de choses ou d’actions, si ordinaires soient-elles, dont on ne cherche c
4079 de représentations religieuses. Pas de choses ou d’ actions, si ordinaires soient-elles, dont on ne cherche constamment à
4080 t-elles, dont on ne cherche constamment à établir le rapport avec la foi. Mais dans cette atmosphère de saturation, la ten
4081 ne cherche constamment à établir le rapport avec la foi. Mais dans cette atmosphère de saturation, la tension religieuse,
4082 e rapport avec la foi. Mais dans cette atmosphère de saturation, la tension religieuse, l’idée transcendentale, l’élan ver
4083 la foi. Mais dans cette atmosphère de saturation, la tension religieuse, l’idée transcendentale, l’élan vers le sublime, n
4084 atmosphère de saturation, la tension religieuse, l’ idée transcendentale, l’élan vers le sublime, ne peuvent être toujours
4085 n, la tension religieuse, l’idée transcendentale, l’ élan vers le sublime, ne peuvent être toujours présents. Viennent-ils
4086 n religieuse, l’idée transcendentale, l’élan vers le sublime, ne peuvent être toujours présents. Viennent-ils à manquer, t
4087 s à manquer, tout ce qui était destiné à stimuler la conscience religieuse dégénère en profane banalité, en choquant matér
4088 banalité, en choquant matérialisme à prétentions d’ au-delà. Même chez un mystique de l’envergure d’un Henri Suso, le subl
4089 me à prétentions d’au-delà. Même chez un mystique de l’envergure d’un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le
4090 à prétentions d’au-delà. Même chez un mystique de l’ envergure d’un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le ri
4091 s d’au-delà. Même chez un mystique de l’envergure d’ un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le ridicule. Il e
4092 chez un mystique de l’envergure d’un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le ridicule. Il est sublime quand,
4093 Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le ridicule. Il est sublime quand, par piété envers la Vierge, il rend h
4094 ridicule. Il est sublime quand, par piété envers la Vierge, il rend hommage à toutes les femmes et marche dans la boue po
4095 piété envers la Vierge, il rend hommage à toutes les femmes et marche dans la boue pour laisser passer une pauvresse. Subl
4096 l rend hommage à toutes les femmes et marche dans la boue pour laisser passer une pauvresse. Sublime encore, quand il suit
4097 sser une pauvresse. Sublime encore, quand il suit les usages de l’amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier ma
4098 uvresse. Sublime encore, quand il suit les usages de l’amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier mai en offra
4099 esse. Sublime encore, quand il suit les usages de l’ amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier mai en offrant
4100 il suit les usages de l’amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier mai en offrant une couronne et une chanson
4101 offrant une couronne et une chanson à sa fiancée, la Sagesse éternelle. Mais que penser du reste ? À table, il mange les t
4102 lle. Mais que penser du reste ? À table, il mange les trois quarts d’une pomme en l’honneur de la Trinité, et le dernier qu
4103 ser du reste ? À table, il mange les trois quarts d’ une pomme en l’honneur de la Trinité, et le dernier quart par amour po
4104 À table, il mange les trois quarts d’une pomme en l’ honneur de la Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céle
4105 l mange les trois quarts d’une pomme en l’honneur de la Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céleste qui do
4106 ange les trois quarts d’une pomme en l’honneur de la Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céleste qui donna
4107 de la Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céleste qui donnait à manger une pomme à son tendre enfant Jésus
4108 son tendre enfant Jésus ; et ce dernier quart, il le mange avec la peau, parce que les petits garçons ne pèlent pas leurs
4109 ant Jésus ; et ce dernier quart, il le mange avec la peau, parce que les petits garçons ne pèlent pas leurs pommes. Après
4110 ernier quart, il le mange avec la peau, parce que les petits garçons ne pèlent pas leurs pommes. Après Noël, au temps où l’
4111 pèlent pas leurs pommes. Après Noël, au temps où l’ Enfant est trop jeune pour manger des fruits, Suso ne mange pas ce der
4112 fruits, Suso ne mange pas ce dernier quart, mais l’ offre à Marie qui le donnera à son fils. Il prend sa boisson en cinq t
4113 ge pas ce dernier quart, mais l’offre à Marie qui le donnera à son fils. Il prend sa boisson en cinq traits pour les cinq
4114 son fils. Il prend sa boisson en cinq traits pour les cinq plaies du Seigneur ; mais il double la cinquième gorgée parce qu
4115 il double la cinquième gorgée parce que du flanc de Jésus, coula du sang et de l’eau. Voilà la sanctification de la vie p
4116 gée parce que du flanc de Jésus, coula du sang et de l’eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limit
4117 parce que du flanc de Jésus, coula du sang et de l’ eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limites 
4118 flanc de Jésus, coula du sang et de l’eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limites »55. Dira-t-o
4119 oula du sang et de l’eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limites »55. Dira-t-on que l’on tombe i
4120 a du sang et de l’eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limites »55. Dira-t-on que l’on tombe ici
4121 poussée à ses extrêmes limites »55. Dira-t-on que l’ on tombe ici du symbole dans l’allégorie ? Oui, mais par un excès visi
4122 »55. Dira-t-on que l’on tombe ici du symbole dans l’ allégorie ? Oui, mais par un excès visible. Le même auteur remarque un
4123 ans l’allégorie ? Oui, mais par un excès visible. Le même auteur remarque un peu plus loin que « la naïve conscience relig
4124 e. Le même auteur remarque un peu plus loin que «  la naïve conscience religieuse de la multitude n’avait pas besoin de pre
4125 eu plus loin que « la naïve conscience religieuse de la multitude n’avait pas besoin de preuves intellectuelles en matière
4126 plus loin que « la naïve conscience religieuse de la multitude n’avait pas besoin de preuves intellectuelles en matière de
4127 nce religieuse de la multitude n’avait pas besoin de preuves intellectuelles en matière de foi : la seule présence d’une i
4128 in de preuves intellectuelles en matière de foi : la seule présence d’une image visible des choses saintes suffisait à en
4129 llectuelles en matière de foi : la seule présence d’ une image visible des choses saintes suffisait à en démontrer la vérit
4130 sible des choses saintes suffisait à en démontrer la vérité » (p. 199). C’est dire que le « secret » des troubadours était
4131 en démontrer la vérité » (p. 199). C’est dire que le « secret » des troubadours était en somme une évidence symbolique aux
4132 bolique aux yeux des initiés et des sympathisants de l’Église d’Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idé
4133 ique aux yeux des initiés et des sympathisants de l’ Église d’Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idée,
4134 yeux des initiés et des sympathisants de l’Église d’ Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idée, stricteme
4135 u à personne cette idée, strictement moderne, que les symboles, pour être valables, dussent être commentés et expliqués d’u
4136 tre valables, dussent être commentés et expliqués d’ une manière non symbolique… Toutefois, par suite de la situation parti
4137 e manière non symbolique… Toutefois, par suite de la situation particulière des hérétiques, l’on conçoit que certains d’en
4138 uite de la situation particulière des hérétiques, l’ on conçoit que certains d’entre eux aient voulu indiquer discrètement
4139 leurs poèmes avaient un double sens précis, outre le symbolisme habituel et qui allait de soi. Dans ce cas, le symbole se
4140 lisme habituel et qui allait de soi. Dans ce cas, le symbole se double d’une allégorie, et prend un sens cryptographique.
4141 allait de soi. Dans ce cas, le symbole se double d’ une allégorie, et prend un sens cryptographique. Je veux parler de l’é
4142 et prend un sens cryptographique. Je veux parler de l’école du trobar clus, déjà citée, et que M. Jeanroy définit en ces
4143 prend un sens cryptographique. Je veux parler de l’ école du trobar clus, déjà citée, et que M. Jeanroy définit en ces ter
4144 ces termes : « Un autre moyen (pour « embarrasser le lecteur ») consistait alors à recouvrir une pensée religieuse d’un vê
4145 onsistait alors à recouvrir une pensée religieuse d’ un vêtement profane, à appliquer à l’amour divin les formules consacré
4146 e religieuse d’un vêtement profane, à appliquer à l’ amour divin les formules consacrées par l’usage à l’expression de l’am
4147 ’un vêtement profane, à appliquer à l’amour divin les formules consacrées par l’usage à l’expression de l’amour humain.56 »
4148 iquer à l’amour divin les formules consacrées par l’ usage à l’expression de l’amour humain.56 » Le trobar clus ne serait a
4149 amour divin les formules consacrées par l’usage à l’ expression de l’amour humain.56 » Le trobar clus ne serait ainsi qu’un
4150 es formules consacrées par l’usage à l’expression de l’amour humain.56 » Le trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littérai
4151 formules consacrées par l’usage à l’expression de l’ amour humain.56 » Le trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littéraire,
4152 par l’usage à l’expression de l’amour humain.56 » Le trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littéraire, un « tarabiscotage 
4153 avoir d’autres causes » qu’on « ne se flatte pas de débrouiller ». (Op. cit., II, p. 16.) Mais le troubadour Alegret l’a
4154 pas de débrouiller ». (Op. cit., II, p. 16.) Mais le troubadour Alegret l’a fort bien dit : « Mon vers (poème) paraîtra i
4155 (Op. cit., II, p. 16.) Mais le troubadour Alegret l’ a fort bien dit : « Mon vers (poème) paraîtra insensé au sot s’il n’a
4156 avance et je lui dirai comment il me fut possible d’ y mettre deux (var. trois) mots de sens divers. » Cette manière d’embr
4157 me fut possible d’y mettre deux (var. trois) mots de sens divers. » Cette manière d’embrouiller les sens (entrebescar disa
4158 (var. trois) mots de sens divers. » Cette manière d’ embrouiller les sens (entrebescar disaient les Provençaux : entrelacer
4159 ots de sens divers. » Cette manière d’embrouiller les sens (entrebescar disaient les Provençaux : entrelacer) s’expliquerai
4160 ière d’embrouiller les sens (entrebescar disaient les Provençaux : entrelacer) s’expliquerait-elle par une « intention d’in
4161 trelacer) s’expliquerait-elle par une « intention d’ intriguer l’auditeur et de lui poser une énigme » ? On peut penser que
4162 expliquerait-elle par une « intention d’intriguer l’ auditeur et de lui poser une énigme » ? On peut penser que les troubad
4163 lle par une « intention d’intriguer l’auditeur et de lui poser une énigme » ? On peut penser que les troubadours étaient m
4164 et de lui poser une énigme » ? On peut penser que les troubadours étaient mus par des passions moins puériles… « J’entrelac
4165 t Raimbaut d’Orange. Et Marcabru : « Pour sage je le tiens sans nul doute celui qui dans mon chant devine ce que chaque mo
4166 ur éclaircir ma parole obscure. » Ici se poserait la plus grave question, mais elle demeure presque insoluble : comment le
4167 on, mais elle demeure presque insoluble : comment les troubadours entendaient-ils leurs propres symboles ? Et d’une manière
4168 dours entendaient-ils leurs propres symboles ? Et d’ une manière plus générale, quelle espèce de conscience avons-nous des
4169 s ? Et d’une manière plus générale, quelle espèce de conscience avons-nous des métaphores que nous utilisons dans nos écri
4170 nos écrits57 ? Il ne faudrait pas oublier ce que l’ on vient de dire sur la mentalité « naïvement » symbolique des médiéva
4171 audrait pas oublier ce que l’on vient de dire sur la mentalité « naïvement » symbolique des médiévaux : leurs symboles n’é
4172 s prosaïques et rationnels. Ce n’est donc que sur le double sens allégorique que devrait porter la question… Et enfin tout
4173 sur le double sens allégorique que devrait porter la question… Et enfin toute cette poésie baignait dans l’atmosphère la p
4174 estion… Et enfin toute cette poésie baignait dans l’ atmosphère la plus chargée de passions. Les actions que nous rapporten
4175 fin toute cette poésie baignait dans l’atmosphère la plus chargée de passions. Les actions que nous rapportent les chroniq
4176 poésie baignait dans l’atmosphère la plus chargée de passions. Les actions que nous rapportent les chroniqueurs du temps s
4177 it dans l’atmosphère la plus chargée de passions. Les actions que nous rapportent les chroniqueurs du temps sont parmi les
4178 rgée de passions. Les actions que nous rapportent les chroniqueurs du temps sont parmi les folles, les plus « surréalistes 
4179 s rapportent les chroniqueurs du temps sont parmi les folles, les plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire de nos mœ
4180 les chroniqueurs du temps sont parmi les folles, les plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire de nos mœurs… Qu’on s
4181 folles, les plus « surréalistes » qu’ait connues l’ histoire de nos mœurs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue le
4182 s plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire de nos mœurs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue le troubadour
4183 urs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue le troubadour favori de sa femme, et fait servir le cœur de la victime s
4184 e ce seigneur jaloux qui tue le troubadour favori de sa femme, et fait servir le cœur de la victime sur un plat. La dame l
4185 le troubadour favori de sa femme, et fait servir le cœur de la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c
4186 badour favori de sa femme, et fait servir le cœur de la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le
4187 our favori de sa femme, et fait servir le cœur de la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le se
4188 et fait servir le cœur de la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur le lui ayant dit 
4189 servir le cœur de la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur le lui ayant dit : — « Me
4190 plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur le lui ayant dit : — « Messire, répond la dame, vous m’avez
4191 me le mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur le lui ayant dit : — « Messire, répond la dame, vous m’avez donné à mang
4192 e seigneur le lui ayant dit : — « Messire, répond la dame, vous m’avez donné à manger mets si savoureux que jamais plus ne
4193 ets si savoureux que jamais plus ne mangerai rien d’ autre ! » et elle se jette par la fenêtre du donjon. On admettra que c
4194 ne mangerai rien d’autre ! » et elle se jette par la fenêtre du donjon. On admettra que cette atmosphère suffisait bien à
4195 pour « colorer » un symbolisme même dogmatique à l’ origine. 3. L’amour courtois serait une idéalisation de l’amour charne
4196 r » un symbolisme même dogmatique à l’origine. 3.  L’ amour courtois serait une idéalisation de l’amour charnel C’est la thè
4197 gine. 3. L’amour courtois serait une idéalisation de l’amour charnel C’est la thèse la plus courante. On pourrait se borne
4198 e. 3. L’amour courtois serait une idéalisation de l’ amour charnel C’est la thèse la plus courante. On pourrait se borner à
4199 serait une idéalisation de l’amour charnel C’est la thèse la plus courante. On pourrait se borner à rappeler que le symbo
4200 ne idéalisation de l’amour charnel C’est la thèse la plus courante. On pourrait se borner à rappeler que le symbolisme méd
4201 us courante. On pourrait se borner à rappeler que le symbolisme médiéval procède généralement de haut en bas — de ciel en
4202 me médiéval procède généralement de haut en bas —  de ciel en terre — ce qui réfute les conclusions modernes déduites du pr
4203 de haut en bas — de ciel en terre — ce qui réfute les conclusions modernes déduites du préjugé matérialiste. Mais il faut a
4204 Contre Wechssler, qui veut voir, lui aussi, dans la lyrique courtoise une expression de sentiments religieux de l’époque5
4205 i aussi, dans la lyrique courtoise une expression de sentiments religieux de l’époque58, Jeanroy écrit : « Dans ces affirm
4206 courtoise une expression de sentiments religieux de l’époque58, Jeanroy écrit : « Dans ces affirmations hardies, il y a d
4207 urtoise une expression de sentiments religieux de l’ époque58, Jeanroy écrit : « Dans ces affirmations hardies, il y a du r
4208 affirmations hardies, il y a du reste une erreur de fait aisée à relever : qu’à la longue, la chanson se soit vidée de so
4209 erreur de fait aisée à relever : qu’à la longue, la chanson se soit vidée de son contenu initial, n’ait plus été qu’un ti
4210 elever : qu’à la longue, la chanson se soit vidée de son contenu initial, n’ait plus été qu’un tissu de formules creuses o
4211 e son contenu initial, n’ait plus été qu’un tissu de formules creuses on le peut admettre. Mais au début et jusqu’à la fin
4212 n’ait plus été qu’un tissu de formules creuses on le peut admettre. Mais au début et jusqu’à la fin du xiie siècle, il n’
4213 ses on le peut admettre. Mais au début et jusqu’à la fin du xiie siècle, il n’en était pas ainsi : chez les poètes de cet
4214 n du xiie siècle, il n’en était pas ainsi : chez les poètes de cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et
4215 siècle, il n’en était pas ainsi : chez les poètes de cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et parfois si
4216 tait pas ainsi : chez les poètes de cette époque, l’ expression du désir charnel est si vive et parfois si brutale qu’il es
4217 parfois si brutale qu’il est vraiment impossible de se tromper sur la nature de leurs aspirations. » Si c’est le cas, on
4218 e qu’il est vraiment impossible de se tromper sur la nature de leurs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande d’où vi
4219 t vraiment impossible de se tromper sur la nature de leurs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande d’où vient la gên
4220 er sur la nature de leurs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande d’où vient la gêne et l’« agacement » de l’auteur
4221 urs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande d’ où vient la gêne et l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé d
4222 ions. » Si c’est le cas, on se demande d’où vient la gêne et l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaît
4223 c’est le cas, on se demande d’où vient la gêne et l’ « agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivo
4224 se demande d’où vient la gêne et l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivoque des expressi
4225 demande d’où vient la gêne et l’« agacement » de l’ auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivoque des expressions
4226 l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivoque des expressions courtoises et leurs résonance
4227 » de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’ équivoque des expressions courtoises et leurs résonances mystiques. « 
4228 ystiques. « Il est certain — doit-il avouer — que les idées religieuses d’une époque influent généralement sur la conceptio
4229 tain — doit-il avouer — que les idées religieuses d’ une époque influent généralement sur la conception qu’on se fait de l’
4230 eligieuses d’une époque influent généralement sur la conception qu’on se fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire de
4231 uent généralement sur la conception qu’on se fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire de la galanterie se règle sur
4232 t généralement sur la conception qu’on se fait de l’ amour, et surtout que le vocabulaire de la galanterie se règle sur cel
4233 nception qu’on se fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire de la galanterie se règle sur celui de la dévotion 59. Du
4234 se fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire de la galanterie se règle sur celui de la dévotion 59. Du jour où adorer
4235 fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire de la galanterie se règle sur celui de la dévotion 59. Du jour où adorer de
4236 e vocabulaire de la galanterie se règle sur celui de la dévotion 59. Du jour où adorer devient synonyme d’aimer, cette mét
4237 ocabulaire de la galanterie se règle sur celui de la dévotion 59. Du jour où adorer devient synonyme d’aimer, cette métaph
4238 a dévotion 59. Du jour où adorer devient synonyme d’ aimer, cette métaphore en entraîne une quantité d’autres. » Et de cite
4239 métaphore en entraîne une quantité d’autres. » Et de citer Chrétien de Troyes, et les poètes du Nord disciples des troubad
4240 té d’autres. » Et de citer Chrétien de Troyes, et les poètes du Nord disciples des troubadours, Gace Brûlé, Gautier d’Épina
4241 e « qui font penser aux effusions et aux appels à la souffrance d’une sainte Thérèse et d’un Jean de la Croix »60. Mais al
4242 enser aux effusions et aux appels à la souffrance d’ une sainte Thérèse et d’un Jean de la Croix »60. Mais alors pourquoi r
4243 ux appels à la souffrance d’une sainte Thérèse et d’ un Jean de la Croix »60. Mais alors pourquoi rejeter sans discussion l
4244  »60. Mais alors pourquoi rejeter sans discussion l’ ouvrage de Wechssler, qui soutient que les « théories amoureuses du Mo
4245 alors pourquoi rejeter sans discussion l’ouvrage de Wechssler, qui soutient que les « théories amoureuses du Moyen Âge ne
4246 scussion l’ouvrage de Wechssler, qui soutient que les « théories amoureuses du Moyen Âge ne sont qu’un reflet de ses idées
4247 ries amoureuses du Moyen Âge ne sont qu’un reflet de ses idées religieuses » ? Et pourquoi vouloir à tout prix que les poè
4248 ligieuses » ? Et pourquoi vouloir à tout prix que les poèmes des troubadours comportent des notations « réalistes » et des
4249 ations « réalistes » et des descriptions précises de la Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche de ne recourir jama
4250 ons « réalistes » et des descriptions précises de la Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche de ne recourir jamais
4251 la Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche de ne recourir jamais qu’à des épithètes stéréotypées ? Jaufré Rudel, pr
4252 , dit très nettement que sa Dame est une création de son esprit, et qu’elle s’évanouit avec l’aube. Ailleurs, c’est la « p
4253 réation de son esprit, et qu’elle s’évanouit avec l’ aube. Ailleurs, c’est la « princesse lointaine » qu’il veut aimer. Cep
4254 t qu’elle s’évanouit avec l’aube. Ailleurs, c’est la « princesse lointaine » qu’il veut aimer. Cependant M. Jeanroy s’inqu
4255 qu’il veut aimer. Cependant M. Jeanroy s’inquiète de trouver dans ses poèmes « des détails qui paraissent nous plonger dan
4256 es « des détails qui paraissent nous plonger dans la réalité et que rien n’explique ». Exemples donnés : « Je suis en dout
4257  ». Exemples donnés : « Je suis en doute au sujet d’ une chose et mon cœur est dans l’angoisse : c’est que tout ce que le f
4258 n doute au sujet d’une chose et mon cœur est dans l’ angoisse : c’est que tout ce que le frère me refuse, j’entends la sœur
4259 cœur est dans l’angoisse : c’est que tout ce que le frère me refuse, j’entends la sœur me l’octroyer. » D’autre part, Rud
4260 est que tout ce que le frère me refuse, j’entends la sœur me l’octroyer. » D’autre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame :
4261 t ce que le frère me refuse, j’entends la sœur me l’ octroyer. » D’autre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame : elle a le c
4262 tre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame : elle a le corps « gras, delgat et gen ». Or la première phrase, où Jeanroy veut
4263 ique, détient un sens mystique évident : « Ce que le corps me refuse, l’esprit me l’octroie » (par exemple, car il y a d’a
4264 s mystique évident : « Ce que le corps me refuse, l’ esprit me l’octroie » (par exemple, car il y a d’autres sens encore).
4265 vident : « Ce que le corps me refuse, l’esprit me l’ octroie » (par exemple, car il y a d’autres sens encore). Et quant aux
4266 alistes » qui décriraient une dame « réelle », on les retrouve parfaitement identiques chez une douzaine d’autres poètes !
4267 sais plus quel érudit qu’il semblerait que toute la poésie des troubadours fût l’œuvre d’un seul auteur louant une Dame u
4268 emblerait que toute la poésie des troubadours fût l’ œuvre d’un seul auteur louant une Dame unique !) Où est alors cette ex
4269 t que toute la poésie des troubadours fût l’œuvre d’ un seul auteur louant une Dame unique !) Où est alors cette expression
4270 Où est alors cette expression « vive et brutale » d’ un désir évidemment charnel ? Dans la crudité de certains termes ? Mai
4271 et brutale » d’un désir évidemment charnel ? Dans la crudité de certains termes ? Mais elle était courante et naturelle av
4272 » d’un désir évidemment charnel ? Dans la crudité de certains termes ? Mais elle était courante et naturelle avant le puri
4273 mes ? Mais elle était courante et naturelle avant le puritanisme bourgeois. L’argument est anachronique. Voici par contre
4274 ante et naturelle avant le puritanisme bourgeois. L’ argument est anachronique. Voici par contre un document de poids à l’a
4275 nt est anachronique. Voici par contre un document de poids à l’appui de la thèse symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un po
4276 oici par contre un document de poids à l’appui de la thèse symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un poème sur les femmes. Si
4277 symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un poème sur les femmes. Si vous voulez faire leur conquête, dit-il, soyez brutaux, « 
4278 e, dit-il, soyez brutaux, « donnez-leur des coups de poing sur le nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez-les : car c’est c
4279 yez brutaux, « donnez-leur des coups de poing sur le nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez-les : car c’est cela qu’elles
4280 ing sur le nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez- les  : car c’est cela qu’elles aiment. Quant à moi, conclut-il, si je me
4281 comporte autrement, c’est que je ne me soucie pas d’ aimer. Je ne veux pas me gêner pour les femmes, pas plus que si toutes
4282 soucie pas d’aimer. Je ne veux pas me gêner pour les femmes, pas plus que si toutes étaient mes sœurs ; c’est pourquoi je
4283 p parler est pis que péché mortel. Or nous avons de ce même Raimbaut d’Orange d’admirables poèmes à la louange de la Dame
4284 rtel. Or nous avons de ce même Raimbaut d’Orange d’ admirables poèmes à la louange de la Dame. Et nous savons par ailleurs
4285 e ce même Raimbaut d’Orange d’admirables poèmes à la louange de la Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé
4286 aimbaut d’Orange d’admirables poèmes à la louange de la Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé par Trista
4287 baut d’Orange d’admirables poèmes à la louange de la Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé par Tristan e
4288 uange de la Dame. Et nous savons par ailleurs que l’ anneau (échangé par Tristan et Iseut) est le signe d’une fidélité qui
4289 s que l’anneau (échangé par Tristan et Iseut) est le signe d’une fidélité qui justement n’est pas celle des corps. Soulign
4290 nneau (échangé par Tristan et Iseut) est le signe d’ une fidélité qui justement n’est pas celle des corps. Soulignons enfin
4291 des corps. Soulignons enfin ce fait capital : que les vertus de la cortezia ; humilité, loyauté, respect et fidélité envers
4292 Soulignons enfin ce fait capital : que les vertus de la cortezia ; humilité, loyauté, respect et fidélité envers la Dame,
4293 lignons enfin ce fait capital : que les vertus de la cortezia ; humilité, loyauté, respect et fidélité envers la Dame, son
4294 a ; humilité, loyauté, respect et fidélité envers la Dame, sont ici rapportées expressément au refus de l’amour physique.
4295 a Dame, sont ici rapportées expressément au refus de l’amour physique. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes de Da
4296 ame, sont ici rapportées expressément au refus de l’ amour physique. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes de Dante
4297 mour physique. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes de Dante être d’autant plus passionnés et « réalistes » dans l
4298 ue. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes de Dante être d’autant plus passionnés et « réalistes » dans leurs image
4299 , nous verrons plus tard les poèmes de Dante être d’ autant plus passionnés et « réalistes » dans leurs images que Béatrice
4300 Béatrice s’élèvera davantage dans une hiérarchie d’ abstractions mystiques, figurant d’abord la philosophie, puis la Scien
4301 archie d’abstractions mystiques, figurant d’abord la philosophie, puis la Science, puis la Science sacrée. Un petit fait e
4302 mystiques, figurant d’abord la philosophie, puis la Science, puis la Science sacrée. Un petit fait encore : deux des plus
4303 ant d’abord la philosophie, puis la Science, puis la Science sacrée. Un petit fait encore : deux des plus ardents parmi le
4304 n petit fait encore : deux des plus ardents parmi les troubadours à louer les beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et l’Ital
4305 ux des plus ardents parmi les troubadours à louer les beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et l’Italien Guinizelli sont plac
4306 ardents parmi les troubadours à louer les beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et l’Italien Guinizelli sont placés au chant
4307 louer les beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et l’ Italien Guinizelli sont placés au chant XXIV du Purgatoire dans le cer
4308 elli sont placés au chant XXIV du Purgatoire dans le cercle des sodomistes !61 Mais tout cela nous amène à reconnaître en
4309 61 Mais tout cela nous amène à reconnaître enfin la réelle complexité d’un problème dont nous avons souligné jusqu’ici, n
4310 us amène à reconnaître enfin la réelle complexité d’ un problème dont nous avons souligné jusqu’ici, non sans une volontair
4311 ntaire partialité, l’un des aspects seulement, et le plus contesté. On a trop longtemps cru que la cortezia était une simp
4312 et le plus contesté. On a trop longtemps cru que la cortezia était une simple idéalisation de l’instinct sexuel. À l’inve
4313 cru que la cortezia était une simple idéalisation de l’instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que l’
4314 que la cortezia était une simple idéalisation de l’ instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que l’idé
4315 t une simple idéalisation de l’instinct sexuel. À l’ inverse, il serait excessif de soutenir que l’idéal mystique sur quoi
4316 ’instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que l’idéal mystique sur quoi elle se fondait à l’origine fû
4317 . À l’inverse, il serait excessif de soutenir que l’ idéal mystique sur quoi elle se fondait à l’origine fût toujours et pa
4318 r que l’idéal mystique sur quoi elle se fondait à l’ origine fût toujours et partout observé ; ou qu’il fût en soi univoque
4319 t partout observé ; ou qu’il fût en soi univoque. L’ exaltation de la chasteté produit presque toujours des excès luxurieux
4320 ervé ; ou qu’il fût en soi univoque. L’exaltation de la chasteté produit presque toujours des excès luxurieux. Sans nous a
4321 é ; ou qu’il fût en soi univoque. L’exaltation de la chasteté produit presque toujours des excès luxurieux. Sans nous atta
4322 cès luxurieux. Sans nous attarder aux accusations de débauche que beaucoup ont portées contre les troubadours — l’on sait
4323 tions de débauche que beaucoup ont portées contre les troubadours — l’on sait au vrai peu de choses de leurs vies — nous ra
4324 que beaucoup ont portées contre les troubadours —  l’ on sait au vrai peu de choses de leurs vies — nous rappellerons l’exem
4325 les troubadours — l’on sait au vrai peu de choses de leurs vies — nous rappellerons l’exemple des sectes gnostiques, qui c
4326 i peu de choses de leurs vies — nous rappellerons l’ exemple des sectes gnostiques, qui condamnaient aussi la création, et
4327 ple des sectes gnostiques, qui condamnaient aussi la création, et en particulier l’attrait des sexes, mais déduisaient de
4328 condamnaient aussi la création, et en particulier l’ attrait des sexes, mais déduisaient de cette condamnation une morale é
4329 particulier l’attrait des sexes, mais déduisaient de cette condamnation une morale étrangement débridée. Les carpocratiens
4330 tte condamnation une morale étrangement débridée. Les carpocratiens par exemple interdisaient la procréation, mais par aill
4331 idée. Les carpocratiens par exemple interdisaient la procréation, mais par ailleurs divinisaient le sperme62. Il est proba
4332 nt la procréation, mais par ailleurs divinisaient le sperme62. Il est probable que des excès de ce genre se produisirent a
4333 saient le sperme62. Il est probable que des excès de ce genre se produisirent aussi chez les cathares, et plus encore chez
4334 des excès de ce genre se produisirent aussi chez les cathares, et plus encore chez leurs disciples, les troubadours. Des a
4335 es cathares, et plus encore chez leurs disciples, les troubadours. Des accusations horrifiantes figurent à cet égard dans l
4336 ccusations horrifiantes figurent à cet égard dans les registres de l’Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent co
4337 rifiantes figurent à cet égard dans les registres de l’Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent contradictoires
4338 iantes figurent à cet égard dans les registres de l’ Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent contradictoires. A
4339 fois qu’elles sont souvent contradictoires. Ainsi l’ on affirme tantôt que les cathares tiennent pour innocentes les volupt
4340 nt contradictoires. Ainsi l’on affirme tantôt que les cathares tiennent pour innocentes les voluptés les plus grossières, t
4341 tantôt que les cathares tiennent pour innocentes les voluptés les plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent le mariage et
4342 es cathares tiennent pour innocentes les voluptés les plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent le mariage et tout commerce
4343 tés les plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent le mariage et tout commerce sexuel, licite ou non. Mais des accusations
4344 cusations semblables furent portées contre toutes les religions nouvelles, sans excepter le christianisme primitif. Et il e
4345 tre toutes les religions nouvelles, sans excepter le christianisme primitif. Et il est juste de citer ici le jugement d’un
4346 cepter le christianisme primitif. Et il est juste de citer ici le jugement d’un dominicain qui eut l’occasion de fouiller
4347 istianisme primitif. Et il est juste de citer ici le jugement d’un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans les arch
4348 rimitif. Et il est juste de citer ici le jugement d’ un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans les archives du sain
4349 de citer ici le jugement d’un dominicain qui eut l’ occasion de fouiller dans les archives du saint Office, et qui s’expri
4350 ci le jugement d’un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans les archives du saint Office, et qui s’exprime ainsi au
4351 un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans les archives du saint Office, et qui s’exprime ainsi au sujet des cathare
4352 ice, et qui s’exprime ainsi au sujet des cathares d’ Italie, ou patarins : « Malgré toutes mes recherches, dans les procédu
4353 u patarins : « Malgré toutes mes recherches, dans les procédures dressées par nos frères, je n’ai pas trouvé que les héréti
4354 s dressées par nos frères, je n’ai pas trouvé que les hérétiques « consolés » se livrassent en Toscane à des actes énormes
4355 hommes et femmes (?), des excès sensuels. Or, si les religieux ne se sont pas tus par modestie, ce qui ne me paraît pas cr
4356 à tout, leurs erreurs étaient plutôt des erreurs d’ intelligence que de sensualité »63. Retenons donc ceci, qui nuance not
4357 urs étaient plutôt des erreurs d’intelligence que de sensualité »63. Retenons donc ceci, qui nuance notre schéma : si les
4358 Retenons donc ceci, qui nuance notre schéma : si les erreurs de la passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d
4359 nc ceci, qui nuance notre schéma : si les erreurs de la passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d’origine re
4360 ceci, qui nuance notre schéma : si les erreurs de la passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d’origine relig
4361 ion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d’ origine religieuse et mystique, il est certain qu’elles se trouvent fl
4362 trouvent flatter, par cela même qu’elles veulent le transcender, l’instinct sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet :
4363 r, par cela même qu’elles veulent le transcender, l’ instinct sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet : « l’amour de ga
4364 nder, l’instinct sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet : « l’amour de gauche ». ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — que
4365 t sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet : «  l’ amour de gauche ». ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — quels qu’aient pu
4366 , ou comme dit Platon dans le Banquet : « l’amour de gauche ». ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — quels qu’aient pu être mes
4367 conclure — quels qu’aient pu être mes scrupules à l’ origine — que la rhétorique courtoise fut au moins inspirée par la mys
4368 qu’aient pu être mes scrupules à l’origine — que la rhétorique courtoise fut au moins inspirée par la mystique cathare64.
4369 la rhétorique courtoise fut au moins inspirée par la mystique cathare64. C’est là une thèse minimum en apparence. Mais sit
4370 pliquer bien davantage. Elle ouvre toutes grandes les perspectives entrevues par Aroux et Péladan. Et c’est plus qu’il n’en
4371 r mon interprétation religieuse du mythe courtois de la passion. Pour nous faciliter une représentation analogique de ce p
4372 on interprétation religieuse du mythe courtois de la passion. Pour nous faciliter une représentation analogique de ce proc
4373 Pour nous faciliter une représentation analogique de ce processus minimum d’inspiration et d’influence, prenons un exemple
4374 représentation analogique de ce processus minimum d’ inspiration et d’influence, prenons un exemple moderne. Un exemple don
4375 alogique de ce processus minimum d’inspiration et d’ influence, prenons un exemple moderne. Un exemple dont je crois pouvoi
4376 oderne. Un exemple dont je crois pouvoir dire que les données sont entièrement énumérables et très profondément connues (au
4377 ment connues (au sens total) par plusieurs hommes de ma génération : je veux parler du surréalisme et de l’influence de Fr
4378 ma génération : je veux parler du surréalisme et de l’influence de Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de
4379 génération : je veux parler du surréalisme et de l’ influence de Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de no
4380 : je veux parler du surréalisme et de l’influence de Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de notre civilisa
4381 l’influence de Freud sur ce mouvement. Supposons l’ historien futur de notre civilisation détruite : il a devant les yeux
4382 eud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de notre civilisation détruite : il a devant les yeux quelques poèmes su
4383 utur de notre civilisation détruite : il a devant les yeux quelques poèmes surréalistes, il a pu les traduire et les dater.
4384 nt les yeux quelques poèmes surréalistes, il a pu les traduire et les dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à l’époque du
4385 ques poèmes surréalistes, il a pu les traduire et les dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à l’époque du surréalisme flo
4386 et les dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à l’ époque du surréalisme florissait une école psychiatrique dont on n’a p
4387 une école psychiatrique dont on n’a pu retrouver les ouvrages : le fascisme, survenu peu après, les ayant tous détruits à
4388 hiatrique dont on n’a pu retrouver les ouvrages : le fascisme, survenu peu après, les ayant tous détruits à cause de leur
4389 er les ouvrages : le fascisme, survenu peu après, les ayant tous détruits à cause de leur inspiration sémite. Du moins sait
4390 de leur inspiration sémite. Du moins sait-on par les pamphlets de ses adversaires que cette école proposait une théorie ér
4391 ration sémite. Du moins sait-on par les pamphlets de ses adversaires que cette école proposait une théorie érotique des rê
4392 cole proposait une théorie érotique des rêves. Or les poèmes surréalistes conservés et traduits ne paraissent présenter auc
4393 t traduits ne paraissent présenter aucun sens, et l’ on se plaint de leur monotonie ; toujours les mêmes images érotiques e
4394 araissent présenter aucun sens, et l’on se plaint de leur monotonie ; toujours les mêmes images érotiques et sanglantes, l
4395 s, et l’on se plaint de leur monotonie ; toujours les mêmes images érotiques et sanglantes, la même rhétorique exaltée, et
4396 oujours les mêmes images érotiques et sanglantes, la même rhétorique exaltée, et ne dirait-on pas qu’ils n’ont qu’un seul
4397 êves ? Peut-être même sont-ils des rêves écrits ? Les spécialistes demeurent sceptiques. Un littérateur « peu sérieux » ima
4398 ues. Un littérateur « peu sérieux » imagine alors l’ hypothèse d’une influence de la psychanalyse sur l’ensemble du surréal
4399 érateur « peu sérieux » imagine alors l’hypothèse d’ une influence de la psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïnc
4400 rieux » imagine alors l’hypothèse d’une influence de la psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïncidence des dates
4401 ux » imagine alors l’hypothèse d’une influence de la psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïncidence des dates, a
4402 ’hypothèse d’une influence de la psychanalyse sur l’ ensemble du surréalisme : coïncidence des dates, analogie des thèmes f
4403 ence des dates, analogie des thèmes fondamentaux… Les spécialistes du xxe siècle haussent les épaules : Prouvez cela par d
4404 mentaux… Les spécialistes du xxe siècle haussent les épaules : Prouvez cela par des documents ! — Vous savez bien qu’il n’
4405 u’il n’en existe plus. — Dans ce cas, il convient de surseoir à toute hypothèse cohérente. En attendant, le bon sens suffi
4406 rseoir à toute hypothèse cohérente. En attendant, le bon sens suffit à démontrer : 1° que le peu de choses que nous savons
4407 ttendant, le bon sens suffit à démontrer : 1° que le peu de choses que nous savons de la psychanalyse n’autorise pas à fai
4408 montrer : 1° que le peu de choses que nous savons de la psychanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine la source de
4409 trer : 1° que le peu de choses que nous savons de la psychanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine la source des t
4410 savons de la psychanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine la source des textes connus. (Il semble bien que Freud
4411 hanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine la source des textes connus. (Il semble bien que Freud ait été avant tou
4412 nt tout un savant ; qu’il ait soutenu une théorie de la libido ; et qu’il ait pris une attitude déterministe : or le surré
4413 tout un savant ; qu’il ait soutenu une théorie de la libido ; et qu’il ait pris une attitude déterministe : or le surréali
4414 et qu’il ait pris une attitude déterministe : or le surréalisme fut une école littéraire avant tout ; on ne retrouve le t
4415 une école littéraire avant tout ; on ne retrouve le terme de libido dans aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes son
4416 e littéraire avant tout ; on ne retrouve le terme de libido dans aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes sont de tend
4417 aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes sont de tendance idéaliste-anarchisante) ; 2° que les surréalistes n’ont jama
4418 sont de tendance idéaliste-anarchisante) ; 2° que les surréalistes n’ont jamais dit dans leurs poèmes qu’ils étaient les di
4419 n’ont jamais dit dans leurs poèmes qu’ils étaient les disciples du freudisme ; 3° qu’au contraire, la liberté qu’ils exalte
4420 les disciples du freudisme ; 3° qu’au contraire, la liberté qu’ils exaltent est celle que devaient nier tous les psychana
4421 qu’ils exaltent est celle que devaient nier tous les psychanalystes ; 4° qu’enfin l’on distingue mal comment, d’une scienc
4422 vaient nier tous les psychanalystes ; 4° qu’enfin l’ on distingue mal comment, d’une science qui se donnait pour objet l’an
4423 alystes ; 4° qu’enfin l’on distingue mal comment, d’ une science qui se donnait pour objet l’analyse et la cure des névrose
4424 comment, d’une science qui se donnait pour objet l’ analyse et la cure des névroses, aurait pu naître une rhétorique de la
4425 ne science qui se donnait pour objet l’analyse et la cure des névroses, aurait pu naître une rhétorique de la folie, c’est
4426 ure des névroses, aurait pu naître une rhétorique de la folie, c’est-à-dire un défi à toute science en général et à toute
4427 des névroses, aurait pu naître une rhétorique de la folie, c’est-à-dire un défi à toute science en général et à toute sci
4428 es se sont réellement produites ; nous savons que les initiateurs du mouvement surréaliste ont lu Freud et l’ont vénéré ; n
4429 tiateurs du mouvement surréaliste ont lu Freud et l’ ont vénéré ; nous savons que sans lui, leurs théories et leur lyrisme
4430 poètes n’éprouvaient nul besoin et n’avaient pas la possibilité de parler de libido dans leurs poèmes ; nous savons même
4431 vaient nul besoin et n’avaient pas la possibilité de parler de libido dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à la
4432 besoin et n’avaient pas la possibilité de parler de libido dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à la faveur d’u
4433 dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à la faveur d’une erreur initiale sur la portée exacte de la doctrine de F
4434 s poèmes ; nous savons même que c’est à la faveur d’ une erreur initiale sur la portée exacte de la doctrine de Freud (déte
4435 e que c’est à la faveur d’une erreur initiale sur la portée exacte de la doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’i
4436 faveur d’une erreur initiale sur la portée exacte de la doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tire
4437 eur d’une erreur initiale sur la portée exacte de la doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer l
4438 reur initiale sur la portée exacte de la doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer les éléments
4439 (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer les éléments de leur lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour l’a
4440 -positiviste) qu’ils ont pu en tirer les éléments de leur lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour l’analogie que
4441 lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour l’ analogie que je propose) ; et nous savons enfin qu’il a suffi que quel
4442 ns enfin qu’il a suffi que quelques-uns des chefs de cette école lisent Freud : les disciples se sont bornés à imiter la r
4443 lques-uns des chefs de cette école lisent Freud : les disciples se sont bornés à imiter la rhétorique des maîtres… En outre
4444 ent Freud : les disciples se sont bornés à imiter la rhétorique des maîtres… En outre, on aperçoit, par cet exemple, que l
4445 tres… En outre, on aperçoit, par cet exemple, que l’ action d’une doctrine sur des poètes s’exerce moins par influence dire
4446 outre, on aperçoit, par cet exemple, que l’action d’ une doctrine sur des poètes s’exerce moins par influence directe qu’à
4447 poètes s’exerce moins par influence directe qu’à la faveur d’une certaine ambiance de scandale, de snobisme et d’intérêt,
4448 exerce moins par influence directe qu’à la faveur d’ une certaine ambiance de scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée
4449 ce directe qu’à la faveur d’une certaine ambiance de scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée par les dogmes centraux.
4450 ’à la faveur d’une certaine ambiance de scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée par les dogmes centraux. Ce qui expli
4451 une certaine ambiance de scandale, de snobisme et d’ intérêt, suscitée par les dogmes centraux. Ce qui explique pas mal d’e
4452 scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée par les dogmes centraux. Ce qui explique pas mal d’erreurs, variations et con
4453 par les dogmes centraux. Ce qui explique pas mal d’ erreurs, variations et contradictions chez les poètes influencés. D’où
4454 mal d’erreurs, variations et contradictions chez les poètes influencés. D’où résulte qu’un surcroît d’informations sur la
4455 ons et contradictions chez les poètes influencés. D’ où résulte qu’un surcroît d’informations sur la nature exacte des théo
4456 es poètes influencés. D’où résulte qu’un surcroît d’ informations sur la nature exacte des théories de Freud, loin de fourn
4457 s. D’où résulte qu’un surcroît d’informations sur la nature exacte des théories de Freud, loin de fournir aux savants futu
4458 d’informations sur la nature exacte des théories de Freud, loin de fournir aux savants futurs les apaisements qu’ils sero
4459 ries de Freud, loin de fournir aux savants futurs les apaisements qu’ils seront en droit d’attendre, paraîtra contredire la
4460 nts futurs les apaisements qu’ils seront en droit d’ attendre, paraîtra contredire la thèse de mon littérateur « peu sérieu
4461 s seront en droit d’attendre, paraîtra contredire la thèse de mon littérateur « peu sérieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura
4462 en droit d’attendre, paraîtra contredire la thèse de mon littérateur « peu sérieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura raison c
4463 ieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura raison contre les « vingtiémistes » chevronnés de son temps.) On a remarqué qu’à l’obje
4464 ra raison contre les « vingtiémistes » chevronnés de son temps.) On a remarqué qu’à l’objection n° 4, je n’ai répondu jusq
4465 es » chevronnés de son temps.) On a remarqué qu’à l’ objection n° 4, je n’ai répondu jusqu’ici que d’une manière tout indir
4466 à l’objection n° 4, je n’ai répondu jusqu’ici que d’ une manière tout indirecte et allusive. C’est qu’elle mérite un traite
4467 au chapitre. 9.Les mystiques arabes Comment de la confuse combinaison de doctrines plus ou moins chrétiennes, manich
4468 chapitre. 9.Les mystiques arabes Comment de la confuse combinaison de doctrines plus ou moins chrétiennes, manichéen
4469 iques arabes Comment de la confuse combinaison de doctrines plus ou moins chrétiennes, manichéennes et néo-platonicienn
4470 e aussi précise que celle des troubadours ? C’est l’ argument que les romanistes ont coutume d’opposer à l’interprétation r
4471 que celle des troubadours ? C’est l’argument que les romanistes ont coutume d’opposer à l’interprétation religieuse de l’a
4472 ? C’est l’argument que les romanistes ont coutume d’ opposer à l’interprétation religieuse de l’art courtois. Or il se trou
4473 gument que les romanistes ont coutume d’opposer à l’ interprétation religieuse de l’art courtois. Or il se trouve que dès l
4474 t coutume d’opposer à l’interprétation religieuse de l’art courtois. Or il se trouve que dès le ixe siècle, une synthèse
4475 outume d’opposer à l’interprétation religieuse de l’ art courtois. Or il se trouve que dès le ixe siècle, une synthèse non
4476 gieuse de l’art courtois. Or il se trouve que dès le ixe siècle, une synthèse non moins « improbable » de manichéisme ira
4477 xe siècle, une synthèse non moins « improbable » de manichéisme iranien, de néo-platonisme et d’islamisme s’était bel et
4478 non moins « improbable » de manichéisme iranien, de néo-platonisme et d’islamisme s’était bel et bien opérée dans les par
4479 le » de manichéisme iranien, de néo-platonisme et d’ islamisme s’était bel et bien opérée dans les parages de l’Asie Mineur
4480 me et d’islamisme s’était bel et bien opérée dans les parages de l’Asie Mineure et de plus, s’était exprimée par une poésie
4481 misme s’était bel et bien opérée dans les parages de l’Asie Mineure et de plus, s’était exprimée par une poésie religieuse
4482 me s’était bel et bien opérée dans les parages de l’ Asie Mineure et de plus, s’était exprimée par une poésie religieuse do
4483 , s’était exprimée par une poésie religieuse dont les métaphores érotiques offrent les plus frappantes analogies avec les m
4484 religieuse dont les métaphores érotiques offrent les plus frappantes analogies avec les métaphores courtoises. ⁂ Lorsque S
4485 tiques offrent les plus frappantes analogies avec les métaphores courtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança l’hypothèse d’une in
4486 métaphores courtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança l’ hypothèse d’une influence arabe sur la lyrique provençale, A. W. Schle
4487 courtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança l’hypothèse d’ une influence arabe sur la lyrique provençale, A. W. Schlegel lui répo
4488 ondi avança l’hypothèse d’une influence arabe sur la lyrique provençale, A. W. Schlegel lui répondit qu’il fallait ignorer
4489 egel lui répondit qu’il fallait ignorer à la fois la poésie provençale et l’arabe pour soutenir un pareil paradoxe. Mais S
4490 fallait ignorer à la fois la poésie provençale et l’ arabe pour soutenir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait de la s
4491 utenir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait de la sorte que cette double ignorance était précisément son fait. On l’
4492 nir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait de la sorte que cette double ignorance était précisément son fait. On l’exc
4493 e double ignorance était précisément son fait. On l’ excusera d’ailleurs si l’on tient compte de l’état des études arabisan
4494 précisément son fait. On l’excusera d’ailleurs si l’ on tient compte de l’état des études arabisantes à son époque. Des tra
4495 it. On l’excusera d’ailleurs si l’on tient compte de l’état des études arabisantes à son époque. Des travaux plus récents
4496 On l’excusera d’ailleurs si l’on tient compte de l’ état des études arabisantes à son époque. Des travaux plus récents ont
4497 à son époque. Des travaux plus récents ont révélé l’ existence dès le ixe siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques p
4498 s travaux plus récents ont révélé l’existence dès le ixe siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques poètes qui devaie
4499 s ont révélé l’existence dès le ixe siècle, dans l’ islam, d’une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard po
4500 élé l’existence dès le ixe siècle, dans l’islam, d’ une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard pour princi
4501 nce dès le ixe siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard pour principales illust
4502 laj, Al-Ghazali et Sohrawardi d’Alep, troubadours de l’Amour suprême, chantres courtois de l’Idée voilée, objet aimé mais
4503 , Al-Ghazali et Sohrawardi d’Alep, troubadours de l’ Amour suprême, chantres courtois de l’Idée voilée, objet aimé mais en
4504 troubadours de l’Amour suprême, chantres courtois de l’Idée voilée, objet aimé mais en même temps symbole du Désir divin65
4505 ubadours de l’Amour suprême, chantres courtois de l’ Idée voilée, objet aimé mais en même temps symbole du Désir divin65. S
4506 Platon — qu’il connaissait par Plotin, Proclus et l’ école d’Athènes — un continuateur de Zoroastre. Son néo-platonisme éta
4507  qu’il connaissait par Plotin, Proclus et l’école d’ Athènes — un continuateur de Zoroastre. Son néo-platonisme était par a
4508 n, Proclus et l’école d’Athènes — un continuateur de Zoroastre. Son néo-platonisme était par ailleurs très fortement pénét
4509 tonisme était par ailleurs très fortement pénétré de représentations mythiques iraniennes. En particulier, il empruntait a
4510 ctrines avestiques — dont s’était inspiré Manès — l’ opposition du monde de la Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a
4511 ont s’était inspiré Manès — l’opposition du monde de la Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a vu qu’elle est fondame
4512 s’était inspiré Manès — l’opposition du monde de la Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a vu qu’elle est fondamenta
4513 èbres, dont on a vu qu’elle est fondamentale pour les cathares. Et tout cela se traduisait — tout comme chez les cathares e
4514 res. Et tout cela se traduisait — tout comme chez les cathares encore — par une rhétorique amoureuse et chevaleresque, dont
4515 r une rhétorique amoureuse et chevaleresque, dont les titres de quelques traités mystiques de cette école donnent une idée 
4516 rique amoureuse et chevaleresque, dont les titres de quelques traités mystiques de cette école donnent une idée : Le Famil
4517 ue, dont les titres de quelques traités mystiques de cette école donnent une idée : Le Familier des Amants, Le Roman des S
4518 aités mystiques de cette école donnent une idée : Le Familier des Amants, Le Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occa
4519 école donnent une idée : Le Familier des Amants, Le Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occasion de ces traités, les
4520 Amants, Le Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’ occasion de ces traités, les mêmes disputes théologiques se produisire
4521 Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occasion de ces traités, les mêmes disputes théologiques se produisirent, qui dev
4522 eautés… Il y a plus. À l’occasion de ces traités, les mêmes disputes théologiques se produisirent, qui devaient renaître un
4523 rent, qui devaient renaître un peu plus tard dans le Moyen Âge occidental. Elles se compliquent d’ailleurs du fait que l’i
4524 ntal. Elles se compliquent d’ailleurs du fait que l’ islam contestait que l’homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne le sommai
4525 ent d’ailleurs du fait que l’islam contestait que l’ homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de la Lo
4526 slam contestait que l’homme pût aimer Dieu (comme l’ ordonne le sommaire évangélique de la Loi). Une créature finie ne peut
4527 stait que l’homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de la Loi). Une créature finie ne peut aimer que
4528 mer Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de la Loi). Une créature finie ne peut aimer que le fini. Il en résulta
4529 Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de la Loi). Une créature finie ne peut aimer que le fini. Il en résulta que
4530 de la Loi). Une créature finie ne peut aimer que le fini. Il en résulta que les mystiques furent obligés de recourir à de
4531 inie ne peut aimer que le fini. Il en résulta que les mystiques furent obligés de recourir à des symboles dont le sens rest
4532 i. Il en résulta que les mystiques furent obligés de recourir à des symboles dont le sens restait secret. (Ainsi la louang
4533 es furent obligés de recourir à des symboles dont le sens restait secret. (Ainsi la louange du vin, dont l’usage était int
4534 des symboles dont le sens restait secret. (Ainsi la louange du vin, dont l’usage était interdit, devint le symbole de la
4535 ns restait secret. (Ainsi la louange du vin, dont l’ usage était interdit, devint le symbole de la divine ivresse d’amour).
4536 uange du vin, dont l’usage était interdit, devint le symbole de la divine ivresse d’amour). Mais compte tenu de cette diff
4537 n, dont l’usage était interdit, devint le symbole de la divine ivresse d’amour). Mais compte tenu de cette difficulté part
4538 dont l’usage était interdit, devint le symbole de la divine ivresse d’amour). Mais compte tenu de cette difficulté particu
4539 interdit, devint le symbole de la divine ivresse d’ amour). Mais compte tenu de cette difficulté particulière — qui n’est
4540 e de la divine ivresse d’amour). Mais compte tenu de cette difficulté particulière — qui n’est d’ailleurs pas sans rapport
4541 ière — qui n’est d’ailleurs pas sans rapport avec la situation courtoise —, nous retrouvons en Occident et dans le Proche-
4542 courtoise —, nous retrouvons en Occident et dans le Proche-Orient les mêmes problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus q
4543 s retrouvons en Occident et dans le Proche-Orient les mêmes problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus que la catholique,
4544 ent et dans le Proche-Orient les mêmes problèmes. L’ orthodoxie musulmane, pas plus que la catholique, ne pouvait admettre
4545 s problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus que la catholique, ne pouvait admettre qu’il y eût en l’homme une part divin
4546 la catholique, ne pouvait admettre qu’il y eût en l’ homme une part divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme e
4547 ettre qu’il y eût en l’homme une part divine dont l’ exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langa
4548 homme une part divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux de
4549 part divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes m
4550 t divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’ âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes myst
4551 dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques ten
4552 t l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques tendai
4553 boutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques tendait à établir cett
4554 tendait à établir cette confusion du Créateur et de la créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la
4555 ndait à établir cette confusion du Créateur et de la créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la fo
4556 cette confusion du Créateur et de la créature. Et l’ on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi de leur langag
4557 teur et de la créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi de leur langage symbolique. Al-Hallaj
4558 ’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi de leur langage symbolique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même
4559 usa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi de leur langage symbolique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même payer
4560 ique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même payer de leur vie cette accusation d’hérésie66. Il est bien émouvant de consta
4561 devaient même payer de leur vie cette accusation d’ hérésie66. Il est bien émouvant de constater que tous les termes d’une
4562 ette accusation d’hérésie66. Il est bien émouvant de constater que tous les termes d’une pareille polémique s’appliquent a
4563 sie66. Il est bien émouvant de constater que tous les termes d’une pareille polémique s’appliquent au cas des troubadours,
4564 st bien émouvant de constater que tous les termes d’ une pareille polémique s’appliquent au cas des troubadours, et plus ta
4565 iquent au cas des troubadours, et plus tard, nous le verrons, au cas des grands mystiques occidentaux, de Maître Eckhart à
4566 verrons, au cas des grands mystiques occidentaux, de Maître Eckhart à Jean de la Croix. ⁂ Une brève revue des thèmes « cou
4567 Croix. ⁂ Une brève revue des thèmes « courtois » de la mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs le parallélisme t
4568 oix. ⁂ Une brève revue des thèmes « courtois » de la mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs le parallélisme trou
4569 mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs le parallélisme trouve ses origines, et jusque dans quels détails il se
4570 quels détails il se poursuit. a) Sohrawardi nomme les amants des Frères de la Vérité, « appellation s’adressant à des amant
4571 » et fondent ainsi une communauté, — comparable à l’ Église d’Amour des cathares. b) selon le manichéisme iranien, dont s’i
4572 ent ainsi une communauté, — comparable à l’Église d’ Amour des cathares. b) selon le manichéisme iranien, dont s’inspiraien
4573 parable à l’Église d’Amour des cathares. b) selon le manichéisme iranien, dont s’inspiraient les mystiques de l’école illu
4574 selon le manichéisme iranien, dont s’inspiraient les mystiques de l’école illuminative de Sohrawardi, une jeune fille éblo
4575 chéisme iranien, dont s’inspiraient les mystiques de l’école illuminative de Sohrawardi, une jeune fille éblouissante atte
4576 isme iranien, dont s’inspiraient les mystiques de l’ école illuminative de Sohrawardi, une jeune fille éblouissante attend
4577 inspiraient les mystiques de l’école illuminative de Sohrawardi, une jeune fille éblouissante attend le fidèle à la sortie
4578 e Sohrawardi, une jeune fille éblouissante attend le fidèle à la sortie du pont Chinvat et lui déclare : « Je suis toi-mêm
4579 , une jeune fille éblouissante attend le fidèle à la sortie du pont Chinvat et lui déclare : « Je suis toi-même ! » Or sel
4580 e suis toi-même ! » Or selon certains interprètes de la mystique des troubadours, la Dame des pensées ne serait autre que
4581 uis toi-même ! » Or selon certains interprètes de la mystique des troubadours, la Dame des pensées ne serait autre que la
4582 tains interprètes de la mystique des troubadours, la Dame des pensées ne serait autre que la part spirituelle et angélique
4583 ubadours, la Dame des pensées ne serait autre que la part spirituelle et angélique de l’homme, son vrai moi. Ce qui pourra
4584 serait autre que la part spirituelle et angélique de l’homme, son vrai moi. Ce qui pourrait nous orienter vers une compréh
4585 ait autre que la part spirituelle et angélique de l’ homme, son vrai moi. Ce qui pourrait nous orienter vers une compréhens
4586 ait nous orienter vers une compréhension nouvelle de ce que nous appelions le « narcissisme de la passion » (à propos de T
4587 e compréhension nouvelle de ce que nous appelions le « narcissisme de la passion » (à propos de Tristan, chap. vii du Livr
4588 ouvelle de ce que nous appelions le « narcissisme de la passion » (à propos de Tristan, chap. vii du Livre Ier). c) Le Fam
4589 elle de ce que nous appelions le « narcissisme de la passion » (à propos de Tristan, chap. vii du Livre Ier). c) Le Famili
4590 (à propos de Tristan, chap. vii du Livre Ier). c) Le Familier des Amants est construit sur l’allégorie du « Château de l’Â
4591 Ier). c) Le Familier des Amants est construit sur l’ allégorie du « Château de l’Âme » et de ses différents étages et loges
4592 Amants est construit sur l’allégorie du « Château de l’Âme » et de ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges
4593 nts est construit sur l’allégorie du « Château de l’ Âme » et de ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges ha
4594 struit sur l’allégorie du « Château de l’Âme » et de ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges habite un per
4595 et de ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges habite un personnage qui se nomme l’Idée voilée. Elle « con
4596 ne de ces loges habite un personnage qui se nomme l’ Idée voilée. Elle « connaît les secrets qui guérissent et c’est d’elle
4597 onnage qui se nomme l’Idée voilée. Elle « connaît les secrets qui guérissent et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (
4598 lle « connaît les secrets qui guérissent et c’est d’ elle que l’on apprend la magie ». (L’Iseut celtique était aussi une ma
4599 ît les secrets qui guérissent et c’est d’elle que l’ on apprend la magie ». (L’Iseut celtique était aussi une magicienne, «
4600 s qui guérissent et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (L’Iseut celtique était aussi une magicienne, « objet de con
4601 ent et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». ( L’ Iseut celtique était aussi une magicienne, « objet de contemplation, s
4602 seut celtique était aussi une magicienne, « objet de contemplation, spectacle mystérieux. ») Dans le Château de l’Âme habi
4603 t de contemplation, spectacle mystérieux. ») Dans le Château de l’Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que
4604 plation, spectacle mystérieux. ») Dans le Château de l’Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que Beauté, Dé
4605 tion, spectacle mystérieux. ») Dans le Château de l’ Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que Beauté, Désir
4606 allégoriques, tels que Beauté, Désir et Angoisse, le Renseigné, le Probateur, le Bien connu : comment ne pas songer au Rom
4607 tels que Beauté, Désir et Angoisse, le Renseigné, le Probateur, le Bien connu : comment ne pas songer au Roman de la Rose 
4608 é, Désir et Angoisse, le Renseigné, le Probateur, le Bien connu : comment ne pas songer au Roman de la Rose ? Et le symbol
4609 r, le Bien connu : comment ne pas songer au Roman de la Rose ? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage d
4610 le Bien connu : comment ne pas songer au Roman de la Rose ? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage de N
4611  : comment ne pas songer au Roman de la Rose ? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage de Nizani de Ganj
4612 ? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ ouvrage de Nizani de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte les
4613 mbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage de Nizani de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte les aventures
4614 e se retrouve dans l’ouvrage de Nizani de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte les aventures des sept jeunes fille
4615 i de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte les aventures des sept jeunes filles vêtues aux couleurs des planètes et
4616 et que visite un roi-chevalier. Nous retrouverons le Château de l’Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une
4617 te un roi-chevalier. Nous retrouverons le Château de l’Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thér
4618 un roi-chevalier. Nous retrouverons le Château de l’ Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse
4619 lier. Nous retrouverons le Château de l’Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse… d) Dans un
4620 s le Château de l’Âme parmi les symboles préférés d’ un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse… d) Dans un poème d’Omar Ibn al F
4621 Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’ une sainte Thérèse… d) Dans un poème d’Omar Ibn al Faridh — pour prend
4622 ysbroek et d’une sainte Thérèse… d) Dans un poème d’ Omar Ibn al Faridh — pour prendre un exemple entre cent — l’auteur déc
4623 al Faridh — pour prendre un exemple entre cent — l’ auteur décrit la passion terrible qui l’envoûte : Mes concitoyens, ét
4624 r prendre un exemple entre cent — l’auteur décrit la passion terrible qui l’envoûte : Mes concitoyens, étonnés de me voir
4625 re cent — l’auteur décrit la passion terrible qui l’ envoûte : Mes concitoyens, étonnés de me voir esclave, ont dit : Pour
4626 errible qui l’envoûte : Mes concitoyens, étonnés de me voir esclave, ont dit : Pourquoi ce jeune homme a-t-il été pris de
4627 ont dit : Pourquoi ce jeune homme a-t-il été pris de folie ? Et que peuvent-ils dire de moi, sinon que je m’occupe de Nou’
4628 -t-il été pris de folie ? Et que peuvent-ils dire de moi, sinon que je m’occupe de Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe de
4629 ue peuvent-ils dire de moi, sinon que je m’occupe de Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe de Nou’m. Quand Nou’m me gratifie
4630 e m’occupe de Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe de Nou’m. Quand Nou’m me gratifie d’un regard, cela m’est égal que Sou’d
4631 té, je m’occupe de Nou’m. Quand Nou’m me gratifie d’ un regard, cela m’est égal que Sou’da ne soit pas complaisante68. « N
4632 Sou’da ne soit pas complaisante68. « Nou’m » est le nom conventionnel de la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les tro
4633 mplaisante68. « Nou’m » est le nom conventionnel de la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient au
4634 aisante68. « Nou’m » est le nom conventionnel de la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient aussi
4635 onnel de la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées d’un nom convent
4636 ifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées d’un nom conventionnel ou senhal, derrière lequ
4637 Dieu. Or les troubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées d’un nom conventionnel ou senhal, derrière lequel nos é
4638 ubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées d’ un nom conventionnel ou senhal, derrière lequel nos érudits s’épuisent
4639 isent à retrouver des personnages historiques… e) La salutation et le salut que l’initié voulait donner au Sage, mais que
4640 des personnages historiques… e) La salutation et le salut que l’initié voulait donner au Sage, mais que celui-ci, prévena
4641 ges historiques… e) La salutation et le salut que l’ initié voulait donner au Sage, mais que celui-ci, prévenant, donne le
4642 lui-ci, prévenant, donne le premier (Sohrawardi ; le Bruissement de l’aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du l
4643 nt, donne le premier (Sohrawardi ; le Bruissement de l’aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des trou
4644 donne le premier (Sohrawardi ; le Bruissement de l’ aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des troubad
4645 le premier (Sohrawardi ; le Bruissement de l’aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des troubadours, p
4646 thèmes constants du lyrisme des troubadours, puis de Dante et enfin de Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » d
4647 u lyrisme des troubadours, puis de Dante et enfin de Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de la Dame une impo
4648 Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de la Dame une importance apparemment démesurée69, mais qui s’explique f
4649 rarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de la Dame une importance apparemment démesurée69, mais qui s’explique fort
4650 ent démesurée69, mais qui s’explique fort bien si l’ on prend garde au double sens du mot salut. f) Les mystiques arabes in
4651 l’on prend garde au double sens du mot salut. f) Les mystiques arabes insistent sur la nécessité de garder le secret de l’
4652 mot salut. f) Les mystiques arabes insistent sur la nécessité de garder le secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans re
4653 ) Les mystiques arabes insistent sur la nécessité de garder le secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les ind
4654 iques arabes insistent sur la nécessité de garder le secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qu
4655 es insistent sur la nécessité de garder le secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qui voudraie
4656 insistent sur la nécessité de garder le secret de l’ Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qui voudraient
4657 cret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qui voudraient s’enquérir des mystères sans y participer d
4658 draient s’enquérir des mystères sans y participer de toute leur foi. À l’interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que le
4659 s mystères sans y participer de toute leur foi. À l’ interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que le soufisme ? » al-Hall
4660 y participer de toute leur foi. À l’interrogation d’ un impatient : « Qu’est-ce que le soufisme ? » al-Hallaj répond : « Ne
4661 l’interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que le soufisme ? » al-Hallaj répond : « Ne t’attaque pas à Nous, regarde no
4662 egarde notre doigt que nous avons déjà teint dans le sang des amants. » De plus, les indiscrets sont soupçonnés d’intentio
4663 ns déjà teint dans le sang des amants. » De plus, les indiscrets sont soupçonnés d’intentions mauvaises : ce sont eux qui d
4664 amants. » De plus, les indiscrets sont soupçonnés d’ intentions mauvaises : ce sont eux qui dénoncent les amants à l’autori
4665 ’intentions mauvaises : ce sont eux qui dénoncent les amants à l’autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à la censure
4666 auvaises : ce sont eux qui dénoncent les amants à l’ autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à la censure dogmatique
4667 l’autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à la censure dogmatique le sens secret des allégories. Or dans la plupart
4668 c’est-à-dire qui révèlent à la censure dogmatique le sens secret des allégories. Or dans la plupart des poèmes provençaux
4669 provençaux apparaissent des personnages qualifiés de losengiers (médisants, indiscrets, espions) et que le troubadour couv
4670 osengiers (médisants, indiscrets, espions) et que le troubadour couvre d’invectives. Nos savants commentateurs ne savent t
4671 indiscrets, espions) et que le troubadour couvre d’ invectives. Nos savants commentateurs ne savent trop que faire de ces
4672 os savants commentateurs ne savent trop que faire de ces encombrants losengiers, et tentent de s’en débarrasser en affirma
4673 e faire de ces encombrants losengiers, et tentent de s’en débarrasser en affirmant que les amants du xiie siècle tenaient
4674 , et tentent de s’en débarrasser en affirmant que les amants du xiie siècle tenaient énormément au secret de leurs liaison
4675 nts du xiie siècle tenaient énormément au secret de leurs liaisons (ce qui les distinguerait, sans doute, des amants de t
4676 nt énormément au secret de leurs liaisons (ce qui les distinguerait, sans doute, des amants de tous les autres siècles ?).
4677 (ce qui les distinguerait, sans doute, des amants de tous les autres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour e
4678 les distinguerait, sans doute, des amants de tous les autres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour est le lei
4679 s amants de tous les autres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des A
4680 tous les autres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-
4681 us les autres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-
4682 utres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort d’ amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh :
4683 s ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh : Le repos d
4684 du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh : Le repos de l’amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fi
4685 me mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh : Le repos de l’amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fin la mort
4686 mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh : Le repos de l’ amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fin la mort. P
4687 une fatigue, son commencement une maladie, sa fin la mort. Pour moi cependant la mort par amour est une vie ; je rends grâ
4688 t une maladie, sa fin la mort. Pour moi cependant la mort par amour est une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée de me l’a
4689 mour est une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée de me l’avoir offerte. Celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en vi
4690 st une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée de me l’ avoir offerte. Celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en vivre.70
4691 mée de me l’avoir offerte. Celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en vivre.70 C’est ici le cri même de la mystique
4692 pas de son amour ne peut en vivre.70 C’est ici le cri même de la mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal.
4693 amour ne peut en vivre.70 C’est ici le cri même de la mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal. C’est l’orai
4694 ur ne peut en vivre.70 C’est ici le cri même de la mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal. C’est l’oraison
4695 ccidentale mais aussi du lyrisme provençal. C’est l’ oraison jaculatoire de sainte Thérèse : Je meurs de ne pas mourir ! Al
4696 du lyrisme provençal. C’est l’oraison jaculatoire de sainte Thérèse : Je meurs de ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En m
4697 ’oraison jaculatoire de sainte Thérèse : Je meurs de ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En me tuant vous me ferez vivre,
4698 ous me ferez vivre, car pour moi c’est mourir que de vivre, et vivre que de mourir. La vie, c’est en effet le jour terre
4699 pour moi c’est mourir que de vivre, et vivre que de mourir. La vie, c’est en effet le jour terrestre des êtres continge
4700 st mourir que de vivre, et vivre que de mourir. La vie, c’est en effet le jour terrestre des êtres contingents et le tou
4701 et vivre que de mourir. La vie, c’est en effet le jour terrestre des êtres contingents et le tourment de la matière ; m
4702 effet le jour terrestre des êtres contingents et le tourment de la matière ; mais la mort c’est la nuit de l’illumination
4703 ur terrestre des êtres contingents et le tourment de la matière ; mais la mort c’est la nuit de l’illumination, l’évanouis
4704 terrestre des êtres contingents et le tourment de la matière ; mais la mort c’est la nuit de l’illumination, l’évanouissem
4705 s contingents et le tourment de la matière ; mais la mort c’est la nuit de l’illumination, l’évanouissement des formes ill
4706 et le tourment de la matière ; mais la mort c’est la nuit de l’illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’uni
4707 urment de la matière ; mais la mort c’est la nuit de l’illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’union de l’
4708 ent de la matière ; mais la mort c’est la nuit de l’ illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’union de l’Âme
4709 e ; mais la mort c’est la nuit de l’illumination, l’ évanouissement des formes illusoires, l’union de l’Âme et de l’Aimé, l
4710 mination, l’évanouissement des formes illusoires, l’ union de l’Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Mo
4711 , l’évanouissement des formes illusoires, l’union de l’Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-
4712 ’évanouissement des formes illusoires, l’union de l’ Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il
4713 sement des formes illusoires, l’union de l’Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les
4714 ent des formes illusoires, l’union de l’Âme et de l’ Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mys
4715 formes illusoires, l’union de l’Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques a
4716 l’union de l’Âme et de l’Aimé, la communion avec l’ Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques arabes le symbole d
4717 union avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques arabes le symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant
4718 olu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques arabes le symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant le désir de voir Die
4719 symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant le désir de voir Dieu, sur le Sinaï il exprima le désir de sa mort. Et l
4720 du plus grand Amant, puisqu’en exprimant le désir de voir Dieu, sur le Sinaï il exprima le désir de sa mort. Et l’on conço
4721 t, puisqu’en exprimant le désir de voir Dieu, sur le Sinaï il exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que le terme né
4722 nt le désir de voir Dieu, sur le Sinaï il exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie
4723 ir de voir Dieu, sur le Sinaï il exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminat
4724 , sur le Sinaï il exprima le désir de sa mort. Et l’ on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminative d’un Sohraw
4725 exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un al-Hal
4726 sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un al-Hallaj, ait été le mart
4727 mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un al-Hallaj, ait été le martyre
4728 t que le terme nécessaire de la voie illuminative d’ un Sohrawardi, d’un al-Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet
4729 cessaire de la voie illuminative d’un Sohrawardi, d’ un al-Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de la joy d’amor 
4730 minative d’un Sohrawardi, d’un al-Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de la joy d’amor : Al-Hallaj se rendait
4731 al-Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de la joy d’amor : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui di
4732 Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de la joy d’amor : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui dis :
4733 ait été le martyre religieux au sommet de la joy d’ amor : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui dis : Maître
4734 is : Maître qu’est cela ? Il répondit : Telle est la coquetterie de la Beauté attirant à elle les amoureux.71 ⁂ Par quel
4735 est cela ? Il répondit : Telle est la coquetterie de la Beauté attirant à elle les amoureux.71 ⁂ Par quelles voies la my
4736 cela ? Il répondit : Telle est la coquetterie de la Beauté attirant à elle les amoureux.71 ⁂ Par quelles voies la mysti
4737 e est la coquetterie de la Beauté attirant à elle les amoureux.71 ⁂ Par quelles voies la mystique arabe et sa rhétorique
4738 rant à elle les amoureux.71 ⁂ Par quelles voies la mystique arabe et sa rhétorique courtoise eussent-elles pu parvenir,
4739 que courtoise eussent-elles pu parvenir, en moins d’ un siècle, et à travers quelles traductions, aux initiés de l’Église d
4740 le, et à travers quelles traductions, aux initiés de l’Église d’Amour, et par eux aux poètes du Midi ? Je ne sache pas que
4741 et à travers quelles traductions, aux initiés de l’ Église d’Amour, et par eux aux poètes du Midi ? Je ne sache pas que l’
4742 vers quelles traductions, aux initiés de l’Église d’ Amour, et par eux aux poètes du Midi ? Je ne sache pas que l’on soit e
4743 par eux aux poètes du Midi ? Je ne sache pas que l’ on soit en mesure de résoudre aujourd’hui ce problème. S’il est une vo
4744 du Midi ? Je ne sache pas que l’on soit en mesure de résoudre aujourd’hui ce problème. S’il est une voie de transmission g
4745 soudre aujourd’hui ce problème. S’il est une voie de transmission géographique, c’est du côté de l’Espagne, évidemment, qu
4746 ie de transmission géographique, c’est du côté de l’ Espagne, évidemment, qu’il conviendrait de la chercher, puisque c’est
4747 côté de l’Espagne, évidemment, qu’il conviendrait de la chercher, puisque c’est là que s’opérait le contact du monde arabe
4748 é de l’Espagne, évidemment, qu’il conviendrait de la chercher, puisque c’est là que s’opérait le contact du monde arabe et
4749 it de la chercher, puisque c’est là que s’opérait le contact du monde arabe et du monde chrétien. Il se peut, par ailleurs
4750 du monde chrétien. Il se peut, par ailleurs, que les croisades aient joué un rôle non négligeable. Mais si l’on se content
4751 sades aient joué un rôle non négligeable. Mais si l’ on se contente de souligner le parallélisme des formes, des contenus e
4752 un rôle non négligeable. Mais si l’on se contente de souligner le parallélisme des formes, des contenus et des problèmes d
4753 égligeable. Mais si l’on se contente de souligner le parallélisme des formes, des contenus et des problèmes dans le monde
4754 me des formes, des contenus et des problèmes dans le monde de l’islam et dans le monde courtois, l’on aura du moins répond
4755 rmes, des contenus et des problèmes dans le monde de l’islam et dans le monde courtois, l’on aura du moins répondu à l’obj
4756 s, des contenus et des problèmes dans le monde de l’ islam et dans le monde courtois, l’on aura du moins répondu à l’object
4757 et des problèmes dans le monde de l’islam et dans le monde courtois, l’on aura du moins répondu à l’objection sceptique qu
4758 ns le monde de l’islam et dans le monde courtois, l’ on aura du moins répondu à l’objection sceptique que je résumais en tê
4759 s le monde courtois, l’on aura du moins répondu à l’ objection sceptique que je résumais en tête de ce chapitre. Et rien n’
4760 u à l’objection sceptique que je résumais en tête de ce chapitre. Et rien n’empêche alors de supposer que les mêmes causes
4761 s en tête de ce chapitre. Et rien n’empêche alors de supposer que les mêmes causes — les mêmes courants religieux — produi
4762 chapitre. Et rien n’empêche alors de supposer que les mêmes causes — les mêmes courants religieux — produisirent les mêmes
4763 ’empêche alors de supposer que les mêmes causes —  les mêmes courants religieux — produisirent les mêmes effets ici et là, s
4764 ses — les mêmes courants religieux — produisirent les mêmes effets ici et là, sans transmission directe. Cependant les trav
4765 s ici et là, sans transmission directe. Cependant les travaux d’un Asin Palacios nous mettent sur la voie de découvertes co
4766 sans transmission directe. Cependant les travaux d’ un Asin Palacios nous mettent sur la voie de découvertes considérables
4767 t les travaux d’un Asin Palacios nous mettent sur la voie de découvertes considérables concernant les relations de la myst
4768 avaux d’un Asin Palacios nous mettent sur la voie de découvertes considérables concernant les relations de la mystique sou
4769 r la voie de découvertes considérables concernant les relations de la mystique soufiste et de la poésie occidentale, à une
4770 écouvertes considérables concernant les relations de la mystique soufiste et de la poésie occidentale, à une époque plus t
4771 uvertes considérables concernant les relations de la mystique soufiste et de la poésie occidentale, à une époque plus tard
4772 ncernant les relations de la mystique soufiste et de la poésie occidentale, à une époque plus tardive il est vrai. Je ne p
4773 rnant les relations de la mystique soufiste et de la poésie occidentale, à une époque plus tardive il est vrai. Je ne puis
4774 . Il en ressort que Dante aurait pris pour modèle le Livre du Voyage nocturne du mystique Ibn el Arabi, écrit quatre-vingt
4775 té décrit en effet une traversée des trois mondes de l’au-delà, enfer, purgatoire, paradis, avec les mêmes rencontres et p
4776 décrit en effet une traversée des trois mondes de l’ au-delà, enfer, purgatoire, paradis, avec les mêmes rencontres et péri
4777 es de l’au-delà, enfer, purgatoire, paradis, avec les mêmes rencontres et péripéties, et beaucoup de personnages semblables
4778 s semblables. Dante semble bien avoir appartenu à l’ ordre des Templiers, qui était en relations certaines avec un ordre mu
4779 ulman identique dans sa structure, dans plusieurs de ses règles, et même dans son costume l’Ordre des Assaccis, auquel Ibn
4780 plusieurs de ses règles, et même dans son costume l’ Ordre des Assaccis, auquel Ibn Arabi fut affilié… (Appendice 6.) 10
4781 el Ibn Arabi fut affilié… (Appendice 6.) 10.De l’ Amour courtois au roman breton Remontons maintenant du Midi vers le
4782 roman breton Remontons maintenant du Midi vers le nord : nous découvrons dans le roman breton — Lancelot, Tristan et to
4783 enant du Midi vers le nord : nous découvrons dans le roman breton — Lancelot, Tristan et tout le cycle arthurien — une tra
4784 dans le roman breton — Lancelot, Tristan et tout le cycle arthurien — une transposition romanesque des règles de l’amour
4785 thurien — une transposition romanesque des règles de l’amour courtois et de sa rhétorique à double sens. « C’est du contac
4786 rien — une transposition romanesque des règles de l’ amour courtois et de sa rhétorique à double sens. « C’est du contact d
4787 tion romanesque des règles de l’amour courtois et de sa rhétorique à double sens. « C’est du contact des légendes exotique
4788 s. « C’est du contact des légendes exotiques avec les idées courtoises que naquit le premier roman courtois », écrit M. E. 
4789 E. Vinaver. Ces légendes « exotiques », c’étaient les vieux mystères sacrés des Celtes, plus qu’à demi oubliés d’ailleurs p
4790 ul ou un Chrétien de Troyes, et quelques éléments de mythologie grecque. On a longtemps polémiqué sur l’autonomie relative
4791 mythologie grecque. On a longtemps polémiqué sur l’ autonomie relative des deux littératures du Nord et du Midi. Il semble
4792 ttératures du Nord et du Midi. Il semble bien que la question soit actuellement résolue : c’est bien le Midi roman qui a d
4793 a question soit actuellement résolue : c’est bien le Midi roman qui a donné son style et sa doctrine secrète aux « romanci
4794 t sa doctrine secrète aux « romanciers » du cycle de la Table ronde. Et l’on peut suivre les voies de cette transmission d
4795 a doctrine secrète aux « romanciers » du cycle de la Table ronde. Et l’on peut suivre les voies de cette transmission dans
4796 aux « romanciers » du cycle de la Table ronde. Et l’ on peut suivre les voies de cette transmission dans les documents hist
4797 » du cycle de la Table ronde. Et l’on peut suivre les voies de cette transmission dans les documents historiques. Aliénor d
4798 de la Table ronde. Et l’on peut suivre les voies de cette transmission dans les documents historiques. Aliénor de Poitier
4799 peut suivre les voies de cette transmission dans les documents historiques. Aliénor de Poitiers, quittant sa cour d’amour
4800 istoriques. Aliénor de Poitiers, quittant sa cour d’ amour languedocienne, avait épousé Louis VII, puis en l’an 1154, Henri
4801 r languedocienne, avait épousé Louis VII, puis en l’ an 1154, Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre73. Elle emmenait avec
4802 dours. C’est par elle et par eux entre autres que les trouvères anglo-normands reçurent le code secret de l’amour courtois7
4803 autres que les trouvères anglo-normands reçurent le code secret de l’amour courtois74. Chrétien de Troyes déclare tenir l
4804 trouvères anglo-normands reçurent le code secret de l’amour courtois74. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et l’esp
4805 ouvères anglo-normands reçurent le code secret de l’ amour courtois74. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et l’esprit
4806 mour courtois74. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et l’esprit de ses romans de la comtesse Marie de Champagne, fil
4807 is74. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et l’ esprit de ses romans de la comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliéno
4808 étien de Troyes déclare tenir le fond et l’esprit de ses romans de la comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliénor, célèbr
4809 s déclare tenir le fond et l’esprit de ses romans de la comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliénor, célèbre par sa cour
4810 éclare tenir le fond et l’esprit de ses romans de la comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliénor, célèbre par sa cour d’a
4811 s romans de la comtesse Marie de Champagne, fille d’ Aliénor, célèbre par sa cour d’amour où le mariage fut condamné. Chrét
4812 e Champagne, fille d’Aliénor, célèbre par sa cour d’ amour où le mariage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman de Tri
4813 , fille d’Aliénor, célèbre par sa cour d’amour où le mariage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman de Tristan dont l
4814 riage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman de Tristan dont les manuscrits sont perdus. Béroul était Normand, Thomas
4815 né. Chrétien avait écrit un Roman de Tristan dont les manuscrits sont perdus. Béroul était Normand, Thomas était Anglais. E
4816 tait Normand, Thomas était Anglais. Et en retour, la légende de Tristan se répandit très largement dans le Midi. Cette int
4817 d, Thomas était Anglais. Et en retour, la légende de Tristan se répandit très largement dans le Midi. Cette interaction si
4818 égende de Tristan se répandit très largement dans le Midi. Cette interaction si rapide peut s’expliquer par une ancienne p
4819 e peut s’expliquer par une ancienne parenté entre le Midi précathare et les Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que
4820 une ancienne parenté entre le Midi précathare et les Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que la religion druidique,
4821 es Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que la religion druidique, d’où sont issues les traditions des bardes et fil
4822 bretons. Nous avons vu que la religion druidique, d’ où sont issues les traditions des bardes et filids, enseignait une doc
4823 ns vu que la religion druidique, d’où sont issues les traditions des bardes et filids, enseignait une doctrine dualiste de
4824 ardes et filids, enseignait une doctrine dualiste de l’Univers, et faisait de la femme un symbole du divin. Et c’est dans
4825 es et filids, enseignait une doctrine dualiste de l’ Univers, et faisait de la femme un symbole du divin. Et c’est dans le
4826 it une doctrine dualiste de l’Univers, et faisait de la femme un symbole du divin. Et c’est dans le fonds celtibérique qu
4827 une doctrine dualiste de l’Univers, et faisait de la femme un symbole du divin. Et c’est dans le fonds celtibérique que l
4828 t de la femme un symbole du divin. Et c’est dans le fonds celtibérique que l’hérésie chrétienne des « purs » a puisé, sel
4829 u divin. Et c’est dans le fonds celtibérique que l’ hérésie chrétienne des « purs » a puisé, selon Rahn, certains traits d
4830 des « purs » a puisé, selon Rahn, certains traits de sa mythologie. Que celle-ci ait revêtu chez les poètes du Nord des co
4831 ts de sa mythologie. Que celle-ci ait revêtu chez les poètes du Nord des couleurs assombries et plus tragiques, c’est natur
4832 supplante Lug, dieu du ciel lumineux. Et bien que la doctrine courtoise rejoignît et fît resurgir d’anciennes traditions a
4833 e la doctrine courtoise rejoignît et fît resurgir d’ anciennes traditions autochtones, elle n’en était pas moins pour les t
4834 tions autochtones, elle n’en était pas moins pour les trouvères une chose apprise : d’où les erreurs qu’ils commirent bien
4835 pas moins pour les trouvères une chose apprise : d’ où les erreurs qu’ils commirent bien souvent. Il est d’ailleurs extrêm
4836 moins pour les trouvères une chose apprise : d’où les erreurs qu’ils commirent bien souvent. Il est d’ailleurs extrêmement
4837 en souvent. Il est d’ailleurs extrêmement délicat de préciser les causes et l’importance exacte de ces erreurs. Est-ce un
4838 Il est d’ailleurs extrêmement délicat de préciser les causes et l’importance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut d’init
4839 urs extrêmement délicat de préciser les causes et l’ importance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut d’initiation mystiq
4840 cat de préciser les causes et l’importance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut d’initiation mystique ? Est-ce une trad
4841 mportance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut d’ initiation mystique ? Est-ce une tradition imparfaite ? Ou encore une
4842 ite ? Ou encore une tendance hérétique au sein de l’ hérésie même, un essai plus ou moins sincère de retour vers l’orthodox
4843 de l’hérésie même, un essai plus ou moins sincère de retour vers l’orthodoxie75 ? Ou simplement, une « profanation » des t
4844 me, un essai plus ou moins sincère de retour vers l’ orthodoxie75 ? Ou simplement, une « profanation » des thèmes courtois,
4845 ent, une « profanation » des thèmes courtois, que les trouvères auraient utilisés sans grands scrupules à d’autres fins que
4846 tilisés sans grands scrupules à d’autres fins que les cathares ? Dans l’attente de recherches plus approfondies sur tous ce
4847 scrupules à d’autres fins que les cathares ? Dans l’ attente de recherches plus approfondies sur tous ces points, bornons-n
4848 à d’autres fins que les cathares ? Dans l’attente de recherches plus approfondies sur tous ces points, bornons-nous à rema
4849 sur tous ces points, bornons-nous à remarquer que les romans bretons sont tantôt plus « chrétiens » et tantôt plus « barbar
4850 lus « chrétiens » et tantôt plus « barbares » que les poèmes des troubadours, dont ils sont cependant inspirés de la manièr
4851 des troubadours, dont ils sont cependant inspirés de la manière la plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troye
4852 troubadours, dont ils sont cependant inspirés de la manière la plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troyes a
4853 s, dont ils sont cependant inspirés de la manière la plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troyes a bien compr
4854 us ne savons si Chrétien de Troyes a bien compris les lois d’amour que lui enseignait Marie de Champagne. Nous ne savons da
4855 ons si Chrétien de Troyes a bien compris les lois d’ amour que lui enseignait Marie de Champagne. Nous ne savons dans quell
4856 lu que ses romans fussent des chroniques secrètes de l’Église persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples a
4857 que ses romans fussent des chroniques secrètes de l’ Église persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples allé
4858 chroniques secrètes de l’Église persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples allégories illustrant la morale
4859 e persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples allégories illustrant la morale et la mystique courtoises. To
4860 dan et Aroux) ou de simples allégories illustrant la morale et la mystique courtoises. Toutes les hypothèses sont permises
4861 ou de simples allégories illustrant la morale et la mystique courtoises. Toutes les hypothèses sont permises en l’absence
4862 trant la morale et la mystique courtoises. Toutes les hypothèses sont permises en l’absence de documents dont on voit bien
4863 ourtoises. Toutes les hypothèses sont permises en l’ absence de documents dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop
4864 Toutes les hypothèses sont permises en l’absence de documents dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop d’intérêt
4865 dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop d’ intérêts se trouvaient ligués contre la diffusion de l’hérésie, sans p
4866 aut : trop d’intérêts se trouvaient ligués contre la diffusion de l’hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotéri
4867 intérêts se trouvaient ligués contre la diffusion de l’hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotérique. Il paraî
4868 érêts se trouvaient ligués contre la diffusion de l’ hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotérique. Il paraît d
4869 ués contre la diffusion de l’hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotérique. Il paraît donc fort peu probable q
4870 diffusion de l’hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotérique. Il paraît donc fort peu probable que l’on découv
4871 ésotérique. Il paraît donc fort peu probable que l’ on découvre un jour des témoignages certains sur l’intention qui anima
4872 ’on découvre un jour des témoignages certains sur l’ intention qui animait le romancier. Quoi qu’il en soit, Chrétien de Tr
4873 témoignages certains sur l’intention qui animait le romancier. Quoi qu’il en soit, Chrétien de Troyes a notablement défor
4874 en soit, Chrétien de Troyes a notablement déformé la signification des mythes qu’il conte. La légende du Graal, par exempl
4875 déformé la signification des mythes qu’il conte. La légende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un mythe manichéen v
4876 ple : Suhtschek y voit un mythe manichéen venu de l’ Iran ; Otto Rahn une chronique déguisée des cathares. (Parzival, fils
4877 chronique déguisée des cathares. (Parzival, fils d’ Herzeloïde, femme du Castis, chez Wolfram d’Eschenbach, serait le comt
4878 emme du Castis, chez Wolfram d’Eschenbach, serait le comte Ramon Roger Trencavel, fils d’Adélaïde de Carcassonne et d’Alph
4879 bach, serait le comte Ramon Roger Trencavel, fils d’ Adélaïde de Carcassonne et d’Alphonse le Chaste, roi d’Aragon. — Trenc
4880 oger Trencavel, fils d’Adélaïde de Carcassonne et d’ Alphonse le Chaste, roi d’Aragon. — Trencavel signifie : « qui tranche
4881 e : « qui tranche bellement », et Wolfram traduit le nom de Parzival par « Schneid mitten durch » : « perce bellement ».)
4882 ui tranche bellement », et Wolfram traduit le nom de Parzival par « Schneid mitten durch » : « perce bellement ».) Ces deu
4883 bien moins qu’elles ne se complètent76. Elles ont l’ avantage décisif de rendre compte de bien des bizarreries de la légend
4884 ne se complètent76. Elles ont l’avantage décisif de rendre compte de bien des bizarreries de la légende et de son attirai
4885 76. Elles ont l’avantage décisif de rendre compte de bien des bizarreries de la légende et de son attirail symbolique. Fau
4886 décisif de rendre compte de bien des bizarreries de la légende et de son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un tra
4887 cisif de rendre compte de bien des bizarreries de la légende et de son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un transc
4888 e compte de bien des bizarreries de la légende et de son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un transcripteur modern
4889 oyes n’était pas instruit du sens païen et secret de ces traits mystérieux qu’il rapportait »77 ? Ou bien se vit-il contra
4890 u’il rapportait »77 ? Ou bien se vit-il contraint de déguiser ce sens, en sorte que seuls les initiés pussent démêler la f
4891 contraint de déguiser ce sens, en sorte que seuls les initiés pussent démêler la fantaisie et la doctrine, l’ornement roman
4892 s, en sorte que seuls les initiés pussent démêler la fantaisie et la doctrine, l’ornement romanesque et la chronique réell
4893 seuls les initiés pussent démêler la fantaisie et la doctrine, l’ornement romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut le
4894 tiés pussent démêler la fantaisie et la doctrine, l’ ornement romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut le cas, il n’y
4895 antaisie et la doctrine, l’ornement romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut le cas, il n’y réussit que trop bien, pu
4896 ent romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut le cas, il n’y réussit que trop bien, puisque Robert de Boron, son conti
4897 n, son continuateur, n’hésite pas à christianiser les symboles jusqu’à faire du Graal le vase qui reçut le sang du Christ,
4898 christianiser les symboles jusqu’à faire du Graal le vase qui reçut le sang du Christ, et de la Table ronde une sorte d’au
4899 symboles jusqu’à faire du Graal le vase qui reçut le sang du Christ, et de la Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte
4900 du Graal le vase qui reçut le sang du Christ, et de la Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même
4901 Graal le vase qui reçut le sang du Christ, et de la Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même da
4902 le sang du Christ, et de la Table ronde une sorte d’ autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même dans le grand roman de Lanc
4903 rist, et de la Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même dans le grand roman de Lancelot (qui dat
4904 d’autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même dans le grand roman de Lancelot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et l
4905 Sainte-Cène. Cependant, même dans le grand roman de Lancelot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et l’allégorie sont
4906 t, même dans le grand roman de Lancelot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et l’allégorie sont évidents, si saugrenu
4907 rand roman de Lancelot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et l’allégorie sont évidents, si saugrenues que puissent p
4908 celot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et l’ allégorie sont évidents, si saugrenues que puissent paraître les inter
4909 ont évidents, si saugrenues que puissent paraître les interprétations que donne l’auteur lui-même, après chaque épisode. Il
4910 e puissent paraître les interprétations que donne l’ auteur lui-même, après chaque épisode. Il est une de ces interprétatio
4911 auteur lui-même, après chaque épisode. Il est une de ces interprétations que je crois utile de citer, car l’origine cathar
4912 est une de ces interprétations que je crois utile de citer, car l’origine cathare y transparaît nettement, malgré l’ignora
4913 interprétations que je crois utile de citer, car l’ origine cathare y transparaît nettement, malgré l’ignorance de l’auteu
4914 l’origine cathare y transparaît nettement, malgré l’ ignorance de l’auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à u
4915 thare y transparaît nettement, malgré l’ignorance de l’auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à un carrefour.
4916 re y transparaît nettement, malgré l’ignorance de l’ auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à un carrefour. Il
4917 lgré l’ignorance de l’auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à un carrefour. Il hésite entre le chemin de gau
4918 te forêt parvient à un carrefour. Il hésite entre le chemin de gauche et celui de droite. Il s’engage dans celui de gauche
4919 arvient à un carrefour. Il hésite entre le chemin de gauche et celui de droite. Il s’engage dans celui de gauche, malgré l
4920 our. Il hésite entre le chemin de gauche et celui de droite. Il s’engage dans celui de gauche, malgré l’avertissement grav
4921 gauche et celui de droite. Il s’engage dans celui de gauche, malgré l’avertissement gravé sur une croix qui se dresse deva
4922 droite. Il s’engage dans celui de gauche, malgré l’ avertissement gravé sur une croix qui se dresse devant lui. Bientôt su
4923 i de gauche, malgré l’avertissement gravé sur une croix qui se dresse devant lui. Bientôt survient un chevalier à l’armure bl
4924 resse devant lui. Bientôt survient un chevalier à l’ armure blanche qui le renverse de son cheval et le dépouille de sa cou
4925 ntôt survient un chevalier à l’armure blanche qui le renverse de son cheval et le dépouille de sa couronne. Lancelot tout
4926 t un chevalier à l’armure blanche qui le renverse de son cheval et le dépouille de sa couronne. Lancelot tout déconfit ren
4927 l’armure blanche qui le renverse de son cheval et le dépouille de sa couronne. Lancelot tout déconfit rencontre un prêtre
4928 che qui le renverse de son cheval et le dépouille de sa couronne. Lancelot tout déconfit rencontre un prêtre et se confess
4929 ncontre un prêtre et se confesse. « Je vous dirai la signifiance de ce qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie de
4930 re et se confesse. « Je vous dirai la signifiance de ce qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie de droite que vous
4931 rai la signifiance de ce qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie de droite que vous avez dédaignée au carrefour, é
4932 nce de ce qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie de droite que vous avez dédaignée au carrefour, était celle de l
4933 e qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie de droite que vous avez dédaignée au carrefour, était celle de la cheval
4934 que vous avez dédaignée au carrefour, était celle de la chevalerie terrienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle de g
4935 vous avez dédaignée au carrefour, était celle de la chevalerie terrienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle de gauc
4936 errienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle de gauche était la voie de la chevalerie célestielle, et il ne s’agit pl
4937 s avez longtemps triomphé ; celle de gauche était la voie de la chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer de
4938 ongtemps triomphé ; celle de gauche était la voie de la chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes
4939 temps triomphé ; celle de gauche était la voie de la chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes et
4940 a chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes et d’abattre des champions par force d’armes : il s’a
4941 le, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes et d’ abattre des champions par force d’armes : il s’agit des choses spiritu
4942 r des hommes et d’abattre des champions par force d’ armes : il s’agit des choses spirituelles. Et vous y prîtes la couronn
4943 s’agit des choses spirituelles. Et vous y prîtes la couronne d’orgueil : c’est pourquoi le chevalier vous renversa si fac
4944 choses spirituelles. Et vous y prîtes la couronne d’ orgueil : c’est pourquoi le chevalier vous renversa si facilement, car
4945 s y prîtes la couronne d’orgueil : c’est pourquoi le chevalier vous renversa si facilement, car il représentait justement
4946 ersa si facilement, car il représentait justement le péché que vous veniez de commettre.78 » Libre après cela aux histori
4947 e commettre.78 » Libre après cela aux historiens de la littérature de parler d’aventures incroyables, de merveilleux faci
4948 ommettre.78 » Libre après cela aux historiens de la littérature de parler d’aventures incroyables, de merveilleux facile,
4949 Libre après cela aux historiens de la littérature de parler d’aventures incroyables, de merveilleux facile, de naïvetés to
4950 s cela aux historiens de la littérature de parler d’ aventures incroyables, de merveilleux facile, de naïvetés touchantes,
4951 la littérature de parler d’aventures incroyables, de merveilleux facile, de naïvetés touchantes, de fraîcheur primitive, e
4952 r d’aventures incroyables, de merveilleux facile, de naïvetés touchantes, de fraîcheur primitive, etc. « Poèmes incohérent
4953 s, de merveilleux facile, de naïvetés touchantes, de fraîcheur primitive, etc. « Poèmes incohérents, personnages sans cara
4954 ages sans caractères ni couleurs, mannequins dont les froides aventures s’enchaînent à l’infini », nous dit de ces légendes
4955 nequins dont les froides aventures s’enchaînent à l’ infini », nous dit de ces légendes l’un de leurs meilleurs adapteurs m
4956 des aventures s’enchaînent à l’infini », nous dit de ces légendes l’un de leurs meilleurs adapteurs modernes ! Ainsi s’est
4957 înent à l’infini », nous dit de ces légendes l’un de leurs meilleurs adapteurs modernes ! Ainsi s’est répandue l’opinion f
4958 illeurs adapteurs modernes ! Ainsi s’est répandue l’ opinion fort étrange que les poètes bretons n’étaient en somme que des
4959 ! Ainsi s’est répandue l’opinion fort étrange que les poètes bretons n’étaient en somme que des amuseurs un peu niais, dont
4960 ient en somme que des amuseurs un peu niais, dont le succès demeure incompréhensible à notre esprit si pénétrant et averti
4961 notre esprit si pénétrant et averti. Un peu plus de pénétration nous ferait voir au contraire que la vraie barbarie est d
4962 de pénétration nous ferait voir au contraire que la vraie barbarie est dans la conception moderne du roman, photographie
4963 voir au contraire que la vraie barbarie est dans la conception moderne du roman, photographie truquée de faits insignifia
4964 conception moderne du roman, photographie truquée de faits insignifiants, alors que le roman breton procède d’une cohérenc
4965 graphie truquée de faits insignifiants, alors que le roman breton procède d’une cohérence intime dont nous avons perdu jus
4966 insignifiants, alors que le roman breton procède d’ une cohérence intime dont nous avons perdu jusqu’au pressentiment. En
4967 tout est symbole ou délicate allégorie, et seuls les ignorants s’arrêtent à l’apparence puérile du conte, destinée justeme
4968 te allégorie, et seuls les ignorants s’arrêtent à l’ apparence puérile du conte, destinée justement à masquer le sens profo
4969 ce puérile du conte, destinée justement à masquer le sens profond aux regards superficiels, non avertis. Mais quand bien m
4970 s superficiels, non avertis. Mais quand bien même les trouvères seraient inférieurs aux troubadours dans la connaissance my
4971 rouvères seraient inférieurs aux troubadours dans la connaissance mystique, ils n’ont pas introduit dans leurs romans que
4972 s erreurs. Ils ont traité un thème nouveau, celui de l’amour physique, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien la fau
4973 rreurs. Ils ont traité un thème nouveau, celui de l’ amour physique, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien la faute
4974 nouveau, celui de l’amour physique, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien la faute au sens « courtois », non pas a
4975 uveau, celui de l’amour physique, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien la faute au sens « courtois », non pas au s
4976 que, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien la faute au sens « courtois », non pas au sens de la morale chrétienne.)
4977 en la faute au sens « courtois », non pas au sens de la morale chrétienne.) Les ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas
4978 la faute au sens « courtois », non pas au sens de la morale chrétienne.) Les ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas se
4979 tois », non pas au sens de la morale chrétienne.) Les ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes d’amo
4980 as au sens de la morale chrétienne.) Les ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes d’amour, comme on
4981 rétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes d’ amour, comme on le répète, mais de véritables romans. C’est qu’à la di
4982 e sont pas seulement des poèmes d’amour, comme on le répète, mais de véritables romans. C’est qu’à la différence des poème
4983 ment des poèmes d’amour, comme on le répète, mais de véritables romans. C’est qu’à la différence des poèmes provençaux, il
4984 le répète, mais de véritables romans. C’est qu’à la différence des poèmes provençaux, ils s’attachent à décrire les trahi
4985 des poèmes provençaux, ils s’attachent à décrire les trahisons de l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passi
4986 ovençaux, ils s’attachent à décrire les trahisons de l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passion dans sa pu
4987 nçaux, ils s’attachent à décrire les trahisons de l’ amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passion dans sa puret
4988 rahisons de l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’ élan de la passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lanc
4989 s de l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lancelot — 
4990 e l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lancelot — com
4991 ent l’élan de la passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contr
4992 n de la passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contre l’amour
4993 ssion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois,
4994 mystique. Le point de départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois, la possession physi
4995 de départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois, la possession physique d’une femme rée
4996 ncelot — comme de Tristan — c’est le péché contre l’ amour courtois, la possession physique d’une femme réelle, la « profan
4997 Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois, la possession physique d’une femme réelle, la « profanation » de l’amour
4998 é contre l’amour courtois, la possession physique d’ une femme réelle, la « profanation » de l’amour. Et c’est à cause de c
4999 rtois, la possession physique d’une femme réelle, la « profanation » de l’amour. Et c’est à cause de cette faute initiale
5000 n physique d’une femme réelle, la « profanation » de l’amour. Et c’est à cause de cette faute initiale que Lancelot ne tro
5001 hysique d’une femme réelle, la « profanation » de l’ amour. Et c’est à cause de cette faute initiale que Lancelot ne trouve
5002 cette faute initiale que Lancelot ne trouvera pas le Graal, et sera cent fois humilié quand il errera dans la voie célesti
5003 l, et sera cent fois humilié quand il errera dans la voie célestielle. Il a choisi la voie terrienne, il a trahi l’Amour m
5004 d il errera dans la voie célestielle. Il a choisi la voie terrienne, il a trahi l’Amour mystique, il n’est pas « pur ». Se
5005 tielle. Il a choisi la voie terrienne, il a trahi l’ Amour mystique, il n’est pas « pur ». Seuls les « purs » et les vrais
5006 ahi l’Amour mystique, il n’est pas « pur ». Seuls les « purs » et les vrais « sauvages » comme Bohor, Perceval et Galaad pa
5007 ique, il n’est pas « pur ». Seuls les « purs » et les vrais « sauvages » comme Bohor, Perceval et Galaad parviendront à l’i
5008  » comme Bohor, Perceval et Galaad parviendront à l’ initiation. Il est clair que la description de ces errements et de leu
5009 aad parviendront à l’initiation. Il est clair que la description de ces errements et de leurs punitions exigeait la forme
5010 t à l’initiation. Il est clair que la description de ces errements et de leurs punitions exigeait la forme du récit, et no
5011 est clair que la description de ces errements et de leurs punitions exigeait la forme du récit, et non plus de la simple
5012 n de ces errements et de leurs punitions exigeait la forme du récit, et non plus de la simple chanson79. Ainsi s’explique
5013 punitions exigeait la forme du récit, et non plus de la simple chanson79. Ainsi s’explique par des raisons spirituelles la
5014 itions exigeait la forme du récit, et non plus de la simple chanson79. Ainsi s’explique par des raisons spirituelles la fo
5015 79. Ainsi s’explique par des raisons spirituelles la formation d’un genre nouveau — le roman — qui ne deviendra proprement
5016 xplique par des raisons spirituelles la formation d’ un genre nouveau — le roman — qui ne deviendra proprement littéraire q
5017 ns spirituelles la formation d’un genre nouveau —  le roman — qui ne deviendra proprement littéraire que par la suite, quan
5018  — qui ne deviendra proprement littéraire que par la suite, quand il se détachera du mythe provisoirement exténué, — au dé
5019 s au roman breton Tristan nous apparaît comme le plus purement courtois des romans bretons, en ce sens que la part épi
5020 ement courtois des romans bretons, en ce sens que la part épique — combats et intrigues — y est réduite au minimum, tandis
5021 intrigues — y est réduite au minimum, tandis que le développement tragique de la doctrine religieuse détermine à lui seul
5022 au minimum, tandis que le développement tragique de la doctrine religieuse détermine à lui seul la courbe puissante et si
5023 minimum, tandis que le développement tragique de la doctrine religieuse détermine à lui seul la courbe puissante et simpl
5024 ue de la doctrine religieuse détermine à lui seul la courbe puissante et simple du récit. Mais en même temps, Tristan est
5025 simple du récit. Mais en même temps, Tristan est le plus « breton » des romans courtois, en ce sens qu’on y trouve incorp
5026 ve incorporés des éléments religieux et mythiques d’ origine très nettement celtique, bien plus nombreux et plus exactement
5027 ombreux et plus exactement identifiables que dans les romans de la Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la litt
5028 plus exactement identifiables que dans les romans de la Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la littérature ga
5029 s exactement identifiables que dans les romans de la Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la littérature gallo
5030 Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la littérature galloise que « c’est un miracle qu’elle contienne des élé
5031 « c’est un miracle qu’elle contienne des éléments de religion brittonique : elle s’est formée dans un pays chrétien, roman
5032 ans un pays chrétien, romanisé, puis colonisé par les Irlandais »80. Le miracle est cependant attesté par un grand nombre d
5033 n, romanisé, puis colonisé par les Irlandais »80. Le miracle est cependant attesté par un grand nombre d’incidents mis en
5034 miracle est cependant attesté par un grand nombre d’ incidents mis en œuvre par Béroul et Thomas, et qui ne trouvent d’expl
5035 en œuvre par Béroul et Thomas, et qui ne trouvent d’ explication que dans les récentes découvertes de l’archéologie celtiqu
5036 Thomas, et qui ne trouvent d’explication que dans les récentes découvertes de l’archéologie celtique. À vrai dire, le pouvo
5037 t d’explication que dans les récentes découvertes de l’archéologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléme
5038 ’explication que dans les récentes découvertes de l’ archéologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléments
5039 couvertes de l’archéologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléments religieux était tel qu’on s’explique
5040 ologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléments religieux était tel qu’on s’explique assez bien leur sur
5041 ur survivance, même dans un monde qui avait perdu la foi des druides, et oublié le sens de leurs mystères. Dans le cycle d
5042 nde qui avait perdu la foi des druides, et oublié le sens de leurs mystères. Dans le cycle des légendes irlandaises, nous
5043 avait perdu la foi des druides, et oublié le sens de leurs mystères. Dans le cycle des légendes irlandaises, nous trouvons
5044 ruides, et oublié le sens de leurs mystères. Dans le cycle des légendes irlandaises, nous trouvons un grand nombre de réci
5045 gendes irlandaises, nous trouvons un grand nombre de récits qui racontent le voyage d’un héros au pays des morts. Ce héros
5046 trouvons un grand nombre de récits qui racontent le voyage d’un héros au pays des morts. Ce héros, Bran, Cuchulainn, ou O
5047 un grand nombre de récits qui racontent le voyage d’ un héros au pays des morts. Ce héros, Bran, Cuchulainn, ou Oisin, « es
5048 arvient à une terre merveilleuse. « Il se lasse à la fin de ce séjour, veut revenir. C’est finalement pour mourir.81 » Nou
5049 à une terre merveilleuse. « Il se lasse à la fin de ce séjour, veut revenir. C’est finalement pour mourir.81 » Nous avons
5050 . C’est finalement pour mourir.81 » Nous avons là l’ origine évidente de la première navigation à l’aventure de Tristan mal
5051 pour mourir.81 » Nous avons là l’origine évidente de la première navigation à l’aventure de Tristan malade, en quête du ba
5052 là l’origine évidente de la première navigation à l’ aventure de Tristan malade, en quête du baume magique. D’autre part, p
5053 e évidente de la première navigation à l’aventure de Tristan malade, en quête du baume magique. D’autre part, plusieurs ré
5054 du baume magique. D’autre part, plusieurs récits de ce cycle irlandais figurent les prototypes assez exacts des situation
5055 , plusieurs récits de ce cycle irlandais figurent les prototypes assez exacts des situations du Roman de Tristan. Par exemp
5056 s prototypes assez exacts des situations du Roman de Tristan. Par exemple, dans l’idylle tragique de Diarmaid et Grainne,
5057 situations du Roman de Tristan. Par exemple, dans l’ idylle tragique de Diarmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dan
5058 n de Tristan. Par exemple, dans l’idylle tragique de Diarmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dans la forêt où le m
5059 e, dans l’idylle tragique de Diarmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dans la forêt où le mari les poursuit. Dans Ba
5060 rmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dans la forêt où le mari les poursuit. Dans Bailé et Aillinn, ils se donnent
5061 inne, les deux amants se sauvent dans la forêt où le mari les poursuit. Dans Bailé et Aillinn, ils se donnent rendez-vous
5062 s deux amants se sauvent dans la forêt où le mari les poursuit. Dans Bailé et Aillinn, ils se donnent rendez-vous en un lie
5063 ils se donnent rendez-vous en un lieu désert, où la mort les précède, empêchant leur réunion « car il était prédit par le
5064 donnent rendez-vous en un lieu désert, où la mort les précède, empêchant leur réunion « car il était prédit par les druides
5065 empêchant leur réunion « car il était prédit par les druides qu’ils ne se rencontreraient pas dans leur vie, mais qu’ils s
5066 ns leur vie, mais qu’ils se rencontreraient après la mort, pour ne jamais se séparer »82. Il serait aisé de multiplier ces
5067 rt, pour ne jamais se séparer »82. Il serait aisé de multiplier ces comparaisons littéraires. Mais certains traits de mœur
5068 es comparaisons littéraires. Mais certains traits de mœurs nous incitent à des rapprochements plus précis. On se rappelle
5069 ts plus précis. On se rappelle que Tristan, après la mort de ses parents, fut élevé à la cour du roi Marc son oncle. Or il
5070 précis. On se rappelle que Tristan, après la mort de ses parents, fut élevé à la cour du roi Marc son oncle. Or il était f
5071 ristan, après la mort de ses parents, fut élevé à la cour du roi Marc son oncle. Or il était fréquent, chez les plus ancie
5072 du roi Marc son oncle. Or il était fréquent, chez les plus anciens Celtes, que l’on confiât les enfants « à la garde d’un p
5073 était fréquent, chez les plus anciens Celtes, que l’ on confiât les enfants « à la garde d’un personnage qualifié dans une
5074 t, chez les plus anciens Celtes, que l’on confiât les enfants « à la garde d’un personnage qualifié dans une grande maison,
5075 anciens Celtes, que l’on confiât les enfants « à la garde d’un personnage qualifié dans une grande maison, la maison des
5076 Celtes, que l’on confiât les enfants « à la garde d’ un personnage qualifié dans une grande maison, la maison des hommes ».
5077 d’un personnage qualifié dans une grande maison, la maison des hommes ». Ils y recevaient l’enseignement d’un druide, et
5078 maison, la maison des hommes ». Ils y recevaient l’ enseignement d’un druide, et se trouvaient mis à l’abri des femmes. « 
5079 son des hommes ». Ils y recevaient l’enseignement d’ un druide, et se trouvaient mis à l’abri des femmes. « Cette instituti
5080 ’enseignement d’un druide, et se trouvaient mis à l’ abri des femmes. « Cette institution qu’on appelle généralement du nom
5081 n qu’on appelle généralement du nom anglo-normand de fosterage s’est maintenue en pays celtique : nous trouvons les enfant
5082 s’est maintenue en pays celtique : nous trouvons les enfants confiés à des parents nourriciers, à l’égard desquels ils con
5083 les enfants confiés à des parents nourriciers, à l’ égard desquels ils contractent de véritables liens de parenté, attesté
5084 s nourriciers, à l’égard desquels ils contractent de véritables liens de parenté, attestés par le fait qu’un certain nombr
5085 gard desquels ils contractent de véritables liens de parenté, attestés par le fait qu’un certain nombre de personnages por
5086 tent de véritables liens de parenté, attestés par le fait qu’un certain nombre de personnages portent dans l’indication de
5087 arenté, attestés par le fait qu’un certain nombre de personnages portent dans l’indication de leur filiation le nom de leu
5088 qu’un certain nombre de personnages portent dans l’ indication de leur filiation le nom de leur père nourricier… On recher
5089 n nombre de personnages portent dans l’indication de leur filiation le nom de leur père nourricier… On recherchait comme p
5090 nages portent dans l’indication de leur filiation le nom de leur père nourricier… On recherchait comme pères nourriciers s
5091 ortent dans l’indication de leur filiation le nom de leur père nourricier… On recherchait comme pères nourriciers soit les
5092 cier… On recherchait comme pères nourriciers soit les membres de la famille maternelle, soit… les druides.83 » Tristan élev
5093 herchait comme pères nourriciers soit les membres de la famille maternelle, soit… les druides.83 » Tristan élevé par Marc,
5094 chait comme pères nourriciers soit les membres de la famille maternelle, soit… les druides.83 » Tristan élevé par Marc, so
5095 soit les membres de la famille maternelle, soit… les druides.83 » Tristan élevé par Marc, son oncle maternel, devient ains
5096 e maternel, devient ainsi, en vertu du fosterage, le « fils » du roi. (Les psychanalystes ne manqueront pas de voir dans l
5097 insi, en vertu du fosterage, le « fils » du roi. ( Les psychanalystes ne manqueront pas de voir dans la liaison malheureuse
5098 s » du roi. (Les psychanalystes ne manqueront pas de voir dans la liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat d’
5099 Les psychanalystes ne manqueront pas de voir dans la liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat d’un complexe œ
5100 anqueront pas de voir dans la liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppos
5101 de voir dans la liaison malheureuse de Tristan et d’ Iseut le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le
5102 dans la liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait qu
5103 son malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat d’ un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait que les « père
5104 d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait que les « pères nourriciers » avaient souvent jusqu’à cinquante
5105 e œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait que les « pères nourriciers » avaient souvent jusqu’à cinquante fils juridiqu
5106 vaient souvent jusqu’à cinquante fils juridiques ( le lien était donc assez faible), et surtout le fait que l’inceste était
5107 ues (le lien était donc assez faible), et surtout le fait que l’inceste était assez bien toléré chez les Celtes, comme l’a
5108 était donc assez faible), et surtout le fait que l’ inceste était assez bien toléré chez les Celtes, comme l’attestent de
5109 e fait que l’inceste était assez bien toléré chez les Celtes, comme l’attestent de nombreux documents). La coutume celtique
5110 te était assez bien toléré chez les Celtes, comme l’ attestent de nombreux documents). La coutume celtique du potlatch, don
5111 ez bien toléré chez les Celtes, comme l’attestent de nombreux documents). La coutume celtique du potlatch, don rituel ou p
5112 Celtes, comme l’attestent de nombreux documents). La coutume celtique du potlatch, don rituel ou plutôt échange de dons os
5113 eltique du potlatch, don rituel ou plutôt échange de dons ostentatoires, accompagné de surenchère, subsiste également dans
5114 plutôt échange de dons ostentatoires, accompagné de surenchère, subsiste également dans Tristan et les romans de la Table
5115 de surenchère, subsiste également dans Tristan et les romans de la Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures début
5116 re, subsiste également dans Tristan et les romans de la Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures débuter par une
5117 subsiste également dans Tristan et les romans de la Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures débuter par une pr
5118 mans de la Table ronde. On y voit un grand nombre d’ aventures débuter par une promesse « en blanc » faite par le roi à que
5119 s débuter par une promesse « en blanc » faite par le roi à quelque damoiselle qui lui demande un don, sans dire lequel. Il
5120 de un don, sans dire lequel. Il s’agit en général d’ un service très périlleux. « Les tournois, note Hubert, font certainem
5121 s’agit en général d’un service très périlleux. «  Les tournois, note Hubert, font certainement partie de ce vaste système d
5122 s tournois, note Hubert, font certainement partie de ce vaste système de concurrence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enf
5123 ert, font certainement partie de ce vaste système de concurrence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que le
5124 ment partie de ce vaste système de concurrence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que les jeunes Celtes au
5125 currence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’ on sait que les jeunes Celtes au moment de la puberté, donc au sortir
5126 surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que les jeunes Celtes au moment de la puberté, donc au sortir de la maison de
5127 fin, l’on sait que les jeunes Celtes au moment de la puberté, donc au sortir de la maison des hommes, devaient accomplir u
5128 Celtes au moment de la puberté, donc au sortir de la maison des hommes, devaient accomplir un exploit (meurtre d’un étrang
5129 es hommes, devaient accomplir un exploit (meurtre d’ un étranger ou chasse glorieuse) pour acquérir le droit de se marier :
5130 d’un étranger ou chasse glorieuse) pour acquérir le droit de se marier : le combat contre le Morholt, dans Tristan, illus
5131 anger ou chasse glorieuse) pour acquérir le droit de se marier : le combat contre le Morholt, dans Tristan, illustre exact
5132 glorieuse) pour acquérir le droit de se marier : le combat contre le Morholt, dans Tristan, illustre exactement cette cou
5133 acquérir le droit de se marier : le combat contre le Morholt, dans Tristan, illustre exactement cette coutume, sans faire
5134 e exactement cette coutume, sans faire d’ailleurs la moindre allusion à son origine sacrée. Tous ces faits rendent vraisem
5135 gine sacrée. Tous ces faits rendent vraisemblable la conclusion d’Hubert : à savoir que la mythologie celtique s’est trans
5136 ous ces faits rendent vraisemblable la conclusion d’ Hubert : à savoir que la mythologie celtique s’est transmise au cycle
5137 aisemblable la conclusion d’Hubert : à savoir que la mythologie celtique s’est transmise au cycle courtois non par des voi
5138 on par des voies proprement religieuses, mais par le culte plus profane des héros et de leurs prouesses, remplaçant peu à
5139 uses, mais par le culte plus profane des héros et de leurs prouesses, remplaçant peu à peu les dieux dans les légendes pop
5140 héros et de leurs prouesses, remplaçant peu à peu les dieux dans les légendes populaires. ⁂ Gaston Paris remarquait avec pr
5141 rs prouesses, remplaçant peu à peu les dieux dans les légendes populaires. ⁂ Gaston Paris remarquait avec profondeur que le
5142 es. ⁂ Gaston Paris remarquait avec profondeur que le roman de Tristan et d’Iseut rend un son particulier, qui ne se retrou
5143 ton Paris remarquait avec profondeur que le roman de Tristan et d’Iseut rend un son particulier, qui ne se retrouve guère
5144 rquait avec profondeur que le roman de Tristan et d’ Iseut rend un son particulier, qui ne se retrouve guère dans la littér
5145 un son particulier, qui ne se retrouve guère dans la littérature du Moyen Âge, et il l’expliquait par l’origine celtique d
5146 uve guère dans la littérature du Moyen Âge, et il l’ expliquait par l’origine celtique de ces poèmes. C’est par Tristan et
5147 littérature du Moyen Âge, et il l’expliquait par l’ origine celtique de ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que le
5148 en Âge, et il l’expliquait par l’origine celtique de ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que le plus clair et le p
5149 e ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que le plus clair et le plus précieux du génie celtique s’est incorporé à l’
5150 st par Tristan et par Arthur que le plus clair et le plus précieux du génie celtique s’est incorporé à l’esprit européen.
5151 plus précieux du génie celtique s’est incorporé à l’ esprit européen. (Hubert, II, p. 336.) Ce « son particulier », que Béd
5152 édier sut faire rendre à sa moderne transcription de la légende, est si nettement sensible à notre cœur qu’il nous met en
5153 er sut faire rendre à sa moderne transcription de la légende, est si nettement sensible à notre cœur qu’il nous met en mes
5154 nt sensible à notre cœur qu’il nous met en mesure d’ isoler l’élément non celtique, donc proprement courtois qui provoqua,
5155 le à notre cœur qu’il nous met en mesure d’isoler l’ élément non celtique, donc proprement courtois qui provoqua, au xiie
5156 roprement courtois qui provoqua, au xiie siècle, la constitution de notre mythe. Qu’on lise l’une après l’autre une légen
5157 is qui provoqua, au xiie siècle, la constitution de notre mythe. Qu’on lise l’une après l’autre une légende irlandaise et
5158 ise l’une après l’autre une légende irlandaise et la légende de Béroul ou de Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est u
5159 près l’autre une légende irlandaise et la légende de Béroul ou de Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est une fatalité
5160 une légende irlandaise et la légende de Béroul ou de Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est une fatalité tout extérie
5161 andaise et la légende de Béroul ou de Thomas : et l’ on verra que d’un côté, c’est une fatalité tout extérieure qui provoqu
5162 égende de Béroul ou de Thomas : et l’on verra que d’ un côté, c’est une fatalité tout extérieure qui provoque la catastroph
5163 , c’est une fatalité tout extérieure qui provoque la catastrophe, tandis que de l’autre, c’est la volonté secrète, mais in
5164 xtérieure qui provoque la catastrophe, tandis que de l’autre, c’est la volonté secrète, mais infaillible, des deux amants
5165 oque la catastrophe, tandis que de l’autre, c’est la volonté secrète, mais infaillible, des deux amants mystiques. Dans le
5166 mais infaillible, des deux amants mystiques. Dans les légendes celtiques, c’est l’élément épique qui commande l’action et l
5167 nts mystiques. Dans les légendes celtiques, c’est l’ élément épique qui commande l’action et le dénouement, tandis que dans
5168 es celtiques, c’est l’élément épique qui commande l’ action et le dénouement, tandis que dans les romans courtois, c’est la
5169 , c’est l’élément épique qui commande l’action et le dénouement, tandis que dans les romans courtois, c’est la tragédie in
5170 mmande l’action et le dénouement, tandis que dans les romans courtois, c’est la tragédie intérieure. Enfin, l’amour celtiqu
5171 ement, tandis que dans les romans courtois, c’est la tragédie intérieure. Enfin, l’amour celtique (en dépit de la sublimat
5172 ns courtois, c’est la tragédie intérieure. Enfin, l’ amour celtique (en dépit de la sublimation religieuse de la femme par
5173 intérieure. Enfin, l’amour celtique (en dépit de la sublimation religieuse de la femme par les druides) est avant tout l’
5174 r celtique (en dépit de la sublimation religieuse de la femme par les druides) est avant tout l’amour sensuel84. Le fait q
5175 eltique (en dépit de la sublimation religieuse de la femme par les druides) est avant tout l’amour sensuel84. Le fait que
5176 épit de la sublimation religieuse de la femme par les druides) est avant tout l’amour sensuel84. Le fait que dans certaines
5177 ieuse de la femme par les druides) est avant tout l’ amour sensuel84. Le fait que dans certaines légendes cet amour s’oppos
5178 ar les druides) est avant tout l’amour sensuel84. Le fait que dans certaines légendes cet amour s’oppose secrètement à l’a
5179 rtaines légendes cet amour s’oppose secrètement à l’ amour religieux orthodoxe, et se voit donc contraint de s’exprimer par
5180 ur religieux orthodoxe, et se voit donc contraint de s’exprimer par des symboles ésotériques, aide à comprendre que le fon
5181 r des symboles ésotériques, aide à comprendre que le fond breton se soit si aisément adapté au symbolisme du roman courtoi
5182 ment formelle. Tout au plus devait-elle favoriser la confusion moderne entre la passion de Tristan et la pure sensualité.
5183 devait-elle favoriser la confusion moderne entre la passion de Tristan et la pure sensualité. Quelques citations de Thoma
5184 e favoriser la confusion moderne entre la passion de Tristan et la pure sensualité. Quelques citations de Thomas, le plus
5185 confusion moderne entre la passion de Tristan et la pure sensualité. Quelques citations de Thomas, le plus conscient des
5186 Tristan et la pure sensualité. Quelques citations de Thomas, le plus conscient des cinq auteurs de la légende primitive, s
5187 la pure sensualité. Quelques citations de Thomas, le plus conscient des cinq auteurs de la légende primitive, suffiront à
5188 ons de Thomas, le plus conscient des cinq auteurs de la légende primitive, suffiront à faire concevoir l’originalité du my
5189 de Thomas, le plus conscient des cinq auteurs de la légende primitive, suffiront à faire concevoir l’originalité du mythe
5190 la légende primitive, suffiront à faire concevoir l’ originalité du mythe courtois. On y trouve exprimé et commenté en term
5191 xprimé et commenté en termes étonnamment modernes le principe de cohésion qu’apporte la mystique cathare aux éléments reli
5192 mmenté en termes étonnamment modernes le principe de cohésion qu’apporte la mystique cathare aux éléments religieux, socio
5193 mment modernes le principe de cohésion qu’apporte la mystique cathare aux éléments religieux, sociologiques ou épiques, hé
5194 hérités du vieux fond breton. Ce principe, c’est l’ amour de la douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des t
5195 du vieux fond breton. Ce principe, c’est l’amour de la douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des troubadou
5196 vieux fond breton. Ce principe, c’est l’amour de la douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des troubadours.
5197 ’amour de la douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des troubadours. Voici Tristan livré au plus cruel confl
5198 istan livré au plus cruel conflit, lorsqu’au soir de ses noces avec Iseut aux blanches mains, il ne peut se résoudre à pos
5199 ns ce nom, quel qu’eût été ce nom sans sa beauté, le désir de Tristan ne s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger d
5200 , quel qu’eût été ce nom sans sa beauté, le désir de Tristan ne s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger de sa doul
5201 e s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger de sa douleur et de ses peines, et contre son mal, il avise un remède do
5202 té. Ainsi Tristan veut se venger de sa douleur et de ses peines, et contre son mal, il avise un remède dont il doublera so
5203 a femme légitime, il ne doit plus et ne peut plus la désirer : Jamais il n’eût méprisé le bien qu’il a, s’il n’eût pas ét
5204 e peut plus la désirer : Jamais il n’eût méprisé le bien qu’il a, s’il n’eût pas été le sien : son cœur ne prend en avers
5205 s été le sien : son cœur ne prend en aversion que le bonheur qu’il est contraint d’avoir. Le lui eût-on refusé, il se sera
5206 nd en aversion que le bonheur qu’il est contraint d’ avoir. Le lui eût-on refusé, il se serait lancé à sa recherche, pensan
5207 rsion que le bonheur qu’il est contraint d’avoir. Le lui eût-on refusé, il se serait lancé à sa recherche, pensant toujour
5208 a !… Ainsi en advient-il à beaucoup de gens. Dans d’ amers déboires d’amour, angoisses, lourdes peines et tourments, ce qu’
5209 ient-il à beaucoup de gens. Dans d’amers déboires d’ amour, angoisses, lourdes peines et tourments, ce qu’ils font pour s’y
5210 ur s’y soustraire, s’en affranchir et s’en venger les asservit d’un lien plus inextricable encore. D’irréalisables désirs,
5211 aire, s’en affranchir et s’en venger les asservit d’ un lien plus inextricable encore. D’irréalisables désirs, d’impossible
5212 les asservit d’un lien plus inextricable encore. D’ irréalisables désirs, d’impossibles convoitises les conduisent à ne ri
5213 plus inextricable encore. D’irréalisables désirs, d’ impossibles convoitises les conduisent à ne rien faire dans leur détre
5214 D’irréalisables désirs, d’impossibles convoitises les conduisent à ne rien faire dans leur détresse qui n’irrite leur amert
5215 avec son désir. (Encontre désir fait volier, dit le texte de Thomas.)85 ⁂ Un fonds celtique de légendes religieuses — d
5216 désir. (Encontre désir fait volier, dit le texte de Thomas.)85 ⁂ Un fonds celtique de légendes religieuses — d’ailleurs
5217 dit le texte de Thomas.)85 ⁂ Un fonds celtique de légendes religieuses — d’ailleurs très anciennement commun au Midi la
5218 que et au Nord irlandais et breton ; des coutumes de chevalerie féodale ; des apparences d’orthodoxie chrétienne ; une sen
5219 s coutumes de chevalerie féodale ; des apparences d’ orthodoxie chrétienne ; une sensualité parfois très complaisante ; enf
5220 une sensualité parfois très complaisante ; enfin la fantaisie individuelle des poètes : tels sont donc en fin de compte l
5221 elle des poètes : tels sont donc en fin de compte les éléments sur lesquels la doctrine de l’Amour opéra ses transmutations
5222 t donc en fin de compte les éléments sur lesquels la doctrine de l’Amour opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe d
5223 n de compte les éléments sur lesquels la doctrine de l’Amour opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe de Tristan. L
5224 e compte les éléments sur lesquels la doctrine de l’ Amour opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe de Tristan. Loin
5225 de l’Amour opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de
5226 r opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de cette mé
5227 ns. Ainsi naquit le mythe de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de cette métamorphose : il nous éch
5228 uit le mythe de Tristan. Loin de moi la tentation d’ analyser le processus de cette métamorphose : il nous échappe doubleme
5229 e de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de cette métamorphose : il nous échappe doublement, étant p
5230 Loin de moi la tentation d’analyser le processus de cette métamorphose : il nous échappe doublement, étant poétique et my
5231 poétique et mystique. Mais nous savons maintenant d’ où vient le mythe, et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais
5232 mystique. Mais nous savons maintenant d’où vient le mythe, et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais alors c’es
5233 remières conclusions Compte tenu du changement de registre qui s’opère dans les expressions poétiques de l’amour courto
5234 e tenu du changement de registre qui s’opère dans les expressions poétiques de l’amour courtois, lorsqu’on passe du Midi de
5235 gistre qui s’opère dans les expressions poétiques de l’amour courtois, lorsqu’on passe du Midi des troubadours au Nord plu
5236 tre qui s’opère dans les expressions poétiques de l’ amour courtois, lorsqu’on passe du Midi des troubadours au Nord plus b
5237 plus barbare des trouvères, nous sommes en mesure de voir dorénavant dans le chef-d’œuvre de Béroul l’aboutissement de tou
5238 es, nous sommes en mesure de voir dorénavant dans le chef-d’œuvre de Béroul l’aboutissement de toutes nos pérégrinations.
5239 en mesure de voir dorénavant dans le chef-d’œuvre de Béroul l’aboutissement de toutes nos pérégrinations. Les religions an
5240 de voir dorénavant dans le chef-d’œuvre de Béroul l’ aboutissement de toutes nos pérégrinations. Les religions antiques, ce
5241 nt dans le chef-d’œuvre de Béroul l’aboutissement de toutes nos pérégrinations. Les religions antiques, certaines mystique
5242 oul l’aboutissement de toutes nos pérégrinations. Les religions antiques, certaines mystiques du Proche-Orient, l’hérésie q
5243 s antiques, certaines mystiques du Proche-Orient, l’ hérésie qui les fit revivre en Languedoc, le contrecoup de cette hérés
5244 rtaines mystiques du Proche-Orient, l’hérésie qui les fit revivre en Languedoc, le contrecoup de cette hérésie dans la cons
5245 ient, l’hérésie qui les fit revivre en Languedoc, le contrecoup de cette hérésie dans la conscience occidentale et dans le
5246 e qui les fit revivre en Languedoc, le contrecoup de cette hérésie dans la conscience occidentale et dans les coutumes féo
5247 en Languedoc, le contrecoup de cette hérésie dans la conscience occidentale et dans les coutumes féodales, tout cela vient
5248 te hérésie dans la conscience occidentale et dans les coutumes féodales, tout cela vient sourdement retentir dans le mythe.
5249 éodales, tout cela vient sourdement retentir dans le mythe. Nous avons donc rejoint le Roman de Tristan et situé sa nécess
5250 t retentir dans le mythe. Nous avons donc rejoint le Roman de Tristan et situé sa nécessité à telle date, à l’intersection
5251 r dans le mythe. Nous avons donc rejoint le Roman de Tristan et situé sa nécessité à telle date, à l’intersection de telle
5252 de Tristan et situé sa nécessité à telle date, à l’ intersection de telles traditions hérétiques et de telles institutions
5253 situé sa nécessité à telle date, à l’intersection de telles traditions hérétiques et de telles institutions qui les condam
5254 l’intersection de telles traditions hérétiques et de telles institutions qui les condamnaient farouchement, les obligeant
5255 aditions hérétiques et de telles institutions qui les condamnaient farouchement, les obligeant par cette condamnation à s’e
5256 s institutions qui les condamnaient farouchement, les obligeant par cette condamnation à s’exprimer en symboles équivoques
5257 à s’exprimer en symboles équivoques et à revêtir la forme d’un mythe. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de
5258 imer en symboles équivoques et à revêtir la forme d’ un mythe. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la
5259 oles équivoques et à revêtir la forme d’un mythe. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusion :
5260 s équivoques et à revêtir la forme d’un mythe. De l’ ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusion : l’
5261 s et à revêtir la forme d’un mythe. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusion : l’amour-passi
5262 . De l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusion : l’amour-passion glorifié par le mythe fut réell
5263 semble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusion : l’amour-passion glorifié par le mythe fut réellement au
5264 nvergences, il est temps de tirer la conclusion : l’ amour-passion glorifié par le mythe fut réellement au xiie siècle, da
5265 irer la conclusion : l’amour-passion glorifié par le mythe fut réellement au xiie siècle, date de son apparition, une rel
5266 par le mythe fut réellement au xiie siècle, date de son apparition, une religion dans toute la force de ce terme, et spéc
5267 , date de son apparition, une religion dans toute la force de ce terme, et spécialement une hérésie chrétienne historiquem
5268 son apparition, une religion dans toute la force de ce terme, et spécialement une hérésie chrétienne historiquement déter
5269 ne hérésie chrétienne historiquement déterminée . D’ où l’on pourra déduire. 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par
5270 résie chrétienne historiquement déterminée . D’où l’ on pourra déduire. 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par les
5271 ent déterminée . D’où l’on pourra déduire. 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par les romans et par le film, n’est
5272 ’on pourra déduire. 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par les romans et par le film, n’est rien d’autre que le re
5273 e. 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par les romans et par le film, n’est rien d’autre que le reflux et l’invasion
5274 on, vulgarisée de nos jours par les romans et par le film, n’est rien d’autre que le reflux et l’invasion anarchique dans
5275 s jours par les romans et par le film, n’est rien d’ autre que le reflux et l’invasion anarchique dans nos vies d’une hérés
5276 les romans et par le film, n’est rien d’autre que le reflux et l’invasion anarchique dans nos vies d’une hérésie spiritual
5277 par le film, n’est rien d’autre que le reflux et l’ invasion anarchique dans nos vies d’une hérésie spiritualiste dont nou
5278 le reflux et l’invasion anarchique dans nos vies d’ une hérésie spiritualiste dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l’or
5279 d’une hérésie spiritualiste dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l’origine de notre crise du mariage, il n’y a pas moin
5280 itualiste dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l’ origine de notre crise du mariage, il n’y a pas moins que le conflit d
5281 dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l’origine de notre crise du mariage, il n’y a pas moins que le conflit de deux tra
5282 de notre crise du mariage, il n’y a pas moins que le conflit de deux traditions religieuses, c’est-à-dire une décision que
5283 ise du mariage, il n’y a pas moins que le conflit de deux traditions religieuses, c’est-à-dire une décision que nous preno
5284 esque toujours inconsciemment, en toute ignorance de cause, de fins et de risques encourus, en faveur d’une morale surviva
5285 ours inconsciemment, en toute ignorance de cause, de fins et de risques encourus, en faveur d’une morale survivante que no
5286 ciemment, en toute ignorance de cause, de fins et de risques encourus, en faveur d’une morale survivante que nous ne savon
5287 savons plus justifier. ⁂ Il s’en faut d’ailleurs de beaucoup que la passion et le mythe de la passion n’agissent que dans
5288 tifier. ⁂ Il s’en faut d’ailleurs de beaucoup que la passion et le mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privée
5289 ’en faut d’ailleurs de beaucoup que la passion et le mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique
5290 d’ailleurs de beaucoup que la passion et le mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occide
5291 illeurs de beaucoup que la passion et le mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occident
5292 la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occident est une autre passion dont le langage métaphoriqu
5293 n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’ Occident est une autre passion dont le langage métaphorique est parfoi
5294 La mystique d’Occident est une autre passion dont le langage métaphorique est parfois étrangement semblable à celui de l’a
5295 horique est parfois étrangement semblable à celui de l’amour courtois. Nos grandes littératures sont pour une bonne partie
5296 ique est parfois étrangement semblable à celui de l’ amour courtois. Nos grandes littératures sont pour une bonne partie de
5297 es laïcisations du mythe, ou comme nous préférons le dire : des « profanations » successives de son contenu et de sa forme
5298 férons le dire : des « profanations » successives de son contenu et de sa forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes
5299 es « profanations » successives de son contenu et de sa forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes les formes militai
5300 successives de son contenu et de sa forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes les formes militaires, jusque vers 191
5301 a forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes les formes militaires, jusque vers 1914, ont gardé par le fait de leur or
5302 ormes militaires, jusque vers 1914, ont gardé par le fait de leur origine chevaleresque — et pour d’autres raisons peut-êt
5303 litaires, jusque vers 1914, ont gardé par le fait de leur origine chevaleresque — et pour d’autres raisons peut-être — un
5304 raisons peut-être — un parallélisme constant avec l’ évolution du mythe. C’est de quoi l’on traitera dans les livres qui vi
5305 lélisme constant avec l’évolution du mythe. C’est de quoi l’on traitera dans les livres qui viennent. 16. H. Hubert, L
5306 constant avec l’évolution du mythe. C’est de quoi l’ on traitera dans les livres qui viennent. 16. H. Hubert, Les Celte
5307 lution du mythe. C’est de quoi l’on traitera dans les livres qui viennent. 16. H. Hubert, Les Celtes, II, p. 227, 229,
5308 dans les livres qui viennent. 16. H. Hubert, Les Celtes, II, p. 227, 229, 274. (Le meilleur ouvrage d’ensemble sur la
5309 6. H. Hubert, Les Celtes, II, p. 227, 229, 274. ( Le meilleur ouvrage d’ensemble sur la civilisation, l’histoire et l’arch
5310 eltes, II, p. 227, 229, 274. (Le meilleur ouvrage d’ ensemble sur la civilisation, l’histoire et l’archéologie celtique.)
5311 27, 229, 274. (Le meilleur ouvrage d’ensemble sur la civilisation, l’histoire et l’archéologie celtique.) 17. H. d’Arboi
5312 meilleur ouvrage d’ensemble sur la civilisation, l’ histoire et l’archéologie celtique.) 17. H. d’Arbois de Jubainville,
5313 age d’ensemble sur la civilisation, l’histoire et l’ archéologie celtique.) 17. H. d’Arbois de Jubainville, Cours de litt
5314 eltique.) 17. H. d’Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique, I, p. 1-65. 18. J. Vendryès, Mémoires de la s
5315 celtique, I, p. 1-65. 18. J. Vendryès, Mémoires de la société linguistique, XX, 6, 265. 19. Op. cit., I, p. 18, et II,
5316 tique, I, p. 1-65. 18. J. Vendryès, Mémoires de la société linguistique, XX, 6, 265. 19. Op. cit., I, p. 18, et II, p.
5317 28. 20. Hubert, op. cit., I, p. 20. Et de même, les dieux gaulois prennent des noms latins sans se transformer autrement.
5318 Yggdrasil, 25 août 1937. 22. Henry Corbin, Pour l’ hymnologie manichéenne. (Yggdrasil, 25 août 1937.) 23. Voir l’Appendi
5319 manichéenne. (Yggdrasil, 25 août 1937.) 23. Voir l’ Appendice 4. 24. Droit d’user et d’abuser des esclaves, qui ne sont p
5320 5 août 1937.) 23. Voir l’Appendice 4. 24. Droit d’ user et d’abuser des esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour
5321 7.) 23. Voir l’Appendice 4. 24. Droit d’user et d’ abuser des esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour le droit r
5322 esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour le droit romain : persona est sui juris ; servus non est persona. 25. L
5323 sona est sui juris ; servus non est persona. 25. Le culte des images — manifestation la plus simpliste de ce penchant — a
5324 persona. 25. Le culte des images — manifestation la plus simpliste de ce penchant — a toujours répugné à l’Oriental. Au v
5325 ulte des images — manifestation la plus simpliste de ce penchant — a toujours répugné à l’Oriental. Au viiie siècle, le p
5326 s simpliste de ce penchant — a toujours répugné à l’ Oriental. Au viiie siècle, le pape Léon III, instruit de cette répugn
5327 toujours répugné à l’Oriental. Au viiie siècle, le pape Léon III, instruit de cette répugnance par sa lutte contre les j
5328 tal. Au viiie siècle, le pape Léon III, instruit de cette répugnance par sa lutte contre les juifs et les montanistes, in
5329 instruit de cette répugnance par sa lutte contre les juifs et les montanistes, inaugura une politique iconoclaste dont il
5330 cette répugnance par sa lutte contre les juifs et les montanistes, inaugura une politique iconoclaste dont il espérait voir
5331 olitique iconoclaste dont il espérait voir sortir l’ unité religieuse de l’Empire oriental-occidental. Son échec est signif
5332 e dont il espérait voir sortir l’unité religieuse de l’Empire oriental-occidental. Son échec est significatif. 26. J. Or
5333 ont il espérait voir sortir l’unité religieuse de l’ Empire oriental-occidental. Son échec est significatif. 26. J. Orteg
5334 er die Liebe. 27. Ceci n’est pas une boutade, on le verra bien par la suite. Le premier couple d’amants « passionnés » do
5335 Ceci n’est pas une boutade, on le verra bien par la suite. Le premier couple d’amants « passionnés » dont l’histoire soit
5336 on le verra bien par la suite. Le premier couple d’ amants « passionnés » dont l’histoire soit venue jusqu’à nous, c’est H
5337 e. Le premier couple d’amants « passionnés » dont l’ histoire soit venue jusqu’à nous, c’est Héloïse et Abélard : première
5338 Mesures, n° 2, 1937). 29. Ibid. 30. Otto Rahn, La Croisade contre le Graal. Rahn fait probablement allusion à l’aventur
5339 ). 29. Ibid. 30. Otto Rahn, La Croisade contre le Graal. Rahn fait probablement allusion à l’aventure du troubadour Pie
5340 ontre le Graal. Rahn fait probablement allusion à l’ aventure du troubadour Pierre de Barjac. On connaît d’autres cas où l’
5341 dour Pierre de Barjac. On connaît d’autres cas où l’ amant d’une femme — toujours mariée — brûlait des cierges à tous les s
5342 rre de Barjac. On connaît d’autres cas où l’amant d’ une femme — toujours mariée — brûlait des cierges à tous les saints po
5343 me — toujours mariée — brûlait des cierges à tous les saints pour obtenir de vaincre les rigueurs de la « belle ». 31. A.
5344 rûlait des cierges à tous les saints pour obtenir de vaincre les rigueurs de la « belle ». 31. A. Jeanroy, La Poésie lyr
5345 cierges à tous les saints pour obtenir de vaincre les rigueurs de la « belle ». 31. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des tro
5346 s les saints pour obtenir de vaincre les rigueurs de la « belle ». 31. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubadours, 19
5347 es saints pour obtenir de vaincre les rigueurs de la « belle ». 31. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubadours, 1934.
5348 e les rigueurs de la « belle ». 31. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubadours, 1934. 32. A. Jeanroy, Introduction
5349 page plus loin notre auteur écrit d’ailleurs : «  La noblesse du Midi, au contraire, presque affranchie du lien féodal… »
5350 se : il y avait des différences importantes entre la féodalité du Midi et celle du Nord. Mais ces différences ne sont pas
5351 t celle du Nord. Mais ces différences ne sont pas de nature à expliquer le culte de la femme. On y reviendra. 33. A. Jea
5352 ces différences ne sont pas de nature à expliquer le culte de la femme. On y reviendra. 33. A. Jeanroy, La Poésie lyriqu
5353 rences ne sont pas de nature à expliquer le culte de la femme. On y reviendra. 33. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des tro
5354 ces ne sont pas de nature à expliquer le culte de la femme. On y reviendra. 33. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des trouba
5355 te de la femme. On y reviendra. 33. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubadours, I, p. 69. 34. E. Wechssler, Das Kul
5356 5. On a tenté quelques explications sociologiques de la courtoisie. Elles se ramènent à des suppositions — souvent contrad
5357 On a tenté quelques explications sociologiques de la courtoisie. Elles se ramènent à des suppositions — souvent contradict
5358 des suppositions — souvent contradictoires — sur la condition de la femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un
5359 ions — souvent contradictoires — sur la condition de la femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un essai intitul
5360 s — souvent contradictoires — sur la condition de la femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un essai intitulé M
5361 n essai intitulé Medieval Love, remarque que dans les cours médiévales il y avait « une énorme prépondérance numérique d’ho
5362 s il y avait « une énorme prépondérance numérique d’ hommes » dont peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation de l’objet
5363 umérique d’hommes » dont peu pouvaient se marier. D’ où l’idéalisation de l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire.
5364 que d’hommes » dont peu pouvaient se marier. D’où l’ idéalisation de l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On pe
5365 dont peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation de l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte
5366 t peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation de l’ objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte du
5367 uvaient se marier. D’où l’idéalisation de l’objet d’ un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte du renseig
5368 u renseignement, mais il n’explique en somme rien de précis quant à la rhétorique courtoise. (Par contre il nous aidera pl
5369 ais il n’explique en somme rien de précis quant à la rhétorique courtoise. (Par contre il nous aidera plus tard à concevoi
5370 contre il nous aidera plus tard à concevoir qu’à la faveur de cette situation sociologique, la confusion de l’amour mysti
5371 nous aidera plus tard à concevoir qu’à la faveur de cette situation sociologique, la confusion de l’amour mystique et de
5372 r qu’à la faveur de cette situation sociologique, la confusion de l’amour mystique et de l’amour charnel ait pu s’établir
5373 eur de cette situation sociologique, la confusion de l’amour mystique et de l’amour charnel ait pu s’établir assez vite.)
5374 de cette situation sociologique, la confusion de l’ amour mystique et de l’amour charnel ait pu s’établir assez vite.) 36
5375 sociologique, la confusion de l’amour mystique et de l’amour charnel ait pu s’établir assez vite.) 36. Parmi les sectes g
5376 iologique, la confusion de l’amour mystique et de l’ amour charnel ait pu s’établir assez vite.) 36. Parmi les sectes gnos
5377 charnel ait pu s’établir assez vite.) 36. Parmi les sectes gnostiques influencées par le dualisme parsiste, on peut citer
5378 36. Parmi les sectes gnostiques influencées par le dualisme parsiste, on peut citer celles de Bardesane, des pératiens,
5379 es par le dualisme parsiste, on peut citer celles de Bardesane, des pératiens, des docètes, des caïnites, des séthiens, de
5380 ratiens, des docètes, des caïnites, des séthiens, de Simon le Mage, etc. 37. Non point tous cependant. D. Roché, dans une
5381 ependant. D. Roché, dans une excellente étude sur Le Catharisme (p. 2, Carcassonne, 1937) donne une liste d’ouvrages retro
5382 harisme (p. 2, Carcassonne, 1937) donne une liste d’ ouvrages retrouvés ; un rituel d’initiation, un apocryphe de saint Jea
5383 donne une liste d’ouvrages retrouvés ; un rituel d’ initiation, un apocryphe de saint Jean, plus exactement nommé « Cène s
5384 retrouvés ; un rituel d’initiation, un apocryphe de saint Jean, plus exactement nommé « Cène secrète », et les Capitula d
5385 Jean, plus exactement nommé « Cène secrète », et les Capitula de Faustus de Milev, évêque machinéen dont l’influence s’exe
5386 xactement nommé « Cène secrète », et les Capitula de Faustus de Milev, évêque machinéen dont l’influence s’exercera direct
5387 pitula de Faustus de Milev, évêque machinéen dont l’ influence s’exercera directement sur les cathares. On peut y ajouter l
5388 inéen dont l’influence s’exercera directement sur les cathares. On peut y ajouter la Vision de saint Paul et le Purgatoire
5389 a directement sur les cathares. On peut y ajouter la Vision de saint Paul et le Purgatoire de saint Patrice (traduit par M
5390 ent sur les cathares. On peut y ajouter la Vision de saint Paul et le Purgatoire de saint Patrice (traduit par Marie de Fr
5391 res. On peut y ajouter la Vision de saint Paul et le Purgatoire de saint Patrice (traduit par Marie de France), et plusieu
5392 ajouter la Vision de saint Paul et le Purgatoire de saint Patrice (traduit par Marie de France), et plusieurs écrits publ
5393 apocryphes bogomiles »). 38. Voir en particulier les Summae contra kataros d’Alain de Lille (Alanus de Insulis), Moneta de
5394 38. Voir en particulier les Summae contra kataros d’ Alain de Lille (Alanus de Insulis), Moneta de Cremone, Ranieri Sacchon
5395 Insulis), Moneta de Cremone, Ranieri Sacchone, et le Manuel de l’Inquisiteur de Bernard Gui. 39. Ce dualisme se résout d’
5396 d’ailleurs en un monisme eschatologique, puisqu’à la fin des temps, Satan et la matière seront illuminés, tandis que l’ort
5397 chatologique, puisqu’à la fin des temps, Satan et la matière seront illuminés, tandis que l’orthodoxie croit que Satan ser
5398 Satan et la matière seront illuminés, tandis que l’ orthodoxie croit que Satan sera damné pour toujours. Il reste que dans
5399 damné pour toujours. Il reste que dans ce temps, le manichéen condamne la vie, tandis que le chrétien revient à elle, et
5400 Il reste que dans ce temps, le manichéen condamne la vie, tandis que le chrétien revient à elle, et s’efforce de répondre
5401 e temps, le manichéen condamne la vie, tandis que le chrétien revient à elle, et s’efforce de répondre à l’« attente arden
5402 ndis que le chrétien revient à elle, et s’efforce de répondre à l’« attente ardente » de la créature. (Romains, 8.) 40. D
5403 rétien revient à elle, et s’efforce de répondre à l’ « attente ardente » de la créature. (Romains, 8.) 40. D’où le nom de
5404 et s’efforce de répondre à l’« attente ardente » de la créature. (Romains, 8.) 40. D’où le nom de docètes pris par une s
5405 s’efforce de répondre à l’« attente ardente » de la créature. (Romains, 8.) 40. D’où le nom de docètes pris par une sect
5406 ente ardente » de la créature. (Romains, 8.) 40. D’ où le nom de docètes pris par une secte gnostique : dokesis — apparenc
5407 ardente » de la créature. (Romains, 8.) 40. D’où le nom de docètes pris par une secte gnostique : dokesis — apparence. 4
5408  » de la créature. (Romains, 8.) 40. D’où le nom de docètes pris par une secte gnostique : dokesis — apparence. 41. D. 
5409 . Roché (op. cit. p. 14 et 15) atténue d’ailleurs la portée de cette condamnation du mariage dans la pure doctrine cathare
5410 p. cit. p. 14 et 15) atténue d’ailleurs la portée de cette condamnation du mariage dans la pure doctrine cathare, en renvo
5411 s la portée de cette condamnation du mariage dans la pure doctrine cathare, en renvoyant aux déclarations de saint Paul su
5412 e doctrine cathare, en renvoyant aux déclarations de saint Paul sur les eunuques volontaires. Et après tout, Rome approuve
5413 , en renvoyant aux déclarations de saint Paul sur les eunuques volontaires. Et après tout, Rome approuve les couvents ! 42
5414 unuques volontaires. Et après tout, Rome approuve les couvents ! 42. Ici encore, D. Roché (op. cit.) combat l’opinion cour
5415 nts ! 42. Ici encore, D. Roché (op. cit.) combat l’ opinion courante chez les historiens officiels, et affirme en s’appuya
5416 . Roché (op. cit.) combat l’opinion courante chez les historiens officiels, et affirme en s’appuyant sur Ch. Molinier qu’on
5417 ant sur Ch. Molinier qu’on ne saurait prouver que les cathares eussent préconisé le suicide. Leur croyance à la réincarnati
5418 aurait prouver que les cathares eussent préconisé le suicide. Leur croyance à la réincarnation devait s’y opposer, selon l
5419 res eussent préconisé le suicide. Leur croyance à la réincarnation devait s’y opposer, selon lui. Mais il me semble qu’ell
5420 l me semble qu’elle pouvait tout autant faciliter la mort volontaire au terme d’une initiation convenable ? 43. L’express
5421 tout autant faciliter la mort volontaire au terme d’ une initiation convenable ? 43. L’expression de « parfaits » ne se tr
5422 taire au terme d’une initiation convenable ? 43. L’ expression de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans les regist
5423 e d’une initiation convenable ? 43. L’expression de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans les registres de l’Inqu
5424 de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans les registres de l’Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de
5425  » ne se trouve d’ailleurs que dans les registres de l’Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) pa
5426 ne se trouve d’ailleurs que dans les registres de l’ Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraî
5427 ailleurs que dans les registres de l’Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraît avoir été uti
5428 que dans les registres de l’Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraît avoir été utilisé par
5429 nquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraît avoir été utilisé par les cathares eux-mêmes, et « 
5430 lement de chrétiens) paraît avoir été utilisé par les cathares eux-mêmes, et « parfaits » serait ironique. 44. C’est du mo
5431 « parfaits » serait ironique. 44. C’est du moins la thèse soutenue par Otto Rahn. 45. Ou Manisola. 46. Bernard Gui (Man
5432 Bernard Gui (Manuel de l’Inquisiteur) montre que les cathares croyaient bien à la Sainte Vierge, sauf qu’elle représentait
5433 isiteur) montre que les cathares croyaient bien à la Sainte Vierge, sauf qu’elle représentait pour eux non pas une femme d
5434 f qu’elle représentait pour eux non pas une femme de chair, mère de Jésus, mais leur Église. 47. Traduit par C.-A. Cingri
5435 ingria (Mesures, n° 2, 1937). Parmi des centaines de citations également significatives, ou davantage, qui eussent pu inte
5436 ssent pu intervenir dans ce chapitre, j’ai choisi de préférence celles qu’a traduites C.-A. Cingria (en vers), pour la per
5437 lles qu’a traduites C.-A. Cingria (en vers), pour la perfection de leur forme et de leur matière verbale. 48. D. Roché,
5438 uites C.-A. Cingria (en vers), pour la perfection de leur forme et de leur matière verbale. 48. D. Roché, op. cit., insi
5439 ia (en vers), pour la perfection de leur forme et de leur matière verbale. 48. D. Roché, op. cit., insiste lui aussi sur
5440 48. D. Roché, op. cit., insiste lui aussi sur «  le danger d’une envolée trop rapide vers le ciel », selon les cathares,
5441 oché, op. cit., insiste lui aussi sur « le danger d’ une envolée trop rapide vers le ciel », selon les cathares, et oppose
5442 si sur « le danger d’une envolée trop rapide vers le ciel », selon les cathares, et oppose le catharisme au bouddhisme sur
5443 r d’une envolée trop rapide vers le ciel », selon les cathares, et oppose le catharisme au bouddhisme sur ce point à vrai d
5444 ide vers le ciel », selon les cathares, et oppose le catharisme au bouddhisme sur ce point à vrai dire capital. 49. L’emp
5445 bouddhisme sur ce point à vrai dire capital. 49. L’ emploi du mot « vraie » devant Dieu, Lumière, Foi, Église, est un indi
5446 ieu, Lumière, Foi, Église, est un indice probable de catharisme chez un troubadour. Les cathares s’appliquaient à parler l
5447 indice probable de catharisme chez un troubadour. Les cathares s’appliquaient à parler le langage orthodoxe, moyennant cett
5448 troubadour. Les cathares s’appliquaient à parler le langage orthodoxe, moyennant cette petite correction significative po
5449 ennant cette petite correction significative pour l’ initié. 50. Les « aubes » étaient un genre régulier. On conçoit sa né
5450 tite correction significative pour l’initié. 50. Les « aubes » étaient un genre régulier. On conçoit sa nécessité dans une
5451 sa nécessité dans une vision du monde dominée par l’ hostilité du Jour et de la Nuit. Voici le début d’une autre « aube » a
5452 ision du monde dominée par l’hostilité du Jour et de la Nuit. Voici le début d’une autre « aube » anonyme : « En un verger
5453 on du monde dominée par l’hostilité du Jour et de la Nuit. Voici le début d’une autre « aube » anonyme : « En un verger, s
5454 inée par l’hostilité du Jour et de la Nuit. Voici le début d’une autre « aube » anonyme : « En un verger, sous une loge d’
5455 l’hostilité du Jour et de la Nuit. Voici le début d’ une autre « aube » anonyme : « En un verger, sous une loge d’aubépine,
5456 « aube » anonyme : « En un verger, sous une loge d’ aubépine, la dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que le guett
5457 onyme : « En un verger, sous une loge d’aubépine, la dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que le guetteur ait crié
5458 dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que le guetteur ait crié : « Dieu ! c’est l’aube. Qu’elle vient donc vite ! 
5459 qu’à ce que le guetteur ait crié : « Dieu ! c’est l’ aube. Qu’elle vient donc vite ! » Dans le Tristan de Wagner, le guette
5460  ! c’est l’aube. Qu’elle vient donc vite ! » Dans le Tristan de Wagner, le guetteur, c’est Brengaine invisible et qui crie
5461 le vient donc vite ! » Dans le Tristan de Wagner, le guetteur, c’est Brengaine invisible et qui crie du haut du balcon : «
5462 alcon : « Prenez garde ! Prenez garde ! Voici que la nuit cède au jour ! » Mais Tristan répond, lui aussi : « Qu’éternelle
5463 is Tristan répond, lui aussi : « Qu’éternellement la nuit nous enveloppe ! » 51. Désignée généralement par un nom symboli
5464 par un nom symbolique ou senhal, exactement comme les mystiques soufis désignent Dieu dans leurs poèmes ! 52. Au moment de
5465 Dieu dans leurs poèmes ! 52. Au moment de donner le bon à tirer de cet ouvrage, je lis une étude remarquable de Lucie Var
5466 poèmes ! 52. Au moment de donner le bon à tirer de cet ouvrage, je lis une étude remarquable de Lucie Varga : Peire Card
5467 irer de cet ouvrage, je lis une étude remarquable de Lucie Varga : Peire Cardinal était-il hérétique ? (« Rev. d’hist. des
5468 rga : Peire Cardinal était-il hérétique ? (« Rev. d’ hist. des relig. », juin 1938) qui m’apporte de décisives confirmation
5469 v. d’hist. des relig. », juin 1938) qui m’apporte de décisives confirmations. L’auteur va jusqu’à proposer, au terme d’une
5470 n 1938) qui m’apporte de décisives confirmations. L’ auteur va jusqu’à proposer, au terme d’une démonstration serrée, que l
5471 irmations. L’auteur va jusqu’à proposer, au terme d’ une démonstration serrée, que l’on prenne les poèmes des troubadours c
5472 roposer, au terme d’une démonstration serrée, que l’ on prenne les poèmes des troubadours comme sources d’études sur le cat
5473 terme d’une démonstration serrée, que l’on prenne les poèmes des troubadours comme sources d’études sur le catharisme. — Cf
5474 n prenne les poèmes des troubadours comme sources d’ études sur le catharisme. — Cf. sur Peire Cardinal hérétique : J. Anol
5475 poèmes des troubadours comme sources d’études sur le catharisme. — Cf. sur Peire Cardinal hérétique : J. Anolade, Les Trou
5476 — Cf. sur Peire Cardinal hérétique : J. Anolade, Les Troubadours, p. 209-210. 53. Poésie lyrique des troubadours, II, p.
5477 troubadours, II, p. 306. Faut-il que je m’excuse de revenir sans cesse à ce livre et à cet auteur ? Mais ils résument tro
5478 p bien — trop savamment et trop scrupuleusement — l’ ensemble des positions « officielles » de la philologie et de l’histoi
5479 sement — l’ensemble des positions « officielles » de la philologie et de l’histoire littéraire pour ne pas me servir ici d
5480 ent — l’ensemble des positions « officielles » de la philologie et de l’histoire littéraire pour ne pas me servir ici de s
5481 des positions « officielles » de la philologie et de l’histoire littéraire pour ne pas me servir ici de symboles. Ceci enc
5482 positions « officielles » de la philologie et de l’ histoire littéraire pour ne pas me servir ici de symboles. Ceci encore
5483 e l’histoire littéraire pour ne pas me servir ici de symboles. Ceci encore : les doutes qu’exprime M. Jeanroy, je n’ai pas
5484 r ne pas me servir ici de symboles. Ceci encore : les doutes qu’exprime M. Jeanroy, je n’ai pas été sans les concevoir au d
5485 outes qu’exprime M. Jeanroy, je n’ai pas été sans les concevoir au début de cette recherche. Et l’on ne manquerait pas de m
5486 nroy, je n’ai pas été sans les concevoir au début de cette recherche. Et l’on ne manquerait pas de me les opposer si je n’
5487 ans les concevoir au début de cette recherche. Et l’ on ne manquerait pas de me les opposer si je n’en tenais pas compte dè
5488 but de cette recherche. Et l’on ne manquerait pas de me les opposer si je n’en tenais pas compte dès maintenant. 54. Par
5489 cette recherche. Et l’on ne manquerait pas de me les opposer si je n’en tenais pas compte dès maintenant. 54. Par exemple
5490 nais pas compte dès maintenant. 54. Par exemple, le médiéval serait trop « naïf » pour étudier une matière qu’il jugerait
5491 l jugerait absurde, c’est-à-dire qui n’aurait pas de sens religieux et de situation précise dans l’ensemble des valeurs qu
5492 ’est-à-dire qui n’aurait pas de sens religieux et de situation précise dans l’ensemble des valeurs qu’il connaît. 55. J.
5493 as de sens religieux et de situation précise dans l’ ensemble des valeurs qu’il connaît. 55. J. Huizinga, Le Déclin du Mo
5494 ble des valeurs qu’il connaît. 55. J. Huizinga, Le Déclin du Moyen Âge, p. 181-182. 56. « Consacrées par l’usage » ? De
5495 n du Moyen Âge, p. 181-182. 56. « Consacrées par l’ usage » ? Depuis quand ? Rudel utilisait ce procédé, et il est de la p
5496 uis quand ? Rudel utilisait ce procédé, et il est de la première moitié du xiie siècle, c’est à-dire de la toute première
5497 la première moitié du xiie siècle, c’est à-dire de la toute première génération des troubadours ! Donc l’un des inventeu
5498 première moitié du xiie siècle, c’est à-dire de la toute première génération des troubadours ! Donc l’un des inventeurs
5499 ration des troubadours ! Donc l’un des inventeurs de ces « formules ». Nous tenons ici un bel exemple d’anachronisme tenda
5500 ces « formules ». Nous tenons ici un bel exemple d’ anachronisme tendancieux. On veut à tout prix que le langage des troub
5501 anachronisme tendancieux. On veut à tout prix que le langage des troubadours soit le langage naturel de l’amour humain, tr
5502 t à tout prix que le langage des troubadours soit le langage naturel de l’amour humain, transposé à l’amour divin. Alors q
5503 e langage des troubadours soit le langage naturel de l’amour humain, transposé à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c
5504 angage des troubadours soit le langage naturel de l’ amour humain, transposé à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c’es
5505 le langage naturel de l’amour humain, transposé à l’ amour divin. Alors qu’historiquement, c’est le contraire qui s’est pro
5506 é à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c’est le contraire qui s’est produit. 57. Un amoureux peu lettré qui écrit à
5507 e et authentique ? Ceci pour répondre au reproche d’ insincérité fait aux troubadours par nos érudits — reproche lui-même s
5508 eproche lui-même stéréotypé… 58. Mais catholique d’ origine, non hérétique. 59. Remarquons que cette thèse — qui est la n
5509 étique. 59. Remarquons que cette thèse — qui est la nôtre — renverse exactement le préjugé cher à l’auteur, et sur lequel
5510 te thèse — qui est la nôtre — renverse exactement le préjugé cher à l’auteur, et sur lequel il s’est réglé jusqu’ici. (Cf.
5511 la nôtre — renverse exactement le préjugé cher à l’ auteur, et sur lequel il s’est réglé jusqu’ici. (Cf. note 1, p. 91.)
