1
Avertissement J’ai appelé « livres »
les
différentes parties de cet ouvrage, parce que chacune esquisse le con
2
J’ai appelé « livres » les différentes parties
de
cet ouvrage, parce que chacune esquisse le contenu d’un volume de dim
3
arties de cet ouvrage, parce que chacune esquisse
le
contenu d’un volume de dimensions ordinaires. Le grand nombre des fai
4
et ouvrage, parce que chacune esquisse le contenu
d’
un volume de dimensions ordinaires. Le grand nombre des faits et des t
5
parce que chacune esquisse le contenu d’un volume
de
dimensions ordinaires. Le grand nombre des faits et des textes cités,
6
le contenu d’un volume de dimensions ordinaires.
Le
grand nombre des faits et des textes cités, le jeu des « leitmotive »
7
s. Le grand nombre des faits et des textes cités,
le
jeu des « leitmotive » entrelacés, risqueraient d’égarer certains lec
8
e jeu des « leitmotive » entrelacés, risqueraient
d’
égarer certains lecteurs si je ne donnais ici la clef de ma compositio
9
t d’égarer certains lecteurs si je ne donnais ici
la
clef de ma composition. Le premier livre expose le contenu caché de l
10
er certains lecteurs si je ne donnais ici la clef
de
ma composition. Le premier livre expose le contenu caché de la légend
11
a clef de ma composition. Le premier livre expose
le
contenu caché de la légende ou du mythe de Tristan. C’est une descent
12
osition. Le premier livre expose le contenu caché
de
la légende ou du mythe de Tristan. C’est une descente aux cercles suc
13
tion. Le premier livre expose le contenu caché de
la
légende ou du mythe de Tristan. C’est une descente aux cercles succes
14
expose le contenu caché de la légende ou du mythe
de
Tristan. C’est une descente aux cercles successifs de la passion. Le
15
ristan. C’est une descente aux cercles successifs
de
la passion. Le dernier livre indique une attitude humaine diamétralem
16
tan. C’est une descente aux cercles successifs de
la
passion. Le dernier livre indique une attitude humaine diamétralement
17
maine diamétralement opposée, et par là il achève
la
description de la passion, car on ne connaît vraiment que les choses
18
ement opposée, et par là il achève la description
de
la passion, car on ne connaît vraiment que les choses dépassées, ou d
19
nt opposée, et par là il achève la description de
la
passion, car on ne connaît vraiment que les choses dépassées, ou du m
20
ion de la passion, car on ne connaît vraiment que
les
choses dépassées, ou du moins celles dont on a pu toucher, fût-ce mêm
21
ins celles dont on a pu toucher, fût-ce même sans
les
franchir, les limites. Quant aux livres intermédiaires : le deuxième
22
t on a pu toucher, fût-ce même sans les franchir,
les
limites. Quant aux livres intermédiaires : le deuxième tente de remon
23
ant aux livres intermédiaires : le deuxième tente
de
remonter aux origines religieuses du mythe, tandis que les suivants d
24
ter aux origines religieuses du mythe, tandis que
les
suivants décrivent ses effets dans les domaines les plus divers : mys
25
tandis que les suivants décrivent ses effets dans
les
domaines les plus divers : mystique, littérature, art de la guerre, m
26
s suivants décrivent ses effets dans les domaines
les
plus divers : mystique, littérature, art de la guerre, morale du mari
27
ines les plus divers : mystique, littérature, art
de
la guerre, morale du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses de l’
28
s les plus divers : mystique, littérature, art de
la
guerre, morale du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses de l’amo
29
ttérature, art de la guerre, morale du mariage. ⁂
L’
agrément de parler des choses de l’amour est un prétexte assez peu con
30
art de la guerre, morale du mariage. ⁂ L’agrément
de
parler des choses de l’amour est un prétexte assez peu convaincant, l
31
ale du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses
de
l’amour est un prétexte assez peu convaincant, lorsqu’il s’agit d’un
32
du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses de
l’
amour est un prétexte assez peu convaincant, lorsqu’il s’agit d’un vol
33
prétexte assez peu convaincant, lorsqu’il s’agit
d’
un volume aussi dense. Douteux avantage d’ailleurs : on rougirait de l
34
dense. Douteux avantage d’ailleurs : on rougirait
de
le partager avec tant d’auteurs à succès. Aussi me suis-je donné quel
35
se. Douteux avantage d’ailleurs : on rougirait de
le
partager avec tant d’auteurs à succès. Aussi me suis-je donné quelque
36
’ailleurs : on rougirait de le partager avec tant
d’
auteurs à succès. Aussi me suis-je donné quelques difficultés. Je n’ai
37
oulu flatter ni déprécier ce que Stendhal nommait
l’
amour-passion, mais j’ai tenté de le décrire comme un phénomène histor
38
Stendhal nommait l’amour-passion, mais j’ai tenté
de
le décrire comme un phénomène historique, d’origine proprement religi
39
ndhal nommait l’amour-passion, mais j’ai tenté de
le
décrire comme un phénomène historique, d’origine proprement religieus
40
enté de le décrire comme un phénomène historique,
d’
origine proprement religieuse. Or les hommes, et les femmes, tolèrent
41
e historique, d’origine proprement religieuse. Or
les
hommes, et les femmes, tolèrent fort bien que l’on parle d’amour, et
42
’origine proprement religieuse. Or les hommes, et
les
femmes, tolèrent fort bien que l’on parle d’amour, et même ils ne s’e
43
les hommes, et les femmes, tolèrent fort bien que
l’
on parle d’amour, et même ils ne s’en lassent jamais, si commun que so
44
et les femmes, tolèrent fort bien que l’on parle
d’
amour, et même ils ne s’en lassent jamais, si commun que soit le disco
45
me ils ne s’en lassent jamais, si commun que soit
le
discours ; mais ils redoutent que l’on définisse la passion, pour peu
46
mun que soit le discours ; mais ils redoutent que
l’
on définisse la passion, pour peu de rigueur que l’on y apporte. La pl
47
discours ; mais ils redoutent que l’on définisse
la
passion, pour peu de rigueur que l’on y apporte. La plupart, estime L
48
’on définisse la passion, pour peu de rigueur que
l’
on y apporte. La plupart, estime Laclos, « renonceraient même à leurs
49
même à leurs plaisirs, s’il devait leur en coûter
la
fatigue d’une réflexion ». Il s’en suit que ce livre montrera sa néce
50
s plaisirs, s’il devait leur en coûter la fatigue
d’
une réflexion ». Il s’en suit que ce livre montrera sa nécessité dans
51
s’en suit que ce livre montrera sa nécessité dans
la
mesure où d’abord il déplaira ; et il n’aura d’utilité que s’il conva
52
s la mesure où d’abord il déplaira ; et il n’aura
d’
utilité que s’il convainc ceux qui auront pris conscience, en le lisan
53
s’il convainc ceux qui auront pris conscience, en
le
lisant, des raisons qu’ils pouvaient avoir de le trouver d’abord dépl
54
en le lisant, des raisons qu’ils pouvaient avoir
de
le trouver d’abord déplaisant. Cette manière me vaudra bien des repro
55
le lisant, des raisons qu’ils pouvaient avoir de
le
trouver d’abord déplaisant. Cette manière me vaudra bien des reproche
56
sant. Cette manière me vaudra bien des reproches.
Les
amoureux me tiendront pour cynique, et ceux qui n’ont jamais connu la
57
ront pour cynique, et ceux qui n’ont jamais connu
la
vraie passion s’étonneront de m’y voir consacrer tout un livre. Les u
58
n’ont jamais connu la vraie passion s’étonneront
de
m’y voir consacrer tout un livre. Les uns diront qu’à définir l’amour
59
s’étonneront de m’y voir consacrer tout un livre.
Les
uns diront qu’à définir l’amour, on le perd ; les autres, qu’on y per
60
sacrer tout un livre. Les uns diront qu’à définir
l’
amour, on le perd ; les autres, qu’on y perd son temps. À qui plairai-
61
un livre. Les uns diront qu’à définir l’amour, on
le
perd ; les autres, qu’on y perd son temps. À qui plairai-je ? À ceux
62
Les uns diront qu’à définir l’amour, on le perd ;
les
autres, qu’on y perd son temps. À qui plairai-je ? À ceux qui veulent
63
savoir, peut-être, ou même guérir ? Je suis parti
d’
un type de la passion telle que la vivent les Occidentaux, d’une forme
64
ut-être, ou même guérir ? Je suis parti d’un type
de
la passion telle que la vivent les Occidentaux, d’une forme extrême,
65
être, ou même guérir ? Je suis parti d’un type de
la
passion telle que la vivent les Occidentaux, d’une forme extrême, exc
66
? Je suis parti d’un type de la passion telle que
la
vivent les Occidentaux, d’une forme extrême, exceptionnelle en appare
67
parti d’un type de la passion telle que la vivent
les
Occidentaux, d’une forme extrême, exceptionnelle en apparences : le m
68
e la passion telle que la vivent les Occidentaux,
d’
une forme extrême, exceptionnelle en apparences : le mythe de Tristan
69
une forme extrême, exceptionnelle en apparences :
le
mythe de Tristan et Iseut. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemp
70
extrême, exceptionnelle en apparences : le mythe
de
Tristan et Iseut. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemple éclata
71
cet exemple éclatant et « banal » — comme on dit
d’
un four qu’il est banal, donc unique — si nous voulons comprendre dans
72
unique — si nous voulons comprendre dans nos vies
le
sens et la fin de la passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié.
73
nous voulons comprendre dans nos vies le sens et
la
fin de la passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié. Pourquoi p
74
oulons comprendre dans nos vies le sens et la fin
de
la passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié. Pourquoi perdre s
75
ons comprendre dans nos vies le sens et la fin de
la
passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié. Pourquoi perdre son
76
son temps et son style à expliquer sans cesse que
la
réalité est plus complexe que tout ce qu’on peut en dire ? Que la vie
77
lus complexe que tout ce qu’on peut en dire ? Que
la
vie soit confuse ne saurait signifier qu’une œuvre écrite doit l’imit
78
use ne saurait signifier qu’une œuvre écrite doit
l’
imiter. Si j’ai parfois dogmatisé, je n’en demanderai pardon qu’à ceux
79
is dogmatisé, je n’en demanderai pardon qu’à ceux
de
mes lecteurs qui estimeront que mes stylisations font tort au sens pr
80
raîné par mes analyses dans des domaines réservés
d’
ordinaire aux « spécialistes », j’ai profité autant que je l’ai pu des
81
aux « spécialistes », j’ai profité autant que je
l’
ai pu des travaux réputés classiques, et de quelques autres ; et si je
82
que je l’ai pu des travaux réputés classiques, et
de
quelques autres ; et si je n’en ai cité qu’un nombre assez restreint,
83
n’est pas toujours par ignorance, mais par souci
de
m’en tenir à l’essentiel. Les spécialistes me pardonneront-ils d’avoi
84
urs par ignorance, mais par souci de m’en tenir à
l’
essentiel. Les spécialistes me pardonneront-ils d’avoir tenté un effor
85
ance, mais par souci de m’en tenir à l’essentiel.
Les
spécialistes me pardonneront-ils d’avoir tenté un effort de synthèse
86
l’essentiel. Les spécialistes me pardonneront-ils
d’
avoir tenté un effort de synthèse que toute leur formation technique c
87
istes me pardonneront-ils d’avoir tenté un effort
de
synthèse que toute leur formation technique condamne ? À défaut d’une
88
oute leur formation technique condamne ? À défaut
d’
une science universelle qu’il faudrait plusieurs vies pour maîtriser,
89
qu’il n’était besoin, et n’ai livré qu’un résumé
de
mes recherches. Ce compromis m’expose à un double péril. J’aurais peu
90
ais pas donné des preuves. Et je me serais acquis
l’
estime des spécialistes si je n’avais pas tiré de leurs travaux des co
91
l’estime des spécialistes si je n’avais pas tiré
de
leurs travaux des conclusions… Dans cette situation fâcheuse, il ne m
92
ion fâcheuse, il ne me reste qu’un espoir : celui
d’
instruire les lectrices tout en amusant les savants. J’ai vécu ce livr
93
, il ne me reste qu’un espoir : celui d’instruire
les
lectrices tout en amusant les savants. J’ai vécu ce livre pendant tou
94
: celui d’instruire les lectrices tout en amusant
les
savants. J’ai vécu ce livre pendant toute mon adolescence et ma jeune
95
pendant toute mon adolescence et ma jeunesse ; je
l’
ai conçu sous forme d’œuvre écrite, et nourri de quelques lectures, de
96
escence et ma jeunesse ; je l’ai conçu sous forme
d’
œuvre écrite, et nourri de quelques lectures, depuis deux ans ; enfin
97
e l’ai conçu sous forme d’œuvre écrite, et nourri
de
quelques lectures, depuis deux ans ; enfin je l’ai rédigé en quatre m
98
de quelques lectures, depuis deux ans ; enfin je
l’
ai rédigé en quatre mois. Ceci me rappelle le mot de Vernet, à propos
99
n je l’ai rédigé en quatre mois. Ceci me rappelle
le
mot de Vernet, à propos d’un tableau qu’il vendait assez cher : « Il
100
ai rédigé en quatre mois. Ceci me rappelle le mot
de
Vernet, à propos d’un tableau qu’il vendait assez cher : « Il m’a dem
101
l vendait assez cher : « Il m’a demandé une heure
de
travail, et toute la vie. » D. de R.
102
: « Il m’a demandé une heure de travail, et toute
la
vie. » D. de R.
103
andé une heure de travail, et toute la vie. » D.
de
R.
104
Livre premierLe mythe
de
Tristan 1.Triomphe du roman, et ce qu’il cache « Seigneurs, vo
105
, et ce qu’il cache « Seigneurs, vous plaît-il
d’
entendre un beau conte d’amour et de mort ?… » — Rien au monde ne saur
106
Seigneurs, vous plaît-il d’entendre un beau conte
d’
amour et de mort ?… » — Rien au monde ne saurait nous plaire davantage
107
vous plaît-il d’entendre un beau conte d’amour et
de
mort ?… » — Rien au monde ne saurait nous plaire davantage. À tel poi
108
ue ce début du Tristan de Bédier doit passer pour
le
type idéal de la première phrase d’un roman. C’est le trait d’un art
109
Tristan de Bédier doit passer pour le type idéal
de
la première phrase d’un roman. C’est le trait d’un art infaillible qu
110
t passer pour le type idéal de la première phrase
d’
un roman. C’est le trait d’un art infaillible qui nous jette dès le se
111
ype idéal de la première phrase d’un roman. C’est
le
trait d’un art infaillible qui nous jette dès le seuil du conte dans
112
de la première phrase d’un roman. C’est le trait
d’
un art infaillible qui nous jette dès le seuil du conte dans l’état pa
113
le trait d’un art infaillible qui nous jette dès
le
seuil du conte dans l’état passionné d’attente où naît l’illusion rom
114
illible qui nous jette dès le seuil du conte dans
l’
état passionné d’attente où naît l’illusion romanesque. D’où vient ce
115
jette dès le seuil du conte dans l’état passionné
d’
attente où naît l’illusion romanesque. D’où vient ce charme ? Et quell
116
du conte dans l’état passionné d’attente où naît
l’
illusion romanesque. D’où vient ce charme ? Et quelles complicités cet
117
assionné d’attente où naît l’illusion romanesque.
D’
où vient ce charme ? Et quelles complicités cet artifice de « rhétoriq
118
t ce charme ? Et quelles complicités cet artifice
de
« rhétorique profonde » sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que l’acco
119
profonde » sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que
l’
accord d’amour et de mort soit celui qui émeuve en nous les résonances
120
» sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que l’accord
d’
amour et de mort soit celui qui émeuve en nous les résonances les plus
121
ejoindre dans nos cœurs ? Que l’accord d’amour et
de
mort soit celui qui émeuve en nous les résonances les plus profondes,
122
d’amour et de mort soit celui qui émeuve en nous
les
résonances les plus profondes, c’est un fait qu’établit à première vu
123
mort soit celui qui émeuve en nous les résonances
les
plus profondes, c’est un fait qu’établit à première vue le succès pro
124
rofondes, c’est un fait qu’établit à première vue
le
succès prodigieux du roman. Il est d’autres raisons, plus secrètes, d
125
du roman. Il est d’autres raisons, plus secrètes,
d’
y voir comme une définition de la conscience occidentale… Amour et mor
126
ons, plus secrètes, d’y voir comme une définition
de
la conscience occidentale… Amour et mort, amour mortel : si ce n’est
127
, plus secrètes, d’y voir comme une définition de
la
conscience occidentale… Amour et mort, amour mortel : si ce n’est pas
128
our et mort, amour mortel : si ce n’est pas toute
la
poésie, c’est du moins tout ce qu’il y a de populaire, tout ce qu’il
129
toute la poésie, c’est du moins tout ce qu’il y a
de
populaire, tout ce qu’il y a d’universellement émouvant dans nos litt
130
tout ce qu’il y a de populaire, tout ce qu’il y a
d’
universellement émouvant dans nos littératures ; et dans nos plus viei
131
illes légendes, et dans nos plus belles chansons.
L’
amour heureux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que de l’amour mor
132
nos plus belles chansons. L’amour heureux n’a pas
d’
histoire. Il n’est de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de l’a
133
ons. L’amour heureux n’a pas d’histoire. Il n’est
de
roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condam
134
heureux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que
de
l’amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la vie
135
reux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que de
l’
amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la vie mê
136
’est de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire
de
l’amour menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte le lyrisme
137
t de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de
l’
amour menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte le lyrisme occ
138
l, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par
la
vie même. Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisi
139
menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte
le
lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisir des sens, ni la paix féco
140
Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n’est pas
le
plaisir des sens, ni la paix féconde du couple. C’est moins l’amour c
141
occidental, ce n’est pas le plaisir des sens, ni
la
paix féconde du couple. C’est moins l’amour comblé que la passion d’a
142
s sens, ni la paix féconde du couple. C’est moins
l’
amour comblé que la passion d’amour. Et passion signifie souffrance. V
143
féconde du couple. C’est moins l’amour comblé que
la
passion d’amour. Et passion signifie souffrance. Voilà le fait fondam
144
couple. C’est moins l’amour comblé que la passion
d’
amour. Et passion signifie souffrance. Voilà le fait fondamental. Mais
145
on d’amour. Et passion signifie souffrance. Voilà
le
fait fondamental. Mais l’enthousiasme que nous montrons pour le roman
146
nifie souffrance. Voilà le fait fondamental. Mais
l’
enthousiasme que nous montrons pour le roman, et pour le film né du ro
147
ental. Mais l’enthousiasme que nous montrons pour
le
roman, et pour le film né du roman ; l’érotisme idéalisé diffus dans
148
ousiasme que nous montrons pour le roman, et pour
le
film né du roman ; l’érotisme idéalisé diffus dans toute notre cultur
149
rons pour le roman, et pour le film né du roman ;
l’
érotisme idéalisé diffus dans toute notre culture, dans notre éducatio
150
s toute notre culture, dans notre éducation, dans
les
images qui font le décor de nos vies ; enfin le besoin d’évasion exas
151
e, dans notre éducation, dans les images qui font
le
décor de nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mé
152
otre éducation, dans les images qui font le décor
de
nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mécanique,
153
les images qui font le décor de nos vies ; enfin
le
besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mécanique, tout en nous et auto
154
s qui font le décor de nos vies ; enfin le besoin
d’
évasion exaspéré par l’ennui mécanique, tout en nous et autour de nous
155
nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par
l’
ennui mécanique, tout en nous et autour de nous glorifie à tel point l
156
ut en nous et autour de nous glorifie à tel point
la
passion que nous en sommes venus à voir en elle une promesse de vie p
157
nous en sommes venus à voir en elle une promesse
de
vie plus vivante, une puissance qui transfigure, quelque chose qui se
158
e, quelque chose qui serait au-delà du bonheur et
de
la souffrance, une béatitude ardente. Dans « passion » nous ne senton
159
quelque chose qui serait au-delà du bonheur et de
la
souffrance, une béatitude ardente. Dans « passion » nous ne sentons p
160
e » mais « ce qui est passionnant ». Et pourtant,
la
passion d’amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous viv
161
ce qui est passionnant ». Et pourtant, la passion
d’
amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous vivons et dont
162
nant ». Et pourtant, la passion d’amour signifie,
de
fait, un malheur. La société où nous vivons et dont les mœurs n’ont g
163
la passion d’amour signifie, de fait, un malheur.
La
société où nous vivons et dont les mœurs n’ont guère changé, sous ce
164
it, un malheur. La société où nous vivons et dont
les
mœurs n’ont guère changé, sous ce rapport, depuis des siècles, réduit
165
angé, sous ce rapport, depuis des siècles, réduit
l’
amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de l’adultère. Et
166
uit l’amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir
la
forme de l’adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tou
167
ur-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme
de
l’adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tous les cas
168
passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de
l’
adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tous les cas d’
169
tir la forme de l’adultère. Et j’entends bien que
les
amants invoqueront tous les cas d’exception, mais la statistique est
170
Et j’entends bien que les amants invoqueront tous
les
cas d’exception, mais la statistique est cruelle : elle réfute notre
171
ends bien que les amants invoqueront tous les cas
d’
exception, mais la statistique est cruelle : elle réfute notre poésie.
172
amants invoqueront tous les cas d’exception, mais
la
statistique est cruelle : elle réfute notre poésie. Vivons-nous dans
173
us exalte à ce qui semblerait combler notre idéal
de
vie harmonieuse ? Serrons de plus près cette contradiction, par un ef
174
squ’il tend à détruire une illusion. Affirmer que
l’
amour-passion signifie, de fait, l’adultère, c’est insister sur la réa
175
illusion. Affirmer que l’amour-passion signifie,
de
fait, l’adultère, c’est insister sur la réalité que notre culte de l’
176
. Affirmer que l’amour-passion signifie, de fait,
l’
adultère, c’est insister sur la réalité que notre culte de l’amour mas
177
signifie, de fait, l’adultère, c’est insister sur
la
réalité que notre culte de l’amour masque et transfigure à la fois ;
178
re, c’est insister sur la réalité que notre culte
de
l’amour masque et transfigure à la fois ; c’est mettre au jour ce que
179
c’est insister sur la réalité que notre culte de
l’
amour masque et transfigure à la fois ; c’est mettre au jour ce que ce
180
our ce que ce culte dissimule, refoule, et refuse
de
nommer pour nous permettre un abandon ardent à ce que nous n’osions p
181
on ardent à ce que nous n’osions pas revendiquer.
La
résistance même qu’éprouvera le lecteur à reconnaître que passion et
182
pas revendiquer. La résistance même qu’éprouvera
le
lecteur à reconnaître que passion et adultère se confondent le plus s
183
reconnaître que passion et adultère se confondent
le
plus souvent dans la société qui est la nôtre, n’est-ce pas une premi
184
on et adultère se confondent le plus souvent dans
la
société qui est la nôtre, n’est-ce pas une première preuve de ce fait
185
onfondent le plus souvent dans la société qui est
la
nôtre, n’est-ce pas une première preuve de ce fait paradoxal : que no
186
ui est la nôtre, n’est-ce pas une première preuve
de
ce fait paradoxal : que nous voulons la passion et le malheur à condi
187
re preuve de ce fait paradoxal : que nous voulons
la
passion et le malheur à condition de ne jamais avouer que nous les vo
188
e fait paradoxal : que nous voulons la passion et
le
malheur à condition de ne jamais avouer que nous les voulons en tant
189
malheur à condition de ne jamais avouer que nous
les
voulons en tant que tels ? ⁂ Pour qui nous jugerait sur nos littératu
190
? ⁂ Pour qui nous jugerait sur nos littératures,
l’
adultère paraîtrait l’une des occupations les plus remarquables auxque
191
ures, l’adultère paraîtrait l’une des occupations
les
plus remarquables auxquelles se livrent les Occidentaux. On aurait vi
192
tions les plus remarquables auxquelles se livrent
les
Occidentaux. On aurait vite dressé la liste des romans qui n’y font a
193
se livrent les Occidentaux. On aurait vite dressé
la
liste des romans qui n’y font aucune allusion ; et le succès remporté
194
iste des romans qui n’y font aucune allusion ; et
le
succès remporté par les autres, les complaisances qu’ils éveillent, l
195
font aucune allusion ; et le succès remporté par
les
autres, les complaisances qu’ils éveillent, la passion même qu’on app
196
allusion ; et le succès remporté par les autres,
les
complaisances qu’ils éveillent, la passion même qu’on apporte à les c
197
r les autres, les complaisances qu’ils éveillent,
la
passion même qu’on apporte à les condamner quelquefois, tout cela dit
198
qu’ils éveillent, la passion même qu’on apporte à
les
condamner quelquefois, tout cela dit assez à quoi rêvent les couples,
199
er quelquefois, tout cela dit assez à quoi rêvent
les
couples, sous un régime qui a fait du mariage un devoir et une commod
200
fait du mariage un devoir et une commodité. Sans
l’
adultère, que seraient toutes nos littératures ? Elles vivent de la «
201
e seraient toutes nos littératures ? Elles vivent
de
la « crise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles l’entretienne
202
eraient toutes nos littératures ? Elles vivent de
la
« crise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles l’entretiennent,
203
rise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles
l’
entretiennent, soit qu’elles « chantent » en prose et en vers ce que l
204
qu’elles « chantent » en prose et en vers ce que
la
religion tient pour un crime, et la Loi pour une contravention, soit
205
n vers ce que la religion tient pour un crime, et
la
Loi pour une contravention, soit au contraire qu’elles s’en amusent,
206
, et qu’elles en tirent un répertoire inépuisable
de
situations comiques ou cyniques. Droit divin de la passion, psycholog
207
e de situations comiques ou cyniques. Droit divin
de
la passion, psychologie mondaine, succès du trio au théâtre — soit qu
208
e situations comiques ou cyniques. Droit divin de
la
passion, psychologie mondaine, succès du trio au théâtre — soit qu’on
209
ilise, ou ironise, que fait-on si ce n’est trahir
le
tourment innombrable et obsédant de l’amour en rupture de loi ? Ne se
210
n’est trahir le tourment innombrable et obsédant
de
l’amour en rupture de loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader
211
est trahir le tourment innombrable et obsédant de
l’
amour en rupture de loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader de
212
ent innombrable et obsédant de l’amour en rupture
de
loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader de son affreuse réali
213
e loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader
de
son affreuse réalité ? Tourner la situation en mystique ou en farce,
214
rche à s’évader de son affreuse réalité ? Tourner
la
situation en mystique ou en farce, c’est toujours avouer qu’elle est
215
ou trompés : que ce soit en fait ou en rêve, dans
le
remords ou dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiét
216
soit en fait ou en rêve, dans le remords ou dans
la
crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation,
217
en rêve, dans le remords ou dans la crainte, dans
le
plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’homm
218
ns le remords ou dans la crainte, dans le plaisir
de
la révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne s
219
le remords ou dans la crainte, dans le plaisir de
la
révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne se r
220
dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou
l’
anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent d
221
ainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété
de
la tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent dans l’une
222
te, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de
la
tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent dans l’une au
223
révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu
d’
hommes qui ne se reconnaissent dans l’une au moins de ces catégories.
224
ommes qui ne se reconnaissent dans l’une au moins
de
ces catégories. Renoncements, compromis, ruptures, neurasthénies, con
225
neurasthénies, confusions irritantes et mesquines
de
rêves, d’obligations, de complaisances secrètes — la moitié du malheu
226
ies, confusions irritantes et mesquines de rêves,
d’
obligations, de complaisances secrètes — la moitié du malheur humain s
227
irritantes et mesquines de rêves, d’obligations,
de
complaisances secrètes — la moitié du malheur humain se résume dans l
228
rêves, d’obligations, de complaisances secrètes —
la
moitié du malheur humain se résume dans le mot d’adultère. Malgré tou
229
ètes — la moitié du malheur humain se résume dans
le
mot d’adultère. Malgré toutes nos littératures — ou peut-être à cause
230
la moitié du malheur humain se résume dans le mot
d’
adultère. Malgré toutes nos littératures — ou peut-être à cause d’elle
231
ré toutes nos littératures — ou peut-être à cause
d’
elles justement — il peut sembler parfois qu’on n’ait encore rien dit
232
t sembler parfois qu’on n’ait encore rien dit sur
la
réalité de ce malheur. Et que certaines questions des plus naïves, en
233
arfois qu’on n’ait encore rien dit sur la réalité
de
ce malheur. Et que certaines questions des plus naïves, en ce domaine
234
té plus souvent résolues que posées… Par exemple,
le
mal constaté, faut-il en rejeter la faute sur l’institution du mariag
235
Par exemple, le mal constaté, faut-il en rejeter
la
faute sur l’institution du mariage, ou au contraire, sur « quelque ch
236
le mal constaté, faut-il en rejeter la faute sur
l’
institution du mariage, ou au contraire, sur « quelque chose » qui la
237
riage, ou au contraire, sur « quelque chose » qui
la
ruine au cœur même de nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup
238
, sur « quelque chose » qui la ruine au cœur même
de
nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup le pensent, la concep
239
e nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup
le
pensent, la conception dite « chrétienne » du mariage qui cause tout
240
ons ? Est-ce vraiment, comme beaucoup le pensent,
la
conception dite « chrétienne » du mariage qui cause tout notre tourme
241
tourment, ou au contraire, est-ce une conception
de
l’amour dont on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès le pri
242
urment, ou au contraire, est-ce une conception de
l’
amour dont on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès le princi
243
on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès
le
principe, insupportable ? Je constate que l’Occidental aime au moins
244
dès le principe, insupportable ? Je constate que
l’
Occidental aime au moins autant ce qui détruit que ce qui assure « le
245
u moins autant ce qui détruit que ce qui assure «
le
bonheur des époux ». D’où peut venir une telle contradiction ? Si le
246
truit que ce qui assure « le bonheur des époux ».
D’
où peut venir une telle contradiction ? Si le secret de la crise du ma
247
x ». D’où peut venir une telle contradiction ? Si
le
secret de la crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit,
248
peut venir une telle contradiction ? Si le secret
de
la crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit, d’où nous
249
t venir une telle contradiction ? Si le secret de
la
crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit, d’où nous vi
250
i le secret de la crise du mariage est simplement
l’
attrait de l’interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idé
251
t de la crise du mariage est simplement l’attrait
de
l’interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amo
252
e la crise du mariage est simplement l’attrait de
l’
interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amour
253
u mariage est simplement l’attrait de l’interdit,
d’
où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amour trahit-il ?
254
d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée
de
l’amour trahit-il ? Quel secret de notre existence, de notre esprit,
255
où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de
l’
amour trahit-il ? Quel secret de notre existence, de notre esprit, de
256
? Quelle idée de l’amour trahit-il ? Quel secret
de
notre existence, de notre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.
257
amour trahit-il ? Quel secret de notre existence,
de
notre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.Le mythe Il exist
258
Quel secret de notre existence, de notre esprit,
de
notre histoire peut-être ? 2.Le mythe Il existe un grand mythe
259
2.Le mythe Il existe un grand mythe européen
de
l’adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre ext
260
.Le mythe Il existe un grand mythe européen de
l’
adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrêm
261
Il existe un grand mythe européen de l’adultère :
le
Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême de nos mœur
262
un grand mythe européen de l’adultère : le Roman
de
Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans l
263
Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême
de
nos mœurs, dans la confusion des morales et des immoralismes qui en v
264
Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans
la
confusion des morales et des immoralismes qui en vivent, aux moments
265
es et des immoralismes qui en vivent, aux moments
les
plus purs d’un drame, il arrive qu’on voie transparaître en filigrane
266
ralismes qui en vivent, aux moments les plus purs
d’
un drame, il arrive qu’on voie transparaître en filigrane cette forme
267
e. Comme une grande image simple, comme une sorte
de
type primitif de nos tourments les plus complexes. Et de même que pou
268
de image simple, comme une sorte de type primitif
de
nos tourments les plus complexes. Et de même que pour se tirer des co
269
comme une sorte de type primitif de nos tourments
les
plus complexes. Et de même que pour se tirer des confusions de notre
270
exes. Et de même que pour se tirer des confusions
de
notre langue, les poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs or
271
que pour se tirer des confusions de notre langue,
les
poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs origines lointaines,
272
onfusions de notre langue, les poètes ont coutume
de
rapporter les mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à la cho
273
notre langue, les poètes ont coutume de rapporter
les
mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à la chose ou à l’acte
274
mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à
la
chose ou à l’acte qu’on pense qu’ils désignaient d’abord, je voudrais
275
origines lointaines, c’est-à-dire à la chose ou à
l’
acte qu’on pense qu’ils désignaient d’abord, je voudrais rapporter à c
276
oudrais rapporter à ce mythe certaines confusions
de
nos mœurs. Étymologie des passions, moins décevante que celle des mot
277
tion. ⁂ Mais d’abord, dira-t-on, est-il exact que
le
roman de Tristan soit un mythe ? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruir
278
ais d’abord, dira-t-on, est-il exact que le roman
de
Tristan soit un mythe ? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruire son cha
279
dans ce cas, n’est-ce pas détruire son charme que
d’
essayer de l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est s
280
s, n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer
de
l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme d’
281
n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer de
l’
analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme d’irr
282
n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme
d’
irréalité ou d’illusion. Trop de mythes manifestent parmi nous une pui
283
us à croire que mythe est synonyme d’irréalité ou
d’
illusion. Trop de mythes manifestent parmi nous une puissance trop inc
284
ythe est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop
de
mythes manifestent parmi nous une puissance trop incontestable. Mais
285
parmi nous une puissance trop incontestable. Mais
l’
abus que l’on fait du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire d’un
286
une puissance trop incontestable. Mais l’abus que
l’
on fait du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire d’une manière g
287
stable. Mais l’abus que l’on fait du mot oblige à
le
redéfinir. On pourrait dire d’une manière générale qu’un mythe est un
288
it du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire
d’
une manière générale qu’un mythe est une histoire, une fable symboliqu
289
e, simple et frappante, résumant un nombre infini
de
situations plus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir d’un co
290
bre infini de situations plus ou moins analogues.
Le
mythe permet de saisir d’un coup d’œil certains types de relations co
291
tuations plus ou moins analogues. Le mythe permet
de
saisir d’un coup d’œil certains types de relations constantes, et de
292
lus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir
d’
un coup d’œil certains types de relations constantes, et de les dégage
293
e permet de saisir d’un coup d’œil certains types
de
relations constantes, et de les dégager du fouillis des apparences qu
294
d’œil certains types de relations constantes, et
de
les dégager du fouillis des apparences quotidiennes. Dans un sens plu
295
œil certains types de relations constantes, et de
les
dégager du fouillis des apparences quotidiennes. Dans un sens plus ét
296
pparences quotidiennes. Dans un sens plus étroit,
les
mythes traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religi
297
. Dans un sens plus étroit, les mythes traduisent
les
règles de conduite d’un groupe social ou religieux. Ils procèdent don
298
ens plus étroit, les mythes traduisent les règles
de
conduite d’un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’élé
299
oit, les mythes traduisent les règles de conduite
d’
un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’élément sacré a
300
un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc
de
l’élément sacré autour duquel s’est constitué le groupe. (Récits symb
301
groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de
l’
élément sacré autour duquel s’est constitué le groupe. (Récits symboli
302
de l’élément sacré autour duquel s’est constitué
le
groupe. (Récits symboliques de la vie et de la mort des dieux, légend
303
el s’est constitué le groupe. (Récits symboliques
de
la vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou
304
s’est constitué le groupe. (Récits symboliques de
la
vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’
305
titué le groupe. (Récits symboliques de la vie et
de
la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’origine de
306
ué le groupe. (Récits symboliques de la vie et de
la
mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’origine des t
307
vie et de la mort des dieux, légendes expliquant
les
sacrifices ou l’origine des tabous, etc.). On l’a remarqué souvent :
308
des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou
l’
origine des tabous, etc.). On l’a remarqué souvent : un mythe n’a pas
309
les sacrifices ou l’origine des tabous, etc.). On
l’
a remarqué souvent : un mythe n’a pas d’auteur. Son origine doit être
310
etc.). On l’a remarqué souvent : un mythe n’a pas
d’
auteur. Son origine doit être obscure. Et son sens même l’est en parti
311
. Son origine doit être obscure. Et son sens même
l’
est en partie. Il se présente comme l’expression tout anonyme de réali
312
n sens même l’est en partie. Il se présente comme
l’
expression tout anonyme de réalités collectives, ou plus exactement :
313
e. Il se présente comme l’expression tout anonyme
de
réalités collectives, ou plus exactement : communes. L’œuvre d’art —
314
lités collectives, ou plus exactement : communes.
L’
œuvre d’art — poème, conte ou roman — se distingue donc radicalement d
315
mythe. Sa valeur ne relève en effet que du talent
de
son créateur. Ce qui importe en elle, c’est justement ce qui n’import
316
n elle, c’est justement ce qui n’importe pas dans
le
cas du mythe : sa « beauté », ou sa « vraisemblance », et toutes ses
317
, ou sa « vraisemblance », et toutes ses qualités
de
réussite singulière (originalité, habileté, style, etc.). Mais le ca
318
lière (originalité, habileté, style, etc.). Mais
le
caractère le plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur
319
alité, habileté, style, etc.). Mais le caractère
le
plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, général
320
Mais le caractère le plus profond du mythe, c’est
le
pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. Ce qui fait
321
mme telle, n’a pas à proprement parler un pouvoir
de
contrainte sur le public. Si belle et puissante qu’elle soit, on peut
322
à proprement parler un pouvoir de contrainte sur
le
public. Si belle et puissante qu’elle soit, on peut toujours la criti
323
belle et puissante qu’elle soit, on peut toujours
la
critiquer, ou la goûter pour des raisons individuelles. Il n’en va pa
324
e qu’elle soit, on peut toujours la critiquer, ou
la
goûter pour des raisons individuelles. Il n’en va pas de même pour le
325
aisons individuelles. Il n’en va pas de même pour
le
mythe : son énoncé désarme toute critique, réduit au silence la raiso
326
énoncé désarme toute critique, réduit au silence
la
raison, ou tout au moins, la rend inefficace. Or je me propose d’envi
327
e, réduit au silence la raison, ou tout au moins,
la
rend inefficace. Or je me propose d’envisager Tristan non point comme
328
ut au moins, la rend inefficace. Or je me propose
d’
envisager Tristan non point comme œuvre littéraire, mais comme type de
329
e œuvre littéraire, mais comme type des relations
de
l’homme et de la femme dans un groupe historique donné : l’élite soci
330
uvre littéraire, mais comme type des relations de
l’
homme et de la femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale
331
aire, mais comme type des relations de l’homme et
de
la femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale, la cheval
332
e, mais comme type des relations de l’homme et de
la
femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale, la chevaleri
333
et de la femme dans un groupe historique donné :
l’
élite sociale, la chevalerie du xiie et du xiiie siècle. Ce groupe e
334
ans un groupe historique donné : l’élite sociale,
la
chevalerie du xiie et du xiiie siècle. Ce groupe est à vrai dire di
335
ngtemps. Pourtant ses lois sont encore les nôtres
d’
une manière secrète et diffuse. Profanées et reniées par nos codes off
336
iées par nos codes officiels, elles sont devenues
d’
autant plus contraignantes qu’elles n’ont plus de pouvoir que sur nos
337
d’autant plus contraignantes qu’elles n’ont plus
de
pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de la légende de Tristan
338
s de pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits
de
la légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord
339
e pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de
la
légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le
340
ue sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de la légende
de
Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que l
341
. ⁂ Bien des traits de la légende de Tristan sont
de
ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que l’auteur — à supp
342
n sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord
le
fait que l’auteur — à supposer qu’il y en eût un, et un seul — nous e
343
ux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que
l’
auteur — à supposer qu’il y en eût un, et un seul — nous est totalemen
344
eût un, et un seul — nous est totalement inconnu.
Les
cinq versions « originales » qui nous restent sont des remaniements a
345
ui nous restent sont des remaniements artistiques
d’
un archétype dont on n’a pu trouver la moindre trace1. Un autre aspect
346
artistiques d’un archétype dont on n’a pu trouver
la
moindre trace1. Un autre aspect mythique de la légende de Tristan, c’
347
ouver la moindre trace1. Un autre aspect mythique
de
la légende de Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise2. Le pro
348
er la moindre trace1. Un autre aspect mythique de
la
légende de Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise2. Le progrè
349
re trace1. Un autre aspect mythique de la légende
de
Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise2. Le progrès de l’acti
350
e aspect mythique de la légende de Tristan, c’est
l’
élément sacré qu’elle utilise2. Le progrès de l’action, et les effets
351
Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise2.
Le
progrès de l’action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’audit
352
’est l’élément sacré qu’elle utilise2. Le progrès
de
l’action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépend
353
t l’élément sacré qu’elle utilise2. Le progrès de
l’
action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépendent
354
acré qu’elle utilise2. Le progrès de l’action, et
les
effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépendent dans une cert
355
’action, et les effets qu’elle devait exercer sur
l’
auditeur, dépendent dans une certaine mesure (que nous aurons à précis
356
une certaine mesure (que nous aurons à préciser)
d’
un ensemble de règles et de cérémonies qui n’est autre que la coutume
357
mesure (que nous aurons à préciser) d’un ensemble
de
règles et de cérémonies qui n’est autre que la coutume de la chevaler
358
ous aurons à préciser) d’un ensemble de règles et
de
cérémonies qui n’est autre que la coutume de la chevalerie médiévale.
359
le de règles et de cérémonies qui n’est autre que
la
coutume de la chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie f
360
s et de cérémonies qui n’est autre que la coutume
de
la chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie furent souve
361
t de cérémonies qui n’est autre que la coutume de
la
chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie furent souvent
362
tre que la coutume de la chevalerie médiévale. Or
les
« ordres » de chevalerie furent souvent appelés « religions ». Chaste
363
ume de la chevalerie médiévale. Or les « ordres »
de
chevalerie furent souvent appelés « religions ». Chastellain, chroniq
364
t appelés « religions ». Chastellain, chroniqueur
de
la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison d’or (dernier en date)
365
ppelés « religions ». Chastellain, chroniqueur de
la
Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison d’or (dernier en date), e
366
tellain, chroniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi
l’
ordre de la Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un m
367
chroniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre
de
la Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère s
368
roniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de
la
Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère sacr
369
de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison
d’
or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère sacré, en un s
370
ison d’or (dernier en date), et il en parle comme
d’
un mystère sacré, en un siècle où pourtant la chevalerie n’était plus
371
omme d’un mystère sacré, en un siècle où pourtant
la
chevalerie n’était plus guère qu’une survivance3. Enfin la nature mêm
372
erie n’était plus guère qu’une survivance3. Enfin
la
nature même de l’obscurité que nous découvrirons dans la légende, dén
373
us guère qu’une survivance3. Enfin la nature même
de
l’obscurité que nous découvrirons dans la légende, dénote sa parenté
374
guère qu’une survivance3. Enfin la nature même de
l’
obscurité que nous découvrirons dans la légende, dénote sa parenté pro
375
re même de l’obscurité que nous découvrirons dans
la
légende, dénote sa parenté profonde avec le mythe. L’obscurité du myt
376
dans la légende, dénote sa parenté profonde avec
le
mythe. L’obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’
377
égende, dénote sa parenté profonde avec le mythe.
L’
obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’expression
378
é du mythe en général ne réside pas dans sa forme
d’
expression4. Elle tient d’une part au mystère de son origine, et d’aut
379
e d’expression4. Elle tient d’une part au mystère
de
son origine, et d’autre part à l’importance vitale des faits que le m
380
part au mystère de son origine, et d’autre part à
l’
importance vitale des faits que le mythe symbolise. Si ces faits n’éta
381
d’autre part à l’importance vitale des faits que
le
mythe symbolise. Si ces faits n’étaient pas obscurs, ou s’il n’y avai
382
érêt à obscurcir leur origine et leur portée pour
les
soustraire à la critique, il n’y aurait pas besoin de mythe. On pourr
383
leur origine et leur portée pour les soustraire à
la
critique, il n’y aurait pas besoin de mythe. On pourrait se contenter
384
oustraire à la critique, il n’y aurait pas besoin
de
mythe. On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité de morale, ou
385
ait pas besoin de mythe. On pourrait se contenter
d’
une loi, d’un traité de morale, ou même d’une historiette jouant le rô
386
oin de mythe. On pourrait se contenter d’une loi,
d’
un traité de morale, ou même d’une historiette jouant le rôle de résum
387
. On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité
de
morale, ou même d’une historiette jouant le rôle de résumé mnémotechn
388
ntenter d’une loi, d’un traité de morale, ou même
d’
une historiette jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point de myth
389
raité de morale, ou même d’une historiette jouant
le
rôle de résumé mnémotechnique. Point de mythe tant qu’il est loisible
390
morale, ou même d’une historiette jouant le rôle
de
résumé mnémotechnique. Point de mythe tant qu’il est loisible de s’en
391
te jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point
de
mythe tant qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et de les e
392
technique. Point de mythe tant qu’il est loisible
de
s’en tenir aux évidences et de les exprimer d’une manière manifeste o
393
qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et
de
les exprimer d’une manière manifeste ou directe. Au contraire, le myt
394
il est loisible de s’en tenir aux évidences et de
les
exprimer d’une manière manifeste ou directe. Au contraire, le mythe p
395
le de s’en tenir aux évidences et de les exprimer
d’
une manière manifeste ou directe. Au contraire, le mythe paraît lorsqu
396
d’une manière manifeste ou directe. Au contraire,
le
mythe paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible d’avouer claire
397
e paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible
d’
avouer clairement un certain nombre de faits sociaux ou religieux, ou
398
impossible d’avouer clairement un certain nombre
de
faits sociaux ou religieux, ou de relations affectives, que l’on tien
399
certain nombre de faits sociaux ou religieux, ou
de
relations affectives, que l’on tient cependant à conserver, ou qu’il
400
aux ou religieux, ou de relations affectives, que
l’
on tient cependant à conserver, ou qu’il est impossible de détruire. N
401
nt cependant à conserver, ou qu’il est impossible
de
détruire. Nous n’avons plus besoin de mythes, par exemple, pour expri
402
impossible de détruire. Nous n’avons plus besoin
de
mythes, par exemple, pour exprimer les vérités de la science : nous l
403
plus besoin de mythes, par exemple, pour exprimer
les
vérités de la science : nous les considérons en effet d’une manière p
404
de mythes, par exemple, pour exprimer les vérités
de
la science : nous les considérons en effet d’une manière parfaitement
405
mythes, par exemple, pour exprimer les vérités de
la
science : nous les considérons en effet d’une manière parfaitement «
406
e, pour exprimer les vérités de la science : nous
les
considérons en effet d’une manière parfaitement « profane », et elles
407
tés de la science : nous les considérons en effet
d’
une manière parfaitement « profane », et elles ont donc tout à gagner
408
nt « profane », et elles ont donc tout à gagner à
la
critique individuelle. Mais nous avons besoin d’un mythe pour exprime
409
la critique individuelle. Mais nous avons besoin
d’
un mythe pour exprimer le fait obscur et inavouable que la passion est
410
. Mais nous avons besoin d’un mythe pour exprimer
le
fait obscur et inavouable que la passion est liée à la mort, et qu’el
411
he pour exprimer le fait obscur et inavouable que
la
passion est liée à la mort, et qu’elle entraîne la destruction pour c
412
it obscur et inavouable que la passion est liée à
la
mort, et qu’elle entraîne la destruction pour ceux qui s’y abandonnen
413
a passion est liée à la mort, et qu’elle entraîne
la
destruction pour ceux qui s’y abandonnent de toutes leurs forces. C’e
414
aîne la destruction pour ceux qui s’y abandonnent
de
toutes leurs forces. C’est que nous voulons sauver cette passion, et
415
ndant que nos morales officielles et notre raison
les
condamnent. L’obscurité du mythe nous met donc en mesure d’accueillir
416
rales officielles et notre raison les condamnent.
L’
obscurité du mythe nous met donc en mesure d’accueillir son contenu dé
417
ent. L’obscurité du mythe nous met donc en mesure
d’
accueillir son contenu déguisé et d’en jouir par l’imagination, sans e
418
onc en mesure d’accueillir son contenu déguisé et
d’
en jouir par l’imagination, sans en prendre toutefois une conscience a
419
’accueillir son contenu déguisé et d’en jouir par
l’
imagination, sans en prendre toutefois une conscience assez claire pou
420
tefois une conscience assez claire pour qu’éclate
la
contradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri de la critique certai
421
clate la contradiction. Ainsi se trouvent mises à
l’
abri de la critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pr
422
a contradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri
de
la critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pressento
423
ontradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri de
la
critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pressentons
424
es que nous sentons ou pressentons fondamentales.
Le
mythe exprime ces réalités, dans la mesure où notre instinct l’exige,
425
ondamentales. Le mythe exprime ces réalités, dans
la
mesure où notre instinct l’exige, mais il les voile aussi dans la mes
426
me ces réalités, dans la mesure où notre instinct
l’
exige, mais il les voile aussi dans la mesure où le grand jour et la r
427
dans la mesure où notre instinct l’exige, mais il
les
voile aussi dans la mesure où le grand jour et la raison5 les menacer
428
re instinct l’exige, mais il les voile aussi dans
la
mesure où le grand jour et la raison5 les menaceraient. ⁂ D’origine i
429
’exige, mais il les voile aussi dans la mesure où
le
grand jour et la raison5 les menaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou ma
430
es voile aussi dans la mesure où le grand jour et
la
raison5 les menaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue — de car
431
ssi dans la mesure où le grand jour et la raison5
les
menaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue — de caractère primi
432
ù le grand jour et la raison5 les menaceraient. ⁂
D’
origine inconnue ou mal connue — de caractère primitivement sacré — vo
433
enaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue —
de
caractère primitivement sacré — voilant le secret qu’il exprime, le R
434
nnue — de caractère primitivement sacré — voilant
le
secret qu’il exprime, le Roman mythique de Tristan posséderait-il au
435
tivement sacré — voilant le secret qu’il exprime,
le
Roman mythique de Tristan posséderait-il au même degré les qualités c
436
oilant le secret qu’il exprime, le Roman mythique
de
Tristan posséderait-il au même degré les qualités contraignantes d’un
437
mythique de Tristan posséderait-il au même degré
les
qualités contraignantes d’un vrai mythe ? Cette question ne peut être
438
rait-il au même degré les qualités contraignantes
d’
un vrai mythe ? Cette question ne peut être esquivée. Elle nous porte
439
esquivée. Elle nous porte au cœur du problème et
de
son actualité. Précisons que les règles chevaleresques qui jouaient b
440
ur du problème et de son actualité. Précisons que
les
règles chevaleresques qui jouaient bel et bien au xiiie siècle un rô
441
qui jouaient bel et bien au xiiie siècle un rôle
de
contrainte absolue, n’interviennent dans le roman qu’à titre d’obstac
442
rôle de contrainte absolue, n’interviennent dans
le
roman qu’à titre d’obstacle mythique et de figures rituelles de rhéto
443
absolue, n’interviennent dans le roman qu’à titre
d’
obstacle mythique et de figures rituelles de rhétorique. Sans elles, l
444
t dans le roman qu’à titre d’obstacle mythique et
de
figures rituelles de rhétorique. Sans elles, la fable n’aurait pas tr
445
titre d’obstacle mythique et de figures rituelles
de
rhétorique. Sans elles, la fable n’aurait pas trouvé ses prétextes à
446
t de figures rituelles de rhétorique. Sans elles,
la
fable n’aurait pas trouvé ses prétextes à rebondissements, et surtout
447
r que ces « cérémonies » sociales sont des moyens
de
faire admettre un contenu antisocial, qui est la passion. Le mot « co
448
de faire admettre un contenu antisocial, qui est
la
passion. Le mot « contenu » prend ici toute sa force : la passion de
449
mettre un contenu antisocial, qui est la passion.
Le
mot « contenu » prend ici toute sa force : la passion de Tristan et d
450
on. Le mot « contenu » prend ici toute sa force :
la
passion de Tristan et d’Iseut est littéralement « contenue » par les
451
« contenu » prend ici toute sa force : la passion
de
Tristan et d’Iseut est littéralement « contenue » par les règles de l
452
end ici toute sa force : la passion de Tristan et
d’
Iseut est littéralement « contenue » par les règles de la chevalerie.
453
tan et d’Iseut est littéralement « contenue » par
les
règles de la chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle po
454
eut est littéralement « contenue » par les règles
de
la chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle pourra s’exp
455
est littéralement « contenue » par les règles de
la
chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle pourra s’exprim
456
ondition seulement qu’elle pourra s’exprimer dans
le
demi-jour du mythe. Car en tant que passion qui veut la Nuit et qui t
457
i-jour du mythe. Car en tant que passion qui veut
la
Nuit et qui triomphe dans une Mort transfigurante, elle représente po
458
e menace violemment intolérable. Il faut donc que
les
groupes constitués soient capables de lui opposer une structure forte
459
t donc que les groupes constitués soient capables
de
lui opposer une structure fortement charpentée, pour qu’elle trouve l
460
ructure fortement charpentée, pour qu’elle trouve
l’
occasion de s’extérioriser sans causer les pires dégâts. Que, par la s
461
tement charpentée, pour qu’elle trouve l’occasion
de
s’extérioriser sans causer les pires dégâts. Que, par la suite, le li
462
e trouve l’occasion de s’extérioriser sans causer
les
pires dégâts. Que, par la suite, le lien social vienne à faiblir, ou
463
térioriser sans causer les pires dégâts. Que, par
la
suite, le lien social vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissoci
464
sans causer les pires dégâts. Que, par la suite,
le
lien social vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le myth
465
la suite, le lien social vienne à faiblir, ou que
le
groupe soit dissocié, le mythe cessera d’être un mythe au sens strict
466
vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié,
le
mythe cessera d’être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perd
467
ou que le groupe soit dissocié, le mythe cessera
d’
être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en force contra
468
il aura perdu en force contraignante et en moyens
de
se communiquer sous une forme voilée et admissible, il le retrouvera
469
mmuniquer sous une forme voilée et admissible, il
le
retrouvera en influence souterraine et en violence anarchisante. À me
470
erraine et en violence anarchisante. À mesure que
la
chevalerie, même sous sa forme profanée de savoir-vivre — les usages
471
re que la chevalerie, même sous sa forme profanée
de
savoir-vivre — les usages qu’il faut observer si l’on veut être un ge
472
ie, même sous sa forme profanée de savoir-vivre —
les
usages qu’il faut observer si l’on veut être un gentleman — perdra se
473
savoir-vivre — les usages qu’il faut observer si
l’
on veut être un gentleman — perdra ses dernières vertus, la passion «
474
être un gentleman — perdra ses dernières vertus,
la
passion « contenue » dans le mythe primitif se répandra dans la vie q
475
es dernières vertus, la passion « contenue » dans
le
mythe primitif se répandra dans la vie quotidienne, envahira le subco
476
ontenue » dans le mythe primitif se répandra dans
la
vie quotidienne, envahira le subconscient, — appellera de nouvelles c
477
tif se répandra dans la vie quotidienne, envahira
le
subconscient, — appellera de nouvelles contraintes, se les inventera
478
uotidienne, envahira le subconscient, — appellera
de
nouvelles contraintes, se les inventera au besoin… Car nous verrons q
479
nscient, — appellera de nouvelles contraintes, se
les
inventera au besoin… Car nous verrons que ce n’est pas seulement la n
480
soin… Car nous verrons que ce n’est pas seulement
la
nature de la société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exi
481
nous verrons que ce n’est pas seulement la nature
de
la société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu
482
s verrons que ce n’est pas seulement la nature de
la
société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu ma
483
n’est pas seulement la nature de la société, mais
l’
ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, a
484
ement la nature de la société, mais l’ardeur même
de
la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, au sens strict
485
nt la nature de la société, mais l’ardeur même de
la
sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, au sens strict du
486
me de la sombre passion qui exige un aveu masqué.
Le
mythe, au sens strict du terme, se constitua au xiie siècle, c’est-à
487
au xiie siècle, c’est-à-dire dans une période où
les
élites faisaient un vaste effort de mise en ordre sociale et morale.
488
e période où les élites faisaient un vaste effort
de
mise en ordre sociale et morale. Il s’agissait de « contenir », préci
489
de mise en ordre sociale et morale. Il s’agissait
de
« contenir », précisément, les poussées de l’instinct destructeur : c
490
rale. Il s’agissait de « contenir », précisément,
les
poussées de l’instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant,
491
issait de « contenir », précisément, les poussées
de
l’instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant, l’exaspérai
492
ait de « contenir », précisément, les poussées de
l’
instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant, l’exaspérait.
493
ent, les poussées de l’instinct destructeur : car
la
religion, en l’attaquant, l’exaspérait. Les chroniques, les sermons e
494
s de l’instinct destructeur : car la religion, en
l’
attaquant, l’exaspérait. Les chroniques, les sermons et les satires de
495
ct destructeur : car la religion, en l’attaquant,
l’
exaspérait. Les chroniques, les sermons et les satires de ce siècle no
496
: car la religion, en l’attaquant, l’exaspérait.
Les
chroniques, les sermons et les satires de ce siècle nous révèlent qu’
497
on, en l’attaquant, l’exaspérait. Les chroniques,
les
sermons et les satires de ce siècle nous révèlent qu’il connut une pr
498
ant, l’exaspérait. Les chroniques, les sermons et
les
satires de ce siècle nous révèlent qu’il connut une première « crise
499
érait. Les chroniques, les sermons et les satires
de
ce siècle nous révèlent qu’il connut une première « crise du mariage
500
se du mariage ». Elle appelait une réaction vive.
Le
succès du Roman de Tristan fut donc d’ordonner la passion dans un cad
501
le appelait une réaction vive. Le succès du Roman
de
Tristan fut donc d’ordonner la passion dans un cadre où elle pût s’ex
502
tion vive. Le succès du Roman de Tristan fut donc
d’
ordonner la passion dans un cadre où elle pût s’exprimer en satisfacti
503
Le succès du Roman de Tristan fut donc d’ordonner
la
passion dans un cadre où elle pût s’exprimer en satisfactions symboli
504
t s’exprimer en satisfactions symboliques. (Ainsi
l’
Église avait « compris » le paganisme dans ses rites.) Or si ce cadre
505
ns symboliques. (Ainsi l’Église avait « compris »
le
paganisme dans ses rites.) Or si ce cadre disparaît, cette passion n’
506
as moins. Elle est toujours aussi dangereuse pour
la
vie de la société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la s
507
s. Elle est toujours aussi dangereuse pour la vie
de
la société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la société,
508
Elle est toujours aussi dangereuse pour la vie de
la
société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la société, un
509
té. Elle tend toujours à provoquer, de la part de
la
société, une mise en ordre équivalente. D’où la permanence historique
510
art de la société, une mise en ordre équivalente.
D’
où la permanence historique non point du mythe sous sa forme première,
511
e la société, une mise en ordre équivalente. D’où
la
permanence historique non point du mythe sous sa forme première, mais
512
e non point du mythe sous sa forme première, mais
de
l’exigence mythique à laquelle répondait le Roman. Élargissant notre
513
on point du mythe sous sa forme première, mais de
l’
exigence mythique à laquelle répondait le Roman. Élargissant notre déf
514
mais de l’exigence mythique à laquelle répondait
le
Roman. Élargissant notre définition, nous appellerons mythe, désormai
515
us appellerons mythe, désormais, cette permanence
d’
un type de relations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tris
516
rons mythe, désormais, cette permanence d’un type
de
relations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et Ise
517
ype de relations et des réactions qu’il provoque.
Le
mythe de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais l
518
lations et des réactions qu’il provoque. Le mythe
de
Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phénomè
519
he de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement
le
Roman, mais le phénomène qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas
520
t Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais
le
phénomène qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas cessé de s’éten
521
Roman, mais le phénomène qu’il illustre, et dont
l’
influence n’a pas cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de la
522
qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas cessé
de
s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de la nature obscure, dynamisme
523
pas cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion
de
la nature obscure, dynamisme excité par l’esprit, possibilité préform
524
cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de
la
nature obscure, dynamisme excité par l’esprit, possibilité préformée
525
assion de la nature obscure, dynamisme excité par
l’
esprit, possibilité préformée à la recherche d’une contrainte qui l’ex
526
isme excité par l’esprit, possibilité préformée à
la
recherche d’une contrainte qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : t
527
ar l’esprit, possibilité préformée à la recherche
d’
une contrainte qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le myt
528
ité préformée à la recherche d’une contrainte qui
l’
exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le mythe qui nous tourmente
529
qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est
le
mythe qui nous tourmente. Qu’il ait perdu sa forme primitive voilà pr
530
perdu sa forme primitive voilà précisément ce qui
le
rend si dangereux. Les mythes déchus deviennent vénéneux comme les vé
531
ve voilà précisément ce qui le rend si dangereux.
Les
mythes déchus deviennent vénéneux comme les vérités mortes dont parle
532
reux. Les mythes déchus deviennent vénéneux comme
les
vérités mortes dont parle Nietzsche. 3.Actualité du mythe ; raison
533
arle Nietzsche. 3.Actualité du mythe ; raisons
de
notre analyse Nul besoin d’avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui
534
du mythe ; raisons de notre analyse Nul besoin
d’
avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir enten
535
raisons de notre analyse Nul besoin d’avoir lu
le
Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra
536
besoin d’avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui
de
M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans la v
537
u le Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni
d’
avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’
538
Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu
l’
opéra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’empire nostalgiq
539
ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra
de
Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’empire nostalgique d’un
540
’avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans
la
vie quotidienne l’empire nostalgique d’un tel mythe. Il se trahit dan
541
éra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne
l’
empire nostalgique d’un tel mythe. Il se trahit dans la plupart de nos
542
ubir dans la vie quotidienne l’empire nostalgique
d’
un tel mythe. Il se trahit dans la plupart de nos romans et de nos fil
543
he. Il se trahit dans la plupart de nos romans et
de
nos films, dans leurs succès auprès des masses, dans les complaisance
544
films, dans leurs succès auprès des masses, dans
les
complaisances qu’ils réveillent au cœur des bourgeois, des poètes, de
545
poètes, des mal mariés, des midinettes qui rêvent
d’
amours miraculeuses. Le mythe agit partout où la passion est rêvée com
546
des midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses.
Le
mythe agit partout où la passion est rêvée comme un idéal, non point
547
t d’amours miraculeuses. Le mythe agit partout où
la
passion est rêvée comme un idéal, non point redoutée comme une fièvre
548
rophe, et non point comme une catastrophe. Il vit
de
la vie même de ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était
549
he, et non point comme une catastrophe. Il vit de
la
vie même de ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était le
550
oint comme une catastrophe. Il vit de la vie même
de
ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était le philtre du
551
he. Il vit de la vie même de ceux qui croient que
l’
amour est une destinée (c’était le philtre du Roman) ; qu’il fond sur
552
qui croient que l’amour est une destinée (c’était
le
philtre du Roman) ; qu’il fond sur l’homme impuissant et ravi pour le
553
ée (c’était le philtre du Roman) ; qu’il fond sur
l’
homme impuissant et ravi pour le consumer d’un feu pur ; et qu’il est
554
; qu’il fond sur l’homme impuissant et ravi pour
le
consumer d’un feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que le bo
555
d sur l’homme impuissant et ravi pour le consumer
d’
un feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que le bonheur, la so
556
feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que
le
bonheur, la société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme
557
qu’il est plus fort et plus vrai que le bonheur,
la
société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; i
558
s fort et plus vrai que le bonheur, la société et
la
morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; il est le grand
559
i que le bonheur, la société et la morale. Il vit
de
la vie même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette
560
ue le bonheur, la société et la morale. Il vit de
la
vie même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette rel
561
vit de la vie même du romantisme en nous ; il est
le
grand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se fi
562
e du romantisme en nous ; il est le grand mystère
de
cette religion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres
563
; il est le grand mystère de cette religion dont
les
poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cett
564
eligion dont les poètes du siècle passé se firent
les
prêtres et les inspirés. De cette influence et de sa nature mythique,
565
s poètes du siècle passé se firent les prêtres et
les
inspirés. De cette influence et de sa nature mythique, la preuve est
566
ècle passé se firent les prêtres et les inspirés.
De
cette influence et de sa nature mythique, la preuve est d’ailleurs im
567
es prêtres et les inspirés. De cette influence et
de
sa nature mythique, la preuve est d’ailleurs immédiate. Elle nous ser
568
rés. De cette influence et de sa nature mythique,
la
preuve est d’ailleurs immédiate. Elle nous sera donnée ici même par u
569
ine répugnance du lecteur à envisager mon projet.
Le
Roman de Tristan nous est « sacré » dans la mesure exacte où l’on est
570
nance du lecteur à envisager mon projet. Le Roman
de
Tristan nous est « sacré » dans la mesure exacte où l’on estimera que
571
ojet. Le Roman de Tristan nous est « sacré » dans
la
mesure exacte où l’on estimera que je commets un « sacrilège » en ten
572
istan nous est « sacré » dans la mesure exacte où
l’
on estimera que je commets un « sacrilège » en tentant de l’analyser.
573
timera que je commets un « sacrilège » en tentant
de
l’analyser. Certes, ce reproche de sacrilège revêt alors un sens bien
574
era que je commets un « sacrilège » en tentant de
l’
analyser. Certes, ce reproche de sacrilège revêt alors un sens bien an
575
e » en tentant de l’analyser. Certes, ce reproche
de
sacrilège revêt alors un sens bien anodin, si l’on songe qu’il se tra
576
de sacrilège revêt alors un sens bien anodin, si
l’
on songe qu’il se traduisait, dans les sociétés primitives, non par ce
577
n anodin, si l’on songe qu’il se traduisait, dans
les
sociétés primitives, non par cette répugnance que je prévois, mais pa
578
non par cette répugnance que je prévois, mais par
la
mise à mort du coupable. Le sacré qui entre ici en jeu n’est plus qu’
579
je prévois, mais par la mise à mort du coupable.
Le
sacré qui entre ici en jeu n’est plus qu’une survivance obscure et dé
580
nce obscure et déprimée. Je ne courrai donc guère
d’
autre risque que celui de voir le lecteur fermer le volume à cette pag
581
Je ne courrai donc guère d’autre risque que celui
de
voir le lecteur fermer le volume à cette page. (Et certes, le sens in
582
urrai donc guère d’autre risque que celui de voir
le
lecteur fermer le volume à cette page. (Et certes, le sens inconscien
583
’autre risque que celui de voir le lecteur fermer
le
volume à cette page. (Et certes, le sens inconscient d’un tel geste n
584
ecteur fermer le volume à cette page. (Et certes,
le
sens inconscient d’un tel geste n’est rien de moins que la mise à mor
585
ume à cette page. (Et certes, le sens inconscient
d’
un tel geste n’est rien de moins que la mise à mort de l’auteur. Pourt
586
es, le sens inconscient d’un tel geste n’est rien
de
moins que la mise à mort de l’auteur. Pourtant il demeure sans effets
587
nconscient d’un tel geste n’est rien de moins que
la
mise à mort de l’auteur. Pourtant il demeure sans effets). Mais si tu
588
tel geste n’est rien de moins que la mise à mort
de
l’auteur. Pourtant il demeure sans effets). Mais si tu m’épargnes, ô
589
l geste n’est rien de moins que la mise à mort de
l’
auteur. Pourtant il demeure sans effets). Mais si tu m’épargnes, ô lec
590
ô lecteur ! faut-il croire que cela signifie que
la
passion n’est point sacrée pour toi ? Ou simplement que les hommes d’
591
n n’est point sacrée pour toi ? Ou simplement que
les
hommes d’aujourd’hui ne sont pas moins débiles dans leurs passions qu
592
nt sacrée pour toi ? Ou simplement que les hommes
d’
aujourd’hui ne sont pas moins débiles dans leurs passions que dans leu
593
débiles dans leurs passions que dans leurs gestes
de
réprobation ? À défaut d’ennemis déclarés, où sera le courage que l’o
594
s que dans leurs gestes de réprobation ? À défaut
d’
ennemis déclarés, où sera le courage que l’on réclame des écrivains ?
595
éprobation ? À défaut d’ennemis déclarés, où sera
le
courage que l’on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils l’exercen
596
défaut d’ennemis déclarés, où sera le courage que
l’
on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils l’exercent contre eux-mê
597
e l’on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils
l’
exercent contre eux-mêmes ? Et ne peut-on vraiment livrer bataille qu’
598
mes ? Et ne peut-on vraiment livrer bataille qu’à
l’
adversaire qu’on porte en soi ? J’avoue que j’ai moi-même éprouvé du d
599
me éprouvé du dépit à voir l’un des commentateurs
de
la légende de Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La for
600
éprouvé du dépit à voir l’un des commentateurs de
la
légende de Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La formul
601
dépit à voir l’un des commentateurs de la légende
de
Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La formule est sans
602
r l’un des commentateurs de la légende de Tristan
la
définir « une épopée de l’adultère ». La formule est sans doute exact
603
de la légende de Tristan la définir « une épopée
de
l’adultère ». La formule est sans doute exacte, si l’on se borne à co
604
la légende de Tristan la définir « une épopée de
l’
adultère ». La formule est sans doute exacte, si l’on se borne à consi
605
Tristan la définir « une épopée de l’adultère ».
La
formule est sans doute exacte, si l’on se borne à considérer la donné
606
’adultère ». La formule est sans doute exacte, si
l’
on se borne à considérer la donnée sèche du Roman. Elle n’en paraît pa
607
sans doute exacte, si l’on se borne à considérer
la
donnée sèche du Roman. Elle n’en paraît pas moins vexante et « prosaï
608
prosaïquement » restrictive. Peut-on soutenir que
la
faute morale est le vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner p
609
rictive. Peut-on soutenir que la faute morale est
le
vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serai
610
on soutenir que la faute morale est le vrai sujet
de
la légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opé
611
soutenir que la faute morale est le vrai sujet de
la
légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra
612
la faute morale est le vrai sujet de la légende ?
Le
Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra de l’adultère
613
n de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra
de
l’adultère ? Et l’adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot
614
e Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra de
l’
adultère ? Et l’adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? U
615
mple, ne serait-il qu’un opéra de l’adultère ? Et
l’
adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? Une rupture de co
616
, n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? Une rupture
de
contrat ? C’est cela aussi, ce n’est que cela dans trop de cas ; mais
617
t ? C’est cela aussi, ce n’est que cela dans trop
de
cas ; mais c’est souvent bien davantage : une atmosphère tragique et
618
: une atmosphère tragique et passionnée, par-delà
le
bien et le mal, un beau drame ou un drame affreux… Enfin, c’est un dr
619
phère tragique et passionnée, par-delà le bien et
le
mal, un beau drame ou un drame affreux… Enfin, c’est un drame, un rom
620
un drame, un roman. Et romantisme vient de roman…
Le
problème s’élargit magnifiquement — et mon cas empire d’autant. Je di
621
lème s’élargit magnifiquement — et mon cas empire
d’
autant. Je dirai mes raisons de persévérer, et l’on jugera si elles so
622
et mon cas empire d’autant. Je dirai mes raisons
de
persévérer, et l’on jugera si elles sont diaboliques. La première est
623
d’autant. Je dirai mes raisons de persévérer, et
l’
on jugera si elles sont diaboliques. La première est que nous sommes p
624
La première est que nous sommes parvenus au point
de
désordre social où l’immoralisme se révèle plus exténuant que les mor
625
us sommes parvenus au point de désordre social où
l’
immoralisme se révèle plus exténuant que les morales anciennes. Le cul
626
ial où l’immoralisme se révèle plus exténuant que
les
morales anciennes. Le culte de l’amour-passion s’est tellement démocr
627
révèle plus exténuant que les morales anciennes.
Le
culte de l’amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses v
628
lus exténuant que les morales anciennes. Le culte
de
l’amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses vertus est
629
exténuant que les morales anciennes. Le culte de
l’
amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses vertus esthét
630
sé qu’il perd ses vertus esthétiques et sa valeur
de
tragédie spirituelle. Reste une confuse et diffuse souffrance, quelqu
631
une confuse et diffuse souffrance, quelque chose
d’
impur et de triste, dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner
632
e et diffuse souffrance, quelque chose d’impur et
de
triste, dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner les causes
633
dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner
les
causes faussement sacrées : cette littérature de la passion, cette pu
634
les causes faussement sacrées : cette littérature
de
la passion, cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue » d’allure
635
causes faussement sacrées : cette littérature de
la
passion, cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue » d’allure com
636
, cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue »
d’
allure commerciale de ce qui fut un secret religieux… Il faut s’attaqu
637
on lui fait, cette « vogue » d’allure commerciale
de
ce qui fut un secret religieux… Il faut s’attaquer à tout cela, fût-c
638
t s’attaquer à tout cela, fût-ce même pour sauver
le
mythe des abus de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacr
639
t cela, fût-ce même pour sauver le mythe des abus
de
son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège. La poésie a
640
us de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour
le
sacrilège. La poésie a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas
641
ême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège.
La
poésie a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur
642
e a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas
d’
un défenseur de la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût
643
ances. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur
de
la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair
644
es. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur de
la
beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair, d
645
s d’un défenseur de la beauté, même maudite, mais
d’
un homme qui a le goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie
646
de la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a
le
goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de
647
auté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût
d’
y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de ses cont
648
te, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair,
de
prendre conscience de sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je
649
i a le goût d’y voir clair, de prendre conscience
de
sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de
650
’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et
de
la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’e
651
voir clair, de prendre conscience de sa vie et de
la
vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est
652
air, de prendre conscience de sa vie et de la vie
de
ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’il p
653
ie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe
de
Tristan, c’est qu’il permet de dégager une raison simple de notre con
654
m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’il permet
de
dégager une raison simple de notre confusion présente. C’est qu’il pe
655
, c’est qu’il permet de dégager une raison simple
de
notre confusion présente. C’est qu’il permet aussi de formuler certai
656
otre confusion présente. C’est qu’il permet aussi
de
formuler certaines relations permanentes noyées sous les vulgarités m
657
muler certaines relations permanentes noyées sous
les
vulgarités minutieuses de nos psychologies. C’est enfin qu’il permet
658
ermanentes noyées sous les vulgarités minutieuses
de
nos psychologies. C’est enfin qu’il permet de mettre à nu certain dil
659
ses de nos psychologies. C’est enfin qu’il permet
de
mettre à nu certain dilemme dont notre vie hâtive, notre culture et l
660
n dilemme dont notre vie hâtive, notre culture et
le
ronron de nos morales sont en passe de nous faire oublier la sévère r
661
dont notre vie hâtive, notre culture et le ronron
de
nos morales sont en passe de nous faire oublier la sévère réalité. Dr
662
culture et le ronron de nos morales sont en passe
de
nous faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de la passion
663
e nos morales sont en passe de nous faire oublier
la
sévère réalité. Dresser le mythe de la passion dans sa violence primi
664
de nous faire oublier la sévère réalité. Dresser
le
mythe de la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pur
665
faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe
de
la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté monum
666
re oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de
la
passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté monument
667
sur notre impuissance à choisir vaillamment entre
la
Norme du Jour et la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la M
668
e à choisir vaillamment entre la Norme du Jour et
la
Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’ex
669
vaillamment entre la Norme du Jour et la Passion
de
la Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte l’ango
670
illamment entre la Norme du Jour et la Passion de
la
Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte l’angoiss
671
r et la Passion de la Nuit ; dresser cette figure
de
la Mort des Amants qu’exalte l’angoissant et vampirique crescendo du
672
t la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de
la
Mort des Amants qu’exalte l’angoissant et vampirique crescendo du sec
673
sser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte
l’
angoissant et vampirique crescendo du second acte de Wagner, tel est l
674
angoissant et vampirique crescendo du second acte
de
Wagner, tel est le premier objet de cet ouvrage ; et le succès qu’il
675
u second acte de Wagner, tel est le premier objet
de
cet ouvrage ; et le succès qu’il ambitionne, c’est d’amener un lecteu
676
ner, tel est le premier objet de cet ouvrage ; et
le
succès qu’il ambitionne, c’est d’amener un lecteur au seuil du choix
677
et ouvrage ; et le succès qu’il ambitionne, c’est
d’
amener un lecteur au seuil du choix : « J’ai voulu cela ! » ou bien :
678
« Que Dieu m’en garde ! » Je ne suis pas sûr que
la
conscience claire soit utile d’une manière générale, et en soi. Ni qu
679
suis pas sûr que la conscience claire soit utile
d’
une manière générale, et en soi. Ni que les vérités utiles soient avou
680
t utile d’une manière générale, et en soi. Ni que
les
vérités utiles soient avouables sur la place. Mais quelle que soit «
681
i. Ni que les vérités utiles soient avouables sur
la
place. Mais quelle que soit « l’utilité » de mon entreprise, notre so
682
nt avouables sur la place. Mais quelle que soit «
l’
utilité » de mon entreprise, notre sort n’en demeure pas moins, à nous
683
sur la place. Mais quelle que soit « l’utilité »
de
mon entreprise, notre sort n’en demeure pas moins, à nous autres Occi
684
’en demeure pas moins, à nous autres Occidentaux,
de
devenir de plus en plus conscients des illusions dont nous vivons. Et
685
des illusions dont nous vivons. Et peut-être que
la
fonction du philosophe, du moraliste, du créateur de formes idéales,
686
fonction du philosophe, du moraliste, du créateur
de
formes idéales, est simplement d’accroître la conscience, donc la mau
687
te, du créateur de formes idéales, est simplement
d’
accroître la conscience, donc la mauvaise conscience des hommes… Qui s
688
eur de formes idéales, est simplement d’accroître
la
conscience, donc la mauvaise conscience des hommes… Qui sait où cela
689
s, est simplement d’accroître la conscience, donc
la
mauvaise conscience des hommes… Qui sait où cela peut nous mener ? Là
690
où cela peut nous mener ? Là-dessus, il est temps
de
passer à l’opération annoncée. La condition de sa réussite est sans d
691
nous mener ? Là-dessus, il est temps de passer à
l’
opération annoncée. La condition de sa réussite est sans doute une cer
692
s, il est temps de passer à l’opération annoncée.
La
condition de sa réussite est sans doute une certaine froideur avec la
693
ps de passer à l’opération annoncée. La condition
de
sa réussite est sans doute une certaine froideur avec laquelle nous l
694
ns doute une certaine froideur avec laquelle nous
la
mènerons. Sourds et aveugles aux « charmes » du récit, essayons de ré
695
ds et aveugles aux « charmes » du récit, essayons
de
résumer « objectivement » les faits qu’il nous rapporte et les raison
696
» du récit, essayons de résumer « objectivement »
les
faits qu’il nous rapporte et les raisons qu’il en propose, ou qu’il o
697
objectivement » les faits qu’il nous rapporte et
les
raisons qu’il en propose, ou qu’il omet très curieusement de nous ind
698
qu’il en propose, ou qu’il omet très curieusement
de
nous indiquer. 4.Le contenu manifeste du Roman de Tristan6 Amo
699
nous indiquer. 4.Le contenu manifeste du Roman
de
Tristan6 Amors par force vos demeine ! (Béroul.) Tristan naît d
700
force vos demeine ! (Béroul.) Tristan naît dans
le
malheur. Son père vient de mourir, et sa mère Blanchefleur ne survit
701
a mère Blanchefleur ne survit pas à sa naissance.
D’
où le nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’orag
702
e Blanchefleur ne survit pas à sa naissance. D’où
le
nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’orage qui
703
survit pas à sa naissance. D’où le nom du héros,
la
couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’orage qui couvre la légend
704
aissance. D’où le nom du héros, la couleur sombre
de
sa vie, et le ciel bas d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de
705
le nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et
le
ciel bas d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornouailles,
706
éros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas
d’
orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornouailles, frère de Bla
707
mbre de sa vie, et le ciel bas d’orage qui couvre
la
légende. Le roi Marc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend l’
708
ie, et le ciel bas d’orage qui couvre la légende.
Le
roi Marc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend l’orphelin à s
709
arc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend
l’
orphelin à sa cour et l’éduque. Première prouesse ou performance : la
710
re de Blanchefleur, prend l’orphelin à sa cour et
l’
éduque. Première prouesse ou performance : la victoire de Tristan sur
711
et l’éduque. Première prouesse ou performance :
la
victoire de Tristan sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme l
712
. Première prouesse ou performance : la victoire
de
Tristan sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme le Minotaure,
713
uesse ou performance : la victoire de Tristan sur
le
Morholt. Ce géant irlandais vient, comme le Minotaure, exiger son tri
714
n sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme
le
Minotaure, exiger son tribut de jeunes filles ou de jeunes gens de Co
715
dais vient, comme le Minotaure, exiger son tribut
de
jeunes filles ou de jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient la p
716
Minotaure, exiger son tribut de jeunes filles ou
de
jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient la permission de le comb
717
ger son tribut de jeunes filles ou de jeunes gens
de
Cornouailles. Tristan obtient la permission de le combattre, au momen
718
u de jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient
la
permission de le combattre, au moment où il pourrait être armé cheval
719
ns de Cornouailles. Tristan obtient la permission
de
le combattre, au moment où il pourrait être armé chevalier, donc peu
720
de Cornouailles. Tristan obtient la permission de
le
combattre, au moment où il pourrait être armé chevalier, donc peu apr
721
tre armé chevalier, donc peu après sa puberté. Il
le
tue, mais il en a reçu un coup d’épée empoisonnée. Sans espoir de sur
722
en a reçu un coup d’épée empoisonnée. Sans espoir
de
survivre à son mal, Tristan s’embarque à l’aventure dans un bateau sa
723
spoir de survivre à son mal, Tristan s’embarque à
l’
aventure dans un bateau sans voile ni rames, emportant son épée et sa
724
épée et sa harpe. Il aborde au rivage irlandais.
La
reine d’Irlande détient seule le secret du remède qui peut le sauver.
725
ivage irlandais. La reine d’Irlande détient seule
le
secret du remède qui peut le sauver. Mais le géant Morholt était le f
726
rlande détient seule le secret du remède qui peut
le
sauver. Mais le géant Morholt était le frère de cette reine, aussi Tr
727
eule le secret du remède qui peut le sauver. Mais
le
géant Morholt était le frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t
728
e qui peut le sauver. Mais le géant Morholt était
le
frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et
729
t le sauver. Mais le géant Morholt était le frère
de
cette reine, aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et l’origin
730
frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t-il
d’
avouer son nom et l’origine de son mal. Iseut, princesse royale, le so
731
, aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et
l’
origine de son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et le guérit. C
732
istan se garde-t-il d’avouer son nom et l’origine
de
son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est le Pr
733
et l’origine de son mal. Iseut, princesse royale,
le
soigne et le guérit. C’est le Prologue. Quelques années plus tard, le
734
de son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et
le
guérit. C’est le Prologue. Quelques années plus tard, le roi Marc déc
735
, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est
le
Prologue. Quelques années plus tard, le roi Marc décide d’épouser la
736
it. C’est le Prologue. Quelques années plus tard,
le
roi Marc décide d’épouser la femme dont un oiseau lui apporta un chev
737
ue. Quelques années plus tard, le roi Marc décide
d’
épouser la femme dont un oiseau lui apporta un cheveu d’or. C’est Tris
738
es années plus tard, le roi Marc décide d’épouser
la
femme dont un oiseau lui apporta un cheveu d’or. C’est Tristan qu’il
739
ser la femme dont un oiseau lui apporta un cheveu
d’
or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête » de l’inconnue. Une tempê
740
orta un cheveu d’or. C’est Tristan qu’il envoie à
la
« quête » de l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande.
741
u d’or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête »
de
l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande. Là, il comba
742
’or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête » de
l’
inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande. Là, il combat e
743
à la « quête » de l’inconnue. Une tempête rejette
le
héros vers l’Irlande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait la
744
de l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers
l’
Irlande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait la capitale. (C’e
745
ande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait
la
capitale. (C’est le motif consacré de la vierge délivrée par un jeune
746
et tue un dragon qui menaçait la capitale. (C’est
le
motif consacré de la vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé pa
747
ui menaçait la capitale. (C’est le motif consacré
de
la vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par le monstre, Tris
748
menaçait la capitale. (C’est le motif consacré de
la
vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par le monstre, Tristan
749
vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par
le
monstre, Tristan est soigné de nouveau par Iseut. Un jour, cette prin
750
par Iseut. Un jour, cette princesse découvre que
le
blessé n’est autre que le meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée
751
princesse découvre que le blessé n’est autre que
le
meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de le
752
couvre que le blessé n’est autre que le meurtrier
de
son oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de le tuer dans so
753
autre que le meurtrier de son oncle. Elle saisit
l’
épée de Tristan et menace de le tuer dans son bain. Alors, il lui révè
754
que le meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée
de
Tristan et menace de le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la m
755
on oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace
de
le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la mission dont le roi Ma
756
oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de
le
tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la mission dont le roi Marc
757
ce de le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle
la
mission dont le roi Marc l’a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car ell
758
ns son bain. Alors, il lui révèle la mission dont
le
roi Marc l’a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car elle veut être rein
759
Alors, il lui révèle la mission dont le roi Marc
l’
a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car elle veut être reine. (Selon ce
760
elon certains auteurs, c’est aussi qu’elle admire
la
beauté du jeune homme, à ce moment.) Tristan et la princesse voguent
761
a beauté du jeune homme, à ce moment.) Tristan et
la
princesse voguent vers les terres de Marc. En haute mer, le vent tomb
762
ce moment.) Tristan et la princesse voguent vers
les
terres de Marc. En haute mer, le vent tombe, la chaleur est pesante.
763
) Tristan et la princesse voguent vers les terres
de
Marc. En haute mer, le vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont so
764
se voguent vers les terres de Marc. En haute mer,
le
vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont soif. La servante Brangie
765
les terres de Marc. En haute mer, le vent tombe,
la
chaleur est pesante. Ils ont soif. La servante Brangien leur donne à
766
vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont soif.
La
servante Brangien leur donne à boire. Mais elle leur verse par erreur
767
donne à boire. Mais elle leur verse par erreur «
le
vin herbé » destiné aux époux, et qu’avait préparé la mère d’Iseut. I
768
in herbé » destiné aux époux, et qu’avait préparé
la
mère d’Iseut. Ils le boivent. Les voici entrés dans les voies d’une d
769
x époux, et qu’avait préparé la mère d’Iseut. Ils
le
boivent. Les voici entrés dans les voies d’une destinée « qui jamais
770
qu’avait préparé la mère d’Iseut. Ils le boivent.
Les
voici entrés dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauld
771
re d’Iseut. Ils le boivent. Les voici entrés dans
les
voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leurs vies,
772
. Ils le boivent. Les voici entrés dans les voies
d’
une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leurs vies, car ils
773
d’une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour
de
leurs vies, car ils ont beu leur destruction et leur mort ». Ils s’av
774
ouent leur amour et ils y cèdent. (Notons ici que
le
texte primitif, suivi par le seul Béroul, limitait l’efficacité du ph
775
ent. (Notons ici que le texte primitif, suivi par
le
seul Béroul, limitait l’efficacité du philtre à trois ans1. Thomas, i
776
exte primitif, suivi par le seul Béroul, limitait
l’
efficacité du philtre à trois ans1. Thomas, imbu de fine psychologie,
777
’efficacité du philtre à trois ans1. Thomas, imbu
de
fine psychologie, et plein de méfiance pour le merveilleux, qu’il jug
778
ans1. Thomas, imbu de fine psychologie, et plein
de
méfiance pour le merveilleux, qu’il juge grossier, réduit autant que
779
bu de fine psychologie, et plein de méfiance pour
le
merveilleux, qu’il juge grossier, réduit autant que possible l’import
780
, qu’il juge grossier, réduit autant que possible
l’
importance du philtre, et présente l’amour de Tristan et d’Iseut comme
781
que possible l’importance du philtre, et présente
l’
amour de Tristan et d’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès
782
ible l’importance du philtre, et présente l’amour
de
Tristan et d’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès la scèn
783
nce du philtre, et présente l’amour de Tristan et
d’
Iseut comme une affection spontanée, apparue dès la scène du bain. Eil
784
’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès
la
scène du bain. Eilhart, Gottfried et la plupart des autres accordent
785
e plus significatif que ces variantes, comme nous
le
verrons.) La faute est donc consommée. Mais Tristan reste lié par la
786
icatif que ces variantes, comme nous le verrons.)
La
faute est donc consommée. Mais Tristan reste lié par la mission qu’il
787
te est donc consommée. Mais Tristan reste lié par
la
mission qu’il a reçue du roi. Il conduit donc Iseut à Marc, malgré le
788
par ruse, passera la première nuit nuptiale avec
le
roi, sauvant ainsi sa maîtresse du déshonneur, tout en expiant l’erre
789
ainsi sa maîtresse du déshonneur, tout en expiant
l’
erreur fatale qu’elle a commise. Cependant des barons « félons » dénon
790
Cependant des barons « félons » dénoncent au roi
l’
amour de Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une
791
nt des barons « félons » dénoncent au roi l’amour
de
Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvell
792
« félons » dénoncent au roi l’amour de Tristan et
d’
Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvelle ruse (scène
793
de Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à
la
faveur d’une nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc de son
794
n et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur
d’
une nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc de son innocence
795
nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc
de
son innocence et revient à la cour. Le nain Frocine, complice des bar
796
), il convainc Marc de son innocence et revient à
la
cour. Le nain Frocine, complice des barons, cherche à surprendre les
797
vainc Marc de son innocence et revient à la cour.
Le
nain Frocine, complice des barons, cherche à surprendre les amants et
798
rocine, complice des barons, cherche à surprendre
les
amants et leur tend un piège. Entre le lit de Tristan et celui de la
799
urprendre les amants et leur tend un piège. Entre
le
lit de Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ».
800
re les amants et leur tend un piège. Entre le lit
de
Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan
801
r tend un piège. Entre le lit de Tristan et celui
de
la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé
802
end un piège. Entre le lit de Tristan et celui de
la
reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’u
803
e le lit de Tristan et celui de la reine, il sème
de
la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle missio
804
e lit de Tristan et celui de la reine, il sème de
la
« fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle mission,
805
istan et celui de la reine, il sème de la « fleur
de
blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle mission, veut rejoin
806
e la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé
d’
une nouvelle mission, veut rejoindre une dernière fois son amie, penda
807
eut rejoindre une dernière fois son amie, pendant
la
nuit qui précède son départ. Il franchit d’un saut l’espace qui sépar
808
ndant la nuit qui précède son départ. Il franchit
d’
un saut l’espace qui sépare les deux lits. Mais une blessure récente q
809
uit qui précède son départ. Il franchit d’un saut
l’
espace qui sépare les deux lits. Mais une blessure récente qu’il a reç
810
départ. Il franchit d’un saut l’espace qui sépare
les
deux lits. Mais une blessure récente qu’il a reçue à la jambe se rouv
811
x lits. Mais une blessure récente qu’il a reçue à
la
jambe se rouvre par l’effort. Marc et les barons, alertés par le nain
812
re récente qu’il a reçue à la jambe se rouvre par
l’
effort. Marc et les barons, alertés par le nain, font irruption dans l
813
reçue à la jambe se rouvre par l’effort. Marc et
les
barons, alertés par le nain, font irruption dans le dortoir. Ils voie
814
vre par l’effort. Marc et les barons, alertés par
le
nain, font irruption dans le dortoir. Ils voient des traces de sang s
815
barons, alertés par le nain, font irruption dans
le
dortoir. Ils voient des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve
816
irruption dans le dortoir. Ils voient des traces
de
sang sur la fleur de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Is
817
ans le dortoir. Ils voient des traces de sang sur
la
fleur de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera liv
818
rtoir. Ils voient des traces de sang sur la fleur
de
blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une
819
ls voient des traces de sang sur la fleur de blé.
La
preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe
820
des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve
de
l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe de lépreux
821
traces de sang sur la fleur de blé. La preuve de
l’
adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe de lépreux et
822
e est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe
de
lépreux et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène de la chapelle)
823
eux et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène
de
la chapelle). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt
824
et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène de
la
chapelle). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt de
825
e). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans
la
forêt de Morois. Trois ans durant, ils y mènent une vie « aspre et du
826
livre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt
de
Morois. Trois ans durant, ils y mènent une vie « aspre et dure ». Un
827
y mènent une vie « aspre et dure ». Un jour, Marc
les
surprend endormis. Mais il se trouve que Tristan a déposé entre leurs
828
on épée nue. Ému par ce qu’il prend pour un signe
de
chasteté, le roi les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de
829
Ému par ce qu’il prend pour un signe de chasteté,
le
roi les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de Tristan et dé
830
ce qu’il prend pour un signe de chasteté, le roi
les
épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de Tristan et dépose à s
831
ur un signe de chasteté, le roi les épargne. Sans
les
réveiller, il prend l’épée de Tristan et dépose à sa place l’épée roy
832
le roi les épargne. Sans les réveiller, il prend
l’
épée de Tristan et dépose à sa place l’épée royale. Les trois ans éco
833
les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée
de
Tristan et dépose à sa place l’épée royale. Les trois ans écoulés, l
834
, il prend l’épée de Tristan et dépose à sa place
l’
épée royale. Les trois ans écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Bé
835
e de Tristan et dépose à sa place l’épée royale.
Les
trois ans écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Béroul et l’ancêtre
836
à sa place l’épée royale. Les trois ans écoulés,
le
philtre cesse d’agir (selon Béroul et l’ancêtre commun des cinq versi
837
royale. Les trois ans écoulés, le philtre cesse
d’
agir (selon Béroul et l’ancêtre commun des cinq versions). Alors seule
838
écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Béroul et
l’
ancêtre commun des cinq versions). Alors seulement Tristan se repent,
839
ement Tristan se repent, Iseut se met à regretter
la
cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par l’entremise duquel Tristan
840
seut se met à regretter la cour… Ils vont trouver
l’
ermite Ogrin, par l’entremise duquel Tristan offre au roi de lui rendr
841
ter la cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par
l’
entremise duquel Tristan offre au roi de lui rendre sa femme. Marc pro
842
grin, par l’entremise duquel Tristan offre au roi
de
lui rendre sa femme. Marc promet son pardon. Les amants se séparent à
843
i de lui rendre sa femme. Marc promet son pardon.
Les
amants se séparent à l’approche du cortège royal. Iseut supplie encor
844
Marc promet son pardon. Les amants se séparent à
l’
approche du cortège royal. Iseut supplie encore Tristan de demeurer da
845
he du cortège royal. Iseut supplie encore Tristan
de
demeurer dans le pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc la trait
846
al. Iseut supplie encore Tristan de demeurer dans
le
pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc la traite bien. Puis, par
847
ns le pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc
la
traite bien. Puis, par une dernière ruse féminine, exploitant cette c
848
nière ruse féminine, exploitant cette concession,
la
reine déclare qu’elle rejoindra le chevalier au premier signal de sa
849
te concession, la reine déclare qu’elle rejoindra
le
chevalier au premier signal de sa part, et sans que rien puisse la re
850
qu’elle rejoindra le chevalier au premier signal
de
sa part, et sans que rien puisse la retenir, « ni tour, ni mur, ni fo
851
remier signal de sa part, et sans que rien puisse
la
retenir, « ni tour, ni mur, ni fort chastel ». Chez Orri le forestier
852
, « ni tour, ni mur, ni fort chastel ». Chez Orri
le
forestier, ils ont plusieurs rendez-vous clandestins. Mais les barons
853
, ils ont plusieurs rendez-vous clandestins. Mais
les
barons félons veillent sur la vertu de la reine. Celle-ci demande et
854
clandestins. Mais les barons félons veillent sur
la
vertu de la reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu
855
ins. Mais les barons félons veillent sur la vertu
de
la reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu » pour pr
856
. Mais les barons félons veillent sur la vertu de
la
reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu » pour prouv
857
reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement
de
Dieu » pour prouver son innocence. Grâce à un subterfuge, elle triomp
858
n innocence. Grâce à un subterfuge, elle triomphe
de
l’épreuve : avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main d
859
nnocence. Grâce à un subterfuge, elle triomphe de
l’
épreuve : avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main de q
860
uge, elle triomphe de l’épreuve : avant de saisir
le
fer rouge qui laisse intacte la main de qui n’a pas menti, elle jure
861
: avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte
la
main de qui n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras
862
de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main
de
qui n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras d’aucun
863
n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans
les
bras d’aucun homme, hors ceux du roi son maître et du manant qui vien
864
menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras
d’
aucun homme, hors ceux du roi son maître et du manant qui vient de l’a
865
ceux du roi son maître et du manant qui vient de
l’
aider à descendre de sa barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mai
866
tre et du manant qui vient de l’aider à descendre
de
sa barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mais de nouvelles avent
867
nt qui vient de l’aider à descendre de sa barque.
Le
manant, c’est Tristan déguisé… Mais de nouvelles aventures entraînen
868
a barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mais
de
nouvelles aventures entraînent au loin le chevalier. Il croit que la
869
… Mais de nouvelles aventures entraînent au loin
le
chevalier. Il croit que la reine a cessé de l’aimer. C’est alors qu’i
870
res entraînent au loin le chevalier. Il croit que
la
reine a cessé de l’aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-del
871
loin le chevalier. Il croit que la reine a cessé
de
l’aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de la mer, « po
872
in le chevalier. Il croit que la reine a cessé de
l’
aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de la mer, « pour
873
mer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà
de
la mer, « pour son nom et pour sa beauté »7 une autre Iseut, l’Iseut
874
. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de
la
mer, « pour son nom et pour sa beauté »7 une autre Iseut, l’Iseut « a
875
our son nom et pour sa beauté »7 une autre Iseut,
l’
Iseut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vierge,
876
seut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan
la
laissera vierge, car il regrette « Iseut la bloie ». Enfin, blessé à
877
istan la laissera vierge, car il regrette « Iseut
la
bloie ». Enfin, blessé à mort, et de nouveau empoisonné par cette ble
878
poisonné par cette blessure, Tristan fait appeler
la
reine de Cornouailles, la seule qui puisse encore le guérir. Elle vie
879
e, Tristan fait appeler la reine de Cornouailles,
la
seule qui puisse encore le guérir. Elle vient, et son vaisseau arbore
880
reine de Cornouailles, la seule qui puisse encore
le
guérir. Elle vient, et son vaisseau arbore une voile blanche, signe d
881
, et son vaisseau arbore une voile blanche, signe
d’
espoir. Iseut aux blanches mains guettait son arrivée. Tourmentée par
882
anches mains guettait son arrivée. Tourmentée par
la
jalousie, elle s’en vient au lit de Tristan et lui annonce que la voi
883
ourmentée par la jalousie, elle s’en vient au lit
de
Tristan et lui annonce que la voile est noire. Tristan meurt. Iseut l
884
e s’en vient au lit de Tristan et lui annonce que
la
voile est noire. Tristan meurt. Iseut la blonde débarque à cet instan
885
once que la voile est noire. Tristan meurt. Iseut
la
blonde débarque à cet instant, monte au château, embrasse le corps de
886
ébarque à cet instant, monte au château, embrasse
le
corps de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de la sorte, et
887
cet instant, monte au château, embrasse le corps
de
son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de la sorte, et tout « ch
888
ps de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé
de
la sorte, et tout « charme » détruit, à considérer froidement le plus
889
de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de
la
sorte, et tout « charme » détruit, à considérer froidement le plus en
890
tout « charme » détruit, à considérer froidement
le
plus envoûtant des poèmes, on s’aperçoit que sa donnée ni son progrès
891
it que sa donnée ni son progrès ne sont dépourvus
d’
équivoque. J’ai passé quantité d’épisodes accessoires, mais aucun des
892
e sont dépourvus d’équivoque. J’ai passé quantité
d’
épisodes accessoires, mais aucun des motifs allégués de l’action centr
893
sodes accessoires, mais aucun des motifs allégués
de
l’action centrale du Roman. Et je les ai même soulignés. On a pu voir
894
es accessoires, mais aucun des motifs allégués de
l’
action centrale du Roman. Et je les ai même soulignés. On a pu voir qu
895
ifs allégués de l’action centrale du Roman. Et je
les
ai même soulignés. On a pu voir qu’ils se réduisent à fort peu de cho
896
stan conduit Iseut au roi parce qu’il est lié par
la
fidélité du chevalier ; — les amants se séparent, au terme des trois
897
ce qu’il est lié par la fidélité du chevalier ; —
les
amants se séparent, au terme des trois années dans la forêt, parce qu
898
mants se séparent, au terme des trois années dans
la
forêt, parce que le philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse Iseut aux
899
u terme des trois années dans la forêt, parce que
le
philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse Iseut aux blanches mains « po
900
années dans la forêt, parce que le philtre cesse
d’
agir ; — Tristan épouse Iseut aux blanches mains « pour son nom et pou
901
enant, ces « raisons » mises à part — nous aurons
l’
occasion d’y revenir — on s’aperçoit que le Roman repose sur une série
902
« raisons » mises à part — nous aurons l’occasion
d’
y revenir — on s’aperçoit que le Roman repose sur une série de contrad
903
aurons l’occasion d’y revenir — on s’aperçoit que
le
Roman repose sur une série de contradictions énigmatiques. Une premi
904
— on s’aperçoit que le Roman repose sur une série
de
contradictions énigmatiques. Une première remarque m’a frappé, faite
905
é, faite en passant par l’un des éditeurs récents
de
la légende : tout au long du Roman, Tristan paraît physiquement supér
906
faite en passant par l’un des éditeurs récents de
la
légende : tout au long du Roman, Tristan paraît physiquement supérieu
907
, au roi. Aucune force extérieure ne saurait donc
l’
empêcher d’enlever Iseut et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps s
908
ucune force extérieure ne saurait donc l’empêcher
d’
enlever Iseut et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent
909
ure ne saurait donc l’empêcher d’enlever Iseut et
d’
obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent le droit du plus f
910
empêcher d’enlever Iseut et d’obéir à son destin.
Les
mœurs du temps sanctionnent le droit du plus fort, elles le divinisen
911
éir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent
le
droit du plus fort, elles le divinisent même sans le moindre scrupule
912
u temps sanctionnent le droit du plus fort, elles
le
divinisent même sans le moindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du
913
droit du plus fort, elles le divinisent même sans
le
moindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du droit d’un homme sur une
914
oindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du droit
d’
un homme sur une femme : c’est l’enjeu habituel des tournois. Pourquoi
915
s’agit du droit d’un homme sur une femme : c’est
l’
enjeu habituel des tournois. Pourquoi Tristan n’use-t-il pas de ce dro
916
uel des tournois. Pourquoi Tristan n’use-t-il pas
de
ce droit ? Mise en éveil par cette première question, notre méfiance
917
igmes, non moins curieuses et obscures. Pourquoi
l’
épée de chasteté entre les corps dans la forêt ? Les amants ont déjà p
918
non moins curieuses et obscures. Pourquoi l’épée
de
chasteté entre les corps dans la forêt ? Les amants ont déjà péché ;
919
s et obscures. Pourquoi l’épée de chasteté entre
les
corps dans la forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent de se
920
Pourquoi l’épée de chasteté entre les corps dans
la
forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent de se repentir, à ce
921
’épée de chasteté entre les corps dans la forêt ?
Les
amants ont déjà péché ; ils refusent de se repentir, à ce moment-là ;
922
forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent
de
se repentir, à ce moment-là ; enfin ils ne prévoient nullement que le
923
moment-là ; enfin ils ne prévoient nullement que
le
roi pourrait les surprendre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, da
924
in ils ne prévoient nullement que le roi pourrait
les
surprendre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, dans les différente
925
endre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, dans
les
différentes versions, qui donne la raison de cet acte8. Pourquoi Tri
926
un mot, dans les différentes versions, qui donne
la
raison de cet acte8. Pourquoi Tristan rend-il la reine à Marc, et ce
927
ans les différentes versions, qui donne la raison
de
cet acte8. Pourquoi Tristan rend-il la reine à Marc, et cela, même d
928
la raison de cet acte8. Pourquoi Tristan rend-il
la
reine à Marc, et cela, même dans les versions où le philtre continue
929
istan rend-il la reine à Marc, et cela, même dans
les
versions où le philtre continue d’agir ? Si, comme certains le disent
930
reine à Marc, et cela, même dans les versions où
le
philtre continue d’agir ? Si, comme certains le disent, c’est une rep
931
la, même dans les versions où le philtre continue
d’
agir ? Si, comme certains le disent, c’est une repentance sincère qui
932
ù le philtre continue d’agir ? Si, comme certains
le
disent, c’est une repentance sincère qui motive la séparation, pourqu
933
e disent, c’est une repentance sincère qui motive
la
séparation, pourquoi se promettent-ils de se revoir au moment même où
934
motive la séparation, pourquoi se promettent-ils
de
se revoir au moment même où ils acceptent de se quitter ? Pourquoi Tr
935
-ils de se revoir au moment même où ils acceptent
de
se quitter ? Pourquoi Tristan s’éloigne-t-il ensuite pour courir de n
936
urquoi Tristan s’éloigne-t-il ensuite pour courir
de
nouvelles aventures, alors qu’ils ont un rendez-vous dans la forêt ?
937
s aventures, alors qu’ils ont un rendez-vous dans
la
forêt ? Pourquoi la reine coupable propose-t-elle un « jugement de Di
938
u’ils ont un rendez-vous dans la forêt ? Pourquoi
la
reine coupable propose-t-elle un « jugement de Dieu » ? Elle sait bie
939
oi la reine coupable propose-t-elle un « jugement
de
Dieu » ? Elle sait bien que cette épreuve doit la perdre. Elle n’en t
940
de Dieu » ? Elle sait bien que cette épreuve doit
la
perdre. Elle n’en triomphe que par une ruse improvisée in extremis, e
941
est donnée comme trompant Dieu lui-même, puisque
le
miracle s’opère9 ! Enfin, ce jugement étant acquis, la reine passe po
942
racle s’opère9 ! Enfin, ce jugement étant acquis,
la
reine passe pour innocente. Tristan l’est donc aussi, et l’on ne voit
943
nt acquis, la reine passe pour innocente. Tristan
l’
est donc aussi, et l’on ne voit plus du tout ce qui s’opposerait à son
944
asse pour innocente. Tristan l’est donc aussi, et
l’
on ne voit plus du tout ce qui s’opposerait à son retour auprès du roi
945
pposerait à son retour auprès du roi, donc auprès
d’
Iseut… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiiie
946
seut… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que
les
poètes du xiiie siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’honneur, de
947
s du xiiie siècle, si exigeants dès qu’il s’agit
d’
honneur, de fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot de comme
948
siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’honneur,
de
fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot de commentaire tant
949
fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot
de
commentaire tant d’actions aussi peu défendables ? Comment peuvent-il
950
, laissent passer sans un mot de commentaire tant
d’
actions aussi peu défendables ? Comment peuvent-ils nous présenter tel
951
mment peuvent-ils nous présenter tel qu’un modèle
de
chevalerie ce Tristan qui a trompé son roi par les ruses les plus cyn
952
de chevalerie ce Tristan qui a trompé son roi par
les
ruses les plus cyniques ; ou telle qu’une vertueuse dame cette épouse
953
rie ce Tristan qui a trompé son roi par les ruses
les
plus cyniques ; ou telle qu’une vertueuse dame cette épouse adultère,
954
Pourquoi traitent-ils au contraire de « félons »
les
barons qui défendent l’honneur de Marc ? Même si la jalousie les meut
955
contraire de « félons » les barons qui défendent
l’
honneur de Marc ? Même si la jalousie les meut, ils n’ont du moins ni
956
de « félons » les barons qui défendent l’honneur
de
Marc ? Même si la jalousie les meut, ils n’ont du moins ni menti ni t
957
barons qui défendent l’honneur de Marc ? Même si
la
jalousie les meut, ils n’ont du moins ni menti ni trompé, et ce n’est
958
défendent l’honneur de Marc ? Même si la jalousie
les
meut, ils n’ont du moins ni menti ni trompé, et ce n’est pas le cas d
959
’ont du moins ni menti ni trompé, et ce n’est pas
le
cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter de la valeur même des ra
960
moins ni menti ni trompé, et ce n’est pas le cas
de
Tristan… Enfin l’on en vient à douter de la valeur même des rares mot
961
trompé, et ce n’est pas le cas de Tristan… Enfin
l’
on en vient à douter de la valeur même des rares motifs allégués. En e
962
s le cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter
de
la valeur même des rares motifs allégués. En effet, si la morale de l
963
e cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter de
la
valeur même des rares motifs allégués. En effet, si la morale de la f
964
leur même des rares motifs allégués. En effet, si
la
morale de la fidélité au suzerain voulait que Tristan livre à Marc la
965
des rares motifs allégués. En effet, si la morale
de
la fidélité au suzerain voulait que Tristan livre à Marc la fiancée q
966
rares motifs allégués. En effet, si la morale de
la
fidélité au suzerain voulait que Tristan livre à Marc la fiancée qu’i
967
lité au suzerain voulait que Tristan livre à Marc
la
fiancée qu’il alla quérir10, on ne peut s’empêcher de penser que ces
968
iancée qu’il alla quérir10, on ne peut s’empêcher
de
penser que ces scrupules sont bien tardifs et peu sincères, puisque T
969
bien tardifs et peu sincères, puisque Tristan n’a
de
cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui ce
970
s, puisque Tristan n’a de cesse qu’il ne rentre à
la
cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas
971
an n’a de cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès
d’
Iseut… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas destiné aux épou
972
la cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui cesse
d’
agir, n’était-il pas destiné aux époux ? Alors, pourquoi limiter sa du
973
limiter sa durée ? Trois ans, ce n’est guère pour
le
bonheur d’un couple. Et quand Tristan épouse l’autre Iseut « pour son
974
durée ? Trois ans, ce n’est guère pour le bonheur
d’
un couple. Et quand Tristan épouse l’autre Iseut « pour son nom et pou
975
« pour son nom et pour sa beauté » mais cependant
la
laisse vierge, n’est-il pas évident que rien ne l’oblige à ce mariage
976
a laisse vierge, n’est-il pas évident que rien ne
l’
oblige à ce mariage et à cette chasteté injurieuse, et qu’il se met da
977
ieuse, et qu’il se met dans une situation qui n’a
d’
autre issue que la mort ? 6.Chevalerie contre Mariage Un moderne
978
met dans une situation qui n’a d’autre issue que
la
mort ? 6.Chevalerie contre Mariage Un moderne commentateur du R
979
ontre Mariage Un moderne commentateur du Roman
de
Tristan et Iseut veut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et
980
et Iseut veut y voir un « conflit cornélien entre
l’
amour et le devoir ». Cette interprétation classique est d’un aimable
981
ut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et
le
devoir ». Cette interprétation classique est d’un aimable anachronism
982
t le devoir ». Cette interprétation classique est
d’
un aimable anachronisme. Outre qu’elle abuse de Corneille, elle paraît
983
st d’un aimable anachronisme. Outre qu’elle abuse
de
Corneille, elle paraît ignorer l’un de ces faits dont l’envergure éch
984
elle abuse de Corneille, elle paraît ignorer l’un
de
ces faits dont l’envergure échappe souvent aux prises de l’érudition
985
eille, elle paraît ignorer l’un de ces faits dont
l’
envergure échappe souvent aux prises de l’érudition scrupuleuse. Je ve
986
faits dont l’envergure échappe souvent aux prises
de
l’érudition scrupuleuse. Je veux parler de l’opposition qui se manife
987
ts dont l’envergure échappe souvent aux prises de
l’
érudition scrupuleuse. Je veux parler de l’opposition qui se manifeste
988
prises de l’érudition scrupuleuse. Je veux parler
de
l’opposition qui se manifeste dès la seconde moitié du xiie siècle e
989
ses de l’érudition scrupuleuse. Je veux parler de
l’
opposition qui se manifeste dès la seconde moitié du xiie siècle entr
990
feste dès la seconde moitié du xiie siècle entre
la
règle chevaleresque et les coutumes féodales. Peut-être n’a-t-on pas
991
é du xiie siècle entre la règle chevaleresque et
les
coutumes féodales. Peut-être n’a-t-on pas assez marqué à quel point l
992
Peut-être n’a-t-on pas assez marqué à quel point
les
romans bretons la reflètent et la cultivent. Il est probable que la c
993
pas assez marqué à quel point les romans bretons
la
reflètent et la cultivent. Il est probable que la chevalerie courtois
994
é à quel point les romans bretons la reflètent et
la
cultivent. Il est probable que la chevalerie courtoise ne fut guère q
995
la reflètent et la cultivent. Il est probable que
la
chevalerie courtoise ne fut guère qu’un idéal. Les premiers auteurs q
996
un idéal. Les premiers auteurs qui en parlent ont
l’
habitude de déplorer sa décadence : mais ils oublient que, telle qu’il
997
es premiers auteurs qui en parlent ont l’habitude
de
déplorer sa décadence : mais ils oublient que, telle qu’ils la souhai
998
a décadence : mais ils oublient que, telle qu’ils
la
souhaitent, elle vient à peine de naître dans leurs rêves. N’est-il p
999
à peine de naître dans leurs rêves. N’est-il pas
de
l’essence d’un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même o
1000
peine de naître dans leurs rêves. N’est-il pas de
l’
essence d’un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même où i
1001
aître dans leurs rêves. N’est-il pas de l’essence
d’
un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même où il essaie m
1002
s rêves. N’est-il pas de l’essence d’un idéal que
l’
on déplore sa décadence à l’instant même où il essaie maladroitement d
1003
ence à l’instant même où il essaie maladroitement
de
se réaliser ? D’autre part, la chance du roman n’est-elle pas d’oppos
1004
aie maladroitement de se réaliser ? D’autre part,
la
chance du roman n’est-elle pas d’opposer la fiction d’un certain idéa
1005
? D’autre part, la chance du roman n’est-elle pas
d’
opposer la fiction d’un certain idéal de vie aux réalités tyranniques
1006
part, la chance du roman n’est-elle pas d’opposer
la
fiction d’un certain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus d’u
1007
ance du roman n’est-elle pas d’opposer la fiction
d’
un certain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus d’une énigme q
1008
-elle pas d’opposer la fiction d’un certain idéal
de
vie aux réalités tyranniques ? Plus d’une énigme que nous pose le Rom
1009
tain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus
d’
une énigme que nous pose le Roman nous incite à chercher de ce côté le
1010
tés tyranniques ? Plus d’une énigme que nous pose
le
Roman nous incite à chercher de ce côté les éléments d’une première s
1011
gme que nous pose le Roman nous incite à chercher
de
ce côté les éléments d’une première solution. Si l’on admet que l’ave
1012
s pose le Roman nous incite à chercher de ce côté
les
éléments d’une première solution. Si l’on admet que l’aventure de Tri
1013
an nous incite à chercher de ce côté les éléments
d’
une première solution. Si l’on admet que l’aventure de Tristan devait
1014
ce côté les éléments d’une première solution. Si
l’
on admet que l’aventure de Tristan devait servir à illustrer le confli
1015
éments d’une première solution. Si l’on admet que
l’
aventure de Tristan devait servir à illustrer le conflit de la chevale
1016
e première solution. Si l’on admet que l’aventure
de
Tristan devait servir à illustrer le conflit de la chevalerie et de l
1017
e l’aventure de Tristan devait servir à illustrer
le
conflit de la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit d
1018
e de Tristan devait servir à illustrer le conflit
de
la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devo
1019
e Tristan devait servir à illustrer le conflit de
la
chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devoirs
1020
servir à illustrer le conflit de la chevalerie et
de
la société féodale — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’
1021
vir à illustrer le conflit de la chevalerie et de
la
société féodale — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’avo
1022
de la chevalerie et de la société féodale — donc
le
conflit de deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 7, le conflit d
1023
alerie et de la société féodale — donc le conflit
de
deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 7, le conflit de deux « re
1024
e — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous
l’
avons vu page 7, le conflit de deux « religions » —, l’on s’aperçoit q
1025
de deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 7,
le
conflit de deux « religions » —, l’on s’aperçoit que bien des épisode
1026
voirs ou même, nous l’avons vu page 7, le conflit
de
deux « religions » —, l’on s’aperçoit que bien des épisodes s’éclaire
1027
ns vu page 7, le conflit de deux « religions » —,
l’
on s’aperçoit que bien des épisodes s’éclairent, et qu’en tout cas, si
1028
n des épisodes s’éclairent, et qu’en tout cas, si
l’
hypothèse ne résout point toutes les difficultés, elle en repousse la
1029
n tout cas, si l’hypothèse ne résout point toutes
les
difficultés, elle en repousse la solution d’une manière significative
1030
ut point toutes les difficultés, elle en repousse
la
solution d’une manière significative. En quoi le roman breton se dist
1031
tes les difficultés, elle en repousse la solution
d’
une manière significative. En quoi le roman breton se distingue-t-il d
1032
la solution d’une manière significative. En quoi
le
roman breton se distingue-t-il de la chanson de geste, qu’il supplant
1033
cative. En quoi le roman breton se distingue-t-il
de
la chanson de geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie s
1034
ive. En quoi le roman breton se distingue-t-il de
la
chanson de geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie sièc
1035
i le roman breton se distingue-t-il de la chanson
de
geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie siècle avec une
1036
ec une étonnante rapidité ? En ceci qu’il donne à
la
femme le rôle qui revenait précédemment au suzerain. Le chevalier bre
1037
onnante rapidité ? En ceci qu’il donne à la femme
le
rôle qui revenait précédemment au suzerain. Le chevalier breton, tout
1038
me le rôle qui revenait précédemment au suzerain.
Le
chevalier breton, tout comme le troubadour méridional, se reconnaît l
1039
ment au suzerain. Le chevalier breton, tout comme
le
troubadour méridional, se reconnaît le vassal d’une Dame élue. Mais e
1040
tout comme le troubadour méridional, se reconnaît
le
vassal d’une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal d’un seign
1041
le troubadour méridional, se reconnaît le vassal
d’
une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal d’un seigneur. D’où
1042
vassal d’une Dame élue. Mais en fait, il demeure
le
vassal d’un seigneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont le Ro
1043
une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal
d’
un seigneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont le Roman offre
1044
Mais en fait, il demeure le vassal d’un seigneur.
D’
où naîtront des conflits de droit, dont le Roman offre plus d’un exemp
1045
vassal d’un seigneur. D’où naîtront des conflits
de
droit, dont le Roman offre plus d’un exemple. Reprenons l’épisode des
1046
igneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont
le
Roman offre plus d’un exemple. Reprenons l’épisode des trois barons «
1047
t des conflits de droit, dont le Roman offre plus
d’
un exemple. Reprenons l’épisode des trois barons « félons ». Selon la
1048
dont le Roman offre plus d’un exemple. Reprenons
l’
épisode des trois barons « félons ». Selon la morale féodale, le vassa
1049
nons l’épisode des trois barons « félons ». Selon
la
morale féodale, le vassal est tenu de dénoncer au seigneur tout ce qu
1050
trois barons « félons ». Selon la morale féodale,
le
vassal est tenu de dénoncer au seigneur tout ce qui lèse son droit ou
1051
ns ». Selon la morale féodale, le vassal est tenu
de
dénoncer au seigneur tout ce qui lèse son droit ou son honneur : il e
1052
n droit ou son honneur : il est « félon » s’il ne
le
fait pas. Or, dans Tristan, les barons dénoncent Iseut au roi Marc :
1053
« félon » s’il ne le fait pas. Or, dans Tristan,
les
barons dénoncent Iseut au roi Marc : ils devraient donc passer pour «
1054
aient donc passer pour « féaux » et loyaux. Et si
l’
auteur les traite cependant de félons, c’est en vertu d’un autre code
1055
c passer pour « féaux » et loyaux. Et si l’auteur
les
traite cependant de félons, c’est en vertu d’un autre code évidemment
1056
» et loyaux. Et si l’auteur les traite cependant
de
félons, c’est en vertu d’un autre code évidemment, qui ne peut être q
1057
autre code évidemment, qui ne peut être que celui
de
la chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour de la Gascogne e
1058
re code évidemment, qui ne peut être que celui de
la
chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour de la Gascogne est
1059
ne peut être que celui de la chevalerie du Midi.
La
décision des cours d’amour de la Gascogne est bien connue : félon ser
1060
i de la chevalerie du Midi. La décision des cours
d’
amour de la Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les
1061
chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour
de
la Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les secrets
1062
valerie du Midi. La décision des cours d’amour de
la
Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les secrets de
1063
gne est bien connue : félon sera celui qui révèle
les
secrets de l’amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer qu
1064
connue : félon sera celui qui révèle les secrets
de
l’amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que les auteu
1065
nnue : félon sera celui qui révèle les secrets de
l’
amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que les auteurs
1066
urtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que
les
auteurs du Roman avaient choisi en toute conscience pour la chevaleri
1067
du Roman avaient choisi en toute conscience pour
la
chevalerie « courtoise » contre le droit féodal. Mais nous avons d’au
1068
onscience pour la chevalerie « courtoise » contre
le
droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons de le croire. La conce
1069
le droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons
de
le croire. La conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour
1070
droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons de
le
croire. La conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour cou
1071
l. Mais nous avons d’autres raisons de le croire.
La
conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est
1072
vons d’autres raisons de le croire. La conception
de
la fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est seule capable
1073
s d’autres raisons de le croire. La conception de
la
fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est seule capable d’e
1074
La conception de la fidélité et du mariage, selon
l’
amour courtois, est seule capable d’expliquer certaines contradictions
1075
ariage, selon l’amour courtois, est seule capable
d’
expliquer certaines contradictions frappantes du récit. Selon la thèse
1076
rtaines contradictions frappantes du récit. Selon
la
thèse officiellement admise, l’amour courtois est né d’une réaction à
1077
s du récit. Selon la thèse officiellement admise,
l’
amour courtois est né d’une réaction à l’anarchie brutale des mœurs fé
1078
se officiellement admise, l’amour courtois est né
d’
une réaction à l’anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que le m
1079
admise, l’amour courtois est né d’une réaction à
l’
anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que le mariage, au xiie
1080
’anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que
le
mariage, au xiie siècle, était devenu pour les seigneurs une pure et
1081
ue le mariage, au xiie siècle, était devenu pour
les
seigneurs une pure et simple occasion de s’enrichir, et d’annexer des
1082
nu pour les seigneurs une pure et simple occasion
de
s’enrichir, et d’annexer des terres données en dot ou espérées en hér
1083
urs une pure et simple occasion de s’enrichir, et
d’
annexer des terres données en dot ou espérées en héritage. Quand l’« a
1084
res données en dot ou espérées en héritage. Quand
l’
« affaire » tournait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte de l’ince
1085
’« affaire » tournait mal, on répudiait sa femme.
Le
prétexte de l’inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans
1086
tournait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte
de
l’inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans résistance :
1087
urnait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte de
l’
inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans résistance : il
1088
xte de l’inceste, curieusement exploité, trouvait
l’
Église sans résistance : il suffisait d’alléguer sans trop de preuves,
1089
trouvait l’Église sans résistance : il suffisait
d’
alléguer sans trop de preuves, une parenté au quatrième degré, pour ob
1090
ns résistance : il suffisait d’alléguer sans trop
de
preuves, une parenté au quatrième degré, pour obtenir l’annulation. À
1091
ves, une parenté au quatrième degré, pour obtenir
l’
annulation. À ces abus, générateurs de querelles infinies et de guerre
1092
our obtenir l’annulation. À ces abus, générateurs
de
querelles infinies et de guerres, l’amour courtois oppose une fidélit
1093
À ces abus, générateurs de querelles infinies et
de
guerres, l’amour courtois oppose une fidélité indépendante du mariage
1094
générateurs de querelles infinies et de guerres,
l’
amour courtois oppose une fidélité indépendante du mariage légal et fo
1095
élité indépendante du mariage légal et fondée sur
le
seul amour. Il en vient même à déclarer que l’amour et le mariage ne
1096
ur le seul amour. Il en vient même à déclarer que
l’
amour et le mariage ne sont pas compatibles : c’est le fameux jugement
1097
amour. Il en vient même à déclarer que l’amour et
le
mariage ne sont pas compatibles : c’est le fameux jugement d’une cour
1098
our et le mariage ne sont pas compatibles : c’est
le
fameux jugement d’une cour d’amour tenue chez la comtesse de Champagn
1099
e sont pas compatibles : c’est le fameux jugement
d’
une cour d’amour tenue chez la comtesse de Champagne. (Appendice 3.) S
1100
compatibles : c’est le fameux jugement d’une cour
d’
amour tenue chez la comtesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan,
1101
le fameux jugement d’une cour d’amour tenue chez
la
comtesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan, et l’auteur du Roma
1102
tesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan, et
l’
auteur du Roman, partagent une telle manière de voir, la félonie et l’
1103
et l’auteur du Roman, partagent une telle manière
de
voir, la félonie et l’adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magn
1104
ur du Roman, partagent une telle manière de voir,
la
félonie et l’adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magnifiés com
1105
artagent une telle manière de voir, la félonie et
l’
adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magnifiés comme exprimant u
1106
agnifiés comme exprimant une intrépide fidélité à
la
loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire de l’amour courtois. (Donnoi,
1107
élité à la loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire
de
l’amour courtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne la relatio
1108
té à la loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire de
l’
amour courtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne la relation d
1109
ourtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne
la
relation de vasselage instituée entre l’amant-chevalier et sa dame, o
1110
nnoi, ou domnei en provençal, désigne la relation
de
vasselage instituée entre l’amant-chevalier et sa dame, ou domina.) F
1111
désigne la relation de vasselage instituée entre
l’
amant-chevalier et sa dame, ou domina.) Fidélité incompatible avec cel
1112
) Fidélité incompatible avec celle du mariage, on
l’
a vu. Le Roman ne manque pas une occasion de rabaisser l’institution s
1113
té incompatible avec celle du mariage, on l’a vu.
Le
Roman ne manque pas une occasion de rabaisser l’institution sociale,
1114
e, on l’a vu. Le Roman ne manque pas une occasion
de
rabaisser l’institution sociale, d’humilier le mari — roi aux oreille
1115
Le Roman ne manque pas une occasion de rabaisser
l’
institution sociale, d’humilier le mari — roi aux oreilles de cheval,
1116
une occasion de rabaisser l’institution sociale,
d’
humilier le mari — roi aux oreilles de cheval, toujours si facilement
1117
on de rabaisser l’institution sociale, d’humilier
le
mari — roi aux oreilles de cheval, toujours si facilement dupé — et d
1118
on sociale, d’humilier le mari — roi aux oreilles
de
cheval, toujours si facilement dupé — et de glorifier la vertu de ceu
1119
illes de cheval, toujours si facilement dupé — et
de
glorifier la vertu de ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui
1120
al, toujours si facilement dupé — et de glorifier
la
vertu de ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui. Mais cette
1121
urs si facilement dupé — et de glorifier la vertu
de
ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui. Mais cette fidélité
1122
curieux : elle s’oppose, autant qu’au mariage, à
la
« satisfaction » de l’amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien, ce
1123
pose, autant qu’au mariage, à la « satisfaction »
de
l’amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien, celui qui désire l’ent
1124
e, autant qu’au mariage, à la « satisfaction » de
l’
amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien, celui qui désire l’entièr
1125
e, à la « satisfaction » de l’amour. « Il ne sait
de
donnoi vraiment rien, celui qui désire l’entière possession de sa dam
1126
ne sait de donnoi vraiment rien, celui qui désire
l’
entière possession de sa dame. Cela n’est plus amour, qui tourne à la
1127
iment rien, celui qui désire l’entière possession
de
sa dame. Cela n’est plus amour, qui tourne à la réalité 11. » Voilà q
1128
n de sa dame. Cela n’est plus amour, qui tourne à
la
réalité 11. » Voilà qui nous met sur la voie d’une première explicati
1129
tourne à la réalité 11. » Voilà qui nous met sur
la
voie d’une première explication d’épisodes tels que ceux de l’épée de
1130
à la réalité 11. » Voilà qui nous met sur la voie
d’
une première explication d’épisodes tels que ceux de l’épée de chastet
1131
i nous met sur la voie d’une première explication
d’
épisodes tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour d’Iseut à son
1132
une première explication d’épisodes tels que ceux
de
l’épée de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite da
1133
première explication d’épisodes tels que ceux de
l’
épée de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite dans
1134
re explication d’épisodes tels que ceux de l’épée
de
chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite dans le Moro
1135
es tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour
d’
Iseut à son mari après la retraite dans le Morois, ou même du mariage
1136
e de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après
la
retraite dans le Morois, ou même du mariage de Tristan. En effet, le
1137
retour d’Iseut à son mari après la retraite dans
le
Morois, ou même du mariage de Tristan. En effet, le « droit de la pas
1138
ès la retraite dans le Morois, ou même du mariage
de
Tristan. En effet, le « droit de la passion » au sens où l’entendent
1139
Morois, ou même du mariage de Tristan. En effet,
le
« droit de la passion » au sens où l’entendent les modernes, permettr
1140
même du mariage de Tristan. En effet, le « droit
de
la passion » au sens où l’entendent les modernes, permettrait à Trist
1141
me du mariage de Tristan. En effet, le « droit de
la
passion » au sens où l’entendent les modernes, permettrait à Tristan
1142
. En effet, le « droit de la passion » au sens où
l’
entendent les modernes, permettrait à Tristan d’enlever Iseut, après q
1143
le « droit de la passion » au sens où l’entendent
les
modernes, permettrait à Tristan d’enlever Iseut, après qu’ils ont bu
1144
ù l’entendent les modernes, permettrait à Tristan
d’
enlever Iseut, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il la livre à
1145
it à Tristan d’enlever Iseut, après qu’ils ont bu
le
philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est que la règle de l’amour
1146
eut, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il
la
livre à Marc : c’est que la règle de l’amour courtois s’oppose à ce q
1147
philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est que
la
règle de l’amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne
1148
Cependant il la livre à Marc : c’est que la règle
de
l’amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne à la réa
1149
endant il la livre à Marc : c’est que la règle de
l’
amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne à la réalit
1150
ois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne à
la
réalité », c’est-à-dire aboutisse à l’« entière possession de sa dame
1151
« tourne à la réalité », c’est-à-dire aboutisse à
l’
« entière possession de sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas,
1152
, c’est-à-dire aboutisse à l’« entière possession
de
sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas, d’observer la fidélité
1153
de sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas,
d’
observer la fidélité féodale, masque et complice énigmatique de la fid
1154
». Tristan choisira donc, dans ce cas, d’observer
la
fidélité féodale, masque et complice énigmatique de la fidélité court
1155
fidélité féodale, masque et complice énigmatique
de
la fidélité courtoise. Il choisit en toute liberté, car nous avons ma
1156
délité féodale, masque et complice énigmatique de
la
fidélité courtoise. Il choisit en toute liberté, car nous avons marqu
1157
ous avons marqué plus haut qu’étant plus fort que
le
Roi et les barons, il pourrait, dans le plan féodal qu’il adopte, fai
1158
marqué plus haut qu’étant plus fort que le Roi et
les
barons, il pourrait, dans le plan féodal qu’il adopte, faire valoir l
1159
fort que le Roi et les barons, il pourrait, dans
le
plan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit de la force… Étrange
1160
t, dans le plan féodal qu’il adopte, faire valoir
le
droit de la force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux
1161
e plan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit
de
la force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui
1162
lan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit de
la
force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui le
1163
our, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui
le
condamnent, afin de mieux se conserver ! D’où peut venir cette préfér
1164
s qui le condamnent, afin de mieux se conserver !
D’
où peut venir cette préférence pour ce qui entrave la passion, pour ce
1165
ù peut venir cette préférence pour ce qui entrave
la
passion, pour ce qui empêche le « bonheur » des amants, les sépare et
1166
ur ce qui entrave la passion, pour ce qui empêche
le
« bonheur » des amants, les sépare et les martyrise ? Répondre : ains
1167
n, pour ce qui empêche le « bonheur » des amants,
les
sépare et les martyrise ? Répondre : ainsi le veut l’amour courtois,
1168
empêche le « bonheur » des amants, les sépare et
les
martyrise ? Répondre : ainsi le veut l’amour courtois, ce n’est pas e
1169
s, les sépare et les martyrise ? Répondre : ainsi
le
veut l’amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur le fond, car
1170
épare et les martyrise ? Répondre : ainsi le veut
l’
amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur le fond, car il s’agi
1171
’amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur
le
fond, car il s’agit de savoir pourquoi l’on préfère cet amour à l’aut
1172
st pas encore répondre sur le fond, car il s’agit
de
savoir pourquoi l’on préfère cet amour à l’autre, à celui qui se « ré
1173
dre sur le fond, car il s’agit de savoir pourquoi
l’
on préfère cet amour à l’autre, à celui qui se « réalise », à celui qu
1174
e », à celui qui se « satisfait ». En recourant à
l’
hypothèse, fort vraisemblable, que le Roman illustre un conflit de « r
1175
recourant à l’hypothèse, fort vraisemblable, que
le
Roman illustre un conflit de « religions », nous avons pu préciser et
1176
t vraisemblable, que le Roman illustre un conflit
de
« religions », nous avons pu préciser et cerner les principales diffi
1177
e « religions », nous avons pu préciser et cerner
les
principales difficultés de l’intrigue : mais en fin de compte, la sol
1178
pu préciser et cerner les principales difficultés
de
l’intrigue : mais en fin de compte, la solution se trouve simplement
1179
préciser et cerner les principales difficultés de
l’
intrigue : mais en fin de compte, la solution se trouve simplement rec
1180
ifficultés de l’intrigue : mais en fin de compte,
la
solution se trouve simplement reculée. 7.L’amour du roman Si l’
1181
e simplement reculée. 7.L’amour du roman Si
l’
on se reporte à notre résumé de la légende, on ne peut manquer d’être
1182
our du roman Si l’on se reporte à notre résumé
de
la légende, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait : les deux lo
1183
du roman Si l’on se reporte à notre résumé de
la
légende, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait : les deux lois
1184
à notre résumé de la légende, on ne peut manquer
d’
être frappé de ce fait : les deux lois qui entrent en jeu, chevalerie
1185
é de la légende, on ne peut manquer d’être frappé
de
ce fait : les deux lois qui entrent en jeu, chevalerie et morale féod
1186
de, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait :
les
deux lois qui entrent en jeu, chevalerie et morale féodale, ne sont o
1187
evalerie et morale féodale, ne sont observées par
l’
auteur que dans les seules situations où elles permettent au roman de
1188
féodale, ne sont observées par l’auteur que dans
les
seules situations où elles permettent au roman de rebondir 12. Cette
1189
es seules situations où elles permettent au roman
de
rebondir 12. Cette remarque à son tour ne saurait constituer par ell
1190
nstituer par elle-même une explication. À chacune
de
nos questions, il serait évidemment facile de répondre : les choses s
1191
une de nos questions, il serait évidemment facile
de
répondre : les choses se passent ainsi parce qu’autrement il n’y aura
1192
stions, il serait évidemment facile de répondre :
les
choses se passent ainsi parce qu’autrement il n’y aurait plus de roma
1193
ssent ainsi parce qu’autrement il n’y aurait plus
de
roman. Mais cette réponse ne paraît convaincante qu’en vertu d’une co
1194
convaincante qu’en vertu d’une coutume paresseuse
de
notre critique littéraire. En vérité, elle ne répond à rien. Elle nou
1195
n roman ? Et ce roman, précisément ? Question que
l’
on dira naïve, non sans une inconsciente sagesse : c’est qu’on pressen
1196
t pas sans danger. Elle nous met en effet au cœur
de
tout le problème — et sa portée dépasse sans aucun doute le cas parti
1197
ns danger. Elle nous met en effet au cœur de tout
le
problème — et sa portée dépasse sans aucun doute le cas particulier d
1198
problème — et sa portée dépasse sans aucun doute
le
cas particulier de notre mythe. Pour qui se place, par un effort d’ab
1199
ortée dépasse sans aucun doute le cas particulier
de
notre mythe. Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à l’exté
1200
de notre mythe. Pour qui se place, par un effort
d’
abstraction, à l’extérieur du phénomène commun au romancier et au lect
1201
Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à
l’
extérieur du phénomène commun au romancier et au lecteur, pour qui ass
1202
aît qu’une convention tacite, ou mieux, une sorte
de
complicité les lie : la volonté que le roman continue, ou comme on di
1203
vention tacite, ou mieux, une sorte de complicité
les
lie : la volonté que le roman continue, ou comme on dit, qu’il rebond
1204
cite, ou mieux, une sorte de complicité les lie :
la
volonté que le roman continue, ou comme on dit, qu’il rebondisse. Sup
1205
une sorte de complicité les lie : la volonté que
le
roman continue, ou comme on dit, qu’il rebondisse. Supprimez cette vo
1206
ndisse. Supprimez cette volonté, il n’y aura plus
de
vraisemblance qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas de l’His
1207
semblance qui tienne : c’est ce qui se passe dans
le
cas de l’Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux »
1208
ce qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas
de
l’Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’
1209
qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas de
l’
Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’aut
1210
se passe dans le cas de l’Histoire scientifique. (
Le
lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sa
1211
ns le cas de l’Histoire scientifique. (Le lecteur
d’
un ouvrage « sérieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sait que le d
1212
ifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera
d’
autant plus exigeant qu’il sait que le déroulement des faits ne doit d
1213
ieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sait que
le
déroulement des faits ne doit dépendre ni de son désir ni des fantais
1214
que le déroulement des faits ne doit dépendre ni
de
son désir ni des fantaisies de l’auteur.) Supposez au contraire cette
1215
e doit dépendre ni de son désir ni des fantaisies
de
l’auteur.) Supposez au contraire cette volonté toute pure, il n’y aur
1216
oit dépendre ni de son désir ni des fantaisies de
l’
auteur.) Supposez au contraire cette volonté toute pure, il n’y aura p
1217
traire cette volonté toute pure, il n’y aura plus
d’
invraisemblance possible : c’est le cas du conte. Entre ces deux extrê
1218
n’y aura plus d’invraisemblance possible : c’est
le
cas du conte. Entre ces deux extrêmes, il est autant de niveaux de vr
1219
du conte. Entre ces deux extrêmes, il est autant
de
niveaux de vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut : la vraisemb
1220
Entre ces deux extrêmes, il est autant de niveaux
de
vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut : la vraisemblance dépen
1221
es, il est autant de niveaux de vraisemblance que
de
sujets. Ou si l’on veut : la vraisemblance dépend, pour un ouvrage ro
1222
de niveaux de vraisemblance que de sujets. Ou si
l’
on veut : la vraisemblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, d
1223
de vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut :
la
vraisemblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, de la nature
1224
mblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné,
de
la nature des passions qu’il veut flatter. C’est dire que l’on accept
1225
ance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, de
la
nature des passions qu’il veut flatter. C’est dire que l’on acceptera
1226
e des passions qu’il veut flatter. C’est dire que
l’
on acceptera le « coup de pouce » du créateur, et les entorses qu’il f
1227
qu’il veut flatter. C’est dire que l’on acceptera
le
« coup de pouce » du créateur, et les entorses qu’il fait subir à la
1228
flatter. C’est dire que l’on acceptera le « coup
de
pouce » du créateur, et les entorses qu’il fait subir à la « logique
1229
on acceptera le « coup de pouce » du créateur, et
les
entorses qu’il fait subir à la « logique » d’observation courante, da
1230
» du créateur, et les entorses qu’il fait subir à
la
« logique » d’observation courante, dans la mesure exacte où ces lice
1231
et les entorses qu’il fait subir à la « logique »
d’
observation courante, dans la mesure exacte où ces licences fourniront
1232
bir à la « logique » d’observation courante, dans
la
mesure exacte où ces licences fourniront les prétextes nécessaires à
1233
dans la mesure exacte où ces licences fourniront
les
prétextes nécessaires à la passion que l’on désire éprouver. Ainsi, l
1234
s licences fourniront les prétextes nécessaires à
la
passion que l’on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre es
1235
niront les prétextes nécessaires à la passion que
l’
on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre est révélé par la
1236
res à la passion que l’on désire éprouver. Ainsi,
le
vrai sujet d’une œuvre est révélé par la nature des « trucs » que l’a
1237
on que l’on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet
d’
une œuvre est révélé par la nature des « trucs » que l’auteur fait int
1238
. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre est révélé par
la
nature des « trucs » que l’auteur fait intervenir, et qu’on pardonne
1239
œuvre est révélé par la nature des « trucs » que
l’
auteur fait intervenir, et qu’on pardonne dans la mesure exacte où l’o
1240
l’auteur fait intervenir, et qu’on pardonne dans
la
mesure exacte où l’on partage ses intentions. Nous avons vu que les o
1241
venir, et qu’on pardonne dans la mesure exacte où
l’
on partage ses intentions. Nous avons vu que les obstacles extérieurs
1242
où l’on partage ses intentions. Nous avons vu que
les
obstacles extérieurs qui s’opposent à l’amour de Tristan sont dans un
1243
vu que les obstacles extérieurs qui s’opposent à
l’
amour de Tristan sont dans un certain sens gratuits, c’est-à-dire qu’i
1244
les obstacles extérieurs qui s’opposent à l’amour
de
Tristan sont dans un certain sens gratuits, c’est-à-dire qu’ils ne so
1245
dre, que des artifices romanesques. Or il résulte
de
nos remarques au sujet de la vraisemblance, que la gratuité même des
1246
sques. Or il résulte de nos remarques au sujet de
la
vraisemblance, que la gratuité même des obstacles invoqués peut révél
1247
e nos remarques au sujet de la vraisemblance, que
la
gratuité même des obstacles invoqués peut révéler le vrai sujet d’une
1248
gratuité même des obstacles invoqués peut révéler
le
vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en
1249
des obstacles invoqués peut révéler le vrai sujet
d’
une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en jeu. Il faut s
1250
invoqués peut révéler le vrai sujet d’une œuvre,
la
vraie nature de la passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici
1251
évéler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature
de
la passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici tout est symbole
1252
ler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de
la
passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici tout est symbole, t
1253
pose à la manière d’un rêve, et non point à celle
de
nos vies : les prétextes du romancier, les actions de ses deux héros,
1254
ère d’un rêve, et non point à celle de nos vies :
les
prétextes du romancier, les actions de ses deux héros, et les préfére
1255
à celle de nos vies : les prétextes du romancier,
les
actions de ses deux héros, et les préférences secrètes qu’il suppose
1256
os vies : les prétextes du romancier, les actions
de
ses deux héros, et les préférences secrètes qu’il suppose chez son le
1257
s du romancier, les actions de ses deux héros, et
les
préférences secrètes qu’il suppose chez son lecteur. Les « faits » ne
1258
férences secrètes qu’il suppose chez son lecteur.
Les
« faits » ne sont que les images ou les projections d’un désir, de ce
1259
ppose chez son lecteur. Les « faits » ne sont que
les
images ou les projections d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui
1260
lecteur. Les « faits » ne sont que les images ou
les
projections d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalte
1261
faits » ne sont que les images ou les projections
d’
un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplemen
1262
ont que les images ou les projections d’un désir,
de
ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplement le faire d
1263
les projections d’un désir, de ce qui s’y oppose,
de
ce qui peut l’exalter, ou simplement le faire durer. Tout manifeste,
1264
d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut
l’
exalter, ou simplement le faire durer. Tout manifeste, dans le comport
1265
y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplement
le
faire durer. Tout manifeste, dans le comportement du chevalier et de
1266
u simplement le faire durer. Tout manifeste, dans
le
comportement du chevalier et de la princesse, une exigence ignorée d’
1267
t manifeste, dans le comportement du chevalier et
de
la princesse, une exigence ignorée d’eux — et peut-être du romancier
1268
anifeste, dans le comportement du chevalier et de
la
princesse, une exigence ignorée d’eux — et peut-être du romancier — m
1269
hevalier et de la princesse, une exigence ignorée
d’
eux — et peut-être du romancier — mais plus profonde que celle de leur
1270
-être du romancier — mais plus profonde que celle
de
leur bonheur. Pas un des obstacles qu’ils rencontrent ne se révèle, o
1271
! On peut dire qu’ils ne perdent pas une occasion
de
se séparer. Quand il n’y a pas d’obstacle, ils en inventent : l’épée
1272
as une occasion de se séparer. Quand il n’y a pas
d’
obstacle, ils en inventent : l’épée nue, le mariage de Tristan. Ils en
1273
Quand il n’y a pas d’obstacle, ils en inventent :
l’
épée nue, le mariage de Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — b
1274
a pas d’obstacle, ils en inventent : l’épée nue,
le
mariage de Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — bien qu’ils e
1275
stacle, ils en inventent : l’épée nue, le mariage
de
Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — bien qu’ils en souffrent
1276
— bien qu’ils en souffrent. Serait-ce alors pour
le
plaisir du romancier et du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon
1277
romancier et du lecteur ? Mais c’est tout un, car
le
démon de l’amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’
1278
et du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon
de
l’amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’où naît l
1279
du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon de
l’
amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’où naît leur
1280
e l’amour courtois qui inspire au cœur des amants
les
ruses d’où naît leur souffrance, c’est le démon même du roman tel que
1281
courtois qui inspire au cœur des amants les ruses
d’
où naît leur souffrance, c’est le démon même du roman tel que l’aiment
1282
amants les ruses d’où naît leur souffrance, c’est
le
démon même du roman tel que l’aiment les Occidentaux. Quel est alors
1283
souffrance, c’est le démon même du roman tel que
l’
aiment les Occidentaux. Quel est alors le vrai sujet de la légende ? L
1284
ce, c’est le démon même du roman tel que l’aiment
les
Occidentaux. Quel est alors le vrai sujet de la légende ? La séparati
1285
tel que l’aiment les Occidentaux. Quel est alors
le
vrai sujet de la légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au no
1286
ent les Occidentaux. Quel est alors le vrai sujet
de
la légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passio
1287
les Occidentaux. Quel est alors le vrai sujet de
la
légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passion,
1288
aux. Quel est alors le vrai sujet de la légende ?
La
séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passion, et pour l’amo
1289
? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de
la
passion, et pour l’amour de l’amour même qui les tourmente, pour l’ex
1290
amants ? Oui, mais au nom de la passion, et pour
l’
amour de l’amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le trans
1291
? Oui, mais au nom de la passion, et pour l’amour
de
l’amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer
1292
ui, mais au nom de la passion, et pour l’amour de
l’
amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer — a
1293
e la passion, et pour l’amour de l’amour même qui
les
tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer — au détriment de leu
1294
r l’amour de l’amour même qui les tourmente, pour
l’
exalter, pour le transfigurer — au détriment de leur bonheur et de leu
1295
mour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour
le
transfigurer — au détriment de leur bonheur et de leur vie même… ⁂ No
1296
le transfigurer — au détriment de leur bonheur et
de
leur vie même… ⁂ Nous commençons à distinguer le sens secret et inqui
1297
de leur vie même… ⁂ Nous commençons à distinguer
le
sens secret et inquiétant du mythe : le danger qu’il exprime et voile
1298
istinguer le sens secret et inquiétant du mythe :
le
danger qu’il exprime et voile, cette passion qui ressemble au vertige
1299
sion qui ressemble au vertige… Mais ce n’est plus
l’
heure de se détourner. Nous sommes atteints, nous subissons le charme,
1300
ressemble au vertige… Mais ce n’est plus l’heure
de
se détourner. Nous sommes atteints, nous subissons le charme, nous co
1301
e détourner. Nous sommes atteints, nous subissons
le
charme, nous co-naissons au « tourment délicieux ». Toute condamnatio
1302
te condamnation serait vaine : on ne condamne pas
le
vertige. Mais la passion du philosophe n’est-elle point de méditer da
1303
erait vaine : on ne condamne pas le vertige. Mais
la
passion du philosophe n’est-elle point de méditer dans le vertige ? I
1304
e. Mais la passion du philosophe n’est-elle point
de
méditer dans le vertige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien
1305
on du philosophe n’est-elle point de méditer dans
le
vertige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien d’autre que l’e
1306
point de méditer dans le vertige ? Il se peut que
la
connaissance ne soit rien d’autre que l’effort d’un esprit qui résist
1307
ige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien
d’
autre que l’effort d’un esprit qui résiste à la chute, et qui se défen
1308
peut que la connaissance ne soit rien d’autre que
l’
effort d’un esprit qui résiste à la chute, et qui se défend au sein de
1309
la connaissance ne soit rien d’autre que l’effort
d’
un esprit qui résiste à la chute, et qui se défend au sein de la tenta
1310
en d’autre que l’effort d’un esprit qui résiste à
la
chute, et qui se défend au sein de la tentation… 8.L’amour de l’am
1311
i résiste à la chute, et qui se défend au sein de
la
tentation… 8.L’amour de l’amour De tous les maux, le mien diffè
1312
i se défend au sein de la tentation… 8.L’amour
de
l’amour De tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me ré
1313
e défend au sein de la tentation… 8.L’amour de
l’
amour De tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjou
1314
sein de la tentation… 8.L’amour de l’amour
De
tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis de lui ;
1315
la tentation… 8.L’amour de l’amour De tous
les
maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis de lui ; mon mal
1316
ux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis
de
lui ; mon mal est ce que je veux et ma douleur est ma santé. Je ne vo
1317
x et ma douleur est ma santé. Je ne vois donc pas
de
quoi je me plains, car mon mal me vient de ma volonté ; c’est mon vou
1318
mon vouloir qui devient mon mal ; mais j’ai tant
d’
aise à vouloir ainsi que je souffre agréablement, et tant de joie dans
1319
avec délices. Chrétien de Troyes. Il faut avoir
l’
audace de poser la question : Tristan aime-t-il Iseut ? Est-il aimé pa
1320
ces. Chrétien de Troyes. Il faut avoir l’audace
de
poser la question : Tristan aime-t-il Iseut ? Est-il aimé par elle ?
1321
aime-t-il Iseut ? Est-il aimé par elle ? (Seules
les
questions « stupides » peuvent nous instruire, et tout ce qui passe p
1322
qui passe pour évident cache quelque chose qui ne
l’
est point, comme l’a dit à peu près Valéry.) Rien d’humain ne paraît
1323
ent cache quelque chose qui ne l’est point, comme
l’
a dit à peu près Valéry.) Rien d’humain ne paraît rapprocher nos aman
1324
st point, comme l’a dit à peu près Valéry.) Rien
d’
humain ne paraît rapprocher nos amants, bien au contraire. Lors de leu
1325
ur première rencontre, ils n’ont que des rapports
de
politesse conventionnelle. Et quand Tristan revient en quête d’Iseut,
1326
onventionnelle. Et quand Tristan revient en quête
d’
Iseut, on se souvient que cette politesse fait place à la plus franche
1327
, on se souvient que cette politesse fait place à
la
plus franche hostilité. Tout porte à croire que librement ils ne se f
1328
ils ne se fussent jamais choisis. Mais ils ont bu
le
philtre, et voici la passion. Une tendresse va-t-elle naître et les u
1329
ais choisis. Mais ils ont bu le philtre, et voici
la
passion. Une tendresse va-t-elle naître et les unir, à la faveur de c
1330
ici la passion. Une tendresse va-t-elle naître et
les
unir, à la faveur de ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces
1331
on. Une tendresse va-t-elle naître et les unir, à
la
faveur de ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces milliers d
1332
ndresse va-t-elle naître et les unir, à la faveur
de
ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces milliers devers, je
1333
nir, à la faveur de ce destin magique ? Dans tout
le
Roman, dans ces milliers devers, je n’en ai trouvé qu’une seule trace
1334
é qu’une seule trace. C’est quand ils vivent dans
la
forêt de Morois, après l’évasion de Tristan. Aspre vie meinent et du
1335
seule trace. C’est quand ils vivent dans la forêt
de
Morois, après l’évasion de Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant
1336
t quand ils vivent dans la forêt de Morois, après
l’
évasion de Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment de
1337
s vivent dans la forêt de Morois, après l’évasion
de
Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment de bone amor
1338
. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment
de
bone amor L’un par l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes d
1339
or L’un par l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que
les
poètes de cette époque furent moins sentimentaux que nous ne le somme
1340
l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes
de
cette époque furent moins sentimentaux que nous ne le sommes devenus,
1341
ette époque furent moins sentimentaux que nous ne
le
sommes devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas le besoin d’insister sur
1342
ne le sommes devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas
le
besoin d’insister sur ce qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivem
1343
es devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas le besoin
d’
insister sur ce qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivement, le ré
1344
qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivement,
le
récit des trois ans dans la forêt. Ses deux scènes les plus belles, q
1345
alors, attentivement, le récit des trois ans dans
la
forêt. Ses deux scènes les plus belles, qui sont peut-être aussi les
1346
écit des trois ans dans la forêt. Ses deux scènes
les
plus belles, qui sont peut-être aussi les plus profondes de la légend
1347
scènes les plus belles, qui sont peut-être aussi
les
plus profondes de la légende, ce sont les deux visites que les amants
1348
lles, qui sont peut-être aussi les plus profondes
de
la légende, ce sont les deux visites que les amants font à l’ermite O
1349
s, qui sont peut-être aussi les plus profondes de
la
légende, ce sont les deux visites que les amants font à l’ermite Ogri
1350
e aussi les plus profondes de la légende, ce sont
les
deux visites que les amants font à l’ermite Ogrin. La première fois,
1351
ondes de la légende, ce sont les deux visites que
les
amants font à l’ermite Ogrin. La première fois, c’est pour se confess
1352
e, ce sont les deux visites que les amants font à
l’
ermite Ogrin. La première fois, c’est pour se confesser. Mais au lieu
1353
se confesser. Mais au lieu d’avouer leur péché et
de
demander l’absolution, ils s’efforcent de démontrer qu’ils n’ont aucu
1354
. Mais au lieu d’avouer leur péché et de demander
l’
absolution, ils s’efforcent de démontrer qu’ils n’ont aucune responsab
1355
éché et de demander l’absolution, ils s’efforcent
de
démontrer qu’ils n’ont aucune responsabilité dans l’aventure, puisqu’
1356
démontrer qu’ils n’ont aucune responsabilité dans
l’
aventure, puisqu’en somme ils ne s’aiment pas ! Q’el m’aime, c’est pa
1357
mme ils ne s’aiment pas ! Q’el m’aime, c’est par
la
poison Ge ne me pus de lié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan
1358
! Q’el m’aime, c’est par la poison Ge ne me pus
de
lié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan. Et Iseut après lui :
1359
t par la poison Ge ne me pus de lié partir, N’ele
de
moi… Ainsi parle Tristan. Et Iseut après lui : Sire, por Dieu omnip
1360
herbé dont je bui Et il en but : ce fu pechiez.
La
situation dans laquelle ils se trouvent est donc passionnément contra
1361
même implorer leur pardon… En vérité, comme tous
les
grands amants, ils se sentent ravis « par-delà le bien et le mal », d
1362
es grands amants, ils se sentent ravis « par-delà
le
bien et le mal », dans une sorte de transcendance de nos communes con
1363
mants, ils se sentent ravis « par-delà le bien et
le
mal », dans une sorte de transcendance de nos communes conditions, da
1364
is « par-delà le bien et le mal », dans une sorte
de
transcendance de nos communes conditions, dans un absolu indicible, i
1365
bien et le mal », dans une sorte de transcendance
de
nos communes conditions, dans un absolu indicible, incompatible avec
1366
ions, dans un absolu indicible, incompatible avec
les
lois du monde, mais qu’ils éprouvent comme plus réel que ce monde. La
1367
is qu’ils éprouvent comme plus réel que ce monde.
La
fatalité qui les presse, et à laquelle ils s’abandonnent en gémissant
1368
ent comme plus réel que ce monde. La fatalité qui
les
presse, et à laquelle ils s’abandonnent en gémissant, supprime l’oppo
1369
laquelle ils s’abandonnent en gémissant, supprime
l’
opposition du bien et du mal ; elle les conduit même au-delà de l’orig
1370
t, supprime l’opposition du bien et du mal ; elle
les
conduit même au-delà de l’origine de toutes valeurs morales, au-delà
1371
du bien et du mal ; elle les conduit même au-delà
de
l’origine de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souf
1372
bien et du mal ; elle les conduit même au-delà de
l’
origine de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souffra
1373
mal ; elle les conduit même au-delà de l’origine
de
toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souffrance, au-de
1374
de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et
de
la souffrance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où les contra
1375
toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de
la
souffrance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où les contraire
1376
laisir et de la souffrance, au-delà du domaine où
l’
on distingue, et où les contraires s’excluent. L’aveu n’en est pas moi
1377
ance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où
les
contraires s’excluent. L’aveu n’en est pas moins formel : « Il ne m’a
1378
l’on distingue, et où les contraires s’excluent.
L’
aveu n’en est pas moins formel : « Il ne m’aime pas, ne je lui. » Tout
1379
as, comme s’ils ne se reconnaissaient pas. Ce qui
les
rive au « tourment délicieux » n’appartient ni à l’un ni à l’autre, m
1380
n’appartient ni à l’un ni à l’autre, mais relève
d’
une puissance étrangère, indépendante de leurs qualités, de leurs dési
1381
is relève d’une puissance étrangère, indépendante
de
leurs qualités, de leurs désirs, au moins conscients, et de leur être
1382
ssance étrangère, indépendante de leurs qualités,
de
leurs désirs, au moins conscients, et de leur être tel qu’ils le conn
1383
ualités, de leurs désirs, au moins conscients, et
de
leur être tel qu’ils le connaissent. Les traits physiques et psycholo
1384
, au moins conscients, et de leur être tel qu’ils
le
connaissent. Les traits physiques et psychologiques de cet homme et d
1385
ients, et de leur être tel qu’ils le connaissent.
Les
traits physiques et psychologiques de cet homme et de cette femme son
1386
nnaissent. Les traits physiques et psychologiques
de
cet homme et de cette femme sont parfaitement conventionnels et rhéto
1387
raits physiques et psychologiques de cet homme et
de
cette femme sont parfaitement conventionnels et rhétoriques. Lui, c’e
1388
ement conventionnels et rhétoriques. Lui, c’est «
le
plus fort » ; elle, « la plus belle ». Lui, le chevalier ; elle, la p
1389
hétoriques. Lui, c’est « le plus fort » ; elle, «
la
plus belle ». Lui, le chevalier ; elle, la princesse, etc. Comment co
1390
« le plus fort » ; elle, « la plus belle ». Lui,
le
chevalier ; elle, la princesse, etc. Comment concevoir une affection
1391
lle, « la plus belle ». Lui, le chevalier ; elle,
la
princesse, etc. Comment concevoir une affection humaine entre deux ty
1392
humaine entre deux types à ce point simplifiés ?
L’
« amistié » dont il est question à propos de la durée du philtre est l
1393
? L’« amistié » dont il est question à propos de
la
durée du philtre est le contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si
1394
est question à propos de la durée du philtre est
le
contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si l’amitié morale se fait
1395
à propos de la durée du philtre est le contraire
d’
une amitié réelle. Bien plus, si l’amitié morale se fait jour, ce n’es
1396
t le contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si
l’
amitié morale se fait jour, ce n’est qu’au moment où la passion faibli
1397
tié morale se fait jour, ce n’est qu’au moment où
la
passion faiblit. Et le premier effet de cette amitié naissante n’est
1398
moment où la passion faiblit. Et le premier effet
de
cette amitié naissante n’est pas : du tout d’unir davantage les amant
1399
fet de cette amitié naissante n’est pas : du tout
d’
unir davantage les amants, mais au contraire de leur montrer qu’ils on
1400
ié naissante n’est pas : du tout d’unir davantage
les
amants, mais au contraire de leur montrer qu’ils ont tout intérêt à s
1401
ls ont tout intérêt à se quitter. Voyons ce point
d’
un peu plus près. L’endemain de la saint Jehan Aconpli furent li troi
1402
se quitter. Voyons ce point d’un peu plus près.
L’
endemain de la saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassai
1403
. Voyons ce point d’un peu plus près. L’endemain
de
la saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans la f
1404
oyons ce point d’un peu plus près. L’endemain de
la
saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans la forê
1405
Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans
la
forêt. Soudain, il se souvient du monde. Il revoit la cour du roi Mar
1406
orêt. Soudain, il se souvient du monde. Il revoit
la
cour du roi Marc. Il regrette « le vair et le gris » et l’apparat de
1407
nde. Il revoit la cour du roi Marc. Il regrette «
le
vair et le gris » et l’apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il p
1408
oit la cour du roi Marc. Il regrette « le vair et
le
gris » et l’apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occ
1409
u roi Marc. Il regrette « le vair et le gris » et
l’
apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi le
1410
. Il regrette « le vair et le gris » et l’apparat
de
chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons d
1411
vair et le gris » et l’apparat de chevalerie, et
le
haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons de son oncle. Il so
1412
rie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi
les
barons de son oncle. Il songe aussi à son amie, — pour la première fo
1413
haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons
de
son oncle. Il songe aussi à son amie, — pour la première fois semble-
1414
lle pourrait être « en beles chambres… portendües
de
dras de soie ». Iseut de son côté, à la même heure conçoit les mêmes
1415
rait être « en beles chambres… portendües de dras
de
soie ». Iseut de son côté, à la même heure conçoit les mêmes gestes.
1416
les chambres… portendües de dras de soie ». Iseut
de
son côté, à la même heure conçoit les mêmes gestes. Le soir venu, ils
1417
ortendües de dras de soie ». Iseut de son côté, à
la
même heure conçoit les mêmes gestes. Le soir venu, ils se retrouvent,
1418
oie ». Iseut de son côté, à la même heure conçoit
les
mêmes gestes. Le soir venu, ils se retrouvent, et avouent leur nouvea
1419
n côté, à la même heure conçoit les mêmes gestes.
Le
soir venu, ils se retrouvent, et avouent leur nouveau tourment : « En
1420
ouveau tourment : « En mal uson notre jovente… ».
La
décision de se séparer est bientôt prise. Tristan propose de « gerpir
1421
ent : « En mal uson notre jovente… ». La décision
de
se séparer est bientôt prise. Tristan propose de « gerpir » en Bretag
1422
de se séparer est bientôt prise. Tristan propose
de
« gerpir » en Bretagne. Auparavant, ils iront voir Ogrin l’ermite pou
1423
r » en Bretagne. Auparavant, ils iront voir Ogrin
l’
ermite pour obtenir son pardon — et celui du roi Marc pour Iseut. Ici
1424
n — et celui du roi Marc pour Iseut. Ici se place
le
court dialogue si dramatique entre l’ermite et les deux repentants :
1425
ci se place le court dialogue si dramatique entre
l’
ermite et les deux repentants : Amors par force vos demeine ! Combien
1426
le court dialogue si dramatique entre l’ermite et
les
deux repentants : Amors par force vos demeine ! Combien durra vostre
1427
a vostre folie ? Trop avez mené ceste vie. Ainsi
les
admoneste Ogrin. Tristan li dist : or escoutez Si longuement l’avons
1428
rin. Tristan li dist : or escoutez Si longuement
l’
avons menée Itel fu nostre destinée. (Amors par force vos demeine ! C
1429
e ! Comment ne s’arrêterait-on point pour admirer
la
plus poignante définition qu’un poète ait jamais donnée de la passion
1430
oignante définition qu’un poète ait jamais donnée
de
la passion ! À lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force de l
1431
nante définition qu’un poète ait jamais donnée de
la
passion ! À lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force de lang
1432
lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force
de
langage qui fait pâlir le romantisme tout entier ! Qui nous rendra ce
1433
tout, et avec une force de langage qui fait pâlir
le
romantisme tout entier ! Qui nous rendra ce dur « patois du cœur ? »)
1434
r ? ») Un dernier trait : lorsque Tristan reçoit
la
réponse favorable du roi acceptant de reprendre Iseut : Dex ! dist T
1435
stan reçoit la réponse favorable du roi acceptant
de
reprendre Iseut : Dex ! dist Tristan, quel departie ! Mot est dolenz
1436
du roi qu’auprès de son ami ; plus heureuse dans
le
malheur d’amour que dans leur vie commune du Morois… ⁂ On sait d’aill
1437
auprès de son ami ; plus heureuse dans le malheur
d’
amour que dans leur vie commune du Morois… ⁂ On sait d’ailleurs que pa
1438
e commune du Morois… ⁂ On sait d’ailleurs que par
la
suite, et bien que le philtre n’agisse plus, les amants seront repris
1439
On sait d’ailleurs que par la suite, et bien que
le
philtre n’agisse plus, les amants seront repris par la passion, jusqu
1440
r la suite, et bien que le philtre n’agisse plus,
les
amants seront repris par la passion, jusqu’au point qu’ils en perdron
1441
iltre n’agisse plus, les amants seront repris par
la
passion, jusqu’au point qu’ils en perdront la vie, « lui par elle, el
1442
par la passion, jusqu’au point qu’ils en perdront
la
vie, « lui par elle, elle par lui… » L’égoïsme apparent d’un tel amou
1443
perdront la vie, « lui par elle, elle par lui… »
L’
égoïsme apparent d’un tel amour expliquerait à lui seul bien des « has
1444
lui par elle, elle par lui… » L’égoïsme apparent
d’
un tel amour expliquerait à lui seul bien des « hasards », bien des ma
1445
ui s’opposent au bonheur des amants. Mais comment
l’
expliquer lui-même, dans sa profonde ambiguïté ? Tout égoïsme, dit-on,
1446
profonde ambiguïté ? Tout égoïsme, dit-on, mène à
la
mort, mais c’est par une ultime défaite. Celui-ci au contraire veut l
1447
ar une ultime défaite. Celui-ci au contraire veut
la
mort comme son accomplissement parfait, comme son triomphe… Une seule
1448
e du mythe. Tristan et Iseut ne s’aiment pas, ils
l’
ont dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le
1449
n et Iseut ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout
le
confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le fait même d’aimer
1450
dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment, c’est
l’
amour, c’est le fait même d’aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient
1451
confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est
le
fait même d’aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient compris que to
1452
qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le fait même
d’
aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient compris que tout ce qui s’o
1453
s’ils avaient compris que tout ce qui s’oppose à
l’
amour le garantit et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’in
1454
vaient compris que tout ce qui s’oppose à l’amour
le
garantit et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dan
1455
que tout ce qui s’oppose à l’amour le garantit et
le
consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant de
1456
r le garantit et le consacre dans leur cœur, pour
l’
exalter à l’infini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la mor
1457
t et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à
l’
infini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan a
1458
re dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dans
l’
instant de l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir
1459
ur cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant
de
l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir aimer, bie
1460
cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant de
l’
obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir aimer, bien p
1461
fini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est
la
mort. Tristan aime se sentir aimer, bien plus qu’il n’aime Iseut la B
1462
. Et Iseut ne fait rien pour retenir Tristan près
d’
elle : il lui suffit d’un rêve passionné. Ils ont besoin l’un de l’aut
1463
pour retenir Tristan près d’elle : il lui suffit
d’
un rêve passionné. Ils ont besoin l’un de l’autre pour brûler, mais no
1464
i suffit d’un rêve passionné. Ils ont besoin l’un
de
l’autre pour brûler, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non de la
1465
ont besoin l’un de l’autre pour brûler, mais non
de
l’autre tel qu’il est ; et non de la présence de l’autre, mais bien p
1466
rûler, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non
de
la présence de l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparati
1467
er, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non de
la
présence de l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparation
1468
de l’autre tel qu’il est ; et non de la présence
de
l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparation des amants r
1469
t non de la présence de l’autre, mais bien plutôt
de
son absence ! La séparation des amants résulte ainsi de leur passion
1470
nce de l’autre, mais bien plutôt de son absence !
La
séparation des amants résulte ainsi de leur passion même, et de l’amo
1471
absence ! La séparation des amants résulte ainsi
de
leur passion même, et de l’amour qu’ils portent à leur passion plutôt
1472
des amants résulte ainsi de leur passion même, et
de
l’amour qu’ils portent à leur passion plutôt qu’à son contentement, p
1473
amants résulte ainsi de leur passion même, et de
l’
amour qu’ils portent à leur passion plutôt qu’à son contentement, plut
1474
à son contentement, plutôt qu’à son vivant objet.
D’
où les obstacles multipliés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnan
1475
contentement, plutôt qu’à son vivant objet. D’où
les
obstacles multipliés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnante de
1476
n vivant objet. D’où les obstacles multipliés par
le
Roman ; d’où l’indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve
1477
jet. D’où les obstacles multipliés par le Roman ;
d’
où l’indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve au sein du
1478
D’où les obstacles multipliés par le Roman ; d’où
l’
indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve au sein duquel
1479
liés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnante
de
ces complices d’un même rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ;
1480
; d’où l’indifférence étonnante de ces complices
d’
un même rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ; d’où le crescend
1481
es complices d’un même rêve au sein duquel chacun
d’
eux reste seul ; d’où le crescendo romanesque et la mortelle apothéose
1482
ême rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ;
d’
où le crescendo romanesque et la mortelle apothéose. Dualité irrémédia
1483
êve au sein duquel chacun d’eux reste seul ; d’où
le
crescendo romanesque et la mortelle apothéose. Dualité irrémédiable e
1484
’eux reste seul ; d’où le crescendo romanesque et
la
mortelle apothéose. Dualité irrémédiable et désirée ! « Mot est dolen
1485
» soupire Tristan. Pourtant il sent déjà, au fond
de
la nuit qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par l’absence.
1486
oupire Tristan. Pourtant il sent déjà, au fond de
la
nuit qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par l’absence.
1487
sent déjà, au fond de la nuit qui vient, poindre
la
flamme secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour de la Mort Mai
1488
qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par
l’
absence. 9.L’amour de la Mort Mais il nous faut pousser plus loi
1489
amme secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour
de
la Mort Mais il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare d’Aug
1490
e secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour de
la
Mort Mais il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare d’August
1491
la Mort Mais il nous faut pousser plus loin :
l’
amabam amare d’Augustin est une émouvante formule dont lui-même ne s’e
1492
s il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare
d’
Augustin est une émouvante formule dont lui-même ne s’est pas satisfai
1493
nte formule dont lui-même ne s’est pas satisfait.
L’
obstacle dont nous avons souvent parlé, et la création de l’obstacle p
1494
ait. L’obstacle dont nous avons souvent parlé, et
la
création de l’obstacle par la passion des deux héros (confondant ici
1495
cle dont nous avons souvent parlé, et la création
de
l’obstacle par la passion des deux héros (confondant ici ses effets a
1496
dont nous avons souvent parlé, et la création de
l’
obstacle par la passion des deux héros (confondant ici ses effets avec
1497
s souvent parlé, et la création de l’obstacle par
la
passion des deux héros (confondant ici ses effets avec ceux de l’exig
1498
s deux héros (confondant ici ses effets avec ceux
de
l’exigence romanesque et de l’attente du lecteur) — cet obstacle n’es
1499
eux héros (confondant ici ses effets avec ceux de
l’
exigence romanesque et de l’attente du lecteur) — cet obstacle n’est-i
1500
ses effets avec ceux de l’exigence romanesque et
de
l’attente du lecteur) — cet obstacle n’est-il qu’un prétexte, nécessa
1501
s effets avec ceux de l’exigence romanesque et de
l’
attente du lecteur) — cet obstacle n’est-il qu’un prétexte, nécessaire
1502
le n’est-il qu’un prétexte, nécessaire au progrès
de
la passion, ou n’est-il pas lié à la passion d’une manière beaucoup p
1503
n’est-il qu’un prétexte, nécessaire au progrès de
la
passion, ou n’est-il pas lié à la passion d’une manière beaucoup plus
1504
e au progrès de la passion, ou n’est-il pas lié à
la
passion d’une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet m
1505
s de la passion, ou n’est-il pas lié à la passion
d’
une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même de la p
1506
une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas
l’
objet même de la passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous
1507
eaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même
de
la passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que
1508
coup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même de
la
passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que le
1509
e ? N’est-il pas l’objet même de la passion, — si
l’
on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que le progrès du roman
1510
on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que
le
progrès du roman a pour principe les séparations et les revoirs succe
1511
avons vu que le progrès du roman a pour principe
les
séparations et les revoirs successifs des amants13. Or les causes de
1512
ogrès du roman a pour principe les séparations et
les
revoirs successifs des amants13. Or les causes de séparation sont de
1513
ations et les revoirs successifs des amants13. Or
les
causes de séparation sont de deux sortes ; circonstances extérieures
1514
es revoirs successifs des amants13. Or les causes
de
séparation sont de deux sortes ; circonstances extérieures adverses,
1515
fs des amants13. Or les causes de séparation sont
de
deux sortes ; circonstances extérieures adverses, entraves inventées
1516
ventées par Tristan. Tristan ne se comportera pas
de
la même manière dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dé
1517
tées par Tristan. Tristan ne se comportera pas de
la
même manière dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dégag
1518
stan ne se comportera pas de la même manière dans
les
deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dégager cette dialectique d
1519
e dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt
de
dégager cette dialectique de l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce son
1520
est pas sans intérêt de dégager cette dialectique
de
l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales
1521
pas sans intérêt de dégager cette dialectique de
l’
obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui
1522
t de dégager cette dialectique de l’obstacle dans
le
Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui menacent les am
1523
ique de l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont
les
circonstances sociales qui menacent les amants (présence de Marc, méf
1524
e ce sont les circonstances sociales qui menacent
les
amants (présence de Marc, méfiance des barons, jugement de Dieu, etc.
1525
tances sociales qui menacent les amants (présence
de
Marc, méfiance des barons, jugement de Dieu, etc.), Tristan bondit pa
1526
(présence de Marc, méfiance des barons, jugement
de
Dieu, etc.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (le saut d’un lit à
1527
ugement de Dieu, etc.), Tristan bondit par-dessus
l’
obstacle (le saut d’un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souf
1528
ieu, etc.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (
le
saut d’un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souffrir (sa ble
1529
.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (le saut
d’
un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souffrir (sa blessure se
1530
sus l’obstacle (le saut d’un lit à l’autre en est
le
symbole). Quitte à souffrir (sa blessure se rouvre) et à risquer sa v
1531
uvre) et à risquer sa vie (il se sait épié). Mais
la
passion est alors si violente, si animale pourrait-on dire, qu’il oub
1532
olente, si animale pourrait-on dire, qu’il oublie
la
douleur et le danger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le s
1533
male pourrait-on dire, qu’il oublie la douleur et
le
danger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang de sa bles
1534
n dire, qu’il oublie la douleur et le danger dans
l’
ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure le trahit.
1535
’il oublie la douleur et le danger dans l’ivresse
de
son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure le trahit. C’est la
1536
anger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant,
le
sang de sa blessure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met le r
1537
ns l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang
de
sa blessure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur l
1538
son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure
le
trahit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’ad
1539
Pourtant, le sang de sa blessure le trahit. C’est
la
« marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’adultère. Quant à n
1540
sure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met
le
roi sur la trace de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la tr
1541
hit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur
la
trace de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dess
1542
t la « marque rouge » qui met le roi sur la trace
de
l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dessein secre
1543
a « marque rouge » qui met le roi sur la trace de
l’
adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dessein secret d
1544
ce de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur
la
trace du dessein secret des amants : leur recherche du péril pour lui
1545
r recherche du péril pour lui-même. Mais tant que
le
péril n’est qu’une menace tout extérieure, la prouesse par laquelle T
1546
que le péril n’est qu’une menace tout extérieure,
la
prouesse par laquelle Tristan le surmonte est une affirmation de la v
1547
tout extérieure, la prouesse par laquelle Tristan
le
surmonte est une affirmation de la vie. En tout cela ; Tristan n’obéi
1548
laquelle Tristan le surmonte est une affirmation
de
la vie. En tout cela ; Tristan n’obéit qu’à la coutume féodale des ch
1549
quelle Tristan le surmonte est une affirmation de
la
vie. En tout cela ; Tristan n’obéit qu’à la coutume féodale des cheva
1550
on de la vie. En tout cela ; Tristan n’obéit qu’à
la
coutume féodale des chevaliers : il s’agit de faire preuve de « valeu
1551
u’à la coutume féodale des chevaliers : il s’agit
de
faire preuve de « valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou le plus
1552
éodale des chevaliers : il s’agit de faire preuve
de
« valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou le plus rusé. Nous avon
1553
l s’agit de faire preuve de « valeur », il s’agit
d’
être le plus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela le conduira
1554
t de faire preuve de « valeur », il s’agit d’être
le
plus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela le conduirait à en
1555
de « valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou
le
plus rusé. Nous avons vu que cela le conduirait à enlever la reine à
1556
lus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela
le
conduirait à enlever la reine à son roi. Et que le droit établi n’est
1557
é. Nous avons vu que cela le conduirait à enlever
la
reine à son roi. Et que le droit établi n’est soudain respecté, à ce
1558
e conduirait à enlever la reine à son roi. Et que
le
droit établi n’est soudain respecté, à ce moment, que parce qu’il fou
1559
parce qu’il fournit un prétexte à faire rebondir
le
roman. Toute autre est l’attitude du chevalier lorsque rien d’extérie
1560
étexte à faire rebondir le roman. Toute autre est
l’
attitude du chevalier lorsque rien d’extérieur à eux-mêmes ne sépare p
1561
te autre est l’attitude du chevalier lorsque rien
d’
extérieur à eux-mêmes ne sépare plus les amants. C’est même l’inverse
1562
rsque rien d’extérieur à eux-mêmes ne sépare plus
les
amants. C’est même l’inverse qui se produit alors : l’épée nue déposé
1563
à eux-mêmes ne sépare plus les amants. C’est même
l’
inverse qui se produit alors : l’épée nue déposée par Tristan entre le
1564
ants. C’est même l’inverse qui se produit alors :
l’
épée nue déposée par Tristan entre leurs corps demeurés vêtus, c’est e
1565
leurs corps demeurés vêtus, c’est encore occasion
de
prouesse, mais cette fois-ci contre lui-même, à ses dépens. Puisqu’il
1566
lui-même, à ses dépens. Puisqu’il en est lui-même
le
fauteur, c’est un obstacle qu’il ne peut plus vaincre ! N’oublions pa
1567
e qu’il ne peut plus vaincre ! N’oublions pas que
la
hiérarchie des faits contés traduit exactement la hiérarchie des préf
1568
la hiérarchie des faits contés traduit exactement
la
hiérarchie des préférences du conteur et de son lecteur. L’obstacle l
1569
ement la hiérarchie des préférences du conteur et
de
son lecteur. L’obstacle le plus grave, c’est donc celui que l’on préf
1570
hie des préférences du conteur et de son lecteur.
L’
obstacle le plus grave, c’est donc celui que l’on préfère par-dessus t
1571
férences du conteur et de son lecteur. L’obstacle
le
plus grave, c’est donc celui que l’on préfère par-dessus tout. C’est
1572
r. L’obstacle le plus grave, c’est donc celui que
l’
on préfère par-dessus tout. C’est le plus propre à grandir la passion.
1573
onc celui que l’on préfère par-dessus tout. C’est
le
plus propre à grandir la passion. Notons aussi qu’en cette extrémité,
1574
e par-dessus tout. C’est le plus propre à grandir
la
passion. Notons aussi qu’en cette extrémité, la volonté de se séparer
1575
r la passion. Notons aussi qu’en cette extrémité,
la
volonté de se séparer revêt une valeur affective plus forte que la pa
1576
n. Notons aussi qu’en cette extrémité, la volonté
de
se séparer revêt une valeur affective plus forte que la passion même.
1577
séparer revêt une valeur affective plus forte que
la
passion même. La mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’é
1578
valeur affective plus forte que la passion même.
La
mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas
1579
plus forte que la passion même. La mort, qui est
le
but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’express
1580
orte que la passion même. La mort, qui est le but
de
la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression déc
1581
e que la passion même. La mort, qui est le but de
la
passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression décisi
1582
sion même. La mort, qui est le but de la passion,
la
tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression décisive du désir
1583
mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais
l’
épée nue n’est pas encore l’expression décisive du désir sombre, de la
1584
passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore
l’
expression décisive du désir sombre, de la fin même de la passion (au
1585
pas encore l’expression décisive du désir sombre,
de
la fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’admirable ép
1586
encore l’expression décisive du désir sombre, de
la
fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’admirable épiso
1587
pression décisive du désir sombre, de la fin même
de
la passion (au double sens du mot fin). L’admirable épisode des épées
1588
ssion décisive du désir sombre, de la fin même de
la
passion (au double sens du mot fin). L’admirable épisode des épées éc
1589
n même de la passion (au double sens du mot fin).
L’
admirable épisode des épées échangées le fait voir. Quand le roi vient
1590
mot fin). L’admirable épisode des épées échangées
le
fait voir. Quand le roi vient surprendre les amants, l’on se rappelle
1591
e épisode des épées échangées le fait voir. Quand
le
roi vient surprendre les amants, l’on se rappelle qu’il substitue son
1592
ngées le fait voir. Quand le roi vient surprendre
les
amants, l’on se rappelle qu’il substitue son arme à celle de son riva
1593
t voir. Quand le roi vient surprendre les amants,
l’
on se rappelle qu’il substitue son arme à celle de son rival. Cela sig
1594
l’on se rappelle qu’il substitue son arme à celle
de
son rival. Cela signifie qu’à l’obstacle désiré et librement créé par
1595
son arme à celle de son rival. Cela signifie qu’à
l’
obstacle désiré et librement créé par les amants, il substitue le sign
1596
ifie qu’à l’obstacle désiré et librement créé par
les
amants, il substitue le signe de son pouvoir social, l’obstacle légal
1597
ré et librement créé par les amants, il substitue
le
signe de son pouvoir social, l’obstacle légal, objectif. Tristan relè
1598
rement créé par les amants, il substitue le signe
de
son pouvoir social, l’obstacle légal, objectif. Tristan relève ce déf
1599
nts, il substitue le signe de son pouvoir social,
l’
obstacle légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’où le rebondissem
1600
bstacle légal, objectif. Tristan relève ce défi :
d’
où le rebondissement de l’action. Et ici le mot prend un sens symboliq
1601
le légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’où
le
rebondissement de l’action. Et ici le mot prend un sens symbolique :
1602
. Tristan relève ce défi : d’où le rebondissement
de
l’action. Et ici le mot prend un sens symbolique : l’action empêche l
1603
ristan relève ce défi : d’où le rebondissement de
l’
action. Et ici le mot prend un sens symbolique : l’action empêche la «
1604
défi : d’où le rebondissement de l’action. Et ici
le
mot prend un sens symbolique : l’action empêche la « passion » d’être
1605
’action. Et ici le mot prend un sens symbolique :
l’
action empêche la « passion » d’être totale, car la passion, c’est « c
1606
e mot prend un sens symbolique : l’action empêche
la
« passion » d’être totale, car la passion, c’est « ce que l’on subit
1607
sens symbolique : l’action empêche la « passion »
d’
être totale, car la passion, c’est « ce que l’on subit » — à la limite
1608
’action empêche la « passion » d’être totale, car
la
passion, c’est « ce que l’on subit » — à la limite, c’est la mort. En
1609
n » d’être totale, car la passion, c’est « ce que
l’
on subit » — à la limite, c’est la mort. En d’autres termes, cette act
1610
, car la passion, c’est « ce que l’on subit » — à
la
limite, c’est la mort. En d’autres termes, cette action est un nouvea
1611
c’est « ce que l’on subit » — à la limite, c’est
la
mort. En d’autres termes, cette action est un nouveau délai de la pas
1612
’autres termes, cette action est un nouveau délai
de
la passion, c’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera la mêm
1613
tres termes, cette action est un nouveau délai de
la
passion, c’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera la même d
1614
uveau délai de la passion, c’est-à-dire un retard
de
la Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre les deux mariages
1615
au délai de la passion, c’est-à-dire un retard de
la
Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre les deux mariages du
1616
’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera
la
même dialectique entre les deux mariages du Roman ; celui d’Iseut la
1617
a Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre
les
deux mariages du Roman ; celui d’Iseut la Blonde avec le Roi, et celu
1618
lectique entre les deux mariages du Roman ; celui
d’
Iseut la Blonde avec le Roi, et celui d’Iseut aux blanches mains avec
1619
mariages du Roman ; celui d’Iseut la Blonde avec
le
Roi, et celui d’Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier de
1620
n ; celui d’Iseut la Blonde avec le Roi, et celui
d’
Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier de ces mariages est
1621
Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier
de
ces mariages est l’obstacle de fait. Il est symbolisé par l’existence
1622
ains avec Tristan. Le premier de ces mariages est
l’
obstacle de fait. Il est symbolisé par l’existence concrète du mari, m
1623
ristan. Le premier de ces mariages est l’obstacle
de
fait. Il est symbolisé par l’existence concrète du mari, méprisé par
1624
ages est l’obstacle de fait. Il est symbolisé par
l’
existence concrète du mari, méprisé par l’amour courtois. Occasion de
1625
isé par l’existence concrète du mari, méprisé par
l’
amour courtois. Occasion de prouesse classique et de rebondissements f
1626
e du mari, méprisé par l’amour courtois. Occasion
de
prouesse classique et de rebondissements faciles. L’existence du mari
1627
amour courtois. Occasion de prouesse classique et
de
rebondissements faciles. L’existence du mari, l’obstacle de l’adultèr
1628
prouesse classique et de rebondissements faciles.
L’
existence du mari, l’obstacle de l’adultère, c’est le premier prétexte
1629
de rebondissements faciles. L’existence du mari,
l’
obstacle de l’adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus nature
1630
ssements faciles. L’existence du mari, l’obstacle
de
l’adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus naturellement ima
1631
ments faciles. L’existence du mari, l’obstacle de
l’
adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus naturellement imagin
1632
le de l’adultère, c’est le premier prétexte venu,
le
plus naturellement imaginable, le plus conforme à l’expérience quotid
1633
prétexte venu, le plus naturellement imaginable,
le
plus conforme à l’expérience quotidienne. (Le romantisme en trouvera
1634
plus naturellement imaginable, le plus conforme à
l’
expérience quotidienne. (Le romantisme en trouvera de plus fins.) Il f
1635
le, le plus conforme à l’expérience quotidienne. (
Le
romantisme en trouvera de plus fins.) Il faut voir comme Tristan le b
1636
rouvera de plus fins.) Il faut voir comme Tristan
le
bouscule, et comme il s’en joue à plaisir ! Sans le mari, je ne donne
1637
bouscule, et comme il s’en joue à plaisir ! Sans
le
mari, je ne donne pas plus de trois ans à l’amour de Tristan et Iseut
1638
ue à plaisir ! Sans le mari, je ne donne pas plus
de
trois ans à l’amour de Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sages
1639
Sans le mari, je ne donne pas plus de trois ans à
l’
amour de Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sagesse du vieux Bér
1640
mari, je ne donne pas plus de trois ans à l’amour
de
Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’e
1641
s ans à l’amour de Tristan et Iseut. Et en effet,
la
grande sagesse du vieux Béroul, c’est d’avoir limité à cette durée l’
1642
n effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’est
d’
avoir limité à cette durée l’action du philtre : « La mère Iseut qui l
1643
vieux Béroul, c’est d’avoir limité à cette durée
l’
action du philtre : « La mère Iseut qui le bollit — À trois anz d’amis
1644
voir limité à cette durée l’action du philtre : «
La
mère Iseut qui le bollit — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le m
1645
e durée l’action du philtre : « La mère Iseut qui
le
bollit — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le mari, il ne restera
1646
tre : « La mère Iseut qui le bollit — À trois anz
d’
amistié le fist. » Sans le mari, il ne resterait aux deux amants qu’à
1647
mère Iseut qui le bollit — À trois anz d’amistié
le
fist. » Sans le mari, il ne resterait aux deux amants qu’à se marier.
1648
le bollit — À trois anz d’amistié le fist. » Sans
le
mari, il ne resterait aux deux amants qu’à se marier. Or on ne conçoi
1649
que Tristan puisse jamais épouser Iseut. Elle est
le
type de la femme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’ai
1650
tan puisse jamais épouser Iseut. Elle est le type
de
la femme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’aimer, pui
1651
puisse jamais épouser Iseut. Elle est le type de
la
femme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’aimer, puisqu
1652
emme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait
de
l’aimer, puisqu’elle cesserait d’être ce qu’elle est. Imaginez cela :
1653
e qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de
l’
aimer, puisqu’elle cesserait d’être ce qu’elle est. Imaginez cela : Ma
1654
rs on cesserait de l’aimer, puisqu’elle cesserait
d’
être ce qu’elle est. Imaginez cela : Madame Tristan ! C’est la négatio
1655
’elle est. Imaginez cela : Madame Tristan ! C’est
la
négation de la passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’
1656
maginez cela : Madame Tristan ! C’est la négation
de
la passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’ardeur amour
1657
inez cela : Madame Tristan ! C’est la négation de
la
passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’ardeur amoureus
1658
istan ! C’est la négation de la passion, au moins
de
celle dont nous nous occupons. L’ardeur amoureuse spontanée, couronné
1659
ssion, au moins de celle dont nous nous occupons.
L’
ardeur amoureuse spontanée, couronnée et non combattue, est par essenc
1660
ble. C’est une flambée qui ne peut pas survivre à
l’
éclat de sa consommation. Mais sa brûlure demeure inoubliable, et c’es
1661
st une flambée qui ne peut pas survivre à l’éclat
de
sa consommation. Mais sa brûlure demeure inoubliable, et c’est elle q
1662
sa brûlure demeure inoubliable, et c’est elle que
les
amants veulent prolonger et renouveler à l’infini. D’où les périls no
1663
que les amants veulent prolonger et renouveler à
l’
infini. D’où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du
1664
mants veulent prolonger et renouveler à l’infini.
D’
où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du chevalier
1665
veulent prolonger et renouveler à l’infini. D’où
les
périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du chevalier est t
1666
D’où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais
la
valeur du chevalier est telle qu’il les aura bientôt tous surmontés.
1667
fier. Mais la valeur du chevalier est telle qu’il
les
aura bientôt tous surmontés. C’est alors qu’il s’éloigne, en quête d’
1668
surmontés. C’est alors qu’il s’éloigne, en quête
d’
aventures plus secrètes et plus profondes, l’on dirait même : plus int
1669
uête d’aventures plus secrètes et plus profondes,
l’
on dirait même : plus intérieures. Lorsque Tristan soupire à voix bass
1670
eures. Lorsque Tristan soupire à voix basse après
l’
Iseut perdue, le frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoure
1671
ristan soupire à voix basse après l’Iseut perdue,
le
frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux de sa sœur. C
1672
d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux
de
sa sœur. Cette erreur — provoquée par le nom des deux femmes — est la
1673
amoureux de sa sœur. Cette erreur — provoquée par
le
nom des deux femmes — est la seule « raison » du mariage de Tristan.
1674
reur — provoquée par le nom des deux femmes — est
la
seule « raison » du mariage de Tristan. L’on voit qu’il lui serait ai
1675
deux femmes — est la seule « raison » du mariage
de
Tristan. L’on voit qu’il lui serait aisé de s’expliquer. Mais une foi
1676
— est la seule « raison » du mariage de Tristan.
L’
on voit qu’il lui serait aisé de s’expliquer. Mais une fois de plus, l
1677
riage de Tristan. L’on voit qu’il lui serait aisé
de
s’expliquer. Mais une fois de plus, l’honneur interviendra, et au seu
1678
erait aisé de s’expliquer. Mais une fois de plus,
l’
honneur interviendra, et au seul titre de prétexte, pour empêcher Tris
1679
de plus, l’honneur interviendra, et au seul titre
de
prétexte, pour empêcher Tristan de se dédire. C’est que l’amant press
1680
au seul titre de prétexte, pour empêcher Tristan
de
se dédire. C’est que l’amant pressent, dans cette nouvelle épreuve qu
1681
te, pour empêcher Tristan de se dédire. C’est que
l’
amant pressent, dans cette nouvelle épreuve qu’il s’impose, l’occasion
1682
sent, dans cette nouvelle épreuve qu’il s’impose,
l’
occasion d’un progrès décisif. Ce mariage blanc avec une femme qu’il t
1683
cette nouvelle épreuve qu’il s’impose, l’occasion
d’
un progrès décisif. Ce mariage blanc avec une femme qu’il trouve belle
1684
ge blanc avec une femme qu’il trouve belle, c’est
l’
obstacle qu’il ne peut surmonter que par une victoire sur lui-même (au
1685
par une victoire sur lui-même (aussi bien que sur
le
mariage, qu’il ruine ainsi par l’intérieur). Prouesse dont il est la
1686
si bien que sur le mariage, qu’il ruine ainsi par
l’
intérieur). Prouesse dont il est la victime ! La chasteté du chevalier
1687
uine ainsi par l’intérieur). Prouesse dont il est
la
victime ! La chasteté du chevalier marié répond à la déposition de l’
1688
r l’intérieur). Prouesse dont il est la victime !
La
chasteté du chevalier marié répond à la déposition de l’épée nue entr
1689
victime ! La chasteté du chevalier marié répond à
la
déposition de l’épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontair
1690
hasteté du chevalier marié répond à la déposition
de
l’épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un su
1691
teté du chevalier marié répond à la déposition de
l’
épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un suici
1692
marié répond à la déposition de l’épée nue entre
les
corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un suicide symbolique — (o
1693
taire, c’est un suicide symbolique — (on voit ici
le
sens caché de l’épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la
1694
n suicide symbolique — (on voit ici le sens caché
de
l’épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la robuste tradit
1695
uicide symbolique — (on voit ici le sens caché de
l’
épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la robuste tradition
1696
ici le sens caché de l’épée). C’est une victoire
de
l’idéal courtois sur la robuste tradition celtique qui affirmait l’or
1697
i le sens caché de l’épée). C’est une victoire de
l’
idéal courtois sur la robuste tradition celtique qui affirmait l’orgue
1698
épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur
la
robuste tradition celtique qui affirmait l’orgueil de vivre. C’est un
1699
s sur la robuste tradition celtique qui affirmait
l’
orgueil de vivre. C’est une manière de purification de ce qui subsista
1700
obuste tradition celtique qui affirmait l’orgueil
de
vivre. C’est une manière de purification de ce qui subsistait, dans l
1701
i affirmait l’orgueil de vivre. C’est une manière
de
purification de ce qui subsistait, dans le désir, de spontané, d’anim
1702
gueil de vivre. C’est une manière de purification
de
ce qui subsistait, dans le désir, de spontané, d’animal et d’actif. V
1703
anière de purification de ce qui subsistait, dans
le
désir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire de la « passion » s
1704
purification de ce qui subsistait, dans le désir,
de
spontané, d’animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le dési
1705
de ce qui subsistait, dans le désir, de spontané,
d’
animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe d
1706
bsistait, dans le désir, de spontané, d’animal et
d’
actif. Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort su
1707
désir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire
de
la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi
1708
ir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire de
la
« passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi don
1709
animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur
le
désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence
1710
Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe
de
la mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstac
1711
toire de la « passion » sur le désir. Triomphe de
la
mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstacle
1712
« passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur
la
vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstacle voulu, c’éta
1713
la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à
l’
obstacle voulu, c’était l’affirmation de la mort, c’était un progrès v
1714
e préférence accordée à l’obstacle voulu, c’était
l’
affirmation de la mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers un
1715
ccordée à l’obstacle voulu, c’était l’affirmation
de
la mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort d’amour
1716
rdée à l’obstacle voulu, c’était l’affirmation de
la
mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort d’amour, v
1717
l’affirmation de la mort, c’était un progrès vers
la
Mort ! Mais vers une mort d’amour, vers une mort volontaire au terme
1718
tait un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort
d’
amour, vers une mort volontaire au terme d’une série d’épreuves dont T
1719
e mort d’amour, vers une mort volontaire au terme
d’
une série d’épreuves dont Tristan sorte purifié ; vers une mort qui so
1720
ur, vers une mort volontaire au terme d’une série
d’
épreuves dont Tristan sorte purifié ; vers une mort qui soit une trans
1721
non pas un hasard brutal. Il s’agit donc toujours
de
ramener la fatalité extérieure à une fatalité interne, librement assu
1722
hasard brutal. Il s’agit donc toujours de ramener
la
fatalité extérieure à une fatalité interne, librement assumée par les
1723
ure à une fatalité interne, librement assumée par
les
amants. C’est le rachat de leur destin qu’ils accomplissent en mouran
1724
interne, librement assumée par les amants. C’est
le
rachat de leur destin qu’ils accomplissent en mourant par amour : c’e
1725
librement assumée par les amants. C’est le rachat
de
leur destin qu’ils accomplissent en mourant par amour : c’est une rev
1726
ent en mourant par amour : c’est une revanche sur
le
philtre. Et l’on assiste, in extremis, au renversement de la dialect
1727
ar amour : c’est une revanche sur le philtre. Et
l’
on assiste, in extremis, au renversement de la dialectique passion-obs
1728
e. Et l’on assiste, in extremis, au renversement
de
la dialectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus l’obstacle qu
1729
Et l’on assiste, in extremis, au renversement de
la
dialectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus l’obstacle qui e
1730
lectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus
l’
obstacle qui est au service de la passion fatale, mais au contraire il
1731
iment ce n’est plus l’obstacle qui est au service
de
la passion fatale, mais au contraire il est devenu le but, la fin dés
1732
nt ce n’est plus l’obstacle qui est au service de
la
passion fatale, mais au contraire il est devenu le but, la fin désiré
1733
a passion fatale, mais au contraire il est devenu
le
but, la fin désirée pour elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un
1734
n fatale, mais au contraire il est devenu le but,
la
fin désirée pour elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un rôle d’
1735
devenu le but, la fin désirée pour elle-même. Et
la
passion n’a donc joué qu’un rôle d’épreuve purificatrice, on dirait p
1736
elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un rôle
d’
épreuve purificatrice, on dirait presque de pénitence au service de ce
1737
n rôle d’épreuve purificatrice, on dirait presque
de
pénitence au service de cette mort qui transfigure. Nous touchons au
1738
atrice, on dirait presque de pénitence au service
de
cette mort qui transfigure. Nous touchons au secret dernier. L’amour
1739
qui transfigure. Nous touchons au secret dernier.
L’
amour de l’amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible,
1740
sfigure. Nous touchons au secret dernier. L’amour
de
l’amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible, une volo
1741
gure. Nous touchons au secret dernier. L’amour de
l’
amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible, une volonté
1742
que se « trahir » par des symboles tels que celui
de
l’épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants m
1743
se « trahir » par des symboles tels que celui de
l’
épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malg
1744
par des symboles tels que celui de l’épée nue ou
de
la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malgré eux n’ont j
1745
r des symboles tels que celui de l’épée nue ou de
la
périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malgré eux n’ont jama
1746
de l’épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans
le
savoir, les amants malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans
1747
nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir,
les
amants malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans le savoir, e
1748
ir, les amants malgré eux n’ont jamais désiré que
la
mort ! Sans le savoir, en se trompant passionnément, ils n’ont jamais
1749
malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans
le
savoir, en se trompant passionnément, ils n’ont jamais cherché que le
1750
mpant passionnément, ils n’ont jamais cherché que
le
rachat et la revanche de « ce qu’ils subissaient » — la passion initi
1751
nément, ils n’ont jamais cherché que le rachat et
la
revanche de « ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par le phi
1752
n’ont jamais cherché que le rachat et la revanche
de
« ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par le philtre. Au fon
1753
hat et la revanche de « ce qu’ils subissaient » —
la
passion initiée par le philtre. Au fond le plus secret de leur cœur,
1754
ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par
le
philtre. Au fond le plus secret de leur cœur, c’était la volonté de l
1755
nt » — la passion initiée par le philtre. Au fond
le
plus secret de leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion a
1756
on initiée par le philtre. Au fond le plus secret
de
leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion active de la Nui
1757
tre. Au fond le plus secret de leur cœur, c’était
la
volonté de la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses
1758
d le plus secret de leur cœur, c’était la volonté
de
la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions
1759
e plus secret de leur cœur, c’était la volonté de
la
mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions fat
1760
cret de leur cœur, c’était la volonté de la mort,
la
passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions fatales.
1761
c’était la volonté de la mort, la passion active
de
la Nuit qui leur dictait ses décisions fatales. 10.Le philtre E
1762
était la volonté de la mort, la passion active de
la
Nuit qui leur dictait ses décisions fatales. 10.Le philtre Et v
1763
10.Le philtre Et voici que s’entre-dévoile
la
raison constituante du mythe, la nécessité même qui l’a créé. Le sens
1764
s’entre-dévoile la raison constituante du mythe,
la
nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est tellement
1765
ison constituante du mythe, la nécessité même qui
l’
a créé. Le sens réel de la passion est tellement effrayant et inavouab
1766
ituante du mythe, la nécessité même qui l’a créé.
Le
sens réel de la passion est tellement effrayant et inavouable, que no
1767
the, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel
de
la passion est tellement effrayant et inavouable, que non seulement c
1768
, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de
la
passion est tellement effrayant et inavouable, que non seulement ceux
1769
frayant et inavouable, que non seulement ceux qui
la
vivent ne sauraient prendre aucune conscience de sa fin, mais que ceu
1770
la vivent ne sauraient prendre aucune conscience
de
sa fin, mais que ceux qui la veulent dépeindre dans sa merveilleuse v
1771
re aucune conscience de sa fin, mais que ceux qui
la
veulent dépeindre dans sa merveilleuse violence se voient contraints
1772
ans sa merveilleuse violence se voient contraints
de
recourir au langage trompeur des symboles. Laissons de côté, pour le
1773
courir au langage trompeur des symboles. Laissons
de
côté, pour le moment, la question de savoir si les auteurs des cinq p
1774
age trompeur des symboles. Laissons de côté, pour
le
moment, la question de savoir si les auteurs des cinq poèmes primitif
1775
r des symboles. Laissons de côté, pour le moment,
la
question de savoir si les auteurs des cinq poèmes primitifs étaient o
1776
es. Laissons de côté, pour le moment, la question
de
savoir si les auteurs des cinq poèmes primitifs étaient ou non consci
1777
de côté, pour le moment, la question de savoir si
les
auteurs des cinq poèmes primitifs étaient ou non conscients de la por
1778
s cinq poèmes primitifs étaient ou non conscients
de
la portée de leur œuvre. En tout état de cause, il convient de précis
1779
inq poèmes primitifs étaient ou non conscients de
la
portée de leur œuvre. En tout état de cause, il convient de préciser
1780
primitifs étaient ou non conscients de la portée
de
leur œuvre. En tout état de cause, il convient de préciser le sens du
1781
nscients de la portée de leur œuvre. En tout état
de
cause, il convient de préciser le sens du mot « trompeur » que nous v
1782
de leur œuvre. En tout état de cause, il convient
de
préciser le sens du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser. La v
1783
e. En tout état de cause, il convient de préciser
le
sens du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser. La vulgarisation
1784
ciser le sens du mot « trompeur » que nous venons
d’
utiliser. La vulgarisation de la psychanalyse nous habitue à concevoir
1785
s du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser.
La
vulgarisation de la psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir
1786
ur » que nous venons d’utiliser. La vulgarisation
de
la psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir refoulé « s’expr
1787
» que nous venons d’utiliser. La vulgarisation de
la
psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir refoulé « s’exprime
1788
« s’exprime » toujours, mais de manière à égarer
le
jugement. La passion interdite, l’amour inavouable, se créent un syst
1789
» toujours, mais de manière à égarer le jugement.
La
passion interdite, l’amour inavouable, se créent un système de symbol
1790
nière à égarer le jugement. La passion interdite,
l’
amour inavouable, se créent un système de symboles, un langage hiérogl
1791
terdite, l’amour inavouable, se créent un système
de
symboles, un langage hiéroglyphique, dont la conscience n’a pas la cl
1792
tème de symboles, un langage hiéroglyphique, dont
la
conscience n’a pas la clé. Langage ambigu par essence, car il « trahi
1793
angage hiéroglyphique, dont la conscience n’a pas
la
clé. Langage ambigu par essence, car il « trahit » au double sens du
1794
» au double sens du terme ce qu’il veut dire sans
le
dire. Il lui arrive de composer en un seul geste ou une seule métapho
1795
me ce qu’il veut dire sans le dire. Il lui arrive
de
composer en un seul geste ou une seule métaphore à la fois l’expressi
1796
en un seul geste ou une seule métaphore à la fois
l’
expression de l’objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce dés
1797
ste ou une seule métaphore à la fois l’expression
de
l’objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’i
1798
ou une seule métaphore à la fois l’expression de
l’
objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’inte
1799
phore à la fois l’expression de l’objet désiré et
l’
expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’interdiction reste aff
1800
is l’expression de l’objet désiré et l’expression
de
ce qui condamne ce désir. Ainsi l’interdiction reste affirmée, et l’o
1801
t l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi
l’
interdiction reste affirmée, et l’objet reste inavoué, mais tout de mê
1802
ce désir. Ainsi l’interdiction reste affirmée, et
l’
objet reste inavoué, mais tout de même il y est fait allusion, et par
1803
ibles se voient du même coup satisfaites : besoin
de
parler de ce qu’on aime et besoin de le soustraire au jugement, amour
1804
oient du même coup satisfaites : besoin de parler
de
ce qu’on aime et besoin de le soustraire au jugement, amour du risque
1805
tes : besoin de parler de ce qu’on aime et besoin
de
le soustraire au jugement, amour du risque et instinct de prudence. I
1806
: besoin de parler de ce qu’on aime et besoin de
le
soustraire au jugement, amour du risque et instinct de prudence. Inte
1807
ustraire au jugement, amour du risque et instinct
de
prudence. Interrogez celui qui use d’un tel langage, demandez-lui rai
1808
et instinct de prudence. Interrogez celui qui use
d’
un tel langage, demandez-lui raison de sa prédilection pour telle ou t
1809
lui qui use d’un tel langage, demandez-lui raison
de
sa prédilection pour telle ou telle image d’apparence bizarre, il rép
1810
ison de sa prédilection pour telle ou telle image
d’
apparence bizarre, il répondra que « c’est tout naturel », « qu’il n’e
1811
« qu’il n’en sait rien », « qu’il n’y attache pas
d’
importance ». S’il est poète, il parlera d’inspiration, ou au contrair
1812
he pas d’importance ». S’il est poète, il parlera
d’
inspiration, ou au contraire de rhétorique. Il ne sera jamais à court
1813
ontraire de rhétorique. Il ne sera jamais à court
de
bonnes raisons pour démontrer qu’il n’est responsable de rien… Imagin
1814
es raisons pour démontrer qu’il n’est responsable
de
rien… Imaginons maintenant le problème qui se posait à l’auteur du Ro
1815
l n’est responsable de rien… Imaginons maintenant
le
problème qui se posait à l’auteur du Roman primitif. De quel matériel
1816
Imaginons maintenant le problème qui se posait à
l’
auteur du Roman primitif. De quel matériel symbolique — apte à cacher
1817
blème qui se posait à l’auteur du Roman primitif.
De
quel matériel symbolique — apte à cacher ce qu’il fallait traduire —
1818
fallait traduire — disposait-il au xiie siècle ?
De
la magie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d
1819
lait traduire — disposait-il au xiie siècle ? De
la
magie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’ex
1820
e — disposait-il au xiie siècle ? De la magie et
de
la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’expression sau
1821
disposait-il au xiie siècle ? De la magie et de
la
rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’expression saute
1822
? De la magie et de la rhétorique chevaleresque.
L’
avantage de ces modes d’expression saute aux yeux. La magie persuade s
1823
gie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage
de
ces modes d’expression saute aux yeux. La magie persuade sans donner
1824
rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes
d’
expression saute aux yeux. La magie persuade sans donner de raisons, v
1825
vantage de ces modes d’expression saute aux yeux.
La
magie persuade sans donner de raisons, voire dans la mesure où elle n
1826
ion saute aux yeux. La magie persuade sans donner
de
raisons, voire dans la mesure où elle n’en donne point. Et la rhétori
1827
magie persuade sans donner de raisons, voire dans
la
mesure où elle n’en donne point. Et la rhétorique chevaleresque, comm
1828
voire dans la mesure où elle n’en donne point. Et
la
rhétorique chevaleresque, comme d’ailleurs toute rhétorique, est le m
1829
aleresque, comme d’ailleurs toute rhétorique, est
le
moyen de faire passer pour « naturelles » les plus obscures propositi
1830
, comme d’ailleurs toute rhétorique, est le moyen
de
faire passer pour « naturelles » les plus obscures propositions. Masq
1831
est le moyen de faire passer pour « naturelles »
les
plus obscures propositions. Masque idéal ! Garantie de secret, mais a
1832
us obscures propositions. Masque idéal ! Garantie
de
secret, mais aussi garantie d’approbation sans condition de la part d
1833
e idéal ! Garantie de secret, mais aussi garantie
d’
approbation sans condition de la part du lecteur de roman. La chevaler
1834
’approbation sans condition de la part du lecteur
de
roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle
1835
on sans condition de la part du lecteur de roman.
La
chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle rêvent d’
1836
la part du lecteur de roman. La chevalerie, c’est
la
règle sociale que les élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « f
1837
roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que
les
élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « folies » dont elles se
1838
la règle sociale que les élites du siècle rêvent
d’
opposer aux pires « folies » dont elles se sentent menacées. La coutum
1839
pires « folies » dont elles se sentent menacées.
La
coutume de la chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avo
1840
lies » dont elles se sentent menacées. La coutume
de
la chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avons marqué,
1841
s » dont elles se sentent menacées. La coutume de
la
chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avons marqué, en
1842
nacées. La coutume de la chevalerie fournira donc
le
cadre du Roman. Et nous avons marqué, en maint endroit, le caractère
1843
du Roman. Et nous avons marqué, en maint endroit,
le
caractère de « prétexte rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pou
1844
nous avons marqué, en maint endroit, le caractère
de
« prétexte rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pour la magie, v
1845
te rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pour
la
magie, voici quel sera son rôle. Il s’agit de dépeindre une passion d
1846
our la magie, voici quel sera son rôle. Il s’agit
de
dépeindre une passion dont la violence fascinante ne peut être accept
1847
son rôle. Il s’agit de dépeindre une passion dont
la
violence fascinante ne peut être acceptée sans scrupules. Elle appara
1848
t barbare dans ses effets. Elle est proscrite par
l’
Église comme un péché ; par la raison comme un excès morbide. On ne po
1849
e est proscrite par l’Église comme un péché ; par
la
raison comme un excès morbide. On ne pourra donc l’admirer qu’en tant
1850
raison comme un excès morbide. On ne pourra donc
l’
admirer qu’en tant qu’on l’aura libérée de toute espèce de lien visibl
1851
ide. On ne pourra donc l’admirer qu’en tant qu’on
l’
aura libérée de toute espèce de lien visible avec l’humaine responsabi
1852
ra donc l’admirer qu’en tant qu’on l’aura libérée
de
toute espèce de lien visible avec l’humaine responsabilité. L’interve
1853
r qu’en tant qu’on l’aura libérée de toute espèce
de
lien visible avec l’humaine responsabilité. L’intervention du philtre
1854
aura libérée de toute espèce de lien visible avec
l’
humaine responsabilité. L’intervention du philtre, agissant d’une mani
1855
ce de lien visible avec l’humaine responsabilité.
L’
intervention du philtre, agissant d’une manière fatale, et mieux encor
1856
sponsabilité. L’intervention du philtre, agissant
d’
une manière fatale, et mieux encore bu par erreur, se révèle désormais
1857
évèle désormais nécessaire14. Qu’est-ce alors que
le
philtre ? C’est l’alibi de la passion. C’est ce qui permet aux malheu
1858
essaire14. Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est
l’
alibi de la passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire
1859
4. Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’alibi
de
la passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire : « Vou
1860
Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’alibi de
la
passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire : « Vous v
1861
assion. C’est ce qui permet aux malheureux amants
de
dire : « Vous voyez que je n’y suis pour rien, vous voyez que c’est p
1862
rt que moi. » Et cependant, nous voyons bien qu’à
la
faveur de cette fatalité trompeuse, tous leurs actes sont orientés ve
1863
. » Et cependant, nous voyons bien qu’à la faveur
de
cette fatalité trompeuse, tous leurs actes sont orientés vers le dest
1864
té trompeuse, tous leurs actes sont orientés vers
le
destin mortel qu’ils aiment, avec une sorte d’astucieuse résolution,
1865
rs le destin mortel qu’ils aiment, avec une sorte
d’
astucieuse résolution, avec une ruse d’autant plus infaillible qu’elle
1866
une sorte d’astucieuse résolution, avec une ruse
d’
autant plus infaillible qu’elle peut agir à l’abri du jugement. Nos ac
1867
use d’autant plus infaillible qu’elle peut agir à
l’
abri du jugement. Nos actions les moins calculées sont parfois les plu
1868
’elle peut agir à l’abri du jugement. Nos actions
les
moins calculées sont parfois les plus efficaces. La pierre qu’on lanc
1869
ent. Nos actions les moins calculées sont parfois
les
plus efficaces. La pierre qu’on lance « sans viser » va droit au but.
1870
moins calculées sont parfois les plus efficaces.
La
pierre qu’on lance « sans viser » va droit au but. En vérité, c’est q
1871
u but. En vérité, c’est qu’on visait ce but, mais
la
conscience n’a pas eu le temps d’intervenir et de gauchir le geste sp
1872
u’on visait ce but, mais la conscience n’a pas eu
le
temps d’intervenir et de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi
1873
it ce but, mais la conscience n’a pas eu le temps
d’
intervenir et de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi les plus
1874
la conscience n’a pas eu le temps d’intervenir et
de
gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi les plus belles scènes d
1875
ce n’a pas eu le temps d’intervenir et de gauchir
le
geste spontané. Et c’est pourquoi les plus belles scènes du Roman son
1876
t de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi
les
plus belles scènes du Roman sont celles que les auteurs n’ont pas su
1877
i les plus belles scènes du Roman sont celles que
les
auteurs n’ont pas su commenter, et qu’ils décrivent comme en toute in
1878
ent comme en toute innocence. ⁂ Il n’y aurait pas
de
mythe, il n’y aurait pas de roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire
1879
. ⁂ Il n’y aurait pas de mythe, il n’y aurait pas
de
roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire quelle est la fin qu’ils se
1880
an, si Tristan et Iseut pouvaient dire quelle est
la
fin qu’ils se préparent de toute leur volonté profonde, et plus que p
1881
vaient dire quelle est la fin qu’ils se préparent
de
toute leur volonté profonde, et plus que profonde, abyssale. Qui donc
1882
nde, abyssale. Qui donc oserait avouer qu’il veut
la
Mort ? et qu’il déteste le Jour qui l’offusque ? et qu’il attend de t
1883
rait avouer qu’il veut la Mort ? et qu’il déteste
le
Jour qui l’offusque ? et qu’il attend de tout son être l’anéantisseme
1884
qu’il veut la Mort ? et qu’il déteste le Jour qui
l’
offusque ? et qu’il attend de tout son être l’anéantissement de son êt
1885
déteste le Jour qui l’offusque ? et qu’il attend
de
tout son être l’anéantissement de son être ? Certains poètes, beaucou
1886
qui l’offusque ? et qu’il attend de tout son être
l’
anéantissement de son être ? Certains poètes, beaucoup plus tard, ont
1887
et qu’il attend de tout son être l’anéantissement
de
son être ? Certains poètes, beaucoup plus tard, ont osé cet aveu supr
1888
eaucoup plus tard, ont osé cet aveu suprême. Mais
la
foule dit : ce sont des fous. Et la passion que le romancier désire f
1889
suprême. Mais la foule dit : ce sont des fous. Et
la
passion que le romancier désire flatter chez l’auditeur paraît, d’ord
1890
a foule dit : ce sont des fous. Et la passion que
le
romancier désire flatter chez l’auditeur paraît, d’ordinaire, plus dé
1891
t la passion que le romancier désire flatter chez
l’
auditeur paraît, d’ordinaire, plus débile. Il y a peu de chance qu’ell
1892
romancier désire flatter chez l’auditeur paraît,
d’
ordinaire, plus débile. Il y a peu de chance qu’elle soit jamais pouss
1893
vouer par son excès indubitable, par une mort qui
la
manifeste au-delà de tout repentir possible ! Certains mystiques ont
1894
ndubitable, par une mort qui la manifeste au-delà
de
tout repentir possible ! Certains mystiques ont fait plus qu’avouer :
1895
u et se sont expliqués. Mais s’ils ont affronté «
la
Nuit obscure » avec la plus sévère et lucide passion, c’est qu’ils av
1896
Mais s’ils ont affronté « la Nuit obscure » avec
la
plus sévère et lucide passion, c’est qu’ils avaient le gage, par la f
1897
us sévère et lucide passion, c’est qu’ils avaient
le
gage, par la foi, qu’une Volonté toute personnelle et « lumineuse » s
1898
lucide passion, c’est qu’ils avaient le gage, par
la
foi, qu’une Volonté toute personnelle et « lumineuse » se substituera
1899
e personnelle et « lumineuse » se substituerait à
la
leur. Ce n’était pas le dieu sans nom du philtre, une force aveugle o
1900
euse » se substituerait à la leur. Ce n’était pas
le
dieu sans nom du philtre, une force aveugle ou le Néant, qui s’empara
1901
le dieu sans nom du philtre, une force aveugle ou
le
Néant, qui s’emparaient de leur secret vouloir, mais le Dieu qui prom
1902
, une force aveugle ou le Néant, qui s’emparaient
de
leur secret vouloir, mais le Dieu qui promet sa grâce, et la « vive f
1903
nt, qui s’emparaient de leur secret vouloir, mais
le
Dieu qui promet sa grâce, et la « vive flamme d’amour » éclose aux «
1904
ret vouloir, mais le Dieu qui promet sa grâce, et
la
« vive flamme d’amour » éclose aux « déserts » de la Nuit. Tristan, l
1905
le Dieu qui promet sa grâce, et la « vive flamme
d’
amour » éclose aux « déserts » de la Nuit. Tristan, lui, ne peut rien
1906
la « vive flamme d’amour » éclose aux « déserts »
de
la Nuit. Tristan, lui, ne peut rien avouer. Il veut comme s’il ne vou
1907
« vive flamme d’amour » éclose aux « déserts » de
la
Nuit. Tristan, lui, ne peut rien avouer. Il veut comme s’il ne voulai
1908
able, injustifiable, dont il rejette avec horreur
la
connaissance. Il tient son excuse toute prête, et elle le trompe mieu
1909
issance. Il tient son excuse toute prête, et elle
le
trompe mieux que quiconque : c’est le poison qui le « demeine par for
1910
te, et elle le trompe mieux que quiconque : c’est
le
poison qui le « demeine par force ». Et cependant, qu’il ait choisi c
1911
trompe mieux que quiconque : c’est le poison qui
le
« demeine par force ». Et cependant, qu’il ait choisi cette destinée,
1912
cependant, qu’il ait choisi cette destinée, qu’il
l’
ait voulue et accueillie par un obscur et souverain assentiment, tout
1913
llie par un obscur et souverain assentiment, tout
le
trahit dans son action, et jusque dans sa fuite désespérée, dans la s
1914
action, et jusque dans sa fuite désespérée, dans
la
sublime coquetterie de sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel
1915
sa fuite désespérée, dans la sublime coquetterie
de
sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplair
1916
ans la sublime coquetterie de sa fuite ! Et qu’il
l’
ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplaire de sa vie. Les raison
1917
e sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel à
la
grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons de la Nuit ne sont pas cel
1918
’ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplaire
de
sa vie. Les raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne s
1919
est essentiel à la grandeur exemplaire de sa vie.
Les
raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas comm
1920
l à la grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons
de
la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas communicables a
1921
la grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons de
la
Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas communicables au J
1922
elles ne sont pas communicables au Jour15. Elles
le
méprisent. Tristan s’est fait prisonnier d’un délire auprès duquel pâ
1923
Elles le méprisent. Tristan s’est fait prisonnier
d’
un délire auprès duquel pâlissent toute sagesse, toute « vérité », et
1924
uel pâlissent toute sagesse, toute « vérité », et
la
vie même. Il est au-delà de nos bonheurs, de nos souffrances. Il s’él
1925
toute « vérité », et la vie même. Il est au-delà
de
nos bonheurs, de nos souffrances. Il s’élance vers l’instant suprême
1926
, et la vie même. Il est au-delà de nos bonheurs,
de
nos souffrances. Il s’élance vers l’instant suprême où la totale joui
1927
os bonheurs, de nos souffrances. Il s’élance vers
l’
instant suprême où la totale jouissance est de sombrer. ⁂ Les mots du
1928
ouffrances. Il s’élance vers l’instant suprême où
la
totale jouissance est de sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décri
1929
ers l’instant suprême où la totale jouissance est
de
sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais la « mus
1930
suprême où la totale jouissance est de sombrer. ⁂
Les
mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais la « musique savante »
1931
de sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décrire
la
Nuit, mais la « musique savante » n’a pas manqué à ce désir dont elle
1932
Les mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais
la
« musique savante » n’a pas manqué à ce désir dont elle procède. Leve
1933
sir dont elle procède. Levez-vous, orages sonores
de
la mort de Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le hé
1934
dont elle procède. Levez-vous, orages sonores de
la
mort de Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros
1935
le procède. Levez-vous, orages sonores de la mort
de
Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros, tes so
1936
vez-vous, orages sonores de la mort de Tristan et
d’
Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros, tes sons lamentables
1937
stan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit
le
héros, tes sons lamentables parvenaient jusqu’à moi sur les vents du
1938
tes sons lamentables parvenaient jusqu’à moi sur
les
vents du soir, lorsqu’en un temps lointain la mort du père fut annonc
1939
ur les vents du soir, lorsqu’en un temps lointain
la
mort du père fut annoncée au fils. Dans l’aube sinistre, tu me cherch
1940
intain la mort du père fut annoncée au fils. Dans
l’
aube sinistre, tu me cherchais, de plus en plus inquiète, lorsque le f
1941
u me cherchais, de plus en plus inquiète, lorsque
le
fils apprit le sort de la mère… Quand mon père m’engendra et mourut,
1942
de plus en plus inquiète, lorsque le fils apprit
le
sort de la mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère m
1943
en plus inquiète, lorsque le fils apprit le sort
de
la mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna
1944
plus inquiète, lorsque le fils apprit le sort de
la
mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna le
1945
père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna
le
jour en expirant, la vieille mélodie arrivait aussi à leurs oreilles,
1946
urut, quand ma mère me donna le jour en expirant,
la
vieille mélodie arrivait aussi à leurs oreilles, languissante et tris
1947
Pour quel destin suis-je né ? Pour quel destin ?
La
vieille mélodie me répète : — Pour désirer et pour mourir ! Pour mour
1948
ète : — Pour désirer et pour mourir ! Pour mourir
de
désirer ! Il peut maudire ses astres, sa naissance, mais la musique
1949
! Il peut maudire ses astres, sa naissance, mais
la
musique est savante, vraiment, et elle nous chante immensément le bea
1950
avante, vraiment, et elle nous chante immensément
le
beau secret : c’est lui qui a voulu son destin : Ce terrible philtre
1951
me condamne au supplice, c’est moi, moi-même qui
l’
ai composé… Et je l’ai bu à longs traits de délice !… 11.L’amour r
1952
lice, c’est moi, moi-même qui l’ai composé… Et je
l’
ai bu à longs traits de délice !… 11.L’amour réciproque malheureux
1953
me qui l’ai composé… Et je l’ai bu à longs traits
de
délice !… 11.L’amour réciproque malheureux Passion veut dire s
1954
ffrance, chose subie, prépondérance du destin sur
la
personne libre et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet de l’am
1955
estin sur la personne libre et responsable. Aimer
l’
amour plus que l’objet de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de
1956
onne libre et responsable. Aimer l’amour plus que
l’
objet de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d
1957
re et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet
de
l’amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augusti
1958
et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet de
l’
amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augustin j
1959
Aimer l’amour plus que l’objet de l’amour, aimer
la
passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augustin jusqu’au romanti
1960
bjet de l’amour, aimer la passion pour elle-même,
de
l’amabam amare d’Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et
1961
t de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de
l’
amabam amare d’Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et ch
1962
imer la passion pour elle-même, de l’amabam amare
d’
Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et chercher la souff
1963
qu’au romantisme moderne, c’est aimer et chercher
la
souffrance. Amour-passion : désir de ce qui nous blesse, et nous anéa
1964
et chercher la souffrance. Amour-passion : désir
de
ce qui nous blesse, et nous anéantit par son triomphe. C’est un secre
1965
s anéantit par son triomphe. C’est un secret dont
l’
Occident n’a jamais toléré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler,
1966
C’est un secret dont l’Occident n’a jamais toléré
l’
aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler, — de préserver ! Il en est p
1967
n’a jamais toléré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé
de
refouler, — de préserver ! Il en est peu de plus tragiques, et sa per
1968
éré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler, —
de
préserver ! Il en est peu de plus tragiques, et sa persistance nous i
1969
iques, et sa persistance nous invite à porter sur
l’
avenir de l’Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incid
1970
sa persistance nous invite à porter sur l’avenir
de
l’Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incidence qui
1971
persistance nous invite à porter sur l’avenir de
l’
Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incidence qui mér
1972
qui méritera plus tard son développement : c’est
la
liaison ou la complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle di
1973
plus tard son développement : c’est la liaison ou
la
complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’
1974
développement : c’est la liaison ou la complicité
de
la passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mod
1975
eloppement : c’est la liaison ou la complicité de
la
passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode d
1976
a liaison ou la complicité de la passion, du goût
de
la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode de connaître qui défi
1977
iaison ou la complicité de la passion, du goût de
la
mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode de connaître qui définir
1978
passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et
d’
un certain mode de connaître qui définirait à lui seul notre psyché oc
1979
e la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode
de
connaître qui définirait à lui seul notre psyché occidentale. Pourquo
1980
ait à lui seul notre psyché occidentale. Pourquoi
l’
homme d’Occident veut-il subir cette passion qui le blesse et que tout
1981
i seul notre psyché occidentale. Pourquoi l’homme
d’
Occident veut-il subir cette passion qui le blesse et que toute sa rai
1982
’homme d’Occident veut-il subir cette passion qui
le
blesse et que toute sa raison condamne ? Pourquoi veut-il cet amour d
1983
raison condamne ? Pourquoi veut-il cet amour dont
l’
éclat ne peut être que son suicide ? C’est qu’il se connaît et s’éprou
1984
uicide ? C’est qu’il se connaît et s’éprouve sous
le
coup de menaces vitales, dans la souffrance et au seuil de la mort. L
1985
C’est qu’il se connaît et s’éprouve sous le coup
de
menaces vitales, dans la souffrance et au seuil de la mort. Le troisi
1986
t s’éprouve sous le coup de menaces vitales, dans
la
souffrance et au seuil de la mort. Le troisième acte du drame de Wagn
1987
e menaces vitales, dans la souffrance et au seuil
de
la mort. Le troisième acte du drame de Wagner décrit bien davantage q
1988
enaces vitales, dans la souffrance et au seuil de
la
mort. Le troisième acte du drame de Wagner décrit bien davantage qu’u
1989
t au seuil de la mort. Le troisième acte du drame
de
Wagner décrit bien davantage qu’une catastrophe romanesque : il décri
1990
vantage qu’une catastrophe romanesque : il décrit
l’
essentielle catastrophe de notre sadique génie, ce goût réprimé de la
1991
romanesque : il décrit l’essentielle catastrophe
de
notre sadique génie, ce goût réprimé de la mort, ce goût de se connaî
1992
tastrophe de notre sadique génie, ce goût réprimé
de
la mort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision
1993
trophe de notre sadique génie, ce goût réprimé de
la
mort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision ré
1994
adique génie, ce goût réprimé de la mort, ce goût
de
se connaître à la limite, ce goût de la collision révélatrice qui est
1995
oût réprimé de la mort, ce goût de se connaître à
la
limite, ce goût de la collision révélatrice qui est sans doute la plu
1996
ort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût
de
la collision révélatrice qui est sans doute la plus inarrachable des
1997
, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de
la
collision révélatrice qui est sans doute la plus inarrachable des rac
1998
ût de la collision révélatrice qui est sans doute
la
plus inarrachable des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂ D
1999
i est sans doute la plus inarrachable des racines
de
l’instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illus
2000
st sans doute la plus inarrachable des racines de
l’
instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustré
2001
te la plus inarrachable des racines de l’instinct
de
la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustrée, avouée e
2002
la plus inarrachable des racines de l’instinct de
la
guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustrée, avouée et c
2003
des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂
De
cette extrémité tragique, illustrée, avouée et constatée par la puret
2004
mité tragique, illustrée, avouée et constatée par
la
pureté du mythe originel, redescendons à l’expérience de la passion t
2005
e par la pureté du mythe originel, redescendons à
l’
expérience de la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui.
2006
té du mythe originel, redescendons à l’expérience
de
la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès pr
2007
du mythe originel, redescendons à l’expérience de
la
passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès prodi
2008
descendons à l’expérience de la passion telle que
la
vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tri
2009
à l’expérience de la passion telle que la vivent
les
hommes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tristan révèle
2010
ence de la passion telle que la vivent les hommes
d’
aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tristan révèle en nous,
2011
ion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui.
Le
succès prodigieux du Roman de Tristan révèle en nous, que nous le vou
2012
mmes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman
de
Tristan révèle en nous, que nous le voulions ou non, une préférence i
2013
ieux du Roman de Tristan révèle en nous, que nous
le
voulions ou non, une préférence intime pour le malheur. Que ce malheu
2014
us le voulions ou non, une préférence intime pour
le
malheur. Que ce malheur, selon la force de notre âme, soit la « délic
2015
nce intime pour le malheur. Que ce malheur, selon
la
force de notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de
2016
e pour le malheur. Que ce malheur, selon la force
de
notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de la décade
2017
Que ce malheur, selon la force de notre âme, soit
la
« délicieuse tristesse » et le spleen de la décadence, ou la souffran
2018
de notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et
le
spleen de la décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi
2019
me, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen
de
la décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que l’espr
2020
soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de
la
décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que l’esprit
2021
euse tristesse » et le spleen de la décadence, ou
la
souffrance qui transfigure, ou le défi que l’esprit jette au monde, c
2022
a décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou
le
défi que l’esprit jette au monde, ce que nous cherchons, c’est ce qui
2023
ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que
l’
esprit jette au monde, ce que nous cherchons, c’est ce qui peut nous e
2024
xalter jusqu’à nous faire accéder, malgré nous, à
la
« vraie vie » dont parlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’es
2025
der, malgré nous, à la « vraie vie » dont parlent
les
poètes. Mais cette « vraie vie », c’est la vie impossible. Ce ciel au
2026
rlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’est
la
vie impossible. Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule empourpré d’hé
2027
Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule empourpré
d’
héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais la Nuit ! La « vraie vie est ail
2028
s, crépuscule empourpré d’héroïsme, n’annonce pas
le
Jour, mais la Nuit ! La « vraie vie est ailleurs », dit Rimbaud. Elle
2029
empourpré d’héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais
la
Nuit ! La « vraie vie est ailleurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un d
2030
d’héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais la Nuit !
La
« vraie vie est ailleurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de
2031
illeurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms
de
la Mort, le seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feign
2032
eurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de
la
Mort, le seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feignant
2033
it Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de la Mort,
le
seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feignant de la re
2034
ms de la Mort, le seul nom par lequel nous osions
l’
appeler — tout en feignant de la repousser. Pourquoi préférons-nous à
2035
r lequel nous osions l’appeler — tout en feignant
de
la repousser. Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d’un a
2036
equel nous osions l’appeler — tout en feignant de
la
repousser. Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d’un amou
2037
Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui
d’
un amour impossible ? C’est que nous aimons la brûlure, et la conscien
2038
lui d’un amour impossible ? C’est que nous aimons
la
brûlure, et la conscience de ce qui brûle en nous. Liaison profonde d
2039
impossible ? C’est que nous aimons la brûlure, et
la
conscience de ce qui brûle en nous. Liaison profonde de la souffrance
2040
’est que nous aimons la brûlure, et la conscience
de
ce qui brûle en nous. Liaison profonde de la souffrance et du savoir.
2041
science de ce qui brûle en nous. Liaison profonde
de
la souffrance et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort
2042
ence de ce qui brûle en nous. Liaison profonde de
la
souffrance et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort !
2043
rofonde de la souffrance et du savoir. Complicité
de
la conscience et de la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explica
2044
onde de la souffrance et du savoir. Complicité de
la
conscience et de la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explicatio
2045
ance et du savoir. Complicité de la conscience et
de
la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explication générale de not
2046
e et du savoir. Complicité de la conscience et de
la
mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explication générale de notre
2047
gel a pu fonder sur elle une explication générale
de
notre esprit et même de notre Histoire.) Je définirais volontiers le
2048
une explication générale de notre esprit et même
de
notre Histoire.) Je définirais volontiers le romantique occidental co
2049
même de notre Histoire.) Je définirais volontiers
le
romantique occidental comme un homme pour qui la douleur, et spéciale
2050
le romantique occidental comme un homme pour qui
la
douleur, et spécialement la douleur amoureuse, est un moyen privilégi
2051
mme un homme pour qui la douleur, et spécialement
la
douleur amoureuse, est un moyen privilégié de connaissance. Certes, c
2052
ent la douleur amoureuse, est un moyen privilégié
de
connaissance. Certes, cela vaut pour les meilleurs. Le grand nombre s
2053
rivilégié de connaissance. Certes, cela vaut pour
les
meilleurs. Le grand nombre se soucie peu de connaître, et de se conna
2054
nnaissance. Certes, cela vaut pour les meilleurs.
Le
grand nombre se soucie peu de connaître, et de se connaître. Il cherc
2055
s. Le grand nombre se soucie peu de connaître, et
de
se connaître. Il cherche simplement l’amour le plus sensible. Mais c’
2056
naître, et de se connaître. Il cherche simplement
l’
amour le plus sensible. Mais c’est encore l’amour dont quelque entrave
2057
et de se connaître. Il cherche simplement l’amour
le
plus sensible. Mais c’est encore l’amour dont quelque entrave vient r
2058
ement l’amour le plus sensible. Mais c’est encore
l’
amour dont quelque entrave vient retarder l’heureux accomplissement. A
2059
ncore l’amour dont quelque entrave vient retarder
l’
heureux accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire l’amour le plus cons
2060
heureux accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire
l’
amour le plus conscient, ou simplement l’amour le plus intense, on dés
2061
accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire l’amour
le
plus conscient, ou simplement l’amour le plus intense, on désire en s
2062
n désire l’amour le plus conscient, ou simplement
l’
amour le plus intense, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on l
2063
l’amour le plus conscient, ou simplement l’amour
le
plus intense, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on le crée,
2064
ment l’amour le plus intense, on désire en secret
l’
obstacle. Au besoin, on le crée, on l’imagine. Il me paraît que cela e
2065
se, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on
le
crée, on l’imagine. Il me paraît que cela explique une bonne partie d
2066
e en secret l’obstacle. Au besoin, on le crée, on
l’
imagine. Il me paraît que cela explique une bonne partie de notre psyc
2067
. Il me paraît que cela explique une bonne partie
de
notre psychologie. Sans traverses à l’amour, point de « roman ». Or c
2068
nne partie de notre psychologie. Sans traverses à
l’
amour, point de « roman ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire
2069
otre psychologie. Sans traverses à l’amour, point
de
« roman ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience,
2070
traverses à l’amour, point de « roman ». Or c’est
le
roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience, l’intensité, les variat
2071
man ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire
la
conscience, l’intensité, les variations et les retards de la passion,
2072
le roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience,
l’
intensité, les variations et les retards de la passion, son crescendo
2073
on aime, c’est-à-dire la conscience, l’intensité,
les
variations et les retards de la passion, son crescendo jusqu’à la cat
2074
ire la conscience, l’intensité, les variations et
les
retards de la passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non
2075
ience, l’intensité, les variations et les retards
de
la passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non point sa ra
2076
ce, l’intensité, les variations et les retards de
la
passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non point sa rapid
2077
les retards de la passion, son crescendo jusqu’à
la
catastrophe — et non point sa rapide flambée. Considérez notre littér
2078
sa rapide flambée. Considérez notre littérature.
Le
bonheur des amants ne nous émeut que par l’attente du malheur qui le
2079
ture. Le bonheur des amants ne nous émeut que par
l’
attente du malheur qui le guette. Il y faut cette menace de la vie et
2080
ts ne nous émeut que par l’attente du malheur qui
le
guette. Il y faut cette menace de la vie et des hostiles réalités qui
2081
du malheur qui le guette. Il y faut cette menace
de
la vie et des hostiles réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà.
2082
malheur qui le guette. Il y faut cette menace de
la
vie et des hostiles réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà. La
2083
tte menace de la vie et des hostiles réalités qui
l’
éloignent dans quelque au-delà. La nostalgie, le souvenir, et non pas
2084
es réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà.
La
nostalgie, le souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent. La pré
2085
i l’éloignent dans quelque au-delà. La nostalgie,
le
souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent. La présence est inex
2086
ue au-delà. La nostalgie, le souvenir, et non pas
la
présence, nous émeuvent. La présence est inexprimable, elle ne possèd
2087
souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent.
La
présence est inexprimable, elle ne possède aucune durée sensible, ell
2088
e durée sensible, elle ne peut être qu’un instant
de
grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une id
2089
sible, elle ne peut être qu’un instant de grâce —
le
duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de car
2090
elle ne peut être qu’un instant de grâce — le duo
de
Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de carte post
2091
de grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien
l’
on tombe dans une idylle de carte postale. L’amour heureux n’a pas d’h
2092
an et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle
de
carte postale. L’amour heureux n’a pas d’histoire dans la littérature
2093
bien l’on tombe dans une idylle de carte postale.
L’
amour heureux n’a pas d’histoire dans la littérature occidentale. Et l
2094
idylle de carte postale. L’amour heureux n’a pas
d’
histoire dans la littérature occidentale. Et l’amour qui n’est pas réc
2095
postale. L’amour heureux n’a pas d’histoire dans
la
littérature occidentale. Et l’amour qui n’est pas réciproque ne passe
2096
as d’histoire dans la littérature occidentale. Et
l’
amour qui n’est pas réciproque ne passe point pour un amour vrai. La g
2097
pas réciproque ne passe point pour un amour vrai.
La
grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui les distingue avant
2098
ur un amour vrai. La grande trouvaille des poètes
de
l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mondial
2099
un amour vrai. La grande trouvaille des poètes de
l’
Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mondiale,
2100
grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui
les
distingue avant tout dans la littérature mondiale, ce qui exprime le
2101
de l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans
la
littérature mondiale, ce qui exprime le plus profondément l’obsession
2102
tout dans la littérature mondiale, ce qui exprime
le
plus profondément l’obsession de l’Européen : connaître à travers la
2103
ure mondiale, ce qui exprime le plus profondément
l’
obsession de l’Européen : connaître à travers la douleur, c’est le sec
2104
, ce qui exprime le plus profondément l’obsession
de
l’Européen : connaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe
2105
e qui exprime le plus profondément l’obsession de
l’
Européen : connaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe de
2106
t l’obsession de l’Européen : connaître à travers
la
douleur, c’est le secret du mythe de Tristan, l’amour-passion à la fo
2107
’Européen : connaître à travers la douleur, c’est
le
secret du mythe de Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et comb
2108
re à travers la douleur, c’est le secret du mythe
de
Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’un
2109
la douleur, c’est le secret du mythe de Tristan,
l’
amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’un bonheur qu’i
2110
ur-passion à la fois partagé et combattu, anxieux
d’
un bonheur qu’il repousse, magnifié par sa catastrophe, — l’amour réci
2111
ur qu’il repousse, magnifié par sa catastrophe, —
l’
amour réciproque malheureux. ⁂ Arrêtons-nous sur cette formule du myth
2112
Et il est vrai qu’ils sont, l’un envers l’autre,
d’
une fidélité exemplaire. Mais le malheur, c’est que l’amour qui les «
2113
n envers l’autre, d’une fidélité exemplaire. Mais
le
malheur, c’est que l’amour qui les « demeine » n’est pas l’amour de l
2114
e fidélité exemplaire. Mais le malheur, c’est que
l’
amour qui les « demeine » n’est pas l’amour de l’autre tel qu’il est d
2115
xemplaire. Mais le malheur, c’est que l’amour qui
les
« demeine » n’est pas l’amour de l’autre tel qu’il est dans sa réalit
2116
, c’est que l’amour qui les « demeine » n’est pas
l’
amour de l’autre tel qu’il est dans sa réalité concrète. Ils s’entr’ai
2117
que l’amour qui les « demeine » n’est pas l’amour
de
l’autre tel qu’il est dans sa réalité concrète. Ils s’entr’aiment, ma
2118
ais chacun n’aime l’autre qu’à partir de soi, non
de
l’autre. Leur malheur prend ainsi sa source dans une fausse réciproci
2119
nsi sa source dans une fausse réciprocité, masque
d’
un double narcissisme. À tel point qu’à certains moments, on sent perc
2120
point qu’à certains moments, on sent percer dans
l’
excès de leur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’a vue, b
2121
u’à certains moments, on sent percer dans l’excès
de
leur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avan
2122
nt percer dans l’excès de leur passion une espèce
de
haine de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psy
2123
dans l’excès de leur passion une espèce de haine
de
l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues
2124
ns l’excès de leur passion une espèce de haine de
l’
aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues. «
2125
eur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner
l’
a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues. « Élu par moi, p
2126
ne de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et
les
modernes psychologues. « Élu par moi, perdu par moi ! » chantait Isol
2127
moi ! » chantait Isolde en son amour sauvage. Et
la
chanson du marinier, du haut du mât, prédit leur sort inévitable : V
2128
haut du mât, prédit leur sort inévitable : Vers
l’
Occident erre le regard ; vers l’Orient file le navire. Frais, le vent
2129
édit leur sort inévitable : Vers l’Occident erre
le
regard ; vers l’Orient file le navire. Frais, le vent souffle vers la
2130
évitable : Vers l’Occident erre le regard ; vers
l’
Orient file le navire. Frais, le vent souffle vers la terre natale. Ô
2131
rs l’Occident erre le regard ; vers l’Orient file
le
navire. Frais, le vent souffle vers la terre natale. Ô fille d’Irland
2132
le regard ; vers l’Orient file le navire. Frais,
le
vent souffle vers la terre natale. Ô fille d’Irlande, où t’attardes-t
2133
rient file le navire. Frais, le vent souffle vers
la
terre natale. Ô fille d’Irlande, où t’attardes-tu ? Ce qui gonfle ma
2134
is, le vent souffle vers la terre natale. Ô fille
d’
Irlande, où t’attardes-tu ? Ce qui gonfle ma voile, sont-ce tes soupir
2135
le, souffle ô vent ! Malheur, ah ! malheur, fille
d’
Irlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur de la passion qui fuit
2136
d’Irlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur
de
la passion qui fuit le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de
2137
rlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur de
la
passion qui fuit le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de l’
2138
sauvage ! Double malheur de la passion qui fuit
le
réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que l’on
2139
Double malheur de la passion qui fuit le réel et
la
Norme du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que l’on désire, on
2140
it le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel
de
l’amour : ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort —
2141
le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de
l’
amour : ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et
2142
me du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que
l’
on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que
2143
essentiel de l’amour : ce que l’on désire, on ne
l’
a pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que l’on avait, — la jo
2144
ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est
la
Mort — et l’on perd ce que l’on avait, — la jouissance de la vie. Mai
2145
désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et
l’
on perd ce que l’on avait, — la jouissance de la vie. Mais cette perte
2146
pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que
l’
on avait, — la jouissance de la vie. Mais cette perte n’est pas sentie
2147
c’est la Mort — et l’on perd ce que l’on avait, —
la
jouissance de la vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appa
2148
— et l’on perd ce que l’on avait, — la jouissance
de
la vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appauvrissement, b
2149
t l’on perd ce que l’on avait, — la jouissance de
la
vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appauvrissement, bien
2150
auvrissement, bien au contraire. On s’imagine que
l’
on vit davantage, plus dangereusement, plus magnifiquement. C’est que
2151
us dangereusement, plus magnifiquement. C’est que
l’
approche de la mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au
2152
sement, plus magnifiquement. C’est que l’approche
de
la mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens
2153
ent, plus magnifiquement. C’est que l’approche de
la
mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du
2154
gnifiquement. C’est que l’approche de la mort est
l’
aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le d
2155
. C’est que l’approche de la mort est l’aiguillon
de
la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle l
2156
’est que l’approche de la mort est l’aiguillon de
la
sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle l’ag
2157
sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme,
le
désir. Elle l’aggrave même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou
2158
e aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle
l’
aggrave même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se tuer, ou
2159
désir. Elle l’aggrave même parfois jusqu’au désir
de
tuer l’autre, ou de se tuer, ou de sombrer dans un commun naufrage.
2160
e même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou
de
se tuer, ou de sombrer dans un commun naufrage. Ô vents, clamait enc
2161
jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se tuer, ou
de
sombrer dans un commun naufrage. Ô vents, clamait encore Isolde, sec
2162
aufrage. Ô vents, clamait encore Isolde, secouez
la
léthargie de cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs l’implaca
2163
ents, clamait encore Isolde, secouez la léthargie
de
cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs l’implacable convoitis
2164
de cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs
l’
implacable convoitise, montrez-lui la proie que je lui offre ! Brisez
2165
profondeurs l’implacable convoitise, montrez-lui
la
proie que je lui offre ! Brisez le vaisseau, engloutissez les épaves
2166
e, montrez-lui la proie que je lui offre ! Brisez
le
vaisseau, engloutissez les épaves ! Tout ce qui palpite et respire, ô
2167
e je lui offre ! Brisez le vaisseau, engloutissez
les
épaves ! Tout ce qui palpite et respire, ô vents, je vous le donne en
2168
Tout ce qui palpite et respire, ô vents, je vous
le
donne en récompense ! Attirés par la mort loin de la vie qui les pou
2169
ts, je vous le donne en récompense ! Attirés par
la
mort loin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces con
2170
onne en récompense ! Attirés par la mort loin de
la
vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces contradictoires mai
2171
ompense ! Attirés par la mort loin de la vie qui
les
pousse, proies voluptueuses de forces contradictoires mais qui les pr
2172
oin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses
de
forces contradictoires mais qui les précipitent au même vertige, les
2173
s voluptueuses de forces contradictoires mais qui
les
précipitent au même vertige, les amants ne pourront se rejoindre qu’à
2174
ctoires mais qui les précipitent au même vertige,
les
amants ne pourront se rejoindre qu’à l’instant qui les prive à jamais
2175
mants ne pourront se rejoindre qu’à l’instant qui
les
prive à jamais de tout espoir humain, de tout amour possible, au sein
2176
e rejoindre qu’à l’instant qui les prive à jamais
de
tout espoir humain, de tout amour possible, au sein de l’obstacle abs
2177
ant qui les prive à jamais de tout espoir humain,
de
tout amour possible, au sein de l’obstacle absolu et d’une suprême ex
2178
espoir humain, de tout amour possible, au sein de
l’
obstacle absolu et d’une suprême exaltation qui se détruit par son acc
2179
t amour possible, au sein de l’obstacle absolu et
d’
une suprême exaltation qui se détruit par son accomplissement. 12.U
2180
nous a fait pressentir certaines contradictions.
L’
hypothèse d’une opposition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre
2181
pressentir certaines contradictions. L’hypothèse
d’
une opposition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi de ch
2182
contradictions. L’hypothèse d’une opposition, que
l’
auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutum
2183
ypothèse d’une opposition, que l’auteur eût tenté
d’
illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutumes féodales, nous a
2184
sition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre
la
loi de chevalerie et les coutumes féodales, nous a permis de surprend
2185
que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi
de
chevalerie et les coutumes féodales, nous a permis de surprendre le m
2186
tenté d’illustrer, entre la loi de chevalerie et
les
coutumes féodales, nous a permis de surprendre le mécanisme de ces co
2187
hevalerie et les coutumes féodales, nous a permis
de
surprendre le mécanisme de ces contradictions. Alors a commencé notre
2188
es coutumes féodales, nous a permis de surprendre
le
mécanisme de ces contradictions. Alors a commencé notre recherche du
2189
éodales, nous a permis de surprendre le mécanisme
de
ces contradictions. Alors a commencé notre recherche du vrai sujet de
2190
s. Alors a commencé notre recherche du vrai sujet
de
la légende. Derrière la préférence accordée par l’auteur à la règle d
2191
Alors a commencé notre recherche du vrai sujet de
la
légende. Derrière la préférence accordée par l’auteur à la règle de c
2192
e recherche du vrai sujet de la légende. Derrière
la
préférence accordée par l’auteur à la règle de chevalerie, il y a le
2193
e la légende. Derrière la préférence accordée par
l’
auteur à la règle de chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrièr
2194
e. Derrière la préférence accordée par l’auteur à
la
règle de chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière le goût d
2195
re la préférence accordée par l’auteur à la règle
de
chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière le goût du romanes
2196
dée par l’auteur à la règle de chevalerie, il y a
le
goût du romanesque. Derrière le goût du romanesque, il y a celui de l
2197
hevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière
le
goût du romanesque, il y a celui de l’amour pour lui-même. Et cela su
2198
que. Derrière le goût du romanesque, il y a celui
de
l’amour pour lui-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’obs
2199
. Derrière le goût du romanesque, il y a celui de
l’
amour pour lui-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’obstac
2200
r lui-même. Et cela suppose une recherche secrète
de
l’obstacle favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque
2201
ui-même. Et cela suppose une recherche secrète de
l’
obstacle favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque d’
2202
e une recherche secrète de l’obstacle favorable à
l’
amour. Mais ce n’est encore là que le masque d’un amour de l’obstacle
2203
favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que
le
masque d’un amour de l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est
2204
à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque
d’
un amour de l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, q
2205
Mais ce n’est encore là que le masque d’un amour
de
l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèl
2206
is ce n’est encore là que le masque d’un amour de
l’
obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèle a
2207
que le masque d’un amour de l’obstacle en soi. Et
l’
obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de l’aventure
2208
e l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est
la
mort, qui se révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin, le dés
2209
le suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme
de
l’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la pas
2210
suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de
l’
aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passio
2211
mort, qui se révèle au terme de l’aventure comme
la
vraie fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche su
2212
révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin,
le
désir désiré dès le début de la passion, la revanche sur le destin qu
2213
’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès
le
début de la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui es
2214
comme la vraie fin, le désir désiré dès le début
de
la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin r
2215
mme la vraie fin, le désir désiré dès le début de
la
passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin rach
2216
fin, le désir désiré dès le début de la passion,
la
revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin racheté. Cette a
2217
ésiré dès le début de la passion, la revanche sur
le
destin qui fut subi et qui est enfin racheté. Cette analyse du mythe
2218
yse du mythe primitif livre quelques secrets dont
l’
importance est appréciable, — mais dont la conscience commune doit ren
2219
ts dont l’importance est appréciable, — mais dont
la
conscience commune doit renier l’intime évidence. Que la sécheresse d
2220
le, — mais dont la conscience commune doit renier
l’
intime évidence. Que la sécheresse d’une description réduite à suivre
2221
cience commune doit renier l’intime évidence. Que
la
sécheresse d’une description réduite à suivre en ses détours la logiq
2222
doit renier l’intime évidence. Que la sécheresse
d’
une description réduite à suivre en ses détours la logique interne du
2223
d’une description réduite à suivre en ses détours
la
logique interne du Roman puisse paraître vaguement injurieuse, je le
2224
du Roman puisse paraître vaguement injurieuse, je
le
sens bien, et m’en console si les résultats sont exacts ; que certain
2225
t injurieuse, je le sens bien, et m’en console si
les
résultats sont exacts ; que certaines conjectures soient discutables,
2226
que certaines conjectures soient discutables, je
l’
admettrai sans peine devant les preuves ; mais quoi qu’on pense d’une
2227
ent discutables, je l’admettrai sans peine devant
les
preuves ; mais quoi qu’on pense d’une interprétation que j’ai stylisé
2228
peine devant les preuves ; mais quoi qu’on pense
d’
une interprétation que j’ai stylisée à dessein, il demeure qu’elle nou
2229
lisée à dessein, il demeure qu’elle nous a permis
de
surprendre à l’état naissant quelques relations fondamentales qui sou
2230
il demeure qu’elle nous a permis de surprendre à
l’
état naissant quelques relations fondamentales qui sous-tendent nos de
2231
s qui sous-tendent nos destinées. Pour autant que
l’
amour-passion rénove le mythe dans nos vies, nous ne pouvons plus igno
2232
destinées. Pour autant que l’amour-passion rénove
le
mythe dans nos vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais, la cond
2233
os vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais,
la
condamnation radicale qu’il représente pour le mariage. Nous savons,
2234
s, la condamnation radicale qu’il représente pour
le
mariage. Nous savons, par la fin du mythe, que la passion est une asc
2235
u’il représente pour le mariage. Nous savons, par
la
fin du mythe, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie t
2236
le mariage. Nous savons, par la fin du mythe, que
la
passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre d’une manièr
2237
e, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à
la
vie terrestre d’une manière d’autant plus efficace qu’elle prend la f
2238
est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre
d’
une manière d’autant plus efficace qu’elle prend la forme du désir, et
2239
e. Elle s’oppose à la vie terrestre d’une manière
d’
autant plus efficace qu’elle prend la forme du désir, et que ce désir,
2240
’une manière d’autant plus efficace qu’elle prend
la
forme du désir, et que ce désir, à son tour, se déguise en fatalité.
2241
amour n’est pas sans lien profond avec notre goût
de
la guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la pa
2242
ur n’est pas sans lien profond avec notre goût de
la
guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la passi
2243
notre goût de la guerre. Enfin, s’il est vrai que
la
passion, et le besoin de la passion, sont des aspects de notre mode o
2244
a guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et
le
besoin de la passion, sont des aspects de notre mode occidental de co
2245
Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin
de
la passion, sont des aspects de notre mode occidental de connaissance
2246
in, s’il est vrai que la passion, et le besoin de
la
passion, sont des aspects de notre mode occidental de connaissance, i
2247
ion, et le besoin de la passion, sont des aspects
de
notre mode occidental de connaissance, il faut en venir — au moins so
2248
assion, sont des aspects de notre mode occidental
de
connaissance, il faut en venir — au moins sous forme de question — à
2249
tion qui se révélera peut-être, en fin de compte,
la
plus fondamentale de toutes. Connaître à travers la souffrance, n’est
2250
peut-être, en fin de compte, la plus fondamentale
de
toutes. Connaître à travers la souffrance, n’est-ce pas l’acte même,
2251
plus fondamentale de toutes. Connaître à travers
la
souffrance, n’est-ce pas l’acte même, et l’audace, de nos mystiques l
2252
. Connaître à travers la souffrance, n’est-ce pas
l’
acte même, et l’audace, de nos mystiques les plus lucides ? Érotique a
2253
avers la souffrance, n’est-ce pas l’acte même, et
l’
audace, de nos mystiques les plus lucides ? Érotique au sens noble, et
2254
ouffrance, n’est-ce pas l’acte même, et l’audace,
de
nos mystiques les plus lucides ? Érotique au sens noble, et mystique
2255
ce pas l’acte même, et l’audace, de nos mystiques
les
plus lucides ? Érotique au sens noble, et mystique : que l’une de l’a
2256
? Érotique au sens noble, et mystique : que l’une
de
l’autre soit cause ou effet, ou qu’elles aient une commune origine —
2257
ême langage, et chantent peut-être dans notre âme
la
même « vieille et grave mélodie » orchestrée par le drame de Wagner :
2258
même « vieille et grave mélodie » orchestrée par
le
drame de Wagner : Elle m’a interrogé un jour, et voici qu’elle me pa
2259
ieille et grave mélodie » orchestrée par le drame
de
Wagner : Elle m’a interrogé un jour, et voici qu’elle me parle encor
2260
Pour quel destin suis-je né ? Pour quel destin ?
La
vieille mélodie me répète : — Pour désirer et pour mourir. ⁂ Partant
2261
épète : — Pour désirer et pour mourir. ⁂ Partant
d’
un examen « physionomique » des formes et des structures du Roman, nou
2262
et des structures du Roman, nous avons pu saisir
le
contenu originel du mythe, dans sa pureté fruste et grande. Deux voie
2263
oies nous tentent maintenant : l’une remonte vers
les
arrière-plans historiques et religieux du mythe, — l’autre descend du
2264
re descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons-
les
l’une après l’autre, librement. Nous ferons halte ici ou là pour véri
2265
nous venons de dégager. 1. Il est assez facile
d’
éliminer, par une comparaison critique, les fantaisies individuelles d
2266
facile d’éliminer, par une comparaison critique,
les
fantaisies individuelles des cinq auteurs. Dans l’analyse du contenu
2267
s fantaisies individuelles des cinq auteurs. Dans
l’
analyse du contenu de la légende qu’on trouvera au chapitre 5, ces var
2268
elles des cinq auteurs. Dans l’analyse du contenu
de
la légende qu’on trouvera au chapitre 5, ces variantes seront négligé
2269
es des cinq auteurs. Dans l’analyse du contenu de
la
légende qu’on trouvera au chapitre 5, ces variantes seront négligées
2270
circonstances passagères, ou des goûts personnels
de
l’auteur. 2. Voir Appendice 1. 3. Appendice 2. 4. Ce serait ici l
2271
constances passagères, ou des goûts personnels de
l’
auteur. 2. Voir Appendice 1. 3. Appendice 2. 4. Ce serait ici le l
2272
Appendice 1. 3. Appendice 2. 4. Ce serait ici
le
langage du poème : or on sait qu’il est des plus simples. 5. La rais
2273
oème : or on sait qu’il est des plus simples. 5.
La
raison dont je parle ici étant l’activité profanatrice qui s’exerce a
2274
us simples. 5. La raison dont je parle ici étant
l’
activité profanatrice qui s’exerce aux dépens du sacré collectif et qu
2275
ce aux dépens du sacré collectif et qui en libère
l’
individu. Que le rationalisme soit passé au rang de doctrine officiell
2276
sacré collectif et qui en libère l’individu. Que
le
rationalisme soit passé au rang de doctrine officielle ne doit pas no
2277
’individu. Que le rationalisme soit passé au rang
de
doctrine officielle ne doit pas nous faire oublier son efficacité pro
2278
antisociale, « dissociatrice ». 6. Je résumerai
les
principaux événements du Roman en m’appuyant, sauf exception, sur la
2279
ments du Roman en m’appuyant, sauf exception, sur
la
concordance établie par M. Joseph Bédier (dans son étude sur le poème
2280
établie par M. Joseph Bédier (dans son étude sur
le
poème de Thomas) entre les cinq versions du xiie siècle : Béroul, Th
2281
par M. Joseph Bédier (dans son étude sur le poème
de
Thomas) entre les cinq versions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eil
2282
ier (dans son étude sur le poème de Thomas) entre
les
cinq versions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eilhart, la Folie Tri
2283
rsions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eilhart,
la
Folie Tristan et le Roman en prose. Les versions ultérieures de Gottf
2284
le : Béroul, Thomas, Eilhart, la Folie Tristan et
le
Roman en prose. Les versions ultérieures de Gottfried de Strasbourg e
2285
, Eilhart, la Folie Tristan et le Roman en prose.
Les
versions ultérieures de Gottfried de Strasbourg et de tous les imitat
2286
an et le Roman en prose. Les versions ultérieures
de
Gottfried de Strasbourg et de tous les imitateurs allemands, italiens
2287
ersions ultérieures de Gottfried de Strasbourg et
de
tous les imitateurs allemands, italiens, danois, russes, tchèques, et
2288
ultérieures de Gottfried de Strasbourg et de tous
les
imitateurs allemands, italiens, danois, russes, tchèques, etc., se ra
2289
mpte également des travaux critiques plus récents
de
MM. E. Muret et E. Vinaver. 7. « Pur belté e pur nun d’Isolt » (Thom
2290
E. Muret et E. Vinaver. 7. « Pur belté e pur nun
d’
Isolt » (Thomas). 8. Toutefois, dans l’édition Bédier du poème de Tho
2291
e pur nun d’Isolt » (Thomas). 8. Toutefois, dans
l’
édition Bédier du poème de Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que le v
2292
s). 8. Toutefois, dans l’édition Bédier du poème
de
Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que le veneur du roi, pénétrant da
2293
u poème de Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que
le
veneur du roi, pénétrant dans la retraite des amants « vit Tristan co
2294
nous lisons que le veneur du roi, pénétrant dans
la
retraite des amants « vit Tristan couché, et de l’autre côté de la gr
2295
s la retraite des amants « vit Tristan couché, et
de
l’autre côté de la grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour s
2296
s amants « vit Tristan couché, et de l’autre côté
de
la grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour se reposer à caus
2297
mants « vit Tristan couché, et de l’autre côté de
la
grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour se reposer à cause d
2298
n couché, et de l’autre côté de la grotte, Isolt.
Les
amants s’étaient couchés pour se reposer à cause de la forte chaleur,
2299
ants s’étaient couchés pour se reposer à cause de
la
forte chaleur, et dormaient ainsi séparés l’un de l’autre parce que…
2300
la forte chaleur, et dormaient ainsi séparés l’un
de
l’autre parce que… » Ici le texte est interrompu ! Et Bédier dit en n
2301
nt ainsi séparés l’un de l’autre parce que… » Ici
le
texte est interrompu ! Et Bédier dit en note : « Passage inintelligib
2302
ance maléfique est donc intervenue pour brouiller
le
seul texte qui pût éclaircir le mystère ? 9. Gottfried de Strasbour
2303
ue pour brouiller le seul texte qui pût éclaircir
le
mystère ? 9. Gottfried de Strasbourg insiste avec cynisme : « Ce f
2304
nsi chose manifeste — Et avérée devant tous — Que
le
très glorieux Christ — Se plie comme une étoffe dont on s’habille — I
2305
une étoffe dont on s’habille — Il se prête au gré
de
tous — Soit à la sincérité soit à la tromperie — Il est toujours ce q
2306
n s’habille — Il se prête au gré de tous — Soit à
la
sincérité soit à la tromperie — Il est toujours ce qu’on veut qu’il s
2307
prête au gré de tous — Soit à la sincérité soit à
la
tromperie — Il est toujours ce qu’on veut qu’il soit… » 10. Et qu’
2308
veut qu’il soit… » 10. Et qu’il avait conquise
de
plein droit pour lui-même en la délivrant du dragon — comme ne manque
2309
il avait conquise de plein droit pour lui-même en
la
délivrant du dragon — comme ne manque pas de le souligner Thomas. 11
2310
e en la délivrant du dragon — comme ne manque pas
de
le souligner Thomas. 11. Fauriel, Histoire de la poésie provençale,
2311
n la délivrant du dragon — comme ne manque pas de
le
souligner Thomas. 11. Fauriel, Histoire de la poésie provençale, I,
2312
s de le souligner Thomas. 11. Fauriel, Histoire
de
la poésie provençale, I, p. 512. 12. Précisons que : 1° elles sont o
2313
e le souligner Thomas. 11. Fauriel, Histoire de
la
poésie provençale, I, p. 512. 12. Précisons que : 1° elles sont obse
2314
tour à tour, en vertu d’un calcul secret ; car si
l’
on choisissait l’une d’elles à l’exclusion totale de l’autre, la situa
2315
’un calcul secret ; car si l’on choisissait l’une
d’
elles à l’exclusion totale de l’autre, la situation se dénouerait trop
2316
secret ; car si l’on choisissait l’une d’elles à
l’
exclusion totale de l’autre, la situation se dénouerait trop vite ; 2°
2317
on choisissait l’une d’elles à l’exclusion totale
de
l’autre, la situation se dénouerait trop vite ; 2° elles ne sont pas
2318
it l’une d’elles à l’exclusion totale de l’autre,
la
situation se dénouerait trop vite ; 2° elles ne sont pas toujours obs
2319
; 2° elles ne sont pas toujours observées : ainsi
le
péché consommé dès que les amants ont bu le philtre est un péché aux
2320
jours observées : ainsi le péché consommé dès que
les
amants ont bu le philtre est un péché aux yeux de l’amour courtois no
2321
ainsi le péché consommé dès que les amants ont bu
le
philtre est un péché aux yeux de l’amour courtois non moins qu’aux ye
2322
amants ont bu le philtre est un péché aux yeux de
l’
amour courtois non moins qu’aux yeux de la morale chrétienne et féodal
2323
yeux de l’amour courtois non moins qu’aux yeux de
la
morale chrétienne et féodale. Mais sans cette faute initiale, il n’y
2324
Mais sans cette faute initiale, il n’y aurait pas
de
roman du tout. 13. Rappelons ici ces étapes : Premier séjour de Tri
2325
. 13. Rappelons ici ces étapes : Premier séjour
de
Tristan en Irlande. Ils se séparent sans s’aimer. — Second séjour : e
2326
éparent sans s’aimer. — Second séjour : elle veut
le
tuer. — Navigation et philtre, péché consommé ; Iseut livrée. — Trist
2327
e, péché consommé ; Iseut livrée. — Tristan banni
de
la cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour. Le «
2328
péché consommé ; Iseut livrée. — Tristan banni de
la
cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour. Le « fla
2329
rée. — Tristan banni de la cour. Rendez-vous sous
l’
arbre. — Tristan revient à la cour. Le « flagrant délit ». Ils sont sé
2330
ur. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à
la
cour. Le « flagrant délit ». Ils sont séparés. — Ils se retrouvent et
2331
z-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour.
Le
« flagrant délit ». Ils sont séparés. — Ils se retrouvent et passent
2332
és. — Ils se retrouvent et passent trois ans dans
la
forêt, puis se séparent. — Rendez-vous chez Orri le forestier ; Trist
2333
forêt, puis se séparent. — Rendez-vous chez Orri
le
forestier ; Tristan s’éloigne. — Tristan revient déguisé en fou ; s’é
2334
en fou ; s’éloigne. — Longue séparation, mariage
de
Tristan. — Iseut s’approche et Tristan meurt. Puis mort d’Iseut. Résu
2335
n. — Iseut s’approche et Tristan meurt. Puis mort
d’
Iseut. Résumons encore : une seule longue période de réunion (l’aspre
2336
Iseut. Résumons encore : une seule longue période
de
réunion (l’aspre vie) à quoi répond la longue période de séparation (
2337
ons encore : une seule longue période de réunion (
l’
aspre vie) à quoi répond la longue période de séparation (le mariage d
2338
ue période de réunion (l’aspre vie) à quoi répond
la
longue période de séparation (le mariage de Tristan). Auparavant : le
2339
ion (l’aspre vie) à quoi répond la longue période
de
séparation (le mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fi
2340
e) à quoi répond la longue période de séparation (
le
mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double M
2341
épond la longue période de séparation (le mariage
de
Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double Mort ; entre
2342
séparation (le mariage de Tristan). Auparavant :
le
Philtre ; à la fin : la double Mort ; entre-temps, de furtives rencon
2343
mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à
la
fin : la double Mort ; entre-temps, de furtives rencontres. 14. Tho
2344
de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin :
la
double Mort ; entre-temps, de furtives rencontres. 14. Thomas, qui
2345
hiltre ; à la fin : la double Mort ; entre-temps,
de
furtives rencontres. 14. Thomas, qui cherche à diminuer le rôle de
2346
rencontres. 14. Thomas, qui cherche à diminuer
le
rôle de cette « emprise » magique, se verra condamné à rendre la pass
2347
res. 14. Thomas, qui cherche à diminuer le rôle
de
cette « emprise » magique, se verra condamné à rendre la passion moin
2348
e « emprise » magique, se verra condamné à rendre
la
passion moins inhumaine plus acceptable aux yeux du moraliste. Inféri
2349
r en ceci à Béroul il sera le premier responsable
de
la dégradation du mythe. 15. Dans le drame de Wagner, quand le roi s
2350
n ceci à Béroul il sera le premier responsable de
la
dégradation du mythe. 15. Dans le drame de Wagner, quand le roi surp
2351
responsable de la dégradation du mythe. 15. Dans
le
drame de Wagner, quand le roi surprend les amants, Tristan répond à s
2352
le de la dégradation du mythe. 15. Dans le drame
de
Wagner, quand le roi surprend les amants, Tristan répond à ses questi
2353
ion du mythe. 15. Dans le drame de Wagner, quand
le
roi surprend les amants, Tristan répond à ses questions douloureuses
2354
5. Dans le drame de Wagner, quand le roi surprend
les
amants, Tristan répond à ses questions douloureuses : « Ce mystère, j
2355
stions douloureuses : « Ce mystère, je ne puis te
le
révéler. Jamais tu ne pourras connaître ce que tu demandes. » Et plus
2356
réveil. Mais où ai-je fait séjour ? Je ne saurais
le
dire… C’était là où je fus toujours, et là où j’irai pour toujours :
2357
je fus toujours, et là où j’irai pour toujours :
le
vaste empire de l’éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est
2358
, et là où j’irai pour toujours : le vaste empire
de
l’éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est donnée : le div
2359
t là où j’irai pour toujours : le vaste empire de
l’
éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est donnée : le divin,
2360
uit. Là-bas, une science unique nous est donnée :
le
divin, l’éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si t
2361
s, une science unique nous est donnée : le divin,
l’
éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si tu pouvais
2362
nce unique nous est donnée : le divin, l’éternel,
l’
originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si tu pouvais me comprend
2363
, l’éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais
le
dire ! Si tu pouvais me comprendre ! » 1. Vers 1412-1415 : A conbi
2364
ien fu determinez Li lovendrincs, li vin herbez :
La
mere Yseut, qui le bollit, A trois anz d’amistié le fist.
2365
i lovendrincs, li vin herbez : La mere Yseut, qui
le
bollit, A trois anz d’amistié le fist.
2366
erbez : La mere Yseut, qui le bollit, A trois anz
d’
amistié le fist.
2367
mere Yseut, qui le bollit, A trois anz d’amistié
le
fist.
2368
autres héritiers du xixe . Qu’on nous montre dans
la
nature, ou dans l’instinct, les esquisses grossières de faits « spiri
2369
xixe . Qu’on nous montre dans la nature, ou dans
l’
instinct, les esquisses grossières de faits « spirituels », aussitôt n
2370
n nous montre dans la nature, ou dans l’instinct,
les
esquisses grossières de faits « spirituels », aussitôt nous croyons t
2371
ure, ou dans l’instinct, les esquisses grossières
de
faits « spirituels », aussitôt nous croyons tenir une explication de
2372
ls », aussitôt nous croyons tenir une explication
de
ces faits. Le plus bas nous paraît le plus vrai. C’est la superstitio
2373
nous croyons tenir une explication de ces faits.
Le
plus bas nous paraît le plus vrai. C’est la superstition du temps, la
2374
explication de ces faits. Le plus bas nous paraît
le
plus vrai. C’est la superstition du temps, la manie de « ramener » le
2375
aits. Le plus bas nous paraît le plus vrai. C’est
la
superstition du temps, la manie de « ramener » le sublime à l’infime,
2376
aît le plus vrai. C’est la superstition du temps,
la
manie de « ramener » le sublime à l’infime, l’étrange erreur qui pren
2377
us vrai. C’est la superstition du temps, la manie
de
« ramener » le sublime à l’infime, l’étrange erreur qui prend pour ca
2378
la superstition du temps, la manie de « ramener »
le
sublime à l’infime, l’étrange erreur qui prend pour cause suffisante
2379
on du temps, la manie de « ramener » le sublime à
l’
infime, l’étrange erreur qui prend pour cause suffisante une condition
2380
s, la manie de « ramener » le sublime à l’infime,
l’
étrange erreur qui prend pour cause suffisante une condition simplemen
2381
une condition simplement nécessaire. C’est aussi
le
scrupule scientifique, nous dit-on. Il fallait cela pour affranchir l
2382
que, nous dit-on. Il fallait cela pour affranchir
l’
esprit des illusions spiritualistes. Mais je distingue mal l’intérêt d
2383
s illusions spiritualistes. Mais je distingue mal
l’
intérêt d’un affranchissement qui consiste à « expliquer » Dostoïevski
2384
s spiritualistes. Mais je distingue mal l’intérêt
d’
un affranchissement qui consiste à « expliquer » Dostoïevski par le ha
2385
ment qui consiste à « expliquer » Dostoïevski par
le
haut mal, et Nietzsche par la syphilis. Curieuse manière de libérer l
2386
r » Dostoïevski par le haut mal, et Nietzsche par
la
syphilis. Curieuse manière de libérer l’esprit, qui se « ramène » à l
2387
l, et Nietzsche par la syphilis. Curieuse manière
de
libérer l’esprit, qui se « ramène » à le nier. Mais j’ai beau dire et
2388
sche par la syphilis. Curieuse manière de libérer
l’
esprit, qui se « ramène » à le nier. Mais j’ai beau dire et protester
2389
manière de libérer l’esprit, qui se « ramène » à
le
nier. Mais j’ai beau dire et protester d’avance : si je constate que
2390
ène » à le nier. Mais j’ai beau dire et protester
d’
avance : si je constate que l’instinct et le sexe connaissent une dial
2391
u dire et protester d’avance : si je constate que
l’
instinct et le sexe connaissent une dialectique spontanée, analogue à
2392
ester d’avance : si je constate que l’instinct et
le
sexe connaissent une dialectique spontanée, analogue à certains égard
2393
ue spontanée, analogue à certains égards, à celle
de
la passion dans notre mythe, beaucoup penseront que voilà qui suffit…
2394
spontanée, analogue à certains égards, à celle de
la
passion dans notre mythe, beaucoup penseront que voilà qui suffit… Do
2395
que voilà qui suffit… Donnons une page à ce genre
d’
objections. ⁂ L’obstacle dont on a vu le jeu au cours de notre analyse
2396
ffit… Donnons une page à ce genre d’objections. ⁂
L’
obstacle dont on a vu le jeu au cours de notre analyse du mythe, n’est
2397
ce genre d’objections. ⁂ L’obstacle dont on a vu
le
jeu au cours de notre analyse du mythe, n’est-il pas d’origine toute
2398
au cours de notre analyse du mythe, n’est-il pas
d’
origine toute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas la ruse la
2399
n’est-il pas d’origine toute naturelle ? Retarder
le
plaisir, n’est-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir ? Et l’hom
2400
ute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas
la
ruse la plus élémentaire du désir ? Et l’homme n’est-il pas « ainsi f
2401
relle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas la ruse
la
plus élémentaire du désir ? Et l’homme n’est-il pas « ainsi fait » qu
2402
-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir ? Et
l’
homme n’est-il pas « ainsi fait » qu’il s’impose parfois une certaine
2403
l s’impose parfois une certaine continence, quasi
d’
instinct, dans l’intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur de S
2404
s une certaine continence, quasi d’instinct, dans
l’
intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait a
2405
continence, quasi d’instinct, dans l’intérêt même
de
l’espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait aux jeunes marié
2406
tinence, quasi d’instinct, dans l’intérêt même de
l’
espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait aux jeunes mariés u
2407
’intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur
de
Sparte, imposait aux jeunes mariés une abstinence prolongée. « C’est
2408
que — qu’ils soient toujours plus forts et dispos
de
leur corps, et qu’en ne jouissant pas du plaisir d’aimer à cœur saoul
2409
leur corps, et qu’en ne jouissant pas du plaisir
d’
aimer à cœur saoul, leur amour en demeure toujours frais, et que leurs
2410
urs enfants en viennent plus robustes. » (Amyot).
La
chevalerie féodale, de même, honorait dans la chasteté un obstacle in
2411
t). La chevalerie féodale, de même, honorait dans
la
chasteté un obstacle instinctif à l’instinct, ayant pour fin de rendr
2412
onorait dans la chasteté un obstacle instinctif à
l’
instinct, ayant pour fin de rendre les guerriers plus valeureux. Or la
2413
obstacle instinctif à l’instinct, ayant pour fin
de
rendre les guerriers plus valeureux. Or la vertu d’une telle discipli
2414
instinctif à l’instinct, ayant pour fin de rendre
les
guerriers plus valeureux. Or la vertu d’une telle discipline est rela
2415
ur fin de rendre les guerriers plus valeureux. Or
la
vertu d’une telle discipline est relative à la vie même, non à l’espr
2416
rendre les guerriers plus valeureux. Or la vertu
d’
une telle discipline est relative à la vie même, non à l’esprit. Elle
2417
Or la vertu d’une telle discipline est relative à
la
vie même, non à l’esprit. Elle cède au succès obtenu. Elle ne cherche
2418
elle discipline est relative à la vie même, non à
l’
esprit. Elle cède au succès obtenu. Elle ne cherche rien au-delà. L’eu
2419
e au succès obtenu. Elle ne cherche rien au-delà.
L’
eugénisme d’un Lycurgue n’est nullement ascétique, puisqu’il vise au c
2420
obtenu. Elle ne cherche rien au-delà. L’eugénisme
d’
un Lycurgue n’est nullement ascétique, puisqu’il vise au contraire à l
2421
ullement ascétique, puisqu’il vise au contraire à
la
meilleure propagation de l’espèce. On ne saurait voir dans ces proces
2422
u’il vise au contraire à la meilleure propagation
de
l’espèce. On ne saurait voir dans ces processus vitaux autre chose qu
2423
l vise au contraire à la meilleure propagation de
l’
espèce. On ne saurait voir dans ces processus vitaux autre chose que l
2424
it voir dans ces processus vitaux autre chose que
le
support physiologique de la dialectique passionnelle. Il faut bien qu
2425
s vitaux autre chose que le support physiologique
de
la dialectique passionnelle. Il faut bien que la passion se serve des
2426
itaux autre chose que le support physiologique de
la
dialectique passionnelle. Il faut bien que la passion se serve des co
2427
de la dialectique passionnelle. Il faut bien que
la
passion se serve des corps, et qu’elle utilise leurs lois. Mais la co
2428
ve des corps, et qu’elle utilise leurs lois. Mais
la
constatation des lois du corps n’explique nullement l’amour d’un Tris
2429
nstatation des lois du corps n’explique nullement
l’
amour d’un Tristan, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente l’in
2430
on des lois du corps n’explique nullement l’amour
d’
un Tristan, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente l’interventi
2431
ment l’amour d’un Tristan, par exemple. Elle rend
d’
autant plus évidente l’intervention d’un facteur « étranger » seul cap
2432
an, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente
l’
intervention d’un facteur « étranger » seul capable de détourner l’ins
2433
. Elle rend d’autant plus évidente l’intervention
d’
un facteur « étranger » seul capable de détourner l’instinct de son bu
2434
tervention d’un facteur « étranger » seul capable
de
détourner l’instinct de son but naturel et de transformer le désir en
2435
un facteur « étranger » seul capable de détourner
l’
instinct de son but naturel et de transformer le désir en une aspirati
2436
« étranger » seul capable de détourner l’instinct
de
son but naturel et de transformer le désir en une aspiration indéfini
2437
ble de détourner l’instinct de son but naturel et
de
transformer le désir en une aspiration indéfinie, c’est-à-dire sans f
2438
r l’instinct de son but naturel et de transformer
le
désir en une aspiration indéfinie, c’est-à-dire sans fins vitales, vo
2439
ire à ces fins. Ces mêmes remarques vaudront pour
les
coutumes et les interdictions sacrées chez les peuplades primitives.
2440
Ces mêmes remarques vaudront pour les coutumes et
les
interdictions sacrées chez les peuplades primitives. C’est un jeu que
2441
ur les coutumes et les interdictions sacrées chez
les
peuplades primitives. C’est un jeu que de retrouver l’« origine » sac
2442
s chez les peuplades primitives. C’est un jeu que
de
retrouver l’« origine » sacrée des motifs caractéristiques du Roman.
2443
uplades primitives. C’est un jeu que de retrouver
l’
« origine » sacrée des motifs caractéristiques du Roman. La quête de l
2444
ne » sacrée des motifs caractéristiques du Roman.
La
quête de la fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial
2445
ée des motifs caractéristiques du Roman. La quête
de
la fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial du rapt
2446
des motifs caractéristiques du Roman. La quête de
la
fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial du rapt nup
2447
, se rattache au cérémonial du rapt nuptial, chez
les
tribus exogamiques. La morale de la prouesse est une sublimation non
2448
ial du rapt nuptial, chez les tribus exogamiques.
La
morale de la prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes be
2449
t nuptial, chez les tribus exogamiques. La morale
de
la prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes beaucoup plu
2450
uptial, chez les tribus exogamiques. La morale de
la
prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes beaucoup plus a
2451
e de la prouesse est une sublimation non déguisée
de
coutumes beaucoup plus anciennes traduisant la nécessité d’une sélect
2452
ée de coutumes beaucoup plus anciennes traduisant
la
nécessité d’une sélection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir
2453
s beaucoup plus anciennes traduisant la nécessité
d’
une sélection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir de la mort qu
2454
ection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir
de
la mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit pa
2455
ion biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir de
la
mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit par F
2456
ue. Et il n’est pas jusqu’au désir de la mort que
l’
on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit par Freud et par
2457
désir de la mort que l’on ne puisse « ramener » à
l’
instinct de mort décrit par Freud et par les plus récents biologistes.
2458
mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct
de
mort décrit par Freud et par les plus récents biologistes. Mais on ne
2459
er » à l’instinct de mort décrit par Freud et par
les
plus récents biologistes. Mais on ne voit pas que tout ceci explique
2460
istes. Mais on ne voit pas que tout ceci explique
l’
apparition tardive du mythe, et encore moins sa localisation dans notr
2461
s sa localisation dans notre histoire européenne…
L’
antiquité n’a rien connu de semblable à l’amour de Tristan et d’Iseut.
2462
e histoire européenne… L’antiquité n’a rien connu
de
semblable à l’amour de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les
2463
péenne… L’antiquité n’a rien connu de semblable à
l’
amour de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les R
2464
L’antiquité n’a rien connu de semblable à l’amour
de
Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les Romains,
2465
a rien connu de semblable à l’amour de Tristan et
d’
Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’amour est un
2466
our de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour
les
Grecs et les Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans la mesu
2467
n et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et
les
Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans la mesure où il tran
2468
On sait assez que pour les Grecs et les Romains,
l’
amour est une maladie (Ménandre) dans la mesure où il transcende la vo
2469
Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans
la
mesure où il transcende la volupté qui est sa fin naturelle. C’est un
2470
aladie (Ménandre) dans la mesure où il transcende
la
volupté qui est sa fin naturelle. C’est une « frénésie », dit Plutarq
2471
ux, il leur faut pardonner comme étant malades… »
D’
où vient alors cette glorification de la passion, qui est justement ce
2472
t malades… » D’où vient alors cette glorification
de
la passion, qui est justement ce qui nous touche dans le Roman ? Parl
2473
alades… » D’où vient alors cette glorification de
la
passion, qui est justement ce qui nous touche dans le Roman ? Parler
2474
assion, qui est justement ce qui nous touche dans
le
Roman ? Parler de déviation de l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’
2475
stement ce qui nous touche dans le Roman ? Parler
de
déviation de l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoi
2476
i nous touche dans le Roman ? Parler de déviation
de
l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoir, précisémen
2477
ous touche dans le Roman ? Parler de déviation de
l’
instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoir, précisément,
2478
e l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit
de
savoir, précisément, quel est le facteur qui a pu causer cette déviat
2479
puisqu’il s’agit de savoir, précisément, quel est
le
facteur qui a pu causer cette déviation. 2.Éros, ou le Désir sans
2480
ur qui a pu causer cette déviation. 2.Éros, ou
le
Désir sans fin (Platonisme, druidisme, manichéisme.) Platon nous p
2481
manichéisme.) Platon nous parle dans Phèdre et
le
Banquet d’une fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler d’hume
2482
.) Platon nous parle dans Phèdre et le Banquet
d’
une fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler d’humeurs maligne
2483
èdre et le Banquet d’une fureur qui va du corps à
l’
âme, pour la troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’
2484
anquet d’une fureur qui va du corps à l’âme, pour
la
troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il le loue.
2485
fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler
d’
humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il le loue. Mais il est
2486
pour la troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas
l’
amour tel qu’il le loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou de
2487
’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il
le
loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou de délire, qui ne s’
2488
r tel qu’il le loue. Mais il est une autre espèce
de
fureur, ou de délire, qui ne s’engendre pas sans quelque divinité, ni
2489
loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou
de
délire, qui ne s’engendre pas sans quelque divinité, ni ne se crée da
2490
dre pas sans quelque divinité, ni ne se crée dans
l’
âme au-dedans de nous : c’est une inspiration toute étrangère, un attr
2491
agit du dehors, un emportement, un rapt indéfini
de
la raison et du sens naturel. On l’appellera donc enthousiasme, ce qu
2492
it du dehors, un emportement, un rapt indéfini de
la
raison et du sens naturel. On l’appellera donc enthousiasme, ce qui s
2493
rapt indéfini de la raison et du sens naturel. On
l’
appellera donc enthousiasme, ce qui signifie « endieusement », car ce
2494
signifie « endieusement », car ce délire procède
de
la divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est l’amour platonicie
2495
gnifie « endieusement », car ce délire procède de
la
divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est l’amour platonicien :
2496
a divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est
l’
amour platonicien : « délire divin », transport de l’âme, folie et sup
2497
l’amour platonicien : « délire divin », transport
de
l’âme, folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de l’être aimé
2498
mour platonicien : « délire divin », transport de
l’
âme, folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de l’être aimé « c
2499
, transport de l’âme, folie et suprême raison. Et
l’
amant est auprès de l’être aimé « comme dans le ciel », car l’amour es
2500
folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de
l’
être aimé « comme dans le ciel », car l’amour est la voie qui monte pa
2501
Et l’amant est auprès de l’être aimé « comme dans
le
ciel », car l’amour est la voie qui monte par degrés d’extase vers l’
2502
auprès de l’être aimé « comme dans le ciel », car
l’
amour est la voie qui monte par degrés d’extase vers l’origine unique
2503
être aimé « comme dans le ciel », car l’amour est
la
voie qui monte par degrés d’extase vers l’origine unique de tout ce q
2504
l », car l’amour est la voie qui monte par degrés
d’
extase vers l’origine unique de tout ce qui existe, loin des corps et
2505
ur est la voie qui monte par degrés d’extase vers
l’
origine unique de tout ce qui existe, loin des corps et de la matière,
2506
i monte par degrés d’extase vers l’origine unique
de
tout ce qui existe, loin des corps et de la matière, loin de ce qui d
2507
e unique de tout ce qui existe, loin des corps et
de
la matière, loin de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur d’
2508
nique de tout ce qui existe, loin des corps et de
la
matière, loin de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur d’êtr
2509
de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur
d’
être soi et d’être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est le Désir tota
2510
se et distingue, au-delà du malheur d’être soi et
d’
être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est l’Asp
2511
au-delà du malheur d’être soi et d’être deux dans
l’
amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse
2512
heur d’être soi et d’être deux dans l’amour même.
L’
Éros, c’est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan relig
2513
i et d’être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est
le
Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan religieux originel
2514
l’amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est
l’
Aspiration lumineuse, l’élan religieux originel porté à sa plus haute
2515
est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse,
l’
élan religieux originel porté à sa plus haute puissance, à l’extrême e
2516
gieux originel porté à sa plus haute puissance, à
l’
extrême exigence de pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais l’
2517
é à sa plus haute puissance, à l’extrême exigence
de
pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais l’unité dernière est
2518
puissance, à l’extrême exigence de pureté qui est
l’
extrême exigence d’Unité. Mais l’unité dernière est négation de l’être
2519
ême exigence de pureté qui est l’extrême exigence
d’
Unité. Mais l’unité dernière est négation de l’être actuel, dans sa so
2520
e pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais
l’
unité dernière est négation de l’être actuel, dans sa souffrante multi
2521
gence d’Unité. Mais l’unité dernière est négation
de
l’être actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi l’élan suprême
2522
ce d’Unité. Mais l’unité dernière est négation de
l’
être actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi l’élan suprême du
2523
re actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi
l’
élan suprême du désir aboutit à ce qui est non-désir. La dialectique d
2524
suprême du désir aboutit à ce qui est non-désir.
La
dialectique d’Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étrang
2525
ir aboutit à ce qui est non-désir. La dialectique
d’
Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes
2526
t non-désir. La dialectique d’Éros introduit dans
la
vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de l’attrait sexuel :
2527
ctique d’Éros introduit dans la vie quelque chose
de
tout étranger aux rythmes de l’attrait sexuel : un désir qui ne retom
2528
la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes
de
l’attrait sexuel : un désir qui ne retombe plus, que plus rien ne peu
2529
vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de
l’
attrait sexuel : un désir qui ne retombe plus, que plus rien ne peut s
2530
ien ne peut satisfaire, qui repousse même et fuit
la
tentation de s’accomplir dans notre monde, parce qu’il ne veut embras
2531
atisfaire, qui repousse même et fuit la tentation
de
s’accomplir dans notre monde, parce qu’il ne veut embrasser que le To
2532
ns notre monde, parce qu’il ne veut embrasser que
le
Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension de l’homme vers son di
2533
parce qu’il ne veut embrasser que le Tout. C’est
le
dépassement infini, l’ascension de l’homme vers son dieu. Et ce mouve
2534
brasser que le Tout. C’est le dépassement infini,
l’
ascension de l’homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂
2535
le Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension
de
l’homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂ Les origine
2536
Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension de
l’
homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂ Les origines i
2537
vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂
Les
origines iraniennes et orphiques du platonisme sont encore mal connue
2538
core mal connues mais certaines. Et par Plotin et
l’
Aréopagite, cette doctrine s’est transmise au monde médiéval. Ainsi l’
2539
doctrine s’est transmise au monde médiéval. Ainsi
l’
Orient vint rêver dans nos vies, réveillant de très vieux souvenirs. C
2540
nsi l’Orient vint rêver dans nos vies, réveillant
de
très vieux souvenirs. Car du fond de notre Occident, la voix des bard
2541
, réveillant de très vieux souvenirs. Car du fond
de
notre Occident, la voix des bardes celtes lui répondait. Je ne sais s
2542
s vieux souvenirs. Car du fond de notre Occident,
la
voix des bardes celtes lui répondait. Je ne sais si c’était un écho,
2543
armonie ancestrale — toutes nos races sont venues
d’
Orient — ou simplement si la nature humaine n’est point portée en tous
2544
nos races sont venues d’Orient — ou simplement si
la
nature humaine n’est point portée en tous lieux et tous temps à divin
2545
ormes toujours semblables. Je ne sais ce que vaut
l’
hypothèse qui assimile jusque dans les détails les plus vieux mythes c
2546
ce que vaut l’hypothèse qui assimile jusque dans
les
détails les plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs — la quête d
2547
l’hypothèse qui assimile jusque dans les détails
les
plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs — la quête du Graal à ce
2548
es plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs —
la
quête du Graal à celle de la Toison d’or — et les doctrines de Pythag
2549
ques à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle
de
la Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration
2550
s à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle de
la
Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration des
2551
es Grecs — la quête du Graal à celle de la Toison
d’
or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration des âmes à ce
2552
la quête du Graal à celle de la Toison d’or — et
les
doctrines de Pythagore sur la transmigration des âmes à celles des dr
2553
raal à celle de la Toison d’or — et les doctrines
de
Pythagore sur la transmigration des âmes à celles des druides sur l’i
2554
a Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur
la
transmigration des âmes à celles des druides sur l’immortalité. La my
2555
transmigration des âmes à celles des druides sur
l’
immortalité. La mythologie comparée est la plus périlleuse des science
2556
des âmes à celles des druides sur l’immortalité.
La
mythologie comparée est la plus périlleuse des sciences, si l’on exce
2557
des sur l’immortalité. La mythologie comparée est
la
plus périlleuse des sciences, si l’on excepte l’étymologie dont elle
2558
comparée est la plus périlleuse des sciences, si
l’
on excepte l’étymologie dont elle procède bien souvent : l’une et l’au
2559
la plus périlleuse des sciences, si l’on excepte
l’
étymologie dont elle procède bien souvent : l’une et l’autre sans cess
2560
cède bien souvent : l’une et l’autre sans cesse à
la
merci du calembour le plus tentant… Quoi qu’il en soit, certaines con
2561
une et l’autre sans cesse à la merci du calembour
le
plus tentant… Quoi qu’il en soit, certaines convergences générales se
2562
rales se dégagent des travaux récents, renforçant
l’
hypothèse d’une communauté originelle des croyances religieuses en Ori
2563
agent des travaux récents, renforçant l’hypothèse
d’
une communauté originelle des croyances religieuses en Orient et en Oc
2564
uses en Orient et en Occident. ⁂ Bien avant Rome,
les
Celtes avaient conquis une grande partie de l’Europe actuelle. Venus
2565
ome, les Celtes avaient conquis une grande partie
de
l’Europe actuelle. Venus du Sud-Ouest de la Germanie et du Nord-Est d
2566
, les Celtes avaient conquis une grande partie de
l’
Europe actuelle. Venus du Sud-Ouest de la Germanie et du Nord-Est de l
2567
avaient mis à sac Rome et Delphes, et soumis tous
les
peuples de l’Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en
2568
à sac Rome et Delphes, et soumis tous les peuples
de
l’Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et
2569
ac Rome et Delphes, et soumis tous les peuples de
l’
Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et en
2570
hes, et soumis tous les peuples de l’Atlantique à
la
mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et en Asie Mineure (G
2571
e Mineure (Galates), préfigurant assez exactement
l’
extension de l’Empire romain. Or les Celtes n’étaient pas une nation.
2572
alates), préfigurant assez exactement l’extension
de
l’Empire romain. Or les Celtes n’étaient pas une nation. Ils n’avaien
2573
tes), préfigurant assez exactement l’extension de
l’
Empire romain. Or les Celtes n’étaient pas une nation. Ils n’avaient p
2574
sez exactement l’extension de l’Empire romain. Or
les
Celtes n’étaient pas une nation. Ils n’avaient pas d’autre « unité »
2575
eltes n’étaient pas une nation. Ils n’avaient pas
d’
autre « unité » que celle d’une civilisation, dont le principe spiritu
2576
on. Ils n’avaient pas d’autre « unité » que celle
d’
une civilisation, dont le principe spirituel était maintenu par le col
2577
utre « unité » que celle d’une civilisation, dont
le
principe spirituel était maintenu par le collège sacerdotal des druid
2578
on, dont le principe spirituel était maintenu par
le
collège sacerdotal des druides. Ce collège à son tour n’était nulleme
2579
druides. Ce collège à son tour n’était nullement
l’
émanation des petits peuples ou tribus, mais « une institution en quel
2580
en quelque sorte internationale », commune à tous
les
peuples d’origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’Irlande ju
2581
orte internationale », commune à tous les peuples
d’
origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Ital
2582
ne à tous les peuples d’origine celtique, du fond
de
la Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les v
2583
à tous les peuples d’origine celtique, du fond de
la
Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voya
2584
les d’origine celtique, du fond de la Bretagne et
de
l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et les renc
2585
d’origine celtique, du fond de la Bretagne et de
l’
Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et les rencont
2586
de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure.
Les
voyages et les rencontres des druides « cimentaient l’union des peupl
2587
usqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et
les
rencontres des druides « cimentaient l’union des peuples celtiques et
2588
yages et les rencontres des druides « cimentaient
l’
union des peuples celtiques et le sentiment de leur parenté »16. Les d
2589
es « cimentaient l’union des peuples celtiques et
le
sentiment de leur parenté »16. Les druides formaient des confréries r
2590
ent l’union des peuples celtiques et le sentiment
de
leur parenté »16. Les druides formaient des confréries religieuses do
2591
es celtiques et le sentiment de leur parenté »16.
Les
druides formaient des confréries religieuses douées de pouvoirs très
2592
uides formaient des confréries religieuses douées
de
pouvoirs très étendus. Ils étaient à la fois devins, magiciens, médec
2593
ecins, prêtres, professeurs. Ils n’écrivaient pas
de
livres, mais donnaient un enseignement oral, en vers gnomiques, à des
2594
s gnomiques, à des élèves qu’ils gardaient auprès
d’
eux pendant vingt ans17. (On a pu rapprocher ce collège sacerdotal d’i
2595
ans17. (On a pu rapprocher ce collège sacerdotal
d’
institutions tout à fait identiques chez les autres peuples indo-europ
2596
rdotal d’institutions tout à fait identiques chez
les
autres peuples indo-européens : mages iraniens, brahmanes de l’Inde,
2597
euples indo-européens : mages iraniens, brahmanes
de
l’Inde, pontifes et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs le m
2598
les indo-européens : mages iraniens, brahmanes de
l’
Inde, pontifes et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même
2599
aniens, brahmanes de l’Inde, pontifes et flamines
de
Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même nom que le brahmane.18) Il e
2600
rahmanes de l’Inde, pontifes et flamines de Rome.
Le
flamen porte d’ailleurs le même nom que le brahmane.18) Il est certai
2601
s et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs
le
même nom que le brahmane.18) Il est certain que les Celtes croyaient
2602
Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même nom que
le
brahmane.18) Il est certain que les Celtes croyaient à une vie après
2603
e même nom que le brahmane.18) Il est certain que
les
Celtes croyaient à une vie après la mort. Vie aventureuse, très sembl
2604
certain que les Celtes croyaient à une vie après
la
mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de la terre, mais épuré
2605
la mort. Vie aventureuse, très semblable à celle
de
la terre, mais épurée, et dont certains héros pouvaient revenir, sous
2606
mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de
la
terre, mais épurée, et dont certains héros pouvaient revenir, sous d’
2607
se mêler aux vivants. Par cette doctrine centrale
de
la survie des âmes, les Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute do
2608
mêler aux vivants. Par cette doctrine centrale de
la
survie des âmes, les Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctr
2609
ar cette doctrine centrale de la survie des âmes,
les
Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine de l’immortalité
2610
ltes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine
de
l’immortalité suppose une préoccupation tragique de la mort. Les Celt
2611
s s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine de
l’
immortalité suppose une préoccupation tragique de la mort. Les Celtes,
2612
l’immortalité suppose une préoccupation tragique
de
la mort. Les Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la méta
2613
immortalité suppose une préoccupation tragique de
la
mort. Les Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la métaphy
2614
té suppose une préoccupation tragique de la mort.
Les
Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la métaphysique de l
2615
Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement
la
métaphysique de la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était u
2616
ubert, « ont cultivé certainement la métaphysique
de
la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était une compagne fami
2617
rt, « ont cultivé certainement la métaphysique de
la
mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était une compagne familiè
2618
étaphysique de la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur
la
mort. C’était une compagne familière dont ils se sont plu à déguiser
2619
ompagne familière dont ils se sont plu à déguiser
le
caractère inquiétant ». De même, dans leur mythologie, « l’idée de mo
2620
re inquiétant ». De même, dans leur mythologie, «
l’
idée de mort domine tout, et tout la découvre »19. Et cela n’est pas s
2621
iétant ». De même, dans leur mythologie, « l’idée
de
mort domine tout, et tout la découvre »19. Et cela n’est pas sans inc
2622
mythologie, « l’idée de mort domine tout, et tout
la
découvre »19. Et cela n’est pas sans inciter à des rapprochements trè
2623
iter à des rapprochements très précis avec ce que
l’
on a dit plus haut du mythe de Tristan, qui voile et exprime à la fois
2624
précis avec ce que l’on a dit plus haut du mythe
de
Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir de mort. D’autre par
2625
mythe de Tristan, qui voile et exprime à la fois
le
désir de mort. D’autre part, les dieux celtiques forment deux séries
2626
Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir
de
mort. D’autre part, les dieux celtiques forment deux séries opposées
2627
exprime à la fois le désir de mort. D’autre part,
les
dieux celtiques forment deux séries opposées : dieux lumineux et dieu
2628
dieux lumineux et dieux sombres. Il nous importe
de
souligner ce fait du dualisme fondamental de la religion des druides.
2629
orte de souligner ce fait du dualisme fondamental
de
la religion des druides. Car c’est ici que se révèle la convergence d
2630
e de souligner ce fait du dualisme fondamental de
la
religion des druides. Car c’est ici que se révèle la convergence des
2631
religion des druides. Car c’est ici que se révèle
la
convergence des mythes iraniens, gnostiques, et hindouistes avec la r
2632
mythes iraniens, gnostiques, et hindouistes avec
la
religion fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantiqu
2633
ues, et hindouistes avec la religion fondamentale
de
l’Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprim
2634
, et hindouistes avec la religion fondamentale de
l’
Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé,
2635
uistes avec la religion fondamentale de l’Europe.
De
l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les f
2636
tes avec la religion fondamentale de l’Europe. De
l’
Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les form
2637
ion fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives
de
l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les formes les plus diver
2638
fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives de
l’
Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les formes les plus diverses
2639
es de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans
les
formes les plus diverses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et d
2640
antique, nous retrouvons exprimé, dans les formes
les
plus diverses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et de leur lutt
2641
mes les plus diverses, ce même mystère du Jour et
de
la Nuit, et de leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lu
2642
les plus diverses, ce même mystère du Jour et de
la
Nuit, et de leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lumiè
2643
verses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et
de
leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lumière incréée,
2644
our et de la Nuit, et de leur lutte mortelle dans
l’
homme. Il est un dieu de Lumière incréée, intemporelle, et un dieu de
2645
leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu
de
Lumière incréée, intemporelle, et un dieu de Ténèbres, auteur du mal,
2646
dieu de Lumière incréée, intemporelle, et un dieu
de
Ténèbres, auteur du mal, qui domine toute la Création visible. Des si
2647
dieu de Ténèbres, auteur du mal, qui domine toute
la
Création visible. Des siècles avant l’apparition de Mani, on peut déc
2648
mine toute la Création visible. Des siècles avant
l’
apparition de Mani, on peut déceler la même opposition dans les mythol
2649
Création visible. Des siècles avant l’apparition
de
Mani, on peut déceler la même opposition dans les mythologies indo-eu
2650
ècles avant l’apparition de Mani, on peut déceler
la
même opposition dans les mythologies indo-européennes. Dieux lumineux
2651
de Mani, on peut déceler la même opposition dans
les
mythologies indo-européennes. Dieux lumineux : l’Ahura-Mazda (ou Ormu
2652
es mythologies indo-européennes. Dieux lumineux :
l’
Ahura-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens, l’Apollon grec, l’Abellion celti
2653
umineux : l’Ahura-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens,
l’
Apollon grec, l’Abellion celtibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar san
2654
a-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens, l’Apollon grec,
l’
Abellion celtibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar sanskrit, l’Ahrrima
2655
ollon grec, l’Abellion celtibère. Dieux sombres :
le
Dyaus Pitar sanskrit, l’Ahrriman iranien, le Zeus pater hellène, le J
2656
ltibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar sanskrit,
l’
Ahrriman iranien, le Zeus pater hellène, le Jupiter latin, le Dispater
2657
es : le Dyaus Pitar sanskrit, l’Ahrriman iranien,
le
Zeus pater hellène, le Jupiter latin, le Dispater gaulois… Bien d’aut
2658
skrit, l’Ahrriman iranien, le Zeus pater hellène,
le
Jupiter latin, le Dispater gaulois… Bien d’autres rapprochements nous
2659
iranien, le Zeus pater hellène, le Jupiter latin,
le
Dispater gaulois… Bien d’autres rapprochements nous tentent, dont l’u
2660
tentent, dont l’un au moins intéresse directement
l’
objet de ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pa
2661
dont l’un au moins intéresse directement l’objet
de
ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pas sans r
2662
moins intéresse directement l’objet de ce livre :
la
conception de la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dia
2663
e directement l’objet de ce livre : la conception
de
la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique plato
2664
irectement l’objet de ce livre : la conception de
la
femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique platonic
2665
bjet de ce livre : la conception de la femme chez
les
Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique platonicienne de l’Amou
2666
la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler
la
dialectique platonicienne de l’Amour. La femme figure aux yeux des dr
2667
st pas sans rappeler la dialectique platonicienne
de
l’Amour. La femme figure aux yeux des druides un être divin et prophé
2668
pas sans rappeler la dialectique platonicienne de
l’
Amour. La femme figure aux yeux des druides un être divin et prophétiq
2669
rappeler la dialectique platonicienne de l’Amour.
La
femme figure aux yeux des druides un être divin et prophétique. C’est
2670
x des druides un être divin et prophétique. C’est
la
Velléda des Martyrs, le fantôme lumineux qui apparaît aux regards du
2671
vin et prophétique. C’est la Velléda des Martyrs,
le
fantôme lumineux qui apparaît aux regards du général romain perdu dan
2672
s-tu que je suis fée ? », dit-elle. Éros a revêtu
les
apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qu
2673
s fée ? », dit-elle. Éros a revêtu les apparences
de
la Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mé
2674
ée ? », dit-elle. Éros a revêtu les apparences de
la
Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépri
2675
Éros a revêtu les apparences de la Femme, symbole
de
l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terr
2676
s a revêtu les apparences de la Femme, symbole de
l’
au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terrest
2677
s apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et
de
cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terrestres. Mais sym
2678
delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser
les
joies terrestres. Mais symbole équivoque puisqu’il tend à confondre l
2679
Mais symbole équivoque puisqu’il tend à confondre
l’
attrait du sexe et le Désir sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, «
2680
e puisqu’il tend à confondre l’attrait du sexe et
le
Désir sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, « objet de contemplati
2681
confondre l’attrait du sexe et le Désir sans fin.
L’
Essylt des légendes sacrées, « objet de contemplation, spectacle mysté
2682
sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, « objet
de
contemplation, spectacle mystérieux », c’était l’invitation à désirer
2683
de contemplation, spectacle mystérieux », c’était
l’
invitation à désirer ce qui est au-delà des formes incarnées. Mais ell
2684
able en soi… Et pourtant sa nature est fuyante. «
L’
Éternel féminin nous entraîne », dira Goethe. Et Novalis : « La femme
2685
inin nous entraîne », dira Goethe. Et Novalis : «
La
femme est le but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la Lumière pre
2686
raîne », dira Goethe. Et Novalis : « La femme est
le
but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la Lumière prend pour symbo
2687
, dira Goethe. Et Novalis : « La femme est le but
de
l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la Lumière prend pour symbole l’at
2688
ira Goethe. Et Novalis : « La femme est le but de
l’
homme. » Ainsi l’aspiration vers la Lumière prend pour symbole l’attra
2689
valis : « La femme est le but de l’homme. » Ainsi
l’
aspiration vers la Lumière prend pour symbole l’attrait nocturne des s
2690
est le but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers
la
Lumière prend pour symbole l’attrait nocturne des sexes. Le grand Jou
2691
i l’aspiration vers la Lumière prend pour symbole
l’
attrait nocturne des sexes. Le grand Jour incréé, aux yeux de la chair
2692
prend pour symbole l’attrait nocturne des sexes.
Le
grand Jour incréé, aux yeux de la chair, n’est que la Nuit. Mais notr
2693
urne des sexes. Le grand Jour incréé, aux yeux de
la
chair, n’est que la Nuit. Mais notre jour, aux yeux du dieu qui résid
2694
rand Jour incréé, aux yeux de la chair, n’est que
la
Nuit. Mais notre jour, aux yeux du dieu qui réside par-delà les étoil
2695
notre jour, aux yeux du dieu qui réside par-delà
les
étoiles, c’est le royaume de Dispater, le père des Ombres. Et de même
2696
ux du dieu qui réside par-delà les étoiles, c’est
le
royaume de Dispater, le père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wa
2697
qui réside par-delà les étoiles, c’est le royaume
de
Dispater, le père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wagner veut s
2698
r-delà les étoiles, c’est le royaume de Dispater,
le
père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wagner veut sombrer, mais
2699
aume de Dispater, le père des Ombres. Et de même,
le
Tristan de Wagner veut sombrer, mais pour renaître en un ciel de Lumi
2700
agner veut sombrer, mais pour renaître en un ciel
de
Lumière. La « Nuit » qu’il chante, c’est le Jour incréé. Et sa passio
2701
ombrer, mais pour renaître en un ciel de Lumière.
La
« Nuit » qu’il chante, c’est le Jour incréé. Et sa passion, c’est le
2702
ciel de Lumière. La « Nuit » qu’il chante, c’est
le
Jour incréé. Et sa passion, c’est le culte d’Éros, le Désir qui mépri
2703
hante, c’est le Jour incréé. Et sa passion, c’est
le
culte d’Éros, le Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volup
2704
est le Jour incréé. Et sa passion, c’est le culte
d’
Éros, le Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volupté, même
2705
our incréé. Et sa passion, c’est le culte d’Éros,
le
Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volupté, même quand il
2706
même quand il croit aimer un être… On parle trop
de
nirvana et de bouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si le f
2707
croit aimer un être… On parle trop de nirvana et
de
bouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen de l
2708
arle trop de nirvana et de bouddhisme à propos de
l’
opéra wagnérien. Comme si le fond païen de l’Occident n’avait pas pu f
2709
ouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si
le
fond païen de l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléme
2710
opos de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen
de
l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléments les plus a
2711
s de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen de
l’
Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléments les plus acti
2712
de l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien
les
éléments les plus actifs de son philtre ! Il est frappant de constate
2713
t n’avait pas pu fournir au magicien les éléments
les
plus actifs de son philtre ! Il est frappant de constater d’ailleurs
2714
fournir au magicien les éléments les plus actifs
de
son philtre ! Il est frappant de constater d’ailleurs à quel point le
2715
les plus actifs de son philtre ! Il est frappant
de
constater d’ailleurs à quel point le celtisme originel de l’Europe a
2716
est frappant de constater d’ailleurs à quel point
le
celtisme originel de l’Europe a survécu à la conquête romaine et aux
2717
ater d’ailleurs à quel point le celtisme originel
de
l’Europe a survécu à la conquête romaine et aux invasions germaniques
2718
r d’ailleurs à quel point le celtisme originel de
l’
Europe a survécu à la conquête romaine et aux invasions germaniques. «
2719
oint le celtisme originel de l’Europe a survécu à
la
conquête romaine et aux invasions germaniques. « Les Gallo-Romains so
2720
conquête romaine et aux invasions germaniques. «
Les
Gallo-Romains sont restés pour la plupart des Celtes déguisés. Si bie
2721
la plupart des Celtes déguisés. Si bien qu’après
les
invasions germaniques, on vit reparaître en Gaule des modes et des go
2722
et des goûts qui avaient été ceux des Celtes.20 »
L’
art roman et les langues romanes attestent l’importance de l’héritage
2723
i avaient été ceux des Celtes.20 » L’art roman et
les
langues romanes attestent l’importance de l’héritage celtique. Plus t
2724
20 » L’art roman et les langues romanes attestent
l’
importance de l’héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’I
2725
man et les langues romanes attestent l’importance
de
l’héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et de
2726
et les langues romanes attestent l’importance de
l’
héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et de Bre
2727
éritage celtique. Plus tard, ce furent des moines
d’
Irlande et de Bretagne — derniers refuges des légendes bardiques conse
2728
que. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et
de
Bretagne — derniers refuges des légendes bardiques conservées justeme
2729
s des légendes bardiques conservées justement par
les
clercs — qui évangélisèrent l’Europe, et la rappelèrent au culte des
2730
ées justement par les clercs — qui évangélisèrent
l’
Europe, et la rappelèrent au culte des lettres. Et ceci nous amène aux
2731
par les clercs — qui évangélisèrent l’Europe, et
la
rappelèrent au culte des lettres. Et ceci nous amène aux abords de l’
2732
culte des lettres. Et ceci nous amène aux abords
de
l’époque où se forma notre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon
2733
lte des lettres. Et ceci nous amène aux abords de
l’
époque où se forma notre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon et
2734
tre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon et
les
druides, une sorte d’unité mystique du monde indo-européen se dessine
2735
près de nous que Platon et les druides, une sorte
d’
unité mystique du monde indo-européen se dessine comme en filigrane à
2736
nde indo-européen se dessine comme en filigrane à
l’
arrière-plan des hérésies du Moyen Âge. Si nous embrassons le domaine
2737
lan des hérésies du Moyen Âge. Si nous embrassons
le
domaine géographique et historique qui va de l’Inde à la Bretagne, no
2738
sons le domaine géographique et historique qui va
de
l’Inde à la Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandu
2739
s le domaine géographique et historique qui va de
l’
Inde à la Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandue,
2740
ine géographique et historique qui va de l’Inde à
la
Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandue, d’une man
2741
nous constatons qu’une religion s’y est répandue,
d’
une manière à vrai dire souterraine, dès le iiie siècle de notre ère,
2742
andue, d’une manière à vrai dire souterraine, dès
le
iiie siècle de notre ère, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour
2743
ière à vrai dire souterraine, dès le iiie siècle
de
notre ère, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et de la Nuit t
2744
e, dès le iiie siècle de notre ère, syncrétisant
l’
ensemble des mythes du Jour et de la Nuit tels qu’ils s’étaient élabor
2745
re, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et
de
la Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans le
2746
syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et de
la
Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans les s
2747
ls s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans
les
sectes gnostiques et orphiques : et c’est la foi manichéenne. Les dif
2748
ans les sectes gnostiques et orphiques : et c’est
la
foi manichéenne. Les difficultés mêmes que l’on éprouve de nos jours
2749
iques et orphiques : et c’est la foi manichéenne.
Les
difficultés mêmes que l’on éprouve de nos jours à définir cette relig
2750
est la foi manichéenne. Les difficultés mêmes que
l’
on éprouve de nos jours à définir cette religion ne sont pas sans nous
2751
nichéenne. Les difficultés mêmes que l’on éprouve
de
nos jours à définir cette religion ne sont pas sans nous renseigner s
2752
t partout persécutée avec une violence inouïe par
les
pouvoirs ou les orthodoxies. On vit en elle la pire menace sociale. S
2753
utée avec une violence inouïe par les pouvoirs ou
les
orthodoxies. On vit en elle la pire menace sociale. Ses fidèles furen
2754
r les pouvoirs ou les orthodoxies. On vit en elle
la
pire menace sociale. Ses fidèles furent massacrés, leurs écrits dispe
2755
és, leurs écrits dispersés et brûlés. Si bien que
les
témoignages sur lesquels elle a été jugée jusqu’à nos jours émanent p
2756
e jusqu’à nos jours émanent presque exclusivement
de
ses adversaires. Ensuite, il semble bien que la doctrine de Mani (qui
2757
t de ses adversaires. Ensuite, il semble bien que
la
doctrine de Mani (qui était originaire de l’Iran) ait pris, selon les
2758
ersaires. Ensuite, il semble bien que la doctrine
de
Mani (qui était originaire de l’Iran) ait pris, selon les peuples et
2759
ien que la doctrine de Mani (qui était originaire
de
l’Iran) ait pris, selon les peuples et leurs croyances, des formes tr
2760
que la doctrine de Mani (qui était originaire de
l’
Iran) ait pris, selon les peuples et leurs croyances, des formes très
2761
(qui était originaire de l’Iran) ait pris, selon
les
peuples et leurs croyances, des formes très diverses, tantôt chrétien
2762
(Zarathustra ou Zoroastre). De plus il est permis
de
penser que les survivances celtiques dans le Midi languedocien offrir
2763
u Zoroastre). De plus il est permis de penser que
les
survivances celtiques dans le Midi languedocien offrirent à certaines
2764
rmis de penser que les survivances celtiques dans
le
Midi languedocien offrirent à certaines sectes manichéennes un terrai
2765
ichéennes un terrain spécialement favorable. Pour
les
développements qui suivront, deux faits surtout doivent être retenus
2766
ont, deux faits surtout doivent être retenus : 1°
Le
dogme fondamental de toutes les sectes manichéennes, c’est la nature
2767
ut doivent être retenus : 1° Le dogme fondamental
de
toutes les sectes manichéennes, c’est la nature divine ou angélique d
2768
être retenus : 1° Le dogme fondamental de toutes
les
sectes manichéennes, c’est la nature divine ou angélique de l’âme, pr
2769
damental de toutes les sectes manichéennes, c’est
la
nature divine ou angélique de l’âme, prisonnière des formes créées et
2770
manichéennes, c’est la nature divine ou angélique
de
l’âme, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Is
2771
ichéennes, c’est la nature divine ou angélique de
l’
âme, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Issu
2772
élique de l’âme, prisonnière des formes créées et
de
la nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en e
2773
que de l’âme, prisonnière des formes créées et de
la
nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil
2774
’âme, prisonnière des formes créées et de la nuit
de
la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil et sépa
2775
e, prisonnière des formes créées et de la nuit de
la
matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil et séparé
2776
formes créées et de la nuit de la matière. Issu
de
la lumière et des dieux Me voici en exil et séparé d’eux. Je suis un
2777
rmes créées et de la nuit de la matière. Issu de
la
lumière et des dieux Me voici en exil et séparé d’eux. Je suis un di
2778
a lumière et des dieux Me voici en exil et séparé
d’
eux. Je suis un dieu, et né des dieux Mais maintenant réduit à souffr
2779
ais maintenant réduit à souffrir. Ainsi lamente
le
Moi spirituel d’un disciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin d
2780
duit à souffrir. Ainsi lamente le Moi spirituel
d’
un disciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan d
2781
Moi spirituel d’un disciple du sauveur Mani, dans
l’
hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sa
2782
disciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin
de
l’Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une p
2783
sciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin de
l’
Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part
2784
du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme.
L’
élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « r
2785
eur Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan
de
l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminisc
2786
Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan de
l’
âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminiscenc
2787
l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’âme vers
la
Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminiscence du Beau »
2788
vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part
la
« réminiscence du Beau » dont parlent les dialogues platoniciens, et
2789
une part la « réminiscence du Beau » dont parlent
les
dialogues platoniciens, et d’autre part la nostalgie du héros celte r
2790
rlent les dialogues platoniciens, et d’autre part
la
nostalgie du héros celte revenu du Ciel sur la terre, et qui se souvi
2791
rt la nostalgie du héros celte revenu du Ciel sur
la
terre, et qui se souvient de l’île des immortels. Mais cet élan est s
2792
e revenu du Ciel sur la terre, et qui se souvient
de
l’île des immortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par la jalo
2793
evenu du Ciel sur la terre, et qui se souvient de
l’
île des immortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par la jalousi
2794
mortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par
la
jalousie de Vénus (Dîbat dans le premier hymne cité) qui veut retenir
2795
s cet élan est sans cesse entravé par la jalousie
de
Vénus (Dîbat dans le premier hymne cité) qui veut retenir dans la som
2796
dans le premier hymne cité) qui veut retenir dans
la
sombre matière l’amant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat
2797
mne cité) qui veut retenir dans la sombre matière
l’
amant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel
2798
tière l’amant en proie au lumineux Désir. Tel est
le
combat de l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fond
2799
ant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat
de
l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale d
2800
en proie au lumineux Désir. Tel est le combat de
l’
amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des
2801
eux Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel et
de
l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des anges déchus dans
2802
Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel et de
l’
Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des anges déchus dans des
2803
at de l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime
l’
angoisse fondamentale des anges déchus dans des corps trop humains… 2.
2804
. Il est très important et significatif pour nous
de
remarquer à la suite d’un travail récent22 que la structure de la foi
2805
mportant et significatif pour nous de remarquer à
la
suite d’un travail récent22 que la structure de la foi manichéenne «
2806
et significatif pour nous de remarquer à la suite
d’
un travail récent22 que la structure de la foi manichéenne « est essen
2807
de remarquer à la suite d’un travail récent22 que
la
structure de la foi manichéenne « est essentiellement lyrique ». Autr
2808
à la suite d’un travail récent22 que la structure
de
la foi manichéenne « est essentiellement lyrique ». Autrement dit, qu
2809
a suite d’un travail récent22 que la structure de
la
foi manichéenne « est essentiellement lyrique ». Autrement dit, qu’il
2810
sentiellement lyrique ». Autrement dit, qu’il est
de
la nature profonde de cette foi de se refuser à toute exposition rati
2811
tiellement lyrique ». Autrement dit, qu’il est de
la
nature profonde de cette foi de se refuser à toute exposition rationa
2812
». Autrement dit, qu’il est de la nature profonde
de
cette foi de se refuser à toute exposition rationaliste, impersonnell
2813
dit, qu’il est de la nature profonde de cette foi
de
se refuser à toute exposition rationaliste, impersonnelle et « object
2814
is angoissée et enthousiasmante (au sens littéral
de
ce terme), d’ordre essentiellement poétique. « La « vérité » de la co
2815
t enthousiasmante (au sens littéral de ce terme),
d’
ordre essentiellement poétique. « La « vérité » de la cosmogonie et de
2816
de ce terme), d’ordre essentiellement poétique. «
La
« vérité » de la cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se cons
2817
d’ordre essentiellement poétique. « La « vérité »
de
la cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans
2818
rdre essentiellement poétique. « La « vérité » de
la
cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la
2819
ent poétique. « La « vérité » de la cosmogonie et
de
la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la certitude attest
2820
poétique. « La « vérité » de la cosmogonie et de
la
théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la certitude attestée
2821
la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans
la
certitude attestée par le récitatif du psaume ». Et l’on songe au sec
2822
e se constitue que dans la certitude attestée par
le
récitatif du psaume ». Et l’on songe au secret de Tristan, qu’il ne p
2823
rtitude attestée par le récitatif du psaume ». Et
l’
on songe au secret de Tristan, qu’il ne peut « dire » mais seulement c
2824
le récitatif du psaume ». Et l’on songe au secret
de
Tristan, qu’il ne peut « dire » mais seulement chanter… ⁂ Toute conce
2825
onception dualiste, disons manichéenne, voit dans
la
vie le malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de l
2826
on dualiste, disons manichéenne, voit dans la vie
le
malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de la faute
2827
éenne, voit dans la vie le malheur même ; et dans
la
mort le bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégrati
2828
oit dans la vie le malheur même ; et dans la mort
le
bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégration dans
2829
e malheur même ; et dans la mort le bien dernier,
le
rachat de la faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la l
2830
même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat
de
la faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse i
2831
e ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de
la
faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indi
2832
ns la mort le bien dernier, le rachat de la faute
d’
être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indistinction
2833
le bien dernier, le rachat de la faute d’être né,
la
réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indistinction. Dès ici-b
2834
ute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans
la
lumineuse indistinction. Dès ici-bas, par une ascension graduelle, pa
2835
on. Dès ici-bas, par une ascension graduelle, par
la
mort progressive et volontaire de l’ascèse, nous pouvons accéder à la
2836
graduelle, par la mort progressive et volontaire
de
l’ascèse, nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’esprit,
2837
aduelle, par la mort progressive et volontaire de
l’
ascèse, nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’esprit, so
2838
et volontaire de l’ascèse, nous pouvons accéder à
la
Lumière. Mais la fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la v
2839
l’ascèse, nous pouvons accéder à la Lumière. Mais
la
fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie, c’est la mort
2840
e, nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin
de
l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie, c’est la mort. Éros,
2841
nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de
l’
esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie, c’est la mort. Éros, no
2842
re. Mais la fin de l’esprit, son but, c’est aussi
la
fin de la vie, c’est la mort. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos
2843
s la fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin
de
la vie, c’est la mort. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos désirs
2844
a fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de
la
vie, c’est la mort. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos désirs qu
2845
rit, son but, c’est aussi la fin de la vie, c’est
la
mort. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos désirs que pour les sac
2846
notre Désir suprême, n’exalte nos désirs que pour
les
sacrifier. L’accomplissement de l’Amour nie tout amour terrestre. Et
2847
rême, n’exalte nos désirs que pour les sacrifier.
L’
accomplissement de l’Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur ni
2848
désirs que pour les sacrifier. L’accomplissement
de
l’Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur nie tout bonheur ter
2849
sirs que pour les sacrifier. L’accomplissement de
l’
Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur nie tout bonheur terres
2850
tout bonheur terrestre. Considéré du point de vue
de
la vie, un tel Amour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le
2851
t bonheur terrestre. Considéré du point de vue de
la
vie, un tel Amour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le gra
2852
mour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est
le
grand fond du paganisme oriental-occidental sur lequel se détache not
2853
ccidental sur lequel se détache notre mythe. Mais
d’
où vient qu’il s’en soit « détaché », justement ? Quelle menace, quell
2854
? Quelle menace, quelle interdiction a contraint
la
doctrine à se voiler, à ne plus s’avouer que par symboles trompeurs,
2855
boles trompeurs, — à ne plus nous séduire que par
le
charme et la secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou l’amour c
2856
rs, — à ne plus nous séduire que par le charme et
la
secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Pr
2857
duire que par le charme et la secrète incantation
d’
un mythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de
2858
la secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou
l’
amour chrétien Prologue de l’Évangile de Jean : Au commencement é
2859
ythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue
de
l’Évangile de Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole
2860
e ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de
l’
Évangile de Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole éta
2861
apè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile
de
Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Die
2862
ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de
Jean
: Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et
2863
e de l’Évangile de Jean : Au commencement était
la
Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu… En ell
2864
e de Jean : Au commencement était la Parole, et
la
Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu… En elle était la vie
2865
était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et
la
Parole était Dieu… En elle était la vie, et la vie était la lumière d
2866
avec Dieu, et la Parole était Dieu… En elle était
la
vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les
2867
et la Parole était Dieu… En elle était la vie, et
la
vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, e
2868
était Dieu… En elle était la vie, et la vie était
la
lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbre
2869
it la vie, et la vie était la lumière des hommes.
La
lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue. (
2870
était la lumière des hommes. La lumière luit dans
les
ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encor
2871
des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et
les
ténèbres ne l’ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encore le dualisme éte
2872
umière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne
l’
ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encore le dualisme éternel, sans rémi
2873
bres ne l’ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encore
le
dualisme éternel, sans rémission, l’irrévocable hostilité de la Nuit
2874
st-ce encore le dualisme éternel, sans rémission,
l’
irrévocable hostilité de la Nuit terrestre et du Jour transcendant ? N
2875
éternel, sans rémission, l’irrévocable hostilité
de
la Nuit terrestre et du Jour transcendant ? Non, car voici la suite d
2876
ernel, sans rémission, l’irrévocable hostilité de
la
Nuit terrestre et du Jour transcendant ? Non, car voici la suite du p
2877
errestre et du Jour transcendant ? Non, car voici
la
suite du passage : Et la Parole a été faite chair, et elle a habité
2878
ndant ? Non, car voici la suite du passage : Et
la
Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâc
2879
faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine
de
grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire co
2880
, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et
de
vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloir
2881
nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme
la
gloire du Fils unique venu du Père (I, 14-15). L’incarnation de la P
2882
a gloire du Fils unique venu du Père (I, 14-15).
L’
incarnation de la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbr
2883
ls unique venu du Père (I, 14-15). L’incarnation
de
la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est
2884
unique venu du Père (I, 14-15). L’incarnation de
la
Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’é
2885
Père (I, 14-15). L’incarnation de la Parole dans
le
monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï
2886
-15). L’incarnation de la Parole dans le monde —
de
la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous dé
2887
). L’incarnation de la Parole dans le monde — de
la
Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous déliv
2888
n de la Parole dans le monde — de la Lumière dans
les
Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous délivre du malheur de
2889
onde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est
l’
événement inouï qui nous délivre du malheur de vivre. Tel est le centr
2890
est l’événement inouï qui nous délivre du malheur
de
vivre. Tel est le centre de tout le christianisme, et le foyer de l’a
2891
ouï qui nous délivre du malheur de vivre. Tel est
le
centre de tout le christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que
2892
us délivre du malheur de vivre. Tel est le centre
de
tout le christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que l’Écriture
2893
re du malheur de vivre. Tel est le centre de tout
le
christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que l’Écriture nomme A
2894
e. Tel est le centre de tout le christianisme, et
le
foyer de l’amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans
2895
t le centre de tout le christianisme, et le foyer
de
l’amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent
2896
e centre de tout le christianisme, et le foyer de
l’
amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent, e
2897
hristianisme, et le foyer de l’amour chrétien que
l’
Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent, et « naturellement » i
2898
s précédent, et « naturellement » incroyable. Car
le
fait de l’Incarnation est la négation radicale de toute espèce de rel
2899
ent, et « naturellement » incroyable. Car le fait
de
l’Incarnation est la négation radicale de toute espèce de religion. I
2900
, et « naturellement » incroyable. Car le fait de
l’
Incarnation est la négation radicale de toute espèce de religion. Il e
2901
nt » incroyable. Car le fait de l’Incarnation est
la
négation radicale de toute espèce de religion. Il est le suprême scan
2902
le fait de l’Incarnation est la négation radicale
de
toute espèce de religion. Il est le suprême scandale, non seulement p
2903
arnation est la négation radicale de toute espèce
de
religion. Il est le suprême scandale, non seulement pour notre raison
2904
tion radicale de toute espèce de religion. Il est
le
suprême scandale, non seulement pour notre raison qui n’admet point c
2905
ison qui n’admet point cette impensable confusion
de
l’infini et du fini, mais surtout pour l’esprit religieux naturel. To
2906
n qui n’admet point cette impensable confusion de
l’
infini et du fini, mais surtout pour l’esprit religieux naturel. Toute
2907
nfusion de l’infini et du fini, mais surtout pour
l’
esprit religieux naturel. Toutes les religions connues tendent à subli
2908
s surtout pour l’esprit religieux naturel. Toutes
les
religions connues tendent à sublimer l’homme, et aboutissent à condam
2909
. Toutes les religions connues tendent à sublimer
l’
homme, et aboutissent à condamner sa vie « finie ». Le dieu Éros exalt
2910
mme, et aboutissent à condamner sa vie « finie ».
Le
dieu Éros exalte et sublime nos désirs, les rassemblant dans un Désir
2911
nie ». Le dieu Éros exalte et sublime nos désirs,
les
rassemblant dans un Désir unique, qui aboutit à les nier. Le but fina
2912
s rassemblant dans un Désir unique, qui aboutit à
les
nier. Le but final de cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du
2913
ant dans un Désir unique, qui aboutit à les nier.
Le
but final de cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps. L
2914
ésir unique, qui aboutit à les nier. Le but final
de
cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps. La Nuit et le
2915
es nier. Le but final de cette dialectique, c’est
la
non-vie, la mort du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’
2916
but final de cette dialectique, c’est la non-vie,
la
mort du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’homme créé q
2917
dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps.
La
Nuit et le Jour étant incompatibles, l’homme créé qui appartient à la
2918
e, c’est la non-vie, la mort du corps. La Nuit et
le
Jour étant incompatibles, l’homme créé qui appartient à la Nuit, ne p
2919
du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles,
l’
homme créé qui appartient à la Nuit, ne peut trouver de salut qu’en ce
2920
tant incompatibles, l’homme créé qui appartient à
la
Nuit, ne peut trouver de salut qu’en cessant d’être, en se « perdant
2921
me créé qui appartient à la Nuit, ne peut trouver
de
salut qu’en cessant d’être, en se « perdant » au sein de la divinité.
2922
à la Nuit, ne peut trouver de salut qu’en cessant
d’
être, en se « perdant » au sein de la divinité. Mais le christianisme,
2923
u’en cessant d’être, en se « perdant » au sein de
la
divinité. Mais le christianisme, par son dogme de l’incarnation du Ch
2924
e, en se « perdant » au sein de la divinité. Mais
le
christianisme, par son dogme de l’incarnation du Christ dans Jésus, r
2925
la divinité. Mais le christianisme, par son dogme
de
l’incarnation du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique de fon
2926
divinité. Mais le christianisme, par son dogme de
l’
incarnation du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique de fond e
2927
du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique
de
fond en comble. Au lieu que la mort soit le terme dernier, elle devie
2928
cette dialectique de fond en comble. Au lieu que
la
mort soit le terme dernier, elle devient la première condition. Ce qu
2929
tique de fond en comble. Au lieu que la mort soit
le
terme dernier, elle devient la première condition. Ce que l’Évangile
2930
rnier, elle devient la première condition. Ce que
l’
Évangile appelle « mort à soi-même », c’est le début d’une vie nouvell
2931
que l’Évangile appelle « mort à soi-même », c’est
le
début d’une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esp
2932
ngile appelle « mort à soi-même », c’est le début
d’
une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esprit hors
2933
but d’une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas
la
fuite de l’esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du
2934
vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite
de
l’esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du monde ! U
2935
e nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de
l’
esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du monde ! Une
2936
nde ! Une recréation immédiate. Une réaffirmation
de
la vie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéal
2937
! Une recréation immédiate. Une réaffirmation de
la
vie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale,
2938
iate. Une réaffirmation de la vie, non pas certes
de
la vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente
2939
e. Une réaffirmation de la vie, non pas certes de
la
vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente qu
2940
ie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas
de
la vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu —
2941
non pas certes de la vie ancienne, et non pas de
la
vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le
2942
a vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais
de
la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est f
2943
ie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de
la
vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait
2944
pas de la vie idéale, mais de la vie présente que
l’
Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homm
2945
de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu —
le
vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme. En la personne de Jésus-
2946
e vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme. En
la
personne de Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu » la lumiè
2947
— s’est fait homme, et vrai homme. En la personne
de
Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu » la lumière. Et tout
2948
e, et vrai homme. En la personne de Jésus-Christ,
les
ténèbres vraiment ont « reçu » la lumière. Et tout homme né de femme
2949
Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu »
la
lumière. Et tout homme né de femme qui croit cela, renaît de l’esprit
2950
raiment ont « reçu » la lumière. Et tout homme né
de
femme qui croit cela, renaît de l’esprit dès maintenant : mort à soi-
2951
Et tout homme né de femme qui croit cela, renaît
de
l’esprit dès maintenant : mort à soi-même et mort au monde en tant qu
2952
tout homme né de femme qui croit cela, renaît de
l’
esprit dès maintenant : mort à soi-même et mort au monde en tant que l
2953
nt : mort à soi-même et mort au monde en tant que
le
moi et le monde sont pécheurs, mais rendu à soi-même et au monde en t
2954
à soi-même et mort au monde en tant que le moi et
le
monde sont pécheurs, mais rendu à soi-même et au monde en tant que l’
2955
rs, mais rendu à soi-même et au monde en tant que
l’
Esprit veut les sauver. Désormais, l’amour n’est plus fuite et perpétu
2956
à soi-même et au monde en tant que l’Esprit veut
les
sauver. Désormais, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus de l’a
2957
en tant que l’Esprit veut les sauver. Désormais,
l’
amour n’est plus fuite et perpétuel refus de l’acte. Il commence au-de
2958
mais, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus
de
l’acte. Il commence au-delà de la mort, mais il se retourne vers la v
2959
s, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus de
l’
acte. Il commence au-delà de la mort, mais il se retourne vers la vie.
2960
et perpétuel refus de l’acte. Il commence au-delà
de
la mort, mais il se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’am
2961
perpétuel refus de l’acte. Il commence au-delà de
la
mort, mais il se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’amour
2962
ence au-delà de la mort, mais il se retourne vers
la
vie. Et cette conversion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour
2963
s il se retourne vers la vie. Et cette conversion
de
l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros, la créature n’était
2964
l se retourne vers la vie. Et cette conversion de
l’
amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros, la créature n’était qu
2965
e. Et cette conversion de l’amour fait apparaître
le
prochain. Pour l’Éros, la créature n’était qu’un prétexte illusoire,
2966
sion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour
l’
Éros, la créature n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion de s’
2967
l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros,
la
créature n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion de s’enflamme
2968
re n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion
de
s’enflammer ; et il fallait aussitôt s’en déprendre, puisque le but é
2969
; et il fallait aussitôt s’en déprendre, puisque
le
but était de brûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir ! L’êt
2970
ait aussitôt s’en déprendre, puisque le but était
de
brûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir ! L’être particulie
2971
re, puisque le but était de brûler toujours plus,
de
brûler jusqu’à en mourir ! L’être particulier n’était guère qu’un déf
2972
ûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir !
L’
être particulier n’était guère qu’un défaut et un obscurcissement de l
2973
n’était guère qu’un défaut et un obscurcissement
de
l’Être unique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n
2974
était guère qu’un défaut et un obscurcissement de
l’
Être unique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n’ét
2975
t et un obscurcissement de l’Être unique. Comment
l’
aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà, l’homme
2976
ique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ?
Le
salut n’étant qu’au-delà, l’homme religieux se détournait des créatur
2977
t, tel qu’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà,
l’
homme religieux se détournait des créatures ignorées par son dieu. Mai
2978
notre forme et nos limitations. Il a été jusqu’à
les
revêtir. Et revêtant la condition de l’homme pécheur et séparé, mais
2979
ations. Il a été jusqu’à les revêtir. Et revêtant
la
condition de l’homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se d
2980
été jusqu’à les revêtir. Et revêtant la condition
de
l’homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amo
2981
jusqu’à les revêtir. Et revêtant la condition de
l’
homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amour
2982
r et séparé, mais sans pécher et sans se diviser,
l’
Amour de Dieu nous a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de
2983
aré, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amour
de
Dieu nous a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de la sanct
2984
s a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle
de
la sanctification. Le contraire de la sublimation, qui n’était que fu
2985
ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de
la
sanctification. Le contraire de la sublimation, qui n’était que fuite
2986
dicalement nouvelle : celle de la sanctification.
Le
contraire de la sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà
2987
uvelle : celle de la sanctification. Le contraire
de
la sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà du concret de
2988
lle : celle de la sanctification. Le contraire de
la
sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà du concret de la
2989
ui n’était que fuite illusoire au-delà du concret
de
la vie. Aimer devient alors une action positive, une action de transf
2990
n’était que fuite illusoire au-delà du concret de
la
vie. Aimer devient alors une action positive, une action de transform
2991
mer devient alors une action positive, une action
de
transformation. Éros cherchait le dépassement à l’infini. L’amour chr
2992
ive, une action de transformation. Éros cherchait
le
dépassement à l’infini. L’amour chrétien est obéissance dans le prése
2993
e transformation. Éros cherchait le dépassement à
l’
infini. L’amour chrétien est obéissance dans le présent. Car aimer Die
2994
mation. Éros cherchait le dépassement à l’infini.
L’
amour chrétien est obéissance dans le présent. Car aimer Dieu, c’est o
2995
à l’infini. L’amour chrétien est obéissance dans
le
présent. Car aimer Dieu, c’est obéir à Dieu qui nous ordonne de nous
2996
r aimer Dieu, c’est obéir à Dieu qui nous ordonne
de
nous aimer les uns les autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’e
2997
c’est obéir à Dieu qui nous ordonne de nous aimer
les
uns les autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de
2998
éir à Dieu qui nous ordonne de nous aimer les uns
les
autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de l’égoïs
2999
autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est
l’
abandon de l’égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de
3000
ue signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon
de
l’égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme i
3001
signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de
l’
égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme isol
3002
os ennemis ? C’est l’abandon de l’égoïsme, du moi
de
désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est auss
3003
C’est l’abandon de l’égoïsme, du moi de désir et
d’
angoisse, c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est aussi la naissan
3004
me, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort
de
l’homme isolé, mais c’est aussi la naissance du prochain. À ceux qui
3005
du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de
l’
homme isolé, mais c’est aussi la naissance du prochain. À ceux qui lui
3006
c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est aussi
la
naissance du prochain. À ceux qui lui demandaient ironiquement : Qui
3007
ent : Qui est mon prochain ? Jésus répond : c’est
l’
homme qui a besoin de vous. Tous les rapports humains, dès cet instant
3008
chain ? Jésus répond : c’est l’homme qui a besoin
de
vous. Tous les rapports humains, dès cet instant, changent de sens. L
3009
répond : c’est l’homme qui a besoin de vous. Tous
les
rapports humains, dès cet instant, changent de sens. Le nouveau symbo
3010
s les rapports humains, dès cet instant, changent
de
sens. Le nouveau symbole de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie
3011
ports humains, dès cet instant, changent de sens.
Le
nouveau symbole de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’âme
3012
cet instant, changent de sens. Le nouveau symbole
de
l’Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’âme en quête de lumièr
3013
instant, changent de sens. Le nouveau symbole de
l’
Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’âme en quête de lumière,
3014
ens. Le nouveau symbole de l’Amour, ce n’est plus
la
passion infinie de l’âme en quête de lumière, mais c’est le mariage d
3015
bole de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie
de
l’âme en quête de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Ég
3016
e de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie de
l’
âme en quête de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Églis
3017
e n’est plus la passion infinie de l’âme en quête
de
lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Église. L’amour huma
3018
infinie de l’âme en quête de lumière, mais c’est
le
mariage du Christ et de l’Église. L’amour humain lui-même s’en trouve
3019
te de lumière, mais c’est le mariage du Christ et
de
l’Église. L’amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que
3020
de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de
l’
Église. L’amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que les
3021
, mais c’est le mariage du Christ et de l’Église.
L’
amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que les mystiques
3022
umain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que
les
mystiques païennes le sublimaient jusqu’à en faire un dieu, et en mêm
3023
uve transformé. Tandis que les mystiques païennes
le
sublimaient jusqu’à en faire un dieu, et en même temps le vouaient à
3024
maient jusqu’à en faire un dieu, et en même temps
le
vouaient à la mort, le christianisme le replace dans son ordre, et là
3025
en faire un dieu, et en même temps le vouaient à
la
mort, le christianisme le replace dans son ordre, et là, le sanctifie
3026
un dieu, et en même temps le vouaient à la mort,
le
christianisme le replace dans son ordre, et là, le sanctifie par le m
3027
ême temps le vouaient à la mort, le christianisme
le
replace dans son ordre, et là, le sanctifie par le mariage. Un tel am
3028
e christianisme le replace dans son ordre, et là,
le
sanctifie par le mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de l’am
3029
e replace dans son ordre, et là, le sanctifie par
le
mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de l’amour du Christ pou
3030
tifie par le mariage. Un tel amour, étant conçu à
l’
image de l’amour du Christ pour son Église (Éph., 5,25), peut être vra
3031
r le mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image
de
l’amour du Christ pour son Église (Éph., 5,25), peut être vraiment ré
3032
e mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de
l’
amour du Christ pour son Église (Éph., 5,25), peut être vraiment récip
3033
r il aime l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer
l’
idée de l’amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux
3034
me l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer l’idée
de
l’amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se mar
3035
l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer l’idée de
l’
amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se marier
3036
élicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se marier que
de
brûler », écrit saint Paul aux Corinthiens.) De plus, c’est un amour
3037
thiens.) De plus, c’est un amour heureux — malgré
les
entraves du péché — puisqu’il connaît dès ici-bas, dans l’obéissance,
3038
es du péché — puisqu’il connaît dès ici-bas, dans
l’
obéissance, la plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la
3039
puisqu’il connaît dès ici-bas, dans l’obéissance,
la
plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à
3040
naît dès ici-bas, dans l’obéissance, la plénitude
de
son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à son extrême
3041
, dans l’obéissance, la plénitude de son ordre. ⁂
Le
dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à son extrême logique, aboutis
3042
plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et
de
la Nuit, poussé à son extrême logique, aboutissait, du point de vue d
3043
énitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de
la
Nuit, poussé à son extrême logique, aboutissait, du point de vue de l
3044
son extrême logique, aboutissait, du point de vue
de
la vie, au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un
3045
extrême logique, aboutissait, du point de vue de
la
vie, au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un ma
3046
oint de vue de la vie, au malheur absolu, qui est
la
mort. Le christianisme n’est un malheur mortel que pour l’homme sépar
3047
ue de la vie, au malheur absolu, qui est la mort.
Le
christianisme n’est un malheur mortel que pour l’homme séparé de Dieu
3048
Le christianisme n’est un malheur mortel que pour
l’
homme séparé de Dieu, mais un malheur recréateur et bienheureux dès ce
3049
e n’est un malheur mortel que pour l’homme séparé
de
Dieu, mais un malheur recréateur et bienheureux dès cette vie pour le
3050
heur recréateur et bienheureux dès cette vie pour
le
croyant que « saisit le salut ». 4.Orient et Occident Est-il po
3051
eureux dès cette vie pour le croyant que « saisit
le
salut ». 4.Orient et Occident Est-il possible de définir l’Orie
3052
lut ». 4.Orient et Occident Est-il possible
de
définir l’Orient et l’Occident en dehors de la géographie ? En présen
3053
.Orient et Occident Est-il possible de définir
l’
Orient et l’Occident en dehors de la géographie ? En présence d’un pro
3054
ccident Est-il possible de définir l’Orient et
l’
Occident en dehors de la géographie ? En présence d’un problème aussi
3055
le de définir l’Orient et l’Occident en dehors de
la
géographie ? En présence d’un problème aussi complexe, et en l’absenc
3056
? En présence d’un problème aussi complexe, et en
l’
absence de toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivai
3057
nce d’un problème aussi complexe, et en l’absence
de
toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivain que de s
3058
n l’absence de toute réponse satisfaisante, c’est
l’
honnêteté d’un écrivain que de se borner à déclarer son parti pris. Ce
3059
de toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté
d’
un écrivain que de se borner à déclarer son parti pris. Ce que j’appel
3060
atisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivain que
de
se borner à déclarer son parti pris. Ce que j’appelle Orient, dans ce
3061
elle Orient, dans cet ouvrage, c’est une tendance
de
l’esprit humain qui a trouvé du côté de l’Asie ses plus hautes et pur
3062
e Orient, dans cet ouvrage, c’est une tendance de
l’
esprit humain qui a trouvé du côté de l’Asie ses plus hautes et pures
3063
ndance de l’esprit humain qui a trouvé du côté de
l’
Asie ses plus hautes et pures expressions. J’entends parler d’une form
3064
lus hautes et pures expressions. J’entends parler
d’
une forme de mystique à la fois dualiste dans sa vision du monde, et m
3065
t pures expressions. J’entends parler d’une forme
de
mystique à la fois dualiste dans sa vision du monde, et moniste dans
3066
et moniste dans son accomplissement. À quoi tend
l’
ascèse « orientale » ? À la négation du divers, à l’absorption de tous
3067
lissement. À quoi tend l’ascèse « orientale » ? À
la
négation du divers, à l’absorption de tous en Un, à la fusion totale
3068
ascèse « orientale » ? À la négation du divers, à
l’
absorption de tous en Un, à la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y
3069
ntale » ? À la négation du divers, à l’absorption
de
tous en Un, à la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas de die
3070
gation du divers, à l’absorption de tous en Un, à
la
fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans le
3071
absorption de tous en Un, à la fusion totale avec
le
dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans le bouddhisme, avec l’Êtr
3072
la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas
de
dieu, comme dans le bouddhisme, avec l’Être-Un universel. Et j’appel
3073
ec le dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans
le
bouddhisme, avec l’Être-Un universel. Et j’appellerai « occidentale
3074
n’y a pas de dieu, comme dans le bouddhisme, avec
l’
Être-Un universel. Et j’appellerai « occidentale » une conception rel
3075
qu’en Occident : celle qui pose qu’entre Dieu et
l’
homme, il existe un abîme essentiel, ou comme le dira Kierkegaard « un
3076
t l’homme, il existe un abîme essentiel, ou comme
le
dira Kierkegaard « une différence qualitative infinie ». Donc point d
3077
une différence qualitative infinie ». Donc point
de
fusion possible, ni d’union substantielle. Mais seulement une communi
3078
tive infinie ». Donc point de fusion possible, ni
d’
union substantielle. Mais seulement une communion, dont le modèle est
3079
substantielle. Mais seulement une communion, dont
le
modèle est dans le mariage de l’Église et de son Seigneur. Ces deux e
3080
seulement une communion, dont le modèle est dans
le
mariage de l’Église et de son Seigneur. Ces deux extrêmes ainsi marqu
3081
une communion, dont le modèle est dans le mariage
de
l’Église et de son Seigneur. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’
3082
communion, dont le modèle est dans le mariage de
l’
Église et de son Seigneur. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aur
3083
dont le modèle est dans le mariage de l’Église et
de
son Seigneur. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas de pei
3084
de son Seigneur. Ces deux extrêmes ainsi marqués,
l’
on n’aura pas de peine à démontrer qu’il existe en Orient de nombreuse
3085
Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas
de
peine à démontrer qu’il existe en Orient de nombreuses tendances occi
3086
a pas de peine à démontrer qu’il existe en Orient
de
nombreuses tendances occidentales ; et l’inverse. (Mais je ne fais pa
3087
Orient de nombreuses tendances occidentales ; et
l’
inverse. (Mais je ne fais pas ici une histoire des religions.) ⁂ Maint
3088
gions.) ⁂ Maintenant, rappelons-nous qu’Éros veut
l’
union, c’est-à-dire la fusion essentielle de l’individu dans le dieu.
3089
rappelons-nous qu’Éros veut l’union, c’est-à-dire
la
fusion essentielle de l’individu dans le dieu. L’individu distinct —
3090
veut l’union, c’est-à-dire la fusion essentielle
de
l’individu dans le dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureu
3091
ut l’union, c’est-à-dire la fusion essentielle de
l’
individu dans le dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureuse
3092
t-à-dire la fusion essentielle de l’individu dans
le
dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureuse — doit s’élever
3093
la fusion essentielle de l’individu dans le dieu.
L’
individu distinct — cette erreur douloureuse — doit s’élever jusqu’à s
3094
ouloureuse — doit s’élever jusqu’à se perdre dans
la
divine perfection. Que l’homme se n’attache pas aux créatures, puisqu
3095
jusqu’à se perdre dans la divine perfection. Que
l’
homme se n’attache pas aux créatures, puisqu’elles n’ont aucune excell
3096
ticulières, elles ne représentent que des défauts
de
l’Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de l’Amo
3097
ulières, elles ne représentent que des défauts de
l’
Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de l’Amour
3098
ue des défauts de l’Être. Nous n’avons donc point
de
prochain. Et l’exaltation de l’Amour sera en même temps son ascèse, l
3099
e l’Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et
l’
exaltation de l’Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène
3100
s n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation
de
l’Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la
3101
’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de
l’
Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la vi
3102
ltation de l’Amour sera en même temps son ascèse,
la
voie qui mène au-delà de la vie. Agapè au contraire ne cherche pas l
3103
n même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà
de
la vie. Agapè au contraire ne cherche pas l’union qui s’opérerait au
3104
ême temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de
la
vie. Agapè au contraire ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-de
3105
elà de la vie. Agapè au contraire ne cherche pas
l’
union qui s’opérerait au-delà de la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu
3106
re ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà
de
la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort
3107
ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà de
la
vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort se
3108
à de la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur
la
terre. » Et ton sort se joue ici-bas. Le péché n’est pas d’être né, m
3109
u es sur la terre. » Et ton sort se joue ici-bas.
Le
péché n’est pas d’être né, mais d’avoir perdu Dieu en devenant autono
3110
» Et ton sort se joue ici-bas. Le péché n’est pas
d’
être né, mais d’avoir perdu Dieu en devenant autonome. Or, nous ne tro
3111
joue ici-bas. Le péché n’est pas d’être né, mais
d’
avoir perdu Dieu en devenant autonome. Or, nous ne trouverons pas Dieu
3112
e trouverons pas Dieu par une élévation indéfinie
de
notre désir. Nous aurons beau sublimer notre Éros, il ne sera jamais
3113
re Éros, il ne sera jamais que nous-mêmes ! Point
d’
illusions ni d’optimisme humain, dans le christianisme orthodoxe. Mais
3114
sera jamais que nous-mêmes ! Point d’illusions ni
d’
optimisme humain, dans le christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est l
3115
s ! Point d’illusions ni d’optimisme humain, dans
le
christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est le désespoir ? Ce serait l
3116
ans le christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est
le
désespoir ? Ce serait le désespoir, s’il n’y avait pas la Bonne Nouve
3117
odoxe. Mais alors, c’est le désespoir ? Ce serait
le
désespoir, s’il n’y avait pas la Bonne Nouvelle ; et cette nouvelle,
3118
poir ? Ce serait le désespoir, s’il n’y avait pas
la
Bonne Nouvelle ; et cette nouvelle, c’est que Dieu nous cherche. Et i
3119
béissant. Dieu nous cherche et nous a trouvés par
l’
amour de son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est le signe his
3120
. Dieu nous cherche et nous a trouvés par l’amour
de
son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est le signe historique
3121
vés par l’amour de son Fils abaissé jusqu’à nous.
L’
Incarnation est le signe historique d’une création renouvelée, où le c
3122
son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est
le
signe historique d’une création renouvelée, où le croyant se trouve r
3123
squ’à nous. L’Incarnation est le signe historique
d’
une création renouvelée, où le croyant se trouve réintégré par l’acte
3124
le signe historique d’une création renouvelée, où
le
croyant se trouve réintégré par l’acte même de sa foi. Désormais, par
3125
renouvelée, où le croyant se trouve réintégré par
l’
acte même de sa foi. Désormais, pardonné et sanctifié, c’est-à-dire ré
3126
où le croyant se trouve réintégré par l’acte même
de
sa foi. Désormais, pardonné et sanctifié, c’est-à-dire réconcilié, l’
3127
, pardonné et sanctifié, c’est-à-dire réconcilié,
l’
homme reste un homme (n’est pas divinisé) mais un homme qui ne vit plu
3128
homme qui ne vit plus pour lui seul. « Tu aimeras
le
Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même. » C’est ainsi dans
3129
t ton prochain comme toi-même. » C’est ainsi dans
l’
amour du prochain que le chrétien se réalise et s’aime lui-même en vér
3130
-même. » C’est ainsi dans l’amour du prochain que
le
chrétien se réalise et s’aime lui-même en vérité. Pour l’Agapè, point
3131
ien se réalise et s’aime lui-même en vérité. Pour
l’
Agapè, point de fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amou
3132
et s’aime lui-même en vérité. Pour l’Agapè, point
de
fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’o
3133
-même en vérité. Pour l’Agapè, point de fusion ni
d’
exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’origine d’une
3134
e fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu.
L’
Amour divin est l’origine d’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’a
3135
tée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est
l’
origine d’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle la communio
3136
ution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’origine
d’
une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle la communion. Et pour
3137
mour divin est l’origine d’une vie nouvelle, dont
l’
acte créateur s’appelle la communion. Et pour qu’il y ait une communio
3138
’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle
la
communion. Et pour qu’il y ait une communion réelle, il faut bien qu’
3139
présents l’un à l’autre : donc l’un pour l’autre
le
prochain. Si l’Agapè reconnaît seule le prochain, et l’aime non plus
3140
l’autre : donc l’un pour l’autre le prochain. Si
l’
Agapè reconnaît seule le prochain, et l’aime non plus comme un prétext
3141
r l’autre le prochain. Si l’Agapè reconnaît seule
le
prochain, et l’aime non plus comme un prétexte à s’exalter, mais tel
3142
chain. Si l’Agapè reconnaît seule le prochain, et
l’
aime non plus comme un prétexte à s’exalter, mais tel qu’il est dans l
3143
un prétexte à s’exalter, mais tel qu’il est dans
la
réalité de sa détresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas de
3144
e à s’exalter, mais tel qu’il est dans la réalité
de
sa détresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas de prochain, —
3145
s tel qu’il est dans la réalité de sa détresse et
de
son espérance ; et si l’Éros n’a pas de prochain, — n’est-on pas en d
3146
éalité de sa détresse et de son espérance ; et si
l’
Éros n’a pas de prochain, — n’est-on pas en droit de conclure que cett
3147
tresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas
de
prochain, — n’est-on pas en droit de conclure que cette forme d’amour
3148
Éros n’a pas de prochain, — n’est-on pas en droit
de
conclure que cette forme d’amour nommée passion doit normalement se d
3149
n’est-on pas en droit de conclure que cette forme
d’
amour nommée passion doit normalement se développer au sein des peuple
3150
es peuples qui adorent Éros ? Et qu’au contraire,
les
peuples chrétiens — historiquement les peuples d’Occident — ne devrai
3151
contraire, les peuples chrétiens — historiquement
les
peuples d’Occident — ne devraient pas connaître la passion, ou tout a
3152
es peuples chrétiens — historiquement les peuples
d’
Occident — ne devraient pas connaître la passion, ou tout au moins la
3153
s peuples d’Occident — ne devraient pas connaître
la
passion, ou tout au moins la traiter d’incroyance ? Or l’Histoire nou
3154
raient pas connaître la passion, ou tout au moins
la
traiter d’incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’e
3155
connaître la passion, ou tout au moins la traiter
d’
incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’est l’invers
3156
on, ou tout au moins la traiter d’incroyance ? Or
l’
Histoire nous oblige à le constater : c’est l’inverse qui s’est réalis
3157
raiter d’incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à
le
constater : c’est l’inverse qui s’est réalisé. Nous voyons qu’en Orie
3158
Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’est
l’
inverse qui s’est réalisé. Nous voyons qu’en Orient23, et dans la Grèc
3159
’est réalisé. Nous voyons qu’en Orient23, et dans
la
Grèce contemporaine de Platon, l’amour humain est très généralement c
3160
ns qu’en Orient23, et dans la Grèce contemporaine
de
Platon, l’amour humain est très généralement conçu comme le plaisir,
3161
ient23, et dans la Grèce contemporaine de Platon,
l’
amour humain est très généralement conçu comme le plaisir, la simple v
3162
l’amour humain est très généralement conçu comme
le
plaisir, la simple volupté physique. Et la passion — au sens tragique
3163
ain est très généralement conçu comme le plaisir,
la
simple volupté physique. Et la passion — au sens tragique et douloure
3164
comme le plaisir, la simple volupté physique. Et
la
passion — au sens tragique et douloureux — non seulement y est rare,
3165
t rare, mais encore et surtout y est méprisée par
la
morale courante comme une maladie frénétique. « Aucuns pensent que c’
3166
ous voyons qu’en Occident, au xiie siècle, c’est
le
mariage qui est en butte au mépris, tandis que la passion est glorifi
3167
le mariage qui est en butte au mépris, tandis que
la
passion est glorifiée dans la mesure même où elle est déraisonnable,
3168
mépris, tandis que la passion est glorifiée dans
la
mesure même où elle est déraisonnable, où elle fait souffrir, où elle
3169
où elle exerce ses ravages aux dépens du monde et
de
soi. L’identification des éléments religieux dont nous avions décelé
3170
exerce ses ravages aux dépens du monde et de soi.
L’
identification des éléments religieux dont nous avions décelé la prése
3171
on des éléments religieux dont nous avions décelé
la
présence dans le mythe nous amène donc à constater une contradiction
3172
eligieux dont nous avions décelé la présence dans
le
mythe nous amène donc à constater une contradiction flagrante entre l
3173
onc à constater une contradiction flagrante entre
les
doctrines et les mœurs. Serait-ce alors dans le fait même de cette co
3174
ne contradiction flagrante entre les doctrines et
les
mœurs. Serait-ce alors dans le fait même de cette contradiction flagr
3175
les doctrines et les mœurs. Serait-ce alors dans
le
fait même de cette contradiction flagrante que résiderait l’explicati
3176
s et les mœurs. Serait-ce alors dans le fait même
de
cette contradiction flagrante que résiderait l’explication du mythe ?
3177
e de cette contradiction flagrante que résiderait
l’
explication du mythe ? 5.Contrecoup du christianisme dans les mœurs
3178
du mythe ? 5.Contrecoup du christianisme dans
les
mœurs occidentales Pour introduire plus de clarté dans ce dédale d
3179
ns les mœurs occidentales Pour introduire plus
de
clarté dans ce dédale dialectique, je proposerai le schéma suivant :
3180
clarté dans ce dédale dialectique, je proposerai
le
schéma suivant : doctrine application théorique réalisation
3181
rare et méprisée. Christianisme Communion (pas
d’
union essentielle). Amour du prochain. (Mariage heureux.) Conflits dou
3182
heureux.) Conflits douloureux, passion exaltée.
Le
principe d’explication de ce tableau est assez simple. Le platonisme,
3183
nflits douloureux, passion exaltée. Le principe
d’
explication de ce tableau est assez simple. Le platonisme, au temps de
3184
eux, passion exaltée. Le principe d’explication
de
ce tableau est assez simple. Le platonisme, au temps de Platon et dur
3185
ipe d’explication de ce tableau est assez simple.
Le
platonisme, au temps de Platon et durant les siècles suivants, ne fut
3186
mple. Le platonisme, au temps de Platon et durant
les
siècles suivants, ne fut jamais une doctrine populaire, mais une sage
3187
e ésotérique. Il en alla de même, plus tard, pour
les
mystères manichéens, et en partie pour ceux des Celtes. Sur quoi le c
3188
éens, et en partie pour ceux des Celtes. Sur quoi
le
christianisme triompha. La primitive Église fut une communauté de fai
3189
x des Celtes. Sur quoi le christianisme triompha.
La
primitive Église fut une communauté de faibles et de méprisés. Mais à
3190
triompha. La primitive Église fut une communauté
de
faibles et de méprisés. Mais à partir de Constantin, puis des empereu
3191
primitive Église fut une communauté de faibles et
de
méprisés. Mais à partir de Constantin, puis des empereurs carolingien
3192
s empereurs carolingiens, ses doctrines devinrent
l’
apanage des princes et des classes dominantes, qui les imposèrent par
3193
panage des princes et des classes dominantes, qui
les
imposèrent par la force à tous les peuples d’Occident. Dès lors, les
3194
et des classes dominantes, qui les imposèrent par
la
force à tous les peuples d’Occident. Dès lors, les vieilles croyances
3195
ominantes, qui les imposèrent par la force à tous
les
peuples d’Occident. Dès lors, les vieilles croyances païennes refoulé
3196
ui les imposèrent par la force à tous les peuples
d’
Occident. Dès lors, les vieilles croyances païennes refoulées devinren
3197
la force à tous les peuples d’Occident. Dès lors,
les
vieilles croyances païennes refoulées devinrent le refuge et l’espéra
3198
s vieilles croyances païennes refoulées devinrent
le
refuge et l’espérance des tendances naturelles non converties, mais b
3199
oyances païennes refoulées devinrent le refuge et
l’
espérance des tendances naturelles non converties, mais brimées par la
3200
ances naturelles non converties, mais brimées par
la
loi nouvelle. Le mariage, par exemple, n’avait pour les Anciens qu’un
3201
non converties, mais brimées par la loi nouvelle.
Le
mariage, par exemple, n’avait pour les Anciens qu’une signification u
3202
i nouvelle. Le mariage, par exemple, n’avait pour
les
Anciens qu’une signification utilitaire, et limitée. Les coutumes per
3203
iens qu’une signification utilitaire, et limitée.
Les
coutumes permettaient l’adultère et le concubinat24. Tandis que le ma
3204
utilitaire, et limitée. Les coutumes permettaient
l’
adultère et le concubinat24. Tandis que le mariage chrétien, en devena
3205
limitée. Les coutumes permettaient l’adultère et
le
concubinat24. Tandis que le mariage chrétien, en devenant un sacremen
3206
ttaient l’adultère et le concubinat24. Tandis que
le
mariage chrétien, en devenant un sacrement, imposait une fidélité ins
3207
sacrement, imposait une fidélité insupportable à
l’
homme naturel. Supposons le cas du converti par force. Engagé malgré l
3208
délité insupportable à l’homme naturel. Supposons
le
cas du converti par force. Engagé malgré lui dans un cadre chrétien,
3209
ui dans un cadre chrétien, mais privé des secours
d’
une foi réelle, un tel homme, fatalement, devait sentir en lui s’exalt
3210
homme, fatalement, devait sentir en lui s’exalter
la
révolte du sang barbare. Il était prêt à accueillir, sous le couvert
3211
du sang barbare. Il était prêt à accueillir, sous
le
couvert de formes catholiques, toutes les reviviscences des mystiques
3212
bare. Il était prêt à accueillir, sous le couvert
de
formes catholiques, toutes les reviviscences des mystiques païennes c
3213
ir, sous le couvert de formes catholiques, toutes
les
reviviscences des mystiques païennes capables de le « libérer ». C’es
3214
les reviviscences des mystiques païennes capables
de
le « libérer ». C’est ainsi que les doctrines secrètes, dont nous avo
3215
reviviscences des mystiques païennes capables de
le
« libérer ». C’est ainsi que les doctrines secrètes, dont nous avons
3216
ennes capables de le « libérer ». C’est ainsi que
les
doctrines secrètes, dont nous avons rappelé la parenté, ne devinrent
3217
e les doctrines secrètes, dont nous avons rappelé
la
parenté, ne devinrent largement vivantes en Occident que dans les siè
3218
devinrent largement vivantes en Occident que dans
les
siècles où elles se virent condamnées par le christianisme officiel.
3219
ans les siècles où elles se virent condamnées par
le
christianisme officiel. Et c’est ainsi que l’amour-passion, forme ter
3220
par le christianisme officiel. Et c’est ainsi que
l’
amour-passion, forme terrestre du culte de l’Éros, envahit la psyché d
3221
nsi que l’amour-passion, forme terrestre du culte
de
l’Éros, envahit la psyché des élites mal converties et souffrant du m
3222
que l’amour-passion, forme terrestre du culte de
l’
Éros, envahit la psyché des élites mal converties et souffrant du mari
3223
sion, forme terrestre du culte de l’Éros, envahit
la
psyché des élites mal converties et souffrant du mariage. Mais cette
3224
ette ferveur renouvelée pour un dieu condamné par
l’
Église ne pouvait s’avouer au grand jour. Elle revêtit des formes ésot
3225
rmes ésotériques, se déguisa en hérésies secrètes
d’
apparences plus ou moins orthodoxes. Ces hérésies se propagèrent très
3226
. Ces hérésies se propagèrent très rapidement dès
le
début du xiie siècle. Elles s’insinuèrent d’une part dans le clergé,
3227
xiie siècle. Elles s’insinuèrent d’une part dans
le
clergé, où nous les retrouverons un peu plus tard mêlées de la manièr
3228
s’insinuèrent d’une part dans le clergé, où nous
les
retrouverons un peu plus tard mêlées de la manière la plus complexe à
3229
où nous les retrouverons un peu plus tard mêlées
de
la manière la plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre
3230
nous les retrouverons un peu plus tard mêlées de
la
manière la plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre pa
3231
etrouverons un peu plus tard mêlées de la manière
la
plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre part, elles t
3232
plus tard mêlées de la manière la plus complexe à
la
grande renaissance mystique. D’autre part, elles trouvaient des compl
3233
elles trouvaient des complaisances profondes dans
la
mentalité du siècle. Elles pénétrèrent bientôt la société féodale. Ce
3234
la mentalité du siècle. Elles pénétrèrent bientôt
la
société féodale. Celle-ci ne connaissait pas toujours l’origine et la
3235
été féodale. Celle-ci ne connaissait pas toujours
l’
origine et la portée mystique de valeurs qu’elle prenait pour une mode
3236
Celle-ci ne connaissait pas toujours l’origine et
la
portée mystique de valeurs qu’elle prenait pour une mode et qu’elle a
3237
sait pas toujours l’origine et la portée mystique
de
valeurs qu’elle prenait pour une mode et qu’elle accommodait à ses pl
3238
laisirs. Elle ne devait pas tarder à matérialiser
les
préceptes d’une religion qui pourtant s’opposait au christianisme par
3239
ne devait pas tarder à matérialiser les préceptes
d’
une religion qui pourtant s’opposait au christianisme par son refus de
3240
ourtant s’opposait au christianisme par son refus
de
l’Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul
3241
tant s’opposait au christianisme par son refus de
l’
Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul ex
3242
l’Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour
l’
instant qu’un seul exemple de ce processus si typiquement occidental,
3243
Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul exemple
de
ce processus si typiquement occidental, et qui consiste à garder le s
3244
typiquement occidental, et qui consiste à garder
le
signe matériel d’une religion dont on trahit l’esprit25. Platon liait
3245
ental, et qui consiste à garder le signe matériel
d’
une religion dont on trahit l’esprit25. Platon liait l’Amour à la Beau
3246
r le signe matériel d’une religion dont on trahit
l’
esprit25. Platon liait l’Amour à la Beauté. Mais la Beauté qu’il enten
3247
religion dont on trahit l’esprit25. Platon liait
l’
Amour à la Beauté. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’e
3248
dont on trahit l’esprit25. Platon liait l’Amour à
la
Beauté. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’essence int
3249
’esprit25. Platon liait l’Amour à la Beauté. Mais
la
Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’essence intellectuelle de l
3250
. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord
l’
essence intellectuelle de la perfection incréée : l’idée même de toute
3251
tendait, c’était d’abord l’essence intellectuelle
de
la perfection incréée : l’idée même de toute excellence. Qu’est deven
3252
dait, c’était d’abord l’essence intellectuelle de
la
perfection incréée : l’idée même de toute excellence. Qu’est devenue
3253
essence intellectuelle de la perfection incréée :
l’
idée même de toute excellence. Qu’est devenue cette doctrine parmi nou
3254
llectuelle de la perfection incréée : l’idée même
de
toute excellence. Qu’est devenue cette doctrine parmi nous ? « Person
3255
ne saurait dire jusqu’à quelles couches profondes
de
l’humanité d’Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’h
3256
saurait dire jusqu’à quelles couches profondes de
l’
humanité d’Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’homm
3257
e jusqu’à quelles couches profondes de l’humanité
d’
Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’homme le plus s
3258
es profondes de l’humanité d’Occident ont pénétré
les
conceptions platoniciennes. L’homme le plus simple use couramment d’e
3259
ident ont pénétré les conceptions platoniciennes.
L’
homme le plus simple use couramment d’expressions et de notions qui re
3260
t pénétré les conceptions platoniciennes. L’homme
le
plus simple use couramment d’expressions et de notions qui remontent
3261
oniciennes. L’homme le plus simple use couramment
d’
expressions et de notions qui remontent à Platon.26 » Mais il en abuse
3262
me le plus simple use couramment d’expressions et
de
notions qui remontent à Platon.26 » Mais il en abuse dans le sens où
3263
qui remontent à Platon.26 » Mais il en abuse dans
le
sens où l’incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que le platonis
3264
nt à Platon.26 » Mais il en abuse dans le sens où
l’
incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que le platonisme nous a c
3265
s il en abuse dans le sens où l’incline sa nature
d’
Occidental. C’est ainsi que le platonisme nous a conduits à une terrib
3266
l’incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que
le
platonisme nous a conduits à une terrible confusion : à cette idée qu
3267
duits à une terrible confusion : à cette idée que
l’
amour dépend avant tout de la beauté physique — alors qu’en fait cette
3268
sion : à cette idée que l’amour dépend avant tout
de
la beauté physique — alors qu’en fait cette beauté même n’est que l’a
3269
n : à cette idée que l’amour dépend avant tout de
la
beauté physique — alors qu’en fait cette beauté même n’est que l’attr
3270
ue — alors qu’en fait cette beauté même n’est que
l’
attribut conféré par l’amant à l’objet de son choix d’amour. L’expérie
3271
ette beauté même n’est que l’attribut conféré par
l’
amant à l’objet de son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre
3272
é même n’est que l’attribut conféré par l’amant à
l’
objet de son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre bien que «
3273
’est que l’attribut conféré par l’amant à l’objet
de
son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre bien que « l’amour
3274
tribut conféré par l’amant à l’objet de son choix
d’
amour. L’expérience quotidienne montre bien que « l’amour embellit son
3275
nféré par l’amant à l’objet de son choix d’amour.
L’
expérience quotidienne montre bien que « l’amour embellit son objet »,
3276
amour. L’expérience quotidienne montre bien que «
l’
amour embellit son objet », et que la beauté « officielle » n’est pas
3277
e bien que « l’amour embellit son objet », et que
la
beauté « officielle » n’est pas un gage d’être aimé. Mais le platonis
3278
et que la beauté « officielle » n’est pas un gage
d’
être aimé. Mais le platonisme dégénéré, qui nous obsède, nous rend ave
3279
officielle » n’est pas un gage d’être aimé. Mais
le
platonisme dégénéré, qui nous obsède, nous rend aveugles à la réalité
3280
e dégénéré, qui nous obsède, nous rend aveugles à
la
réalité de l’objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la ren
3281
qui nous obsède, nous rend aveugles à la réalité
de
l’objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la rend peu aimab
3282
i nous obsède, nous rend aveugles à la réalité de
l’
objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la rend peu aimable.
3283
objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous
la
rend peu aimable. Et il nous jette à la poursuite de chimères qui n’e
3284
bien nous la rend peu aimable. Et il nous jette à
la
poursuite de chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore, d’où vi
3285
rend peu aimable. Et il nous jette à la poursuite
de
chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore, d’où vient ce succès
3286
chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore,
d’
où vient ce succès et cette permanence invincible de l’erreur héritée
3287
où vient ce succès et cette permanence invincible
de
l’erreur héritée de Platon ? C’est qu’elle trouve dans le cœur de tou
3288
vient ce succès et cette permanence invincible de
l’
erreur héritée de Platon ? C’est qu’elle trouve dans le cœur de tout h
3289
t cette permanence invincible de l’erreur héritée
de
Platon ? C’est qu’elle trouve dans le cœur de tout homme — et spécial
3290
eur héritée de Platon ? C’est qu’elle trouve dans
le
cœur de tout homme — et spécialement de tout Occidental — de très obs
3291
tée de Platon ? C’est qu’elle trouve dans le cœur
de
tout homme — et spécialement de tout Occidental — de très obscures co
3292
ouve dans le cœur de tout homme — et spécialement
de
tout Occidental — de très obscures complicités. Souvenons-nous du cul
3293
tout homme — et spécialement de tout Occidental —
de
très obscures complicités. Souvenons-nous du culte druidique pour la
3294
mplicités. Souvenons-nous du culte druidique pour
la
Femme, être prophétique, « éternel féminin », « but de l’homme ». Les
3295
mme, être prophétique, « éternel féminin », « but
de
l’homme ». Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan div
3296
, être prophétique, « éternel féminin », « but de
l’
homme ». Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan divin,
3297
hétique, « éternel féminin », « but de l’homme ».
Les
Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan divin, à lui donne
3298
. Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser
l’
élan divin, à lui donner un support corporel. Mais il y a plus, nous l
3299
onner un support corporel. Mais il y a plus, nous
le
savons depuis Freud : le « type de femme » que chaque homme porte dan
3300
. Mais il y a plus, nous le savons depuis Freud :
le
« type de femme » que chaque homme porte dans son cœur et qu’il assim
3301
y a plus, nous le savons depuis Freud : le « type
de
femme » que chaque homme porte dans son cœur et qu’il assimile d’inst
3302
haque homme porte dans son cœur et qu’il assimile
d’
instinct à la définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la
3303
orte dans son cœur et qu’il assimile d’instinct à
la
définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé »
3304
cœur et qu’il assimile d’instinct à la définition
de
la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoi
3305
r et qu’il assimile d’instinct à la définition de
la
beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoire
3306
stinct à la définition de la beauté, n’est-ce pas
le
souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles so
3307
définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir
de
la mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les
3308
inition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de
la
mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les cau
3309
» dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien
les
causes de la curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entr
3310
émoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les causes
de
la curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entre les doct
3311
ire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les causes de
la
curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entre les doctrin
3312
contradiction qui apparaît au xiie siècle entre
les
doctrines et les mœurs, une première conclusion peut être formulée dè
3313
i apparaît au xiie siècle entre les doctrines et
les
mœurs, une première conclusion peut être formulée dès à présent : L’a
3314
ère conclusion peut être formulée dès à présent :
L’
amour-passion est apparu en Occident comme l’un des contrecoups du chr
3315
des contrecoups du christianisme (et spécialement
de
sa doctrine du mariage) dans les âmes où vivait encore un paganisme n
3316
(et spécialement de sa doctrine du mariage) dans
les
âmes où vivait encore un paganisme naturel ou hérité. Mais tout cela
3317
que et contestable si nous n’étions pas en mesure
de
décrire avec précision les voies et moyens historiques de cette renai
3318
n’étions pas en mesure de décrire avec précision
les
voies et moyens historiques de cette renaissance de l’Éros. Or nous a
3319
re avec précision les voies et moyens historiques
de
cette renaissance de l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers l
3320
voies et moyens historiques de cette renaissance
de
l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers le milieu du xiie siè
3321
ies et moyens historiques de cette renaissance de
l’
Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers le milieu du xiie siècle
3322
de l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers
le
milieu du xiie siècle. (Date de naissance de l’amour-passion !27) Et
3323
é sa date : vers le milieu du xiie siècle. (Date
de
naissance de l’amour-passion !27) Et nous allons montrer qu’elle port
3324
ers le milieu du xiie siècle. (Date de naissance
de
l’amour-passion !27) Et nous allons montrer qu’elle porte un nom par
3325
le milieu du xiie siècle. (Date de naissance de
l’
amour-passion !27) Et nous allons montrer qu’elle porte un nom par ail
3326
er qu’elle porte un nom par ailleurs bien connu :
la
cortezia, l’amour courtois. 6.L’amour courtois : troubadours et ca
3327
rte un nom par ailleurs bien connu : la cortezia,
l’
amour courtois. 6.L’amour courtois : troubadours et cathares Que
3328
r courtois : troubadours et cathares Que toute
la
poésie européenne soit issue de la poésie des troubadours au xiie si
3329
ares Que toute la poésie européenne soit issue
de
la poésie des troubadours au xiie siècle, c’est ce dont personne ne
3330
s Que toute la poésie européenne soit issue de
la
poésie des troubadours au xiie siècle, c’est ce dont personne ne sau
3331
ont personne ne saurait plus douter. « Oui, entre
les
xie et xiie siècles, la poésie d’où qu’elle fût (hongroise, espagno
3332
s douter. « Oui, entre les xie et xiie siècles,
la
poésie d’où qu’elle fût (hongroise, espagnole, portugaise, allemande,
3333
« Oui, entre les xie et xiie siècles, la poésie
d’
où qu’elle fût (hongroise, espagnole, portugaise, allemande, sicilienn
3334
ait au préalable languedocienne, c’est-à-dire que
le
poète, ne pouvant être que troubadour, était tenu de parler — et de l
3335
poète, ne pouvant être que troubadour, était tenu
de
parler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du trou
3336
nt être que troubadour, était tenu de parler — et
de
l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour, qui n’a
3337
être que troubadour, était tenu de parler — et de
l’
apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour, qui n’a ja
3338
était tenu de parler — et de l’apprendre s’il ne
le
savait pas — le langage du troubadour, qui n’a jamais été que le prov
3339
arler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas —
le
langage du troubadour, qui n’a jamais été que le provençal.28 » Qu’es
3340
le langage du troubadour, qui n’a jamais été que
le
provençal.28 » Qu’est-ce que la poésie des troubadours ? L’exaltation
3341
’a jamais été que le provençal.28 » Qu’est-ce que
la
poésie des troubadours ? L’exaltation de l’amour malheureux. « Il n’y
3342
al.28 » Qu’est-ce que la poésie des troubadours ?
L’
exaltation de l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occ
3343
t-ce que la poésie des troubadours ? L’exaltation
de
l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et la l
3344
e que la poésie des troubadours ? L’exaltation de
l’
amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et la lyri
3345
tion de l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute
la
lyrique occitane et la lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème
3346
eux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et
la
lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème : l’amour ; et pas l’a
3347
lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème :
l’
amour ; et pas l’amour heureux, comblé ou satisfait (ce spectacle ne p
3348
esque et dantesque qu’un thème : l’amour ; et pas
l’
amour heureux, comblé ou satisfait (ce spectacle ne peut rien engendre
3349
satisfait (ce spectacle ne peut rien engendrer),
l’
amour perpétuellement insatisfait au contraire ; enfin, que deux perso
3350
fait au contraire ; enfin, que deux personnages :
le
poète qui, huit-cents, neuf-cents, mille fois réédite sa plainte, et
3351
a plainte, et une belle qui toujours dit non.29 »
L’
Europe n’a pas connu de poésie plus profondément rhétorique : non seul
3352
qui toujours dit non.29 » L’Europe n’a pas connu
de
poésie plus profondément rhétorique : non seulement dans ses formes v
3353
ême, puisque celle-ci ne prend sa source que dans
les
lois de l’amour courtois, les leys d’amors. Mais il faut dire aussi q
3354
que celle-ci ne prend sa source que dans les lois
de
l’amour courtois, les leys d’amors. Mais il faut dire aussi que jamai
3355
celle-ci ne prend sa source que dans les lois de
l’
amour courtois, les leys d’amors. Mais il faut dire aussi que jamais r
3356
sa source que dans les lois de l’amour courtois,
les
leys d’amors. Mais il faut dire aussi que jamais rhétorique ne fut pl
3357
e que dans les lois de l’amour courtois, les leys
d’
amors. Mais il faut dire aussi que jamais rhétorique ne fut plus exalt
3358
s exaltante et fervente. Ce qu’elle exalte, c’est
l’
amour hors du mariage, car le mariage ne signifie que l’union des corp
3359
u’elle exalte, c’est l’amour hors du mariage, car
le
mariage ne signifie que l’union des corps, tandis que l’« Amor », qui
3360
r hors du mariage, car le mariage ne signifie que
l’
union des corps, tandis que l’« Amor », qui est l’Éros suprême, est l’
3361
age ne signifie que l’union des corps, tandis que
l’
« Amor », qui est l’Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers l’uni
3362
l’union des corps, tandis que l’« Amor », qui est
l’
Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-del
3363
andis que l’« Amor », qui est l’Éros suprême, est
l’
élancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour poss
3364
Amor », qui est l’Éros suprême, est l’élancement
de
l’âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette
3365
or », qui est l’Éros suprême, est l’élancement de
l’
âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette vi
3366
st l’Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers
l’
union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette vie. Voilà po
3367
ancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-delà
de
tout amour possible en cette vie. Voilà pourquoi l’Amour suppose la c
3368
tout amour possible en cette vie. Voilà pourquoi
l’
Amour suppose la chasteté. E d’amor mou castitaz (d’amour vient chaste
3369
ible en cette vie. Voilà pourquoi l’Amour suppose
la
chasteté. E d’amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante le tr
3370
ie. Voilà pourquoi l’Amour suppose la chasteté. E
d’
amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante le troubadour toulou
3371
Amour suppose la chasteté. E d’amor mou castitaz (
d’
amour vient chasteté) chante le troubadour toulousain Guilhem Montanha
3372
amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante
le
troubadour toulousain Guilhem Montanhagol. L’Amour suppose aussi un r
3373
nte le troubadour toulousain Guilhem Montanhagol.
L’
Amour suppose aussi un rituel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureu
3374
em Montanhagol. L’Amour suppose aussi un rituel :
le
domnei ou donnoi, vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par la
3375
rituel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureux.
Le
poète a gagné sa dame par la beauté de son hommage musical. Il lui ju
3376
vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par
la
beauté de son hommage musical. Il lui jure à genoux une éternelle fid
3377
amoureux. Le poète a gagné sa dame par la beauté
de
son hommage musical. Il lui jure à genoux une éternelle fidélité, com
3378
fidélité, comme on fait à un suzerain. « En gage
d’
amour, la dame donnait à son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoign
3379
, comme on fait à un suzerain. « En gage d’amour,
la
dame donnait à son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoignait de se
3380
ur, la dame donnait à son paladin-poète un anneau
d’
or, lui enjoignait de se lever, et lui déposait un baiser sur le front
3381
son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoignait
de
se lever, et lui déposait un baiser sur le front. Premier baiser, gén
3382
ignait de se lever, et lui déposait un baiser sur
le
front. Premier baiser, généralement le seul… et qui s’appelait consol
3383
baiser sur le front. Premier baiser, généralement
le
seul… et qui s’appelait consolament. Certains prêtres provençaux béni
3384
provençaux bénirent même cette union mystique en
la
plaçant sous l’invocation de la Vierge Marie. »30 (De tels excès ne d
3385
rent même cette union mystique en la plaçant sous
l’
invocation de la Vierge Marie. »30 (De tels excès ne devaient pas se m
3386
te union mystique en la plaçant sous l’invocation
de
la Vierge Marie. »30 (De tels excès ne devaient pas se multiplier, d’
3387
union mystique en la plaçant sous l’invocation de
la
Vierge Marie. »30 (De tels excès ne devaient pas se multiplier, d’ail
3388
laçant sous l’invocation de la Vierge Marie. »30 (
De
tels excès ne devaient pas se multiplier, d’ailleurs, et l’on va voir
3389
cès ne devaient pas se multiplier, d’ailleurs, et
l’
on va voir pour quelles raisons.) D’où vient cette conception nouvelle
3390
’ailleurs, et l’on va voir pour quelles raisons.)
D’
où vient cette conception nouvelle de l’amour « perpétuellement insati
3391
es raisons.) D’où vient cette conception nouvelle
de
l’amour « perpétuellement insatisfait », et cette louange enthousiast
3392
raisons.) D’où vient cette conception nouvelle de
l’
amour « perpétuellement insatisfait », et cette louange enthousiaste e
3393
ait », et cette louange enthousiaste et plaintive
d’
« une belle qui toujours dit non » ? Et d’où vient ce savant lyrisme q
3394
aintive d’« une belle qui toujours dit non » ? Et
d’
où vient ce savant lyrisme qui tout d’un coup se trouve là pour tradui
3395
non » ? Et d’où vient ce savant lyrisme qui tout
d’
un coup se trouve là pour traduire la passion nouvelle ? On ne saurait
3396
sme qui tout d’un coup se trouve là pour traduire
la
passion nouvelle ? On ne saurait trop souligner le caractère miracule
3397
a passion nouvelle ? On ne saurait trop souligner
le
caractère miraculeux de cette double naissance, si rapide : en l’espa
3398
ne saurait trop souligner le caractère miraculeux
de
cette double naissance, si rapide : en l’espace d’une vingtaine d’ann
3399
aculeux de cette double naissance, si rapide : en
l’
espace d’une vingtaine d’années, naissance d’une vision de la femme en
3400
e cette double naissance, si rapide : en l’espace
d’
une vingtaine d’années, naissance d’une vision de la femme entièrement
3401
aissance, si rapide : en l’espace d’une vingtaine
d’
années, naissance d’une vision de la femme entièrement contraire aux m
3402
: en l’espace d’une vingtaine d’années, naissance
d’
une vision de la femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles
3403
d’une vingtaine d’années, naissance d’une vision
de
la femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles — (la femme
3404
une vingtaine d’années, naissance d’une vision de
la
femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles — (la femme se
3405
ntièrement contraire aux mœurs traditionnelles — (
la
femme se voit élevée au-dessus de l’homme, dont elle devient l’idéal
3406
ditionnelles — (la femme se voit élevée au-dessus
de
l’homme, dont elle devient l’idéal nostalgique) — et naissance d’une
3407
ionnelles — (la femme se voit élevée au-dessus de
l’
homme, dont elle devient l’idéal nostalgique) — et naissance d’une poé
3408
it élevée au-dessus de l’homme, dont elle devient
l’
idéal nostalgique) — et naissance d’une poésie à formes fixes, très co
3409
elle devient l’idéal nostalgique) — et naissance
d’
une poésie à formes fixes, très compliquées et raffinées, sans précéde
3410
mpliquées et raffinées, sans précédent dans toute
l’
Antiquité ni dans les quelques siècles de culture qui succèdent à la r
3411
es, sans précédent dans toute l’Antiquité ni dans
les
quelques siècles de culture qui succèdent à la renaissance carolingie
3412
ns toute l’Antiquité ni dans les quelques siècles
de
culture qui succèdent à la renaissance carolingienne. Ou bien tout ce
3413
s les quelques siècles de culture qui succèdent à
la
renaissance carolingienne. Ou bien tout cela « tombe du ciel », c’est
3414
tout cela « tombe du ciel », c’est-à-dire jaillit
d’
une inspiration subite et collective — mais encore faudrait-il expliqu
3415
els lieux bien définis ; ou bien tout cela relève
d’
une cause historique précise — mais alors il s’agit de savoir pour que
3416
e cause historique précise — mais alors il s’agit
de
savoir pour quelles raisons elle est demeurée obscure jusqu’à nos jou
3417
urs. Ce qui est curieux au plus haut point, c’est
l’
embarras des romanistes les plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reco
3418
plus haut point, c’est l’embarras des romanistes
les
plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reconnaître la question, et la
3419
plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reconnaître
la
question, et la facilité avec laquelle ils décident de n’y point répo
3420
squ’ils en viennent à reconnaître la question, et
la
facilité avec laquelle ils décident de n’y point répondre. Tout le mo
3421
estion, et la facilité avec laquelle ils décident
de
n’y point répondre. Tout le monde admet aujourd’hui que la poésie pro
3422
int répondre. Tout le monde admet aujourd’hui que
la
poésie provençale et les conceptions de l’amour qu’elle illustre, « l
3423
nde admet aujourd’hui que la poésie provençale et
les
conceptions de l’amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par le
3424
d’hui que la poésie provençale et les conceptions
de
l’amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par les conditions où
3425
ui que la poésie provençale et les conceptions de
l’
amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par les conditions où el
3426
amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par
les
conditions où elle naquit, semble en contradiction absolue avec ces c
3427
1. « Il est évident qu’elle ne reflète aucunement
la
réalité, la condition de la femme n’ayant pas été, dans les instituti
3428
évident qu’elle ne reflète aucunement la réalité,
la
condition de la femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales
3429
le ne reflète aucunement la réalité, la condition
de
la femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales du Midi, moi
3430
ne reflète aucunement la réalité, la condition de
la
femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales du Midi, moins
3431
é, la condition de la femme n’ayant pas été, dans
les
institutions féodales du Midi, moins humble et dépendante que dans ce
3432
Nord.32 » Or, s’il est à ce point « évident » que
les
troubadours ne tiraient rien de la réalité sociale, il paraît non moi
3433
« évident » que les troubadours ne tiraient rien
de
la réalité sociale, il paraît non moins évident que leur conception d
3434
évident » que les troubadours ne tiraient rien de
la
réalité sociale, il paraît non moins évident que leur conception de l
3435
, il paraît non moins évident que leur conception
de
l’amour venait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ? La même q
3436
l paraît non moins évident que leur conception de
l’
amour venait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ? La même ques
3437
nait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ?