5512 p. 91.) 60. M. Jeanroy cite des textes probants de ces poètes dans sa thèse latine. De nostratibus medii ævi pœtis qui p
5513 xtes probants de ces poètes dans sa thèse latine. De nostratibus medii ævi pœtis qui primum lyrica Aquitaniæ carmina imita
5514  29. 61. Faudrait-il rapprocher ceci du fait que le chevalier courtois donnait souvent à sa Dame le titre de seigneur au
5515 e le chevalier courtois donnait souvent à sa Dame le titre de seigneur au masculin : mi dons (mi dominus) et en Espagne :
5516 alier courtois donnait souvent à sa Dame le titre de seigneur au masculin : mi dons (mi dominus) et en Espagne : senhor (n
5517 non senhora) ? Je crois qu’ici encore, au moins à l’ origine, tout est symbole religieux, et non pas traduction de relation
5518 tout est symbole religieux, et non pas traduction de relations humaines. Toutefois, le narcissisme inhérent à tout amour d
5519 pas traduction de relations humaines. Toutefois, le narcissisme inhérent à tout amour dit platonique entraîne évidemment,
5520 ut amour dit platonique entraîne évidemment, dans le plan sexuel, des déviations dont il serait difficile de nier que cert
5521 n sexuel, des déviations dont il serait difficile de nier que certains troubadours n’aient pas été victimes. 62. Textes t
5522 toire universelle, t. XI, p. 123. 64. Voir aussi l’ Appendice 5. 65. Voir entre autres : L. Massignon, La Passion de al-H
5523 pendice 5. 65. Voir entre autres : L. Massignon, La Passion de al-Hallaj ; Le Diwan de al-Hallaj ; Essai sur les origines
5524 65. Voir entre autres : L. Massignon, La Passion de al-Hallaj ; Le Diwan de al-Hallaj ; Essai sur les origines du lexique
5525 autres : L. Massignon, La Passion de al-Hallaj ; Le Diwan de al-Hallaj ; Essai sur les origines du lexique technique de l
5526 L. Massignon, La Passion de al-Hallaj ; Le Diwan de al-Hallaj ; Essai sur les origines du lexique technique de la mystiqu
5527 de al-Hallaj ; Le Diwan de al-Hallaj ; Essai sur les origines du lexique technique de la mystique musulmane. — Henry Corbi
5528 laj ; Essai sur les origines du lexique technique de la mystique musulmane. — Henry Corbin : Édition et introduction de de
5529  ; Essai sur les origines du lexique technique de la mystique musulmane. — Henry Corbin : Édition et introduction de deux
5530 sulmane. — Henry Corbin : Édition et introduction de deux traités de Sohrawardi : Le Familier des Amants et le Bruissement
5531 Corbin : Édition et introduction de deux traités de Sohrawardi : Le Familier des Amants et le Bruissement de l’aile de Ga
5532 n et introduction de deux traités de Sohrawardi : Le Familier des Amants et le Bruissement de l’aile de Gabriel. — E. Derm
5533 traités de Sohrawardi : Le Familier des Amants et le Bruissement de l’aile de Gabriel. — E. Dermenghem : trad. de plusieur
5534 awardi : Le Familier des Amants et le Bruissement de l’aile de Gabriel. — E. Dermenghem : trad. de plusieurs poèmes d’Ibn-
5535 rdi : Le Familier des Amants et le Bruissement de l’ aile de Gabriel. — E. Dermenghem : trad. de plusieurs poèmes d’Ibn-al-
5536 e Familier des Amants et le Bruissement de l’aile de Gabriel. — E. Dermenghem : trad. de plusieurs poèmes d’Ibn-al-Faridh
5537 ent de l’aile de Gabriel. — E. Dermenghem : trad. de plusieurs poèmes d’Ibn-al-Faridh (dans les revues Mesures, Hermès, Ca
5538 riel. — E. Dermenghem : trad. de plusieurs poèmes d’ Ibn-al-Faridh (dans les revues Mesures, Hermès, Cahiers du Sud). 66.
5539 : trad. de plusieurs poèmes d’Ibn-al-Faridh (dans les revues Mesures, Hermès, Cahiers du Sud). 66. Voici le chef principal
5540 vues Mesures, Hermès, Cahiers du Sud). 66. Voici le chef principal d’accusation, selon Massignon (Passion de al-Hallaj, p
5541 ès, Cahiers du Sud). 66. Voici le chef principal d’ accusation, selon Massignon (Passion de al-Hallaj, p. 161) : « Adorer
5542 principal d’accusation, selon Massignon (Passion de al-Hallaj, p. 161) : « Adorer Dieu par amour seulement est le crime d
5543 , p. 161) : « Adorer Dieu par amour seulement est le crime des manichéens… (ceux-ci) adorent Dieu par amour physique, par
5544 s… (ceux-ci) adorent Dieu par amour physique, par l’ attraction magnétique du fer pour le fer, et leurs particules de lumiè
5545 physique, par l’attraction magnétique du fer pour le fer, et leurs particules de lumière veulent rejoindre, comme un aiman
5546 agnétique du fer pour le fer, et leurs particules de lumière veulent rejoindre, comme un aimant, le foyer de lumière dont
5547 es de lumière veulent rejoindre, comme un aimant, le foyer de lumière dont elles sont venues ». 67. H. Corbin : introduc
5548 ière veulent rejoindre, comme un aimant, le foyer de lumière dont elles sont venues ». 67. H. Corbin : introduction au F
5549 oduction au Familier des Amants. 68. « C’est lui l’ amour… » trad. Dermenghem, Hermès, déc. 1933. 69. Les modernes n’ont
5550 mour… » trad. Dermenghem, Hermès, déc. 1933. 69. Les modernes n’ont vu là qu’un raffinement extravagant de préciosité dans
5551 odernes n’ont vu là qu’un raffinement extravagant de préciosité dans la « courtoisie », ce qui symbolise toute leur erreur
5552 qu’un raffinement extravagant de préciosité dans la « courtoisie », ce qui symbolise toute leur erreur sur le sens même d
5553 rtoisie », ce qui symbolise toute leur erreur sur le sens même du mot courtois ! 70. Cf. l’étude de E. Dermenghem, Mortel
5554 rreur sur le sens même du mot courtois ! 70. Cf. l’ étude de E. Dermenghem, Mortelle poésie (Hermès, juin 1936), où l’on t
5555 r le sens même du mot courtois ! 70. Cf. l’étude de E. Dermenghem, Mortelle poésie (Hermès, juin 1936), où l’on trouvera
5556 rmenghem, Mortelle poésie (Hermès, juin 1936), où l’ on trouvera la traduction de très belles légendes musulmanes sur la mo
5557 elle poésie (Hermès, juin 1936), où l’on trouvera la traduction de très belles légendes musulmanes sur la mort par amour (
5558 ermès, juin 1936), où l’on trouvera la traduction de très belles légendes musulmanes sur la mort par amour (mystique). 71
5559 traduction de très belles légendes musulmanes sur la mort par amour (mystique). 71. Cf. Massignon et Krauss : Akhbar al-H
5560 non et Krauss : Akhbar al-Hallaj, texte relatif à la prédication et au supplice de al-Hallaj. 72. Don Miguel Asin Palaci
5561 aj, texte relatif à la prédication et au supplice de al-Hallaj. 72. Don Miguel Asin Palacios, La Escatologia musulmana e
5562 ice de al-Hallaj. 72. Don Miguel Asin Palacios, La Escatologia musulmana en la Divina Comedia, Madrid 1919. Dans une édi
5563 Miguel Asin Palacios, La Escatologia musulmana en la Divina Comedia, Madrid 1919. Dans une édition ultérieure, l’auteur di
5564 omedia, Madrid 1919. Dans une édition ultérieure, l’ auteur discute les innombrables objections que sa thèse n’a pas manqué
5565 19. Dans une édition ultérieure, l’auteur discute les innombrables objections que sa thèse n’a pas manqué d’exciter chez le
5566 nombrables objections que sa thèse n’a pas manqué d’ exciter chez les divers spécialistes mis en cause, et menacés par cet
5567 ctions que sa thèse n’a pas manqué d’exciter chez les divers spécialistes mis en cause, et menacés par cet effort de synthè
5568 cialistes mis en cause, et menacés par cet effort de synthèse dans leur essence même de « spécialistes ». — Sur les rappor
5569 par cet effort de synthèse dans leur essence même de « spécialistes ». — Sur les rapports entre la lyrique hispano-arabe e
5570 dans leur essence même de « spécialistes ». — Sur les rapports entre la lyrique hispano-arabe et les troubadours, voir les
5571 ême de « spécialistes ». — Sur les rapports entre la lyrique hispano-arabe et les troubadours, voir les études de Menendez
5572 ur les rapports entre la lyrique hispano-arabe et les troubadours, voir les études de Menendez y Pelayo, Gonzalez de Palenc
5573 la lyrique hispano-arabe et les troubadours, voir les études de Menendez y Pelayo, Gonzalez de Palencia, et Ribera. (À prop
5574 hispano-arabe et les troubadours, voir les études de Menendez y Pelayo, Gonzalez de Palencia, et Ribera. (À propos du zéje
5575 par Rome ; et pour fille Marie de Champagne. 74. Le code « exotérique » le plus complet que nous connaissions fut rédigé
5576 e Marie de Champagne. 74. Le code « exotérique » le plus complet que nous connaissions fut rédigé au commencement du xiii
5577 t rédigé au commencement du xiiie siècle : c’est le De arte honeste amandi d’André Le Chapelain. 75. Chez Chrétien de T
5578 édigé au commencement du xiiie siècle : c’est le De arte honeste amandi d’André Le Chapelain. 75. Chez Chrétien de Troy
5579 u xiiie siècle : c’est le De arte honeste amandi d’ André Le Chapelain. 75. Chez Chrétien de Troyes en particulier. 76.
5580 avait proposé une autre en 1907 : elle rattachait le Graal aux rites secrets du culte d’Adonis. Ce qui est certain, c’est
5581 le rattachait le Graal aux rites secrets du culte d’ Adonis. Ce qui est certain, c’est qu’un symbole comme celui du roi pêc
5582 oi pêcheur (Amfortas chez Wolfram d’Eschenbach, «  le roi Pescière » chez Chrétien) est commun aux orphiques, aux manichéen
5583 aux manichéens, et même aux premiers chrétiens ; la pierre sacrée du Graal joue un rôle dans les religions hindoue et ira
5584 ens ; la pierre sacrée du Graal joue un rôle dans les religions hindoue et iranienne. La coupe sacrée des Celtes peut se co
5585 un rôle dans les religions hindoue et iranienne. La coupe sacrée des Celtes peut se confondre facilement avec la coupe de
5586 crée des Celtes peut se confondre facilement avec la coupe de la Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les
5587 Celtes peut se confondre facilement avec la coupe de la Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les plus dive
5588 tes peut se confondre facilement avec la coupe de la Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les plus diverse
5589 confondre facilement avec la coupe de la Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les plus diverses selon les
5590 la coupe de la Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les plus diverses selon les cultes : Je ne pense pas q
5591 e. Et la lance elle-même revêt les significations les plus diverses selon les cultes : Je ne pense pas qu’on doive s’en ten
5592 revêt les significations les plus diverses selon les cultes : Je ne pense pas qu’on doive s’en tenir à une seule interprét
5593 interprétation. Il s’est produit toute une série de fusions et de confusions de symboles. 77. Les Romans de la Table ro
5594 n. Il s’est produit toute une série de fusions et de confusions de symboles. 77. Les Romans de la Table ronde, nouvellem
5595 oduit toute une série de fusions et de confusions de symboles. 77. Les Romans de la Table ronde, nouvellement rédigés pa
5596 ie de fusions et de confusions de symboles. 77. Les Romans de la Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV,
5597 ns et de confusions de symboles. 77. Les Romans de la Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV, p. 238. 7
5598 et de confusions de symboles. 77. Les Romans de la Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV, p. 238. 78.
5599 oulenger, IV, p. 238. 78. Dans un autre passage, les chevaliers ayant communié se donnent les uns aux autres le baiser de
5600 passage, les chevaliers ayant communié se donnent les uns aux autres le baiser de paix, selon le rite oriental, que les cat
5601 iers ayant communié se donnent les uns aux autres le baiser de paix, selon le rite oriental, que les cathares paraissent a
5602 communié se donnent les uns aux autres le baiser de paix, selon le rite oriental, que les cathares paraissent avoir repri
5603 nnent les uns aux autres le baiser de paix, selon le rite oriental, que les cathares paraissent avoir repris. — Enfin, M.
5604 es le baiser de paix, selon le rite oriental, que les cathares paraissent avoir repris. — Enfin, M. Anitchkof a montré que
5605 avoir repris. — Enfin, M. Anitchkof a montré que le « pont évage » que les chevaliers du Graal doivent traverser n’est au
5606 , M. Anitchkof a montré que le « pont évage » que les chevaliers du Graal doivent traverser n’est autre que le pont Chinvat
5607 aliers du Graal doivent traverser n’est autre que le pont Chinvat de la mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière i
5608 doivent traverser n’est autre que le pont Chinvat de la mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière infernale, et que
5609 vent traverser n’est autre que le pont Chinvat de la mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière infernale, et que se
5610 invat de la mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière infernale, et que seuls les élus peuvent franchir. « Il y a l
5611 pont jeté sur la rivière infernale, et que seuls les élus peuvent franchir. « Il y a lieu d’appeler manichéisant le milieu
5612 ue seuls les élus peuvent franchir. « Il y a lieu d’ appeler manichéisant le milieu créateur de la matière de Bretagne », é
5613 nt franchir. « Il y a lieu d’appeler manichéisant le milieu créateur de la matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim
5614 a lieu d’appeler manichéisant le milieu créateur de la matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291)
5615 lieu d’appeler manichéisant le milieu créateur de la matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291) apr
5616 ler manichéisant le milieu créateur de la matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291) après avoir in
5617 Joachim de Flore, p. 291) après avoir insisté sur les influences cathares dans tous ces romans. 79. Dans Tristan, la faute
5618 cathares dans tous ces romans. 79. Dans Tristan, la faute initiale est douloureusement rachetée par une longue pénitence
5619 r une longue pénitence des amants. C’est pourquoi le roman finit « bien » — au sens de la mystique cathare — c’est-à-dire
5620 C’est pourquoi le roman finit « bien » — au sens de la mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à la double mort volontair
5621 est pourquoi le roman finit « bien » — au sens de la mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à la double mort volontaire.
5622 s de la mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à la double mort volontaire. 80. H. Hubert, Les Celtes, II, p. 286. 81.
5623 tit à la double mort volontaire. 80. H. Hubert, Les Celtes, II, p. 286. 81. Ibid., p. 298. 82. Histoire de Bailé au d
5624 , II, p. 286. 81. Ibid., p. 298. 82. Histoire de Bailé au doux langage, trad. G. Dottin (L’Épopée irlandaise, Paris 19
5625 stoire de Bailé au doux langage, trad. G. Dottin ( L’ Épopée irlandaise, Paris 1926). 83. H. Hubert, op. cit., II, p. 243-
5626 . H. Hubert, op. cit., II, p. 243-244. 84. Voir l’ intéressante étude de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende de «
5627 ., II, p. 243-244. 84. Voir l’intéressante étude de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende de « Tannhäuser » (Mercur
5628 essante étude de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende de « Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938). Le Tannhäus
5629 de de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende de « Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938). Le Tannhäuser du xvie
5630 de « Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938). Le Tannhäuser du xvie siècle est une tardive adaptation allemande de lé
5631 xvie siècle est une tardive adaptation allemande de légendes irlando-écossaises ; il ne doit rien aux influences courtois
5632 ises ; il ne doit rien aux influences courtoises. Le Montsalvat (ou Montségur) des chastes (ou cathares) y est remplacé pa
5633 gur) des chastes (ou cathares) y est remplacé par le Venusberg ! 85. Le Tristan et Iseut de Thomas, traduction française
5634 cathares) y est remplacé par le Venusberg ! 85. Le Tristan et Iseut de Thomas, traduction française par J. Herbomez et R
4 1939, L’Amour et l’Occident. Livre III. Passion et mystique
5635 1.Position du problème On a souvent tenté d’ expliquer le mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation de l’am
5636 ion du problème On a souvent tenté d’expliquer le mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation de l’amour humain,
5637 On a souvent tenté d’expliquer le mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation de l’amour humain, c’est-à-dire en f
5638 mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation de l’amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or l’
5639 ticisme en le « ramenant » à quelque déviation de l’ amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or l’exa
5640 l’amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or l’examen du Roman de Tristan et de ses sources historiq
5641 ’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or l’ examen du Roman de Tristan et de ses sources historiques nous a condui
5642 de compte : à la sexualité. Or l’examen du Roman de Tristan et de ses sources historiques nous a conduit à renverser le r
5643 la sexualité. Or l’examen du Roman de Tristan et de ses sources historiques nous a conduit à renverser le rapport. C’est
5644 es sources historiques nous a conduit à renverser le rapport. C’est ici la passion mortelle qu’il faut « ramener » à une m
5645 nous a conduit à renverser le rapport. C’est ici la passion mortelle qu’il faut « ramener » à une mystique, plus ou moins
5646 es conclusions générales. Mais il permet au moins de reposer un problème que le xixe siècle matérialiste s’était cru en m
5647 ais il permet au moins de reposer un problème que le xixe siècle matérialiste s’était cru en mesure de trancher au détrim
5648 e xixe siècle matérialiste s’était cru en mesure de trancher au détriment de la mystique. À vrai dire, je ne suis pas trè
5649 s’était cru en mesure de trancher au détriment de la mystique. À vrai dire, je ne suis pas très sûr que ce problème compor
5650 définitive et simple. Mais il me paraît important de reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte de la passion ou de la
5651 de reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte de la passion ou de la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre,
5652 reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte de la passion ou de la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce
5653 moins, sa position. Qu’on parte de la passion ou de la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet
5654 ins, sa position. Qu’on parte de la passion ou de la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet im
5655 parte de la passion ou de la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet implicitement, c’est l’exi
5656 ue pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que l’ on admet implicitement, c’est l’existence d’un rapport quelconque entr
5657 à l’autre, ce que l’on admet implicitement, c’est l’ existence d’un rapport quelconque entre ces deux réalités. Reste à sav
5658 e que l’on admet implicitement, c’est l’existence d’ un rapport quelconque entre ces deux réalités. Reste à savoir dans que
5659 sure ce rapprochement ne nous est pas suggéré par la seule nature du langage. On a remarqué depuis longtemps l’analogie de
5660 nature du langage. On a remarqué depuis longtemps l’ analogie des métaphores mystiques et amoureuses. Mais d’une entière an
5661 ogie des métaphores mystiques et amoureuses. Mais d’ une entière analogie des mots, peut-on conclure à une entière analogie
5662 sommes-nous pas jusqu’à un certain point victimes d’ une illusion verbale ? d’une sorte de « calembour continué » ? Quand b
5663 n certain point victimes d’une illusion verbale ? d’ une sorte de « calembour continué » ? Quand bien même ce serait le cas
5664 int victimes d’une illusion verbale ? d’une sorte de « calembour continué » ? Quand bien même ce serait le cas, le problèm
5665  calembour continué » ? Quand bien même ce serait le cas, le problème ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui le
5666 ur continué » ? Quand bien même ce serait le cas, le problème ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui le rend in
5667 ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui le rend inévitable à notre sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans le cas
5668 ble à notre sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans le cas de la passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrai
5669 otre sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans le cas de la passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrait plus
5670 e sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans le cas de la passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrait plus rie
5671 iologiques, on ne comprendrait plus rien au mythe de Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une faim
5672 on ne comprendrait plus rien au mythe de Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une faim de chercher
5673 de Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle
5674 Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est
5675 La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’ une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est forte, mo
5676 é est une faim. Or il est de la nature d’une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est forte, moins elle se
5677 t de la nature d’une faim de chercher à tout prix l’ apaisement. Plus elle est forte, moins elle se montre difficile quant
5678 se montre difficile quant aux objets qui peuvent la rassasier. Mais nous voyons ici une passion dont la nature est justem
5679 rassasier. Mais nous voyons ici une passion dont la nature est justement de refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et
5680 yons ici une passion dont la nature est justement de refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et la guérir. Nous ne somm
5681 ure est justement de refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et la guérir. Nous ne sommes donc pas en présence d’une fa
5682 de refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et la guérir. Nous ne sommes donc pas en présence d’une faim, mais bien d’u
5683 sommes donc pas en présence d’une faim, mais bien d’ une intoxication. Et l’on a soutenu récemment, par les preuves les plu
5684 ence d’une faim, mais bien d’une intoxication. Et l’ on a soutenu récemment, par les preuves les plus convaincantes, que to
5685 ne intoxication. Et l’on a soutenu récemment, par les preuves les plus convaincantes, que tout intoxiqué est un mystique qu
5686 ion. Et l’on a soutenu récemment, par les preuves les plus convaincantes, que tout intoxiqué est un mystique qui s’ignore86
5687 t physique, ou morale, toute intoxication suppose l’ intervention d’un agent étranger, que l’instinct livré à lui-même élim
5688 morale, toute intoxication suppose l’intervention d’ un agent étranger, que l’instinct livré à lui-même éliminerait aussi v
5689 n suppose l’intervention d’un agent étranger, que l’ instinct livré à lui-même éliminerait aussi vite que possible. Les ani
5690 é à lui-même éliminerait aussi vite que possible. Les animaux ne s’intoxiquent pas87… b) Inversement, la mystique à elle s
5691 animaux ne s’intoxiquent pas87… b) Inversement, la mystique à elle seule, rend-elle compte de la passion ? Il faudrait a
5692 ement, la mystique à elle seule, rend-elle compte de la passion ? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans l’amour
5693 nt, la mystique à elle seule, rend-elle compte de la passion ? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans l’amour sex
5694 ? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans l’ amour sexuel, et non pas dans la respiration ou la nutrition, par exem
5695 urquoi c’est dans l’amour sexuel, et non pas dans la respiration ou la nutrition, par exemple, qu’elle puise ses métaphore
5696 l’amour sexuel, et non pas dans la respiration ou la nutrition, par exemple, qu’elle puise ses métaphores les plus frappan
5697 rition, par exemple, qu’elle puise ses métaphores les plus frappantes. Il faudrait expliquer pourquoi c’est toujours à l’in
5698 . Il faudrait expliquer pourquoi c’est toujours à l’ instinct sexuel que l’on a tenté de « ramener » la mystique, et cela b
5699 r pourquoi c’est toujours à l’instinct sexuel que l’ on a tenté de « ramener » la mystique, et cela bien avant Freud et son
5700 est toujours à l’instinct sexuel que l’on a tenté de « ramener » la mystique, et cela bien avant Freud et son école. Voici
5701 l’instinct sexuel que l’on a tenté de « ramener » la mystique, et cela bien avant Freud et son école. Voici donc le dilemm
5702 et cela bien avant Freud et son école. Voici donc le dilemme que pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que de la sexuali
5703 reud et son école. Voici donc le dilemme que pose l’ amour-passion : si l’on n’y voit que de la sexualité, c’est autant dir
5704 ici donc le dilemme que pose l’amour-passion : si l’ on n’y voit que de la sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pa
5705 e que pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que de la sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi l’on par
5706 ue pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que de la sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi l’on parle.
5707 y voit que de la sexualité, c’est autant dire que l’ on ne sait pas de quoi l’on parle. Si au contraire on rapporte cet amo
5708 sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi l’on parle. Si au contraire on rapporte cet amour à quelque chos
5709 é, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi l’ on parle. Si au contraire on rapporte cet amour à quelque chose d’étra
5710 u contraire on rapporte cet amour à quelque chose d’ étranger au sexe — il en résulte des choses bizarres, comme disait à p
5711 es, comme disait à peu près Schopenhauer. Prenons le problème tel que nous le pose le mythe, et tel qu’il se posait au xii
5712 ès Schopenhauer. Prenons le problème tel que nous le pose le mythe, et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en parta
5713 enhauer. Prenons le problème tel que nous le pose le mythe, et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant d’un
5714 qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant d’ un exemple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor de la grande mys
5715 siècle. C’est en partant d’un exemple précis et d’ une œuvre antérieure à l’essor de la grande mystique orthodoxe, que no
5716 t d’un exemple précis et d’une œuvre antérieure à l’ essor de la grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures
5717 xemple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor de la grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances
5718 ple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor de la grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances de
5719 de la grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances de surprendre à l’état naissant la dialectique des
5720 orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances de surprendre à l’état naissant la dialectique des « choses bizarres »…
5721 ous aurons les meilleures chances de surprendre à l’ état naissant la dialectique des « choses bizarres »… 2.Tristan : u
5722 eilleures chances de surprendre à l’état naissant la dialectique des « choses bizarres »… 2.Tristan : une aventure myst
5723 une aventure mystique Nous avons constaté que le Roman de Tristan est, à bien des égards, une première « profanation »
5724 ture mystique Nous avons constaté que le Roman de Tristan est, à bien des égards, une première « profanation » de la my
5725 , à bien des égards, une première « profanation » de la mystique courtoise et de ses sources (néo-platonisme, manichéisme,
5726 bien des égards, une première « profanation » de la mystique courtoise et de ses sources (néo-platonisme, manichéisme, so
5727 mière « profanation » de la mystique courtoise et de ses sources (néo-platonisme, manichéisme, soufisme). La mythification
5728 sources (néo-platonisme, manichéisme, soufisme). La mythification a trop bien réussi, soit que Béroul, Thomas, et leur pr
5729 prédécesseur n’aient pas toujours très bien saisi l’ enseignement courtois dans sa pureté, soit qu’ils aient été entraînés
5730 ns sa pureté, soit qu’ils aient été entraînés par l’ ardeur proprement « romanesque » (au sens moderne et littéraire du ter
5731 et par des complaisances bien explicables envers le goût de leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi. Le caractère
5732 des complaisances bien explicables envers le goût de leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi. Le caractère distinc
5733 leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi. Le caractère distinctif du Roman est en effet de reposer sur une faute c
5734 di. Le caractère distinctif du Roman est en effet de reposer sur une faute contre les lois d’amour courtois, puisque tout
5735 oman est en effet de reposer sur une faute contre les lois d’amour courtois, puisque tout le drame vient de l’adultère cons
5736 en effet de reposer sur une faute contre les lois d’ amour courtois, puisque tout le drame vient de l’adultère consommé. De
5737 te contre les lois d’amour courtois, puisque tout le drame vient de l’adultère consommé. De là que nous ayons un « roman »
5738 d’amour courtois, puisque tout le drame vient de l’ adultère consommé. De là que nous ayons un « roman » selon la formule
5739 isque tout le drame vient de l’adultère consommé. De là que nous ayons un « roman » selon la formule moderne du genre, et
5740 consommé. De là que nous ayons un « roman » selon la formule moderne du genre, et non pas un simple poème. Il n’en reste p
5741 un simple poème. Il n’en reste pas moins que dans l’ ensemble, et si l’on considère surtout le principe interne de l’action
5742 l n’en reste pas moins que dans l’ensemble, et si l’ on considère surtout le principe interne de l’action, Tristan évoque p
5743 que dans l’ensemble, et si l’on considère surtout le principe interne de l’action, Tristan évoque par la plupart de ses si
5744 et si l’on considère surtout le principe interne de l’action, Tristan évoque par la plupart de ses situations romanesques
5745 si l’on considère surtout le principe interne de l’ action, Tristan évoque par la plupart de ses situations romanesques la
5746 oque par la plupart de ses situations romanesques la progression d’une vie mystique. Certains « moments » relèvent de la p
5747 part de ses situations romanesques la progression d’ une vie mystique. Certains « moments » relèvent de la pure tradition c
5748 d’une vie mystique. Certains « moments » relèvent de la pure tradition cathare, d’autres peuvent être rapprochés d’une exp
5749 ne vie mystique. Certains « moments » relèvent de la pure tradition cathare, d’autres peuvent être rapprochés d’une expéri
5750 adition cathare, d’autres peuvent être rapprochés d’ une expérience mystique plus générale, et qu’on retrouve identique, da
5751 etrouve identique, dans sa forme, aussi bien chez les orthodoxes que chez les dissidents ou les païens (Iraniens et Arabes,
5752 sa forme, aussi bien chez les orthodoxes que chez les dissidents ou les païens (Iraniens et Arabes, voire bouddhistes). En
5753 en chez les orthodoxes que chez les dissidents ou les païens (Iraniens et Arabes, voire bouddhistes). En tout état de cause
5754 niens et Arabes, voire bouddhistes). En tout état de cause, on ne saurait plus parler d’un vulgaire roman d’adultère : l’i
5755 En tout état de cause, on ne saurait plus parler d’ un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité de Tristan, c’est l’hérési
5756 se, on ne saurait plus parler d’un vulgaire roman d’ adultère : l’infidélité de Tristan, c’est l’hérésie, c’est la vertu my
5757 rait plus parler d’un vulgaire roman d’adultère : l’ infidélité de Tristan, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des « 
5758 ler d’un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité de Tristan, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est
5759 roman d’adultère : l’infidélité de Tristan, c’est l’ hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est une vertu, selon
5760 : l’infidélité de Tristan, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est une vertu, selon les auteurs de la
5761 rtu mystique des « purs », c’est une vertu, selon les auteurs de la légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans
5762 des « purs », c’est une vertu, selon les auteurs de la légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalis
5763 s « purs », c’est une vertu, selon les auteurs de la légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalisati
5764 st une vertu, selon les auteurs de la légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalisation »… ⁂ Si déli
5765 auteurs de la légende. Et la faute n’est pas dans l’ amour, mais dans sa « réalisation »… ⁂ Si délicate et périlleuse que s
5766 que se révèle toute comparaison entre deux formes de mystique — et d’autant plus qu’ici l’un des termes en présence se tro
5767 te comparaison entre deux formes de mystique — et d’ autant plus qu’ici l’un des termes en présence se trouve dénaturé par
5768 épique — risquons un parallèle très général entre le Roman et l’aventure mystique. Quitte à rectifier par la suite les con
5769 quons un parallèle très général entre le Roman et l’ aventure mystique. Quitte à rectifier par la suite les conclusions tro
5770 an et l’aventure mystique. Quitte à rectifier par la suite les conclusions trop téméraires où nous pourrions induire un le
5771 venture mystique. Quitte à rectifier par la suite les conclusions trop téméraires où nous pourrions induire un lecteur non
5772 nacelle sans gouvernail ni voile, muni seulement de son épée et de sa harpe. Il part à la recherche du baume salutaire qu
5773 ouvernail ni voile, muni seulement de son épée et de sa harpe. Il part à la recherche du baume salutaire qui chassera le p
5774 i seulement de son épée et de sa harpe. Il part à la recherche du baume salutaire qui chassera le poison de son sang. C’es
5775 rt à la recherche du baume salutaire qui chassera le poison de son sang. C’est le type même du départ mystique, de l’aband
5776 cherche du baume salutaire qui chassera le poison de son sang. C’est le type même du départ mystique, de l’abandon à l’ave
5777 lutaire qui chassera le poison de son sang. C’est le type même du départ mystique, de l’abandon à l’aventure surnaturelle.
5778 son sang. C’est le type même du départ mystique, de l’abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheres
5779 n sang. C’est le type même du départ mystique, de l’ abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheresse,
5780 t le type même du départ mystique, de l’abandon à l’ aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheresse, c’est-à-dir
5781 ue, de l’abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui ren
5782 abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui renonce aux
5783 ndon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’ âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui renonce aux aid
5784 les et visibles, et s’offre à une grâce inconnue. La poésie moderne nous a montré combien d’exemples de ces départs à l’av
5785 inconnue. La poésie moderne nous a montré combien d’ exemples de ces départs à l’aventure, désespérés mais encore éloquents
5786 a poésie moderne nous a montré combien d’exemples de ces départs à l’aventure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiment
5787 nous a montré combien d’exemples de ces départs à l’ aventure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiments d’une recherche
5788 ure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiments d’ une recherche mystique, qui ne laisse oublier ni la lyre ni l’épée sym
5789 ’une recherche mystique, qui ne laisse oublier ni la lyre ni l’épée symbolique du défi à la société constituée ! Est-il be
5790 che mystique, qui ne laisse oublier ni la lyre ni l’ épée symbolique du défi à la société constituée ! Est-il beaucoup de n
5791 oublier ni la lyre ni l’épée symbolique du défi à la société constituée ! Est-il beaucoup de nos poètes qui aient trouvé l
5792 e des visions pittoresques. Presque tous publient le secret… Tristan, lui, a trouvé l’amour. Mais tout d’abord, il n’a pas
5793 e tous publient le secret… Tristan, lui, a trouvé l’ amour. Mais tout d’abord, il n’a pas su le reconnaître. Quand le roi M
5794 trouvé l’amour. Mais tout d’abord, il n’a pas su le reconnaître. Quand le roi Marc — l’autorité constituée — l’envoie che
5795 tout d’abord, il n’a pas su le reconnaître. Quand le roi Marc — l’autorité constituée — l’envoie chercher la princesse loi
5796 il n’a pas su le reconnaître. Quand le roi Marc —  l’ autorité constituée — l’envoie chercher la princesse lointaine qu’il r
5797 ître. Quand le roi Marc — l’autorité constituée — l’ envoie chercher la princesse lointaine qu’il réserve à son seul plaisi
5798 Marc — l’autorité constituée — l’envoie chercher la princesse lointaine qu’il réserve à son seul plaisir, Tristan ignore
5799 il réserve à son seul plaisir, Tristan ignore que l’ aventure pourrait aussi le concerner. Survient l’erreur fatale du phil
5800 sir, Tristan ignore que l’aventure pourrait aussi le concerner. Survient l’erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par
5801 l’aventure pourrait aussi le concerner. Survient l’ erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par l’analyse du mythe, qu
5802 l’erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par l’ analyse du mythe, que cette fatalité joue le rôle d’un alibi : les ama
5803 , par l’analyse du mythe, que cette fatalité joue le rôle d’un alibi : les amants ne se veulent responsables de rien, leur
5804 analyse du mythe, que cette fatalité joue le rôle d’ un alibi : les amants ne se veulent responsables de rien, leur passion
5805 the, que cette fatalité joue le rôle d’un alibi : les amants ne se veulent responsables de rien, leur passion étant inavoua
5806 ’un alibi : les amants ne se veulent responsables de rien, leur passion étant inavouable tant aux yeux de la société (qui
5807 n, leur passion étant inavouable tant aux yeux de la société (qui la réprouve comme un crime) qu’à leurs yeux propres (pui
5808 étant inavouable tant aux yeux de la société (qui la réprouve comme un crime) qu’à leurs yeux propres (puisqu’elle les fai
5809 me un crime) qu’à leurs yeux propres (puisqu’elle les fait mourir). C’est là l’aspect psychologique de l’aventure. Mais voi
5810 x propres (puisqu’elle les fait mourir). C’est là l’ aspect psychologique de l’aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce
5811 les fait mourir). C’est là l’aspect psychologique de l’aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévo
5812 fait mourir). C’est là l’aspect psychologique de l’ aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévocab
5813 l’aspect psychologique de l’aventure. Mais voici l’ aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévocable, mais dont on distin
5814 is dont on distingue après coup que tout semblait le préparer, c’est l’élection d’une âme par l’Amour tout-puissant, la vo
5815 e après coup que tout semblait le préparer, c’est l’ élection d’une âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui la surpr
5816 p que tout semblait le préparer, c’est l’élection d’ une âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui la surprend comme m
5817 blait le préparer, c’est l’élection d’une âme par l’ Amour tout-puissant, la vocation qui la surprend comme malgré elle. Un
5818 t l’élection d’une âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui la surprend comme malgré elle. Une vie nouvelle commence
5819 ne âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui la surprend comme malgré elle. Une vie nouvelle commence ici88. Normalem
5820 et décisif appel devrait introduire Tristan dans la voie des macérations et le conduire à l’endura. Mais emporté par la v
5821 ntroduire Tristan dans la voie des macérations et le conduire à l’endura. Mais emporté par la violence de la première révé
5822 tan dans la voie des macérations et le conduire à l’ endura. Mais emporté par la violence de la première révélation, qui pa
5823 tions et le conduire à l’endura. Mais emporté par la violence de la première révélation, qui parfois embrase le sang, il e
5824 conduire à l’endura. Mais emporté par la violence de la première révélation, qui parfois embrase le sang, il enfreint la r
5825 ce de la première révélation, qui parfois embrase le sang, il enfreint la règle des « purs ». Le baiser symbolique, il le
5826 élation, qui parfois embrase le sang, il enfreint la règle des « purs ». Le baiser symbolique, il le ravit par force, il l
5827 brase le sang, il enfreint la règle des « purs ». Le baiser symbolique, il le ravit par force, il le profane. Et voici déc
5828 t la règle des « purs ». Le baiser symbolique, il le ravit par force, il le profane. Et voici déchaînées les puissances ma
5829 . Le baiser symbolique, il le ravit par force, il le profane. Et voici déchaînées les puissances mauvaises. « Souffle, sou
5830 vit par force, il le profane. Et voici déchaînées les puissances mauvaises. « Souffle, souffle ô vent ! Malheur ! ah malheu
5831 le, souffle ô vent ! Malheur ! ah malheur ! fille d’ Irlande, amoureuse et sauvage ! » Toute une vie de pénitence devra mai
5832 d’Irlande, amoureuse et sauvage ! » Toute une vie de pénitence devra maintenant racheter le sacrilège. Mais le malheur ess
5833 te une vie de pénitence devra maintenant racheter le sacrilège. Mais le malheur essentiel de cet amour n’est pas seulement
5834 ence devra maintenant racheter le sacrilège. Mais le malheur essentiel de cet amour n’est pas seulement la rançon du péché
5835 racheter le sacrilège. Mais le malheur essentiel de cet amour n’est pas seulement la rançon du péché. L’ascèse qui rachèt
5836 alheur essentiel de cet amour n’est pas seulement la rançon du péché. L’ascèse qui rachètera la faute commise, doit aussi
5837 cet amour n’est pas seulement la rançon du péché. L’ ascèse qui rachètera la faute commise, doit aussi et surtout délivrer
5838 lement la rançon du péché. L’ascèse qui rachètera la faute commise, doit aussi et surtout délivrer l’homme du fait même d’
5839 la faute commise, doit aussi et surtout délivrer l’ homme du fait même d’être né dans ce monde de ténèbres. Elle doit cond
5840 it aussi et surtout délivrer l’homme du fait même d’ être né dans ce monde de ténèbres. Elle doit conduire au détachement f
5841 vrer l’homme du fait même d’être né dans ce monde de ténèbres. Elle doit conduire au détachement final et bienheureux, à l
5842 t conduire au détachement final et bienheureux, à la mort volontaire des « parfaits ». Cette pénitence a donc une signific
5843 nitence a donc une signification toute différente de celle du repentir chrétien. Et bien que l’orthodoxie et l’hérésie sem
5844 érente de celle du repentir chrétien. Et bien que l’ orthodoxie et l’hérésie semblent parfois étrangement confondues dans l
5845 du repentir chrétien. Et bien que l’orthodoxie et l’ hérésie semblent parfois étrangement confondues dans le Roman, il est
5846 ésie semblent parfois étrangement confondues dans le Roman, il est toujours possible de reconnaître, à de tels traits, la
5847 onfondues dans le Roman, il est toujours possible de reconnaître, à de tels traits, la tendance réellement dominante — cel
5848 Roman, il est toujours possible de reconnaître, à de tels traits, la tendance réellement dominante — celle qui s’épanouira
5849 ujours possible de reconnaître, à de tels traits, la tendance réellement dominante — celle qui s’épanouira dans la mort de
5850 réellement dominante — celle qui s’épanouira dans la mort des amants. Reprenons par exemple le récit de l’« aspre vie » da
5851 ra dans la mort des amants. Reprenons par exemple le récit de l’« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu
5852 a mort des amants. Reprenons par exemple le récit de l’« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde,
5853 ort des amants. Reprenons par exemple le récit de l’ « aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et
5854 nons par exemple le récit de l’« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous », gém
5855 exemple le récit de l’« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous », gémit Iseut
5856 vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous », gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et T
5857 forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous », gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et Tristan de rép
5858 u le monde, et le monde nous », gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si le monde entier était
5859 gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si le monde entier était orendroit avec nous, je ne verr
5860 le Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si le monde entier était orendroit avec nous, je ne verrois fors vous seule
5861 , je ne verrois fors vous seule. » Il s’agit bien d’ une endura. Cette retraite dans la forêt, c’est une de ces périodes de
5862 Il s’agit bien d’une endura. Cette retraite dans la forêt, c’est une de ces périodes de jeûne et de macération dont nous
5863 e endura. Cette retraite dans la forêt, c’est une de ces périodes de jeûne et de macération dont nous connaissons le but c
5864 retraite dans la forêt, c’est une de ces périodes de jeûne et de macération dont nous connaissons le but chez les cathares
5865 s la forêt, c’est une de ces périodes de jeûne et de macération dont nous connaissons le but chez les cathares : l’absorpt
5866 s de jeûne et de macération dont nous connaissons le but chez les cathares : l’absorption de toutes les facultés dans la c
5867 t de macération dont nous connaissons le but chez les cathares : l’absorption de toutes les facultés dans la contemplation
5868 dont nous connaissons le but chez les cathares : l’ absorption de toutes les facultés dans la contemplation de l’amour seu
5869 nnaissons le but chez les cathares : l’absorption de toutes les facultés dans la contemplation de l’amour seul. Un trait p
5870 le but chez les cathares : l’absorption de toutes les facultés dans la contemplation de l’amour seul. Un trait profond de l
5871 thares : l’absorption de toutes les facultés dans la contemplation de l’amour seul. Un trait profond de la passion — et de
5872 tion de toutes les facultés dans la contemplation de l’amour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en g
5873 n de toutes les facultés dans la contemplation de l’ amour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en géné
5874 a contemplation de l’amour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en général — paraît ici. « On est seul
5875 ontemplation de l’amour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en général — paraît ici. « On est seul av
5876 l’amour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en général — paraît ici. « On est seul avec tout ce qu’on
5877 mour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en général — paraît ici. « On est seul avec tout ce qu’on ai
5878 ’on aime », écrira plus tard Novalis, ce mystique de la Nuit et de la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, pa
5879 aime », écrira plus tard Novalis, ce mystique de la Nuit et de la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi
5880 rira plus tard Novalis, ce mystique de la Nuit et de la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi tant d’aut
5881 a plus tard Novalis, ce mystique de la Nuit et de la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi tant d’autres
5882 eurs, parmi tant d’autres sens possibles, un fait d’ observation purement psychologique : la passion n’est nullement cette
5883 s, un fait d’observation purement psychologique : la passion n’est nullement cette vie plus riche dont rêvent les adolesce
5884 n’est nullement cette vie plus riche dont rêvent les adolescents ; elle est, bien au contraire, une sorte d’intensité nue
5885 lescents ; elle est, bien au contraire, une sorte d’ intensité nue et dénuante, oui vraiment, un amer dénuement, un appauvr
5886 i vraiment, un amer dénuement, un appauvrissement de la conscience vidée de toute diversité, une obsession de l’imaginatio
5887 raiment, un amer dénuement, un appauvrissement de la conscience vidée de toute diversité, une obsession de l’imagination c
5888 uement, un appauvrissement de la conscience vidée de toute diversité, une obsession de l’imagination concentrée sur une se
5889 onscience vidée de toute diversité, une obsession de l’imagination concentrée sur une seule image, — et dès lors le monde
5890 cience vidée de toute diversité, une obsession de l’ imagination concentrée sur une seule image, — et dès lors le monde s’é
5891 ion concentrée sur une seule image, — et dès lors le monde s’évanouit, « les autres » cessent d’être présents, il n’y a pl
5892 seule image, — et dès lors le monde s’évanouit, «  les autres » cessent d’être présents, il n’y a plus ni prochain ni devoir
5893 lors le monde s’évanouit, « les autres » cessent d’ être présents, il n’y a plus ni prochain ni devoirs, ni liens qui tien
5894 , ni terre ni ciel : on est seul avec tout ce que l’ on aime. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous. » C’est l’exta
5895 ul avec tout ce que l’on aime. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous. » C’est l’extase, la fuite profonde hors de
5896 ce que l’on aime. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous. » C’est l’extase, la fuite profonde hors de toutes les ch
5897 s avons perdu le monde, et le monde nous. » C’est l’ extase, la fuite profonde hors de toutes les choses créées. Vraiment,
5898 rdu le monde, et le monde nous. » C’est l’extase, la fuite profonde hors de toutes les choses créées. Vraiment, comment se
5899 C’est l’extase, la fuite profonde hors de toutes les choses créées. Vraiment, comment se défendre de songer ici aux « dése
5900 les choses créées. Vraiment, comment se défendre de songer ici aux « déserts » de la Nuit obscure que décrit saint Jean d
5901 comment se défendre de songer ici aux « déserts » de la Nuit obscure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne les cho
5902 ment se défendre de songer ici aux « déserts » de la Nuit obscure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne les choses
5903 ure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne les choses, amant ! — Ma voie est fuite ». Et Thérèse d’Avila disait, plu
5904 disait, plusieurs siècles avant Novalis, que dans l’ extase, l’âme doit penser « comme s’il n’y avait que Dieu et elle au m
5905 usieurs siècles avant Novalis, que dans l’extase, l’ âme doit penser « comme s’il n’y avait que Dieu et elle au monde ». A-
5906 ’il n’y avait que Dieu et elle au monde ». A-t-on le droit d’opérer ce rapprochement entre un génie religieux du premier o
5907 vait que Dieu et elle au monde ». A-t-on le droit d’ opérer ce rapprochement entre un génie religieux du premier ordre et u
5908 n génie religieux du premier ordre et un poème où l’ élément mystique revêt les formes les plus rudimentaires ? Certes, ce
5909 ier ordre et un poème où l’élément mystique revêt les formes les plus rudimentaires ? Certes, ce serait commettre une sorte
5910 t un poème où l’élément mystique revêt les formes les plus rudimentaires ? Certes, ce serait commettre une sorte de blasphè
5911 mentaires ? Certes, ce serait commettre une sorte de blasphème s’il ne s’agissait dans le Roman que d’une passion d’amour
5912 re une sorte de blasphème s’il ne s’agissait dans le Roman que d’une passion d’amour sensuel : mais tout indique que nous
5913 de blasphème s’il ne s’agissait dans le Roman que d’ une passion d’amour sensuel : mais tout indique que nous sommes ici su
5914 ’il ne s’agissait dans le Roman que d’une passion d’ amour sensuel : mais tout indique que nous sommes ici sur la via mysti
5915 nsuel : mais tout indique que nous sommes ici sur la via mystica des « parfaits ». C’est alors le contenu des états d’âme
5916 sur la via mystica des « parfaits ». C’est alors le contenu des états d’âme et leur objet, mais non leur forme, qui diffè
5917 es « parfaits ». C’est alors le contenu des états d’ âme et leur objet, mais non leur forme, qui diffère89. (Nous allons y
5918 dissiper toute équivoque.) ⁂ Voici un autre point de comparaison. On sait combien les mystiques espagnols ont coutume d’in
5919 ci un autre point de comparaison. On sait combien les mystiques espagnols ont coutume d’insister sur le récit de leurs souf
5920 sait combien les mystiques espagnols ont coutume d’ insister sur le récit de leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour
5921 es mystiques espagnols ont coutume d’insister sur le récit de leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour divin sont vif
5922 ues espagnols ont coutume d’insister sur le récit de leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour divin sont vifs, plus l
5923 ’insister sur le récit de leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour divin sont vifs, plus l’âme se voit souillée et mi
5924 le récit de leurs souffrances. Plus la lumière et l’ amour divin sont vifs, plus l’âme se voit souillée et misérable en sor
5925 Plus la lumière et l’amour divin sont vifs, plus l’ âme se voit souillée et misérable en sorte qu’« elle se figure être pe
5926 ssion provoque une souffrance si pénible, puisque l’ âme se croit rejetée par Dieu, qu’elle arracha à Job soumis à une semb
5927 es souffrances corporelles ou morales qu’entraîne la mortification des sens et de la volonté, mais l’âme souffre séparatio
5928 morales qu’entraîne la mortification des sens et de la volonté, mais l’âme souffre séparation et réjection, dans le temps
5929 rales qu’entraîne la mortification des sens et de la volonté, mais l’âme souffre séparation et réjection, dans le temps mê
5930 la mortification des sens et de la volonté, mais l’ âme souffre séparation et réjection, dans le temps même de la plus viv
5931 mais l’âme souffre séparation et réjection, dans le temps même de la plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer c
5932 uffre séparation et réjection, dans le temps même de la plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer cent pages où r
5933 re séparation et réjection, dans le temps même de la plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer cent pages où revi
5934 ection, dans le temps même de la plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer cent pages où revient la même plainte
5935 amour. Il y aurait à citer cent pages où revient la même plainte de l’âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur
5936 ait à citer cent pages où revient la même plainte de l’âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profon
5937 à citer cent pages où revient la même plainte de l’ âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profond…
5938 t pages où revient la même plainte de l’âme sur «  l’ abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profond… cruelle dise
5939 ce vide profond… cruelle disette des trois sortes de biens qui peuvent consoler l’âme, savoir les temporels, les naturels,
5940 te des trois sortes de biens qui peuvent consoler l’ âme, savoir les temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin,
5941 ortes de biens qui peuvent consoler l’âme, savoir les temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin, « sur cette imp
5942 qui peuvent consoler l’âme, savoir les temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin, « sur cette impression de reje
5943 ler l’âme, savoir les temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin, « sur cette impression de rejet qui compte parm
5944 les spirituels » ; enfin, « sur cette impression de rejet qui compte parmi les peines les plus dures de l’état de purific
5945 « sur cette impression de rejet qui compte parmi les peines les plus dures de l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n
5946 e impression de rejet qui compte parmi les peines les plus dures de l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une
5947 rejet qui compte parmi les peines les plus dures de l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et par
5948 jet qui compte parmi les peines les plus dures de l’ état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et parfoi
5949 compte parmi les peines les plus dures de l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et parfois équiv
5950 est qu’une impure et parfois équivoque traduction de la mystique courtoise. (Il arrive que les situations les plus apparem
5951 qu’une impure et parfois équivoque traduction de la mystique courtoise. (Il arrive que les situations les plus apparemmen
5952 aduction de la mystique courtoise. (Il arrive que les situations les plus apparemment « mystiques » du Roman doivent être i
5953 mystique courtoise. (Il arrive que les situations les plus apparemment « mystiques » du Roman doivent être interprétées — s
5954 stiques » du Roman doivent être interprétées — si l’ on ne veut pas errer gravement — à partir de l’amour humain, et par vo
5955 si l’on ne veut pas errer gravement — à partir de l’ amour humain, et par voie de sublimation, non par la voie inverse, all
5956 avement — à partir de l’amour humain, et par voie de sublimation, non par la voie inverse, allant de l’Amour divin aux mét
5957 amour humain, et par voie de sublimation, non par la voie inverse, allant de l’Amour divin aux métaphores, qui convient po
5958 e de sublimation, non par la voie inverse, allant de l’Amour divin aux métaphores, qui convient pour les grands mystiques.
5959 e sublimation, non par la voie inverse, allant de l’ Amour divin aux métaphores, qui convient pour les grands mystiques.) C
5960 e l’Amour divin aux métaphores, qui convient pour les grands mystiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans le mythe plu
5961 mystiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans le mythe plus d’un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de l
5962 ci dit, nous pouvons retrouver dans le mythe plus d’ un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de la plainte du t
5963 aspect des souffrances mystiques. On se souvient de la plainte du troubadour : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus
5964 pect des souffrances mystiques. On se souvient de la plainte du troubadour : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’e
5965 comment se peut-il faire Que plus m’est loin plus la désire ? Jamais l’amour n’enflamme Tristan si follement que lorsqu’i
5966 aire Que plus m’est loin plus la désire ? Jamais l’ amour n’enflamme Tristan si follement que lorsqu’il est séparé de sa «
5967 mme Tristan si follement que lorsqu’il est séparé de sa « dame ». La psychologie la plus simple rendrait compte de ce phén
5968 ollement que lorsqu’il est séparé de sa « dame ». La psychologie la plus simple rendrait compte de ce phénomène. Mais il n
5969 rsqu’il est séparé de sa « dame ». La psychologie la plus simple rendrait compte de ce phénomène. Mais il ne sert ici que
5970  ». La psychologie la plus simple rendrait compte de ce phénomène. Mais il ne sert ici que de prétexte et d’image matériel
5971 t compte de ce phénomène. Mais il ne sert ici que de prétexte et d’image matérielle pour représenter les tourments de l’as
5972 phénomène. Mais il ne sert ici que de prétexte et d’ image matérielle pour représenter les tourments de l’ascèse purificatr
5973 e prétexte et d’image matérielle pour représenter les tourments de l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparation
5974 d’image matérielle pour représenter les tourments de l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparations des deux am
5975 mage matérielle pour représenter les tourments de l’ ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparations des deux amant
5976 ents de l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparations des deux amants, dans le Roman, répondent à une nécessité
5977 vons vu que les séparations des deux amants, dans le Roman, répondent à une nécessité tout intérieure de la passion. Iseut
5978 Roman, répondent à une nécessité tout intérieure de la passion. Iseut est une femme aimée, mais elle est aussi autre chos
5979 man, répondent à une nécessité tout intérieure de la passion. Iseut est une femme aimée, mais elle est aussi autre chose,
5980 une femme aimée, mais elle est aussi autre chose, le symbole de l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime da
5981 imée, mais elle est aussi autre chose, le symbole de l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime davantage, et
5982 e, mais elle est aussi autre chose, le symbole de l’ Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime davantage, et pl
5983 l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’ aime davantage, et plus il aime, plus il endure de souffrances. Mais n
5984 l’aime davantage, et plus il aime, plus il endure de souffrances. Mais nous savons que c’est la souffrance qui est le vrai
5985 endure de souffrances. Mais nous savons que c’est la souffrance qui est le vrai but de la séparation voulue… Nous rejoigno
5986 Mais nous savons que c’est la souffrance qui est le vrai but de la séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation
5987 avons que c’est la souffrance qui est le vrai but de la séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation mystique (pa
5988 ns que c’est la souffrance qui est le vrai but de la séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation mystique (par l
5989 ut de la séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation mystique (par l’autre extrême) : plus Tristan aime, et plus
5990 t plus il se veut séparé, c’est-à-dire rejeté par l’ amour. Au point qu’il doutera même de l’« amitié » d’Iseut, qu’il la t
5991 e rejeté par l’amour. Au point qu’il doutera même de l’« amitié » d’Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’i
5992 ejeté par l’amour. Au point qu’il doutera même de l’ « amitié » d’Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il a
5993 mour. Au point qu’il doutera même de l’« amitié » d’ Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le «
5994 qu’il doutera même de l’« amitié » d’Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le « mariage blanc 
5995 tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le « mariage blanc » avec l’autre Iseut — l’autre « foi » — l’autre Égli
5996 tre « foi » — l’autre Église dont il doit refuser la communion ! En un seul passage du Roman, l’orthodoxie triomphe provis
5997 fuser la communion ! En un seul passage du Roman, l’ orthodoxie triomphe provisoirement. C’est quand, le philtre ayant cess
5998 ’orthodoxie triomphe provisoirement. C’est quand, le philtre ayant cessé d’agir, Tristan et Iseut vont trouver l’ermite Og
5999 ovisoirement. C’est quand, le philtre ayant cessé d’ agir, Tristan et Iseut vont trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Re
6000 ayant cessé d’agir, Tristan et Iseut vont trouver l’ ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre de celui qui souffre pour son
6001 trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre de celui qui souffre pour son Dieu, et des amants qui souffrent pour un
6002 la première et dernière fois). Iseut va revenir à l’ époux légitime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tandis que le roi s’
6003 ière fois). Iseut va revenir à l’époux légitime —  l’ hérésie rentrer au giron. Mais tandis que le roi s’approche avec son c
6004 ime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tandis que le roi s’approche avec son cortège de barons, les amants échangent l’ann
6005 ais tandis que le roi s’approche avec son cortège de barons, les amants échangent l’anneau de l’éternelle fidélité et du s
6006 que le roi s’approche avec son cortège de barons, les amants échangent l’anneau de l’éternelle fidélité et du secret. La so
6007 avec son cortège de barons, les amants échangent l’ anneau de l’éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera don
6008 cortège de barons, les amants échangent l’anneau de l’éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera donc qu’appa
6009 rtège de barons, les amants échangent l’anneau de l’ éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera donc qu’apparen
6010 nt l’anneau de l’éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera donc qu’apparente. Et le jugement par le fer rouge
6011 cret. La soumission ne sera donc qu’apparente. Et le jugement par le fer rouge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance con
6012 ion ne sera donc qu’apparente. Et le jugement par le fer rouge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance contre le Dieu du r
6013 parente. Et le jugement par le fer rouge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance contre le Dieu du roi, deux fois trompé.
6014 ge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance contre le Dieu du roi, deux fois trompé. ⁂ Pour extérieures et formelles qu’ell
6015 ⁂ Pour extérieures et formelles qu’elles soient, de telles correspondances ne sauraient être, en toute honnêteté, réduite
6016 e honnêteté, réduites à des coïncidences. Mais si les formes sont pareilles, il importe de définir en quoi les contenus res
6017 es. Mais si les formes sont pareilles, il importe de définir en quoi les contenus restent incompatibles, et quelle est la
6018 mes sont pareilles, il importe de définir en quoi les contenus restent incompatibles, et quelle est la nature de l’abus qui
6019 les contenus restent incompatibles, et quelle est la nature de l’abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrai
6020 us restent incompatibles, et quelle est la nature de l’abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ram
6021 restent incompatibles, et quelle est la nature de l’ abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ramene
6022 tibles, et quelle est la nature de l’abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ramener à une grossiè
6023 est la nature de l’abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ramener à une grossière confusion du Cr
6024 de l’abus qui par la suite a voulu les confondre. L’ on pourrait tout ramener à une grossière confusion du Créateur et de l
6025 ramener à une grossière confusion du Créateur et de la créature, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme »
6026 mener à une grossière confusion du Créateur et de la créature, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme » sel
6027 ère confusion du Créateur et de la créature, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme » selon la formule des
6028 on du Créateur et de la créature, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme » selon la formule des manuels. Da
6029 éature, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme » selon la formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne sera
6030 ure, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme » selon la formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne serait
6031 n : la fameuse « divinisation de la femme » selon la formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne serait qu’une belle femm
6032 de la femme » selon la formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne serait qu’une belle femme — comme le croiront les siè
6033 cas où Iseut ne serait qu’une belle femme — comme le croiront les siècles à venir —, les similitudes mystiques que nous ve
6034 ne serait qu’une belle femme — comme le croiront les siècles à venir —, les similitudes mystiques que nous venons de dégag
6035 femme — comme le croiront les siècles à venir —, les similitudes mystiques que nous venons de dégager ne seraient plus que
6036 s que nous venons de dégager ne seraient plus que de l’ordre du langage, et spécialement de la métaphore. Je ne songe pas
6037 ue nous venons de dégager ne seraient plus que de l’ ordre du langage, et spécialement de la métaphore. Je ne songe pas à n
6038 t plus que de l’ordre du langage, et spécialement de la métaphore. Je ne songe pas à nier cet aspect du problème, il sera
6039 lus que de l’ordre du langage, et spécialement de la métaphore. Je ne songe pas à nier cet aspect du problème, il sera tra
6040 Car s’il n’y avait que cela, ce serait alors tout l’ arrière-plan religieux de la légende qu’il faudrait nier ou négliger,
6041 la, ce serait alors tout l’arrière-plan religieux de la légende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de l’évidence hi
6042 ce serait alors tout l’arrière-plan religieux de la légende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de l’évidence histo
6043 ende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de l’ évidence historique. On reviendrait donc à zéro pour ce qui est du sen
6044 donc à zéro pour ce qui est du sens du mythe, et le Roman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien l’amour courtois c
6045 e qui est du sens du mythe, et le Roman cesserait d’ être un roman courtois ; ou bien l’amour courtois cesserait d’être ce
6046 oman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien l’ amour courtois cesserait d’être ce qu’il fut, pour se mettre à ressemb
6047 man courtois ; ou bien l’amour courtois cesserait d’ être ce qu’il fut, pour se mettre à ressembler à ce que nos érudits co
6048 ore une fois, ce qui se trouve en question, c’est la passion d’amour, et non l’amour purement profane et naturel. Voici, m
6049 s, ce qui se trouve en question, c’est la passion d’ amour, et non l’amour purement profane et naturel. Voici, me semble-t-
6050 uve en question, c’est la passion d’amour, et non l’ amour purement profane et naturel. Voici, me semble-t-il, le principe
6051 rement profane et naturel. Voici, me semble-t-il, le principe véritable de l’opposition des deux mystiques. L’orthodoxe ab
6052 rel. Voici, me semble-t-il, le principe véritable de l’opposition des deux mystiques. L’orthodoxe aboutit au « mariage spi
6053 . Voici, me semble-t-il, le principe véritable de l’ opposition des deux mystiques. L’orthodoxe aboutit au « mariage spirit
6054 ipe véritable de l’opposition des deux mystiques. L’ orthodoxe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de l’âme, dès ce
6055 ues. L’orthodoxe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de l’âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’unio
6056 odoxe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de l’âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’union et la fus
6057 xe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de l’ âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’union et la fusion
6058  » de Dieu et de l’âme, dès cette vie, tandis que l’ hérétique espère l’union et la fusion totale, mais au-delà de la mort
6059 âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’ union et la fusion totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour les
6060 tte vie, tandis que l’hérétique espère l’union et la fusion totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour les cathares,
6061 espère l’union et la fusion totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas de rachat poss
6062 père l’union et la fusion totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas de rachat possibl
6063 n totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas de rachat possible de ce monde. Il s’en su
6064 rt des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas de rachat possible de ce monde. Il s’en suivait — théoriquement — que l’
6065 les cathares, il n’y avait pas de rachat possible de ce monde. Il s’en suivait — théoriquement — que l’amour profane était
6066 e ce monde. Il s’en suivait — théoriquement — que l’ amour profane était le malheur absolu, l’attachement impossible et con
6067 ivait — théoriquement — que l’amour profane était le malheur absolu, l’attachement impossible et condamnable à la créature
6068 nt — que l’amour profane était le malheur absolu, l’ attachement impossible et condamnable à la créature imparfaite ; tandi
6069 absolu, l’attachement impossible et condamnable à la créature imparfaite ; tandis que pour le chrétien, l’amour divin est
6070 mnable à la créature imparfaite ; tandis que pour le chrétien, l’amour divin est un malheur recréateur. Loin de nier l’amo
6071 réature imparfaite ; tandis que pour le chrétien, l’ amour divin est un malheur recréateur. Loin de nier l’amour profane, i
6072 our divin est un malheur recréateur. Loin de nier l’ amour profane, il aboutit à le sanctifier par le mariage. Les amants m
6073 ateur. Loin de nier l’amour profane, il aboutit à le sanctifier par le mariage. Les amants mystiques du Roman chercheront
6074 r l’amour profane, il aboutit à le sanctifier par le mariage. Les amants mystiques du Roman chercheront donc l’intensité d
6075 ofane, il aboutit à le sanctifier par le mariage. Les amants mystiques du Roman chercheront donc l’intensité de la passion
6076 e. Les amants mystiques du Roman chercheront donc l’ intensité de la passion et non son apaisement heureux. Plus leur passi
6077 s mystiques du Roman chercheront donc l’intensité de la passion et non son apaisement heureux. Plus leur passion est vive
6078 ystiques du Roman chercheront donc l’intensité de la passion et non son apaisement heureux. Plus leur passion est vive et
6079 heureux. Plus leur passion est vive et plus elle les détache des choses créées, et plus facilement ils parviennent à la mo
6080 oses créées, et plus facilement ils parviennent à la mort volontaire dans l’endura. Au contraire, les mystiques chrétiens
6081 ilement ils parviennent à la mort volontaire dans l’ endura. Au contraire, les mystiques chrétiens voient dans les actes et
6082 à la mort volontaire dans l’endura. Au contraire, les mystiques chrétiens voient dans les actes et les œuvres qui découlent
6083 Au contraire, les mystiques chrétiens voient dans les actes et les œuvres qui découlent de l’état mystique les critères de
6084 les mystiques chrétiens voient dans les actes et les œuvres qui découlent de l’état mystique les critères de sa vérité91.
6085 voient dans les actes et les œuvres qui découlent de l’état mystique les critères de sa vérité91. C’est du moins le mouvem
6086 ent dans les actes et les œuvres qui découlent de l’ état mystique les critères de sa vérité91. C’est du moins le mouvement
6087 es et les œuvres qui découlent de l’état mystique les critères de sa vérité91. C’est du moins le mouvement constant de ceux
6088 res qui découlent de l’état mystique les critères de sa vérité91. C’est du moins le mouvement constant de ceux qui ont con
6089 tique les critères de sa vérité91. C’est du moins le mouvement constant de ceux qui ont concentré leur oraison sur le Chri
6090 sa vérité91. C’est du moins le mouvement constant de ceux qui ont concentré leur oraison sur le Christ incarné réellement.
6091 nstant de ceux qui ont concentré leur oraison sur le Christ incarné réellement. Mais les « parfaits » ne croyaient pas l’I
6092 ur oraison sur le Christ incarné réellement. Mais les « parfaits » ne croyaient pas l’Incarnation, et ne pouvaient connaîtr
6093 éellement. Mais les « parfaits » ne croyaient pas l’ Incarnation, et ne pouvaient connaître ce retour de l’âme à une vie ré
6094 ’Incarnation, et ne pouvaient connaître ce retour de l’âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Th
6095 carnation, et ne pouvaient connaître ce retour de l’ âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérè
6096 ce retour de l’âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérèse, mais c’est de ne pas mourir asse
6097 e ne pas mourir », dit sainte Thérèse, mais c’est de ne pas mourir assez pour vivre toute la vie nouvelle, et pour obéir s
6098 ais c’est de ne pas mourir assez pour vivre toute la vie nouvelle, et pour obéir sans tourments. Je ne trouve rien, dans T
6099 ts. Je ne trouve rien, dans Tristan, qui rappelle le « rejet des dons » dont parlent Eckhart et saint Jean de la Croix. Le
6100 » dont parlent Eckhart et saint Jean de la Croix. Les amants se plaignent parfois de leur passion et maudissent le poison f
6101 Jean de la Croix. Les amants se plaignent parfois de leur passion et maudissent le poison fatal, cause de leurs terribles
6102 e plaignent parfois de leur passion et maudissent le poison fatal, cause de leurs terribles souffrances. « Amor par force
6103 leur passion et maudissent le poison fatal, cause de leurs terribles souffrances. « Amor par force les demeine. » Mais fin
6104 de leurs terribles souffrances. « Amor par force les demeine. » Mais finalement, c’est la passion totale qu’ils accueiller
6105 r par force les demeine. » Mais finalement, c’est la passion totale qu’ils accueilleront comme la révélation dernière, dan
6106 ’est la passion totale qu’ils accueilleront comme la révélation dernière, dans la mort. Ainsi de leur attitude envers les
6107 accueilleront comme la révélation dernière, dans la mort. Ainsi de leur attitude envers les créatures : ils ne les retrou
6108 comme la révélation dernière, dans la mort. Ainsi de leur attitude envers les créatures : ils ne les retrouvent pas au-del
6109 ière, dans la mort. Ainsi de leur attitude envers les créatures : ils ne les retrouvent pas au-delà de leur passion et de s
6110 si de leur attitude envers les créatures : ils ne les retrouvent pas au-delà de leur passion et de son ascèse. Ils ignorent
6111 les créatures : ils ne les retrouvent pas au-delà de leur passion et de son ascèse. Ils ignorent ce mouvement de retour au
6112 ne les retrouvent pas au-delà de leur passion et de son ascèse. Ils ignorent ce mouvement de retour au monde si caractéri
6113 ssion et de son ascèse. Ils ignorent ce mouvement de retour au monde si caractéristique du christianisme. Jean de la Croix
6114 aît un détachement parfait : « Lorsqu’on mortifie les passions, l’âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et de cette
6115 ment parfait : « Lorsqu’on mortifie les passions, l’ âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et de cette façon, elle e
6116 qu’on mortifie les passions, l’âme ne reçoit plus d’ aliment des créatures ; et de cette façon, elle est remplie d’obscurit
6117 l’âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et de cette façon, elle est remplie d’obscurité, et destituée des objets qu
6118 s créatures ; et de cette façon, elle est remplie d’ obscurité, et destituée des objets que les passions lui présentaient. 
6119 remplie d’obscurité, et destituée des objets que les passions lui présentaient. » (Nuit obscure, III). (Et l’on peut certe
6120 ions lui présentaient. » (Nuit obscure, III). (Et l’ on peut certes rapprocher ce passage de l’admirable cri de Ventadour :
6121 III). (Et l’on peut certes rapprocher ce passage de l’admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris
6122 I). (Et l’on peut certes rapprocher ce passage de l’ admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris mo
6123 t certes rapprocher ce passage de l’admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a
6124 de l’admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris le monde, puis s’est elle
6125 is le cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris le monde, puis s’est elle-même dérobée à moi, ne me laissant rien que mo
6126 e mon désir et mon cœur assoiffé. ») Au-delà même de cet état, Jean de la Croix connut la viduité totale, où non seulement
6127 Au-delà même de cet état, Jean de la Croix connut la viduité totale, où non seulement le monde et le prochain, et l’amour
6128 Croix connut la viduité totale, où non seulement le monde et le prochain, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir
6129 t la viduité totale, où non seulement le monde et le prochain, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir de l’amour s
6130 ale, où non seulement le monde et le prochain, et l’ amour avec son objet, mais jusqu’au désir de l’amour semblent se dérob
6131 n, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir de l’amour semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide de toute con
6132 et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir de l’ amour semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide de toute convoi
6133 au désir de l’amour semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut,
6134 désir de l’amour semblent se dérober au comble de l’ élan : « Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut, et
6135 semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l’attire
6136 e de l’élan : « Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.) Le
6137  Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.) Le troubadour Arn
6138 itise, rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l’ attire vers le bas… » (Maximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait a
6139 le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait aussi de cet « 
6140 ut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait aussi de cet « excès de désir » qui
6141 ximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait aussi de cet « excès de désir » qui enlève « tout désir ». Mais cet état théop
6142 badour Arnaut Daniel parlait aussi de cet « excès de désir » qui enlève « tout désir ». Mais cet état théopathique n’about
6143 opathique n’aboutit point chez Jean de la Croix à la condamnation des créatures. Maître Eckhart, que l’on tient cependant
6144 a condamnation des créatures. Maître Eckhart, que l’ on tient cependant — à tort peut-être — pour platonicien, sait dire en
6145 platonicien, sait dire en termes magnifiques que l’ âme pure est le lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péc
6146 ait dire en termes magnifiques que l’âme pure est le lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péché. « Toutes le
6147 en termes magnifiques que l’âme pure est le lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péché. « Toutes les créatu
6148 e lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péché. « Toutes les créatures passent de leur vie à leur être. Toutes
6149 n des créatures dénaturées par le péché. « Toutes les créatures passent de leur vie à leur être. Toutes les créatures se po
6150 rées par le péché. « Toutes les créatures passent de leur vie à leur être. Toutes les créatures se portent dans ma raison
6151 créatures passent de leur vie à leur être. Toutes les créatures se portent dans ma raison afin d’être en moi raisonnables.
6152 e en moi raisonnables. Moi seul, je ramène toutes les créatures à Dieu. » C’est ce mouvement qui fait défaut, théoriquement
6153 éfaut, théoriquement, à toute mystique fondée sur l’ Éros lumineux. Mais il faut indiquer la dernière limite, qui est celle
6154 l faut indiquer la dernière limite, qui est celle de l’humilité. Et là encore, la clé de l’opposition est dans le mystère
6155 aut indiquer la dernière limite, qui est celle de l’ humilité. Et là encore, la clé de l’opposition est dans le mystère de
6156 imite, qui est celle de l’humilité. Et là encore, la clé de l’opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman es
6157 qui est celle de l’humilité. Et là encore, la clé de l’opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman est baign
6158 est celle de l’humilité. Et là encore, la clé de l’ opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné p
6159 té. Et là encore, la clé de l’opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtiq
6160 ncore, la clé de l’opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’org
6161 re, la clé de l’opposition est dans le mystère de l’ Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’orguei
6162 ’opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’orgueil chevaleresque
6163 mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné par l’ atmosphère celtique de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la
6164 on. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le mo
6165 Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’ orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le moteu
6166 phère celtique de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Co
6167 tique de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous
6168 ue de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous les
6169 aleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous les passionnés, il aime
6170 de la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous les passionnés, il aime avec témérité la sensatio
6171 le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous les passionnés, il aime avec témérité la sensation de puissance qu’il épr
6172 Comme tous les passionnés, il aime avec témérité la sensation de puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où le désir fi
6173 es passionnés, il aime avec témérité la sensation de puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où le désir final du risque
6174 rité la sensation de puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où le désir final du risque pour lui-même, la passion de la
6175 sation de puissance qu’il éprouve dans le risque. D’ où le désir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sa
6176 n de puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où le désir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sans te
6177 que. D’où le désir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour.
6178 e désir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’on s’aper
6179 ésir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’on s’aperçoi
6180 ur lui-même, la passion de la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que
6181 , la passion de la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse
6182 a passion de la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse ét
6183 on sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’ on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse était le signe matériel
6184 sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse était le signe matériel d’un processus de divinisation. Les
6185 s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse était le signe matériel d’un processus de divinisation. Les vrais mystiques, t
6186 e limite, que la prouesse était le signe matériel d’ un processus de divinisation. Les vrais mystiques, tout au contraire,
6187 a prouesse était le signe matériel d’un processus de divinisation. Les vrais mystiques, tout au contraire, sont la prudenc
6188 le signe matériel d’un processus de divinisation. Les vrais mystiques, tout au contraire, sont la prudence même, la rigueur
6189 ion. Les vrais mystiques, tout au contraire, sont la prudence même, la rigueur même, l’obéissance même dans la lucidité. S
6190 tiques, tout au contraire, sont la prudence même, la rigueur même, l’obéissance même dans la lucidité. Si « la mort m’est
6191 ontraire, sont la prudence même, la rigueur même, l’ obéissance même dans la lucidité. Si « la mort m’est un gain », c’est
6192 nce même, la rigueur même, l’obéissance même dans la lucidité. Si « la mort m’est un gain », c’est que « Christ est ma vie
6193 ur même, l’obéissance même dans la lucidité. Si «  la mort m’est un gain », c’est que « Christ est ma vie », et Christ s’es
6194 Christ s’est incarné, c’est-à-dire abaissé. Ainsi le chrétien ne se jette pas dans l’illusion d’une mort d’amour transfigu
6195 e abaissé. Ainsi le chrétien ne se jette pas dans l’ illusion d’une mort d’amour transfigurante, mais au contraire accepte
6196 Ainsi le chrétien ne se jette pas dans l’illusion d’ une mort d’amour transfigurante, mais au contraire accepte les limites
6197 rétien ne se jette pas dans l’illusion d’une mort d’ amour transfigurante, mais au contraire accepte les limites de sa terr
6198 d’amour transfigurante, mais au contraire accepte les limites de sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers le haut, e
6199 sfigurante, mais au contraire accepte les limites de sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l
6200 e les limites de sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas », disait saint
6201 e sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas », disait saint Jean de la Croi
6202 ion. « Rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l’ attire vers le bas », disait saint Jean de la Croix, et cela « parce q
6203 le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas », disait saint Jean de la Croix, et cela « parce qu’il se tient
6204 a Croix, et cela « parce qu’il se tient au centre de son humilité ». 3.Transpositions curieuses, mais inévitables To
6205 anspositions curieuses, mais inévitables Toute la poésie d’Occident procède de l’amour courtois et du roman breton qui
6206 ns curieuses, mais inévitables Toute la poésie d’ Occident procède de l’amour courtois et du roman breton qui en dérive.
6207 inévitables Toute la poésie d’Occident procède de l’amour courtois et du roman breton qui en dérive. C’est à cette orig
6208 vitables Toute la poésie d’Occident procède de l’ amour courtois et du roman breton qui en dérive. C’est à cette origine
6209 seudo-mystique ; et c’est dans ce vocabulaire que les amoureux d’aujourd’hui puisent encore, en toute inconscience, leurs m
6210 e ; et c’est dans ce vocabulaire que les amoureux d’ aujourd’hui puisent encore, en toute inconscience, leurs métaphores le
6211 t encore, en toute inconscience, leurs métaphores les plus courantes. Mais de même que le mythe romanesque avait utilisé un
6212 s métaphores les plus courantes. Mais de même que le mythe romanesque avait utilisé un « matériel » d’images, de noms et d
6213 le mythe romanesque avait utilisé un « matériel » d’ images, de noms et de situations tiré du fonds religieux des Celtes, d
6214 omanesque avait utilisé un « matériel » d’images, de noms et de situations tiré du fonds religieux des Celtes, donc d’une
6215 vait utilisé un « matériel » d’images, de noms et de situations tiré du fonds religieux des Celtes, donc d’une religion dé
6216 tuations tiré du fonds religieux des Celtes, donc d’ une religion déjà morte, de même notre littérature et nos passions uti
6217 ature et nos passions utilisent par abus, et sans le savoir, un langage dont la seule mystique définissait le sens valable
6218 sent par abus, et sans le savoir, un langage dont la seule mystique définissait le sens valable. Plus d’une fois, l’ambigu
6219 ir, un langage dont la seule mystique définissait le sens valable. Plus d’une fois, l’ambiguïté du mythe nous a fait hésit
6220 seule mystique définissait le sens valable. Plus d’ une fois, l’ambiguïté du mythe nous a fait hésiter en présence de tel
6221 que définissait le sens valable. Plus d’une fois, l’ ambiguïté du mythe nous a fait hésiter en présence de tel épisode : s’
6222 ésiter en présence de tel épisode : s’agissait-il d’ amour profane — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole de l’Éros l
6223 l épisode : s’agissait-il d’amour profane — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Égli
6224 l d’amour profane — selon la lettre du Roman — ou d’ un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit
6225 fane — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par
6226 e — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole de l’ Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par la
6227 Roman — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par la suite, le lecteur ignor
6228 an — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’ Église d’Amour ? On conçoit donc que par la suite, le lecteur ignorant
6229 ’un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Église d’ Amour ? On conçoit donc que par la suite, le lecteur ignorant des myst
6230 ire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par la suite, le lecteur ignorant des mystères fut presque fatalement amené
6231 glise d’Amour ? On conçoit donc que par la suite, le lecteur ignorant des mystères fut presque fatalement amené à transpos
6232 s ces allégories trop bien voilées. Il est facile d’ imaginer le processus. Saint Augustin écrit cette prière : « Je te che
6233 ories trop bien voilées. Il est facile d’imaginer le processus. Saint Augustin écrit cette prière : « Je te cherchais hors
6234 , parce que tu étais en moi. » Il parle à Dieu, à l’ amour éternel. Mais supposez qu’un troubadour ait exprimé la même priè
6235 ernel. Mais supposez qu’un troubadour ait exprimé la même prière en feignant de l’adresser à sa Dame. L’amant habitué aux
6236 troubadour ait exprimé la même prière en feignant de l’adresser à sa Dame. L’amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il
6237 ubadour ait exprimé la même prière en feignant de l’ adresser à sa Dame. L’amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il en
6238 même prière en feignant de l’adresser à sa Dame. L’ amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il entend à leur sens profa
6239 ues, qu’il entend à leur sens profane, sera tenté de voir dans cette même phrase l’expression de la passion qu’il aime : c
6240 rofane, sera tenté de voir dans cette même phrase l’ expression de la passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en
6241 tenté de voir dans cette même phrase l’expression de la passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en soi, dans une
6242 té de voir dans cette même phrase l’expression de la passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en soi, dans une so
6243 lle qu’on goûte et savoure en soi, dans une sorte d’ indifférence à son objet vivant et extérieur. Ainsi nous avons vu que
6244 s sa réalité, mais en tant qu’elle éveille en lui la brûlure délicieuse du désir. L’amour-passion tend à se confondre avec
6245 le éveille en lui la brûlure délicieuse du désir. L’ amour-passion tend à se confondre avec l’exaltation d’un narcissisme…
6246 u désir. L’amour-passion tend à se confondre avec l’ exaltation d’un narcissisme… Dans cette transposition purement blasphé
6247 our-passion tend à se confondre avec l’exaltation d’ un narcissisme… Dans cette transposition purement blasphématoire, et q
6248 lasphématoire, et qui ne s’est accomplie qu’après le xiie siècle, la conscience moderne a cru voir une donnée première. E
6249 qui ne s’est accomplie qu’après le xiie siècle, la conscience moderne a cru voir une donnée première. Elle a cru pouvoir
6250 donnée première. Elle a cru pouvoir « expliquer » le plus élevé par le plus bas, la mystique pure par la passion humaine.
6251 lle a cru pouvoir « expliquer » le plus élevé par le plus bas, la mystique pure par la passion humaine. Elle a fondé cette
6252 voir « expliquer » le plus élevé par le plus bas, la mystique pure par la passion humaine. Elle a fondé cette « science »
6253 plus élevé par le plus bas, la mystique pure par la passion humaine. Elle a fondé cette « science » nouvelle sur l’observ
6254 aine. Elle a fondé cette « science » nouvelle sur l’ observation du langage, et spécialement sur la similitude des métaphor
6255 sur l’observation du langage, et spécialement sur la similitude des métaphores utilisées dans les deux cas. Or d’où venaie
6256 t sur la similitude des métaphores utilisées dans les deux cas. Or d’où venaient ces métaphores ? D’une mystique, comme nou
6257 de des métaphores utilisées dans les deux cas. Or d’ où venaient ces métaphores ? D’une mystique, comme nous l’avons vu — m
6258 s les deux cas. Or d’où venaient ces métaphores ? D’ une mystique, comme nous l’avons vu — mais déguisée, persécutée, puis
6259 aient ces métaphores ? D’une mystique, comme nous l’ avons vu — mais déguisée, persécutée, puis oubliée. À tel point oublié
6260 À tel point oubliée comme hérésie, et passée dans les mœurs comme poésie, que les mystiques chrétiens utiliseront ses métap
6261 résie, et passée dans les mœurs comme poésie, que les mystiques chrétiens utiliseront ses métaphores devenues profanes comm
6262 nce » reste donc valable à condition qu’on change le signe de chacune de ses propositions. Par exemple, là où la science p
6263 te donc valable à condition qu’on change le signe de chacune de ses propositions. Par exemple, là où la science proclame q
6264 able à condition qu’on change le signe de chacune de ses propositions. Par exemple, là où la science proclame que la mysti
6265 e chacune de ses propositions. Par exemple, là où la science proclame que la mystique résulte d’une sublimation de l’insti
6266 tions. Par exemple, là où la science proclame que la mystique résulte d’une sublimation de l’instinct, il suffira de chang
6267 là où la science proclame que la mystique résulte d’ une sublimation de l’instinct, il suffira de changer le sens de la rel
6268 roclame que la mystique résulte d’une sublimation de l’instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, e
6269 lame que la mystique résulte d’une sublimation de l’ instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, et d
6270 sulte d’une sublimation de l’instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, et d’écrire que « l’instinc
6271 sublimation de l’instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en ques
6272 tion de l’instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en question rés
6273 n de l’instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en question résult
6274 a de changer le sens de la relation constatée, et d’ écrire que « l’instinct » en question résulte d’une profanation de la
6275 sens de la relation constatée, et d’écrire que «  l’ instinct » en question résulte d’une profanation de la mystique primit
6276 t d’écrire que « l’instinct » en question résulte d’ une profanation de la mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience m
6277 ’instinct » en question résulte d’une profanation de la mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience moderne montre une
6278 stinct » en question résulte d’une profanation de la mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience moderne montre une si
6279 rofanation de la mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience moderne montre une si grande répugnance à opérer ce renver
6280 épugnance à opérer ce renversement, qu’il est bon d’ entrer plus avant dans le mécanisme des transpositions, et même de rec
6281 versement, qu’il est bon d’entrer plus avant dans le mécanisme des transpositions, et même de reconnaître la valeur de cer
6282 ant dans le mécanisme des transpositions, et même de reconnaître la valeur de certaines objections courantes. Car enfin, d
6283 anisme des transpositions, et même de reconnaître la valeur de certaines objections courantes. Car enfin, dira-t-on, la my
6284 transpositions, et même de reconnaître la valeur de certaines objections courantes. Car enfin, dira-t-on, la mystique, au
6285 aines objections courantes. Car enfin, dira-t-on, la mystique, au moins dans une de ses tendances, ne s’est-elle pas prêté
6286 enfin, dira-t-on, la mystique, au moins dans une de ses tendances, ne s’est-elle pas prêtée à toutes les confusions ? N’a
6287 ses tendances, ne s’est-elle pas prêtée à toutes les confusions ? N’a-t-elle pas abusé la première du langage de l’Éros pa
6288 ons ? N’a-t-elle pas abusé la première du langage de l’Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la pass
6289  ? N’a-t-elle pas abusé la première du langage de l’ Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la passion
6290 e l’Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la passion Le fait central de toute vie religieuse de f
6291 ïen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de
6292  ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de con
6293 stiques orthodoxes et le langage de la passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens
6294 es et le langage de la passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est l’événem
6295 assion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dè
6296 fait central de toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dès que l’on s
6297 eligieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est l’ événement de l’Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de
6298 forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’
6299 rme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de l’ Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on
6300 iens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dès que l’ on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on encourt le double péril
6301 s que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’ on encourt le double péril de l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérési
6302 écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on encourt le double péril de l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathare
6303 oit peu de ce foyer, l’on encourt le double péril de l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à i
6304 peu de ce foyer, l’on encourt le double péril de l’ humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéa
6305 r, l’on encourt le double péril de l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Év
6306 l’on encourt le double péril de l’humanisme et de l’ idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Évang
6307 e double péril de l’humanisme et de l’idéalisme. L’ hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Évangile, et à rega
6308 ’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’ Évangile, et à regarder l’amour sous toutes ses formes comme un élan h
6309 istait à idéaliser tout l’Évangile, et à regarder l’ amour sous toutes ses formes comme un élan hors du monde créé. Cette f
6310 omme un élan hors du monde créé. Cette fuite dans le divin — ou « enthousiasme » — cette transgression des limites de l’hu
6311  enthousiasme » — cette transgression des limites de l’humain, finalement irréalisable, devait se traduire, et se trahir d
6312 thousiasme » — cette transgression des limites de l’ humain, finalement irréalisable, devait se traduire, et se trahir d’un
6313 nt irréalisable, devait se traduire, et se trahir d’ une manière fatale, par une exaltation en termes divins de l’amour sex
6314 nière fatale, par une exaltation en termes divins de l’amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez les mystiques les
6315 re fatale, par une exaltation en termes divins de l’ amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez les mystiques les plu
6316 exaltation en termes divins de l’amour sexuel. À l’ inverse, on peut observer chez les mystiques les plus « christocentriq
6317 ’amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez les mystiques les plus « christocentriques » une propension à s’adresser
6318 À l’inverse, on peut observer chez les mystiques les plus « christocentriques » une propension à s’adresser à Dieu dans le
6319 triques » une propension à s’adresser à Dieu dans le langage des affections humaines : attrait sexuel, faim et soif, volon
6320 im et soif, volonté. Exaltation en termes humains de l’amour de Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous ret
6321 et soif, volonté. Exaltation en termes humains de l’ amour de Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous retrou
6322 volonté. Exaltation en termes humains de l’amour de Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous retrouverons d
6323 t deux grands courants que nous retrouverons dans la mystique universelle. Ils seront d’ailleurs rarement purs dans telle
6324 purs dans telle ou telle œuvre donnée. Même chez les représentants les plus typiques de l’une et de l’autre tendance, ils
6325 u telle œuvre donnée. Même chez les représentants les plus typiques de l’une et de l’autre tendance, ils coexistent presque
6326 ée. Même chez les représentants les plus typiques de l’une et de l’autre tendance, ils coexistent presque toujours, ne fût
6327 z les représentants les plus typiques de l’une et de l’autre tendance, ils coexistent presque toujours, ne fût-ce qu’à la
6328 , ils coexistent presque toujours, ne fût-ce qu’à la manière dont la tentation coexiste avec la volonté d’obéissance chez
6329 presque toujours, ne fût-ce qu’à la manière dont la tentation coexiste avec la volonté d’obéissance chez le croyant. Hist
6330 e qu’à la manière dont la tentation coexiste avec la volonté d’obéissance chez le croyant. Historiquement parlant, il est
6331 anière dont la tentation coexiste avec la volonté d’ obéissance chez le croyant. Historiquement parlant, il est donc malais
6332 tation coexiste avec la volonté d’obéissance chez le croyant. Historiquement parlant, il est donc malaisé de les isoler. M
6333 yant. Historiquement parlant, il est donc malaisé de les isoler. Mais théologiquement, la chose est claire. Le premier cou
6334 t. Historiquement parlant, il est donc malaisé de les isoler. Mais théologiquement, la chose est claire. Le premier courant
6335 donc malaisé de les isoler. Mais théologiquement, la chose est claire. Le premier courant est celui de la mystique unitive
6336 la chose est claire. Le premier courant est celui de la mystique unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la di
6337 chose est claire. Le premier courant est celui de la mystique unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la divin
6338 rant est celui de la mystique unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la divinité. Le second courant peut être
6339 la mystique unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la divinité. Le second courant peut être appelé celui de
6340 mystique unitive : il tend à la fusion totale de l’ âme et de la divinité. Le second courant peut être appelé celui de la
6341 unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la divinité. Le second courant peut être appelé celui de la mystique
6342 itive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la divinité. Le second courant peut être appelé celui de la mystique épi
6343 ivinité. Le second courant peut être appelé celui de la mystique épithalamique : il tend au mariage de l’âme et de Dieu, e
6344 nité. Le second courant peut être appelé celui de la mystique épithalamique : il tend au mariage de l’âme et de Dieu, et s
6345 de la mystique épithalamique : il tend au mariage de l’âme et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est ma
6346 la mystique épithalamique : il tend au mariage de l’ âme et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est maint
6347 ue épithalamique : il tend au mariage de l’âme et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est maintenue entr
6348 me et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’ essence est maintenue entre la créature et le Créateur. Quelques exemp
6349 qu’une distinction d’essence est maintenue entre la créature et le Créateur. Quelques exemples individuels — les seuls va
6350 tion d’essence est maintenue entre la créature et le Créateur. Quelques exemples individuels — les seuls valables en ce do
6351 e et le Créateur. Quelques exemples individuels —  les seuls valables en ce domaine92 — nous permettront de préciser tout ce
6352 seuls valables en ce domaine92 — nous permettront de préciser tout cela sans excessives simplifications. Ils nous permettr
6353 excessives simplifications. Ils nous permettront d’ entrevoir les raisons de ce curieux phénomène : « l’abus » du langage
6354 simplifications. Ils nous permettront d’entrevoir les raisons de ce curieux phénomène : « l’abus » du langage amoureux en r
6355 ons. Ils nous permettront d’entrevoir les raisons de ce curieux phénomène : « l’abus » du langage amoureux en religion doi
6356 entrevoir les raisons de ce curieux phénomène : «  l’ abus » du langage amoureux en religion doit être rattaché, historiquem
6357 on doit être rattaché, historiquement, au courant le plus orthodoxe. J’emprunterai mon premier exemple à l’ouvrage de Rudo
6358 us orthodoxe. J’emprunterai mon premier exemple à l’ ouvrage de Rudolf Otto intitulé Mystique occidentale-orientale 93. L’a
6359 xe. J’emprunterai mon premier exemple à l’ouvrage de Rudolf Otto intitulé Mystique occidentale-orientale 93. L’auteur comp
6360 Otto intitulé Mystique occidentale-orientale 93. L’ auteur compare, puis oppose le fondateur de la mystique allemande au x
6361 ntale-orientale 93. L’auteur compare, puis oppose le fondateur de la mystique allemande au xive siècle, Maître Eckhart, e
6362 le 93. L’auteur compare, puis oppose le fondateur de la mystique allemande au xive siècle, Maître Eckhart, et le mystique
6363 93. L’auteur compare, puis oppose le fondateur de la mystique allemande au xive siècle, Maître Eckhart, et le mystique hi
6364 que allemande au xive siècle, Maître Eckhart, et le mystique hindou Sankara. Ce qui est intéressant pour notre objet, c’e
6365 pour notre objet, c’est que Rudolf Otto distingue l’ Orient de l’Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros
6366 e objet, c’est que Rudolf Otto distingue l’Orient de l’Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Ag
6367 bjet, c’est que Rudolf Otto distingue l’Orient de l’ Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Agapè
6368 ccident en ramenant leurs mystiques respectives à l’ Éros et à l’Agapè, d’une manière assez analogue à celle que nous propo
6369 amenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à l’ Agapè, d’une manière assez analogue à celle que nous proposions ci-des
6370 eurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Agapè, d’ une manière assez analogue à celle que nous proposions ci-dessus (voir
6371 proposions ci-dessus (voir II, 4). Sankara refuse le monde et le condamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir le sa
6372 i-dessus (voir II, 4). Sankara refuse le monde et le condamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir le samsara (qui e
6373 nkara refuse le monde et le condamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir le samsara (qui est la vie diverse, infini
6374 ndamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir le samsara (qui est la vie diverse, infiniment mouvante). Au contraire,
6375 le nirvana ne peut accueillir le samsara (qui est la vie diverse, infiniment mouvante). Au contraire, Eckhart verra Dieu p
6376 contraire, Eckhart verra Dieu présent dans toutes les créatures, en tant que, par l’âme du croyant, elles « passent de leur
6377 ésent dans toutes les créatures, en tant que, par l’ âme du croyant, elles « passent de leur vie à leur être ». La confront
6378 n tant que, par l’âme du croyant, elles « passent de leur vie à leur être ». La confrontation est rendue possible par le f
6379 oyant, elles « passent de leur vie à leur être ». La confrontation est rendue possible par le fait qu’il existe au Moyen Â
6380 être ». La confrontation est rendue possible par le fait qu’il existe au Moyen Âge une tradition mystique parallèle à cel
6381 oyen Âge une tradition mystique parallèle à celle de Sankara. « Mystique de l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la fav
6382 mystique parallèle à celle de Sankara. « Mystique de l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je e
6383 tique parallèle à celle de Sankara. « Mystique de l’ ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et l
6384 stique de l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et le Tu des êtres unis par une forte émotio
6385 l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et le Tu des êtres unis par une forte émotion coulent
6386 ntimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et le Tu des êtres unis par une forte émotion coulent l’un dans l’
6387 e — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et le Tu des êtres unis par une forte émotion coulent l’un dans l’autre, do
6388 l’un dans l’autre, donnant naissance à une unité d’ être. Eckhart ne connaît ni cette ivresse ni cet amour « pathologique 
6389 t ni cette ivresse ni cet amour « pathologique ». L’ amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme la
6390 amour « pathologique ». L’amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre
6391 e ». L’amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre ; intime, mais humb
6392 . L’amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne de l’ Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre ; intime, mais humble
6393 c’est la vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre ; intime, mais humble à l’extrême, et en mê
6394 mort, mais non point ivre ; intime, mais humble à l’ extrême, et en même temps volontaire et active comme le kantien « amou
6395 rême, et en même temps volontaire et active comme le kantien « amour pratique ». C’est par ce trait, tout particulièrement
6396 , tout particulièrement, que Eckhart se distingue d’ une manière radicale de Plotin, dont on persiste à faire son maître. P
6397 , que Eckhart se distingue d’une manière radicale de Plotin, dont on persiste à faire son maître. Plotin lui aussi prêche
6398 siste à faire son maître. Plotin lui aussi prêche l’ amour mystique, mais l’amour plotinien n’est nullement l’Agapè chrétie
6399 e. Plotin lui aussi prêche l’amour mystique, mais l’ amour plotinien n’est nullement l’Agapè chrétienne : c’est l’éros grec
6400 mystique, mais l’amour plotinien n’est nullement l’ Agapè chrétienne : c’est l’éros grec, qui est jouissance, et jouissanc
6401 tinien n’est nullement l’Agapè chrétienne : c’est l’ éros grec, qui est jouissance, et jouissance d’une naturelle et surnat
6402 st l’éros grec, qui est jouissance, et jouissance d’ une naturelle et surnaturelle Beauté… gardant jusqu’en ses plus subtil
6403 u’en ses plus subtiles sublimations quelque chose de l’Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l
6404 n ses plus subtiles sublimations quelque chose de l’ Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l’in
6405 ’Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la
6406 os du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la fe
6407 sium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divin
6408 m platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l’ instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divine,
6409 en, grand Daimon qui, de la ferveur de l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divine, mais n’en c
6410 nstinct de procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divine, mais n’en conserve pas moins les éléments de l’homme
6411 à la ferveur divine, mais n’en conserve pas moins les éléments de l’homme fervent. » Pour Eckhart, la vraie voie mystique n
6412 divine, mais n’en conserve pas moins les éléments de l’homme fervent. » Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’est pas cel
6413 ine, mais n’en conserve pas moins les éléments de l’ homme fervent. » Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’est pas celle
6414 les éléments de l’homme fervent. » Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’est pas celle qui, s’élevant d’un état de senti
6415 raie voie mystique n’est pas celle qui, s’élevant d’ un état de sentiment, mènerait à une union suprême, au sommet d’un éla
6416 mystique n’est pas celle qui, s’élevant d’un état de sentiment, mènerait à une union suprême, au sommet d’un élan d’amour 
6417 entiment, mènerait à une union suprême, au sommet d’ un élan d’amour : L’amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une
6418 mènerait à une union suprême, au sommet d’un élan d’ amour : L’amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une œuvre, non
6419 une union suprême, au sommet d’un élan d’amour : L’ amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une œuvre, non à une esse
6420 Il unit bien à une œuvre, non à une essence 94. «  L’ union lui apparaît plutôt comme fournissant d’abord la possibilité d’u
6421 ion lui apparaît plutôt comme fournissant d’abord la possibilité d’une Agapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas
6422 t plutôt comme fournissant d’abord la possibilité d’ une Agapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas le moindre trai
6423 gapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas le moindre trait commun avec l’éros platonicien ou plotinien, mais encor
6424 nt son Agapè n’a pas le moindre trait commun avec l’ éros platonicien ou plotinien, mais encore elle figure la pureté même
6425 platonicien ou plotinien, mais encore elle figure la pureté même du sentiment chrétien dans sa chasteté et sa simplicité é
6426 simplicité élémentaires, sans exaltation ni ajout d’ aucune sorte ». Et de cette union résultent « la confiance, la foi, l’
6427 es, sans exaltation ni ajout d’aucune sorte ». Et de cette union résultent « la confiance, la foi, l’abandon, le service »
6428 t d’aucune sorte ». Et de cette union résultent «  la confiance, la foi, l’abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me
6429 te ». Et de cette union résultent « la confiance, la foi, l’abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il,
6430 de cette union résultent « la confiance, la foi, l’ abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il, d’une co
6431 nion résultent « la confiance, la foi, l’abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il, d’une communion que
6432 service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il, d’ une communion que d’une union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart
6433 donc plutôt, me semble-t-il, d’une communion que d’ une union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’âme,
6434 , d’une communion que d’une union, puisque, comme l’ écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu95. L’act
6435 e union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart, l’ âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu95. L’acte d’amour spirituel est in
6436 sque, comme l’écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’ âme, et Dieu reste Dieu95. L’acte d’amour spirituel est initial, et no
6437 Eckhart, l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu95. L’ acte d’amour spirituel est initial, et non final. Pour le chrétien, la
6438 , l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu95. L’acte d’ amour spirituel est initial, et non final. Pour le chrétien, la mort à
6439 d’amour spirituel est initial, et non final. Pour le chrétien, la mort à soi-même est le début d’une vie plus réelle ici-b
6440 tuel est initial, et non final. Pour le chrétien, la mort à soi-même est le début d’une vie plus réelle ici-bas, non la ca
6441 n final. Pour le chrétien, la mort à soi-même est le début d’une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde.
6442 Pour le chrétien, la mort à soi-même est le début d’ une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde. D’ailleur
6443 e est le début d’une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage d’Eckhart où
6444 d’une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage d’Eckhart où il est questio
6445 ophe de ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage d’ Eckhart où il est question non plus d’union mais bien d’égalité de l’â
6446 un passage d’Eckhart où il est question non plus d’ union mais bien d’égalité de l’âme et de Dieu : Et cette égalité de
6447 art où il est question non plus d’union mais bien d’ égalité de l’âme et de Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et
6448 est question non plus d’union mais bien d’égalité de l’âme et de Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un
6449 question non plus d’union mais bien d’égalité de l’ âme et de Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un est
6450 non plus d’union mais bien d’égalité de l’âme et de Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un est source e
6451 ’égalité de l’âme et de Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un est source et origine du fleurissant resp
6452 ssant amour. 96  Ce n’est donc pas, conclut Otto, la plus haute joie mystique qui figure pour Eckhart l’expression authent
6453 plus haute joie mystique qui figure pour Eckhart l’ expression authentique de l’union divine, mais bien l’Agapè, dont ne p
6454 qui figure pour Eckhart l’expression authentique de l’union divine, mais bien l’Agapè, dont ne parlent et que ne connaiss
6455 i figure pour Eckhart l’expression authentique de l’ union divine, mais bien l’Agapè, dont ne parlent et que ne connaissent
6456 pression authentique de l’union divine, mais bien l’ Agapè, dont ne parlent et que ne connaissent ni Plotin ni Sankara. Vo
6457 ni Sankara. Voici donc, semble-t-il, deux pôles de la mystique universelle très nettement caractérisés. L’Orient (c’est-
6458 Sankara. Voici donc, semble-t-il, deux pôles de la mystique universelle très nettement caractérisés. L’Orient (c’est-à-d
6459 mystique universelle très nettement caractérisés. L’ Orient (c’est-à-dire Sankara, Platon, Plotin) et l’Occident (ici figur
6460 ’Orient (c’est-à-dire Sankara, Platon, Plotin) et l’ Occident (ici figuré par Eckhart) s’opposeraient dans les termes mêmes
6461 dent (ici figuré par Eckhart) s’opposeraient dans les termes mêmes par lesquels nous avons tenté de distinguer la mystique
6462 ns les termes mêmes par lesquels nous avons tenté de distinguer la mystique des cathares et la doctrine chrétienne de l’am
6463 mêmes par lesquels nous avons tenté de distinguer la mystique des cathares et la doctrine chrétienne de l’amour. ⁂ Mais Ec
6464 s tenté de distinguer la mystique des cathares et la doctrine chrétienne de l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de
6465 a mystique des cathares et la doctrine chrétienne de l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté. Le pape Jean
6466 ystique des cathares et la doctrine chrétienne de l’ amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté. Le pape Jean XX
6467 ne de l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté. Le pape Jean XXII condamna même ses thèses les plus hardies
6468 . ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté. Le pape Jean XXII condamna même ses thèses les plus hardies dans une bul
6469 nteté. Le pape Jean XXII condamna même ses thèses les plus hardies dans une bulle de 1329. L’une des thèses condamnées, la
6470 a même ses thèses les plus hardies dans une bulle de 1329. L’une des thèses condamnées, la dixième, est ainsi reproduite d
6471 condamnées, la dixième, est ainsi reproduite dans la bulle : Nous nous métamorphosons totalement en Dieu et nous nous con
6472 alement en Dieu et nous nous convertissons en lui de la même manière que le pain dans le sacrement se change en corps du C
6473 ment en Dieu et nous nous convertissons en lui de la même manière que le pain dans le sacrement se change en corps du Chri
6474 nous convertissons en lui de la même manière que le pain dans le sacrement se change en corps du Christ : je suis ainsi c
6475 issons en lui de la même manière que le pain dans le sacrement se change en corps du Christ : je suis ainsi changé en lui
6476 e me fait être sien. Unité et non similitude. Par le Dieu vivant, il est vrai qu’il n’y a plus là aucune distinction. Cet
6477 ne distinction. Cette thèse, extraite des œuvres d’ Eckhart, paraît contredire formellement l’interprétation précédente. E
6478 œuvres d’Eckhart, paraît contredire formellement l’ interprétation précédente. Elle rejette Maître Eckhart du côté de « l’
6479 cédente. Elle rejette Maître Eckhart du côté de «  l’ Orient », c’est-à-dire du côté d’une mystique essentiellement unitive,
6480 art du côté de « l’Orient », c’est-à-dire du côté d’ une mystique essentiellement unitive, et par cela même hérétique… Ce q
6481 Ce qui est certain, c’est que Maître Eckhart est le dialecticien par excellence, et qu’il est trop facile d’extraire de s
6482 ecticien par excellence, et qu’il est trop facile d’ extraire de ses œuvres les vérités les plus contradictoires. Chez lui,
6483 r excellence, et qu’il est trop facile d’extraire de ses œuvres les vérités les plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu
6484 et qu’il est trop facile d’extraire de ses œuvres les vérités les plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu dire, « négatio
6485 trop facile d’extraire de ses œuvres les vérités les plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu dire, « négation et affirma
6486 e, « négation et affirmation forment à elles deux la vérité. L’une n’est pas vraie sans l’autre, et ne se peut concevoir q
6487 mation et négation sont inséparables, n’étant que les deux aspects d’une même vérité.97 ». Il n’en est pas moins significat
6488 n sont inséparables, n’étant que les deux aspects d’ une même vérité.97 ». Il n’en est pas moins significatif de constater
6489 e vérité.97 ». Il n’en est pas moins significatif de constater que Eckhart souleva dans la mystique flamande une oppositio
6490 ignificatif de constater que Eckhart souleva dans la mystique flamande une opposition très violente, et sur les chefs préc
6491 que flamande une opposition très violente, et sur les chefs précis dont Otto le montre adversaire : savoir l’union essentie
6492 très violente, et sur les chefs précis dont Otto le montre adversaire : savoir l’union essentielle et l’abandon des œuvre
6493 fs précis dont Otto le montre adversaire : savoir l’ union essentielle et l’abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient
6494 montre adversaire : savoir l’union essentielle et l’ abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient de quelqu’un ! C’est ai
6495 tielle et l’abandon des œuvres. On est toujours à l’ Orient de quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura l’hérésie
6496 l’abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient de quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura l’hérésie que j’app
6497 quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura l’ hérésie que j’appelle « orientale » aux yeux de Ruysbroek l’Admirable.
6498 uant à ces gens qui ne veulent pas seulement être les égaux de Dieu, mais Dieu lui-même, ils sont plus méchants et plus mau
6499 gens qui ne veulent pas seulement être les égaux de Dieu, mais Dieu lui-même, ils sont plus méchants et plus maudits que
6500 i désirer, ni posséder… Voilà ce qu’ils appellent la parfaite pauvreté d’esprit… Mais ceux qui sont nés du Saint-Esprit et
6501 r… Voilà ce qu’ils appellent la parfaite pauvreté d’ esprit… Mais ceux qui sont nés du Saint-Esprit et chantent ses louange
6502 sprit et chantent ses louanges, pratiquent toutes les vertus. Ils connaissent et ils aiment ; ils cherchent ; ils trouvent…
6503 erchent ; ils trouvent… » Bref, ils agissent. On le voit : Ruysbroek accuse Eckhart de quiétisme. Il revendique contre lu
6504 agissent. On le voit : Ruysbroek accuse Eckhart de quiétisme. Il revendique contre lui un certain activisme de l’amour.
6505 me. Il revendique contre lui un certain activisme de l’amour. C’est qu’il ne croit nullement que toute distinction entre l
6506 Il revendique contre lui un certain activisme de l’ amour. C’est qu’il ne croit nullement que toute distinction entre l’âm
6507 il ne croit nullement que toute distinction entre l’ âme et Dieu puisse être abolie : l’âme ne peut se faire divine, mais s
6508 tinction entre l’âme et Dieu puisse être abolie : l’ âme ne peut se faire divine, mais seulement semblable à Dieu. Elle con
6509 lement semblable à Dieu. Elle contemple Dieu dans le miroir d’un esprit entièrement purifié. « Nous contemplons ce que nou
6510 blable à Dieu. Elle contemple Dieu dans le miroir d’ un esprit entièrement purifié. « Nous contemplons ce que nous sommes e
6511 contemplons ; car notre essence, sans rien perdre de sa propre personnalité, est unie à la vérité divine qui respecte la d
6512 rien perdre de sa propre personnalité, est unie à la vérité divine qui respecte la distinction. » Et ailleurs : « L’abîme
6513 nnalité, est unie à la vérité divine qui respecte la distinction. » Et ailleurs : « L’abîme qui nous sépare de Dieu est pe
6514 ne qui respecte la distinction. » Et ailleurs : «  L’ abîme qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret
6515 nction. » Et ailleurs : « L’abîme qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est l
6516 urs : « L’abîme qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est la distance essenti
6517 qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voi
6518 de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voici le point qu’
6519 nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voici le point qu’il importait de mettre
6520 mes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voici le point qu’il importait de mettre en lumière. Si l’âme peut s’unir esse
6521 ssentielle… » ⁂ Or voici le point qu’il importait de mettre en lumière. Si l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amo
6522 le point qu’il importait de mettre en lumière. Si l’ âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour de l’âme pour Dieu est
6523 ère. Si l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’ amour de l’âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il n
6524 l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour de l’âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il ne sera p
6525 me peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour de l’ âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il ne sera pas
6526 primer en termes de passion. Et c’est bien ce que l’ Histoire démontre. « Chez les mystiques eckhartiens — écrit l’abbé Paq
6527 Et c’est bien ce que l’Histoire démontre. « Chez les mystiques eckhartiens — écrit l’abbé Paquier98 —, je ne sais si l’on
6528 émontre. « Chez les mystiques eckhartiens — écrit l’ abbé Paquier98 —, je ne sais si l’on rencontre jamais le langage de l’
6529 artiens — écrit l’abbé Paquier98 —, je ne sais si l’ on rencontre jamais le langage de l’amour humain. » À l’inverse, si l’
6530 Paquier98 —, je ne sais si l’on rencontre jamais le langage de l’amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir ess
6531 —, je ne sais si l’on rencontre jamais le langage de l’amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellemen
6532 je ne sais si l’on rencontre jamais le langage de l’ amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellement à
6533 encontre jamais le langage de l’amour humain. » À l’ inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme le sout
6534 s le langage de l’amour humain. » À l’inverse, si l’ âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme le soutient l’orthodo
6535 ’âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme le soutient l’orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de l’âme
6536 s’unir essentiellement à Dieu, comme le soutient l’ orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de l’âme pour Dieu es
6537 utient l’orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’ amour de l’âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque
6538 ’orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de l’âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque malheur
6539 thodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de l’ âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque malheureux
6540 peut alors prévoir que cet amour s’exprimera dans le langage passionnel, c’est-à-dire dans le langage de l’hérésie cathare
6541 era dans le langage passionnel, c’est-à-dire dans le langage de l’hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adop
6542 langage passionnel, c’est-à-dire dans le langage de l’hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adopté par les
6543 ngage passionnel, c’est-à-dire dans le langage de l’ hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adopté par les pas
6544 le langage de l’hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adopté par les passions humaines. Car c’est sa rhétori
6545 re « profanisé » par la littérature et adopté par les passions humaines. Car c’est sa rhétorique qui se trouve être la plus
6546 aines. Car c’est sa rhétorique qui se trouve être la plus apte à traduire et à communiquer l’essence tout ineffable du sen
6547 uve être la plus apte à traduire et à communiquer l’ essence tout ineffable du sentiment que l’on vit. Là encore, les texte
6548 uniquer l’essence tout ineffable du sentiment que l’ on vit. Là encore, les textes confirment l’exactitude de notre schéma.
6549 t ineffable du sentiment que l’on vit. Là encore, les textes confirment l’exactitude de notre schéma. C’est bien avec Ruysb
6550 nt que l’on vit. Là encore, les textes confirment l’ exactitude de notre schéma. C’est bien avec Ruysbrœk et sa doctrine de
6551 it. Là encore, les textes confirment l’exactitude de notre schéma. C’est bien avec Ruysbrœk et sa doctrine de la distincti
6552 e schéma. C’est bien avec Ruysbrœk et sa doctrine de la distinction essentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord, le
6553 chéma. C’est bien avec Ruysbrœk et sa doctrine de la distinction essentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord, le lan
6554 e de la distinction essentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord, le langage « épithalamique ». « Voici donc venu l’i
6555 ssentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord, le langage « épithalamique ». « Voici donc venu l’irrésistible désir. S’
6556 , le langage « épithalamique ». « Voici donc venu l’ irrésistible désir. S’efforcer continuellement de saisir l’insaisissab
6557 l’irrésistible désir. S’efforcer continuellement de saisir l’insaisissable… Et l’objet du désir ne peut être ni abandonné
6558 tible désir. S’efforcer continuellement de saisir l’ insaisissable… Et l’objet du désir ne peut être ni abandonné ni saisi9
6559 cer continuellement de saisir l’insaisissable… Et l’ objet du désir ne peut être ni abandonné ni saisi99. L’abandonner est
6560 et du désir ne peut être ni abandonné ni saisi99. L’ abandonner est chose intolérable, et il est impossible de le conserver
6561 onner est chose intolérable, et il est impossible de le conserver. Le silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre
6562 er est chose intolérable, et il est impossible de le conserver. Le silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre de
6563 ntolérable, et il est impossible de le conserver. Le silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre de ses mains. »
6564 le de le conserver. Le silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’
6565 rver. Le silence même n’a pas assez de force pour l’ étreindre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’amour-passion
6566 ence même n’a pas assez de force pour l’étreindre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’amour-passion se déversent
6567 force pour l’étreindre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’amour-passion se déversent dans la prose enflammée de
6568 treindre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’amour-passion se déversent dans la prose enflammée de Ruysbroek : i
6569 indre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’ amour-passion se déversent dans la prose enflammée de Ruysbroek : imme
6570 s métaphores de l’amour-passion se déversent dans la prose enflammée de Ruysbroek : immersion dans l’amour, défaillements,
6571 mour-passion se déversent dans la prose enflammée de Ruysbroek : immersion dans l’amour, défaillements, embrassements, our
6572 la prose enflammée de Ruysbroek : immersion dans l’ amour, défaillements, embrassements, ouragans de l’impatience, brûlure
6573 s l’amour, défaillements, embrassements, ouragans de l’impatience, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour,
6574 ’amour, défaillements, embrassements, ouragans de l’ impatience, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour, dé
6575 embrassements, ouragans de l’impatience, brûlure d’ amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour, délices ruisselantes, iv
6576 e, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie d’ amour, délices ruisselantes, ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu l’es
6577 uisselantes, ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu l’ esprit et le cœur » fait dire Ruysbroek à l’une de ses béguines parlan
6578 ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu l’esprit et le cœur » fait dire Ruysbroek à l’une de ses béguines parlant du Christ.
6579 l’esprit et le cœur » fait dire Ruysbroek à l’une de ses béguines parlant du Christ. « Je me suis perdue dans sa bouche »,
6580 uche », dit une autre. Et une troisième : « Boire les regards de l’amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l’
6581 une autre. Et une troisième : « Boire les regards de l’amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l’exemple de
6582 autre. Et une troisième : « Boire les regards de l’ amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l’exemple de Ruy
6583 » Je me suis arrêté à l’exemple de Ruysbroek pour la commodité de l’exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son
6584 arrêté à l’exemple de Ruysbroek pour la commodité de l’exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son disciple se s
6585 êté à l’exemple de Ruysbroek pour la commodité de l’ exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son disciple se soie
6586 mple de Ruysbroek pour la commodité de l’exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son disciple se soient opposés
6587 tre Eckhart et son disciple se soient opposés sur le point précis de l’union divine, rendait possible une confrontation.
6588 on disciple se soient opposés sur le point précis de l’union divine, rendait possible une confrontation. Mais la lecture
6589 disciple se soient opposés sur le point précis de l’ union divine, rendait possible une confrontation. Mais la lecture des
6590 divine, rendait possible une confrontation. Mais la lecture des mystiques franciscains, dès le xiiie siècle, nous eût fo
6591 Mais la lecture des mystiques franciscains, dès le xiiie siècle, nous eût fourni un autre exemple non moins frappant de
6592 us eût fourni un autre exemple non moins frappant de l’usage des thèmes courtois. On sait que saint François d’Assise avai
6593 eût fourni un autre exemple non moins frappant de l’ usage des thèmes courtois. On sait que saint François d’Assise avait a
6594 On sait que saint François d’Assise avait appris le français dans sa jeunesse et qu’il faisait ses délices de nos romans
6595 ais dans sa jeunesse et qu’il faisait ses délices de nos romans de chevalerie. Il rêvait de devenir le « meilleur chevalie
6596 unesse et qu’il faisait ses délices de nos romans de chevalerie. Il rêvait de devenir le « meilleur chevalier du monde » o
6597 es délices de nos romans de chevalerie. Il rêvait de devenir le « meilleur chevalier du monde » ou, selon ses propres paro
6598 de nos romans de chevalerie. Il rêvait de devenir le « meilleur chevalier du monde » ou, selon ses propres paroles, « un g
6599 , « un grand baron adoré du monde entier »100. Et l’ on sait d’autre part de quelle manière il inaugura son ministère : sur
6600 é du monde entier »100. Et l’on sait d’autre part de quelle manière il inaugura son ministère : sur la grande place d’Assi
6601 de quelle manière il inaugura son ministère : sur la grande place d’Assise, en présence de l’évêque et d’une foule immense
6602 e il inaugura son ministère : sur la grande place d’ Assise, en présence de l’évêque et d’une foule immense, il se dépouill
6603 re : sur la grande place d’Assise, en présence de l’ évêque et d’une foule immense, il se dépouilla de tous ses vêtements e
6604 grande place d’Assise, en présence de l’évêque et d’ une foule immense, il se dépouilla de tous ses vêtements et se dressan
6605 l’évêque et d’une foule immense, il se dépouilla de tous ses vêtements et se dressant tout nu devant son père richement h
6606 éclara que désormais Dieu seul serait son Père. «  L’ évêque lui jeta sur les épaules son propre manteau, et François s’enfu
6607 ieu seul serait son Père. « L’évêque lui jeta sur les épaules son propre manteau, et François s’enfuit dans la campagne, ch
6608 les son propre manteau, et François s’enfuit dans la campagne, chantant à pleine voix des vers français… Le parfait dénuem
6609 mpagne, chantant à pleine voix des vers français… Le parfait dénuement avait fait de son corps l’humble serviteur de son â
6610 es vers français… Le parfait dénuement avait fait de son corps l’humble serviteur de son âme ; plus d’obstacles à ses élan
6611 ais… Le parfait dénuement avait fait de son corps l’ humble serviteur de son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers le Sou
6612 uement avait fait de son corps l’humble serviteur de son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers le Souverain Bien !… Se s
6613 de son corps l’humble serviteur de son âme ; plus d’ obstacles à ses élans vers le Souverain Bien !… Se souvenant des roman
6614 ur de son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers le Souverain Bien !… Se souvenant des romans français, François fit de l
6615 !… Se souvenant des romans français, François fit de la Pauvreté sa « Dame », et s’honora d’être son « chevalier »101. Cet
6616 Se souvenant des romans français, François fit de la Pauvreté sa « Dame », et s’honora d’être son « chevalier »101. Cette
6617 nçois fit de la Pauvreté sa « Dame », et s’honora d’ être son « chevalier »101. Cette forme de « dénuement », physique mais
6618 s’honora d’être son « chevalier »101. Cette forme de « dénuement », physique mais symbolique, est encore pratiquée de nos
6619 », physique mais symbolique, est encore pratiquée de nos jours par la secte des Doukhobors (« combattants spirituels ») do
6620 symbolique, est encore pratiquée de nos jours par la secte des Doukhobors (« combattants spirituels ») dont les croyances
6621 des Doukhobors (« combattants spirituels ») dont les croyances sont liées à celles des cathares et gnostiques. En 1929, le
6622 ées à celles des cathares et gnostiques. En 1929, les Doukhobors réfugiés au Canada voulant protester contre l’obligation d
6623 obors réfugiés au Canada voulant protester contre l’ obligation de faire élever leurs enfants à l’école d’État « parcourure
6624 s au Canada voulant protester contre l’obligation de faire élever leurs enfants à l’école d’État « parcoururent les campag
6625 ntre l’obligation de faire élever leurs enfants à l’ école d’État « parcoururent les campagnes complètement dévêtus et chan
6626 bligation de faire élever leurs enfants à l’école d’ État « parcoururent les campagnes complètement dévêtus et chantant des
6627 ver leurs enfants à l’école d’État « parcoururent les campagnes complètement dévêtus et chantant des hymnes religieux »102.
6628 dévêtus et chantant des hymnes religieux »102. On les accusa naturellement d’exhibitionnisme et de communisme sexuel. Au xi
6629 ymnes religieux »102. On les accusa naturellement d’ exhibitionnisme et de communisme sexuel. Au xiiie siècle, on était mo
6630 On les accusa naturellement d’exhibitionnisme et de communisme sexuel. Au xiiie siècle, on était moins obtus. La chevale
6631 e sexuel. Au xiiie siècle, on était moins obtus. La chevalerie errante des Franciscains se répandit en Italie comme les t
6632 ante des Franciscains se répandit en Italie comme les troubadours s’étaient répandus dans le Midi de la France : par les ro
6633 lie comme les troubadours s’étaient répandus dans le Midi de la France : par les routes, sur les places, de village en châ
6634 ’étaient répandus dans le Midi de la France : par les routes, sur les places, de village en château. Les poèmes de Jacopone
6635 s dans le Midi de la France : par les routes, sur les places, de village en château. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jong
6636 di de la France : par les routes, sur les places, de village en château. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Die
6637 es routes, sur les places, de village en château. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes de ses i
6638 sur les places, de village en château. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes de ses imitateurs,
6639 âteau. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine
6640 poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne,
6641 acopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre d
6642 jongleur de Dieu », les laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre de la bienheureuse An
6643 Dieu », les laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre de la bienheureuse Angèle de Fol
6644 teurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre de la bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fio
6645 s lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre de la bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fioretti 103
6646 ettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre de la bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fioretti 103, a
6647 et tant de récits des Fioretti 103, attestent que la rhétorique des troubadours et des romans courtois sont les sources di
6648 rique des troubadours et des romans courtois sont les sources directes du lyrisme franciscain, lequel à son tour devait inf
6649 quel à son tour devait influencer si profondément le langage mystique des siècles suivants. Souviens-toi, ô créature, que
6650 res en cette boue, tu devras rester toujours dans les ténèbres. lit-on dans une des laudes attribuée à Jacopone da Todi ou
6651 ou à son entourage, et cet « angélisme » rappelle d’ une manière inquiétante celui des cathares. D’autres laudes, pour être
6652 res laudes, pour être plus évidemment catholiques d’ inspiration, n’en sont que plus « érotiques » ou « courtoises » de lan
6653 ’en sont que plus « érotiques » ou « courtoises » de langage : Mon cœur se fond comme la glace au feu lorsque étroitement
6654 courtoises » de langage : Mon cœur se fond comme la glace au feu lorsque étroitement j’embrasse mon Seigneur, criant : l’
6655 que étroitement j’embrasse mon Seigneur, criant : l’ amour de l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans
6656 itement j’embrasse mon Seigneur, criant : l’amour de l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans les fla
6657 ment j’embrasse mon Seigneur, criant : l’amour de l’ Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans les flamme
6658 iant : l’amour de l’Amour me consume, je m’unis à l’ Amour, enivré d’amour. Dans les flammes, je brûle et je languis, en cr
6659 e l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’ amour. Dans les flammes, je brûle et je languis, en criant ; en vivant
6660 onsume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans les flammes, je brûle et je languis, en criant ; en vivant, je meurs, et
6661 , je vis. Pourtant, je n’aime pas, mais j’ai soif d’ aimer, et j’ai faim de m’unir à l’Amour.104 5.La Rhétorique court
6662 n’aime pas, mais j’ai soif d’aimer, et j’ai faim de m’unir à l’Amour.104 5.La Rhétorique courtoise chez les mystique
6663 mais j’ai soif d’aimer, et j’ai faim de m’unir à l’ Amour.104 5.La Rhétorique courtoise chez les mystiques espagnols
6664 à l’Amour.104 5.La Rhétorique courtoise chez les mystiques espagnols Si maintenant nous parcourons les textes des g
6665 tiques espagnols Si maintenant nous parcourons les textes des grands mystiques espagnols, sainte Thérèse et saint Jean d
6666 iècle, nous y retrouvons, jusque dans ses nuances les plus précieuses, la rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut
6667 ons, jusque dans ses nuances les plus précieuses, la rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut d’une anthologie qui
6668 uances les plus précieuses, la rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut d’une anthologie qui tiendrait décidément
6669 ces les plus précieuses, la rhétorique entière de l’ amour courtois. À défaut d’une anthologie qui tiendrait décidément tro
6670 rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut d’ une anthologie qui tiendrait décidément trop de place105 bornons-nous
6671 ut d’une anthologie qui tiendrait décidément trop de place105 bornons-nous à énumérer les principaux thèmes communs aux tr
6672 cidément trop de place105 bornons-nous à énumérer les principaux thèmes communs aux troubadours et aux mystiques orthodoxes
6673 oubadours et aux mystiques orthodoxes : « Mourir de ne pas mourir.106 » La « brûlure suave ». Le « dard d’amour » qui ble
6674 ues orthodoxes : « Mourir de ne pas mourir.106 » La « brûlure suave ». Le « dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « sal
6675 urir de ne pas mourir.106 » La « brûlure suave ». Le « dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour. La pa
6676 pas mourir.106 » La « brûlure suave ». Le « dard d’ amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour. La passion qui
6677 uave ». Le « dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres.
6678 dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion q
6679 d d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’ amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion qui
6680  » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion qui décolore
6681 . La passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion qui décolore tout autre amour. Se plaindre d’un mal que l’on
6682 assion qui décolore tout autre amour. Se plaindre d’ un mal que l’on préfère cependant à toute joie et à tout bien terrestr
6683 colore tout autre amour. Se plaindre d’un mal que l’ on préfère cependant à toute joie et à tout bien terrestre. Déplorer q
6684 toute joie et à tout bien terrestre. Déplorer que les mots trahissent le sentiment « ineffable » et qu’il faut pourtant dir
6685 bien terrestre. Déplorer que les mots trahissent le sentiment « ineffable » et qu’il faut pourtant dire. L’amour qui puri
6686 timent « ineffable » et qu’il faut pourtant dire. L’ amour qui purifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir de l’amour s
6687 L’amour qui purifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir de l’amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’
6688 i purifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir de l’amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’amour, dont
6689 urifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir de l’ amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’amour, dont il
6690 loir de l’amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’amour, dont il faut sortir vaincu. Le symbolisme des « c
6691 r se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’ amour, dont il faut sortir vaincu. Le symbolisme des « châteaux », hav
6692 e « combat » d’amour, dont il faut sortir vaincu. Le symbolisme des « châteaux », havres de l’amour. Le symbolisme du « mi
6693 ir vaincu. Le symbolisme des « châteaux », havres de l’amour. Le symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’a
6694 vaincu. Le symbolisme des « châteaux », havres de l’ amour. Le symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’amou
6695 e symbolisme des « châteaux », havres de l’amour. Le symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’amour parfait
6696 olisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’ amour parfait. Le « cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt » d
6697 r », amour imparfait renvoyant à l’amour parfait. Le « cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt » d’amour. L’amour c
6698 it renvoyant à l’amour parfait. Le « cœur volé », l’ « entendement ravi », le « rapt » d’amour. L’amour considéré comme « c
6699 arfait. Le « cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt » d’amour. L’amour considéré comme « connaissance » suprême (c
6700  cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt » d’ amour. L’amour considéré comme « connaissance » suprême (canoscenza en
6701 é », l’« entendement ravi », le « rapt » d’amour. L’ amour considéré comme « connaissance » suprême (canoscenza en provença
6702 ce » suprême (canoscenza en provençal). Sur quoi le psychologue matérialiste (cela va de Voltaire à Freud) conclut avec u
6703 ). Sur quoi le psychologue matérialiste (cela va de Voltaire à Freud) conclut avec une bizarre assurance, et sur la foi d
6704 Freud) conclut avec une bizarre assurance, et sur la foi du seul langage, que tout cela relève d’une déviation sexuelle. E
6705 sur la foi du seul langage, que tout cela relève d’ une déviation sexuelle. Et l’on sait que les conclusions des savants d
6706 que tout cela relève d’une déviation sexuelle. Et l’ on sait que les conclusions des savants du xixe siècle sont devenues
6707 relève d’une déviation sexuelle. Et l’on sait que les conclusions des savants du xixe siècle sont devenues nos préjugés co
6708 nues nos préjugés courants. Mais sans compter que le jugement matérialiste sur les mystiques est plus révélateur de l’obse
6709 ais sans compter que le jugement matérialiste sur les mystiques est plus révélateur de l’obsession de ceux qui le portent q
6710 atérialiste sur les mystiques est plus révélateur de l’obsession de ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le po
6711 rialiste sur les mystiques est plus révélateur de l’ obsession de ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le porte
6712 les mystiques est plus révélateur de l’obsession de ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le porte, il repose
6713 es est plus révélateur de l’obsession de ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le porte, il repose sur une doub
6714 élateur de l’obsession de ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le porte, il repose sur une double erreur histo
6715 teur de l’obsession de ceux qui le portent que de l’ objet sur lequel on le porte, il repose sur une double erreur historiq
6716 ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le porte, il repose sur une double erreur historique et psychologique. C
6717 uble erreur historique et psychologique. Car : 1° le langage de la passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’
6718 historique et psychologique. Car : 1° le langage de la passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à
6719 storique et psychologique. Car : 1° le langage de la passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à l’o
6720 ue. Car : 1° le langage de la passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à l’origine, celui des sens
6721 angage de la passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à l’origine, celui des sens et de la nature, m
6722 ’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à l’ origine, celui des sens et de la nature, mais il est au contraire la r
6723 iques — n’est pas, à l’origine, celui des sens et de la nature, mais il est au contraire la rhétorique d’une ascèse étroit
6724 es — n’est pas, à l’origine, celui des sens et de la nature, mais il est au contraire la rhétorique d’une ascèse étroiteme
6725 es sens et de la nature, mais il est au contraire la rhétorique d’une ascèse étroitement liée à l’hérésie méridionale du x
6726 la nature, mais il est au contraire la rhétorique d’ une ascèse étroitement liée à l’hérésie méridionale du xiie siècle ;
6727 ire la rhétorique d’une ascèse étroitement liée à l’ hérésie méridionale du xiie siècle ; 2° des génies comme saint Jean d
6728 e étaient mieux avertis que quiconque des dangers de la « luxure spirituelle ». (C’est l’expression de saint Jean de la Cr
6729 taient mieux avertis que quiconque des dangers de la « luxure spirituelle ». (C’est l’expression de saint Jean de la Croix
6730 des dangers de la « luxure spirituelle ». (C’est l’ expression de saint Jean de la Croix.) Or tous les deux en parlent ave
6731 de la « luxure spirituelle ». (C’est l’expression de saint Jean de la Croix.) Or tous les deux en parlent avec une liberté
6732 l’expression de saint Jean de la Croix.) Or tous les deux en parlent avec une liberté telle que l’on ne voit plus ce que p
6733 us les deux en parlent avec une liberté telle que l’ on ne voit plus ce que pourrait signifier, dans leur cas, le soupçon h
6734 it plus ce que pourrait signifier, dans leur cas, le soupçon habituel de « refoulement ». ⁂ Reprenons ces deux arguments.
6735 ait signifier, dans leur cas, le soupçon habituel de « refoulement ». ⁂ Reprenons ces deux arguments. Et tout d’abord, sou
6736 x arguments. Et tout d’abord, soulignons bien que le langage des mystiques ne saurait être confondu avec la nature profond
6737 ngage des mystiques ne saurait être confondu avec la nature profonde de l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de
6738 ne saurait être confondu avec la nature profonde de l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : « 
6739 saurait être confondu avec la nature profonde de l’ expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : « On
6740 de l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : « On a démêlé les sources de nombre de ses images… M
6741 J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : « On a démêlé les sources de nombre de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement le
6742 rit de sainte Thérèse : « On a démêlé les sources de nombre de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines
6743 nte Thérèse : « On a démêlé les sources de nombre de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines de ce lang
6744 de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines de ce langage psychologique où se traduit sans doute, le plu
6745 s… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines de ce langage psychologique où se traduit sans doute, le plus purement,
6746 e langage psychologique où se traduit sans doute, le plus purement, sa nature ?107 » Tous les mystiques, et sainte Thérèse
6747 ns doute, le plus purement, sa nature ?107 » Tous les mystiques, et sainte Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas
6748 ques, et sainte Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas de mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres
6749 Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas de mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres de Dieu telles
6750 pas de mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres de Dieu telles qu’ils les vivent dans leur âme. Et leurs silen
6751 nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres de Dieu telles qu’ils les vivent dans leur âme. Et leurs silences furent
6752 bras) pour louer les œuvres de Dieu telles qu’ils les vivent dans leur âme. Et leurs silences furent plus réels que leurs p
6753 ls que leurs paroles. Il ne s’agit donc, ici, que de tenir compte des éléments hérités de leur langage littéraire. Or s’il
6754 nc, ici, que de tenir compte des éléments hérités de leur langage littéraire. Or s’il faut se borner à un exemple qui est
6755 ’il faut se borner à un exemple qui est à la fois le plus fameux, le mieux connu, et celui qui a le plus égaré nos savants
6756 er à un exemple qui est à la fois le plus fameux, le mieux connu, et celui qui a le plus égaré nos savants, le fait est qu
6757 is le plus fameux, le mieux connu, et celui qui a le plus égaré nos savants, le fait est que sainte Thérèse utilise consta
6758 connu, et celui qui a le plus égaré nos savants, le fait est que sainte Thérèse utilise constamment, et même raffine la r
6759 inte Thérèse utilise constamment, et même raffine la rhétorique courtoise. S’agit-il d’influences littéraires ? Ou de cour
6760 t même raffine la rhétorique courtoise. S’agit-il d’ influences littéraires ? Ou de courants hérétiques souterrains ? Ou d’
6761 ourtoise. S’agit-il d’influences littéraires ? Ou de courants hérétiques souterrains ? Ou d’une recréation autonome, qui p
6762 ires ? Ou de courants hérétiques souterrains ? Ou d’ une recréation autonome, qui pourrait s’expliquer en partie sur la bas
6763 autonome, qui pourrait s’expliquer en partie sur la base des remarques que nous faisions au précédent chapitre ? « Commen
6764 e recomposée ?108 » Je ne pense pas que personne, de nos jours, soit en mesure de trancher toutes ces questions. Les spéci
6765 se pas que personne, de nos jours, soit en mesure de trancher toutes ces questions. Les spécialistes les mieux informés hé
6766 soit en mesure de trancher toutes ces questions. Les spécialistes les mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit d’at
6767 e trancher toutes ces questions. Les spécialistes les mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit d’attribuer à tel mys
6768 s mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit d’ attribuer à tel mystique fort bien connu, et orthodoxe par-dessus le m
6769 mystique fort bien connu, et orthodoxe par-dessus le marché (Ruysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’origine de termes
6770 marché (Ruysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’ origine de termes précis dont saint Jean de la Croix fait usage. Nous
6771 uysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’origine de termes précis dont saint Jean de la Croix fait usage. Nous pouvons ce
6772 uelques sources certaines. « On a souvent signalé le goût des mystiques pour la littérature chevaleresque. Sainte Thérèse
6773 « On a souvent signalé le goût des mystiques pour la littérature chevaleresque. Sainte Thérèse raffolait dans sa jeunesse
6774 nte Thérèse raffolait dans sa jeunesse des romans de chevalerie (voir sa Vie par elle-même, chap. ii) ; elle eut même, par
6775 elle-même, chap. ii) ; elle eut même, paraît-il, l’ idée d’en composer un en collaboration avec son frère Rodrigue.109 » N
6776 ême, chap. ii) ; elle eut même, paraît-il, l’idée d’ en composer un en collaboration avec son frère Rodrigue.109 » Nous sav
6777 frère Rodrigue.109 » Nous savons d’autre part que les auteurs religieux dont elle faisait sa nourriture intellectuelle étai
6778 iture intellectuelle étaient tous fortement imbus de rhétorique courtoise et chevaleresque. La question a d’ailleurs été t
6779 t imbus de rhétorique courtoise et chevaleresque. La question a d’ailleurs été traitée, par un auteur qui offre toutes les
6780 leurs été traitée, par un auteur qui offre toutes les garanties de sérieux et d’information110, et en des termes qui me par
6781 tée, par un auteur qui offre toutes les garanties de sérieux et d’information110, et en des termes qui me paraissent trop
6782 teur qui offre toutes les garanties de sérieux et d’ information110, et en des termes qui me paraissent trop significatifs
6783 paraissent trop significatifs pour que j’hésite à les reproduire : Si l’on se borne à la conception de l’amour dans les ro
6784 ficatifs pour que j’hésite à les reproduire : Si l’ on se borne à la conception de l’amour dans les romans de chevalerie e
6785 e j’hésite à les reproduire : Si l’on se borne à la conception de l’amour dans les romans de chevalerie et dans les trait
6786 es reproduire : Si l’on se borne à la conception de l’amour dans les romans de chevalerie et dans les traités spirituels
6787 reproduire : Si l’on se borne à la conception de l’ amour dans les romans de chevalerie et dans les traités spirituels du
6788 Si l’on se borne à la conception de l’amour dans les romans de chevalerie et dans les traités spirituels du xvie siècle,
6789 borne à la conception de l’amour dans les romans de chevalerie et dans les traités spirituels du xvie siècle, on observe
6790 de l’amour dans les romans de chevalerie et dans les traités spirituels du xvie siècle, on observe d’intéressantes analog
6791 es traités spirituels du xvie siècle, on observe d’ intéressantes analogies de fond et de forme. a) le noble langage d’Am
6792 vie siècle, on observe d’intéressantes analogies de fond et de forme. a) le noble langage d’Amadis, ses métaphores éroti
6793 , on observe d’intéressantes analogies de fond et de forme. a) le noble langage d’Amadis, ses métaphores érotiques, ses s
6794 ’intéressantes analogies de fond et de forme. a) le noble langage d’Amadis, ses métaphores érotiques, ses subtiles précio
6795 alogies de fond et de forme. a) le noble langage d’ Amadis, ses métaphores érotiques, ses subtiles préciosités se retrouve
6796 Bernardino de Laredo et Malou de Chaide [maîtres de sainte Thérèse], aussi bien que dans les Exclamations et le Château i
6797 [maîtres de sainte Thérèse], aussi bien que dans les Exclamations et le Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs de
6798 Thérèse], aussi bien que dans les Exclamations et le Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs de romans de chevaleri
6799 amations et le Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs de romans de chevalerie comme ceux des traités mystiques se c
6800 le Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs de romans de chevalerie comme ceux des traités mystiques se caractérisen
6801 intérieur. b) En Espagne, les auteurs de romans de chevalerie comme ceux des traités mystiques se caractérisent par le m
6802 e ceux des traités mystiques se caractérisent par le même réalisme quand ils sacrifient le sentiment du merveilleux à celu
6803 érisent par le même réalisme quand ils sacrifient le sentiment du merveilleux à celui d’une intimité plus familière et plu
6804 ls sacrifient le sentiment du merveilleux à celui d’ une intimité plus familière et plus émouvante, comme ils tendent à met
6805 ère et plus émouvante, comme ils tendent à mettre l’ humain et le divin sur le même plan, soit en contemplant le divin avec
6806 émouvante, comme ils tendent à mettre l’humain et le divin sur le même plan, soit en contemplant le divin avec des yeux pr
6807 mme ils tendent à mettre l’humain et le divin sur le même plan, soit en contemplant le divin avec des yeux profanes, soit
6808 et le divin sur le même plan, soit en contemplant le divin avec des yeux profanes, soit en considérant l’humain sous une i
6809 divin avec des yeux profanes, soit en considérant l’ humain sous une interprétation divine. [C’est moi qui souligne.] c) S
6810 ion divine. [C’est moi qui souligne.] c) Surtout l’ amour courtois et l’amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans la mêm
6811 oi qui souligne.] c) Surtout l’amour courtois et l’ amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans la même conception héroïqu
6812 et l’amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans la même conception héroïque de l’obligation morale, de l’action et de la
6813 l’un et l’autre dans la même conception héroïque de l’obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis des
6814 un et l’autre dans la même conception héroïque de l’ obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis des Ga
6815 même conception héroïque de l’obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sain
6816 me conception héroïque de l’obligation morale, de l’ action et de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte
6817 n héroïque de l’obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pour
6818 éroïque de l’obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourrai
6819 de l’obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourrait être é
6820 ation morale, de l’action et de la foi. La devise d’ Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourrait être également «
6821 de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourrait être également « aimer pour agir ». [Ici, je
6822 pour agir ». [Ici, je ferais quelques réserves : l’ amour courtois, dans sa pureté première, aime pour souffrir, pour « pâ
6823 souffrir, pour « pâtir »…] d) Ce n’est pas dans les pauvres extravagances des romans de chevalerie mystique (la Gallarda
6824 est pas dans les pauvres extravagances des romans de chevalerie mystique (la Gallarda Espirituel, El divino Escarraman) qu
6825 extravagances des romans de chevalerie mystique ( la Gallarda Espirituel, El divino Escarraman) qu’il faut chercher la syn
6826 rituel, El divino Escarraman) qu’il faut chercher la synthèse de l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troub
6827 ivino Escarraman) qu’il faut chercher la synthèse de l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troubadours prove
6828 no Escarraman) qu’il faut chercher la synthèse de l’ amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troubadours provença
6829 ’il faut chercher la synthèse de l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troubadours provençaux du xiie siècl
6830 faut chercher la synthèse de l’amour divin et de l’ amour courtois, mais chez les troubadours provençaux du xiie siècle.
6831 e l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troubadours provençaux du xiie siècle. Les plus féconds éléments de
6832 chez les troubadours provençaux du xiie siècle. Les plus féconds éléments de leur doctrine, de leur symbolisme et de leur
6833 ençaux du xiie siècle. Les plus féconds éléments de leur doctrine, de leur symbolisme et de leur terminologie passent dan
6834 ècle. Les plus féconds éléments de leur doctrine, de leur symbolisme et de leur terminologie passent dans la mystique du x
6835 éléments de leur doctrine, de leur symbolisme et de leur terminologie passent dans la mystique du xiiie siècle par l’int
6836 r symbolisme et de leur terminologie passent dans la mystique du xiiie siècle par l’intermédiaire de saint François d’Ass
6837 aire de saint François d’Assise. En se limitant à l’ évolution de sainte Thérèse, on constate que les romans de chevalerie
6838 t François d’Assise. En se limitant à l’évolution de sainte Thérèse, on constate que les romans de chevalerie ont eu sur e
6839 à l’évolution de sainte Thérèse, on constate que les romans de chevalerie ont eu sur elle une influence psychologique, et
6840 ion de sainte Thérèse, on constate que les romans de chevalerie ont eu sur elle une influence psychologique, et une influe
6841 ne influence littéraire qui apparaît surtout dans le symbolisme guerrier du combat spirituel et du Château intérieur. Ext
6842 u intérieur. Extraordinaire retour et assomption de l’hérésie, par le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Ég
6843 ntérieur. Extraordinaire retour et assomption de l’ hérésie, par le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Églis
6844 aordinaire retour et assomption de l’hérésie, par le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que l’Égl
6845 retour et assomption de l’hérésie, par le détour d’ une rhétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que l’Église lui re
6846 le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’ Église, et que l’Église lui reprend par ses saints ! Résumons les étap
6847 hétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que l’ Église lui reprend par ses saints ! Résumons les étapes de l’aventure 
6848 ue l’Église lui reprend par ses saints ! Résumons les étapes de l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à
6849 lui reprend par ses saints ! Résumons les étapes de l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, el
6850 i reprend par ses saints ! Résumons les étapes de l’ aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, elle
6851 ses saints ! Résumons les étapes de l’aventure : l’ hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à se
6852 e l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à se confondre avec la poésie d’un amou
6853 ’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’ Éros à Vénus, elle va jusqu’à se confondre avec la poésie d’un amour q
6854 l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à se confondre avec la poésie d’un amour qui serait tout profane ; elle espère par ce déguis
6855 énus, elle va jusqu’à se confondre avec la poésie d’ un amour qui serait tout profane ; elle espère par ce déguisement écha
6856 e déguisement échapper aux persécutions et sauver le « secret » juré ; mais sa ruse réussit trop bien, flatte trop bien le
6857 mais sa ruse réussit trop bien, flatte trop bien les désirs naturels ; peu à peu, l’hérésie disparaît aux yeux des mondain
6858 flatte trop bien les désirs naturels ; peu à peu, l’ hérésie disparaît aux yeux des mondains abusés par le charme trompeur
6859 érésie disparaît aux yeux des mondains abusés par le charme trompeur de l’art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici
6860 x yeux des mondains abusés par le charme trompeur de l’art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici que cent ans et tro
6861 eux des mondains abusés par le charme trompeur de l’ art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici que cent ans et trois-
6862 e charme trompeur de l’art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici que cent ans et trois-cents ans plus tard, ce vêtem
6863 nt dont on a oublié qu’il cachait autre chose que la nature, — c’est la mystique chrétienne qui vient le reprendre pour en
6864 qu’il cachait autre chose que la nature, — c’est la mystique chrétienne qui vient le reprendre pour en revêtir Agapè ! ⁂
6865 nature, — c’est la mystique chrétienne qui vient le reprendre pour en revêtir Agapè ! ⁂ Quant à la psychologie dont relèv
6866 nt le reprendre pour en revêtir Agapè ! ⁂ Quant à la psychologie dont relèverait cette préférence pour le langage passionn
6867 psychologie dont relèverait cette préférence pour le langage passionnel, elle a été interprétée généralement selon la supe
6868 ionnel, elle a été interprétée généralement selon la superstition matérialiste111. On a « ramené » tout ce qu’on pouvait —
6869 mené » tout ce qu’on pouvait — et un peu plus — à l’ instinct sexuel « dévoyé ». Le xixe siècle, dans l’ensemble, n’est ja
6870  et un peu plus — à l’instinct sexuel « dévoyé ». Le xixe siècle, dans l’ensemble, n’est jamais plus heureux que lorsqu’i
6871 instinct sexuel « dévoyé ». Le xixe siècle, dans l’ ensemble, n’est jamais plus heureux que lorsqu’il peut « ramener » le
6872 amais plus heureux que lorsqu’il peut « ramener » le supérieur à l’inférieur, le spirituel au matériel, le significatif à
6873 eux que lorsqu’il peut « ramener » le supérieur à l’ inférieur, le spirituel au matériel, le significatif à l’insignifiant.
6874 u’il peut « ramener » le supérieur à l’inférieur, le spirituel au matériel, le significatif à l’insignifiant. Et c’est ce
6875 upérieur à l’inférieur, le spirituel au matériel, le significatif à l’insignifiant. Et c’est ce qu’il appelle « expliquer 
6876 ieur, le spirituel au matériel, le significatif à l’ insignifiant. Et c’est ce qu’il appelle « expliquer ». Que ce soit, la
6877 x des pires dénis du sens critique, je n’ai pas à le montrer ici dans le détail : j’ai dit ailleurs112 qu’à mon avis, cett
6878 sens critique, je n’ai pas à le montrer ici dans le détail : j’ai dit ailleurs112 qu’à mon avis, cette propension moderne
6879 rs112 qu’à mon avis, cette propension moderne est le signe d’un ressentiment profond à l’endroit de la poésie, et en génér
6880 à mon avis, cette propension moderne est le signe d’ un ressentiment profond à l’endroit de la poésie, et en général, de to
6881 le signe d’un ressentiment profond à l’endroit de la poésie, et en général, de toute activité créatrice — donc risquée — d
6882 profond à l’endroit de la poésie, et en général, de toute activité créatrice — donc risquée — de l’esprit. Mais il convie
6883 ral, de toute activité créatrice — donc risquée — de l’esprit. Mais il convient de préciser encore : que pour les hommes d
6884 , de toute activité créatrice — donc risquée — de l’ esprit. Mais il convient de préciser encore : que pour les hommes du x
6885 ce — donc risquée — de l’esprit. Mais il convient de préciser encore : que pour les hommes du xvie siècle, le langage éro
6886 t. Mais il convient de préciser encore : que pour les hommes du xvie siècle, le langage érotique était plus innocent qu’à
6887 ser encore : que pour les hommes du xvie siècle, le langage érotique était plus innocent qu’à nos yeux. C’est nous qui so
6888 vrosés, héritiers du « puritanisme » embourgeoisé d’ un xixe siècle incroyant. Saint Jean de la Croix, qui décrivit en une
6889 de la Croix, qui décrivit en une page remarquable de pénétration psychologique les mouvements de la chair attirée par l’él
6890 une page remarquable de pénétration psychologique les mouvements de la chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nui
6891 uable de pénétration psychologique les mouvements de la chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I,
6892 le de pénétration psychologique les mouvements de la chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I, v.
6893 chologique les mouvements de la chair attirée par l’ élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I, v. 3) ne s’exagère pas p
6894 scure, I, v. 3) ne s’exagère pas plus qu’il ne se la dissimule la gravité relative de pareils accidents. Réciter ici les f
6895 3) ne s’exagère pas plus qu’il ne se la dissimule la gravité relative de pareils accidents. Réciter ici les formules « sub
6896 plus qu’il ne se la dissimule la gravité relative de pareils accidents. Réciter ici les formules « sublimation » et « refo
6897 ravité relative de pareils accidents. Réciter ici les formules « sublimation » et « refoulement », c’est simplement refuser
6898 on » et « refoulement », c’est simplement refuser de savoir de quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est la censure,
6899 refoulement », c’est simplement refuser de savoir de quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Th
6900 ent », c’est simplement refuser de savoir de quoi l’ on parle. Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse éc
6901 ment refuser de savoir de quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux
6902 de quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint de ressen
6903 orsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint de ressentir une émotion des sens chaque fois qu’il entre en oraison : «
6904 oraison : « Je trouve que cela est indifférent à l’ oraison, et que le mieux est de n’y faire aucune attention. » De même,
6905 ouve que cela est indifférent à l’oraison, et que le mieux est de n’y faire aucune attention. » De même, à l’un de ses frè
6906 est indifférent à l’oraison, et que le mieux est de n’y faire aucune attention. » De même, à l’un de ses frères qui ne po
6907 de n’y faire aucune attention. » De même, à l’un de ses frères qui ne pouvait communier sans éprouver d’émoi sexuel, et à
6908 ses frères qui ne pouvait communier sans éprouver d’ émoi sexuel, et à qui l’on avait ordonné en conséquence, de ne plus co
6909 t communier sans éprouver d’émoi sexuel, et à qui l’ on avait ordonné en conséquence, de ne plus communier qu’une fois l’an
6910 xuel, et à qui l’on avait ordonné en conséquence, de ne plus communier qu’une fois l’an, saint Jean de la Croix conseille
6911 en conséquence, de ne plus communier qu’une fois l’ an, saint Jean de la Croix conseille de ne pas s’inquiéter, de recevoi
6912 u’une fois l’an, saint Jean de la Croix conseille de ne pas s’inquiéter, de recevoir le sacrement chaque semaine, quoi qu’
6913 Jean de la Croix conseille de ne pas s’inquiéter, de recevoir le sacrement chaque semaine, quoi qu’il advienne, — et le fr
6914 roix conseille de ne pas s’inquiéter, de recevoir le sacrement chaque semaine, quoi qu’il advienne, — et le frère se trouv
6915 crement chaque semaine, quoi qu’il advienne, — et le frère se trouve guéri, parce qu’il cesse de craindre à l’excès. S’il
6916 — et le frère se trouve guéri, parce qu’il cesse de craindre à l’excès. S’il faut parler encore de psychanalyse, reconnai
6917 se trouve guéri, parce qu’il cesse de craindre à l’ excès. S’il faut parler encore de psychanalyse, reconnaissons que Jean
6918 se de craindre à l’excès. S’il faut parler encore de psychanalyse, reconnaissons que Jean de la Croix joue ici le rôle du
6919 lyse, reconnaissons que Jean de la Croix joue ici le rôle du médecin, et non du pauvre névrosé. « Il vous semblera peut-êt
6920 èse, que certaines choses qui se rencontrent dans le Cantique des Cantiques auraient pu s’exprimer d’une autre manière. Vu
6921 le Cantique des Cantiques auraient pu s’exprimer d’ une autre manière. Vu notre grossièreté, je ne serais pas surprise que
6922 é, je ne serais pas surprise que cela nous vînt à l’ esprit. J’ai même entendu dire à certaines personnes qu’elles évitaien
6923 ndu dire à certaines personnes qu’elles évitaient de les entendre. Ô Dieu ! que notre misère est grande ! Il nous arrive c
6924 dire à certaines personnes qu’elles évitaient de les entendre. Ô Dieu ! que notre misère est grande ! Il nous arrive comme
6925 ui changent en poison tout ce qu’ils mangent… » ⁂ De la comparaison formelle des écrits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbr
6926 changent en poison tout ce qu’ils mangent… » ⁂ De la comparaison formelle des écrits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek
6927 angent… » ⁂ De la comparaison formelle des écrits d’ un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de la
6928 raison formelle des écrits d’un Eckhart avec ceux d’ un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de la Croix, nous pouvons mai
6929 des écrits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek, d’ une Thérèse et d’un Jean de la Croix, nous pouvons maintenant tirer ce
6930 ckhart avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’ un Jean de la Croix, nous pouvons maintenant tirer cette conclusion :
6931 nous pouvons maintenant tirer cette conclusion : la nature des métaphores empruntées au langage courant par les mystiques
6932 des métaphores empruntées au langage courant par les mystiques n’est pas sans d’étroites relations avec leur doctrine de l
6933 langage courant par les mystiques n’est pas sans d’ étroites relations avec leur doctrine de l’union ou leur foi dans l’In
6934 pas sans d’étroites relations avec leur doctrine de l’union ou leur foi dans l’Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de
6935 s sans d’étroites relations avec leur doctrine de l’ union ou leur foi dans l’Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de la
6936 ns avec leur doctrine de l’union ou leur foi dans l’ Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de la Croix sont très nettemen
6937  christocentriques ». Tout chez eux part du drame de la séparation instituée par le péché entre l’homme et son Créateur ;
6938 ristocentriques ». Tout chez eux part du drame de la séparation instituée par le péché entre l’homme et son Créateur ; tou
6939 eux part du drame de la séparation instituée par le péché entre l’homme et son Créateur ; tout aboutit à des instants de
6940 ame de la séparation instituée par le péché entre l’ homme et son Créateur ; tout aboutit à des instants de communion activ
6941 mme et son Créateur ; tout aboutit à des instants de communion active dans la Grâce, et c’est cela qu’ils appellent « mari
6942 t aboutit à des instants de communion active dans la Grâce, et c’est cela qu’ils appellent « mariage » — cette communion d
6943 la qu’ils appellent « mariage » — cette communion de l’âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme sé
6944 qu’ils appellent « mariage » — cette communion de l’ âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme sépar
6945  cette communion de l’âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est la passion, — et la p
6946 tte communion de l’âme élue et du Christ époux de l’ Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est la passion, — et la pass
6947 e l’âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est la passion, — et la passion est partout
6948 élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est la passion, — et la passion est partout dans le
6949 e et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’ homme séparé, c’est la passion, — et la passion est partout dans leurs
6950 e l’Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est la passion, — et la passion est partout dans leurs œuvres, tandis qu’ell
6951 la voie de l’homme séparé, c’est la passion, — et la passion est partout dans leurs œuvres, tandis qu’elle est absente de
6952 out dans leurs œuvres, tandis qu’elle est absente de celles d’Eckhart. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe — la mo
6953 eurs œuvres, tandis qu’elle est absente de celles d’ Eckhart. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe — la moins suspec
6954 bsente de celles d’Eckhart. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe — la moins suspecte de troubles complaisances ! — 
6955 rt. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe —  la moins suspecte de troubles complaisances ! — qui se vit portée par l’
6956 ce fut la mystique orthodoxe — la moins suspecte de troubles complaisances ! — qui se vit portée par l’objet même de sa f
6957 troubles complaisances ! — qui se vit portée par l’ objet même de sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de l’amou
6958 plaisances ! — qui se vit portée par l’objet même de sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de l’amour-passion. Us
6959 de sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de l’amour-passion. Usage et abus dont la psychologie moderne devait néc
6960 sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de l’ amour-passion. Usage et abus dont la psychologie moderne devait nécess
6961 du langage de l’amour-passion. Usage et abus dont la psychologie moderne devait nécessairement tirer des conclusions confo
6962 bon sens, mais qui me paraissent controuvées par l’ Histoire. 6.Note sur la métaphore Pourtant tout n’est pas expliq
6963 aissent controuvées par l’Histoire. 6.Note sur la métaphore Pourtant tout n’est pas expliqué par ces considérations
6964 dérations historiques. Car on peut reculer encore la question, et dire : le langage passionnel vient de la mystique cathar
6965 Car on peut reculer encore la question, et dire : le langage passionnel vient de la mystique cathare, admettons-le ; mais
6966 uestion, et dire : le langage passionnel vient de la mystique cathare, admettons-le ; mais cette mystique, à son tour, ne
6967 assionnel vient de la mystique cathare, admettons- le  ; mais cette mystique, à son tour, ne se ramène-t-elle pas à des disp
6968 sitions physiologiques sublimées ? Rien ne permet de l’affirmer historiquement. En théorie cependant l’objection reste pos
6969 ions physiologiques sublimées ? Rien ne permet de l’ affirmer historiquement. En théorie cependant l’objection reste possib
6970 e l’affirmer historiquement. En théorie cependant l’ objection reste possible, et même inévitable. On connaît le casse-tête
6971 on reste possible, et même inévitable. On connaît le casse-tête philosophique : qui a commencé, la poule ou l’œuf ? La mêm
6972 aît le casse-tête philosophique : qui a commencé, la poule ou l’œuf ? La même question se repose, non moins insoluble, qua
6973 -tête philosophique : qui a commencé, la poule ou l’ œuf ? La même question se repose, non moins insoluble, quand il s’agit
6974 ilosophique : qui a commencé, la poule ou l’œuf ? La même question se repose, non moins insoluble, quand il s’agit de savo
6975 n se repose, non moins insoluble, quand il s’agit de savoir, en fin de compte, si c’est l’« esprit » ou la « matière » qui
6976 d il s’agit de savoir, en fin de compte, si c’est l’ « esprit » ou la « matière » qui sont la cause des phénomènes où tous
6977 avoir, en fin de compte, si c’est l’« esprit » ou la « matière » qui sont la cause des phénomènes où tous les deux sont im
6978 si c’est l’« esprit » ou la « matière » qui sont la cause des phénomènes où tous les deux sont impliqués. Par exemple, da
6979 atière » qui sont la cause des phénomènes où tous les deux sont impliqués. Par exemple, dans le cas du langage mystique : s
6980 ù tous les deux sont impliqués. Par exemple, dans le cas du langage mystique : sommes-nous en présence d’une matérialisati
6981 alisation du spirituel — et celui-ci serait alors la cause première — ou au contraire d’une sublimation de phénomènes phys
6982 serait alors la cause première — ou au contraire d’ une sublimation de phénomènes physiologiques, lesquels seraient à la b
6983 ause première — ou au contraire d’une sublimation de phénomènes physiologiques, lesquels seraient à la base de ce qui se t
6984 de phénomènes physiologiques, lesquels seraient à la base de ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit la réponse qu’on d
6985 mènes physiologiques, lesquels seraient à la base de ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit la réponse qu’on donnera,
6986 ase de ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit la réponse qu’on donnera, une chose demeure certaine : c’est que nous so
6987 n empirique. Mais en fait, personne ne s’y tient. La conscience moderne, par exemple, victime des réflexes que lui a donné
6988 ar exemple, victime des réflexes que lui a donnés la science matérialiste, tranche toujours le débat au bénéfice de ce qui
6989 donnés la science matérialiste, tranche toujours le débat au bénéfice de ce qui est le plus bas. Prenons le cas des métap
6990 térialiste, tranche toujours le débat au bénéfice de ce qui est le plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit d’un g
6991 anche toujours le débat au bénéfice de ce qui est le plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit d’un goût qu’il est
6992 at au bénéfice de ce qui est le plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit d’un goût qu’il est amer mais on dira aus
6993 plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit d’ un goût qu’il est amer mais on dira aussi d’une douleur qu’elle est am
6994 n dit d’un goût qu’il est amer mais on dira aussi d’ une douleur qu’elle est amère. Comment cela peut-il s’expliquer ? Tout
6995 e monde répond, sans hésiter, que lorsqu’on parle d’ une douleur amère, on s’exprime par métaphore, au figuré. Le sens prop
6996 eur amère, on s’exprime par métaphore, au figuré. Le sens propre du mot « amer » serait alors celui qui concerne la sensat
6997 e du mot « amer » serait alors celui qui concerne la sensation physique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais d’où le sa
6998 physique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais d’ où le sait-on ? Les personnes qui croient cela, le croient-elles pour
6999 ique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais d’où le sait-on ? Les personnes qui croient cela, le croient-elles pour des r
7000 our primitive. Il se peut. Mais d’où le sait-on ? Les personnes qui croient cela, le croient-elles pour des raisons qu’elle
7001 d’où le sait-on ? Les personnes qui croient cela, le croient-elles pour des raisons qu’elles seraient capables de donner ?
7002 elles pour des raisons qu’elles seraient capables de donner ? Ont-elles donc recherché si, chronologiquement, le sens « ma
7003 ? Ont-elles donc recherché si, chronologiquement, le sens « matériel » d’un mot précède toujours le « spirituel », qui ne
7004 erché si, chronologiquement, le sens « matériel » d’ un mot précède toujours le « spirituel », qui ne serait qu’une transpo
7005 t, le sens « matériel » d’un mot précède toujours le « spirituel », qui ne serait qu’une transposition, un à peu près, une
7006 nne ne se livre à ces recherches : on affirme sur la foi d’un préjugé que l’on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé co
7007 se livre à ces recherches : on affirme sur la foi d’ un préjugé que l’on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé consiste
7008 cherches : on affirme sur la foi d’un préjugé que l’ on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé consiste à croire que le p
7009 ens ou évidence. Ce préjugé consiste à croire que le physique est plus vrai et plus réel que le spirituel ; qu’il est donc
7010 re que le physique est plus vrai et plus réel que le spirituel ; qu’il est donc à la base de tout ; que c’est par lui que
7011 et plus réel que le spirituel ; qu’il est donc à la base de tout ; que c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme de
7012 réel que le spirituel ; qu’il est donc à la base de tout ; que c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme de ce préj
7013 de tout ; que c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme de ce préjugé a été défini et critiqué par le docteur Minko
7014 e c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme de ce préjugé a été défini et critiqué par le docteur Minkowski113 et Ar
7015 anisme de ce préjugé a été défini et critiqué par le docteur Minkowski113 et Arnaud Dandieu d’une manière pertinente et nu
7016 qué par le docteur Minkowski113 et Arnaud Dandieu d’ une manière pertinente et nuancée. Selon ces deux auteurs, le sens dit
7017 re pertinente et nuancée. Selon ces deux auteurs, le sens dit « propre » et le sens dit « figuré » ne sauraient être « ram
7018 Selon ces deux auteurs, le sens dit « propre » et le sens dit « figuré » ne sauraient être « ramenés » l’un à l’autre, car
7019 uraient être « ramenés » l’un à l’autre, car tous les deux traduisent « proprement » dans des domaines différents, une réal
7020 ou spirituels. Sinon comment expliquerait-on que le même mot puisse servir à désigner des phénomènes aussi divers ? En vé
7021 ènes aussi divers ? En vérité, il n’y a pas moins d’ amertume dans la douleur que dans le goût du sel, mais ce que nous dés
7022 s ? En vérité, il n’y a pas moins d’amertume dans la douleur que dans le goût du sel, mais ce que nous désignons dans l’un
7023 y a pas moins d’amertume dans la douleur que dans le goût du sel, mais ce que nous désignons dans l’une et l’autre par le
7024 s ce que nous désignons dans l’une et l’autre par le même mot, c’est une même manière d’être affecté, soit par les sens, s
7025 t l’autre par le même mot, c’est une même manière d’ être affecté, soit par les sens, soit par la pensée, dans la totalité
7026 , c’est une même manière d’être affecté, soit par les sens, soit par la pensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi
7027 nière d’être affecté, soit par les sens, soit par la pensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi de nos métaphores
7028 ecté, soit par les sens, soit par la pensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses. Le m
7029 ar les sens, soit par la pensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses. Le moderne n’hés
7030 ensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses. Le moderne n’hésite pas à tenir ce raisonn
7031 re existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses. Le moderne n’hésite pas à tenir ce raisonnement : « Amour désigne pour m
7032 tenir ce raisonnement : « Amour désigne pour moi l’ attrait sexuel — or sainte Thérèse parle sans cesse d’amour —, donc ce
7033 trait sexuel — or sainte Thérèse parle sans cesse d’ amour —, donc cette mystique est une érotomane qui s’ignore. » Mais no
7034 sainte Thérèse n’ignore rien, et qu’au contraire, les amants « passionnés » sont sans doute des mystiques qui s’ignorent… A
7035 nt sans doute des mystiques qui s’ignorent… Ainsi les arguments s’annulent. Nous ne savons rien des origines premières. Ce
7036 s. Ce que nous avons pu dégager, c’est uniquement le jeu des deux facteurs dans l’évolution historique. Résumons-le encore
7037 r, c’est uniquement le jeu des deux facteurs dans l’ évolution historique. Résumons-le encore une fois, pour plus de clarté
7038 ux facteurs dans l’évolution historique. Résumons- le encore une fois, pour plus de clarté. Notre langage passionnel nous v
7039 istorique. Résumons-le encore une fois, pour plus de clarté. Notre langage passionnel nous vient de la rhétorique des trou
7040 de clarté. Notre langage passionnel nous vient de la rhétorique des troubadours. Rhétorique ambiguë par excellence : une d
7041 une dogmatique manichéenne y compose des symboles d’ attrait sexuel. Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant de la re
7042 el. Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant de la religion qui l’a créée, passe dans les mœurs, et devient langage c
7043 Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant de la religion qui l’a créée, passe dans les mœurs, et devient langage comm
7044 cette rhétorique se détachant de la religion qui l’ a créée, passe dans les mœurs, et devient langage commun. Maintenant,
7045 étachant de la religion qui l’a créée, passe dans les mœurs, et devient langage commun. Maintenant, quand un mystique veut
7046 imer ses expériences ineffables, il est contraint de se servir de métaphores. Il les prend où il les trouve et telles qu’e
7047 riences ineffables, il est contraint de se servir de métaphores. Il les prend où il les trouve et telles qu’elles sont, qu
7048 , il est contraint de se servir de métaphores. Il les prend où il les trouve et telles qu’elles sont, quitte à les modifier
7049 nt de se servir de métaphores. Il les prend où il les trouve et telles qu’elles sont, quitte à les modifier par la suite. O
7050 ù il les trouve et telles qu’elles sont, quitte à les modifier par la suite. Or à partir du xiie siècle, les métaphores co
7051 t telles qu’elles sont, quitte à les modifier par la suite. Or à partir du xiie siècle, les métaphores courantes sont cel
7052 difier par la suite. Or à partir du xiie siècle, les métaphores courantes sont celles de la rhétorique courtoise. Que les
7053 iie siècle, les métaphores courantes sont celles de la rhétorique courtoise. Que les mystiques s’en emparent sans hésiter
7054 siècle, les métaphores courantes sont celles de la rhétorique courtoise. Que les mystiques s’en emparent sans hésiter ne
7055 antes sont celles de la rhétorique courtoise. Que les mystiques s’en emparent sans hésiter ne signifie donc pas du tout qu’
7056 nt » des passions sensuelles, mais simplement que l’ expression habituelle de ces passions, créée d’ailleurs par une mystiq
7057 lles, mais simplement que l’expression habituelle de ces passions, créée d’ailleurs par une mystique, convient à l’express
7058 ns, créée d’ailleurs par une mystique, convient à l’ expression de l’amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d
7059 illeurs par une mystique, convient à l’expression de l’amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d’autant plus
7060 eurs par une mystique, convient à l’expression de l’ amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d’autant plus à l
7061 ur spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d’ autant plus à l’expression des rapports « malheureux » entretenus par
7062 ils vivent. Et elle convient même d’autant plus à l’ expression des rapports « malheureux » entretenus par l’âme et son Die
7063 ession des rapports « malheureux » entretenus par l’ âme et son Dieu, qu’elle s’est plus complètement humanisée, c’est-à-di
7064 lus complètement humanisée, c’est-à-dire détachée de l’hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme,
7065 complètement humanisée, c’est-à-dire détachée de l’ hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme, ce
7066 umanisée, c’est-à-dire détachée de l’hérésie. Car l’ hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait
7067 -dire détachée de l’hérésie. Car l’hérésie posait l’ union possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin
7068 l’hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de
7069 Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour
7070 r l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’ âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour hu
7071 n possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour humain ; tandis que l’ortho
7072 t de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que l’uni
7073 ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que l’union est impo
7074 n et le malheur de tout amour humain ; tandis que l’ orthodoxie pose que l’union est impossible, ce qui entraîne le malheur
7075 t amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que l’ union est impossible, ce qui entraîne le malheur divin et rend l’amour
7076 pose que l’union est impossible, ce qui entraîne le malheur divin et rend l’amour humain possible en ses limites. D’où il
7077 ossible, ce qui entraîne le malheur divin et rend l’ amour humain possible en ses limites. D’où il résulte que le langage d
7078 n et rend l’amour humain possible en ses limites. D’ où il résulte que le langage de la passion humaine selon l’hérésie cor
7079 main possible en ses limites. D’où il résulte que le langage de la passion humaine selon l’hérésie correspond au langage d
7080 le en ses limites. D’où il résulte que le langage de la passion humaine selon l’hérésie correspond au langage de la passio
7081 en ses limites. D’où il résulte que le langage de la passion humaine selon l’hérésie correspond au langage de la passion d
7082 ésulte que le langage de la passion humaine selon l’ hérésie correspond au langage de la passion divine selon l’orthodoxie.
7083 ion humaine selon l’hérésie correspond au langage de la passion divine selon l’orthodoxie. On se trouve donc en présence
7084 humaine selon l’hérésie correspond au langage de la passion divine selon l’orthodoxie. On se trouve donc en présence d’u
7085 correspond au langage de la passion divine selon l’ orthodoxie. On se trouve donc en présence d’une continuelle interacti
7086 ision tout arbitraire isolerait tel ou tel moment de cette dialectique permanente pour en faire la donnée première. 7.L
7087 ent de cette dialectique permanente pour en faire la donnée première. 7.Libération finale des mystiques Cette décisi
7088 s Cette décision tout arbitraire, il est temps de la prendre ici, et de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire
7089 Cette décision tout arbitraire, il est temps de la prendre ici, et de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de
7090 ut arbitraire, il est temps de la prendre ici, et de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’ell
7091 arbitraire, il est temps de la prendre ici, et de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’elle s
7092 de la prendre ici, et de la prendre en faveur de l’ esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’elle soit arbitraire en fin de
7093 de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’elle soit arbitraire en fin de compte, ou ce qui revi
7094 nt au même, avant tout compte, n’exclut pas qu’on l’ appuie de raisons. J’en marquerai trois. 1° Le langage passionnel me p
7095 e, avant tout compte, n’exclut pas qu’on l’appuie de raisons. J’en marquerai trois. 1° Le langage passionnel me paraît s’e
7096 ’on l’appuie de raisons. J’en marquerai trois. 1° Le langage passionnel me paraît s’expliquer à partir de l’esprit, en cec
7097 gage passionnel me paraît s’expliquer à partir de l’ esprit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe de la nature sur l’e
7098 partir de l’esprit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe de la nature sur l’esprit114, mais l’excès de l’esprit sur l
7099 esprit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe de la nature sur l’esprit114, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. «
7100 rit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe de la nature sur l’esprit114, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. « L’
7101 u’il exprime non pas le triomphe de la nature sur l’ esprit114, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe l
7102 as le triomphe de la nature sur l’esprit114, mais l’ excès de l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir es
7103 iomphe de la nature sur l’esprit114, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si gra
7104 phe de la nature sur l’esprit114, mais l’excès de l’ esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si grand
7105 ure sur l’esprit114, mais l’excès de l’esprit sur l’ instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse
7106 it114, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. «  L’ amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites d
7107 l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel », di
7108 xiste lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti,
7109 e le désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie s
7110 e désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’ amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie sièc
7111 dépasse les limites de l’amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or le fait de dépasser
7112 troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or le fait de dépasser les limites de l’instinct, définit l’homme en tant q
7113 ur Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or le fait de dépasser les limites de l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit
7114 alcanti, au xiiie siècle. Or le fait de dépasser les limites de l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fa
7115 xiiie siècle. Or le fait de dépasser les limites de l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui
7116 ie siècle. Or le fait de dépasser les limites de l’ instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui no
7117 it de dépasser les limites de l’instinct, définit l’ homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui nous permet de parler.
7118 ant qu’esprit. C’est ce fait seul qui nous permet de parler. Qu’est-ce que le langage en effet ? Le pouvoir de mentir auta
7119 ait seul qui nous permet de parler. Qu’est-ce que le langage en effet ? Le pouvoir de mentir autant que le pouvoir d’expri
7120 et de parler. Qu’est-ce que le langage en effet ? Le pouvoir de mentir autant que le pouvoir d’exprimer ce qui est. Un ani
7121 r. Qu’est-ce que le langage en effet ? Le pouvoir de mentir autant que le pouvoir d’exprimer ce qui est. Un animal est inc
7122 angage en effet ? Le pouvoir de mentir autant que le pouvoir d’exprimer ce qui est. Un animal est incapable de mentir, de
7123 ffet ? Le pouvoir de mentir autant que le pouvoir d’ exprimer ce qui est. Un animal est incapable de mentir, de dire ce que
7124 ir d’exprimer ce qui est. Un animal est incapable de mentir, de dire ce que l’instinct ne fait pas, d’aller au-delà du néc
7125 er ce qui est. Un animal est incapable de mentir, de dire ce que l’instinct ne fait pas, d’aller au-delà du nécessaire et
7126 Un animal est incapable de mentir, de dire ce que l’ instinct ne fait pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà de la s
7127 de mentir, de dire ce que l’instinct ne fait pas, d’ aller au-delà du nécessaire et au-delà de la satisfaction. La passion,
7128 ait pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà de la satisfaction. La passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l
7129 pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà de la satisfaction. La passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l’él
7130 delà du nécessaire et au-delà de la satisfaction. La passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà
7131 ssaire et au-delà de la satisfaction. La passion, l’ amour de l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instin
7132 t au-delà de la satisfaction. La passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instinct et qu
7133 u-delà de la satisfaction. La passion, l’amour de l’ amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instinct et qui,
7134 a passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l’ élan qui va au-delà de l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct. L
7135 l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable d’un tel
7136 mour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’ instinct et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable d’un tel me
7137 i va au-delà de l’instinct et qui, par là, ment à l’ instinct. Le responsable d’un tel mensonge ne saurait être que « l’esp
7138 de l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable d’un tel mensonge ne saurait être que « l’esprit ». (On s
7139 et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable d’ un tel mensonge ne saurait être que « l’esprit ». (On sent ici à quell
7140 sponsable d’un tel mensonge ne saurait être que «  l’ esprit ». (On sent ici à quelle profondeur l’amour-passion, l’expressi
7141 ue « l’esprit ». (On sent ici à quelle profondeur l’ amour-passion, l’expression et le mensonge se trouvent liés. Et n’est-
7142 (On sent ici à quelle profondeur l’amour-passion, l’ expression et le mensonge se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique
7143 uelle profondeur l’amour-passion, l’expression et le mensonge se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique de toute passion
7144 songe se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique de toute passion, cette volonté de s’exprimer, de se décrire comme pour
7145 -elle pas typique de toute passion, cette volonté de s’exprimer, de se décrire comme pour mieux jouir de soi-même ? Mais a
7146 ue de toute passion, cette volonté de s’exprimer, de se décrire comme pour mieux jouir de soi-même ? Mais aussi cette conv
7147 s’exprimer, de se décrire comme pour mieux jouir de soi-même ? Mais aussi cette conviction que les autres ne comprendront
7148 uir de soi-même ? Mais aussi cette conviction que les autres ne comprendront pas, et que s’ils questionnent ou accusent, on
7149 accusent, on ne peut alors que mentir pour sauver l’ essence même de la passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroe
7150 peut alors que mentir pour sauver l’essence même de la passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroek, et saint Fra
7151 ut alors que mentir pour sauver l’essence même de la passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroek, et saint Franço
7152 et saint François, sont évidemment postérieurs à la naissance de l’amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci es
7153 nçois, sont évidemment postérieurs à la naissance de l’amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci est postérieur
7154 is, sont évidemment postérieurs à la naissance de l’ amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci est postérieur à l
7155 ’en reste pas moins que celui-ci est postérieur à la mystique pseudo-chrétienne des cathares. 3° C’est sans doute à tort q
7156 nne des cathares. 3° C’est sans doute à tort qu’à la proposition : « Tout érotomane est un mystique qui s’ignore », on a c
7157 qui s’ignore », on a cru pouvoir répondre : « Ou l’ inverse. » Il se peut que les épigones des grands mystiques115 nous ap
7158 uvoir répondre : « Ou l’inverse. » Il se peut que les épigones des grands mystiques115 nous apparaissent parfois comme des
7159 rotomanes qui s’ignorent. Mais il est certain que l’ érotomanie est une forme d’intoxication, et tout nous prouve que les E
7160 ais il est certain que l’érotomanie est une forme d’ intoxication, et tout nous prouve que les Eckhart, Ruysbroek, Thérèse,
7161 une forme d’intoxication, et tout nous prouve que les Eckhart, Ruysbroek, Thérèse, Jean de la Croix, sont exactement le con
7162 broek, Thérèse, Jean de la Croix, sont exactement le contraire de ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est la victim
7163 e, Jean de la Croix, sont exactement le contraire de ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est la victime non de sa p
7164 nt le contraire de ce qu’on nomme des intoxiqués. L’ intoxiqué est la victime non de sa passion, mais de l’agent matériel q
7165 de ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est la victime non de sa passion, mais de l’agent matériel qu’elle utilise p
7166 me des intoxiqués. L’intoxiqué est la victime non de sa passion, mais de l’agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter.
7167 ’intoxiqué est la victime non de sa passion, mais de l’agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine de cett
7168 toxiqué est la victime non de sa passion, mais de l’ agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine de cette p
7169 agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’ origine de cette passion est un désir, conscient ou non, d’échapper à
7170 riel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine de cette passion est un désir, conscient ou non, d’échapper à la conditi
7171 de cette passion est un désir, conscient ou non, d’ échapper à la condition terrestre insupportable, et si l’on est en dro
7172 sion est un désir, conscient ou non, d’échapper à la condition terrestre insupportable, et si l’on est en droit d’y voir l
7173 per à la condition terrestre insupportable, et si l’ on est en droit d’y voir le rudiment d’un appel mystique, il n’en rest
7174 terrestre insupportable, et si l’on est en droit d’ y voir le rudiment d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’
7175 e insupportable, et si l’on est en droit d’y voir le rudiment d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’intoxiqué
7176 ble, et si l’on est en droit d’y voir le rudiment d’ un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’intoxiqué est avant t
7177 d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’ intoxiqué est avant tout l’esclave de sa drogue. Psychologiquement, c’
7178 en reste pas moins que l’intoxiqué est avant tout l’ esclave de sa drogue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont les
7179 as moins que l’intoxiqué est avant tout l’esclave de sa drogue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont les sens s’ém
7180 gue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont les sens s’émoussent, dont la lucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’i
7181 st un être déchu, dont les sens s’émoussent, dont la lucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’idiotie. Les grands mystiqu
7182 , dont la lucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’ idiotie. Les grands mystiques, tout au contraire, insistent sur la néc
7183 ucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’idiotie. Les grands mystiques, tout au contraire, insistent sur la nécessité de dé
7184 rands mystiques, tout au contraire, insistent sur la nécessité de dépasser l’état de transe, d’accéder à une lucidité touj
7185 es, tout au contraire, insistent sur la nécessité de dépasser l’état de transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pur
7186 contraire, insistent sur la nécessité de dépasser l’ état de transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pure et audacie
7187 re, insistent sur la nécessité de dépasser l’état de transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pure et audacieuse, de
7188 nt sur la nécessité de dépasser l’état de transe, d’ accéder à une lucidité toujours plus pure et audacieuse, de vérifier m
7189 à une lucidité toujours plus pure et audacieuse, de vérifier même les plus hautes grâces par leurs répercussions dans la
7190 oujours plus pure et audacieuse, de vérifier même les plus hautes grâces par leurs répercussions dans la vie quotidienne. S
7191 s plus hautes grâces par leurs répercussions dans la vie quotidienne. Sainte Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions
7192 idienne. Sainte Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions qui la poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout, les g
7193 Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions qui la poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout, les grands mystiques
7194 poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout, les grands mystiques s’accordent à voir le terme de leur ascension dans l
7195 Surtout, les grands mystiques s’accordent à voir le terme de leur ascension dans la liberté souveraine de l’âme. Saint Je
7196 les grands mystiques s’accordent à voir le terme de leur ascension dans la liberté souveraine de l’âme. Saint Jean de la
7197 ’accordent à voir le terme de leur ascension dans la liberté souveraine de l’âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart
7198 erme de leur ascension dans la liberté souveraine de l’âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart disent en termes diff
7199 e de leur ascension dans la liberté souveraine de l’ âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart disent en termes différe
7200 oix et Maître Eckhart disent en termes différents la même chose : il faut que le mystique arrive « à se passer du don », à
7201 en termes différents la même chose : il faut que le mystique arrive « à se passer du don », à ne plus le désirer pour lui
7202 mystique arrive « à se passer du don », à ne plus le désirer pour lui-même. Dans le mariage spirituel, dit Jean de la Croi
7203 u don », à ne plus le désirer pour lui-même. Dans le mariage spirituel, dit Jean de la Croix, l’âme parvient à aimer Dieu
7204 Dans le mariage spirituel, dit Jean de la Croix, l’ âme parvient à aimer Dieu sans plus sentir son amour. C’est un état d’
7205 er Dieu sans plus sentir son amour. C’est un état d’ indifférence parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est le point de perf
7206 fférence parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est le point de perfection d’un équilibre durement conquis, d’une connaissan
7207 parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est le point de perfection d’un équilibre durement conquis, d’une connaissance immédi
7208 rait-on ; en vérité, c’est le point de perfection d’ un équilibre durement conquis, d’une connaissance immédiatement active
7209 nt de perfection d’un équilibre durement conquis, d’ une connaissance immédiatement active. Au-delà des transes et au-delà
7210 édiatement active. Au-delà des transes et au-delà de l’ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désint
7211 atement active. Au-delà des transes et au-delà de l’ ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désintoxi
7212 tive. Au-delà des transes et au-delà de l’ascèse, l’ aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désintoxication » d
7213 ’ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état d’ extrême « désintoxication » de l’âme. Dans la plus rigoureuse possessi
7214 ulmine dans un état d’extrême « désintoxication » de l’âme. Dans la plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors
7215 ine dans un état d’extrême « désintoxication » de l’ âme. Dans la plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors qu
7216 état d’extrême « désintoxication » de l’âme. Dans la plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors que le mariage
7217 on » de l’âme. Dans la plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors que le mariage devient possible, qui signifi
7218 ureuse possession de soi-même. Et c’est alors que le mariage devient possible, qui signifie non plus jouissance de l’Éros,
7219 evient possible, qui signifie non plus jouissance de l’Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe appara
7220 ent possible, qui signifie non plus jouissance de l’ Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-
7221 fie non plus jouissance de l’Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voi
7222 non plus jouissance de l’Éros, mais fécondité de l’ Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voie p
7223 sance de l’Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voie purgative par ex
7224 i la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voie purgative par excellence, la meilleure discipline qui nous perme
7225 lle enfin comme la voie purgative par excellence, la meilleure discipline qui nous permette de transcender l’amour-passion
7226 llence, la meilleure discipline qui nous permette de transcender l’amour-passion jusque dans ses formes sublimées. Le cycl
7227 leure discipline qui nous permette de transcender l’ amour-passion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle de l’ascèse c
7228 l’amour-passion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle de l’ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’
7229 assion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle de l’ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dir
7230 ion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle de l’ ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à
7231 sublimées. Le cycle de l’ascèse chrétienne ramène l’ âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites
7232 s. Le cycle de l’ascèse chrétienne ramène l’âme à l’ obéissance heureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites de la cr
7233 ène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à l’ acceptation des limites de la créature, mais dans un esprit renouvelé,
7234 eureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites de la créature, mais dans un esprit renouvelé, dans une liberté reconqui
7235 euse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites de la créature, mais dans un esprit renouvelé, dans une liberté reconquise.
7236 elé, dans une liberté reconquise. 8.Crépuscule de l’amour-passion C’est le dogme de l’Incarnation qui distingue radi
7237 , dans une liberté reconquise. 8.Crépuscule de l’ amour-passion C’est le dogme de l’Incarnation qui distingue radical
7238 uise. 8.Crépuscule de l’amour-passion C’est le dogme de l’Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodo
7239 8.Crépuscule de l’amour-passion C’est le dogme de l’Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodoxe de l’h
7240 répuscule de l’amour-passion C’est le dogme de l’ Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodoxe de l’héré
7241 dogme de l’Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodoxe de l’hérétique. C’est lui qui donne un sens tout d
7242 qui distingue radicalement la mystique orthodoxe de l’hérétique. C’est lui qui donne un sens tout différent au mot amour
7243 i distingue radicalement la mystique orthodoxe de l’ hérétique. C’est lui qui donne un sens tout différent au mot amour dan
7244 ui donne un sens tout différent au mot amour dans les deux cas. Les hérétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme le f
7245 ns tout différent au mot amour dans les deux cas. Les hérétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile
7246 ns les deux cas. Les hérétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour
7247 érétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas re
7248 s cathares opposent la Nuit au Jour comme le fait l’ Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la
7249 opposent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la
7250 osent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile de Jean . Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la Nuit
7251 it au Jour comme le fait l’Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la Nuit : elle n
7252 Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent p
7253 Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que le
7254 ole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que le Jo
7255 a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que le Jour parfait se communique à nous au travers de la vie. (Ils ne croie
7256 e Jour parfait se communique à nous au travers de la vie. (Ils ne croient pas l’humanité du Christ). Ils veulent aller tou
7257 à nous au travers de la vie. (Ils ne croient pas l’ humanité du Christ). Ils veulent aller tout droit à l’Amour par l’amou
7258 manité du Christ). Ils veulent aller tout droit à l’ Amour par l’amour, et de la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombr
7259 rist). Ils veulent aller tout droit à l’Amour par l’ amour, et de la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, c
7260 eulent aller tout droit à l’Amour par l’amour, et de la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, comme Icare e
7261 ent aller tout droit à l’Amour par l’amour, et de la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, comme Icare est
7262 mbé. (Celui qui veut aller à Dieu sans passer par le Christ qui est « le chemin », celui-là va au diable, disait énergique
7263 aller à Dieu sans passer par le Christ qui est «  le chemin », celui-là va au diable, disait énergiquement Luther.) Ils pr
7264 disait énergiquement Luther.) Ils pressentent que la Nuit est un mystère du Jour, dont le Jour seul détient le secret dern
7265 ssentent que la Nuit est un mystère du Jour, dont le Jour seul détient le secret dernier116. Mais ils ignorent que la Nuit
7266 est un mystère du Jour, dont le Jour seul détient le secret dernier116. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est la Colère de
7267 tient le secret dernier116. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est la Colère de Dieu — répondant à notre révolte — et non pa
7268 dernier116. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est la Colère de Dieu — répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre d’un
7269 6. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est la Colère de Dieu — répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre d’un obscur dém
7270 de Dieu — répondant à notre révolte — et non pas l’ œuvre d’un obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de la Bibl
7271 — répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre d’ un obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de la Bible.) Refu
7272 l’œuvre d’un obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de la Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette v
7273 obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de la Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette vie et par le
7274 scur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de la Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette vie et par le mo
7275 t du moins la doctrine de la Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », m
7276 ns la doctrine de la Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », méconnaiss
7277 nt que le Jour les enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la cré
7278 Jour les enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la créature, ig
7279 ur les enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la créature, ignor
7280  matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la créature, ignorant donc la vraie nature de ce qu’ils tiennent pour le
7281 ne Agapè qui sanctifie la créature, ignorant donc la vraie nature de ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent le risq
7282 ctifie la créature, ignorant donc la vraie nature de ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent le risque de s’y perdre
7283 t donc la vraie nature de ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent le risque de s’y perdre sans retour au moment même
7284 de ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent le risque de s’y perdre sans retour au moment même qu’ils croient lui éc
7285 ils tiennent pour le péché, ils courent le risque de s’y perdre sans retour au moment même qu’ils croient lui échapper. Et
7286 ur au moment même qu’ils croient lui échapper. Et de là vient que la confusion était fatale entre l’Éros divinisant et l’É
7287 e qu’ils croient lui échapper. Et de là vient que la confusion était fatale entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier d
7288 t de là vient que la confusion était fatale entre l’ Éros divinisant et l’Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la
7289 confusion était fatale entre l’Éros divinisant et l’ Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la passion « enthousias
7290 tale entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amo
7291 e entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier de l’ instinct. De là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amor d
7292 os divinisant et l’Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amor des troubadou
7293 l’Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amor des troubadours, devait fatal
7294 nct. De là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amor des troubadours, devait fatalement aboutir à la passion hu
7295 là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’ amor des troubadours, devait fatalement aboutir à la passion humaine m
7296 amor des troubadours, devait fatalement aboutir à la passion humaine malheureuse. Cet amour impossible laissait au cœur de
7297 able, une ardeur vraiment dévorante, une soif que la mort seule pouvait éteindre : ce fut la « torture d’amour » qu’ils se
7298 soif que la mort seule pouvait éteindre : ce fut la « torture d’amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même. La passi
7299 mort seule pouvait éteindre : ce fut la « torture d’ amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même. La passion des « parf
7300 ’amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même. La passion des « parfaits » voulait la mort divinisante. La soif qu’elle
7301 ur elle-même. La passion des « parfaits » voulait la mort divinisante. La soif qu’elle laisse au cœur des hommes sans foi,
7302 ion des « parfaits » voulait la mort divinisante. La soif qu’elle laisse au cœur des hommes sans foi, mais bouleversés par
7303 és par sa brûlante poésie, ne cherchera plus dans la mort que la suprême sensation. Et de même, l’amour de la Dame, dès qu
7304 ûlante poésie, ne cherchera plus dans la mort que la suprême sensation. Et de même, l’amour de la Dame, dès qu’il cessera
7305 ans la mort que la suprême sensation. Et de même, l’ amour de la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec
7306 ort que la suprême sensation. Et de même, l’amour de la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec la Jour
7307 que la suprême sensation. Et de même, l’amour de la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec la Jour inc
7308 Et de même, l’amour de la Dame, dès qu’il cessera d’ être un symbole de l’union avec la Jour incréé, deviendra le symbole d
7309 r de la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec la Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible uni
7310 e la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’ union avec la Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible union
7311 s qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec la Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible union avec la femme
7312 symbole de l’union avec la Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible union avec la femme ; gardant de ses origines
7313 l’union avec la Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible union avec la femme ; gardant de ses origines mystiques
7314 nion avec la Jour incréé, deviendra le symbole de l’ impossible union avec la femme ; gardant de ses origines mystiques on
7315 , deviendra le symbole de l’impossible union avec la femme ; gardant de ses origines mystiques on ne sait quoi de divin, d
7316 ole de l’impossible union avec la femme ; gardant de ses origines mystiques on ne sait quoi de divin, de faussement transc
7317 gardant de ses origines mystiques on ne sait quoi de divin, de faussement transcendant — une illusion de gloire libératric
7318 ses origines mystiques on ne sait quoi de divin, de faussement transcendant — une illusion de gloire libératrice dont la
7319 divin, de faussement transcendant — une illusion de gloire libératrice dont la douleur serait encore le signe ! Ainsi s’o
7320 cendant — une illusion de gloire libératrice dont la douleur serait encore le signe ! Ainsi s’opère le renversement tragiq
7321 gloire libératrice dont la douleur serait encore le signe ! Ainsi s’opère le renversement tragique : se dépasser jusqu’à
7322 la douleur serait encore le signe ! Ainsi s’opère le renversement tragique : se dépasser jusqu’à s’unir au transcendant, q
7323 se dépasser jusqu’à s’unir au transcendant, quand le but n’est plus la Lumière, et quand on ignore le « chemin », c’est se
7324 à s’unir au transcendant, quand le but n’est plus la Lumière, et quand on ignore le « chemin », c’est se précipiter dans l
7325 le but n’est plus la Lumière, et quand on ignore le « chemin », c’est se précipiter dans la Nuit. Le dépassement, dès lor
7326 on ignore le « chemin », c’est se précipiter dans la Nuit. Le dépassement, dès lors, n’est plus qu’exaltation du narcissis
7327 le « chemin », c’est se précipiter dans la Nuit. Le dépassement, dès lors, n’est plus qu’exaltation du narcissisme. Il ne
7328 s qu’exaltation du narcissisme. Il ne vise plus à la libération des sens, mais à la douloureuse intensité du sentiment. In
7329 Il ne vise plus à la libération des sens, mais à la douloureuse intensité du sentiment. Intoxication par l’esprit. L’hist
7330 loureuse intensité du sentiment. Intoxication par l’ esprit. L’histoire de la passion d’amour, dans toutes les grandes litt
7331 ntensité du sentiment. Intoxication par l’esprit. L’ histoire de la passion d’amour, dans toutes les grandes littératures,
7332 sentiment. Intoxication par l’esprit. L’histoire de la passion d’amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie s
7333 ntiment. Intoxication par l’esprit. L’histoire de la passion d’amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie sièc
7334 toxication par l’esprit. L’histoire de la passion d’ amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie siècle jusqu’à
7335 it. L’histoire de la passion d’amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire
7336 ittératures, du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’ histoire de la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C
7337 , du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire de la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le réc
7338 u xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire de la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le récit
7339 l’histoire de la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le récit des tentatives de plus en plus déses
7340 du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le récit des tentatives de plus en plus désespérées que fait l’Éros pour
7341 s tentatives de plus en plus désespérées que fait l’ Éros pour remplacer la transcendance mystique par une intensité émue.
7342 n plus désespérées que fait l’Éros pour remplacer la transcendance mystique par une intensité émue. Mais grandiloquentes o
7343 tensité émue. Mais grandiloquentes ou plaintives, les figures du discours passionné, les « couleurs » de sa rhétorique ne s
7344 ou plaintives, les figures du discours passionné, les « couleurs » de sa rhétorique ne seront jamais que les exaltations d’
7345 s figures du discours passionné, les « couleurs » de sa rhétorique ne seront jamais que les exaltations d’un crépuscule, p
7346  couleurs » de sa rhétorique ne seront jamais que les exaltations d’un crépuscule, promesses de gloire jamais tenues… 86
7347 a rhétorique ne seront jamais que les exaltations d’ un crépuscule, promesses de gloire jamais tenues… 86. Philippe de F
7348 is que les exaltations d’un crépuscule, promesses de gloire jamais tenues… 86. Philippe de Félice, Poisons sacrés, ivre
7349 es divines, essai sur quelques formes inférieures de la mystique. Paris 1936. 87. Il y a bien l’exemple de la formica san
7350 divines, essai sur quelques formes inférieures de la mystique. Paris 1936. 87. Il y a bien l’exemple de la formica sangui
7351 ures de la mystique. Paris 1936. 87. Il y a bien l’ exemple de la formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmi
7352 mystique. Paris 1936. 87. Il y a bien l’exemple de la formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmilière un p
7353 stique. Paris 1936. 87. Il y a bien l’exemple de la formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmilière un para
7354 ecte entretient dans sa fourmilière un parasite à la sueur délicieuse, lequel finit par tout détruire. On a voulu comparer
7355 ire. On a voulu comparer cette tendance morbide à l’ alcoolisme. Tant que les fourmis ne parieront pas toutes les hypothèse
7356 r cette tendance morbide à l’alcoolisme. Tant que les fourmis ne parieront pas toutes les hypothèses sont possibles ! 88.
7357 sme. Tant que les fourmis ne parieront pas toutes les hypothèses sont possibles ! 88. Voir Appendice 7. 89. Voir Appendic
7358 8. Voir Appendice 7. 89. Voir Appendice 8. 90. La Nuit obscure, de saint Jean de la Croix, II, i, 1er verset. Trad. Hoo
7359 7. 89. Voir Appendice 8. 90. La Nuit obscure, de saint Jean de la Croix, II, i, 1er verset. Trad. Hoornaert. 91. Ce n
7360 ute occasion. « Pour plaire à Dieu, pour recevoir de lui de grandes grâces, il faut, et telle est sa volonté, que ces grâc
7361 asion. « Pour plaire à Dieu, pour recevoir de lui de grandes grâces, il faut, et telle est sa volonté, que ces grâces pass
7362 telle est sa volonté, que ces grâces passent par les mains de cette humanité sacrée en laquelle il a déclaré lui-même pren
7363 sa volonté, que ces grâces passent par les mains de cette humanité sacrée en laquelle il a déclaré lui-même prendre sa co
7364 dre sa complaisance. » 92. Nulle part, en effet, les généralisations ne se révèlent plus décevantes que dans l’étude des m
7365 lisations ne se révèlent plus décevantes que dans l’ étude des mystiques. Comme l’a fort bien noté J. Baruzi (Saint Jean de
7366 décevantes que dans l’étude des mystiques. Comme l’ a fort bien noté J. Baruzi (Saint Jean de la Croix, p. 618) si nous te
7367 (Saint Jean de la Croix, p. 618) si nous tentions de prendre une vue générale des diverses mystiques connues, « l’expérien
7368 ne vue générale des diverses mystiques connues, «  l’ expérience mystique ne nous semblerait d’un type homogène que dans la
7369 nnues, « l’expérience mystique ne nous semblerait d’ un type homogène que dans la mesure où elle serait banale, dans la mes
7370 ue ne nous semblerait d’un type homogène que dans la mesure où elle serait banale, dans la mesure aussi où nous échouerion
7371 ne que dans la mesure où elle serait banale, dans la mesure aussi où nous échouerions à la saisir ». 93. Gotha, 1929. Seu
7372 anale, dans la mesure aussi où nous échouerions à la saisir ». 93. Gotha, 1929. Seul le livre célèbre de R. Otto sur le S
7373 échouerions à la saisir ». 93. Gotha, 1929. Seul le livre célèbre de R. Otto sur le Sacré a paru jusqu’ici en traduction
7374 saisir ». 93. Gotha, 1929. Seul le livre célèbre de R. Otto sur le Sacré a paru jusqu’ici en traduction française. 94. «
7375 Gotha, 1929. Seul le livre célèbre de R. Otto sur le Sacré a paru jusqu’ici en traduction française. 94. « Minne einiget
7376 sen. » 95. Fin du sermon Nisi granum frumenti… «  L’ âme échappe à sa nature, à son être et à sa vie, et naît dans la Divin
7377 à sa nature, à son être et à sa vie, et naît dans la Divinité. C’est là qu’est son devenir. Elle devient si totalement un
7378 ent si totalement un seul être qu’il ne reste pas d’ autre distinction que celle-ci : Lui demeure Dieu et elle demeure âme.
7379 ad. Mayrisch Saint-Hubert). Il faut bien dire que l’ on se heurte dans tous les écrits d’Eckhart, à une grave équivoque sur
7380 ). Il faut bien dire que l’on se heurte dans tous les écrits d’Eckhart, à une grave équivoque sur le sens qu’il attribue à
7381 bien dire que l’on se heurte dans tous les écrits d’ Eckhart, à une grave équivoque sur le sens qu’il attribue à l’union (E
7382 s les écrits d’Eckhart, à une grave équivoque sur le sens qu’il attribue à l’union (Einung). Toutefois un tel passage incl
7383 une grave équivoque sur le sens qu’il attribue à l’ union (Einung). Toutefois un tel passage inclinerait à croire, avec Ot
7384 it à croire, avec Otto, qu’il ne s’agit nullement d’ une fusion essentielle. 96. Und diese Gleichheit aus dem Einen in das
7385 Cité par Baruzi, Saint Jean de la Croix, p. 642. L’ absence du langage « épithalamique » pourrait-elle être proposée comme
7386 e être proposée comme un critère lorsqu’il s’agit de savoir si tel mystique croyait ou non à l’union essentielle ? Dans ce
7387 s’agit de savoir si tel mystique croyait ou non à l’ union essentielle ? Dans ce cas, la remarque de l’abbé Paquier servira
7388 oyait ou non à l’union essentielle ? Dans ce cas, la remarque de l’abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Ott
7389 à l’union essentielle ? Dans ce cas, la remarque de l’abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Otto, et nous p
7390 l’union essentielle ? Dans ce cas, la remarque de l’ abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Otto, et nous perm
7391 s ce cas, la remarque de l’abbé Paquier servirait d’ argument contre la thèse d’Otto, et nous permettrait de ranger Maître
7392 que de l’abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Otto, et nous permettrait de ranger Maître Eckhart parmi les
7393 abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’ Otto, et nous permettrait de ranger Maître Eckhart parmi les hérétique
7394 ument contre la thèse d’Otto, et nous permettrait de ranger Maître Eckhart parmi les hérétiques. Je simplifie évidemment,
7395 t nous permettrait de ranger Maître Eckhart parmi les hérétiques. Je simplifie évidemment, mais il y a là une question dign
7396 fie évidemment, mais il y a là une question digne d’ être étudiée minutieusement. 99. Un troubadour : « Amour ne me quitte
7397 ien ne peut m’avoir. » 100. Th. Labande-Jeanroy, Les Mystiques italiens (introduction à une anthologie). 101. Id., Ibid.
7398 thologie). 101. Id., Ibid., et P. Sabatier, Vie de saint François d’Assise. 102. B. de Ligt, La Paix créatrice, II, p. 
7399 Vie de saint François d’Assise. 102. B. de Ligt, La Paix créatrice, II, p. 415. 103. Saint François nommait le frère Gil
7400 éatrice, II, p. 415. 103. Saint François nommait le frère Gilles « un paladin de sa Table ronde », et les miracles du sai
7401 int François nommait le frère Gilles « un paladin de sa Table ronde », et les miracles du saint — comme la conversion du l
7402 frère Gilles « un paladin de sa Table ronde », et les miracles du saint — comme la conversion du loup de Gubbio — se produi
7403 a Table ronde », et les miracles du saint — comme la conversion du loup de Gubbio — se produisent dans les mêmes circonsta
7404 s miracles du saint — comme la conversion du loup de Gubbio — se produisent dans les mêmes circonstances que les prouesses
7405 conversion du loup de Gubbio — se produisent dans les mêmes circonstances que les prouesses des chevaliers errants. Ils son
7406  — se produisent dans les mêmes circonstances que les prouesses des chevaliers errants. Ils sont d’ailleurs rapportés par l
7407 aliers errants. Ils sont d’ailleurs rapportés par les auteurs des Fioretti sous une forme narrative consacrée, qui devait é
7408 rative consacrée, qui devait évidemment souligner le parallélisme avec la chevalerie, aux yeux des lecteurs du xiiie sièc
7409 devait évidemment souligner le parallélisme avec la chevalerie, aux yeux des lecteurs du xiiie siècle. 104. Ciascun am
7410 rs du xiiie siècle. 104. Ciascun amante, danse de l’amour mystique. Voir aussi l’Appendice 9. 105. On en trouvera d’ai
7411 du xiiie siècle. 104. Ciascun amante, danse de l’ amour mystique. Voir aussi l’Appendice 9. 105. On en trouvera d’aille
7412 cun amante, danse de l’amour mystique. Voir aussi l’ Appendice 9. 105. On en trouvera d’ailleurs quelques éléments aux cha
7413 livre II et 3-4 du livre IV. 106. Ce cri célèbre de sainte Thérèse est inspiré de la franciscaine Angèle de Foligno : « J
7414 106. Ce cri célèbre de sainte Thérèse est inspiré de la franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir. »
7415 . Ce cri célèbre de sainte Thérèse est inspiré de la franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir. » 10
7416 nciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir. » 107. J. Baruzi, Introduction à des recherches sur le lang
7417 07. J. Baruzi, Introduction à des recherches sur le langage mystique. (Recherches philosophiques, I, 19.) 108. Saint Je
7418 phiques, I, 19.) 108. Saint Jean de la Croix et l’ expérience mystique, p. 343. 109. Maxime de Montmorand, Psychologie d
7419 catholiques orthodoxes. 110. Gaston Etchegoyen, l’ Amour divin, essai sur les sources de sainte Thérèse, IVe partie : l’E
7420 110. Gaston Etchegoyen, l’Amour divin, essai sur les sources de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de l’amour divin
7421 Etchegoyen, l’Amour divin, essai sur les sources de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de l’amour divin. 111. Tra
7422 i sur les sources de sainte Thérèse, IVe partie : l’ Expression de l’amour divin. 111. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing
7423 rces de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de l’amour divin. 111. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, L
7424 s de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de l’ amour divin. 111. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, Leub
7425 ie : l’Expression de l’amour divin. 111. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, Leuba, Freud, pour s’en tenir aux
7426 r E. Minkowski, Vers une cosmologie, chapitre sur la métaphore. 114. Comme le font croire des expressions courantes telle
7427 osmologie, chapitre sur la métaphore. 114. Comme le font croire des expressions courantes telles que « aveuglé par la pas
7428 es expressions courantes telles que « aveuglé par la passion », « fou d’amour ». 115. Surtout les épigones féminins : une
7429 ntes telles que « aveuglé par la passion », « fou d’ amour ». 115. Surtout les épigones féminins : une Marguerite-Marie Al
7430 par la passion », « fou d’amour ». 115. Surtout les épigones féminins : une Marguerite-Marie Alacoque au xviie siècle en
7431 uerite-Marie Alacoque au xviie siècle en fournit le plus inquiétant exemple (sa description du lit nuptial et de ce qui s
7432 uiétant exemple (sa description du lit nuptial et de ce qui s’y passe !) 116. Karl Jaspers a magnifiquement exprimé cette
7433 a magnifiquement exprimé cette assomption finale de la Nuit par le Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H. 
7434 magnifiquement exprimé cette assomption finale de la Nuit par le Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H. Cor
7435 nt exprimé cette assomption finale de la Nuit par le Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H. Corbin dans Her
5 1939, L’Amour et l’Occident. Livre IV. Le mythe dans la littérature
7436 Livre IVLe mythe dans la littérature On reconnaîtra maintenant ce qu’est le péché ou commen
7437 ittérature On reconnaîtra maintenant ce qu’est le péché ou comment procède le péché. C’est lorsque la volonté humaine s
7438 maintenant ce qu’est le péché ou comment procède le péché. C’est lorsque la volonté humaine se sépare de Dieu pour être u
7439 péché ou comment procède le péché. C’est lorsque la volonté humaine se sépare de Dieu pour être une volonté à soi, qu’ell
7440 péché. C’est lorsque la volonté humaine se sépare de Dieu pour être une volonté à soi, qu’elle suscite sa propre ardeur et
7441 à soi, qu’elle suscite sa propre ardeur et brûle de sa propre affection, ardeur qui lui est propre et qui n’a rien à voir
7442 ur qui lui est propre et qui n’a rien à voir avec l’ ardeur divine. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise de la littér
7443 ivine. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise de la littérature sur les mœurs D’une manière générale, il est bien d
7444 ne. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise de la littérature sur les mœurs D’une manière générale, il est bien diff
7445 1.D’une influence précise de la littérature sur les mœurs D’une manière générale, il est bien difficile de vérifier l’
7446 luence précise de la littérature sur les mœurs D’ une manière générale, il est bien difficile de vérifier l’influence de
7447 D’une manière générale, il est bien difficile de vérifier l’influence des arts sur la vie quotidienne d’une époque. « 
7448 nière générale, il est bien difficile de vérifier l’ influence des arts sur la vie quotidienne d’une époque. « La musique a
7449 en difficile de vérifier l’influence des arts sur la vie quotidienne d’une époque. « La musique adoucit les mœurs » ? Je n
7450 ifier l’influence des arts sur la vie quotidienne d’ une époque. « La musique adoucit les mœurs » ? Je n’en sais rien, et p
7451 e des arts sur la vie quotidienne d’une époque. «  La musique adoucit les mœurs » ? Je n’en sais rien, et personne ne saura
7452 ie quotidienne d’une époque. « La musique adoucit les mœurs » ? Je n’en sais rien, et personne ne saurait le démontrer. Et
7453 urs » ? Je n’en sais rien, et personne ne saurait le démontrer. Et la peinture, quelle peut bien être son action ? L’archi
7454 ais rien, et personne ne saurait le démontrer. Et la peinture, quelle peut bien être son action ? L’architecture, au moins
7455 t la peinture, quelle peut bien être son action ? L’ architecture, au moins, nous pouvons l’habiter, mais là n’est pas son
7456 n action ? L’architecture, au moins, nous pouvons l’ habiter, mais là n’est pas son caractère d’art. De même pour telle ou
7457 ouvons l’habiter, mais là n’est pas son caractère d’ art. De même pour telle ou telle philosophie. Mais le cas est tout dif
7458 rt. De même pour telle ou telle philosophie. Mais le cas est tout différent lorsqu’il s’agit d’une littérature dont on peu
7459 . Mais le cas est tout différent lorsqu’il s’agit d’ une littérature dont on peut démontrer, historiquement, qu’elle a donn
7460 trer, historiquement, qu’elle a donné sa langue à la passion. Si la littérature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs d
7461 ement, qu’elle a donné sa langue à la passion. Si la littérature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs de l’Europe, c’e
7462 ue à la passion. Si la littérature peut se vanter d’ avoir agi sur les mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu
7463 Si la littérature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’
7464 térature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’une maniè
7465 ature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs de l’ Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’une manière
7466 l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’une manière plus précise : c’est à la rhétorique du mythe, hé
7467 , c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’ une manière plus précise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage de
7468 lle le doit. D’une manière plus précise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage de l’amour provençal. Il n’est pas néce
7469 récise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage de l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer ici quelque po
7470 ise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage de l’ amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer ici quelque pouvo
7471 age de l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer ici quelque pouvoir magique des sons et du langage sur nos a
7472 oir magique des sons et du langage sur nos actes. L’ adoption d’un certain langage conventionnel entraîne et favorise natur
7473 des sons et du langage sur nos actes. L’adoption d’ un certain langage conventionnel entraîne et favorise naturellement l’
7474 conventionnel entraîne et favorise naturellement l’ essor des sentiments latents qui se trouvent les plus aptes à s’exprim
7475 nt l’essor des sentiments latents qui se trouvent les plus aptes à s’exprimer de la sorte. C’est dans ce sens que l’on peut
7476 tents qui se trouvent les plus aptes à s’exprimer de la sorte. C’est dans ce sens que l’on peut dire après La Rochefoucaul
7477 ts qui se trouvent les plus aptes à s’exprimer de la sorte. C’est dans ce sens que l’on peut dire après La Rochefoucauld :
7478 à s’exprimer de la sorte. C’est dans ce sens que l’ on peut dire après La Rochefoucauld : peu d’hommes seraient amoureux s
7479 orte. C’est dans ce sens que l’on peut dire après La Rochefoucauld : peu d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient jamais
7480 s que l’on peut dire après La Rochefoucauld : peu d’ hommes seraient amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour
7481 nt amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’ amour. ⁂ Passion et expression ne sont guère séparables. La passion pr
7482 ⁂ Passion et expression ne sont guère séparables. La passion prend sa source dans cet élan de l’esprit qui par ailleurs fa
7483 arables. La passion prend sa source dans cet élan de l’esprit qui par ailleurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse
7484 bles. La passion prend sa source dans cet élan de l’ esprit qui par ailleurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse l’
7485 cet élan de l’esprit qui par ailleurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse l’instinct, dès qu’elle devient vraiment
7486 leurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse l’ instinct, dès qu’elle devient vraiment passion, elle tend du même mouv
7487 pour s’exalter, ou simplement pour s’entretenir. ( Le double sens est significatif.) En ce domaine, il est aisé de vérifier
7488 ens est significatif.) En ce domaine, il est aisé de vérifier. Les sentiments qu’éprouvent l’élite, puis les masses par im
7489 ficatif.) En ce domaine, il est aisé de vérifier. Les sentiments qu’éprouvent l’élite, puis les masses par imitation, sont
7490 est aisé de vérifier. Les sentiments qu’éprouvent l’ élite, puis les masses par imitation, sont des créations littéraires e
7491 rifier. Les sentiments qu’éprouvent l’élite, puis les masses par imitation, sont des créations littéraires en ce sens qu’un
7492 éraires en ce sens qu’une certaine rhétorique est la condition suffisante de leur aveu, donc de leur prise de conscience.
7493 e certaine rhétorique est la condition suffisante de leur aveu, donc de leur prise de conscience. À défaut de cette rhétor
7494 ue est la condition suffisante de leur aveu, donc de leur prise de conscience. À défaut de cette rhétorique, ces sentiment
7495 que, ces sentiments existeraient sans doute, mais d’ une manière accidentelle, non reconnue, à titre d’étrangetés inavouabl
7496 d’une manière accidentelle, non reconnue, à titre d’ étrangetés inavouables, en contrebande. Mais on a toujours vu que l’in
7497 uables, en contrebande. Mais on a toujours vu que l’ invention d’une rhétorique faisait foisonner rapidement certaines puis
7498 ontrebande. Mais on a toujours vu que l’invention d’ une rhétorique faisait foisonner rapidement certaines puissances laten
7499 rapidement certaines puissances latentes du cœur. L’ apparition de Werther par exemple a produit une vague, de suicides. Ro
7500 rtaines puissances latentes du cœur. L’apparition de Werther par exemple a produit une vague, de suicides. Rousseau fit bo
7501 ition de Werther par exemple a produit une vague, de suicides. Rousseau fit boire du lait à toute la cour de France, et Re
7502 , de suicides. Rousseau fit boire du lait à toute la cour de France, et René désola plusieurs générations. C’est que pour
7503 cides. Rousseau fit boire du lait à toute la cour de France, et René désola plusieurs générations. C’est que pour admirer
7504 ola plusieurs générations. C’est que pour admirer la nature simple, pour accepter certaines mélancolies, et même pour se s
7505 t même pour se suicider, il faut être en mesure «  d’ expliquer » à soi-même ou aux autres ce qu’on sent. Plus un homme est
7506 sent. Plus un homme est sentimental, plus il y a de chances qu’il soit verbeux et bien disant. Et de même, plus un homme
7507 de même, plus un homme est passionné, plus il y a de chances qu’il réinvente les figures de la rhétorique ; qu’il redécouv
7508 passionné, plus il y a de chances qu’il réinvente les figures de la rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se
7509 lus il y a de chances qu’il réinvente les figures de la rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se modèle spo
7510 il y a de chances qu’il réinvente les figures de la rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se modèle sponta
7511 e leur nécessité ; qu’il se modèle spontanément à la ressemblance du « sublime » qu’elles ont su rendre inoubliable. C’est
7512 u’elles ont su rendre inoubliable. C’est pourquoi l’ on n’aura pas grand-peine à jalonner l’évolution du mythe courtois dan
7513 t pourquoi l’on n’aura pas grand-peine à jalonner l’ évolution du mythe courtois dans la morale des peuples d’Occident : l’
7514 ine à jalonner l’évolution du mythe courtois dans la morale des peuples d’Occident : l’on peut admettre qu’elle est parall
7515 tion du mythe courtois dans la morale des peuples d’ Occident : l’on peut admettre qu’elle est parallèle à ses métamorphose
7516 courtois dans la morale des peuples d’Occident : l’ on peut admettre qu’elle est parallèle à ses métamorphoses littéraires
7517 rtains retards et simplifications). En esquissant la courbe de la mystique classique, nous avons pu décrire une assomption
7518 ards et simplifications). En esquissant la courbe de la mystique classique, nous avons pu décrire une assomption du mythe.
7519 s et simplifications). En esquissant la courbe de la mystique classique, nous avons pu décrire une assomption du mythe. C’
7520 avons pu décrire une assomption du mythe. C’était la voie montante et elle nous a conduits à une dissolution libératrice d
7521 uits à une dissolution libératrice du « charme ». La littérature, au contraire, est la voie qui descend aux mœurs. C’est d
7522 du « charme ». La littérature, au contraire, est la voie qui descend aux mœurs. C’est donc la vulgarisation du mythe, ou
7523 re, est la voie qui descend aux mœurs. C’est donc la vulgarisation du mythe, ou pour mieux dire : sa « profanation »117 qu
7524 allons décrire maintenant. 2.Les deux Roses Le meilleur point de départ nous est donné par le Roman de la Rose, écri
7525 ntenant. 2.Les deux Roses Le meilleur point de départ nous est donné par le Roman de la Rose, écrit entre les années
7526 Le meilleur point de départ nous est donné par le Roman de la Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a
7527 lleur point de départ nous est donné par le Roman de la Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans
7528 ur point de départ nous est donné par le Roman de la Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans, o
7529 us est donné par le Roman de la Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans, ou presque, que Béroul
7530 ans, ou presque, que Béroul et Thomas ont composé la légende de Tristan. La croisade des albigeois a saccagé la civilisati
7531 sque, que Béroul et Thomas ont composé la légende de Tristan. La croisade des albigeois a saccagé la civilisation courtois
7532 roul et Thomas ont composé la légende de Tristan. La croisade des albigeois a saccagé la civilisation courtoise du Langued
7533 e de Tristan. La croisade des albigeois a saccagé la civilisation courtoise du Languedoc, dispersant les derniers troubado
7534 a civilisation courtoise du Languedoc, dispersant les derniers troubadours. Que va devenir la tradition d’Amour ? Il semble
7535 spersant les derniers troubadours. Que va devenir la tradition d’Amour ? Il semble bien que dès le second tiers du siècle,
7536 derniers troubadours. Que va devenir la tradition d’ Amour ? Il semble bien que dès le second tiers du siècle, les hérétiqu
7537 Il semble bien que dès le second tiers du siècle, les hérétiques répandus désormais dans toute l’Europe, où l’Église les tr
7538 cle, les hérétiques répandus désormais dans toute l’ Europe, où l’Église les traque, aient cessé de recourir à l’expression
7539 tiques répandus désormais dans toute l’Europe, où l’ Église les traque, aient cessé de recourir à l’expression littéraire d
7540 pandus désormais dans toute l’Europe, où l’Église les traque, aient cessé de recourir à l’expression littéraire de leur rel
7541 ute l’Europe, où l’Église les traque, aient cessé de recourir à l’expression littéraire de leur religion. Le catharisme se
7542 où l’Église les traque, aient cessé de recourir à l’ expression littéraire de leur religion. Le catharisme se cachera désor
7543 aient cessé de recourir à l’expression littéraire de leur religion. Le catharisme se cachera désormais dans les couches pr
7544 ourir à l’expression littéraire de leur religion. Le catharisme se cachera désormais dans les couches profondes et muettes
7545 religion. Le catharisme se cachera désormais dans les couches profondes et muettes des peuples, là où la vie sociale ne se
7546 s couches profondes et muettes des peuples, là où la vie sociale ne se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus les b
7547 se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus les beaux symboles de la grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrê
7548 formes nobles, ne fournit plus les beaux symboles de la grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès
7549 mes nobles, ne fournit plus les beaux symboles de la grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès. L
7550 Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès. L’ Église d’Amour118 donnera naissance à d’innombrables sectes plus ou mo
7551 e, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès. L’Église d’ Amour118 donnera naissance à d’innombrables sectes plus ou moins secrè
7552 progrès. L’Église d’Amour118 donnera naissance à d’ innombrables sectes plus ou moins secrètes, plus ou moins révolutionna
7553 secrètes, plus ou moins révolutionnaires, et dont les traits constants témoignent d’une origine commune, d’une tradition fi
7554 onnaires, et dont les traits constants témoignent d’ une origine commune, d’une tradition fidèlement conservée. Toutes ces
7555 raits constants témoignent d’une origine commune, d’ une tradition fidèlement conservée. Toutes ces sectes en effet sont ca
7556 par leur spiritualisme exalté ; par leur doctrine de la « joie rayonnante » ; par leur refus des sacrements et du mariage 
7557 leur spiritualisme exalté ; par leur doctrine de la « joie rayonnante » ; par leur refus des sacrements et du mariage ; p
7558 nts et du mariage ; par leur condamnation absolue de toute participation aux guerres ; par leur anticléricalisme ; par leu
7559 erres ; par leur anticléricalisme ; par leur goût de la pauvreté et de l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égal
7560 es ; par leur anticléricalisme ; par leur goût de la pauvreté et de l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalita
7561 nticléricalisme ; par leur goût de la pauvreté et de l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalitaire, allant par
7562 cléricalisme ; par leur goût de la pauvreté et de l’ ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalitaire, allant parfoi
7563 ommunisme total119. Nous retrouvons cet ensemble de traits non seulement chez les frères du Libre-Esprit et les ortliebie
7564 rouvons cet ensemble de traits non seulement chez les frères du Libre-Esprit et les ortliebiens rhénans — qui furent peut-ê
7565 non seulement chez les frères du Libre-Esprit et les ortliebiens rhénans — qui furent peut-être en rapport avec les Vaudoi
7566 ns rhénans — qui furent peut-être en rapport avec les Vaudois, voisins des cathares —, non seulement chez les Vaudois eux-m
7567 udois, voisins des cathares —, non seulement chez les Vaudois eux-mêmes, chez les disciples de Joachim de Flore, chez les b
7568 —, non seulement chez les Vaudois eux-mêmes, chez les disciples de Joachim de Flore, chez les béguines et les béguards des
7569 nt chez les Vaudois eux-mêmes, chez les disciples de Joachim de Flore, chez les béguines et les béguards des Pays-Bas, che
7570 mes, chez les disciples de Joachim de Flore, chez les béguines et les béguards des Pays-Bas, chez les lollards anglais, che
7571 sciples de Joachim de Flore, chez les béguines et les béguards des Pays-Bas, chez les lollards anglais, chez les premiers f
7572 z les béguines et les béguards des Pays-Bas, chez les lollards anglais, chez les premiers frères moraves (sinon chez les hu
7573 ais, chez les premiers frères moraves (sinon chez les hussites), mais aussi chez les hérétiques des Églises réformées : Sch
7574 oraves (sinon chez les hussites), mais aussi chez les hérétiques des Églises réformées : Schwenckfeldt, Weigel, les anabapt
7575 es des Églises réformées : Schwenckfeldt, Weigel, les anabaptistes, les mennonites… Luther, Calvin et Zwingli combattirent
7576 ormées : Schwenckfeldt, Weigel, les anabaptistes, les mennonites… Luther, Calvin et Zwingli combattirent ces dissidents ave
7577 ent ces dissidents avec une violence qui rappelle les procédés de Rome contre ses propres sectes. Mais ils ne purent ou ne
7578 dents avec une violence qui rappelle les procédés de Rome contre ses propres sectes. Mais ils ne purent ou ne voulurent le
7579 ropres sectes. Mais ils ne purent ou ne voulurent les anéantir totalement : de nos jours, on retrouve çà et là des communau
7580 purent ou ne voulurent les anéantir totalement : de nos jours, on retrouve çà et là des communautés mennonites mêlées d’é
7581 trouve çà et là des communautés mennonites mêlées d’ éléments russes — doukhobors et khlystis — au Canada et jusqu’au Parag
7582 — au Canada et jusqu’au Paraguay. Leur conception de l’amour n’a pas varié. Plusieurs auteurs ont supposé qu’une élite clé
7583 u Canada et jusqu’au Paraguay. Leur conception de l’ amour n’a pas varié. Plusieurs auteurs ont supposé qu’une élite cléric
7584 pensent-ils expliquer mieux certaines obscurités de la littérature émanée des cercles franciscains et même parfois domini
7585 nsent-ils expliquer mieux certaines obscurités de la littérature émanée des cercles franciscains et même parfois dominicai
7586 ciscains et même parfois dominicains. J’avoue que l’ extension du langage même des cathares peut induire à des rapprochemen
7587 re à des rapprochements souvent troublants : nous l’ avons vu à propos des mystiques. Mais en l’absence de preuves presque
7588 : nous l’avons vu à propos des mystiques. Mais en l’ absence de preuves presque impossibles à établir, pour la raison bien
7589 vons vu à propos des mystiques. Mais en l’absence de preuves presque impossibles à établir, pour la raison bien simple que
7590 ce de preuves presque impossibles à établir, pour la raison bien simple que l’Église a détruit tous les documents, je m’en
7591 ssibles à établir, pour la raison bien simple que l’ Église a détruit tous les documents, je m’en tiendrai à un jugement ce
7592 la raison bien simple que l’Église a détruit tous les documents, je m’en tiendrai à un jugement certainement vrai pour la p
7593 ainement vrai pour la plupart des cas : dès avant le milieu du xiiie siècle, la littérature courtoise s’est détachée de s
7594 t des cas : dès avant le milieu du xiiie siècle, la littérature courtoise s’est détachée de ses racines mystiques ; elle
7595 siècle, la littérature courtoise s’est détachée de ses racines mystiques ; elle s’est alors trouvée réduite à une simple
7596 le s’est alors trouvée réduite à une simple forme d’ expression, c’est-à-dire à une rhétorique. Mais automatiquement, cette
7597 matiquement, cette rhétorique tendait à idéaliser les objets tout profanes qu’elle décrivait. Ce procédé, bientôt ressenti
7598 réaction dite « réaliste ». Double mouvement dont le Roman de la Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillau
7599 dite « réaliste ». Double mouvement dont le Roman de la Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lor
7600 e « réaliste ». Double mouvement dont le Roman de la Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lorris
7601 ble mouvement dont le Roman de la Rose nous donne l’ illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lorris — dans la première
7602 oman de la Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lorris — dans la première partie du roman, dite
7603 première partie du roman, dite courtoise —, c’est l’ amour de la femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dan
7604 partie du roman, dite courtoise —, c’est l’amour de la femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dans son ja
7605 rtie du roman, dite courtoise —, c’est l’amour de la femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dans son jardi
7606 éjà mais femme inaccessible dans son jardin givré d’ allégories. Danger, Male-Bouche et Honte défendent Bel Accueil contre
7607 Male-Bouche et Honte défendent Bel Accueil contre les entreprises des galants. L’obstacle à l’union amoureuse est figuré pa
7608 t Bel Accueil contre les entreprises des galants. L’ obstacle à l’union amoureuse est figuré par l’exigence morale, et non
7609 contre les entreprises des galants. L’obstacle à l’ union amoureuse est figuré par l’exigence morale, et non plus du tout
7610 ts. L’obstacle à l’union amoureuse est figuré par l’ exigence morale, et non plus du tout religieuse. Ce n’est plus une asc
7611 est plus une ascèse mystique, mais un raffinement de l’esprit, qui doit amener l’amant à mériter le don. Au contraire, pou
7612 plus une ascèse mystique, mais un raffinement de l’ esprit, qui doit amener l’amant à mériter le don. Au contraire, pour J
7613 mais un raffinement de l’esprit, qui doit amener l’ amant à mériter le don. Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminer
7614 nt de l’esprit, qui doit amener l’amant à mériter le don. Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminera le Roman, la Ros
7615 . Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminera le Roman, la Rose n’est plus que la volupté physique. Le réalisme le plu
7616 aire, pour Jean de Meung, qui terminera le Roman, la Rose n’est plus que la volupté physique. Le réalisme le plus franc su
7617 g, qui terminera le Roman, la Rose n’est plus que la volupté physique. Le réalisme le plus franc succède aux fadaises de L
7618 oman, la Rose n’est plus que la volupté physique. Le réalisme le plus franc succède aux fadaises de Lorris, le sensualisme
7619 e n’est plus que la volupté physique. Le réalisme le plus franc succède aux fadaises de Lorris, le sensualisme au platonis
7620 e. Le réalisme le plus franc succède aux fadaises de Lorris, le sensualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation. La R
7621 sme le plus franc succède aux fadaises de Lorris, le sensualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation. La Rose est emp
7622 fadaises de Lorris, le sensualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation. La Rose est emportée de haute lutte. La Natur
7623 orris, le sensualisme au platonisme, le cynisme à l’ exaltation. La Rose est emportée de haute lutte. La Nature triomphe de
7624 ualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation. La Rose est emportée de haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et
7625 , le cynisme à l’exaltation. La Rose est emportée de haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passi
7626 ’exaltation. La Rose est emportée de haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de c
7627 e est emportée de haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa
7628 st emportée de haute lutte. La Nature triomphe de l’ Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa des
7629 e haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De
7630 tte. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De Lorris, no
7631 . La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De Lorris, nous
7632 de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De Lorris, nous irons par Dante — qu
7633 sion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De Lorris, nous irons par Dante — qui peut-être le traduisit — jusqu’à P
7634 . De Lorris, nous irons par Dante — qui peut-être le traduisit — jusqu’à Pétrarque et bien au-delà : jusqu’aux romans allé
7635 jusqu’aux romans allégoriques du xviie , jusqu’à la Nouvelle Héloïse… Et par Jean de Meung la tradition antique, — celle
7636 jusqu’à la Nouvelle Héloïse… Et par Jean de Meung la tradition antique, — celle qui condamne la passion comme une « maladi
7637 Meung la tradition antique, — celle qui condamne la passion comme une « maladie de l’âme » — se transmettra aux parties b
7638 celle qui condamne la passion comme une « maladie de l’âme » — se transmettra aux parties basses de la littérature françai
7639 le qui condamne la passion comme une « maladie de l’ âme » — se transmettra aux parties basses de la littérature française 
7640 ie de l’âme » — se transmettra aux parties basses de la littérature française : gauloiserie, gaillardise, rationalisme pol
7641 de l’âme » — se transmettra aux parties basses de la littérature française : gauloiserie, gaillardise, rationalisme polémi
7642 curieusement exaspérée, naturalisme et réduction de l’homme au sexe. C’est la défense normale que l’homme païen oppose au
7643 rieusement exaspérée, naturalisme et réduction de l’ homme au sexe. C’est la défense normale que l’homme païen oppose au my
7644 aturalisme et réduction de l’homme au sexe. C’est la défense normale que l’homme païen oppose au mythe de l’amour malheure
7645 de l’homme au sexe. C’est la défense normale que l’ homme païen oppose au mythe de l’amour malheureux. (Peut-être, pratiqu
7646 défense normale que l’homme païen oppose au mythe de l’amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche d’
7647 ense normale que l’homme païen oppose au mythe de l’ amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche d’une
7648 x. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche d’ une vision chrétienne réaliste. Nous aurons l’occasion d’y revenir).
7649 che d’une vision chrétienne réaliste. Nous aurons l’ occasion d’y revenir). 3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Ale
7650 ision chrétienne réaliste. Nous aurons l’occasion d’ y revenir). 3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour de l’
7651 3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour de l’an 1200, quelques couplets sont échangés entre Rambaut de Vaqueiras
7652 icile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour de l’ an 1200, quelques couplets sont échangés entre Rambaut de Vaqueiras, t
7653 Rambaut de Vaqueiras, troubadour languedocien, et le puissant marquis Alberto Malaspina. Il semble bien qu’un courant très
7654 laspina. Il semble bien qu’un courant très direct d’ échanges « littéraires » — si l’on veut — unisse le Midi de la France
7655 urant très direct d’échanges « littéraires » — si l’ on veut — unisse le Midi de la France à la Lombardo-Vénétie. Une fois
7656 ’échanges « littéraires » — si l’on veut — unisse le Midi de la France à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte d
7657  » — si l’on veut — unisse le Midi de la France à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte de l’influence des troub
7658 a France à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte de l’influence des troubadours se confond avec celle des hérési
7659 à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte de l’influence des troubadours se confond avec celle des hérésies. Un pe
7660 a Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte de l’ influence des troubadours se confond avec celle des hérésies. Un peu p
7661 onfond avec celle des hérésies. Un peu plus tard, le mouvement franciscain naîtra d’une conjonction semblable entre les « 
7662 Un peu plus tard, le mouvement franciscain naîtra d’ une conjonction semblable entre les « spirituels » (mais dans l’Église
7663 nciscain naîtra d’une conjonction semblable entre les « spirituels » (mais dans l’Église) et les poètes. Cependant qu’autou
7664 ion semblable entre les « spirituels » (mais dans l’ Église) et les poètes. Cependant qu’autour de Palerme, où Frédéric II
7665 entre les « spirituels » (mais dans l’Église) et les poètes. Cependant qu’autour de Palerme, où Frédéric II tient sa cour,
7666 de Palerme, où Frédéric II tient sa cour, fleurit l’ école dite des Siciliens. Dans quelle mesure cette poésie courtoise du
7667 urtoise du Sud s’inspira-t-elle des troubadours ? La question est encore obscure. On ne trouve à la cour de Palerme qu’un
7668  ? La question est encore obscure. On ne trouve à la cour de Palerme qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’h
7669 estion est encore obscure. On ne trouve à la cour de Palerme qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’hérésie.
7670 qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’ hérésie. De même, on peut se demander dans quelle mesure les Siciliens
7671 . De même, on peut se demander dans quelle mesure les Siciliens « savaient » encore ce qu’est l’Amour. N’avaient-ils retenu
7672 esure les Siciliens « savaient » encore ce qu’est l’ Amour. N’avaient-ils retenu du trobar clus que le procédé mystifiant ?
7673 l’Amour. N’avaient-ils retenu du trobar clus que le procédé mystifiant ? On serait assez tenté de le croire, lorsqu’on vo
7674 que le procédé mystifiant ? On serait assez tenté de le croire, lorsqu’on voit Dante et son ami Cavalcanti s’élever contre
7675 le procédé mystifiant ? On serait assez tenté de le croire, lorsqu’on voit Dante et son ami Cavalcanti s’élever contre le
7676 d’Arezzo, et railler ses disciples : « Sectateurs de l’ignorance, aveugles qui veulent juger des couleurs, oies essayant d
7677 rezzo, et railler ses disciples : « Sectateurs de l’ ignorance, aveugles qui veulent juger des couleurs, oies essayant de r
7678 les qui veulent juger des couleurs, oies essayant de rivaliser avec l’aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un de ces pa
7679 ger des couleurs, oies essayant de rivaliser avec l’ aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un de ces pasticheurs infatiga
7680 avec l’aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un de ces pasticheurs infatigables, Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion d
7681 fatigables, Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion de définir le dolce stil nuovo, le style savant et caressant que l’école
7682 Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion de définir le dolce stil nuovo, le style savant et caressant que l’école du Nord — 
7683 s. Bonne occasion de définir le dolce stil nuovo, le style savant et caressant que l’école du Nord — novatrice mais qui re
7684 olce stil nuovo, le style savant et caressant que l’ école du Nord — novatrice mais qui revient aux origines valables — opp
7685 nouvelle école, c’est qu’elle rénove consciemment le langage symbolique des troubadours. Les Siciliens étaient tombés dans
7686 nsciemment le langage symbolique des troubadours. Les Siciliens étaient tombés dans un douteux allégorisme : ils parlaient
7687 ombés dans un douteux allégorisme : ils parlaient de la dame comme d’une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais
7688 és dans un douteux allégorisme : ils parlaient de la dame comme d’une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais fr
7689 teux allégorisme : ils parlaient de la dame comme d’ une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais froide et stéréo
7690 te et Cavalcanti, d’autres encore, demandent plus de sincérité et plus de chaleur amoureuse, mais en même temps, ils saven
7691 utres encore, demandent plus de sincérité et plus de chaleur amoureuse, mais en même temps, ils savent et disent (dans ce
7692 ême temps, ils savent et disent (dans ce dire est la nouveauté) que la Dame est purement symbolique. Tel est le secret par
7693 ent et disent (dans ce dire est la nouveauté) que la Dame est purement symbolique. Tel est le secret paradoxal de l’amour
7694 uté) que la Dame est purement symbolique. Tel est le secret paradoxal de l’amour courtois : guindé et froid quand il ne va
7695 purement symbolique. Tel est le secret paradoxal de l’amour courtois : guindé et froid quand il ne vante que la femme, ma
7696 rement symbolique. Tel est le secret paradoxal de l’ amour courtois : guindé et froid quand il ne vante que la femme, mais
7697 courtois : guindé et froid quand il ne vante que la femme, mais tout ardent de sincérité quand il célèbre la Sagesse d’am
7698 quand il ne vante que la femme, mais tout ardent de sincérité quand il célèbre la Sagesse d’amour : c’est là vraiment que
7699 e, mais tout ardent de sincérité quand il célèbre la Sagesse d’amour : c’est là vraiment que bat son cœur. Et Dante n’est
7700 t ardent de sincérité quand il célèbre la Sagesse d’ amour : c’est là vraiment que bat son cœur. Et Dante n’est jamais plus
7701 Dante n’est jamais plus passionné qu’en chantant la Philosophie, si ce n’est quand elle devient la Science sacrée. Sincér
7702 nt la Philosophie, si ce n’est quand elle devient la Science sacrée. Sincérité bien propre aux troubadours, et toute contr
7703 e contraire à celle qu’un moderne imagine ! Dante la définira, dans son Banquet, comme le secret qu’il faut voiler d’un « 
7704 gine ! Dante la définira, dans son Banquet, comme le secret qu’il faut voiler d’un « beau mensonge ». Les cathares savaien
7705 ns son Banquet, comme le secret qu’il faut voiler d’ un « beau mensonge ». Les cathares savaient bien tout cela. Mais noton
7706 secret qu’il faut voiler d’un « beau mensonge ». Les cathares savaient bien tout cela. Mais notons qu’ils ne l’ont jamais
7707 es savaient bien tout cela. Mais notons qu’ils ne l’ ont jamais dit. C’est parce que Dante et ses amis sont amenés à défini
7708 r leur art, qu’on surprend mieux qu’ailleurs chez les poètes italiens le vrai mystère des troubadours, de même que c’est au
7709 rprend mieux qu’ailleurs chez les poètes italiens le vrai mystère des troubadours, de même que c’est au crépuscule que se
7710 , de même que c’est au crépuscule que se révèlent les sept couleurs dont le grand jour faisait une seule lumière, trompeuse
7711 crépuscule que se révèlent les sept couleurs dont le grand jour faisait une seule lumière, trompeuse à force d’évidence. M
7712 jour faisait une seule lumière, trompeuse à force d’ évidence. Maintenant nous pouvons distinguer les thèmes que le trobar
7713 ce d’évidence. Maintenant nous pouvons distinguer les thèmes que le trobar mêlait dans la naïve transparence de ses symbole
7714 Maintenant nous pouvons distinguer les thèmes que le trobar mêlait dans la naïve transparence de ses symboles. Voici les d
7715 s distinguer les thèmes que le trobar mêlait dans la naïve transparence de ses symboles. Voici les derniers Siciliens. Cet
7716 s que le trobar mêlait dans la naïve transparence de ses symboles. Voici les derniers Siciliens. Cette plainte de Jacques
7717 dans la naïve transparence de ses symboles. Voici les derniers Siciliens. Cette plainte de Jacques de Lentino : Mon cœur s
7718 oles. Voici les derniers Siciliens. Cette plainte de Jacques de Lentino : Mon cœur souvent meurt, et plus douloureusement
7719 n cœur souvent meurt, et plus douloureusement que de mort naturelle, pour vous Dame qu’il désire et aime plus que lui-même
7720 ime plus que lui-même… J’ai en moi un feu, qui je le crois, jamais ne pourra s’éteindre… Pourquoi ne me consume-t-il point
7721 te de même : Amour qui, dans ma pensée, me parle de ma Dame avec grand désir, souvent m’entretient de choses telles qu’à
7722 de ma Dame avec grand désir, souvent m’entretient de choses telles qu’à leur sujet mon intelligence s’égare. Son langage r
7723 are. Son langage résonne avec tant de douceur que l’ âme qui l’écoute et l’entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je
7724 angage résonne avec tant de douceur que l’âme qui l’ écoute et l’entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je ne suis pa
7725 ne avec tant de douceur que l’âme qui l’écoute et l’ entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je ne suis pas capable de
7726  Malheureuse que je suis ! Je ne suis pas capable de répéter ce que j’entends dire de ma Dame ! Et qui douterait encore d
7727 suis pas capable de répéter ce que j’entends dire de ma Dame ! Et qui douterait encore de la signification symbolique de
7728 ntends dire de ma Dame ! Et qui douterait encore de la signification symbolique de la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en
7729 nds dire de ma Dame ! Et qui douterait encore de la signification symbolique de la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en pa
7730 i douterait encore de la signification symbolique de la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe de « n
7731 outerait encore de la signification symbolique de la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe de « notr
7732 qu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe de « notre foi » : Elle passe par le chemin, si pleine de grâce et de n
7733 me du principe de « notre foi » : Elle passe par le chemin, si pleine de grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil d
7734 otre foi » : Elle passe par le chemin, si pleine de grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil de celui qu’elle salue
7735 Elle passe par le chemin, si pleine de grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil de celui qu’elle salue [auquel ell
7736 si pleine de grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’ orgueil de celui qu’elle salue [auquel elle donne son salut] et, s’il
7737 de grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil de celui qu’elle salue [auquel elle donne son salut] et, s’il n’est déjà
7738 [auquel elle donne son salut] et, s’il n’est déjà de notre foi, l’y amène. Faut-il penser que Dante n’est qu’un blasphéma
7739 onne son salut] et, s’il n’est déjà de notre foi, l’ y amène. Faut-il penser que Dante n’est qu’un blasphémateur lorsqu’il
7740 ’est qu’un blasphémateur lorsqu’il écrit au seuil de la Vita Nuova, cette strophe au sublime départ : Un ange crie en l’I
7741 t qu’un blasphémateur lorsqu’il écrit au seuil de la Vita Nuova, cette strophe au sublime départ : Un ange crie en l’Inte
7742 ette strophe au sublime départ : Un ange crie en l’ Intelligence divine et dit : — Seigneur, dans le monde se voit une mer
7743 n l’Intelligence divine et dit : — Seigneur, dans le monde se voit une merveille en l’acte qui procède d’une âme qui jusqu
7744  Seigneur, dans le monde se voit une merveille en l’ acte qui procède d’une âme qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manq
7745 monde se voit une merveille en l’acte qui procède d’ une âme qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manque que d’une chose
7746 acte qui procède d’une âme qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est de l’avoir —, à son Seign
7747 qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manque que d’ une chose — c’est de l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les
7748 e. Le Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est de l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les Saints implorent ce
7749 Le Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est de l’ avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les Saints implorent cette
7750 d’une chose — c’est de l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les Saints implorent cette faveur. Seule, Pitié pren
7751 de l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les Saints implorent cette faveur. Seule, Pitié prend notre parti, car Di
7752 , Pitié prend notre parti, car Dieu dit, et c’est de ma Dame qu’il entend parler : — Mes bien-aimés, ores souffrez en paix
7753 ure, autant qu’il me plaira, là où se trouve plus d’ un qui s’attend à la perdre et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’
7754 plaira, là où se trouve plus d’un qui s’attend à la perdre et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’ai vu l’espérance de
7755 us d’un qui s’attend à la perdre et qui dira dans l’ enfer : — Ô maudits, j’ai vu l’espérance des bienheureux ! S’agit-il
7756 e et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’ai vu l’ espérance des bienheureux ! S’agit-il donc de Béatrice comme femme ?
7757 vu l’espérance des bienheureux ! S’agit-il donc de Béatrice comme femme ? Est-ce sa présence que tous les saints implore
7758 éatrice comme femme ? Est-ce sa présence que tous les saints implorent et qui serait « l’espérance des bienheureux » ? Ou s
7759 nce que tous les saints implorent et qui serait «  l’ espérance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt de l’Esprit saint so
7760 espérance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt de l’Esprit saint soutenant son Église par la charité du Christ — (la Pi
7761 érance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt de l’ Esprit saint soutenant son Église par la charité du Christ — (la Pitié
7762 plutôt de l’Esprit saint soutenant son Église par la charité du Christ — (la Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoi
7763 soutenant son Église par la charité du Christ — ( la Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoir la Vie nouvelle120 ?
7764 la Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoir la Vie nouvelle120 ? Ce qui doit paraître ici-bas blasphématoire, c’est
7765 e qui doit paraître ici-bas blasphématoire, c’est l’ équivoque malgré tout maintenue. D’où le débat qui oppose Orlandi et C
7766 matoire, c’est l’équivoque malgré tout maintenue. D’ où le débat qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait de définir
7767 re, c’est l’équivoque malgré tout maintenue. D’où le débat qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait de définir enfi
7768 t qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait de définir enfin ce dont on parle. « Cet Amour est-il vie ou mort ? » de
7769 nt le premier. Et le second répond : « Du pouvoir de l’amour provient souvent la mort… L’amour existe lorsque le désir est
7770 le premier. Et le second répond : « Du pouvoir de l’ amour provient souvent la mort… L’amour existe lorsque le désir est si
7771 répond : « Du pouvoir de l’amour provient souvent la mort… L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les
7772 « Du pouvoir de l’amour provient souvent la mort… L’ amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites d
7773 provient souvent la mort… L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel… Comm
7774 xiste lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité,
7775 e le désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité, il réfléch
7776 e désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’ amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité, il réfléchit
7777 es de l’amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité, il réfléchit perpétuellement sur lui-même son propre effe
7778 de l’amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité, il réfléchit perpétuellement sur lui-même son propre effet.
7779 ontemplation. » Aucun doute ne demeure possible : l’ Amour est la passion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de
7780 . » Aucun doute ne demeure possible : l’Amour est la passion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de l’amour natu
7781 la passion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de l’amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a
7782 ion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de l’amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a fait Da
7783 mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de l’ amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a fait Davan
7784 ctive céleste. C’est ce qu’a fait Davanzati, vers la fin du xiiie siècle, exprimant dans une petite fable la vraie nature
7785 du xiiie siècle, exprimant dans une petite fable la vraie nature de l’Amour qu’il chante, et le danger de s’arrêter aux f
7786 , exprimant dans une petite fable la vraie nature de l’Amour qu’il chante, et le danger de s’arrêter aux formes terrestres
7787 xprimant dans une petite fable la vraie nature de l’ Amour qu’il chante, et le danger de s’arrêter aux formes terrestres qu
7788 fable la vraie nature de l’Amour qu’il chante, et le danger de s’arrêter aux formes terrestres qui n’en sont qu’un reflet 
7789 raie nature de l’Amour qu’il chante, et le danger de s’arrêter aux formes terrestres qui n’en sont qu’un reflet : De même
7790 restres qui n’en sont qu’un reflet : De même que la tigresse, dans sa grande douleur, se soulage en regardant un miroir e
7791 se soulage en regardant un miroir et croit y voir l’ image de ses petits qu’elle, va cherchant : par ce plaisir elle oublie
7792 ge en regardant un miroir et croit y voir l’image de ses petits qu’elle, va cherchant : par ce plaisir elle oublie le chas
7793 u’elle, va cherchant : par ce plaisir elle oublie le chasseur, et reste là, et ne poursuit point ; de même celui qui est p
7794 ne poursuit point ; de même celui qui est pénétré d’ amour puise la vie dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soul
7795 int ; de même celui qui est pénétré d’amour puise la vie dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soulage sa grande
7796 e celui qui est pénétré d’amour puise la vie dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais
7797 énétré d’amour puise la vie dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais la dame n’a point
7798 dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais la dame n’a point le cœur pitoyable, le jour passe et l’espoir est déçu 
7799 l soulage sa grande peine… Mais la dame n’a point le cœur pitoyable, le jour passe et l’espoir est déçu ! Ici la Dame au
7800 peine… Mais la dame n’a point le cœur pitoyable, le jour passe et l’espoir est déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable es
7801 ame n’a point le cœur pitoyable, le jour passe et l’ espoir est déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable est bien la femme q
7802 oyable, le jour passe et l’espoir est déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable est bien la femme qui détourne l’Amour à son
7803 déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable est bien la femme qui détourne l’Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé d
7804 u cœur impitoyable est bien la femme qui détourne l’ Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé de cette époque, je tro
7805 l’Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé de cette époque, je trouve la même fable, avec cette conclusion : Ce fa
7806 un Bestiaire moralisé de cette époque, je trouve la même fable, avec cette conclusion : Ce fauve, à mon avis, c’est nous
7807  ; ses petits, qu’un chasseur lui a pris, ce sont les vertus, et le chasseur c’est le Démon, qui nous fait voir ce qui n’es
7808 qu’un chasseur lui a pris, ce sont les vertus, et le chasseur c’est le Démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas. De là v
7809 a pris, ce sont les vertus, et le chasseur c’est le Démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas. De là vient que bien des
7810 st le Démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas. De là vient que bien des hommes ont péri pour avoir tardé d’aller vers l
7811 ent que bien des hommes ont péri pour avoir tardé d’ aller vers le Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient
7812 des hommes ont péri pour avoir tardé d’aller vers le Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient aux charmes d
7813 péri pour avoir tardé d’aller vers le Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient aux charmes du miroir et de
7814 rdé d’aller vers le Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient aux charmes du miroir et de la rhétorique profa
7815 es poètes succomberaient aux charmes du miroir et de la rhétorique profanée. Nous allons voir Pétrarque se laisser prendre
7816 poètes succomberaient aux charmes du miroir et de la rhétorique profanée. Nous allons voir Pétrarque se laisser prendre « 
7817 er prendre « à ce qui n’est pas », c’est-à-dire à l’ image de sa Laure, qui trop longtemps — comme il gémit plus tard — le
7818 re « à ce qui n’est pas », c’est-à-dire à l’image de sa Laure, qui trop longtemps — comme il gémit plus tard — le retiendr
7819 , qui trop longtemps — comme il gémit plus tard — le retiendra d’« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur
7820 ngtemps — comme il gémit plus tard — le retiendra d’ « aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur converti
7821 il gémit plus tard — le retiendra d’« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur converti Aimer une chose
7822 d’« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur converti Aimer une chose mortelle avec une foi Qui à Dieu
7823 et à lui seul convient… Tout le monde, et sur le moindre rocher que trempe la mer, sait qu’un homme a été superlativem
7824 out le monde, et sur le moindre rocher que trempe la mer, sait qu’un homme a été superlativement amoureux et c’est Pétrarq
7825 ment amoureux et c’est Pétrarque. Et ce qu’il y a de mieux, c’est que c’est vrai… Qu’appelle-t-on un homme simplement amou
7826 ’appelle-t-on un homme simplement amoureux ? Rien d’ analogue. Lui l’était d’une façon extraordinaire, incendiaire, solaire
7827 homme simplement amoureux ? Rien d’analogue. Lui l’ était d’une façon extraordinaire, incendiaire, solaire.121 Voilà ce
7828 implement amoureux ? Rien d’analogue. Lui l’était d’ une façon extraordinaire, incendiaire, solaire.121 Voilà ce qui doit
7829 inoubliable passion animant pour la première fois les symboles des troubadours d’un souffle parfaitement païen, et non plus
7830 our la première fois les symboles des troubadours d’ un souffle parfaitement païen, et non plus du tout hérétique ! On est
7831 u Dante, mais aussi des rhéteurs qu’il attaquait. Le « secret » dont je parlais plus haut s’est volatilisé : il ne joue pl
7832 ais plus haut s’est volatilisé : il ne joue plus. Le langage de l’Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cet
7833 ut s’est volatilisé : il ne joue plus. Le langage de l’Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cette « profan
7834 s’est volatilisé : il ne joue plus. Le langage de l’ Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cette « profanati
7835 joue plus. Le langage de l’Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cette « profanation » radicale doit faire
7836 une poésie plus adéquate que nulle autre à servir la mystique orthodoxe. Et cette dernière ne manquera pas d’y puiser ses
7837 ique orthodoxe. Et cette dernière ne manquera pas d’ y puiser ses meilleures métaphores. En vérité, la tentation était trop
7838 d’y puiser ses meilleures métaphores. En vérité, la tentation était trop forte. (On en jugera par quelques exemples mis e
7839 et à vrai dire choisis presque au hasard.) Voici le Sonnet du premier anniversaire de l’amour de Pétrarque pour Laure :
7840 hasard.) Voici le Sonnet du premier anniversaire de l’amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heur
7841 sard.) Voici le Sonnet du premier anniversaire de l’ amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heure O
7842 oici le Sonnet du premier anniversaire de l’amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heure Où si hau
7843 re de l’amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô m
7844 mour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô mon âme, i
7845 trarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’ heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô mon âme, il te faut
7846 e faut rendre grâce Toi qui fus jugée digne alors d’ un tel honneur. D’Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu le
7847 e Toi qui fus jugée digne alors d’un tel honneur. D’ Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu le suis, au plus hau
7848 Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu le suis, au plus haut Bien te mène Et te fait mépriser ce que l’homme dé
7849 plus haut Bien te mène Et te fait mépriser ce que l’ homme désire122. D’Elle te vient la grâce généreuse Qui te pousse au c
7850 ène Et te fait mépriser ce que l’homme désire122. D’ Elle te vient la grâce généreuse Qui te pousse au ciel par un droit se
7851 épriser ce que l’homme désire122. D’Elle te vient la grâce généreuse Qui te pousse au ciel par un droit sentier Et fait qu
7852 l par un droit sentier Et fait que je marche fier de mon espérance. Où Pétrarque triomphe, c’est quand il prend la harpe
7853 Pétrarque triomphe, c’est quand il prend la harpe de Tristan123, c’est dans le cri de la « torture délicieuse », du mal ai
7854 quand il prend la harpe de Tristan123, c’est dans le cri de la « torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume
7855 l prend la harpe de Tristan123, c’est dans le cri de la « torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume : Ô t
7856 rend la harpe de Tristan123, c’est dans le cri de la « torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume : Ô tend
7857 e : Ô tendres, angéliques étincelles, béatitudes De ma vie où s’allume le plaisir Qui doucement me consume et détruit. (L
7858 ques étincelles, béatitudes De ma vie où s’allume le plaisir Qui doucement me consume et détruit. (Les Yeux de ma dame.)
7859 le plaisir Qui doucement me consume et détruit. ( Les Yeux de ma dame.) Ô mort vivante, ô mal délicieux124 Comment as-tu
7860 ir Qui doucement me consume et détruit. (Les Yeux de ma dame.) Ô mort vivante, ô mal délicieux124 Comment as-tu sur moi
7861 pouvoir » dont il se plaint tout en sachant qu’il l’ a voulu fatal : Et pour que mon martyre au port jamais n’arrive Mille
7862 le je nais…125 (Sonnet 164.) Ailleurs, il parle de Laure comme de sa « bien-aimée ennemie », et gémit, tel Tristan se sé
7863 (Sonnet 164.) Ailleurs, il parle de Laure comme de sa « bien-aimée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant d’Iseut
7864 imée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant d’ Iseut lorsqu’il la rend à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-t
7865 gémit, tel Tristan se séparant d’Iseut lorsqu’il la rend à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-tu de mon mal éloig
7866 d à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-tu de mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car les yeux de Laure présente …all
7867 i m’as-tu de mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car les yeux de Laure présente …allumés d’une lueur céleste M’enflamment de
7868 de mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car les yeux de Laure présente …allumés d’une lueur céleste M’enflamment de façon qu
7869 t 254.) Car les yeux de Laure présente …allumés d’ une lueur céleste M’enflamment de façon qu’il me plaît de brûler.126
7870 ésente …allumés d’une lueur céleste M’enflamment de façon qu’il me plaît de brûler.126 (Triomphe de l’amour.) Mais prés
7871 ueur céleste M’enflamment de façon qu’il me plaît de brûler.126 (Triomphe de l’amour.) Mais présente ou absente — ici en
7872 de façon qu’il me plaît de brûler.126 (Triomphe de l’amour.) Mais présente ou absente — ici encore —, la femme ne sera
7873 façon qu’il me plaît de brûler.126 (Triomphe de l’ amour.) Mais présente ou absente — ici encore —, la femme ne sera jam
7874 amour.) Mais présente ou absente — ici encore —, la femme ne sera jamais que l’occasion d’une torture qu’il préfère à tou
7875 sente — ici encore —, la femme ne sera jamais que l’ occasion d’une torture qu’il préfère à tout : Je sais, suivant mon fe
7876 encore —, la femme ne sera jamais que l’occasion d’ une torture qu’il préfère à tout : Je sais, suivant mon feu partout o
7877 is, suivant mon feu partout où il me fuit, Brûler de loin — de près geler. Tout l’amour romantique est dans ce dernier ve
7878 t mon feu partout où il me fuit, Brûler de loin —  de près geler. Tout l’amour romantique est dans ce dernier vers. Et le
7879 il me fuit, Brûler de loin — de près geler. Tout l’ amour romantique est dans ce dernier vers. Et le secret de cette mélan
7880 t l’amour romantique est dans ce dernier vers. Et le secret de cette mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que les p
7881 romantique est dans ce dernier vers. Et le secret de cette mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que les plus lucide
7882 Et le secret de cette mélancolie, Pétrarque a su l’ analyser mieux que les plus lucides victimes de ce que l’on baptisera
7883 e mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que les plus lucides victimes de ce que l’on baptisera plus tard le mal du si
7884 su l’analyser mieux que les plus lucides victimes de ce que l’on baptisera plus tard le mal du siècle : Des autres passio
7885 ser mieux que les plus lucides victimes de ce que l’ on baptisera plus tard le mal du siècle : Des autres passions, je res
7886 cides victimes de ce que l’on baptisera plus tard le mal du siècle : Des autres passions, je ressens des assauts fréquent
7887 t ces moments-là, pour moi, ne ressemblent plus à la lumière et à la vie : c’est une nuit infernale et une cruelle mort. E
7888 , pour moi, ne ressemblent plus à la lumière et à la vie : c’est une nuit infernale et une cruelle mort. Et pourtant ! (vo
7889 . Et pourtant ! (voici bien ce qu’on peut appeler le comble des misères !) je me repais de ces peines et de ces douleurs-l
7890 eut appeler le comble des misères !) je me repais de ces peines et de ces douleurs-là avec une sorte de volupté si poignan
7891 mble des misères !) je me repais de ces peines et de ces douleurs-là avec une sorte de volupté si poignante que, si l’on v
7892 e ces peines et de ces douleurs-là avec une sorte de volupté si poignante que, si l’on vient m’en arracher, c’est malgré m
7893 là avec une sorte de volupté si poignante que, si l’ on vient m’en arracher, c’est malgré moi !127 Et saint Augustin, ave
7894 ui répond : Tu connais très bien ton mal. Tout à l’ heure, tu en sauras la cause. Dis-moi : qu’est-ce qui te rend triste à
7895 s très bien ton mal. Tout à l’heure, tu en sauras la cause. Dis-moi : qu’est-ce qui te rend triste à ce point ? Est-ce bie
7896 st-ce qui te rend triste à ce point ? Est-ce bien le cours des choses de ce monde ? Est-ce une douleur physique, ou bien q
7897 iste à ce point ? Est-ce bien le cours des choses de ce monde ? Est-ce une douleur physique, ou bien quelque rigueur injus
7898 douleur physique, ou bien quelque rigueur injuste de fortune ? Pétrarque. — Rien de tout cela en particulier. C’est le «
7899 e rigueur injuste de fortune ? Pétrarque. — Rien de tout cela en particulier. C’est le « vague des passions » préromanti
7900 arque. — Rien de tout cela en particulier. C’est le « vague des passions » préromantique. Et voici l’appel à la mort : Q
7901 le « vague des passions » préromantique. Et voici l’ appel à la mort : Que s’ouvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me
7902 des passions » préromantique. Et voici l’appel à la mort : Que s’ouvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me clôt le c
7903 e. Et voici l’appel à la mort : Que s’ouvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me clôt le chemin vers une telle vie ! (
7904 uvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me clôt le chemin vers une telle vie ! (Chanson 72.) La « nuit infernale » devi
7905 lôt le chemin vers une telle vie ! (Chanson 72.) La « nuit infernale » devient le Jour, la « cruelle mort » une Vie nouve
7906 ie ! (Chanson 72.) La « nuit infernale » devient le Jour, la « cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à la passion n
7907 nson 72.) La « nuit infernale » devient le Jour, la « cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque
7908 a « cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque pas le sublime, voici la divinisation. Pétrarque de
7909 e nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque pas le sublime, voici la divinisation. Pétrarque demande comment il se peut
7910 r qu’à la passion ne manque pas le sublime, voici la divinisation. Pétrarque demande comment il se peut faire qu’il vive e
7911 l se peut faire qu’il vive encore, quoique séparé de sa dame : Mais Amour me répond : ne te souvient-il pas que c’est là
7912 ur me répond : ne te souvient-il pas que c’est là le privilège des amants déliés de toutes les qualités de l’homme128 ? ⁂
7913 l pas que c’est là le privilège des amants déliés de toutes les qualités de l’homme128 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse as
7914 c’est là le privilège des amants déliés de toutes les qualités de l’homme128 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au
7915 rivilège des amants déliés de toutes les qualités de l’homme128 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au Ventoux, qui
7916 ilège des amants déliés de toutes les qualités de l’ homme128 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au Ventoux, qui lu
7917 beaucoup à réfléchir. Il y eut surtout, en 1348, la grande peste noire qui ravagea l’Europe : et voilà qui rappelle au po
7918 rtout, en 1348, la grande peste noire qui ravagea l’ Europe : et voilà qui rappelle au poète que ses « qualités d’homme » l
7919 et voilà qui rappelle au poète que ses « qualités d’ homme » le lient de fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit
7920 ui rappelle au poète que ses « qualités d’homme » le lient de fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa C
7921 le au poète que ses « qualités d’homme » le lient de fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson de
7922 ion pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson de la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen de conscience : Je
7923 pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson de la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen de conscience : Je va
7924 Chanson de la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen de conscience : Je vais pensant— et en pensant m’assaille u
7925 anson de la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’ examen de conscience : Je vais pensant— et en pensant m’assaille une
7926 la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen de conscience : Je vais pensant— et en pensant m’assaille une pitié de
7927 vais pensant— et en pensant m’assaille une pitié de moi-même si forte qu’elle me conduit souvent à d’autres pleurs que ce
7928 s pleurs que ceux dont j’eus coutume : car voyant la fin chaque jour plus proche, à Dieu mille fois j’ai demandé ces ailes
7929 s j’ai demandé ces ailes avec lesquelles, hors de la mortelle prison, pourrait s’enlever mon esprit au ciel. Mais cela, j
7930 nds ton parti avec prudence ! Prends ! Et arrache de ton cœur toute racine De ce plaisir qui heureux ne le peut jamais ren
7931 ce ! Prends ! Et arrache de ton cœur toute racine De ce plaisir qui heureux ne le peut jamais rendre… Il n’a que trop lon
7932 on cœur toute racine De ce plaisir qui heureux ne le peut jamais rendre… Il n’a que trop longtemps mis son espoir en « ce
7933 spoir en « cette fausse douceur fugitive » qu’est l’ amour idéalisé. Et je me sens au cœur venir, heure par heure, une bel
7934 out penser secret monte droit à mon front où tous le voient : aimer une chose mortelle, avec une foi qui à Dieu seul est d
7935 à cet amour blasphématoire, à ce besoin dément. d’ un plaisir que l’usage en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace d
7936 phématoire, à ce besoin dément. d’un plaisir que l’ usage en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace de négocier avec l
7937 que l’usage en moi a fait si fort qu’il me donne l’ audace de négocier avec la mort ! La lucidité même d’un tel cri, où
7938 age en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace de négocier avec la mort ! La lucidité même d’un tel cri, où s’avoue l
7939 si fort qu’il me donne l’audace de négocier avec la mort ! La lucidité même d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret
7940 il me donne l’audace de négocier avec la mort ! La lucidité même d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret du mythe cou
7941 ace de négocier avec la mort ! La lucidité même d’ un tel cri, où s’avoue le dernier secret du mythe courtois, c’est le s
7942 ’avoue le dernier secret du mythe courtois, c’est le signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est
7943 dernier secret du mythe courtois, c’est le signe d’ une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est la foi se
7944 e signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’ espoir vain, c’est la foi seule dans le pardon. Voici la conversion de
7945 eçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est la foi seule dans le pardon. Voici la conversion de l’espérance qui trou
7946 arracher à l’espoir vain, c’est la foi seule dans le pardon. Voici la conversion de l’espérance qui trouve enfin son objet
7947 ir vain, c’est la foi seule dans le pardon. Voici la conversion de l’espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or
7948 la foi seule dans le pardon. Voici la conversion de l’espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or lève-toi vers
7949 foi seule dans le pardon. Voici la conversion de l’ espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or lève-toi vers un
7950 -toi vers un espoir plus heureux — en contemplant le ciel qui tourne autour de toi immortel et paré ! S’il est vrai, qu’ic
7951 l et paré ! S’il est vrai, qu’ici-bas tant joyeux de son mal votre désir s’apaise par un coup d’œil, une parole, une chans
7952 d… quel sera l’autre ! 5.Un idéal à rebours : la gauloiserie Imposer un style à la vie des passions — ce rêve de to
7953 à rebours : la gauloiserie Imposer un style à la vie des passions — ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par l
7954 Imposer un style à la vie des passions — ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est la s
7955 un style à la vie des passions — ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est la secrète v
7956  ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est la secrète volonté qui devait donner naissanc
7957 ge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est la secrète volonté qui devait donner naissance au mythe. Mais la confusi
7958 olonté qui devait donner naissance au mythe. Mais la confusion de la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient
7959 vait donner naissance au mythe. Mais la confusion de la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient », avec l’am
7960 t donner naissance au mythe. Mais la confusion de la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient », avec l’amour
7961 Dieu seul est due et à lui seul convient », avec l’ amour d’« une chose mortelle », en fut la conséquence inévitable. Et c
7962 ul est due et à lui seul convient », avec l’amour d’ « une chose mortelle », en fut la conséquence inévitable. Et c’est bie
7963  », avec l’amour d’« une chose mortelle », en fut la conséquence inévitable. Et c’est bien de cette confusion — non de la
7964 , en fut la conséquence inévitable. Et c’est bien de cette confusion — non de la doctrine orthodoxe — que devait résulter
7965 névitable. Et c’est bien de cette confusion — non de la doctrine orthodoxe — que devait résulter l’opposition tragique du
7966 itable. Et c’est bien de cette confusion — non de la doctrine orthodoxe — que devait résulter l’opposition tragique du cor
7967 on de la doctrine orthodoxe — que devait résulter l’ opposition tragique du corps et de l’âme. C’est la tendance ascétique,
7968 devait résulter l’opposition tragique du corps et de l’âme. C’est la tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d
7969 ait résulter l’opposition tragique du corps et de l’ âme. C’est la tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d’Or
7970 l’opposition tragique du corps et de l’âme. C’est la tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d’Orient — c’est
7971 e l’âme. C’est la tendance ascétique, orientale —  le monachisme vient d’Orient — c’est la tendance hérétique des « parfait
7972 ndance ascétique, orientale — le monachisme vient d’ Orient — c’est la tendance hérétique des « parfaits » qui inspira la p
7973 orientale — le monachisme vient d’Orient — c’est la tendance hérétique des « parfaits » qui inspira la poésie courtoise.
7974 a tendance hérétique des « parfaits » qui inspira la poésie courtoise. C’est donc bien elle, qui, peu à peu, contamina par
7975 est donc bien elle, qui, peu à peu, contamina par le moyen d’une littérature idéalisante, l’élite de la société médiévale.
7976 bien elle, qui, peu à peu, contamina par le moyen d’ une littérature idéalisante, l’élite de la société médiévale. D’où la
7977 amina par le moyen d’une littérature idéalisante, l’ élite de la société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne po
7978 r le moyen d’une littérature idéalisante, l’élite de la société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne pouvait ma
7979 e moyen d’une littérature idéalisante, l’élite de la société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne pouvait manqu
7980 ure idéalisante, l’élite de la société médiévale. D’ où la réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer de s’ensuivre. Elle
7981 déalisante, l’élite de la société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer de s’ensuivre. Elle fut
7982 ù la réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer de s’ensuivre. Elle fut surtout sensible dans la bourgeoisie. Dès le déb
7983 uer de s’ensuivre. Elle fut surtout sensible dans la bourgeoisie. Dès le début du xiie siècle, en plein triomphe de l’amo
7984 lle fut surtout sensible dans la bourgeoisie. Dès le début du xiie siècle, en plein triomphe de l’amour courtois, l’on vo
7985 . Dès le début du xiie siècle, en plein triomphe de l’amour courtois, l’on voit paraître cette tendance contraire, celle
7986 ès le début du xiie siècle, en plein triomphe de l’ amour courtois, l’on voit paraître cette tendance contraire, celle qui
7987 e siècle, en plein triomphe de l’amour courtois, l’ on voit paraître cette tendance contraire, celle qui glorifiera la vol
7988 re cette tendance contraire, celle qui glorifiera la volupté avec le même excès, exactement, que l’autre apporte à glorifi
7989 e contraire, celle qui glorifiera la volupté avec le même excès, exactement, que l’autre apporte à glorifier la chasteté.
7990 xcès, exactement, que l’autre apporte à glorifier la chasteté. Fabliaux contre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat
7991 Fabliaux contre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat de l’âme et du corps qui date précisément de cette époque, est
7992 contre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat de l’âme et du corps qui date précisément de cette époque, est le premie
7993 tre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat de l’ âme et du corps qui date précisément de cette époque, est le premier t
7994 e Débat de l’âme et du corps qui date précisément de cette époque, est le premier témoignage d’un conflit que le mariage c
7995 sément de cette époque, est le premier témoignage d’ un conflit que le mariage chrétien était censé résoudre. On y voit l’â
7996 poque, est le premier témoignage d’un conflit que le mariage chrétien était censé résoudre. On y voit l’âme récemment sépa
7997 mariage chrétien était censé résoudre. On y voit l’ âme récemment séparée de son corps adresser à son compagnon les reproc
7998 censé résoudre. On y voit l’âme récemment séparée de son corps adresser à son compagnon les reproches les plus amers : c’e
7999 ent séparée de son corps adresser à son compagnon les reproches les plus amers : c’est lui qui aurait causé sa damnation. M
8000 son corps adresser à son compagnon les reproches les plus amers : c’est lui qui aurait causé sa damnation. Mais le corps l
8001 s : c’est lui qui aurait causé sa damnation. Mais le corps lui retourne l’accusation (il n’a pas tort.) Ainsi vont-ils, ré
8002 it causé sa damnation. Mais le corps lui retourne l’ accusation (il n’a pas tort.) Ainsi vont-ils, récriminant trop tard, a
8003 t trop tard, au-devant du supplice éternel. Issus de ce ressentiment du corps, les fabliaux eurent un immense succès (aupr
8004 plice éternel. Issus de ce ressentiment du corps, les fabliaux eurent un immense succès (auprès du même public, souvent, qu
8005 mense succès (auprès du même public, souvent, que les romans idéalistes). C’étaient des historiettes grivoises colportées e
8006 reprises, avec des variantes infinies, par toute l’ Europe médiévale. Les fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce
8007 variantes infinies, par toute l’Europe médiévale. Les fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce le roman de mœurs, q
8008 toute l’Europe médiévale. Les fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce le roman de mœurs, qui annonce le naturali
8009 fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce le roman de mœurs, qui annonce le naturalisme polémique du dernier siècl
8010 annoncent le roman comique, qui annonce le roman de mœurs, qui annonce le naturalisme polémique du dernier siècle. Mais j
8011 mique, qui annonce le roman de mœurs, qui annonce le naturalisme polémique du dernier siècle. Mais je ne crois pas qu’ils
8012 soient engendrés en ligne directe. Chaque moment de cette progression vers le « vrai » se trouve lié, plus étroitement qu
8013 directe. Chaque moment de cette progression vers le « vrai » se trouve lié, plus étroitement qu’au précédent, à un moment
8014 tement qu’au précédent, à un moment correspondant de la progression vers le « précieux », et c’est de cela qu’il naît, par
8015 ent qu’au précédent, à un moment correspondant de la progression vers le « précieux », et c’est de cela qu’il naît, par ré
8016 à un moment correspondant de la progression vers le « précieux », et c’est de cela qu’il naît, par réaction. Charles Sore
8017 de la progression vers le « précieux », et c’est de cela qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît de l’Astrée, non de
8018 cela qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît de l’Astrée, non des fabliaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédie
8019 a qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît de l’ Astrée, non des fabliaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédies d
8020 harles Sorel naît de l’Astrée, non des fabliaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédies de Marivaux, non de Sorel ; et
8021 liaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédies de Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît de la décomposition du romantis
8022 ne de Marivaux naît des comédies de Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît de la décomposition du romantisme, au moins auta
8023 comédies de Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît de la décomposition du romantisme, au moins autant, si ce n’est beaucoup
8024 édies de Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît de la décomposition du romantisme, au moins autant, si ce n’est beaucoup pl
8025 , au moins autant, si ce n’est beaucoup plus, que de Balzac (considéré alors comme réaliste). Pour en revenir au xiiie si
8026 r en revenir au xiiie siècle, a-t-on bien vu que la littérature sensuelle et volontiers pornographique des fabliaux souff
8027 souffre du même irréalisme, en fin de compte, que l’ idéal des épopées courtoises ? Il me paraît que la « gauloiserie » n’e
8028 l’idéal des épopées courtoises ? Il me paraît que la « gauloiserie » n’est qu’un pétrarquisme à rebours. « On aime à oppos
8029 urs. « On aime à opposer — écrit J. Huizinga129 —  l’ esprit gaulois aux conventions de l’amour courtois et à y voir la conc
8030 J. Huizinga129 — l’esprit gaulois aux conventions de l’amour courtois et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en
8031 Huizinga129 — l’esprit gaulois aux conventions de l’ amour courtois et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en op
8032 s aux conventions de l’amour courtois et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en opposition avec la conception r
8033 ur courtois et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiser
8034 courtois et à y voir la conception naturaliste de l’ amour, en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiserie,
8035 eption naturaliste de l’amour, en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiserie, aussi bien que la courtoisi
8036 , en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiserie, aussi bien que la courtoisie, est une fiction romantique
8037 ion romantique. Or la gauloiserie, aussi bien que la courtoisie, est une fiction romantique. La pensée érotique, pour acqu
8038 en que la courtoisie, est une fiction romantique. La pensée érotique, pour acquérir une valeur de culture, doit être styli
8039 que. La pensée érotique, pour acquérir une valeur de culture, doit être stylisée. Elle doit représenter la réalité complex
8040 ulture, doit être stylisée. Elle doit représenter la réalité complexe et pénible sous une forme simplifiée et illusoire. T
8041 me simplifiée et illusoire. Tout ce qui constitue la gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain de toutes les complic
8042 illusoire. Tout ce qui constitue la gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain de toutes les complications naturelles
8043 onstitue la gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain de toutes les complications naturelles et sociales de l’amour,
8044 a gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain de toutes les complications naturelles et sociales de l’amour, l’indulge
8045 rie : la licence fantaisiste, le dédain de toutes les complications naturelles et sociales de l’amour, l’indulgence pour le
8046 e toutes les complications naturelles et sociales de l’amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie se
8047 outes les complications naturelles et sociales de l’ amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexue
8048 complications naturelles et sociales de l’amour, l’ indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la v
8049 urelles et sociales de l’amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissa
8050 es de l’amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout
8051 , l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fai
8052 ’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fait q
8053 les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fait que donner satisfa
8054 ges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’ une jouissance infinie, tout cela ne fait que donner satisfaction au b
8055 ne fait que donner satisfaction au besoin humain de substituer à la réalité le rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore
8056 ner satisfaction au besoin humain de substituer à la réalité le rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration
8057 ction au besoin humain de substituer à la réalité le rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie su
8058 besoin humain de substituer à la réalité le rêve d’ une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie sublime, t
8059 vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie sublime, tout comme l’autre, mais cette fois du côté animal. C’es
8060 du côté animal. C’est un idéal quand même : celui de la luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’amour alambiqu
8061 côté animal. C’est un idéal quand même : celui de la luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’amour alambiqué,
8062 uand même : celui de la luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’amour alambiqué, on le surprend dans une satir
8063 d même : celui de la luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’amour alambiqué, on le surprend dans une satire d
8064 la luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’amour alambiqué, on le surprend dans une satire du xiiie siècle in
8065 luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’ amour alambiqué, on le surprend dans une satire du xiiie siècle intit
8066 ond de la gauloiserie et de l’amour alambiqué, on le surprend dans une satire du xiiie siècle intitulée l’Évangile des fe
8067 rprend dans une satire du xiiie siècle intitulée l’ Évangile des femmes : c’est une suite de quatrains dont les trois prem
8068 intitulée l’Évangile des femmes : c’est une suite de quatrains dont les trois premiers vers exaltent la femme selon le mod
8069 le des femmes : c’est une suite de quatrains dont les trois premiers vers exaltent la femme selon le mode courtois, tandis
8070 e quatrains dont les trois premiers vers exaltent la femme selon le mode courtois, tandis que la quatrième réfute d’un tra
8071 t les trois premiers vers exaltent la femme selon le mode courtois, tandis que la quatrième réfute d’un trait brutal ces é
8072 le mode courtois, tandis que la quatrième réfute d’ un trait brutal ces éloges. Autre complicité : la gauloiserie démolit
8073 d’un trait brutal ces éloges. Autre complicité : la gauloiserie démolit le mariage par en bas, alors que la chevalerie le
8074 éloges. Autre complicité : la gauloiserie démolit le mariage par en bas, alors que la chevalerie le ridiculisait d’en haut
8075 loiserie démolit le mariage par en bas, alors que la chevalerie le ridiculisait d’en haut. Comme on peut le voir, entre au
8076 it le mariage par en bas, alors que la chevalerie le ridiculisait d’en haut. Comme on peut le voir, entre autres, dans le
8077 r en bas, alors que la chevalerie le ridiculisait d’ en haut. Comme on peut le voir, entre autres, dans le Dit de Chiceface
8078 evalerie le ridiculisait d’en haut. Comme on peut le voir, entre autres, dans le Dit de Chiceface. Chiceface est le monstr
8079 n haut. Comme on peut le voir, entre autres, dans le Dit de Chiceface. Chiceface est le monstre fabuleux qui ne se nourrit
8080 Comme on peut le voir, entre autres, dans le Dit de Chiceface. Chiceface est le monstre fabuleux qui ne se nourrit que de
8081 e autres, dans le Dit de Chiceface. Chiceface est le monstre fabuleux qui ne se nourrit que de femmes fidèles, aussi est-i
8082 ace est le monstre fabuleux qui ne se nourrit que de femmes fidèles, aussi est-il d’une maigreur effroyable, tandis que so
8083 ne se nourrit que de femmes fidèles, aussi est-il d’ une maigreur effroyable, tandis que son confrère Bigorne, lequel ne ma
8084 dis que son confrère Bigorne, lequel ne mange que les maris soumis, est d’un embonpoint sans pareil. Parallèlement à ces de
8085 igorne, lequel ne mange que les maris soumis, est d’ un embonpoint sans pareil. Parallèlement à ces deux courants issus du
8086 èlement à ces deux courants issus du mythe notons la réaction des clercs : c’est encore le chanoine Pétrarque qui lui mont
8087 ythe notons la réaction des clercs : c’est encore le chanoine Pétrarque qui lui montre la voie, en consacrant ses derniers
8088 c’est encore le chanoine Pétrarque qui lui montre la voie, en consacrant ses derniers chants à la louange de la Vierge — N
8089 ntre la voie, en consacrant ses derniers chants à la louange de la Vierge — Notre Dame opposée à « ma » dame — mais sans v
8090 e, en consacrant ses derniers chants à la louange de la Vierge — Notre Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier le mo
8091 en consacrant ses derniers chants à la louange de la Vierge — Notre Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier le moins
8092 tre Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier le moins du monde ses lieux communs de poésie courtoise130. Dante a veng
8093 s sans varier le moins du monde ses lieux communs de poésie courtoise130. Dante a vengé d’avance les troubadours en mettan
8094 eux communs de poésie courtoise130. Dante a vengé d’ avance les troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers de Marie »
8095 ns de poésie courtoise130. Dante a vengé d’avance les troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers de Marie », moines i
8096 troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers de Marie », moines italiens appelés aussi « chevaliers joyeux » à cause
8097 solue, et malgré leur saint patronage. 6.Suite de la chevalerie, jusqu’à Cervantès L’influence du roman breton est a
8098 ue, et malgré leur saint patronage. 6.Suite de la chevalerie, jusqu’à Cervantès L’influence du roman breton est atte
8099 6.Suite de la chevalerie, jusqu’à Cervantès L’ influence du roman breton est attestée par des centaines de textes à t
8100 ce du roman breton est attestée par des centaines de textes à travers les xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre la mê
8101 st attestée par des centaines de textes à travers les xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre la même étendue que l’infl
8102 rs les xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre la même étendue que l’influence des troubadours : l’Europe entière. Les
8103 et xve siècles. Elle couvre la même étendue que l’ influence des troubadours : l’Europe entière. Les minnesänger (chanteu
8104 la même étendue que l’influence des troubadours : l’ Europe entière. Les minnesänger (chanteurs de l’Amour) en Allemagne so
8105 e l’influence des troubadours : l’Europe entière. Les minnesänger (chanteurs de l’Amour) en Allemagne sont nourris de légen
8106 rs : l’Europe entière. Les minnesänger (chanteurs de l’Amour) en Allemagne sont nourris de légendes cathares131 et par ail
8107 : l’Europe entière. Les minnesänger (chanteurs de l’ Amour) en Allemagne sont nourris de légendes cathares131 et par ailleu
8108 (chanteurs de l’Amour) en Allemagne sont nourris de légendes cathares131 et par ailleurs ne font qu’adapter du français l
8109 31 et par ailleurs ne font qu’adapter du français les récits de Chrétien de Troyes. On traduit le roman de Tristan dans tou
8110 illeurs ne font qu’adapter du français les récits de Chrétien de Troyes. On traduit le roman de Tristan dans toutes les la
8111 çais les récits de Chrétien de Troyes. On traduit le roman de Tristan dans toutes les langues d’Occident. L’Anglais Thomas
8112 récits de Chrétien de Troyes. On traduit le roman de Tristan dans toutes les langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory,
8113 royes. On traduit le roman de Tristan dans toutes les langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle,
8114 aduit le roman de Tristan dans toutes les langues d’ Occident. L’Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle, en refait
8115 an de Tristan dans toutes les langues d’Occident. L’ Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle, en refait une version
8116 es langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle, en refait une version en prose. Dante considère l
8117 , en refait une version en prose. Dante considère le cycle épique et romanesque de la France du Nord comme le modèle unive
8118 se. Dante considère le cycle épique et romanesque de la France du Nord comme le modèle universel de toute prose narrative,
8119 Dante considère le cycle épique et romanesque de la France du Nord comme le modèle universel de toute prose narrative, et
8120 e épique et romanesque de la France du Nord comme le modèle universel de toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait
8121 ue de la France du Nord comme le modèle universel de toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait de Tristan (dans sa
8122 toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait de Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait de la femme idéale. De là, j
8123 to Latini extrait de Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de l
8124 trait de Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de
8125 it de Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la
8126 ns sa Rhétorique) le portrait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des E
8127 portrait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrabl
8128 trait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables
8129 femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations,
8130 me idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, don
8131 De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont les Amadi
8132 là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont les Amadis p
8133 ège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’ innombrables imitations, dont les Amadis portugais (puis espagnols, pu
8134 et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont les Amadis portugais (puis espagnols, puis français) nous offrent le meil
8135 gais (puis espagnols, puis français) nous offrent le meilleur exemple au xve et au xvie siècles. Par un phénomène remarq
8136 is auquel on pouvait s’attendre, certains auteurs de ces imitations se trouvent amenés à redécouvrir le sens original des
8137 e ces imitations se trouvent amenés à redécouvrir le sens original des légendes mystiques. Mais alors ils ne peuvent se se
8138 ystiques. Mais alors ils ne peuvent se servir que d’ une mythologie toute catholique — soit prudence ou incompréhension — a
8139 dence ou incompréhension — assez incompatible, on l’ a bien vu, avec l’intention primitive. En 1554, en Espagne, paraît un
8140 ension — assez incompatible, on l’a bien vu, avec l’ intention primitive. En 1554, en Espagne, paraît un livre de Hyeronimo
8141 n primitive. En 1554, en Espagne, paraît un livre de Hyeronimo de Sempere portant ce titre flamboyant : Libro de cavalleri
8142 mo de Sempere portant ce titre flamboyant : Libro de cavalleria celestial del pié de la rosa fragante. Le Christ y devient
8143 lamboyant : Libro de cavalleria celestial del pié de la rosa fragante. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le
8144 boyant : Libro de cavalleria celestial del pié de la rosa fragante. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le che
8145 cavalleria celestial del pié de la rosa fragante. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le chevalier du Serpent,
8146 del pié de la rosa fragante. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le chevalier du Serpent, Jean-Baptiste le ch
8147 . Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le chevalier du Serpent, Jean-Baptiste le chevalier du Désert, et les ap
8148 ion, Satan le chevalier du Serpent, Jean-Baptiste le chevalier du Désert, et les apôtres, les douze chevaliers de la Table
8149 Serpent, Jean-Baptiste le chevalier du Désert, et les apôtres, les douze chevaliers de la Table ronde. Or, selon Rahn, la T
8150 -Baptiste le chevalier du Désert, et les apôtres, les douze chevaliers de la Table ronde. Or, selon Rahn, la Table ronde du
8151 r du Désert, et les apôtres, les douze chevaliers de la Table ronde. Or, selon Rahn, la Table ronde du Parzival, au sanctu
8152 u Désert, et les apôtres, les douze chevaliers de la Table ronde. Or, selon Rahn, la Table ronde du Parzival, au sanctuair
8153 uze chevaliers de la Table ronde. Or, selon Rahn, la Table ronde du Parzival, au sanctuaire de Montségur ou « Montsalvat »
8154 n Rahn, la Table ronde du Parzival, au sanctuaire de Montségur ou « Montsalvat » — dernière forteresse des cathares — c’ét
8155 at » — dernière forteresse des cathares — c’était le symbole du collège des « parfaits »… Cervantès ne cite point les très
8156 collège des « parfaits »… Cervantès ne cite point les très nombreux romans de « chevalerie célestielle » qu’on lisait de so
8157 Cervantès ne cite point les très nombreux romans de « chevalerie célestielle » qu’on lisait de son temps avec passion132.
8158 romans de « chevalerie célestielle » qu’on lisait de son temps avec passion132. Il ne s’en prend, dans son Quichotte, qu’a
8159 ne s’en prend, dans son Quichotte, qu’aux romans d’ aventures profanes. Cette omission est mystérieuse. Elle militerait en
8160 ion est mystérieuse. Elle militerait en faveur de la thèse selon laquelle Cervantès connaissait la signification réelle de
8161 de la thèse selon laquelle Cervantès connaissait la signification réelle de la littérature courtoise, et raillait non san
8162 lle Cervantès connaissait la signification réelle de la littérature courtoise, et raillait non sans désespoir les rêveries
8163 Cervantès connaissait la signification réelle de la littérature courtoise, et raillait non sans désespoir les rêveries de
8164 érature courtoise, et raillait non sans désespoir les rêveries de ses contemporains, adonnés à une illusion dont ils avaien
8165 oise, et raillait non sans désespoir les rêveries de ses contemporains, adonnés à une illusion dont ils avaient perdu le s
8166 ns, adonnés à une illusion dont ils avaient perdu le secret. Don Quichotte ne serait grotesque que parce qu’il veut imiter
8167 uelle il n’est pas initié, et suivre une voie que le malheur des temps rend totalement impraticable. L’Église de Rome a tr
8168 e malheur des temps rend totalement impraticable. L’ Église de Rome a triomphé. Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté,
8169 des temps rend totalement impraticable. L’Église de Rome a triomphé. Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté, avec l’ho
8170 . Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté, avec l’ honnête et réaliste Sancho Pança… 7. Roméo et Juliette — Milton
8171 osse, leurs traditions resteront vivantes jusqu’à l’ époque où Macpherson les transcrira en langage moderne. Et en Irlande,
8172 resteront vivantes jusqu’à l’époque où Macpherson les transcrira en langage moderne. Et en Irlande, elles vivent encore de
8173 ngage moderne. Et en Irlande, elles vivent encore de nos jours. Je ne puis examiner ici le problème des rapports entre ce
8174 vent encore de nos jours. Je ne puis examiner ici le problème des rapports entre ce fonds de légendes celtiques et la litt
8175 miner ici le problème des rapports entre ce fonds de légendes celtiques et la littérature anglaise populaire et savante. M
8176 rapports entre ce fonds de légendes celtiques et la littérature anglaise populaire et savante. Mais il est significatif q
8177 pulaire et savante. Mais il est significatif qu’à la fin du xviie siècle, un bon lettré comme Robert Kirk, théologien et
8178 théologien et humaniste, ait écrit un traité sur les fées, sans trace de scepticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque r
8179 ste, ait écrit un traité sur les fées, sans trace de scepticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque rien de Shakespeare,
8180 traité sur les fées, sans trace de scepticisme ou d’ ironie. Nous ne savons presque rien de Shakespeare, — mais nous avons
8181 pticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque rien de Shakespeare, — mais nous avons le Songe d’une Nuit d’été. Et l’on dit
8182 ns presque rien de Shakespeare, — mais nous avons le Songe d’une Nuit d’été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nou
8183 e rien de Shakespeare, — mais nous avons le Songe d’ une Nuit d’été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nous avons R
8184 hakespeare, — mais nous avons le Songe d’une Nuit d’ été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nous avons Roméo et Jul
8185 , — mais nous avons le Songe d’une Nuit d’été. Et l’ on dit qu’il était catholique — mais nous avons Roméo et Juliette qui
8186 lique — mais nous avons Roméo et Juliette qui est la seule tragédie courtoise, et la plus belle résurrection du mythe avan
8187 Juliette qui est la seule tragédie courtoise, et la plus belle résurrection du mythe avant le Tristan de Wagner. Tant qu’
8188 ise, et la plus belle résurrection du mythe avant le Tristan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire
8189 stan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demande
8190 n de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s
8191 ant qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissai
8192 qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire de l’ identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissait l
8193 re à peu près tout de la vie, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissait la tradition
8194 , voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissait la tradition secrète des troubadours. Ma
8195 eare, il est vain de se demander s’il connaissait la tradition secrète des troubadours. Mais on peut relever ce fait : que
8196 principaux centres du catharisme en Italie. Selon le moine Ranieri Saccone, qui fut dix-sept ans hérétique, il y avait à V
8197 one près de cinq-cents « parfaits », sans compter les « croyants » en beaucoup plus grand nombre… Comment les légendes de c
8198 croyants » en beaucoup plus grand nombre… Comment les légendes de ce temps n’auraient-elles point gardé de traces des lutte
8199 beaucoup plus grand nombre… Comment les légendes de ce temps n’auraient-elles point gardé de traces des luttes violentes
8200 légendes de ce temps n’auraient-elles point gardé de traces des luttes violentes qui opposèrent dans la cité les « patarin
8201 e traces des luttes violentes qui opposèrent dans la cité les « patarins » aux orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieu
8202 des luttes violentes qui opposèrent dans la cité les « patarins » aux orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieuses du si
8203 des luttes religieuses du siècle, qui refoulaient les anciennes hérésies dans une obscurité plus profonde que jamais, la tr
8204 sies dans une obscurité plus profonde que jamais, la tragédie des Amants de Vérone, c’est le voile un instant déchiré, ne
8205 plus profonde que jamais, la tragédie des Amants de Vérone, c’est le voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir de
8206 e jamais, la tragédie des Amants de Vérone, c’est le voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir de nos yeux que l’i
8207 voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir de nos yeux que l’image négative d’un éclat, « le soleil noir de la méla
8208 déchiré, ne laissant au souvenir de nos yeux que l’ image négative d’un éclat, « le soleil noir de la mélancolie ». Surgi
8209 sant au souvenir de nos yeux que l’image négative d’ un éclat, « le soleil noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs d
8210 ir de nos yeux que l’image négative d’un éclat, «  le soleil noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide
8211 que l’image négative d’un éclat, « le soleil noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide de tortures tra
8212 l’image négative d’un éclat, « le soleil noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide de tortures transf
8213 il noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’écl
8214 noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’ âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair
8215 élancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de l’amour
8216 deurs de l’âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de l’amour illumine parfois une face imm
8217 rs de l’âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de l’amour illumine parfois une face immobi
8218 tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’ éclair de l’amour illumine parfois une face immobile et fascinante, — 
8219 transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de l’amour illumine parfois une face immobile et fascinante, — ce nous-m
8220 ansfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de l’ amour illumine parfois une face immobile et fascinante, — ce nous-même
8221 s une face immobile et fascinante, — ce nous-même d’ horreur et de divinité auquel s’adressent nos plus beaux poèmes ; ress
8222 mobile et fascinante, — ce nous-même d’horreur et de divinité auquel s’adressent nos plus beaux poèmes ; ressuscité d’un c
8223 el s’adressent nos plus beaux poèmes ; ressuscité d’ un coup dans sa pleine stature, comme étourdi de sa jeunesse provocant
8224 é d’un coup dans sa pleine stature, comme étourdi de sa jeunesse provocante et enivrée de rhétorique, au seuil du tombeau
8225 omme étourdi de sa jeunesse provocante et enivrée de rhétorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici le mythe de nouveau
8226 nte et enivrée de rhétorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une tor
8227 rhétorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une torche que tient Rom
8228 antoue voici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une torche que tient Roméo. Juliette repose, endormie par le
8229 ici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’ une torche que tient Roméo. Juliette repose, endormie par le philtre.
8230 he que tient Roméo. Juliette repose, endormie par le philtre. Le fils de Montague est entré, et il parle : Combien souven
8231 Roméo. Juliette repose, endormie par le philtre. Le fils de Montague est entré, et il parle : Combien souvent les hommes
8232 Juliette repose, endormie par le philtre. Le fils de Montague est entré, et il parle : Combien souvent les hommes sur le
8233 ontague est entré, et il parle : Combien souvent les hommes sur le point de mourir Se sont sentis joyeux ! Ceux qui veille
8234 entis joyeux ! Ceux qui veillent sur eux Disent : l’ éclair avant la mort. Mais moi pourrai-je Nommer cette mort éclair ? Ô
8235 Ceux qui veillent sur eux Disent : l’éclair avant la mort. Mais moi pourrai-je Nommer cette mort éclair ? Ô mon amour, ma
8236 Nommer cette mort éclair ? Ô mon amour, ma femme, La mort a sucé le miel de ton haleine Et n’a pas eu de prise encor sur t
8237 rt éclair ? Ô mon amour, ma femme, La mort a sucé le miel de ton haleine Et n’a pas eu de prise encor sur ta beauté Et tu
8238 r ? Ô mon amour, ma femme, La mort a sucé le miel de ton haleine Et n’a pas eu de prise encor sur ta beauté Et tu n’es pas
8239 mort a sucé le miel de ton haleine Et n’a pas eu de prise encor sur ta beauté Et tu n’es pas conquise. L’enseigne de beau
8240 rise encor sur ta beauté Et tu n’es pas conquise. L’ enseigne de beauté Est encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et
8241 sur ta beauté Et tu n’es pas conquise. L’enseigne de beauté Est encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle dra
8242 st encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle drapeau de la mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pour
8243 sie sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle drapeau de la mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pourquoi es-tu si be
8244 sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle drapeau de la mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pourquoi es-tu si belle
8245 urquoi es-tu si belle encore ? Dois-je penser Que la mort non substantielle est amoureuse Et que le monstre maigre te cons
8246 ue la mort non substantielle est amoureuse Et que le monstre maigre te conserve Ici pour être ton amant dans la ténèbre ?
8247 e maigre te conserve Ici pour être ton amant dans la ténèbre ? Par crainte de cela je demeure avec toi Et plus jamais de c
8248 rainte de cela je demeure avec toi Et plus jamais de ce palais de la nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Av
8249 a je demeure avec toi Et plus jamais de ce palais de la nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec les vers q
8250 e demeure avec toi Et plus jamais de ce palais de la nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec les vers qui
8251 bscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec les vers qui sont tes serviteurs ; ici, ici Je vais fixer mon repos étern
8252 ici, ici Je vais fixer mon repos éternel, Secouer l’ influence des étoiles funestes Et sortir de cette chair lasse du monde
8253 ecouer l’influence des étoiles funestes Et sortir de cette chair lasse du monde. Mes yeux regardez une dernière fois ! Mes
8254 n légitime baiser Scellez un marché sans âge avec la dévorante mort ! Viens amer conducteur. Viens guide repoussant. Toi d
8255 epoussant. Toi désespéré pilote, jette enfin Sur les récifs brisants ta barque épuisée, malade de la mer ! Voilà pour mon
8256 Sur les récifs brisants ta barque épuisée, malade de la mer ! Voilà pour mon amour ! (Il boit.) … Honnête apothicaire Ta d
8257 les récifs brisants ta barque épuisée, malade de la mer ! Voilà pour mon amour ! (Il boit.) … Honnête apothicaire Ta drog
8258 ire Ta drogue est rapide. En un baiser je meurs. Le consolament de la Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais
8259 st rapide. En un baiser je meurs. Le consolament de la Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’É
8260 rapide. En un baiser je meurs. Le consolament de la Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros
8261 eurs. Le consolament de la Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros. Voici « l’aube » profan
8262 sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’ Éros. Voici « l’aube » profane, encore une fois, le monde encore une f
8263 mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros. Voici «  l’ aube » profane, encore une fois, le monde encore une fois qui recommen
8264 ’Éros. Voici « l’aube » profane, encore une fois, le monde encore une fois qui recommence, et le Prince, rendu à son règne
8265 fois, le monde encore une fois qui recommence, et le Prince, rendu à son règne sévère : Ce matin nous apporte une paix as
8266 sombrie… Séparons-nous pour nous entretenir encor de ces tristesses.133 ⁂ Il est certain que Milton quoique puritain sub
8267 Il est certain que Milton quoique puritain subit l’ influence de doctrines cabalistiques aussi peu « spiritualistes » que
8268 ain que Milton quoique puritain subit l’influence de doctrines cabalistiques aussi peu « spiritualistes » que possible. Ma
8269 s aussi peu « spiritualistes » que possible. Mais la révolte des « puritains » contre la royauté et les évêques mondanisés
8270 ossible. Mais la révolte des « puritains » contre la royauté et les évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas la révolte des
8271 la révolte des « puritains » contre la royauté et les évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas la révolte des « purs » contr
8272 té et les évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas la révolte des « purs » contre la féodalité et le clergé ? Deux poèmes d
8273 ’évoque-t-elle pas la révolte des « purs » contre la féodalité et le clergé ? Deux poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa
8274 as la révolte des « purs » contre la féodalité et le clergé ? Deux poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’All
8275  » contre la féodalité et le clergé ? Deux poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’Allegro et le Penseroso exp
8276 poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’ Allegro et le Penseroso expriment l’opposition du Jour et de la Nuit,
8277 ton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’Allegro et le Penseroso expriment l’opposition du Jour et de la Nuit, et le choix n
8278 sa jeunesse, l’Allegro et le Penseroso expriment l’ opposition du Jour et de la Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas
8279 et le Penseroso expriment l’opposition du Jour et de la Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le
8280 le Penseroso expriment l’opposition du Jour et de la Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le fer
8281 expriment l’opposition du Jour et de la Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le fera sans doute
8282 hoix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le fera sans doute jamais : du moins pas sans de telles réticences qu’il
8283 ne le fera sans doute jamais : du moins pas sans de telles réticences qu’il serait vain de conclure sur ce point plus net
8284 s pas sans de telles réticences qu’il serait vain de conclure sur ce point plus nettement qu’il ne l’a voulu.) Avant même
8285 de conclure sur ce point plus nettement qu’il ne l’ a voulu.) Avant même d’embrasser la cause puritaine, Milton cherchant
8286 nt plus nettement qu’il ne l’a voulu.) Avant même d’ embrasser la cause puritaine, Milton cherchant un sujet d’épopée avait
8287 ement qu’il ne l’a voulu.) Avant même d’embrasser la cause puritaine, Milton cherchant un sujet d’épopée avait envisagé pa
8288 ser la cause puritaine, Milton cherchant un sujet d’ épopée avait envisagé parfois le thème de la légende celtique d’Arthur
8289 herchant un sujet d’épopée avait envisagé parfois le thème de la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table r
8290 un sujet d’épopée avait envisagé parfois le thème de la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dan
8291 sujet d’épopée avait envisagé parfois le thème de la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dans s
8292 envisagé parfois le thème de la légende celtique d’ Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge
8293 de la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de la Mélancolie nocturne,
8294 la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de la Mélancolie nocturne, s’a
8295 iers de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de la Mélancolie nocturne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse » il la
8296 s de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de la Mélancolie nocturne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse » il la pr
8297 turne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse » il la prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédai
8298 ’adressant à cette « Vierge sérieuse » il la prie d’ évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bag
8299 e « Vierge sérieuse » il la prie d’évoquer encore l’ âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs
8300 erge sérieuse » il la prie d’évoquer encore l’âme d’ Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiq
8301 use » il la prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée, l’ époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiques, et fi
8302 la prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiques, et finalement
8303 l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiques, et finalement les « illustres bardes »
8304 hée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiques, et finalement les « illustres bardes » qui chantèr
8305 t la bague et les miroirs magiques, et finalement les « illustres bardes » qui chantèrent d’une voix grave et solennelle t
8306 nalement les « illustres bardes » qui chantèrent d’ une voix grave et solennelle tournois et trophées remportés, forêts, e
8307 emportés, forêts, enchantements terribles et dont le sens dépasse le son. « Where more is meant then meets the ear »… Il
8308 , enchantements terribles et dont le sens dépasse le son. « Where more is meant then meets the ear »… Il avait étudié pou
8309 eets the ear »… Il avait étudié pour son Histoire de Bretagne la chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le De doct
8310  »… Il avait étudié pour son Histoire de Bretagne la chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le De doctrina christi
8311 la chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le De doctrina christiana, il s’était insurgé « contre la puissance créa
8312 chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le De doctrina christiana, il s’était insurgé « contre la puissance créatri
8313 doctrina christiana, il s’était insurgé « contre la puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’
8314 l s’était insurgé « contre la puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant
8315 é « contre la puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions t
8316 la puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions théologique
8317 puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions théologiques t
8318 trice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions théologiques traditionnelles
8319 ce de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’ Incarnation… répudiant les définitions théologiques traditionnelles qu
8320 gmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions théologiques traditionnelles qui ne trouvaient point dans
8321 ques traditionnelles qui ne trouvaient point dans la Bible leur fondement.134 » Mettons à part ce dernier trait, qui malgr
8322 dernier trait, qui malgré tout rattache Milton à la Réforme : n’est-ce point la même et unique hérésie que nous trouvons
8323 out rattache Milton à la Réforme : n’est-ce point la même et unique hérésie que nous trouvons partout et en tous temps à l
8324 ésie que nous trouvons partout et en tous temps à l’ origine du grand lyrisme passionnel ? Quant au « matérialisme » de Mil
8325 nd lyrisme passionnel ? Quant au « matérialisme » de Milton, il s’oppose moins qu’on pourrait le croire à une doctrine « c
8326 sme » de Milton, il s’oppose moins qu’on pourrait le croire à une doctrine « courtoise » de l’amour. Entre un monisme qui
8327 n pourrait le croire à une doctrine « courtoise » de l’amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou l’in
8328 ourrait le croire à une doctrine « courtoise » de l’ amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou l’inver
8329 toise » de l’amour. Entre un monisme qui assimile l’ esprit à la matière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne la mat
8330 l’amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne la matière au nom
8331 un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou l’ inverse), et un dualisme qui condamne la matière au nom de l’esprit, l
8332 tière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne la matière au nom de l’esprit, l’histoire des sectes gnostiques et manic
8333 et un dualisme qui condamne la matière au nom de l’ esprit, l’histoire des sectes gnostiques et manichéennes montre bien q
8334 lisme qui condamne la matière au nom de l’esprit, l’ histoire des sectes gnostiques et manichéennes montre bien que l’abîme
8335 sectes gnostiques et manichéennes montre bien que l’ abîme n’est pas infranchissable, surtout sur le plan de l’éthique. L’i
8336 me n’est pas infranchissable, surtout sur le plan de l’éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposé
8337 n’est pas infranchissable, surtout sur le plan de l’ éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposés c
8338 nfranchissable, surtout sur le plan de l’éthique. L’ idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposés communs. L’e
8339 surtout sur le plan de l’éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposés communs. L’extrême de la lu
8340 de l’éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont d’ importants présupposés communs. L’extrême de la luxure touche parfois
8341 atérialisme ont d’importants présupposés communs. L’ extrême de la luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée.
8342 e ont d’importants présupposés communs. L’extrême de la luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et la néga
8343 nt d’importants présupposés communs. L’extrême de la luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et la négatio
8344 és communs. L’extrême de la luxure touche parfois l’ extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton
8345 . L’extrême de la luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le condu
8346 ’extrême de la luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le conduit
8347 uche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien p
8348 l’extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien proches de ce
8349 extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien proches de celle
8350 exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien proches de celles des cathares. Comme
8351 Milton, le conduit à des conclusions bien proches de celles des cathares. Comme eux, Milton croit que le bon désir procède
8352 celles des cathares. Comme eux, Milton croit que le bon désir procède des principes intellectuels, et qu’il doit nous pur
8353 rincipes intellectuels, et qu’il doit nous purger de notre mauvais désir, de la sensualité, péché majeur. Et Fludd, son ma
8354 et qu’il doit nous purger de notre mauvais désir, de la sensualité, péché majeur. Et Fludd, son maître en occultisme, ense
8355 qu’il doit nous purger de notre mauvais désir, de la sensualité, péché majeur. Et Fludd, son maître en occultisme, enseign
8356 t Fludd, son maître en occultisme, enseignait que la lumière est la matière divine… Il reste cependant que la doctrine de
8357 ître en occultisme, enseignait que la lumière est la matière divine… Il reste cependant que la doctrine de Milton est bien
8358 ère est la matière divine… Il reste cependant que la doctrine de Milton est bien plus « rationnelle » et sociale que celle
8359 atière divine… Il reste cependant que la doctrine de Milton est bien plus « rationnelle » et sociale que celle des hérétiq
8360 des hérétiques du Midi. (Il considère par exemple le mariage comme un « remède contre l’incontinence ».) Aussi ne devait-e
8361 e par exemple le mariage comme un « remède contre l’ incontinence ».) Aussi ne devait-elle point favoriser les confusions e
8362 ntinence ».) Aussi ne devait-elle point favoriser les confusions extrêmes de la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas
8363 vait-elle point favoriser les confusions extrêmes de la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les
8364 t-elle point favoriser les confusions extrêmes de la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les se
8365 favoriser les confusions extrêmes de la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les sectes néo-man
8366 voriser les confusions extrêmes de la chair et de l’ esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les sectes néo-manich
8367 de la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de la
8368 ’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de la mystique à la psychol
8369 produire dans les sectes néo-manichéennes. 8. L’ Astrée : de la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans l
8370 ans les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au
8371 les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au xv
8372 o-manichéennes. 8. L’Astrée : de la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au xviie siècle fr
8373 8. L’Astrée : de la mystique à la psychologie L’ histoire du mythe dans le Roman, au xviie siècle français, peut se ré
8374 ique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au xviie siècle français, peut se réduire, hélas, en une form
8375 rançais, peut se réduire, hélas, en une formule : la mystique se dégrade en pure psychologie. Le Roman devient l’objet d’u
8376 ule : la mystique se dégrade en pure psychologie. Le Roman devient l’objet d’une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenè
8377 se dégrade en pure psychologie. Le Roman devient l’ objet d’une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville e
8378 ade en pure psychologie. Le Roman devient l’objet d’ une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville et les Sc
8379 Roman devient l’objet d’une littérature raffinée. D’ Urfé, La Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus la moindre
8380 vient l’objet d’une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus la moindre idée du
8381 e raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique de la chevaleri
8382 Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique de la chevalerie légendaire. La natur
8383 éry n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique de la chevalerie légendaire. La nature symbolique des sujets qu’ils repr
8384 n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique de la chevalerie légendaire. La nature symbolique des sujets qu’ils reprenn
8385 e du sens ésotérique de la chevalerie légendaire. La nature symbolique des sujets qu’ils reprennent les induit simplement
8386 La nature symbolique des sujets qu’ils reprennent les induit simplement à composer d’interminables romans à clef. Polexandr
8387 u’ils reprennent les induit simplement à composer d’ interminables romans à clef. Polexandre est Louis XIII, Cyrus est le G
8388 mans à clef. Polexandre est Louis XIII, Cyrus est le Grand Condé, Diane est Marie de Médicis, etc. Le sujet du roman demeu
8389 le Grand Condé, Diane est Marie de Médicis, etc. Le sujet du roman demeure les « contrariétés » de l’amour, mais l’obstac
8390 Marie de Médicis, etc. Le sujet du roman demeure les « contrariétés » de l’amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté de
8391 c. Le sujet du roman demeure les « contrariétés » de l’amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et
8392 Le sujet du roman demeure les « contrariétés » de l’ amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et mé
8393 man demeure les « contrariétés » de l’amour, mais l’ obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et métaphysique dan
8394 rariétés » de l’amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et métaphysique dans Tristan : c’est simp
8395 de l’amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et métaphysique dans Tristan : c’est simplement le p
8396 e et métaphysique dans Tristan : c’est simplement le point d’honneur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est la plus
8397 physique dans Tristan : c’est simplement le point d’ honneur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est la plus astucieu
8398 mplement le point d’honneur, manie sociale. C’est l’ héroïne, ici, qui est la plus astucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer d
8399 eur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est la plus astucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer des prétextes de séparati
8400 ici, qui est la plus astucieuse lorsqu’il s’agit d’ imaginer des prétextes de séparation. Elle terrorise avec délices son
8401 ucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer des prétextes de séparation. Elle terrorise avec délices son chevaleresque soupirant,
8402 rise avec délices son chevaleresque soupirant, et l’ on voit Polexandre, dans le roman de Gomberville, parcourir comme un f
8403 leresque soupirant, et l’on voit Polexandre, dans le roman de Gomberville, parcourir comme un fou les cinq parties du mond
8404 soupirant, et l’on voit Polexandre, dans le roman de Gomberville, parcourir comme un fou les cinq parties du monde pour ap
8405 s le roman de Gomberville, parcourir comme un fou les cinq parties du monde pour apaiser un regard irrité de sa maîtresse.
8406 nq parties du monde pour apaiser un regard irrité de sa maîtresse. Au dénouement, il est encore à se demander si cette « r
8407 e l’Île inaccessible » ne va pas lui faire couper le cou. Mais tout finit, en général, par un mariage, prévu dès la premiè
8408 ge, prévu dès la première page et retardé jusqu’à la dix-millième lorsque l’auteur est un champion du genre. C’est le roma
8409 e page et retardé jusqu’à la dix-millième lorsque l’ auteur est un champion du genre. C’est le roman allégorique du xviie
8410 lorsque l’auteur est un champion du genre. C’est le roman allégorique du xviie siècle qui inventa le happy end. Le vrai
8411 le roman allégorique du xviie siècle qui inventa le happy end. Le vrai roman courtois débouchait dans la mort, s’évanouis
8412 orique du xviie siècle qui inventa le happy end. Le vrai roman courtois débouchait dans la mort, s’évanouissait dans une
8413 happy end. Le vrai roman courtois débouchait dans la mort, s’évanouissait dans une exaltation au-delà du monde… Maintenant
8414 dans une exaltation au-delà du monde… Maintenant, l’ on veut que tout rentre dans l’ordre, c’est la société qui l’emporte,
8415 monde… Maintenant, l’on veut que tout rentre dans l’ ordre, c’est la société qui l’emporte, et dès lors la fin du roman ne
8416 nt, l’on veut que tout rentre dans l’ordre, c’est la société qui l’emporte, et dès lors la fin du roman ne saurait être qu
8417 ue tout rentre dans l’ordre, c’est la société qui l’ emporte, et dès lors la fin du roman ne saurait être qu’un retour à ce
8418 rdre, c’est la société qui l’emporte, et dès lors la fin du roman ne saurait être qu’un retour à ce qui n’est plus le roma
8419 ne saurait être qu’un retour à ce qui n’est plus le roman : au bonheur. Les grands thèmes tragiques du mythe n’éveillent
8420 retour à ce qui n’est plus le roman : au bonheur. Les grands thèmes tragiques du mythe n’éveillent guère dans l’Astrée que
8421 thèmes tragiques du mythe n’éveillent guère dans l’ Astrée que des échos mélancoliques. Il y a bien les douze lois d’Amour
8422 l’Astrée que des échos mélancoliques. Il y a bien les douze lois d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chaste
8423 s échos mélancoliques. Il y a bien les douze lois d’ Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire les
8424 élancoliques. Il y a bien les douze lois d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire les défis à un
8425 douze lois d’Amour, les séparations ingénieuses, l’ éloge de la chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la
8426 ois d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la dialecti
8427 d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la dialectique
8428 ations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la dialectique sauvage de Tristan
8429 eté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la dialectique sauvage de Tristan n’est plus ici que coquetterie, et le
8430 une mort libératrice. Mais la dialectique sauvage de Tristan n’est plus ici que coquetterie, et le combat du Jour et de la
8431 age de Tristan n’est plus ici que coquetterie, et le combat du Jour et de la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre
8432 plus ici que coquetterie, et le combat du Jour et de la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre le corps des deux ama
8433 s ici que coquetterie, et le combat du Jour et de la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre le corps des deux amants
8434 combat du Jour et de la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre le corps des deux amants plus d’épée nue, mais la hou
8435 e la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre le corps des deux amants plus d’épée nue, mais la houlette dorée de Céla
8436 de pénombre. Entre le corps des deux amants plus d’ épée nue, mais la houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de la b
8437 re le corps des deux amants plus d’épée nue, mais la houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de la bergère. Voici un
8438 ux amants plus d’épée nue, mais la houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de la bergère. Voici un trait qui symbolis
8439 épée nue, mais la houlette dorée de Céladon ornée d’ une faveur de la bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste.
8440 s la houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de la bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste. Au cinquième
8441 a houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de la bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste. Au cinquième et
8442 de la bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste. Au cinquième et dernier volume de ce roman que l’on n’ose nomm
8443 ise tout le reste. Au cinquième et dernier volume de ce roman que l’on n’ose nommer un roman-fleuve, puisqu’il n’est parco
8444 e. Au cinquième et dernier volume de ce roman que l’ on n’ose nommer un roman-fleuve, puisqu’il n’est parcouru que par les
8445 un roman-fleuve, puisqu’il n’est parcouru que par les sinuosités d’un modeste ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appell
8446 , puisqu’il n’est parcouru que par les sinuosités d’ un modeste ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appelle la mort ; As
8447 uru que par les sinuosités d’un modeste ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appelle la mort ; Astrée, de son côté conço
8448 te ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appelle la mort ; Astrée, de son côté conçoit la même pensée. Ils vont demander
8449 gnon, Céladon désespéré appelle la mort ; Astrée, de son côté conçoit la même pensée. Ils vont demander la fin de leurs ma
8450 éré appelle la mort ; Astrée, de son côté conçoit la même pensée. Ils vont demander la fin de leurs maux à la Fontaine de
8451 on côté conçoit la même pensée. Ils vont demander la fin de leurs maux à la Fontaine de Vérité, gardée par des lions et de
8452 conçoit la même pensée. Ils vont demander la fin de leurs maux à la Fontaine de Vérité, gardée par des lions et des licor
8453 pensée. Ils vont demander la fin de leurs maux à la Fontaine de Vérité, gardée par des lions et des licornes : cette font
8454 vont demander la fin de leurs maux à la Fontaine de Vérité, gardée par des lions et des licornes : cette fontaine ne sera
8455 rnes : cette fontaine ne sera désenchantée, selon l’ oracle, que par la mort du plus fidèle amant et de la plus fidèle aman
8456 ine ne sera désenchantée, selon l’oracle, que par la mort du plus fidèle amant et de la plus fidèle amante. (Thème de Tris
8457 l’oracle, que par la mort du plus fidèle amant et de la plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fata
8458 racle, que par la mort du plus fidèle amant et de la plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fatalit
8459 fidèle amant et de la plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fatalité du philtre.) Céladon s’avanc
8460 la plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle,
8461 idèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions
8462 le amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions et
8463 té du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions et les licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre g
8464 .) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions et les licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le gén
8465 ô miracle, les lions et les licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie de l’Amour paraît dans
8466 et les licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce
8467 évorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchante
8468 le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchantement. Ast
8469 ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie de l’ Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchantement. Astrée
8470 génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort mét
8471 de l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort métaphoriq
8472 l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’ enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort métaphorique)
8473 ’est une mort métaphorique) sont transportés chez le druide Adamas où ils se réveillent, puis s’épousent. On a coutume de
8474 ils se réveillent, puis s’épousent. On a coutume de déclarer inexplicable le succès prodigieux de l’Astrée. Pourtant ses
8475 ’épousent. On a coutume de déclarer inexplicable le succès prodigieux de l’Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point iné
8476 ume de déclarer inexplicable le succès prodigieux de l’Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux de nos ré
8477 de déclarer inexplicable le succès prodigieux de l’ Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux de nos récen
8478 Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux de nos récents romans féeriques. Et la psychologie des écrivains françai
8479 négaux à ceux de nos récents romans féeriques. Et la psychologie des écrivains français n’a pas cessé de se complaire dans
8480 psychologie des écrivains français n’a pas cessé de se complaire dans l’élégance allégorique : voir Giraudoux. La Fontain
8481 vains français n’a pas cessé de se complaire dans l’ élégance allégorique : voir Giraudoux. La Fontaine adorait « cette œuv
8482 ire dans l’élégance allégorique : voir Giraudoux. La Fontaine adorait « cette œuvre exquise ». Et Rousseau, de passage à L
8483 ine adorait « cette œuvre exquise ». Et Rousseau, de passage à Lyon, voulut aller visiter le Forez et rechercher sur les r
8484 Rousseau, de passage à Lyon, voulut aller visiter le Forez et rechercher sur les rives du Lignon l’ombre des Dianes et des
8485 , voulut aller visiter le Forez et rechercher sur les rives du Lignon l’ombre des Dianes et des Silvandre. Comme il se rens
8486 er le Forez et rechercher sur les rives du Lignon l’ ombre des Dianes et des Silvandre. Comme il se renseignait auprès de s
8487 nseignait auprès de son hôtesse, elle lui dit que le Forez était un bon pays de forges et qu’on y travaillait fort bien le
8488 esse, elle lui dit que le Forez était un bon pays de forges et qu’on y travaillait fort bien le fer. « Cette bonne femme,
8489 n pays de forges et qu’on y travaillait fort bien le fer. « Cette bonne femme, écrit-il tristement, a dû me prendre pour u
8490 serrurier. » ⁂ En vérité je me sens fort capable d’ entreprendre un éloge de l’Astrée : du point de vue de l’art littérair
8491 é je me sens fort capable d’entreprendre un éloge de l’Astrée : du point de vue de l’art littéraire, c’est une réussite ca
8492 e me sens fort capable d’entreprendre un éloge de l’ Astrée : du point de vue de l’art littéraire, c’est une réussite capit
8493 treprendre un éloge de l’Astrée : du point de vue de l’art littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais les ressources
8494 prendre un éloge de l’Astrée : du point de vue de l’ art littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais les ressources d’u
8495 t littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais les ressources d’une rhétorique plus savante n’ont été à ce point harmoni
8496 ’est une réussite capitale. Jamais les ressources d’ une rhétorique plus savante n’ont été à ce point harmonisées. L’on n’i
8497 ue plus savante n’ont été à ce point harmonisées. L’ on n’imagine pas de roman mieux écrit ; plus strictement réglé, dans s
8498 nt été à ce point harmonisées. L’on n’imagine pas de roman mieux écrit ; plus strictement réglé, dans son progrès, sur les
8499 t ; plus strictement réglé, dans son progrès, sur les lois d’une plus sûre esthétique. L’emploi de « personnages constants 
8500 strictement réglé, dans son progrès, sur les lois d’ une plus sûre esthétique. L’emploi de « personnages constants » — le b
8501 progrès, sur les lois d’une plus sûre esthétique. L’ emploi de « personnages constants » — le berger, la bergère, le volage
8502 sur les lois d’une plus sûre esthétique. L’emploi de « personnages constants » — le berger, la bergère, le volage, la coqu
8503 thétique. L’emploi de « personnages constants » —  le berger, la bergère, le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à
8504 ’emploi de « personnages constants » — le berger, la bergère, le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à la dialecti
8505  personnages constants » — le berger, la bergère, le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à la dialectique des sent
8506 s constants » — le berger, la bergère, le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à la dialectique des sentiments sa m
8507 — le berger, la bergère, le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à la dialectique des sentiments sa meilleure gara
8508 le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à la dialectique des sentiments sa meilleure garantie de précision, et dis
8509 dialectique des sentiments sa meilleure garantie de précision, et disons même de vérité. Ici c’est l’art et non « la vie 
8510 a meilleure garantie de précision, et disons même de vérité. Ici c’est l’art et non « la vie » qui mène le jeu. Nous somme
8511 de précision, et disons même de vérité. Ici c’est l’ art et non « la vie » qui mène le jeu. Nous sommes en face d’une créat
8512 t disons même de vérité. Ici c’est l’art et non «  la vie » qui mène le jeu. Nous sommes en face d’une création de l’esprit
8513 érité. Ici c’est l’art et non « la vie » qui mène le jeu. Nous sommes en face d’une création de l’esprit, et non d’une con
8514 i mène le jeu. Nous sommes en face d’une création de l’esprit, et non d’une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou
8515 ène le jeu. Nous sommes en face d’une création de l’ esprit, et non d’une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou mo
8516 sommes en face d’une création de l’esprit, et non d’ une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et
8517 ’une création de l’esprit, et non d’une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et de hasards immé
8518 prit, et non d’une confusion de reflets troubles, d’ aveux plus ou moins indiscrets et de hasards immérités (comme sont les
8519 ets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et de hasards immérités (comme sont les romans d’aujourd’hui). En un mot, l
8520 ns indiscrets et de hasards immérités (comme sont les romans d’aujourd’hui). En un mot, l’Astrée est une œuvre. Elle suppos
8521 ts et de hasards immérités (comme sont les romans d’ aujourd’hui). En un mot, l’Astrée est une œuvre. Elle suppose un métie
8522 (comme sont les romans d’aujourd’hui). En un mot, l’ Astrée est une œuvre. Elle suppose un métier savant, et vingt-cinq ans
8523 Elle suppose un métier savant, et vingt-cinq ans d’ application. Le snobisme qui lui fit un succès était mieux averti que
8524 n métier savant, et vingt-cinq ans d’application. Le snobisme qui lui fit un succès était mieux averti que le nôtre. Mais
8525 ieux averti que le nôtre. Mais aussi ce caractère d’ achèvement nous permet de poser une question nette : que vaut le succè
8526 Mais aussi ce caractère d’achèvement nous permet de poser une question nette : que vaut le succès même de l’effort littér
8527 ous permet de poser une question nette : que vaut le succès même de l’effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif,
8528 oser une question nette : que vaut le succès même de l’effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont l’Astrée
8529 r une question nette : que vaut le succès même de l’ effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont l’Astrée rep
8530 e vaut le succès même de l’effort littéraire ? Si l’ on songe au mythe primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes, l’o
8531 ittéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont l’ Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé de constater que chez
8532 nge au mythe primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé de constater que chez d’Urfé le tragique se d
8533 primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes, l’ on est frappé de constater que chez d’Urfé le tragique se dégrade en é
8534 l’Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé de constater que chez d’Urfé le tragique se dégrade en émotion, et le de
8535 les thèmes, l’on est frappé de constater que chez d’ Urfé le tragique se dégrade en émotion, et le destin en machine romane
8536 mes, l’on est frappé de constater que chez d’Urfé le tragique se dégrade en émotion, et le destin en machine romanesque. T
8537 chez d’Urfé le tragique se dégrade en émotion, et le destin en machine romanesque. Tout se réduit à moraliser et à plaire.
8538 éduit à moraliser et à plaire. Faut-il penser que la littérature la plus parfaite, en raison même de sa perfection, n’est
8539 er et à plaire. Faut-il penser que la littérature la plus parfaite, en raison même de sa perfection, n’est qu’un sous-prod
8540 e la littérature la plus parfaite, en raison même de sa perfection, n’est qu’un sous-produit des mystiques créatrices de f
8541 n’est qu’un sous-produit des mystiques créatrices de formes et de mythes ? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever e
8542 ous-produit des mystiques créatrices de formes et de mythes ? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever en tant qu’œuv
8543 rir et s’achever en tant qu’œuvre d’art autonome, l’ épuisement temporaire des sources profondes ? N’est-ce point pour cett
8544 s profondes ? N’est-ce point pour cette cause que la littérature, si fort qu’elle flatte les passions du cœur, n’offre qu’
8545 cause que la littérature, si fort qu’elle flatte les passions du cœur, n’offre qu’une résistance à peu près nulle aux atta
8546 e qu’une résistance à peu près nulle aux attaques de l’esprit réaliste et de ce qu’on nomme l’intérêt civique — comme il a
8547 u’une résistance à peu près nulle aux attaques de l’ esprit réaliste et de ce qu’on nomme l’intérêt civique — comme il appa
8548 u près nulle aux attaques de l’esprit réaliste et de ce qu’on nomme l’intérêt civique — comme il apparaît de nos jours ? A
8549 ttaques de l’esprit réaliste et de ce qu’on nomme l’ intérêt civique — comme il apparaît de nos jours ? Alors que les mysti
8550 qu’on nomme l’intérêt civique — comme il apparaît de nos jours ? Alors que les mystiques et les religions prennent au cont
8551 ique — comme il apparaît de nos jours ? Alors que les mystiques et les religions prennent au contraire une grande vigueur d
8552 pparaît de nos jours ? Alors que les mystiques et les religions prennent au contraire une grande vigueur dans les réfutatio
8553 ons prennent au contraire une grande vigueur dans les réfutations et railleries qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décre
8554 ns et railleries qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’ un décret de l’officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de
8555 ries qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décret de l’officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de Roman — pour
8556 s qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décret de l’ officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de Roman — pour ré
8557 Ce fut assez d’un décret de l’officieux Boileau —  le court Dialogue sur les Héros de Roman — pour réduire au silence et à
8558 et de l’officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de Roman — pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans le
8559 ficieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de Roman — pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans les manuels
8560 les Héros de Roman — pour réduire au silence et à l’ oubli, jusque dans les manuels de notre siècle, la féerie romanesque n
8561 pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans les manuels de notre siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et le
8562 au silence et à l’oubli, jusque dans les manuels de notre siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comiq
8563 l’oubli, jusque dans les manuels de notre siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comique, son parasite1
8564 manuels de notre siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comique, son parasite135. Il n’y eut plus qu’un
8565 uels de notre siècle, la féerie romanesque née de l’ Astrée, et le roman comique, son parasite135. Il n’y eut plus qu’une d
8566 siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comique, son parasite135. Il n’y eut plus qu’une dernière flamm
8567 une dernière flamme, mince et pure, qui s’appelle la Princesse de Clèves. La mort s’y atténue en séparation volontaire, et
8568 ce et pure, qui s’appelle la Princesse de Clèves. La mort s’y atténue en séparation volontaire, et la chevalerie faire pla
8569 La mort s’y atténue en séparation volontaire, et la chevalerie faire place à la vertu qui conclut en faveur du monde…
8570 ration volontaire, et la chevalerie faire place à la vertu qui conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou le mythe com
8571 ui conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou le mythe combattu C’est dans le théâtre classique — donc au cœur même
8572 9.Corneille, ou le mythe combattu C’est dans le théâtre classique — donc au cœur même d’un ordre intolérant — que la
8573 est dans le théâtre classique — donc au cœur même d’ un ordre intolérant — que la passion devait trouver sa revanche la plu
8574 e — donc au cœur même d’un ordre intolérant — que la passion devait trouver sa revanche la plus éclatante. On connaît le
8575 érant — que la passion devait trouver sa revanche la plus éclatante. On connaît le curieux sujet de la Place royale, comé
8576 rouver sa revanche la plus éclatante. On connaît le curieux sujet de la Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor
8577 e la plus éclatante. On connaît le curieux sujet de la Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant d’Angélique
8578 a plus éclatante. On connaît le curieux sujet de la Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant d’Angélique, e
8579 royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant d’ Angélique, et aimé d’elle, « se trouve incommodé d’un amour qui l’atta
8580 désobligeante. Alidor amant d’Angélique, et aimé d’ elle, « se trouve incommodé d’un amour qui l’attache trop » et il veut
8581 ’Angélique, et aimé d’elle, « se trouve incommodé d’ un amour qui l’attache trop » et il veut faire en sorte que sa maîtres
8582 aimé d’elle, « se trouve incommodé d’un amour qui l’ attache trop » et il veut faire en sorte que sa maîtresse se donne à s
8583 rte que sa maîtresse se donne à son ami Cléandre. D’ où l’on conclut généralement que Corneille est le premier auteur qui a
8584 ue sa maîtresse se donne à son ami Cléandre. D’où l’ on conclut généralement que Corneille est le premier auteur qui ait vo
8585 lle est le premier auteur qui ait voulu soumettre la passion à la raison, sinon à la morale. Il serait donc le premier qui
8586 emier auteur qui ait voulu soumettre la passion à la raison, sinon à la morale. Il serait donc le premier qui ait échappé
8587 t voulu soumettre la passion à la raison, sinon à la morale. Il serait donc le premier qui ait échappé à l’emprise du myth
8588 rale. Il serait donc le premier qui ait échappé à l’ emprise du mythe. Le cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se pl
8589 le premier qui ait échappé à l’emprise du mythe. Le cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier acte
8590 qui ait échappé à l’emprise du mythe. Le cas vaut d’ être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier acte : Ce n’est
8591 m’aimant trop qu’elle me fait mourir ; Un moment de froideur, et je pourrais guérir ; Une mauvaise œillade, un peu de jal
8592 parfaite, et sa perfection N’approche point encor de son affection ; Point de refus pour moi, point d’heures inégales ; Ac
8593 n N’approche point encor de son affection ; Point de refus pour moi, point d’heures inégales ; Accablé de faveurs à mon re
8594 de son affection ; Point de refus pour moi, point d’ heures inégales ; Accablé de faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ic
8595 refus pour moi, point d’heures inégales ; Accablé de faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ici la tirade : les premiers v
8596 blé de faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ici la tirade : les premiers vers suffisent à attirer notre méfiance. Quoi,
8597 s suffisent à attirer notre méfiance. Quoi, c’est le bonheur qui serait fatal au repos de cet étrange amant ? Et le malheu
8598 Quoi, c’est le bonheur qui serait fatal au repos de cet étrange amant ? Et le malheur d’être trahi par Angélique le guéri
8599 i serait fatal au repos de cet étrange amant ? Et le malheur d’être trahi par Angélique le guérirait de son amour ? Cet Al
8600 tal au repos de cet étrange amant ? Et le malheur d’ être trahi par Angélique le guérirait de son amour ? Cet Alidor serait
8601 amant ? Et le malheur d’être trahi par Angélique le guérirait de son amour ? Cet Alidor serait un curieux monstre ! Dison
8602 e malheur d’être trahi par Angélique le guérirait de son amour ? Cet Alidor serait un curieux monstre ! Disons plutôt qu’o
8603 isons plutôt qu’on voit trop bien ce qu’il essaie de nous dissimuler. Lui aussi, il ne veut que « brûler » ! Mais il ne pe
8604 ussi, il ne veut que « brûler » ! Mais il ne peut l’ avouer qu’en affirmant le contraire, en affirmant qu’il veut guérir :
8605 ûler » ! Mais il ne peut l’avouer qu’en affirmant le contraire, en affirmant qu’il veut guérir : car on avoue difficilemen
8606 nt qu’il veut guérir : car on avoue difficilement le goût du malheur, à cette époque. « J’ai honte de souffrir les maux do
8607 le goût du malheur, à cette époque. « J’ai honte de souffrir les maux dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc la
8608 malheur, à cette époque. « J’ai honte de souffrir les maux dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc la honte qui es
8609 dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc la honte qui est cause de son mensonge. En vérité, il souffre de l’absen
8610 it-il plus bas. C’est donc la honte qui est cause de son mensonge. En vérité, il souffre de l’absence d’un obstacle entre
8611 est cause de son mensonge. En vérité, il souffre de l’absence d’un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même
8612 t cause de son mensonge. En vérité, il souffre de l’ absence d’un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même. I
8613 son mensonge. En vérité, il souffre de l’absence d’ un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même. Il manque u
8614 i-même. Il manque un « roi Marc » à ce jeu. C’est la situation des amants au terme des trois ans passés dans la forêt. Tri
8615 ion des amants au terme des trois ans passés dans la forêt. Tristan avait le recours de rendre Iseut à son mari. Alidor es
8616 des trois ans passés dans la forêt. Tristan avait le recours de rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint d’inventer u
8617 ns passés dans la forêt. Tristan avait le recours de rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint d’inventer un rival. So
8618 de rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint d’ inventer un rival. Souffrant de ce que plus rien ne le sépare d’Angéli
8619 idor est contraint d’inventer un rival. Souffrant de ce que plus rien ne le sépare d’Angélique, mais honteux d’avouer cett
8620 venter un rival. Souffrant de ce que plus rien ne le sépare d’Angélique, mais honteux d’avouer cette souffrance, il imagin
8621 rival. Souffrant de ce que plus rien ne le sépare d’ Angélique, mais honteux d’avouer cette souffrance, il imagine de se pl
8622 plus rien ne le sépare d’Angélique, mais honteux d’ avouer cette souffrance, il imagine de se plaindre d’être trop enchaîn
8623 ais honteux d’avouer cette souffrance, il imagine de se plaindre d’être trop enchaîné par cette fidélité, — alors qu’on vo
8624 vouer cette souffrance, il imagine de se plaindre d’ être trop enchaîné par cette fidélité, — alors qu’on voit tout au cont
8625 lors qu’on voit tout au contraire qu’il désespère de ne point l’être assez. Il proclame un besoin d’être libre qui traduit
8626 oit tout au contraire qu’il désespère de ne point l’ être assez. Il proclame un besoin d’être libre qui traduit un profond
8627 e de ne point l’être assez. Il proclame un besoin d’ être libre qui traduit un profond désir de n’être plus même en état de
8628 besoin d’être libre qui traduit un profond désir de n’être plus même en état de désirer aucune liberté. C’est ce qui se p
8629 duit un profond désir de n’être plus même en état de désirer aucune liberté. C’est ce qui se passerait si Angélique faisai
8630 est ce qui se passerait si Angélique faisait mine de lui échapper. Mais voyez comme il est habile : Cléandre Vit-on jamai
8631 mme il est habile : Cléandre Vit-on jamais amant de la sorte enflammé Qui se tînt malheureux pour être trop aimé ? Alido
8632 il est habile : Cléandre Vit-on jamais amant de la sorte enflammé Qui se tînt malheureux pour être trop aimé ? Alidor
8633 trop aimé ? Alidor Comptes-tu mon esprit entre les ordinaires ? Penses-tu qu’il s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il
8634 -tu qu’il s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il le prend de haut : méfions-nous. C’est qu’il se dispose à mentir. Il ne
8635 s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il le prend de haut : méfions-nous. C’est qu’il se dispose à mentir. Il ne faut poi
8636 ’il se dispose à mentir. Il ne faut point servir d’ objet qui nous possède ; Il ne faut point nourrir d’amour qui ne nous
8637 objet qui nous possède ; Il ne faut point nourrir d’ amour qui ne nous cède : Je le hais s’il me force : et quand j’aime, j
8638 faut point nourrir d’amour qui ne nous cède : Je le hais s’il me force : et quand j’aime, je veux Que de ma volonté dépen
8639 hais s’il me force : et quand j’aime, je veux Que de ma volonté dépendent tous mes vœux ; Que mon feu m’obéisse, au lieu d
8640 au lieu de me contraindre Que je puisse à mon gré l’ enflammer, et l’éteindre… C’est là le Corneille classique, pensera-t-
8641 ntraindre Que je puisse à mon gré l’enflammer, et l’ éteindre… C’est là le Corneille classique, pensera-t-on : la volonté
8642 e à mon gré l’enflammer, et l’éteindre… C’est là le Corneille classique, pensera-t-on : la volonté triomphant de la passi
8643 C’est là le Corneille classique, pensera-t-on : la volonté triomphant de la passion. Mais la suite de la comédie, même s
8644 e classique, pensera-t-on : la volonté triomphant de la passion. Mais la suite de la comédie, même si nous ignorions les r
8645 lassique, pensera-t-on : la volonté triomphant de la passion. Mais la suite de la comédie, même si nous ignorions les ruse
8646 -t-on : la volonté triomphant de la passion. Mais la suite de la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous
8647 a volonté triomphant de la passion. Mais la suite de la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous ferait bi
8648 olonté triomphant de la passion. Mais la suite de la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous ferait bien
8649 is la suite de la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous ferait bien voir que la vraie volonté du personn
8650 ons les ruses du mythe, nous ferait bien voir que la vraie volonté du personnage est exactement opposée à ces hautaines dé
8651 hautaines déclarations. « Il ne faut point servir d’ objet qui nous possède » signifie en réalité : « Le seul objet qui vai
8652 ’objet qui nous possède » signifie en réalité : «  Le seul objet qui vaille d’être servi, c’est celui qui nous posséderait
8653 signifie en réalité : « Le seul objet qui vaille d’ être servi, c’est celui qui nous posséderait totalement et qui, par sa
8654 e davantage — car c’est là notre gré véritable. » Les deux derniers mots : « … et l’éteindre » étant pur artifice de rhétor
8655 gré véritable. » Les deux derniers mots : « … et l’ éteindre » étant pur artifice de rhétorique, destiné à persuader le le
8656 ers mots : « … et l’éteindre » étant pur artifice de rhétorique, destiné à persuader le lecteur, ou Cléandre, ou Corneille
8657 t pur artifice de rhétorique, destiné à persuader le lecteur, ou Cléandre, ou Corneille lui-même, que c’est la liberté qui
8658 ur, ou Cléandre, ou Corneille lui-même, que c’est la liberté qui est désirée, alors que c’est évidemment le « feu » ; et n
8659 berté qui est désirée, alors que c’est évidemment le « feu » ; et non pas le feu « obéissant »… On s’y trompe aisément, ré
8660 lors que c’est évidemment le « feu » ; et non pas le feu « obéissant »… On s’y trompe aisément, répétons-le. Et Corneille
8661 u « obéissant »… On s’y trompe aisément, répétons- le . Et Corneille a tout fait pour cela. Dans la dédicace de sa pièce, il
8662 tons-le. Et Corneille a tout fait pour cela. Dans la dédicace de sa pièce, il s’adresse en ces termes à un personnage inco
8663 Corneille a tout fait pour cela. Dans la dédicace de sa pièce, il s’adresse en ces termes à un personnage inconnu : C’est
8664 se en ces termes à un personnage inconnu : C’est de vous que j’ai appris que l’amour d’un honnête homme doit être toujour
8665 nage inconnu : C’est de vous que j’ai appris que l’ amour d’un honnête homme doit être toujours volontaire ; qu’on ne doit
8666 onnu : C’est de vous que j’ai appris que l’amour d’ un honnête homme doit être toujours volontaire ; qu’on ne doit jamais
8667 usque-là, c’est une tyrannie dont il faut secouer le joug ; et qu’enfin la personne aimée nous a beaucoup plus d’obligatio
8668 rannie dont il faut secouer le joug ; et qu’enfin la personne aimée nous a beaucoup plus d’obligation de notre amour, alor
8669 t qu’enfin la personne aimée nous a beaucoup plus d’ obligation de notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet de notre
8670 personne aimée nous a beaucoup plus d’obligation de notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet de notre choix et de
8671 gation de notre amour, alors qu’elle est toujours l’ effet de notre choix et de son mérite, que quand elle vient d’une incl
8672 e notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet de notre choix et de son mérite, que quand elle vient d’une inclination
8673 rs qu’elle est toujours l’effet de notre choix et de son mérite, que quand elle vient d’une inclination aveugle, et forcée
8674 otre choix et de son mérite, que quand elle vient d’ une inclination aveugle, et forcée par quelque ascendant de naissance
8675 lination aveugle, et forcée par quelque ascendant de naissance à qui nous ne pouvons résister… On ne donne point ce qu’on
8676 bel et bon. Mais nous n’oublions pas que ce refus de la contrainte fatale, cette liberté qui fait le prix du don, c’est un
8677 et bon. Mais nous n’oublions pas que ce refus de la contrainte fatale, cette liberté qui fait le prix du don, c’est une d
8678 s de la contrainte fatale, cette liberté qui fait le prix du don, c’est une des exigences fondamentales de l’amour courtoi
8679 rix du don, c’est une des exigences fondamentales de l’amour courtois (l’un des articles des Leys d’Amors). Et que cette e
8680 du don, c’est une des exigences fondamentales de l’ amour courtois (l’un des articles des Leys d’Amors). Et que cette exig
8681 que cette exigence est polémique, dirigée contre le mariage. Or Alidor et son amante trop fidèle se trouvent malgré eux d
8682 on amante trop fidèle se trouvent malgré eux dans l’ état de mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour de l
8683 te trop fidèle se trouvent malgré eux dans l’état de mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour de la liber
8684 mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour l’ amour de la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion.