La
même question se pose pour leur art, j’entends pour leur technique po
3438
», écrit M. Jeanroy (quitte à reprocher à chacun
de
ces poètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce d’originalité
3439
te à reprocher à chacun de ces poètes pris à part
de
n’avoir montré aucune espèce d’originalité et de s’être borné à raffi
3440
oètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce
d’
originalité et de s’être borné à raffiner des formes fixes et des lieu
3441
de n’avoir montré aucune espèce d’originalité et
de
s’être borné à raffiner des formes fixes et des lieux communs : mais
3442
encore fallait-il que l’un d’entre eux, au moins,
les
eût créés !). Or dès qu’un historien se risque à formuler une hypothè
3443
historien se risque à formuler une hypothèse sur
l’
origine de la rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des p
3444
se risque à formuler une hypothèse sur l’origine
de
la rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des plus aigres
3445
risque à formuler une hypothèse sur l’origine de
la
rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des plus aigres ir
3446
pothèse sur l’origine de la rhétorique courtoise,
les
spécialistes l’accablent des plus aigres ironies, en France surtout.
3447
gine de la rhétorique courtoise, les spécialistes
l’
accablent des plus aigres ironies, en France surtout. Sismondi faisait
3448
nce surtout. Sismondi faisait remonter aux Arabes
le
mysticisme du sentiment : on écarte dédaigneusement « cette énormité
3449
tte énormité »33. Diez a montré des ressemblances
de
forme (rythmes et coupes) entre la lyrique arabe et la lyrique proven
3450
ressemblances de forme (rythmes et coupes) entre
la
lyrique arabe et la lyrique provençale : ce n’est pas sérieux, nous d
3451
rme (rythmes et coupes) entre la lyrique arabe et
la
lyrique provençale : ce n’est pas sérieux, nous dit-on. Brinkmann et
3452
ous dit-on. Brinkmann et d’autres ont supposé que
la
poésie latine des xie et xiie siècles avait pu fournir des modèles
3453
les : tout compte fait, cela ne se tient pas, car
les
troubadours, paraît-il, avaient trop peu de culture pour connaître ce
3454
peu de culture pour connaître cette poésie. Ainsi
de
chaque réponse proposée : le « sérieux » des savants paraissant consi
3455
cette poésie. Ainsi de chaque réponse proposée :
le
« sérieux » des savants paraissant consister surtout dans une propens
3456
consister surtout dans une propension à qualifier
d’
énormité ou de fantaisie tout ce qui menace de donner un sens au phéno
3457
out dans une propension à qualifier d’énormité ou
de
fantaisie tout ce qui menace de donner un sens au phénomène qu’ils pa
3458
ier d’énormité ou de fantaisie tout ce qui menace
de
donner un sens au phénomène qu’ils passent leur vie à étudier. Il est
3459
eux34, a cru pouvoir tout éclaircir en décelant à
l’
origine de la lyrique provençale des influences religieuses, néo-plato
3460
ru pouvoir tout éclaircir en décelant à l’origine
de
la lyrique provençale des influences religieuses, néo-platoniciennes
3461
pouvoir tout éclaircir en décelant à l’origine de
la
lyrique provençale des influences religieuses, néo-platoniciennes et
3462
ations hardies » ont aussitôt dressé contre elles
l’
ensemble de nos érudits. Wechssler s’est vu traiter de « doctrinaire »
3463
ies » ont aussitôt dressé contre elles l’ensemble
de
nos érudits. Wechssler s’est vu traiter de « doctrinaire » — suprême
3464
semble de nos érudits. Wechssler s’est vu traiter
de
« doctrinaire » — suprême injure — et plusieurs ont insinué que la qu
3465
» — suprême injure — et plusieurs ont insinué que
la
qualité d’Allemand de ce professeur les dispensait de réfuter un syst
3466
injure — et plusieurs ont insinué que la qualité
d’
Allemand de ce professeur les dispensait de réfuter un système incompa
3467
t plusieurs ont insinué que la qualité d’Allemand
de
ce professeur les dispensait de réfuter un système incompatible avec
3468
nsinué que la qualité d’Allemand de ce professeur
les
dispensait de réfuter un système incompatible avec le clair génie de
3469
ualité d’Allemand de ce professeur les dispensait
de
réfuter un système incompatible avec le clair génie de notre race. Il
3470
ispensait de réfuter un système incompatible avec
le
clair génie de notre race. Il reste donc d’une part un phénomène étra
3471
futer un système incompatible avec le clair génie
de
notre race. Il reste donc d’une part un phénomène étrange, et d’autre
3472
d’une part un phénomène étrange, et d’autre part,
de
fort savantes réfutations de tout ce qui prétend l’expliquer. « Il es
3473
ge, et d’autre part, de fort savantes réfutations
de
tout ce qui prétend l’expliquer. « Il est également impossible — écri
3474
fort savantes réfutations de tout ce qui prétend
l’
expliquer. « Il est également impossible — écrit un de nos professeurs
3475
pliquer. « Il est également impossible — écrit un
de
nos professeurs — de voir dans ces chansons d’amour, qui forment les
3476
lement impossible — écrit un de nos professeurs —
de
voir dans ces chansons d’amour, qui forment les trois quarts de la po
3477
un de nos professeurs — de voir dans ces chansons
d’
amour, qui forment les trois quarts de la poésie provençale, une image
3478
— de voir dans ces chansons d’amour, qui forment
les
trois quarts de la poésie provençale, une image fidèle de la réalité
3479
es chansons d’amour, qui forment les trois quarts
de
la poésie provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemb
3480
chansons d’amour, qui forment les trois quarts de
la
poésie provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemblag
3481
quarts de la poésie provençale, une image fidèle
de
la réalité et un pur assemblage de formules vides de sens. » Certes.
3482
arts de la poésie provençale, une image fidèle de
la
réalité et un pur assemblage de formules vides de sens. » Certes. Mai
3483
e image fidèle de la réalité et un pur assemblage
de
formules vides de sens. » Certes. Mais là-dessus, l’auteur annonce qu
3484
la réalité et un pur assemblage de formules vides
de
sens. » Certes. Mais là-dessus, l’auteur annonce qu’« en historien sc
3485
formules vides de sens. » Certes. Mais là-dessus,
l’
auteur annonce qu’« en historien scrupuleux », il se garde bien de se
3486
qu’« en historien scrupuleux », il se garde bien
de
se prononcer. Ce qui revient à dire que la lyrique courtoise dont il
3487
e bien de se prononcer. Ce qui revient à dire que
la
lyrique courtoise dont il s’occupe reste à ses yeux et jusqu’à plus a
3488
eux et jusqu’à plus ample informé « un assemblage
de
formules vides de sens ». Excellent « matériel » il est vrai, pour un
3489
s ample informé « un assemblage de formules vides
de
sens ». Excellent « matériel » il est vrai, pour un philologue qui se
3490
ue qui se respecte et n’entend pas « solliciter »
les
textes, fût-ce par le moindre essai de les comprendre. Je ne saurais
3491
’entend pas « solliciter » les textes, fût-ce par
le
moindre essai de les comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma
3492
liciter » les textes, fût-ce par le moindre essai
de
les comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part, d’une hypot
3493
iter » les textes, fût-ce par le moindre essai de
les
comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part, d’une hypothèse
3494
rendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part,
d’
une hypothèse à tel point scrupuleuse. Je me refuse à supposer un seul
3495
euse. Je me refuse à supposer un seul instant que
les
troubadours furent des faibles d’esprit, tout juste bons à répéter sa
3496
ul instant que les troubadours furent des faibles
d’
esprit, tout juste bons à répéter sans se lasser des formules apprises
3497
où. Et je me demande, après Aroux et Péladan, si
le
secret de toute cette poésie ne devrait pas être cherché beaucoup plu
3498
me demande, après Aroux et Péladan, si le secret
de
toute cette poésie ne devrait pas être cherché beaucoup plus près d’e
3499
ie ne devrait pas être cherché beaucoup plus près
d’
elle qu’on ne l’a fait — tout près : sur place, dans le milieu même où
3500
s être cherché beaucoup plus près d’elle qu’on ne
l’
a fait — tout près : sur place, dans le milieu même où elle est née. E
3501
e qu’on ne l’a fait — tout près : sur place, dans
le
milieu même où elle est née. Et non pas dans le milieu purement « soc
3502
s le milieu même où elle est née. Et non pas dans
le
milieu purement « social » au sens moderne, mais bien dans l’atmosphè
3503
rement « social » au sens moderne, mais bien dans
l’
atmosphère religieuse qui se trouvait déterminer les formes, même soci
3504
’atmosphère religieuse qui se trouvait déterminer
les
formes, même sociales, de ce milieu35. Partant de là, constatons qu’
3505
se trouvait déterminer les formes, même sociales,
de
ce milieu35. Partant de là, constatons qu’un grand fait historique d
3506
s formes, même sociales, de ce milieu35. Partant
de
là, constatons qu’un grand fait historique domine le xiie siècle pro
3507
là, constatons qu’un grand fait historique domine
le
xiie siècle provençal : Dans le même temps que le lyrisme du domnei,
3508
istorique domine le xiie siècle provençal : Dans
le
même temps que le lyrisme du domnei, et dans les mêmes provinces, et
3509
e xiie siècle provençal : Dans le même temps que
le
lyrisme du domnei, et dans les mêmes provinces, et dans les mêmes cla
3510
s le même temps que le lyrisme du domnei, et dans
les
mêmes provinces, et dans les mêmes classes, une hérésie puissante se
3511
e du domnei, et dans les mêmes provinces, et dans
les
mêmes classes, une hérésie puissante se répandait. L’on a pu dire de
3512
êmes classes, une hérésie puissante se répandait.
L’
on a pu dire de la religion cathare qu’elle représenta pour l’Église u
3513
ne hérésie puissante se répandait. L’on a pu dire
de
la religion cathare qu’elle représenta pour l’Église un péril aussi g
3514
hérésie puissante se répandait. L’on a pu dire de
la
religion cathare qu’elle représenta pour l’Église un péril aussi grav
3515
re de la religion cathare qu’elle représenta pour
l’
Église un péril aussi grave que celui de l’arianisme. Certains ne vont
3516
enta pour l’Église un péril aussi grave que celui
de
l’arianisme. Certains ne vont-ils pas jusqu’à prétendre qu’elle fit e
3517
a pour l’Église un péril aussi grave que celui de
l’
arianisme. Certains ne vont-ils pas jusqu’à prétendre qu’elle fit en O
3518
’à prétendre qu’elle fit en Occident des millions
de
fidèles secrets, malgré la très sanglante croisade des albigeois — ou
3519
Occident des millions de fidèles secrets, malgré
la
très sanglante croisade des albigeois — ou à cause d’elle — au xiiie
3520
rès sanglante croisade des albigeois — ou à cause
d’
elle — au xiiie siècle et jusqu’à la Réforme. Selon Rahn, l’on peut a
3521
— ou à cause d’elle — au xiiie siècle et jusqu’à
la
Réforme. Selon Rahn, l’on peut attribuer pour origine précise à l’hér
3522
xiiie siècle et jusqu’à la Réforme. Selon Rahn,
l’
on peut attribuer pour origine précise à l’hérésie la secte des prisci
3523
Rahn, l’on peut attribuer pour origine précise à
l’
hérésie la secte des priscillianistes, qui s’établit dans la région de
3524
n peut attribuer pour origine précise à l’hérésie
la
secte des priscillianistes, qui s’établit dans la région des Pyrénées
3525
la secte des priscillianistes, qui s’établit dans
la
région des Pyrénées méridionales au ive siècle de notre ère, et conv
3526
a région des Pyrénées méridionales au ive siècle
de
notre ère, et convertit au christianisme les druides habitant ces con
3527
iècle de notre ère, et convertit au christianisme
les
druides habitant ces contrées. D’autres auteurs font remonter le mouv
3528
tant ces contrées. D’autres auteurs font remonter
le
mouvement à la secte des Pauliciens, et aux églises néo-manichéennes
3529
es. D’autres auteurs font remonter le mouvement à
la
secte des Pauliciens, et aux églises néo-manichéennes d’Asie Mineure
3530
e des Pauliciens, et aux églises néo-manichéennes
d’
Asie Mineure et de Bulgarie. Quoi qu’il en soit, les « purs » ou catha
3531
et aux églises néo-manichéennes d’Asie Mineure et
de
Bulgarie. Quoi qu’il en soit, les « purs » ou cathares se rattachaien
3532
’Asie Mineure et de Bulgarie. Quoi qu’il en soit,
les
« purs » ou cathares se rattachaient aux grands courants gnostiques q
3533
ersent le premier millénaire du christianisme. Et
l’
on sait assez que la Gnose, de même que les doctrines de Mani (ou Manè
3534
llénaire du christianisme. Et l’on sait assez que
la
Gnose, de même que les doctrines de Mani (ou Manès), plonge des racin
3535
sme. Et l’on sait assez que la Gnose, de même que
les
doctrines de Mani (ou Manès), plonge des racines dans la religion dua
3536
ait assez que la Gnose, de même que les doctrines
de
Mani (ou Manès), plonge des racines dans la religion dualiste de l’Ir
3537
rines de Mani (ou Manès), plonge des racines dans
la
religion dualiste de l’Iran36. Quelle était la doctrine des cathares
3538
ès), plonge des racines dans la religion dualiste
de
l’Iran36. Quelle était la doctrine des cathares ? L’Inquisition a brû
3539
, plonge des racines dans la religion dualiste de
l’
Iran36. Quelle était la doctrine des cathares ? L’Inquisition a brûlé
3540
ns la religion dualiste de l’Iran36. Quelle était
la
doctrine des cathares ? L’Inquisition a brûlé la plupart de leurs écr
3541
l’Iran36. Quelle était la doctrine des cathares ?
L’
Inquisition a brûlé la plupart de leurs écrits37 ; mais ses registres
3542
s écrits37 ; mais ses registres nous ont conservé
les
interrogatoires des accusés38. En tenant compte de ce que nous savons
3543
s interrogatoires des accusés38. En tenant compte
de
ce que nous savons par ailleurs du manichéisme, et des méthodes inqui
3544
es méthodes inquisitoriales, il nous est possible
de
reconstituer dans ses grands traits le dogme de « l’Église d’Amour ».
3545
t possible de reconstituer dans ses grands traits
le
dogme de « l’Église d’Amour ». Dieu est amour. Mais le monde est mauv
3546
e de reconstituer dans ses grands traits le dogme
de
« l’Église d’Amour ». Dieu est amour. Mais le monde est mauvais. Donc
3547
reconstituer dans ses grands traits le dogme de «
l’
Église d’Amour ». Dieu est amour. Mais le monde est mauvais. Donc Dieu
3548
uer dans ses grands traits le dogme de « l’Église
d’
Amour ». Dieu est amour. Mais le monde est mauvais. Donc Dieu ne saura
3549
gme de « l’Église d’Amour ». Dieu est amour. Mais
le
monde est mauvais. Donc Dieu ne saurait être l’auteur du monde, de se
3550
s le monde est mauvais. Donc Dieu ne saurait être
l’
auteur du monde, de ses ténèbres, et du péché qui nous enserre. Sa cré
3551
ais. Donc Dieu ne saurait être l’auteur du monde,
de
ses ténèbres, et du péché qui nous enserre. Sa création première, enc
3552
encore informe, a été achevée mais pervertie par
l’
Ange révolté, Satan ou le Démiurge39. L’homme est un ange déchu, empri
3553
hevée mais pervertie par l’Ange révolté, Satan ou
le
Démiurge39. L’homme est un ange déchu, emprisonné dans la matière, et
3554
ertie par l’Ange révolté, Satan ou le Démiurge39.
L’
homme est un ange déchu, emprisonné dans la matière, et soumis de ce f
3555
rge39. L’homme est un ange déchu, emprisonné dans
la
matière, et soumis de ce fait aux lois des corps dont la plus tyranni
3556
ange déchu, emprisonné dans la matière, et soumis
de
ce fait aux lois des corps dont la plus tyrannique est la procréation
3557
ère, et soumis de ce fait aux lois des corps dont
la
plus tyrannique est la procréation. Mais le Fils de Dieu est venu pou
3558
it aux lois des corps dont la plus tyrannique est
la
procréation. Mais le Fils de Dieu est venu pour nous montrer le chemi
3559
dont la plus tyrannique est la procréation. Mais
le
Fils de Dieu est venu pour nous montrer le chemin du retour à la Lumi
3560
plus tyrannique est la procréation. Mais le Fils
de
Dieu est venu pour nous montrer le chemin du retour à la Lumière. Ce
3561
. Mais le Fils de Dieu est venu pour nous montrer
le
chemin du retour à la Lumière. Ce Christ ne s’est pas incarné : il n’
3562
est venu pour nous montrer le chemin du retour à
la
Lumière. Ce Christ ne s’est pas incarné : il n’a pris que l’apparence
3563
Ce Christ ne s’est pas incarné : il n’a pris que
l’
apparence d’un homme40. Les cathares rejettent donc le dogme de l’Inca
3564
e s’est pas incarné : il n’a pris que l’apparence
d’
un homme40. Les cathares rejettent donc le dogme de l’Incarnation, et
3565
carné : il n’a pris que l’apparence d’un homme40.
Les
cathares rejettent donc le dogme de l’Incarnation, et par suite, le s
3566
parence d’un homme40. Les cathares rejettent donc
le
dogme de l’Incarnation, et par suite, le sacrement de la Cène qui le
3567
’un homme40. Les cathares rejettent donc le dogme
de
l’Incarnation, et par suite, le sacrement de la Cène qui le traduit (
3568
homme40. Les cathares rejettent donc le dogme de
l’
Incarnation, et par suite, le sacrement de la Cène qui le traduit (et
3569
ent donc le dogme de l’Incarnation, et par suite,
le
sacrement de la Cène qui le traduit (et qu’ils remplacent par une sim
3570
ogme de l’Incarnation, et par suite, le sacrement
de
la Cène qui le traduit (et qu’ils remplacent par une simple agape com
3571
e de l’Incarnation, et par suite, le sacrement de
la
Cène qui le traduit (et qu’ils remplacent par une simple agape commém
3572
nation, et par suite, le sacrement de la Cène qui
le
traduit (et qu’ils remplacent par une simple agape commémorative). Il
3573
« spiritualiste » des évangiles, et spécialement
de
l’Évangile de Jean. Triple hérésie contre la Trinité : en effet, elle
3574
spiritualiste » des évangiles, et spécialement de
l’
Évangile de Jean. Triple hérésie contre la Trinité : en effet, elle di
3575
te » des évangiles, et spécialement de l’Évangile
de
Jean. Triple hérésie contre la Trinité : en effet, elle divise le Pèr
3576
» des évangiles, et spécialement de l’Évangile de
Jean
. Triple hérésie contre la Trinité : en effet, elle divise le Père, di
3577
ment de l’Évangile de Jean. Triple hérésie contre
la
Trinité : en effet, elle divise le Père, distinguant Dieu de Jéhovah
3578
hérésie contre la Trinité : en effet, elle divise
le
Père, distinguant Dieu de Jéhovah ; elle diminue le rôle du Fils en é
3579
Père, distinguant Dieu de Jéhovah ; elle diminue
le
rôle du Fils en évacuant la Croix et le rachat unique ; enfin, elle e
3580
éhovah ; elle diminue le rôle du Fils en évacuant
la
Croix et le rachat unique ; enfin, elle exagère et dénature le rôle d
3581
vah ; elle diminue le rôle du Fils en évacuant la
Croix
et le rachat unique ; enfin, elle exagère et dénature le rôle du Sain
3582
e diminue le rôle du Fils en évacuant la Croix et
le
rachat unique ; enfin, elle exagère et dénature le rôle du Saint-Espr
3583
e rachat unique ; enfin, elle exagère et dénature
le
rôle du Saint-Esprit (du « Paraclet ») dont elle fait « la Mère de Di
3584
u Saint-Esprit (du « Paraclet ») dont elle fait «
la
Mère de Dieu », le principe féminin de l’Amour (c’est la Sophia chez
3585
« Paraclet ») dont elle fait « la Mère de Dieu »,
le
principe féminin de l’Amour (c’est la Sophia chez les gnostiques grec
3586
lle fait « la Mère de Dieu », le principe féminin
de
l’Amour (c’est la Sophia chez les gnostiques grecs ; Maria chez les c
3587
fait « la Mère de Dieu », le principe féminin de
l’
Amour (c’est la Sophia chez les gnostiques grecs ; Maria chez les cath
3588
de Dieu », le principe féminin de l’Amour (c’est
la
Sophia chez les gnostiques grecs ; Maria chez les cathares.) L’Église
3589
principe féminin de l’Amour (c’est la Sophia chez
les
gnostiques grecs ; Maria chez les cathares.) L’Église d’Amour, la San
3590
la Sophia chez les gnostiques grecs ; Maria chez
les
cathares.) L’Église d’Amour, la Santa Gleyzia des cathares, ne connaî
3591
les gnostiques grecs ; Maria chez les cathares.)
L’
Église d’Amour, la Santa Gleyzia des cathares, ne connaît qu’un seul «
3592
tiques grecs ; Maria chez les cathares.) L’Église
d’
Amour, la Santa Gleyzia des cathares, ne connaît qu’un seul « sacremen
3593
ecs ; Maria chez les cathares.) L’Église d’Amour,
la
Santa Gleyzia des cathares, ne connaît qu’un seul « sacrement » c’est
3594
thares, ne connaît qu’un seul « sacrement » c’est
le
baptême du Saint-Esprit consolateur, le baiser de paix ou consolament
3595
t » c’est le baptême du Saint-Esprit consolateur,
le
baiser de paix ou consolamentum que donne le prêtre au nouveau frère
3596
le baptême du Saint-Esprit consolateur, le baiser
de
paix ou consolamentum que donne le prêtre au nouveau frère pendant la
3597
eur, le baiser de paix ou consolamentum que donne
le
prêtre au nouveau frère pendant la cérémonie d’initiation. Encore est
3598
ntum que donne le prêtre au nouveau frère pendant
la
cérémonie d’initiation. Encore est-ce moins un sacrement au sens cath
3599
e le prêtre au nouveau frère pendant la cérémonie
d’
initiation. Encore est-ce moins un sacrement au sens catholique de ce
3600
core est-ce moins un sacrement au sens catholique
de
ce terme, qu’un signe d’accession à la vie spirituelle. Avant de rece
3601
ement au sens catholique de ce terme, qu’un signe
d’
accession à la vie spirituelle. Avant de recevoir ce baiser, le néophy
3602
catholique de ce terme, qu’un signe d’accession à
la
vie spirituelle. Avant de recevoir ce baiser, le néophyte s’engageait
3603
la vie spirituelle. Avant de recevoir ce baiser,
le
néophyte s’engageait solennellement à se consacrer à Dieu et à son Év
3604
angile, à ne jamais mentir ni jurer, à s’abstenir
de
tout contact avec sa femme s’il était marié 41, à ne tuer ni ne mange
3605
ul animal, enfin à tenir sa foi secrète. Un jeûne
de
quarante jours, ou endura, précédait cette initiation, et un autre d’
3606
u endura, précédait cette initiation, et un autre
d’
égale durée lui succédait. « Il arrivait fréquemment, nous dit Rahn, q
3607
it. « Il arrivait fréquemment, nous dit Rahn, que
les
cathares, après la réception du Consolamentum et pendant l’endura, se
3608
équemment, nous dit Rahn, que les cathares, après
la
réception du Consolamentum et pendant l’endura, se donnassent volonta
3609
s, après la réception du Consolamentum et pendant
l’
endura, se donnassent volontairement la mort. Leur doctrine permettait
3610
et pendant l’endura, se donnassent volontairement
la
mort. Leur doctrine permettait, comme celle des druides, le suicide.
3611
eur doctrine permettait, comme celle des druides,
le
suicide. Toutefois, elle exigeait qu’on mît fin à sa vie non par lass
3612
exigeait qu’on mît fin à sa vie non par lassitude
de
vivre, par peur ou par douleur, mais dans un état de parfait détachem
3613
vivre, par peur ou par douleur, mais dans un état
de
parfait détachement de la matière… Cinq genres de morts volontaires a
3614
douleur, mais dans un état de parfait détachement
de
la matière… Cinq genres de morts volontaires avaient la préférence de
3615
leur, mais dans un état de parfait détachement de
la
matière… Cinq genres de morts volontaires avaient la préférence des c
3616
de parfait détachement de la matière… Cinq genres
de
morts volontaires avaient la préférence des cathares : ils s’empoison
3617
matière… Cinq genres de morts volontaires avaient
la
préférence des cathares : ils s’empoisonnaient, ils se laissaient mou
3618
: ils s’empoisonnaient, ils se laissaient mourir
de
faim, ils s’ouvraient les veines du poignet, ils se jetaient dans un
3619
ils se laissaient mourir de faim, ils s’ouvraient
les
veines du poignet, ils se jetaient dans un précipice, ou bien, en hiv
3620
Chez eux, cette maladie était toujours mortelle.
Le
meilleur médecin ne saurait sauver des malades qui veulent mourir.42
3621
42 » Notons enfin ce dernier trait : comme ce fut
le
cas pour tant de sectes et de religions orientales — jaïnisme, bouddh
3622
rait : comme ce fut le cas pour tant de sectes et
de
religions orientales — jaïnisme, bouddhisme, essénisme, gnosticisme c
3623
me, bouddhisme, essénisme, gnosticisme chrétien —
l’
Église cathare se divisait en deux groupes : les parfaits (perfecti 43
3624
— l’Église cathare se divisait en deux groupes :
les
parfaits (perfecti 43) et les simples croyants (credentes ou imperfec
3625
t en deux groupes : les parfaits (perfecti 43) et
les
simples croyants (credentes ou imperfecti). Seuls les seconds avaient
3626
edentes ou imperfecti). Seuls les seconds avaient
le
droit de se marier et de vivre dans le monde condamné par les purs, s
3627
u imperfecti). Seuls les seconds avaient le droit
de
se marier et de vivre dans le monde condamné par les purs, sans s’ast
3628
euls les seconds avaient le droit de se marier et
de
vivre dans le monde condamné par les purs, sans s’astreindre à tous l
3629
ds avaient le droit de se marier et de vivre dans
le
monde condamné par les purs, sans s’astreindre à tous les préceptes d
3630
se marier et de vivre dans le monde condamné par
les
purs, sans s’astreindre à tous les préceptes de la morale ésotérique
3631
e condamné par les purs, sans s’astreindre à tous
les
préceptes de la morale ésotérique : mortifications corporelles, mépri
3632
les purs, sans s’astreindre à tous les préceptes
de
la morale ésotérique : mortifications corporelles, mépris de la créat
3633
s purs, sans s’astreindre à tous les préceptes de
la
morale ésotérique : mortifications corporelles, mépris de la création
3634
e ésotérique : mortifications corporelles, mépris
de
la création, dissolution de tous les « liens mondains ». Saint Bernar
3635
sotérique : mortifications corporelles, mépris de
la
création, dissolution de tous les « liens mondains ». Saint Bernard d
3636
s corporelles, mépris de la création, dissolution
de
tous les « liens mondains ». Saint Bernard de Clairvaux (cité par Rah
3637
elles, mépris de la création, dissolution de tous
les
« liens mondains ». Saint Bernard de Clairvaux (cité par Rahn) a pu d
3638
a pu dire des cathares, qu’il combattit pourtant
de
toutes ses forces : « Il n’y a certainement pas de sermons plus chrét
3639
e toutes ses forces : « Il n’y a certainement pas
de
sermons plus chrétiens que les leurs, et leurs mœurs étaient pures… »
3640
a certainement pas de sermons plus chrétiens que
les
leurs, et leurs mœurs étaient pures… » Ce jugement rachète en partie
3641
rs étaient pures… » Ce jugement rachète en partie
les
calomnies de l’Inquisition. Mais on s’étonne de voir le saint qualifi
3642
es… » Ce jugement rachète en partie les calomnies
de
l’Inquisition. Mais on s’étonne de voir le saint qualifier de « chrét
3643
» Ce jugement rachète en partie les calomnies de
l’
Inquisition. Mais on s’étonne de voir le saint qualifier de « chrétien
3644
les calomnies de l’Inquisition. Mais on s’étonne
de
voir le saint qualifier de « chrétienne » une prédication qui nie plu
3645
omnies de l’Inquisition. Mais on s’étonne de voir
le
saint qualifier de « chrétienne » une prédication qui nie plusieurs d
3646
tion. Mais on s’étonne de voir le saint qualifier
de
« chrétienne » une prédication qui nie plusieurs des dogmes fondament
3647
ication qui nie plusieurs des dogmes fondamentaux
de
l’Église. Quant à la pureté de mœurs des cathares, nous avons vu qu’e
3648
tion qui nie plusieurs des dogmes fondamentaux de
l’
Église. Quant à la pureté de mœurs des cathares, nous avons vu qu’elle
3649
eurs des dogmes fondamentaux de l’Église. Quant à
la
pureté de mœurs des cathares, nous avons vu qu’elle traduisait des cr
3650
ogmes fondamentaux de l’Église. Quant à la pureté
de
mœurs des cathares, nous avons vu qu’elle traduisait des croyances to
3651
croyances toutes contraires à celles qui fondent
la
morale chrétienne authentique. La condamnation de la chair, où certai
3652
les qui fondent la morale chrétienne authentique.
La
condamnation de la chair, où certains croient voir aujourd’hui une ca
3653
la morale chrétienne authentique. La condamnation
de
la chair, où certains croient voir aujourd’hui une caractéristique ch
3654
morale chrétienne authentique. La condamnation de
la
chair, où certains croient voir aujourd’hui une caractéristique chrét
3655
r aujourd’hui une caractéristique chrétienne, est
d’
origine manichéenne et hérétique. Car il faut bien noter que la « chai
3656
ichéenne et hérétique. Car il faut bien noter que
la
« chair » dont parle saint Paul n’est pas le corps physique, mais le
3657
que la « chair » dont parle saint Paul n’est pas
le
corps physique, mais le tout de l’homme incroyant, corps, raison, fac
3658
arle saint Paul n’est pas le corps physique, mais
le
tout de l’homme incroyant, corps, raison, facultés, désirs… ⁂ La croi
3659
nt Paul n’est pas le corps physique, mais le tout
de
l’homme incroyant, corps, raison, facultés, désirs… ⁂ La croisade des
3660
Paul n’est pas le corps physique, mais le tout de
l’
homme incroyant, corps, raison, facultés, désirs… ⁂ La croisade des al
3661
mme incroyant, corps, raison, facultés, désirs… ⁂
La
croisade des albigeois, conduite par l’abbé de Citeaux, au commenceme
3662
désirs… ⁂ La croisade des albigeois, conduite par
l’
abbé de Citeaux, au commencement du xiiie siècle, détruisit les cités
3663
eaux, au commencement du xiiie siècle, détruisit
les
cités des cathares, brûla leurs livres, massacra et brûla les populat
3664
s cathares, brûla leurs livres, massacra et brûla
les
populations qui les aimaient, viola leur sanctuaire de Montségur — le
3665
urs livres, massacra et brûla les populations qui
les
aimaient, viola leur sanctuaire de Montségur — le Montsalvat de la lé
3666
pulations qui les aimaient, viola leur sanctuaire
de
Montségur — le Montsalvat de la légende du Graal44 — enfin saccagea b
3667
es aimaient, viola leur sanctuaire de Montségur —
le
Montsalvat de la légende du Graal44 — enfin saccagea brutalement la c
3668
iola leur sanctuaire de Montségur — le Montsalvat
de
la légende du Graal44 — enfin saccagea brutalement la civilisation qu
3669
a leur sanctuaire de Montségur — le Montsalvat de
la
légende du Graal44 — enfin saccagea brutalement la civilisation qu’il
3670
a légende du Graal44 — enfin saccagea brutalement
la
civilisation qu’ils avaient édifiée en moins d’un siècle. Et cependan
3671
t la civilisation qu’ils avaient édifiée en moins
d’
un siècle. Et cependant, de cette culture et de ses doctrines secrètes
3672
aient édifiée en moins d’un siècle. Et cependant,
de
cette culture et de ses doctrines secrètes, nous sommes encore tribut
3673
ns d’un siècle. Et cependant, de cette culture et
de
ses doctrines secrètes, nous sommes encore tributaires, au-delà de ce
3674
secrètes, nous sommes encore tributaires, au-delà
de
ce que l’on imagine… (Comme j’espère le montrer par ce livre.) 7.H
3675
nous sommes encore tributaires, au-delà de ce que
l’
on imagine… (Comme j’espère le montrer par ce livre.) 7.Hérésie et
3676
, au-delà de ce que l’on imagine… (Comme j’espère
le
montrer par ce livre.) 7.Hérésie et poésie Doit-on considérer l
3677
re.) 7.Hérésie et poésie Doit-on considérer
les
troubadours comme les « croyants » de l’Église cathare, et comme les
3678
oésie Doit-on considérer les troubadours comme
les
« croyants » de l’Église cathare, et comme les chantres de son hérési
3679
considérer les troubadours comme les « croyants »
de
l’Église cathare, et comme les chantres de son hérésie ? Les présompt
3680
sidérer les troubadours comme les « croyants » de
l’
Église cathare, et comme les chantres de son hérésie ? Les présomption
3681
me les « croyants » de l’Église cathare, et comme
les
chantres de son hérésie ? Les présomptions en faveur de cette thèse s
3682
ants » de l’Église cathare, et comme les chantres
de
son hérésie ? Les présomptions en faveur de cette thèse sont tellemen
3683
e cathare, et comme les chantres de son hérésie ?
Les
présomptions en faveur de cette thèse sont tellement fortes qu’il con
3684
te thèse sont tellement fortes qu’il conviendrait
de
retourner la question : comment et par quoi expliquer le lyrisme des
3685
tellement fortes qu’il conviendrait de retourner
la
question : comment et par quoi expliquer le lyrisme des troubadours,
3686
urner la question : comment et par quoi expliquer
le
lyrisme des troubadours, si l’on nie que l’hérésie cathare en ait été
3687
par quoi expliquer le lyrisme des troubadours, si
l’
on nie que l’hérésie cathare en ait été la source vive ? Otto Rahn n’h
3688
iquer le lyrisme des troubadours, si l’on nie que
l’
hérésie cathare en ait été la source vive ? Otto Rahn n’hésite point à
3689
urs, si l’on nie que l’hérésie cathare en ait été
la
source vive ? Otto Rahn n’hésite point à écrire : « La plupart des tr
3690
plupart des troubadours étaient hérétiques, tous
les
cathares étaient troubadours. » Mais nous avons assez de bonnes raiso
3691
ares étaient troubadours. » Mais nous avons assez
de
bonnes raisons pour nous passer de toute espèce d’exagération enthous
3692
us avons assez de bonnes raisons pour nous passer
de
toute espèce d’exagération enthousiaste. Est-ce pure coïncidence, si
3693
e bonnes raisons pour nous passer de toute espèce
d’
exagération enthousiaste. Est-ce pure coïncidence, si les troubadours
3694
ération enthousiaste. Est-ce pure coïncidence, si
les
troubadours comme les cathares glorifient l’amour « perpétuellement i
3695
Est-ce pure coïncidence, si les troubadours comme
les
cathares glorifient l’amour « perpétuellement insatisfait », et vante
3696
si les troubadours comme les cathares glorifient
l’
amour « perpétuellement insatisfait », et vantent — sans toujours l’ex
3697
llement insatisfait », et vantent — sans toujours
l’
exercer — la vertu de chasteté ? Est-ce pure coïncidence, si, comme le
3698
tisfait », et vantent — sans toujours l’exercer —
la
vertu de chasteté ? Est-ce pure coïncidence, si, comme les « purs »,
3699
, et vantent — sans toujours l’exercer — la vertu
de
chasteté ? Est-ce pure coïncidence, si, comme les « purs », ils ne re
3700
de chasteté ? Est-ce pure coïncidence, si, comme
les
« purs », ils ne reçoivent de leur Dame qu’un seul baiser d’initiatio
3701
cidence, si, comme les « purs », ils ne reçoivent
de
leur Dame qu’un seul baiser d’initiation ? Et s’ils distinguent deux
3702
, ils ne reçoivent de leur Dame qu’un seul baiser
d’
initiation ? Et s’ils distinguent deux degrés dans le domnei (le prega
3703
nitiation ? Et s’ils distinguent deux degrés dans
le
domnei (le pregaire, ou prière, et l’entendeire) comme on distingue d
3704
Et s’ils distinguent deux degrés dans le domnei (
le
pregaire, ou prière, et l’entendeire) comme on distingue dans l’Églis
3705
degrés dans le domnei (le pregaire, ou prière, et
l’
entendeire) comme on distingue dans l’Église d’Amour les adeptes et le
3706
prière, et l’entendeire) comme on distingue dans
l’
Église d’Amour les adeptes et les parfaits ? Et s’ils raillent les lie
3707
et l’entendeire) comme on distingue dans l’Église
d’
Amour les adeptes et les parfaits ? Et s’ils raillent les liens du mar
3708
endeire) comme on distingue dans l’Église d’Amour
les
adeptes et les parfaits ? Et s’ils raillent les liens du mariage ? Et
3709
on distingue dans l’Église d’Amour les adeptes et
les
parfaits ? Et s’ils raillent les liens du mariage ? Et s’ils invectiv
3710
r les adeptes et les parfaits ? Et s’ils raillent
les
liens du mariage ? Et s’ils invectivent les clercs et leurs alliés le
3711
llent les liens du mariage ? Et s’ils invectivent
les
clercs et leurs alliés les féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à
3712
? Et s’ils invectivent les clercs et leurs alliés
les
féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à la manière errante des « pu
3713
iés les féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à
la
manière errante des « purs » qui s’en allaient deux par deux sur les
3714
des « purs » qui s’en allaient deux par deux sur
les
routes ? Et si les cours où ils s’arrêtent pour chanter et offrir leu
3715
’en allaient deux par deux sur les routes ? Et si
les
cours où ils s’arrêtent pour chanter et offrir leur hommage se trouve
3716
offrir leur hommage se trouvent être précisément
les
cours des seigneurs hérétiques ? Il ne serait que trop facile de mult
3717
igneurs hérétiques ? Il ne serait que trop facile
de
multiplier ces questions. Voyons plutôt les arguments adverses. Tous
3718
facile de multiplier ces questions. Voyons plutôt
les
arguments adverses. Tous les troubadours, dira-t-on, ne furent pas da
3719
tions. Voyons plutôt les arguments adverses. Tous
les
troubadours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp de l’hérésie. Plus
3720
us les troubadours, dira-t-on, ne furent pas dans
le
camp de l’hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents.
3721
roubadours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp
de
l’hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents. Certes,
3722
badours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp de
l’
hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents. Certes, et
3723
et même un Folquet de Marseille a pu se joindre à
la
croisade des Albigeois. Mais aussi passa-t-il pour un traître, jusqu’
3724
un traître, jusqu’au jour où il fut accusé devant
le
pape Innocent III d’avoir causé la mort de cinq-cent-mille personnes
3725
jour où il fut accusé devant le pape Innocent III
d’
avoir causé la mort de cinq-cent-mille personnes ! D’ailleurs, quand o
3726
accusé devant le pape Innocent III d’avoir causé
la
mort de cinq-cent-mille personnes ! D’ailleurs, quand on démontrerait
3727
devant le pape Innocent III d’avoir causé la mort
de
cinq-cent-mille personnes ! D’ailleurs, quand on démontrerait, à supp
3728
oser que ce fût possible en soi, que tels d’entre
les
troubadours ignoraient les analogies de leur lyrisme et du dogme cath
3729
soi, que tels d’entre les troubadours ignoraient
les
analogies de leur lyrisme et du dogme cathare, on n’aurait pas encore
3730
d’entre les troubadours ignoraient les analogies
de
leur lyrisme et du dogme cathare, on n’aurait pas encore démontré que
3731
ogme cathare, on n’aurait pas encore démontré que
l’
origine de ce lyrisme n’est pas cathare. N’oublions pas qu’ils composa
3732
re, on n’aurait pas encore démontré que l’origine
de
ce lyrisme n’est pas cathare. N’oublions pas qu’ils composaient leurs
3733
composaient leurs coblas et leurs sirventés selon
les
canons d’une rhétorique admirablement invariable, qu’ils apprenaient
3734
leurs coblas et leurs sirventés selon les canons
d’
une rhétorique admirablement invariable, qu’ils apprenaient pendant l’
3735
irablement invariable, qu’ils apprenaient pendant
l’
hiver dans des écoles nommées « menestrandises » — (les conservatoires
3736
ver dans des écoles nommées « menestrandises » — (
les
conservatoires de l’époque, note Cingria). On peut concevoir une poés
3737
nommées « menestrandises » — (les conservatoires
de
l’époque, note Cingria). On peut concevoir une poésie — même très bel
3738
mmées « menestrandises » — (les conservatoires de
l’
époque, note Cingria). On peut concevoir une poésie — même très belle
3739
r une poésie — même très belle — qui serait faite
de
lieux communs dont le poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pa
3740
ès belle — qui serait faite de lieux communs dont
le
poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plu
3741
t faite de lieux communs dont le poète ne saurait
d’
où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plutôt courant ? Et si
3742
ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf
la
beauté, plutôt courant ? Et si l’on dit : ces troubadours ne parlent
3743
st-ce pas, sauf la beauté, plutôt courant ? Et si
l’
on dit : ces troubadours ne parlent point de leurs croyances dans les
3744
Et si l’on dit : ces troubadours ne parlent point
de
leurs croyances dans les poésies qui nous restent — il suffit de rapp
3745
ubadours ne parlent point de leurs croyances dans
les
poésies qui nous restent — il suffit de rappeler que les cathares pro
3746
ces dans les poésies qui nous restent — il suffit
de
rappeler que les cathares promettaient, lors de l’initiation, de ne j
3747
sies qui nous restent — il suffit de rappeler que
les
cathares promettaient, lors de l’initiation, de ne jamais trahir leur
3748
e rappeler que les cathares promettaient, lors de
l’
initiation, de ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût la mo
3749
les cathares promettaient, lors de l’initiation,
de
ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût la mort dont ils se
3750
ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût
la
mort dont ils se verraient menacés. C’est ainsi que les registres de
3751
rt dont ils se verraient menacés. C’est ainsi que
les
registres de l’Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la
3752
verraient menacés. C’est ainsi que les registres
de
l’Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la minesola 45,
3753
rraient menacés. C’est ainsi que les registres de
l’
Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la minesola 45, sup
3754
nquisition ne portent pas un seul aveu concernant
la
minesola 45, suprême initiation des « purs ». La fréquence même de ce
3755
la minesola 45, suprême initiation des « purs ».
La
fréquence même de cette question débattue dans les cours d’amour : «
3756
uprême initiation des « purs ». La fréquence même
de
cette question débattue dans les cours d’amour : « Un chevalier peut-
3757
La fréquence même de cette question débattue dans
les
cours d’amour : « Un chevalier peut-il être à la fois marié et fidèle
3758
ce même de cette question débattue dans les cours
d’
amour : « Un chevalier peut-il être à la fois marié et fidèle à sa dam
3759
à sa dame ? » — voilà qui nous donne à penser si
l’
on songe à tous les troubadours qui devaient subir un apparent « maria
3760
oilà qui nous donne à penser si l’on songe à tous
les
troubadours qui devaient subir un apparent « mariage » avec l’Église
3761
s qui devaient subir un apparent « mariage » avec
l’
Église de Rome dont ils étaient les clercs, tout en servant dans leurs
3762
aient subir un apparent « mariage » avec l’Église
de
Rome dont ils étaient les clercs, tout en servant dans leurs « pensée
3763
mariage » avec l’Église de Rome dont ils étaient
les
clercs, tout en servant dans leurs « pensées » une autre Dame, l’Égli
3764
en servant dans leurs « pensées » une autre Dame,
l’
Église d’Amour…46 Mais certains abjurèrent l’hérésie sans abandonner
3765
t dans leurs « pensées » une autre Dame, l’Église
d’
Amour…46 Mais certains abjurèrent l’hérésie sans abandonner le « trob
3766
me, l’Église d’Amour…46 Mais certains abjurèrent
l’
hérésie sans abandonner le « trobar » ? Eh oui ! tout comme tel conver
3767
ais certains abjurèrent l’hérésie sans abandonner
le
« trobar » ? Eh oui ! tout comme tel converti dans la plus récente po
3768
trobar » ? Eh oui ! tout comme tel converti dans
la
plus récente poésie, voue à la Vierge des images qu’il avait inventée
3769
tel converti dans la plus récente poésie, voue à
la
Vierge des images qu’il avait inventées pour d’autres. Peire d’Auverg
3770
fin, ce qui doit égarer, c’est un ésotérisme dont
l’
existence ne fait plus de doute aujourd’hui. « Il y eut dès le milieu
3771
c’est un ésotérisme dont l’existence ne fait plus
de
doute aujourd’hui. « Il y eut dès le milieu du xiie siècle (et ce ph
3772
ne fait plus de doute aujourd’hui. « Il y eut dès
le
milieu du xiie siècle (et ce phénomène à cette époque est singulière
3773
nt curieux) une école, celle du trobar clus, dont
l’
ambition était de voiler la pensée sous l’ambiguïté des expressions »
3774
cole, celle du trobar clus, dont l’ambition était
de
voiler la pensée sous l’ambiguïté des expressions » (Jeanroy). Est-ce
3775
e du trobar clus, dont l’ambition était de voiler
la
pensée sous l’ambiguïté des expressions » (Jeanroy). Est-ce vraiment
3776
s, dont l’ambition était de voiler la pensée sous
l’
ambiguïté des expressions » (Jeanroy). Est-ce vraiment si « curieux »
3777
» cette prudence, en cette époque précisément où
l’
Église de Rome préparait sa croisade et son Inquisition ? Mais venons-
3778
prudence, en cette époque précisément où l’Église
de
Rome préparait sa croisade et son Inquisition ? Mais venons-en aux te
3779
ition ? Mais venons-en aux textes, et considérons-
les
dans la très pure nudité et transparence de leur adamantine rhétoriqu
3780
ais venons-en aux textes, et considérons-les dans
la
très pure nudité et transparence de leur adamantine rhétorique. ⁂ Thè
3781
rons-les dans la très pure nudité et transparence
de
leur adamantine rhétorique. ⁂ Thème de la mort, que l’on préfère aux
3782
ansparence de leur adamantine rhétorique. ⁂ Thème
de
la mort, que l’on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de m
3783
parence de leur adamantine rhétorique. ⁂ Thème de
la
mort, que l’on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de mour
3784
ur adamantine rhétorique. ⁂ Thème de la mort, que
l’
on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de mourir Que de joi
3785
on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc
de
mourir Que de joie vilaine jouir Car joie qui repaît vilement N’a pou
3786
dons du monde : Plus m’agrée donc de mourir Que
de
joie vilaine jouir Car joie qui repaît vilement N’a pouvoir ni droit
3787
Car joie qui repaît vilement N’a pouvoir ni droit
de
me plaire tant. Ainsi chante Aimeric de Belenoi47. La « joie vilaine
3788
plaire tant. Ainsi chante Aimeric de Belenoi47.
La
« joie vilaine », c’est ce qui le guérirait de son désir, si justemen
3789
c de Belenoi47. La « joie vilaine », c’est ce qui
le
guérirait de son désir, si justement l’amour sans fin n’était le mal
3790
7. La « joie vilaine », c’est ce qui le guérirait
de
son désir, si justement l’amour sans fin n’était le mal qu’il aime, l
3791
st ce qui le guérirait de son désir, si justement
l’
amour sans fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’amor », le délire
3792
son désir, si justement l’amour sans fin n’était
le
mal qu’il aime, la « joy d’amor », le délire qui prévaut : … en fait
3793
ement l’amour sans fin n’était le mal qu’il aime,
la
« joy d’amor », le délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’oc
3794
mour sans fin n’était le mal qu’il aime, la « joy
d’
amor », le délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’occira, que
3795
fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’amor »,
le
délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’occira, que je reste
3796
me plaint. … et ce désir Prévaut — bien que fait
de
délire — Sur tout autre… S’il ne veut pas mourir encore, c’est qu’il
3797
st pas assez détaché du désir, c’est qu’il craint
de
quitter son corps par désespoir, « mortel péché », enfin, c’est qu’il
3798
c’est qu’il ignore encore à quoi lui peut servir
De
laisser en extase son âme ravir. La doctrine n’exigeait-elle pas qu’
3799
peut servir De laisser en extase son âme ravir.
La
doctrine n’exigeait-elle pas qu’on mît fin à sa vie « non par lassitu
3800
ssitude ni par peur ou douleur, mais dans un état
de
parfait détachement de la matière…48 ». Voici le thème de la séparat
3801
douleur, mais dans un état de parfait détachement
de
la matière…48 ». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de to
3802
leur, mais dans un état de parfait détachement de
la
matière…48 ». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de tout
3803
de parfait détachement de la matière…48 ». Voici
le
thème de la séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu
3804
t détachement de la matière…48 ». Voici le thème
de
la séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! commen
3805
étachement de la matière…48 ». Voici le thème de
la
séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! comment s
3806
a matière…48 ». Voici le thème de la séparation,
le
leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire
3807
». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv
de
tout l’amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’e
3808
i le thème de la séparation, le leitmotiv de tout
l’
amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’est loin
3809
comment se peut-il faire Que plus m’est loin plus
la
désire ? Et voici Guiraut de Bornheil qui prie la vraie 49 Lumière e
3810
a désire ? Et voici Guiraut de Bornheil qui prie
la
vraie 49 Lumière en attendant l’aube du jour terrestre : cette aube q
3811
ornheil qui prie la vraie 49 Lumière en attendant
l’
aube du jour terrestre : cette aube qui doit le réunir à son « copain
3812
nt l’aube du jour terrestre : cette aube qui doit
le
réunir à son « copain » de route, et donc d’épreuves dans le monde. (
3813
: cette aube qui doit le réunir à son « copain »
de
route, et donc d’épreuves dans le monde. (Ces deux « copains », est-c
3814
doit le réunir à son « copain » de route, et donc
d’
épreuves dans le monde. (Ces deux « copains », est-ce l’esprit et le c
3815
son « copain » de route, et donc d’épreuves dans
le
monde. (Ces deux « copains », est-ce l’esprit et le corps ? Mais souv
3816
uves dans le monde. (Ces deux « copains », est-ce
l’
esprit et le corps ? Mais souvenons-nous aussi de la coutume des missi
3817
monde. (Ces deux « copains », est-ce l’esprit et
le
corps ? Mais souvenons-nous aussi de la coutume des missionnaires che
3818
l’esprit et le corps ? Mais souvenons-nous aussi
de
la coutume des missionnaires cheminant deux par deux) : Roi glorieux
3819
esprit et le corps ? Mais souvenons-nous aussi de
la
coutume des missionnaires cheminant deux par deux) : Roi glorieux, l
3820
À mon copain fidèle soit aide et bienvenue Car ne
l’
ai plus revu depuis la nuit venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à l
3821
it aide et bienvenue Car ne l’ai plus revu depuis
la
nuit venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin de la chanson, l
3822
plus revu depuis la nuit venue Et bientôt viendra
l’
aube. Mais à la fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœu
3823
la nuit venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à
la
fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-
3824
t venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin
de
la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trou
3825
enue Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin de
la
chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé
3826
tôt viendra l’aube. Mais à la fin de la chanson,
le
troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de l
3827
trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de
la
nuit la Lumière vraie dont il ne faut se séparer ? Beau doux copain,
3828
s vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de la nuit
la
Lumière vraie dont il ne faut se séparer ? Beau doux copain, tant ri
3829
our Que ne veux jamais plus voir aube ni jour Car
la
plus belle fille qui de mère naquit La tiens dedans mes bras, donc pl
3830
lus voir aube ni jour Car la plus belle fille qui
de
mère naquit La tiens dedans mes bras, donc plus ne me soucie Ni de ja
3831
i jour Car la plus belle fille qui de mère naquit
La
tiens dedans mes bras, donc plus ne me soucie Ni de jaloux ni d’aube.
3832
tiens dedans mes bras, donc plus ne me soucie Ni
de
jaloux ni d’aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer le trille
3833
mes bras, donc plus ne me soucie Ni de jaloux ni
d’
aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer le trille dont Wagner,
3834
d’aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer
le
trille dont Wagner, au deuxième acte de Tristan, fera le cri sublime
3835
de lancer le trille dont Wagner, au deuxième acte
de
Tristan, fera le cri sublime de Brengaine : « Habet acht ! Habet acht
3836
le dont Wagner, au deuxième acte de Tristan, fera
le
cri sublime de Brengaine : « Habet acht ! Habet acht ! Schon weicht d
3837
au deuxième acte de Tristan, fera le cri sublime
de
Brengaine : « Habet acht ! Habet acht ! Schon weicht dem Tag die Nach
3838
te « belle qui toujours dit non » — encore qu’ici
le
doute s’insinue — qui est-elle, femme ou symbole ? Pourquoi sont-ils
3839
sont-ils tous à jurer que jamais ils ne trahiront
le
secret de leur grande passion, — comme s’il s’agissait d’une foi, et
3840
ous à jurer que jamais ils ne trahiront le secret
de
leur grande passion, — comme s’il s’agissait d’une foi, et d’une foi
3841
t de leur grande passion, — comme s’il s’agissait
d’
une foi, et d’une foi initiatique ? Ne sais comment lui faire savoir
3842
de passion, — comme s’il s’agissait d’une foi, et
d’
une foi initiatique ? Ne sais comment lui faire savoir Ma flamme, cra
3843
ire. dit l’un. Et tel autre : Renoncez, je vous
le
dis, au nom d’Amour et au mien renoncez, perfides délateurs, accompli
3844
est son pays, s’il est loin ou près, car je vous
le
tiendrai bien caché. Je mourrais plutôt que de faillir en un seul mot
3845
us le tiendrai bien caché. Je mourrais plutôt que
de
faillir en un seul mot… Quelle est la « dame » qui mériterait ce sac
3846
plutôt que de faillir en un seul mot… Quelle est
la
« dame » qui mériterait ce sacrifice ? Ou ce cri de Guillaume de Poit
3847
« dame » qui mériterait ce sacrifice ? Ou ce cri
de
Guillaume de Poitiers : Par elle seule je serai sauvé ! S’il ne s’a
3848
r elle seule je serai sauvé ! S’il ne s’agit que
de
figures de rhétorique, quel est l’esprit qui leur donna naissance ? E
3849
e je serai sauvé ! S’il ne s’agit que de figures
de
rhétorique, quel est l’esprit qui leur donna naissance ? Et quel Amou
3850
ne s’agit que de figures de rhétorique, quel est
l’
esprit qui leur donna naissance ? Et quel Amour en fut l’idée platonic
3851
t qui leur donna naissance ? Et quel Amour en fut
l’
idée platonicienne ? Dans sa chanson « Du moindre tiers d’Amour », cel
3852
latonicienne ? Dans sa chanson « Du moindre tiers
d’
Amour », celui des femmes — Guiraut de Calanson dit des deux autres ti
3853
— Guiraut de Calanson dit des deux autres tiers,
l’
amour des parents et l’amour divin : Au second tiers conviennent Nobl
3854
dit des deux autres tiers, l’amour des parents et
l’
amour divin : Au second tiers conviennent Noblesse et Merci ; et le p
3855
conviennent Noblesse et Merci ; et le premier est
de
telle élévation qu’au-dessus du ciel plane son pouvoir. Cet Amour u
3856
est du genre féminin) qui chez Dante va « mouvoir
le
ciel et toutes les étoiles », n’est-ce point déjà la Divinité en soi
3857
in) qui chez Dante va « mouvoir le ciel et toutes
les
étoiles », n’est-ce point déjà la Divinité en soi des grands mystique
3858
ciel et toutes les étoiles », n’est-ce point déjà
la
Divinité en soi des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu d’avant la
3859
Divinité en soi des grands mystiques hétérodoxes,
le
Dieu d’avant la Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart
3860
en soi des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu
d’
avant la Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart ? Et d’o
3861
des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu d’avant
la
Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart ? Et d’où viendr
3862
xes, le Dieu d’avant la Trinité dont nous parlent
la
Gnose et Maître Eckhart ? Et d’où viendrait, sinon, l’incertitude, vo
3863
dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart ? Et
d’
où viendrait, sinon, l’incertitude, voire le sentiment d’équivoque don
3864
ose et Maître Eckhart ? Et d’où viendrait, sinon,
l’
incertitude, voire le sentiment d’équivoque dont on ne peut se départi
3865
? Et d’où viendrait, sinon, l’incertitude, voire
le
sentiment d’équivoque dont on ne peut se départir à la lecture de ces
3866
endrait, sinon, l’incertitude, voire le sentiment
d’
équivoque dont on ne peut se départir à la lecture de ces poèmes amour
3867
ntiment d’équivoque dont on ne peut se départir à
la
lecture de ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien d’une femme réelle51
3868
quivoque dont on ne peut se départir à la lecture
de
ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien d’une femme réelle51 comme dans
3869
a lecture de ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien
d’
une femme réelle51 comme dans le Cantique des Cantiques, mais là aussi
3870
? Il s’agit bien d’une femme réelle51 comme dans
le
Cantique des Cantiques, mais là aussi, le ton est réellement mystique
3871
me dans le Cantique des Cantiques, mais là aussi,
le
ton est réellement mystique. Les érudits nous ressassent leur formule
3872
s, mais là aussi, le ton est réellement mystique.
Les
érudits nous ressassent leur formule : il n’y aurait là, tout « simpl
3873
l n’y aurait là, tout « simplement » qu’une manie
d’
idéaliser la femme et l’amour naturel. Mais d’où provient donc cette m
3874
là, tout « simplement » qu’une manie d’idéaliser
la
femme et l’amour naturel. Mais d’où provient donc cette manie ? D’une
3875
simplement » qu’une manie d’idéaliser la femme et
l’
amour naturel. Mais d’où provient donc cette manie ? D’une « humeur id
3876
nie d’idéaliser la femme et l’amour naturel. Mais
d’
où provient donc cette manie ? D’une « humeur idéalisante » ? Lisons p
3877
ur naturel. Mais d’où provient donc cette manie ?
D’
une « humeur idéalisante » ? Lisons plutôt ce cantique de Peire de Rog
3878
humeur idéalisante » ? Lisons plutôt ce cantique
de
Peire de Rogiers : Âpre tourment je dois souffrir Pour chagrin d’ell
3879
rs : Âpre tourment je dois souffrir Pour chagrin
d’
elle que j’ai si grand Mon cœur ne s’en doit point défaire Ni jamais j
3880
ais rien, car ne sais vouloir qu’ELLE. Et ce cri
de
Bernart de Ventadour : Elle m’a pris mon cœur, elle m’a pris moi-mêm
3881
s mon cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris
le
monde, puis elle s’est elle-même dérobée à moi, ne me laissant que mo
3882
ésir et mon cœur assoiffé ! Et ces deux strophes
d’
Arnaut Daniel — un noble qui se fit jongleur errant, et dont les roman
3883
el — un noble qui se fit jongleur errant, et dont
les
romanistes assurent que les poèmes sont « vides de pensée » : n’y tro
3884
gleur errant, et dont les romanistes assurent que
les
poèmes sont « vides de pensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche pré
3885
s romanistes assurent que les poèmes sont « vides
de
pensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise de la mystique nég
3886
es sont « vides de pensée » : n’y trouve-t-on pas
la
démarche précise de la mystique négative, et ses métaphores invariabl
3887
ensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise
de
la mystique négative, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et l
3888
ée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise de
la
mystique négative, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et la r
3889
que négative, et ses métaphores invariables ? Je
l’
aime et la recherche de si grand cœur que, par excès de désir, je croi
3890
ve, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et
la
recherche de si grand cœur que, par excès de désir, je crois que je m
3891
taphores invariables ? Je l’aime et la recherche
de
si grand cœur que, par excès de désir, je crois que je m’enlèverai to
3892
e et la recherche de si grand cœur que, par excès
de
désir, je crois que je m’enlèverai tout désir si l’on peut rien perdr
3893
désir, je crois que je m’enlèverai tout désir si
l’
on peut rien perdre à force de bien aimer. Car son cœur submerge le mi
3894
aimer. Car son cœur submerge le mien tout entier
d’
un flot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni l’Empire de Rome, ni qu’o
3895
er d’un flot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni
l’
Empire de Rome, ni qu’on m’en nomme le pape (et pour cause !), si je n
3896
lot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni l’Empire
de
Rome, ni qu’on m’en nomme le pape (et pour cause !), si je ne dois pa
3897
ne veux ni l’Empire de Rome, ni qu’on m’en nomme
le
pape (et pour cause !), si je ne dois pas faire retour vers elle pour
3898
mon tourment avec un baiser (consolamentum) avant
le
Nouvel An, elle me détruit et elle se damne. La pétulance méridional
3899
le Nouvel An, elle me détruit et elle se damne.
La
pétulance méridionale vient masquer, à la fin du poème, le sens trop
3900
damne. La pétulance méridionale vient masquer, à
la
fin du poème, le sens trop grave de cette opposition des deux Églises
3901
nce méridionale vient masquer, à la fin du poème,
le
sens trop grave de cette opposition des deux Églises : Je suis Arnau
3902
nt masquer, à la fin du poème, le sens trop grave
de
cette opposition des deux Églises : Je suis Arnaut qui amasse le ven
3903
ion des deux Églises : Je suis Arnaut qui amasse
le
vent, et je chasse le lièvre à l’aide d’un bœuf, et je nage contre le
3904
Je suis Arnaut qui amasse le vent, et je chasse
le
lièvre à l’aide d’un bœuf, et je nage contre le flux ! On se souvien
3905
naut qui amasse le vent, et je chasse le lièvre à
l’
aide d’un bœuf, et je nage contre le flux ! On se souvient de l’appar
3906
i amasse le vent, et je chasse le lièvre à l’aide
d’
un bœuf, et je nage contre le flux ! On se souvient de l’apparition d
3907
e le lièvre à l’aide d’un bœuf, et je nage contre
le
flux ! On se souvient de l’apparition d’Arnaut Daniel au Purgatoire,
3908
bœuf, et je nage contre le flux ! On se souvient
de
l’apparition d’Arnaut Daniel au Purgatoire, comme il se nomme à Dante
3909
f, et je nage contre le flux ! On se souvient de
l’
apparition d’Arnaut Daniel au Purgatoire, comme il se nomme à Dante, s
3910
contre le flux ! On se souvient de l’apparition
d’
Arnaut Daniel au Purgatoire, comme il se nomme à Dante, son disciple,
3911
çal : Jeu sui Arnautz, che plor e vai cantan… ⁂
L’
Église de Rome savait fort bien ce que trop de savants s’obstinent enc
3912
u sui Arnautz, che plor e vai cantan… ⁂ L’Église
de
Rome savait fort bien ce que trop de savants s’obstinent encore à ne
3913
⁂ L’Église de Rome savait fort bien ce que trop
de
savants s’obstinent encore à ne pas voir. Elle mesura toute l’ampleur
3914
obstinent encore à ne pas voir. Elle mesura toute
l’
ampleur du péril que lui faisait courir l’Hérésie. Il y eut la Croisad
3915
a toute l’ampleur du péril que lui faisait courir
l’
Hérésie. Il y eut la Croisade fameuse, l’Inquisition dominicaine. Mais
3916
péril que lui faisait courir l’Hérésie. Il y eut
la
Croisade fameuse, l’Inquisition dominicaine. Mais cette répression pa
3917
t courir l’Hérésie. Il y eut la Croisade fameuse,
l’
Inquisition dominicaine. Mais cette répression par la force ne pouvait
3918
nquisition dominicaine. Mais cette répression par
la
force ne pouvait suffire à la tâche d’extirper les racines vivantes,
3919
ette répression par la force ne pouvait suffire à
la
tâche d’extirper les racines vivantes, pures et impures, de la révolt
3920
ession par la force ne pouvait suffire à la tâche
d’
extirper les racines vivantes, pures et impures, de la révolte. Au cul
3921
la force ne pouvait suffire à la tâche d’extirper
les
racines vivantes, pures et impures, de la révolte. Au culte symboliqu
3922
’extirper les racines vivantes, pures et impures,
de
la révolte. Au culte symbolique de la Femme, le clergé eut la grande
3923
tirper les racines vivantes, pures et impures, de
la
révolte. Au culte symbolique de la Femme, le clergé eut la grande sag
3924
es et impures, de la révolte. Au culte symbolique
de
la Femme, le clergé eut la grande sagesse d’opposer une croyance « or
3925
et impures, de la révolte. Au culte symbolique de
la
Femme, le clergé eut la grande sagesse d’opposer une croyance « ortho
3926
, de la révolte. Au culte symbolique de la Femme,
le
clergé eut la grande sagesse d’opposer une croyance « orthodoxe » qui
3927
e. Au culte symbolique de la Femme, le clergé eut
la
grande sagesse d’opposer une croyance « orthodoxe » qui répondit au m
3928
ique de la Femme, le clergé eut la grande sagesse
d’
opposer une croyance « orthodoxe » qui répondit au même désir. De là l
3929
royance « orthodoxe » qui répondit au même désir.
De
là les tentatives multipliées, dès le milieu du xiie siècle, pour in
3930
e « orthodoxe » qui répondit au même désir. De là
les
tentatives multipliées, dès le milieu du xiie siècle, pour instituer
3931
même désir. De là les tentatives multipliées, dès
le
milieu du xiie siècle, pour instituer un culte de la Vierge. À la «
3932
e milieu du xiie siècle, pour instituer un culte
de
la Vierge. À la « Dame des pensées » de l’hérétique, on substituera «
3933
ilieu du xiie siècle, pour instituer un culte de
la
Vierge. À la « Dame des pensées » de l’hérétique, on substituera « No
3934
siècle, pour instituer un culte de la Vierge. À
la
« Dame des pensées » de l’hérétique, on substituera « Notre-Dame ». E
3935
un culte de la Vierge. À la « Dame des pensées »
de
l’hérétique, on substituera « Notre-Dame ». En 1140, à Lyon, les chan
3936
culte de la Vierge. À la « Dame des pensées » de
l’
hérétique, on substituera « Notre-Dame ». En 1140, à Lyon, les chanoin
3937
, on substituera « Notre-Dame ». En 1140, à Lyon,
les
chanoines établissent une fête de l’Immaculée Conception de Notre-Dam
3938
1140, à Lyon, les chanoines établissent une fête
de
l’Immaculée Conception de Notre-Dame. Et les ordres monastiques qui a
3939
40, à Lyon, les chanoines établissent une fête de
l’
Immaculée Conception de Notre-Dame. Et les ordres monastiques qui appa
3940
es établissent une fête de l’Immaculée Conception
de
Notre-Dame. Et les ordres monastiques qui apparaissent alors sont des
3941
fête de l’Immaculée Conception de Notre-Dame. Et
les
ordres monastiques qui apparaissent alors sont des répliques aux ordr
3942
rs sont des répliques aux ordres chevaleresques. (
Le
moine est « chevalier de Marie »). Saint Bernard de Clairvaux eut bea
3943
ordres chevaleresques. (Le moine est « chevalier
de
Marie »). Saint Bernard de Clairvaux eut beau protester dans une lett
3944
e lettre fameuse contre « cette fête nouvelle que
l’
usage de l’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la traditi
3945
fameuse contre « cette fête nouvelle que l’usage
de
l’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la tradition n’aut
3946
meuse contre « cette fête nouvelle que l’usage de
l’
Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la tradition n’autori
3947
fête nouvelle que l’usage de l’Église ignore, que
la
raison n’approuve pas, que la tradition n’autorise point… et qui intr
3948
’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que
la
tradition n’autorise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de la
3949
e la tradition n’autorise point… et qui introduit
la
nouveauté, sœur de la superstition, fille de l’inconstance ». Et sain
3950
torise point… et qui introduit la nouveauté, sœur
de
la superstition, fille de l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau,
3951
ise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de
la
superstition, fille de l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cen
3952
duit la nouveauté, sœur de la superstition, fille
de
l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire
3953
t la nouveauté, sœur de la superstition, fille de
l’
inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire de
3954
saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire
de
la manière la plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, el
3955
nt Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire de
la
manière la plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, elle
3956
ut beau, cent ans plus tard, écrire de la manière
la
plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, elle n’aurait pa
3957
té conçue sans péché, elle n’aurait pas eu besoin
d’
être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de la Vierge répondait à un
3958
pas eu besoin d’être rachetée par Jésus-Christ. »
Le
culte de la Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Égl
3959
soin d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte
de
la Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Église menac
3960
n d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de
la
Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Église menacée.
3961
» Le culte de la Vierge répondait à une nécessité
d’
ordre vital pour l’Église menacée. La papauté, plusieurs siècles plus
3962
erge répondait à une nécessité d’ordre vital pour
l’
Église menacée. La papauté, plusieurs siècles plus tard, ne put que sa
3963
ne nécessité d’ordre vital pour l’Église menacée.
La
papauté, plusieurs siècles plus tard, ne put que sanctionner un senti
3964
sanctionner un sentiment qui n’avait pas attendu
le
dogme pour triompher dans tous les arts. 8.Objections Des deux
3965
ait pas attendu le dogme pour triompher dans tous
les
arts. 8.Objections Des deux chapitres qui précèdent, se dégagen
3966
s qui précèdent, se dégagent des conclusions dont
l’
importance risque de se mesurer au nombre d’objections qu’elles soulèv
3967
dégagent des conclusions dont l’importance risque
de
se mesurer au nombre d’objections qu’elles soulèveront. Je ne songe p
3968
dont l’importance risque de se mesurer au nombre
d’
objections qu’elles soulèveront. Je ne songe pas à esquiver des critiq
3969
squiver des critiques que j’espère fécondes. Mais
le
lecteur me saura gré de tenir compte des doutes qui ont dû s’élever d
3970
e j’espère fécondes. Mais le lecteur me saura gré
de
tenir compte des doutes qui ont dû s’élever dans son esprit, et d’ind
3971
es doutes qui ont dû s’élever dans son esprit, et
d’
indiquer en bref par quelles raisons je crois pouvoir les surmonter. O
3972
quer en bref par quelles raisons je crois pouvoir
les
surmonter. On a dit et on me dira : 1° Que la religion des cathares n
3973
ir les surmonter. On a dit et on me dira : 1° Que
la
religion des cathares nous est encore mal connue et qu’il est donc au
3974
e mal connue et qu’il est donc au moins prématuré
d’
y voir la source du lyrisme courtois ; 2° Que les troubadours n’ont ja
3975
nue et qu’il est donc au moins prématuré d’y voir
la
source du lyrisme courtois ; 2° Que les troubadours n’ont jamais dit
3976
é d’y voir la source du lyrisme courtois ; 2° Que
les
troubadours n’ont jamais dit qu’ils suivaient cette religion, ou que
3977
t qu’ils suivaient cette religion, ou que c’était
d’
elle qu’ils parlaient ; 3° Qu’au contraire, l’amour qu’ils exaltent n
3978
it d’elle qu’ils parlaient ; 3° Qu’au contraire,
l’
amour qu’ils exaltent n’est que l’idéalisation ou la sublimation du dé
3979
u’au contraire, l’amour qu’ils exaltent n’est que
l’
idéalisation ou la sublimation du désir sexuel ; 4° Qu’on distingue ma
3980
amour qu’ils exaltent n’est que l’idéalisation ou
la
sublimation du désir sexuel ; 4° Qu’on distingue mal comment, de la c
3981
du désir sexuel ; 4° Qu’on distingue mal comment,
de
la confuse combinaison de doctrines manichéennes et néo-platonicienne
3982
désir sexuel ; 4° Qu’on distingue mal comment, de
la
confuse combinaison de doctrines manichéennes et néo-platoniciennes,
3983
distingue mal comment, de la confuse combinaison
de
doctrines manichéennes et néo-platoniciennes, sur un fond de traditio
3984
s manichéennes et néo-platoniciennes, sur un fond
de
traditions celtibériques, aurait pu naître une rhétorique aussi préci
3985
cise que celle des troubadours. Je répondrai dans
l’
ordre de ces critiques. 1. Religion mal connue Si elle n’était pas con
3986
celle des troubadours. Je répondrai dans l’ordre
de
ces critiques. 1. Religion mal connue Si elle n’était pas connue du t
3987
on mal connue Si elle n’était pas connue du tout,
le
problème du lyrisme provençal resterait totalement obscur, comme il r
3988
çal resterait totalement obscur, comme il ressort
de
l’aveu même des romanistes. Or je répète que je me refuse, pour ma pa
3989
resterait totalement obscur, comme il ressort de
l’
aveu même des romanistes. Or je répète que je me refuse, pour ma part,
3990
sidérer comme absurde une poétique et une éthique
de
l’amour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles
3991
érer comme absurde une poétique et une éthique de
l’
amour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuv
3992
me absurde une poétique et une éthique de l’amour
d’
où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuvres de l
3993
et une éthique de l’amour d’où sont issues, dans
les
siècles suivants, les plus belles œuvres de la littérature occidental
3994
mour d’où sont issues, dans les siècles suivants,
les
plus belles œuvres de la littérature occidentale. D’autre part, le pe
3995
dans les siècles suivants, les plus belles œuvres
de
la littérature occidentale. D’autre part, le peu que l’on connaît des
3996
s les siècles suivants, les plus belles œuvres de
la
littérature occidentale. D’autre part, le peu que l’on connaît des cr
3997
vres de la littérature occidentale. D’autre part,
le
peu que l’on connaît des croyances et des rites cathares suffit à éta
3998
littérature occidentale. D’autre part, le peu que
l’
on connaît des croyances et des rites cathares suffit à établir sans p
3999
it à établir sans plus de contestations possibles
les
origines manichéennes de l’hérésie. Or si l’on se reporte à ce qui fu
4000
contestations possibles les origines manichéennes
de
l’hérésie. Or si l’on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) s
4001
testations possibles les origines manichéennes de
l’
hérésie. Or si l’on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur
4002
les les origines manichéennes de l’hérésie. Or si
l’
on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur la nature essenti
4003
se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur
la
nature essentiellement lyrique des dogmes manichéens en général, il a
4004
nichéens en général, il apparaît qu’un supplément
d’
information sur telle ou telle nuance ou altération qu’auraient reçues
4005
ou altération qu’auraient reçues ces dogmes dans
l’
Église du Midi, n’apporterait pas grand-chose pour ou contre ma thèse.
4006
lles et exactes du dogme qu’il faut chercher dans
la
rhétorique courtoise, mais bien le développement lyrique et psalmodiq
4007
chercher dans la rhétorique courtoise, mais bien
le
développement lyrique et psalmodique des symboles fondamentaux. De mê
4008
entaux. De même, pour prendre un exemple moderne,
le
« sentiment chrétien » que l’on reconnaît chez un Baudelaire est autr
4009
un exemple moderne, le « sentiment chrétien » que
l’
on reconnaît chez un Baudelaire est autre chose qu’une transposition t
4010
lité (même formelle) qui serait inconcevable sans
le
dogme catholique ; à quoi s’ajoutent des éléments de vocabulaire et d
4011
dogme catholique ; à quoi s’ajoutent des éléments
de
vocabulaire et de syntaxe dont l’origine est nettement liturgique. On
4012
à quoi s’ajoutent des éléments de vocabulaire et
de
syntaxe dont l’origine est nettement liturgique. On peut imaginer que
4013
nt des éléments de vocabulaire et de syntaxe dont
l’
origine est nettement liturgique. On peut imaginer que les thèmes que
4014
ne est nettement liturgique. On peut imaginer que
les
thèmes que nous avons relevés chez les poètes provençaux entretiennen
4015
aginer que les thèmes que nous avons relevés chez
les
poètes provençaux entretiennent avec le néo-manichéisme des relations
4016
vés chez les poètes provençaux entretiennent avec
le
néo-manichéisme des relations d’un type analogue52. Au surplus, les o
4017
tretiennent avec le néo-manichéisme des relations
d’
un type analogue52. Au surplus, les origines hérétiques des lieux comm
4018
e des relations d’un type analogue52. Au surplus,
les
origines hérétiques des lieux communs de la rhétorique courtoise devi
4019
urplus, les origines hérétiques des lieux communs
de
la rhétorique courtoise deviennent sensibles dès que l’on compare ces
4020
lus, les origines hérétiques des lieux communs de
la
rhétorique courtoise deviennent sensibles dès que l’on compare ces li
4021
rhétorique courtoise deviennent sensibles dès que
l’
on compare ces lieux communs à ceux de la poésie cléricale de l’époque
4022
les dès que l’on compare ces lieux communs à ceux
de
la poésie cléricale de l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que J
4023
dès que l’on compare ces lieux communs à ceux de
la
poésie cléricale de l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jean
4024
e ces lieux communs à ceux de la poésie cléricale
de
l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans
4025
es lieux communs à ceux de la poésie cléricale de
l’
époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans le
4026
iste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans
le
remarquer. Parlant de la lyrique abstraite des troubadours du xiiie
4027
ue Jeanroy n’a pas été sans le remarquer. Parlant
de
la lyrique abstraite des troubadours du xiiie siècle, et de la confu
4028
Jeanroy n’a pas été sans le remarquer. Parlant de
la
lyrique abstraite des troubadours du xiiie siècle, et de la confusio
4029
ue abstraite des troubadours du xiiie siècle, et
de
la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il
4030
abstraite des troubadours du xiiie siècle, et de
la
confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il écr
4031
iie siècle, et de la confusion qu’elle favorise,
de
Dieu et de la Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on,
4032
, et de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et
de
la Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures
4033
t de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de
la
Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures de
4034
il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures
de
rhétorique sans conséquences. Soit. Mais les théories que les troubad
4035
gures de rhétorique sans conséquences. Soit. Mais
les
théories que les troubadours développaient avec une si grave applicat
4036
ue sans conséquences. Soit. Mais les théories que
les
troubadours développaient avec une si grave application, ne sont-elle
4037
ourquoi n’y a-t-il dans leurs œuvres aucune trace
de
ce déchirement intérieur, de ce dissidio qui rend si pathétiques cert
4038
œuvres aucune trace de ce déchirement intérieur,
de
ce dissidio qui rend si pathétiques certains vers de Pétrarque ? » Ce
4039
ce dissidio qui rend si pathétiques certains vers
de
Pétrarque ? » Cette question qui demeure ouverte dans l’ouvrage de M.
4040
arque ? » Cette question qui demeure ouverte dans
l’
ouvrage de M. Jeanroy53, trouve une réponse tout évidente dans l’hypot
4041
Cette question qui demeure ouverte dans l’ouvrage
de
M. Jeanroy53, trouve une réponse tout évidente dans l’hypothèse que j
4042
Jeanroy53, trouve une réponse tout évidente dans
l’
hypothèse que je propose. Je ne vois pas qu’elle en trouve ailleurs. 2
4043
se. Je ne vois pas qu’elle en trouve ailleurs. 2.
Les
troubadours gardent le secret Nous avons dit plus haut pour quelles r
4044
le en trouve ailleurs. 2. Les troubadours gardent
le
secret Nous avons dit plus haut pour quelles raisons impérieuses (cra
4045
us haut pour quelles raisons impérieuses (crainte
de
la persécution et serment d’initiation) ces poètes ne pouvaient parle
4046
haut pour quelles raisons impérieuses (crainte de
la
persécution et serment d’initiation) ces poètes ne pouvaient parler o
4047
impérieuses (crainte de la persécution et serment
d’
initiation) ces poètes ne pouvaient parler ouvertement de leur foi cat
4048
ation) ces poètes ne pouvaient parler ouvertement
de
leur foi cathare. (Ceux qui en ont parlé l’avaient tout d’abord abjur
4049
ement de leur foi cathare. (Ceux qui en ont parlé
l’
avaient tout d’abord abjurée). Nous avons dit aussi qu’il n’est pas né
4050
. Nous avons dit aussi qu’il n’est pas nécessaire
de
supposer que tous partageaient cette foi. Mais il reste à marquer que
4051
rtageaient cette foi. Mais il reste à marquer que
le
symbolisme courtois, s’il explique de la part des troubadours certain
4052
rtaines confusions ou abus, en explique davantage
de
notre part. Si l’on essaie de se replacer dans l’atmosphère du Moyen
4053
ou abus, en explique davantage de notre part. Si
l’
on essaie de se replacer dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit
4054
explique davantage de notre part. Si l’on essaie
de
se replacer dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absen
4055
de notre part. Si l’on essaie de se replacer dans
l’
atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absence de signification
4056
dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que
l’
absence de signification symbolique d’une poésie serait un fait beauco
4057
osphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absence
de
signification symbolique d’une poésie serait un fait beaucoup plus sc
4058
perçoit que l’absence de signification symbolique
d’
une poésie serait un fait beaucoup plus scandaleux que ne peut l’être
4059
rait un fait beaucoup plus scandaleux que ne peut
l’
être à nos yeux, par exemple, le symbolisme de la Dame. Dans l’optique
4060
aleux que ne peut l’être à nos yeux, par exemple,
le
symbolisme de la Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chos
4061
eut l’être à nos yeux, par exemple, le symbolisme
de
la Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chose signifie aut
4062
l’être à nos yeux, par exemple, le symbolisme de
la
Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chose signifie autre
4063
mple, le symbolisme de la Dame. Dans l’optique de
l’
homme médiéval, toute chose signifie autre chose, et cela sans qu’inte
4064
e chose, et cela sans qu’intervienne aucun effort
de
traduction conceptuelle. En d’autres termes, le médiéval n’a pas beso
4065
t de traduction conceptuelle. En d’autres termes,
le
médiéval n’a pas besoin de se formuler le sens des symboles qu’il emp
4066
e. En d’autres termes, le médiéval n’a pas besoin
de
se formuler le sens des symboles qu’il emploie, ni d’en prendre une c
4067
termes, le médiéval n’a pas besoin de se formuler
le
sens des symboles qu’il emploie, ni d’en prendre une conscience disti
4068
e formuler le sens des symboles qu’il emploie, ni
d’
en prendre une conscience distincte. Il est indemne de ce rationalisme
4069
prendre une conscience distincte. Il est indemne
de
ce rationalisme qui nous permet, à nous autres modernes, d’isoler et
4070
onalisme qui nous permet, à nous autres modernes,
d’
isoler et d’abstraire de toute ambiance significative les objets que n
4071
nous permet, à nous autres modernes, d’isoler et
d’
abstraire de toute ambiance significative les objets que nous considér
4072
, à nous autres modernes, d’isoler et d’abstraire
de
toute ambiance significative les objets que nous considérons54. L’un
4073
er et d’abstraire de toute ambiance significative
les
objets que nous considérons54. L’un des meilleurs historiens des mœur
4074
iques ; celui, entre autres, du mystique Suso : «
La
vie de la chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, s
4075
celui, entre autres, du mystique Suso : « La vie
de
la chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, saturée
4076
lui, entre autres, du mystique Suso : « La vie de
la
chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, saturée de
4077
vale est, dans toutes ses manifestations, saturée
de
représentations religieuses. Pas de choses ou d’actions, si ordinaire
4078
ions, saturée de représentations religieuses. Pas
de
choses ou d’actions, si ordinaires soient-elles, dont on ne cherche c
4079
de représentations religieuses. Pas de choses ou
d’
actions, si ordinaires soient-elles, dont on ne cherche constamment à
4080
t-elles, dont on ne cherche constamment à établir
le
rapport avec la foi. Mais dans cette atmosphère de saturation, la ten
4081
ne cherche constamment à établir le rapport avec
la
foi. Mais dans cette atmosphère de saturation, la tension religieuse,
4082
e rapport avec la foi. Mais dans cette atmosphère
de
saturation, la tension religieuse, l’idée transcendentale, l’élan ver
4083
la foi. Mais dans cette atmosphère de saturation,
la
tension religieuse, l’idée transcendentale, l’élan vers le sublime, n
4084
atmosphère de saturation, la tension religieuse,
l’
idée transcendentale, l’élan vers le sublime, ne peuvent être toujours
4085
n, la tension religieuse, l’idée transcendentale,
l’
élan vers le sublime, ne peuvent être toujours présents. Viennent-ils
4086
n religieuse, l’idée transcendentale, l’élan vers
le
sublime, ne peuvent être toujours présents. Viennent-ils à manquer, t
4087
s à manquer, tout ce qui était destiné à stimuler
la
conscience religieuse dégénère en profane banalité, en choquant matér
4088
banalité, en choquant matérialisme à prétentions
d’
au-delà. Même chez un mystique de l’envergure d’un Henri Suso, le subl
4089
me à prétentions d’au-delà. Même chez un mystique
de
l’envergure d’un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le
4090
à prétentions d’au-delà. Même chez un mystique de
l’
envergure d’un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le ri
4091
s d’au-delà. Même chez un mystique de l’envergure
d’
un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le ridicule. Il e
4092
chez un mystique de l’envergure d’un Henri Suso,
le
sublime nous semble parfois frôler le ridicule. Il est sublime quand,
4093
Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler
le
ridicule. Il est sublime quand, par piété envers la Vierge, il rend h
4094
ridicule. Il est sublime quand, par piété envers
la
Vierge, il rend hommage à toutes les femmes et marche dans la boue po
4095
piété envers la Vierge, il rend hommage à toutes
les
femmes et marche dans la boue pour laisser passer une pauvresse. Subl
4096
l rend hommage à toutes les femmes et marche dans
la
boue pour laisser passer une pauvresse. Sublime encore, quand il suit
4097
sser une pauvresse. Sublime encore, quand il suit
les
usages de l’amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier ma
4098
uvresse. Sublime encore, quand il suit les usages
de
l’amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier mai en offra
4099
esse. Sublime encore, quand il suit les usages de
l’
amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier mai en offrant
4100
il suit les usages de l’amour profane et célèbre
le
jour de l’an et le premier mai en offrant une couronne et une chanson
4101
offrant une couronne et une chanson à sa fiancée,
la
Sagesse éternelle. Mais que penser du reste ? À table, il mange les t
4102
lle. Mais que penser du reste ? À table, il mange
les
trois quarts d’une pomme en l’honneur de la Trinité, et le dernier qu
4103
ser du reste ? À table, il mange les trois quarts
d’
une pomme en l’honneur de la Trinité, et le dernier quart par amour po
4104
À table, il mange les trois quarts d’une pomme en
l’
honneur de la Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céle
4105
l mange les trois quarts d’une pomme en l’honneur
de
la Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céleste qui do
4106
ange les trois quarts d’une pomme en l’honneur de
la
Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céleste qui donna
4107
de la Trinité, et le dernier quart par amour pour
la
Mère céleste qui donnait à manger une pomme à son tendre enfant Jésus
4108
son tendre enfant Jésus ; et ce dernier quart, il
le
mange avec la peau, parce que les petits garçons ne pèlent pas leurs
4109
ant Jésus ; et ce dernier quart, il le mange avec
la
peau, parce que les petits garçons ne pèlent pas leurs pommes. Après
4110
ernier quart, il le mange avec la peau, parce que
les
petits garçons ne pèlent pas leurs pommes. Après Noël, au temps où l’
4111
pèlent pas leurs pommes. Après Noël, au temps où
l’
Enfant est trop jeune pour manger des fruits, Suso ne mange pas ce der
4112
fruits, Suso ne mange pas ce dernier quart, mais
l’
offre à Marie qui le donnera à son fils. Il prend sa boisson en cinq t
4113
ge pas ce dernier quart, mais l’offre à Marie qui
le
donnera à son fils. Il prend sa boisson en cinq traits pour les cinq
4114
son fils. Il prend sa boisson en cinq traits pour
les
cinq plaies du Seigneur ; mais il double la cinquième gorgée parce qu
4115
il double la cinquième gorgée parce que du flanc
de
Jésus, coula du sang et de l’eau. Voilà la sanctification de la vie p
4116
gée parce que du flanc de Jésus, coula du sang et
de
l’eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limit
4117
parce que du flanc de Jésus, coula du sang et de
l’
eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limites
4118
flanc de Jésus, coula du sang et de l’eau. Voilà
la
sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limites »55. Dira-t-o
4119
oula du sang et de l’eau. Voilà la sanctification
de
la vie poussée à ses extrêmes limites »55. Dira-t-on que l’on tombe i
4120
a du sang et de l’eau. Voilà la sanctification de
la
vie poussée à ses extrêmes limites »55. Dira-t-on que l’on tombe ici
4121
poussée à ses extrêmes limites »55. Dira-t-on que
l’
on tombe ici du symbole dans l’allégorie ? Oui, mais par un excès visi
4122
»55. Dira-t-on que l’on tombe ici du symbole dans
l’
allégorie ? Oui, mais par un excès visible. Le même auteur remarque un
4123
ans l’allégorie ? Oui, mais par un excès visible.
Le
même auteur remarque un peu plus loin que « la naïve conscience relig
4124
e. Le même auteur remarque un peu plus loin que «
la
naïve conscience religieuse de la multitude n’avait pas besoin de pre
4125
eu plus loin que « la naïve conscience religieuse
de
la multitude n’avait pas besoin de preuves intellectuelles en matière
4126
plus loin que « la naïve conscience religieuse de
la
multitude n’avait pas besoin de preuves intellectuelles en matière de
4127
nce religieuse de la multitude n’avait pas besoin
de
preuves intellectuelles en matière de foi : la seule présence d’une i
4128
in de preuves intellectuelles en matière de foi :
la
seule présence d’une image visible des choses saintes suffisait à en
4129
llectuelles en matière de foi : la seule présence
d’
une image visible des choses saintes suffisait à en démontrer la vérit
4130
sible des choses saintes suffisait à en démontrer
la
vérité » (p. 199). C’est dire que le « secret » des troubadours était
4131
en démontrer la vérité » (p. 199). C’est dire que
le
« secret » des troubadours était en somme une évidence symbolique aux
4132
bolique aux yeux des initiés et des sympathisants
de
l’Église d’Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idé
4133
ique aux yeux des initiés et des sympathisants de
l’
Église d’Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idée,
4134
yeux des initiés et des sympathisants de l’Église
d’
Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idée, stricteme
4135
u à personne cette idée, strictement moderne, que
les
symboles, pour être valables, dussent être commentés et expliqués d’u
4136
tre valables, dussent être commentés et expliqués
d’
une manière non symbolique… Toutefois, par suite de la situation parti
4137
e manière non symbolique… Toutefois, par suite de
la
situation particulière des hérétiques, l’on conçoit que certains d’en
4138
uite de la situation particulière des hérétiques,
l’
on conçoit que certains d’entre eux aient voulu indiquer discrètement
4139
leurs poèmes avaient un double sens précis, outre
le
symbolisme habituel et qui allait de soi. Dans ce cas, le symbole se
4140
lisme habituel et qui allait de soi. Dans ce cas,
le
symbole se double d’une allégorie, et prend un sens cryptographique.
4141
allait de soi. Dans ce cas, le symbole se double
d’
une allégorie, et prend un sens cryptographique. Je veux parler de l’é
4142
et prend un sens cryptographique. Je veux parler
de
l’école du trobar clus, déjà citée, et que M. Jeanroy définit en ces
4143
prend un sens cryptographique. Je veux parler de
l’
école du trobar clus, déjà citée, et que M. Jeanroy définit en ces ter
4144
ces termes : « Un autre moyen (pour « embarrasser
le
lecteur ») consistait alors à recouvrir une pensée religieuse d’un vê
4145
onsistait alors à recouvrir une pensée religieuse
d’
un vêtement profane, à appliquer à l’amour divin les formules consacré
4146
e religieuse d’un vêtement profane, à appliquer à
l’
amour divin les formules consacrées par l’usage à l’expression de l’am
4147
’un vêtement profane, à appliquer à l’amour divin
les
formules consacrées par l’usage à l’expression de l’amour humain.56 »
4148
iquer à l’amour divin les formules consacrées par
l’
usage à l’expression de l’amour humain.56 » Le trobar clus ne serait a
4149
amour divin les formules consacrées par l’usage à
l’
expression de l’amour humain.56 » Le trobar clus ne serait ainsi qu’un
4150
es formules consacrées par l’usage à l’expression
de
l’amour humain.56 » Le trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littérai
4151
formules consacrées par l’usage à l’expression de
l’
amour humain.56 » Le trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littéraire,
4152
par l’usage à l’expression de l’amour humain.56 »
Le
trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littéraire, un « tarabiscotage
4153
avoir d’autres causes » qu’on « ne se flatte pas
de
débrouiller ». (Op. cit., II, p. 16.) Mais le troubadour Alegret l’a
4154
pas de débrouiller ». (Op. cit., II, p. 16.) Mais
le
troubadour Alegret l’a fort bien dit : « Mon vers (poème) paraîtra i
4155
(Op. cit., II, p. 16.) Mais le troubadour Alegret
l’
a fort bien dit : « Mon vers (poème) paraîtra insensé au sot s’il n’a
4156
avance et je lui dirai comment il me fut possible
d’
y mettre deux (var. trois) mots de sens divers. » Cette manière d’embr
4157
me fut possible d’y mettre deux (var. trois) mots
de
sens divers. » Cette manière d’embrouiller les sens (entrebescar disa
4158
(var. trois) mots de sens divers. » Cette manière
d’
embrouiller les sens (entrebescar disaient les Provençaux : entrelacer
4159
ots de sens divers. » Cette manière d’embrouiller
les
sens (entrebescar disaient les Provençaux : entrelacer) s’expliquerai
4160
ière d’embrouiller les sens (entrebescar disaient
les
Provençaux : entrelacer) s’expliquerait-elle par une « intention d’in
4161
trelacer) s’expliquerait-elle par une « intention
d’
intriguer l’auditeur et de lui poser une énigme » ? On peut penser que
4162
expliquerait-elle par une « intention d’intriguer
l’
auditeur et de lui poser une énigme » ? On peut penser que les troubad
4163
lle par une « intention d’intriguer l’auditeur et
de
lui poser une énigme » ? On peut penser que les troubadours étaient m
4164
et de lui poser une énigme » ? On peut penser que
les
troubadours étaient mus par des passions moins puériles… « J’entrelac
4165
t Raimbaut d’Orange. Et Marcabru : « Pour sage je
le
tiens sans nul doute celui qui dans mon chant devine ce que chaque mo
4166
ur éclaircir ma parole obscure. » Ici se poserait
la
plus grave question, mais elle demeure presque insoluble : comment le
4167
on, mais elle demeure presque insoluble : comment
les
troubadours entendaient-ils leurs propres symboles ? Et d’une manière
4168
dours entendaient-ils leurs propres symboles ? Et
d’
une manière plus générale, quelle espèce de conscience avons-nous des
4169
s ? Et d’une manière plus générale, quelle espèce
de
conscience avons-nous des métaphores que nous utilisons dans nos écri
4170
nos écrits57 ? Il ne faudrait pas oublier ce que
l’
on vient de dire sur la mentalité « naïvement » symbolique des médiéva
4171
audrait pas oublier ce que l’on vient de dire sur
la
mentalité « naïvement » symbolique des médiévaux : leurs symboles n’é
4172
s prosaïques et rationnels. Ce n’est donc que sur
le
double sens allégorique que devrait porter la question… Et enfin tout
4173
sur le double sens allégorique que devrait porter
la
question… Et enfin toute cette poésie baignait dans l’atmosphère la p
4174
estion… Et enfin toute cette poésie baignait dans
l’
atmosphère la plus chargée de passions. Les actions que nous rapporten
4175
fin toute cette poésie baignait dans l’atmosphère
la
plus chargée de passions. Les actions que nous rapportent les chroniq
4176
poésie baignait dans l’atmosphère la plus chargée
de
passions. Les actions que nous rapportent les chroniqueurs du temps s
4177
it dans l’atmosphère la plus chargée de passions.
Les
actions que nous rapportent les chroniqueurs du temps sont parmi les
4178
rgée de passions. Les actions que nous rapportent
les
chroniqueurs du temps sont parmi les folles, les plus « surréalistes
4179
s rapportent les chroniqueurs du temps sont parmi
les
folles, les plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire de nos mœ
4180
les chroniqueurs du temps sont parmi les folles,
les
plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire de nos mœurs… Qu’on s
4181
folles, les plus « surréalistes » qu’ait connues
l’
histoire de nos mœurs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue le
4182
s plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire
de
nos mœurs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue le troubadour
4183
urs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue
le
troubadour favori de sa femme, et fait servir le cœur de la victime s
4184
e ce seigneur jaloux qui tue le troubadour favori
de
sa femme, et fait servir le cœur de la victime sur un plat. La dame l
4185
le troubadour favori de sa femme, et fait servir
le
cœur de la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c
4186
badour favori de sa femme, et fait servir le cœur
de
la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le
4187
our favori de sa femme, et fait servir le cœur de
la
victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le se
4188
et fait servir le cœur de la victime sur un plat.
La
dame le mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur le lui ayant dit
4189
servir le cœur de la victime sur un plat. La dame
le
mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur le lui ayant dit : — « Me
4190
plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est.
Le
seigneur le lui ayant dit : — « Messire, répond la dame, vous m’avez
4191
me le mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur
le
lui ayant dit : — « Messire, répond la dame, vous m’avez donné à mang
4192
e seigneur le lui ayant dit : — « Messire, répond
la
dame, vous m’avez donné à manger mets si savoureux que jamais plus ne
4193
ets si savoureux que jamais plus ne mangerai rien
d’
autre ! » et elle se jette par la fenêtre du donjon. On admettra que c
4194
ne mangerai rien d’autre ! » et elle se jette par
la
fenêtre du donjon. On admettra que cette atmosphère suffisait bien à
4195
pour « colorer » un symbolisme même dogmatique à
l’
origine. 3. L’amour courtois serait une idéalisation de l’amour charne
4196
r » un symbolisme même dogmatique à l’origine. 3.
L’
amour courtois serait une idéalisation de l’amour charnel C’est la thè
4197
gine. 3. L’amour courtois serait une idéalisation
de
l’amour charnel C’est la thèse la plus courante. On pourrait se borne
4198
e. 3. L’amour courtois serait une idéalisation de
l’
amour charnel C’est la thèse la plus courante. On pourrait se borner à
4199
serait une idéalisation de l’amour charnel C’est
la
thèse la plus courante. On pourrait se borner à rappeler que le symbo
4200
ne idéalisation de l’amour charnel C’est la thèse
la
plus courante. On pourrait se borner à rappeler que le symbolisme méd
4201
us courante. On pourrait se borner à rappeler que
le
symbolisme médiéval procède généralement de haut en bas — de ciel en
4202
me médiéval procède généralement de haut en bas —
de
ciel en terre — ce qui réfute les conclusions modernes déduites du pr
4203
de haut en bas — de ciel en terre — ce qui réfute
les
conclusions modernes déduites du préjugé matérialiste. Mais il faut a
4204
Contre Wechssler, qui veut voir, lui aussi, dans
la
lyrique courtoise une expression de sentiments religieux de l’époque5
4205
i aussi, dans la lyrique courtoise une expression
de
sentiments religieux de l’époque58, Jeanroy écrit : « Dans ces affirm
4206
courtoise une expression de sentiments religieux
de
l’époque58, Jeanroy écrit : « Dans ces affirmations hardies, il y a d
4207
urtoise une expression de sentiments religieux de
l’
époque58, Jeanroy écrit : « Dans ces affirmations hardies, il y a du r
4208
affirmations hardies, il y a du reste une erreur
de
fait aisée à relever : qu’à la longue, la chanson se soit vidée de so
4209
erreur de fait aisée à relever : qu’à la longue,
la
chanson se soit vidée de son contenu initial, n’ait plus été qu’un ti
4210
elever : qu’à la longue, la chanson se soit vidée
de
son contenu initial, n’ait plus été qu’un tissu de formules creuses o
4211
e son contenu initial, n’ait plus été qu’un tissu
de
formules creuses on le peut admettre. Mais au début et jusqu’à la fin
4212
n’ait plus été qu’un tissu de formules creuses on
le
peut admettre. Mais au début et jusqu’à la fin du xiie siècle, il n’
4213
ses on le peut admettre. Mais au début et jusqu’à
la
fin du xiie siècle, il n’en était pas ainsi : chez les poètes de cet
4214
n du xiie siècle, il n’en était pas ainsi : chez
les
poètes de cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et
4215
siècle, il n’en était pas ainsi : chez les poètes
de
cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et parfois si
4216
tait pas ainsi : chez les poètes de cette époque,
l’
expression du désir charnel est si vive et parfois si brutale qu’il es
4217
parfois si brutale qu’il est vraiment impossible
de
se tromper sur la nature de leurs aspirations. » Si c’est le cas, on
4218
e qu’il est vraiment impossible de se tromper sur
la
nature de leurs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande d’où vi
4219
t vraiment impossible de se tromper sur la nature
de
leurs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande d’où vient la gên
4220
er sur la nature de leurs aspirations. » Si c’est
le
cas, on se demande d’où vient la gêne et l’« agacement » de l’auteur
4221
urs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande
d’
où vient la gêne et l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé d
4222
ions. » Si c’est le cas, on se demande d’où vient
la
gêne et l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaît
4223
c’est le cas, on se demande d’où vient la gêne et
l’
« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivo
4224
se demande d’où vient la gêne et l’« agacement »
de
l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivoque des expressi
4225
demande d’où vient la gêne et l’« agacement » de
l’
auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivoque des expressions
4226
l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé
de
reconnaître l’équivoque des expressions courtoises et leurs résonance
4227
» de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître
l’
équivoque des expressions courtoises et leurs résonances mystiques. «
4228
ystiques. « Il est certain — doit-il avouer — que
les
idées religieuses d’une époque influent généralement sur la conceptio
4229
tain — doit-il avouer — que les idées religieuses
d’
une époque influent généralement sur la conception qu’on se fait de l’
4230
eligieuses d’une époque influent généralement sur
la
conception qu’on se fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire de
4231
uent généralement sur la conception qu’on se fait
de
l’amour, et surtout que le vocabulaire de la galanterie se règle sur
4232
t généralement sur la conception qu’on se fait de
l’
amour, et surtout que le vocabulaire de la galanterie se règle sur cel
4233
nception qu’on se fait de l’amour, et surtout que
le
vocabulaire de la galanterie se règle sur celui de la dévotion 59. Du
4234
se fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire
de
la galanterie se règle sur celui de la dévotion 59. Du jour où adorer
4235
fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire de
la
galanterie se règle sur celui de la dévotion 59. Du jour où adorer de
4236
e vocabulaire de la galanterie se règle sur celui
de
la dévotion 59. Du jour où adorer devient synonyme d’aimer, cette mét
4237
ocabulaire de la galanterie se règle sur celui de
la
dévotion 59. Du jour où adorer devient synonyme d’aimer, cette métaph
4238
a dévotion 59. Du jour où adorer devient synonyme
d’
aimer, cette métaphore en entraîne une quantité d’autres. » Et de cite
4239
métaphore en entraîne une quantité d’autres. » Et
de
citer Chrétien de Troyes, et les poètes du Nord disciples des troubad
4240
té d’autres. » Et de citer Chrétien de Troyes, et
les
poètes du Nord disciples des troubadours, Gace Brûlé, Gautier d’Épina
4241
e « qui font penser aux effusions et aux appels à
la
souffrance d’une sainte Thérèse et d’un Jean de la Croix »60. Mais al
4242
enser aux effusions et aux appels à la souffrance
d’
une sainte Thérèse et d’un Jean de la Croix »60. Mais alors pourquoi r
4243
ux appels à la souffrance d’une sainte Thérèse et
d’
un Jean de la Croix »60. Mais alors pourquoi rejeter sans discussion l
4244
»60. Mais alors pourquoi rejeter sans discussion
l’
ouvrage de Wechssler, qui soutient que les « théories amoureuses du Mo
4245
alors pourquoi rejeter sans discussion l’ouvrage
de
Wechssler, qui soutient que les « théories amoureuses du Moyen Âge ne
4246
scussion l’ouvrage de Wechssler, qui soutient que
les
« théories amoureuses du Moyen Âge ne sont qu’un reflet de ses idées
4247
ries amoureuses du Moyen Âge ne sont qu’un reflet
de
ses idées religieuses » ? Et pourquoi vouloir à tout prix que les poè
4248
ligieuses » ? Et pourquoi vouloir à tout prix que
les
poèmes des troubadours comportent des notations « réalistes » et des
4249
ations « réalistes » et des descriptions précises
de
la Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche de ne recourir jama
4250
ons « réalistes » et des descriptions précises de
la
Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche de ne recourir jamais
4251
la Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche
de
ne recourir jamais qu’à des épithètes stéréotypées ? Jaufré Rudel, pr
4252
, dit très nettement que sa Dame est une création
de
son esprit, et qu’elle s’évanouit avec l’aube. Ailleurs, c’est la « p
4253
réation de son esprit, et qu’elle s’évanouit avec
l’
aube. Ailleurs, c’est la « princesse lointaine » qu’il veut aimer. Cep
4254
t qu’elle s’évanouit avec l’aube. Ailleurs, c’est
la
« princesse lointaine » qu’il veut aimer. Cependant M. Jeanroy s’inqu
4255
qu’il veut aimer. Cependant M. Jeanroy s’inquiète
de
trouver dans ses poèmes « des détails qui paraissent nous plonger dan
4256
es « des détails qui paraissent nous plonger dans
la
réalité et que rien n’explique ». Exemples donnés : « Je suis en dout
4257
». Exemples donnés : « Je suis en doute au sujet
d’
une chose et mon cœur est dans l’angoisse : c’est que tout ce que le f
4258
n doute au sujet d’une chose et mon cœur est dans
l’
angoisse : c’est que tout ce que le frère me refuse, j’entends la sœur
4259
cœur est dans l’angoisse : c’est que tout ce que
le
frère me refuse, j’entends la sœur me l’octroyer. » D’autre part, Rud
4260
est que tout ce que le frère me refuse, j’entends
la
sœur me l’octroyer. » D’autre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame :
4261
t ce que le frère me refuse, j’entends la sœur me
l’
octroyer. » D’autre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame : elle a le c
4262
tre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame : elle a
le
corps « gras, delgat et gen ». Or la première phrase, où Jeanroy veut
4263
ique, détient un sens mystique évident : « Ce que
le
corps me refuse, l’esprit me l’octroie » (par exemple, car il y a d’a
4264
s mystique évident : « Ce que le corps me refuse,
l’
esprit me l’octroie » (par exemple, car il y a d’autres sens encore).
4265
vident : « Ce que le corps me refuse, l’esprit me
l’
octroie » (par exemple, car il y a d’autres sens encore). Et quant aux
4266
alistes » qui décriraient une dame « réelle », on
les
retrouve parfaitement identiques chez une douzaine d’autres poètes !
4267
sais plus quel érudit qu’il semblerait que toute
la
poésie des troubadours fût l’œuvre d’un seul auteur louant une Dame u
4268
emblerait que toute la poésie des troubadours fût
l’
œuvre d’un seul auteur louant une Dame unique !) Où est alors cette ex
4269
t que toute la poésie des troubadours fût l’œuvre
d’
un seul auteur louant une Dame unique !) Où est alors cette expression
4270
Où est alors cette expression « vive et brutale »
d’
un désir évidemment charnel ? Dans la crudité de certains termes ? Mai
4271
et brutale » d’un désir évidemment charnel ? Dans
la
crudité de certains termes ? Mais elle était courante et naturelle av
4272
» d’un désir évidemment charnel ? Dans la crudité
de
certains termes ? Mais elle était courante et naturelle avant le puri
4273
mes ? Mais elle était courante et naturelle avant
le
puritanisme bourgeois. L’argument est anachronique. Voici par contre
4274
ante et naturelle avant le puritanisme bourgeois.
L’
argument est anachronique. Voici par contre un document de poids à l’a
4275
nt est anachronique. Voici par contre un document
de
poids à l’appui de la thèse symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un po
4276
oici par contre un document de poids à l’appui de
la
thèse symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un poème sur les femmes. Si
4277
symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un poème sur
les
femmes. Si vous voulez faire leur conquête, dit-il, soyez brutaux, «
4278
e, dit-il, soyez brutaux, « donnez-leur des coups
de
poing sur le nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez-les : car c’est c
4279
yez brutaux, « donnez-leur des coups de poing sur
le
nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez-les : car c’est cela qu’elles
4280
ing sur le nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez-
les
: car c’est cela qu’elles aiment. Quant à moi, conclut-il, si je me
4281
comporte autrement, c’est que je ne me soucie pas
d’
aimer. Je ne veux pas me gêner pour les femmes, pas plus que si toutes
4282
soucie pas d’aimer. Je ne veux pas me gêner pour
les
femmes, pas plus que si toutes étaient mes sœurs ; c’est pourquoi je
4283
p parler est pis que péché mortel. Or nous avons
de
ce même Raimbaut d’Orange d’admirables poèmes à la louange de la Dame
4284
rtel. Or nous avons de ce même Raimbaut d’Orange
d’
admirables poèmes à la louange de la Dame. Et nous savons par ailleurs
4285
e ce même Raimbaut d’Orange d’admirables poèmes à
la
louange de la Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé
4286
aimbaut d’Orange d’admirables poèmes à la louange
de
la Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé par Trista
4287
baut d’Orange d’admirables poèmes à la louange de
la
Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé par Tristan e
4288
uange de la Dame. Et nous savons par ailleurs que
l’
anneau (échangé par Tristan et Iseut) est le signe d’une fidélité qui
4289
s que l’anneau (échangé par Tristan et Iseut) est
le
signe d’une fidélité qui justement n’est pas celle des corps. Soulign
4290
nneau (échangé par Tristan et Iseut) est le signe
d’
une fidélité qui justement n’est pas celle des corps. Soulignons enfin
4291
des corps. Soulignons enfin ce fait capital : que
les
vertus de la cortezia ; humilité, loyauté, respect et fidélité envers
4292
Soulignons enfin ce fait capital : que les vertus
de
la cortezia ; humilité, loyauté, respect et fidélité envers la Dame,
4293
lignons enfin ce fait capital : que les vertus de
la
cortezia ; humilité, loyauté, respect et fidélité envers la Dame, son
4294
a ; humilité, loyauté, respect et fidélité envers
la
Dame, sont ici rapportées expressément au refus de l’amour physique.
4295
a Dame, sont ici rapportées expressément au refus
de
l’amour physique. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes de Da
4296
ame, sont ici rapportées expressément au refus de
l’
amour physique. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes de Dante
4297
mour physique. Au surplus, nous verrons plus tard
les
poèmes de Dante être d’autant plus passionnés et « réalistes » dans l
4298
ue. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes
de
Dante être d’autant plus passionnés et « réalistes » dans leurs image
4299
, nous verrons plus tard les poèmes de Dante être
d’
autant plus passionnés et « réalistes » dans leurs images que Béatrice
4300
Béatrice s’élèvera davantage dans une hiérarchie
d’
abstractions mystiques, figurant d’abord la philosophie, puis la Scien
4301
archie d’abstractions mystiques, figurant d’abord
la
philosophie, puis la Science, puis la Science sacrée. Un petit fait e
4302
mystiques, figurant d’abord la philosophie, puis
la
Science, puis la Science sacrée. Un petit fait encore : deux des plus
4303
ant d’abord la philosophie, puis la Science, puis
la
Science sacrée. Un petit fait encore : deux des plus ardents parmi le
4304
n petit fait encore : deux des plus ardents parmi
les
troubadours à louer les beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et l’Ital
4305
ux des plus ardents parmi les troubadours à louer
les
beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et l’Italien Guinizelli sont plac
4306
ardents parmi les troubadours à louer les beautés
de
leur Dame, Arnaut Daniel et l’Italien Guinizelli sont placés au chant
4307
louer les beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et
l’
Italien Guinizelli sont placés au chant XXIV du Purgatoire dans le cer
4308
elli sont placés au chant XXIV du Purgatoire dans
le
cercle des sodomistes !61 Mais tout cela nous amène à reconnaître en
4309
61 Mais tout cela nous amène à reconnaître enfin
la
réelle complexité d’un problème dont nous avons souligné jusqu’ici, n
4310
us amène à reconnaître enfin la réelle complexité
d’
un problème dont nous avons souligné jusqu’ici, non sans une volontair
4311
ntaire partialité, l’un des aspects seulement, et
le
plus contesté. On a trop longtemps cru que la cortezia était une simp
4312
et le plus contesté. On a trop longtemps cru que
la
cortezia était une simple idéalisation de l’instinct sexuel. À l’inve
4313
cru que la cortezia était une simple idéalisation
de
l’instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que l’
4314
que la cortezia était une simple idéalisation de
l’
instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que l’idé
4315
t une simple idéalisation de l’instinct sexuel. À
l’
inverse, il serait excessif de soutenir que l’idéal mystique sur quoi
4316
’instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif
de
soutenir que l’idéal mystique sur quoi elle se fondait à l’origine fû
4317
. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que
l’
idéal mystique sur quoi elle se fondait à l’origine fût toujours et pa
4318
r que l’idéal mystique sur quoi elle se fondait à
l’
origine fût toujours et partout observé ; ou qu’il fût en soi univoque
4319
t partout observé ; ou qu’il fût en soi univoque.
L’
exaltation de la chasteté produit presque toujours des excès luxurieux
4320
ervé ; ou qu’il fût en soi univoque. L’exaltation
de
la chasteté produit presque toujours des excès luxurieux. Sans nous a
4321
é ; ou qu’il fût en soi univoque. L’exaltation de
la
chasteté produit presque toujours des excès luxurieux. Sans nous atta
4322
cès luxurieux. Sans nous attarder aux accusations
de
débauche que beaucoup ont portées contre les troubadours — l’on sait
4323
tions de débauche que beaucoup ont portées contre
les
troubadours — l’on sait au vrai peu de choses de leurs vies — nous ra
4324
que beaucoup ont portées contre les troubadours —
l’
on sait au vrai peu de choses de leurs vies — nous rappellerons l’exem
4325
les troubadours — l’on sait au vrai peu de choses
de
leurs vies — nous rappellerons l’exemple des sectes gnostiques, qui c
4326
i peu de choses de leurs vies — nous rappellerons
l’
exemple des sectes gnostiques, qui condamnaient aussi la création, et
4327
ple des sectes gnostiques, qui condamnaient aussi
la
création, et en particulier l’attrait des sexes, mais déduisaient de
4328
condamnaient aussi la création, et en particulier
l’
attrait des sexes, mais déduisaient de cette condamnation une morale é
4329
particulier l’attrait des sexes, mais déduisaient
de
cette condamnation une morale étrangement débridée. Les carpocratiens
4330
tte condamnation une morale étrangement débridée.
Les
carpocratiens par exemple interdisaient la procréation, mais par aill
4331
idée. Les carpocratiens par exemple interdisaient
la
procréation, mais par ailleurs divinisaient le sperme62. Il est proba
4332
nt la procréation, mais par ailleurs divinisaient
le
sperme62. Il est probable que des excès de ce genre se produisirent a
4333
saient le sperme62. Il est probable que des excès
de
ce genre se produisirent aussi chez les cathares, et plus encore chez
4334
des excès de ce genre se produisirent aussi chez
les
cathares, et plus encore chez leurs disciples, les troubadours. Des a
4335
es cathares, et plus encore chez leurs disciples,
les
troubadours. Des accusations horrifiantes figurent à cet égard dans l
4336
ccusations horrifiantes figurent à cet égard dans
les
registres de l’Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent co
4337
rifiantes figurent à cet égard dans les registres
de
l’Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent contradictoires
4338
iantes figurent à cet égard dans les registres de
l’
Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent contradictoires. A
4339
fois qu’elles sont souvent contradictoires. Ainsi
l’
on affirme tantôt que les cathares tiennent pour innocentes les volupt
4340
nt contradictoires. Ainsi l’on affirme tantôt que
les
cathares tiennent pour innocentes les voluptés les plus grossières, t
4341
tantôt que les cathares tiennent pour innocentes
les
voluptés les plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent le mariage et
4342
es cathares tiennent pour innocentes les voluptés
les
plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent le mariage et tout commerce
4343
tés les plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent
le
mariage et tout commerce sexuel, licite ou non. Mais des accusations
4344
cusations semblables furent portées contre toutes
les
religions nouvelles, sans excepter le christianisme primitif. Et il e
4345
tre toutes les religions nouvelles, sans excepter
le
christianisme primitif. Et il est juste de citer ici le jugement d’un
4346
cepter le christianisme primitif. Et il est juste
de
citer ici le jugement d’un dominicain qui eut l’occasion de fouiller
4347
istianisme primitif. Et il est juste de citer ici
le
jugement d’un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans les arch
4348
rimitif. Et il est juste de citer ici le jugement
d’
un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans les archives du sain
4349
de citer ici le jugement d’un dominicain qui eut
l’
occasion de fouiller dans les archives du saint Office, et qui s’expri
4350
ci le jugement d’un dominicain qui eut l’occasion
de
fouiller dans les archives du saint Office, et qui s’exprime ainsi au
4351
un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans
les
archives du saint Office, et qui s’exprime ainsi au sujet des cathare
4352
ice, et qui s’exprime ainsi au sujet des cathares
d’
Italie, ou patarins : « Malgré toutes mes recherches, dans les procédu
4353
u patarins : « Malgré toutes mes recherches, dans
les
procédures dressées par nos frères, je n’ai pas trouvé que les héréti
4354
s dressées par nos frères, je n’ai pas trouvé que
les
hérétiques « consolés » se livrassent en Toscane à des actes énormes
4355
hommes et femmes (?), des excès sensuels. Or, si
les
religieux ne se sont pas tus par modestie, ce qui ne me paraît pas cr
4356
à tout, leurs erreurs étaient plutôt des erreurs
d’
intelligence que de sensualité »63. Retenons donc ceci, qui nuance not
4357
urs étaient plutôt des erreurs d’intelligence que
de
sensualité »63. Retenons donc ceci, qui nuance notre schéma : si les
4358
Retenons donc ceci, qui nuance notre schéma : si
les
erreurs de la passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d
4359
nc ceci, qui nuance notre schéma : si les erreurs
de
la passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d’origine re
4360
ceci, qui nuance notre schéma : si les erreurs de
la
passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d’origine relig
4361
ion — au sens précis que je donne à ce mot — sont
d’
origine religieuse et mystique, il est certain qu’elles se trouvent fl
4362
trouvent flatter, par cela même qu’elles veulent
le
transcender, l’instinct sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet :
4363
r, par cela même qu’elles veulent le transcender,
l’
instinct sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet : « l’amour de ga
4364
nder, l’instinct sexuel, ou comme dit Platon dans
le
Banquet : « l’amour de gauche ». ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — que
4365
t sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet : «
l’
amour de gauche ». ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — quels qu’aient pu
4366
, ou comme dit Platon dans le Banquet : « l’amour
de
gauche ». ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — quels qu’aient pu être mes
4367
conclure — quels qu’aient pu être mes scrupules à
l’
origine — que la rhétorique courtoise fut au moins inspirée par la mys
4368
qu’aient pu être mes scrupules à l’origine — que
la
rhétorique courtoise fut au moins inspirée par la mystique cathare64.
4369
la rhétorique courtoise fut au moins inspirée par
la
mystique cathare64. C’est là une thèse minimum en apparence. Mais sit
4370
pliquer bien davantage. Elle ouvre toutes grandes
les
perspectives entrevues par Aroux et Péladan. Et c’est plus qu’il n’en
4371
r mon interprétation religieuse du mythe courtois
de
la passion. Pour nous faciliter une représentation analogique de ce p
4372
on interprétation religieuse du mythe courtois de
la
passion. Pour nous faciliter une représentation analogique de ce proc
4373
Pour nous faciliter une représentation analogique
de
ce processus minimum d’inspiration et d’influence, prenons un exemple
4374
représentation analogique de ce processus minimum
d’
inspiration et d’influence, prenons un exemple moderne. Un exemple don
4375
alogique de ce processus minimum d’inspiration et
d’
influence, prenons un exemple moderne. Un exemple dont je crois pouvoi
4376
oderne. Un exemple dont je crois pouvoir dire que
les
données sont entièrement énumérables et très profondément connues (au
4377
ment connues (au sens total) par plusieurs hommes
de
ma génération : je veux parler du surréalisme et de l’influence de Fr
4378
ma génération : je veux parler du surréalisme et
de
l’influence de Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de
4379
génération : je veux parler du surréalisme et de
l’
influence de Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de no
4380
: je veux parler du surréalisme et de l’influence
de
Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de notre civilisa
4381
l’influence de Freud sur ce mouvement. Supposons
l’
historien futur de notre civilisation détruite : il a devant les yeux
4382
eud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur
de
notre civilisation détruite : il a devant les yeux quelques poèmes su
4383
utur de notre civilisation détruite : il a devant
les
yeux quelques poèmes surréalistes, il a pu les traduire et les dater.
4384
nt les yeux quelques poèmes surréalistes, il a pu
les
traduire et les dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à l’époque du
4385
ques poèmes surréalistes, il a pu les traduire et
les
dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à l’époque du surréalisme flo
4386
et les dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à
l’
époque du surréalisme florissait une école psychiatrique dont on n’a p
4387
une école psychiatrique dont on n’a pu retrouver
les
ouvrages : le fascisme, survenu peu après, les ayant tous détruits à
4388
hiatrique dont on n’a pu retrouver les ouvrages :
le
fascisme, survenu peu après, les ayant tous détruits à cause de leur
4389
er les ouvrages : le fascisme, survenu peu après,
les
ayant tous détruits à cause de leur inspiration sémite. Du moins sait
4390
de leur inspiration sémite. Du moins sait-on par
les
pamphlets de ses adversaires que cette école proposait une théorie ér
4391
ration sémite. Du moins sait-on par les pamphlets
de
ses adversaires que cette école proposait une théorie érotique des rê
4392
cole proposait une théorie érotique des rêves. Or
les
poèmes surréalistes conservés et traduits ne paraissent présenter auc
4393
t traduits ne paraissent présenter aucun sens, et
l’
on se plaint de leur monotonie ; toujours les mêmes images érotiques e
4394
araissent présenter aucun sens, et l’on se plaint
de
leur monotonie ; toujours les mêmes images érotiques et sanglantes, l
4395
s, et l’on se plaint de leur monotonie ; toujours
les
mêmes images érotiques et sanglantes, la même rhétorique exaltée, et
4396
oujours les mêmes images érotiques et sanglantes,
la
même rhétorique exaltée, et ne dirait-on pas qu’ils n’ont qu’un seul
4397
êves ? Peut-être même sont-ils des rêves écrits ?
Les
spécialistes demeurent sceptiques. Un littérateur « peu sérieux » ima
4398
ues. Un littérateur « peu sérieux » imagine alors
l’
hypothèse d’une influence de la psychanalyse sur l’ensemble du surréal
4399
érateur « peu sérieux » imagine alors l’hypothèse
d’
une influence de la psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïnc
4400
rieux » imagine alors l’hypothèse d’une influence
de
la psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïncidence des dates
4401
ux » imagine alors l’hypothèse d’une influence de
la
psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïncidence des dates, a
4402
’hypothèse d’une influence de la psychanalyse sur
l’
ensemble du surréalisme : coïncidence des dates, analogie des thèmes f
4403
ence des dates, analogie des thèmes fondamentaux…
Les
spécialistes du xxe siècle haussent les épaules : Prouvez cela par d
4404
mentaux… Les spécialistes du xxe siècle haussent
les
épaules : Prouvez cela par des documents ! — Vous savez bien qu’il n’
4405
u’il n’en existe plus. — Dans ce cas, il convient
de
surseoir à toute hypothèse cohérente. En attendant, le bon sens suffi
4406
rseoir à toute hypothèse cohérente. En attendant,
le
bon sens suffit à démontrer : 1° que le peu de choses que nous savons
4407
ttendant, le bon sens suffit à démontrer : 1° que
le
peu de choses que nous savons de la psychanalyse n’autorise pas à fai
4408
montrer : 1° que le peu de choses que nous savons
de
la psychanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine la source de
4409
trer : 1° que le peu de choses que nous savons de
la
psychanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine la source des t
4410
savons de la psychanalyse n’autorise pas à faire
de
cette doctrine la source des textes connus. (Il semble bien que Freud
4411
hanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine
la
source des textes connus. (Il semble bien que Freud ait été avant tou
4412
nt tout un savant ; qu’il ait soutenu une théorie
de
la libido ; et qu’il ait pris une attitude déterministe : or le surré
4413
tout un savant ; qu’il ait soutenu une théorie de
la
libido ; et qu’il ait pris une attitude déterministe : or le surréali
4414
et qu’il ait pris une attitude déterministe : or
le
surréalisme fut une école littéraire avant tout ; on ne retrouve le t
4415
une école littéraire avant tout ; on ne retrouve
le
terme de libido dans aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes son
4416
e littéraire avant tout ; on ne retrouve le terme
de
libido dans aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes sont de tend
4417
aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes sont
de
tendance idéaliste-anarchisante) ; 2° que les surréalistes n’ont jama
4418
sont de tendance idéaliste-anarchisante) ; 2° que
les
surréalistes n’ont jamais dit dans leurs poèmes qu’ils étaient les di
4419
n’ont jamais dit dans leurs poèmes qu’ils étaient
les
disciples du freudisme ; 3° qu’au contraire, la liberté qu’ils exalte
4420
les disciples du freudisme ; 3° qu’au contraire,
la
liberté qu’ils exaltent est celle que devaient nier tous les psychana
4421
qu’ils exaltent est celle que devaient nier tous
les
psychanalystes ; 4° qu’enfin l’on distingue mal comment, d’une scienc
4422
vaient nier tous les psychanalystes ; 4° qu’enfin
l’
on distingue mal comment, d’une science qui se donnait pour objet l’an
4423
alystes ; 4° qu’enfin l’on distingue mal comment,
d’
une science qui se donnait pour objet l’analyse et la cure des névrose
4424
comment, d’une science qui se donnait pour objet
l’
analyse et la cure des névroses, aurait pu naître une rhétorique de la
4425
ne science qui se donnait pour objet l’analyse et
la
cure des névroses, aurait pu naître une rhétorique de la folie, c’est
4426
ure des névroses, aurait pu naître une rhétorique
de
la folie, c’est-à-dire un défi à toute science en général et à toute
4427
des névroses, aurait pu naître une rhétorique de
la
folie, c’est-à-dire un défi à toute science en général et à toute sci
4428
es se sont réellement produites ; nous savons que
les
initiateurs du mouvement surréaliste ont lu Freud et l’ont vénéré ; n
4429
tiateurs du mouvement surréaliste ont lu Freud et
l’
ont vénéré ; nous savons que sans lui, leurs théories et leur lyrisme
4430
poètes n’éprouvaient nul besoin et n’avaient pas
la
possibilité de parler de libido dans leurs poèmes ; nous savons même
4431
vaient nul besoin et n’avaient pas la possibilité
de
parler de libido dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à la
4432
besoin et n’avaient pas la possibilité de parler
de
libido dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à la faveur d’u
4433
dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à
la
faveur d’une erreur initiale sur la portée exacte de la doctrine de F
4434
s poèmes ; nous savons même que c’est à la faveur
d’
une erreur initiale sur la portée exacte de la doctrine de Freud (déte
4435
e que c’est à la faveur d’une erreur initiale sur
la
portée exacte de la doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’i
4436
faveur d’une erreur initiale sur la portée exacte
de
la doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tire
4437
eur d’une erreur initiale sur la portée exacte de
la
doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer l
4438
reur initiale sur la portée exacte de la doctrine
de
Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer les éléments
4439
(déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer
les
éléments de leur lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour l’a
4440
-positiviste) qu’ils ont pu en tirer les éléments
de
leur lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour l’analogie que
4441
lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour
l’
analogie que je propose) ; et nous savons enfin qu’il a suffi que quel
4442
ns enfin qu’il a suffi que quelques-uns des chefs
de
cette école lisent Freud : les disciples se sont bornés à imiter la r
4443
lques-uns des chefs de cette école lisent Freud :
les
disciples se sont bornés à imiter la rhétorique des maîtres… En outre
4444
ent Freud : les disciples se sont bornés à imiter
la
rhétorique des maîtres… En outre, on aperçoit, par cet exemple, que l
4445
tres… En outre, on aperçoit, par cet exemple, que
l’
action d’une doctrine sur des poètes s’exerce moins par influence dire
4446
outre, on aperçoit, par cet exemple, que l’action
d’
une doctrine sur des poètes s’exerce moins par influence directe qu’à
4447
poètes s’exerce moins par influence directe qu’à
la
faveur d’une certaine ambiance de scandale, de snobisme et d’intérêt,
4448
exerce moins par influence directe qu’à la faveur
d’
une certaine ambiance de scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée
4449
ce directe qu’à la faveur d’une certaine ambiance
de
scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée par les dogmes centraux.
4450
’à la faveur d’une certaine ambiance de scandale,
de
snobisme et d’intérêt, suscitée par les dogmes centraux. Ce qui expli
4451
une certaine ambiance de scandale, de snobisme et
d’
intérêt, suscitée par les dogmes centraux. Ce qui explique pas mal d’e
4452
scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée par
les
dogmes centraux. Ce qui explique pas mal d’erreurs, variations et con
4453
par les dogmes centraux. Ce qui explique pas mal
d’
erreurs, variations et contradictions chez les poètes influencés. D’où
4454
mal d’erreurs, variations et contradictions chez
les
poètes influencés. D’où résulte qu’un surcroît d’informations sur la
4455
ons et contradictions chez les poètes influencés.
D’
où résulte qu’un surcroît d’informations sur la nature exacte des théo
4456
es poètes influencés. D’où résulte qu’un surcroît
d’
informations sur la nature exacte des théories de Freud, loin de fourn
4457
s. D’où résulte qu’un surcroît d’informations sur
la
nature exacte des théories de Freud, loin de fournir aux savants futu
4458
d’informations sur la nature exacte des théories
de
Freud, loin de fournir aux savants futurs les apaisements qu’ils sero
4459
ries de Freud, loin de fournir aux savants futurs
les
apaisements qu’ils seront en droit d’attendre, paraîtra contredire la
4460
nts futurs les apaisements qu’ils seront en droit
d’
attendre, paraîtra contredire la thèse de mon littérateur « peu sérieu
4461
s seront en droit d’attendre, paraîtra contredire
la
thèse de mon littérateur « peu sérieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura
4462
en droit d’attendre, paraîtra contredire la thèse
de
mon littérateur « peu sérieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura raison c
4463
ieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura raison contre
les
« vingtiémistes » chevronnés de son temps.) On a remarqué qu’à l’obje
4464
ra raison contre les « vingtiémistes » chevronnés
de
son temps.) On a remarqué qu’à l’objection n° 4, je n’ai répondu jusq
4465
es » chevronnés de son temps.) On a remarqué qu’à
l’
objection n° 4, je n’ai répondu jusqu’ici que d’une manière tout indir
4466
à l’objection n° 4, je n’ai répondu jusqu’ici que
d’
une manière tout indirecte et allusive. C’est qu’elle mérite un traite
4467
au chapitre. 9.Les mystiques arabes Comment
de
la confuse combinaison de doctrines plus ou moins chrétiennes, manich
4468
chapitre. 9.Les mystiques arabes Comment de
la
confuse combinaison de doctrines plus ou moins chrétiennes, manichéen
4469
iques arabes Comment de la confuse combinaison
de
doctrines plus ou moins chrétiennes, manichéennes et néo-platonicienn
4470
e aussi précise que celle des troubadours ? C’est
l’
argument que les romanistes ont coutume d’opposer à l’interprétation r
4471
que celle des troubadours ? C’est l’argument que
les
romanistes ont coutume d’opposer à l’interprétation religieuse de l’a
4472
? C’est l’argument que les romanistes ont coutume
d’
opposer à l’interprétation religieuse de l’art courtois. Or il se trou
4473
gument que les romanistes ont coutume d’opposer à
l’
interprétation religieuse de l’art courtois. Or il se trouve que dès l
4474
t coutume d’opposer à l’interprétation religieuse
de
l’art courtois. Or il se trouve que dès le ixe siècle, une synthèse
4475
outume d’opposer à l’interprétation religieuse de
l’
art courtois. Or il se trouve que dès le ixe siècle, une synthèse non
4476
gieuse de l’art courtois. Or il se trouve que dès
le
ixe siècle, une synthèse non moins « improbable » de manichéisme ira
4477
xe siècle, une synthèse non moins « improbable »
de
manichéisme iranien, de néo-platonisme et d’islamisme s’était bel et
4478
non moins « improbable » de manichéisme iranien,
de
néo-platonisme et d’islamisme s’était bel et bien opérée dans les par
4479
le » de manichéisme iranien, de néo-platonisme et
d’
islamisme s’était bel et bien opérée dans les parages de l’Asie Mineur
4480
me et d’islamisme s’était bel et bien opérée dans
les
parages de l’Asie Mineure et de plus, s’était exprimée par une poésie
4481
misme s’était bel et bien opérée dans les parages
de
l’Asie Mineure et de plus, s’était exprimée par une poésie religieuse
4482
me s’était bel et bien opérée dans les parages de
l’
Asie Mineure et de plus, s’était exprimée par une poésie religieuse do
4483
, s’était exprimée par une poésie religieuse dont
les
métaphores érotiques offrent les plus frappantes analogies avec les m
4484
religieuse dont les métaphores érotiques offrent
les
plus frappantes analogies avec les métaphores courtoises. ⁂ Lorsque S
4485
tiques offrent les plus frappantes analogies avec
les
métaphores courtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança l’hypothèse d’une in
4486
métaphores courtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança
l’
hypothèse d’une influence arabe sur la lyrique provençale, A. W. Schle
4487
courtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança l’hypothèse
d’
une influence arabe sur la lyrique provençale, A. W. Schlegel lui répo
4488
ondi avança l’hypothèse d’une influence arabe sur
la
lyrique provençale, A. W. Schlegel lui répondit qu’il fallait ignorer
4489
egel lui répondit qu’il fallait ignorer à la fois
la
poésie provençale et l’arabe pour soutenir un pareil paradoxe. Mais S
4490
fallait ignorer à la fois la poésie provençale et
l’
arabe pour soutenir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait de la s
4491
utenir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait
de
la sorte que cette double ignorance était précisément son fait. On l’
4492
nir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait de
la
sorte que cette double ignorance était précisément son fait. On l’exc
4493
e double ignorance était précisément son fait. On
l’
excusera d’ailleurs si l’on tient compte de l’état des études arabisan
4494
précisément son fait. On l’excusera d’ailleurs si
l’
on tient compte de l’état des études arabisantes à son époque. Des tra
4495
it. On l’excusera d’ailleurs si l’on tient compte
de
l’état des études arabisantes à son époque. Des travaux plus récents
4496
On l’excusera d’ailleurs si l’on tient compte de
l’
état des études arabisantes à son époque. Des travaux plus récents ont
4497
à son époque. Des travaux plus récents ont révélé
l’
existence dès le ixe siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques p
4498
s travaux plus récents ont révélé l’existence dès
le
ixe siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques poètes qui devaie
4499
s ont révélé l’existence dès le ixe siècle, dans
l’
islam, d’une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard po
4500
élé l’existence dès le ixe siècle, dans l’islam,
d’
une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard pour princi
4501
nce dès le ixe siècle, dans l’islam, d’une école
de
mystiques poètes qui devaient avoir plus tard pour principales illust
4502
laj, Al-Ghazali et Sohrawardi d’Alep, troubadours
de
l’Amour suprême, chantres courtois de l’Idée voilée, objet aimé mais
4503
, Al-Ghazali et Sohrawardi d’Alep, troubadours de
l’
Amour suprême, chantres courtois de l’Idée voilée, objet aimé mais en
4504
troubadours de l’Amour suprême, chantres courtois
de
l’Idée voilée, objet aimé mais en même temps symbole du Désir divin65
4505
ubadours de l’Amour suprême, chantres courtois de
l’
Idée voilée, objet aimé mais en même temps symbole du Désir divin65. S
4506
Platon — qu’il connaissait par Plotin, Proclus et
l’
école d’Athènes — un continuateur de Zoroastre. Son néo-platonisme éta
4507
qu’il connaissait par Plotin, Proclus et l’école
d’
Athènes — un continuateur de Zoroastre. Son néo-platonisme était par a
4508
n, Proclus et l’école d’Athènes — un continuateur
de
Zoroastre. Son néo-platonisme était par ailleurs très fortement pénét
4509
tonisme était par ailleurs très fortement pénétré
de
représentations mythiques iraniennes. En particulier, il empruntait a
4510
ctrines avestiques — dont s’était inspiré Manès —
l’
opposition du monde de la Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a
4511
ont s’était inspiré Manès — l’opposition du monde
de
la Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a vu qu’elle est fondame
4512
s’était inspiré Manès — l’opposition du monde de
la
Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a vu qu’elle est fondamenta
4513
èbres, dont on a vu qu’elle est fondamentale pour
les
cathares. Et tout cela se traduisait — tout comme chez les cathares e
4514
res. Et tout cela se traduisait — tout comme chez
les
cathares encore — par une rhétorique amoureuse et chevaleresque, dont
4515
r une rhétorique amoureuse et chevaleresque, dont
les
titres de quelques traités mystiques de cette école donnent une idée
4516
rique amoureuse et chevaleresque, dont les titres
de
quelques traités mystiques de cette école donnent une idée : Le Famil
4517
ue, dont les titres de quelques traités mystiques
de
cette école donnent une idée : Le Familier des Amants, Le Roman des S
4518
aités mystiques de cette école donnent une idée :
Le
Familier des Amants, Le Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occa
4519
école donnent une idée : Le Familier des Amants,
Le
Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occasion de ces traités, les
4520
Amants, Le Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À
l’
occasion de ces traités, les mêmes disputes théologiques se produisire
4521
Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occasion
de
ces traités, les mêmes disputes théologiques se produisirent, qui dev
4522
eautés… Il y a plus. À l’occasion de ces traités,
les
mêmes disputes théologiques se produisirent, qui devaient renaître un
4523
rent, qui devaient renaître un peu plus tard dans
le
Moyen Âge occidental. Elles se compliquent d’ailleurs du fait que l’i
4524
ntal. Elles se compliquent d’ailleurs du fait que
l’
islam contestait que l’homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne le sommai
4525
ent d’ailleurs du fait que l’islam contestait que
l’
homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de la Lo
4526
slam contestait que l’homme pût aimer Dieu (comme
l’
ordonne le sommaire évangélique de la Loi). Une créature finie ne peut
4527
stait que l’homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne
le
sommaire évangélique de la Loi). Une créature finie ne peut aimer que
4528
mer Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique
de
la Loi). Une créature finie ne peut aimer que le fini. Il en résulta
4529
Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de
la
Loi). Une créature finie ne peut aimer que le fini. Il en résulta que
4530
de la Loi). Une créature finie ne peut aimer que
le
fini. Il en résulta que les mystiques furent obligés de recourir à de
4531
inie ne peut aimer que le fini. Il en résulta que
les
mystiques furent obligés de recourir à des symboles dont le sens rest
4532
i. Il en résulta que les mystiques furent obligés
de
recourir à des symboles dont le sens restait secret. (Ainsi la louang
4533
es furent obligés de recourir à des symboles dont
le
sens restait secret. (Ainsi la louange du vin, dont l’usage était int
4534
des symboles dont le sens restait secret. (Ainsi
la
louange du vin, dont l’usage était interdit, devint le symbole de la
4535
ns restait secret. (Ainsi la louange du vin, dont
l’
usage était interdit, devint le symbole de la divine ivresse d’amour).
4536
uange du vin, dont l’usage était interdit, devint
le
symbole de la divine ivresse d’amour). Mais compte tenu de cette diff
4537
n, dont l’usage était interdit, devint le symbole
de
la divine ivresse d’amour). Mais compte tenu de cette difficulté part
4538
dont l’usage était interdit, devint le symbole de
la
divine ivresse d’amour). Mais compte tenu de cette difficulté particu
4539
interdit, devint le symbole de la divine ivresse
d’
amour). Mais compte tenu de cette difficulté particulière — qui n’est
4540
e de la divine ivresse d’amour). Mais compte tenu
de
cette difficulté particulière — qui n’est d’ailleurs pas sans rapport
4541
ière — qui n’est d’ailleurs pas sans rapport avec
la
situation courtoise —, nous retrouvons en Occident et dans le Proche-
4542
courtoise —, nous retrouvons en Occident et dans
le
Proche-Orient les mêmes problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus q
4543
s retrouvons en Occident et dans le Proche-Orient
les
mêmes problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus que la catholique,
4544
ent et dans le Proche-Orient les mêmes problèmes.
L’
orthodoxie musulmane, pas plus que la catholique, ne pouvait admettre
4545
s problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus que
la
catholique, ne pouvait admettre qu’il y eût en l’homme une part divin
4546
la catholique, ne pouvait admettre qu’il y eût en
l’
homme une part divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme e
4547
ettre qu’il y eût en l’homme une part divine dont
l’
exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langa
4548
homme une part divine dont l’exaltation aboutît à
la
fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux de
4549
part divine dont l’exaltation aboutît à la fusion
de
l’âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes m
4550
t divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de
l’
âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes myst
4551
dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme et
de
la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques ten
4552
t l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de
la
Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques tendai
4553
boutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or
le
langage érotico-religieux des poètes mystiques tendait à établir cett
4554
tendait à établir cette confusion du Créateur et
de
la créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la
4555
ndait à établir cette confusion du Créateur et de
la
créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la fo
4556
cette confusion du Créateur et de la créature. Et
l’
on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi de leur langag
4557
teur et de la créature. Et l’on accusa ces poètes
de
manichéisme déguisé, sur la foi de leur langage symbolique. Al-Hallaj
4558
’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur
la
foi de leur langage symbolique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même
4559
usa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi
de
leur langage symbolique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même payer
4560
ique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même payer
de
leur vie cette accusation d’hérésie66. Il est bien émouvant de consta
4561
devaient même payer de leur vie cette accusation
d’
hérésie66. Il est bien émouvant de constater que tous les termes d’une
4562
ette accusation d’hérésie66. Il est bien émouvant
de
constater que tous les termes d’une pareille polémique s’appliquent a
4563
sie66. Il est bien émouvant de constater que tous
les
termes d’une pareille polémique s’appliquent au cas des troubadours,
4564
st bien émouvant de constater que tous les termes
d’
une pareille polémique s’appliquent au cas des troubadours, et plus ta
4565
iquent au cas des troubadours, et plus tard, nous
le
verrons, au cas des grands mystiques occidentaux, de Maître Eckhart à
4566
verrons, au cas des grands mystiques occidentaux,
de
Maître Eckhart à Jean de la Croix. ⁂ Une brève revue des thèmes « cou
4567
Croix. ⁂ Une brève revue des thèmes « courtois »
de
la mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs le parallélisme t
4568
oix. ⁂ Une brève revue des thèmes « courtois » de
la
mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs le parallélisme trou
4569
mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs
le
parallélisme trouve ses origines, et jusque dans quels détails il se
4570
quels détails il se poursuit. a) Sohrawardi nomme
les
amants des Frères de la Vérité, « appellation s’adressant à des amant
4571
» et fondent ainsi une communauté, — comparable à
l’
Église d’Amour des cathares. b) selon le manichéisme iranien, dont s’i
4572
ent ainsi une communauté, — comparable à l’Église
d’
Amour des cathares. b) selon le manichéisme iranien, dont s’inspiraien
4573
parable à l’Église d’Amour des cathares. b) selon
le
manichéisme iranien, dont s’inspiraient les mystiques de l’école illu
4574
selon le manichéisme iranien, dont s’inspiraient
les
mystiques de l’école illuminative de Sohrawardi, une jeune fille éblo
4575
chéisme iranien, dont s’inspiraient les mystiques
de
l’école illuminative de Sohrawardi, une jeune fille éblouissante atte
4576
isme iranien, dont s’inspiraient les mystiques de
l’
école illuminative de Sohrawardi, une jeune fille éblouissante attend
4577
inspiraient les mystiques de l’école illuminative
de
Sohrawardi, une jeune fille éblouissante attend le fidèle à la sortie
4578
e Sohrawardi, une jeune fille éblouissante attend
le
fidèle à la sortie du pont Chinvat et lui déclare : « Je suis toi-mêm
4579
, une jeune fille éblouissante attend le fidèle à
la
sortie du pont Chinvat et lui déclare : « Je suis toi-même ! » Or sel
4580
e suis toi-même ! » Or selon certains interprètes
de
la mystique des troubadours, la Dame des pensées ne serait autre que
4581
uis toi-même ! » Or selon certains interprètes de
la
mystique des troubadours, la Dame des pensées ne serait autre que la
4582
tains interprètes de la mystique des troubadours,
la
Dame des pensées ne serait autre que la part spirituelle et angélique
4583
ubadours, la Dame des pensées ne serait autre que
la
part spirituelle et angélique de l’homme, son vrai moi. Ce qui pourra
4584
serait autre que la part spirituelle et angélique
de
l’homme, son vrai moi. Ce qui pourrait nous orienter vers une compréh
4585
ait autre que la part spirituelle et angélique de
l’
homme, son vrai moi. Ce qui pourrait nous orienter vers une compréhens
4586
ait nous orienter vers une compréhension nouvelle
de
ce que nous appelions le « narcissisme de la passion » (à propos de T
4587
e compréhension nouvelle de ce que nous appelions
le
« narcissisme de la passion » (à propos de Tristan, chap. vii du Livr
4588
ouvelle de ce que nous appelions le « narcissisme
de
la passion » (à propos de Tristan, chap. vii du Livre Ier). c) Le Fam
4589
elle de ce que nous appelions le « narcissisme de
la
passion » (à propos de Tristan, chap. vii du Livre Ier). c) Le Famili
4590
(à propos de Tristan, chap. vii du Livre Ier). c)
Le
Familier des Amants est construit sur l’allégorie du « Château de l’Â
4591
Ier). c) Le Familier des Amants est construit sur
l’
allégorie du « Château de l’Âme » et de ses différents étages et loges
4592
Amants est construit sur l’allégorie du « Château
de
l’Âme » et de ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges
4593
nts est construit sur l’allégorie du « Château de
l’
Âme » et de ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges ha
4594
struit sur l’allégorie du « Château de l’Âme » et
de
ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges habite un per
4595
et de ses différents étages et loges. Dans l’une
de
ces loges habite un personnage qui se nomme l’Idée voilée. Elle « con
4596
ne de ces loges habite un personnage qui se nomme
l’
Idée voilée. Elle « connaît les secrets qui guérissent et c’est d’elle
4597
onnage qui se nomme l’Idée voilée. Elle « connaît
les
secrets qui guérissent et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (
4598
lle « connaît les secrets qui guérissent et c’est
d’
elle que l’on apprend la magie ». (L’Iseut celtique était aussi une ma
4599
ît les secrets qui guérissent et c’est d’elle que
l’
on apprend la magie ». (L’Iseut celtique était aussi une magicienne, «
4600
s qui guérissent et c’est d’elle que l’on apprend
la
magie ». (L’Iseut celtique était aussi une magicienne, « objet de con
4601
ent et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (
L’
Iseut celtique était aussi une magicienne, « objet de contemplation, s
4602
seut celtique était aussi une magicienne, « objet
de
contemplation, spectacle mystérieux. ») Dans le Château de l’Âme habi
4603
t de contemplation, spectacle mystérieux. ») Dans
le
Château de l’Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que
4604
plation, spectacle mystérieux. ») Dans le Château
de
l’Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que Beauté, Dé
4605
tion, spectacle mystérieux. ») Dans le Château de
l’
Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que Beauté, Désir
4606
allégoriques, tels que Beauté, Désir et Angoisse,
le
Renseigné, le Probateur, le Bien connu : comment ne pas songer au Rom
4607
tels que Beauté, Désir et Angoisse, le Renseigné,
le
Probateur, le Bien connu : comment ne pas songer au Roman de la Rose
4608
é, Désir et Angoisse, le Renseigné, le Probateur,
le
Bien connu : comment ne pas songer au Roman de la Rose ? Et le symbol
4609
r, le Bien connu : comment ne pas songer au Roman
de
la Rose ? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage d
4610
le Bien connu : comment ne pas songer au Roman de
la
Rose ? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage de N
4611
: comment ne pas songer au Roman de la Rose ? Et
le
symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage de Nizani de Ganj
4612
? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans
l’
ouvrage de Nizani de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte les
4613
mbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage
de
Nizani de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte les aventures
4614
e se retrouve dans l’ouvrage de Nizani de Ganja :
le
Roman des Sept Beautés, qui conte les aventures des sept jeunes fille
4615
i de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte
les
aventures des sept jeunes filles vêtues aux couleurs des planètes et
4616
et que visite un roi-chevalier. Nous retrouverons
le
Château de l’Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une
4617
te un roi-chevalier. Nous retrouverons le Château
de
l’Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thér
4618
un roi-chevalier. Nous retrouverons le Château de
l’
Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse
4619
lier. Nous retrouverons le Château de l’Âme parmi
les
symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse… d) Dans un
4620
s le Château de l’Âme parmi les symboles préférés
d’
un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse… d) Dans un poème d’Omar Ibn al F
4621
Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et
d’
une sainte Thérèse… d) Dans un poème d’Omar Ibn al Faridh — pour prend
4622
ysbroek et d’une sainte Thérèse… d) Dans un poème
d’
Omar Ibn al Faridh — pour prendre un exemple entre cent — l’auteur déc
4623
al Faridh — pour prendre un exemple entre cent —
l’
auteur décrit la passion terrible qui l’envoûte : Mes concitoyens, ét
4624
r prendre un exemple entre cent — l’auteur décrit
la
passion terrible qui l’envoûte : Mes concitoyens, étonnés de me voir
4625
re cent — l’auteur décrit la passion terrible qui
l’
envoûte : Mes concitoyens, étonnés de me voir esclave, ont dit : Pour
4626
errible qui l’envoûte : Mes concitoyens, étonnés
de
me voir esclave, ont dit : Pourquoi ce jeune homme a-t-il été pris de
4627
ont dit : Pourquoi ce jeune homme a-t-il été pris
de
folie ? Et que peuvent-ils dire de moi, sinon que je m’occupe de Nou’
4628
-t-il été pris de folie ? Et que peuvent-ils dire
de
moi, sinon que je m’occupe de Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe de
4629
ue peuvent-ils dire de moi, sinon que je m’occupe
de
Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe de Nou’m. Quand Nou’m me gratifie
4630
e m’occupe de Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe
de
Nou’m. Quand Nou’m me gratifie d’un regard, cela m’est égal que Sou’d
4631
té, je m’occupe de Nou’m. Quand Nou’m me gratifie
d’
un regard, cela m’est égal que Sou’da ne soit pas complaisante68. « N
4632
Sou’da ne soit pas complaisante68. « Nou’m » est
le
nom conventionnel de la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les tro
4633
mplaisante68. « Nou’m » est le nom conventionnel
de
la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient au
4634
aisante68. « Nou’m » est le nom conventionnel de
la
femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient aussi
4635
onnel de la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or
les
troubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées d’un nom convent
4636
ifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient aussi
la
Dame de leurs pensées d’un nom conventionnel ou senhal, derrière lequ
4637
Dieu. Or les troubadours nommaient aussi la Dame
de
leurs pensées d’un nom conventionnel ou senhal, derrière lequel nos é
4638
ubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées
d’
un nom conventionnel ou senhal, derrière lequel nos érudits s’épuisent
4639
isent à retrouver des personnages historiques… e)
La
salutation et le salut que l’initié voulait donner au Sage, mais que
4640
des personnages historiques… e) La salutation et
le
salut que l’initié voulait donner au Sage, mais que celui-ci, prévena
4641
ges historiques… e) La salutation et le salut que
l’
initié voulait donner au Sage, mais que celui-ci, prévenant, donne le
4642
lui-ci, prévenant, donne le premier (Sohrawardi ;
le
Bruissement de l’aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du l
4643
nt, donne le premier (Sohrawardi ; le Bruissement
de
l’aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des trou
4644
donne le premier (Sohrawardi ; le Bruissement de
l’
aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des troubad
4645
le premier (Sohrawardi ; le Bruissement de l’aile
de
Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des troubadours, p
4646
thèmes constants du lyrisme des troubadours, puis
de
Dante et enfin de Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » d
4647
u lyrisme des troubadours, puis de Dante et enfin
de
Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de la Dame une impo
4648
Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut »
de
la Dame une importance apparemment démesurée69, mais qui s’explique f
4649
rarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de
la
Dame une importance apparemment démesurée69, mais qui s’explique fort
4650
ent démesurée69, mais qui s’explique fort bien si
l’
on prend garde au double sens du mot salut. f) Les mystiques arabes in
4651
l’on prend garde au double sens du mot salut. f)
Les
mystiques arabes insistent sur la nécessité de garder le secret de l’
4652
mot salut. f) Les mystiques arabes insistent sur
la
nécessité de garder le secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans re
4653
) Les mystiques arabes insistent sur la nécessité
de
garder le secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les ind
4654
iques arabes insistent sur la nécessité de garder
le
secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qu
4655
es insistent sur la nécessité de garder le secret
de
l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qui voudraie
4656
insistent sur la nécessité de garder le secret de
l’
Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qui voudraient
4657
cret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche
les
indiscrets qui voudraient s’enquérir des mystères sans y participer d
4658
draient s’enquérir des mystères sans y participer
de
toute leur foi. À l’interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que le
4659
s mystères sans y participer de toute leur foi. À
l’
interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que le soufisme ? » al-Hall
4660
y participer de toute leur foi. À l’interrogation
d’
un impatient : « Qu’est-ce que le soufisme ? » al-Hallaj répond : « Ne
4661
l’interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que
le
soufisme ? » al-Hallaj répond : « Ne t’attaque pas à Nous, regarde no
4662
egarde notre doigt que nous avons déjà teint dans
le
sang des amants. » De plus, les indiscrets sont soupçonnés d’intentio
4663
ns déjà teint dans le sang des amants. » De plus,
les
indiscrets sont soupçonnés d’intentions mauvaises : ce sont eux qui d
4664
amants. » De plus, les indiscrets sont soupçonnés
d’
intentions mauvaises : ce sont eux qui dénoncent les amants à l’autori
4665
’intentions mauvaises : ce sont eux qui dénoncent
les
amants à l’autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à la censure
4666
auvaises : ce sont eux qui dénoncent les amants à
l’
autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à la censure dogmatique
4667
l’autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à
la
censure dogmatique le sens secret des allégories. Or dans la plupart
4668
c’est-à-dire qui révèlent à la censure dogmatique
le
sens secret des allégories. Or dans la plupart des poèmes provençaux
4669
provençaux apparaissent des personnages qualifiés
de
losengiers (médisants, indiscrets, espions) et que le troubadour couv
4670
osengiers (médisants, indiscrets, espions) et que
le
troubadour couvre d’invectives. Nos savants commentateurs ne savent t
4671
indiscrets, espions) et que le troubadour couvre
d’
invectives. Nos savants commentateurs ne savent trop que faire de ces
4672
os savants commentateurs ne savent trop que faire
de
ces encombrants losengiers, et tentent de s’en débarrasser en affirma
4673
e faire de ces encombrants losengiers, et tentent
de
s’en débarrasser en affirmant que les amants du xiie siècle tenaient
4674
, et tentent de s’en débarrasser en affirmant que
les
amants du xiie siècle tenaient énormément au secret de leurs liaison
4675
nts du xiie siècle tenaient énormément au secret
de
leurs liaisons (ce qui les distinguerait, sans doute, des amants de t
4676
nt énormément au secret de leurs liaisons (ce qui
les
distinguerait, sans doute, des amants de tous les autres siècles ?).
4677
(ce qui les distinguerait, sans doute, des amants
de
tous les autres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour e
4678
les distinguerait, sans doute, des amants de tous
les
autres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour est le lei
4679
s amants de tous les autres siècles ?). g) Enfin,
la
louange de la mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des A
4680
tous les autres siècles ?). g) Enfin, la louange
de
la mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-
4681
us les autres siècles ?). g) Enfin, la louange de
la
mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-
4682
utres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort
d’
amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh :
4683
s ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour est
le
leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh : Le repos d
4684
du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh :
Le
repos de l’amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fi
4685
me mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh : Le repos
de
l’amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fin la mort
4686
mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh : Le repos de
l’
amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fin la mort. P
4687
une fatigue, son commencement une maladie, sa fin
la
mort. Pour moi cependant la mort par amour est une vie ; je rends grâ
4688
t une maladie, sa fin la mort. Pour moi cependant
la
mort par amour est une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée de me l’a
4689
mour est une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée
de
me l’avoir offerte. Celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en vi
4690
st une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée de me
l’
avoir offerte. Celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en vivre.70
4691
mée de me l’avoir offerte. Celui qui ne meurt pas
de
son amour ne peut en vivre.70 C’est ici le cri même de la mystique
4692
pas de son amour ne peut en vivre.70 C’est ici
le
cri même de la mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal.
4693
amour ne peut en vivre.70 C’est ici le cri même
de
la mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal. C’est l’orai
4694
ur ne peut en vivre.70 C’est ici le cri même de
la
mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal. C’est l’oraison
4695
ccidentale mais aussi du lyrisme provençal. C’est
l’
oraison jaculatoire de sainte Thérèse : Je meurs de ne pas mourir ! Al
4696
du lyrisme provençal. C’est l’oraison jaculatoire
de
sainte Thérèse : Je meurs de ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En m
4697
’oraison jaculatoire de sainte Thérèse : Je meurs
de
ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En me tuant vous me ferez vivre,
4698
ous me ferez vivre, car pour moi c’est mourir que
de
vivre, et vivre que de mourir. La vie, c’est en effet le jour terre
4699
pour moi c’est mourir que de vivre, et vivre que
de
mourir. La vie, c’est en effet le jour terrestre des êtres continge
4700
st mourir que de vivre, et vivre que de mourir.
La
vie, c’est en effet le jour terrestre des êtres contingents et le tou
4701
et vivre que de mourir. La vie, c’est en effet
le
jour terrestre des êtres contingents et le tourment de la matière ; m
4702
effet le jour terrestre des êtres contingents et
le
tourment de la matière ; mais la mort c’est la nuit de l’illumination
4703
ur terrestre des êtres contingents et le tourment
de
la matière ; mais la mort c’est la nuit de l’illumination, l’évanouis
4704
terrestre des êtres contingents et le tourment de
la
matière ; mais la mort c’est la nuit de l’illumination, l’évanouissem
4705
s contingents et le tourment de la matière ; mais
la
mort c’est la nuit de l’illumination, l’évanouissement des formes ill
4706
et le tourment de la matière ; mais la mort c’est
la
nuit de l’illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’uni
4707
urment de la matière ; mais la mort c’est la nuit
de
l’illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’union de l’
4708
ent de la matière ; mais la mort c’est la nuit de
l’
illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’union de l’Âme
4709
e ; mais la mort c’est la nuit de l’illumination,
l’
évanouissement des formes illusoires, l’union de l’Âme et de l’Aimé, l
4710
mination, l’évanouissement des formes illusoires,
l’
union de l’Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Mo
4711
, l’évanouissement des formes illusoires, l’union
de
l’Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-
4712
’évanouissement des formes illusoires, l’union de
l’
Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il
4713
sement des formes illusoires, l’union de l’Âme et
de
l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les
4714
ent des formes illusoires, l’union de l’Âme et de
l’
Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mys
4715
formes illusoires, l’union de l’Âme et de l’Aimé,
la
communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques a
4716
l’union de l’Âme et de l’Aimé, la communion avec
l’
Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques arabes le symbole d
4717
union avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour
les
mystiques arabes le symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant
4718
olu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques arabes
le
symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant le désir de voir Die
4719
symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant
le
désir de voir Dieu, sur le Sinaï il exprima le désir de sa mort. Et l
4720
du plus grand Amant, puisqu’en exprimant le désir
de
voir Dieu, sur le Sinaï il exprima le désir de sa mort. Et l’on conço
4721
t, puisqu’en exprimant le désir de voir Dieu, sur
le
Sinaï il exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que le terme né
4722
nt le désir de voir Dieu, sur le Sinaï il exprima
le
désir de sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie
4723
ir de voir Dieu, sur le Sinaï il exprima le désir
de
sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminat
4724
, sur le Sinaï il exprima le désir de sa mort. Et
l’
on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminative d’un Sohraw
4725
exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que
le
terme nécessaire de la voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un al-Hal
4726
sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire
de
la voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un al-Hallaj, ait été le mart
4727
mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de
la
voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un al-Hallaj, ait été le martyre
4728
t que le terme nécessaire de la voie illuminative
d’
un Sohrawardi, d’un al-Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet
4729
cessaire de la voie illuminative d’un Sohrawardi,
d’
un al-Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de la joy d’amor
4730
minative d’un Sohrawardi, d’un al-Hallaj, ait été
le
martyre religieux au sommet de la joy d’amor : Al-Hallaj se rendait
4731
al-Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet
de
la joy d’amor : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui di
4732
Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de
la
joy d’amor : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui dis :
4733
ait été le martyre religieux au sommet de la joy
d’
amor : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui dis : Maître
4734
is : Maître qu’est cela ? Il répondit : Telle est
la
coquetterie de la Beauté attirant à elle les amoureux.71 ⁂ Par quel
4735
est cela ? Il répondit : Telle est la coquetterie
de
la Beauté attirant à elle les amoureux.71 ⁂ Par quelles voies la my
4736
cela ? Il répondit : Telle est la coquetterie de
la
Beauté attirant à elle les amoureux.71 ⁂ Par quelles voies la mysti
4737
e est la coquetterie de la Beauté attirant à elle
les
amoureux.71 ⁂ Par quelles voies la mystique arabe et sa rhétorique
4738
rant à elle les amoureux.71 ⁂ Par quelles voies
la
mystique arabe et sa rhétorique courtoise eussent-elles pu parvenir,
4739
que courtoise eussent-elles pu parvenir, en moins
d’
un siècle, et à travers quelles traductions, aux initiés de l’Église d
4740
le, et à travers quelles traductions, aux initiés
de
l’Église d’Amour, et par eux aux poètes du Midi ? Je ne sache pas que
4741
et à travers quelles traductions, aux initiés de
l’
Église d’Amour, et par eux aux poètes du Midi ? Je ne sache pas que l’
4742
vers quelles traductions, aux initiés de l’Église
d’
Amour, et par eux aux poètes du Midi ? Je ne sache pas que l’on soit e
4743
par eux aux poètes du Midi ? Je ne sache pas que
l’
on soit en mesure de résoudre aujourd’hui ce problème. S’il est une vo
4744
du Midi ? Je ne sache pas que l’on soit en mesure
de
résoudre aujourd’hui ce problème. S’il est une voie de transmission g
4745
soudre aujourd’hui ce problème. S’il est une voie
de
transmission géographique, c’est du côté de l’Espagne, évidemment, qu
4746
ie de transmission géographique, c’est du côté de
l’
Espagne, évidemment, qu’il conviendrait de la chercher, puisque c’est
4747
côté de l’Espagne, évidemment, qu’il conviendrait
de
la chercher, puisque c’est là que s’opérait le contact du monde arabe
4748
é de l’Espagne, évidemment, qu’il conviendrait de
la
chercher, puisque c’est là que s’opérait le contact du monde arabe et
4749
it de la chercher, puisque c’est là que s’opérait
le
contact du monde arabe et du monde chrétien. Il se peut, par ailleurs
4750
du monde chrétien. Il se peut, par ailleurs, que
les
croisades aient joué un rôle non négligeable. Mais si l’on se content
4751
sades aient joué un rôle non négligeable. Mais si
l’
on se contente de souligner le parallélisme des formes, des contenus e
4752
un rôle non négligeable. Mais si l’on se contente
de
souligner le parallélisme des formes, des contenus et des problèmes d
4753
égligeable. Mais si l’on se contente de souligner
le
parallélisme des formes, des contenus et des problèmes dans le monde
4754
me des formes, des contenus et des problèmes dans
le
monde de l’islam et dans le monde courtois, l’on aura du moins répond
4755
rmes, des contenus et des problèmes dans le monde
de
l’islam et dans le monde courtois, l’on aura du moins répondu à l’obj
4756
s, des contenus et des problèmes dans le monde de
l’
islam et dans le monde courtois, l’on aura du moins répondu à l’object
4757
et des problèmes dans le monde de l’islam et dans
le
monde courtois, l’on aura du moins répondu à l’objection sceptique qu
4758
ns le monde de l’islam et dans le monde courtois,
l’
on aura du moins répondu à l’objection sceptique que je résumais en tê
4759
s le monde courtois, l’on aura du moins répondu à
l’
objection sceptique que je résumais en tête de ce chapitre. Et rien n’
4760
u à l’objection sceptique que je résumais en tête
de
ce chapitre. Et rien n’empêche alors de supposer que les mêmes causes
4761
s en tête de ce chapitre. Et rien n’empêche alors
de
supposer que les mêmes causes — les mêmes courants religieux — produi
4762
chapitre. Et rien n’empêche alors de supposer que
les
mêmes causes — les mêmes courants religieux — produisirent les mêmes
4763
’empêche alors de supposer que les mêmes causes —
les
mêmes courants religieux — produisirent les mêmes effets ici et là, s
4764
ses — les mêmes courants religieux — produisirent
les
mêmes effets ici et là, sans transmission directe. Cependant les trav
4765
s ici et là, sans transmission directe. Cependant
les
travaux d’un Asin Palacios nous mettent sur la voie de découvertes co
4766
sans transmission directe. Cependant les travaux
d’
un Asin Palacios nous mettent sur la voie de découvertes considérables
4767
t les travaux d’un Asin Palacios nous mettent sur
la
voie de découvertes considérables concernant les relations de la myst
4768
avaux d’un Asin Palacios nous mettent sur la voie
de
découvertes considérables concernant les relations de la mystique sou
4769
r la voie de découvertes considérables concernant
les
relations de la mystique soufiste et de la poésie occidentale, à une
4770
écouvertes considérables concernant les relations
de
la mystique soufiste et de la poésie occidentale, à une époque plus t
4771
uvertes considérables concernant les relations de
la
mystique soufiste et de la poésie occidentale, à une époque plus tard
4772
ncernant les relations de la mystique soufiste et
de
la poésie occidentale, à une époque plus tardive il est vrai. Je ne p
4773
rnant les relations de la mystique soufiste et de
la
poésie occidentale, à une époque plus tardive il est vrai. Je ne puis
4774
. Il en ressort que Dante aurait pris pour modèle
le
Livre du Voyage nocturne du mystique Ibn el Arabi, écrit quatre-vingt
4775
té décrit en effet une traversée des trois mondes
de
l’au-delà, enfer, purgatoire, paradis, avec les mêmes rencontres et p
4776
décrit en effet une traversée des trois mondes de
l’
au-delà, enfer, purgatoire, paradis, avec les mêmes rencontres et péri
4777
es de l’au-delà, enfer, purgatoire, paradis, avec
les
mêmes rencontres et péripéties, et beaucoup de personnages semblables
4778
s semblables. Dante semble bien avoir appartenu à
l’
ordre des Templiers, qui était en relations certaines avec un ordre mu
4779
ulman identique dans sa structure, dans plusieurs
de
ses règles, et même dans son costume l’Ordre des Assaccis, auquel Ibn
4780
plusieurs de ses règles, et même dans son costume
l’
Ordre des Assaccis, auquel Ibn Arabi fut affilié… (Appendice 6.) 10
4781
el Ibn Arabi fut affilié… (Appendice 6.) 10.De
l’
Amour courtois au roman breton Remontons maintenant du Midi vers le
4782
roman breton Remontons maintenant du Midi vers
le
nord : nous découvrons dans le roman breton — Lancelot, Tristan et to
4783
enant du Midi vers le nord : nous découvrons dans
le
roman breton — Lancelot, Tristan et tout le cycle arthurien — une tra
4784
dans le roman breton — Lancelot, Tristan et tout
le
cycle arthurien — une transposition romanesque des règles de l’amour
4785
thurien — une transposition romanesque des règles
de
l’amour courtois et de sa rhétorique à double sens. « C’est du contac
4786
rien — une transposition romanesque des règles de
l’
amour courtois et de sa rhétorique à double sens. « C’est du contact d
4787
tion romanesque des règles de l’amour courtois et
de
sa rhétorique à double sens. « C’est du contact des légendes exotique
4788
s. « C’est du contact des légendes exotiques avec
les
idées courtoises que naquit le premier roman courtois », écrit M. E.
4789
E. Vinaver. Ces légendes « exotiques », c’étaient
les
vieux mystères sacrés des Celtes, plus qu’à demi oubliés d’ailleurs p
4790
ul ou un Chrétien de Troyes, et quelques éléments
de
mythologie grecque. On a longtemps polémiqué sur l’autonomie relative
4791
mythologie grecque. On a longtemps polémiqué sur
l’
autonomie relative des deux littératures du Nord et du Midi. Il semble
4792
ttératures du Nord et du Midi. Il semble bien que
la
question soit actuellement résolue : c’est bien le Midi roman qui a d
4793
a question soit actuellement résolue : c’est bien
le
Midi roman qui a donné son style et sa doctrine secrète aux « romanci
4794
t sa doctrine secrète aux « romanciers » du cycle
de
la Table ronde. Et l’on peut suivre les voies de cette transmission d
4795
a doctrine secrète aux « romanciers » du cycle de
la
Table ronde. Et l’on peut suivre les voies de cette transmission dans
4796
aux « romanciers » du cycle de la Table ronde. Et
l’
on peut suivre les voies de cette transmission dans les documents hist
4797
» du cycle de la Table ronde. Et l’on peut suivre
les
voies de cette transmission dans les documents historiques. Aliénor d
4798
de la Table ronde. Et l’on peut suivre les voies
de
cette transmission dans les documents historiques. Aliénor de Poitier
4799
peut suivre les voies de cette transmission dans
les
documents historiques. Aliénor de Poitiers, quittant sa cour d’amour
4800
istoriques. Aliénor de Poitiers, quittant sa cour
d’
amour languedocienne, avait épousé Louis VII, puis en l’an 1154, Henri
4801
r languedocienne, avait épousé Louis VII, puis en
l’
an 1154, Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre73. Elle emmenait avec
4802
dours. C’est par elle et par eux entre autres que
les
trouvères anglo-normands reçurent le code secret de l’amour courtois7
4803
autres que les trouvères anglo-normands reçurent
le
code secret de l’amour courtois74. Chrétien de Troyes déclare tenir l
4804
trouvères anglo-normands reçurent le code secret
de
l’amour courtois74. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et l’esp
4805
ouvères anglo-normands reçurent le code secret de
l’
amour courtois74. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et l’esprit
4806
mour courtois74. Chrétien de Troyes déclare tenir
le
fond et l’esprit de ses romans de la comtesse Marie de Champagne, fil
4807
is74. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et
l’
esprit de ses romans de la comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliéno
4808
étien de Troyes déclare tenir le fond et l’esprit
de
ses romans de la comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliénor, célèbr
4809
s déclare tenir le fond et l’esprit de ses romans
de
la comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliénor, célèbre par sa cour
4810
éclare tenir le fond et l’esprit de ses romans de
la
comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliénor, célèbre par sa cour d’a
4811
s romans de la comtesse Marie de Champagne, fille
d’
Aliénor, célèbre par sa cour d’amour où le mariage fut condamné. Chrét
4812
e Champagne, fille d’Aliénor, célèbre par sa cour
d’
amour où le mariage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman de Tri
4813
, fille d’Aliénor, célèbre par sa cour d’amour où
le
mariage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman de Tristan dont l
4814
riage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman
de
Tristan dont les manuscrits sont perdus. Béroul était Normand, Thomas
4815
né. Chrétien avait écrit un Roman de Tristan dont
les
manuscrits sont perdus. Béroul était Normand, Thomas était Anglais. E
4816
tait Normand, Thomas était Anglais. Et en retour,
la
légende de Tristan se répandit très largement dans le Midi. Cette int
4817
d, Thomas était Anglais. Et en retour, la légende
de
Tristan se répandit très largement dans le Midi. Cette interaction si
4818
égende de Tristan se répandit très largement dans
le
Midi. Cette interaction si rapide peut s’expliquer par une ancienne p
4819
e peut s’expliquer par une ancienne parenté entre
le
Midi précathare et les Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que
4820
une ancienne parenté entre le Midi précathare et
les
Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que la religion druidique,
4821
es Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que
la
religion druidique, d’où sont issues les traditions des bardes et fil
4822
bretons. Nous avons vu que la religion druidique,
d’
où sont issues les traditions des bardes et filids, enseignait une doc
4823
ns vu que la religion druidique, d’où sont issues
les
traditions des bardes et filids, enseignait une doctrine dualiste de
4824
ardes et filids, enseignait une doctrine dualiste
de
l’Univers, et faisait de la femme un symbole du divin. Et c’est dans
4825
es et filids, enseignait une doctrine dualiste de
l’
Univers, et faisait de la femme un symbole du divin. Et c’est dans le
4826
it une doctrine dualiste de l’Univers, et faisait
de
la femme un symbole du divin. Et c’est dans le fonds celtibérique qu
4827
une doctrine dualiste de l’Univers, et faisait de
la
femme un symbole du divin. Et c’est dans le fonds celtibérique que l
4828
t de la femme un symbole du divin. Et c’est dans
le
fonds celtibérique que l’hérésie chrétienne des « purs » a puisé, sel
4829
u divin. Et c’est dans le fonds celtibérique que
l’
hérésie chrétienne des « purs » a puisé, selon Rahn, certains traits d
4830
des « purs » a puisé, selon Rahn, certains traits
de
sa mythologie. Que celle-ci ait revêtu chez les poètes du Nord des co
4831
ts de sa mythologie. Que celle-ci ait revêtu chez
les
poètes du Nord des couleurs assombries et plus tragiques, c’est natur
4832
supplante Lug, dieu du ciel lumineux. Et bien que
la
doctrine courtoise rejoignît et fît resurgir d’anciennes traditions a
4833
e la doctrine courtoise rejoignît et fît resurgir
d’
anciennes traditions autochtones, elle n’en était pas moins pour les t
4834
tions autochtones, elle n’en était pas moins pour
les
trouvères une chose apprise : d’où les erreurs qu’ils commirent bien
4835
pas moins pour les trouvères une chose apprise :
d’
où les erreurs qu’ils commirent bien souvent. Il est d’ailleurs extrêm
4836
moins pour les trouvères une chose apprise : d’où
les
erreurs qu’ils commirent bien souvent. Il est d’ailleurs extrêmement
4837
en souvent. Il est d’ailleurs extrêmement délicat
de
préciser les causes et l’importance exacte de ces erreurs. Est-ce un
4838
Il est d’ailleurs extrêmement délicat de préciser
les
causes et l’importance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut d’init
4839
urs extrêmement délicat de préciser les causes et
l’
importance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut d’initiation mystiq
4840
cat de préciser les causes et l’importance exacte
de
ces erreurs. Est-ce un défaut d’initiation mystique ? Est-ce une trad
4841
mportance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut
d’
initiation mystique ? Est-ce une tradition imparfaite ? Ou encore une
4842
ite ? Ou encore une tendance hérétique au sein de
l’
hérésie même, un essai plus ou moins sincère de retour vers l’orthodox
4843
de l’hérésie même, un essai plus ou moins sincère
de
retour vers l’orthodoxie75 ? Ou simplement, une « profanation » des t
4844
me, un essai plus ou moins sincère de retour vers
l’
orthodoxie75 ? Ou simplement, une « profanation » des thèmes courtois,
4845
ent, une « profanation » des thèmes courtois, que
les
trouvères auraient utilisés sans grands scrupules à d’autres fins que
4846
tilisés sans grands scrupules à d’autres fins que
les
cathares ? Dans l’attente de recherches plus approfondies sur tous ce
4847
scrupules à d’autres fins que les cathares ? Dans
l’
attente de recherches plus approfondies sur tous ces points, bornons-n
4848
à d’autres fins que les cathares ? Dans l’attente
de
recherches plus approfondies sur tous ces points, bornons-nous à rema
4849
sur tous ces points, bornons-nous à remarquer que
les
romans bretons sont tantôt plus « chrétiens » et tantôt plus « barbar
4850
lus « chrétiens » et tantôt plus « barbares » que
les
poèmes des troubadours, dont ils sont cependant inspirés de la manièr
4851
des troubadours, dont ils sont cependant inspirés
de
la manière la plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troye
4852
troubadours, dont ils sont cependant inspirés de
la
manière la plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troyes a
4853
s, dont ils sont cependant inspirés de la manière
la
plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troyes a bien compr
4854
us ne savons si Chrétien de Troyes a bien compris
les
lois d’amour que lui enseignait Marie de Champagne. Nous ne savons da
4855
ons si Chrétien de Troyes a bien compris les lois
d’
amour que lui enseignait Marie de Champagne. Nous ne savons dans quell
4856
lu que ses romans fussent des chroniques secrètes
de
l’Église persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples a
4857
que ses romans fussent des chroniques secrètes de
l’
Église persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples allé
4858
chroniques secrètes de l’Église persécutée (thèse
de
Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples allégories illustrant la morale
4859
e persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou
de
simples allégories illustrant la morale et la mystique courtoises. To
4860
dan et Aroux) ou de simples allégories illustrant
la
morale et la mystique courtoises. Toutes les hypothèses sont permises
4861
ou de simples allégories illustrant la morale et
la
mystique courtoises. Toutes les hypothèses sont permises en l’absence
4862
trant la morale et la mystique courtoises. Toutes
les
hypothèses sont permises en l’absence de documents dont on voit bien
4863
ourtoises. Toutes les hypothèses sont permises en
l’
absence de documents dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop
4864
Toutes les hypothèses sont permises en l’absence
de
documents dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop d’intérêt
4865
dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop
d’
intérêts se trouvaient ligués contre la diffusion de l’hérésie, sans p
4866
aut : trop d’intérêts se trouvaient ligués contre
la
diffusion de l’hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotéri
4867
intérêts se trouvaient ligués contre la diffusion
de
l’hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotérique. Il paraî
4868
érêts se trouvaient ligués contre la diffusion de
l’
hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotérique. Il paraît d
4869
ués contre la diffusion de l’hérésie, sans parler
de
sa volonté de demeurer ésotérique. Il paraît donc fort peu probable q
4870
diffusion de l’hérésie, sans parler de sa volonté
de
demeurer ésotérique. Il paraît donc fort peu probable que l’on découv
4871
ésotérique. Il paraît donc fort peu probable que
l’
on découvre un jour des témoignages certains sur l’intention qui anima
4872
’on découvre un jour des témoignages certains sur
l’
intention qui animait le romancier. Quoi qu’il en soit, Chrétien de Tr
4873
témoignages certains sur l’intention qui animait
le
romancier. Quoi qu’il en soit, Chrétien de Troyes a notablement défor
4874
en soit, Chrétien de Troyes a notablement déformé
la
signification des mythes qu’il conte. La légende du Graal, par exempl
4875
déformé la signification des mythes qu’il conte.
La
légende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un mythe manichéen v
4876
ple : Suhtschek y voit un mythe manichéen venu de
l’
Iran ; Otto Rahn une chronique déguisée des cathares. (Parzival, fils
4877
chronique déguisée des cathares. (Parzival, fils
d’
Herzeloïde, femme du Castis, chez Wolfram d’Eschenbach, serait le comt
4878
emme du Castis, chez Wolfram d’Eschenbach, serait
le
comte Ramon Roger Trencavel, fils d’Adélaïde de Carcassonne et d’Alph
4879
bach, serait le comte Ramon Roger Trencavel, fils
d’
Adélaïde de Carcassonne et d’Alphonse le Chaste, roi d’Aragon. — Trenc
4880
oger Trencavel, fils d’Adélaïde de Carcassonne et
d’
Alphonse le Chaste, roi d’Aragon. — Trencavel signifie : « qui tranche
4881
e : « qui tranche bellement », et Wolfram traduit
le
nom de Parzival par « Schneid mitten durch » : « perce bellement ».)
4882
ui tranche bellement », et Wolfram traduit le nom
de
Parzival par « Schneid mitten durch » : « perce bellement ».) Ces deu
4883
bien moins qu’elles ne se complètent76. Elles ont
l’
avantage décisif de rendre compte de bien des bizarreries de la légend
4884
ne se complètent76. Elles ont l’avantage décisif
de
rendre compte de bien des bizarreries de la légende et de son attirai
4885
76. Elles ont l’avantage décisif de rendre compte
de
bien des bizarreries de la légende et de son attirail symbolique. Fau
4886
décisif de rendre compte de bien des bizarreries
de
la légende et de son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un tra
4887
cisif de rendre compte de bien des bizarreries de
la
légende et de son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un transc
4888
e compte de bien des bizarreries de la légende et
de
son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un transcripteur modern
4889
oyes n’était pas instruit du sens païen et secret
de
ces traits mystérieux qu’il rapportait »77 ? Ou bien se vit-il contra
4890
u’il rapportait »77 ? Ou bien se vit-il contraint
de
déguiser ce sens, en sorte que seuls les initiés pussent démêler la f
4891
contraint de déguiser ce sens, en sorte que seuls
les
initiés pussent démêler la fantaisie et la doctrine, l’ornement roman
4892
s, en sorte que seuls les initiés pussent démêler
la
fantaisie et la doctrine, l’ornement romanesque et la chronique réell
4893
seuls les initiés pussent démêler la fantaisie et
la
doctrine, l’ornement romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut le
4894
tiés pussent démêler la fantaisie et la doctrine,
l’
ornement romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut le cas, il n’y
4895
antaisie et la doctrine, l’ornement romanesque et
la
chronique réelle ? Si ce fut le cas, il n’y réussit que trop bien, pu
4896
ent romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut
le
cas, il n’y réussit que trop bien, puisque Robert de Boron, son conti
4897
n, son continuateur, n’hésite pas à christianiser
les
symboles jusqu’à faire du Graal le vase qui reçut le sang du Christ,
4898
christianiser les symboles jusqu’à faire du Graal
le
vase qui reçut le sang du Christ, et de la Table ronde une sorte d’au
4899
symboles jusqu’à faire du Graal le vase qui reçut
le
sang du Christ, et de la Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte
4900
du Graal le vase qui reçut le sang du Christ, et
de
la Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même
4901
Graal le vase qui reçut le sang du Christ, et de
la
Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même da
4902
le sang du Christ, et de la Table ronde une sorte
d’
autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même dans le grand roman de Lanc
4903
rist, et de la Table ronde une sorte d’autel pour
la
Sainte-Cène. Cependant, même dans le grand roman de Lancelot (qui dat
4904
d’autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même dans
le
grand roman de Lancelot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et l
4905
Sainte-Cène. Cependant, même dans le grand roman
de
Lancelot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et l’allégorie sont
4906
t, même dans le grand roman de Lancelot (qui date
de
1225 environ) le symbolisme et l’allégorie sont évidents, si saugrenu
4907
rand roman de Lancelot (qui date de 1225 environ)
le
symbolisme et l’allégorie sont évidents, si saugrenues que puissent p
4908
celot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et
l’
allégorie sont évidents, si saugrenues que puissent paraître les inter
4909
ont évidents, si saugrenues que puissent paraître
les
interprétations que donne l’auteur lui-même, après chaque épisode. Il
4910
e puissent paraître les interprétations que donne
l’
auteur lui-même, après chaque épisode. Il est une de ces interprétatio
4911
auteur lui-même, après chaque épisode. Il est une
de
ces interprétations que je crois utile de citer, car l’origine cathar
4912
est une de ces interprétations que je crois utile
de
citer, car l’origine cathare y transparaît nettement, malgré l’ignora
4913
interprétations que je crois utile de citer, car
l’
origine cathare y transparaît nettement, malgré l’ignorance de l’auteu
4914
l’origine cathare y transparaît nettement, malgré
l’
ignorance de l’auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à u
4915
thare y transparaît nettement, malgré l’ignorance
de
l’auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à un carrefour.
4916
re y transparaît nettement, malgré l’ignorance de
l’
auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à un carrefour. Il
4917
lgré l’ignorance de l’auteur. Lancelot errant par
la
haute forêt parvient à un carrefour. Il hésite entre le chemin de gau
4918
te forêt parvient à un carrefour. Il hésite entre
le
chemin de gauche et celui de droite. Il s’engage dans celui de gauche
4919
arvient à un carrefour. Il hésite entre le chemin
de
gauche et celui de droite. Il s’engage dans celui de gauche, malgré l
4920
our. Il hésite entre le chemin de gauche et celui
de
droite. Il s’engage dans celui de gauche, malgré l’avertissement grav
4921
gauche et celui de droite. Il s’engage dans celui
de
gauche, malgré l’avertissement gravé sur une croix qui se dresse deva
4922
droite. Il s’engage dans celui de gauche, malgré
l’
avertissement gravé sur une croix qui se dresse devant lui. Bientôt su
4923
i de gauche, malgré l’avertissement gravé sur une
croix
qui se dresse devant lui. Bientôt survient un chevalier à l’armure bl
4924
resse devant lui. Bientôt survient un chevalier à
l’
armure blanche qui le renverse de son cheval et le dépouille de sa cou
4925
ntôt survient un chevalier à l’armure blanche qui
le
renverse de son cheval et le dépouille de sa couronne. Lancelot tout
4926
t un chevalier à l’armure blanche qui le renverse
de
son cheval et le dépouille de sa couronne. Lancelot tout déconfit ren
4927
l’armure blanche qui le renverse de son cheval et
le
dépouille de sa couronne. Lancelot tout déconfit rencontre un prêtre
4928
che qui le renverse de son cheval et le dépouille
de
sa couronne. Lancelot tout déconfit rencontre un prêtre et se confess
4929
ncontre un prêtre et se confesse. « Je vous dirai
la
signifiance de ce qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie de
4930
re et se confesse. « Je vous dirai la signifiance
de
ce qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie de droite que vous
4931
rai la signifiance de ce qui vous est advenu, dit
le
prud’homme. La voie de droite que vous avez dédaignée au carrefour, é
4932
nce de ce qui vous est advenu, dit le prud’homme.
La
voie de droite que vous avez dédaignée au carrefour, était celle de l
4933
e qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie
de
droite que vous avez dédaignée au carrefour, était celle de la cheval
4934
que vous avez dédaignée au carrefour, était celle
de
la chevalerie terrienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle de g
4935
vous avez dédaignée au carrefour, était celle de
la
chevalerie terrienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle de gauc
4936
errienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle
de
gauche était la voie de la chevalerie célestielle, et il ne s’agit pl
4937
s avez longtemps triomphé ; celle de gauche était
la
voie de la chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer de
4938
ongtemps triomphé ; celle de gauche était la voie
de
la chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes
4939
temps triomphé ; celle de gauche était la voie de
la
chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes et
4940
a chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là
de
tuer des hommes et d’abattre des champions par force d’armes : il s’a
4941
le, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes et
d’
abattre des champions par force d’armes : il s’agit des choses spiritu
4942
r des hommes et d’abattre des champions par force
d’
armes : il s’agit des choses spirituelles. Et vous y prîtes la couronn
4943
s’agit des choses spirituelles. Et vous y prîtes
la
couronne d’orgueil : c’est pourquoi le chevalier vous renversa si fac
4944
choses spirituelles. Et vous y prîtes la couronne
d’
orgueil : c’est pourquoi le chevalier vous renversa si facilement, car
4945
s y prîtes la couronne d’orgueil : c’est pourquoi
le
chevalier vous renversa si facilement, car il représentait justement
4946
ersa si facilement, car il représentait justement
le
péché que vous veniez de commettre.78 » Libre après cela aux histori
4947
e commettre.78 » Libre après cela aux historiens
de
la littérature de parler d’aventures incroyables, de merveilleux faci
4948
ommettre.78 » Libre après cela aux historiens de
la
littérature de parler d’aventures incroyables, de merveilleux facile,
4949
Libre après cela aux historiens de la littérature
de
parler d’aventures incroyables, de merveilleux facile, de naïvetés to
4950
s cela aux historiens de la littérature de parler
d’
aventures incroyables, de merveilleux facile, de naïvetés touchantes,
4951
la littérature de parler d’aventures incroyables,
de
merveilleux facile, de naïvetés touchantes, de fraîcheur primitive, e
4952
r d’aventures incroyables, de merveilleux facile,
de
naïvetés touchantes, de fraîcheur primitive, etc. « Poèmes incohérent
4953
s, de merveilleux facile, de naïvetés touchantes,
de
fraîcheur primitive, etc. « Poèmes incohérents, personnages sans cara
4954
ages sans caractères ni couleurs, mannequins dont
les
froides aventures s’enchaînent à l’infini », nous dit de ces légendes
4955
nequins dont les froides aventures s’enchaînent à
l’
infini », nous dit de ces légendes l’un de leurs meilleurs adapteurs m
4956
des aventures s’enchaînent à l’infini », nous dit
de
ces légendes l’un de leurs meilleurs adapteurs modernes ! Ainsi s’est
4957
înent à l’infini », nous dit de ces légendes l’un
de
leurs meilleurs adapteurs modernes ! Ainsi s’est répandue l’opinion f
4958
illeurs adapteurs modernes ! Ainsi s’est répandue
l’
opinion fort étrange que les poètes bretons n’étaient en somme que des
4959
! Ainsi s’est répandue l’opinion fort étrange que
les
poètes bretons n’étaient en somme que des amuseurs un peu niais, dont
4960
ient en somme que des amuseurs un peu niais, dont
le
succès demeure incompréhensible à notre esprit si pénétrant et averti
4961
notre esprit si pénétrant et averti. Un peu plus
de
pénétration nous ferait voir au contraire que la vraie barbarie est d
4962
de pénétration nous ferait voir au contraire que
la
vraie barbarie est dans la conception moderne du roman, photographie
4963
voir au contraire que la vraie barbarie est dans
la
conception moderne du roman, photographie truquée de faits insignifia
4964
conception moderne du roman, photographie truquée
de
faits insignifiants, alors que le roman breton procède d’une cohérenc
4965
graphie truquée de faits insignifiants, alors que
le
roman breton procède d’une cohérence intime dont nous avons perdu jus
4966
insignifiants, alors que le roman breton procède
d’
une cohérence intime dont nous avons perdu jusqu’au pressentiment. En
4967
tout est symbole ou délicate allégorie, et seuls
les
ignorants s’arrêtent à l’apparence puérile du conte, destinée justeme
4968
te allégorie, et seuls les ignorants s’arrêtent à
l’
apparence puérile du conte, destinée justement à masquer le sens profo
4969
ce puérile du conte, destinée justement à masquer
le
sens profond aux regards superficiels, non avertis. Mais quand bien m
4970
s superficiels, non avertis. Mais quand bien même
les
trouvères seraient inférieurs aux troubadours dans la connaissance my
4971
rouvères seraient inférieurs aux troubadours dans
la
connaissance mystique, ils n’ont pas introduit dans leurs romans que
4972
s erreurs. Ils ont traité un thème nouveau, celui
de
l’amour physique, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien la fau
4973
rreurs. Ils ont traité un thème nouveau, celui de
l’
amour physique, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien la faute
4974
nouveau, celui de l’amour physique, c’est-à-dire
de
la faute. (Et j’entends bien la faute au sens « courtois », non pas a
4975
uveau, celui de l’amour physique, c’est-à-dire de
la
faute. (Et j’entends bien la faute au sens « courtois », non pas au s
4976
que, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien
la
faute au sens « courtois », non pas au sens de la morale chrétienne.)
4977
en la faute au sens « courtois », non pas au sens
de
la morale chrétienne.) Les ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas
4978
la faute au sens « courtois », non pas au sens de
la
morale chrétienne.) Les ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas se
4979
tois », non pas au sens de la morale chrétienne.)
Les
ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes d’amo
4980
as au sens de la morale chrétienne.) Les ouvrages
de
Chrétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes d’amour, comme on
4981
rétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes
d’
amour, comme on le répète, mais de véritables romans. C’est qu’à la di
4982
e sont pas seulement des poèmes d’amour, comme on
le
répète, mais de véritables romans. C’est qu’à la différence des poème
4983
ment des poèmes d’amour, comme on le répète, mais
de
véritables romans. C’est qu’à la différence des poèmes provençaux, il
4984
le répète, mais de véritables romans. C’est qu’à
la
différence des poèmes provençaux, ils s’attachent à décrire les trahi
4985
des poèmes provençaux, ils s’attachent à décrire
les
trahisons de l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passi
4986
ovençaux, ils s’attachent à décrire les trahisons
de
l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passion dans sa pu
4987
nçaux, ils s’attachent à décrire les trahisons de
l’
amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passion dans sa puret
4988
rahisons de l’amour, au lieu d’exprimer seulement
l’
élan de la passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lanc
4989
s de l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan
de
la passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lancelot —
4990
e l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de
la
passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lancelot — com
4991
ent l’élan de la passion dans sa pureté mystique.