8685 à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour de la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion. À tel
8686 uoi notre héros veut échapper non pour l’amour de la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion. À tel pri
8687 l’amour de la liberté — qu’il allègue — mais pour l’ amour de la passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaîn
8688 de la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes De cr
8689 la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes De crain
8690 tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes De crainte qu’un hymen, m’en ôtant le pouvoir, Fît d’un amour par force
8691 re mes chaînes De crainte qu’un hymen, m’en ôtant le pouvoir, Fît d’un amour par force un amour par devoir. C’est le plus
8692 e crainte qu’un hymen, m’en ôtant le pouvoir, Fît d’ un amour par force un amour par devoir. C’est le plus pur langage cou
8693 d’un amour par force un amour par devoir. C’est le plus pur langage courtois. Mais voyez la curieuse contradiction : aup
8694 . C’est le plus pur langage courtois. Mais voyez la curieuse contradiction : auparavant, il voulait le repos, et maintena
8695 a curieuse contradiction : auparavant, il voulait le repos, et maintenant il craint le mariage qui lui amènerait le repos…
8696 ant, il voulait le repos, et maintenant il craint le mariage qui lui amènerait le repos… Je la veux offenser pour acquéri
8697 maintenant il craint le mariage qui lui amènerait le repos… Je la veux offenser pour acquérir sa haine Tant que j’aurai c
8698 craint le mariage qui lui amènerait le repos… Je la veux offenser pour acquérir sa haine Tant que j’aurai chez elle encor
8699 cquérir sa haine Tant que j’aurai chez elle encor le moindre accès Mes desseins de guérir n’auront point de succès. Ces «
8700 rai chez elle encor le moindre accès Mes desseins de guérir n’auront point de succès. Ces « desseins de guérir » (entendo
8701 indre accès Mes desseins de guérir n’auront point de succès. Ces « desseins de guérir » (entendons : de brûler, donc en f
8702 guérir n’auront point de succès. Ces « desseins de guérir » (entendons : de brûler, donc en fait : sa crainte de guérir 
8703 succès. Ces « desseins de guérir » (entendons : de brûler, donc en fait : sa crainte de guérir !) sont en effet couronné
8704 (entendons : de brûler, donc en fait : sa crainte de guérir !) sont en effet couronnés de succès au cinquième acte. Cornei
8705 : sa crainte de guérir !) sont en effet couronnés de succès au cinquième acte. Corneille l’avoue plus tard, tout en feigna
8706 couronnés de succès au cinquième acte. Corneille l’ avoue plus tard, tout en feignant de s’en étonner, comme il se doit, d
8707 te. Corneille l’avoue plus tard, tout en feignant de s’en étonner, comme il se doit, dans un Examen de sa pièce : Cet amo
8708 de s’en étonner, comme il se doit, dans un Examen de sa pièce : Cet amour de son repos n’empêche point qu’au cinquième ac
8709 se doit, dans un Examen de sa pièce : Cet amour de son repos n’empêche point qu’au cinquième acte (Alidor) ne se montre
8710 tre encore passionné pour cette maîtresse, malgré la résolution qu’il avait prise de s’en défaire, et les trahisons qu’il
8711 maîtresse, malgré la résolution qu’il avait prise de s’en défaire, et les trahisons qu’il lui a faites ; de sorte qu’il se
8712 résolution qu’il avait prise de s’en défaire, et les trahisons qu’il lui a faites ; de sorte qu’il semble ne commencer à l
8713 i a faites ; de sorte qu’il semble ne commencer à l’ aimer que quand il lui a donné sujet de le haïr. L’aveu est complet c
8714 ommencer à l’aimer que quand il lui a donné sujet de le haïr. L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan puremen
8715 encer à l’aimer que quand il lui a donné sujet de le haïr. L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan purement p
8716 aimer que quand il lui a donné sujet de le haïr. L’ aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan purement psychologiq
8717 aïr. L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan purement psychologique où Corneille se place, le sens du mythe q
8718 lan purement psychologique où Corneille se place, le sens du mythe qui gouverne cette action ne peut que lui échapper, et
8719 e logique. « Cela fait, conclut-il, une inégalité de mœurs qui est vicieuse. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement d
8720 mœurs qui est vicieuse. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement de l’auteur sur son dessein réel, pourtant si parfait
8721 euse. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement de l’auteur sur son dessein réel, pourtant si parfaitement mené à chef.
8722 e. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement de l’ auteur sur son dessein réel, pourtant si parfaitement mené à chef. L’e
8723 ssein réel, pourtant si parfaitement mené à chef. L’ essence du mythe de l’amour malheureux, nous le savons, c’est une pass
8724 t si parfaitement mené à chef. L’essence du mythe de l’amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable. L’o
8725 i parfaitement mené à chef. L’essence du mythe de l’ amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable. L’orig
8726 f. L’essence du mythe de l’amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable. L’originalité de Corneille deme
8727 ux, nous le savons, c’est une passion inavouable. L’ originalité de Corneille demeure d’avoir voulu combattre et nier cette
8728 vons, c’est une passion inavouable. L’originalité de Corneille demeure d’avoir voulu combattre et nier cette passion dont
8729 on inavouable. L’originalité de Corneille demeure d’ avoir voulu combattre et nier cette passion dont il vivait, et ce myth
8730 ent ses deux plus belles tragédies : Polyeucte et le Cid. Il a voulu sauver au moins le principe de la liberté, c’est-à-di
8731 : Polyeucte et le Cid. Il a voulu sauver au moins le principe de la liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrif
8732 et le Cid. Il a voulu sauver au moins le principe de la liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrifier toutefoi
8733 le Cid. Il a voulu sauver au moins le principe de la liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrifier toutefois l
8734 au moins le principe de la liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrifier toutefois les effets délicieux et to
8735 moins le principe de la liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrifier toutefois les effets délicieux et tortu
8736 ire de la personne — sans lui sacrifier toutefois les effets délicieux et torturants du fatal « philtre » (ici métaphorique
8737  » (ici métaphorique). Bien mieux : cette volonté de liberté est devenue l’agent le plus efficace de la passion qu’elle pr
8738 Bien mieux : cette volonté de liberté est devenue l’ agent le plus efficace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où l
8739 ux : cette volonté de liberté est devenue l’agent le plus efficace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tensio
8740 é de liberté est devenue l’agent le plus efficace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée de ce
8741 e liberté est devenue l’agent le plus efficace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée de ce « t
8742 efficace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’ où la tension inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme le récitent
8743 ace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et l
8744 ’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et le réciteront toujour
8745 sion inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et le réciteront toujours ceux qui ne sont guère capables de
8746 e ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et le réciteront toujours ceux qui ne sont guère capables de l’aimer… 10
8747 citeront toujours ceux qui ne sont guère capables de l’aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’opposition classique
8748 eront toujours ceux qui ne sont guère capables de l’ aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’opposition classique de
8749 sont guère capables de l’aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’opposition classique de Racine et de Corneille se
8750 de l’aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’ opposition classique de Racine et de Corneille se réduit à ceci toucha
8751 e, ou le mythe déchaîné L’opposition classique de Racine et de Corneille se réduit à ceci touchant le mythe : Racine pa
8752 e déchaîné L’opposition classique de Racine et de Corneille se réduit à ceci touchant le mythe : Racine part du philtre
8753 Racine et de Corneille se réduit à ceci touchant le mythe : Racine part du philtre comme d’un fait indiscutable privant s
8754 touchant le mythe : Racine part du philtre comme d’ un fait indiscutable privant ses victimes de toute espèce de responsab
8755 comme d’un fait indiscutable privant ses victimes de toute espèce de responsabilité : « C’est Vénus tout entière à sa proi
8756 indiscutable privant ses victimes de toute espèce de responsabilité : « C’est Vénus tout entière à sa proie attachée », — 
8757 eut y voir qu’« une tyrannie dont il faut secouer le joug ». D’où l’harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue
8758 qu’« une tyrannie dont il faut secouer le joug ». D’ où l’harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue de l’autre
8759 une tyrannie dont il faut secouer le joug ». D’où l’ harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue de l’autre ; l’
8760 ut secouer le joug ». D’où l’harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue de l’autre ; l’un s’abandonnant au cou
8761 e joug ». D’où l’harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue de l’autre ; l’un s’abandonnant au courant, l’autr
8762 nie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue de l’autre ; l’un s’abandonnant au courant, l’autre lui résistant, bien
8763 n qu’entraîné (ou pour mieux se sentir entraîné…) L’ invitus invitam 136 qui fait le sujet de Bérénice, c’est une formule a
8764 sentir entraîné…) L’invitus invitam 136 qui fait le sujet de Bérénice, c’est une formule antique interprétée par un « mod
8765 ntraîné…) L’invitus invitam 136 qui fait le sujet de Bérénice, c’est une formule antique interprétée par un « moderne » da
8766 rmule antique interprétée par un « moderne » dans la perspective courtoise de l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient
8767 par un « moderne » dans la perspective courtoise de l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle la formule même de
8768 r un « moderne » dans la perspective courtoise de l’ amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle la formule même de not
8769 l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle la formule même de notre mythe. Mais Racine, dans ses premières pièces,
8770 ue malheureux. Ainsi devient-elle la formule même de notre mythe. Mais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit la po
8771 ais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit la portée du mythe à la mesure d’une psychologie exagérément « admissibl
8772 premières pièces, raccourcit la portée du mythe à la mesure d’une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai point
8773 pièces, raccourcit la portée du mythe à la mesure d’ une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai point poussé Bér
8774 on, parce que Bérénice n’ayant pas ici avec Titus les derniers engagements que Didon avait avec Énée, elle n’est pas obligé
8775 it avec Énée, elle n’est pas obligée, comme elle, de renoncer à la vie ». L’on sent tout l’artifice et la faiblesse du « r
8776 elle n’est pas obligée, comme elle, de renoncer à la vie ». L’on sent tout l’artifice et la faiblesse du « raisonnement »
8777 pas obligée, comme elle, de renoncer à la vie ». L’ on sent tout l’artifice et la faiblesse du « raisonnement » qui se voi
8778 omme elle, de renoncer à la vie ». L’on sent tout l’ artifice et la faiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à la p
8779 renoncer à la vie ». L’on sent tout l’artifice et la faiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à la passion de la N
8780 aiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à la passion de la Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sa
8781 « raisonnement » qui se voit opposé à la passion de la Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des m
8782 raisonnement » qui se voit opposé à la passion de la Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des mort
8783 s dans une tragédie, ajoute Racine, il suffit que l’ action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les pa
8784 acine, il suffit que l’action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et q
8785 grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristes
8786 sions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. 
8787 ente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait t
8788 te tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout le plai
8789 tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir
8790  » Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect
8791 « tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect diurne, so
8792 tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect diurne, son r
8793 it tout le plaisir de la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect diurne, son reflet moral dans notre vie d
8794 on aspect diurne, son reflet moral dans notre vie de créatures finies. Il y manque l’aspect nocturne, l’épanouissement mys
8795 l dans notre vie de créatures finies. Il y manque l’ aspect nocturne, l’épanouissement mystique dans la vie infinie de la N
8796 créatures finies. Il y manque l’aspect nocturne, l’ épanouissement mystique dans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce
8797 l’aspect nocturne, l’épanouissement mystique dans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, sym
8798 ne, l’épanouissement mystique dans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, symétriquement, « 
8799 l’épanouissement mystique dans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, symétriquement, « cet
8800 ans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce que l’ on pourrait appeler, symétriquement, « cette joie majestueuse qui fait
8801 iquement, « cette joie majestueuse qui fait toute la douleur du Roman ». Car pour l’atteindre ou seulement la pressentir,
8802 se qui fait toute la douleur du Roman ». Car pour l’ atteindre ou seulement la pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à la
8803 eur du Roman ». Car pour l’atteindre ou seulement la pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à la mort, — cette mort que Ra
8804 ement la pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à la mort, — cette mort que Racine ne juge pas nécessaire. La pudeur class
8805 , — cette mort que Racine ne juge pas nécessaire. La pudeur classique, tant vantée, ne va pas, quoi qu’on dise, sans un ap
8806 sans un appauvrissement métaphysique, générateur de confusions incalculables. Car enfin cette « tristesse » racinienne, s
8807  tristesse » racinienne, si « majestueuse » qu’on la veuille, ainsi bornée à soi, sans au-delà ni renversement dans la joi
8808 i bornée à soi, sans au-delà ni renversement dans la joie, acceptée telle qu’elle est dans le monde du jour, et qualifiée
8809 ent dans la joie, acceptée telle qu’elle est dans le monde du jour, et qualifiée néanmoins de « plaisir », l’on ne voit pa
8810 est dans le monde du jour, et qualifiée néanmoins de « plaisir », l’on ne voit pas en quoi ce serait davantage qu’une moro
8811 e du jour, et qualifiée néanmoins de « plaisir », l’ on ne voit pas en quoi ce serait davantage qu’une morosa delectatio. C
8812 erait davantage qu’une morosa delectatio. Certes, l’ on est fondé à contester la vérité dernière de la croyance mystique (m
8813 sa delectatio. Certes, l’on est fondé à contester la vérité dernière de la croyance mystique (manichéenne) qui est à l’ori
8814 es, l’on est fondé à contester la vérité dernière de la croyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine de la passion
8815 l’on est fondé à contester la vérité dernière de la croyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine de la passion et
8816 e de la croyance mystique (manichéenne) qui est à l’ origine de la passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaî
8817 oyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine de la passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que ce
8818 nce mystique (manichéenne) qui est à l’origine de la passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que cette
8819 manichéenne) qui est à l’origine de la passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que cette croyance donn
8820 amants une justification grandiose. S’ils aiment l’ obstacle et le tourment qui en résulte, c’est que l’obstacle est un ma
8821 stification grandiose. S’ils aiment l’obstacle et le tourment qui en résulte, c’est que l’obstacle est un masque de la mor
8822 obstacle et le tourment qui en résulte, c’est que l’ obstacle est un masque de la mort, et que la mort est le gage d’une tr
8823 ui en résulte, c’est que l’obstacle est un masque de la mort, et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’instant
8824 en résulte, c’est que l’obstacle est un masque de la mort, et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’instant où
8825 t que l’obstacle est un masque de la mort, et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’instant où ce qui était la
8826 acle est un masque de la mort, et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’instant où ce qui était la Nuit se révè
8827 un masque de la mort, et que la mort est le gage d’ une transfiguration, l’instant où ce qui était la Nuit se révèle le Jo
8828 et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’ instant où ce qui était la Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute d
8829 d’une transfiguration, l’instant où ce qui était la Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute d’atteindre cette limite, u
8830 tion, l’instant où ce qui était la Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute d’atteindre cette limite, un Racine se condam
8831 tait la Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute d’ atteindre cette limite, un Racine se condamne et nous condamne à goûte
8832 condamne et nous condamne à goûter une mélancolie de nature essentiellement trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer
8833 une mélancolie de nature essentiellement trouble. L’ Éros courtois voulait nous libérer de la vie matérielle par la mort ;
8834 ent trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer de la vie matérielle par la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier
8835 trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer de la vie matérielle par la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la
8836 ois voulait nous libérer de la vie matérielle par la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais les « pass
8837 ous libérer de la vie matérielle par la mort ; et l’ Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais les « passions excitées
8838 r la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais les « passions excitées » par Racine, cette « tristesse »
8839 l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais les « passions excitées » par Racine, cette « tristesse » à laquelle il n
8840 sait quel « plaisir », cela révèle en définitive d’ assez morbides complaisances à la défaite de l’esprit, à la résignatio
8841 le en définitive d’assez morbides complaisances à la défaite de l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent
8842 itive d’assez morbides complaisances à la défaite de l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet ab
8843 ve d’assez morbides complaisances à la défaite de l’ esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet aband
8844 orbides complaisances à la défaite de l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet abandon au « mal
8845 e de l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’ on pressent que cet abandon au « mal du siècle » (sécularisation de la
8846 cet abandon au « mal du siècle » (sécularisation de la passion) ne peut conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à
8847 t abandon au « mal du siècle » (sécularisation de la passion) ne peut conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à la
8848 conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à la forme de mortification morose — d’autopunition dira Freud — qui se tr
8849 Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à la forme de mortification morose — d’autopunition dira Freud — qui se trouve la m
8850 c’est-à-dire à la forme de mortification morose —  d’ autopunition dira Freud — qui se trouve la mieux adaptée au tempéramen
8851 orose — d’autopunition dira Freud — qui se trouve la mieux adaptée au tempérament romantique. Mais cette conversion-là ne
8852 Mais cette conversion-là ne pourra s’opérer qu’à la faveur d’une crise révélant à Racine lui-même la vraie nature de son
8853 e conversion-là ne pourra s’opérer qu’à la faveur d’ une crise révélant à Racine lui-même la vraie nature de son délire. Ph
8854 la faveur d’une crise révélant à Racine lui-même la vraie nature de son délire. Phèdre est un moment décisif non seulemen
8855 crise révélant à Racine lui-même la vraie nature de son délire. Phèdre est un moment décisif non seulement dans la vie du
8856 . Phèdre est un moment décisif non seulement dans la vie du poète, mais dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de
8857 sif non seulement dans la vie du poète, mais dans l’ évolution du mythe à travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou
8858 u poète, mais dans l’évolution du mythe à travers l’ histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème
8859 is dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort
8860 dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de l’ Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort est
8861 travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort est écarté dans Bérénice par un
8862 l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale
8863 . 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale évidemmen
8864 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale évidemment c
8865 par une « censure » morale évidemment chrétienne d’ origine. Racine ne peut ni ne veut être pleinement lucide. Car sa luci
8866 i ne veut être pleinement lucide. Car sa lucidité l’ obligerait à condamner ce qu’il n’ose chérir que dans son cœur le plus
8867 condamner ce qu’il n’ose chérir que dans son cœur le plus secret, et sans se l’avouer. Mais la crise de sa passion pour un
8868 érir que dans son cœur le plus secret, et sans se l’ avouer. Mais la crise de sa passion pour une femme qui fut peut-être l
8869 on cœur le plus secret, et sans se l’avouer. Mais la crise de sa passion pour une femme qui fut peut-être la Champmeslé, e
8870 e plus secret, et sans se l’avouer. Mais la crise de sa passion pour une femme qui fut peut-être la Champmeslé, et les pre
8871 se de sa passion pour une femme qui fut peut-être la Champmeslé, et les premières atteintes d’une vraie foi vont le pousse
8872 ut-être la Champmeslé, et les premières atteintes d’ une vraie foi vont le pousser comme malgré lui, et plus qu’il n’espéra
8873 , et les premières atteintes d’une vraie foi vont le pousser comme malgré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes de l
8874 algré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait ma
8875 ré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes de l’ aveu. Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait maint
8876 ’espérait, aux extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécess
8877 ux extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y
8878 extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y ait
8879 Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y ait du sang et des morts
8880 des morts dans une tragédie, si elle a pour sujet l’ amour-passion. Seulement, cette mort, il ne la désire pas comme une tr
8881 jet l’amour-passion. Seulement, cette mort, il ne la désire pas comme une transfiguration : il a pris le parti du jour, la
8882 désire pas comme une transfiguration : il a pris le parti du jour, la mort n’est plus que le châtiment de ses trop longue
8883 une transfiguration : il a pris le parti du jour, la mort n’est plus que le châtiment de ses trop longues complaisances. C
8884 l a pris le parti du jour, la mort n’est plus que le châtiment de ses trop longues complaisances. C’est la passion, c’est
8885 arti du jour, la mort n’est plus que le châtiment de ses trop longues complaisances. C’est la passion, c’est sa propre pas
8886 hâtiment de ses trop longues complaisances. C’est la passion, c’est sa propre passion, qu’il châtie en vouant à la mort la
8887 c’est sa propre passion, qu’il châtie en vouant à la mort la fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de so
8888 propre passion, qu’il châtie en vouant à la mort la fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de son sujet
8889 assion, qu’il châtie en vouant à la mort la fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de son sujet antique,
8890 t la fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de son sujet antique, se punit doublement dans Phèdre. D’abor
8891 de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de son sujet antique, se punit doublement dans Phèdre. D’abord en faisan
8892 punit doublement dans Phèdre. D’abord en faisant de l’obstacle un inceste, c’est-à-dire une entrave qu’il n’est plus admi
8893 nit doublement dans Phèdre. D’abord en faisant de l’ obstacle un inceste, c’est-à-dire une entrave qu’il n’est plus admissi
8894 st-à-dire une entrave qu’il n’est plus admissible de vouloir vaincre. L’opinion — à laquelle Racine se montre si sensible 
8895 e qu’il n’est plus admissible de vouloir vaincre. L’ opinion — à laquelle Racine se montre si sensible — l’opinion est touj
8896 inion — à laquelle Racine se montre si sensible — l’ opinion est toujours avec Tristan contre le roi Marc, avec le séducteu
8897 ible — l’opinion est toujours avec Tristan contre le roi Marc, avec le séducteur contre le mari trompé ; elle n’est jamais
8898 st toujours avec Tristan contre le roi Marc, avec le séducteur contre le mari trompé ; elle n’est jamais avec les amants i
8899 stan contre le roi Marc, avec le séducteur contre le mari trompé ; elle n’est jamais avec les amants incestueux. Ensuite,
8900 ur contre le mari trompé ; elle n’est jamais avec les amants incestueux. Ensuite, Racine se punit par personnes interposées
8901 se punit par personnes interposées en refusant à la passion de Phèdre toute réciprocité de la part. d’Hippolyte. Or Phèdr
8902 ar personnes interposées en refusant à la passion de Phèdre toute réciprocité de la part. d’Hippolyte. Or Phèdre était écr
8903 refusant à la passion de Phèdre toute réciprocité de la part. d’Hippolyte. Or Phèdre était écrite pour Champmeslé, qui y t
8904 usant à la passion de Phèdre toute réciprocité de la part. d’Hippolyte. Or Phèdre était écrite pour Champmeslé, qui y tint
8905 a passion de Phèdre toute réciprocité de la part. d’ Hippolyte. Or Phèdre était écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle
8906 r Phèdre était écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle de la reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se
8907 était écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle de la reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se souhait
8908 ait écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle de la reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se souhaite :
8909 insensible au charme mortel… Confondant Phèdre et la femme qu’il aime, il se venge de l’objet de sa passion, et il se démo
8910 ondant Phèdre et la femme qu’il aime, il se venge de l’objet de sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion
8911 ant Phèdre et la femme qu’il aime, il se venge de l’ objet de sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion es
8912 re et la femme qu’il aime, il se venge de l’objet de sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion est condam
8913 cette passion est condamnable sans appel. Mais je l’ ai dit, Racine à l’époque de Phèdre est encore en pleine crise, balanç
8914 ondamnable sans appel. Mais je l’ai dit, Racine à l’ époque de Phèdre est encore en pleine crise, balançant devant la décis
8915 e sans appel. Mais je l’ai dit, Racine à l’époque de Phèdre est encore en pleine crise, balançant devant la décision. D’où
8916 èdre est encore en pleine crise, balançant devant la décision. D’où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la l
8917 re en pleine crise, balançant devant la décision. D’ où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu
8918 pleine crise, balançant devant la décision. D’où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il v
8919 nt devant la décision. D’où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais,
8920 devant la décision. D’où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais, obl
8921 décision. D’où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais, oblige Racine
8922 la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais, oblige Racine à rendre le je
8923 ’il veut servir désormais, oblige Racine à rendre le jeune prince insensible à l’amour de Phèdre. Il déclare donc cet amou
8924 lige Racine à rendre le jeune prince insensible à l’ amour de Phèdre. Il déclare donc cet amour incestueux, encore que cett
8925 ine à rendre le jeune prince insensible à l’amour de Phèdre. Il déclare donc cet amour incestueux, encore que cette reine
8926 ur incestueux, encore que cette reine ne soit que la belle-mère d’Hippolyte. Mais le vieil homme, le Racine naturel, cherc
8927 encore que cette reine ne soit que la belle-mère d’ Hippolyte. Mais le vieil homme, le Racine naturel, cherche à tourner c
8928 reine ne soit que la belle-mère d’Hippolyte. Mais le vieil homme, le Racine naturel, cherche à tourner cette loi sévère qu
8929 e la belle-mère d’Hippolyte. Mais le vieil homme, le Racine naturel, cherche à tourner cette loi sévère qui, condamnant l’
8930 herche à tourner cette loi sévère qui, condamnant l’ inceste, rend impossible la passion. Et voici comment il s’y prend : e
8931 sévère qui, condamnant l’inceste, rend impossible la passion. Et voici comment il s’y prend : en rendant Hippolyte amoureu
8932 ment il s’y prend : en rendant Hippolyte amoureux d’ Aricie, dont on va voir qu’elle est une Phèdre déguisée. Le tour est t
8933 dont on va voir qu’elle est une Phèdre déguisée. Le tour est très subtil. Pour ce qui est du personnage d’Hippolyte, écr
8934 r est très subtil. Pour ce qui est du personnage d’ Hippolyte, écrit-il dans la Préface, j’avais remarqué dans les anciens
8935 qui est du personnage d’Hippolyte, écrit-il dans la Préface, j’avais remarqué dans les anciens qu’on reprochait à Euripid
8936 , écrit-il dans la Préface, j’avais remarqué dans les anciens qu’on reprochait à Euripide de l’avoir représenté comme un ph
8937 rqué dans les anciens qu’on reprochait à Euripide de l’avoir représenté comme un philosophe exempt de toute imperfection :
8938 é dans les anciens qu’on reprochait à Euripide de l’ avoir représenté comme un philosophe exempt de toute imperfection : ce
8939 de l’avoir représenté comme un philosophe exempt de toute imperfection : ce qui faisait que la mort de ce jeune prince ca
8940 exempt de toute imperfection : ce qui faisait que la mort de ce jeune prince causait beaucoup plus d’indignation que de pi
8941 e toute imperfection : ce qui faisait que la mort de ce jeune prince causait beaucoup plus d’indignation que de pitié. J’a
8942 la mort de ce jeune prince causait beaucoup plus d’ indignation que de pitié. J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse
8943 ne prince causait beaucoup plus d’indignation que de pitié. J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse qui le rendrait u
8944 J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse qui le rendrait un peu coupable envers son père, sans pourtant lui rien ôter
8945 able envers son père, sans pourtant lui rien ôter de cette grandeur d’âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, et
8946 re, sans pourtant lui rien ôter de cette grandeur d’ âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, et se laisse opprime
8947 de cette grandeur d’âme avec laquelle il épargne l’ honneur de Phèdre, et se laisse opprimer sans l’accuser. J’appelle fai
8948 grandeur d’âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, et se laisse opprimer sans l’accuser. J’appelle faiblesse la
8949 e l’honneur de Phèdre, et se laisse opprimer sans l’ accuser. J’appelle faiblesse la passion qu’il ressent malgré lui pour
8950 isse opprimer sans l’accuser. J’appelle faiblesse la passion qu’il ressent malgré lui pour Aricie, qui est la fille et la
8951 ion qu’il ressent malgré lui pour Aricie, qui est la fille et la sœur des ennemis mortels de son père. Ainsi donc, Arici
8952 ssent malgré lui pour Aricie, qui est la fille et la sœur des ennemis mortels de son père. Ainsi donc, Aricie, c’est « l
8953 , qui est la fille et la sœur des ennemis mortels de son père. Ainsi donc, Aricie, c’est « l’amour que le Père interdit 
8954 ortels de son père. Ainsi donc, Aricie, c’est «  l’ amour que le Père interdit », — un substitut voilé de l’amour incestue
8955 n père. Ainsi donc, Aricie, c’est « l’amour que le Père interdit », — un substitut voilé de l’amour incestueux137. (La p
8956 mour que le Père interdit », — un substitut voilé de l’amour incestueux137. (La psychanalyse nous a accoutumés à des dégui
8957 r que le Père interdit », — un substitut voilé de l’ amour incestueux137. (La psychanalyse nous a accoutumés à des déguisem
8958 , — un substitut voilé de l’amour incestueux137. ( La psychanalyse nous a accoutumés à des déguisements plus savants !) Mai
8959 es déguisements plus savants !) Mais ce n’est pas l’ inceste, c’est la passion qui intéresse — au sens fort — Racine. L’aut
8960 lus savants !) Mais ce n’est pas l’inceste, c’est la passion qui intéresse — au sens fort — Racine. L’autre moyen qu’il a
8961 n parler voluptueusement, tout en se soumettant à la condamnation, c’est l’argument à toute épreuve du philtre. Ici, comme
8962 t, tout en se soumettant à la condamnation, c’est l’ argument à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans le mythe, le « De
8963 ument à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans le mythe, le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui
8964 ute épreuve du philtre. Ici, comme dans le mythe, le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui aiment, et
8965 . Ici, comme dans le mythe, le « Destin » servira d’ alibi à la responsabilité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle
8966 me dans le mythe, le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle de l’aute
8967 le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle de l’auteur. Ah ! Seigneur
8968 lité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle de l’auteur. Ah ! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée Le cie
8969 é de ceux qui aiment, et du même coup, à celle de l’ auteur. Ah ! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée Le ciel d
8970  ! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée Le ciel de nos raisons ne sait point s’informer. (I, 1.) Ce n’est pas c
8971 eur ! si notre heure est une fois marquée Le ciel de nos raisons ne sait point s’informer. (I, 1.) Ce n’est pas ce ciel-l
8972 ciel-là qu’eût adoré Corneille ! Ni ces dieux que l’ on dupe, et sur qui l’on rejette la faute : Les dieux m’en sont témoi
8973 orneille ! Ni ces dieux que l’on dupe, et sur qui l’ on rejette la faute : Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans
8974 ces dieux que l’on dupe, et sur qui l’on rejette la faute : Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc On
8975 ue l’on dupe, et sur qui l’on rejette la faute : Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc Ont allumé le f
8976 témoins, ces dieux qui dans mon flanc Ont allumé le feu fatal à tout mon sang. (II, 3.) Et voici la servante Œnone qui t
8977 le feu fatal à tout mon sang. (II, 3.) Et voici la servante Œnone qui tient à Phèdre le même langage que la servante Bra
8978 .) Et voici la servante Œnone qui tient à Phèdre le même langage que la servante Brangaine à Isolde : Vous aimez. On ne
8979 ante Œnone qui tient à Phèdre le même langage que la servante Brangaine à Isolde : Vous aimez. On ne peut vaincre sa dest
8980 licité, ai-je dit, mais à tel point essentielle à la pièce, constitutive de la crise même d’où elle est née, qu’il serait
8981 à tel point essentielle à la pièce, constitutive de la crise même d’où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire re
8982 tel point essentielle à la pièce, constitutive de la crise même d’où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire repro
8983 ntielle à la pièce, constitutive de la crise même d’ où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire reproche à son aute
8984 se même d’où elle est née, qu’il serait bien vain d’ en faire reproche à son auteur. Il fallait Phèdre. Il fallait cet affl
8985 the au jour. Il fallait cette douloureuse poussée de la volonté de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossib
8986 au jour. Il fallait cette douloureuse poussée de la volonté de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossible
8987 l fallait cette douloureuse poussée de la volonté de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossible aveu, se re
8988 sée de la volonté de mort cherchant à se délivrer d’ elle-même par l’impossible aveu, se retenant, s’avouant enfin à l’inst
8989 é de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’ impossible aveu, se retenant, s’avouant enfin à l’instant où elle y re
8990 uant enfin à l’instant où elle y renonçait — avec le mouvement même de la reine, à trois reprises138. Il fallait cela pour
8991 tant où elle y renonçait — avec le mouvement même de la reine, à trois reprises138. Il fallait cela pour que l’amour-passi
8992 t où elle y renonçait — avec le mouvement même de la reine, à trois reprises138. Il fallait cela pour que l’amour-passion
8993 ne, à trois reprises138. Il fallait cela pour que l’ amour-passion succombât finalement à la Norme du Jour. Car c’est le jo
8994 a pour que l’amour-passion succombât finalement à la Norme du Jour. Car c’est le jour terrestre qui pour la première fois,
8995 uccombât finalement à la Norme du Jour. Car c’est le jour terrestre qui pour la première fois, depuis l’apparition du myth
8996 jour terrestre qui pour la première fois, depuis l’ apparition du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de l’amante,
8997 s l’apparition du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de
8998 ’apparition du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Ro
8999 ion du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo : E
9000 du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de l’ amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo : Et l
9001 triomphe de la mort de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant
9002 mort de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant la clarté Rend
9003 te, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant la clarté Rend au jour qu’il
9004 toute la dialectique de Tristan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant la clarté Rend au jour qu’ils souillaient t
9005 tan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant la clarté Rend au jour qu’ils souillaient toute sa pureté. — Elle expir
9006 ient toute sa pureté. — Elle expire, Seigneur ! — D’ une action si noire Que ne peut avec elle expirer la mémoire ! Malgr
9007 ne action si noire Que ne peut avec elle expirer la mémoire ! Malgré tout, — malgré même ce dernier trait que Racine a s
9008 que je puis assurer, c’est que je n’ai point fait de tragédie où la vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ; les m
9009 urer, c’est que je n’ai point fait de tragédie où la vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ; les moindres fautes
9010 vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ; les moindres fautes y sont sévèrement punies : la seule pensée du crime y
9011  ; les moindres fautes y sont sévèrement punies : la seule pensée du crime y est regardée avec autant d’horreur que le cri
9012 seule pensée du crime y est regardée avec autant d’ horreur que le crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour d
9013 du crime y est regardée avec autant d’horreur que le crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faibl
9014 egardée avec autant d’horreur que le crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passi
9015 tant d’horreur que le crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont p
9016 t d’horreur que le crime même ; les faiblesses de l’ amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont prés
9017 e même ; les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont présentées aux yeux que pou
9018 de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont présentées aux yeux que pour démontrer tout le déso
9019 sont présentées aux yeux que pour démontrer tout le désordre dont elles sont cause… On est loin du dessein d’« exciter l
9020 re dont elles sont cause… On est loin du dessein d’ « exciter les passions » pour « plaire » à un besoin de « tristesse ma
9021 s sont cause… On est loin du dessein d’« exciter les passions » pour « plaire » à un besoin de « tristesse majestueuse ».
9022 xciter les passions » pour « plaire » à un besoin de « tristesse majestueuse ». On est tout près de Port-Royal. Racine, c
9023 ès de Port-Royal. Racine, comme Pétrarque, était de la race des troubadours qui trahissent l’Amour pour l’amour : presque
9024 de Port-Royal. Racine, comme Pétrarque, était de la race des troubadours qui trahissent l’Amour pour l’amour : presque to
9025 , était de la race des troubadours qui trahissent l’ Amour pour l’amour : presque tous ont fini en religion. Mais notons-le
9026 race des troubadours qui trahissent l’Amour pour l’ amour : presque tous ont fini en religion. Mais notons-le : dans une r
9027  : presque tous ont fini en religion. Mais notons- le  : dans une religion de retraite, — dernière injure peut-être au jour
9028 i en religion. Mais notons-le : dans une religion de retraite, — dernière injure peut-être au jour intolérable… 12.Écli
9029 Malgré Corneille, malgré Racine jusqu’à Phèdre, la fin du xviie siècle français souffre ou bénéficie, comme on voudra,
9030 e français souffre ou bénéficie, comme on voudra, d’ une première éclipse du mythe dans les mœurs et la philosophie. La mis
9031 e on voudra, d’une première éclipse du mythe dans les mœurs et la philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au p
9032 d’une première éclipse du mythe dans les mœurs et la philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de la so
9033 clipse du mythe dans les mœurs et la philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de la société féodale pa
9034 . La mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de la société féodale par l’État-roi, entraîne des modifications assez p
9035 a mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de la société féodale par l’État-roi, entraîne des modifications assez prof
9036 e pas dire mise au pas) de la société féodale par l’ État-roi, entraîne des modifications assez profondes dans les relation
9037 , entraîne des modifications assez profondes dans les relations sentimentales et les coutumes. Le mariage redevient l’insti
9038 sez profondes dans les relations sentimentales et les coutumes. Le mariage redevient l’institution de base : il atteint un
9039 dans les relations sentimentales et les coutumes. Le mariage redevient l’institution de base : il atteint un point d’équil
9040 ntimentales et les coutumes. Le mariage redevient l’ institution de base : il atteint un point d’équilibre où les siècles s
9041 les coutumes. Le mariage redevient l’institution de base : il atteint un point d’équilibre où les siècles suivants auront
9042 vient l’institution de base : il atteint un point d’ équilibre où les siècles suivants auront grand-peine à se maintenir, e
9043 tion de base : il atteint un point d’équilibre où les siècles suivants auront grand-peine à se maintenir, et que les siècle
9044 uivants auront grand-peine à se maintenir, et que les siècles précédents n’ont pas connu. Les « alliances » privées se trai
9045 r, et que les siècles précédents n’ont pas connu. Les « alliances » privées se traitent dans les formes, ni plus ni moins q
9046 connu. Les « alliances » privées se traitent dans les formes, ni plus ni moins qu’entre parties diplomatiques. L’inclinatio
9047 ni plus ni moins qu’entre parties diplomatiques. L’ inclination réelle ou supposée n’y ajoute guère qu’un élément d’exquis
9048 réelle ou supposée n’y ajoute guère qu’un élément d’ exquise perfection, de luxe heureux, dernière touche d’une fantaisie q
9049 ajoute guère qu’un élément d’exquise perfection, de luxe heureux, dernière touche d’une fantaisie qui sent presque l’impe
9050 uise perfection, de luxe heureux, dernière touche d’ une fantaisie qui sent presque l’impertinence. (Le xviiie la jugera v
9051 dernière touche d’une fantaisie qui sent presque l’ impertinence. (Le xviiie la jugera vite de mauvais goût.) La convenan
9052 d’une fantaisie qui sent presque l’impertinence. ( Le xviiie la jugera vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et l
9053 isie qui sent presque l’impertinence. (Le xviiie la jugera vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et la conformit
9054 resque l’impertinence. (Le xviiie la jugera vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et la conformité des « qualité
9055 nce. (Le xviiie la jugera vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et la conformité des « qualités » devient la mes
9056 vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et la conformité des « qualités » devient la mesure idéale du bon mariage :
9057 s rangs et la conformité des « qualités » devient la mesure idéale du bon mariage : curieuse analogie avec la Chine. Et de
9058 re idéale du bon mariage : curieuse analogie avec la Chine. Et de fait, c’est à partir de ce xviie siècle « rationnel » q
9059 bon mariage : curieuse analogie avec la Chine. Et de fait, c’est à partir de ce xviie siècle « rationnel » que nos mœurs
9060 œurs se séparent des croyances religieuses (comme l’ avait proposé Confucius) et, sans que nul paraisse y prendre garde, se
9061 nul paraisse y prendre garde, se rangent aux lois de la raison du siècle, reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et no
9062 paraisse y prendre garde, se rangent aux lois de la raison du siècle, reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et non p
9063 rangent aux lois de la raison du siècle, reniant l’ absolu chrétien. Les « mérites » et non plus la grâce imprévisible déc
9064 e la raison du siècle, reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et non plus la grâce imprévisible décident désormais d’un
9065 nt l’absolu chrétien. Les « mérites » et non plus la grâce imprévisible décident désormais d’une union, et rendront seuls
9066 non plus la grâce imprévisible décident désormais d’ une union, et rendront seuls « aimable » un parti soigneusement raison
9067 mable » un parti soigneusement raisonné. Triomphe de la morale jésuite. C’est le baroque classique qui vient emprisonner,
9068 le » un parti soigneusement raisonné. Triomphe de la morale jésuite. C’est le baroque classique qui vient emprisonner, dan
9069 nt raisonné. Triomphe de la morale jésuite. C’est le baroque classique qui vient emprisonner, dans l’artifice de ses pompe
9070 le baroque classique qui vient emprisonner, dans l’ artifice de ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de la pass
9071 classique qui vient emprisonner, dans l’artifice de ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de la passion telle q
9072 vient emprisonner, dans l’artifice de ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de la passion telle que la conduit u
9073 artifice de ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’ analyse de la passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction
9074 e ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de la passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction à des caté
9075 es pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de la passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction à des catégor
9076 nt. Aussi bien, l’analyse de la passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction à des catégories psychologiques ne
9077 tement distinctes, à des hiérarchies rationnelles de qualités, mérites et facultés, devait-elle aboutir nécessairement à l
9078 et facultés, devait-elle aboutir nécessairement à la dissolution du mythe et de son dynamisme originel. C’est que le mythe
9079 outir nécessairement à la dissolution du mythe et de son dynamisme originel. C’est que le mythe ne déploie son empire que
9080 du mythe et de son dynamisme originel. C’est que le mythe ne déploie son empire que là précisément où s’évanouissent tout
9081 mpire que là précisément où s’évanouissent toutes les catégories morales, — par-delà le Bien et le Mal, dans le transport,
9082 uissent toutes les catégories morales, — par-delà le Bien et le Mal, dans le transport, et dans la transgression du domain
9083 tes les catégories morales, — par-delà le Bien et le Mal, dans le transport, et dans la transgression du domaine où vaut l
9084 ories morales, — par-delà le Bien et le Mal, dans le transport, et dans la transgression du domaine où vaut la morale. ⁂ L
9085 elà le Bien et le Mal, dans le transport, et dans la transgression du domaine où vaut la morale. ⁂ Le cas de Spinoza mérit
9086 port, et dans la transgression du domaine où vaut la morale. ⁂ Le cas de Spinoza mériterait un chapitre, mais son influenc
9087 la transgression du domaine où vaut la morale. ⁂ Le cas de Spinoza mériterait un chapitre, mais son influence sur les mœu
9088 nsgression du domaine où vaut la morale. ⁂ Le cas de Spinoza mériterait un chapitre, mais son influence sur les mœurs ne s
9089 za mériterait un chapitre, mais son influence sur les mœurs ne s’est guère fait sentir que deux siècles plus tard. (Il a fa
9090 entir que deux siècles plus tard. (Il a fallu que les philosophes du Sturm und Drang le traduisissent en allemand pour les
9091 Il a fallu que les philosophes du Sturm und Drang le traduisissent en allemand pour les poètes, qui l’ont traduit en métap
9092 Sturm und Drang le traduisissent en allemand pour les poètes, qui l’ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimenta
9093 le traduisissent en allemand pour les poètes, qui l’ ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimentaux, et cela don
9094 les poètes, qui l’ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimentaux, et cela donne finalement tout un verbiage sur
9095 ux, et cela donne finalement tout un verbiage sur la divinité des impressions champêtres du dimanche.) Spinoza définit l’a
9096 ressions champêtres du dimanche.) Spinoza définit l’ amour : un sentiment de joie accompagné de l’idée d’une cause extérieu
9097 dimanche.) Spinoza définit l’amour : un sentiment de joie accompagné de l’idée d’une cause extérieure. C’est juste en un s
9098 définit l’amour : un sentiment de joie accompagné de l’idée d’une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs
9099 init l’amour : un sentiment de joie accompagné de l’ idée d’une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs le
9100 amour : un sentiment de joie accompagné de l’idée d’ une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs le seul p
9101 xtérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs le seul prévu par ce mystique : si la cause extérieure est un Dieu auque
9102 as, d’ailleurs le seul prévu par ce mystique : si la cause extérieure est un Dieu auquel notre âme pourrait s’identifier13
9103 pourrait s’identifier139. Mais Spinoza néglige «  l’ obstacle ». Dans le fait, nos passions humaines sont toujours liées à
9104 ier139. Mais Spinoza néglige « l’obstacle ». Dans le fait, nos passions humaines sont toujours liées à des passions contra
9105 ine, et nos plaisirs à nos douleurs. Il n’est pas de cause isolée qui nous détermine purement. Entre la joie et sa cause e
9106 e cause isolée qui nous détermine purement. Entre la joie et sa cause extérieure, il y a toujours quelque séparation et qu
9107 toujours quelque séparation et quelque obstacle : la société, le péché, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de l
9108 lque séparation et quelque obstacle : la société, le péché, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient l’ar
9109 ation et quelque obstacle : la société, le péché, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur de la
9110 hé, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union
9111 , notre corps, notre moi distinct. Et de là vient l’ ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se li
9112 orps, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se lie indisso
9113 s, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se lie indissolub
9114 stinct. Et de là vient l’ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se lie indissolublement au désir
9115 vient l’ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui
9116 ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’ union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui libère. C
9117 r d’union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui libère. C’est parce que la passion n’existe pas sans la d
9118 ’union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui libère. C’est parce que la passion n’existe pas sans la doul
9119 t au désir de la mort qui libère. C’est parce que la passion n’existe pas sans la douleur qu’elle nous rend désirable notr
9120 ère. C’est parce que la passion n’existe pas sans la douleur qu’elle nous rend désirable notre perte. Écoutons la Religieu
9121 qu’elle nous rend désirable notre perte. Écoutons la Religieuse portugaise, Mariana Alcoforado, comme elle écrit à l’homme
9122 ortugaise, Mariana Alcoforado, comme elle écrit à l’ homme qui l’a séduite : « Je vous rends grâces du fond de mon cœur pou
9123 ariana Alcoforado, comme elle écrit à l’homme qui l’ a séduite : « Je vous rends grâces du fond de mon cœur pour la désespé
9124 qui l’a séduite : « Je vous rends grâces du fond de mon cœur pour la désespérance où vous m’avez jetée, et méprise le rep
9125 : « Je vous rends grâces du fond de mon cœur pour la désespérance où vous m’avez jetée, et méprise le repos où je vivais,
9126 la désespérance où vous m’avez jetée, et méprise le repos où je vivais, avant de vous avoir connu… Adieu ! Aimez-moi donc
9127 eu ! Aimez-moi donc toujours, faites-moi souffrir de pires douleurs encore ! » Vers la fin du xviiie siècle, c’est une au
9128 es-moi souffrir de pires douleurs encore ! » Vers la fin du xviiie siècle, c’est une autre femme qui dira : « Je vous aim
9129 dira : « Je vous aime comme on doit aimer : dans le désespoir » (Julie de Lespinasse). ⁂ Mais le xviiie siècle avant Rou
9130 dans le désespoir » (Julie de Lespinasse). ⁂ Mais le xviiie siècle avant Rousseau, c’est vraiment l’éclipse totale du Sol
9131 le xviiie siècle avant Rousseau, c’est vraiment l’ éclipse totale du Soleil noir de la Mélancolie. Les « qualités » et le
9132 u, c’est vraiment l’éclipse totale du Soleil noir de la Mélancolie. Les « qualités » et les « mérites » qui rendent « aima
9133 c’est vraiment l’éclipse totale du Soleil noir de la Mélancolie. Les « qualités » et les « mérites » qui rendent « aimable
9134 l’éclipse totale du Soleil noir de la Mélancolie. Les « qualités » et les « mérites » qui rendent « aimable », selon les ro
9135 Soleil noir de la Mélancolie. Les « qualités » et les « mérites » qui rendent « aimable », selon les roués de la Régence et
9136 et les « mérites » qui rendent « aimable », selon les roués de la Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordr
9137 érites » qui rendent « aimable », selon les roués de la Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral,
9138 tes » qui rendent « aimable », selon les roués de la Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral, mai
9139 able », selon les roués de la Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral, mais intellectuel et physi
9140 égence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ ordre moral, mais intellectuel et physique. La distinction de l’esprit
9141 ême d’ordre moral, mais intellectuel et physique. La distinction de l’esprit et de la chair, succédant à la séparation de
9142 al, mais intellectuel et physique. La distinction de l’esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de
9143 mais intellectuel et physique. La distinction de l’ esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’â
9144 ectuel et physique. La distinction de l’esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’âme croyante,
9145 uel et physique. La distinction de l’esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’âme croyante, ab
9146 stinction de l’esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être
9147 ’esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligen
9148 prit et de la chair, succédant à la séparation de l’ esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence
9149 a chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence et en sexe.
9150 hair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’ âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence et en sexe. À v
9151 l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’ être en intelligence et en sexe. À vrai dire, tout obstacle détruit, l
9152 e et en sexe. À vrai dire, tout obstacle détruit, la passion n’a plus où se prendre. Et l’on parle de « passionnettes ». L
9153 le détruit, la passion n’a plus où se prendre. Et l’ on parle de « passionnettes ». Le dieu d’Amour n’est plus un dur desti
9154 la passion n’a plus où se prendre. Et l’on parle de « passionnettes ». Le dieu d’Amour n’est plus un dur destin mais un e
9155 ù se prendre. Et l’on parle de « passionnettes ». Le dieu d’Amour n’est plus un dur destin mais un enfant impertinent. Pre
9156 ndre. Et l’on parle de « passionnettes ». Le dieu d’ Amour n’est plus un dur destin mais un enfant impertinent. Presque plu
9157 ant impertinent. Presque plus rien n’est défendu. De la pudeur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour la rhétoriqu
9158 impertinent. Presque plus rien n’est défendu. De la pudeur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour la rhétorique d
9159 ur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour la rhétorique du désir, mais non plus même pour celle de l’amour. « Bell
9160 hétorique du désir, mais non plus même pour celle de l’amour. « Belle vertu, dit Mme d’Épinay, qu’on s’attache avec des ép
9161 orique du désir, mais non plus même pour celle de l’ amour. « Belle vertu, dit Mme d’Épinay, qu’on s’attache avec des éping
9162 citées par hasard : « Amour vous point », disait la rhétorique. Un peu plus tard, le sang coulera sous la Terreur ; mais
9163 point », disait la rhétorique. Un peu plus tard, le sang coulera sous la Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à la «
9164 hétorique. Un peu plus tard, le sang coulera sous la Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à la « guerre en dentelles 
9165 us la Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à la « guerre en dentelles ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui
9166 re qu’à la « guerre en dentelles ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se guéri
9167 qu’à la « guerre en dentelles ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se guérir d
9168 es ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes de ce
9169 ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes de ce te
9170 santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. «  Les femmes de ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec la tê
9171 elle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes de ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec la tête », dit
9172 mythe. « Les femmes de ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec la tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauché
9173 emps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec la tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées de l’esprit », ajoute Wa
9174 as avec le cœur, elles aiment avec la tête », dit l’ abbé Galiani. Des « débauchées de l’esprit », ajoute Walpole, donnant
9175 c la tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées de l’esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être la meilleure formule du
9176 a tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées de l’ esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être la meilleure formule du do
9177 de l’esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être la meilleure formule du don-juanisme féminin. Car c’est la femme qui rêv
9178 lleure formule du don-juanisme féminin. Car c’est la femme qui rêve Don Juan, et s’il se trouve pour incarner ce rêve des
9179 des Richelieu et des Casanova, je suis moins sûr de leur réalité que de celle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncou
9180 s Casanova, je suis moins sûr de leur réalité que de celle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncourt l’ont très bien a
9181 ins sûr de leur réalité que de celle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncourt l’ont très bien aperçu dans leur ouvrage
9182 ité que de celle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncourt l’ont très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur la fe
9183 lle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncourt l’ ont très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur la femme au xviii
9184 très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur la femme au xviiie siècle : « Au lieu de lui donner les satisfactions d
9185 femme au xviiie siècle : « Au lieu de lui donner les satisfactions de l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’am
9186 iècle : « Au lieu de lui donner les satisfactions de l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’
9187 le : « Au lieu de lui donner les satisfactions de l’ amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inq
9188 ui donner les satisfactions de l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse
9189 donner les satisfactions de l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’
9190 isfactions de l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai
9191 e l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’ amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai, de tentati
9192 r sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai, de tentatives en t
9193 t de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’ inquiétudes, la pousse d’essai en essai, de tentatives en tentatives,
9194 ans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai, de tentatives en tentatives, agitant devant
9195 upté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’ essai en essai, de tentatives en tentatives, agitant devant elle, à me
9196 emplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai, de tentatives en tentatives, agitant devant elle, à mesure qu’elle fait
9197 t elle, à mesure qu’elle fait un nouveau pas dans la honte, la tentation des corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal
9198 mesure qu’elle fait un nouveau pas dans la honte, la tentation des corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal, le capri
9199 ntation des corruptions spirituelles, un mensonge d’ idéal, le caprice insaisissable des rêves de la débauche. » Un « menso
9200 es corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal, le caprice insaisissable des rêves de la débauche. » Un « mensonge d’idé
9201 songe d’idéal, le caprice insaisissable des rêves de la débauche. » Un « mensonge d’idéal », c’est bien à quoi se résumera
9202 ge d’idéal, le caprice insaisissable des rêves de la débauche. » Un « mensonge d’idéal », c’est bien à quoi se résumera to
9203 issable des rêves de la débauche. » Un « mensonge d’ idéal », c’est bien à quoi se résumera toujours la réaction cynique co
9204 d’idéal », c’est bien à quoi se résumera toujours la réaction cynique contre le mythe. Nous en avons donné plus d’un exemp
9205 i se résumera toujours la réaction cynique contre le mythe. Nous en avons donné plus d’un exemple. Le xviiie est trop pol
9206 cynique contre le mythe. Nous en avons donné plus d’ un exemple. Le xviiie est trop poli pour admettre la gauloiserie : il
9207 le mythe. Nous en avons donné plus d’un exemple. Le xviiie est trop poli pour admettre la gauloiserie : il la remplace p
9208 n exemple. Le xviiie est trop poli pour admettre la gauloiserie : il la remplace par une affectation de facilité voluptue
9209 est trop poli pour admettre la gauloiserie : il la remplace par une affectation de facilité voluptueuse. Cette boutade q
9210 gauloiserie : il la remplace par une affectation de facilité voluptueuse. Cette boutade qui réduit tout l’amour au contac
9211 cilité voluptueuse. Cette boutade qui réduit tout l’ amour au contact de deux épidermes, j’y vois bien moins l’affirmation
9212 Cette boutade qui réduit tout l’amour au contact de deux épidermes, j’y vois bien moins l’affirmation d’un matérialisme i
9213 au contact de deux épidermes, j’y vois bien moins l’ affirmation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve de la secrète per
9214 deux épidermes, j’y vois bien moins l’affirmation d’ un matérialisme inhumain qu’une preuve de la secrète persistance du my
9215 irmation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve de la secrète persistance du mythe au cœur des hommes du xviiie . Il fal
9216 ation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve de la secrète persistance du mythe au cœur des hommes du xviiie . Il fallai
9217 viiie . Il fallait bien que subsistât quelque peu d’ illusion amoureuse et d’idéalisme diffus, pour que Chamfort ait pu jug
9218 que subsistât quelque peu d’illusion amoureuse et d’ idéalisme diffus, pour que Chamfort ait pu juger « piquant » de noter
9219 iffus, pour que Chamfort ait pu juger « piquant » de noter cette maxime et de la publier. Cela pouvait encore étonner. Ce
9220 ait pu juger « piquant » de noter cette maxime et de la publier. Cela pouvait encore étonner. Ce n’était encore, et ce ne
9221 pu juger « piquant » de noter cette maxime et de la publier. Cela pouvait encore étonner. Ce n’était encore, et ce ne ser
9222 13.Don Juan et Sade Comme on voit, en fermant les yeux, une statue noire à la place de la blanche que l’on vient de con
9223 fermant les yeux, une statue noire à la place de la blanche que l’on vient de considérer, l’éclipse du mythe devait faire
9224 ux, une statue noire à la place de la blanche que l’ on vient de considérer, l’éclipse du mythe devait faire apparaître l’a
9225 place de la blanche que l’on vient de considérer, l’ éclipse du mythe devait faire apparaître l’antithèse absolue de Trista
9226 dérer, l’éclipse du mythe devait faire apparaître l’ antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, u
9227 mythe devait faire apparaître l’antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, une invention du xvii
9228 ce siècle a-t-il joué par rapport à ce personnage le rôle exact de Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine man
9229 il joué par rapport à ce personnage le rôle exact de Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine manichéenne : c’e
9230 personnage le rôle exact de Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine manichéenne : c’est lui qui a donné sa fig
9231 exact de Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine manichéenne : c’est lui qui a donné sa figure au Tenorio de
9232 imprimé pour toujours ces deux traits si typiques de l’époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfait
9233 rimé pour toujours ces deux traits si typiques de l’ époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfaite d
9234 oujours ces deux traits si typiques de l’époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfaite des deux ver
9235 x traits si typiques de l’époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de l’amour
9236 esse. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de l’amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble q
9237 e. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de l’ amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble que
9238 rfaite des deux vertus de l’amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble que la fascination qu’exerce
9239 x vertus de l’amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble que la fascination qu’exerce sur le cœur d
9240 : la candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble que la fascination qu’exerce sur le cœur des femmes et sur l’esprit de certa
9241 . ⁂ Il me semble que la fascination qu’exerce sur le cœur des femmes et sur l’esprit de certains hommes le personnage myth
9242 scination qu’exerce sur le cœur des femmes et sur l’ esprit de certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’ex
9243 qu’exerce sur le cœur des femmes et sur l’esprit de certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer p
9244 œur des femmes et sur l’esprit de certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer par sa nature infini
9245 ’esprit de certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer par sa nature infiniment contradictoire. Do
9246 iniment contradictoire. Don Juan, c’est à la fois l’ espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’esprit pur dans sa dan
9247 ictoire. Don Juan, c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-d
9248 an, c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer
9249 c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de l’ instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer de
9250 s l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’ esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer des possibles. C’
9251 , et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer des possibles. C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est auss
9252 t l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer des possibles. C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est aussi l
9253 éperdue au-dessus de la mer des possibles. C’est l’ infidélité perpétuelle, mais c’est aussi la perpétuelle recherche d’un
9254 C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est aussi la perpétuelle recherche d’une femme unique, jamais rejointe par l’erreu
9255 tuelle, mais c’est aussi la perpétuelle recherche d’ une femme unique, jamais rejointe par l’erreur inlassable du désir. C’
9256 recherche d’une femme unique, jamais rejointe par l’ erreur inlassable du désir. C’est l’insolente avidité d’une jeunesse r
9257 rejointe par l’erreur inlassable du désir. C’est l’ insolente avidité d’une jeunesse renouvelée à chaque rencontre, et c’e
9258 ur inlassable du désir. C’est l’insolente avidité d’ une jeunesse renouvelée à chaque rencontre, et c’est aussi la secrète
9259 sse renouvelée à chaque rencontre, et c’est aussi la secrète faiblesse de celui qui ne peut pas posséder, parce qu’il n’es
9260 ue rencontre, et c’est aussi la secrète faiblesse de celui qui ne peut pas posséder, parce qu’il n’est pas assez pour avoi
9261 mieux réserver pour plus tard140. Considérons ici le Don Juan du théâtre141 comme le reflet inversé de Tristan. Le contras
9262 . Considérons ici le Don Juan du théâtre141 comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans l’allure ext
9263 le Don Juan du théâtre141 comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans l’allure extérieure des person
9264 du théâtre141 comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans l’allure extérieure des personnages, dans
9265 inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans l’ allure extérieure des personnages, dans leur rythme. On imagine Don Ju
9266 course. Au contraire, Tristan vient en scène avec l’ espèce de lenteur somnambulique de celui qu’hypnotise un objet merveil
9267 u contraire, Tristan vient en scène avec l’espèce de lenteur somnambulique de celui qu’hypnotise un objet merveilleux, don
9268 t en scène avec l’espèce de lenteur somnambulique de celui qu’hypnotise un objet merveilleux, dont il n’aura jamais épuisé
9269 n objet merveilleux, dont il n’aura jamais épuisé la richesse. L’un posséda mille et trois femmes, l’autre une seule femme
9270 trois femmes, l’autre une seule femme. Mais c’est la multiplicité qui est pauvre, tandis que dans un être unique et posséd
9271 uvre, tandis que dans un être unique et possédé à l’ infini se concentre le monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde,
9272 un être unique et possédé à l’infini se concentre le monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde, — parce qu’il aime !
9273 n, toujours aimé, ne peut jamais aimer en retour. D’ où son angoisse et sa course éperdue. L’un recherche dans l’acte d’amo
9274 ngoisse et sa course éperdue. L’un recherche dans l’ acte d’amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restan
9275 et sa course éperdue. L’un recherche dans l’acte d’ amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restant chast
9276 ourse éperdue. L’un recherche dans l’acte d’amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restant chaste la « p
9277 ue. L’un recherche dans l’acte d’amour la volupté d’ une profanation, l’autre accomplit en restant chaste la « prouesse » d
9278 profanation, l’autre accomplit en restant chaste la « prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est le viol, et
9279 it en restant chaste la « prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoir
9280 t chaste la « prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abando
9281 sse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le terrain, il
9282 de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle de l’amou
9283 , et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle de l’amour courtois faisait du viol
9284 ictoire, il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle de l’amour courtois faisait du viol précisément le crime des cr
9285 il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle de l’amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la
9286 abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle de l’ amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la fél
9287 e de l’amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la félonie sans rémission ; et de l’hommage un enga
9288 faisait du viol précisément le crime des crimes, la félonie sans rémission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à la mor
9289 crime des crimes, la félonie sans rémission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime
9290 ime des crimes, la félonie sans rémission ; et de l’ hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime en
9291 rémission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime en soi, et par là se rend tributair
9292 un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont il abuse
9293 ime le crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont il abuse. Il a grand besoin qu’elle existe pour trouve
9294 le crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont il abuse. Il a grand besoin qu’elle existe pour trouver g
9295 a grand besoin qu’elle existe pour trouver goût à la violer. Tristan, lui, se voit libéré du jeu des règles, des péchés et
9296 du jeu des règles, des péchés et des vertus, par la grâce d’une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ra
9297 es règles, des péchés et des vertus, par la grâce d’ une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ramène à ce
9298 s vertus, par la grâce d’une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan e
9299 par la grâce d’une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le dém
9300 r la grâce d’une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon
9301 tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le
9302 ramène à cette opposition : Don Juan est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de
9303 ène à cette opposition : Don Juan est le démon de l’ immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de la
9304 tion : Don Juan est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de la sensation de plus
9305 ence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de la sensation de plus en plus décevante et méprisable — quan
9306 le prisonnier des apparences du monde, le martyr de la sensation de plus en plus décevante et méprisable — quand Tristan
9307 prisonnier des apparences du monde, le martyr de la sensation de plus en plus décevante et méprisable — quand Tristan est
9308 plus décevante et méprisable — quand Tristan est le prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravisse
9309 e et méprisable — quand Tristan est le prisonnier d’ un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mu
9310 Tristan est le prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort
9311 stan est le prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. O
9312 le prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut no
9313 ier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’ un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut noter encore
9314 martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très haut,
9315 eci : Don Juan plaisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozar
9316 laisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozart, rachetant par
9317 , provoque la mort lorsque le Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozart, rachetant par cet ultime défi des lâ
9318 e le Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozart, rachetant par cet ultime défi des lâchetés qui eussent déshon
9319 ourageux, n’abdique au contraire son orgueil qu’à l’ approche de la mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : to
9320 ’abdique au contraire son orgueil qu’à l’approche de la mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont
9321 dique au contraire son orgueil qu’à l’approche de la mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont l’
9322 e ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont l’ épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le r
9323 vois qu’un trait commun : tous deux ont l’épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une
9324 trait commun : tous deux ont l’épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocrat
9325 ait commun : tous deux ont l’épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocratie
9326 ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou
9327 Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’ une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzu
9328 uan a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans la plus haute socié
9329 a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de l’ héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans la plus haute société,
9330 l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans la plus haute société, un Bezenval et un Casanova au niveau de l’aventur
9331 société, un Bezenval et un Casanova au niveau de l’ aventure scélérate, tels sont les parangons qui prennent la place de l
9332 nova au niveau de l’aventure scélérate, tels sont les parangons qui prennent la place de l’idéal détruit par le xviie sièc
9333 e scélérate, tels sont les parangons qui prennent la place de l’idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du myth
9334 te, tels sont les parangons qui prennent la place de l’idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’i
9335 tels sont les parangons qui prennent la place de l’ idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’iron
9336 gons qui prennent la place de l’idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’ironie universelle, et l
9337 par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’ ironie universelle, et le triomphe applaudi des « félons », préparent
9338 refoulement du mythe par l’ironie universelle, et le triomphe applaudi des « félons », préparent les plus étranges retours
9339 et le triomphe applaudi des « félons », préparent les plus étranges retours. Parmi tant de facilités, de raffinements intel
9340 s plus étranges retours. Parmi tant de facilités, de raffinements intellectuels ou voluptueux, de satiétés, l’un des besoi
9341 tés, de raffinements intellectuels ou voluptueux, de satiétés, l’un des besoins les plus profonds de l’homme demeure privé
9342 uels ou voluptueux, de satiétés, l’un des besoins les plus profonds de l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le
9343 , de satiétés, l’un des besoins les plus profonds de l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin de souffri
9344 e satiétés, l’un des besoins les plus profonds de l’ homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin de souffrir.
9345 esoins les plus profonds de l’homme demeure privé d’ assouvissement, et c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui le
9346 l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme
9347 emeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme l’a montr
9348 c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme l’a montré le déclin du Moyen Âge ; mais u
9349 Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme l’ a montré le déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui l’ignore et
9350 cial qui le cultive, s’alanguit, comme l’a montré le déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui l’ignore et croit pouv
9351 le déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui l’ ignore et croit pouvoir le ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien v
9352 ais un corps social qui l’ignore et croit pouvoir le ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien vite. L’esprit conçoit en c
9353 e ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien vite. L’ esprit conçoit en cruauté active les souffrances qu’il interdit au cœu
9354 rve bien vite. L’esprit conçoit en cruauté active les souffrances qu’il interdit au cœur de subir. Point de bonté chez qui
9355 uté active les souffrances qu’il interdit au cœur de subir. Point de bonté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd l
9356 ouffrances qu’il interdit au cœur de subir. Point de bonté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd le contact vital,
9357 nté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd le contact vital, et tout pouvoir de « sympathie ». La femme n’est plus
9358 fantaisie perd le contact vital, et tout pouvoir de « sympathie ». La femme n’est plus pour l’homme du xviiie qu’un « ob
9359 contact vital, et tout pouvoir de « sympathie ». La femme n’est plus pour l’homme du xviiie qu’un « objet ». Mesurons l’
9360 ouvoir de « sympathie ». La femme n’est plus pour l’ homme du xviiie qu’un « objet ». Mesurons l’un à l’autre ces extrêmes
9361 « objet ». Mesurons l’un à l’autre ces extrêmes : la femme-idéal, pur symbole d’un Amour qui entraîne l’amour au-delà des
9362 ’autre ces extrêmes : la femme-idéal, pur symbole d’ un Amour qui entraîne l’amour au-delà des formes visibles ; et la femm
9363 femme-idéal, pur symbole d’un Amour qui entraîne l’ amour au-delà des formes visibles ; et la femme-objet de plaisir, inst
9364 entraîne l’amour au-delà des formes visibles ; et la femme-objet de plaisir, instrument plus ou moins aimable d’une sensat
9365 r au-delà des formes visibles ; et la femme-objet de plaisir, instrument plus ou moins aimable d’une sensation qui enferme
9366 bjet de plaisir, instrument plus ou moins aimable d’ une sensation qui enferme l’homme en soi… Je distingue dans la contrad
9367 plus ou moins aimable d’une sensation qui enferme l’ homme en soi… Je distingue dans la contradiction de Don Juan et de Tri
9368 ion qui enferme l’homme en soi… Je distingue dans la contradiction de Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportabl
9369 ’homme en soi… Je distingue dans la contradiction de Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui
9370 Je distingue dans la contradiction de Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cette cont
9371 la contradiction de Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cette contradiction parce q
9372 Juan et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cette contradiction parce qu’il subit la sensualité
9373 n et de Tristan, dans la tension insupportable de l’ esprit qui vit cette contradiction parce qu’il subit la sensualité et
9374 rit qui vit cette contradiction parce qu’il subit la sensualité et désire l’idéal courtois, les données de l’œuvre de Sade
9375 diction parce qu’il subit la sensualité et désire l’ idéal courtois, les données de l’œuvre de Sade, et les raisons précise
9376 l subit la sensualité et désire l’idéal courtois, les données de l’œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’
9377 ensualité et désire l’idéal courtois, les données de l’œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans le
9378 ualité et désire l’idéal courtois, les données de l’ œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans les C
9379 t désire l’idéal courtois, les données de l’œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de
9380 déal courtois, les données de l’œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de l’amour que
9381 nnées de l’œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de l’amour que Sade nous parle de s
9382 et les raisons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de l’amour que Sade nous parle de son admiration pour la poési
9383 ons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de l’amour que Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétra
9384 précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de l’ amour que Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétrarqu
9385 st dans les Crimes de l’amour que Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétrarque. Admiration traditionnelle
9386 ’amour que Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétrarque. Admiration traditionnelle dans sa famille, depui
9387 Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétrarque. Admiration traditionnelle dans sa famille, depuis le maria
9388 Admiration traditionnelle dans sa famille, depuis le mariage qui avait uni Hugues de Sade, ancêtre direct du marquis, à la
9389 uni Hugues de Sade, ancêtre direct du marquis, à la Dame de Pétrarque, Laure de Noves142. Pétrarque semblait ignorer simp
9390 e Noves142. Pétrarque semblait ignorer simplement l’ existence du désir et des corps, la réalité d’un « objet ». Sade, qui
9391 rer simplement l’existence du désir et des corps, la réalité d’un « objet ». Sade, qui est un homme du xviiie , connaît tr
9392 ent l’existence du désir et des corps, la réalité d’ un « objet ». Sade, qui est un homme du xviiie , connaît trop bien sa
9393 tone tyrannie. Ce que Pétrarque négligeait, c’est l’ obstacle physique dont il faut se venger. Il n’existe que trop, cet ob
9394 existe que trop, cet objet, c’est lui qui détient le plaisir, et le plaisir est une fatalité. Comment s’en libérer, si ce
9395 , cet objet, c’est lui qui détient le plaisir, et le plaisir est une fatalité. Comment s’en libérer, si ce n’est par l’exc
9396 e fatalité. Comment s’en libérer, si ce n’est par l’ excès, car tout excès vient de l’esprit ! Rien de plus glacialement ra
9397 si ce n’est par l’excès, car tout excès vient de l’ esprit ! Rien de plus glacialement rationaliste que les inventions « v
9398 prit ! Rien de plus glacialement rationaliste que les inventions « voluptueuses » multipliées par la rage du Marquis. Là où
9399 e les inventions « voluptueuses » multipliées par la rage du Marquis. Là où est le plaisir, là sera la souffrance, et la s
9400 s » multipliées par la rage du Marquis. Là où est le plaisir, là sera la souffrance, et la souffrance est le signe d’un ra
9401 la rage du Marquis. Là où est le plaisir, là sera la souffrance, et la souffrance est le signe d’un rachat. Purification p
9402 . Là où est le plaisir, là sera la souffrance, et la souffrance est le signe d’un rachat. Purification par le mal : péchon
9403 isir, là sera la souffrance, et la souffrance est le signe d’un rachat. Purification par le mal : péchons jusqu’à détruire
9404 sera la souffrance, et la souffrance est le signe d’ un rachat. Purification par le mal : péchons jusqu’à détruire les dern
9405 france est le signe d’un rachat. Purification par le mal : péchons jusqu’à détruire les derniers charmes du péché. Au lieu
9406 urification par le mal : péchons jusqu’à détruire les derniers charmes du péché. Au lieu de négliger l’objet, détruisons-le
9407 es derniers charmes du péché. Au lieu de négliger l’ objet, détruisons-le par des tortures d’où nous tirerons encore quelqu
9408 du péché. Au lieu de négliger l’objet, détruisons- le par des tortures d’où nous tirerons encore quelque plaisir, et cela f
9409 négliger l’objet, détruisons-le par des tortures d’ où nous tirerons encore quelque plaisir, et cela fait partie de notre
9410 erons encore quelque plaisir, et cela fait partie de notre ascèse ! Une fureur dialectique s’empare de Sade. Le meurtre se
9411 de notre ascèse ! Une fureur dialectique s’empare de Sade. Le meurtre seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre de ce
9412 ascèse ! Une fureur dialectique s’empare de Sade. Le meurtre seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre de ce qu’on ai
9413 e s’empare de Sade. Le meurtre seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre de ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nou
9414 e. Le meurtre seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre de ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nous enchaîne. On ne
9415 re seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre de ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nous enchaîne. On ne tue bien q
9416 que son amour, parce que lui seul est souverain. Le crime d’amour impur sauvera la pureté. Lisons maintenant avec cette
9417 amour, parce que lui seul est souverain. Le crime d’ amour impur sauvera la pureté. Lisons maintenant avec cette clé la dé
9418 eul est souverain. Le crime d’amour impur sauvera la pureté. Lisons maintenant avec cette clé la défense morale du meurtr
9419 vera la pureté. Lisons maintenant avec cette clé la défense morale du meurtre telle que la présente Dolmancé dans la Phil
9420 cette clé la défense morale du meurtre telle que la présente Dolmancé dans la Philosophie du Boudoir : « Eh quoi ! un sou
9421 le du meurtre telle que la présente Dolmancé dans la Philosophie du Boudoir : « Eh quoi ! un souverain ambitieux pourra dé
9422 rain ambitieux pourra détruire à son aise et sans le moindre scrupule les ennemis qui nuisent à ses projets de grandeur ?
9423 a détruire à son aise et sans le moindre scrupule les ennemis qui nuisent à ses projets de grandeur ? Des lois cruelles, ar
9424 re scrupule les ennemis qui nuisent à ses projets de grandeur ? Des lois cruelles, arbitraires, impérieuses, pourront de m
9425 ont de même assassiner chaque siècle des millions d’ individus, et nous, faibles et malheureux particuliers, nous ne pourro
9426 à nos vengeances ou à nos caprices ? Est-il rien de si barbare, de si ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous l
9427 es ou à nos caprices ? Est-il rien de si barbare, de si ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous le voile du plus
9428 ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous le voile du plus profond mystère, nous venger amplement de cette ineptie
9429 le du plus profond mystère, nous venger amplement de cette ineptie ? » (C’est moi qui ai souligné). Si le marquis de Sade
9430 cette ineptie ? » (C’est moi qui ai souligné). Si le marquis de Sade avait été interrogé sur les mobiles secrets de sa mor
9431 é). Si le marquis de Sade avait été interrogé sur les mobiles secrets de sa morale, il se fût sans nul doute réfugié derriè
9432 Sade avait été interrogé sur les mobiles secrets de sa morale, il se fût sans nul doute réfugié derrière un verbiage cyni
9433 ont transparents : ils signifient avec exactitude le contraire de leur sens littéral143. Cette glorification du sexe est u
9434 nts : ils signifient avec exactitude le contraire de leur sens littéral143. Cette glorification du sexe est une constante
9435 sexe est une constante et rationnelle profanation de la morale profanée du xviiie . C’est la « voie négative » d’un athée
9436 e est une constante et rationnelle profanation de la morale profanée du xviiie . C’est la « voie négative » d’un athée qui
9437 ofanation de la morale profanée du xviiie . C’est la « voie négative » d’un athée qui désespère d’échapper à ses liens, et
9438 e profanée du xviiie . C’est la « voie négative » d’ un athée qui désespère d’échapper à ses liens, et qui défie l’amour sp
9439 est la « voie négative » d’un athée qui désespère d’ échapper à ses liens, et qui défie l’amour spirituel de se manifester
9440 ui désespère d’échapper à ses liens, et qui défie l’ amour spirituel de se manifester en tuant le criminel144. Car là seule
9441 apper à ses liens, et qui défie l’amour spirituel de se manifester en tuant le criminel144. Car là seulement serait la dél
9442 défie l’amour spirituel de se manifester en tuant le criminel144. Car là seulement serait la délivrance, — selon la foi de
9443 en tuant le criminel144. Car là seulement serait la délivrance, — selon la foi des troubadours… 14. La Nouvelle Héloïs
9444 4. Car là seulement serait la délivrance, — selon la foi des troubadours… 14. La Nouvelle Héloïse Paysan de Genève,
9445 élivrance, — selon la foi des troubadours… 14. La Nouvelle Héloïse Paysan de Genève, Rousseau échappe à l’influence
9446 roubadours… 14. La Nouvelle Héloïse Paysan de Genève, Rousseau échappe à l’influence du don-juanisme citadin, mais
9447 Héloïse Paysan de Genève, Rousseau échappe à l’ influence du don-juanisme citadin, mais non pas à une littérature qui
9448 complicités bien profondes et qui n’est autre que le pétrarquisme. Le roman de Rousseau à proprement parler n’est pas une
9449 profondes et qui n’est autre que le pétrarquisme. Le roman de Rousseau à proprement parler n’est pas une renaissance du my
9450 et qui n’est autre que le pétrarquisme. Le roman de Rousseau à proprement parler n’est pas une renaissance du mythe primi
9451 arler n’est pas une renaissance du mythe primitif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de la légende, et encore moin
9452 aissance du mythe primitif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de la légende, et encore moins son arrière-plan ésot
9453 imitif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de la légende, et encore moins son arrière-plan ésotérique. Ce qui revit
9454 tif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de la légende, et encore moins son arrière-plan ésotérique. Ce qui revit en
9455 rière-plan ésotérique. Ce qui revit en lui, c’est l’ état d’âme créé chez les imitateurs des troubadours par une doctrine q
9456 Ce qui revit en lui, c’est l’état d’âme créé chez les imitateurs des troubadours par une doctrine qu’ils « sécularisaient »
9457 e qu’ils « sécularisaient », n’en connaissant que la rhétorique profane. C’est l’acedia, l’heureuse mélancolie cultivée pa
9458 n’en connaissant que la rhétorique profane. C’est l’ acedia, l’heureuse mélancolie cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on
9459 issant que la rhétorique profane. C’est l’acedia, l’ heureuse mélancolie cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on relise le
9460 ’est l’acedia, l’heureuse mélancolie cultivée par l’ ermite de Vaucluse. Qu’on relise les sommaires analytiques joints par
9461 edia, l’heureuse mélancolie cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on relise les sommaires analytiques joints par un éditeu
9462 e cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on relise les sommaires analytiques joints par un éditeur zélé à la troisième éditi
9463 un éditeur zélé à la troisième édition du roman : l’ on y retrouve les situations que prévoyaient les leys de cortezia. C’e
9464 à la troisième édition du roman : l’on y retrouve les situations que prévoyaient les leys de cortezia. C’est le Canzoniere
9465  : l’on y retrouve les situations que prévoyaient les leys de cortezia. C’est le Canzoniere mis en prose — et quelque peu e
9466 retrouve les situations que prévoyaient les leys de cortezia. C’est le Canzoniere mis en prose — et quelque peu embourgeo
9467 tions que prévoyaient les leys de cortezia. C’est le Canzoniere mis en prose — et quelque peu embourgeoisé. (Çà et là une
9468 (Çà et là une citation, une allusion, témoignent de la connaissance que Rousseau avait de Pétrarque, véritable inventeur
9469 à et là une citation, une allusion, témoignent de la connaissance que Rousseau avait de Pétrarque, véritable inventeur du
9470 témoignent de la connaissance que Rousseau avait de Pétrarque, véritable inventeur du sentiment de la nature et du lyrism
9471 it de Pétrarque, véritable inventeur du sentiment de la nature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie a
9472 de Pétrarque, véritable inventeur du sentiment de la nature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avai
9473 inventeur du sentiment de la nature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique
9474 enteur du sentiment de la nature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique pro
9475 de la nature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’ Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique profane. Chez Rousseau
9476 ature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique profane. Chez Rousseau, elle d
9477 ue profane. Chez Rousseau, elle devient une sorte de piétisme raffiné. Ici encore, la décadence est manifeste. L’Héloïse q
9478 evient une sorte de piétisme raffiné. Ici encore, la décadence est manifeste. L’Héloïse qui vécut au xiie siècle145 et do
9479 raffiné. Ici encore, la décadence est manifeste. L’ Héloïse qui vécut au xiie siècle145 et dont nous possédons les lettre
9480 i vécut au xiie siècle145 et dont nous possédons les lettres à Abélard, évoque Iseut, Juliette et Mlle de Lespinasse, beau
9481 lus rien du mystique ni du chevalier. Au surplus, le roman n’aboutit à la mort qu’après un renoncement à la passion, et ce
9482 ni du chevalier. Au surplus, le roman n’aboutit à la mort qu’après un renoncement à la passion, et cette mort de Julie est
9483 man n’aboutit à la mort qu’après un renoncement à la passion, et cette mort de Julie est chrétienne — autant qu’il peut dé
9484 ’après un renoncement à la passion, et cette mort de Julie est chrétienne — autant qu’il peut dépendre de Rousseau. (Il in
9485 Julie est chrétienne — autant qu’il peut dépendre de Rousseau. (Il insiste longuement, dans une lettre à son éditeur, sur
9486 re à son éditeur, sur son protestantisme et celui de ses héros : mais malgré sa sincérité, l’on ne peut que suspecter un «
9487 et celui de ses héros : mais malgré sa sincérité, l’ on ne peut que suspecter un « calvinisme » qui parle de l’Être suprême
9488 ne peut que suspecter un « calvinisme » qui parle de l’Être suprême et paraît ignorer le Christ…) Tout cela ne m’empêchera
9489 peut que suspecter un « calvinisme » qui parle de l’ Être suprême et paraît ignorer le Christ…) Tout cela ne m’empêchera po
9490 e » qui parle de l’Être suprême et paraît ignorer le Christ…) Tout cela ne m’empêchera point de confesser un goût très vif
9491 gnorer le Christ…) Tout cela ne m’empêchera point de confesser un goût très vif pour le style de ce roman — seul comparabl
9492 mpêchera point de confesser un goût très vif pour le style de ce roman — seul comparable à l’Astrée sous ce rapport — et u
9493 point de confesser un goût très vif pour le style de ce roman — seul comparable à l’Astrée sous ce rapport — et une admira
9494 vif pour le style de ce roman — seul comparable à l’ Astrée sous ce rapport — et une admiration sérieusement motivée pour s
9495 ur sa lucidité psychologique. On a trop vite jugé le « rousseauisme » moral en attribuant à l’auteur du roman les croyance
9496 te jugé le « rousseauisme » moral en attribuant à l’ auteur du roman les croyances de ses personnages. Si Rousseau fut le p
9497 eauisme » moral en attribuant à l’auteur du roman les croyances de ses personnages. Si Rousseau fut le premier à décrire ce
9498 l en attribuant à l’auteur du roman les croyances de ses personnages. Si Rousseau fut le premier à décrire ces erreurs, c’
9499 qu’il en souffrit plus que d’autres et avec plus de résolution de s’y soustraire. Mais on néglige habituellement les conc
9500 frit plus que d’autres et avec plus de résolution de s’y soustraire. Mais on néglige habituellement les conclusions de l’œ
9501 de s’y soustraire. Mais on néglige habituellement les conclusions de l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’ém
9502 e. Mais on néglige habituellement les conclusions de l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et de cer
9503 Mais on néglige habituellement les conclusions de l’ œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et de certai
9504 ent les conclusions de l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et de certaines complaisances qu’entraî
9505 de l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et de certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesq
9506 l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’ émotion et de certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesque.
9507 ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et de certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesque. Il est visib
9508 émotion et de certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesque. Il est visible que Rousseau, pas plus que Pétrarque
9509 st visible que Rousseau, pas plus que Pétrarque à la fin de sa vie, n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la
9510 ble que Rousseau, pas plus que Pétrarque à la fin de sa vie, n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande
9511 plus que Pétrarque à la fin de sa vie, n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie marié
9512 s que Pétrarque à la fin de sa vie, n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie mariée (
9513 à la fin de sa vie, n’est dupe de la « religion » d’ amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie mariée (3e partie, lettr
9514 est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie mariée (3e partie, lettre XVIII), analysant le
9515 religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie mariée (3e partie, lettre XVIII), analysant le passé des amants
9516 Julie mariée (3e partie, lettre XVIII), analysant le passé des amants : on ne saurait dépister avec plus de rigueur, quoiq
9517 ssé des amants : on ne saurait dépister avec plus de rigueur, quoique féminine, les confusions intéressées de l’Éros et de
9518 dépister avec plus de rigueur, quoique féminine, les confusions intéressées de l’Éros et de l’Agapè. « La vertu est si néc
9519 eur, quoique féminine, les confusions intéressées de l’Éros et de l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, q
9520 , quoique féminine, les confusions intéressées de l’ Éros et de l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quan
9521 féminine, les confusions intéressées de l’Éros et de l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une
9522 inine, les confusions intéressées de l’Éros et de l’ Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une fo
9523 confusions intéressées de l’Éros et de l’Agapè. «  La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une fois abandonn
9524 re à nos cœurs que, quand on a une fois abandonné la véritable, on s’en fait ensuite une à sa mode, et l’on y tient plus f
9525 véritable, on s’en fait ensuite une à sa mode, et l’ on y tient plus fortement peut-être, parce qu’elle est de notre choix.
9526 tient plus fortement peut-être, parce qu’elle est de notre choix. » Toutefois, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat »
9527 e, parce qu’elle est de notre choix. » Toutefois, l’ on n’a pas tort d’attribuer au « climat » de la Nouvelle Héloïse, si n
9528 st de notre choix. » Toutefois, l’on n’a pas tort d’ attribuer au « climat » de la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xvi
9529 fois, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat » de la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté d
9530 s, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat » de la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté de c
9531  climat » de la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté de contagion contre laquelle les conclusi
9532 e, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté de contagion contre laquelle les conclusions de l’auteur ne pouvaient ri
9533 siècle, une faculté de contagion contre laquelle les conclusions de l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe
9534 ulté de contagion contre laquelle les conclusions de l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe qui reparaît,
9535 é de contagion contre laquelle les conclusions de l’ auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe qui reparaît, ala
9536 de l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe qui reparaît, alangui, honteux et confus, mais à travers le voi
9537 araît, alangui, honteux et confus, mais à travers le voile des larmes vertueuses, reconnaissable à je ne sais quel frisson
9538 , ce ne sont point ces transports que je regrette le plus : ah non ! retire s’il le faut ces faveurs enivrantes pour lesqu
9539 ts que je regrette le plus : ah non ! retire s’il le faut ces faveurs enivrantes pour lesquelles je donnerais mille vies,
9540 ais rends-moi tout ce qui n’était point elles, et les effaçait mille fois. Rends-moi cette étroite union des âmes… Julie, d
9541 je ne t’aime plus ? Quel doute !… » Il s’effraye de l’équivoque du soupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte de
9542 ne t’aime plus ? Quel doute !… » Il s’effraye de l’ équivoque du soupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte de dép
9543 oupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte de dépit à peine voilé : « J’ai pris pour toi des sentiments plus paisib
9544 les, il est vrai, mais plus affectueux et de plus de différentes espèces… Les douceurs de l’amitié tempèrent les emporteme
9545 lus affectueux et de plus de différentes espèces… Les douceurs de l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tris
9546 x et de plus de différentes espèces… Les douceurs de l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tristan qui se r
9547 t de plus de différentes espèces… Les douceurs de l’ amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tristan qui se réve
9548 entes espèces… Les douceurs de l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la
9549 s douceurs de l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la
9550 ouceurs de l’amitié tempèrent les emportements de l’ amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la po
9551 l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la possession, s
9552 ’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la possession, se passerait bien de ces douceurs paisibl
9553 Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la possession, se passerait bien de ces douceurs paisibles… Lui aussi
9554 stan qui se réveille en lui après la « faute » de la possession, se passerait bien de ces douceurs paisibles… Lui aussi dé
9555 la « faute » de la possession, se passerait bien de ces douceurs paisibles… Lui aussi désirait brûler, et non pas rassasi
9556 pas rassasier son désir. Lui aussi va multiplier les obstacles les plus gratuits, les prétextes de séparation, les situati
9557 son désir. Lui aussi va multiplier les obstacles les plus gratuits, les prétextes de séparation, les situations voluptueus
9558 si va multiplier les obstacles les plus gratuits, les prétextes de séparation, les situations voluptueusement inextricables
9559 er les obstacles les plus gratuits, les prétextes de séparation, les situations voluptueusement inextricables. D’où l’insi
9560 s les plus gratuits, les prétextes de séparation, les situations voluptueusement inextricables. D’où l’insistance pénible e
9561 on, les situations voluptueusement inextricables. D’ où l’insistance pénible et, dès cette date, quelque peu excessive me s
9562 es situations voluptueusement inextricables. D’où l’ insistance pénible et, dès cette date, quelque peu excessive me semble
9563 e date, quelque peu excessive me semble-t-il, sur la roture de Saint-Preux, laquelle est censée interdire toute possibilit
9564 elque peu excessive me semble-t-il, sur la roture de Saint-Preux, laquelle est censée interdire toute possibilité d’union
9565 , laquelle est censée interdire toute possibilité d’ union légale. D’où encore l’assimilation du préjugé social et des exig
9566 ensée interdire toute possibilité d’union légale. D’ où encore l’assimilation du préjugé social et des exigences d’une vert
9567 ire toute possibilité d’union légale. D’où encore l’ assimilation du préjugé social et des exigences d’une vertu déclarée r
9568 l’assimilation du préjugé social et des exigences d’ une vertu déclarée religieuse par opportunité. Mais on distingue les m
9569 rée religieuse par opportunité. Mais on distingue les mobiles inavoués de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de
9570 portunité. Mais on distingue les mobiles inavoués de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de courtoisie qui impos
9571 tunité. Mais on distingue les mobiles inavoués de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de courtoisie qui imposait
9572 navoués de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est la coutume bo
9573 de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est la coutume bourgeois
9574 siècle, c’était la loi de courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est la coutume bourgeoise. Mais sous le couvert de
9575 courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est la coutume bourgeoise. Mais sous le couvert de l’une et de l’autre, c’es
9576 eté ; ici, c’est la coutume bourgeoise. Mais sous le couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dan
9577 c’est la coutume bourgeoise. Mais sous le couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre
9578 tume bourgeoise. Mais sous le couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre déjà citée
9579 le couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre déjà citée où elle récapitule leurs ép
9580 e l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre déjà citée où elle récapitule leurs épreuves, Julie appelle « 
9581 e leurs épreuves, Julie appelle « sainte ardeur » l’ amour chaste qui les ravissait — bien qu’il fût dès ce moment condamna
9582 ulie appelle « sainte ardeur » l’amour chaste qui les ravissait — bien qu’il fût dès ce moment condamnable  — et « crime »,
9583 « horreurs », « corruption », ce même amour après la possession. La faute qui compte, pour eux, on le voit bien, c’est cel
9584  corruption », ce même amour après la possession. La faute qui compte, pour eux, on le voit bien, c’est celle qui lèse la
9585 la possession. La faute qui compte, pour eux, on le voit bien, c’est celle qui lèse la « courtoisie », non la vertu bourg
9586 , pour eux, on le voit bien, c’est celle qui lèse la « courtoisie », non la vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ain
9587 bien, c’est celle qui lèse la « courtoisie », non la vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ainsi de suite : il serait
9588 vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ainsi de suite : il serait aisé de reprendre, à propos de la Nouvelle Héloïse,
9589 vent invoquée. Et ainsi de suite : il serait aisé de reprendre, à propos de la Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse de Tr
9590 suite : il serait aisé de reprendre, à propos de la Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse de Tristan, notre dialectique d
9591 ropos de la Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse de Tristan, notre dialectique de l’obstacle. Il y a pourtant cette diffé
9592 toute notre exégèse de Tristan, notre dialectique de l’obstacle. Il y a pourtant cette différence capitale que Rousseau ab
9593 te notre exégèse de Tristan, notre dialectique de l’ obstacle. Il y a pourtant cette différence capitale que Rousseau about
9594 , c’est-à-dire au triomphe du monde sanctifié par le christianisme, alors que la légende glorifiait dans la mort l’entière
9595 u monde sanctifié par le christianisme, alors que la légende glorifiait dans la mort l’entière dissolution des liens terre
9596 ristianisme, alors que la légende glorifiait dans la mort l’entière dissolution des liens terrestres. 15.Le romantisme
9597 sme, alors que la légende glorifiait dans la mort l’ entière dissolution des liens terrestres. 15.Le romantisme allemand
9598 15.Le romantisme allemand C’est à partir de l’ état d’âme sentimental — et non mystique146 —des amants de la Nouvelle
9599 ’âme sentimental — et non mystique146 —des amants de la Nouvelle Héloïse, que le romantisme va tâcher de rejoindre une mys
9600 e sentimental — et non mystique146 —des amants de la Nouvelle Héloïse, que le romantisme va tâcher de rejoindre une mystiq
9601 stique146 —des amants de la Nouvelle Héloïse, que le romantisme va tâcher de rejoindre une mystique primitive qu’il ignore
9602 la Nouvelle Héloïse, que le romantisme va tâcher de rejoindre une mystique primitive qu’il ignore, mais dont il redécouvr
9603 ’il ignore, mais dont il redécouvre, par éclairs, la vertu sacrale et mortelle. Du Tristan de Thomas par Pétrarque et l’As
9604 t mortelle. Du Tristan de Thomas par Pétrarque et l’ Astrée jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu le mythe se dégrad
9605 istan de Thomas par Pétrarque et l’Astrée jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu le mythe se dégrader, s’humaniser,
9606 trée jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu le mythe se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments de moins en mo
9607 se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments de moins en moins mystérieux ; enfin Racine l’abat, non sans avoir reçu
9608 ments de moins en moins mystérieux ; enfin Racine l’ abat, non sans avoir reçu dans cette lutte avec l’ange mauvais la plus
9609 l’abat, non sans avoir reçu dans cette lutte avec l’ ange mauvais la plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la s
9610 s avoir reçu dans cette lutte avec l’ange mauvais la plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène : de Moliè
9611 plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène : de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du mythe. Mais à
9612 reuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène : de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du mythe. Mais à partir du
9613 bondit sur la scène : de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du mythe. Mais à partir du roman de Rousseau, qui naît
9614 a grande éclipse du mythe. Mais à partir du roman de Rousseau, qui naît comme en marge du siècle, nous allons parcourir le
9615 t comme en marge du siècle, nous allons parcourir le même chemin en sens inverse : par Werther, cette réplique d’Héloïse m
9616 min en sens inverse : par Werther, cette réplique d’ Héloïse mais qui finit beaucoup plus mal, — se rapprochant du modèle p
9617 p plus mal, — se rapprochant du modèle primitif — l’ on arrive à Jean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique de la R
9618 arrive à Jean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique de la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, cer
9619 ean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique de la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, certains aveux
9620 -Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique de la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, certains aveux de
9621 lin, à Novalis. Dans la panique de la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, certains aveux deviennent possib
9622 , à Novalis. Dans la panique de la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, certains aveux deviennent possibles
9623 certaines souffrances osent enfin dire leur nom. L’ adoration de la Nuit et de la Mort accède pour la première fois au pla
9624 ouffrances osent enfin dire leur nom. L’adoration de la Nuit et de la Mort accède pour la première fois au plan de la cons
9625 frances osent enfin dire leur nom. L’adoration de la Nuit et de la Mort accède pour la première fois au plan de la conscie
9626 nt enfin dire leur nom. L’adoration de la Nuit et de la Mort accède pour la première fois au plan de la conscience lyrique
9627 enfin dire leur nom. L’adoration de la Nuit et de la Mort accède pour la première fois au plan de la conscience lyrique. N
9628 t de la Mort accède pour la première fois au plan de la conscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement
9629 e la Mort accède pour la première fois au plan de la conscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement de
9630 onscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici l’ envahissement de l’Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au j
9631 e. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement de l’Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au jour où Wagner, d
9632 Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement de l’ Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au jour où Wagner, d’un
9633 Jusqu’au jour où Wagner, d’un seul coup, dressera le mythe dans sa pleine stature et dans sa virulence totale : la musique
9634 s sa pleine stature et dans sa virulence totale : la musique seule pouvait dire l’indicible, elle a forcé le dernier mystè
9635 virulence totale : la musique seule pouvait dire l’ indicible, elle a forcé le dernier mystère de Tristan. Mon propos n’es
9636 dire l’indicible, elle a forcé le dernier mystère de Tristan. Mon propos n’est point de recenser les innombrables manifest
9637 ernier mystère de Tristan. Mon propos n’est point de recenser les innombrables manifestations du mythe dans nos littératur
9638 re de Tristan. Mon propos n’est point de recenser les innombrables manifestations du mythe dans nos littératures, surtout m
9639 os littératures, surtout modernes, mais seulement de poser des jalons et de réduire certaines contradictions tout apparent
9640 t modernes, mais seulement de poser des jalons et de réduire certaines contradictions tout apparentes. On me pardonnera de
9641 contradictions tout apparentes. On me pardonnera de ne point multiplier les preuves de l’évidente renaissance du thème co
9642 parentes. On me pardonnera de ne point multiplier les preuves de l’évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour
9643 me pardonnera de ne point multiplier les preuves de l’évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour réciproque
9644 pardonnera de ne point multiplier les preuves de l’ évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour réciproque ma
9645 e l’évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour réciproque malheureux — chez tous les romantiques allemands s
9646 ’évidente renaissance du thème courtois — donc de l’ amour réciproque malheureux — chez tous les romantiques allemands sans
9647 donc de l’amour réciproque malheureux — chez tous les romantiques allemands sans exception147. Quelques textes choisis entr
9648 extes choisis entre mille en diront plus que tous les commentaires ici possibles, et trop tentants. (Dans leur nudité même,
9649 ur nudité même, je sens trop bien qu’ils risquent de prendre figure d’arguments, à cet endroit de notre voyage, du seul fa
9650 sens trop bien qu’ils risquent de prendre figure d’ arguments, à cet endroit de notre voyage, du seul fait de leur trop pa
9651 uent de prendre figure d’arguments, à cet endroit de notre voyage, du seul fait de leur trop parfaite convenance à nos déf
9652 ents, à cet endroit de notre voyage, du seul fait de leur trop parfaite convenance à nos définitions du mythe…) Lettre de
9653 te convenance à nos définitions du mythe…) Lettre de Diotima à Hölderlin : Hier soir, j’ai longuement réfléchi sur la pas
9654 derlin : Hier soir, j’ai longuement réfléchi sur la passion. Sans doute, la passion de l’amour suprême ne trouve jamais s
9655 i longuement réfléchi sur la passion. Sans doute, la passion de l’amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-b
9656 t réfléchi sur la passion. Sans doute, la passion de l’amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-bas ! Compre
9657 éfléchi sur la passion. Sans doute, la passion de l’ amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-bas ! Comprends
9658 paraît exalté, et pourtant c’est si vrai !) Voilà le seul accomplissement. Mais nous avons des devoirs sacrés en ce bas mo
9659 s en ce bas monde. Il ne nous reste plus rien que la confiance la plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans la toute-
9660 onde. Il ne nous reste plus rien que la confiance la plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans la toute-puissante div
9661 a confiance la plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans la toute-puissante divinité de l’Amour qui à jamais nous gui
9662 la plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans la toute-puissante divinité de l’Amour qui à jamais nous guidera, invisi
9663 ’autre et la foi dans la toute-puissante divinité de l’Amour qui à jamais nous guidera, invisible, et renforcera sans cess
9664 tre et la foi dans la toute-puissante divinité de l’ Amour qui à jamais nous guidera, invisible, et renforcera sans cesse n
9665 cera sans cesse notre union.148 Journal intime de Novalis : Lorsque j’étais sur le tombeau [de sa fiancée] la pensée m
9666 Journal intime de Novalis : Lorsque j’étais sur le tombeau [de sa fiancée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à
9667 ime de Novalis : Lorsque j’étais sur le tombeau [ de sa fiancée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à l’humanité
9668 : Lorsque j’étais sur le tombeau [de sa fiancée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à l’humanité un exemple de f
9669 ée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à l’ humanité un exemple de fidélité éternelle, et qu’elle instaurerait, en
9670 nue que ma mort donnerait à l’humanité un exemple de fidélité éternelle, et qu’elle instaurerait, en quelque sorte, la pos
9671 nelle, et qu’elle instaurerait, en quelque sorte, la possibilité d’aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’
9672 le instaurerait, en quelque sorte, la possibilité d’ aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’est qu’on ne ve
9673 en quelque sorte, la possibilité d’aimer comme je l’ ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’est qu’on ne veut plus aimer. Ce
9674 bilité d’aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’est qu’on ne veut plus aimer. Celui qui aime devra ressent
9675 mer. Celui qui aime devra ressentir éternellement le vide qui l’environne, et garder sa blessure ouverte. Que Dieu me cons
9676 ui aime devra ressentir éternellement le vide qui l’ environne, et garder sa blessure ouverte. Que Dieu me conserve cette d
9677 agement n’était pas pris pour ce monde… Maximes de Novalis : Toutes les passions finissent comme une tragédie, tout ce
9678 ris pour ce monde… Maximes de Novalis : Toutes les passions finissent comme une tragédie, tout ce qui est limité finit p
9679 me une tragédie, tout ce qui est limité finit par la mort, toute poésie a quelque chose de tragique. Une union qui est con
9680 é finit par la mort, toute poésie a quelque chose de tragique. Une union qui est conclue même pour la mort est un mariage
9681 de tragique. Une union qui est conclue même pour la mort est un mariage qui nous donne une compagne pour la Nuit. C’est d
9682 t est un mariage qui nous donne une compagne pour la Nuit. C’est dans la mort que l’amour est le plus doux ; pour le vivan
9683 nous donne une compagne pour la Nuit. C’est dans la mort que l’amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une n
9684 une compagne pour la Nuit. C’est dans la mort que l’ amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit de noces
9685 pour la Nuit. C’est dans la mort que l’amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit de noces, un secret
9686 dans la mort que l’amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’
9687 rt que l’amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’ivresse des
9688 plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’ivresse des sens appartient peut
9689 vivant, la mort est une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’ivresse des sens appartient peut-être à l’amour comm
9690 st une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’ ivresse des sens appartient peut-être à l’amour comme le sommeil à la
9691 stères. L’ivresse des sens appartient peut-être à l’ amour comme le sommeil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l
9692 sse des sens appartient peut-être à l’amour comme le sommeil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l’homme vigoure
9693 appartient peut-être à l’amour comme le sommeil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l’homme vigoureux préférera
9694 à l’amour comme le sommeil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l’homme vigoureux préférera toujours veiller à do
9695 eil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l’ homme vigoureux préférera toujours veiller à dormir. Voici deux texte
9696 n proprement manichéen : On doit séparer Dieu et la Nature. Dieu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de la Nat
9697 rer Dieu et la Nature. Dieu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de la Nature, l’élément avec lequel elle doit u
9698 ure. Dieu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de la Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmonise
9699 eu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de la Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous
9700 n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de la Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous so
9701 faire avec la Nature, il est le but de la Nature, l’ élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous sommes des es
9702 jour s’harmoniser. Nous sommes des esprits émanés de Dieu, des germes divins. Un jour nous deviendrons ce que notre Père e
9703 rons ce que notre Père est lui-même.149 Et dans les Hymnes à la Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que le matin ne renaiss
9704 otre Père est lui-même.149 Et dans les Hymnes à la Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que le matin ne renaisse plus (thèm
9705 t lui-même.149 Et dans les Hymnes à la Nuit, où l’ Éros ténébreux supplie que le matin ne renaisse plus (thème des « aube
9706 Hymnes à la Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que le matin ne renaisse plus (thème des « aubes ») : Que ton feu spirituel
9707 ure alors éternellement notre nuit nuptiale ! Et l’ on devrait citer toutes les œuvres de Tieck, définissant l’amour comme
9708 tre nuit nuptiale ! Et l’on devrait citer toutes les œuvres de Tieck, définissant l’amour comme « une maladie du désir, un
9709 ptiale ! Et l’on devrait citer toutes les œuvres de Tieck, définissant l’amour comme « une maladie du désir, une divine l
9710 ait citer toutes les œuvres de Tieck, définissant l’ amour comme « une maladie du désir, une divine langueur »150… L’exalta
9711 « une maladie du désir, une divine langueur »150… L’ exaltation de la mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le t
9712 du désir, une divine langueur »150… L’exaltation de la mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieu
9713 désir, une divine langueur »150… L’exaltation de la mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieux l
9714 mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieux le plus profond de cette nouvelle hérésie albigeoise
9715 moureuse et divinisante, voilà le thème religieux le plus profond de cette nouvelle hérésie albigeoise que fut le romantis
9716 nisante, voilà le thème religieux le plus profond de cette nouvelle hérésie albigeoise que fut le romantisme allemand. La
9717 fond de cette nouvelle hérésie albigeoise que fut le romantisme allemand. La mort est le but idéal des « hommes élevés » d
9718 érésie albigeoise que fut le romantisme allemand. La mort est le but idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de J
9719 eoise que fut le romantisme allemand. La mort est le but idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de Jean-Paul. El
9720 d. La mort est le but idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Nov
9721 La mort est le but idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Novali
9722 idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Novalis. Elle fut pour K
9723 Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec l’ amour chez Novalis. Elle fut pour Kleist « le seul accomplissement » p
9724 avec l’amour chez Novalis. Elle fut pour Kleist «  le seul accomplissement » possible d’une « passion d’amour suprême » à l
9725 pour Kleist « le seul accomplissement » possible d’ une « passion d’amour suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais
9726 e seul accomplissement » possible d’une « passion d’ amour suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais les poètes ne s
9727 suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais les poètes ne sont plus les seuls à tenter l’au-delà nocturne : un philos
9728 refusait son corps. Mais les poètes ne sont plus les seuls à tenter l’au-delà nocturne : un philosophe comme Schubert spéc
9729 . Mais les poètes ne sont plus les seuls à tenter l’ au-delà nocturne : un philosophe comme Schubert spécule sur le Nachtse
9730 cturne : un philosophe comme Schubert spécule sur le Nachtseite de l’existence. Fichte lui-même donne la définition de l’a
9731 ilosophe comme Schubert spécule sur le Nachtseite de l’existence. Fichte lui-même donne la définition de l’amour-par-essen
9732 sophe comme Schubert spécule sur le Nachtseite de l’ existence. Fichte lui-même donne la définition de l’amour-par-essence-
9733 Nachtseite de l’existence. Fichte lui-même donne la définition de l’amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repou
9734 l’existence. Fichte lui-même donne la définition de l’amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repousse tout objet
9735 existence. Fichte lui-même donne la définition de l’ amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repousse tout objet po
9736 la définition de l’amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repousse tout objet pour s’élancer à l’infini. C’est,
9737 ai amour qui repousse tout objet pour s’élancer à l’ infini. C’est, dit-il, « le désir de quelque chose d’entièrement incon
9738 objet pour s’élancer à l’infini. C’est, dit-il, «  le désir de quelque chose d’entièrement inconnu, qui se révèle uniquemen
9739 r s’élancer à l’infini. C’est, dit-il, « le désir de quelque chose d’entièrement inconnu, qui se révèle uniquement par un
9740 nfini. C’est, dit-il, « le désir de quelque chose d’ entièrement inconnu, qui se révèle uniquement par un besoin, par un ma
9741 ment par un besoin, par un malaise, par un vide à la recherche de ce qui le comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir
9742 esoin, par un malaise, par un vide à la recherche de ce qui le comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir… » Hoffmann
9743 un malaise, par un vide à la recherche de ce qui le comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir… » Hoffmann ne dit pas
9744 recherche de ce qui le comblerait, mais ignorant d’ où cela peut venir… » Hoffmann ne dit pas autre chose lorsqu’il baptis
9745 t pas autre chose lorsqu’il baptise cet inconnu : la poésie : Et voici que jaillit, pur feu céleste qui réchauffe et écla
9746 ste qui réchauffe et éclaire sans consumer, toute la félicité ineffable de la vie supérieure, germée au plus secret de l’â
9747 claire sans consumer, toute la félicité ineffable de la vie supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’esprit déploie m
9748 ire sans consumer, toute la félicité ineffable de la vie supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’esprit déploie mill
9749 fable de la vie supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tis
9750 le de la vie supérieure, germée au plus secret de l’ âme. L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tisse
9751 a vie supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’ esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tisse son fil
9752 L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tisse son filet autour de celle qui est apparue, et elle est à
9753 t elle est à lui… et elle n’est jamais à lui, car la soif de son aspiration est à jamais insatiable. C’est toute l’aventu
9754 st à lui… et elle n’est jamais à lui, car la soif de son aspiration est à jamais insatiable. C’est toute l’aventure des m
9755 aspiration est à jamais insatiable. C’est toute l’ aventure des mystiques unitives qui de nouveau prend son départ dans l
9756 ues unitives qui de nouveau prend son départ dans la conscience occidentale, c’est l’éternelle hérésie passionnelle, la tr
9757 son départ dans la conscience occidentale, c’est l’ éternelle hérésie passionnelle, la transgression rêvée de toutes limit
9758 identale, c’est l’éternelle hérésie passionnelle, la transgression rêvée de toutes limites, et le suprême désir qui nie le
9759 elle hérésie passionnelle, la transgression rêvée de toutes limites, et le suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent
9760 lle, la transgression rêvée de toutes limites, et le suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent de tous côtés et se ra
9761 ée de toutes limites, et le suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent de tous côtés et se rassemblent les éléments ép
9762 le suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent de tous côtés et se rassemblent les éléments épars du mythe, que Wagner
9763 e. Ainsi revivent de tous côtés et se rassemblent les éléments épars du mythe, que Wagner seul osera nommer, mais alors pou
9764 he, que Wagner seul osera nommer, mais alors pour le recréer dans une synthèse définitive. Rien d’étonnant si le premier p
9765 our le recréer dans une synthèse définitive. Rien d’ étonnant si le premier poème inspiré par le souvenir des cathares et d
9766 . Rien d’étonnant si le premier poème inspiré par le souvenir des cathares et de leur mystique fut composé par l’un des pl
9767 ier poème inspiré par le souvenir des cathares et de leur mystique fut composé par l’un des plus purs romantiques : c’est
9768 omposé par l’un des plus purs romantiques : c’est l’ épopée des albigeois de Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une so
9769 s purs romantiques : c’est l’épopée des albigeois de Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une sorte de profession de fo
9770 Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une sorte de profession de foi de la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et se
9771 y lire ces vers qui sont une sorte de profession de foi de la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle
9772 ces vers qui sont une sorte de profession de foi de la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi,
9773 s vers qui sont une sorte de profession de foi de la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi, l’
9774 le » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi, l’ ère du Christ, que Dieu nous voile, Passera, la Nouvelle Alliance sera
9775 i, l’ère du Christ, que Dieu nous voile, Passera, la Nouvelle Alliance sera rompue ; Alors nous concevrons Dieu comme l’Es
9776 ce sera rompue ; Alors nous concevrons Dieu comme l’ Esprit, Alors se célébrera l’Alliance éternelle. L’Esprit est Dieu ! c
9777 oncevrons Dieu comme l’Esprit, Alors se célébrera l’ Alliance éternelle. L’Esprit est Dieu ! ce cri puissant retentira Comm
9778 ’Esprit, Alors se célébrera l’Alliance éternelle. L’ Esprit est Dieu ! ce cri puissant retentira Comme un tonnerre de joie
9779 ieu ! ce cri puissant retentira Comme un tonnerre de joie à travers la nuit de printemps ! 16.Intériorisation du mythe
9780 ant retentira Comme un tonnerre de joie à travers la nuit de printemps ! 16.Intériorisation du mythe Le rythme inti
9781 ntira Comme un tonnerre de joie à travers la nuit de printemps ! 16.Intériorisation du mythe Le rythme intime du ro
9782 de printemps ! 16.Intériorisation du mythe Le rythme intime du romantisme allemand, la diastole et la systole de so
9783 mythe Le rythme intime du romantisme allemand, la diastole et la systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et la triste
9784 hme intime du romantisme allemand, la diastole et la systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et la tristesse métaphysiqu
9785 du romantisme allemand, la diastole et la systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est la
9786 and, la diastole et la systole de son cœur, c’est l’ enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est la dialectique abyssa
9787 t la systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est la dialectique abyssale de l’hérésie ma
9788 ’enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est la dialectique abyssale de l’hérésie manichéenne, le renversement perpét
9789 tesse métaphysique. C’est la dialectique abyssale de l’hérésie manichéenne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et d
9790 se métaphysique. C’est la dialectique abyssale de l’ hérésie manichéenne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et de l
9791 la dialectique abyssale de l’hérésie manichéenne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et de la nuit en Jour. Le même
9792 nne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et de la nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’
9793 , le renversement perpétuel du jour en Nuit et de la nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’uni
9794 perpétuel du jour en Nuit et de la nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’unité divine, consid
9795 t et de la nuit en Jour. Le même élan qui portait l’ âme vers la lumière et l’unité divine, considéré du point de vue de ce
9796 nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’unité divine, considéré du point de vue de ce monde n’es
9797 Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’ unité divine, considéré du point de vue de ce monde n’est plus qu’un é
9798 ière et l’unité divine, considéré du point de vue de ce monde n’est plus qu’un élan vers la mort, une séparation essentiel
9799 int de vue de ce monde n’est plus qu’un élan vers la mort, une séparation essentielle. Tel est le tragique de l’Ironie tra
9800 vers la mort, une séparation essentielle. Tel est le tragique de l’Ironie transcendentale, ce mouvement perpétuel du roman
9801 , une séparation essentielle. Tel est le tragique de l’Ironie transcendentale, ce mouvement perpétuel du romantisme, cette
9802 ne séparation essentielle. Tel est le tragique de l’ Ironie transcendentale, ce mouvement perpétuel du romantisme, cette pa
9803 ntisme, cette passion qui ruine sans relâche tous les objets qu’elle peut concevoir et désirer (la nature, l’être aimé, le
9804 ous les objets qu’elle peut concevoir et désirer ( la nature, l’être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée,
9805 ets qu’elle peut concevoir et désirer (la nature, l’ être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée, la dissolut
9806 eut concevoir et désirer (la nature, l’être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée, la dissolution sans reto
9807 ture, l’être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas l’ Unité incréée, la dissolution sans retour. Mais cet enthousiasme est r
9808 , le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée, la dissolution sans retour. Mais cet enthousiasme est réel, c’est l’« en
9809 ans retour. Mais cet enthousiasme est réel, c’est l’ « endieusement » des troubadours, l’endiosada des mystiques espagnols,
9810 t réel, c’est l’« endieusement » des troubadours, l’ endiosada des mystiques espagnols, la joy d’amor dans son délire diony
9811 troubadours, l’endiosada des mystiques espagnols, la joy d’amor dans son délire dionysiaque. Il en jaillit perpétuellement
9812 ours, l’endiosada des mystiques espagnols, la joy d’ amor dans son délire dionysiaque. Il en jaillit perpétuellement, au po
9813 . Il en jaillit perpétuellement, au point suprême de son élévation, des fantaisies extravagantes. Il y a une gaieté romant
9814 ntique, comme il y a un attendrissement : moments de détente, entre deux élancements contradictoires, retours au monde… C’
9815 ontradictoires, retours au monde… C’est ce moment de joie bizarre, né de l’ironie métaphysique, qui fait défaut au romanti
9816 urs au monde… C’est ce moment de joie bizarre, né de l’ironie métaphysique, qui fait défaut au romantisme français. Ici, l
9817 au monde… C’est ce moment de joie bizarre, né de l’ ironie métaphysique, qui fait défaut au romantisme français. Ici, les
9818 que, qui fait défaut au romantisme français. Ici, les données sont les mêmes mais le rythme est moins ample et l’esprit va
9819 aut au romantisme français. Ici, les données sont les mêmes mais le rythme est moins ample et l’esprit va trop vite au but.
9820 me français. Ici, les données sont les mêmes mais le rythme est moins ample et l’esprit va trop vite au but. La France de
9821 sont les mêmes mais le rythme est moins ample et l’ esprit va trop vite au but. La France de la Révolution et de l’Empire
9822 est moins ample et l’esprit va trop vite au but. La France de la Révolution et de l’Empire n’a plus d’énergie disponible
9823 a trop vite au but. La France de la Révolution et de l’Empire n’a plus d’énergie disponible pour la spéculation spirituell
9824 rop vite au but. La France de la Révolution et de l’ Empire n’a plus d’énergie disponible pour la spéculation spirituelle :
9825 a France de la Révolution et de l’Empire n’a plus d’ énergie disponible pour la spéculation spirituelle : elle n’a point de
9826 et de l’Empire n’a plus d’énergie disponible pour la spéculation spirituelle : elle n’a point de « religion nouvelle », po
9827 pour la spéculation spirituelle : elle n’a point de « religion nouvelle », point de philosophes romantiques151, peu ou po
9828  : elle n’a point de « religion nouvelle », point de philosophes romantiques151, peu ou point de métaphysique, et peu ou p
9829 point de philosophes romantiques151, peu ou point de métaphysique, et peu ou point de fantaisie, — cette surabondance de l
9830 51, peu ou point de métaphysique, et peu ou point de fantaisie, — cette surabondance de l’esprit exalté par son propre dra
9831 t peu ou point de fantaisie, — cette surabondance de l’esprit exalté par son propre drame. ⁂ Le romantisme en France n’aur
9832 eu ou point de fantaisie, — cette surabondance de l’ esprit exalté par son propre drame. ⁂ Le romantisme en France n’aura g
9833 ndance de l’esprit exalté par son propre drame. ⁂ Le romantisme en France n’aura guère débordé le champ de la psychologie
9834 e. ⁂ Le romantisme en France n’aura guère débordé le champ de la psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le
9835 omantisme en France n’aura guère débordé le champ de la psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le conduit p
9836 ntisme en France n’aura guère débordé le champ de la psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le conduit plus
9837 hologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le conduit plus rapidement que les Allemands, dans un domaine plus restr
9838 e une lucidité qui le conduit plus rapidement que les Allemands, dans un domaine plus restreint, à des conclusions désolées
9839 Certes, Chénier décrit comme un vrai romantique. L’ enthousiasme errant, fils de la pâle Nuit. Et la célèbre invocation :
9840 un vrai romantique. L’enthousiasme errant, fils de la pâle Nuit. Et la célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages d
9841 vrai romantique. L’enthousiasme errant, fils de la pâle Nuit. Et la célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages dési
9842 L’enthousiasme errant, fils de la pâle Nuit. Et la célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages désirés qui devez empo
9843 vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie, » c’est le chant pur de la passion de la Nui
9844 désirés qui devez emporter René dans les espaces d’ une autre vie, » c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il
9845 er René dans les espaces d’une autre vie, » c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystiq
9846 les espaces d’une autre vie, » c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizo
9847 espaces d’une autre vie, » c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon s
9848 une autre vie, » c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon spirituel, n
9849 autre vie, » c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon spirituel, ni d
9850 pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’ aube mystique à l’horizon spirituel, ni de véritable joie d’amour au s
9851 de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’ horizon spirituel, ni de véritable joie d’amour au sommet de ces élanc
9852 t point d’aube mystique à l’horizon spirituel, ni de véritable joie d’amour au sommet de ces élancements. Le moi n’est jam
9853 tique à l’horizon spirituel, ni de véritable joie d’ amour au sommet de ces élancements. Le moi n’est jamais transcendé, il
9854 spirituel, ni de véritable joie d’amour au sommet de ces élancements. Le moi n’est jamais transcendé, il se refuse à l’ill
9855 itable joie d’amour au sommet de ces élancements. Le moi n’est jamais transcendé, il se refuse à l’illusion dernière d’une
9856 s. Le moi n’est jamais transcendé, il se refuse à l’ illusion dernière d’une libération cosmique. Il retombe, désenchanté,
9857 is transcendé, il se refuse à l’illusion dernière d’ une libération cosmique. Il retombe, désenchanté, à l’analyse de sa tr
9858 e libération cosmique. Il retombe, désenchanté, à l’ analyse de sa tristesse et de son impuissance lucide. Romantisme mûri,
9859 on cosmique. Il retombe, désenchanté, à l’analyse de sa tristesse et de son impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé,
9860 ombe, désenchanté, à l’analyse de sa tristesse et de son impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé, l’on serait même t
9861 on impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé, l’ on serait même tenté de dire : trop rigoureux… Auprès de lui, Jean-Pau
9862 Romantisme mûri, désabusé, l’on serait même tenté de dire : trop rigoureux… Auprès de lui, Jean-Paul et Novalis feront tou
9863 lui, Jean-Paul et Novalis feront toujours figure d’ adolescents. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur
9864 et Novalis feront toujours figure d’adolescents. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’es
9865 lis feront toujours figure d’adolescents. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-ê
9866 feront toujours figure d’adolescents. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-être
9867 rs figure d’adolescents. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-être qu’il est plus
9868 s. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-être qu’il est plus « naïf », plus assur
9869 de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré de la ré
9870 st peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré de la réalité de son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux form
9871 peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré de la réalité de son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux formes
9872 u’il est plus « naïf », plus assuré de la réalité de son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux formes désirables
9873 , plus assuré de la réalité de son au-delà. Voyez- les se reprendre sans cesse aux formes désirables de la terre, oublier, p
9874 les se reprendre sans cesse aux formes désirables de la terre, oublier, plaisanter follement, tout ardents de curiosité ;
9875 se reprendre sans cesse aux formes désirables de la terre, oublier, plaisanter follement, tout ardents de curiosité ; d’u
9876 erre, oublier, plaisanter follement, tout ardents de curiosité ; d’une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit le rom
9877 plaisanter follement, tout ardents de curiosité ; d’ une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit le romantique françai
9878 ’une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit le romantique français, c’est qu’il demeure un sceptique éloquent, c’est
9879 emeure un sceptique éloquent, c’est qu’il redoute la naïveté, la vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands
9880 eptique éloquent, c’est qu’il redoute la naïveté, la vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands savaient goû
9881 redoute la naïveté, la vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands savaient goûter malgré leur nostalgie152.
9882 52. René s’amuse un jour à effeuiller une branche de saule sur un ruisseau, attachant une idée à chaque feuille que le cou
9883 ruisseau, attachant une idée à chaque feuille que le courant entraîne. Il s’intéresse aux accidents qui menacent les débri
9884 traîne. Il s’intéresse aux accidents qui menacent les débris de son rameau… On croit lire un poète allemand, on va retrouve
9885 s’intéresse aux accidents qui menacent les débris de son rameau… On croit lire un poète allemand, on va retrouver la riche
9886 On croit lire un poète allemand, on va retrouver la richesse du monde… Mais déjà l’homme du xviiie se réveille et se jug
9887 , on va retrouver la richesse du monde… Mais déjà l’ homme du xviiie se réveille et se juge ridicule : « Voilà donc à quel
9888 e et se juge ridicule : « Voilà donc à quel degré de puérilité notre superbe raison peut descendre ! » Et c’est la « super
9889 notre superbe raison peut descendre ! » Et c’est la « superbe raison » qui conclut sur une épigramme : « Et encore est-il
9890 n des hommes attachent leur destinée à des choses d’ aussi peu de valeur que mes feuilles de saule. » (Le reste de la page,
9891 des choses d’aussi peu de valeur que mes feuilles de saule. » (Le reste de la page, admirable, jusqu’aux fameux orages dés
9892 aussi peu de valeur que mes feuilles de saule. » ( Le reste de la page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés)153. ⁂ «
9893 de valeur que mes feuilles de saule. » (Le reste de la page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés)153. ⁂ « Pour ces
9894 valeur que mes feuilles de saule. » (Le reste de la page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés)153. ⁂ « Pour ces ra
9895 es qui n’arrivent point à croire à leurs chimères les plus consolantes, l’amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de
9896 t à croire à leurs chimères les plus consolantes, l’ amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de la vie supérieure »
9897 l’amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de la vie supérieure » dont parle E. T. A. Hoffmann ; mais plutôt cet am
9898 amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de la vie supérieure » dont parle E. T. A. Hoffmann ; mais plutôt cet amour
9899 aciturne et toujours menacé » des plus beaux vers de Vigny. Cette absence d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de l
9900 acé » des plus beaux vers de Vigny. Cette absence d’ intérêt naïf pour les formes quotidiennes de la vie facilitera le déta
9901 vers de Vigny. Cette absence d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de la vie facilitera le détachement de l’esprit,
9902 sence d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de la vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstrai
9903 ce d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de la vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstraite
9904 pour les formes quotidiennes de la vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstraite du sentiment. Les
9905 quotidiennes de la vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstraite du sentiment. Les êtres et les ch
9906 otidiennes de la vie facilitera le détachement de l’ esprit, la purification abstraite du sentiment. Les êtres et les chose
9907 de la vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstraite du sentiment. Les êtres et les choses, ces pré
9908 l’esprit, la purification abstraite du sentiment. Les êtres et les choses, ces prétextes, percés par un regard désabusé, ce
9909 purification abstraite du sentiment. Les êtres et les choses, ces prétextes, percés par un regard désabusé, cesseront bient
9910 percés par un regard désabusé, cesseront bientôt d’ être les vrais obstacles. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieu
9911 par un regard désabusé, cesseront bientôt d’être les vrais obstacles. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieures, dev
9912 cesseront bientôt d’être les vrais obstacles. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en
9913 d’être les vrais obstacles. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en son principe : une
9914 ir joui, dit René ; il reste encore des désirs et l’ on n’a plus d’illusions… On habite avec un cœur plein, un monde vide. 
9915 ené ; il reste encore des désirs et l’on n’a plus d’ illusions… On habite avec un cœur plein, un monde vide. » Alors la fem
9916 habite avec un cœur plein, un monde vide. » Alors la femme elle-même cesse d’être le symbole indispensable de la nostalgie
9917 , un monde vide. » Alors la femme elle-même cesse d’ être le symbole indispensable de la nostalgie passionnée. Dans l’Oberm
9918 nde vide. » Alors la femme elle-même cesse d’être le symbole indispensable de la nostalgie passionnée. Dans l’Obermann de
9919 e elle-même cesse d’être le symbole indispensable de la nostalgie passionnée. Dans l’Obermann de Sénancour, l’« obstacle »
9920 lle-même cesse d’être le symbole indispensable de la nostalgie passionnée. Dans l’Obermann de Sénancour, l’« obstacle » es
9921 le indispensable de la nostalgie passionnée. Dans l’ Obermann de Sénancour, l’« obstacle » est purement intérieur, il est d
9922 stalgie passionnée. Dans l’Obermann de Sénancour, l’ « obstacle » est purement intérieur, il est dans la dualité du moi qui
9923 ’« obstacle » est purement intérieur, il est dans la dualité du moi qui ne peut ni s’affirmer ni se dissoudre, ni se possé
9924 ait pas Iseut pour elle-même, mais seulement pour l’ amour de l’Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’
9925 Iseut pour elle-même, mais seulement pour l’amour de l’Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’ignorait
9926 ut pour elle-même, mais seulement pour l’amour de l’ Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’ignorait, e
9927 ont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’ ignorait, et sa passion était naïve et forte. René et surtout Obermann
9928 et surtout Obermann ne peuvent même plus croire à l’ image : ils ont compris que le drame se passe en eux, entre les lois i
9929 même plus croire à l’image : ils ont compris que le drame se passe en eux, entre les lois inacceptables de la vie terrest
9930 s ont compris que le drame se passe en eux, entre les lois inacceptables de la vie terrestre et finie, et le désir d’une tr
9931 ame se passe en eux, entre les lois inacceptables de la vie terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos lim
9932 se passe en eux, entre les lois inacceptables de la vie terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos limite
9933 is inacceptables de la vie terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos limites, mortelle mais divinisante.
9934 ptables de la vie terrestre et finie, et le désir d’ une transgression de nos limites, mortelle mais divinisante. Rares son
9935 rrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos limites, mortelle mais divinisante. Rares sont toutefois les roma
9936 , mortelle mais divinisante. Rares sont toutefois les romantiques français qui atteignirent cette connaissance audacieuse,
9937 , exacte, et plus proche qu’on ne pourrait croire de la mystique négative. La plupart reviendront aux illusions de l’amour
9938 xacte, et plus proche qu’on ne pourrait croire de la mystique négative. La plupart reviendront aux illusions de l’amour hu
9939 ue négative. La plupart reviendront aux illusions de l’amour humain, sans retrouver pourtant la forte naïveté du mythe. Il
9940 négative. La plupart reviendront aux illusions de l’ amour humain, sans retrouver pourtant la forte naïveté du mythe. Ils r
9941 usions de l’amour humain, sans retrouver pourtant la forte naïveté du mythe. Ils raffineront merveilleusement les « prétex
9942 aïveté du mythe. Ils raffineront merveilleusement les « prétextes » traditionnels à la séparation des deux amants : du Lys
9943 erveilleusement les « prétextes » traditionnels à la séparation des deux amants : du Lys dans la vallée (le plus naïf) jus
9944 els à la séparation des deux amants : du Lys dans la vallée (le plus naïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt l
9945 paration des deux amants : du Lys dans la vallée ( le plus naïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt le mariage e
9946 ys dans la vallée (le plus naïf) jusqu’à Adolphe ( le plus lucide) c’est tantôt le mariage et l’honneur, ou le devoir socia
9947 ïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt le mariage et l’honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou le secret
9948 olphe (le plus lucide) c’est tantôt le mariage et l’ honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique d
9949 lucide) c’est tantôt le mariage et l’honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique de l’amant ou q
9950 le mariage et l’honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique de l’amant ou quelque scrupule relig
9951 t l’honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique de l’amant ou quelque scrupule religieux, enfin l
9952 ir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique de l’amant ou quelque scrupule religieux, enfin le narcissisme avoué… In
9953 social, ou la vertu, ou le secret mélancolique de l’ amant ou quelque scrupule religieux, enfin le narcissisme avoué… Intér
9954 e de l’amant ou quelque scrupule religieux, enfin le narcissisme avoué… Intériorisation progressive du mythe, à mesure que
9955 ntériorisation progressive du mythe, à mesure que l’ obstacle invoqué s’effrite et se dissout dans une critique sceptique,
9956 e dissout dans une critique sceptique, tandis que les morales s’abâtardissent, et que tout élément « sacré » disparaît de l
9957 rdissent, et que tout élément « sacré » disparaît de la vie sociale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du x
9958 ssent, et que tout élément « sacré » disparaît de la vie sociale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du xvii
9959 » disparaît de la vie sociale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du xviiie siècle, ayant subi la « touche 
9960 du sublime Homme du xviiie siècle, ayant subi la « touche » du romantisme, et fréquentant d’ailleurs une société des p
9961 ques, Stendhal nous offre un exemple parfait pour l’ analyse de la profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la
9962 dhal nous offre un exemple parfait pour l’analyse de la profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion t
9963 l nous offre un exemple parfait pour l’analyse de la profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion tour
9964 se de la profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’e
9965 rofanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’est-à-dire
9966 anation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’est-à-dire dan
9967 vide dont parlait Fichte, cet appel insatiable à l’ inconnu, à l’Inconnue qui pourrait seule le combler. Aimer passionnéme
9968 rlait Fichte, cet appel insatiable à l’inconnu, à l’ Inconnue qui pourrait seule le combler. Aimer passionnément, ce serait
9969 able à l’inconnu, à l’Inconnue qui pourrait seule le combler. Aimer passionnément, ce serait vivre ! Il s’imagine de très
9970 mer passionnément, ce serait vivre ! Il s’imagine de très bonne foi qu’un tel besoin relève de la nature physique. (Et il
9971 imagine de très bonne foi qu’un tel besoin relève de la nature physique. (Et il a même là-dessus sa petite explication mat
9972 gine de très bonne foi qu’un tel besoin relève de la nature physique. (Et il a même là-dessus sa petite explication matéri
9973 ait bien si je lui démontrais que ce n’est là que l’ empreinte du mythe dans son esprit, une habitude héritée de la culture
9974 te du mythe dans son esprit, une habitude héritée de la culture, et spécialement de la littérature, puisque mystique et re
9975 du mythe dans son esprit, une habitude héritée de la culture, et spécialement de la littérature, puisque mystique et relig
9976 e habitude héritée de la culture, et spécialement de la littérature, puisque mystique et religion, pour lui, sont mortes.
9977 abitude héritée de la culture, et spécialement de la littérature, puisque mystique et religion, pour lui, sont mortes. Mai
9978 ligion, pour lui, sont mortes. Mais il est obligé de constater que ce désir de passion, et la passion elle-même dans le mo
9979 tes. Mais il est obligé de constater que ce désir de passion, et la passion elle-même dans le monde où il vit, sont condam
9980 t obligé de constater que ce désir de passion, et la passion elle-même dans le monde où il vit, sont condamnés par la rais
9981 ce désir de passion, et la passion elle-même dans le monde où il vit, sont condamnés par la raison et par le scepticisme g
9982 -même dans le monde où il vit, sont condamnés par la raison et par le scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve de
9983 de où il vit, sont condamnés par la raison et par le scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve de justifier ce bes
9984 mnés par la raison et par le scepticisme général. D’ où le besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin ; d’où son fameux tr
9985 par la raison et par le scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin ; d’où son fameux traité
9986 scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin ; d’où son fameux traité De l’Amour. Aux première
9987 le besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin ; d’ où son fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes de la préface, v
9988 e de justifier ce besoin ; d’où son fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes de la préface, vous le sentez en pleine
9989 e justifier ce besoin ; d’où son fameux traité De l’ Amour. Aux premières lignes de la préface, vous le sentez en pleine po
9990 on fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes de la préface, vous le sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite d
9991 fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes de la préface, vous le sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de l
9992 l’Amour. Aux premières lignes de la préface, vous le sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de l’amour, ce petit
9993 e sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de l’amour, ce petit volume n’est point un roman, et surtout n’est pas a
9994 entez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de l’ amour, ce petit volume n’est point un roman, et surtout n’est pas amus
9995 ut uniment une description exacte et scientifique d’ une sorte de folie très rare en France… » Stendhal baptise cette folie
9996 ne description exacte et scientifique d’une sorte de folie très rare en France… » Stendhal baptise cette folie : l’amour-p
9997 rare en France… » Stendhal baptise cette folie : l’ amour-passion. ⁂ Tout le monde connaît la thèse du traité. Il y a quat
9998 folie : l’amour-passion. ⁂ Tout le monde connaît la thèse du traité. Il y a quatre amours différents : l’amour-passion, l
9999 hèse du traité. Il y a quatre amours différents : l’ amour-passion, l’amour-goût, l’amour physique et l’amour de vanité. Le
10000 l y a quatre amours différents : l’amour-passion, l’ amour-goût, l’amour physique et l’amour de vanité. Le premier seul tro
10001 mours différents : l’amour-passion, l’amour-goût, l’ amour physique et l’amour de vanité. Le premier seul trouve grâce aux
10002 ’amour-passion, l’amour-goût, l’amour physique et l’ amour de vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La
10003 assion, l’amour-goût, l’amour physique et l’amour de vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie
10004 de vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que
10005 vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de l’ auteur. La théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’
10006 e premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cr
10007 eul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cristallisati
10008 trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cristallisation,
10009 e l’auteur. La théorie de la cristallisation doit l’ expliquer. « Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’
10010 liquer. « Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’ opération de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découvert
10011 que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’obje
10012 e j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’ esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet a
10013 llisation, c’est l’opération de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles
10014 n de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux m
10015 tire de tout ce qui se présente la découverte que l’ objet aimé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel de Sal
10016 qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel de Salzburg, lorsqu’o
10017 imé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel de Salzburg, lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on le
10018 e nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel de Salzburg, lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on le retrou
10019 e sel de Salzburg, lorsqu’on jette un rameau dans l’ eau profonde, on le retrouve trois mois après « garni d’une infinité d
10020 lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on le retrouve trois mois après « garni d’une infinité de diamants mobiles
10021 profonde, on le retrouve trois mois après « garni d’ une infinité de diamants mobiles et éblouissants ». Tomber amoureux, d
10022 retrouve trois mois après « garni d’une infinité de diamants mobiles et éblouissants ». Tomber amoureux, dans cette théor
10023 e possède nullement. Et pourquoi cela ? Parce que l’ on a besoin d’aimer, et qu’on ne peut aimer que la beauté. Disons plus
10024 ement. Et pourquoi cela ? Parce que l’on a besoin d’ aimer, et qu’on ne peut aimer que la beauté. Disons plus simplement qu
10025 l’on a besoin d’aimer, et qu’on ne peut aimer que la beauté. Disons plus simplement que la cristallisation, c’est le momen
10026 t aimer que la beauté. Disons plus simplement que la cristallisation, c’est le moment où l’on idéalise la femme aimée. Je
10027 ons plus simplement que la cristallisation, c’est le moment où l’on idéalise la femme aimée. Je crois que c’est Ortega qui
10028 lement que la cristallisation, c’est le moment où l’ on idéalise la femme aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné l
10029 cristallisation, c’est le moment où l’on idéalise la femme aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné le premier154 q
10030 e aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné le premier154 que cette célèbre théorie revient à faire de l’amour passi
10031 mier154 que cette célèbre théorie revient à faire de l’amour passionné une simple erreur. « Non point que la passion se tr
10032 r154 que cette célèbre théorie revient à faire de l’ amour passionné une simple erreur. « Non point que la passion se tromp
10033 mour passionné une simple erreur. « Non point que la passion se trompe souvent, précise-t-il, mais elle est en soi une err
10034 t, précise-t-il, mais elle est en soi une erreur… Le cas Stendhal n’est pas douteux : il s’agit d’un homme qui n’aimait pa
10035 ur… Le cas Stendhal n’est pas douteux : il s’agit d’ un homme qui n’aimait pas réellement, et qui surtout ne fut pas réelle
10036 an était aimé ; mais celui qui n’a du premier que la nostalgie, et du second que l’inconstance, se voit amené à définir l’
10037 n’a du premier que la nostalgie, et du second que l’ inconstance, se voit amené à définir l’amour comme « une maladie de l’
10038 second que l’inconstance, se voit amené à définir l’ amour comme « une maladie de l’esprit » — dans la pure tradition antiq
10039 voit amené à définir l’amour comme « une maladie de l’esprit » — dans la pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heu
10040 it amené à définir l’amour comme « une maladie de l’ esprit » — dans la pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureu
10041 l’amour comme « une maladie de l’esprit » — dans la pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureux d’être malade. L
10042 e tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureux d’ être malade. Le voici donc dans la situation d’un médecin qui étudie s
10043 ique, sauf qu’il s’affirme heureux d’être malade. Le voici donc dans la situation d’un médecin qui étudie sur lui-même les
10044 affirme heureux d’être malade. Le voici donc dans la situation d’un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et les sin
10045 ux d’être malade. Le voici donc dans la situation d’ un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et les singularités d’u
10046 la situation d’un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et les singularités d’un mal qu’il ne croit pas mortel155. Un
10047 un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et les singularités d’un mal qu’il ne croit pas mortel155. Une chose me frap
10048 udie sur lui-même les progrès et les singularités d’ un mal qu’il ne croit pas mortel155. Une chose me frappe : sa descript
10049 ne chose me frappe : sa description est admirable de vivacité, d’exactitude, parfois de profondeur ; mais elle est totalem
10050 rappe : sa description est admirable de vivacité, d’ exactitude, parfois de profondeur ; mais elle est totalement pessimist
10051 est admirable de vivacité, d’exactitude, parfois de profondeur ; mais elle est totalement pessimiste — puisque aussi bien
10052 alement pessimiste — puisque aussi bien il s’agit d’ une erreur et dont il se désole d’être tiré. D’où peut provenir ce pes
10053 bien il s’agit d’une erreur et dont il se désole d’ être tiré. D’où peut provenir ce pessimisme incompatible avec la conce
10054 it d’une erreur et dont il se désole d’être tiré. D’ où peut provenir ce pessimisme incompatible avec la conception de la v
10055 ’où peut provenir ce pessimisme incompatible avec la conception de la vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne
10056 nir ce pessimisme incompatible avec la conception de la vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne se pose jamai
10057 ce pessimisme incompatible avec la conception de la vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne se pose jamais.
10058 conception de la vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne se pose jamais. Il note très bien : « Le plaisir ne
10059 on qu’il ne se pose jamais. Il note très bien : «  Le plaisir ne produit pas la moitié autant d’impression que la douleur,
10060 . Il note très bien : « Le plaisir ne produit pas la moitié autant d’impression que la douleur, ensuite, outre ce désagrém
10061 en : « Le plaisir ne produit pas la moitié autant d’ impression que la douleur, ensuite, outre ce désagrément dans la quant
10062 ne produit pas la moitié autant d’impression que la douleur, ensuite, outre ce désagrément dans la quantité d’émotion, la
10063 ue la douleur, ensuite, outre ce désagrément dans la quantité d’émotion, la sympathie est au moins la moitié moins excitée
10064 r, ensuite, outre ce désagrément dans la quantité d’ émotion, la sympathie est au moins la moitié moins excitée par la pein
10065 outre ce désagrément dans la quantité d’émotion, la sympathie est au moins la moitié moins excitée par la peinture du bon
10066 la quantité d’émotion, la sympathie est au moins la moitié moins excitée par la peinture du bonheur que par celle de l’in
10067 ympathie est au moins la moitié moins excitée par la peinture du bonheur que par celle de l’infortune. » Et encore : « Une
10068 excitée par la peinture du bonheur que par celle de l’infortune. » Et encore : « Une âme faite pour les passions sent d’a
10069 citée par la peinture du bonheur que par celle de l’ infortune. » Et encore : « Une âme faite pour les passions sent d’abor
10070 e l’infortune. » Et encore : « Une âme faite pour les passions sent d’abord que cette vie heureuse (le mariage) l’ennuie, e
10071 les passions sent d’abord que cette vie heureuse ( le mariage) l’ennuie, et peut-être aussi qu’elle ne lui donne que des id
10072 sent d’abord que cette vie heureuse (le mariage) l’ ennuie, et peut-être aussi qu’elle ne lui donne que des idées communes
10073 t plus loin : « Il y a peu de peines morales dans la vie qui ne soient rendues chères par l’émotion qu’elles excitent. » V
10074 ales dans la vie qui ne soient rendues chères par l’ émotion qu’elles excitent. » Voilà qui est vrai : nous aimons la doule
10075 lles excitent. » Voilà qui est vrai : nous aimons la douleur, et le bonheur nous ennuie un peu… Cela vous paraît tout natu
10076 » Voilà qui est vrai : nous aimons la douleur, et le bonheur nous ennuie un peu… Cela vous paraît tout naturel ? Et pourta
10077 Un Grec ressuscité ne s’en étonnerait pas moins. D’ où nous viennent donc ce goût et ce dégoût bizarres ? Ne sont-ils pas
10078 ne se pose pas la question, n’étant pas en mesure de la résoudre. En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce, la plu
10079 se pose pas la question, n’étant pas en mesure de la résoudre. En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce, la plus f
10080 de la résoudre. En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce, la plus franche — il supprime simplement tout problème,
10081 En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce, la plus franche — il supprime simplement tout problème, grâce à sa théor
10082 rime simplement tout problème, grâce à sa théorie de la cristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique la passion, à s
10083 e simplement tout problème, grâce à sa théorie de la cristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique la passion, à son
10084 e, grâce à sa théorie de la cristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique la passion, à son avis, c’est une erreur fa
10085 grâce à sa théorie de la cristallisation, donc de l’ erreur. Ce qui explique la passion, à son avis, c’est une erreur favor
10086 ristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique la passion, à son avis, c’est une erreur favorable au désir. « Ce phénom
10087 orable au désir. « Ce phénomène, dit-il, vient de la nature qui nous commande d’avoir du plaisir et qui nous envoie le san
10088 ène, dit-il, vient de la nature qui nous commande d’ avoir du plaisir et qui nous envoie le sang au cerveau. » Voilà donc l
10089 us commande d’avoir du plaisir et qui nous envoie le sang au cerveau. » Voilà donc le jugement obscurci, et qui se met à «
10090 qui nous envoie le sang au cerveau. » Voilà donc le jugement obscurci, et qui se met à « cristalliser ». Mais on ne voit
10091 t à « cristalliser ». Mais on ne voit pas comment l’ instinct se déciderait à commettre l’erreur nécessaire à cette opérati
10092 pas comment l’instinct se déciderait à commettre l’ erreur nécessaire à cette opération rusée. (L’instinct seul, livré à l
10093 tre l’erreur nécessaire à cette opération rusée. ( L’ instinct seul, livré à lui-même). Je crois, comme Ortega, que la solut
10094 l, livré à lui-même). Je crois, comme Ortega, que la solution stendhalienne est d’abord inexacte, au regard des faits. Il
10095 n amour qui, loin de se tromper, est seul capable de découvrir dans l’être aimé les qualités réelles qui s’y cachent. De p
10096 de se tromper, est seul capable de découvrir dans l’ être aimé les qualités réelles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce poin
10097 r, est seul capable de découvrir dans l’être aimé les qualités réelles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce point là le type
10098 elles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce point là le type d’une solution verbale ? Car dire que la passion est une erreur
10099 i s’y cachent. De plus, n’est-ce point là le type d’ une solution verbale ? Car dire que la passion est une erreur — elle l
10100 là le type d’une solution verbale ? Car dire que la passion est une erreur — elle l’est parfois —, ce n’est pas encore ex
10101 e ? Car dire que la passion est une erreur — elle l’ est parfois —, ce n’est pas encore expliquer cette erreur. L’instinct
10102 is —, ce n’est pas encore expliquer cette erreur. L’ instinct ou la nature n’ont pas coutume de se tromper de la sorte… S’i
10103 pas encore expliquer cette erreur. L’instinct ou la nature n’ont pas coutume de se tromper de la sorte… S’il y a erreur,
10104 erreur. L’instinct ou la nature n’ont pas coutume de se tromper de la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’
10105 inct ou la nature n’ont pas coutume de se tromper de la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit. La vér
10106 t ou la nature n’ont pas coutume de se tromper de la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit. La vérité
10107 la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène
10108 sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’ esprit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène sp
10109 l y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène spirituel qu
10110 ue de l’esprit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène spirituel que ses croyances matérialistes ne s
10111 rit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime d’ un phénomène spirituel que ses croyances matérialistes ne sont plus en
10112 es croyances matérialistes ne sont plus en mesure de justifier. Victime heureuse d’ailleurs, et cela suffit à l’empêcher d
10113 er. Victime heureuse d’ailleurs, et cela suffit à l’ empêcher de pousser plus avant son enquête. Qu’est-ce que ce livre qu’
10114 heureuse d’ailleurs, et cela suffit à l’empêcher de pousser plus avant son enquête. Qu’est-ce que ce livre qu’il nous lai
10115 quête. Qu’est-ce que ce livre qu’il nous laisse ? Le témoignage d’une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le myth
10116 ce que ce livre qu’il nous laisse ? Le témoignage d’ une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le mythe : non qu’il
10117 aisse ? Le témoignage d’une inquiétude qu’éprouve l’ esprit lucide devant le mythe : non qu’il désire vraiment s’en libérer
10118 ’une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le mythe : non qu’il désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu la
10119 désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu la clé. Ce n’est pas qu’au cours de sa recherche, Stendhal n’ait plusieu
10120 ois « brûlé ». Il consacre deux longs chapitres à l’ amour en Provence au xiie siècle, et reproduit le code d’amour courto
10121 l’amour en Provence au xiie siècle, et reproduit le code d’amour courtois en appendice. (Raynouard et Fauriel venaient de
10122 en Provence au xiie siècle, et reproduit le code d’ amour courtois en appendice. (Raynouard et Fauriel venaient de provoqu
10123 dice. (Raynouard et Fauriel venaient de provoquer la renaissance des études romanes.) « Singulière civilisation », dit-il.
10124 galanterie aimable, spirituelle et conduite entre les deux sexes sur les principes de la justice… » Il finira, bien entendu
10125 spirituelle et conduite entre les deux sexes sur les principes de la justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ce
10126 t conduite entre les deux sexes sur les principes de la justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ces anecdotes.
10127 onduite entre les deux sexes sur les principes de la justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ces anecdotes.
10128 pes de la justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ces anecdotes. 18.Wagner, ou l’achèvement Délivré du mo
10129 u, par les citer, ces anecdotes. 18.Wagner, ou l’ achèvement Délivré du monde, je te possède enfin, ô toi seule qui
10130 seule qui remplis toute mon âme, suprême volupté d’ amour ! L’homme qui a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que
10131 remplis toute mon âme, suprême volupté d’amour ! L’ homme qui a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que la passion
10132 a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que la passion est quelque chose de plus que l’erreur : qu’elle est une déci
10133 vait que la passion est quelque chose de plus que l’ erreur : qu’elle est une décision fondamentale de l’être, un choix en
10134 l’erreur : qu’elle est une décision fondamentale de l’être, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est la libération d
10135 erreur : qu’elle est une décision fondamentale de l’ être, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est la libération d’un
10136 ion fondamentale de l’être, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mai
10137 tale de l’être, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace d
10138 re, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace de cette œuvr
10139 n faveur de la Mort, si la Mort est la libération d’ un monde ordonné par le mal. Mais l’audace de cette œuvre est de celle
10140 la Mort est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace de cette œuvre est de celles qui ne peuvent être t
10141 la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’ audace de cette œuvre est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à
10142 tion d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace de cette œuvre est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur
10143 onné par le mal. Mais l’audace de cette œuvre est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur d’une totale mépri
10144 e est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur d’une totale méprise, organisée et entretenue par une sorte de
10145 elles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur d’ une totale méprise, organisée et entretenue par une sorte de consensus
10146 le méprise, organisée et entretenue par une sorte de consensus social, d’aveuglement tout à la fois juré et inconscient. À
10147 et entretenue par une sorte de consensus social, d’ aveuglement tout à la fois juré et inconscient. À force de l’entendre
10148 nt tout à la fois juré et inconscient. À force de l’ entendre répéter par les bons juges, on a fini par croire que le Trist
10149 et inconscient. À force de l’entendre répéter par les bons juges, on a fini par croire que le Tristan de Wagner est un dram
10150 éter par les bons juges, on a fini par croire que le Tristan de Wagner est un drame du désir sensuel. Qu’un tel jugement a
10151 es, voilà qui est significatif au plus haut point de la nécessité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’une socié
10152 voilà qui est significatif au plus haut point de la nécessité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’une société
10153 nt de la nécessité sociale des mythes. (Mensonges d’ autodéfense d’une société qui veut sauver sa forme, tandis que les ind
10154 sité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’ une société qui veut sauver sa forme, tandis que les individus qui la
10155 ’une société qui veut sauver sa forme, tandis que les individus qui la composent se prêtent obscurément, sous le couvert d’
10156 eut sauver sa forme, tandis que les individus qui la composent se prêtent obscurément, sous le couvert d’un refus, aux pas
10157 dus qui la composent se prêtent obscurément, sous le couvert d’un refus, aux passions qui tendent à sa perte). En composan
10158 composent se prêtent obscurément, sous le couvert d’ un refus, aux passions qui tendent à sa perte). En composant Tristan,
10159 à sa perte). En composant Tristan, Wagner a violé le tabou : il a tout dit, tout avoué par les paroles de son livret, et p
10160 a violé le tabou : il a tout dit, tout avoué par les paroles de son livret, et plus encore par sa musique. Il a chanté la
10161 tabou : il a tout dit, tout avoué par les paroles de son livret, et plus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit de la
10162 ivret, et plus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit de la dissolution des formes et des êtres, la libération du dési
10163 t plus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit de la dissolution des formes et des êtres, la libération du désir, l’ana
10164 lus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit de la dissolution des formes et des êtres, la libération du désir, l’anathè
10165 a Nuit de la dissolution des formes et des êtres, la libération du désir, l’anathème sur le désir, la gloire crépusculaire
10166 des formes et des êtres, la libération du désir, l’ anathème sur le désir, la gloire crépusculaire, immensément plaintive
10167 des êtres, la libération du désir, l’anathème sur le désir, la gloire crépusculaire, immensément plaintive et bienheureuse
10168 la libération du désir, l’anathème sur le désir, la gloire crépusculaire, immensément plaintive et bienheureuse de l’âme
10169 pusculaire, immensément plaintive et bienheureuse de l’âme sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfiqu
10170 culaire, immensément plaintive et bienheureuse de l’ âme sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique d
10171 ent plaintive et bienheureuse de l’âme sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique de ce message, il
10172 me sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique de ce message, il fallait le nier pour pouvoir l’accue
10173 lessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique de ce message, il fallait le nier pour pouvoir l’accueillir, il fallait
10174 Mais le sens maléfique de ce message, il fallait le nier pour pouvoir l’accueillir, il fallait à tout prix le travestir,
10175 ue de ce message, il fallait le nier pour pouvoir l’ accueillir, il fallait à tout prix le travestir, l’interpréter d’une m
10176 pour pouvoir l’accueillir, il fallait à tout prix le travestir, l’interpréter d’une manière tolérable, c’est-à-dire au nom
10177 ’accueillir, il fallait à tout prix le travestir, l’ interpréter d’une manière tolérable, c’est-à-dire au nom du bon sens.
10178 l fallait à tout prix le travestir, l’interpréter d’ une manière tolérable, c’est-à-dire au nom du bon sens. Du mystère bou
10179 -dire au nom du bon sens. Du mystère bouleversant de la Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation 
10180 re au nom du bon sens. Du mystère bouleversant de la Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d
10181 u bon sens. Du mystère bouleversant de la Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d’un pauvre
10182 on sens. Du mystère bouleversant de la Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d’un pauvre sec
10183 ersant de la Nuit et de la destruction des corps, l’ on a fait la « sublimation » d’un pauvre secret du plein jour l’attrai
10184 Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d’un pauvre secret du plein jour l’attrait des sexes,
10185 ruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d’ un pauvre secret du plein jour l’attrait des sexes, la loi tout animal
10186 « sublimation » d’un pauvre secret du plein jour l’ attrait des sexes, la loi tout animale des corps — ce qu’il faut à la
10187 pauvre secret du plein jour l’attrait des sexes, la loi tout animale des corps — ce qu’il faut à la société pour procréer
10188 , la loi tout animale des corps — ce qu’il faut à la société pour procréer et se consolider, ce qu’il faut au bourgeois po
10189 t et complètement ne saurait d’ailleurs témoigner d’ une vitalité sociale exceptionnelle : c’est plutôt la frivolité du pub
10190 ne vitalité sociale exceptionnelle : c’est plutôt la frivolité du public ordinaire des théâtres, son sentimentalisme lourd
10191 ourd, et pour tout dire sa faculté exceptionnelle de ne pas entendre ce qu’on lui chante, qui ont facilité l’opération. Ai
10192 as entendre ce qu’on lui chante, qui ont facilité l’ opération. Ainsi le Tristan de Wagner peut être impunément repris deva
10193 n lui chante, qui ont facilité l’opération. Ainsi le Tristan de Wagner peut être impunément repris devant des salles émues
10194 des salles émues en toute sécurité ; si forte est la certitude générale que personne ne croira son message. ⁂ Le drame déb
10195 de générale que personne ne croira son message. ⁂ Le drame débute par une évocation monumentale des puissances qui gouvern
10196 ocation monumentale des puissances qui gouvernent le monde du jour : haine, orgueil et violence barbare de l’honneur féoda
10197 onde du jour : haine, orgueil et violence barbare de l’honneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi.
10198 e du jour : haine, orgueil et violence barbare de l’ honneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi. Le
10199 onneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger l’ affront subi. Le philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à le fair
10200 usqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi. Le philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à le faire mourir : mais
10201 Le philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à le faire mourir : mais d’une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon
10202 re à Tristan est destiné à le faire mourir : mais d’ une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon les lois du jour et de
10203 t destiné à le faire mourir : mais d’une mort que l’ Amour condamne, d’une mort selon les lois du jour et de la vengeance,
10204 re mourir : mais d’une mort que l’Amour condamne, d’ une mort selon les lois du jour et de la vengeance, brutale, accidente
10205 d’une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon les lois du jour et de la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sen
10206 ur condamne, d’une mort selon les lois du jour et de la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or la M
10207 condamne, d’une mort selon les lois du jour et de la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or la Minn
10208 et de la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or la Minne suprême inspire à Brangaene l’erreur qui d
10209 rutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or la Minne suprême inspire à Brangaene l’erreur qui doit sauver l’Amour. A
10210 mystique. Or la Minne suprême inspire à Brangaene l’ erreur qui doit sauver l’Amour. Au philtre de mort, elle substitue le
10211 rême inspire à Brangaene l’erreur qui doit sauver l’ Amour. Au philtre de mort, elle substitue le breuvage d’initiation. Ai
10212 aene l’erreur qui doit sauver l’Amour. Au philtre de mort, elle substitue le breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte uniqu
10213 auver l’Amour. Au philtre de mort, elle substitue le breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et d’Isolde
10214 r. Au philtre de mort, elle substitue le breuvage d’ initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et d’Isolde, aussitôt q
10215 t, elle substitue le breuvage d’initiation. Ainsi l’ étreinte unique de Tristan et d’Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est
10216 le breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et d’Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est le baiser unique d
10217 initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et d’ Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est le baiser unique du sacrement ca
10218 ristan et d’Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est le baiser unique du sacrement cathare, le consolamentum des Purs ! Dès c
10219 bu, c’est le baiser unique du sacrement cathare, le consolamentum des Purs ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine,
10220 are, le consolamentum des Purs ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine, l’honneur et la vengeance sont devenues sans
10221 tum des Purs ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine, l’honneur et la vengeance sont devenues sans force sur leurs c
10222 rs ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine, l’ honneur et la vengeance sont devenues sans force sur leurs cœurs. Les
10223 instant, les lois du jour, la haine, l’honneur et la vengeance sont devenues sans force sur leurs cœurs. Les initiés pénèt
10224 ngeance sont devenues sans force sur leurs cœurs. Les initiés pénètrent au monde nocturne de l’extase libératrice. Et le jo
10225 rs cœurs. Les initiés pénètrent au monde nocturne de l’extase libératrice. Et le jour qui revient avec le cortège royal et
10226 cœurs. Les initiés pénètrent au monde nocturne de l’ extase libératrice. Et le jour qui revient avec le cortège royal et se
10227 ent au monde nocturne de l’extase libératrice. Et le jour qui revient avec le cortège royal et ses dissonantes fanfares, l
10228 l’extase libératrice. Et le jour qui revient avec le cortège royal et ses dissonantes fanfares, le jour ne pourra plus les
10229 vec le cortège royal et ses dissonantes fanfares, le jour ne pourra plus les ressaisir : au terme de l’épreuve qu’il va le
10230 ses dissonantes fanfares, le jour ne pourra plus les ressaisir : au terme de l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est la pa
10231 , le jour ne pourra plus les ressaisir : au terme de l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est la passion — ils ont déjà pre
10232 e jour ne pourra plus les ressaisir : au terme de l’ épreuve qu’il va leur imposer — c’est la passion — ils ont déjà presse
10233 terme de l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est la passion — ils ont déjà pressenti l’autre mort, celle qui est le seul
10234 ls ont déjà pressenti l’autre mort, celle qui est le seul accomplissement de leur amour. Le deuxième acte est le chant de
10235 autre mort, celle qui est le seul accomplissement de leur amour. Le deuxième acte est le chant de la passion des âmes pris
10236 complissement de leur amour. Le deuxième acte est le chant de la passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstac
10237 ment de leur amour. Le deuxième acte est le chant de la passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstacles surmo
10238 t de leur amour. Le deuxième acte est le chant de la passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstacles surmonté
10239 la passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstacles surmontés, quand les amants sont seuls enveloppés de ténèbr
10240 s des formes. Tous les obstacles surmontés, quand les amants sont seuls enveloppés de ténèbres, c’est le désir charnel qui
10241 surmontés, quand les amants sont seuls enveloppés de ténèbres, c’est le désir charnel qui les sépare encore. Ils sont ense
10242 s amants sont seuls enveloppés de ténèbres, c’est le désir charnel qui les sépare encore. Ils sont ensemble et pourtant il
10243 nveloppés de ténèbres, c’est le désir charnel qui les sépare encore. Ils sont ensemble et pourtant ils sont deux. Il y a ce
10244 ensemble et pourtant ils sont deux. Il y a ce et de Tristan « et » Isolde qui signifie leur dualité créée. À ce moment la
10245 olde qui signifie leur dualité créée. À ce moment la musique seule peut exprimer la certitude et la substance de cette dou
10246 créée. À ce moment la musique seule peut exprimer la certitude et la substance de cette double nostalgie d’être un. Car se
10247 nt la musique seule peut exprimer la certitude et la substance de cette double nostalgie d’être un. Car seule elle détient
10248 seule peut exprimer la certitude et la substance de cette double nostalgie d’être un. Car seule elle détient le pouvoir d
10249 rtitude et la substance de cette double nostalgie d’ être un. Car seule elle détient le pouvoir d’harmoniser la plainte de
10250 ouble nostalgie d’être un. Car seule elle détient le pouvoir d’harmoniser la plainte de deux voix, et d’en faire une plain
10251 lgie d’être un. Car seule elle détient le pouvoir d’ harmoniser la plainte de deux voix, et d’en faire une plainte unique o
10252 n. Car seule elle détient le pouvoir d’harmoniser la plainte de deux voix, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre
10253 e elle détient le pouvoir d’harmoniser la plainte de deux voix, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre la réalité
10254 pouvoir d’harmoniser la plainte de deux voix, et d’ en faire une plainte unique où déjà vibre la réalité d’un indicible au
10255 x, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre la réalité d’un indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi le leit
10256 faire une plainte unique où déjà vibre la réalité d’ un indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du du
10257 e où déjà vibre la réalité d’un indicible au-delà d’ espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celu
10258 indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celui de la mort. Encore une fois r
10259 ’espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du duo d’ amour est déjà celui de la mort. Encore une fois revient le jour : le
10260 urquoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celui de la mort. Encore une fois revient le jour : le traître Mélot156 blesse
10261 uoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celui de la mort. Encore une fois revient le jour : le traître Mélot156 blesse Tr
10262 st déjà celui de la mort. Encore une fois revient le jour : le traître Mélot156 blesse Tristan. Mais la passion a désormai
10263 lui de la mort. Encore une fois revient le jour : le traître Mélot156 blesse Tristan. Mais la passion a désormais vaincu,
10264 e jour : le traître Mélot156 blesse Tristan. Mais la passion a désormais vaincu, elle vole au jour son apparente victoire 
10265 aincu, elle vole au jour son apparente victoire : de cette blessure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de la suprêm
10266 son apparente victoire : de cette blessure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de la suprême guérison, celle que cha
10267 cette blessure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de la suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur
10268 lessure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de la suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur le cada
10269 sure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de la suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur le cadavre
10270 uérison, celle que chantera Isolde agonisante sur le cadavre de Tristan, dans l’extase de la « joie la plus haute ». Initi
10271 lle que chantera Isolde agonisante sur le cadavre de Tristan, dans l’extase de la « joie la plus haute ». Initiation, pass
10272 Isolde agonisante sur le cadavre de Tristan, dans l’ extase de la « joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissem
10273 onisante sur le cadavre de Tristan, dans l’extase de la « joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissement morte
10274 sante sur le cadavre de Tristan, dans l’extase de la « joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissement mortel :
10275 le cadavre de Tristan, dans l’extase de la « joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissement mortel : ces trois
10276 ner, par une géniale simplification, a su réduire les trois actes du drame, exposent la signification profonde du mythe, en
10277 , a su réduire les trois actes du drame, exposent la signification profonde du mythe, encore masquée dans les légendes méd
10278 nification profonde du mythe, encore masquée dans les légendes médiévales par une foule d’éléments épiques et pittoresques.