Le
point de départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contr
4992
n de la passion dans sa pureté mystique. Le point
de
départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contre l’amour
4993
ssion dans sa pureté mystique. Le point de départ
de
Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois,
4994
mystique. Le point de départ de Lancelot — comme
de
Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois, la possession physi
4995
de départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est
le
péché contre l’amour courtois, la possession physique d’une femme rée
4996
ncelot — comme de Tristan — c’est le péché contre
l’
amour courtois, la possession physique d’une femme réelle, la « profan
4997
Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois,
la
possession physique d’une femme réelle, la « profanation » de l’amour
4998
é contre l’amour courtois, la possession physique
d’
une femme réelle, la « profanation » de l’amour. Et c’est à cause de c
4999
rtois, la possession physique d’une femme réelle,
la
« profanation » de l’amour. Et c’est à cause de cette faute initiale
5000
n physique d’une femme réelle, la « profanation »
de
l’amour. Et c’est à cause de cette faute initiale que Lancelot ne tro
5001
hysique d’une femme réelle, la « profanation » de
l’
amour. Et c’est à cause de cette faute initiale que Lancelot ne trouve
5002
cette faute initiale que Lancelot ne trouvera pas
le
Graal, et sera cent fois humilié quand il errera dans la voie célesti
5003
l, et sera cent fois humilié quand il errera dans
la
voie célestielle. Il a choisi la voie terrienne, il a trahi l’Amour m
5004
d il errera dans la voie célestielle. Il a choisi
la
voie terrienne, il a trahi l’Amour mystique, il n’est pas « pur ». Se
5005
tielle. Il a choisi la voie terrienne, il a trahi
l’
Amour mystique, il n’est pas « pur ». Seuls les « purs » et les vrais
5006
ahi l’Amour mystique, il n’est pas « pur ». Seuls
les
« purs » et les vrais « sauvages » comme Bohor, Perceval et Galaad pa
5007
ique, il n’est pas « pur ». Seuls les « purs » et
les
vrais « sauvages » comme Bohor, Perceval et Galaad parviendront à l’i
5008
» comme Bohor, Perceval et Galaad parviendront à
l’
initiation. Il est clair que la description de ces errements et de leu
5009
aad parviendront à l’initiation. Il est clair que
la
description de ces errements et de leurs punitions exigeait la forme
5010
t à l’initiation. Il est clair que la description
de
ces errements et de leurs punitions exigeait la forme du récit, et no
5011
est clair que la description de ces errements et
de
leurs punitions exigeait la forme du récit, et non plus de la simple
5012
n de ces errements et de leurs punitions exigeait
la
forme du récit, et non plus de la simple chanson79. Ainsi s’explique
5013
punitions exigeait la forme du récit, et non plus
de
la simple chanson79. Ainsi s’explique par des raisons spirituelles la
5014
itions exigeait la forme du récit, et non plus de
la
simple chanson79. Ainsi s’explique par des raisons spirituelles la fo
5015
79. Ainsi s’explique par des raisons spirituelles
la
formation d’un genre nouveau — le roman — qui ne deviendra proprement
5016
xplique par des raisons spirituelles la formation
d’
un genre nouveau — le roman — qui ne deviendra proprement littéraire q
5017
ns spirituelles la formation d’un genre nouveau —
le
roman — qui ne deviendra proprement littéraire que par la suite, quan
5018
— qui ne deviendra proprement littéraire que par
la
suite, quand il se détachera du mythe provisoirement exténué, — au dé
5019
s au roman breton Tristan nous apparaît comme
le
plus purement courtois des romans bretons, en ce sens que la part épi
5020
ement courtois des romans bretons, en ce sens que
la
part épique — combats et intrigues — y est réduite au minimum, tandis
5021
intrigues — y est réduite au minimum, tandis que
le
développement tragique de la doctrine religieuse détermine à lui seul
5022
au minimum, tandis que le développement tragique
de
la doctrine religieuse détermine à lui seul la courbe puissante et si
5023
minimum, tandis que le développement tragique de
la
doctrine religieuse détermine à lui seul la courbe puissante et simpl
5024
ue de la doctrine religieuse détermine à lui seul
la
courbe puissante et simple du récit. Mais en même temps, Tristan est
5025
simple du récit. Mais en même temps, Tristan est
le
plus « breton » des romans courtois, en ce sens qu’on y trouve incorp
5026
ve incorporés des éléments religieux et mythiques
d’
origine très nettement celtique, bien plus nombreux et plus exactement
5027
ombreux et plus exactement identifiables que dans
les
romans de la Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la litt
5028
plus exactement identifiables que dans les romans
de
la Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la littérature ga
5029
s exactement identifiables que dans les romans de
la
Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la littérature gallo
5030
Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de
la
littérature galloise que « c’est un miracle qu’elle contienne des élé
5031
« c’est un miracle qu’elle contienne des éléments
de
religion brittonique : elle s’est formée dans un pays chrétien, roman
5032
ans un pays chrétien, romanisé, puis colonisé par
les
Irlandais »80. Le miracle est cependant attesté par un grand nombre d
5033
n, romanisé, puis colonisé par les Irlandais »80.
Le
miracle est cependant attesté par un grand nombre d’incidents mis en
5034
miracle est cependant attesté par un grand nombre
d’
incidents mis en œuvre par Béroul et Thomas, et qui ne trouvent d’expl
5035
en œuvre par Béroul et Thomas, et qui ne trouvent
d’
explication que dans les récentes découvertes de l’archéologie celtiqu
5036
Thomas, et qui ne trouvent d’explication que dans
les
récentes découvertes de l’archéologie celtique. À vrai dire, le pouvo
5037
t d’explication que dans les récentes découvertes
de
l’archéologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléme
5038
’explication que dans les récentes découvertes de
l’
archéologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléments
5039
couvertes de l’archéologie celtique. À vrai dire,
le
pouvoir poétique de ces éléments religieux était tel qu’on s’explique
5040
ologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique
de
ces éléments religieux était tel qu’on s’explique assez bien leur sur
5041
ur survivance, même dans un monde qui avait perdu
la
foi des druides, et oublié le sens de leurs mystères. Dans le cycle d
5042
nde qui avait perdu la foi des druides, et oublié
le
sens de leurs mystères. Dans le cycle des légendes irlandaises, nous
5043
avait perdu la foi des druides, et oublié le sens
de
leurs mystères. Dans le cycle des légendes irlandaises, nous trouvons
5044
ruides, et oublié le sens de leurs mystères. Dans
le
cycle des légendes irlandaises, nous trouvons un grand nombre de réci
5045
gendes irlandaises, nous trouvons un grand nombre
de
récits qui racontent le voyage d’un héros au pays des morts. Ce héros
5046
trouvons un grand nombre de récits qui racontent
le
voyage d’un héros au pays des morts. Ce héros, Bran, Cuchulainn, ou O
5047
un grand nombre de récits qui racontent le voyage
d’
un héros au pays des morts. Ce héros, Bran, Cuchulainn, ou Oisin, « es
5048
arvient à une terre merveilleuse. « Il se lasse à
la
fin de ce séjour, veut revenir. C’est finalement pour mourir.81 » Nou
5049
à une terre merveilleuse. « Il se lasse à la fin
de
ce séjour, veut revenir. C’est finalement pour mourir.81 » Nous avons
5050
. C’est finalement pour mourir.81 » Nous avons là
l’
origine évidente de la première navigation à l’aventure de Tristan mal
5051
pour mourir.81 » Nous avons là l’origine évidente
de
la première navigation à l’aventure de Tristan malade, en quête du ba
5052
là l’origine évidente de la première navigation à
l’
aventure de Tristan malade, en quête du baume magique. D’autre part, p
5053
e évidente de la première navigation à l’aventure
de
Tristan malade, en quête du baume magique. D’autre part, plusieurs ré
5054
du baume magique. D’autre part, plusieurs récits
de
ce cycle irlandais figurent les prototypes assez exacts des situation
5055
, plusieurs récits de ce cycle irlandais figurent
les
prototypes assez exacts des situations du Roman de Tristan. Par exemp
5056
s prototypes assez exacts des situations du Roman
de
Tristan. Par exemple, dans l’idylle tragique de Diarmaid et Grainne,
5057
situations du Roman de Tristan. Par exemple, dans
l’
idylle tragique de Diarmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dan
5058
n de Tristan. Par exemple, dans l’idylle tragique
de
Diarmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dans la forêt où le m
5059
e, dans l’idylle tragique de Diarmaid et Grainne,
les
deux amants se sauvent dans la forêt où le mari les poursuit. Dans Ba
5060
rmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dans
la
forêt où le mari les poursuit. Dans Bailé et Aillinn, ils se donnent
5061
inne, les deux amants se sauvent dans la forêt où
le
mari les poursuit. Dans Bailé et Aillinn, ils se donnent rendez-vous
5062
s deux amants se sauvent dans la forêt où le mari
les
poursuit. Dans Bailé et Aillinn, ils se donnent rendez-vous en un lie
5063
ils se donnent rendez-vous en un lieu désert, où
la
mort les précède, empêchant leur réunion « car il était prédit par le
5064
donnent rendez-vous en un lieu désert, où la mort
les
précède, empêchant leur réunion « car il était prédit par les druides
5065
empêchant leur réunion « car il était prédit par
les
druides qu’ils ne se rencontreraient pas dans leur vie, mais qu’ils s
5066
ns leur vie, mais qu’ils se rencontreraient après
la
mort, pour ne jamais se séparer »82. Il serait aisé de multiplier ces
5067
rt, pour ne jamais se séparer »82. Il serait aisé
de
multiplier ces comparaisons littéraires. Mais certains traits de mœur
5068
es comparaisons littéraires. Mais certains traits
de
mœurs nous incitent à des rapprochements plus précis. On se rappelle
5069
ts plus précis. On se rappelle que Tristan, après
la
mort de ses parents, fut élevé à la cour du roi Marc son oncle. Or il
5070
précis. On se rappelle que Tristan, après la mort
de
ses parents, fut élevé à la cour du roi Marc son oncle. Or il était f
5071
ristan, après la mort de ses parents, fut élevé à
la
cour du roi Marc son oncle. Or il était fréquent, chez les plus ancie
5072
du roi Marc son oncle. Or il était fréquent, chez
les
plus anciens Celtes, que l’on confiât les enfants « à la garde d’un p
5073
était fréquent, chez les plus anciens Celtes, que
l’
on confiât les enfants « à la garde d’un personnage qualifié dans une
5074
t, chez les plus anciens Celtes, que l’on confiât
les
enfants « à la garde d’un personnage qualifié dans une grande maison,
5075
anciens Celtes, que l’on confiât les enfants « à
la
garde d’un personnage qualifié dans une grande maison, la maison des
5076
Celtes, que l’on confiât les enfants « à la garde
d’
un personnage qualifié dans une grande maison, la maison des hommes ».
5077
d’un personnage qualifié dans une grande maison,
la
maison des hommes ». Ils y recevaient l’enseignement d’un druide, et
5078
maison, la maison des hommes ». Ils y recevaient
l’
enseignement d’un druide, et se trouvaient mis à l’abri des femmes. «
5079
son des hommes ». Ils y recevaient l’enseignement
d’
un druide, et se trouvaient mis à l’abri des femmes. « Cette instituti
5080
’enseignement d’un druide, et se trouvaient mis à
l’
abri des femmes. « Cette institution qu’on appelle généralement du nom
5081
n qu’on appelle généralement du nom anglo-normand
de
fosterage s’est maintenue en pays celtique : nous trouvons les enfant
5082
s’est maintenue en pays celtique : nous trouvons
les
enfants confiés à des parents nourriciers, à l’égard desquels ils con
5083
les enfants confiés à des parents nourriciers, à
l’
égard desquels ils contractent de véritables liens de parenté, attesté
5084
s nourriciers, à l’égard desquels ils contractent
de
véritables liens de parenté, attestés par le fait qu’un certain nombr
5085
gard desquels ils contractent de véritables liens
de
parenté, attestés par le fait qu’un certain nombre de personnages por
5086
tent de véritables liens de parenté, attestés par
le
fait qu’un certain nombre de personnages portent dans l’indication de
5087
arenté, attestés par le fait qu’un certain nombre
de
personnages portent dans l’indication de leur filiation le nom de leu
5088
qu’un certain nombre de personnages portent dans
l’
indication de leur filiation le nom de leur père nourricier… On recher
5089
n nombre de personnages portent dans l’indication
de
leur filiation le nom de leur père nourricier… On recherchait comme p
5090
nages portent dans l’indication de leur filiation
le
nom de leur père nourricier… On recherchait comme pères nourriciers s
5091
ortent dans l’indication de leur filiation le nom
de
leur père nourricier… On recherchait comme pères nourriciers soit les
5092
cier… On recherchait comme pères nourriciers soit
les
membres de la famille maternelle, soit… les druides.83 » Tristan élev
5093
herchait comme pères nourriciers soit les membres
de
la famille maternelle, soit… les druides.83 » Tristan élevé par Marc,
5094
chait comme pères nourriciers soit les membres de
la
famille maternelle, soit… les druides.83 » Tristan élevé par Marc, so
5095
soit les membres de la famille maternelle, soit…
les
druides.83 » Tristan élevé par Marc, son oncle maternel, devient ains
5096
e maternel, devient ainsi, en vertu du fosterage,
le
« fils » du roi. (Les psychanalystes ne manqueront pas de voir dans l
5097
insi, en vertu du fosterage, le « fils » du roi. (
Les
psychanalystes ne manqueront pas de voir dans la liaison malheureuse
5098
s » du roi. (Les psychanalystes ne manqueront pas
de
voir dans la liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat d’
5099
Les psychanalystes ne manqueront pas de voir dans
la
liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat d’un complexe œ
5100
anqueront pas de voir dans la liaison malheureuse
de
Tristan et d’Iseut le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppos
5101
de voir dans la liaison malheureuse de Tristan et
d’
Iseut le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le
5102
dans la liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut
le
résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait qu
5103
son malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat
d’
un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait que les « père
5104
d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois
le
fait que les « pères nourriciers » avaient souvent jusqu’à cinquante
5105
e œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait que
les
« pères nourriciers » avaient souvent jusqu’à cinquante fils juridiqu
5106
vaient souvent jusqu’à cinquante fils juridiques (
le
lien était donc assez faible), et surtout le fait que l’inceste était
5107
ues (le lien était donc assez faible), et surtout
le
fait que l’inceste était assez bien toléré chez les Celtes, comme l’a
5108
était donc assez faible), et surtout le fait que
l’
inceste était assez bien toléré chez les Celtes, comme l’attestent de
5109
e fait que l’inceste était assez bien toléré chez
les
Celtes, comme l’attestent de nombreux documents). La coutume celtique
5110
te était assez bien toléré chez les Celtes, comme
l’
attestent de nombreux documents). La coutume celtique du potlatch, don
5111
ez bien toléré chez les Celtes, comme l’attestent
de
nombreux documents). La coutume celtique du potlatch, don rituel ou p
5112
Celtes, comme l’attestent de nombreux documents).
La
coutume celtique du potlatch, don rituel ou plutôt échange de dons os
5113
eltique du potlatch, don rituel ou plutôt échange
de
dons ostentatoires, accompagné de surenchère, subsiste également dans
5114
plutôt échange de dons ostentatoires, accompagné
de
surenchère, subsiste également dans Tristan et les romans de la Table
5115
de surenchère, subsiste également dans Tristan et
les
romans de la Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures début
5116
re, subsiste également dans Tristan et les romans
de
la Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures débuter par une
5117
subsiste également dans Tristan et les romans de
la
Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures débuter par une pr
5118
mans de la Table ronde. On y voit un grand nombre
d’
aventures débuter par une promesse « en blanc » faite par le roi à que
5119
s débuter par une promesse « en blanc » faite par
le
roi à quelque damoiselle qui lui demande un don, sans dire lequel. Il
5120
de un don, sans dire lequel. Il s’agit en général
d’
un service très périlleux. « Les tournois, note Hubert, font certainem
5121
s’agit en général d’un service très périlleux. «
Les
tournois, note Hubert, font certainement partie de ce vaste système d
5122
s tournois, note Hubert, font certainement partie
de
ce vaste système de concurrence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enf
5123
ert, font certainement partie de ce vaste système
de
concurrence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que le
5124
ment partie de ce vaste système de concurrence et
de
surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que les jeunes Celtes au
5125
currence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enfin,
l’
on sait que les jeunes Celtes au moment de la puberté, donc au sortir
5126
surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que
les
jeunes Celtes au moment de la puberté, donc au sortir de la maison de
5127
fin, l’on sait que les jeunes Celtes au moment de
la
puberté, donc au sortir de la maison des hommes, devaient accomplir u
5128
Celtes au moment de la puberté, donc au sortir de
la
maison des hommes, devaient accomplir un exploit (meurtre d’un étrang
5129
es hommes, devaient accomplir un exploit (meurtre
d’
un étranger ou chasse glorieuse) pour acquérir le droit de se marier :
5130
d’un étranger ou chasse glorieuse) pour acquérir
le
droit de se marier : le combat contre le Morholt, dans Tristan, illus
5131
anger ou chasse glorieuse) pour acquérir le droit
de
se marier : le combat contre le Morholt, dans Tristan, illustre exact
5132
glorieuse) pour acquérir le droit de se marier :
le
combat contre le Morholt, dans Tristan, illustre exactement cette cou
5133
acquérir le droit de se marier : le combat contre
le
Morholt, dans Tristan, illustre exactement cette coutume, sans faire
5134
e exactement cette coutume, sans faire d’ailleurs
la
moindre allusion à son origine sacrée. Tous ces faits rendent vraisem
5135
gine sacrée. Tous ces faits rendent vraisemblable
la
conclusion d’Hubert : à savoir que la mythologie celtique s’est trans
5136
ous ces faits rendent vraisemblable la conclusion
d’
Hubert : à savoir que la mythologie celtique s’est transmise au cycle
5137
aisemblable la conclusion d’Hubert : à savoir que
la
mythologie celtique s’est transmise au cycle courtois non par des voi
5138
on par des voies proprement religieuses, mais par
le
culte plus profane des héros et de leurs prouesses, remplaçant peu à
5139
uses, mais par le culte plus profane des héros et
de
leurs prouesses, remplaçant peu à peu les dieux dans les légendes pop
5140
héros et de leurs prouesses, remplaçant peu à peu
les
dieux dans les légendes populaires. ⁂ Gaston Paris remarquait avec pr
5141
rs prouesses, remplaçant peu à peu les dieux dans
les
légendes populaires. ⁂ Gaston Paris remarquait avec profondeur que le
5142
es. ⁂ Gaston Paris remarquait avec profondeur que
le
roman de Tristan et d’Iseut rend un son particulier, qui ne se retrou
5143
ton Paris remarquait avec profondeur que le roman
de
Tristan et d’Iseut rend un son particulier, qui ne se retrouve guère
5144
rquait avec profondeur que le roman de Tristan et
d’
Iseut rend un son particulier, qui ne se retrouve guère dans la littér
5145
un son particulier, qui ne se retrouve guère dans
la
littérature du Moyen Âge, et il l’expliquait par l’origine celtique d
5146
uve guère dans la littérature du Moyen Âge, et il
l’
expliquait par l’origine celtique de ces poèmes. C’est par Tristan et
5147
littérature du Moyen Âge, et il l’expliquait par
l’
origine celtique de ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que le
5148
en Âge, et il l’expliquait par l’origine celtique
de
ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que le plus clair et le p
5149
e ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que
le
plus clair et le plus précieux du génie celtique s’est incorporé à l’
5150
st par Tristan et par Arthur que le plus clair et
le
plus précieux du génie celtique s’est incorporé à l’esprit européen.
5151
plus précieux du génie celtique s’est incorporé à
l’
esprit européen. (Hubert, II, p. 336.) Ce « son particulier », que Béd
5152
édier sut faire rendre à sa moderne transcription
de
la légende, est si nettement sensible à notre cœur qu’il nous met en
5153
er sut faire rendre à sa moderne transcription de
la
légende, est si nettement sensible à notre cœur qu’il nous met en mes
5154
nt sensible à notre cœur qu’il nous met en mesure
d’
isoler l’élément non celtique, donc proprement courtois qui provoqua,
5155
le à notre cœur qu’il nous met en mesure d’isoler
l’
élément non celtique, donc proprement courtois qui provoqua, au xiie
5156
roprement courtois qui provoqua, au xiie siècle,
la
constitution de notre mythe. Qu’on lise l’une après l’autre une légen
5157
is qui provoqua, au xiie siècle, la constitution
de
notre mythe. Qu’on lise l’une après l’autre une légende irlandaise et
5158
ise l’une après l’autre une légende irlandaise et
la
légende de Béroul ou de Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est u
5159
près l’autre une légende irlandaise et la légende
de
Béroul ou de Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est une fatalité
5160
une légende irlandaise et la légende de Béroul ou
de
Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est une fatalité tout extérie
5161
andaise et la légende de Béroul ou de Thomas : et
l’
on verra que d’un côté, c’est une fatalité tout extérieure qui provoqu
5162
égende de Béroul ou de Thomas : et l’on verra que
d’
un côté, c’est une fatalité tout extérieure qui provoque la catastroph
5163
, c’est une fatalité tout extérieure qui provoque
la
catastrophe, tandis que de l’autre, c’est la volonté secrète, mais in
5164
xtérieure qui provoque la catastrophe, tandis que
de
l’autre, c’est la volonté secrète, mais infaillible, des deux amants
5165
oque la catastrophe, tandis que de l’autre, c’est
la
volonté secrète, mais infaillible, des deux amants mystiques. Dans le
5166
mais infaillible, des deux amants mystiques. Dans
les
légendes celtiques, c’est l’élément épique qui commande l’action et l
5167
nts mystiques. Dans les légendes celtiques, c’est
l’
élément épique qui commande l’action et le dénouement, tandis que dans
5168
es celtiques, c’est l’élément épique qui commande
l’
action et le dénouement, tandis que dans les romans courtois, c’est la
5169
, c’est l’élément épique qui commande l’action et
le
dénouement, tandis que dans les romans courtois, c’est la tragédie in
5170
mmande l’action et le dénouement, tandis que dans
les
romans courtois, c’est la tragédie intérieure. Enfin, l’amour celtiqu
5171
ement, tandis que dans les romans courtois, c’est
la
tragédie intérieure. Enfin, l’amour celtique (en dépit de la sublimat
5172
ns courtois, c’est la tragédie intérieure. Enfin,
l’
amour celtique (en dépit de la sublimation religieuse de la femme par
5173
intérieure. Enfin, l’amour celtique (en dépit de
la
sublimation religieuse de la femme par les druides) est avant tout l’
5174
r celtique (en dépit de la sublimation religieuse
de
la femme par les druides) est avant tout l’amour sensuel84. Le fait q
5175
eltique (en dépit de la sublimation religieuse de
la
femme par les druides) est avant tout l’amour sensuel84. Le fait que
5176
épit de la sublimation religieuse de la femme par
les
druides) est avant tout l’amour sensuel84. Le fait que dans certaines
5177
ieuse de la femme par les druides) est avant tout
l’
amour sensuel84. Le fait que dans certaines légendes cet amour s’oppos
5178
ar les druides) est avant tout l’amour sensuel84.
Le
fait que dans certaines légendes cet amour s’oppose secrètement à l’a
5179
rtaines légendes cet amour s’oppose secrètement à
l’
amour religieux orthodoxe, et se voit donc contraint de s’exprimer par
5180
ur religieux orthodoxe, et se voit donc contraint
de
s’exprimer par des symboles ésotériques, aide à comprendre que le fon
5181
r des symboles ésotériques, aide à comprendre que
le
fond breton se soit si aisément adapté au symbolisme du roman courtoi
5182
ment formelle. Tout au plus devait-elle favoriser
la
confusion moderne entre la passion de Tristan et la pure sensualité.
5183
devait-elle favoriser la confusion moderne entre
la
passion de Tristan et la pure sensualité. Quelques citations de Thoma
5184
e favoriser la confusion moderne entre la passion
de
Tristan et la pure sensualité. Quelques citations de Thomas, le plus
5185
confusion moderne entre la passion de Tristan et
la
pure sensualité. Quelques citations de Thomas, le plus conscient des
5186
Tristan et la pure sensualité. Quelques citations
de
Thomas, le plus conscient des cinq auteurs de la légende primitive, s
5187
la pure sensualité. Quelques citations de Thomas,
le
plus conscient des cinq auteurs de la légende primitive, suffiront à
5188
ons de Thomas, le plus conscient des cinq auteurs
de
la légende primitive, suffiront à faire concevoir l’originalité du my
5189
de Thomas, le plus conscient des cinq auteurs de
la
légende primitive, suffiront à faire concevoir l’originalité du mythe
5190
la légende primitive, suffiront à faire concevoir
l’
originalité du mythe courtois. On y trouve exprimé et commenté en term
5191
xprimé et commenté en termes étonnamment modernes
le
principe de cohésion qu’apporte la mystique cathare aux éléments reli
5192
mmenté en termes étonnamment modernes le principe
de
cohésion qu’apporte la mystique cathare aux éléments religieux, socio
5193
mment modernes le principe de cohésion qu’apporte
la
mystique cathare aux éléments religieux, sociologiques ou épiques, hé
5194
hérités du vieux fond breton. Ce principe, c’est
l’
amour de la douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des t
5195
du vieux fond breton. Ce principe, c’est l’amour
de
la douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des troubadou
5196
vieux fond breton. Ce principe, c’est l’amour de
la
douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des troubadours.
5197
’amour de la douleur considérée comme une ascèse,
le
« mal aimé » des troubadours. Voici Tristan livré au plus cruel confl
5198
istan livré au plus cruel conflit, lorsqu’au soir
de
ses noces avec Iseut aux blanches mains, il ne peut se résoudre à pos
5199
ns ce nom, quel qu’eût été ce nom sans sa beauté,
le
désir de Tristan ne s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger d
5200
, quel qu’eût été ce nom sans sa beauté, le désir
de
Tristan ne s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger de sa doul
5201
e s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger
de
sa douleur et de ses peines, et contre son mal, il avise un remède do
5202
té. Ainsi Tristan veut se venger de sa douleur et
de
ses peines, et contre son mal, il avise un remède dont il doublera so
5203
a femme légitime, il ne doit plus et ne peut plus
la
désirer : Jamais il n’eût méprisé le bien qu’il a, s’il n’eût pas ét
5204
e peut plus la désirer : Jamais il n’eût méprisé
le
bien qu’il a, s’il n’eût pas été le sien : son cœur ne prend en avers
5205
s été le sien : son cœur ne prend en aversion que
le
bonheur qu’il est contraint d’avoir. Le lui eût-on refusé, il se sera
5206
nd en aversion que le bonheur qu’il est contraint
d’
avoir. Le lui eût-on refusé, il se serait lancé à sa recherche, pensan
5207
rsion que le bonheur qu’il est contraint d’avoir.
Le
lui eût-on refusé, il se serait lancé à sa recherche, pensant toujour
5208
a !… Ainsi en advient-il à beaucoup de gens. Dans
d’
amers déboires d’amour, angoisses, lourdes peines et tourments, ce qu’
5209
ient-il à beaucoup de gens. Dans d’amers déboires
d’
amour, angoisses, lourdes peines et tourments, ce qu’ils font pour s’y
5210
ur s’y soustraire, s’en affranchir et s’en venger
les
asservit d’un lien plus inextricable encore. D’irréalisables désirs,
5211
aire, s’en affranchir et s’en venger les asservit
d’
un lien plus inextricable encore. D’irréalisables désirs, d’impossible
5212
les asservit d’un lien plus inextricable encore.
D’
irréalisables désirs, d’impossibles convoitises les conduisent à ne ri
5213
plus inextricable encore. D’irréalisables désirs,
d’
impossibles convoitises les conduisent à ne rien faire dans leur détre
5214
D’irréalisables désirs, d’impossibles convoitises
les
conduisent à ne rien faire dans leur détresse qui n’irrite leur amert
5215
avec son désir. (Encontre désir fait volier, dit
le
texte de Thomas.)85 ⁂ Un fonds celtique de légendes religieuses — d
5216
désir. (Encontre désir fait volier, dit le texte
de
Thomas.)85 ⁂ Un fonds celtique de légendes religieuses — d’ailleurs
5217
dit le texte de Thomas.)85 ⁂ Un fonds celtique
de
légendes religieuses — d’ailleurs très anciennement commun au Midi la
5218
que et au Nord irlandais et breton ; des coutumes
de
chevalerie féodale ; des apparences d’orthodoxie chrétienne ; une sen
5219
s coutumes de chevalerie féodale ; des apparences
d’
orthodoxie chrétienne ; une sensualité parfois très complaisante ; enf
5220
une sensualité parfois très complaisante ; enfin
la
fantaisie individuelle des poètes : tels sont donc en fin de compte l
5221
elle des poètes : tels sont donc en fin de compte
les
éléments sur lesquels la doctrine de l’Amour opéra ses transmutations
5222
t donc en fin de compte les éléments sur lesquels
la
doctrine de l’Amour opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe d
5223
n de compte les éléments sur lesquels la doctrine
de
l’Amour opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe de Tristan. L
5224
e compte les éléments sur lesquels la doctrine de
l’
Amour opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe de Tristan. Loin
5225
de l’Amour opéra ses transmutations. Ainsi naquit
le
mythe de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de
5226
r opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe
de
Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de cette mé
5227
ns. Ainsi naquit le mythe de Tristan. Loin de moi
la
tentation d’analyser le processus de cette métamorphose : il nous éch
5228
uit le mythe de Tristan. Loin de moi la tentation
d’
analyser le processus de cette métamorphose : il nous échappe doubleme
5229
e de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser
le
processus de cette métamorphose : il nous échappe doublement, étant p
5230
Loin de moi la tentation d’analyser le processus
de
cette métamorphose : il nous échappe doublement, étant poétique et my
5231
poétique et mystique. Mais nous savons maintenant
d’
où vient le mythe, et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais
5232
mystique. Mais nous savons maintenant d’où vient
le
mythe, et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais alors c’es
5233
remières conclusions Compte tenu du changement
de
registre qui s’opère dans les expressions poétiques de l’amour courto
5234
e tenu du changement de registre qui s’opère dans
les
expressions poétiques de l’amour courtois, lorsqu’on passe du Midi de
5235
gistre qui s’opère dans les expressions poétiques
de
l’amour courtois, lorsqu’on passe du Midi des troubadours au Nord plu
5236
tre qui s’opère dans les expressions poétiques de
l’
amour courtois, lorsqu’on passe du Midi des troubadours au Nord plus b
5237
plus barbare des trouvères, nous sommes en mesure
de
voir dorénavant dans le chef-d’œuvre de Béroul l’aboutissement de tou
5238
es, nous sommes en mesure de voir dorénavant dans
le
chef-d’œuvre de Béroul l’aboutissement de toutes nos pérégrinations.
5239
en mesure de voir dorénavant dans le chef-d’œuvre
de
Béroul l’aboutissement de toutes nos pérégrinations. Les religions an
5240
de voir dorénavant dans le chef-d’œuvre de Béroul
l’
aboutissement de toutes nos pérégrinations. Les religions antiques, ce
5241
nt dans le chef-d’œuvre de Béroul l’aboutissement
de
toutes nos pérégrinations. Les religions antiques, certaines mystique
5242
oul l’aboutissement de toutes nos pérégrinations.
Les
religions antiques, certaines mystiques du Proche-Orient, l’hérésie q
5243
s antiques, certaines mystiques du Proche-Orient,
l’
hérésie qui les fit revivre en Languedoc, le contrecoup de cette hérés
5244
rtaines mystiques du Proche-Orient, l’hérésie qui
les
fit revivre en Languedoc, le contrecoup de cette hérésie dans la cons
5245
ient, l’hérésie qui les fit revivre en Languedoc,
le
contrecoup de cette hérésie dans la conscience occidentale et dans le
5246
e qui les fit revivre en Languedoc, le contrecoup
de
cette hérésie dans la conscience occidentale et dans les coutumes féo
5247
en Languedoc, le contrecoup de cette hérésie dans
la
conscience occidentale et dans les coutumes féodales, tout cela vient
5248
te hérésie dans la conscience occidentale et dans
les
coutumes féodales, tout cela vient sourdement retentir dans le mythe.
5249
éodales, tout cela vient sourdement retentir dans
le
mythe. Nous avons donc rejoint le Roman de Tristan et situé sa nécess
5250
t retentir dans le mythe. Nous avons donc rejoint
le
Roman de Tristan et situé sa nécessité à telle date, à l’intersection
5251
r dans le mythe. Nous avons donc rejoint le Roman
de
Tristan et situé sa nécessité à telle date, à l’intersection de telle
5252
de Tristan et situé sa nécessité à telle date, à
l’
intersection de telles traditions hérétiques et de telles institutions
5253
situé sa nécessité à telle date, à l’intersection
de
telles traditions hérétiques et de telles institutions qui les condam
5254
l’intersection de telles traditions hérétiques et
de
telles institutions qui les condamnaient farouchement, les obligeant
5255
aditions hérétiques et de telles institutions qui
les
condamnaient farouchement, les obligeant par cette condamnation à s’e
5256
s institutions qui les condamnaient farouchement,
les
obligeant par cette condamnation à s’exprimer en symboles équivoques
5257
à s’exprimer en symboles équivoques et à revêtir
la
forme d’un mythe. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de
5258
imer en symboles équivoques et à revêtir la forme
d’
un mythe. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la
5259
oles équivoques et à revêtir la forme d’un mythe.
De
l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusion :
5260
s équivoques et à revêtir la forme d’un mythe. De
l’
ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusion : l’
5261
s et à revêtir la forme d’un mythe. De l’ensemble
de
ces convergences, il est temps de tirer la conclusion : l’amour-passi
5262
. De l’ensemble de ces convergences, il est temps
de
tirer la conclusion : l’amour-passion glorifié par le mythe fut réell
5263
semble de ces convergences, il est temps de tirer
la
conclusion : l’amour-passion glorifié par le mythe fut réellement au
5264
nvergences, il est temps de tirer la conclusion :
l’
amour-passion glorifié par le mythe fut réellement au xiie siècle, da
5265
irer la conclusion : l’amour-passion glorifié par
le
mythe fut réellement au xiie siècle, date de son apparition, une rel
5266
par le mythe fut réellement au xiie siècle, date
de
son apparition, une religion dans toute la force de ce terme, et spéc
5267
, date de son apparition, une religion dans toute
la
force de ce terme, et spécialement une hérésie chrétienne historiquem
5268
son apparition, une religion dans toute la force
de
ce terme, et spécialement une hérésie chrétienne historiquement déter
5269
ne hérésie chrétienne historiquement déterminée .
D’
où l’on pourra déduire. 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par
5270
résie chrétienne historiquement déterminée . D’où
l’
on pourra déduire. 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par les
5271
ent déterminée . D’où l’on pourra déduire. 1° que
la
passion, vulgarisée de nos jours par les romans et par le film, n’est
5272
’on pourra déduire. 1° que la passion, vulgarisée
de
nos jours par les romans et par le film, n’est rien d’autre que le re
5273
e. 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par
les
romans et par le film, n’est rien d’autre que le reflux et l’invasion
5274
on, vulgarisée de nos jours par les romans et par
le
film, n’est rien d’autre que le reflux et l’invasion anarchique dans
5275
s jours par les romans et par le film, n’est rien
d’
autre que le reflux et l’invasion anarchique dans nos vies d’une hérés
5276
les romans et par le film, n’est rien d’autre que
le
reflux et l’invasion anarchique dans nos vies d’une hérésie spiritual
5277
par le film, n’est rien d’autre que le reflux et
l’
invasion anarchique dans nos vies d’une hérésie spiritualiste dont nou
5278
le reflux et l’invasion anarchique dans nos vies
d’
une hérésie spiritualiste dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l’or
5279
d’une hérésie spiritualiste dont nous avons perdu
la
clef ; 2° qu’à l’origine de notre crise du mariage, il n’y a pas moin
5280
itualiste dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à
l’
origine de notre crise du mariage, il n’y a pas moins que le conflit d
5281
dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l’origine
de
notre crise du mariage, il n’y a pas moins que le conflit de deux tra
5282
de notre crise du mariage, il n’y a pas moins que
le
conflit de deux traditions religieuses, c’est-à-dire une décision que
5283
ise du mariage, il n’y a pas moins que le conflit
de
deux traditions religieuses, c’est-à-dire une décision que nous preno
5284
esque toujours inconsciemment, en toute ignorance
de
cause, de fins et de risques encourus, en faveur d’une morale surviva
5285
ours inconsciemment, en toute ignorance de cause,
de
fins et de risques encourus, en faveur d’une morale survivante que no
5286
ciemment, en toute ignorance de cause, de fins et
de
risques encourus, en faveur d’une morale survivante que nous ne savon
5287
savons plus justifier. ⁂ Il s’en faut d’ailleurs
de
beaucoup que la passion et le mythe de la passion n’agissent que dans
5288
tifier. ⁂ Il s’en faut d’ailleurs de beaucoup que
la
passion et le mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privée
5289
’en faut d’ailleurs de beaucoup que la passion et
le
mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique
5290
d’ailleurs de beaucoup que la passion et le mythe
de
la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occide
5291
illeurs de beaucoup que la passion et le mythe de
la
passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occident
5292
la passion n’agissent que dans nos vies privées.
La
mystique d’Occident est une autre passion dont le langage métaphoriqu
5293
n’agissent que dans nos vies privées. La mystique
d’
Occident est une autre passion dont le langage métaphorique est parfoi
5294
La mystique d’Occident est une autre passion dont
le
langage métaphorique est parfois étrangement semblable à celui de l’a
5295
horique est parfois étrangement semblable à celui
de
l’amour courtois. Nos grandes littératures sont pour une bonne partie
5296
ique est parfois étrangement semblable à celui de
l’
amour courtois. Nos grandes littératures sont pour une bonne partie de
5297
es laïcisations du mythe, ou comme nous préférons
le
dire : des « profanations » successives de son contenu et de sa forme
5298
férons le dire : des « profanations » successives
de
son contenu et de sa forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes
5299
es « profanations » successives de son contenu et
de
sa forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes les formes militai
5300
successives de son contenu et de sa forme. Enfin,
la
guerre, en Occident, et toutes les formes militaires, jusque vers 191
5301
a forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes
les
formes militaires, jusque vers 1914, ont gardé par le fait de leur or
5302
ormes militaires, jusque vers 1914, ont gardé par
le
fait de leur origine chevaleresque — et pour d’autres raisons peut-êt
5303
litaires, jusque vers 1914, ont gardé par le fait
de
leur origine chevaleresque — et pour d’autres raisons peut-être — un
5304
raisons peut-être — un parallélisme constant avec
l’
évolution du mythe. C’est de quoi l’on traitera dans les livres qui vi
5305
lélisme constant avec l’évolution du mythe. C’est
de
quoi l’on traitera dans les livres qui viennent. 16. H. Hubert, L
5306
constant avec l’évolution du mythe. C’est de quoi
l’
on traitera dans les livres qui viennent. 16. H. Hubert, Les Celte
5307
lution du mythe. C’est de quoi l’on traitera dans
les
livres qui viennent. 16. H. Hubert, Les Celtes, II, p. 227, 229,
5308
dans les livres qui viennent. 16. H. Hubert,
Les
Celtes, II, p. 227, 229, 274. (Le meilleur ouvrage d’ensemble sur la
5309
6. H. Hubert, Les Celtes, II, p. 227, 229, 274. (
Le
meilleur ouvrage d’ensemble sur la civilisation, l’histoire et l’arch
5310
eltes, II, p. 227, 229, 274. (Le meilleur ouvrage
d’
ensemble sur la civilisation, l’histoire et l’archéologie celtique.)
5311
27, 229, 274. (Le meilleur ouvrage d’ensemble sur
la
civilisation, l’histoire et l’archéologie celtique.) 17. H. d’Arboi
5312
meilleur ouvrage d’ensemble sur la civilisation,
l’
histoire et l’archéologie celtique.) 17. H. d’Arbois de Jubainville,
5313
age d’ensemble sur la civilisation, l’histoire et
l’
archéologie celtique.) 17. H. d’Arbois de Jubainville, Cours de litt
5314
eltique.) 17. H. d’Arbois de Jubainville, Cours
de
littérature celtique, I, p. 1-65. 18. J. Vendryès, Mémoires de la s
5315
celtique, I, p. 1-65. 18. J. Vendryès, Mémoires
de
la société linguistique, XX, 6, 265. 19. Op. cit., I, p. 18, et II,
5316
tique, I, p. 1-65. 18. J. Vendryès, Mémoires de
la
société linguistique, XX, 6, 265. 19. Op. cit., I, p. 18, et II, p.
5317
28. 20. Hubert, op. cit., I, p. 20. Et de même,
les
dieux gaulois prennent des noms latins sans se transformer autrement.
5318
Yggdrasil, 25 août 1937. 22. Henry Corbin, Pour
l’
hymnologie manichéenne. (Yggdrasil, 25 août 1937.) 23. Voir l’Appendi
5319
manichéenne. (Yggdrasil, 25 août 1937.) 23. Voir
l’
Appendice 4. 24. Droit d’user et d’abuser des esclaves, qui ne sont p
5320
5 août 1937.) 23. Voir l’Appendice 4. 24. Droit
d’
user et d’abuser des esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour
5321
7.) 23. Voir l’Appendice 4. 24. Droit d’user et
d’
abuser des esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour le droit r
5322
esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour
le
droit romain : persona est sui juris ; servus non est persona. 25. L
5323
sona est sui juris ; servus non est persona. 25.
Le
culte des images — manifestation la plus simpliste de ce penchant — a
5324
persona. 25. Le culte des images — manifestation
la
plus simpliste de ce penchant — a toujours répugné à l’Oriental. Au v
5325
ulte des images — manifestation la plus simpliste
de
ce penchant — a toujours répugné à l’Oriental. Au viiie siècle, le p
5326
s simpliste de ce penchant — a toujours répugné à
l’
Oriental. Au viiie siècle, le pape Léon III, instruit de cette répugn
5327
toujours répugné à l’Oriental. Au viiie siècle,
le
pape Léon III, instruit de cette répugnance par sa lutte contre les j
5328
tal. Au viiie siècle, le pape Léon III, instruit
de
cette répugnance par sa lutte contre les juifs et les montanistes, in
5329
instruit de cette répugnance par sa lutte contre
les
juifs et les montanistes, inaugura une politique iconoclaste dont il
5330
cette répugnance par sa lutte contre les juifs et
les
montanistes, inaugura une politique iconoclaste dont il espérait voir
5331
olitique iconoclaste dont il espérait voir sortir
l’
unité religieuse de l’Empire oriental-occidental. Son échec est signif
5332
e dont il espérait voir sortir l’unité religieuse
de
l’Empire oriental-occidental. Son échec est significatif. 26. J. Or
5333
ont il espérait voir sortir l’unité religieuse de
l’
Empire oriental-occidental. Son échec est significatif. 26. J. Orteg
5334
er die Liebe. 27. Ceci n’est pas une boutade, on
le
verra bien par la suite. Le premier couple d’amants « passionnés » do
5335
Ceci n’est pas une boutade, on le verra bien par
la
suite. Le premier couple d’amants « passionnés » dont l’histoire soit
5336
on le verra bien par la suite. Le premier couple
d’
amants « passionnés » dont l’histoire soit venue jusqu’à nous, c’est H
5337
e. Le premier couple d’amants « passionnés » dont
l’
histoire soit venue jusqu’à nous, c’est Héloïse et Abélard : première
5338
Mesures, n° 2, 1937). 29. Ibid. 30. Otto Rahn,
La
Croisade contre le Graal. Rahn fait probablement allusion à l’aventur
5339
). 29. Ibid. 30. Otto Rahn, La Croisade contre
le
Graal. Rahn fait probablement allusion à l’aventure du troubadour Pie
5340
ontre le Graal. Rahn fait probablement allusion à
l’
aventure du troubadour Pierre de Barjac. On connaît d’autres cas où l’
5341
dour Pierre de Barjac. On connaît d’autres cas où
l’
amant d’une femme — toujours mariée — brûlait des cierges à tous les s
5342
rre de Barjac. On connaît d’autres cas où l’amant
d’
une femme — toujours mariée — brûlait des cierges à tous les saints po
5343
me — toujours mariée — brûlait des cierges à tous
les
saints pour obtenir de vaincre les rigueurs de la « belle ». 31. A.
5344
rûlait des cierges à tous les saints pour obtenir
de
vaincre les rigueurs de la « belle ». 31. A. Jeanroy, La Poésie lyr
5345
cierges à tous les saints pour obtenir de vaincre
les
rigueurs de la « belle ». 31. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des tro
5346
s les saints pour obtenir de vaincre les rigueurs
de
la « belle ». 31. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubadours, 19
5347
es saints pour obtenir de vaincre les rigueurs de
la
« belle ». 31. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubadours, 1934.
5348
e les rigueurs de la « belle ». 31. A. Jeanroy,
La
Poésie lyrique des troubadours, 1934. 32. A. Jeanroy, Introduction
5349
page plus loin notre auteur écrit d’ailleurs : «
La
noblesse du Midi, au contraire, presque affranchie du lien féodal… »
5350
se : il y avait des différences importantes entre
la
féodalité du Midi et celle du Nord. Mais ces différences ne sont pas
5351
t celle du Nord. Mais ces différences ne sont pas
de
nature à expliquer le culte de la femme. On y reviendra. 33. A. Jea
5352
ces différences ne sont pas de nature à expliquer
le
culte de la femme. On y reviendra. 33. A. Jeanroy, La Poésie lyriqu
5353
rences ne sont pas de nature à expliquer le culte
de
la femme. On y reviendra. 33. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des tro
5354
ces ne sont pas de nature à expliquer le culte de
la
femme. On y reviendra. 33. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des trouba
5355
te de la femme. On y reviendra. 33. A. Jeanroy,
La
Poésie lyrique des troubadours, I, p. 69. 34. E. Wechssler, Das Kul
5356
5. On a tenté quelques explications sociologiques
de
la courtoisie. Elles se ramènent à des suppositions — souvent contrad
5357
On a tenté quelques explications sociologiques de
la
courtoisie. Elles se ramènent à des suppositions — souvent contradict
5358
des suppositions — souvent contradictoires — sur
la
condition de la femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un
5359
ions — souvent contradictoires — sur la condition
de
la femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un essai intitul
5360
s — souvent contradictoires — sur la condition de
la
femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un essai intitulé M
5361
n essai intitulé Medieval Love, remarque que dans
les
cours médiévales il y avait « une énorme prépondérance numérique d’ho
5362
s il y avait « une énorme prépondérance numérique
d’
hommes » dont peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation de l’objet
5363
umérique d’hommes » dont peu pouvaient se marier.
D’
où l’idéalisation de l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire.
5364
que d’hommes » dont peu pouvaient se marier. D’où
l’
idéalisation de l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On pe
5365
dont peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation
de
l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte
5366
t peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation de
l’
objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte du
5367
uvaient se marier. D’où l’idéalisation de l’objet
d’
un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte du renseig
5368
u renseignement, mais il n’explique en somme rien
de
précis quant à la rhétorique courtoise. (Par contre il nous aidera pl
5369
ais il n’explique en somme rien de précis quant à
la
rhétorique courtoise. (Par contre il nous aidera plus tard à concevoi
5370
contre il nous aidera plus tard à concevoir qu’à
la
faveur de cette situation sociologique, la confusion de l’amour mysti
5371
nous aidera plus tard à concevoir qu’à la faveur
de
cette situation sociologique, la confusion de l’amour mystique et de
5372
r qu’à la faveur de cette situation sociologique,
la
confusion de l’amour mystique et de l’amour charnel ait pu s’établir
5373
eur de cette situation sociologique, la confusion
de
l’amour mystique et de l’amour charnel ait pu s’établir assez vite.)
5374
de cette situation sociologique, la confusion de
l’
amour mystique et de l’amour charnel ait pu s’établir assez vite.) 36
5375
sociologique, la confusion de l’amour mystique et
de
l’amour charnel ait pu s’établir assez vite.) 36. Parmi les sectes g
5376
iologique, la confusion de l’amour mystique et de
l’
amour charnel ait pu s’établir assez vite.) 36. Parmi les sectes gnos
5377
charnel ait pu s’établir assez vite.) 36. Parmi
les
sectes gnostiques influencées par le dualisme parsiste, on peut citer
5378
36. Parmi les sectes gnostiques influencées par
le
dualisme parsiste, on peut citer celles de Bardesane, des pératiens,
5379
es par le dualisme parsiste, on peut citer celles
de
Bardesane, des pératiens, des docètes, des caïnites, des séthiens, de
5380
ratiens, des docètes, des caïnites, des séthiens,
de
Simon le Mage, etc. 37. Non point tous cependant. D. Roché, dans une
5381
ependant. D. Roché, dans une excellente étude sur
Le
Catharisme (p. 2, Carcassonne, 1937) donne une liste d’ouvrages retro
5382
harisme (p. 2, Carcassonne, 1937) donne une liste
d’
ouvrages retrouvés ; un rituel d’initiation, un apocryphe de saint Jea
5383
donne une liste d’ouvrages retrouvés ; un rituel
d’
initiation, un apocryphe de saint Jean, plus exactement nommé « Cène s
5384
retrouvés ; un rituel d’initiation, un apocryphe
de
saint Jean, plus exactement nommé « Cène secrète », et les Capitula d
5385
Jean, plus exactement nommé « Cène secrète », et
les
Capitula de Faustus de Milev, évêque machinéen dont l’influence s’exe
5386
xactement nommé « Cène secrète », et les Capitula
de
Faustus de Milev, évêque machinéen dont l’influence s’exercera direct
5387
pitula de Faustus de Milev, évêque machinéen dont
l’
influence s’exercera directement sur les cathares. On peut y ajouter l
5388
inéen dont l’influence s’exercera directement sur
les
cathares. On peut y ajouter la Vision de saint Paul et le Purgatoire
5389
a directement sur les cathares. On peut y ajouter
la
Vision de saint Paul et le Purgatoire de saint Patrice (traduit par M
5390
ent sur les cathares. On peut y ajouter la Vision
de
saint Paul et le Purgatoire de saint Patrice (traduit par Marie de Fr
5391
res. On peut y ajouter la Vision de saint Paul et
le
Purgatoire de saint Patrice (traduit par Marie de France), et plusieu
5392
ajouter la Vision de saint Paul et le Purgatoire
de
saint Patrice (traduit par Marie de France), et plusieurs écrits publ
5393
apocryphes bogomiles »). 38. Voir en particulier
les
Summae contra kataros d’Alain de Lille (Alanus de Insulis), Moneta de
5394
38. Voir en particulier les Summae contra kataros
d’
Alain de Lille (Alanus de Insulis), Moneta de Cremone, Ranieri Sacchon
5395
Insulis), Moneta de Cremone, Ranieri Sacchone, et
le
Manuel de l’Inquisiteur de Bernard Gui. 39. Ce dualisme se résout d’
5396
d’ailleurs en un monisme eschatologique, puisqu’à
la
fin des temps, Satan et la matière seront illuminés, tandis que l’ort
5397
chatologique, puisqu’à la fin des temps, Satan et
la
matière seront illuminés, tandis que l’orthodoxie croit que Satan ser
5398
Satan et la matière seront illuminés, tandis que
l’
orthodoxie croit que Satan sera damné pour toujours. Il reste que dans
5399
damné pour toujours. Il reste que dans ce temps,
le
manichéen condamne la vie, tandis que le chrétien revient à elle, et
5400
Il reste que dans ce temps, le manichéen condamne
la
vie, tandis que le chrétien revient à elle, et s’efforce de répondre
5401
e temps, le manichéen condamne la vie, tandis que
le
chrétien revient à elle, et s’efforce de répondre à l’« attente arden
5402
ndis que le chrétien revient à elle, et s’efforce
de
répondre à l’« attente ardente » de la créature. (Romains, 8.) 40. D
5403
rétien revient à elle, et s’efforce de répondre à
l’
« attente ardente » de la créature. (Romains, 8.) 40. D’où le nom de
5404
et s’efforce de répondre à l’« attente ardente »
de
la créature. (Romains, 8.) 40. D’où le nom de docètes pris par une s
5405
s’efforce de répondre à l’« attente ardente » de
la
créature. (Romains, 8.) 40. D’où le nom de docètes pris par une sect
5406
ente ardente » de la créature. (Romains, 8.) 40.
D’
où le nom de docètes pris par une secte gnostique : dokesis — apparenc
5407
ardente » de la créature. (Romains, 8.) 40. D’où
le
nom de docètes pris par une secte gnostique : dokesis — apparence. 4
5408
» de la créature. (Romains, 8.) 40. D’où le nom
de
docètes pris par une secte gnostique : dokesis — apparence. 41. D.
5409
. Roché (op. cit. p. 14 et 15) atténue d’ailleurs
la
portée de cette condamnation du mariage dans la pure doctrine cathare
5410
p. cit. p. 14 et 15) atténue d’ailleurs la portée
de
cette condamnation du mariage dans la pure doctrine cathare, en renvo
5411
s la portée de cette condamnation du mariage dans
la
pure doctrine cathare, en renvoyant aux déclarations de saint Paul su
5412
e doctrine cathare, en renvoyant aux déclarations
de
saint Paul sur les eunuques volontaires. Et après tout, Rome approuve
5413
, en renvoyant aux déclarations de saint Paul sur
les
eunuques volontaires. Et après tout, Rome approuve les couvents ! 42
5414
unuques volontaires. Et après tout, Rome approuve
les
couvents ! 42. Ici encore, D. Roché (op. cit.) combat l’opinion cour
5415
nts ! 42. Ici encore, D. Roché (op. cit.) combat
l’
opinion courante chez les historiens officiels, et affirme en s’appuya
5416
. Roché (op. cit.) combat l’opinion courante chez
les
historiens officiels, et affirme en s’appuyant sur Ch. Molinier qu’on
5417
ant sur Ch. Molinier qu’on ne saurait prouver que
les
cathares eussent préconisé le suicide. Leur croyance à la réincarnati
5418
aurait prouver que les cathares eussent préconisé
le
suicide. Leur croyance à la réincarnation devait s’y opposer, selon l
5419
res eussent préconisé le suicide. Leur croyance à
la
réincarnation devait s’y opposer, selon lui. Mais il me semble qu’ell
5420
l me semble qu’elle pouvait tout autant faciliter
la
mort volontaire au terme d’une initiation convenable ? 43. L’express
5421
tout autant faciliter la mort volontaire au terme
d’
une initiation convenable ? 43. L’expression de « parfaits » ne se tr
5422
taire au terme d’une initiation convenable ? 43.
L’
expression de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans les regist
5423
e d’une initiation convenable ? 43. L’expression
de
« parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans les registres de l’Inqu
5424
de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans
les
registres de l’Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de
5425
» ne se trouve d’ailleurs que dans les registres
de
l’Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) pa
5426
ne se trouve d’ailleurs que dans les registres de
l’
Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraî
5427
ailleurs que dans les registres de l’Inquisition.
Le
terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraît avoir été uti
5428
que dans les registres de l’Inquisition. Le terme
de
bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraît avoir été utilisé par
5429
nquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement
de
chrétiens) paraît avoir été utilisé par les cathares eux-mêmes, et «
5430
lement de chrétiens) paraît avoir été utilisé par
les
cathares eux-mêmes, et « parfaits » serait ironique. 44. C’est du mo
5431
« parfaits » serait ironique. 44. C’est du moins
la
thèse soutenue par Otto Rahn. 45. Ou Manisola. 46. Bernard Gui (Man
5432
Bernard Gui (Manuel de l’Inquisiteur) montre que
les
cathares croyaient bien à la Sainte Vierge, sauf qu’elle représentait
5433
isiteur) montre que les cathares croyaient bien à
la
Sainte Vierge, sauf qu’elle représentait pour eux non pas une femme d
5434
f qu’elle représentait pour eux non pas une femme
de
chair, mère de Jésus, mais leur Église. 47. Traduit par C.-A. Cingri
5435
ingria (Mesures, n° 2, 1937). Parmi des centaines
de
citations également significatives, ou davantage, qui eussent pu inte
5436
ssent pu intervenir dans ce chapitre, j’ai choisi
de
préférence celles qu’a traduites C.-A. Cingria (en vers), pour la per
5437
lles qu’a traduites C.-A. Cingria (en vers), pour
la
perfection de leur forme et de leur matière verbale. 48. D. Roché,
5438
uites C.-A. Cingria (en vers), pour la perfection
de
leur forme et de leur matière verbale. 48. D. Roché, op. cit., insi
5439
ia (en vers), pour la perfection de leur forme et
de
leur matière verbale. 48. D. Roché, op. cit., insiste lui aussi sur
5440
48. D. Roché, op. cit., insiste lui aussi sur «
le
danger d’une envolée trop rapide vers le ciel », selon les cathares,
5441
oché, op. cit., insiste lui aussi sur « le danger
d’
une envolée trop rapide vers le ciel », selon les cathares, et oppose
5442
si sur « le danger d’une envolée trop rapide vers
le
ciel », selon les cathares, et oppose le catharisme au bouddhisme sur
5443
r d’une envolée trop rapide vers le ciel », selon
les
cathares, et oppose le catharisme au bouddhisme sur ce point à vrai d
5444
ide vers le ciel », selon les cathares, et oppose
le
catharisme au bouddhisme sur ce point à vrai dire capital. 49. L’emp
5445
bouddhisme sur ce point à vrai dire capital. 49.
L’
emploi du mot « vraie » devant Dieu, Lumière, Foi, Église, est un indi
5446
ieu, Lumière, Foi, Église, est un indice probable
de
catharisme chez un troubadour. Les cathares s’appliquaient à parler l
5447
indice probable de catharisme chez un troubadour.
Les
cathares s’appliquaient à parler le langage orthodoxe, moyennant cett
5448
troubadour. Les cathares s’appliquaient à parler
le
langage orthodoxe, moyennant cette petite correction significative po
5449
ennant cette petite correction significative pour
l’
initié. 50. Les « aubes » étaient un genre régulier. On conçoit sa né
5450
tite correction significative pour l’initié. 50.
Les
« aubes » étaient un genre régulier. On conçoit sa nécessité dans une
5451
sa nécessité dans une vision du monde dominée par
l’
hostilité du Jour et de la Nuit. Voici le début d’une autre « aube » a
5452
ision du monde dominée par l’hostilité du Jour et
de
la Nuit. Voici le début d’une autre « aube » anonyme : « En un verger
5453
on du monde dominée par l’hostilité du Jour et de
la
Nuit. Voici le début d’une autre « aube » anonyme : « En un verger, s
5454
inée par l’hostilité du Jour et de la Nuit. Voici
le
début d’une autre « aube » anonyme : « En un verger, sous une loge d’
5455
l’hostilité du Jour et de la Nuit. Voici le début
d’
une autre « aube » anonyme : « En un verger, sous une loge d’aubépine,
5456
« aube » anonyme : « En un verger, sous une loge
d’
aubépine, la dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que le guett
5457
onyme : « En un verger, sous une loge d’aubépine,
la
dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que le guetteur ait crié
5458
dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que
le
guetteur ait crié : « Dieu ! c’est l’aube. Qu’elle vient donc vite !
5459
qu’à ce que le guetteur ait crié : « Dieu ! c’est
l’
aube. Qu’elle vient donc vite ! » Dans le Tristan de Wagner, le guette
5460
! c’est l’aube. Qu’elle vient donc vite ! » Dans
le
Tristan de Wagner, le guetteur, c’est Brengaine invisible et qui crie
5461
le vient donc vite ! » Dans le Tristan de Wagner,
le
guetteur, c’est Brengaine invisible et qui crie du haut du balcon : «
5462
alcon : « Prenez garde ! Prenez garde ! Voici que
la
nuit cède au jour ! » Mais Tristan répond, lui aussi : « Qu’éternelle
5463
is Tristan répond, lui aussi : « Qu’éternellement
la
nuit nous enveloppe ! » 51. Désignée généralement par un nom symboli
5464
par un nom symbolique ou senhal, exactement comme
les
mystiques soufis désignent Dieu dans leurs poèmes ! 52. Au moment de
5465
Dieu dans leurs poèmes ! 52. Au moment de donner
le
bon à tirer de cet ouvrage, je lis une étude remarquable de Lucie Var
5466
poèmes ! 52. Au moment de donner le bon à tirer
de
cet ouvrage, je lis une étude remarquable de Lucie Varga : Peire Card
5467
irer de cet ouvrage, je lis une étude remarquable
de
Lucie Varga : Peire Cardinal était-il hérétique ? (« Rev. d’hist. des
5468
rga : Peire Cardinal était-il hérétique ? (« Rev.
d’
hist. des relig. », juin 1938) qui m’apporte de décisives confirmation
5469
v. d’hist. des relig. », juin 1938) qui m’apporte
de
décisives confirmations. L’auteur va jusqu’à proposer, au terme d’une
5470
n 1938) qui m’apporte de décisives confirmations.
L’
auteur va jusqu’à proposer, au terme d’une démonstration serrée, que l
5471
irmations. L’auteur va jusqu’à proposer, au terme
d’
une démonstration serrée, que l’on prenne les poèmes des troubadours c
5472
roposer, au terme d’une démonstration serrée, que
l’
on prenne les poèmes des troubadours comme sources d’études sur le cat
5473
terme d’une démonstration serrée, que l’on prenne
les
poèmes des troubadours comme sources d’études sur le catharisme. — Cf
5474
n prenne les poèmes des troubadours comme sources
d’
études sur le catharisme. — Cf. sur Peire Cardinal hérétique : J. Anol
5475
poèmes des troubadours comme sources d’études sur
le
catharisme. — Cf. sur Peire Cardinal hérétique : J. Anolade, Les Trou
5476
— Cf. sur Peire Cardinal hérétique : J. Anolade,
Les
Troubadours, p. 209-210. 53. Poésie lyrique des troubadours, II, p.
5477
troubadours, II, p. 306. Faut-il que je m’excuse
de
revenir sans cesse à ce livre et à cet auteur ? Mais ils résument tro
5478
p bien — trop savamment et trop scrupuleusement —
l’
ensemble des positions « officielles » de la philologie et de l’histoi
5479
sement — l’ensemble des positions « officielles »
de
la philologie et de l’histoire littéraire pour ne pas me servir ici d
5480
ent — l’ensemble des positions « officielles » de
la
philologie et de l’histoire littéraire pour ne pas me servir ici de s
5481
des positions « officielles » de la philologie et
de
l’histoire littéraire pour ne pas me servir ici de symboles. Ceci enc
5482
positions « officielles » de la philologie et de
l’
histoire littéraire pour ne pas me servir ici de symboles. Ceci encore
5483
e l’histoire littéraire pour ne pas me servir ici
de
symboles. Ceci encore : les doutes qu’exprime M. Jeanroy, je n’ai pas
5484
r ne pas me servir ici de symboles. Ceci encore :
les
doutes qu’exprime M. Jeanroy, je n’ai pas été sans les concevoir au d
5485
outes qu’exprime M. Jeanroy, je n’ai pas été sans
les
concevoir au début de cette recherche. Et l’on ne manquerait pas de m
5486
nroy, je n’ai pas été sans les concevoir au début
de
cette recherche. Et l’on ne manquerait pas de me les opposer si je n’
5487
ans les concevoir au début de cette recherche. Et
l’
on ne manquerait pas de me les opposer si je n’en tenais pas compte dè
5488
but de cette recherche. Et l’on ne manquerait pas
de
me les opposer si je n’en tenais pas compte dès maintenant. 54. Par
5489
cette recherche. Et l’on ne manquerait pas de me
les
opposer si je n’en tenais pas compte dès maintenant. 54. Par exemple
5490
nais pas compte dès maintenant. 54. Par exemple,
le
médiéval serait trop « naïf » pour étudier une matière qu’il jugerait
5491
l jugerait absurde, c’est-à-dire qui n’aurait pas
de
sens religieux et de situation précise dans l’ensemble des valeurs qu
5492
’est-à-dire qui n’aurait pas de sens religieux et
de
situation précise dans l’ensemble des valeurs qu’il connaît. 55. J.
5493
as de sens religieux et de situation précise dans
l’
ensemble des valeurs qu’il connaît. 55. J. Huizinga, Le Déclin du Mo
5494
ble des valeurs qu’il connaît. 55. J. Huizinga,
Le
Déclin du Moyen Âge, p. 181-182. 56. « Consacrées par l’usage » ? De
5495
n du Moyen Âge, p. 181-182. 56. « Consacrées par
l’
usage » ? Depuis quand ? Rudel utilisait ce procédé, et il est de la p
5496
uis quand ? Rudel utilisait ce procédé, et il est
de
la première moitié du xiie siècle, c’est à-dire de la toute première
5497
la première moitié du xiie siècle, c’est à-dire
de
la toute première génération des troubadours ! Donc l’un des inventeu
5498
première moitié du xiie siècle, c’est à-dire de
la
toute première génération des troubadours ! Donc l’un des inventeurs
5499
ration des troubadours ! Donc l’un des inventeurs
de
ces « formules ». Nous tenons ici un bel exemple d’anachronisme tenda
5500
ces « formules ». Nous tenons ici un bel exemple
d’
anachronisme tendancieux. On veut à tout prix que le langage des troub
5501
anachronisme tendancieux. On veut à tout prix que
le
langage des troubadours soit le langage naturel de l’amour humain, tr
5502
t à tout prix que le langage des troubadours soit
le
langage naturel de l’amour humain, transposé à l’amour divin. Alors q
5503
e langage des troubadours soit le langage naturel
de
l’amour humain, transposé à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c
5504
angage des troubadours soit le langage naturel de
l’
amour humain, transposé à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c’es
5505
le langage naturel de l’amour humain, transposé à
l’
amour divin. Alors qu’historiquement, c’est le contraire qui s’est pro
5506
é à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c’est
le
contraire qui s’est produit. 57. Un amoureux peu lettré qui écrit à
5507
e et authentique ? Ceci pour répondre au reproche
d’
insincérité fait aux troubadours par nos érudits — reproche lui-même s
5508
eproche lui-même stéréotypé… 58. Mais catholique
d’
origine, non hérétique. 59. Remarquons que cette thèse — qui est la n
5509
étique. 59. Remarquons que cette thèse — qui est
la
nôtre — renverse exactement le préjugé cher à l’auteur, et sur lequel
5510
te thèse — qui est la nôtre — renverse exactement
le
préjugé cher à l’auteur, et sur lequel il s’est réglé jusqu’ici. (Cf.
5511
la nôtre — renverse exactement le préjugé cher à
l’
auteur, et sur lequel il s’est réglé jusqu’ici. (Cf. note 1, p. 91.)
5512
p. 91.) 60. M. Jeanroy cite des textes probants
de
ces poètes dans sa thèse latine. De nostratibus medii ævi pœtis qui p
5513
xtes probants de ces poètes dans sa thèse latine.
De
nostratibus medii ævi pœtis qui primum lyrica Aquitaniæ carmina imita
5514
29. 61. Faudrait-il rapprocher ceci du fait que
le
chevalier courtois donnait souvent à sa Dame le titre de seigneur au
5515
e le chevalier courtois donnait souvent à sa Dame
le
titre de seigneur au masculin : mi dons (mi dominus) et en Espagne :
5516
alier courtois donnait souvent à sa Dame le titre
de
seigneur au masculin : mi dons (mi dominus) et en Espagne : senhor (n
5517
non senhora) ? Je crois qu’ici encore, au moins à
l’
origine, tout est symbole religieux, et non pas traduction de relation
5518
tout est symbole religieux, et non pas traduction
de
relations humaines. Toutefois, le narcissisme inhérent à tout amour d
5519
pas traduction de relations humaines. Toutefois,
le
narcissisme inhérent à tout amour dit platonique entraîne évidemment,
5520
ut amour dit platonique entraîne évidemment, dans
le
plan sexuel, des déviations dont il serait difficile de nier que cert
5521
n sexuel, des déviations dont il serait difficile
de
nier que certains troubadours n’aient pas été victimes. 62. Textes t
5522
toire universelle, t. XI, p. 123. 64. Voir aussi
l’
Appendice 5. 65. Voir entre autres : L. Massignon, La Passion de al-H
5523
pendice 5. 65. Voir entre autres : L. Massignon,
La
Passion de al-Hallaj ; Le Diwan de al-Hallaj ; Essai sur les origines
5524
65. Voir entre autres : L. Massignon, La Passion
de
al-Hallaj ; Le Diwan de al-Hallaj ; Essai sur les origines du lexique
5525
autres : L. Massignon, La Passion de al-Hallaj ;
Le
Diwan de al-Hallaj ; Essai sur les origines du lexique technique de l
5526
L. Massignon, La Passion de al-Hallaj ; Le Diwan
de
al-Hallaj ; Essai sur les origines du lexique technique de la mystiqu
5527
de al-Hallaj ; Le Diwan de al-Hallaj ; Essai sur
les
origines du lexique technique de la mystique musulmane. — Henry Corbi
5528
laj ; Essai sur les origines du lexique technique
de
la mystique musulmane. — Henry Corbin : Édition et introduction de de
5529
; Essai sur les origines du lexique technique de
la
mystique musulmane. — Henry Corbin : Édition et introduction de deux
5530
sulmane. — Henry Corbin : Édition et introduction
de
deux traités de Sohrawardi : Le Familier des Amants et le Bruissement
5531
Corbin : Édition et introduction de deux traités
de
Sohrawardi : Le Familier des Amants et le Bruissement de l’aile de Ga
5532
n et introduction de deux traités de Sohrawardi :
Le
Familier des Amants et le Bruissement de l’aile de Gabriel. — E. Derm
5533
traités de Sohrawardi : Le Familier des Amants et
le
Bruissement de l’aile de Gabriel. — E. Dermenghem : trad. de plusieur
5534
awardi : Le Familier des Amants et le Bruissement
de
l’aile de Gabriel. — E. Dermenghem : trad. de plusieurs poèmes d’Ibn-
5535
rdi : Le Familier des Amants et le Bruissement de
l’
aile de Gabriel. — E. Dermenghem : trad. de plusieurs poèmes d’Ibn-al-
5536
e Familier des Amants et le Bruissement de l’aile
de
Gabriel. — E. Dermenghem : trad. de plusieurs poèmes d’Ibn-al-Faridh
5537
ent de l’aile de Gabriel. — E. Dermenghem : trad.
de
plusieurs poèmes d’Ibn-al-Faridh (dans les revues Mesures, Hermès, Ca
5538
riel. — E. Dermenghem : trad. de plusieurs poèmes
d’
Ibn-al-Faridh (dans les revues Mesures, Hermès, Cahiers du Sud). 66.
5539
: trad. de plusieurs poèmes d’Ibn-al-Faridh (dans
les
revues Mesures, Hermès, Cahiers du Sud). 66. Voici le chef principal
5540
vues Mesures, Hermès, Cahiers du Sud). 66. Voici
le
chef principal d’accusation, selon Massignon (Passion de al-Hallaj, p
5541
ès, Cahiers du Sud). 66. Voici le chef principal
d’
accusation, selon Massignon (Passion de al-Hallaj, p. 161) : « Adorer
5542
principal d’accusation, selon Massignon (Passion
de
al-Hallaj, p. 161) : « Adorer Dieu par amour seulement est le crime d
5543
, p. 161) : « Adorer Dieu par amour seulement est
le
crime des manichéens… (ceux-ci) adorent Dieu par amour physique, par
5544
s… (ceux-ci) adorent Dieu par amour physique, par
l’
attraction magnétique du fer pour le fer, et leurs particules de lumiè
5545
physique, par l’attraction magnétique du fer pour
le
fer, et leurs particules de lumière veulent rejoindre, comme un aiman
5546
agnétique du fer pour le fer, et leurs particules
de
lumière veulent rejoindre, comme un aimant, le foyer de lumière dont
5547
es de lumière veulent rejoindre, comme un aimant,
le
foyer de lumière dont elles sont venues ». 67. H. Corbin : introduc
5548
ière veulent rejoindre, comme un aimant, le foyer
de
lumière dont elles sont venues ». 67. H. Corbin : introduction au F
5549
oduction au Familier des Amants. 68. « C’est lui
l’
amour… » trad. Dermenghem, Hermès, déc. 1933. 69. Les modernes n’ont
5550
mour… » trad. Dermenghem, Hermès, déc. 1933. 69.
Les
modernes n’ont vu là qu’un raffinement extravagant de préciosité dans
5551
odernes n’ont vu là qu’un raffinement extravagant
de
préciosité dans la « courtoisie », ce qui symbolise toute leur erreur
5552
qu’un raffinement extravagant de préciosité dans
la
« courtoisie », ce qui symbolise toute leur erreur sur le sens même d
5553
rtoisie », ce qui symbolise toute leur erreur sur
le
sens même du mot courtois ! 70. Cf. l’étude de E. Dermenghem, Mortel
5554
rreur sur le sens même du mot courtois ! 70. Cf.
l’
étude de E. Dermenghem, Mortelle poésie (Hermès, juin 1936), où l’on t
5555
r le sens même du mot courtois ! 70. Cf. l’étude
de
E. Dermenghem, Mortelle poésie (Hermès, juin 1936), où l’on trouvera
5556
rmenghem, Mortelle poésie (Hermès, juin 1936), où
l’
on trouvera la traduction de très belles légendes musulmanes sur la mo
5557
elle poésie (Hermès, juin 1936), où l’on trouvera
la
traduction de très belles légendes musulmanes sur la mort par amour (
5558
ermès, juin 1936), où l’on trouvera la traduction
de
très belles légendes musulmanes sur la mort par amour (mystique). 71
5559
traduction de très belles légendes musulmanes sur
la
mort par amour (mystique). 71. Cf. Massignon et Krauss : Akhbar al-H
5560
non et Krauss : Akhbar al-Hallaj, texte relatif à
la
prédication et au supplice de al-Hallaj. 72. Don Miguel Asin Palaci
5561
aj, texte relatif à la prédication et au supplice
de
al-Hallaj. 72. Don Miguel Asin Palacios, La Escatologia musulmana e
5562
ice de al-Hallaj. 72. Don Miguel Asin Palacios,
La
Escatologia musulmana en la Divina Comedia, Madrid 1919. Dans une édi
5563
Miguel Asin Palacios, La Escatologia musulmana en
la
Divina Comedia, Madrid 1919. Dans une édition ultérieure, l’auteur di
5564
omedia, Madrid 1919. Dans une édition ultérieure,
l’
auteur discute les innombrables objections que sa thèse n’a pas manqué
5565
19. Dans une édition ultérieure, l’auteur discute
les
innombrables objections que sa thèse n’a pas manqué d’exciter chez le
5566
nombrables objections que sa thèse n’a pas manqué
d’
exciter chez les divers spécialistes mis en cause, et menacés par cet
5567
ctions que sa thèse n’a pas manqué d’exciter chez
les
divers spécialistes mis en cause, et menacés par cet effort de synthè
5568
cialistes mis en cause, et menacés par cet effort
de
synthèse dans leur essence même de « spécialistes ». — Sur les rappor
5569
par cet effort de synthèse dans leur essence même
de
« spécialistes ». — Sur les rapports entre la lyrique hispano-arabe e
5570
dans leur essence même de « spécialistes ». — Sur
les
rapports entre la lyrique hispano-arabe et les troubadours, voir les
5571
ême de « spécialistes ». — Sur les rapports entre
la
lyrique hispano-arabe et les troubadours, voir les études de Menendez
5572
ur les rapports entre la lyrique hispano-arabe et
les
troubadours, voir les études de Menendez y Pelayo, Gonzalez de Palenc
5573
la lyrique hispano-arabe et les troubadours, voir
les
études de Menendez y Pelayo, Gonzalez de Palencia, et Ribera. (À prop
5574
hispano-arabe et les troubadours, voir les études
de
Menendez y Pelayo, Gonzalez de Palencia, et Ribera. (À propos du zéje
5575
par Rome ; et pour fille Marie de Champagne. 74.
Le
code « exotérique » le plus complet que nous connaissions fut rédigé
5576
e Marie de Champagne. 74. Le code « exotérique »
le
plus complet que nous connaissions fut rédigé au commencement du xiii
5577
t rédigé au commencement du xiiie siècle : c’est
le
De arte honeste amandi d’André Le Chapelain. 75. Chez Chrétien de T
5578
édigé au commencement du xiiie siècle : c’est le
De
arte honeste amandi d’André Le Chapelain. 75. Chez Chrétien de Troy
5579
u xiiie siècle : c’est le De arte honeste amandi
d’
André Le Chapelain. 75. Chez Chrétien de Troyes en particulier. 76.
5580
avait proposé une autre en 1907 : elle rattachait
le
Graal aux rites secrets du culte d’Adonis. Ce qui est certain, c’est
5581
le rattachait le Graal aux rites secrets du culte
d’
Adonis. Ce qui est certain, c’est qu’un symbole comme celui du roi pêc
5582
oi pêcheur (Amfortas chez Wolfram d’Eschenbach, «
le
roi Pescière » chez Chrétien) est commun aux orphiques, aux manichéen
5583
aux manichéens, et même aux premiers chrétiens ;
la
pierre sacrée du Graal joue un rôle dans les religions hindoue et ira
5584
ens ; la pierre sacrée du Graal joue un rôle dans
les
religions hindoue et iranienne. La coupe sacrée des Celtes peut se co
5585
un rôle dans les religions hindoue et iranienne.
La
coupe sacrée des Celtes peut se confondre facilement avec la coupe de
5586
crée des Celtes peut se confondre facilement avec
la
coupe de la Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les
5587
Celtes peut se confondre facilement avec la coupe
de
la Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les plus dive
5588
tes peut se confondre facilement avec la coupe de
la
Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les plus diverse
5589
confondre facilement avec la coupe de la Cène. Et
la
lance elle-même revêt les significations les plus diverses selon les
5590
la coupe de la Cène. Et la lance elle-même revêt
les
significations les plus diverses selon les cultes : Je ne pense pas q
5591
e. Et la lance elle-même revêt les significations
les
plus diverses selon les cultes : Je ne pense pas qu’on doive s’en ten
5592
revêt les significations les plus diverses selon
les
cultes : Je ne pense pas qu’on doive s’en tenir à une seule interprét
5593
interprétation. Il s’est produit toute une série
de
fusions et de confusions de symboles. 77. Les Romans de la Table ro
5594
n. Il s’est produit toute une série de fusions et
de
confusions de symboles. 77. Les Romans de la Table ronde, nouvellem
5595
oduit toute une série de fusions et de confusions
de
symboles. 77. Les Romans de la Table ronde, nouvellement rédigés pa
5596
ie de fusions et de confusions de symboles. 77.
Les
Romans de la Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV,
5597
ns et de confusions de symboles. 77. Les Romans
de
la Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV, p. 238. 7
5598
et de confusions de symboles. 77. Les Romans de
la
Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV, p. 238. 78.
5599
oulenger, IV, p. 238. 78. Dans un autre passage,
les
chevaliers ayant communié se donnent les uns aux autres le baiser de
5600
passage, les chevaliers ayant communié se donnent
les
uns aux autres le baiser de paix, selon le rite oriental, que les cat
5601
iers ayant communié se donnent les uns aux autres
le
baiser de paix, selon le rite oriental, que les cathares paraissent a
5602
communié se donnent les uns aux autres le baiser
de
paix, selon le rite oriental, que les cathares paraissent avoir repri
5603
nnent les uns aux autres le baiser de paix, selon
le
rite oriental, que les cathares paraissent avoir repris. — Enfin, M.
5604
es le baiser de paix, selon le rite oriental, que
les
cathares paraissent avoir repris. — Enfin, M. Anitchkof a montré que
5605
avoir repris. — Enfin, M. Anitchkof a montré que
le
« pont évage » que les chevaliers du Graal doivent traverser n’est au
5606
, M. Anitchkof a montré que le « pont évage » que
les
chevaliers du Graal doivent traverser n’est autre que le pont Chinvat
5607
aliers du Graal doivent traverser n’est autre que
le
pont Chinvat de la mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière i
5608
doivent traverser n’est autre que le pont Chinvat
de
la mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière infernale, et que
5609
vent traverser n’est autre que le pont Chinvat de
la
mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière infernale, et que se
5610
invat de la mythologie manichéenne, pont jeté sur
la
rivière infernale, et que seuls les élus peuvent franchir. « Il y a l
5611
pont jeté sur la rivière infernale, et que seuls
les
élus peuvent franchir. « Il y a lieu d’appeler manichéisant le milieu
5612
ue seuls les élus peuvent franchir. « Il y a lieu
d’
appeler manichéisant le milieu créateur de la matière de Bretagne », é
5613
nt franchir. « Il y a lieu d’appeler manichéisant
le
milieu créateur de la matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim
5614
a lieu d’appeler manichéisant le milieu créateur
de
la matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291)
5615
lieu d’appeler manichéisant le milieu créateur de
la
matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291) apr
5616
ler manichéisant le milieu créateur de la matière
de
Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291) après avoir in
5617
Joachim de Flore, p. 291) après avoir insisté sur
les
influences cathares dans tous ces romans. 79. Dans Tristan, la faute
5618
cathares dans tous ces romans. 79. Dans Tristan,
la
faute initiale est douloureusement rachetée par une longue pénitence
5619
r une longue pénitence des amants. C’est pourquoi
le
roman finit « bien » — au sens de la mystique cathare — c’est-à-dire
5620
C’est pourquoi le roman finit « bien » — au sens
de
la mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à la double mort volontair
5621
est pourquoi le roman finit « bien » — au sens de
la
mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à la double mort volontaire.
5622
s de la mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à
la
double mort volontaire. 80. H. Hubert, Les Celtes, II, p. 286. 81.
5623
tit à la double mort volontaire. 80. H. Hubert,
Les
Celtes, II, p. 286. 81. Ibid., p. 298. 82. Histoire de Bailé au d
5624
, II, p. 286. 81. Ibid., p. 298. 82. Histoire
de
Bailé au doux langage, trad. G. Dottin (L’Épopée irlandaise, Paris 19
5625
stoire de Bailé au doux langage, trad. G. Dottin (
L’
Épopée irlandaise, Paris 1926). 83. H. Hubert, op. cit., II, p. 243-
5626
. H. Hubert, op. cit., II, p. 243-244. 84. Voir
l’
intéressante étude de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende de «
5627
., II, p. 243-244. 84. Voir l’intéressante étude
de
M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende de « Tannhäuser » (Mercur
5628
essante étude de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur
la
Légende de « Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938). Le Tannhäus
5629
de de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende
de
« Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938). Le Tannhäuser du xvie
5630
de « Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938).
Le
Tannhäuser du xvie siècle est une tardive adaptation allemande de lé
5631
xvie siècle est une tardive adaptation allemande
de
légendes irlando-écossaises ; il ne doit rien aux influences courtois
5632
ises ; il ne doit rien aux influences courtoises.
Le
Montsalvat (ou Montségur) des chastes (ou cathares) y est remplacé pa
5633
gur) des chastes (ou cathares) y est remplacé par
le
Venusberg ! 85. Le Tristan et Iseut de Thomas, traduction française
5634
cathares) y est remplacé par le Venusberg ! 85.
Le
Tristan et Iseut de Thomas, traduction française par J. Herbomez et R
5635
1.Position du problème On a souvent tenté
d’
expliquer le mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation de l’am
5636
ion du problème On a souvent tenté d’expliquer
le
mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation de l’amour humain,
5637
On a souvent tenté d’expliquer le mysticisme en
le
« ramenant » à quelque déviation de l’amour humain, c’est-à-dire en f
5638
mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation
de
l’amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or l’
5639
ticisme en le « ramenant » à quelque déviation de
l’
amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or l’exa
5640
l’amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à
la
sexualité. Or l’examen du Roman de Tristan et de ses sources historiq
5641
’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or
l’
examen du Roman de Tristan et de ses sources historiques nous a condui
5642
de compte : à la sexualité. Or l’examen du Roman
de
Tristan et de ses sources historiques nous a conduit à renverser le r
5643
la sexualité. Or l’examen du Roman de Tristan et
de
ses sources historiques nous a conduit à renverser le rapport. C’est
5644
es sources historiques nous a conduit à renverser
le
rapport. C’est ici la passion mortelle qu’il faut « ramener » à une m
5645
nous a conduit à renverser le rapport. C’est ici
la
passion mortelle qu’il faut « ramener » à une mystique, plus ou moins
5646
es conclusions générales. Mais il permet au moins
de
reposer un problème que le xixe siècle matérialiste s’était cru en m
5647
ais il permet au moins de reposer un problème que
le
xixe siècle matérialiste s’était cru en mesure de trancher au détrim
5648
e xixe siècle matérialiste s’était cru en mesure
de
trancher au détriment de la mystique. À vrai dire, je ne suis pas trè
5649
s’était cru en mesure de trancher au détriment de
la
mystique. À vrai dire, je ne suis pas très sûr que ce problème compor
5650
définitive et simple. Mais il me paraît important
de
reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte de la passion ou de la
5651
de reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte
de
la passion ou de la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre,
5652
reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte de
la
passion ou de la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce
5653
moins, sa position. Qu’on parte de la passion ou
de
la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet
5654
ins, sa position. Qu’on parte de la passion ou de
la
mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet im
5655
parte de la passion ou de la mystique pour tenter
de
ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet implicitement, c’est l’exi
5656
ue pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que
l’
on admet implicitement, c’est l’existence d’un rapport quelconque entr
5657
à l’autre, ce que l’on admet implicitement, c’est
l’
existence d’un rapport quelconque entre ces deux réalités. Reste à sav
5658
e que l’on admet implicitement, c’est l’existence
d’
un rapport quelconque entre ces deux réalités. Reste à savoir dans que
5659
sure ce rapprochement ne nous est pas suggéré par
la
seule nature du langage. On a remarqué depuis longtemps l’analogie de
5660
nature du langage. On a remarqué depuis longtemps
l’
analogie des métaphores mystiques et amoureuses. Mais d’une entière an
5661
ogie des métaphores mystiques et amoureuses. Mais
d’
une entière analogie des mots, peut-on conclure à une entière analogie
5662
sommes-nous pas jusqu’à un certain point victimes
d’
une illusion verbale ? d’une sorte de « calembour continué » ? Quand b
5663
n certain point victimes d’une illusion verbale ?
d’
une sorte de « calembour continué » ? Quand bien même ce serait le cas
5664
int victimes d’une illusion verbale ? d’une sorte
de
« calembour continué » ? Quand bien même ce serait le cas, le problèm
5665
calembour continué » ? Quand bien même ce serait
le
cas, le problème ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui le
5666
ur continué » ? Quand bien même ce serait le cas,
le
problème ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui le rend in
5667
ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui
le
rend inévitable à notre sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans le cas
5668
ble à notre sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans
le
cas de la passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrai
5669
otre sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans le cas
de
la passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrait plus
5670
e sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans le cas de
la
passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrait plus rie
5671
iologiques, on ne comprendrait plus rien au mythe
de
Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une faim
5672
on ne comprendrait plus rien au mythe de Tristan.
La
sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une faim de chercher
5673
de Tristan. La sexualité est une faim. Or il est
de
la nature d’une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle
5674
Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de
la
nature d’une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est
5675
La sexualité est une faim. Or il est de la nature
d’
une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est forte, mo
5676
é est une faim. Or il est de la nature d’une faim
de
chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est forte, moins elle se
5677
t de la nature d’une faim de chercher à tout prix
l’
apaisement. Plus elle est forte, moins elle se montre difficile quant
5678
se montre difficile quant aux objets qui peuvent
la
rassasier. Mais nous voyons ici une passion dont la nature est justem
5679
rassasier. Mais nous voyons ici une passion dont
la
nature est justement de refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et
5680
yons ici une passion dont la nature est justement
de
refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et la guérir. Nous ne somm
5681
ure est justement de refuser tout ce qui pourrait
la
satisfaire et la guérir. Nous ne sommes donc pas en présence d’une fa
5682
de refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et
la
guérir. Nous ne sommes donc pas en présence d’une faim, mais bien d’u
5683
sommes donc pas en présence d’une faim, mais bien
d’
une intoxication. Et l’on a soutenu récemment, par les preuves les plu
5684
ence d’une faim, mais bien d’une intoxication. Et
l’
on a soutenu récemment, par les preuves les plus convaincantes, que to
5685
ne intoxication. Et l’on a soutenu récemment, par
les
preuves les plus convaincantes, que tout intoxiqué est un mystique qu
5686
ion. Et l’on a soutenu récemment, par les preuves
les
plus convaincantes, que tout intoxiqué est un mystique qui s’ignore86
5687
t physique, ou morale, toute intoxication suppose
l’
intervention d’un agent étranger, que l’instinct livré à lui-même élim
5688
morale, toute intoxication suppose l’intervention
d’
un agent étranger, que l’instinct livré à lui-même éliminerait aussi v
5689
n suppose l’intervention d’un agent étranger, que
l’
instinct livré à lui-même éliminerait aussi vite que possible. Les ani
5690
é à lui-même éliminerait aussi vite que possible.
Les
animaux ne s’intoxiquent pas87… b) Inversement, la mystique à elle s
5691
animaux ne s’intoxiquent pas87… b) Inversement,
la
mystique à elle seule, rend-elle compte de la passion ? Il faudrait a
5692
ement, la mystique à elle seule, rend-elle compte
de
la passion ? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans l’amour
5693
nt, la mystique à elle seule, rend-elle compte de
la
passion ? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans l’amour sex
5694
? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans
l’
amour sexuel, et non pas dans la respiration ou la nutrition, par exem
5695
urquoi c’est dans l’amour sexuel, et non pas dans
la
respiration ou la nutrition, par exemple, qu’elle puise ses métaphore
5696
l’amour sexuel, et non pas dans la respiration ou
la
nutrition, par exemple, qu’elle puise ses métaphores les plus frappan
5697
rition, par exemple, qu’elle puise ses métaphores
les
plus frappantes. Il faudrait expliquer pourquoi c’est toujours à l’in
5698
. Il faudrait expliquer pourquoi c’est toujours à
l’
instinct sexuel que l’on a tenté de « ramener » la mystique, et cela b
5699
r pourquoi c’est toujours à l’instinct sexuel que
l’
on a tenté de « ramener » la mystique, et cela bien avant Freud et son
5700
est toujours à l’instinct sexuel que l’on a tenté
de
« ramener » la mystique, et cela bien avant Freud et son école. Voici
5701
l’instinct sexuel que l’on a tenté de « ramener »
la
mystique, et cela bien avant Freud et son école. Voici donc le dilemm
5702
et cela bien avant Freud et son école. Voici donc
le
dilemme que pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que de la sexuali
5703
reud et son école. Voici donc le dilemme que pose
l’
amour-passion : si l’on n’y voit que de la sexualité, c’est autant dir
5704
ici donc le dilemme que pose l’amour-passion : si
l’
on n’y voit que de la sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pa
5705
e que pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que
de
la sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi l’on par
5706
ue pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que de
la
sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi l’on parle.
5707
y voit que de la sexualité, c’est autant dire que
l’
on ne sait pas de quoi l’on parle. Si au contraire on rapporte cet amo
5708
sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas
de
quoi l’on parle. Si au contraire on rapporte cet amour à quelque chos
5709
é, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi
l’
on parle. Si au contraire on rapporte cet amour à quelque chose d’étra
5710
u contraire on rapporte cet amour à quelque chose
d’
étranger au sexe — il en résulte des choses bizarres, comme disait à p
5711
es, comme disait à peu près Schopenhauer. Prenons
le
problème tel que nous le pose le mythe, et tel qu’il se posait au xii
5712
ès Schopenhauer. Prenons le problème tel que nous
le
pose le mythe, et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en parta
5713
enhauer. Prenons le problème tel que nous le pose
le
mythe, et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant d’un
5714
qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant
d’
un exemple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor de la grande mys
5715
siècle. C’est en partant d’un exemple précis et
d’
une œuvre antérieure à l’essor de la grande mystique orthodoxe, que no
5716
t d’un exemple précis et d’une œuvre antérieure à
l’
essor de la grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures
5717
xemple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor
de
la grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances
5718
ple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor de
la
grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances de
5719
de la grande mystique orthodoxe, que nous aurons
les
meilleures chances de surprendre à l’état naissant la dialectique des
5720
orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances
de
surprendre à l’état naissant la dialectique des « choses bizarres »…
5721
ous aurons les meilleures chances de surprendre à
l’
état naissant la dialectique des « choses bizarres »… 2.Tristan : u
5722
eilleures chances de surprendre à l’état naissant
la
dialectique des « choses bizarres »… 2.Tristan : une aventure myst
5723
une aventure mystique Nous avons constaté que
le
Roman de Tristan est, à bien des égards, une première « profanation »
5724
ture mystique Nous avons constaté que le Roman
de
Tristan est, à bien des égards, une première « profanation » de la my
5725
, à bien des égards, une première « profanation »
de
la mystique courtoise et de ses sources (néo-platonisme, manichéisme,
5726
bien des égards, une première « profanation » de
la
mystique courtoise et de ses sources (néo-platonisme, manichéisme, so
5727
mière « profanation » de la mystique courtoise et
de
ses sources (néo-platonisme, manichéisme, soufisme). La mythification
5728
sources (néo-platonisme, manichéisme, soufisme).
La
mythification a trop bien réussi, soit que Béroul, Thomas, et leur pr
5729
prédécesseur n’aient pas toujours très bien saisi
l’
enseignement courtois dans sa pureté, soit qu’ils aient été entraînés
5730
ns sa pureté, soit qu’ils aient été entraînés par
l’
ardeur proprement « romanesque » (au sens moderne et littéraire du ter
5731
et par des complaisances bien explicables envers
le
goût de leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi. Le caractère
5732
des complaisances bien explicables envers le goût
de
leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi. Le caractère distinc
5733
leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi.
Le
caractère distinctif du Roman est en effet de reposer sur une faute c
5734
di. Le caractère distinctif du Roman est en effet
de
reposer sur une faute contre les lois d’amour courtois, puisque tout
5735
oman est en effet de reposer sur une faute contre
les
lois d’amour courtois, puisque tout le drame vient de l’adultère cons
5736
en effet de reposer sur une faute contre les lois
d’
amour courtois, puisque tout le drame vient de l’adultère consommé. De
5737
te contre les lois d’amour courtois, puisque tout
le
drame vient de l’adultère consommé. De là que nous ayons un « roman »
5738
d’amour courtois, puisque tout le drame vient de
l’
adultère consommé. De là que nous ayons un « roman » selon la formule
5739
isque tout le drame vient de l’adultère consommé.
De
là que nous ayons un « roman » selon la formule moderne du genre, et
5740
consommé. De là que nous ayons un « roman » selon
la
formule moderne du genre, et non pas un simple poème. Il n’en reste p
5741
un simple poème. Il n’en reste pas moins que dans
l’
ensemble, et si l’on considère surtout le principe interne de l’action
5742
l n’en reste pas moins que dans l’ensemble, et si
l’
on considère surtout le principe interne de l’action, Tristan évoque p
5743
que dans l’ensemble, et si l’on considère surtout
le
principe interne de l’action, Tristan évoque par la plupart de ses si
5744
et si l’on considère surtout le principe interne
de
l’action, Tristan évoque par la plupart de ses situations romanesques
5745
si l’on considère surtout le principe interne de
l’
action, Tristan évoque par la plupart de ses situations romanesques la
5746
oque par la plupart de ses situations romanesques
la
progression d’une vie mystique. Certains « moments » relèvent de la p
5747
part de ses situations romanesques la progression
d’
une vie mystique. Certains « moments » relèvent de la pure tradition c
5748
d’une vie mystique. Certains « moments » relèvent
de
la pure tradition cathare, d’autres peuvent être rapprochés d’une exp
5749
ne vie mystique. Certains « moments » relèvent de
la
pure tradition cathare, d’autres peuvent être rapprochés d’une expéri
5750
adition cathare, d’autres peuvent être rapprochés
d’
une expérience mystique plus générale, et qu’on retrouve identique, da
5751
etrouve identique, dans sa forme, aussi bien chez
les
orthodoxes que chez les dissidents ou les païens (Iraniens et Arabes,
5752
sa forme, aussi bien chez les orthodoxes que chez
les
dissidents ou les païens (Iraniens et Arabes, voire bouddhistes). En
5753
en chez les orthodoxes que chez les dissidents ou
les
païens (Iraniens et Arabes, voire bouddhistes). En tout état de cause
5754
niens et Arabes, voire bouddhistes). En tout état
de
cause, on ne saurait plus parler d’un vulgaire roman d’adultère : l’i
5755
En tout état de cause, on ne saurait plus parler
d’
un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité de Tristan, c’est l’hérési
5756
se, on ne saurait plus parler d’un vulgaire roman
d’
adultère : l’infidélité de Tristan, c’est l’hérésie, c’est la vertu my
5757
rait plus parler d’un vulgaire roman d’adultère :
l’
infidélité de Tristan, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des «
5758
ler d’un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité
de
Tristan, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est
5759
roman d’adultère : l’infidélité de Tristan, c’est
l’
hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est une vertu, selon
5760
: l’infidélité de Tristan, c’est l’hérésie, c’est
la
vertu mystique des « purs », c’est une vertu, selon les auteurs de la
5761
rtu mystique des « purs », c’est une vertu, selon
les
auteurs de la légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans
5762
des « purs », c’est une vertu, selon les auteurs
de
la légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalis
5763
s « purs », c’est une vertu, selon les auteurs de
la
légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalisati
5764
st une vertu, selon les auteurs de la légende. Et
la
faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalisation »… ⁂ Si déli
5765
auteurs de la légende. Et la faute n’est pas dans
l’
amour, mais dans sa « réalisation »… ⁂ Si délicate et périlleuse que s
5766
que se révèle toute comparaison entre deux formes
de
mystique — et d’autant plus qu’ici l’un des termes en présence se tro
5767
te comparaison entre deux formes de mystique — et
d’
autant plus qu’ici l’un des termes en présence se trouve dénaturé par
5768
épique — risquons un parallèle très général entre
le
Roman et l’aventure mystique. Quitte à rectifier par la suite les con
5769
quons un parallèle très général entre le Roman et
l’
aventure mystique. Quitte à rectifier par la suite les conclusions tro
5770
an et l’aventure mystique. Quitte à rectifier par
la
suite les conclusions trop téméraires où nous pourrions induire un le
5771
venture mystique. Quitte à rectifier par la suite
les
conclusions trop téméraires où nous pourrions induire un lecteur non
5772
nacelle sans gouvernail ni voile, muni seulement
de
son épée et de sa harpe. Il part à la recherche du baume salutaire qu
5773
ouvernail ni voile, muni seulement de son épée et
de
sa harpe. Il part à la recherche du baume salutaire qui chassera le p
5774
i seulement de son épée et de sa harpe. Il part à
la
recherche du baume salutaire qui chassera le poison de son sang. C’es
5775
rt à la recherche du baume salutaire qui chassera
le
poison de son sang. C’est le type même du départ mystique, de l’aband
5776
cherche du baume salutaire qui chassera le poison
de
son sang. C’est le type même du départ mystique, de l’abandon à l’ave
5777
lutaire qui chassera le poison de son sang. C’est
le
type même du départ mystique, de l’abandon à l’aventure surnaturelle.
5778
son sang. C’est le type même du départ mystique,
de
l’abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheres
5779
n sang. C’est le type même du départ mystique, de
l’
abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheresse,
5780
t le type même du départ mystique, de l’abandon à
l’
aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheresse, c’est-à-dir
5781
ue, de l’abandon à l’aventure surnaturelle. C’est
la
quête de l’âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui ren
5782
abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête
de
l’âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui renonce aux
5783
ndon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de
l’
âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui renonce aux aid
5784
les et visibles, et s’offre à une grâce inconnue.
La
poésie moderne nous a montré combien d’exemples de ces départs à l’av
5785
inconnue. La poésie moderne nous a montré combien
d’
exemples de ces départs à l’aventure, désespérés mais encore éloquents
5786
a poésie moderne nous a montré combien d’exemples
de
ces départs à l’aventure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiment
5787
nous a montré combien d’exemples de ces départs à
l’
aventure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiments d’une recherche
5788
ure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiments
d’
une recherche mystique, qui ne laisse oublier ni la lyre ni l’épée sym
5789
’une recherche mystique, qui ne laisse oublier ni
la
lyre ni l’épée symbolique du défi à la société constituée ! Est-il be
5790
che mystique, qui ne laisse oublier ni la lyre ni
l’
épée symbolique du défi à la société constituée ! Est-il beaucoup de n
5791
oublier ni la lyre ni l’épée symbolique du défi à
la
société constituée ! Est-il beaucoup de nos poètes qui aient trouvé l
5792
e des visions pittoresques. Presque tous publient
le
secret… Tristan, lui, a trouvé l’amour. Mais tout d’abord, il n’a pas
5793
e tous publient le secret… Tristan, lui, a trouvé
l’
amour. Mais tout d’abord, il n’a pas su le reconnaître. Quand le roi M
5794
trouvé l’amour. Mais tout d’abord, il n’a pas su
le
reconnaître. Quand le roi Marc — l’autorité constituée — l’envoie che
5795
tout d’abord, il n’a pas su le reconnaître. Quand
le
roi Marc — l’autorité constituée — l’envoie chercher la princesse loi
5796
il n’a pas su le reconnaître. Quand le roi Marc —
l’
autorité constituée — l’envoie chercher la princesse lointaine qu’il r
5797
ître. Quand le roi Marc — l’autorité constituée —
l’
envoie chercher la princesse lointaine qu’il réserve à son seul plaisi
5798
Marc — l’autorité constituée — l’envoie chercher
la
princesse lointaine qu’il réserve à son seul plaisir, Tristan ignore
5799
il réserve à son seul plaisir, Tristan ignore que
l’
aventure pourrait aussi le concerner. Survient l’erreur fatale du phil
5800
sir, Tristan ignore que l’aventure pourrait aussi
le
concerner. Survient l’erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par
5801
l’aventure pourrait aussi le concerner. Survient
l’
erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par l’analyse du mythe, qu
5802
l’erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par
l’
analyse du mythe, que cette fatalité joue le rôle d’un alibi : les ama
5803
, par l’analyse du mythe, que cette fatalité joue
le
rôle d’un alibi : les amants ne se veulent responsables de rien, leur
5804
analyse du mythe, que cette fatalité joue le rôle
d’
un alibi : les amants ne se veulent responsables de rien, leur passion
5805
the, que cette fatalité joue le rôle d’un alibi :
les
amants ne se veulent responsables de rien, leur passion étant inavoua
5806
’un alibi : les amants ne se veulent responsables
de
rien, leur passion étant inavouable tant aux yeux de la société (qui
5807
n, leur passion étant inavouable tant aux yeux de
la
société (qui la réprouve comme un crime) qu’à leurs yeux propres (pui
5808
étant inavouable tant aux yeux de la société (qui
la
réprouve comme un crime) qu’à leurs yeux propres (puisqu’elle les fai
5809
me un crime) qu’à leurs yeux propres (puisqu’elle
les
fait mourir). C’est là l’aspect psychologique de l’aventure. Mais voi
5810
x propres (puisqu’elle les fait mourir). C’est là
l’
aspect psychologique de l’aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce
5811
les fait mourir). C’est là l’aspect psychologique
de
l’aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévo
5812
fait mourir). C’est là l’aspect psychologique de
l’
aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévocab
5813
l’aspect psychologique de l’aventure. Mais voici
l’
aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévocable, mais dont on distin
5814
is dont on distingue après coup que tout semblait
le
préparer, c’est l’élection d’une âme par l’Amour tout-puissant, la vo
5815
e après coup que tout semblait le préparer, c’est
l’
élection d’une âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui la surpr
5816
p que tout semblait le préparer, c’est l’élection
d’
une âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui la surprend comme m
5817
blait le préparer, c’est l’élection d’une âme par
l’
Amour tout-puissant, la vocation qui la surprend comme malgré elle. Un
5818
t l’élection d’une âme par l’Amour tout-puissant,
la
vocation qui la surprend comme malgré elle. Une vie nouvelle commence
5819
ne âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui
la
surprend comme malgré elle. Une vie nouvelle commence ici88. Normalem
5820
et décisif appel devrait introduire Tristan dans
la
voie des macérations et le conduire à l’endura. Mais emporté par la v
5821
ntroduire Tristan dans la voie des macérations et
le
conduire à l’endura. Mais emporté par la violence de la première révé
5822
tan dans la voie des macérations et le conduire à
l’
endura. Mais emporté par la violence de la première révélation, qui pa
5823
tions et le conduire à l’endura. Mais emporté par
la
violence de la première révélation, qui parfois embrase le sang, il e
5824
conduire à l’endura. Mais emporté par la violence
de
la première révélation, qui parfois embrase le sang, il enfreint la r
5825
ce de la première révélation, qui parfois embrase
le
sang, il enfreint la règle des « purs ». Le baiser symbolique, il le
5826
élation, qui parfois embrase le sang, il enfreint
la
règle des « purs ». Le baiser symbolique, il le ravit par force, il l
5827
brase le sang, il enfreint la règle des « purs ».
Le
baiser symbolique, il le ravit par force, il le profane. Et voici déc
5828
t la règle des « purs ». Le baiser symbolique, il
le
ravit par force, il le profane. Et voici déchaînées les puissances ma
5829
. Le baiser symbolique, il le ravit par force, il
le
profane. Et voici déchaînées les puissances mauvaises. « Souffle, sou
5830
vit par force, il le profane. Et voici déchaînées
les
puissances mauvaises. « Souffle, souffle ô vent ! Malheur ! ah malheu
5831
le, souffle ô vent ! Malheur ! ah malheur ! fille
d’
Irlande, amoureuse et sauvage ! » Toute une vie de pénitence devra mai
5832
d’Irlande, amoureuse et sauvage ! » Toute une vie
de
pénitence devra maintenant racheter le sacrilège. Mais le malheur ess
5833
te une vie de pénitence devra maintenant racheter
le
sacrilège. Mais le malheur essentiel de cet amour n’est pas seulement
5834
ence devra maintenant racheter le sacrilège. Mais
le
malheur essentiel de cet amour n’est pas seulement la rançon du péché
5835
racheter le sacrilège. Mais le malheur essentiel
de
cet amour n’est pas seulement la rançon du péché. L’ascèse qui rachèt
5836
alheur essentiel de cet amour n’est pas seulement
la
rançon du péché. L’ascèse qui rachètera la faute commise, doit aussi
5837
cet amour n’est pas seulement la rançon du péché.
L’
ascèse qui rachètera la faute commise, doit aussi et surtout délivrer
5838
lement la rançon du péché. L’ascèse qui rachètera
la
faute commise, doit aussi et surtout délivrer l’homme du fait même d’
5839
la faute commise, doit aussi et surtout délivrer
l’
homme du fait même d’être né dans ce monde de ténèbres. Elle doit cond
5840
it aussi et surtout délivrer l’homme du fait même
d’
être né dans ce monde de ténèbres. Elle doit conduire au détachement f
5841
vrer l’homme du fait même d’être né dans ce monde
de
ténèbres. Elle doit conduire au détachement final et bienheureux, à l
5842
t conduire au détachement final et bienheureux, à
la
mort volontaire des « parfaits ». Cette pénitence a donc une signific
5843
nitence a donc une signification toute différente
de
celle du repentir chrétien. Et bien que l’orthodoxie et l’hérésie sem
5844
érente de celle du repentir chrétien. Et bien que
l’
orthodoxie et l’hérésie semblent parfois étrangement confondues dans l
5845
du repentir chrétien. Et bien que l’orthodoxie et
l’
hérésie semblent parfois étrangement confondues dans le Roman, il est
5846
ésie semblent parfois étrangement confondues dans
le
Roman, il est toujours possible de reconnaître, à de tels traits, la
5847
onfondues dans le Roman, il est toujours possible
de
reconnaître, à de tels traits, la tendance réellement dominante — cel
5848
Roman, il est toujours possible de reconnaître, à
de
tels traits, la tendance réellement dominante — celle qui s’épanouira
5849
ujours possible de reconnaître, à de tels traits,
la
tendance réellement dominante — celle qui s’épanouira dans la mort de
5850
réellement dominante — celle qui s’épanouira dans
la
mort des amants. Reprenons par exemple le récit de l’« aspre vie » da
5851
ra dans la mort des amants. Reprenons par exemple
le
récit de l’« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu
5852
a mort des amants. Reprenons par exemple le récit
de
l’« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde,
5853
ort des amants. Reprenons par exemple le récit de
l’
« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et
5854
nons par exemple le récit de l’« aspre vie » dans
la
forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous », gém
5855
exemple le récit de l’« aspre vie » dans la forêt
de
Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous », gémit Iseut
5856
vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu
le
monde, et le monde nous », gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et T
5857
forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et
le
monde nous », gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et Tristan de rép
5858
u le monde, et le monde nous », gémit Iseut (dans
le
Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si le monde entier était
5859
gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et Tristan
de
répondre : « Si le monde entier était orendroit avec nous, je ne verr
5860
le Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si
le
monde entier était orendroit avec nous, je ne verrois fors vous seule
5861
, je ne verrois fors vous seule. » Il s’agit bien
d’
une endura. Cette retraite dans la forêt, c’est une de ces périodes de
5862
Il s’agit bien d’une endura. Cette retraite dans
la
forêt, c’est une de ces périodes de jeûne et de macération dont nous
5863
e endura. Cette retraite dans la forêt, c’est une
de
ces périodes de jeûne et de macération dont nous connaissons le but c
5864
retraite dans la forêt, c’est une de ces périodes
de
jeûne et de macération dont nous connaissons le but chez les cathares
5865
s la forêt, c’est une de ces périodes de jeûne et
de
macération dont nous connaissons le but chez les cathares : l’absorpt
5866
s de jeûne et de macération dont nous connaissons
le
but chez les cathares : l’absorption de toutes les facultés dans la c
5867
t de macération dont nous connaissons le but chez
les
cathares : l’absorption de toutes les facultés dans la contemplation
5868
dont nous connaissons le but chez les cathares :
l’
absorption de toutes les facultés dans la contemplation de l’amour seu
5869
nnaissons le but chez les cathares : l’absorption
de
toutes les facultés dans la contemplation de l’amour seul. Un trait p
5870
le but chez les cathares : l’absorption de toutes
les
facultés dans la contemplation de l’amour seul. Un trait profond de l
5871
thares : l’absorption de toutes les facultés dans
la
contemplation de l’amour seul. Un trait profond de la passion — et de
5872
tion de toutes les facultés dans la contemplation
de
l’amour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en g
5873
n de toutes les facultés dans la contemplation de
l’
amour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en géné
5874
a contemplation de l’amour seul. Un trait profond
de
la passion — et de la mystique en général — paraît ici. « On est seul
5875
ontemplation de l’amour seul. Un trait profond de
la
passion — et de la mystique en général — paraît ici. « On est seul av
5876
l’amour seul. Un trait profond de la passion — et
de
la mystique en général — paraît ici. « On est seul avec tout ce qu’on
5877
mour seul. Un trait profond de la passion — et de
la
mystique en général — paraît ici. « On est seul avec tout ce qu’on ai
5878
’on aime », écrira plus tard Novalis, ce mystique
de
la Nuit et de la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, pa
5879
aime », écrira plus tard Novalis, ce mystique de
la
Nuit et de la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi
5880
rira plus tard Novalis, ce mystique de la Nuit et
de
la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi tant d’aut
5881
a plus tard Novalis, ce mystique de la Nuit et de
la
Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi tant d’autres
5882
eurs, parmi tant d’autres sens possibles, un fait
d’
observation purement psychologique : la passion n’est nullement cette
5883
s, un fait d’observation purement psychologique :
la
passion n’est nullement cette vie plus riche dont rêvent les adolesce
5884
n’est nullement cette vie plus riche dont rêvent
les
adolescents ; elle est, bien au contraire, une sorte d’intensité nue
5885
lescents ; elle est, bien au contraire, une sorte
d’
intensité nue et dénuante, oui vraiment, un amer dénuement, un appauvr
5886
i vraiment, un amer dénuement, un appauvrissement
de
la conscience vidée de toute diversité, une obsession de l’imaginatio
5887
raiment, un amer dénuement, un appauvrissement de
la
conscience vidée de toute diversité, une obsession de l’imagination c
5888
uement, un appauvrissement de la conscience vidée
de
toute diversité, une obsession de l’imagination concentrée sur une se
5889
onscience vidée de toute diversité, une obsession
de
l’imagination concentrée sur une seule image, — et dès lors le monde
5890
cience vidée de toute diversité, une obsession de
l’
imagination concentrée sur une seule image, — et dès lors le monde s’é
5891
ion concentrée sur une seule image, — et dès lors
le
monde s’évanouit, « les autres » cessent d’être présents, il n’y a pl
5892
seule image, — et dès lors le monde s’évanouit, «
les
autres » cessent d’être présents, il n’y a plus ni prochain ni devoir
5893
lors le monde s’évanouit, « les autres » cessent
d’
être présents, il n’y a plus ni prochain ni devoirs, ni liens qui tien
5894
, ni terre ni ciel : on est seul avec tout ce que
l’
on aime. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous. » C’est l’exta
5895
ul avec tout ce que l’on aime. « Nous avons perdu
le
monde, et le monde nous. » C’est l’extase, la fuite profonde hors de
5896
ce que l’on aime. « Nous avons perdu le monde, et
le
monde nous. » C’est l’extase, la fuite profonde hors de toutes les ch
5897
s avons perdu le monde, et le monde nous. » C’est
l’
extase, la fuite profonde hors de toutes les choses créées. Vraiment,
5898
rdu le monde, et le monde nous. » C’est l’extase,
la
fuite profonde hors de toutes les choses créées. Vraiment, comment se
5899
C’est l’extase, la fuite profonde hors de toutes
les
choses créées. Vraiment, comment se défendre de songer ici aux « dése
5900
les choses créées. Vraiment, comment se défendre
de
songer ici aux « déserts » de la Nuit obscure que décrit saint Jean d
5901
comment se défendre de songer ici aux « déserts »
de
la Nuit obscure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne les cho
5902
ment se défendre de songer ici aux « déserts » de
la
Nuit obscure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne les choses
5903
ure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne
les
choses, amant ! — Ma voie est fuite ». Et Thérèse d’Avila disait, plu
5904
disait, plusieurs siècles avant Novalis, que dans
l’
extase, l’âme doit penser « comme s’il n’y avait que Dieu et elle au m
5905
usieurs siècles avant Novalis, que dans l’extase,
l’
âme doit penser « comme s’il n’y avait que Dieu et elle au monde ». A-
5906
’il n’y avait que Dieu et elle au monde ». A-t-on
le
droit d’opérer ce rapprochement entre un génie religieux du premier o
5907
vait que Dieu et elle au monde ». A-t-on le droit
d’
opérer ce rapprochement entre un génie religieux du premier ordre et u
5908
n génie religieux du premier ordre et un poème où
l’
élément mystique revêt les formes les plus rudimentaires ? Certes, ce
5909
ier ordre et un poème où l’élément mystique revêt
les
formes les plus rudimentaires ? Certes, ce serait commettre une sorte
5910
t un poème où l’élément mystique revêt les formes
les
plus rudimentaires ? Certes, ce serait commettre une sorte de blasphè
5911
mentaires ? Certes, ce serait commettre une sorte
de
blasphème s’il ne s’agissait dans le Roman que d’une passion d’amour
5912
re une sorte de blasphème s’il ne s’agissait dans
le
Roman que d’une passion d’amour sensuel : mais tout indique que nous
5913
de blasphème s’il ne s’agissait dans le Roman que
d’
une passion d’amour sensuel : mais tout indique que nous sommes ici su
5914
’il ne s’agissait dans le Roman que d’une passion
d’
amour sensuel : mais tout indique que nous sommes ici sur la via mysti
5915
nsuel : mais tout indique que nous sommes ici sur
la
via mystica des « parfaits ». C’est alors le contenu des états d’âme
5916
sur la via mystica des « parfaits ». C’est alors
le
contenu des états d’âme et leur objet, mais non leur forme, qui diffè
5917
es « parfaits ». C’est alors le contenu des états
d’
âme et leur objet, mais non leur forme, qui diffère89. (Nous allons y
5918
dissiper toute équivoque.) ⁂ Voici un autre point
de
comparaison. On sait combien les mystiques espagnols ont coutume d’in
5919
ci un autre point de comparaison. On sait combien
les
mystiques espagnols ont coutume d’insister sur le récit de leurs souf
5920
sait combien les mystiques espagnols ont coutume
d’
insister sur le récit de leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour
5921
es mystiques espagnols ont coutume d’insister sur
le
récit de leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour divin sont vif
5922
ues espagnols ont coutume d’insister sur le récit
de
leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour divin sont vifs, plus l
5923
’insister sur le récit de leurs souffrances. Plus
la
lumière et l’amour divin sont vifs, plus l’âme se voit souillée et mi
5924
le récit de leurs souffrances. Plus la lumière et
l’
amour divin sont vifs, plus l’âme se voit souillée et misérable en sor
5925
Plus la lumière et l’amour divin sont vifs, plus
l’
âme se voit souillée et misérable en sorte qu’« elle se figure être pe
5926
ssion provoque une souffrance si pénible, puisque
l’
âme se croit rejetée par Dieu, qu’elle arracha à Job soumis à une semb
5927
es souffrances corporelles ou morales qu’entraîne
la
mortification des sens et de la volonté, mais l’âme souffre séparatio
5928
morales qu’entraîne la mortification des sens et
de
la volonté, mais l’âme souffre séparation et réjection, dans le temps
5929
rales qu’entraîne la mortification des sens et de
la
volonté, mais l’âme souffre séparation et réjection, dans le temps mê
5930
la mortification des sens et de la volonté, mais
l’
âme souffre séparation et réjection, dans le temps même de la plus viv
5931
mais l’âme souffre séparation et réjection, dans
le
temps même de la plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer c
5932
uffre séparation et réjection, dans le temps même
de
la plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer cent pages où r
5933
re séparation et réjection, dans le temps même de
la
plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer cent pages où revi
5934
ection, dans le temps même de la plus vive ardeur
de
son amour. Il y aurait à citer cent pages où revient la même plainte
5935
amour. Il y aurait à citer cent pages où revient
la
même plainte de l’âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur
5936
ait à citer cent pages où revient la même plainte
de
l’âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profon
5937
à citer cent pages où revient la même plainte de
l’
âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profond…
5938
t pages où revient la même plainte de l’âme sur «
l’
abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profond… cruelle dise
5939
ce vide profond… cruelle disette des trois sortes
de
biens qui peuvent consoler l’âme, savoir les temporels, les naturels,
5940
te des trois sortes de biens qui peuvent consoler
l’
âme, savoir les temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin,
5941
ortes de biens qui peuvent consoler l’âme, savoir
les
temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin, « sur cette imp
5942
qui peuvent consoler l’âme, savoir les temporels,
les
naturels, et les spirituels » ; enfin, « sur cette impression de reje
5943
ler l’âme, savoir les temporels, les naturels, et
les
spirituels » ; enfin, « sur cette impression de rejet qui compte parm
5944
les spirituels » ; enfin, « sur cette impression
de
rejet qui compte parmi les peines les plus dures de l’état de purific
5945
« sur cette impression de rejet qui compte parmi
les
peines les plus dures de l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n
5946
e impression de rejet qui compte parmi les peines
les
plus dures de l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une
5947
rejet qui compte parmi les peines les plus dures
de
l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et par
5948
jet qui compte parmi les peines les plus dures de
l’
état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et parfoi
5949
compte parmi les peines les plus dures de l’état
de
purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et parfois équiv
5950
est qu’une impure et parfois équivoque traduction
de
la mystique courtoise. (Il arrive que les situations les plus apparem
5951
qu’une impure et parfois équivoque traduction de
la
mystique courtoise. (Il arrive que les situations les plus apparemmen
5952
aduction de la mystique courtoise. (Il arrive que
les
situations les plus apparemment « mystiques » du Roman doivent être i
5953
mystique courtoise. (Il arrive que les situations
les
plus apparemment « mystiques » du Roman doivent être interprétées — s
5954
stiques » du Roman doivent être interprétées — si
l’
on ne veut pas errer gravement — à partir de l’amour humain, et par vo
5955
si l’on ne veut pas errer gravement — à partir de
l’
amour humain, et par voie de sublimation, non par la voie inverse, all
5956
avement — à partir de l’amour humain, et par voie
de
sublimation, non par la voie inverse, allant de l’Amour divin aux mét
5957
amour humain, et par voie de sublimation, non par
la
voie inverse, allant de l’Amour divin aux métaphores, qui convient po
5958
e de sublimation, non par la voie inverse, allant
de
l’Amour divin aux métaphores, qui convient pour les grands mystiques.
5959
e sublimation, non par la voie inverse, allant de
l’
Amour divin aux métaphores, qui convient pour les grands mystiques.) C
5960
e l’Amour divin aux métaphores, qui convient pour
les
grands mystiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans le mythe plu
5961
mystiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans
le
mythe plus d’un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de l
5962
ci dit, nous pouvons retrouver dans le mythe plus
d’
un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de la plainte du t
5963
aspect des souffrances mystiques. On se souvient
de
la plainte du troubadour : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus
5964
pect des souffrances mystiques. On se souvient de
la
plainte du troubadour : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’e
5965
comment se peut-il faire Que plus m’est loin plus
la
désire ? Jamais l’amour n’enflamme Tristan si follement que lorsqu’i
5966
aire Que plus m’est loin plus la désire ? Jamais
l’
amour n’enflamme Tristan si follement que lorsqu’il est séparé de sa «
5967
mme Tristan si follement que lorsqu’il est séparé
de
sa « dame ». La psychologie la plus simple rendrait compte de ce phén
5968
ollement que lorsqu’il est séparé de sa « dame ».
La
psychologie la plus simple rendrait compte de ce phénomène. Mais il n
5969
rsqu’il est séparé de sa « dame ». La psychologie
la
plus simple rendrait compte de ce phénomène. Mais il ne sert ici que
5970
». La psychologie la plus simple rendrait compte
de
ce phénomène. Mais il ne sert ici que de prétexte et d’image matériel
5971
t compte de ce phénomène. Mais il ne sert ici que
de
prétexte et d’image matérielle pour représenter les tourments de l’as
5972
phénomène. Mais il ne sert ici que de prétexte et
d’
image matérielle pour représenter les tourments de l’ascèse purificatr
5973
e prétexte et d’image matérielle pour représenter
les
tourments de l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparation
5974
d’image matérielle pour représenter les tourments
de
l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparations des deux am
5975
mage matérielle pour représenter les tourments de
l’
ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparations des deux amant
5976
ents de l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que
les
séparations des deux amants, dans le Roman, répondent à une nécessité
5977
vons vu que les séparations des deux amants, dans
le
Roman, répondent à une nécessité tout intérieure de la passion. Iseut
5978
Roman, répondent à une nécessité tout intérieure
de
la passion. Iseut est une femme aimée, mais elle est aussi autre chos
5979
man, répondent à une nécessité tout intérieure de
la
passion. Iseut est une femme aimée, mais elle est aussi autre chose,
5980
une femme aimée, mais elle est aussi autre chose,
le
symbole de l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime da
5981
imée, mais elle est aussi autre chose, le symbole
de
l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime davantage, et
5982
e, mais elle est aussi autre chose, le symbole de
l’
Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime davantage, et pl
5983
l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il
l’
aime davantage, et plus il aime, plus il endure de souffrances. Mais n
5984
l’aime davantage, et plus il aime, plus il endure
de
souffrances. Mais nous savons que c’est la souffrance qui est le vrai
5985
endure de souffrances. Mais nous savons que c’est
la
souffrance qui est le vrai but de la séparation voulue… Nous rejoigno
5986
Mais nous savons que c’est la souffrance qui est
le
vrai but de la séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation
5987
avons que c’est la souffrance qui est le vrai but
de
la séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation mystique (pa
5988
ns que c’est la souffrance qui est le vrai but de
la
séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation mystique (par l
5989
ut de la séparation voulue… Nous rejoignons alors
la
situation mystique (par l’autre extrême) : plus Tristan aime, et plus
5990
t plus il se veut séparé, c’est-à-dire rejeté par
l’
amour. Au point qu’il doutera même de l’« amitié » d’Iseut, qu’il la t
5991
e rejeté par l’amour. Au point qu’il doutera même
de
l’« amitié » d’Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’i
5992
ejeté par l’amour. Au point qu’il doutera même de
l’
« amitié » d’Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il a
5993
mour. Au point qu’il doutera même de l’« amitié »
d’
Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le «
5994
qu’il doutera même de l’« amitié » d’Iseut, qu’il
la
tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le « mariage blanc
5995
tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera
le
« mariage blanc » avec l’autre Iseut — l’autre « foi » — l’autre Égli
5996
tre « foi » — l’autre Église dont il doit refuser
la
communion ! En un seul passage du Roman, l’orthodoxie triomphe provis
5997
fuser la communion ! En un seul passage du Roman,
l’
orthodoxie triomphe provisoirement. C’est quand, le philtre ayant cess
5998
’orthodoxie triomphe provisoirement. C’est quand,
le
philtre ayant cessé d’agir, Tristan et Iseut vont trouver l’ermite Og
5999
ovisoirement. C’est quand, le philtre ayant cessé
d’
agir, Tristan et Iseut vont trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Re
6000
ayant cessé d’agir, Tristan et Iseut vont trouver
l’
ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre de celui qui souffre pour son
6001
trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre
de
celui qui souffre pour son Dieu, et des amants qui souffrent pour un
6002
la première et dernière fois). Iseut va revenir à
l’
époux légitime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tandis que le roi s’
6003
ière fois). Iseut va revenir à l’époux légitime —
l’
hérésie rentrer au giron. Mais tandis que le roi s’approche avec son c
6004
ime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tandis que
le
roi s’approche avec son cortège de barons, les amants échangent l’ann
6005
ais tandis que le roi s’approche avec son cortège
de
barons, les amants échangent l’anneau de l’éternelle fidélité et du s
6006
que le roi s’approche avec son cortège de barons,
les
amants échangent l’anneau de l’éternelle fidélité et du secret. La so
6007
avec son cortège de barons, les amants échangent
l’
anneau de l’éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera don
6008
cortège de barons, les amants échangent l’anneau
de
l’éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera donc qu’appa
6009
rtège de barons, les amants échangent l’anneau de
l’
éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera donc qu’apparen
6010
nt l’anneau de l’éternelle fidélité et du secret.
La
soumission ne sera donc qu’apparente. Et le jugement par le fer rouge
6011
cret. La soumission ne sera donc qu’apparente. Et
le
jugement par le fer rouge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance con
6012
ion ne sera donc qu’apparente. Et le jugement par
le
fer rouge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance contre le Dieu du r
6013
parente. Et le jugement par le fer rouge qu’exige
la
reine, ce sera sa vengeance contre le Dieu du roi, deux fois trompé.
6014
ge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance contre
le
Dieu du roi, deux fois trompé. ⁂ Pour extérieures et formelles qu’ell
6015
⁂ Pour extérieures et formelles qu’elles soient,
de
telles correspondances ne sauraient être, en toute honnêteté, réduite
6016
e honnêteté, réduites à des coïncidences. Mais si
les
formes sont pareilles, il importe de définir en quoi les contenus res
6017
es. Mais si les formes sont pareilles, il importe
de
définir en quoi les contenus restent incompatibles, et quelle est la
6018
mes sont pareilles, il importe de définir en quoi
les
contenus restent incompatibles, et quelle est la nature de l’abus qui
6019
les contenus restent incompatibles, et quelle est
la
nature de l’abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrai
6020
us restent incompatibles, et quelle est la nature
de
l’abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ram
6021
restent incompatibles, et quelle est la nature de
l’
abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ramene
6022
tibles, et quelle est la nature de l’abus qui par
la
suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ramener à une grossiè
6023
est la nature de l’abus qui par la suite a voulu
les
confondre. L’on pourrait tout ramener à une grossière confusion du Cr
6024
de l’abus qui par la suite a voulu les confondre.
L’
on pourrait tout ramener à une grossière confusion du Créateur et de l
6025
ramener à une grossière confusion du Créateur et
de
la créature, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme »
6026
mener à une grossière confusion du Créateur et de
la
créature, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme » sel
6027
ère confusion du Créateur et de la créature, dans
le
Roman : la fameuse « divinisation de la femme » selon la formule des
6028
on du Créateur et de la créature, dans le Roman :
la
fameuse « divinisation de la femme » selon la formule des manuels. Da
6029
éature, dans le Roman : la fameuse « divinisation
de
la femme » selon la formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne sera
6030
ure, dans le Roman : la fameuse « divinisation de
la
femme » selon la formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne serait
6031
n : la fameuse « divinisation de la femme » selon
la
formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne serait qu’une belle femm
6032
de la femme » selon la formule des manuels. Dans
le
cas où Iseut ne serait qu’une belle femme — comme le croiront les siè
6033
cas où Iseut ne serait qu’une belle femme — comme
le
croiront les siècles à venir —, les similitudes mystiques que nous ve
6034
ne serait qu’une belle femme — comme le croiront
les
siècles à venir —, les similitudes mystiques que nous venons de dégag
6035
femme — comme le croiront les siècles à venir —,
les
similitudes mystiques que nous venons de dégager ne seraient plus que
6036
s que nous venons de dégager ne seraient plus que
de
l’ordre du langage, et spécialement de la métaphore. Je ne songe pas
6037
ue nous venons de dégager ne seraient plus que de
l’
ordre du langage, et spécialement de la métaphore. Je ne songe pas à n
6038
t plus que de l’ordre du langage, et spécialement
de
la métaphore. Je ne songe pas à nier cet aspect du problème, il sera
6039
lus que de l’ordre du langage, et spécialement de
la
métaphore. Je ne songe pas à nier cet aspect du problème, il sera tra
6040
Car s’il n’y avait que cela, ce serait alors tout
l’
arrière-plan religieux de la légende qu’il faudrait nier ou négliger,
6041
la, ce serait alors tout l’arrière-plan religieux
de
la légende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de l’évidence hi
6042
ce serait alors tout l’arrière-plan religieux de
la
légende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de l’évidence histo
6043
ende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de
l’
évidence historique. On reviendrait donc à zéro pour ce qui est du sen
6044
donc à zéro pour ce qui est du sens du mythe, et
le
Roman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien l’amour courtois c
6045
e qui est du sens du mythe, et le Roman cesserait
d’
être un roman courtois ; ou bien l’amour courtois cesserait d’être ce
6046
oman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien
l’
amour courtois cesserait d’être ce qu’il fut, pour se mettre à ressemb
6047
man courtois ; ou bien l’amour courtois cesserait
d’
être ce qu’il fut, pour se mettre à ressembler à ce que nos érudits co
6048
ore une fois, ce qui se trouve en question, c’est
la
passion d’amour, et non l’amour purement profane et naturel. Voici, m
6049
s, ce qui se trouve en question, c’est la passion
d’
amour, et non l’amour purement profane et naturel. Voici, me semble-t-
6050
uve en question, c’est la passion d’amour, et non
l’
amour purement profane et naturel. Voici, me semble-t-il, le principe
6051
rement profane et naturel. Voici, me semble-t-il,
le
principe véritable de l’opposition des deux mystiques. L’orthodoxe ab
6052
rel. Voici, me semble-t-il, le principe véritable
de
l’opposition des deux mystiques. L’orthodoxe aboutit au « mariage spi
6053
. Voici, me semble-t-il, le principe véritable de
l’
opposition des deux mystiques. L’orthodoxe aboutit au « mariage spirit
6054
ipe véritable de l’opposition des deux mystiques.
L’
orthodoxe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de l’âme, dès ce
6055
ues. L’orthodoxe aboutit au « mariage spirituel »
de
Dieu et de l’âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’unio
6056
odoxe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et
de
l’âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’union et la fus
6057
xe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de
l’
âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’union et la fusion
6058
» de Dieu et de l’âme, dès cette vie, tandis que
l’
hérétique espère l’union et la fusion totale, mais au-delà de la mort
6059
âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère
l’
union et la fusion totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour les
6060
tte vie, tandis que l’hérétique espère l’union et
la
fusion totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour les cathares,
6061
espère l’union et la fusion totale, mais au-delà
de
la mort des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas de rachat poss
6062
père l’union et la fusion totale, mais au-delà de
la
mort des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas de rachat possibl
6063
n totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour
les
cathares, il n’y avait pas de rachat possible de ce monde. Il s’en su
6064
rt des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas
de
rachat possible de ce monde. Il s’en suivait — théoriquement — que l’
6065
les cathares, il n’y avait pas de rachat possible
de
ce monde. Il s’en suivait — théoriquement — que l’amour profane était
6066
e ce monde. Il s’en suivait — théoriquement — que
l’
amour profane était le malheur absolu, l’attachement impossible et con
6067
ivait — théoriquement — que l’amour profane était
le
malheur absolu, l’attachement impossible et condamnable à la créature
6068
nt — que l’amour profane était le malheur absolu,
l’
attachement impossible et condamnable à la créature imparfaite ; tandi
6069
absolu, l’attachement impossible et condamnable à
la
créature imparfaite ; tandis que pour le chrétien, l’amour divin est
6070
mnable à la créature imparfaite ; tandis que pour
le
chrétien, l’amour divin est un malheur recréateur. Loin de nier l’amo
6071
réature imparfaite ; tandis que pour le chrétien,
l’
amour divin est un malheur recréateur. Loin de nier l’amour profane, i
6072
our divin est un malheur recréateur. Loin de nier
l’
amour profane, il aboutit à le sanctifier par le mariage. Les amants m
6073
ateur. Loin de nier l’amour profane, il aboutit à
le
sanctifier par le mariage. Les amants mystiques du Roman chercheront
6074
r l’amour profane, il aboutit à le sanctifier par
le
mariage. Les amants mystiques du Roman chercheront donc l’intensité d
6075
ofane, il aboutit à le sanctifier par le mariage.
Les
amants mystiques du Roman chercheront donc l’intensité de la passion
6076
e. Les amants mystiques du Roman chercheront donc
l’
intensité de la passion et non son apaisement heureux. Plus leur passi
6077
s mystiques du Roman chercheront donc l’intensité
de
la passion et non son apaisement heureux. Plus leur passion est vive
6078
ystiques du Roman chercheront donc l’intensité de
la
passion et non son apaisement heureux. Plus leur passion est vive et
6079
heureux. Plus leur passion est vive et plus elle
les
détache des choses créées, et plus facilement ils parviennent à la mo
6080
oses créées, et plus facilement ils parviennent à
la
mort volontaire dans l’endura. Au contraire, les mystiques chrétiens
6081
ilement ils parviennent à la mort volontaire dans
l’
endura. Au contraire, les mystiques chrétiens voient dans les actes et
6082
à la mort volontaire dans l’endura. Au contraire,
les
mystiques chrétiens voient dans les actes et les œuvres qui découlent
6083
Au contraire, les mystiques chrétiens voient dans
les
actes et les œuvres qui découlent de l’état mystique les critères de
6084
les mystiques chrétiens voient dans les actes et
les
œuvres qui découlent de l’état mystique les critères de sa vérité91.
6085
voient dans les actes et les œuvres qui découlent
de
l’état mystique les critères de sa vérité91. C’est du moins le mouvem
6086
ent dans les actes et les œuvres qui découlent de
l’
état mystique les critères de sa vérité91. C’est du moins le mouvement
6087
es et les œuvres qui découlent de l’état mystique
les
critères de sa vérité91. C’est du moins le mouvement constant de ceux
6088
res qui découlent de l’état mystique les critères
de
sa vérité91. C’est du moins le mouvement constant de ceux qui ont con
6089
tique les critères de sa vérité91. C’est du moins
le
mouvement constant de ceux qui ont concentré leur oraison sur le Chri
6090
sa vérité91. C’est du moins le mouvement constant
de
ceux qui ont concentré leur oraison sur le Christ incarné réellement.
6091
nstant de ceux qui ont concentré leur oraison sur
le
Christ incarné réellement. Mais les « parfaits » ne croyaient pas l’I
6092
ur oraison sur le Christ incarné réellement. Mais
les
« parfaits » ne croyaient pas l’Incarnation, et ne pouvaient connaîtr
6093
éellement. Mais les « parfaits » ne croyaient pas
l’
Incarnation, et ne pouvaient connaître ce retour de l’âme à une vie ré
6094
’Incarnation, et ne pouvaient connaître ce retour
de
l’âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Th
6095
carnation, et ne pouvaient connaître ce retour de
l’
âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérè
6096
ce retour de l’âme à une vie rénovée. « Je meurs
de
ne pas mourir », dit sainte Thérèse, mais c’est de ne pas mourir asse
6097
e ne pas mourir », dit sainte Thérèse, mais c’est
de
ne pas mourir assez pour vivre toute la vie nouvelle, et pour obéir s
6098
ais c’est de ne pas mourir assez pour vivre toute
la
vie nouvelle, et pour obéir sans tourments. Je ne trouve rien, dans T
6099
ts. Je ne trouve rien, dans Tristan, qui rappelle
le
« rejet des dons » dont parlent Eckhart et saint Jean de la Croix. Le
6100
» dont parlent Eckhart et saint Jean de la Croix.
Les
amants se plaignent parfois de leur passion et maudissent le poison f
6101
Jean de la Croix. Les amants se plaignent parfois
de
leur passion et maudissent le poison fatal, cause de leurs terribles
6102
e plaignent parfois de leur passion et maudissent
le
poison fatal, cause de leurs terribles souffrances. « Amor par force
6103
leur passion et maudissent le poison fatal, cause
de
leurs terribles souffrances. « Amor par force les demeine. » Mais fin
6104
de leurs terribles souffrances. « Amor par force
les
demeine. » Mais finalement, c’est la passion totale qu’ils accueiller
6105
r par force les demeine. » Mais finalement, c’est
la
passion totale qu’ils accueilleront comme la révélation dernière, dan
6106
’est la passion totale qu’ils accueilleront comme
la
révélation dernière, dans la mort. Ainsi de leur attitude envers les
6107
accueilleront comme la révélation dernière, dans
la
mort. Ainsi de leur attitude envers les créatures : ils ne les retrou
6108
comme la révélation dernière, dans la mort. Ainsi
de
leur attitude envers les créatures : ils ne les retrouvent pas au-del
6109
ière, dans la mort. Ainsi de leur attitude envers
les
créatures : ils ne les retrouvent pas au-delà de leur passion et de s
6110
si de leur attitude envers les créatures : ils ne
les
retrouvent pas au-delà de leur passion et de son ascèse. Ils ignorent
6111
les créatures : ils ne les retrouvent pas au-delà
de
leur passion et de son ascèse. Ils ignorent ce mouvement de retour au
6112
ne les retrouvent pas au-delà de leur passion et
de
son ascèse. Ils ignorent ce mouvement de retour au monde si caractéri
6113
ssion et de son ascèse. Ils ignorent ce mouvement
de
retour au monde si caractéristique du christianisme. Jean de la Croix
6114
aît un détachement parfait : « Lorsqu’on mortifie
les
passions, l’âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et de cette
6115
ment parfait : « Lorsqu’on mortifie les passions,
l’
âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et de cette façon, elle e
6116
qu’on mortifie les passions, l’âme ne reçoit plus
d’
aliment des créatures ; et de cette façon, elle est remplie d’obscurit
6117
l’âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et
de
cette façon, elle est remplie d’obscurité, et destituée des objets qu
6118
s créatures ; et de cette façon, elle est remplie
d’
obscurité, et destituée des objets que les passions lui présentaient.
6119
remplie d’obscurité, et destituée des objets que
les
passions lui présentaient. » (Nuit obscure, III). (Et l’on peut certe
6120
ions lui présentaient. » (Nuit obscure, III). (Et
l’
on peut certes rapprocher ce passage de l’admirable cri de Ventadour :
6121
III). (Et l’on peut certes rapprocher ce passage
de
l’admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris
6122
I). (Et l’on peut certes rapprocher ce passage de
l’
admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris mo
6123
t certes rapprocher ce passage de l’admirable cri
de
Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a
6124
de l’admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris
le
cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris le monde, puis s’est elle
6125
is le cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris
le
monde, puis s’est elle-même dérobée à moi, ne me laissant rien que mo
6126
e mon désir et mon cœur assoiffé. ») Au-delà même
de
cet état, Jean de la Croix connut la viduité totale, où non seulement
6127
Au-delà même de cet état, Jean de la Croix connut
la
viduité totale, où non seulement le monde et le prochain, et l’amour
6128
Croix connut la viduité totale, où non seulement
le
monde et le prochain, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir
6129
t la viduité totale, où non seulement le monde et
le
prochain, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir de l’amour s
6130
ale, où non seulement le monde et le prochain, et
l’
amour avec son objet, mais jusqu’au désir de l’amour semblent se dérob
6131
n, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir
de
l’amour semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide de toute con
6132
et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir de
l’
amour semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide de toute convoi
6133
au désir de l’amour semblent se dérober au comble
de
l’élan : « Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut,
6134
désir de l’amour semblent se dérober au comble de
l’
élan : « Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut, et
6135
semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide
de
toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l’attire
6136
e de l’élan : « Vide de toute convoitise, rien ne
le
pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.) Le
6137
Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers
le
haut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.) Le troubadour Arn
6138
itise, rien ne le pousse vers le haut, et rien ne
l’
attire vers le bas… » (Maximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait a
6139
le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers
le
bas… » (Maximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait aussi de cet «
6140
ut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.)
Le
troubadour Arnaut Daniel parlait aussi de cet « excès de désir » qui
6141
ximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait aussi
de
cet « excès de désir » qui enlève « tout désir ». Mais cet état théop
6142
badour Arnaut Daniel parlait aussi de cet « excès
de
désir » qui enlève « tout désir ». Mais cet état théopathique n’about
6143
opathique n’aboutit point chez Jean de la Croix à
la
condamnation des créatures. Maître Eckhart, que l’on tient cependant
6144
a condamnation des créatures. Maître Eckhart, que
l’
on tient cependant — à tort peut-être — pour platonicien, sait dire en
6145
platonicien, sait dire en termes magnifiques que
l’
âme pure est le lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péc
6146
ait dire en termes magnifiques que l’âme pure est
le
lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péché. « Toutes le
6147
en termes magnifiques que l’âme pure est le lieu
de
rédemption des créatures dénaturées par le péché. « Toutes les créatu
6148
e lieu de rédemption des créatures dénaturées par
le
péché. « Toutes les créatures passent de leur vie à leur être. Toutes
6149
n des créatures dénaturées par le péché. « Toutes
les
créatures passent de leur vie à leur être. Toutes les créatures se po
6150
rées par le péché. « Toutes les créatures passent
de
leur vie à leur être. Toutes les créatures se portent dans ma raison
6151
créatures passent de leur vie à leur être. Toutes
les
créatures se portent dans ma raison afin d’être en moi raisonnables.
6152
e en moi raisonnables. Moi seul, je ramène toutes
les
créatures à Dieu. » C’est ce mouvement qui fait défaut, théoriquement
6153
éfaut, théoriquement, à toute mystique fondée sur
l’
Éros lumineux. Mais il faut indiquer la dernière limite, qui est celle
6154
l faut indiquer la dernière limite, qui est celle
de
l’humilité. Et là encore, la clé de l’opposition est dans le mystère
6155
aut indiquer la dernière limite, qui est celle de
l’
humilité. Et là encore, la clé de l’opposition est dans le mystère de
6156
imite, qui est celle de l’humilité. Et là encore,
la
clé de l’opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman es
6157
qui est celle de l’humilité. Et là encore, la clé
de
l’opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman est baign
6158
est celle de l’humilité. Et là encore, la clé de
l’
opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné p
6159
té. Et là encore, la clé de l’opposition est dans
le
mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtiq
6160
ncore, la clé de l’opposition est dans le mystère
de
l’Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’org
6161
re, la clé de l’opposition est dans le mystère de
l’
Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’orguei
6162
’opposition est dans le mystère de l’Incarnation.
Le
Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’orgueil chevaleresque
6163
mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné par
l’
atmosphère celtique de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la
6164
on. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique
de
l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le mo
6165
Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de
l’
orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le moteu
6166
phère celtique de l’orgueil chevaleresque : c’est
le
désir de la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Co
6167
tique de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir
de
la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous
6168
ue de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de
la
prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous les
6169
aleresque : c’est le désir de la prouesse qui est
le
moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous les passionnés, il aime
6170
de la prouesse qui est le moteur des hauts faits
de
Tristan. Comme tous les passionnés, il aime avec témérité la sensatio
6171
le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous
les
passionnés, il aime avec témérité la sensation de puissance qu’il épr
6172
Comme tous les passionnés, il aime avec témérité
la
sensation de puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où le désir fi
6173
es passionnés, il aime avec témérité la sensation
de
puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où le désir final du risque
6174
rité la sensation de puissance qu’il éprouve dans
le
risque. D’où le désir final du risque pour lui-même, la passion de la
6175
sation de puissance qu’il éprouve dans le risque.
D’
où le désir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sa
6176
n de puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où
le
désir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sans te
6177
que. D’où le désir final du risque pour lui-même,
la
passion de la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour.
6178
e désir final du risque pour lui-même, la passion
de
la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’on s’aper
6179
ésir final du risque pour lui-même, la passion de
la
passion sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’on s’aperçoi
6180
ur lui-même, la passion de la passion sans terme,
la
volonté de la mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que
6181
, la passion de la passion sans terme, la volonté
de
la mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse
6182
a passion de la passion sans terme, la volonté de
la
mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse ét
6183
on sans terme, la volonté de la mort sans retour.
L’
on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse était le signe matériel
6184
sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que
la
prouesse était le signe matériel d’un processus de divinisation. Les
6185
s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse était
le
signe matériel d’un processus de divinisation. Les vrais mystiques, t
6186
e limite, que la prouesse était le signe matériel
d’
un processus de divinisation. Les vrais mystiques, tout au contraire,
6187
a prouesse était le signe matériel d’un processus
de
divinisation. Les vrais mystiques, tout au contraire, sont la prudenc
6188
le signe matériel d’un processus de divinisation.
Les
vrais mystiques, tout au contraire, sont la prudence même, la rigueur
6189
ion. Les vrais mystiques, tout au contraire, sont
la
prudence même, la rigueur même, l’obéissance même dans la lucidité. S
6190
tiques, tout au contraire, sont la prudence même,
la
rigueur même, l’obéissance même dans la lucidité. Si « la mort m’est
6191
ontraire, sont la prudence même, la rigueur même,
l’
obéissance même dans la lucidité. Si « la mort m’est un gain », c’est
6192
nce même, la rigueur même, l’obéissance même dans
la
lucidité. Si « la mort m’est un gain », c’est que « Christ est ma vie
6193
ur même, l’obéissance même dans la lucidité. Si «
la
mort m’est un gain », c’est que « Christ est ma vie », et Christ s’es
6194
Christ s’est incarné, c’est-à-dire abaissé. Ainsi
le
chrétien ne se jette pas dans l’illusion d’une mort d’amour transfigu
6195
e abaissé. Ainsi le chrétien ne se jette pas dans
l’
illusion d’une mort d’amour transfigurante, mais au contraire accepte
6196
Ainsi le chrétien ne se jette pas dans l’illusion
d’
une mort d’amour transfigurante, mais au contraire accepte les limites
6197
rétien ne se jette pas dans l’illusion d’une mort
d’
amour transfigurante, mais au contraire accepte les limites de sa terr
6198
d’amour transfigurante, mais au contraire accepte
les
limites de sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers le haut, e
6199
sfigurante, mais au contraire accepte les limites
de
sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l
6200
e les limites de sa terrestre vocation. « Rien ne
le
pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas », disait saint
6201
e sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers
le
haut, et rien ne l’attire vers le bas », disait saint Jean de la Croi
6202
ion. « Rien ne le pousse vers le haut, et rien ne
l’
attire vers le bas », disait saint Jean de la Croix, et cela « parce q
6203
le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers
le
bas », disait saint Jean de la Croix, et cela « parce qu’il se tient
6204
a Croix, et cela « parce qu’il se tient au centre
de
son humilité ». 3.Transpositions curieuses, mais inévitables To
6205
anspositions curieuses, mais inévitables Toute
la
poésie d’Occident procède de l’amour courtois et du roman breton qui
6206
ns curieuses, mais inévitables Toute la poésie
d’
Occident procède de l’amour courtois et du roman breton qui en dérive.
6207
inévitables Toute la poésie d’Occident procède
de
l’amour courtois et du roman breton qui en dérive. C’est à cette orig
6208
vitables Toute la poésie d’Occident procède de
l’
amour courtois et du roman breton qui en dérive. C’est à cette origine
6209
seudo-mystique ; et c’est dans ce vocabulaire que
les
amoureux d’aujourd’hui puisent encore, en toute inconscience, leurs m
6210
e ; et c’est dans ce vocabulaire que les amoureux
d’
aujourd’hui puisent encore, en toute inconscience, leurs métaphores le
6211
t encore, en toute inconscience, leurs métaphores
les
plus courantes. Mais de même que le mythe romanesque avait utilisé un
6212
s métaphores les plus courantes. Mais de même que
le
mythe romanesque avait utilisé un « matériel » d’images, de noms et d
6213
le mythe romanesque avait utilisé un « matériel »
d’
images, de noms et de situations tiré du fonds religieux des Celtes, d
6214
omanesque avait utilisé un « matériel » d’images,
de
noms et de situations tiré du fonds religieux des Celtes, donc d’une
6215
vait utilisé un « matériel » d’images, de noms et
de
situations tiré du fonds religieux des Celtes, donc d’une religion dé
6216
tuations tiré du fonds religieux des Celtes, donc
d’
une religion déjà morte, de même notre littérature et nos passions uti
6217
ature et nos passions utilisent par abus, et sans
le
savoir, un langage dont la seule mystique définissait le sens valable
6218
sent par abus, et sans le savoir, un langage dont
la
seule mystique définissait le sens valable. Plus d’une fois, l’ambigu
6219
ir, un langage dont la seule mystique définissait
le
sens valable. Plus d’une fois, l’ambiguïté du mythe nous a fait hésit
6220
seule mystique définissait le sens valable. Plus
d’
une fois, l’ambiguïté du mythe nous a fait hésiter en présence de tel
6221
que définissait le sens valable. Plus d’une fois,
l’
ambiguïté du mythe nous a fait hésiter en présence de tel épisode : s’
6222
ésiter en présence de tel épisode : s’agissait-il
d’
amour profane — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole de l’Éros l
6223
l épisode : s’agissait-il d’amour profane — selon
la
lettre du Roman — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Égli
6224
l d’amour profane — selon la lettre du Roman — ou
d’
un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit
6225
fane — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole
de
l’Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par
6226
e — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole de
l’
Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par la
6227
Roman — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire
de
l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par la suite, le lecteur ignor
6228
an — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire de
l’
Église d’Amour ? On conçoit donc que par la suite, le lecteur ignorant
6229
’un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Église
d’
Amour ? On conçoit donc que par la suite, le lecteur ignorant des myst
6230
ire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par
la
suite, le lecteur ignorant des mystères fut presque fatalement amené
6231
glise d’Amour ? On conçoit donc que par la suite,
le
lecteur ignorant des mystères fut presque fatalement amené à transpos
6232
s ces allégories trop bien voilées. Il est facile
d’
imaginer le processus. Saint Augustin écrit cette prière : « Je te che
6233
ories trop bien voilées. Il est facile d’imaginer
le
processus. Saint Augustin écrit cette prière : « Je te cherchais hors
6234
, parce que tu étais en moi. » Il parle à Dieu, à
l’
amour éternel. Mais supposez qu’un troubadour ait exprimé la même priè
6235
ernel. Mais supposez qu’un troubadour ait exprimé
la
même prière en feignant de l’adresser à sa Dame. L’amant habitué aux
6236
troubadour ait exprimé la même prière en feignant
de
l’adresser à sa Dame. L’amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il
6237
ubadour ait exprimé la même prière en feignant de
l’
adresser à sa Dame. L’amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il en
6238
même prière en feignant de l’adresser à sa Dame.
L’
amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il entend à leur sens profa
6239
ues, qu’il entend à leur sens profane, sera tenté
de
voir dans cette même phrase l’expression de la passion qu’il aime : c
6240
rofane, sera tenté de voir dans cette même phrase
l’
expression de la passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en
6241
tenté de voir dans cette même phrase l’expression
de
la passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en soi, dans une
6242
té de voir dans cette même phrase l’expression de
la
passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en soi, dans une so
6243
lle qu’on goûte et savoure en soi, dans une sorte
d’
indifférence à son objet vivant et extérieur. Ainsi nous avons vu que
6244
s sa réalité, mais en tant qu’elle éveille en lui
la
brûlure délicieuse du désir. L’amour-passion tend à se confondre avec
6245
le éveille en lui la brûlure délicieuse du désir.
L’
amour-passion tend à se confondre avec l’exaltation d’un narcissisme…
6246
u désir. L’amour-passion tend à se confondre avec
l’
exaltation d’un narcissisme… Dans cette transposition purement blasphé
6247
our-passion tend à se confondre avec l’exaltation
d’
un narcissisme… Dans cette transposition purement blasphématoire, et q
6248
lasphématoire, et qui ne s’est accomplie qu’après
le
xiie siècle, la conscience moderne a cru voir une donnée première. E
6249
qui ne s’est accomplie qu’après le xiie siècle,
la
conscience moderne a cru voir une donnée première. Elle a cru pouvoir
6250
donnée première. Elle a cru pouvoir « expliquer »
le
plus élevé par le plus bas, la mystique pure par la passion humaine.
6251
lle a cru pouvoir « expliquer » le plus élevé par
le
plus bas, la mystique pure par la passion humaine. Elle a fondé cette
6252
voir « expliquer » le plus élevé par le plus bas,
la
mystique pure par la passion humaine. Elle a fondé cette « science »
6253
plus élevé par le plus bas, la mystique pure par
la
passion humaine. Elle a fondé cette « science » nouvelle sur l’observ
6254
aine. Elle a fondé cette « science » nouvelle sur
l’
observation du langage, et spécialement sur la similitude des métaphor
6255
sur l’observation du langage, et spécialement sur
la
similitude des métaphores utilisées dans les deux cas. Or d’où venaie
6256
t sur la similitude des métaphores utilisées dans
les
deux cas. Or d’où venaient ces métaphores ? D’une mystique, comme nou
6257
de des métaphores utilisées dans les deux cas. Or
d’
où venaient ces métaphores ? D’une mystique, comme nous l’avons vu — m
6258
s les deux cas. Or d’où venaient ces métaphores ?
D’
une mystique, comme nous l’avons vu — mais déguisée, persécutée, puis
6259
aient ces métaphores ? D’une mystique, comme nous
l’
avons vu — mais déguisée, persécutée, puis oubliée. À tel point oublié
6260
À tel point oubliée comme hérésie, et passée dans
les
mœurs comme poésie, que les mystiques chrétiens utiliseront ses métap
6261
résie, et passée dans les mœurs comme poésie, que
les
mystiques chrétiens utiliseront ses métaphores devenues profanes comm
6262
nce » reste donc valable à condition qu’on change
le
signe de chacune de ses propositions. Par exemple, là où la science p
6263
te donc valable à condition qu’on change le signe
de
chacune de ses propositions. Par exemple, là où la science proclame q
6264
able à condition qu’on change le signe de chacune
de
ses propositions. Par exemple, là où la science proclame que la mysti
6265
e chacune de ses propositions. Par exemple, là où
la
science proclame que la mystique résulte d’une sublimation de l’insti
6266
tions. Par exemple, là où la science proclame que
la
mystique résulte d’une sublimation de l’instinct, il suffira de chang
6267
là où la science proclame que la mystique résulte
d’
une sublimation de l’instinct, il suffira de changer le sens de la rel
6268
roclame que la mystique résulte d’une sublimation
de
l’instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, e
6269
lame que la mystique résulte d’une sublimation de
l’
instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, et d
6270
sulte d’une sublimation de l’instinct, il suffira
de
changer le sens de la relation constatée, et d’écrire que « l’instinc
6271
sublimation de l’instinct, il suffira de changer
le
sens de la relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en ques
6272
tion de l’instinct, il suffira de changer le sens
de
la relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en question rés
6273
n de l’instinct, il suffira de changer le sens de
la
relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en question résult
6274
a de changer le sens de la relation constatée, et
d’
écrire que « l’instinct » en question résulte d’une profanation de la
6275
sens de la relation constatée, et d’écrire que «
l’
instinct » en question résulte d’une profanation de la mystique primit
6276
t d’écrire que « l’instinct » en question résulte
d’
une profanation de la mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience m
6277
’instinct » en question résulte d’une profanation
de
la mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience moderne montre une
6278
stinct » en question résulte d’une profanation de
la
mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience moderne montre une si
6279
rofanation de la mystique primitive. ⁂ Cependant,
la
conscience moderne montre une si grande répugnance à opérer ce renver
6280
épugnance à opérer ce renversement, qu’il est bon
d’
entrer plus avant dans le mécanisme des transpositions, et même de rec
6281
versement, qu’il est bon d’entrer plus avant dans
le
mécanisme des transpositions, et même de reconnaître la valeur de cer
6282
ant dans le mécanisme des transpositions, et même
de
reconnaître la valeur de certaines objections courantes. Car enfin, d
6283
anisme des transpositions, et même de reconnaître
la
valeur de certaines objections courantes. Car enfin, dira-t-on, la my
6284
transpositions, et même de reconnaître la valeur
de
certaines objections courantes. Car enfin, dira-t-on, la mystique, au
6285
aines objections courantes. Car enfin, dira-t-on,
la
mystique, au moins dans une de ses tendances, ne s’est-elle pas prêté
6286
enfin, dira-t-on, la mystique, au moins dans une
de
ses tendances, ne s’est-elle pas prêtée à toutes les confusions ? N’a
6287
ses tendances, ne s’est-elle pas prêtée à toutes
les
confusions ? N’a-t-elle pas abusé la première du langage de l’Éros pa
6288
ons ? N’a-t-elle pas abusé la première du langage
de
l’Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la pass
6289
? N’a-t-elle pas abusé la première du langage de
l’
Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la passion
6290
e l’Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et
le
langage de la passion Le fait central de toute vie religieuse de f
6291
ïen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage
de
la passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de
6292
? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de
la
passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de con
6293
stiques orthodoxes et le langage de la passion
Le
fait central de toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens
6294
es et le langage de la passion Le fait central
de
toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est l’événem
6295
assion Le fait central de toute vie religieuse
de
forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dè
6296
fait central de toute vie religieuse de forme et
de
contenu chrétiens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dès que l’on s
6297
eligieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est
l’
événement de l’Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de
6298
forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement
de
l’Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’
6299
rme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de
l’
Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on
6300
iens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dès que
l’
on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on encourt le double péril
6301
s que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer,
l’
on encourt le double péril de l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérési
6302
écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on encourt
le
double péril de l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathare
6303
oit peu de ce foyer, l’on encourt le double péril
de
l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à i
6304
peu de ce foyer, l’on encourt le double péril de
l’
humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéa
6305
r, l’on encourt le double péril de l’humanisme et
de
l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Év
6306
l’on encourt le double péril de l’humanisme et de
l’
idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Évang
6307
e double péril de l’humanisme et de l’idéalisme.
L’
hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Évangile, et à rega
6308
’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout
l’
Évangile, et à regarder l’amour sous toutes ses formes comme un élan h
6309
istait à idéaliser tout l’Évangile, et à regarder
l’
amour sous toutes ses formes comme un élan hors du monde créé. Cette f
6310
omme un élan hors du monde créé. Cette fuite dans
le
divin — ou « enthousiasme » — cette transgression des limites de l’hu
6311
enthousiasme » — cette transgression des limites
de
l’humain, finalement irréalisable, devait se traduire, et se trahir d
6312
thousiasme » — cette transgression des limites de
l’
humain, finalement irréalisable, devait se traduire, et se trahir d’un
6313
nt irréalisable, devait se traduire, et se trahir
d’
une manière fatale, par une exaltation en termes divins de l’amour sex
6314
nière fatale, par une exaltation en termes divins
de
l’amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez les mystiques les
6315
re fatale, par une exaltation en termes divins de
l’
amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez les mystiques les plu
6316
exaltation en termes divins de l’amour sexuel. À
l’
inverse, on peut observer chez les mystiques les plus « christocentriq
6317
’amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez
les
mystiques les plus « christocentriques » une propension à s’adresser
6318
À l’inverse, on peut observer chez les mystiques
les
plus « christocentriques » une propension à s’adresser à Dieu dans le
6319
triques » une propension à s’adresser à Dieu dans
le
langage des affections humaines : attrait sexuel, faim et soif, volon
6320
im et soif, volonté. Exaltation en termes humains
de
l’amour de Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous ret
6321
et soif, volonté. Exaltation en termes humains de
l’
amour de Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous retrou
6322
volonté. Exaltation en termes humains de l’amour
de
Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous retrouverons d
6323
t deux grands courants que nous retrouverons dans
la
mystique universelle. Ils seront d’ailleurs rarement purs dans telle
6324
purs dans telle ou telle œuvre donnée. Même chez
les
représentants les plus typiques de l’une et de l’autre tendance, ils
6325
u telle œuvre donnée. Même chez les représentants
les
plus typiques de l’une et de l’autre tendance, ils coexistent presque
6326
ée. Même chez les représentants les plus typiques
de
l’une et de l’autre tendance, ils coexistent presque toujours, ne fût
6327
z les représentants les plus typiques de l’une et
de
l’autre tendance, ils coexistent presque toujours, ne fût-ce qu’à la
6328
, ils coexistent presque toujours, ne fût-ce qu’à
la
manière dont la tentation coexiste avec la volonté d’obéissance chez
6329
presque toujours, ne fût-ce qu’à la manière dont
la
tentation coexiste avec la volonté d’obéissance chez le croyant. Hist
6330
e qu’à la manière dont la tentation coexiste avec
la
volonté d’obéissance chez le croyant. Historiquement parlant, il est
6331
anière dont la tentation coexiste avec la volonté
d’
obéissance chez le croyant. Historiquement parlant, il est donc malais
6332
tation coexiste avec la volonté d’obéissance chez
le
croyant. Historiquement parlant, il est donc malaisé de les isoler. M
6333
yant. Historiquement parlant, il est donc malaisé
de
les isoler. Mais théologiquement, la chose est claire. Le premier cou
6334
t. Historiquement parlant, il est donc malaisé de
les
isoler. Mais théologiquement, la chose est claire. Le premier courant
6335
donc malaisé de les isoler. Mais théologiquement,
la
chose est claire. Le premier courant est celui de la mystique unitive
6336
la chose est claire. Le premier courant est celui
de
la mystique unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la di
6337
chose est claire. Le premier courant est celui de
la
mystique unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la divin
6338
rant est celui de la mystique unitive : il tend à
la
fusion totale de l’âme et de la divinité. Le second courant peut être
6339
la mystique unitive : il tend à la fusion totale
de
l’âme et de la divinité. Le second courant peut être appelé celui de
6340
mystique unitive : il tend à la fusion totale de
l’
âme et de la divinité. Le second courant peut être appelé celui de la
6341
unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et
de
la divinité. Le second courant peut être appelé celui de la mystique
6342
itive : il tend à la fusion totale de l’âme et de
la
divinité. Le second courant peut être appelé celui de la mystique épi
6343
ivinité. Le second courant peut être appelé celui
de
la mystique épithalamique : il tend au mariage de l’âme et de Dieu, e
6344
nité. Le second courant peut être appelé celui de
la
mystique épithalamique : il tend au mariage de l’âme et de Dieu, et s
6345
de la mystique épithalamique : il tend au mariage
de
l’âme et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est ma
6346
la mystique épithalamique : il tend au mariage de
l’
âme et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est maint
6347
ue épithalamique : il tend au mariage de l’âme et
de
Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est maintenue entr
6348
me et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction
d’
essence est maintenue entre la créature et le Créateur. Quelques exemp
6349
qu’une distinction d’essence est maintenue entre
la
créature et le Créateur. Quelques exemples individuels — les seuls va
6350
tion d’essence est maintenue entre la créature et
le
Créateur. Quelques exemples individuels — les seuls valables en ce do
6351
e et le Créateur. Quelques exemples individuels —
les
seuls valables en ce domaine92 — nous permettront de préciser tout ce
6352
seuls valables en ce domaine92 — nous permettront
de
préciser tout cela sans excessives simplifications. Ils nous permettr
6353
excessives simplifications. Ils nous permettront
d’
entrevoir les raisons de ce curieux phénomène : « l’abus » du langage
6354
simplifications. Ils nous permettront d’entrevoir
les
raisons de ce curieux phénomène : « l’abus » du langage amoureux en r
6355
ons. Ils nous permettront d’entrevoir les raisons
de
ce curieux phénomène : « l’abus » du langage amoureux en religion doi
6356
entrevoir les raisons de ce curieux phénomène : «
l’
abus » du langage amoureux en religion doit être rattaché, historiquem
6357
on doit être rattaché, historiquement, au courant
le
plus orthodoxe. J’emprunterai mon premier exemple à l’ouvrage de Rudo
6358
us orthodoxe. J’emprunterai mon premier exemple à
l’
ouvrage de Rudolf Otto intitulé Mystique occidentale-orientale 93. L’a
6359
xe. J’emprunterai mon premier exemple à l’ouvrage
de
Rudolf Otto intitulé Mystique occidentale-orientale 93. L’auteur comp
6360
Otto intitulé Mystique occidentale-orientale 93.
L’
auteur compare, puis oppose le fondateur de la mystique allemande au x
6361
ntale-orientale 93. L’auteur compare, puis oppose
le
fondateur de la mystique allemande au xive siècle, Maître Eckhart, e
6362
le 93. L’auteur compare, puis oppose le fondateur
de
la mystique allemande au xive siècle, Maître Eckhart, et le mystique
6363
93. L’auteur compare, puis oppose le fondateur de
la
mystique allemande au xive siècle, Maître Eckhart, et le mystique hi
6364
que allemande au xive siècle, Maître Eckhart, et
le
mystique hindou Sankara. Ce qui est intéressant pour notre objet, c’e
6365
pour notre objet, c’est que Rudolf Otto distingue
l’
Orient de l’Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros
6366
e objet, c’est que Rudolf Otto distingue l’Orient
de
l’Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Ag
6367
bjet, c’est que Rudolf Otto distingue l’Orient de
l’
Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Agapè
6368
ccident en ramenant leurs mystiques respectives à
l’
Éros et à l’Agapè, d’une manière assez analogue à celle que nous propo
6369
amenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à
l’
Agapè, d’une manière assez analogue à celle que nous proposions ci-des
6370
eurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Agapè,
d’
une manière assez analogue à celle que nous proposions ci-dessus (voir
6371
proposions ci-dessus (voir II, 4). Sankara refuse
le
monde et le condamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir le sa
6372
i-dessus (voir II, 4). Sankara refuse le monde et
le
condamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir le samsara (qui e
6373
nkara refuse le monde et le condamne sans appel :
le
nirvana ne peut accueillir le samsara (qui est la vie diverse, infini
6374
ndamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir
le
samsara (qui est la vie diverse, infiniment mouvante). Au contraire,
6375
le nirvana ne peut accueillir le samsara (qui est
la
vie diverse, infiniment mouvante). Au contraire, Eckhart verra Dieu p
6376
contraire, Eckhart verra Dieu présent dans toutes
les
créatures, en tant que, par l’âme du croyant, elles « passent de leur
6377
ésent dans toutes les créatures, en tant que, par
l’
âme du croyant, elles « passent de leur vie à leur être ». La confront
6378
n tant que, par l’âme du croyant, elles « passent
de
leur vie à leur être ». La confrontation est rendue possible par le f
6379
oyant, elles « passent de leur vie à leur être ».
La
confrontation est rendue possible par le fait qu’il existe au Moyen Â
6380
être ». La confrontation est rendue possible par
le
fait qu’il existe au Moyen Âge une tradition mystique parallèle à cel
6381
oyen Âge une tradition mystique parallèle à celle
de
Sankara. « Mystique de l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la fav
6382
mystique parallèle à celle de Sankara. « Mystique
de
l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je e
6383
tique parallèle à celle de Sankara. « Mystique de
l’
ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et l
6384
stique de l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à
la
faveur de laquelle le Je et le Tu des êtres unis par une forte émotio
6385
l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur
de
laquelle le Je et le Tu des êtres unis par une forte émotion coulent
6386
ntimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle
le
Je et le Tu des êtres unis par une forte émotion coulent l’un dans l’
6387
e — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et
le
Tu des êtres unis par une forte émotion coulent l’un dans l’autre, do
6388
l’un dans l’autre, donnant naissance à une unité
d’
être. Eckhart ne connaît ni cette ivresse ni cet amour « pathologique
6389
t ni cette ivresse ni cet amour « pathologique ».
L’
amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme la
6390
amour « pathologique ». L’amour, pour lui, c’est
la
vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre
6391
e ». L’amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne
de
l’Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre ; intime, mais humb
6392
. L’amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne de
l’
Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre ; intime, mais humble
6393
c’est la vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme
la
mort, mais non point ivre ; intime, mais humble à l’extrême, et en mê
6394
mort, mais non point ivre ; intime, mais humble à
l’
extrême, et en même temps volontaire et active comme le kantien « amou
6395
rême, et en même temps volontaire et active comme
le
kantien « amour pratique ». C’est par ce trait, tout particulièrement
6396
, tout particulièrement, que Eckhart se distingue
d’
une manière radicale de Plotin, dont on persiste à faire son maître. P
6397
, que Eckhart se distingue d’une manière radicale
de
Plotin, dont on persiste à faire son maître. Plotin lui aussi prêche
6398
siste à faire son maître. Plotin lui aussi prêche
l’
amour mystique, mais l’amour plotinien n’est nullement l’Agapè chrétie
6399
e. Plotin lui aussi prêche l’amour mystique, mais
l’
amour plotinien n’est nullement l’Agapè chrétienne : c’est l’éros grec
6400
mystique, mais l’amour plotinien n’est nullement
l’
Agapè chrétienne : c’est l’éros grec, qui est jouissance, et jouissanc
6401
tinien n’est nullement l’Agapè chrétienne : c’est
l’
éros grec, qui est jouissance, et jouissance d’une naturelle et surnat
6402
st l’éros grec, qui est jouissance, et jouissance
d’
une naturelle et surnaturelle Beauté… gardant jusqu’en ses plus subtil
6403
u’en ses plus subtiles sublimations quelque chose
de
l’Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l
6404
n ses plus subtiles sublimations quelque chose de
l’
Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l’in
6405
’Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui,
de
la ferveur de l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la
6406
os du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de
la
ferveur de l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la fe
6407
sium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur
de
l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divin
6408
m platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de
l’
instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divine,
6409
en, grand Daimon qui, de la ferveur de l’instinct
de
procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divine, mais n’en c
6410
nstinct de procréation, s’élève en se purifiant à
la
ferveur divine, mais n’en conserve pas moins les éléments de l’homme
6411
à la ferveur divine, mais n’en conserve pas moins
les
éléments de l’homme fervent. » Pour Eckhart, la vraie voie mystique n
6412
divine, mais n’en conserve pas moins les éléments
de
l’homme fervent. » Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’est pas cel
6413
ine, mais n’en conserve pas moins les éléments de
l’
homme fervent. » Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’est pas celle
6414
les éléments de l’homme fervent. » Pour Eckhart,
la
vraie voie mystique n’est pas celle qui, s’élevant d’un état de senti
6415
raie voie mystique n’est pas celle qui, s’élevant
d’
un état de sentiment, mènerait à une union suprême, au sommet d’un éla
6416
mystique n’est pas celle qui, s’élevant d’un état
de
sentiment, mènerait à une union suprême, au sommet d’un élan d’amour
6417
entiment, mènerait à une union suprême, au sommet
d’
un élan d’amour : L’amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une
6418
mènerait à une union suprême, au sommet d’un élan
d’
amour : L’amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une œuvre, non
6419
une union suprême, au sommet d’un élan d’amour :
L’
amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une œuvre, non à une esse
6420
Il unit bien à une œuvre, non à une essence 94. «
L’
union lui apparaît plutôt comme fournissant d’abord la possibilité d’u
6421
ion lui apparaît plutôt comme fournissant d’abord
la
possibilité d’une Agapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas
6422
t plutôt comme fournissant d’abord la possibilité
d’
une Agapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas le moindre trai
6423
gapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas
le
moindre trait commun avec l’éros platonicien ou plotinien, mais encor
6424
nt son Agapè n’a pas le moindre trait commun avec
l’
éros platonicien ou plotinien, mais encore elle figure la pureté même
6425
platonicien ou plotinien, mais encore elle figure
la
pureté même du sentiment chrétien dans sa chasteté et sa simplicité é
6426
simplicité élémentaires, sans exaltation ni ajout
d’
aucune sorte ». Et de cette union résultent « la confiance, la foi, l’
6427
es, sans exaltation ni ajout d’aucune sorte ». Et
de
cette union résultent « la confiance, la foi, l’abandon, le service »
6428
t d’aucune sorte ». Et de cette union résultent «
la
confiance, la foi, l’abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me
6429
te ». Et de cette union résultent « la confiance,
la
foi, l’abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il,
6430
de cette union résultent « la confiance, la foi,
l’
abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il, d’une co
6431
nion résultent « la confiance, la foi, l’abandon,
le
service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il, d’une communion que
6432
service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il,
d’
une communion que d’une union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart
6433
donc plutôt, me semble-t-il, d’une communion que
d’
une union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’âme,
6434
, d’une communion que d’une union, puisque, comme
l’
écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu95. L’act
6435
e union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart,
l’
âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu95. L’acte d’amour spirituel est in
6436
sque, comme l’écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste
l’
âme, et Dieu reste Dieu95. L’acte d’amour spirituel est initial, et no
6437
Eckhart, l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu95.
L’
acte d’amour spirituel est initial, et non final. Pour le chrétien, la
6438
, l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu95. L’acte
d’
amour spirituel est initial, et non final. Pour le chrétien, la mort à
6439
d’amour spirituel est initial, et non final. Pour
le
chrétien, la mort à soi-même est le début d’une vie plus réelle ici-b
6440
tuel est initial, et non final. Pour le chrétien,
la
mort à soi-même est le début d’une vie plus réelle ici-bas, non la ca
6441
n final. Pour le chrétien, la mort à soi-même est
le
début d’une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde.
6442
Pour le chrétien, la mort à soi-même est le début
d’
une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde. D’ailleur
6443
e est le début d’une vie plus réelle ici-bas, non
la
catastrophe de ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage d’Eckhart où
6444
d’une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe
de
ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage d’Eckhart où il est questio
6445
ophe de ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage
d’
Eckhart où il est question non plus d’union mais bien d’égalité de l’â
6446
un passage d’Eckhart où il est question non plus
d’
union mais bien d’égalité de l’âme et de Dieu : Et cette égalité de
6447
art où il est question non plus d’union mais bien
d’
égalité de l’âme et de Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et
6448
est question non plus d’union mais bien d’égalité
de
l’âme et de Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un
6449
question non plus d’union mais bien d’égalité de
l’
âme et de Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un est
6450
non plus d’union mais bien d’égalité de l’âme et
de
Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un est source e
6451
’égalité de l’âme et de Dieu : Et cette égalité
de
l’un dans l’un et avec l’un est source et origine du fleurissant resp
6452
ssant amour. 96 Ce n’est donc pas, conclut Otto,
la
plus haute joie mystique qui figure pour Eckhart l’expression authent
6453
plus haute joie mystique qui figure pour Eckhart
l’
expression authentique de l’union divine, mais bien l’Agapè, dont ne p
6454
qui figure pour Eckhart l’expression authentique
de
l’union divine, mais bien l’Agapè, dont ne parlent et que ne connaiss
6455
i figure pour Eckhart l’expression authentique de
l’
union divine, mais bien l’Agapè, dont ne parlent et que ne connaissent
6456
pression authentique de l’union divine, mais bien
l’
Agapè, dont ne parlent et que ne connaissent ni Plotin ni Sankara. Vo
6457
ni Sankara. Voici donc, semble-t-il, deux pôles
de
la mystique universelle très nettement caractérisés. L’Orient (c’est-
6458
Sankara. Voici donc, semble-t-il, deux pôles de
la
mystique universelle très nettement caractérisés. L’Orient (c’est-à-d
6459
mystique universelle très nettement caractérisés.
L’
Orient (c’est-à-dire Sankara, Platon, Plotin) et l’Occident (ici figur
6460
’Orient (c’est-à-dire Sankara, Platon, Plotin) et
l’
Occident (ici figuré par Eckhart) s’opposeraient dans les termes mêmes
6461
dent (ici figuré par Eckhart) s’opposeraient dans
les
termes mêmes par lesquels nous avons tenté de distinguer la mystique
6462
ns les termes mêmes par lesquels nous avons tenté
de
distinguer la mystique des cathares et la doctrine chrétienne de l’am
6463
mêmes par lesquels nous avons tenté de distinguer
la
mystique des cathares et la doctrine chrétienne de l’amour. ⁂ Mais Ec
6464
s tenté de distinguer la mystique des cathares et
la
doctrine chrétienne de l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de
6465
a mystique des cathares et la doctrine chrétienne
de
l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté. Le pape Jean
6466
ystique des cathares et la doctrine chrétienne de
l’
amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté. Le pape Jean XX
6467
ne de l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur
de
sainteté. Le pape Jean XXII condamna même ses thèses les plus hardies
6468
. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté.
Le
pape Jean XXII condamna même ses thèses les plus hardies dans une bul
6469
nteté. Le pape Jean XXII condamna même ses thèses
les
plus hardies dans une bulle de 1329. L’une des thèses condamnées, la
6470
a même ses thèses les plus hardies dans une bulle
de
1329. L’une des thèses condamnées, la dixième, est ainsi reproduite d
6471
condamnées, la dixième, est ainsi reproduite dans
la
bulle : Nous nous métamorphosons totalement en Dieu et nous nous con
6472
alement en Dieu et nous nous convertissons en lui
de
la même manière que le pain dans le sacrement se change en corps du C
6473
ment en Dieu et nous nous convertissons en lui de
la
même manière que le pain dans le sacrement se change en corps du Chri
6474
nous convertissons en lui de la même manière que
le
pain dans le sacrement se change en corps du Christ : je suis ainsi c
6475
issons en lui de la même manière que le pain dans
le
sacrement se change en corps du Christ : je suis ainsi changé en lui
6476
e me fait être sien. Unité et non similitude. Par
le
Dieu vivant, il est vrai qu’il n’y a plus là aucune distinction. Cet
6477
ne distinction. Cette thèse, extraite des œuvres
d’
Eckhart, paraît contredire formellement l’interprétation précédente. E
6478
œuvres d’Eckhart, paraît contredire formellement
l’
interprétation précédente. Elle rejette Maître Eckhart du côté de « l’
6479
cédente. Elle rejette Maître Eckhart du côté de «
l’
Orient », c’est-à-dire du côté d’une mystique essentiellement unitive,
6480
art du côté de « l’Orient », c’est-à-dire du côté
d’
une mystique essentiellement unitive, et par cela même hérétique… Ce q
6481
Ce qui est certain, c’est que Maître Eckhart est
le
dialecticien par excellence, et qu’il est trop facile d’extraire de s
6482
ecticien par excellence, et qu’il est trop facile
d’
extraire de ses œuvres les vérités les plus contradictoires. Chez lui,
6483
r excellence, et qu’il est trop facile d’extraire
de
ses œuvres les vérités les plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu
6484
et qu’il est trop facile d’extraire de ses œuvres
les
vérités les plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu dire, « négatio
6485
trop facile d’extraire de ses œuvres les vérités
les
plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu dire, « négation et affirma
6486
e, « négation et affirmation forment à elles deux
la
vérité. L’une n’est pas vraie sans l’autre, et ne se peut concevoir q
6487
mation et négation sont inséparables, n’étant que
les
deux aspects d’une même vérité.97 ». Il n’en est pas moins significat
6488
n sont inséparables, n’étant que les deux aspects
d’
une même vérité.97 ». Il n’en est pas moins significatif de constater
6489
e vérité.97 ». Il n’en est pas moins significatif
de
constater que Eckhart souleva dans la mystique flamande une oppositio
6490
ignificatif de constater que Eckhart souleva dans
la
mystique flamande une opposition très violente, et sur les chefs préc
6491
que flamande une opposition très violente, et sur
les
chefs précis dont Otto le montre adversaire : savoir l’union essentie
6492
très violente, et sur les chefs précis dont Otto
le
montre adversaire : savoir l’union essentielle et l’abandon des œuvre
6493
fs précis dont Otto le montre adversaire : savoir
l’
union essentielle et l’abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient
6494
montre adversaire : savoir l’union essentielle et
l’
abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient de quelqu’un ! C’est ai
6495
tielle et l’abandon des œuvres. On est toujours à
l’
Orient de quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura l’hérésie
6496
l’abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient
de
quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura l’hérésie que j’app
6497
quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura
l’
hérésie que j’appelle « orientale » aux yeux de Ruysbroek l’Admirable.
6498
uant à ces gens qui ne veulent pas seulement être
les
égaux de Dieu, mais Dieu lui-même, ils sont plus méchants et plus mau
6499
gens qui ne veulent pas seulement être les égaux
de
Dieu, mais Dieu lui-même, ils sont plus méchants et plus maudits que
6500
i désirer, ni posséder… Voilà ce qu’ils appellent
la
parfaite pauvreté d’esprit… Mais ceux qui sont nés du Saint-Esprit et
6501
r… Voilà ce qu’ils appellent la parfaite pauvreté
d’
esprit… Mais ceux qui sont nés du Saint-Esprit et chantent ses louange
6502
sprit et chantent ses louanges, pratiquent toutes
les
vertus. Ils connaissent et ils aiment ; ils cherchent ; ils trouvent…
6503
erchent ; ils trouvent… » Bref, ils agissent. On
le
voit : Ruysbroek accuse Eckhart de quiétisme. Il revendique contre lu
6504
agissent. On le voit : Ruysbroek accuse Eckhart
de
quiétisme. Il revendique contre lui un certain activisme de l’amour.
6505
me. Il revendique contre lui un certain activisme
de
l’amour. C’est qu’il ne croit nullement que toute distinction entre l
6506
Il revendique contre lui un certain activisme de
l’
amour. C’est qu’il ne croit nullement que toute distinction entre l’âm
6507
il ne croit nullement que toute distinction entre
l’
âme et Dieu puisse être abolie : l’âme ne peut se faire divine, mais s
6508
tinction entre l’âme et Dieu puisse être abolie :
l’
âme ne peut se faire divine, mais seulement semblable à Dieu. Elle con
6509
lement semblable à Dieu. Elle contemple Dieu dans
le
miroir d’un esprit entièrement purifié. « Nous contemplons ce que nou
6510
blable à Dieu. Elle contemple Dieu dans le miroir
d’
un esprit entièrement purifié. « Nous contemplons ce que nous sommes e
6511
contemplons ; car notre essence, sans rien perdre
de
sa propre personnalité, est unie à la vérité divine qui respecte la d
6512
rien perdre de sa propre personnalité, est unie à
la
vérité divine qui respecte la distinction. » Et ailleurs : « L’abîme
6513
nnalité, est unie à la vérité divine qui respecte
la
distinction. » Et ailleurs : « L’abîme qui nous sépare de Dieu est pe
6514
ne qui respecte la distinction. » Et ailleurs : «
L’
abîme qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret
6515
nction. » Et ailleurs : « L’abîme qui nous sépare
de
Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est l
6516
urs : « L’abîme qui nous sépare de Dieu est perçu
de
nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est la distance essenti
6517
qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu
le
plus secret de nous-mêmes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voi
6518
de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret
de
nous-mêmes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voici le point qu’
6519
nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est
la
distance essentielle… » ⁂ Or voici le point qu’il importait de mettre
6520
mes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voici
le
point qu’il importait de mettre en lumière. Si l’âme peut s’unir esse
6521
ssentielle… » ⁂ Or voici le point qu’il importait
de
mettre en lumière. Si l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amo
6522
le point qu’il importait de mettre en lumière. Si
l’
âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour de l’âme pour Dieu est
6523
ère. Si l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu,
l’
amour de l’âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il n
6524
l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour
de
l’âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il ne sera p
6525
me peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour de
l’
âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il ne sera pas
6526
primer en termes de passion. Et c’est bien ce que
l’
Histoire démontre. « Chez les mystiques eckhartiens — écrit l’abbé Paq
6527
Et c’est bien ce que l’Histoire démontre. « Chez
les
mystiques eckhartiens — écrit l’abbé Paquier98 —, je ne sais si l’on
6528
émontre. « Chez les mystiques eckhartiens — écrit
l’
abbé Paquier98 —, je ne sais si l’on rencontre jamais le langage de l’
6529
artiens — écrit l’abbé Paquier98 —, je ne sais si
l’
on rencontre jamais le langage de l’amour humain. » À l’inverse, si l’
6530
Paquier98 —, je ne sais si l’on rencontre jamais
le
langage de l’amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir ess
6531
—, je ne sais si l’on rencontre jamais le langage
de
l’amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellemen
6532
je ne sais si l’on rencontre jamais le langage de
l’
amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellement à
6533
encontre jamais le langage de l’amour humain. » À
l’
inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme le sout
6534
s le langage de l’amour humain. » À l’inverse, si
l’
âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme le soutient l’orthodo
6535
’âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme
le
soutient l’orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de l’âme
6536
s’unir essentiellement à Dieu, comme le soutient
l’
orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de l’âme pour Dieu es
6537
utient l’orthodoxie chrétienne, il en résulte que
l’
amour de l’âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque
6538
’orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour
de
l’âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque malheur
6539
thodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de
l’
âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque malheureux
6540
peut alors prévoir que cet amour s’exprimera dans
le
langage passionnel, c’est-à-dire dans le langage de l’hérésie cathare
6541
era dans le langage passionnel, c’est-à-dire dans
le
langage de l’hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adop
6542
langage passionnel, c’est-à-dire dans le langage
de
l’hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adopté par les
6543
ngage passionnel, c’est-à-dire dans le langage de
l’
hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adopté par les pas
6544
le langage de l’hérésie cathare « profanisé » par
la
littérature et adopté par les passions humaines. Car c’est sa rhétori
6545
re « profanisé » par la littérature et adopté par
les
passions humaines. Car c’est sa rhétorique qui se trouve être la plus
6546
aines. Car c’est sa rhétorique qui se trouve être
la
plus apte à traduire et à communiquer l’essence tout ineffable du sen
6547
uve être la plus apte à traduire et à communiquer
l’
essence tout ineffable du sentiment que l’on vit. Là encore, les texte
6548
uniquer l’essence tout ineffable du sentiment que
l’
on vit. Là encore, les textes confirment l’exactitude de notre schéma.
6549
t ineffable du sentiment que l’on vit. Là encore,
les
textes confirment l’exactitude de notre schéma. C’est bien avec Ruysb
6550
nt que l’on vit. Là encore, les textes confirment
l’
exactitude de notre schéma. C’est bien avec Ruysbrœk et sa doctrine de
6551
it. Là encore, les textes confirment l’exactitude
de
notre schéma. C’est bien avec Ruysbrœk et sa doctrine de la distincti
6552
e schéma. C’est bien avec Ruysbrœk et sa doctrine
de
la distinction essentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord, le
6553
chéma. C’est bien avec Ruysbrœk et sa doctrine de
la
distinction essentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord, le lan
6554
e de la distinction essentielle qu’apparaît, dans
la
mystique du Nord, le langage « épithalamique ». « Voici donc venu l’i
6555
ssentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord,
le
langage « épithalamique ». « Voici donc venu l’irrésistible désir. S’
6556
, le langage « épithalamique ». « Voici donc venu
l’
irrésistible désir. S’efforcer continuellement de saisir l’insaisissab
6557
l’irrésistible désir. S’efforcer continuellement
de
saisir l’insaisissable… Et l’objet du désir ne peut être ni abandonné
6558
tible désir. S’efforcer continuellement de saisir
l’
insaisissable… Et l’objet du désir ne peut être ni abandonné ni saisi9
6559
cer continuellement de saisir l’insaisissable… Et
l’
objet du désir ne peut être ni abandonné ni saisi99. L’abandonner est
6560
et du désir ne peut être ni abandonné ni saisi99.
L’
abandonner est chose intolérable, et il est impossible de le conserver
6561
onner est chose intolérable, et il est impossible
de
le conserver. Le silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre
6562
er est chose intolérable, et il est impossible de
le
conserver. Le silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre de
6563
ntolérable, et il est impossible de le conserver.
Le
silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre de ses mains. »
6564
le de le conserver. Le silence même n’a pas assez
de
force pour l’étreindre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’
6565
rver. Le silence même n’a pas assez de force pour
l’
étreindre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’amour-passion
6566
ence même n’a pas assez de force pour l’étreindre
de
ses mains. » Et toutes les métaphores de l’amour-passion se déversent
6567
force pour l’étreindre de ses mains. » Et toutes
les
métaphores de l’amour-passion se déversent dans la prose enflammée de
6568
treindre de ses mains. » Et toutes les métaphores
de
l’amour-passion se déversent dans la prose enflammée de Ruysbroek : i
6569
indre de ses mains. » Et toutes les métaphores de
l’
amour-passion se déversent dans la prose enflammée de Ruysbroek : imme
6570
s métaphores de l’amour-passion se déversent dans
la
prose enflammée de Ruysbroek : immersion dans l’amour, défaillements,
6571
mour-passion se déversent dans la prose enflammée
de
Ruysbroek : immersion dans l’amour, défaillements, embrassements, our
6572
la prose enflammée de Ruysbroek : immersion dans
l’
amour, défaillements, embrassements, ouragans de l’impatience, brûlure
6573
s l’amour, défaillements, embrassements, ouragans
de
l’impatience, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour,
6574
’amour, défaillements, embrassements, ouragans de
l’
impatience, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour, dé
6575
embrassements, ouragans de l’impatience, brûlure
d’
amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour, délices ruisselantes, iv
6576
e, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie
d’
amour, délices ruisselantes, ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu l’es
6577
uisselantes, ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu
l’
esprit et le cœur » fait dire Ruysbroek à l’une de ses béguines parlan
6578
ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu l’esprit et
le
cœur » fait dire Ruysbroek à l’une de ses béguines parlant du Christ.
6579
l’esprit et le cœur » fait dire Ruysbroek à l’une
de
ses béguines parlant du Christ. « Je me suis perdue dans sa bouche »,
6580
uche », dit une autre. Et une troisième : « Boire
les
regards de l’amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l’
6581
une autre. Et une troisième : « Boire les regards
de
l’amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l’exemple de
6582
autre. Et une troisième : « Boire les regards de
l’
amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l’exemple de Ruy
6583
» Je me suis arrêté à l’exemple de Ruysbroek pour
la
commodité de l’exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son
6584
arrêté à l’exemple de Ruysbroek pour la commodité
de
l’exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son disciple se s
6585
êté à l’exemple de Ruysbroek pour la commodité de
l’
exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son disciple se soie
6586
mple de Ruysbroek pour la commodité de l’exposé :
le
fait historique que Maître Eckhart et son disciple se soient opposés
6587
tre Eckhart et son disciple se soient opposés sur
le
point précis de l’union divine, rendait possible une confrontation.
6588
on disciple se soient opposés sur le point précis
de
l’union divine, rendait possible une confrontation. Mais la lecture
6589
disciple se soient opposés sur le point précis de
l’
union divine, rendait possible une confrontation. Mais la lecture des
6590
divine, rendait possible une confrontation. Mais
la
lecture des mystiques franciscains, dès le xiiie siècle, nous eût fo
6591
Mais la lecture des mystiques franciscains, dès
le
xiiie siècle, nous eût fourni un autre exemple non moins frappant de
6592
us eût fourni un autre exemple non moins frappant
de
l’usage des thèmes courtois. On sait que saint François d’Assise avai
6593
eût fourni un autre exemple non moins frappant de
l’
usage des thèmes courtois. On sait que saint François d’Assise avait a
6594
On sait que saint François d’Assise avait appris
le
français dans sa jeunesse et qu’il faisait ses délices de nos romans
6595
ais dans sa jeunesse et qu’il faisait ses délices
de
nos romans de chevalerie. Il rêvait de devenir le « meilleur chevalie
6596
unesse et qu’il faisait ses délices de nos romans
de
chevalerie. Il rêvait de devenir le « meilleur chevalier du monde » o
6597
es délices de nos romans de chevalerie. Il rêvait
de
devenir le « meilleur chevalier du monde » ou, selon ses propres paro
6598
de nos romans de chevalerie. Il rêvait de devenir
le
« meilleur chevalier du monde » ou, selon ses propres paroles, « un g
6599
, « un grand baron adoré du monde entier »100. Et
l’
on sait d’autre part de quelle manière il inaugura son ministère : sur
6600
é du monde entier »100. Et l’on sait d’autre part
de
quelle manière il inaugura son ministère : sur la grande place d’Assi
6601
de quelle manière il inaugura son ministère : sur
la
grande place d’Assise, en présence de l’évêque et d’une foule immense
6602
e il inaugura son ministère : sur la grande place
d’
Assise, en présence de l’évêque et d’une foule immense, il se dépouill
6603
re : sur la grande place d’Assise, en présence de
l’
évêque et d’une foule immense, il se dépouilla de tous ses vêtements e
6604
grande place d’Assise, en présence de l’évêque et
d’
une foule immense, il se dépouilla de tous ses vêtements et se dressan
6605
l’évêque et d’une foule immense, il se dépouilla
de
tous ses vêtements et se dressant tout nu devant son père richement h
6606
éclara que désormais Dieu seul serait son Père. «
L’
évêque lui jeta sur les épaules son propre manteau, et François s’enfu
6607
ieu seul serait son Père. « L’évêque lui jeta sur
les
épaules son propre manteau, et François s’enfuit dans la campagne, ch
6608
les son propre manteau, et François s’enfuit dans
la
campagne, chantant à pleine voix des vers français… Le parfait dénuem
6609
mpagne, chantant à pleine voix des vers français…
Le
parfait dénuement avait fait de son corps l’humble serviteur de son â
6610
es vers français… Le parfait dénuement avait fait
de
son corps l’humble serviteur de son âme ; plus d’obstacles à ses élan
6611
ais… Le parfait dénuement avait fait de son corps
l’
humble serviteur de son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers le Sou
6612
uement avait fait de son corps l’humble serviteur
de
son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers le Souverain Bien !… Se s
6613
de son corps l’humble serviteur de son âme ; plus
d’
obstacles à ses élans vers le Souverain Bien !… Se souvenant des roman
6614
ur de son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers
le
Souverain Bien !… Se souvenant des romans français, François fit de l
6615
!… Se souvenant des romans français, François fit
de
la Pauvreté sa « Dame », et s’honora d’être son « chevalier »101. Cet
6616
Se souvenant des romans français, François fit de
la
Pauvreté sa « Dame », et s’honora d’être son « chevalier »101. Cette
6617
nçois fit de la Pauvreté sa « Dame », et s’honora
d’
être son « chevalier »101. Cette forme de « dénuement », physique mais
6618
s’honora d’être son « chevalier »101. Cette forme
de
« dénuement », physique mais symbolique, est encore pratiquée de nos
6619
», physique mais symbolique, est encore pratiquée
de
nos jours par la secte des Doukhobors (« combattants spirituels ») do
6620
symbolique, est encore pratiquée de nos jours par
la
secte des Doukhobors (« combattants spirituels ») dont les croyances
6621
des Doukhobors (« combattants spirituels ») dont
les
croyances sont liées à celles des cathares et gnostiques. En 1929, le
6622
ées à celles des cathares et gnostiques. En 1929,
les
Doukhobors réfugiés au Canada voulant protester contre l’obligation d
6623
obors réfugiés au Canada voulant protester contre
l’
obligation de faire élever leurs enfants à l’école d’État « parcourure
6624
s au Canada voulant protester contre l’obligation
de
faire élever leurs enfants à l’école d’État « parcoururent les campag
6625
ntre l’obligation de faire élever leurs enfants à
l’
école d’État « parcoururent les campagnes complètement dévêtus et chan
6626
bligation de faire élever leurs enfants à l’école
d’
État « parcoururent les campagnes complètement dévêtus et chantant des
6627
ver leurs enfants à l’école d’État « parcoururent
les
campagnes complètement dévêtus et chantant des hymnes religieux »102.