10279 asquée dans les légendes médiévales par une foule d’ éléments épiques et pittoresques. ⁂ Cependant la forme d’art que Wagne
10280 e d’éléments épiques et pittoresques. ⁂ Cependant la forme d’art que Wagner a choisie n’est pas sans recréer des possibili
10281 nts épiques et pittoresques. ⁂ Cependant la forme d’ art que Wagner a choisie n’est pas sans recréer des possibilités de « 
10282 a choisie n’est pas sans recréer des possibilités de « méprise ». Il fallait que ce fût un opéra, pour deux raisons qui ti
10283 ce fût un opéra, pour deux raisons qui tiennent à l’ essence même du mythe. De même que le péché du premier homme, et de ch
10284 i tiennent à l’essence même du mythe. De même que le péché du premier homme, et de chaque homme, introduit dans le monde l
10285 mythe. De même que le péché du premier homme, et de chaque homme, introduit dans le monde le temps ; de même que la faute
10286 premier homme, et de chaque homme, introduit dans le monde le temps ; de même que la faute des amants légendaires contre l
10287 omme, et de chaque homme, introduit dans le monde le temps ; de même que la faute des amants légendaires contre les lois d
10288 e, introduit dans le monde le temps ; de même que la faute des amants légendaires contre les lois de l’amour chaste transf
10289 e même que la faute des amants légendaires contre les lois de l’amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman
10290 e la faute des amants légendaires contre les lois de l’amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman157 — ai
10291 a faute des amants légendaires contre les lois de l’ amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman157 — ainsi
10292 ires contre les lois de l’amour chaste transforme l’ hymne des troubadours en un roman157 — ainsi les puissances du jour, é
10293 me l’hymne des troubadours en un roman157 — ainsi les puissances du jour, évoquées par le premier acte, introduisent la lut
10294 jour, évoquées par le premier acte, introduisent la lutte et la durée, qui sont les éléments du drame. Mais le drame ne p
10295 ées par le premier acte, introduisent la lutte et la durée, qui sont les éléments du drame. Mais le drame ne peut pas tout
10296 acte, introduisent la lutte et la durée, qui sont les éléments du drame. Mais le drame ne peut pas tout dire, la religion d
10297 et la durée, qui sont les éléments du drame. Mais le drame ne peut pas tout dire, la religion de la passion étant « essent
10298 ts du drame. Mais le drame ne peut pas tout dire, la religion de la passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la
10299 Mais le drame ne peut pas tout dire, la religion de la passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la musique seu
10300 is le drame ne peut pas tout dire, la religion de la passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la musique seule
10301 ssion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la musique seule sera capable d’exprimer la dialectique transcendentale,
10302 lyrique ». Dès lors la musique seule sera capable d’ exprimer la dialectique transcendentale, le caractère éperdument contr
10303 Dès lors la musique seule sera capable d’exprimer la dialectique transcendentale, le caractère éperdument contradictoire,
10304 apable d’exprimer la dialectique transcendentale, le caractère éperdument contradictoire, contrapuntique de la passion de
10305 ractère éperdument contradictoire, contrapuntique de la passion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition
10306 tère éperdument contradictoire, contrapuntique de la passion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition mê
10307 ment contradictoire, contrapuntique de la passion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition même de la mu
10308 t contradictoire, contrapuntique de la passion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition même de la musiq
10309 contrapuntique de la passion de la Nuit — qui est l’ appel au Jour incréé. La définition même de la musique occidentale, c’
10310 sion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition même de la musique occidentale, c’est l’accord émouvant de
10311 ui est l’appel au Jour incréé. La définition même de la musique occidentale, c’est l’accord émouvant des contraires ; en t
10312 est l’appel au Jour incréé. La définition même de la musique occidentale, c’est l’accord émouvant des contraires ; en term
10313 définition même de la musique occidentale, c’est l’ accord émouvant des contraires ; en termes de l’art : le contrepoint.
10314 t l’accord émouvant des contraires ; en termes de l’ art : le contrepoint. Expression d’un dualisme douloureux, permanent a
10315 rd émouvant des contraires ; en termes de l’art : le contrepoint. Expression d’un dualisme douloureux, permanent au niveau
10316 ; en termes de l’art : le contrepoint. Expression d’ un dualisme douloureux, permanent au niveau de la vie, mais qui s’évan
10317 d’un dualisme douloureux, permanent au niveau de la vie, mais qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de la mort p
10318 ent au niveau de la vie, mais qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de la mort physique. Or le drame achevé par l
10319 is qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de la mort physique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’opéra. A
10320 qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de la mort physique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’opéra. Ains
10321 a grâce lumineuse au-delà de la mort physique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un
10322 -delà de la mort physique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe d
10323 hysique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’ opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe de Tristan et celui
10324 c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expressi
10325 péra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression achevé
10326 t point un hasard si le mythe de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression achevée que dans la forme
10327 ’ont pu recevoir leur expression achevée que dans la forme de l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvr
10328 ecevoir leur expression achevée que dans la forme de l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvre du dram
10329 voir leur expression achevée que dans la forme de l’ opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvre du drame m
10330 me de l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvre du drame musical, c’est en vertu de l’affinité originel
10331 chefs-d’œuvre du drame musical, c’est en vertu de l’ affinité originelle de ce mode d’expression et des sujets qu’ils suren
10332 musical, c’est en vertu de l’affinité originelle de ce mode d’expression et des sujets qu’ils surent choisir. La musique
10333 ’est en vertu de l’affinité originelle de ce mode d’ expression et des sujets qu’ils surent choisir. La musique seule peut
10334 d’expression et des sujets qu’ils surent choisir. La musique seule peut bien parler de la tragédie, dont elle est la mère
10335 surent choisir. La musique seule peut bien parler de la tragédie, dont elle est la mère et la fille Toutefois, dans le cas
10336 ent choisir. La musique seule peut bien parler de la tragédie, dont elle est la mère et la fille Toutefois, dans le cas de
10337 le peut bien parler de la tragédie, dont elle est la mère et la fille Toutefois, dans le cas de Tristan, l’élément plastiq
10338 n parler de la tragédie, dont elle est la mère et la fille Toutefois, dans le cas de Tristan, l’élément plastique inhérent
10339 dont elle est la mère et la fille Toutefois, dans le cas de Tristan, l’élément plastique inhérent à toute mise en scène th
10340 le est la mère et la fille Toutefois, dans le cas de Tristan, l’élément plastique inhérent à toute mise en scène théâtrale
10341 re et la fille Toutefois, dans le cas de Tristan, l’ élément plastique inhérent à toute mise en scène théâtrale se trouve r
10342 n scène théâtrale se trouve recréer un obstacle à la compréhension directe du mythe. Les acteurs, les costumes, les décors
10343 un obstacle à la compréhension directe du mythe. Les acteurs, les costumes, les décors158 retiennent l’attention dans le r
10344 à la compréhension directe du mythe. Les acteurs, les costumes, les décors158 retiennent l’attention dans le réel, imposent
10345 sion directe du mythe. Les acteurs, les costumes, les décors158 retiennent l’attention dans le réel, imposent la présence d
10346 s acteurs, les costumes, les décors158 retiennent l’ attention dans le réel, imposent la présence du « jour », contredisent
10347 stumes, les décors158 retiennent l’attention dans le réel, imposent la présence du « jour », contredisent fatalement le se
10348 158 retiennent l’attention dans le réel, imposent la présence du « jour », contredisent fatalement le sens profond de l’ac
10349 la présence du « jour », contredisent fatalement le sens profond de l’action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime
10350 « jour », contredisent fatalement le sens profond de l’action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l’illusion d
10351 our », contredisent fatalement le sens profond de l’ action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l’illusion des
10352 t le sens profond de l’action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l’illusion des formes — et des plus ridicule
10353 tion. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l’illusion des formes — et des plus ridicules. Il n’y a là, « visible
10354 n. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l’ illusion des formes — et des plus ridicules. Il n’y a là, « visiblemen
10355 nt guerrier en proie au tourment du désir… Fermez les yeux et aussitôt le drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement le
10356 au tourment du désir… Fermez les yeux et aussitôt le drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement les dimensions d’une t
10357 Fermez les yeux et aussitôt le drame s’éclaire ! L’ orchestre décrit largement les dimensions d’une tragédie tout intérieu
10358 le drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement les dimensions d’une tragédie tout intérieure. La morbidesse bouleversant
10359 ire ! L’orchestre décrit largement les dimensions d’ une tragédie tout intérieure. La morbidesse bouleversante des mélodies
10360 nt les dimensions d’une tragédie tout intérieure. La morbidesse bouleversante des mélodies révèle un monde où le désir cha
10361 sse bouleversante des mélodies révèle un monde où le désir charnel n’est plus qu’une dernière et impure langueur dans l’âm
10362 ’est plus qu’une dernière et impure langueur dans l’ âme qui se guérit de vivre. Seule la lumière douloureuse du troisième
10363 nière et impure langueur dans l’âme qui se guérit de vivre. Seule la lumière douloureuse du troisième acte — l’obsession j
10364 langueur dans l’âme qui se guérit de vivre. Seule la lumière douloureuse du troisième acte — l’obsession jaune des fiévreu
10365 Seule la lumière douloureuse du troisième acte —  l’ obsession jaune des fiévreux — peut traduire à ma vue le sens profond
10366 ssion jaune des fiévreux — peut traduire à ma vue le sens profond de l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’art
10367 fiévreux — peut traduire à ma vue le sens profond de l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop
10368 vreux — peut traduire à ma vue le sens profond de l’ exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop vi
10369 ma vue le sens profond de l’exil des amants dans l’ extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop violent, cet éclairage an
10370 e l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’ artificiel, de trop violent, cet éclairage annonce que le jour meurt,
10371 mants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop violent, cet éclairage annonce que le jour meurt, et que déjà l’
10372 iciel, de trop violent, cet éclairage annonce que le jour meurt, et que déjà l’aube n’est plus qu’un crépuscule vainement
10373 éclairage annonce que le jour meurt, et que déjà l’ aube n’est plus qu’un crépuscule vainement exalté. ⁂ Un second lieu co
10374 puscule vainement exalté. ⁂ Un second lieu commun de la critique — d’ailleurs absolument contradictoire avec celui qui fai
10375 cule vainement exalté. ⁂ Un second lieu commun de la critique — d’ailleurs absolument contradictoire avec celui qui faisai
10376 absolument contradictoire avec celui qui faisait de Tristan la glorification du désir sensuel — c’est le rappel de l’infl
10377 contradictoire avec celui qui faisait de Tristan la glorification du désir sensuel — c’est le rappel de l’influence de Sc
10378 Tristan la glorification du désir sensuel — c’est le rappel de l’influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu
10379 glorification du désir sensuel — c’est le rappel de l’influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Ni
10380 orification du désir sensuel — c’est le rappel de l’ influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Nietz
10381 du désir sensuel — c’est le rappel de l’influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Nietzsche, et Wag
10382 e influence est fortement surestimée. Un créateur de la taille de Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait tr
10383 nfluence est fortement surestimée. Un créateur de la taille de Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait trouv
10384 st fortement surestimée. Un créateur de la taille de Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait trouvé chez Sch
10385 chez Schopenhauer quelques formules reprises par le livret, une cohérence intellectuelle justifiant à ses propres yeux ce
10386 minations, voilà sans doute ce qu’il faut retenir de la rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse, la néga
10387 ations, voilà sans doute ce qu’il faut retenir de la rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse, la négatio
10388 ’il faut retenir de la rencontre, et ce n’est pas d’ un immense intérêt. L’ascèse, la négation du monde créé, l’identificat
10389 rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ ascèse, la négation du monde créé, l’identification de l’attrait sexue
10390 , et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse, la négation du monde créé, l’identification de l’attrait sexuel avec le
10391 nse intérêt. L’ascèse, la négation du monde créé, l’ identification de l’attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant
10392 cèse, la négation du monde créé, l’identification de l’attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant la connaissance,
10393 e, la négation du monde créé, l’identification de l’ attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant la connaissance, to
10394 e créé, l’identification de l’attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant la connaissance, toute cette mystique que
10395 ttrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant la connaissance, toute cette mystique que l’on s’empresse de qualifier d
10396 cissant la connaissance, toute cette mystique que l’ on s’empresse de qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’appre
10397 issance, toute cette mystique que l’on s’empresse de qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’apprendre. C’est parc
10398 e cette mystique que l’on s’empresse de qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’apprendre. C’est parce qu’il la po
10399 de qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’ apprendre. C’est parce qu’il la portait vivante en lui qu’il fut le pr
10400 gner n’avait pas à l’apprendre. C’est parce qu’il la portait vivante en lui qu’il fut le premier à retrouver sa trace dans
10401 ui qu’il fut le premier à retrouver sa trace dans les symboles des minnesänger, dans la légende manichéenne de Parzival, et
10402 sa trace dans les symboles des minnesänger, dans la légende manichéenne de Parzival, et par-dessous l’imagerie chrétienne
10403 oles des minnesänger, dans la légende manichéenne de Parzival, et par-dessous l’imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal,
10404 a légende manichéenne de Parzival, et par-dessous l’ imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal, la pierre sacrée des Iranien
10405 zival, et par-dessous l’imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal, la pierre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe
10406 ssous l’imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal, la pierre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe de Gwyon159, div
10407 l, la pierre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe de Gwyon159, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le s
10408 rre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe de Gwyon159, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu
10409 59, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu de la légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point
10410 eltique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu de la légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point là une thèse
10411 ique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu de la légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point là une thèse à f
10412 n’est point là une thèse à faire admettre, c’est l’ évidence largement déclarée par la musique et les paroles de l’opéra.
10413 admettre, c’est l’évidence largement déclarée par la musique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son
10414 t l’évidence largement déclarée par la musique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mai
10415 largement déclarée par la musique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « term
10416 rgement déclarée par la musique et les paroles de l’ opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme »
10417 rée par la musique et les paroles de l’opéra. Par l’ opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux
10418 a musique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux sens con
10419 nt deux sens contradictoires — comme presque tous les termes du vocabulaire de l’existence, décrivant l’être en situation d
10420 es — comme presque tous les termes du vocabulaire de l’existence, décrivant l’être en situation d’agir, non les objets. Ac
10421 — comme presque tous les termes du vocabulaire de l’ existence, décrivant l’être en situation d’agir, non les objets. Achèv
10422 s termes du vocabulaire de l’existence, décrivant l’ être en situation d’agir, non les objets. Achèvement désigne l’express
10423 ire de l’existence, décrivant l’être en situation d’ agir, non les objets. Achèvement désigne l’expression totale d’un être
10424 stence, décrivant l’être en situation d’agir, non les objets. Achèvement désigne l’expression totale d’un être, d’un mythe
10425 uation d’agir, non les objets. Achèvement désigne l’ expression totale d’un être, d’un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part,
10426 es objets. Achèvement désigne l’expression totale d’ un être, d’un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort.
10427 Achèvement désigne l’expression totale d’un être, d’ un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le my
10428 igne l’expression totale d’un être, d’un mythe ou d’ une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le mythe « achevé »
10429 ne œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le mythe « achevé » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère
10430 é » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ ère de ses fantômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut la voie
10431 r Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère de ses fantômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut la voie poétiq
10432 antômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut la voie poétique du mythe. Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra l
10433 ythe. Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra le symbolisme, qui engendra des mandragores, des femmes sans corps, des
10434 jeunes Parques, des apparences à peine féminines de fuites — comme on dit que l’eau fuit d’un bassin : fissures dans le r
10435 es à peine féminines de fuites — comme on dit que l’ eau fuit d’un bassin : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est l
10436 féminines de fuites — comme on dit que l’eau fuit d’ un bassin : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est la tradition
10437 on dit que l’eau fuit d’un bassin : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est la tradition alanguie, intellectualisée,
10438 fuit d’un bassin : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est la tradition alanguie, intellectualisée, sophistiquée. V
10439 n : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est la tradition alanguie, intellectualisée, sophistiquée. Voie décidément t
10440 e s’y engage tout entier : aussi déléguera-t-il à l’ aventure quelques facultés détachées. Ascèse exactement facultative. I
10441 es. Ascèse exactement facultative. Il y eut aussi la voie romanesque du mythe : mais elle ne tarda guère à déboucher sur u
10442 à déboucher sur une route nationale encombrée, où l’ on se promène le dimanche en famille pour voir passer les belles autos
10443 une route nationale encombrée, où l’on se promène le dimanche en famille pour voir passer les belles autos, et s’indigner
10444 e promène le dimanche en famille pour voir passer les belles autos, et s’indigner des excès de vitesse. Le Lys dans la Val
10445 passer les belles autos, et s’indigner des excès de vitesse. Le Lys dans la Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, T
10446 elles autos, et s’indigner des excès de vitesse. Le Lys dans la Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin
10447 et s’indigner des excès de vitesse. Le Lys dans la Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin, La Porte é
10448 dolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin, La Porte étroite, Un amour de Swann : étapes françaises de la dissociati
10449 ovary, Thérèse Raquin, La Porte étroite, Un amour de Swann : étapes françaises de la dissociation psychologique, de la dég
10450 te étroite, Un amour de Swann : étapes françaises de la dissociation psychologique, de la dégradation de « l’obstacle » ex
10451 étroite, Un amour de Swann : étapes françaises de la dissociation psychologique, de la dégradation de « l’obstacle » extér
10452 apes françaises de la dissociation psychologique, de la dégradation de « l’obstacle » extérieure, et de la reconnaissance
10453 s françaises de la dissociation psychologique, de la dégradation de « l’obstacle » extérieure, et de la reconnaissance luc
10454 la dissociation psychologique, de la dégradation de « l’obstacle » extérieure, et de la reconnaissance lucide — par là mê
10455 issociation psychologique, de la dégradation de «  l’ obstacle » extérieure, et de la reconnaissance lucide — par là même, a
10456 e la dégradation de « l’obstacle » extérieure, et de la reconnaissance lucide — par là même, antiromanesque — de sa nature
10457 a dégradation de « l’obstacle » extérieure, et de la reconnaissance lucide — par là même, antiromanesque — de sa nature pu
10458 nnaissance lucide — par là même, antiromanesque — de sa nature purement intime et subjective. (Religieuse dans le cas de G
10459 e purement intime et subjective. (Religieuse dans le cas de Gide, quasi physiologique dans celui de Proust.) Parallèlement
10460 ent intime et subjective. (Religieuse dans le cas de Gide, quasi physiologique dans celui de Proust.) Parallèlement, il co
10461 ns le cas de Gide, quasi physiologique dans celui de Proust.) Parallèlement, il convient de citer le Triomphe de la Mort d
10462 dans celui de Proust.) Parallèlement, il convient de citer le Triomphe de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de
10463 i de Proust.) Parallèlement, il convient de citer le Triomphe de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner —
10464 ) Parallèlement, il convient de citer le Triomphe de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karéni
10465 arallèlement, il convient de citer le Triomphe de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine,
10466 ment, il convient de citer le Triomphe de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine, et pres
10467 t, il convient de citer le Triomphe de la Mort de d’ Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine, et presque
10468 de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine, et presque tous les grands romans de l’ère vi
10469 irable de Wagner — Anna Karénine, et presque tous les grands romans de l’ère victorienne, et surtout Tess des d’Urberville
10470 Anna Karénine, et presque tous les grands romans de l’ère victorienne, et surtout Tess des d’Urberville et Jude l’Obscur 
10471 na Karénine, et presque tous les grands romans de l’ ère victorienne, et surtout Tess des d’Urberville et Jude l’Obscur ; e
10472 romans de l’ère victorienne, et surtout Tess des d’ Urberville et Jude l’Obscur ; et de nos jours les romans platonisants
10473 rtout Tess des d’Urberville et Jude l’Obscur ; et de nos jours les romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais les che
10474 s d’Urberville et Jude l’Obscur ; et de nos jours les romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais les chefs-d’œuvre, dé
10475 ’Obscur ; et de nos jours les romans platonisants d’ un Charles Morgan. ⁂ Mais les chefs-d’œuvre, désormais, nous en appren
10476 s romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais les chefs-d’œuvre, désormais, nous en apprennent moins sur la descente du
10477 -d’œuvre, désormais, nous en apprennent moins sur la descente du mythe dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre
10478 en apprennent moins sur la descente du mythe dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre à succès, enfin le film. L
10479 oins sur la descente du mythe dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique
10480 descente du mythe dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre
10481 du mythe dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre époque est
10482 e les romans de série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre époque est diffus dans la médiocrité.
10483 ans de série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai
10484 théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai sérieux dès lors,
10485 Le vrai tragique de notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai sérieux dès lors, implique la connaissance, le re
10486 ue de notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai sérieux dès lors, implique la connaissance, le rejet ou l’accept
10487 la médiocrité. Le vrai sérieux dès lors, implique la connaissance, le rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut les m
10488 vrai sérieux dès lors, implique la connaissance, le rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’an
10489 x dès lors, implique la connaissance, le rejet ou l’ acceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’anonymat des g
10490 plique la connaissance, le rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’anonymat des grands courants
10491 le rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’anonymat des grands courants qui roulent les individu
10492 cceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’anonymat des grands courants qui roulent les individus détachés ave
10493 ptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’ anonymat des grands courants qui roulent les individus détachés avec u
10494 et de l’anonymat des grands courants qui roulent les individus détachés avec une puissance que l’esprit répugne encore à m
10495 ent les individus détachés avec une puissance que l’ esprit répugne encore à mesurer. L’envahissement de nos littératures,
10496 puissance que l’esprit répugne encore à mesurer. L’ envahissement de nos littératures, tant bourgeoises que « prolétarienn
10497 ’esprit répugne encore à mesurer. L’envahissement de nos littératures, tant bourgeoises que « prolétariennes », par le rom
10498 res, tant bourgeoises que « prolétariennes », par le roman, et le roman d’amour s’entend, traduit exactement l’envahisseme
10499 rgeoises que « prolétariennes », par le roman, et le roman d’amour s’entend, traduit exactement l’envahissement de notre c
10500 que « prolétariennes », par le roman, et le roman d’ amour s’entend, traduit exactement l’envahissement de notre conscience
10501 et le roman d’amour s’entend, traduit exactement l’ envahissement de notre conscience par le contenu totalement profané du
10502 mour s’entend, traduit exactement l’envahissement de notre conscience par le contenu totalement profané du mythe. Celui-ci
10503 xactement l’envahissement de notre conscience par le contenu totalement profané du mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs d’être
10504 ement profané du mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs d’ être un vrai mythe dès qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et q
10505 rs d’être un vrai mythe dès qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et que le secret mystique qu’il exprimait en le voi
10506 qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et que le secret mystique qu’il exprimait en le voilant se vulgarise et se démo
10507 ral, et que le secret mystique qu’il exprimait en le voilant se vulgarise et se démocratise. Le droit à la passion des rom
10508 ait en le voilant se vulgarise et se démocratise. Le droit à la passion des romantiques devient alors la vague obsession d
10509 oilant se vulgarise et se démocratise. Le droit à la passion des romantiques devient alors la vague obsession de luxe et d
10510 droit à la passion des romantiques devient alors la vague obsession de luxe et d’aventures exotiques que les romans d’un
10511 des romantiques devient alors la vague obsession de luxe et d’aventures exotiques que les romans d’un Dekobra suffisent à
10512 iques devient alors la vague obsession de luxe et d’ aventures exotiques que les romans d’un Dekobra suffisent à satisfaire
10513 ue obsession de luxe et d’aventures exotiques que les romans d’un Dekobra suffisent à satisfaire symboliquement. Que cela n
10514 n de luxe et d’aventures exotiques que les romans d’ un Dekobra suffisent à satisfaire symboliquement. Que cela n’ait plus
10515 symboliquement. Que cela n’ait plus aucune espèce de sens valable il suffit pour s’en assurer d’imaginer l’impuissance abs
10516 spèce de sens valable il suffit pour s’en assurer d’ imaginer l’impuissance absolue où se trouvent les clients de cette lit
10517 ns valable il suffit pour s’en assurer d’imaginer l’ impuissance absolue où se trouvent les clients de cette littérature à
10518 r d’imaginer l’impuissance absolue où se trouvent les clients de cette littérature à concevoir une réalité mystique, une as
10519 l’impuissance absolue où se trouvent les clients de cette littérature à concevoir une réalité mystique, une ascèse, un ef
10520 evoir une réalité mystique, une ascèse, un effort de l’esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or la passion courtoi
10521 ir une réalité mystique, une ascèse, un effort de l’ esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or la passion courtoise
10522 ’esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or la passion courtoise n’avait pas d’autre but, et son langage n’avait pas
10523 ns sensuels : or la passion courtoise n’avait pas d’ autre but, et son langage n’avait pas d’autre clé. Perdus et oubliés c
10524 avait pas d’autre but, et son langage n’avait pas d’ autre clé. Perdus et oubliés cette clé et ce but, la passion dont le b
10525 autre clé. Perdus et oubliés cette clé et ce but, la passion dont le besoin revient nous tourmenter n’est plus qu’une mala
10526 s et oubliés cette clé et ce but, la passion dont le besoin revient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie de l’instinc
10527 revient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie de l’instinct, rarement mortelle, régulièrement toxique et déprimante, t
10528 ient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie de l’ instinct, rarement mortelle, régulièrement toxique et déprimante, tout
10529 ussi dégradée et dégradante, par rapport au mythe de Tristan, que le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’ivres
10530 dégradante, par rapport au mythe de Tristan, que le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’ivresse divine que ch
10531 rt au mythe de Tristan, que le serait par exemple l’ alcoolisme par rapport à l’ivresse divine que chantaient les mystiques
10532 le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’ ivresse divine que chantaient les mystiques arabes. L’exemple du théât
10533 sme par rapport à l’ivresse divine que chantaient les mystiques arabes. L’exemple du théâtre d’avant-guerre détient une sig
10534 resse divine que chantaient les mystiques arabes. L’ exemple du théâtre d’avant-guerre détient une signification plus riche
10535 taient les mystiques arabes. L’exemple du théâtre d’ avant-guerre détient une signification plus riche pour notre objet. La
10536 nt une signification plus riche pour notre objet. La bourgeoisie du Second Empire eut le mérite de faire une dernière tent
10537 notre objet. La bourgeoisie du Second Empire eut le mérite de faire une dernière tentative pour régulariser dans son cadr
10538 et. La bourgeoisie du Second Empire eut le mérite de faire une dernière tentative pour régulariser dans son cadre social l
10539 tentative pour régulariser dans son cadre social l’ influence anarchisante de la passion. Car celle-ci survivait à toute m
10540 er dans son cadre social l’influence anarchisante de la passion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par la grâce équ
10541 dans son cadre social l’influence anarchisante de la passion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par la grâce équivo
10542 ion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par la grâce équivoque du romantisme. L’hérédité — ou ce qu’on nommait ainsi
10543 e mystique, par la grâce équivoque du romantisme. L’ hérédité — ou ce qu’on nommait ainsi — transmettait le virus atténué d
10544 rédité — ou ce qu’on nommait ainsi — transmettait le virus atténué du philtre ; la culture littéraire entretenait, dans un
10545 insi — transmettait le virus atténué du philtre ; la culture littéraire entretenait, dans une certaine jeunesse tout au mo
10546 tenait, dans une certaine jeunesse tout au moins, le besoin d’une brûlure nostalgique ; et tout cela composait une sorte d
10547 ns une certaine jeunesse tout au moins, le besoin d’ une brûlure nostalgique ; et tout cela composait une sorte de complexe
10548 re nostalgique ; et tout cela composait une sorte de complexe que l’on prenait pour la « nature » elle-même, bien qu’il ne
10549 et tout cela composait une sorte de complexe que l’ on prenait pour la « nature » elle-même, bien qu’il ne représentât qu’
10550 osait une sorte de complexe que l’on prenait pour la « nature » elle-même, bien qu’il ne représentât qu’une survivance psy
10551 ne survivance psychologique, voire physiologique. La tentative de normalisation bourgeoise de la passion, visant à recréer
10552 psychologique, voire physiologique. La tentative de normalisation bourgeoise de la passion, visant à recréer une expressi
10553 logique. La tentative de normalisation bourgeoise de la passion, visant à recréer une expression conventionnelle, donc adm
10554 ique. La tentative de normalisation bourgeoise de la passion, visant à recréer une expression conventionnelle, donc admiss
10555 e expression conventionnelle, donc admissible par l’ ordre social, — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « pi
10556 lle, donc admissible par l’ordre social, — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « pièce à trois personnages »
10557 dmissible par l’ordre social, — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « pièce à trois personnages », modèle de
10558 social, — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « pièce à trois personnages », modèle de presque tous les aut
10559 La fameuse « pièce à trois personnages », modèle de presque tous les auteurs dramatiques d’avant-guerre, c’est simplement
10560 èce à trois personnages », modèle de presque tous les auteurs dramatiques d’avant-guerre, c’est simplement l’adaptation du
10561 », modèle de presque tous les auteurs dramatiques d’ avant-guerre, c’est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à la m
10562 eurs dramatiques d’avant-guerre, c’est simplement l’ adaptation du mythe de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le r
10563 nt-guerre, c’est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu le
10564 est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Trista
10565 ment l’adaptation du mythe de Tristan à la mesure d’ une société moderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeun
10566 the de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ;
10567 ure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ; Iseut, l’épouse insatis
10568 oderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ; Iseut, l’épouse insatisfaite, oisive et le
10569 u ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ; Iseut, l’ épouse insatisfaite, oisive et lectrice de romans. Ici encore, deux mo
10570 Iseut, l’épouse insatisfaite, oisive et lectrice de romans. Ici encore, deux morales s’affrontent. Les barons félons de l
10571 de romans. Ici encore, deux morales s’affrontent. Les barons félons de la légende sont figurés par les tenants de la morale
10572 ore, deux morales s’affrontent. Les barons félons de la légende sont figurés par les tenants de la morale « conformiste ».
10573 , deux morales s’affrontent. Les barons félons de la légende sont figurés par les tenants de la morale « conformiste ». Il
10574 Les barons félons de la légende sont figurés par les tenants de la morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourge
10575 félons de la légende sont figurés par les tenants de la morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois, l’héri
10576 ons de la légende sont figurés par les tenants de la morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois, l’héritag
10577 nants de la morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois, l’héritage, les convenances et l’Ordre. Ils sont d
10578 onformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois, l’ héritage, les convenances et l’Ordre. Ils sont du côté du mari, et don
10579 . Ils défendent le mariage bourgeois, l’héritage, les convenances et l’Ordre. Ils sont du côté du mari, et donc légèrement
10580 mariage bourgeois, l’héritage, les convenances et l’ Ordre. Ils sont du côté du mari, et donc légèrement ridicules. Mais la
10581 côté du mari, et donc légèrement ridicules. Mais la morale contraire triomphe régulièrement — fût-ce au prix d’un coup de
10582 contraire triomphe régulièrement — fût-ce au prix d’ un coup de pistolet. C’est la morale du romantisme, des droits impresc
10583 ent — fût-ce au prix d’un coup de pistolet. C’est la morale du romantisme, des droits imprescriptibles de l’amour, et elle
10584 morale du romantisme, des droits imprescriptibles de l’amour, et elle implique la supériorité « spirituelle » de la maître
10585 ale du romantisme, des droits imprescriptibles de l’ amour, et elle implique la supériorité « spirituelle » de la maîtresse
10586 its imprescriptibles de l’amour, et elle implique la supériorité « spirituelle » de la maîtresse sur l’épouse. Quant au ph
10587 , et elle implique la supériorité « spirituelle » de la maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabili
10588 t elle implique la supériorité « spirituelle » de la maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabilité,
10589 a supériorité « spirituelle » de la maîtresse sur l’ épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabilité, on lui donne le
10590 a maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabilité, on lui donne le nom romantique de « fatalité de la
10591 aîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabilité, on lui donne le nom romantique de « fatalité de la pa
10592 philtre, alibi de la responsabilité, on lui donne le nom romantique de « fatalité de la passion ». Et les tenants du confo
10593 la responsabilité, on lui donne le nom romantique de « fatalité de la passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas t
10594 ité, on lui donne le nom romantique de « fatalité de la passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assim
10595 , on lui donne le nom romantique de « fatalité de la passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assimile
10596 nom romantique de « fatalité de la passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assimiler à la « littératu
10597 n ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assimiler à la « littérature » en général, terme de mépris vouant à
10598 . Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de l’ assimiler à la « littérature » en général, terme de mépris vouant à un
10599 ts du conformisme n’ont pas tort de l’assimiler à la « littérature » en général, terme de mépris vouant à une exécration g
10600 ’assimiler à la « littérature » en général, terme de mépris vouant à une exécration globale les « tendances dissolvantes »
10601 , terme de mépris vouant à une exécration globale les « tendances dissolvantes », l’« anarchie », et les idéaux « impossibl
10602 xécration globale les « tendances dissolvantes », l’ « anarchie », et les idéaux « impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera
10603 es « tendances dissolvantes », l’« anarchie », et les idéaux « impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même de nier la
10604 archie », et les idéaux « impossibles ». Bientôt, l’ on n’essaiera plus même de nier la complaisance que réclame de ses pro
10605 impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même de nier la complaisance que réclame de ses propres victimes l’élaboratio
10606 les ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même de nier la complaisance que réclame de ses propres victimes l’élaboration du vie
10607 era plus même de nier la complaisance que réclame de ses propres victimes l’élaboration du vieux philtre. Elle est minutie
10608 complaisance que réclame de ses propres victimes l’ élaboration du vieux philtre. Elle est minutieusement décrite, jusque
10609 ue dans ses ruses inconscientes, en des centaines de pages, par Marcel Proust. (Voir surtout Un Amour de Swann.) Littératu
10610 pages, par Marcel Proust. (Voir surtout Un Amour de Swann.) Littérature bourgeoise ai-je dit : ses conclusions régulièrem
10611 ulièrement antibourgeoises font partie intégrante de l’ordre social établi. L’instinct de conservation rend en effet cet o
10612 èrement antibourgeoises font partie intégrante de l’ ordre social établi. L’instinct de conservation rend en effet cet ordr
10613 font partie intégrante de l’ordre social établi. L’ instinct de conservation rend en effet cet ordre tolérant à l’égard de
10614 e intégrante de l’ordre social établi. L’instinct de conservation rend en effet cet ordre tolérant à l’égard de ce qui fei
10615 ffet cet ordre tolérant à l’égard de ce qui feint de le renier, mais qui en vit. Le calcul est très simple, et bien entend
10616 t cet ordre tolérant à l’égard de ce qui feint de le renier, mais qui en vit. Le calcul est très simple, et bien entendu i
10617 rd de ce qui feint de le renier, mais qui en vit. Le calcul est très simple, et bien entendu inconscient. L’idéal glorifié
10618 cul est très simple, et bien entendu inconscient. L’ idéal glorifié par la littérature détourne en rêveries voluptueuses le
10619 et bien entendu inconscient. L’idéal glorifié par la littérature détourne en rêveries voluptueuses les tendances subversiv
10620 la littérature détourne en rêveries voluptueuses les tendances subversives de l’esprit. La morale du mariage en souffre év
10621 n rêveries voluptueuses les tendances subversives de l’esprit. La morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est
10622 êveries voluptueuses les tendances subversives de l’ esprit. La morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est pa
10623 luptueuses les tendances subversives de l’esprit. La morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est pas d’une gr
10624 ariage en souffre évidemment, mais cela n’est pas d’ une gravité urgente, puisqu’on sait bien que l’institution matrimonial
10625 as d’une gravité urgente, puisqu’on sait bien que l’ institution matrimoniale repose sur des bases financières160 et non pl
10626 et non plus religieuses ou morales. À dire vrai, les seuls écarts considérés comme intolérables sont ceux qui entraînent u
10627 qui entraînent une dilapidation du « patrimoine » de la famille. (Patrimoine ne signifiant plus que fortune et propriétés)
10628 entraînent une dilapidation du « patrimoine » de la famille. (Patrimoine ne signifiant plus que fortune et propriétés). ⁂
10629 plus que fortune et propriétés). ⁂ Cette volonté de jouir du mythe mais sans le payer trop cher, on la voit s’exprimer en
10630 tés). ⁂ Cette volonté de jouir du mythe mais sans le payer trop cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté dans le film
10631 e jouir du mythe mais sans le payer trop cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté dans le film sentimental. Peu de gen
10632 cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté dans le film sentimental. Peu de genres plus strictement conventionnels et rh
10633 lus strictement conventionnels et rhétoriques que le film américain des premières années de l’après-guerre. C’était l’époq
10634 riques que le film américain des premières années de l’après-guerre. C’était l’époque du happy end : tout devait aboutir a
10635 ues que le film américain des premières années de l’ après-guerre. C’était l’époque du happy end : tout devait aboutir au l
10636 n des premières années de l’après-guerre. C’était l’ époque du happy end : tout devait aboutir au long baiser final sur fon
10637 tout devait aboutir au long baiser final sur fond de roses ou de tentures luxueuses. Or cette figure de style n’est pas sa
10638 aboutir au long baiser final sur fond de roses ou de tentures luxueuses. Or cette figure de style n’est pas sans relations
10639 e roses ou de tentures luxueuses. Or cette figure de style n’est pas sans relations intimes avec le mythe au dernier stade
10640 re de style n’est pas sans relations intimes avec le mythe au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection
10641 relations intimes avec le mythe au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection la synthèse idéale de deux
10642 au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection la synthèse idéale de deux désirs contradictoires : désir
10643 ade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection la synthèse idéale de deux désirs contradictoires : désir que rien ne s’
10644 . Elle exprime à la perfection la synthèse idéale de deux désirs contradictoires : désir que rien ne s’arrange et désir qu
10645 s’arrange — désir romantique et désir bourgeois. La profonde satisfaction que produit à coup sûr le happy end provient pr
10646 . La profonde satisfaction que produit à coup sûr le happy end provient précisément du fait qu’il libère le public de ses
10647 ppy end provient précisément du fait qu’il libère le public de ses contradictions intimes. En effet : point de roman sans
10648 ovient précisément du fait qu’il libère le public de ses contradictions intimes. En effet : point de roman sans obstacles.
10649 c de ses contradictions intimes. En effet : point de roman sans obstacles. On les multiplie donc, sans souci d’une invrais
10650 mes. En effet : point de roman sans obstacles. On les multiplie donc, sans souci d’une invraisemblance que le désir de roma
10651 sans obstacles. On les multiplie donc, sans souci d’ une invraisemblance que le désir de romantisme rend insensible. Ainsi,
10652 tiplie donc, sans souci d’une invraisemblance que le désir de romantisme rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux
10653 nc, sans souci d’une invraisemblance que le désir de romantisme rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux le roman
10654 rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux le roman pourra rebondir et notre cœur haleter, et c’est ce que nous che
10655 œur haleter, et c’est ce que nous cherchons. Mais l’ obstacle signifie, à la limite, la mort, le renoncement aux biens terr
10656 e que nous cherchons. Mais l’obstacle signifie, à la limite, la mort, le renoncement aux biens terrestres. C’est ce que no
10657 cherchons. Mais l’obstacle signifie, à la limite, la mort, le renoncement aux biens terrestres. C’est ce que nous ne voulo
10658 . Mais l’obstacle signifie, à la limite, la mort, le renoncement aux biens terrestres. C’est ce que nous ne voulons plus,
10659 , dès que cela nous devient clair. Il s’agit donc de supprimer l’obstacle à temps, ce qui amène par définition la fin du r
10660 a nous devient clair. Il s’agit donc de supprimer l’ obstacle à temps, ce qui amène par définition la fin du roman et du fi
10661 r l’obstacle à temps, ce qui amène par définition la fin du roman et du film : « et ils eurent beaucoup d’enfants » signif
10662 in du roman et du film : « et ils eurent beaucoup d’ enfants » signifie qu’il n’y a plus rien à raconter ; ou bien c’est le
10663 qu’il n’y a plus rien à raconter ; ou bien c’est le baiser en gros plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre de l’im
10664  ; ou bien c’est le baiser en gros plan, bouchant l’ écran et refermant la fenêtre de l’imagination. Toutefois, l’on s’effo
10665 aiser en gros plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre de l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cet
10666 os plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre de l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cette fin une
10667 plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre de l’ imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cette fin une atm
10668 refermant la fenêtre de l’imagination. Toutefois, l’ on s’efforcera de donner à cette fin une atmosphère « poétique » qui d
10669 tre de l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cette fin une atmosphère « poétique » qui dissimule le passa
10670 tte fin une atmosphère « poétique » qui dissimule le passage à la vie quotidienne, et compense la déception du romantique
10671 tmosphère « poétique » qui dissimule le passage à la vie quotidienne, et compense la déception du romantique par le soulag
10672 mule le passage à la vie quotidienne, et compense la déception du romantique par le soulagement du bourgeois… Ainsi, dans
10673 ienne, et compense la déception du romantique par le soulagement du bourgeois… Ainsi, dans le théâtre, dans le roman à suc
10674 ique par le soulagement du bourgeois… Ainsi, dans le théâtre, dans le roman à succès et dans le film qui exploitent inlass
10675 gement du bourgeois… Ainsi, dans le théâtre, dans le roman à succès et dans le film qui exploitent inlassablement la formu
10676 , dans le théâtre, dans le roman à succès et dans le film qui exploitent inlassablement la formule du ménage à trois, l’id
10677 cès et dans le film qui exploitent inlassablement la formule du ménage à trois, l’idéalisme tragique du mythe originel n’e
10678 tent inlassablement la formule du ménage à trois, l’ idéalisme tragique du mythe originel n’est plus qu’une nostalgie assez
10679 lus qu’une nostalgie assez vulgaire, idéalisation de désirs anodins, d’ailleurs ramenés vers la jouissance des choses, c’e
10680 sation de désirs anodins, d’ailleurs ramenés vers la jouissance des choses, c’est-à-dire totalement invertis par rapport à
10681 s, c’est-à-dire totalement invertis par rapport à l’ amour courtois. La religion des troubadours se prêtait aux complicités
10682 talement invertis par rapport à l’amour courtois. La religion des troubadours se prêtait aux complicités les plus sournois
10683 ligion des troubadours se prêtait aux complicités les plus sournoises avec l’instinct qu’elle excitait par sa volonté même
10684 prêtait aux complicités les plus sournoises avec l’ instinct qu’elle excitait par sa volonté même de le nier. L’ambiguïté
10685 c l’instinct qu’elle excitait par sa volonté même de le nier. L’ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire na
10686 ’instinct qu’elle excitait par sa volonté même de le nier. L’ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire naîtr
10687 qu’elle excitait par sa volonté même de le nier. L’ ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire naître, dès le
10688 même de le nier. L’ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire naître, dès le xiiie siècle, une rhétorique p
10689 me de le nier. L’ambiguïté du langage mystique de l’ hérésie devait faire naître, dès le xiiie siècle, une rhétorique prof
10690 ge mystique de l’hérésie devait faire naître, dès le xiiie siècle, une rhétorique profane de la passion. Et c’est la diff
10691 tre, dès le xiiie siècle, une rhétorique profane de la passion. Et c’est la diffusion de ce langage par la littérature ro
10692 , dès le xiiie siècle, une rhétorique profane de la passion. Et c’est la diffusion de ce langage par la littérature roman
10693 e, une rhétorique profane de la passion. Et c’est la diffusion de ce langage par la littérature romanesque qui aboutit, au
10694 ique profane de la passion. Et c’est la diffusion de ce langage par la littérature romanesque qui aboutit, au cours du der
10695 passion. Et c’est la diffusion de ce langage par la littérature romanesque qui aboutit, au cours du dernier siècle, à ce
10696 du dernier siècle, à ce renversement des rôles : l’ instinct devenant le vrai support d’une rhétorique dont les figures lu
10697 à ce renversement des rôles : l’instinct devenant le vrai support d’une rhétorique dont les figures lui prêtent désormais
10698 t des rôles : l’instinct devenant le vrai support d’ une rhétorique dont les figures lui prêtent désormais un semblant d’id
10699 ct devenant le vrai support d’une rhétorique dont les figures lui prêtent désormais un semblant d’idéalité. 20.L’instinc
10700 ont les figures lui prêtent désormais un semblant d’ idéalité. 20.L’instinct glorifié Comme à la rose de Guillaume de
10701 d’idéalité. 20.L’instinct glorifié Comme à la rose de Guillaume de Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à
10702 ité. 20.L’instinct glorifié Comme à la rose de Guillaume de Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à la rhéto
10703 Comme à la rose de Guillaume de Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline de Pétrarque
10704 e à la rose de Guillaume de Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppos
10705 e Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuel
10706 Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuelle de Boccace, le romantis
10707 à la rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuelle de Boccace, le romantisme a provoqué de nos j
10708 de Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuelle de Boccace, le romantisme a provoqué de nos jours une révolte qui se veu
10709 e s’oppose la fantasmagorie sensuelle de Boccace, le romantisme a provoqué de nos jours une révolte qui se veut « primitiv
10710 ie sensuelle de Boccace, le romantisme a provoqué de nos jours une révolte qui se veut « primitive ». Ce n’est plus « le s
10711 évolte qui se veut « primitive ». Ce n’est plus «  le sentiment que l’on idéalise, c’est l’instinct. Je songe aux romancier
10712 t « primitive ». Ce n’est plus « le sentiment que l’ on idéalise, c’est l’instinct. Je songe aux romanciers anglo-américain
10713 ’est plus « le sentiment que l’on idéalise, c’est l’ instinct. Je songe aux romanciers anglo-américains, un Lawrence, un Ca
10714 ue nous disent ces hommes : « Nous en avons assez de souffrir pour des idées, des idéaux, des petites hypocrisies idéalisé
10715 lles personne ne sait plus croire. Vous avez fait de la femme une espèce de divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos
10716 s personne ne sait plus croire. Vous avez fait de la femme une espèce de divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos fem
10717 lus croire. Vous avez fait de la femme une espèce de divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos femmes fatales, et vos
10718 et vos femmes adultères, et vos femmes desséchées de vertu, nous ont gâté la joie de vivre. Nous nous vengerons de vos « d
10719 et vos femmes desséchées de vertu, nous ont gâté la joie de vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ». La femme est d
10720 femmes desséchées de vertu, nous ont gâté la joie de vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ». La femme est d’abord u
10721 us ont gâté la joie de vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ». La femme est d’abord une femelle. Nous la ferons se
10722 de vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ». La femme est d’abord une femelle. Nous la ferons se traîner sur le ventr
10723 divines ». La femme est d’abord une femelle. Nous la ferons se traîner sur le ventre vers le mâle dominateur161. Au lieu d
10724 ’abord une femelle. Nous la ferons se traîner sur le ventre vers le mâle dominateur161. Au lieu de chanter la courtoisie,
10725 lle. Nous la ferons se traîner sur le ventre vers le mâle dominateur161. Au lieu de chanter la courtoisie, nous chanterons
10726 re vers le mâle dominateur161. Au lieu de chanter la courtoisie, nous chanterons les ruses du désir animal, l’emprise tota
10727 Au lieu de chanter la courtoisie, nous chanterons les ruses du désir animal, l’emprise totale du sexe sur l’esprit. Et la g
10728 oisie, nous chanterons les ruses du désir animal, l’ emprise totale du sexe sur l’esprit. Et la grande innocence bestiale n
10729 ses du désir animal, l’emprise totale du sexe sur l’ esprit. Et la grande innocence bestiale nous guérira de votre goût du
10730 animal, l’emprise totale du sexe sur l’esprit. Et la grande innocence bestiale nous guérira de votre goût du péché, cette
10731 rit. Et la grande innocence bestiale nous guérira de votre goût du péché, cette maladie de l’instinct génésique. Ce que vo
10732 ous guérira de votre goût du péché, cette maladie de l’instinct génésique. Ce que vous appelez morale, c’est ce qui nous r
10733 guérira de votre goût du péché, cette maladie de l’ instinct génésique. Ce que vous appelez morale, c’est ce qui nous rend
10734 méchants, tristes et honteux. Ce que vous appelez l’ ordure, voilà ce qui peut nous purifier. Vos tabous sont des sacrilège
10735 s purifier. Vos tabous sont des sacrilèges contre la vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de
10736 des sacrilèges contre la vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissa
10737 èges contre la vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire
10738 vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie, c’est l’ instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire qui broie et
10739 ui est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individ
10740 est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’ esprit, la grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individu f
10741 . Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individu fécond, la
10742 la grande puissance solaire qui broie et magnifie l’ individu fécond, la belle brute déchaînée, etc. » L’un de ces prophète
10743 solaire qui broie et magnifie l’individu fécond, la belle brute déchaînée, etc. » L’un de ces prophètes est allé jusqu’à
10744 idu fécond, la belle brute déchaînée, etc. » L’un de ces prophètes est allé jusqu’à dire : « Je voudrais avoir autant de v
10745 st allé jusqu’à dire : « Je voudrais avoir autant de vitalité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique de la « Vie » a pu
10746 italité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique de la « Vie » a pu donner naissance à de belles œuvres littéraires. Mais
10747 lité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique de la « Vie » a pu donner naissance à de belles œuvres littéraires. Mais el
10748 le mystique de la « Vie » a pu donner naissance à de belles œuvres littéraires. Mais elle porte un nom « politique ». Je l
10749 éraires. Mais elle porte un nom « politique ». Je la retrouve, étrangement identique, aux origines profondes d’un mouvemen
10750 ve, étrangement identique, aux origines profondes d’ un mouvement que nous n’avons plus à étudier ni à convaincre. Disons p
10751 plus à étudier ni à convaincre. Disons pour fixer les idées, qu’il s’appelle national-socialisme (ou si l’on veut fascisme
10752 idées, qu’il s’appelle national-socialisme (ou si l’ on veut fascisme ou communisme, selon les prétextes économiques ou doc
10753 me (ou si l’on veut fascisme ou communisme, selon les prétextes économiques ou doctrinaux qui lui ont permis de s’emparer d
10754 xtes économiques ou doctrinaux qui lui ont permis de s’emparer du pouvoir). C’est une négation de l’au-delà dont le but n’
10755 rmis de s’emparer du pouvoir). C’est une négation de l’au-delà dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’empa
10756 s de s’emparer du pouvoir). C’est une négation de l’ au-delà dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer
10757 du pouvoir). C’est une négation de l’au-delà dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer de leur pouvoi
10758 t une négation de l’au-delà dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer de leur pouvoir en divinisant l
10759 n de l’au-delà dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer de leur pouvoir en divinisant l’ici-bas. Perd
10760 dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer de leur pouvoir en divinisant l’ici-bas. Perdre sa personna
10761 ’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer de leur pouvoir en divinisant l’ici-bas. Perdre sa personnalité morale e
10762 x mais de s’emparer de leur pouvoir en divinisant l’ ici-bas. Perdre sa personnalité morale et se retremper dans le flux co
10763 erdre sa personnalité morale et se retremper dans le flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivi
10764 lité morale et se retremper dans le flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais
10765 é morale et se retremper dans le flux cosmique de l’ instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la
10766 remper dans le flux cosmique de l’instinct, c’est l’ idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette
10767 ans le flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette croyanc
10768 idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette croyance n’est pas de nature à nous tromper un seul
10769 poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette croyance n’est pas de nature à nous tromper un seul instant : i
10770 ire, mais la pratique de cette croyance n’est pas de nature à nous tromper un seul instant : il n’y a pas de « belles » br
10771 ure à nous tromper un seul instant : il n’y a pas de « belles » brutes, il y a des brutes. L’idée de beauté, qu’un Lawrenc
10772 ’y a pas de « belles » brutes, il y a des brutes. L’ idée de beauté, qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est l’hérit
10773 s de « belles » brutes, il y a des brutes. L’idée de beauté, qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est l’héritage d’u
10774 é, qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est l’ héritage d’une époque en faillite — une dette que plus personne, là-ba
10775 wrence croit encore consistante, c’est l’héritage d’ une époque en faillite — une dette que plus personne, là-bas, n’est di
10776 là-bas, n’est disposé à reconnaître. On n’a plus de comptes à rendre à cet « esprit » platonicien. Il était cause de tout
10777 ndre à cet « esprit » platonicien. Il était cause de toute la confusion, et il l’a payé de sa vie, voilà qui est clair. Ma
10778 t « esprit » platonicien. Il était cause de toute la confusion, et il l’a payé de sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajou
10779 cien. Il était cause de toute la confusion, et il l’ a payé de sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajouterai ceci, qui est
10780 était cause de toute la confusion, et il l’a payé de sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajouterai ceci, qui est non moins
10781 non moins clair : quand sous prétexte de détruire l’ artificiel — rhétorique idéalisante, éthique et mystique du « parfait 
10782 idéalisante, éthique et mystique du « parfait » — l’ on prétend s’enfoncer dans le flot primitif de l’instinct, dans le lar
10783 que du « parfait » — l’on prétend s’enfoncer dans le flot primitif de l’instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans
10784 » — l’on prétend s’enfoncer dans le flot primitif de l’instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’
10785 l’on prétend s’enfoncer dans le flot primitif de l’ instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’est
10786 nfoncer dans le flot primitif de l’instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’in
10787 ot primitif de l’instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit r
10788 nstinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans l’ « infait », c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit retrouver l’authent
10789 le non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’ infect, l’on croit retrouver l’authentique de la vie, et l’on ne fait
10790 t, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’infect, l’ on croit retrouver l’authentique de la vie, et l’on ne fait pourtant q
10791 c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit retrouver l’ authentique de la vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au to
10792 dans l’infect, l’on croit retrouver l’authentique de la vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déch
10793 s l’infect, l’on croit retrouver l’authentique de la vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déchets
10794 l’on croit retrouver l’authentique de la vie, et l’ on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déchets de l’ancie
10795 pourtant que s’abandonner au torrent des déchets de l’ancienne culture et de ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plu
10796 urtant que s’abandonner au torrent des déchets de l’ ancienne culture et de ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus,
10797 r au torrent des déchets de l’ancienne culture et de ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujourd
10798 s mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’ homme d’aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que l’on appelle hér
10799 désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’ aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, d
10800 est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujourd’hui, d’ authenticité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, dans le jargon d
10801 e d’aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que l’ on appelle hérédité, dans le jargon de notre siècle, ce que l’Église a
10802 ité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, dans le jargon de notre siècle, ce que l’Église appelle péché originel, cela
10803 ive. Ce que l’on appelle hérédité, dans le jargon de notre siècle, ce que l’Église appelle péché originel, cela désigne la
10804 hérédité, dans le jargon de notre siècle, ce que l’ Église appelle péché originel, cela désigne la perte irrémédiable du c
10805 que l’Église appelle péché originel, cela désigne la perte irrémédiable du contact immédiat avec nos origines. Et dès lors
10806 dessous de nos morales, ce n’est pas nous libérer de leurs interdictions, mais nous livrer à une folie qui répugnerait aux
10807 gnerait aux bêtes fauves. Descendre au-dessous de l’ expression créée et réglée par l’esprit (même si l’esprit, comme je le
10808 re au-dessous de l’expression créée et réglée par l’ esprit (même si l’esprit, comme je le crois, nous engageait dans des v
10809 ’expression créée et réglée par l’esprit (même si l’ esprit, comme je le crois, nous engageait dans des voies irréelles) ce
10810 t réglée par l’esprit (même si l’esprit, comme je le crois, nous engageait dans des voies irréelles) ce n’est pas revenir
10811 ce n’est pas revenir au réel, mais s’égarer dans la zone de terreur et dans les terrains vagues où se sont déversés tous
10812 t pas revenir au réel, mais s’égarer dans la zone de terreur et dans les terrains vagues où se sont déversés tous les rebu
10813 el, mais s’égarer dans la zone de terreur et dans les terrains vagues où se sont déversés tous les rebuts d’une civilisatio
10814 dans les terrains vagues où se sont déversés tous les rebuts d’une civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont le désir
10815 rrains vagues où se sont déversés tous les rebuts d’ une civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont le désir nous obsè
10816 és tous les rebuts d’une civilisation intoxiquée. L’ « authentique » dont le désir nous obsède, nous ne pourrons pas le ret
10817 e civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont le désir nous obsède, nous ne pourrons pas le retrouver. Il n’est pas au
10818 » dont le désir nous obsède, nous ne pourrons pas le retrouver. Il n’est pas au terme d’un mouvement d’abandon à l’instinc
10819 pourrons pas le retrouver. Il n’est pas au terme d’ un mouvement d’abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de la ch
10820 e retrouver. Il n’est pas au terme d’un mouvement d’ abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de la chair. Il n’est p
10821 Il n’est pas au terme d’un mouvement d’abandon à l’ instinct énervé et au ressentiment de la chair. Il n’est pas caché mai
10822 d’abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de la chair. Il n’est pas caché mais perdu. Il ne peut qu’être recréé pa
10823 abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de la chair. Il n’est pas caché mais perdu. Il ne peut qu’être recréé par u
10824 ne peut qu’être recréé par un effort contraire à la passion, c’est-à-dire par une action, une mise en ordre, une purifica
10825 une mise en ordre, une purification — un retour à la sobriété. Agir, ce n’est pas s’évader hors d’un monde déclaré diaboli
10826 r à la sobriété. Agir, ce n’est pas s’évader hors d’ un monde déclaré diabolique. Ce n’est pas tuer ce corps gênant. Mais c
10827 s ce n’est pas non plus tirer son revolver contre l’ esprit sous prétexte qu’il nous a trompés162. Agir, en vérité, c’est a
10828 ous a trompés162. Agir, en vérité, c’est accepter les conditions qui nous sont faites, dans le conflit de l’esprit et de la
10829 ccepter les conditions qui nous sont faites, dans le conflit de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter
10830 conditions qui nous sont faites, dans le conflit de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus e
10831 nditions qui nous sont faites, dans le conflit de l’ esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en d
10832 nous sont faites, dans le conflit de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en détruisant ma
10833 us sont faites, dans le conflit de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en détruisant mais
10834 flit de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en détruisant mais en mariant les deux puissan
10835 t de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en détruisant mais en mariant les deux puissances
10836 surmonter non plus en détruisant mais en mariant les deux puissances antagonistes. Que l’esprit vienne au secours de la ch
10837 en mariant les deux puissances antagonistes. Que l’ esprit vienne au secours de la chair et retrouve en elle son appui, et
10838 nces antagonistes. Que l’esprit vienne au secours de la chair et retrouve en elle son appui, et que la chair se soumette à
10839 s antagonistes. Que l’esprit vienne au secours de la chair et retrouve en elle son appui, et que la chair se soumette à l’
10840 de la chair et retrouve en elle son appui, et que la chair se soumette à l’esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est l
10841 en elle son appui, et que la chair se soumette à l’ esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est la voie. Éros mortel, Ér
10842 à l’esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est la voie. Éros mortel, Éros vital — l’un appelle l’autre, et chacun d’eux
10843 tel, Éros vital — l’un appelle l’autre, et chacun d’ eux n’a pour fin véritable et pour terminaison réelle que l’autre, qu’
10844 on réelle que l’autre, qu’il voulait détruire ! À l’ infini, jusqu’à la consomption de toute vie et de tout esprit. Voilà c
10845 tre, qu’il voulait détruire ! À l’infini, jusqu’à la consomption de toute vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l
10846 ait détruire ! À l’infini, jusqu’à la consomption de toute vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l’homme qui se p
10847 l’infini, jusqu’à la consomption de toute vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l’homme qui se prend pour son di
10848 te vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l’ homme qui se prend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier de la pas
10849 t faire l’homme qui se prend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier de la passion, dont l’exaspération s’appelle la gue
10850 e prend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier de la passion, dont l’exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion
10851 rend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier de la passion, dont l’exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion da
10852 u. Voilà le mouvement dernier de la passion, dont l’ exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion dans tous les domai
10853 nier de la passion, dont l’exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion dans tous les domaines Le mythe sacré de
10854 n s’appelle la guerre. 21.La passion dans tous les domaines Le mythe sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avai
10855 uerre. 21.La passion dans tous les domaines Le mythe sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonct
10856 passion dans tous les domaines Le mythe sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale d’o
10857 ssion dans tous les domaines Le mythe sacré de l’ amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale d’ordo
10858 , au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale d’ ordonner et de purifier les puissances anarchiques de la passion. Une
10859 cle, avait eu pour fonction sociale d’ordonner et de purifier les puissances anarchiques de la passion. Une mystique trans
10860 u pour fonction sociale d’ordonner et de purifier les puissances anarchiques de la passion. Une mystique transcendante orie
10861 rdonner et de purifier les puissances anarchiques de la passion. Une mystique transcendante orientait secrètement, polaris
10862 nner et de purifier les puissances anarchiques de la passion. Une mystique transcendante orientait secrètement, polarisait
10863 nscendante orientait secrètement, polarisait vers l’ au-delà les nostalgies de l’humanité souffrante. C’était sans doute un
10864 orientait secrètement, polarisait vers l’au-delà les nostalgies de l’humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie,
10865 ètement, polarisait vers l’au-delà les nostalgies de l’humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie, mais pacifique
10866 ment, polarisait vers l’au-delà les nostalgies de l’ humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie, mais pacifique, e
10867 oute une hérésie, mais pacifique, et par certains de ses aspects, très favorable à l’équilibre civilisateur. Cependant, du
10868 et par certains de ses aspects, très favorable à l’ équilibre civilisateur. Cependant, du seul fait qu’elle s’opposait à l
10869 eur. Cependant, du seul fait qu’elle s’opposait à la propagation de l’espèce et à la guerre, la société devait la persécut
10870 du seul fait qu’elle s’opposait à la propagation de l’espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome
10871 seul fait qu’elle s’opposait à la propagation de l’ espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome qu
10872 elle s’opposait à la propagation de l’espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer
10873 sait à la propagation de l’espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu
10874 ion de l’espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu dans les provinces
10875 ciété devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu dans les provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant m
10876 it la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu dans les provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant matériellem
10877 uter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu dans les provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant matériellement cette rel
10878 rta le fer et le feu dans les provinces gagnées à l’ hérésie. En détruisant matériellement cette religion, l’Église romaine
10879 sie. En détruisant matériellement cette religion, l’ Église romaine la condamnait à se propager sous la forme la plus ambig
10880 t matériellement cette religion, l’Église romaine la condamnait à se propager sous la forme la plus ambiguë et peut-être l
10881 l’Église romaine la condamnait à se propager sous la forme la plus ambiguë et peut-être la plus dangereuse. Traquée, refou
10882 romaine la condamnait à se propager sous la forme la plus ambiguë et peut-être la plus dangereuse. Traquée, refoulée et dé
10883 opager sous la forme la plus ambiguë et peut-être la plus dangereuse. Traquée, refoulée et désorganisée, l’hérésie ne deva
10884 us dangereuse. Traquée, refoulée et désorganisée, l’ hérésie ne devait pas tarder à se dénaturer de mille manières. Les con
10885 ée, l’hérésie ne devait pas tarder à se dénaturer de mille manières. Les confusions qu’elle favorisait malgré elle, cette
10886 vait pas tarder à se dénaturer de mille manières. Les confusions qu’elle favorisait malgré elle, cette glorification de l’a
10887 ’elle favorisait malgré elle, cette glorification de l’amour humain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage d’une am
10888 le favorisait malgré elle, cette glorification de l’ amour humain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage d’une ambig
10889 , cette glorification de l’amour humain qui était l’ envers de sa doctrine, ce langage d’une ambiguïté à la fois essentiell
10890 lorification de l’amour humain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage d’une ambiguïté à la fois essentielle et oppo
10891 ain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage d’ une ambiguïté à la fois essentielle et opportune, qui permettait tous
10892 ois essentielle et opportune, qui permettait tous les abus, c’est cela qui allait échapper aux tribunaux de l’Inquisition,
10893 bus, c’est cela qui allait échapper aux tribunaux de l’Inquisition, puis envahir la conscience européenne, même orthodoxe,
10894 , c’est cela qui allait échapper aux tribunaux de l’ Inquisition, puis envahir la conscience européenne, même orthodoxe, et
10895 pper aux tribunaux de l’Inquisition, puis envahir la conscience européenne, même orthodoxe, et par une sorte d’ironie, don
10896 ence européenne, même orthodoxe, et par une sorte d’ ironie, donner sa rhétorique passionnelle au mysticisme des plus grand
10897 lle au mysticisme des plus grands saints. Lorsque les mythes perdent leur caractère ésotérique et leur fonction sacrée, ils
10898 fonction sacrée, ils se résolvent en littérature. Le mythe courtois, mieux que tout autre, se prêtait à ce processus, puis
10899 cessus, puisqu’il n’avait pu se traduire que dans les termes de l’amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens
10900 squ’il n’avait pu se traduire que dans les termes de l’amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens évanoui re
10901 ’il n’avait pu se traduire que dans les termes de l’ amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens évanoui resta
10902 it exprimer nos instincts naturels, mais non sans les dévier, tout insensiblement, vers quelque au-delà de plus en plus mys
10903 u-delà de plus en plus mystérieux, apte à séduire le besoin d’idéal qu’avait laissé dans la conscience une connaissance my
10904 plus en plus mystérieux, apte à séduire le besoin d’ idéal qu’avait laissé dans la conscience une connaissance mystique rép
10905 à séduire le besoin d’idéal qu’avait laissé dans la conscience une connaissance mystique réprouvée, puis perdue. Telle fu
10906 ssance mystique réprouvée, puis perdue. Telle fut la chance de la littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’
10907 tique réprouvée, puis perdue. Telle fut la chance de la littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’empire, un
10908 ue réprouvée, puis perdue. Telle fut la chance de la littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’empire, uniqu
10909 érature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’ empire, unique dans l’histoire des cultures, que la littérature a exer
10910 et cela seul peut expliquer l’empire, unique dans l’ histoire des cultures, que la littérature a exercé jusqu’à nos jours s
10911 ’empire, unique dans l’histoire des cultures, que la littérature a exercé jusqu’à nos jours sur l’élite et plus tard sur l
10912 que la littérature a exercé jusqu’à nos jours sur l’ élite et plus tard sur les masses. Toutefois, le classicisme s’efforça
10913 cé jusqu’à nos jours sur l’élite et plus tard sur les masses. Toutefois, le classicisme s’efforça d’imposer tout au moins u
10914 r l’élite et plus tard sur les masses. Toutefois, le classicisme s’efforça d’imposer tout au moins une forme d’art à ces p
10915 r les masses. Toutefois, le classicisme s’efforça d’ imposer tout au moins une forme d’art à ces puissances obscures privée
10916 cisme s’efforça d’imposer tout au moins une forme d’ art à ces puissances obscures privées de leur forme sacrée. C’est à ce
10917 une forme d’art à ces puissances obscures privées de leur forme sacrée. C’est à ces vestiges de rites que s’attaqua le rom
10918 rivées de leur forme sacrée. C’est à ces vestiges de rites que s’attaqua le romantisme. D’où la violente exaltation dès la
10919 crée. C’est à ces vestiges de rites que s’attaqua le romantisme. D’où la violente exaltation dès la fin du xviiie siècle,
10920 es vestiges de rites que s’attaqua le romantisme. D’ où la violente exaltation dès la fin du xviiie siècle, de tout ce qu’
10921 stiges de rites que s’attaqua le romantisme. D’où la violente exaltation dès la fin du xviiie siècle, de tout ce qu’avaie
10922 ua le romantisme. D’où la violente exaltation dès la fin du xviiie siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir le mythe
10923 violente exaltation dès la fin du xviiie siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir le mythe originel de Tristan, puis
10924 iie siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir le mythe originel de Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe
10925 ut ce qu’avaient voulu contenir le mythe originel de Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe siècle bourgeois v
10926 inel de Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe siècle bourgeois vit se répandre dans la conscience profane l’«
10927 s. Le xixe siècle bourgeois vit se répandre dans la conscience profane l’« instinct de mort » longtemps refoulé dans l’in
10928 rgeois vit se répandre dans la conscience profane l’ « instinct de mort » longtemps refoulé dans l’inconscient ou canalisé
10929 répandre dans la conscience profane l’« instinct de mort » longtemps refoulé dans l’inconscient ou canalisé dès sa source
10930 ane l’« instinct de mort » longtemps refoulé dans l’ inconscient ou canalisé dès sa source par un art aristocratique. Et qu
10931 dès sa source par un art aristocratique. Et quand les cadres de la société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’u
10932 ce par un art aristocratique. Et quand les cadres de la société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’un tout aut
10933 par un art aristocratique. Et quand les cadres de la société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’un tout autre
10934 les cadres de la société vinrent à craquer — sous l’ effet de poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du myt
10935 es de la société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du mythe inond
10936 iété vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’ un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du mythe inonda notre vie
10937 et de poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du mythe inonda notre vie quotidienne. Nous ne savions plus c
10938 s plus ce que signifiait cette diffuse exaltation de l’amour. Nous la prenions pour un printemps de l’instinct et pour une
10939 lus ce que signifiait cette diffuse exaltation de l’ amour. Nous la prenions pour un printemps de l’instinct et pour une re
10940 nifiait cette diffuse exaltation de l’amour. Nous la prenions pour un printemps de l’instinct et pour une renaissance des
10941 on de l’amour. Nous la prenions pour un printemps de l’instinct et pour une renaissance des forces dionysiaques persécutée
10942 de l’amour. Nous la prenions pour un printemps de l’ instinct et pour une renaissance des forces dionysiaques persécutées p
10943 ersécutées par un soi-disant christianisme. Toute la littérature moderne entonna l’hymne de la « libération ». Mais d’où l
10944 ristianisme. Toute la littérature moderne entonna l’ hymne de la « libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désesp
10945 sme. Toute la littérature moderne entonna l’hymne de la « libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désespoir ? Co
10946 . Toute la littérature moderne entonna l’hymne de la « libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désespoir ? Comme
10947 oderne entonna l’hymne de la « libération ». Mais d’ où lui vient alors ce ton de désespoir ? Comment se fait-il que le rom
10948 « libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désespoir ? Comment se fait-il que le roman qui triompha pendant tren
10949 lors ce ton de désespoir ? Comment se fait-il que le roman qui triompha pendant trente ans, au xxe siècle, de toutes les
10950 qui triompha pendant trente ans, au xxe siècle, de toutes les autres formes littéraires, aboutisse à cette analyse maréc
10951 pha pendant trente ans, au xxe siècle, de toutes les autres formes littéraires, aboutisse à cette analyse marécageuse de n
10952 ittéraires, aboutisse à cette analyse marécageuse de nos doutes et de notre vide ? Que signifie cette libération qui nous
10953 isse à cette analyse marécageuse de nos doutes et de notre vide ? Que signifie cette libération qui nous laisse tellement
10954 bération qui nous laisse tellement démunis devant la propagande des butors ? Ne voit-on pas, dès les années 1930, que le r
10955 nt la propagande des butors ? Ne voit-on pas, dès les années 1930, que le roman a perdu toute sève ? qu’il ne retrouve une
10956 butors ? Ne voit-on pas, dès les années 1930, que le roman a perdu toute sève ? qu’il ne retrouve une virulence provisoire
10957 virulence provisoire qu’en se mettant au service de mystiques partisanes ? Serait-ce la fin du romantisme ? Le spectacle
10958 nt au service de mystiques partisanes ? Serait-ce la fin du romantisme ? Le spectacle de nos mœurs n’autorise pas cette co
10959 ues partisanes ? Serait-ce la fin du romantisme ? Le spectacle de nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car la crise
10960 s ? Serait-ce la fin du romantisme ? Le spectacle de nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car la crise actuelle du m
10961 de nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car la crise actuelle du mariage bourgeois, c’est le triomphe à retardement,
10962 Car la crise actuelle du mariage bourgeois, c’est le triomphe à retardement, dénaturé tant que l’on voudra, mais tout de m
10963 ’est le triomphe à retardement, dénaturé tant que l’ on voudra, mais tout de même le triomphe d’une passion profanée. Mais
10964 dénaturé tant que l’on voudra, mais tout de même le triomphe d’une passion profanée. Mais bien au-delà du mariage et du d
10965 nt que l’on voudra, mais tout de même le triomphe d’ une passion profanée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine de la
10966 fanée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine de la sexualité proprement dite, le contenu du mythe et ses fantômes env
10967 ée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine de la sexualité proprement dite, le contenu du mythe et ses fantômes envahi
10968 ge et du domaine de la sexualité proprement dite, le contenu du mythe et ses fantômes envahissent les domaines les plus di
10969 , le contenu du mythe et ses fantômes envahissent les domaines les plus divers : politique, lutte des classes, sentiment na
10970 du mythe et ses fantômes envahissent les domaines les plus divers : politique, lutte des classes, sentiment national, tout
10971 iques ». C’est que nous sommes devenus incapables de faire la part du feu, d’ordonner nos désirs, de distinguer leur natur
10972 C’est que nous sommes devenus incapables de faire la part du feu, d’ordonner nos désirs, de distinguer leur nature et leur
10973 ommes devenus incapables de faire la part du feu, d’ ordonner nos désirs, de distinguer leur nature et leur fin, d’imposer
10974 s de faire la part du feu, d’ordonner nos désirs, de distinguer leur nature et leur fin, d’imposer une mesure à leurs diva
10975 os désirs, de distinguer leur nature et leur fin, d’ imposer une mesure à leurs divagations — de les exprimer en figures. L
10976 r fin, d’imposer une mesure à leurs divagations —  de les exprimer en figures. Les dernières formes de l’amour ont été bala
10977 in, d’imposer une mesure à leurs divagations — de les exprimer en figures. Les dernières formes de l’amour ont été balayées
10978 à leurs divagations — de les exprimer en figures. Les dernières formes de l’amour ont été balayées par la guerre. Et j’insi
10979  de les exprimer en figures. Les dernières formes de l’amour ont été balayées par la guerre. Et j’insisterai sur cet exemp
10980 les exprimer en figures. Les dernières formes de l’ amour ont été balayées par la guerre. Et j’insisterai sur cet exemple
10981 dernières formes de l’amour ont été balayées par la guerre. Et j’insisterai sur cet exemple symbolique : nous ne faisons
10982 sur cet exemple symbolique : nous ne faisons plus de « déclarations d’amour » dans le même temps que nous admettons la gue
10983 mbolique : nous ne faisons plus de « déclarations d’ amour » dans le même temps que nous admettons la guerre sans « déclara
10984 ne faisons plus de « déclarations d’amour » dans le même temps que nous admettons la guerre sans « déclaration » préalabl
10985 s d’amour » dans le même temps que nous admettons la guerre sans « déclaration » préalable. Nous revenons au stade du rapt
10986 ous revenons au stade du rapt, du viol, mais sans les rites qui accompagnaient ces actes chez les peuplades polynésiennes.
10987 sans les rites qui accompagnaient ces actes chez les peuplades polynésiennes. Cette progressive profanation du mythe, sa c
10988 ation du mythe, sa conversion en rhétorique, puis la dissolution de cette rhétorique et la totale vulgarisation de son con
10989 sa conversion en rhétorique, puis la dissolution de cette rhétorique et la totale vulgarisation de son contenu, l’on peut
10990 rique, puis la dissolution de cette rhétorique et la totale vulgarisation de son contenu, l’on peut en suivre les étapes d
10991 on de cette rhétorique et la totale vulgarisation de son contenu, l’on peut en suivre les étapes dans un domaine en appare
10992 orique et la totale vulgarisation de son contenu, l’ on peut en suivre les étapes dans un domaine en apparence fort étrange
10993 vulgarisation de son contenu, l’on peut en suivre les étapes dans un domaine en apparence fort étranger à ceux que nous ven
10994 ranger à ceux que nous venons de parcourir : dans l’ évolution de la guerre et de ses méthodes en Occident. 117. Je rapp
10995 x que nous venons de parcourir : dans l’évolution de la guerre et de ses méthodes en Occident. 117. Je rappelle que j’e
10996 ue nous venons de parcourir : dans l’évolution de la guerre et de ses méthodes en Occident. 117. Je rappelle que j’empl
10997 s de parcourir : dans l’évolution de la guerre et de ses méthodes en Occident. 117. Je rappelle que j’emploie toujours
10998 elle que j’emploie toujours ce mot au double sens de sacrilège et de laïcisation (ou « sécularisation ») — pour ne pas rec
10999 ie toujours ce mot au double sens de sacrilège et de laïcisation (ou « sécularisation ») — pour ne pas recourir à « profan
11000 pas recourir à « profanisation ». 118. Désormais le symbole de toute l’opposition sera donné par le nom même de l’amour.
11001 r à « profanisation ». 118. Désormais le symbole de toute l’opposition sera donné par le nom même de l’amour. En face de
11002 fanisation ». 118. Désormais le symbole de toute l’ opposition sera donné par le nom même de l’amour. En face de l’Église
11003 s le symbole de toute l’opposition sera donné par le nom même de l’amour. En face de l’Église de Rome : Roma, se dresse l’
11004 de toute l’opposition sera donné par le nom même de l’amour. En face de l’Église de Rome : Roma, se dresse l’Église d’Amo
11005 toute l’opposition sera donné par le nom même de l’ amour. En face de l’Église de Rome : Roma, se dresse l’Église d’Amour 
11006 sera donné par le nom même de l’amour. En face de l’ Église de Rome : Roma, se dresse l’Église d’Amour : amor, et la second
11007 é par le nom même de l’amour. En face de l’Église de Rome : Roma, se dresse l’Église d’Amour : amor, et la seconde accuse
11008 ur. En face de l’Église de Rome : Roma, se dresse l’ Église d’Amour : amor, et la seconde accuse la première d’avoir invert
11009 ce de l’Église de Rome : Roma, se dresse l’Église d’ Amour : amor, et la seconde accuse la première d’avoir inverti sataniq
11010 d’Amour : amor, et la seconde accuse la première d’ avoir inverti sataniquement le nom même de l’amour divin, et d’avoir f
11011 accuse la première d’avoir inverti sataniquement le nom même de l’amour divin, et d’avoir fait de l’Évangile un prétexte
11012 remière d’avoir inverti sataniquement le nom même de l’amour divin, et d’avoir fait de l’Évangile un prétexte à massacrer
11013 ière d’avoir inverti sataniquement le nom même de l’ amour divin, et d’avoir fait de l’Évangile un prétexte à massacrer les
11014 ti sataniquement le nom même de l’amour divin, et d’ avoir fait de l’Évangile un prétexte à massacrer les « purs ». 119. A
11015 ent le nom même de l’amour divin, et d’avoir fait de l’Évangile un prétexte à massacrer les « purs ». 119. Ai-je dit que
11016 le nom même de l’amour divin, et d’avoir fait de l’ Évangile un prétexte à massacrer les « purs ». 119. Ai-je dit que la
11017 ’avoir fait de l’Évangile un prétexte à massacrer les « purs ». 119. Ai-je dit que la chevalerie d’amour méridionale se di
11018 xte à massacrer les « purs ». 119. Ai-je dit que la chevalerie d’amour méridionale se distinguait de la chevalerie féodal
11019 r les « purs ». 119. Ai-je dit que la chevalerie d’ amour méridionale se distinguait de la chevalerie féodale en ceci surt
11020 la chevalerie d’amour méridionale se distinguait de la chevalerie féodale en ceci surtout : c’est que tout homme, fût-il
11021 chevalerie d’amour méridionale se distinguait de la chevalerie féodale en ceci surtout : c’est que tout homme, fût-il bou
11022 fût-il bourgeois ou vilain, pouvait y accéder par la seule grâce de la « poésie ». D’innombrables documents nous attestent
11023 s ou vilain, pouvait y accéder par la seule grâce de la « poésie ». D’innombrables documents nous attestent qu’aux yeux de
11024 u vilain, pouvait y accéder par la seule grâce de la « poésie ». D’innombrables documents nous attestent qu’aux yeux des c
11025 it y accéder par la seule grâce de la « poésie ». D’ innombrables documents nous attestent qu’aux yeux des cathares, la vér
11026 ocuments nous attestent qu’aux yeux des cathares, la véritable noblesse est celle du troubadour, de celui qui connaît et p
11027 s, la véritable noblesse est celle du troubadour, de celui qui connaît et pratique les leys d’amors. Dante soutiendra la m
11028 e du troubadour, de celui qui connaît et pratique les leys d’amors. Dante soutiendra la même doctrine… 120. Béatrice a cer
11029 badour, de celui qui connaît et pratique les leys d’ amors. Dante soutiendra la même doctrine… 120. Béatrice a certainemen
11030 ît et pratique les leys d’amors. Dante soutiendra la même doctrine… 120. Béatrice a certainement existé, et Dante l’a cer
11031 e… 120. Béatrice a certainement existé, et Dante l’ a certainement aimée. C’est donc d’une sublimation qu’il s’agit ici, à
11032 isté, et Dante l’a certainement aimée. C’est donc d’ une sublimation qu’il s’agit ici, à l’inverse de ce qui se passa chez
11033 C’est donc d’une sublimation qu’il s’agit ici, à l’ inverse de ce qui se passa chez les troubadours. Béatrice deviendra su
11034 c d’une sublimation qu’il s’agit ici, à l’inverse de ce qui se passa chez les troubadours. Béatrice deviendra successiveme
11035 l s’agit ici, à l’inverse de ce qui se passa chez les troubadours. Béatrice deviendra successivement la Philosophie, la Sag
11036 es troubadours. Béatrice deviendra successivement la Philosophie, la Sagesse et la Science sacrée qui mène au Paradis et e
11037 Béatrice deviendra successivement la Philosophie, la Sagesse et la Science sacrée qui mène au Paradis et en explique les m
11038 ndra successivement la Philosophie, la Sagesse et la Science sacrée qui mène au Paradis et en explique les mystères. 121.
11039 Science sacrée qui mène au Paradis et en explique les mystères. 121. C.-A. Cingria, Pétrarque. 122. Sainte Thérèse : « Ce
11040 . Sainte Thérèse : « Ces grâces sont accompagnées d’ un entier détachement des créatures, quant à l’esprit… On se sent alor
11041 es d’un entier détachement des créatures, quant à l’ esprit… On se sent alors beaucoup plus étranger aux choses de la terre
11042 n se sent alors beaucoup plus étranger aux choses de la terre » et passim ! 123. Il connaissait le roman et le cite plusi
11043 e sent alors beaucoup plus étranger aux choses de la terre » et passim ! 123. Il connaissait le roman et le cite plusieur
11044 es de la terre » et passim ! 123. Il connaissait le roman et le cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de l’am
11045 re » et passim ! 123. Il connaissait le roman et le cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de l’amour : « Voic
11046 roman et le cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie les liv
11047 cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie les livres — Trista
11048 e plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de l’ amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie les livres — Tristan e
11049 riomphe de l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie les livres — Tristan et Lancelot et les autres errants — auxq
11050 l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie les livres — Tristan et Lancelot et les autres errants — auxquels il faut
11051 nt de rêverie les livres — Tristan et Lancelot et les autres errants — auxquels il faut que le vulgaire errant se plaise ! 
11052 elot et les autres errants — auxquels il faut que le vulgaire errant se plaise ! » 124. Sainte Thérèse : « C’est un marty
11053 is délicieux et cruel ». 125. Sainte Thérèse : «  L’ âme… voudrait ne jamais voir finir son tourment » et : « Une fois livr
11054 supplice, elle voudrait y passer ce qui lui reste de vie. » 126. Saint Jean de la Croix : « Ô brûlure suave ! » et tout l
11055 Jean de la Croix : « Ô brûlure suave ! » et tout le commentaire de ce vers dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 127. Sai
11056 ix : « Ô brûlure suave ! » et tout le commentaire de ce vers dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 127. Sainte Thérèse : «
11057 suave ! » et tout le commentaire de ce vers dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 127. Sainte Thérèse : « De ce désir qui
11058 out le commentaire de ce vers dans la Vive flamme d’ amour (II, 1). 127. Sainte Thérèse : « De ce désir qui en un instant
11059 flamme d’amour (II, 1). 127. Sainte Thérèse : «  De ce désir qui en un instant pénètre l’âme entière naît une douleur qui
11060 Thérèse : « De ce désir qui en un instant pénètre l’ âme entière naît une douleur qui la transporte au-dessus d’elle-même e
11061 nstant pénètre l’âme entière naît une douleur qui la transporte au-dessus d’elle-même et de tout le créé. Elle n’aspire qu
11062 ière naît une douleur qui la transporte au-dessus d’ elle-même et de tout le créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette sol
11063 ouleur qui la transporte au-dessus d’elle-même et de tout le créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette solitude. Qu’on lu
11064 ui la transporte au-dessus d’elle-même et de tout le créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette solitude. Qu’on lui parle
11065 e. Qu’on lui parle et qu’elle-même se fasse toute la violence possible pour répondre : peine inutile, elle a beau faire, e
11066 Sainte Thérèse : « Quelle souveraineté que celle d’ une âme qui portée à cette hauteur par Dieu lui-même, considère toutes
11067 tes choses sans être enchaînée par aucune. 129. Le Déclin du Moyen Âge. 130. Selon A. Jeanroy (op. cit., II, p. 130), o
11068 ne trouve aucune poésie spécialement consacrée à la Vierge avant le deuxième tiers du xiiie siècle. 131. Voir la Croisa
11069 nt le deuxième tiers du xiiie siècle. 131. Voir la Croisade du Graal, d’Otto Rahn, déjà cité. 132. Nous avons déjà rele
11070 u xiiie siècle. 131. Voir la Croisade du Graal, d’ Otto Rahn, déjà cité. 132. Nous avons déjà relevé l’influence de cett
11071 tto Rahn, déjà cité. 132. Nous avons déjà relevé l’ influence de cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques esp
11072 jà cité. 132. Nous avons déjà relevé l’influence de cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques espagnols en gé
11073 luence de cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques espagnols en général. 133. La Tragédie de Roméo et Juliet
11074 èse et les mystiques espagnols en général. 133. La Tragédie de Roméo et Juliette, traduction P.-J. Jouve et G. Pitoëff.
11075 ystiques espagnols en général. 133. La Tragédie de Roméo et Juliette, traduction P.-J. Jouve et G. Pitoëff. 134. Floris
11076 4. Floris Delattre, Milton, 1937. (Introduction à l’ Allegro, au Penseroso et à Samson Agonistes.) 135. Charles Sorel, aut
11077 à Samson Agonistes.) 135. Charles Sorel, auteur de Francion, avait écrit l’Anti-Roman ou le Berger extravagant, reprenan
11078 5. Charles Sorel, auteur de Francion, avait écrit l’ Anti-Roman ou le Berger extravagant, reprenant dans le registre burles
11079 , auteur de Francion, avait écrit l’Anti-Roman ou le Berger extravagant, reprenant dans le registre burlesque, dit « réali
11080 ti-Roman ou le Berger extravagant, reprenant dans le registre burlesque, dit « réaliste », toutes les situations conventio
11081 s le registre burlesque, dit « réaliste », toutes les situations conventionnelles de l’Astrée. De même, Scarron, etc. 136.
11082 éaliste », toutes les situations conventionnelles de l’Astrée. De même, Scarron, etc. 136. « Titus, qui aimait passionném
11083 iste », toutes les situations conventionnelles de l’ Astrée. De même, Scarron, etc. 136. « Titus, qui aimait passionnément
11084 et qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis de l’épouser, la renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les prem
11085 qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis de l’ épouser, la renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les premier
11086 ce qu’on croyait, lui avait promis de l’épouser, la renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de
11087 royait, lui avait promis de l’épouser, la renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire.
11088 malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire. » (Suétone, traduit par Racine, préface de Bérénice.) 13
11089 n empire. » (Suétone, traduit par Racine, préface de Bérénice.) 137. Hippolyte parlant d’Aricie, acte Ier, scène Ire : « 
11090 ne, préface de Bérénice.) 137. Hippolyte parlant d’ Aricie, acte Ier, scène Ire : « Dois-je épouser ses droits contre un p
11091 pouser ses droits contre un père irrité ? » 138. La confession du Ier acte à la nourrice ; celle du IIe à Hippolyte — « H
11092 père irrité ? » 138. La confession du Ier acte à la nourrice ; celle du IIe à Hippolyte — « Hé bien ! connais donc Phèdre
11093 en ! connais donc Phèdre et toute sa fureur… » et l’ aveu à Thésée, au Ve acte. 139. Nouvelle vérification de ce que nous
11094 à Thésée, au Ve acte. 139. Nouvelle vérification de ce que nous disions à propos d’Eckhart : la mystique unitive ignore l
11095 ation de ce que nous disions à propos d’Eckhart : la mystique unitive ignore la passion divine. 140. Doctrine fabuleuse
11096 s à propos d’Eckhart : la mystique unitive ignore la passion divine. 140. Doctrine fabuleuse , en préparation. 141. Ce
11097 Doctrine fabuleuse , en préparation. 141. Celui de Mozart plutôt que celui de Molière, beaucoup moins significatif à mon
11098 éparation. 141. Celui de Mozart plutôt que celui de Molière, beaucoup moins significatif à mon avis, et qui d’ailleurs n’
11099 lleurs n’eut aucun succès au xviie siècle. 142. L’ abbé de Sade, propre oncle du marquis, est l’auteur d’un ouvrage intit
11100 142. L’abbé de Sade, propre oncle du marquis, est l’ auteur d’un ouvrage intitulé : Remarques sur les premiers poètes franç
11101 bé de Sade, propre oncle du marquis, est l’auteur d’ un ouvrage intitulé : Remarques sur les premiers poètes français et le
11102 é : Remarques sur les premiers poètes français et les troubadours, et de trois volumes (anonymes) de mémoires sur Pétrarque
11103 s premiers poètes français et les troubadours, et de trois volumes (anonymes) de mémoires sur Pétrarque. 143. « On a de S
11104 t les troubadours, et de trois volumes (anonymes) de mémoires sur Pétrarque. 143. « On a de Sade : Juliette ou les malheu
11105 anonymes) de mémoires sur Pétrarque. 143. « On a de Sade : Juliette ou les malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou l
11106 sur Pétrarque. 143. « On a de Sade : Juliette ou les malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice.
11107 . 143. « On a de Sade : Juliette ou les malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est le co
11108 143. « On a de Sade : Juliette ou les malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est le contr
11109 les malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est le contraire exactement (donc en psychanal
11110 ), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est le contraire exactement (donc en psychanalyse, le contraire aussi de ce
11111 st le contraire exactement (donc en psychanalyse, le contraire aussi de ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes de l’
11112 ctement (donc en psychanalyse, le contraire aussi de ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes de l’une et l’autre fort
11113 yse, le contraire aussi de ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes de l’une et l’autre fortune de Pétrarque. » (C.-A.
11114 i de ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes de l’une et l’autre fortune de Pétrarque. » (C.-A. Cingria, Pétrarque.)
11115 de suite) des Remèdes de l’une et l’autre fortune de Pétrarque. » (C.-A. Cingria, Pétrarque.) 144. Voir Appendice 10. 1
11116 e.) 144. Voir Appendice 10. 145. Rappelons que l’ amour fameux d’Abélard et Héloïse est le premier exemple historique de
11117 Appendice 10. 145. Rappelons que l’amour fameux d’ Abélard et Héloïse est le premier exemple historique de la passion don
11118 lard et Héloïse est le premier exemple historique de la passion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre d’Héloïse co
11119 d et Héloïse est le premier exemple historique de la passion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre d’Héloïse compo
11120 orique de la passion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre d’Héloïse composé (par elle-même ?) en vers latins (cit
11121 ion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre d’ Héloïse composé (par elle-même ?) en vers latins (cité par Rémusat : A
11122 n vers latins (cité par Rémusat : Abélard, t. I). L’ amante supplie : Soulage-moi de ma croix. Conduis vers la lumière Mon
11123 : Abélard, t. I). L’amante supplie : Soulage-moi de ma croix. Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des
11124 ard, t. I). L’amante supplie : Soulage-moi de ma croix . Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieu
11125 supplie : Soulage-moi de ma croix. Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieuses reprend : Qu
11126 x. Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieuses reprend : Qu’ils se reposent de leur labeur Et
11127 œur des religieuses reprend : Qu’ils se reposent de leur labeur Et de leur douloureux amour ! Ils demandaient l’union des
11128 s reprend : Qu’ils se reposent de leur labeur Et de leur douloureux amour ! Ils demandaient l’union des habitants des deu
11129 eur Et de leur douloureux amour ! Ils demandaient l’ union des habitants des deux : Déjà ils sont entrés dans le sanctuaire
11130 es habitants des deux : Déjà ils sont entrés dans le sanctuaire du Sauveur. Abélard répondit assez mal à cette passion. M
11131 hérétique, se rapproche sur des points essentiels de la doctrine spiritualiste des cathares. Et dans ses Lamentations, il
11132 étique, se rapproche sur des points essentiels de la doctrine spiritualiste des cathares. Et dans ses Lamentations, il lai
11133 res. Et dans ses Lamentations, il laisse échapper le grand cri du romantisme et de Tristan : « Amoris impulsio culpae just
11134 il laisse échapper le grand cri du romantisme et de Tristan : « Amoris impulsio culpae justificatio. » 146. Est-ce la f
11135 ris impulsio culpae justificatio. » 146. Est-ce la faute à Rousseau ? Ou plutôt au symbolisme ? Beaucoup de dames d’aujo
11136 eau ? Ou plutôt au symbolisme ? Beaucoup de dames d’ aujourd’hui croient que « mystique » signifie sentimental. Vitraux, pé
11137 tal. Vitraux, pénombre bleue, arpèges, somnolence de l’esprit, rêverie des sens… 147. W. Schlegel commença en 1808 une ré
11138 . Vitraux, pénombre bleue, arpèges, somnolence de l’ esprit, rêverie des sens… 147. W. Schlegel commença en 1808 une rédac
11139 chlegel commença en 1808 une rédaction modernisée de Tristan. Puis Rückert, Immermann, Platen, bien d’autres, esquissèrent
11140 res, esquissèrent des Tristan (poèmes et drames). Le poème de Platen débute ainsi : « Celui dont les yeux ont une fois con
11141 issèrent des Tristan (poèmes et drames). Le poème de Platen débute ainsi : « Celui dont les yeux ont une fois contemplé la
11142 ). Le poème de Platen débute ainsi : « Celui dont les yeux ont une fois contemplé la beauté est déjà voué à la mort… » 148
11143 si : « Celui dont les yeux ont une fois contemplé la beauté est déjà voué à la mort… » 148. Les italiques sont dans le te
11144 ont une fois contemplé la beauté est déjà voué à la mort… » 148. Les italiques sont dans le texte original. 149. Autre
11145 templé la beauté est déjà voué à la mort… » 148. Les italiques sont dans le texte original. 149. Autre vision manichéenne
11146 à voué à la mort… » 148. Les italiques sont dans le texte original. 149. Autre vision manichéenne du monde : la grande œ
11147 iginal. 149. Autre vision manichéenne du monde : la grande œuvre du peintre Otto Runge, Les Quatre Saisons, devait représ
11148 du monde : la grande œuvre du peintre Otto Runge, Les Quatre Saisons, devait représenter les quatre saisons de l’esprit : l
11149 tto Runge, Les Quatre Saisons, devait représenter les quatre saisons de l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité d
11150 re Saisons, devait représenter les quatre saisons de l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le j
11151 Saisons, devait représenter les quatre saisons de l’ esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le jour
11152 vait représenter les quatre saisons de l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le jour, forme ill
11153 es quatre saisons de l’esprit : le matin, qui est l’ éclairage illimité de l’univers ; le jour, forme illimitée de la créat
11154 l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négati
11155 sprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de l’ univers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négation
11156 atin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négation illimitée de
11157 illimité de l’univers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négation illimitée de l’existence à l’origine
11158 limité de l’univers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négation illimitée de l’existence à l’origine de
11159 ivers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négation illimitée de l’existence à l’origine de l’univers ; la
11160 itée de la créature ; le soir, négation illimitée de l’existence à l’origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée
11161 e de la créature ; le soir, négation illimitée de l’ existence à l’origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de
11162 re ; le soir, négation illimitée de l’existence à l’ origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissanc
11163 ir, négation illimitée de l’existence à l’origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu,
11164 négation illimitée de l’existence à l’origine de l’ univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu, ex
11165 limitée de l’existence à l’origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu, existence abso
11166 gine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, Les Ro
11167 e de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, Les Roman
11168 la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, Les Romantiques allemands
11169 ce de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, Les Romantiques allemands, p. 285). 150. Tieck raconte l’histoire du tro
11170 mantiques allemands, p. 285). 150. Tieck raconte l’ histoire du troubadour Jauffré Rudel dans Sternbald, et caractérise lo
11171 é Rudel dans Sternbald, et caractérise longuement l’ amour courtois dans le Sabbat des sorcières et dans Phantasus. 151. I
11172 , et caractérise longuement l’amour courtois dans le Sabbat des sorcières et dans Phantasus. 151. Il faudra attendre un s
11173 dre un siècle pour en voir un : Bergson, disciple de Schelling. 152. Voir le Journal de Novalis, et le portrait qu’il don
11174 r un : Bergson, disciple de Schelling. 152. Voir le Journal de Novalis, et le portrait qu’il donne de sa fiancée perdue,
11175 son, disciple de Schelling. 152. Voir le Journal de Novalis, et le portrait qu’il donne de sa fiancée perdue, Sophie von
11176 e Schelling. 152. Voir le Journal de Novalis, et le portrait qu’il donne de sa fiancée perdue, Sophie von Kühn, morte à 1
11177 le Journal de Novalis, et le portrait qu’il donne de sa fiancée perdue, Sophie von Kühn, morte à 16 ans. Il note « ses pla
11178 préférés » et qu’« elle boit volontiers du vin ». Le Français hausse les épaules devant de tels enfantillages. 153. On li
11179 elle boit volontiers du vin ». Le Français hausse les épaules devant de tels enfantillages. 153. On lit dans le Cantique d
11180 s du vin ». Le Français hausse les épaules devant de tels enfantillages. 153. On lit dans le Cantique des Cantiques : « L
11181 s devant de tels enfantillages. 153. On lit dans le Cantique des Cantiques : « Levez-vous, aquilons, venez autans ! souff
11182 t Jean de la Croix : « Viens, Auster qui réveille les amours, — Aspire à travers mon jardin — Et que s’en répandent les ode
11183 pire à travers mon jardin — Et que s’en répandent les odeurs. » (Cantico, XXVI.) 154. José Ortega y Gasset, Über die Liebe
11184 José Ortega y Gasset, Über die Liebe. 155. Toute la différence entre la cristallisation et l’idéalisation courtoise tient
11185 , Über die Liebe. 155. Toute la différence entre la cristallisation et l’idéalisation courtoise tient en ceci : Stendhal
11186 . Toute la différence entre la cristallisation et l’ idéalisation courtoise tient en ceci : Stendhal sait qu’il y aura décr
11187 hal sait qu’il y aura décristallisation (retour à la lucidité). Le contrepoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité.
11188 y aura décristallisation (retour à la lucidité). Le contrepoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité. La tragédie to
11189 ité). Le contrepoison du philtre, pour lui, c’est l’ infidélité. La tragédie tourne au vaudeville. 156. Mélot le délateur,
11190 epoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité. La tragédie tourne au vaudeville. 156. Mélot le délateur, c’est le pers
11191 té. La tragédie tourne au vaudeville. 156. Mélot le délateur, c’est le personnage constant des poèmes courtois que les tr
11192 rne au vaudeville. 156. Mélot le délateur, c’est le personnage constant des poèmes courtois que les troubadours nommaient
11193 st le personnage constant des poèmes courtois que les troubadours nommaient le losengier. 157. Cf. chap. 10, livre II. Le
11194 des poèmes courtois que les troubadours nommaient le losengier. 157. Cf. chap. 10, livre II. Le roman est un poème qui n’
11195 aient le losengier. 157. Cf. chap. 10, livre II. Le roman est un poème qui n’exprime plus l’instant mais la durée. 158.
11196 ivre II. Le roman est un poème qui n’exprime plus l’ instant mais la durée. 158. Surtout les décors réalistes que nos mett
11197 an est un poème qui n’exprime plus l’instant mais la durée. 158. Surtout les décors réalistes que nos metteurs en scène s
11198 prime plus l’instant mais la durée. 158. Surtout les décors réalistes que nos metteurs en scène s’obstinent à conserver (l
11199 ue nos metteurs en scène s’obstinent à conserver ( la décoration de la tente au premier acte, le lierre peint sur les murai
11200 s en scène s’obstinent à conserver (la décoration de la tente au premier acte, le lierre peint sur les murailles du burg a
11201 n scène s’obstinent à conserver (la décoration de la tente au premier acte, le lierre peint sur les murailles du burg au d
11202 erver (la décoration de la tente au premier acte, le lierre peint sur les murailles du burg au deuxième) ! Il faudrait un
11203 de la tente au premier acte, le lierre peint sur les murailles du burg au deuxième) ! Il faudrait un décor simplifié à l’e
11204 g au deuxième) ! Il faudrait un décor simplifié à l’ extrême, abstrait, métaphysique, rêvé. Il faudrait des acteurs hiérati
11205 ques, et non pas cette interminable gesticulation de Tristan essoufflé sur sa couche, d’Isolde entravée par ses voiles… 1
11206 gesticulation de Tristan essoufflé sur sa couche, d’ Isolde entravée par ses voiles… 159. Gwyon (d’où guyon : guide, en vi
11207 e, d’Isolde entravée par ses voiles… 159. Gwyon ( d’ où guyon : guide, en vieux français) c’est le Führer qui détient les s
11208 yon (d’où guyon : guide, en vieux français) c’est le Führer qui détient les secrets d’initiation à la voix divinisante. 1
11209 e, en vieux français) c’est le Führer qui détient les secrets d’initiation à la voix divinisante. 160. Héritage, dot, « si
11210 français) c’est le Führer qui détient les secrets d’ initiation à la voix divinisante. 160. Héritage, dot, « situation » d
11211 le Führer qui détient les secrets d’initiation à la voix divinisante. 160. Héritage, dot, « situation » des conjoints, r
11212 tage, dot, « situation » des conjoints, relations d’ affaires, etc. 161. Scène d’un roman de Caldwell intitulé La Route au
11213 conjoints, relations d’affaires, etc. 161. Scène d’ un roman de Caldwell intitulé La Route au tabac. 162. On connaît la p
11214 relations d’affaires, etc. 161. Scène d’un roman de Caldwell intitulé La Route au tabac. 162. On connaît la phrase d’un
11215 etc. 161. Scène d’un roman de Caldwell intitulé La Route au tabac. 162. On connaît la phrase d’un officier hitlérien :
11216 well intitulé La Route au tabac. 162. On connaît la phrase d’un officier hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononce
11217 ulé La Route au tabac. 162. On connaît la phrase d’ un officier hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononcer le mot «
11218 hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononcer le mot « Geist » (esprit), j’arme mon revolver. »
6 1939, L’Amour et l’Occident. Livre V. Amour et guerre
11219 uerre 1.Parallélisme des formes Du désir à la mort par la passion, telle est la voie du romantisme occidental ; et
11220 Parallélisme des formes Du désir à la mort par la passion, telle est la voie du romantisme occidental ; et nous y somme
11221 s Du désir à la mort par la passion, telle est la voie du romantisme occidental ; et nous y sommes tous engagés pour au
11222 ommes tributaires — inconsciemment bien entendu — d’ un ensemble de mœurs et de coutumes dont la mystique courtoise a créé
11223 res — inconsciemment bien entendu — d’un ensemble de mœurs et de coutumes dont la mystique courtoise a créé les symboles.
11224 ciemment bien entendu — d’un ensemble de mœurs et de coutumes dont la mystique courtoise a créé les symboles. Or passion s
11225 endu — d’un ensemble de mœurs et de coutumes dont la mystique courtoise a créé les symboles. Or passion signifie souffranc
11226 et de coutumes dont la mystique courtoise a créé les symboles. Or passion signifie souffrance. Notre notion de l’amour env
11227 les. Or passion signifie souffrance. Notre notion de l’amour enveloppant celle que nous avons de la femme, se trouve donc
11228 . Or passion signifie souffrance. Notre notion de l’ amour enveloppant celle que nous avons de la femme, se trouve donc lié
11229 otion de l’amour enveloppant celle que nous avons de la femme, se trouve donc liée à une notion de la souffrance féconde q
11230 on de l’amour enveloppant celle que nous avons de la femme, se trouve donc liée à une notion de la souffrance féconde qui
11231 ons de la femme, se trouve donc liée à une notion de la souffrance féconde qui flatte ou légitime obscurément, au plus sec
11232 de la femme, se trouve donc liée à une notion de la souffrance féconde qui flatte ou légitime obscurément, au plus secret
11233 ui flatte ou légitime obscurément, au plus secret de la conscience occidentale, le goût de la guerre. Cette liaison singul
11234 flatte ou légitime obscurément, au plus secret de la conscience occidentale, le goût de la guerre. Cette liaison singulièr
11235 ent, au plus secret de la conscience occidentale, le goût de la guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la
11236 plus secret de la conscience occidentale, le goût de la guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la femme e
11237 s secret de la conscience occidentale, le goût de la guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la femme et d
11238 e, le goût de la guerre. Cette liaison singulière d’ une certaine idée de la femme et d’une idée correspondante de la guerr
11239 rre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la femme et d’une idée correspondante de la guerre, en Occident, entr
11240 . Cette liaison singulière d’une certaine idée de la femme et d’une idée correspondante de la guerre, en Occident, entraîn
11241 son singulière d’une certaine idée de la femme et d’ une idée correspondante de la guerre, en Occident, entraîne de profond
11242 ine idée de la femme et d’une idée correspondante de la guerre, en Occident, entraîne de profondes conséquences pour la mo
11243 idée de la femme et d’une idée correspondante de la guerre, en Occident, entraîne de profondes conséquences pour la moral
11244 orrespondante de la guerre, en Occident, entraîne de profondes conséquences pour la morale, l’éducation, la politique. Un
11245 Occident, entraîne de profondes conséquences pour la morale, l’éducation, la politique. Un fort gros livre ne serait pas d
11246 ntraîne de profondes conséquences pour la morale, l’ éducation, la politique. Un fort gros livre ne serait pas de trop pour
11247 ofondes conséquences pour la morale, l’éducation, la politique. Un fort gros livre ne serait pas de trop pour en démêler l
11248 n, la politique. Un fort gros livre ne serait pas de trop pour en démêler les aspects. On doit souhaiter que ce livre soit
11249 gros livre ne serait pas de trop pour en démêler les aspects. On doit souhaiter que ce livre soit écrit, mais sans se diss
11250 que ce livre soit écrit, mais sans se dissimuler l’ extrême difficulté de la tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il
11251 rit, mais sans se dissimuler l’extrême difficulté de la tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait de posséde
11252 , mais sans se dissimuler l’extrême difficulté de la tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait de posséder à
11253 xtrême difficulté de la tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait de posséder à fond la matière rapidement e
11254 Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait de posséder à fond la matière rapidement explorée dans les pages qui pré
11255 la mener à bien, il s’agirait de posséder à fond la matière rapidement explorée dans les pages qui précèdent, puis une so
11256 sséder à fond la matière rapidement explorée dans les pages qui précèdent, puis une solide culture militaire, enfin la somm
11257 écèdent, puis une solide culture militaire, enfin la somme des recherches psychologiques entreprises depuis le xixe siècl
11258 des recherches psychologiques entreprises depuis le xixe siècle sur la question de l’« instinct combatif » dans ses rela
11259 hologiques entreprises depuis le xixe siècle sur la question de l’« instinct combatif » dans ses relations avec l’instinc
11260 ntreprises depuis le xixe siècle sur la question de l’« instinct combatif » dans ses relations avec l’instinct sexuel163.
11261 eprises depuis le xixe siècle sur la question de l’ « instinct combatif » dans ses relations avec l’instinct sexuel163. Fa
11262 e l’« instinct combatif » dans ses relations avec l’ instinct sexuel163. Faute de quoi, je me bornerai à soulever un certai
11263 ns ses relations avec l’instinct sexuel163. Faute de quoi, je me bornerai à soulever un certain nombre de questions, et su
11264 quoi, je me bornerai à soulever un certain nombre de questions, et surtout à les situer dans la logique du mythe, qui est
11265 ever un certain nombre de questions, et surtout à les situer dans la logique du mythe, qui est mon vrai sujet. On peut pens
11266 nombre de questions, et surtout à les situer dans la logique du mythe, qui est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs q
11267 est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs que l’ examen des formes n’est pas moins instructif, en ce domaine, que la re
11268 es n’est pas moins instructif, en ce domaine, que la recherche des causes, et qu’il est certainement moins trompeur. Il n’
11269 ins trompeur. Il n’est pas nécessaire par exemple de recourir aux théories de Freud pour constater que l’instinct de guerr
11270 s nécessaire par exemple de recourir aux théories de Freud pour constater que l’instinct de guerre et l’érotisme sont fond
11271 recourir aux théories de Freud pour constater que l’ instinct de guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés : les figu
11272 x théories de Freud pour constater que l’instinct de guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés : les figures courant
11273 Freud pour constater que l’instinct de guerre et l’ érotisme sont fondamentalement liés : les figures courantes du langage
11274 guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés : les figures courantes du langage le font voir avec plus d’évidence. Laiss
11275 ntalement liés : les figures courantes du langage le font voir avec plus d’évidence. Laissant donc de côté les hypothèses
11276 gures courantes du langage le font voir avec plus d’ évidence. Laissant donc de côté les hypothèses multiples et changeante
11277 le font voir avec plus d’évidence. Laissant donc de côté les hypothèses multiples et changeantes relatives à la genèse de
11278 voir avec plus d’évidence. Laissant donc de côté les hypothèses multiples et changeantes relatives à la genèse des instinc
11279 s hypothèses multiples et changeantes relatives à la genèse des instincts, je m’en tiendrai à quelques rapprochements form
11280 tiendrai à quelques rapprochements formels entre les arts d’aimer et de guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon p
11281 à quelques rapprochements formels entre les arts d’ aimer et de guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon propos ét
11282 rapprochements formels entre les arts d’aimer et de guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon propos étant simplem
11283 le jusqu’à nos jours. Mon propos étant simplement de marquer un parallélisme entre l’évolution du mythe et l’évolution de
11284 étant simplement de marquer un parallélisme entre l’ évolution du mythe et l’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleu
11285 uer un parallélisme entre l’évolution du mythe et l’ évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’u
11286 lélisme entre l’évolution du mythe et l’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’a
11287 isme entre l’évolution du mythe et l’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’autr
11288 ’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour
11289 olution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour
11290 a guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiqu
11291 ns préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité, les poè
11292 ité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrièr
11293 de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’ amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières
11294 l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès l’ Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire le
11295 2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire les effets de l’
11296 de l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire les effets de l’amour naturel. Le
11297 tes ont usé de métaphores guerrières pour décrire les effets de l’amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche
11298 de métaphores guerrières pour décrire les effets de l’amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche des flèche
11299 métaphores guerrières pour décrire les effets de l’ amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche des flèches m
11300 ières pour décrire les effets de l’amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche des flèches mortelles. La femm
11301 ur décrire les effets de l’amour naturel. Le dieu d’ amour est un archer qui décoche des flèches mortelles. La femme se ren
11302 est un archer qui décoche des flèches mortelles. La femme se rend à l’homme qui la conquiert parce qu’il est le meilleur
11303 décoche des flèches mortelles. La femme se rend à l’ homme qui la conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu d
11304 flèches mortelles. La femme se rend à l’homme qui la conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre
11305 e rend à l’homme qui la conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession d’
11306 a conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’ enjeu de la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des
11307 ert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus an
11308 parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus ancie
11309 il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus anciens romans
11310 lleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus anciens romans que nous poss
11311 . L’enjeu de la guerre de Troie est la possession d’ une femme. Et l’un des plus anciens romans que nous possédions, le Thé
11312 l’un des plus anciens romans que nous possédions, le Théagène et Chariclée d’Héliodore (iiie siècle) parle déjà des « lut
11313 ’Héliodore (iiie siècle) parle déjà des « luttes d’ amour » et de la « délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les
11314 iie siècle) parle déjà des « luttes d’amour » et de la « délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les traits inévit
11315 siècle) parle déjà des « luttes d’amour » et de la « délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les traits inévitabl
11316  luttes d’amour » et de la « délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les traits inévitables d’Éros ». Plutarque fai
11317 « délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les traits inévitables d’Éros ». Plutarque fait voir que la morale sexuel
11318 de celui « qui tombe sous les traits inévitables d’ Éros ». Plutarque fait voir que la morale sexuelle des Spartiates s’or
11319 its inévitables d’Éros ». Plutarque fait voir que la morale sexuelle des Spartiates s’ordonnait au rendement militaire de
11320 des Spartiates s’ordonnait au rendement militaire de ce peuple. L’eugénisme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant l
11321 s’ordonnait au rendement militaire de ce peuple. L’ eugénisme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant les relations d
11322 au rendement militaire de ce peuple. L’eugénisme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant les relations des époux, n’
11323 isme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant les relations des époux, n’ont d’autre but que d’augmenter l’agressivité
11324 inutieuses réglant les relations des époux, n’ont d’ autre but que d’augmenter l’agressivité des soldats. Tout cela confirm
11325 nt les relations des époux, n’ont d’autre but que d’ augmenter l’agressivité des soldats. Tout cela confirme la liaison nat
11326 ions des époux, n’ont d’autre but que d’augmenter l’ agressivité des soldats. Tout cela confirme la liaison naturelle, c’es
11327 ter l’agressivité des soldats. Tout cela confirme la liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique de l’instinct sexuel et
11328 la liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique de l’instinct sexuel et de l’instinct combatif. Mais il serait vain de c
11329 liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique de l’ instinct sexuel et de l’instinct combatif. Mais il serait vain de cher
11330 ’est-à-dire physiologique de l’instinct sexuel et de l’instinct combatif. Mais il serait vain de chercher des ressemblance
11331 t-à-dire physiologique de l’instinct sexuel et de l’ instinct combatif. Mais il serait vain de chercher des ressemblances e
11332 el et de l’instinct combatif. Mais il serait vain de chercher des ressemblances entre la tactique des Anciens et leur conc
11333 l serait vain de chercher des ressemblances entre la tactique des Anciens et leur conception de l’amour. Les deux domaines
11334 entre la tactique des Anciens et leur conception de l’amour. Les deux domaines restent soumis à des lois tout à fait dist
11335 tre la tactique des Anciens et leur conception de l’ amour. Les deux domaines restent soumis à des lois tout à fait distinc
11336 ctique des Anciens et leur conception de l’amour. Les deux domaines restent soumis à des lois tout à fait distinctes, et pr
11337 mis à des lois tout à fait distinctes, et privées de commune mesure. Il n’en va plus de même dans notre histoire à partir
11338 partir des xiie et xiiie siècles. On voit alors le langage amoureux s’enrichir de tournures qui ne désignent plus seulem
11339 les. On voit alors le langage amoureux s’enrichir de tournures qui ne désignent plus seulement les gestes élémentaires du
11340 chir de tournures qui ne désignent plus seulement les gestes élémentaires du guerrier, mais qui sont empruntées d’une façon
11341 lémentaires du guerrier, mais qui sont empruntées d’ une façon très précise à l’art des batailles, à la tactique militaire
11342 is qui sont empruntées d’une façon très précise à l’ art des batailles, à la tactique militaire de l’époque. Il ne s’agit p
11343 d’une façon très précise à l’art des batailles, à la tactique militaire de l’époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une o
11344 se à l’art des batailles, à la tactique militaire de l’époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une origine commune plus ou
11345 à l’art des batailles, à la tactique militaire de l’ époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une origine commune plus ou mo
11346 itaire de l’époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’ une origine commune plus ou moins obscurément ressentie, mais bien d’u
11347 ne plus ou moins obscurément ressentie, mais bien d’ un minutieux parallélisme. L’amant fait le siège de sa Dame. Il livre
11348 ressentie, mais bien d’un minutieux parallélisme. L’ amant fait le siège de sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu
11349 is bien d’un minutieux parallélisme. L’amant fait le siège de sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre
11350 ’un minutieux parallélisme. L’amant fait le siège de sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre de près,
11351 lisme. L’amant fait le siège de sa Dame. Il livre d’ amoureux assauts à sa vertu. Il la serre de près, il la poursuit, il c
11352 Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre de près, il la poursuit, il cherche à vaincre les dernières déf
11353 livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre de près, il la poursuit, il cherche à vaincre les dernières défenses de
11354 ureux assauts à sa vertu. Il la serre de près, il la poursuit, il cherche à vaincre les dernières défenses de sa pudeur, e
11355 rre de près, il la poursuit, il cherche à vaincre les dernières défenses de sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfi
11356 suit, il cherche à vaincre les dernières défenses de sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfin la dame se rend à me
11357 vaincre les dernières défenses de sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfin la dame se rend à merci. Mais alors, par
11358 sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfin la dame se rend à merci. Mais alors, par une curieuse inversion bien typ
11359 is alors, par une curieuse inversion bien typique de la courtoisie, c’est l’amant qui sera son prisonnier en même temps qu
11360 alors, par une curieuse inversion bien typique de la courtoisie, c’est l’amant qui sera son prisonnier en même temps que s
11361 se inversion bien typique de la courtoisie, c’est l’ amant qui sera son prisonnier en même temps que son vainqueur. Il devi
11362 ier en même temps que son vainqueur. Il deviendra le vassal de cette suzeraine, selon la règle des guerres féodales, tout
11363 e temps que son vainqueur. Il deviendra le vassal de cette suzeraine, selon la règle des guerres féodales, tout comme si c
11364 Il deviendra le vassal de cette suzeraine, selon la règle des guerres féodales, tout comme si c’était lui qui avait subi
11365 éodales, tout comme si c’était lui qui avait subi la défaite 164. Il ne lui reste plus qu’à faire la preuve de sa vaillanc
11366 i la défaite 164. Il ne lui reste plus qu’à faire la preuve de sa vaillance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais l’a
11367 te 164. Il ne lui reste plus qu’à faire la preuve de sa vaillance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais l’argot solda
11368 re la preuve de sa vaillance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais l’argot soldatesque et civil nous fournirait une p
11369 llance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais l’ argot soldatesque et civil nous fournirait une profusion d’exemples d’
11370 oldatesque et civil nous fournirait une profusion d’ exemples d’une verdeur encore plus significative. Et plus tard, l’intr
11371 et civil nous fournirait une profusion d’exemples d’ une verdeur encore plus significative. Et plus tard, l’introduction de
11372 verdeur encore plus significative. Et plus tard, l’ introduction des armes à feu devait donner lieu à d’innombrables plais
11373 introduction des armes à feu devait donner lieu à d’ innombrables plaisanteries à double sens. Ce parallélisme d’ailleurs e
11374 élisme d’ailleurs est complaisamment exploité par les écrivains. C’est un thème de rhétorique inépuisable. « Ô ! trop heure
11375 amment exploité par les écrivains. C’est un thème de rhétorique inépuisable. « Ô ! trop heureux capitaine, écrit Brantôme1
11376 , écrit Brantôme165 qui avez combattu et tué tant d’ hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop h
11377 65 qui avez combattu et tué tant d’hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop heureux encore une
11378 ombattu et tué tant d’hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop heureux encore une fois, et plus
11379 d’hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop heureux encore une fois, et plus, qui avez combattu
11380 vez combattu et vaincu à tant d’autres assauts et de reprises une si belle Dame entre les pavillons de votre lit ! » Il ne
11381 es assauts et de reprises une si belle Dame entre les pavillons de votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si les auteurs
11382 de reprises une si belle Dame entre les pavillons de votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si les auteurs mystiques rep
11383 ns de votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si les auteurs mystiques reprennent ces métaphores devenues banales, et les
11384 es reprennent ces métaphores devenues banales, et les transposent selon le processus décrit plus haut, dans le domaine de l
11385 phores devenues banales, et les transposent selon le processus décrit plus haut, dans le domaine de l’amour divin. Francis
11386 sposent selon le processus décrit plus haut, dans le domaine de l’amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sa
11387 on le processus décrit plus haut, dans le domaine de l’amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérès
11388 le processus décrit plus haut, dans le domaine de l’ amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse l
11389 mour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse les plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son
11390 sco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse les plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor : « Ne
11391 l’un des maîtres de sainte Thérèse les plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor : « Ne pense pas que
11392 ) écrit dans son Ley de Amor : « Ne pense pas que le combat de l’amour soit comme les autres batailles où la fureur et le
11393 ns son Ley de Amor : « Ne pense pas que le combat de l’amour soit comme les autres batailles où la fureur et le fracas d’u
11394 son Ley de Amor : « Ne pense pas que le combat de l’ amour soit comme les autres batailles où la fureur et le fracas d’une
11395  Ne pense pas que le combat de l’amour soit comme les autres batailles où la fureur et le fracas d’une guerre épouvantable
11396 bat de l’amour soit comme les autres batailles où la fureur et le fracas d’une guerre épouvantable sévit des deux côtés, c
11397 r soit comme les autres batailles où la fureur et le fracas d’une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car l’amour ne
11398 me les autres batailles où la fureur et le fracas d’ une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car l’amour ne combat qu
11399 une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car l’ amour ne combat qu’à force de caresses et n’a d’autres menaces que ses
11400 es tendres paroles. Ses flèches et ses coups sont les bienfaits et les dons. Sa rencontre est une offre de grande efficacit
11401 s. Ses flèches et ses coups sont les bienfaits et les dons. Sa rencontre est une offre de grande efficacité. Les soupirs co
11402 bienfaits et les dons. Sa rencontre est une offre de grande efficacité. Les soupirs composent son artillerie. Sa prise de
11403 Sa rencontre est une offre de grande efficacité. Les soupirs composent son artillerie. Sa prise de possession est un embra
11404 é. Les soupirs composent son artillerie. Sa prise de possession est un embrassement. Sa tuerie est de donner la vie pour l
11405 de possession est un embrassement. Sa tuerie est de donner la vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise tr
11406 sion est un embrassement. Sa tuerie est de donner la vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l
11407 embrassement. Sa tuerie est de donner la vie pour l’ aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l’origine, la
11408 est de donner la vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et de la
11409 ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l’ origine, la lutte du Jour et de la Nuit. La mort y joue un rôle centra
11410 que la rhétorique courtoise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et de la Nuit. La mort y joue un rôle central : elle es
11411 urtoise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et de la Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est la défaite du mond
11412 oise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et de la Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est la défaite du monde e
11413 uit, à l’origine, la lutte du Jour et de la Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est la défaite du monde et la vict
11414 a Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est la défaite du monde et la victoire de la vie lumineuse. Amour et mort so
11415 un rôle central : elle est la défaite du monde et la victoire de la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse,
11416 ral : elle est la défaite du monde et la victoire de la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par l
11417  : elle est la défaite du monde et la victoire de la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par l’in
11418 e la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ ascèse, comme par l’instinct sont reliés désir et guerre. Mais ni cett
11419 Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par l’ instinct sont reliés désir et guerre. Mais ni cette origine religieuse
11420 , ni cette complicité physiologique des instincts de combat et de procréation ne suffisent à déterminer l’usage précis des
11421 mplicité physiologique des instincts de combat et de procréation ne suffisent à déterminer l’usage précis des expressions
11422 ombat et de procréation ne suffisent à déterminer l’ usage précis des expressions guerrières dans la littérature érotique d
11423 er l’usage précis des expressions guerrières dans la littérature érotique d’Occident. Ce qui explique tout, c’est l’existe
11424 pressions guerrières dans la littérature érotique d’ Occident. Ce qui explique tout, c’est l’existence au Moyen Âge d’une r
11425 érotique d’Occident. Ce qui explique tout, c’est l’ existence au Moyen Âge d’une règle effectivement commune à l’art d’aim
11426 qui explique tout, c’est l’existence au Moyen Âge d’ une règle effectivement commune à l’art d’aimer et à l’art militaire,
11427 au Moyen Âge d’une règle effectivement commune à l’ art d’aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3
11428 yen Âge d’une règle effectivement commune à l’art d’ aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3.La ch
11429 règle effectivement commune à l’art d’aimer et à l’ art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi
11430 rt d’aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de la guerre « D
11431 s’appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle est,
11432 appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi de l’ amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle est, sel
11433 chevalerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle est, selon J. Huizi
11434 valerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle est, selon J. Huizinga
11435 de l’amour et de la guerre « Donner un style à l’ amour », telle est, selon J. Huizinga l’aspiration suprême de la socié
11436 n style à l’amour », telle est, selon J. Huizinga l’ aspiration suprême de la société médiévale dans l’ordre éthique. « C’e
11437 telle est, selon J. Huizinga l’aspiration suprême de la société médiévale dans l’ordre éthique. « C’est une nécessité soci
11438 le est, selon J. Huizinga l’aspiration suprême de la société médiévale dans l’ordre éthique. « C’est une nécessité sociale
11439 l’aspiration suprême de la société médiévale dans l’ ordre éthique. « C’est une nécessité sociale, un besoin d’autant plus
11440 éthique. « C’est une nécessité sociale, un besoin d’ autant plus impérieux que les mœurs sont plus féroces. Il faut élever
11441 té sociale, un besoin d’autant plus impérieux que les mœurs sont plus féroces. Il faut élever l’amour à la hauteur d’un rit
11442 x que les mœurs sont plus féroces. Il faut élever l’ amour à la hauteur d’un rite, la violence débordante de la passion l’e
11443 mœurs sont plus féroces. Il faut élever l’amour à la hauteur d’un rite, la violence débordante de la passion l’exige. À mo
11444 plus féroces. Il faut élever l’amour à la hauteur d’ un rite, la violence débordante de la passion l’exige. À moins que les
11445 s. Il faut élever l’amour à la hauteur d’un rite, la violence débordante de la passion l’exige. À moins que les émotions n
11446 ur à la hauteur d’un rite, la violence débordante de la passion l’exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer
11447 à la hauteur d’un rite, la violence débordante de la passion l’exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer dan
11448 r d’un rite, la violence débordante de la passion l’ exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer dans des forme
11449 nce débordante de la passion l’exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer dans des formes et des règles, c’est
11450 ent encadrer dans des formes et des règles, c’est la barbarie. L’Église avait pour tâche de réprimer la brutalité et la li
11451 dans des formes et des règles, c’est la barbarie. L’ Église avait pour tâche de réprimer la brutalité et la licence du peup
11452 les, c’est la barbarie. L’Église avait pour tâche de réprimer la brutalité et la licence du peuple, mais elle n’y suffisai
11453 a barbarie. L’Église avait pour tâche de réprimer la brutalité et la licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas. L’ari
11454 lise avait pour tâche de réprimer la brutalité et la licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas. L’aristocratie, en de
11455 a licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas. L’ aristocratie, en dehors des préceptes de la religion, avait sa culture
11456 sait pas. L’aristocratie, en dehors des préceptes de la religion, avait sa culture à elle, à savoir la courtoisie, et elle
11457 t pas. L’aristocratie, en dehors des préceptes de la religion, avait sa culture à elle, à savoir la courtoisie, et elle y
11458 de la religion, avait sa culture à elle, à savoir la courtoisie, et elle y puisait les normes de sa conduite166 ». (Nous s
11459 à elle, à savoir la courtoisie, et elle y puisait les normes de sa conduite166 ». (Nous savons en effet que la courtoisie n
11460 avoir la courtoisie, et elle y puisait les normes de sa conduite166 ». (Nous savons en effet que la courtoisie non seuleme
11461 es de sa conduite166 ». (Nous savons en effet que la courtoisie non seulement ne devait rien à l’Église, mais s’opposait à
11462 que la courtoisie non seulement ne devait rien à l’ Église, mais s’opposait à sa morale. Voilà qui peut nous inciter à rév
11463 eut nous inciter à réviser bien des jugements sur l’ unité spirituelle de la société médiévale !) Or s’il est vrai que cett
11464 éviser bien des jugements sur l’unité spirituelle de la société médiévale !) Or s’il est vrai que cette morale courtoise n
11465 ser bien des jugements sur l’unité spirituelle de la société médiévale !) Or s’il est vrai que cette morale courtoise ne p
11466 e morale courtoise ne parvint guère à transformer les mœurs privées des hautes classes, qui demeuraient d’« une rudesse éto
11467 mœurs privées des hautes classes, qui demeuraient d’ « une rudesse étonnante », du moins joua-t-elle le rôle d’un idéal cré
11468 d’« une rudesse étonnante », du moins joua-t-elle le rôle d’un idéal créateur de belles apparences. Elle triompha dans la
11469 rudesse étonnante », du moins joua-t-elle le rôle d’ un idéal créateur de belles apparences. Elle triompha dans la littérat
11470 du moins joua-t-elle le rôle d’un idéal créateur de belles apparences. Elle triompha dans la littérature. Et par ailleurs
11471 créateur de belles apparences. Elle triompha dans la littérature. Et par ailleurs, elle réussit à s’imposer à la réalité l
11472 ture. Et par ailleurs, elle réussit à s’imposer à la réalité la plus violente du temps, celle de la guerre. Exemple unique
11473 r ailleurs, elle réussit à s’imposer à la réalité la plus violente du temps, celle de la guerre. Exemple unique d’un ars a
11474 ser à la réalité la plus violente du temps, celle de la guerre. Exemple unique d’un ars amandi qui donne naissance à un ar
11475 à la réalité la plus violente du temps, celle de la guerre. Exemple unique d’un ars amandi qui donne naissance à un ars b
11476 ente du temps, celle de la guerre. Exemple unique d’ un ars amandi qui donne naissance à un ars bellandi. Ce n’est pas seul
11477 ce à un ars bellandi. Ce n’est pas seulement dans le détail des règles de combat individuel que se fait sentir l’action de
11478 Ce n’est pas seulement dans le détail des règles de combat individuel que se fait sentir l’action de l’idéal chevaleresqu
11479 es règles de combat individuel que se fait sentir l’ action de l’idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batail
11480 de combat individuel que se fait sentir l’action de l’idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batailles, et j
11481 combat individuel que se fait sentir l’action de l’ idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batailles, et jusq
11482 ntir l’action de l’idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batailles, et jusque dans la politique. Le formalis
11483 ns la conduite même des batailles, et jusque dans la politique. Le formalisme militaire revêt à cette époque une valeur d’
11484 même des batailles, et jusque dans la politique. Le formalisme militaire revêt à cette époque une valeur d’absolu religie
11485 malisme militaire revêt à cette époque une valeur d’ absolu religieux. Il est fréquent qu’on se laisse tuer pour respecter
11486 ’on se laisse tuer pour respecter des conventions d’ une merveilleuse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre de l’Étoile
11487 es conventions d’une merveilleuse extravagance. «  Les chevaliers de l’ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne re
11488 d’une merveilleuse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamai
11489 ne merveilleuse extravagance. « Les chevaliers de l’ ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais d
11490 illeuse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais de plus d
11491 euse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre de l’ Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais de plus de q
11492 chevaliers de l’ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais de plus de quatre arpents ; sinon ils
11493 e dans le combat ils ne reculeront jamais de plus de quatre arpents ; sinon ils devront mourir ou se rendre. Et cette règl
11494 t mourir ou se rendre. Et cette règle étrange, si l’ on en croit Froissart, coûta la vie, dès le début de l’ordre, à plus d
11495 règle étrange, si l’on en croit Froissart, coûta la vie, dès le début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. »
11496 ge, si l’on en croit Froissart, coûta la vie, dès le début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les
11497 on en croit Froissart, coûta la vie, dès le début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessit
11498 en croit Froissart, coûta la vie, dès le début de l’ ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités
11499 rt, coûta la vie, dès le début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités de la stratégie
11500 , à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités de la stratégie sont sacrifiées à celle de l’esthétique ou
11501 tre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités de la stratégie sont sacrifiées à celle de l’esthétique ou de l’honneur
11502 -vingts d’entre eux. » De même, les nécessités de la stratégie sont sacrifiées à celle de l’esthétique ou de l’honneur cou
11503 écessités de la stratégie sont sacrifiées à celle de l’esthétique ou de l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterr
11504 ssités de la stratégie sont sacrifiées à celle de l’ esthétique ou de l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre v
11505 atégie sont sacrifiées à celle de l’esthétique ou de l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à la rencontre
11506 gie sont sacrifiées à celle de l’esthétique ou de l’ honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à la rencontre de
11507 ur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à la rencontre des Français avant la bataille d’Azincourt. Par erreur, le
11508 d’Angleterre va à la rencontre des Français avant la bataille d’Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse le village que
11509 va à la rencontre des Français avant la bataille d’ Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse le village que les fourrage
11510 ançais avant la bataille d’Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse le village que les fourrageurs lui ont assigné pour
11511 ille d’Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse le village que les fourrageurs lui ont assigné pour y dormir cette nuit-
11512 t. Par erreur, le soir, il dépasse le village que les fourrageurs lui ont assigné pour y dormir cette nuit-là. Or le roi « 
11513 s lui ont assigné pour y dormir cette nuit-là. Or le roi « comme celuy qui gardoit le plus les ceremonies d’honneur très l
11514 ette nuit-là. Or le roi « comme celuy qui gardoit le plus les ceremonies d’honneur très loable » vient justement d’ordonne
11515 t-là. Or le roi « comme celuy qui gardoit le plus les ceremonies d’honneur très loable » vient justement d’ordonner que les
11516 « comme celuy qui gardoit le plus les ceremonies d’ honneur très loable » vient justement d’ordonner que les chevaliers en
11517 eremonies d’honneur très loable » vient justement d’ ordonner que les chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte d’a
11518 neur très loable » vient justement d’ordonner que les chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte d’armes afin de ne
11519 que les chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte d’armes afin de ne pas être, en revenant, obligés de reculer en
11520 chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte d’ armes afin de ne pas être, en revenant, obligés de reculer en vêtement
11521 d’armes afin de ne pas être, en revenant, obligés de reculer en vêtements guerriers. Maintenant, revêtu de sa cotte d’arme
11522 eculer en vêtements guerriers. Maintenant, revêtu de sa cotte d’armes, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe la n
11523 tements guerriers. Maintenant, revêtu de sa cotte d’ armes, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe la nuit dans l’e
11524 s, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe la nuit dans l’endroit où il est, et fait se ranger l’avant-garde confor
11525 donc revenir sur ses pas ; il passe la nuit dans l’ endroit où il est, et fait se ranger l’avant-garde conformément à ce n
11526 nuit dans l’endroit où il est, et fait se ranger l’ avant-garde conformément à ce nouveau plan. » Les exemples abondent de
11527 r l’avant-garde conformément à ce nouveau plan. » Les exemples abondent de carnages inutiles provoqués par des vœux d’une f
11528 mément à ce nouveau plan. » Les exemples abondent de carnages inutiles provoqués par des vœux d’une folle outrecuidance et
11529 ndent de carnages inutiles provoqués par des vœux d’ une folle outrecuidance et que l’on tente d’accomplir au plus grand de
11530 ués par des vœux d’une folle outrecuidance et que l’ on tente d’accomplir au plus grand des périls possibles. C’est bien le
11531 vœux d’une folle outrecuidance et que l’on tente d’ accomplir au plus grand des périls possibles. C’est bien le péril qu’o
11532 ir au plus grand des périls possibles. C’est bien le péril qu’on recherche pour lui-même, car on n’est pas inapte en d’aut
11533 uver des prétextes pour esquiver ses engagements. La casuistique courtoise en offre d’excellents. Cette casuistique « ne r
11534 es engagements. La casuistique courtoise en offre d’ excellents. Cette casuistique « ne régit pas seulement la morale et le
11535 lents. Cette casuistique « ne régit pas seulement la morale et le droit ; elle s’étend à tous les domaines où le style et
11536 casuistique « ne régit pas seulement la morale et le droit ; elle s’étend à tous les domaines où le style et la forme sont
11537 ement la morale et le droit ; elle s’étend à tous les domaines où le style et la forme sont choses essentielles : les cérém
11538 et le droit ; elle s’étend à tous les domaines où le style et la forme sont choses essentielles : les cérémonies, l’étique
11539 ; elle s’étend à tous les domaines où le style et la forme sont choses essentielles : les cérémonies, l’étiquette, les tou
11540 ù le style et la forme sont choses essentielles : les cérémonies, l’étiquette, les tournois, la chasse et surtout l’amour. 
11541 forme sont choses essentielles : les cérémonies, l’ étiquette, les tournois, la chasse et surtout l’amour. » Elle a même e
11542 hoses essentielles : les cérémonies, l’étiquette, les tournois, la chasse et surtout l’amour. » Elle a même exercé une infl
11543 lles : les cérémonies, l’étiquette, les tournois, la chasse et surtout l’amour. » Elle a même exercé une influence détermi
11544 , l’étiquette, les tournois, la chasse et surtout l’ amour. » Elle a même exercé une influence déterminante sur le droit de
11545 Elle a même exercé une influence déterminante sur le droit des gens à sa naissance. « Droits de butin, droit d’attaque, fi
11546 te sur le droit des gens à sa naissance. « Droits de butin, droit d’attaque, fidélité à la parole donnée sont régis par de
11547 des gens à sa naissance. « Droits de butin, droit d’ attaque, fidélité à la parole donnée sont régis par des règles semblab
11548 e. « Droits de butin, droit d’attaque, fidélité à la parole donnée sont régis par des règles semblables à celles qui gouve
11549 par des règles semblables à celles qui gouvernent le tournoi et la chasse167 ». L’Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est u
11550 semblables à celles qui gouvernent le tournoi et la chasse167 ». L’Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur l
11551 lles qui gouvernent le tournoi et la chasse167 ». L’ Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur le droit de guerr
11552 tournoi et la chasse167 ». L’Arbre des Batailles d’ Honoré Bonet est un traité sur le droit de guerre où l’on trouve discu
11553 re des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur le droit de guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes
11554 tailles d’Honoré Bonet est un traité sur le droit de guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes bibliques
11555 oré Bonet est un traité sur le droit de guerre où l’ on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes bibliques et d’article
11556 guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes bibliques et d’articles de droit canonique des questions de ce
11557 iscutées pêle-mêle à coups de textes bibliques et d’ articles de droit canonique des questions de ce genre : « Si l’on perd
11558 le-mêle à coups de textes bibliques et d’articles de droit canonique des questions de ce genre : « Si l’on perd dans la mê
11559 es et d’articles de droit canonique des questions de ce genre : « Si l’on perd dans la mêlée une armure empruntée, est-on
11560 droit canonique des questions de ce genre : « Si l’ on perd dans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu de la rendre ?
11561 e des questions de ce genre : « Si l’on perd dans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu de la rendre ? — Est-il permi
11562 d dans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu de la rendre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour de fête ? — Va
11563 ans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu de la rendre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour de fête ? — Vaut-
11564 untée, est-on tenu de la rendre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour de fête ? — Vaut-il mieux se battre après les
11565 ndre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour de fête ? — Vaut-il mieux se battre après les repas ou à jeun ? — Dans q
11566 un jour de fête ? — Vaut-il mieux se battre après les repas ou à jeun ? — Dans quels cas peut-on s’évader de captivité ? »
11567 pas ou à jeun ? — Dans quels cas peut-on s’évader de captivité ? » Dans un autre ouvrage, on voit deux capitaines se dispu
11568 deux capitaines se disputer un prisonnier devant le chef : « C’est moi qui l’ai saisi le premier dit l’un, par le bras et
11569 er un prisonnier devant le chef : « C’est moi qui l’ ai saisi le premier dit l’un, par le bras et par la main droite, et lu
11570 C’est moi qui l’ai saisi le premier dit l’un, par le bras et par la main droite, et lui ai arraché le gant. — Mais à moi,
11571 ’ai saisi le premier dit l’un, par le bras et par la main droite, et lui ai arraché le gant. — Mais à moi, dit l’autre, il
11572 le bras et par la main droite, et lui ai arraché le gant. — Mais à moi, dit l’autre, il a donné cette même main avec sa p
11573 t aux idées politiques inspirées au Moyen Âge par la conception chevaleresque, ce sont essentiellement selon Huizinga : la
11574 eresque, ce sont essentiellement selon Huizinga : la lutte pour la paix universelle basée sur l’union des rois, la conquêt
11575 nt essentiellement selon Huizinga : la lutte pour la paix universelle basée sur l’union des rois, la conquête de Jérusalem
11576 nga : la lutte pour la paix universelle basée sur l’ union des rois, la conquête de Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idé
11577 r la paix universelle basée sur l’union des rois, la conquête de Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idées chimériques mai
11578 iverselle basée sur l’union des rois, la conquête de Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont l’emp
11579 sur l’union des rois, la conquête de Jérusalem et l’ expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont l’empire ne cessera d
11580 ’expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont l’ empire ne cessera de s’exercer sur les princes jusqu’au xve siècle, e
11581 . Idées chimériques mais dont l’empire ne cessera de s’exercer sur les princes jusqu’au xve siècle, en dépit des transfor
11582 es mais dont l’empire ne cessera de s’exercer sur les princes jusqu’au xve siècle, en dépit des transformations de tous or
11583 usqu’au xve siècle, en dépit des transformations de tous ordres survenues entre-temps en Europe, et à l’encontre des inté
11584 mps en Europe, et à l’encontre des intérêts réels les plus urgents. C’est ici que se marque le mieux le caractère particuli
11585 s réels les plus urgents. C’est ici que se marque le mieux le caractère particulier de l’idéal courtois, radicalement cont
11586 es plus urgents. C’est ici que se marque le mieux le caractère particulier de l’idéal courtois, radicalement contradictoir
11587 i que se marque le mieux le caractère particulier de l’idéal courtois, radicalement contradictoire avec la « dure réalité 
11588 ue se marque le mieux le caractère particulier de l’ idéal courtois, radicalement contradictoire avec la « dure réalité » d
11589 ’idéal courtois, radicalement contradictoire avec la « dure réalité » de l’époque : il représente un pôle d’attraction pou
11590 icalement contradictoire avec la « dure réalité » de l’époque : il représente un pôle d’attraction pour les aspirations sp
11591 lement contradictoire avec la « dure réalité » de l’ époque : il représente un pôle d’attraction pour les aspirations spiri
11592 ure réalité » de l’époque : il représente un pôle d’ attraction pour les aspirations spirituelles brimées. C’est une forme
11593 ’époque : il représente un pôle d’attraction pour les aspirations spirituelles brimées. C’est une forme d’évasion romantiqu
11594 aspirations spirituelles brimées. C’est une forme d’ évasion romantique, en même temps qu’un frein aux instincts. Le formal
11595 antique, en même temps qu’un frein aux instincts. Le formalisme minutieux de la guerre s’oppose aux violences du sang féod
11596 u’un frein aux instincts. Le formalisme minutieux de la guerre s’oppose aux violences du sang féodal comme le culte de la
11597 n frein aux instincts. Le formalisme minutieux de la guerre s’oppose aux violences du sang féodal comme le culte de la cha
11598 uerre s’oppose aux violences du sang féodal comme le culte de la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation é
11599 ppose aux violences du sang féodal comme le culte de la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique d
11600 se aux violences du sang féodal comme le culte de la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique du x
11601 u sang féodal comme le culte de la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique du xiie siècle. « Dans
11602 de la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’ exaltation érotique du xiie siècle. « Dans la conscience du Moyen Âge
11603 e à l’exaltation érotique du xiie siècle. « Dans la conscience du Moyen Âge, se forment pour ainsi dire l’une à côté de l
11604 nsi dire l’une à côté de l’autre deux conceptions de la vie : la conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sent
11605 dire l’une à côté de l’autre deux conceptions de la vie : la conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sentime
11606 ne à côté de l’autre deux conceptions de la vie : la conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sentiments morau
11607 conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sentiments moraux ; la sensualité, abandonnée au diable, se venge ter
11608 tique, attire à elle tous les sentiments moraux ; la sensualité, abandonnée au diable, se venge terriblement. Que l’un ou
11609 iable, se venge terriblement. Que l’un ou l’autre de ces penchants prédomine, nous avons le saint ou le pécheur ; mais en
11610 ou l’autre de ces penchants prédomine, nous avons le saint ou le pécheur ; mais en général, ils se tiennent en équilibre i
11611 e ces penchants prédomine, nous avons le saint ou le pécheur ; mais en général, ils se tiennent en équilibre instable avec
11612 néral, ils se tiennent en équilibre instable avec d’ énormes écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte
11613 nnent en équilibre instable avec d’énormes écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte Il est pourta
11614 nt en équilibre instable avec d’énormes écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte Il est pourtant
11615 mes écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte Il est pourtant un domaine où s’opère la synthèse à
11616 en acte Il est pourtant un domaine où s’opère la synthèse à peu près parfaite des instincts érotiques et guerriers et
11617 parfaite des instincts érotiques et guerriers et de la règle courtoise idéale : c’est le terrain nettement circonscrit de
11618 rfaite des instincts érotiques et guerriers et de la règle courtoise idéale : c’est le terrain nettement circonscrit de la
11619 guerriers et de la règle courtoise idéale : c’est le terrain nettement circonscrit de la lice où se jouent les tournois. L
11620 e idéale : c’est le terrain nettement circonscrit de la lice où se jouent les tournois. Là, les fureurs du sang se donnent
11621 déale : c’est le terrain nettement circonscrit de la lice où se jouent les tournois. Là, les fureurs du sang se donnent li
11622 ain nettement circonscrit de la lice où se jouent les tournois. Là, les fureurs du sang se donnent libre cours mais sous l’
11623 onscrit de la lice où se jouent les tournois. Là, les fureurs du sang se donnent libre cours mais sous l’égide et dans les
11624 fureurs du sang se donnent libre cours mais sous l’ égide et dans les cadres symboliques d’une cérémonie sacrale. C’est un
11625 se donnent libre cours mais sous l’égide et dans les cadres symboliques d’une cérémonie sacrale. C’est un équivalent sport
11626 mais sous l’égide et dans les cadres symboliques d’ une cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif de la fonction myth
11627 ne cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif de la fonction mythique du Tristan telle que nous la définissions : expr
11628 cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif de la fonction mythique du Tristan telle que nous la définissions : exprime
11629 de la fonction mythique du Tristan telle que nous la définissions : exprimer la passion dans toute sa force, mais en la vo
11630 Tristan telle que nous la définissions : exprimer la passion dans toute sa force, mais en la voilant religieusement, de ma
11631 exprimer la passion dans toute sa force, mais en la voilant religieusement, de manière à la rendre acceptable au jugement
11632 , mais en la voilant religieusement, de manière à la rendre acceptable au jugement de la société. Le tournoi « joue » le m
11633 nt, de manière à la rendre acceptable au jugement de la société. Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les tran
11634 de manière à la rendre acceptable au jugement de la société. Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les transpo
11635 à la rendre acceptable au jugement de la société. Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les transports de l’amo
11636 le au jugement de la société. Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les transports de l’amour romanesque ne dev
11637 Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — «  Les transports de l’amour romanesque ne devaient pas seulement être prése
11638 oue » le mythe, physiquement : — « Les transports de l’amour romanesque ne devaient pas seulement être présentés sous form
11639  » le mythe, physiquement : — « Les transports de l’ amour romanesque ne devaient pas seulement être présentés sous forme d
11640 s en spectacle. Ce jeu peut revêtir deux formes : la représentation dramatique et le sport. Celui-ci est, au Moyen Âge, de
11641 tir deux formes : la représentation dramatique et le sport. Celui-ci est, au Moyen Âge, de beaucoup le plus important. Le
11642 amatique et le sport. Celui-ci est, au Moyen Âge, de beaucoup le plus important. Le drame ne traitait encore, en général,
11643 le sport. Celui-ci est, au Moyen Âge, de beaucoup le plus important. Le drame ne traitait encore, en général, que la matiè
11644 est, au Moyen Âge, de beaucoup le plus important. Le drame ne traitait encore, en général, que la matière sacrée ; l’avent
11645 ant. Le drame ne traitait encore, en général, que la matière sacrée ; l’aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle. Le
11646 itait encore, en général, que la matière sacrée ; l’ aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle. Le sport médiéval, au
11647 l’aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle. Le sport médiéval, au contraire, et surtout le tournoi, était lui-même d
11648 elle. Le sport médiéval, au contraire, et surtout le tournoi, était lui-même dramatique au plus haut point et contenait, e
11649 haut point et contenait, en outre, une forte dose d’ érotisme. Partout et toujours, le sport a associé ces deux facteurs :
11650 , une forte dose d’érotisme. Partout et toujours, le sport a associé ces deux facteurs : dramatique et amoureux ; mais tan
11651 cteurs : dramatique et amoureux ; mais tandis que les sports modernes sont presque retournés à la simplicité grecque, le to
11652 que les sports modernes sont presque retournés à la simplicité grecque, le tournoi de la fin du Moyen Âge, avec ses riche
11653 s sont presque retournés à la simplicité grecque, le tournoi de la fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise
11654 que retournés à la simplicité grecque, le tournoi de la fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise en scène, p
11655 retournés à la simplicité grecque, le tournoi de la fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise en scène, pouv
11656 es ornements et sa mise en scène, pouvait remplir les fonctions du drame lui-même. »168 Rien ne me paraît plus propre à re
11657 . »168 Rien ne me paraît plus propre à restituer l’ atmosphère de rêve du Roman de Tristan que les descriptions de tournoi
11658 ne me paraît plus propre à restituer l’atmosphère de rêve du Roman de Tristan que les descriptions de tournois qu’on peut
11659 propre à restituer l’atmosphère de rêve du Roman de Tristan que les descriptions de tournois qu’on peut lire dans les œuv
11660 tuer l’atmosphère de rêve du Roman de Tristan que les descriptions de tournois qu’on peut lire dans les œuvres de Chastella
11661 de rêve du Roman de Tristan que les descriptions de tournois qu’on peut lire dans les œuvres de Chastellain et les mémoir
11662 les descriptions de tournois qu’on peut lire dans les œuvres de Chastellain et les mémoires d’Olivier de la Marche, tous de
11663 tions de tournois qu’on peut lire dans les œuvres de Chastellain et les mémoires d’Olivier de la Marche, tous deux histori
11664 qu’on peut lire dans les œuvres de Chastellain et les mémoires d’Olivier de la Marche, tous deux historiographes du fastueu
11665 re dans les œuvres de Chastellain et les mémoires d’ Olivier de la Marche, tous deux historiographes du fastueux et chevale
11666 istoriographes du fastueux et chevaleresque duché de Bourgogne au xve siècle. L’amour et la mort s’y marient dans un pays
11667 chevaleresque duché de Bourgogne au xve siècle. L’ amour et la mort s’y marient dans un paysage artificiel et symbolique
11668 que duché de Bourgogne au xve siècle. L’amour et la mort s’y marient dans un paysage artificiel et symbolique de très hau
11669 marient dans un paysage artificiel et symbolique de très haute mélancolie. « L’héroïsme par amour — voilà le motif romane
11670 ificiel et symbolique de très haute mélancolie. «  L’ héroïsme par amour — voilà le motif romanesque qui doit apparaître par
11671 haute mélancolie. « L’héroïsme par amour — voilà le motif romanesque qui doit apparaître partout et toujours. C’est la tr
11672 ue qui doit apparaître partout et toujours. C’est la transformation immédiate du désir sensuel en un sacrifice de soi-même
11673 mation immédiate du désir sensuel en un sacrifice de soi-même qui semble faire partie du domaine de l’éthique… L’expressio
11674 ce de soi-même qui semble faire partie du domaine de l’éthique… L’expression et la satisfaction du désir, qui paraissent t
11675 de soi-même qui semble faire partie du domaine de l’ éthique… L’expression et la satisfaction du désir, qui paraissent tout
11676 qui semble faire partie du domaine de l’éthique… L’ expression et la satisfaction du désir, qui paraissent toutes deux imp
11677 e partie du domaine de l’éthique… L’expression et la satisfaction du désir, qui paraissent toutes deux impossibles se tran
11678 sibles se transforment en une chose plus élevée : l’ action héroïque entreprise par amour. La mort devient alors la seule a
11679 élevée : l’action héroïque entreprise par amour. La mort devient alors la seule alternative à l’accomplissement du désir,
11680 oïque entreprise par amour. La mort devient alors la seule alternative à l’accomplissement du désir, et la délivrance est
11681 our. La mort devient alors la seule alternative à l’ accomplissement du désir, et la délivrance est donc de toute manière a
11682 eule alternative à l’accomplissement du désir, et la délivrance est donc de toute manière assurée. » La mise en scène des
11683 complissement du désir, et la délivrance est donc de toute manière assurée. » La mise en scène des tournois emprunte ses i
11684 a délivrance est donc de toute manière assurée. » La mise en scène des tournois emprunte ses idées aux romans de la Table
11685 scène des tournois emprunte ses idées aux romans de la Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de la Fonta
11686 ène des tournois emprunte ses idées aux romans de la Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de la Fontaine
11687 romans de la Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure r
11688 de la Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’ Armes dit de la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesq
11689 ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesque imaginair
11690 nde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesque imaginaire.
11691 st basé sur une aventure romanesque imaginaire. «  La fontaine est construite à cet effet. Pendant une année entière, tous
11692 is, un chevalier anonyme viendra déployer, devant la fontaine, une tente dans laquelle est assise une dame (en effigie nat
11693 e qui porte trois écus. Tout chevalier qui touche l’ écu s’engage à un combat dans les conditions décrites par les « chapit
11694 valier qui touche l’écu s’engage à un combat dans les conditions décrites par les « chapitres » du pas d’armes. C’est à che
11695 gage à un combat dans les conditions décrites par les « chapitres » du pas d’armes. C’est à cheval qu’il faut toucher les b
11696 conditions décrites par les « chapitres » du pas d’ armes. C’est à cheval qu’il faut toucher les boucliers : les chevalier
11697 du pas d’armes. C’est à cheval qu’il faut toucher les boucliers : les chevaliers trouveront toujours des chevaux prêts à ce
11698 C’est à cheval qu’il faut toucher les boucliers : les chevaliers trouveront toujours des chevaux prêts à cet usage. » « Le
11699 eront toujours des chevaux prêts à cet usage. » «  Le chevalier est toujours inconnu ; c’est « le blanc chevalier », « le c
11700 . » « Le chevalier est toujours inconnu ; c’est «  le blanc chevalier », « le chevalier mesconnu », le « chevalier à la pèl
11701 oujours inconnu ; c’est « le blanc chevalier », «  le chevalier mesconnu », le « chevalier à la pèlerine » ; parfois il app
11702  le blanc chevalier », « le chevalier mesconnu », le « chevalier à la pèlerine » ; parfois il apparaît en héros de roman e
11703 er », « le chevalier mesconnu », le « chevalier à la pèlerine » ; parfois il apparaît en héros de roman et s’appelle le ch
11704 er à la pèlerine » ; parfois il apparaît en héros de roman et s’appelle le chevalier au cygne, ou porte les armes de Lance
11705 arfois il apparaît en héros de roman et s’appelle le chevalier au cygne, ou porte les armes de Lancelot, de Tristan ou de
11706 oman et s’appelle le chevalier au cygne, ou porte les armes de Lancelot, de Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un vo
11707 appelle le chevalier au cygne, ou porte les armes de Lancelot, de Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile de mé
11708 evalier au cygne, ou porte les armes de Lancelot, de Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile de mélancolie est
11709 ne, ou porte les armes de Lancelot, de Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile de mélancolie est répandu sur to
11710 es armes de Lancelot, de Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile de mélancolie est répandu sur toute l’action :
11711 ristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile de mélancolie est répandu sur toute l’action : le nom de la Fontaine des
11712 ent, un voile de mélancolie est répandu sur toute l’ action : le nom de la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Le
11713 le de mélancolie est répandu sur toute l’action : le nom de la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont
11714 élancolie est répandu sur toute l’action : le nom de la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont blancs
11715 ncolie est répandu sur toute l’action : le nom de la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont blancs, v
11716 la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont blancs, violets et noirs, semés de larmes blanches ; on les
11717 if. Les écus sont blancs, violets et noirs, semés de larmes blanches ; on les touche par pitié pour la « Dame des pleurs »
11718 , violets et noirs, semés de larmes blanches ; on les touche par pitié pour la « Dame des pleurs ». À l’emprise du Dragon,
11719 de larmes blanches ; on les touche par pitié pour la « Dame des pleurs ». À l’emprise du Dragon, célébré à l’occasion du d
11720 s touche par pitié pour la « Dame des pleurs ». À l’ emprise du Dragon, célébré à l’occasion du départ de sa fille Margueri
11721 me des pleurs ». À l’emprise du Dragon, célébré à l’ occasion du départ de sa fille Marguerite devenue reine d’Angleterre,
11722 emprise du Dragon, célébré à l’occasion du départ de sa fille Marguerite devenue reine d’Angleterre, le roi René apparaît
11723 e sa fille Marguerite devenue reine d’Angleterre, le roi René apparaît en noir, sur un cheval noir caparaçonné de noir, av
11724 apparaît en noir, sur un cheval noir caparaçonné de noir, avec une lance noire et un écu de sable aux larmes d’argent… Po
11725 paraçonné de noir, avec une lance noire et un écu de sable aux larmes d’argent… Pour l’Arbre Charlemagne, les écus sont no
11726 vec une lance noire et un écu de sable aux larmes d’ argent… Pour l’Arbre Charlemagne, les écus sont noirs et violets aux l
11727 oire et un écu de sable aux larmes d’argent… Pour l’ Arbre Charlemagne, les écus sont noirs et violets aux larmes noires ou
11728 le aux larmes d’argent… Pour l’Arbre Charlemagne, les écus sont noirs et violets aux larmes noires ou or. » L’élément éroti
11729 sont noirs et violets aux larmes noires ou or. » L’ élément érotique du tournoi apparaît encore dans la coutume du chevali
11730 ’élément érotique du tournoi apparaît encore dans la coutume du chevalier de porter le voile ou une pièce du vêtement de s
11731 rnoi apparaît encore dans la coutume du chevalier de porter le voile ou une pièce du vêtement de sa dame, qu’il lui remet
11732 aît encore dans la coutume du chevalier de porter le voile ou une pièce du vêtement de sa dame, qu’il lui remet parfois, a
11733 alier de porter le voile ou une pièce du vêtement de sa dame, qu’il lui remet parfois, après le combat, tout maculé de son
11734 tement de sa dame, qu’il lui remet parfois, après le combat, tout maculé de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans
11735 l lui remet parfois, après le combat, tout maculé de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans de la Table ronde.) « 
11736 out maculé de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans de la Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait le
11737 de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans de la Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait les tournois
11738 son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans de la Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait les tournois ex
11739 it Lancelot dans les romans de la Table ronde.) «  L’ atmosphère de passion qui entourait les tournois explique l’hostilité
11740 ans les romans de la Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait les tournois explique l’hostilité de l’Église p
11741 e ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait les tournois explique l’hostilité de l’Église pour ces sports. Ceux-ci pr
11742 re de passion qui entourait les tournois explique l’ hostilité de l’Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’
11743 n qui entourait les tournois explique l’hostilité de l’Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’éclatants ad
11744 ui entourait les tournois explique l’hostilité de l’ Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’éclatants adult
11745 ise pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’ éclatants adultères, comme le témoigne à propos du tournois de 1389, l
11746 provoquaient parfois d’éclatants adultères, comme le témoigne à propos du tournois de 1389, le Religieux de Saint-Denis, e
11747 adultères, comme le témoigne à propos du tournois de 1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci, Jean Ju
11748 , comme le témoigne à propos du tournois de 1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci, Jean Juvénal des
11749 moigne à propos du tournois de 1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂
11750 nois de 1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant, la grande vo
11751 1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant, la grande vogue des
11752 celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant, la grande vogue des tournois est l’indice d’un déclin de la chevalerie.