6628
dévêtus et chantant des hymnes religieux »102. On
les
accusa naturellement d’exhibitionnisme et de communisme sexuel. Au xi
6629
ymnes religieux »102. On les accusa naturellement
d’
exhibitionnisme et de communisme sexuel. Au xiiie siècle, on était mo
6630
On les accusa naturellement d’exhibitionnisme et
de
communisme sexuel. Au xiiie siècle, on était moins obtus. La chevale
6631
e sexuel. Au xiiie siècle, on était moins obtus.
La
chevalerie errante des Franciscains se répandit en Italie comme les t
6632
ante des Franciscains se répandit en Italie comme
les
troubadours s’étaient répandus dans le Midi de la France : par les ro
6633
lie comme les troubadours s’étaient répandus dans
le
Midi de la France : par les routes, sur les places, de village en châ
6634
’étaient répandus dans le Midi de la France : par
les
routes, sur les places, de village en château. Les poèmes de Jacopone
6635
s dans le Midi de la France : par les routes, sur
les
places, de village en château. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jong
6636
di de la France : par les routes, sur les places,
de
village en château. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Die
6637
es routes, sur les places, de village en château.
Les
poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes de ses i
6638
sur les places, de village en château. Les poèmes
de
Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes de ses imitateurs,
6639
âteau. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur
de
Dieu », les laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine
6640
poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu »,
les
laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne,
6641
acopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes
de
ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre d
6642
jongleur de Dieu », les laudes de ses imitateurs,
les
lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre de la bienheureuse An
6643
Dieu », les laudes de ses imitateurs, les lettres
de
sainte Catherine de Sienne, le Livre de la bienheureuse Angèle de Fol
6644
teurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne,
le
Livre de la bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fio
6645
s lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre
de
la bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fioretti 103
6646
ettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre de
la
bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fioretti 103, a
6647
et tant de récits des Fioretti 103, attestent que
la
rhétorique des troubadours et des romans courtois sont les sources di
6648
rique des troubadours et des romans courtois sont
les
sources directes du lyrisme franciscain, lequel à son tour devait inf
6649
quel à son tour devait influencer si profondément
le
langage mystique des siècles suivants. Souviens-toi, ô créature, que
6650
res en cette boue, tu devras rester toujours dans
les
ténèbres. lit-on dans une des laudes attribuée à Jacopone da Todi ou
6651
ou à son entourage, et cet « angélisme » rappelle
d’
une manière inquiétante celui des cathares. D’autres laudes, pour être
6652
res laudes, pour être plus évidemment catholiques
d’
inspiration, n’en sont que plus « érotiques » ou « courtoises » de lan
6653
’en sont que plus « érotiques » ou « courtoises »
de
langage : Mon cœur se fond comme la glace au feu lorsque étroitement
6654
courtoises » de langage : Mon cœur se fond comme
la
glace au feu lorsque étroitement j’embrasse mon Seigneur, criant : l’
6655
que étroitement j’embrasse mon Seigneur, criant :
l’
amour de l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans
6656
itement j’embrasse mon Seigneur, criant : l’amour
de
l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans les fla
6657
ment j’embrasse mon Seigneur, criant : l’amour de
l’
Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans les flamme
6658
iant : l’amour de l’Amour me consume, je m’unis à
l’
Amour, enivré d’amour. Dans les flammes, je brûle et je languis, en cr
6659
e l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré
d’
amour. Dans les flammes, je brûle et je languis, en criant ; en vivant
6660
onsume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans
les
flammes, je brûle et je languis, en criant ; en vivant, je meurs, et
6661
, je vis. Pourtant, je n’aime pas, mais j’ai soif
d’
aimer, et j’ai faim de m’unir à l’Amour.104 5.La Rhétorique court
6662
n’aime pas, mais j’ai soif d’aimer, et j’ai faim
de
m’unir à l’Amour.104 5.La Rhétorique courtoise chez les mystique
6663
mais j’ai soif d’aimer, et j’ai faim de m’unir à
l’
Amour.104 5.La Rhétorique courtoise chez les mystiques espagnols
6664
à l’Amour.104 5.La Rhétorique courtoise chez
les
mystiques espagnols Si maintenant nous parcourons les textes des g
6665
tiques espagnols Si maintenant nous parcourons
les
textes des grands mystiques espagnols, sainte Thérèse et saint Jean d
6666
iècle, nous y retrouvons, jusque dans ses nuances
les
plus précieuses, la rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut
6667
ons, jusque dans ses nuances les plus précieuses,
la
rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut d’une anthologie qui
6668
uances les plus précieuses, la rhétorique entière
de
l’amour courtois. À défaut d’une anthologie qui tiendrait décidément
6669
ces les plus précieuses, la rhétorique entière de
l’
amour courtois. À défaut d’une anthologie qui tiendrait décidément tro
6670
rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut
d’
une anthologie qui tiendrait décidément trop de place105 bornons-nous
6671
ut d’une anthologie qui tiendrait décidément trop
de
place105 bornons-nous à énumérer les principaux thèmes communs aux tr
6672
cidément trop de place105 bornons-nous à énumérer
les
principaux thèmes communs aux troubadours et aux mystiques orthodoxes
6673
oubadours et aux mystiques orthodoxes : « Mourir
de
ne pas mourir.106 » La « brûlure suave ». Le « dard d’amour » qui ble
6674
ues orthodoxes : « Mourir de ne pas mourir.106 »
La
« brûlure suave ». Le « dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « sal
6675
urir de ne pas mourir.106 » La « brûlure suave ».
Le
« dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour. La pa
6676
pas mourir.106 » La « brûlure suave ». Le « dard
d’
amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour. La passion qui
6677
uave ». Le « dard d’amour » qui blesse sans tuer.
Le
« salut » de l’amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres.
6678
dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut »
de
l’amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion q
6679
d d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de
l’
amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion qui
6680
» qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour.
La
passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion qui décolore
6681
. La passion qui « isole » du monde et des êtres.
La
passion qui décolore tout autre amour. Se plaindre d’un mal que l’on
6682
assion qui décolore tout autre amour. Se plaindre
d’
un mal que l’on préfère cependant à toute joie et à tout bien terrestr
6683
colore tout autre amour. Se plaindre d’un mal que
l’
on préfère cependant à toute joie et à tout bien terrestre. Déplorer q
6684
toute joie et à tout bien terrestre. Déplorer que
les
mots trahissent le sentiment « ineffable » et qu’il faut pourtant dir
6685
bien terrestre. Déplorer que les mots trahissent
le
sentiment « ineffable » et qu’il faut pourtant dire. L’amour qui puri
6686
timent « ineffable » et qu’il faut pourtant dire.
L’
amour qui purifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir de l’amour s
6687
L’amour qui purifie et chasse toute pensée vile.
Le
vouloir de l’amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’
6688
i purifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir
de
l’amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’amour, dont
6689
urifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir de
l’
amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’amour, dont il
6690
loir de l’amour se substituant au vouloir propre.
Le
« combat » d’amour, dont il faut sortir vaincu. Le symbolisme des « c
6691
r se substituant au vouloir propre. Le « combat »
d’
amour, dont il faut sortir vaincu. Le symbolisme des « châteaux », hav
6692
e « combat » d’amour, dont il faut sortir vaincu.
Le
symbolisme des « châteaux », havres de l’amour. Le symbolisme du « mi
6693
ir vaincu. Le symbolisme des « châteaux », havres
de
l’amour. Le symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’a
6694
vaincu. Le symbolisme des « châteaux », havres de
l’
amour. Le symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’amou
6695
e symbolisme des « châteaux », havres de l’amour.
Le
symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’amour parfait
6696
olisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à
l’
amour parfait. Le « cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt » d
6697
r », amour imparfait renvoyant à l’amour parfait.
Le
« cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt » d’amour. L’amour c
6698
it renvoyant à l’amour parfait. Le « cœur volé »,
l’
« entendement ravi », le « rapt » d’amour. L’amour considéré comme « c
6699
arfait. Le « cœur volé », l’« entendement ravi »,
le
« rapt » d’amour. L’amour considéré comme « connaissance » suprême (c
6700
cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt »
d’
amour. L’amour considéré comme « connaissance » suprême (canoscenza en
6701
é », l’« entendement ravi », le « rapt » d’amour.
L’
amour considéré comme « connaissance » suprême (canoscenza en provença
6702
ce » suprême (canoscenza en provençal). Sur quoi
le
psychologue matérialiste (cela va de Voltaire à Freud) conclut avec u
6703
). Sur quoi le psychologue matérialiste (cela va
de
Voltaire à Freud) conclut avec une bizarre assurance, et sur la foi d
6704
Freud) conclut avec une bizarre assurance, et sur
la
foi du seul langage, que tout cela relève d’une déviation sexuelle. E
6705
sur la foi du seul langage, que tout cela relève
d’
une déviation sexuelle. Et l’on sait que les conclusions des savants d
6706
que tout cela relève d’une déviation sexuelle. Et
l’
on sait que les conclusions des savants du xixe siècle sont devenues
6707
relève d’une déviation sexuelle. Et l’on sait que
les
conclusions des savants du xixe siècle sont devenues nos préjugés co
6708
nues nos préjugés courants. Mais sans compter que
le
jugement matérialiste sur les mystiques est plus révélateur de l’obse
6709
ais sans compter que le jugement matérialiste sur
les
mystiques est plus révélateur de l’obsession de ceux qui le portent q
6710
atérialiste sur les mystiques est plus révélateur
de
l’obsession de ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le po
6711
rialiste sur les mystiques est plus révélateur de
l’
obsession de ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le porte
6712
les mystiques est plus révélateur de l’obsession
de
ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le porte, il repose
6713
es est plus révélateur de l’obsession de ceux qui
le
portent que de l’objet sur lequel on le porte, il repose sur une doub
6714
élateur de l’obsession de ceux qui le portent que
de
l’objet sur lequel on le porte, il repose sur une double erreur histo
6715
teur de l’obsession de ceux qui le portent que de
l’
objet sur lequel on le porte, il repose sur une double erreur historiq
6716
ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on
le
porte, il repose sur une double erreur historique et psychologique. C
6717
uble erreur historique et psychologique. Car : 1°
le
langage de la passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’
6718
historique et psychologique. Car : 1° le langage
de
la passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à
6719
storique et psychologique. Car : 1° le langage de
la
passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à l’o
6720
ue. Car : 1° le langage de la passion — tel qu’on
le
retrouve chez les mystiques — n’est pas, à l’origine, celui des sens
6721
angage de la passion — tel qu’on le retrouve chez
les
mystiques — n’est pas, à l’origine, celui des sens et de la nature, m
6722
’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à
l’
origine, celui des sens et de la nature, mais il est au contraire la r
6723
iques — n’est pas, à l’origine, celui des sens et
de
la nature, mais il est au contraire la rhétorique d’une ascèse étroit
6724
es — n’est pas, à l’origine, celui des sens et de
la
nature, mais il est au contraire la rhétorique d’une ascèse étroiteme
6725
es sens et de la nature, mais il est au contraire
la
rhétorique d’une ascèse étroitement liée à l’hérésie méridionale du x
6726
la nature, mais il est au contraire la rhétorique
d’
une ascèse étroitement liée à l’hérésie méridionale du xiie siècle ;
6727
ire la rhétorique d’une ascèse étroitement liée à
l’
hérésie méridionale du xiie siècle ; 2° des génies comme saint Jean d
6728
e étaient mieux avertis que quiconque des dangers
de
la « luxure spirituelle ». (C’est l’expression de saint Jean de la Cr
6729
taient mieux avertis que quiconque des dangers de
la
« luxure spirituelle ». (C’est l’expression de saint Jean de la Croix
6730
des dangers de la « luxure spirituelle ». (C’est
l’
expression de saint Jean de la Croix.) Or tous les deux en parlent ave
6731
de la « luxure spirituelle ». (C’est l’expression
de
saint Jean de la Croix.) Or tous les deux en parlent avec une liberté
6732
l’expression de saint Jean de la Croix.) Or tous
les
deux en parlent avec une liberté telle que l’on ne voit plus ce que p
6733
us les deux en parlent avec une liberté telle que
l’
on ne voit plus ce que pourrait signifier, dans leur cas, le soupçon h
6734
it plus ce que pourrait signifier, dans leur cas,
le
soupçon habituel de « refoulement ». ⁂ Reprenons ces deux arguments.
6735
ait signifier, dans leur cas, le soupçon habituel
de
« refoulement ». ⁂ Reprenons ces deux arguments. Et tout d’abord, sou
6736
x arguments. Et tout d’abord, soulignons bien que
le
langage des mystiques ne saurait être confondu avec la nature profond
6737
ngage des mystiques ne saurait être confondu avec
la
nature profonde de l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de
6738
ne saurait être confondu avec la nature profonde
de
l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : «
6739
saurait être confondu avec la nature profonde de
l’
expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : « On
6740
de l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit
de
sainte Thérèse : « On a démêlé les sources de nombre de ses images… M
6741
J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : « On a démêlé
les
sources de nombre de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement le
6742
rit de sainte Thérèse : « On a démêlé les sources
de
nombre de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines
6743
nte Thérèse : « On a démêlé les sources de nombre
de
ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines de ce lang
6744
de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement
les
origines de ce langage psychologique où se traduit sans doute, le plu
6745
s… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines
de
ce langage psychologique où se traduit sans doute, le plus purement,
6746
e langage psychologique où se traduit sans doute,
le
plus purement, sa nature ?107 » Tous les mystiques, et sainte Thérèse
6747
ns doute, le plus purement, sa nature ?107 » Tous
les
mystiques, et sainte Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas
6748
ques, et sainte Thérèse la première, se plaignent
de
n’avoir pas de mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres
6749
Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas
de
mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres de Dieu telles
6750
pas de mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer
les
œuvres de Dieu telles qu’ils les vivent dans leur âme. Et leurs silen
6751
nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres
de
Dieu telles qu’ils les vivent dans leur âme. Et leurs silences furent
6752
bras) pour louer les œuvres de Dieu telles qu’ils
les
vivent dans leur âme. Et leurs silences furent plus réels que leurs p
6753
ls que leurs paroles. Il ne s’agit donc, ici, que
de
tenir compte des éléments hérités de leur langage littéraire. Or s’il
6754
nc, ici, que de tenir compte des éléments hérités
de
leur langage littéraire. Or s’il faut se borner à un exemple qui est
6755
’il faut se borner à un exemple qui est à la fois
le
plus fameux, le mieux connu, et celui qui a le plus égaré nos savants
6756
er à un exemple qui est à la fois le plus fameux,
le
mieux connu, et celui qui a le plus égaré nos savants, le fait est qu
6757
is le plus fameux, le mieux connu, et celui qui a
le
plus égaré nos savants, le fait est que sainte Thérèse utilise consta
6758
connu, et celui qui a le plus égaré nos savants,
le
fait est que sainte Thérèse utilise constamment, et même raffine la r
6759
inte Thérèse utilise constamment, et même raffine
la
rhétorique courtoise. S’agit-il d’influences littéraires ? Ou de cour
6760
t même raffine la rhétorique courtoise. S’agit-il
d’
influences littéraires ? Ou de courants hérétiques souterrains ? Ou d’
6761
ourtoise. S’agit-il d’influences littéraires ? Ou
de
courants hérétiques souterrains ? Ou d’une recréation autonome, qui p
6762
ires ? Ou de courants hérétiques souterrains ? Ou
d’
une recréation autonome, qui pourrait s’expliquer en partie sur la bas
6763
autonome, qui pourrait s’expliquer en partie sur
la
base des remarques que nous faisions au précédent chapitre ? « Commen
6764
e recomposée ?108 » Je ne pense pas que personne,
de
nos jours, soit en mesure de trancher toutes ces questions. Les spéci
6765
se pas que personne, de nos jours, soit en mesure
de
trancher toutes ces questions. Les spécialistes les mieux informés hé
6766
soit en mesure de trancher toutes ces questions.
Les
spécialistes les mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit d’at
6767
e trancher toutes ces questions. Les spécialistes
les
mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit d’attribuer à tel mys
6768
s mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit
d’
attribuer à tel mystique fort bien connu, et orthodoxe par-dessus le m
6769
mystique fort bien connu, et orthodoxe par-dessus
le
marché (Ruysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’origine de termes
6770
marché (Ruysbroek ou sainte Thérèse par exemple)
l’
origine de termes précis dont saint Jean de la Croix fait usage. Nous
6771
uysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’origine
de
termes précis dont saint Jean de la Croix fait usage. Nous pouvons ce
6772
uelques sources certaines. « On a souvent signalé
le
goût des mystiques pour la littérature chevaleresque. Sainte Thérèse
6773
« On a souvent signalé le goût des mystiques pour
la
littérature chevaleresque. Sainte Thérèse raffolait dans sa jeunesse
6774
nte Thérèse raffolait dans sa jeunesse des romans
de
chevalerie (voir sa Vie par elle-même, chap. ii) ; elle eut même, par
6775
elle-même, chap. ii) ; elle eut même, paraît-il,
l’
idée d’en composer un en collaboration avec son frère Rodrigue.109 » N
6776
ême, chap. ii) ; elle eut même, paraît-il, l’idée
d’
en composer un en collaboration avec son frère Rodrigue.109 » Nous sav
6777
frère Rodrigue.109 » Nous savons d’autre part que
les
auteurs religieux dont elle faisait sa nourriture intellectuelle étai
6778
iture intellectuelle étaient tous fortement imbus
de
rhétorique courtoise et chevaleresque. La question a d’ailleurs été t
6779
t imbus de rhétorique courtoise et chevaleresque.
La
question a d’ailleurs été traitée, par un auteur qui offre toutes les
6780
leurs été traitée, par un auteur qui offre toutes
les
garanties de sérieux et d’information110, et en des termes qui me par
6781
tée, par un auteur qui offre toutes les garanties
de
sérieux et d’information110, et en des termes qui me paraissent trop
6782
teur qui offre toutes les garanties de sérieux et
d’
information110, et en des termes qui me paraissent trop significatifs
6783
paraissent trop significatifs pour que j’hésite à
les
reproduire : Si l’on se borne à la conception de l’amour dans les ro
6784
ficatifs pour que j’hésite à les reproduire : Si
l’
on se borne à la conception de l’amour dans les romans de chevalerie e
6785
e j’hésite à les reproduire : Si l’on se borne à
la
conception de l’amour dans les romans de chevalerie et dans les trait
6786
es reproduire : Si l’on se borne à la conception
de
l’amour dans les romans de chevalerie et dans les traités spirituels
6787
reproduire : Si l’on se borne à la conception de
l’
amour dans les romans de chevalerie et dans les traités spirituels du
6788
Si l’on se borne à la conception de l’amour dans
les
romans de chevalerie et dans les traités spirituels du xvie siècle,
6789
borne à la conception de l’amour dans les romans
de
chevalerie et dans les traités spirituels du xvie siècle, on observe
6790
de l’amour dans les romans de chevalerie et dans
les
traités spirituels du xvie siècle, on observe d’intéressantes analog
6791
es traités spirituels du xvie siècle, on observe
d’
intéressantes analogies de fond et de forme. a) le noble langage d’Am
6792
vie siècle, on observe d’intéressantes analogies
de
fond et de forme. a) le noble langage d’Amadis, ses métaphores éroti
6793
, on observe d’intéressantes analogies de fond et
de
forme. a) le noble langage d’Amadis, ses métaphores érotiques, ses s
6794
’intéressantes analogies de fond et de forme. a)
le
noble langage d’Amadis, ses métaphores érotiques, ses subtiles précio
6795
alogies de fond et de forme. a) le noble langage
d’
Amadis, ses métaphores érotiques, ses subtiles préciosités se retrouve
6796
Bernardino de Laredo et Malou de Chaide [maîtres
de
sainte Thérèse], aussi bien que dans les Exclamations et le Château i
6797
[maîtres de sainte Thérèse], aussi bien que dans
les
Exclamations et le Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs de
6798
Thérèse], aussi bien que dans les Exclamations et
le
Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs de romans de chevaleri
6799
amations et le Château intérieur. b) En Espagne,
les
auteurs de romans de chevalerie comme ceux des traités mystiques se c
6800
le Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs
de
romans de chevalerie comme ceux des traités mystiques se caractérisen
6801
intérieur. b) En Espagne, les auteurs de romans
de
chevalerie comme ceux des traités mystiques se caractérisent par le m
6802
e ceux des traités mystiques se caractérisent par
le
même réalisme quand ils sacrifient le sentiment du merveilleux à celu
6803
érisent par le même réalisme quand ils sacrifient
le
sentiment du merveilleux à celui d’une intimité plus familière et plu
6804
ls sacrifient le sentiment du merveilleux à celui
d’
une intimité plus familière et plus émouvante, comme ils tendent à met
6805
ère et plus émouvante, comme ils tendent à mettre
l’
humain et le divin sur le même plan, soit en contemplant le divin avec
6806
émouvante, comme ils tendent à mettre l’humain et
le
divin sur le même plan, soit en contemplant le divin avec des yeux pr
6807
mme ils tendent à mettre l’humain et le divin sur
le
même plan, soit en contemplant le divin avec des yeux profanes, soit
6808
et le divin sur le même plan, soit en contemplant
le
divin avec des yeux profanes, soit en considérant l’humain sous une i
6809
divin avec des yeux profanes, soit en considérant
l’
humain sous une interprétation divine. [C’est moi qui souligne.] c) S
6810
ion divine. [C’est moi qui souligne.] c) Surtout
l’
amour courtois et l’amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans la mêm
6811
oi qui souligne.] c) Surtout l’amour courtois et
l’
amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans la même conception héroïqu
6812
et l’amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans
la
même conception héroïque de l’obligation morale, de l’action et de la
6813
l’un et l’autre dans la même conception héroïque
de
l’obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis des
6814
un et l’autre dans la même conception héroïque de
l’
obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis des Ga
6815
même conception héroïque de l’obligation morale,
de
l’action et de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sain
6816
me conception héroïque de l’obligation morale, de
l’
action et de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte
6817
n héroïque de l’obligation morale, de l’action et
de
la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pour
6818
éroïque de l’obligation morale, de l’action et de
la
foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourrai
6819
de l’obligation morale, de l’action et de la foi.
La
devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourrait être é
6820
ation morale, de l’action et de la foi. La devise
d’
Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourrait être également «
6821
de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle
de
sainte Thérèse pourrait être également « aimer pour agir ». [Ici, je
6822
pour agir ». [Ici, je ferais quelques réserves :
l’
amour courtois, dans sa pureté première, aime pour souffrir, pour « pâ
6823
souffrir, pour « pâtir »…] d) Ce n’est pas dans
les
pauvres extravagances des romans de chevalerie mystique (la Gallarda
6824
est pas dans les pauvres extravagances des romans
de
chevalerie mystique (la Gallarda Espirituel, El divino Escarraman) qu
6825
extravagances des romans de chevalerie mystique (
la
Gallarda Espirituel, El divino Escarraman) qu’il faut chercher la syn
6826
rituel, El divino Escarraman) qu’il faut chercher
la
synthèse de l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troub
6827
ivino Escarraman) qu’il faut chercher la synthèse
de
l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troubadours prove
6828
no Escarraman) qu’il faut chercher la synthèse de
l’
amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troubadours provença
6829
’il faut chercher la synthèse de l’amour divin et
de
l’amour courtois, mais chez les troubadours provençaux du xiie siècl
6830
faut chercher la synthèse de l’amour divin et de
l’
amour courtois, mais chez les troubadours provençaux du xiie siècle.
6831
e l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez
les
troubadours provençaux du xiie siècle. Les plus féconds éléments de
6832
chez les troubadours provençaux du xiie siècle.
Les
plus féconds éléments de leur doctrine, de leur symbolisme et de leur
6833
ençaux du xiie siècle. Les plus féconds éléments
de
leur doctrine, de leur symbolisme et de leur terminologie passent dan
6834
ècle. Les plus féconds éléments de leur doctrine,
de
leur symbolisme et de leur terminologie passent dans la mystique du x
6835
éléments de leur doctrine, de leur symbolisme et
de
leur terminologie passent dans la mystique du xiiie siècle par l’int
6836
r symbolisme et de leur terminologie passent dans
la
mystique du xiiie siècle par l’intermédiaire de saint François d’Ass
6837
aire de saint François d’Assise. En se limitant à
l’
évolution de sainte Thérèse, on constate que les romans de chevalerie
6838
t François d’Assise. En se limitant à l’évolution
de
sainte Thérèse, on constate que les romans de chevalerie ont eu sur e
6839
à l’évolution de sainte Thérèse, on constate que
les
romans de chevalerie ont eu sur elle une influence psychologique, et
6840
ion de sainte Thérèse, on constate que les romans
de
chevalerie ont eu sur elle une influence psychologique, et une influe
6841
ne influence littéraire qui apparaît surtout dans
le
symbolisme guerrier du combat spirituel et du Château intérieur. Ext
6842
u intérieur. Extraordinaire retour et assomption
de
l’hérésie, par le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Ég
6843
ntérieur. Extraordinaire retour et assomption de
l’
hérésie, par le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Églis
6844
aordinaire retour et assomption de l’hérésie, par
le
détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que l’Égl
6845
retour et assomption de l’hérésie, par le détour
d’
une rhétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que l’Église lui re
6846
le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre
l’
Église, et que l’Église lui reprend par ses saints ! Résumons les étap
6847
hétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que
l’
Église lui reprend par ses saints ! Résumons les étapes de l’aventure
6848
ue l’Église lui reprend par ses saints ! Résumons
les
étapes de l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à
6849
lui reprend par ses saints ! Résumons les étapes
de
l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, el
6850
i reprend par ses saints ! Résumons les étapes de
l’
aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, elle
6851
ses saints ! Résumons les étapes de l’aventure :
l’
hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à se
6852
e l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend
de
l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à se confondre avec la poésie d’un amou
6853
’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de
l’
Éros à Vénus, elle va jusqu’à se confondre avec la poésie d’un amour q
6854
l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à se confondre avec
la
poésie d’un amour qui serait tout profane ; elle espère par ce déguis
6855
énus, elle va jusqu’à se confondre avec la poésie
d’
un amour qui serait tout profane ; elle espère par ce déguisement écha
6856
e déguisement échapper aux persécutions et sauver
le
« secret » juré ; mais sa ruse réussit trop bien, flatte trop bien le
6857
mais sa ruse réussit trop bien, flatte trop bien
les
désirs naturels ; peu à peu, l’hérésie disparaît aux yeux des mondain
6858
flatte trop bien les désirs naturels ; peu à peu,
l’
hérésie disparaît aux yeux des mondains abusés par le charme trompeur
6859
érésie disparaît aux yeux des mondains abusés par
le
charme trompeur de l’art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici
6860
x yeux des mondains abusés par le charme trompeur
de
l’art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici que cent ans et tro
6861
eux des mondains abusés par le charme trompeur de
l’
art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici que cent ans et trois-
6862
e charme trompeur de l’art : ils n’en gardent que
la
poésie ; et voici que cent ans et trois-cents ans plus tard, ce vêtem
6863
nt dont on a oublié qu’il cachait autre chose que
la
nature, — c’est la mystique chrétienne qui vient le reprendre pour en
6864
qu’il cachait autre chose que la nature, — c’est
la
mystique chrétienne qui vient le reprendre pour en revêtir Agapè ! ⁂
6865
nature, — c’est la mystique chrétienne qui vient
le
reprendre pour en revêtir Agapè ! ⁂ Quant à la psychologie dont relèv
6866
nt le reprendre pour en revêtir Agapè ! ⁂ Quant à
la
psychologie dont relèverait cette préférence pour le langage passionn
6867
psychologie dont relèverait cette préférence pour
le
langage passionnel, elle a été interprétée généralement selon la supe
6868
ionnel, elle a été interprétée généralement selon
la
superstition matérialiste111. On a « ramené » tout ce qu’on pouvait —
6869
mené » tout ce qu’on pouvait — et un peu plus — à
l’
instinct sexuel « dévoyé ». Le xixe siècle, dans l’ensemble, n’est ja
6870
et un peu plus — à l’instinct sexuel « dévoyé ».
Le
xixe siècle, dans l’ensemble, n’est jamais plus heureux que lorsqu’i
6871
instinct sexuel « dévoyé ». Le xixe siècle, dans
l’
ensemble, n’est jamais plus heureux que lorsqu’il peut « ramener » le
6872
amais plus heureux que lorsqu’il peut « ramener »
le
supérieur à l’inférieur, le spirituel au matériel, le significatif à
6873
eux que lorsqu’il peut « ramener » le supérieur à
l’
inférieur, le spirituel au matériel, le significatif à l’insignifiant.
6874
u’il peut « ramener » le supérieur à l’inférieur,
le
spirituel au matériel, le significatif à l’insignifiant. Et c’est ce
6875
upérieur à l’inférieur, le spirituel au matériel,
le
significatif à l’insignifiant. Et c’est ce qu’il appelle « expliquer
6876
ieur, le spirituel au matériel, le significatif à
l’
insignifiant. Et c’est ce qu’il appelle « expliquer ». Que ce soit, la
6877
x des pires dénis du sens critique, je n’ai pas à
le
montrer ici dans le détail : j’ai dit ailleurs112 qu’à mon avis, cett
6878
sens critique, je n’ai pas à le montrer ici dans
le
détail : j’ai dit ailleurs112 qu’à mon avis, cette propension moderne
6879
rs112 qu’à mon avis, cette propension moderne est
le
signe d’un ressentiment profond à l’endroit de la poésie, et en génér
6880
à mon avis, cette propension moderne est le signe
d’
un ressentiment profond à l’endroit de la poésie, et en général, de to
6881
le signe d’un ressentiment profond à l’endroit de
la
poésie, et en général, de toute activité créatrice — donc risquée — d
6882
profond à l’endroit de la poésie, et en général,
de
toute activité créatrice — donc risquée — de l’esprit. Mais il convie
6883
ral, de toute activité créatrice — donc risquée —
de
l’esprit. Mais il convient de préciser encore : que pour les hommes d
6884
, de toute activité créatrice — donc risquée — de
l’
esprit. Mais il convient de préciser encore : que pour les hommes du x
6885
ce — donc risquée — de l’esprit. Mais il convient
de
préciser encore : que pour les hommes du xvie siècle, le langage éro
6886
t. Mais il convient de préciser encore : que pour
les
hommes du xvie siècle, le langage érotique était plus innocent qu’à
6887
ser encore : que pour les hommes du xvie siècle,
le
langage érotique était plus innocent qu’à nos yeux. C’est nous qui so
6888
vrosés, héritiers du « puritanisme » embourgeoisé
d’
un xixe siècle incroyant. Saint Jean de la Croix, qui décrivit en une
6889
de la Croix, qui décrivit en une page remarquable
de
pénétration psychologique les mouvements de la chair attirée par l’él
6890
une page remarquable de pénétration psychologique
les
mouvements de la chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nui
6891
uable de pénétration psychologique les mouvements
de
la chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I,
6892
le de pénétration psychologique les mouvements de
la
chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I, v.
6893
chologique les mouvements de la chair attirée par
l’
élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I, v. 3) ne s’exagère pas p
6894
scure, I, v. 3) ne s’exagère pas plus qu’il ne se
la
dissimule la gravité relative de pareils accidents. Réciter ici les f
6895
3) ne s’exagère pas plus qu’il ne se la dissimule
la
gravité relative de pareils accidents. Réciter ici les formules « sub
6896
plus qu’il ne se la dissimule la gravité relative
de
pareils accidents. Réciter ici les formules « sublimation » et « refo
6897
ravité relative de pareils accidents. Réciter ici
les
formules « sublimation » et « refoulement », c’est simplement refuser
6898
on » et « refoulement », c’est simplement refuser
de
savoir de quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est la censure,
6899
refoulement », c’est simplement refuser de savoir
de
quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Th
6900
ent », c’est simplement refuser de savoir de quoi
l’
on parle. Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse éc
6901
ment refuser de savoir de quoi l’on parle. Où est
le
refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux
6902
de quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est
la
censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint de ressen
6903
orsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint
de
ressentir une émotion des sens chaque fois qu’il entre en oraison : «
6904
oraison : « Je trouve que cela est indifférent à
l’
oraison, et que le mieux est de n’y faire aucune attention. » De même,
6905
ouve que cela est indifférent à l’oraison, et que
le
mieux est de n’y faire aucune attention. » De même, à l’un de ses frè
6906
est indifférent à l’oraison, et que le mieux est
de
n’y faire aucune attention. » De même, à l’un de ses frères qui ne po
6907
de n’y faire aucune attention. » De même, à l’un
de
ses frères qui ne pouvait communier sans éprouver d’émoi sexuel, et à
6908
ses frères qui ne pouvait communier sans éprouver
d’
émoi sexuel, et à qui l’on avait ordonné en conséquence, de ne plus co
6909
t communier sans éprouver d’émoi sexuel, et à qui
l’
on avait ordonné en conséquence, de ne plus communier qu’une fois l’an
6910
xuel, et à qui l’on avait ordonné en conséquence,
de
ne plus communier qu’une fois l’an, saint Jean de la Croix conseille
6911
en conséquence, de ne plus communier qu’une fois
l’
an, saint Jean de la Croix conseille de ne pas s’inquiéter, de recevoi
6912
u’une fois l’an, saint Jean de la Croix conseille
de
ne pas s’inquiéter, de recevoir le sacrement chaque semaine, quoi qu’
6913
Jean de la Croix conseille de ne pas s’inquiéter,
de
recevoir le sacrement chaque semaine, quoi qu’il advienne, — et le fr
6914
roix conseille de ne pas s’inquiéter, de recevoir
le
sacrement chaque semaine, quoi qu’il advienne, — et le frère se trouv
6915
crement chaque semaine, quoi qu’il advienne, — et
le
frère se trouve guéri, parce qu’il cesse de craindre à l’excès. S’il
6916
— et le frère se trouve guéri, parce qu’il cesse
de
craindre à l’excès. S’il faut parler encore de psychanalyse, reconnai
6917
se trouve guéri, parce qu’il cesse de craindre à
l’
excès. S’il faut parler encore de psychanalyse, reconnaissons que Jean
6918
se de craindre à l’excès. S’il faut parler encore
de
psychanalyse, reconnaissons que Jean de la Croix joue ici le rôle du
6919
lyse, reconnaissons que Jean de la Croix joue ici
le
rôle du médecin, et non du pauvre névrosé. « Il vous semblera peut-êt
6920
èse, que certaines choses qui se rencontrent dans
le
Cantique des Cantiques auraient pu s’exprimer d’une autre manière. Vu
6921
le Cantique des Cantiques auraient pu s’exprimer
d’
une autre manière. Vu notre grossièreté, je ne serais pas surprise que
6922
é, je ne serais pas surprise que cela nous vînt à
l’
esprit. J’ai même entendu dire à certaines personnes qu’elles évitaien
6923
ndu dire à certaines personnes qu’elles évitaient
de
les entendre. Ô Dieu ! que notre misère est grande ! Il nous arrive c
6924
dire à certaines personnes qu’elles évitaient de
les
entendre. Ô Dieu ! que notre misère est grande ! Il nous arrive comme
6925
ui changent en poison tout ce qu’ils mangent… » ⁂
De
la comparaison formelle des écrits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbr
6926
changent en poison tout ce qu’ils mangent… » ⁂ De
la
comparaison formelle des écrits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek
6927
angent… » ⁂ De la comparaison formelle des écrits
d’
un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de la
6928
raison formelle des écrits d’un Eckhart avec ceux
d’
un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de la Croix, nous pouvons mai
6929
des écrits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek,
d’
une Thérèse et d’un Jean de la Croix, nous pouvons maintenant tirer ce
6930
ckhart avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et
d’
un Jean de la Croix, nous pouvons maintenant tirer cette conclusion :
6931
nous pouvons maintenant tirer cette conclusion :
la
nature des métaphores empruntées au langage courant par les mystiques
6932
des métaphores empruntées au langage courant par
les
mystiques n’est pas sans d’étroites relations avec leur doctrine de l
6933
langage courant par les mystiques n’est pas sans
d’
étroites relations avec leur doctrine de l’union ou leur foi dans l’In
6934
pas sans d’étroites relations avec leur doctrine
de
l’union ou leur foi dans l’Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de
6935
s sans d’étroites relations avec leur doctrine de
l’
union ou leur foi dans l’Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de la
6936
ns avec leur doctrine de l’union ou leur foi dans
l’
Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de la Croix sont très nettemen
6937
christocentriques ». Tout chez eux part du drame
de
la séparation instituée par le péché entre l’homme et son Créateur ;
6938
ristocentriques ». Tout chez eux part du drame de
la
séparation instituée par le péché entre l’homme et son Créateur ; tou
6939
eux part du drame de la séparation instituée par
le
péché entre l’homme et son Créateur ; tout aboutit à des instants de
6940
ame de la séparation instituée par le péché entre
l’
homme et son Créateur ; tout aboutit à des instants de communion activ
6941
mme et son Créateur ; tout aboutit à des instants
de
communion active dans la Grâce, et c’est cela qu’ils appellent « mari
6942
t aboutit à des instants de communion active dans
la
Grâce, et c’est cela qu’ils appellent « mariage » — cette communion d
6943
la qu’ils appellent « mariage » — cette communion
de
l’âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme sé
6944
qu’ils appellent « mariage » — cette communion de
l’
âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme sépar
6945
cette communion de l’âme élue et du Christ époux
de
l’Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est la passion, — et la p
6946
tte communion de l’âme élue et du Christ époux de
l’
Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est la passion, — et la pass
6947
e l’âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais
la
voie de l’homme séparé, c’est la passion, — et la passion est partout
6948
élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie
de
l’homme séparé, c’est la passion, — et la passion est partout dans le
6949
e et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de
l’
homme séparé, c’est la passion, — et la passion est partout dans leurs
6950
e l’Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est
la
passion, — et la passion est partout dans leurs œuvres, tandis qu’ell
6951
la voie de l’homme séparé, c’est la passion, — et
la
passion est partout dans leurs œuvres, tandis qu’elle est absente de
6952
out dans leurs œuvres, tandis qu’elle est absente
de
celles d’Eckhart. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe — la mo
6953
eurs œuvres, tandis qu’elle est absente de celles
d’
Eckhart. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe — la moins suspec
6954
bsente de celles d’Eckhart. Voilà pourquoi ce fut
la
mystique orthodoxe — la moins suspecte de troubles complaisances ! —
6955
rt. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe —
la
moins suspecte de troubles complaisances ! — qui se vit portée par l’
6956
ce fut la mystique orthodoxe — la moins suspecte
de
troubles complaisances ! — qui se vit portée par l’objet même de sa f
6957
troubles complaisances ! — qui se vit portée par
l’
objet même de sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de l’amou
6958
plaisances ! — qui se vit portée par l’objet même
de
sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de l’amour-passion. Us
6959
de sa foi à user, et parfois à abuser, du langage
de
l’amour-passion. Usage et abus dont la psychologie moderne devait néc
6960
sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de
l’
amour-passion. Usage et abus dont la psychologie moderne devait nécess
6961
du langage de l’amour-passion. Usage et abus dont
la
psychologie moderne devait nécessairement tirer des conclusions confo
6962
bon sens, mais qui me paraissent controuvées par
l’
Histoire. 6.Note sur la métaphore Pourtant tout n’est pas expliq
6963
aissent controuvées par l’Histoire. 6.Note sur
la
métaphore Pourtant tout n’est pas expliqué par ces considérations
6964
dérations historiques. Car on peut reculer encore
la
question, et dire : le langage passionnel vient de la mystique cathar
6965
Car on peut reculer encore la question, et dire :
le
langage passionnel vient de la mystique cathare, admettons-le ; mais
6966
uestion, et dire : le langage passionnel vient de
la
mystique cathare, admettons-le ; mais cette mystique, à son tour, ne
6967
assionnel vient de la mystique cathare, admettons-
le
; mais cette mystique, à son tour, ne se ramène-t-elle pas à des disp
6968
sitions physiologiques sublimées ? Rien ne permet
de
l’affirmer historiquement. En théorie cependant l’objection reste pos
6969
ions physiologiques sublimées ? Rien ne permet de
l’
affirmer historiquement. En théorie cependant l’objection reste possib
6970
e l’affirmer historiquement. En théorie cependant
l’
objection reste possible, et même inévitable. On connaît le casse-tête
6971
on reste possible, et même inévitable. On connaît
le
casse-tête philosophique : qui a commencé, la poule ou l’œuf ? La mêm
6972
aît le casse-tête philosophique : qui a commencé,
la
poule ou l’œuf ? La même question se repose, non moins insoluble, qua
6973
-tête philosophique : qui a commencé, la poule ou
l’
œuf ? La même question se repose, non moins insoluble, quand il s’agit
6974
ilosophique : qui a commencé, la poule ou l’œuf ?
La
même question se repose, non moins insoluble, quand il s’agit de savo
6975
n se repose, non moins insoluble, quand il s’agit
de
savoir, en fin de compte, si c’est l’« esprit » ou la « matière » qui
6976
d il s’agit de savoir, en fin de compte, si c’est
l’
« esprit » ou la « matière » qui sont la cause des phénomènes où tous
6977
avoir, en fin de compte, si c’est l’« esprit » ou
la
« matière » qui sont la cause des phénomènes où tous les deux sont im
6978
si c’est l’« esprit » ou la « matière » qui sont
la
cause des phénomènes où tous les deux sont impliqués. Par exemple, da
6979
atière » qui sont la cause des phénomènes où tous
les
deux sont impliqués. Par exemple, dans le cas du langage mystique : s
6980
ù tous les deux sont impliqués. Par exemple, dans
le
cas du langage mystique : sommes-nous en présence d’une matérialisati
6981
alisation du spirituel — et celui-ci serait alors
la
cause première — ou au contraire d’une sublimation de phénomènes phys
6982
serait alors la cause première — ou au contraire
d’
une sublimation de phénomènes physiologiques, lesquels seraient à la b
6983
ause première — ou au contraire d’une sublimation
de
phénomènes physiologiques, lesquels seraient à la base de ce qui se t
6984
de phénomènes physiologiques, lesquels seraient à
la
base de ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit la réponse qu’on d
6985
mènes physiologiques, lesquels seraient à la base
de
ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit la réponse qu’on donnera,
6986
ase de ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit
la
réponse qu’on donnera, une chose demeure certaine : c’est que nous so
6987
n empirique. Mais en fait, personne ne s’y tient.
La
conscience moderne, par exemple, victime des réflexes que lui a donné
6988
ar exemple, victime des réflexes que lui a donnés
la
science matérialiste, tranche toujours le débat au bénéfice de ce qui
6989
donnés la science matérialiste, tranche toujours
le
débat au bénéfice de ce qui est le plus bas. Prenons le cas des métap
6990
térialiste, tranche toujours le débat au bénéfice
de
ce qui est le plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit d’un g
6991
anche toujours le débat au bénéfice de ce qui est
le
plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit d’un goût qu’il est
6992
at au bénéfice de ce qui est le plus bas. Prenons
le
cas des métaphores : on dit d’un goût qu’il est amer mais on dira aus
6993
plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit
d’
un goût qu’il est amer mais on dira aussi d’une douleur qu’elle est am
6994
n dit d’un goût qu’il est amer mais on dira aussi
d’
une douleur qu’elle est amère. Comment cela peut-il s’expliquer ? Tout
6995
e monde répond, sans hésiter, que lorsqu’on parle
d’
une douleur amère, on s’exprime par métaphore, au figuré. Le sens prop
6996
eur amère, on s’exprime par métaphore, au figuré.
Le
sens propre du mot « amer » serait alors celui qui concerne la sensat
6997
e du mot « amer » serait alors celui qui concerne
la
sensation physique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais d’où le sa
6998
physique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais
d’
où le sait-on ? Les personnes qui croient cela, le croient-elles pour
6999
ique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais d’où
le
sait-on ? Les personnes qui croient cela, le croient-elles pour des r
7000
our primitive. Il se peut. Mais d’où le sait-on ?
Les
personnes qui croient cela, le croient-elles pour des raisons qu’elle
7001
d’où le sait-on ? Les personnes qui croient cela,
le
croient-elles pour des raisons qu’elles seraient capables de donner ?
7002
elles pour des raisons qu’elles seraient capables
de
donner ? Ont-elles donc recherché si, chronologiquement, le sens « ma
7003
? Ont-elles donc recherché si, chronologiquement,
le
sens « matériel » d’un mot précède toujours le « spirituel », qui ne
7004
erché si, chronologiquement, le sens « matériel »
d’
un mot précède toujours le « spirituel », qui ne serait qu’une transpo
7005
t, le sens « matériel » d’un mot précède toujours
le
« spirituel », qui ne serait qu’une transposition, un à peu près, une
7006
nne ne se livre à ces recherches : on affirme sur
la
foi d’un préjugé que l’on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé co
7007
se livre à ces recherches : on affirme sur la foi
d’
un préjugé que l’on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé consiste
7008
cherches : on affirme sur la foi d’un préjugé que
l’
on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé consiste à croire que le p
7009
ens ou évidence. Ce préjugé consiste à croire que
le
physique est plus vrai et plus réel que le spirituel ; qu’il est donc
7010
re que le physique est plus vrai et plus réel que
le
spirituel ; qu’il est donc à la base de tout ; que c’est par lui que
7011
et plus réel que le spirituel ; qu’il est donc à
la
base de tout ; que c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme de
7012
réel que le spirituel ; qu’il est donc à la base
de
tout ; que c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme de ce préj
7013
de tout ; que c’est par lui que tout s’explique.
Le
mécanisme de ce préjugé a été défini et critiqué par le docteur Minko
7014
e c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme
de
ce préjugé a été défini et critiqué par le docteur Minkowski113 et Ar
7015
anisme de ce préjugé a été défini et critiqué par
le
docteur Minkowski113 et Arnaud Dandieu d’une manière pertinente et nu
7016
qué par le docteur Minkowski113 et Arnaud Dandieu
d’
une manière pertinente et nuancée. Selon ces deux auteurs, le sens dit
7017
re pertinente et nuancée. Selon ces deux auteurs,
le
sens dit « propre » et le sens dit « figuré » ne sauraient être « ram
7018
Selon ces deux auteurs, le sens dit « propre » et
le
sens dit « figuré » ne sauraient être « ramenés » l’un à l’autre, car
7019
uraient être « ramenés » l’un à l’autre, car tous
les
deux traduisent « proprement » dans des domaines différents, une réal
7020
ou spirituels. Sinon comment expliquerait-on que
le
même mot puisse servir à désigner des phénomènes aussi divers ? En vé
7021
ènes aussi divers ? En vérité, il n’y a pas moins
d’
amertume dans la douleur que dans le goût du sel, mais ce que nous dés
7022
s ? En vérité, il n’y a pas moins d’amertume dans
la
douleur que dans le goût du sel, mais ce que nous désignons dans l’un
7023
y a pas moins d’amertume dans la douleur que dans
le
goût du sel, mais ce que nous désignons dans l’une et l’autre par le
7024
s ce que nous désignons dans l’une et l’autre par
le
même mot, c’est une même manière d’être affecté, soit par les sens, s
7025
t l’autre par le même mot, c’est une même manière
d’
être affecté, soit par les sens, soit par la pensée, dans la totalité
7026
, c’est une même manière d’être affecté, soit par
les
sens, soit par la pensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi
7027
nière d’être affecté, soit par les sens, soit par
la
pensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi de nos métaphores
7028
ecté, soit par les sens, soit par la pensée, dans
la
totalité de notre existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses. Le m
7029
ar les sens, soit par la pensée, dans la totalité
de
notre existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses. Le moderne n’hés
7030
ensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi
de
nos métaphores amoureuses. Le moderne n’hésite pas à tenir ce raisonn
7031
re existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses.
Le
moderne n’hésite pas à tenir ce raisonnement : « Amour désigne pour m
7032
tenir ce raisonnement : « Amour désigne pour moi
l’
attrait sexuel — or sainte Thérèse parle sans cesse d’amour —, donc ce
7033
trait sexuel — or sainte Thérèse parle sans cesse
d’
amour —, donc cette mystique est une érotomane qui s’ignore. » Mais no
7034
sainte Thérèse n’ignore rien, et qu’au contraire,
les
amants « passionnés » sont sans doute des mystiques qui s’ignorent… A
7035
nt sans doute des mystiques qui s’ignorent… Ainsi
les
arguments s’annulent. Nous ne savons rien des origines premières. Ce
7036
s. Ce que nous avons pu dégager, c’est uniquement
le
jeu des deux facteurs dans l’évolution historique. Résumons-le encore
7037
r, c’est uniquement le jeu des deux facteurs dans
l’
évolution historique. Résumons-le encore une fois, pour plus de clarté
7038
ux facteurs dans l’évolution historique. Résumons-
le
encore une fois, pour plus de clarté. Notre langage passionnel nous v
7039
istorique. Résumons-le encore une fois, pour plus
de
clarté. Notre langage passionnel nous vient de la rhétorique des trou
7040
de clarté. Notre langage passionnel nous vient de
la
rhétorique des troubadours. Rhétorique ambiguë par excellence : une d
7041
une dogmatique manichéenne y compose des symboles
d’
attrait sexuel. Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant de la re
7042
el. Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant
de
la religion qui l’a créée, passe dans les mœurs, et devient langage c
7043
Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant de
la
religion qui l’a créée, passe dans les mœurs, et devient langage comm
7044
cette rhétorique se détachant de la religion qui
l’
a créée, passe dans les mœurs, et devient langage commun. Maintenant,
7045
étachant de la religion qui l’a créée, passe dans
les
mœurs, et devient langage commun. Maintenant, quand un mystique veut
7046
imer ses expériences ineffables, il est contraint
de
se servir de métaphores. Il les prend où il les trouve et telles qu’e
7047
riences ineffables, il est contraint de se servir
de
métaphores. Il les prend où il les trouve et telles qu’elles sont, qu
7048
, il est contraint de se servir de métaphores. Il
les
prend où il les trouve et telles qu’elles sont, quitte à les modifier
7049
nt de se servir de métaphores. Il les prend où il
les
trouve et telles qu’elles sont, quitte à les modifier par la suite. O
7050
ù il les trouve et telles qu’elles sont, quitte à
les
modifier par la suite. Or à partir du xiie siècle, les métaphores co
7051
t telles qu’elles sont, quitte à les modifier par
la
suite. Or à partir du xiie siècle, les métaphores courantes sont cel
7052
difier par la suite. Or à partir du xiie siècle,
les
métaphores courantes sont celles de la rhétorique courtoise. Que les
7053
iie siècle, les métaphores courantes sont celles
de
la rhétorique courtoise. Que les mystiques s’en emparent sans hésiter
7054
siècle, les métaphores courantes sont celles de
la
rhétorique courtoise. Que les mystiques s’en emparent sans hésiter ne
7055
antes sont celles de la rhétorique courtoise. Que
les
mystiques s’en emparent sans hésiter ne signifie donc pas du tout qu’
7056
nt » des passions sensuelles, mais simplement que
l’
expression habituelle de ces passions, créée d’ailleurs par une mystiq
7057
lles, mais simplement que l’expression habituelle
de
ces passions, créée d’ailleurs par une mystique, convient à l’express
7058
ns, créée d’ailleurs par une mystique, convient à
l’
expression de l’amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d
7059
illeurs par une mystique, convient à l’expression
de
l’amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d’autant plus
7060
eurs par une mystique, convient à l’expression de
l’
amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d’autant plus à l
7061
ur spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même
d’
autant plus à l’expression des rapports « malheureux » entretenus par
7062
ils vivent. Et elle convient même d’autant plus à
l’
expression des rapports « malheureux » entretenus par l’âme et son Die
7063
ession des rapports « malheureux » entretenus par
l’
âme et son Dieu, qu’elle s’est plus complètement humanisée, c’est-à-di
7064
lus complètement humanisée, c’est-à-dire détachée
de
l’hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme,
7065
complètement humanisée, c’est-à-dire détachée de
l’
hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme, ce
7066
umanisée, c’est-à-dire détachée de l’hérésie. Car
l’
hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait
7067
-dire détachée de l’hérésie. Car l’hérésie posait
l’
union possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin
7068
l’hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible
de
Dieu et de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de
7069
Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et
de
l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour
7070
r l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de
l’
âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour hu
7071
n possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait
le
bonheur divin et le malheur de tout amour humain ; tandis que l’ortho
7072
t de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et
le
malheur de tout amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que l’uni
7073
ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur
de
tout amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que l’union est impo
7074
n et le malheur de tout amour humain ; tandis que
l’
orthodoxie pose que l’union est impossible, ce qui entraîne le malheur
7075
t amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que
l’
union est impossible, ce qui entraîne le malheur divin et rend l’amour
7076
pose que l’union est impossible, ce qui entraîne
le
malheur divin et rend l’amour humain possible en ses limites. D’où il
7077
ossible, ce qui entraîne le malheur divin et rend
l’
amour humain possible en ses limites. D’où il résulte que le langage d
7078
n et rend l’amour humain possible en ses limites.
D’
où il résulte que le langage de la passion humaine selon l’hérésie cor
7079
main possible en ses limites. D’où il résulte que
le
langage de la passion humaine selon l’hérésie correspond au langage d
7080
le en ses limites. D’où il résulte que le langage
de
la passion humaine selon l’hérésie correspond au langage de la passio
7081
en ses limites. D’où il résulte que le langage de
la
passion humaine selon l’hérésie correspond au langage de la passion d
7082
ésulte que le langage de la passion humaine selon
l’
hérésie correspond au langage de la passion divine selon l’orthodoxie.
7083
ion humaine selon l’hérésie correspond au langage
de
la passion divine selon l’orthodoxie. On se trouve donc en présence
7084
humaine selon l’hérésie correspond au langage de
la
passion divine selon l’orthodoxie. On se trouve donc en présence d’u
7085
correspond au langage de la passion divine selon
l’
orthodoxie. On se trouve donc en présence d’une continuelle interacti
7086
ision tout arbitraire isolerait tel ou tel moment
de
cette dialectique permanente pour en faire la donnée première. 7.L
7087
ent de cette dialectique permanente pour en faire
la
donnée première. 7.Libération finale des mystiques Cette décisi
7088
s Cette décision tout arbitraire, il est temps
de
la prendre ici, et de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire
7089
Cette décision tout arbitraire, il est temps de
la
prendre ici, et de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de
7090
ut arbitraire, il est temps de la prendre ici, et
de
la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’ell
7091
arbitraire, il est temps de la prendre ici, et de
la
prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’elle s
7092
de la prendre ici, et de la prendre en faveur de
l’
esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’elle soit arbitraire en fin de
7093
de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire
de
sa primauté. Qu’elle soit arbitraire en fin de compte, ou ce qui revi
7094
nt au même, avant tout compte, n’exclut pas qu’on
l’
appuie de raisons. J’en marquerai trois. 1° Le langage passionnel me p
7095
e, avant tout compte, n’exclut pas qu’on l’appuie
de
raisons. J’en marquerai trois. 1° Le langage passionnel me paraît s’e
7096
’on l’appuie de raisons. J’en marquerai trois. 1°
Le
langage passionnel me paraît s’expliquer à partir de l’esprit, en cec
7097
gage passionnel me paraît s’expliquer à partir de
l’
esprit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe de la nature sur l’e
7098
partir de l’esprit, en ceci qu’il exprime non pas
le
triomphe de la nature sur l’esprit114, mais l’excès de l’esprit sur l
7099
esprit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe
de
la nature sur l’esprit114, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. «
7100
rit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe de
la
nature sur l’esprit114, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. « L’
7101
u’il exprime non pas le triomphe de la nature sur
l’
esprit114, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe l
7102
as le triomphe de la nature sur l’esprit114, mais
l’
excès de l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir es
7103
iomphe de la nature sur l’esprit114, mais l’excès
de
l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si gra
7104
phe de la nature sur l’esprit114, mais l’excès de
l’
esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si grand
7105
ure sur l’esprit114, mais l’excès de l’esprit sur
l’
instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse
7106
it114, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. «
L’
amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites d
7107
l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque
le
désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel », di
7108
xiste lorsque le désir est si grand qu’il dépasse
les
limites de l’amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti,
7109
e le désir est si grand qu’il dépasse les limites
de
l’amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie s
7110
e désir est si grand qu’il dépasse les limites de
l’
amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie sièc
7111
dépasse les limites de l’amour naturel », disait
le
troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or le fait de dépasser
7112
troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or
le
fait de dépasser les limites de l’instinct, définit l’homme en tant q
7113
ur Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or le fait
de
dépasser les limites de l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit
7114
alcanti, au xiiie siècle. Or le fait de dépasser
les
limites de l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fa
7115
xiiie siècle. Or le fait de dépasser les limites
de
l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui
7116
ie siècle. Or le fait de dépasser les limites de
l’
instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui no
7117
it de dépasser les limites de l’instinct, définit
l’
homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui nous permet de parler.
7118
ant qu’esprit. C’est ce fait seul qui nous permet
de
parler. Qu’est-ce que le langage en effet ? Le pouvoir de mentir auta
7119
ait seul qui nous permet de parler. Qu’est-ce que
le
langage en effet ? Le pouvoir de mentir autant que le pouvoir d’expri
7120
et de parler. Qu’est-ce que le langage en effet ?
Le
pouvoir de mentir autant que le pouvoir d’exprimer ce qui est. Un ani
7121
r. Qu’est-ce que le langage en effet ? Le pouvoir
de
mentir autant que le pouvoir d’exprimer ce qui est. Un animal est inc
7122
angage en effet ? Le pouvoir de mentir autant que
le
pouvoir d’exprimer ce qui est. Un animal est incapable de mentir, de
7123
ffet ? Le pouvoir de mentir autant que le pouvoir
d’
exprimer ce qui est. Un animal est incapable de mentir, de dire ce que
7124
ir d’exprimer ce qui est. Un animal est incapable
de
mentir, de dire ce que l’instinct ne fait pas, d’aller au-delà du néc
7125
er ce qui est. Un animal est incapable de mentir,
de
dire ce que l’instinct ne fait pas, d’aller au-delà du nécessaire et
7126
Un animal est incapable de mentir, de dire ce que
l’
instinct ne fait pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà de la s
7127
de mentir, de dire ce que l’instinct ne fait pas,
d’
aller au-delà du nécessaire et au-delà de la satisfaction. La passion,
7128
ait pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà
de
la satisfaction. La passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l
7129
pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà de
la
satisfaction. La passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l’él
7130
delà du nécessaire et au-delà de la satisfaction.
La
passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà
7131
ssaire et au-delà de la satisfaction. La passion,
l’
amour de l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instin
7132
t au-delà de la satisfaction. La passion, l’amour
de
l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instinct et qu
7133
u-delà de la satisfaction. La passion, l’amour de
l’
amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instinct et qui,
7134
a passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire
l’
élan qui va au-delà de l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct. L
7135
l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà
de
l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable d’un tel
7136
mour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de
l’
instinct et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable d’un tel me
7137
i va au-delà de l’instinct et qui, par là, ment à
l’
instinct. Le responsable d’un tel mensonge ne saurait être que « l’esp
7138
de l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct.
Le
responsable d’un tel mensonge ne saurait être que « l’esprit ». (On s
7139
et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable
d’
un tel mensonge ne saurait être que « l’esprit ». (On sent ici à quell
7140
sponsable d’un tel mensonge ne saurait être que «
l’
esprit ». (On sent ici à quelle profondeur l’amour-passion, l’expressi
7141
ue « l’esprit ». (On sent ici à quelle profondeur
l’
amour-passion, l’expression et le mensonge se trouvent liés. Et n’est-
7142
(On sent ici à quelle profondeur l’amour-passion,
l’
expression et le mensonge se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique
7143
uelle profondeur l’amour-passion, l’expression et
le
mensonge se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique de toute passion
7144
songe se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique
de
toute passion, cette volonté de s’exprimer, de se décrire comme pour
7145
-elle pas typique de toute passion, cette volonté
de
s’exprimer, de se décrire comme pour mieux jouir de soi-même ? Mais a
7146
ue de toute passion, cette volonté de s’exprimer,
de
se décrire comme pour mieux jouir de soi-même ? Mais aussi cette conv
7147
s’exprimer, de se décrire comme pour mieux jouir
de
soi-même ? Mais aussi cette conviction que les autres ne comprendront
7148
uir de soi-même ? Mais aussi cette conviction que
les
autres ne comprendront pas, et que s’ils questionnent ou accusent, on
7149
accusent, on ne peut alors que mentir pour sauver
l’
essence même de la passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroe
7150
peut alors que mentir pour sauver l’essence même
de
la passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroek, et saint Fra
7151
ut alors que mentir pour sauver l’essence même de
la
passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroek, et saint Franço
7152
et saint François, sont évidemment postérieurs à
la
naissance de l’amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci es
7153
nçois, sont évidemment postérieurs à la naissance
de
l’amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci est postérieur
7154
is, sont évidemment postérieurs à la naissance de
l’
amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci est postérieur à l
7155
’en reste pas moins que celui-ci est postérieur à
la
mystique pseudo-chrétienne des cathares. 3° C’est sans doute à tort q
7156
nne des cathares. 3° C’est sans doute à tort qu’à
la
proposition : « Tout érotomane est un mystique qui s’ignore », on a c
7157
qui s’ignore », on a cru pouvoir répondre : « Ou
l’
inverse. » Il se peut que les épigones des grands mystiques115 nous ap
7158
uvoir répondre : « Ou l’inverse. » Il se peut que
les
épigones des grands mystiques115 nous apparaissent parfois comme des
7159
rotomanes qui s’ignorent. Mais il est certain que
l’
érotomanie est une forme d’intoxication, et tout nous prouve que les E
7160
ais il est certain que l’érotomanie est une forme
d’
intoxication, et tout nous prouve que les Eckhart, Ruysbroek, Thérèse,
7161
une forme d’intoxication, et tout nous prouve que
les
Eckhart, Ruysbroek, Thérèse, Jean de la Croix, sont exactement le con
7162
broek, Thérèse, Jean de la Croix, sont exactement
le
contraire de ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est la victim
7163
e, Jean de la Croix, sont exactement le contraire
de
ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est la victime non de sa p
7164
nt le contraire de ce qu’on nomme des intoxiqués.
L’
intoxiqué est la victime non de sa passion, mais de l’agent matériel q
7165
de ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est
la
victime non de sa passion, mais de l’agent matériel qu’elle utilise p
7166
me des intoxiqués. L’intoxiqué est la victime non
de
sa passion, mais de l’agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter.
7167
’intoxiqué est la victime non de sa passion, mais
de
l’agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine de cett
7168
toxiqué est la victime non de sa passion, mais de
l’
agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine de cette p
7169
agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si
l’
origine de cette passion est un désir, conscient ou non, d’échapper à
7170
riel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine
de
cette passion est un désir, conscient ou non, d’échapper à la conditi
7171
de cette passion est un désir, conscient ou non,
d’
échapper à la condition terrestre insupportable, et si l’on est en dro
7172
sion est un désir, conscient ou non, d’échapper à
la
condition terrestre insupportable, et si l’on est en droit d’y voir l
7173
per à la condition terrestre insupportable, et si
l’
on est en droit d’y voir le rudiment d’un appel mystique, il n’en rest
7174
terrestre insupportable, et si l’on est en droit
d’
y voir le rudiment d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’
7175
e insupportable, et si l’on est en droit d’y voir
le
rudiment d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’intoxiqué
7176
ble, et si l’on est en droit d’y voir le rudiment
d’
un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’intoxiqué est avant t
7177
d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que
l’
intoxiqué est avant tout l’esclave de sa drogue. Psychologiquement, c’
7178
en reste pas moins que l’intoxiqué est avant tout
l’
esclave de sa drogue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont les
7179
as moins que l’intoxiqué est avant tout l’esclave
de
sa drogue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont les sens s’ém
7180
gue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont
les
sens s’émoussent, dont la lucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’i
7181
st un être déchu, dont les sens s’émoussent, dont
la
lucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’idiotie. Les grands mystiqu
7182
, dont la lucidité s’affaiblit, et qui finit dans
l’
idiotie. Les grands mystiques, tout au contraire, insistent sur la néc
7183
ucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’idiotie.
Les
grands mystiques, tout au contraire, insistent sur la nécessité de dé
7184
rands mystiques, tout au contraire, insistent sur
la
nécessité de dépasser l’état de transe, d’accéder à une lucidité touj
7185
es, tout au contraire, insistent sur la nécessité
de
dépasser l’état de transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pur
7186
contraire, insistent sur la nécessité de dépasser
l’
état de transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pure et audacie
7187
re, insistent sur la nécessité de dépasser l’état
de
transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pure et audacieuse, de
7188
nt sur la nécessité de dépasser l’état de transe,
d’
accéder à une lucidité toujours plus pure et audacieuse, de vérifier m
7189
à une lucidité toujours plus pure et audacieuse,
de
vérifier même les plus hautes grâces par leurs répercussions dans la
7190
oujours plus pure et audacieuse, de vérifier même
les
plus hautes grâces par leurs répercussions dans la vie quotidienne. S
7191
s plus hautes grâces par leurs répercussions dans
la
vie quotidienne. Sainte Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions
7192
idienne. Sainte Thérèse ne tenait pour bonnes que
les
visions qui la poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout, les g
7193
Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions qui
la
poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout, les grands mystiques
7194
poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout,
les
grands mystiques s’accordent à voir le terme de leur ascension dans l
7195
Surtout, les grands mystiques s’accordent à voir
le
terme de leur ascension dans la liberté souveraine de l’âme. Saint Je
7196
les grands mystiques s’accordent à voir le terme
de
leur ascension dans la liberté souveraine de l’âme. Saint Jean de la
7197
’accordent à voir le terme de leur ascension dans
la
liberté souveraine de l’âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart
7198
erme de leur ascension dans la liberté souveraine
de
l’âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart disent en termes diff
7199
e de leur ascension dans la liberté souveraine de
l’
âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart disent en termes différe
7200
oix et Maître Eckhart disent en termes différents
la
même chose : il faut que le mystique arrive « à se passer du don », à
7201
en termes différents la même chose : il faut que
le
mystique arrive « à se passer du don », à ne plus le désirer pour lui
7202
mystique arrive « à se passer du don », à ne plus
le
désirer pour lui-même. Dans le mariage spirituel, dit Jean de la Croi
7203
u don », à ne plus le désirer pour lui-même. Dans
le
mariage spirituel, dit Jean de la Croix, l’âme parvient à aimer Dieu
7204
Dans le mariage spirituel, dit Jean de la Croix,
l’
âme parvient à aimer Dieu sans plus sentir son amour. C’est un état d’
7205
er Dieu sans plus sentir son amour. C’est un état
d’
indifférence parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est le point de perf
7206
fférence parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est
le
point de perfection d’un équilibre durement conquis, d’une connaissan
7207
parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est le point
de
perfection d’un équilibre durement conquis, d’une connaissance immédi
7208
rait-on ; en vérité, c’est le point de perfection
d’
un équilibre durement conquis, d’une connaissance immédiatement active
7209
nt de perfection d’un équilibre durement conquis,
d’
une connaissance immédiatement active. Au-delà des transes et au-delà
7210
édiatement active. Au-delà des transes et au-delà
de
l’ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désint
7211
atement active. Au-delà des transes et au-delà de
l’
ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désintoxi
7212
tive. Au-delà des transes et au-delà de l’ascèse,
l’
aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désintoxication » d
7213
’ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état
d’
extrême « désintoxication » de l’âme. Dans la plus rigoureuse possessi
7214
ulmine dans un état d’extrême « désintoxication »
de
l’âme. Dans la plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors
7215
ine dans un état d’extrême « désintoxication » de
l’
âme. Dans la plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors qu
7216
état d’extrême « désintoxication » de l’âme. Dans
la
plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors que le mariage
7217
on » de l’âme. Dans la plus rigoureuse possession
de
soi-même. Et c’est alors que le mariage devient possible, qui signifi
7218
ureuse possession de soi-même. Et c’est alors que
le
mariage devient possible, qui signifie non plus jouissance de l’Éros,
7219
evient possible, qui signifie non plus jouissance
de
l’Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe appara
7220
ent possible, qui signifie non plus jouissance de
l’
Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-
7221
fie non plus jouissance de l’Éros, mais fécondité
de
l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voi
7222
non plus jouissance de l’Éros, mais fécondité de
l’
Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voie p
7223
sance de l’Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi
la
mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voie purgative par ex
7224
i la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme
la
voie purgative par excellence, la meilleure discipline qui nous perme
7225
lle enfin comme la voie purgative par excellence,
la
meilleure discipline qui nous permette de transcender l’amour-passion
7226
llence, la meilleure discipline qui nous permette
de
transcender l’amour-passion jusque dans ses formes sublimées. Le cycl
7227
leure discipline qui nous permette de transcender
l’
amour-passion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle de l’ascèse c
7228
l’amour-passion jusque dans ses formes sublimées.
Le
cycle de l’ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’
7229
assion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle
de
l’ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dir
7230
ion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle de
l’
ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à
7231
sublimées. Le cycle de l’ascèse chrétienne ramène
l’
âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites
7232
s. Le cycle de l’ascèse chrétienne ramène l’âme à
l’
obéissance heureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites de la cr
7233
ène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à
l’
acceptation des limites de la créature, mais dans un esprit renouvelé,
7234
eureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites
de
la créature, mais dans un esprit renouvelé, dans une liberté reconqui
7235
euse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites de
la
créature, mais dans un esprit renouvelé, dans une liberté reconquise.
7236
elé, dans une liberté reconquise. 8.Crépuscule
de
l’amour-passion C’est le dogme de l’Incarnation qui distingue radi
7237
, dans une liberté reconquise. 8.Crépuscule de
l’
amour-passion C’est le dogme de l’Incarnation qui distingue radical
7238
uise. 8.Crépuscule de l’amour-passion C’est
le
dogme de l’Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodo
7239
8.Crépuscule de l’amour-passion C’est le dogme
de
l’Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodoxe de l’h
7240
répuscule de l’amour-passion C’est le dogme de
l’
Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodoxe de l’héré
7241
dogme de l’Incarnation qui distingue radicalement
la
mystique orthodoxe de l’hérétique. C’est lui qui donne un sens tout d
7242
qui distingue radicalement la mystique orthodoxe
de
l’hérétique. C’est lui qui donne un sens tout différent au mot amour
7243
i distingue radicalement la mystique orthodoxe de
l’
hérétique. C’est lui qui donne un sens tout différent au mot amour dan
7244
ui donne un sens tout différent au mot amour dans
les
deux cas. Les hérétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme le f
7245
ns tout différent au mot amour dans les deux cas.
Les
hérétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile
7246
ns les deux cas. Les hérétiques cathares opposent
la
Nuit au Jour comme le fait l’Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour
7247
érétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme
le
fait l’Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas re
7248
s cathares opposent la Nuit au Jour comme le fait
l’
Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la
7249
opposent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile
de
Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la
7250
osent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile de
Jean
. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la Nuit
7251
it au Jour comme le fait l’Évangile de Jean. Mais
la
Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la Nuit : elle n
7252
Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu
la
forme de la Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent p
7253
Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme
de
la Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que le
7254
ole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de
la
Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que le Jo
7255
a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que
le
Jour parfait se communique à nous au travers de la vie. (Ils ne croie
7256
e Jour parfait se communique à nous au travers de
la
vie. (Ils ne croient pas l’humanité du Christ). Ils veulent aller tou
7257
à nous au travers de la vie. (Ils ne croient pas
l’
humanité du Christ). Ils veulent aller tout droit à l’Amour par l’amou
7258
manité du Christ). Ils veulent aller tout droit à
l’
Amour par l’amour, et de la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombr
7259
rist). Ils veulent aller tout droit à l’Amour par
l’
amour, et de la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, c
7260
eulent aller tout droit à l’Amour par l’amour, et
de
la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, comme Icare e
7261
ent aller tout droit à l’Amour par l’amour, et de
la
Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, comme Icare est
7262
mbé. (Celui qui veut aller à Dieu sans passer par
le
Christ qui est « le chemin », celui-là va au diable, disait énergique
7263
aller à Dieu sans passer par le Christ qui est «
le
chemin », celui-là va au diable, disait énergiquement Luther.) Ils pr
7264
disait énergiquement Luther.) Ils pressentent que
la
Nuit est un mystère du Jour, dont le Jour seul détient le secret dern
7265
ssentent que la Nuit est un mystère du Jour, dont
le
Jour seul détient le secret dernier116. Mais ils ignorent que la Nuit
7266
est un mystère du Jour, dont le Jour seul détient
le
secret dernier116. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est la Colère de
7267
tient le secret dernier116. Mais ils ignorent que
la
Nuit, c’est la Colère de Dieu — répondant à notre révolte — et non pa
7268
dernier116. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est
la
Colère de Dieu — répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre d’un
7269
6. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est la Colère
de
Dieu — répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre d’un obscur dém
7270
de Dieu — répondant à notre révolte — et non pas
l’
œuvre d’un obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de la Bibl
7271
— répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre
d’
un obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de la Bible.) Refu
7272
l’œuvre d’un obscur démiurge. (Telle est du moins
la
doctrine de la Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette v
7273
obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine
de
la Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette vie et par le
7274
scur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de
la
Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette vie et par le mo
7275
t du moins la doctrine de la Bible.) Refusant que
le
Jour les enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », m
7276
ns la doctrine de la Bible.) Refusant que le Jour
les
enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », méconnaiss
7277
nt que le Jour les enseigne dans cette vie et par
le
moyen de la « matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la cré
7278
Jour les enseigne dans cette vie et par le moyen
de
la « matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la créature, ig
7279
ur les enseigne dans cette vie et par le moyen de
la
« matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la créature, ignor
7280
matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie
la
créature, ignorant donc la vraie nature de ce qu’ils tiennent pour le
7281
ne Agapè qui sanctifie la créature, ignorant donc
la
vraie nature de ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent le risq
7282
ctifie la créature, ignorant donc la vraie nature
de
ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent le risque de s’y perdre
7283
t donc la vraie nature de ce qu’ils tiennent pour
le
péché, ils courent le risque de s’y perdre sans retour au moment même
7284
de ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent
le
risque de s’y perdre sans retour au moment même qu’ils croient lui éc
7285
ils tiennent pour le péché, ils courent le risque
de
s’y perdre sans retour au moment même qu’ils croient lui échapper. Et
7286
ur au moment même qu’ils croient lui échapper. Et
de
là vient que la confusion était fatale entre l’Éros divinisant et l’É
7287
e qu’ils croient lui échapper. Et de là vient que
la
confusion était fatale entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier d
7288
t de là vient que la confusion était fatale entre
l’
Éros divinisant et l’Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la
7289
confusion était fatale entre l’Éros divinisant et
l’
Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la passion « enthousias
7290
tale entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier
de
l’instinct. De là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amo
7291
e entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier de
l’
instinct. De là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amor d
7292
os divinisant et l’Éros prisonnier de l’instinct.
De
là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amor des troubadou
7293
l’Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que
la
passion « enthousiaste », la joy d’amor des troubadours, devait fatal
7294
nct. De là vient que la passion « enthousiaste »,
la
joy d’amor des troubadours, devait fatalement aboutir à la passion hu
7295
là vient que la passion « enthousiaste », la joy
d’
amor des troubadours, devait fatalement aboutir à la passion humaine m
7296
amor des troubadours, devait fatalement aboutir à
la
passion humaine malheureuse. Cet amour impossible laissait au cœur de
7297
able, une ardeur vraiment dévorante, une soif que
la
mort seule pouvait éteindre : ce fut la « torture d’amour » qu’ils se
7298
soif que la mort seule pouvait éteindre : ce fut
la
« torture d’amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même. La passi
7299
mort seule pouvait éteindre : ce fut la « torture
d’
amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même. La passion des « parf
7300
’amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même.
La
passion des « parfaits » voulait la mort divinisante. La soif qu’elle
7301
ur elle-même. La passion des « parfaits » voulait
la
mort divinisante. La soif qu’elle laisse au cœur des hommes sans foi,
7302
ion des « parfaits » voulait la mort divinisante.
La
soif qu’elle laisse au cœur des hommes sans foi, mais bouleversés par
7303
és par sa brûlante poésie, ne cherchera plus dans
la
mort que la suprême sensation. Et de même, l’amour de la Dame, dès qu
7304
ûlante poésie, ne cherchera plus dans la mort que
la
suprême sensation. Et de même, l’amour de la Dame, dès qu’il cessera
7305
ans la mort que la suprême sensation. Et de même,
l’
amour de la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec
7306
ort que la suprême sensation. Et de même, l’amour
de
la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec la Jour
7307
que la suprême sensation. Et de même, l’amour de
la
Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec la Jour inc
7308
Et de même, l’amour de la Dame, dès qu’il cessera
d’
être un symbole de l’union avec la Jour incréé, deviendra le symbole d
7309
r de la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole
de
l’union avec la Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible uni
7310
e la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de
l’
union avec la Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible union
7311
s qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec
la
Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible union avec la femme
7312
symbole de l’union avec la Jour incréé, deviendra
le
symbole de l’impossible union avec la femme ; gardant de ses origines
7313
l’union avec la Jour incréé, deviendra le symbole
de
l’impossible union avec la femme ; gardant de ses origines mystiques
7314
nion avec la Jour incréé, deviendra le symbole de
l’
impossible union avec la femme ; gardant de ses origines mystiques on
7315
, deviendra le symbole de l’impossible union avec
la
femme ; gardant de ses origines mystiques on ne sait quoi de divin, d
7316
ole de l’impossible union avec la femme ; gardant
de
ses origines mystiques on ne sait quoi de divin, de faussement transc
7317
gardant de ses origines mystiques on ne sait quoi
de
divin, de faussement transcendant — une illusion de gloire libératric
7318
ses origines mystiques on ne sait quoi de divin,
de
faussement transcendant — une illusion de gloire libératrice dont la
7319
divin, de faussement transcendant — une illusion
de
gloire libératrice dont la douleur serait encore le signe ! Ainsi s’o
7320
cendant — une illusion de gloire libératrice dont
la
douleur serait encore le signe ! Ainsi s’opère le renversement tragiq
7321
gloire libératrice dont la douleur serait encore
le
signe ! Ainsi s’opère le renversement tragique : se dépasser jusqu’à
7322
la douleur serait encore le signe ! Ainsi s’opère
le
renversement tragique : se dépasser jusqu’à s’unir au transcendant, q
7323
se dépasser jusqu’à s’unir au transcendant, quand
le
but n’est plus la Lumière, et quand on ignore le « chemin », c’est se
7324
à s’unir au transcendant, quand le but n’est plus
la
Lumière, et quand on ignore le « chemin », c’est se précipiter dans l
7325
le but n’est plus la Lumière, et quand on ignore
le
« chemin », c’est se précipiter dans la Nuit. Le dépassement, dès lor
7326
on ignore le « chemin », c’est se précipiter dans
la
Nuit. Le dépassement, dès lors, n’est plus qu’exaltation du narcissis
7327
le « chemin », c’est se précipiter dans la Nuit.
Le
dépassement, dès lors, n’est plus qu’exaltation du narcissisme. Il ne
7328
s qu’exaltation du narcissisme. Il ne vise plus à
la
libération des sens, mais à la douloureuse intensité du sentiment. In
7329
Il ne vise plus à la libération des sens, mais à
la
douloureuse intensité du sentiment. Intoxication par l’esprit. L’hist
7330
loureuse intensité du sentiment. Intoxication par
l’
esprit. L’histoire de la passion d’amour, dans toutes les grandes litt
7331
ntensité du sentiment. Intoxication par l’esprit.
L’
histoire de la passion d’amour, dans toutes les grandes littératures,
7332
sentiment. Intoxication par l’esprit. L’histoire
de
la passion d’amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie s
7333
ntiment. Intoxication par l’esprit. L’histoire de
la
passion d’amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie sièc
7334
toxication par l’esprit. L’histoire de la passion
d’
amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie siècle jusqu’à
7335
it. L’histoire de la passion d’amour, dans toutes
les
grandes littératures, du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire
7336
ittératures, du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est
l’
histoire de la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C
7337
, du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire
de
la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le réc
7338
u xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire de
la
déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le récit
7339
l’histoire de la déchéance du mythe courtois dans
la
vie « profanée ». C’est le récit des tentatives de plus en plus déses
7340
du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est
le
récit des tentatives de plus en plus désespérées que fait l’Éros pour
7341
s tentatives de plus en plus désespérées que fait
l’
Éros pour remplacer la transcendance mystique par une intensité émue.
7342
n plus désespérées que fait l’Éros pour remplacer
la
transcendance mystique par une intensité émue. Mais grandiloquentes o
7343
tensité émue. Mais grandiloquentes ou plaintives,
les
figures du discours passionné, les « couleurs » de sa rhétorique ne s
7344
ou plaintives, les figures du discours passionné,
les
« couleurs » de sa rhétorique ne seront jamais que les exaltations d’
7345
s figures du discours passionné, les « couleurs »
de
sa rhétorique ne seront jamais que les exaltations d’un crépuscule, p
7346
couleurs » de sa rhétorique ne seront jamais que
les
exaltations d’un crépuscule, promesses de gloire jamais tenues… 86
7347
a rhétorique ne seront jamais que les exaltations
d’
un crépuscule, promesses de gloire jamais tenues… 86. Philippe de F
7348
is que les exaltations d’un crépuscule, promesses
de
gloire jamais tenues… 86. Philippe de Félice, Poisons sacrés, ivre
7349
es divines, essai sur quelques formes inférieures
de
la mystique. Paris 1936. 87. Il y a bien l’exemple de la formica san
7350
divines, essai sur quelques formes inférieures de
la
mystique. Paris 1936. 87. Il y a bien l’exemple de la formica sangui
7351
ures de la mystique. Paris 1936. 87. Il y a bien
l’
exemple de la formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmi
7352
mystique. Paris 1936. 87. Il y a bien l’exemple
de
la formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmilière un p
7353
stique. Paris 1936. 87. Il y a bien l’exemple de
la
formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmilière un para
7354
ecte entretient dans sa fourmilière un parasite à
la
sueur délicieuse, lequel finit par tout détruire. On a voulu comparer
7355
ire. On a voulu comparer cette tendance morbide à
l’
alcoolisme. Tant que les fourmis ne parieront pas toutes les hypothèse
7356
r cette tendance morbide à l’alcoolisme. Tant que
les
fourmis ne parieront pas toutes les hypothèses sont possibles ! 88.
7357
sme. Tant que les fourmis ne parieront pas toutes
les
hypothèses sont possibles ! 88. Voir Appendice 7. 89. Voir Appendic
7358
8. Voir Appendice 7. 89. Voir Appendice 8. 90.
La
Nuit obscure, de saint Jean de la Croix, II, i, 1er verset. Trad. Hoo
7359
7. 89. Voir Appendice 8. 90. La Nuit obscure,
de
saint Jean de la Croix, II, i, 1er verset. Trad. Hoornaert. 91. Ce n
7360
ute occasion. « Pour plaire à Dieu, pour recevoir
de
lui de grandes grâces, il faut, et telle est sa volonté, que ces grâc
7361
asion. « Pour plaire à Dieu, pour recevoir de lui
de
grandes grâces, il faut, et telle est sa volonté, que ces grâces pass
7362
telle est sa volonté, que ces grâces passent par
les
mains de cette humanité sacrée en laquelle il a déclaré lui-même pren
7363
sa volonté, que ces grâces passent par les mains
de
cette humanité sacrée en laquelle il a déclaré lui-même prendre sa co
7364
dre sa complaisance. » 92. Nulle part, en effet,
les
généralisations ne se révèlent plus décevantes que dans l’étude des m
7365
lisations ne se révèlent plus décevantes que dans
l’
étude des mystiques. Comme l’a fort bien noté J. Baruzi (Saint Jean de
7366
décevantes que dans l’étude des mystiques. Comme
l’
a fort bien noté J. Baruzi (Saint Jean de la Croix, p. 618) si nous te
7367
(Saint Jean de la Croix, p. 618) si nous tentions
de
prendre une vue générale des diverses mystiques connues, « l’expérien
7368
ne vue générale des diverses mystiques connues, «
l’
expérience mystique ne nous semblerait d’un type homogène que dans la
7369
nnues, « l’expérience mystique ne nous semblerait
d’
un type homogène que dans la mesure où elle serait banale, dans la mes
7370
ue ne nous semblerait d’un type homogène que dans
la
mesure où elle serait banale, dans la mesure aussi où nous échouerion
7371
ne que dans la mesure où elle serait banale, dans
la
mesure aussi où nous échouerions à la saisir ». 93. Gotha, 1929. Seu
7372
anale, dans la mesure aussi où nous échouerions à
la
saisir ». 93. Gotha, 1929. Seul le livre célèbre de R. Otto sur le S
7373
échouerions à la saisir ». 93. Gotha, 1929. Seul
le
livre célèbre de R. Otto sur le Sacré a paru jusqu’ici en traduction
7374
saisir ». 93. Gotha, 1929. Seul le livre célèbre
de
R. Otto sur le Sacré a paru jusqu’ici en traduction française. 94. «
7375
Gotha, 1929. Seul le livre célèbre de R. Otto sur
le
Sacré a paru jusqu’ici en traduction française. 94. « Minne einiget
7376
sen. » 95. Fin du sermon Nisi granum frumenti… «
L’
âme échappe à sa nature, à son être et à sa vie, et naît dans la Divin
7377
à sa nature, à son être et à sa vie, et naît dans
la
Divinité. C’est là qu’est son devenir. Elle devient si totalement un
7378
ent si totalement un seul être qu’il ne reste pas
d’
autre distinction que celle-ci : Lui demeure Dieu et elle demeure âme.
7379
ad. Mayrisch Saint-Hubert). Il faut bien dire que
l’
on se heurte dans tous les écrits d’Eckhart, à une grave équivoque sur
7380
). Il faut bien dire que l’on se heurte dans tous
les
écrits d’Eckhart, à une grave équivoque sur le sens qu’il attribue à
7381
bien dire que l’on se heurte dans tous les écrits
d’
Eckhart, à une grave équivoque sur le sens qu’il attribue à l’union (E
7382
s les écrits d’Eckhart, à une grave équivoque sur
le
sens qu’il attribue à l’union (Einung). Toutefois un tel passage incl
7383
une grave équivoque sur le sens qu’il attribue à
l’
union (Einung). Toutefois un tel passage inclinerait à croire, avec Ot
7384
it à croire, avec Otto, qu’il ne s’agit nullement
d’
une fusion essentielle. 96. Und diese Gleichheit aus dem Einen in das
7385
Cité par Baruzi, Saint Jean de la Croix, p. 642.
L’
absence du langage « épithalamique » pourrait-elle être proposée comme
7386
e être proposée comme un critère lorsqu’il s’agit
de
savoir si tel mystique croyait ou non à l’union essentielle ? Dans ce
7387
s’agit de savoir si tel mystique croyait ou non à
l’
union essentielle ? Dans ce cas, la remarque de l’abbé Paquier servira
7388
oyait ou non à l’union essentielle ? Dans ce cas,
la
remarque de l’abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Ott
7389
à l’union essentielle ? Dans ce cas, la remarque
de
l’abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Otto, et nous p
7390
l’union essentielle ? Dans ce cas, la remarque de
l’
abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Otto, et nous perm
7391
s ce cas, la remarque de l’abbé Paquier servirait
d’
argument contre la thèse d’Otto, et nous permettrait de ranger Maître
7392
que de l’abbé Paquier servirait d’argument contre
la
thèse d’Otto, et nous permettrait de ranger Maître Eckhart parmi les
7393
abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse
d’
Otto, et nous permettrait de ranger Maître Eckhart parmi les hérétique
7394
ument contre la thèse d’Otto, et nous permettrait
de
ranger Maître Eckhart parmi les hérétiques. Je simplifie évidemment,
7395
t nous permettrait de ranger Maître Eckhart parmi
les
hérétiques. Je simplifie évidemment, mais il y a là une question dign
7396
fie évidemment, mais il y a là une question digne
d’
être étudiée minutieusement. 99. Un troubadour : « Amour ne me quitte
7397
ien ne peut m’avoir. » 100. Th. Labande-Jeanroy,
Les
Mystiques italiens (introduction à une anthologie). 101. Id., Ibid.
7398
thologie). 101. Id., Ibid., et P. Sabatier, Vie
de
saint François d’Assise. 102. B. de Ligt, La Paix créatrice, II, p.
7399
Vie de saint François d’Assise. 102. B. de Ligt,
La
Paix créatrice, II, p. 415. 103. Saint François nommait le frère Gil
7400
éatrice, II, p. 415. 103. Saint François nommait
le
frère Gilles « un paladin de sa Table ronde », et les miracles du sai
7401
int François nommait le frère Gilles « un paladin
de
sa Table ronde », et les miracles du saint — comme la conversion du l
7402
frère Gilles « un paladin de sa Table ronde », et
les
miracles du saint — comme la conversion du loup de Gubbio — se produi
7403
a Table ronde », et les miracles du saint — comme
la
conversion du loup de Gubbio — se produisent dans les mêmes circonsta
7404
s miracles du saint — comme la conversion du loup
de
Gubbio — se produisent dans les mêmes circonstances que les prouesses
7405
conversion du loup de Gubbio — se produisent dans
les
mêmes circonstances que les prouesses des chevaliers errants. Ils son
7406
— se produisent dans les mêmes circonstances que
les
prouesses des chevaliers errants. Ils sont d’ailleurs rapportés par l
7407
aliers errants. Ils sont d’ailleurs rapportés par
les
auteurs des Fioretti sous une forme narrative consacrée, qui devait é
7408
rative consacrée, qui devait évidemment souligner
le
parallélisme avec la chevalerie, aux yeux des lecteurs du xiiie sièc
7409
devait évidemment souligner le parallélisme avec
la
chevalerie, aux yeux des lecteurs du xiiie siècle. 104. Ciascun am
7410
rs du xiiie siècle. 104. Ciascun amante, danse
de
l’amour mystique. Voir aussi l’Appendice 9. 105. On en trouvera d’ai
7411
du xiiie siècle. 104. Ciascun amante, danse de
l’
amour mystique. Voir aussi l’Appendice 9. 105. On en trouvera d’aille
7412
cun amante, danse de l’amour mystique. Voir aussi
l’
Appendice 9. 105. On en trouvera d’ailleurs quelques éléments aux cha
7413
livre II et 3-4 du livre IV. 106. Ce cri célèbre
de
sainte Thérèse est inspiré de la franciscaine Angèle de Foligno : « J
7414
106. Ce cri célèbre de sainte Thérèse est inspiré
de
la franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir. »
7415
. Ce cri célèbre de sainte Thérèse est inspiré de
la
franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir. » 10
7416
nciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir
de
mourir. » 107. J. Baruzi, Introduction à des recherches sur le lang
7417
07. J. Baruzi, Introduction à des recherches sur
le
langage mystique. (Recherches philosophiques, I, 19.) 108. Saint Je
7418
phiques, I, 19.) 108. Saint Jean de la Croix et
l’
expérience mystique, p. 343. 109. Maxime de Montmorand, Psychologie d
7419
catholiques orthodoxes. 110. Gaston Etchegoyen,
l’
Amour divin, essai sur les sources de sainte Thérèse, IVe partie : l’E
7420
110. Gaston Etchegoyen, l’Amour divin, essai sur
les
sources de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de l’amour divin
7421
Etchegoyen, l’Amour divin, essai sur les sources
de
sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de l’amour divin. 111. Tra
7422
i sur les sources de sainte Thérèse, IVe partie :
l’
Expression de l’amour divin. 111. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing
7423
rces de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression
de
l’amour divin. 111. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, L
7424
s de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de
l’
amour divin. 111. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, Leub
7425
ie : l’Expression de l’amour divin. 111. Travaux
de
Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, Leuba, Freud, pour s’en tenir aux
7426
r E. Minkowski, Vers une cosmologie, chapitre sur
la
métaphore. 114. Comme le font croire des expressions courantes telle
7427
osmologie, chapitre sur la métaphore. 114. Comme
le
font croire des expressions courantes telles que « aveuglé par la pas
7428
es expressions courantes telles que « aveuglé par
la
passion », « fou d’amour ». 115. Surtout les épigones féminins : une
7429
ntes telles que « aveuglé par la passion », « fou
d’
amour ». 115. Surtout les épigones féminins : une Marguerite-Marie Al
7430
par la passion », « fou d’amour ». 115. Surtout
les
épigones féminins : une Marguerite-Marie Alacoque au xviie siècle en
7431
uerite-Marie Alacoque au xviie siècle en fournit
le
plus inquiétant exemple (sa description du lit nuptial et de ce qui s
7432
uiétant exemple (sa description du lit nuptial et
de
ce qui s’y passe !) 116. Karl Jaspers a magnifiquement exprimé cette
7433
a magnifiquement exprimé cette assomption finale
de
la Nuit par le Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H.
7434
magnifiquement exprimé cette assomption finale de
la
Nuit par le Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H. Cor
7435
nt exprimé cette assomption finale de la Nuit par
le
Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H. Corbin dans Her
7436
Livre IVLe mythe dans
la
littérature On reconnaîtra maintenant ce qu’est le péché ou commen
7437
ittérature On reconnaîtra maintenant ce qu’est
le
péché ou comment procède le péché. C’est lorsque la volonté humaine s
7438
maintenant ce qu’est le péché ou comment procède
le
péché. C’est lorsque la volonté humaine se sépare de Dieu pour être u
7439
péché ou comment procède le péché. C’est lorsque
la
volonté humaine se sépare de Dieu pour être une volonté à soi, qu’ell
7440
péché. C’est lorsque la volonté humaine se sépare
de
Dieu pour être une volonté à soi, qu’elle suscite sa propre ardeur et
7441
à soi, qu’elle suscite sa propre ardeur et brûle
de
sa propre affection, ardeur qui lui est propre et qui n’a rien à voir
7442
ur qui lui est propre et qui n’a rien à voir avec
l’
ardeur divine. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise de la littér
7443
ivine. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise
de
la littérature sur les mœurs D’une manière générale, il est bien d
7444
ne. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise de
la
littérature sur les mœurs D’une manière générale, il est bien diff
7445
1.D’une influence précise de la littérature sur
les
mœurs D’une manière générale, il est bien difficile de vérifier l’
7446
luence précise de la littérature sur les mœurs
D’
une manière générale, il est bien difficile de vérifier l’influence de
7447
D’une manière générale, il est bien difficile
de
vérifier l’influence des arts sur la vie quotidienne d’une époque. «
7448
nière générale, il est bien difficile de vérifier
l’
influence des arts sur la vie quotidienne d’une époque. « La musique a
7449
en difficile de vérifier l’influence des arts sur
la
vie quotidienne d’une époque. « La musique adoucit les mœurs » ? Je n
7450
ifier l’influence des arts sur la vie quotidienne
d’
une époque. « La musique adoucit les mœurs » ? Je n’en sais rien, et p
7451
e des arts sur la vie quotidienne d’une époque. «
La
musique adoucit les mœurs » ? Je n’en sais rien, et personne ne saura
7452
ie quotidienne d’une époque. « La musique adoucit
les
mœurs » ? Je n’en sais rien, et personne ne saurait le démontrer. Et
7453
urs » ? Je n’en sais rien, et personne ne saurait
le
démontrer. Et la peinture, quelle peut bien être son action ? L’archi
7454
ais rien, et personne ne saurait le démontrer. Et
la
peinture, quelle peut bien être son action ? L’architecture, au moins
7455
t la peinture, quelle peut bien être son action ?
L’
architecture, au moins, nous pouvons l’habiter, mais là n’est pas son
7456
n action ? L’architecture, au moins, nous pouvons
l’
habiter, mais là n’est pas son caractère d’art. De même pour telle ou
7457
ouvons l’habiter, mais là n’est pas son caractère
d’
art. De même pour telle ou telle philosophie. Mais le cas est tout dif
7458
rt. De même pour telle ou telle philosophie. Mais
le
cas est tout différent lorsqu’il s’agit d’une littérature dont on peu
7459
. Mais le cas est tout différent lorsqu’il s’agit
d’
une littérature dont on peut démontrer, historiquement, qu’elle a donn
7460
trer, historiquement, qu’elle a donné sa langue à
la
passion. Si la littérature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs d
7461
ement, qu’elle a donné sa langue à la passion. Si
la
littérature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs de l’Europe, c’e
7462
ue à la passion. Si la littérature peut se vanter
d’
avoir agi sur les mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu
7463
Si la littérature peut se vanter d’avoir agi sur
les
mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’
7464
térature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs
de
l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’une maniè
7465
ature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs de
l’
Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’une manière
7466
l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle
le
doit. D’une manière plus précise : c’est à la rhétorique du mythe, hé
7467
, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit.
D’
une manière plus précise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage de
7468
lle le doit. D’une manière plus précise : c’est à
la
rhétorique du mythe, héritage de l’amour provençal. Il n’est pas néce
7469
récise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage
de
l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer ici quelque po
7470
ise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage de
l’
amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer ici quelque pouvo
7471
age de l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire
de
supposer ici quelque pouvoir magique des sons et du langage sur nos a
7472
oir magique des sons et du langage sur nos actes.
L’
adoption d’un certain langage conventionnel entraîne et favorise natur
7473
des sons et du langage sur nos actes. L’adoption
d’
un certain langage conventionnel entraîne et favorise naturellement l’
7474
conventionnel entraîne et favorise naturellement
l’
essor des sentiments latents qui se trouvent les plus aptes à s’exprim
7475
nt l’essor des sentiments latents qui se trouvent
les
plus aptes à s’exprimer de la sorte. C’est dans ce sens que l’on peut
7476
tents qui se trouvent les plus aptes à s’exprimer
de
la sorte. C’est dans ce sens que l’on peut dire après La Rochefoucaul
7477
ts qui se trouvent les plus aptes à s’exprimer de
la
sorte. C’est dans ce sens que l’on peut dire après La Rochefoucauld :
7478
à s’exprimer de la sorte. C’est dans ce sens que
l’
on peut dire après La Rochefoucauld : peu d’hommes seraient amoureux s
7479
orte. C’est dans ce sens que l’on peut dire après
La
Rochefoucauld : peu d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient jamais
7480
s que l’on peut dire après La Rochefoucauld : peu
d’
hommes seraient amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour
7481
nt amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler
d’
amour. ⁂ Passion et expression ne sont guère séparables. La passion pr
7482
⁂ Passion et expression ne sont guère séparables.
La
passion prend sa source dans cet élan de l’esprit qui par ailleurs fa
7483
arables. La passion prend sa source dans cet élan
de
l’esprit qui par ailleurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse
7484
bles. La passion prend sa source dans cet élan de
l’
esprit qui par ailleurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse l’
7485
cet élan de l’esprit qui par ailleurs fait naître
le
langage. Dès qu’elle dépasse l’instinct, dès qu’elle devient vraiment
7486
leurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse
l’
instinct, dès qu’elle devient vraiment passion, elle tend du même mouv
7487
pour s’exalter, ou simplement pour s’entretenir. (
Le
double sens est significatif.) En ce domaine, il est aisé de vérifier
7488
ens est significatif.) En ce domaine, il est aisé
de
vérifier. Les sentiments qu’éprouvent l’élite, puis les masses par im
7489
ficatif.) En ce domaine, il est aisé de vérifier.
Les
sentiments qu’éprouvent l’élite, puis les masses par imitation, sont
7490
est aisé de vérifier. Les sentiments qu’éprouvent
l’
élite, puis les masses par imitation, sont des créations littéraires e
7491
rifier. Les sentiments qu’éprouvent l’élite, puis
les
masses par imitation, sont des créations littéraires en ce sens qu’un
7492
éraires en ce sens qu’une certaine rhétorique est
la
condition suffisante de leur aveu, donc de leur prise de conscience.
7493
e certaine rhétorique est la condition suffisante
de
leur aveu, donc de leur prise de conscience. À défaut de cette rhétor
7494
ue est la condition suffisante de leur aveu, donc
de
leur prise de conscience. À défaut de cette rhétorique, ces sentiment
7495
que, ces sentiments existeraient sans doute, mais
d’
une manière accidentelle, non reconnue, à titre d’étrangetés inavouabl
7496
d’une manière accidentelle, non reconnue, à titre
d’
étrangetés inavouables, en contrebande. Mais on a toujours vu que l’in
7497
uables, en contrebande. Mais on a toujours vu que
l’
invention d’une rhétorique faisait foisonner rapidement certaines puis
7498
ontrebande. Mais on a toujours vu que l’invention
d’
une rhétorique faisait foisonner rapidement certaines puissances laten
7499
rapidement certaines puissances latentes du cœur.
L’
apparition de Werther par exemple a produit une vague, de suicides. Ro
7500
rtaines puissances latentes du cœur. L’apparition
de
Werther par exemple a produit une vague, de suicides. Rousseau fit bo
7501
ition de Werther par exemple a produit une vague,
de
suicides. Rousseau fit boire du lait à toute la cour de France, et Re
7502
, de suicides. Rousseau fit boire du lait à toute
la
cour de France, et René désola plusieurs générations. C’est que pour
7503
cides. Rousseau fit boire du lait à toute la cour
de
France, et René désola plusieurs générations. C’est que pour admirer
7504
ola plusieurs générations. C’est que pour admirer
la
nature simple, pour accepter certaines mélancolies, et même pour se s
7505
t même pour se suicider, il faut être en mesure «
d’
expliquer » à soi-même ou aux autres ce qu’on sent. Plus un homme est
7506
sent. Plus un homme est sentimental, plus il y a
de
chances qu’il soit verbeux et bien disant. Et de même, plus un homme
7507
de même, plus un homme est passionné, plus il y a
de
chances qu’il réinvente les figures de la rhétorique ; qu’il redécouv
7508
passionné, plus il y a de chances qu’il réinvente
les
figures de la rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se
7509
lus il y a de chances qu’il réinvente les figures
de
la rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se modèle spo
7510
il y a de chances qu’il réinvente les figures de
la
rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se modèle sponta
7511
e leur nécessité ; qu’il se modèle spontanément à
la
ressemblance du « sublime » qu’elles ont su rendre inoubliable. C’est
7512
u’elles ont su rendre inoubliable. C’est pourquoi
l’
on n’aura pas grand-peine à jalonner l’évolution du mythe courtois dan
7513
t pourquoi l’on n’aura pas grand-peine à jalonner
l’
évolution du mythe courtois dans la morale des peuples d’Occident : l’
7514
ine à jalonner l’évolution du mythe courtois dans
la
morale des peuples d’Occident : l’on peut admettre qu’elle est parall
7515
tion du mythe courtois dans la morale des peuples
d’
Occident : l’on peut admettre qu’elle est parallèle à ses métamorphose
7516
courtois dans la morale des peuples d’Occident :
l’
on peut admettre qu’elle est parallèle à ses métamorphoses littéraires
7517
rtains retards et simplifications). En esquissant
la
courbe de la mystique classique, nous avons pu décrire une assomption
7518
ards et simplifications). En esquissant la courbe
de
la mystique classique, nous avons pu décrire une assomption du mythe.
7519
s et simplifications). En esquissant la courbe de
la
mystique classique, nous avons pu décrire une assomption du mythe. C’
7520
avons pu décrire une assomption du mythe. C’était
la
voie montante et elle nous a conduits à une dissolution libératrice d
7521
uits à une dissolution libératrice du « charme ».
La
littérature, au contraire, est la voie qui descend aux mœurs. C’est d
7522
du « charme ». La littérature, au contraire, est
la
voie qui descend aux mœurs. C’est donc la vulgarisation du mythe, ou
7523
re, est la voie qui descend aux mœurs. C’est donc
la
vulgarisation du mythe, ou pour mieux dire : sa « profanation »117 qu
7524
allons décrire maintenant. 2.Les deux Roses
Le
meilleur point de départ nous est donné par le Roman de la Rose, écri
7525
ntenant. 2.Les deux Roses Le meilleur point
de
départ nous est donné par le Roman de la Rose, écrit entre les années
7526
Le meilleur point de départ nous est donné par
le
Roman de la Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a
7527
lleur point de départ nous est donné par le Roman
de
la Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans
7528
ur point de départ nous est donné par le Roman de
la
Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans, o
7529
us est donné par le Roman de la Rose, écrit entre
les
années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans, ou presque, que Béroul
7530
ans, ou presque, que Béroul et Thomas ont composé
la
légende de Tristan. La croisade des albigeois a saccagé la civilisati
7531
sque, que Béroul et Thomas ont composé la légende
de
Tristan. La croisade des albigeois a saccagé la civilisation courtois
7532
roul et Thomas ont composé la légende de Tristan.
La
croisade des albigeois a saccagé la civilisation courtoise du Langued
7533
e de Tristan. La croisade des albigeois a saccagé
la
civilisation courtoise du Languedoc, dispersant les derniers troubado
7534
a civilisation courtoise du Languedoc, dispersant
les
derniers troubadours. Que va devenir la tradition d’Amour ? Il semble
7535
spersant les derniers troubadours. Que va devenir
la
tradition d’Amour ? Il semble bien que dès le second tiers du siècle,
7536
derniers troubadours. Que va devenir la tradition
d’
Amour ? Il semble bien que dès le second tiers du siècle, les hérétiqu
7537
Il semble bien que dès le second tiers du siècle,
les
hérétiques répandus désormais dans toute l’Europe, où l’Église les tr
7538
cle, les hérétiques répandus désormais dans toute
l’
Europe, où l’Église les traque, aient cessé de recourir à l’expression
7539
tiques répandus désormais dans toute l’Europe, où
l’
Église les traque, aient cessé de recourir à l’expression littéraire d
7540
pandus désormais dans toute l’Europe, où l’Église
les
traque, aient cessé de recourir à l’expression littéraire de leur rel
7541
ute l’Europe, où l’Église les traque, aient cessé
de
recourir à l’expression littéraire de leur religion. Le catharisme se
7542
où l’Église les traque, aient cessé de recourir à
l’
expression littéraire de leur religion. Le catharisme se cachera désor
7543
aient cessé de recourir à l’expression littéraire
de
leur religion. Le catharisme se cachera désormais dans les couches pr
7544
ourir à l’expression littéraire de leur religion.
Le
catharisme se cachera désormais dans les couches profondes et muettes
7545
religion. Le catharisme se cachera désormais dans
les
couches profondes et muettes des peuples, là où la vie sociale ne se
7546
s couches profondes et muettes des peuples, là où
la
vie sociale ne se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus les b
7547
se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus
les
beaux symboles de la grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrê
7548
formes nobles, ne fournit plus les beaux symboles
de
la grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès
7549
mes nobles, ne fournit plus les beaux symboles de
la
grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès. L
7550
Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès.
L’
Église d’Amour118 donnera naissance à d’innombrables sectes plus ou mo
7551
e, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès. L’Église
d’
Amour118 donnera naissance à d’innombrables sectes plus ou moins secrè
7552
progrès. L’Église d’Amour118 donnera naissance à
d’
innombrables sectes plus ou moins secrètes, plus ou moins révolutionna
7553
secrètes, plus ou moins révolutionnaires, et dont
les
traits constants témoignent d’une origine commune, d’une tradition fi
7554
onnaires, et dont les traits constants témoignent
d’
une origine commune, d’une tradition fidèlement conservée. Toutes ces
7555
raits constants témoignent d’une origine commune,
d’
une tradition fidèlement conservée. Toutes ces sectes en effet sont ca
7556
par leur spiritualisme exalté ; par leur doctrine
de
la « joie rayonnante » ; par leur refus des sacrements et du mariage
7557
leur spiritualisme exalté ; par leur doctrine de
la
« joie rayonnante » ; par leur refus des sacrements et du mariage ; p
7558
nts et du mariage ; par leur condamnation absolue
de
toute participation aux guerres ; par leur anticléricalisme ; par leu
7559
erres ; par leur anticléricalisme ; par leur goût
de
la pauvreté et de l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égal
7560
es ; par leur anticléricalisme ; par leur goût de
la
pauvreté et de l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalita
7561
nticléricalisme ; par leur goût de la pauvreté et
de
l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalitaire, allant par
7562
cléricalisme ; par leur goût de la pauvreté et de
l’
ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalitaire, allant parfoi
7563
ommunisme total119. Nous retrouvons cet ensemble
de
traits non seulement chez les frères du Libre-Esprit et les ortliebie
7564
rouvons cet ensemble de traits non seulement chez
les
frères du Libre-Esprit et les ortliebiens rhénans — qui furent peut-ê
7565
non seulement chez les frères du Libre-Esprit et
les
ortliebiens rhénans — qui furent peut-être en rapport avec les Vaudoi
7566
ns rhénans — qui furent peut-être en rapport avec
les
Vaudois, voisins des cathares —, non seulement chez les Vaudois eux-m
7567
udois, voisins des cathares —, non seulement chez
les
Vaudois eux-mêmes, chez les disciples de Joachim de Flore, chez les b
7568
—, non seulement chez les Vaudois eux-mêmes, chez
les
disciples de Joachim de Flore, chez les béguines et les béguards des
7569
nt chez les Vaudois eux-mêmes, chez les disciples
de
Joachim de Flore, chez les béguines et les béguards des Pays-Bas, che
7570
mes, chez les disciples de Joachim de Flore, chez
les
béguines et les béguards des Pays-Bas, chez les lollards anglais, che
7571
sciples de Joachim de Flore, chez les béguines et
les
béguards des Pays-Bas, chez les lollards anglais, chez les premiers f
7572
z les béguines et les béguards des Pays-Bas, chez
les
lollards anglais, chez les premiers frères moraves (sinon chez les hu
7573
ais, chez les premiers frères moraves (sinon chez
les
hussites), mais aussi chez les hérétiques des Églises réformées : Sch
7574
oraves (sinon chez les hussites), mais aussi chez
les
hérétiques des Églises réformées : Schwenckfeldt, Weigel, les anabapt
7575
es des Églises réformées : Schwenckfeldt, Weigel,
les
anabaptistes, les mennonites… Luther, Calvin et Zwingli combattirent
7576
ormées : Schwenckfeldt, Weigel, les anabaptistes,
les
mennonites… Luther, Calvin et Zwingli combattirent ces dissidents ave
7577
ent ces dissidents avec une violence qui rappelle
les
procédés de Rome contre ses propres sectes. Mais ils ne purent ou ne
7578
dents avec une violence qui rappelle les procédés
de
Rome contre ses propres sectes. Mais ils ne purent ou ne voulurent le
7579
ropres sectes. Mais ils ne purent ou ne voulurent
les
anéantir totalement : de nos jours, on retrouve çà et là des communau
7580
purent ou ne voulurent les anéantir totalement :
de
nos jours, on retrouve çà et là des communautés mennonites mêlées d’é
7581
trouve çà et là des communautés mennonites mêlées
d’
éléments russes — doukhobors et khlystis — au Canada et jusqu’au Parag
7582
— au Canada et jusqu’au Paraguay. Leur conception
de
l’amour n’a pas varié. Plusieurs auteurs ont supposé qu’une élite clé
7583
u Canada et jusqu’au Paraguay. Leur conception de
l’
amour n’a pas varié. Plusieurs auteurs ont supposé qu’une élite cléric
7584
pensent-ils expliquer mieux certaines obscurités
de
la littérature émanée des cercles franciscains et même parfois domini
7585
nsent-ils expliquer mieux certaines obscurités de
la
littérature émanée des cercles franciscains et même parfois dominicai
7586
ciscains et même parfois dominicains. J’avoue que
l’
extension du langage même des cathares peut induire à des rapprochemen
7587
re à des rapprochements souvent troublants : nous
l’
avons vu à propos des mystiques. Mais en l’absence de preuves presque
7588
: nous l’avons vu à propos des mystiques. Mais en
l’
absence de preuves presque impossibles à établir, pour la raison bien
7589
vons vu à propos des mystiques. Mais en l’absence
de
preuves presque impossibles à établir, pour la raison bien simple que
7590
ce de preuves presque impossibles à établir, pour
la
raison bien simple que l’Église a détruit tous les documents, je m’en
7591
ssibles à établir, pour la raison bien simple que
l’
Église a détruit tous les documents, je m’en tiendrai à un jugement ce
7592
la raison bien simple que l’Église a détruit tous
les
documents, je m’en tiendrai à un jugement certainement vrai pour la p
7593
ainement vrai pour la plupart des cas : dès avant
le
milieu du xiiie siècle, la littérature courtoise s’est détachée de s
7594
t des cas : dès avant le milieu du xiiie siècle,
la
littérature courtoise s’est détachée de ses racines mystiques ; elle
7595
siècle, la littérature courtoise s’est détachée
de
ses racines mystiques ; elle s’est alors trouvée réduite à une simple
7596
le s’est alors trouvée réduite à une simple forme
d’
expression, c’est-à-dire à une rhétorique. Mais automatiquement, cette
7597
matiquement, cette rhétorique tendait à idéaliser
les
objets tout profanes qu’elle décrivait. Ce procédé, bientôt ressenti
7598
réaction dite « réaliste ». Double mouvement dont
le
Roman de la Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillau
7599
dite « réaliste ». Double mouvement dont le Roman
de
la Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lor
7600
e « réaliste ». Double mouvement dont le Roman de
la
Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lorris
7601
ble mouvement dont le Roman de la Rose nous donne
l’
illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lorris — dans la première
7602
oman de la Rose nous donne l’illustre témoignage.
La
Rose de Guillaume de Lorris — dans la première partie du roman, dite
7603
première partie du roman, dite courtoise —, c’est
l’
amour de la femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dan
7604
partie du roman, dite courtoise —, c’est l’amour
de
la femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dans son ja
7605
rtie du roman, dite courtoise —, c’est l’amour de
la
femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dans son jardi
7606
éjà mais femme inaccessible dans son jardin givré
d’
allégories. Danger, Male-Bouche et Honte défendent Bel Accueil contre
7607
Male-Bouche et Honte défendent Bel Accueil contre
les
entreprises des galants. L’obstacle à l’union amoureuse est figuré pa
7608
t Bel Accueil contre les entreprises des galants.
L’
obstacle à l’union amoureuse est figuré par l’exigence morale, et non
7609
contre les entreprises des galants. L’obstacle à
l’
union amoureuse est figuré par l’exigence morale, et non plus du tout
7610
ts. L’obstacle à l’union amoureuse est figuré par
l’
exigence morale, et non plus du tout religieuse. Ce n’est plus une asc
7611
est plus une ascèse mystique, mais un raffinement
de
l’esprit, qui doit amener l’amant à mériter le don. Au contraire, pou
7612
plus une ascèse mystique, mais un raffinement de
l’
esprit, qui doit amener l’amant à mériter le don. Au contraire, pour J
7613
mais un raffinement de l’esprit, qui doit amener
l’
amant à mériter le don. Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminer
7614
nt de l’esprit, qui doit amener l’amant à mériter
le
don. Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminera le Roman, la Ros
7615
. Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminera
le
Roman, la Rose n’est plus que la volupté physique. Le réalisme le plu
7616
aire, pour Jean de Meung, qui terminera le Roman,
la
Rose n’est plus que la volupté physique. Le réalisme le plus franc su
7617
g, qui terminera le Roman, la Rose n’est plus que
la
volupté physique. Le réalisme le plus franc succède aux fadaises de L
7618
oman, la Rose n’est plus que la volupté physique.
Le
réalisme le plus franc succède aux fadaises de Lorris, le sensualisme
7619
e n’est plus que la volupté physique. Le réalisme
le
plus franc succède aux fadaises de Lorris, le sensualisme au platonis
7620
e. Le réalisme le plus franc succède aux fadaises
de
Lorris, le sensualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation. La R
7621
sme le plus franc succède aux fadaises de Lorris,
le
sensualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation. La Rose est emp
7622
fadaises de Lorris, le sensualisme au platonisme,
le
cynisme à l’exaltation. La Rose est emportée de haute lutte. La Natur
7623
orris, le sensualisme au platonisme, le cynisme à
l’
exaltation. La Rose est emportée de haute lutte. La Nature triomphe de
7624
ualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation.
La
Rose est emportée de haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et
7625
, le cynisme à l’exaltation. La Rose est emportée
de
haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passi
7626
’exaltation. La Rose est emportée de haute lutte.
La
Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de c
7627
e est emportée de haute lutte. La Nature triomphe
de
l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa
7628
st emportée de haute lutte. La Nature triomphe de
l’
Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa des
7629
e haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et
la
raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De
7630
tte. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison
de
la passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De Lorris, no
7631
. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de
la
passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De Lorris, nous
7632
de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune
de
ces parties aura sa descendance. De Lorris, nous irons par Dante — qu
7633
sion. Chacune de ces parties aura sa descendance.
De
Lorris, nous irons par Dante — qui peut-être le traduisit — jusqu’à P
7634
. De Lorris, nous irons par Dante — qui peut-être
le
traduisit — jusqu’à Pétrarque et bien au-delà : jusqu’aux romans allé
7635
jusqu’aux romans allégoriques du xviie , jusqu’à
la
Nouvelle Héloïse… Et par Jean de Meung la tradition antique, — celle
7636
jusqu’à la Nouvelle Héloïse… Et par Jean de Meung
la
tradition antique, — celle qui condamne la passion comme une « maladi
7637
Meung la tradition antique, — celle qui condamne
la
passion comme une « maladie de l’âme » — se transmettra aux parties b
7638
celle qui condamne la passion comme une « maladie
de
l’âme » — se transmettra aux parties basses de la littérature françai
7639
le qui condamne la passion comme une « maladie de
l’
âme » — se transmettra aux parties basses de la littérature française
7640
ie de l’âme » — se transmettra aux parties basses
de
la littérature française : gauloiserie, gaillardise, rationalisme pol
7641
de l’âme » — se transmettra aux parties basses de
la
littérature française : gauloiserie, gaillardise, rationalisme polémi
7642
curieusement exaspérée, naturalisme et réduction
de
l’homme au sexe. C’est la défense normale que l’homme païen oppose au
7643
rieusement exaspérée, naturalisme et réduction de
l’
homme au sexe. C’est la défense normale que l’homme païen oppose au my
7644
aturalisme et réduction de l’homme au sexe. C’est
la
défense normale que l’homme païen oppose au mythe de l’amour malheure
7645
de l’homme au sexe. C’est la défense normale que
l’
homme païen oppose au mythe de l’amour malheureux. (Peut-être, pratiqu
7646
défense normale que l’homme païen oppose au mythe
de
l’amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche d’
7647
ense normale que l’homme païen oppose au mythe de
l’
amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche d’une
7648
x. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche
d’
une vision chrétienne réaliste. Nous aurons l’occasion d’y revenir).
7649
che d’une vision chrétienne réaliste. Nous aurons
l’
occasion d’y revenir). 3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Ale
7650
ision chrétienne réaliste. Nous aurons l’occasion
d’
y revenir). 3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour de l’
7651
3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour
de
l’an 1200, quelques couplets sont échangés entre Rambaut de Vaqueiras
7652
icile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour de
l’
an 1200, quelques couplets sont échangés entre Rambaut de Vaqueiras, t
7653
Rambaut de Vaqueiras, troubadour languedocien, et
le
puissant marquis Alberto Malaspina. Il semble bien qu’un courant très
7654
laspina. Il semble bien qu’un courant très direct
d’
échanges « littéraires » — si l’on veut — unisse le Midi de la France
7655
urant très direct d’échanges « littéraires » — si
l’
on veut — unisse le Midi de la France à la Lombardo-Vénétie. Une fois
7656
’échanges « littéraires » — si l’on veut — unisse
le
Midi de la France à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte d
7657
» — si l’on veut — unisse le Midi de la France à
la
Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte de l’influence des troub
7658
a France à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus,
la
carte de l’influence des troubadours se confond avec celle des hérési
7659
à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte
de
l’influence des troubadours se confond avec celle des hérésies. Un pe
7660
a Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte de
l’
influence des troubadours se confond avec celle des hérésies. Un peu p
7661
onfond avec celle des hérésies. Un peu plus tard,
le
mouvement franciscain naîtra d’une conjonction semblable entre les «
7662
Un peu plus tard, le mouvement franciscain naîtra
d’
une conjonction semblable entre les « spirituels » (mais dans l’Église
7663
nciscain naîtra d’une conjonction semblable entre
les
« spirituels » (mais dans l’Église) et les poètes. Cependant qu’autou
7664
ion semblable entre les « spirituels » (mais dans
l’
Église) et les poètes. Cependant qu’autour de Palerme, où Frédéric II
7665
entre les « spirituels » (mais dans l’Église) et
les
poètes. Cependant qu’autour de Palerme, où Frédéric II tient sa cour,
7666
de Palerme, où Frédéric II tient sa cour, fleurit
l’
école dite des Siciliens. Dans quelle mesure cette poésie courtoise du
7667
urtoise du Sud s’inspira-t-elle des troubadours ?
La
question est encore obscure. On ne trouve à la cour de Palerme qu’un
7668
? La question est encore obscure. On ne trouve à
la
cour de Palerme qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’h
7669
estion est encore obscure. On ne trouve à la cour
de
Palerme qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’hérésie.
7670
qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute
l’
hérésie. De même, on peut se demander dans quelle mesure les Siciliens
7671
. De même, on peut se demander dans quelle mesure
les
Siciliens « savaient » encore ce qu’est l’Amour. N’avaient-ils retenu
7672
esure les Siciliens « savaient » encore ce qu’est
l’
Amour. N’avaient-ils retenu du trobar clus que le procédé mystifiant ?
7673
l’Amour. N’avaient-ils retenu du trobar clus que
le
procédé mystifiant ? On serait assez tenté de le croire, lorsqu’on vo
7674
que le procédé mystifiant ? On serait assez tenté
de
le croire, lorsqu’on voit Dante et son ami Cavalcanti s’élever contre
7675
le procédé mystifiant ? On serait assez tenté de
le
croire, lorsqu’on voit Dante et son ami Cavalcanti s’élever contre le
7676
d’Arezzo, et railler ses disciples : « Sectateurs
de
l’ignorance, aveugles qui veulent juger des couleurs, oies essayant d
7677
rezzo, et railler ses disciples : « Sectateurs de
l’
ignorance, aveugles qui veulent juger des couleurs, oies essayant de r
7678
les qui veulent juger des couleurs, oies essayant
de
rivaliser avec l’aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un de ces pa
7679
ger des couleurs, oies essayant de rivaliser avec
l’
aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un de ces pasticheurs infatiga
7680
avec l’aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un
de
ces pasticheurs infatigables, Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion d
7681
fatigables, Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion
de
définir le dolce stil nuovo, le style savant et caressant que l’école
7682
Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion de définir
le
dolce stil nuovo, le style savant et caressant que l’école du Nord —
7683
s. Bonne occasion de définir le dolce stil nuovo,
le
style savant et caressant que l’école du Nord — novatrice mais qui re
7684
olce stil nuovo, le style savant et caressant que
l’
école du Nord — novatrice mais qui revient aux origines valables — opp
7685
nouvelle école, c’est qu’elle rénove consciemment
le
langage symbolique des troubadours. Les Siciliens étaient tombés dans
7686
nsciemment le langage symbolique des troubadours.
Les
Siciliens étaient tombés dans un douteux allégorisme : ils parlaient
7687
ombés dans un douteux allégorisme : ils parlaient
de
la dame comme d’une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais
7688
és dans un douteux allégorisme : ils parlaient de
la
dame comme d’une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais fr
7689
teux allégorisme : ils parlaient de la dame comme
d’
une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais froide et stéréo
7690
te et Cavalcanti, d’autres encore, demandent plus
de
sincérité et plus de chaleur amoureuse, mais en même temps, ils saven
7691
utres encore, demandent plus de sincérité et plus
de
chaleur amoureuse, mais en même temps, ils savent et disent (dans ce
7692
ême temps, ils savent et disent (dans ce dire est
la
nouveauté) que la Dame est purement symbolique. Tel est le secret par
7693
ent et disent (dans ce dire est la nouveauté) que
la
Dame est purement symbolique. Tel est le secret paradoxal de l’amour
7694
uté) que la Dame est purement symbolique. Tel est
le
secret paradoxal de l’amour courtois : guindé et froid quand il ne va
7695
purement symbolique. Tel est le secret paradoxal
de
l’amour courtois : guindé et froid quand il ne vante que la femme, ma
7696
rement symbolique. Tel est le secret paradoxal de
l’
amour courtois : guindé et froid quand il ne vante que la femme, mais
7697
courtois : guindé et froid quand il ne vante que
la
femme, mais tout ardent de sincérité quand il célèbre la Sagesse d’am
7698
quand il ne vante que la femme, mais tout ardent
de
sincérité quand il célèbre la Sagesse d’amour : c’est là vraiment que
7699
e, mais tout ardent de sincérité quand il célèbre
la
Sagesse d’amour : c’est là vraiment que bat son cœur. Et Dante n’est
7700
t ardent de sincérité quand il célèbre la Sagesse
d’
amour : c’est là vraiment que bat son cœur. Et Dante n’est jamais plus
7701
Dante n’est jamais plus passionné qu’en chantant
la
Philosophie, si ce n’est quand elle devient la Science sacrée. Sincér
7702
nt la Philosophie, si ce n’est quand elle devient
la
Science sacrée. Sincérité bien propre aux troubadours, et toute contr
7703
e contraire à celle qu’un moderne imagine ! Dante
la
définira, dans son Banquet, comme le secret qu’il faut voiler d’un «
7704
gine ! Dante la définira, dans son Banquet, comme
le
secret qu’il faut voiler d’un « beau mensonge ». Les cathares savaien
7705
ns son Banquet, comme le secret qu’il faut voiler
d’
un « beau mensonge ». Les cathares savaient bien tout cela. Mais noton
7706
secret qu’il faut voiler d’un « beau mensonge ».
Les
cathares savaient bien tout cela. Mais notons qu’ils ne l’ont jamais
7707
es savaient bien tout cela. Mais notons qu’ils ne
l’
ont jamais dit. C’est parce que Dante et ses amis sont amenés à défini
7708
r leur art, qu’on surprend mieux qu’ailleurs chez
les
poètes italiens le vrai mystère des troubadours, de même que c’est au
7709
rprend mieux qu’ailleurs chez les poètes italiens
le
vrai mystère des troubadours, de même que c’est au crépuscule que se
7710
, de même que c’est au crépuscule que se révèlent
les
sept couleurs dont le grand jour faisait une seule lumière, trompeuse
7711
crépuscule que se révèlent les sept couleurs dont
le
grand jour faisait une seule lumière, trompeuse à force d’évidence. M
7712
jour faisait une seule lumière, trompeuse à force
d’
évidence. Maintenant nous pouvons distinguer les thèmes que le trobar
7713
ce d’évidence. Maintenant nous pouvons distinguer
les
thèmes que le trobar mêlait dans la naïve transparence de ses symbole
7714
Maintenant nous pouvons distinguer les thèmes que
le
trobar mêlait dans la naïve transparence de ses symboles. Voici les d
7715
s distinguer les thèmes que le trobar mêlait dans
la
naïve transparence de ses symboles. Voici les derniers Siciliens. Cet
7716
s que le trobar mêlait dans la naïve transparence
de
ses symboles. Voici les derniers Siciliens. Cette plainte de Jacques
7717
dans la naïve transparence de ses symboles. Voici
les
derniers Siciliens. Cette plainte de Jacques de Lentino : Mon cœur s
7718
oles. Voici les derniers Siciliens. Cette plainte
de
Jacques de Lentino : Mon cœur souvent meurt, et plus douloureusement
7719
n cœur souvent meurt, et plus douloureusement que
de
mort naturelle, pour vous Dame qu’il désire et aime plus que lui-même
7720
ime plus que lui-même… J’ai en moi un feu, qui je
le
crois, jamais ne pourra s’éteindre… Pourquoi ne me consume-t-il point
7721
te de même : Amour qui, dans ma pensée, me parle
de
ma Dame avec grand désir, souvent m’entretient de choses telles qu’à
7722
de ma Dame avec grand désir, souvent m’entretient
de
choses telles qu’à leur sujet mon intelligence s’égare. Son langage r
7723
are. Son langage résonne avec tant de douceur que
l’
âme qui l’écoute et l’entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je
7724
angage résonne avec tant de douceur que l’âme qui
l’
écoute et l’entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je ne suis pa
7725
ne avec tant de douceur que l’âme qui l’écoute et
l’
entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je ne suis pas capable de
7726
Malheureuse que je suis ! Je ne suis pas capable
de
répéter ce que j’entends dire de ma Dame ! Et qui douterait encore d
7727
suis pas capable de répéter ce que j’entends dire
de
ma Dame ! Et qui douterait encore de la signification symbolique de
7728
ntends dire de ma Dame ! Et qui douterait encore
de
la signification symbolique de la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en
7729
nds dire de ma Dame ! Et qui douterait encore de
la
signification symbolique de la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en pa
7730
i douterait encore de la signification symbolique
de
la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe de « n
7731
outerait encore de la signification symbolique de
la
Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe de « notr
7732
qu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe
de
« notre foi » : Elle passe par le chemin, si pleine de grâce et de n
7733
me du principe de « notre foi » : Elle passe par
le
chemin, si pleine de grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil d
7734
otre foi » : Elle passe par le chemin, si pleine
de
grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil de celui qu’elle salue
7735
Elle passe par le chemin, si pleine de grâce et
de
noblesse qu’elle abaisse l’orgueil de celui qu’elle salue [auquel ell
7736
si pleine de grâce et de noblesse qu’elle abaisse
l’
orgueil de celui qu’elle salue [auquel elle donne son salut] et, s’il
7737
de grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil
de
celui qu’elle salue [auquel elle donne son salut] et, s’il n’est déjà
7738
[auquel elle donne son salut] et, s’il n’est déjà
de
notre foi, l’y amène. Faut-il penser que Dante n’est qu’un blasphéma
7739
onne son salut] et, s’il n’est déjà de notre foi,
l’
y amène. Faut-il penser que Dante n’est qu’un blasphémateur lorsqu’il
7740
’est qu’un blasphémateur lorsqu’il écrit au seuil
de
la Vita Nuova, cette strophe au sublime départ : Un ange crie en l’I
7741
t qu’un blasphémateur lorsqu’il écrit au seuil de
la
Vita Nuova, cette strophe au sublime départ : Un ange crie en l’Inte
7742
ette strophe au sublime départ : Un ange crie en
l’
Intelligence divine et dit : — Seigneur, dans le monde se voit une mer
7743
n l’Intelligence divine et dit : — Seigneur, dans
le
monde se voit une merveille en l’acte qui procède d’une âme qui jusqu
7744
Seigneur, dans le monde se voit une merveille en
l’
acte qui procède d’une âme qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manq
7745
monde se voit une merveille en l’acte qui procède
d’
une âme qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manque que d’une chose
7746
acte qui procède d’une âme qui jusqu’ici rayonne.
Le
Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est de l’avoir —, à son Seign
7747
qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manque que
d’
une chose — c’est de l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les
7748
e. Le Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est
de
l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les Saints implorent ce
7749
Le Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est de
l’
avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les Saints implorent cette
7750
d’une chose — c’est de l’avoir —, à son Seigneur
la
demande, et tous les Saints implorent cette faveur. Seule, Pitié pren
7751
de l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous
les
Saints implorent cette faveur. Seule, Pitié prend notre parti, car Di
7752
, Pitié prend notre parti, car Dieu dit, et c’est
de
ma Dame qu’il entend parler : — Mes bien-aimés, ores souffrez en paix
7753
ure, autant qu’il me plaira, là où se trouve plus
d’
un qui s’attend à la perdre et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’
7754
plaira, là où se trouve plus d’un qui s’attend à
la
perdre et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’ai vu l’espérance de
7755
us d’un qui s’attend à la perdre et qui dira dans
l’
enfer : — Ô maudits, j’ai vu l’espérance des bienheureux ! S’agit-il
7756
e et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’ai vu
l’
espérance des bienheureux ! S’agit-il donc de Béatrice comme femme ?
7757
vu l’espérance des bienheureux ! S’agit-il donc
de
Béatrice comme femme ? Est-ce sa présence que tous les saints implore
7758
éatrice comme femme ? Est-ce sa présence que tous
les
saints implorent et qui serait « l’espérance des bienheureux » ? Ou s
7759
nce que tous les saints implorent et qui serait «
l’
espérance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt de l’Esprit saint so
7760
espérance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt
de
l’Esprit saint soutenant son Église par la charité du Christ — (la Pi
7761
érance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt de
l’
Esprit saint soutenant son Église par la charité du Christ — (la Pitié
7762
plutôt de l’Esprit saint soutenant son Église par
la
charité du Christ — (la Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoi
7763
soutenant son Église par la charité du Christ — (
la
Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoir la Vie nouvelle120 ?
7764
la Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoir
la
Vie nouvelle120 ? Ce qui doit paraître ici-bas blasphématoire, c’est
7765
e qui doit paraître ici-bas blasphématoire, c’est
l’
équivoque malgré tout maintenue. D’où le débat qui oppose Orlandi et C
7766
matoire, c’est l’équivoque malgré tout maintenue.
D’
où le débat qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait de définir
7767
re, c’est l’équivoque malgré tout maintenue. D’où
le
débat qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait de définir enfi
7768
t qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait
de
définir enfin ce dont on parle. « Cet Amour est-il vie ou mort ? » de
7769
nt le premier. Et le second répond : « Du pouvoir
de
l’amour provient souvent la mort… L’amour existe lorsque le désir est
7770
le premier. Et le second répond : « Du pouvoir de
l’
amour provient souvent la mort… L’amour existe lorsque le désir est si
7771
répond : « Du pouvoir de l’amour provient souvent
la
mort… L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les
7772
« Du pouvoir de l’amour provient souvent la mort…
L’
amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites d
7773
provient souvent la mort… L’amour existe lorsque
le
désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel… Comm
7774
xiste lorsque le désir est si grand qu’il dépasse
les
limites de l’amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité,
7775
e le désir est si grand qu’il dépasse les limites
de
l’amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité, il réfléch
7776
e désir est si grand qu’il dépasse les limites de
l’
amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité, il réfléchit
7777
es de l’amour naturel… Comme il ne provient point
de
la qualité, il réfléchit perpétuellement sur lui-même son propre effe
7778
de l’amour naturel… Comme il ne provient point de
la
qualité, il réfléchit perpétuellement sur lui-même son propre effet.
7779
ontemplation. » Aucun doute ne demeure possible :
l’
Amour est la passion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de
7780
. » Aucun doute ne demeure possible : l’Amour est
la
passion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de l’amour natu
7781
la passion mystique. Mais encore faut-il définir
le
rôle de l’amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a
7782
ion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle
de
l’amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a fait Da
7783
mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de
l’
amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a fait Davan
7784
ctive céleste. C’est ce qu’a fait Davanzati, vers
la
fin du xiiie siècle, exprimant dans une petite fable la vraie nature
7785
du xiiie siècle, exprimant dans une petite fable
la
vraie nature de l’Amour qu’il chante, et le danger de s’arrêter aux f
7786
, exprimant dans une petite fable la vraie nature
de
l’Amour qu’il chante, et le danger de s’arrêter aux formes terrestres
7787
xprimant dans une petite fable la vraie nature de
l’
Amour qu’il chante, et le danger de s’arrêter aux formes terrestres qu
7788
fable la vraie nature de l’Amour qu’il chante, et
le
danger de s’arrêter aux formes terrestres qui n’en sont qu’un reflet
7789
raie nature de l’Amour qu’il chante, et le danger
de
s’arrêter aux formes terrestres qui n’en sont qu’un reflet : De même
7790
restres qui n’en sont qu’un reflet : De même que
la
tigresse, dans sa grande douleur, se soulage en regardant un miroir e
7791
se soulage en regardant un miroir et croit y voir
l’
image de ses petits qu’elle, va cherchant : par ce plaisir elle oublie
7792
ge en regardant un miroir et croit y voir l’image
de
ses petits qu’elle, va cherchant : par ce plaisir elle oublie le chas
7793
u’elle, va cherchant : par ce plaisir elle oublie
le
chasseur, et reste là, et ne poursuit point ; de même celui qui est p
7794
ne poursuit point ; de même celui qui est pénétré
d’
amour puise la vie dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soul
7795
int ; de même celui qui est pénétré d’amour puise
la
vie dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soulage sa grande
7796
e celui qui est pénétré d’amour puise la vie dans
la
contemplation de sa dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais
7797
énétré d’amour puise la vie dans la contemplation
de
sa dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais la dame n’a point
7798
dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais
la
dame n’a point le cœur pitoyable, le jour passe et l’espoir est déçu
7799
l soulage sa grande peine… Mais la dame n’a point
le
cœur pitoyable, le jour passe et l’espoir est déçu ! Ici la Dame au
7800
peine… Mais la dame n’a point le cœur pitoyable,
le
jour passe et l’espoir est déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable es
7801
ame n’a point le cœur pitoyable, le jour passe et
l’
espoir est déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable est bien la femme q
7802
oyable, le jour passe et l’espoir est déçu ! Ici
la
Dame au cœur impitoyable est bien la femme qui détourne l’Amour à son
7803
déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable est bien
la
femme qui détourne l’Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé d
7804
u cœur impitoyable est bien la femme qui détourne
l’
Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé de cette époque, je tro
7805
l’Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé
de
cette époque, je trouve la même fable, avec cette conclusion : Ce fa
7806
un Bestiaire moralisé de cette époque, je trouve
la
même fable, avec cette conclusion : Ce fauve, à mon avis, c’est nous
7807
; ses petits, qu’un chasseur lui a pris, ce sont
les
vertus, et le chasseur c’est le Démon, qui nous fait voir ce qui n’es
7808
qu’un chasseur lui a pris, ce sont les vertus, et
le
chasseur c’est le Démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas. De là v
7809
a pris, ce sont les vertus, et le chasseur c’est
le
Démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas. De là vient que bien des
7810
st le Démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas.
De
là vient que bien des hommes ont péri pour avoir tardé d’aller vers l
7811
ent que bien des hommes ont péri pour avoir tardé
d’
aller vers le Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient
7812
des hommes ont péri pour avoir tardé d’aller vers
le
Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient aux charmes d
7813
péri pour avoir tardé d’aller vers le Seigneur.
Le
temps venait où les poètes succomberaient aux charmes du miroir et de
7814
rdé d’aller vers le Seigneur. Le temps venait où
les
poètes succomberaient aux charmes du miroir et de la rhétorique profa
7815
es poètes succomberaient aux charmes du miroir et
de
la rhétorique profanée. Nous allons voir Pétrarque se laisser prendre
7816
poètes succomberaient aux charmes du miroir et de
la
rhétorique profanée. Nous allons voir Pétrarque se laisser prendre «
7817
er prendre « à ce qui n’est pas », c’est-à-dire à
l’
image de sa Laure, qui trop longtemps — comme il gémit plus tard — le
7818
re « à ce qui n’est pas », c’est-à-dire à l’image
de
sa Laure, qui trop longtemps — comme il gémit plus tard — le retiendr
7819
, qui trop longtemps — comme il gémit plus tard —
le
retiendra d’« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur
7820
ngtemps — comme il gémit plus tard — le retiendra
d’
« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur converti
7821
il gémit plus tard — le retiendra d’« aller vers
le
Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur converti Aimer une chose
7822
d’« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou
le
rhéteur converti Aimer une chose mortelle avec une foi Qui à Dieu
7823
et à lui seul convient… Tout le monde, et sur
le
moindre rocher que trempe la mer, sait qu’un homme a été superlativem
7824
out le monde, et sur le moindre rocher que trempe
la
mer, sait qu’un homme a été superlativement amoureux et c’est Pétrarq
7825
ment amoureux et c’est Pétrarque. Et ce qu’il y a
de
mieux, c’est que c’est vrai… Qu’appelle-t-on un homme simplement amou
7826
’appelle-t-on un homme simplement amoureux ? Rien
d’
analogue. Lui l’était d’une façon extraordinaire, incendiaire, solaire
7827
homme simplement amoureux ? Rien d’analogue. Lui
l’
était d’une façon extraordinaire, incendiaire, solaire.121 Voilà ce
7828
implement amoureux ? Rien d’analogue. Lui l’était
d’
une façon extraordinaire, incendiaire, solaire.121 Voilà ce qui doit
7829
inoubliable passion animant pour la première fois
les
symboles des troubadours d’un souffle parfaitement païen, et non plus
7830
our la première fois les symboles des troubadours
d’
un souffle parfaitement païen, et non plus du tout hérétique ! On est
7831
u Dante, mais aussi des rhéteurs qu’il attaquait.
Le
« secret » dont je parlais plus haut s’est volatilisé : il ne joue pl
7832
ais plus haut s’est volatilisé : il ne joue plus.
Le
langage de l’Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cet
7833
ut s’est volatilisé : il ne joue plus. Le langage
de
l’Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cette « profan
7834
s’est volatilisé : il ne joue plus. Le langage de
l’
Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cette « profanati
7835
joue plus. Le langage de l’Amour est enfin devenu
la
rhétorique du cœur humain. Cette « profanation » radicale doit faire
7836
une poésie plus adéquate que nulle autre à servir
la
mystique orthodoxe. Et cette dernière ne manquera pas d’y puiser ses
7837
ique orthodoxe. Et cette dernière ne manquera pas
d’
y puiser ses meilleures métaphores. En vérité, la tentation était trop
7838
d’y puiser ses meilleures métaphores. En vérité,
la
tentation était trop forte. (On en jugera par quelques exemples mis e
7839
et à vrai dire choisis presque au hasard.) Voici
le
Sonnet du premier anniversaire de l’amour de Pétrarque pour Laure :
7840
hasard.) Voici le Sonnet du premier anniversaire
de
l’amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heur
7841
sard.) Voici le Sonnet du premier anniversaire de
l’
amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heure O
7842
oici le Sonnet du premier anniversaire de l’amour
de
Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heure Où si hau
7843
re de l’amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis
le
lieu, le temps, l’heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô m
7844
mour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu,
le
temps, l’heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô mon âme, i
7845
trarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps,
l’
heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô mon âme, il te faut
7846
e faut rendre grâce Toi qui fus jugée digne alors
d’
un tel honneur. D’Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu le
7847
e Toi qui fus jugée digne alors d’un tel honneur.
D’
Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu le suis, au plus hau
7848
Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu
le
suis, au plus haut Bien te mène Et te fait mépriser ce que l’homme dé
7849
plus haut Bien te mène Et te fait mépriser ce que
l’
homme désire122. D’Elle te vient la grâce généreuse Qui te pousse au c
7850
ène Et te fait mépriser ce que l’homme désire122.
D’
Elle te vient la grâce généreuse Qui te pousse au ciel par un droit se
7851
épriser ce que l’homme désire122. D’Elle te vient
la
grâce généreuse Qui te pousse au ciel par un droit sentier Et fait qu
7852
l par un droit sentier Et fait que je marche fier
de
mon espérance. Où Pétrarque triomphe, c’est quand il prend la harpe
7853
Pétrarque triomphe, c’est quand il prend la harpe
de
Tristan123, c’est dans le cri de la « torture délicieuse », du mal ai
7854
quand il prend la harpe de Tristan123, c’est dans
le
cri de la « torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume
7855
l prend la harpe de Tristan123, c’est dans le cri
de
la « torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume : Ô t
7856
rend la harpe de Tristan123, c’est dans le cri de
la
« torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume : Ô tend
7857
e : Ô tendres, angéliques étincelles, béatitudes
De
ma vie où s’allume le plaisir Qui doucement me consume et détruit. (L
7858
ques étincelles, béatitudes De ma vie où s’allume
le
plaisir Qui doucement me consume et détruit. (Les Yeux de ma dame.)
7859
le plaisir Qui doucement me consume et détruit. (
Les
Yeux de ma dame.) Ô mort vivante, ô mal délicieux124 Comment as-tu
7860
ir Qui doucement me consume et détruit. (Les Yeux
de
ma dame.) Ô mort vivante, ô mal délicieux124 Comment as-tu sur moi
7861
pouvoir » dont il se plaint tout en sachant qu’il
l’
a voulu fatal : Et pour que mon martyre au port jamais n’arrive Mille
7862
le je nais…125 (Sonnet 164.) Ailleurs, il parle
de
Laure comme de sa « bien-aimée ennemie », et gémit, tel Tristan se sé
7863
(Sonnet 164.) Ailleurs, il parle de Laure comme
de
sa « bien-aimée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant d’Iseut
7864
imée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant
d’
Iseut lorsqu’il la rend à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-t
7865
gémit, tel Tristan se séparant d’Iseut lorsqu’il
la
rend à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-tu de mon mal éloig
7866
d à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-tu
de
mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car les yeux de Laure présente …all
7867
i m’as-tu de mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car
les
yeux de Laure présente …allumés d’une lueur céleste M’enflamment de
7868
de mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car les yeux
de
Laure présente …allumés d’une lueur céleste M’enflamment de façon qu
7869
t 254.) Car les yeux de Laure présente …allumés
d’
une lueur céleste M’enflamment de façon qu’il me plaît de brûler.126
7870
ésente …allumés d’une lueur céleste M’enflamment
de
façon qu’il me plaît de brûler.126 (Triomphe de l’amour.) Mais prés
7871
ueur céleste M’enflamment de façon qu’il me plaît
de
brûler.126 (Triomphe de l’amour.) Mais présente ou absente — ici en
7872
de façon qu’il me plaît de brûler.126 (Triomphe
de
l’amour.) Mais présente ou absente — ici encore —, la femme ne sera
7873
façon qu’il me plaît de brûler.126 (Triomphe de
l’
amour.) Mais présente ou absente — ici encore —, la femme ne sera jam
7874
amour.) Mais présente ou absente — ici encore —,
la
femme ne sera jamais que l’occasion d’une torture qu’il préfère à tou
7875
sente — ici encore —, la femme ne sera jamais que
l’
occasion d’une torture qu’il préfère à tout : Je sais, suivant mon fe
7876
encore —, la femme ne sera jamais que l’occasion
d’
une torture qu’il préfère à tout : Je sais, suivant mon feu partout o
7877
is, suivant mon feu partout où il me fuit, Brûler
de
loin — de près geler. Tout l’amour romantique est dans ce dernier ve
7878
t mon feu partout où il me fuit, Brûler de loin —
de
près geler. Tout l’amour romantique est dans ce dernier vers. Et le
7879
il me fuit, Brûler de loin — de près geler. Tout
l’
amour romantique est dans ce dernier vers. Et le secret de cette mélan
7880
t l’amour romantique est dans ce dernier vers. Et
le
secret de cette mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que les p
7881
romantique est dans ce dernier vers. Et le secret
de
cette mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que les plus lucide
7882
Et le secret de cette mélancolie, Pétrarque a su
l’
analyser mieux que les plus lucides victimes de ce que l’on baptisera
7883
e mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que
les
plus lucides victimes de ce que l’on baptisera plus tard le mal du si
7884
su l’analyser mieux que les plus lucides victimes
de
ce que l’on baptisera plus tard le mal du siècle : Des autres passio
7885
ser mieux que les plus lucides victimes de ce que
l’
on baptisera plus tard le mal du siècle : Des autres passions, je res
7886
cides victimes de ce que l’on baptisera plus tard
le
mal du siècle : Des autres passions, je ressens des assauts fréquent
7887
t ces moments-là, pour moi, ne ressemblent plus à
la
lumière et à la vie : c’est une nuit infernale et une cruelle mort. E
7888
, pour moi, ne ressemblent plus à la lumière et à
la
vie : c’est une nuit infernale et une cruelle mort. Et pourtant ! (vo
7889
. Et pourtant ! (voici bien ce qu’on peut appeler
le
comble des misères !) je me repais de ces peines et de ces douleurs-l
7890
eut appeler le comble des misères !) je me repais
de
ces peines et de ces douleurs-là avec une sorte de volupté si poignan
7891
mble des misères !) je me repais de ces peines et
de
ces douleurs-là avec une sorte de volupté si poignante que, si l’on v
7892
e ces peines et de ces douleurs-là avec une sorte
de
volupté si poignante que, si l’on vient m’en arracher, c’est malgré m
7893
là avec une sorte de volupté si poignante que, si
l’
on vient m’en arracher, c’est malgré moi !127 Et saint Augustin, ave
7894
ui répond : Tu connais très bien ton mal. Tout à
l’
heure, tu en sauras la cause. Dis-moi : qu’est-ce qui te rend triste à
7895
s très bien ton mal. Tout à l’heure, tu en sauras
la
cause. Dis-moi : qu’est-ce qui te rend triste à ce point ? Est-ce bie
7896
st-ce qui te rend triste à ce point ? Est-ce bien
le
cours des choses de ce monde ? Est-ce une douleur physique, ou bien q
7897
iste à ce point ? Est-ce bien le cours des choses
de
ce monde ? Est-ce une douleur physique, ou bien quelque rigueur injus
7898
douleur physique, ou bien quelque rigueur injuste
de
fortune ? Pétrarque. — Rien de tout cela en particulier. C’est le «
7899
e rigueur injuste de fortune ? Pétrarque. — Rien
de
tout cela en particulier. C’est le « vague des passions » préromanti
7900
arque. — Rien de tout cela en particulier. C’est
le
« vague des passions » préromantique. Et voici l’appel à la mort : Q
7901
le « vague des passions » préromantique. Et voici
l’
appel à la mort : Que s’ouvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me
7902
des passions » préromantique. Et voici l’appel à
la
mort : Que s’ouvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me clôt le c
7903
e. Et voici l’appel à la mort : Que s’ouvre donc
la
geôle où je suis enfermé Qui me clôt le chemin vers une telle vie ! (
7904
uvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me clôt
le
chemin vers une telle vie ! (Chanson 72.) La « nuit infernale » devi
7905
lôt le chemin vers une telle vie ! (Chanson 72.)
La
« nuit infernale » devient le Jour, la « cruelle mort » une Vie nouve
7906
ie ! (Chanson 72.) La « nuit infernale » devient
le
Jour, la « cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à la passion n
7907
nson 72.) La « nuit infernale » devient le Jour,
la
« cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque
7908
a « cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à
la
passion ne manque pas le sublime, voici la divinisation. Pétrarque de
7909
e nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque pas
le
sublime, voici la divinisation. Pétrarque demande comment il se peut
7910
r qu’à la passion ne manque pas le sublime, voici
la
divinisation. Pétrarque demande comment il se peut faire qu’il vive e
7911
l se peut faire qu’il vive encore, quoique séparé
de
sa dame : Mais Amour me répond : ne te souvient-il pas que c’est là
7912
ur me répond : ne te souvient-il pas que c’est là
le
privilège des amants déliés de toutes les qualités de l’homme128 ? ⁂
7913
l pas que c’est là le privilège des amants déliés
de
toutes les qualités de l’homme128 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse as
7914
c’est là le privilège des amants déliés de toutes
les
qualités de l’homme128 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au
7915
rivilège des amants déliés de toutes les qualités
de
l’homme128 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au Ventoux, qui
7916
ilège des amants déliés de toutes les qualités de
l’
homme128 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au Ventoux, qui lu
7917
beaucoup à réfléchir. Il y eut surtout, en 1348,
la
grande peste noire qui ravagea l’Europe : et voilà qui rappelle au po
7918
rtout, en 1348, la grande peste noire qui ravagea
l’
Europe : et voilà qui rappelle au poète que ses « qualités d’homme » l
7919
et voilà qui rappelle au poète que ses « qualités
d’
homme » le lient de fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit
7920
ui rappelle au poète que ses « qualités d’homme »
le
lient de fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa C
7921
le au poète que ses « qualités d’homme » le lient
de
fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson de
7922
ion pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson
de
la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen de conscience : Je
7923
pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson de
la
Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen de conscience : Je va
7924
Chanson de la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé
de
l’examen de conscience : Je vais pensant— et en pensant m’assaille u
7925
anson de la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de
l’
examen de conscience : Je vais pensant— et en pensant m’assaille une
7926
la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen
de
conscience : Je vais pensant— et en pensant m’assaille une pitié de
7927
vais pensant— et en pensant m’assaille une pitié
de
moi-même si forte qu’elle me conduit souvent à d’autres pleurs que ce
7928
s pleurs que ceux dont j’eus coutume : car voyant
la
fin chaque jour plus proche, à Dieu mille fois j’ai demandé ces ailes
7929
s j’ai demandé ces ailes avec lesquelles, hors de
la
mortelle prison, pourrait s’enlever mon esprit au ciel. Mais cela, j
7930
nds ton parti avec prudence ! Prends ! Et arrache
de
ton cœur toute racine De ce plaisir qui heureux ne le peut jamais ren
7931
ce ! Prends ! Et arrache de ton cœur toute racine
De
ce plaisir qui heureux ne le peut jamais rendre… Il n’a que trop lon
7932
on cœur toute racine De ce plaisir qui heureux ne
le
peut jamais rendre… Il n’a que trop longtemps mis son espoir en « ce
7933
spoir en « cette fausse douceur fugitive » qu’est
l’
amour idéalisé. Et je me sens au cœur venir, heure par heure, une bel
7934
out penser secret monte droit à mon front où tous
le
voient : aimer une chose mortelle, avec une foi qui à Dieu seul est d
7935
à cet amour blasphématoire, à ce besoin dément.
d’
un plaisir que l’usage en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace d
7936
phématoire, à ce besoin dément. d’un plaisir que
l’
usage en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace de négocier avec l
7937
que l’usage en moi a fait si fort qu’il me donne
l’
audace de négocier avec la mort ! La lucidité même d’un tel cri, où
7938
age en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace
de
négocier avec la mort ! La lucidité même d’un tel cri, où s’avoue l
7939
si fort qu’il me donne l’audace de négocier avec
la
mort ! La lucidité même d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret
7940
il me donne l’audace de négocier avec la mort !
La
lucidité même d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret du mythe cou
7941
ace de négocier avec la mort ! La lucidité même
d’
un tel cri, où s’avoue le dernier secret du mythe courtois, c’est le s
7942
’avoue le dernier secret du mythe courtois, c’est
le
signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est
7943
dernier secret du mythe courtois, c’est le signe
d’
une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est la foi se
7944
e signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à
l’
espoir vain, c’est la foi seule dans le pardon. Voici la conversion de
7945
eçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est
la
foi seule dans le pardon. Voici la conversion de l’espérance qui trou
7946
arracher à l’espoir vain, c’est la foi seule dans
le
pardon. Voici la conversion de l’espérance qui trouve enfin son objet
7947
ir vain, c’est la foi seule dans le pardon. Voici
la
conversion de l’espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or
7948
la foi seule dans le pardon. Voici la conversion
de
l’espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or lève-toi vers
7949
foi seule dans le pardon. Voici la conversion de
l’
espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or lève-toi vers un
7950
-toi vers un espoir plus heureux — en contemplant
le
ciel qui tourne autour de toi immortel et paré ! S’il est vrai, qu’ic
7951
l et paré ! S’il est vrai, qu’ici-bas tant joyeux
de
son mal votre désir s’apaise par un coup d’œil, une parole, une chans
7952
d… quel sera l’autre ! 5.Un idéal à rebours :
la
gauloiserie Imposer un style à la vie des passions — ce rêve de to
7953
à rebours : la gauloiserie Imposer un style à
la
vie des passions — ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par l
7954
Imposer un style à la vie des passions — ce rêve
de
tout le Moyen Âge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est la s
7955
un style à la vie des passions — ce rêve de tout
le
Moyen Âge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est la secrète v
7956
ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par
la
loi chrétienne —, c’est la secrète volonté qui devait donner naissanc
7957
ge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est
la
secrète volonté qui devait donner naissance au mythe. Mais la confusi
7958
olonté qui devait donner naissance au mythe. Mais
la
confusion de la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient
7959
vait donner naissance au mythe. Mais la confusion
de
la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient », avec l’am
7960
t donner naissance au mythe. Mais la confusion de
la
foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient », avec l’amour
7961
Dieu seul est due et à lui seul convient », avec
l’
amour d’« une chose mortelle », en fut la conséquence inévitable. Et c
7962
ul est due et à lui seul convient », avec l’amour
d’
« une chose mortelle », en fut la conséquence inévitable. Et c’est bie
7963
», avec l’amour d’« une chose mortelle », en fut
la
conséquence inévitable. Et c’est bien de cette confusion — non de la
7964
, en fut la conséquence inévitable. Et c’est bien
de
cette confusion — non de la doctrine orthodoxe — que devait résulter
7965
névitable. Et c’est bien de cette confusion — non
de
la doctrine orthodoxe — que devait résulter l’opposition tragique du
7966
itable. Et c’est bien de cette confusion — non de
la
doctrine orthodoxe — que devait résulter l’opposition tragique du cor
7967
on de la doctrine orthodoxe — que devait résulter
l’
opposition tragique du corps et de l’âme. C’est la tendance ascétique,
7968
devait résulter l’opposition tragique du corps et
de
l’âme. C’est la tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d
7969
ait résulter l’opposition tragique du corps et de
l’
âme. C’est la tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d’Or
7970
l’opposition tragique du corps et de l’âme. C’est
la
tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d’Orient — c’est
7971
e l’âme. C’est la tendance ascétique, orientale —
le
monachisme vient d’Orient — c’est la tendance hérétique des « parfait
7972
ndance ascétique, orientale — le monachisme vient
d’
Orient — c’est la tendance hérétique des « parfaits » qui inspira la p
7973
orientale — le monachisme vient d’Orient — c’est
la
tendance hérétique des « parfaits » qui inspira la poésie courtoise.
7974
a tendance hérétique des « parfaits » qui inspira
la
poésie courtoise. C’est donc bien elle, qui, peu à peu, contamina par
7975
est donc bien elle, qui, peu à peu, contamina par
le
moyen d’une littérature idéalisante, l’élite de la société médiévale.
7976
bien elle, qui, peu à peu, contamina par le moyen
d’
une littérature idéalisante, l’élite de la société médiévale. D’où la
7977
amina par le moyen d’une littérature idéalisante,
l’
élite de la société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne po
7978
r le moyen d’une littérature idéalisante, l’élite
de
la société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne pouvait ma
7979
e moyen d’une littérature idéalisante, l’élite de
la
société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne pouvait manqu
7980
ure idéalisante, l’élite de la société médiévale.
D’
où la réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer de s’ensuivre. Elle
7981
déalisante, l’élite de la société médiévale. D’où
la
réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer de s’ensuivre. Elle fut
7982
ù la réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer
de
s’ensuivre. Elle fut surtout sensible dans la bourgeoisie. Dès le déb
7983
uer de s’ensuivre. Elle fut surtout sensible dans
la
bourgeoisie. Dès le début du xiie siècle, en plein triomphe de l’amo
7984
lle fut surtout sensible dans la bourgeoisie. Dès
le
début du xiie siècle, en plein triomphe de l’amour courtois, l’on vo
7985
. Dès le début du xiie siècle, en plein triomphe
de
l’amour courtois, l’on voit paraître cette tendance contraire, celle
7986
ès le début du xiie siècle, en plein triomphe de
l’
amour courtois, l’on voit paraître cette tendance contraire, celle qui
7987
e siècle, en plein triomphe de l’amour courtois,
l’
on voit paraître cette tendance contraire, celle qui glorifiera la vol
7988
re cette tendance contraire, celle qui glorifiera
la
volupté avec le même excès, exactement, que l’autre apporte à glorifi
7989
e contraire, celle qui glorifiera la volupté avec
le
même excès, exactement, que l’autre apporte à glorifier la chasteté.
7990
xcès, exactement, que l’autre apporte à glorifier
la
chasteté. Fabliaux contre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat
7991
Fabliaux contre poésie, cynisme contre idéalisme.
Le
Débat de l’âme et du corps qui date précisément de cette époque, est
7992
contre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat
de
l’âme et du corps qui date précisément de cette époque, est le premie
7993
tre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat de
l’
âme et du corps qui date précisément de cette époque, est le premier t
7994
e Débat de l’âme et du corps qui date précisément
de
cette époque, est le premier témoignage d’un conflit que le mariage c
7995
sément de cette époque, est le premier témoignage
d’
un conflit que le mariage chrétien était censé résoudre. On y voit l’â
7996
poque, est le premier témoignage d’un conflit que
le
mariage chrétien était censé résoudre. On y voit l’âme récemment sépa
7997
mariage chrétien était censé résoudre. On y voit
l’
âme récemment séparée de son corps adresser à son compagnon les reproc
7998
censé résoudre. On y voit l’âme récemment séparée
de
son corps adresser à son compagnon les reproches les plus amers : c’e
7999
ent séparée de son corps adresser à son compagnon
les
reproches les plus amers : c’est lui qui aurait causé sa damnation. M
8000
son corps adresser à son compagnon les reproches
les
plus amers : c’est lui qui aurait causé sa damnation. Mais le corps l
8001
s : c’est lui qui aurait causé sa damnation. Mais
le
corps lui retourne l’accusation (il n’a pas tort.) Ainsi vont-ils, ré
8002
it causé sa damnation. Mais le corps lui retourne
l’
accusation (il n’a pas tort.) Ainsi vont-ils, récriminant trop tard, a
8003
t trop tard, au-devant du supplice éternel. Issus
de
ce ressentiment du corps, les fabliaux eurent un immense succès (aupr
8004
plice éternel. Issus de ce ressentiment du corps,
les
fabliaux eurent un immense succès (auprès du même public, souvent, qu
8005
mense succès (auprès du même public, souvent, que
les
romans idéalistes). C’étaient des historiettes grivoises colportées e
8006
reprises, avec des variantes infinies, par toute
l’
Europe médiévale. Les fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce
8007
variantes infinies, par toute l’Europe médiévale.
Les
fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce le roman de mœurs, q
8008
toute l’Europe médiévale. Les fabliaux annoncent
le
roman comique, qui annonce le roman de mœurs, qui annonce le naturali
8009
fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce
le
roman de mœurs, qui annonce le naturalisme polémique du dernier siècl
8010
annoncent le roman comique, qui annonce le roman
de
mœurs, qui annonce le naturalisme polémique du dernier siècle. Mais j
8011
mique, qui annonce le roman de mœurs, qui annonce
le
naturalisme polémique du dernier siècle. Mais je ne crois pas qu’ils
8012
soient engendrés en ligne directe. Chaque moment
de
cette progression vers le « vrai » se trouve lié, plus étroitement qu
8013
directe. Chaque moment de cette progression vers
le
« vrai » se trouve lié, plus étroitement qu’au précédent, à un moment
8014
tement qu’au précédent, à un moment correspondant
de
la progression vers le « précieux », et c’est de cela qu’il naît, par
8015
ent qu’au précédent, à un moment correspondant de
la
progression vers le « précieux », et c’est de cela qu’il naît, par ré
8016
à un moment correspondant de la progression vers
le
« précieux », et c’est de cela qu’il naît, par réaction. Charles Sore
8017
de la progression vers le « précieux », et c’est
de
cela qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît de l’Astrée, non de
8018
cela qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît
de
l’Astrée, non des fabliaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédie
8019
a qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît de
l’
Astrée, non des fabliaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédies d
8020
harles Sorel naît de l’Astrée, non des fabliaux ;
la
Marianne de Marivaux naît des comédies de Marivaux, non de Sorel ; et
8021
liaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédies
de
Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît de la décomposition du romantis
8022
ne de Marivaux naît des comédies de Marivaux, non
de
Sorel ; et Zola naît de la décomposition du romantisme, au moins auta
8023
comédies de Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît
de
la décomposition du romantisme, au moins autant, si ce n’est beaucoup
8024
édies de Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît de
la
décomposition du romantisme, au moins autant, si ce n’est beaucoup pl
8025
, au moins autant, si ce n’est beaucoup plus, que
de
Balzac (considéré alors comme réaliste). Pour en revenir au xiiie si
8026
r en revenir au xiiie siècle, a-t-on bien vu que
la
littérature sensuelle et volontiers pornographique des fabliaux souff
8027
souffre du même irréalisme, en fin de compte, que
l’
idéal des épopées courtoises ? Il me paraît que la « gauloiserie » n’e
8028
l’idéal des épopées courtoises ? Il me paraît que
la
« gauloiserie » n’est qu’un pétrarquisme à rebours. « On aime à oppos
8029
urs. « On aime à opposer — écrit J. Huizinga129 —
l’
esprit gaulois aux conventions de l’amour courtois et à y voir la conc
8030
J. Huizinga129 — l’esprit gaulois aux conventions
de
l’amour courtois et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en
8031
Huizinga129 — l’esprit gaulois aux conventions de
l’
amour courtois et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en op
8032
s aux conventions de l’amour courtois et à y voir
la
conception naturaliste de l’amour, en opposition avec la conception r
8033
ur courtois et à y voir la conception naturaliste
de
l’amour, en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiser
8034
courtois et à y voir la conception naturaliste de
l’
amour, en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiserie,
8035
eption naturaliste de l’amour, en opposition avec
la
conception romantique. Or la gauloiserie, aussi bien que la courtoisi
8036
, en opposition avec la conception romantique. Or
la
gauloiserie, aussi bien que la courtoisie, est une fiction romantique
8037
ion romantique. Or la gauloiserie, aussi bien que
la
courtoisie, est une fiction romantique. La pensée érotique, pour acqu
8038
en que la courtoisie, est une fiction romantique.
La
pensée érotique, pour acquérir une valeur de culture, doit être styli
8039
que. La pensée érotique, pour acquérir une valeur
de
culture, doit être stylisée. Elle doit représenter la réalité complex
8040
ulture, doit être stylisée. Elle doit représenter
la
réalité complexe et pénible sous une forme simplifiée et illusoire. T
8041
me simplifiée et illusoire. Tout ce qui constitue
la
gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain de toutes les complic
8042
illusoire. Tout ce qui constitue la gauloiserie :
la
licence fantaisiste, le dédain de toutes les complications naturelles
8043
onstitue la gauloiserie : la licence fantaisiste,
le
dédain de toutes les complications naturelles et sociales de l’amour,
8044
a gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain
de
toutes les complications naturelles et sociales de l’amour, l’indulge
8045
rie : la licence fantaisiste, le dédain de toutes
les
complications naturelles et sociales de l’amour, l’indulgence pour le
8046
e toutes les complications naturelles et sociales
de
l’amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie se
8047
outes les complications naturelles et sociales de
l’
amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexue
8048
complications naturelles et sociales de l’amour,
l’
indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la v
8049
urelles et sociales de l’amour, l’indulgence pour
les
mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissa
8050
es de l’amour, l’indulgence pour les mensonges et
les
égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout
8051
, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes
de
la vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fai
8052
’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de
la
vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fait q
8053
les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle,
la
vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fait que donner satisfa
8054
ges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision
d’
une jouissance infinie, tout cela ne fait que donner satisfaction au b
8055
ne fait que donner satisfaction au besoin humain
de
substituer à la réalité le rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore
8056
ner satisfaction au besoin humain de substituer à
la
réalité le rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration
8057
ction au besoin humain de substituer à la réalité
le
rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie su
8058
besoin humain de substituer à la réalité le rêve
d’
une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie sublime, t
8059
vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à
la
vie sublime, tout comme l’autre, mais cette fois du côté animal. C’es
8060
du côté animal. C’est un idéal quand même : celui
de
la luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’amour alambiqu
8061
côté animal. C’est un idéal quand même : celui de
la
luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’amour alambiqué,
8062
uand même : celui de la luxure. » Ce lien profond
de
la gauloiserie et de l’amour alambiqué, on le surprend dans une satir
8063
d même : celui de la luxure. » Ce lien profond de
la
gauloiserie et de l’amour alambiqué, on le surprend dans une satire d
8064
la luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et
de
l’amour alambiqué, on le surprend dans une satire du xiiie siècle in
8065
luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de
l’
amour alambiqué, on le surprend dans une satire du xiiie siècle intit
8066
ond de la gauloiserie et de l’amour alambiqué, on
le
surprend dans une satire du xiiie siècle intitulée l’Évangile des fe
8067
rprend dans une satire du xiiie siècle intitulée
l’
Évangile des femmes : c’est une suite de quatrains dont les trois prem
8068
intitulée l’Évangile des femmes : c’est une suite
de
quatrains dont les trois premiers vers exaltent la femme selon le mod
8069
le des femmes : c’est une suite de quatrains dont
les
trois premiers vers exaltent la femme selon le mode courtois, tandis
8070
e quatrains dont les trois premiers vers exaltent
la
femme selon le mode courtois, tandis que la quatrième réfute d’un tra
8071
t les trois premiers vers exaltent la femme selon
le
mode courtois, tandis que la quatrième réfute d’un trait brutal ces é
8072
le mode courtois, tandis que la quatrième réfute
d’
un trait brutal ces éloges. Autre complicité : la gauloiserie démolit
8073
d’un trait brutal ces éloges. Autre complicité :
la
gauloiserie démolit le mariage par en bas, alors que la chevalerie le
8074
éloges. Autre complicité : la gauloiserie démolit
le
mariage par en bas, alors que la chevalerie le ridiculisait d’en haut
8075
loiserie démolit le mariage par en bas, alors que
la
chevalerie le ridiculisait d’en haut. Comme on peut le voir, entre au
8076
it le mariage par en bas, alors que la chevalerie
le
ridiculisait d’en haut. Comme on peut le voir, entre autres, dans le
8077
r en bas, alors que la chevalerie le ridiculisait
d’
en haut. Comme on peut le voir, entre autres, dans le Dit de Chiceface
8078
evalerie le ridiculisait d’en haut. Comme on peut
le
voir, entre autres, dans le Dit de Chiceface. Chiceface est le monstr
8079
n haut. Comme on peut le voir, entre autres, dans
le
Dit de Chiceface. Chiceface est le monstre fabuleux qui ne se nourrit
8080
Comme on peut le voir, entre autres, dans le Dit
de
Chiceface. Chiceface est le monstre fabuleux qui ne se nourrit que de
8081
e autres, dans le Dit de Chiceface. Chiceface est
le
monstre fabuleux qui ne se nourrit que de femmes fidèles, aussi est-i
8082
ace est le monstre fabuleux qui ne se nourrit que
de
femmes fidèles, aussi est-il d’une maigreur effroyable, tandis que so
8083
ne se nourrit que de femmes fidèles, aussi est-il
d’
une maigreur effroyable, tandis que son confrère Bigorne, lequel ne ma
8084
dis que son confrère Bigorne, lequel ne mange que
les
maris soumis, est d’un embonpoint sans pareil. Parallèlement à ces de
8085
igorne, lequel ne mange que les maris soumis, est
d’
un embonpoint sans pareil. Parallèlement à ces deux courants issus du
8086
èlement à ces deux courants issus du mythe notons
la
réaction des clercs : c’est encore le chanoine Pétrarque qui lui mont
8087
ythe notons la réaction des clercs : c’est encore
le
chanoine Pétrarque qui lui montre la voie, en consacrant ses derniers
8088
c’est encore le chanoine Pétrarque qui lui montre
la
voie, en consacrant ses derniers chants à la louange de la Vierge — N
8089
ntre la voie, en consacrant ses derniers chants à
la
louange de la Vierge — Notre Dame opposée à « ma » dame — mais sans v
8090
e, en consacrant ses derniers chants à la louange
de
la Vierge — Notre Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier le mo
8091
en consacrant ses derniers chants à la louange de
la
Vierge — Notre Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier le moins
8092
tre Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier
le
moins du monde ses lieux communs de poésie courtoise130. Dante a veng
8093
s sans varier le moins du monde ses lieux communs
de
poésie courtoise130. Dante a vengé d’avance les troubadours en mettan
8094
eux communs de poésie courtoise130. Dante a vengé
d’
avance les troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers de Marie »
8095
ns de poésie courtoise130. Dante a vengé d’avance
les
troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers de Marie », moines i
8096
troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers
de
Marie », moines italiens appelés aussi « chevaliers joyeux » à cause
8097
solue, et malgré leur saint patronage. 6.Suite
de
la chevalerie, jusqu’à Cervantès L’influence du roman breton est a
8098
ue, et malgré leur saint patronage. 6.Suite de
la
chevalerie, jusqu’à Cervantès L’influence du roman breton est atte
8099
6.Suite de la chevalerie, jusqu’à Cervantès
L’
influence du roman breton est attestée par des centaines de textes à t
8100
ce du roman breton est attestée par des centaines
de
textes à travers les xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre la mê
8101
st attestée par des centaines de textes à travers
les
xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre la même étendue que l’infl
8102
rs les xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre
la
même étendue que l’influence des troubadours : l’Europe entière. Les
8103
et xve siècles. Elle couvre la même étendue que
l’
influence des troubadours : l’Europe entière. Les minnesänger (chanteu
8104
la même étendue que l’influence des troubadours :
l’
Europe entière. Les minnesänger (chanteurs de l’Amour) en Allemagne so
8105
e l’influence des troubadours : l’Europe entière.
Les
minnesänger (chanteurs de l’Amour) en Allemagne sont nourris de légen
8106
rs : l’Europe entière. Les minnesänger (chanteurs
de
l’Amour) en Allemagne sont nourris de légendes cathares131 et par ail
8107
: l’Europe entière. Les minnesänger (chanteurs de
l’
Amour) en Allemagne sont nourris de légendes cathares131 et par ailleu
8108
(chanteurs de l’Amour) en Allemagne sont nourris
de
légendes cathares131 et par ailleurs ne font qu’adapter du français l
8109
31 et par ailleurs ne font qu’adapter du français
les
récits de Chrétien de Troyes. On traduit le roman de Tristan dans tou
8110
illeurs ne font qu’adapter du français les récits
de
Chrétien de Troyes. On traduit le roman de Tristan dans toutes les la
8111
çais les récits de Chrétien de Troyes. On traduit
le
roman de Tristan dans toutes les langues d’Occident. L’Anglais Thomas
8112
récits de Chrétien de Troyes. On traduit le roman
de
Tristan dans toutes les langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory,
8113
royes. On traduit le roman de Tristan dans toutes
les
langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle,
8114
aduit le roman de Tristan dans toutes les langues
d’
Occident. L’Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle, en refait
8115
an de Tristan dans toutes les langues d’Occident.
L’
Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle, en refait une version
8116
es langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory, à
la
fin du xve siècle, en refait une version en prose. Dante considère l
8117
, en refait une version en prose. Dante considère
le
cycle épique et romanesque de la France du Nord comme le modèle unive
8118
se. Dante considère le cycle épique et romanesque
de
la France du Nord comme le modèle universel de toute prose narrative,
8119
Dante considère le cycle épique et romanesque de
la
France du Nord comme le modèle universel de toute prose narrative, et
8120
e épique et romanesque de la France du Nord comme
le
modèle universel de toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait
8121
ue de la France du Nord comme le modèle universel
de
toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait de Tristan (dans sa
8122
toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait
de
Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait de la femme idéale. De là, j
8123
to Latini extrait de Tristan (dans sa Rhétorique)
le
portrait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de l
8124
trait de Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait
de
la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de
8125
it de Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait de
la
femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la
8126
ns sa Rhétorique) le portrait de la femme idéale.
De
là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des E
8127
portrait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond
de
la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrabl
8128
trait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de
la
Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables
8129
femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège,
de
la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations,
8130
me idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de
la
Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, don
8131
De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie,
de
la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont les Amadi
8132
là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de
la
Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont les Amadis p
8133
ège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes,
d’
innombrables imitations, dont les Amadis portugais (puis espagnols, pu
8134
et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont
les
Amadis portugais (puis espagnols, puis français) nous offrent le meil
8135
gais (puis espagnols, puis français) nous offrent
le
meilleur exemple au xve et au xvie siècles. Par un phénomène remarq
8136
is auquel on pouvait s’attendre, certains auteurs
de
ces imitations se trouvent amenés à redécouvrir le sens original des
8137
e ces imitations se trouvent amenés à redécouvrir
le
sens original des légendes mystiques. Mais alors ils ne peuvent se se
8138
ystiques. Mais alors ils ne peuvent se servir que
d’
une mythologie toute catholique — soit prudence ou incompréhension — a
8139
dence ou incompréhension — assez incompatible, on
l’
a bien vu, avec l’intention primitive. En 1554, en Espagne, paraît un
8140
ension — assez incompatible, on l’a bien vu, avec
l’
intention primitive. En 1554, en Espagne, paraît un livre de Hyeronimo
8141
n primitive. En 1554, en Espagne, paraît un livre
de
Hyeronimo de Sempere portant ce titre flamboyant : Libro de cavalleri
8142
mo de Sempere portant ce titre flamboyant : Libro
de
cavalleria celestial del pié de la rosa fragante. Le Christ y devient
8143
lamboyant : Libro de cavalleria celestial del pié
de
la rosa fragante. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le
8144
boyant : Libro de cavalleria celestial del pié de
la
rosa fragante. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le che
8145
cavalleria celestial del pié de la rosa fragante.
Le
Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le chevalier du Serpent,
8146
del pié de la rosa fragante. Le Christ y devient
le
chevalier du Lion, Satan le chevalier du Serpent, Jean-Baptiste le ch
8147
. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan
le
chevalier du Serpent, Jean-Baptiste le chevalier du Désert, et les ap
8148
ion, Satan le chevalier du Serpent, Jean-Baptiste
le
chevalier du Désert, et les apôtres, les douze chevaliers de la Table
8149
Serpent, Jean-Baptiste le chevalier du Désert, et
les
apôtres, les douze chevaliers de la Table ronde. Or, selon Rahn, la T
8150
-Baptiste le chevalier du Désert, et les apôtres,
les
douze chevaliers de la Table ronde. Or, selon Rahn, la Table ronde du
8151
r du Désert, et les apôtres, les douze chevaliers
de
la Table ronde. Or, selon Rahn, la Table ronde du Parzival, au sanctu
8152
u Désert, et les apôtres, les douze chevaliers de
la
Table ronde. Or, selon Rahn, la Table ronde du Parzival, au sanctuair
8153
uze chevaliers de la Table ronde. Or, selon Rahn,
la
Table ronde du Parzival, au sanctuaire de Montségur ou « Montsalvat »
8154
n Rahn, la Table ronde du Parzival, au sanctuaire
de
Montségur ou « Montsalvat » — dernière forteresse des cathares — c’ét
8155
at » — dernière forteresse des cathares — c’était
le
symbole du collège des « parfaits »… Cervantès ne cite point les très
8156
collège des « parfaits »… Cervantès ne cite point
les
très nombreux romans de « chevalerie célestielle » qu’on lisait de so
8157
Cervantès ne cite point les très nombreux romans
de
« chevalerie célestielle » qu’on lisait de son temps avec passion132.
8158
romans de « chevalerie célestielle » qu’on lisait
de
son temps avec passion132. Il ne s’en prend, dans son Quichotte, qu’a
8159
ne s’en prend, dans son Quichotte, qu’aux romans
d’
aventures profanes. Cette omission est mystérieuse. Elle militerait en
8160
ion est mystérieuse. Elle militerait en faveur de
la
thèse selon laquelle Cervantès connaissait la signification réelle de
8161
de la thèse selon laquelle Cervantès connaissait
la
signification réelle de la littérature courtoise, et raillait non san
8162
lle Cervantès connaissait la signification réelle
de
la littérature courtoise, et raillait non sans désespoir les rêveries
8163
Cervantès connaissait la signification réelle de
la
littérature courtoise, et raillait non sans désespoir les rêveries de
8164
érature courtoise, et raillait non sans désespoir
les
rêveries de ses contemporains, adonnés à une illusion dont ils avaien
8165
oise, et raillait non sans désespoir les rêveries
de
ses contemporains, adonnés à une illusion dont ils avaient perdu le s
8166
ns, adonnés à une illusion dont ils avaient perdu
le
secret. Don Quichotte ne serait grotesque que parce qu’il veut imiter
8167
uelle il n’est pas initié, et suivre une voie que
le
malheur des temps rend totalement impraticable. L’Église de Rome a tr
8168
e malheur des temps rend totalement impraticable.
L’
Église de Rome a triomphé. Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté,
8169
des temps rend totalement impraticable. L’Église
de
Rome a triomphé. Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté, avec l’ho
8170
. Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté, avec
l’
honnête et réaliste Sancho Pança… 7. Roméo et Juliette — Milton
8171
osse, leurs traditions resteront vivantes jusqu’à
l’
époque où Macpherson les transcrira en langage moderne. Et en Irlande,
8172
resteront vivantes jusqu’à l’époque où Macpherson
les
transcrira en langage moderne. Et en Irlande, elles vivent encore de
8173
ngage moderne. Et en Irlande, elles vivent encore
de
nos jours. Je ne puis examiner ici le problème des rapports entre ce
8174
vent encore de nos jours. Je ne puis examiner ici
le
problème des rapports entre ce fonds de légendes celtiques et la litt
8175
miner ici le problème des rapports entre ce fonds
de
légendes celtiques et la littérature anglaise populaire et savante. M
8176
rapports entre ce fonds de légendes celtiques et
la
littérature anglaise populaire et savante. Mais il est significatif q
8177
pulaire et savante. Mais il est significatif qu’à
la
fin du xviie siècle, un bon lettré comme Robert Kirk, théologien et
8178
théologien et humaniste, ait écrit un traité sur
les
fées, sans trace de scepticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque r
8179
ste, ait écrit un traité sur les fées, sans trace
de
scepticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque rien de Shakespeare,
8180
traité sur les fées, sans trace de scepticisme ou
d’
ironie. Nous ne savons presque rien de Shakespeare, — mais nous avons
8181
pticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque rien
de
Shakespeare, — mais nous avons le Songe d’une Nuit d’été. Et l’on dit
8182
ns presque rien de Shakespeare, — mais nous avons
le
Songe d’une Nuit d’été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nou
8183
e rien de Shakespeare, — mais nous avons le Songe
d’
une Nuit d’été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nous avons R
8184
hakespeare, — mais nous avons le Songe d’une Nuit
d’
été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nous avons Roméo et Jul
8185
, — mais nous avons le Songe d’une Nuit d’été. Et
l’
on dit qu’il était catholique — mais nous avons Roméo et Juliette qui
8186
lique — mais nous avons Roméo et Juliette qui est
la
seule tragédie courtoise, et la plus belle résurrection du mythe avan
8187
Juliette qui est la seule tragédie courtoise, et
la
plus belle résurrection du mythe avant le Tristan de Wagner. Tant qu’
8188
ise, et la plus belle résurrection du mythe avant
le
Tristan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire
8189
stan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout
de
la vie, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demande
8190
n de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de
la
vie, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s
8191
ant qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire
de
l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissai
8192
qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire de
l’
identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissait l
8193
re à peu près tout de la vie, voire de l’identité
de
Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissait la tradition
8194
, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain
de
se demander s’il connaissait la tradition secrète des troubadours. Ma
8195
eare, il est vain de se demander s’il connaissait
la
tradition secrète des troubadours. Mais on peut relever ce fait : que
8196
principaux centres du catharisme en Italie. Selon
le
moine Ranieri Saccone, qui fut dix-sept ans hérétique, il y avait à V
8197
one près de cinq-cents « parfaits », sans compter
les
« croyants » en beaucoup plus grand nombre… Comment les légendes de c
8198
croyants » en beaucoup plus grand nombre… Comment
les
légendes de ce temps n’auraient-elles point gardé de traces des lutte
8199
beaucoup plus grand nombre… Comment les légendes
de
ce temps n’auraient-elles point gardé de traces des luttes violentes
8200
légendes de ce temps n’auraient-elles point gardé
de
traces des luttes violentes qui opposèrent dans la cité les « patarin
8201
e traces des luttes violentes qui opposèrent dans
la
cité les « patarins » aux orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieu
8202
des luttes violentes qui opposèrent dans la cité
les
« patarins » aux orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieuses du si
8203
des luttes religieuses du siècle, qui refoulaient
les
anciennes hérésies dans une obscurité plus profonde que jamais, la tr
8204
sies dans une obscurité plus profonde que jamais,
la
tragédie des Amants de Vérone, c’est le voile un instant déchiré, ne
8205
plus profonde que jamais, la tragédie des Amants
de
Vérone, c’est le voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir de
8206
e jamais, la tragédie des Amants de Vérone, c’est
le
voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir de nos yeux que l’i
8207
voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir
de
nos yeux que l’image négative d’un éclat, « le soleil noir de la méla
8208
déchiré, ne laissant au souvenir de nos yeux que
l’
image négative d’un éclat, « le soleil noir de la mélancolie ». Surgi
8209
sant au souvenir de nos yeux que l’image négative
d’
un éclat, « le soleil noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs d
8210
ir de nos yeux que l’image négative d’un éclat, «
le
soleil noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide
8211
que l’image négative d’un éclat, « le soleil noir
de
la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide de tortures tra
8212
l’image négative d’un éclat, « le soleil noir de
la
mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide de tortures transf
8213
il noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs
de
l’âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’écl
8214
noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de
l’
âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair
8215
élancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide
de
tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de l’amour
8216
deurs de l’âme avide de tortures transfigurantes,
de
la nuit abyssale où l’éclair de l’amour illumine parfois une face imm
8217
rs de l’âme avide de tortures transfigurantes, de
la
nuit abyssale où l’éclair de l’amour illumine parfois une face immobi
8218
tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où
l’
éclair de l’amour illumine parfois une face immobile et fascinante, —
8219
transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair
de
l’amour illumine parfois une face immobile et fascinante, — ce nous-m
8220
ansfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de
l’
amour illumine parfois une face immobile et fascinante, — ce nous-même
8221
s une face immobile et fascinante, — ce nous-même
d’
horreur et de divinité auquel s’adressent nos plus beaux poèmes ; ress
8222
mobile et fascinante, — ce nous-même d’horreur et
de
divinité auquel s’adressent nos plus beaux poèmes ; ressuscité d’un c
8223
el s’adressent nos plus beaux poèmes ; ressuscité
d’
un coup dans sa pleine stature, comme étourdi de sa jeunesse provocant
8224
é d’un coup dans sa pleine stature, comme étourdi
de
sa jeunesse provocante et enivrée de rhétorique, au seuil du tombeau
8225
omme étourdi de sa jeunesse provocante et enivrée
de
rhétorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici le mythe de nouveau
8226
nte et enivrée de rhétorique, au seuil du tombeau
de
Mantoue voici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une tor
8227
rhétorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici
le
mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une torche que tient Rom
8228
antoue voici le mythe de nouveau qui se dresse, à
la
lueur d’une torche que tient Roméo. Juliette repose, endormie par le
8229
ici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur
d’
une torche que tient Roméo. Juliette repose, endormie par le philtre.
8230
he que tient Roméo. Juliette repose, endormie par
le
philtre. Le fils de Montague est entré, et il parle : Combien souven
8231
Roméo. Juliette repose, endormie par le philtre.
Le
fils de Montague est entré, et il parle : Combien souvent les hommes
8232
Juliette repose, endormie par le philtre. Le fils
de
Montague est entré, et il parle : Combien souvent les hommes sur le
8233
ontague est entré, et il parle : Combien souvent
les
hommes sur le point de mourir Se sont sentis joyeux ! Ceux qui veille
8234
entis joyeux ! Ceux qui veillent sur eux Disent :
l’
éclair avant la mort. Mais moi pourrai-je Nommer cette mort éclair ? Ô
8235
Ceux qui veillent sur eux Disent : l’éclair avant
la
mort. Mais moi pourrai-je Nommer cette mort éclair ? Ô mon amour, ma
8236
Nommer cette mort éclair ? Ô mon amour, ma femme,
La
mort a sucé le miel de ton haleine Et n’a pas eu de prise encor sur t
8237
rt éclair ? Ô mon amour, ma femme, La mort a sucé
le
miel de ton haleine Et n’a pas eu de prise encor sur ta beauté Et tu
8238
r ? Ô mon amour, ma femme, La mort a sucé le miel
de
ton haleine Et n’a pas eu de prise encor sur ta beauté Et tu n’es pas
8239
mort a sucé le miel de ton haleine Et n’a pas eu
de
prise encor sur ta beauté Et tu n’es pas conquise. L’enseigne de beau
8240
rise encor sur ta beauté Et tu n’es pas conquise.
L’
enseigne de beauté Est encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et
8241
sur ta beauté Et tu n’es pas conquise. L’enseigne
de
beauté Est encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle dra
8242
st encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et
le
pâle drapeau de la mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pour
8243
sie sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle drapeau
de
la mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pourquoi es-tu si be
8244
sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle drapeau de
la
mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pourquoi es-tu si belle
8245
urquoi es-tu si belle encore ? Dois-je penser Que
la
mort non substantielle est amoureuse Et que le monstre maigre te cons
8246
ue la mort non substantielle est amoureuse Et que
le
monstre maigre te conserve Ici pour être ton amant dans la ténèbre ?
8247
e maigre te conserve Ici pour être ton amant dans
la
ténèbre ? Par crainte de cela je demeure avec toi Et plus jamais de c
8248
rainte de cela je demeure avec toi Et plus jamais
de
ce palais de la nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Av
8249
a je demeure avec toi Et plus jamais de ce palais
de
la nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec les vers q
8250
e demeure avec toi Et plus jamais de ce palais de
la
nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec les vers qui
8251
bscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec
les
vers qui sont tes serviteurs ; ici, ici Je vais fixer mon repos étern
8252
ici, ici Je vais fixer mon repos éternel, Secouer
l’
influence des étoiles funestes Et sortir de cette chair lasse du monde
8253
ecouer l’influence des étoiles funestes Et sortir
de
cette chair lasse du monde. Mes yeux regardez une dernière fois ! Mes
8254
n légitime baiser Scellez un marché sans âge avec
la
dévorante mort ! Viens amer conducteur. Viens guide repoussant. Toi d
8255
epoussant. Toi désespéré pilote, jette enfin Sur
les
récifs brisants ta barque épuisée, malade de la mer ! Voilà pour mon
8256
Sur les récifs brisants ta barque épuisée, malade
de
la mer ! Voilà pour mon amour ! (Il boit.) … Honnête apothicaire Ta d
8257
les récifs brisants ta barque épuisée, malade de
la
mer ! Voilà pour mon amour ! (Il boit.) … Honnête apothicaire Ta drog
8258
ire Ta drogue est rapide. En un baiser je meurs.
Le
consolament de la Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais
8259
st rapide. En un baiser je meurs. Le consolament
de
la Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’É
8260
rapide. En un baiser je meurs. Le consolament de
la
Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros
8261
eurs. Le consolament de la Mort vient de sceller
le
seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros. Voici « l’aube » profan
8262
sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir
l’
Éros. Voici « l’aube » profane, encore une fois, le monde encore une f
8263
mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros. Voici «
l’
aube » profane, encore une fois, le monde encore une fois qui recommen
8264
’Éros. Voici « l’aube » profane, encore une fois,
le
monde encore une fois qui recommence, et le Prince, rendu à son règne
8265
fois, le monde encore une fois qui recommence, et
le
Prince, rendu à son règne sévère : Ce matin nous apporte une paix as
8266
sombrie… Séparons-nous pour nous entretenir encor
de
ces tristesses.133 ⁂ Il est certain que Milton quoique puritain sub
8267
Il est certain que Milton quoique puritain subit
l’
influence de doctrines cabalistiques aussi peu « spiritualistes » que
8268
ain que Milton quoique puritain subit l’influence
de
doctrines cabalistiques aussi peu « spiritualistes » que possible. Ma
8269
s aussi peu « spiritualistes » que possible. Mais
la
révolte des « puritains » contre la royauté et les évêques mondanisés
8270
ossible. Mais la révolte des « puritains » contre
la
royauté et les évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas la révolte des
8271
la révolte des « puritains » contre la royauté et
les
évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas la révolte des « purs » contr
8272
té et les évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas
la
révolte des « purs » contre la féodalité et le clergé ? Deux poèmes d
8273
’évoque-t-elle pas la révolte des « purs » contre
la
féodalité et le clergé ? Deux poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa
8274
as la révolte des « purs » contre la féodalité et
le
clergé ? Deux poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’All
8275
» contre la féodalité et le clergé ? Deux poèmes
de
Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’Allegro et le Penseroso exp
8276
poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse,
l’
Allegro et le Penseroso expriment l’opposition du Jour et de la Nuit,
8277
ton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’Allegro et
le
Penseroso expriment l’opposition du Jour et de la Nuit, et le choix n
8278
sa jeunesse, l’Allegro et le Penseroso expriment
l’
opposition du Jour et de la Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas
8279
et le Penseroso expriment l’opposition du Jour et
de
la Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le
8280
le Penseroso expriment l’opposition du Jour et de
la
Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le fer
8281
expriment l’opposition du Jour et de la Nuit, et
le
choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le fera sans doute
8282
hoix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne
le
fera sans doute jamais : du moins pas sans de telles réticences qu’il
8283
ne le fera sans doute jamais : du moins pas sans
de
telles réticences qu’il serait vain de conclure sur ce point plus net
8284
s pas sans de telles réticences qu’il serait vain
de
conclure sur ce point plus nettement qu’il ne l’a voulu.) Avant même
8285
de conclure sur ce point plus nettement qu’il ne
l’
a voulu.) Avant même d’embrasser la cause puritaine, Milton cherchant
8286
nt plus nettement qu’il ne l’a voulu.) Avant même
d’
embrasser la cause puritaine, Milton cherchant un sujet d’épopée avait
8287
ement qu’il ne l’a voulu.) Avant même d’embrasser
la
cause puritaine, Milton cherchant un sujet d’épopée avait envisagé pa
8288
ser la cause puritaine, Milton cherchant un sujet
d’
épopée avait envisagé parfois le thème de la légende celtique d’Arthur
8289
herchant un sujet d’épopée avait envisagé parfois
le
thème de la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table r
8290
un sujet d’épopée avait envisagé parfois le thème
de
la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dan
8291
sujet d’épopée avait envisagé parfois le thème de
la
légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dans s
8292
envisagé parfois le thème de la légende celtique
d’
Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge
8293
de la légende celtique d’Arthur et des chevaliers
de
la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de la Mélancolie nocturne,
8294
la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de
la
Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de la Mélancolie nocturne, s’a
8295
iers de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge
de
la Mélancolie nocturne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse » il la
8296
s de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de
la
Mélancolie nocturne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse » il la pr
8297
turne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse » il
la
prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédai
8298
’adressant à cette « Vierge sérieuse » il la prie
d’
évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bag
8299
e « Vierge sérieuse » il la prie d’évoquer encore
l’
âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs
8300
erge sérieuse » il la prie d’évoquer encore l’âme
d’
Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiq
8301
use » il la prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée,
l’
époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiques, et fi
8302
la prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux
de
Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiques, et finalement
8303
l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait
la
bague et les miroirs magiques, et finalement les « illustres bardes »
8304
hée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et
les
miroirs magiques, et finalement les « illustres bardes » qui chantèr
8305
t la bague et les miroirs magiques, et finalement
les
« illustres bardes » qui chantèrent d’une voix grave et solennelle t
8306
nalement les « illustres bardes » qui chantèrent
d’
une voix grave et solennelle tournois et trophées remportés, forêts, e
8307
emportés, forêts, enchantements terribles et dont
le
sens dépasse le son. « Where more is meant then meets the ear »… Il
8308
, enchantements terribles et dont le sens dépasse
le
son. « Where more is meant then meets the ear »… Il avait étudié pou
8309
eets the ear »… Il avait étudié pour son Histoire
de
Bretagne la chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le De doct
8310
»… Il avait étudié pour son Histoire de Bretagne
la
chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le De doctrina christi
8311
la chronique arthurienne et ses légendes. Et dans
le
De doctrina christiana, il s’était insurgé « contre la puissance créa
8312
chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le
De
doctrina christiana, il s’était insurgé « contre la puissance créatri
8313
doctrina christiana, il s’était insurgé « contre
la
puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’
8314
l s’était insurgé « contre la puissance créatrice
de
Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant
8315
é « contre la puissance créatrice de Dieu, contre
les
dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions t
8316
la puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes
de
la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions théologique
8317
puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes de
la
Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions théologiques t
8318
trice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et
de
l’Incarnation… répudiant les définitions théologiques traditionnelles
8319
ce de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de
l’
Incarnation… répudiant les définitions théologiques traditionnelles qu
8320
gmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant
les
définitions théologiques traditionnelles qui ne trouvaient point dans
8321
ques traditionnelles qui ne trouvaient point dans
la
Bible leur fondement.134 » Mettons à part ce dernier trait, qui malgr
8322
dernier trait, qui malgré tout rattache Milton à
la
Réforme : n’est-ce point la même et unique hérésie que nous trouvons
8323
out rattache Milton à la Réforme : n’est-ce point
la
même et unique hérésie que nous trouvons partout et en tous temps à l
8324
ésie que nous trouvons partout et en tous temps à
l’
origine du grand lyrisme passionnel ? Quant au « matérialisme » de Mil
8325
nd lyrisme passionnel ? Quant au « matérialisme »
de
Milton, il s’oppose moins qu’on pourrait le croire à une doctrine « c
8326
sme » de Milton, il s’oppose moins qu’on pourrait
le
croire à une doctrine « courtoise » de l’amour. Entre un monisme qui
8327
n pourrait le croire à une doctrine « courtoise »
de
l’amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou l’in
8328
ourrait le croire à une doctrine « courtoise » de
l’
amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou l’inver
8329
toise » de l’amour. Entre un monisme qui assimile
l’
esprit à la matière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne la mat
8330
l’amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à
la
matière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne la matière au nom
8331
un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou
l’
inverse), et un dualisme qui condamne la matière au nom de l’esprit, l
8332
tière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne
la
matière au nom de l’esprit, l’histoire des sectes gnostiques et manic
8333
et un dualisme qui condamne la matière au nom de
l’
esprit, l’histoire des sectes gnostiques et manichéennes montre bien q
8334
lisme qui condamne la matière au nom de l’esprit,
l’
histoire des sectes gnostiques et manichéennes montre bien que l’abîme
8335
sectes gnostiques et manichéennes montre bien que
l’
abîme n’est pas infranchissable, surtout sur le plan de l’éthique. L’i
8336
me n’est pas infranchissable, surtout sur le plan
de
l’éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposé
8337
n’est pas infranchissable, surtout sur le plan de
l’
éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposés c
8338
nfranchissable, surtout sur le plan de l’éthique.
L’
idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposés communs. L’e
8339
surtout sur le plan de l’éthique. L’idéalisme et
le
matérialisme ont d’importants présupposés communs. L’extrême de la lu
8340
de l’éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont
d’
importants présupposés communs. L’extrême de la luxure touche parfois
8341
atérialisme ont d’importants présupposés communs.
L’
extrême de la luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée.
8342
e ont d’importants présupposés communs. L’extrême
de
la luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et la néga
8343
nt d’importants présupposés communs. L’extrême de
la
luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et la négatio
8344
és communs. L’extrême de la luxure touche parfois
l’
extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton
8345
. L’extrême de la luxure touche parfois l’extrême
de
la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le condu
8346
’extrême de la luxure touche parfois l’extrême de
la
chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le conduit
8347
uche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et
la
négation de la mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien p
8348
l’extrême de la chasteté exaltée. Et la négation
de
la mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien proches de ce
8349
extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de
la
mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien proches de celle
8350
exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton,
le
conduit à des conclusions bien proches de celles des cathares. Comme
8351
Milton, le conduit à des conclusions bien proches
de
celles des cathares. Comme eux, Milton croit que le bon désir procède
8352
celles des cathares. Comme eux, Milton croit que
le
bon désir procède des principes intellectuels, et qu’il doit nous pur
8353
rincipes intellectuels, et qu’il doit nous purger
de
notre mauvais désir, de la sensualité, péché majeur. Et Fludd, son ma
8354
et qu’il doit nous purger de notre mauvais désir,
de
la sensualité, péché majeur. Et Fludd, son maître en occultisme, ense
8355
qu’il doit nous purger de notre mauvais désir, de
la
sensualité, péché majeur. Et Fludd, son maître en occultisme, enseign
8356
t Fludd, son maître en occultisme, enseignait que
la
lumière est la matière divine… Il reste cependant que la doctrine de
8357
ître en occultisme, enseignait que la lumière est
la
matière divine… Il reste cependant que la doctrine de Milton est bien
8358
ère est la matière divine… Il reste cependant que
la
doctrine de Milton est bien plus « rationnelle » et sociale que celle
8359
atière divine… Il reste cependant que la doctrine
de
Milton est bien plus « rationnelle » et sociale que celle des hérétiq
8360
des hérétiques du Midi. (Il considère par exemple
le
mariage comme un « remède contre l’incontinence ».) Aussi ne devait-e
8361
e par exemple le mariage comme un « remède contre
l’
incontinence ».) Aussi ne devait-elle point favoriser les confusions e
8362
ntinence ».) Aussi ne devait-elle point favoriser
les
confusions extrêmes de la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas
8363
vait-elle point favoriser les confusions extrêmes
de
la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les
8364
t-elle point favoriser les confusions extrêmes de
la
chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les se
8365
favoriser les confusions extrêmes de la chair et
de
l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les sectes néo-man
8366
voriser les confusions extrêmes de la chair et de
l’
esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les sectes néo-manich
8367
de la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas
de
se produire dans les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de la
8368
’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans
les
sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de la mystique à la psychol
8369
produire dans les sectes néo-manichéennes. 8.
L’
Astrée : de la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans l
8370
ans les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée :
de
la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au
8371
les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de
la
mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au xv
8372
o-manichéennes. 8. L’Astrée : de la mystique à
la
psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au xviie siècle fr
8373
8. L’Astrée : de la mystique à la psychologie
L’
histoire du mythe dans le Roman, au xviie siècle français, peut se ré
8374
ique à la psychologie L’histoire du mythe dans
le
Roman, au xviie siècle français, peut se réduire, hélas, en une form
8375
rançais, peut se réduire, hélas, en une formule :
la
mystique se dégrade en pure psychologie. Le Roman devient l’objet d’u
8376
ule : la mystique se dégrade en pure psychologie.
Le
Roman devient l’objet d’une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenè
8377
se dégrade en pure psychologie. Le Roman devient
l’
objet d’une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville e
8378
ade en pure psychologie. Le Roman devient l’objet
d’
une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville et les Sc
8379
Roman devient l’objet d’une littérature raffinée.
D’
Urfé, La Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus la moindre
8380
vient l’objet d’une littérature raffinée. D’Urfé,
La
Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus la moindre idée du
8381
e raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville et
les
Scudéry n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique de la chevaleri
8382
Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus
la
moindre idée du sens ésotérique de la chevalerie légendaire. La natur
8383
éry n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique
de
la chevalerie légendaire. La nature symbolique des sujets qu’ils repr
8384
n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique de
la
chevalerie légendaire. La nature symbolique des sujets qu’ils reprenn
8385
e du sens ésotérique de la chevalerie légendaire.
La
nature symbolique des sujets qu’ils reprennent les induit simplement
8386
La nature symbolique des sujets qu’ils reprennent
les
induit simplement à composer d’interminables romans à clef. Polexandr
8387
u’ils reprennent les induit simplement à composer
d’
interminables romans à clef. Polexandre est Louis XIII, Cyrus est le G
8388
mans à clef. Polexandre est Louis XIII, Cyrus est
le
Grand Condé, Diane est Marie de Médicis, etc. Le sujet du roman demeu
8389
le Grand Condé, Diane est Marie de Médicis, etc.
Le
sujet du roman demeure les « contrariétés » de l’amour, mais l’obstac
8390
Marie de Médicis, etc. Le sujet du roman demeure
les
« contrariétés » de l’amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté de
8391
c. Le sujet du roman demeure les « contrariétés »
de
l’amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et
8392
Le sujet du roman demeure les « contrariétés » de
l’
amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et mé
8393
man demeure les « contrariétés » de l’amour, mais
l’
obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et métaphysique dan
8394
rariétés » de l’amour, mais l’obstacle n’est plus
la
volonté de mort, si secrète et métaphysique dans Tristan : c’est simp
8395
de l’amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté
de
mort, si secrète et métaphysique dans Tristan : c’est simplement le p
8396
e et métaphysique dans Tristan : c’est simplement
le
point d’honneur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est la plus
8397
physique dans Tristan : c’est simplement le point
d’
honneur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est la plus astucieu
8398
mplement le point d’honneur, manie sociale. C’est
l’
héroïne, ici, qui est la plus astucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer d
8399
eur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est
la
plus astucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer des prétextes de séparati
8400
ici, qui est la plus astucieuse lorsqu’il s’agit
d’
imaginer des prétextes de séparation. Elle terrorise avec délices son
8401
ucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer des prétextes
de
séparation. Elle terrorise avec délices son chevaleresque soupirant,
8402
rise avec délices son chevaleresque soupirant, et
l’
on voit Polexandre, dans le roman de Gomberville, parcourir comme un f
8403
leresque soupirant, et l’on voit Polexandre, dans
le
roman de Gomberville, parcourir comme un fou les cinq parties du mond
8404
soupirant, et l’on voit Polexandre, dans le roman
de
Gomberville, parcourir comme un fou les cinq parties du monde pour ap
8405
s le roman de Gomberville, parcourir comme un fou
les
cinq parties du monde pour apaiser un regard irrité de sa maîtresse.
8406
nq parties du monde pour apaiser un regard irrité
de
sa maîtresse. Au dénouement, il est encore à se demander si cette « r
8407
e l’Île inaccessible » ne va pas lui faire couper
le
cou. Mais tout finit, en général, par un mariage, prévu dès la premiè
8408
ge, prévu dès la première page et retardé jusqu’à
la
dix-millième lorsque l’auteur est un champion du genre. C’est le roma
8409
e page et retardé jusqu’à la dix-millième lorsque
l’
auteur est un champion du genre. C’est le roman allégorique du xviie
8410
lorsque l’auteur est un champion du genre. C’est
le
roman allégorique du xviie siècle qui inventa le happy end. Le vrai
8411
le roman allégorique du xviie siècle qui inventa
le
happy end. Le vrai roman courtois débouchait dans la mort, s’évanouis
8412
orique du xviie siècle qui inventa le happy end.
Le
vrai roman courtois débouchait dans la mort, s’évanouissait dans une
8413
happy end. Le vrai roman courtois débouchait dans
la
mort, s’évanouissait dans une exaltation au-delà du monde… Maintenant
8414
dans une exaltation au-delà du monde… Maintenant,
l’
on veut que tout rentre dans l’ordre, c’est la société qui l’emporte,
8415
monde… Maintenant, l’on veut que tout rentre dans
l’
ordre, c’est la société qui l’emporte, et dès lors la fin du roman ne
8416
nt, l’on veut que tout rentre dans l’ordre, c’est
la
société qui l’emporte, et dès lors la fin du roman ne saurait être qu
8417
ue tout rentre dans l’ordre, c’est la société qui
l’
emporte, et dès lors la fin du roman ne saurait être qu’un retour à ce
8418
rdre, c’est la société qui l’emporte, et dès lors
la
fin du roman ne saurait être qu’un retour à ce qui n’est plus le roma
8419
ne saurait être qu’un retour à ce qui n’est plus
le
roman : au bonheur. Les grands thèmes tragiques du mythe n’éveillent
8420
retour à ce qui n’est plus le roman : au bonheur.
Les
grands thèmes tragiques du mythe n’éveillent guère dans l’Astrée que
8421
thèmes tragiques du mythe n’éveillent guère dans
l’
Astrée que des échos mélancoliques. Il y a bien les douze lois d’Amour
8422
l’Astrée que des échos mélancoliques. Il y a bien
les
douze lois d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chaste
8423
s échos mélancoliques. Il y a bien les douze lois
d’
Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire les
8424
élancoliques. Il y a bien les douze lois d’Amour,
les
séparations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire les défis à un
8425
douze lois d’Amour, les séparations ingénieuses,
l’
éloge de la chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la
8426
ois d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge
de
la chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la dialecti
8427
d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de
la
chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la dialectique
8428
ations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire
les
défis à une mort libératrice. Mais la dialectique sauvage de Tristan
8429
eté, voire les défis à une mort libératrice. Mais
la
dialectique sauvage de Tristan n’est plus ici que coquetterie, et le
8430
une mort libératrice. Mais la dialectique sauvage
de
Tristan n’est plus ici que coquetterie, et le combat du Jour et de la
8431
age de Tristan n’est plus ici que coquetterie, et
le
combat du Jour et de la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre
8432
plus ici que coquetterie, et le combat du Jour et
de
la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre le corps des deux ama
8433
s ici que coquetterie, et le combat du Jour et de
la
Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre le corps des deux amants
8434
combat du Jour et de la Nuit se ramène à des jeux
de
pénombre. Entre le corps des deux amants plus d’épée nue, mais la hou
8435
e la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre
le
corps des deux amants plus d’épée nue, mais la houlette dorée de Céla
8436
de pénombre. Entre le corps des deux amants plus
d’
épée nue, mais la houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de la b
8437
re le corps des deux amants plus d’épée nue, mais
la
houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de la bergère. Voici un
8438
ux amants plus d’épée nue, mais la houlette dorée
de
Céladon ornée d’une faveur de la bergère. Voici un trait qui symbolis
8439
épée nue, mais la houlette dorée de Céladon ornée
d’
une faveur de la bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste.
8440
s la houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur
de
la bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste. Au cinquième
8441
a houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de
la
bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste. Au cinquième et
8442
de la bergère. Voici un trait qui symbolise tout
le
reste. Au cinquième et dernier volume de ce roman que l’on n’ose nomm
8443
ise tout le reste. Au cinquième et dernier volume
de
ce roman que l’on n’ose nommer un roman-fleuve, puisqu’il n’est parco
8444
e. Au cinquième et dernier volume de ce roman que
l’
on n’ose nommer un roman-fleuve, puisqu’il n’est parcouru que par les
8445
un roman-fleuve, puisqu’il n’est parcouru que par
les
sinuosités d’un modeste ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appell
8446
, puisqu’il n’est parcouru que par les sinuosités
d’
un modeste ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appelle la mort ; As
8447
uru que par les sinuosités d’un modeste ruisseau,
le
Lignon, Céladon désespéré appelle la mort ; Astrée, de son côté conço
8448
te ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appelle
la
mort ; Astrée, de son côté conçoit la même pensée. Ils vont demander
8449
gnon, Céladon désespéré appelle la mort ; Astrée,
de
son côté conçoit la même pensée. Ils vont demander la fin de leurs ma
8450
éré appelle la mort ; Astrée, de son côté conçoit
la
même pensée. Ils vont demander la fin de leurs maux à la Fontaine de
8451
on côté conçoit la même pensée. Ils vont demander
la
fin de leurs maux à la Fontaine de Vérité, gardée par des lions et de
8452
conçoit la même pensée. Ils vont demander la fin
de
leurs maux à la Fontaine de Vérité, gardée par des lions et des licor
8453
pensée. Ils vont demander la fin de leurs maux à
la
Fontaine de Vérité, gardée par des lions et des licornes : cette font
8454
vont demander la fin de leurs maux à la Fontaine
de
Vérité, gardée par des lions et des licornes : cette fontaine ne sera
8455
rnes : cette fontaine ne sera désenchantée, selon
l’
oracle, que par la mort du plus fidèle amant et de la plus fidèle aman
8456
ine ne sera désenchantée, selon l’oracle, que par
la
mort du plus fidèle amant et de la plus fidèle amante. (Thème de Tris
8457
l’oracle, que par la mort du plus fidèle amant et
de
la plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fata
8458
racle, que par la mort du plus fidèle amant et de
la
plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fatalit
8459
fidèle amant et de la plus fidèle amante. (Thème
de
Tristan : c’est le rachat de la fatalité du philtre.) Céladon s’avanc
8460
la plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est
le
rachat de la fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle,
8461
idèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat
de
la fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions
8462
le amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de
la
fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions et
8463
té du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle,
les
lions et les licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre g
8464
.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions et
les
licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le gén
8465
ô miracle, les lions et les licornes se dévorent,
le
ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie de l’Amour paraît dans
8466
et les licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit,
le
tonnerre gronde, le génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce
8467
évorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde,
le
génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchante
8468
le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie
de
l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchantement. Ast
8469
ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie de
l’
Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchantement. Astrée
8470
génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce
la
fin de l’enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort mét
8471
de l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin
de
l’enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort métaphoriq
8472
l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de
l’
enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort métaphorique)
8473
’est une mort métaphorique) sont transportés chez
le
druide Adamas où ils se réveillent, puis s’épousent. On a coutume de
8474
ils se réveillent, puis s’épousent. On a coutume
de
déclarer inexplicable le succès prodigieux de l’Astrée. Pourtant ses
8475
’épousent. On a coutume de déclarer inexplicable
le
succès prodigieux de l’Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point iné
8476
ume de déclarer inexplicable le succès prodigieux
de
l’Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux de nos ré
8477
de déclarer inexplicable le succès prodigieux de
l’
Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux de nos récen
8478
Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux
de
nos récents romans féeriques. Et la psychologie des écrivains françai
8479
négaux à ceux de nos récents romans féeriques. Et
la
psychologie des écrivains français n’a pas cessé de se complaire dans
8480
psychologie des écrivains français n’a pas cessé
de
se complaire dans l’élégance allégorique : voir Giraudoux. La Fontain
8481
vains français n’a pas cessé de se complaire dans
l’
élégance allégorique : voir Giraudoux. La Fontaine adorait « cette œuv
8482
ire dans l’élégance allégorique : voir Giraudoux.
La
Fontaine adorait « cette œuvre exquise ». Et Rousseau, de passage à L
8483
ine adorait « cette œuvre exquise ». Et Rousseau,
de
passage à Lyon, voulut aller visiter le Forez et rechercher sur les r
8484
Rousseau, de passage à Lyon, voulut aller visiter
le
Forez et rechercher sur les rives du Lignon l’ombre des Dianes et des
8485
, voulut aller visiter le Forez et rechercher sur
les
rives du Lignon l’ombre des Dianes et des Silvandre. Comme il se rens
8486
er le Forez et rechercher sur les rives du Lignon
l’
ombre des Dianes et des Silvandre. Comme il se renseignait auprès de s
8487
nseignait auprès de son hôtesse, elle lui dit que
le
Forez était un bon pays de forges et qu’on y travaillait fort bien le
8488
esse, elle lui dit que le Forez était un bon pays
de
forges et qu’on y travaillait fort bien le fer. « Cette bonne femme,
8489
n pays de forges et qu’on y travaillait fort bien
le
fer. « Cette bonne femme, écrit-il tristement, a dû me prendre pour u
8490
serrurier. » ⁂ En vérité je me sens fort capable
d’
entreprendre un éloge de l’Astrée : du point de vue de l’art littérair
8491
é je me sens fort capable d’entreprendre un éloge
de
l’Astrée : du point de vue de l’art littéraire, c’est une réussite ca
8492
e me sens fort capable d’entreprendre un éloge de
l’
Astrée : du point de vue de l’art littéraire, c’est une réussite capit
8493
treprendre un éloge de l’Astrée : du point de vue
de
l’art littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais les ressources
8494
prendre un éloge de l’Astrée : du point de vue de
l’
art littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais les ressources d’u
8495
t littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais
les
ressources d’une rhétorique plus savante n’ont été à ce point harmoni
8496
’est une réussite capitale. Jamais les ressources
d’
une rhétorique plus savante n’ont été à ce point harmonisées. L’on n’i
8497
ue plus savante n’ont été à ce point harmonisées.
L’
on n’imagine pas de roman mieux écrit ; plus strictement réglé, dans s
8498
nt été à ce point harmonisées. L’on n’imagine pas
de
roman mieux écrit ; plus strictement réglé, dans son progrès, sur les
8499
t ; plus strictement réglé, dans son progrès, sur
les
lois d’une plus sûre esthétique. L’emploi de « personnages constants
8500
strictement réglé, dans son progrès, sur les lois
d’
une plus sûre esthétique. L’emploi de « personnages constants » — le b
8501
progrès, sur les lois d’une plus sûre esthétique.
L’
emploi de « personnages constants » — le berger, la bergère, le volage
8502
sur les lois d’une plus sûre esthétique. L’emploi
de
« personnages constants » — le berger, la bergère, le volage, la coqu
8503
thétique. L’emploi de « personnages constants » —
le
berger, la bergère, le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à
8504
’emploi de « personnages constants » — le berger,
la
bergère, le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à la dialecti
8505
personnages constants » — le berger, la bergère,
le
volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à la dialectique des sent
8506
s constants » — le berger, la bergère, le volage,
la
coquette, le hardi, etc. — donne à la dialectique des sentiments sa m
8507
— le berger, la bergère, le volage, la coquette,
le
hardi, etc. — donne à la dialectique des sentiments sa meilleure gara
8508
le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à
la
dialectique des sentiments sa meilleure garantie de précision, et dis
8509
dialectique des sentiments sa meilleure garantie
de
précision, et disons même de vérité. Ici c’est l’art et non « la vie
8510
a meilleure garantie de précision, et disons même
de
vérité. Ici c’est l’art et non « la vie » qui mène le jeu. Nous somme
8511
de précision, et disons même de vérité. Ici c’est
l’
art et non « la vie » qui mène le jeu. Nous sommes en face d’une créat
8512
t disons même de vérité. Ici c’est l’art et non «
la
vie » qui mène le jeu. Nous sommes en face d’une création de l’esprit
8513
érité. Ici c’est l’art et non « la vie » qui mène
le
jeu. Nous sommes en face d’une création de l’esprit, et non d’une con
8514
i mène le jeu. Nous sommes en face d’une création
de
l’esprit, et non d’une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou
8515
ène le jeu. Nous sommes en face d’une création de
l’
esprit, et non d’une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou mo
8516
sommes en face d’une création de l’esprit, et non
d’
une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et
8517
’une création de l’esprit, et non d’une confusion
de
reflets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et de hasards immé
8518
prit, et non d’une confusion de reflets troubles,
d’
aveux plus ou moins indiscrets et de hasards immérités (comme sont les
8519
ets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et
de
hasards immérités (comme sont les romans d’aujourd’hui). En un mot, l
8520
ns indiscrets et de hasards immérités (comme sont
les
romans d’aujourd’hui). En un mot, l’Astrée est une œuvre. Elle suppos
8521
ts et de hasards immérités (comme sont les romans
d’
aujourd’hui). En un mot, l’Astrée est une œuvre. Elle suppose un métie
8522
(comme sont les romans d’aujourd’hui). En un mot,
l’
Astrée est une œuvre. Elle suppose un métier savant, et vingt-cinq ans
8523
Elle suppose un métier savant, et vingt-cinq ans
d’
application. Le snobisme qui lui fit un succès était mieux averti que
8524
n métier savant, et vingt-cinq ans d’application.
Le
snobisme qui lui fit un succès était mieux averti que le nôtre. Mais
8525
ieux averti que le nôtre. Mais aussi ce caractère
d’
achèvement nous permet de poser une question nette : que vaut le succè
8526
Mais aussi ce caractère d’achèvement nous permet
de
poser une question nette : que vaut le succès même de l’effort littér
8527
ous permet de poser une question nette : que vaut
le
succès même de l’effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif,
8528
oser une question nette : que vaut le succès même
de
l’effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont l’Astrée
8529
r une question nette : que vaut le succès même de
l’
effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont l’Astrée rep
8530
e vaut le succès même de l’effort littéraire ? Si
l’
on songe au mythe primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes, l’o
8531
ittéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont
l’
Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé de constater que chez
8532
nge au mythe primitif, dont l’Astrée reprend tous
les
thèmes, l’on est frappé de constater que chez d’Urfé le tragique se d
8533
primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes,
l’
on est frappé de constater que chez d’Urfé le tragique se dégrade en é
8534
l’Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé
de
constater que chez d’Urfé le tragique se dégrade en émotion, et le de
8535
les thèmes, l’on est frappé de constater que chez
d’
Urfé le tragique se dégrade en émotion, et le destin en machine romane
8536
mes, l’on est frappé de constater que chez d’Urfé
le
tragique se dégrade en émotion, et le destin en machine romanesque. T
8537
chez d’Urfé le tragique se dégrade en émotion, et
le
destin en machine romanesque. Tout se réduit à moraliser et à plaire.
8538
éduit à moraliser et à plaire. Faut-il penser que
la
littérature la plus parfaite, en raison même de sa perfection, n’est
8539
er et à plaire. Faut-il penser que la littérature
la
plus parfaite, en raison même de sa perfection, n’est qu’un sous-prod
8540
e la littérature la plus parfaite, en raison même
de
sa perfection, n’est qu’un sous-produit des mystiques créatrices de f
8541
n’est qu’un sous-produit des mystiques créatrices
de
formes et de mythes ? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever e
8542
ous-produit des mystiques créatrices de formes et
de
mythes ? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever en tant qu’œuv
8543
rir et s’achever en tant qu’œuvre d’art autonome,
l’
épuisement temporaire des sources profondes ? N’est-ce point pour cett
8544
s profondes ? N’est-ce point pour cette cause que
la
littérature, si fort qu’elle flatte les passions du cœur, n’offre qu’
8545
cause que la littérature, si fort qu’elle flatte
les
passions du cœur, n’offre qu’une résistance à peu près nulle aux atta
8546
e qu’une résistance à peu près nulle aux attaques
de
l’esprit réaliste et de ce qu’on nomme l’intérêt civique — comme il a
8547
u’une résistance à peu près nulle aux attaques de
l’
esprit réaliste et de ce qu’on nomme l’intérêt civique — comme il appa
8548
u près nulle aux attaques de l’esprit réaliste et
de
ce qu’on nomme l’intérêt civique — comme il apparaît de nos jours ? A
8549
ttaques de l’esprit réaliste et de ce qu’on nomme
l’
intérêt civique — comme il apparaît de nos jours ? Alors que les mysti
8550
qu’on nomme l’intérêt civique — comme il apparaît
de
nos jours ? Alors que les mystiques et les religions prennent au cont
8551
ique — comme il apparaît de nos jours ? Alors que
les
mystiques et les religions prennent au contraire une grande vigueur d
8552
pparaît de nos jours ? Alors que les mystiques et
les
religions prennent au contraire une grande vigueur dans les réfutatio
8553
ons prennent au contraire une grande vigueur dans
les
réfutations et railleries qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décre
8554
ns et railleries qu’on leur oppose ? Ce fut assez
d’
un décret de l’officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de
8555
ries qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décret
de
l’officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de Roman — pour
8556
s qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décret de
l’
officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de Roman — pour ré
8557
Ce fut assez d’un décret de l’officieux Boileau —
le
court Dialogue sur les Héros de Roman — pour réduire au silence et à
8558
et de l’officieux Boileau — le court Dialogue sur
les
Héros de Roman — pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans le
8559
ficieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros
de
Roman — pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans les manuels
8560
les Héros de Roman — pour réduire au silence et à
l’
oubli, jusque dans les manuels de notre siècle, la féerie romanesque n
8561
pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans
les
manuels de notre siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et le
8562
au silence et à l’oubli, jusque dans les manuels
de
notre siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comiq
8563
l’oubli, jusque dans les manuels de notre siècle,
la
féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comique, son parasite1
8564
manuels de notre siècle, la féerie romanesque née
de
l’Astrée, et le roman comique, son parasite135. Il n’y eut plus qu’un
8565
uels de notre siècle, la féerie romanesque née de
l’
Astrée, et le roman comique, son parasite135. Il n’y eut plus qu’une d
8566
siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et
le
roman comique, son parasite135. Il n’y eut plus qu’une dernière flamm
8567
une dernière flamme, mince et pure, qui s’appelle
la
Princesse de Clèves. La mort s’y atténue en séparation volontaire, et
8568
ce et pure, qui s’appelle la Princesse de Clèves.
La
mort s’y atténue en séparation volontaire, et la chevalerie faire pla
8569
La mort s’y atténue en séparation volontaire, et
la
chevalerie faire place à la vertu qui conclut en faveur du monde…
8570
ration volontaire, et la chevalerie faire place à
la
vertu qui conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou le mythe com
8571
ui conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou
le
mythe combattu C’est dans le théâtre classique — donc au cœur même
8572
9.Corneille, ou le mythe combattu C’est dans
le
théâtre classique — donc au cœur même d’un ordre intolérant — que la
8573
est dans le théâtre classique — donc au cœur même
d’
un ordre intolérant — que la passion devait trouver sa revanche la plu
8574
e — donc au cœur même d’un ordre intolérant — que
la
passion devait trouver sa revanche la plus éclatante. On connaît le
8575
érant — que la passion devait trouver sa revanche
la
plus éclatante. On connaît le curieux sujet de la Place royale, comé
8576
rouver sa revanche la plus éclatante. On connaît
le
curieux sujet de la Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor
8577
e la plus éclatante. On connaît le curieux sujet
de
la Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant d’Angélique
8578
a plus éclatante. On connaît le curieux sujet de
la
Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant d’Angélique, e
8579
royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant
d’
Angélique, et aimé d’elle, « se trouve incommodé d’un amour qui l’atta
8580
désobligeante. Alidor amant d’Angélique, et aimé
d’
elle, « se trouve incommodé d’un amour qui l’attache trop » et il veut
8581
’Angélique, et aimé d’elle, « se trouve incommodé
d’
un amour qui l’attache trop » et il veut faire en sorte que sa maîtres
8582
aimé d’elle, « se trouve incommodé d’un amour qui
l’
attache trop » et il veut faire en sorte que sa maîtresse se donne à s
8583
rte que sa maîtresse se donne à son ami Cléandre.
D’
où l’on conclut généralement que Corneille est le premier auteur qui a
8584
ue sa maîtresse se donne à son ami Cléandre. D’où
l’
on conclut généralement que Corneille est le premier auteur qui ait vo
8585
lle est le premier auteur qui ait voulu soumettre
la
passion à la raison, sinon à la morale. Il serait donc le premier qui
8586
emier auteur qui ait voulu soumettre la passion à
la
raison, sinon à la morale. Il serait donc le premier qui ait échappé
8587
t voulu soumettre la passion à la raison, sinon à
la
morale. Il serait donc le premier qui ait échappé à l’emprise du myth
8588
rale. Il serait donc le premier qui ait échappé à
l’
emprise du mythe. Le cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se pl
8589
le premier qui ait échappé à l’emprise du mythe.
Le
cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier acte
8590
qui ait échappé à l’emprise du mythe. Le cas vaut
d’
être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier acte : Ce n’est
8591
m’aimant trop qu’elle me fait mourir ; Un moment
de
froideur, et je pourrais guérir ; Une mauvaise œillade, un peu de jal
8592
parfaite, et sa perfection N’approche point encor
de
son affection ; Point de refus pour moi, point d’heures inégales ; Ac
8593
n N’approche point encor de son affection ; Point
de
refus pour moi, point d’heures inégales ; Accablé de faveurs à mon re
8594
de son affection ; Point de refus pour moi, point
d’
heures inégales ; Accablé de faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ic
8595
refus pour moi, point d’heures inégales ; Accablé
de
faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ici la tirade : les premiers v
8596
blé de faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ici
la
tirade : les premiers vers suffisent à attirer notre méfiance. Quoi,
8597
s suffisent à attirer notre méfiance. Quoi, c’est
le
bonheur qui serait fatal au repos de cet étrange amant ? Et le malheu
8598
Quoi, c’est le bonheur qui serait fatal au repos
de
cet étrange amant ? Et le malheur d’être trahi par Angélique le guéri
8599
i serait fatal au repos de cet étrange amant ? Et
le
malheur d’être trahi par Angélique le guérirait de son amour ? Cet Al
8600
tal au repos de cet étrange amant ? Et le malheur
d’
être trahi par Angélique le guérirait de son amour ? Cet Alidor serait
8601
amant ? Et le malheur d’être trahi par Angélique
le
guérirait de son amour ? Cet Alidor serait un curieux monstre ! Dison
8602
e malheur d’être trahi par Angélique le guérirait
de
son amour ? Cet Alidor serait un curieux monstre ! Disons plutôt qu’o
8603
isons plutôt qu’on voit trop bien ce qu’il essaie
de
nous dissimuler. Lui aussi, il ne veut que « brûler » ! Mais il ne pe
8604
ussi, il ne veut que « brûler » ! Mais il ne peut
l’
avouer qu’en affirmant le contraire, en affirmant qu’il veut guérir :
8605
ûler » ! Mais il ne peut l’avouer qu’en affirmant
le
contraire, en affirmant qu’il veut guérir : car on avoue difficilemen
8606
nt qu’il veut guérir : car on avoue difficilement
le
goût du malheur, à cette époque. « J’ai honte de souffrir les maux do
8607
le goût du malheur, à cette époque. « J’ai honte
de
souffrir les maux dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc la
8608
malheur, à cette époque. « J’ai honte de souffrir
les
maux dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc la honte qui es
8609
dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc
la
honte qui est cause de son mensonge. En vérité, il souffre de l’absen
8610
it-il plus bas. C’est donc la honte qui est cause
de
son mensonge. En vérité, il souffre de l’absence d’un obstacle entre
8611
est cause de son mensonge. En vérité, il souffre
de
l’absence d’un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même
8612
t cause de son mensonge. En vérité, il souffre de
l’
absence d’un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même. I
8613
son mensonge. En vérité, il souffre de l’absence
d’
un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même. Il manque u
8614
i-même. Il manque un « roi Marc » à ce jeu. C’est
la
situation des amants au terme des trois ans passés dans la forêt. Tri
8615
ion des amants au terme des trois ans passés dans
la
forêt. Tristan avait le recours de rendre Iseut à son mari. Alidor es
8616
des trois ans passés dans la forêt. Tristan avait
le
recours de rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint d’inventer u
8617
ns passés dans la forêt. Tristan avait le recours
de
rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint d’inventer un rival. So
8618
de rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint
d’
inventer un rival. Souffrant de ce que plus rien ne le sépare d’Angéli
8619
idor est contraint d’inventer un rival. Souffrant
de
ce que plus rien ne le sépare d’Angélique, mais honteux d’avouer cett
8620
venter un rival. Souffrant de ce que plus rien ne
le
sépare d’Angélique, mais honteux d’avouer cette souffrance, il imagin
8621
rival. Souffrant de ce que plus rien ne le sépare
d’
Angélique, mais honteux d’avouer cette souffrance, il imagine de se pl
8622
plus rien ne le sépare d’Angélique, mais honteux
d’
avouer cette souffrance, il imagine de se plaindre d’être trop enchaîn
8623
ais honteux d’avouer cette souffrance, il imagine
de
se plaindre d’être trop enchaîné par cette fidélité, — alors qu’on vo
8624
vouer cette souffrance, il imagine de se plaindre
d’
être trop enchaîné par cette fidélité, — alors qu’on voit tout au cont
8625
lors qu’on voit tout au contraire qu’il désespère
de
ne point l’être assez. Il proclame un besoin d’être libre qui traduit
8626
oit tout au contraire qu’il désespère de ne point
l’
être assez. Il proclame un besoin d’être libre qui traduit un profond
8627
e de ne point l’être assez. Il proclame un besoin
d’
être libre qui traduit un profond désir de n’être plus même en état de
8628
besoin d’être libre qui traduit un profond désir
de
n’être plus même en état de désirer aucune liberté. C’est ce qui se p
8629
duit un profond désir de n’être plus même en état
de
désirer aucune liberté. C’est ce qui se passerait si Angélique faisai
8630
est ce qui se passerait si Angélique faisait mine
de
lui échapper. Mais voyez comme il est habile : Cléandre Vit-on jamai
8631
mme il est habile : Cléandre Vit-on jamais amant
de
la sorte enflammé Qui se tînt malheureux pour être trop aimé ? Alido
8632
il est habile : Cléandre Vit-on jamais amant de
la
sorte enflammé Qui se tînt malheureux pour être trop aimé ? Alidor
8633
trop aimé ? Alidor Comptes-tu mon esprit entre
les
ordinaires ? Penses-tu qu’il s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il
8634
-tu qu’il s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il
le
prend de haut : méfions-nous. C’est qu’il se dispose à mentir. Il ne
8635
s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il le prend
de
haut : méfions-nous. C’est qu’il se dispose à mentir. Il ne faut poi
8636
’il se dispose à mentir. Il ne faut point servir
d’
objet qui nous possède ; Il ne faut point nourrir d’amour qui ne nous
8637
objet qui nous possède ; Il ne faut point nourrir
d’
amour qui ne nous cède : Je le hais s’il me force : et quand j’aime, j
8638
faut point nourrir d’amour qui ne nous cède : Je
le
hais s’il me force : et quand j’aime, je veux Que de ma volonté dépen
8639
hais s’il me force : et quand j’aime, je veux Que
de
ma volonté dépendent tous mes vœux ; Que mon feu m’obéisse, au lieu d
8640
au lieu de me contraindre Que je puisse à mon gré
l’
enflammer, et l’éteindre… C’est là le Corneille classique, pensera-t-
8641
ntraindre Que je puisse à mon gré l’enflammer, et
l’
éteindre… C’est là le Corneille classique, pensera-t-on : la volonté
8642
e à mon gré l’enflammer, et l’éteindre… C’est là
le
Corneille classique, pensera-t-on : la volonté triomphant de la passi
8643
C’est là le Corneille classique, pensera-t-on :
la
volonté triomphant de la passion. Mais la suite de la comédie, même s
8644
e classique, pensera-t-on : la volonté triomphant
de
la passion. Mais la suite de la comédie, même si nous ignorions les r
8645
lassique, pensera-t-on : la volonté triomphant de
la
passion. Mais la suite de la comédie, même si nous ignorions les ruse
8646
-t-on : la volonté triomphant de la passion. Mais
la
suite de la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous
8647
a volonté triomphant de la passion. Mais la suite
de
la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous ferait bi
8648
olonté triomphant de la passion. Mais la suite de
la
comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous ferait bien
8649
is la suite de la comédie, même si nous ignorions
les
ruses du mythe, nous ferait bien voir que la vraie volonté du personn
8650
ons les ruses du mythe, nous ferait bien voir que
la
vraie volonté du personnage est exactement opposée à ces hautaines dé
8651
hautaines déclarations. « Il ne faut point servir
d’
objet qui nous possède » signifie en réalité : « Le seul objet qui vai
8652
’objet qui nous possède » signifie en réalité : «
Le
seul objet qui vaille d’être servi, c’est celui qui nous posséderait
8653
signifie en réalité : « Le seul objet qui vaille
d’
être servi, c’est celui qui nous posséderait totalement et qui, par sa
8654
e davantage — car c’est là notre gré véritable. »
Les
deux derniers mots : « … et l’éteindre » étant pur artifice de rhétor
8655
gré véritable. » Les deux derniers mots : « … et
l’
éteindre » étant pur artifice de rhétorique, destiné à persuader le le
8656
ers mots : « … et l’éteindre » étant pur artifice
de
rhétorique, destiné à persuader le lecteur, ou Cléandre, ou Corneille
8657
t pur artifice de rhétorique, destiné à persuader
le
lecteur, ou Cléandre, ou Corneille lui-même, que c’est la liberté qui
8658
ur, ou Cléandre, ou Corneille lui-même, que c’est
la
liberté qui est désirée, alors que c’est évidemment le « feu » ; et n
8659
berté qui est désirée, alors que c’est évidemment
le
« feu » ; et non pas le feu « obéissant »… On s’y trompe aisément, ré
8660
lors que c’est évidemment le « feu » ; et non pas
le
feu « obéissant »… On s’y trompe aisément, répétons-le. Et Corneille
8661
u « obéissant »… On s’y trompe aisément, répétons-
le
. Et Corneille a tout fait pour cela. Dans la dédicace de sa pièce, il
8662
tons-le. Et Corneille a tout fait pour cela. Dans
la
dédicace de sa pièce, il s’adresse en ces termes à un personnage inco
8663
Corneille a tout fait pour cela. Dans la dédicace
de
sa pièce, il s’adresse en ces termes à un personnage inconnu : C’est
8664
se en ces termes à un personnage inconnu : C’est
de
vous que j’ai appris que l’amour d’un honnête homme doit être toujour
8665
nage inconnu : C’est de vous que j’ai appris que
l’
amour d’un honnête homme doit être toujours volontaire ; qu’on ne doit
8666
onnu : C’est de vous que j’ai appris que l’amour
d’
un honnête homme doit être toujours volontaire ; qu’on ne doit jamais
8667
usque-là, c’est une tyrannie dont il faut secouer
le
joug ; et qu’enfin la personne aimée nous a beaucoup plus d’obligatio
8668
rannie dont il faut secouer le joug ; et qu’enfin
la
personne aimée nous a beaucoup plus d’obligation de notre amour, alor
8669
t qu’enfin la personne aimée nous a beaucoup plus
d’
obligation de notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet de notre
8670
personne aimée nous a beaucoup plus d’obligation
de
notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet de notre choix et de
8671
gation de notre amour, alors qu’elle est toujours
l’
effet de notre choix et de son mérite, que quand elle vient d’une incl
8672
e notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet
de
notre choix et de son mérite, que quand elle vient d’une inclination
8673
rs qu’elle est toujours l’effet de notre choix et
de
son mérite, que quand elle vient d’une inclination aveugle, et forcée
8674
otre choix et de son mérite, que quand elle vient
d’
une inclination aveugle, et forcée par quelque ascendant de naissance
8675
lination aveugle, et forcée par quelque ascendant
de
naissance à qui nous ne pouvons résister… On ne donne point ce qu’on
8676
bel et bon. Mais nous n’oublions pas que ce refus
de
la contrainte fatale, cette liberté qui fait le prix du don, c’est un
8677
et bon. Mais nous n’oublions pas que ce refus de
la
contrainte fatale, cette liberté qui fait le prix du don, c’est une d
8678
s de la contrainte fatale, cette liberté qui fait
le
prix du don, c’est une des exigences fondamentales de l’amour courtoi
8679
rix du don, c’est une des exigences fondamentales
de
l’amour courtois (l’un des articles des Leys d’Amors). Et que cette e
8680
du don, c’est une des exigences fondamentales de
l’
amour courtois (l’un des articles des Leys d’Amors). Et que cette exig
8681
que cette exigence est polémique, dirigée contre
le
mariage. Or Alidor et son amante trop fidèle se trouvent malgré eux d
8682
on amante trop fidèle se trouvent malgré eux dans
l’
état de mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour de l
8683
te trop fidèle se trouvent malgré eux dans l’état
de
mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour de la liber
8684
mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour
l’
amour de la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion.
8685
à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour
de
la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion. À tel
8686
uoi notre héros veut échapper non pour l’amour de
la
liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion. À tel pri
8687
l’amour de la liberté — qu’il allègue — mais pour
l’
amour de la passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaîn
8688
de la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour
de
la passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes De cr
8689
la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de
la
passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes De crain
8690
tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes
De
crainte qu’un hymen, m’en ôtant le pouvoir, Fît d’un amour par force
8691
re mes chaînes De crainte qu’un hymen, m’en ôtant
le
pouvoir, Fît d’un amour par force un amour par devoir. C’est le plus
8692
e crainte qu’un hymen, m’en ôtant le pouvoir, Fît
d’
un amour par force un amour par devoir. C’est le plus pur langage cou
8693
d’un amour par force un amour par devoir. C’est
le
plus pur langage courtois. Mais voyez la curieuse contradiction : aup
8694
. C’est le plus pur langage courtois. Mais voyez
la
curieuse contradiction : auparavant, il voulait le repos, et maintena
8695
a curieuse contradiction : auparavant, il voulait
le
repos, et maintenant il craint le mariage qui lui amènerait le repos…
8696
ant, il voulait le repos, et maintenant il craint
le
mariage qui lui amènerait le repos… Je la veux offenser pour acquéri
8697
maintenant il craint le mariage qui lui amènerait
le
repos… Je la veux offenser pour acquérir sa haine Tant que j’aurai c
8698
craint le mariage qui lui amènerait le repos… Je
la
veux offenser pour acquérir sa haine Tant que j’aurai chez elle encor
8699
cquérir sa haine Tant que j’aurai chez elle encor
le
moindre accès Mes desseins de guérir n’auront point de succès. Ces «
8700
rai chez elle encor le moindre accès Mes desseins
de
guérir n’auront point de succès. Ces « desseins de guérir » (entendo
8701
indre accès Mes desseins de guérir n’auront point
de
succès. Ces « desseins de guérir » (entendons : de brûler, donc en f
8702
guérir n’auront point de succès. Ces « desseins
de
guérir » (entendons : de brûler, donc en fait : sa crainte de guérir
8703
succès. Ces « desseins de guérir » (entendons :
de
brûler, donc en fait : sa crainte de guérir !) sont en effet couronné
8704
(entendons : de brûler, donc en fait : sa crainte
de
guérir !) sont en effet couronnés de succès au cinquième acte. Cornei
8705
: sa crainte de guérir !) sont en effet couronnés
de
succès au cinquième acte. Corneille l’avoue plus tard, tout en feigna
8706
couronnés de succès au cinquième acte. Corneille
l’
avoue plus tard, tout en feignant de s’en étonner, comme il se doit, d
8707
te. Corneille l’avoue plus tard, tout en feignant
de
s’en étonner, comme il se doit, dans un Examen de sa pièce : Cet amo
8708
de s’en étonner, comme il se doit, dans un Examen
de
sa pièce : Cet amour de son repos n’empêche point qu’au cinquième ac
8709
se doit, dans un Examen de sa pièce : Cet amour
de
son repos n’empêche point qu’au cinquième acte (Alidor) ne se montre
8710
tre encore passionné pour cette maîtresse, malgré
la
résolution qu’il avait prise de s’en défaire, et les trahisons qu’il
8711
maîtresse, malgré la résolution qu’il avait prise
de
s’en défaire, et les trahisons qu’il lui a faites ; de sorte qu’il se
8712
résolution qu’il avait prise de s’en défaire, et
les
trahisons qu’il lui a faites ; de sorte qu’il semble ne commencer à l
8713
i a faites ; de sorte qu’il semble ne commencer à
l’
aimer que quand il lui a donné sujet de le haïr. L’aveu est complet c
8714
ommencer à l’aimer que quand il lui a donné sujet
de
le haïr. L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan puremen
8715
encer à l’aimer que quand il lui a donné sujet de
le
haïr. L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan purement p
8716
aimer que quand il lui a donné sujet de le haïr.
L’
aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan purement psychologiq
8717
aïr. L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans
le
plan purement psychologique où Corneille se place, le sens du mythe q
8718
lan purement psychologique où Corneille se place,
le
sens du mythe qui gouverne cette action ne peut que lui échapper, et
8719
e logique. « Cela fait, conclut-il, une inégalité
de
mœurs qui est vicieuse. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement d
8720
mœurs qui est vicieuse. » Ne nous étonnons point
de
cet aveuglement de l’auteur sur son dessein réel, pourtant si parfait
8721
euse. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement
de
l’auteur sur son dessein réel, pourtant si parfaitement mené à chef.
8722
e. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement de
l’
auteur sur son dessein réel, pourtant si parfaitement mené à chef. L’e
8723
ssein réel, pourtant si parfaitement mené à chef.
L’
essence du mythe de l’amour malheureux, nous le savons, c’est une pass
8724
t si parfaitement mené à chef. L’essence du mythe
de
l’amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable. L’o
8725
i parfaitement mené à chef. L’essence du mythe de
l’
amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable. L’orig
8726
f. L’essence du mythe de l’amour malheureux, nous
le
savons, c’est une passion inavouable. L’originalité de Corneille deme
8727
ux, nous le savons, c’est une passion inavouable.
L’
originalité de Corneille demeure d’avoir voulu combattre et nier cette
8728
vons, c’est une passion inavouable. L’originalité
de
Corneille demeure d’avoir voulu combattre et nier cette passion dont
8729
on inavouable. L’originalité de Corneille demeure
d’
avoir voulu combattre et nier cette passion dont il vivait, et ce myth
8730
ent ses deux plus belles tragédies : Polyeucte et
le
Cid. Il a voulu sauver au moins le principe de la liberté, c’est-à-di
8731
: Polyeucte et le Cid. Il a voulu sauver au moins
le
principe de la liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrif
8732
et le Cid. Il a voulu sauver au moins le principe
de
la liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrifier toutefoi
8733
le Cid. Il a voulu sauver au moins le principe de
la
liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrifier toutefois l
8734
au moins le principe de la liberté, c’est-à-dire
de
la personne — sans lui sacrifier toutefois les effets délicieux et to
8735
moins le principe de la liberté, c’est-à-dire de
la
personne — sans lui sacrifier toutefois les effets délicieux et tortu
8736
ire de la personne — sans lui sacrifier toutefois
les
effets délicieux et torturants du fatal « philtre » (ici métaphorique
8737
» (ici métaphorique). Bien mieux : cette volonté
de
liberté est devenue l’agent le plus efficace de la passion qu’elle pr
8738
Bien mieux : cette volonté de liberté est devenue
l’
agent le plus efficace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où l
8739
ux : cette volonté de liberté est devenue l’agent
le
plus efficace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tensio
8740
é de liberté est devenue l’agent le plus efficace
de
la passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée de ce
8741
e liberté est devenue l’agent le plus efficace de
la
passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée de ce « t
8742
efficace de la passion qu’elle prétendait guérir.
D’
où la tension inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme le récitent
8743
ace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où
la
tension inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et l
8744
’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée
de
ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et le réciteront toujour
8745
sion inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme
le
récitent et le réciteront toujours ceux qui ne sont guère capables de
8746
e ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et
le
réciteront toujours ceux qui ne sont guère capables de l’aimer… 10
8747
citeront toujours ceux qui ne sont guère capables
de
l’aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’opposition classique
8748
eront toujours ceux qui ne sont guère capables de
l’
aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’opposition classique de
8749
sont guère capables de l’aimer… 10.Racine, ou
le
mythe déchaîné L’opposition classique de Racine et de Corneille se
8750
de l’aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné
L’
opposition classique de Racine et de Corneille se réduit à ceci toucha
8751
e, ou le mythe déchaîné L’opposition classique
de
Racine et de Corneille se réduit à ceci touchant le mythe : Racine pa
8752
e déchaîné L’opposition classique de Racine et
de
Corneille se réduit à ceci touchant le mythe : Racine part du philtre
8753
Racine et de Corneille se réduit à ceci touchant
le
mythe : Racine part du philtre comme d’un fait indiscutable privant s
8754
touchant le mythe : Racine part du philtre comme
d’
un fait indiscutable privant ses victimes de toute espèce de responsab
8755
comme d’un fait indiscutable privant ses victimes
de
toute espèce de responsabilité : « C’est Vénus tout entière à sa proi
8756
indiscutable privant ses victimes de toute espèce
de
responsabilité : « C’est Vénus tout entière à sa proie attachée », —
8757
eut y voir qu’« une tyrannie dont il faut secouer
le
joug ». D’où l’harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue
8758
qu’« une tyrannie dont il faut secouer le joug ».
D’
où l’harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue de l’autre
8759
une tyrannie dont il faut secouer le joug ». D’où
l’
harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue de l’autre ; l’
8760
ut secouer le joug ». D’où l’harmonie voluptueuse
de
l’un, et la dialectique tendue de l’autre ; l’un s’abandonnant au cou
8761
e joug ». D’où l’harmonie voluptueuse de l’un, et
la
dialectique tendue de l’autre ; l’un s’abandonnant au courant, l’autr
8762
nie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue
de
l’autre ; l’un s’abandonnant au courant, l’autre lui résistant, bien
8763
n qu’entraîné (ou pour mieux se sentir entraîné…)
L’
invitus invitam 136 qui fait le sujet de Bérénice, c’est une formule a
8764
sentir entraîné…) L’invitus invitam 136 qui fait
le
sujet de Bérénice, c’est une formule antique interprétée par un « mod
8765
ntraîné…) L’invitus invitam 136 qui fait le sujet
de
Bérénice, c’est une formule antique interprétée par un « moderne » da
8766
rmule antique interprétée par un « moderne » dans
la
perspective courtoise de l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient
8767
par un « moderne » dans la perspective courtoise
de
l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle la formule même de
8768
r un « moderne » dans la perspective courtoise de
l’
amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle la formule même de not
8769
l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle
la
formule même de notre mythe. Mais Racine, dans ses premières pièces,
8770
ue malheureux. Ainsi devient-elle la formule même
de
notre mythe. Mais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit la po
8771
ais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit
la
portée du mythe à la mesure d’une psychologie exagérément « admissibl
8772
premières pièces, raccourcit la portée du mythe à
la
mesure d’une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai point
8773
pièces, raccourcit la portée du mythe à la mesure
d’
une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai point poussé Bér
8774
on, parce que Bérénice n’ayant pas ici avec Titus
les
derniers engagements que Didon avait avec Énée, elle n’est pas obligé
8775
it avec Énée, elle n’est pas obligée, comme elle,
de
renoncer à la vie ». L’on sent tout l’artifice et la faiblesse du « r
8776
elle n’est pas obligée, comme elle, de renoncer à
la
vie ». L’on sent tout l’artifice et la faiblesse du « raisonnement »
8777
pas obligée, comme elle, de renoncer à la vie ».
L’
on sent tout l’artifice et la faiblesse du « raisonnement » qui se voi
8778
omme elle, de renoncer à la vie ». L’on sent tout
l’
artifice et la faiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à la p
8779
renoncer à la vie ». L’on sent tout l’artifice et
la
faiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à la passion de la N
8780
aiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à
la
passion de la Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sa
8781
« raisonnement » qui se voit opposé à la passion
de
la Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des m
8782
raisonnement » qui se voit opposé à la passion de
la
Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des mort
8783
s dans une tragédie, ajoute Racine, il suffit que
l’
action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les pa
8784
acine, il suffit que l’action en soit grande, que
les
acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et q
8785
grande, que les acteurs en soient héroïques, que
les
passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristes
8786
sions y soient excitées, et que tout s’y ressente
de
cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie.
8787
ente de cette tristesse majestueuse qui fait tout
le
plaisir de la tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait t
8788
te tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir
de
la tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout le plai
8789
tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de
la
tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir
8790
» Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout
le
plaisir de la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect
8791
« tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir
de
la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect diurne, so
8792
tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de
la
tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect diurne, son r
8793
it tout le plaisir de la tragédie », ce n’est que
la
moitié du mythe, son aspect diurne, son reflet moral dans notre vie d
8794
on aspect diurne, son reflet moral dans notre vie
de
créatures finies. Il y manque l’aspect nocturne, l’épanouissement mys
8795
l dans notre vie de créatures finies. Il y manque
l’
aspect nocturne, l’épanouissement mystique dans la vie infinie de la N
8796
créatures finies. Il y manque l’aspect nocturne,
l’
épanouissement mystique dans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce
8797
l’aspect nocturne, l’épanouissement mystique dans
la
vie infinie de la Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, sym
8798
ne, l’épanouissement mystique dans la vie infinie
de
la Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, symétriquement, «
8799
l’épanouissement mystique dans la vie infinie de
la
Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, symétriquement, « cet
8800
ans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce que
l’
on pourrait appeler, symétriquement, « cette joie majestueuse qui fait
8801
iquement, « cette joie majestueuse qui fait toute
la
douleur du Roman ». Car pour l’atteindre ou seulement la pressentir,
8802
se qui fait toute la douleur du Roman ». Car pour
l’
atteindre ou seulement la pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à la
8803
eur du Roman ». Car pour l’atteindre ou seulement
la
pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à la mort, — cette mort que Ra
8804
ement la pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à
la
mort, — cette mort que Racine ne juge pas nécessaire. La pudeur class
8805
, — cette mort que Racine ne juge pas nécessaire.
La
pudeur classique, tant vantée, ne va pas, quoi qu’on dise, sans un ap
8806
sans un appauvrissement métaphysique, générateur
de
confusions incalculables. Car enfin cette « tristesse » racinienne, s
8807
tristesse » racinienne, si « majestueuse » qu’on
la
veuille, ainsi bornée à soi, sans au-delà ni renversement dans la joi
8808
i bornée à soi, sans au-delà ni renversement dans
la
joie, acceptée telle qu’elle est dans le monde du jour, et qualifiée
8809
ent dans la joie, acceptée telle qu’elle est dans
le
monde du jour, et qualifiée néanmoins de « plaisir », l’on ne voit pa
8810
est dans le monde du jour, et qualifiée néanmoins
de
« plaisir », l’on ne voit pas en quoi ce serait davantage qu’une moro
8811
e du jour, et qualifiée néanmoins de « plaisir »,
l’
on ne voit pas en quoi ce serait davantage qu’une morosa delectatio. C
8812
erait davantage qu’une morosa delectatio. Certes,
l’
on est fondé à contester la vérité dernière de la croyance mystique (m
8813
sa delectatio. Certes, l’on est fondé à contester
la
vérité dernière de la croyance mystique (manichéenne) qui est à l’ori
8814
es, l’on est fondé à contester la vérité dernière
de
la croyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine de la passion
8815
l’on est fondé à contester la vérité dernière de
la
croyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine de la passion et
8816
e de la croyance mystique (manichéenne) qui est à
l’
origine de la passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaî
8817
oyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine
de
la passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que ce
8818
nce mystique (manichéenne) qui est à l’origine de
la
passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que cette
8819
manichéenne) qui est à l’origine de la passion et
de
son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que cette croyance donn
8820
amants une justification grandiose. S’ils aiment
l’
obstacle et le tourment qui en résulte, c’est que l’obstacle est un ma
8821
stification grandiose. S’ils aiment l’obstacle et
le
tourment qui en résulte, c’est que l’obstacle est un masque de la mor
8822
obstacle et le tourment qui en résulte, c’est que
l’
obstacle est un masque de la mort, et que la mort est le gage d’une tr
8823
ui en résulte, c’est que l’obstacle est un masque
de
la mort, et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’instant
8824
en résulte, c’est que l’obstacle est un masque de
la
mort, et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’instant où
8825
t que l’obstacle est un masque de la mort, et que
la
mort est le gage d’une transfiguration, l’instant où ce qui était la
8826
acle est un masque de la mort, et que la mort est
le
gage d’une transfiguration, l’instant où ce qui était la Nuit se révè
8827
un masque de la mort, et que la mort est le gage
d’
une transfiguration, l’instant où ce qui était la Nuit se révèle le Jo
8828
et que la mort est le gage d’une transfiguration,
l’
instant où ce qui était la Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute d
8829
d’une transfiguration, l’instant où ce qui était
la
Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute d’atteindre cette limite, u
8830
tion, l’instant où ce qui était la Nuit se révèle
le
Jour absolu. Mais faute d’atteindre cette limite, un Racine se condam
8831
tait la Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute
d’
atteindre cette limite, un Racine se condamne et nous condamne à goûte
8832
condamne et nous condamne à goûter une mélancolie
de
nature essentiellement trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer
8833
une mélancolie de nature essentiellement trouble.
L’
Éros courtois voulait nous libérer de la vie matérielle par la mort ;
8834
ent trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer
de
la vie matérielle par la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier
8835
trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer de
la
vie matérielle par la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la
8836
ois voulait nous libérer de la vie matérielle par
la
mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais les « pass
8837
ous libérer de la vie matérielle par la mort ; et
l’
Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais les « passions excitées
8838
r la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier
la
vie ; mais les « passions excitées » par Racine, cette « tristesse »
8839
l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais
les
« passions excitées » par Racine, cette « tristesse » à laquelle il n
8840
sait quel « plaisir », cela révèle en définitive
d’
assez morbides complaisances à la défaite de l’esprit, à la résignatio
8841
le en définitive d’assez morbides complaisances à
la
défaite de l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent
8842
itive d’assez morbides complaisances à la défaite
de
l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet ab
8843
ve d’assez morbides complaisances à la défaite de
l’
esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet aband
8844
orbides complaisances à la défaite de l’esprit, à
la
résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet abandon au « mal
8845
e de l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà
l’
on pressent que cet abandon au « mal du siècle » (sécularisation de la
8846
cet abandon au « mal du siècle » (sécularisation
de
la passion) ne peut conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à
8847
t abandon au « mal du siècle » (sécularisation de
la
passion) ne peut conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à la
8848
conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à
la
forme de mortification morose — d’autopunition dira Freud — qui se tr
8849
Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à la forme
de
mortification morose — d’autopunition dira Freud — qui se trouve la m
8850
c’est-à-dire à la forme de mortification morose —
d’
autopunition dira Freud — qui se trouve la mieux adaptée au tempéramen
8851
orose — d’autopunition dira Freud — qui se trouve
la
mieux adaptée au tempérament romantique. Mais cette conversion-là ne
8852
Mais cette conversion-là ne pourra s’opérer qu’à
la
faveur d’une crise révélant à Racine lui-même la vraie nature de son
8853
e conversion-là ne pourra s’opérer qu’à la faveur
d’
une crise révélant à Racine lui-même la vraie nature de son délire. Ph
8854
la faveur d’une crise révélant à Racine lui-même
la
vraie nature de son délire. Phèdre est un moment décisif non seulemen
8855
crise révélant à Racine lui-même la vraie nature
de
son délire. Phèdre est un moment décisif non seulement dans la vie du
8856
. Phèdre est un moment décisif non seulement dans
la
vie du poète, mais dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de
8857
sif non seulement dans la vie du poète, mais dans
l’
évolution du mythe à travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou
8858
u poète, mais dans l’évolution du mythe à travers
l’
histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème
8859
is dans l’évolution du mythe à travers l’histoire
de
l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort
8860
dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de
l’
Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort est
8861
travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou
le
mythe « puni » Le thème de la mort est écarté dans Bérénice par un
8862
l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni »
Le
thème de la mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale
8863
. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème
de
la mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale évidemmen
8864
11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de
la
mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale évidemment c
8865
par une « censure » morale évidemment chrétienne
d’
origine. Racine ne peut ni ne veut être pleinement lucide. Car sa luci
8866
i ne veut être pleinement lucide. Car sa lucidité
l’
obligerait à condamner ce qu’il n’ose chérir que dans son cœur le plus
8867
condamner ce qu’il n’ose chérir que dans son cœur
le
plus secret, et sans se l’avouer. Mais la crise de sa passion pour un
8868
érir que dans son cœur le plus secret, et sans se
l’
avouer. Mais la crise de sa passion pour une femme qui fut peut-être l
8869
on cœur le plus secret, et sans se l’avouer. Mais
la
crise de sa passion pour une femme qui fut peut-être la Champmeslé, e
8870
e plus secret, et sans se l’avouer. Mais la crise
de
sa passion pour une femme qui fut peut-être la Champmeslé, et les pre
8871
se de sa passion pour une femme qui fut peut-être
la
Champmeslé, et les premières atteintes d’une vraie foi vont le pousse
8872
ut-être la Champmeslé, et les premières atteintes
d’
une vraie foi vont le pousser comme malgré lui, et plus qu’il n’espéra
8873
, et les premières atteintes d’une vraie foi vont
le
pousser comme malgré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes de l
8874
algré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes
de
l’aveu. Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait ma
8875
ré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes de
l’
aveu. Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait maint
8876
’espérait, aux extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est
la
revanche de la mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécess
8877
ux extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est la revanche
de
la mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y
8878
extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est la revanche de
la
mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y ait
8879
Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine
le
sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y ait du sang et des morts
8880
des morts dans une tragédie, si elle a pour sujet
l’
amour-passion. Seulement, cette mort, il ne la désire pas comme une tr
8881
jet l’amour-passion. Seulement, cette mort, il ne
la
désire pas comme une transfiguration : il a pris le parti du jour, la
8882
désire pas comme une transfiguration : il a pris
le
parti du jour, la mort n’est plus que le châtiment de ses trop longue
8883
une transfiguration : il a pris le parti du jour,
la
mort n’est plus que le châtiment de ses trop longues complaisances. C
8884
l a pris le parti du jour, la mort n’est plus que
le
châtiment de ses trop longues complaisances. C’est la passion, c’est
8885
arti du jour, la mort n’est plus que le châtiment
de
ses trop longues complaisances. C’est la passion, c’est sa propre pas
8886
hâtiment de ses trop longues complaisances. C’est
la
passion, c’est sa propre passion, qu’il châtie en vouant à la mort la
8887
c’est sa propre passion, qu’il châtie en vouant à
la
mort la fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de so
8888
propre passion, qu’il châtie en vouant à la mort
la
fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de son sujet
8889
assion, qu’il châtie en vouant à la mort la fille
de
Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de son sujet antique,
8890
t la fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous
le
couvert de son sujet antique, se punit doublement dans Phèdre. D’abor
8891
de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert
de
son sujet antique, se punit doublement dans Phèdre. D’abord en faisan
8892
punit doublement dans Phèdre. D’abord en faisant
de
l’obstacle un inceste, c’est-à-dire une entrave qu’il n’est plus admi
8893
nit doublement dans Phèdre. D’abord en faisant de
l’
obstacle un inceste, c’est-à-dire une entrave qu’il n’est plus admissi
8894
st-à-dire une entrave qu’il n’est plus admissible
de
vouloir vaincre. L’opinion — à laquelle Racine se montre si sensible
8895
e qu’il n’est plus admissible de vouloir vaincre.
L’
opinion — à laquelle Racine se montre si sensible — l’opinion est touj
8896
inion — à laquelle Racine se montre si sensible —
l’
opinion est toujours avec Tristan contre le roi Marc, avec le séducteu
8897
ible — l’opinion est toujours avec Tristan contre
le
roi Marc, avec le séducteur contre le mari trompé ; elle n’est jamais
8898
st toujours avec Tristan contre le roi Marc, avec
le
séducteur contre le mari trompé ; elle n’est jamais avec les amants i
8899
stan contre le roi Marc, avec le séducteur contre
le
mari trompé ; elle n’est jamais avec les amants incestueux. Ensuite,
8900
ur contre le mari trompé ; elle n’est jamais avec
les
amants incestueux. Ensuite, Racine se punit par personnes interposées
8901
se punit par personnes interposées en refusant à
la
passion de Phèdre toute réciprocité de la part. d’Hippolyte. Or Phèdr
8902
ar personnes interposées en refusant à la passion
de
Phèdre toute réciprocité de la part. d’Hippolyte. Or Phèdre était écr
8903
refusant à la passion de Phèdre toute réciprocité
de
la part. d’Hippolyte. Or Phèdre était écrite pour Champmeslé, qui y t
8904
usant à la passion de Phèdre toute réciprocité de
la
part. d’Hippolyte. Or Phèdre était écrite pour Champmeslé, qui y tint
8905
a passion de Phèdre toute réciprocité de la part.
d’
Hippolyte. Or Phèdre était écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle
8906
r Phèdre était écrite pour Champmeslé, qui y tint
le
rôle de la reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se
8907
était écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle
de
la reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se souhait
8908
ait écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle de
la
reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se souhaite :
8909
insensible au charme mortel… Confondant Phèdre et
la
femme qu’il aime, il se venge de l’objet de sa passion, et il se démo
8910
ondant Phèdre et la femme qu’il aime, il se venge
de
l’objet de sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion
8911
ant Phèdre et la femme qu’il aime, il se venge de
l’
objet de sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion es
8912
re et la femme qu’il aime, il se venge de l’objet
de
sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion est condam
8913
cette passion est condamnable sans appel. Mais je
l’
ai dit, Racine à l’époque de Phèdre est encore en pleine crise, balanç
8914
ondamnable sans appel. Mais je l’ai dit, Racine à
l’
époque de Phèdre est encore en pleine crise, balançant devant la décis
8915
e sans appel. Mais je l’ai dit, Racine à l’époque
de
Phèdre est encore en pleine crise, balançant devant la décision. D’où
8916
èdre est encore en pleine crise, balançant devant
la
décision. D’où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la l
8917
re en pleine crise, balançant devant la décision.
D’
où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu
8918
pleine crise, balançant devant la décision. D’où
la
duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il v
8919
nt devant la décision. D’où la duplicité profonde
de
la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais,
8920
devant la décision. D’où la duplicité profonde de
la
pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais, obl
8921
décision. D’où la duplicité profonde de la pièce.
La
loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais, oblige Racine
8922
la duplicité profonde de la pièce. La loi morale,
la
loi du jour qu’il veut servir désormais, oblige Racine à rendre le je
8923
’il veut servir désormais, oblige Racine à rendre
le
jeune prince insensible à l’amour de Phèdre. Il déclare donc cet amou
8924
lige Racine à rendre le jeune prince insensible à
l’
amour de Phèdre. Il déclare donc cet amour incestueux, encore que cett
8925
ine à rendre le jeune prince insensible à l’amour
de
Phèdre. Il déclare donc cet amour incestueux, encore que cette reine
8926
ur incestueux, encore que cette reine ne soit que
la
belle-mère d’Hippolyte. Mais le vieil homme, le Racine naturel, cherc
8927
encore que cette reine ne soit que la belle-mère
d’
Hippolyte. Mais le vieil homme, le Racine naturel, cherche à tourner c
8928
reine ne soit que la belle-mère d’Hippolyte. Mais
le
vieil homme, le Racine naturel, cherche à tourner cette loi sévère qu
8929
e la belle-mère d’Hippolyte. Mais le vieil homme,
le
Racine naturel, cherche à tourner cette loi sévère qui, condamnant l’
8930
herche à tourner cette loi sévère qui, condamnant
l’
inceste, rend impossible la passion. Et voici comment il s’y prend : e
8931
sévère qui, condamnant l’inceste, rend impossible
la
passion. Et voici comment il s’y prend : en rendant Hippolyte amoureu
8932
ment il s’y prend : en rendant Hippolyte amoureux
d’
Aricie, dont on va voir qu’elle est une Phèdre déguisée. Le tour est t
8933
dont on va voir qu’elle est une Phèdre déguisée.
Le
tour est très subtil. Pour ce qui est du personnage d’Hippolyte, écr
8934
r est très subtil. Pour ce qui est du personnage
d’
Hippolyte, écrit-il dans la Préface, j’avais remarqué dans les anciens
8935
qui est du personnage d’Hippolyte, écrit-il dans
la
Préface, j’avais remarqué dans les anciens qu’on reprochait à Euripid
8936
, écrit-il dans la Préface, j’avais remarqué dans
les
anciens qu’on reprochait à Euripide de l’avoir représenté comme un ph
8937
rqué dans les anciens qu’on reprochait à Euripide
de
l’avoir représenté comme un philosophe exempt de toute imperfection :
8938
é dans les anciens qu’on reprochait à Euripide de
l’
avoir représenté comme un philosophe exempt de toute imperfection : ce
8939
de l’avoir représenté comme un philosophe exempt
de
toute imperfection : ce qui faisait que la mort de ce jeune prince ca
8940
exempt de toute imperfection : ce qui faisait que
la
mort de ce jeune prince causait beaucoup plus d’indignation que de pi
8941
e toute imperfection : ce qui faisait que la mort
de
ce jeune prince causait beaucoup plus d’indignation que de pitié. J’a
8942
la mort de ce jeune prince causait beaucoup plus
d’
indignation que de pitié. J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse
8943
ne prince causait beaucoup plus d’indignation que
de
pitié. J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse qui le rendrait u
8944
J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse qui
le
rendrait un peu coupable envers son père, sans pourtant lui rien ôter
8945
able envers son père, sans pourtant lui rien ôter
de
cette grandeur d’âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, et
8946
re, sans pourtant lui rien ôter de cette grandeur
d’
âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, et se laisse opprime
8947
de cette grandeur d’âme avec laquelle il épargne
l’
honneur de Phèdre, et se laisse opprimer sans l’accuser. J’appelle fai
8948
grandeur d’âme avec laquelle il épargne l’honneur
de
Phèdre, et se laisse opprimer sans l’accuser. J’appelle faiblesse la
8949
e l’honneur de Phèdre, et se laisse opprimer sans
l’
accuser. J’appelle faiblesse la passion qu’il ressent malgré lui pour
8950
isse opprimer sans l’accuser. J’appelle faiblesse
la
passion qu’il ressent malgré lui pour Aricie, qui est la fille et la
8951
ion qu’il ressent malgré lui pour Aricie, qui est
la
fille et la sœur des ennemis mortels de son père. Ainsi donc, Arici
8952
ssent malgré lui pour Aricie, qui est la fille et
la
sœur des ennemis mortels de son père. Ainsi donc, Aricie, c’est « l
8953
, qui est la fille et la sœur des ennemis mortels
de
son père. Ainsi donc, Aricie, c’est « l’amour que le Père interdit
8954
ortels de son père. Ainsi donc, Aricie, c’est «
l’
amour que le Père interdit », — un substitut voilé de l’amour incestue
8955
n père. Ainsi donc, Aricie, c’est « l’amour que
le
Père interdit », — un substitut voilé de l’amour incestueux137. (La p
8956
mour que le Père interdit », — un substitut voilé
de
l’amour incestueux137. (La psychanalyse nous a accoutumés à des dégui
8957
r que le Père interdit », — un substitut voilé de
l’
amour incestueux137. (La psychanalyse nous a accoutumés à des déguisem
8958
, — un substitut voilé de l’amour incestueux137. (
La
psychanalyse nous a accoutumés à des déguisements plus savants !) Mai
8959
es déguisements plus savants !) Mais ce n’est pas
l’
inceste, c’est la passion qui intéresse — au sens fort — Racine. L’aut
8960
lus savants !) Mais ce n’est pas l’inceste, c’est
la
passion qui intéresse — au sens fort — Racine. L’autre moyen qu’il a
8961
n parler voluptueusement, tout en se soumettant à
la
condamnation, c’est l’argument à toute épreuve du philtre. Ici, comme
8962
t, tout en se soumettant à la condamnation, c’est
l’
argument à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans le mythe, le « De
8963
ument à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans
le
mythe, le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui
8964
ute épreuve du philtre. Ici, comme dans le mythe,
le
« Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui aiment, et
8965
. Ici, comme dans le mythe, le « Destin » servira
d’
alibi à la responsabilité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle
8966
me dans le mythe, le « Destin » servira d’alibi à
la
responsabilité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle de l’aute
8967
le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité
de
ceux qui aiment, et du même coup, à celle de l’auteur. Ah ! Seigneur
8968
lité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle
de
l’auteur. Ah ! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée Le cie
8969
é de ceux qui aiment, et du même coup, à celle de
l’
auteur. Ah ! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée Le ciel d
8970
! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée
Le
ciel de nos raisons ne sait point s’informer. (I, 1.) Ce n’est pas c
8971
eur ! si notre heure est une fois marquée Le ciel
de
nos raisons ne sait point s’informer. (I, 1.) Ce n’est pas ce ciel-l
8972
ciel-là qu’eût adoré Corneille ! Ni ces dieux que
l’
on dupe, et sur qui l’on rejette la faute : Les dieux m’en sont témoi
8973
orneille ! Ni ces dieux que l’on dupe, et sur qui
l’
on rejette la faute : Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans
8974
ces dieux que l’on dupe, et sur qui l’on rejette
la
faute : Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc On
8975
ue l’on dupe, et sur qui l’on rejette la faute :
Les
dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc Ont allumé le f
8976
témoins, ces dieux qui dans mon flanc Ont allumé
le
feu fatal à tout mon sang. (II, 3.) Et voici la servante Œnone qui t
8977
le feu fatal à tout mon sang. (II, 3.) Et voici
la
servante Œnone qui tient à Phèdre le même langage que la servante Bra
8978
.) Et voici la servante Œnone qui tient à Phèdre
le
même langage que la servante Brangaine à Isolde : Vous aimez. On ne
8979
ante Œnone qui tient à Phèdre le même langage que
la
servante Brangaine à Isolde : Vous aimez. On ne peut vaincre sa dest
8980
licité, ai-je dit, mais à tel point essentielle à
la
pièce, constitutive de la crise même d’où elle est née, qu’il serait
8981
à tel point essentielle à la pièce, constitutive
de
la crise même d’où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire re
8982
tel point essentielle à la pièce, constitutive de
la
crise même d’où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire repro
8983
ntielle à la pièce, constitutive de la crise même
d’
où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire reproche à son aute
8984
se même d’où elle est née, qu’il serait bien vain
d’
en faire reproche à son auteur. Il fallait Phèdre. Il fallait cet affl
8985
the au jour. Il fallait cette douloureuse poussée
de
la volonté de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossib
8986
au jour. Il fallait cette douloureuse poussée de
la
volonté de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossible
8987
l fallait cette douloureuse poussée de la volonté
de
mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossible aveu, se re
8988
sée de la volonté de mort cherchant à se délivrer
d’
elle-même par l’impossible aveu, se retenant, s’avouant enfin à l’inst
8989
é de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par
l’
impossible aveu, se retenant, s’avouant enfin à l’instant où elle y re
8990
uant enfin à l’instant où elle y renonçait — avec
le
mouvement même de la reine, à trois reprises138. Il fallait cela pour
8991
tant où elle y renonçait — avec le mouvement même
de
la reine, à trois reprises138. Il fallait cela pour que l’amour-passi
8992
t où elle y renonçait — avec le mouvement même de
la
reine, à trois reprises138. Il fallait cela pour que l’amour-passion
8993
ne, à trois reprises138. Il fallait cela pour que
l’
amour-passion succombât finalement à la Norme du Jour. Car c’est le jo
8994
a pour que l’amour-passion succombât finalement à
la
Norme du Jour. Car c’est le jour terrestre qui pour la première fois,
8995
uccombât finalement à la Norme du Jour. Car c’est
le
jour terrestre qui pour la première fois, depuis l’apparition du myth
8996
jour terrestre qui pour la première fois, depuis
l’
apparition du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de l’amante,
8997
s l’apparition du mythe au xiie siècle, triomphe
de
la mort de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de
8998
’apparition du mythe au xiie siècle, triomphe de
la
mort de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Ro
8999
ion du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort
de
l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo : E
9000
du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de
l’
amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo : Et l
9001
triomphe de la mort de l’amante, renversant toute
la
dialectique de Tristan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant
9002
mort de l’amante, renversant toute la dialectique
de
Tristan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant la clarté Rend
9003
te, renversant toute la dialectique de Tristan et
de
Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant la clarté Rend au jour qu’il
9004
toute la dialectique de Tristan et de Roméo : Et
la
mort à mes yeux dérobant la clarté Rend au jour qu’ils souillaient t
9005
tan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant
la
clarté Rend au jour qu’ils souillaient toute sa pureté. — Elle expir
9006
ient toute sa pureté. — Elle expire, Seigneur ! —
D’
une action si noire Que ne peut avec elle expirer la mémoire ! Malgr
9007
ne action si noire Que ne peut avec elle expirer
la
mémoire ! Malgré tout, — malgré même ce dernier trait que Racine a s
9008
que je puis assurer, c’est que je n’ai point fait
de
tragédie où la vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ; les m
9009
urer, c’est que je n’ai point fait de tragédie où
la
vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ; les moindres fautes
9010
vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ;
les
moindres fautes y sont sévèrement punies : la seule pensée du crime y
9011
; les moindres fautes y sont sévèrement punies :
la
seule pensée du crime y est regardée avec autant d’horreur que le cri
9012
seule pensée du crime y est regardée avec autant
d’
horreur que le crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour d
9013
du crime y est regardée avec autant d’horreur que
le
crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faibl
9014
egardée avec autant d’horreur que le crime même ;
les
faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passi
9015
tant d’horreur que le crime même ; les faiblesses
de
l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont p
9016
t d’horreur que le crime même ; les faiblesses de
l’
amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont prés
9017
e même ; les faiblesses de l’amour y passent pour
de
vraies faiblesses ; les passions n’y sont présentées aux yeux que pou
9018
de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ;
les
passions n’y sont présentées aux yeux que pour démontrer tout le déso
9019
sont présentées aux yeux que pour démontrer tout
le
désordre dont elles sont cause… On est loin du dessein d’« exciter l
9020
re dont elles sont cause… On est loin du dessein
d’
« exciter les passions » pour « plaire » à un besoin de « tristesse ma
9021
s sont cause… On est loin du dessein d’« exciter
les
passions » pour « plaire » à un besoin de « tristesse majestueuse ».
9022
xciter les passions » pour « plaire » à un besoin
de
« tristesse majestueuse ». On est tout près de Port-Royal. Racine, c
9023
ès de Port-Royal. Racine, comme Pétrarque, était
de
la race des troubadours qui trahissent l’Amour pour l’amour : presque
9024
de Port-Royal. Racine, comme Pétrarque, était de
la
race des troubadours qui trahissent l’Amour pour l’amour : presque to
9025
, était de la race des troubadours qui trahissent
l’
Amour pour l’amour : presque tous ont fini en religion. Mais notons-le
9026
race des troubadours qui trahissent l’Amour pour
l’
amour : presque tous ont fini en religion. Mais notons-le : dans une r
9027
: presque tous ont fini en religion. Mais notons-
le
: dans une religion de retraite, — dernière injure peut-être au jour
9028
i en religion. Mais notons-le : dans une religion
de
retraite, — dernière injure peut-être au jour intolérable… 12.Écli
9029
Malgré Corneille, malgré Racine jusqu’à Phèdre,
la
fin du xviie siècle français souffre ou bénéficie, comme on voudra,
9030
e français souffre ou bénéficie, comme on voudra,
d’
une première éclipse du mythe dans les mœurs et la philosophie. La mis
9031
e on voudra, d’une première éclipse du mythe dans
les
mœurs et la philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au p
9032
d’une première éclipse du mythe dans les mœurs et
la
philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de la so
9033
clipse du mythe dans les mœurs et la philosophie.
La
mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de la société féodale pa
9034
. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas)
de
la société féodale par l’État-roi, entraîne des modifications assez p
9035
a mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de
la
société féodale par l’État-roi, entraîne des modifications assez prof
9036
e pas dire mise au pas) de la société féodale par
l’
État-roi, entraîne des modifications assez profondes dans les relation
9037
, entraîne des modifications assez profondes dans
les
relations sentimentales et les coutumes. Le mariage redevient l’insti
9038
sez profondes dans les relations sentimentales et
les
coutumes. Le mariage redevient l’institution de base : il atteint un
9039
dans les relations sentimentales et les coutumes.
Le
mariage redevient l’institution de base : il atteint un point d’équil
9040
ntimentales et les coutumes. Le mariage redevient
l’
institution de base : il atteint un point d’équilibre où les siècles s
9041
les coutumes. Le mariage redevient l’institution
de
base : il atteint un point d’équilibre où les siècles suivants auront
9042
vient l’institution de base : il atteint un point
d’
équilibre où les siècles suivants auront grand-peine à se maintenir, e
9043
tion de base : il atteint un point d’équilibre où
les
siècles suivants auront grand-peine à se maintenir, et que les siècle
9044
uivants auront grand-peine à se maintenir, et que
les
siècles précédents n’ont pas connu. Les « alliances » privées se trai
9045
r, et que les siècles précédents n’ont pas connu.
Les
« alliances » privées se traitent dans les formes, ni plus ni moins q
9046
connu. Les « alliances » privées se traitent dans
les
formes, ni plus ni moins qu’entre parties diplomatiques. L’inclinatio
9047
ni plus ni moins qu’entre parties diplomatiques.
L’
inclination réelle ou supposée n’y ajoute guère qu’un élément d’exquis
9048
réelle ou supposée n’y ajoute guère qu’un élément
d’
exquise perfection, de luxe heureux, dernière touche d’une fantaisie q
9049
ajoute guère qu’un élément d’exquise perfection,
de
luxe heureux, dernière touche d’une fantaisie qui sent presque l’impe
9050
uise perfection, de luxe heureux, dernière touche
d’
une fantaisie qui sent presque l’impertinence. (Le xviiie la jugera v
9051
dernière touche d’une fantaisie qui sent presque
l’
impertinence. (Le xviiie la jugera vite de mauvais goût.) La convenan
9052
d’une fantaisie qui sent presque l’impertinence. (
Le
xviiie la jugera vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et l
9053
isie qui sent presque l’impertinence. (Le xviiie
la
jugera vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et la conformit
9054
resque l’impertinence. (Le xviiie la jugera vite
de
mauvais goût.) La convenance des rangs et la conformité des « qualité
9055
nce. (Le xviiie la jugera vite de mauvais goût.)
La
convenance des rangs et la conformité des « qualités » devient la mes
9056
vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et
la
conformité des « qualités » devient la mesure idéale du bon mariage :
9057
s rangs et la conformité des « qualités » devient
la
mesure idéale du bon mariage : curieuse analogie avec la Chine. Et de
9058
re idéale du bon mariage : curieuse analogie avec
la
Chine. Et de fait, c’est à partir de ce xviie siècle « rationnel » q
9059
bon mariage : curieuse analogie avec la Chine. Et
de
fait, c’est à partir de ce xviie siècle « rationnel » que nos mœurs
9060
œurs se séparent des croyances religieuses (comme
l’
avait proposé Confucius) et, sans que nul paraisse y prendre garde, se
9061
nul paraisse y prendre garde, se rangent aux lois
de
la raison du siècle, reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et no
9062
paraisse y prendre garde, se rangent aux lois de
la
raison du siècle, reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et non p
9063
rangent aux lois de la raison du siècle, reniant
l’
absolu chrétien. Les « mérites » et non plus la grâce imprévisible déc
9064
e la raison du siècle, reniant l’absolu chrétien.
Les
« mérites » et non plus la grâce imprévisible décident désormais d’un
9065
nt l’absolu chrétien. Les « mérites » et non plus
la
grâce imprévisible décident désormais d’une union, et rendront seuls
9066
non plus la grâce imprévisible décident désormais
d’
une union, et rendront seuls « aimable » un parti soigneusement raison
9067
mable » un parti soigneusement raisonné. Triomphe
de
la morale jésuite. C’est le baroque classique qui vient emprisonner,
9068
le » un parti soigneusement raisonné. Triomphe de
la
morale jésuite. C’est le baroque classique qui vient emprisonner, dan
9069
nt raisonné. Triomphe de la morale jésuite. C’est
le
baroque classique qui vient emprisonner, dans l’artifice de ses pompe
9070
le baroque classique qui vient emprisonner, dans
l’
artifice de ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de la pass
9071
classique qui vient emprisonner, dans l’artifice
de
ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de la passion telle q
9072
vient emprisonner, dans l’artifice de ses pompes,
le
sentiment. Aussi bien, l’analyse de la passion telle que la conduit u
9073
artifice de ses pompes, le sentiment. Aussi bien,
l’
analyse de la passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction
9074
e ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse
de
la passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction à des caté
9075
es pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de
la
passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction à des catégor
9076
nt. Aussi bien, l’analyse de la passion telle que
la
conduit un Descartes, sa réduction à des catégories psychologiques ne
9077
tement distinctes, à des hiérarchies rationnelles
de
qualités, mérites et facultés, devait-elle aboutir nécessairement à l
9078
et facultés, devait-elle aboutir nécessairement à
la
dissolution du mythe et de son dynamisme originel. C’est que le mythe
9079
outir nécessairement à la dissolution du mythe et
de
son dynamisme originel. C’est que le mythe ne déploie son empire que
9080
du mythe et de son dynamisme originel. C’est que
le
mythe ne déploie son empire que là précisément où s’évanouissent tout
9081
mpire que là précisément où s’évanouissent toutes
les
catégories morales, — par-delà le Bien et le Mal, dans le transport,
9082
uissent toutes les catégories morales, — par-delà
le
Bien et le Mal, dans le transport, et dans la transgression du domain
9083
tes les catégories morales, — par-delà le Bien et
le
Mal, dans le transport, et dans la transgression du domaine où vaut l
9084
ories morales, — par-delà le Bien et le Mal, dans
le
transport, et dans la transgression du domaine où vaut la morale. ⁂ L
9085
elà le Bien et le Mal, dans le transport, et dans
la
transgression du domaine où vaut la morale. ⁂ Le cas de Spinoza mérit
9086
port, et dans la transgression du domaine où vaut
la
morale. ⁂ Le cas de Spinoza mériterait un chapitre, mais son influenc
9087
la transgression du domaine où vaut la morale. ⁂
Le
cas de Spinoza mériterait un chapitre, mais son influence sur les mœu
9088
nsgression du domaine où vaut la morale. ⁂ Le cas
de
Spinoza mériterait un chapitre, mais son influence sur les mœurs ne s
9089
za mériterait un chapitre, mais son influence sur
les
mœurs ne s’est guère fait sentir que deux siècles plus tard. (Il a fa
9090
entir que deux siècles plus tard. (Il a fallu que
les
philosophes du Sturm und Drang le traduisissent en allemand pour les
9091
Il a fallu que les philosophes du Sturm und Drang
le
traduisissent en allemand pour les poètes, qui l’ont traduit en métap
9092
Sturm und Drang le traduisissent en allemand pour
les
poètes, qui l’ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimenta
9093
le traduisissent en allemand pour les poètes, qui
l’
ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimentaux, et cela don
9094
les poètes, qui l’ont traduit en métaphores pour
les
bourgeois sentimentaux, et cela donne finalement tout un verbiage sur
9095
ux, et cela donne finalement tout un verbiage sur
la
divinité des impressions champêtres du dimanche.) Spinoza définit l’a
9096
ressions champêtres du dimanche.) Spinoza définit
l’
amour : un sentiment de joie accompagné de l’idée d’une cause extérieu
9097
dimanche.) Spinoza définit l’amour : un sentiment
de
joie accompagné de l’idée d’une cause extérieure. C’est juste en un s
9098
définit l’amour : un sentiment de joie accompagné
de
l’idée d’une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs
9099
init l’amour : un sentiment de joie accompagné de
l’
idée d’une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs le
9100
amour : un sentiment de joie accompagné de l’idée
d’
une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs le seul p
9101
xtérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs
le
seul prévu par ce mystique : si la cause extérieure est un Dieu auque
9102
as, d’ailleurs le seul prévu par ce mystique : si
la
cause extérieure est un Dieu auquel notre âme pourrait s’identifier13
9103
pourrait s’identifier139. Mais Spinoza néglige «
l’
obstacle ». Dans le fait, nos passions humaines sont toujours liées à
9104
ier139. Mais Spinoza néglige « l’obstacle ». Dans
le
fait, nos passions humaines sont toujours liées à des passions contra
9105
ine, et nos plaisirs à nos douleurs. Il n’est pas
de
cause isolée qui nous détermine purement. Entre la joie et sa cause e
9106
e cause isolée qui nous détermine purement. Entre
la
joie et sa cause extérieure, il y a toujours quelque séparation et qu
9107
toujours quelque séparation et quelque obstacle :
la
société, le péché, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de l
9108
lque séparation et quelque obstacle : la société,
le
péché, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient l’ar
9109
ation et quelque obstacle : la société, le péché,
la
vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur de la
9110
hé, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et
de
là vient l’ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union
9111
, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient
l’
ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se li
9112
orps, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur
de
la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se lie indisso
9113
s, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur de
la
passion. Et de là vient que le désir d’union totale se lie indissolub
9114
stinct. Et de là vient l’ardeur de la passion. Et
de
là vient que le désir d’union totale se lie indissolublement au désir
9115
vient l’ardeur de la passion. Et de là vient que
le
désir d’union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui
9116
ardeur de la passion. Et de là vient que le désir
d’
union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui libère. C
9117
r d’union totale se lie indissolublement au désir
de
la mort qui libère. C’est parce que la passion n’existe pas sans la d
9118
’union totale se lie indissolublement au désir de
la
mort qui libère. C’est parce que la passion n’existe pas sans la doul
9119
t au désir de la mort qui libère. C’est parce que
la
passion n’existe pas sans la douleur qu’elle nous rend désirable notr
9120
ère. C’est parce que la passion n’existe pas sans
la
douleur qu’elle nous rend désirable notre perte. Écoutons la Religieu
9121
qu’elle nous rend désirable notre perte. Écoutons
la
Religieuse portugaise, Mariana Alcoforado, comme elle écrit à l’homme
9122
ortugaise, Mariana Alcoforado, comme elle écrit à
l’
homme qui l’a séduite : « Je vous rends grâces du fond de mon cœur pou
9123
ariana Alcoforado, comme elle écrit à l’homme qui
l’
a séduite : « Je vous rends grâces du fond de mon cœur pour la désespé
9124
qui l’a séduite : « Je vous rends grâces du fond
de
mon cœur pour la désespérance où vous m’avez jetée, et méprise le rep
9125
: « Je vous rends grâces du fond de mon cœur pour
la
désespérance où vous m’avez jetée, et méprise le repos où je vivais,
9126
la désespérance où vous m’avez jetée, et méprise
le
repos où je vivais, avant de vous avoir connu… Adieu ! Aimez-moi donc
9127
eu ! Aimez-moi donc toujours, faites-moi souffrir
de
pires douleurs encore ! » Vers la fin du xviiie siècle, c’est une au
9128
es-moi souffrir de pires douleurs encore ! » Vers
la
fin du xviiie siècle, c’est une autre femme qui dira : « Je vous aim
9129
dira : « Je vous aime comme on doit aimer : dans
le
désespoir » (Julie de Lespinasse). ⁂ Mais le xviiie siècle avant Rou
9130
dans le désespoir » (Julie de Lespinasse). ⁂ Mais
le
xviiie siècle avant Rousseau, c’est vraiment l’éclipse totale du Sol
9131
le xviiie siècle avant Rousseau, c’est vraiment
l’
éclipse totale du Soleil noir de la Mélancolie. Les « qualités » et le
9132
u, c’est vraiment l’éclipse totale du Soleil noir
de
la Mélancolie. Les « qualités » et les « mérites » qui rendent « aima
9133
c’est vraiment l’éclipse totale du Soleil noir de
la
Mélancolie. Les « qualités » et les « mérites » qui rendent « aimable
9134
l’éclipse totale du Soleil noir de la Mélancolie.
Les
« qualités » et les « mérites » qui rendent « aimable », selon les ro
9135
Soleil noir de la Mélancolie. Les « qualités » et
les
« mérites » qui rendent « aimable », selon les roués de la Régence et
9136
et les « mérites » qui rendent « aimable », selon
les
roués de la Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordr
9137
érites » qui rendent « aimable », selon les roués
de
la Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral,
9138
tes » qui rendent « aimable », selon les roués de
la
Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral, mai
9139
able », selon les roués de la Régence et du règne
de
Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral, mais intellectuel et physi
9140
égence et du règne de Louis XV, ne sont plus même
d’
ordre moral, mais intellectuel et physique. La distinction de l’esprit
9141
ême d’ordre moral, mais intellectuel et physique.
La
distinction de l’esprit et de la chair, succédant à la séparation de
9142
al, mais intellectuel et physique. La distinction
de
l’esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de
9143
mais intellectuel et physique. La distinction de
l’
esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’â
9144
ectuel et physique. La distinction de l’esprit et
de
la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’âme croyante,
9145
uel et physique. La distinction de l’esprit et de
la
chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’âme croyante, ab
9146
stinction de l’esprit et de la chair, succédant à
la
séparation de l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être
9147
’esprit et de la chair, succédant à la séparation
de
l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligen
9148
prit et de la chair, succédant à la séparation de
l’
esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence
9149
a chair, succédant à la séparation de l’esprit et
de
l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence et en sexe.
9150
hair, succédant à la séparation de l’esprit et de
l’
âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence et en sexe. À v
9151
l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser
l’
être en intelligence et en sexe. À vrai dire, tout obstacle détruit, l
9152
e et en sexe. À vrai dire, tout obstacle détruit,
la
passion n’a plus où se prendre. Et l’on parle de « passionnettes ». L
9153
le détruit, la passion n’a plus où se prendre. Et
l’
on parle de « passionnettes ». Le dieu d’Amour n’est plus un dur desti
9154
la passion n’a plus où se prendre. Et l’on parle
de
« passionnettes ». Le dieu d’Amour n’est plus un dur destin mais un e
9155
ù se prendre. Et l’on parle de « passionnettes ».
Le
dieu d’Amour n’est plus un dur destin mais un enfant impertinent. Pre
9156
ndre. Et l’on parle de « passionnettes ». Le dieu
d’
Amour n’est plus un dur destin mais un enfant impertinent. Presque plu
9157
ant impertinent. Presque plus rien n’est défendu.
De
la pudeur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour la rhétoriqu
9158
impertinent. Presque plus rien n’est défendu. De
la
pudeur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour la rhétorique d
9159
ur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour
la
rhétorique du désir, mais non plus même pour celle de l’amour. « Bell
9160
hétorique du désir, mais non plus même pour celle
de
l’amour. « Belle vertu, dit Mme d’Épinay, qu’on s’attache avec des ép
9161
orique du désir, mais non plus même pour celle de
l’
amour. « Belle vertu, dit Mme d’Épinay, qu’on s’attache avec des éping
9162
citées par hasard : « Amour vous point », disait
la
rhétorique. Un peu plus tard, le sang coulera sous la Terreur ; mais
9163
point », disait la rhétorique. Un peu plus tard,
le
sang coulera sous la Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à la «
9164
hétorique. Un peu plus tard, le sang coulera sous
la
Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à la « guerre en dentelles
9165
us la Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à
la
« guerre en dentelles ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui
9166
re qu’à la « guerre en dentelles ».) Or ce siècle
de
la Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se guéri
9167
qu’à la « guerre en dentelles ».) Or ce siècle de
la
Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se guérir d
9168
es ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui
de
la santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes de ce
9169
».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui de
la
santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes de ce te
9170
santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. «
Les
femmes de ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec la tê
9171
elle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes
de
ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec la tête », dit
9172
mythe. « Les femmes de ce temps n’aiment pas avec
le
cœur, elles aiment avec la tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauché
9173
emps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec
la
tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées de l’esprit », ajoute Wa
9174
as avec le cœur, elles aiment avec la tête », dit
l’
abbé Galiani. Des « débauchées de l’esprit », ajoute Walpole, donnant
9175
c la tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées
de
l’esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être la meilleure formule du
9176
a tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées de
l’
esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être la meilleure formule du do
9177
de l’esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être
la
meilleure formule du don-juanisme féminin. Car c’est la femme qui rêv
9178
lleure formule du don-juanisme féminin. Car c’est
la
femme qui rêve Don Juan, et s’il se trouve pour incarner ce rêve des
9179
des Richelieu et des Casanova, je suis moins sûr
de
leur réalité que de celle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncou
9180
s Casanova, je suis moins sûr de leur réalité que
de
celle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncourt l’ont très bien a
9181
ins sûr de leur réalité que de celle du désir qui
les
crée. Ce désir, les Goncourt l’ont très bien aperçu dans leur ouvrage
9182
ité que de celle du désir qui les crée. Ce désir,
les
Goncourt l’ont très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur la fe
9183
lle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncourt
l’
ont très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur la femme au xviii
9184
très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur
la
femme au xviiie siècle : « Au lieu de lui donner les satisfactions d
9185
femme au xviiie siècle : « Au lieu de lui donner
les
satisfactions de l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’am
9186
iècle : « Au lieu de lui donner les satisfactions
de
l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’
9187
le : « Au lieu de lui donner les satisfactions de
l’
amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inq
9188
ui donner les satisfactions de l’amour sensuel et
de
la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse
9189
donner les satisfactions de l’amour sensuel et de
la
fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’
9190
isfactions de l’amour sensuel et de la fixer dans
la
volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai
9191
e l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté,
l’
amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai, de tentati
9192
r sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour
la
remplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai, de tentatives en t
9193
t de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit
d’
inquiétudes, la pousse d’essai en essai, de tentatives en tentatives,
9194
ans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes,
la
pousse d’essai en essai, de tentatives en tentatives, agitant devant
9195
upté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse
d’
essai en essai, de tentatives en tentatives, agitant devant elle, à me
9196
emplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai,
de
tentatives en tentatives, agitant devant elle, à mesure qu’elle fait
9197
t elle, à mesure qu’elle fait un nouveau pas dans
la
honte, la tentation des corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal
9198
mesure qu’elle fait un nouveau pas dans la honte,
la
tentation des corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal, le capri
9199
ntation des corruptions spirituelles, un mensonge
d’
idéal, le caprice insaisissable des rêves de la débauche. » Un « menso
9200
es corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal,
le
caprice insaisissable des rêves de la débauche. » Un « mensonge d’idé
9201
songe d’idéal, le caprice insaisissable des rêves
de
la débauche. » Un « mensonge d’idéal », c’est bien à quoi se résumera
9202
ge d’idéal, le caprice insaisissable des rêves de
la
débauche. » Un « mensonge d’idéal », c’est bien à quoi se résumera to
9203
issable des rêves de la débauche. » Un « mensonge
d’
idéal », c’est bien à quoi se résumera toujours la réaction cynique co
9204
d’idéal », c’est bien à quoi se résumera toujours
la
réaction cynique contre le mythe. Nous en avons donné plus d’un exemp
9205
i se résumera toujours la réaction cynique contre
le
mythe. Nous en avons donné plus d’un exemple. Le xviiie est trop pol
9206
cynique contre le mythe. Nous en avons donné plus
d’
un exemple. Le xviiie est trop poli pour admettre la gauloiserie : il
9207
le mythe. Nous en avons donné plus d’un exemple.
Le
xviiie est trop poli pour admettre la gauloiserie : il la remplace p
9208
n exemple. Le xviiie est trop poli pour admettre
la
gauloiserie : il la remplace par une affectation de facilité voluptue
9209
est trop poli pour admettre la gauloiserie : il
la
remplace par une affectation de facilité voluptueuse. Cette boutade q
9210
gauloiserie : il la remplace par une affectation
de
facilité voluptueuse. Cette boutade qui réduit tout l’amour au contac
9211
cilité voluptueuse. Cette boutade qui réduit tout
l’
amour au contact de deux épidermes, j’y vois bien moins l’affirmation
9212
Cette boutade qui réduit tout l’amour au contact
de
deux épidermes, j’y vois bien moins l’affirmation d’un matérialisme i
9213
au contact de deux épidermes, j’y vois bien moins
l’
affirmation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve de la secrète per
9214
deux épidermes, j’y vois bien moins l’affirmation
d’
un matérialisme inhumain qu’une preuve de la secrète persistance du my
9215
irmation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve
de
la secrète persistance du mythe au cœur des hommes du xviiie . Il fal
9216
ation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve de
la
secrète persistance du mythe au cœur des hommes du xviiie . Il fallai
9217
viiie . Il fallait bien que subsistât quelque peu
d’
illusion amoureuse et d’idéalisme diffus, pour que Chamfort ait pu jug
9218
que subsistât quelque peu d’illusion amoureuse et
d’
idéalisme diffus, pour que Chamfort ait pu juger « piquant » de noter
9219
iffus, pour que Chamfort ait pu juger « piquant »
de
noter cette maxime et de la publier. Cela pouvait encore étonner. Ce
9220
ait pu juger « piquant » de noter cette maxime et
de
la publier. Cela pouvait encore étonner. Ce n’était encore, et ce ne
9221
pu juger « piquant » de noter cette maxime et de
la
publier. Cela pouvait encore étonner. Ce n’était encore, et ce ne ser
9222
13.Don Juan et Sade Comme on voit, en fermant
les
yeux, une statue noire à la place de la blanche que l’on vient de con
9223
fermant les yeux, une statue noire à la place de
la
blanche que l’on vient de considérer, l’éclipse du mythe devait faire
9224
ux, une statue noire à la place de la blanche que
l’
on vient de considérer, l’éclipse du mythe devait faire apparaître l’a
9225
place de la blanche que l’on vient de considérer,
l’
éclipse du mythe devait faire apparaître l’antithèse absolue de Trista
9226
dérer, l’éclipse du mythe devait faire apparaître
l’
antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, u
9227
mythe devait faire apparaître l’antithèse absolue
de
Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, une invention du xvii
9228
ce siècle a-t-il joué par rapport à ce personnage
le
rôle exact de Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine man
9229
il joué par rapport à ce personnage le rôle exact
de
Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine manichéenne : c’e
9230
personnage le rôle exact de Lucifer par rapport à
la
Création, dans la doctrine manichéenne : c’est lui qui a donné sa fig
9231
exact de Lucifer par rapport à la Création, dans
la
doctrine manichéenne : c’est lui qui a donné sa figure au Tenorio de
9232
imprimé pour toujours ces deux traits si typiques
de
l’époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfait
9233
rimé pour toujours ces deux traits si typiques de
l’
époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfaite d
9234
oujours ces deux traits si typiques de l’époque :
la
noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfaite des deux ver
9235
x traits si typiques de l’époque : la noirceur et
la
scélératesse. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de l’amour
9236
esse. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus
de
l’amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble q
9237
e. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de
l’
amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble que
9238
rfaite des deux vertus de l’amour chevaleresque :
la
candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble que la fascination qu’exerce
9239
x vertus de l’amour chevaleresque : la candeur et
la
courtoisie. ⁂ Il me semble que la fascination qu’exerce sur le cœur d
9240
: la candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble que
la
fascination qu’exerce sur le cœur des femmes et sur l’esprit de certa
9241
. ⁂ Il me semble que la fascination qu’exerce sur
le
cœur des femmes et sur l’esprit de certains hommes le personnage myth
9242
scination qu’exerce sur le cœur des femmes et sur
l’
esprit de certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’ex
9243
qu’exerce sur le cœur des femmes et sur l’esprit
de
certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer p
9244
œur des femmes et sur l’esprit de certains hommes
le
personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer par sa nature infini
9245
’esprit de certains hommes le personnage mythique
de
Don Juan peut s’expliquer par sa nature infiniment contradictoire. Do
9246
iniment contradictoire. Don Juan, c’est à la fois
l’
espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’esprit pur dans sa dan
9247
ictoire. Don Juan, c’est à la fois l’espèce pure,
la
spontanéité de l’instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-d
9248
an, c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité
de
l’instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer
9249
c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de
l’
instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer de
9250
s l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et
l’
esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer des possibles. C’
9251
, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus
de
la mer des possibles. C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est auss
9252
t l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de
la
mer des possibles. C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est aussi l
9253
éperdue au-dessus de la mer des possibles. C’est
l’
infidélité perpétuelle, mais c’est aussi la perpétuelle recherche d’un
9254
C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est aussi
la
perpétuelle recherche d’une femme unique, jamais rejointe par l’erreu
9255
tuelle, mais c’est aussi la perpétuelle recherche
d’
une femme unique, jamais rejointe par l’erreur inlassable du désir. C’
9256
recherche d’une femme unique, jamais rejointe par
l’
erreur inlassable du désir. C’est l’insolente avidité d’une jeunesse r
9257
rejointe par l’erreur inlassable du désir. C’est
l’
insolente avidité d’une jeunesse renouvelée à chaque rencontre, et c’e
9258
ur inlassable du désir. C’est l’insolente avidité
d’
une jeunesse renouvelée à chaque rencontre, et c’est aussi la secrète
9259
sse renouvelée à chaque rencontre, et c’est aussi
la
secrète faiblesse de celui qui ne peut pas posséder, parce qu’il n’es
9260
ue rencontre, et c’est aussi la secrète faiblesse
de
celui qui ne peut pas posséder, parce qu’il n’est pas assez pour avoi
9261
mieux réserver pour plus tard140. Considérons ici
le
Don Juan du théâtre141 comme le reflet inversé de Tristan. Le contras
9262
. Considérons ici le Don Juan du théâtre141 comme
le
reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans l’allure ext
9263
le Don Juan du théâtre141 comme le reflet inversé
de
Tristan. Le contraste est d’abord dans l’allure extérieure des person
9264
du théâtre141 comme le reflet inversé de Tristan.
Le
contraste est d’abord dans l’allure extérieure des personnages, dans
9265
inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans
l’
allure extérieure des personnages, dans leur rythme. On imagine Don Ju
9266
course. Au contraire, Tristan vient en scène avec
l’
espèce de lenteur somnambulique de celui qu’hypnotise un objet merveil
9267
u contraire, Tristan vient en scène avec l’espèce
de
lenteur somnambulique de celui qu’hypnotise un objet merveilleux, don
9268
t en scène avec l’espèce de lenteur somnambulique
de
celui qu’hypnotise un objet merveilleux, dont il n’aura jamais épuisé
9269
n objet merveilleux, dont il n’aura jamais épuisé
la
richesse. L’un posséda mille et trois femmes, l’autre une seule femme
9270
trois femmes, l’autre une seule femme. Mais c’est
la
multiplicité qui est pauvre, tandis que dans un être unique et posséd
9271
uvre, tandis que dans un être unique et possédé à
l’
infini se concentre le monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde,
9272
un être unique et possédé à l’infini se concentre
le
monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde, — parce qu’il aime !
9273
n, toujours aimé, ne peut jamais aimer en retour.
D’
où son angoisse et sa course éperdue. L’un recherche dans l’acte d’amo
9274
ngoisse et sa course éperdue. L’un recherche dans
l’
acte d’amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restan
9275
et sa course éperdue. L’un recherche dans l’acte
d’
amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restant chast
9276
ourse éperdue. L’un recherche dans l’acte d’amour
la
volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restant chaste la « p
9277
ue. L’un recherche dans l’acte d’amour la volupté
d’
une profanation, l’autre accomplit en restant chaste la « prouesse » d
9278
profanation, l’autre accomplit en restant chaste
la
« prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est le viol, et
9279
it en restant chaste la « prouesse » divinisante.
La
tactique de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoir
9280
t chaste la « prouesse » divinisante. La tactique
de
Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abando
9281
sse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est
le
viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le terrain, il
9282
de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée
la
victoire, il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle de l’amou
9283
, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne
le
terrain, il s’enfuit. Or la règle de l’amour courtois faisait du viol
9284
ictoire, il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or
la
règle de l’amour courtois faisait du viol précisément le crime des cr
9285
il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle
de
l’amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la
9286
abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle de
l’
amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la fél
9287
e de l’amour courtois faisait du viol précisément
le
crime des crimes, la félonie sans rémission ; et de l’hommage un enga
9288
faisait du viol précisément le crime des crimes,
la
félonie sans rémission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à la mor
9289
crime des crimes, la félonie sans rémission ; et
de
l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime
9290
ime des crimes, la félonie sans rémission ; et de
l’
hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime en
9291
rémission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à
la
mort. Mais Don Juan aime le crime en soi, et par là se rend tributair
9292
un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime
le
crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont il abuse
9293
ime le crime en soi, et par là se rend tributaire
de
la morale dont il abuse. Il a grand besoin qu’elle existe pour trouve
9294
le crime en soi, et par là se rend tributaire de
la
morale dont il abuse. Il a grand besoin qu’elle existe pour trouver g
9295
a grand besoin qu’elle existe pour trouver goût à
la
violer. Tristan, lui, se voit libéré du jeu des règles, des péchés et
9296
du jeu des règles, des péchés et des vertus, par
la
grâce d’une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ra
9297
es règles, des péchés et des vertus, par la grâce
d’
une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ramène à ce
9298
s vertus, par la grâce d’une vertu qui transcende
le
monde de la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan e
9299
par la grâce d’une vertu qui transcende le monde
de
la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le dém
9300
r la grâce d’une vertu qui transcende le monde de
la
Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon
9301
tout se ramène à cette opposition : Don Juan est
le
démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le
9302
ramène à cette opposition : Don Juan est le démon
de
l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de
9303
ène à cette opposition : Don Juan est le démon de
l’
immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de la
9304
tion : Don Juan est le démon de l’immanence pure,
le
prisonnier des apparences du monde, le martyr de la sensation de plus
9305
ence pure, le prisonnier des apparences du monde,
le
martyr de la sensation de plus en plus décevante et méprisable — quan
9306
le prisonnier des apparences du monde, le martyr
de
la sensation de plus en plus décevante et méprisable — quand Tristan
9307
prisonnier des apparences du monde, le martyr de
la
sensation de plus en plus décevante et méprisable — quand Tristan est
9308
plus décevante et méprisable — quand Tristan est
le
prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravisse
9309
e et méprisable — quand Tristan est le prisonnier
d’
un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mu
9310
Tristan est le prisonnier d’un au-delà du jour et
de
la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort
9311
stan est le prisonnier d’un au-delà du jour et de
la
nuit, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. O
9312
le prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit,
le
martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut no
9313
ier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr
d’
un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut noter encore
9314
martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à
la
mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très haut,
9315
eci : Don Juan plaisante, rit très haut, provoque
la
mort lorsque le Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozar
9316
laisante, rit très haut, provoque la mort lorsque
le
Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozart, rachetant par
9317
, provoque la mort lorsque le Commandeur lui tend
la
main, au dernier acte de Mozart, rachetant par cet ultime défi des lâ
9318
e le Commandeur lui tend la main, au dernier acte
de
Mozart, rachetant par cet ultime défi des lâchetés qui eussent déshon
9319
ourageux, n’abdique au contraire son orgueil qu’à
l’
approche de la mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : to
9320
’abdique au contraire son orgueil qu’à l’approche
de
la mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont
9321
dique au contraire son orgueil qu’à l’approche de
la
mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont l’
9322
e ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont
l’
épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le r
9323
vois qu’un trait commun : tous deux ont l’épée à
la
main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une
9324
trait commun : tous deux ont l’épée à la main. ⁂
De
la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocrat
9325
ait commun : tous deux ont l’épée à la main. ⁂ De
la
Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocratie
9326
⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur
le
rêve d’une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou
9327
Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve
d’
une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzu
9328
uan a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue
de
l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans la plus haute socié
9329
a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de
l’
héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans la plus haute société,
9330
l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans
la
plus haute société, un Bezenval et un Casanova au niveau de l’aventur
9331
société, un Bezenval et un Casanova au niveau de
l’
aventure scélérate, tels sont les parangons qui prennent la place de l
9332
nova au niveau de l’aventure scélérate, tels sont
les
parangons qui prennent la place de l’idéal détruit par le xviie sièc
9333
e scélérate, tels sont les parangons qui prennent
la
place de l’idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du myth
9334
te, tels sont les parangons qui prennent la place
de
l’idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’i
9335
tels sont les parangons qui prennent la place de
l’
idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’iron
9336
gons qui prennent la place de l’idéal détruit par
le
xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’ironie universelle, et l
9337
par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par
l’
ironie universelle, et le triomphe applaudi des « félons », préparent
9338
refoulement du mythe par l’ironie universelle, et
le
triomphe applaudi des « félons », préparent les plus étranges retours
9339
et le triomphe applaudi des « félons », préparent
les
plus étranges retours. Parmi tant de facilités, de raffinements intel
9340
s plus étranges retours. Parmi tant de facilités,
de
raffinements intellectuels ou voluptueux, de satiétés, l’un des besoi
9341
tés, de raffinements intellectuels ou voluptueux,
de
satiétés, l’un des besoins les plus profonds de l’homme demeure privé
9342
uels ou voluptueux, de satiétés, l’un des besoins
les
plus profonds de l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le
9343
, de satiétés, l’un des besoins les plus profonds
de
l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin de souffri
9344
e satiétés, l’un des besoins les plus profonds de
l’
homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin de souffrir.
9345
esoins les plus profonds de l’homme demeure privé
d’
assouvissement, et c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui le
9346
l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est
le
besoin de souffrir. Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme
9347
emeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin
de
souffrir. Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme l’a montr
9348
c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui
le
cultive, s’alanguit, comme l’a montré le déclin du Moyen Âge ; mais u
9349
Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme
l’
a montré le déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui l’ignore et
9350
cial qui le cultive, s’alanguit, comme l’a montré
le
déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui l’ignore et croit pouv
9351
le déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui
l’
ignore et croit pouvoir le ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien v
9352
ais un corps social qui l’ignore et croit pouvoir
le
ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien vite. L’esprit conçoit en c
9353
e ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien vite.
L’
esprit conçoit en cruauté active les souffrances qu’il interdit au cœu
9354
rve bien vite. L’esprit conçoit en cruauté active
les
souffrances qu’il interdit au cœur de subir. Point de bonté chez qui
9355
uté active les souffrances qu’il interdit au cœur
de
subir. Point de bonté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd l
9356
ouffrances qu’il interdit au cœur de subir. Point
de
bonté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd le contact vital,
9357
nté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd
le
contact vital, et tout pouvoir de « sympathie ». La femme n’est plus
9358
fantaisie perd le contact vital, et tout pouvoir
de
« sympathie ». La femme n’est plus pour l’homme du xviiie qu’un « ob
9359
contact vital, et tout pouvoir de « sympathie ».
La
femme n’est plus pour l’homme du xviiie qu’un « objet ». Mesurons l’
9360
ouvoir de « sympathie ». La femme n’est plus pour
l’
homme du xviiie qu’un « objet ». Mesurons l’un à l’autre ces extrêmes
9361
« objet ». Mesurons l’un à l’autre ces extrêmes :
la
femme-idéal, pur symbole d’un Amour qui entraîne l’amour au-delà des
9362
’autre ces extrêmes : la femme-idéal, pur symbole
d’
un Amour qui entraîne l’amour au-delà des formes visibles ; et la femm
9363
femme-idéal, pur symbole d’un Amour qui entraîne
l’
amour au-delà des formes visibles ; et la femme-objet de plaisir, inst
9364
entraîne l’amour au-delà des formes visibles ; et
la
femme-objet de plaisir, instrument plus ou moins aimable d’une sensat
9365
r au-delà des formes visibles ; et la femme-objet
de
plaisir, instrument plus ou moins aimable d’une sensation qui enferme
9366
bjet de plaisir, instrument plus ou moins aimable
d’
une sensation qui enferme l’homme en soi… Je distingue dans la contrad
9367
plus ou moins aimable d’une sensation qui enferme
l’
homme en soi… Je distingue dans la contradiction de Don Juan et de Tri
9368
ion qui enferme l’homme en soi… Je distingue dans
la
contradiction de Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportabl
9369
’homme en soi… Je distingue dans la contradiction
de
Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui
9370
Je distingue dans la contradiction de Don Juan et
de
Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cette cont
9371
la contradiction de Don Juan et de Tristan, dans
la
tension insupportable de l’esprit qui vit cette contradiction parce q
9372
Juan et de Tristan, dans la tension insupportable
de
l’esprit qui vit cette contradiction parce qu’il subit la sensualité
9373
n et de Tristan, dans la tension insupportable de
l’
esprit qui vit cette contradiction parce qu’il subit la sensualité et
9374
rit qui vit cette contradiction parce qu’il subit
la
sensualité et désire l’idéal courtois, les données de l’œuvre de Sade
9375
diction parce qu’il subit la sensualité et désire
l’
idéal courtois, les données de l’œuvre de Sade, et les raisons précise
9376
l subit la sensualité et désire l’idéal courtois,
les
données de l’œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’
9377
ensualité et désire l’idéal courtois, les données
de
l’œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans le
9378
ualité et désire l’idéal courtois, les données de
l’
œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans les C
9379
t désire l’idéal courtois, les données de l’œuvre
de
Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de
9380
déal courtois, les données de l’œuvre de Sade, et
les
raisons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de l’amour que
9381
nnées de l’œuvre de Sade, et les raisons précises
de
sa révolte. C’est dans les Crimes de l’amour que Sade nous parle de s
9382
et les raisons précises de sa révolte. C’est dans
les
Crimes de l’amour que Sade nous parle de son admiration pour la poési
9383
ons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes
de
l’amour que Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétra
9384
précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de
l’
amour que Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétrarqu
9385
st dans les Crimes de l’amour que Sade nous parle
de
son admiration pour la poésie de Pétrarque. Admiration traditionnelle
9386
’amour que Sade nous parle de son admiration pour
la
poésie de Pétrarque. Admiration traditionnelle dans sa famille, depui
9387
Sade nous parle de son admiration pour la poésie
de
Pétrarque. Admiration traditionnelle dans sa famille, depuis le maria
9388
Admiration traditionnelle dans sa famille, depuis
le
mariage qui avait uni Hugues de Sade, ancêtre direct du marquis, à la
9389
uni Hugues de Sade, ancêtre direct du marquis, à
la
Dame de Pétrarque, Laure de Noves142. Pétrarque semblait ignorer simp
9390
e Noves142. Pétrarque semblait ignorer simplement
l’
existence du désir et des corps, la réalité d’un « objet ». Sade, qui
9391
rer simplement l’existence du désir et des corps,
la
réalité d’un « objet ». Sade, qui est un homme du xviiie , connaît tr
9392
ent l’existence du désir et des corps, la réalité
d’
un « objet ». Sade, qui est un homme du xviiie , connaît trop bien sa
9393
tone tyrannie. Ce que Pétrarque négligeait, c’est
l’
obstacle physique dont il faut se venger. Il n’existe que trop, cet ob
9394
existe que trop, cet objet, c’est lui qui détient
le
plaisir, et le plaisir est une fatalité. Comment s’en libérer, si ce
9395
, cet objet, c’est lui qui détient le plaisir, et
le
plaisir est une fatalité. Comment s’en libérer, si ce n’est par l’exc
9396
e fatalité. Comment s’en libérer, si ce n’est par
l’
excès, car tout excès vient de l’esprit ! Rien de plus glacialement ra
9397
si ce n’est par l’excès, car tout excès vient de
l’
esprit ! Rien de plus glacialement rationaliste que les inventions « v
9398
prit ! Rien de plus glacialement rationaliste que
les
inventions « voluptueuses » multipliées par la rage du Marquis. Là où
9399
e les inventions « voluptueuses » multipliées par
la
rage du Marquis. Là où est le plaisir, là sera la souffrance, et la s
9400
s » multipliées par la rage du Marquis. Là où est
le
plaisir, là sera la souffrance, et la souffrance est le signe d’un ra
9401
la rage du Marquis. Là où est le plaisir, là sera
la
souffrance, et la souffrance est le signe d’un rachat. Purification p
9402
. Là où est le plaisir, là sera la souffrance, et
la
souffrance est le signe d’un rachat. Purification par le mal : péchon
9403
isir, là sera la souffrance, et la souffrance est
le
signe d’un rachat. Purification par le mal : péchons jusqu’à détruire
9404
sera la souffrance, et la souffrance est le signe
d’
un rachat. Purification par le mal : péchons jusqu’à détruire les dern
9405
france est le signe d’un rachat. Purification par
le
mal : péchons jusqu’à détruire les derniers charmes du péché. Au lieu
9406
urification par le mal : péchons jusqu’à détruire
les
derniers charmes du péché. Au lieu de négliger l’objet, détruisons-le
9407
es derniers charmes du péché. Au lieu de négliger
l’
objet, détruisons-le par des tortures d’où nous tirerons encore quelqu
9408
du péché. Au lieu de négliger l’objet, détruisons-
le
par des tortures d’où nous tirerons encore quelque plaisir, et cela f
9409
négliger l’objet, détruisons-le par des tortures
d’
où nous tirerons encore quelque plaisir, et cela fait partie de notre
9410
erons encore quelque plaisir, et cela fait partie
de
notre ascèse ! Une fureur dialectique s’empare de Sade. Le meurtre se
9411
de notre ascèse ! Une fureur dialectique s’empare
de
Sade. Le meurtre seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre de ce
9412
ascèse ! Une fureur dialectique s’empare de Sade.
Le
meurtre seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre de ce qu’on ai
9413
e s’empare de Sade. Le meurtre seul peut rétablir
la
liberté, mais le meurtre de ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nou
9414
e. Le meurtre seul peut rétablir la liberté, mais
le
meurtre de ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nous enchaîne. On ne
9415
re seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre
de
ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nous enchaîne. On ne tue bien q
9416
que son amour, parce que lui seul est souverain.
Le
crime d’amour impur sauvera la pureté. Lisons maintenant avec cette
9417
amour, parce que lui seul est souverain. Le crime
d’
amour impur sauvera la pureté. Lisons maintenant avec cette clé la dé
9418
eul est souverain. Le crime d’amour impur sauvera
la
pureté. Lisons maintenant avec cette clé la défense morale du meurtr
9419
vera la pureté. Lisons maintenant avec cette clé
la
défense morale du meurtre telle que la présente Dolmancé dans la Phil
9420
cette clé la défense morale du meurtre telle que
la
présente Dolmancé dans la Philosophie du Boudoir : « Eh quoi ! un sou
9421
le du meurtre telle que la présente Dolmancé dans
la
Philosophie du Boudoir : « Eh quoi ! un souverain ambitieux pourra dé
9422
rain ambitieux pourra détruire à son aise et sans
le
moindre scrupule les ennemis qui nuisent à ses projets de grandeur ?
9423
a détruire à son aise et sans le moindre scrupule
les
ennemis qui nuisent à ses projets de grandeur ? Des lois cruelles, ar
9424
re scrupule les ennemis qui nuisent à ses projets
de
grandeur ? Des lois cruelles, arbitraires, impérieuses, pourront de m
9425
ont de même assassiner chaque siècle des millions
d’
individus, et nous, faibles et malheureux particuliers, nous ne pourro
9426
à nos vengeances ou à nos caprices ? Est-il rien
de
si barbare, de si ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous l
9427
es ou à nos caprices ? Est-il rien de si barbare,
de
si ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous le voile du plus
9428
ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous
le
voile du plus profond mystère, nous venger amplement de cette ineptie
9429
le du plus profond mystère, nous venger amplement
de
cette ineptie ? » (C’est moi qui ai souligné). Si le marquis de Sade
9430
cette ineptie ? » (C’est moi qui ai souligné). Si
le
marquis de Sade avait été interrogé sur les mobiles secrets de sa mor
9431
é). Si le marquis de Sade avait été interrogé sur
les
mobiles secrets de sa morale, il se fût sans nul doute réfugié derriè
9432
Sade avait été interrogé sur les mobiles secrets
de
sa morale, il se fût sans nul doute réfugié derrière un verbiage cyni
9433
ont transparents : ils signifient avec exactitude
le
contraire de leur sens littéral143. Cette glorification du sexe est u
9434
nts : ils signifient avec exactitude le contraire
de
leur sens littéral143. Cette glorification du sexe est une constante
9435
sexe est une constante et rationnelle profanation
de
la morale profanée du xviiie . C’est la « voie négative » d’un athée
9436
e est une constante et rationnelle profanation de
la
morale profanée du xviiie . C’est la « voie négative » d’un athée qui
9437
ofanation de la morale profanée du xviiie . C’est
la
« voie négative » d’un athée qui désespère d’échapper à ses liens, et
9438
e profanée du xviiie . C’est la « voie négative »
d’
un athée qui désespère d’échapper à ses liens, et qui défie l’amour sp
9439
est la « voie négative » d’un athée qui désespère
d’
échapper à ses liens, et qui défie l’amour spirituel de se manifester
9440
ui désespère d’échapper à ses liens, et qui défie
l’
amour spirituel de se manifester en tuant le criminel144. Car là seule
9441
apper à ses liens, et qui défie l’amour spirituel
de
se manifester en tuant le criminel144. Car là seulement serait la dél
9442
défie l’amour spirituel de se manifester en tuant
le
criminel144. Car là seulement serait la délivrance, — selon la foi de
9443
en tuant le criminel144. Car là seulement serait
la
délivrance, — selon la foi des troubadours… 14. La Nouvelle Héloïs
9444
4. Car là seulement serait la délivrance, — selon
la
foi des troubadours… 14. La Nouvelle Héloïse Paysan de Genève,
9445
élivrance, — selon la foi des troubadours… 14.
La
Nouvelle Héloïse Paysan de Genève, Rousseau échappe à l’influence
9446
roubadours… 14. La Nouvelle Héloïse Paysan
de
Genève, Rousseau échappe à l’influence du don-juanisme citadin, mais
9447
Héloïse Paysan de Genève, Rousseau échappe à
l’
influence du don-juanisme citadin, mais non pas à une littérature qui
9448
complicités bien profondes et qui n’est autre que
le
pétrarquisme. Le roman de Rousseau à proprement parler n’est pas une
9449
profondes et qui n’est autre que le pétrarquisme.
Le
roman de Rousseau à proprement parler n’est pas une renaissance du my
9450
et qui n’est autre que le pétrarquisme. Le roman
de
Rousseau à proprement parler n’est pas une renaissance du mythe primi
9451
arler n’est pas une renaissance du mythe primitif
de
Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de la légende, et encore moin
9452
aissance du mythe primitif de Tristan. Il n’a pas
la
violence sauvage de la légende, et encore moins son arrière-plan ésot
9453
imitif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage
de
la légende, et encore moins son arrière-plan ésotérique. Ce qui revit
9454
tif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de
la
légende, et encore moins son arrière-plan ésotérique. Ce qui revit en
9455
rière-plan ésotérique. Ce qui revit en lui, c’est
l’
état d’âme créé chez les imitateurs des troubadours par une doctrine q
9456
Ce qui revit en lui, c’est l’état d’âme créé chez
les
imitateurs des troubadours par une doctrine qu’ils « sécularisaient »
9457
e qu’ils « sécularisaient », n’en connaissant que
la
rhétorique profane. C’est l’acedia, l’heureuse mélancolie cultivée pa
9458
n’en connaissant que la rhétorique profane. C’est
l’
acedia, l’heureuse mélancolie cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on
9459
issant que la rhétorique profane. C’est l’acedia,
l’
heureuse mélancolie cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on relise le
9460
’est l’acedia, l’heureuse mélancolie cultivée par
l’
ermite de Vaucluse. Qu’on relise les sommaires analytiques joints par
9461
edia, l’heureuse mélancolie cultivée par l’ermite
de
Vaucluse. Qu’on relise les sommaires analytiques joints par un éditeu
9462
e cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on relise
les
sommaires analytiques joints par un éditeur zélé à la troisième éditi
9463
un éditeur zélé à la troisième édition du roman :
l’
on y retrouve les situations que prévoyaient les leys de cortezia. C’e
9464
à la troisième édition du roman : l’on y retrouve
les
situations que prévoyaient les leys de cortezia. C’est le Canzoniere
9465
: l’on y retrouve les situations que prévoyaient
les
leys de cortezia. C’est le Canzoniere mis en prose — et quelque peu e
9466
retrouve les situations que prévoyaient les leys
de
cortezia. C’est le Canzoniere mis en prose — et quelque peu embourgeo
9467
tions que prévoyaient les leys de cortezia. C’est
le
Canzoniere mis en prose — et quelque peu embourgeoisé. (Çà et là une
9468
(Çà et là une citation, une allusion, témoignent
de
la connaissance que Rousseau avait de Pétrarque, véritable inventeur
9469
à et là une citation, une allusion, témoignent de
la
connaissance que Rousseau avait de Pétrarque, véritable inventeur du
9470
témoignent de la connaissance que Rousseau avait
de
Pétrarque, véritable inventeur du sentiment de la nature et du lyrism
9471
it de Pétrarque, véritable inventeur du sentiment
de
la nature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie a
9472
de Pétrarque, véritable inventeur du sentiment de
la
nature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avai
9473
inventeur du sentiment de la nature et du lyrisme
de
la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique
9474
enteur du sentiment de la nature et du lyrisme de
la
solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique pro
9475
de la nature et du lyrisme de la solitude.) Avec
d’
Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique profane. Chez Rousseau
9476
ature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé,
la
courtoisie avait tourné en casuistique profane. Chez Rousseau, elle d
9477
ue profane. Chez Rousseau, elle devient une sorte
de
piétisme raffiné. Ici encore, la décadence est manifeste. L’Héloïse q
9478
evient une sorte de piétisme raffiné. Ici encore,
la
décadence est manifeste. L’Héloïse qui vécut au xiie siècle145 et do
9479
raffiné. Ici encore, la décadence est manifeste.
L’
Héloïse qui vécut au xiie siècle145 et dont nous possédons les lettre
9480
i vécut au xiie siècle145 et dont nous possédons
les
lettres à Abélard, évoque Iseut, Juliette et Mlle de Lespinasse, beau
9481
lus rien du mystique ni du chevalier. Au surplus,
le
roman n’aboutit à la mort qu’après un renoncement à la passion, et ce
9482
ni du chevalier. Au surplus, le roman n’aboutit à
la
mort qu’après un renoncement à la passion, et cette mort de Julie est
9483
man n’aboutit à la mort qu’après un renoncement à
la
passion, et cette mort de Julie est chrétienne — autant qu’il peut dé
9484
’après un renoncement à la passion, et cette mort
de
Julie est chrétienne — autant qu’il peut dépendre de Rousseau. (Il in
9485
Julie est chrétienne — autant qu’il peut dépendre
de
Rousseau. (Il insiste longuement, dans une lettre à son éditeur, sur
9486
re à son éditeur, sur son protestantisme et celui
de
ses héros : mais malgré sa sincérité, l’on ne peut que suspecter un «
9487
et celui de ses héros : mais malgré sa sincérité,
l’
on ne peut que suspecter un « calvinisme » qui parle de l’Être suprême
9488
ne peut que suspecter un « calvinisme » qui parle
de
l’Être suprême et paraît ignorer le Christ…) Tout cela ne m’empêchera
9489
peut que suspecter un « calvinisme » qui parle de
l’
Être suprême et paraît ignorer le Christ…) Tout cela ne m’empêchera po
9490
e » qui parle de l’Être suprême et paraît ignorer
le
Christ…) Tout cela ne m’empêchera point de confesser un goût très vif
9491
gnorer le Christ…) Tout cela ne m’empêchera point
de
confesser un goût très vif pour le style de ce roman — seul comparabl
9492
mpêchera point de confesser un goût très vif pour
le
style de ce roman — seul comparable à l’Astrée sous ce rapport — et u
9493
point de confesser un goût très vif pour le style
de
ce roman — seul comparable à l’Astrée sous ce rapport — et une admira
9494
vif pour le style de ce roman — seul comparable à
l’
Astrée sous ce rapport — et une admiration sérieusement motivée pour s
9495
ur sa lucidité psychologique. On a trop vite jugé
le
« rousseauisme » moral en attribuant à l’auteur du roman les croyance
9496
te jugé le « rousseauisme » moral en attribuant à
l’
auteur du roman les croyances de ses personnages. Si Rousseau fut le p
9497
eauisme » moral en attribuant à l’auteur du roman
les
croyances de ses personnages. Si Rousseau fut le premier à décrire ce
9498
l en attribuant à l’auteur du roman les croyances
de
ses personnages. Si Rousseau fut le premier à décrire ces erreurs, c’
9499
qu’il en souffrit plus que d’autres et avec plus
de
résolution de s’y soustraire. Mais on néglige habituellement les conc
9500
frit plus que d’autres et avec plus de résolution
de
s’y soustraire. Mais on néglige habituellement les conclusions de l’œ
9501
de s’y soustraire. Mais on néglige habituellement
les
conclusions de l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’ém
9502
e. Mais on néglige habituellement les conclusions
de
l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et de cer
9503
Mais on néglige habituellement les conclusions de
l’
œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et de certai
9504
ent les conclusions de l’œuvre pour ne garder que
le
souvenir du ton, de l’émotion et de certaines complaisances qu’entraî
9505
de l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton,
de
l’émotion et de certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesq
9506
l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de
l’
émotion et de certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesque.
9507
ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et
de
certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesque. Il est visib
9508
émotion et de certaines complaisances qu’entraîne
le
genre romanesque. Il est visible que Rousseau, pas plus que Pétrarque
9509
st visible que Rousseau, pas plus que Pétrarque à
la
fin de sa vie, n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la
9510
ble que Rousseau, pas plus que Pétrarque à la fin
de
sa vie, n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande
9511
plus que Pétrarque à la fin de sa vie, n’est dupe
de
la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie marié
9512
s que Pétrarque à la fin de sa vie, n’est dupe de
la
« religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie mariée (
9513
à la fin de sa vie, n’est dupe de la « religion »
d’
amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie mariée (3e partie, lettr
9514
est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise
la
grande lettre de Julie mariée (3e partie, lettre XVIII), analysant le
9515
religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre
de
Julie mariée (3e partie, lettre XVIII), analysant le passé des amants
9516
Julie mariée (3e partie, lettre XVIII), analysant
le
passé des amants : on ne saurait dépister avec plus de rigueur, quoiq
9517
ssé des amants : on ne saurait dépister avec plus
de
rigueur, quoique féminine, les confusions intéressées de l’Éros et de
9518
dépister avec plus de rigueur, quoique féminine,
les
confusions intéressées de l’Éros et de l’Agapè. « La vertu est si néc
9519
eur, quoique féminine, les confusions intéressées
de
l’Éros et de l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, q
9520
, quoique féminine, les confusions intéressées de
l’
Éros et de l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quan
9521
féminine, les confusions intéressées de l’Éros et
de
l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une
9522
inine, les confusions intéressées de l’Éros et de
l’
Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une fo
9523
confusions intéressées de l’Éros et de l’Agapè. «
La
vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une fois abandonn
9524
re à nos cœurs que, quand on a une fois abandonné
la
véritable, on s’en fait ensuite une à sa mode, et l’on y tient plus f
9525
véritable, on s’en fait ensuite une à sa mode, et
l’
on y tient plus fortement peut-être, parce qu’elle est de notre choix.
9526
tient plus fortement peut-être, parce qu’elle est
de
notre choix. » Toutefois, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat »
9527
e, parce qu’elle est de notre choix. » Toutefois,
l’
on n’a pas tort d’attribuer au « climat » de la Nouvelle Héloïse, si n
9528
st de notre choix. » Toutefois, l’on n’a pas tort
d’
attribuer au « climat » de la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xvi
9529
fois, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat »
de
la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté d
9530
s, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat » de
la
Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté de c
9531
climat » de la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour
le
xviiie siècle, une faculté de contagion contre laquelle les conclusi
9532
e, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté
de
contagion contre laquelle les conclusions de l’auteur ne pouvaient ri
9533
siècle, une faculté de contagion contre laquelle
les
conclusions de l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe
9534
ulté de contagion contre laquelle les conclusions
de
l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe qui reparaît,
9535
é de contagion contre laquelle les conclusions de
l’
auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe qui reparaît, ala
9536
de l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien
le
mythe qui reparaît, alangui, honteux et confus, mais à travers le voi
9537
araît, alangui, honteux et confus, mais à travers
le
voile des larmes vertueuses, reconnaissable à je ne sais quel frisson
9538
, ce ne sont point ces transports que je regrette
le
plus : ah non ! retire s’il le faut ces faveurs enivrantes pour lesqu
9539
ts que je regrette le plus : ah non ! retire s’il
le
faut ces faveurs enivrantes pour lesquelles je donnerais mille vies,
9540
ais rends-moi tout ce qui n’était point elles, et
les
effaçait mille fois. Rends-moi cette étroite union des âmes… Julie, d
9541
je ne t’aime plus ? Quel doute !… » Il s’effraye
de
l’équivoque du soupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte de
9542
ne t’aime plus ? Quel doute !… » Il s’effraye de
l’
équivoque du soupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte de dép
9543
oupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte
de
dépit à peine voilé : « J’ai pris pour toi des sentiments plus paisib
9544
les, il est vrai, mais plus affectueux et de plus
de
différentes espèces… Les douceurs de l’amitié tempèrent les emporteme
9545
lus affectueux et de plus de différentes espèces…
Les
douceurs de l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tris
9546
x et de plus de différentes espèces… Les douceurs
de
l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tristan qui se r
9547
t de plus de différentes espèces… Les douceurs de
l’
amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tristan qui se réve
9548
entes espèces… Les douceurs de l’amitié tempèrent
les
emportements de l’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la
9549
s douceurs de l’amitié tempèrent les emportements
de
l’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la
9550
ouceurs de l’amitié tempèrent les emportements de
l’
amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la po
9551
l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… »
Le
Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la possession, s
9552
’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après
la
« faute » de la possession, se passerait bien de ces douceurs paisibl
9553
Tristan qui se réveille en lui après la « faute »
de
la possession, se passerait bien de ces douceurs paisibles… Lui aussi
9554
stan qui se réveille en lui après la « faute » de
la
possession, se passerait bien de ces douceurs paisibles… Lui aussi dé
9555
la « faute » de la possession, se passerait bien
de
ces douceurs paisibles… Lui aussi désirait brûler, et non pas rassasi
9556
pas rassasier son désir. Lui aussi va multiplier
les
obstacles les plus gratuits, les prétextes de séparation, les situati
9557
son désir. Lui aussi va multiplier les obstacles
les
plus gratuits, les prétextes de séparation, les situations voluptueus
9558
si va multiplier les obstacles les plus gratuits,
les
prétextes de séparation, les situations voluptueusement inextricables
9559
er les obstacles les plus gratuits, les prétextes
de
séparation, les situations voluptueusement inextricables. D’où l’insi
9560
s les plus gratuits, les prétextes de séparation,
les
situations voluptueusement inextricables. D’où l’insistance pénible e
9561
on, les situations voluptueusement inextricables.
D’
où l’insistance pénible et, dès cette date, quelque peu excessive me s
9562
es situations voluptueusement inextricables. D’où
l’
insistance pénible et, dès cette date, quelque peu excessive me semble
9563
e date, quelque peu excessive me semble-t-il, sur
la
roture de Saint-Preux, laquelle est censée interdire toute possibilit
9564
elque peu excessive me semble-t-il, sur la roture
de
Saint-Preux, laquelle est censée interdire toute possibilité d’union
9565
, laquelle est censée interdire toute possibilité
d’
union légale. D’où encore l’assimilation du préjugé social et des exig
9566
ensée interdire toute possibilité d’union légale.
D’
où encore l’assimilation du préjugé social et des exigences d’une vert
9567
ire toute possibilité d’union légale. D’où encore
l’
assimilation du préjugé social et des exigences d’une vertu déclarée r
9568
l’assimilation du préjugé social et des exigences
d’
une vertu déclarée religieuse par opportunité. Mais on distingue les m
9569
rée religieuse par opportunité. Mais on distingue
les
mobiles inavoués de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de
9570
portunité. Mais on distingue les mobiles inavoués
de
la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de courtoisie qui impos
9571
tunité. Mais on distingue les mobiles inavoués de
la
confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de courtoisie qui imposait
9572
navoués de la confusion. Au xiie siècle, c’était
la
loi de courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est la coutume bo
9573
de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi
de
courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est la coutume bourgeois
9574
siècle, c’était la loi de courtoisie qui imposait
la
chasteté ; ici, c’est la coutume bourgeoise. Mais sous le couvert de
9575
courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est
la
coutume bourgeoise. Mais sous le couvert de l’une et de l’autre, c’es
9576
eté ; ici, c’est la coutume bourgeoise. Mais sous
le
couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dan
9577
c’est la coutume bourgeoise. Mais sous le couvert
de
l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre
9578
tume bourgeoise. Mais sous le couvert de l’une et
de
l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre déjà citée
9579
le couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours
le
mythe qui agit. Dans la lettre déjà citée où elle récapitule leurs ép
9580
e l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans
la
lettre déjà citée où elle récapitule leurs épreuves, Julie appelle «
9581
e leurs épreuves, Julie appelle « sainte ardeur »
l’
amour chaste qui les ravissait — bien qu’il fût dès ce moment condamna
9582
ulie appelle « sainte ardeur » l’amour chaste qui
les
ravissait — bien qu’il fût dès ce moment condamnable — et « crime »,
9583
« horreurs », « corruption », ce même amour après
la
possession. La faute qui compte, pour eux, on le voit bien, c’est cel
9584
corruption », ce même amour après la possession.
La
faute qui compte, pour eux, on le voit bien, c’est celle qui lèse la
9585
la possession. La faute qui compte, pour eux, on
le
voit bien, c’est celle qui lèse la « courtoisie », non la vertu bourg
9586
, pour eux, on le voit bien, c’est celle qui lèse
la
« courtoisie », non la vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ain
9587
bien, c’est celle qui lèse la « courtoisie », non
la
vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ainsi de suite : il serait
9588
vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ainsi
de
suite : il serait aisé de reprendre, à propos de la Nouvelle Héloïse,
9589
vent invoquée. Et ainsi de suite : il serait aisé
de
reprendre, à propos de la Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse de Tr
9590
suite : il serait aisé de reprendre, à propos de
la
Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse de Tristan, notre dialectique d
9591
ropos de la Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse
de
Tristan, notre dialectique de l’obstacle. Il y a pourtant cette diffé
9592
toute notre exégèse de Tristan, notre dialectique
de
l’obstacle. Il y a pourtant cette différence capitale que Rousseau ab
9593
te notre exégèse de Tristan, notre dialectique de
l’
obstacle. Il y a pourtant cette différence capitale que Rousseau about
9594
, c’est-à-dire au triomphe du monde sanctifié par
le
christianisme, alors que la légende glorifiait dans la mort l’entière
9595
u monde sanctifié par le christianisme, alors que
la
légende glorifiait dans la mort l’entière dissolution des liens terre
9596
ristianisme, alors que la légende glorifiait dans
la
mort l’entière dissolution des liens terrestres. 15.Le romantisme
9597
sme, alors que la légende glorifiait dans la mort
l’
entière dissolution des liens terrestres. 15.Le romantisme allemand
9598
15.Le romantisme allemand C’est à partir de
l’
état d’âme sentimental — et non mystique146 —des amants de la Nouvelle
9599
’âme sentimental — et non mystique146 —des amants
de
la Nouvelle Héloïse, que le romantisme va tâcher de rejoindre une mys
9600
e sentimental — et non mystique146 —des amants de
la
Nouvelle Héloïse, que le romantisme va tâcher de rejoindre une mystiq
9601
stique146 —des amants de la Nouvelle Héloïse, que
le
romantisme va tâcher de rejoindre une mystique primitive qu’il ignore
9602
la Nouvelle Héloïse, que le romantisme va tâcher
de
rejoindre une mystique primitive qu’il ignore, mais dont il redécouvr
9603
’il ignore, mais dont il redécouvre, par éclairs,
la
vertu sacrale et mortelle. Du Tristan de Thomas par Pétrarque et l’As
9604
t mortelle. Du Tristan de Thomas par Pétrarque et
l’
Astrée jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu le mythe se dégrad
9605
istan de Thomas par Pétrarque et l’Astrée jusqu’à
la
tragédie classique, nous avons vu le mythe se dégrader, s’humaniser,
9606
trée jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu
le
mythe se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments de moins en mo
9607
se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments
de
moins en moins mystérieux ; enfin Racine l’abat, non sans avoir reçu
9608
ments de moins en moins mystérieux ; enfin Racine
l’
abat, non sans avoir reçu dans cette lutte avec l’ange mauvais la plus
9609
l’abat, non sans avoir reçu dans cette lutte avec
l’
ange mauvais la plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la s
9610
s avoir reçu dans cette lutte avec l’ange mauvais
la
plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène : de Moliè
9611
plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur
la
scène : de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du mythe. Mais à
9612
reuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène :
de
Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du mythe. Mais à partir du
9613
bondit sur la scène : de Molière à Mozart, c’est
la
grande éclipse du mythe. Mais à partir du roman de Rousseau, qui naît
9614
a grande éclipse du mythe. Mais à partir du roman
de
Rousseau, qui naît comme en marge du siècle, nous allons parcourir le
9615
t comme en marge du siècle, nous allons parcourir
le
même chemin en sens inverse : par Werther, cette réplique d’Héloïse m
9616
min en sens inverse : par Werther, cette réplique
d’
Héloïse mais qui finit beaucoup plus mal, — se rapprochant du modèle p
9617
p plus mal, — se rapprochant du modèle primitif —
l’
on arrive à Jean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique de la R
9618
arrive à Jean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans
la
panique de la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, cer
9619
ean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique
de
la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, certains aveux
9620
-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique de
la
Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, certains aveux de
9621
lin, à Novalis. Dans la panique de la Révolution,
de
la Terreur, des guerres européennes, certains aveux deviennent possib
9622
, à Novalis. Dans la panique de la Révolution, de
la
Terreur, des guerres européennes, certains aveux deviennent possibles
9623
certaines souffrances osent enfin dire leur nom.
L’
adoration de la Nuit et de la Mort accède pour la première fois au pla
9624
ouffrances osent enfin dire leur nom. L’adoration
de
la Nuit et de la Mort accède pour la première fois au plan de la cons
9625
frances osent enfin dire leur nom. L’adoration de
la
Nuit et de la Mort accède pour la première fois au plan de la conscie
9626
nt enfin dire leur nom. L’adoration de la Nuit et
de
la Mort accède pour la première fois au plan de la conscience lyrique
9627
enfin dire leur nom. L’adoration de la Nuit et de
la
Mort accède pour la première fois au plan de la conscience lyrique. N
9628
t de la Mort accède pour la première fois au plan
de
la conscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement
9629
e la Mort accède pour la première fois au plan de
la
conscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement de
9630
onscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici
l’
envahissement de l’Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au j
9631
e. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement
de
l’Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au jour où Wagner, d
9632
Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement de
l’
Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au jour où Wagner, d’un
9633
Jusqu’au jour où Wagner, d’un seul coup, dressera
le
mythe dans sa pleine stature et dans sa virulence totale : la musique
9634
s sa pleine stature et dans sa virulence totale :
la
musique seule pouvait dire l’indicible, elle a forcé le dernier mystè
9635
virulence totale : la musique seule pouvait dire
l’
indicible, elle a forcé le dernier mystère de Tristan. Mon propos n’es
9636
dire l’indicible, elle a forcé le dernier mystère
de
Tristan. Mon propos n’est point de recenser les innombrables manifest
9637
ernier mystère de Tristan. Mon propos n’est point
de
recenser les innombrables manifestations du mythe dans nos littératur
9638
re de Tristan. Mon propos n’est point de recenser
les
innombrables manifestations du mythe dans nos littératures, surtout m
9639
os littératures, surtout modernes, mais seulement
de
poser des jalons et de réduire certaines contradictions tout apparent
9640
t modernes, mais seulement de poser des jalons et
de
réduire certaines contradictions tout apparentes. On me pardonnera de
9641
contradictions tout apparentes. On me pardonnera
de
ne point multiplier les preuves de l’évidente renaissance du thème co
9642
parentes. On me pardonnera de ne point multiplier
les
preuves de l’évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour
9643
me pardonnera de ne point multiplier les preuves
de
l’évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour réciproque
9644
pardonnera de ne point multiplier les preuves de
l’
évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour réciproque ma
9645
e l’évidente renaissance du thème courtois — donc
de
l’amour réciproque malheureux — chez tous les romantiques allemands s
9646
’évidente renaissance du thème courtois — donc de
l’
amour réciproque malheureux — chez tous les romantiques allemands sans
9647
donc de l’amour réciproque malheureux — chez tous
les
romantiques allemands sans exception147. Quelques textes choisis entr
9648
extes choisis entre mille en diront plus que tous
les
commentaires ici possibles, et trop tentants. (Dans leur nudité même,
9649
ur nudité même, je sens trop bien qu’ils risquent
de
prendre figure d’arguments, à cet endroit de notre voyage, du seul fa
9650
sens trop bien qu’ils risquent de prendre figure
d’
arguments, à cet endroit de notre voyage, du seul fait de leur trop pa
9651
uent de prendre figure d’arguments, à cet endroit
de
notre voyage, du seul fait de leur trop parfaite convenance à nos déf
9652
ents, à cet endroit de notre voyage, du seul fait
de
leur trop parfaite convenance à nos définitions du mythe…) Lettre de
9653
te convenance à nos définitions du mythe…) Lettre
de
Diotima à Hölderlin : Hier soir, j’ai longuement réfléchi sur la pas
9654
derlin : Hier soir, j’ai longuement réfléchi sur
la
passion. Sans doute, la passion de l’amour suprême ne trouve jamais s
9655
i longuement réfléchi sur la passion. Sans doute,
la
passion de l’amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-b
9656
t réfléchi sur la passion. Sans doute, la passion
de
l’amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-bas ! Compre
9657
éfléchi sur la passion. Sans doute, la passion de
l’
amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-bas ! Comprends
9658
paraît exalté, et pourtant c’est si vrai !) Voilà
le
seul accomplissement. Mais nous avons des devoirs sacrés en ce bas mo
9659
s en ce bas monde. Il ne nous reste plus rien que
la
confiance la plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans la toute-
9660
onde. Il ne nous reste plus rien que la confiance
la
plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans la toute-puissante div
9661
a confiance la plus parfaite l’un dans l’autre et
la
foi dans la toute-puissante divinité de l’Amour qui à jamais nous gui
9662
la plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans
la
toute-puissante divinité de l’Amour qui à jamais nous guidera, invisi
9663
’autre et la foi dans la toute-puissante divinité
de
l’Amour qui à jamais nous guidera, invisible, et renforcera sans cess
9664
tre et la foi dans la toute-puissante divinité de
l’
Amour qui à jamais nous guidera, invisible, et renforcera sans cesse n
9665
cera sans cesse notre union.148 Journal intime
de
Novalis : Lorsque j’étais sur le tombeau [de sa fiancée] la pensée m
9666
Journal intime de Novalis : Lorsque j’étais sur
le
tombeau [de sa fiancée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à
9667
ime de Novalis : Lorsque j’étais sur le tombeau [
de
sa fiancée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à l’humanité
9668
: Lorsque j’étais sur le tombeau [de sa fiancée]
la
pensée m’est venue que ma mort donnerait à l’humanité un exemple de f
9669
ée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à
l’
humanité un exemple de fidélité éternelle, et qu’elle instaurerait, en
9670
nue que ma mort donnerait à l’humanité un exemple
de
fidélité éternelle, et qu’elle instaurerait, en quelque sorte, la pos
9671
nelle, et qu’elle instaurerait, en quelque sorte,
la
possibilité d’aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’
9672
le instaurerait, en quelque sorte, la possibilité
d’
aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’est qu’on ne ve
9673
en quelque sorte, la possibilité d’aimer comme je
l’
ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’est qu’on ne veut plus aimer. Ce
9674
bilité d’aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit
la
douleur, c’est qu’on ne veut plus aimer. Celui qui aime devra ressent
9675
mer. Celui qui aime devra ressentir éternellement
le
vide qui l’environne, et garder sa blessure ouverte. Que Dieu me cons
9676
ui aime devra ressentir éternellement le vide qui
l’
environne, et garder sa blessure ouverte. Que Dieu me conserve cette d
9677
agement n’était pas pris pour ce monde… Maximes
de
Novalis : Toutes les passions finissent comme une tragédie, tout ce
9678
ris pour ce monde… Maximes de Novalis : Toutes
les
passions finissent comme une tragédie, tout ce qui est limité finit p
9679
me une tragédie, tout ce qui est limité finit par
la
mort, toute poésie a quelque chose de tragique. Une union qui est con
9680
é finit par la mort, toute poésie a quelque chose
de
tragique. Une union qui est conclue même pour la mort est un mariage
9681
de tragique. Une union qui est conclue même pour
la
mort est un mariage qui nous donne une compagne pour la Nuit. C’est d
9682
t est un mariage qui nous donne une compagne pour
la
Nuit. C’est dans la mort que l’amour est le plus doux ; pour le vivan
9683
nous donne une compagne pour la Nuit. C’est dans
la
mort que l’amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une n
9684
une compagne pour la Nuit. C’est dans la mort que
l’
amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit de noces
9685
pour la Nuit. C’est dans la mort que l’amour est
le
plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit de noces, un secret
9686
dans la mort que l’amour est le plus doux ; pour
le
vivant, la mort est une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’
9687
rt que l’amour est le plus doux ; pour le vivant,
la
mort est une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’ivresse des
9688
plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit
de
noces, un secret de doux mystères. L’ivresse des sens appartient peut
9689
vivant, la mort est une nuit de noces, un secret
de
doux mystères. L’ivresse des sens appartient peut-être à l’amour comm
9690
st une nuit de noces, un secret de doux mystères.
L’
ivresse des sens appartient peut-être à l’amour comme le sommeil à la
9691
stères. L’ivresse des sens appartient peut-être à
l’
amour comme le sommeil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l
9692
sse des sens appartient peut-être à l’amour comme
le
sommeil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l’homme vigoure
9693
appartient peut-être à l’amour comme le sommeil à
la
vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l’homme vigoureux préférera
9694
à l’amour comme le sommeil à la vie. Ce n’est pas
la
plus noble part, et l’homme vigoureux préférera toujours veiller à do
9695
eil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et
l’
homme vigoureux préférera toujours veiller à dormir. Voici deux texte
9696
n proprement manichéen : On doit séparer Dieu et
la
Nature. Dieu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de la Nat
9697
rer Dieu et la Nature. Dieu n’a rien à faire avec
la
Nature, il est le but de la Nature, l’élément avec lequel elle doit u
9698
ure. Dieu n’a rien à faire avec la Nature, il est
le
but de la Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmonise
9699
eu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but
de
la Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous
9700
n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de
la
Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous so
9701
faire avec la Nature, il est le but de la Nature,
l’
élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous sommes des es
9702
jour s’harmoniser. Nous sommes des esprits émanés
de
Dieu, des germes divins. Un jour nous deviendrons ce que notre Père e
9703
rons ce que notre Père est lui-même.149 Et dans
les
Hymnes à la Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que le matin ne renaiss
9704
otre Père est lui-même.149 Et dans les Hymnes à
la
Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que le matin ne renaisse plus (thèm
9705
t lui-même.149 Et dans les Hymnes à la Nuit, où
l’
Éros ténébreux supplie que le matin ne renaisse plus (thème des « aube
9706
Hymnes à la Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que
le
matin ne renaisse plus (thème des « aubes ») : Que ton feu spirituel
9707
ure alors éternellement notre nuit nuptiale ! Et
l’
on devrait citer toutes les œuvres de Tieck, définissant l’amour comme
9708
tre nuit nuptiale ! Et l’on devrait citer toutes
les
œuvres de Tieck, définissant l’amour comme « une maladie du désir, un
9709
ptiale ! Et l’on devrait citer toutes les œuvres
de
Tieck, définissant l’amour comme « une maladie du désir, une divine l
9710
ait citer toutes les œuvres de Tieck, définissant
l’
amour comme « une maladie du désir, une divine langueur »150… L’exalta
9711
« une maladie du désir, une divine langueur »150…
L’
exaltation de la mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le t
9712
du désir, une divine langueur »150… L’exaltation
de
la mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieu
9713
désir, une divine langueur »150… L’exaltation de
la
mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieux l
9714
mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà
le
thème religieux le plus profond de cette nouvelle hérésie albigeoise
9715
moureuse et divinisante, voilà le thème religieux
le
plus profond de cette nouvelle hérésie albigeoise que fut le romantis
9716
nisante, voilà le thème religieux le plus profond
de
cette nouvelle hérésie albigeoise que fut le romantisme allemand. La
9717
fond de cette nouvelle hérésie albigeoise que fut
le
romantisme allemand. La mort est le but idéal des « hommes élevés » d
9718
érésie albigeoise que fut le romantisme allemand.
La
mort est le but idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de J
9719
eoise que fut le romantisme allemand. La mort est
le
but idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de Jean-Paul. El
9720
d. La mort est le but idéal des « hommes élevés »
de
la Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Nov
9721
La mort est le but idéal des « hommes élevés » de
la
Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Novali
9722
idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible
de
Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Novalis. Elle fut pour K
9723
Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec
l’
amour chez Novalis. Elle fut pour Kleist « le seul accomplissement » p
9724
avec l’amour chez Novalis. Elle fut pour Kleist «
le
seul accomplissement » possible d’une « passion d’amour suprême » à l
9725
pour Kleist « le seul accomplissement » possible
d’
une « passion d’amour suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais
9726
e seul accomplissement » possible d’une « passion
d’
amour suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais les poètes ne s
9727
suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais
les
poètes ne sont plus les seuls à tenter l’au-delà nocturne : un philos
9728
refusait son corps. Mais les poètes ne sont plus
les
seuls à tenter l’au-delà nocturne : un philosophe comme Schubert spéc
9729
. Mais les poètes ne sont plus les seuls à tenter
l’
au-delà nocturne : un philosophe comme Schubert spécule sur le Nachtse
9730
cturne : un philosophe comme Schubert spécule sur
le
Nachtseite de l’existence. Fichte lui-même donne la définition de l’a
9731
ilosophe comme Schubert spécule sur le Nachtseite
de
l’existence. Fichte lui-même donne la définition de l’amour-par-essen
9732
sophe comme Schubert spécule sur le Nachtseite de
l’
existence. Fichte lui-même donne la définition de l’amour-par-essence-
9733
Nachtseite de l’existence. Fichte lui-même donne
la
définition de l’amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repou
9734
l’existence. Fichte lui-même donne la définition
de
l’amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repousse tout objet
9735
existence. Fichte lui-même donne la définition de
l’
amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repousse tout objet po
9736
la définition de l’amour-par-essence-impossible,
le
vrai amour qui repousse tout objet pour s’élancer à l’infini. C’est,
9737
ai amour qui repousse tout objet pour s’élancer à
l’
infini. C’est, dit-il, « le désir de quelque chose d’entièrement incon
9738
objet pour s’élancer à l’infini. C’est, dit-il, «
le
désir de quelque chose d’entièrement inconnu, qui se révèle uniquemen
9739
r s’élancer à l’infini. C’est, dit-il, « le désir
de
quelque chose d’entièrement inconnu, qui se révèle uniquement par un
9740
nfini. C’est, dit-il, « le désir de quelque chose
d’
entièrement inconnu, qui se révèle uniquement par un besoin, par un ma
9741
ment par un besoin, par un malaise, par un vide à
la
recherche de ce qui le comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir
9742
esoin, par un malaise, par un vide à la recherche
de
ce qui le comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir… » Hoffmann
9743
un malaise, par un vide à la recherche de ce qui
le
comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir… » Hoffmann ne dit pas
9744
recherche de ce qui le comblerait, mais ignorant
d’
où cela peut venir… » Hoffmann ne dit pas autre chose lorsqu’il baptis
9745
t pas autre chose lorsqu’il baptise cet inconnu :
la
poésie : Et voici que jaillit, pur feu céleste qui réchauffe et écla
9746
ste qui réchauffe et éclaire sans consumer, toute
la
félicité ineffable de la vie supérieure, germée au plus secret de l’â
9747
claire sans consumer, toute la félicité ineffable
de
la vie supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’esprit déploie m
9748
ire sans consumer, toute la félicité ineffable de
la
vie supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’esprit déploie mill
9749
fable de la vie supérieure, germée au plus secret
de
l’âme. L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tis
9750
le de la vie supérieure, germée au plus secret de
l’
âme. L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tisse
9751
a vie supérieure, germée au plus secret de l’âme.
L’
esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tisse son fil
9752
L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes
de
désir, tisse son filet autour de celle qui est apparue, et elle est à
9753
t elle est à lui… et elle n’est jamais à lui, car
la
soif de son aspiration est à jamais insatiable. C’est toute l’aventu
9754
st à lui… et elle n’est jamais à lui, car la soif
de
son aspiration est à jamais insatiable. C’est toute l’aventure des m
9755
aspiration est à jamais insatiable. C’est toute
l’
aventure des mystiques unitives qui de nouveau prend son départ dans l
9756
ues unitives qui de nouveau prend son départ dans
la
conscience occidentale, c’est l’éternelle hérésie passionnelle, la tr
9757
son départ dans la conscience occidentale, c’est
l’
éternelle hérésie passionnelle, la transgression rêvée de toutes limit
9758
identale, c’est l’éternelle hérésie passionnelle,
la
transgression rêvée de toutes limites, et le suprême désir qui nie le
9759
elle hérésie passionnelle, la transgression rêvée
de
toutes limites, et le suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent
9760
lle, la transgression rêvée de toutes limites, et
le
suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent de tous côtés et se ra
9761
ée de toutes limites, et le suprême désir qui nie
le
monde. Ainsi revivent de tous côtés et se rassemblent les éléments ép
9762
le suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent
de
tous côtés et se rassemblent les éléments épars du mythe, que Wagner
9763
e. Ainsi revivent de tous côtés et se rassemblent
les
éléments épars du mythe, que Wagner seul osera nommer, mais alors pou
9764
he, que Wagner seul osera nommer, mais alors pour
le
recréer dans une synthèse définitive. Rien d’étonnant si le premier p
9765
our le recréer dans une synthèse définitive. Rien
d’
étonnant si le premier poème inspiré par le souvenir des cathares et d
9766
. Rien d’étonnant si le premier poème inspiré par
le
souvenir des cathares et de leur mystique fut composé par l’un des pl
9767
ier poème inspiré par le souvenir des cathares et
de
leur mystique fut composé par l’un des plus purs romantiques : c’est
9768
omposé par l’un des plus purs romantiques : c’est
l’
épopée des albigeois de Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une so
9769
s purs romantiques : c’est l’épopée des albigeois
de
Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une sorte de profession de fo
9770
Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une sorte
de
profession de foi de la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et se
9771
y lire ces vers qui sont une sorte de profession
de
foi de la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle
9772
ces vers qui sont une sorte de profession de foi
de
la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi,
9773
s vers qui sont une sorte de profession de foi de
la
« religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi, l’
9774
le » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi,
l’
ère du Christ, que Dieu nous voile, Passera, la Nouvelle Alliance sera
9775
i, l’ère du Christ, que Dieu nous voile, Passera,
la
Nouvelle Alliance sera rompue ; Alors nous concevrons Dieu comme l’Es
9776
ce sera rompue ; Alors nous concevrons Dieu comme
l’
Esprit, Alors se célébrera l’Alliance éternelle. L’Esprit est Dieu ! c
9777
oncevrons Dieu comme l’Esprit, Alors se célébrera
l’
Alliance éternelle. L’Esprit est Dieu ! ce cri puissant retentira Comm
9778
’Esprit, Alors se célébrera l’Alliance éternelle.
L’
Esprit est Dieu ! ce cri puissant retentira Comme un tonnerre de joie
9779
ieu ! ce cri puissant retentira Comme un tonnerre
de
joie à travers la nuit de printemps ! 16.Intériorisation du mythe
9780
ant retentira Comme un tonnerre de joie à travers
la
nuit de printemps ! 16.Intériorisation du mythe Le rythme inti
9781
ntira Comme un tonnerre de joie à travers la nuit
de
printemps ! 16.Intériorisation du mythe Le rythme intime du ro
9782
de printemps ! 16.Intériorisation du mythe
Le
rythme intime du romantisme allemand, la diastole et la systole de so
9783
mythe Le rythme intime du romantisme allemand,
la
diastole et la systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et la triste
9784
hme intime du romantisme allemand, la diastole et
la
systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et la tristesse métaphysiqu
9785
du romantisme allemand, la diastole et la systole
de
son cœur, c’est l’enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est la
9786
and, la diastole et la systole de son cœur, c’est
l’
enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est la dialectique abyssa
9787
t la systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et
la
tristesse métaphysique. C’est la dialectique abyssale de l’hérésie ma
9788
’enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est
la
dialectique abyssale de l’hérésie manichéenne, le renversement perpét
9789
tesse métaphysique. C’est la dialectique abyssale
de
l’hérésie manichéenne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et d
9790
se métaphysique. C’est la dialectique abyssale de
l’
hérésie manichéenne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et de l
9791
la dialectique abyssale de l’hérésie manichéenne,
le
renversement perpétuel du jour en Nuit et de la nuit en Jour. Le même
9792
nne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et
de
la nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’
9793
, le renversement perpétuel du jour en Nuit et de
la
nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’uni
9794
perpétuel du jour en Nuit et de la nuit en Jour.
Le
même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’unité divine, consid
9795
t et de la nuit en Jour. Le même élan qui portait
l’
âme vers la lumière et l’unité divine, considéré du point de vue de ce
9796
nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers
la
lumière et l’unité divine, considéré du point de vue de ce monde n’es
9797
Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et
l’
unité divine, considéré du point de vue de ce monde n’est plus qu’un é
9798
ière et l’unité divine, considéré du point de vue
de
ce monde n’est plus qu’un élan vers la mort, une séparation essentiel
9799
int de vue de ce monde n’est plus qu’un élan vers
la
mort, une séparation essentielle. Tel est le tragique de l’Ironie tra
9800
vers la mort, une séparation essentielle. Tel est
le
tragique de l’Ironie transcendentale, ce mouvement perpétuel du roman
9801
, une séparation essentielle. Tel est le tragique
de
l’Ironie transcendentale, ce mouvement perpétuel du romantisme, cette
9802
ne séparation essentielle. Tel est le tragique de
l’
Ironie transcendentale, ce mouvement perpétuel du romantisme, cette pa
9803
ntisme, cette passion qui ruine sans relâche tous
les
objets qu’elle peut concevoir et désirer (la nature, l’être aimé, le
9804
ous les objets qu’elle peut concevoir et désirer (
la
nature, l’être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée,
9805
ets qu’elle peut concevoir et désirer (la nature,
l’
être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée, la dissolut
9806
eut concevoir et désirer (la nature, l’être aimé,
le
moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée, la dissolution sans reto
9807
ture, l’être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas
l’
Unité incréée, la dissolution sans retour. Mais cet enthousiasme est r
9808
, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée,
la
dissolution sans retour. Mais cet enthousiasme est réel, c’est l’« en
9809
ans retour. Mais cet enthousiasme est réel, c’est
l’
« endieusement » des troubadours, l’endiosada des mystiques espagnols,
9810
t réel, c’est l’« endieusement » des troubadours,
l’
endiosada des mystiques espagnols, la joy d’amor dans son délire diony
9811
troubadours, l’endiosada des mystiques espagnols,
la
joy d’amor dans son délire dionysiaque. Il en jaillit perpétuellement
9812
ours, l’endiosada des mystiques espagnols, la joy
d’
amor dans son délire dionysiaque. Il en jaillit perpétuellement, au po
9813
. Il en jaillit perpétuellement, au point suprême
de
son élévation, des fantaisies extravagantes. Il y a une gaieté romant
9814
ntique, comme il y a un attendrissement : moments
de
détente, entre deux élancements contradictoires, retours au monde… C’
9815
ontradictoires, retours au monde… C’est ce moment
de
joie bizarre, né de l’ironie métaphysique, qui fait défaut au romanti
9816
urs au monde… C’est ce moment de joie bizarre, né
de
l’ironie métaphysique, qui fait défaut au romantisme français. Ici, l
9817
au monde… C’est ce moment de joie bizarre, né de
l’
ironie métaphysique, qui fait défaut au romantisme français. Ici, les
9818
que, qui fait défaut au romantisme français. Ici,
les
données sont les mêmes mais le rythme est moins ample et l’esprit va
9819
aut au romantisme français. Ici, les données sont
les
mêmes mais le rythme est moins ample et l’esprit va trop vite au but.
9820
me français. Ici, les données sont les mêmes mais
le
rythme est moins ample et l’esprit va trop vite au but. La France de
9821
sont les mêmes mais le rythme est moins ample et
l’
esprit va trop vite au but. La France de la Révolution et de l’Empire
9822
est moins ample et l’esprit va trop vite au but.
La
France de la Révolution et de l’Empire n’a plus d’énergie disponible
9823
a trop vite au but. La France de la Révolution et
de
l’Empire n’a plus d’énergie disponible pour la spéculation spirituell
9824
rop vite au but. La France de la Révolution et de
l’
Empire n’a plus d’énergie disponible pour la spéculation spirituelle :
9825
a France de la Révolution et de l’Empire n’a plus
d’
énergie disponible pour la spéculation spirituelle : elle n’a point de
9826
et de l’Empire n’a plus d’énergie disponible pour
la
spéculation spirituelle : elle n’a point de « religion nouvelle », po
9827
pour la spéculation spirituelle : elle n’a point
de
« religion nouvelle », point de philosophes romantiques151, peu ou po
9828
: elle n’a point de « religion nouvelle », point
de
philosophes romantiques151, peu ou point de métaphysique, et peu ou p
9829
point de philosophes romantiques151, peu ou point
de
métaphysique, et peu ou point de fantaisie, — cette surabondance de l
9830
51, peu ou point de métaphysique, et peu ou point
de
fantaisie, — cette surabondance de l’esprit exalté par son propre dra
9831
t peu ou point de fantaisie, — cette surabondance
de
l’esprit exalté par son propre drame. ⁂ Le romantisme en France n’aur
9832
eu ou point de fantaisie, — cette surabondance de
l’
esprit exalté par son propre drame. ⁂ Le romantisme en France n’aura g
9833
ndance de l’esprit exalté par son propre drame. ⁂
Le
romantisme en France n’aura guère débordé le champ de la psychologie
9834
e. ⁂ Le romantisme en France n’aura guère débordé
le
champ de la psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le
9835
omantisme en France n’aura guère débordé le champ
de
la psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le conduit p
9836
ntisme en France n’aura guère débordé le champ de
la
psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le conduit plus
9837
hologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui
le
conduit plus rapidement que les Allemands, dans un domaine plus restr
9838
e une lucidité qui le conduit plus rapidement que
les
Allemands, dans un domaine plus restreint, à des conclusions désolées
9839
Certes, Chénier décrit comme un vrai romantique.
L’
enthousiasme errant, fils de la pâle Nuit. Et la célèbre invocation :
9840
un vrai romantique. L’enthousiasme errant, fils
de
la pâle Nuit. Et la célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages d
9841
vrai romantique. L’enthousiasme errant, fils de
la
pâle Nuit. Et la célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages dési
9842
L’enthousiasme errant, fils de la pâle Nuit. Et
la
célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages désirés qui devez empo
9843
vite, orages désirés qui devez emporter René dans
les
espaces d’une autre vie, » c’est le chant pur de la passion de la Nui
9844
désirés qui devez emporter René dans les espaces
d’
une autre vie, » c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il
9845
er René dans les espaces d’une autre vie, » c’est
le
chant pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystiq
9846
les espaces d’une autre vie, » c’est le chant pur
de
la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizo
9847
espaces d’une autre vie, » c’est le chant pur de
la
passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon s
9848
une autre vie, » c’est le chant pur de la passion
de
la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon spirituel, n
9849
autre vie, » c’est le chant pur de la passion de
la
Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon spirituel, ni d
9850
pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point
d’
aube mystique à l’horizon spirituel, ni de véritable joie d’amour au s
9851
de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à
l’
horizon spirituel, ni de véritable joie d’amour au sommet de ces élanc
9852
t point d’aube mystique à l’horizon spirituel, ni
de
véritable joie d’amour au sommet de ces élancements. Le moi n’est jam
9853
tique à l’horizon spirituel, ni de véritable joie
d’
amour au sommet de ces élancements. Le moi n’est jamais transcendé, il
9854
spirituel, ni de véritable joie d’amour au sommet
de
ces élancements. Le moi n’est jamais transcendé, il se refuse à l’ill
9855
itable joie d’amour au sommet de ces élancements.
Le
moi n’est jamais transcendé, il se refuse à l’illusion dernière d’une
9856
s. Le moi n’est jamais transcendé, il se refuse à
l’
illusion dernière d’une libération cosmique. Il retombe, désenchanté,
9857
is transcendé, il se refuse à l’illusion dernière
d’
une libération cosmique. Il retombe, désenchanté, à l’analyse de sa tr
9858
e libération cosmique. Il retombe, désenchanté, à
l’
analyse de sa tristesse et de son impuissance lucide. Romantisme mûri,
9859
on cosmique. Il retombe, désenchanté, à l’analyse
de
sa tristesse et de son impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé,
9860
ombe, désenchanté, à l’analyse de sa tristesse et
de
son impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé, l’on serait même t
9861
on impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé,
l’
on serait même tenté de dire : trop rigoureux… Auprès de lui, Jean-Pau
9862
Romantisme mûri, désabusé, l’on serait même tenté
de
dire : trop rigoureux… Auprès de lui, Jean-Paul et Novalis feront tou
9863
lui, Jean-Paul et Novalis feront toujours figure
d’
adolescents. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur
9864
et Novalis feront toujours figure d’adolescents.
Le
goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’es
9865
lis feront toujours figure d’adolescents. Le goût
de
la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-ê
9866
feront toujours figure d’adolescents. Le goût de
la
mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-être
9867
rs figure d’adolescents. Le goût de la mort, chez
les
Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-être qu’il est plus
9868
s. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte
la
saveur de vivre : c’est peut-être qu’il est plus « naïf », plus assur
9869
de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur
de
vivre : c’est peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré de la ré
9870
st peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré
de
la réalité de son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux form
9871
peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré de
la
réalité de son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux formes
9872
u’il est plus « naïf », plus assuré de la réalité
de
son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux formes désirables
9873
, plus assuré de la réalité de son au-delà. Voyez-
les
se reprendre sans cesse aux formes désirables de la terre, oublier, p
9874
les se reprendre sans cesse aux formes désirables
de
la terre, oublier, plaisanter follement, tout ardents de curiosité ;
9875
se reprendre sans cesse aux formes désirables de
la
terre, oublier, plaisanter follement, tout ardents de curiosité ; d’u
9876
erre, oublier, plaisanter follement, tout ardents
de
curiosité ; d’une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit le rom
9877
plaisanter follement, tout ardents de curiosité ;
d’
une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit le romantique françai
9878
’une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit
le
romantique français, c’est qu’il demeure un sceptique éloquent, c’est
9879
emeure un sceptique éloquent, c’est qu’il redoute
la
naïveté, la vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands
9880
eptique éloquent, c’est qu’il redoute la naïveté,
la
vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands savaient goû
9881
redoute la naïveté, la vulgarité foisonnante que
les
plus purs poètes allemands savaient goûter malgré leur nostalgie152.
9882
52. René s’amuse un jour à effeuiller une branche
de
saule sur un ruisseau, attachant une idée à chaque feuille que le cou
9883
ruisseau, attachant une idée à chaque feuille que
le
courant entraîne. Il s’intéresse aux accidents qui menacent les débri
9884
traîne. Il s’intéresse aux accidents qui menacent
les
débris de son rameau… On croit lire un poète allemand, on va retrouve
9885
s’intéresse aux accidents qui menacent les débris
de
son rameau… On croit lire un poète allemand, on va retrouver la riche
9886
On croit lire un poète allemand, on va retrouver
la
richesse du monde… Mais déjà l’homme du xviiie se réveille et se jug
9887
, on va retrouver la richesse du monde… Mais déjà
l’
homme du xviiie se réveille et se juge ridicule : « Voilà donc à quel
9888
e et se juge ridicule : « Voilà donc à quel degré
de
puérilité notre superbe raison peut descendre ! » Et c’est la « super
9889
notre superbe raison peut descendre ! » Et c’est
la
« superbe raison » qui conclut sur une épigramme : « Et encore est-il
9890
n des hommes attachent leur destinée à des choses
d’
aussi peu de valeur que mes feuilles de saule. » (Le reste de la page,
9891
des choses d’aussi peu de valeur que mes feuilles
de
saule. » (Le reste de la page, admirable, jusqu’aux fameux orages dés
9892
aussi peu de valeur que mes feuilles de saule. » (
Le
reste de la page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés)153. ⁂ «
9893
de valeur que mes feuilles de saule. » (Le reste
de
la page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés)153. ⁂ « Pour ces
9894
valeur que mes feuilles de saule. » (Le reste de
la
page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés)153. ⁂ « Pour ces ra
9895
es qui n’arrivent point à croire à leurs chimères
les
plus consolantes, l’amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de
9896
t à croire à leurs chimères les plus consolantes,
l’
amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de la vie supérieure »
9897
l’amour ne sera pas longtemps félicité ineffable
de
la vie supérieure » dont parle E. T. A. Hoffmann ; mais plutôt cet am
9898
amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de
la
vie supérieure » dont parle E. T. A. Hoffmann ; mais plutôt cet amour
9899
aciturne et toujours menacé » des plus beaux vers
de
Vigny. Cette absence d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de l
9900
acé » des plus beaux vers de Vigny. Cette absence
d’
intérêt naïf pour les formes quotidiennes de la vie facilitera le déta
9901
vers de Vigny. Cette absence d’intérêt naïf pour
les
formes quotidiennes de la vie facilitera le détachement de l’esprit,
9902
sence d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes
de
la vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstrai
9903
ce d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de
la
vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstraite
9904
pour les formes quotidiennes de la vie facilitera
le
détachement de l’esprit, la purification abstraite du sentiment. Les
9905
quotidiennes de la vie facilitera le détachement
de
l’esprit, la purification abstraite du sentiment. Les êtres et les ch
9906
otidiennes de la vie facilitera le détachement de
l’
esprit, la purification abstraite du sentiment. Les êtres et les chose
9907
de la vie facilitera le détachement de l’esprit,
la
purification abstraite du sentiment. Les êtres et les choses, ces pré
9908
l’esprit, la purification abstraite du sentiment.
Les
êtres et les choses, ces prétextes, percés par un regard désabusé, ce
9909
purification abstraite du sentiment. Les êtres et
les
choses, ces prétextes, percés par un regard désabusé, cesseront bient
9910
percés par un regard désabusé, cesseront bientôt
d’
être les vrais obstacles. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieu
9911
par un regard désabusé, cesseront bientôt d’être
les
vrais obstacles. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieures, dev
9912
cesseront bientôt d’être les vrais obstacles. Et
le
mythe, appauvri de ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en
9913
d’être les vrais obstacles. Et le mythe, appauvri
de
ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en son principe : une
9914
ir joui, dit René ; il reste encore des désirs et
l’
on n’a plus d’illusions… On habite avec un cœur plein, un monde vide.
9915
ené ; il reste encore des désirs et l’on n’a plus
d’
illusions… On habite avec un cœur plein, un monde vide. » Alors la fem
9916
habite avec un cœur plein, un monde vide. » Alors
la
femme elle-même cesse d’être le symbole indispensable de la nostalgie
9917
, un monde vide. » Alors la femme elle-même cesse
d’
être le symbole indispensable de la nostalgie passionnée. Dans l’Oberm
9918
nde vide. » Alors la femme elle-même cesse d’être
le
symbole indispensable de la nostalgie passionnée. Dans l’Obermann de
9919
e elle-même cesse d’être le symbole indispensable
de
la nostalgie passionnée. Dans l’Obermann de Sénancour, l’« obstacle »
9920
lle-même cesse d’être le symbole indispensable de
la
nostalgie passionnée. Dans l’Obermann de Sénancour, l’« obstacle » es
9921
le indispensable de la nostalgie passionnée. Dans
l’
Obermann de Sénancour, l’« obstacle » est purement intérieur, il est d
9922
stalgie passionnée. Dans l’Obermann de Sénancour,
l’
« obstacle » est purement intérieur, il est dans la dualité du moi qui
9923
’« obstacle » est purement intérieur, il est dans
la
dualité du moi qui ne peut ni s’affirmer ni se dissoudre, ni se possé
9924
ait pas Iseut pour elle-même, mais seulement pour
l’
amour de l’Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’
9925
Iseut pour elle-même, mais seulement pour l’amour
de
l’Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’ignorait
9926
ut pour elle-même, mais seulement pour l’amour de
l’
Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’ignorait, e
9927
ont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant
l’
ignorait, et sa passion était naïve et forte. René et surtout Obermann
9928
et surtout Obermann ne peuvent même plus croire à
l’
image : ils ont compris que le drame se passe en eux, entre les lois i
9929
même plus croire à l’image : ils ont compris que
le
drame se passe en eux, entre les lois inacceptables de la vie terrest
9930
s ont compris que le drame se passe en eux, entre
les
lois inacceptables de la vie terrestre et finie, et le désir d’une tr
9931
ame se passe en eux, entre les lois inacceptables
de
la vie terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos lim
9932
se passe en eux, entre les lois inacceptables de
la
vie terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos limite
9933
is inacceptables de la vie terrestre et finie, et
le
désir d’une transgression de nos limites, mortelle mais divinisante.
9934
ptables de la vie terrestre et finie, et le désir
d’
une transgression de nos limites, mortelle mais divinisante. Rares son
9935
rrestre et finie, et le désir d’une transgression
de
nos limites, mortelle mais divinisante. Rares sont toutefois les roma
9936
, mortelle mais divinisante. Rares sont toutefois
les
romantiques français qui atteignirent cette connaissance audacieuse,
9937
, exacte, et plus proche qu’on ne pourrait croire
de
la mystique négative. La plupart reviendront aux illusions de l’amour
9938
xacte, et plus proche qu’on ne pourrait croire de
la
mystique négative. La plupart reviendront aux illusions de l’amour hu
9939
ue négative. La plupart reviendront aux illusions
de
l’amour humain, sans retrouver pourtant la forte naïveté du mythe. Il
9940
négative. La plupart reviendront aux illusions de
l’
amour humain, sans retrouver pourtant la forte naïveté du mythe. Ils r
9941
usions de l’amour humain, sans retrouver pourtant
la
forte naïveté du mythe. Ils raffineront merveilleusement les « prétex
9942
aïveté du mythe. Ils raffineront merveilleusement
les
« prétextes » traditionnels à la séparation des deux amants : du Lys
9943
erveilleusement les « prétextes » traditionnels à
la
séparation des deux amants : du Lys dans la vallée (le plus naïf) jus
9944
els à la séparation des deux amants : du Lys dans
la
vallée (le plus naïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt l
9945
paration des deux amants : du Lys dans la vallée (
le
plus naïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt le mariage e
9946
ys dans la vallée (le plus naïf) jusqu’à Adolphe (
le
plus lucide) c’est tantôt le mariage et l’honneur, ou le devoir socia
9947
ïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt
le
mariage et l’honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou le secret
9948
olphe (le plus lucide) c’est tantôt le mariage et
l’
honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique d
9949
lucide) c’est tantôt le mariage et l’honneur, ou
le
devoir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique de l’amant ou q
9950
le mariage et l’honneur, ou le devoir social, ou
la
vertu, ou le secret mélancolique de l’amant ou quelque scrupule relig
9951
t l’honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou
le
secret mélancolique de l’amant ou quelque scrupule religieux, enfin l
9952
ir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique
de
l’amant ou quelque scrupule religieux, enfin le narcissisme avoué… In
9953
social, ou la vertu, ou le secret mélancolique de
l’
amant ou quelque scrupule religieux, enfin le narcissisme avoué… Intér
9954
e de l’amant ou quelque scrupule religieux, enfin
le
narcissisme avoué… Intériorisation progressive du mythe, à mesure que
9955
ntériorisation progressive du mythe, à mesure que
l’
obstacle invoqué s’effrite et se dissout dans une critique sceptique,
9956
e dissout dans une critique sceptique, tandis que
les
morales s’abâtardissent, et que tout élément « sacré » disparaît de l
9957
rdissent, et que tout élément « sacré » disparaît
de
la vie sociale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du x
9958
ssent, et que tout élément « sacré » disparaît de
la
vie sociale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du xvii
9959
» disparaît de la vie sociale. 17.Stendhal, ou
le
fiasco du sublime Homme du xviiie siècle, ayant subi la « touche
9960
du sublime Homme du xviiie siècle, ayant subi
la
« touche » du romantisme, et fréquentant d’ailleurs une société des p
9961
ques, Stendhal nous offre un exemple parfait pour
l’
analyse de la profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la
9962
dhal nous offre un exemple parfait pour l’analyse
de
la profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion t
9963
l nous offre un exemple parfait pour l’analyse de
la
profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion tour
9964
se de la profanation du mythe. Voici un homme que
le
besoin de la passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’e
9965
rofanation du mythe. Voici un homme que le besoin
de
la passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’est-à-dire
9966
anation du mythe. Voici un homme que le besoin de
la
passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’est-à-dire dan
9967
vide dont parlait Fichte, cet appel insatiable à
l’
inconnu, à l’Inconnue qui pourrait seule le combler. Aimer passionnéme
9968
rlait Fichte, cet appel insatiable à l’inconnu, à
l’
Inconnue qui pourrait seule le combler. Aimer passionnément, ce serait
9969
able à l’inconnu, à l’Inconnue qui pourrait seule
le
combler. Aimer passionnément, ce serait vivre ! Il s’imagine de très
9970
mer passionnément, ce serait vivre ! Il s’imagine
de
très bonne foi qu’un tel besoin relève de la nature physique. (Et il
9971
imagine de très bonne foi qu’un tel besoin relève
de
la nature physique. (Et il a même là-dessus sa petite explication mat
9972
gine de très bonne foi qu’un tel besoin relève de
la
nature physique. (Et il a même là-dessus sa petite explication matéri
9973
ait bien si je lui démontrais que ce n’est là que
l’
empreinte du mythe dans son esprit, une habitude héritée de la culture
9974
te du mythe dans son esprit, une habitude héritée
de
la culture, et spécialement de la littérature, puisque mystique et re
9975
du mythe dans son esprit, une habitude héritée de
la
culture, et spécialement de la littérature, puisque mystique et relig
9976
e habitude héritée de la culture, et spécialement
de
la littérature, puisque mystique et religion, pour lui, sont mortes.
9977
abitude héritée de la culture, et spécialement de
la
littérature, puisque mystique et religion, pour lui, sont mortes. Mai
9978
ligion, pour lui, sont mortes. Mais il est obligé
de
constater que ce désir de passion, et la passion elle-même dans le mo
9979
tes. Mais il est obligé de constater que ce désir
de
passion, et la passion elle-même dans le monde où il vit, sont condam
9980
t obligé de constater que ce désir de passion, et
la
passion elle-même dans le monde où il vit, sont condamnés par la rais
9981
ce désir de passion, et la passion elle-même dans
le
monde où il vit, sont condamnés par la raison et par le scepticisme g
9982
-même dans le monde où il vit, sont condamnés par
la
raison et par le scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve de
9983
de où il vit, sont condamnés par la raison et par
le
scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve de justifier ce bes
9984
mnés par la raison et par le scepticisme général.
D’
où le besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin ; d’où son fameux tr
9985
par la raison et par le scepticisme général. D’où
le
besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin ; d’où son fameux traité
9986
scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve
de
justifier ce besoin ; d’où son fameux traité De l’Amour. Aux première
9987
le besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin ;
d’
où son fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes de la préface, v
9988
e de justifier ce besoin ; d’où son fameux traité
De
l’Amour. Aux premières lignes de la préface, vous le sentez en pleine
9989
e justifier ce besoin ; d’où son fameux traité De
l’
Amour. Aux premières lignes de la préface, vous le sentez en pleine po
9990
on fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes
de
la préface, vous le sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite d
9991
fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes de
la
préface, vous le sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de l
9992
l’Amour. Aux premières lignes de la préface, vous
le
sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de l’amour, ce petit
9993
e sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite
de
l’amour, ce petit volume n’est point un roman, et surtout n’est pas a
9994
entez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de
l’
amour, ce petit volume n’est point un roman, et surtout n’est pas amus
9995
ut uniment une description exacte et scientifique
d’
une sorte de folie très rare en France… » Stendhal baptise cette folie
9996
ne description exacte et scientifique d’une sorte
de
folie très rare en France… » Stendhal baptise cette folie : l’amour-p
9997
rare en France… » Stendhal baptise cette folie :
l’
amour-passion. ⁂ Tout le monde connaît la thèse du traité. Il y a quat
9998
folie : l’amour-passion. ⁂ Tout le monde connaît
la
thèse du traité. Il y a quatre amours différents : l’amour-passion, l
9999
hèse du traité. Il y a quatre amours différents :
l’
amour-passion, l’amour-goût, l’amour physique et l’amour de vanité. Le
10000
l y a quatre amours différents : l’amour-passion,
l’
amour-goût, l’amour physique et l’amour de vanité. Le premier seul tro
10001
mours différents : l’amour-passion, l’amour-goût,
l’
amour physique et l’amour de vanité. Le premier seul trouve grâce aux
10002
’amour-passion, l’amour-goût, l’amour physique et
l’
amour de vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La
10003
assion, l’amour-goût, l’amour physique et l’amour
de
vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie
10004
de vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux
de
l’auteur. La théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que
10005
vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de
l’
auteur. La théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’
10006
e premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur.
La
théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cr
10007
eul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie
de
la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cristallisati
10008
trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie de
la
cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cristallisation,
10009
e l’auteur. La théorie de la cristallisation doit
l’
expliquer. « Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’
10010
liquer. « Ce que j’appelle cristallisation, c’est
l’
opération de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découvert
10011
que j’appelle cristallisation, c’est l’opération
de
l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’obje
10012
e j’appelle cristallisation, c’est l’opération de
l’
esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet a
10013
llisation, c’est l’opération de l’esprit qui tire
de
tout ce qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles
10014
n de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente
la
découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux m
10015
tire de tout ce qui se présente la découverte que
l’
objet aimé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel de Sal
10016
qui se présente la découverte que l’objet aimé a
de
nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel de Salzburg, lorsqu’o
10017
imé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux mines
de
sel de Salzburg, lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on le
10018
e nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel
de
Salzburg, lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on le retrou
10019
e sel de Salzburg, lorsqu’on jette un rameau dans
l’
eau profonde, on le retrouve trois mois après « garni d’une infinité d
10020
lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on
le
retrouve trois mois après « garni d’une infinité de diamants mobiles
10021
profonde, on le retrouve trois mois après « garni
d’
une infinité de diamants mobiles et éblouissants ». Tomber amoureux, d
10022
retrouve trois mois après « garni d’une infinité
de
diamants mobiles et éblouissants ». Tomber amoureux, dans cette théor
10023
e possède nullement. Et pourquoi cela ? Parce que
l’
on a besoin d’aimer, et qu’on ne peut aimer que la beauté. Disons plus
10024
ement. Et pourquoi cela ? Parce que l’on a besoin
d’
aimer, et qu’on ne peut aimer que la beauté. Disons plus simplement qu
10025
l’on a besoin d’aimer, et qu’on ne peut aimer que
la
beauté. Disons plus simplement que la cristallisation, c’est le momen
10026
t aimer que la beauté. Disons plus simplement que
la
cristallisation, c’est le moment où l’on idéalise la femme aimée. Je
10027
ons plus simplement que la cristallisation, c’est
le
moment où l’on idéalise la femme aimée. Je crois que c’est Ortega qui
10028
lement que la cristallisation, c’est le moment où
l’
on idéalise la femme aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné l
10029
cristallisation, c’est le moment où l’on idéalise
la
femme aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné le premier154 q
10030
e aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné
le
premier154 que cette célèbre théorie revient à faire de l’amour passi
10031
mier154 que cette célèbre théorie revient à faire
de
l’amour passionné une simple erreur. « Non point que la passion se tr
10032
r154 que cette célèbre théorie revient à faire de
l’
amour passionné une simple erreur. « Non point que la passion se tromp
10033
mour passionné une simple erreur. « Non point que
la
passion se trompe souvent, précise-t-il, mais elle est en soi une err
10034
t, précise-t-il, mais elle est en soi une erreur…
Le
cas Stendhal n’est pas douteux : il s’agit d’un homme qui n’aimait pa
10035
ur… Le cas Stendhal n’est pas douteux : il s’agit
d’
un homme qui n’aimait pas réellement, et qui surtout ne fut pas réelle
10036
an était aimé ; mais celui qui n’a du premier que
la
nostalgie, et du second que l’inconstance, se voit amené à définir l’
10037
n’a du premier que la nostalgie, et du second que
l’
inconstance, se voit amené à définir l’amour comme « une maladie de l’
10038
second que l’inconstance, se voit amené à définir
l’
amour comme « une maladie de l’esprit » — dans la pure tradition antiq
10039
voit amené à définir l’amour comme « une maladie
de
l’esprit » — dans la pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heu
10040
it amené à définir l’amour comme « une maladie de
l’
esprit » — dans la pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureu
10041
l’amour comme « une maladie de l’esprit » — dans
la
pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureux d’être malade. L
10042
e tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureux
d’
être malade. Le voici donc dans la situation d’un médecin qui étudie s
10043
ique, sauf qu’il s’affirme heureux d’être malade.