11753 . » ⁂ Cependant, la grande vogue des tournois est l’ indice d’un déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début d
11754 endant, la grande vogue des tournois est l’indice d’ un déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve si
11755 rande vogue des tournois est l’indice d’un déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve siècle (batail
11756 de vogue des tournois est l’indice d’un déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve siècle (bataille
11757 n déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve siècle (bataille d’Azincourt) à des réalités de plus en
11758 i se heurte dès le début du xve siècle (bataille d’ Azincourt) à des réalités de plus en plus brutales et matérielles qui
11759 lités de plus en plus brutales et matérielles qui la rejettent dans la littérature, les fêtes et les jeux symboliques. « E
11760 lus brutales et matérielles qui la rejettent dans la littérature, les fêtes et les jeux symboliques. « En tant que princip
11761 matérielles qui la rejettent dans la littérature, les fêtes et les jeux symboliques. « En tant que principe militaire, la c
11762 ui la rejettent dans la littérature, les fêtes et les jeux symboliques. « En tant que principe militaire, la chevalerie éta
11763 ux symboliques. « En tant que principe militaire, la chevalerie était devenue insuffisante ; la tactique avait depuis long
11764 taire, la chevalerie était devenue insuffisante ; la tactique avait depuis longtemps renoncé à se conformer à ses règles :
11765 s longtemps renoncé à se conformer à ses règles : la guerre, aux xive et xve siècles, était faite d’approches furtives,
11766 la guerre, aux xive et xve siècles, était faite d’ approches furtives, d’incursions et de raids. » Cependant « vers l’an
11767 t xve siècles, était faite d’approches furtives, d’ incursions et de raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimie
11768 était faite d’approches furtives, d’incursions et de raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimiers et les blason
11769 ves, d’incursions et de raids. » Cependant « vers l’ an 1400 encore, les cimiers et les blasons, les bannières et les cris
11770 et de raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimiers et les blasons, les bannières et les cris de guerre conserven
11771 Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimiers et les blasons, les bannières et les cris de guerre conservent aux combats u
11772 ers l’an 1400 encore, les cimiers et les blasons, les bannières et les cris de guerre conservent aux combats un caractère i
11773 ore, les cimiers et les blasons, les bannières et les cris de guerre conservent aux combats un caractère individuel et l’ap
11774 cimiers et les blasons, les bannières et les cris de guerre conservent aux combats un caractère individuel et l’apparence
11775 conservent aux combats un caractère individuel et l’ apparence d’un noble sport ». Mais dans le courant du xve siècle, l’o
11776 ux combats un caractère individuel et l’apparence d’ un noble sport ». Mais dans le courant du xve siècle, l’on se met à c
11777 duel et l’apparence d’un noble sport ». Mais dans le courant du xve siècle, l’on se met à combattre à pied et en rangs. A
11778 ble sport ». Mais dans le courant du xve siècle, l’ on se met à combattre à pied et en rangs. Autre transformation signifi
11779 et en rangs. Autre transformation significative à la fin du siècle : les lansquenets introduisent l’usage du tambour, d’or
11780 transformation significative à la fin du siècle : les lansquenets introduisent l’usage du tambour, d’origine orientale. « A
11781 à la fin du siècle : les lansquenets introduisent l’ usage du tambour, d’origine orientale. « Avec son effet hypnotique et
11782 les lansquenets introduisent l’usage du tambour, d’ origine orientale. « Avec son effet hypnotique et inharmonieux, le tam
11783 ale. « Avec son effet hypnotique et inharmonieux, le tambour symbolise la transition entre l’époque de la chevalerie et ce
11784 hypnotique et inharmonieux, le tambour symbolise la transition entre l’époque de la chevalerie et celle de l’art militair
11785 monieux, le tambour symbolise la transition entre l’ époque de la chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est u
11786 le tambour symbolise la transition entre l’époque de la chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est un élément
11787 tambour symbolise la transition entre l’époque de la chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est un élément da
11788 ansition entre l’époque de la chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est un élément dans la mécanisation de l
11789 ition entre l’époque de la chevalerie et celle de l’ art militaire moderne ; il est un élément dans la mécanisation de la g
11790 l’art militaire moderne ; il est un élément dans la mécanisation de la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la c
11791 moderne ; il est un élément dans la mécanisation de la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’
11792 derne ; il est un élément dans la mécanisation de la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’inv
11793 lément dans la mécanisation de la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’invention de l’artille
11794 ans la mécanisation de la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’invention de l’artillerie. « E
11795 la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’invention de l’artillerie. « Et n’est-ce pas une iro
11796 n le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’ invention de l’artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fi
11797 grâce sera porté à la chevalerie par l’invention de l’artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fit que cette
11798 âce sera porté à la chevalerie par l’invention de l’ artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fit que cette fle
11799 qui fit que cette fleur des chevaliers errants à la mode de Bourgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet de canon
11800 que cette fleur des chevaliers errants à la mode de Bourgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet de canon ? » ⁂ I
11801 rgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet de canon ? » ⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions de la guerre
11802 boulet de canon ? » ⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions de la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutum
11803 ? » ⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions de la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales
11804 ⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions de la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’
11805 ste pas moins que les conventions de la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’une empreinte
11806 pas moins que les conventions de la guerre et de l’ amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’une empreinte qu
11807 ns de la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’une empreinte qui ne s’effacera guère qu’au x
11808 our courtois ont marqué les coutumes occidentales d’ une empreinte qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle. L’idée de val
11809 reinte qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle. L’ idée de valeur individuelle, ou d’exploit guerrier, représenté par le
11810 qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle. L’idée de valeur individuelle, ou d’exploit guerrier, représenté par le duel et
11811 au xxe siècle. L’idée de valeur individuelle, ou d’ exploit guerrier, représenté par le duel et la « prouesse » (tournoi,
11812 dividuelle, ou d’exploit guerrier, représenté par le duel et la « prouesse » (tournoi, combat singulier des deux chefs en
11813 ou d’exploit guerrier, représenté par le duel et la « prouesse » (tournoi, combat singulier des deux chefs en présence) ;
11814 i, combat singulier des deux chefs en présence) ; l’ idée de régler les batailles d’après un protocole quasi sacral ; la co
11815 at singulier des deux chefs en présence) ; l’idée de régler les batailles d’après un protocole quasi sacral ; la conceptio
11816 er des deux chefs en présence) ; l’idée de régler les batailles d’après un protocole quasi sacral ; la conception ascétique
11817 les batailles d’après un protocole quasi sacral ; la conception ascétique de la vie militaire (jeûnes prolongés avant l’ép
11818 protocole quasi sacral ; la conception ascétique de la vie militaire (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ; les c
11819 otocole quasi sacral ; la conception ascétique de la vie militaire (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ; les conv
11820 tique de la vie militaire (jeûnes prolongés avant l’ épreuve des armes) ; les conventions permettant de déterminer le vainq
11821 re (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ; les conventions permettant de déterminer le vainqueur (c’est par exemple
11822 l’épreuve des armes) ; les conventions permettant de déterminer le vainqueur (c’est par exemple celui qui passe la nuit su
11823 armes) ; les conventions permettant de déterminer le vainqueur (c’est par exemple celui qui passe la nuit sur le champ de
11824 r le vainqueur (c’est par exemple celui qui passe la nuit sur le champ de bataille) ; enfin et surtout le parallélisme exa
11825 ur (c’est par exemple celui qui passe la nuit sur le champ de bataille) ; enfin et surtout le parallélisme exact des symbo
11826 nuit sur le champ de bataille) ; enfin et surtout le parallélisme exact des symboles érotiques et militaires, — tout cela
11827 otiques et militaires, — tout cela ne cessera pas de déterminer les modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si
11828 itaires, — tout cela ne cessera pas de déterminer les modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si bien que l’on p
11829  tout cela ne cessera pas de déterminer les modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si bien que l’on pourra con
11830 as de déterminer les modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si bien que l’on pourra considérer tout changement
11831 royer à travers les siècles suivants. Si bien que l’ on pourra considérer tout changement dans la tactique militaire comme
11832 n que l’on pourra considérer tout changement dans la tactique militaire comme relatif à un changement dans les conceptions
11833 ique militaire comme relatif à un changement dans les conceptions de l’amour, ou inversement. 5. Condottieri et canons
11834 omme relatif à un changement dans les conceptions de l’amour, ou inversement. 5. Condottieri et canons L’Italie n’a
11835 e relatif à un changement dans les conceptions de l’ amour, ou inversement. 5. Condottieri et canons L’Italie n’avai
11836 , ou inversement. 5. Condottieri et canons L’ Italie n’avait jamais été si florissante ni si paisible qu’elle l’étai
11837 jamais été si florissante ni si paisible qu’elle l’ était vers l’année 1490. Une paix profonde régnait dans ses provinces 
11838 i florissante ni si paisible qu’elle l’était vers l’ année 1490. Une paix profonde régnait dans ses provinces : les montagn
11839 0. Une paix profonde régnait dans ses provinces : les montagnes et les plaines étaient également fertiles ; riche, bien peu
11840 nde régnait dans ses provinces : les montagnes et les plaines étaient également fertiles ; riche, bien peuplée et ne reconn
11841 s ; riche, bien peuplée et ne reconnaissant point de domination étrangère, elle tirait encore un nouveau lustre de la magn
11842 n étrangère, elle tirait encore un nouveau lustre de la magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand
11843 trangère, elle tirait encore un nouveau lustre de la magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand nom
11844 irait encore un nouveau lustre de la magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand nombre de villes cé
11845 un nouveau lustre de la magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de
11846 e de la magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Si
11847 e la magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Siège
11848 ficence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’ un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Siège de la Rel
11849 rs de ses Princes, de la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Siège de la Religion. Les Science
11850 la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et les Arts fleuriss
11851 beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et les Arts fleurissaie
11852 élèbres et de la majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et les Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait de g
11853 majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et les Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait de grands hommes d’É
11854 Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait de grands hommes d’État, et même d’excellents capitaines pour ce temps-l
11855 , elle possédait de grands hommes d’État, et même d’ excellents capitaines pour ce temps-là.169 Ces capitaines, c’étaien
11856 pour ce temps-là.169 Ces capitaines, c’étaient les condottieri. Soldats de métier au service des Princes et des papes, i
11857 es capitaines, c’étaient les condottieri. Soldats de métier au service des Princes et des papes, ils avaient pour coutume
11858 et des papes, ils avaient pour coutume bien moins de faire la guerre que d’empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers
11859 pes, ils avaient pour coutume bien moins de faire la guerre que d’empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers étaient
11860 nt pour coutume bien moins de faire la guerre que d’ empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers étaient avant tout d’a
11861 tuât du monde. Ces aventuriers étaient avant tout d’ avisés diplomates, d’astucieux commerçants. Ils savaient le prix d’un
11862 enturiers étaient avant tout d’avisés diplomates, d’ astucieux commerçants. Ils savaient le prix d’un soldat. Leur tactique
11863 diplomates, d’astucieux commerçants. Ils savaient le prix d’un soldat. Leur tactique consistait essentiellement à faire de
11864 es, d’astucieux commerçants. Ils savaient le prix d’ un soldat. Leur tactique consistait essentiellement à faire des prison
11865 llement à faire des prisonniers et à désorganiser les corps ennemis. Parfois — c’était leur suprême réussite — ils parvenai
11866 leur suprême réussite — ils parvenaient à battre l’ adversaire d’une manière vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemb
11867 réussite — ils parvenaient à battre l’adversaire d’ une manière vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemble de ses for
11868 ’une manière vraiment radicale : ils détruisaient l’ ensemble de ses forces en achetant d’un bloc son armée. Quand ils n’y
11869 e vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemble de ses forces en achetant d’un bloc son armée. Quand ils n’y arrivaient
11870 détruisaient l’ensemble de ses forces en achetant d’ un bloc son armée. Quand ils n’y arrivaient pas, il fallait se résoudr
11871 n danger : « On combat toujours à cheval, couvert d’ armes et assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vai
11872 mbat toujours à cheval, couvert d’armes et assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus est presque t
11873 t toujours à cheval, couvert d’armes et assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus est presque touj
11874 et assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus est presque toujours respectée. Ils ne sont pas longt
11875 temps prisonniers et ils recouvrent très aisément la liberté. Une ville a beau se révolter vingt fois, elle n’est jamais d
11876 révolter vingt fois, elle n’est jamais détruite ; les habitants conservent toutes leurs propriétés ; tout ce qu’ils ont à c
11877 propriétés ; tout ce qu’ils ont à craindre, c’est de payer une contribution.170 » Cet art de guerre exprimait dans son pla
11878 re, c’est de payer une contribution.170 » Cet art de guerre exprimait dans son plan — alors considéré comme inférieur — un
11879 nt humanisée, une « civilisation » profonde, donc le contraire d’une « militarisation ». L’État était devenu une œuvre d’a
11880 une « civilisation » profonde, donc le contraire d’ une « militarisation ». L’État était devenu une œuvre d’art, selon l’e
11881 onde, donc le contraire d’une « militarisation ». L’ État était devenu une œuvre d’art, selon l’expression de Burckhardt. L
11882 ion ». L’État était devenu une œuvre d’art, selon l’ expression de Burckhardt. La guerre elle-même s’était civilisée, dans
11883 était devenu une œuvre d’art, selon l’expression de Burckhardt. La guerre elle-même s’était civilisée, dans toute la mesu
11884 ne œuvre d’art, selon l’expression de Burckhardt. La guerre elle-même s’était civilisée, dans toute la mesure où le parado
11885 La guerre elle-même s’était civilisée, dans toute la mesure où le paradoxe est soutenable. Le duel des chefs était fort en
11886 e-même s’était civilisée, dans toute la mesure où le paradoxe est soutenable. Le duel des chefs était fort en honneur, et
11887 ns toute la mesure où le paradoxe est soutenable. Le duel des chefs était fort en honneur, et suffisait à terminer une cam
11888 mpagne. (Ce n’était plus d’ailleurs un « jugement de Dieu », mais le triomphe d’une personnalité). On réprouvait l’usage d
11889 ait plus d’ailleurs un « jugement de Dieu », mais le triomphe d’une personnalité). On réprouvait l’usage des armes à feu c
11890 illeurs un « jugement de Dieu », mais le triomphe d’ une personnalité). On réprouvait l’usage des armes à feu comme contrai
11891 is le triomphe d’une personnalité). On réprouvait l’ usage des armes à feu comme contraire à la dignité de l’individu. (Le
11892 rouvait l’usage des armes à feu comme contraire à la dignité de l’individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever
11893 sage des armes à feu comme contraire à la dignité de l’individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’
11894 e des armes à feu comme contraire à la dignité de l’ individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un
11895 feu comme contraire à la dignité de l’individu. ( Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un de ses advers
11896 du. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un de ses adversaires parce que le misérable avait osé souteni
11897 ondottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’ un de ses adversaires parce que le misérable avait osé soutenir la lég
11898 tiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un de ses adversaires parce que le misérable avait osé soutenir la légitimi
11899 crever les yeux d’un de ses adversaires parce que le misérable avait osé soutenir la légitimité de l’emploi des canons). E
11900 rsaires parce que le misérable avait osé soutenir la légitimité de l’emploi des canons). Et comment concevait-on l’amour ?
11901 que le misérable avait osé soutenir la légitimité de l’emploi des canons). Et comment concevait-on l’amour ? Burckhardt in
11902 le misérable avait osé soutenir la légitimité de l’ emploi des canons). Et comment concevait-on l’amour ? Burckhardt insis
11903 de l’emploi des canons). Et comment concevait-on l’ amour ? Burckhardt insiste171 sur le fait que les mariages se concluai
11904 concevait-on l’amour ? Burckhardt insiste171 sur le fait que les mariages se concluaient sans drame, après de très courte
11905 n l’amour ? Burckhardt insiste171 sur le fait que les mariages se concluaient sans drame, après de très courtes fiançailles
11906 que les mariages se concluaient sans drame, après de très courtes fiançailles, et que le droit du mari à la fidélité de l’
11907 drame, après de très courtes fiançailles, et que le droit du mari à la fidélité de l’épouse ne revêtait pas ce caractère
11908 ès courtes fiançailles, et que le droit du mari à la fidélité de l’épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait
11909 iançailles, et que le droit du mari à la fidélité de l’épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans le
11910 çailles, et que le droit du mari à la fidélité de l’ épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans les p
11911 ait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans les pays nordiques. Les femmes de la haute société recevaient une éducati
11912 absolu qu’il avait pris dans les pays nordiques. Les femmes de la haute société recevaient une éducation aussi complète qu
11913 il avait pris dans les pays nordiques. Les femmes de la haute société recevaient une éducation aussi complète que celle de
11914 avait pris dans les pays nordiques. Les femmes de la haute société recevaient une éducation aussi complète que celle des h
11915 ssi complète que celle des hommes, et jouissaient d’ une entière égalité morale, à l’inverse de ce qui se passait en France
11916 s, et jouissaient d’une entière égalité morale, à l’ inverse de ce qui se passait en France et dans les Allemagnes. Si par
11917 ssaient d’une entière égalité morale, à l’inverse de ce qui se passait en France et dans les Allemagnes. Si par ailleurs,
11918 l’inverse de ce qui se passait en France et dans les Allemagnes. Si par ailleurs, la guerre était devenue diplomatique dan
11919 n France et dans les Allemagnes. Si par ailleurs, la guerre était devenue diplomatique dans les hautes sphères, et vénale
11920 lleurs, la guerre était devenue diplomatique dans les hautes sphères, et vénale dans la pratique, il en allait de même de l
11921 lomatique dans les hautes sphères, et vénale dans la pratique, il en allait de même de l’amour. Semblables aux hétaïres de
11922 et vénale dans la pratique, il en allait de même de l’amour. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique, les courtisanes
11923 vénale dans la pratique, il en allait de même de l’ amour. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique, les courtisanes jo
11924 llait de même de l’amour. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique, les courtisanes jouaient un rôle parfois considérab
11925 it de même de l’amour. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique, les courtisanes jouaient un rôle parfois considérable
11926 our. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique, les courtisanes jouaient un rôle parfois considérable dans la vie sociale
11927 isanes jouaient un rôle parfois considérable dans la vie sociale. Les plus célèbres se distinguaient par leur culture, réc
11928 un rôle parfois considérable dans la vie sociale. Les plus célèbres se distinguaient par leur culture, récitant et faisant
11929 eur culture, récitant et faisant des vers, jouant d’ un instrument, tenant conversation. Cette paganisation de la vie sexue
11930 strument, tenant conversation. Cette paganisation de la vie sexuelle dénote un recul sensible des influences courtoises, u
11931 ument, tenant conversation. Cette paganisation de la vie sexuelle dénote un recul sensible des influences courtoises, une
11932 s courtoises, une dépréciation du mythe tragique. Le platonisme des petites cours ducales, si bien exprimé par Bembo et pa
11933 à une « mondanité » délicate et toute hédoniste. La « courtoisie » prenait son sens moderne de politesse et de civilité.
11934 niste. La « courtoisie » prenait son sens moderne de politesse et de civilité. Il n’était plus question de condamner la vi
11935 toisie » prenait son sens moderne de politesse et de civilité. Il n’était plus question de condamner la vie. Et « l’instin
11936 olitesse et de civilité. Il n’était plus question de condamner la vie. Et « l’instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’
11937 e civilité. Il n’était plus question de condamner la vie. Et « l’instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette
11938 l n’était plus question de condamner la vie. Et «  l’ instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette Italie heure
11939 lus question de condamner la vie. Et « l’instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette Italie heureuse, immora
11940 mmorale et très pacifique172 qu’allaient se jeter les troupes françaises de Charles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six c
11941 ue172 qu’allaient se jeter les troupes françaises de Charles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six canons de bronze provoq
11942 se jeter les troupes françaises de Charles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six canons de bronze provoqua dans la pénins
11943 s troupes françaises de Charles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six canons de bronze provoqua dans la péninsule une pani
11944 rles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six canons de bronze provoqua dans la péninsule une panique de fin du monde. « Le p
11945 e leurs trente-six canons de bronze provoqua dans la péninsule une panique de fin du monde. « Le passage de ce prince en I
11946 de bronze provoqua dans la péninsule une panique de fin du monde. « Le passage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fu
11947 dans la péninsule une panique de fin du monde. «  Le passage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fut la source d’une i
11948 ninsule une panique de fin du monde. « Le passage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fut la source d’une infinité de
11949 ssage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fut la source d’une infinité de maux et de révolutions. Les États changèrent
11950 e prince en Italie, dit Guichardin, fut la source d’ une infinité de maux et de révolutions. Les États changèrent tout à co
11951 lie, dit Guichardin, fut la source d’une infinité de maux et de révolutions. Les États changèrent tout à coup de face, les
11952 ichardin, fut la source d’une infinité de maux et de révolutions. Les États changèrent tout à coup de face, les provinces
11953 source d’une infinité de maux et de révolutions. Les États changèrent tout à coup de face, les provinces furent ravagées l
11954 utions. Les États changèrent tout à coup de face, les provinces furent ravagées les villes détruites, et tout le pays fut i
11955 out à coup de face, les provinces furent ravagées les villes détruites, et tout le pays fut inondé de sang… L’Italie apprit
11956 ces furent ravagées les villes détruites, et tout le pays fut inondé de sang… L’Italie apprit aussi une nouvelle mais sang
11957 les villes détruites, et tout le pays fut inondé de sang… L’Italie apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode de fa
11958 es détruites, et tout le pays fut inondé de sang… L’ Italie apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode de faire la gu
11959 apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode de faire la guerre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie de nos p
11960 ussi une nouvelle mais sanglante méthode de faire la guerre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie de nos provinces
11961 méthode de faire la guerre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie de nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y r
11962 faire la guerre… qui troubla tellement la paix et l’ harmonie de nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir l’o
11963 erre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie de nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir l’ordre et la
11964 onie de nos provinces qu’il fut depuis impossible d’ y rétablir l’ordre et la tranquillité173. Ce n’était pas que les Itali
11965 rovinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir l’ ordre et la tranquillité173. Ce n’était pas que les Italiens eussent i
11966 ’il fut depuis impossible d’y rétablir l’ordre et la tranquillité173. Ce n’était pas que les Italiens eussent ignoré l’usa
11967 l’ordre et la tranquillité173. Ce n’était pas que les Italiens eussent ignoré l’usage de l’artillerie jusqu’à cette date, m
11968 3. Ce n’était pas que les Italiens eussent ignoré l’ usage de l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, com
11969 était pas que les Italiens eussent ignoré l’usage de l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je l’
11970 it pas que les Italiens eussent ignoré l’usage de l’ artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je l’ai
11971 sage de l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je l’ai dit, et comme le prouvent encore les invec
11972 u’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je l’ ai dit, et comme le prouvent encore les invectives de l’Arioste contre
11973 s ils la méprisaient, comme je l’ai dit, et comme le prouvent encore les invectives de l’Arioste contre les armes à feu. A
11974 t, comme je l’ai dit, et comme le prouvent encore les invectives de l’Arioste contre les armes à feu. Au surplus, dit Guich
11975 i dit, et comme le prouvent encore les invectives de l’Arioste contre les armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, « les F
11976 it, et comme le prouvent encore les invectives de l’ Arioste contre les armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, « les Fran
11977 rouvent encore les invectives de l’Arioste contre les armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, « les Français avaient une a
11978 re les armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, «  les Français avaient une artillerie plus légère, et dont les pièces qu’il
11979 nçais avaient une artillerie plus légère, et dont les pièces qu’ils appelaient canons étaient toutes de bronze… Les décharg
11980 es pièces qu’ils appelaient canons étaient toutes de bronze… Les décharges étaient si fréquentes et si fortes qu’elles fai
11981 u’ils appelaient canons étaient toutes de bronze… Les décharges étaient si fréquentes et si fortes qu’elles faisaient en pe
11982 le qu’humaine était aussi utile aux Français dans les combats que dans les sièges… » Autre sujet d’effroi pour l’Italie : t
11983 ussi utile aux Français dans les combats que dans les sièges… » Autre sujet d’effroi pour l’Italie : tandis que dans la mil
11984 ns les combats que dans les sièges… » Autre sujet d’ effroi pour l’Italie : tandis que dans la milice des condottieri « la
11985 que dans les sièges… » Autre sujet d’effroi pour l’ Italie : tandis que dans la milice des condottieri « la plupart des ho
11986 re sujet d’effroi pour l’Italie : tandis que dans la milice des condottieri « la plupart des hommes d’armes étaient ou pay
11987 la milice des condottieri « la plupart des hommes d’ armes étaient ou paysans ou de la lie du peuple, presque toujours suje
11988 plupart des hommes d’armes étaient ou paysans ou de la lie du peuple, presque toujours sujets d’un autre prince que celui
11989 upart des hommes d’armes étaient ou paysans ou de la lie du peuple, presque toujours sujets d’un autre prince que celui po
11990 s ou de la lie du peuple, presque toujours sujets d’ un autre prince que celui pour lequel ils faisaient la guerre », et n’
11991 autre prince que celui pour lequel ils faisaient la guerre », et n’étaient donc animés « ni par aucun sentiment de gloire
11992 et n’étaient donc animés « ni par aucun sentiment de gloire ni par aucun motif extérieur », l’armée française se présentai
11993 ntiment de gloire ni par aucun motif extérieur », l’ armée française se présentait comme une armée nationale : « Les gens d
11994 çaise se présentait comme une armée nationale : «  Les gens d’armes étaient presque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce
11995 présentait comme une armée nationale : « Les gens d’ armes étaient presque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce qui les
11996 sque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce qui les empêchait de « changer de maître par ambition ou par avarice ». On pr
11997 ts du Roi et gentilshommes » ce qui les empêchait de « changer de maître par ambition ou par avarice ». On pressentit dès
11998 gentilshommes » ce qui les empêchait de « changer de maître par ambition ou par avarice ». On pressentit dès lors d’inévit
11999 ambition ou par avarice ». On pressentit dès lors d’ inévitables carnages. Et en effet au combat de Rappallo, tout au début
12000 ors d’inévitables carnages. Et en effet au combat de Rappallo, tout au début de la campagne, sur les 3000 hommes engagés,
12001 Et en effet au combat de Rappallo, tout au début de la campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus de cent furent tués :
12002 en effet au combat de Rappallo, tout au début de la campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus de cent furent tués : « N
12003 at de Rappallo, tout au début de la campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus de cent furent tués : « Nombre considérable
12004 de la campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus de cent furent tués : « Nombre considérable par rapport à la manière don
12005 furent tués : « Nombre considérable par rapport à la manière dont on faisait alors la guerre en Italie » remarque Guichard
12006 le par rapport à la manière dont on faisait alors la guerre en Italie » remarque Guichardin. Et ce n’était vraiment qu’un
12007 ait vraiment qu’un début ! Burckhardt affirme que les dévastations françaises furent peu de chose en comparaison de celles
12008 mparaison de celles commises un peu plus tard par les Espagnols « chez lesquels peut-être un apport de sang non occidental,
12009 les Espagnols « chez lesquels peut-être un apport de sang non occidental, ou peut-être l’habitude des spectacles de l’Inqu
12010 re un apport de sang non occidental, ou peut-être l’ habitude des spectacles de l’Inquisition avaient déchaîné les instinct
12011 ccidental, ou peut-être l’habitude des spectacles de l’Inquisition avaient déchaîné les instincts démoniaques ». Artilleri
12012 dental, ou peut-être l’habitude des spectacles de l’ Inquisition avaient déchaîné les instincts démoniaques ». Artillerie e
12013 des spectacles de l’Inquisition avaient déchaîné les instincts démoniaques ». Artillerie et massacre des civils : la guerr
12014 émoniaques ». Artillerie et massacre des civils : la guerre moderne venait de naître. Elle allait peu à peu transformer le
12015 nait de naître. Elle allait peu à peu transformer les chevaliers exaltés et magnifiques en troupes disciplinées et uniforme
12016 linées et uniformes. Évolution qui devait aboutir de nos jours à l’annihilation de toute passion guerrière, à mesure que l
12017 rmes. Évolution qui devait aboutir de nos jours à l’ annihilation de toute passion guerrière, à mesure que les hommes desse
12018 qui devait aboutir de nos jours à l’annihilation de toute passion guerrière, à mesure que les hommes desservant les machi
12019 hilation de toute passion guerrière, à mesure que les hommes desservant les machines se feraient eux-mêmes des machines, n’
12020 ion guerrière, à mesure que les hommes desservant les machines se feraient eux-mêmes des machines, n’exécutant qu’un petit
12021 êmes des machines, n’exécutant qu’un petit nombre de mouvements automatiques, destinés à donner la mort à distance, sans c
12022 bre de mouvements automatiques, destinés à donner la mort à distance, sans colère ni pitié. 6.La guerre classique L’
12023 sans colère ni pitié. 6.La guerre classique L’ effort des hommes de guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera de do
12024 . 6.La guerre classique L’effort des hommes de guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera de dominer le monstre méc
12025 es de guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera de dominer le monstre mécanique, afin de sauver autant que possible le c
12026 e, aux xviie et xviiie siècles, sera de dominer le monstre mécanique, afin de sauver autant que possible le caractère hu
12027 tre mécanique, afin de sauver autant que possible le caractère humain de la guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions
12028 de sauver autant que possible le caractère humain de la guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à l’art
12029 sauver autant que possible le caractère humain de la guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à l’artill
12030 ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à l’ artillerie, aux fortifications. Du moins va-t-on multiplier les règles
12031 , aux fortifications. Du moins va-t-on multiplier les règles de la tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et
12032 fications. Du moins va-t-on multiplier les règles de la tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et la « vale
12033 ations. Du moins va-t-on multiplier les règles de la tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur 
12034 s va-t-on multiplier les règles de la tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur » des chefs gar
12035 a-t-on multiplier les règles de la tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur » des chefs garden
12036 ègles de la tactique et de la stratégie, afin que l’ intelligence, et la « valeur » des chefs gardent apparemment le premie
12037 e et de la stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur » des chefs gardent apparemment le premier rang parmi les fa
12038 s chefs gardent apparemment le premier rang parmi les facteurs de la lutte. La chevalerie représentait un effort pour donn
12039 nt apparemment le premier rang parmi les facteurs de la lutte. La chevalerie représentait un effort pour donner un style
12040 apparemment le premier rang parmi les facteurs de la lutte. La chevalerie représentait un effort pour donner un style à l
12041 le premier rang parmi les facteurs de la lutte. La chevalerie représentait un effort pour donner un style à l’instinct.
12042 rie représentait un effort pour donner un style à l’ instinct. La guerre classique est un effort pour conserver et recréer
12043 tait un effort pour donner un style à l’instinct. La guerre classique est un effort pour conserver et recréer ce style mal
12044 effort pour conserver et recréer ce style malgré l’ intervention de facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de l’a
12045 nserver et recréer ce style malgré l’intervention de facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de l’art militaire de
12046 tyle malgré l’intervention de facteurs inhumains. D’ où le formalisme étonnant de l’art militaire de ces siècles174. Avec V
12047 malgré l’intervention de facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de l’art militaire de ces siècles174. Avec Vauban
12048 e facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de l’art militaire de ces siècles174. Avec Vauban, le siège d’une place
12049 acteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de l’ art militaire de ces siècles174. Avec Vauban, le siège d’une place for
12050 s. D’où le formalisme étonnant de l’art militaire de ces siècles174. Avec Vauban, le siège d’une place forte devient une s
12051 e l’art militaire de ces siècles174. Avec Vauban, le siège d’une place forte devient une sorte d’opération de l’esprit don
12052 ilitaire de ces siècles174. Avec Vauban, le siège d’ une place forte devient une sorte d’opération de l’esprit dont les pér
12053 ban, le siège d’une place forte devient une sorte d’ opération de l’esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien di
12054 e d’une place forte devient une sorte d’opération de l’esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les
12055 ’une place forte devient une sorte d’opération de l’ esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les ci
12056 te devient une sorte d’opération de l’esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les cinq actes d’une
12057 de l’esprit dont les péripéties se déroulent, on l’ a bien dit, comme les cinq actes d’une tragédie classique. C’est alor
12058 s péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les cinq actes d’une tragédie classique. C’est alors que la guerre resse
12059 déroulent, on l’a bien dit, comme les cinq actes d’ une tragédie classique. C’est alors que la guerre ressemble vraiment
12060 actes d’une tragédie classique. C’est alors que la guerre ressemble vraiment à une partie d’échecs. Lorsque après des ma
12061 ors que la guerre ressemble vraiment à une partie d’ échecs. Lorsque après des manœuvres compliquées, un des adversaires a
12062 rs pièces — villes ou places fortes — alors vient la grande bataille : du sommet de quelque coteau, où lui apparaît tout l
12063 rtes — alors vient la grande bataille : du sommet de quelque coteau, où lui apparaît tout le terrain du combat, tout l’éch
12064 du sommet de quelque coteau, où lui apparaît tout le terrain du combat, tout l’échiquier, le maréchal fait avancer ou recu
12065 , où lui apparaît tout le terrain du combat, tout l’ échiquier, le maréchal fait avancer ou reculer habilement ses beaux ré
12066 raît tout le terrain du combat, tout l’échiquier, le maréchal fait avancer ou reculer habilement ses beaux régiments… Éche
12067 ler habilement ses beaux régiments… Échec et mat, le perdant range son jeu : on remet les pions dans leur boîte ou les rég
12068 Échec et mat, le perdant range son jeu : on remet les pions dans leur boîte ou les régiments dans leurs quartiers d’hiver,
12069 e son jeu : on remet les pions dans leur boîte ou les régiments dans leurs quartiers d’hiver, et chacun va à ses petites af
12070 leur boîte ou les régiments dans leurs quartiers d’ hiver, et chacun va à ses petites affaires en attendant la partie ou l
12071 et chacun va à ses petites affaires en attendant la partie ou la campagne suivante.175 Chaque fois que reparaît l’éléme
12072 à ses petites affaires en attendant la partie ou la campagne suivante.175 Chaque fois que reparaît l’élément de jeu dan
12073 campagne suivante.175 Chaque fois que reparaît l’ élément de jeu dans la guerre, on peut en déduire que la société et sa
12074 suivante.175 Chaque fois que reparaît l’élément de jeu dans la guerre, on peut en déduire que la société et sa culture f
12075 Chaque fois que reparaît l’élément de jeu dans la guerre, on peut en déduire que la société et sa culture font un effor
12076 ent de jeu dans la guerre, on peut en déduire que la société et sa culture font un effort pour recréer le mythe de la pass
12077 société et sa culture font un effort pour recréer le mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchiq
12078 t sa culture font un effort pour recréer le mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un cad
12079 a culture font un effort pour recréer le mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un cadre
12080 e mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un cadre et des moyens d’expression rituels. Et
12081 à la puissance anarchique un cadre et des moyens d’ expression rituels. Et c’est bien ce qui se vérifie dans le cas du xvi
12082 ion rituels. Et c’est bien ce qui se vérifie dans le cas du xviie siècle : qu’on se reporte à nos chapitres sur l’Astrée
12083 ie siècle : qu’on se reporte à nos chapitres sur l’ Astrée et sur la tragédie classique. ⁂ « C’est ici la matière qu’on sp
12084 on se reporte à nos chapitres sur l’Astrée et sur la tragédie classique. ⁂ « C’est ici la matière qu’on spiritualise, pour
12085 strée et sur la tragédie classique. ⁂ « C’est ici la matière qu’on spiritualise, pour fixer la conduite des combattants, a
12086 est ici la matière qu’on spiritualise, pour fixer la conduite des combattants, animés et pensants malgré tout », écrira Fo
12087 t pensants malgré tout », écrira Foch à propos de la guerre au xviiie siècle176. Mot étonnant, d’ailleurs repris de von d
12088 viiie siècle176. Mot étonnant, d’ailleurs repris de von der Goltz, dans un passage qu’il vaut la peine de citer : « L’err
12089 pris de von der Goltz, dans un passage qu’il vaut la peine de citer : « L’erreur (des généraux « formalistes ») consistait
12090 on der Goltz, dans un passage qu’il vaut la peine de citer : « L’erreur (des généraux « formalistes ») consistait à placer
12091 dans un passage qu’il vaut la peine de citer : «  L’ erreur (des généraux « formalistes ») consistait à placer l’objet de l
12092 des généraux « formalistes ») consistait à placer l’ objet de la guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et
12093 raux « formalistes ») consistait à placer l’objet de la guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et non dan
12094 x « formalistes ») consistait à placer l’objet de la guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et non dans l
12095  ») consistait à placer l’objet de la guerre dans l’ exécution de manœuvres finement combinées et non dans l’anéantissement
12096 it à placer l’objet de la guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et non dans l’anéantissement des forces
12097 ution de manœuvres finement combinées et non dans l’ anéantissement des forces de l’adversaire. Le monde militaire est touj
12098 combinées et non dans l’anéantissement des forces de l’adversaire. Le monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs
12099 binées et non dans l’anéantissement des forces de l’ adversaire. Le monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs qua
12100 dans l’anéantissement des forces de l’adversaire. Le monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs quand il s’est mi
12101 dans ces erreurs quand il s’est mis à abandonner la notion droite et simple des lois de la guerre, à spiritualiser la mat
12102 à abandonner la notion droite et simple des lois de la guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel
12103 abandonner la notion droite et simple des lois de la guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel des
12104 et simple des lois de la guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel des choses et l’influence du c
12105 guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel des choses et l’influence du cœur humain sur les résolut
12106 ière, en négligeant le sens naturel des choses et l’ influence du cœur humain sur les résolutions des hommes. » — « Spiritu
12107 urel des choses et l’influence du cœur humain sur les résolutions des hommes. » — « Spiritualiser » est peut-être excessif 
12108 t peut-être excessif : il ne s’agissait guère que de rationaliser. Mais l’expression (méprisante !) est bien typique de la
12109 il ne s’agissait guère que de rationaliser. Mais l’ expression (méprisante !) est bien typique de la psychologie qui appar
12110 Mais l’expression (méprisante !) est bien typique de la psychologie qui apparaîtra dès la Révolution française — ce déchaî
12111 s l’expression (méprisante !) est bien typique de la psychologie qui apparaîtra dès la Révolution française — ce déchaînem
12112 bien typique de la psychologie qui apparaîtra dès la Révolution française — ce déchaînement des instincts collectifs et de
12113 s et des passions catastrophiques. Que reprochent les stratèges modernes aux généraux de Louis XIV et de Louis XV ? C’est d
12114 ue reprochent les stratèges modernes aux généraux de Louis XIV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire la guerre en
12115 s stratèges modernes aux généraux de Louis XIV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins
12116 aux généraux de Louis XIV et de Louis XV ? C’est d’ avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouv
12117 e Louis XIV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’éta
12118 IV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le
12119 C’est d’avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe d’une civi
12120 avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins d’ hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe d’une civilisation
12121 le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe d’une civilisation dont tout l’effort tendait à ordonner la
12122 ommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe d’ une civilisation dont tout l’effort tendait à ordonner la Nature, la m
12123 était là le triomphe d’une civilisation dont tout l’ effort tendait à ordonner la Nature, la matière, et leurs fatalités, a
12124 ivilisation dont tout l’effort tendait à ordonner la Nature, la matière, et leurs fatalités, aux lois de la raison humaine
12125 dont tout l’effort tendait à ordonner la Nature, la matière, et leurs fatalités, aux lois de la raison humaine et de l’in
12126 Nature, la matière, et leurs fatalités, aux lois de la raison humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, m
12127 ture, la matière, et leurs fatalités, aux lois de la raison humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais
12128 leurs fatalités, aux lois de la raison humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais sans laquelle nulle
12129 rs fatalités, aux lois de la raison humaine et de l’ intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais sans laquelle nulle civ
12130 on humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si l’ on veut, mais sans laquelle nulle civilisation et nulle culture ne son
12131 e sont proprement concevables. Racine aussi, nous l’ avons vu, croyait qu’on pouvait faire des tragédies sans crime. Le ref
12132 ait qu’on pouvait faire des tragédies sans crime. Le refus de trouver belles les catastrophes, voilà qui peut définir l’âg
12133 pouvait faire des tragédies sans crime. Le refus de trouver belles les catastrophes, voilà qui peut définir l’âge classiq
12134 tragédies sans crime. Le refus de trouver belles les catastrophes, voilà qui peut définir l’âge classique. Certes la guerr
12135 r belles les catastrophes, voilà qui peut définir l’ âge classique. Certes la guerre et la passion demeurent des maux inévi
12136 s, voilà qui peut définir l’âge classique. Certes la guerre et la passion demeurent des maux inévitables, et d’ailleurs se
12137 peut définir l’âge classique. Certes la guerre et la passion demeurent des maux inévitables, et d’ailleurs secrètement dés
12138 itables, et d’ailleurs secrètement désirés ; mais la grandeur de l’homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de
12139 d’ailleurs secrètement désirés ; mais la grandeur de l’homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utilise
12140 illeurs secrètement désirés ; mais la grandeur de l’ homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser,
12141 ètement désirés ; mais la grandeur de l’homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser, on dirait mê
12142 la grandeur de l’homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à
12143 grandeur de l’homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à une
12144 me est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à une diplomatie, art
12145 est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à une diplomatie, art de
12146 les canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare la
12147 s canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare la gue
12148 ait même de les subordonner à une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare la guerre sous des prétextes juridiques et
12149 une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare la guerre sous des prétextes juridiques et personnels, où l’honneur nati
12150 e sous des prétextes juridiques et personnels, où l’ honneur national n’a rien à voir. Querelles de gendre et de beau-père
12151 où l’honneur national n’a rien à voir. Querelles de gendre et de beau-père au sujet de la dot promise. Et c’est de même q
12152 national n’a rien à voir. Querelles de gendre et de beau-père au sujet de la dot promise. Et c’est de même que l’on « tra
12153 . Querelles de gendre et de beau-père au sujet de la dot promise. Et c’est de même que l’on « traite » un mariage : intérê
12154 au sujet de la dot promise. Et c’est de même que l’ on « traite » un mariage : intérêt, convenance des rangs, apports terr
12155 ce des rangs, apports territoriaux et financiers… La passion n’y joue plus le moindre rôle. L’amour lui-même, d’ailleurs,
12156 ritoriaux et financiers… La passion n’y joue plus le moindre rôle. L’amour lui-même, d’ailleurs, va devenir une tactique.
12157 nciers… La passion n’y joue plus le moindre rôle. L’ amour lui-même, d’ailleurs, va devenir une tactique. Il perd son auréo
12158 uréole dramatique. 7.La guerre en dentelles L’ exemple du xviiie siècle est le plus propre à illustrer le parallèle
12159 e en dentelles L’exemple du xviiie siècle est le plus propre à illustrer le parallèle de l’amour et de la guerre. Il s
12160 du xviiie siècle est le plus propre à illustrer le parallèle de l’amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches
12161 iècle est le plus propre à illustrer le parallèle de l’amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiqu
12162 le est le plus propre à illustrer le parallèle de l’ amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer.
12163 lus propre à illustrer le parallèle de l’amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan s
12164 propre à illustrer le parallèle de l’amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succ
12165 parallèle de l’amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volu
12166 de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’ indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à la passion
12167 ches pour l’indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à la passion mortelle. Et la guerre en même temps se
12168 Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à la passion mortelle. Et la guerre en même temps se « profane » : aux Jug
12169 an, la volupté perverse à la passion mortelle. Et la guerre en même temps se « profane » : aux Jugements de Dieu, à la che
12170 erre en même temps se « profane » : aux Jugements de Dieu, à la chevalerie sacrée, bardée de fer, ascétique et sanglante,
12171 e temps se « profane » : aux Jugements de Dieu, à la chevalerie sacrée, bardée de fer, ascétique et sanglante, succède une
12172 Jugements de Dieu, à la chevalerie sacrée, bardée de fer, ascétique et sanglante, succède une diplomatie retorse, une armé
12173 en dentelle, libertins et bien décidés à sauver «  la douceur de vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ro
12174 , libertins et bien décidés à sauver « la douceur de vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ronde multipl
12175 et bien décidés à sauver « la douceur de vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ronde multiplient les réci
12176 « la douceur de vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ;
12177 ur de vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ; la gloire
12178 de vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ; la gloire d’u
12179 iques et les romans de la Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ; la gloire d’un chevalier est faite du nom
12180 s romans de la Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ; la gloire d’un chevalier est faite du nombre de ses
12181 ronde multiplient les récits de tueries inouïes ; la gloire d’un chevalier est faite du nombre de ses adversaires pourfend
12182 iplient les récits de tueries inouïes ; la gloire d’ un chevalier est faite du nombre de ses adversaires pourfendus et déca
12183 es ; la gloire d’un chevalier est faite du nombre de ses adversaires pourfendus et décapités, et si possible tranchés en d
12184 dus et décapités, et si possible tranchés en deux de la tête aux pieds d’un formidable coup d’épée. Les exagérations sauva
12185 et décapités, et si possible tranchés en deux de la tête aux pieds d’un formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages
12186 si possible tranchés en deux de la tête aux pieds d’ un formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages de ces récits ne
12187 de la tête aux pieds d’un formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages de ces récits ne laissent pas de doute sur ce q
12188 formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages de ces récits ne laissent pas de doute sur ce qui flatte la vraie passio
12189 agérations sauvages de ces récits ne laissent pas de doute sur ce qui flatte la vraie passion de l’homme du Moyen Âge. Glo
12190 récits ne laissent pas de doute sur ce qui flatte la vraie passion de l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviii
12191 t pas de doute sur ce qui flatte la vraie passion de l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviiie siècle considé
12192 as de doute sur ce qui flatte la vraie passion de l’ homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviiie siècle considéra
12193 on de l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviiie siècle considéra comme une réussite glorieuse d’avoir pris un
12194 ie siècle considéra comme une réussite glorieuse d’ avoir pris une ville assiégée en ne faisant de part et d’autre que tro
12195 use d’avoir pris une ville assiégée en ne faisant de part et d’autre que trois morts. C’est l’art savant qui est à l’honne
12196 pris une ville assiégée en ne faisant de part et d’ autre que trois morts. C’est l’art savant qui est à l’honneur. Maurice
12197 faisant de part et d’autre que trois morts. C’est l’ art savant qui est à l’honneur. Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis p
12198 tre que trois morts. C’est l’art savant qui est à l’ honneur. Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis point pour les batailles
12199 . Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis point pour les batailles, surtout au début d’une guerre. Je suis persuadé qu’un bon
12200 e suis point pour les batailles, surtout au début d’ une guerre. Je suis persuadé qu’un bon général pourra la faire toute s
12201 guerre. Je suis persuadé qu’un bon général pourra la faire toute sa vie sans s’y voir obligé. » S’il faut cependant en ven
12202 ne bataille « rangée », un siège « en règle », et la tradition chevaleresque dans ce qu’elle a de plus élevé et de plus fo
12203 prestige. Voyez Condé empanaché caracolant parmi les troupes ennemies — en véritable héros de l’Astrée qu’il fut. Et cette
12204 t parmi les troupes ennemies — en véritable héros de l’Astrée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant la mort, à Font
12205 armi les troupes ennemies — en véritable héros de l’ Astrée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant la mort, à Fonteno
12206 trée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant la mort, à Fontenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de la guerre
12207 olitesse devant la mort, à Fontenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de la guerre et de sa passion sacrée : c’est L
12208 Fontenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de la guerre et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Rég
12209 ntenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de la guerre et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régenc
12210 s voici la totale « profanation » de la guerre et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régence qui la prop
12211 de la guerre et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à so
12212 et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à son insu, la mé
12213 de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à son insu, la métho
12214 acrée : c’est Law, le financier de la Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à son insu, la méthode des Condotti
12215 la propose, reprenant, et sans doute à son insu, la méthode des Condottieri : La victoire (lit-on dans ses Œuvres) appar
12216 s doute à son insu, la méthode des Condottieri : La victoire (lit-on dans ses Œuvres) appartient toujours à celui qui a l
12217 2 milliards pour vingt ans. Nous n’avons pas plus de cinq ans de guerre chaque vingt ans, et cette guerre en outre, nous m
12218 pour vingt ans. Nous n’avons pas plus de cinq ans de guerre chaque vingt ans, et cette guerre en outre, nous met en arrièr
12219 ous en coûte pour guerroyer cinq ans. Quel en est le résultat ? Car le succès définitif est incertain. Avec bien du bonheu
12220 guerroyer cinq ans. Quel en est le résultat ? Car le succès définitif est incertain. Avec bien du bonheur, on peut espérer
12221 incertain. Avec bien du bonheur, on peut espérer de détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fati
12222 , on peut espérer de détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la de
12223 t espérer de détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destructio
12224 r de détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’ eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction direct
12225 truire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou in
12226 0 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’
12227 par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’un soldat alle
12228 ’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’un soldat allemand nous coûte 20 0
12229 adies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’ un soldat allemand nous coûte 20 000 livres sans compter la perte sur
12230 at allemand nous coûte 20 000 livres sans compter la perte sur notre population, qui n’est réparée qu’au bout de vingt-cin
12231 cet attirail dispendieux, incommode et dangereux, d’ une armée permanente, ne vaudrait-il pas mieux en épargner les frais e
12232 permanente, ne vaudrait-il pas mieux en épargner les frais et acheter l’armée ennemie, lorsque l’occasion s’en présenterai
12233 ait-il pas mieux en épargner les frais et acheter l’ armée ennemie, lorsque l’occasion s’en présenterait. Un Anglais estima
12234 ner les frais et acheter l’armée ennemie, lorsque l’ occasion s’en présenterait. Un Anglais estimait un homme 480 livres st
12235 lais estimait un homme 480 livres sterling. C’est la plus forte évaluation, et ils ne sont pas tous aussi chers, comme on
12236 nt, on aurait un homme nouveau, au lieu que, dans le système actuel, on perd celui qu’on avait, sans profiter de celui qu’
12237 actuel, on perd celui qu’on avait, sans profiter de celui qu’on a détruit si dispendieusement. ⁂ Les Goncourt ont très b
12238 de celui qu’on a détruit si dispendieusement. ⁂ Les Goncourt ont très bien senti l’identité foncière des phénomènes de la
12239 endieusement. ⁂ Les Goncourt ont très bien senti l’ identité foncière des phénomènes de la guerre et de l’amour au xviiie
12240 rès bien senti l’identité foncière des phénomènes de la guerre et de l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décri
12241 bien senti l’identité foncière des phénomènes de la guerre et de l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décriven
12242 ’identité foncière des phénomènes de la guerre et de l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent la « tactiq
12243 entité foncière des phénomènes de la guerre et de l’ amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent la « tactique 
12244 au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent la « tactique » des roués de l’époque : « C’est dans cette guerre et ce
12245 ls termes ils décrivent la « tactique » des roués de l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que le siè
12246 termes ils décrivent la « tactique » des roués de l’ époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que le siècle
12247 de l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profond
12248 l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de l’ amour, que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profondes,
12249 C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profondes, ses ressourc
12250 mour, que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profondes, ses ressources les plus secrètes, et comme un génie d
12251 e ses qualités les plus profondes, ses ressources les plus secrètes, et comme un génie de duplicité tout inattendu du carac
12252 s ressources les plus secrètes, et comme un génie de duplicité tout inattendu du caractère français. Que de grands diploma
12253 plicité tout inattendu du caractère français. Que de grands diplomates, que de grands politiques sans nom, plus habiles qu
12254 caractère français. Que de grands diplomates, que de grands politiques sans nom, plus habiles que Dubois, plus insinuants
12255 s insinuants que Bernis, parmi cette petite bande d’ hommes qui font de la séduction de la femme le but de leurs pensées et
12256 ernis, parmi cette petite bande d’hommes qui font de la séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire
12257 is, parmi cette petite bande d’hommes qui font de la séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de
12258 te petite bande d’hommes qui font de la séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Qu
12259 petite bande d’hommes qui font de la séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que d
12260 nde d’hommes qui font de la séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que de combina
12261 ommes qui font de la séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que de combinaisons d
12262 séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que de combinaisons de romancier et de st
12263 emme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que de combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un
12264 urs pensées et la grande affaire de leur vie… Que de combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un n’attaque une fe
12265 a grande affaire de leur vie… Que de combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un n’attaque une femme sans avoir f
12266 de leur vie… Que de combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un n’attaque une femme sans avoir fait ce qu’on app
12267 r fait ce qu’on appelle un plan, sans avoir passé la nuit à se promener et à retourner la position… Et l’attaque commencée
12268 avoir passé la nuit à se promener et à retourner la position… Et l’attaque commencée, ils sont jusqu’au bout ces comédien
12269 nuit à se promener et à retourner la position… Et l’ attaque commencée, ils sont jusqu’au bout ces comédiens étonnants, par
12270 oit feint ou dissimulé… « N’omettre rien », c’est le précepte de l’un d’eux.177 » Devise de général, que les Soubise, par
12271 dissimulé… « N’omettre rien », c’est le précepte de l’un d’eux.177 » Devise de général, que les Soubise, par malheur, n’o
12272 lé… « N’omettre rien », c’est le précepte de l’un d’ eux.177 » Devise de général, que les Soubise, par malheur, n’oubliaien
12273 n », c’est le précepte de l’un d’eux.177 » Devise de général, que les Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur le
12274 écepte de l’un d’eux.177 » Devise de général, que les Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur le champ de bataille
12275 Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur le champ de bataille. 8.La guerre révolutionnaire Entre Rousseau e
12276 8.La guerre révolutionnaire Entre Rousseau et le romantisme allemand, c’est-à-dire entre le premier réveil du mythe et
12277 il du mythe et son épanouissement orageux, il y a la Révolution française et les campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le r
12278 sement orageux, il y a la Révolution française et les campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la p
12279 , il y a la Révolution française et les campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la passion catast
12280 çaise et les campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la passion catastrophique. Du point de vue p
12281 mpagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la passion catastrophique. Du point de vue proprement milit
12282 Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la passion catastrophique. Du point de vue proprement militaire, qu’a
12283 naparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la passion catastrophique. Du point de vue proprement militaire, qu’appo
12284 u point de vue proprement militaire, qu’apportait la Révolution ? « Un déchaînement de passion inconnu avant elle », répon
12285 e, qu’apportait la Révolution ? « Un déchaînement de passion inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie de l’ancienne éc
12286 ent de passion inconnu avant elle », répond Foch. L’ hérésie de l’ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « fai
12287 sion inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie de l’ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de la g
12288 n inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie de l’ ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de la guer
12289 érésie de l’ancienne école, précise-t-il, c’était d’ avoir voulu « faire de la guerre une science exacte, méconnaissant sa
12290 cole, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de la guerre une science exacte, méconnaissant sa nature même de drame e
12291 e, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de la guerre une science exacte, méconnaissant sa nature même de drame effr
12292 une science exacte, méconnaissant sa nature même de drame effrayant et passionné (Jomini) ». On sait par ailleurs quelle
12293 (Jomini) ». On sait par ailleurs quelle explosion de sentimentalisme précéda et accompagna la Révolution, phénomène beauco
12294 xplosion de sentimentalisme précéda et accompagna la Révolution, phénomène beaucoup plus passionnel que politique, au sens
12295 sens strict du terme178. Longtemps contenue dans les formes classiques de la guerre, la violence, après le meurtre du Roi
12296 78. Longtemps contenue dans les formes classiques de la guerre, la violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et ri
12297 Longtemps contenue dans les formes classiques de la guerre, la violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et ritue
12298 contenue dans les formes classiques de la guerre, la violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans le
12299 ormes classiques de la guerre, la violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans les sociétés primitiv
12300 e meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans les sociétés primitives — redevient quelque chose d’horrifiant et d’attir
12301 les sociétés primitives — redevient quelque chose d’ horrifiant et d’attirant tout à la fois. C’est le culte et le mystère
12302 mitives — redevient quelque chose d’horrifiant et d’ attirant tout à la fois. C’est le culte et le mystère sanglant autour
12303 d’horrifiant et d’attirant tout à la fois. C’est le culte et le mystère sanglant autour duquel se crée une communauté nou
12304 t et d’attirant tout à la fois. C’est le culte et le mystère sanglant autour duquel se crée une communauté nouvelle : la N
12305 t autour duquel se crée une communauté nouvelle : la Nation. Or la Nation, c’est la transposition de la passion sur le pl
12306 se crée une communauté nouvelle : la Nation. Or la Nation, c’est la transposition de la passion sur le plan collectif. À
12307 unauté nouvelle : la Nation. Or la Nation, c’est la transposition de la passion sur le plan collectif. À vrai dire, il es
12308 la Nation. Or la Nation, c’est la transposition de la passion sur le plan collectif. À vrai dire, il est plus facile de
12309 Nation. Or la Nation, c’est la transposition de la passion sur le plan collectif. À vrai dire, il est plus facile de le
12310 e plan collectif. À vrai dire, il est plus facile de le sentir que de l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-o
12311 lan collectif. À vrai dire, il est plus facile de le sentir que de l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on,
12312 À vrai dire, il est plus facile de le sentir que de l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on, suppose deux ê
12313 vrai dire, il est plus facile de le sentir que de l’ expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on, suppose deux être
12314 Toute passion, dira-t-on, suppose deux êtres, et l’ on ne voit pas à qui s’adresse la passion assumée par la Nation… Nous
12315 e deux êtres, et l’on ne voit pas à qui s’adresse la passion assumée par la Nation… Nous savons toutefois que la passion d
12316 e voit pas à qui s’adresse la passion assumée par la Nation… Nous savons toutefois que la passion d’amour, par exemple, es
12317 assumée par la Nation… Nous savons toutefois que la passion d’amour, par exemple, est en son fond un narcissisme, autoexa
12318 r la Nation… Nous savons toutefois que la passion d’ amour, par exemple, est en son fond un narcissisme, autoexaltation de
12319 e, est en son fond un narcissisme, autoexaltation de l’amant, bien plus que relation avec l’aimée. Ce que désire Tristan,
12320 est en son fond un narcissisme, autoexaltation de l’ amant, bien plus que relation avec l’aimée. Ce que désire Tristan, c’e
12321 xaltation de l’amant, bien plus que relation avec l’ aimée. Ce que désire Tristan, c’est la brûlure d’amour plus que la pos
12322 lation avec l’aimée. Ce que désire Tristan, c’est la brûlure d’amour plus que la possession d’Iseut. Car la brûlure intens
12323 l’aimée. Ce que désire Tristan, c’est la brûlure d’ amour plus que la possession d’Iseut. Car la brûlure intense et dévora
12324 désire Tristan, c’est la brûlure d’amour plus que la possession d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de la passion
12325 , c’est la brûlure d’amour plus que la possession d’ Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise,
12326 ûlure d’amour plus que la possession d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise, et comme Wagn
12327 sion d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « M
12328 n d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « Mon
12329 Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « Mon regard ravi
12330 orante de la passion le divinise, et comme Wagner l’ a vu, l’égale au monde. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Mo
12331 e la passion le divinise, et comme Wagner l’a vu, l’ égale au monde. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi le mon
12332 . « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi le monde »… La passion veut que le moi devienne plus grand que tout, aus
12333 rd ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi le monde »… La passion veut que le moi devienne plus grand que tout, aussi seul et p
12334 eul je suis — Moi le monde »… La passion veut que le moi devienne plus grand que tout, aussi seul et puissant que Dieu. El
12335 aussi seul et puissant que Dieu. Elle veut (sans le savoir) qu’au-delà de cette gloire, sa mort soit véritablement la fin
12336 t que Dieu. Elle veut (sans le savoir) qu’au-delà de cette gloire, sa mort soit véritablement la fin de tout. L’ardeur nat
12337 -delà de cette gloire, sa mort soit véritablement la fin de tout. L’ardeur nationaliste, elle aussi, est une autœxaltation
12338 e cette gloire, sa mort soit véritablement la fin de tout. L’ardeur nationaliste, elle aussi, est une autœxaltation, un am
12339 loire, sa mort soit véritablement la fin de tout. L’ ardeur nationaliste, elle aussi, est une autœxaltation, un amour narci
12340 rarement comme un amour : presque toujours, c’est la haine qui apparaît en premier lieu, et qu’on proclame. Mais cette hai
12341 premier lieu, et qu’on proclame. Mais cette haine de l’autre, n’est-elle pas toujours présente dans les transports de l’am
12342 de l’autre, n’est-elle pas toujours présente dans les transports de l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’acc
12343 st-elle pas toujours présente dans les transports de l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’accent. Ensuite,
12344 elle pas toujours présente dans les transports de l’ amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’accent. Ensuite, que
12345 l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’ accent. Ensuite, que veut la passion nationale ? L’exaltation de la fo
12346 onc qu’un déplacement d’accent. Ensuite, que veut la passion nationale ? L’exaltation de la force collective ne peut mener
12347 ’accent. Ensuite, que veut la passion nationale ? L’ exaltation de la force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l
12348 ite, que veut la passion nationale ? L’exaltation de la force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l’impérialisme
12349 , que veut la passion nationale ? L’exaltation de la force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l’impérialisme tr
12350 rce collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l’ impérialisme triomphe — c’est l’ambition de s’égaler au monde — ou le
12351 à ce dilemme : ou l’impérialisme triomphe — c’est l’ ambition de s’égaler au monde — ou le voisin s’y oppose énergiquement,
12352 e : ou l’impérialisme triomphe — c’est l’ambition de s’égaler au monde — ou le voisin s’y oppose énergiquement, et c’est l
12353 mphe — c’est l’ambition de s’égaler au monde — ou le voisin s’y oppose énergiquement, et c’est la guerre. Or on observe qu
12354 — ou le voisin s’y oppose énergiquement, et c’est la guerre. Or on observe qu’une nation dans son premier essor passionnel
12355 re même sans espoir. Elle manifeste ainsi sans se l’ avouer qu’elle préfère le risque de mort, et la mort même, à l’abandon
12356 manifeste ainsi sans se l’avouer qu’elle préfère le risque de mort, et la mort même, à l’abandon de sa passion. « La libe
12357 ainsi sans se l’avouer qu’elle préfère le risque de mort, et la mort même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la
12358 se l’avouer qu’elle préfère le risque de mort, et la mort même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la mort », hurl
12359 lle préfère le risque de mort, et la mort même, à l’ abandon de sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient les jacobi
12360 e le risque de mort, et la mort même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heu
12361 rt, et la mort même, à l’abandon de sa passion. «  La liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heure où les forces
12362 même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heure où les forces ennemies parai
12363 sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heure où les forces ennemies paraissaient vingt fois sup
12364 La liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à l’ heure où les forces ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à l’
12365 ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heure où les forces ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à l’heure où lib
12366 s ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à l’ heure où liberté et mort étaient bien près d’avoir le même sens… Ainsi
12367 s, à l’heure où liberté et mort étaient bien près d’ avoir le même sens… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Am
12368 eure où liberté et mort étaient bien près d’avoir le même sens… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et l
12369 ort étaient bien près d’avoir le même sens… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais le
12370 ien près d’avoir le même sens… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais le fait nationa
12371 ns… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’ Amour et la Mort. Désormais le fait national sera le facteur dominant
12372 a nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais le fait national sera le facteur dominant de la guerr
12373 re sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais le fait national sera le facteur dominant de la guerre. « Celui qui écri
12374 Amour et la Mort. Désormais le fait national sera le facteur dominant de la guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et
12375 sormais le fait national sera le facteur dominant de la guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devr
12376 mais le fait national sera le facteur dominant de la guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devrait
12377 teur dominant de la guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devrait s’astreindre à n’enseigner qu’un
12378 guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devrait s’astreindre à n’enseigner qu’une stratégie et une t
12379 e et une tactique nationales, seules susceptibles d’ être profitables à la nation pour laquelle il écrit. » Ainsi s’exprime
12380 ionales, seules susceptibles d’être profitables à la nation pour laquelle il écrit. » Ainsi s’exprime le général von der G
12381 nation pour laquelle il écrit. » Ainsi s’exprime le général von der Goltz, disciple de Clausewitz, lequel n’a cessé d’aff
12382 insi s’exprime le général von der Goltz, disciple de Clausewitz, lequel n’a cessé d’affirmer que toute la théorie prussien
12383 r Goltz, disciple de Clausewitz, lequel n’a cessé d’ affirmer que toute la théorie prussienne de la guerre devait se fonder
12384 Clausewitz, lequel n’a cessé d’affirmer que toute la théorie prussienne de la guerre devait se fonder sur l’expérience des
12385 cessé d’affirmer que toute la théorie prussienne de la guerre devait se fonder sur l’expérience des campagnes de la Révol
12386 ssé d’affirmer que toute la théorie prussienne de la guerre devait se fonder sur l’expérience des campagnes de la Révoluti
12387 orie prussienne de la guerre devait se fonder sur l’ expérience des campagnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille
12388 e devait se fonder sur l’expérience des campagnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la
12389 evait se fonder sur l’expérience des campagnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la pas
12390 ur l’expérience des campagnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « 
12391 l’expérience des campagnes de la Révolution et de l’ Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « sci
12392 ce des campagnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « science exact
12393 gnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « science exacte ». C’est a
12394 de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « science exacte ». C’est au cri de Vive la Nation 
12395 ataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « science exacte ». C’est au cri de Vive la Nation ! que les sans-cul
12396 assion contre la « science exacte ». C’est au cri de Vive la Nation ! que les sans-culottes repoussèrent l’armée « classiq
12397 ontre la « science exacte ». C’est au cri de Vive la Nation ! que les sans-culottes repoussèrent l’armée « classique » des
12398 ce exacte ». C’est au cri de Vive la Nation ! que les sans-culottes repoussèrent l’armée « classique » des alliés. On conna
12399 ve la Nation ! que les sans-culottes repoussèrent l’ armée « classique » des alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir d
12400 rent l’armée « classique » des alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu, de ce jour, dat
12401 armée « classique » des alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une è
12402 des alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’
12403 s alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’his
12404 naît le mot de Goethe, au soir de la bataille : «  De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’histoire du monde »
12405 de Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’histoire du monde ». Et Foch co
12406 e ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’ histoire du monde ». Et Foch commente ainsi cette phrase fameuse : « U
12407 es déchaînées parce qu’elles allaient consacrer à la lutte toutes les ressources de la nation ; parce qu’elles allaient se
12408 rce qu’elles allaient consacrer à la lutte toutes les ressources de la nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but
12409 laient consacrer à la lutte toutes les ressources de la nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but non un intérê
12410 ent consacrer à la lutte toutes les ressources de la nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but non un intérêt d
12411 donner comme but non un intérêt dynastique, mais la conquête ou la propagation d’idées philosophiques… d’avantages immaté
12412 ut non un intérêt dynastique, mais la conquête ou la propagation d’idées philosophiques… d’avantages immatériels… parce qu
12413 êt dynastique, mais la conquête ou la propagation d’ idées philosophiques… d’avantages immatériels… parce qu’elles allaient
12414 onquête ou la propagation d’idées philosophiques… d’ avantages immatériels… parce qu’elles allaient mettre en jeu des senti
12415 ntiments, des passions, c’est-à-dire des éléments de force jusqu’alors inexploités ». ⁂ Il serait assez curieux de précise
12416 qu’alors inexploités ». ⁂ Il serait assez curieux de préciser le parallèle entre les amours de Bonaparte puis de Napoléon
12417 xploités ». ⁂ Il serait assez curieux de préciser le parallèle entre les amours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part,
12418 rait assez curieux de préciser le parallèle entre les amours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes d’I
12419 curieux de préciser le parallèle entre les amours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis
12420 r le parallèle entre les amours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis d’Autriche, d’aut
12421 ours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type de
12422 rte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes d’ Italie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type de bataille corr
12423 poléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis d’ Autriche, d’autre part. Un certain type de bataille correspond à la sé
12424 ie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type de bataille correspond à la séduction de Joséphine — c’est le coup d’aud
12425 re part. Un certain type de bataille correspond à la séduction de Joséphine — c’est le coup d’audace de l’inférieur qui je
12426 ertain type de bataille correspond à la séduction de Joséphine — c’est le coup d’audace de l’inférieur qui jette toutes se
12427 le correspond à la séduction de Joséphine — c’est le coup d’audace de l’inférieur qui jette toutes ses forces au point déc
12428 spond à la séduction de Joséphine — c’est le coup d’ audace de l’inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et
12429 a séduction de Joséphine — c’est le coup d’audace de l’inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et bluffe ;
12430 éduction de Joséphine — c’est le coup d’audace de l’ inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et bluffe ; un
12431 orces au point décisif, et bluffe ; un autre type de bataille correspond au mariage dynastique avec l’archiduchesse Marie-
12432 de bataille correspond au mariage dynastique avec l’ archiduchesse Marie-Louise — et c’est la grande partie classique, Wagr
12433 ique avec l’archiduchesse Marie-Louise — et c’est la grande partie classique, Wagram par exemple, combinant une science de
12434 mple, combinant une science devenue rhétorique et la surprise massive, brutale… Et il n’est pas sans intérêt non plus de n
12435 e, brutale… Et il n’est pas sans intérêt non plus de noter que Waterloo fut une bataille perdue par excès de science, peut
12436 er que Waterloo fut une bataille perdue par excès de science, peut-être, ou par défaut d’élan national-révolutionnaire… Ce
12437 ue par excès de science, peut-être, ou par défaut d’ élan national-révolutionnaire… Ce qui est certain, c’est que Napoléon
12438 premier à tenir compte du facteur passionnel dans la conduite des batailles. D’où ce cri d’un des généraux qu’il venait de
12439 acteur passionnel dans la conduite des batailles. D’ où ce cri d’un des généraux qu’il venait de battre en Italie : « Il n’
12440 onnel dans la conduite des batailles. D’où ce cri d’ un des généraux qu’il venait de battre en Italie : « Il n’est pas poss
12441 ait de battre en Italie : « Il n’est pas possible de méconnaître, comme ce Bonaparte, les principes les plus élémentaires
12442 pas possible de méconnaître, comme ce Bonaparte, les principes les plus élémentaires de l’art de guerre. » 9.La guerre
12443 de méconnaître, comme ce Bonaparte, les principes les plus élémentaires de l’art de guerre. » 9.La guerre nationale À
12444 ce Bonaparte, les principes les plus élémentaires de l’art de guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolut
12445 Bonaparte, les principes les plus élémentaires de l’ art de guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolution
12446 rte, les principes les plus élémentaires de l’art de guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolution, l’on
12447 guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolution, l’on va se battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-di
12448 La guerre nationale À partir de la Révolution, l’ on va se battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-dire d’une façon
12449 partir de la Révolution, l’on va se battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-dire d’une façon « farouche et tragique »
12450 battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-dire d’ une façon « farouche et tragique » (Foch). Il faudrait préciser : ce n
12451 que » (Foch). Il faudrait préciser : ce n’est pas le cœur de chaque soldat considéré comme un héros qui décidera du sort d
12452 och). Il faudrait préciser : ce n’est pas le cœur de chaque soldat considéré comme un héros qui décidera du sort d’une gue
12453 dat considéré comme un héros qui décidera du sort d’ une guerre, mais bien le cœur collectif, si l’on ose dire, la puissanc
12454 éros qui décidera du sort d’une guerre, mais bien le cœur collectif, si l’on ose dire, la puissance passionnelle de la Nat
12455 ort d’une guerre, mais bien le cœur collectif, si l’ on ose dire, la puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romant
12456 e, mais bien le cœur collectif, si l’on ose dire, la puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romantiques jouèrent
12457 ctif, si l’on ose dire, la puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les g
12458 f, si l’on ose dire, la puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guer
12459 ose dire, la puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guerres de libér
12460 poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guerres de libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et les phil
12461 ntiques jouèrent un rôle notable dans les guerres de libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et les philosophies d’
12462 e notable dans les guerres de libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et les philosophies d’essence passionnelle d’
12463 libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et les philosophies d’essence passionnelle d’un Fichte et d’un Hegel, par ex
12464 na la Prusse contre Napoléon. Et les philosophies d’ essence passionnelle d’un Fichte et d’un Hegel, par exemple, furent le
12465 oléon. Et les philosophies d’essence passionnelle d’ un Fichte et d’un Hegel, par exemple, furent les premiers appuis du na
12466 hilosophies d’essence passionnelle d’un Fichte et d’ un Hegel, par exemple, furent les premiers appuis du nationalisme alle
12467 ent les premiers appuis du nationalisme allemand. D’ où le caractère de plus en plus sanglant des guerres du xixe siècle.
12468 es premiers appuis du nationalisme allemand. D’où le caractère de plus en plus sanglant des guerres du xixe siècle. Il ne
12469 nt des guerres du xixe siècle. Il ne s’agit plus d’ intérêts, mais de « religions » antagonistes. Or les religions ne tran
12470 xixe siècle. Il ne s’agit plus d’intérêts, mais de « religions » antagonistes. Or les religions ne transigent point, à l
12471 ’intérêts, mais de « religions » antagonistes. Or les religions ne transigent point, à l’inverse des intérêts : elles préfè
12472 gonistes. Or les religions ne transigent point, à l’ inverse des intérêts : elles préfèrent la mort héroïque. (De tous temp
12473 point, à l’inverse des intérêts : elles préfèrent la mort héroïque. (De tous temps les guerres de religion ont été de beau
12474 des intérêts : elles préfèrent la mort héroïque. ( De tous temps les guerres de religion ont été de beaucoup les plus viole
12475 elles préfèrent la mort héroïque. (De tous temps les guerres de religion ont été de beaucoup les plus violentes.) Ceci vau
12476 rent la mort héroïque. (De tous temps les guerres de religion ont été de beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour les
12477 e. (De tous temps les guerres de religion ont été de beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour les trois premiers quart
12478 temps les guerres de religion ont été de beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour les trois premiers quarts du siècle e
12479 é de beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour les trois premiers quarts du siècle et particulièrement pour la période q
12480 remiers quarts du siècle et particulièrement pour la période qui va de 1848 à 1870. Après quoi, les passions nationales, p
12481 siècle et particulièrement pour la période qui va de 1848 à 1870. Après quoi, les passions nationales, provisoirement apai
12482 our la période qui va de 1848 à 1870. Après quoi, les passions nationales, provisoirement apaisées, le céderont pendant qua
12483 les passions nationales, provisoirement apaisées, le céderont pendant quarante ans aux entreprises du capitalisme et du co
12484 ns aux entreprises du capitalisme et du commerce. La violence ne cesse pas de s’exercer au nom de la Nation, mais ce sont
12485 italisme et du commerce. La violence ne cesse pas de s’exercer au nom de la Nation, mais ce sont bel et bien des intérêts
12486 . La violence ne cesse pas de s’exercer au nom de la Nation, mais ce sont bel et bien des intérêts qui mènent le jeu, ains
12487 mais ce sont bel et bien des intérêts qui mènent le jeu, ainsi que l’a fort bien marqué le maréchal Foch, dans ses Princi
12488 et bien des intérêts qui mènent le jeu, ainsi que l’ a fort bien marqué le maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre :
12489 qui mènent le jeu, ainsi que l’a fort bien marqué le maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre : La guerre fut natio
12490 bien marqué le maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre : La guerre fut nationale au début pour conquérir et garan
12491 en marqué le maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre : La guerre fut nationale au début pour conquérir et garantir
12492 maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre : La guerre fut nationale au début pour conquérir et garantir l’indépendan
12493 fut nationale au début pour conquérir et garantir l’ indépendance des peuples : Français de 1792-93, Espagnols de 1804-1814
12494 et garantir l’indépendance des peuples : Français de 1792-93, Espagnols de 1804-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, E
12495 ance des peuples : Français de 1792-93, Espagnols de 1804-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, Europe de 1814, et comp
12496 ançais de 1792-93, Espagnols de 1804-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, Europe de 1814, et comporta alors ces manife
12497 Espagnols de 1804-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, Europe de 1814, et comporta alors ces manifestations glorieuses
12498 4-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, Europe de 1814, et comporta alors ces manifestations glorieuses et puissantes d
12499 alors ces manifestations glorieuses et puissantes de la passion des peuples qui s’appellent : Valmy, Saragosse, Tarancon,
12500 rs ces manifestations glorieuses et puissantes de la passion des peuples qui s’appellent : Valmy, Saragosse, Tarancon, Mos
12501 con, Moscou, Leipzig, etc. Elle fut nationale par la suite pour conquérir l’unité des races, la nationalité. C’est la thès
12502 c. Elle fut nationale par la suite pour conquérir l’ unité des races, la nationalité. C’est la thèse des Italiens et des Pr
12503 le par la suite pour conquérir l’unité des races, la nationalité. C’est la thèse des Italiens et des Prussiens de 1866, 18
12504 onquérir l’unité des races, la nationalité. C’est la thèse des Italiens et des Prussiens de 1866, 1870. Ce sera la thèse a
12505 ité. C’est la thèse des Italiens et des Prussiens de 1866, 1870. Ce sera la thèse au nom de laquelle le roi de Prusse deve
12506 Italiens et des Prussiens de 1866, 1870. Ce sera la thèse au nom de laquelle le roi de Prusse devenu empereur d’Allemagne
12507 e 1866, 1870. Ce sera la thèse au nom de laquelle le roi de Prusse devenu empereur d’Allemagne revendiquera les provinces
12508 nom de laquelle le roi de Prusse devenu empereur d’ Allemagne revendiquera les provinces allemandes de l’Autriche. Mais no
12509 e Prusse devenu empereur d’Allemagne revendiquera les provinces allemandes de l’Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1
12510 d’Allemagne revendiquera les provinces allemandes de l’Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1903) encore nationale, e
12511 llemagne revendiquera les provinces allemandes de l’ Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1903) encore nationale, et c
12512 les provinces allemandes de l’Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1903) encore nationale, et cela pour conquérir des
12513 r conquérir des avantages commerciaux des traités de commerce avantageux. Après avoir été le moyen violent que les peuples
12514 s traités de commerce avantageux. Après avoir été le moyen violent que les peuples employaient pour se faire une place dan
12515 avantageux. Après avoir été le moyen violent que les peuples employaient pour se faire une place dans le monde en tant que
12516 peuples employaient pour se faire une place dans le monde en tant que nations, elle devient le moyen qu’ils pratiquent en
12517 e dans le monde en tant que nations, elle devient le moyen qu’ils pratiquent encore pour s’enrichir. Trades follows the
12518 ncore pour s’enrichir. Trades follows the flag, le commerce suit le drapeau, disent les Anglais. Ce fut la période colon
12519 chir. Trades follows the flag, le commerce suit le drapeau, disent les Anglais. Ce fut la période coloniale, la dernière
12520 ows the flag, le commerce suit le drapeau, disent les Anglais. Ce fut la période coloniale, la dernière « paix » méritée pa
12521 merce suit le drapeau, disent les Anglais. Ce fut la période coloniale, la dernière « paix » méritée par l’Europe. On a ma
12522 riode coloniale, la dernière « paix » méritée par l’ Europe. On a marqué plus haut (Livre IV, chap. 19) que cette période,
12523 ) que cette période, du point de vue des mœurs et de leur littérature, se définit par une dernière tentative de mythificat
12524 ittérature, se définit par une dernière tentative de mythification de la passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer
12525 finit par une dernière tentative de mythification de la passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à la chevalerie,
12526 it par une dernière tentative de mythification de la passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à la chevalerie, bi
12527 tive de mythification de la passion. Réaction que l’ on n’oserait pas comparer à la chevalerie, bien qu’elle remplît la mêm
12528 ssion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à la chevalerie, bien qu’elle remplît la même fonction sociale (mais à la
12529 as comparer à la chevalerie, bien qu’elle remplît la même fonction sociale (mais à la mesure de notre société). Ce n’était
12530 qu’elle remplît la même fonction sociale (mais à la mesure de notre société). Ce n’était plus, en effet, un principe spir
12531 emplît la même fonction sociale (mais à la mesure de notre société). Ce n’était plus, en effet, un principe spirituel qui
12532 us, en effet, un principe spirituel qui inspirait les « formes » et les conventions, mais des calculs d’intérêts privés, in
12533 rincipe spirituel qui inspirait les « formes » et les conventions, mais des calculs d’intérêts privés, incapables de fourni
12534 s « formes » et les conventions, mais des calculs d’ intérêts privés, incapables de fournir les bases d’une communauté soli
12535 s, mais des calculs d’intérêts privés, incapables de fournir les bases d’une communauté solide. La nation même que l’on in
12536 calculs d’intérêts privés, incapables de fournir les bases d’une communauté solide. La nation même que l’on invoquait avai
12537 ’intérêts privés, incapables de fournir les bases d’ une communauté solide. La nation même que l’on invoquait avait perdu d
12538 les de fournir les bases d’une communauté solide. La nation même que l’on invoquait avait perdu de son prestige romantique
12539 bases d’une communauté solide. La nation même que l’ on invoquait avait perdu de son prestige romantique : le pavillon couv
12540 de. La nation même que l’on invoquait avait perdu de son prestige romantique : le pavillon couvrait les intérêts de l’État
12541 nvoquait avait perdu de son prestige romantique : le pavillon couvrait les intérêts de l’État, — non les passions ou l’hon
12542 de son prestige romantique : le pavillon couvrait les intérêts de l’État, — non les passions ou l’honneur des élites. Et l’
12543 ge romantique : le pavillon couvrait les intérêts de l’État, — non les passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne joua
12544 romantique : le pavillon couvrait les intérêts de l’ État, — non les passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne jouait
12545 e pavillon couvrait les intérêts de l’État, — non les passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que
12546 ait les intérêts de l’État, — non les passions ou l’ honneur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que le rôle honorif
12547 t, — non les passions ou l’honneur des élites. Et l’ État ne jouait plus guère que le rôle honorifique d’un conseil d’admin
12548 ur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que le rôle honorifique d’un conseil d’administration, faisant la guerre pou
12549 État ne jouait plus guère que le rôle honorifique d’ un conseil d’administration, faisant la guerre pour des motifs bancair
12550 onorifique d’un conseil d’administration, faisant la guerre pour des motifs bancaires (conquête de Madagascar). La guerre
12551 ant la guerre pour des motifs bancaires (conquête de Madagascar). La guerre coloniale n’est en somme que la continuation d
12552 ur des motifs bancaires (conquête de Madagascar). La guerre coloniale n’est en somme que la continuation de la concurrence
12553 dagascar). La guerre coloniale n’est en somme que la continuation de la concurrence capitaliste par des moyens plus onéreu
12554 erre coloniale n’est en somme que la continuation de la concurrence capitaliste par des moyens plus onéreux pour le pays,
12555 e coloniale n’est en somme que la continuation de la concurrence capitaliste par des moyens plus onéreux pour le pays, sin
12556 ence capitaliste par des moyens plus onéreux pour le pays, sinon pour les grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle,
12557 des moyens plus onéreux pour le pays, sinon pour les grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle, l’amour179 était dev
12558 le pays, sinon pour les grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle, l’amour179 était devenu, dans les classes bourge
12559 grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle, l’ amour179 était devenu, dans les classes bourgeoises, un bien bizarre m
12560 in du xixe siècle, l’amour179 était devenu, dans les classes bourgeoises, un bien bizarre mélange de sentimentalisme à fle
12561 les classes bourgeoises, un bien bizarre mélange de sentimentalisme à fleur de nerfs et d’histoires de rentes et de dots 
12562 n bien bizarre mélange de sentimentalisme à fleur de nerfs et d’histoires de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’
12563 re mélange de sentimentalisme à fleur de nerfs et d’ histoires de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd
12564 e sentimentalisme à fleur de nerfs et d’histoires de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans le
12565 isme à fleur de nerfs et d’histoires de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans les annonces ma
12566 res de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’ être aujourd’hui dans les annonces matrimoniales. La sexualité pure n’
12567  : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans les annonces matrimoniales. La sexualité pure n’intervenait que pour « tr
12568 être aujourd’hui dans les annonces matrimoniales. La sexualité pure n’intervenait que pour « troubler » ces petits calculs
12569  » ces petits calculs et ces « beaux sentiments » de série. (Comme une goutte d’eau « trouble » l’absinthe, et c’est pourq
12570 « beaux sentiments » de série. (Comme une goutte d’ eau « trouble » l’absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que l’eau est
12571 s » de série. (Comme une goutte d’eau « trouble » l’ absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que l’eau est impure). De même l
12572 ble » l’absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que l’ eau est impure). De même la guerre était un composé d’excitations de l
12573 pourquoi Jarry dit que l’eau est impure). De même la guerre était un composé d’excitations de l’opinion publique — qu’est-
12574 u est impure). De même la guerre était un composé d’ excitations de l’opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sin
12575 De même la guerre était un composé d’excitations de l’opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sinon un sentimen
12576 même la guerre était un composé d’excitations de l’ opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sinon un sentimental
12577 excitations de l’opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sinon un sentimentalisme national ? — et de plans comme
12578 anche », sinon un sentimentalisme national ? — et de plans commerciaux ou financiers. L’élément proprement guerrier n’y tr
12579 tional ? — et de plans commerciaux ou financiers. L’ élément proprement guerrier n’y trouvait plus son compte qu’en contreb
12580 r n’y trouvait plus son compte qu’en contrebande. La guerre s’embourgeoisait. Le sang se commercialisait. Le type du milit
12581 te qu’en contrebande. La guerre s’embourgeoisait. Le sang se commercialisait. Le type du militaire apparaissait déjà comme
12582 rre s’embourgeoisait. Le sang se commercialisait. Le type du militaire apparaissait déjà comme une anomalie, aux yeux des
12583 s femmes et des badauds curieux. (C’est ainsi que les démocraties s’excitent sur les mariages princiers.) Et l’on croyait p
12584 . (C’est ainsi que les démocraties s’excitent sur les mariages princiers.) Et l’on croyait pouvoir liquider sans dommages l
12585 raties s’excitent sur les mariages princiers.) Et l’ on croyait pouvoir liquider sans dommages le formidable potentiel de f
12586 .) Et l’on croyait pouvoir liquider sans dommages le formidable potentiel de frénésie et de grandeurs sanglantes qu’avaien
12587 ir liquider sans dommages le formidable potentiel de frénésie et de grandeurs sanglantes qu’avaient accumulé en Occident d
12588 s dommages le formidable potentiel de frénésie et de grandeurs sanglantes qu’avaient accumulé en Occident des siècles de c
12589 antes qu’avaient accumulé en Occident des siècles de culture de la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les p
12590 aient accumulé en Occident des siècles de culture de la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notable
12591 nt accumulé en Occident des siècles de culture de la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notables d
12592 en Occident des siècles de culture de la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notables de cette méco
12593 t des siècles de culture de la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notables de cette méconnaissance
12594 passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notables de cette méconnaissance du mythe. 10.La guerre total
12595 de 1914 fut l’un des résultats les plus notables de cette méconnaissance du mythe. 10.La guerre totale À partir de
12596 10.La guerre totale À partir de Verdun, que les Allemands baptisent la Bataille du matériel (Materialschlacht), il se
12597 À partir de Verdun, que les Allemands baptisent la Bataille du matériel (Materialschlacht), il semble que le parallélism
12598 lle du matériel (Materialschlacht), il semble que le parallélisme institué par la chevalerie entre les formes de l’amour e
12599 acht), il semble que le parallélisme institué par la chevalerie entre les formes de l’amour et de la guerre, soit rompu. C
12600 le parallélisme institué par la chevalerie entre les formes de l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret
12601 lisme institué par la chevalerie entre les formes de l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la gue
12602 me institué par la chevalerie entre les formes de l’ amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre
12603 par la chevalerie entre les formes de l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujou
12604 r la chevalerie entre les formes de l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujours
12605 s de l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie
12606 de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie, en détruisant
12607 la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie, en détruisant sa
12608 Certes, le but concret de la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer l
12609 e but concret de la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer la résistan
12610 ce ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer la résistance de la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol,
12611 détruisant sa force armée. (Forcer la résistance de la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guer
12612 truisant sa force armée. (Forcer la résistance de la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre)
12613 orce armée. (Forcer la résistance de la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre). Mais pour a
12614 la résistance de la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre). Mais pour autant, l’on ne détru
12615 de la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre). Mais pour autant, l’on ne détruisait pas la n
12616 la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre). Mais pour autant, l’on ne détruisait pas la nation même dont
12617 par le viol, c’est la guerre). Mais pour autant, l’ on ne détruisait pas la nation même dont on voulait se rendre maître :
12618 guerre). Mais pour autant, l’on ne détruisait pas la nation même dont on voulait se rendre maître : on se bornait à réduir
12619 re ses défenses. Bataille rangée contre une armée de métier, siège des ouvrages fortifiés, capture du chef : un système de
12620 ouvrages fortifiés, capture du chef : un système de règles précises, donc un art, désignait le vainqueur. Et ce vainqueur
12621 ystème de règles précises, donc un art, désignait le vainqueur. Et ce vainqueur triomphait d’un vivant, d’un pays ou d’un
12622 ésignait le vainqueur. Et ce vainqueur triomphait d’ un vivant, d’un pays ou d’un peuple encore désirables. L’intervention
12623 ainqueur. Et ce vainqueur triomphait d’un vivant, d’ un pays ou d’un peuple encore désirables. L’intervention d’une techniq
12624 ce vainqueur triomphait d’un vivant, d’un pays ou d’ un peuple encore désirables. L’intervention d’une technique inhumaine,
12625 vant, d’un pays ou d’un peuple encore désirables. L’ intervention d’une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes les fo
12626 ou d’un peuple encore désirables. L’intervention d’ une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes les forces d’un État,
12627 ’une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes les forces d’un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que
12628 que inhumaine, qui met en œuvre toutes les forces d’ un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre
12629 met en œuvre toutes les forces d’un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale »
12630 uvre toutes les forces d’un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale » — et non
12631 e toutes les forces d’un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale » — et non pl
12632 hangea la face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale » — et non plus seulement militaire — la dest
12633 nt « totale » — et non plus seulement militaire — la destruction des résistances armées signifie l’anéantissement des forc
12634  — la destruction des résistances armées signifie l’ anéantissement des forces vives de l’ennemi : des ouvriers embrigadés
12635 armées signifie l’anéantissement des forces vives de l’ennemi : des ouvriers embrigadés dans les usines, des mères qui pro
12636 ées signifie l’anéantissement des forces vives de l’ ennemi : des ouvriers embrigadés dans les usines, des mères qui procré
12637 vives de l’ennemi : des ouvriers embrigadés dans les usines, des mères qui procréent des soldats, bref de tous les « moyen
12638 usines, des mères qui procréent des soldats, bref de tous les « moyens de production », choses et personnes assimilées. La
12639 des mères qui procréent des soldats, bref de tous les « moyens de production », choses et personnes assimilées. La guerre n
12640 procréent des soldats, bref de tous les « moyens de production », choses et personnes assimilées. La guerre n’est plus un
12641 de production », choses et personnes assimilées. La guerre n’est plus un viol mais un assassinat de l’objet convoité et h
12642 . La guerre n’est plus un viol mais un assassinat de l’objet convoité et hostile, — c’est-à-dire un acte « total », détrui
12643 a guerre n’est plus un viol mais un assassinat de l’ objet convoité et hostile, — c’est-à-dire un acte « total », détruisan
12644 emparer. Verdun ne fut d’ailleurs qu’un prodrome de cette guerre nouvelle, puisque le procédé se limita à la destruction
12645 qu’un prodrome de cette guerre nouvelle, puisque le procédé se limita à la destruction méthodique d’un million de soldats
12646 e guerre nouvelle, puisque le procédé se limita à la destruction méthodique d’un million de soldats, non de civils. Mais c
12647 le procédé se limita à la destruction méthodique d’ un million de soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit de met
12648 e limita à la destruction méthodique d’un million de soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit de mettre au point
12649 struction méthodique d’un million de soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit de mettre au point un instrument qu
12650 soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit de mettre au point un instrument qui, par la suite, devait se trouver en
12651 permit de mettre au point un instrument qui, par la suite, devait se trouver en mesure d’opérer sur des étendues bien plu
12652 nt qui, par la suite, devait se trouver en mesure d’ opérer sur des étendues bien plus vastes, comme Londres, Paris et Berl
12653 Londres, Paris et Berlin ; non plus seulement sur de la chair à canon, mais sur la chair qui fabrique les canons, ce qui e
12654 dres, Paris et Berlin ; non plus seulement sur de la chair à canon, mais sur la chair qui fabrique les canons, ce qui est
12655 plus seulement sur de la chair à canon, mais sur la chair qui fabrique les canons, ce qui est évidemment plus efficace. L
12656 la chair à canon, mais sur la chair qui fabrique les canons, ce qui est évidemment plus efficace. La technique de la mort
12657 les canons, ce qui est évidemment plus efficace. La technique de la mort à grande distance ne trouve son équivalent dans
12658 ce qui est évidemment plus efficace. La technique de la mort à grande distance ne trouve son équivalent dans nulle éthique
12659 qui est évidemment plus efficace. La technique de la mort à grande distance ne trouve son équivalent dans nulle éthique im
12660 ouve son équivalent dans nulle éthique imaginable de l’amour. C’est que la guerre totale échappe à l’homme et à l’instinct
12661 e son équivalent dans nulle éthique imaginable de l’ amour. C’est que la guerre totale échappe à l’homme et à l’instinct ;
12662 ns nulle éthique imaginable de l’amour. C’est que la guerre totale échappe à l’homme et à l’instinct ; elle se retourne co
12663 de l’amour. C’est que la guerre totale échappe à l’ homme et à l’instinct ; elle se retourne contre la passion même dont e
12664 C’est que la guerre totale échappe à l’homme et à l’ instinct ; elle se retourne contre la passion même dont elle est née.
12665 l’homme et à l’instinct ; elle se retourne contre la passion même dont elle est née. Et c’est cela, non l’envergure des ma
12666 assion même dont elle est née. Et c’est cela, non l’ envergure des massacres, qui est nouveau dans l’histoire du monde. Là-
12667 n l’envergure des massacres, qui est nouveau dans l’ histoire du monde. Là-dessus, trois remarques dont on verra qu’elles n
12668 ont on verra qu’elles ne sont pas sans liens : a) La guerre est née dans les campagnes : elle a même porté leur nom jusqu’
12669 e sont pas sans liens : a) La guerre est née dans les campagnes : elle a même porté leur nom jusqu’à nos jours. Mais depuis
12670 rté leur nom jusqu’à nos jours. Mais depuis 1914, l’ on assiste à son urbanisation. Pour une bonne part des masses paysanne
12671 sation. Pour une bonne part des masses paysannes, la guerre européenne fut un premier contact avec la civilisation techniq
12672 la guerre européenne fut un premier contact avec la civilisation technique. Une sorte de visite dirigée de l’exposition u
12673 contact avec la civilisation technique. Une sorte de visite dirigée de l’exposition universelle des industries et arts app
12674 vilisation technique. Une sorte de visite dirigée de l’exposition universelle des industries et arts appliqués de la mort,
12675 isation technique. Une sorte de visite dirigée de l’ exposition universelle des industries et arts appliqués de la mort, av
12676 tion universelle des industries et arts appliqués de la mort, avec démonstrations quotidiennes sur le vif. D’autre part, o
12677 n universelle des industries et arts appliqués de la mort, avec démonstrations quotidiennes sur le vif. D’autre part, on p
12678 de la mort, avec démonstrations quotidiennes sur le vif. D’autre part, on pourrait la comparer un premier Plan de quatre
12679 uotidiennes sur le vif. D’autre part, on pourrait la comparer un premier Plan de quatre ans — idée que devaient reprendre
12680 tre part, on pourrait la comparer un premier Plan de quatre ans — idée que devaient reprendre un peu plus tard les dictate
12681 ns — idée que devaient reprendre un peu plus tard les dictateurs, pour certaines fins en apparence contraires, mais en véri
12682 des moyens destructifs, mécanisés, eut pour effet de neutraliser la passion proprement belliqueuse des combattants. Il ne
12683 ructifs, mécanisés, eut pour effet de neutraliser la passion proprement belliqueuse des combattants. Il ne s’agissait plus
12684 elliqueuse des combattants. Il ne s’agissait plus de violence du sang, mais de brutalité quantitative, de masses lancées l
12685 . Il ne s’agissait plus de violence du sang, mais de brutalité quantitative, de masses lancées les unes contre les autres
12686 violence du sang, mais de brutalité quantitative, de masses lancées les unes contre les autres non plus par des mouvements
12687 mais de brutalité quantitative, de masses lancées les unes contre les autres non plus par des mouvements de délire passionn
12688 é quantitative, de masses lancées les unes contre les autres non plus par des mouvements de délire passionnel, mais bien pa
12689 nes contre les autres non plus par des mouvements de délire passionnel, mais bien par des intelligences calculatrices d’in
12690 el, mais bien par des intelligences calculatrices d’ ingénieurs. Désormais, l’homme n’est plus que le servant du matériel ;
12691 elligences calculatrices d’ingénieurs. Désormais, l’ homme n’est plus que le servant du matériel ; il passe lui-même à l’ét
12692 s d’ingénieurs. Désormais, l’homme n’est plus que le servant du matériel ; il passe lui-même à l’état de matériel, d’autan
12693 que le servant du matériel ; il passe lui-même à l’ état de matériel, d’autant plus efficace qu’il sera moins humain dans
12694 servant du matériel ; il passe lui-même à l’état de matériel, d’autant plus efficace qu’il sera moins humain dans ses réf
12695 atériel ; il passe lui-même à l’état de matériel, d’ autant plus efficace qu’il sera moins humain dans ses réflexes individ
12696 main dans ses réflexes individuels. Ainsi, malgré le dopage entrepris par la propagande, la victoire dépend en fin de comp
12697 ndividuels. Ainsi, malgré le dopage entrepris par la propagande, la victoire dépend en fin de compte des lois de la mécani
12698 si, malgré le dopage entrepris par la propagande, la victoire dépend en fin de compte des lois de la mécanique plutôt que
12699 nde, la victoire dépend en fin de compte des lois de la mécanique plutôt que des prévisions de la psychologie. L’instinct
12700 , la victoire dépend en fin de compte des lois de la mécanique plutôt que des prévisions de la psychologie. L’instinct com
12701 es lois de la mécanique plutôt que des prévisions de la psychologie. L’instinct combatif est déçu. L’explosion habituelle
12702 lois de la mécanique plutôt que des prévisions de la psychologie. L’instinct combatif est déçu. L’explosion habituelle de
12703 ique plutôt que des prévisions de la psychologie. L’ instinct combatif est déçu. L’explosion habituelle de sexualité qui ac
12704 de la psychologie. L’instinct combatif est déçu. L’ explosion habituelle de sexualité qui accompagnait les grands conflits
12705 nstinct combatif est déçu. L’explosion habituelle de sexualité qui accompagnait les grands conflits ne s’est guère produit
12706 xplosion habituelle de sexualité qui accompagnait les grands conflits ne s’est guère produite qu’à l’arrière dans les popul
12707 les grands conflits ne s’est guère produite qu’à l’ arrière dans les populations civiles. En dépit des efforts du lyrisme
12708 flits ne s’est guère produite qu’à l’arrière dans les populations civiles. En dépit des efforts du lyrisme officiel, d’une
12709 iviles. En dépit des efforts du lyrisme officiel, d’ une certaine littérature et de l’imagerie populaire, le retour du perm
12710 u lyrisme officiel, d’une certaine littérature et de l’imagerie populaire, le retour du permissionnaire ne ressemble à rie
12711 yrisme officiel, d’une certaine littérature et de l’ imagerie populaire, le retour du permissionnaire ne ressemble à rien m
12712 certaine littérature et de l’imagerie populaire, le retour du permissionnaire ne ressemble à rien moins qu’à la ruée du m
12713 du permissionnaire ne ressemble à rien moins qu’à la ruée du mâle longtemps privé. Des témoignages sans nombre de médecins
12714 mâle longtemps privé. Des témoignages sans nombre de médecins et de soldats prouvent que la guerre du matériel s’est tradu
12715 privé. Des témoignages sans nombre de médecins et de soldats prouvent que la guerre du matériel s’est traduite en réalité
12716 ans nombre de médecins et de soldats prouvent que la guerre du matériel s’est traduite en réalité par une « catastrophe se
12717 e en réalité par une « catastrophe sexuelle »180. L’ impuissance généralisée, ou du moins ses prodromes tels qu’onanisme ch
12718 s qu’onanisme chronique et homosexualité, tel fut le résultat statistique de quatre années passées dans les tranchées. Et
12719 et homosexualité, tel fut le résultat statistique de quatre années passées dans les tranchées. Et de là vient que pour la
12720 ésultat statistique de quatre années passées dans les tranchées. Et de là vient que pour la première fois, l’on ait assisté
12721 e de quatre années passées dans les tranchées. Et de là vient que pour la première fois, l’on ait assisté à une révolte gé
12722 nchées. Et de là vient que pour la première fois, l’ on ait assisté à une révolte généralisée des soldats contre la guerre1
12723 isté à une révolte généralisée des soldats contre la guerre181, celle-ci ne figurant plus l’exutoire des passions, mais un
12724 ts contre la guerre181, celle-ci ne figurant plus l’ exutoire des passions, mais une sorte d’immense castration de l’Europe
12725 rant plus l’exutoire des passions, mais une sorte d’ immense castration de l’Europe. c) La guerre totale suppose la destruc
12726 des passions, mais une sorte d’immense castration de l’Europe. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les fo
12727 passions, mais une sorte d’immense castration de l’ Europe. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les forme
12728 is une sorte d’immense castration de l’Europe. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les formes conventionn
12729 stration de l’Europe. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les formes conventionnelles de la lutte. À part
12730 urope. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les formes conventionnelles de la lutte. À partir de 1920, on
12731 La guerre totale suppose la destruction de toutes les formes conventionnelles de la lutte. À partir de 1920, on ne se soume
12732 destruction de toutes les formes conventionnelles de la lutte. À partir de 1920, on ne se soumettra plus aux « simagrées d
12733 truction de toutes les formes conventionnelles de la lutte. À partir de 1920, on ne se soumettra plus aux « simagrées dipl
12734 se soumettra plus aux « simagrées diplomatiques » de l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront
12735 soumettra plus aux « simagrées diplomatiques » de l’ ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront pl
12736 aux « simagrées diplomatiques » de l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront plus la solennell
12737 « simagrées diplomatiques » de l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront plus la solennelle c
12738 atiques » de l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront plus la solennelle conclusion des hosti
12739 e l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront plus la solennelle conclusion des hostilités. Les d
12740 claration » de guerre. Les traités ne seront plus la solennelle conclusion des hostilités. Les distinctions arbitraires en
12741 ont plus la solennelle conclusion des hostilités. Les distinctions arbitraires entre villes ouvertes et villes fortifiées,
12742 t villes fortifiées, civils et militaires, moyens de destruction permis ou condamnés, tomberont. D’où résulte que la défai
12743 ns de destruction permis ou condamnés, tomberont. D’ où résulte que la défaite d’un pays ne sera plus symbolique, métaphori
12744 permis ou condamnés, tomberont. D’où résulte que la défaite d’un pays ne sera plus symbolique, métaphorique, c’est-à-dire
12745 condamnés, tomberont. D’où résulte que la défaite d’ un pays ne sera plus symbolique, métaphorique, c’est-à-dire limitée à
12746 certains signes convenus, mais sera concrètement la mort de ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée de rè
12747 s signes convenus, mais sera concrètement la mort de ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée de règles, la
12748 ment la mort de ce pays. Encore une fois, dès que l’ on abandonne l’idée de règles, la guerre ne traduit plus l’acte du vio
12749 ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’ idée de règles, la guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan d
12750 s. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée de règles, la guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan des nati
12751 ne fois, dès que l’on abandonne l’idée de règles, la guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan des nations, mais b
12752 donne l’idée de règles, la guerre ne traduit plus l’ acte du viol sur le plan des nations, mais bien l’acte du crime sadiqu
12753 l’acte du viol sur le plan des nations, mais bien l’ acte du crime sadique, la possession d’une victime morte, donc en fait
12754 n des nations, mais bien l’acte du crime sadique, la possession d’une victime morte, donc en fait la non-possession. Elle
12755 mais bien l’acte du crime sadique, la possession d’ une victime morte, donc en fait la non-possession. Elle n’exprime plus
12756 , la possession d’une victime morte, donc en fait la non-possession. Elle n’exprime plus l’instinct sexuel normal, ni même
12757 nc en fait la non-possession. Elle n’exprime plus l’ instinct sexuel normal, ni même la passion qui l’utilise et le transce
12758 n’exprime plus l’instinct sexuel normal, ni même la passion qui l’utilise et le transcende, mais seulement cette perversi
12759 l’instinct sexuel normal, ni même la passion qui l’ utilise et le transcende, mais seulement cette perversion de la passio
12760 exuel normal, ni même la passion qui l’utilise et le transcende, mais seulement cette perversion de la passion — d’ailleur
12761 et le transcende, mais seulement cette perversion de la passion — d’ailleurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le
12762 le transcende, mais seulement cette perversion de la passion — d’ailleurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le « c
12763 erversion de la passion — d’ailleurs fatale, nous l’ avons vu ailleurs — qu’est le « complexe de castration ». 11.La pas
12764 illeurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le « complexe de castration ». 11.La passion transportée dans la poli
12765 , nous l’avons vu ailleurs — qu’est le « complexe de castration ». 11.La passion transportée dans la politique Chass
12766 e castration ». 11.La passion transportée dans la politique Chassée du champ de la guerre chevaleresque, lorsque ce
12767 transportée dans la politique Chassée du champ de la guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doi
12768 nsportée dans la politique Chassée du champ de la guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doit l
12769 e la guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse d’ être clos comme doit l’être un terrain de jeu, et qu’il n’est plus une
12770 ue, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doit l’ être un terrain de jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée de symbol
12771 mp cesse d’être clos comme doit l’être un terrain de jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée de symboles, mais un secteu
12772 rain de jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée de symboles, mais un secteur de bombardement — la passion a cherché et t
12773 lus une lice décorée de symboles, mais un secteur de bombardement — la passion a cherché et trouvé d’autres modes d’expres
12774 ée de symboles, mais un secteur de bombardement —  la passion a cherché et trouvé d’autres modes d’expression en actes. Ell
12775 t — la passion a cherché et trouvé d’autres modes d’ expression en actes. Elle y était d’ailleurs contrainte par la dépréci
12776 en actes. Elle y était d’ailleurs contrainte par la dépréciation des résistances morales et privées, non moins que par la
12777 résistances morales et privées, non moins que par la dénaturation de la guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, l
12778 les et privées, non moins que par la dénaturation de la guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, les mœurs se sont
12779 et privées, non moins que par la dénaturation de la guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, les mœurs se sont as
12780 ar la dénaturation de la guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, les mœurs se sont assouplies à tel point qu’elles
12781 guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, les mœurs se sont assouplies à tel point qu’elles tendent à n’offrir plus
12782 lies à tel point qu’elles tendent à n’offrir plus d’ obstacles absolus, donc exaltants pour la passion ; d’autre part, dans
12783 rir plus d’obstacles absolus, donc exaltants pour la passion ; d’autre part, dans les pays totalitaires, le dressage des j
12784 nc exaltants pour la passion ; d’autre part, dans les pays totalitaires, le dressage des jeunes par l’État tend à éliminer
12785 ssion ; d’autre part, dans les pays totalitaires, le dressage des jeunes par l’État tend à éliminer de la vie privée toute
12786 les pays totalitaires, le dressage des jeunes par l’ État tend à éliminer de la vie privée toute espèce de tragique intime
12787 le dressage des jeunes par l’État tend à éliminer de la vie privée toute espèce de tragique intime et de problématique sen
12788 dressage des jeunes par l’État tend à éliminer de la vie privée toute espèce de tragique intime et de problématique sentim
12789 tat tend à éliminer de la vie privée toute espèce de tragique intime et de problématique sentimentale. L’anarchie des mœur
12790 la vie privée toute espèce de tragique intime et de problématique sentimentale. L’anarchie des mœurs et l’hygiène autorit
12791 tragique intime et de problématique sentimentale. L’ anarchie des mœurs et l’hygiène autoritaire agissent à peu près dans l
12792 oblématique sentimentale. L’anarchie des mœurs et l’ hygiène autoritaire agissent à peu près dans le même sens : elles déço
12793 et l’hygiène autoritaire agissent à peu près dans le même sens : elles déçoivent le besoin de passion, héréditaire ou acqu
12794 nt à peu près dans le même sens : elles déçoivent le besoin de passion, héréditaire ou acquis par la culture ; elles déten
12795 rès dans le même sens : elles déçoivent le besoin de passion, héréditaire ou acquis par la culture ; elles détendent ses r
12796 t le besoin de passion, héréditaire ou acquis par la culture ; elles détendent ses ressorts intimes et personnels. L’amou
12797 es détendent ses ressorts intimes et personnels. L’ amour, dans l’après-guerre, fut un curieux mélange d’intellectualisme
12798 es ressorts intimes et personnels. L’amour, dans l’ après-guerre, fut un curieux mélange d’intellectualisme angoissé (litt
12799 mour, dans l’après-guerre, fut un curieux mélange d’ intellectualisme angoissé (littérature de l’inquiétude et de l’anarchi
12800 mélange d’intellectualisme angoissé (littérature de l’inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste
12801 lange d’intellectualisme angoissé (littérature de l’ inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Ne
12802 tualisme angoissé (littérature de l’inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit
12803 lisme angoissé (littérature de l’inquiétude et de l’ anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit des
12804 e de l’inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit des Allemands). L’on vit bien
12805 e matérialiste (Neue Sachlichkeit des Allemands). L’ on vit bien que la passion romantique ne trouvait plus de quoi se comp
12806 ue Sachlichkeit des Allemands). L’on vit bien que la passion romantique ne trouvait plus de quoi se composer un mythe ; ne
12807 t bien que la passion romantique ne trouvait plus de quoi se composer un mythe ; ne trouvait plus des résistances choisies
12808 des résistances choisies au sein d’une atmosphère d’ orageuse et secrète dévotion. La crainte morbide des entraînements « n
12809 d’une atmosphère d’orageuse et secrète dévotion. La crainte morbide des entraînements « naïfs » et des « duperies du cœur
12810 s « duperies du cœur », alliée à un désir fébrile d’ aventure, voilà le climat des principaux romans de cette période. Et c
12811 ur », alliée à un désir fébrile d’aventure, voilà le climat des principaux romans de cette période. Et cela signifie sans
12812 d’aventure, voilà le climat des principaux romans de cette période. Et cela signifie sans équivoque que les relations indi
12813 ette période. Et cela signifie sans équivoque que les relations individuelles des sexes ont cessé d’être le lieu par excell
12814 e les relations individuelles des sexes ont cessé d’ être le lieu par excellence où se réalise la passion. Celle-ci paraît
12815 elations individuelles des sexes ont cessé d’être le lieu par excellence où se réalise la passion. Celle-ci paraît se déta
12816 cessé d’être le lieu par excellence où se réalise la passion. Celle-ci paraît se détacher de son support. Nous sommes entr
12817 e réalise la passion. Celle-ci paraît se détacher de son support. Nous sommes entrés dans l’ère des libidos errantes, en q
12818 détacher de son support. Nous sommes entrés dans l’ ère des libidos errantes, en quête d’un théâtre nouveau. Et le premier
12819 entrés dans l’ère des libidos errantes, en quête d’ un théâtre nouveau. Et le premier qui s’est offert, c’est le théâtre p
12820 re nouveau. Et le premier qui s’est offert, c’est le théâtre politique. La politique de masses, telle qu’on l’a pratiquée
12821 ier qui s’est offert, c’est le théâtre politique. La politique de masses, telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917 n’est que
12822 offert, c’est le théâtre politique. La politique de masses, telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917 n’est que la continuati
12823 re politique. La politique de masses, telle qu’on l’ a pratiquée depuis 1917 n’est que la continuation de la guerre totale
12824 , telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917 n’est que la continuation de la guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre
12825 a pratiquée depuis 1917 n’est que la continuation de la guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre une fois de plus
12826 ratiquée depuis 1917 n’est que la continuation de la guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre une fois de plus, e
12827 utres moyens (pour reprendre une fois de plus, en l’ inversant, la célèbre formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l
12828 (pour reprendre une fois de plus, en l’inversant, la célèbre formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l’indique déjà
12829 fois de plus, en l’inversant, la célèbre formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs,
12830 n l’inversant, la célèbre formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitai
12831 sant, la célèbre formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est
12832 re formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l’ indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est que l’état de
12833 me de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs, l’ État totalitaire n’est que l’état de guerre prolongé, ou recréé, et en
12834 jà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est que l’ état de guerre prolongé, ou recréé, et entretenu en permanence dans la
12835 par ailleurs, l’État totalitaire n’est que l’état de guerre prolongé, ou recréé, et entretenu en permanence dans la nation
12836 longé, ou recréé, et entretenu en permanence dans la nation. Mais si la guerre totale anéantit toute possibilité de passio
12837 t entretenu en permanence dans la nation. Mais si la guerre totale anéantit toute possibilité de passion, la politique ne
12838 is si la guerre totale anéantit toute possibilité de passion, la politique ne fait que transposer les passions individuell
12839 rre totale anéantit toute possibilité de passion, la politique ne fait que transposer les passions individuelles au niveau
12840 é de passion, la politique ne fait que transposer les passions individuelles au niveau de l’être collectif. Tout ce que l’é
12841 ransposer les passions individuelles au niveau de l’ être collectif. Tout ce que l’éducation totalitaire refuse aux individ
12842 uelles au niveau de l’être collectif. Tout ce que l’ éducation totalitaire refuse aux individus isolés, elle le reporte sur
12843 ion totalitaire refuse aux individus isolés, elle le reporte sur la nation personnifiée. C’est la nation (ou le Parti) qui
12844 refuse aux individus isolés, elle le reporte sur la nation personnifiée. C’est la nation (ou le Parti) qui a des passions
12845 elle le reporte sur la nation personnifiée. C’est la nation (ou le Parti) qui a des passions. C’est elle (ou lui) qui assu
12846 e sur la nation personnifiée. C’est la nation (ou le Parti) qui a des passions. C’est elle (ou lui) qui assume désormais l
12847 assions. C’est elle (ou lui) qui assume désormais la dialectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course incon
12848 elle (ou lui) qui assume désormais la dialectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mo
12849 e (ou lui) qui assume désormais la dialectique de l’ obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mort
12850 désormais la dialectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante
12851 sormais la dialectique de l’obstacle exaltant, de l’ ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. T
12852 ialectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l
12853 ectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l’in
12854 ltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l’intérieur et à la base, on
12855 ente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l’ intérieur et à la base, on stérilise les problèmes personnels, à l’ext
12856 roïque, divinisante. Tandis qu’à l’intérieur et à la base, on stérilise les problèmes personnels, à l’extérieur et au somm
12857 andis qu’à l’intérieur et à la base, on stérilise les problèmes personnels, à l’extérieur et au sommet le potentiel de pass
12858 la base, on stérilise les problèmes personnels, à l’ extérieur et au sommet le potentiel de passion s’accroît de jour en jo
12859 problèmes personnels, à l’extérieur et au sommet le potentiel de passion s’accroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe
12860 rsonnels, à l’extérieur et au sommet le potentiel de passion s’accroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe dans la moral
12861 ur et au sommet le potentiel de passion s’accroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe dans la morale qui concerne les ci
12862 e potentiel de passion s’accroît de jour en jour. L’ eugénisme triomphe dans la morale qui concerne les citoyens : et l’eug
12863 ccroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe dans la morale qui concerne les citoyens : et l’eugénisme est la négation rat
12864 L’eugénisme triomphe dans la morale qui concerne les citoyens : et l’eugénisme est la négation rationnelle de toute espèce
12865 phe dans la morale qui concerne les citoyens : et l’ eugénisme est la négation rationnelle de toute espèce d’aventure privé
12866 le qui concerne les citoyens : et l’eugénisme est la négation rationnelle de toute espèce d’aventure privée. Mais cela ne
12867 yens : et l’eugénisme est la négation rationnelle de toute espèce d’aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la ten
12868 nisme est la négation rationnelle de toute espèce d’ aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension de l’ensemb
12869 d’aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension de l’ensemble, personnifié dans la Nation. L’État-nation dit
12870 privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension de l’ensemble, personnifié dans la Nation. L’État-nation dit aux Alleman
12871 vée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension de l’ ensemble, personnifié dans la Nation. L’État-nation dit aux Allemands 
12872 menter la tension de l’ensemble, personnifié dans la Nation. L’État-nation dit aux Allemands : — Procréez ! et c’est une n
12873 ension de l’ensemble, personnifié dans la Nation. L’ État-nation dit aux Allemands : — Procréez ! et c’est une négation de
12874 ux Allemands : — Procréez ! et c’est une négation de la passion ; mais il dit aux peuples voisins : — Nous sommes trop nom
12875 Allemands : — Procréez ! et c’est une négation de la passion ; mais il dit aux peuples voisins : — Nous sommes trop nombre
12876 s, j’exige donc des terres nouvelles ! — et c’est la nouvelle passion. Ainsi toutes les tensions supprimées à la base vien
12877 es ! — et c’est la nouvelle passion. Ainsi toutes les tensions supprimées à la base viennent s’accumuler au sommet. Or il e
12878 e passion. Ainsi toutes les tensions supprimées à la base viennent s’accumuler au sommet. Or il est clair que ces volontés
12879 muler au sommet. Or il est clair que ces volontés de puissance affrontées — il y a déjà plusieurs États totalitaires — ne
12880 assionnément. Elles deviennent l’une pour l’autre l’ obstacle. Le but réel, tacite, fatal, de ces exaltations totalitaires
12881 . Elles deviennent l’une pour l’autre l’obstacle. Le but réel, tacite, fatal, de ces exaltations totalitaires est donc la
12882 r l’autre l’obstacle. Le but réel, tacite, fatal, de ces exaltations totalitaires est donc la guerre, qui signifie la mort
12883 , fatal, de ces exaltations totalitaires est donc la guerre, qui signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de la p
12884 ons totalitaires est donc la guerre, qui signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de la passion d’amour, ce but e
12885 donc la guerre, qui signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de la passion d’amour, ce but est non seulement nié
12886 e, qui signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de la passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur
12887 signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de la passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les
12888 nifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de la passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les in
12889 rt. Et comme on le voit dans le cas de la passion d’ amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les intéressés, m
12890 ur, ce but est non seulement nié avec vigueur par les intéressés, mais il est réellement inconscient. Personne n’ose dire :
12891 lement inconscient. Personne n’ose dire : je veux la guerre ; non plus que dans l’amour-passion, les amants ne disent : je
12892 ’ose dire : je veux la guerre ; non plus que dans l’ amour-passion, les amants ne disent : je veux la mort. Seulement, tout
12893 ux la guerre ; non plus que dans l’amour-passion, les amants ne disent : je veux la mort. Seulement, tout ce que l’on fait
12894 s l’amour-passion, les amants ne disent : je veux la mort. Seulement, tout ce que l’on fait prépare cette fin. Et tout ce
12895 disent : je veux la mort. Seulement, tout ce que l’ on fait prépare cette fin. Et tout ce que l’on exalte y trouve son sen
12896 e que l’on fait prépare cette fin. Et tout ce que l’ on exalte y trouve son sens réel. Il serait aisé de multiplier les pre
12897 ’on exalte y trouve son sens réel. Il serait aisé de multiplier les preuves de ce nouveau parallélisme entre la politique
12898 rouve son sens réel. Il serait aisé de multiplier les preuves de ce nouveau parallélisme entre la politique et la passion.
12899 ns réel. Il serait aisé de multiplier les preuves de ce nouveau parallélisme entre la politique et la passion. L’ascèse co
12900 lier les preuves de ce nouveau parallélisme entre la politique et la passion. L’ascèse collectivisée, ce sont les restrict
12901 de ce nouveau parallélisme entre la politique et la passion. L’ascèse collectivisée, ce sont les restrictions que l’État
12902 au parallélisme entre la politique et la passion. L’ ascèse collectivisée, ce sont les restrictions que l’État impose au no
12903 ue et la passion. L’ascèse collectivisée, ce sont les restrictions que l’État impose au nom de la grandeur nationale. L’hon
12904 scèse collectivisée, ce sont les restrictions que l’ État impose au nom de la grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c
12905 sont les restrictions que l’État impose au nom de la grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c’est l’inquiète suscepti
12906 ue l’État impose au nom de la grandeur nationale. L’ honneur du chevalier, c’est l’inquiète susceptibilité des Nations tota
12907 grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c’est l’ inquiète susceptibilité des Nations totalitaires. Enfin, je soulignera
12908 je soulignerai un fait assez frappant : c’est que les foules réagissent au dictateur, dans un pays donné, de la même manièr
12909 ules réagissent au dictateur, dans un pays donné, de la même manière que la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations
12910 s réagissent au dictateur, dans un pays donné, de la même manière que la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de
12911 ateur, dans un pays donné, de la même manière que la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de l’homme. Le Françai
12912 la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de l’homme. Le Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de la masse
12913 femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de l’ homme. Le Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de la masse ger
12914 ns ce pays, réagit aux sollicitations de l’homme. Le Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de la masse germanique,
12915 tions de l’homme. Le Français s’étonne des succès d’ Hitler auprès de la masse germanique, mais il ne s’étonnerait pas moin
12916 e Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de la masse germanique, mais il ne s’étonnerait pas moins des façons qui pl
12917 oins des façons qui plaisent aux Allemandes. Chez les Latins, faire la cour à une femme c’est l’étourdir de paroles flatteu
12918 i plaisent aux Allemandes. Chez les Latins, faire la cour à une femme c’est l’étourdir de paroles flatteuses : ainsi nos h
12919 Chez les Latins, faire la cour à une femme c’est l’ étourdir de paroles flatteuses : ainsi nos hommes politiques quand ils
12920 atins, faire la cour à une femme c’est l’étourdir de paroles flatteuses : ainsi nos hommes politiques quand ils courtisent
12921 il ne persuade pas, il envoûte ; il invoque enfin le destin et affirme qu’il est ce destin… De la sorte, il délivre la fou
12922 e enfin le destin et affirme qu’il est ce destin… De la sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc
12923 nfin le destin et affirme qu’il est ce destin… De la sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc du
12924 irme qu’il est ce destin… De la sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant
12925 l est ce destin… De la sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant de sa cu
12926 st ce destin… De la sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant de sa culpa
12927 a sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant de sa culpabilité morale. Ell
12928 bilité de ses actes, donc du sentiment oppressant de sa culpabilité morale. Elle se rend au sauveur terrible et le nomme s
12929 ilité morale. Elle se rend au sauveur terrible et le nomme son libérateur dans l’instant même qu’il l’enchaîne et la possè
12930 sauveur terrible et le nomme son libérateur dans l’ instant même qu’il l’enchaîne et la possède. N’oublions pas que le ter
12931 le nomme son libérateur dans l’instant même qu’il l’ enchaîne et la possède. N’oublions pas que le terme populaire désignan
12932 ibérateur dans l’instant même qu’il l’enchaîne et la possède. N’oublions pas que le terme populaire désignant en Allemagne
12933 u’il l’enchaîne et la possède. N’oublions pas que le terme populaire désignant en Allemagne l’acte d’épouser, c’est freien
12934 pas que le terme populaire désignant en Allemagne l’ acte d’épouser, c’est freien, verbe qui signifie littéralement : libér
12935 le terme populaire désignant en Allemagne l’acte d’ épouser, c’est freien, verbe qui signifie littéralement : libérer… Hit
12936 erbe qui signifie littéralement : libérer… Hitler le sait peut-être un peu trop bien : Dans sa grande majorité, écrit-il,
12937 u trop bien : Dans sa grande majorité, écrit-il, le peuple se trouve dans une disposition et un état d’esprit à tel point
12938 ns et ses actes sont déterminés beaucoup plus par l’ impression produite sur les sens que par la pure réflexion. La masse e
12939 minés beaucoup plus par l’impression produite sur les sens que par la pure réflexion. La masse est peu accessible aux idées
12940 us par l’impression produite sur les sens que par la pure réflexion. La masse est peu accessible aux idées abstraites. Par
12941 produite sur les sens que par la pure réflexion. La masse est peu accessible aux idées abstraites. Par contre, on l’empoi
12942 u accessible aux idées abstraites. Par contre, on l’ empoignera plus facilement dans le domaine des sentiments… De tous tem
12943 Par contre, on l’empoignera plus facilement dans le domaine des sentiments… De tous temps, la force qui a mis en mouvemen
12944 a plus facilement dans le domaine des sentiments… De tous temps, la force qui a mis en mouvement les révolutions les plus
12945 nt dans le domaine des sentiments… De tous temps, la force qui a mis en mouvement les révolutions les plus violentes a rés
12946 s… De tous temps, la force qui a mis en mouvement les révolutions les plus violentes a résidé bien moins dans la proclamati
12947 , la force qui a mis en mouvement les révolutions les plus violentes a résidé bien moins dans la proclamation d’une idée sc
12948 tions les plus violentes a résidé bien moins dans la proclamation d’une idée scientifique qui s’emparait des foules que da
12949 iolentes a résidé bien moins dans la proclamation d’ une idée scientifique qui s’emparait des foules que dans un fanatisme
12950 isme animateur et dans une véritable hystérie qui les emballait follement. (Mein Kampf) Oui, « de tous temps » ce fut ains
12951 qui les emballait follement. (Mein Kampf) Oui, «  de tous temps » ce fut ainsi. Mais la nouveauté de notre temps, c’est qu
12952 Kampf) Oui, « de tous temps » ce fut ainsi. Mais la nouveauté de notre temps, c’est que l’action passionnelle sur les mas
12953 « de tous temps » ce fut ainsi. Mais la nouveauté de notre temps, c’est que l’action passionnelle sur les masses, telle qu
12954 insi. Mais la nouveauté de notre temps, c’est que l’ action passionnelle sur les masses, telle que la définit Hitler, se do
12955 notre temps, c’est que l’action passionnelle sur les masses, telle que la définit Hitler, se double désormais d’une action
12956 e l’action passionnelle sur les masses, telle que la définit Hitler, se double désormais d’une action rationalisante sur l
12957 telle que la définit Hitler, se double désormais d’ une action rationalisante sur les individus. En outre, cette action n’
12958 double désormais d’une action rationalisante sur les individus. En outre, cette action n’est plus exercée par un meneur qu
12959 t plus exercée par un meneur quelconque, mais par le chef qui incarne la Nation. D’où la puissance sans précédent du trans
12960 n meneur quelconque, mais par le chef qui incarne la Nation. D’où la puissance sans précédent du transfert qui s’opère du
12961 elconque, mais par le chef qui incarne la Nation. D’ où la puissance sans précédent du transfert qui s’opère du privé au pu
12962 que, mais par le chef qui incarne la Nation. D’où la puissance sans précédent du transfert qui s’opère du privé au public.
12963 public. Quel Wagner surhumain sera donc en mesure d’ orchestrer la grandiose catastrophe de la passion devenue totalitaire 
12964 Wagner surhumain sera donc en mesure d’orchestrer la grandiose catastrophe de la passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous
12965 c en mesure d’orchestrer la grandiose catastrophe de la passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil d’une conc
12966 n mesure d’orchestrer la grandiose catastrophe de la passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil d’une conclus
12967 n devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil d’ une conclusion que j’étais loin de prévoir en commençant ce livre. Que
12968 étais loin de prévoir en commençant ce livre. Que l’ on suive l’évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire
12969 de prévoir en commençant ce livre. Que l’on suive l’ évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire de la litt
12970 e. Que l’on suive l’évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’histoire des m
12971 Que l’on suive l’évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’histoire des méth
12972 ’évolution du mythe occidental de la passion dans l’ histoire de la littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerr
12973 du mythe occidental de la passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est la
12974 mythe occidental de la passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est la mê
12975 passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’ histoire des méthodes de la guerre, c’est la même courbe qui apparaît.
12976 de la littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareill
12977 la littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareilleme
12978 dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareillement à cet aspect t
12979 la guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et l’ on aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré de la crise de notre
12980 ’on aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré de la crise de notre époque, qui est la dissolution des formes instituée
12981 aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré de la crise de notre époque, qui est la dissolution des formes instituées p
12982 pareillement à cet aspect trop ignoré de la crise de notre époque, qui est la dissolution des formes instituées par la che
12983 trop ignoré de la crise de notre époque, qui est la dissolution des formes instituées par la chevalerie. C’est dans le do
12984 qui est la dissolution des formes instituées par la chevalerie. C’est dans le domaine de la guerre, où toute évolution es
12985 s formes instituées par la chevalerie. C’est dans le domaine de la guerre, où toute évolution est pratiquement irréversibl
12986 stituées par la chevalerie. C’est dans le domaine de la guerre, où toute évolution est pratiquement irréversible, — alors
12987 tuées par la chevalerie. C’est dans le domaine de la guerre, où toute évolution est pratiquement irréversible, — alors qu’
12988 alors qu’il y a des « retours » littéraires — que la nécessité d’une solution nouvelle est apparue en premier lieu. Cette
12989 a des « retours » littéraires — que la nécessité d’ une solution nouvelle est apparue en premier lieu. Cette solution s’ap
12990 apparue en premier lieu. Cette solution s’appelle l’ État totalitaire. C’est la réponse du xxe siècle né de la guerre à la
12991 ette solution s’appelle l’État totalitaire. C’est la réponse du xxe siècle né de la guerre à la menace permanente que la
12992 t totalitaire. C’est la réponse du xxe siècle né de la guerre à la menace permanente que la passion et l’instinct de mort
12993 otalitaire. C’est la réponse du xxe siècle né de la guerre à la menace permanente que la passion et l’instinct de mort fo
12994 C’est la réponse du xxe siècle né de la guerre à la menace permanente que la passion et l’instinct de mort font peser sur
12995 siècle né de la guerre à la menace permanente que la passion et l’instinct de mort font peser sur toute société. La répons
12996 a guerre à la menace permanente que la passion et l’ instinct de mort font peser sur toute société. La réponse du xiie siè
12997 la menace permanente que la passion et l’instinct de mort font peser sur toute société. La réponse du xiie siècle avait é
12998 l’instinct de mort font peser sur toute société. La réponse du xiie siècle avait été la chevalerie courtoise, son éthiqu
12999 ute société. La réponse du xiie siècle avait été la chevalerie courtoise, son éthique et ses mythes romanesques. La répon
13000 courtoise, son éthique et ses mythes romanesques. La réponse du xviie siècle a pour symbole la tragédie classique182. La
13001 sques. La réponse du xviie siècle a pour symbole la tragédie classique182. La réponse du xviiie fut le cynisme de Don Ju
13002 siècle a pour symbole la tragédie classique182. La réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et l’ironie rationalist
13003 tragédie classique182. La réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne f
13004 lassique182. La réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une
13005 réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et l’ ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une réponse, à moin
13006 ynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une réponse, à moins que l’on admette — et c’es
13007 le romantisme ne fut pas une réponse, à moins que l’ on admette — et c’est possible — que son éloquent abandon aux puissanc
13008 ces nocturnes du mythe n’ait été un dernier moyen de le déprimer par un excès voulu. Quoi qu’il en soit, cette défense éta
13009 nocturnes du mythe n’ait été un dernier moyen de le déprimer par un excès voulu. Quoi qu’il en soit, cette défense était
13010 défense était faible en regard du péril déchaîné. Les forces antivitales longtemps contenues par le mythe se répandirent da
13011 é. Les forces antivitales longtemps contenues par le mythe se répandirent dans les domaines les plus divers, d’où résulta
13012 gtemps contenues par le mythe se répandirent dans les domaines les plus divers, d’où résulta une dissociation, au sens préc
13013 ues par le mythe se répandirent dans les domaines les plus divers, d’où résulta une dissociation, au sens précis de relâche
13014 se répandirent dans les domaines les plus divers, d’ où résulta une dissociation, au sens précis de relâchement des liens s
13015 rs, d’où résulta une dissociation, au sens précis de relâchement des liens sociaux. La guerre européenne fut le jugement d
13016 au sens précis de relâchement des liens sociaux. La guerre européenne fut le jugement d’un monde qui avait cru pouvoir ab
13017 ement des liens sociaux. La guerre européenne fut le jugement d’un monde qui avait cru pouvoir abandonner les formes, et l
13018 ens sociaux. La guerre européenne fut le jugement d’ un monde qui avait cru pouvoir abandonner les formes, et libérer d’une
13019 ement d’un monde qui avait cru pouvoir abandonner les formes, et libérer d’une manière anarchique le « contenu » mortel du
13020 ait cru pouvoir abandonner les formes, et libérer d’ une manière anarchique le « contenu » mortel du mythe. Cependant, je n
13021 r les formes, et libérer d’une manière anarchique le « contenu » mortel du mythe. Cependant, je ne pense pas que le draina
13022 » mortel du mythe. Cependant, je ne pense pas que le drainage de toute passion par la nation soit autre chose qu’une mesur
13023 mythe. Cependant, je ne pense pas que le drainage de toute passion par la nation soit autre chose qu’une mesure de détress
13024 ne pense pas que le drainage de toute passion par la nation soit autre chose qu’une mesure de détresse. C’est repousser la
13025 sion par la nation soit autre chose qu’une mesure de détresse. C’est repousser la menace immédiate, mais l’aggraver alors
13026 chose qu’une mesure de détresse. C’est repousser la menace immédiate, mais l’aggraver alors en la faisant peser sur la vi
13027 tresse. C’est repousser la menace immédiate, mais l’ aggraver alors en la faisant peser sur la vie même des peuples ainsi c
13028 ser la menace immédiate, mais l’aggraver alors en la faisant peser sur la vie même des peuples ainsi constitués en blocs.
13029 te, mais l’aggraver alors en la faisant peser sur la vie même des peuples ainsi constitués en blocs. L’État totalitaire es
13030 a vie même des peuples ainsi constitués en blocs. L’ État totalitaire est bien une forme recréée, mais une forme trop vaste
13031 trique pour modeler et organiser dans ses limites la vie complexe des hommes, même militarisés. Des mesures de police ne f
13032 omplexe des hommes, même militarisés. Des mesures de police ne font pas une culture, des slogans ne font pas une morale. E
13033 ulture, des slogans ne font pas une morale. Entre le cadre artificiel des grands États et la vie quotidienne des hommes, i
13034 le. Entre le cadre artificiel des grands États et la vie quotidienne des hommes, il subsiste encore trop de jeu, trop d’an
13035 e quotidienne des hommes, il subsiste encore trop de jeu, trop d’angoisse et trop de possible. Rien n’est réellement résol
13036 des hommes, il subsiste encore trop de jeu, trop d’ angoisse et trop de possible. Rien n’est réellement résolu. Dès lors :
13037 siste encore trop de jeu, trop d’angoisse et trop de possible. Rien n’est réellement résolu. Dès lors : Ou bien ce sera la
13038 est réellement résolu. Dès lors : Ou bien ce sera la guerre à bref délai, et le problème de la passion sera supprimé avec
13039 lors : Ou bien ce sera la guerre à bref délai, et le problème de la passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fai
13040 en ce sera la guerre à bref délai, et le problème de la passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fait naître ; O
13041 ce sera la guerre à bref délai, et le problème de la passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fait naître ; Ou b
13042 , et le problème de la passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et le pro
13043 la passion sera supprimé avec la civilisation qui l’ a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et le problème renaîtra dans
13044 ivilisation qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et le problème renaîtra dans les pays totalitaires, comme il ne
13045 qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et le problème renaîtra dans les pays totalitaires, comme il ne cesse de no
13046 ien ce sera la paix, et le problème renaîtra dans les pays totalitaires, comme il ne cesse de nous travailler dans nos soci
13047 tra dans les pays totalitaires, comme il ne cesse de nous travailler dans nos sociétés libérales. C’est l’éventualité de l
13048 ous travailler dans nos sociétés libérales. C’est l’ éventualité de la paix que j’envisagerai dans les deux livres terminau
13049 dans nos sociétés libérales. C’est l’éventualité de la paix que j’envisagerai dans les deux livres terminaux : le premier
13050 ns nos sociétés libérales. C’est l’éventualité de la paix que j’envisagerai dans les deux livres terminaux : le premier si
13051 t l’éventualité de la paix que j’envisagerai dans les deux livres terminaux : le premier situant le conflit du mythe et du
13052 ns les deux livres terminaux : le premier situant le conflit du mythe et du mariage dans nos mœurs, le second décrivant un
13053 crivant une attitude que je donne bien moins pour la réponse décisive que pour mon choix particulier. 163. On en aura u
13054 rticulier. 163. On en aura un aperçu en lisant les ouvrages de Freud, et L’Instinct combatif de Pierre Bovet. 164. Dé
13055 163. On en aura un aperçu en lisant les ouvrages de Freud, et L’Instinct combatif de Pierre Bovet. 164. Défaite se dit
13056 ura un aperçu en lisant les ouvrages de Freud, et L’ Instinct combatif de Pierre Bovet. 164. Défaite se dit en allemand
13057 ant les ouvrages de Freud, et L’Instinct combatif de Pierre Bovet. 164. Défaite se dit en allemand Niederlage, littéral
13058 en allemand Niederlage, littéralement : position de qui gît à terre, de qui est couché au-dessous (cf. l’expression « avo
13059 age, littéralement : position de qui gît à terre, de qui est couché au-dessous (cf. l’expression « avoir le dessous »). Ra
13060 ui gît à terre, de qui est couché au-dessous (cf. l’ expression « avoir le dessous »). Rappelons aussi le symbolisme de la
13061 i est couché au-dessous (cf. l’expression « avoir le dessous »). Rappelons aussi le symbolisme de la Tour assiégée dans le
13062 expression « avoir le dessous »). Rappelons aussi le symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’express
13063 voir le dessous »). Rappelons aussi le symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’expression « se faire
13064 r le dessous »). Rappelons aussi le symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’expression « se faire de
13065 lons aussi le symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place
13066 i le symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place ». 165.
13067 e symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place ». 165. R
13068 de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’ expression « se faire des alliés dans la place ». 165. Rodomontades
13069 Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place ». 165. Rodomontades espagnoles. 166. Le Déclin du Moyen Âg
13070 a place ». 165. Rodomontades espagnoles. 166. Le Déclin du Moyen Âge par J. Huizinga. Cet ouvrage admirable par son in
13071 rage admirable par son information autant que par l’ intelligence et la fécondité de ses vues critiques renouvelle notre co
13072 son information autant que par l’intelligence et la fécondité de ses vues critiques renouvelle notre conception du Moyen
13073 ion autant que par l’intelligence et la fécondité de ses vues critiques renouvelle notre conception du Moyen Âge en nous f
13074 e en nous faisant pénétrer par mille chemins dans la vie quotidienne des bourgeois et des nobles de l’époque. Les passages
13075 ns la vie quotidienne des bourgeois et des nobles de l’époque. Les passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant
13076 la vie quotidienne des bourgeois et des nobles de l’ époque. Les passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant son
13077 tidienne des bourgeois et des nobles de l’époque. Les passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant sont des citat
13078 nobles de l’époque. Les passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant sont des citations de la traduction françai
13079 s de ce chapitre et du suivant sont des citations de la traduction française. (Paris 1932.) 167. Qu’on se reporte à notre
13080 e ce chapitre et du suivant sont des citations de la traduction française. (Paris 1932.) 167. Qu’on se reporte à notre an
13081 ) 167. Qu’on se reporte à notre analyse du mythe de Tristan : on y trouvera quelques illustrations typiques de ce passage
13082 n : on y trouvera quelques illustrations typiques de ce passage (barons « félons », jugement par le fer, justification tan
13083 es de ce passage (barons « félons », jugement par le fer, justification tantôt de l’adultère tantôt de la séparation des a
13084 lons », jugement par le fer, justification tantôt de l’adultère tantôt de la séparation des amants). 168. Je serais assez
13085 s », jugement par le fer, justification tantôt de l’ adultère tantôt de la séparation des amants). 168. Je serais assez te
13086 le fer, justification tantôt de l’adultère tantôt de la séparation des amants). 168. Je serais assez tenté de voir dans l
13087 fer, justification tantôt de l’adultère tantôt de la séparation des amants). 168. Je serais assez tenté de voir dans la f
13088 paration des amants). 168. Je serais assez tenté de voir dans la fonction dramatique du tournoi l’une des origines de la
13089 amants). 168. Je serais assez tenté de voir dans la fonction dramatique du tournoi l’une des origines de la tragédie mode
13090 fonction dramatique du tournoi l’une des origines de la tragédie moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à l’époque
13091 ction dramatique du tournoi l’une des origines de la tragédie moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à l’époque où
13092 moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à l’ époque où les tournois passaient de mode, et où se dissociaient leurs
13093 lle-ci s’est constituée précisément à l’époque où les tournois passaient de mode, et où se dissociaient leurs éléments guer
13094 précisément à l’époque où les tournois passaient de mode, et où se dissociaient leurs éléments guerrier, sportif et théât
13095 ent leurs éléments guerrier, sportif et théâtral. La tragédie serait ainsi une « action » privée du risque physique que co
13096 action » privée du risque physique que comportait le tournoi, mais satisfaisant d’autant mieux le besoin, d’émotion sentim
13097 ique que comportait le tournoi, mais satisfaisant d’ autant mieux le besoin, d’émotion sentimentale et spirituelle. 169.
13098 tait le tournoi, mais satisfaisant d’autant mieux le besoin, d’émotion sentimentale et spirituelle. 169. Guichardin, His
13099 rnoi, mais satisfaisant d’autant mieux le besoin, d’ émotion sentimentale et spirituelle. 169. Guichardin, Histoire des G
13100 rituelle. 169. Guichardin, Histoire des Guerres d’ Italie, I, p. 2. 170. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance
13101 I, p. 2. 170. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance de l’esprit. 171. Die Kultur der Renaissance, VI, p. 1.
13102 0. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance de l’esprit. 171. Die Kultur der Renaissance, VI, p. 1. 172. Il est j
13103 Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance de l’ esprit. 171. Die Kultur der Renaissance, VI, p. 1. 172. Il est just
13104 naissance, VI, p. 1. 172. Il est juste toutefois de rappeler qu’on tuait facilement dans ce pays. Mais le meurtre y resta
13105 appeler qu’on tuait facilement dans ce pays. Mais le meurtre y restait individuel. Alors que dans le monde militarisé, l’i
13106 s le meurtre y restait individuel. Alors que dans le monde militarisé, l’individu se voit privé de cette possibilité passi
13107 t individuel. Alors que dans le monde militarisé, l’ individu se voit privé de cette possibilité passionnelle, transférée à
13108 ans le monde militarisé, l’individu se voit privé de cette possibilité passionnelle, transférée à la seule collectivité. C
13109 é de cette possibilité passionnelle, transférée à la seule collectivité. Cf. la Défense du crime par Sade, p. 205. 173.
13110 ionnelle, transférée à la seule collectivité. Cf. la Défense du crime par Sade, p. 205. 173. Op. cit., I, 37-39. Id., po
13111 ade, p. 205. 173. Op. cit., I, 37-39. Id., pour les citations qui suivent. 174. G. Ferrero, dans La Fin des aventures,
13112 es citations qui suivent. 174. G. Ferrero, dans La Fin des aventures, note à juste titre qu’à la suite des dévastations
13113 ans La Fin des aventures, note à juste titre qu’à la suite des dévastations qui marquèrent la guerre de Trente Ans, les an
13114 tre qu’à la suite des dévastations qui marquèrent la guerre de Trente Ans, les années s’imposèrent « des règles et des lim
13115 a suite des dévastations qui marquèrent la guerre de Trente Ans, les années s’imposèrent « des règles et des limites qui r
13116 astations qui marquèrent la guerre de Trente Ans, les années s’imposèrent « des règles et des limites qui répondaient en mê
13117 oral et à une nécessité pratique ». Il s’agissait d’ éviter des dépenses excessives — les hommes coûtant cher — et de ne pa
13118 Il s’agissait d’éviter des dépenses excessives —  les hommes coûtant cher — et de ne pas effrayer les peuples au point de r
13119 épenses excessives — les hommes coûtant cher — et de ne pas effrayer les peuples au point de rendre impossible tout recrut
13120 — les hommes coûtant cher — et de ne pas effrayer les peuples au point de rendre impossible tout recrutement des volontaire
13121 cher — et de ne pas effrayer les peuples au point de rendre impossible tout recrutement des volontaires… 175. J. Bouleng
13122 recrutement des volontaires… 175. J. Boulenger, Le Grand Siècle. 176. F. Foch, Les Principes de la Guerre (1903, réédi
13123 . J. Boulenger, Le Grand Siècle. 176. F. Foch, Les Principes de la Guerre (1903, réédité en 1929). 177. E. et J. de Gon
13124 r, Le Grand Siècle. 176. F. Foch, Les Principes de la Guerre (1903, réédité en 1929). 177. E. et J. de Goncourt, La Fem
13125 Le Grand Siècle. 176. F. Foch, Les Principes de la Guerre (1903, réédité en 1929). 177. E. et J. de Goncourt, La Femme
13126 03, réédité en 1929). 177. E. et J. de Goncourt, La Femme au xviiie siècle. 178. Sur le sentimentalisme humanitaire qui
13127 e Goncourt, La Femme au xviiie siècle. 178. Sur le sentimentalisme humanitaire qui accompagna la Terreur, voir le très c
13128 Sur le sentimentalisme humanitaire qui accompagna la Terreur, voir le très curieux ouvrage d’André Monglond, Le Préromanti
13129 lisme humanitaire qui accompagna la Terreur, voir le très curieux ouvrage d’André Monglond, Le Préromantisme français. 17
13130 compagna la Terreur, voir le très curieux ouvrage d’ André Monglond, Le Préromantisme français. 179. Je parle de cette cho
13131 r, voir le très curieux ouvrage d’André Monglond, Le Préromantisme français. 179. Je parle de cette chose abstraite et fr
13132 nglond, Le Préromantisme français. 179. Je parle de cette chose abstraite et frappante, irréelle mais signifiante, qu’est
13133 e et frappante, irréelle mais signifiante, qu’est la moyenne des expressions typiques de l’amour à une époque donnée — aus
13134 iante, qu’est la moyenne des expressions typiques de l’amour à une époque donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dan
13135 te, qu’est la moyenne des expressions typiques de l’ amour à une époque donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dans l
13136 donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dans le laid que dans le beau, pour la fin du xixe que pour le fameux « Gran
13137 réelle et aussi signifiante dans le laid que dans le beau, pour la fin du xixe que pour le fameux « Grand Siècle », pour
13138 i signifiante dans le laid que dans le beau, pour la fin du xixe que pour le fameux « Grand Siècle », pour le vice que po
13139 d que dans le beau, pour la fin du xixe que pour le fameux « Grand Siècle », pour le vice que pour la vertu. Il est des «
13140 u xixe que pour le fameux « Grand Siècle », pour le vice que pour la vertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute l
13141 le fameux « Grand Siècle », pour le vice que pour la vertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute l’époque — dans ch
13142 ertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute l’ époque — dans chacune il y a de tout — mais qui sont d’une époque plut
13143 ne sont pas toute l’époque — dans chacune il y a de tout — mais qui sont d’une époque plutôt que d’une autre. Je ne dis r
13144 que — dans chacune il y a de tout — mais qui sont d’ une époque plutôt que d’une autre. Je ne dis rien de plus ni rien de m
13145 a de tout — mais qui sont d’une époque plutôt que d’ une autre. Je ne dis rien de plus ni rien de moins. 180. Conclusion d
13146 t que d’une autre. Je ne dis rien de plus ni rien de moins. 180. Conclusion de l’enquête conduite sous la direction de Ma
13147 s rien de plus ni rien de moins. 180. Conclusion de l’enquête conduite sous la direction de Magnus Hirschfeld par une dou
13148 ien de plus ni rien de moins. 180. Conclusion de l’ enquête conduite sous la direction de Magnus Hirschfeld par une douzai
13149 oins. 180. Conclusion de l’enquête conduite sous la direction de Magnus Hirschfeld par une douzaine de savants allemands
13150 onclusion de l’enquête conduite sous la direction de Magnus Hirschfeld par une douzaine de savants allemands et autrichien
13151 a direction de Magnus Hirschfeld par une douzaine de savants allemands et autrichiens, et publiée sous le titre de Sitteng
13152 savants allemands et autrichiens, et publiée sous le titre de Sittengeschichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant
13153 llemands et autrichiens, et publiée sous le titre de Sittengeschichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant la guerre
13154 hichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant la guerre mondiale). 181. Le lansquenet moderne, éprouvant que la guerr
13155 oire des mœurs pendant la guerre mondiale). 181. Le lansquenet moderne, éprouvant que la guerre totale est une négation d
13156 iale). 181. Le lansquenet moderne, éprouvant que la guerre totale est une négation de la passion guerrière, se jette alor
13157 , éprouvant que la guerre totale est une négation de la passion guerrière, se jette alors dans des aventures absurdes, qu’
13158 prouvant que la guerre totale est une négation de la passion guerrière, se jette alors dans des aventures absurdes, qu’il
13159 recherche en tant qu’absurdes et inhumaines (voir La Guerre notre mère d’Ernst Jünger et les Réprouvés de Ernst von Salomo
13160 ines (voir La Guerre notre mère d’Ernst Jünger et les Réprouvés de Ernst von Salomon, pour ne citer que des ouvrages tradui
13161 Guerre notre mère d’Ernst Jünger et les Réprouvés de Ernst von Salomon, pour ne citer que des ouvrages traduits en françai
13162 rages traduits en français). On va se battre pour le plaisir, ou plutôt pour le désespoir, contre n’importe qui. Prolétari
13163 . On va se battre pour le plaisir, ou plutôt pour le désespoir, contre n’importe qui. Prolétariat-guerrier des « volontair
13164 « volontaires » (Baltikum, Espagne, Chine). C’est la débauche désespérée et vénale de celui qu’a déçu la passion. Revanche
13165 e, Chine). C’est la débauche désespérée et vénale de celui qu’a déçu la passion. Revanche sadique. 182. Bachofen (auteur
13166 débauche désespérée et vénale de celui qu’a déçu la passion. Revanche sadique. 182. Bachofen (auteur du Mutterrecht : l
13167 sadique. 182. Bachofen (auteur du Mutterrecht : le Matriarcat) expose une théorie analogue à propos de la tragédie grecq
13168 triarcat) expose une théorie analogue à propos de la tragédie grecque, considérée comme l’Auseinandersetzung (la discussio
13169 à propos de la tragédie grecque, considérée comme l’ Auseinandersetzung (la discussion, la querelle, l’explication) entre l
13170 e grecque, considérée comme l’Auseinandersetzung ( la discussion, la querelle, l’explication) entre la communauté et les pu
13171 idérée comme l’Auseinandersetzung (la discussion, la querelle, l’explication) entre la communauté et les puissances du myt
13172 l’Auseinandersetzung (la discussion, la querelle, l’ explication) entre la communauté et les puissances du mythe.
13173 (la discussion, la querelle, l’explication) entre la communauté et les puissances du mythe.
13174 a querelle, l’explication) entre la communauté et les puissances du mythe.
7 1939, L’Amour et l’Occident. Livre VI. Le mythe contre le mariage
13175 Livre VILe mythe contre le mariage 1.Crise moderne du mariage Deux morales s’affrontaient
13176 Deux morales s’affrontaient au Moyen Âge : celle de la société christianisée, et celle de la courtoisie hérétique. L’une
13177 ux morales s’affrontaient au Moyen Âge : celle de la société christianisée, et celle de la courtoisie hérétique. L’une imp
13178 Âge : celle de la société christianisée, et celle de la courtoisie hérétique. L’une impliquait le mariage, dont elle fit m
13179  : celle de la société christianisée, et celle de la courtoisie hérétique. L’une impliquait le mariage, dont elle fit même
13180 elle de la courtoisie hérétique. L’une impliquait le mariage, dont elle fit même un sacrement ; l’autre exaltait un ensemb
13181 même un sacrement ; l’autre exaltait un ensemble de valeurs d’où résultait — en principe tout au moins — la condamnation
13182 crement ; l’autre exaltait un ensemble de valeurs d’ où résultait — en principe tout au moins — la condamnation du mariage.
13183 eurs d’où résultait — en principe tout au moins — la condamnation du mariage. Le jugement porté sur l’adultère dans l’une
13184 ncipe tout au moins — la condamnation du mariage. Le jugement porté sur l’adultère dans l’une et l’autre perspective, cara
13185 la condamnation du mariage. Le jugement porté sur l’ adultère dans l’une et l’autre perspective, caractérise fort bien l’op
13186 une et l’autre perspective, caractérise fort bien l’ opposition. Aux yeux de l’Église, l’adultère était tout à la fois un s
13187 , caractérise fort bien l’opposition. Aux yeux de l’ Église, l’adultère était tout à la fois un sacrilège, un crime contre
13188 ise fort bien l’opposition. Aux yeux de l’Église, l’ adultère était tout à la fois un sacrilège, un crime contre l’ordre na
13189 tait tout à la fois un sacrilège, un crime contre l’ ordre naturel et un crime contre l’ordre social. Car le sacrement unis
13190 n crime contre l’ordre naturel et un crime contre l’ ordre social. Car le sacrement unissait tout à la fois deux âmes fidèl
13191 re naturel et un crime contre l’ordre social. Car le sacrement unissait tout à la fois deux âmes fidèles, deux corps aptes
13192 sonnes juridiques. Il se trouvait donc sanctifier les intérêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts de la cité. Celui q
13193 rouvait donc sanctifier les intérêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce trip
13194 vait donc sanctifier les intérêts fondamentaux de l’ espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple
13195 nctifier les intérêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne
13196 intérêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne se rendait
13197 érêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne se rendait pas
13198 as « intéressant », mais pitoyable ou méprisable. La synthèse catholique s’efforçait de marier l’eau et le feu, car on pou
13199 ou méprisable. La synthèse catholique s’efforçait de marier l’eau et le feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pèr
13200 ble. La synthèse catholique s’efforçait de marier l’ eau et le feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères les thè
13201 ynthèse catholique s’efforçait de marier l’eau et le feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères les thèses les p
13202 , car on pouvait tirer des Écritures et des Pères les thèses les plus contradictoires sur la sainteté de la procréation — l
13203 uvait tirer des Écritures et des Pères les thèses les plus contradictoires sur la sainteté de la procréation — loi de l’esp
13204 des Pères les thèses les plus contradictoires sur la sainteté de la procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de
13205 s thèses les plus contradictoires sur la sainteté de la procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité
13206 hèses les plus contradictoires sur la sainteté de la procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité — 
13207 dictoires sur la sainteté de la procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour
13208 toires sur la sainteté de la procréation — loi de l’ espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’
13209 teté de la procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament,
13210 rocréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple,
13211 réation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, un
13212 espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, une descendance nombr
13213 èce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’ esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, une descendance nombreus
13214 sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’ Ancien Testament, par exemple, une descendance nombreuse est signe d’é
13215 par exemple, une descendance nombreuse est signe d’ élection, tandis que pour saint Paul, celui qui reste vierge « fait mi
13216 ux » que celui qui se marie, même chrétiennement. L’ hérésie qui est à l’origine de la cortezia du Midi s’opposait au maria
13217 e marie, même chrétiennement. L’hérésie qui est à l’ origine de la cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur le
13218 ême chrétiennement. L’hérésie qui est à l’origine de la cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur les trois ch
13219 chrétiennement. L’hérésie qui est à l’origine de la cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur les trois chefs
13220 ezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur les trois chefs que l’on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord le sa
13221 ait au mariage catholique sur les trois chefs que l’ on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord le sacrement, comme n’ét
13222 e l’on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord le sacrement, comme n’étant établi par aucun texte univoque de l’Évangil
13223 nt, comme n’étant établi par aucun texte univoque de l’Évangile183. Elle condamnait la procréation comme relevant de la lo
13224 comme n’étant établi par aucun texte univoque de l’ Évangile183. Elle condamnait la procréation comme relevant de la loi d
13225 texte univoque de l’Évangile183. Elle condamnait la procréation comme relevant de la loi du Prince des ténèbres, c’est-à-
13226 83. Elle condamnait la procréation comme relevant de la loi du Prince des ténèbres, c’est-à-dire du Démiurge auteur du mon
13227 Elle condamnait la procréation comme relevant de la loi du Prince des ténèbres, c’est-à-dire du Démiurge auteur du monde
13228 truire un ordre social qui permettait et exigeait la guerre, comme expression du vouloir-vivre collectif184. Mais le fonde
13229 me expression du vouloir-vivre collectif184. Mais le fondement de ces trois refus était en vérité la doctrine de l’Amour,
13230 du vouloir-vivre collectif184. Mais le fondement de ces trois refus était en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire
13231 s le fondement de ces trois refus était en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit ét
13232 nt de ces trois refus était en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit éternel et ang
13233 de ces trois refus était en vérité la doctrine de l’ Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit éternel et angois
13234 it en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit éternel et angoissé avec la créature de
13235 en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire de l’ Éros divinisant, en conflit éternel et angoissé avec la créature de ch
13236 s divinisant, en conflit éternel et angoissé avec la créature de chair et ses instincts asservissants. L’apparition de la
13237 , en conflit éternel et angoissé avec la créature de chair et ses instincts asservissants. L’apparition de la passion d’Am
13238 créature de chair et ses instincts asservissants. L’ apparition de la passion d’Amour devait donc transformer radicalement
13239 hair et ses instincts asservissants. L’apparition de la passion d’Amour devait donc transformer radicalement le jugement p
13240 r et ses instincts asservissants. L’apparition de la passion d’Amour devait donc transformer radicalement le jugement port
13241 stincts asservissants. L’apparition de la passion d’ Amour devait donc transformer radicalement le jugement porté sur l’adu
13242 sion d’Amour devait donc transformer radicalement le jugement porté sur l’adultère. Certes, la pure doctrine cathare ne pr
13243 nc transformer radicalement le jugement porté sur l’ adultère. Certes, la pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer
13244 alement le jugement porté sur l’adultère. Certes, la pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer la faute en soi, pu
13245 pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer la faute en soi, puisqu’au contraire elle ordonnait la chasteté. Mais no
13246 faute en soi, puisqu’au contraire elle ordonnait la chasteté. Mais nous avons montré que le symbole courtois de l’amour p
13247 ordonnait la chasteté. Mais nous avons montré que le symbole courtois de l’amour pour une Dame (spirituelle), amour évidem
13248 é. Mais nous avons montré que le symbole courtois de l’amour pour une Dame (spirituelle), amour évidemment incompatible av
13249 Mais nous avons montré que le symbole courtois de l’ amour pour une Dame (spirituelle), amour évidemment incompatible avec
13250 (spirituelle), amour évidemment incompatible avec le mariage dans la chair, devait amener des confusions inextricables. Po
13251 mour évidemment incompatible avec le mariage dans la chair, devait amener des confusions inextricables. Pour l’amateur non
13252 devait amener des confusions inextricables. Pour l’ amateur non initié des poèmes provençaux et des romans bretons, l’adul
13253 itié des poèmes provençaux et des romans bretons, l’ adultère de Tristan reste une faute185, mais il se trouve revêtir en m
13254 èmes provençaux et des romans bretons, l’adultère de Tristan reste une faute185, mais il se trouve revêtir en même temps l
13255 faute185, mais il se trouve revêtir en même temps l’ aspect d’une aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour le croyan
13256 mais il se trouve revêtir en même temps l’aspect d’ une aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour le croyant maniché
13257 même temps l’aspect d’une aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour le croyant manichéen, était l’expression dramati
13258 e aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour le croyant manichéen, était l’expression dramatique du combat de la foi
13259 morale. Ce qui, pour le croyant manichéen, était l’ expression dramatique du combat de la foi et du monde, devient alors p
13260 anichéen, était l’expression dramatique du combat de la foi et du monde, devient alors pour le lecteur une « poésie » équi
13261 chéen, était l’expression dramatique du combat de la foi et du monde, devient alors pour le lecteur une « poésie » équivoq
13262 combat de la foi et du monde, devient alors pour le lecteur une « poésie » équivoque et brûlante. Poésie toute profane d’
13263 sie » équivoque et brûlante. Poésie toute profane d’ apparences, dont la puissance de séduction s’accroît encore du fait qu
13264 brûlante. Poésie toute profane d’apparences, dont la puissance de séduction s’accroît encore du fait que l’on ignore la si
13265 sie toute profane d’apparences, dont la puissance de séduction s’accroît encore du fait que l’on ignore la signification m
13266 issance de séduction s’accroît encore du fait que l’ on ignore la signification mystique de ses symboles, et que ceux-ci ne
13267 éduction s’accroît encore du fait que l’on ignore la signification mystique de ses symboles, et que ceux-ci ne paraissent
13268 du fait que l’on ignore la signification mystique de ses symboles, et que ceux-ci ne paraissent plus révélateurs que d’un
13269 et que ceux-ci ne paraissent plus révélateurs que d’ un mystère vague et flatteur. Comment expliquer autrement qu’à partir
13270 ent qu’à partir du xiie siècle, celui qui commet l’ adultère devienne soudain un personnage intéressant ? Le roi David en
13271 tère devienne soudain un personnage intéressant ? Le roi David en volant Bethsabée commet un crime et se rend méprisable.
13272 t donner lieu qu’à des commentaires édifiants sur le danger de pécher et le remords, devient soudain vertu mystique (dans
13273 ieu qu’à des commentaires édifiants sur le danger de pécher et le remords, devient soudain vertu mystique (dans le symbole
13274 commentaires édifiants sur le danger de pécher et le remords, devient soudain vertu mystique (dans le symbole), puis se dé
13275 le remords, devient soudain vertu mystique (dans le symbole), puis se dégrade (dans la littérature) en aventure troublant
13276 mystique (dans le symbole), puis se dégrade (dans la littérature) en aventure troublante et attirante. ⁂ Je n’entends pas
13277 attirante. ⁂ Je n’entends pas un instant ramener la crise actuelle du mariage au conflit de l’orthodoxie et d’une hérésie
13278 t ramener la crise actuelle du mariage au conflit de l’orthodoxie et d’une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme te
13279 amener la crise actuelle du mariage au conflit de l’ orthodoxie et d’une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme telle
13280 actuelle du mariage au conflit de l’orthodoxie et d’ une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme telle, n’existe plus 
13281 ette dernière, comme telle, n’existe plus ; et si l’ orthodoxie existe encore, il faut avouer qu’elle joue un rôle restrein
13282 l faut avouer qu’elle joue un rôle restreint dans la vie de nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens l’état présent de dé
13283 avouer qu’elle joue un rôle restreint dans la vie de nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens l’état présent de dé-morali
13284 vie de nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens l’ état présent de dé-moralisation générale — non d’a-moralité comme on d
13285 iétés. Ce qui explique, à mon sens l’état présent de dé-moralisation générale — non d’a-moralité comme on dit trop souvent
13286 l’état présent de dé-moralisation générale — non d’ a-moralité comme on dit trop souvent — c’est la confuse dissension au
13287 on d’a-moralité comme on dit trop souvent — c’est la confuse dissension au sein de laquelle nous vivons de deux morales, d
13288 onfuse dissension au sein de laquelle nous vivons de deux morales, dont l’une est héritée de l’orthodoxie religieuse, mais
13289 us vivons de deux morales, dont l’une est héritée de l’orthodoxie religieuse, mais ne s’appuie plus sur une foi vivante, e
13290 vivons de deux morales, dont l’une est héritée de l’ orthodoxie religieuse, mais ne s’appuie plus sur une foi vivante, et d
13291 plus sur une foi vivante, et dont l’autre dérive d’ une hérésie dont l’expression « essentiellement lyrique » nous parvien
13292 ivante, et dont l’autre dérive d’une hérésie dont l’ expression « essentiellement lyrique » nous parvient totalement profan
13293 otalement profanée, et par suite dénaturée. Voici les forces en présence : d’une part, une morale de l’espèce et de la soci
13294 i les forces en présence : d’une part, une morale de l’espèce et de la société en général, mais plus ou moins empreinte de
13295 es forces en présence : d’une part, une morale de l’ espèce et de la société en général, mais plus ou moins empreinte de re
13296 présence : d’une part, une morale de l’espèce et de la société en général, mais plus ou moins empreinte de religion — c’e
13297 ésence : d’une part, une morale de l’espèce et de la société en général, mais plus ou moins empreinte de religion — c’est
13298 société en général, mais plus ou moins empreinte de religion — c’est ce que l’on nomme la morale bourgeoise ; d’autre par
13299 lus ou moins empreinte de religion — c’est ce que l’ on nomme la morale bourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par
13300 s empreinte de religion — c’est ce que l’on nomme la morale bourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par l’ambiance
13301 ourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par l’ ambiance culturelle, littéraire, artistique — c’est la morale passionn
13302 biance culturelle, littéraire, artistique — c’est la morale passionnelle ou romanesque. Tous les adolescents de la bourgeo
13303  c’est la morale passionnelle ou romanesque. Tous les adolescents de la bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du
13304 passionnelle ou romanesque. Tous les adolescents de la bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du mariage, mais e
13305 ssionnelle ou romanesque. Tous les adolescents de la bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du mariage, mais en m
13306 ts de la bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’ idée du mariage, mais en même temps se trouvent baignés dans une atmos
13307 ère romantique entretenue par leurs lectures, par les spectacles, et par mille allusions quotidiennes, dont le sous-entendu
13308 tacles, et par mille allusions quotidiennes, dont le sous-entendu est à peu près que la passion est l’épreuve suprême, que
13309 idiennes, dont le sous-entendu est à peu près que la passion est l’épreuve suprême, que tout homme doit un jour la connaît
13310 le sous-entendu est à peu près que la passion est l’ épreuve suprême, que tout homme doit un jour la connaître, et que la v
13311 st l’épreuve suprême, que tout homme doit un jour la connaître, et que la vie ne saurait être à plein vécue que par ceux q
13312 que tout homme doit un jour la connaître, et que la vie ne saurait être à plein vécue que par ceux qui « ont passé par là
13313 n vécue que par ceux qui « ont passé par là ». Or la passion et le mariage sont par essence incompatibles. Leurs origines
13314 r ceux qui « ont passé par là ». Or la passion et le mariage sont par essence incompatibles. Leurs origines et leurs final
13315 es. Leurs origines et leurs finalités s’excluent. De leur coexistence dans nos vies surgissent sans fin des problèmes inso
13316 « sécurités » sociales. En d’autres temps, ce fut la fonction du mythe que d’ordonner cette anarchie latente et de la comp
13317 n d’autres temps, ce fut la fonction du mythe que d’ ordonner cette anarchie latente et de la composer symboliquement dans
13318 du mythe que d’ordonner cette anarchie latente et de la composer symboliquement dans nos catégories morales. Rôle d’exutoi
13319 mythe que d’ordonner cette anarchie latente et de la composer symboliquement dans nos catégories morales. Rôle d’exutoire,
13320 symboliquement dans nos catégories morales. Rôle d’ exutoire, rôle civilisateur. Mais le mythe s’est déprimé et profané en
13321 morales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais le mythe s’est déprimé et profané en même temps que les formes sociales
13322 mythe s’est déprimé et profané en même temps que les formes sociales dont il tirait ses éléments plastiques. Si maintenant
13323 ses éléments plastiques. Si maintenant il tentait de se recomposer, on pressent qu’il ne trouverait plus de résistances as
13324 recomposer, on pressent qu’il ne trouverait plus de résistances assez solides pour lui servir de masque et de prétexte. U
13325 plus de résistances assez solides pour lui servir de masque et de prétexte. Une immense littérature paraît chaque mois sur
13326 tances assez solides pour lui servir de masque et de prétexte. Une immense littérature paraît chaque mois sur la « crise d
13327 e. Une immense littérature paraît chaque mois sur la « crise du mariage ». Mais je doute fort qu’il en résulte aucune espè
13328 Mais je doute fort qu’il en résulte aucune espèce de solution pratique : car seul le mythe, c’est-à-dire l’inconscience po
13329 lte aucune espèce de solution pratique : car seul le mythe, c’est-à-dire l’inconscience pourrait fournir à la passion une
13330 lution pratique : car seul le mythe, c’est-à-dire l’ inconscience pourrait fournir à la passion une espèce de modus vivendi
13331 e, c’est-à-dire l’inconscience pourrait fournir à la passion une espèce de modus vivendi, et tous ces livres, aggravant au
13332 nscience pourrait fournir à la passion une espèce de modus vivendi, et tous ces livres, aggravant au contraire notre consc
13333 raire notre conscience du problème, contribuent à le rendre insoluble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi de notr
13334 lème, contribuent à le rendre insoluble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans
13335 ibuent à le rendre insoluble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadre
13336 ent à le rendre insoluble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadres a
13337 uble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadres actuels. L’institution
13338 es de la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadres actuels. L’institution matrimoniale se fondai
13339 mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadres actuels. L’institution matrimoniale se fondait en effet sur tr
13340 impuissance à la réduire dans les cadres actuels. L’ institution matrimoniale se fondait en effet sur trois groupes de vale
13341 atrimoniale se fondait en effet sur trois groupes de valeurs qui lui fournissaient ses « contraintes » — et c’est précisém
13342 t ses « contraintes » — et c’est précisément dans le jeu de ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’expression (
13343  contraintes » — et c’est précisément dans le jeu de ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’expression (comme o
13344 st précisément dans le jeu de ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’expression (comme on l’a vu au Livre I). O
13345 e ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’ expression (comme on l’a vu au Livre I). Or voici que ces contraintes
13346 e mythe puisait ses moyens d’expression (comme on l’ a vu au Livre I). Or voici que ces contraintes ou se relâchent, ou dis
13347 hent, ou disparaissent : 1. — Contraintes sacrées Le mariage, chez les peuples païens, s’est toujours entouré d’un rituel
13348 ssent : 1. — Contraintes sacrées Le mariage, chez les peuples païens, s’est toujours entouré d’un rituel dont nos instituti
13349 , chez les peuples païens, s’est toujours entouré d’ un rituel dont nos institutions gardèrent longtemps les éléments : rit
13350 rituel dont nos institutions gardèrent longtemps les éléments : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme.