Le
voici donc dans la situation d’un médecin qui étudie sur lui-même les
10044
affirme heureux d’être malade. Le voici donc dans
la
situation d’un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et les sin
10045
ux d’être malade. Le voici donc dans la situation
d’
un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et les singularités d’u
10046
la situation d’un médecin qui étudie sur lui-même
les
progrès et les singularités d’un mal qu’il ne croit pas mortel155. Un
10047
un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et
les
singularités d’un mal qu’il ne croit pas mortel155. Une chose me frap
10048
udie sur lui-même les progrès et les singularités
d’
un mal qu’il ne croit pas mortel155. Une chose me frappe : sa descript
10049
ne chose me frappe : sa description est admirable
de
vivacité, d’exactitude, parfois de profondeur ; mais elle est totalem
10050
rappe : sa description est admirable de vivacité,
d’
exactitude, parfois de profondeur ; mais elle est totalement pessimist
10051
est admirable de vivacité, d’exactitude, parfois
de
profondeur ; mais elle est totalement pessimiste — puisque aussi bien
10052
alement pessimiste — puisque aussi bien il s’agit
d’
une erreur et dont il se désole d’être tiré. D’où peut provenir ce pes
10053
bien il s’agit d’une erreur et dont il se désole
d’
être tiré. D’où peut provenir ce pessimisme incompatible avec la conce
10054
it d’une erreur et dont il se désole d’être tiré.
D’
où peut provenir ce pessimisme incompatible avec la conception de la v
10055
’où peut provenir ce pessimisme incompatible avec
la
conception de la vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne
10056
nir ce pessimisme incompatible avec la conception
de
la vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne se pose jamai
10057
ce pessimisme incompatible avec la conception de
la
vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne se pose jamais.
10058
conception de la vie qu’il s’était faite ? C’est
la
question qu’il ne se pose jamais. Il note très bien : « Le plaisir ne
10059
on qu’il ne se pose jamais. Il note très bien : «
Le
plaisir ne produit pas la moitié autant d’impression que la douleur,
10060
. Il note très bien : « Le plaisir ne produit pas
la
moitié autant d’impression que la douleur, ensuite, outre ce désagrém
10061
en : « Le plaisir ne produit pas la moitié autant
d’
impression que la douleur, ensuite, outre ce désagrément dans la quant
10062
ne produit pas la moitié autant d’impression que
la
douleur, ensuite, outre ce désagrément dans la quantité d’émotion, la
10063
ue la douleur, ensuite, outre ce désagrément dans
la
quantité d’émotion, la sympathie est au moins la moitié moins excitée
10064
r, ensuite, outre ce désagrément dans la quantité
d’
émotion, la sympathie est au moins la moitié moins excitée par la pein
10065
outre ce désagrément dans la quantité d’émotion,
la
sympathie est au moins la moitié moins excitée par la peinture du bon
10066
la quantité d’émotion, la sympathie est au moins
la
moitié moins excitée par la peinture du bonheur que par celle de l’in
10067
ympathie est au moins la moitié moins excitée par
la
peinture du bonheur que par celle de l’infortune. » Et encore : « Une
10068
excitée par la peinture du bonheur que par celle
de
l’infortune. » Et encore : « Une âme faite pour les passions sent d’a
10069
citée par la peinture du bonheur que par celle de
l’
infortune. » Et encore : « Une âme faite pour les passions sent d’abor
10070
e l’infortune. » Et encore : « Une âme faite pour
les
passions sent d’abord que cette vie heureuse (le mariage) l’ennuie, e
10071
les passions sent d’abord que cette vie heureuse (
le
mariage) l’ennuie, et peut-être aussi qu’elle ne lui donne que des id
10072
sent d’abord que cette vie heureuse (le mariage)
l’
ennuie, et peut-être aussi qu’elle ne lui donne que des idées communes
10073
t plus loin : « Il y a peu de peines morales dans
la
vie qui ne soient rendues chères par l’émotion qu’elles excitent. » V
10074
ales dans la vie qui ne soient rendues chères par
l’
émotion qu’elles excitent. » Voilà qui est vrai : nous aimons la doule
10075
lles excitent. » Voilà qui est vrai : nous aimons
la
douleur, et le bonheur nous ennuie un peu… Cela vous paraît tout natu
10076
» Voilà qui est vrai : nous aimons la douleur, et
le
bonheur nous ennuie un peu… Cela vous paraît tout naturel ? Et pourta
10077
Un Grec ressuscité ne s’en étonnerait pas moins.
D’
où nous viennent donc ce goût et ce dégoût bizarres ? Ne sont-ils pas
10078
ne se pose pas la question, n’étant pas en mesure
de
la résoudre. En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce, la plu
10079
se pose pas la question, n’étant pas en mesure de
la
résoudre. En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce, la plus f
10080
de la résoudre. En matérialiste grossier — c’est
la
bonne espèce, la plus franche — il supprime simplement tout problème,
10081
En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce,
la
plus franche — il supprime simplement tout problème, grâce à sa théor
10082
rime simplement tout problème, grâce à sa théorie
de
la cristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique la passion, à s
10083
e simplement tout problème, grâce à sa théorie de
la
cristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique la passion, à son
10084
e, grâce à sa théorie de la cristallisation, donc
de
l’erreur. Ce qui explique la passion, à son avis, c’est une erreur fa
10085
grâce à sa théorie de la cristallisation, donc de
l’
erreur. Ce qui explique la passion, à son avis, c’est une erreur favor
10086
ristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique
la
passion, à son avis, c’est une erreur favorable au désir. « Ce phénom
10087
orable au désir. « Ce phénomène, dit-il, vient de
la
nature qui nous commande d’avoir du plaisir et qui nous envoie le san
10088
ène, dit-il, vient de la nature qui nous commande
d’
avoir du plaisir et qui nous envoie le sang au cerveau. » Voilà donc l
10089
us commande d’avoir du plaisir et qui nous envoie
le
sang au cerveau. » Voilà donc le jugement obscurci, et qui se met à «
10090
qui nous envoie le sang au cerveau. » Voilà donc
le
jugement obscurci, et qui se met à « cristalliser ». Mais on ne voit
10091
t à « cristalliser ». Mais on ne voit pas comment
l’
instinct se déciderait à commettre l’erreur nécessaire à cette opérati
10092
pas comment l’instinct se déciderait à commettre
l’
erreur nécessaire à cette opération rusée. (L’instinct seul, livré à l
10093
tre l’erreur nécessaire à cette opération rusée. (
L’
instinct seul, livré à lui-même). Je crois, comme Ortega, que la solut
10094
l, livré à lui-même). Je crois, comme Ortega, que
la
solution stendhalienne est d’abord inexacte, au regard des faits. Il
10095
n amour qui, loin de se tromper, est seul capable
de
découvrir dans l’être aimé les qualités réelles qui s’y cachent. De p
10096
de se tromper, est seul capable de découvrir dans
l’
être aimé les qualités réelles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce poin
10097
r, est seul capable de découvrir dans l’être aimé
les
qualités réelles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce point là le type
10098
elles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce point là
le
type d’une solution verbale ? Car dire que la passion est une erreur
10099
i s’y cachent. De plus, n’est-ce point là le type
d’
une solution verbale ? Car dire que la passion est une erreur — elle l
10100
là le type d’une solution verbale ? Car dire que
la
passion est une erreur — elle l’est parfois —, ce n’est pas encore ex
10101
e ? Car dire que la passion est une erreur — elle
l’
est parfois —, ce n’est pas encore expliquer cette erreur. L’instinct
10102
is —, ce n’est pas encore expliquer cette erreur.
L’
instinct ou la nature n’ont pas coutume de se tromper de la sorte… S’i
10103
pas encore expliquer cette erreur. L’instinct ou
la
nature n’ont pas coutume de se tromper de la sorte… S’il y a erreur,
10104
erreur. L’instinct ou la nature n’ont pas coutume
de
se tromper de la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’
10105
inct ou la nature n’ont pas coutume de se tromper
de
la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit. La vér
10106
t ou la nature n’ont pas coutume de se tromper de
la
sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit. La vérité
10107
la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que
de
l’esprit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène
10108
sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de
l’
esprit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène sp
10109
l y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit.
La
vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène spirituel qu
10110
ue de l’esprit. La vérité, c’est que Stendhal est
la
victime d’un phénomène spirituel que ses croyances matérialistes ne s
10111
rit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime
d’
un phénomène spirituel que ses croyances matérialistes ne sont plus en
10112
es croyances matérialistes ne sont plus en mesure
de
justifier. Victime heureuse d’ailleurs, et cela suffit à l’empêcher d
10113
er. Victime heureuse d’ailleurs, et cela suffit à
l’
empêcher de pousser plus avant son enquête. Qu’est-ce que ce livre qu’
10114
heureuse d’ailleurs, et cela suffit à l’empêcher
de
pousser plus avant son enquête. Qu’est-ce que ce livre qu’il nous lai
10115
quête. Qu’est-ce que ce livre qu’il nous laisse ?
Le
témoignage d’une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le myth
10116
ce que ce livre qu’il nous laisse ? Le témoignage
d’
une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le mythe : non qu’il
10117
aisse ? Le témoignage d’une inquiétude qu’éprouve
l’
esprit lucide devant le mythe : non qu’il désire vraiment s’en libérer
10118
’une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant
le
mythe : non qu’il désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu la
10119
désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu
la
clé. Ce n’est pas qu’au cours de sa recherche, Stendhal n’ait plusieu
10120
ois « brûlé ». Il consacre deux longs chapitres à
l’
amour en Provence au xiie siècle, et reproduit le code d’amour courto
10121
l’amour en Provence au xiie siècle, et reproduit
le
code d’amour courtois en appendice. (Raynouard et Fauriel venaient de
10122
en Provence au xiie siècle, et reproduit le code
d’
amour courtois en appendice. (Raynouard et Fauriel venaient de provoqu
10123
dice. (Raynouard et Fauriel venaient de provoquer
la
renaissance des études romanes.) « Singulière civilisation », dit-il.
10124
galanterie aimable, spirituelle et conduite entre
les
deux sexes sur les principes de la justice… » Il finira, bien entendu
10125
spirituelle et conduite entre les deux sexes sur
les
principes de la justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ce
10126
t conduite entre les deux sexes sur les principes
de
la justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ces anecdotes.
10127
onduite entre les deux sexes sur les principes de
la
justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ces anecdotes.
10128
pes de la justice… » Il finira, bien entendu, par
les
citer, ces anecdotes. 18.Wagner, ou l’achèvement Délivré du mo
10129
u, par les citer, ces anecdotes. 18.Wagner, ou
l’
achèvement Délivré du monde, je te possède enfin, ô toi seule qui
10130
seule qui remplis toute mon âme, suprême volupté
d’
amour ! L’homme qui a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que
10131
remplis toute mon âme, suprême volupté d’amour !
L’
homme qui a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que la passion
10132
a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que
la
passion est quelque chose de plus que l’erreur : qu’elle est une déci
10133
vait que la passion est quelque chose de plus que
l’
erreur : qu’elle est une décision fondamentale de l’être, un choix en
10134
l’erreur : qu’elle est une décision fondamentale
de
l’être, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est la libération d
10135
erreur : qu’elle est une décision fondamentale de
l’
être, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est la libération d’un
10136
ion fondamentale de l’être, un choix en faveur de
la
Mort, si la Mort est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mai
10137
tale de l’être, un choix en faveur de la Mort, si
la
Mort est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace d
10138
re, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est
la
libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace de cette œuvr
10139
n faveur de la Mort, si la Mort est la libération
d’
un monde ordonné par le mal. Mais l’audace de cette œuvre est de celle
10140
la Mort est la libération d’un monde ordonné par
le
mal. Mais l’audace de cette œuvre est de celles qui ne peuvent être t
10141
la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais
l’
audace de cette œuvre est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à
10142
tion d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace
de
cette œuvre est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur
10143
onné par le mal. Mais l’audace de cette œuvre est
de
celles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur d’une totale mépri
10144
e est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à
la
faveur d’une totale méprise, organisée et entretenue par une sorte de
10145
elles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur
d’
une totale méprise, organisée et entretenue par une sorte de consensus
10146
le méprise, organisée et entretenue par une sorte
de
consensus social, d’aveuglement tout à la fois juré et inconscient. À
10147
et entretenue par une sorte de consensus social,
d’
aveuglement tout à la fois juré et inconscient. À force de l’entendre
10148
nt tout à la fois juré et inconscient. À force de
l’
entendre répéter par les bons juges, on a fini par croire que le Trist
10149
et inconscient. À force de l’entendre répéter par
les
bons juges, on a fini par croire que le Tristan de Wagner est un dram
10150
éter par les bons juges, on a fini par croire que
le
Tristan de Wagner est un drame du désir sensuel. Qu’un tel jugement a
10151
es, voilà qui est significatif au plus haut point
de
la nécessité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’une socié
10152
voilà qui est significatif au plus haut point de
la
nécessité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’une société
10153
nt de la nécessité sociale des mythes. (Mensonges
d’
autodéfense d’une société qui veut sauver sa forme, tandis que les ind
10154
sité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense
d’
une société qui veut sauver sa forme, tandis que les individus qui la
10155
’une société qui veut sauver sa forme, tandis que
les
individus qui la composent se prêtent obscurément, sous le couvert d’
10156
eut sauver sa forme, tandis que les individus qui
la
composent se prêtent obscurément, sous le couvert d’un refus, aux pas
10157
dus qui la composent se prêtent obscurément, sous
le
couvert d’un refus, aux passions qui tendent à sa perte). En composan
10158
composent se prêtent obscurément, sous le couvert
d’
un refus, aux passions qui tendent à sa perte). En composant Tristan,
10159
à sa perte). En composant Tristan, Wagner a violé
le
tabou : il a tout dit, tout avoué par les paroles de son livret, et p
10160
a violé le tabou : il a tout dit, tout avoué par
les
paroles de son livret, et plus encore par sa musique. Il a chanté la
10161
tabou : il a tout dit, tout avoué par les paroles
de
son livret, et plus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit de la
10162
ivret, et plus encore par sa musique. Il a chanté
la
Nuit de la dissolution des formes et des êtres, la libération du dési
10163
t plus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit
de
la dissolution des formes et des êtres, la libération du désir, l’ana
10164
lus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit de
la
dissolution des formes et des êtres, la libération du désir, l’anathè
10165
a Nuit de la dissolution des formes et des êtres,
la
libération du désir, l’anathème sur le désir, la gloire crépusculaire
10166
des formes et des êtres, la libération du désir,
l’
anathème sur le désir, la gloire crépusculaire, immensément plaintive
10167
des êtres, la libération du désir, l’anathème sur
le
désir, la gloire crépusculaire, immensément plaintive et bienheureuse
10168
la libération du désir, l’anathème sur le désir,
la
gloire crépusculaire, immensément plaintive et bienheureuse de l’âme
10169
pusculaire, immensément plaintive et bienheureuse
de
l’âme sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfiqu
10170
culaire, immensément plaintive et bienheureuse de
l’
âme sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique d
10171
ent plaintive et bienheureuse de l’âme sauvée par
la
blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique de ce message, il
10172
me sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais
le
sens maléfique de ce message, il fallait le nier pour pouvoir l’accue
10173
lessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique
de
ce message, il fallait le nier pour pouvoir l’accueillir, il fallait
10174
Mais le sens maléfique de ce message, il fallait
le
nier pour pouvoir l’accueillir, il fallait à tout prix le travestir,
10175
ue de ce message, il fallait le nier pour pouvoir
l’
accueillir, il fallait à tout prix le travestir, l’interpréter d’une m
10176
pour pouvoir l’accueillir, il fallait à tout prix
le
travestir, l’interpréter d’une manière tolérable, c’est-à-dire au nom
10177
’accueillir, il fallait à tout prix le travestir,
l’
interpréter d’une manière tolérable, c’est-à-dire au nom du bon sens.
10178
l fallait à tout prix le travestir, l’interpréter
d’
une manière tolérable, c’est-à-dire au nom du bon sens. Du mystère bou
10179
-dire au nom du bon sens. Du mystère bouleversant
de
la Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation
10180
re au nom du bon sens. Du mystère bouleversant de
la
Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d
10181
u bon sens. Du mystère bouleversant de la Nuit et
de
la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d’un pauvre
10182
on sens. Du mystère bouleversant de la Nuit et de
la
destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d’un pauvre sec
10183
ersant de la Nuit et de la destruction des corps,
l’
on a fait la « sublimation » d’un pauvre secret du plein jour l’attrai
10184
Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait
la
« sublimation » d’un pauvre secret du plein jour l’attrait des sexes,
10185
ruction des corps, l’on a fait la « sublimation »
d’
un pauvre secret du plein jour l’attrait des sexes, la loi tout animal
10186
« sublimation » d’un pauvre secret du plein jour
l’
attrait des sexes, la loi tout animale des corps — ce qu’il faut à la
10187
pauvre secret du plein jour l’attrait des sexes,
la
loi tout animale des corps — ce qu’il faut à la société pour procréer
10188
, la loi tout animale des corps — ce qu’il faut à
la
société pour procréer et se consolider, ce qu’il faut au bourgeois po
10189
t et complètement ne saurait d’ailleurs témoigner
d’
une vitalité sociale exceptionnelle : c’est plutôt la frivolité du pub
10190
ne vitalité sociale exceptionnelle : c’est plutôt
la
frivolité du public ordinaire des théâtres, son sentimentalisme lourd
10191
ourd, et pour tout dire sa faculté exceptionnelle
de
ne pas entendre ce qu’on lui chante, qui ont facilité l’opération. Ai
10192
as entendre ce qu’on lui chante, qui ont facilité
l’
opération. Ainsi le Tristan de Wagner peut être impunément repris deva
10193
n lui chante, qui ont facilité l’opération. Ainsi
le
Tristan de Wagner peut être impunément repris devant des salles émues
10194
des salles émues en toute sécurité ; si forte est
la
certitude générale que personne ne croira son message. ⁂ Le drame déb
10195
de générale que personne ne croira son message. ⁂
Le
drame débute par une évocation monumentale des puissances qui gouvern
10196
ocation monumentale des puissances qui gouvernent
le
monde du jour : haine, orgueil et violence barbare de l’honneur féoda
10197
onde du jour : haine, orgueil et violence barbare
de
l’honneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi.
10198
e du jour : haine, orgueil et violence barbare de
l’
honneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi. Le
10199
onneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger
l’
affront subi. Le philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à le fair
10200
usqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi.
Le
philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à le faire mourir : mais
10201
Le philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à
le
faire mourir : mais d’une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon
10202
re à Tristan est destiné à le faire mourir : mais
d’
une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon les lois du jour et de
10203
t destiné à le faire mourir : mais d’une mort que
l’
Amour condamne, d’une mort selon les lois du jour et de la vengeance,
10204
re mourir : mais d’une mort que l’Amour condamne,
d’
une mort selon les lois du jour et de la vengeance, brutale, accidente
10205
d’une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon
les
lois du jour et de la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sen
10206
ur condamne, d’une mort selon les lois du jour et
de
la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or la M
10207
condamne, d’une mort selon les lois du jour et de
la
vengeance, brutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or la Minn
10208
et de la vengeance, brutale, accidentelle, privée
de
sens mystique. Or la Minne suprême inspire à Brangaene l’erreur qui d
10209
rutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or
la
Minne suprême inspire à Brangaene l’erreur qui doit sauver l’Amour. A
10210
mystique. Or la Minne suprême inspire à Brangaene
l’
erreur qui doit sauver l’Amour. Au philtre de mort, elle substitue le
10211
rême inspire à Brangaene l’erreur qui doit sauver
l’
Amour. Au philtre de mort, elle substitue le breuvage d’initiation. Ai
10212
aene l’erreur qui doit sauver l’Amour. Au philtre
de
mort, elle substitue le breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte uniqu
10213
auver l’Amour. Au philtre de mort, elle substitue
le
breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et d’Isolde
10214
r. Au philtre de mort, elle substitue le breuvage
d’
initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et d’Isolde, aussitôt q
10215
t, elle substitue le breuvage d’initiation. Ainsi
l’
étreinte unique de Tristan et d’Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est
10216
le breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte unique
de
Tristan et d’Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est le baiser unique d
10217
initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et
d’
Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est le baiser unique du sacrement ca
10218
ristan et d’Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est
le
baiser unique du sacrement cathare, le consolamentum des Purs ! Dès c
10219
bu, c’est le baiser unique du sacrement cathare,
le
consolamentum des Purs ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine,
10220
are, le consolamentum des Purs ! Dès cet instant,
les
lois du jour, la haine, l’honneur et la vengeance sont devenues sans
10221
tum des Purs ! Dès cet instant, les lois du jour,
la
haine, l’honneur et la vengeance sont devenues sans force sur leurs c
10222
rs ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine,
l’
honneur et la vengeance sont devenues sans force sur leurs cœurs. Les
10223
instant, les lois du jour, la haine, l’honneur et
la
vengeance sont devenues sans force sur leurs cœurs. Les initiés pénèt
10224
ngeance sont devenues sans force sur leurs cœurs.
Les
initiés pénètrent au monde nocturne de l’extase libératrice. Et le jo
10225
rs cœurs. Les initiés pénètrent au monde nocturne
de
l’extase libératrice. Et le jour qui revient avec le cortège royal et
10226
cœurs. Les initiés pénètrent au monde nocturne de
l’
extase libératrice. Et le jour qui revient avec le cortège royal et se
10227
ent au monde nocturne de l’extase libératrice. Et
le
jour qui revient avec le cortège royal et ses dissonantes fanfares, l
10228
l’extase libératrice. Et le jour qui revient avec
le
cortège royal et ses dissonantes fanfares, le jour ne pourra plus les
10229
vec le cortège royal et ses dissonantes fanfares,
le
jour ne pourra plus les ressaisir : au terme de l’épreuve qu’il va le
10230
ses dissonantes fanfares, le jour ne pourra plus
les
ressaisir : au terme de l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est la pa
10231
, le jour ne pourra plus les ressaisir : au terme
de
l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est la passion — ils ont déjà pre
10232
e jour ne pourra plus les ressaisir : au terme de
l’
épreuve qu’il va leur imposer — c’est la passion — ils ont déjà presse
10233
terme de l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est
la
passion — ils ont déjà pressenti l’autre mort, celle qui est le seul
10234
ls ont déjà pressenti l’autre mort, celle qui est
le
seul accomplissement de leur amour. Le deuxième acte est le chant de
10235
autre mort, celle qui est le seul accomplissement
de
leur amour. Le deuxième acte est le chant de la passion des âmes pris
10236
complissement de leur amour. Le deuxième acte est
le
chant de la passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstac
10237
ment de leur amour. Le deuxième acte est le chant
de
la passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstacles surmo
10238
t de leur amour. Le deuxième acte est le chant de
la
passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstacles surmonté
10239
la passion des âmes prisonnières des formes. Tous
les
obstacles surmontés, quand les amants sont seuls enveloppés de ténèbr
10240
s des formes. Tous les obstacles surmontés, quand
les
amants sont seuls enveloppés de ténèbres, c’est le désir charnel qui
10241
surmontés, quand les amants sont seuls enveloppés
de
ténèbres, c’est le désir charnel qui les sépare encore. Ils sont ense
10242
s amants sont seuls enveloppés de ténèbres, c’est
le
désir charnel qui les sépare encore. Ils sont ensemble et pourtant il
10243
nveloppés de ténèbres, c’est le désir charnel qui
les
sépare encore. Ils sont ensemble et pourtant ils sont deux. Il y a ce
10244
ensemble et pourtant ils sont deux. Il y a ce et
de
Tristan « et » Isolde qui signifie leur dualité créée. À ce moment la
10245
olde qui signifie leur dualité créée. À ce moment
la
musique seule peut exprimer la certitude et la substance de cette dou
10246
créée. À ce moment la musique seule peut exprimer
la
certitude et la substance de cette double nostalgie d’être un. Car se
10247
nt la musique seule peut exprimer la certitude et
la
substance de cette double nostalgie d’être un. Car seule elle détient
10248
seule peut exprimer la certitude et la substance
de
cette double nostalgie d’être un. Car seule elle détient le pouvoir d
10249
rtitude et la substance de cette double nostalgie
d’
être un. Car seule elle détient le pouvoir d’harmoniser la plainte de
10250
ouble nostalgie d’être un. Car seule elle détient
le
pouvoir d’harmoniser la plainte de deux voix, et d’en faire une plain
10251
lgie d’être un. Car seule elle détient le pouvoir
d’
harmoniser la plainte de deux voix, et d’en faire une plainte unique o
10252
n. Car seule elle détient le pouvoir d’harmoniser
la
plainte de deux voix, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre
10253
e elle détient le pouvoir d’harmoniser la plainte
de
deux voix, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre la réalité
10254
pouvoir d’harmoniser la plainte de deux voix, et
d’
en faire une plainte unique où déjà vibre la réalité d’un indicible au
10255
x, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre
la
réalité d’un indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi le leit
10256
faire une plainte unique où déjà vibre la réalité
d’
un indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du du
10257
e où déjà vibre la réalité d’un indicible au-delà
d’
espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celu
10258
indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi
le
leitmotiv du duo d’amour est déjà celui de la mort. Encore une fois r
10259
’espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du duo
d’
amour est déjà celui de la mort. Encore une fois revient le jour : le
10260
urquoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celui
de
la mort. Encore une fois revient le jour : le traître Mélot156 blesse
10261
uoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celui de
la
mort. Encore une fois revient le jour : le traître Mélot156 blesse Tr
10262
st déjà celui de la mort. Encore une fois revient
le
jour : le traître Mélot156 blesse Tristan. Mais la passion a désormai
10263
lui de la mort. Encore une fois revient le jour :
le
traître Mélot156 blesse Tristan. Mais la passion a désormais vaincu,
10264
e jour : le traître Mélot156 blesse Tristan. Mais
la
passion a désormais vaincu, elle vole au jour son apparente victoire
10265
aincu, elle vole au jour son apparente victoire :
de
cette blessure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de la suprêm
10266
son apparente victoire : de cette blessure par où
la
vie s’écoule, elle fait le gage de la suprême guérison, celle que cha
10267
cette blessure par où la vie s’écoule, elle fait
le
gage de la suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur
10268
lessure par où la vie s’écoule, elle fait le gage
de
la suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur le cada
10269
sure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de
la
suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur le cadavre
10270
uérison, celle que chantera Isolde agonisante sur
le
cadavre de Tristan, dans l’extase de la « joie la plus haute ». Initi
10271
lle que chantera Isolde agonisante sur le cadavre
de
Tristan, dans l’extase de la « joie la plus haute ». Initiation, pass
10272
Isolde agonisante sur le cadavre de Tristan, dans
l’
extase de la « joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissem
10273
onisante sur le cadavre de Tristan, dans l’extase
de
la « joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissement morte
10274
sante sur le cadavre de Tristan, dans l’extase de
la
« joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissement mortel :
10275
le cadavre de Tristan, dans l’extase de la « joie
la
plus haute ». Initiation, passion, accomplissement mortel : ces trois
10276
ner, par une géniale simplification, a su réduire
les
trois actes du drame, exposent la signification profonde du mythe, en
10277
, a su réduire les trois actes du drame, exposent
la
signification profonde du mythe, encore masquée dans les légendes méd
10278
nification profonde du mythe, encore masquée dans
les
légendes médiévales par une foule d’éléments épiques et pittoresques.
10279
asquée dans les légendes médiévales par une foule
d’
éléments épiques et pittoresques. ⁂ Cependant la forme d’art que Wagne
10280
e d’éléments épiques et pittoresques. ⁂ Cependant
la
forme d’art que Wagner a choisie n’est pas sans recréer des possibili
10281
nts épiques et pittoresques. ⁂ Cependant la forme
d’
art que Wagner a choisie n’est pas sans recréer des possibilités de «
10282
a choisie n’est pas sans recréer des possibilités
de
« méprise ». Il fallait que ce fût un opéra, pour deux raisons qui ti
10283
ce fût un opéra, pour deux raisons qui tiennent à
l’
essence même du mythe. De même que le péché du premier homme, et de ch
10284
i tiennent à l’essence même du mythe. De même que
le
péché du premier homme, et de chaque homme, introduit dans le monde l
10285
mythe. De même que le péché du premier homme, et
de
chaque homme, introduit dans le monde le temps ; de même que la faute
10286
premier homme, et de chaque homme, introduit dans
le
monde le temps ; de même que la faute des amants légendaires contre l
10287
omme, et de chaque homme, introduit dans le monde
le
temps ; de même que la faute des amants légendaires contre les lois d
10288
e, introduit dans le monde le temps ; de même que
la
faute des amants légendaires contre les lois de l’amour chaste transf
10289
e même que la faute des amants légendaires contre
les
lois de l’amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman
10290
e la faute des amants légendaires contre les lois
de
l’amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman157 — ai
10291
a faute des amants légendaires contre les lois de
l’
amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman157 — ainsi
10292
ires contre les lois de l’amour chaste transforme
l’
hymne des troubadours en un roman157 — ainsi les puissances du jour, é
10293
me l’hymne des troubadours en un roman157 — ainsi
les
puissances du jour, évoquées par le premier acte, introduisent la lut
10294
jour, évoquées par le premier acte, introduisent
la
lutte et la durée, qui sont les éléments du drame. Mais le drame ne p
10295
ées par le premier acte, introduisent la lutte et
la
durée, qui sont les éléments du drame. Mais le drame ne peut pas tout
10296
acte, introduisent la lutte et la durée, qui sont
les
éléments du drame. Mais le drame ne peut pas tout dire, la religion d
10297
et la durée, qui sont les éléments du drame. Mais
le
drame ne peut pas tout dire, la religion de la passion étant « essent
10298
ts du drame. Mais le drame ne peut pas tout dire,
la
religion de la passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la
10299
Mais le drame ne peut pas tout dire, la religion
de
la passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la musique seu
10300
is le drame ne peut pas tout dire, la religion de
la
passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la musique seule
10301
ssion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors
la
musique seule sera capable d’exprimer la dialectique transcendentale,
10302
lyrique ». Dès lors la musique seule sera capable
d’
exprimer la dialectique transcendentale, le caractère éperdument contr
10303
Dès lors la musique seule sera capable d’exprimer
la
dialectique transcendentale, le caractère éperdument contradictoire,
10304
apable d’exprimer la dialectique transcendentale,
le
caractère éperdument contradictoire, contrapuntique de la passion de
10305
ractère éperdument contradictoire, contrapuntique
de
la passion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition
10306
tère éperdument contradictoire, contrapuntique de
la
passion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition mê
10307
ment contradictoire, contrapuntique de la passion
de
la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition même de la mu
10308
t contradictoire, contrapuntique de la passion de
la
Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition même de la musiq
10309
contrapuntique de la passion de la Nuit — qui est
l’
appel au Jour incréé. La définition même de la musique occidentale, c’
10310
sion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé.
La
définition même de la musique occidentale, c’est l’accord émouvant de
10311
ui est l’appel au Jour incréé. La définition même
de
la musique occidentale, c’est l’accord émouvant des contraires ; en t
10312
est l’appel au Jour incréé. La définition même de
la
musique occidentale, c’est l’accord émouvant des contraires ; en term
10313
définition même de la musique occidentale, c’est
l’
accord émouvant des contraires ; en termes de l’art : le contrepoint.
10314
t l’accord émouvant des contraires ; en termes de
l’
art : le contrepoint. Expression d’un dualisme douloureux, permanent a
10315
rd émouvant des contraires ; en termes de l’art :
le
contrepoint. Expression d’un dualisme douloureux, permanent au niveau
10316
; en termes de l’art : le contrepoint. Expression
d’
un dualisme douloureux, permanent au niveau de la vie, mais qui s’évan
10317
d’un dualisme douloureux, permanent au niveau de
la
vie, mais qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de la mort p
10318
ent au niveau de la vie, mais qui s’évanouit dans
la
grâce lumineuse au-delà de la mort physique. Or le drame achevé par l
10319
is qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà
de
la mort physique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’opéra. A
10320
qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de
la
mort physique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’opéra. Ains
10321
a grâce lumineuse au-delà de la mort physique. Or
le
drame achevé par la musique, c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un
10322
-delà de la mort physique. Or le drame achevé par
la
musique, c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe d
10323
hysique. Or le drame achevé par la musique, c’est
l’
opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe de Tristan et celui
10324
c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si
le
mythe de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expressi
10325
péra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe
de
Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression achevé
10326
t point un hasard si le mythe de Tristan et celui
de
Don Juan n’ont pu recevoir leur expression achevée que dans la forme
10327
’ont pu recevoir leur expression achevée que dans
la
forme de l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvr
10328
ecevoir leur expression achevée que dans la forme
de
l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvre du dram
10329
voir leur expression achevée que dans la forme de
l’
opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvre du drame m
10330
me de l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné
les
chefs-d’œuvre du drame musical, c’est en vertu de l’affinité originel
10331
chefs-d’œuvre du drame musical, c’est en vertu de
l’
affinité originelle de ce mode d’expression et des sujets qu’ils suren
10332
musical, c’est en vertu de l’affinité originelle
de
ce mode d’expression et des sujets qu’ils surent choisir. La musique
10333
’est en vertu de l’affinité originelle de ce mode
d’
expression et des sujets qu’ils surent choisir. La musique seule peut
10334
d’expression et des sujets qu’ils surent choisir.
La
musique seule peut bien parler de la tragédie, dont elle est la mère
10335
surent choisir. La musique seule peut bien parler
de
la tragédie, dont elle est la mère et la fille Toutefois, dans le cas
10336
ent choisir. La musique seule peut bien parler de
la
tragédie, dont elle est la mère et la fille Toutefois, dans le cas de
10337
le peut bien parler de la tragédie, dont elle est
la
mère et la fille Toutefois, dans le cas de Tristan, l’élément plastiq
10338
n parler de la tragédie, dont elle est la mère et
la
fille Toutefois, dans le cas de Tristan, l’élément plastique inhérent
10339
dont elle est la mère et la fille Toutefois, dans
le
cas de Tristan, l’élément plastique inhérent à toute mise en scène th
10340
le est la mère et la fille Toutefois, dans le cas
de
Tristan, l’élément plastique inhérent à toute mise en scène théâtrale
10341
re et la fille Toutefois, dans le cas de Tristan,
l’
élément plastique inhérent à toute mise en scène théâtrale se trouve r
10342
n scène théâtrale se trouve recréer un obstacle à
la
compréhension directe du mythe. Les acteurs, les costumes, les décors
10343
un obstacle à la compréhension directe du mythe.
Les
acteurs, les costumes, les décors158 retiennent l’attention dans le r
10344
à la compréhension directe du mythe. Les acteurs,
les
costumes, les décors158 retiennent l’attention dans le réel, imposent
10345
sion directe du mythe. Les acteurs, les costumes,
les
décors158 retiennent l’attention dans le réel, imposent la présence d
10346
s acteurs, les costumes, les décors158 retiennent
l’
attention dans le réel, imposent la présence du « jour », contredisent
10347
stumes, les décors158 retiennent l’attention dans
le
réel, imposent la présence du « jour », contredisent fatalement le se
10348
158 retiennent l’attention dans le réel, imposent
la
présence du « jour », contredisent fatalement le sens profond de l’ac
10349
la présence du « jour », contredisent fatalement
le
sens profond de l’action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime
10350
« jour », contredisent fatalement le sens profond
de
l’action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l’illusion d
10351
our », contredisent fatalement le sens profond de
l’
action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l’illusion des
10352
t le sens profond de l’action. Tant qu’on regarde
la
scène, on est victime de l’illusion des formes — et des plus ridicule
10353
tion. Tant qu’on regarde la scène, on est victime
de
l’illusion des formes — et des plus ridicules. Il n’y a là, « visible
10354
n. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de
l’
illusion des formes — et des plus ridicules. Il n’y a là, « visiblemen
10355
nt guerrier en proie au tourment du désir… Fermez
les
yeux et aussitôt le drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement le
10356
au tourment du désir… Fermez les yeux et aussitôt
le
drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement les dimensions d’une t
10357
Fermez les yeux et aussitôt le drame s’éclaire !
L’
orchestre décrit largement les dimensions d’une tragédie tout intérieu
10358
le drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement
les
dimensions d’une tragédie tout intérieure. La morbidesse bouleversant
10359
ire ! L’orchestre décrit largement les dimensions
d’
une tragédie tout intérieure. La morbidesse bouleversante des mélodies
10360
nt les dimensions d’une tragédie tout intérieure.
La
morbidesse bouleversante des mélodies révèle un monde où le désir cha
10361
sse bouleversante des mélodies révèle un monde où
le
désir charnel n’est plus qu’une dernière et impure langueur dans l’âm
10362
’est plus qu’une dernière et impure langueur dans
l’
âme qui se guérit de vivre. Seule la lumière douloureuse du troisième
10363
nière et impure langueur dans l’âme qui se guérit
de
vivre. Seule la lumière douloureuse du troisième acte — l’obsession j
10364
langueur dans l’âme qui se guérit de vivre. Seule
la
lumière douloureuse du troisième acte — l’obsession jaune des fiévreu
10365
Seule la lumière douloureuse du troisième acte —
l’
obsession jaune des fiévreux — peut traduire à ma vue le sens profond
10366
ssion jaune des fiévreux — peut traduire à ma vue
le
sens profond de l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’art
10367
fiévreux — peut traduire à ma vue le sens profond
de
l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop
10368
vreux — peut traduire à ma vue le sens profond de
l’
exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop vi
10369
ma vue le sens profond de l’exil des amants dans
l’
extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop violent, cet éclairage an
10370
e l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a
d’
artificiel, de trop violent, cet éclairage annonce que le jour meurt,
10371
mants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel,
de
trop violent, cet éclairage annonce que le jour meurt, et que déjà l’
10372
iciel, de trop violent, cet éclairage annonce que
le
jour meurt, et que déjà l’aube n’est plus qu’un crépuscule vainement
10373
éclairage annonce que le jour meurt, et que déjà
l’
aube n’est plus qu’un crépuscule vainement exalté. ⁂ Un second lieu co
10374
puscule vainement exalté. ⁂ Un second lieu commun
de
la critique — d’ailleurs absolument contradictoire avec celui qui fai
10375
cule vainement exalté. ⁂ Un second lieu commun de
la
critique — d’ailleurs absolument contradictoire avec celui qui faisai
10376
absolument contradictoire avec celui qui faisait
de
Tristan la glorification du désir sensuel — c’est le rappel de l’infl
10377
contradictoire avec celui qui faisait de Tristan
la
glorification du désir sensuel — c’est le rappel de l’influence de Sc
10378
Tristan la glorification du désir sensuel — c’est
le
rappel de l’influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu
10379
glorification du désir sensuel — c’est le rappel
de
l’influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Ni
10380
orification du désir sensuel — c’est le rappel de
l’
influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Nietz
10381
du désir sensuel — c’est le rappel de l’influence
de
Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Nietzsche, et Wag
10382
e influence est fortement surestimée. Un créateur
de
la taille de Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait tr
10383
nfluence est fortement surestimée. Un créateur de
la
taille de Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait trouv
10384
st fortement surestimée. Un créateur de la taille
de
Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait trouvé chez Sch
10385
chez Schopenhauer quelques formules reprises par
le
livret, une cohérence intellectuelle justifiant à ses propres yeux ce
10386
minations, voilà sans doute ce qu’il faut retenir
de
la rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse, la néga
10387
ations, voilà sans doute ce qu’il faut retenir de
la
rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse, la négatio
10388
’il faut retenir de la rencontre, et ce n’est pas
d’
un immense intérêt. L’ascèse, la négation du monde créé, l’identificat
10389
rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt.
L’
ascèse, la négation du monde créé, l’identification de l’attrait sexue
10390
, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse,
la
négation du monde créé, l’identification de l’attrait sexuel avec le
10391
nse intérêt. L’ascèse, la négation du monde créé,
l’
identification de l’attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant
10392
cèse, la négation du monde créé, l’identification
de
l’attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant la connaissance,
10393
e, la négation du monde créé, l’identification de
l’
attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant la connaissance, to
10394
e créé, l’identification de l’attrait sexuel avec
le
vouloir-vivre obscurcissant la connaissance, toute cette mystique que
10395
ttrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant
la
connaissance, toute cette mystique que l’on s’empresse de qualifier d
10396
cissant la connaissance, toute cette mystique que
l’
on s’empresse de qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’appre
10397
issance, toute cette mystique que l’on s’empresse
de
qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’apprendre. C’est parc
10398
e cette mystique que l’on s’empresse de qualifier
de
bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’apprendre. C’est parce qu’il la po
10399
de qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à
l’
apprendre. C’est parce qu’il la portait vivante en lui qu’il fut le pr
10400
gner n’avait pas à l’apprendre. C’est parce qu’il
la
portait vivante en lui qu’il fut le premier à retrouver sa trace dans
10401
ui qu’il fut le premier à retrouver sa trace dans
les
symboles des minnesänger, dans la légende manichéenne de Parzival, et
10402
sa trace dans les symboles des minnesänger, dans
la
légende manichéenne de Parzival, et par-dessous l’imagerie chrétienne
10403
oles des minnesänger, dans la légende manichéenne
de
Parzival, et par-dessous l’imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal,
10404
a légende manichéenne de Parzival, et par-dessous
l’
imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal, la pierre sacrée des Iranien
10405
zival, et par-dessous l’imagerie chrétienne, dans
le
Saint-Graal, la pierre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe
10406
ssous l’imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal,
la
pierre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe de Gwyon159, div
10407
l, la pierre sacrée des Iraniens et des cathares,
la
coupe de Gwyon159, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le s
10408
rre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe
de
Gwyon159, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu
10409
59, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué
le
sens perdu de la légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point
10410
eltique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu
de
la légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point là une thèse
10411
ique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu de
la
légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point là une thèse à f
10412
n’est point là une thèse à faire admettre, c’est
l’
évidence largement déclarée par la musique et les paroles de l’opéra.
10413
admettre, c’est l’évidence largement déclarée par
la
musique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son
10414
t l’évidence largement déclarée par la musique et
les
paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mai
10415
largement déclarée par la musique et les paroles
de
l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « term
10416
rgement déclarée par la musique et les paroles de
l’
opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme »
10417
rée par la musique et les paroles de l’opéra. Par
l’
opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux
10418
a musique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra,
le
mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux sens con
10419
nt deux sens contradictoires — comme presque tous
les
termes du vocabulaire de l’existence, décrivant l’être en situation d
10420
es — comme presque tous les termes du vocabulaire
de
l’existence, décrivant l’être en situation d’agir, non les objets. Ac
10421
— comme presque tous les termes du vocabulaire de
l’
existence, décrivant l’être en situation d’agir, non les objets. Achèv
10422
s termes du vocabulaire de l’existence, décrivant
l’
être en situation d’agir, non les objets. Achèvement désigne l’express
10423
ire de l’existence, décrivant l’être en situation
d’
agir, non les objets. Achèvement désigne l’expression totale d’un être
10424
stence, décrivant l’être en situation d’agir, non
les
objets. Achèvement désigne l’expression totale d’un être, d’un mythe
10425
uation d’agir, non les objets. Achèvement désigne
l’
expression totale d’un être, d’un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part,
10426
es objets. Achèvement désigne l’expression totale
d’
un être, d’un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort.
10427
Achèvement désigne l’expression totale d’un être,
d’
un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le my
10428
igne l’expression totale d’un être, d’un mythe ou
d’
une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le mythe « achevé »
10429
ne œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi
le
mythe « achevé » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère
10430
é » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre
l’
ère de ses fantômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut la voie
10431
r Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère
de
ses fantômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut la voie poétiq
10432
antômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut
la
voie poétique du mythe. Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra l
10433
ythe. Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra
le
symbolisme, qui engendra des mandragores, des femmes sans corps, des
10434
jeunes Parques, des apparences à peine féminines
de
fuites — comme on dit que l’eau fuit d’un bassin : fissures dans le r
10435
es à peine féminines de fuites — comme on dit que
l’
eau fuit d’un bassin : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est l
10436
féminines de fuites — comme on dit que l’eau fuit
d’
un bassin : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est la tradition
10437
on dit que l’eau fuit d’un bassin : fissures dans
le
réel, fuites de rêves. C’est la tradition alanguie, intellectualisée,
10438
fuit d’un bassin : fissures dans le réel, fuites
de
rêves. C’est la tradition alanguie, intellectualisée, sophistiquée. V
10439
n : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est
la
tradition alanguie, intellectualisée, sophistiquée. Voie décidément t
10440
e s’y engage tout entier : aussi déléguera-t-il à
l’
aventure quelques facultés détachées. Ascèse exactement facultative. I
10441
es. Ascèse exactement facultative. Il y eut aussi
la
voie romanesque du mythe : mais elle ne tarda guère à déboucher sur u
10442
à déboucher sur une route nationale encombrée, où
l’
on se promène le dimanche en famille pour voir passer les belles autos
10443
une route nationale encombrée, où l’on se promène
le
dimanche en famille pour voir passer les belles autos, et s’indigner
10444
e promène le dimanche en famille pour voir passer
les
belles autos, et s’indigner des excès de vitesse. Le Lys dans la Val
10445
passer les belles autos, et s’indigner des excès
de
vitesse. Le Lys dans la Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, T
10446
elles autos, et s’indigner des excès de vitesse.
Le
Lys dans la Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin
10447
et s’indigner des excès de vitesse. Le Lys dans
la
Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin, La Porte é
10448
dolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin,
La
Porte étroite, Un amour de Swann : étapes françaises de la dissociati
10449
ovary, Thérèse Raquin, La Porte étroite, Un amour
de
Swann : étapes françaises de la dissociation psychologique, de la dég
10450
te étroite, Un amour de Swann : étapes françaises
de
la dissociation psychologique, de la dégradation de « l’obstacle » ex
10451
étroite, Un amour de Swann : étapes françaises de
la
dissociation psychologique, de la dégradation de « l’obstacle » extér
10452
apes françaises de la dissociation psychologique,
de
la dégradation de « l’obstacle » extérieure, et de la reconnaissance
10453
s françaises de la dissociation psychologique, de
la
dégradation de « l’obstacle » extérieure, et de la reconnaissance luc
10454
la dissociation psychologique, de la dégradation
de
« l’obstacle » extérieure, et de la reconnaissance lucide — par là mê
10455
issociation psychologique, de la dégradation de «
l’
obstacle » extérieure, et de la reconnaissance lucide — par là même, a
10456
e la dégradation de « l’obstacle » extérieure, et
de
la reconnaissance lucide — par là même, antiromanesque — de sa nature
10457
a dégradation de « l’obstacle » extérieure, et de
la
reconnaissance lucide — par là même, antiromanesque — de sa nature pu
10458
nnaissance lucide — par là même, antiromanesque —
de
sa nature purement intime et subjective. (Religieuse dans le cas de G
10459
e purement intime et subjective. (Religieuse dans
le
cas de Gide, quasi physiologique dans celui de Proust.) Parallèlement
10460
ent intime et subjective. (Religieuse dans le cas
de
Gide, quasi physiologique dans celui de Proust.) Parallèlement, il co
10461
ns le cas de Gide, quasi physiologique dans celui
de
Proust.) Parallèlement, il convient de citer le Triomphe de la Mort d
10462
dans celui de Proust.) Parallèlement, il convient
de
citer le Triomphe de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de
10463
i de Proust.) Parallèlement, il convient de citer
le
Triomphe de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner —
10464
) Parallèlement, il convient de citer le Triomphe
de
la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karéni
10465
arallèlement, il convient de citer le Triomphe de
la
Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine,
10466
ment, il convient de citer le Triomphe de la Mort
de
d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine, et pres
10467
t, il convient de citer le Triomphe de la Mort de
d’
Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine, et presque
10468
de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable
de
Wagner — Anna Karénine, et presque tous les grands romans de l’ère vi
10469
irable de Wagner — Anna Karénine, et presque tous
les
grands romans de l’ère victorienne, et surtout Tess des d’Urberville
10470
Anna Karénine, et presque tous les grands romans
de
l’ère victorienne, et surtout Tess des d’Urberville et Jude l’Obscur
10471
na Karénine, et presque tous les grands romans de
l’
ère victorienne, et surtout Tess des d’Urberville et Jude l’Obscur ; e
10472
romans de l’ère victorienne, et surtout Tess des
d’
Urberville et Jude l’Obscur ; et de nos jours les romans platonisants
10473
rtout Tess des d’Urberville et Jude l’Obscur ; et
de
nos jours les romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais les che
10474
s d’Urberville et Jude l’Obscur ; et de nos jours
les
romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais les chefs-d’œuvre, dé
10475
’Obscur ; et de nos jours les romans platonisants
d’
un Charles Morgan. ⁂ Mais les chefs-d’œuvre, désormais, nous en appren
10476
s romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais
les
chefs-d’œuvre, désormais, nous en apprennent moins sur la descente du
10477
-d’œuvre, désormais, nous en apprennent moins sur
la
descente du mythe dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre
10478
en apprennent moins sur la descente du mythe dans
les
mœurs, que les romans de série, le théâtre à succès, enfin le film. L
10479
oins sur la descente du mythe dans les mœurs, que
les
romans de série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique
10480
descente du mythe dans les mœurs, que les romans
de
série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre
10481
du mythe dans les mœurs, que les romans de série,
le
théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre époque est
10482
e les romans de série, le théâtre à succès, enfin
le
film. Le vrai tragique de notre époque est diffus dans la médiocrité.
10483
ans de série, le théâtre à succès, enfin le film.
Le
vrai tragique de notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai
10484
théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique
de
notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai sérieux dès lors,
10485
Le vrai tragique de notre époque est diffus dans
la
médiocrité. Le vrai sérieux dès lors, implique la connaissance, le re
10486
ue de notre époque est diffus dans la médiocrité.
Le
vrai sérieux dès lors, implique la connaissance, le rejet ou l’accept
10487
la médiocrité. Le vrai sérieux dès lors, implique
la
connaissance, le rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut les m
10488
vrai sérieux dès lors, implique la connaissance,
le
rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’an
10489
x dès lors, implique la connaissance, le rejet ou
l’
acceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’anonymat des g
10490
plique la connaissance, le rejet ou l’acceptation
de
ce qui meut ou émeut les masses, et de l’anonymat des grands courants
10491
le rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut
les
masses, et de l’anonymat des grands courants qui roulent les individu
10492
cceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et
de
l’anonymat des grands courants qui roulent les individus détachés ave
10493
ptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de
l’
anonymat des grands courants qui roulent les individus détachés avec u
10494
et de l’anonymat des grands courants qui roulent
les
individus détachés avec une puissance que l’esprit répugne encore à m
10495
ent les individus détachés avec une puissance que
l’
esprit répugne encore à mesurer. L’envahissement de nos littératures,
10496
puissance que l’esprit répugne encore à mesurer.
L’
envahissement de nos littératures, tant bourgeoises que « prolétarienn
10497
’esprit répugne encore à mesurer. L’envahissement
de
nos littératures, tant bourgeoises que « prolétariennes », par le rom
10498
res, tant bourgeoises que « prolétariennes », par
le
roman, et le roman d’amour s’entend, traduit exactement l’envahisseme
10499
rgeoises que « prolétariennes », par le roman, et
le
roman d’amour s’entend, traduit exactement l’envahissement de notre c
10500
que « prolétariennes », par le roman, et le roman
d’
amour s’entend, traduit exactement l’envahissement de notre conscience
10501
et le roman d’amour s’entend, traduit exactement
l’
envahissement de notre conscience par le contenu totalement profané du
10502
mour s’entend, traduit exactement l’envahissement
de
notre conscience par le contenu totalement profané du mythe. Celui-ci
10503
xactement l’envahissement de notre conscience par
le
contenu totalement profané du mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs d’être
10504
ement profané du mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs
d’
être un vrai mythe dès qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et q
10505
rs d’être un vrai mythe dès qu’il se trouve privé
de
son cadre sacral, et que le secret mystique qu’il exprimait en le voi
10506
qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et que
le
secret mystique qu’il exprimait en le voilant se vulgarise et se démo
10507
ral, et que le secret mystique qu’il exprimait en
le
voilant se vulgarise et se démocratise. Le droit à la passion des rom
10508
ait en le voilant se vulgarise et se démocratise.
Le
droit à la passion des romantiques devient alors la vague obsession d
10509
oilant se vulgarise et se démocratise. Le droit à
la
passion des romantiques devient alors la vague obsession de luxe et d
10510
droit à la passion des romantiques devient alors
la
vague obsession de luxe et d’aventures exotiques que les romans d’un
10511
des romantiques devient alors la vague obsession
de
luxe et d’aventures exotiques que les romans d’un Dekobra suffisent à
10512
iques devient alors la vague obsession de luxe et
d’
aventures exotiques que les romans d’un Dekobra suffisent à satisfaire
10513
ue obsession de luxe et d’aventures exotiques que
les
romans d’un Dekobra suffisent à satisfaire symboliquement. Que cela n
10514
n de luxe et d’aventures exotiques que les romans
d’
un Dekobra suffisent à satisfaire symboliquement. Que cela n’ait plus
10515
symboliquement. Que cela n’ait plus aucune espèce
de
sens valable il suffit pour s’en assurer d’imaginer l’impuissance abs
10516
spèce de sens valable il suffit pour s’en assurer
d’
imaginer l’impuissance absolue où se trouvent les clients de cette lit
10517
ns valable il suffit pour s’en assurer d’imaginer
l’
impuissance absolue où se trouvent les clients de cette littérature à
10518
r d’imaginer l’impuissance absolue où se trouvent
les
clients de cette littérature à concevoir une réalité mystique, une as
10519
l’impuissance absolue où se trouvent les clients
de
cette littérature à concevoir une réalité mystique, une ascèse, un ef
10520
evoir une réalité mystique, une ascèse, un effort
de
l’esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or la passion courtoi
10521
ir une réalité mystique, une ascèse, un effort de
l’
esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or la passion courtoise
10522
’esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or
la
passion courtoise n’avait pas d’autre but, et son langage n’avait pas
10523
ns sensuels : or la passion courtoise n’avait pas
d’
autre but, et son langage n’avait pas d’autre clé. Perdus et oubliés c
10524
avait pas d’autre but, et son langage n’avait pas
d’
autre clé. Perdus et oubliés cette clé et ce but, la passion dont le b
10525
autre clé. Perdus et oubliés cette clé et ce but,
la
passion dont le besoin revient nous tourmenter n’est plus qu’une mala
10526
s et oubliés cette clé et ce but, la passion dont
le
besoin revient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie de l’instinc
10527
revient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie
de
l’instinct, rarement mortelle, régulièrement toxique et déprimante, t
10528
ient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie de
l’
instinct, rarement mortelle, régulièrement toxique et déprimante, tout
10529
ussi dégradée et dégradante, par rapport au mythe
de
Tristan, que le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’ivres
10530
dégradante, par rapport au mythe de Tristan, que
le
serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’ivresse divine que ch
10531
rt au mythe de Tristan, que le serait par exemple
l’
alcoolisme par rapport à l’ivresse divine que chantaient les mystiques
10532
le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à
l’
ivresse divine que chantaient les mystiques arabes. L’exemple du théât
10533
sme par rapport à l’ivresse divine que chantaient
les
mystiques arabes. L’exemple du théâtre d’avant-guerre détient une sig
10534
resse divine que chantaient les mystiques arabes.
L’
exemple du théâtre d’avant-guerre détient une signification plus riche
10535
taient les mystiques arabes. L’exemple du théâtre
d’
avant-guerre détient une signification plus riche pour notre objet. La
10536
nt une signification plus riche pour notre objet.
La
bourgeoisie du Second Empire eut le mérite de faire une dernière tent
10537
notre objet. La bourgeoisie du Second Empire eut
le
mérite de faire une dernière tentative pour régulariser dans son cadr
10538
et. La bourgeoisie du Second Empire eut le mérite
de
faire une dernière tentative pour régulariser dans son cadre social l
10539
tentative pour régulariser dans son cadre social
l’
influence anarchisante de la passion. Car celle-ci survivait à toute m
10540
er dans son cadre social l’influence anarchisante
de
la passion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par la grâce équ
10541
dans son cadre social l’influence anarchisante de
la
passion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par la grâce équivo
10542
ion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par
la
grâce équivoque du romantisme. L’hérédité — ou ce qu’on nommait ainsi
10543
e mystique, par la grâce équivoque du romantisme.
L’
hérédité — ou ce qu’on nommait ainsi — transmettait le virus atténué d
10544
rédité — ou ce qu’on nommait ainsi — transmettait
le
virus atténué du philtre ; la culture littéraire entretenait, dans un
10545
insi — transmettait le virus atténué du philtre ;
la
culture littéraire entretenait, dans une certaine jeunesse tout au mo
10546
tenait, dans une certaine jeunesse tout au moins,
le
besoin d’une brûlure nostalgique ; et tout cela composait une sorte d
10547
ns une certaine jeunesse tout au moins, le besoin
d’
une brûlure nostalgique ; et tout cela composait une sorte de complexe
10548
re nostalgique ; et tout cela composait une sorte
de
complexe que l’on prenait pour la « nature » elle-même, bien qu’il ne
10549
et tout cela composait une sorte de complexe que
l’
on prenait pour la « nature » elle-même, bien qu’il ne représentât qu’
10550
osait une sorte de complexe que l’on prenait pour
la
« nature » elle-même, bien qu’il ne représentât qu’une survivance psy
10551
ne survivance psychologique, voire physiologique.
La
tentative de normalisation bourgeoise de la passion, visant à recréer
10552
psychologique, voire physiologique. La tentative
de
normalisation bourgeoise de la passion, visant à recréer une expressi
10553
logique. La tentative de normalisation bourgeoise
de
la passion, visant à recréer une expression conventionnelle, donc adm
10554
ique. La tentative de normalisation bourgeoise de
la
passion, visant à recréer une expression conventionnelle, donc admiss
10555
e expression conventionnelle, donc admissible par
l’
ordre social, — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « pi
10556
lle, donc admissible par l’ordre social, — ce fut
le
théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « pièce à trois personnages »
10557
dmissible par l’ordre social, — ce fut le théâtre
de
Dumas à Bataille. La fameuse « pièce à trois personnages », modèle de
10558
social, — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille.
La
fameuse « pièce à trois personnages », modèle de presque tous les aut
10559
La fameuse « pièce à trois personnages », modèle
de
presque tous les auteurs dramatiques d’avant-guerre, c’est simplement
10560
èce à trois personnages », modèle de presque tous
les
auteurs dramatiques d’avant-guerre, c’est simplement l’adaptation du
10561
», modèle de presque tous les auteurs dramatiques
d’
avant-guerre, c’est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à la m
10562
eurs dramatiques d’avant-guerre, c’est simplement
l’
adaptation du mythe de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le r
10563
nt-guerre, c’est simplement l’adaptation du mythe
de
Tristan à la mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu le
10564
est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à
la
mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Trista
10565
ment l’adaptation du mythe de Tristan à la mesure
d’
une société moderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeun
10566
the de Tristan à la mesure d’une société moderne.
Le
roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ;
10567
ure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu
le
Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ; Iseut, l’épouse insatis
10568
oderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan,
le
jeune premier, ou gigolo ; Iseut, l’épouse insatisfaite, oisive et le
10569
u ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ; Iseut,
l’
épouse insatisfaite, oisive et lectrice de romans. Ici encore, deux mo
10570
Iseut, l’épouse insatisfaite, oisive et lectrice
de
romans. Ici encore, deux morales s’affrontent. Les barons félons de l
10571
de romans. Ici encore, deux morales s’affrontent.
Les
barons félons de la légende sont figurés par les tenants de la morale
10572
ore, deux morales s’affrontent. Les barons félons
de
la légende sont figurés par les tenants de la morale « conformiste ».
10573
, deux morales s’affrontent. Les barons félons de
la
légende sont figurés par les tenants de la morale « conformiste ». Il
10574
Les barons félons de la légende sont figurés par
les
tenants de la morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourge
10575
félons de la légende sont figurés par les tenants
de
la morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois, l’héri
10576
ons de la légende sont figurés par les tenants de
la
morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois, l’héritag
10577
nants de la morale « conformiste ». Ils défendent
le
mariage bourgeois, l’héritage, les convenances et l’Ordre. Ils sont d
10578
onformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois,
l’
héritage, les convenances et l’Ordre. Ils sont du côté du mari, et don
10579
. Ils défendent le mariage bourgeois, l’héritage,
les
convenances et l’Ordre. Ils sont du côté du mari, et donc légèrement
10580
mariage bourgeois, l’héritage, les convenances et
l’
Ordre. Ils sont du côté du mari, et donc légèrement ridicules. Mais la
10581
côté du mari, et donc légèrement ridicules. Mais
la
morale contraire triomphe régulièrement — fût-ce au prix d’un coup de
10582
contraire triomphe régulièrement — fût-ce au prix
d’
un coup de pistolet. C’est la morale du romantisme, des droits impresc
10583
ent — fût-ce au prix d’un coup de pistolet. C’est
la
morale du romantisme, des droits imprescriptibles de l’amour, et elle
10584
morale du romantisme, des droits imprescriptibles
de
l’amour, et elle implique la supériorité « spirituelle » de la maître
10585
ale du romantisme, des droits imprescriptibles de
l’
amour, et elle implique la supériorité « spirituelle » de la maîtresse
10586
its imprescriptibles de l’amour, et elle implique
la
supériorité « spirituelle » de la maîtresse sur l’épouse. Quant au ph
10587
, et elle implique la supériorité « spirituelle »
de
la maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabili
10588
t elle implique la supériorité « spirituelle » de
la
maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabilité,
10589
a supériorité « spirituelle » de la maîtresse sur
l’
épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabilité, on lui donne le
10590
a maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi
de
la responsabilité, on lui donne le nom romantique de « fatalité de la
10591
aîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de
la
responsabilité, on lui donne le nom romantique de « fatalité de la pa
10592
philtre, alibi de la responsabilité, on lui donne
le
nom romantique de « fatalité de la passion ». Et les tenants du confo
10593
la responsabilité, on lui donne le nom romantique
de
« fatalité de la passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas t
10594
ité, on lui donne le nom romantique de « fatalité
de
la passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assim
10595
, on lui donne le nom romantique de « fatalité de
la
passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assimile
10596
nom romantique de « fatalité de la passion ». Et
les
tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assimiler à la « littératu
10597
n ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort
de
l’assimiler à la « littérature » en général, terme de mépris vouant à
10598
. Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de
l’
assimiler à la « littérature » en général, terme de mépris vouant à un
10599
ts du conformisme n’ont pas tort de l’assimiler à
la
« littérature » en général, terme de mépris vouant à une exécration g
10600
’assimiler à la « littérature » en général, terme
de
mépris vouant à une exécration globale les « tendances dissolvantes »
10601
, terme de mépris vouant à une exécration globale
les
« tendances dissolvantes », l’« anarchie », et les idéaux « impossibl
10602
xécration globale les « tendances dissolvantes »,
l’
« anarchie », et les idéaux « impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera
10603
es « tendances dissolvantes », l’« anarchie », et
les
idéaux « impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même de nier la
10604
archie », et les idéaux « impossibles ». Bientôt,
l’
on n’essaiera plus même de nier la complaisance que réclame de ses pro
10605
impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même
de
nier la complaisance que réclame de ses propres victimes l’élaboratio
10606
les ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même de nier
la
complaisance que réclame de ses propres victimes l’élaboration du vie
10607
era plus même de nier la complaisance que réclame
de
ses propres victimes l’élaboration du vieux philtre. Elle est minutie
10608
complaisance que réclame de ses propres victimes
l’
élaboration du vieux philtre. Elle est minutieusement décrite, jusque
10609
ue dans ses ruses inconscientes, en des centaines
de
pages, par Marcel Proust. (Voir surtout Un Amour de Swann.) Littératu
10610
pages, par Marcel Proust. (Voir surtout Un Amour
de
Swann.) Littérature bourgeoise ai-je dit : ses conclusions régulièrem
10611
ulièrement antibourgeoises font partie intégrante
de
l’ordre social établi. L’instinct de conservation rend en effet cet o
10612
èrement antibourgeoises font partie intégrante de
l’
ordre social établi. L’instinct de conservation rend en effet cet ordr
10613
font partie intégrante de l’ordre social établi.
L’
instinct de conservation rend en effet cet ordre tolérant à l’égard de
10614
e intégrante de l’ordre social établi. L’instinct
de
conservation rend en effet cet ordre tolérant à l’égard de ce qui fei
10615
ffet cet ordre tolérant à l’égard de ce qui feint
de
le renier, mais qui en vit. Le calcul est très simple, et bien entend
10616
t cet ordre tolérant à l’égard de ce qui feint de
le
renier, mais qui en vit. Le calcul est très simple, et bien entendu i
10617
rd de ce qui feint de le renier, mais qui en vit.
Le
calcul est très simple, et bien entendu inconscient. L’idéal glorifié
10618
cul est très simple, et bien entendu inconscient.
L’
idéal glorifié par la littérature détourne en rêveries voluptueuses le
10619
et bien entendu inconscient. L’idéal glorifié par
la
littérature détourne en rêveries voluptueuses les tendances subversiv
10620
la littérature détourne en rêveries voluptueuses
les
tendances subversives de l’esprit. La morale du mariage en souffre év
10621
n rêveries voluptueuses les tendances subversives
de
l’esprit. La morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est
10622
êveries voluptueuses les tendances subversives de
l’
esprit. La morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est pa
10623
luptueuses les tendances subversives de l’esprit.
La
morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est pas d’une gr
10624
ariage en souffre évidemment, mais cela n’est pas
d’
une gravité urgente, puisqu’on sait bien que l’institution matrimonial
10625
as d’une gravité urgente, puisqu’on sait bien que
l’
institution matrimoniale repose sur des bases financières160 et non pl
10626
et non plus religieuses ou morales. À dire vrai,
les
seuls écarts considérés comme intolérables sont ceux qui entraînent u
10627
qui entraînent une dilapidation du « patrimoine »
de
la famille. (Patrimoine ne signifiant plus que fortune et propriétés)
10628
entraînent une dilapidation du « patrimoine » de
la
famille. (Patrimoine ne signifiant plus que fortune et propriétés). ⁂
10629
plus que fortune et propriétés). ⁂ Cette volonté
de
jouir du mythe mais sans le payer trop cher, on la voit s’exprimer en
10630
tés). ⁂ Cette volonté de jouir du mythe mais sans
le
payer trop cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté dans le film
10631
e jouir du mythe mais sans le payer trop cher, on
la
voit s’exprimer en toute naïveté dans le film sentimental. Peu de gen
10632
cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté dans
le
film sentimental. Peu de genres plus strictement conventionnels et rh
10633
lus strictement conventionnels et rhétoriques que
le
film américain des premières années de l’après-guerre. C’était l’époq
10634
riques que le film américain des premières années
de
l’après-guerre. C’était l’époque du happy end : tout devait aboutir a
10635
ues que le film américain des premières années de
l’
après-guerre. C’était l’époque du happy end : tout devait aboutir au l
10636
n des premières années de l’après-guerre. C’était
l’
époque du happy end : tout devait aboutir au long baiser final sur fon
10637
tout devait aboutir au long baiser final sur fond
de
roses ou de tentures luxueuses. Or cette figure de style n’est pas sa
10638
aboutir au long baiser final sur fond de roses ou
de
tentures luxueuses. Or cette figure de style n’est pas sans relations
10639
e roses ou de tentures luxueuses. Or cette figure
de
style n’est pas sans relations intimes avec le mythe au dernier stade
10640
re de style n’est pas sans relations intimes avec
le
mythe au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection
10641
relations intimes avec le mythe au dernier stade
de
sa déchéance. Elle exprime à la perfection la synthèse idéale de deux
10642
au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à
la
perfection la synthèse idéale de deux désirs contradictoires : désir
10643
ade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection
la
synthèse idéale de deux désirs contradictoires : désir que rien ne s’
10644
. Elle exprime à la perfection la synthèse idéale
de
deux désirs contradictoires : désir que rien ne s’arrange et désir qu
10645
s’arrange — désir romantique et désir bourgeois.
La
profonde satisfaction que produit à coup sûr le happy end provient pr
10646
. La profonde satisfaction que produit à coup sûr
le
happy end provient précisément du fait qu’il libère le public de ses
10647
ppy end provient précisément du fait qu’il libère
le
public de ses contradictions intimes. En effet : point de roman sans
10648
ovient précisément du fait qu’il libère le public
de
ses contradictions intimes. En effet : point de roman sans obstacles.
10649
c de ses contradictions intimes. En effet : point
de
roman sans obstacles. On les multiplie donc, sans souci d’une invrais
10650
mes. En effet : point de roman sans obstacles. On
les
multiplie donc, sans souci d’une invraisemblance que le désir de roma
10651
sans obstacles. On les multiplie donc, sans souci
d’
une invraisemblance que le désir de romantisme rend insensible. Ainsi,
10652
tiplie donc, sans souci d’une invraisemblance que
le
désir de romantisme rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux
10653
nc, sans souci d’une invraisemblance que le désir
de
romantisme rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux le roman
10654
rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux
le
roman pourra rebondir et notre cœur haleter, et c’est ce que nous che
10655
œur haleter, et c’est ce que nous cherchons. Mais
l’
obstacle signifie, à la limite, la mort, le renoncement aux biens terr
10656
e que nous cherchons. Mais l’obstacle signifie, à
la
limite, la mort, le renoncement aux biens terrestres. C’est ce que no
10657
cherchons. Mais l’obstacle signifie, à la limite,
la
mort, le renoncement aux biens terrestres. C’est ce que nous ne voulo
10658
. Mais l’obstacle signifie, à la limite, la mort,
le
renoncement aux biens terrestres. C’est ce que nous ne voulons plus,
10659
, dès que cela nous devient clair. Il s’agit donc
de
supprimer l’obstacle à temps, ce qui amène par définition la fin du r
10660
a nous devient clair. Il s’agit donc de supprimer
l’
obstacle à temps, ce qui amène par définition la fin du roman et du fi
10661
r l’obstacle à temps, ce qui amène par définition
la
fin du roman et du film : « et ils eurent beaucoup d’enfants » signif
10662
in du roman et du film : « et ils eurent beaucoup
d’
enfants » signifie qu’il n’y a plus rien à raconter ; ou bien c’est le
10663
qu’il n’y a plus rien à raconter ; ou bien c’est
le
baiser en gros plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre de l’im
10664
; ou bien c’est le baiser en gros plan, bouchant
l’
écran et refermant la fenêtre de l’imagination. Toutefois, l’on s’effo
10665
aiser en gros plan, bouchant l’écran et refermant
la
fenêtre de l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cet
10666
os plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre
de
l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cette fin une
10667
plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre de
l’
imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cette fin une atm
10668
refermant la fenêtre de l’imagination. Toutefois,
l’
on s’efforcera de donner à cette fin une atmosphère « poétique » qui d
10669
tre de l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera
de
donner à cette fin une atmosphère « poétique » qui dissimule le passa
10670
tte fin une atmosphère « poétique » qui dissimule
le
passage à la vie quotidienne, et compense la déception du romantique
10671
tmosphère « poétique » qui dissimule le passage à
la
vie quotidienne, et compense la déception du romantique par le soulag
10672
mule le passage à la vie quotidienne, et compense
la
déception du romantique par le soulagement du bourgeois… Ainsi, dans
10673
ienne, et compense la déception du romantique par
le
soulagement du bourgeois… Ainsi, dans le théâtre, dans le roman à suc
10674
ique par le soulagement du bourgeois… Ainsi, dans
le
théâtre, dans le roman à succès et dans le film qui exploitent inlass
10675
gement du bourgeois… Ainsi, dans le théâtre, dans
le
roman à succès et dans le film qui exploitent inlassablement la formu
10676
, dans le théâtre, dans le roman à succès et dans
le
film qui exploitent inlassablement la formule du ménage à trois, l’id
10677
cès et dans le film qui exploitent inlassablement
la
formule du ménage à trois, l’idéalisme tragique du mythe originel n’e
10678
tent inlassablement la formule du ménage à trois,
l’
idéalisme tragique du mythe originel n’est plus qu’une nostalgie assez
10679
lus qu’une nostalgie assez vulgaire, idéalisation
de
désirs anodins, d’ailleurs ramenés vers la jouissance des choses, c’e
10680
sation de désirs anodins, d’ailleurs ramenés vers
la
jouissance des choses, c’est-à-dire totalement invertis par rapport à
10681
s, c’est-à-dire totalement invertis par rapport à
l’
amour courtois. La religion des troubadours se prêtait aux complicités
10682
talement invertis par rapport à l’amour courtois.
La
religion des troubadours se prêtait aux complicités les plus sournois
10683
ligion des troubadours se prêtait aux complicités
les
plus sournoises avec l’instinct qu’elle excitait par sa volonté même
10684
prêtait aux complicités les plus sournoises avec
l’
instinct qu’elle excitait par sa volonté même de le nier. L’ambiguïté
10685
c l’instinct qu’elle excitait par sa volonté même
de
le nier. L’ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire na
10686
’instinct qu’elle excitait par sa volonté même de
le
nier. L’ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire naîtr
10687
qu’elle excitait par sa volonté même de le nier.
L’
ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire naître, dès le
10688
même de le nier. L’ambiguïté du langage mystique
de
l’hérésie devait faire naître, dès le xiiie siècle, une rhétorique p
10689
me de le nier. L’ambiguïté du langage mystique de
l’
hérésie devait faire naître, dès le xiiie siècle, une rhétorique prof
10690
ge mystique de l’hérésie devait faire naître, dès
le
xiiie siècle, une rhétorique profane de la passion. Et c’est la diff
10691
tre, dès le xiiie siècle, une rhétorique profane
de
la passion. Et c’est la diffusion de ce langage par la littérature ro
10692
, dès le xiiie siècle, une rhétorique profane de
la
passion. Et c’est la diffusion de ce langage par la littérature roman
10693
e, une rhétorique profane de la passion. Et c’est
la
diffusion de ce langage par la littérature romanesque qui aboutit, au
10694
ique profane de la passion. Et c’est la diffusion
de
ce langage par la littérature romanesque qui aboutit, au cours du der
10695
passion. Et c’est la diffusion de ce langage par
la
littérature romanesque qui aboutit, au cours du dernier siècle, à ce
10696
du dernier siècle, à ce renversement des rôles :
l’
instinct devenant le vrai support d’une rhétorique dont les figures lu
10697
à ce renversement des rôles : l’instinct devenant
le
vrai support d’une rhétorique dont les figures lui prêtent désormais
10698
t des rôles : l’instinct devenant le vrai support
d’
une rhétorique dont les figures lui prêtent désormais un semblant d’id
10699
ct devenant le vrai support d’une rhétorique dont
les
figures lui prêtent désormais un semblant d’idéalité. 20.L’instinc
10700
ont les figures lui prêtent désormais un semblant
d’
idéalité. 20.L’instinct glorifié Comme à la rose de Guillaume de
10701
d’idéalité. 20.L’instinct glorifié Comme à
la
rose de Guillaume de Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à
10702
ité. 20.L’instinct glorifié Comme à la rose
de
Guillaume de Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à la rhéto
10703
Comme à la rose de Guillaume de Lorris répond
la
rose de Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline de Pétrarque
10704
e à la rose de Guillaume de Lorris répond la rose
de
Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppos
10705
e Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à
la
rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuel
10706
Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline
de
Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuelle de Boccace, le romantis
10707
à la rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppose
la
fantasmagorie sensuelle de Boccace, le romantisme a provoqué de nos j
10708
de Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuelle
de
Boccace, le romantisme a provoqué de nos jours une révolte qui se veu
10709
e s’oppose la fantasmagorie sensuelle de Boccace,
le
romantisme a provoqué de nos jours une révolte qui se veut « primitiv
10710
ie sensuelle de Boccace, le romantisme a provoqué
de
nos jours une révolte qui se veut « primitive ». Ce n’est plus « le s
10711
évolte qui se veut « primitive ». Ce n’est plus «
le
sentiment que l’on idéalise, c’est l’instinct. Je songe aux romancier
10712
t « primitive ». Ce n’est plus « le sentiment que
l’
on idéalise, c’est l’instinct. Je songe aux romanciers anglo-américain
10713
’est plus « le sentiment que l’on idéalise, c’est
l’
instinct. Je songe aux romanciers anglo-américains, un Lawrence, un Ca
10714
ue nous disent ces hommes : « Nous en avons assez
de
souffrir pour des idées, des idéaux, des petites hypocrisies idéalisé
10715
lles personne ne sait plus croire. Vous avez fait
de
la femme une espèce de divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos
10716
s personne ne sait plus croire. Vous avez fait de
la
femme une espèce de divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos fem
10717
lus croire. Vous avez fait de la femme une espèce
de
divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos femmes fatales, et vos
10718
et vos femmes adultères, et vos femmes desséchées
de
vertu, nous ont gâté la joie de vivre. Nous nous vengerons de vos « d
10719
et vos femmes desséchées de vertu, nous ont gâté
la
joie de vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ». La femme est d
10720
femmes desséchées de vertu, nous ont gâté la joie
de
vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ». La femme est d’abord u
10721
us ont gâté la joie de vivre. Nous nous vengerons
de
vos « divines ». La femme est d’abord une femelle. Nous la ferons se
10722
de vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ».
La
femme est d’abord une femelle. Nous la ferons se traîner sur le ventr
10723
divines ». La femme est d’abord une femelle. Nous
la
ferons se traîner sur le ventre vers le mâle dominateur161. Au lieu d
10724
’abord une femelle. Nous la ferons se traîner sur
le
ventre vers le mâle dominateur161. Au lieu de chanter la courtoisie,
10725
lle. Nous la ferons se traîner sur le ventre vers
le
mâle dominateur161. Au lieu de chanter la courtoisie, nous chanterons
10726
re vers le mâle dominateur161. Au lieu de chanter
la
courtoisie, nous chanterons les ruses du désir animal, l’emprise tota
10727
Au lieu de chanter la courtoisie, nous chanterons
les
ruses du désir animal, l’emprise totale du sexe sur l’esprit. Et la g
10728
oisie, nous chanterons les ruses du désir animal,
l’
emprise totale du sexe sur l’esprit. Et la grande innocence bestiale n
10729
ses du désir animal, l’emprise totale du sexe sur
l’
esprit. Et la grande innocence bestiale nous guérira de votre goût du
10730
animal, l’emprise totale du sexe sur l’esprit. Et
la
grande innocence bestiale nous guérira de votre goût du péché, cette
10731
rit. Et la grande innocence bestiale nous guérira
de
votre goût du péché, cette maladie de l’instinct génésique. Ce que vo
10732
ous guérira de votre goût du péché, cette maladie
de
l’instinct génésique. Ce que vous appelez morale, c’est ce qui nous r
10733
guérira de votre goût du péché, cette maladie de
l’
instinct génésique. Ce que vous appelez morale, c’est ce qui nous rend
10734
méchants, tristes et honteux. Ce que vous appelez
l’
ordure, voilà ce qui peut nous purifier. Vos tabous sont des sacrilège
10735
s purifier. Vos tabous sont des sacrilèges contre
la
vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de
10736
des sacrilèges contre la vraie divinité, qui est
la
Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissa
10737
èges contre la vraie divinité, qui est la Vie. Et
la
vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire
10738
vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie, c’est
l’
instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire qui broie et
10739
ui est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré
de
l’esprit, la grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individ
10740
est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de
l’
esprit, la grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individu f
10741
. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit,
la
grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individu fécond, la
10742
la grande puissance solaire qui broie et magnifie
l’
individu fécond, la belle brute déchaînée, etc. » L’un de ces prophète
10743
solaire qui broie et magnifie l’individu fécond,
la
belle brute déchaînée, etc. » L’un de ces prophètes est allé jusqu’à
10744
idu fécond, la belle brute déchaînée, etc. » L’un
de
ces prophètes est allé jusqu’à dire : « Je voudrais avoir autant de v
10745
st allé jusqu’à dire : « Je voudrais avoir autant
de
vitalité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique de la « Vie » a pu
10746
italité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique
de
la « Vie » a pu donner naissance à de belles œuvres littéraires. Mais
10747
lité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique de
la
« Vie » a pu donner naissance à de belles œuvres littéraires. Mais el
10748
le mystique de la « Vie » a pu donner naissance à
de
belles œuvres littéraires. Mais elle porte un nom « politique ». Je l
10749
éraires. Mais elle porte un nom « politique ». Je
la
retrouve, étrangement identique, aux origines profondes d’un mouvemen
10750
ve, étrangement identique, aux origines profondes
d’
un mouvement que nous n’avons plus à étudier ni à convaincre. Disons p
10751
plus à étudier ni à convaincre. Disons pour fixer
les
idées, qu’il s’appelle national-socialisme (ou si l’on veut fascisme
10752
idées, qu’il s’appelle national-socialisme (ou si
l’
on veut fascisme ou communisme, selon les prétextes économiques ou doc
10753
me (ou si l’on veut fascisme ou communisme, selon
les
prétextes économiques ou doctrinaux qui lui ont permis de s’emparer d
10754
xtes économiques ou doctrinaux qui lui ont permis
de
s’emparer du pouvoir). C’est une négation de l’au-delà dont le but n’
10755
rmis de s’emparer du pouvoir). C’est une négation
de
l’au-delà dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’empa
10756
s de s’emparer du pouvoir). C’est une négation de
l’
au-delà dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer
10757
du pouvoir). C’est une négation de l’au-delà dont
le
but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer de leur pouvoi
10758
t une négation de l’au-delà dont le but n’est pas
de
supprimer les dieux mais de s’emparer de leur pouvoir en divinisant l
10759
n de l’au-delà dont le but n’est pas de supprimer
les
dieux mais de s’emparer de leur pouvoir en divinisant l’ici-bas. Perd
10760
dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais
de
s’emparer de leur pouvoir en divinisant l’ici-bas. Perdre sa personna
10761
’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer
de
leur pouvoir en divinisant l’ici-bas. Perdre sa personnalité morale e
10762
x mais de s’emparer de leur pouvoir en divinisant
l’
ici-bas. Perdre sa personnalité morale et se retremper dans le flux co
10763
erdre sa personnalité morale et se retremper dans
le
flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivi
10764
lité morale et se retremper dans le flux cosmique
de
l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais
10765
é morale et se retremper dans le flux cosmique de
l’
instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la
10766
remper dans le flux cosmique de l’instinct, c’est
l’
idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette
10767
ans le flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal
de
nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette croyanc
10768
idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais
la
pratique de cette croyance n’est pas de nature à nous tromper un seul
10769
poètes du primitivisme solaire, mais la pratique
de
cette croyance n’est pas de nature à nous tromper un seul instant : i
10770
ire, mais la pratique de cette croyance n’est pas
de
nature à nous tromper un seul instant : il n’y a pas de « belles » br
10771
ure à nous tromper un seul instant : il n’y a pas
de
« belles » brutes, il y a des brutes. L’idée de beauté, qu’un Lawrenc
10772
’y a pas de « belles » brutes, il y a des brutes.
L’
idée de beauté, qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est l’hérit
10773
s de « belles » brutes, il y a des brutes. L’idée
de
beauté, qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est l’héritage d’u
10774
é, qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est
l’
héritage d’une époque en faillite — une dette que plus personne, là-ba
10775
wrence croit encore consistante, c’est l’héritage
d’
une époque en faillite — une dette que plus personne, là-bas, n’est di
10776
là-bas, n’est disposé à reconnaître. On n’a plus
de
comptes à rendre à cet « esprit » platonicien. Il était cause de tout
10777
ndre à cet « esprit » platonicien. Il était cause
de
toute la confusion, et il l’a payé de sa vie, voilà qui est clair. Ma
10778
t « esprit » platonicien. Il était cause de toute
la
confusion, et il l’a payé de sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajou
10779
cien. Il était cause de toute la confusion, et il
l’
a payé de sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajouterai ceci, qui est
10780
était cause de toute la confusion, et il l’a payé
de
sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajouterai ceci, qui est non moins
10781
non moins clair : quand sous prétexte de détruire
l’
artificiel — rhétorique idéalisante, éthique et mystique du « parfait
10782
idéalisante, éthique et mystique du « parfait » —
l’
on prétend s’enfoncer dans le flot primitif de l’instinct, dans le lar
10783
que du « parfait » — l’on prétend s’enfoncer dans
le
flot primitif de l’instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans
10784
» — l’on prétend s’enfoncer dans le flot primitif
de
l’instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’
10785
l’on prétend s’enfoncer dans le flot primitif de
l’
instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’est
10786
nfoncer dans le flot primitif de l’instinct, dans
le
larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’in
10787
ot primitif de l’instinct, dans le larvaire, dans
le
non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit r
10788
nstinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans
l’
« infait », c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit retrouver l’authent
10789
le non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans
l’
infect, l’on croit retrouver l’authentique de la vie, et l’on ne fait
10790
t, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’infect,
l’
on croit retrouver l’authentique de la vie, et l’on ne fait pourtant q
10791
c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit retrouver
l’
authentique de la vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au to
10792
dans l’infect, l’on croit retrouver l’authentique
de
la vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déch
10793
s l’infect, l’on croit retrouver l’authentique de
la
vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déchets
10794
l’on croit retrouver l’authentique de la vie, et
l’
on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déchets de l’ancie
10795
pourtant que s’abandonner au torrent des déchets
de
l’ancienne culture et de ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plu
10796
urtant que s’abandonner au torrent des déchets de
l’
ancienne culture et de ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus,
10797
r au torrent des déchets de l’ancienne culture et
de
ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujourd
10798
s mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans
l’
homme d’aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que l’on appelle hér
10799
désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme
d’
aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, d
10800
est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujourd’hui,
d’
authenticité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, dans le jargon d
10801
e d’aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que
l’
on appelle hérédité, dans le jargon de notre siècle, ce que l’Église a
10802
ité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, dans
le
jargon de notre siècle, ce que l’Église appelle péché originel, cela
10803
ive. Ce que l’on appelle hérédité, dans le jargon
de
notre siècle, ce que l’Église appelle péché originel, cela désigne la
10804
hérédité, dans le jargon de notre siècle, ce que
l’
Église appelle péché originel, cela désigne la perte irrémédiable du c
10805
que l’Église appelle péché originel, cela désigne
la
perte irrémédiable du contact immédiat avec nos origines. Et dès lors
10806
dessous de nos morales, ce n’est pas nous libérer
de
leurs interdictions, mais nous livrer à une folie qui répugnerait aux
10807
gnerait aux bêtes fauves. Descendre au-dessous de
l’
expression créée et réglée par l’esprit (même si l’esprit, comme je le
10808
re au-dessous de l’expression créée et réglée par
l’
esprit (même si l’esprit, comme je le crois, nous engageait dans des v
10809
’expression créée et réglée par l’esprit (même si
l’
esprit, comme je le crois, nous engageait dans des voies irréelles) ce
10810
t réglée par l’esprit (même si l’esprit, comme je
le
crois, nous engageait dans des voies irréelles) ce n’est pas revenir
10811
ce n’est pas revenir au réel, mais s’égarer dans
la
zone de terreur et dans les terrains vagues où se sont déversés tous
10812
t pas revenir au réel, mais s’égarer dans la zone
de
terreur et dans les terrains vagues où se sont déversés tous les rebu
10813
el, mais s’égarer dans la zone de terreur et dans
les
terrains vagues où se sont déversés tous les rebuts d’une civilisatio
10814
dans les terrains vagues où se sont déversés tous
les
rebuts d’une civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont le désir
10815
rrains vagues où se sont déversés tous les rebuts
d’
une civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont le désir nous obsè
10816
és tous les rebuts d’une civilisation intoxiquée.
L’
« authentique » dont le désir nous obsède, nous ne pourrons pas le ret
10817
e civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont
le
désir nous obsède, nous ne pourrons pas le retrouver. Il n’est pas au
10818
» dont le désir nous obsède, nous ne pourrons pas
le
retrouver. Il n’est pas au terme d’un mouvement d’abandon à l’instinc
10819
pourrons pas le retrouver. Il n’est pas au terme
d’
un mouvement d’abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de la ch
10820
e retrouver. Il n’est pas au terme d’un mouvement
d’
abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de la chair. Il n’est p
10821
Il n’est pas au terme d’un mouvement d’abandon à
l’
instinct énervé et au ressentiment de la chair. Il n’est pas caché mai
10822
d’abandon à l’instinct énervé et au ressentiment
de
la chair. Il n’est pas caché mais perdu. Il ne peut qu’être recréé pa
10823
abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de
la
chair. Il n’est pas caché mais perdu. Il ne peut qu’être recréé par u
10824
ne peut qu’être recréé par un effort contraire à
la
passion, c’est-à-dire par une action, une mise en ordre, une purifica
10825
une mise en ordre, une purification — un retour à
la
sobriété. Agir, ce n’est pas s’évader hors d’un monde déclaré diaboli
10826
r à la sobriété. Agir, ce n’est pas s’évader hors
d’
un monde déclaré diabolique. Ce n’est pas tuer ce corps gênant. Mais c
10827
s ce n’est pas non plus tirer son revolver contre
l’
esprit sous prétexte qu’il nous a trompés162. Agir, en vérité, c’est a
10828
ous a trompés162. Agir, en vérité, c’est accepter
les
conditions qui nous sont faites, dans le conflit de l’esprit et de la
10829
ccepter les conditions qui nous sont faites, dans
le
conflit de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter
10830
conditions qui nous sont faites, dans le conflit
de
l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus e
10831
nditions qui nous sont faites, dans le conflit de
l’
esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en d
10832
nous sont faites, dans le conflit de l’esprit et
de
la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en détruisant ma
10833
us sont faites, dans le conflit de l’esprit et de
la
chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en détruisant mais
10834
flit de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter
de
les surmonter non plus en détruisant mais en mariant les deux puissan
10835
t de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de
les
surmonter non plus en détruisant mais en mariant les deux puissances
10836
surmonter non plus en détruisant mais en mariant
les
deux puissances antagonistes. Que l’esprit vienne au secours de la ch
10837
en mariant les deux puissances antagonistes. Que
l’
esprit vienne au secours de la chair et retrouve en elle son appui, et
10838
nces antagonistes. Que l’esprit vienne au secours
de
la chair et retrouve en elle son appui, et que la chair se soumette à
10839
s antagonistes. Que l’esprit vienne au secours de
la
chair et retrouve en elle son appui, et que la chair se soumette à l’
10840
de la chair et retrouve en elle son appui, et que
la
chair se soumette à l’esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est l
10841
en elle son appui, et que la chair se soumette à
l’
esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est la voie. Éros mortel, Ér
10842
à l’esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est
la
voie. Éros mortel, Éros vital — l’un appelle l’autre, et chacun d’eux
10843
tel, Éros vital — l’un appelle l’autre, et chacun
d’
eux n’a pour fin véritable et pour terminaison réelle que l’autre, qu’
10844
on réelle que l’autre, qu’il voulait détruire ! À
l’
infini, jusqu’à la consomption de toute vie et de tout esprit. Voilà c
10845
tre, qu’il voulait détruire ! À l’infini, jusqu’à
la
consomption de toute vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l
10846
ait détruire ! À l’infini, jusqu’à la consomption
de
toute vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l’homme qui se p
10847
l’infini, jusqu’à la consomption de toute vie et
de
tout esprit. Voilà ce que peut faire l’homme qui se prend pour son di
10848
te vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire
l’
homme qui se prend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier de la pas
10849
t faire l’homme qui se prend pour son dieu. Voilà
le
mouvement dernier de la passion, dont l’exaspération s’appelle la gue
10850
e prend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier
de
la passion, dont l’exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion
10851
rend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier de
la
passion, dont l’exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion da
10852
u. Voilà le mouvement dernier de la passion, dont
l’
exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion dans tous les domai
10853
nier de la passion, dont l’exaspération s’appelle
la
guerre. 21.La passion dans tous les domaines Le mythe sacré de
10854
n s’appelle la guerre. 21.La passion dans tous
les
domaines Le mythe sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avai
10855
uerre. 21.La passion dans tous les domaines
Le
mythe sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonct
10856
passion dans tous les domaines Le mythe sacré
de
l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale d’o
10857
ssion dans tous les domaines Le mythe sacré de
l’
amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale d’ordo
10858
, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale
d’
ordonner et de purifier les puissances anarchiques de la passion. Une
10859
cle, avait eu pour fonction sociale d’ordonner et
de
purifier les puissances anarchiques de la passion. Une mystique trans
10860
u pour fonction sociale d’ordonner et de purifier
les
puissances anarchiques de la passion. Une mystique transcendante orie
10861
rdonner et de purifier les puissances anarchiques
de
la passion. Une mystique transcendante orientait secrètement, polaris
10862
nner et de purifier les puissances anarchiques de
la
passion. Une mystique transcendante orientait secrètement, polarisait
10863
nscendante orientait secrètement, polarisait vers
l’
au-delà les nostalgies de l’humanité souffrante. C’était sans doute un
10864
orientait secrètement, polarisait vers l’au-delà
les
nostalgies de l’humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie,
10865
ètement, polarisait vers l’au-delà les nostalgies
de
l’humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie, mais pacifique
10866
ment, polarisait vers l’au-delà les nostalgies de
l’
humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie, mais pacifique, e
10867
oute une hérésie, mais pacifique, et par certains
de
ses aspects, très favorable à l’équilibre civilisateur. Cependant, du
10868
et par certains de ses aspects, très favorable à
l’
équilibre civilisateur. Cependant, du seul fait qu’elle s’opposait à l
10869
eur. Cependant, du seul fait qu’elle s’opposait à
la
propagation de l’espèce et à la guerre, la société devait la persécut
10870
du seul fait qu’elle s’opposait à la propagation
de
l’espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome
10871
seul fait qu’elle s’opposait à la propagation de
l’
espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome qu
10872
elle s’opposait à la propagation de l’espèce et à
la
guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer
10873
sait à la propagation de l’espèce et à la guerre,
la
société devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu
10874
ion de l’espèce et à la guerre, la société devait
la
persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu dans les provinces
10875
ciété devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta
le
fer et le feu dans les provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant m
10876
it la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et
le
feu dans les provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant matériellem
10877
uter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu dans
les
provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant matériellement cette rel
10878
rta le fer et le feu dans les provinces gagnées à
l’
hérésie. En détruisant matériellement cette religion, l’Église romaine
10879
sie. En détruisant matériellement cette religion,
l’
Église romaine la condamnait à se propager sous la forme la plus ambig
10880
t matériellement cette religion, l’Église romaine
la
condamnait à se propager sous la forme la plus ambiguë et peut-être l
10881
l’Église romaine la condamnait à se propager sous
la
forme la plus ambiguë et peut-être la plus dangereuse. Traquée, refou
10882
romaine la condamnait à se propager sous la forme
la
plus ambiguë et peut-être la plus dangereuse. Traquée, refoulée et dé
10883
opager sous la forme la plus ambiguë et peut-être
la
plus dangereuse. Traquée, refoulée et désorganisée, l’hérésie ne deva
10884
us dangereuse. Traquée, refoulée et désorganisée,
l’
hérésie ne devait pas tarder à se dénaturer de mille manières. Les con
10885
ée, l’hérésie ne devait pas tarder à se dénaturer
de
mille manières. Les confusions qu’elle favorisait malgré elle, cette
10886
vait pas tarder à se dénaturer de mille manières.
Les
confusions qu’elle favorisait malgré elle, cette glorification de l’a
10887
’elle favorisait malgré elle, cette glorification
de
l’amour humain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage d’une am
10888
le favorisait malgré elle, cette glorification de
l’
amour humain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage d’une ambig
10889
, cette glorification de l’amour humain qui était
l’
envers de sa doctrine, ce langage d’une ambiguïté à la fois essentiell
10890
lorification de l’amour humain qui était l’envers
de
sa doctrine, ce langage d’une ambiguïté à la fois essentielle et oppo
10891
ain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage
d’
une ambiguïté à la fois essentielle et opportune, qui permettait tous
10892
ois essentielle et opportune, qui permettait tous
les
abus, c’est cela qui allait échapper aux tribunaux de l’Inquisition,
10893
bus, c’est cela qui allait échapper aux tribunaux
de
l’Inquisition, puis envahir la conscience européenne, même orthodoxe,
10894
, c’est cela qui allait échapper aux tribunaux de
l’
Inquisition, puis envahir la conscience européenne, même orthodoxe, et
10895
pper aux tribunaux de l’Inquisition, puis envahir
la
conscience européenne, même orthodoxe, et par une sorte d’ironie, don
10896
ence européenne, même orthodoxe, et par une sorte
d’
ironie, donner sa rhétorique passionnelle au mysticisme des plus grand
10897
lle au mysticisme des plus grands saints. Lorsque
les
mythes perdent leur caractère ésotérique et leur fonction sacrée, ils
10898
fonction sacrée, ils se résolvent en littérature.
Le
mythe courtois, mieux que tout autre, se prêtait à ce processus, puis
10899
cessus, puisqu’il n’avait pu se traduire que dans
les
termes de l’amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens
10900
squ’il n’avait pu se traduire que dans les termes
de
l’amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens évanoui re
10901
’il n’avait pu se traduire que dans les termes de
l’
amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens évanoui resta
10902
it exprimer nos instincts naturels, mais non sans
les
dévier, tout insensiblement, vers quelque au-delà de plus en plus mys
10903
u-delà de plus en plus mystérieux, apte à séduire
le
besoin d’idéal qu’avait laissé dans la conscience une connaissance my
10904
plus en plus mystérieux, apte à séduire le besoin
d’
idéal qu’avait laissé dans la conscience une connaissance mystique rép
10905
à séduire le besoin d’idéal qu’avait laissé dans
la
conscience une connaissance mystique réprouvée, puis perdue. Telle fu
10906
ssance mystique réprouvée, puis perdue. Telle fut
la
chance de la littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’
10907
tique réprouvée, puis perdue. Telle fut la chance
de
la littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’empire, un
10908
ue réprouvée, puis perdue. Telle fut la chance de
la
littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’empire, uniqu
10909
érature en Occident ; et cela seul peut expliquer
l’
empire, unique dans l’histoire des cultures, que la littérature a exer
10910
et cela seul peut expliquer l’empire, unique dans
l’
histoire des cultures, que la littérature a exercé jusqu’à nos jours s
10911
’empire, unique dans l’histoire des cultures, que
la
littérature a exercé jusqu’à nos jours sur l’élite et plus tard sur l
10912
que la littérature a exercé jusqu’à nos jours sur
l’
élite et plus tard sur les masses. Toutefois, le classicisme s’efforça
10913
cé jusqu’à nos jours sur l’élite et plus tard sur
les
masses. Toutefois, le classicisme s’efforça d’imposer tout au moins u
10914
r l’élite et plus tard sur les masses. Toutefois,
le
classicisme s’efforça d’imposer tout au moins une forme d’art à ces p
10915
r les masses. Toutefois, le classicisme s’efforça
d’
imposer tout au moins une forme d’art à ces puissances obscures privée
10916
cisme s’efforça d’imposer tout au moins une forme
d’
art à ces puissances obscures privées de leur forme sacrée. C’est à ce
10917
une forme d’art à ces puissances obscures privées
de
leur forme sacrée. C’est à ces vestiges de rites que s’attaqua le rom
10918
rivées de leur forme sacrée. C’est à ces vestiges
de
rites que s’attaqua le romantisme. D’où la violente exaltation dès la
10919
crée. C’est à ces vestiges de rites que s’attaqua
le
romantisme. D’où la violente exaltation dès la fin du xviiie siècle,
10920
es vestiges de rites que s’attaqua le romantisme.
D’
où la violente exaltation dès la fin du xviiie siècle, de tout ce qu’
10921
stiges de rites que s’attaqua le romantisme. D’où
la
violente exaltation dès la fin du xviiie siècle, de tout ce qu’avaie
10922
ua le romantisme. D’où la violente exaltation dès
la
fin du xviiie siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir le mythe
10923
violente exaltation dès la fin du xviiie siècle,
de
tout ce qu’avaient voulu contenir le mythe originel de Tristan, puis
10924
iie siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir
le
mythe originel de Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe
10925
ut ce qu’avaient voulu contenir le mythe originel
de
Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe siècle bourgeois v
10926
inel de Tristan, puis ses substituts littéraires.
Le
xixe siècle bourgeois vit se répandre dans la conscience profane l’«
10927
s. Le xixe siècle bourgeois vit se répandre dans
la
conscience profane l’« instinct de mort » longtemps refoulé dans l’in
10928
rgeois vit se répandre dans la conscience profane
l’
« instinct de mort » longtemps refoulé dans l’inconscient ou canalisé
10929
répandre dans la conscience profane l’« instinct
de
mort » longtemps refoulé dans l’inconscient ou canalisé dès sa source
10930
ane l’« instinct de mort » longtemps refoulé dans
l’
inconscient ou canalisé dès sa source par un art aristocratique. Et qu
10931
dès sa source par un art aristocratique. Et quand
les
cadres de la société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’u
10932
ce par un art aristocratique. Et quand les cadres
de
la société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’un tout aut
10933
par un art aristocratique. Et quand les cadres de
la
société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’un tout autre
10934
les cadres de la société vinrent à craquer — sous
l’
effet de poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du myt
10935
es de la société vinrent à craquer — sous l’effet
de
poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du mythe inond
10936
iété vinrent à craquer — sous l’effet de poussées
d’
un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du mythe inonda notre vie
10937
et de poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs —
le
contenu du mythe inonda notre vie quotidienne. Nous ne savions plus c
10938
s plus ce que signifiait cette diffuse exaltation
de
l’amour. Nous la prenions pour un printemps de l’instinct et pour une
10939
lus ce que signifiait cette diffuse exaltation de
l’
amour. Nous la prenions pour un printemps de l’instinct et pour une re
10940
nifiait cette diffuse exaltation de l’amour. Nous
la
prenions pour un printemps de l’instinct et pour une renaissance des
10941
on de l’amour. Nous la prenions pour un printemps
de
l’instinct et pour une renaissance des forces dionysiaques persécutée
10942
de l’amour. Nous la prenions pour un printemps de
l’
instinct et pour une renaissance des forces dionysiaques persécutées p
10943
ersécutées par un soi-disant christianisme. Toute
la
littérature moderne entonna l’hymne de la « libération ». Mais d’où l
10944
ristianisme. Toute la littérature moderne entonna
l’
hymne de la « libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désesp
10945
sme. Toute la littérature moderne entonna l’hymne
de
la « libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désespoir ? Co
10946
. Toute la littérature moderne entonna l’hymne de
la
« libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désespoir ? Comme
10947
oderne entonna l’hymne de la « libération ». Mais
d’
où lui vient alors ce ton de désespoir ? Comment se fait-il que le rom
10948
« libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton
de
désespoir ? Comment se fait-il que le roman qui triompha pendant tren
10949
lors ce ton de désespoir ? Comment se fait-il que
le
roman qui triompha pendant trente ans, au xxe siècle, de toutes les
10950
qui triompha pendant trente ans, au xxe siècle,
de
toutes les autres formes littéraires, aboutisse à cette analyse maréc
10951
pha pendant trente ans, au xxe siècle, de toutes
les
autres formes littéraires, aboutisse à cette analyse marécageuse de n
10952
ittéraires, aboutisse à cette analyse marécageuse
de
nos doutes et de notre vide ? Que signifie cette libération qui nous
10953
isse à cette analyse marécageuse de nos doutes et
de
notre vide ? Que signifie cette libération qui nous laisse tellement
10954
bération qui nous laisse tellement démunis devant
la
propagande des butors ? Ne voit-on pas, dès les années 1930, que le r
10955
nt la propagande des butors ? Ne voit-on pas, dès
les
années 1930, que le roman a perdu toute sève ? qu’il ne retrouve une
10956
butors ? Ne voit-on pas, dès les années 1930, que
le
roman a perdu toute sève ? qu’il ne retrouve une virulence provisoire
10957
virulence provisoire qu’en se mettant au service
de
mystiques partisanes ? Serait-ce la fin du romantisme ? Le spectacle
10958
nt au service de mystiques partisanes ? Serait-ce
la
fin du romantisme ? Le spectacle de nos mœurs n’autorise pas cette co
10959
ues partisanes ? Serait-ce la fin du romantisme ?
Le
spectacle de nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car la crise
10960
s ? Serait-ce la fin du romantisme ? Le spectacle
de
nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car la crise actuelle du m
10961
de nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car
la
crise actuelle du mariage bourgeois, c’est le triomphe à retardement,
10962
Car la crise actuelle du mariage bourgeois, c’est
le
triomphe à retardement, dénaturé tant que l’on voudra, mais tout de m
10963
’est le triomphe à retardement, dénaturé tant que
l’
on voudra, mais tout de même le triomphe d’une passion profanée. Mais
10964
dénaturé tant que l’on voudra, mais tout de même
le
triomphe d’une passion profanée. Mais bien au-delà du mariage et du d
10965
nt que l’on voudra, mais tout de même le triomphe
d’
une passion profanée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine de la
10966
fanée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine
de
la sexualité proprement dite, le contenu du mythe et ses fantômes env
10967
ée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine de
la
sexualité proprement dite, le contenu du mythe et ses fantômes envahi
10968
ge et du domaine de la sexualité proprement dite,
le
contenu du mythe et ses fantômes envahissent les domaines les plus di
10969
, le contenu du mythe et ses fantômes envahissent
les
domaines les plus divers : politique, lutte des classes, sentiment na
10970
du mythe et ses fantômes envahissent les domaines
les
plus divers : politique, lutte des classes, sentiment national, tout
10971
iques ». C’est que nous sommes devenus incapables
de
faire la part du feu, d’ordonner nos désirs, de distinguer leur natur
10972
C’est que nous sommes devenus incapables de faire
la
part du feu, d’ordonner nos désirs, de distinguer leur nature et leur
10973
ommes devenus incapables de faire la part du feu,
d’
ordonner nos désirs, de distinguer leur nature et leur fin, d’imposer
10974
s de faire la part du feu, d’ordonner nos désirs,
de
distinguer leur nature et leur fin, d’imposer une mesure à leurs diva
10975
os désirs, de distinguer leur nature et leur fin,
d’
imposer une mesure à leurs divagations — de les exprimer en figures. L
10976
r fin, d’imposer une mesure à leurs divagations —
de
les exprimer en figures. Les dernières formes de l’amour ont été bala
10977
in, d’imposer une mesure à leurs divagations — de
les
exprimer en figures. Les dernières formes de l’amour ont été balayées
10978
à leurs divagations — de les exprimer en figures.
Les
dernières formes de l’amour ont été balayées par la guerre. Et j’insi
10979
de les exprimer en figures. Les dernières formes
de
l’amour ont été balayées par la guerre. Et j’insisterai sur cet exemp
10980
les exprimer en figures. Les dernières formes de
l’
amour ont été balayées par la guerre. Et j’insisterai sur cet exemple
10981
dernières formes de l’amour ont été balayées par
la
guerre. Et j’insisterai sur cet exemple symbolique : nous ne faisons
10982
sur cet exemple symbolique : nous ne faisons plus
de
« déclarations d’amour » dans le même temps que nous admettons la gue
10983
mbolique : nous ne faisons plus de « déclarations
d’
amour » dans le même temps que nous admettons la guerre sans « déclara
10984
ne faisons plus de « déclarations d’amour » dans
le
même temps que nous admettons la guerre sans « déclaration » préalabl
10985
s d’amour » dans le même temps que nous admettons
la
guerre sans « déclaration » préalable. Nous revenons au stade du rapt
10986
ous revenons au stade du rapt, du viol, mais sans
les
rites qui accompagnaient ces actes chez les peuplades polynésiennes.
10987
sans les rites qui accompagnaient ces actes chez
les
peuplades polynésiennes. Cette progressive profanation du mythe, sa c
10988
ation du mythe, sa conversion en rhétorique, puis
la
dissolution de cette rhétorique et la totale vulgarisation de son con
10989
sa conversion en rhétorique, puis la dissolution
de
cette rhétorique et la totale vulgarisation de son contenu, l’on peut
10990
rique, puis la dissolution de cette rhétorique et
la
totale vulgarisation de son contenu, l’on peut en suivre les étapes d
10991
on de cette rhétorique et la totale vulgarisation
de
son contenu, l’on peut en suivre les étapes dans un domaine en appare
10992
orique et la totale vulgarisation de son contenu,
l’
on peut en suivre les étapes dans un domaine en apparence fort étrange
10993
vulgarisation de son contenu, l’on peut en suivre
les
étapes dans un domaine en apparence fort étranger à ceux que nous ven
10994
ranger à ceux que nous venons de parcourir : dans
l’
évolution de la guerre et de ses méthodes en Occident. 117. Je rapp
10995
x que nous venons de parcourir : dans l’évolution
de
la guerre et de ses méthodes en Occident. 117. Je rappelle que j’e
10996
ue nous venons de parcourir : dans l’évolution de
la
guerre et de ses méthodes en Occident. 117. Je rappelle que j’empl
10997
s de parcourir : dans l’évolution de la guerre et
de
ses méthodes en Occident. 117. Je rappelle que j’emploie toujours
10998
elle que j’emploie toujours ce mot au double sens
de
sacrilège et de laïcisation (ou « sécularisation ») — pour ne pas rec
10999
ie toujours ce mot au double sens de sacrilège et
de
laïcisation (ou « sécularisation ») — pour ne pas recourir à « profan
11000
pas recourir à « profanisation ». 118. Désormais
le
symbole de toute l’opposition sera donné par le nom même de l’amour.
11001
r à « profanisation ». 118. Désormais le symbole
de
toute l’opposition sera donné par le nom même de l’amour. En face de
11002
fanisation ». 118. Désormais le symbole de toute
l’
opposition sera donné par le nom même de l’amour. En face de l’Église
11003
s le symbole de toute l’opposition sera donné par
le
nom même de l’amour. En face de l’Église de Rome : Roma, se dresse l’
11004
de toute l’opposition sera donné par le nom même
de
l’amour. En face de l’Église de Rome : Roma, se dresse l’Église d’Amo
11005
toute l’opposition sera donné par le nom même de
l’
amour. En face de l’Église de Rome : Roma, se dresse l’Église d’Amour
11006
sera donné par le nom même de l’amour. En face de
l’
Église de Rome : Roma, se dresse l’Église d’Amour : amor, et la second
11007
é par le nom même de l’amour. En face de l’Église
de
Rome : Roma, se dresse l’Église d’Amour : amor, et la seconde accuse
11008
ur. En face de l’Église de Rome : Roma, se dresse
l’
Église d’Amour : amor, et la seconde accuse la première d’avoir invert
11009
ce de l’Église de Rome : Roma, se dresse l’Église
d’
Amour : amor, et la seconde accuse la première d’avoir inverti sataniq
11010
d’Amour : amor, et la seconde accuse la première
d’
avoir inverti sataniquement le nom même de l’amour divin, et d’avoir f
11011
accuse la première d’avoir inverti sataniquement
le
nom même de l’amour divin, et d’avoir fait de l’Évangile un prétexte
11012
remière d’avoir inverti sataniquement le nom même
de
l’amour divin, et d’avoir fait de l’Évangile un prétexte à massacrer
11013
ière d’avoir inverti sataniquement le nom même de
l’
amour divin, et d’avoir fait de l’Évangile un prétexte à massacrer les
11014
ti sataniquement le nom même de l’amour divin, et
d’
avoir fait de l’Évangile un prétexte à massacrer les « purs ». 119. A
11015
ent le nom même de l’amour divin, et d’avoir fait
de
l’Évangile un prétexte à massacrer les « purs ». 119. Ai-je dit que
11016
le nom même de l’amour divin, et d’avoir fait de
l’
Évangile un prétexte à massacrer les « purs ». 119. Ai-je dit que la
11017
’avoir fait de l’Évangile un prétexte à massacrer
les
« purs ». 119. Ai-je dit que la chevalerie d’amour méridionale se di
11018
xte à massacrer les « purs ». 119. Ai-je dit que
la
chevalerie d’amour méridionale se distinguait de la chevalerie féodal
11019
r les « purs ». 119. Ai-je dit que la chevalerie
d’
amour méridionale se distinguait de la chevalerie féodale en ceci surt
11020
la chevalerie d’amour méridionale se distinguait
de
la chevalerie féodale en ceci surtout : c’est que tout homme, fût-il
11021
chevalerie d’amour méridionale se distinguait de
la
chevalerie féodale en ceci surtout : c’est que tout homme, fût-il bou
11022
fût-il bourgeois ou vilain, pouvait y accéder par
la
seule grâce de la « poésie ». D’innombrables documents nous attestent
11023
s ou vilain, pouvait y accéder par la seule grâce
de
la « poésie ». D’innombrables documents nous attestent qu’aux yeux de
11024
u vilain, pouvait y accéder par la seule grâce de
la
« poésie ». D’innombrables documents nous attestent qu’aux yeux des c
11025
it y accéder par la seule grâce de la « poésie ».
D’
innombrables documents nous attestent qu’aux yeux des cathares, la vér
11026
ocuments nous attestent qu’aux yeux des cathares,
la
véritable noblesse est celle du troubadour, de celui qui connaît et p
11027
s, la véritable noblesse est celle du troubadour,
de
celui qui connaît et pratique les leys d’amors. Dante soutiendra la m
11028
e du troubadour, de celui qui connaît et pratique
les
leys d’amors. Dante soutiendra la même doctrine… 120. Béatrice a cer
11029
badour, de celui qui connaît et pratique les leys
d’
amors. Dante soutiendra la même doctrine… 120. Béatrice a certainemen
11030
ît et pratique les leys d’amors. Dante soutiendra
la
même doctrine… 120. Béatrice a certainement existé, et Dante l’a cer
11031
e… 120. Béatrice a certainement existé, et Dante
l’
a certainement aimée. C’est donc d’une sublimation qu’il s’agit ici, à
11032
isté, et Dante l’a certainement aimée. C’est donc
d’
une sublimation qu’il s’agit ici, à l’inverse de ce qui se passa chez
11033
C’est donc d’une sublimation qu’il s’agit ici, à
l’
inverse de ce qui se passa chez les troubadours. Béatrice deviendra su
11034
c d’une sublimation qu’il s’agit ici, à l’inverse
de
ce qui se passa chez les troubadours. Béatrice deviendra successiveme
11035
l s’agit ici, à l’inverse de ce qui se passa chez
les
troubadours. Béatrice deviendra successivement la Philosophie, la Sag
11036
es troubadours. Béatrice deviendra successivement
la
Philosophie, la Sagesse et la Science sacrée qui mène au Paradis et e
11037
Béatrice deviendra successivement la Philosophie,
la
Sagesse et la Science sacrée qui mène au Paradis et en explique les m
11038
ndra successivement la Philosophie, la Sagesse et
la
Science sacrée qui mène au Paradis et en explique les mystères. 121.
11039
Science sacrée qui mène au Paradis et en explique
les
mystères. 121. C.-A. Cingria, Pétrarque. 122. Sainte Thérèse : « Ce
11040
. Sainte Thérèse : « Ces grâces sont accompagnées
d’
un entier détachement des créatures, quant à l’esprit… On se sent alor
11041
es d’un entier détachement des créatures, quant à
l’
esprit… On se sent alors beaucoup plus étranger aux choses de la terre
11042
n se sent alors beaucoup plus étranger aux choses
de
la terre » et passim ! 123. Il connaissait le roman et le cite plusi
11043
e sent alors beaucoup plus étranger aux choses de
la
terre » et passim ! 123. Il connaissait le roman et le cite plusieur
11044
es de la terre » et passim ! 123. Il connaissait
le
roman et le cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de l’am
11045
re » et passim ! 123. Il connaissait le roman et
le
cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de l’amour : « Voic
11046
roman et le cite plusieurs fois. Par exemple dans
le
Triomphe de l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie les liv
11047
cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe
de
l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie les livres — Trista
11048
e plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de
l’
amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie les livres — Tristan e
11049
riomphe de l’amour : « Voici ceux qui remplissent
de
rêverie les livres — Tristan et Lancelot et les autres errants — auxq
11050
l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie
les
livres — Tristan et Lancelot et les autres errants — auxquels il faut
11051
nt de rêverie les livres — Tristan et Lancelot et
les
autres errants — auxquels il faut que le vulgaire errant se plaise !
11052
elot et les autres errants — auxquels il faut que
le
vulgaire errant se plaise ! » 124. Sainte Thérèse : « C’est un marty
11053
is délicieux et cruel ». 125. Sainte Thérèse : «
L’
âme… voudrait ne jamais voir finir son tourment » et : « Une fois livr
11054
supplice, elle voudrait y passer ce qui lui reste
de
vie. » 126. Saint Jean de la Croix : « Ô brûlure suave ! » et tout l
11055
Jean de la Croix : « Ô brûlure suave ! » et tout
le
commentaire de ce vers dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 127. Sai
11056
ix : « Ô brûlure suave ! » et tout le commentaire
de
ce vers dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 127. Sainte Thérèse : «
11057
suave ! » et tout le commentaire de ce vers dans
la
Vive flamme d’amour (II, 1). 127. Sainte Thérèse : « De ce désir qui
11058
out le commentaire de ce vers dans la Vive flamme
d’
amour (II, 1). 127. Sainte Thérèse : « De ce désir qui en un instant
11059
flamme d’amour (II, 1). 127. Sainte Thérèse : «
De
ce désir qui en un instant pénètre l’âme entière naît une douleur qui
11060
Thérèse : « De ce désir qui en un instant pénètre
l’
âme entière naît une douleur qui la transporte au-dessus d’elle-même e
11061
nstant pénètre l’âme entière naît une douleur qui
la
transporte au-dessus d’elle-même et de tout le créé. Elle n’aspire qu
11062
ière naît une douleur qui la transporte au-dessus
d’
elle-même et de tout le créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette sol
11063
ouleur qui la transporte au-dessus d’elle-même et
de
tout le créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette solitude. Qu’on lu
11064
ui la transporte au-dessus d’elle-même et de tout
le
créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette solitude. Qu’on lui parle
11065
e. Qu’on lui parle et qu’elle-même se fasse toute
la
violence possible pour répondre : peine inutile, elle a beau faire, e
11066
Sainte Thérèse : « Quelle souveraineté que celle
d’
une âme qui portée à cette hauteur par Dieu lui-même, considère toutes
11067
tes choses sans être enchaînée par aucune. 129.
Le
Déclin du Moyen Âge. 130. Selon A. Jeanroy (op. cit., II, p. 130), o
11068
ne trouve aucune poésie spécialement consacrée à
la
Vierge avant le deuxième tiers du xiiie siècle. 131. Voir la Croisa
11069
nt le deuxième tiers du xiiie siècle. 131. Voir
la
Croisade du Graal, d’Otto Rahn, déjà cité. 132. Nous avons déjà rele
11070
u xiiie siècle. 131. Voir la Croisade du Graal,
d’
Otto Rahn, déjà cité. 132. Nous avons déjà relevé l’influence de cett
11071
tto Rahn, déjà cité. 132. Nous avons déjà relevé
l’
influence de cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques esp
11072
jà cité. 132. Nous avons déjà relevé l’influence
de
cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques espagnols en gé
11073
luence de cette littérature sur sainte Thérèse et
les
mystiques espagnols en général. 133. La Tragédie de Roméo et Juliet
11074
èse et les mystiques espagnols en général. 133.
La
Tragédie de Roméo et Juliette, traduction P.-J. Jouve et G. Pitoëff.
11075
ystiques espagnols en général. 133. La Tragédie
de
Roméo et Juliette, traduction P.-J. Jouve et G. Pitoëff. 134. Floris
11076
4. Floris Delattre, Milton, 1937. (Introduction à
l’
Allegro, au Penseroso et à Samson Agonistes.) 135. Charles Sorel, aut
11077
à Samson Agonistes.) 135. Charles Sorel, auteur
de
Francion, avait écrit l’Anti-Roman ou le Berger extravagant, reprenan
11078
5. Charles Sorel, auteur de Francion, avait écrit
l’
Anti-Roman ou le Berger extravagant, reprenant dans le registre burles
11079
, auteur de Francion, avait écrit l’Anti-Roman ou
le
Berger extravagant, reprenant dans le registre burlesque, dit « réali
11080
ti-Roman ou le Berger extravagant, reprenant dans
le
registre burlesque, dit « réaliste », toutes les situations conventio
11081
s le registre burlesque, dit « réaliste », toutes
les
situations conventionnelles de l’Astrée. De même, Scarron, etc. 136.
11082
éaliste », toutes les situations conventionnelles
de
l’Astrée. De même, Scarron, etc. 136. « Titus, qui aimait passionném
11083
iste », toutes les situations conventionnelles de
l’
Astrée. De même, Scarron, etc. 136. « Titus, qui aimait passionnément
11084
et qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis
de
l’épouser, la renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les prem
11085
qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis de
l’
épouser, la renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les premier
11086
ce qu’on croyait, lui avait promis de l’épouser,
la
renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de
11087
royait, lui avait promis de l’épouser, la renvoya
de
Rome malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire.
11088
malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours
de
son empire. » (Suétone, traduit par Racine, préface de Bérénice.) 13
11089
n empire. » (Suétone, traduit par Racine, préface
de
Bérénice.) 137. Hippolyte parlant d’Aricie, acte Ier, scène Ire : «
11090
ne, préface de Bérénice.) 137. Hippolyte parlant
d’
Aricie, acte Ier, scène Ire : « Dois-je épouser ses droits contre un p
11091
pouser ses droits contre un père irrité ? » 138.
La
confession du Ier acte à la nourrice ; celle du IIe à Hippolyte — « H
11092
père irrité ? » 138. La confession du Ier acte à
la
nourrice ; celle du IIe à Hippolyte — « Hé bien ! connais donc Phèdre
11093
en ! connais donc Phèdre et toute sa fureur… » et
l’
aveu à Thésée, au Ve acte. 139. Nouvelle vérification de ce que nous
11094
à Thésée, au Ve acte. 139. Nouvelle vérification
de
ce que nous disions à propos d’Eckhart : la mystique unitive ignore l
11095
ation de ce que nous disions à propos d’Eckhart :
la
mystique unitive ignore la passion divine. 140. Doctrine fabuleuse
11096
s à propos d’Eckhart : la mystique unitive ignore
la
passion divine. 140. Doctrine fabuleuse , en préparation. 141. Ce
11097
Doctrine fabuleuse , en préparation. 141. Celui
de
Mozart plutôt que celui de Molière, beaucoup moins significatif à mon
11098
éparation. 141. Celui de Mozart plutôt que celui
de
Molière, beaucoup moins significatif à mon avis, et qui d’ailleurs n’
11099
lleurs n’eut aucun succès au xviie siècle. 142.
L’
abbé de Sade, propre oncle du marquis, est l’auteur d’un ouvrage intit
11100
142. L’abbé de Sade, propre oncle du marquis, est
l’
auteur d’un ouvrage intitulé : Remarques sur les premiers poètes franç
11101
bé de Sade, propre oncle du marquis, est l’auteur
d’
un ouvrage intitulé : Remarques sur les premiers poètes français et le
11102
é : Remarques sur les premiers poètes français et
les
troubadours, et de trois volumes (anonymes) de mémoires sur Pétrarque
11103
s premiers poètes français et les troubadours, et
de
trois volumes (anonymes) de mémoires sur Pétrarque. 143. « On a de S
11104
t les troubadours, et de trois volumes (anonymes)
de
mémoires sur Pétrarque. 143. « On a de Sade : Juliette ou les malheu
11105
anonymes) de mémoires sur Pétrarque. 143. « On a
de
Sade : Juliette ou les malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou l
11106
sur Pétrarque. 143. « On a de Sade : Juliette ou
les
malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice.
11107
. 143. « On a de Sade : Juliette ou les malheurs
de
la vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est le co
11108
143. « On a de Sade : Juliette ou les malheurs de
la
vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est le contr
11109
les malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou
les
prospérités du vice. C’est le contraire exactement (donc en psychanal
11110
), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est
le
contraire exactement (donc en psychanalyse, le contraire aussi de ce
11111
st le contraire exactement (donc en psychanalyse,
le
contraire aussi de ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes de l’
11112
ctement (donc en psychanalyse, le contraire aussi
de
ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes de l’une et l’autre fort
11113
yse, le contraire aussi de ce contraire, et ainsi
de
suite) des Remèdes de l’une et l’autre fortune de Pétrarque. » (C.-A.
11114
i de ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes
de
l’une et l’autre fortune de Pétrarque. » (C.-A. Cingria, Pétrarque.)
11115
de suite) des Remèdes de l’une et l’autre fortune
de
Pétrarque. » (C.-A. Cingria, Pétrarque.) 144. Voir Appendice 10. 1
11116
e.) 144. Voir Appendice 10. 145. Rappelons que
l’
amour fameux d’Abélard et Héloïse est le premier exemple historique de
11117
Appendice 10. 145. Rappelons que l’amour fameux
d’
Abélard et Héloïse est le premier exemple historique de la passion don
11118
lard et Héloïse est le premier exemple historique
de
la passion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre d’Héloïse co
11119
d et Héloïse est le premier exemple historique de
la
passion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre d’Héloïse compo
11120
orique de la passion dont nous parlons ici. Voici
le
Chant funèbre d’Héloïse composé (par elle-même ?) en vers latins (cit
11121
ion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre
d’
Héloïse composé (par elle-même ?) en vers latins (cité par Rémusat : A
11122
n vers latins (cité par Rémusat : Abélard, t. I).
L’
amante supplie : Soulage-moi de ma croix. Conduis vers la lumière Mon
11123
: Abélard, t. I). L’amante supplie : Soulage-moi
de
ma croix. Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des
11124
ard, t. I). L’amante supplie : Soulage-moi de ma
croix
. Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieu
11125
supplie : Soulage-moi de ma croix. Conduis vers
la
lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieuses reprend : Qu
11126
x. Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et
le
chœur des religieuses reprend : Qu’ils se reposent de leur labeur Et
11127
œur des religieuses reprend : Qu’ils se reposent
de
leur labeur Et de leur douloureux amour ! Ils demandaient l’union des
11128
s reprend : Qu’ils se reposent de leur labeur Et
de
leur douloureux amour ! Ils demandaient l’union des habitants des deu
11129
eur Et de leur douloureux amour ! Ils demandaient
l’
union des habitants des deux : Déjà ils sont entrés dans le sanctuaire
11130
es habitants des deux : Déjà ils sont entrés dans
le
sanctuaire du Sauveur. Abélard répondit assez mal à cette passion. M
11131
hérétique, se rapproche sur des points essentiels
de
la doctrine spiritualiste des cathares. Et dans ses Lamentations, il
11132
étique, se rapproche sur des points essentiels de
la
doctrine spiritualiste des cathares. Et dans ses Lamentations, il lai
11133
res. Et dans ses Lamentations, il laisse échapper
le
grand cri du romantisme et de Tristan : « Amoris impulsio culpae just
11134
il laisse échapper le grand cri du romantisme et
de
Tristan : « Amoris impulsio culpae justificatio. » 146. Est-ce la f
11135
ris impulsio culpae justificatio. » 146. Est-ce
la
faute à Rousseau ? Ou plutôt au symbolisme ? Beaucoup de dames d’aujo
11136
eau ? Ou plutôt au symbolisme ? Beaucoup de dames
d’
aujourd’hui croient que « mystique » signifie sentimental. Vitraux, pé
11137
tal. Vitraux, pénombre bleue, arpèges, somnolence
de
l’esprit, rêverie des sens… 147. W. Schlegel commença en 1808 une ré
11138
. Vitraux, pénombre bleue, arpèges, somnolence de
l’
esprit, rêverie des sens… 147. W. Schlegel commença en 1808 une rédac
11139
chlegel commença en 1808 une rédaction modernisée
de
Tristan. Puis Rückert, Immermann, Platen, bien d’autres, esquissèrent
11140
res, esquissèrent des Tristan (poèmes et drames).
Le
poème de Platen débute ainsi : « Celui dont les yeux ont une fois con
11141
issèrent des Tristan (poèmes et drames). Le poème
de
Platen débute ainsi : « Celui dont les yeux ont une fois contemplé la
11142
). Le poème de Platen débute ainsi : « Celui dont
les
yeux ont une fois contemplé la beauté est déjà voué à la mort… » 148
11143
si : « Celui dont les yeux ont une fois contemplé
la
beauté est déjà voué à la mort… » 148. Les italiques sont dans le te
11144
ont une fois contemplé la beauté est déjà voué à
la
mort… » 148. Les italiques sont dans le texte original. 149. Autre
11145
templé la beauté est déjà voué à la mort… » 148.
Les
italiques sont dans le texte original. 149. Autre vision manichéenne
11146
à voué à la mort… » 148. Les italiques sont dans
le
texte original. 149. Autre vision manichéenne du monde : la grande œ
11147
iginal. 149. Autre vision manichéenne du monde :
la
grande œuvre du peintre Otto Runge, Les Quatre Saisons, devait représ
11148
du monde : la grande œuvre du peintre Otto Runge,
Les
Quatre Saisons, devait représenter les quatre saisons de l’esprit : l
11149
tto Runge, Les Quatre Saisons, devait représenter
les
quatre saisons de l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité d
11150
re Saisons, devait représenter les quatre saisons
de
l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le j
11151
Saisons, devait représenter les quatre saisons de
l’
esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le jour
11152
vait représenter les quatre saisons de l’esprit :
le
matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le jour, forme ill
11153
es quatre saisons de l’esprit : le matin, qui est
l’
éclairage illimité de l’univers ; le jour, forme illimitée de la créat
11154
l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité
de
l’univers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négati
11155
sprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de
l’
univers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négation
11156
atin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ;
le
jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négation illimitée de
11157
illimité de l’univers ; le jour, forme illimitée
de
la créature ; le soir, négation illimitée de l’existence à l’origine
11158
limité de l’univers ; le jour, forme illimitée de
la
créature ; le soir, négation illimitée de l’existence à l’origine de
11159
ivers ; le jour, forme illimitée de la créature ;
le
soir, négation illimitée de l’existence à l’origine de l’univers ; la
11160
itée de la créature ; le soir, négation illimitée
de
l’existence à l’origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée
11161
e de la créature ; le soir, négation illimitée de
l’
existence à l’origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de
11162
re ; le soir, négation illimitée de l’existence à
l’
origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissanc
11163
ir, négation illimitée de l’existence à l’origine
de
l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu,
11164
négation illimitée de l’existence à l’origine de
l’
univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu, ex
11165
limitée de l’existence à l’origine de l’univers ;
la
nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu, existence abso
11166
gine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée
de
la connaissance de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, Les Ro
11167
e de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de
la
connaissance de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, Les Roman
11168
la nuit, profondeur illimitée de la connaissance
de
Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, Les Romantiques allemands
11169
ce de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch,
Les
Romantiques allemands, p. 285). 150. Tieck raconte l’histoire du tro
11170
mantiques allemands, p. 285). 150. Tieck raconte
l’
histoire du troubadour Jauffré Rudel dans Sternbald, et caractérise lo
11171
é Rudel dans Sternbald, et caractérise longuement
l’
amour courtois dans le Sabbat des sorcières et dans Phantasus. 151. I
11172
, et caractérise longuement l’amour courtois dans
le
Sabbat des sorcières et dans Phantasus. 151. Il faudra attendre un s
11173
dre un siècle pour en voir un : Bergson, disciple
de
Schelling. 152. Voir le Journal de Novalis, et le portrait qu’il don
11174
r un : Bergson, disciple de Schelling. 152. Voir
le
Journal de Novalis, et le portrait qu’il donne de sa fiancée perdue,
11175
son, disciple de Schelling. 152. Voir le Journal
de
Novalis, et le portrait qu’il donne de sa fiancée perdue, Sophie von
11176
e Schelling. 152. Voir le Journal de Novalis, et
le
portrait qu’il donne de sa fiancée perdue, Sophie von Kühn, morte à 1
11177
le Journal de Novalis, et le portrait qu’il donne
de
sa fiancée perdue, Sophie von Kühn, morte à 16 ans. Il note « ses pla
11178
préférés » et qu’« elle boit volontiers du vin ».
Le
Français hausse les épaules devant de tels enfantillages. 153. On li
11179
elle boit volontiers du vin ». Le Français hausse
les
épaules devant de tels enfantillages. 153. On lit dans le Cantique d
11180
s du vin ». Le Français hausse les épaules devant
de
tels enfantillages. 153. On lit dans le Cantique des Cantiques : « L
11181
s devant de tels enfantillages. 153. On lit dans
le
Cantique des Cantiques : « Levez-vous, aquilons, venez autans ! souff
11182
t Jean de la Croix : « Viens, Auster qui réveille
les
amours, — Aspire à travers mon jardin — Et que s’en répandent les ode
11183
pire à travers mon jardin — Et que s’en répandent
les
odeurs. » (Cantico, XXVI.) 154. José Ortega y Gasset, Über die Liebe
11184
José Ortega y Gasset, Über die Liebe. 155. Toute
la
différence entre la cristallisation et l’idéalisation courtoise tient
11185
, Über die Liebe. 155. Toute la différence entre
la
cristallisation et l’idéalisation courtoise tient en ceci : Stendhal
11186
. Toute la différence entre la cristallisation et
l’
idéalisation courtoise tient en ceci : Stendhal sait qu’il y aura décr
11187
hal sait qu’il y aura décristallisation (retour à
la
lucidité). Le contrepoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité.
11188
y aura décristallisation (retour à la lucidité).
Le
contrepoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité. La tragédie to
11189
ité). Le contrepoison du philtre, pour lui, c’est
l’
infidélité. La tragédie tourne au vaudeville. 156. Mélot le délateur,
11190
epoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité.
La
tragédie tourne au vaudeville. 156. Mélot le délateur, c’est le pers
11191
té. La tragédie tourne au vaudeville. 156. Mélot
le
délateur, c’est le personnage constant des poèmes courtois que les tr
11192
rne au vaudeville. 156. Mélot le délateur, c’est
le
personnage constant des poèmes courtois que les troubadours nommaient
11193
st le personnage constant des poèmes courtois que
les
troubadours nommaient le losengier. 157. Cf. chap. 10, livre II. Le
11194
des poèmes courtois que les troubadours nommaient
le
losengier. 157. Cf. chap. 10, livre II. Le roman est un poème qui n’
11195
aient le losengier. 157. Cf. chap. 10, livre II.
Le
roman est un poème qui n’exprime plus l’instant mais la durée. 158.
11196
ivre II. Le roman est un poème qui n’exprime plus
l’
instant mais la durée. 158. Surtout les décors réalistes que nos mett
11197
an est un poème qui n’exprime plus l’instant mais
la
durée. 158. Surtout les décors réalistes que nos metteurs en scène s
11198
prime plus l’instant mais la durée. 158. Surtout
les
décors réalistes que nos metteurs en scène s’obstinent à conserver (l
11199
ue nos metteurs en scène s’obstinent à conserver (
la
décoration de la tente au premier acte, le lierre peint sur les murai
11200
s en scène s’obstinent à conserver (la décoration
de
la tente au premier acte, le lierre peint sur les murailles du burg a
11201
n scène s’obstinent à conserver (la décoration de
la
tente au premier acte, le lierre peint sur les murailles du burg au d
11202
erver (la décoration de la tente au premier acte,
le
lierre peint sur les murailles du burg au deuxième) ! Il faudrait un
11203
de la tente au premier acte, le lierre peint sur
les
murailles du burg au deuxième) ! Il faudrait un décor simplifié à l’e
11204
g au deuxième) ! Il faudrait un décor simplifié à
l’
extrême, abstrait, métaphysique, rêvé. Il faudrait des acteurs hiérati
11205
ques, et non pas cette interminable gesticulation
de
Tristan essoufflé sur sa couche, d’Isolde entravée par ses voiles… 1
11206
gesticulation de Tristan essoufflé sur sa couche,
d’
Isolde entravée par ses voiles… 159. Gwyon (d’où guyon : guide, en vi
11207
e, d’Isolde entravée par ses voiles… 159. Gwyon (
d’
où guyon : guide, en vieux français) c’est le Führer qui détient les s
11208
yon (d’où guyon : guide, en vieux français) c’est
le
Führer qui détient les secrets d’initiation à la voix divinisante. 1
11209
e, en vieux français) c’est le Führer qui détient
les
secrets d’initiation à la voix divinisante. 160. Héritage, dot, « si
11210
français) c’est le Führer qui détient les secrets
d’
initiation à la voix divinisante. 160. Héritage, dot, « situation » d
11211
le Führer qui détient les secrets d’initiation à
la
voix divinisante. 160. Héritage, dot, « situation » des conjoints, r
11212
tage, dot, « situation » des conjoints, relations
d’
affaires, etc. 161. Scène d’un roman de Caldwell intitulé La Route au
11213
conjoints, relations d’affaires, etc. 161. Scène
d’
un roman de Caldwell intitulé La Route au tabac. 162. On connaît la p
11214
relations d’affaires, etc. 161. Scène d’un roman
de
Caldwell intitulé La Route au tabac. 162. On connaît la phrase d’un
11215
etc. 161. Scène d’un roman de Caldwell intitulé
La
Route au tabac. 162. On connaît la phrase d’un officier hitlérien :
11216
well intitulé La Route au tabac. 162. On connaît
la
phrase d’un officier hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononce
11217
ulé La Route au tabac. 162. On connaît la phrase
d’
un officier hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononcer le mot «
11218
hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononcer
le
mot « Geist » (esprit), j’arme mon revolver. »
11219
uerre 1.Parallélisme des formes Du désir à
la
mort par la passion, telle est la voie du romantisme occidental ; et
11220
Parallélisme des formes Du désir à la mort par
la
passion, telle est la voie du romantisme occidental ; et nous y somme
11221
s Du désir à la mort par la passion, telle est
la
voie du romantisme occidental ; et nous y sommes tous engagés pour au
11222
ommes tributaires — inconsciemment bien entendu —
d’
un ensemble de mœurs et de coutumes dont la mystique courtoise a créé
11223
res — inconsciemment bien entendu — d’un ensemble
de
mœurs et de coutumes dont la mystique courtoise a créé les symboles.
11224
ciemment bien entendu — d’un ensemble de mœurs et
de
coutumes dont la mystique courtoise a créé les symboles. Or passion s
11225
endu — d’un ensemble de mœurs et de coutumes dont
la
mystique courtoise a créé les symboles. Or passion signifie souffranc
11226
et de coutumes dont la mystique courtoise a créé
les
symboles. Or passion signifie souffrance. Notre notion de l’amour env
11227
les. Or passion signifie souffrance. Notre notion
de
l’amour enveloppant celle que nous avons de la femme, se trouve donc
11228
. Or passion signifie souffrance. Notre notion de
l’
amour enveloppant celle que nous avons de la femme, se trouve donc lié
11229
otion de l’amour enveloppant celle que nous avons
de
la femme, se trouve donc liée à une notion de la souffrance féconde q
11230
on de l’amour enveloppant celle que nous avons de
la
femme, se trouve donc liée à une notion de la souffrance féconde qui
11231
ons de la femme, se trouve donc liée à une notion
de
la souffrance féconde qui flatte ou légitime obscurément, au plus sec
11232
de la femme, se trouve donc liée à une notion de
la
souffrance féconde qui flatte ou légitime obscurément, au plus secret
11233
ui flatte ou légitime obscurément, au plus secret
de
la conscience occidentale, le goût de la guerre. Cette liaison singul
11234
flatte ou légitime obscurément, au plus secret de
la
conscience occidentale, le goût de la guerre. Cette liaison singulièr
11235
ent, au plus secret de la conscience occidentale,
le
goût de la guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la
11236
plus secret de la conscience occidentale, le goût
de
la guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la femme e
11237
s secret de la conscience occidentale, le goût de
la
guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la femme et d
11238
e, le goût de la guerre. Cette liaison singulière
d’
une certaine idée de la femme et d’une idée correspondante de la guerr
11239
rre. Cette liaison singulière d’une certaine idée
de
la femme et d’une idée correspondante de la guerre, en Occident, entr
11240
. Cette liaison singulière d’une certaine idée de
la
femme et d’une idée correspondante de la guerre, en Occident, entraîn
11241
son singulière d’une certaine idée de la femme et
d’
une idée correspondante de la guerre, en Occident, entraîne de profond
11242
ine idée de la femme et d’une idée correspondante
de
la guerre, en Occident, entraîne de profondes conséquences pour la mo
11243
idée de la femme et d’une idée correspondante de
la
guerre, en Occident, entraîne de profondes conséquences pour la moral
11244
orrespondante de la guerre, en Occident, entraîne
de
profondes conséquences pour la morale, l’éducation, la politique. Un
11245
Occident, entraîne de profondes conséquences pour
la
morale, l’éducation, la politique. Un fort gros livre ne serait pas d
11246
ntraîne de profondes conséquences pour la morale,
l’
éducation, la politique. Un fort gros livre ne serait pas de trop pour
11247
ofondes conséquences pour la morale, l’éducation,
la
politique. Un fort gros livre ne serait pas de trop pour en démêler l
11248
n, la politique. Un fort gros livre ne serait pas
de
trop pour en démêler les aspects. On doit souhaiter que ce livre soit
11249
gros livre ne serait pas de trop pour en démêler
les
aspects. On doit souhaiter que ce livre soit écrit, mais sans se diss
11250
que ce livre soit écrit, mais sans se dissimuler
l’
extrême difficulté de la tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il
11251
rit, mais sans se dissimuler l’extrême difficulté
de
la tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait de posséde
11252
, mais sans se dissimuler l’extrême difficulté de
la
tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait de posséder à
11253
xtrême difficulté de la tâche. Car en effet, pour
la
mener à bien, il s’agirait de posséder à fond la matière rapidement e
11254
Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait
de
posséder à fond la matière rapidement explorée dans les pages qui pré
11255
la mener à bien, il s’agirait de posséder à fond
la
matière rapidement explorée dans les pages qui précèdent, puis une so
11256
sséder à fond la matière rapidement explorée dans
les
pages qui précèdent, puis une solide culture militaire, enfin la somm
11257
écèdent, puis une solide culture militaire, enfin
la
somme des recherches psychologiques entreprises depuis le xixe siècl
11258
des recherches psychologiques entreprises depuis
le
xixe siècle sur la question de l’« instinct combatif » dans ses rela
11259
hologiques entreprises depuis le xixe siècle sur
la
question de l’« instinct combatif » dans ses relations avec l’instinc
11260
ntreprises depuis le xixe siècle sur la question
de
l’« instinct combatif » dans ses relations avec l’instinct sexuel163.
11261
eprises depuis le xixe siècle sur la question de
l’
« instinct combatif » dans ses relations avec l’instinct sexuel163. Fa
11262
e l’« instinct combatif » dans ses relations avec
l’
instinct sexuel163. Faute de quoi, je me bornerai à soulever un certai
11263
ns ses relations avec l’instinct sexuel163. Faute
de
quoi, je me bornerai à soulever un certain nombre de questions, et su
11264
quoi, je me bornerai à soulever un certain nombre
de
questions, et surtout à les situer dans la logique du mythe, qui est
11265
ever un certain nombre de questions, et surtout à
les
situer dans la logique du mythe, qui est mon vrai sujet. On peut pens
11266
nombre de questions, et surtout à les situer dans
la
logique du mythe, qui est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs q
11267
est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs que
l’
examen des formes n’est pas moins instructif, en ce domaine, que la re
11268
es n’est pas moins instructif, en ce domaine, que
la
recherche des causes, et qu’il est certainement moins trompeur. Il n’
11269
ins trompeur. Il n’est pas nécessaire par exemple
de
recourir aux théories de Freud pour constater que l’instinct de guerr
11270
s nécessaire par exemple de recourir aux théories
de
Freud pour constater que l’instinct de guerre et l’érotisme sont fond
11271
recourir aux théories de Freud pour constater que
l’
instinct de guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés : les figu
11272
x théories de Freud pour constater que l’instinct
de
guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés : les figures courant
11273
Freud pour constater que l’instinct de guerre et
l’
érotisme sont fondamentalement liés : les figures courantes du langage
11274
guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés :
les
figures courantes du langage le font voir avec plus d’évidence. Laiss
11275
ntalement liés : les figures courantes du langage
le
font voir avec plus d’évidence. Laissant donc de côté les hypothèses
11276
gures courantes du langage le font voir avec plus
d’
évidence. Laissant donc de côté les hypothèses multiples et changeante
11277
le font voir avec plus d’évidence. Laissant donc
de
côté les hypothèses multiples et changeantes relatives à la genèse de
11278
voir avec plus d’évidence. Laissant donc de côté
les
hypothèses multiples et changeantes relatives à la genèse des instinc
11279
s hypothèses multiples et changeantes relatives à
la
genèse des instincts, je m’en tiendrai à quelques rapprochements form
11280
tiendrai à quelques rapprochements formels entre
les
arts d’aimer et de guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon p
11281
à quelques rapprochements formels entre les arts
d’
aimer et de guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon propos ét
11282
rapprochements formels entre les arts d’aimer et
de
guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon propos étant simplem
11283
le jusqu’à nos jours. Mon propos étant simplement
de
marquer un parallélisme entre l’évolution du mythe et l’évolution de
11284
étant simplement de marquer un parallélisme entre
l’
évolution du mythe et l’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleu
11285
uer un parallélisme entre l’évolution du mythe et
l’
évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’u
11286
lélisme entre l’évolution du mythe et l’évolution
de
la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’a
11287
isme entre l’évolution du mythe et l’évolution de
la
guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’autr
11288
’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs
de
la priorité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour
11289
olution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de
la
priorité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour
11290
a guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité
de
l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiqu
11291
ns préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou
de
l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité, les poè
11292
ité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier
de
l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrièr
11293
de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de
l’
amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières
11294
l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès
l’
Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire le
11295
2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité,
les
poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire les effets de l’
11296
de l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé
de
métaphores guerrières pour décrire les effets de l’amour naturel. Le
11297
tes ont usé de métaphores guerrières pour décrire
les
effets de l’amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche
11298
de métaphores guerrières pour décrire les effets
de
l’amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche des flèche
11299
métaphores guerrières pour décrire les effets de
l’
amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche des flèches m
11300
ières pour décrire les effets de l’amour naturel.
Le
dieu d’amour est un archer qui décoche des flèches mortelles. La femm
11301
ur décrire les effets de l’amour naturel. Le dieu
d’
amour est un archer qui décoche des flèches mortelles. La femme se ren
11302
est un archer qui décoche des flèches mortelles.
La
femme se rend à l’homme qui la conquiert parce qu’il est le meilleur
11303
décoche des flèches mortelles. La femme se rend à
l’
homme qui la conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu d
11304
flèches mortelles. La femme se rend à l’homme qui
la
conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre
11305
e rend à l’homme qui la conquiert parce qu’il est
le
meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession d’
11306
a conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier.
L’
enjeu de la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des
11307
ert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu
de
la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus an
11308
parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de
la
guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus ancie
11309
il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre
de
Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus anciens romans
11310
lleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est
la
possession d’une femme. Et l’un des plus anciens romans que nous poss
11311
. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession
d’
une femme. Et l’un des plus anciens romans que nous possédions, le Thé
11312
l’un des plus anciens romans que nous possédions,
le
Théagène et Chariclée d’Héliodore (iiie siècle) parle déjà des « lut
11313
’Héliodore (iiie siècle) parle déjà des « luttes
d’
amour » et de la « délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les
11314
iie siècle) parle déjà des « luttes d’amour » et
de
la « délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les traits inévit
11315
siècle) parle déjà des « luttes d’amour » et de
la
« délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les traits inévitabl
11316
luttes d’amour » et de la « délicieuse défaite »
de
celui « qui tombe sous les traits inévitables d’Éros ». Plutarque fai
11317
« délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous
les
traits inévitables d’Éros ». Plutarque fait voir que la morale sexuel
11318
de celui « qui tombe sous les traits inévitables
d’
Éros ». Plutarque fait voir que la morale sexuelle des Spartiates s’or
11319
its inévitables d’Éros ». Plutarque fait voir que
la
morale sexuelle des Spartiates s’ordonnait au rendement militaire de
11320
des Spartiates s’ordonnait au rendement militaire
de
ce peuple. L’eugénisme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant l
11321
s’ordonnait au rendement militaire de ce peuple.
L’
eugénisme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant les relations d
11322
au rendement militaire de ce peuple. L’eugénisme
de
Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant les relations des époux, n’
11323
isme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant
les
relations des époux, n’ont d’autre but que d’augmenter l’agressivité
11324
inutieuses réglant les relations des époux, n’ont
d’
autre but que d’augmenter l’agressivité des soldats. Tout cela confirm
11325
nt les relations des époux, n’ont d’autre but que
d’
augmenter l’agressivité des soldats. Tout cela confirme la liaison nat
11326
ions des époux, n’ont d’autre but que d’augmenter
l’
agressivité des soldats. Tout cela confirme la liaison naturelle, c’es
11327
ter l’agressivité des soldats. Tout cela confirme
la
liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique de l’instinct sexuel et
11328
la liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique
de
l’instinct sexuel et de l’instinct combatif. Mais il serait vain de c
11329
liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique de
l’
instinct sexuel et de l’instinct combatif. Mais il serait vain de cher
11330
’est-à-dire physiologique de l’instinct sexuel et
de
l’instinct combatif. Mais il serait vain de chercher des ressemblance
11331
t-à-dire physiologique de l’instinct sexuel et de
l’
instinct combatif. Mais il serait vain de chercher des ressemblances e
11332
el et de l’instinct combatif. Mais il serait vain
de
chercher des ressemblances entre la tactique des Anciens et leur conc
11333
l serait vain de chercher des ressemblances entre
la
tactique des Anciens et leur conception de l’amour. Les deux domaines
11334
entre la tactique des Anciens et leur conception
de
l’amour. Les deux domaines restent soumis à des lois tout à fait dist
11335
tre la tactique des Anciens et leur conception de
l’
amour. Les deux domaines restent soumis à des lois tout à fait distinc
11336
ctique des Anciens et leur conception de l’amour.
Les
deux domaines restent soumis à des lois tout à fait distinctes, et pr
11337
mis à des lois tout à fait distinctes, et privées
de
commune mesure. Il n’en va plus de même dans notre histoire à partir
11338
partir des xiie et xiiie siècles. On voit alors
le
langage amoureux s’enrichir de tournures qui ne désignent plus seulem
11339
les. On voit alors le langage amoureux s’enrichir
de
tournures qui ne désignent plus seulement les gestes élémentaires du
11340
chir de tournures qui ne désignent plus seulement
les
gestes élémentaires du guerrier, mais qui sont empruntées d’une façon
11341
lémentaires du guerrier, mais qui sont empruntées
d’
une façon très précise à l’art des batailles, à la tactique militaire
11342
is qui sont empruntées d’une façon très précise à
l’
art des batailles, à la tactique militaire de l’époque. Il ne s’agit p
11343
d’une façon très précise à l’art des batailles, à
la
tactique militaire de l’époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une o
11344
se à l’art des batailles, à la tactique militaire
de
l’époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une origine commune plus ou
11345
à l’art des batailles, à la tactique militaire de
l’
époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une origine commune plus ou mo
11346
itaire de l’époque. Il ne s’agit plus, désormais,
d’
une origine commune plus ou moins obscurément ressentie, mais bien d’u
11347
ne plus ou moins obscurément ressentie, mais bien
d’
un minutieux parallélisme. L’amant fait le siège de sa Dame. Il livre
11348
ressentie, mais bien d’un minutieux parallélisme.
L’
amant fait le siège de sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu
11349
is bien d’un minutieux parallélisme. L’amant fait
le
siège de sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre
11350
’un minutieux parallélisme. L’amant fait le siège
de
sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre de près,
11351
lisme. L’amant fait le siège de sa Dame. Il livre
d’
amoureux assauts à sa vertu. Il la serre de près, il la poursuit, il c
11352
Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il
la
serre de près, il la poursuit, il cherche à vaincre les dernières déf
11353
livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre
de
près, il la poursuit, il cherche à vaincre les dernières défenses de
11354
ureux assauts à sa vertu. Il la serre de près, il
la
poursuit, il cherche à vaincre les dernières défenses de sa pudeur, e
11355
rre de près, il la poursuit, il cherche à vaincre
les
dernières défenses de sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfi
11356
suit, il cherche à vaincre les dernières défenses
de
sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfin la dame se rend à me
11357
vaincre les dernières défenses de sa pudeur, et à
les
tourner par surprise ; enfin la dame se rend à merci. Mais alors, par
11358
sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfin
la
dame se rend à merci. Mais alors, par une curieuse inversion bien typ
11359
is alors, par une curieuse inversion bien typique
de
la courtoisie, c’est l’amant qui sera son prisonnier en même temps qu
11360
alors, par une curieuse inversion bien typique de
la
courtoisie, c’est l’amant qui sera son prisonnier en même temps que s
11361
se inversion bien typique de la courtoisie, c’est
l’
amant qui sera son prisonnier en même temps que son vainqueur. Il devi
11362
ier en même temps que son vainqueur. Il deviendra
le
vassal de cette suzeraine, selon la règle des guerres féodales, tout
11363
e temps que son vainqueur. Il deviendra le vassal
de
cette suzeraine, selon la règle des guerres féodales, tout comme si c
11364
Il deviendra le vassal de cette suzeraine, selon
la
règle des guerres féodales, tout comme si c’était lui qui avait subi
11365
éodales, tout comme si c’était lui qui avait subi
la
défaite 164. Il ne lui reste plus qu’à faire la preuve de sa vaillanc
11366
i la défaite 164. Il ne lui reste plus qu’à faire
la
preuve de sa vaillance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais l’a
11367
te 164. Il ne lui reste plus qu’à faire la preuve
de
sa vaillance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais l’argot solda
11368
re la preuve de sa vaillance, etc. Tout ceci pour
le
beau langage. Mais l’argot soldatesque et civil nous fournirait une p
11369
llance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais
l’
argot soldatesque et civil nous fournirait une profusion d’exemples d’
11370
oldatesque et civil nous fournirait une profusion
d’
exemples d’une verdeur encore plus significative. Et plus tard, l’intr
11371
et civil nous fournirait une profusion d’exemples
d’
une verdeur encore plus significative. Et plus tard, l’introduction de
11372
verdeur encore plus significative. Et plus tard,
l’
introduction des armes à feu devait donner lieu à d’innombrables plais
11373
introduction des armes à feu devait donner lieu à
d’
innombrables plaisanteries à double sens. Ce parallélisme d’ailleurs e
11374
élisme d’ailleurs est complaisamment exploité par
les
écrivains. C’est un thème de rhétorique inépuisable. « Ô ! trop heure
11375
amment exploité par les écrivains. C’est un thème
de
rhétorique inépuisable. « Ô ! trop heureux capitaine, écrit Brantôme1
11376
, écrit Brantôme165 qui avez combattu et tué tant
d’
hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop h
11377
65 qui avez combattu et tué tant d’hommes ennemis
de
Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop heureux encore une
11378
ombattu et tué tant d’hommes ennemis de Dieu dans
les
armées et dans les villes ! Ô ! trop heureux encore une fois, et plus
11379
d’hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans
les
villes ! Ô ! trop heureux encore une fois, et plus, qui avez combattu
11380
vez combattu et vaincu à tant d’autres assauts et
de
reprises une si belle Dame entre les pavillons de votre lit ! » Il ne
11381
es assauts et de reprises une si belle Dame entre
les
pavillons de votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si les auteurs
11382
de reprises une si belle Dame entre les pavillons
de
votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si les auteurs mystiques rep
11383
ns de votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si
les
auteurs mystiques reprennent ces métaphores devenues banales, et les
11384
es reprennent ces métaphores devenues banales, et
les
transposent selon le processus décrit plus haut, dans le domaine de l
11385
phores devenues banales, et les transposent selon
le
processus décrit plus haut, dans le domaine de l’amour divin. Francis
11386
sposent selon le processus décrit plus haut, dans
le
domaine de l’amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sa
11387
on le processus décrit plus haut, dans le domaine
de
l’amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérès
11388
le processus décrit plus haut, dans le domaine de
l’
amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse l
11389
mour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres
de
sainte Thérèse les plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son
11390
sco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse
les
plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor : « Ne
11391
l’un des maîtres de sainte Thérèse les plus imbus
de
rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor : « Ne pense pas que
11392
) écrit dans son Ley de Amor : « Ne pense pas que
le
combat de l’amour soit comme les autres batailles où la fureur et le
11393
ns son Ley de Amor : « Ne pense pas que le combat
de
l’amour soit comme les autres batailles où la fureur et le fracas d’u
11394
son Ley de Amor : « Ne pense pas que le combat de
l’
amour soit comme les autres batailles où la fureur et le fracas d’une
11395
Ne pense pas que le combat de l’amour soit comme
les
autres batailles où la fureur et le fracas d’une guerre épouvantable
11396
bat de l’amour soit comme les autres batailles où
la
fureur et le fracas d’une guerre épouvantable sévit des deux côtés, c
11397
r soit comme les autres batailles où la fureur et
le
fracas d’une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car l’amour ne
11398
me les autres batailles où la fureur et le fracas
d’
une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car l’amour ne combat qu
11399
une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car
l’
amour ne combat qu’à force de caresses et n’a d’autres menaces que ses
11400
es tendres paroles. Ses flèches et ses coups sont
les
bienfaits et les dons. Sa rencontre est une offre de grande efficacit
11401
s. Ses flèches et ses coups sont les bienfaits et
les
dons. Sa rencontre est une offre de grande efficacité. Les soupirs co
11402
bienfaits et les dons. Sa rencontre est une offre
de
grande efficacité. Les soupirs composent son artillerie. Sa prise de
11403
Sa rencontre est une offre de grande efficacité.
Les
soupirs composent son artillerie. Sa prise de possession est un embra
11404
é. Les soupirs composent son artillerie. Sa prise
de
possession est un embrassement. Sa tuerie est de donner la vie pour l
11405
de possession est un embrassement. Sa tuerie est
de
donner la vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise tr
11406
sion est un embrassement. Sa tuerie est de donner
la
vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l
11407
embrassement. Sa tuerie est de donner la vie pour
l’
aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l’origine, la
11408
est de donner la vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que
la
rhétorique courtoise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et de la
11409
⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à
l’
origine, la lutte du Jour et de la Nuit. La mort y joue un rôle centra
11410
que la rhétorique courtoise traduit, à l’origine,
la
lutte du Jour et de la Nuit. La mort y joue un rôle central : elle es
11411
urtoise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et
de
la Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est la défaite du mond
11412
oise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et de
la
Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est la défaite du monde e
11413
uit, à l’origine, la lutte du Jour et de la Nuit.
La
mort y joue un rôle central : elle est la défaite du monde et la vict
11414
a Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est
la
défaite du monde et la victoire de la vie lumineuse. Amour et mort so
11415
un rôle central : elle est la défaite du monde et
la
victoire de la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse,
11416
ral : elle est la défaite du monde et la victoire
de
la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par l
11417
: elle est la défaite du monde et la victoire de
la
vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par l’in
11418
e la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par
l’
ascèse, comme par l’instinct sont reliés désir et guerre. Mais ni cett
11419
Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par
l’
instinct sont reliés désir et guerre. Mais ni cette origine religieuse
11420
, ni cette complicité physiologique des instincts
de
combat et de procréation ne suffisent à déterminer l’usage précis des
11421
mplicité physiologique des instincts de combat et
de
procréation ne suffisent à déterminer l’usage précis des expressions
11422
ombat et de procréation ne suffisent à déterminer
l’
usage précis des expressions guerrières dans la littérature érotique d
11423
er l’usage précis des expressions guerrières dans
la
littérature érotique d’Occident. Ce qui explique tout, c’est l’existe
11424
pressions guerrières dans la littérature érotique
d’
Occident. Ce qui explique tout, c’est l’existence au Moyen Âge d’une r
11425
érotique d’Occident. Ce qui explique tout, c’est
l’
existence au Moyen Âge d’une règle effectivement commune à l’art d’aim
11426
qui explique tout, c’est l’existence au Moyen Âge
d’
une règle effectivement commune à l’art d’aimer et à l’art militaire,
11427
au Moyen Âge d’une règle effectivement commune à
l’
art d’aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3
11428
yen Âge d’une règle effectivement commune à l’art
d’
aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3.La ch
11429
règle effectivement commune à l’art d’aimer et à
l’
art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi
11430
rt d’aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle
la
chevalerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de la guerre « D
11431
s’appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi
de
l’amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle est,
11432
appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi de
l’
amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle est, sel
11433
chevalerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et
de
la guerre « Donner un style à l’amour », telle est, selon J. Huizi
11434
valerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de
la
guerre « Donner un style à l’amour », telle est, selon J. Huizinga
11435
de l’amour et de la guerre « Donner un style à
l’
amour », telle est, selon J. Huizinga l’aspiration suprême de la socié
11436
n style à l’amour », telle est, selon J. Huizinga
l’
aspiration suprême de la société médiévale dans l’ordre éthique. « C’e
11437
telle est, selon J. Huizinga l’aspiration suprême
de
la société médiévale dans l’ordre éthique. « C’est une nécessité soci
11438
le est, selon J. Huizinga l’aspiration suprême de
la
société médiévale dans l’ordre éthique. « C’est une nécessité sociale
11439
l’aspiration suprême de la société médiévale dans
l’
ordre éthique. « C’est une nécessité sociale, un besoin d’autant plus
11440
éthique. « C’est une nécessité sociale, un besoin
d’
autant plus impérieux que les mœurs sont plus féroces. Il faut élever
11441
té sociale, un besoin d’autant plus impérieux que
les
mœurs sont plus féroces. Il faut élever l’amour à la hauteur d’un rit
11442
x que les mœurs sont plus féroces. Il faut élever
l’
amour à la hauteur d’un rite, la violence débordante de la passion l’e
11443
mœurs sont plus féroces. Il faut élever l’amour à
la
hauteur d’un rite, la violence débordante de la passion l’exige. À mo
11444
plus féroces. Il faut élever l’amour à la hauteur
d’
un rite, la violence débordante de la passion l’exige. À moins que les
11445
s. Il faut élever l’amour à la hauteur d’un rite,
la
violence débordante de la passion l’exige. À moins que les émotions n
11446
ur à la hauteur d’un rite, la violence débordante
de
la passion l’exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer
11447
à la hauteur d’un rite, la violence débordante de
la
passion l’exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer dan
11448
r d’un rite, la violence débordante de la passion
l’
exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer dans des forme
11449
nce débordante de la passion l’exige. À moins que
les
émotions ne se laissent encadrer dans des formes et des règles, c’est
11450
ent encadrer dans des formes et des règles, c’est
la
barbarie. L’Église avait pour tâche de réprimer la brutalité et la li
11451
dans des formes et des règles, c’est la barbarie.
L’
Église avait pour tâche de réprimer la brutalité et la licence du peup
11452
les, c’est la barbarie. L’Église avait pour tâche
de
réprimer la brutalité et la licence du peuple, mais elle n’y suffisai
11453
a barbarie. L’Église avait pour tâche de réprimer
la
brutalité et la licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas. L’ari
11454
lise avait pour tâche de réprimer la brutalité et
la
licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas. L’aristocratie, en de
11455
a licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas.
L’
aristocratie, en dehors des préceptes de la religion, avait sa culture
11456
sait pas. L’aristocratie, en dehors des préceptes
de
la religion, avait sa culture à elle, à savoir la courtoisie, et elle
11457
t pas. L’aristocratie, en dehors des préceptes de
la
religion, avait sa culture à elle, à savoir la courtoisie, et elle y
11458
de la religion, avait sa culture à elle, à savoir
la
courtoisie, et elle y puisait les normes de sa conduite166 ». (Nous s
11459
à elle, à savoir la courtoisie, et elle y puisait
les
normes de sa conduite166 ». (Nous savons en effet que la courtoisie n
11460
avoir la courtoisie, et elle y puisait les normes
de
sa conduite166 ». (Nous savons en effet que la courtoisie non seuleme
11461
es de sa conduite166 ». (Nous savons en effet que
la
courtoisie non seulement ne devait rien à l’Église, mais s’opposait à
11462
que la courtoisie non seulement ne devait rien à
l’
Église, mais s’opposait à sa morale. Voilà qui peut nous inciter à rév
11463
eut nous inciter à réviser bien des jugements sur
l’
unité spirituelle de la société médiévale !) Or s’il est vrai que cett
11464
éviser bien des jugements sur l’unité spirituelle
de
la société médiévale !) Or s’il est vrai que cette morale courtoise n
11465
ser bien des jugements sur l’unité spirituelle de
la
société médiévale !) Or s’il est vrai que cette morale courtoise ne p
11466
e morale courtoise ne parvint guère à transformer
les
mœurs privées des hautes classes, qui demeuraient d’« une rudesse éto
11467
mœurs privées des hautes classes, qui demeuraient
d’
« une rudesse étonnante », du moins joua-t-elle le rôle d’un idéal cré
11468
d’« une rudesse étonnante », du moins joua-t-elle
le
rôle d’un idéal créateur de belles apparences. Elle triompha dans la
11469
rudesse étonnante », du moins joua-t-elle le rôle
d’
un idéal créateur de belles apparences. Elle triompha dans la littérat
11470
du moins joua-t-elle le rôle d’un idéal créateur
de
belles apparences. Elle triompha dans la littérature. Et par ailleurs
11471
créateur de belles apparences. Elle triompha dans
la
littérature. Et par ailleurs, elle réussit à s’imposer à la réalité l
11472
ture. Et par ailleurs, elle réussit à s’imposer à
la
réalité la plus violente du temps, celle de la guerre. Exemple unique
11473
r ailleurs, elle réussit à s’imposer à la réalité
la
plus violente du temps, celle de la guerre. Exemple unique d’un ars a
11474
ser à la réalité la plus violente du temps, celle
de
la guerre. Exemple unique d’un ars amandi qui donne naissance à un ar
11475
à la réalité la plus violente du temps, celle de
la
guerre. Exemple unique d’un ars amandi qui donne naissance à un ars b
11476
ente du temps, celle de la guerre. Exemple unique
d’
un ars amandi qui donne naissance à un ars bellandi. Ce n’est pas seul
11477
ce à un ars bellandi. Ce n’est pas seulement dans
le
détail des règles de combat individuel que se fait sentir l’action de
11478
Ce n’est pas seulement dans le détail des règles
de
combat individuel que se fait sentir l’action de l’idéal chevaleresqu
11479
es règles de combat individuel que se fait sentir
l’
action de l’idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batail
11480
de combat individuel que se fait sentir l’action
de
l’idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batailles, et j
11481
combat individuel que se fait sentir l’action de
l’
idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batailles, et jusq
11482
ntir l’action de l’idéal chevaleresque, mais dans
la
conduite même des batailles, et jusque dans la politique. Le formalis
11483
ns la conduite même des batailles, et jusque dans
la
politique. Le formalisme militaire revêt à cette époque une valeur d’
11484
même des batailles, et jusque dans la politique.
Le
formalisme militaire revêt à cette époque une valeur d’absolu religie
11485
malisme militaire revêt à cette époque une valeur
d’
absolu religieux. Il est fréquent qu’on se laisse tuer pour respecter
11486
’on se laisse tuer pour respecter des conventions
d’
une merveilleuse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre de l’Étoile
11487
es conventions d’une merveilleuse extravagance. «
Les
chevaliers de l’ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne re
11488
d’une merveilleuse extravagance. « Les chevaliers
de
l’ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamai
11489
ne merveilleuse extravagance. « Les chevaliers de
l’
ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais d
11490
illeuse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre
de
l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais de plus d
11491
euse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre de
l’
Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais de plus de q
11492
chevaliers de l’ordre de l’Étoile jurent que dans
le
combat ils ne reculeront jamais de plus de quatre arpents ; sinon ils
11493
e dans le combat ils ne reculeront jamais de plus
de
quatre arpents ; sinon ils devront mourir ou se rendre. Et cette règl
11494
t mourir ou se rendre. Et cette règle étrange, si
l’
on en croit Froissart, coûta la vie, dès le début de l’ordre, à plus d
11495
règle étrange, si l’on en croit Froissart, coûta
la
vie, dès le début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. »
11496
ge, si l’on en croit Froissart, coûta la vie, dès
le
début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les
11497
on en croit Froissart, coûta la vie, dès le début
de
l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessit
11498
en croit Froissart, coûta la vie, dès le début de
l’
ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités
11499
rt, coûta la vie, dès le début de l’ordre, à plus
de
quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités de la stratégie
11500
, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même,
les
nécessités de la stratégie sont sacrifiées à celle de l’esthétique ou
11501
tre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités
de
la stratégie sont sacrifiées à celle de l’esthétique ou de l’honneur
11502
-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités de
la
stratégie sont sacrifiées à celle de l’esthétique ou de l’honneur cou
11503
écessités de la stratégie sont sacrifiées à celle
de
l’esthétique ou de l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterr
11504
ssités de la stratégie sont sacrifiées à celle de
l’
esthétique ou de l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre v
11505
atégie sont sacrifiées à celle de l’esthétique ou
de
l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à la rencontre
11506
gie sont sacrifiées à celle de l’esthétique ou de
l’
honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à la rencontre de
11507
ur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à
la
rencontre des Français avant la bataille d’Azincourt. Par erreur, le
11508
d’Angleterre va à la rencontre des Français avant
la
bataille d’Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse le village que
11509
va à la rencontre des Français avant la bataille
d’
Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse le village que les fourrage
11510
ançais avant la bataille d’Azincourt. Par erreur,
le
soir, il dépasse le village que les fourrageurs lui ont assigné pour
11511
ille d’Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse
le
village que les fourrageurs lui ont assigné pour y dormir cette nuit-
11512
t. Par erreur, le soir, il dépasse le village que
les
fourrageurs lui ont assigné pour y dormir cette nuit-là. Or le roi «
11513
s lui ont assigné pour y dormir cette nuit-là. Or
le
roi « comme celuy qui gardoit le plus les ceremonies d’honneur très l
11514
ette nuit-là. Or le roi « comme celuy qui gardoit
le
plus les ceremonies d’honneur très loable » vient justement d’ordonne
11515
t-là. Or le roi « comme celuy qui gardoit le plus
les
ceremonies d’honneur très loable » vient justement d’ordonner que les
11516
« comme celuy qui gardoit le plus les ceremonies
d’
honneur très loable » vient justement d’ordonner que les chevaliers en
11517
eremonies d’honneur très loable » vient justement
d’
ordonner que les chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte d’a
11518
neur très loable » vient justement d’ordonner que
les
chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte d’armes afin de ne
11519
que les chevaliers en reconnaissance abandonnent
la
cotte d’armes afin de ne pas être, en revenant, obligés de reculer en
11520
chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte
d’
armes afin de ne pas être, en revenant, obligés de reculer en vêtement
11521
d’armes afin de ne pas être, en revenant, obligés
de
reculer en vêtements guerriers. Maintenant, revêtu de sa cotte d’arme
11522
eculer en vêtements guerriers. Maintenant, revêtu
de
sa cotte d’armes, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe la n
11523
tements guerriers. Maintenant, revêtu de sa cotte
d’
armes, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe la nuit dans l’e
11524
s, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe
la
nuit dans l’endroit où il est, et fait se ranger l’avant-garde confor
11525
donc revenir sur ses pas ; il passe la nuit dans
l’
endroit où il est, et fait se ranger l’avant-garde conformément à ce n
11526
nuit dans l’endroit où il est, et fait se ranger
l’
avant-garde conformément à ce nouveau plan. » Les exemples abondent de
11527
r l’avant-garde conformément à ce nouveau plan. »
Les
exemples abondent de carnages inutiles provoqués par des vœux d’une f
11528
mément à ce nouveau plan. » Les exemples abondent
de
carnages inutiles provoqués par des vœux d’une folle outrecuidance et
11529
ndent de carnages inutiles provoqués par des vœux
d’
une folle outrecuidance et que l’on tente d’accomplir au plus grand de
11530
ués par des vœux d’une folle outrecuidance et que
l’
on tente d’accomplir au plus grand des périls possibles. C’est bien le
11531
vœux d’une folle outrecuidance et que l’on tente
d’
accomplir au plus grand des périls possibles. C’est bien le péril qu’o
11532
ir au plus grand des périls possibles. C’est bien
le
péril qu’on recherche pour lui-même, car on n’est pas inapte en d’aut
11533
uver des prétextes pour esquiver ses engagements.
La
casuistique courtoise en offre d’excellents. Cette casuistique « ne r
11534
es engagements. La casuistique courtoise en offre
d’
excellents. Cette casuistique « ne régit pas seulement la morale et le
11535
lents. Cette casuistique « ne régit pas seulement
la
morale et le droit ; elle s’étend à tous les domaines où le style et
11536
casuistique « ne régit pas seulement la morale et
le
droit ; elle s’étend à tous les domaines où le style et la forme sont
11537
ement la morale et le droit ; elle s’étend à tous
les
domaines où le style et la forme sont choses essentielles : les cérém
11538
et le droit ; elle s’étend à tous les domaines où
le
style et la forme sont choses essentielles : les cérémonies, l’étique
11539
; elle s’étend à tous les domaines où le style et
la
forme sont choses essentielles : les cérémonies, l’étiquette, les tou
11540
ù le style et la forme sont choses essentielles :
les
cérémonies, l’étiquette, les tournois, la chasse et surtout l’amour.
11541
forme sont choses essentielles : les cérémonies,
l’
étiquette, les tournois, la chasse et surtout l’amour. » Elle a même e
11542
hoses essentielles : les cérémonies, l’étiquette,
les
tournois, la chasse et surtout l’amour. » Elle a même exercé une infl
11543
lles : les cérémonies, l’étiquette, les tournois,
la
chasse et surtout l’amour. » Elle a même exercé une influence détermi
11544
, l’étiquette, les tournois, la chasse et surtout
l’
amour. » Elle a même exercé une influence déterminante sur le droit de
11545
Elle a même exercé une influence déterminante sur
le
droit des gens à sa naissance. « Droits de butin, droit d’attaque, fi
11546
te sur le droit des gens à sa naissance. « Droits
de
butin, droit d’attaque, fidélité à la parole donnée sont régis par de
11547
des gens à sa naissance. « Droits de butin, droit
d’
attaque, fidélité à la parole donnée sont régis par des règles semblab
11548
e. « Droits de butin, droit d’attaque, fidélité à
la
parole donnée sont régis par des règles semblables à celles qui gouve
11549
par des règles semblables à celles qui gouvernent
le
tournoi et la chasse167 ». L’Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est u
11550
semblables à celles qui gouvernent le tournoi et
la
chasse167 ». L’Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur l
11551
lles qui gouvernent le tournoi et la chasse167 ».
L’
Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur le droit de guerr
11552
tournoi et la chasse167 ». L’Arbre des Batailles
d’
Honoré Bonet est un traité sur le droit de guerre où l’on trouve discu
11553
re des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur
le
droit de guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes
11554
tailles d’Honoré Bonet est un traité sur le droit
de
guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes bibliques
11555
oré Bonet est un traité sur le droit de guerre où
l’
on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes bibliques et d’article
11556
guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups
de
textes bibliques et d’articles de droit canonique des questions de ce
11557
iscutées pêle-mêle à coups de textes bibliques et
d’
articles de droit canonique des questions de ce genre : « Si l’on perd
11558
le-mêle à coups de textes bibliques et d’articles
de
droit canonique des questions de ce genre : « Si l’on perd dans la mê
11559
es et d’articles de droit canonique des questions
de
ce genre : « Si l’on perd dans la mêlée une armure empruntée, est-on
11560
droit canonique des questions de ce genre : « Si
l’
on perd dans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu de la rendre ?
11561
e des questions de ce genre : « Si l’on perd dans
la
mêlée une armure empruntée, est-on tenu de la rendre ? — Est-il permi
11562
d dans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu
de
la rendre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour de fête ? — Va
11563
ans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu de
la
rendre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour de fête ? — Vaut-
11564
untée, est-on tenu de la rendre ? — Est-il permis
de
livrer bataille un jour de fête ? — Vaut-il mieux se battre après les
11565
ndre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour
de
fête ? — Vaut-il mieux se battre après les repas ou à jeun ? — Dans q
11566
un jour de fête ? — Vaut-il mieux se battre après
les
repas ou à jeun ? — Dans quels cas peut-on s’évader de captivité ? »
11567
pas ou à jeun ? — Dans quels cas peut-on s’évader
de
captivité ? » Dans un autre ouvrage, on voit deux capitaines se dispu
11568
deux capitaines se disputer un prisonnier devant
le
chef : « C’est moi qui l’ai saisi le premier dit l’un, par le bras et
11569
er un prisonnier devant le chef : « C’est moi qui
l’
ai saisi le premier dit l’un, par le bras et par la main droite, et lu
11570
C’est moi qui l’ai saisi le premier dit l’un, par
le
bras et par la main droite, et lui ai arraché le gant. — Mais à moi,
11571
’ai saisi le premier dit l’un, par le bras et par
la
main droite, et lui ai arraché le gant. — Mais à moi, dit l’autre, il
11572
le bras et par la main droite, et lui ai arraché
le
gant. — Mais à moi, dit l’autre, il a donné cette même main avec sa p
11573
t aux idées politiques inspirées au Moyen Âge par
la
conception chevaleresque, ce sont essentiellement selon Huizinga : la
11574
eresque, ce sont essentiellement selon Huizinga :
la
lutte pour la paix universelle basée sur l’union des rois, la conquêt
11575
nt essentiellement selon Huizinga : la lutte pour
la
paix universelle basée sur l’union des rois, la conquête de Jérusalem
11576
nga : la lutte pour la paix universelle basée sur
l’
union des rois, la conquête de Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idé
11577
r la paix universelle basée sur l’union des rois,
la
conquête de Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idées chimériques mai
11578
iverselle basée sur l’union des rois, la conquête
de
Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont l’emp
11579
sur l’union des rois, la conquête de Jérusalem et
l’
expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont l’empire ne cessera d
11580
’expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont
l’
empire ne cessera de s’exercer sur les princes jusqu’au xve siècle, e
11581
. Idées chimériques mais dont l’empire ne cessera
de
s’exercer sur les princes jusqu’au xve siècle, en dépit des transfor
11582
es mais dont l’empire ne cessera de s’exercer sur
les
princes jusqu’au xve siècle, en dépit des transformations de tous or
11583
usqu’au xve siècle, en dépit des transformations
de
tous ordres survenues entre-temps en Europe, et à l’encontre des inté
11584
mps en Europe, et à l’encontre des intérêts réels
les
plus urgents. C’est ici que se marque le mieux le caractère particuli
11585
s réels les plus urgents. C’est ici que se marque
le
mieux le caractère particulier de l’idéal courtois, radicalement cont
11586
es plus urgents. C’est ici que se marque le mieux
le
caractère particulier de l’idéal courtois, radicalement contradictoir
11587
i que se marque le mieux le caractère particulier
de
l’idéal courtois, radicalement contradictoire avec la « dure réalité
11588
ue se marque le mieux le caractère particulier de
l’
idéal courtois, radicalement contradictoire avec la « dure réalité » d
11589
’idéal courtois, radicalement contradictoire avec
la
« dure réalité » de l’époque : il représente un pôle d’attraction pou
11590
icalement contradictoire avec la « dure réalité »
de
l’époque : il représente un pôle d’attraction pour les aspirations sp
11591
lement contradictoire avec la « dure réalité » de
l’
époque : il représente un pôle d’attraction pour les aspirations spiri
11592
ure réalité » de l’époque : il représente un pôle
d’
attraction pour les aspirations spirituelles brimées. C’est une forme
11593
’époque : il représente un pôle d’attraction pour
les
aspirations spirituelles brimées. C’est une forme d’évasion romantiqu
11594
aspirations spirituelles brimées. C’est une forme
d’
évasion romantique, en même temps qu’un frein aux instincts. Le formal
11595
antique, en même temps qu’un frein aux instincts.
Le
formalisme minutieux de la guerre s’oppose aux violences du sang féod
11596
u’un frein aux instincts. Le formalisme minutieux
de
la guerre s’oppose aux violences du sang féodal comme le culte de la
11597
n frein aux instincts. Le formalisme minutieux de
la
guerre s’oppose aux violences du sang féodal comme le culte de la cha
11598
uerre s’oppose aux violences du sang féodal comme
le
culte de la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation é
11599
ppose aux violences du sang féodal comme le culte
de
la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique d
11600
se aux violences du sang féodal comme le culte de
la
chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique du x
11601
u sang féodal comme le culte de la chasteté, chez
les
troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique du xiie siècle. « Dans
11602
de la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à
l’
exaltation érotique du xiie siècle. « Dans la conscience du Moyen Âge
11603
e à l’exaltation érotique du xiie siècle. « Dans
la
conscience du Moyen Âge, se forment pour ainsi dire l’une à côté de l
11604
nsi dire l’une à côté de l’autre deux conceptions
de
la vie : la conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sent
11605
dire l’une à côté de l’autre deux conceptions de
la
vie : la conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sentime
11606
ne à côté de l’autre deux conceptions de la vie :
la
conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sentiments morau
11607
conception pieuse, ascétique, attire à elle tous
les
sentiments moraux ; la sensualité, abandonnée au diable, se venge ter
11608
tique, attire à elle tous les sentiments moraux ;
la
sensualité, abandonnée au diable, se venge terriblement. Que l’un ou
11609
iable, se venge terriblement. Que l’un ou l’autre
de
ces penchants prédomine, nous avons le saint ou le pécheur ; mais en
11610
ou l’autre de ces penchants prédomine, nous avons
le
saint ou le pécheur ; mais en général, ils se tiennent en équilibre i
11611
e ces penchants prédomine, nous avons le saint ou
le
pécheur ; mais en général, ils se tiennent en équilibre instable avec
11612
néral, ils se tiennent en équilibre instable avec
d’
énormes écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte
11613
nnent en équilibre instable avec d’énormes écarts
de
la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte Il est pourta
11614
nt en équilibre instable avec d’énormes écarts de
la
balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte Il est pourtant
11615
mes écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou
le
mythe en acte Il est pourtant un domaine où s’opère la synthèse à
11616
en acte Il est pourtant un domaine où s’opère
la
synthèse à peu près parfaite des instincts érotiques et guerriers et
11617
parfaite des instincts érotiques et guerriers et
de
la règle courtoise idéale : c’est le terrain nettement circonscrit de
11618
rfaite des instincts érotiques et guerriers et de
la
règle courtoise idéale : c’est le terrain nettement circonscrit de la
11619
guerriers et de la règle courtoise idéale : c’est
le
terrain nettement circonscrit de la lice où se jouent les tournois. L
11620
e idéale : c’est le terrain nettement circonscrit
de
la lice où se jouent les tournois. Là, les fureurs du sang se donnent
11621
déale : c’est le terrain nettement circonscrit de
la
lice où se jouent les tournois. Là, les fureurs du sang se donnent li
11622
ain nettement circonscrit de la lice où se jouent
les
tournois. Là, les fureurs du sang se donnent libre cours mais sous l’
11623
onscrit de la lice où se jouent les tournois. Là,
les
fureurs du sang se donnent libre cours mais sous l’égide et dans les
11624
fureurs du sang se donnent libre cours mais sous
l’
égide et dans les cadres symboliques d’une cérémonie sacrale. C’est un
11625
se donnent libre cours mais sous l’égide et dans
les
cadres symboliques d’une cérémonie sacrale. C’est un équivalent sport
11626
mais sous l’égide et dans les cadres symboliques
d’
une cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif de la fonction myth
11627
ne cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif
de
la fonction mythique du Tristan telle que nous la définissions : expr
11628
cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif de
la
fonction mythique du Tristan telle que nous la définissions : exprime
11629
de la fonction mythique du Tristan telle que nous
la
définissions : exprimer la passion dans toute sa force, mais en la vo
11630
Tristan telle que nous la définissions : exprimer
la
passion dans toute sa force, mais en la voilant religieusement, de ma
11631
exprimer la passion dans toute sa force, mais en
la
voilant religieusement, de manière à la rendre acceptable au jugement
11632
, mais en la voilant religieusement, de manière à
la
rendre acceptable au jugement de la société. Le tournoi « joue » le m
11633
nt, de manière à la rendre acceptable au jugement
de
la société. Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les tran
11634
de manière à la rendre acceptable au jugement de
la
société. Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les transpo
11635
à la rendre acceptable au jugement de la société.
Le
tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les transports de l’amo
11636
le au jugement de la société. Le tournoi « joue »
le
mythe, physiquement : — « Les transports de l’amour romanesque ne dev
11637
Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — «
Les
transports de l’amour romanesque ne devaient pas seulement être prése
11638
oue » le mythe, physiquement : — « Les transports
de
l’amour romanesque ne devaient pas seulement être présentés sous form
11639
» le mythe, physiquement : — « Les transports de
l’
amour romanesque ne devaient pas seulement être présentés sous forme d
11640
s en spectacle. Ce jeu peut revêtir deux formes :
la
représentation dramatique et le sport. Celui-ci est, au Moyen Âge, de
11641
tir deux formes : la représentation dramatique et
le
sport. Celui-ci est, au Moyen Âge, de beaucoup le plus important. Le
11642
amatique et le sport. Celui-ci est, au Moyen Âge,
de
beaucoup le plus important. Le drame ne traitait encore, en général,
11643
le sport. Celui-ci est, au Moyen Âge, de beaucoup
le
plus important. Le drame ne traitait encore, en général, que la matiè
11644
est, au Moyen Âge, de beaucoup le plus important.
Le
drame ne traitait encore, en général, que la matière sacrée ; l’avent
11645
ant. Le drame ne traitait encore, en général, que
la
matière sacrée ; l’aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle. Le
11646
itait encore, en général, que la matière sacrée ;
l’
aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle. Le sport médiéval, au
11647
l’aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle.
Le
sport médiéval, au contraire, et surtout le tournoi, était lui-même d
11648
elle. Le sport médiéval, au contraire, et surtout
le
tournoi, était lui-même dramatique au plus haut point et contenait, e
11649
haut point et contenait, en outre, une forte dose
d’
érotisme. Partout et toujours, le sport a associé ces deux facteurs :
11650
, une forte dose d’érotisme. Partout et toujours,
le
sport a associé ces deux facteurs : dramatique et amoureux ; mais tan
11651
cteurs : dramatique et amoureux ; mais tandis que
les
sports modernes sont presque retournés à la simplicité grecque, le to
11652
que les sports modernes sont presque retournés à
la
simplicité grecque, le tournoi de la fin du Moyen Âge, avec ses riche
11653
s sont presque retournés à la simplicité grecque,
le
tournoi de la fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise
11654
que retournés à la simplicité grecque, le tournoi
de
la fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise en scène, p
11655
retournés à la simplicité grecque, le tournoi de
la
fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise en scène, pouv
11656
es ornements et sa mise en scène, pouvait remplir
les
fonctions du drame lui-même. »168 Rien ne me paraît plus propre à re
11657
. »168 Rien ne me paraît plus propre à restituer
l’
atmosphère de rêve du Roman de Tristan que les descriptions de tournoi
11658
ne me paraît plus propre à restituer l’atmosphère
de
rêve du Roman de Tristan que les descriptions de tournois qu’on peut
11659
propre à restituer l’atmosphère de rêve du Roman
de
Tristan que les descriptions de tournois qu’on peut lire dans les œuv
11660
tuer l’atmosphère de rêve du Roman de Tristan que
les
descriptions de tournois qu’on peut lire dans les œuvres de Chastella
11661
de rêve du Roman de Tristan que les descriptions
de
tournois qu’on peut lire dans les œuvres de Chastellain et les mémoir
11662
les descriptions de tournois qu’on peut lire dans
les
œuvres de Chastellain et les mémoires d’Olivier de la Marche, tous de
11663
tions de tournois qu’on peut lire dans les œuvres
de
Chastellain et les mémoires d’Olivier de la Marche, tous deux histori
11664
qu’on peut lire dans les œuvres de Chastellain et
les
mémoires d’Olivier de la Marche, tous deux historiographes du fastueu
11665
re dans les œuvres de Chastellain et les mémoires
d’
Olivier de la Marche, tous deux historiographes du fastueux et chevale
11666
istoriographes du fastueux et chevaleresque duché
de
Bourgogne au xve siècle. L’amour et la mort s’y marient dans un pays
11667
chevaleresque duché de Bourgogne au xve siècle.
L’
amour et la mort s’y marient dans un paysage artificiel et symbolique
11668
que duché de Bourgogne au xve siècle. L’amour et
la
mort s’y marient dans un paysage artificiel et symbolique de très hau
11669
marient dans un paysage artificiel et symbolique
de
très haute mélancolie. « L’héroïsme par amour — voilà le motif romane
11670
ificiel et symbolique de très haute mélancolie. «
L’
héroïsme par amour — voilà le motif romanesque qui doit apparaître par
11671
haute mélancolie. « L’héroïsme par amour — voilà
le
motif romanesque qui doit apparaître partout et toujours. C’est la tr
11672
ue qui doit apparaître partout et toujours. C’est
la
transformation immédiate du désir sensuel en un sacrifice de soi-même
11673
mation immédiate du désir sensuel en un sacrifice
de
soi-même qui semble faire partie du domaine de l’éthique… L’expressio
11674
ce de soi-même qui semble faire partie du domaine
de
l’éthique… L’expression et la satisfaction du désir, qui paraissent t
11675
de soi-même qui semble faire partie du domaine de
l’
éthique… L’expression et la satisfaction du désir, qui paraissent tout
11676
qui semble faire partie du domaine de l’éthique…
L’
expression et la satisfaction du désir, qui paraissent toutes deux imp
11677
e partie du domaine de l’éthique… L’expression et
la
satisfaction du désir, qui paraissent toutes deux impossibles se tran
11678
sibles se transforment en une chose plus élevée :
l’
action héroïque entreprise par amour. La mort devient alors la seule a
11679
élevée : l’action héroïque entreprise par amour.
La
mort devient alors la seule alternative à l’accomplissement du désir,
11680
oïque entreprise par amour. La mort devient alors
la
seule alternative à l’accomplissement du désir, et la délivrance est
11681
our. La mort devient alors la seule alternative à
l’
accomplissement du désir, et la délivrance est donc de toute manière a
11682
eule alternative à l’accomplissement du désir, et
la
délivrance est donc de toute manière assurée. » La mise en scène des
11683
complissement du désir, et la délivrance est donc
de
toute manière assurée. » La mise en scène des tournois emprunte ses i
11684
a délivrance est donc de toute manière assurée. »
La
mise en scène des tournois emprunte ses idées aux romans de la Table
11685
scène des tournois emprunte ses idées aux romans
de
la Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de la Fonta
11686
ène des tournois emprunte ses idées aux romans de
la
Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de la Fontaine
11687
romans de la Table ronde. Ainsi, au xve siècle,
le
Pas d’Armes dit de la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure r
11688
de la Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas
d’
Armes dit de la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesq
11689
ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit
de
la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesque imaginair
11690
nde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de
la
Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesque imaginaire.
11691
st basé sur une aventure romanesque imaginaire. «
La
fontaine est construite à cet effet. Pendant une année entière, tous
11692
is, un chevalier anonyme viendra déployer, devant
la
fontaine, une tente dans laquelle est assise une dame (en effigie nat
11693
e qui porte trois écus. Tout chevalier qui touche
l’
écu s’engage à un combat dans les conditions décrites par les « chapit
11694
valier qui touche l’écu s’engage à un combat dans
les
conditions décrites par les « chapitres » du pas d’armes. C’est à che
11695
gage à un combat dans les conditions décrites par
les
« chapitres » du pas d’armes. C’est à cheval qu’il faut toucher les b
11696
conditions décrites par les « chapitres » du pas
d’
armes. C’est à cheval qu’il faut toucher les boucliers : les chevalier
11697
du pas d’armes. C’est à cheval qu’il faut toucher
les
boucliers : les chevaliers trouveront toujours des chevaux prêts à ce
11698
C’est à cheval qu’il faut toucher les boucliers :
les
chevaliers trouveront toujours des chevaux prêts à cet usage. » « Le
11699
eront toujours des chevaux prêts à cet usage. » «
Le
chevalier est toujours inconnu ; c’est « le blanc chevalier », « le c
11700
. » « Le chevalier est toujours inconnu ; c’est «
le
blanc chevalier », « le chevalier mesconnu », le « chevalier à la pèl
11701
oujours inconnu ; c’est « le blanc chevalier », «
le
chevalier mesconnu », le « chevalier à la pèlerine » ; parfois il app
11702
le blanc chevalier », « le chevalier mesconnu »,
le
« chevalier à la pèlerine » ; parfois il apparaît en héros de roman e
11703
er », « le chevalier mesconnu », le « chevalier à
la
pèlerine » ; parfois il apparaît en héros de roman et s’appelle le ch
11704
er à la pèlerine » ; parfois il apparaît en héros
de
roman et s’appelle le chevalier au cygne, ou porte les armes de Lance
11705
arfois il apparaît en héros de roman et s’appelle
le
chevalier au cygne, ou porte les armes de Lancelot, de Tristan ou de
11706
oman et s’appelle le chevalier au cygne, ou porte
les
armes de Lancelot, de Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un vo
11707
appelle le chevalier au cygne, ou porte les armes
de
Lancelot, de Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile de mé
11708
evalier au cygne, ou porte les armes de Lancelot,
de
Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile de mélancolie est
11709
ne, ou porte les armes de Lancelot, de Tristan ou
de
Palamedes… Le plus souvent, un voile de mélancolie est répandu sur to
11710
es armes de Lancelot, de Tristan ou de Palamedes…
Le
plus souvent, un voile de mélancolie est répandu sur toute l’action :
11711
ristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile
de
mélancolie est répandu sur toute l’action : le nom de la Fontaine des
11712
ent, un voile de mélancolie est répandu sur toute
l’
action : le nom de la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Le
11713
le de mélancolie est répandu sur toute l’action :
le
nom de la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont
11714
élancolie est répandu sur toute l’action : le nom
de
la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont blancs
11715
ncolie est répandu sur toute l’action : le nom de
la
Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont blancs, v
11716
la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif.