13351 itutions gardèrent longtemps les éléments : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, l
13352 tions gardèrent longtemps les éléments : rites de l’ achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la d
13353 ngtemps les éléments : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son imp
13354 emps les éléments : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son import
13355 ments : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par su
13356 ts : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de l’ exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par suite
13357 hat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par suite de l’instabilité
13358 de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par suite de l’instabilité économique. Le
13359 et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par suite de l’instabilité économique. Les coutumes r
13360 ours, la dot perd de son importance, par suite de l’ instabilité économique. Les coutumes rappelant le rapt nuptial n’exist
13361 mportance, par suite de l’instabilité économique. Les coutumes rappelant le rapt nuptial n’existent plus que sous forme de
13362 l’instabilité économique. Les coutumes rappelant le rapt nuptial n’existent plus que sous forme de plaisanteries paysanne
13363 lus que sous forme de plaisanteries paysannes186. La demande en mariage, avec échange de visites en haut de forme et « déc
13364 paysannes186. La demande en mariage, avec échange de visites en haut de forme et « déclaration » officielle, est aussi dém
13365 mande en mariage, avec échange de visites en haut de forme et « déclaration » officielle, est aussi démodée que les crinol
13366 « déclaration » officielle, est aussi démodée que les crinolines. Et la majorité des couples n’éprouve plus même le besoin
13367 icielle, est aussi démodée que les crinolines. Et la majorité des couples n’éprouve plus même le besoin superstitieux d’al
13368 s. Et la majorité des couples n’éprouve plus même le besoin superstitieux d’aller se faire « bénir » par un prêtre. 2. — C
13369 uples n’éprouve plus même le besoin superstitieux d’ aller se faire « bénir » par un prêtre. 2. — Contraintes sociales Les
13370  bénir » par un prêtre. 2. — Contraintes sociales Les questions de rang, de sang, d’intérêts familiaux, et même d’argent, s
13371 n prêtre. 2. — Contraintes sociales Les questions de rang, de sang, d’intérêts familiaux, et même d’argent, sont en train
13372 2. — Contraintes sociales Les questions de rang, de sang, d’intérêts familiaux, et même d’argent, sont en train de passer
13373 traintes sociales Les questions de rang, de sang, d’ intérêts familiaux, et même d’argent, sont en train de passer au secon
13374 s de rang, de sang, d’intérêts familiaux, et même d’ argent, sont en train de passer au second plan dans les pays démocrati
13375 gent, sont en train de passer au second plan dans les pays démocratiques, et par suite les problèmes individuels déterminen
13376 nd plan dans les pays démocratiques, et par suite les problèmes individuels déterminent de plus en plus le choix réciproque
13377 problèmes individuels déterminent de plus en plus le choix réciproque des conjoints. D’où le nombre croissant des divorces
13378 e plus en plus le choix réciproque des conjoints. D’ où le nombre croissant des divorces. En même temps, les cérémonies épi
13379 s en plus le choix réciproque des conjoints. D’où le nombre croissant des divorces. En même temps, les cérémonies épithala
13380 le nombre croissant des divorces. En même temps, les cérémonies épithalamiques se simplifient ou disparaissent. Il est cur
13381 s se simplifient ou disparaissent. Il est curieux de noter que des coutumes d’origine lointaine et sacrée telles que la « 
13382 aissent. Il est curieux de noter que des coutumes d’ origine lointaine et sacrée telles que la « quasi-publicité du lit nup
13383 coutumes d’origine lointaine et sacrée telles que la « quasi-publicité du lit nuptial » (Huizinga) subsistèrent, au moins
13384 nuptial » (Huizinga) subsistèrent, au moins dans les provinces, jusqu’en plein xviie siècle : on avait oublié les mystère
13385 s, jusqu’en plein xviie siècle : on avait oublié les mystères originels, mais les rites gardaient pour effet de socialiser
13386 le : on avait oublié les mystères originels, mais les rites gardaient pour effet de socialiser l’acte du mariage, de l’inté
13387 es originels, mais les rites gardaient pour effet de socialiser l’acte du mariage, de l’intégrer dans l’existence communau
13388 mais les rites gardaient pour effet de socialiser l’ acte du mariage, de l’intégrer dans l’existence communautaire. À parti
13389 aient pour effet de socialiser l’acte du mariage, de l’intégrer dans l’existence communautaire. À partir du xviiie siècle
13390 nt pour effet de socialiser l’acte du mariage, de l’ intégrer dans l’existence communautaire. À partir du xviiie siècle, l
13391 socialiser l’acte du mariage, de l’intégrer dans l’ existence communautaire. À partir du xviiie siècle, le thème du « Cou
13392 stence communautaire. À partir du xviiie siècle, le thème du « Coucher de la mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodin
13393 À partir du xviiie siècle, le thème du « Coucher de la mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodines galanteries pictura
13394 artir du xviiie siècle, le thème du « Coucher de la mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodines galanteries picturales
13395 Coucher de la mariée » n’est plus qu’une occasion d’ anodines galanteries picturales. De nos jours enfin, le « voyage de no
13396 u’une occasion d’anodines galanteries picturales. De nos jours enfin, le « voyage de noces », pour autant qu’il subsiste e
13397 dines galanteries picturales. De nos jours enfin, le « voyage de noces », pour autant qu’il subsiste et garde une signific
13398 eries picturales. De nos jours enfin, le « voyage de noces », pour autant qu’il subsiste et garde une signification, repré
13399 signification, représente bien plutôt une volonté de s’évader de l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de
13400 n, représente bien plutôt une volonté de s’évader de l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on app
13401 représente bien plutôt une volonté de s’évader de l’ ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on appell
13402 une volonté de s’évader de l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des époux
13403 de s’évader de l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des époux. 3. — Contra
13404 biance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des époux. 3. — Contraintes religieuses D
13405 souligner le caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des époux. 3. — Contraintes religieuses Dans la mesure où la
13406 heur des époux. 3. — Contraintes religieuses Dans la mesure où la conscience moderne comme telle sait encore distinguer le
13407 x. 3. — Contraintes religieuses Dans la mesure où la conscience moderne comme telle sait encore distinguer le christianism
13408 cience moderne comme telle sait encore distinguer le christianisme des contraintes sacrées et sociales, elle le repousse a
13409 ianisme des contraintes sacrées et sociales, elle le repousse avec horreur. Car l’engagement religieux est pris « pour le
13410 s et sociales, elle le repousse avec horreur. Car l’ engagement religieux est pris « pour le temps et l’éternité », c’est-à
13411 rreur. Car l’engagement religieux est pris « pour le temps et l’éternité », c’est-à-dire qu’il ne tient aucun compte des v
13412 ’engagement religieux est pris « pour le temps et l’ éternité », c’est-à-dire qu’il ne tient aucun compte des variations de
13413 à-dire qu’il ne tient aucun compte des variations de tempérament, de caractère, de goûts et de conditions externes qui ne
13414 tient aucun compte des variations de tempérament, de caractère, de goûts et de conditions externes qui ne manqueront pas d
13415 mpte des variations de tempérament, de caractère, de goûts et de conditions externes qui ne manqueront pas de se produire
13416 iations de tempérament, de caractère, de goûts et de conditions externes qui ne manqueront pas de se produire un jour ou d
13417 s et de conditions externes qui ne manqueront pas de se produire un jour ou d’autre dans la vie du couple. Or c’est de tou
13418 s qui ne manqueront pas de se produire un jour ou d’ autre dans la vie du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les
13419 ueront pas de se produire un jour ou d’autre dans la vie du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les modernes fon
13420 n jour ou d’autre dans la vie du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les modernes font dépendre leur « bonheur »
13421 du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les modernes font dépendre leur « bonheur » (nous reviendrons tout à l’he
13422 épendre leur « bonheur » (nous reviendrons tout à l’ heure sur cette notion centrale). Cette dépréciation générale des obst
13423 des obstacles institutionnels entraîne une chute de tension morale d’où résulte une immense confusion. L’adultère devient
13424 titutionnels entraîne une chute de tension morale d’ où résulte une immense confusion. L’adultère devient un sujet de délic
13425 ension morale d’où résulte une immense confusion. L’ adultère devient un sujet de délicates analyses psychologiques, ou de
13426 ne immense confusion. L’adultère devient un sujet de délicates analyses psychologiques, ou de plaisanteries vaudevillesque
13427 un sujet de délicates analyses psychologiques, ou de plaisanteries vaudevillesques. La fidélité dans le mariage paraît lég
13428 chologiques, ou de plaisanteries vaudevillesques. La fidélité dans le mariage paraît légèrement ridicule : elle prend figu
13429 e plaisanteries vaudevillesques. La fidélité dans le mariage paraît légèrement ridicule : elle prend figure de conformisme
13430 ge paraît légèrement ridicule : elle prend figure de conformisme. Il n’y a plus, à proprement parler, conflit de deux mora
13431 isme. Il n’y a plus, à proprement parler, conflit de deux morales hostiles — et par suite plus de mythe possible — mais on
13432 flit de deux morales hostiles — et par suite plus de mythe possible — mais on approche d’un état de neutralisation mutuell
13433 r suite plus de mythe possible — mais on approche d’ un état de neutralisation mutuelle au terme de la consomption des viei
13434 us de mythe possible — mais on approche d’un état de neutralisation mutuelle au terme de la consomption des vieilles valeu
13435 che d’un état de neutralisation mutuelle au terme de la consomption des vieilles valeurs non transcendées mais déprimées.
13436 d’un état de neutralisation mutuelle au terme de la consomption des vieilles valeurs non transcendées mais déprimées.
13437 s mais déprimées. 2.Idée moderne du bonheur Le mariage cessant d’être garanti par un système de contraintes sociales
13438 2.Idée moderne du bonheur Le mariage cessant d’ être garanti par un système de contraintes sociales ne peut plus se fo
13439 Le mariage cessant d’être garanti par un système de contraintes sociales ne peut plus se fonder, désormais, que sur des d
13440 it sur une idée individuelle du bonheur, idée que l’ on suppose commune aux deux conjoints dans le cas le plus favorable. O
13441 que l’on suppose commune aux deux conjoints dans le cas le plus favorable. Or s’il est assez difficile de définir en géné
13442 on suppose commune aux deux conjoints dans le cas le plus favorable. Or s’il est assez difficile de définir en général le
13443 as le plus favorable. Or s’il est assez difficile de définir en général le bonheur, le problème devient insoluble dès que
13444 Or s’il est assez difficile de définir en général le bonheur, le problème devient insoluble dès que s’y ajoute la volonté
13445 assez difficile de définir en général le bonheur, le problème devient insoluble dès que s’y ajoute la volonté moderne d’êt
13446 le problème devient insoluble dès que s’y ajoute la volonté moderne d’être le maître de son bonheur, ou ce qui revient pe
13447 t insoluble dès que s’y ajoute la volonté moderne d’ être le maître de son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de
13448 uble dès que s’y ajoute la volonté moderne d’être le maître de son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir
13449 ue s’y ajoute la volonté moderne d’être le maître de son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir de quoi i
13450 son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir de quoi il est fait, de l’analyser et de le goûter afin de pou
13451 r, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir de quoi il est fait, de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’amé
13452 peut-être au même, de sentir de quoi il est fait, de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouc
13453 t-être au même, de sentir de quoi il est fait, de l’ analyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches
13454 , de sentir de quoi il est fait, de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches bien calculée
13455 e sentir de quoi il est fait, de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches bien calculées.
13456 it, de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’ améliorer par des retouches bien calculées. Votre bonheur, répètent le
13457 retouches bien calculées. Votre bonheur, répètent les prêches des magazines, dépend de ceci, exige cela — et ceci ou cela,
13458 nheur, répètent les prêches des magazines, dépend de ceci, exige cela — et ceci ou cela, c’est toujours quelque chose qu’i
13459 t toujours quelque chose qu’il faut acquérir, par de l’argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande dont le suc
13460 oujours quelque chose qu’il faut acquérir, par de l’ argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande dont le succès
13461 uelque chose qu’il faut acquérir, par de l’argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande dont le succès caractér
13462 l faut acquérir, par de l’argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande dont le succès caractérise l’état moral
13463 rir, par de l’argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande dont le succès caractérise l’état moral de l’époque,
13464 lus souvent. Le résultat de cette propagande dont le succès caractérise l’état moral de l’époque, est à la fois de nous ob
13465 at de cette propagande dont le succès caractérise l’ état moral de l’époque, est à la fois de nous obséder par l’idée d’un
13466 ropagande dont le succès caractérise l’état moral de l’époque, est à la fois de nous obséder par l’idée d’un bonheur facil
13467 agande dont le succès caractérise l’état moral de l’ époque, est à la fois de nous obséder par l’idée d’un bonheur facile,
13468 ractérise l’état moral de l’époque, est à la fois de nous obséder par l’idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous
13469 al de l’époque, est à la fois de nous obséder par l’ idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le
13470 ’époque, est à la fois de nous obséder par l’idée d’ un bonheur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le posséde
13471 r par l’idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le posséder. Car tout ce qu’on nous propose nou
13472 facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le posséder. Car tout ce qu’on nous propose nous introduit dans le monde
13473 ar tout ce qu’on nous propose nous introduit dans le monde de la comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant qu
13474 e qu’on nous propose nous introduit dans le monde de la comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que l’homme
13475 u’on nous propose nous introduit dans le monde de la comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que l’homme ne
13476 on, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que l’ homme ne sera pas Dieu. Le bonheur est une Eurydice : on l’a perdu dès
13477 ait s’établir, tant que l’homme ne sera pas Dieu. Le bonheur est une Eurydice : on l’a perdu dès qu’on veut le saisir. Il
13478 e sera pas Dieu. Le bonheur est une Eurydice : on l’ a perdu dès qu’on veut le saisir. Il ne peut vivre que dans l’acceptat
13479 ur est une Eurydice : on l’a perdu dès qu’on veut le saisir. Il ne peut vivre que dans l’acceptation, et meurt dans la rev
13480 s qu’on veut le saisir. Il ne peut vivre que dans l’ acceptation, et meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de l’ê
13481 peut vivre que dans l’acceptation, et meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir : les m
13482 t meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont rép
13483 eurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de l’ être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété
13484 evendication. C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre tem
13485 ndication. C’est qu’il dépend de l’être et non de l’ avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre temps
13486 C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre temps n’apporte r
13487 pend de l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive
13488 l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive nous fair
13489 non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive nous faire changer
13490 temps n’apporte rien qui doive nous faire changer d’ avis. Tout bonheur que l’on veut sentir, que l’on veut tenir à sa merc
13491 doive nous faire changer d’avis. Tout bonheur que l’ on veut sentir, que l’on veut tenir à sa merci — au lieu d’y être comm
13492 er d’avis. Tout bonheur que l’on veut sentir, que l’ on veut tenir à sa merci — au lieu d’y être comme par grâce — se trans
13493 stantanément en une absence insupportable. Fonder le mariage sur un pareil « bonheur » suppose de la part des modernes une
13494 ur » suppose de la part des modernes une capacité d’ ennui presque morbide — ou l’intention secrète de tricher II est proba
13495 odernes une capacité d’ennui presque morbide — ou l’ intention secrète de tricher II est probable que cette intention ou ce
13496 d’ennui presque morbide — ou l’intention secrète de tricher II est probable que cette intention ou cet espoir d’ailleurs
13497 able que cette intention ou cet espoir d’ailleurs le plus souvent déçus, expliquent seuls la facilité avec laquelle on se
13498 ’ailleurs le plus souvent déçus, expliquent seuls la facilité avec laquelle on se marie encore « sans y croire ». Le rêve
13499 ec laquelle on se marie encore « sans y croire ». Le rêve de la passion possible agit comme une distraction permanente, an
13500 lle on se marie encore « sans y croire ». Le rêve de la passion possible agit comme une distraction permanente, anesthésia
13501 on se marie encore « sans y croire ». Le rêve de la passion possible agit comme une distraction permanente, anesthésiant
13502 it comme une distraction permanente, anesthésiant les révoltes de l’ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur
13503 distraction permanente, anesthésiant les révoltes de l’ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur — mais on p
13504 traction permanente, anesthésiant les révoltes de l’ ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur — mais on pres
13505 iant les révoltes de l’ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur — mais on pressent que ce serait un malheur
13506 erait un malheur plus beau et plus « vivant » que la vie normale, plus exaltant que son « petit bonheur »… Ou l’ennui rési
13507 male, plus exaltant que son « petit bonheur »… Ou l’ ennui résigné ou la passion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos
13508 que son « petit bonheur »… Ou l’ennui résigné ou la passion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies l’idée modern
13509 eur »… Ou l’ennui résigné ou la passion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies l’idée moderne du bonheur. Cela va
13510 n : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies l’ idée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à la ruine du mariag
13511 dans nos vies l’idée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à la ruine du mariage en tant qu’institution sociale.
13512 ée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à la ruine du mariage en tant qu’institution sociale. 3.« Aimer, c’est
13513 ion sociale. 3.« Aimer, c’est vivre ! » Dès le xiie siècle provençal, l’amour était considéré comme noble. Non seul
13514 c’est vivre ! » Dès le xiie siècle provençal, l’ amour était considéré comme noble. Non seulement il ennoblissait mais
13515 ment il ennoblissait mais encore il anoblissait : les troubadours accédaient socialement au niveau de l’aristocratie, qui l
13516 s troubadours accédaient socialement au niveau de l’ aristocratie, qui les traitait comme des égaux. On peut citer de très
13517 ient socialement au niveau de l’aristocratie, qui les traitait comme des égaux. On peut citer de très nombreux exemples de
13518 , qui les traitait comme des égaux. On peut citer de très nombreux exemples de vilains armés chevaliers parce qu’ils savai
13519 es égaux. On peut citer de très nombreux exemples de vilains armés chevaliers parce qu’ils savaient chanter l’Amour. Et c’
13520 ns armés chevaliers parce qu’ils savaient chanter l’ Amour. Et c’est pourquoi certains auteurs ont pu parler d’une féodalit
13521 Et c’est pourquoi certains auteurs ont pu parler d’ une féodalité démocratique en Languedoc. Il est clair qu’un tel jugeme
13522 ’un tel jugement se fonde sur une équivoque : car l’ Amour dont il s’agissait n’était rien d’autre que la foi cathare, et l
13523 que : car l’Amour dont il s’agissait n’était rien d’ autre que la foi cathare, et l’accession d’un roturier à la chevalerie
13524 Amour dont il s’agissait n’était rien d’autre que la foi cathare, et l’accession d’un roturier à la chevalerie était un sy
13525 ssait n’était rien d’autre que la foi cathare, et l’ accession d’un roturier à la chevalerie était un symbole mystique bien
13526 t rien d’autre que la foi cathare, et l’accession d’ un roturier à la chevalerie était un symbole mystique bien plutôt qu’u
13527 ue la foi cathare, et l’accession d’un roturier à la chevalerie était un symbole mystique bien plutôt qu’une dérogation au
13528 umes du droit féodal. Mais là-dessus se produisit la confusion dont nous avons longuement parlé ; on prit le symbole au pi
13529 fusion dont nous avons longuement parlé ; on prit le symbole au pied de la lettre, on « mystifia » l’amour profane. Et c’e
13530 ons longuement parlé ; on prit le symbole au pied de la lettre, on « mystifia » l’amour profane. Et c’est de là que nous v
13531 longuement parlé ; on prit le symbole au pied de la lettre, on « mystifia » l’amour profane. Et c’est de là que nous vien
13532 le symbole au pied de la lettre, on « mystifia » l’ amour profane. Et c’est de là que nous vient, par la littérature, cett
13533 lettre, on « mystifia » l’amour profane. Et c’est de là que nous vient, par la littérature, cette idée toute moderne et ro
13534 amour profane. Et c’est de là que nous vient, par la littérature, cette idée toute moderne et romantique que la passion es
13535 ature, cette idée toute moderne et romantique que la passion est une noblesse morale, qu’elle nous met au-dessus des lois.
13536 ’elle nous met au-dessus des lois. Celui qui aime de passion accède à une humanité plus haute, où les barrières sociales,
13537 e de passion accède à une humanité plus haute, où les barrières sociales, entre autres, s’évanouissent. Le Tzigane peut enl
13538 barrières sociales, entre autres, s’évanouissent. Le Tzigane peut enlever la princesse, le mécano épouser l’héritière187.
13539 e autres, s’évanouissent. Le Tzigane peut enlever la princesse, le mécano épouser l’héritière187. De même, le Prix de Beau
13540 anouissent. Le Tzigane peut enlever la princesse, le mécano épouser l’héritière187. De même, le Prix de Beauté a quelque c
13541 gane peut enlever la princesse, le mécano épouser l’ héritière187. De même, le Prix de Beauté a quelque chance de devenir c
13542 cesse, le mécano épouser l’héritière187. De même, le Prix de Beauté a quelque chance de devenir comtesse ou milliardaire.
13543 e mécano épouser l’héritière187. De même, le Prix de Beauté a quelque chance de devenir comtesse ou milliardaire. C’est un
13544 e187. De même, le Prix de Beauté a quelque chance de devenir comtesse ou milliardaire. C’est une « adaptation » moderne — 
13545 e. C’est une « adaptation » moderne — pour parler le langage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence — de la primauté de l
13546 pour parler le langage du cinéma, seul adéquat en l’ occurrence — de la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que
13547 langage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence — de la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion prof
13548 gage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence — de la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane
13549 ma, seul adéquat en l’occurrence — de la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit une ab
13550 seul adéquat en l’occurrence — de la primauté de l’ amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit une absur
13551 t en l’occurrence — de la primauté de l’amour sur l’ ordre social établi. Que la passion profane soit une absurdité, une fo
13552 rimauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit une absurdité, une forme d’intoxication, une « m
13553 la passion profane soit une absurdité, une forme d’ intoxication, une « maladie de l’âme » comme pensaient les Anciens, to
13554 bsurdité, une forme d’intoxication, une « maladie de l’âme » comme pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à le reco
13555 rdité, une forme d’intoxication, une « maladie de l’ âme » comme pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à le reconna
13556 ication, une « maladie de l’âme » comme pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à le reconnaître, c’est un des lieux
13557 e pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à le reconnaître, c’est un des lieux communs les plus usés des moralistes 
13558 prêt à le reconnaître, c’est un des lieux communs les plus usés des moralistes : mais personne ne peut plus le croire, à l’
13559 usés des moralistes : mais personne ne peut plus le croire, à l’âge du film et du roman — nous sommes tous plus ou moins
13560 alistes : mais personne ne peut plus le croire, à l’ âge du film et du roman — nous sommes tous plus ou moins intoxiqués, —
13561 moins intoxiqués, — et cette nuance est décisive. Le moderne, l’homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révél
13562 qués, — et cette nuance est décisive. Le moderne, l’ homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur l
13563 et cette nuance est décisive. Le moderne, l’homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même
13564 cette nuance est décisive. Le moderne, l’homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou
13565 cisive. Le moderne, l’homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général :
13566 ive. Le moderne, l’homme de la passion, attend de l’ amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général : de
13567 l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général : dernier relent de la mystique primitive. De la poési
13568 ur lui-même ou la vie en général : dernier relent de la mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion
13569 lui-même ou la vie en général : dernier relent de la mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’
13570 énéral : dernier relent de la mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure
13571 ral : dernier relent de la mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C
13572 r relent de la mystique primitive. De la poésie à l’ anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui
13573 ue primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’
13574 à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’ aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu, de ris
13575 jours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’ enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours plus
13576 nture. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’ imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours plus violentes
13577 t ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours plus violentes ou flatteus
13578 vie, l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours plus violentes ou flatteuses. C’est tout le poss
13579 toujours plus violentes ou flatteuses. C’est tout le possible qui s’ouvre, un destin qui acquiesce au désir ! Je vais y en
13580 je vais y monter, je vais y être « transporté » ! La sempiternelle illusion, la plus naïve et — j’ai beau dire ! — la plus
13581 être « transporté » ! La sempiternelle illusion, la plus naïve et — j’ai beau dire ! — la plus « naturelle » pensera-t-on
13582 e illusion, la plus naïve et — j’ai beau dire ! —  la plus « naturelle » pensera-t-on… Illusion de liberté. Et illusion de
13583  ! — la plus « naturelle » pensera-t-on… Illusion de liberté. Et illusion de plénitude. Je nommerai libre un homme qui se
13584  » pensera-t-on… Illusion de liberté. Et illusion de plénitude. Je nommerai libre un homme qui se possède. Mais l’homme de
13585 . Je nommerai libre un homme qui se possède. Mais l’ homme de la passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, je
13586 merai libre un homme qui se possède. Mais l’homme de la passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, jeté hors
13587 ai libre un homme qui se possède. Mais l’homme de la passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, jeté hors de
13588 à être possédé, dépossédé, jeté hors de soi, dans l’ extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — dont
13589 é, dépossédé, jeté hors de soi, dans l’extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — dont il ignore l’o
13590 l’extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — dont il ignore l’origine et la fin. Son illusion de lib
13591 sa nostalgie qui le « démeine » — dont il ignore l’ origine et la fin. Son illusion de liberté repose sur cette double ign
13592 qui le « démeine » — dont il ignore l’origine et la fin. Son illusion de liberté repose sur cette double ignorance. Le pa
13593  dont il ignore l’origine et la fin. Son illusion de liberté repose sur cette double ignorance. Le passionné, c’est l’homm
13594 ion de liberté repose sur cette double ignorance. Le passionné, c’est l’homme qui veut trouver son « type de femme » et n’
13595 e sur cette double ignorance. Le passionné, c’est l’ homme qui veut trouver son « type de femme » et n’aimer qu’elle. Souve
13596 sionné, c’est l’homme qui veut trouver son « type de femme » et n’aimer qu’elle. Souvenez-vous du rêve de Nerval, l’appari
13597 n’aimer qu’elle. Souvenez-vous du rêve de Nerval, l’ apparition d’une noble Dame dans le paysage des souvenirs d’enfance :
13598 le. Souvenez-vous du rêve de Nerval, l’apparition d’ une noble Dame dans le paysage des souvenirs d’enfance : Blonde, aux
13599 êve de Nerval, l’apparition d’une noble Dame dans le paysage des souvenirs d’enfance : Blonde, aux yeux noirs, en ses hab
13600 on d’une noble Dame dans le paysage des souvenirs d’ enfance : Blonde, aux yeux noirs, en ses habits anciens Que dans une
13601 tre J’ai déjà vue, et dont je me souviens… Image de la mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous apprend quels empêch
13602 J’ai déjà vue, et dont je me souviens… Image de la mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous apprend quels empêcheme
13603 e souviens… Image de la mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous apprend quels empêchements tragiques cela peut sign
13604 empêchements tragiques cela peut signifier. Mais l’ exemple d’un poète ne vaut rien ou vaut trop. J’entends décrire une il
13605 nts tragiques cela peut signifier. Mais l’exemple d’ un poète ne vaut rien ou vaut trop. J’entends décrire une illusion app
13606 trop. J’entends décrire une illusion apprise par la majorité des hommes du xxe siècle : or plus encore que l’image de la
13607 té des hommes du xxe siècle : or plus encore que l’ image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ».
13608 ommes du xxe siècle : or plus encore que l’image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos j
13609 es du xxe siècle : or plus encore que l’image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jour
13610 e : or plus encore que l’image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jours — et ce n’est q
13611 e l’image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jours — et ce n’est qu’un début —, un hom
13612 qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jours — et ce n’est qu’un début —, un homme qui se prend de passi
13613  et ce n’est qu’un début —, un homme qui se prend de passion pour une femme qu’il est seul à voir belle, est présumé neura
13614 e, est présumé neurasthénique. (Dans x années, on le fera soigner.) Certes, la standardisation des types de femmes admis p
13615 que. (Dans x années, on le fera soigner.) Certes, la standardisation des types de femmes admis pour « beaux » se produit n
13616 ra soigner.) Certes, la standardisation des types de femmes admis pour « beaux » se produit normalement dans chaque généra
13617 dans chaque génération, de même que chaque époque de la mode préfère soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la
13618 s chaque génération, de même que chaque époque de la mode préfère soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la lig
13619 de même que chaque époque de la mode préfère soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais le
13620 aque époque de la mode préfère soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais le panurgisme est
13621 la mode préfère soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint
13622 soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint de nos jours un
13623 ste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint de nos jours une puissance inconnue, dé
13624 e sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint de nos jours une puissance inconnue, développée par tous les moyens tech
13625 jours une puissance inconnue, développée par tous les moyens techniques, et bientôt politiques, en sorte que le choix d’un
13626 s techniques, et bientôt politiques, en sorte que le choix d’un type de femme échappe de plus en plus au mystère personnel
13627 ues, et bientôt politiques, en sorte que le choix d’ un type de femme échappe de plus en plus au mystère personnel, et se t
13628 entôt politiques, en sorte que le choix d’un type de femme échappe de plus en plus au mystère personnel, et se trouve déte
13629 e trouve déterminé par Hollywood — et bientôt par l’ État. Double influence de la beauté-standard : elle définit d’avance l
13630 llywood — et bientôt par l’État. Double influence de la beauté-standard : elle définit d’avance l’objet de la passion — dé
13631 wood — et bientôt par l’État. Double influence de la beauté-standard : elle définit d’avance l’objet de la passion — déper
13632 le influence de la beauté-standard : elle définit d’ avance l’objet de la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et d
13633 nce de la beauté-standard : elle définit d’avance l’ objet de la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifi
13634 a beauté-standard : elle définit d’avance l’objet de la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie le mar
13635 eauté-standard : elle définit d’avance l’objet de la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie le mariag
13636 dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie le mariage, si l’épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. (E
13637 dans cette mesure — et disqualifie le mariage, si l’ épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. (Encore la femme
13638 alifie le mariage, si l’épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. (Encore la femme pourra-t-elle s’efforcer de
13639 e mariage, si l’épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. (Encore la femme pourra-t-elle s’efforcer de se faire
13640 essemble pas à la star la plus obsédante. (Encore la femme pourra-t-elle s’efforcer de se faire une tête à la Garbo, mais
13641 édante. (Encore la femme pourra-t-elle s’efforcer de se faire une tête à la Garbo, mais alors il s’agit que le mari ressem
13642 e pourra-t-elle s’efforcer de se faire une tête à la Garbo, mais alors il s’agit que le mari ressemble à Gable ou à Taylor
13643 ire une tête à la Garbo, mais alors il s’agit que le mari ressemble à Gable ou à Taylor !) Ainsi la « liberté » de la pass
13644 ue le mari ressemble à Gable ou à Taylor !) Ainsi la « liberté » de la passion relève des statistiques publicitaires. L’ho
13645 emble à Gable ou à Taylor !) Ainsi la « liberté » de la passion relève des statistiques publicitaires. L’homme qui croit d
13646 le à Gable ou à Taylor !) Ainsi la « liberté » de la passion relève des statistiques publicitaires. L’homme qui croit dési
13647 la passion relève des statistiques publicitaires. L’ homme qui croit désirer « son » type de femme se trouve intimement dét
13648 icitaires. L’homme qui croit désirer « son » type de femme se trouve intimement déterminé par des facteurs de mode ou de c
13649 e se trouve intimement déterminé par des facteurs de mode ou de commerce qui changent au moins tous les six mois. Supposon
13650 intimement déterminé par des facteurs de mode ou de commerce qui changent au moins tous les six mois. Supposons, comme il
13651 de mode ou de commerce qui changent au moins tous les six mois. Supposons, comme il est probable, qu’il se fixe enfin sur u
13652 un type, compromis entre ce qu’il aime et ce que le film le persuade d’aimer. Il rencontre cette femme, il la reconnaît.
13653 , compromis entre ce qu’il aime et ce que le film le persuade d’aimer. Il rencontre cette femme, il la reconnaît. C’est el
13654 entre ce qu’il aime et ce que le film le persuade d’ aimer. Il rencontre cette femme, il la reconnaît. C’est elle, la femme
13655 le persuade d’aimer. Il rencontre cette femme, il la reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et de sa plus secrète no
13656 ncontre cette femme, il la reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve18
13657 ette femme, il la reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve188 ; elle
13658 a reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve188 ; elle est mariée, natu
13659 mme de son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’ Iseut du rêve188 ; elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et
13660 est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et il l’ épousera ! Avec elle, ce sera la « vraie vie », ce sera l’épanouisseme
13661 le divorce, et il l’épousera ! Avec elle, ce sera la « vraie vie », ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en
13662 ra ! Avec elle, ce sera la « vraie vie », ce sera l’ épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi comme son génie caché 
13663 e sera la « vraie vie », ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi comme son génie caché ! Et plus rien ne
13664 génie caché ! Et plus rien ne compte en regard de la révélation mythique. (Pas même la couronne s’il est roi). Voilà le vr
13665 te en regard de la révélation mythique. (Pas même la couronne s’il est roi). Voilà le vrai « mariage d’amour » moderne : l
13666 hique. (Pas même la couronne s’il est roi). Voilà le vrai « mariage d’amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais
13667 a couronne s’il est roi). Voilà le vrai « mariage d’ amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît u
13668 roi). Voilà le vrai « mariage d’amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’en
13669 rai « mariage d’amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’entourage (ou le p
13670 passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’ entourage (ou le public) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette I
13671 aussitôt paraît une anxiété dans l’entourage (ou le public) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette Iseut une fois ép
13672 aît une anxiété dans l’entourage (ou le public) : l’ amant comblé va-t-il encore aimer cette Iseut une fois épousée ? Une n
13673 cette Iseut une fois épousée ? Une nostalgie que l’ on chérissait est-elle encore désirable une fois rejointe ? Car Iseut,
13674 ble une fois rejointe ? Car Iseut, c’est toujours l’ étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’éterne
13675 rejointe ? Car Iseut, c’est toujours l’étrangère, l’ étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyan
13676 eut, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyant, évanouissant e
13677 , c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyant, évanouissant et p
13678 ’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’ éternellement fuyant, évanouissant et presque hostile dans un être, ce
13679 sque hostile dans un être, cela même qui invite à la poursuite et qui éveille l’avidité de posséder, plus délicieuse que t
13680 ela même qui invite à la poursuite et qui éveille l’ avidité de posséder, plus délicieuse que toute possession au cœur de l
13681 ui invite à la poursuite et qui éveille l’avidité de posséder, plus délicieuse que toute possession au cœur de l’homme en
13682 der, plus délicieuse que toute possession au cœur de l’homme en proie au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la
13683 , plus délicieuse que toute possession au cœur de l’ homme en proie au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la per
13684 ssion au cœur de l’homme en proie au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la perd en la possédant. Alors commence
13685 au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la perd en la possédant. Alors commence une « passion » nouvelle. On s’i
13686 C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la perd en la possédant. Alors commence une « passion » nouvelle. On s’ingénie à re
13687 e « passion » nouvelle. On s’ingénie à renouveler l’ obstacle et le combat. On imagine différente la femme que l’on tient d
13688 nouvelle. On s’ingénie à renouveler l’obstacle et le combat. On imagine différente la femme que l’on tient dans ses bras,
13689 er l’obstacle et le combat. On imagine différente la femme que l’on tient dans ses bras, on la déguise et on l’éloigne en
13690 et le combat. On imagine différente la femme que l’ on tient dans ses bras, on la déguise et on l’éloigne en rêve, on s’ac
13691 férente la femme que l’on tient dans ses bras, on la déguise et on l’éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser les sentimen
13692 que l’on tient dans ses bras, on la déguise et on l’ éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser les sentiments qui sont en tr
13693 et on l’éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser les sentiments qui sont en train de se nouer dans une durée étale et trop
13694 désirer et pour exalter ce désir aux proportions d’ une passion consciente, intense, infiniment intéressante… Or c’est la
13695 iente, intense, infiniment intéressante… Or c’est la douleur seule qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi l’on
13696 te… Or c’est la douleur seule qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi l’on aime souffrir, et faire souffrir. Lor
13697 qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi l’ on aime souffrir, et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène Iseut dans
13698 faire souffrir. Lorsque Tristan emmène Iseut dans la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la passion
13699 la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons
13700 , où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons quelques
13701 ù plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons quelques si
13702 ne épée nue. Descendons quelques siècles et toute l’ échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où
13703 endons quelques siècles et toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les
13704 ons quelques siècles et toute l’échelle qui va de l’ héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les ho
13705 toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les hommes du temps profane :
13706 ieux à la confusion sans grandeur où se débattent les hommes du temps profane : au lieu de l’épée du chevalier, entre le bo
13707 ébattent les hommes du temps profane : au lieu de l’ épée du chevalier, entre le bourgeois et sa femme, voici le rêve sourn
13708 s profane : au lieu de l’épée du chevalier, entre le bourgeois et sa femme, voici le rêve sournois du mari qui ne peut plu
13709 chevalier, entre le bourgeois et sa femme, voici le rêve sournois du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en l’imagi
13710 s du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en l’ imaginant sa maîtresse. (Balzac déjà donne la recette, dans sa Physiol
13711 u’en l’imaginant sa maîtresse. (Balzac déjà donne la recette, dans sa Physiologie du mariage). Une innombrable et écœurant
13712 romanesque nous peint ce type du mari qui redoute la « platitude », le train-train des liens légitimes où la femme perd so
13713 int ce type du mari qui redoute la « platitude », le train-train des liens légitimes où la femme perd son « attrait », par
13714 latitude », le train-train des liens légitimes où la femme perd son « attrait », parce qu’il n’est plus d’obstacles entre
13715 emme perd son « attrait », parce qu’il n’est plus d’ obstacles entre elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont l’hor
13716 ’obstacles entre elle et lui. Pitoyables victimes d’ un mythe dont l’horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour
13717 elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont l’ horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan, Iseut n
13718 s longtemps. Pour Tristan, Iseut n’était rien que le symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était la mort divinisante,
13719 symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était la mort divinisante, libératrice des liens terrestres. Mais pour celui q
13720 ratrice des liens terrestres. Mais pour celui que le mythe vient tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est d’au-del
13721 tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est d’ au-delà de la passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment
13722 r sans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà de la passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment nouveau d
13723 ans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà de la passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment nouveau de l
13724 e la passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment nouveau de la poursuite d’apparences toujours plus fugitives
13725 s une passion nouvelle — dans le tourment nouveau de la poursuite d’apparences toujours plus fugitives. Il était de la nat
13726 ne passion nouvelle — dans le tourment nouveau de la poursuite d’apparences toujours plus fugitives. Il était de la nature
13727 uvelle — dans le tourment nouveau de la poursuite d’ apparences toujours plus fugitives. Il était de la nature essentielle
13728 te d’apparences toujours plus fugitives. Il était de la nature essentielle de la passion mystique d’être sans fin — et c’e
13729 d’apparences toujours plus fugitives. Il était de la nature essentielle de la passion mystique d’être sans fin — et c’est
13730 plus fugitives. Il était de la nature essentielle de la passion mystique d’être sans fin — et c’est par là que cette passi
13731 s fugitives. Il était de la nature essentielle de la passion mystique d’être sans fin — et c’est par là que cette passion
13732 t de la nature essentielle de la passion mystique d’ être sans fin — et c’est par là que cette passion se détachait des ryt
13733 s du désir charnel ; mais tandis que pour Tristan l’ infini, c’est l’éternité sans retour où s’évanouit la conscience doulo
13734 el ; mais tandis que pour Tristan l’infini, c’est l’ éternité sans retour où s’évanouit la conscience douloureuse — pour le
13735 nfini, c’est l’éternité sans retour où s’évanouit la conscience douloureuse — pour le moderne, ce n’est plus que le retour
13736 ur où s’évanouit la conscience douloureuse — pour le moderne, ce n’est plus que le retour sempiternel d’une ardeur constam
13737 douloureuse — pour le moderne, ce n’est plus que le retour sempiternel d’une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait
13738 moderne, ce n’est plus que le retour sempiternel d’ une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait une fatalité dont ses
13739 etour sempiternel d’une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait une fatalité dont ses victimes ne pouvaient se délivr
13740 t se délivrer qu’en échappant au monde fini. Mais la passion dite « fatale » — c’est l’alibi — où se complaisent les moder
13741 nde fini. Mais la passion dite « fatale » — c’est l’ alibi — où se complaisent les modernes, ne sait plus même être fidèle,
13742 te « fatale » — c’est l’alibi — où se complaisent les modernes, ne sait plus même être fidèle, puisqu’elle n’a plus pour fi
13743 s même être fidèle, puisqu’elle n’a plus pour fin la transcendance. Elle épuise l’une après l’autre les illusions que lui
13744 la transcendance. Elle épuise l’une après l’autre les illusions que lui proposent divers objets, trop faciles à saisir. Au
13745 objets, trop faciles à saisir. Au lieu de mener à la mort, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation d’un T
13746 a mort, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation d’un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Or ce n’est pas lui
13747 dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation d’ un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Or ce n’est pas lui qu’il convient
13748 sieurs Iseut ? Or ce n’est pas lui qu’il convient d’ accuser, mais il est la victime d’un ordre social où les obstacles se
13749 est pas lui qu’il convient d’accuser, mais il est la victime d’un ordre social où les obstacles se sont dégradés. Ils cède
13750 qu’il convient d’accuser, mais il est la victime d’ un ordre social où les obstacles se sont dégradés. Ils cèdent trop vit
13751 user, mais il est la victime d’un ordre social où les obstacles se sont dégradés. Ils cèdent trop vite, ils cèdent avant qu
13752 radés. Ils cèdent trop vite, ils cèdent avant que l’ expérience ait abouti. Sans cesse, il faut recommencer cette ascension
13753 . Sans cesse, il faut recommencer cette ascension de l’âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse v
13754 ans cesse, il faut recommencer cette ascension de l’ âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers
13755 commencer cette ascension de l’âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers le type contraire du
13756 sion de l’âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers le type contraire du Don Juan, de l’homme
13757 monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers le type contraire du Don Juan, de l’homme aux amours successives. Les ca
13758 oderne glisse vers le type contraire du Don Juan, de l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’avent
13759 rne glisse vers le type contraire du Don Juan, de l’ homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’aventure
13760 e du Don Juan, de l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul
13761 amours successives. Les catégories se détruisent, l’ aventure n’est plus même exemplaire. Seul, le Don Juan mythique échapp
13762 ent, l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul, le Don Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne con
13763 à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’ Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déch
13764 omption. Mais Don Juan ne connaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déchirements vol
13765 nnaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déchirements voluptueux. Il vit toujours dan
13766 Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’ avenir, ni de déchirements voluptueux. Il vit toujours dans l’immédiat
13767 passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déchirements voluptueux. Il vit toujours dans l’immédiat, il n’a jama
13768 de déchirements voluptueux. Il vit toujours dans l’ immédiat, il n’a jamais le temps d’aimer — d’attendre et de se souveni
13769 x. Il vit toujours dans l’immédiat, il n’a jamais le temps d’aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il dé
13770 toujours dans l’immédiat, il n’a jamais le temps d’ aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne l
13771 dans l’immédiat, il n’a jamais le temps d’aimer —  d’ attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne lui résiste
13772 t, il n’a jamais le temps d’aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne lui résiste, puisqu’il n’
13773 d’aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne lui résiste, puisqu’il n’aime pas ce qui lui résis
13774 l n’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens de la passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissem
13775 ’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens de la passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement
13776 iste. ⁂ Aimer, au sens de la passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de l’être, une ascèse s
13777 , au sens de la passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de l’être, une ascèse sans au-delà,
13778 le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de l’être, une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer le présent s
13779 contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de l’ être, une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer le présent sans
13780 une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer le présent sans l’imaginer comme absent, une fuite sans fin devant la po
13781 au-delà, une impuissance à aimer le présent sans l’ imaginer comme absent, une fuite sans fin devant la possession. Aimer
13782 ’imaginer comme absent, une fuite sans fin devant la possession. Aimer d’amour-passion signifiait « vivre » pour Tristan,
13783 t, une fuite sans fin devant la possession. Aimer d’ amour-passion signifiait « vivre » pour Tristan, car la vraie vie qu’i
13784 ur-passion signifiait « vivre » pour Tristan, car la vraie vie qu’il appelait, c’était la mort transfigurante. Mais nous a
13785 Tristan, car la vraie vie qu’il appelait, c’était la mort transfigurante. Mais nous avons perdu la transcendance. La mort
13786 ait la mort transfigurante. Mais nous avons perdu la transcendance. La mort n’est plus qu’une lente consomption. À cette l
13787 igurante. Mais nous avons perdu la transcendance. La mort n’est plus qu’une lente consomption. À cette lumière, que jette
13788 . À cette lumière, que jette sur nos psychologies la connaissance du mythe primitif, les succès du roman et du film appara
13789 s psychologies la connaissance du mythe primitif, les succès du roman et du film apparaissent comme les signes certains d’u
13790 les succès du roman et du film apparaissent comme les signes certains d’une décadence de la personne chez les modernes, et
13791 et du film apparaissent comme les signes certains d’ une décadence de la personne chez les modernes, et d’une espèce de mal
13792 aissent comme les signes certains d’une décadence de la personne chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’être.
13793 sent comme les signes certains d’une décadence de la personne chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’être. Pre
13794 gnes certains d’une décadence de la personne chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’être. Presque toutes les co
13795 ne décadence de la personne chez les modernes, et d’ une espèce de maladie de l’être. Presque toutes les complications qui
13796 de la personne chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’être. Presque toutes les complications qui servent d’int
13797 nne chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’être. Presque toutes les complications qui servent d’intrigues à no
13798 chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’ être. Presque toutes les complications qui servent d’intrigues à nos a
13799 d’une espèce de maladie de l’être. Presque toutes les complications qui servent d’intrigues à nos auteurs se ramènent au sc
13800 tre. Presque toutes les complications qui servent d’ intrigues à nos auteurs se ramènent au schéma monotone des ruses de la
13801 auteurs se ramènent au schéma monotone des ruses de la passion pour s’« entretenir », — des ruses d’une passion débile po
13802 teurs se ramènent au schéma monotone des ruses de la passion pour s’« entretenir », — des ruses d’une passion débile pour
13803 de la passion pour s’« entretenir », — des ruses d’ une passion débile pour s’inventer de plus secrets obstacles. Je songe
13804 s’inventer de plus secrets obstacles. Je songe à la psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désir
13805 plus secrets obstacles. Je songe à la psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désirée, provoquée,
13806 s secrets obstacles. Je songe à la psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désirée, provoquée, sou
13807 t favorisée, et non plus chez l’autre seulement —  la coquetterie est un peu simple — mais on en vient à désirer que l’être
13808 st un peu simple — mais on en vient à désirer que l’ être aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau le poursuivre et
13809 e aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau le poursuivre et « ressentir » l’amour en soi… Tout cela signifie, une f
13810 puisse de nouveau le poursuivre et « ressentir » l’ amour en soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le mythe des a
13811 en soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le mythe des amants « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique. Le r
13812 s « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique. Le ravissement n’est plus qu’une sensation, — n’aboutit pas. On retombe
13813 , — n’aboutit pas. On retombe sans cesse au monde de la comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes
13814  n’aboutit pas. On retombe sans cesse au monde de la comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes dès
13815 be sans cesse au monde de la comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seu
13816 esse au monde de la comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seuil souffr
13817 e au monde de la comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seuil souffrent
13818 t femmes dès qu’ils passent leur seuil souffrent de jalousie », dit un poème tibétain189. C’est que, passant « leur seuil
13819 in189. C’est que, passant « leur seuil », sortant de leur être propre et du présent tel qu’il leur est donné, incapables d
13820 t du présent tel qu’il leur est donné, incapables d’ accepter l’autre tel qu’il est, parce qu’il faudrait tout d’abord s’ac
13821 r, qualités dont ils se sentent privés, et motifs de comparaisons qui toujours tournent à leur détriment. Le mari souffre
13822 paraisons qui toujours tournent à leur détriment. Le mari souffre des beautés qu’il aperçoit à d’autres femmes, et dont la
13823 et dont la sienne se trouve privée (même si tous la jugent la plus belle). C’est qu’il ne sait plus posséder, ni plus aim
13824 a sienne se trouve privée (même si tous la jugent la plus belle). C’est qu’il ne sait plus posséder, ni plus aimer ce qu’i
13825 sait plus posséder, ni plus aimer ce qu’il a dans le réel. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de la fidélité.
13826 ni plus aimer ce qu’il a dans le réel. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici la fidélit
13827 s le réel. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation déci
13828 l. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive d’u
13829 Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive d’un ê
13830 se nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive d’un être en soi, limité et r
13831 ens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’ acceptation décisive d’un être en soi, limité et réel, que l’on choisi
13832 voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive d’ un être en soi, limité et réel, que l’on choisit non comme prétexte à
13833 on décisive d’un être en soi, limité et réel, que l’ on choisit non comme prétexte à s’exalter, ou comme « objet de contemp
13834 non comme prétexte à s’exalter, ou comme « objet de contemplation », mais comme une existence incomparable et autonome à
13835 incomparable et autonome à son côté, une exigence d’ amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne
13836 ce d’amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Mont
13837 tends pas ici attaquer la passion : je me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien qu
13838 taquer la passion : je me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien que je ne convainc
13839 comment cette passion développe un certain nombre de fatalités psychologiques dont les effets ne sont plus contestables. Q
13840 n certain nombre de fatalités psychologiques dont les effets ne sont plus contestables. Que l’on soit partisan de l’une ou
13841 es dont les effets ne sont plus contestables. Que l’ on soit partisan de l’une ou de l’autre, il faut admettre que la passi
13842 ne sont plus contestables. Que l’on soit partisan de l’une ou de l’autre, il faut admettre que la passion ruine l’idée mêm
13843 contestables. Que l’on soit partisan de l’une ou de l’autre, il faut admettre que la passion ruine l’idée même du mariage
13844 isan de l’une ou de l’autre, il faut admettre que la passion ruine l’idée même du mariage dans une époque où l’on tente la
13845 de l’autre, il faut admettre que la passion ruine l’ idée même du mariage dans une époque où l’on tente la gageure de fonde
13846 n ruine l’idée même du mariage dans une époque où l’ on tente la gageure de fonder le mariage, précisément, sur les valeurs
13847 dée même du mariage dans une époque où l’on tente la gageure de fonder le mariage, précisément, sur les valeurs élaborées
13848 mariage dans une époque où l’on tente la gageure de fonder le mariage, précisément, sur les valeurs élaborées par une éth
13849 ans une époque où l’on tente la gageure de fonder le mariage, précisément, sur les valeurs élaborées par une éthique de la
13850 la gageure de fonder le mariage, précisément, sur les valeurs élaborées par une éthique de la passion. Certes, il serait ex
13851 sément, sur les valeurs élaborées par une éthique de la passion. Certes, il serait excessif d’estimer que la plupart de no
13852 ent, sur les valeurs élaborées par une éthique de la passion. Certes, il serait excessif d’estimer que la plupart de nos c
13853 éthique de la passion. Certes, il serait excessif d’ estimer que la plupart de nos contemporains sont en proie au délire de
13854 part de nos contemporains sont en proie au délire de Tristan. Bien peu ont assez soif pour boire le philtre, et j’en vois
13855 re de Tristan. Bien peu ont assez soif pour boire le philtre, et j’en vois moins encore être élus par le sort pour succomb
13856 philtre, et j’en vois moins encore être élus par le sort pour succomber au tourment exemplaire. Mais tous ou presque tous
13857 rêvassent. Et si brouillée et défraîchie que soit l’ empreinte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’i
13858 einte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne
13859 ythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne répugne a
13860 e primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’ inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne répugne auta
13861 secret de l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne répugne autant à un esprit moderne que l’idée d’une
13862 s. Rien ne répugne autant à un esprit moderne que l’ idée d’une limitation volontairement assumée ; et rien ne le flatte da
13863 ne répugne autant à un esprit moderne que l’idée d’ une limitation volontairement assumée ; et rien ne le flatte davantage
13864 ne limitation volontairement assumée ; et rien ne le flatte davantage que le mirage d’infini dépassement entretenu par le
13865 ment assumée ; et rien ne le flatte davantage que le mirage d’infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe. Essay
13866 ée ; et rien ne le flatte davantage que le mirage d’ infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe. Essayer de pren
13867 que le mirage d’infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe. Essayer de prendre conscience de la nature du phén
13868 ement entretenu par le souvenir du mythe. Essayer de prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume
13869 souvenir du mythe. Essayer de prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume l’ambition des analyse
13870 uvenir du mythe. Essayer de prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume l’ambition des analyses q
13871 de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume l’ ambition des analyses qui précèdent ; mais je sens bien qu’elles m’ont
13872 trop nos illusions pour souffrir même qu’on nous les nomme… 4.De l’anarchie à l’eugénisme Cependant, l’anarchie perm
13873 pour souffrir même qu’on nous les nomme… 4.De l’ anarchie à l’eugénisme Cependant, l’anarchie permanente que représe
13874 r même qu’on nous les nomme… 4.De l’anarchie à l’ eugénisme Cependant, l’anarchie permanente que représente le mariag
13875 e… 4.De l’anarchie à l’eugénisme Cependant, l’ anarchie permanente que représente le mariage moderne fondé — par anti
13876 Cependant, l’anarchie permanente que représente le mariage moderne fondé — par antiphrase — sur les débris du mythe, ent
13877 e le mariage moderne fondé — par antiphrase — sur les débris du mythe, entraîne des menaces évidemment intolérables pour to
13878 le même pas du danger spirituel que fait courir à la personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe). D’où les mult
13879 du danger spirituel que fait courir à la personne l’ éthique de l’évasion, qui est née du mythe). D’où les multiples tentat
13880 spirituel que fait courir à la personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe). D’où les multiples tentatives de « 
13881 rituel que fait courir à la personne l’éthique de l’ évasion, qui est née du mythe). D’où les multiples tentatives de « res
13882 ne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe). D’ où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxquelles
13883 éthique de l’évasion, qui est née du mythe). D’où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxquelles nous a
13884 est née du mythe). D’où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxquelles nous assistons depuis la guerr
13885 ion » du mariage auxquelles nous assistons depuis la guerre. Les Églises font un honorable effort de redéfinition de l’ins
13886 riage auxquelles nous assistons depuis la guerre. Les Églises font un honorable effort de redéfinition de l’institution et
13887 s la guerre. Les Églises font un honorable effort de redéfinition de l’institution et des devoirs moraux qu’elle implique1
13888 Églises font un honorable effort de redéfinition de l’institution et des devoirs moraux qu’elle implique190. Les humanist
13889 lises font un honorable effort de redéfinition de l’ institution et des devoirs moraux qu’elle implique190. Les humanistes
13890 tution et des devoirs moraux qu’elle implique190. Les humanistes reprennent les arguments d’un Goethe ou d’un Engels en fav
13891 ux qu’elle implique190. Les humanistes reprennent les arguments d’un Goethe ou d’un Engels en faveur du mariage : selon le
13892 lique190. Les humanistes reprennent les arguments d’ un Goethe ou d’un Engels en faveur du mariage : selon le premier, il f
13893 umanistes reprennent les arguments d’un Goethe ou d’ un Engels en faveur du mariage : selon le premier, il faut y voir la g
13894 eur du mariage : selon le premier, il faut y voir la grande conquête de la culture occidentale, et le fondement solide de
13895 lon le premier, il faut y voir la grande conquête de la culture occidentale, et le fondement solide de toute vie personnel
13896 le premier, il faut y voir la grande conquête de la culture occidentale, et le fondement solide de toute vie personnelle 
13897 la grande conquête de la culture occidentale, et le fondement solide de toute vie personnelle ; selon le second, l’union
13898 de la culture occidentale, et le fondement solide de toute vie personnelle ; selon le second, l’union monogamique serait l
13899 olide de toute vie personnelle ; selon le second, l’ union monogamique serait la forme la plus rationnelle des relations en
13900 lle ; selon le second, l’union monogamique serait la forme la plus rationnelle des relations entre les sexes, dans une soc
13901 on le second, l’union monogamique serait la forme la plus rationnelle des relations entre les sexes, dans une société libé
13902 la forme la plus rationnelle des relations entre les sexes, dans une société libérée des contraintes de classes et d’argen
13903 s sexes, dans une société libérée des contraintes de classes et d’argent. D’autres enfin s’efforcent de fonder une science
13904 une société libérée des contraintes de classes et d’ argent. D’autres enfin s’efforcent de fonder une science des rapports
13905 e classes et d’argent. D’autres enfin s’efforcent de fonder une science des rapports conjugaux. Jung analyse le « conflit
13906 une science des rapports conjugaux. Jung analyse le « conflit psychologique » et les « névroses » qui seraient à l’origin
13907 aux. Jung analyse le « conflit psychologique » et les « névroses » qui seraient à l’origine du mal (d’où l’on déduit que la
13908 sychologique » et les « névroses » qui seraient à l’ origine du mal (d’où l’on déduit que la médecine mentale guérirait tou
13909 les « névroses » qui seraient à l’origine du mal ( d’ où l’on déduit que la médecine mentale guérirait tout). Van de Velde o
13910  névroses » qui seraient à l’origine du mal (d’où l’ on déduit que la médecine mentale guérirait tout). Van de Velde ou Hir
13911 seraient à l’origine du mal (d’où l’on déduit que la médecine mentale guérirait tout). Van de Velde ou Hirschfeld voient l
13912 uérirait tout). Van de Velde ou Hirschfeld voient le remède dans une connaissance plus exacte et largement vulgarisée des
13913 e et largement vulgarisée des phénomènes sexuels. L’ abondance même de ces recherches191 et de ces recettes me rend sceptiq
13914 lgarisée des phénomènes sexuels. L’abondance même de ces recherches191 et de ces recettes me rend sceptique quant à leur e
13915 sexuels. L’abondance même de ces recherches191 et de ces recettes me rend sceptique quant à leur efficacité : elle révèle
13916 d sceptique quant à leur efficacité : elle révèle l’ étendue du désastre, sans apporter les éléments d’une révolution à sa
13917 elle révèle l’étendue du désastre, sans apporter les éléments d’une révolution à sa mesure. En outre, il est frappant de c
13918 l’étendue du désastre, sans apporter les éléments d’ une révolution à sa mesure. En outre, il est frappant de constater que
13919 révolution à sa mesure. En outre, il est frappant de constater que presque tous ces sages auteurs donnent quelques lignes
13920 tous ces sages auteurs donnent quelques lignes à la louange de la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pou
13921 ages auteurs donnent quelques lignes à la louange de la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pour des raiso
13922 s auteurs donnent quelques lignes à la louange de la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pour des raisons
13923 louange de la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pour des raisons trop faciles à concevoir, on craint d’a
13924 ange de la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pour des raisons trop faciles à concevoir, on craint d’atta
13925 r des raisons trop faciles à concevoir, on craint d’ attaquer le lecteur dans ses croyances les plus intimes et les plus so
13926 ns trop faciles à concevoir, on craint d’attaquer le lecteur dans ses croyances les plus intimes et les plus solidement an
13927 n craint d’attaquer le lecteur dans ses croyances les plus intimes et les plus solidement ancrées. On a peur de paraître « 
13928 le lecteur dans ses croyances les plus intimes et les plus solidement ancrées. On a peur de paraître « puritain ». On s’eff
13929 intimes et les plus solidement ancrées. On a peur de paraître « puritain ». On s’efforce de faire la part du feu, et l’on
13930 On a peur de paraître « puritain ». On s’efforce de faire la part du feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de
13931 r de paraître « puritain ». On s’efforce de faire la part du feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter
13932 itain ». On s’efforce de faire la part du feu, et l’ on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter la passion amoureu
13933 feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter la passion amoureuse comme le couronnement d’un hymen idéal
13934 va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter la passion amoureuse comme le couronnement d’un hymen idéalement réalisé
13935 paradoxe de présenter la passion amoureuse comme le couronnement d’un hymen idéalement réalisé (d’après les recettes). Pe
13936 senter la passion amoureuse comme le couronnement d’ un hymen idéalement réalisé (d’après les recettes). Personne, que je s
13937 uronnement d’un hymen idéalement réalisé (d’après les recettes). Personne, que je sache, n’a encore osé dire que l’amour te
13938 . Personne, que je sache, n’a encore osé dire que l’ amour tel qu’on l’imagine de nos jours est la négation pure et simple
13939 sache, n’a encore osé dire que l’amour tel qu’on l’ imagine de nos jours est la négation pure et simple du mariage que l’o
13940 a encore osé dire que l’amour tel qu’on l’imagine de nos jours est la négation pure et simple du mariage que l’on prétend
13941 que l’amour tel qu’on l’imagine de nos jours est la négation pure et simple du mariage que l’on prétend fonder sur lui. C
13942 urs est la négation pure et simple du mariage que l’ on prétend fonder sur lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est
13943 r lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est l’ amour-passion, ni d’où il vient, ni où il va. On sent bien qu’il y a l
13944 e sait pas au juste ce qu’est l’amour-passion, ni d’ où il vient, ni où il va. On sent bien qu’il y a là quelque chose d’in
13945 où il va. On sent bien qu’il y a là quelque chose d’ inquiétant, mais on a peur, en le combattant, de parler comme un phili
13946 là quelque chose d’inquiétant, mais on a peur, en le combattant, de parler comme un philistin. (Ce qui se produirait fatal
13947 e d’inquiétant, mais on a peur, en le combattant, de parler comme un philistin. (Ce qui se produirait fatalement !) Ainsi
13948 listin. (Ce qui se produirait fatalement !) Ainsi l’ on passe avec une feinte légèreté à côté du problème fondamental. « Il
13949 me fondamental. « Il faut se faire lire et gagner la confiance ; on ne remonte pas le courant de toute l’époque ; la passi
13950 e lire et gagner la confiance ; on ne remonte pas le courant de toute l’époque ; la passion a toujours existé, elle existe
13951 agner la confiance ; on ne remonte pas le courant de toute l’époque ; la passion a toujours existé, elle existera donc tou
13952 confiance ; on ne remonte pas le courant de toute l’ époque ; la passion a toujours existé, elle existera donc toujours, et
13953 on ne remonte pas le courant de toute l’époque ; la passion a toujours existé, elle existera donc toujours, et nous ne so
13954 rs, et nous ne sommes pas des Don Quichotte… » Je le crois bien ! C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien de sér
13955 C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien de sérieux. Et comme il faut pourtant que quelque chose se fasse, la seu
13956 omme il faut pourtant que quelque chose se fasse, la seule question qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est de sav
13957 e chose se fasse, la seule question qui se pose à l’ historien, au sociologue, c’est de savoir quel mécanisme va se déclenc
13958 n qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est de savoir quel mécanisme va se déclencher pour rétablir la situation — o
13959 oir quel mécanisme va se déclencher pour rétablir la situation — ou quel réflexe collectif. ⁂ Deux exemples de grande enve
13960 tion — ou quel réflexe collectif. ⁂ Deux exemples de grande envergure nous indiquent un type de réponse, une solution peut
13961 emples de grande envergure nous indiquent un type de réponse, une solution peut-être inévitable. La Russie de la Révolutio
13962 pe de réponse, une solution peut-être inévitable. La Russie de la Révolution connut un « déchaînement » sexuel de la jeune
13963 e la Révolution connut un « déchaînement » sexuel de la jeunesse que l’on serait tenté de juger sans précédent dans notre
13964 a Révolution connut un « déchaînement » sexuel de la jeunesse que l’on serait tenté de juger sans précédent dans notre his
13965 nut un « déchaînement » sexuel de la jeunesse que l’ on serait tenté de juger sans précédent dans notre histoire européenne
13966 ent » sexuel de la jeunesse que l’on serait tenté de juger sans précédent dans notre histoire européenne192. Quant au mari
13967 uant au mariage, il fut en principe balayé durant la période des Soviets. La morale des intellectuels nihilistes ou romant
13968 en principe balayé durant la période des Soviets. La morale des intellectuels nihilistes ou romantiques, qui inspirait les
13969 lectuels nihilistes ou romantiques, qui inspirait les jeunes chefs bolchéviques, se traduisit dans la réalité par une génér
13970 les jeunes chefs bolchéviques, se traduisit dans la réalité par une généralisation de l’union libre, de l’avortement, de
13971 traduisit dans la réalité par une généralisation de l’union libre, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tou
13972 aduisit dans la réalité par une généralisation de l’ union libre, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout c
13973 réalité par une généralisation de l’union libre, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait
13974 alité par une généralisation de l’union libre, de l’ avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait co
13975 généralisation de l’union libre, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait contraire aux pr
13976 éralisation de l’union libre, de l’avortement, de l’ abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait contraire aux préju
13977 , de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait contraire aux préjugés réactionnaires, qu’on se
13978 s, qu’on se figurait, bien à tort, entretenus par le capitalisme. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à la camarad
13979 me. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à la camarade Zetkin, le chef décrit ce désastre des mœurs, et il proteste
13980 fameuse adressée par Lénine à la camarade Zetkin, le chef décrit ce désastre des mœurs, et il proteste avec toute l’énergi
13981 ce désastre des mœurs, et il proteste avec toute l’ énergie d’un « révolutionnaire professionnel » — donc puritain — contr
13982 re des mœurs, et il proteste avec toute l’énergie d’ un « révolutionnaire professionnel » — donc puritain — contre cette an
13983 n — contre cette anarchie sexuelle qu’il qualifie de « petite-bourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de l’express
13984 alifie de « petite-bourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de l’expression.) Vingt ans plus tard, le « redressemen
13985 e-bourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de l’expression.) Vingt ans plus tard, le « redressement des mœurs » s’e
13986 ourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de l’ expression.) Vingt ans plus tard, le « redressement des mœurs » s’est
13987 s marxiste de l’expression.) Vingt ans plus tard, le « redressement des mœurs » s’est opéré, non par quelque sursaut vertu
13988 opéré, non par quelque sursaut vertueux, non par l’ initiative d’une ligue philanthropique, mais par les soins d’une dicta
13989 ar quelque sursaut vertueux, non par l’initiative d’ une ligue philanthropique, mais par les soins d’une dictature exacteme
13990 ’initiative d’une ligue philanthropique, mais par les soins d’une dictature exactement consciente des conditions de sa duré
13991 e d’une ligue philanthropique, mais par les soins d’ une dictature exactement consciente des conditions de sa durée. Stalin
13992 ne dictature exactement consciente des conditions de sa durée. Staline s’est assigné pour but prochain de refaire des cadr
13993 sa durée. Staline s’est assigné pour but prochain de refaire des cadres à sa nation. Car sans cadres, l’économie périclita
13994 refaire des cadres à sa nation. Car sans cadres, l’ économie périclitait, et la « défense nationale » ne pouvait pas s’org
13995 tion. Car sans cadres, l’économie périclitait, et la « défense nationale » ne pouvait pas s’organiser sans un constant rec
13996 ouvait pas s’organiser sans un constant recours à la passion des premiers révolutionnaires : or c’était cette passion préc
13997 naires : or c’était cette passion précisément que l’ on entendait « liquider ». D’où l’absolue nécessité de restaurer les b
13998 sion précisément que l’on entendait « liquider ». D’ où l’absolue nécessité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l
13999 précisément que l’on entendait « liquider ». D’où l’ absolue nécessité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l’élém
14000 entendait « liquider ». D’où l’absolue nécessité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l’élément statique et stab
14001 liquider ». D’où l’absolue nécessité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l’élément statique et stabilisateur au p
14002 ité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l’ élément statique et stabilisateur au premier chef qu’est la famille. C
14003 statique et stabilisateur au premier chef qu’est la famille. Ce fut le mécanisme de la dictature productiviste qui contra
14004 isateur au premier chef qu’est la famille. Ce fut le mécanisme de la dictature productiviste qui contraignit l’État dit so
14005 emier chef qu’est la famille. Ce fut le mécanisme de la dictature productiviste qui contraignit l’État dit socialiste à éd
14006 er chef qu’est la famille. Ce fut le mécanisme de la dictature productiviste qui contraignit l’État dit socialiste à édict
14007 sme de la dictature productiviste qui contraignit l’ État dit socialiste à édicter une série de lois contre le divorce (qu’
14008 raignit l’État dit socialiste à édicter une série de lois contre le divorce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre l
14009 dit socialiste à édicter une série de lois contre le divorce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre l’avortement et
14010 orce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre l’ avortement et contre l’abandon des enfants nés hors mariage. La rigueu
14011 coup plus onéreux), contre l’avortement et contre l’ abandon des enfants nés hors mariage. La rigueur subite de ces lois, l
14012 et contre l’abandon des enfants nés hors mariage. La rigueur subite de ces lois, le choc psychologique qu’elles provoquère
14013 n des enfants nés hors mariage. La rigueur subite de ces lois, le choc psychologique qu’elles provoquèrent, la propagande,
14014 nés hors mariage. La rigueur subite de ces lois, le choc psychologique qu’elles provoquèrent, la propagande, et les mesur
14015 ois, le choc psychologique qu’elles provoquèrent, la propagande, et les mesures de contrôle policier de la vie privée, cha
14016 ologique qu’elles provoquèrent, la propagande, et les mesures de contrôle policier de la vie privée, changèrent notablement
14017 elles provoquèrent, la propagande, et les mesures de contrôle policier de la vie privée, changèrent notablement l’ambiance
14018 a propagande, et les mesures de contrôle policier de la vie privée, changèrent notablement l’ambiance morale de la Russie
14019 ropagande, et les mesures de contrôle policier de la vie privée, changèrent notablement l’ambiance morale de la Russie aux
14020 policier de la vie privée, changèrent notablement l’ ambiance morale de la Russie aux environs de l’année 1936193. Le maria
14021 privée, changèrent notablement l’ambiance morale de la Russie aux environs de l’année 1936193. Le mariage se trouva resta
14022 ivée, changèrent notablement l’ambiance morale de la Russie aux environs de l’année 1936193. Le mariage se trouva restauré
14023 ement l’ambiance morale de la Russie aux environs de l’année 1936193. Le mariage se trouva restauré sur des bases strictem
14024 nt l’ambiance morale de la Russie aux environs de l’ année 1936193. Le mariage se trouva restauré sur des bases strictement
14025 ale de la Russie aux environs de l’année 1936193. Le mariage se trouva restauré sur des bases strictement utilitaires, col
14026 tivistes et eugéniques, et dans une atmosphère où les problèmes individuels tendaient à perdre toute espèce de dignité, de
14027 lèmes individuels tendaient à perdre toute espèce de dignité, de légitimité, de virulence anarchisante194. L’Allemagne de
14028 duels tendaient à perdre toute espèce de dignité, de légitimité, de virulence anarchisante194. L’Allemagne de l’après-guer
14029 à perdre toute espèce de dignité, de légitimité, de virulence anarchisante194. L’Allemagne de l’après-guerre atteignit-el
14030 ité, de légitimité, de virulence anarchisante194. L’ Allemagne de l’après-guerre atteignit-elle un stade d’anarchie sexuell
14031 timité, de virulence anarchisante194. L’Allemagne de l’après-guerre atteignit-elle un stade d’anarchie sexuelle comparable
14032 ité, de virulence anarchisante194. L’Allemagne de l’ après-guerre atteignit-elle un stade d’anarchie sexuelle comparable à
14033 lemagne de l’après-guerre atteignit-elle un stade d’ anarchie sexuelle comparable à celui de la Russie jusqu’à Staline ? Le
14034 e un stade d’anarchie sexuelle comparable à celui de la Russie jusqu’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles socia
14035 n stade d’anarchie sexuelle comparable à celui de la Russie jusqu’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles sociaux,
14036 comparable à celui de la Russie jusqu’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles sociaux, pour s’y être développé san
14037 celui de la Russie jusqu’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles sociaux, pour s’y être développé sans violences e
14038 nces extérieures, n’avait que plus gravement miné l’ éthique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passi
14039 it que plus gravement miné l’éthique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du ro
14040 que plus gravement miné l’éthique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du roman
14041 ement miné l’éthique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du romantisme entraîn
14042 atrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part des c
14043 imoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part des cons
14044 eunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part des conséquences bien pl
14045 onséquences bien plus complexes que chez nous, et d’ apparences fort hétéroclites. Le cynisme morbide de l’après-guerre all
14046 que chez nous, et d’apparences fort hétéroclites. Le cynisme morbide de l’après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des
14047 ’apparences fort hétéroclites. Le cynisme morbide de l’après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des avant-gardes litté
14048 parences fort hétéroclites. Le cynisme morbide de l’ après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des avant-gardes littérai
14049 . Le cynisme morbide de l’après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des avant-gardes littéraires et artistiques, l’homo
14050 keit des avant-gardes littéraires et artistiques, l’ homosexualité très générale dans les associations secrètes qui préludè
14051 t artistiques, l’homosexualité très générale dans les associations secrètes qui préludèrent à l’hitlérisme, le déchaînement
14052 dans les associations secrètes qui préludèrent à l’ hitlérisme, le déchaînement sadique des corps francs dans les pays bal
14053 ciations secrètes qui préludèrent à l’hitlérisme, le déchaînement sadique des corps francs dans les pays baltes, les crime
14054 me, le déchaînement sadique des corps francs dans les pays baltes, les crimes dits « politiques » exécutés par des ligues d
14055 nt sadique des corps francs dans les pays baltes, les crimes dits « politiques » exécutés par des ligues de jeunes gens, ce
14056 rimes dits « politiques » exécutés par des ligues de jeunes gens, certaines formes de naturisme, les « fiançailles d’essai
14057 s par des ligues de jeunes gens, certaines formes de naturisme, les « fiançailles d’essai » élevées au rang de coutume nor
14058 es de jeunes gens, certaines formes de naturisme, les « fiançailles d’essai » élevées au rang de coutume normale parmi les
14059 certaines formes de naturisme, les « fiançailles d’ essai » élevées au rang de coutume normale parmi les étudiants, le sér
14060 isme, les « fiançailles d’essai » élevées au rang de coutume normale parmi les étudiants, le sérieux accordé aux conflits
14061 ’essai » élevées au rang de coutume normale parmi les étudiants, le sérieux accordé aux conflits passionnels « à trois » ou
14062 s au rang de coutume normale parmi les étudiants, le sérieux accordé aux conflits passionnels « à trois » ou « à quatre »
14063 sionnels « à trois » ou « à quatre » — renouvelés de la Lucinde de Schlegel — autant de signes de la panique sexuelle prov
14064 nnels « à trois » ou « à quatre » — renouvelés de la Lucinde de Schlegel — autant de signes de la panique sexuelle provoqu
14065 » — renouvelés de la Lucinde de Schlegel — autant de signes de la panique sexuelle provoquée par la décadence des contrain
14066 elés de la Lucinde de Schlegel — autant de signes de la panique sexuelle provoquée par la décadence des contraintes matrim
14067 s de la Lucinde de Schlegel — autant de signes de la panique sexuelle provoquée par la décadence des contraintes matrimoni
14068 nt de signes de la panique sexuelle provoquée par la décadence des contraintes matrimoniales et du mythe de l’amour mortel
14069 cadence des contraintes matrimoniales et du mythe de l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et d’
14070 ence des contraintes matrimoniales et du mythe de l’ amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et d’ana
14071 matrimoniales et du mythe de l’amour mortel. Déjà l’ on voyait affleurer le fond de désespoir et d’anarchie intime que supp
14072 the de l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et d’anarchie intime que suppose toute morale du « 
14073 ’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et d’anarchie intime que suppose toute morale du « bonheur 
14074 éjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et d’ anarchie intime que suppose toute morale du « bonheur » strictement in
14075 orale du « bonheur » strictement individuelle. Or la dictature hitlérienne, du fait qu’elle prétendait se fonder sur une b
14076 t militaire, devait se donner pour première tâche de surmonter cette crise de mœurs. On commença par opposer à l’idéal ant
14077 nner pour première tâche de surmonter cette crise de mœurs. On commença par opposer à l’idéal antisocial de « bonheur » et
14078 r cette crise de mœurs. On commença par opposer à l’ idéal antisocial de « bonheur » et de « vie dangereuse » un idéal coll
14079 urs. On commença par opposer à l’idéal antisocial de « bonheur » et de « vie dangereuse » un idéal collectiviste. Gemeinnu
14080 ar opposer à l’idéal antisocial de « bonheur » et de « vie dangereuse » un idéal collectiviste. Gemeinnutz geht vor Eigenn
14081 al collectiviste. Gemeinnutz geht vor Eigennutz ! Le bien commun prime l’intérêt particulier. Et par tous les moyens spect
14082 einnutz geht vor Eigennutz ! Le bien commun prime l’ intérêt particulier. Et par tous les moyens spectaculaires, pédagogiqu
14083 n commun prime l’intérêt particulier. Et par tous les moyens spectaculaires, pédagogiques, voire religieux, on opéra cet én
14084 e à donner pour seul objet légitime et possible à la passion l’idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on prive l
14085 pour seul objet légitime et possible à la passion l’ idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on prive la femme de
14086 ul objet légitime et possible à la passion l’idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on prive la femme de son aur
14087 ible à la passion l’idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on prive la femme de son auréole romantique : on la r
14088 nation symbolisée par le Führer. D’abord on prive la femme de son auréole romantique : on la réduit à sa fonction matrimon
14089 mbolisée par le Führer. D’abord on prive la femme de son auréole romantique : on la réduit à sa fonction matrimoniale : fa
14090 on prive la femme de son auréole romantique : on la réduit à sa fonction matrimoniale : faire des enfants, puis les éleve
14091 a fonction matrimoniale : faire des enfants, puis les élever jusqu’au moment où le Parti s’en chargera (c’est-à-dire pendan
14092 e des enfants, puis les élever jusqu’au moment où le Parti s’en chargera (c’est-à-dire pendant quatre ou cinq ans). De là,
14093 argera (c’est-à-dire pendant quatre ou cinq ans). De là, on passe à des mesures d’ordre eugénique. On ouvre une « école de
14094 uatre ou cinq ans). De là, on passe à des mesures d’ ordre eugénique. On ouvre une « école de fiancées » pour les futures f
14095 s mesures d’ordre eugénique. On ouvre une « école de fiancées » pour les futures femmes des S. S. (Schutz Staffeln : escou
14096 ugénique. On ouvre une « école de fiancées » pour les futures femmes des S. S. (Schutz Staffeln : escouades de protection d
14097 res femmes des S. S. (Schutz Staffeln : escouades de protection du régime, troupe sélectionnée incarnant l’idéal racial).
14098 otection du régime, troupe sélectionnée incarnant l’ idéal racial). Ces femmes doivent être blondes, de sang aryen, et mesu
14099 l’idéal racial). Ces femmes doivent être blondes, de sang aryen, et mesurer au moins 1 m 73. Ainsi le « type de femme » se
14100 de sang aryen, et mesurer au moins 1 m 73. Ainsi le « type de femme » se trouve prescrit non par les souvenirs inconscien
14101 ryen, et mesurer au moins 1 m 73. Ainsi le « type de femme » se trouve prescrit non par les souvenirs inconscients, ni par
14102 i le « type de femme » se trouve prescrit non par les souvenirs inconscients, ni par des modes étrangères mais par la secti
14103 nconscients, ni par des modes étrangères mais par la section scientifique du ministère de la propagande. En 1938, on insti
14104 res mais par la section scientifique du ministère de la propagande. En 1938, on institue des écoles analogues pour toutes
14105 mais par la section scientifique du ministère de la propagande. En 1938, on institue des écoles analogues pour toutes les
14106 938, on institue des écoles analogues pour toutes les femmes allemandes, et l’on ne manquera pas de les rendre obligatoires
14107 s analogues pour toutes les femmes allemandes, et l’ on ne manquera pas de les rendre obligatoires à bref délai. Le but der
14108 es les femmes allemandes, et l’on ne manquera pas de les rendre obligatoires à bref délai. Le but dernier de l’entreprise
14109 les femmes allemandes, et l’on ne manquera pas de les rendre obligatoires à bref délai. Le but dernier de l’entreprise ne f
14110 uera pas de les rendre obligatoires à bref délai. Le but dernier de l’entreprise ne fait pas de doute : on en viendra à n’
14111 rendre obligatoires à bref délai. Le but dernier de l’entreprise ne fait pas de doute : on en viendra à n’autoriser plus
14112 ndre obligatoires à bref délai. Le but dernier de l’ entreprise ne fait pas de doute : on en viendra à n’autoriser plus que
14113 délai. Le but dernier de l’entreprise ne fait pas de doute : on en viendra à n’autoriser plus que les unions contractées s
14114 s de doute : on en viendra à n’autoriser plus que les unions contractées sur une base eugénique, selon certains critères st
14115 dividuels, donc des passions. À chacun sa « fiche de mariage ». Alors la science matrimoniale trouvera sa juste applicatio
14116 passions. À chacun sa « fiche de mariage ». Alors la science matrimoniale trouvera sa juste application dans l’esprit de L
14117 e matrimoniale trouvera sa juste application dans l’ esprit de Lycurgue et de Sparte : on en fera l’un des chapitres de la
14118 niale trouvera sa juste application dans l’esprit de Lycurgue et de Sparte : on en fera l’un des chapitres de la préparati
14119 sa juste application dans l’esprit de Lycurgue et de Sparte : on en fera l’un des chapitres de la préparation militaire195
14120 rgue et de Sparte : on en fera l’un des chapitres de la préparation militaire195. ⁂ Trois hypothèses demeurent alors possi
14121 e et de Sparte : on en fera l’un des chapitres de la préparation militaire195. ⁂ Trois hypothèses demeurent alors possible
14122 ossibles. Il se peut que d’ici vingt ou cent ans, l’ on voie se reformer les conditions externes indispensables à la recons
14123 ue d’ici vingt ou cent ans, l’on voie se reformer les conditions externes indispensables à la reconstitution du mythe. La p
14124 reformer les conditions externes indispensables à la reconstitution du mythe. La passion, officiellement éliminée, disqual
14125 rnes indispensables à la reconstitution du mythe. La passion, officiellement éliminée, disqualifiée, et définie comme simp
14126 ence sociale (ou sabotage) devra se réfugier dans le secret. Mais alors elle retrouvera pour s’exprimer dans un langage sy
14127 xprimer dans un langage symbolique (ésotérique et d’ extérieur rassurant) les éléments plastiques, militaires et sacrés qui
14128 symbolique (ésotérique et d’extérieur rassurant) les éléments plastiques, militaires et sacrés qui lui font aujourd’hui dé
14129 eau mimer des intrigues épiques ou politiques. Et l’ aventure reprendra son départ dans une tension incalculablement plus f
14130 te que celle qui s’institua au xiie siècle. Mais l’ éventualité de la guerre, c’est-à-dire d’une décharge passionnelle au
14131 ui s’institua au xiie siècle. Mais l’éventualité de la guerre, c’est-à-dire d’une décharge passionnelle au niveau collect
14132 s’institua au xiie siècle. Mais l’éventualité de la guerre, c’est-à-dire d’une décharge passionnelle au niveau collectif
14133 le. Mais l’éventualité de la guerre, c’est-à-dire d’ une décharge passionnelle au niveau collectif et national, paraît aujo
14134 ational, paraît aujourd’hui plus probable. Enfin, l’ on peut encore imaginer que la pratique forcée de l’eugénisme réussira
14135 us probable. Enfin, l’on peut encore imaginer que la pratique forcée de l’eugénisme réussira, là où toutes nos morales éch
14136 l’on peut encore imaginer que la pratique forcée de l’eugénisme réussira, là où toutes nos morales échouent, entraînant l
14137 on peut encore imaginer que la pratique forcée de l’ eugénisme réussira, là où toutes nos morales échouent, entraînant l’ef
14138 ra, là où toutes nos morales échouent, entraînant l’ effective abolition du besoin « spirituel », et donc artificiel, de la
14139 tion du besoin « spirituel », et donc artificiel, de la passion. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe d
14140 n du besoin « spirituel », et donc artificiel, de la passion. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de l
14141 ituel », et donc artificiel, de la passion. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura véc
14142 et donc artificiel, de la passion. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occ
14143 donc artificiel, de la passion. Alors le cycle de l’ amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occide
14144 n. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’ Europe de la passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naî
14145 le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans
14146 cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans les
14147 u. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans les laboratoires. 183. Voir sur ce point : R. P. Lavaud, « L’idée divi
14148 ires. 183. Voir sur ce point : R. P. Lavaud, «  L’ idée divine du mariage », Études carmélitaines, avril 1938, p. 186. Le
14149 iage », Études carmélitaines, avril 1938, p. 186. Le sacrement catholique se justifierait soit par le récit du miracle de
14150 Le sacrement catholique se justifierait soit par le récit du miracle de Cana (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit
14151 ique se justifierait soit par le récit du miracle de Cana (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit par le passage où Jé
14152 cit du miracle de Cana (« simple hypothèse », dit l’ auteur) ; soit par le passage où Jésus proclame que l’homme ne doit pa
14153 a (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit par le passage où Jésus proclame que l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu
14154 teur) ; soit par le passage où Jésus proclame que l’ homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni ; soit enfin par des entre
14155 ce que Dieu a uni ; soit enfin par des entretiens de Jésus ressuscité et de ses disciples « que les évangélistes et les Ac
14156 t enfin par des entretiens de Jésus ressuscité et de ses disciples « que les évangélistes et les Actes mentionnent sans le
14157 ens de Jésus ressuscité et de ses disciples « que les évangélistes et les Actes mentionnent sans les rapporter en détail ».
14158 ité et de ses disciples « que les évangélistes et les Actes mentionnent sans les rapporter en détail ». L’auteur n’indique
14159 ue les évangélistes et les Actes mentionnent sans les rapporter en détail ». L’auteur n’indique rien de plus précis que ces
14160 Actes mentionnent sans les rapporter en détail ». L’ auteur n’indique rien de plus précis que ces trois « hypothèses » huma
14161 « hypothèses » humaines pour fonder bibliquement le dogme traditionnel. 184. Les gnostiques ont souvent exprimé cette op
14162 fonder bibliquement le dogme traditionnel. 184. Les gnostiques ont souvent exprimé cette opinion : « Les crimes sont un t
14163 gnostiques ont souvent exprimé cette opinion : «  Les crimes sont un tribut payé à la vie. » (Carpocrates, cf. Schultz, Dok
14164 ette opinion : « Les crimes sont un tribut payé à la vie. » (Carpocrates, cf. Schultz, Dokumente der Gnosis.) 185. Encore
14165 Schultz, Dokumente der Gnosis.) 185. Encore que la faute soit alors considérée moins par rapport à la morale en soi, que
14166 a faute soit alors considérée moins par rapport à la morale en soi, que sous l’aspect du risque et du danger qu’elle fait
14167 ée moins par rapport à la morale en soi, que sous l’ aspect du risque et du danger qu’elle fait courir à celui qui la comme
14168 sque et du danger qu’elle fait courir à celui qui la commet. Tandis que du point de vue des vrais cathares, nous l’avons v
14169 ndis que du point de vue des vrais cathares, nous l’ avons vu, le véritable crime, c’est d’avoir « consommé » dans la chair
14170 point de vue des vrais cathares, nous l’avons vu, le véritable crime, c’est d’avoir « consommé » dans la chair cet adultèr
14171 hares, nous l’avons vu, le véritable crime, c’est d’ avoir « consommé » dans la chair cet adultère. 186. Sauf peut-être au
14172 véritable crime, c’est d’avoir « consommé » dans la chair cet adultère. 186. Sauf peut-être aux États-Unis, s’il faut en
14173 ux États-Unis, s’il faut en croire certains échos de presse sur la vie privée des stars et des magnats de la finance. 187
14174 s’il faut en croire certains échos de presse sur la vie privée des stars et des magnats de la finance. 187. L’aventure f
14175 presse sur la vie privée des stars et des magnats de la finance. 187. L’aventure fameuse de la princesse de C… donna lieu
14176 sse sur la vie privée des stars et des magnats de la finance. 187. L’aventure fameuse de la princesse de C… donna lieu au
14177 vée des stars et des magnats de la finance. 187. L’ aventure fameuse de la princesse de C… donna lieu au début du siècle à
14178 s magnats de la finance. 187. L’aventure fameuse de la princesse de C… donna lieu au début du siècle à toute une littérat
14179 agnats de la finance. 187. L’aventure fameuse de la princesse de C… donna lieu au début du siècle à toute une littérature
14180 toute une littérature romanesque. Quant au thème de l’ouvrier ou du chauffeur qui « mérite » la fille du patron, il est a
14181 ute une littérature romanesque. Quant au thème de l’ ouvrier ou du chauffeur qui « mérite » la fille du patron, il est abon
14182 thème de l’ouvrier ou du chauffeur qui « mérite » la fille du patron, il est abondamment exploité par le film allemand, de
14183 fille du patron, il est abondamment exploité par le film allemand, depuis l’hitlérisme. 188. Le titre d’un roman de Max
14184 abondamment exploité par le film allemand, depuis l’ hitlérisme. 188. Le titre d’un roman de Max Brod, Die Frau nach der m
14185 par le film allemand, depuis l’hitlérisme. 188. Le titre d’un roman de Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt (la fe
14186 ilm allemand, depuis l’hitlérisme. 188. Le titre d’ un roman de Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt (la femme que l
14187 d, depuis l’hitlérisme. 188. Le titre d’un roman de Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt (la femme que l’on désire,
14188 an de Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt ( la femme que l’on désire, la femme de notre nostalgie) est la meilleure
14189 d, Die Frau nach der man sich sehnt (la femme que l’ on désire, la femme de notre nostalgie) est la meilleure définition d’
14190 ach der man sich sehnt (la femme que l’on désire, la femme de notre nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut. L’amou
14191 an sich sehnt (la femme que l’on désire, la femme de notre nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut. L’amour-passion
14192 que l’on désire, la femme de notre nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut. L’amour-passion veut « la princesse loi
14193 e de notre nostalgie) est la meilleure définition d’ Iseut. L’amour-passion veut « la princesse lointaine » tandis que l’am
14194 e nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut. L’ amour-passion veut « la princesse lointaine » tandis que l’amour chrét
14195 lleure définition d’Iseut. L’amour-passion veut «  la princesse lointaine » tandis que l’amour chrétien veut « le prochain 
14196 assion veut « la princesse lointaine » tandis que l’ amour chrétien veut « le prochain ». 189. Le Diet de Padma. 190. L’e
14197 se lointaine » tandis que l’amour chrétien veut «  le prochain ». 189. Le Diet de Padma. 190. L’encyclique Casti connubii
14198 que l’amour chrétien veut « le prochain ». 189. Le Diet de Padma. 190. L’encyclique Casti connubii a répondu à la décis
14199 ut « le prochain ». 189. Le Diet de Padma. 190. L’ encyclique Casti connubii a répondu à la décision des évêques anglican
14200 ma. 190. L’encyclique Casti connubii a répondu à la décision des évêques anglicans dite de Lambeth. Les Congrès œcuméniqu
14201 répondu à la décision des évêques anglicans dite de Lambeth. Les Congrès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes les
14202 a décision des évêques anglicans dite de Lambeth. Les Congrès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes les Églises non
14203 nglicans dite de Lambeth. Les Congrès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes les Églises non romaines) ont également
14204 Lambeth. Les Congrès œcuméniques de Stockholm et d’ Oxford (toutes les Églises non romaines) ont également touché le probl
14205 grès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes les Églises non romaines) ont également touché le problème. 191. Il sera
14206 es les Églises non romaines) ont également touché le problème. 191. Il serait curieux de retrouver quel est l’auteur — év
14207 ement touché le problème. 191. Il serait curieux de retrouver quel est l’auteur — évidemment moderne — qui a parlé le pre
14208 me. 191. Il serait curieux de retrouver quel est l’ auteur — évidemment moderne — qui a parlé le premier d’un « problème s
14209 eur — évidemment moderne — qui a parlé le premier d’ un « problème sexuel ». Fourier peut-être ? Ou Proudhon ? 192. En réa
14210 rent certaines jeunesses des pays bourgeois après la guerre. La différence est qu’en Russie on affichait des principes « é
14211 nes jeunesses des pays bourgeois après la guerre. La différence est qu’en Russie on affichait des principes « émancipés »
14212 oviétiques. 194. Famille, eugénisme, suppression de la passion : tout cela devrait être mis entre guillemets quand il s’a
14213 étiques. 194. Famille, eugénisme, suppression de la passion : tout cela devrait être mis entre guillemets quand il s’agit
14214 devrait être mis entre guillemets quand il s’agit de l’URSS. La diminution vertigineuse de la population oblige Staline à
14215 rait être mis entre guillemets quand il s’agit de l’ URSS. La diminution vertigineuse de la population oblige Staline à une
14216 e mis entre guillemets quand il s’agit de l’URSS. La diminution vertigineuse de la population oblige Staline à une politiq
14217 d il s’agit de l’URSS. La diminution vertigineuse de la population oblige Staline à une politique de natalité. Mais qui pe
14218 l s’agit de l’URSS. La diminution vertigineuse de la population oblige Staline à une politique de natalité. Mais qui peut
14219 e de la population oblige Staline à une politique de natalité. Mais qui peut savoir si on l’applique ? Et je le répète, se
14220 politique de natalité. Mais qui peut savoir si on l’ applique ? Et je le répète, ses mobiles ne sont nullement d’ordre « mo
14221 té. Mais qui peut savoir si on l’applique ? Et je le répète, ses mobiles ne sont nullement d’ordre « moral », mais plutôt
14222  ? Et je le répète, ses mobiles ne sont nullement d’ ordre « moral », mais plutôt militaire. 195. Depuis que ceci a été éc
14223 tôt militaire. 195. Depuis que ceci a été écrit, les événements se sont précipités. À Berlin : loi du 6 juillet 1938, décr
14224 loi du 6 juillet 1938, décrétant entre autres que les mariages seront contractés dorénavant « au nom de l’État » (socialisa
14225 mariages seront contractés dorénavant « au nom de l’ État » (socialisation). À Rome : mesures draconiennes prises à l’égard
14226 s célibataires à partir de vingt-cinq ans : on va les chasser des Villes de plus de 5000 habitants.
14227 t-cinq ans : on va les chasser des Villes de plus de 5000 habitants.
8 1939, L’Amour et l’Occident. Livre VII. L’Amour action, ou de la fidélité
14228 Livre VIIL’Amour action, ou de la fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À l’heure où cet ouvra
14229 Livre VIIL’Amour action, ou de la fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À l’heure où cet ouvrage
14230 L’Amour action, ou de la fidélité 1.Nécessité d’ un parti pris À l’heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il m
14231 la fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À l’ heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il me semble que son dess
14232 che à sa conclusion, il me semble que son dessein le plus secret m’échappe encore. L’aveu sera jugé insolite. Mais je pres
14233 que son dessein le plus secret m’échappe encore. L’ aveu sera jugé insolite. Mais je pressens d’assez profondes raisons de
14234 core. L’aveu sera jugé insolite. Mais je pressens d’ assez profondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrire la passion
14235 olite. Mais je pressens d’assez profondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrire la passion comme une entité historiq
14236 te. Mais je pressens d’assez profondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrire la passion comme une entité historique,
14237 ondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrire la passion comme une entité historique, née dans un temps et dans des li
14238 ans des lieux déterminés, et sous des astres dont le cours est calculable. J’ai cru cerner le secret de son mythe. La déco
14239 res dont le cours est calculable. J’ai cru cerner le secret de son mythe. La découverte n’est pas négligeable. Mais peut-o
14240 e cours est calculable. J’ai cru cerner le secret de son mythe. La découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire
14241 lculable. J’ai cru cerner le secret de son mythe. La découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire la passion ? O
14242 verte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire la passion ? On ne décrit pas une forme d’existence sans y participer, f
14243 n décrire la passion ? On ne décrit pas une forme d’ existence sans y participer, fût-ce même par une révolte contre la déc
14244 y participer, fût-ce même par une révolte contre la décision dont elle est née. Et pour tout dire, j’ignore encore si cel
14245 si cela peut avoir un sens : approuver ou rejeter la passion. Combien serait vaine l’attitude intellectuelle qui se défini
14246 ouver ou rejeter la passion. Combien serait vaine l’ attitude intellectuelle qui se définirait elle-même comme une condamna
14247 ui se définirait elle-même comme une condamnation de la passion : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que la passion,
14248 se définirait elle-même comme une condamnation de la passion : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que la passion, qu
14249 une condamnation de la passion : il suffit, pour l’ apercevoir, d’observer que la passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni
14250 ion de la passion : il suffit, pour l’apercevoir, d’ observer que la passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni ne veut « avo
14251 on : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que la passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni ne veut « avoir raison ». Co
14252 raison ». Contre elle, on a toujours raison, dès l’ instant qu’on parle raison. Car l’homme de la passion est justement ce
14253 urs raison, dès l’instant qu’on parle raison. Car l’ homme de la passion est justement celui qui choisit d’être dans son to
14254 on, dès l’instant qu’on parle raison. Car l’homme de la passion est justement celui qui choisit d’être dans son tort, aux
14255 dès l’instant qu’on parle raison. Car l’homme de la passion est justement celui qui choisit d’être dans son tort, aux yeu
14256 mme de la passion est justement celui qui choisit d’ être dans son tort, aux yeux du monde, — et dans ce tort majeur, irrév
14257 et dans ce tort majeur, irrévocable, que signifie le choix de la mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on
14258 e tort majeur, irrévocable, que signifie le choix de la mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe ? P
14259 ort majeur, irrévocable, que signifie le choix de la mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe ? Pour
14260 évocable, que signifie le choix de la mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe ? Pour attaquer la pa
14261 t contre la vie. Et comment échapper au démon que l’ on fixe ? Pour attaquer la passion dans l’amour, il faudrait développe
14262 t échapper au démon que l’on fixe ? Pour attaquer la passion dans l’amour, il faudrait développer une violence spirituelle
14263 mon que l’on fixe ? Pour attaquer la passion dans l’ amour, il faudrait développer une violence spirituelle qui tuât mieux
14264 opper une violence spirituelle qui tuât mieux que la passion d’amour : celle au moins de l’orthodoxie contre l’hérésie pri
14265 iolence spirituelle qui tuât mieux que la passion d’ amour : celle au moins de l’orthodoxie contre l’hérésie primitive, mai
14266 uât mieux que la passion d’amour : celle au moins de l’orthodoxie contre l’hérésie primitive, mais encore plus agressive,
14267 mieux que la passion d’amour : celle au moins de l’ orthodoxie contre l’hérésie primitive, mais encore plus agressive, san
14268 n d’amour : celle au moins de l’orthodoxie contre l’ hérésie primitive, mais encore plus agressive, sans doute, puisqu’il n
14269 ns doute, puisqu’il n’est plus question pour nous de recourir au bras séculier. (Sans compter que la Croisade, au total, f
14270 s de recourir au bras séculier. (Sans compter que la Croisade, au total, fut un échec dont la passion sut profiter.) C’est
14271 pter que la Croisade, au total, fut un échec dont la passion sut profiter.) C’est qu’avant tout et après tout, à l’origine
14272 t profiter.) C’est qu’avant tout et après tout, à l’ origine et à la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’h
14273 est qu’avant tout et après tout, à l’origine et à la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu — 
14274 avant tout et après tout, à l’origine et à la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu — a forti
14275 nt tout et après tout, à l’origine et à la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu — a fortiori
14276 in de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’ homme ou Dieu — a fortiori pas une erreur « morale » — mais une décisi
14277 rreur « morale » — mais une décision fondamentale de l’homme, qui veut être lui-même son dieu196. La passion brûle dans no
14278 ur « morale » — mais une décision fondamentale de l’ homme, qui veut être lui-même son dieu196. La passion brûle dans notre
14279 e de l’homme, qui veut être lui-même son dieu196. La passion brûle dans notre cœur sitôt que le serpent au sang-froid — le
14280 eu196. La passion brûle dans notre cœur sitôt que le serpent au sang-froid — le cynique pur — insinue sa promesse éternell
14281 s notre cœur sitôt que le serpent au sang-froid —  le cynique pur — insinue sa promesse éternellement trahie : eritis sicut
14282 nie naïveté du moraliste qui prétendait détourner l’ homme de cette voie mortelle, divinisante, en lui « prouvant » qu’elle
14283 eté du moraliste qui prétendait détourner l’homme de cette voie mortelle, divinisante, en lui « prouvant » qu’elle débouch
14284 e débouche dans sa perte ! En lui opposant toutes les raisons de la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand
14285 ans sa perte ! En lui opposant toutes les raisons de la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la t
14286 sa perte ! En lui opposant toutes les raisons de la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terr
14287 n lui opposant toutes les raisons de la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est mépr
14288 t toutes les raisons de la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la
14289 ons de la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est la fa
14290 s conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est la faute à racheter ! Mais
14291 vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il se tu
14292 ’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il se tue, et le tuer a
14293 et la vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’ homme avant qu’il se tue, et le tuer autrement qu’il ne veut l’être, c
14294 cheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il se tue, et le tuer autrement qu’il ne veut l’être, c’est bien de cela, de cela seul
14295 qu’il se tue, et le tuer autrement qu’il ne veut l’ être, c’est bien de cela, de cela seul qu’il s’agit, pour qui veut sur
14296 e tuer autrement qu’il ne veut l’être, c’est bien de cela, de cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser la passion.
14297 trement qu’il ne veut l’être, c’est bien de cela, de cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser la passion. Quant à s
14298 e cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser la passion. Quant à stériliser le milieu culturel où la passion plonge s
14299 qui veut surpasser la passion. Quant à stériliser le milieu culturel où la passion plonge ses racines, il est probable que
14300 passion. Quant à stériliser le milieu culturel où la passion plonge ses racines, il est probable que l’État s’en chargera,
14301 a passion plonge ses racines, il est probable que l’ État s’en chargera, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons de le
14302 t s’en chargera, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons de le prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique
14303 era, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons de le prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique et sotériol
14304 , c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons de le prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique et sotériologi
14305 tes les raisons de le prévoir, dans une époque où l’ on confond thérapeutique et sotériologie (lois de l’hygiène et doctrin
14306 l’on confond thérapeutique et sotériologie (lois de l’hygiène et doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos
14307 on confond thérapeutique et sotériologie (lois de l’ hygiène et doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos pas
14308 l’hygiène et doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos passions viendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui as
14309 doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos passions viendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le po
14310 humaines, la guérison de nos passions viendra de l’ État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids de toutes nos fautes, e
14311 iendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids de toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour le
14312 l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids de toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour les glorifi
14313 me qui assumera le poids de toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom
14314 qui assumera le poids de toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de
14315 ids de toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de l’innocence du Peu
14316 os fautes, et de la faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour
14317 faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour moi, ici et mainte
14318 ivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de l’ innocence du Peuple ! Mais pour moi, ici et maintenant, le problème ne
14319 nce du Peuple ! Mais pour moi, ici et maintenant, le problème ne comporte pas d’échappatoire dans le temps à venir. S’il n
14320 i, ici et maintenant, le problème ne comporte pas d’ échappatoire dans le temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible
14321 , le problème ne comporte pas d’échappatoire dans le temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à l’homme — à un hom
14322 emps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à l’ homme — à un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et de s
14323 e pas possible à l’homme — à un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et de sonder en vérité ses préférences l
14324 me déterminé — de connaître ses propres désirs et de sonder en vérité ses préférences les plus secrètes, du moins peut-il
14325 res désirs et de sonder en vérité ses préférences les plus secrètes, du moins peut-il connaître ses actions, et reconnaître
14326 naître ses actions, et reconnaître à leurs effets les décisions qu’il a risquées. C’est donc un parti pris tout personnel q
14327 c un parti pris tout personnel que je vais tenter de définir maintenant, et après coup, tel que je le reconnais dans ma vi
14328 de définir maintenant, et après coup, tel que je le reconnais dans ma vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que je
14329 on ne se décide jamais que pour son compte, — et le reste est indiscrétion. Mais je ne pouvais écrire un livre entier sur
14330 on. Mais je ne pouvais écrire un livre entier sur la passion sans achever ma description par ce trait qui enfin la situe,
14331 ans achever ma description par ce trait qui enfin la situe, non dans l’abstrait où la passion ne peut exister — et alors e
14332 ription par ce trait qui enfin la situe, non dans l’ abstrait où la passion ne peut exister — et alors en parler n’est qu’u
14333 trait qui enfin la situe, non dans l’abstrait où la passion ne peut exister — et alors en parler n’est qu’une farce — mai
14334 et alors en parler n’est qu’une farce — mais dans le choix qui détermine une existence. 2.Critique du mariage Si je
14335 ce. 2.Critique du mariage Si je ne vois pas de raison qui tienne contre la passion véritable, il m’apparaît en secon
14336 Si je ne vois pas de raison qui tienne contre la passion véritable, il m’apparaît en second lieu que la raison n’est g
14337 ssion véritable, il m’apparaît en second lieu que la raison n’est guère plus efficace pour légitimer le mariage ; et que l
14338 a raison n’est guère plus efficace pour légitimer le mariage ; et que les arguments les plus divers que lui opposent les m
14339 plus efficace pour légitimer le mariage ; et que les arguments les plus divers que lui opposent les meilleurs esprits deme
14340 pour légitimer le mariage ; et que les arguments les plus divers que lui opposent les meilleurs esprits demeurent absolume
14341 ue les arguments les plus divers que lui opposent les meilleurs esprits demeurent absolument valables. De tout temps, les r
14342 meilleurs esprits demeurent absolument valables. De tout temps, les raisons du philistin ont eu mauvaise conscience devan
14343 its demeurent absolument valables. De tout temps, les raisons du philistin ont eu mauvaise conscience devant les ironies du
14344 ns du philistin ont eu mauvaise conscience devant les ironies du romantique. Mais elles sont mises en pleine déroute par la
14345 ique. Mais elles sont mises en pleine déroute par la simple véracité. La fameuse « paix du foyer » n’existe guère qu’au ni
14346 t mises en pleine déroute par la simple véracité. La fameuse « paix du foyer » n’existe guère qu’au niveau d’une certaine
14347 use « paix du foyer » n’existe guère qu’au niveau d’ une certaine éloquence moyenne, politicienne, bourgeoise ou édifiante.
14348 iticienne, bourgeoise ou édifiante. Tolstoï, lui, la décrit comme un « enfer ». Et je lui fais un plus large crédit ! Étan
14349 e lui fais un plus large crédit ! Étant donné que les humains des deux sexes, pris un à un, sont généralement des coquins,
14350 ent-ils des anges une fois appariés ? Ignore-t-on la réalité, ou n’a-t-on rien à dire de plus sérieux ? Poussez le premièr
14351 ou n’a-t-on rien à dire de plus sérieux ? Poussez le première porte venue ! Ce silence que l’épouse est censée ménager aut
14352 Poussez le première porte venue ! Ce silence que l’ épouse est censée ménager autour du vaillant travailleur qui rentre le
14353 ménager autour du vaillant travailleur qui rentre le soir, harassé, se retremper dans la paix familiale, vous verrez que c
14354 ur qui rentre le soir, harassé, se retremper dans la paix familiale, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix, de l’agit
14355 iale, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix, de l’agitation des petits soins à la criaillerie délirante. Enregistrez
14356 e, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix, de l’ agitation des petits soins à la criaillerie délirante. Enregistrez sur
14357 f fois sur dix, de l’agitation des petits soins à la criaillerie délirante. Enregistrez sur disque, au hasard, un de ces e
14358 délirante. Enregistrez sur disque, au hasard, un de ces entretiens « paisibles » qui agrémentent le « foyer domestique »
14359 n de ces entretiens « paisibles » qui agrémentent le « foyer domestique » d’un bourgeois ou d’un ouvrier : la censure pour
14360 isibles » qui agrémentent le « foyer domestique » d’ un bourgeois ou d’un ouvrier : la censure pour un coup trouverait à se
14361 mentent le « foyer domestique » d’un bourgeois ou d’ un ouvrier : la censure pour un coup trouverait à se justifier. Oui, l
14362 yer domestique » d’un bourgeois ou d’un ouvrier : la censure pour un coup trouverait à se justifier. Oui, les romantiques
14363 sure pour un coup trouverait à se justifier. Oui, les romantiques ont raison ; et les réalistes ont raison ; et les clercs
14364 e justifier. Oui, les romantiques ont raison ; et les réalistes ont raison ; et les clercs aussi ont raison, quand ils décl
14365 ues ont raison ; et les réalistes ont raison ; et les clercs aussi ont raison, quand ils déclarent au nom de leur vocation
14366 larent au nom de leur vocation qu’il faut choisir de faire des livres ou des enfants : aut liberi aut libri disait Nietzsc
14367 a raison plus qu’eux tous, lui qui d’abord exalte la passion, comme étant la suprême valeur du « stade esthétique » de la
14368 s, lui qui d’abord exalte la passion, comme étant la suprême valeur du « stade esthétique » de la vie ; puis la surmonte e
14369 e étant la suprême valeur du « stade esthétique » de la vie ; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du «
14370 tant la suprême valeur du « stade esthétique » de la vie ; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du « st
14371 e valeur du « stade esthétique » de la vie ; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du « stade éthique »
14372 étique » de la vie ; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du « stade éthique » (c’est la « plénitude du
14373 riage, suprême valeur du « stade éthique » (c’est la « plénitude du temps ») ; puis condamne enfin ce mariage, suprême obs
14374 , puisqu’il nous lie au temps, précisément, quand la foi veut l’éternité ! Que répondre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux
14375 nous lie au temps, précisément, quand la foi veut l’ éternité ! Que répondre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a
14376 homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a su louer le philistin et le romantique, et leur donner raison au point de leur fa
14377 it déjà mieux dit ? Il a su louer le philistin et le romantique, et leur donner raison au point de leur faire honte d’avoi
14378 et le romantique, et leur donner raison au point de leur faire honte d’avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin il
14379 t leur donner raison au point de leur faire honte d’ avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin il n’écrase pas seulem
14380 u point de leur faire honte d’avoir parfois douté d’ eux-mêmes ; mais à la fin il n’écrase pas seulement ce philistin qui s
14381 honte d’avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin il n’écrase pas seulement ce philistin qui se contente d’épouser
14382 écrase pas seulement ce philistin qui se contente d’ épouser la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi
14383 seulement ce philistin qui se contente d’épouser la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais l’h
14384 er la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais l’homme pieux qui estimait que la religion devait
14385 r, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais l’ homme pieux qui estimait que la religion devait être un amour heureux,
14386 fille du roi, mais l’homme pieux qui estimait que la religion devait être un amour heureux, un mariage avec sa vertu. Car
14387 e un amour heureux, un mariage avec sa vertu. Car l’ amour du pécheur pour Dieu est « essentiellement malheureux », et cett
14388 ent malheureux », et cette passion chrétienne est la seule vérité, et tous nos « devoirs » humains (dont le bonheur) ne pe
14389 ule vérité, et tous nos « devoirs » humains (dont le bonheur) ne peuvent que nous en détourner. Kierkegaard condamna d’abo
14390 e nous en détourner. Kierkegaard condamna d’abord les pasteurs qui refusaient le célibat ; puis Luther et Calvin, tous deux
14391 aard condamna d’abord les pasteurs qui refusaient le célibat ; puis Luther et Calvin, tous deux mariés ; puis les Pères po
14392  ; puis Luther et Calvin, tous deux mariés ; puis les Pères pour avoir loué le mariage ; enfin saint Paul, pour l’avoir tol
14393 tous deux mariés ; puis les Pères pour avoir loué le mariage ; enfin saint Paul, pour l’avoir toléré… (Seul le Christ a vé
14394 ur avoir loué le mariage ; enfin saint Paul, pour l’ avoir toléré… (Seul le Christ a vécu en chrétien !) Et comment réfuter
14395 ge ; enfin saint Paul, pour l’avoir toléré… (Seul le Christ a vécu en chrétien !) Et comment réfuter ce furieux ? Les incr
14396 cu en chrétien !) Et comment réfuter ce furieux ? Les incroyants sont renvoyés aux arguments des romantiques, qui valent co
14397 omantiques, qui valent contre leur moralisme ; et les croyants aux arguments de saint Paul, qui valent contre leur humanism
14398 re leur moralisme ; et les croyants aux arguments de saint Paul, qui valent contre leur humanisme. Que dit l’Apôtre ? Je
14399 t Paul, qui valent contre leur humanisme. Que dit l’ Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de f
14400 . Que dit l’Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour l’ homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicit
14401 t l’Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que c
14402 se qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme,
14403 ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’ impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari…
14404 n ait sa femme, et que chaque femme ait son mari… La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et
14405 n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps
14406 opre corps, mais c’est le mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. Ne v
14407 n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun ac
14408 rps, mais c’est la femme. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer
14409 . Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est d’ un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis reto
14410 ’un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble de peur que Satan ne vous tente par
14411 n de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence. Je dis cela par
14412 ais pas un ordre… Car il vaut mieux se marier que de brûler… Que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite,
14413 se marier que de brûler… Que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu…
14414 ue de brûler… Que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun,
14415 selon la part que le Seigneur lui a faite, selon l’ appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu da
14416 Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était
14417 ieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’ état où il était lorsqu’il a été appelé (vierge ou marié)… usant du mo
14418 marié)… usant du monde comme n’en usant pas, car la figure de ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup de gr
14419 sant du monde comme n’en usant pas, car la figure de ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup de grâce : Cel
14420 de ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup de grâce : Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du S
14421 onde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup de grâce : Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du Seigneur,
14422 rié s’inquiète des choses du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur, et celui qui est marié s’inquiète des choses du m
14423 marié s’inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à sa femme. (v. 32). ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre le mari
14424 femme. (v. 32). ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre le mariage est vrai, par conséquent doit être dit, soit du point de vue
14425 re dit, soit du point de vue des romantiques — si l’ on croit à Iseut —, soit du point de vue du clerc parfait — si l’on cr
14426 eut —, soit du point de vue du clerc parfait — si l’ on croit à son œuvre —, soit du point de vue spirituel pur, pour ceux
14427 r, pour ceux qui croient. Il n’est possible alors d’ affirmer le mariage qu’au-delà des deux premières critiques et en chem
14428 x qui croient. Il n’est possible alors d’affirmer le mariage qu’au-delà des deux premières critiques et en chemin vers la
14429 e, c’est-à-dire en maintenant sans cesse présente l’ exigence inhumaine de perfection, comme une question perpétuelle, un a
14430 intenant sans cesse présente l’exigence inhumaine de perfection, comme une question perpétuelle, un aiguillon qui empêche
14431 ne question perpétuelle, un aiguillon qui empêche de retomber sous le coup des objections humaines. Si j’oublie cet au-del
14432 tuelle, un aiguillon qui empêche de retomber sous le coup des objections humaines. Si j’oublie cet au-delà du mariage, mai
14433 s. Si j’oublie cet au-delà du mariage, mais aussi de tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume de Dieu (« Il n’y aura pl
14434 e, mais aussi de tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume de Dieu (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne
14435 si de tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume de Dieu (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne ma vision e
14436 vision et mon espoir à une perfection relative, à l’ équilibre dans l’imperfection que représente le mariage. Alors, si je
14437 oir à une perfection relative, à l’équilibre dans l’ imperfection que représente le mariage. Alors, si je ne puis l’atteind
14438 à l’équilibre dans l’imperfection que représente le mariage. Alors, si je ne puis l’atteindre, il ne me reste que la révo
14439 n que représente le mariage. Alors, si je ne puis l’ atteindre, il ne me reste que la révolte contre ma condition de créatu
14440 rs, si je ne puis l’atteindre, il ne me reste que la révolte contre ma condition de créature ; et au contraire, si je l’at
14441 il ne me reste que la révolte contre ma condition de créature ; et au contraire, si je l’atteins trop aisément, je deviend
14442 ma condition de créature ; et au contraire, si je l’ atteins trop aisément, je deviendrai le philistin que dénoncent les ro
14443 ire, si je l’atteins trop aisément, je deviendrai le philistin que dénoncent les romantiques, ou l’homme moral pris dans l
14444 isément, je deviendrai le philistin que dénoncent les romantiques, ou l’homme moral pris dans les rets sociaux, et incapabl
14445 ai le philistin que dénoncent les romantiques, ou l’ homme moral pris dans les rets sociaux, et incapable désormais de conc
14446 ncent les romantiques, ou l’homme moral pris dans les rets sociaux, et incapable désormais de concevoir les vérités « cruel
14447 ris dans les rets sociaux, et incapable désormais de concevoir les vérités « cruelles » de l’esprit, dont parle Nietzsche.
14448 rets sociaux, et incapable désormais de concevoir les vérités « cruelles » de l’esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sa
14449 e désormais de concevoir les vérités « cruelles » de l’esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que l’Apôtre a raison
14450 ésormais de concevoir les vérités « cruelles » de l’ esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que l’Apôtre a raison, e
14451 esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que l’ Apôtre a raison, et si je l’accepte, je considère alors l’équilibre im
14452 . Mais si je sais que l’Apôtre a raison, et si je l’ accepte, je considère alors l’équilibre imparfait du mariage dans une
14453 a raison, et si je l’accepte, je considère alors l’ équilibre imparfait du mariage dans une perspective ouverte et dans l’
14454 t du mariage dans une perspective ouverte et dans l’ attente — heureuse ou malheureuse — du parfait. Je sais que je tente u
14455 e (et en même temps toute naturelle !) pour vivre le parfait dans l’imparfait. Mais je sais néanmoins que cet effort porte
14456 mps toute naturelle !) pour vivre le parfait dans l’ imparfait. Mais je sais néanmoins que cet effort porte en lui-même une
14457 e excellent. 3.Le mariage comme décision Si l’ on songe à ce que signifie le choix d’une femme pour toute la vie, l’o
14458 comme décision Si l’on songe à ce que signifie le choix d’une femme pour toute la vie, l’on en vient à cette conclusion
14459 ision Si l’on songe à ce que signifie le choix d’ une femme pour toute la vie, l’on en vient à cette conclusion : choisi
14460 à ce que signifie le choix d’une femme pour toute la vie, l’on en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est pari
14461 signifie le choix d’une femme pour toute la vie, l’ on en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est parier. Or
14462 conclusion : choisir une femme, c’est parier. Or la sagesse populaire et bourgeoise recommande au jeune homme de « réfléc
14463 populaire et bourgeoise recommande au jeune homme de « réfléchir » avant de prendre une décision : elle l’entretient ainsi
14464  réfléchir » avant de prendre une décision : elle l’ entretient ainsi dans l’illusion que le choix d’une femme dépend d’un
14465 endre une décision : elle l’entretient ainsi dans l’ illusion que le choix d’une femme dépend d’un certain nombre de raison
14466 ion : elle l’entretient ainsi dans l’illusion que le choix d’une femme dépend d’un certain nombre de raisons qu’il serait
14467 e l’entretient ainsi dans l’illusion que le choix d’ une femme dépend d’un certain nombre de raisons qu’il serait possible
14468 i dans l’illusion que le choix d’une femme dépend d’ un certain nombre de raisons qu’il serait possible de peser. Cette err
14469 e le choix d’une femme dépend d’un certain nombre de raisons qu’il serait possible de peser. Cette erreur du bon sens est
14470 n certain nombre de raisons qu’il serait possible de peser. Cette erreur du bon sens est tout à fait grossière. Vous aurez
14471 est tout à fait grossière. Vous aurez beau tenter de mettre au départ toutes les chances de votre côté — et je suppose que
14472 Vous aurez beau tenter de mettre au départ toutes les chances de votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps
14473 eau tenter de mettre au départ toutes les chances de votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps de calcule
14474 tes les chances de votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps de calculer — jamais vous ne pourrez prévoir
14475 votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps de calculer — jamais vous ne pourrez prévoir votre future évolu
14476 é — et je suppose que la vie vous laisse le temps de calculer — jamais vous ne pourrez prévoir votre future évolution, et
14477 oir votre future évolution, et encore moins celle de l’épouse choisie, encore bien moins celle du couple formé. Les facteu
14478 votre future évolution, et encore moins celle de l’ épouse choisie, encore bien moins celle du couple formé. Les facteurs
14479 choisie, encore bien moins celle du couple formé. Les facteurs mis en jeu sont trop hétéroclites. À supposer que vous puiss
14480 t trop hétéroclites. À supposer que vous puissiez les calculer dans le présent (comme si leur nombre était fini) et que vou
14481 s. À supposer que vous puissiez les calculer dans le présent (comme si leur nombre était fini) et que vous disposiez d’une
14482 si leur nombre était fini) et que vous disposiez d’ une telle science de l’humain que leurs valeurs vous soient connues et
14483 t fini) et que vous disposiez d’une telle science de l’humain que leurs valeurs vous soient connues et leur hiérarchie évi
14484 ini) et que vous disposiez d’une telle science de l’ humain que leurs valeurs vous soient connues et leur hiérarchie éviden
14485 érarchie évidente, encore ne sauriez-vous prévoir la fin d’une union faite en connaissance de causes. Il a fallu, dit-on,
14486 e évidente, encore ne sauriez-vous prévoir la fin d’ une union faite en connaissance de causes. Il a fallu, dit-on, des mil
14487 prévoir la fin d’une union faite en connaissance de causes. Il a fallu, dit-on, des millénaires à la nature pour sélectio
14488 de causes. Il a fallu, dit-on, des millénaires à la nature pour sélectionner les espèces qui nous paraissent adaptées. Et
14489 on, des millénaires à la nature pour sélectionner les espèces qui nous paraissent adaptées. Et nous aurions la prétention d
14490 ces qui nous paraissent adaptées. Et nous aurions la prétention de résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème de l’
14491 araissent adaptées. Et nous aurions la prétention de résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème de l’adaptation de
14492 aptées. Et nous aurions la prétention de résoudre d’ un coup, en une seule vie, le problème de l’adaptation de deux êtres p
14493 étention de résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème de l’adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus h
14494 résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème de l’adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus hautement org
14495 oudre d’un coup, en une seule vie, le problème de l’ adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus hautement organi
14496 up, en une seule vie, le problème de l’adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus hautement organisés ! (C’est
14497 és ! (C’est pourtant à cette utopie qu’obéit sans le savoir le mal marié, lorsqu’il se persuade qu’un second ou qu’un troi
14498 t pourtant à cette utopie qu’obéit sans le savoir le mal marié, lorsqu’il se persuade qu’un second ou qu’un troisième essa
14499 se persuade qu’un second ou qu’un troisième essai le rapprochera sensiblement de son « bonheur ». Alors que tout nous mont
14500 qu’un troisième essai le rapprochera sensiblement de son « bonheur ». Alors que tout nous montre que cent-mille essais ne
14501 remiers éléments, tout balbutiants et empiriques, d’ une science du « mariage heureux ».) Il faut le reconnaître honnêtemen
14502 s, d’une science du « mariage heureux ».) Il faut le reconnaître honnêtement : le problème qui nous est posé par la nécess
14503 heureux ».) Il faut le reconnaître honnêtement : le problème qui nous est posé par la nécessité pratique du mariage appar
14504 e honnêtement : le problème qui nous est posé par la nécessité pratique du mariage apparaît d’autant plus insoluble que l’
14505 osé par la nécessité pratique du mariage apparaît d’ autant plus insoluble que l’on tient davantage à le « résoudre » au se
14506 e du mariage apparaît d’autant plus insoluble que l’ on tient davantage à le « résoudre » au sens rationnel de ce terme. Ce
14507 ’autant plus insoluble que l’on tient davantage à le « résoudre » au sens rationnel de ce terme. Certes, il y a du sophism
14508 ent davantage à le « résoudre » au sens rationnel de ce terme. Certes, il y a du sophisme dans mon raisonnement : car tout
14509 ophisme dans mon raisonnement : car tout se passe d’ ordinaire comme si le bonheur des époux dépendait en réalité d’un nomb
14510 onnement : car tout se passe d’ordinaire comme si le bonheur des époux dépendait en réalité d’un nombre fini de facteurs :
14511 omme si le bonheur des époux dépendait en réalité d’ un nombre fini de facteurs : caractère, beauté, fortune, rang social…
14512 r des époux dépendait en réalité d’un nombre fini de facteurs : caractère, beauté, fortune, rang social… Mais pour peu que
14513 tune, rang social… Mais pour peu que se précisent les exigences individuelles197, ces données extérieures perdent en import
14514 ces données extérieures perdent en importance, et les impondérables deviennent décisifs. Le sophisme est alors du côté du b
14515 rtance, et les impondérables deviennent décisifs. Le sophisme est alors du côté du bon sens, qui recommandait un choix mûr
14516 es critères impersonnels. Mais enfin ce n’est pas l’ erreur logique qui est grave, c’est l’erreur morale qu’elle suppose. L
14517 e n’est pas l’erreur logique qui est grave, c’est l’ erreur morale qu’elle suppose. Lorsqu’on incite les jeunes fiancés à c
14518 l’erreur morale qu’elle suppose. Lorsqu’on incite les jeunes fiancés à calculer leurs chances de bonheur, on détourne leur
14519 ncite les jeunes fiancés à calculer leurs chances de bonheur, on détourne leur attention du problème proprement éthique. E
14520 ention du problème proprement éthique. En tentant de réduire ou de dissimuler le caractère de pari que revêt objectivement
14521 lème proprement éthique. En tentant de réduire ou de dissimuler le caractère de pari que revêt objectivement un choix de c
14522 t éthique. En tentant de réduire ou de dissimuler le caractère de pari que revêt objectivement un choix de cet ordre, on d
14523 tentant de réduire ou de dissimuler le caractère de pari que revêt objectivement un choix de cet ordre, on donne à croire
14524 aractère de pari que revêt objectivement un choix de cet ordre, on donne à croire que tout se ramène à une sagesse, à un s
14525 e qu’imparfait, et provisoire, devrait se doubler d’ une garantie. Et la seule garantie concevable est dans la force de la
14526 provisoire, devrait se doubler d’une garantie. Et la seule garantie concevable est dans la force de la décision en vertu d
14527 arantie. Et la seule garantie concevable est dans la force de la décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la v
14528 Et la seule garantie concevable est dans la force de la décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la vie « advi
14529 la seule garantie concevable est dans la force de la décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la vie « advienn
14530 ision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la vie « advienne que pourra ». Mais justement cette décision comme tell
14531 n comme telle paraît secondaire ou superflue dans la mesure où l’on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul. D’où je
14532 paraît secondaire ou superflue dans la mesure où l’ on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul. D’où je conclus qu’i
14533 esure où l’on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul. D’où je conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du mar
14534 on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul. D’ où je conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du mariage, et au
14535 cul. D’où je conclus qu’il serait plus conforme à l’ essence du mariage, et au réel, d’enseigner aux jeunes gens que leur c
14536 plus conforme à l’essence du mariage, et au réel, d’ enseigner aux jeunes gens que leur choix relève toujours d’une sorte d
14537 er aux jeunes gens que leur choix relève toujours d’ une sorte d’arbitraire, dont ils s’engagent à assumer les suites, heur
14538 s gens que leur choix relève toujours d’une sorte d’ arbitraire, dont ils s’engagent à assumer les suites, heureuses ou non
14539 sorte d’arbitraire, dont ils s’engagent à assumer les suites, heureuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « coup de tête 
14540 reuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « coup de tête » : car tant que l’on peut calculer, j’admets qu’il est stupide
14541 as là un éloge du « coup de tête » : car tant que l’ on peut calculer, j’admets qu’il est stupide de s’en priver. Mais je d
14542 ue l’on peut calculer, j’admets qu’il est stupide de s’en priver. Mais je dis que la garantie d’une union raisonnable dans
14543 qu’il est stupide de s’en priver. Mais je dis que la garantie d’une union raisonnable dans les apparences n’est jamais dan
14544 upide de s’en priver. Mais je dis que la garantie d’ une union raisonnable dans les apparences n’est jamais dans ces appare
14545 dis que la garantie d’une union raisonnable dans les apparences n’est jamais dans ces apparences. Elle est dans l’événemen
14546 s n’est jamais dans ces apparences. Elle est dans l’ événement irrationnel d’une décision prise en dépit de tout, et qui fo
14547 apparences. Elle est dans l’événement irrationnel d’ une décision prise en dépit de tout, et qui fonde une nouvelle existen
14548 use, ce n’est pas dire à Mlle Untel : « Vous êtes l’ idéal de mes rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes
14549 n’est pas dire à Mlle Untel : « Vous êtes l’idéal de mes rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’Iseut
14550 ous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’ Iseut toute belle et désirable — et munie d’une dot adéquate — dont je
14551 êtes l’Iseut toute belle et désirable — et munie d’ une dot adéquate — dont je veux être le Tristan. » Car ce serait là me
14552 — et munie d’une dot adéquate — dont je veux être le Tristan. » Car ce serait là mentir et l’on ne peut rien fonder qui du
14553 eux être le Tristan. » Car ce serait là mentir et l’ on ne peut rien fonder qui dure sur le mensonge. Il n’y a personne au
14554 à mentir et l’on ne peut rien fonder qui dure sur le mensonge. Il n’y a personne au monde qui puisse me combler : à peine
14555 ous que je choisis pour partager ma vie, et voilà la seule preuve que je vous aime. (Vraiment, pour dire : Ce n’est que ce
14556 Vraiment, pour dire : Ce n’est que cela ! — comme le diront beaucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe, à
14557 il faut n’avoir connu que peu de solitude et peu d’ angoisse, très peu de solitaire angoisse.) Seule une décision de cet o
14558 ès peu de solitaire angoisse.) Seule une décision de cet ordre, irrationnelle mais non sentimentale, sobre mais sans aucun
14559 ntale, sobre mais sans aucun cynisme, peut servir de point de départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidéli
14560 bre mais sans aucun cynisme, peut servir de point de départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidélité qui so
14561 je ne dis pas à une fidélité qui soit une recette de « bonheur », mais bien à une fidélité qui soit possible, n’étant pas
14562 n germe par un calcul forcément inexact. 4.Sur la fidélité On fausse l’éthique du mariage en faisant de la promesse
14563 cément inexact. 4.Sur la fidélité On fausse l’ éthique du mariage en faisant de la promesse de fidélité un problème,
14564 lité On fausse l’éthique du mariage en faisant de la promesse de fidélité un problème, alors que le problème ne devrait
14565 é On fausse l’éthique du mariage en faisant de la promesse de fidélité un problème, alors que le problème ne devrait se
14566 se l’éthique du mariage en faisant de la promesse de fidélité un problème, alors que le problème ne devrait se poser qu’à
14567 de la promesse de fidélité un problème, alors que le problème ne devrait se poser qu’à partir de cette promesse, considéré
14568 rtir de cette promesse, considérée comme absolue. La problématique du mariage n’est pas du cur, mais du quomodo. « L’éthiq
14569 e du mariage n’est pas du cur, mais du quomodo. «  L’ éthique ne commence pas, dit Kierkegaard, dans une ignorance qu’il fau
14570 n savoir qui exige sa réalisation. » Ce n’est pas l’ engagement qui est problématique, mais les conséquences qu’il entraîne
14571 ’est pas l’engagement qui est problématique, mais les conséquences qu’il entraîne. (De même on fausse la théologie en parta
14572 s conséquences qu’il entraîne. (De même on fausse la théologie en partant du « problème de Dieu » — exactement comme si l’
14573 e on fausse la théologie en partant du « problème de Dieu » — exactement comme si l’on ne croyait pas — alors que le seul
14574 ant du « problème de Dieu » — exactement comme si l’ on ne croyait pas — alors que le seul vrai problème est de savoir comm
14575 actement comme si l’on ne croyait pas — alors que le seul vrai problème est de savoir comment Lui obéir.) Car la fidélité
14576 croyait pas — alors que le seul vrai problème est de savoir comment Lui obéir.) Car la fidélité est sans raisons — ou elle
14577 ai problème est de savoir comment Lui obéir.) Car la fidélité est sans raisons — ou elle n’est pas — comme tout ce qui por
14578 le n’est pas — comme tout ce qui porte une chance de grandeur. (Comme la passion !) Les moralistes et certains sociologues
14579 tout ce qui porte une chance de grandeur. (Comme la passion !) Les moralistes et certains sociologues ont essayé de prouv
14580 orte une chance de grandeur. (Comme la passion !) Les moralistes et certains sociologues ont essayé de prouver que la monog
14581 Les moralistes et certains sociologues ont essayé de prouver que la monogamie est naturelle, et de plus qu’elle est saluta
14582 et certains sociologues ont essayé de prouver que la monogamie est naturelle, et de plus qu’elle est salutaire. Cela se di
14583 de plus qu’elle est salutaire. Cela se discute à l’ infini. Et cela nous sera des plus utiles dès que les hommes se régler
14584 infini. Et cela nous sera des plus utiles dès que les hommes se régleront sur la raison et l’intérêt : quand ils n’auront p
14585 s plus utiles dès que les hommes se régleront sur la raison et l’intérêt : quand ils n’auront plus de passions, quand ils
14586 dès que les hommes se régleront sur la raison et l’ intérêt : quand ils n’auront plus de passions, quand ils cesseront de
14587 la raison et l’intérêt : quand ils n’auront plus de passions, quand ils cesseront de préférer l’erreur comme telle, quand
14588 ls n’auront plus de passions, quand ils cesseront de préférer l’erreur comme telle, quand ils cesseront de mériter cet inq
14589 plus de passions, quand ils cesseront de préférer l’ erreur comme telle, quand ils cesseront de mériter cet inquiétant nom
14590 référer l’erreur comme telle, quand ils cesseront de mériter cet inquiétant nom d’homme, au sens actuel. Car pour ceux du
14591 quand ils cesseront de mériter cet inquiétant nom d’ homme, au sens actuel. Car pour ceux du siècle présent, je pense que l
14592 el. Car pour ceux du siècle présent, je pense que la fidélité se définit comme la moins naturelle des vertus, et la plus d
14593 résent, je pense que la fidélité se définit comme la moins naturelle des vertus, et la plus désavantageuse pour le « Bonhe
14594 e définit comme la moins naturelle des vertus, et la plus désavantageuse pour le « Bonheur ». À leurs yeux et dans leur la
14595 urelle des vertus, et la plus désavantageuse pour le « Bonheur ». À leurs yeux et dans leur langage, la fidélité conjugale
14596 e « Bonheur ». À leurs yeux et dans leur langage, la fidélité conjugale est le succès d’un effort « inhumain ». Leur reven
14597 x et dans leur langage, la fidélité conjugale est le succès d’un effort « inhumain ». Leur revendication fondamentale, leu
14598 leur langage, la fidélité conjugale est le succès d’ un effort « inhumain ». Leur revendication fondamentale, leur religion
14599 ». Leur revendication fondamentale, leur religion de la Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent la fidélité comme
14600 Leur revendication fondamentale, leur religion de la Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent la fidélité comme une
14601 a Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent la fidélité comme une discipline imposée (aux humeurs et désirs spontané
14602 e une abstention prudente… Ou encore ils y voient l’ effet d’une impuissance à vivre largement, d’un goût mesquin pour le c
14603 stention prudente… Ou encore ils y voient l’effet d’ une impuissance à vivre largement, d’un goût mesquin pour le confort e
14604 ient l’effet d’une impuissance à vivre largement, d’ un goût mesquin pour le confort et le conforme ; d’un défaut d’imagina
14605 issance à vivre largement, d’un goût mesquin pour le confort et le conforme ; d’un défaut d’imagination ; d’une timidité m
14606 e largement, d’un goût mesquin pour le confort et le conforme ; d’un défaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ; d’
14607 ’un goût mesquin pour le confort et le conforme ; d’ un défaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul d’in
14608 quin pour le confort et le conforme ; d’un défaut d’ imagination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordid
14609 fort et le conforme ; d’un défaut d’imagination ; d’ une timidité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordide… L’habitude de
14610 éfaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ; d’ un calcul d’intérêt sordide… L’habitude des modernes, leur nature acqu
14611 ination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul d’ intérêt sordide… L’habitude des modernes, leur nature acquise, c’est d
14612 idité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordide… L’ habitude des modernes, leur nature acquise, c’est d’exploiter chaque s
14613 habitude des modernes, leur nature acquise, c’est d’ exploiter chaque situation au maximum et pour elle-même, sans plus se
14614 se référer à rien qui « juge » et qui « mesure » la jouissance qu’on en tire. Seul un respect acquis de l’ordre social so
14615 jouissance qu’on en tire. Seul un respect acquis de l’ordre social soutient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais l’o
14616 uissance qu’on en tire. Seul un respect acquis de l’ ordre social soutient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais l’obst
14617 cquis de l’ordre social soutient encore, en fait, l’ idée de fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de t
14618 e l’ordre social soutient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les
14619 outient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais l’ obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez les
14620 e fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui
14621 . Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa
14622 ’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa femme ;
14623 as sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa femme ; il dit tantôt : «
14624 e tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas d’importanc
14625 trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas d’ importance, cela ne change rien à nos rapports, c’est une passade, une
14626 rtant que toutes vos petites morales et garanties de bonheur bourgeois ! » Du cynisme au tragique romantique, il n’y a pas
14627 » Du cynisme au tragique romantique, il n’y a pas de contradiction profonde, nous l’avons vu198. Dans les deux cas, il s’a
14628 que, il n’y a pas de contradiction profonde, nous l’ avons vu198. Dans les deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout eng
14629 contradiction profonde, nous l’avons vu198. Dans les deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout engagement concret, cons
14630 nous l’avons vu198. Dans les deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout engagement concret, considéré comme une odieuse
14631 gie rationaliste ou hédoniste, je ne parlerai que d’ une fidélité observée en vertu de l’absurde, parce qu’on s’y est engag
14632 parlerai que d’une fidélité observée en vertu de l’ absurde, parce qu’on s’y est engagé, simplement, et que c’est un fait
14633 t, et que c’est un fait absolu, sur quoi se fonde la personne même des époux. Il faut bien voir que cette fidélité est à c
14634 rd’hui vénérées par presque tous. Elle représente le plus profond non-conformisme. Elle nie la croyance commune en la vale
14635 résente le plus profond non-conformisme. Elle nie la croyance commune en la valeur révélatrice du spontané et de la multip
14636 non-conformisme. Elle nie la croyance commune en la valeur révélatrice du spontané et de la multiplicité des expériences.
14637 e commune en la valeur révélatrice du spontané et de la multiplicité des expériences. Elle nie que l’être aimé doive réuni
14638 ommune en la valeur révélatrice du spontané et de la multiplicité des expériences. Elle nie que l’être aimé doive réunir,
14639 de la multiplicité des expériences. Elle nie que l’ être aimé doive réunir, pour être ou pour rester aimable, le plus gran
14640 é doive réunir, pour être ou pour rester aimable, le plus grand nombre de qualités possible. Elle nie que le but de la fid
14641 être ou pour rester aimable, le plus grand nombre de qualités possible. Elle nie que le but de la fidélité soit le bonheur
14642 s grand nombre de qualités possible. Elle nie que le but de la fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que
14643 nombre de qualités possible. Elle nie que le but de la fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est a
14644 mbre de qualités possible. Elle nie que le but de la fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est avan
14645 possible. Elle nie que le but de la fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est avant tout l’obéissan
14646 Elle affirme scandaleusement que c’est avant tout l’ obéissance, et en second lieu la volonté de faire une œuvre. Car la fi
14647 c’est avant tout l’obéissance, et en second lieu la volonté de faire une œuvre. Car la fidélité n’est pas du tout une esp
14648 t tout l’obéissance, et en second lieu la volonté de faire une œuvre. Car la fidélité n’est pas du tout une espèce de cons
14649 en second lieu la volonté de faire une œuvre. Car la fidélité n’est pas du tout une espèce de conservatisme. Elle est plut
14650 vre. Car la fidélité n’est pas du tout une espèce de conservatisme. Elle est plutôt une construction. « Absurde » au moins
14651 une construction. « Absurde » au moins autant que la passion, elle se distingue de la passion par un refus constant de sub
14652 au moins autant que la passion, elle se distingue de la passion par un refus constant de subir ses rêves, par un besoin co
14653 moins autant que la passion, elle se distingue de la passion par un refus constant de subir ses rêves, par un besoin const
14654 se distingue de la passion par un refus constant de subir ses rêves, par un besoin constant d’agir pour l’être aimé, par
14655 nstant de subir ses rêves, par un besoin constant d’ agir pour l’être aimé, par une constante prise sur le réel, qu’elle ch
14656 bir ses rêves, par un besoin constant d’agir pour l’ être aimé, par une constante prise sur le réel, qu’elle cherche à domi
14657 gir pour l’être aimé, par une constante prise sur le réel, qu’elle cherche à dominer, non pas à fuir. Je dis qu’une telle
14658 on pas à fuir. Je dis qu’une telle fidélité fonde la personne. Car la personne se manifeste comme une œuvre, au sens le pl
14659 dis qu’une telle fidélité fonde la personne. Car la personne se manifeste comme une œuvre, au sens le plus large du terme
14660 la personne se manifeste comme une œuvre, au sens le plus large du terme. Elle s’édifie à la manière d’une œuvre, à la fav
14661 terme. Elle s’édifie à la manière d’une œuvre, à la faveur d’une œuvre, et aux mêmes conditions, dont la première est la
14662 le s’édifie à la manière d’une œuvre, à la faveur d’ une œuvre, et aux mêmes conditions, dont la première est la fidélité à
14663 re, et aux mêmes conditions, dont la première est la fidélité à quelque chose qui n’était pas, mais que l’on crée. Personn
14664 idélité à quelque chose qui n’était pas, mais que l’ on crée. Personne, œuvre et fidélité : les trois mots ne sont point sé
14665 mais que l’on crée. Personne, œuvre et fidélité : les trois mots ne sont point séparables ou concevables isolément. Et tous
14666 oint séparables ou concevables isolément. Et tous les trois supposent un parti pris199, une attitude fondamentale de créate
14667 osent un parti pris199, une attitude fondamentale de créateur. Ainsi, dans la plus humble vie, la promesse de fidélité int
14668 ne attitude fondamentale de créateur. Ainsi, dans la plus humble vie, la promesse de fidélité introduit une chance de fair
14669 tale de créateur. Ainsi, dans la plus humble vie, la promesse de fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s’éle
14670 teur. Ainsi, dans la plus humble vie, la promesse de fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s’élever au plan
14671 vie, la promesse de fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s’élever au plan de la personne. (À condition bien
14672 fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s’élever au plan de la personne. (À condition bien entendu que cette
14673 une chance de faire œuvre, et de s’élever au plan de la personne. (À condition bien entendu que cette promesse ne soit pas
14674 chance de faire œuvre, et de s’élever au plan de la personne. (À condition bien entendu que cette promesse ne soit pas fa
14675 omesse ne soit pas faite pour des « raisons » que l’ on se réserve de répudier un jour, quand elles cesseront de paraître r
14676 as faite pour des « raisons » que l’on se réserve de répudier un jour, quand elles cesseront de paraître raisonnables ! Si
14677 éserve de répudier un jour, quand elles cesseront de paraître raisonnables ! Si la promesse du mariage est le type même de
14678 and elles cesseront de paraître raisonnables ! Si la promesse du mariage est le type même de l’acte sérieux, c’est dans la
14679 ître raisonnables ! Si la promesse du mariage est le type même de l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite u
14680 bles ! Si la promesse du mariage est le type même de l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour
14681 s ! Si la promesse du mariage est le type même de l’ acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour tou
14682 ge est le type même de l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour toutes. Seul l’irrévocable est
14683 sure où elle est faite une fois pour toutes. Seul l’ irrévocable est sérieux.) Toute vie, fût-elle la plus déshéritée, déti
14684 l l’irrévocable est sérieux.) Toute vie, fût-elle la plus déshéritée, détient sa chance immédiate de grandeur, et c’est da
14685 e la plus déshéritée, détient sa chance immédiate de grandeur, et c’est dans la fidélité a absurde » qu’elle pourra la réa
14686 nt sa chance immédiate de grandeur, et c’est dans la fidélité a absurde » qu’elle pourra la réaliser : quand il y aurait t
14687 c’est dans la fidélité a absurde » qu’elle pourra la réaliser : quand il y aurait toutes les raisons du monde de dire oui
14688 lle pourra la réaliser : quand il y aurait toutes les raisons du monde de dire oui à cette passion éblouissante, — dire non
14689 r : quand il y aurait toutes les raisons du monde de dire oui à cette passion éblouissante, — dire non en vertu de l’absur
14690 ette passion éblouissante, — dire non en vertu de l’ absurde, en vertu d’une promesse ancienne, d’une déraison humaine, d’u
14691 u de l’absurde, en vertu d’une promesse ancienne, d’ une déraison humaine, d’une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu
14692 d’une promesse ancienne, d’une déraison humaine, d’ une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et pe
14693 se ancienne, d’une déraison humaine, d’une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus
14694 nne, d’une déraison humaine, d’une raison de foi, d’ une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus tard, a
14695 e par Dieu… (Et peut-être, plus tard, après coup, l’ homme découvre que la folie du sacrifice consenti était la plus grande
14696 être, plus tard, après coup, l’homme découvre que la folie du sacrifice consenti était la plus grande sagesse ; et que le
14697 découvre que la folie du sacrifice consenti était la plus grande sagesse ; et que le bonheur qu’il a renoncé lui est rendu
14698 ce consenti était la plus grande sagesse ; et que le bonheur qu’il a renoncé lui est rendu, comme Isaac fut rendu à Abraha
14699 it pas ! Et il se peut aussi que rien ne compense la perte : nous sommes ici dans un ordre de grandeur où nos mesures et n
14700 compense la perte : nous sommes ici dans un ordre de grandeur où nos mesures et nos équivalences n’ont plus cours.) Mais s
14701 -nous encore imaginer une grandeur qui n’ait rien de romantique ? Et qui soit le contraire d’une ardeur exaltée ? La fidél
14702 andeur qui n’ait rien de romantique ? Et qui soit le contraire d’une ardeur exaltée ? La fidélité dont je parle est une fo
14703 ait rien de romantique ? Et qui soit le contraire d’ une ardeur exaltée ? La fidélité dont je parle est une folie, mais la
14704 ? Et qui soit le contraire d’une ardeur exaltée ? La fidélité dont je parle est une folie, mais la plus sobre et quotidien
14705 e ? La fidélité dont je parle est une folie, mais la plus sobre et quotidienne. Une folie de sobriété qui mime assez bien
14706 lie, mais la plus sobre et quotidienne. Une folie de sobriété qui mime assez bien la raison — et qui n’est pas un héroïsme
14707 dienne. Une folie de sobriété qui mime assez bien la raison — et qui n’est pas un héroïsme, ni un défi, mais une patiente
14708 un défi, mais une patiente et tendre application. Le contraire absolu de toute littérature, de tout lyrisme, au sens moder
14709 tiente et tendre application. Le contraire absolu de toute littérature, de tout lyrisme, au sens moderne de ces mots… ⁂ Ce
14710 cation. Le contraire absolu de toute littérature, de tout lyrisme, au sens moderne de ces mots… ⁂ Cependant, tout n’est pa
14711 ute littérature, de tout lyrisme, au sens moderne de ces mots… ⁂ Cependant, tout n’est pas encore clair. Tristan lui aussi
14712 èle. (Pour ne rien dire des successives fidélités de nos « liaisons », et de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des
14713 des successives fidélités de nos « liaisons », et de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des Don Juan au ralenti). O
14714 u vrai que des Don Juan au ralenti). Où est alors la différence ? Et le mari fidèle, ne serait-ce pas simplement celui qui
14715 Juan au ralenti). Où est alors la différence ? Et le mari fidèle, ne serait-ce pas simplement celui qui a reconnu dans sa
14716 i qui a reconnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’ amant de la légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’init
14717 reconnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’amant de la légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’initiation,
14718 onnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’amant de la légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’initiation, sou
14719 sque l’amant de la légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous de la « jeune fille éblo
14720 gende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’ initiation, souvenez-vous de la « jeune fille éblouissante » qui l’acc
14721 les grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous de la « jeune fille éblouissante » qui l’accueille par ces paroles : « J
14722 s grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous de la « jeune fille éblouissante » qui l’accueille par ces paroles : « Je s
14723 venez-vous de la « jeune fille éblouissante » qui l’ accueille par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélit
14724 le par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, m
14725 par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais
14726 is toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, naturellem
14727 nt, et qui croit être un vrai amour pour l’autre. L’ analyse des légendes courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas I
14728 s nous a révélé que Tristan n’aime pas Iseut mais l’ amour même, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire la seule dé
14729 an n’aime pas Iseut mais l’amour même, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire la seule délivrance du moi coupable
14730 Iseut mais l’amour même, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire la seule délivrance du moi coupable et asservi. Tr
14731 e, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire la seule délivrance du moi coupable et asservi. Tristan n’est pas fidèle
14732 seut, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie cré
14733 us profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et il le trans
14734 profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’ « instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et il le transfig
14735 ecrète passion. Le mythe s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et il le transfigure en lui do
14736 he s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et il le transfigure en lui donnant un but essentiel
14737 t de mort » inséparable de toute vie créée, et il le transfigure en lui donnant un but essentiellement spirituel. Se détru
14738 re, mépriser son bonheur, c’est alors une manière de se sauver et d’accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’Is
14739 bonheur, c’est alors une manière de se sauver et d’ accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’Isolde agonisante.
14740 e de se sauver et d’accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’Isolde agonisante. Fidélité qui consume la vie, ma
14741 accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’ Isolde agonisante. Fidélité qui consume la vie, mais qui consume aussi
14742 prême » d’Isolde agonisante. Fidélité qui consume la vie, mais qui consume aussi la faute, et divinise un moi purifié, « i
14743 délité qui consume la vie, mais qui consume aussi la faute, et divinise un moi purifié, « innocent » ! De ces origines mys
14744 faute, et divinise un moi purifié, « innocent » ! De ces origines mystiques, la « fidélité passionnée » n’a gardé parmi no
14745 urifié, « innocent » ! De ces origines mystiques, la « fidélité passionnée » n’a gardé parmi nous que l’illusion d’accéder
14746 « fidélité passionnée » n’a gardé parmi nous que l’ illusion d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire de cette illu
14747 passionnée » n’a gardé parmi nous que l’illusion d’ accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire de cette illusion trahit
14748 l’illusion d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’ empire de cette illusion trahit encore l’obscure survivance de la reli
14749 n d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire de cette illusion trahit encore l’obscure survivance de la religion prim
14750 te. Mais l’empire de cette illusion trahit encore l’ obscure survivance de la religion primitive. Religion antérieure à not
14751 cette illusion trahit encore l’obscure survivance de la religion primitive. Religion antérieure à notre « instinct » moder
14752 te illusion trahit encore l’obscure survivance de la religion primitive. Religion antérieure à notre « instinct » moderne,
14753 eure à notre « instinct » moderne, et qui détient l’ intime secret de la passion, au-delà de ce que les psychologues peuven
14754 nstinct » moderne, et qui détient l’intime secret de la passion, au-delà de ce que les psychologues peuvent y lire. « Notr
14755 inct » moderne, et qui détient l’intime secret de la passion, au-delà de ce que les psychologues peuvent y lire. « Notre e
14756 ui détient l’intime secret de la passion, au-delà de ce que les psychologues peuvent y lire. « Notre engagement n’était pa
14757 l’intime secret de la passion, au-delà de ce que les psychologues peuvent y lire. « Notre engagement n’était pas pris pour
14758 ivait Novalis songeant à sa fiancée perdue. C’est l’ émouvante formule de la fidélité courtoise ; une négation sans retour
14759 nt à sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule de la fidélité courtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais la f
14760 à sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule de la fidélité courtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais la fidé
14761 la fidélité courtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engageme
14762 fidélité courtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engagement
14763 rtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engagement absolument pr
14764 tion sans retour de la vie. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engagement absolument pris pour ce monde.
14765 engagement absolument pris pour ce monde. Partant d’ une déraison « mystique » (si l’on veut), indifférente, sinon hostile
14766 ce monde. Partant d’une déraison « mystique » (si l’ on veut), indifférente, sinon hostile au bonheur et à l’instinct vital
14767 eut), indifférente, sinon hostile au bonheur et à l’ instinct vital, elle exige un retour au monde réel, tandis que la fidé
14768 l, elle exige un retour au monde réel, tandis que la fidélité courtoise ne signifiait qu’une évasion. Dans le mariage, c’e
14769 lité courtoise ne signifiait qu’une évasion. Dans le mariage, c’est à l’autre d’abord, et non pas à son moi d’abord, que c
14770 ue celui qui aime voue sa fidélité. Et tandis que la fidélité de Tristan était un perpétuel refus, une volonté d’exclure e
14771 aime voue sa fidélité. Et tandis que la fidélité de Tristan était un perpétuel refus, une volonté d’exclure et de nier la
14772 de Tristan était un perpétuel refus, une volonté d’ exclure et de nier la création dans sa diversité, d’empêcher le monde
14773 tait un perpétuel refus, une volonté d’exclure et de nier la création dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’â
14774 perpétuel refus, une volonté d’exclure et de nier la création dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’âme, la f
14775 exclure et de nier la création dans sa diversité, d’ empêcher le monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil
14776 de nier la création dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créa
14777 a création dans sa diversité, d’empêcher le monde d’ envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la
14778 dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’ âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’
14779 a diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’accepte
14780 monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est l’ accueil de la créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, d
14781 nvahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son in
14782 hir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son intim
14783 fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son intime singularité
14784 es époux est l’accueil de la créature, la volonté d’ accepter l’autre tel qu’il est, dans son intime singularité. Insistons
14785 ’il est, dans son intime singularité. Insistons : la fidélité dans le mariage ne peut pas être cette attitude négative qu’
14786 intime singularité. Insistons : la fidélité dans le mariage ne peut pas être cette attitude négative qu’on imagine habitu
14787 t ; elle ne peut être qu’une action. Se contenter de ne pas tromper sa femme serait une preuve d’indigence et non d’amour.
14788 nter de ne pas tromper sa femme serait une preuve d’ indigence et non d’amour. La fidélité veut bien plus : elle veut le bi
14789 per sa femme serait une preuve d’indigence et non d’ amour. La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé,
14790 mme serait une preuve d’indigence et non d’amour. La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé, et lorsqu
14791 n d’amour. La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée deva
14792 r. La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle
14793 La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’ être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle le
14794 squ’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle le prochain. Et c’est alors par ce détour, à travers l’autre, que le moi
14795 c’est alors par ce détour, à travers l’autre, que le moi rejoint sa personne — au-delà de son propre bonheur. Ainsi la per
14796 l’autre, que le moi rejoint sa personne — au-delà de son propre bonheur. Ainsi la personne des époux est une mutuelle créa
14797 a personne — au-delà de son propre bonheur. Ainsi la personne des époux est une mutuelle création, elle est le double abou
14798 nne des époux est une mutuelle création, elle est le double aboutissement de « l’amour-action ». Ce qui niait l’individu e
14799 tuelle création, elle est le double aboutissement de « l’amour-action ». Ce qui niait l’individu et son naturel égoïsme, c
14800 e création, elle est le double aboutissement de «  l’ amour-action ». Ce qui niait l’individu et son naturel égoïsme, c’est
14801 aboutissement de « l’amour-action ». Ce qui niait l’ individu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie la personne. À
14802 idu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie la personne. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans le mariage e
14803 édifie la personne. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans le mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point
14804 e. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans le mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie nature
14805 on découvrira que la fidélité dans le mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait
14806 uvrira que la fidélité dans le mariage est la loi d’ une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait la poly
14807 iage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pou
14808 e est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pour l
14809 lle ; et non point de la vie naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était la passion d
14810 naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour fidèle d
14811 turelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour fidèle de T
14812 serait la polygamie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour fidèle de Tristan détru
14813 ie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour fidèle de Tristan détruisait son bonheur
14814 n plus de la vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour fidèle de Tristan détruisait son bonheur et sa vie
14815 vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’ amour fidèle de Tristan détruisait son bonheur et sa vie pour témoigne
14816 t (c’était la passion de Tristan). L’amour fidèle de Tristan détruisait son bonheur et sa vie pour témoigner en faveur de
14817 son bonheur et sa vie pour témoigner en faveur de la Nuit, c’est-à-dire du moi glorifié. L’amour fidèle dans le mariage ch
14818 faveur de la Nuit, c’est-à-dire du moi glorifié. L’ amour fidèle dans le mariage chrétien témoigne que la volonté de Dieu,
14819 c’est-à-dire du moi glorifié. L’amour fidèle dans le mariage chrétien témoigne que la volonté de Dieu, même quand elle rui
14820 mour fidèle dans le mariage chrétien témoigne que la volonté de Dieu, même quand elle ruine notre bonheur, est salutaire.
14821 dans le mariage chrétien témoigne que la volonté de Dieu, même quand elle ruine notre bonheur, est salutaire. L’amour de
14822 me quand elle ruine notre bonheur, est salutaire. L’ amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son ab
14823 elle ruine notre bonheur, est salutaire. L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutissem
14824 tre bonheur, est salutaire. L’amour de Tristan et d’ Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutissement suprême, c
14825 salutaire. L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’ angoisse d’être deux ; et son aboutissement suprême, c’était la chute
14826 L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’ être deux ; et son aboutissement suprême, c’était la chute dans l’illi
14827 être deux ; et son aboutissement suprême, c’était la chute dans l’illimité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, l
14828 son aboutissement suprême, c’était la chute dans l’ illimité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, les visages, le
14829 ême, c’était la chute dans l’illimité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, les visages, les destins singuliers :
14830 dans l’illimité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, les visages, les destins singuliers : « Non plus d’Isolde, pl
14831 ité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, les visages, les destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus de Trista
14832 de la Nuit où s’effacent les formes, les visages, les destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus de Tristan, plus aucun
14833 les visages, les destins singuliers : « Non plus d’ Isolde, plus de Tristan, plus aucun nom qui nous sépare ! » Il faut qu
14834 es destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus de Tristan, plus aucun nom qui nous sépare ! » Il faut que l’autre cesse
14835 nom qui nous sépare ! » Il faut que l’autre cesse d’ être l’autre, donc ne soit plus, pour qu’il cesse de me faire souffrir
14836 être l’autre, donc ne soit plus, pour qu’il cesse de me faire souffrir, et qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais
14837 et qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais l’ amour du mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être lim
14838 ue « moi-le-monde » ! Mais l’amour du mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m
14839 i-le-monde » ! Mais l’amour du mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appell
14840 e-monde » ! Mais l’amour du mariage est la fin de l’ angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à
14841 Mais l’amour du mariage est la fin de l’angoisse, l’ acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, e
14842 u mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, et qu’il se tou
14843 ariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de l’ être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, et qu’il se tourne
14844 on de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, et qu’il se tourne avec moi vers le jour afin d’attester notre
14845 elle à le créer, et qu’il se tourne avec moi vers le jour afin d’attester notre alliance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pou
14846 alliance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pour toute la vie, voilà le miracle du mariage. Une vie qui ne veut plus que mon bi
14847 e vie qui m’est alliée — pour toute la vie, voilà le miracle du mariage. Une vie qui ne veut plus que mon bien, parce qu’i
14848 nfondu avec le sien : et si ce n’était pour toute la vie, ce serait encore une menace. (Il y a toujours une telle menace d
14849 ne menace. (Il y a toujours une telle menace dans l’ échange de plaisir d’une « liaison ».) Mais combien d’hommes savent-il
14850 (Il y a toujours une telle menace dans l’échange de plaisir d’une « liaison ».) Mais combien d’hommes savent-ils la diffé
14851 ujours une telle menace dans l’échange de plaisir d’ une « liaison ».) Mais combien d’hommes savent-ils la différence entre
14852 hange de plaisir d’une « liaison ».) Mais combien d’ hommes savent-ils la différence entre une obsession que l’on subit et
14853 ne « liaison ».) Mais combien d’hommes savent-ils la différence entre une obsession que l’on subit et un destin que l’on a
14854 savent-ils la différence entre une obsession que l’ on subit et un destin que l’on assume ? 5.Éros sauvé par Agapè A
14855 tre une obsession que l’on subit et un destin que l’ on assume ? 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de charité, l’a
14856 l’on assume ? 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’ amour de charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans s
14857 sume ? 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa pleine
14858 Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de charité, l’ amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa pleine stature : i
14859 apè, paraît enfin dans sa pleine stature : il est l’ affirmation de l’être. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen,
14860 fin dans sa pleine stature : il est l’affirmation de l’être. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen, qui a répandu
14861 dans sa pleine stature : il est l’affirmation de l’ être. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen, qui a répandu dan
14862  : il est l’affirmation de l’être. Et c’est Éros, l’ amour-passion, l’amour païen, qui a répandu dans notre monde occidenta
14863 mation de l’être. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’ amour païen, qui a répandu dans notre monde occidental le poison de l’
14864 païen, qui a répandu dans notre monde occidental le poison de l’ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement re
14865 i a répandu dans notre monde occidental le poison de l’ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement reproche au
14866 répandu dans notre monde occidental le poison de l’ ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement reproche au chr
14867 , et non pas Agapè, qui a glorifié notre instinct de mort, et qui a voulu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en l
14868 a glorifié notre instinct de mort, et qui a voulu l’ « idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en le sauvant. Car Agapè ne
14869 qui a voulu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’ Éros en le sauvant. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut pas même
14870 lu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en le sauvant. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut pas même détruire
14871 pas même détruire ce qui détruit. Je ne veux pas la mort du pécheur, mais sa vie. ⁂ Éros s’asservit à la mort parce qu’il
14872 mort du pécheur, mais sa vie. ⁂ Éros s’asservit à la mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de notre condition fin
14873 ros s’asservit à la mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi
14874 la mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi le même mouvemen
14875 vie au-dessus de notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons la vie n
14876 re condition finie et limitée de créatures. Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons la vie nous précipite dans s
14877 Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons la vie nous précipite dans sa négation. C’est la profonde misère, le dés
14878 ons la vie nous précipite dans sa négation. C’est la profonde misère, le désespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — e
14879 ipite dans sa négation. C’est la profonde misère, le désespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè
14880 négation. C’est la profonde misère, le désespoir d’ Éros, sa servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè l’en délivre
14881 ésespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — en l’ exprimant, Agapè l’en délivre. Agapè sait que la vie terrestre et temp
14882 servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè l’ en délivre. Agapè sait que la vie terrestre et temporelle ne mérite pa
14883 n l’exprimant, Agapè l’en délivre. Agapè sait que la vie terrestre et temporelle ne mérite pas d’être adorée, ni même tuée
14884 que la vie terrestre et temporelle ne mérite pas d’ être adorée, ni même tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissance à
14885 dorée, ni même tuée, mais peut être acceptée dans l’ obéissance à l’Éternel. Car après tout c’est ici-bas que notre sort se
14886 tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissance à l’ Éternel. Car après tout c’est ici-bas que notre sort se joue. C’est su
14887 t c’est ici-bas que notre sort se joue. C’est sur la terre qu’il faut aimer et recevoir le pardon. Au-delà, il n’y aura pa
14888 . C’est sur la terre qu’il faut aimer et recevoir le pardon. Au-delà, il n’y aura pas la Nuit divinisante, mais le Jugemen
14889 r et recevoir le pardon. Au-delà, il n’y aura pas la Nuit divinisante, mais le Jugement du Créateur. L’homme naturel ne p
14890 u-delà, il n’y aura pas la Nuit divinisante, mais le Jugement du Créateur. L’homme naturel ne pouvait pas l’imaginer. Il
14891 Nuit divinisante, mais le Jugement du Créateur. L’ homme naturel ne pouvait pas l’imaginer. Il était donc condamné à croi
14892 ment du Créateur. L’homme naturel ne pouvait pas l’ imaginer. Il était donc condamné à croire Éros, c’est-à-dire à se conf
14893 re Éros, c’est-à-dire à se confier dans son désir le plus puissant, à lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait le
14894 r dans son désir le plus puissant, à lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’hom
14895 e plus puissant, à lui demander la délivrance. Et l’ Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la
14896 lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Ag
14897 délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain
14898 l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’ homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ou
14899 e conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivr
14900 à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi d
14901 a mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’ Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi de s
14902 qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi de sa religion naturelle.
14903 t soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi de sa religion naturelle. Il peut maintenant espérer autre chose,
14904 in le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi de sa religion naturelle. Il peut maintenant espérer autre chose, il sai
14905 l est une autre délivrance du péché. Et voici que l’ Éros à son tour se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré de s
14906 hé. Et voici que l’Éros à son tour se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré de son destin. Dès qu’il cesse d’être
14907 se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré de son destin. Dès qu’il cesse d’être un dieu, il cesse d’être un démon
14908 ortelle et délivré de son destin. Dès qu’il cesse d’ être un dieu, il cesse d’être un démon 200. Et il retrouve sa juste pl
14909 destin. Dès qu’il cesse d’être un dieu, il cesse d’ être un démon 200. Et il retrouve sa juste place dans l’économie provi
14910 un démon 200. Et il retrouve sa juste place dans l’ économie provisoire de la Création, de l’humain. Le païen ne pouvait a
14911 etrouve sa juste place dans l’économie provisoire de la Création, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire
14912 ouve sa juste place dans l’économie provisoire de la Création, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un
14913 place dans l’économie provisoire de la Création, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éro
14914 ace dans l’économie provisoire de la Création, de l’ humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éros :
14915 ’économie provisoire de la Création, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éros : c’était s
14916 n, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus d
14917 e païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le pl
14918 aïen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’ Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le plus
14919 de faire un dieu de l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le plus mystérieux, le plus profondém
14920 ieu de l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le plus mystérieux, le plus profondément lié au fai
14921 it son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le plus mystérieux, le plus profondément lié au fait de vivre. Toutes le
14922 us fort, le plus dangereux et le plus mystérieux, le plus profondément lié au fait de vivre. Toutes les religions païennes
14923 plus mystérieux, le plus profondément lié au fait de vivre. Toutes les religions païennes divinisent le Désir. Toutes cher
14924 le plus profondément lié au fait de vivre. Toutes les religions païennes divinisent le Désir. Toutes cherchent un appui et
14925 e vivre. Toutes les religions païennes divinisent le Désir. Toutes cherchent un appui et un salut dans le Désir, qui devie
14926 Désir. Toutes cherchent un appui et un salut dans le Désir, qui devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie
14927 s le Désir, qui devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Ver
14928 devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait c
14929 vient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chai
14930 ssitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chair et qu’
14931 e la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chair et qu’il nous a parlé en mots humains, nous av
14932 , nous avons appris cette nouvelle : ce n’est pas l’ homme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’a aimé le premie
14933 mme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’ a aimé le premier, et qui s’est approché de lui. Le salut n’est plus a
14934 eu qui l’a aimé le premier, et qui s’est approché de lui. Le salut n’est plus au-delà, toujours plus haut, dans l’ascensio
14935 ’a aimé le premier, et qui s’est approché de lui. Le salut n’est plus au-delà, toujours plus haut, dans l’ascension interm
14936 alut n’est plus au-delà, toujours plus haut, dans l’ ascension interminable du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans
14937 ans l’ascension interminable du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nou
14938 e du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans l’ obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir
14939 consume la vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir ? Cela seuleme
14940 e du désir ? Cela seulement : qu’il nous détourne d’ obéir. Mais il perd sa puissance absolue quand nous cessons de le divi
14941 s il perd sa puissance absolue quand nous cessons de le diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans
14942 l perd sa puissance absolue quand nous cessons de le diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le
14943 s cessons de le diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’ expérience de la fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde
14944 le diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde justement su
14945 diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde justement sur l
14946 st ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde justement sur le refus initial e
14947 ariage. Car cette fidélité se fonde justement sur le refus initial et juré de « cultiver » les illusions de la passion, de
14948 é se fonde justement sur le refus initial et juré de « cultiver » les illusions de la passion, de leur rendre un culte sec
14949 ment sur le refus initial et juré de « cultiver » les illusions de la passion, de leur rendre un culte secret, et d’en atte
14950 fus initial et juré de « cultiver » les illusions de la passion, de leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mysté
14951 initial et juré de « cultiver » les illusions de la passion, de leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mystérie
14952 juré de « cultiver » les illusions de la passion, de leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mystérieux surcroît
14953 de la passion, de leur rendre un culte secret, et d’ en attendre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai de le faire con
14954 e secret, et d’en attendre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu.
14955 tendre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a p
14956 dre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a proc
14957 oît de vie. J’essaierai de le faire concevoir par l’ examen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé l’égalité parfaite
14958 e. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen d’ un fait connu. Le christianisme a proclamé l’égalité parfaite des sexe
14959 le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela de la
14960 amen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé l’ égalité parfaite des sexes, et cela de la manière la plus précise : L
14961 a proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela de la manière la plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propr
14962 proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela de la manière la plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propre c
14963 égalité parfaite des sexes, et cela de la manière la plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais
14964 s sexes, et cela de la manière la plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et
14965 n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement le mari n’a pas autorité sur son propre corps,
14966 ropre corps, mais c’est le mari ; et pareillement le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. (I. 
14967 n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale de l’homme, elle ne peut
14968 propre corps, mais c’est la femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’
14969 ais c’est la femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’ égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme »201. En
14970 t la femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme »201. En même tem
14971 a femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale de l’ homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme »201. En même temps,
14972 tant l’égale de l’homme, elle ne peut donc être «  le but de l’homme »201. En même temps, elle échappe à l’abaissement best
14973 égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme »201. En même temps, elle échappe à l’abaissement bestial qui
14974 le de l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’ homme »201. En même temps, elle échappe à l’abaissement bestial qui tô
14975 ut de l’homme »201. En même temps, elle échappe à l’ abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisation d
14976 happe à l’abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisation de la créature. Mais cette égalité ne doit
14977 abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon d’ une divinisation de la créature. Mais cette égalité ne doit pas être e
14978 qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisation de la créature. Mais cette égalité ne doit pas être entendue au sens mod
14979 i tôt ou tard est la rançon d’une divinisation de la créature. Mais cette égalité ne doit pas être entendue au sens modern
14980 moderne et revendicateur. Elle procède du mystère de l’amour. Elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Ag
14981 erne et revendicateur. Elle procède du mystère de l’ amour. Elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Agapè
14982 lle procède du mystère de l’amour. Elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car l’amour r
14983 du mystère de l’amour. Elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car l’amour réellement ré
14984 ’est que le signe et la démonstration du triomphe d’ Agapè sur Éros. Car l’amour réellement réciproque exige et crée l’égal
14985 a démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car l’ amour réellement réciproque exige et crée l’égalité de ceux qui s’aime
14986 . Car l’amour réellement réciproque exige et crée l’ égalité de ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’homme en
14987 our réellement réciproque exige et crée l’égalité de ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’homme en exigeant
14988 ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’ homme en exigeant que l’homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’ho
14989 manifeste son amour pour l’homme en exigeant que l’ homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne de son amou
14990 t que l’homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’ homme témoigne de son amour pour une femme en la traitant comme une pe
14991 t saint comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne de son amour pour une femme en la traitant comme une personne humaine to
14992 t l’homme témoigne de son amour pour une femme en la traitant comme une personne humaine totale, — non comme une fée de la
14993 une personne humaine totale, — non comme une fée de la légende, mi-déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons de c
14994 e personne humaine totale, — non comme une fée de la légende, mi-déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons de ces
14995 déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons de ces prémisses générales à la psychologie la plus concrète de la relat
14996 sexe. Mais remontons de ces prémisses générales à la psychologie la plus concrète de la relation des égaux. L’exercice de
14997 ntons de ces prémisses générales à la psychologie la plus concrète de la relation des égaux. L’exercice de la fidélité env
14998 isses générales à la psychologie la plus concrète de la relation des égaux. L’exercice de la fidélité envers une femme acc
14999 es générales à la psychologie la plus concrète de la relation des égaux. L’exercice de la fidélité envers une femme accout
15000 ologie la plus concrète de la relation des égaux. L’ exercice de la fidélité envers une femme accoutume à considérer les au
15001 lus concrète de la relation des égaux. L’exercice de la fidélité envers une femme accoutume à considérer les autres femmes
15002 concrète de la relation des égaux. L’exercice de la fidélité envers une femme accoutume à considérer les autres femmes d’
15003 fidélité envers une femme accoutume à considérer les autres femmes d’une manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde d
15004 ne femme accoutume à considérer les autres femmes d’ une manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde de l’Éros : comme
15005 e manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde de l’Éros : comme des personnes, non plus comme des reflets ou des objet
15006 anière tout à fait nouvelle, inconnue du monde de l’ Éros : comme des personnes, non plus comme des reflets ou des objets.
15007 xercice spirituel » développe des facultés neuves de jugement, de possession de soi et de respect202. Au contraire de l’ho
15008 tuel » développe des facultés neuves de jugement, de possession de soi et de respect202. Au contraire de l’homme érotique,
15009 pe des facultés neuves de jugement, de possession de soi et de respect202. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de la
15010 ultés neuves de jugement, de possession de soi et de respect202. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de la fidélité
15011 ssession de soi et de respect202. Au contraire de l’ homme érotique, l’homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une
15012 de respect202. Au contraire de l’homme érotique, l’ homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement c
15013 ect202. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement ce corps
15014 202. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement ce corps int
15015 sion fascinante, mais il pressent, à peine tenté, le mystère difficile et grave d’une existence autonome, étrangère, d’une
15016 ent, à peine tenté, le mystère difficile et grave d’ une existence autonome, étrangère, d’une vie totale dont il n’a désiré
15017 ile et grave d’une existence autonome, étrangère, d’ une vie totale dont il n’a désiré vraiment qu’un illusoire ou fugitif
15018 ct, projeté peut-être par sa seule rêverie. Ainsi la tentation se dissipe, déconcertée, au lieu de se faire obsédante, et
15019 e, déconcertée, au lieu de se faire obsédante, et la fidélité se garantit par la lucidité qu’elle développe. L’empire du m
15020 e faire obsédante, et la fidélité se garantit par la lucidité qu’elle développe. L’empire du mythe faiblit d’autant ; et s
15021 té se garantit par la lucidité qu’elle développe. L’ empire du mythe faiblit d’autant ; et s’il reste improbable qu’il s’ab
15022 dité qu’elle développe. L’empire du mythe faiblit d’ autant ; et s’il reste improbable qu’il s’abolisse jamais sans laisser
15023 e improbable qu’il s’abolisse jamais sans laisser de traces dans le cœur d’un homme moderne, intoxiqué d’images, — du moin
15024 ’il s’abolisse jamais sans laisser de traces dans le cœur d’un homme moderne, intoxiqué d’images, — du moins perd-il son e
15025 olisse jamais sans laisser de traces dans le cœur d’ un homme moderne, intoxiqué d’images, — du moins perd-il son efficace 
15026 traces dans le cœur d’un homme moderne, intoxiqué d’ images, — du moins perd-il son efficace : ce n’est plus lui qui déterm
15027 il son efficace : ce n’est plus lui qui détermine la personne. En d’autres termes, on pourrait dire que la fidélité se gar
15028 ersonne. En d’autres termes, on pourrait dire que la fidélité se garantit elle-même contre l’infidélité du simple fait qu’
15029 dire que la fidélité se garantit elle-même contre l’ infidélité du simple fait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir e
15030 du simple fait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir et l’amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour es
15031 ait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir et l’ amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour est lent et di
15032 tue à ne plus séparer le désir et l’amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour est lent et difficile, il enga
15033 l’amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’ amour est lent et difficile, il engage vraiment toute une vie, et il n
15034 agement pour révéler sa vérité. Et c’est pourquoi l’ homme qui croit au mariage ne peut plus croire sérieusement au « coup
15035 eusement au « coup de foudre », et encore moins à la « fatalité » de la passion. Le « coup de foudre » est sans doute une
15036 up de foudre », et encore moins à la « fatalité » de la passion. Le « coup de foudre » est sans doute une légende accrédit
15037 de foudre », et encore moins à la « fatalité » de la passion. Le « coup de foudre » est sans doute une légende accréditée
15038 et encore moins à la « fatalité » de la passion. Le « coup de foudre » est sans doute une légende accréditée par Don Juan
15039 doute une légende accréditée par Don Juan, comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excuse et alib
15040 de accréditée par Don Juan, comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excuse et alibi qui ne peuvent
15041 accréditée par Don Juan, comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excuse et alibi qui ne peuvent tr
15042 rompé, parce qu’il y trouve son intérêt ; figures de rhétorique romanesque, et acceptables à ce titre, mais qu’il serait a
15043 ables à ce titre, mais qu’il serait assez absurde de confondre avec des vérités psychologiques. Notre analyse du mythe nou
15044 Notre analyse du mythe nous a fait voir pourquoi l’ on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce
15045 ythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui
15046 pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’ alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, j
15047 i l’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y ét
15048 ’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais
15049 la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais pas, c’est cette puissance fatale qui agissait en
15050 ce de ma personne. » Pieux mensonge203 du servant d’ Éros. Mais de combien de complaisances secrètes se compose une « fatal
15051 onne. » Pieux mensonge203 du servant d’Éros. Mais de combien de complaisances secrètes se compose une « fatalité » ! Quant
15052 ux mensonge203 du servant d’Éros. Mais de combien de complaisances secrètes se compose une « fatalité » ! Quant au coup de
15053 ! Quant au coup de foudre, il est censé justifier les écarts de Don Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preu
15054 coup de foudre, il est censé justifier les écarts de Don Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une t
15055 est censé justifier les écarts de Don Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puissante natur
15056 n Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’homme des c
15057 ute la littérature nous engage à y voir la preuve d’ une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’homme des coups de fo
15058 d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’ homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte
15059 nte nature sensuelle. Don Juan, l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de su
15060 nsuelle. Don Juan, l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe
15061 elle. Don Juan, l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’u
15062 oudre et de la vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine l
15063 a vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine les contingenc
15064 , serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’ une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mais a
15065 le. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mais alors, on peut être certain qu’un pareil m
15066 s, on peut être certain qu’un pareil mythe est né de la rêverie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don Juan est
15067 on peut être certain qu’un pareil mythe est né de la rêverie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don Juan est bie
15068 st né de la rêverie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexue
15069 rêverie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est d
15070 n effet, la conduite de Don Juan est bien typique d’ une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’état de fatigue général
15071 ue d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’ état de fatigue générale, et sexuellement localisée, que le corps se v
15072 e certaine déficience sexuelle. C’est dans l’état de fatigue générale, et sexuellement localisée, que le corps se voit por
15073 fatigue générale, et sexuellement localisée, que le corps se voit porté à ces brusques écarts, comparables aux calembours
15074 iots. Par contre, dans un état normal du corps et de l’esprit, le risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il appa
15075 s. Par contre, dans un état normal du corps et de l’ esprit, le risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaî
15076 tre, dans un état normal du corps et de l’esprit, le risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi qu
15077 un état normal du corps et de l’esprit, le risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi que la monog
15078 dre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi que la monogamie, normalisant les rapports sexuels, est la meilleure garanti
15079 . Il apparaît ainsi que la monogamie, normalisant les rapports sexuels, est la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire
15080 monogamie, normalisant les rapports sexuels, est la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire de l’Éros purement charne
15081 st la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire de l’Éros purement charnel, et non du tout divinisé204. ⁂ On objecte alo
15082 la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire de l’ Éros purement charnel, et non du tout divinisé204. ⁂ On objecte alors
15083 t non du tout divinisé204. ⁂ On objecte alors que le mariage ne serait plus que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est enco
15084 n objecte alors que le mariage ne serait plus que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qu
15085 rs que le mariage ne serait plus que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fai
15086 que le mariage ne serait plus que le « tombeau de l’ amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait c
15087 que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de
15088 is c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’amour contrarié. Il serait plus
15089 ment, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’amour contrarié. Il serait plus vrai de dire après M. Croce que « l
15090 t, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’ amour contrarié. Il serait plus vrai de dire après M. Croce que « le m
15091 session de l’amour contrarié. Il serait plus vrai de dire après M. Croce que « le mariage est le tombeau de l’amour sauvag
15092 Il serait plus vrai de dire après M. Croce que «  le mariage est le tombeau de l’amour sauvage »205 (et plus communément d
15093 vrai de dire après M. Croce que « le mariage est le tombeau de l’amour sauvage »205 (et plus communément du sentimentalis
15094 re après M. Croce que « le mariage est le tombeau de l’amour sauvage »205 (et plus communément du sentimentalisme). L’amou
15095 après M. Croce que « le mariage est le tombeau de l’ amour sauvage »205 (et plus communément du sentimentalisme). L’amour s
15096 ge »205 (et plus communément du sentimentalisme). L’ amour sauvage et naturel se manifeste par le viol, preuve d’amour chez
15097 sme). L’amour sauvage et naturel se manifeste par le viol, preuve d’amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la p
15098 uvage et naturel se manifeste par le viol, preuve d’ amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle
15099 e manifeste par le viol, preuve d’amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que l’homme n’est
15100 viol, preuve d’amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesu
15101 amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesure de concevoir
15102 res. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que l’ homme n’est pas encore en mesure de concevoir la réalité de la personn
15103 ie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesure de concevoir la réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire
15104 e l’homme n’est pas encore en mesure de concevoir la réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait
15105 ’est pas encore en mesure de concevoir la réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore
15106 t pas encore en mesure de concevoir la réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore ai
15107 esure de concevoir la réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et l
15108 C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et la polygamie privent la femme de sa qualité d’égale — en la r
15109 t dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et la polygamie privent la femme de sa qualité d’égale — en la réduisant à
15110 pas encore aimer. Le viol et la polygamie privent la femme de sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sau
15111 e aimer. Le viol et la polygamie privent la femme de sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépe
15112 ol et la polygamie privent la femme de sa qualité d’ égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise les
15113 gamie privent la femme de sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise les relations hu
15114 sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’ amour sauvage dépersonnalise les relations humaines. Par contre, l’hom
15115 uisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise les relations humaines. Par contre, l’homme qui se domine, ce n’est pas f
15116 épersonnalise les relations humaines. Par contre, l’ homme qui se domine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens de tem
15117 omine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens de tempérament) mais c’est qu’il aime, justement, et qu’en vertu de cet
15118 justement, et qu’en vertu de cet amour, il refuse de s’imposer, il se refuse à une violence qui nie et détruit la personne
15119 r, il se refuse à une violence qui nie et détruit la personne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord le bien de l’autre. Son
15120 t la personne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord le bien de l’autre. Son égoïsme passe par l’autre. On admettra que c’est
15121 sonne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord le bien de l’autre. Son égoïsme passe par l’autre. On admettra que c’est une rév
15122 on sérieuse. Et nous pourrons maintenant dépasser la formule toute négative et privative de Croce, et définir enfin le mar
15123 t dépasser la formule toute négative et privative de Croce, et définir enfin le mariage comme cette institution qui contie
15124 négative et privative de Croce, et définir enfin le mariage comme cette institution qui contient la passion non plus par
15125 n le mariage comme cette institution qui contient la passion non plus par la morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes
15126 institution qui contient la passion non plus par la morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes de l’Occident Ces que
15127 tient la passion non plus par la morale, mais par l’ amour. 6.Les paradoxes de l’Occident Ces quelques remarques sur
15128 r la morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes de l’Occident Ces quelques remarques sur la passion et le mariage met
15129 a morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes de l’ Occident Ces quelques remarques sur la passion et le mariage metten
15130 doxes de l’Occident Ces quelques remarques sur la passion et le mariage mettent en lumière l’opposition fondamentale de
15131 ident Ces quelques remarques sur la passion et le mariage mettent en lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et de
15132 s sur la passion et le mariage mettent en lumière l’ opposition fondamentale de l’Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux
15133 iage mettent en lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputen
15134 e mettent en lumière l’opposition fondamentale de l’ Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent n
15135 en lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent notre Occid
15136 lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et de l’ Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent notre Occident
15137 s deux religions qui se disputent notre Occident. La connaissance de ce conflit, de ses origines historiques et psychologi
15138 qui se disputent notre Occident. La connaissance de ce conflit, de ses origines historiques et psychologiques, de son enj
15139 nt notre Occident. La connaissance de ce conflit, de ses origines historiques et psychologiques, de son enjeu spirituel, m
15140 t, de ses origines historiques et psychologiques, de son enjeu spirituel, me paraît devoir entraîner la révision d’un cert
15141 e son enjeu spirituel, me paraît devoir entraîner la révision d’un certain nombre de jugements courants, dans le domaine d
15142 spirituel, me paraît devoir entraîner la révision d’ un certain nombre de jugements courants, dans le domaine de l’éthique
15143 devoir entraîner la révision d’un certain nombre de jugements courants, dans le domaine de l’éthique d’abord, mais aussi
15144 n d’un certain nombre de jugements courants, dans le domaine de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et
15145 ain nombre de jugements courants, dans le domaine de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philo
15146 nombre de jugements courants, dans le domaine de l’ éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philosop
15147 maine de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira
15148 ne de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira san
15149 e d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira sans doute de dég
15150 elui de la culture et de sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira sans doute de dégager le principe de correcti
15151 e. Au terme de cet ouvrage, il suffira sans doute de dégager le principe de correction que nos recherches sur la passion p
15152 de cet ouvrage, il suffira sans doute de dégager le principe de correction que nos recherches sur la passion peuvent étab
15153 age, il suffira sans doute de dégager le principe de correction que nos recherches sur la passion peuvent établir. ⁂ Les O
15154 le principe de correction que nos recherches sur la passion peuvent établir. ⁂ Les Orientaux caractérisent l’Europe par l
15155 nos recherches sur la passion peuvent établir. ⁂ Les Orientaux caractérisent l’Europe par l’importance qu’elle donne aux f
15156 on peuvent établir. ⁂ Les Orientaux caractérisent l’ Europe par l’importance qu’elle donne aux forces passionnelles. Ils y
15157 ablir. ⁂ Les Orientaux caractérisent l’Europe par l’ importance qu’elle donne aux forces passionnelles. Ils y voient l’héri
15158 elle donne aux forces passionnelles. Ils y voient l’ héritage du christianisme et le secret de notre dynamisme. Et il est v
15159 lles. Ils y voient l’héritage du christianisme et le secret de notre dynamisme. Et il est vrai que ces trois termes : chri
15160 y voient l’héritage du christianisme et le secret de notre dynamisme. Et il est vrai que ces trois termes : christianisme,
15161 namisme, correspondent aux trois traits dominants de la psyché occidentale. De là vient l’impression d’évidence qu’entraîn
15162 isme, correspondent aux trois traits dominants de la psyché occidentale. De là vient l’impression d’évidence qu’entraînent
15163 trois traits dominants de la psyché occidentale. De là vient l’impression d’évidence qu’entraînent de pareils jugements.
15164 s dominants de la psyché occidentale. De là vient l’ impression d’évidence qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, s
15165 e la psyché occidentale. De là vient l’impression d’ évidence qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, si les conclus
15166 De là vient l’impression d’évidence qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, si les conclusions de notre examen du m
15167 qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, si les conclusions de notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra
15168 pareils jugements. Cependant, si les conclusions de notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra corriger sensib
15169 justes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de l’Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui
15170 tes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de l’ Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui a
15171 l’Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui a fait naître la passion, mais c’est une hérésie d’
15172 : ce n’est pas le christianisme qui a fait naître la passion, mais c’est une hérésie d’origine orientale. Cette hérésie s’
15173 a fait naître la passion, mais c’est une hérésie d’ origine orientale. Cette hérésie s’est répandue d’abord dans les contr
15174 entale. Cette hérésie s’est répandue d’abord dans les contrées les moins christianisées, précisément, là où les religions p
15175 hérésie s’est répandue d’abord dans les contrées les moins christianisées, précisément, là où les religions païennes menai
15176 rées les moins christianisées, précisément, là où les religions païennes menaient encore une vie secrète. L’amour-passion n
15177 ligions païennes menaient encore une vie secrète. L’ amour-passion n’est pas l’amour chrétien, ni même le « sous-produit du
15178 encore une vie secrète. L’amour-passion n’est pas l’ amour chrétien, ni même le « sous-produit du christianisme » ou le « c
15179 amour-passion n’est pas l’amour chrétien, ni même le « sous-produit du christianisme » ou le « changement d’adresse d’une
15180 , ni même le « sous-produit du christianisme » ou le « changement d’adresse d’une force que le christianisme a réveillée e
15181 ous-produit du christianisme » ou le « changement d’ adresse d’une force que le christianisme a réveillée et orientée vers
15182 t du christianisme » ou le « changement d’adresse d’ une force que le christianisme a réveillée et orientée vers Dieu »206.
15183 me » ou le « changement d’adresse d’une force que le christianisme a réveillée et orientée vers Dieu »206. Il est plutôt l
15184 veillée et orientée vers Dieu »206. Il est plutôt le sous-produit de la religion manichéenne. Plus exactement, il est né d
15185 tée vers Dieu »206. Il est plutôt le sous-produit de la religion manichéenne. Plus exactement, il est né de la complicité
15186 vers Dieu »206. Il est plutôt le sous-produit de la religion manichéenne. Plus exactement, il est né de la complicité de
15187 religion manichéenne. Plus exactement, il est né de la complicité de cette religion avec nos plus vieilles croyances, et
15188 ligion manichéenne. Plus exactement, il est né de la complicité de cette religion avec nos plus vieilles croyances, et du
15189 enne. Plus exactement, il est né de la complicité de cette religion avec nos plus vieilles croyances, et du conflit de l’h
15190 n avec nos plus vieilles croyances, et du conflit de l’hérésie qui en résulta avec l’orthodoxie chrétienne. Première corre
15191 vec nos plus vieilles croyances, et du conflit de l’ hérésie qui en résulta avec l’orthodoxie chrétienne. Première correcti
15192 s, et du conflit de l’hérésie qui en résulta avec l’ orthodoxie chrétienne. Première correction d’importance. Ensuite, il e
15193 avec l’orthodoxie chrétienne. Première correction d’ importance. Ensuite, il est urgent de rappeler que le fameux « dynamis
15194 e correction d’importance. Ensuite, il est urgent de rappeler que le fameux « dynamisme occidental » procède de deux sourc
15195 mportance. Ensuite, il est urgent de rappeler que le fameux « dynamisme occidental » procède de deux sources distinctes. S
15196 er que le fameux « dynamisme occidental » procède de deux sources distinctes. Si c’est notre délire guerrier que l’on ente
15197 es distinctes. Si c’est notre délire guerrier que l’ on entend désigner par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache de la
15198 ner par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache de la manière la plus précise, historiquement, à la passion. Comme la pa
15199 par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache de la manière la plus précise, historiquement, à la passion. Comme la passi
15200 me, nous avons vu qu’il se rattache de la manière la plus précise, historiquement, à la passion. Comme la passion, le goût
15201 de la manière la plus précise, historiquement, à la passion. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’une concept
15202 plus précise, historiquement, à la passion. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’une conception de la vie arde
15203 , historiquement, à la passion. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est
15204 iquement, à la passion. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masqu
15205 ement, à la passion. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masque d
15206 n. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’ une conception de la vie ardente qui est un masque du désir de mort. D
15207 on, le goût de la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti,
15208 le goût de la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti, et
15209 tion de la vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti, et autodestructeur. Mais l’autre aspect du d
15210 chnique, ne saurait être un seul instant ramené à la passion. L’attitude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de la
15211 saurait être un seul instant ramené à la passion. L’ attitude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de la passion : c
15212 à la passion. L’attitude humaine qu’il révèle est l’ antithèse exacte de la passion : c’est une affirmation de la valeur de
15213 itude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de la passion : c’est une affirmation de la valeur des choses créées, de
15214 de humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de la passion : c’est une affirmation de la valeur des choses créées, de la
15215 hèse exacte de la passion : c’est une affirmation de la valeur des choses créées, de la matière, et une application de l’e
15216 e exacte de la passion : c’est une affirmation de la valeur des choses créées, de la matière, et une application de l’espr
15217 t une affirmation de la valeur des choses créées, de la matière, et une application de l’esprit au monde visible. La passi
15218 ne affirmation de la valeur des choses créées, de la matière, et une application de l’esprit au monde visible. La passion
15219 choses créées, de la matière, et une application de l’esprit au monde visible. La passion ni la foi hérétique dont elle e
15220 oses créées, de la matière, et une application de l’ esprit au monde visible. La passion ni la foi hérétique dont elle est
15221 et une application de l’esprit au monde visible. La passion ni la foi hérétique dont elle est née ne sauraient proposer c
15222 ation de l’esprit au monde visible. La passion ni la foi hérétique dont elle est née ne sauraient proposer comme but à not
15223 t née ne sauraient proposer comme but à notre vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction origine
15224 raient proposer comme but à notre vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction originelle du Démiu
15225 ent proposer comme but à notre vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction originelle du Démiurge
15226 re vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction originelle du Démiurge, et puisque le salut est ju
15227 maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction originelle du Démiurge, et puisque le salut est justement d’
15228 et la fonction originelle du Démiurge, et puisque le salut est justement d’échapper à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à
15229 le du Démiurge, et puisque le salut est justement d’ échapper à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à la source de cet aspec
15230 d’échapper à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à la source de cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sorte d
15231 à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à la source de cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sorte de tempéram
15232 niaque207. Faut-il voir à la source de cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sorte de tempérament continenta
15233 ut-il voir à la source de cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sorte de tempérament continental ? Ou quelqu
15234 il voir à la source de cet aspect le plus réel de l’ activisme européen une sorte de tempérament continental ? Ou quelque i
15235 ct le plus réel de l’activisme européen une sorte de tempérament continental ? Ou quelque influence indirecte de l’ambitio
15236 ment continental ? Ou quelque influence indirecte de l’ambition chrétienne définie par l’Apôtre (Romains, 8), et qui tendr
15237 t continental ? Ou quelque influence indirecte de l’ ambition chrétienne définie par l’Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait
15238 ce indirecte de l’ambition chrétienne définie par l’ Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait à restaurer le Cosmos dans sa loi
15239 ’Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait à restaurer le Cosmos dans sa loi primitive, troublée par le péché ? La volonté chré
15240 rer le Cosmos dans sa loi primitive, troublée par le péché ? La volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme
15241 os dans sa loi primitive, troublée par le péché ? La volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme et dans sa
15242 ve, troublée par le péché ? La volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme et dans sa conduite a entraîné en
15243 r le péché ? La volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme et dans sa conduite a entraîné en Occident l’idé
15244 on âme et dans sa conduite a entraîné en Occident l’ idée de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution),
15245 et dans sa conduite a entraîné en Occident l’idée de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’i
15246 uite a entraîné en Occident l’idée de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée de transfor
15247 Occident l’idée de transformer le milieu humain ( d’ où le mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu natu
15248 dent l’idée de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (
15249 ée de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où la t
15250 de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où la tech
15251 ilieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’ idée de transformer le milieu naturel (d’où la technique). Reste à sav
15252 umain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si
15253 mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si le christianism
15254 ion), et l’idée de transformer le milieu naturel ( d’ où la technique). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par le
15255 et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par les Ind
15256 eu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par les Indes ou la Chine, y eût produit les
15257 Reste à savoir si le christianisme, accueilli par les Indes ou la Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais la réponse n’
15258 r si le christianisme, accueilli par les Indes ou la Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais la réponse n’importe pas
15259 ccueilli par les Indes ou la Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais la réponse n’importe pas ici : il nous suffit de m
15260 ou la Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais la réponse n’importe pas ici : il nous suffit de marquer que les élément
15261 ais la réponse n’importe pas ici : il nous suffit de marquer que les éléments occidentaux-chrétiens (c’est-à-dire créateur
15262 n’importe pas ici : il nous suffit de marquer que les éléments occidentaux-chrétiens (c’est-à-dire créateurs) du dynamisme
15263 ntés par une volonté exactement contraire à celle de la passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de f
15264 s par une volonté exactement contraire à celle de la passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de fait
15265 qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de fait une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est la collusion d
15266 ce qui a introduit de fait une fatale erreur dans l’ activisme moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre génie t
15267 une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre génie technique. À partir de la Ré
15268 reur dans l’activisme moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la
15269 r dans l’activisme moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la gue
15270 visme moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la guerre devenant
15271 a guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la guerre devenant « nationale » exige la collaboration d
15272 notre génie technique. À partir de la Révolution, la guerre devenant « nationale » exige la collaboration de toutes les fo
15273 évolution, la guerre devenant « nationale » exige la collaboration de toutes les forces créatrices, et en particulier de l
15274 rre devenant « nationale » exige la collaboration de toutes les forces créatrices, et en particulier de la technique. C’es
15275 nt « nationale » exige la collaboration de toutes les forces créatrices, et en particulier de la technique. C’est alors la
15276 e toutes les forces créatrices, et en particulier de la technique. C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir le pr
15277 outes les forces créatrices, et en particulier de la technique. C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir le princ
15278 s, et en particulier de la technique. C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir le principal moteur de la recherch
15279 C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir le principal moteur de la recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 19
15280 on (guerrière) qui va devenir le principal moteur de la recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 1915. Mais cette union
15281 (guerrière) qui va devenir le principal moteur de la recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 1915. Mais cette union to
15282 e principal moteur de la recherche mécanique : on l’ a bien vu depuis 1915. Mais cette union tout à fait monstrueuse des fo
15283 is cette union tout à fait monstrueuse des forces de mort et des forces créatrices va dénaturer à la fois la guerre et le
15284 t et des forces créatrices va dénaturer à la fois la guerre et le génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion,
15285 es créatrices va dénaturer à la fois la guerre et le génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion, et la techniq
15286 aturer à la fois la guerre et le génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion, et la technique en devenant morte
15287 et le génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion, et la technique en devenant mortelle, trahit les ambitions d
15288 hnique. La guerre mécanisée évacue la passion, et la technique en devenant mortelle, trahit les ambitions dont elle est né
15289 ion, et la technique en devenant mortelle, trahit les ambitions dont elle est née. Il se peut que l’Occident succombe à ce
15290 t les ambitions dont elle est née. Il se peut que l’ Occident succombe à ce destin qu’il s’est forgé. Mais il est clair que
15291 l s’est forgé. Mais il est clair que ce n’est pas le christianisme — comme le répètent tant de publicistes — qui est respo
15292 t clair que ce n’est pas le christianisme — comme le répètent tant de publicistes — qui est responsable de la catastrophe.
15293 épètent tant de publicistes — qui est responsable de la catastrophe. L’esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrét
15294 tent tant de publicistes — qui est responsable de la catastrophe. L’esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrétien
15295 licistes — qui est responsable de la catastrophe. L’ esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrétien208. Il est tout
15296 nsable de la catastrophe. L’esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrétien208. Il est tout au contraire manichéen.
15297 ble de la catastrophe. L’esprit catastrophique de l’ Occident n’est pas chrétien208. Il est tout au contraire manichéen. C’
15298 st ce qu’ignorent communément ceux qui assimilent le christianisme et l’Occident, comme si tout l’Occident était chrétien.
15299 mmunément ceux qui assimilent le christianisme et l’ Occident, comme si tout l’Occident était chrétien. Si donc l’Europe su
15300 ent le christianisme et l’Occident, comme si tout l’ Occident était chrétien. Si donc l’Europe succombe à son mauvais génie
15301 comme si tout l’Occident était chrétien. Si donc l’ Europe succombe à son mauvais génie, ce sera pour avoir trop longtemps
15302 génie, ce sera pour avoir trop longtemps cultivé la religion para ou même antichrétienne de la passion. ⁂ Faut-il conclur
15303 s cultivé la religion para ou même antichrétienne de la passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait la tentation ori
15304 ultivé la religion para ou même antichrétienne de la passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait la tentation orient
15305 ichrétienne de la passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait la tentation orientale de l’Occident ? S’il est vrai q
15306 passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait la tentation orientale de l’Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est dé
15307 lure que la passion serait la tentation orientale de l’Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est développée dans notre his
15308 e que la passion serait la tentation orientale de l’ Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est développée dans notre histoi
15309 s qu’à partir des xiie et xiiie siècles, et par l’ impulsion décisive de l’hérésie méridionale, il apparaît que c’est du
15310 e et xiiie siècles, et par l’impulsion décisive de l’hérésie méridionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de l
15311 et xiiie siècles, et par l’impulsion décisive de l’ hérésie méridionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de l’Ir
15312 ionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de l’Iran, sources certaines de l’hérésie, que nous sont venues nos « mo
15313 ale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de l’ Iran, sources certaines de l’hérésie, que nous sont venues nos « morte
15314 du Proche-Orient et de l’Iran, sources certaines de l’hérésie, que nous sont venues nos « mortelles » croyances. Mais dir
15315 Proche-Orient et de l’Iran, sources certaines de l’ hérésie, que nous sont venues nos « mortelles » croyances. Mais dira-t
15316 dira-t-on, ces mêmes croyances n’ont pas produit les mêmes effets parmi les peuples de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont p
15317 royances n’ont pas produit les mêmes effets parmi les peuples de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obs
15318 nt pas produit les mêmes effets parmi les peuples de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ai
15319 pas produit les mêmes effets parmi les peuples de l’ Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ainsi
15320 s de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ainsi notre chance dramatique est d’avoir résisté à
15321 mes obstacles. Ainsi notre chance dramatique est d’ avoir résisté à la passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Tel
15322 nsi notre chance dramatique est d’avoir résisté à la passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut la tentatio
15323 résisté à la passion par des moyens prédestinés à l’ exalter. Telle fut la tentation permanente d’où jaillirent nos plus be
15324 par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut la tentation permanente d’où jaillirent nos plus belles créations. Mais
15325 és à l’exalter. Telle fut la tentation permanente d’ où jaillirent nos plus belles créations. Mais ce qui produit la vie pr
15326 nt nos plus belles créations. Mais ce qui produit la vie produit aussi la mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que
15327 éations. Mais ce qui produit la vie produit aussi la mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que le dynamisme change
15328 mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que le dynamisme change de signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude r
15329 un accent se déplace pour que le dynamisme change de signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude religieuse des Occide
15330 me change de signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’ attitude religieuse des Occidentaux, et dans l’institution la plus typ
15331 ns l’attitude religieuse des Occidentaux, et dans l’ institution la plus typique de leur morale : le mariage, qu’il sera dé
15332 religieuse des Occidentaux, et dans l’institution la plus typique de leur morale : le mariage, qu’il sera désormais possib
15333 ccidentaux, et dans l’institution la plus typique de leur morale : le mariage, qu’il sera désormais possible de repérer av
15334 ns l’institution la plus typique de leur morale : le mariage, qu’il sera désormais possible de repérer avec assez de préci
15335 orale : le mariage, qu’il sera désormais possible de repérer avec assez de précision ce déplacement d’accent dont tout dép
15336 ’il sera désormais possible de repérer avec assez de précision ce déplacement d’accent dont tout dépend. Il est certain qu
15337 de repérer avec assez de précision ce déplacement d’ accent dont tout dépend. Il est certain que l’Occidental christianisé
15338 ent d’accent dont tout dépend. Il est certain que l’ Occidental christianisé se distingue profondément de l’Oriental par so
15339 Occidental christianisé se distingue profondément de l’Oriental par son pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a
15340 idental christianisé se distingue profondément de l’ Oriental par son pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a de
15341 tingue profondément de l’Oriental par son pouvoir d’ approfondir l’être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le
15342 ément de l’Oriental par son pouvoir d’approfondir l’ être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret de notr
15343 pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret de notre fidélité. La sagesse orien
15344 e créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret de notre fidélité. La sagesse orientale cherche la connaissanc
15345 s ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret de notre fidélité. La sagesse orientale cherche la connaissance dans l’a
15346 ticulier. C’est tout le secret de notre fidélité. La sagesse orientale cherche la connaissance dans l’abolition progressiv
15347 t de notre fidélité. La sagesse orientale cherche la connaissance dans l’abolition progressive du divers. Nous, nous cherc
15348 La sagesse orientale cherche la connaissance dans l’ abolition progressive du divers. Nous, nous cherchons la densité de l’
15349 ition progressive du divers. Nous, nous cherchons la densité de l’être dans la personne distincte, sans cesse approfondie
15350 essive du divers. Nous, nous cherchons la densité de l’être dans la personne distincte, sans cesse approfondie comme telle
15351 ive du divers. Nous, nous cherchons la densité de l’ être dans la personne distincte, sans cesse approfondie comme telle. «
15352 s. Nous, nous cherchons la densité de l’être dans la personne distincte, sans cesse approfondie comme telle. « D’autant pl
15353 distincte, sans cesse approfondie comme telle. «  D’ autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus n
15354 die comme telle. « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu », dit Spin
15355 t plus nous connaissons les choses particulières, d’ autant plus nous connaissons Dieu », dit Spinoza. Cette attitude, qui
15356 , qui définit mon Occident, définit en même temps les conditions profondes de la fidélité, de la personne, du mariage, — et
15357 t, définit en même temps les conditions profondes de la fidélité, de la personne, du mariage, — et du refus de la passion.
15358 définit en même temps les conditions profondes de la fidélité, de la personne, du mariage, — et du refus de la passion. El
15359 me temps les conditions profondes de la fidélité, de la personne, du mariage, — et du refus de la passion. Elle suppose l’
15360 temps les conditions profondes de la fidélité, de la personne, du mariage, — et du refus de la passion. Elle suppose l’acc
15361 délité, de la personne, du mariage, — et du refus de la passion. Elle suppose l’acceptation du différent, et donc de l’inc
15362 ité, de la personne, du mariage, — et du refus de la passion. Elle suppose l’acceptation du différent, et donc de l’incomp
15363 ariage, — et du refus de la passion. Elle suppose l’ acceptation du différent, et donc de l’incomplet, la prise sur le conc
15364 Elle suppose l’acceptation du différent, et donc de l’incomplet, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétie
15365 le suppose l’acceptation du différent, et donc de l’ incomplet, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétien p
15366 acceptation du différent, et donc de l’incomplet, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétien prend le monde
15367 u différent, et donc de l’incomplet, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétien prend le monde tel qu’il es
15368 et, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétien prend le monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut le
15369 e concret dans ses limitations. Le chrétien prend le monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut le rêver. Son activi
15370 monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut le rêver. Son activité « créatrice » consiste alors à retrouver en profo
15371  » consiste alors à retrouver en profondeur toute la diversité du monde créé ; et c’est ainsi que la Renaissance définit l
15372 e la diversité du monde créé ; et c’est ainsi que la Renaissance définit l’homme : un microcosme. Tout ce qui détruit cett
15373 créé ; et c’est ainsi que la Renaissance définit l’ homme : un microcosme. Tout ce qui détruit cette volonté centrale, ou
15374 it cette volonté centrale, ou en dévie, compromet la fidélité et donne des chances nouvelles à la passion. C’est notre vie
15375 omet la fidélité et donne des chances nouvelles à la passion. C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise mo
15376 C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise moderne du mariage est le signe le moins trompeur d’une décaden
15377 Et c’est pourquoi la crise moderne du mariage est le signe le moins trompeur d’une décadence occidentale. Il en est d’autr
15378 pourquoi la crise moderne du mariage est le signe le moins trompeur d’une décadence occidentale. Il en est d’autres, certe
15379 moderne du mariage est le signe le moins trompeur d’ une décadence occidentale. Il en est d’autres, certes, dans les domain
15380 nce occidentale. Il en est d’autres, certes, dans les domaines les plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion
15381 le. Il en est d’autres, certes, dans les domaines les plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’envahisse
15382 tres, certes, dans les domaines les plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de la cultur
15383 es domaines les plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions n
15384 s les plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalist
15385 es plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’ évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalistes 
15386 ers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’ envahissement de la culture par les passions nationalistes : tout ce q
15387 u nombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner
15388 ombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la
15389 e de l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la personne. Mais
15390 assions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la personne. Mais ce sont là des phénomènes complexes et collectifs, qui
15391 , qui échappent souvent aux prises individuelles. Le signe de la crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun
15392 appent souvent aux prises individuelles. Le signe de la crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun n’est pl
15393 ent souvent aux prises individuelles. Le signe de la crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun n’est plus
15394 otidien, plus intimement vérifiable. 7.Au-delà de la tragédie Cet ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme
15395 dien, plus intimement vérifiable. 7.Au-delà de la tragédie Cet ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme le
15396 ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme le bilan d’une décadence : mythe dégradé, mariage en crise, formes et co
15397 à bien des égards, peut apparaître comme le bilan d’ une décadence : mythe dégradé, mariage en crise, formes et conventions
15398 lire passionnel aux domaines où il peut entraîner la destruction de notre civilisation. Tout cela est, tout cela nous mena
15399 aux domaines où il peut entraîner la destruction de notre civilisation. Tout cela est, tout cela nous menace, et d’autant
15400 isation. Tout cela est, tout cela nous menace, et d’ autant plus qu’on voudrait le nier. Cependant, à plusieurs reprises, l
15401 cela nous menace, et d’autant plus qu’on voudrait le nier. Cependant, à plusieurs reprises, la connaissance de ces périls
15402 oudrait le nier. Cependant, à plusieurs reprises, la connaissance de ces périls nous a fait entrevoir des possibilités de
15403 Cependant, à plusieurs reprises, la connaissance de ces périls nous a fait entrevoir des possibilités de les surmonter. P
15404 ces périls nous a fait entrevoir des possibilités de les surmonter. Par exemple, il se peut que l’Europe, après une crise
15405 périls nous a fait entrevoir des possibilités de les surmonter. Par exemple, il se peut que l’Europe, après une crise tota
15406 tés de les surmonter. Par exemple, il se peut que l’ Europe, après une crise totalitaire (et supposé qu’elle n’y succombe p
15407 (et supposé qu’elle n’y succombe point), retrouve le sens d’une fidélité gagée au moins sur des institutions solides, à la
15408 osé qu’elle n’y succombe point), retrouve le sens d’ une fidélité gagée au moins sur des institutions solides, à la mesure
15409 té gagée au moins sur des institutions solides, à la mesure de la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion p
15410 u moins sur des institutions solides, à la mesure de la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion provoquent
15411 oins sur des institutions solides, à la mesure de la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion provoquent des
15412 lides, à la mesure de la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion provoquent des résistances, c’est-à-dire de
15413 re de la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion provoquent des résistances, c’est-à-dire des formes nouvel
15414 de la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion provoquent des résistances, c’est-à-dire des formes nouvelles
15415 ais après tout, n’est-ce pas encore une tentation de la passion que ce souci des lendemains qui obsède aujourd’hui tant de
15416 après tout, n’est-ce pas encore une tentation de la passion que ce souci des lendemains qui obsède aujourd’hui tant de fr
15417 ui tant de fronts ? Notre vie ne se joue pas dans l’ au-delà temporel, mais dans les décisions toujours actuelles qui fonde
15418 ne se joue pas dans l’au-delà temporel, mais dans les décisions toujours actuelles qui fondent notre fidélité. Quoi qu’il a
15419 tre fidélité. Quoi qu’il arrive, heur ou malheur, le sort du monde nous importe bien moins que la connaissance de nos devo
15420 eur, le sort du monde nous importe bien moins que la connaissance de nos devoirs présents. Car « la figure de ce monde pas
15421 monde nous importe bien moins que la connaissance de nos devoirs présents. Car « la figure de ce monde passe », mais l’obé
15422 ue la connaissance de nos devoirs présents. Car «  la figure de ce monde passe », mais l’obéissance est toujours hic et nun
15423 aissance de nos devoirs présents. Car « la figure de ce monde passe », mais l’obéissance est toujours hic et nunc, dans l’
15424 ésents. Car « la figure de ce monde passe », mais l’ obéissance est toujours hic et nunc, dans l’acte de l’Éternel où notre
15425 mais l’obéissance est toujours hic et nunc, dans l’ acte de l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexion
15426 ’obéissance est toujours hic et nunc, dans l’acte de l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexions, amor
15427 éissance est toujours hic et nunc, dans l’acte de l’ Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexions, amorcés
15428 l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexions, amorcés çà et là dans ces pages, pourront en constituer l
15429 s çà et là dans ces pages, pourront en constituer la conclusion ouverte. J’ai tenté de débrouiller certains problèmes posé
15430 t en constituer la conclusion ouverte. J’ai tenté de débrouiller certains problèmes posés en termes d’histoire et de psych
15431 certains problèmes posés en termes d’histoire et de psychologie : mais les constatations tout objectives auxquelles je me
15432 sés en termes d’histoire et de psychologie : mais les constatations tout objectives auxquelles je me suis vu conduit ne son
15433 le, et qui n’est pas toujours aussi simpliste que le dilemme passion-fidélité peut nous le faire croire. De fait, on ne co
15434 mpliste que le dilemme passion-fidélité peut nous le faire croire. De fait, on ne connaît jamais que les problèmes dont on
15435 lemme passion-fidélité peut nous le faire croire. De fait, on ne connaît jamais que les problèmes dont on pressent au moin
15436 e faire croire. De fait, on ne connaît jamais que les problèmes dont on pressent au moins la solution, le dépassement. Or l
15437 amais que les problèmes dont on pressent au moins la solution, le dépassement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne sa
15438 problèmes dont on pressent au moins la solution, le dépassement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la
15439 pressent au moins la solution, le dépassement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple nég
15440 au moins la solution, le dépassement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple négation de
15441 e moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y ins
15442 ilemme ne saurait être la pure et simple négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la
15443 e saurait être la pure et simple négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion
15444 pure et simple négation de l’un de ses termes. Je l’ ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion en principe, ce se
15445 es. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion en principe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles de no
15446 ncipe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles de notre tension créatrice. De fait, cela n’est pas possible. Le philist
15447 primer l’un des pôles de notre tension créatrice. De fait, cela n’est pas possible. Le philistin qui « condamne » de la so
15448 sion créatrice. De fait, cela n’est pas possible. Le philistin qui « condamne » de la sorte et à priori toute passion, c’e
15449 n’est pas possible. Le philistin qui « condamne » de la sorte et à priori toute passion, c’est qu’il n’en a connu aucune,
15450 st pas possible. Le philistin qui « condamne » de la sorte et à priori toute passion, c’est qu’il n’en a connu aucune, et
15451 t qu’il est en deçà du conflit. Pour cet homme-là le seul progrès concevable est dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dir
15452 cet homme-là le seul progrès concevable est dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dire dans le drame passionnel (Appendic
15453 e-là le seul progrès concevable est dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dire dans le drame passionnel (Appendice 11). Ma
15454 t dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dire dans le drame passionnel (Appendice 11). Mais au-delà de la passion vécue jus
15455 le drame passionnel (Appendice 11). Mais au-delà de la passion vécue jusqu’à l’impasse mortelle, que pouvons-nous désorma
15456 drame passionnel (Appendice 11). Mais au-delà de la passion vécue jusqu’à l’impasse mortelle, que pouvons-nous désormais
15457 ice 11). Mais au-delà de la passion vécue jusqu’à l’ impasse mortelle, que pouvons-nous désormais entrevoir ? Les deux thèm
15458 mortelle, que pouvons-nous désormais entrevoir ? Les deux thèmes que je vais esquisser indiquent deux voies de dépassement
15459 thèmes que je vais esquisser indiquent deux voies de dépassement, dans la ligne de cet ouvrage, mais au-delà du schématism
15460 quisser indiquent deux voies de dépassement, dans la ligne de cet ouvrage, mais au-delà du schématisme inhérent à tout exp
15461 ndiquent deux voies de dépassement, dans la ligne de cet ouvrage, mais au-delà du schématisme inhérent à tout exposé. ⁂ Le
15462 être situé par rapport à un drame personnel dont les données biographiques nous sont suffisamment connues. On sait que l’é
15463 iques nous sont suffisamment connues. On sait que l’ événement qui devint pour Kierkegaard le point de départ de toute sa r
15464 sait que l’événement qui devint pour Kierkegaard le point de départ de toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançail
15465 l’événement qui devint pour Kierkegaard le point de départ de toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançailles avec
15466 nt qui devint pour Kierkegaard le point de départ de toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançailles avec Régine. La
15467 ard le point de départ de toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançailles avec Régine. La cause intime de cette rupt
15468 t de départ de toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançailles avec Régine. La cause intime de cette rupture nous de
15469 n, fut la rupture de ses fiançailles avec Régine. La cause intime de cette rupture nous demeure en partie mystérieuse209 :
15470 e de ses fiançailles avec Régine. La cause intime de cette rupture nous demeure en partie mystérieuse209 : c’est « le secr
15471 e nous demeure en partie mystérieuse209 : c’est «  le secret » essentiellement impartageable et indicible, qui s’opposait a
15472 ux yeux de Kierkegaard à un mariage heureux selon le monde. Ici l’obstacle indispensable à la passion est d’une nature à t
15473 rkegaard à un mariage heureux selon le monde. Ici l’ obstacle indispensable à la passion est d’une nature à tel point subje
15474 ux selon le monde. Ici l’obstacle indispensable à la passion est d’une nature à tel point subjective, singulière et incomp
15475 de. Ici l’obstacle indispensable à la passion est d’ une nature à tel point subjective, singulière et incomparable, qu’on n
15476 e et incomparable, qu’on ne saurait en pressentir la gravité sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini
15477 ne saurait en pressentir la gravité sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini et pécheur ne saurait ent
15478 ait en pressentir la gravité sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini et pécheur ne saurait entretenir
15479 é sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon lui, l’ homme fini et pécheur ne saurait entretenir avec son Dieu — qui est l’
15480 eur ne saurait entretenir avec son Dieu — qui est l’ Éternel et le Saint — que des relations d’amour mortellement malheureu
15481 t entretenir avec son Dieu — qui est l’Éternel et le Saint — que des relations d’amour mortellement malheureux. « Dieu cré
15482 qui est l’Éternel et le Saint — que des relations d’ amour mortellement malheureux. « Dieu crée tout ex nihilo » et celui q
15483 ui que Dieu élit par son amour, « il commence par le réduire à néant ». Du point de vue du monde et de la vie naturelle, D
15484 le réduire à néant ». Du point de vue du monde et de la vie naturelle, Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». No
15485 réduire à néant ». Du point de vue du monde et de la vie naturelle, Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». Nous
15486 e « mon ennemi mortel ». Nous nous heurtons ici à l’ extrême limite, à l’origine pure de la passion, — mais du même coup no
15487 l ». Nous nous heurtons ici à l’extrême limite, à l’ origine pure de la passion, — mais du même coup nous sommes jetés au c
15488 heurtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure de la passion, — mais du même coup nous sommes jetés au cœur même de la
15489 rtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure de la passion, — mais du même coup nous sommes jetés au cœur même de la foi
15490  mais du même coup nous sommes jetés au cœur même de la foi chrétienne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’am
15491 is du même coup nous sommes jetés au cœur même de la foi chrétienne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’amour
15492 ne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’ amour infini, devra marcher maintenant et vivre dans le monde comme s’
15493 ur infini, devra marcher maintenant et vivre dans le monde comme s’il n’avait pas d’autre tâche ni plus urgente ni plus ha
15494 ant et vivre dans le monde comme s’il n’avait pas d’ autre tâche ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier de la foi »,
15495 che ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier de la foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « i
15496 ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier de la foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « il r
15497 plus haute. Ce « chevalier de la foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « il ressemble à un perce
15498 ier de la foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « il ressemble à un percepteur » et se conduit co
15499 a foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « il ressemble à un percepteur » et se conduit comme n’im
15500 infinie résignation, et s’il a tout ressaisi par la suite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait
15501 l a tout ressaisi par la suite, c’est en vertu de l’ absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’in
15502 suite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’infini, mais avec une tell
15503 ite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’infini, mais avec une telle c
15504 urde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’infini, mais avec une telle correction et une telle certi
15505 -dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’ infini, mais avec une telle correction et une telle certitude qu’il re
15506 une telle certitude qu’il retombe sans cesse dans le fini, et qu’on ne remarque en lui rien que de fini »210… Ainsi l’extr
15507 ans le fini, et qu’on ne remarque en lui rien que de fini »210… Ainsi l’extrême de la passion, la mort d’amour, initie une
15508 n ne remarque en lui rien que de fini »210… Ainsi l’ extrême de la passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la
15509 que en lui rien que de fini »210… Ainsi l’extrême de la passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion n
15510 en lui rien que de fini »210… Ainsi l’extrême de la passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne c
15511 que de fini »210… Ainsi l’extrême de la passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être
15512 fini »210… Ainsi l’extrême de la passion, la mort d’ amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être présente
15513 ion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être présente, mais sous l’incognito le plus jalou
15514 , initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’ être présente, mais sous l’incognito le plus jaloux : car elle est bie
15515 où la passion ne cesse d’être présente, mais sous l’ incognito le plus jaloux : car elle est bien plus que royale, elle est
15516 n ne cesse d’être présente, mais sous l’incognito le plus jaloux : car elle est bien plus que royale, elle est divine. Et
15517 st bien plus que royale, elle est divine. Et dans l’ analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel qu
15518 s que royale, elle est divine. Et dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’or
15519 ue royale, elle est divine. Et dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’ordre
15520 e, elle est divine. Et dans l’analogie de la foi, l’ on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’ordre où elle
15521 analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’ordre où elle se manifeste — ne trouve son
15522 ut alors concevoir que la passion — quel que soit l’ ordre où elle se manifeste — ne trouve son au-delà réel, et son salut,
15523 au-delà réel, et son salut, que par cette action d’ obéissance qui est la vie de fidélité. Vivre alors « comme tout le mon
15524 salut, que par cette action d’obéissance qui est la vie de fidélité. Vivre alors « comme tout le monde », mais « en vertu
15525 que par cette action d’obéissance qui est la vie de fidélité. Vivre alors « comme tout le monde », mais « en vertu de l’a
15526 alors « comme tout le monde », mais « en vertu de l’ absurde », c’est une scandaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pa
15527 ndaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pas à l’ absurde ; mais c’est plus qu’une synthèse, et infiniment plus et autre
15528 ion », pour qui croit que Dieu est fidèle, et que l’ amour ne trompe jamais l’aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ress
15529 Dieu est fidèle, et que l’amour ne trompe jamais l’ aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ressaisir » le monde fini que
15530 é. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ressaisir » le monde fini que dans la conscience de sa perte, infiniment féconde pou
15531 ne parvint à « ressaisir » le monde fini que dans la conscience de sa perte, infiniment féconde pour son génie ; il ne rec
15532  ressaisir » le monde fini que dans la conscience de sa perte, infiniment féconde pour son génie ; il ne recouvra pas Régi
15533 ; il ne recouvra pas Régine, mais ne cessa jamais de l’aimer et de lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cett
15534 l ne recouvra pas Régine, mais ne cessa jamais de l’ aimer et de lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cette œ
15535 ra pas Régine, mais ne cessa jamais de l’aimer et de lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cette œuvre était
15536 n œuvre. Et c’est peut-être que cette œuvre était le lieu de sa fidélité la plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que da
15537 Et c’est peut-être que cette œuvre était le lieu de sa fidélité la plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans la vo
15538 être que cette œuvre était le lieu de sa fidélité la plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans la vocation vraiment
15539 plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans la vocation vraiment unique du Solitaire, le secret de son échec humain 
15540 ue dans la vocation vraiment unique du Solitaire, le secret de son échec humain ? D’autres reçoivent une autre vocation, é
15541 vocation vraiment unique du Solitaire, le secret de son échec humain ? D’autres reçoivent une autre vocation, épousent Ré
15542 reçoivent une autre vocation, épousent Régine, et la passion revit dans leur mariage, mais alors « en vertu de l’absurde »
15543 revit dans leur mariage, mais alors « en vertu de l’ absurde ». Et ils s’étonnent chaque jour de leur bonheur. (Ces choses-
15544 rtu de l’absurde ». Et ils s’étonnent chaque jour de leur bonheur. (Ces choses-là sont trop simples et totales pour qu’un
15545 our qu’un discours vienne mettre ses délais entre la question qu’elles nous posent et la réponse de notre vie.) ⁂ Le secon
15546 délais entre la question qu’elles nous posent et la réponse de notre vie.) ⁂ Le second thème que j’esquisserai n’est peut
15547 re la question qu’elles nous posent et la réponse de notre vie.) ⁂ Le second thème que j’esquisserai n’est peut-être pas d
15548 econd thème que j’esquisserai n’est peut-être pas d’ une nature essentiellement hétérogène. Peut-être même doit-il être con
15549 re conçu comme un aspect particulier du mouvement de retour de la passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’
15550 omme un aspect particulier du mouvement de retour de la passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension
15551 e un aspect particulier du mouvement de retour de la passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension spi
15552 ier du mouvement de retour de la passion, tel que l’ a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension spirituelle qu’il nous
15553 assion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus
15554 ion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ ascension spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus ar
15555 e l’ascension spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît qu
15556 on spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît que l’âme att
15557 spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît que l’âme attein
15558 dente passion, saint Jean de la Croix connaît que l’ âme atteint un état de présence parfaite à l’objet aimant de l’amour,
15559 ean de la Croix connaît que l’âme atteint un état de présence parfaite à l’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomm
15560 que l’âme atteint un état de présence parfaite à l’ objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique.
15561 int un état de présence parfaite à l’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se compor
15562 un état de présence parfaite à l’objet aimant de l’ amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se comporte
15563 ’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se comporte alors à l’endroit de son amour av
15564 our, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’ âme se comporte alors à l’endroit de son amour avec une sorte d’indiff
15565 rte alors à l’endroit de son amour avec une sorte d’ indifférence quasi divine. Elle est au-delà du doute et de la distinct
15566 érence quasi divine. Elle est au-delà du doute et de la distinction ressentie comme un déchirement ; elle ne désire plus r
15567 nce quasi divine. Elle est au-delà du doute et de la distinction ressentie comme un déchirement ; elle ne désire plus rien
15568 son amour ne veuille, elle est une avec lui dans la dualité, qui n’est plus qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. Et l
15569 ui dans la dualité, qui n’est plus qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit a
15570 ualité, qui n’est plus qu’un dialogue de grâce et d’ obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit alors comblé
15571 plus qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l
15572 un dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l’acte mêm
15573 dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l’acte même d
15574 aute passion se voit alors comblé sans cesse dans l’ acte même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni m
15575 se voit alors comblé sans cesse dans l’acte même d’ obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni même de consc
15576 l’acte même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’ âme de brûlure, ni même de conscience de l’amour, mais seulement la so
15577 même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni même de conscience de l’amour, mais seulement la sobriété
15578 rte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni même de conscience de l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir.
15579 t plus en l’âme de brûlure, ni même de conscience de l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analog
15580 lus en l’âme de brûlure, ni même de conscience de l’ amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie
15581 ni même de conscience de l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alo
15582 e de l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la p
15583 e l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’ agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la pass
15584 is seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’ analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du m
15585 t la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir
15586 a sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir d’
15587 té heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’ on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir d’union my
15588 analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir d’union mystique, ne saurait être dépass
15589 ors concevoir que la passion, née du mortel désir d’ union mystique, ne saurait être dépassée et accomplie que par la renco
15590 ue, ne saurait être dépassée et accomplie que par la rencontre d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa pers
15591 t être dépassée et accomplie que par la rencontre d’ un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout j
15592 et accomplie que par la rencontre d’un autre, par l’ admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distincte,
15593 que par la rencontre d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distincte, mais qui of
15594 d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distincte, mais qui offre une alliance sans
15595 liance sans fin, initiant un dialogue vrai. Alors l’ angoisse comblée par la réponse, la nostalgie comblée par la présence
15596 nt un dialogue vrai. Alors l’angoisse comblée par la réponse, la nostalgie comblée par la présence cessent d’appeler un bo
15597 ue vrai. Alors l’angoisse comblée par la réponse, la nostalgie comblée par la présence cessent d’appeler un bonheur sensib
15598 comblée par la réponse, la nostalgie comblée par la présence cessent d’appeler un bonheur sensible, cessent de souffrir,
15599 nse, la nostalgie comblée par la présence cessent d’ appeler un bonheur sensible, cessent de souffrir, acceptent notre jour
15600 ce cessent d’appeler un bonheur sensible, cessent de souffrir, acceptent notre jour. Et alors le mariage est possible. Nou
15601 ssent de souffrir, acceptent notre jour. Et alors le mariage est possible. Nous sommes deux dans le contentement. Une dern
15602 rs le mariage est possible. Nous sommes deux dans le contentement. Une dernière fois pourtant nous reprendrons un parti de
15603 dernière fois pourtant nous reprendrons un parti de sobriété. Les mariés ne sont pas des saints, et le péché n’est pas co
15604 s pourtant nous reprendrons un parti de sobriété. Les mariés ne sont pas des saints, et le péché n’est pas comme une erreur
15605 e sobriété. Les mariés ne sont pas des saints, et le péché n’est pas comme une erreur à laquelle on renoncerait un beau jo
15606 ité meilleure. Nous sommes sans fin ni cesse dans le combat de la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux pui
15607 ure. Nous sommes sans fin ni cesse dans le combat de la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux.
15608 . Nous sommes sans fin ni cesse dans le combat de la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Ma
15609 sans fin ni cesse dans le combat de la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais l’horizon
15610 ns fin ni cesse dans le combat de la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais l’horizon n’e
15611 Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais l’ horizon n’est plus le même. Une fidélité gardée au Nom de ce qui ne ch
15612 alheureux puis heureux. Mais l’horizon n’est plus le même. Une fidélité gardée au Nom de ce qui ne change pas comme nous,
15613 on n’est plus le même. Une fidélité gardée au Nom de ce qui ne change pas comme nous, révèle peu à peu son mystère : c’est
15614 , révèle peu à peu son mystère : c’est qu’au-delà de la tragédie, il y a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à
15615 évèle peu à peu son mystère : c’est qu’au-delà de la tragédie, il y a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à l’
15616 ’est qu’au-delà de la tragédie, il y a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à l’ancien, mais qui n’appartient p
15617 de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à l’ ancien, mais qui n’appartient plus à la forme du monde, car c’est lui
15618 essemble à l’ancien, mais qui n’appartient plus à la forme du monde, car c’est lui qui transforme le monde. 21 février — 2
15619 à la forme du monde, car c’est lui qui transforme le monde. 21 février — 21 juin 1938. 196. Je m’en tiens au cas-limite
15620 21 juin 1938. 196. Je m’en tiens au cas-limite de Tristan. Il y a des cas de passion dans le mariage chrétien ; et des
15621 en tiens au cas-limite de Tristan. Il y a des cas de passion dans le mariage chrétien ; et des états de mariage dans la pa
15622 limite de Tristan. Il y a des cas de passion dans le mariage chrétien ; et des états de mariage dans la passion… 197. Plu
15623 e passion dans le mariage chrétien ; et des états de mariage dans la passion… 197. Plus on s’écarte de l’espèce pour se r
15624 e mariage chrétien ; et des états de mariage dans la passion… 197. Plus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher de la
15625 e mariage dans la passion… 197. Plus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher de la personne, plus le choix devient sin
15626 ariage dans la passion… 197. Plus on s’écarte de l’ espèce pour se rapprocher de la personne, plus le choix devient singul
15627 . Plus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher de la personne, plus le choix devient singulier. À cette personnalisatio
15628 lus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher de la personne, plus le choix devient singulier. À cette personnalisation d
15629 l’espèce pour se rapprocher de la personne, plus le choix devient singulier. À cette personnalisation de l’être aimé corr
15630 choix devient singulier. À cette personnalisation de l’être aimé correspond d’ailleurs une spécification croissante de l’i
15631 ix devient singulier. À cette personnalisation de l’ être aimé correspond d’ailleurs une spécification croissante de l’inst
15632 orrespond d’ailleurs une spécification croissante de l’instinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est l’argument du Dr
15633 espond d’ailleurs une spécification croissante de l’ instinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est l’argument du Dr Ma
15634 cification croissante de l’instinct, à mesure que l’ homme se virilise : c’est l’argument du Dr Marañon en faveur de la mon
15635 nstinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est l’ argument du Dr Marañon en faveur de la monogamie. 198. La gauloiserie
15636 ise : c’est l’argument du Dr Marañon en faveur de la monogamie. 198. La gauloiserie n’étant pas moins que la passion une
15637 nt du Dr Marañon en faveur de la monogamie. 198. La gauloiserie n’étant pas moins que la passion une évasion hors du réel
15638 gamie. 198. La gauloiserie n’étant pas moins que la passion une évasion hors du réel, une façon de l’idéaliser. 199. J’e
15639 ue la passion une évasion hors du réel, une façon de l’idéaliser. 199. J’emploie ce terme au sens actif et littéral, par
15640 la passion une évasion hors du réel, une façon de l’ idéaliser. 199. J’emploie ce terme au sens actif et littéral, par opp
15641 littéral, par opposition au sens devenu courant, de « préjugé », de « parti imité ». 200. Voir le remarquable essai de R
15642 pposition au sens devenu courant, de « préjugé », de « parti imité ». 200. Voir le remarquable essai de R. de Pury, « Éro
15643 t, de « préjugé », de « parti imité ». 200. Voir le remarquable essai de R. de Pury, « Éros et Agapè », dans le recueil c
15644 « parti imité ». 200. Voir le remarquable essai de R. de Pury, « Éros et Agapè », dans le recueil collectif intitulé Pro
15645 able essai de R. de Pury, « Éros et Agapè », dans le recueil collectif intitulé Problèmes de la sexualité (collection « Pr
15646 è », dans le recueil collectif intitulé Problèmes de la sexualité (collection « Présences ») : « Un chrétien peut et doit
15647 , dans le recueil collectif intitulé Problèmes de la sexualité (collection « Présences ») : « Un chrétien peut et doit acc
15648 ement pas en tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas le péché ; le péché c’est la sublimation d’Éros. 201. Comme le croira c
15649 n tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas le péché ; le péché c’est la sublimation d’Éros. 201. Comme le croira cependant No
15650 sublimé. Éros n’est pas le péché ; le péché c’est la sublimation d’Éros. 201. Comme le croira cependant Novalis, renouvel
15651 ’est pas le péché ; le péché c’est la sublimation d’ Éros. 201. Comme le croira cependant Novalis, renouvelant la mystique
15652 le péché c’est la sublimation d’Éros. 201. Comme le croira cependant Novalis, renouvelant la mystique courtoise et les vi
15653 1. Comme le croira cependant Novalis, renouvelant la mystique courtoise et les vieilles traditions celtiques. 202. En quo
15654 ant Novalis, renouvelant la mystique courtoise et les vieilles traditions celtiques. 202. En quoi consiste le respect, au
15655 lles traditions celtiques. 202. En quoi consiste le respect, au sens où je le prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans
15656 202. En quoi consiste le respect, au sens où je le prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité d’une
15657 respect, au sens où je le prends ici ? En ce que l’ on reconnaît dans un être la totalité d’une personne. La personne, sel
15658 rends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité d’une personne. La personne, selon la fameuse définition kan
15659 En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité d’ une personne. La personne, selon la fameuse définition kantienne, c’es
15660 econnaît dans un être la totalité d’une personne. La personne, selon la fameuse définition kantienne, c’est ce qui ne peut
15661 re la totalité d’une personne. La personne, selon la fameuse définition kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par l
15662 kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par l’ homme comme une chose, comme un instrument. 203. Sur la liaison absol
15663 e comme une chose, comme un instrument. 203. Sur la liaison absolument fondamentale de la passion et du mensonge, j’ai in
15664 ent. 203. Sur la liaison absolument fondamentale de la passion et du mensonge, j’ai insisté déjà pages 37 à 41 et page 15
15665 . 203. Sur la liaison absolument fondamentale de la passion et du mensonge, j’ai insisté déjà pages 37 à 41 et page 154.
15666 7 à 41 et page 154. 204. Je répète toutefois que le mariage ne saurait être fondé sur des « arguments » de ce genre. Il s
15667 riage ne saurait être fondé sur des « arguments » de ce genre. Il s’agit ici, simplement, d’un fait d’observation qui réfu
15668 guments » de ce genre. Il s’agit ici, simplement, d’ un fait d’observation qui réfute les croyances courantes, nées du myth
15669 de ce genre. Il s’agit ici, simplement, d’un fait d’ observation qui réfute les croyances courantes, nées du mythe de Trist
15670 i, simplement, d’un fait d’observation qui réfute les croyances courantes, nées du mythe de Tristan et de son négatif donju
15671 qui réfute les croyances courantes, nées du mythe de Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est tou
15672 croyances courantes, nées du mythe de Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est tout à fait ineff
15673 st tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère le mythe et veut croire aux révélations de la passion. 205. B. Croce,
15674 i préfère le mythe et veut croire aux révélations de la passion. 205. B. Croce, Etica e Politica. 206. Leo Ferrero, Dés
15675 réfère le mythe et veut croire aux révélations de la passion. 205. B. Croce, Etica e Politica. 206. Leo Ferrero, Désesp
15676 Etica e Politica. 206. Leo Ferrero, Désespoirs. Le problème de la passion est admirablement défini par ce petit livre da
15677 itica. 206. Leo Ferrero, Désespoirs. Le problème de la passion est admirablement défini par ce petit livre dans ses donné
15678 ca. 206. Leo Ferrero, Désespoirs. Le problème de la passion est admirablement défini par ce petit livre dans ses données
15679 dans ses données actuelles, psychologiques. (Voir l’ Appendice 4.) 207. « L’idée antique du travail indigne de l’homme lib
15680 es, psychologiques. (Voir l’Appendice 4.) 207. «  L’ idée antique du travail indigne de l’homme libre se retrouve dans la c
15681 ice 4.) 207. « L’idée antique du travail indigne de l’homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne,
15682 4.) 207. « L’idée antique du travail indigne de l’ homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne, His
15683 travail indigne de l’homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire de l’Europe, p. 113. Mais
15684 ns la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire de l’Europe, p. 113. Mais pour d’autres raisons, on le conçoit ! 208. I
15685 la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire de l’ Europe, p. 113. Mais pour d’autres raisons, on le conçoit ! 208. Il y
15686 l’Europe, p. 113. Mais pour d’autres raisons, on le conçoit ! 208. Il y a l’Apocalypse, dira-t-on. Mais les catastrophes
15687 ur d’autres raisons, on le conçoit ! 208. Il y a l’ Apocalypse, dira-t-on. Mais les catastrophes qu’elle annonce représent
15688 çoit ! 208. Il y a l’Apocalypse, dira-t-on. Mais les catastrophes qu’elle annonce représentent notre châtiment et non pas
15689 âtiment et non pas notre délivrance. Ce n’est pas la mort, la désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce f
15690 t non pas notre délivrance. Ce n’est pas la mort, la désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce fait par D
15691 Ce n’est pas la mort, la désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce fait par Dieu. 209. Malgré les tenta
15692 mort, la désincarnation, qui est le salut ; mais l’ acte de la grâce fait par Dieu. 209. Malgré les tentatives multiples
15693 la désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce fait par Dieu. 209. Malgré les tentatives multiples d’expli
15694 désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce fait par Dieu. 209. Malgré les tentatives multiples d’explicat
15695 is l’acte de la grâce fait par Dieu. 209. Malgré les tentatives multiples d’explication « modernes » — ô combien — par la
15696 t par Dieu. 209. Malgré les tentatives multiples d’ explication « modernes » — ô combien — par la physiologie, la psychiat
15697 ples d’explication « modernes » — ô combien — par la physiologie, la psychiatrie, la psychanalyse en particulier. Aucune d
15698 on « modernes » — ô combien — par la physiologie, la psychiatrie, la psychanalyse en particulier. Aucune de ces explicatio
15699 — ô combien — par la physiologie, la psychiatrie, la psychanalyse en particulier. Aucune de ces explications ne me paraît
15700 ychiatrie, la psychanalyse en particulier. Aucune de ces explications ne me paraît rendre compte, le moins du monde, de la
15701 e de ces explications ne me paraît rendre compte, le moins du monde, de la singularité du cas. Elles s’appliqueraient auss
15702 ns ne me paraît rendre compte, le moins du monde, de la singularité du cas. Elles s’appliqueraient aussi bien à n’importe
15703 ne me paraît rendre compte, le moins du monde, de la singularité du cas. Elles s’appliqueraient aussi bien à n’importe que
15704 n. 210. Crainte et Tremblement, traduit d’après la version allemande de E. Geismar et R. Marx.
15705 Tremblement, traduit d’après la version allemande de E. Geismar et R. Marx.
9 1939, L’Amour et l’Occident. Appendices
15706 Appendices 1. – Caractère sacré de la légende Pour éviter tout malentendu, je préciserai ici que mon
15707 Appendices 1. – Caractère sacré de la légende Pour éviter tout malentendu, je préciserai ici que mon ana
15708 ndu, je préciserai ici que mon analyse se borne à la légende écrite de Tristan. C’est d’elle seule que je parle quand je p
15709 ici que mon analyse se borne à la légende écrite de Tristan. C’est d’elle seule que je parle quand je parle du mythe « pr
15710 se se borne à la légende écrite de Tristan. C’est d’ elle seule que je parle quand je parle du mythe « primitif ». Il serai
15711 nd je parle du mythe « primitif ». Il serait aisé de se prévaloir du caractère sacré que certains auteurs du siècle dernie
15712 dernier ont cru pouvoir attribuer aux personnages de Tristan et d’Iseut (ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès le vi
15713 u pouvoir attribuer aux personnages de Tristan et d’ Iseut (ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès le viie siècle, Tr
15714 ersonnages de Tristan et d’Iseut (ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès le viie siècle, Tristan aurait été un demi-
15715 seut (ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès le viie siècle, Tristan aurait été un demi-dieu, le héraut symbolique d
15716 le viie siècle, Tristan aurait été un demi-dieu, le héraut symbolique des mystères, le « gardien des marcassins sacrés »,
15717 un demi-dieu, le héraut symbolique des mystères, le « gardien des marcassins sacrés », c’est-à-dire des élèves des druide
15718 rés », c’est-à-dire des élèves des druides, rival de son oncle Markh, le roi-cheval, et amant d’Essylt, dont on a pu suppo
15719 des élèves des druides, rival de son oncle Markh, le roi-cheval, et amant d’Essylt, dont on a pu supposer que le nom signi
15720 rival de son oncle Markh, le roi-cheval, et amant d’ Essylt, dont on a pu supposer que le nom signifiait « spectacle mystér
15721 val, et amant d’Essylt, dont on a pu supposer que le nom signifiait « spectacle mystérieux, objet de contemplation », fée
15722 e le nom signifiait « spectacle mystérieux, objet de contemplation », fée irlandaise, cavale aux crins blancs, ou encore f
15723 se, cavale aux crins blancs, ou encore figuration de l’eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux barde
15724 cavale aux crins blancs, ou encore figuration de l’ eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes,
15725 e aux crins blancs, ou encore figuration de l’eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes, guérit
15726 ux crins blancs, ou encore figuration de l’eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes, guérit et
15727 cs, ou encore figuration de l’eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes, guérit et ressuscite,
15728 de l’eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne l’ inspiration aux bardes, guérit et ressuscite, c’est-à-dire élève l’ini
15729 bardes, guérit et ressuscite, c’est-à-dire élève l’ initié à la vie de l’esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté.
15730 érit et ressuscite, c’est-à-dire élève l’initié à la vie de l’esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans les M
15731 ressuscite, c’est-à-dire élève l’initié à la vie de l’esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans les Mabinogi
15732 ssuscite, c’est-à-dire élève l’initié à la vie de l’ esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans les Mabinogion,
15733 t. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans les Mabinogion, recueil des légendes galloises, on ne trouve que cette se
15734 trouve que cette seule indication très brève sur la légende originelle : « Drystan, fils de Tallwch, gardien des porcs de
15735 brève sur la légende originelle : « Drystan, fils de Tallwch, gardien des porcs de Markh, amant d’Essylt. » (C’est dans un
15736 e : « Drystan, fils de Tallwch, gardien des porcs de Markh, amant d’Essylt. » (C’est dans une énumération des amants fameu
15737 ils de Tallwch, gardien des porcs de Markh, amant d’ Essylt. » (C’est dans une énumération des amants fameux de la Bretagne
15738 . » (C’est dans une énumération des amants fameux de la Bretagne.) On a voulu voir également dans la rivalité de Tristan e
15739 (C’est dans une énumération des amants fameux de la Bretagne.) On a voulu voir également dans la rivalité de Tristan et d
15740 x de la Bretagne.) On a voulu voir également dans la rivalité de Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre les Breto
15741 agne.) On a voulu voir également dans la rivalité de Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre les Bretons armoricai
15742 ulu voir également dans la rivalité de Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre les Bretons armoricains et les Gall
15743 également dans la rivalité de Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre les Bretons armoricains et les Gallo-Francs
15744 dans la rivalité de Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre les Bretons armoricains et les Gallo-Francs. Il est in
15745 s la rivalité de Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre les Bretons armoricains et les Gallo-Francs. Il est incon
15746 e Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre les Bretons armoricains et les Gallo-Francs. Il est incontestable que mai
15747 bole de la lutte entre les Bretons armoricains et les Gallo-Francs. Il est incontestable que maints éléments de la traditio
15748 -Francs. Il est incontestable que maints éléments de la tradition bardique (orale) sont incorporés dans la légende. (Cf. l
15749 ancs. Il est incontestable que maints éléments de la tradition bardique (orale) sont incorporés dans la légende. (Cf. livr
15750 a tradition bardique (orale) sont incorporés dans la légende. (Cf. livre II, chap. 11.) Mais il est non moins certain que
15751 st non moins certain que Béroul, Thomas, Eilhart, l’ auteur du Roman en prose et celui de la Folie Tristan n’étaient pas in
15752 mas, Eilhart, l’auteur du Roman en prose et celui de la Folie Tristan n’étaient pas initiés à cette tradition. Ils ignorai
15753 , Eilhart, l’auteur du Roman en prose et celui de la Folie Tristan n’étaient pas initiés à cette tradition. Ils ignoraient
15754 ent pas initiés à cette tradition. Ils ignoraient le sens primitivement sacré et symbolique des personnages dont ils nous
15755 symbolique des personnages dont ils nous content les amours. Et les traces qui subsistent, dans leur texte, d’anciennes pr
15756 personnages dont ils nous content les amours. Et les traces qui subsistent, dans leur texte, d’anciennes pratiques de magi
15757 s. Et les traces qui subsistent, dans leur texte, d’ anciennes pratiques de magie montrent bien que l’usage de ces dernière
15758 ubsistent, dans leur texte, d’anciennes pratiques de magie montrent bien que l’usage de ces dernières est oublié ; à l’épo
15759 d’anciennes pratiques de magie montrent bien que l’ usage de ces dernières est oublié ; à l’époque et dans les pays où ils
15760 nnes pratiques de magie montrent bien que l’usage de ces dernières est oublié ; à l’époque et dans les pays où ils écriven
15761 bien que l’usage de ces dernières est oublié ; à l’ époque et dans les pays où ils écrivent. Tout cela n’est plus qu’ornem
15762 de ces dernières est oublié ; à l’époque et dans les pays où ils écrivent. Tout cela n’est plus qu’ornements d’art, pittor
15763 ù ils écrivent. Tout cela n’est plus qu’ornements d’ art, pittoresque, anecdotes interprétées par la fantaisie individuelle
15764 ts d’art, pittoresque, anecdotes interprétées par la fantaisie individuelle du poète. Les faits que nous décrit l’auteur d
15765 erprétées par la fantaisie individuelle du poète. Les faits que nous décrit l’auteur de la Folie Tristan étaient sans doute
15766 individuelle du poète. Les faits que nous décrit l’ auteur de la Folie Tristan étaient sans doute à l’origine tout autre c
15767 elle du poète. Les faits que nous décrit l’auteur de la Folie Tristan étaient sans doute à l’origine tout autre chose qu’u
15768 e du poète. Les faits que nous décrit l’auteur de la Folie Tristan étaient sans doute à l’origine tout autre chose qu’une
15769 l’auteur de la Folie Tristan étaient sans doute à l’ origine tout autre chose qu’une suite d’extravagances. Chaque parole e
15770 s doute à l’origine tout autre chose qu’une suite d’ extravagances. Chaque parole et chaque geste du héros devaient corresp
15771 devaient correspondre à des symboles déterminés. La maison de verre par exemple, dans laquelle Tristan fou veut emmener I
15772 correspondre à des symboles déterminés. La maison de verre par exemple, dans laquelle Tristan fou veut emmener Iseut, étai
15773 quelle Tristan fou veut emmener Iseut, était dans la mythologie druidique le vaisseau de la mort qui s’en va par-delà les
15774 emmener Iseut, était dans la mythologie druidique le vaisseau de la mort qui s’en va par-delà les nuages jusqu’au cercle c
15775 t, était dans la mythologie druidique le vaisseau de la mort qui s’en va par-delà les nuages jusqu’au cercle céleste du Gw
15776 était dans la mythologie druidique le vaisseau de la mort qui s’en va par-delà les nuages jusqu’au cercle céleste du Gwynf
15777 dique le vaisseau de la mort qui s’en va par-delà les nuages jusqu’au cercle céleste du Gwynfyd. Dans la Folie Tristan, la
15778 s nuages jusqu’au cercle céleste du Gwynfyd. Dans la Folie Tristan, la maison de verre n’est plus qu’une image émouvante n
15779 cercle céleste du Gwynfyd. Dans la Folie Tristan, la maison de verre n’est plus qu’une image émouvante née de la fantaisie
15780 este du Gwynfyd. Dans la Folie Tristan, la maison de verre n’est plus qu’une image émouvante née de la fantaisie poétique
15781 on de verre n’est plus qu’une image émouvante née de la fantaisie poétique de l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ
15782 de verre n’est plus qu’une image émouvante née de la fantaisie poétique de l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ de
15783 ’une image émouvante née de la fantaisie poétique de l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ de Tristan pour la Bretag
15784 e image émouvante née de la fantaisie poétique de l’ amoureux. De même, chez Thomas, le départ de Tristan pour la Bretagne
15785 sie poétique de l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ de Tristan pour la Bretagne n’a plus aucun sens « historique »
15786 ue de l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ de Tristan pour la Bretagne n’a plus aucun sens « historique » défini ;
15787 . De même, chez Thomas, le départ de Tristan pour la Bretagne n’a plus aucun sens « historique » défini ; etc. C’est pour
15788 ons que je ne tiens compte, dans mon analyse, que de la légende rédigée, et réinventée quant au sens, par les poètes du xi
15789 que je ne tiens compte, dans mon analyse, que de la légende rédigée, et réinventée quant au sens, par les poètes du xiie
15790 légende rédigée, et réinventée quant au sens, par les poètes du xiie siècle : elle seule agit encore sur nous, en tant que
15791 lle seule agit encore sur nous, en tant que mythe de l’amour-passion. 2. – Chevalerie sacrée La pensée médiévale en
15792 seule agit encore sur nous, en tant que mythe de l’ amour-passion. 2. – Chevalerie sacrée La pensée médiévale en gé
15793 de l’amour-passion. 2. – Chevalerie sacrée La pensée médiévale en général est saturée de conceptions religieuses. D
15794 ée La pensée médiévale en général est saturée de conceptions religieuses. De la même manière, dans une sphère plus res
15795 n général est saturée de conceptions religieuses. De la même manière, dans une sphère plus restreinte, la pensée de tous c
15796 énéral est saturée de conceptions religieuses. De la même manière, dans une sphère plus restreinte, la pensée de tous ceux
15797 la même manière, dans une sphère plus restreinte, la pensée de tous ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de la n
15798 nière, dans une sphère plus restreinte, la pensée de tous ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de la noblesse es
15799 estreinte, la pensée de tous ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevale
15800 a pensée de tous ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cet
15801 ensée de tous ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cette
15802 us ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cette conception
15803 ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cette conception env
15804 ercles de la cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cette conception envahit même le domaine de la
15805 les de la cour et de la noblesse est imprégnée de l’ idéal chevaleresque. Cette conception envahit même le domaine de la re
15806 déal chevaleresque. Cette conception envahit même le domaine de la religion : la prouesse de l’archange saint Michel était
15807 eresque. Cette conception envahit même le domaine de la religion : la prouesse de l’archange saint Michel était « la premi
15808 sque. Cette conception envahit même le domaine de la religion : la prouesse de l’archange saint Michel était « la première
15809 nception envahit même le domaine de la religion : la prouesse de l’archange saint Michel était « la première milicie et pr
15810 ahit même le domaine de la religion : la prouesse de l’archange saint Michel était « la première milicie et prouesse cheva
15811 t même le domaine de la religion : la prouesse de l’ archange saint Michel était « la première milicie et prouesse chevaleu
15812 ureuse qui oncques fut mise en exploict » ; c’est de là que procède la chevalerie qui, en tant que « milicie terrienne et
15813 fut mise en exploict » ; c’est de là que procède la chevalerie qui, en tant que « milicie terrienne et chevalerie humaine
15814 ne imitation des chœurs des anges autour du trône de Dieu. Le poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce de sacrement
15815 ion des chœurs des anges autour du trône de Dieu. Le poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce de sacrement, qu’il c
15816 r du trône de Dieu. Le poète espagnol Juan Manuel l’ appelle une espèce de sacrement, qu’il compare au Baptême et au Mariag
15817 e poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce de sacrement, qu’il compare au Baptême et au Mariage. (J. Huizinga : le
15818 compare au Baptême et au Mariage. (J. Huizinga : le Déclin du Moyen Âge, p. 78.) La conception chevaleresque constituait
15819 . (J. Huizinga : le Déclin du Moyen Âge, p. 78.) La conception chevaleresque constituait pour l’esprit superficiel de ces
15820 8.) La conception chevaleresque constituait pour l’ esprit superficiel de ces auteurs [Froissart, Monstrelet, Chastellain,
15821 evaleresque constituait pour l’esprit superficiel de ces auteurs [Froissart, Monstrelet, Chastellain, La Marche…] une clef
15822 ces auteurs [Froissart, Monstrelet, Chastellain, La Marche…] une clef magique à l’aide de laquelle ils s’expliquaient les
15823 f magique à l’aide de laquelle ils s’expliquaient les événements contemporains. En réalité, les guerres, tout comme la poli
15824 quaient les événements contemporains. En réalité, les guerres, tout comme la politique de leur temps, étaient extrêmement i
15825 ontemporains. En réalité, les guerres, tout comme la politique de leur temps, étaient extrêmement informes, et apparemment
15826 En réalité, les guerres, tout comme la politique de leur temps, étaient extrêmement informes, et apparemment incohérentes
15827 xtrêmement informes, et apparemment incohérentes. La guerre était un état chronique d’escarmouches isolées s’étendant sur
15828 t incohérentes. La guerre était un état chronique d’ escarmouches isolées s’étendant sur un vaste domaine ; la diplomatie,
15829 mouches isolées s’étendant sur un vaste domaine ; la diplomatie, un instrument compliqué et défectueux, dominé d’une part
15830 es, et d’autre part, par un ensemble inextricable de questions de droit isolées et mesquines. L’histoire, n’étant pas en m
15831 e part, par un ensemble inextricable de questions de droit isolées et mesquines. L’histoire, n’étant pas en mesure de disc
15832 cable de questions de droit isolées et mesquines. L’ histoire, n’étant pas en mesure de discerner un réel développement soc
15833 s et mesquines. L’histoire, n’étant pas en mesure de discerner un réel développement social, se servait de la fiction de l
15834 iscerner un réel développement social, se servait de la fiction de l’idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisa
15835 erner un réel développement social, se servait de la fiction de l’idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait
15836 el développement social, se servait de la fiction de l’idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait le monde au
15837 développement social, se servait de la fiction de l’ idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait le monde aux p
15838 chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait le monde aux proportions d’une belle image d’honneur princier et de vert
15839 laquelle elle réduisait le monde aux proportions d’ une belle image d’honneur princier et de vertu courtoise, et créait l’
15840 uisait le monde aux proportions d’une belle image d’ honneur princier et de vertu courtoise, et créait l’illusion de l’ordr
15841 oportions d’une belle image d’honneur princier et de vertu courtoise, et créait l’illusion de l’ordre. (Ibid., p. 80.)
15842 honneur princier et de vertu courtoise, et créait l’ illusion de l’ordre. (Ibid., p. 80.) 3. – Chansons de geste et rom
15843 ncier et de vertu courtoise, et créait l’illusion de l’ordre. (Ibid., p. 80.) 3. – Chansons de geste et romans courtoi
15844 er et de vertu courtoise, et créait l’illusion de l’ ordre. (Ibid., p. 80.) 3. – Chansons de geste et romans courtois
15845 ion de l’ordre. (Ibid., p. 80.) 3. – Chansons de geste et romans courtois Les chansons de geste sont nées au xie s
15846 3. – Chansons de geste et romans courtois Les chansons de geste sont nées au xie siècle, et pas avant, comme l’a m
15847 nsons de geste et romans courtois Les chansons de geste sont nées au xie siècle, et pas avant, comme l’a montré Joseph
15848 ste sont nées au xie siècle, et pas avant, comme l’ a montré Joseph Bédier. Elles furent composées, pour la plupart, par d
15849 orte des poèmes publicitaires, destinés à attirer la gloire et la foule à tel pèlerinage ou abbaye en magnifiant ses reliq
15850 es publicitaires, destinés à attirer la gloire et la foule à tel pèlerinage ou abbaye en magnifiant ses reliques miraculeu
15851 ondateurs. Il est compréhensible que ces chansons de clercs parlent très peu ou point d’amour. Une seule, la Légende de Gi
15852 ces chansons de clercs parlent très peu ou point d’ amour. Une seule, la Légende de Girard de Roussillon (composée entre 1
15853 rcs parlent très peu ou point d’amour. Une seule, la Légende de Girard de Roussillon (composée entre 1150 et 1180 selon Bé
15854 très peu ou point d’amour. Une seule, la Légende de Girard de Roussillon (composée entre 1150 et 1180 selon Bédier) conti
15855 e 1150 et 1180 selon Bédier) contient une épisode d’ amour courtois. Elle est écrite dans un dialecte intermédiaire entre l
15856 e est écrite dans un dialecte intermédiaire entre le français et le provençal. À tous égards, elle marque la transition de
15857 ns un dialecte intermédiaire entre le français et le provençal. À tous égards, elle marque la transition de l’épopée franç
15858 nçais et le provençal. À tous égards, elle marque la transition de l’épopée française au « roman » proprement dit. L’épiso
15859 ovençal. À tous égards, elle marque la transition de l’épopée française au « roman » proprement dit. L’épisode d’amour nou
15860 nçal. À tous égards, elle marque la transition de l’ épopée française au « roman » proprement dit. L’épisode d’amour nous i
15861 e l’épopée française au « roman » proprement dit. L’ épisode d’amour nous intéresse d’autant plus qu’il décrit une situatio
15862 française au « roman » proprement dit. L’épisode d’ amour nous intéresse d’autant plus qu’il décrit une situation fort ana
15863 proprement dit. L’épisode d’amour nous intéresse d’ autant plus qu’il décrit une situation fort analogue — dans sa forme —
15864 fort analogue — dans sa forme — à celle du Roman de Tristan. Or il est évident que cette situation ne peut être qu’une in
15865 e invention courtoise (elle tranche nettement sur le reste de la légende qui est cléricale et féodale). Cette analogie ave
15866 on courtoise (elle tranche nettement sur le reste de la légende qui est cléricale et féodale). Cette analogie avec Tristan
15867 courtoise (elle tranche nettement sur le reste de la légende qui est cléricale et féodale). Cette analogie avec Tristan no
15868 avec Tristan nous donne un repère pour apprécier la transformation que les Béroul et les Thomas firent subir au vieux myt
15869 ne un repère pour apprécier la transformation que les Béroul et les Thomas firent subir au vieux mythe celtique. Elle nous
15870 our apprécier la transformation que les Béroul et les Thomas firent subir au vieux mythe celtique. Elle nous permet de mesu
15871 t subir au vieux mythe celtique. Elle nous permet de mesurer l’influence décisive de l’amour courtois sur les auteurs du c
15872 vieux mythe celtique. Elle nous permet de mesurer l’ influence décisive de l’amour courtois sur les auteurs du cycle breton
15873 Elle nous permet de mesurer l’influence décisive de l’amour courtois sur les auteurs du cycle breton. Voici la donnée : l
15874 le nous permet de mesurer l’influence décisive de l’ amour courtois sur les auteurs du cycle breton. Voici la donnée : le d
15875 urer l’influence décisive de l’amour courtois sur les auteurs du cycle breton. Voici la donnée : le duc Girard de Roussillo
15876 r courtois sur les auteurs du cycle breton. Voici la donnée : le duc Girard de Roussillon a été quérir une fiancée pour Ch
15877 ur les auteurs du cycle breton. Voici la donnée : le duc Girard de Roussillon a été quérir une fiancée pour Charles le Cha
15878 mpagné du pape, il va à Constantinople demander à l’ empereur ses deux filles : l’aînée, Berthe, épousera Charles, la cadet
15879 antinople demander à l’empereur ses deux filles : l’ aînée, Berthe, épousera Charles, la cadette, Elissent, sera la femme d
15880 deux filles : l’aînée, Berthe, épousera Charles, la cadette, Elissent, sera la femme de Girard. Lorsque Charles voit les
15881 the, épousera Charles, la cadette, Elissent, sera la femme de Girard. Lorsque Charles voit les deux princesses, il s’épren
15882 sera Charles, la cadette, Elissent, sera la femme de Girard. Lorsque Charles voit les deux princesses, il s’éprend d’Eliss
15883 nt, sera la femme de Girard. Lorsque Charles voit les deux princesses, il s’éprend d’Elissent, déjà fiancée à Girard. Après
15884 que Charles voit les deux princesses, il s’éprend d’ Elissent, déjà fiancée à Girard. Après un long débat, Girard consent à
15885 consent à céder Elissent, à condition qu’il cesse d’ être vassal du roi. Il épouse Berthe, tandis qu’Elissent devient reine
15886 the, tandis qu’Elissent devient reine. Au jour où les deux couples se séparent, Girard prend à part deux témoins, ainsi que
15887 part deux témoins, ainsi que Berthe sa femme, et la reine. Femme de roi, dit-il, que pensez-vous de l’échange que j’ai f
15888 s, ainsi que Berthe sa femme, et la reine. Femme de roi, dit-il, que pensez-vous de l’échange que j’ai fait de vous ? Je
15889 la reine. Femme de roi, dit-il, que pensez-vous de l’échange que j’ai fait de vous ? Je sais bien que vous me tenez pour
15890 reine. Femme de roi, dit-il, que pensez-vous de l’ échange que j’ai fait de vous ? Je sais bien que vous me tenez pour mé
15891 it-il, que pensez-vous de l’échange que j’ai fait de vous ? Je sais bien que vous me tenez pour méprisable. — Non, Seigneu
15892 r méprisable. — Non, Seigneur, mais pour un homme de valeur et de prix. Vous m’avez faite reine, et ma sœur, vous l’avez é
15893 — Non, Seigneur, mais pour un homme de valeur et de prix. Vous m’avez faite reine, et ma sœur, vous l’avez épousée pour l
15894 e prix. Vous m’avez faite reine, et ma sœur, vous l’ avez épousée pour l’amour de moi. Écoutez-moi, vous, comtes Bertolai e
15895 faite reine, et ma sœur, vous l’avez épousée pour l’ amour de moi. Écoutez-moi, vous, comtes Bertolai et Gervais. Et vous,
15896 ine, et ma sœur, vous l’avez épousée pour l’amour de moi. Écoutez-moi, vous, comtes Bertolai et Gervais. Et vous, ma chère
15897 ai et Gervais. Et vous, ma chère sœur, recevez-en la confidence, et vous surtout, Jésus mon rédempteur, je vous prends pou
15898 ne à jamais mon amour au duc Girard. Je lui donne de mon oscle la fleur, parce que je l’aime plus que mon père et plus que
15899 on amour au duc Girard. Je lui donne de mon oscle la fleur, parce que je l’aime plus que mon père et plus que mon mari ; e
15900 Je lui donne de mon oscle la fleur, parce que je l’ aime plus que mon père et plus que mon mari ; et le voyant partir, je
15901 ’aime plus que mon père et plus que mon mari ; et le voyant partir, je ne puis me défendre de pleurer… » Dès ce moment, aj
15902 ari ; et le voyant partir, je ne puis me défendre de pleurer… » Dès ce moment, ajoute le poète, « dura toujours l’amour de
15903 s me défendre de pleurer… » Dès ce moment, ajoute le poète, « dura toujours l’amour de Girard et d’Elissent, pur de tout r
15904 » Dès ce moment, ajoute le poète, « dura toujours l’ amour de Girard et d’Elissent, pur de tout reproche, sans qu’il y eût
15905 moment, ajoute le poète, « dura toujours l’amour de Girard et d’Elissent, pur de tout reproche, sans qu’il y eût entre eu
15906 te le poète, « dura toujours l’amour de Girard et d’ Elissent, pur de tout reproche, sans qu’il y eût entre eux autre chose
15907 ura toujours l’amour de Girard et d’Elissent, pur de tout reproche, sans qu’il y eût entre eux autre chose que bon vouloir
15908 jalousie que, pour un autre grief dont il chargea le duc, il se montra farouche et irrité. Ils en firent bataille par les
15909 ra farouche et irrité. Ils en firent bataille par les plaines herbues… L’analogie avec Tristan est très frappante. Il s’ag
15910 Ils en firent bataille par les plaines herbues… L’ analogie avec Tristan est très frappante. Il s’agit dans les deux cas 
15911 e avec Tristan est très frappante. Il s’agit dans les deux cas : D’un vassal puissant chargé de la « quête » d’une fiancée
15912 est très frappante. Il s’agit dans les deux cas : D’ un vassal puissant chargé de la « quête » d’une fiancée lointaine ; — 
15913 t dans les deux cas : D’un vassal puissant chargé de la « quête » d’une fiancée lointaine ; — d’une rivalité entre le vass
15914 ans les deux cas : D’un vassal puissant chargé de la « quête » d’une fiancée lointaine ; — d’une rivalité entre le vassal
15915 cas : D’un vassal puissant chargé de la « quête » d’ une fiancée lointaine ; — d’une rivalité entre le vassal et son suzera
15916 hargé de la « quête » d’une fiancée lointaine ; —  d’ une rivalité entre le vassal et son suzerain ; — d’un conflit entre l’
15917 d’une fiancée lointaine ; — d’une rivalité entre le vassal et son suzerain ; — d’un conflit entre l’hommage dû au suzerai
15918 ’une rivalité entre le vassal et son suzerain ; —  d’ un conflit entre l’hommage dû au suzerain et l’hommage donné à la femm
15919 le vassal et son suzerain ; — d’un conflit entre l’ hommage dû au suzerain et l’hommage donné à la femme ; — d’un mariage
15920 — d’un conflit entre l’hommage dû au suzerain et l’ hommage donné à la femme ; — d’un mariage de consolation du vassal (ic
15921 tre l’hommage dû au suzerain et l’hommage donné à la femme ; — d’un mariage de consolation du vassal (ici avec la sœur de
15922 dû au suzerain et l’hommage donné à la femme ; —  d’ un mariage de consolation du vassal (ici avec la sœur de son amie, là
15923 in et l’hommage donné à la femme ; — d’un mariage de consolation du vassal (ici avec la sœur de son amie, là avec son homo
15924 — d’un mariage de consolation du vassal (ici avec la sœur de son amie, là avec son homonyme) — enfin dans les deux légende
15925 ariage de consolation du vassal (ici avec la sœur de son amie, là avec son homonyme) — enfin dans les deux légendes, l’amo
15926 r de son amie, là avec son homonyme) — enfin dans les deux légendes, l’amour courtois et sa fidélité triomphent idéalement
15927 vec son homonyme) — enfin dans les deux légendes, l’ amour courtois et sa fidélité triomphent idéalement du mariage et de s
15928 t sa fidélité triomphent idéalement du mariage et de sa fidélité, en même temps que des liens féodaux. Mais les différence
15929 délité, en même temps que des liens féodaux. Mais les différences ne sont pas moins significatives. Dans Tristan, c’est la
15930 ont pas moins significatives. Dans Tristan, c’est la jalousie d’Iseut aux blanches mains qui provoque la catastrophe, tand
15931 s significatives. Dans Tristan, c’est la jalousie d’ Iseut aux blanches mains qui provoque la catastrophe, tandis que dans
15932 jalousie d’Iseut aux blanches mains qui provoque la catastrophe, tandis que dans Girard, c’est la jalousie du suzerain. A
15933 que la catastrophe, tandis que dans Girard, c’est la jalousie du suzerain. Ainsi dans le premier cas, la situation trouve
15934 jalousie du suzerain. Ainsi dans le premier cas, la situation trouve un dénouement romanesque, tandis que dans le second,
15935 ndis que dans le second, il est épique. Là, c’est l’ amour qui conduit à la mort ; ici, ce sont les intérêts féodaux qui en
15936 d, il est épique. Là, c’est l’amour qui conduit à la mort ; ici, ce sont les intérêts féodaux qui entraînent à des guerres
15937 ’est l’amour qui conduit à la mort ; ici, ce sont les intérêts féodaux qui entraînent à des guerres sans fin. — Voici deux
15938 extes « courtois ». Ils nous permettent également de concevoir que Béroul et Thomas n’ont gardé du mythe druidique guère d
15939 ’ont gardé du mythe druidique guère davantage que les noms et le support matériel de l’action. 1. Sur le mariage en général
15940 u mythe druidique guère davantage que les noms et le support matériel de l’action. 1. Sur le mariage en général : Jugement
15941 ère davantage que les noms et le support matériel de l’action. 1. Sur le mariage en général : Jugement de la comtesse de C
15942 davantage que les noms et le support matériel de l’ action. 1. Sur le mariage en général : Jugement de la comtesse de Cham
15943 s noms et le support matériel de l’action. 1. Sur le mariage en général : Jugement de la comtesse de Champagne : Par la t
15944 l’action. 1. Sur le mariage en général : Jugement de la comtesse de Champagne : Par la teneur des présentes, nous disons
15945 ction. 1. Sur le mariage en général : Jugement de la comtesse de Champagne : Par la teneur des présentes, nous disons et
15946 ral : Jugement de la comtesse de Champagne : Par la teneur des présentes, nous disons et soutenons que l’amour ne peut ét
15947 eneur des présentes, nous disons et soutenons que l’ amour ne peut étendre ses droits entre mari et femme. Les amants s’acc
15948 r ne peut étendre ses droits entre mari et femme. Les amants s’accordent toute chose réciproquement et gratuitement, sans a
15949 roquement et gratuitement, sans aucune obligation de nécessité, tandis que les époux sont tenus par devoir à toutes les vo
15950 , sans aucune obligation de nécessité, tandis que les époux sont tenus par devoir à toutes les volontés l’un de l’autre. Qu
15951 ndis que les époux sont tenus par devoir à toutes les volontés l’un de l’autre. Que ce jugement que nous prononçons avec un
15952 sont tenus par devoir à toutes les volontés l’un de l’autre. Que ce jugement que nous prononçons avec une extrême maturit
15953 sser pour vérité constante et irréfragable. Donné l’ an 1174, le troisième des calendes de mai, indiction VII. 2. À rappro
15954 gable. Donné l’an 1174, le troisième des calendes de mai, indiction VII. 2. À rapprocher du mariage blanc de Tristan : Ju
15955 indiction VII. 2. À rapprocher du mariage blanc de Tristan : Jugement de la reine Éléonore : Demande. Un amant heureux
15956 rapprocher du mariage blanc de Tristan : Jugement de la reine Éléonore : Demande. Un amant heureux avait demandé à sa da
15957 procher du mariage blanc de Tristan : Jugement de la reine Éléonore : Demande. Un amant heureux avait demandé à sa dame
15958 Demande. Un amant heureux avait demandé à sa dame la permission d’offrir ses hommages à une autre : il y fut autorisé et c
15959 ant heureux avait demandé à sa dame la permission d’ offrir ses hommages à une autre : il y fut autorisé et cessa de sentir
15960 hommages à une autre : il y fut autorisé et cessa de sentir pour sa première amie la tendresse qu’il lui avait portée d’ab
15961 autorisé et cessa de sentir pour sa première amie la tendresse qu’il lui avait portée d’abord. Après un mois, il revient à
15962 abord. Après un mois, il revient à elle, proteste de ne pas s’être épris ailleurs, et de n’avoir pris aucune liberté avec
15963 lle, proteste de ne pas s’être épris ailleurs, et de n’avoir pris aucune liberté avec l’autre dame, mais d’avoir voulu seu
15964 avoir pris aucune liberté avec l’autre dame, mais d’ avoir voulu seulement mettre à l’épreuve la constance de sa maîtresse.
15965 autre dame, mais d’avoir voulu seulement mettre à l’ épreuve la constance de sa maîtresse. Celle-ci l’a privé de son amour,
15966 , mais d’avoir voulu seulement mettre à l’épreuve la constance de sa maîtresse. Celle-ci l’a privé de son amour, disant qu
15967 r voulu seulement mettre à l’épreuve la constance de sa maîtresse. Celle-ci l’a privé de son amour, disant qu’il s’en est
15968 l’épreuve la constance de sa maîtresse. Celle-ci l’ a privé de son amour, disant qu’il s’en est rendu indigne en implorant
15969 la constance de sa maîtresse. Celle-ci l’a privé de son amour, disant qu’il s’en est rendu indigne en implorant et en acc
15970 mplorant et en acceptant pareille licence. Arrêt de la reine Éléonore. Telle est la nature de l’amour : les amants feigne
15971 orant et en acceptant pareille licence. Arrêt de la reine Éléonore. Telle est la nature de l’amour : les amants feignent
15972 e licence. Arrêt de la reine Éléonore. Telle est la nature de l’amour : les amants feignent souvent de souhaiter d’autres
15973 Arrêt de la reine Éléonore. Telle est la nature de l’amour : les amants feignent souvent de souhaiter d’autres nœuds, po
15974 rrêt de la reine Éléonore. Telle est la nature de l’ amour : les amants feignent souvent de souhaiter d’autres nœuds, pour
15975 reine Éléonore. Telle est la nature de l’amour : les amants feignent souvent de souhaiter d’autres nœuds, pour s’assurer d
15976 a nature de l’amour : les amants feignent souvent de souhaiter d’autres nœuds, pour s’assurer davantage de la fidélité et
15977 ouhaiter d’autres nœuds, pour s’assurer davantage de la fidélité et de la constance de la personne aimée. C’est léser le d
15978 aiter d’autres nœuds, pour s’assurer davantage de la fidélité et de la constance de la personne aimée. C’est léser le droi
15979 nœuds, pour s’assurer davantage de la fidélité et de la constance de la personne aimée. C’est léser le droit des amants qu
15980 ds, pour s’assurer davantage de la fidélité et de la constance de la personne aimée. C’est léser le droit des amants que d
15981 surer davantage de la fidélité et de la constance de la personne aimée. C’est léser le droit des amants que de refuser, so
15982 er davantage de la fidélité et de la constance de la personne aimée. C’est léser le droit des amants que de refuser, sous
15983 de la constance de la personne aimée. C’est léser le droit des amants que de refuser, sous un prétexte semblable, ses embr
15984 rsonne aimée. C’est léser le droit des amants que de refuser, sous un prétexte semblable, ses embrassements ou sa tendress
15985 blable, ses embrassements ou sa tendresse, hormis le cas où il y aurait certitude que l’amant eût manqué à ses devoirs et
15986 resse, hormis le cas où il y aurait certitude que l’ amant eût manqué à ses devoirs et à la foi promise. Or on n’a pas oub
15987 rtitude que l’amant eût manqué à ses devoirs et à la foi promise. Or on n’a pas oublié que Tristan épouse la seconde Iseu
15988 a seconde Iseut alors qu’il croit que la première le néglige. Ce n’est point tant la constance de son amie que la sienne p
15989 t que la première le néglige. Ce n’est point tant la constance de son amie que la sienne propre qu’il veut mettre à l’épre
15990 ière le néglige. Ce n’est point tant la constance de son amie que la sienne propre qu’il veut mettre à l’épreuve. À cette
15991 son amie que la sienne propre qu’il veut mettre à l’ épreuve. À cette variante près — c’est plutôt un « transfert » au sens
15992  c’est plutôt un « transfert » au sens freudien — la situation juridique est bien du même ordre. 4. – Conceptions orien
15993 ien du même ordre. 4. – Conceptions orientales de l’amour Il est bien entendu que j’appelle Orient une certaine atti
15994 du même ordre. 4. – Conceptions orientales de l’ amour Il est bien entendu que j’appelle Orient une certaine attitud
15995 que j’appelle Orient une certaine attitude totale de l’homme qui s’est manifestée principalement chez les peuples et dans
15996 j’appelle Orient une certaine attitude totale de l’ homme qui s’est manifestée principalement chez les peuples et dans les
15997 l’homme qui s’est manifestée principalement chez les peuples et dans les religions de l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et
15998 anifestée principalement chez les peuples et dans les religions de l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont
15999 cipalement chez les peuples et dans les religions de l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orie
16000 alement chez les peuples et dans les religions de l’ Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-
16001 chez les peuples et dans les religions de l’Asie. L’ Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et s
16002 peuples et dans les religions de l’Asie. L’Iran, l’ islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et se rattac
16003 et dans les religions de l’Asie. L’Iran, l’islam, l’ Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et se rattachent dire
16004 religions de l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et se rattachent directement (Liv
16005 x occidentaux. Il en va tout autrement des Indes, de la Chine, du Tibet, du Japon. Dans un très beau recueil posthume de p
16006 ccidentaux. Il en va tout autrement des Indes, de la Chine, du Tibet, du Japon. Dans un très beau recueil posthume de poèm
16007 bet, du Japon. Dans un très beau recueil posthume de poèmes et d’essais de Leo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relat
16008 . Dans un très beau recueil posthume de poèmes et d’ essais de Leo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relation d’un entr
16009 très beau recueil posthume de poèmes et d’essais de Leo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relation d’un entretien qu’
16010 eo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relation d’ un entretien qu’a eu l’auteur avec un jeune Chinois : « Le concept d’
16011 , je trouve cette relation d’un entretien qu’a eu l’ auteur avec un jeune Chinois : « Le concept d’amour » n’existe pas en
16012 etien qu’a eu l’auteur avec un jeune Chinois : «  Le concept d’amour » n’existe pas en Chine. Le verbe « aimer » est emplo
16013 eu l’auteur avec un jeune Chinois : « Le concept d’ amour » n’existe pas en Chine. Le verbe « aimer » est employé seulemen
16014  : « Le concept d’amour » n’existe pas en Chine. Le verbe « aimer » est employé seulement pour définir les rapports entre
16015 erbe « aimer » est employé seulement pour définir les rapports entre la mère et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « i
16016 employé seulement pour définir les rapports entre la mère et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de l’affection
16017 lement pour définir les rapports entre la mère et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de l’affection pour elle »
16018 r définir les rapports entre la mère et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de l’affection pour elle », plus ou
16019 rts entre la mère et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de l’affection pour elle », plus ou moins. Quant aux r
16020 et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de l’affection pour elle », plus ou moins. Quant aux rapports entre la f
16021 les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de l’ affection pour elle », plus ou moins. Quant aux rapports entre la femm
16022 r elle », plus ou moins. Quant aux rapports entre la femme et l’enfant on dit : « It is romance » ; mais Daj n’a pas trouv
16023 us ou moins. Quant aux rapports entre la femme et l’ enfant on dit : « It is romance » ; mais Daj n’a pas trouvé le verbe a
16024 dit : « It is romance » ; mais Daj n’a pas trouvé le verbe avec lequel ils définissent leurs sentiments. La philosophie de
16025 rbe avec lequel ils définissent leurs sentiments. La philosophie de Motse (taoïste) — la seule un peu chrétienne, qui a po
16026 ils définissent leurs sentiments. La philosophie de Motse (taoïste) — la seule un peu chrétienne, qui a pour fondement qu
16027 s sentiments. La philosophie de Motse (taoïste) —  la seule un peu chrétienne, qui a pour fondement quelque chose qui se ra
16028 mot « amour », est oubliée tout de suite pendant la dynastie Han. Les Chinois sont mariés très jeunes par leurs parents,
16029 st oubliée tout de suite pendant la dynastie Han. Les Chinois sont mariés très jeunes par leurs parents, et le problème de
16030 ois sont mariés très jeunes par leurs parents, et le problème de l’amour ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute
16031 iés très jeunes par leurs parents, et le problème de l’amour ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute la vie cette
16032 très jeunes par leurs parents, et le problème de l’ amour ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute la vie cette om
16033 ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute la vie cette ombre : l’amour, ce sentiment aussi vague, incertain, indéf
16034 n’ont pas à poursuivre toute la vie cette ombre : l’ amour, ce sentiment aussi vague, incertain, indéfini que tous les autr
16035 ntiment aussi vague, incertain, indéfini que tous les autres, et dont nous voulons être sûrs. L’attitude de l’Européen qui
16036 tous les autres, et dont nous voulons être sûrs. L’ attitude de l’Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de l’amo
16037 utres, et dont nous voulons être sûrs. L’attitude de l’Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de l’amour ou non ?
16038 es, et dont nous voulons être sûrs. L’attitude de l’ Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de l’amour ou non ? Es
16039 l’Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de l’amour ou non ? Est-ce que j’aime vraiment cette femme, ou est-ce qu
16040 uropéen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de l’ amour ou non ? Est-ce que j’aime vraiment cette femme, ou est-ce que j
16041 e j’aime vraiment cette femme, ou est-ce que j’ai de l’affection pour elle ? Est-ce que j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seu
16042 ’aime vraiment cette femme, ou est-ce que j’ai de l’ affection pour elle ? Est-ce que j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seulem
16043 ue j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seulement envie de l’aimer ? Est-ce que j’aime cet être ou est-ce que j’aime l’amour ? »
16044 j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seulement envie de l’ aimer ? Est-ce que j’aime cet être ou est-ce que j’aime l’amour ? », e
16045 ? Est-ce que j’aime cet être ou est-ce que j’aime l’ amour ? », etc., son désespoir quand il découvre après une analyse ach
16046 il n’aime pas cette femme ; il a seulement envie de l’aimer — cette attitude pourrait être considérée par un psychiatre c
16047 n’aime pas cette femme ; il a seulement envie de l’ aimer — cette attitude pourrait être considérée par un psychiatre chin
16048 dérée par un psychiatre chinois comme un symptôme de folie. Nous sommes fous sans nous en rendre compte ; toute notre vie
16049 en rendre compte ; toute notre vie est fondée sur la passion et nous voulons la paix, la tranquillité ! Je suis moi-même l
16050 tre vie est fondée sur la passion et nous voulons la paix, la tranquillité ! Je suis moi-même le plus fou de tous les fous
16051 st fondée sur la passion et nous voulons la paix, la tranquillité ! Je suis moi-même le plus fou de tous les fous, hélas !
16052 ulons la paix, la tranquillité ! Je suis moi-même le plus fou de tous les fous, hélas ! Mais au moins maintenant je le sai
16053 x, la tranquillité ! Je suis moi-même le plus fou de tous les fous, hélas ! Mais au moins maintenant je le sais. Et encor
16054 anquillité ! Je suis moi-même le plus fou de tous les fous, hélas ! Mais au moins maintenant je le sais. Et encore : La c
16055 ous les fous, hélas ! Mais au moins maintenant je le sais. Et encore : La civilisation chinoise est fondée sur la famill
16056 ais au moins maintenant je le sais. Et encore : La civilisation chinoise est fondée sur la famille, et la famille sur l’
16057 encore : La civilisation chinoise est fondée sur la famille, et la famille sur l’absence d’amour. Les traditions chinoise
16058 vilisation chinoise est fondée sur la famille, et la famille sur l’absence d’amour. Les traditions chinoises insistent sur
16059 oise est fondée sur la famille, et la famille sur l’ absence d’amour. Les traditions chinoises insistent sur ce point. Tout
16060 ondée sur la famille, et la famille sur l’absence d’ amour. Les traditions chinoises insistent sur ce point. Toute manifest
16061 la famille, et la famille sur l’absence d’amour. Les traditions chinoises insistent sur ce point. Toute manifestation de t
16062 oises insistent sur ce point. Toute manifestation de tendresse entre mari et femme est jugée inconvenante. 5. – Mystiq
16063 ourtois Dans un appendice à son beau livre sur la Théologie mystique de saint Bernard (Paris, 1934, p. 193 à 216), M. É
16064 endice à son beau livre sur la Théologie mystique de saint Bernard (Paris, 1934, p. 193 à 216), M. Étienne Gilson examine
16065 s, 1934, p. 193 à 216), M. Étienne Gilson examine le problème d’une influence possible de la mystique cistercienne sur les
16066 193 à 216), M. Étienne Gilson examine le problème d’ une influence possible de la mystique cistercienne sur les troubadours
16067 lson examine le problème d’une influence possible de la mystique cistercienne sur les troubadours. En effet, « chronologiq
16068 n examine le problème d’une influence possible de la mystique cistercienne sur les troubadours. En effet, « chronologiquem
16069 nfluence possible de la mystique cistercienne sur les troubadours. En effet, « chronologiquement parlant, les deux mouvemen
16070 oubadours. En effet, « chronologiquement parlant, les deux mouvements sont à peu près contemporains. » On a donc supposé un
16071 ilson réfute cette hypothèse en montrant : 1° que l’ objet de l’amour n’est pas le même pour saint Bernard et pour les trou
16072 fute cette hypothèse en montrant : 1° que l’objet de l’amour n’est pas le même pour saint Bernard et pour les troubadours,
16073 e cette hypothèse en montrant : 1° que l’objet de l’ amour n’est pas le même pour saint Bernard et pour les troubadours, ce
16074 en montrant : 1° que l’objet de l’amour n’est pas le même pour saint Bernard et pour les troubadours, ces derniers exaltan
16075 mour n’est pas le même pour saint Bernard et pour les troubadours, ces derniers exaltant, selon lui, la sensualité naturell
16076 es troubadours, ces derniers exaltant, selon lui, la sensualité naturelle ; 2° que la nature de l’amour est très différent
16077 tant, selon lui, la sensualité naturelle ; 2° que la nature de l’amour est très différente dans les deux cas, malgré d’app
16078 n lui, la sensualité naturelle ; 2° que la nature de l’amour est très différente dans les deux cas, malgré d’apparentes an
16079 ui, la sensualité naturelle ; 2° que la nature de l’ amour est très différente dans les deux cas, malgré d’apparentes analo
16080 que la nature de l’amour est très différente dans les deux cas, malgré d’apparentes analogies d’expression. M. Gilson concl
16081 our est très différente dans les deux cas, malgré d’ apparentes analogies d’expression. M. Gilson conclut qu’il ne peut don
16082 dans les deux cas, malgré d’apparentes analogies d’ expression. M. Gilson conclut qu’il ne peut donc s’agir que « de deux
16083 M. Gilson conclut qu’il ne peut donc s’agir que «  de deux produits indépendants de la civilisation du xiie siècle », ayan
16084 t donc s’agir que « de deux produits indépendants de la civilisation du xiie siècle », ayant tout au plus en commun quelq
16085 onc s’agir que « de deux produits indépendants de la civilisation du xiie siècle », ayant tout au plus en commun quelques
16086  », ayant tout au plus en commun quelques figures de langage. Je souscris sans réserve à ce jugement. Mais je le rejoins p
16087 . Je souscris sans réserve à ce jugement. Mais je le rejoins par de tout autres voies. Car l’opposition évidente entre la
16088 ans réserve à ce jugement. Mais je le rejoins par de tout autres voies. Car l’opposition évidente entre la courtoisie et l
16089 Mais je le rejoins par de tout autres voies. Car l’ opposition évidente entre la courtoisie et la mystique de saint Bernar
16090 out autres voies. Car l’opposition évidente entre la courtoisie et la mystique de saint Bernard n’est pas seulement, comme
16091 Car l’opposition évidente entre la courtoisie et la mystique de saint Bernard n’est pas seulement, comme l’a vu M. Gilson
16092 ition évidente entre la courtoisie et la mystique de saint Bernard n’est pas seulement, comme l’a vu M. Gilson, celle de l
16093 tique de saint Bernard n’est pas seulement, comme l’ a vu M. Gilson, celle de la « chair » et de l’« esprit » au sens pauli
16094 ’est pas seulement, comme l’a vu M. Gilson, celle de la « chair » et de l’« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais
16095 t pas seulement, comme l’a vu M. Gilson, celle de la « chair » et de l’« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais su
16096 comme l’a vu M. Gilson, celle de la « chair » et de l’« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais surtout celle de l
16097 mme l’a vu M. Gilson, celle de la « chair » et de l’ « esprit » au sens paulinien de ces termes, mais surtout celle de l’hé
16098 la « chair » et de l’« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais surtout celle de l’hérésie et de l’orthodoxie. Cepen
16099 sens paulinien de ces termes, mais surtout celle de l’hérésie et de l’orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués p
16100 ns paulinien de ces termes, mais surtout celle de l’ hérésie et de l’orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués par
16101 de ces termes, mais surtout celle de l’hérésie et de l’orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués par M. Gilson me
16102 ces termes, mais surtout celle de l’hérésie et de l’ orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués par M. Gilson me par
16103 ) « On ne peut hésiter — écrit notre auteur — sur l’ objet et la nature de l’amour mystique tel que le conçoit saint Bernar
16104 eut hésiter — écrit notre auteur — sur l’objet et la nature de l’amour mystique tel que le conçoit saint Bernard : c’est u
16105 r — écrit notre auteur — sur l’objet et la nature de l’amour mystique tel que le conçoit saint Bernard : c’est un amour sp
16106  écrit notre auteur — sur l’objet et la nature de l’ amour mystique tel que le conçoit saint Bernard : c’est un amour spiri
16107 l’objet et la nature de l’amour mystique tel que le conçoit saint Bernard : c’est un amour spirituel, par opposition à to
16108 , par opposition à tout amour charnel » (p. 195). L’ amour courtois serait au contraire « l’expression poétique de la concu
16109 (p. 195). L’amour courtois serait au contraire «  l’ expression poétique de la concupiscence » (p. 200). Certes, une opinio
16110 rtois serait au contraire « l’expression poétique de la concupiscence » (p. 200). Certes, une opinion assez répandue prête
16111 is serait au contraire « l’expression poétique de la concupiscence » (p. 200). Certes, une opinion assez répandue prête au
16112 rs une attitude idéaliste du même genre que celle de saint Bernard. Pour dissiper cette illusion, M. Gilson — après M. Jea
16113 illusion, M. Gilson — après M. Jeanroy — invoque le langage « d’une crudité intraduisible » d’un Marcabru et même d’un Ru
16114  Gilson — après M. Jeanroy — invoque le langage «  d’ une crudité intraduisible » d’un Marcabru et même d’un Rudel. Mais tir
16115 nvoque le langage « d’une crudité intraduisible » d’ un Marcabru et même d’un Rudel. Mais tirer argument de cette crudité e
16116 une crudité intraduisible » d’un Marcabru et même d’ un Rudel. Mais tirer argument de cette crudité en faveur de la thèse s
16117 Marcabru et même d’un Rudel. Mais tirer argument de cette crudité en faveur de la thèse sensualiste et contre la symbolis
16118 Mais tirer argument de cette crudité en faveur de la thèse sensualiste et contre la symboliste, c’est flatter un « bon sen
16119 udité en faveur de la thèse sensualiste et contre la symboliste, c’est flatter un « bon sens » des modernes qui n’est sans
16120  bon sens » des modernes qui n’est sans doute que le résidu de préjugés scientifiques dépassés. Il se pourrait que nous te
16121 » des modernes qui n’est sans doute que le résidu de préjugés scientifiques dépassés. Il se pourrait que nous tenions là u
16122 Il se pourrait que nous tenions là un bel exemple d’ anachronisme. A-t-on seulement remarqué que les siècles passés usaient
16123 ple d’anachronisme. A-t-on seulement remarqué que les siècles passés usaient très couramment d’un langage plus « grossier »
16124 ué que les siècles passés usaient très couramment d’ un langage plus « grossier » que le nôtre — signe d’une sensibilité se
16125 un langage plus « grossier » que le nôtre — signe d’ une sensibilité sexuelle peu énervée — tandis que notre langage décolo
16126 œurs des troubadours, ma déduction serait inverse de celle des savants modernes. Marcabru n’hésite pas à nommer un chat un
16127 t non du tout qu’il est un débauché. Ayant choisi le symbolisme amoureux, il joue le jeu le plus naturel, selon la coutume
16128 ché. Ayant choisi le symbolisme amoureux, il joue le jeu le plus naturel, selon la coutume de son temps211. Ou si l’on tie
16129 ant choisi le symbolisme amoureux, il joue le jeu le plus naturel, selon la coutume de son temps211. Ou si l’on tient que
16130 e amoureux, il joue le jeu le plus naturel, selon la coutume de son temps211. Ou si l’on tient que le langage érotique tra
16131 il joue le jeu le plus naturel, selon la coutume de son temps211. Ou si l’on tient que le langage érotique traduit nécess
16132 naturel, selon la coutume de son temps211. Ou si l’ on tient que le langage érotique traduit nécessairement une sensualité
16133 la coutume de son temps211. Ou si l’on tient que le langage érotique traduit nécessairement une sensualité déchaînée, que
16134 rement une sensualité déchaînée, que pensera-t-on d’ une sainte Thérèse, d’un Ruysbroek ! b) « On n’a jamais entendu saint
16135 déchaînée, que pensera-t-on d’une sainte Thérèse, d’ un Ruysbroek ! b) « On n’a jamais entendu saint Bernard souhaiter d’ê
16136 ) « On n’a jamais entendu saint Bernard souhaiter d’ être débarrassé de l’amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sou
16137 entendu saint Bernard souhaiter d’être débarrassé de l’amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amo
16138 endu saint Bernard souhaiter d’être débarrassé de l’ amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amour.
16139 nt Bernard souhaiter d’être débarrassé de l’amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amour. Donc ce
16140 haiter d’être débarrassé de l’amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amour. Donc cet amour n’est p
16141 mour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amour. Donc cet amour n’est pas spirituel. — Mais plus tard
16142 Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amour. Donc cet amour n’est pas spirituel. — Mais plus tard, d’autr
16143 u. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’ Amour. Donc cet amour n’est pas spirituel. — Mais plus tard, d’autres
16144 t saint Jean de la Croix, reprendront bel et bien les expressions des troubadours, et souhaiteront d’être libérés des tourm
16145 les expressions des troubadours, et souhaiteront d’ être libérés des tourments de l’amour divin : c’est là bien entendu, c
16146 urs, et souhaiteront d’être libérés des tourments de l’amour divin : c’est là bien entendu, comme chez les troubadours, un
16147 , et souhaiteront d’être libérés des tourments de l’ amour divin : c’est là bien entendu, comme chez les troubadours, une m
16148 l’amour divin : c’est là bien entendu, comme chez les troubadours, une manière d’exprimer la violence de leur passion, une
16149 entendu, comme chez les troubadours, une manière d’ exprimer la violence de leur passion, une sorte d’antiphrase. Mais enc
16150 omme chez les troubadours, une manière d’exprimer la violence de leur passion, une sorte d’antiphrase. Mais encore une foi
16151 s troubadours, une manière d’exprimer la violence de leur passion, une sorte d’antiphrase. Mais encore une fois, si l’on v
16152 d’exprimer la violence de leur passion, une sorte d’ antiphrase. Mais encore une fois, si l’on veut déduire d’un tel « refu
16153 une sorte d’antiphrase. Mais encore une fois, si l’ on veut déduire d’un tel « refus » que l’Amour courtois était purement
16154 hrase. Mais encore une fois, si l’on veut déduire d’ un tel « refus » que l’Amour courtois était purement sensuel, la déduc
16155 fois, si l’on veut déduire d’un tel « refus » que l’ Amour courtois était purement sensuel, la déduction vaudrait aussi pou
16156 us » que l’Amour courtois était purement sensuel, la déduction vaudrait aussi pour sainte Thérèse ; ce dont M. Gilson ne s
16157 se ; ce dont M. Gilson ne saurait se réjouir. c) Les troubadours chantent l’amour malheureux. Mais l’amour divin des ciste
16158 saurait se réjouir. c) Les troubadours chantent l’ amour malheureux. Mais l’amour divin des cisterciens obtient au contra
16159 Les troubadours chantent l’amour malheureux. Mais l’ amour divin des cisterciens obtient au contraire sa récompense. « On l
16160 t au contraire sa récompense. « On lui est uni (à la Béatitude) du fait même qu’on l’aime. » — Or M. Gilson dit fort bien,
16161 n lui est uni (à la Béatitude) du fait même qu’on l’ aime. » — Or M. Gilson dit fort bien, deux pages plus loin, que « si D
16162 est immanent sans être transcendant, il n’y a pas de problème mystique au sens où les chrétiens l’entendent. Ce qu’ils ont
16163 ant, il n’y a pas de problème mystique au sens où les chrétiens l’entendent. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est l’immanenc
16164 pas de problème mystique au sens où les chrétiens l’ entendent. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est l’immanence d’un Dieu q
16165 l’entendent. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est l’ immanence d’un Dieu qui est et reste transcendant ». Mais alors, lorsq
16166 . Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est l’immanence d’ un Dieu qui est et reste transcendant ». Mais alors, lorsqu’une créatu
16167 ». Mais alors, lorsqu’une créature aime son Dieu, l’ obstacle de la transcendance introduit dans l’amour un malheur essenti
16168 rs, lorsqu’une créature aime son Dieu, l’obstacle de la transcendance introduit dans l’amour un malheur essentiel (quoi qu
16169 lorsqu’une créature aime son Dieu, l’obstacle de la transcendance introduit dans l’amour un malheur essentiel (quoi qu’en
16170 eu, l’obstacle de la transcendance introduit dans l’ amour un malheur essentiel (quoi qu’en ait dit tout à l’heure M. Gilso
16171 r un malheur essentiel (quoi qu’en ait dit tout à l’ heure M. Gilson). On retrouve donc la situation du troubadour vis-à-vi
16172 t dit tout à l’heure M. Gilson). On retrouve donc la situation du troubadour vis-à-vis de l’amour des êtres. Certes : « la
16173 ouve donc la situation du troubadour vis-à-vis de l’ amour des êtres. Certes : « la pureté de l’amour courtois sépare les a
16174 badour vis-à-vis de l’amour des êtres. Certes : «  la pureté de l’amour courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’
16175 -à-vis de l’amour des êtres. Certes : « la pureté de l’amour courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’amour myst
16176 vis de l’amour des êtres. Certes : « la pureté de l’ amour courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’amour mystiqu
16177 . Certes : « la pureté de l’amour courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’amour mystique les unit ». Mais il fau
16178 our courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’amour mystique les unit ». Mais il faut voir que les amants courtoi
16179 courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’ amour mystique les unit ». Mais il faut voir que les amants courtois n
16180 les amants, au lieu que celle de l’amour mystique les unit ». Mais il faut voir que les amants courtois ne sont séparés sur
16181 ’amour mystique les unit ». Mais il faut voir que les amants courtois ne sont séparés sur la terre qu’en vertu de cet amour
16182 voir que les amants courtois ne sont séparés sur la terre qu’en vertu de cet amour mystique qui les unit à la divinité !
16183 ur la terre qu’en vertu de cet amour mystique qui les unit à la divinité ! Au contraire, l’amour mystique orthodoxe n’unit
16184 qu’en vertu de cet amour mystique qui les unit à la divinité ! Au contraire, l’amour mystique orthodoxe n’unit pas de cet
16185 stique qui les unit à la divinité ! Au contraire, l’ amour mystique orthodoxe n’unit pas de cette façon, mais fait seulemen
16186 contraire, l’amour mystique orthodoxe n’unit pas de cette façon, mais fait seulement communier. d) Pour démontrer que l’
16187 fait seulement communier. d) Pour démontrer que l’ amour courtois est sensuel, M. Gilson cite encore une strophe de Thiba
16188 is est sensuel, M. Gilson cite encore une strophe de Thibaut de Champagne : Douce dame, s’il vos plesoit un soir M’avriez
16189 dame, s’il vos plesoit un soir M’avriez vos plus de joie doné C’onques Tristans, qui en fist son pouoir N’en pust avoir n
16190 s, qui en fist son pouoir N’en pust avoir nul jor de son ané. Et il commente : « À moins de réformer sérieusement notre c
16191 r nul jor de son ané. Et il commente : « À moins de réformer sérieusement notre conception des amours d’Iseut et de Trist
16192 réformer sérieusement notre conception des amours d’ Iseut et de Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur la nature des
16193 rieusement notre conception des amours d’Iseut et de Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur la nature des sentiments
16194 ours d’Iseut et de Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur la nature des sentiments dont Thibaut est animé. » Précisé
16195 t de Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur la nature des sentiments dont Thibaut est animé. » Précisément, l’objet
16196 sentiments dont Thibaut est animé. » Précisément, l’ objet de mon ouvrage est, entre autres, de « réformer sérieusement not
16197 ts dont Thibaut est animé. » Précisément, l’objet de mon ouvrage est, entre autres, de « réformer sérieusement notre conce
16198 sément, l’objet de mon ouvrage est, entre autres, de « réformer sérieusement notre conception des amours d’Iseut et de Tri
16199 réformer sérieusement notre conception des amours d’ Iseut et de Tristan »… 6. – Dante hérétique Tout à fait indépend
16200 rieusement notre conception des amours d’Iseut et de Tristan »… 6. – Dante hérétique Tout à fait indépendamment des
16201 ut à fait indépendamment des travaux très sérieux d’ un Asin Palacios, il convient de mentionner la thèse hardie et quelque
16202 vaux très sérieux d’un Asin Palacios, il convient de mentionner la thèse hardie et quelque peu aventureuse de deux auteurs
16203 eux d’un Asin Palacios, il convient de mentionner la thèse hardie et quelque peu aventureuse de deux auteurs du siècle der
16204 ionner la thèse hardie et quelque peu aventureuse de deux auteurs du siècle dernier : Eugène Aroux et, à sa suite, Péladan
16205 ugène Aroux et, à sa suite, Péladan. Aroux expose le résultat de ses inductions dans un ouvrage aujourd’hui presque introu
16206 et, à sa suite, Péladan. Aroux expose le résultat de ses inductions dans un ouvrage aujourd’hui presque introuvable intitu
16207 aliste (1854). Non seulement Dante faisait partie de l’ordre des Templiers, mais encore cet ordre aurait été lié à l’hérés
16208 ste (1854). Non seulement Dante faisait partie de l’ ordre des Templiers, mais encore cet ordre aurait été lié à l’hérésie
16209 Templiers, mais encore cet ordre aurait été lié à l’ hérésie cathare — en dépit de certaines apparences — comme le bras séc
16210 athare — en dépit de certaines apparences — comme le bras séculier à l’autorité spirituelle. Dès lors, toute la Comédie, l
16211 e certaines apparences — comme le bras séculier à l’ autorité spirituelle. Dès lors, toute la Comédie, le Convito, et même
16212 éculier à l’autorité spirituelle. Dès lors, toute la Comédie, le Convito, et même le De vulgari eloquentia devraient être
16213 autorité spirituelle. Dès lors, toute la Comédie, le Convito, et même le De vulgari eloquentia devraient être interprétés
16214 . Dès lors, toute la Comédie, le Convito, et même le De vulgari eloquentia devraient être interprétés symboliquement. Dans
16215 ès lors, toute la Comédie, le Convito, et même le De vulgari eloquentia devraient être interprétés symboliquement. Dans un
16216 ule postérieur, Aroux précise son interprétation. La brochure porte un titre significatif : Clef de la Comédie anticatholi
16217 n. La brochure porte un titre significatif : Clef de la Comédie anticatholique de Dante Alighieri, pasteur de l’Église alb
16218 La brochure porte un titre significatif : Clef de la Comédie anticatholique de Dante Alighieri, pasteur de l’Église albige
16219 significatif : Clef de la Comédie anticatholique de Dante Alighieri, pasteur de l’Église albigeoise de la ville de Floren
16220 omédie anticatholique de Dante Alighieri, pasteur de l’Église albigeoise de la ville de Florence, affilié à l’ordre du Tem
16221 die anticatholique de Dante Alighieri, pasteur de l’ Église albigeoise de la ville de Florence, affilié à l’ordre du Temple
16222 e Dante Alighieri, pasteur de l’Église albigeoise de la ville de Florence, affilié à l’ordre du Temple, — donnant l’explic
16223 ante Alighieri, pasteur de l’Église albigeoise de la ville de Florence, affilié à l’ordre du Temple, — donnant l’explicati
16224 hieri, pasteur de l’Église albigeoise de la ville de Florence, affilié à l’ordre du Temple, — donnant l’explication du lan
16225 ise albigeoise de la ville de Florence, affilié à l’ ordre du Temple, — donnant l’explication du langage symbolique des fid
16226 Florence, affilié à l’ordre du Temple, — donnant l’ explication du langage symbolique des fidèles d’Amour dans les composi
16227 t l’explication du langage symbolique des fidèles d’ Amour dans les compositions lyriques, romans et épopées chevaleresques
16228 on du langage symbolique des fidèles d’Amour dans les compositions lyriques, romans et épopées chevaleresques des troubadou
16229 des troubadours (1856). C’est un lexique donnant la traduction d’environ 500 termes, comme par exemple : « Arbres morts »
16230 rs (1856). C’est un lexique donnant la traduction d’ environ 500 termes, comme par exemple : « Arbres morts ». — Les cathol
16231 0 termes, comme par exemple : « Arbres morts ». —  Les catholiques. Les troubadours traitaient les membres du clergé catholi
16232 ar exemple : « Arbres morts ». — Les catholiques. Les troubadours traitaient les membres du clergé catholique d’arbres auto
16233  ». — Les catholiques. Les troubadours traitaient les membres du clergé catholique d’arbres automnals morts. « Albigéisme,
16234 dours traitaient les membres du clergé catholique d’ arbres automnals morts. « Albigéisme, albigeois ». — Mots introuvables
16235 Albigéisme, albigeois ». — Mots introuvables dans la Comédie, quand l’idée est partout présente. « Dames ». — Les initiés
16236 ois ». — Mots introuvables dans la Comédie, quand l’ idée est partout présente. « Dames ». — Les initiés du templarisme alb
16237 , quand l’idée est partout présente. « Dames ». —  Les initiés du templarisme albigeois, qui par un dédoublement mystique de
16238 risme albigeois, qui par un dédoublement mystique de l’âme et du corps, étaient censés avoir les deux sexes, hommes en tan
16239 me albigeois, qui par un dédoublement mystique de l’ âme et du corps, étaient censés avoir les deux sexes, hommes en tant q
16240 stique de l’âme et du corps, étaient censés avoir les deux sexes, hommes en tant que corps et forme matérielle, et femmes e
16241 en tant qu’intelligence et pensée libre des liens de la matière. « Lancelot ». — …Il faut toute la préoccupation de la let
16242 tant qu’intelligence et pensée libre des liens de la matière. « Lancelot ». — …Il faut toute la préoccupation de la lettre
16243 ens de la matière. « Lancelot ». — …Il faut toute la préoccupation de la lettre, chez les déchiffreurs de vieux manuscrits
16244 . « Lancelot ». — …Il faut toute la préoccupation de la lettre, chez les déchiffreurs de vieux manuscrits, pour qu’une lit
16245  Lancelot ». — …Il faut toute la préoccupation de la lettre, chez les déchiffreurs de vieux manuscrits, pour qu’une littér
16246 Il faut toute la préoccupation de la lettre, chez les déchiffreurs de vieux manuscrits, pour qu’une littérature entière soi
16247 préoccupation de la lettre, chez les déchiffreurs de vieux manuscrits, pour qu’une littérature entière soit passée sous le
16248 out, obtenant une vogue européenne, et des amours d’ une pureté angélique à servir de modèles aux races futures ! » Je ne p
16249 ne, et des amours d’une pureté angélique à servir de modèles aux races futures ! » Je ne prends pas à mon compte toutes ce
16250 ntes, souvent très arbitraires. Mais il reste que l’ histoire littéraire et religieuse n’a fait que confirmer, plus tard, l
16251 et religieuse n’a fait que confirmer, plus tard, l’ exactitude de bien des vues centrales d’Aroux. (Gaston Paris établissa
16252 e n’a fait que confirmer, plus tard, l’exactitude de bien des vues centrales d’Aroux. (Gaston Paris établissant vers 1880
16253 lus tard, l’exactitude de bien des vues centrales d’ Aroux. (Gaston Paris établissant vers 1880 la filiation troubadours-tr
16254 ales d’Aroux. (Gaston Paris établissant vers 1880 la filiation troubadours-trouvères roman breton ; Asin Palacios reprenan
16255 -trouvères roman breton ; Asin Palacios reprenant la question de l’hérésie chez Dante, etc.) 7. – « Coup de foudre » et
16256 oman breton ; Asin Palacios reprenant la question de l’hérésie chez Dante, etc.) 7. – « Coup de foudre » et conversion
16257 n breton ; Asin Palacios reprenant la question de l’ hérésie chez Dante, etc.) 7. – « Coup de foudre » et conversion
16258 ion de l’hérésie chez Dante, etc.) 7. – « Coup de foudre » et conversion Le premier regard des amants, qui va change
16259 r toute leur vie, correspond à la première touche de l’amour divin, à la conversion du chrétien. Gottfried de Strasbourg p
16260 oute leur vie, correspond à la première touche de l’ amour divin, à la conversion du chrétien. Gottfried de Strasbourg peig
16261 rrespond à la première touche de l’amour divin, à la conversion du chrétien. Gottfried de Strasbourg peignant l’amour de R
16262 ion du chrétien. Gottfried de Strasbourg peignant l’ amour de Rivalen pour Blanchefleur (ce sont les parents de Tristan) ac
16263 hrétien. Gottfried de Strasbourg peignant l’amour de Rivalen pour Blanchefleur (ce sont les parents de Tristan) accumule l
16264 ant l’amour de Rivalen pour Blanchefleur (ce sont les parents de Tristan) accumule les expressions religieuses les plus ins
16265 de Rivalen pour Blanchefleur (ce sont les parents de Tristan) accumule les expressions religieuses les plus insistantes :
16266 hefleur (ce sont les parents de Tristan) accumule les expressions religieuses les plus insistantes : Alors la vraie Minne
16267 de Tristan) accumule les expressions religieuses les plus insistantes : Alors la vraie Minne La fougueuse déesse Le pénét
16268 essions religieuses les plus insistantes : Alors la vraie Minne La fougueuse déesse Le pénétra de ses ardeurs Et son cœur
16269 uses les plus insistantes : Alors la vraie Minne La fougueuse déesse Le pénétra de ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui ré
16270 antes : Alors la vraie Minne La fougueuse déesse Le pénétra de ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui révéla la source Des p
16271 ors la vraie Minne La fougueuse déesse Le pénétra de ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui révéla la source Des peines dont
16272 tra de ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui révéla la source Des peines dont il souffrait. Alors commença pour lui une autr
16273 omme. Tout ce qu’il faisait Était comme entremêlé de folie Et frappé d’aveuglement. Ses sens étaient troublés Égarés par l
16274 faisait Était comme entremêlé de folie Et frappé d’ aveuglement. Ses sens étaient troublés Égarés par la Minne Et comme dé
16275 aveuglement. Ses sens étaient troublés Égarés par la Minne Et comme délivrés De leur frein naturel. Sa vie se consumait. (
16276 nt troublés Égarés par la Minne Et comme délivrés De leur frein naturel. Sa vie se consumait. (Traduction Bossert.) Les t
16277 urel. Sa vie se consumait. (Traduction Bossert.) Les trois derniers vers sont une parfaite confirmation de ma définition d
16278 rois derniers vers sont une parfaite confirmation de ma définition de la passion opposée à l’amour naturel. 8. – Passio
16279 s sont une parfaite confirmation de ma définition de la passion opposée à l’amour naturel. 8. – Passion et Ascèse Da
16280 ont une parfaite confirmation de ma définition de la passion opposée à l’amour naturel. 8. – Passion et Ascèse Dans
16281 irmation de ma définition de la passion opposée à l’ amour naturel. 8. – Passion et Ascèse Dans le Tristan de Gottfri
16282 ’amour naturel. 8. – Passion et Ascèse Dans le Tristan de Gottfried de Strasbourg, la grotte où se réfugient les ama
16283 se Dans le Tristan de Gottfried de Strasbourg, la grotte où se réfugient les amants (correspondant à la forêt de Morois
16284 ottfried de Strasbourg, la grotte où se réfugient les amants (correspondant à la forêt de Morois chez Béroul) est décrite e
16285 rotte où se réfugient les amants (correspondant à la forêt de Morois chez Béroul) est décrite en détail, et chaque détail
16286 se réfugient les amants (correspondant à la forêt de Morois chez Béroul) est décrite en détail, et chaque détail comporte
16287 e détail comporte un sens symbolique commenté par l’ auteur. La « fossure » a été construite par des géants. C’est une voût
16288 omporte un sens symbolique commenté par l’auteur. La « fossure » a été construite par des géants. C’est une voûte dont la
16289 é construite par des géants. C’est une voûte dont la clef est faite de pierres précieuses. Au milieu trône un lit de crist
16290 es géants. C’est une voûte dont la clef est faite de pierres précieuses. Au milieu trône un lit de cristal, etc. Mais voic
16291 ite de pierres précieuses. Au milieu trône un lit de cristal, etc. Mais voici ce qui nous intéresse : Ce n’est pas sans r
16292 ui nous intéresse : Ce n’est pas sans raison Que la fossure est reléguée Dans cette contrée sauvage. Cela veut dire Que l
16293 ée Dans cette contrée sauvage. Cela veut dire Que le lieu de l’amour N’est pas dans les routes battues Ni autour des habit
16294 cette contrée sauvage. Cela veut dire Que le lieu de l’amour N’est pas dans les routes battues Ni autour des habitations h
16295 te contrée sauvage. Cela veut dire Que le lieu de l’ amour N’est pas dans les routes battues Ni autour des habitations huma
16296 a veut dire Que le lieu de l’amour N’est pas dans les routes battues Ni autour des habitations humaines. Il hante les déser
16297 tues Ni autour des habitations humaines. Il hante les déserts. Le chemin qui conduit à sa retraite Est dur et pénible. (Tra
16298 r des habitations humaines. Il hante les déserts. Le chemin qui conduit à sa retraite Est dur et pénible. (Traduction Boss
16299 n Bossert.) Pour qui conserverait des doutes sur la nature de l’amour en question, précisons que Gottfried confesse qu’il
16300 ) Pour qui conserverait des doutes sur la nature de l’amour en question, précisons que Gottfried confesse qu’il a, lui au
16301 Pour qui conserverait des doutes sur la nature de l’ amour en question, précisons que Gottfried confesse qu’il a, lui aussi
16302 lui aussi, erré au désert, mais sans y rencontrer la « récompense » de ses peines. (Il n’est pas devenu Parfait) : J’ai c
16303 désert, mais sans y rencontrer la « récompense » de ses peines. (Il n’est pas devenu Parfait) : J’ai connu la fossure Qu
16304 ines. (Il n’est pas devenu Parfait) : J’ai connu la fossure Quand je n’avais que 11 ans Mais je ne suis jamais allé en Co
16305 allé en Cornouailles. Comment pourrait-il s’agir d’ amour physique ? Et le dernier vers indique bien que la « fossure » es
16306 ur physique ? Et le dernier vers indique bien que la « fossure » est purement symbolique, puisqu’elle peut exister ailleur
16307 er ailleurs qu’en Cornouailles. (Temple ou grotte d’ hérétiques ?) 9. – Saint François d’Assise et les cathares Paul
16308 ’hérétiques ?) 9. – Saint François d’Assise et les cathares Paul Sabatier, dans sa fameuse biographie de saint Franço
16309 ares Paul Sabatier, dans sa fameuse biographie de saint François, se pose la question d’une influence possible de l’hér
16310 biographie de saint François, se pose la question d’ une influence possible de l’hérésie courtoise sur la mystique francisc
16311 ois, se pose la question d’une influence possible de l’hérésie courtoise sur la mystique franciscaine. Il commence par nie
16312 , se pose la question d’une influence possible de l’ hérésie courtoise sur la mystique franciscaine. Il commence par nier t
16313 une influence possible de l’hérésie courtoise sur la mystique franciscaine. Il commence par nier toute communication direc
16314 Il commence par nier toute communication directe de l’une à l’autre. (L’argument avancé me convainc peu : l’hérésie était
16315 toute communication directe de l’une à l’autre. ( L’ argument avancé me convainc peu : l’hérésie était de nature dogmatique
16316 e à l’autre. (L’argument avancé me convainc peu : l’ hérésie était de nature dogmatique, et saint François ne s’occupait pa
16317 argument avancé me convainc peu : l’hérésie était de nature dogmatique, et saint François ne s’occupait pas de doctrine… M
16318 e dogmatique, et saint François ne s’occupait pas de doctrine… Mais croit-on que tous les cathares dogmatisaient ? Il y a
16319 ’occupait pas de doctrine… Mais croit-on que tous les cathares dogmatisaient ? Il y a de plus sérieuses raisons de nier l’h
16320 dogmatisaient ? Il y a de plus sérieuses raisons de nier l’hérésie du saint.) Cependant, il décrit fort bien l’ambiance c
16321 saient ? Il y a de plus sérieuses raisons de nier l’ hérésie du saint.) Cependant, il décrit fort bien l’ambiance cathare d
16322 hérésie du saint.) Cependant, il décrit fort bien l’ ambiance cathare de l’Italie au temps de la jeunesse de François. Les
16323 Cependant, il décrit fort bien l’ambiance cathare de l’Italie au temps de la jeunesse de François. Les hérétiques, baptisé
16324 endant, il décrit fort bien l’ambiance cathare de l’ Italie au temps de la jeunesse de François. Les hérétiques, baptisés G
16325 t bien l’ambiance cathare de l’Italie au temps de la jeunesse de François. Les hérétiques, baptisés Gazzari en Italie (Bul
16326 iance cathare de l’Italie au temps de la jeunesse de François. Les hérétiques, baptisés Gazzari en Italie (Bulgares ou Bou
16327 de l’Italie au temps de la jeunesse de François. Les hérétiques, baptisés Gazzari en Italie (Bulgares ou Bougres dans les
16328 tisés Gazzari en Italie (Bulgares ou Bougres dans les pays du Nord) s’étaient emparés du gouvernement de plusieurs municipa
16329 s pays du Nord) s’étaient emparés du gouvernement de plusieurs municipalités. Le podestat d’Assise était un hérétique, ava
16330 parés du gouvernement de plusieurs municipalités. Le podestat d’Assise était un hérétique, avant 1204 ! Dans les cités avo
16331 vernement de plusieurs municipalités. Le podestat d’ Assise était un hérétique, avant 1204 ! Dans les cités avoisinantes, i
16332 at d’Assise était un hérétique, avant 1204 ! Dans les cités avoisinantes, il y eut de nombreux soulèvements et émeutes occa
16333 vant 1204 ! Dans les cités avoisinantes, il y eut de nombreux soulèvements et émeutes occasionnés par le conflit religieux
16334 nombreux soulèvements et émeutes occasionnés par le conflit religieux. D’autre part, on sait bien que saint François avai
16335 e part, on sait bien que saint François avait été le disciple enthousiaste des poètes français (d’où son nom même). Il par
16336 été le disciple enthousiaste des poètes français ( d’ où son nom même). Il partageait l’engouement des Italiens du Nord pour
16337 oètes français (d’où son nom même). Il partageait l’ engouement des Italiens du Nord pour les troubadours qui y séjournaien
16338 partageait l’engouement des Italiens du Nord pour les troubadours qui y séjournaient fréquemment (tels Peire Vidal, Peire d
16339 mbaut de Vaqueiras, Bernart de Ventadour). Enfin, l’ influence de Joachim de Flore sur saint François ne saurait faire de d
16340 ueiras, Bernart de Ventadour). Enfin, l’influence de Joachim de Flore sur saint François ne saurait faire de doute. Ce fam
16341 chim de Flore sur saint François ne saurait faire de doute. Ce fameux ermite annonçait le règne de l’Esprit, l’approche de
16342 aurait faire de doute. Ce fameux ermite annonçait le règne de l’Esprit, l’approche de la troisième période de l’humanité,
16343 ire de doute. Ce fameux ermite annonçait le règne de l’Esprit, l’approche de la troisième période de l’humanité, le régime
16344 de doute. Ce fameux ermite annonçait le règne de l’ Esprit, l’approche de la troisième période de l’humanité, le régime de
16345 Ce fameux ermite annonçait le règne de l’Esprit, l’ approche de la troisième période de l’humanité, le régime de la grâce
16346 ermite annonçait le règne de l’Esprit, l’approche de la troisième période de l’humanité, le régime de la grâce et de l’Amo
16347 e de l’Esprit, l’approche de la troisième période de l’humanité, le régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours
16348 e l’Esprit, l’approche de la troisième période de l’ humanité, le régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le
16349 l’approche de la troisième période de l’humanité, le régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent.
16350 de la troisième période de l’humanité, le régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard C
16351 la troisième période de l’humanité, le régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard Cœur
16352 e période de l’humanité, le régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard Cœur de Lion par
16353 ériode de l’humanité, le régime de la grâce et de l’ Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard Cœur de Lion par ex
16354 e de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard Cœur de Lion par exemple). Les deux doctrines ont
16355 le connurent. (Richard Cœur de Lion par exemple). Les deux doctrines ont bien des points de ressemblance. Il reste que sain
16356 exemple). Les deux doctrines ont bien des points de ressemblance. Il reste que saint François, s’il fut influencé par l’a
16357 reste que saint François, s’il fut influencé par l’ atmosphère de la religion d’Amour, en transporta toute la passion dans
16358 int François, s’il fut influencé par l’atmosphère de la religion d’Amour, en transporta toute la passion dans l’Église et
16359 François, s’il fut influencé par l’atmosphère de la religion d’Amour, en transporta toute la passion dans l’Église et l’o
16360 ’il fut influencé par l’atmosphère de la religion d’ Amour, en transporta toute la passion dans l’Église et l’orthodoxie, a
16361 phère de la religion d’Amour, en transporta toute la passion dans l’Église et l’orthodoxie, auxquelles il demeura toujours
16362 gion d’Amour, en transporta toute la passion dans l’ Église et l’orthodoxie, auxquelles il demeura toujours fidèle. Et Saba
16363 , en transporta toute la passion dans l’Église et l’ orthodoxie, auxquelles il demeura toujours fidèle. Et Sabatier remarqu
16364 e. Et Sabatier remarque, non sans profondeur, que la charité franciscaine obtint sans faire couler le sang la résorption d
16365 la charité franciscaine obtint sans faire couler le sang la résorption de l’hérésie en Italie, alors que la brutalité des
16366 ité franciscaine obtint sans faire couler le sang la résorption de l’hérésie en Italie, alors que la brutalité des clérica
16367 ne obtint sans faire couler le sang la résorption de l’hérésie en Italie, alors que la brutalité des cléricaux dans le Mid
16368 obtint sans faire couler le sang la résorption de l’ hérésie en Italie, alors que la brutalité des cléricaux dans le Midi n
16369 g la résorption de l’hérésie en Italie, alors que la brutalité des cléricaux dans le Midi n’y parvint — et en apparence —
16370 Italie, alors que la brutalité des cléricaux dans le Midi n’y parvint — et en apparence — qu’au prix d’effroyables massacr
16371 e Midi n’y parvint — et en apparence — qu’au prix d’ effroyables massacres. Seule Agapè peut triompher d’Éros. Mars déchaîn
16372 effroyables massacres. Seule Agapè peut triompher d’ Éros. Mars déchaîné, même contre Éros, n’est guère qu’un autre aspect
16373 u’il veut détruire, et plus barbare. 10. – Sur le sadisme Je trouve une confirmation de mon analyse du crime sadique
16374 0. – Sur le sadisme Je trouve une confirmation de mon analyse du crime sadique dans deux études remarquables de Pierre
16375 se du crime sadique dans deux études remarquables de Pierre Klossowski : le Mal et la négation d’autrui dans la philosophi
16376 s deux études remarquables de Pierre Klossowski : le Mal et la négation d’autrui dans la philosophie de D. A. F. de Sade e
16377 des remarquables de Pierre Klossowski : le Mal et la négation d’autrui dans la philosophie de D. A. F. de Sade et Temps et
16378 bles de Pierre Klossowski : le Mal et la négation d’ autrui dans la philosophie de D. A. F. de Sade et Temps et Agressivité
16379 Klossowski : le Mal et la négation d’autrui dans la philosophie de D. A. F. de Sade et Temps et Agressivité. (Recherches
16380 e Mal et la négation d’autrui dans la philosophie de D. A. F. de Sade et Temps et Agressivité. (Recherches philosophiques,
16381 vité. (Recherches philosophiques, tomes IV et V.) L’ auteur montre que pour Sade, le mal est l’unique élément de la Nature.
16382 s, tomes IV et V.) L’auteur montre que pour Sade, le mal est l’unique élément de la Nature. On lit dans la Nouvelle Justin
16383 et V.) L’auteur montre que pour Sade, le mal est l’ unique élément de la Nature. On lit dans la Nouvelle Justine : « Oui,
16384 montre que pour Sade, le mal est l’unique élément de la Nature. On lit dans la Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre la Natu
16385 tre que pour Sade, le mal est l’unique élément de la Nature. On lit dans la Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre la Nature 
16386 al est l’unique élément de la Nature. On lit dans la Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre la Nature : et c’est parce que je
16387 n lit dans la Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre la Nature : et c’est parce que je la connais trop bien que je la déteste
16388  Oui, j’abhorre la Nature : et c’est parce que je la connais trop bien que je la déteste : instruit de ses affreux secrets
16389 et c’est parce que je la connais trop bien que je la déteste : instruit de ses affreux secrets… j’ai éprouvé une sorte de
16390 la connais trop bien que je la déteste : instruit de ses affreux secrets… j’ai éprouvé une sorte de plaisir à copier ses n
16391 it de ses affreux secrets… j’ai éprouvé une sorte de plaisir à copier ses noirceurs. » (D’où le désir sadique de se libére
16392 é une sorte de plaisir à copier ses noirceurs. » ( D’ où le désir sadique de se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès
16393 sorte de plaisir à copier ses noirceurs. » (D’où le désir sadique de se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès de d
16394 à copier ses noirceurs. » (D’où le désir sadique de se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès de débauche.) Autre c
16395 adique de se libérer des tyrannies sensuelles par l’ excès de débauche.) Autre condamnation vraiment manichéenne de la Créa
16396 e se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès de débauche.) Autre condamnation vraiment manichéenne de la Création : «
16397 ébauche.) Autre condamnation vraiment manichéenne de la Création : « Le principe de vie dans tous les êtres n’est autre qu
16398 uche.) Autre condamnation vraiment manichéenne de la Création : « Le principe de vie dans tous les êtres n’est autre que c
16399 damnation vraiment manichéenne de la Création : «  Le principe de vie dans tous les êtres n’est autre que celui de la mort 
16400 aiment manichéenne de la Création : « Le principe de vie dans tous les êtres n’est autre que celui de la mort ; nous les r
16401 e de la Création : « Le principe de vie dans tous les êtres n’est autre que celui de la mort ; nous les recevons et les nou
16402 de vie dans tous les êtres n’est autre que celui de la mort ; nous les recevons et les nourrissons dans nous tous deux à
16403 vie dans tous les êtres n’est autre que celui de la mort ; nous les recevons et les nourrissons dans nous tous deux à la
16404 les êtres n’est autre que celui de la mort ; nous les recevons et les nourrissons dans nous tous deux à la fois. » P. Kloss
16405 autre que celui de la mort ; nous les recevons et les nourrissons dans nous tous deux à la fois. » P. Klossowski oppose cet
16406 x à la fois. » P. Klossowski oppose cette opinion de Sade à celle de Freud, qui voit une antithèse entre l’instinct de mor
16407 . Klossowski oppose cette opinion de Sade à celle de Freud, qui voit une antithèse entre l’instinct de mort et Éros. L’ana
16408 de à celle de Freud, qui voit une antithèse entre l’ instinct de mort et Éros. L’analyse du mythe nous a montré que cette a
16409 de Freud, qui voit une antithèse entre l’instinct de mort et Éros. L’analyse du mythe nous a montré que cette antithèse es
16410 t une antithèse entre l’instinct de mort et Éros. L’ analyse du mythe nous a montré que cette antithèse est purement appare
16411 e cette antithèse est purement apparente. Mais si la vie et la Nature créée ne sont que noirceurs et cruauté, il faut alor
16412 tithèse est purement apparente. Mais si la vie et la Nature créée ne sont que noirceurs et cruauté, il faut alors pour s’e
16413 noirceurs. Il n’y a qu’une alternative : exercer la cruauté sur soi ou sur le prochain. Sade choisit le prochain : il veu
16414 e alternative : exercer la cruauté sur soi ou sur le prochain. Sade choisit le prochain : il veut être criminel plutôt que
16415 cruauté sur soi ou sur le prochain. Sade choisit le prochain : il veut être criminel plutôt que victime. Ainsi la conscie
16416 : il veut être criminel plutôt que victime. Ainsi la conscience sadique est l’inverse de la conscience romantique. Le roma
16417 utôt que victime. Ainsi la conscience sadique est l’ inverse de la conscience romantique. Le romantique (Pétrarque) se chât
16418 ictime. Ainsi la conscience sadique est l’inverse de la conscience romantique. Le romantique (Pétrarque) se châtie pour co
16419 ime. Ainsi la conscience sadique est l’inverse de la conscience romantique. Le romantique (Pétrarque) se châtie pour conse
16420 adique est l’inverse de la conscience romantique. Le romantique (Pétrarque) se châtie pour conserver l’objet aimé, tandis
16421 e romantique (Pétrarque) se châtie pour conserver l’ objet aimé, tandis que Sade veut le tuer. 11. – Au-delà de nos sécu
16422 pour conserver l’objet aimé, tandis que Sade veut le tuer. 11. – Au-delà de nos sécurités Faut-il aller encore plus
16423 é, tandis que Sade veut le tuer. 11. – Au-delà de nos sécurités Faut-il aller encore plus loin que Kierkegaard dans
16424 ut-il aller encore plus loin que Kierkegaard dans le dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive de le pressentir, et d
16425 le dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive de le pressentir, et de penser : du point de vue de la foi, il n’y a san
16426 dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive de le pressentir, et de penser : du point de vue de la foi, il n’y a sans d
16427 tade éthique » ? Il m’arrive de le pressentir, et de penser : du point de vue de la foi, il n’y a sans doute aucun profit
16428 de le pressentir, et de penser : du point de vue de la foi, il n’y a sans doute aucun profit au « règlement des mœurs » p
16429 le pressentir, et de penser : du point de vue de la foi, il n’y a sans doute aucun profit au « règlement des mœurs » pour
16430 oute aucun profit au « règlement des mœurs » pour les non-chrétiens. C’est une façon de les mettre, au contraire, à l’abri
16431 s mœurs » pour les non-chrétiens. C’est une façon de les mettre, au contraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui les
16432 œurs » pour les non-chrétiens. C’est une façon de les mettre, au contraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui les con
16433 s. C’est une façon de les mettre, au contraire, à l’ abri du désespoir réel, humain, qui les conduirait à la foi. Une cure
16434 ontraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui les conduirait à la foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens d’une hy
16435 i du désespoir réel, humain, qui les conduirait à la foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens d’une hygiène morale bou
16436 el, humain, qui les conduirait à la foi. Une cure d’ âme comprise non pas au sens d’une hygiène morale bourgeoise, mais au
16437 à la foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens d’ une hygiène morale bourgeoise, mais au sens chrétien — la guérison à o
16438 ygiène morale bourgeoise, mais au sens chrétien —  la guérison à obtenir, c’est que l’infidèle croie — devrait conduire à d
16439 sens chrétien — la guérison à obtenir, c’est que l’ infidèle croie — devrait conduire à désirer pour l’homme non chrétien
16440 ’infidèle croie — devrait conduire à désirer pour l’ homme non chrétien qu’il traverse tout le « bonheur » de la passion. O
16441 rer pour l’homme non chrétien qu’il traverse tout le « bonheur » de la passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si
16442 e non chrétien qu’il traverse tout le « bonheur » de la passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que le seu
16443 on chrétien qu’il traverse tout le « bonheur » de la passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que le seul a
16444 out le « bonheur » de la passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que le seul au-delà concret qu’il soit en
16445 le « bonheur » de la passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que le seul au-delà concret qu’il soit en ét
16446 r on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que le seul au-delà concret qu’il soit en état de désirer, d’imaginer, c’est
16447 en que le seul au-delà concret qu’il soit en état de désirer, d’imaginer, c’est le « dérèglement des passions ». Mais voil
16448 ul au-delà concret qu’il soit en état de désirer, d’ imaginer, c’est le « dérèglement des passions ». Mais voilà ce qu’il f
16449 qu’il soit en état de désirer, d’imaginer, c’est le « dérèglement des passions ». Mais voilà ce qu’il faut ajouter : l’ho
16450 es passions ». Mais voilà ce qu’il faut ajouter : l’ homme livré à ses dérèglements conçoit un désespoir dont le remède peu
16451 ivré à ses dérèglements conçoit un désespoir dont le remède peut très bien lui apparaître : la loi. Or ce n’est que le ren
16452 ir dont le remède peut très bien lui apparaître : la loi. Or ce n’est que le renoncement à la loi ainsi comprise qui peut
16453 rès bien lui apparaître : la loi. Or ce n’est que le renoncement à la loi ainsi comprise qui peut nous conduire à la foi.
16454 raître : la loi. Or ce n’est que le renoncement à la loi ainsi comprise qui peut nous conduire à la foi. Notice bibliog
16455 à la loi ainsi comprise qui peut nous conduire à la foi. Notice bibliographique Une bibliographie complète des dive
16456 e est pratiquement exclue. On n’indiquera ici que les travaux utilisés par l’auteur, moins pour faire connaître sa science
16457 . On n’indiquera ici que les travaux utilisés par l’ auteur, moins pour faire connaître sa science que pour en marquer les
16458 ur faire connaître sa science que pour en marquer les limites. I. — Le mythe de Tristan a) Les textes : Bédier (J.). É
16459 ut-il préciser qu’à mon sens, ce sont précisément les expressions par trop raffinées de l’amour qui sont les plus suspectes
16460 nt précisément les expressions par trop raffinées de l’amour qui sont les plus suspectes chez les troubadours ? Au point q
16461 précisément les expressions par trop raffinées de l’ amour qui sont les plus suspectes chez les troubadours ? Au point que
16462 xpressions par trop raffinées de l’amour qui sont les plus suspectes chez les troubadours ? Au point que l’on se demande pa
16463 inées de l’amour qui sont les plus suspectes chez les troubadours ? Au point que l’on se demande parfois s’ils n’en venaien
16464 lus suspectes chez les troubadours ? Au point que l’ on se demande parfois s’ils n’en venaient pas à confondre la « chastet
16465 mande parfois s’ils n’en venaient pas à confondre la « chasteté » avec la jouissance stérile…
16466 ’en venaient pas à confondre la « chasteté » avec la jouissance stérile…