Les
écus sont blancs, violets et noirs, semés de larmes blanches ; on les
11717
if. Les écus sont blancs, violets et noirs, semés
de
larmes blanches ; on les touche par pitié pour la « Dame des pleurs »
11718
, violets et noirs, semés de larmes blanches ; on
les
touche par pitié pour la « Dame des pleurs ». À l’emprise du Dragon,
11719
de larmes blanches ; on les touche par pitié pour
la
« Dame des pleurs ». À l’emprise du Dragon, célébré à l’occasion du d
11720
s touche par pitié pour la « Dame des pleurs ». À
l’
emprise du Dragon, célébré à l’occasion du départ de sa fille Margueri
11721
me des pleurs ». À l’emprise du Dragon, célébré à
l’
occasion du départ de sa fille Marguerite devenue reine d’Angleterre,
11722
emprise du Dragon, célébré à l’occasion du départ
de
sa fille Marguerite devenue reine d’Angleterre, le roi René apparaît
11723
e sa fille Marguerite devenue reine d’Angleterre,
le
roi René apparaît en noir, sur un cheval noir caparaçonné de noir, av
11724
apparaît en noir, sur un cheval noir caparaçonné
de
noir, avec une lance noire et un écu de sable aux larmes d’argent… Po
11725
paraçonné de noir, avec une lance noire et un écu
de
sable aux larmes d’argent… Pour l’Arbre Charlemagne, les écus sont no
11726
vec une lance noire et un écu de sable aux larmes
d’
argent… Pour l’Arbre Charlemagne, les écus sont noirs et violets aux l
11727
oire et un écu de sable aux larmes d’argent… Pour
l’
Arbre Charlemagne, les écus sont noirs et violets aux larmes noires ou
11728
le aux larmes d’argent… Pour l’Arbre Charlemagne,
les
écus sont noirs et violets aux larmes noires ou or. » L’élément éroti
11729
sont noirs et violets aux larmes noires ou or. »
L’
élément érotique du tournoi apparaît encore dans la coutume du chevali
11730
’élément érotique du tournoi apparaît encore dans
la
coutume du chevalier de porter le voile ou une pièce du vêtement de s
11731
rnoi apparaît encore dans la coutume du chevalier
de
porter le voile ou une pièce du vêtement de sa dame, qu’il lui remet
11732
aît encore dans la coutume du chevalier de porter
le
voile ou une pièce du vêtement de sa dame, qu’il lui remet parfois, a
11733
alier de porter le voile ou une pièce du vêtement
de
sa dame, qu’il lui remet parfois, après le combat, tout maculé de son
11734
tement de sa dame, qu’il lui remet parfois, après
le
combat, tout maculé de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans
11735
l lui remet parfois, après le combat, tout maculé
de
son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans de la Table ronde.) «
11736
out maculé de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans
les
romans de la Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait le
11737
de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans
de
la Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait les tournois
11738
son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans de
la
Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait les tournois ex
11739
it Lancelot dans les romans de la Table ronde.) «
L’
atmosphère de passion qui entourait les tournois explique l’hostilité
11740
ans les romans de la Table ronde.) « L’atmosphère
de
passion qui entourait les tournois explique l’hostilité de l’Église p
11741
e ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait
les
tournois explique l’hostilité de l’Église pour ces sports. Ceux-ci pr
11742
re de passion qui entourait les tournois explique
l’
hostilité de l’Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’
11743
n qui entourait les tournois explique l’hostilité
de
l’Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’éclatants ad
11744
ui entourait les tournois explique l’hostilité de
l’
Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’éclatants adult
11745
ise pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois
d’
éclatants adultères, comme le témoigne à propos du tournois de 1389, l
11746
provoquaient parfois d’éclatants adultères, comme
le
témoigne à propos du tournois de 1389, le Religieux de Saint-Denis, e
11747
adultères, comme le témoigne à propos du tournois
de
1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci, Jean Ju
11748
, comme le témoigne à propos du tournois de 1389,
le
Religieux de Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci, Jean Juvénal des
11749
moigne à propos du tournois de 1389, le Religieux
de
Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂
11750
nois de 1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur
la
foi de celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant, la grande vo
11751
1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur la foi
de
celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant, la grande vogue des
11752
celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant,
la
grande vogue des tournois est l’indice d’un déclin de la chevalerie.
11753
. » ⁂ Cependant, la grande vogue des tournois est
l’
indice d’un déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début d
11754
endant, la grande vogue des tournois est l’indice
d’
un déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve si
11755
rande vogue des tournois est l’indice d’un déclin
de
la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve siècle (batail
11756
de vogue des tournois est l’indice d’un déclin de
la
chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve siècle (bataille
11757
n déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès
le
début du xve siècle (bataille d’Azincourt) à des réalités de plus en
11758
i se heurte dès le début du xve siècle (bataille
d’
Azincourt) à des réalités de plus en plus brutales et matérielles qui
11759
lités de plus en plus brutales et matérielles qui
la
rejettent dans la littérature, les fêtes et les jeux symboliques. « E
11760
lus brutales et matérielles qui la rejettent dans
la
littérature, les fêtes et les jeux symboliques. « En tant que princip
11761
matérielles qui la rejettent dans la littérature,
les
fêtes et les jeux symboliques. « En tant que principe militaire, la c
11762
ui la rejettent dans la littérature, les fêtes et
les
jeux symboliques. « En tant que principe militaire, la chevalerie éta
11763
ux symboliques. « En tant que principe militaire,
la
chevalerie était devenue insuffisante ; la tactique avait depuis long
11764
taire, la chevalerie était devenue insuffisante ;
la
tactique avait depuis longtemps renoncé à se conformer à ses règles :
11765
s longtemps renoncé à se conformer à ses règles :
la
guerre, aux xive et xve siècles, était faite d’approches furtives,
11766
la guerre, aux xive et xve siècles, était faite
d’
approches furtives, d’incursions et de raids. » Cependant « vers l’an
11767
t xve siècles, était faite d’approches furtives,
d’
incursions et de raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimie
11768
était faite d’approches furtives, d’incursions et
de
raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimiers et les blason
11769
ves, d’incursions et de raids. » Cependant « vers
l’
an 1400 encore, les cimiers et les blasons, les bannières et les cris
11770
et de raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore,
les
cimiers et les blasons, les bannières et les cris de guerre conserven
11771
Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimiers et
les
blasons, les bannières et les cris de guerre conservent aux combats u
11772
ers l’an 1400 encore, les cimiers et les blasons,
les
bannières et les cris de guerre conservent aux combats un caractère i
11773
ore, les cimiers et les blasons, les bannières et
les
cris de guerre conservent aux combats un caractère individuel et l’ap
11774
cimiers et les blasons, les bannières et les cris
de
guerre conservent aux combats un caractère individuel et l’apparence
11775
conservent aux combats un caractère individuel et
l’
apparence d’un noble sport ». Mais dans le courant du xve siècle, l’o
11776
ux combats un caractère individuel et l’apparence
d’
un noble sport ». Mais dans le courant du xve siècle, l’on se met à c
11777
duel et l’apparence d’un noble sport ». Mais dans
le
courant du xve siècle, l’on se met à combattre à pied et en rangs. A
11778
ble sport ». Mais dans le courant du xve siècle,
l’
on se met à combattre à pied et en rangs. Autre transformation signifi
11779
et en rangs. Autre transformation significative à
la
fin du siècle : les lansquenets introduisent l’usage du tambour, d’or
11780
transformation significative à la fin du siècle :
les
lansquenets introduisent l’usage du tambour, d’origine orientale. « A
11781
à la fin du siècle : les lansquenets introduisent
l’
usage du tambour, d’origine orientale. « Avec son effet hypnotique et
11782
les lansquenets introduisent l’usage du tambour,
d’
origine orientale. « Avec son effet hypnotique et inharmonieux, le tam
11783
ale. « Avec son effet hypnotique et inharmonieux,
le
tambour symbolise la transition entre l’époque de la chevalerie et ce
11784
hypnotique et inharmonieux, le tambour symbolise
la
transition entre l’époque de la chevalerie et celle de l’art militair
11785
monieux, le tambour symbolise la transition entre
l’
époque de la chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est u
11786
le tambour symbolise la transition entre l’époque
de
la chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est un élément
11787
tambour symbolise la transition entre l’époque de
la
chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est un élément da
11788
ansition entre l’époque de la chevalerie et celle
de
l’art militaire moderne ; il est un élément dans la mécanisation de l
11789
ition entre l’époque de la chevalerie et celle de
l’
art militaire moderne ; il est un élément dans la mécanisation de la g
11790
l’art militaire moderne ; il est un élément dans
la
mécanisation de la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la c
11791
moderne ; il est un élément dans la mécanisation
de
la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’
11792
derne ; il est un élément dans la mécanisation de
la
guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’inv
11793
lément dans la mécanisation de la guerre. » Enfin
le
coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’invention de l’artille
11794
ans la mécanisation de la guerre. » Enfin le coup
de
grâce sera porté à la chevalerie par l’invention de l’artillerie. « E
11795
la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à
la
chevalerie par l’invention de l’artillerie. « Et n’est-ce pas une iro
11796
n le coup de grâce sera porté à la chevalerie par
l’
invention de l’artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fi
11797
grâce sera porté à la chevalerie par l’invention
de
l’artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fit que cette
11798
âce sera porté à la chevalerie par l’invention de
l’
artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fit que cette fle
11799
qui fit que cette fleur des chevaliers errants à
la
mode de Bourgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet de canon
11800
que cette fleur des chevaliers errants à la mode
de
Bourgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet de canon ? » ⁂ I
11801
rgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet
de
canon ? » ⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions de la guerre
11802
boulet de canon ? » ⁂ Il n’en reste pas moins que
les
conventions de la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutum
11803
? » ⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions
de
la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales
11804
⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions de
la
guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’
11805
ste pas moins que les conventions de la guerre et
de
l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’une empreinte
11806
pas moins que les conventions de la guerre et de
l’
amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’une empreinte qu
11807
ns de la guerre et de l’amour courtois ont marqué
les
coutumes occidentales d’une empreinte qui ne s’effacera guère qu’au x
11808
our courtois ont marqué les coutumes occidentales
d’
une empreinte qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle. L’idée de val
11809
reinte qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle.
L’
idée de valeur individuelle, ou d’exploit guerrier, représenté par le
11810
qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle. L’idée
de
valeur individuelle, ou d’exploit guerrier, représenté par le duel et
11811
au xxe siècle. L’idée de valeur individuelle, ou
d’
exploit guerrier, représenté par le duel et la « prouesse » (tournoi,
11812
dividuelle, ou d’exploit guerrier, représenté par
le
duel et la « prouesse » (tournoi, combat singulier des deux chefs en
11813
ou d’exploit guerrier, représenté par le duel et
la
« prouesse » (tournoi, combat singulier des deux chefs en présence) ;
11814
i, combat singulier des deux chefs en présence) ;
l’
idée de régler les batailles d’après un protocole quasi sacral ; la co
11815
at singulier des deux chefs en présence) ; l’idée
de
régler les batailles d’après un protocole quasi sacral ; la conceptio
11816
er des deux chefs en présence) ; l’idée de régler
les
batailles d’après un protocole quasi sacral ; la conception ascétique
11817
les batailles d’après un protocole quasi sacral ;
la
conception ascétique de la vie militaire (jeûnes prolongés avant l’ép
11818
protocole quasi sacral ; la conception ascétique
de
la vie militaire (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ; les c
11819
otocole quasi sacral ; la conception ascétique de
la
vie militaire (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ; les conv
11820
tique de la vie militaire (jeûnes prolongés avant
l’
épreuve des armes) ; les conventions permettant de déterminer le vainq
11821
re (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ;
les
conventions permettant de déterminer le vainqueur (c’est par exemple
11822
l’épreuve des armes) ; les conventions permettant
de
déterminer le vainqueur (c’est par exemple celui qui passe la nuit su
11823
armes) ; les conventions permettant de déterminer
le
vainqueur (c’est par exemple celui qui passe la nuit sur le champ de
11824
r le vainqueur (c’est par exemple celui qui passe
la
nuit sur le champ de bataille) ; enfin et surtout le parallélisme exa
11825
ur (c’est par exemple celui qui passe la nuit sur
le
champ de bataille) ; enfin et surtout le parallélisme exact des symbo
11826
nuit sur le champ de bataille) ; enfin et surtout
le
parallélisme exact des symboles érotiques et militaires, — tout cela
11827
otiques et militaires, — tout cela ne cessera pas
de
déterminer les modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si
11828
itaires, — tout cela ne cessera pas de déterminer
les
modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si bien que l’on p
11829
tout cela ne cessera pas de déterminer les modes
de
guerroyer à travers les siècles suivants. Si bien que l’on pourra con
11830
as de déterminer les modes de guerroyer à travers
les
siècles suivants. Si bien que l’on pourra considérer tout changement
11831
royer à travers les siècles suivants. Si bien que
l’
on pourra considérer tout changement dans la tactique militaire comme
11832
n que l’on pourra considérer tout changement dans
la
tactique militaire comme relatif à un changement dans les conceptions
11833
ique militaire comme relatif à un changement dans
les
conceptions de l’amour, ou inversement. 5. Condottieri et canons
11834
omme relatif à un changement dans les conceptions
de
l’amour, ou inversement. 5. Condottieri et canons L’Italie n’a
11835
e relatif à un changement dans les conceptions de
l’
amour, ou inversement. 5. Condottieri et canons L’Italie n’avai
11836
, ou inversement. 5. Condottieri et canons
L’
Italie n’avait jamais été si florissante ni si paisible qu’elle l’étai
11837
jamais été si florissante ni si paisible qu’elle
l’
était vers l’année 1490. Une paix profonde régnait dans ses provinces
11838
i florissante ni si paisible qu’elle l’était vers
l’
année 1490. Une paix profonde régnait dans ses provinces : les montagn
11839
0. Une paix profonde régnait dans ses provinces :
les
montagnes et les plaines étaient également fertiles ; riche, bien peu
11840
nde régnait dans ses provinces : les montagnes et
les
plaines étaient également fertiles ; riche, bien peuplée et ne reconn
11841
s ; riche, bien peuplée et ne reconnaissant point
de
domination étrangère, elle tirait encore un nouveau lustre de la magn
11842
n étrangère, elle tirait encore un nouveau lustre
de
la magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand
11843
trangère, elle tirait encore un nouveau lustre de
la
magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand nom
11844
irait encore un nouveau lustre de la magnificence
de
plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand nombre de villes cé
11845
un nouveau lustre de la magnificence de plusieurs
de
ses Princes, de la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de
11846
e de la magnificence de plusieurs de ses Princes,
de
la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Si
11847
e la magnificence de plusieurs de ses Princes, de
la
beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Siège
11848
ficence de plusieurs de ses Princes, de la beauté
d’
un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Siège de la Rel
11849
rs de ses Princes, de la beauté d’un grand nombre
de
villes célèbres et de la majesté du Siège de la Religion. Les Science
11850
la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et
de
la majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et les Arts fleuriss
11851
beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de
la
majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et les Arts fleurissaie
11852
élèbres et de la majesté du Siège de la Religion.
Les
Sciences et les Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait de g
11853
majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et
les
Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait de grands hommes d’É
11854
Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait
de
grands hommes d’État, et même d’excellents capitaines pour ce temps-l
11855
, elle possédait de grands hommes d’État, et même
d’
excellents capitaines pour ce temps-là.169 Ces capitaines, c’étaien
11856
pour ce temps-là.169 Ces capitaines, c’étaient
les
condottieri. Soldats de métier au service des Princes et des papes, i
11857
es capitaines, c’étaient les condottieri. Soldats
de
métier au service des Princes et des papes, ils avaient pour coutume
11858
et des papes, ils avaient pour coutume bien moins
de
faire la guerre que d’empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers
11859
pes, ils avaient pour coutume bien moins de faire
la
guerre que d’empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers étaient
11860
nt pour coutume bien moins de faire la guerre que
d’
empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers étaient avant tout d’a
11861
tuât du monde. Ces aventuriers étaient avant tout
d’
avisés diplomates, d’astucieux commerçants. Ils savaient le prix d’un
11862
enturiers étaient avant tout d’avisés diplomates,
d’
astucieux commerçants. Ils savaient le prix d’un soldat. Leur tactique
11863
diplomates, d’astucieux commerçants. Ils savaient
le
prix d’un soldat. Leur tactique consistait essentiellement à faire de
11864
es, d’astucieux commerçants. Ils savaient le prix
d’
un soldat. Leur tactique consistait essentiellement à faire des prison
11865
llement à faire des prisonniers et à désorganiser
les
corps ennemis. Parfois — c’était leur suprême réussite — ils parvenai
11866
leur suprême réussite — ils parvenaient à battre
l’
adversaire d’une manière vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemb
11867
réussite — ils parvenaient à battre l’adversaire
d’
une manière vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemble de ses for
11868
’une manière vraiment radicale : ils détruisaient
l’
ensemble de ses forces en achetant d’un bloc son armée. Quand ils n’y
11869
e vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemble
de
ses forces en achetant d’un bloc son armée. Quand ils n’y arrivaient
11870
détruisaient l’ensemble de ses forces en achetant
d’
un bloc son armée. Quand ils n’y arrivaient pas, il fallait se résoudr
11871
n danger : « On combat toujours à cheval, couvert
d’
armes et assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vai
11872
mbat toujours à cheval, couvert d’armes et assuré
de
la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus est presque t
11873
t toujours à cheval, couvert d’armes et assuré de
la
vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus est presque touj
11874
et assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier…
La
vie des vaincus est presque toujours respectée. Ils ne sont pas longt
11875
temps prisonniers et ils recouvrent très aisément
la
liberté. Une ville a beau se révolter vingt fois, elle n’est jamais d
11876
révolter vingt fois, elle n’est jamais détruite ;
les
habitants conservent toutes leurs propriétés ; tout ce qu’ils ont à c
11877
propriétés ; tout ce qu’ils ont à craindre, c’est
de
payer une contribution.170 » Cet art de guerre exprimait dans son pla
11878
re, c’est de payer une contribution.170 » Cet art
de
guerre exprimait dans son plan — alors considéré comme inférieur — un
11879
nt humanisée, une « civilisation » profonde, donc
le
contraire d’une « militarisation ». L’État était devenu une œuvre d’a
11880
une « civilisation » profonde, donc le contraire
d’
une « militarisation ». L’État était devenu une œuvre d’art, selon l’e
11881
onde, donc le contraire d’une « militarisation ».
L’
État était devenu une œuvre d’art, selon l’expression de Burckhardt. L
11882
ion ». L’État était devenu une œuvre d’art, selon
l’
expression de Burckhardt. La guerre elle-même s’était civilisée, dans
11883
était devenu une œuvre d’art, selon l’expression
de
Burckhardt. La guerre elle-même s’était civilisée, dans toute la mesu
11884
ne œuvre d’art, selon l’expression de Burckhardt.
La
guerre elle-même s’était civilisée, dans toute la mesure où le parado
11885
La guerre elle-même s’était civilisée, dans toute
la
mesure où le paradoxe est soutenable. Le duel des chefs était fort en
11886
e-même s’était civilisée, dans toute la mesure où
le
paradoxe est soutenable. Le duel des chefs était fort en honneur, et
11887
ns toute la mesure où le paradoxe est soutenable.
Le
duel des chefs était fort en honneur, et suffisait à terminer une cam
11888
mpagne. (Ce n’était plus d’ailleurs un « jugement
de
Dieu », mais le triomphe d’une personnalité). On réprouvait l’usage d
11889
ait plus d’ailleurs un « jugement de Dieu », mais
le
triomphe d’une personnalité). On réprouvait l’usage des armes à feu c
11890
illeurs un « jugement de Dieu », mais le triomphe
d’
une personnalité). On réprouvait l’usage des armes à feu comme contrai
11891
is le triomphe d’une personnalité). On réprouvait
l’
usage des armes à feu comme contraire à la dignité de l’individu. (Le
11892
rouvait l’usage des armes à feu comme contraire à
la
dignité de l’individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever
11893
sage des armes à feu comme contraire à la dignité
de
l’individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’
11894
e des armes à feu comme contraire à la dignité de
l’
individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un
11895
feu comme contraire à la dignité de l’individu. (
Le
condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un de ses advers
11896
du. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever
les
yeux d’un de ses adversaires parce que le misérable avait osé souteni
11897
ondottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux
d’
un de ses adversaires parce que le misérable avait osé soutenir la lég
11898
tiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un
de
ses adversaires parce que le misérable avait osé soutenir la légitimi
11899
crever les yeux d’un de ses adversaires parce que
le
misérable avait osé soutenir la légitimité de l’emploi des canons). E
11900
rsaires parce que le misérable avait osé soutenir
la
légitimité de l’emploi des canons). Et comment concevait-on l’amour ?
11901
que le misérable avait osé soutenir la légitimité
de
l’emploi des canons). Et comment concevait-on l’amour ? Burckhardt in
11902
le misérable avait osé soutenir la légitimité de
l’
emploi des canons). Et comment concevait-on l’amour ? Burckhardt insis
11903
de l’emploi des canons). Et comment concevait-on
l’
amour ? Burckhardt insiste171 sur le fait que les mariages se concluai
11904
concevait-on l’amour ? Burckhardt insiste171 sur
le
fait que les mariages se concluaient sans drame, après de très courte
11905
n l’amour ? Burckhardt insiste171 sur le fait que
les
mariages se concluaient sans drame, après de très courtes fiançailles
11906
que les mariages se concluaient sans drame, après
de
très courtes fiançailles, et que le droit du mari à la fidélité de l’
11907
drame, après de très courtes fiançailles, et que
le
droit du mari à la fidélité de l’épouse ne revêtait pas ce caractère
11908
ès courtes fiançailles, et que le droit du mari à
la
fidélité de l’épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait
11909
iançailles, et que le droit du mari à la fidélité
de
l’épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans le
11910
çailles, et que le droit du mari à la fidélité de
l’
épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans les p
11911
ait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans
les
pays nordiques. Les femmes de la haute société recevaient une éducati
11912
absolu qu’il avait pris dans les pays nordiques.
Les
femmes de la haute société recevaient une éducation aussi complète qu
11913
il avait pris dans les pays nordiques. Les femmes
de
la haute société recevaient une éducation aussi complète que celle de
11914
avait pris dans les pays nordiques. Les femmes de
la
haute société recevaient une éducation aussi complète que celle des h
11915
ssi complète que celle des hommes, et jouissaient
d’
une entière égalité morale, à l’inverse de ce qui se passait en France
11916
s, et jouissaient d’une entière égalité morale, à
l’
inverse de ce qui se passait en France et dans les Allemagnes. Si par
11917
ssaient d’une entière égalité morale, à l’inverse
de
ce qui se passait en France et dans les Allemagnes. Si par ailleurs,
11918
l’inverse de ce qui se passait en France et dans
les
Allemagnes. Si par ailleurs, la guerre était devenue diplomatique dan
11919
n France et dans les Allemagnes. Si par ailleurs,
la
guerre était devenue diplomatique dans les hautes sphères, et vénale
11920
lleurs, la guerre était devenue diplomatique dans
les
hautes sphères, et vénale dans la pratique, il en allait de même de l
11921
lomatique dans les hautes sphères, et vénale dans
la
pratique, il en allait de même de l’amour. Semblables aux hétaïres de
11922
et vénale dans la pratique, il en allait de même
de
l’amour. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique, les courtisanes
11923
vénale dans la pratique, il en allait de même de
l’
amour. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique, les courtisanes jo
11924
llait de même de l’amour. Semblables aux hétaïres
de
la Grèce antique, les courtisanes jouaient un rôle parfois considérab
11925
it de même de l’amour. Semblables aux hétaïres de
la
Grèce antique, les courtisanes jouaient un rôle parfois considérable
11926
our. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique,
les
courtisanes jouaient un rôle parfois considérable dans la vie sociale
11927
isanes jouaient un rôle parfois considérable dans
la
vie sociale. Les plus célèbres se distinguaient par leur culture, réc
11928
un rôle parfois considérable dans la vie sociale.
Les
plus célèbres se distinguaient par leur culture, récitant et faisant
11929
eur culture, récitant et faisant des vers, jouant
d’
un instrument, tenant conversation. Cette paganisation de la vie sexue
11930
strument, tenant conversation. Cette paganisation
de
la vie sexuelle dénote un recul sensible des influences courtoises, u
11931
ument, tenant conversation. Cette paganisation de
la
vie sexuelle dénote un recul sensible des influences courtoises, une
11932
s courtoises, une dépréciation du mythe tragique.
Le
platonisme des petites cours ducales, si bien exprimé par Bembo et pa
11933
à une « mondanité » délicate et toute hédoniste.
La
« courtoisie » prenait son sens moderne de politesse et de civilité.
11934
niste. La « courtoisie » prenait son sens moderne
de
politesse et de civilité. Il n’était plus question de condamner la vi
11935
toisie » prenait son sens moderne de politesse et
de
civilité. Il n’était plus question de condamner la vie. Et « l’instin
11936
olitesse et de civilité. Il n’était plus question
de
condamner la vie. Et « l’instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’
11937
e civilité. Il n’était plus question de condamner
la
vie. Et « l’instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette
11938
l n’était plus question de condamner la vie. Et «
l’
instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette Italie heure
11939
lus question de condamner la vie. Et « l’instinct
de
mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette Italie heureuse, immora
11940
mmorale et très pacifique172 qu’allaient se jeter
les
troupes françaises de Charles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six c
11941
ue172 qu’allaient se jeter les troupes françaises
de
Charles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six canons de bronze provoq
11942
se jeter les troupes françaises de Charles VIII.
Le
tonnerre de leurs trente-six canons de bronze provoqua dans la pénins
11943
s troupes françaises de Charles VIII. Le tonnerre
de
leurs trente-six canons de bronze provoqua dans la péninsule une pani
11944
rles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six canons
de
bronze provoqua dans la péninsule une panique de fin du monde. « Le p
11945
e leurs trente-six canons de bronze provoqua dans
la
péninsule une panique de fin du monde. « Le passage de ce prince en I
11946
de bronze provoqua dans la péninsule une panique
de
fin du monde. « Le passage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fu
11947
dans la péninsule une panique de fin du monde. «
Le
passage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fut la source d’une i
11948
ninsule une panique de fin du monde. « Le passage
de
ce prince en Italie, dit Guichardin, fut la source d’une infinité de
11949
ssage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fut
la
source d’une infinité de maux et de révolutions. Les États changèrent
11950
e prince en Italie, dit Guichardin, fut la source
d’
une infinité de maux et de révolutions. Les États changèrent tout à co
11951
lie, dit Guichardin, fut la source d’une infinité
de
maux et de révolutions. Les États changèrent tout à coup de face, les
11952
ichardin, fut la source d’une infinité de maux et
de
révolutions. Les États changèrent tout à coup de face, les provinces
11953
source d’une infinité de maux et de révolutions.
Les
États changèrent tout à coup de face, les provinces furent ravagées l
11954
utions. Les États changèrent tout à coup de face,
les
provinces furent ravagées les villes détruites, et tout le pays fut i
11955
out à coup de face, les provinces furent ravagées
les
villes détruites, et tout le pays fut inondé de sang… L’Italie apprit
11956
ces furent ravagées les villes détruites, et tout
le
pays fut inondé de sang… L’Italie apprit aussi une nouvelle mais sang
11957
les villes détruites, et tout le pays fut inondé
de
sang… L’Italie apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode de fa
11958
es détruites, et tout le pays fut inondé de sang…
L’
Italie apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode de faire la gu
11959
apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode
de
faire la guerre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie de nos p
11960
ussi une nouvelle mais sanglante méthode de faire
la
guerre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie de nos provinces
11961
méthode de faire la guerre… qui troubla tellement
la
paix et l’harmonie de nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y r
11962
faire la guerre… qui troubla tellement la paix et
l’
harmonie de nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir l’o
11963
erre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie
de
nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir l’ordre et la
11964
onie de nos provinces qu’il fut depuis impossible
d’
y rétablir l’ordre et la tranquillité173. Ce n’était pas que les Itali
11965
rovinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir
l’
ordre et la tranquillité173. Ce n’était pas que les Italiens eussent i
11966
’il fut depuis impossible d’y rétablir l’ordre et
la
tranquillité173. Ce n’était pas que les Italiens eussent ignoré l’usa
11967
l’ordre et la tranquillité173. Ce n’était pas que
les
Italiens eussent ignoré l’usage de l’artillerie jusqu’à cette date, m
11968
3. Ce n’était pas que les Italiens eussent ignoré
l’
usage de l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, com
11969
était pas que les Italiens eussent ignoré l’usage
de
l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je l’
11970
it pas que les Italiens eussent ignoré l’usage de
l’
artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je l’ai
11971
sage de l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils
la
méprisaient, comme je l’ai dit, et comme le prouvent encore les invec
11972
u’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je
l’
ai dit, et comme le prouvent encore les invectives de l’Arioste contre
11973
s ils la méprisaient, comme je l’ai dit, et comme
le
prouvent encore les invectives de l’Arioste contre les armes à feu. A
11974
t, comme je l’ai dit, et comme le prouvent encore
les
invectives de l’Arioste contre les armes à feu. Au surplus, dit Guich
11975
i dit, et comme le prouvent encore les invectives
de
l’Arioste contre les armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, « les F
11976
it, et comme le prouvent encore les invectives de
l’
Arioste contre les armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, « les Fran
11977
rouvent encore les invectives de l’Arioste contre
les
armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, « les Français avaient une a
11978
re les armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, «
les
Français avaient une artillerie plus légère, et dont les pièces qu’il
11979
nçais avaient une artillerie plus légère, et dont
les
pièces qu’ils appelaient canons étaient toutes de bronze… Les décharg
11980
es pièces qu’ils appelaient canons étaient toutes
de
bronze… Les décharges étaient si fréquentes et si fortes qu’elles fai
11981
u’ils appelaient canons étaient toutes de bronze…
Les
décharges étaient si fréquentes et si fortes qu’elles faisaient en pe
11982
le qu’humaine était aussi utile aux Français dans
les
combats que dans les sièges… » Autre sujet d’effroi pour l’Italie : t
11983
ussi utile aux Français dans les combats que dans
les
sièges… » Autre sujet d’effroi pour l’Italie : tandis que dans la mil
11984
ns les combats que dans les sièges… » Autre sujet
d’
effroi pour l’Italie : tandis que dans la milice des condottieri « la
11985
que dans les sièges… » Autre sujet d’effroi pour
l’
Italie : tandis que dans la milice des condottieri « la plupart des ho
11986
re sujet d’effroi pour l’Italie : tandis que dans
la
milice des condottieri « la plupart des hommes d’armes étaient ou pay
11987
la milice des condottieri « la plupart des hommes
d’
armes étaient ou paysans ou de la lie du peuple, presque toujours suje
11988
plupart des hommes d’armes étaient ou paysans ou
de
la lie du peuple, presque toujours sujets d’un autre prince que celui
11989
upart des hommes d’armes étaient ou paysans ou de
la
lie du peuple, presque toujours sujets d’un autre prince que celui po
11990
s ou de la lie du peuple, presque toujours sujets
d’
un autre prince que celui pour lequel ils faisaient la guerre », et n’
11991
autre prince que celui pour lequel ils faisaient
la
guerre », et n’étaient donc animés « ni par aucun sentiment de gloire
11992
et n’étaient donc animés « ni par aucun sentiment
de
gloire ni par aucun motif extérieur », l’armée française se présentai
11993
ntiment de gloire ni par aucun motif extérieur »,
l’
armée française se présentait comme une armée nationale : « Les gens d
11994
çaise se présentait comme une armée nationale : «
Les
gens d’armes étaient presque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce
11995
présentait comme une armée nationale : « Les gens
d’
armes étaient presque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce qui les
11996
sque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce qui
les
empêchait de « changer de maître par ambition ou par avarice ». On pr
11997
ts du Roi et gentilshommes » ce qui les empêchait
de
« changer de maître par ambition ou par avarice ». On pressentit dès
11998
gentilshommes » ce qui les empêchait de « changer
de
maître par ambition ou par avarice ». On pressentit dès lors d’inévit
11999
ambition ou par avarice ». On pressentit dès lors
d’
inévitables carnages. Et en effet au combat de Rappallo, tout au début
12000
ors d’inévitables carnages. Et en effet au combat
de
Rappallo, tout au début de la campagne, sur les 3000 hommes engagés,
12001
Et en effet au combat de Rappallo, tout au début
de
la campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus de cent furent tués :
12002
en effet au combat de Rappallo, tout au début de
la
campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus de cent furent tués : « N
12003
at de Rappallo, tout au début de la campagne, sur
les
3000 hommes engagés, plus de cent furent tués : « Nombre considérable
12004
de la campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus
de
cent furent tués : « Nombre considérable par rapport à la manière don
12005
furent tués : « Nombre considérable par rapport à
la
manière dont on faisait alors la guerre en Italie » remarque Guichard
12006
le par rapport à la manière dont on faisait alors
la
guerre en Italie » remarque Guichardin. Et ce n’était vraiment qu’un
12007
ait vraiment qu’un début ! Burckhardt affirme que
les
dévastations françaises furent peu de chose en comparaison de celles
12008
mparaison de celles commises un peu plus tard par
les
Espagnols « chez lesquels peut-être un apport de sang non occidental,
12009
les Espagnols « chez lesquels peut-être un apport
de
sang non occidental, ou peut-être l’habitude des spectacles de l’Inqu
12010
re un apport de sang non occidental, ou peut-être
l’
habitude des spectacles de l’Inquisition avaient déchaîné les instinct
12011
ccidental, ou peut-être l’habitude des spectacles
de
l’Inquisition avaient déchaîné les instincts démoniaques ». Artilleri
12012
dental, ou peut-être l’habitude des spectacles de
l’
Inquisition avaient déchaîné les instincts démoniaques ». Artillerie e
12013
des spectacles de l’Inquisition avaient déchaîné
les
instincts démoniaques ». Artillerie et massacre des civils : la guerr
12014
émoniaques ». Artillerie et massacre des civils :
la
guerre moderne venait de naître. Elle allait peu à peu transformer le
12015
nait de naître. Elle allait peu à peu transformer
les
chevaliers exaltés et magnifiques en troupes disciplinées et uniforme
12016
linées et uniformes. Évolution qui devait aboutir
de
nos jours à l’annihilation de toute passion guerrière, à mesure que l
12017
rmes. Évolution qui devait aboutir de nos jours à
l’
annihilation de toute passion guerrière, à mesure que les hommes desse
12018
qui devait aboutir de nos jours à l’annihilation
de
toute passion guerrière, à mesure que les hommes desservant les machi
12019
hilation de toute passion guerrière, à mesure que
les
hommes desservant les machines se feraient eux-mêmes des machines, n’
12020
ion guerrière, à mesure que les hommes desservant
les
machines se feraient eux-mêmes des machines, n’exécutant qu’un petit
12021
êmes des machines, n’exécutant qu’un petit nombre
de
mouvements automatiques, destinés à donner la mort à distance, sans c
12022
bre de mouvements automatiques, destinés à donner
la
mort à distance, sans colère ni pitié. 6.La guerre classique L’
12023
sans colère ni pitié. 6.La guerre classique
L’
effort des hommes de guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera de do
12024
. 6.La guerre classique L’effort des hommes
de
guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera de dominer le monstre méc
12025
es de guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera
de
dominer le monstre mécanique, afin de sauver autant que possible le c
12026
e, aux xviie et xviiie siècles, sera de dominer
le
monstre mécanique, afin de sauver autant que possible le caractère hu
12027
tre mécanique, afin de sauver autant que possible
le
caractère humain de la guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions
12028
de sauver autant que possible le caractère humain
de
la guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à l’art
12029
sauver autant que possible le caractère humain de
la
guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à l’artill
12030
ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à
l’
artillerie, aux fortifications. Du moins va-t-on multiplier les règles
12031
, aux fortifications. Du moins va-t-on multiplier
les
règles de la tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et
12032
fications. Du moins va-t-on multiplier les règles
de
la tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et la « vale
12033
ations. Du moins va-t-on multiplier les règles de
la
tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur
12034
s va-t-on multiplier les règles de la tactique et
de
la stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur » des chefs gar
12035
a-t-on multiplier les règles de la tactique et de
la
stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur » des chefs garden
12036
ègles de la tactique et de la stratégie, afin que
l’
intelligence, et la « valeur » des chefs gardent apparemment le premie
12037
e et de la stratégie, afin que l’intelligence, et
la
« valeur » des chefs gardent apparemment le premier rang parmi les fa
12038
s chefs gardent apparemment le premier rang parmi
les
facteurs de la lutte. La chevalerie représentait un effort pour donn
12039
nt apparemment le premier rang parmi les facteurs
de
la lutte. La chevalerie représentait un effort pour donner un style
12040
apparemment le premier rang parmi les facteurs de
la
lutte. La chevalerie représentait un effort pour donner un style à l
12041
le premier rang parmi les facteurs de la lutte.
La
chevalerie représentait un effort pour donner un style à l’instinct.
12042
rie représentait un effort pour donner un style à
l’
instinct. La guerre classique est un effort pour conserver et recréer
12043
tait un effort pour donner un style à l’instinct.
La
guerre classique est un effort pour conserver et recréer ce style mal
12044
effort pour conserver et recréer ce style malgré
l’
intervention de facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de l’a
12045
nserver et recréer ce style malgré l’intervention
de
facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de l’art militaire de
12046
tyle malgré l’intervention de facteurs inhumains.
D’
où le formalisme étonnant de l’art militaire de ces siècles174. Avec V
12047
malgré l’intervention de facteurs inhumains. D’où
le
formalisme étonnant de l’art militaire de ces siècles174. Avec Vauban
12048
e facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant
de
l’art militaire de ces siècles174. Avec Vauban, le siège d’une place
12049
acteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de
l’
art militaire de ces siècles174. Avec Vauban, le siège d’une place for
12050
s. D’où le formalisme étonnant de l’art militaire
de
ces siècles174. Avec Vauban, le siège d’une place forte devient une s
12051
e l’art militaire de ces siècles174. Avec Vauban,
le
siège d’une place forte devient une sorte d’opération de l’esprit don
12052
ilitaire de ces siècles174. Avec Vauban, le siège
d’
une place forte devient une sorte d’opération de l’esprit dont les pér
12053
ban, le siège d’une place forte devient une sorte
d’
opération de l’esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien di
12054
e d’une place forte devient une sorte d’opération
de
l’esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les
12055
’une place forte devient une sorte d’opération de
l’
esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les ci
12056
te devient une sorte d’opération de l’esprit dont
les
péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les cinq actes d’une
12057
de l’esprit dont les péripéties se déroulent, on
l’
a bien dit, comme les cinq actes d’une tragédie classique. C’est alor
12058
s péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme
les
cinq actes d’une tragédie classique. C’est alors que la guerre resse
12059
déroulent, on l’a bien dit, comme les cinq actes
d’
une tragédie classique. C’est alors que la guerre ressemble vraiment
12060
actes d’une tragédie classique. C’est alors que
la
guerre ressemble vraiment à une partie d’échecs. Lorsque après des ma
12061
ors que la guerre ressemble vraiment à une partie
d’
échecs. Lorsque après des manœuvres compliquées, un des adversaires a
12062
rs pièces — villes ou places fortes — alors vient
la
grande bataille : du sommet de quelque coteau, où lui apparaît tout l
12063
rtes — alors vient la grande bataille : du sommet
de
quelque coteau, où lui apparaît tout le terrain du combat, tout l’éch
12064
du sommet de quelque coteau, où lui apparaît tout
le
terrain du combat, tout l’échiquier, le maréchal fait avancer ou recu
12065
, où lui apparaît tout le terrain du combat, tout
l’
échiquier, le maréchal fait avancer ou reculer habilement ses beaux ré
12066
raît tout le terrain du combat, tout l’échiquier,
le
maréchal fait avancer ou reculer habilement ses beaux régiments… Éche
12067
ler habilement ses beaux régiments… Échec et mat,
le
perdant range son jeu : on remet les pions dans leur boîte ou les rég
12068
Échec et mat, le perdant range son jeu : on remet
les
pions dans leur boîte ou les régiments dans leurs quartiers d’hiver,
12069
e son jeu : on remet les pions dans leur boîte ou
les
régiments dans leurs quartiers d’hiver, et chacun va à ses petites af
12070
leur boîte ou les régiments dans leurs quartiers
d’
hiver, et chacun va à ses petites affaires en attendant la partie ou l
12071
et chacun va à ses petites affaires en attendant
la
partie ou la campagne suivante.175 Chaque fois que reparaît l’éléme
12072
à ses petites affaires en attendant la partie ou
la
campagne suivante.175 Chaque fois que reparaît l’élément de jeu dan
12073
campagne suivante.175 Chaque fois que reparaît
l’
élément de jeu dans la guerre, on peut en déduire que la société et sa
12074
suivante.175 Chaque fois que reparaît l’élément
de
jeu dans la guerre, on peut en déduire que la société et sa culture f
12075
Chaque fois que reparaît l’élément de jeu dans
la
guerre, on peut en déduire que la société et sa culture font un effor
12076
ent de jeu dans la guerre, on peut en déduire que
la
société et sa culture font un effort pour recréer le mythe de la pass
12077
société et sa culture font un effort pour recréer
le
mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchiq
12078
t sa culture font un effort pour recréer le mythe
de
la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un cad
12079
a culture font un effort pour recréer le mythe de
la
passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un cadre
12080
e mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à
la
puissance anarchique un cadre et des moyens d’expression rituels. Et
12081
à la puissance anarchique un cadre et des moyens
d’
expression rituels. Et c’est bien ce qui se vérifie dans le cas du xvi
12082
ion rituels. Et c’est bien ce qui se vérifie dans
le
cas du xviie siècle : qu’on se reporte à nos chapitres sur l’Astrée
12083
ie siècle : qu’on se reporte à nos chapitres sur
l’
Astrée et sur la tragédie classique. ⁂ « C’est ici la matière qu’on sp
12084
on se reporte à nos chapitres sur l’Astrée et sur
la
tragédie classique. ⁂ « C’est ici la matière qu’on spiritualise, pour
12085
strée et sur la tragédie classique. ⁂ « C’est ici
la
matière qu’on spiritualise, pour fixer la conduite des combattants, a
12086
est ici la matière qu’on spiritualise, pour fixer
la
conduite des combattants, animés et pensants malgré tout », écrira Fo
12087
t pensants malgré tout », écrira Foch à propos de
la
guerre au xviiie siècle176. Mot étonnant, d’ailleurs repris de von d
12088
viiie siècle176. Mot étonnant, d’ailleurs repris
de
von der Goltz, dans un passage qu’il vaut la peine de citer : « L’err
12089
pris de von der Goltz, dans un passage qu’il vaut
la
peine de citer : « L’erreur (des généraux « formalistes ») consistait
12090
on der Goltz, dans un passage qu’il vaut la peine
de
citer : « L’erreur (des généraux « formalistes ») consistait à placer
12091
dans un passage qu’il vaut la peine de citer : «
L’
erreur (des généraux « formalistes ») consistait à placer l’objet de l
12092
des généraux « formalistes ») consistait à placer
l’
objet de la guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et
12093
raux « formalistes ») consistait à placer l’objet
de
la guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et non dan
12094
x « formalistes ») consistait à placer l’objet de
la
guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et non dans l
12095
») consistait à placer l’objet de la guerre dans
l’
exécution de manœuvres finement combinées et non dans l’anéantissement
12096
it à placer l’objet de la guerre dans l’exécution
de
manœuvres finement combinées et non dans l’anéantissement des forces
12097
ution de manœuvres finement combinées et non dans
l’
anéantissement des forces de l’adversaire. Le monde militaire est touj
12098
combinées et non dans l’anéantissement des forces
de
l’adversaire. Le monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs
12099
binées et non dans l’anéantissement des forces de
l’
adversaire. Le monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs qua
12100
dans l’anéantissement des forces de l’adversaire.
Le
monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs quand il s’est mi
12101
dans ces erreurs quand il s’est mis à abandonner
la
notion droite et simple des lois de la guerre, à spiritualiser la mat
12102
à abandonner la notion droite et simple des lois
de
la guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel
12103
abandonner la notion droite et simple des lois de
la
guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel des
12104
et simple des lois de la guerre, à spiritualiser
la
matière, en négligeant le sens naturel des choses et l’influence du c
12105
guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant
le
sens naturel des choses et l’influence du cœur humain sur les résolut
12106
ière, en négligeant le sens naturel des choses et
l’
influence du cœur humain sur les résolutions des hommes. » — « Spiritu
12107
urel des choses et l’influence du cœur humain sur
les
résolutions des hommes. » — « Spiritualiser » est peut-être excessif
12108
t peut-être excessif : il ne s’agissait guère que
de
rationaliser. Mais l’expression (méprisante !) est bien typique de la
12109
il ne s’agissait guère que de rationaliser. Mais
l’
expression (méprisante !) est bien typique de la psychologie qui appar
12110
Mais l’expression (méprisante !) est bien typique
de
la psychologie qui apparaîtra dès la Révolution française — ce déchaî
12111
s l’expression (méprisante !) est bien typique de
la
psychologie qui apparaîtra dès la Révolution française — ce déchaînem
12112
bien typique de la psychologie qui apparaîtra dès
la
Révolution française — ce déchaînement des instincts collectifs et de
12113
s et des passions catastrophiques. Que reprochent
les
stratèges modernes aux généraux de Louis XIV et de Louis XV ? C’est d
12114
ue reprochent les stratèges modernes aux généraux
de
Louis XIV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire la guerre en
12115
s stratèges modernes aux généraux de Louis XIV et
de
Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins
12116
aux généraux de Louis XIV et de Louis XV ? C’est
d’
avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouv
12117
e Louis XIV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé
de
faire la guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’éta
12118
IV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire
la
guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le
12119
C’est d’avoir essayé de faire la guerre en tuant
le
moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe d’une civi
12120
avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins
d’
hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe d’une civilisation
12121
le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là
le
triomphe d’une civilisation dont tout l’effort tendait à ordonner la
12122
ommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe
d’
une civilisation dont tout l’effort tendait à ordonner la Nature, la m
12123
était là le triomphe d’une civilisation dont tout
l’
effort tendait à ordonner la Nature, la matière, et leurs fatalités, a
12124
ivilisation dont tout l’effort tendait à ordonner
la
Nature, la matière, et leurs fatalités, aux lois de la raison humaine
12125
dont tout l’effort tendait à ordonner la Nature,
la
matière, et leurs fatalités, aux lois de la raison humaine et de l’in
12126
Nature, la matière, et leurs fatalités, aux lois
de
la raison humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, m
12127
ture, la matière, et leurs fatalités, aux lois de
la
raison humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais
12128
leurs fatalités, aux lois de la raison humaine et
de
l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais sans laquelle nulle
12129
rs fatalités, aux lois de la raison humaine et de
l’
intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais sans laquelle nulle civ
12130
on humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si
l’
on veut, mais sans laquelle nulle civilisation et nulle culture ne son
12131
e sont proprement concevables. Racine aussi, nous
l’
avons vu, croyait qu’on pouvait faire des tragédies sans crime. Le ref
12132
ait qu’on pouvait faire des tragédies sans crime.
Le
refus de trouver belles les catastrophes, voilà qui peut définir l’âg
12133
pouvait faire des tragédies sans crime. Le refus
de
trouver belles les catastrophes, voilà qui peut définir l’âge classiq
12134
tragédies sans crime. Le refus de trouver belles
les
catastrophes, voilà qui peut définir l’âge classique. Certes la guerr
12135
r belles les catastrophes, voilà qui peut définir
l’
âge classique. Certes la guerre et la passion demeurent des maux inévi
12136
s, voilà qui peut définir l’âge classique. Certes
la
guerre et la passion demeurent des maux inévitables, et d’ailleurs se
12137
peut définir l’âge classique. Certes la guerre et
la
passion demeurent des maux inévitables, et d’ailleurs secrètement dés
12138
itables, et d’ailleurs secrètement désirés ; mais
la
grandeur de l’homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de
12139
d’ailleurs secrètement désirés ; mais la grandeur
de
l’homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utilise
12140
illeurs secrètement désirés ; mais la grandeur de
l’
homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser,
12141
ètement désirés ; mais la grandeur de l’homme est
de
limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser, on dirait mê
12142
la grandeur de l’homme est de limiter leur champ,
de
les canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à
12143
grandeur de l’homme est de limiter leur champ, de
les
canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à une
12144
me est de limiter leur champ, de les canaliser et
de
les utiliser, on dirait même de les subordonner à une diplomatie, art
12145
est de limiter leur champ, de les canaliser et de
les
utiliser, on dirait même de les subordonner à une diplomatie, art de
12146
les canaliser et de les utiliser, on dirait même
de
les subordonner à une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare la
12147
s canaliser et de les utiliser, on dirait même de
les
subordonner à une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare la gue
12148
ait même de les subordonner à une diplomatie, art
de
civils. Louis XIV déclare la guerre sous des prétextes juridiques et
12149
une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare
la
guerre sous des prétextes juridiques et personnels, où l’honneur nati
12150
e sous des prétextes juridiques et personnels, où
l’
honneur national n’a rien à voir. Querelles de gendre et de beau-père
12151
où l’honneur national n’a rien à voir. Querelles
de
gendre et de beau-père au sujet de la dot promise. Et c’est de même q
12152
national n’a rien à voir. Querelles de gendre et
de
beau-père au sujet de la dot promise. Et c’est de même que l’on « tra
12153
. Querelles de gendre et de beau-père au sujet de
la
dot promise. Et c’est de même que l’on « traite » un mariage : intérê
12154
au sujet de la dot promise. Et c’est de même que
l’
on « traite » un mariage : intérêt, convenance des rangs, apports terr
12155
ce des rangs, apports territoriaux et financiers…
La
passion n’y joue plus le moindre rôle. L’amour lui-même, d’ailleurs,
12156
ritoriaux et financiers… La passion n’y joue plus
le
moindre rôle. L’amour lui-même, d’ailleurs, va devenir une tactique.
12157
nciers… La passion n’y joue plus le moindre rôle.
L’
amour lui-même, d’ailleurs, va devenir une tactique. Il perd son auréo
12158
uréole dramatique. 7.La guerre en dentelles
L’
exemple du xviiie siècle est le plus propre à illustrer le parallèle
12159
e en dentelles L’exemple du xviiie siècle est
le
plus propre à illustrer le parallèle de l’amour et de la guerre. Il s
12160
du xviiie siècle est le plus propre à illustrer
le
parallèle de l’amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches
12161
iècle est le plus propre à illustrer le parallèle
de
l’amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiqu
12162
le est le plus propre à illustrer le parallèle de
l’
amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer.
12163
lus propre à illustrer le parallèle de l’amour et
de
la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan s
12164
propre à illustrer le parallèle de l’amour et de
la
guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succ
12165
parallèle de l’amour et de la guerre. Il suffira
de
quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volu
12166
de la guerre. Il suffira de quelques touches pour
l’
indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à la passion
12167
ches pour l’indiquer. Don Juan succède à Tristan,
la
volupté perverse à la passion mortelle. Et la guerre en même temps se
12168
Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à
la
passion mortelle. Et la guerre en même temps se « profane » : aux Jug
12169
an, la volupté perverse à la passion mortelle. Et
la
guerre en même temps se « profane » : aux Jugements de Dieu, à la che
12170
erre en même temps se « profane » : aux Jugements
de
Dieu, à la chevalerie sacrée, bardée de fer, ascétique et sanglante,
12171
e temps se « profane » : aux Jugements de Dieu, à
la
chevalerie sacrée, bardée de fer, ascétique et sanglante, succède une
12172
Jugements de Dieu, à la chevalerie sacrée, bardée
de
fer, ascétique et sanglante, succède une diplomatie retorse, une armé
12173
en dentelle, libertins et bien décidés à sauver «
la
douceur de vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ro
12174
, libertins et bien décidés à sauver « la douceur
de
vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ronde multipl
12175
et bien décidés à sauver « la douceur de vivre ».
Les
légendes épiques et les romans de la Table ronde multiplient les réci
12176
« la douceur de vivre ». Les légendes épiques et
les
romans de la Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ;
12177
ur de vivre ». Les légendes épiques et les romans
de
la Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ; la gloire
12178
de vivre ». Les légendes épiques et les romans de
la
Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ; la gloire d’u
12179
iques et les romans de la Table ronde multiplient
les
récits de tueries inouïes ; la gloire d’un chevalier est faite du nom
12180
s romans de la Table ronde multiplient les récits
de
tueries inouïes ; la gloire d’un chevalier est faite du nombre de ses
12181
ronde multiplient les récits de tueries inouïes ;
la
gloire d’un chevalier est faite du nombre de ses adversaires pourfend
12182
iplient les récits de tueries inouïes ; la gloire
d’
un chevalier est faite du nombre de ses adversaires pourfendus et déca
12183
es ; la gloire d’un chevalier est faite du nombre
de
ses adversaires pourfendus et décapités, et si possible tranchés en d
12184
dus et décapités, et si possible tranchés en deux
de
la tête aux pieds d’un formidable coup d’épée. Les exagérations sauva
12185
et décapités, et si possible tranchés en deux de
la
tête aux pieds d’un formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages
12186
si possible tranchés en deux de la tête aux pieds
d’
un formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages de ces récits ne
12187
de la tête aux pieds d’un formidable coup d’épée.
Les
exagérations sauvages de ces récits ne laissent pas de doute sur ce q
12188
formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages
de
ces récits ne laissent pas de doute sur ce qui flatte la vraie passio
12189
agérations sauvages de ces récits ne laissent pas
de
doute sur ce qui flatte la vraie passion de l’homme du Moyen Âge. Glo
12190
récits ne laissent pas de doute sur ce qui flatte
la
vraie passion de l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviii
12191
t pas de doute sur ce qui flatte la vraie passion
de
l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviiie siècle considé
12192
as de doute sur ce qui flatte la vraie passion de
l’
homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviiie siècle considéra
12193
on de l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais
le
xviiie siècle considéra comme une réussite glorieuse d’avoir pris un
12194
ie siècle considéra comme une réussite glorieuse
d’
avoir pris une ville assiégée en ne faisant de part et d’autre que tro
12195
use d’avoir pris une ville assiégée en ne faisant
de
part et d’autre que trois morts. C’est l’art savant qui est à l’honne
12196
pris une ville assiégée en ne faisant de part et
d’
autre que trois morts. C’est l’art savant qui est à l’honneur. Maurice
12197
faisant de part et d’autre que trois morts. C’est
l’
art savant qui est à l’honneur. Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis p
12198
tre que trois morts. C’est l’art savant qui est à
l’
honneur. Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis point pour les batailles
12199
. Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis point pour
les
batailles, surtout au début d’une guerre. Je suis persuadé qu’un bon
12200
e suis point pour les batailles, surtout au début
d’
une guerre. Je suis persuadé qu’un bon général pourra la faire toute s
12201
guerre. Je suis persuadé qu’un bon général pourra
la
faire toute sa vie sans s’y voir obligé. » S’il faut cependant en ven
12202
ne bataille « rangée », un siège « en règle », et
la
tradition chevaleresque dans ce qu’elle a de plus élevé et de plus fo
12203
prestige. Voyez Condé empanaché caracolant parmi
les
troupes ennemies — en véritable héros de l’Astrée qu’il fut. Et cette
12204
t parmi les troupes ennemies — en véritable héros
de
l’Astrée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant la mort, à Font
12205
armi les troupes ennemies — en véritable héros de
l’
Astrée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant la mort, à Fonteno
12206
trée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant
la
mort, à Fontenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de la guerre
12207
olitesse devant la mort, à Fontenoy. ⁂ Mais voici
la
totale « profanation » de la guerre et de sa passion sacrée : c’est L
12208
Fontenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation »
de
la guerre et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Rég
12209
ntenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de
la
guerre et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régenc
12210
s voici la totale « profanation » de la guerre et
de
sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régence qui la prop
12211
de la guerre et de sa passion sacrée : c’est Law,
le
financier de la Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à so
12212
et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier
de
la Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à son insu, la mé
12213
de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de
la
Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à son insu, la métho
12214
acrée : c’est Law, le financier de la Régence qui
la
propose, reprenant, et sans doute à son insu, la méthode des Condotti
12215
la propose, reprenant, et sans doute à son insu,
la
méthode des Condottieri : La victoire (lit-on dans ses Œuvres) appar
12216
s doute à son insu, la méthode des Condottieri :
La
victoire (lit-on dans ses Œuvres) appartient toujours à celui qui a l
12217
2 milliards pour vingt ans. Nous n’avons pas plus
de
cinq ans de guerre chaque vingt ans, et cette guerre en outre, nous m
12218
pour vingt ans. Nous n’avons pas plus de cinq ans
de
guerre chaque vingt ans, et cette guerre en outre, nous met en arrièr
12219
ous en coûte pour guerroyer cinq ans. Quel en est
le
résultat ? Car le succès définitif est incertain. Avec bien du bonheu
12220
guerroyer cinq ans. Quel en est le résultat ? Car
le
succès définitif est incertain. Avec bien du bonheur, on peut espérer
12221
incertain. Avec bien du bonheur, on peut espérer
de
détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fati
12222
, on peut espérer de détruire 150 000 ennemis par
le
feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la de
12223
t espérer de détruire 150 000 ennemis par le feu,
le
fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destructio
12224
r de détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer,
l’
eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction direct
12225
truire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau,
la
faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou in
12226
0 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim,
les
fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’
12227
par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues,
les
maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’un soldat alle
12228
’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi,
la
destruction directe ou indirecte d’un soldat allemand nous coûte 20 0
12229
adies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte
d’
un soldat allemand nous coûte 20 000 livres sans compter la perte sur
12230
at allemand nous coûte 20 000 livres sans compter
la
perte sur notre population, qui n’est réparée qu’au bout de vingt-cin
12231
cet attirail dispendieux, incommode et dangereux,
d’
une armée permanente, ne vaudrait-il pas mieux en épargner les frais e
12232
permanente, ne vaudrait-il pas mieux en épargner
les
frais et acheter l’armée ennemie, lorsque l’occasion s’en présenterai
12233
ait-il pas mieux en épargner les frais et acheter
l’
armée ennemie, lorsque l’occasion s’en présenterait. Un Anglais estima
12234
ner les frais et acheter l’armée ennemie, lorsque
l’
occasion s’en présenterait. Un Anglais estimait un homme 480 livres st
12235
lais estimait un homme 480 livres sterling. C’est
la
plus forte évaluation, et ils ne sont pas tous aussi chers, comme on
12236
nt, on aurait un homme nouveau, au lieu que, dans
le
système actuel, on perd celui qu’on avait, sans profiter de celui qu’
12237
actuel, on perd celui qu’on avait, sans profiter
de
celui qu’on a détruit si dispendieusement. ⁂ Les Goncourt ont très b
12238
de celui qu’on a détruit si dispendieusement. ⁂
Les
Goncourt ont très bien senti l’identité foncière des phénomènes de la
12239
endieusement. ⁂ Les Goncourt ont très bien senti
l’
identité foncière des phénomènes de la guerre et de l’amour au xviiie
12240
rès bien senti l’identité foncière des phénomènes
de
la guerre et de l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décri
12241
bien senti l’identité foncière des phénomènes de
la
guerre et de l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décriven
12242
’identité foncière des phénomènes de la guerre et
de
l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent la « tactiq
12243
entité foncière des phénomènes de la guerre et de
l’
amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent la « tactique
12244
au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent
la
« tactique » des roués de l’époque : « C’est dans cette guerre et ce
12245
ls termes ils décrivent la « tactique » des roués
de
l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que le siè
12246
termes ils décrivent la « tactique » des roués de
l’
époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que le siècle
12247
de l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu
de
l’amour, que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profond
12248
l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de
l’
amour, que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profondes,
12249
C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que
le
siècle révèle peut-être ses qualités les plus profondes, ses ressourc
12250
mour, que le siècle révèle peut-être ses qualités
les
plus profondes, ses ressources les plus secrètes, et comme un génie d
12251
e ses qualités les plus profondes, ses ressources
les
plus secrètes, et comme un génie de duplicité tout inattendu du carac
12252
s ressources les plus secrètes, et comme un génie
de
duplicité tout inattendu du caractère français. Que de grands diploma
12253
plicité tout inattendu du caractère français. Que
de
grands diplomates, que de grands politiques sans nom, plus habiles qu
12254
caractère français. Que de grands diplomates, que
de
grands politiques sans nom, plus habiles que Dubois, plus insinuants
12255
s insinuants que Bernis, parmi cette petite bande
d’
hommes qui font de la séduction de la femme le but de leurs pensées et
12256
ernis, parmi cette petite bande d’hommes qui font
de
la séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire
12257
is, parmi cette petite bande d’hommes qui font de
la
séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de
12258
te petite bande d’hommes qui font de la séduction
de
la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Qu
12259
petite bande d’hommes qui font de la séduction de
la
femme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que d
12260
nde d’hommes qui font de la séduction de la femme
le
but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que de combina
12261
ommes qui font de la séduction de la femme le but
de
leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que de combinaisons d
12262
séduction de la femme le but de leurs pensées et
la
grande affaire de leur vie… Que de combinaisons de romancier et de st
12263
emme le but de leurs pensées et la grande affaire
de
leur vie… Que de combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un
12264
urs pensées et la grande affaire de leur vie… Que
de
combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un n’attaque une fe
12265
a grande affaire de leur vie… Que de combinaisons
de
romancier et de stratégiste ! Pas un n’attaque une femme sans avoir f
12266
de leur vie… Que de combinaisons de romancier et
de
stratégiste ! Pas un n’attaque une femme sans avoir fait ce qu’on app
12267
r fait ce qu’on appelle un plan, sans avoir passé
la
nuit à se promener et à retourner la position… Et l’attaque commencée
12268
avoir passé la nuit à se promener et à retourner
la
position… Et l’attaque commencée, ils sont jusqu’au bout ces comédien
12269
nuit à se promener et à retourner la position… Et
l’
attaque commencée, ils sont jusqu’au bout ces comédiens étonnants, par
12270
oit feint ou dissimulé… « N’omettre rien », c’est
le
précepte de l’un d’eux.177 » Devise de général, que les Soubise, par
12271
dissimulé… « N’omettre rien », c’est le précepte
de
l’un d’eux.177 » Devise de général, que les Soubise, par malheur, n’o
12272
lé… « N’omettre rien », c’est le précepte de l’un
d’
eux.177 » Devise de général, que les Soubise, par malheur, n’oubliaien
12273
n », c’est le précepte de l’un d’eux.177 » Devise
de
général, que les Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur le
12274
écepte de l’un d’eux.177 » Devise de général, que
les
Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur le champ de bataille
12275
Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur
le
champ de bataille. 8.La guerre révolutionnaire Entre Rousseau e
12276
8.La guerre révolutionnaire Entre Rousseau et
le
romantisme allemand, c’est-à-dire entre le premier réveil du mythe et
12277
il du mythe et son épanouissement orageux, il y a
la
Révolution française et les campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le r
12278
sement orageux, il y a la Révolution française et
les
campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la p
12279
, il y a la Révolution française et les campagnes
de
Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la passion catast
12280
çaise et les campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire
le
retour dans la guerre de la passion catastrophique. Du point de vue p
12281
mpagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans
la
guerre de la passion catastrophique. Du point de vue proprement milit
12282
Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre
de
la passion catastrophique. Du point de vue proprement militaire, qu’a
12283
naparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de
la
passion catastrophique. Du point de vue proprement militaire, qu’appo
12284
u point de vue proprement militaire, qu’apportait
la
Révolution ? « Un déchaînement de passion inconnu avant elle », répon
12285
e, qu’apportait la Révolution ? « Un déchaînement
de
passion inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie de l’ancienne éc
12286
ent de passion inconnu avant elle », répond Foch.
L’
hérésie de l’ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « fai
12287
sion inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie
de
l’ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de la g
12288
n inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie de
l’
ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de la guer
12289
érésie de l’ancienne école, précise-t-il, c’était
d’
avoir voulu « faire de la guerre une science exacte, méconnaissant sa
12290
cole, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire
de
la guerre une science exacte, méconnaissant sa nature même de drame e
12291
e, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de
la
guerre une science exacte, méconnaissant sa nature même de drame effr
12292
une science exacte, méconnaissant sa nature même
de
drame effrayant et passionné (Jomini) ». On sait par ailleurs quelle
12293
(Jomini) ». On sait par ailleurs quelle explosion
de
sentimentalisme précéda et accompagna la Révolution, phénomène beauco
12294
xplosion de sentimentalisme précéda et accompagna
la
Révolution, phénomène beaucoup plus passionnel que politique, au sens
12295
sens strict du terme178. Longtemps contenue dans
les
formes classiques de la guerre, la violence, après le meurtre du Roi
12296
78. Longtemps contenue dans les formes classiques
de
la guerre, la violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et ri
12297
Longtemps contenue dans les formes classiques de
la
guerre, la violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et ritue
12298
contenue dans les formes classiques de la guerre,
la
violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans le
12299
ormes classiques de la guerre, la violence, après
le
meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans les sociétés primitiv
12300
e meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans
les
sociétés primitives — redevient quelque chose d’horrifiant et d’attir
12301
les sociétés primitives — redevient quelque chose
d’
horrifiant et d’attirant tout à la fois. C’est le culte et le mystère
12302
mitives — redevient quelque chose d’horrifiant et
d’
attirant tout à la fois. C’est le culte et le mystère sanglant autour
12303
d’horrifiant et d’attirant tout à la fois. C’est
le
culte et le mystère sanglant autour duquel se crée une communauté nou
12304
t et d’attirant tout à la fois. C’est le culte et
le
mystère sanglant autour duquel se crée une communauté nouvelle : la N
12305
t autour duquel se crée une communauté nouvelle :
la
Nation. Or la Nation, c’est la transposition de la passion sur le pl
12306
se crée une communauté nouvelle : la Nation. Or
la
Nation, c’est la transposition de la passion sur le plan collectif. À
12307
unauté nouvelle : la Nation. Or la Nation, c’est
la
transposition de la passion sur le plan collectif. À vrai dire, il es
12308
la Nation. Or la Nation, c’est la transposition
de
la passion sur le plan collectif. À vrai dire, il est plus facile de
12309
Nation. Or la Nation, c’est la transposition de
la
passion sur le plan collectif. À vrai dire, il est plus facile de le
12310
e plan collectif. À vrai dire, il est plus facile
de
le sentir que de l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-o
12311
lan collectif. À vrai dire, il est plus facile de
le
sentir que de l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on,
12312
À vrai dire, il est plus facile de le sentir que
de
l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on, suppose deux ê
12313
vrai dire, il est plus facile de le sentir que de
l’
expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on, suppose deux être
12314
Toute passion, dira-t-on, suppose deux êtres, et
l’
on ne voit pas à qui s’adresse la passion assumée par la Nation… Nous
12315
e deux êtres, et l’on ne voit pas à qui s’adresse
la
passion assumée par la Nation… Nous savons toutefois que la passion d
12316
e voit pas à qui s’adresse la passion assumée par
la
Nation… Nous savons toutefois que la passion d’amour, par exemple, es
12317
assumée par la Nation… Nous savons toutefois que
la
passion d’amour, par exemple, est en son fond un narcissisme, autoexa
12318
r la Nation… Nous savons toutefois que la passion
d’
amour, par exemple, est en son fond un narcissisme, autoexaltation de
12319
e, est en son fond un narcissisme, autoexaltation
de
l’amant, bien plus que relation avec l’aimée. Ce que désire Tristan,
12320
est en son fond un narcissisme, autoexaltation de
l’
amant, bien plus que relation avec l’aimée. Ce que désire Tristan, c’e
12321
xaltation de l’amant, bien plus que relation avec
l’
aimée. Ce que désire Tristan, c’est la brûlure d’amour plus que la pos
12322
lation avec l’aimée. Ce que désire Tristan, c’est
la
brûlure d’amour plus que la possession d’Iseut. Car la brûlure intens
12323
l’aimée. Ce que désire Tristan, c’est la brûlure
d’
amour plus que la possession d’Iseut. Car la brûlure intense et dévora
12324
désire Tristan, c’est la brûlure d’amour plus que
la
possession d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de la passion
12325
, c’est la brûlure d’amour plus que la possession
d’
Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise,
12326
ûlure d’amour plus que la possession d’Iseut. Car
la
brûlure intense et dévorante de la passion le divinise, et comme Wagn
12327
sion d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante
de
la passion le divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « M
12328
n d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de
la
passion le divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « Mon
12329
Car la brûlure intense et dévorante de la passion
le
divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « Mon regard ravi
12330
orante de la passion le divinise, et comme Wagner
l’
a vu, l’égale au monde. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Mo
12331
e la passion le divinise, et comme Wagner l’a vu,
l’
égale au monde. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi le mon
12332
. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi
le
monde »… La passion veut que le moi devienne plus grand que tout, aus
12333
rd ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi le monde »…
La
passion veut que le moi devienne plus grand que tout, aussi seul et p
12334
eul je suis — Moi le monde »… La passion veut que
le
moi devienne plus grand que tout, aussi seul et puissant que Dieu. El
12335
aussi seul et puissant que Dieu. Elle veut (sans
le
savoir) qu’au-delà de cette gloire, sa mort soit véritablement la fin
12336
t que Dieu. Elle veut (sans le savoir) qu’au-delà
de
cette gloire, sa mort soit véritablement la fin de tout. L’ardeur nat
12337
-delà de cette gloire, sa mort soit véritablement
la
fin de tout. L’ardeur nationaliste, elle aussi, est une autœxaltation
12338
e cette gloire, sa mort soit véritablement la fin
de
tout. L’ardeur nationaliste, elle aussi, est une autœxaltation, un am
12339
loire, sa mort soit véritablement la fin de tout.
L’
ardeur nationaliste, elle aussi, est une autœxaltation, un amour narci
12340
rarement comme un amour : presque toujours, c’est
la
haine qui apparaît en premier lieu, et qu’on proclame. Mais cette hai
12341
premier lieu, et qu’on proclame. Mais cette haine
de
l’autre, n’est-elle pas toujours présente dans les transports de l’am
12342
de l’autre, n’est-elle pas toujours présente dans
les
transports de l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’acc
12343
st-elle pas toujours présente dans les transports
de
l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’accent. Ensuite,
12344
elle pas toujours présente dans les transports de
l’
amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’accent. Ensuite, que
12345
l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement
d’
accent. Ensuite, que veut la passion nationale ? L’exaltation de la fo
12346
onc qu’un déplacement d’accent. Ensuite, que veut
la
passion nationale ? L’exaltation de la force collective ne peut mener
12347
’accent. Ensuite, que veut la passion nationale ?
L’
exaltation de la force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l
12348
ite, que veut la passion nationale ? L’exaltation
de
la force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l’impérialisme
12349
, que veut la passion nationale ? L’exaltation de
la
force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l’impérialisme tr
12350
rce collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou
l’
impérialisme triomphe — c’est l’ambition de s’égaler au monde — ou le
12351
à ce dilemme : ou l’impérialisme triomphe — c’est
l’
ambition de s’égaler au monde — ou le voisin s’y oppose énergiquement,
12352
e : ou l’impérialisme triomphe — c’est l’ambition
de
s’égaler au monde — ou le voisin s’y oppose énergiquement, et c’est l
12353
mphe — c’est l’ambition de s’égaler au monde — ou
le
voisin s’y oppose énergiquement, et c’est la guerre. Or on observe qu
12354
— ou le voisin s’y oppose énergiquement, et c’est
la
guerre. Or on observe qu’une nation dans son premier essor passionnel
12355
re même sans espoir. Elle manifeste ainsi sans se
l’
avouer qu’elle préfère le risque de mort, et la mort même, à l’abandon
12356
manifeste ainsi sans se l’avouer qu’elle préfère
le
risque de mort, et la mort même, à l’abandon de sa passion. « La libe
12357
ainsi sans se l’avouer qu’elle préfère le risque
de
mort, et la mort même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la
12358
se l’avouer qu’elle préfère le risque de mort, et
la
mort même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la mort », hurl
12359
lle préfère le risque de mort, et la mort même, à
l’
abandon de sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient les jacobi
12360
e le risque de mort, et la mort même, à l’abandon
de
sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heu
12361
rt, et la mort même, à l’abandon de sa passion. «
La
liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heure où les forces
12362
même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou
la
mort », hurlaient les jacobins à l’heure où les forces ennemies parai
12363
sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient
les
jacobins à l’heure où les forces ennemies paraissaient vingt fois sup
12364
La liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à
l’
heure où les forces ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à l’
12365
ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heure où
les
forces ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à l’heure où lib
12366
s ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à
l’
heure où liberté et mort étaient bien près d’avoir le même sens… Ainsi
12367
s, à l’heure où liberté et mort étaient bien près
d’
avoir le même sens… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Am
12368
eure où liberté et mort étaient bien près d’avoir
le
même sens… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et l
12369
ort étaient bien près d’avoir le même sens… Ainsi
la
nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais le
12370
ien près d’avoir le même sens… Ainsi la nation et
la
Guerre sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais le fait nationa
12371
ns… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme
l’
Amour et la Mort. Désormais le fait national sera le facteur dominant
12372
a nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et
la
Mort. Désormais le fait national sera le facteur dominant de la guerr
12373
re sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais
le
fait national sera le facteur dominant de la guerre. « Celui qui écri
12374
Amour et la Mort. Désormais le fait national sera
le
facteur dominant de la guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et
12375
sormais le fait national sera le facteur dominant
de
la guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devr
12376
mais le fait national sera le facteur dominant de
la
guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devrait
12377
teur dominant de la guerre. « Celui qui écrit sur
la
stratégie et sur la tactique devrait s’astreindre à n’enseigner qu’un
12378
guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur
la
tactique devrait s’astreindre à n’enseigner qu’une stratégie et une t
12379
e et une tactique nationales, seules susceptibles
d’
être profitables à la nation pour laquelle il écrit. » Ainsi s’exprime
12380
ionales, seules susceptibles d’être profitables à
la
nation pour laquelle il écrit. » Ainsi s’exprime le général von der G
12381
nation pour laquelle il écrit. » Ainsi s’exprime
le
général von der Goltz, disciple de Clausewitz, lequel n’a cessé d’aff
12382
insi s’exprime le général von der Goltz, disciple
de
Clausewitz, lequel n’a cessé d’affirmer que toute la théorie prussien
12383
r Goltz, disciple de Clausewitz, lequel n’a cessé
d’
affirmer que toute la théorie prussienne de la guerre devait se fonder
12384
Clausewitz, lequel n’a cessé d’affirmer que toute
la
théorie prussienne de la guerre devait se fonder sur l’expérience des
12385
cessé d’affirmer que toute la théorie prussienne
de
la guerre devait se fonder sur l’expérience des campagnes de la Révol
12386
ssé d’affirmer que toute la théorie prussienne de
la
guerre devait se fonder sur l’expérience des campagnes de la Révoluti
12387
orie prussienne de la guerre devait se fonder sur
l’
expérience des campagnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille
12388
e devait se fonder sur l’expérience des campagnes
de
la Révolution et de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la
12389
evait se fonder sur l’expérience des campagnes de
la
Révolution et de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la pas
12390
ur l’expérience des campagnes de la Révolution et
de
l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la «
12391
l’expérience des campagnes de la Révolution et de
l’
Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « sci
12392
ce des campagnes de la Révolution et de l’Empire.
La
bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « science exact
12393
gnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille
de
Valmy fut gagnée par la passion contre la « science exacte ». C’est a
12394
de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par
la
passion contre la « science exacte ». C’est au cri de Vive la Nation
12395
ataille de Valmy fut gagnée par la passion contre
la
« science exacte ». C’est au cri de Vive la Nation ! que les sans-cul
12396
assion contre la « science exacte ». C’est au cri
de
Vive la Nation ! que les sans-culottes repoussèrent l’armée « classiq
12397
ontre la « science exacte ». C’est au cri de Vive
la
Nation ! que les sans-culottes repoussèrent l’armée « classique » des
12398
ce exacte ». C’est au cri de Vive la Nation ! que
les
sans-culottes repoussèrent l’armée « classique » des alliés. On conna
12399
ve la Nation ! que les sans-culottes repoussèrent
l’
armée « classique » des alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir d
12400
rent l’armée « classique » des alliés. On connaît
le
mot de Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu, de ce jour, dat
12401
armée « classique » des alliés. On connaît le mot
de
Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une è
12402
des alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir
de
la bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’
12403
s alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir de
la
bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’his
12404
naît le mot de Goethe, au soir de la bataille : «
De
ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’histoire du monde »
12405
de Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu,
de
ce jour, date une ère nouvelle dans l’histoire du monde ». Et Foch co
12406
e ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans
l’
histoire du monde ». Et Foch commente ainsi cette phrase fameuse : « U
12407
es déchaînées parce qu’elles allaient consacrer à
la
lutte toutes les ressources de la nation ; parce qu’elles allaient se
12408
rce qu’elles allaient consacrer à la lutte toutes
les
ressources de la nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but
12409
laient consacrer à la lutte toutes les ressources
de
la nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but non un intérê
12410
ent consacrer à la lutte toutes les ressources de
la
nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but non un intérêt d
12411
donner comme but non un intérêt dynastique, mais
la
conquête ou la propagation d’idées philosophiques… d’avantages immaté
12412
ut non un intérêt dynastique, mais la conquête ou
la
propagation d’idées philosophiques… d’avantages immatériels… parce qu
12413
êt dynastique, mais la conquête ou la propagation
d’
idées philosophiques… d’avantages immatériels… parce qu’elles allaient
12414
onquête ou la propagation d’idées philosophiques…
d’
avantages immatériels… parce qu’elles allaient mettre en jeu des senti
12415
ntiments, des passions, c’est-à-dire des éléments
de
force jusqu’alors inexploités ». ⁂ Il serait assez curieux de précise
12416
qu’alors inexploités ». ⁂ Il serait assez curieux
de
préciser le parallèle entre les amours de Bonaparte puis de Napoléon
12417
xploités ». ⁂ Il serait assez curieux de préciser
le
parallèle entre les amours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part,
12418
rait assez curieux de préciser le parallèle entre
les
amours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes d’I
12419
curieux de préciser le parallèle entre les amours
de
Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis
12420
r le parallèle entre les amours de Bonaparte puis
de
Napoléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis d’Autriche, d’aut
12421
ours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et
les
campagnes d’Italie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type de
12422
rte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes
d’
Italie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type de bataille corr
12423
poléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis
d’
Autriche, d’autre part. Un certain type de bataille correspond à la sé
12424
ie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type
de
bataille correspond à la séduction de Joséphine — c’est le coup d’aud
12425
re part. Un certain type de bataille correspond à
la
séduction de Joséphine — c’est le coup d’audace de l’inférieur qui je
12426
ertain type de bataille correspond à la séduction
de
Joséphine — c’est le coup d’audace de l’inférieur qui jette toutes se
12427
le correspond à la séduction de Joséphine — c’est
le
coup d’audace de l’inférieur qui jette toutes ses forces au point déc
12428
spond à la séduction de Joséphine — c’est le coup
d’
audace de l’inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et
12429
a séduction de Joséphine — c’est le coup d’audace
de
l’inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et bluffe ;
12430
éduction de Joséphine — c’est le coup d’audace de
l’
inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et bluffe ; un
12431
orces au point décisif, et bluffe ; un autre type
de
bataille correspond au mariage dynastique avec l’archiduchesse Marie-
12432
de bataille correspond au mariage dynastique avec
l’
archiduchesse Marie-Louise — et c’est la grande partie classique, Wagr
12433
ique avec l’archiduchesse Marie-Louise — et c’est
la
grande partie classique, Wagram par exemple, combinant une science de
12434
mple, combinant une science devenue rhétorique et
la
surprise massive, brutale… Et il n’est pas sans intérêt non plus de n
12435
e, brutale… Et il n’est pas sans intérêt non plus
de
noter que Waterloo fut une bataille perdue par excès de science, peut
12436
er que Waterloo fut une bataille perdue par excès
de
science, peut-être, ou par défaut d’élan national-révolutionnaire… Ce
12437
ue par excès de science, peut-être, ou par défaut
d’
élan national-révolutionnaire… Ce qui est certain, c’est que Napoléon
12438
premier à tenir compte du facteur passionnel dans
la
conduite des batailles. D’où ce cri d’un des généraux qu’il venait de
12439
acteur passionnel dans la conduite des batailles.
D’
où ce cri d’un des généraux qu’il venait de battre en Italie : « Il n’
12440
onnel dans la conduite des batailles. D’où ce cri
d’
un des généraux qu’il venait de battre en Italie : « Il n’est pas poss
12441
ait de battre en Italie : « Il n’est pas possible
de
méconnaître, comme ce Bonaparte, les principes les plus élémentaires
12442
pas possible de méconnaître, comme ce Bonaparte,
les
principes les plus élémentaires de l’art de guerre. » 9.La guerre
12443
de méconnaître, comme ce Bonaparte, les principes
les
plus élémentaires de l’art de guerre. » 9.La guerre nationale À
12444
ce Bonaparte, les principes les plus élémentaires
de
l’art de guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolut
12445
Bonaparte, les principes les plus élémentaires de
l’
art de guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolution
12446
rte, les principes les plus élémentaires de l’art
de
guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolution, l’on
12447
guerre. » 9.La guerre nationale À partir de
la
Révolution, l’on va se battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-di
12448
La guerre nationale À partir de la Révolution,
l’
on va se battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-dire d’une façon
12449
partir de la Révolution, l’on va se battre « avec
le
cœur des soldats » c’est-à-dire d’une façon « farouche et tragique »
12450
battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-dire
d’
une façon « farouche et tragique » (Foch). Il faudrait préciser : ce n
12451
que » (Foch). Il faudrait préciser : ce n’est pas
le
cœur de chaque soldat considéré comme un héros qui décidera du sort d
12452
och). Il faudrait préciser : ce n’est pas le cœur
de
chaque soldat considéré comme un héros qui décidera du sort d’une gue
12453
dat considéré comme un héros qui décidera du sort
d’
une guerre, mais bien le cœur collectif, si l’on ose dire, la puissanc
12454
éros qui décidera du sort d’une guerre, mais bien
le
cœur collectif, si l’on ose dire, la puissance passionnelle de la Nat
12455
ort d’une guerre, mais bien le cœur collectif, si
l’
on ose dire, la puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romant
12456
e, mais bien le cœur collectif, si l’on ose dire,
la
puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romantiques jouèrent
12457
ctif, si l’on ose dire, la puissance passionnelle
de
la Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les g
12458
f, si l’on ose dire, la puissance passionnelle de
la
Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guer
12459
ose dire, la puissance passionnelle de la Nation.
Les
poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guerres de libér
12460
poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans
les
guerres de libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et les phil
12461
ntiques jouèrent un rôle notable dans les guerres
de
libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et les philosophies d’
12462
e notable dans les guerres de libération que mena
la
Prusse contre Napoléon. Et les philosophies d’essence passionnelle d’
12463
libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et
les
philosophies d’essence passionnelle d’un Fichte et d’un Hegel, par ex
12464
na la Prusse contre Napoléon. Et les philosophies
d’
essence passionnelle d’un Fichte et d’un Hegel, par exemple, furent le
12465
oléon. Et les philosophies d’essence passionnelle
d’
un Fichte et d’un Hegel, par exemple, furent les premiers appuis du na
12466
hilosophies d’essence passionnelle d’un Fichte et
d’
un Hegel, par exemple, furent les premiers appuis du nationalisme alle
12467
ent les premiers appuis du nationalisme allemand.
D’
où le caractère de plus en plus sanglant des guerres du xixe siècle.
12468
es premiers appuis du nationalisme allemand. D’où
le
caractère de plus en plus sanglant des guerres du xixe siècle. Il ne
12469
nt des guerres du xixe siècle. Il ne s’agit plus
d’
intérêts, mais de « religions » antagonistes. Or les religions ne tran
12470
xixe siècle. Il ne s’agit plus d’intérêts, mais
de
« religions » antagonistes. Or les religions ne transigent point, à l
12471
’intérêts, mais de « religions » antagonistes. Or
les
religions ne transigent point, à l’inverse des intérêts : elles préfè
12472
gonistes. Or les religions ne transigent point, à
l’
inverse des intérêts : elles préfèrent la mort héroïque. (De tous temp
12473
point, à l’inverse des intérêts : elles préfèrent
la
mort héroïque. (De tous temps les guerres de religion ont été de beau
12474
des intérêts : elles préfèrent la mort héroïque. (
De
tous temps les guerres de religion ont été de beaucoup les plus viole
12475
elles préfèrent la mort héroïque. (De tous temps
les
guerres de religion ont été de beaucoup les plus violentes.) Ceci vau
12476
rent la mort héroïque. (De tous temps les guerres
de
religion ont été de beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour les
12477
e. (De tous temps les guerres de religion ont été
de
beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour les trois premiers quart
12478
temps les guerres de religion ont été de beaucoup
les
plus violentes.) Ceci vaut pour les trois premiers quarts du siècle e
12479
é de beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour
les
trois premiers quarts du siècle et particulièrement pour la période q
12480
remiers quarts du siècle et particulièrement pour
la
période qui va de 1848 à 1870. Après quoi, les passions nationales, p
12481
siècle et particulièrement pour la période qui va
de
1848 à 1870. Après quoi, les passions nationales, provisoirement apai
12482
our la période qui va de 1848 à 1870. Après quoi,
les
passions nationales, provisoirement apaisées, le céderont pendant qua
12483
les passions nationales, provisoirement apaisées,
le
céderont pendant quarante ans aux entreprises du capitalisme et du co
12484
ns aux entreprises du capitalisme et du commerce.
La
violence ne cesse pas de s’exercer au nom de la Nation, mais ce sont
12485
italisme et du commerce. La violence ne cesse pas
de
s’exercer au nom de la Nation, mais ce sont bel et bien des intérêts
12486
. La violence ne cesse pas de s’exercer au nom de
la
Nation, mais ce sont bel et bien des intérêts qui mènent le jeu, ains
12487
mais ce sont bel et bien des intérêts qui mènent
le
jeu, ainsi que l’a fort bien marqué le maréchal Foch, dans ses Princi
12488
et bien des intérêts qui mènent le jeu, ainsi que
l’
a fort bien marqué le maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre :
12489
qui mènent le jeu, ainsi que l’a fort bien marqué
le
maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre : La guerre fut natio
12490
bien marqué le maréchal Foch, dans ses Principes
de
la guerre : La guerre fut nationale au début pour conquérir et garan
12491
en marqué le maréchal Foch, dans ses Principes de
la
guerre : La guerre fut nationale au début pour conquérir et garantir
12492
maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre :
La
guerre fut nationale au début pour conquérir et garantir l’indépendan
12493
fut nationale au début pour conquérir et garantir
l’
indépendance des peuples : Français de 1792-93, Espagnols de 1804-1814
12494
et garantir l’indépendance des peuples : Français
de
1792-93, Espagnols de 1804-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, E
12495
ance des peuples : Français de 1792-93, Espagnols
de
1804-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, Europe de 1814, et comp
12496
ançais de 1792-93, Espagnols de 1804-1814, Russes
de
1812, Allemands de 1813, Europe de 1814, et comporta alors ces manife
12497
Espagnols de 1804-1814, Russes de 1812, Allemands
de
1813, Europe de 1814, et comporta alors ces manifestations glorieuses
12498
4-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, Europe
de
1814, et comporta alors ces manifestations glorieuses et puissantes d
12499
alors ces manifestations glorieuses et puissantes
de
la passion des peuples qui s’appellent : Valmy, Saragosse, Tarancon,
12500
rs ces manifestations glorieuses et puissantes de
la
passion des peuples qui s’appellent : Valmy, Saragosse, Tarancon, Mos
12501
con, Moscou, Leipzig, etc. Elle fut nationale par
la
suite pour conquérir l’unité des races, la nationalité. C’est la thès
12502
c. Elle fut nationale par la suite pour conquérir
l’
unité des races, la nationalité. C’est la thèse des Italiens et des Pr
12503
le par la suite pour conquérir l’unité des races,
la
nationalité. C’est la thèse des Italiens et des Prussiens de 1866, 18
12504
onquérir l’unité des races, la nationalité. C’est
la
thèse des Italiens et des Prussiens de 1866, 1870. Ce sera la thèse a
12505
ité. C’est la thèse des Italiens et des Prussiens
de
1866, 1870. Ce sera la thèse au nom de laquelle le roi de Prusse deve
12506
Italiens et des Prussiens de 1866, 1870. Ce sera
la
thèse au nom de laquelle le roi de Prusse devenu empereur d’Allemagne
12507
e 1866, 1870. Ce sera la thèse au nom de laquelle
le
roi de Prusse devenu empereur d’Allemagne revendiquera les provinces
12508
nom de laquelle le roi de Prusse devenu empereur
d’
Allemagne revendiquera les provinces allemandes de l’Autriche. Mais no
12509
e Prusse devenu empereur d’Allemagne revendiquera
les
provinces allemandes de l’Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1
12510
d’Allemagne revendiquera les provinces allemandes
de
l’Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1903) encore nationale, e
12511
llemagne revendiquera les provinces allemandes de
l’
Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1903) encore nationale, et c
12512
les provinces allemandes de l’Autriche. Mais nous
la
voyons maintenant (1903) encore nationale, et cela pour conquérir des
12513
r conquérir des avantages commerciaux des traités
de
commerce avantageux. Après avoir été le moyen violent que les peuples
12514
s traités de commerce avantageux. Après avoir été
le
moyen violent que les peuples employaient pour se faire une place dan
12515
avantageux. Après avoir été le moyen violent que
les
peuples employaient pour se faire une place dans le monde en tant que
12516
peuples employaient pour se faire une place dans
le
monde en tant que nations, elle devient le moyen qu’ils pratiquent en
12517
e dans le monde en tant que nations, elle devient
le
moyen qu’ils pratiquent encore pour s’enrichir. Trades follows the
12518
ncore pour s’enrichir. Trades follows the flag,
le
commerce suit le drapeau, disent les Anglais. Ce fut la période colon
12519
chir. Trades follows the flag, le commerce suit
le
drapeau, disent les Anglais. Ce fut la période coloniale, la dernière
12520
ows the flag, le commerce suit le drapeau, disent
les
Anglais. Ce fut la période coloniale, la dernière « paix » méritée pa
12521
merce suit le drapeau, disent les Anglais. Ce fut
la
période coloniale, la dernière « paix » méritée par l’Europe. On a ma
12522
riode coloniale, la dernière « paix » méritée par
l’
Europe. On a marqué plus haut (Livre IV, chap. 19) que cette période,
12523
) que cette période, du point de vue des mœurs et
de
leur littérature, se définit par une dernière tentative de mythificat
12524
ittérature, se définit par une dernière tentative
de
mythification de la passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer
12525
finit par une dernière tentative de mythification
de
la passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à la chevalerie,
12526
it par une dernière tentative de mythification de
la
passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à la chevalerie, bi
12527
tive de mythification de la passion. Réaction que
l’
on n’oserait pas comparer à la chevalerie, bien qu’elle remplît la mêm
12528
ssion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à
la
chevalerie, bien qu’elle remplît la même fonction sociale (mais à la
12529
as comparer à la chevalerie, bien qu’elle remplît
la
même fonction sociale (mais à la mesure de notre société). Ce n’était
12530
qu’elle remplît la même fonction sociale (mais à
la
mesure de notre société). Ce n’était plus, en effet, un principe spir
12531
emplît la même fonction sociale (mais à la mesure
de
notre société). Ce n’était plus, en effet, un principe spirituel qui
12532
us, en effet, un principe spirituel qui inspirait
les
« formes » et les conventions, mais des calculs d’intérêts privés, in
12533
rincipe spirituel qui inspirait les « formes » et
les
conventions, mais des calculs d’intérêts privés, incapables de fourni
12534
s « formes » et les conventions, mais des calculs
d’
intérêts privés, incapables de fournir les bases d’une communauté soli
12535
s, mais des calculs d’intérêts privés, incapables
de
fournir les bases d’une communauté solide. La nation même que l’on in
12536
calculs d’intérêts privés, incapables de fournir
les
bases d’une communauté solide. La nation même que l’on invoquait avai
12537
’intérêts privés, incapables de fournir les bases
d’
une communauté solide. La nation même que l’on invoquait avait perdu d
12538
les de fournir les bases d’une communauté solide.
La
nation même que l’on invoquait avait perdu de son prestige romantique
12539
bases d’une communauté solide. La nation même que
l’
on invoquait avait perdu de son prestige romantique : le pavillon couv
12540
de. La nation même que l’on invoquait avait perdu
de
son prestige romantique : le pavillon couvrait les intérêts de l’État
12541
nvoquait avait perdu de son prestige romantique :
le
pavillon couvrait les intérêts de l’État, — non les passions ou l’hon
12542
de son prestige romantique : le pavillon couvrait
les
intérêts de l’État, — non les passions ou l’honneur des élites. Et l’
12543
ge romantique : le pavillon couvrait les intérêts
de
l’État, — non les passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne joua
12544
romantique : le pavillon couvrait les intérêts de
l’
État, — non les passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne jouait
12545
e pavillon couvrait les intérêts de l’État, — non
les
passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que
12546
ait les intérêts de l’État, — non les passions ou
l’
honneur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que le rôle honorif
12547
t, — non les passions ou l’honneur des élites. Et
l’
État ne jouait plus guère que le rôle honorifique d’un conseil d’admin
12548
ur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que
le
rôle honorifique d’un conseil d’administration, faisant la guerre pou
12549
État ne jouait plus guère que le rôle honorifique
d’
un conseil d’administration, faisant la guerre pour des motifs bancair
12550
onorifique d’un conseil d’administration, faisant
la
guerre pour des motifs bancaires (conquête de Madagascar). La guerre
12551
ant la guerre pour des motifs bancaires (conquête
de
Madagascar). La guerre coloniale n’est en somme que la continuation d
12552
ur des motifs bancaires (conquête de Madagascar).
La
guerre coloniale n’est en somme que la continuation de la concurrence
12553
dagascar). La guerre coloniale n’est en somme que
la
continuation de la concurrence capitaliste par des moyens plus onéreu
12554
erre coloniale n’est en somme que la continuation
de
la concurrence capitaliste par des moyens plus onéreux pour le pays,
12555
e coloniale n’est en somme que la continuation de
la
concurrence capitaliste par des moyens plus onéreux pour le pays, sin
12556
ence capitaliste par des moyens plus onéreux pour
le
pays, sinon pour les grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle,
12557
des moyens plus onéreux pour le pays, sinon pour
les
grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle, l’amour179 était dev
12558
le pays, sinon pour les grandes compagnies. Vers
la
fin du xixe siècle, l’amour179 était devenu, dans les classes bourge
12559
grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle,
l’
amour179 était devenu, dans les classes bourgeoises, un bien bizarre m
12560
in du xixe siècle, l’amour179 était devenu, dans
les
classes bourgeoises, un bien bizarre mélange de sentimentalisme à fle
12561
les classes bourgeoises, un bien bizarre mélange
de
sentimentalisme à fleur de nerfs et d’histoires de rentes et de dots
12562
n bien bizarre mélange de sentimentalisme à fleur
de
nerfs et d’histoires de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’
12563
re mélange de sentimentalisme à fleur de nerfs et
d’
histoires de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd
12564
e sentimentalisme à fleur de nerfs et d’histoires
de
rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans le
12565
isme à fleur de nerfs et d’histoires de rentes et
de
dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans les annonces ma
12566
res de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé
d’
être aujourd’hui dans les annonces matrimoniales. La sexualité pure n’
12567
: ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans
les
annonces matrimoniales. La sexualité pure n’intervenait que pour « tr
12568
être aujourd’hui dans les annonces matrimoniales.
La
sexualité pure n’intervenait que pour « troubler » ces petits calculs
12569
» ces petits calculs et ces « beaux sentiments »
de
série. (Comme une goutte d’eau « trouble » l’absinthe, et c’est pourq
12570
« beaux sentiments » de série. (Comme une goutte
d’
eau « trouble » l’absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que l’eau est
12571
s » de série. (Comme une goutte d’eau « trouble »
l’
absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que l’eau est impure). De même l
12572
ble » l’absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que
l’
eau est impure). De même la guerre était un composé d’excitations de l
12573
pourquoi Jarry dit que l’eau est impure). De même
la
guerre était un composé d’excitations de l’opinion publique — qu’est-
12574
u est impure). De même la guerre était un composé
d’
excitations de l’opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sin
12575
De même la guerre était un composé d’excitations
de
l’opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sinon un sentimen
12576
même la guerre était un composé d’excitations de
l’
opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sinon un sentimental
12577
excitations de l’opinion publique — qu’est-ce que
la
« revanche », sinon un sentimentalisme national ? — et de plans comme
12578
anche », sinon un sentimentalisme national ? — et
de
plans commerciaux ou financiers. L’élément proprement guerrier n’y tr
12579
tional ? — et de plans commerciaux ou financiers.
L’
élément proprement guerrier n’y trouvait plus son compte qu’en contreb
12580
r n’y trouvait plus son compte qu’en contrebande.
La
guerre s’embourgeoisait. Le sang se commercialisait. Le type du milit
12581
te qu’en contrebande. La guerre s’embourgeoisait.
Le
sang se commercialisait. Le type du militaire apparaissait déjà comme
12582
rre s’embourgeoisait. Le sang se commercialisait.
Le
type du militaire apparaissait déjà comme une anomalie, aux yeux des
12583
s femmes et des badauds curieux. (C’est ainsi que
les
démocraties s’excitent sur les mariages princiers.) Et l’on croyait p
12584
. (C’est ainsi que les démocraties s’excitent sur
les
mariages princiers.) Et l’on croyait pouvoir liquider sans dommages l
12585
raties s’excitent sur les mariages princiers.) Et
l’
on croyait pouvoir liquider sans dommages le formidable potentiel de f
12586
.) Et l’on croyait pouvoir liquider sans dommages
le
formidable potentiel de frénésie et de grandeurs sanglantes qu’avaien
12587
ir liquider sans dommages le formidable potentiel
de
frénésie et de grandeurs sanglantes qu’avaient accumulé en Occident d
12588
s dommages le formidable potentiel de frénésie et
de
grandeurs sanglantes qu’avaient accumulé en Occident des siècles de c
12589
antes qu’avaient accumulé en Occident des siècles
de
culture de la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les p
12590
aient accumulé en Occident des siècles de culture
de
la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notable
12591
nt accumulé en Occident des siècles de culture de
la
passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notables d
12592
en Occident des siècles de culture de la passion.
La
guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notables de cette méco
12593
t des siècles de culture de la passion. La guerre
de
1914 fut l’un des résultats les plus notables de cette méconnaissance
12594
passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats
les
plus notables de cette méconnaissance du mythe. 10.La guerre total
12595
de 1914 fut l’un des résultats les plus notables
de
cette méconnaissance du mythe. 10.La guerre totale À partir de
12596
10.La guerre totale À partir de Verdun, que
les
Allemands baptisent la Bataille du matériel (Materialschlacht), il se
12597
À partir de Verdun, que les Allemands baptisent
la
Bataille du matériel (Materialschlacht), il semble que le parallélism
12598
lle du matériel (Materialschlacht), il semble que
le
parallélisme institué par la chevalerie entre les formes de l’amour e
12599
acht), il semble que le parallélisme institué par
la
chevalerie entre les formes de l’amour et de la guerre, soit rompu. C
12600
le parallélisme institué par la chevalerie entre
les
formes de l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret
12601
lisme institué par la chevalerie entre les formes
de
l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la gue
12602
me institué par la chevalerie entre les formes de
l’
amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre
12603
par la chevalerie entre les formes de l’amour et
de
la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujou
12604
r la chevalerie entre les formes de l’amour et de
la
guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujours
12605
s de l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes,
le
but concret de la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie
12606
de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret
de
la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie, en détruisant
12607
la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de
la
guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie, en détruisant sa
12608
Certes, le but concret de la guerre fut toujours
de
forcer la résistance ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer l
12609
e but concret de la guerre fut toujours de forcer
la
résistance ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer la résistan
12610
ce ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer
la
résistance de la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol,
12611
détruisant sa force armée. (Forcer la résistance
de
la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guer
12612
truisant sa force armée. (Forcer la résistance de
la
femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre)
12613
orce armée. (Forcer la résistance de la femme par
la
séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre). Mais pour a
12614
la résistance de la femme par la séduction, c’est
la
paix ; par le viol, c’est la guerre). Mais pour autant, l’on ne détru
12615
de la femme par la séduction, c’est la paix ; par
le
viol, c’est la guerre). Mais pour autant, l’on ne détruisait pas la n
12616
la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est
la
guerre). Mais pour autant, l’on ne détruisait pas la nation même dont
12617
par le viol, c’est la guerre). Mais pour autant,
l’
on ne détruisait pas la nation même dont on voulait se rendre maître :
12618
guerre). Mais pour autant, l’on ne détruisait pas
la
nation même dont on voulait se rendre maître : on se bornait à réduir
12619
re ses défenses. Bataille rangée contre une armée
de
métier, siège des ouvrages fortifiés, capture du chef : un système de
12620
ouvrages fortifiés, capture du chef : un système
de
règles précises, donc un art, désignait le vainqueur. Et ce vainqueur
12621
ystème de règles précises, donc un art, désignait
le
vainqueur. Et ce vainqueur triomphait d’un vivant, d’un pays ou d’un
12622
ésignait le vainqueur. Et ce vainqueur triomphait
d’
un vivant, d’un pays ou d’un peuple encore désirables. L’intervention
12623
ainqueur. Et ce vainqueur triomphait d’un vivant,
d’
un pays ou d’un peuple encore désirables. L’intervention d’une techniq
12624
ce vainqueur triomphait d’un vivant, d’un pays ou
d’
un peuple encore désirables. L’intervention d’une technique inhumaine,
12625
vant, d’un pays ou d’un peuple encore désirables.
L’
intervention d’une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes les fo
12626
ou d’un peuple encore désirables. L’intervention
d’
une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes les forces d’un État,
12627
’une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes
les
forces d’un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que
12628
que inhumaine, qui met en œuvre toutes les forces
d’
un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre
12629
met en œuvre toutes les forces d’un État, changea
la
face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale »
12630
uvre toutes les forces d’un État, changea la face
de
la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale » — et non
12631
e toutes les forces d’un État, changea la face de
la
guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale » — et non pl
12632
hangea la face de la guerre à Verdun. Car dès que
la
guerre devient « totale » — et non plus seulement militaire — la dest
12633
nt « totale » — et non plus seulement militaire —
la
destruction des résistances armées signifie l’anéantissement des forc
12634
— la destruction des résistances armées signifie
l’
anéantissement des forces vives de l’ennemi : des ouvriers embrigadés
12635
armées signifie l’anéantissement des forces vives
de
l’ennemi : des ouvriers embrigadés dans les usines, des mères qui pro
12636
ées signifie l’anéantissement des forces vives de
l’
ennemi : des ouvriers embrigadés dans les usines, des mères qui procré
12637
vives de l’ennemi : des ouvriers embrigadés dans
les
usines, des mères qui procréent des soldats, bref de tous les « moyen
12638
usines, des mères qui procréent des soldats, bref
de
tous les « moyens de production », choses et personnes assimilées. La
12639
des mères qui procréent des soldats, bref de tous
les
« moyens de production », choses et personnes assimilées. La guerre n
12640
procréent des soldats, bref de tous les « moyens
de
production », choses et personnes assimilées. La guerre n’est plus un
12641
de production », choses et personnes assimilées.
La
guerre n’est plus un viol mais un assassinat de l’objet convoité et h
12642
. La guerre n’est plus un viol mais un assassinat
de
l’objet convoité et hostile, — c’est-à-dire un acte « total », détrui
12643
a guerre n’est plus un viol mais un assassinat de
l’
objet convoité et hostile, — c’est-à-dire un acte « total », détruisan
12644
emparer. Verdun ne fut d’ailleurs qu’un prodrome
de
cette guerre nouvelle, puisque le procédé se limita à la destruction
12645
qu’un prodrome de cette guerre nouvelle, puisque
le
procédé se limita à la destruction méthodique d’un million de soldats
12646
e guerre nouvelle, puisque le procédé se limita à
la
destruction méthodique d’un million de soldats, non de civils. Mais c
12647
le procédé se limita à la destruction méthodique
d’
un million de soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit de met
12648
e limita à la destruction méthodique d’un million
de
soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit de mettre au point
12649
struction méthodique d’un million de soldats, non
de
civils. Mais ce Kriegspiel permit de mettre au point un instrument qu
12650
soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit
de
mettre au point un instrument qui, par la suite, devait se trouver en
12651
permit de mettre au point un instrument qui, par
la
suite, devait se trouver en mesure d’opérer sur des étendues bien plu
12652
nt qui, par la suite, devait se trouver en mesure
d’
opérer sur des étendues bien plus vastes, comme Londres, Paris et Berl
12653
Londres, Paris et Berlin ; non plus seulement sur
de
la chair à canon, mais sur la chair qui fabrique les canons, ce qui e
12654
dres, Paris et Berlin ; non plus seulement sur de
la
chair à canon, mais sur la chair qui fabrique les canons, ce qui est
12655
plus seulement sur de la chair à canon, mais sur
la
chair qui fabrique les canons, ce qui est évidemment plus efficace. L
12656
la chair à canon, mais sur la chair qui fabrique
les
canons, ce qui est évidemment plus efficace. La technique de la mort
12657
les canons, ce qui est évidemment plus efficace.
La
technique de la mort à grande distance ne trouve son équivalent dans
12658
ce qui est évidemment plus efficace. La technique
de
la mort à grande distance ne trouve son équivalent dans nulle éthique
12659
qui est évidemment plus efficace. La technique de
la
mort à grande distance ne trouve son équivalent dans nulle éthique im
12660
ouve son équivalent dans nulle éthique imaginable
de
l’amour. C’est que la guerre totale échappe à l’homme et à l’instinct
12661
e son équivalent dans nulle éthique imaginable de
l’
amour. C’est que la guerre totale échappe à l’homme et à l’instinct ;
12662
ns nulle éthique imaginable de l’amour. C’est que
la
guerre totale échappe à l’homme et à l’instinct ; elle se retourne co
12663
de l’amour. C’est que la guerre totale échappe à
l’
homme et à l’instinct ; elle se retourne contre la passion même dont e
12664
C’est que la guerre totale échappe à l’homme et à
l’
instinct ; elle se retourne contre la passion même dont elle est née.
12665
l’homme et à l’instinct ; elle se retourne contre
la
passion même dont elle est née. Et c’est cela, non l’envergure des ma
12666
assion même dont elle est née. Et c’est cela, non
l’
envergure des massacres, qui est nouveau dans l’histoire du monde. Là-
12667
n l’envergure des massacres, qui est nouveau dans
l’
histoire du monde. Là-dessus, trois remarques dont on verra qu’elles n
12668
ont on verra qu’elles ne sont pas sans liens : a)
La
guerre est née dans les campagnes : elle a même porté leur nom jusqu’
12669
e sont pas sans liens : a) La guerre est née dans
les
campagnes : elle a même porté leur nom jusqu’à nos jours. Mais depuis
12670
rté leur nom jusqu’à nos jours. Mais depuis 1914,
l’
on assiste à son urbanisation. Pour une bonne part des masses paysanne
12671
sation. Pour une bonne part des masses paysannes,
la
guerre européenne fut un premier contact avec la civilisation techniq
12672
la guerre européenne fut un premier contact avec
la
civilisation technique. Une sorte de visite dirigée de l’exposition u
12673
contact avec la civilisation technique. Une sorte
de
visite dirigée de l’exposition universelle des industries et arts app
12674
vilisation technique. Une sorte de visite dirigée
de
l’exposition universelle des industries et arts appliqués de la mort,
12675
isation technique. Une sorte de visite dirigée de
l’
exposition universelle des industries et arts appliqués de la mort, av
12676
tion universelle des industries et arts appliqués
de
la mort, avec démonstrations quotidiennes sur le vif. D’autre part, o
12677
n universelle des industries et arts appliqués de
la
mort, avec démonstrations quotidiennes sur le vif. D’autre part, on p
12678
de la mort, avec démonstrations quotidiennes sur
le
vif. D’autre part, on pourrait la comparer un premier Plan de quatre
12679
uotidiennes sur le vif. D’autre part, on pourrait
la
comparer un premier Plan de quatre ans — idée que devaient reprendre
12680
tre part, on pourrait la comparer un premier Plan
de
quatre ans — idée que devaient reprendre un peu plus tard les dictate
12681
ns — idée que devaient reprendre un peu plus tard
les
dictateurs, pour certaines fins en apparence contraires, mais en véri
12682
des moyens destructifs, mécanisés, eut pour effet
de
neutraliser la passion proprement belliqueuse des combattants. Il ne
12683
ructifs, mécanisés, eut pour effet de neutraliser
la
passion proprement belliqueuse des combattants. Il ne s’agissait plus
12684
elliqueuse des combattants. Il ne s’agissait plus
de
violence du sang, mais de brutalité quantitative, de masses lancées l
12685
. Il ne s’agissait plus de violence du sang, mais
de
brutalité quantitative, de masses lancées les unes contre les autres
12686
violence du sang, mais de brutalité quantitative,
de
masses lancées les unes contre les autres non plus par des mouvements
12687
mais de brutalité quantitative, de masses lancées
les
unes contre les autres non plus par des mouvements de délire passionn
12688
é quantitative, de masses lancées les unes contre
les
autres non plus par des mouvements de délire passionnel, mais bien pa
12689
nes contre les autres non plus par des mouvements
de
délire passionnel, mais bien par des intelligences calculatrices d’in
12690
el, mais bien par des intelligences calculatrices
d’
ingénieurs. Désormais, l’homme n’est plus que le servant du matériel ;
12691
elligences calculatrices d’ingénieurs. Désormais,
l’
homme n’est plus que le servant du matériel ; il passe lui-même à l’ét
12692
s d’ingénieurs. Désormais, l’homme n’est plus que
le
servant du matériel ; il passe lui-même à l’état de matériel, d’autan
12693
que le servant du matériel ; il passe lui-même à
l’
état de matériel, d’autant plus efficace qu’il sera moins humain dans
12694
servant du matériel ; il passe lui-même à l’état
de
matériel, d’autant plus efficace qu’il sera moins humain dans ses réf
12695
atériel ; il passe lui-même à l’état de matériel,
d’
autant plus efficace qu’il sera moins humain dans ses réflexes individ
12696
main dans ses réflexes individuels. Ainsi, malgré
le
dopage entrepris par la propagande, la victoire dépend en fin de comp
12697
ndividuels. Ainsi, malgré le dopage entrepris par
la
propagande, la victoire dépend en fin de compte des lois de la mécani
12698
si, malgré le dopage entrepris par la propagande,
la
victoire dépend en fin de compte des lois de la mécanique plutôt que
12699
nde, la victoire dépend en fin de compte des lois
de
la mécanique plutôt que des prévisions de la psychologie. L’instinct
12700
, la victoire dépend en fin de compte des lois de
la
mécanique plutôt que des prévisions de la psychologie. L’instinct com
12701
es lois de la mécanique plutôt que des prévisions
de
la psychologie. L’instinct combatif est déçu. L’explosion habituelle
12702
lois de la mécanique plutôt que des prévisions de
la
psychologie. L’instinct combatif est déçu. L’explosion habituelle de
12703
ique plutôt que des prévisions de la psychologie.
L’
instinct combatif est déçu. L’explosion habituelle de sexualité qui ac
12704
de la psychologie. L’instinct combatif est déçu.
L’
explosion habituelle de sexualité qui accompagnait les grands conflits
12705
nstinct combatif est déçu. L’explosion habituelle
de
sexualité qui accompagnait les grands conflits ne s’est guère produit
12706
xplosion habituelle de sexualité qui accompagnait
les
grands conflits ne s’est guère produite qu’à l’arrière dans les popul
12707
les grands conflits ne s’est guère produite qu’à
l’
arrière dans les populations civiles. En dépit des efforts du lyrisme
12708
flits ne s’est guère produite qu’à l’arrière dans
les
populations civiles. En dépit des efforts du lyrisme officiel, d’une
12709
iviles. En dépit des efforts du lyrisme officiel,
d’
une certaine littérature et de l’imagerie populaire, le retour du perm
12710
u lyrisme officiel, d’une certaine littérature et
de
l’imagerie populaire, le retour du permissionnaire ne ressemble à rie
12711
yrisme officiel, d’une certaine littérature et de
l’
imagerie populaire, le retour du permissionnaire ne ressemble à rien m
12712
certaine littérature et de l’imagerie populaire,
le
retour du permissionnaire ne ressemble à rien moins qu’à la ruée du m
12713
du permissionnaire ne ressemble à rien moins qu’à
la
ruée du mâle longtemps privé. Des témoignages sans nombre de médecins
12714
mâle longtemps privé. Des témoignages sans nombre
de
médecins et de soldats prouvent que la guerre du matériel s’est tradu
12715
privé. Des témoignages sans nombre de médecins et
de
soldats prouvent que la guerre du matériel s’est traduite en réalité
12716
ans nombre de médecins et de soldats prouvent que
la
guerre du matériel s’est traduite en réalité par une « catastrophe se
12717
e en réalité par une « catastrophe sexuelle »180.
L’
impuissance généralisée, ou du moins ses prodromes tels qu’onanisme ch
12718
s qu’onanisme chronique et homosexualité, tel fut
le
résultat statistique de quatre années passées dans les tranchées. Et
12719
et homosexualité, tel fut le résultat statistique
de
quatre années passées dans les tranchées. Et de là vient que pour la
12720
ésultat statistique de quatre années passées dans
les
tranchées. Et de là vient que pour la première fois, l’on ait assisté
12721
e de quatre années passées dans les tranchées. Et
de
là vient que pour la première fois, l’on ait assisté à une révolte gé
12722
nchées. Et de là vient que pour la première fois,
l’
on ait assisté à une révolte généralisée des soldats contre la guerre1
12723
isté à une révolte généralisée des soldats contre
la
guerre181, celle-ci ne figurant plus l’exutoire des passions, mais un
12724
ts contre la guerre181, celle-ci ne figurant plus
l’
exutoire des passions, mais une sorte d’immense castration de l’Europe
12725
rant plus l’exutoire des passions, mais une sorte
d’
immense castration de l’Europe. c) La guerre totale suppose la destruc
12726
des passions, mais une sorte d’immense castration
de
l’Europe. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les fo
12727
passions, mais une sorte d’immense castration de
l’
Europe. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les forme
12728
is une sorte d’immense castration de l’Europe. c)
La
guerre totale suppose la destruction de toutes les formes conventionn
12729
stration de l’Europe. c) La guerre totale suppose
la
destruction de toutes les formes conventionnelles de la lutte. À part
12730
urope. c) La guerre totale suppose la destruction
de
toutes les formes conventionnelles de la lutte. À partir de 1920, on
12731
La guerre totale suppose la destruction de toutes
les
formes conventionnelles de la lutte. À partir de 1920, on ne se soume
12732
destruction de toutes les formes conventionnelles
de
la lutte. À partir de 1920, on ne se soumettra plus aux « simagrées d
12733
truction de toutes les formes conventionnelles de
la
lutte. À partir de 1920, on ne se soumettra plus aux « simagrées dipl
12734
se soumettra plus aux « simagrées diplomatiques »
de
l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront
12735
soumettra plus aux « simagrées diplomatiques » de
l’
ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront pl
12736
aux « simagrées diplomatiques » de l’ultimatum et
de
la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront plus la solennell
12737
« simagrées diplomatiques » de l’ultimatum et de
la
« déclaration » de guerre. Les traités ne seront plus la solennelle c
12738
atiques » de l’ultimatum et de la « déclaration »
de
guerre. Les traités ne seront plus la solennelle conclusion des hosti
12739
e l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre.
Les
traités ne seront plus la solennelle conclusion des hostilités. Les d
12740
claration » de guerre. Les traités ne seront plus
la
solennelle conclusion des hostilités. Les distinctions arbitraires en
12741
ont plus la solennelle conclusion des hostilités.
Les
distinctions arbitraires entre villes ouvertes et villes fortifiées,
12742
t villes fortifiées, civils et militaires, moyens
de
destruction permis ou condamnés, tomberont. D’où résulte que la défai
12743
ns de destruction permis ou condamnés, tomberont.
D’
où résulte que la défaite d’un pays ne sera plus symbolique, métaphori
12744
permis ou condamnés, tomberont. D’où résulte que
la
défaite d’un pays ne sera plus symbolique, métaphorique, c’est-à-dire
12745
condamnés, tomberont. D’où résulte que la défaite
d’
un pays ne sera plus symbolique, métaphorique, c’est-à-dire limitée à
12746
certains signes convenus, mais sera concrètement
la
mort de ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée de rè
12747
s signes convenus, mais sera concrètement la mort
de
ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée de règles, la
12748
ment la mort de ce pays. Encore une fois, dès que
l’
on abandonne l’idée de règles, la guerre ne traduit plus l’acte du vio
12749
ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne
l’
idée de règles, la guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan d
12750
s. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée
de
règles, la guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan des nati
12751
ne fois, dès que l’on abandonne l’idée de règles,
la
guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan des nations, mais b
12752
donne l’idée de règles, la guerre ne traduit plus
l’
acte du viol sur le plan des nations, mais bien l’acte du crime sadiqu
12753
l’acte du viol sur le plan des nations, mais bien
l’
acte du crime sadique, la possession d’une victime morte, donc en fait
12754
n des nations, mais bien l’acte du crime sadique,
la
possession d’une victime morte, donc en fait la non-possession. Elle
12755
mais bien l’acte du crime sadique, la possession
d’
une victime morte, donc en fait la non-possession. Elle n’exprime plus
12756
, la possession d’une victime morte, donc en fait
la
non-possession. Elle n’exprime plus l’instinct sexuel normal, ni même
12757
nc en fait la non-possession. Elle n’exprime plus
l’
instinct sexuel normal, ni même la passion qui l’utilise et le transce
12758
n’exprime plus l’instinct sexuel normal, ni même
la
passion qui l’utilise et le transcende, mais seulement cette perversi
12759
l’instinct sexuel normal, ni même la passion qui
l’
utilise et le transcende, mais seulement cette perversion de la passio
12760
exuel normal, ni même la passion qui l’utilise et
le
transcende, mais seulement cette perversion de la passion — d’ailleur
12761
et le transcende, mais seulement cette perversion
de
la passion — d’ailleurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le
12762
le transcende, mais seulement cette perversion de
la
passion — d’ailleurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le « c
12763
erversion de la passion — d’ailleurs fatale, nous
l’
avons vu ailleurs — qu’est le « complexe de castration ». 11.La pas
12764
illeurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est
le
« complexe de castration ». 11.La passion transportée dans la poli
12765
, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le « complexe
de
castration ». 11.La passion transportée dans la politique Chass
12766
e castration ». 11.La passion transportée dans
la
politique Chassée du champ de la guerre chevaleresque, lorsque ce
12767
transportée dans la politique Chassée du champ
de
la guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doi
12768
nsportée dans la politique Chassée du champ de
la
guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doit l
12769
e la guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse
d’
être clos comme doit l’être un terrain de jeu, et qu’il n’est plus une
12770
ue, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doit
l’
être un terrain de jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée de symbol
12771
mp cesse d’être clos comme doit l’être un terrain
de
jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée de symboles, mais un secteu
12772
rain de jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée
de
symboles, mais un secteur de bombardement — la passion a cherché et t
12773
lus une lice décorée de symboles, mais un secteur
de
bombardement — la passion a cherché et trouvé d’autres modes d’expres
12774
ée de symboles, mais un secteur de bombardement —
la
passion a cherché et trouvé d’autres modes d’expression en actes. Ell
12775
t — la passion a cherché et trouvé d’autres modes
d’
expression en actes. Elle y était d’ailleurs contrainte par la dépréci
12776
en actes. Elle y était d’ailleurs contrainte par
la
dépréciation des résistances morales et privées, non moins que par la
12777
résistances morales et privées, non moins que par
la
dénaturation de la guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, l
12778
les et privées, non moins que par la dénaturation
de
la guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, les mœurs se sont
12779
et privées, non moins que par la dénaturation de
la
guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, les mœurs se sont as
12780
ar la dénaturation de la guerre. D’une part, dans
les
pays démocratiques, les mœurs se sont assouplies à tel point qu’elles
12781
guerre. D’une part, dans les pays démocratiques,
les
mœurs se sont assouplies à tel point qu’elles tendent à n’offrir plus
12782
lies à tel point qu’elles tendent à n’offrir plus
d’
obstacles absolus, donc exaltants pour la passion ; d’autre part, dans
12783
rir plus d’obstacles absolus, donc exaltants pour
la
passion ; d’autre part, dans les pays totalitaires, le dressage des j
12784
nc exaltants pour la passion ; d’autre part, dans
les
pays totalitaires, le dressage des jeunes par l’État tend à éliminer
12785
ssion ; d’autre part, dans les pays totalitaires,
le
dressage des jeunes par l’État tend à éliminer de la vie privée toute
12786
les pays totalitaires, le dressage des jeunes par
l’
État tend à éliminer de la vie privée toute espèce de tragique intime
12787
le dressage des jeunes par l’État tend à éliminer
de
la vie privée toute espèce de tragique intime et de problématique sen
12788
dressage des jeunes par l’État tend à éliminer de
la
vie privée toute espèce de tragique intime et de problématique sentim
12789
tat tend à éliminer de la vie privée toute espèce
de
tragique intime et de problématique sentimentale. L’anarchie des mœur
12790
la vie privée toute espèce de tragique intime et
de
problématique sentimentale. L’anarchie des mœurs et l’hygiène autorit
12791
tragique intime et de problématique sentimentale.
L’
anarchie des mœurs et l’hygiène autoritaire agissent à peu près dans l
12792
oblématique sentimentale. L’anarchie des mœurs et
l’
hygiène autoritaire agissent à peu près dans le même sens : elles déço
12793
et l’hygiène autoritaire agissent à peu près dans
le
même sens : elles déçoivent le besoin de passion, héréditaire ou acqu
12794
nt à peu près dans le même sens : elles déçoivent
le
besoin de passion, héréditaire ou acquis par la culture ; elles déten
12795
rès dans le même sens : elles déçoivent le besoin
de
passion, héréditaire ou acquis par la culture ; elles détendent ses r
12796
t le besoin de passion, héréditaire ou acquis par
la
culture ; elles détendent ses ressorts intimes et personnels. L’amou
12797
es détendent ses ressorts intimes et personnels.
L’
amour, dans l’après-guerre, fut un curieux mélange d’intellectualisme
12798
es ressorts intimes et personnels. L’amour, dans
l’
après-guerre, fut un curieux mélange d’intellectualisme angoissé (litt
12799
mour, dans l’après-guerre, fut un curieux mélange
d’
intellectualisme angoissé (littérature de l’inquiétude et de l’anarchi
12800
mélange d’intellectualisme angoissé (littérature
de
l’inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste
12801
lange d’intellectualisme angoissé (littérature de
l’
inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Ne
12802
tualisme angoissé (littérature de l’inquiétude et
de
l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit
12803
lisme angoissé (littérature de l’inquiétude et de
l’
anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit des
12804
e de l’inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et
de
cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit des Allemands). L’on vit bien
12805
e matérialiste (Neue Sachlichkeit des Allemands).
L’
on vit bien que la passion romantique ne trouvait plus de quoi se comp
12806
ue Sachlichkeit des Allemands). L’on vit bien que
la
passion romantique ne trouvait plus de quoi se composer un mythe ; ne
12807
t bien que la passion romantique ne trouvait plus
de
quoi se composer un mythe ; ne trouvait plus des résistances choisies
12808
des résistances choisies au sein d’une atmosphère
d’
orageuse et secrète dévotion. La crainte morbide des entraînements « n
12809
d’une atmosphère d’orageuse et secrète dévotion.
La
crainte morbide des entraînements « naïfs » et des « duperies du cœur
12810
s « duperies du cœur », alliée à un désir fébrile
d’
aventure, voilà le climat des principaux romans de cette période. Et c
12811
ur », alliée à un désir fébrile d’aventure, voilà
le
climat des principaux romans de cette période. Et cela signifie sans
12812
d’aventure, voilà le climat des principaux romans
de
cette période. Et cela signifie sans équivoque que les relations indi
12813
ette période. Et cela signifie sans équivoque que
les
relations individuelles des sexes ont cessé d’être le lieu par excell
12814
e les relations individuelles des sexes ont cessé
d’
être le lieu par excellence où se réalise la passion. Celle-ci paraît
12815
elations individuelles des sexes ont cessé d’être
le
lieu par excellence où se réalise la passion. Celle-ci paraît se déta
12816
cessé d’être le lieu par excellence où se réalise
la
passion. Celle-ci paraît se détacher de son support. Nous sommes entr
12817
e réalise la passion. Celle-ci paraît se détacher
de
son support. Nous sommes entrés dans l’ère des libidos errantes, en q
12818
détacher de son support. Nous sommes entrés dans
l’
ère des libidos errantes, en quête d’un théâtre nouveau. Et le premier
12819
entrés dans l’ère des libidos errantes, en quête
d’
un théâtre nouveau. Et le premier qui s’est offert, c’est le théâtre p
12820
re nouveau. Et le premier qui s’est offert, c’est
le
théâtre politique. La politique de masses, telle qu’on l’a pratiquée
12821
ier qui s’est offert, c’est le théâtre politique.
La
politique de masses, telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917 n’est que
12822
offert, c’est le théâtre politique. La politique
de
masses, telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917 n’est que la continuati
12823
re politique. La politique de masses, telle qu’on
l’
a pratiquée depuis 1917 n’est que la continuation de la guerre totale
12824
, telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917 n’est que
la
continuation de la guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre
12825
a pratiquée depuis 1917 n’est que la continuation
de
la guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre une fois de plus
12826
ratiquée depuis 1917 n’est que la continuation de
la
guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre une fois de plus, e
12827
utres moyens (pour reprendre une fois de plus, en
l’
inversant, la célèbre formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l
12828
(pour reprendre une fois de plus, en l’inversant,
la
célèbre formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l’indique déjà
12829
fois de plus, en l’inversant, la célèbre formule
de
Clausewitz). Le terme de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs,
12830
n l’inversant, la célèbre formule de Clausewitz).
Le
terme de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitai
12831
sant, la célèbre formule de Clausewitz). Le terme
de
« fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est
12832
re formule de Clausewitz). Le terme de « fronts »
l’
indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est que l’état de
12833
me de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs,
l’
État totalitaire n’est que l’état de guerre prolongé, ou recréé, et en
12834
jà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est que
l’
état de guerre prolongé, ou recréé, et entretenu en permanence dans la
12835
par ailleurs, l’État totalitaire n’est que l’état
de
guerre prolongé, ou recréé, et entretenu en permanence dans la nation
12836
longé, ou recréé, et entretenu en permanence dans
la
nation. Mais si la guerre totale anéantit toute possibilité de passio
12837
t entretenu en permanence dans la nation. Mais si
la
guerre totale anéantit toute possibilité de passion, la politique ne
12838
is si la guerre totale anéantit toute possibilité
de
passion, la politique ne fait que transposer les passions individuell
12839
rre totale anéantit toute possibilité de passion,
la
politique ne fait que transposer les passions individuelles au niveau
12840
é de passion, la politique ne fait que transposer
les
passions individuelles au niveau de l’être collectif. Tout ce que l’é
12841
ransposer les passions individuelles au niveau de
l’
être collectif. Tout ce que l’éducation totalitaire refuse aux individ
12842
uelles au niveau de l’être collectif. Tout ce que
l’
éducation totalitaire refuse aux individus isolés, elle le reporte sur
12843
ion totalitaire refuse aux individus isolés, elle
le
reporte sur la nation personnifiée. C’est la nation (ou le Parti) qui
12844
refuse aux individus isolés, elle le reporte sur
la
nation personnifiée. C’est la nation (ou le Parti) qui a des passions
12845
elle le reporte sur la nation personnifiée. C’est
la
nation (ou le Parti) qui a des passions. C’est elle (ou lui) qui assu
12846
e sur la nation personnifiée. C’est la nation (ou
le
Parti) qui a des passions. C’est elle (ou lui) qui assume désormais l
12847
assions. C’est elle (ou lui) qui assume désormais
la
dialectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course incon
12848
elle (ou lui) qui assume désormais la dialectique
de
l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mo
12849
e (ou lui) qui assume désormais la dialectique de
l’
obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mort
12850
désormais la dialectique de l’obstacle exaltant,
de
l’ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante
12851
sormais la dialectique de l’obstacle exaltant, de
l’
ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. T
12852
ialectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et
de
la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l
12853
ectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de
la
course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l’in
12854
ltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à
la
mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l’intérieur et à la base, on
12855
ente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à
l’
intérieur et à la base, on stérilise les problèmes personnels, à l’ext
12856
roïque, divinisante. Tandis qu’à l’intérieur et à
la
base, on stérilise les problèmes personnels, à l’extérieur et au somm
12857
andis qu’à l’intérieur et à la base, on stérilise
les
problèmes personnels, à l’extérieur et au sommet le potentiel de pass
12858
la base, on stérilise les problèmes personnels, à
l’
extérieur et au sommet le potentiel de passion s’accroît de jour en jo
12859
problèmes personnels, à l’extérieur et au sommet
le
potentiel de passion s’accroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe
12860
rsonnels, à l’extérieur et au sommet le potentiel
de
passion s’accroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe dans la moral
12861
ur et au sommet le potentiel de passion s’accroît
de
jour en jour. L’eugénisme triomphe dans la morale qui concerne les ci
12862
e potentiel de passion s’accroît de jour en jour.
L’
eugénisme triomphe dans la morale qui concerne les citoyens : et l’eug
12863
ccroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe dans
la
morale qui concerne les citoyens : et l’eugénisme est la négation rat
12864
L’eugénisme triomphe dans la morale qui concerne
les
citoyens : et l’eugénisme est la négation rationnelle de toute espèce
12865
phe dans la morale qui concerne les citoyens : et
l’
eugénisme est la négation rationnelle de toute espèce d’aventure privé
12866
le qui concerne les citoyens : et l’eugénisme est
la
négation rationnelle de toute espèce d’aventure privée. Mais cela ne
12867
yens : et l’eugénisme est la négation rationnelle
de
toute espèce d’aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la ten
12868
nisme est la négation rationnelle de toute espèce
d’
aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension de l’ensemb
12869
d’aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter
la
tension de l’ensemble, personnifié dans la Nation. L’État-nation dit
12870
privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension
de
l’ensemble, personnifié dans la Nation. L’État-nation dit aux Alleman
12871
vée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension de
l’
ensemble, personnifié dans la Nation. L’État-nation dit aux Allemands
12872
menter la tension de l’ensemble, personnifié dans
la
Nation. L’État-nation dit aux Allemands : — Procréez ! et c’est une n
12873
ension de l’ensemble, personnifié dans la Nation.
L’
État-nation dit aux Allemands : — Procréez ! et c’est une négation de
12874
ux Allemands : — Procréez ! et c’est une négation
de
la passion ; mais il dit aux peuples voisins : — Nous sommes trop nom
12875
Allemands : — Procréez ! et c’est une négation de
la
passion ; mais il dit aux peuples voisins : — Nous sommes trop nombre
12876
s, j’exige donc des terres nouvelles ! — et c’est
la
nouvelle passion. Ainsi toutes les tensions supprimées à la base vien
12877
es ! — et c’est la nouvelle passion. Ainsi toutes
les
tensions supprimées à la base viennent s’accumuler au sommet. Or il e
12878
e passion. Ainsi toutes les tensions supprimées à
la
base viennent s’accumuler au sommet. Or il est clair que ces volontés
12879
muler au sommet. Or il est clair que ces volontés
de
puissance affrontées — il y a déjà plusieurs États totalitaires — ne
12880
assionnément. Elles deviennent l’une pour l’autre
l’
obstacle. Le but réel, tacite, fatal, de ces exaltations totalitaires
12881
. Elles deviennent l’une pour l’autre l’obstacle.
Le
but réel, tacite, fatal, de ces exaltations totalitaires est donc la
12882
r l’autre l’obstacle. Le but réel, tacite, fatal,
de
ces exaltations totalitaires est donc la guerre, qui signifie la mort
12883
, fatal, de ces exaltations totalitaires est donc
la
guerre, qui signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de la p
12884
ons totalitaires est donc la guerre, qui signifie
la
mort. Et comme on le voit dans le cas de la passion d’amour, ce but e
12885
donc la guerre, qui signifie la mort. Et comme on
le
voit dans le cas de la passion d’amour, ce but est non seulement nié
12886
e, qui signifie la mort. Et comme on le voit dans
le
cas de la passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur
12887
signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas
de
la passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les
12888
nifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de
la
passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les in
12889
rt. Et comme on le voit dans le cas de la passion
d’
amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les intéressés, m
12890
ur, ce but est non seulement nié avec vigueur par
les
intéressés, mais il est réellement inconscient. Personne n’ose dire :
12891
lement inconscient. Personne n’ose dire : je veux
la
guerre ; non plus que dans l’amour-passion, les amants ne disent : je
12892
’ose dire : je veux la guerre ; non plus que dans
l’
amour-passion, les amants ne disent : je veux la mort. Seulement, tout
12893
ux la guerre ; non plus que dans l’amour-passion,
les
amants ne disent : je veux la mort. Seulement, tout ce que l’on fait
12894
s l’amour-passion, les amants ne disent : je veux
la
mort. Seulement, tout ce que l’on fait prépare cette fin. Et tout ce
12895
disent : je veux la mort. Seulement, tout ce que
l’
on fait prépare cette fin. Et tout ce que l’on exalte y trouve son sen
12896
e que l’on fait prépare cette fin. Et tout ce que
l’
on exalte y trouve son sens réel. Il serait aisé de multiplier les pre
12897
’on exalte y trouve son sens réel. Il serait aisé
de
multiplier les preuves de ce nouveau parallélisme entre la politique
12898
rouve son sens réel. Il serait aisé de multiplier
les
preuves de ce nouveau parallélisme entre la politique et la passion.
12899
ns réel. Il serait aisé de multiplier les preuves
de
ce nouveau parallélisme entre la politique et la passion. L’ascèse co
12900
lier les preuves de ce nouveau parallélisme entre
la
politique et la passion. L’ascèse collectivisée, ce sont les restrict
12901
de ce nouveau parallélisme entre la politique et
la
passion. L’ascèse collectivisée, ce sont les restrictions que l’État
12902
au parallélisme entre la politique et la passion.
L’
ascèse collectivisée, ce sont les restrictions que l’État impose au no
12903
ue et la passion. L’ascèse collectivisée, ce sont
les
restrictions que l’État impose au nom de la grandeur nationale. L’hon
12904
scèse collectivisée, ce sont les restrictions que
l’
État impose au nom de la grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c
12905
sont les restrictions que l’État impose au nom de
la
grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c’est l’inquiète suscepti
12906
ue l’État impose au nom de la grandeur nationale.
L’
honneur du chevalier, c’est l’inquiète susceptibilité des Nations tota
12907
grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c’est
l’
inquiète susceptibilité des Nations totalitaires. Enfin, je soulignera
12908
je soulignerai un fait assez frappant : c’est que
les
foules réagissent au dictateur, dans un pays donné, de la même manièr
12909
ules réagissent au dictateur, dans un pays donné,
de
la même manière que la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations
12910
s réagissent au dictateur, dans un pays donné, de
la
même manière que la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de
12911
ateur, dans un pays donné, de la même manière que
la
femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de l’homme. Le Françai
12912
la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations
de
l’homme. Le Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de la masse
12913
femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de
l’
homme. Le Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de la masse ger
12914
ns ce pays, réagit aux sollicitations de l’homme.
Le
Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de la masse germanique,
12915
tions de l’homme. Le Français s’étonne des succès
d’
Hitler auprès de la masse germanique, mais il ne s’étonnerait pas moin
12916
e Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de
la
masse germanique, mais il ne s’étonnerait pas moins des façons qui pl
12917
oins des façons qui plaisent aux Allemandes. Chez
les
Latins, faire la cour à une femme c’est l’étourdir de paroles flatteu
12918
i plaisent aux Allemandes. Chez les Latins, faire
la
cour à une femme c’est l’étourdir de paroles flatteuses : ainsi nos h
12919
Chez les Latins, faire la cour à une femme c’est
l’
étourdir de paroles flatteuses : ainsi nos hommes politiques quand ils
12920
atins, faire la cour à une femme c’est l’étourdir
de
paroles flatteuses : ainsi nos hommes politiques quand ils courtisent
12921
il ne persuade pas, il envoûte ; il invoque enfin
le
destin et affirme qu’il est ce destin… De la sorte, il délivre la fou
12922
e enfin le destin et affirme qu’il est ce destin…
De
la sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc
12923
nfin le destin et affirme qu’il est ce destin… De
la
sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc du
12924
irme qu’il est ce destin… De la sorte, il délivre
la
foule de la responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant
12925
l est ce destin… De la sorte, il délivre la foule
de
la responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant de sa cu
12926
st ce destin… De la sorte, il délivre la foule de
la
responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant de sa culpa
12927
a sorte, il délivre la foule de la responsabilité
de
ses actes, donc du sentiment oppressant de sa culpabilité morale. Ell
12928
bilité de ses actes, donc du sentiment oppressant
de
sa culpabilité morale. Elle se rend au sauveur terrible et le nomme s
12929
ilité morale. Elle se rend au sauveur terrible et
le
nomme son libérateur dans l’instant même qu’il l’enchaîne et la possè
12930
sauveur terrible et le nomme son libérateur dans
l’
instant même qu’il l’enchaîne et la possède. N’oublions pas que le ter
12931
le nomme son libérateur dans l’instant même qu’il
l’
enchaîne et la possède. N’oublions pas que le terme populaire désignan
12932
ibérateur dans l’instant même qu’il l’enchaîne et
la
possède. N’oublions pas que le terme populaire désignant en Allemagne
12933
u’il l’enchaîne et la possède. N’oublions pas que
le
terme populaire désignant en Allemagne l’acte d’épouser, c’est freien
12934
pas que le terme populaire désignant en Allemagne
l’
acte d’épouser, c’est freien, verbe qui signifie littéralement : libér
12935
le terme populaire désignant en Allemagne l’acte
d’
épouser, c’est freien, verbe qui signifie littéralement : libérer… Hit
12936
erbe qui signifie littéralement : libérer… Hitler
le
sait peut-être un peu trop bien : Dans sa grande majorité, écrit-il,
12937
u trop bien : Dans sa grande majorité, écrit-il,
le
peuple se trouve dans une disposition et un état d’esprit à tel point
12938
ns et ses actes sont déterminés beaucoup plus par
l’
impression produite sur les sens que par la pure réflexion. La masse e
12939
minés beaucoup plus par l’impression produite sur
les
sens que par la pure réflexion. La masse est peu accessible aux idées
12940
us par l’impression produite sur les sens que par
la
pure réflexion. La masse est peu accessible aux idées abstraites. Par
12941
produite sur les sens que par la pure réflexion.
La
masse est peu accessible aux idées abstraites. Par contre, on l’empoi
12942
u accessible aux idées abstraites. Par contre, on
l’
empoignera plus facilement dans le domaine des sentiments… De tous tem
12943
Par contre, on l’empoignera plus facilement dans
le
domaine des sentiments… De tous temps, la force qui a mis en mouvemen
12944
a plus facilement dans le domaine des sentiments…
De
tous temps, la force qui a mis en mouvement les révolutions les plus
12945
nt dans le domaine des sentiments… De tous temps,
la
force qui a mis en mouvement les révolutions les plus violentes a rés
12946
s… De tous temps, la force qui a mis en mouvement
les
révolutions les plus violentes a résidé bien moins dans la proclamati
12947
, la force qui a mis en mouvement les révolutions
les
plus violentes a résidé bien moins dans la proclamation d’une idée sc
12948
tions les plus violentes a résidé bien moins dans
la
proclamation d’une idée scientifique qui s’emparait des foules que da
12949
iolentes a résidé bien moins dans la proclamation
d’
une idée scientifique qui s’emparait des foules que dans un fanatisme
12950
isme animateur et dans une véritable hystérie qui
les
emballait follement. (Mein Kampf) Oui, « de tous temps » ce fut ains
12951
qui les emballait follement. (Mein Kampf) Oui, «
de
tous temps » ce fut ainsi. Mais la nouveauté de notre temps, c’est qu
12952
Kampf) Oui, « de tous temps » ce fut ainsi. Mais
la
nouveauté de notre temps, c’est que l’action passionnelle sur les mas
12953
« de tous temps » ce fut ainsi. Mais la nouveauté
de
notre temps, c’est que l’action passionnelle sur les masses, telle qu
12954
insi. Mais la nouveauté de notre temps, c’est que
l’
action passionnelle sur les masses, telle que la définit Hitler, se do
12955
notre temps, c’est que l’action passionnelle sur
les
masses, telle que la définit Hitler, se double désormais d’une action
12956
e l’action passionnelle sur les masses, telle que
la
définit Hitler, se double désormais d’une action rationalisante sur l
12957
telle que la définit Hitler, se double désormais
d’
une action rationalisante sur les individus. En outre, cette action n’
12958
double désormais d’une action rationalisante sur
les
individus. En outre, cette action n’est plus exercée par un meneur qu
12959
t plus exercée par un meneur quelconque, mais par
le
chef qui incarne la Nation. D’où la puissance sans précédent du trans
12960
n meneur quelconque, mais par le chef qui incarne
la
Nation. D’où la puissance sans précédent du transfert qui s’opère du
12961
elconque, mais par le chef qui incarne la Nation.
D’
où la puissance sans précédent du transfert qui s’opère du privé au pu
12962
que, mais par le chef qui incarne la Nation. D’où
la
puissance sans précédent du transfert qui s’opère du privé au public.
12963
public. Quel Wagner surhumain sera donc en mesure
d’
orchestrer la grandiose catastrophe de la passion devenue totalitaire
12964
Wagner surhumain sera donc en mesure d’orchestrer
la
grandiose catastrophe de la passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous
12965
c en mesure d’orchestrer la grandiose catastrophe
de
la passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil d’une conc
12966
n mesure d’orchestrer la grandiose catastrophe de
la
passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil d’une conclus
12967
n devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil
d’
une conclusion que j’étais loin de prévoir en commençant ce livre. Que
12968
étais loin de prévoir en commençant ce livre. Que
l’
on suive l’évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire
12969
de prévoir en commençant ce livre. Que l’on suive
l’
évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire de la litt
12970
e. Que l’on suive l’évolution du mythe occidental
de
la passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’histoire des m
12971
Que l’on suive l’évolution du mythe occidental de
la
passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’histoire des méth
12972
’évolution du mythe occidental de la passion dans
l’
histoire de la littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerr
12973
du mythe occidental de la passion dans l’histoire
de
la littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est la
12974
mythe occidental de la passion dans l’histoire de
la
littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est la mê
12975
passion dans l’histoire de la littérature ou dans
l’
histoire des méthodes de la guerre, c’est la même courbe qui apparaît.
12976
de la littérature ou dans l’histoire des méthodes
de
la guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareill
12977
la littérature ou dans l’histoire des méthodes de
la
guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareilleme
12978
dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est
la
même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareillement à cet aspect t
12979
la guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et
l’
on aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré de la crise de notre
12980
’on aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré
de
la crise de notre époque, qui est la dissolution des formes instituée
12981
aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré de
la
crise de notre époque, qui est la dissolution des formes instituées p
12982
pareillement à cet aspect trop ignoré de la crise
de
notre époque, qui est la dissolution des formes instituées par la che
12983
trop ignoré de la crise de notre époque, qui est
la
dissolution des formes instituées par la chevalerie. C’est dans le do
12984
qui est la dissolution des formes instituées par
la
chevalerie. C’est dans le domaine de la guerre, où toute évolution es
12985
s formes instituées par la chevalerie. C’est dans
le
domaine de la guerre, où toute évolution est pratiquement irréversibl
12986
stituées par la chevalerie. C’est dans le domaine
de
la guerre, où toute évolution est pratiquement irréversible, — alors
12987
tuées par la chevalerie. C’est dans le domaine de
la
guerre, où toute évolution est pratiquement irréversible, — alors qu’
12988
alors qu’il y a des « retours » littéraires — que
la
nécessité d’une solution nouvelle est apparue en premier lieu. Cette
12989
a des « retours » littéraires — que la nécessité
d’
une solution nouvelle est apparue en premier lieu. Cette solution s’ap
12990
apparue en premier lieu. Cette solution s’appelle
l’
État totalitaire. C’est la réponse du xxe siècle né de la guerre à la
12991
ette solution s’appelle l’État totalitaire. C’est
la
réponse du xxe siècle né de la guerre à la menace permanente que la
12992
t totalitaire. C’est la réponse du xxe siècle né
de
la guerre à la menace permanente que la passion et l’instinct de mort
12993
otalitaire. C’est la réponse du xxe siècle né de
la
guerre à la menace permanente que la passion et l’instinct de mort fo
12994
C’est la réponse du xxe siècle né de la guerre à
la
menace permanente que la passion et l’instinct de mort font peser sur
12995
siècle né de la guerre à la menace permanente que
la
passion et l’instinct de mort font peser sur toute société. La répons
12996
a guerre à la menace permanente que la passion et
l’
instinct de mort font peser sur toute société. La réponse du xiie siè
12997
la menace permanente que la passion et l’instinct
de
mort font peser sur toute société. La réponse du xiie siècle avait é
12998
l’instinct de mort font peser sur toute société.
La
réponse du xiie siècle avait été la chevalerie courtoise, son éthiqu
12999
ute société. La réponse du xiie siècle avait été
la
chevalerie courtoise, son éthique et ses mythes romanesques. La répon
13000
courtoise, son éthique et ses mythes romanesques.
La
réponse du xviie siècle a pour symbole la tragédie classique182. La
13001
sques. La réponse du xviie siècle a pour symbole
la
tragédie classique182. La réponse du xviiie fut le cynisme de Don Ju
13002
siècle a pour symbole la tragédie classique182.
La
réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et l’ironie rationalist
13003
tragédie classique182. La réponse du xviiie fut
le
cynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne f
13004
lassique182. La réponse du xviiie fut le cynisme
de
Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une
13005
réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et
l’
ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une réponse, à moin
13006
ynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais
le
romantisme ne fut pas une réponse, à moins que l’on admette — et c’es
13007
le romantisme ne fut pas une réponse, à moins que
l’
on admette — et c’est possible — que son éloquent abandon aux puissanc
13008
ces nocturnes du mythe n’ait été un dernier moyen
de
le déprimer par un excès voulu. Quoi qu’il en soit, cette défense éta
13009
nocturnes du mythe n’ait été un dernier moyen de
le
déprimer par un excès voulu. Quoi qu’il en soit, cette défense était
13010
défense était faible en regard du péril déchaîné.
Les
forces antivitales longtemps contenues par le mythe se répandirent da
13011
é. Les forces antivitales longtemps contenues par
le
mythe se répandirent dans les domaines les plus divers, d’où résulta
13012
gtemps contenues par le mythe se répandirent dans
les
domaines les plus divers, d’où résulta une dissociation, au sens préc
13013
ues par le mythe se répandirent dans les domaines
les
plus divers, d’où résulta une dissociation, au sens précis de relâche
13014
se répandirent dans les domaines les plus divers,
d’
où résulta une dissociation, au sens précis de relâchement des liens s
13015
rs, d’où résulta une dissociation, au sens précis
de
relâchement des liens sociaux. La guerre européenne fut le jugement d
13016
au sens précis de relâchement des liens sociaux.
La
guerre européenne fut le jugement d’un monde qui avait cru pouvoir ab
13017
ement des liens sociaux. La guerre européenne fut
le
jugement d’un monde qui avait cru pouvoir abandonner les formes, et l
13018
ens sociaux. La guerre européenne fut le jugement
d’
un monde qui avait cru pouvoir abandonner les formes, et libérer d’une
13019
ement d’un monde qui avait cru pouvoir abandonner
les
formes, et libérer d’une manière anarchique le « contenu » mortel du
13020
ait cru pouvoir abandonner les formes, et libérer
d’
une manière anarchique le « contenu » mortel du mythe. Cependant, je n
13021
r les formes, et libérer d’une manière anarchique
le
« contenu » mortel du mythe. Cependant, je ne pense pas que le draina
13022
» mortel du mythe. Cependant, je ne pense pas que
le
drainage de toute passion par la nation soit autre chose qu’une mesur
13023
mythe. Cependant, je ne pense pas que le drainage
de
toute passion par la nation soit autre chose qu’une mesure de détress
13024
ne pense pas que le drainage de toute passion par
la
nation soit autre chose qu’une mesure de détresse. C’est repousser la
13025
sion par la nation soit autre chose qu’une mesure
de
détresse. C’est repousser la menace immédiate, mais l’aggraver alors
13026
chose qu’une mesure de détresse. C’est repousser
la
menace immédiate, mais l’aggraver alors en la faisant peser sur la vi
13027
tresse. C’est repousser la menace immédiate, mais
l’
aggraver alors en la faisant peser sur la vie même des peuples ainsi c
13028
ser la menace immédiate, mais l’aggraver alors en
la
faisant peser sur la vie même des peuples ainsi constitués en blocs.
13029
te, mais l’aggraver alors en la faisant peser sur
la
vie même des peuples ainsi constitués en blocs. L’État totalitaire es
13030
a vie même des peuples ainsi constitués en blocs.
L’
État totalitaire est bien une forme recréée, mais une forme trop vaste
13031
trique pour modeler et organiser dans ses limites
la
vie complexe des hommes, même militarisés. Des mesures de police ne f
13032
omplexe des hommes, même militarisés. Des mesures
de
police ne font pas une culture, des slogans ne font pas une morale. E
13033
ulture, des slogans ne font pas une morale. Entre
le
cadre artificiel des grands États et la vie quotidienne des hommes, i
13034
le. Entre le cadre artificiel des grands États et
la
vie quotidienne des hommes, il subsiste encore trop de jeu, trop d’an
13035
e quotidienne des hommes, il subsiste encore trop
de
jeu, trop d’angoisse et trop de possible. Rien n’est réellement résol
13036
des hommes, il subsiste encore trop de jeu, trop
d’
angoisse et trop de possible. Rien n’est réellement résolu. Dès lors :
13037
siste encore trop de jeu, trop d’angoisse et trop
de
possible. Rien n’est réellement résolu. Dès lors : Ou bien ce sera la
13038
est réellement résolu. Dès lors : Ou bien ce sera
la
guerre à bref délai, et le problème de la passion sera supprimé avec
13039
lors : Ou bien ce sera la guerre à bref délai, et
le
problème de la passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fai
13040
en ce sera la guerre à bref délai, et le problème
de
la passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fait naître ; O
13041
ce sera la guerre à bref délai, et le problème de
la
passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fait naître ; Ou b
13042
, et le problème de la passion sera supprimé avec
la
civilisation qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et le pro
13043
la passion sera supprimé avec la civilisation qui
l’
a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et le problème renaîtra dans
13044
ivilisation qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera
la
paix, et le problème renaîtra dans les pays totalitaires, comme il ne
13045
qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et
le
problème renaîtra dans les pays totalitaires, comme il ne cesse de no
13046
ien ce sera la paix, et le problème renaîtra dans
les
pays totalitaires, comme il ne cesse de nous travailler dans nos soci
13047
tra dans les pays totalitaires, comme il ne cesse
de
nous travailler dans nos sociétés libérales. C’est l’éventualité de l
13048
ous travailler dans nos sociétés libérales. C’est
l’
éventualité de la paix que j’envisagerai dans les deux livres terminau
13049
dans nos sociétés libérales. C’est l’éventualité
de
la paix que j’envisagerai dans les deux livres terminaux : le premier
13050
ns nos sociétés libérales. C’est l’éventualité de
la
paix que j’envisagerai dans les deux livres terminaux : le premier si
13051
t l’éventualité de la paix que j’envisagerai dans
les
deux livres terminaux : le premier situant le conflit du mythe et du
13052
ns les deux livres terminaux : le premier situant
le
conflit du mythe et du mariage dans nos mœurs, le second décrivant un
13053
crivant une attitude que je donne bien moins pour
la
réponse décisive que pour mon choix particulier. 163. On en aura u
13054
rticulier. 163. On en aura un aperçu en lisant
les
ouvrages de Freud, et L’Instinct combatif de Pierre Bovet. 164. Dé
13055
163. On en aura un aperçu en lisant les ouvrages
de
Freud, et L’Instinct combatif de Pierre Bovet. 164. Défaite se dit
13056
ura un aperçu en lisant les ouvrages de Freud, et
L’
Instinct combatif de Pierre Bovet. 164. Défaite se dit en allemand
13057
ant les ouvrages de Freud, et L’Instinct combatif
de
Pierre Bovet. 164. Défaite se dit en allemand Niederlage, littéral
13058
en allemand Niederlage, littéralement : position
de
qui gît à terre, de qui est couché au-dessous (cf. l’expression « avo
13059
age, littéralement : position de qui gît à terre,
de
qui est couché au-dessous (cf. l’expression « avoir le dessous »). Ra
13060
ui gît à terre, de qui est couché au-dessous (cf.
l’
expression « avoir le dessous »). Rappelons aussi le symbolisme de la
13061
i est couché au-dessous (cf. l’expression « avoir
le
dessous »). Rappelons aussi le symbolisme de la Tour assiégée dans le
13062
expression « avoir le dessous »). Rappelons aussi
le
symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’express
13063
voir le dessous »). Rappelons aussi le symbolisme
de
la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’expression « se faire
13064
r le dessous »). Rappelons aussi le symbolisme de
la
Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’expression « se faire de
13065
lons aussi le symbolisme de la Tour assiégée dans
le
Roman de la Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place
13066
i le symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman
de
la Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place ». 165.
13067
e symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de
la
Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place ». 165. R
13068
de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et
l’
expression « se faire des alliés dans la place ». 165. Rodomontades
13069
Rose, et l’expression « se faire des alliés dans
la
place ». 165. Rodomontades espagnoles. 166. Le Déclin du Moyen Âg
13070
a place ». 165. Rodomontades espagnoles. 166.
Le
Déclin du Moyen Âge par J. Huizinga. Cet ouvrage admirable par son in
13071
rage admirable par son information autant que par
l’
intelligence et la fécondité de ses vues critiques renouvelle notre co
13072
son information autant que par l’intelligence et
la
fécondité de ses vues critiques renouvelle notre conception du Moyen
13073
ion autant que par l’intelligence et la fécondité
de
ses vues critiques renouvelle notre conception du Moyen Âge en nous f
13074
e en nous faisant pénétrer par mille chemins dans
la
vie quotidienne des bourgeois et des nobles de l’époque. Les passages
13075
ns la vie quotidienne des bourgeois et des nobles
de
l’époque. Les passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant
13076
la vie quotidienne des bourgeois et des nobles de
l’
époque. Les passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant son
13077
tidienne des bourgeois et des nobles de l’époque.
Les
passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant sont des citat
13078
nobles de l’époque. Les passages entre guillemets
de
ce chapitre et du suivant sont des citations de la traduction françai
13079
s de ce chapitre et du suivant sont des citations
de
la traduction française. (Paris 1932.) 167. Qu’on se reporte à notre
13080
e ce chapitre et du suivant sont des citations de
la
traduction française. (Paris 1932.) 167. Qu’on se reporte à notre an
13081
) 167. Qu’on se reporte à notre analyse du mythe
de
Tristan : on y trouvera quelques illustrations typiques de ce passage
13082
n : on y trouvera quelques illustrations typiques
de
ce passage (barons « félons », jugement par le fer, justification tan
13083
es de ce passage (barons « félons », jugement par
le
fer, justification tantôt de l’adultère tantôt de la séparation des a
13084
lons », jugement par le fer, justification tantôt
de
l’adultère tantôt de la séparation des amants). 168. Je serais assez
13085
s », jugement par le fer, justification tantôt de
l’
adultère tantôt de la séparation des amants). 168. Je serais assez te
13086
le fer, justification tantôt de l’adultère tantôt
de
la séparation des amants). 168. Je serais assez tenté de voir dans l
13087
fer, justification tantôt de l’adultère tantôt de
la
séparation des amants). 168. Je serais assez tenté de voir dans la f
13088
paration des amants). 168. Je serais assez tenté
de
voir dans la fonction dramatique du tournoi l’une des origines de la
13089
amants). 168. Je serais assez tenté de voir dans
la
fonction dramatique du tournoi l’une des origines de la tragédie mode
13090
fonction dramatique du tournoi l’une des origines
de
la tragédie moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à l’époque
13091
ction dramatique du tournoi l’une des origines de
la
tragédie moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à l’époque où
13092
moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à
l’
époque où les tournois passaient de mode, et où se dissociaient leurs
13093
lle-ci s’est constituée précisément à l’époque où
les
tournois passaient de mode, et où se dissociaient leurs éléments guer
13094
précisément à l’époque où les tournois passaient
de
mode, et où se dissociaient leurs éléments guerrier, sportif et théât
13095
ent leurs éléments guerrier, sportif et théâtral.
La
tragédie serait ainsi une « action » privée du risque physique que co
13096
action » privée du risque physique que comportait
le
tournoi, mais satisfaisant d’autant mieux le besoin, d’émotion sentim
13097
ique que comportait le tournoi, mais satisfaisant
d’
autant mieux le besoin, d’émotion sentimentale et spirituelle. 169.
13098
tait le tournoi, mais satisfaisant d’autant mieux
le
besoin, d’émotion sentimentale et spirituelle. 169. Guichardin, His
13099
rnoi, mais satisfaisant d’autant mieux le besoin,
d’
émotion sentimentale et spirituelle. 169. Guichardin, Histoire des G
13100
rituelle. 169. Guichardin, Histoire des Guerres
d’
Italie, I, p. 2. 170. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance
13101
I, p. 2. 170. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou
la
puissance de l’esprit. 171. Die Kultur der Renaissance, VI, p. 1.
13102
0. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance
de
l’esprit. 171. Die Kultur der Renaissance, VI, p. 1. 172. Il est j
13103
Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance de
l’
esprit. 171. Die Kultur der Renaissance, VI, p. 1. 172. Il est just
13104
naissance, VI, p. 1. 172. Il est juste toutefois
de
rappeler qu’on tuait facilement dans ce pays. Mais le meurtre y resta
13105
appeler qu’on tuait facilement dans ce pays. Mais
le
meurtre y restait individuel. Alors que dans le monde militarisé, l’i
13106
s le meurtre y restait individuel. Alors que dans
le
monde militarisé, l’individu se voit privé de cette possibilité passi
13107
t individuel. Alors que dans le monde militarisé,
l’
individu se voit privé de cette possibilité passionnelle, transférée à
13108
ans le monde militarisé, l’individu se voit privé
de
cette possibilité passionnelle, transférée à la seule collectivité. C
13109
é de cette possibilité passionnelle, transférée à
la
seule collectivité. Cf. la Défense du crime par Sade, p. 205. 173.
13110
ionnelle, transférée à la seule collectivité. Cf.
la
Défense du crime par Sade, p. 205. 173. Op. cit., I, 37-39. Id., po
13111
ade, p. 205. 173. Op. cit., I, 37-39. Id., pour
les
citations qui suivent. 174. G. Ferrero, dans La Fin des aventures,
13112
es citations qui suivent. 174. G. Ferrero, dans
La
Fin des aventures, note à juste titre qu’à la suite des dévastations
13113
ans La Fin des aventures, note à juste titre qu’à
la
suite des dévastations qui marquèrent la guerre de Trente Ans, les an
13114
tre qu’à la suite des dévastations qui marquèrent
la
guerre de Trente Ans, les années s’imposèrent « des règles et des lim
13115
a suite des dévastations qui marquèrent la guerre
de
Trente Ans, les années s’imposèrent « des règles et des limites qui r
13116
astations qui marquèrent la guerre de Trente Ans,
les
années s’imposèrent « des règles et des limites qui répondaient en mê
13117
oral et à une nécessité pratique ». Il s’agissait
d’
éviter des dépenses excessives — les hommes coûtant cher — et de ne pa
13118
Il s’agissait d’éviter des dépenses excessives —
les
hommes coûtant cher — et de ne pas effrayer les peuples au point de r
13119
épenses excessives — les hommes coûtant cher — et
de
ne pas effrayer les peuples au point de rendre impossible tout recrut
13120
— les hommes coûtant cher — et de ne pas effrayer
les
peuples au point de rendre impossible tout recrutement des volontaire
13121
cher — et de ne pas effrayer les peuples au point
de
rendre impossible tout recrutement des volontaires… 175. J. Bouleng
13122
recrutement des volontaires… 175. J. Boulenger,
Le
Grand Siècle. 176. F. Foch, Les Principes de la Guerre (1903, réédi
13123
. J. Boulenger, Le Grand Siècle. 176. F. Foch,
Les
Principes de la Guerre (1903, réédité en 1929). 177. E. et J. de Gon
13124
r, Le Grand Siècle. 176. F. Foch, Les Principes
de
la Guerre (1903, réédité en 1929). 177. E. et J. de Goncourt, La Fem
13125
Le Grand Siècle. 176. F. Foch, Les Principes de
la
Guerre (1903, réédité en 1929). 177. E. et J. de Goncourt, La Femme
13126
03, réédité en 1929). 177. E. et J. de Goncourt,
La
Femme au xviiie siècle. 178. Sur le sentimentalisme humanitaire qui
13127
e Goncourt, La Femme au xviiie siècle. 178. Sur
le
sentimentalisme humanitaire qui accompagna la Terreur, voir le très c
13128
Sur le sentimentalisme humanitaire qui accompagna
la
Terreur, voir le très curieux ouvrage d’André Monglond, Le Préromanti
13129
lisme humanitaire qui accompagna la Terreur, voir
le
très curieux ouvrage d’André Monglond, Le Préromantisme français. 17
13130
compagna la Terreur, voir le très curieux ouvrage
d’
André Monglond, Le Préromantisme français. 179. Je parle de cette cho
13131
r, voir le très curieux ouvrage d’André Monglond,
Le
Préromantisme français. 179. Je parle de cette chose abstraite et fr
13132
nglond, Le Préromantisme français. 179. Je parle
de
cette chose abstraite et frappante, irréelle mais signifiante, qu’est
13133
e et frappante, irréelle mais signifiante, qu’est
la
moyenne des expressions typiques de l’amour à une époque donnée — aus
13134
iante, qu’est la moyenne des expressions typiques
de
l’amour à une époque donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dan
13135
te, qu’est la moyenne des expressions typiques de
l’
amour à une époque donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dans l
13136
donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dans
le
laid que dans le beau, pour la fin du xixe que pour le fameux « Gran
13137
réelle et aussi signifiante dans le laid que dans
le
beau, pour la fin du xixe que pour le fameux « Grand Siècle », pour
13138
i signifiante dans le laid que dans le beau, pour
la
fin du xixe que pour le fameux « Grand Siècle », pour le vice que po
13139
d que dans le beau, pour la fin du xixe que pour
le
fameux « Grand Siècle », pour le vice que pour la vertu. Il est des «
13140
u xixe que pour le fameux « Grand Siècle », pour
le
vice que pour la vertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute l
13141
le fameux « Grand Siècle », pour le vice que pour
la
vertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute l’époque — dans ch
13142
ertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute
l’
époque — dans chacune il y a de tout — mais qui sont d’une époque plut
13143
ne sont pas toute l’époque — dans chacune il y a
de
tout — mais qui sont d’une époque plutôt que d’une autre. Je ne dis r
13144
que — dans chacune il y a de tout — mais qui sont
d’
une époque plutôt que d’une autre. Je ne dis rien de plus ni rien de m
13145
a de tout — mais qui sont d’une époque plutôt que
d’
une autre. Je ne dis rien de plus ni rien de moins. 180. Conclusion d
13146
t que d’une autre. Je ne dis rien de plus ni rien
de
moins. 180. Conclusion de l’enquête conduite sous la direction de Ma
13147
s rien de plus ni rien de moins. 180. Conclusion
de
l’enquête conduite sous la direction de Magnus Hirschfeld par une dou
13148
ien de plus ni rien de moins. 180. Conclusion de
l’
enquête conduite sous la direction de Magnus Hirschfeld par une douzai
13149
oins. 180. Conclusion de l’enquête conduite sous
la
direction de Magnus Hirschfeld par une douzaine de savants allemands
13150
onclusion de l’enquête conduite sous la direction
de
Magnus Hirschfeld par une douzaine de savants allemands et autrichien
13151
a direction de Magnus Hirschfeld par une douzaine
de
savants allemands et autrichiens, et publiée sous le titre de Sitteng
13152
savants allemands et autrichiens, et publiée sous
le
titre de Sittengeschichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant
13153
llemands et autrichiens, et publiée sous le titre
de
Sittengeschichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant la guerre
13154
hichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant
la
guerre mondiale). 181. Le lansquenet moderne, éprouvant que la guerr
13155
oire des mœurs pendant la guerre mondiale). 181.
Le
lansquenet moderne, éprouvant que la guerre totale est une négation d
13156
iale). 181. Le lansquenet moderne, éprouvant que
la
guerre totale est une négation de la passion guerrière, se jette alor
13157
, éprouvant que la guerre totale est une négation
de
la passion guerrière, se jette alors dans des aventures absurdes, qu’
13158
prouvant que la guerre totale est une négation de
la
passion guerrière, se jette alors dans des aventures absurdes, qu’il
13159
recherche en tant qu’absurdes et inhumaines (voir
La
Guerre notre mère d’Ernst Jünger et les Réprouvés de Ernst von Salomo
13160
ines (voir La Guerre notre mère d’Ernst Jünger et
les
Réprouvés de Ernst von Salomon, pour ne citer que des ouvrages tradui
13161
Guerre notre mère d’Ernst Jünger et les Réprouvés
de
Ernst von Salomon, pour ne citer que des ouvrages traduits en françai
13162
rages traduits en français). On va se battre pour
le
plaisir, ou plutôt pour le désespoir, contre n’importe qui. Prolétari
13163
. On va se battre pour le plaisir, ou plutôt pour
le
désespoir, contre n’importe qui. Prolétariat-guerrier des « volontair
13164
« volontaires » (Baltikum, Espagne, Chine). C’est
la
débauche désespérée et vénale de celui qu’a déçu la passion. Revanche
13165
e, Chine). C’est la débauche désespérée et vénale
de
celui qu’a déçu la passion. Revanche sadique. 182. Bachofen (auteur
13166
débauche désespérée et vénale de celui qu’a déçu
la
passion. Revanche sadique. 182. Bachofen (auteur du Mutterrecht : l
13167
sadique. 182. Bachofen (auteur du Mutterrecht :
le
Matriarcat) expose une théorie analogue à propos de la tragédie grecq
13168
triarcat) expose une théorie analogue à propos de
la
tragédie grecque, considérée comme l’Auseinandersetzung (la discussio
13169
à propos de la tragédie grecque, considérée comme
l’
Auseinandersetzung (la discussion, la querelle, l’explication) entre l
13170
e grecque, considérée comme l’Auseinandersetzung (
la
discussion, la querelle, l’explication) entre la communauté et les pu
13171
idérée comme l’Auseinandersetzung (la discussion,
la
querelle, l’explication) entre la communauté et les puissances du myt
13172
l’Auseinandersetzung (la discussion, la querelle,
l’
explication) entre la communauté et les puissances du mythe.
13173
(la discussion, la querelle, l’explication) entre
la
communauté et les puissances du mythe.
13174
a querelle, l’explication) entre la communauté et
les
puissances du mythe.
13175
Livre VILe mythe contre
le
mariage 1.Crise moderne du mariage Deux morales s’affrontaient
13176
Deux morales s’affrontaient au Moyen Âge : celle
de
la société christianisée, et celle de la courtoisie hérétique. L’une
13177
ux morales s’affrontaient au Moyen Âge : celle de
la
société christianisée, et celle de la courtoisie hérétique. L’une imp
13178
Âge : celle de la société christianisée, et celle
de
la courtoisie hérétique. L’une impliquait le mariage, dont elle fit m
13179
: celle de la société christianisée, et celle de
la
courtoisie hérétique. L’une impliquait le mariage, dont elle fit même
13180
elle de la courtoisie hérétique. L’une impliquait
le
mariage, dont elle fit même un sacrement ; l’autre exaltait un ensemb
13181
même un sacrement ; l’autre exaltait un ensemble
de
valeurs d’où résultait — en principe tout au moins — la condamnation
13182
crement ; l’autre exaltait un ensemble de valeurs
d’
où résultait — en principe tout au moins — la condamnation du mariage.
13183
eurs d’où résultait — en principe tout au moins —
la
condamnation du mariage. Le jugement porté sur l’adultère dans l’une
13184
ncipe tout au moins — la condamnation du mariage.
Le
jugement porté sur l’adultère dans l’une et l’autre perspective, cara
13185
la condamnation du mariage. Le jugement porté sur
l’
adultère dans l’une et l’autre perspective, caractérise fort bien l’op
13186
une et l’autre perspective, caractérise fort bien
l’
opposition. Aux yeux de l’Église, l’adultère était tout à la fois un s
13187
, caractérise fort bien l’opposition. Aux yeux de
l’
Église, l’adultère était tout à la fois un sacrilège, un crime contre
13188
ise fort bien l’opposition. Aux yeux de l’Église,
l’
adultère était tout à la fois un sacrilège, un crime contre l’ordre na
13189
tait tout à la fois un sacrilège, un crime contre
l’
ordre naturel et un crime contre l’ordre social. Car le sacrement unis
13190
n crime contre l’ordre naturel et un crime contre
l’
ordre social. Car le sacrement unissait tout à la fois deux âmes fidèl
13191
re naturel et un crime contre l’ordre social. Car
le
sacrement unissait tout à la fois deux âmes fidèles, deux corps aptes
13192
sonnes juridiques. Il se trouvait donc sanctifier
les
intérêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts de la cité. Celui q
13193
rouvait donc sanctifier les intérêts fondamentaux
de
l’espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce trip
13194
vait donc sanctifier les intérêts fondamentaux de
l’
espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple
13195
nctifier les intérêts fondamentaux de l’espèce et
les
intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne
13196
intérêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts
de
la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne se rendait
13197
érêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts de
la
cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne se rendait pas
13198
as « intéressant », mais pitoyable ou méprisable.
La
synthèse catholique s’efforçait de marier l’eau et le feu, car on pou
13199
ou méprisable. La synthèse catholique s’efforçait
de
marier l’eau et le feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pèr
13200
ble. La synthèse catholique s’efforçait de marier
l’
eau et le feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères les thè
13201
ynthèse catholique s’efforçait de marier l’eau et
le
feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères les thèses les p
13202
, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères
les
thèses les plus contradictoires sur la sainteté de la procréation — l
13203
uvait tirer des Écritures et des Pères les thèses
les
plus contradictoires sur la sainteté de la procréation — loi de l’esp
13204
des Pères les thèses les plus contradictoires sur
la
sainteté de la procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de
13205
s thèses les plus contradictoires sur la sainteté
de
la procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité
13206
hèses les plus contradictoires sur la sainteté de
la
procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité —
13207
dictoires sur la sainteté de la procréation — loi
de
l’espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour
13208
toires sur la sainteté de la procréation — loi de
l’
espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’
13209
teté de la procréation — loi de l’espèce — et sur
la
sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament,
13210
rocréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté
de
la virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple,
13211
réation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de
la
virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, un
13212
espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi
de
l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, une descendance nombr
13213
èce — et sur la sainteté de la virginité — loi de
l’
esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, une descendance nombreus
13214
sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour
l’
Ancien Testament, par exemple, une descendance nombreuse est signe d’é
13215
par exemple, une descendance nombreuse est signe
d’
élection, tandis que pour saint Paul, celui qui reste vierge « fait mi
13216
ux » que celui qui se marie, même chrétiennement.
L’
hérésie qui est à l’origine de la cortezia du Midi s’opposait au maria
13217
e marie, même chrétiennement. L’hérésie qui est à
l’
origine de la cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur le
13218
ême chrétiennement. L’hérésie qui est à l’origine
de
la cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur les trois ch
13219
chrétiennement. L’hérésie qui est à l’origine de
la
cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur les trois chefs
13220
ezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur
les
trois chefs que l’on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord le sa
13221
ait au mariage catholique sur les trois chefs que
l’
on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord le sacrement, comme n’ét
13222
e l’on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord
le
sacrement, comme n’étant établi par aucun texte univoque de l’Évangil
13223
nt, comme n’étant établi par aucun texte univoque
de
l’Évangile183. Elle condamnait la procréation comme relevant de la lo
13224
comme n’étant établi par aucun texte univoque de
l’
Évangile183. Elle condamnait la procréation comme relevant de la loi d
13225
texte univoque de l’Évangile183. Elle condamnait
la
procréation comme relevant de la loi du Prince des ténèbres, c’est-à-
13226
83. Elle condamnait la procréation comme relevant
de
la loi du Prince des ténèbres, c’est-à-dire du Démiurge auteur du mon
13227
Elle condamnait la procréation comme relevant de
la
loi du Prince des ténèbres, c’est-à-dire du Démiurge auteur du monde
13228
truire un ordre social qui permettait et exigeait
la
guerre, comme expression du vouloir-vivre collectif184. Mais le fonde
13229
me expression du vouloir-vivre collectif184. Mais
le
fondement de ces trois refus était en vérité la doctrine de l’Amour,
13230
du vouloir-vivre collectif184. Mais le fondement
de
ces trois refus était en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire
13231
s le fondement de ces trois refus était en vérité
la
doctrine de l’Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit ét
13232
nt de ces trois refus était en vérité la doctrine
de
l’Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit éternel et ang
13233
de ces trois refus était en vérité la doctrine de
l’
Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit éternel et angois
13234
it en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire
de
l’Éros divinisant, en conflit éternel et angoissé avec la créature de
13235
en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire de
l’
Éros divinisant, en conflit éternel et angoissé avec la créature de ch
13236
s divinisant, en conflit éternel et angoissé avec
la
créature de chair et ses instincts asservissants. L’apparition de la
13237
, en conflit éternel et angoissé avec la créature
de
chair et ses instincts asservissants. L’apparition de la passion d’Am
13238
créature de chair et ses instincts asservissants.
L’
apparition de la passion d’Amour devait donc transformer radicalement
13239
hair et ses instincts asservissants. L’apparition
de
la passion d’Amour devait donc transformer radicalement le jugement p
13240
r et ses instincts asservissants. L’apparition de
la
passion d’Amour devait donc transformer radicalement le jugement port
13241
stincts asservissants. L’apparition de la passion
d’
Amour devait donc transformer radicalement le jugement porté sur l’adu
13242
sion d’Amour devait donc transformer radicalement
le
jugement porté sur l’adultère. Certes, la pure doctrine cathare ne pr
13243
nc transformer radicalement le jugement porté sur
l’
adultère. Certes, la pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer
13244
alement le jugement porté sur l’adultère. Certes,
la
pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer la faute en soi, pu
13245
pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer
la
faute en soi, puisqu’au contraire elle ordonnait la chasteté. Mais no
13246
faute en soi, puisqu’au contraire elle ordonnait
la
chasteté. Mais nous avons montré que le symbole courtois de l’amour p
13247
ordonnait la chasteté. Mais nous avons montré que
le
symbole courtois de l’amour pour une Dame (spirituelle), amour évidem
13248
é. Mais nous avons montré que le symbole courtois
de
l’amour pour une Dame (spirituelle), amour évidemment incompatible av
13249
Mais nous avons montré que le symbole courtois de
l’
amour pour une Dame (spirituelle), amour évidemment incompatible avec
13250
(spirituelle), amour évidemment incompatible avec
le
mariage dans la chair, devait amener des confusions inextricables. Po
13251
mour évidemment incompatible avec le mariage dans
la
chair, devait amener des confusions inextricables. Pour l’amateur non
13252
devait amener des confusions inextricables. Pour
l’
amateur non initié des poèmes provençaux et des romans bretons, l’adul
13253
itié des poèmes provençaux et des romans bretons,
l’
adultère de Tristan reste une faute185, mais il se trouve revêtir en m
13254
èmes provençaux et des romans bretons, l’adultère
de
Tristan reste une faute185, mais il se trouve revêtir en même temps l
13255
faute185, mais il se trouve revêtir en même temps
l’
aspect d’une aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour le croyan
13256
mais il se trouve revêtir en même temps l’aspect
d’
une aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour le croyant maniché
13257
même temps l’aspect d’une aventure plus belle que
la
morale. Ce qui, pour le croyant manichéen, était l’expression dramati
13258
e aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour
le
croyant manichéen, était l’expression dramatique du combat de la foi
13259
morale. Ce qui, pour le croyant manichéen, était
l’
expression dramatique du combat de la foi et du monde, devient alors p
13260
anichéen, était l’expression dramatique du combat
de
la foi et du monde, devient alors pour le lecteur une « poésie » équi
13261
chéen, était l’expression dramatique du combat de
la
foi et du monde, devient alors pour le lecteur une « poésie » équivoq
13262
combat de la foi et du monde, devient alors pour
le
lecteur une « poésie » équivoque et brûlante. Poésie toute profane d’
13263
sie » équivoque et brûlante. Poésie toute profane
d’
apparences, dont la puissance de séduction s’accroît encore du fait qu
13264
brûlante. Poésie toute profane d’apparences, dont
la
puissance de séduction s’accroît encore du fait que l’on ignore la si
13265
sie toute profane d’apparences, dont la puissance
de
séduction s’accroît encore du fait que l’on ignore la signification m
13266
issance de séduction s’accroît encore du fait que
l’
on ignore la signification mystique de ses symboles, et que ceux-ci ne
13267
éduction s’accroît encore du fait que l’on ignore
la
signification mystique de ses symboles, et que ceux-ci ne paraissent
13268
du fait que l’on ignore la signification mystique
de
ses symboles, et que ceux-ci ne paraissent plus révélateurs que d’un
13269
et que ceux-ci ne paraissent plus révélateurs que
d’
un mystère vague et flatteur. Comment expliquer autrement qu’à partir
13270
ent qu’à partir du xiie siècle, celui qui commet
l’
adultère devienne soudain un personnage intéressant ? Le roi David en
13271
tère devienne soudain un personnage intéressant ?
Le
roi David en volant Bethsabée commet un crime et se rend méprisable.
13272
t donner lieu qu’à des commentaires édifiants sur
le
danger de pécher et le remords, devient soudain vertu mystique (dans
13273
ieu qu’à des commentaires édifiants sur le danger
de
pécher et le remords, devient soudain vertu mystique (dans le symbole
13274
commentaires édifiants sur le danger de pécher et
le
remords, devient soudain vertu mystique (dans le symbole), puis se dé
13275
le remords, devient soudain vertu mystique (dans
le
symbole), puis se dégrade (dans la littérature) en aventure troublant
13276
mystique (dans le symbole), puis se dégrade (dans
la
littérature) en aventure troublante et attirante. ⁂ Je n’entends pas
13277
attirante. ⁂ Je n’entends pas un instant ramener
la
crise actuelle du mariage au conflit de l’orthodoxie et d’une hérésie
13278
t ramener la crise actuelle du mariage au conflit
de
l’orthodoxie et d’une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme te
13279
amener la crise actuelle du mariage au conflit de
l’
orthodoxie et d’une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme telle
13280
actuelle du mariage au conflit de l’orthodoxie et
d’
une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme telle, n’existe plus
13281
ette dernière, comme telle, n’existe plus ; et si
l’
orthodoxie existe encore, il faut avouer qu’elle joue un rôle restrein
13282
l faut avouer qu’elle joue un rôle restreint dans
la
vie de nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens l’état présent de dé
13283
avouer qu’elle joue un rôle restreint dans la vie
de
nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens l’état présent de dé-morali
13284
vie de nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens
l’
état présent de dé-moralisation générale — non d’a-moralité comme on d
13285
iétés. Ce qui explique, à mon sens l’état présent
de
dé-moralisation générale — non d’a-moralité comme on dit trop souvent
13286
l’état présent de dé-moralisation générale — non
d’
a-moralité comme on dit trop souvent — c’est la confuse dissension au
13287
on d’a-moralité comme on dit trop souvent — c’est
la
confuse dissension au sein de laquelle nous vivons de deux morales, d
13288
onfuse dissension au sein de laquelle nous vivons
de
deux morales, dont l’une est héritée de l’orthodoxie religieuse, mais
13289
us vivons de deux morales, dont l’une est héritée
de
l’orthodoxie religieuse, mais ne s’appuie plus sur une foi vivante, e
13290
vivons de deux morales, dont l’une est héritée de
l’
orthodoxie religieuse, mais ne s’appuie plus sur une foi vivante, et d
13291
plus sur une foi vivante, et dont l’autre dérive
d’
une hérésie dont l’expression « essentiellement lyrique » nous parvien
13292
ivante, et dont l’autre dérive d’une hérésie dont
l’
expression « essentiellement lyrique » nous parvient totalement profan
13293
otalement profanée, et par suite dénaturée. Voici
les
forces en présence : d’une part, une morale de l’espèce et de la soci
13294
i les forces en présence : d’une part, une morale
de
l’espèce et de la société en général, mais plus ou moins empreinte de
13295
es forces en présence : d’une part, une morale de
l’
espèce et de la société en général, mais plus ou moins empreinte de re
13296
présence : d’une part, une morale de l’espèce et
de
la société en général, mais plus ou moins empreinte de religion — c’e
13297
ésence : d’une part, une morale de l’espèce et de
la
société en général, mais plus ou moins empreinte de religion — c’est
13298
société en général, mais plus ou moins empreinte
de
religion — c’est ce que l’on nomme la morale bourgeoise ; d’autre par
13299
lus ou moins empreinte de religion — c’est ce que
l’
on nomme la morale bourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par
13300
s empreinte de religion — c’est ce que l’on nomme
la
morale bourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par l’ambiance
13301
ourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par
l’
ambiance culturelle, littéraire, artistique — c’est la morale passionn
13302
biance culturelle, littéraire, artistique — c’est
la
morale passionnelle ou romanesque. Tous les adolescents de la bourgeo
13303
c’est la morale passionnelle ou romanesque. Tous
les
adolescents de la bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du
13304
passionnelle ou romanesque. Tous les adolescents
de
la bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du mariage, mais e
13305
ssionnelle ou romanesque. Tous les adolescents de
la
bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du mariage, mais en m
13306
ts de la bourgeoisie occidentale sont élevés dans
l’
idée du mariage, mais en même temps se trouvent baignés dans une atmos
13307
ère romantique entretenue par leurs lectures, par
les
spectacles, et par mille allusions quotidiennes, dont le sous-entendu
13308
tacles, et par mille allusions quotidiennes, dont
le
sous-entendu est à peu près que la passion est l’épreuve suprême, que
13309
idiennes, dont le sous-entendu est à peu près que
la
passion est l’épreuve suprême, que tout homme doit un jour la connaît
13310
le sous-entendu est à peu près que la passion est
l’
épreuve suprême, que tout homme doit un jour la connaître, et que la v
13311
st l’épreuve suprême, que tout homme doit un jour
la
connaître, et que la vie ne saurait être à plein vécue que par ceux q
13312
que tout homme doit un jour la connaître, et que
la
vie ne saurait être à plein vécue que par ceux qui « ont passé par là
13313
n vécue que par ceux qui « ont passé par là ». Or
la
passion et le mariage sont par essence incompatibles. Leurs origines
13314
r ceux qui « ont passé par là ». Or la passion et
le
mariage sont par essence incompatibles. Leurs origines et leurs final
13315
es. Leurs origines et leurs finalités s’excluent.
De
leur coexistence dans nos vies surgissent sans fin des problèmes inso
13316
« sécurités » sociales. En d’autres temps, ce fut
la
fonction du mythe que d’ordonner cette anarchie latente et de la comp
13317
n d’autres temps, ce fut la fonction du mythe que
d’
ordonner cette anarchie latente et de la composer symboliquement dans
13318
du mythe que d’ordonner cette anarchie latente et
de
la composer symboliquement dans nos catégories morales. Rôle d’exutoi
13319
mythe que d’ordonner cette anarchie latente et de
la
composer symboliquement dans nos catégories morales. Rôle d’exutoire,
13320
symboliquement dans nos catégories morales. Rôle
d’
exutoire, rôle civilisateur. Mais le mythe s’est déprimé et profané en
13321
morales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais
le
mythe s’est déprimé et profané en même temps que les formes sociales
13322
mythe s’est déprimé et profané en même temps que
les
formes sociales dont il tirait ses éléments plastiques. Si maintenant
13323
ses éléments plastiques. Si maintenant il tentait
de
se recomposer, on pressent qu’il ne trouverait plus de résistances as
13324
recomposer, on pressent qu’il ne trouverait plus
de
résistances assez solides pour lui servir de masque et de prétexte. U
13325
plus de résistances assez solides pour lui servir
de
masque et de prétexte. Une immense littérature paraît chaque mois sur
13326
tances assez solides pour lui servir de masque et
de
prétexte. Une immense littérature paraît chaque mois sur la « crise d
13327
e. Une immense littérature paraît chaque mois sur
la
« crise du mariage ». Mais je doute fort qu’il en résulte aucune espè
13328
Mais je doute fort qu’il en résulte aucune espèce
de
solution pratique : car seul le mythe, c’est-à-dire l’inconscience po
13329
lte aucune espèce de solution pratique : car seul
le
mythe, c’est-à-dire l’inconscience pourrait fournir à la passion une
13330
lution pratique : car seul le mythe, c’est-à-dire
l’
inconscience pourrait fournir à la passion une espèce de modus vivendi
13331
e, c’est-à-dire l’inconscience pourrait fournir à
la
passion une espèce de modus vivendi, et tous ces livres, aggravant au
13332
nscience pourrait fournir à la passion une espèce
de
modus vivendi, et tous ces livres, aggravant au contraire notre consc
13333
raire notre conscience du problème, contribuent à
le
rendre insoluble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi de notr
13334
lème, contribuent à le rendre insoluble. Ils sont
les
signes de la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans
13335
ibuent à le rendre insoluble. Ils sont les signes
de
la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadre
13336
ent à le rendre insoluble. Ils sont les signes de
la
crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadres a
13337
uble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi
de
notre impuissance à la réduire dans les cadres actuels. L’institution
13338
es de la crise, mais aussi de notre impuissance à
la
réduire dans les cadres actuels. L’institution matrimoniale se fondai
13339
mais aussi de notre impuissance à la réduire dans
les
cadres actuels. L’institution matrimoniale se fondait en effet sur tr
13340
impuissance à la réduire dans les cadres actuels.
L’
institution matrimoniale se fondait en effet sur trois groupes de vale
13341
atrimoniale se fondait en effet sur trois groupes
de
valeurs qui lui fournissaient ses « contraintes » — et c’est précisém
13342
t ses « contraintes » — et c’est précisément dans
le
jeu de ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’expression (
13343
contraintes » — et c’est précisément dans le jeu
de
ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’expression (comme o
13344
st précisément dans le jeu de ces contraintes que
le
mythe puisait ses moyens d’expression (comme on l’a vu au Livre I). O
13345
e ces contraintes que le mythe puisait ses moyens
d’
expression (comme on l’a vu au Livre I). Or voici que ces contraintes
13346
e mythe puisait ses moyens d’expression (comme on
l’
a vu au Livre I). Or voici que ces contraintes ou se relâchent, ou dis
13347
hent, ou disparaissent : 1. — Contraintes sacrées
Le
mariage, chez les peuples païens, s’est toujours entouré d’un rituel
13348
ssent : 1. — Contraintes sacrées Le mariage, chez
les
peuples païens, s’est toujours entouré d’un rituel dont nos instituti
13349
, chez les peuples païens, s’est toujours entouré
d’
un rituel dont nos institutions gardèrent longtemps les éléments : rit
13350
rituel dont nos institutions gardèrent longtemps
les
éléments : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme.
13351
itutions gardèrent longtemps les éléments : rites
de
l’achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, l
13352
tions gardèrent longtemps les éléments : rites de
l’
achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la d
13353
ngtemps les éléments : rites de l’achat, du rapt,
de
la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son imp
13354
emps les éléments : rites de l’achat, du rapt, de
la
quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son import
13355
ments : rites de l’achat, du rapt, de la quête et
de
l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par su
13356
ts : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de
l’
exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par suite
13357
hat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais
de
nos jours, la dot perd de son importance, par suite de l’instabilité
13358
de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours,
la
dot perd de son importance, par suite de l’instabilité économique. Le
13359
et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd
de
son importance, par suite de l’instabilité économique. Les coutumes r
13360
ours, la dot perd de son importance, par suite de
l’
instabilité économique. Les coutumes rappelant le rapt nuptial n’exist
13361
mportance, par suite de l’instabilité économique.
Les
coutumes rappelant le rapt nuptial n’existent plus que sous forme de
13362
l’instabilité économique. Les coutumes rappelant
le
rapt nuptial n’existent plus que sous forme de plaisanteries paysanne
13363
lus que sous forme de plaisanteries paysannes186.
La
demande en mariage, avec échange de visites en haut de forme et « déc
13364
paysannes186. La demande en mariage, avec échange
de
visites en haut de forme et « déclaration » officielle, est aussi dém
13365
mande en mariage, avec échange de visites en haut
de
forme et « déclaration » officielle, est aussi démodée que les crinol
13366
« déclaration » officielle, est aussi démodée que
les
crinolines. Et la majorité des couples n’éprouve plus même le besoin
13367
icielle, est aussi démodée que les crinolines. Et
la
majorité des couples n’éprouve plus même le besoin superstitieux d’al
13368
s. Et la majorité des couples n’éprouve plus même
le
besoin superstitieux d’aller se faire « bénir » par un prêtre. 2. — C
13369
uples n’éprouve plus même le besoin superstitieux
d’
aller se faire « bénir » par un prêtre. 2. — Contraintes sociales Les
13370
bénir » par un prêtre. 2. — Contraintes sociales
Les
questions de rang, de sang, d’intérêts familiaux, et même d’argent, s
13371
n prêtre. 2. — Contraintes sociales Les questions
de
rang, de sang, d’intérêts familiaux, et même d’argent, sont en train
13372
2. — Contraintes sociales Les questions de rang,
de
sang, d’intérêts familiaux, et même d’argent, sont en train de passer
13373
traintes sociales Les questions de rang, de sang,
d’
intérêts familiaux, et même d’argent, sont en train de passer au secon
13374
s de rang, de sang, d’intérêts familiaux, et même
d’
argent, sont en train de passer au second plan dans les pays démocrati
13375
gent, sont en train de passer au second plan dans
les
pays démocratiques, et par suite les problèmes individuels déterminen
13376
nd plan dans les pays démocratiques, et par suite
les
problèmes individuels déterminent de plus en plus le choix réciproque
13377
problèmes individuels déterminent de plus en plus
le
choix réciproque des conjoints. D’où le nombre croissant des divorces
13378
e plus en plus le choix réciproque des conjoints.
D’
où le nombre croissant des divorces. En même temps, les cérémonies épi
13379
s en plus le choix réciproque des conjoints. D’où
le
nombre croissant des divorces. En même temps, les cérémonies épithala
13380
le nombre croissant des divorces. En même temps,
les
cérémonies épithalamiques se simplifient ou disparaissent. Il est cur
13381
s se simplifient ou disparaissent. Il est curieux
de
noter que des coutumes d’origine lointaine et sacrée telles que la «
13382
aissent. Il est curieux de noter que des coutumes
d’
origine lointaine et sacrée telles que la « quasi-publicité du lit nup
13383
coutumes d’origine lointaine et sacrée telles que
la
« quasi-publicité du lit nuptial » (Huizinga) subsistèrent, au moins
13384
nuptial » (Huizinga) subsistèrent, au moins dans
les
provinces, jusqu’en plein xviie siècle : on avait oublié les mystère
13385
s, jusqu’en plein xviie siècle : on avait oublié
les
mystères originels, mais les rites gardaient pour effet de socialiser
13386
le : on avait oublié les mystères originels, mais
les
rites gardaient pour effet de socialiser l’acte du mariage, de l’inté
13387
es originels, mais les rites gardaient pour effet
de
socialiser l’acte du mariage, de l’intégrer dans l’existence communau
13388
mais les rites gardaient pour effet de socialiser
l’
acte du mariage, de l’intégrer dans l’existence communautaire. À parti
13389
aient pour effet de socialiser l’acte du mariage,
de
l’intégrer dans l’existence communautaire. À partir du xviiie siècle
13390
nt pour effet de socialiser l’acte du mariage, de
l’
intégrer dans l’existence communautaire. À partir du xviiie siècle, l
13391
socialiser l’acte du mariage, de l’intégrer dans
l’
existence communautaire. À partir du xviiie siècle, le thème du « Cou
13392
stence communautaire. À partir du xviiie siècle,
le
thème du « Coucher de la mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodin
13393
À partir du xviiie siècle, le thème du « Coucher
de
la mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodines galanteries pictura
13394
artir du xviiie siècle, le thème du « Coucher de
la
mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodines galanteries picturales
13395
Coucher de la mariée » n’est plus qu’une occasion
d’
anodines galanteries picturales. De nos jours enfin, le « voyage de no
13396
u’une occasion d’anodines galanteries picturales.
De
nos jours enfin, le « voyage de noces », pour autant qu’il subsiste e
13397
dines galanteries picturales. De nos jours enfin,
le
« voyage de noces », pour autant qu’il subsiste et garde une signific
13398
eries picturales. De nos jours enfin, le « voyage
de
noces », pour autant qu’il subsiste et garde une signification, repré
13399
signification, représente bien plutôt une volonté
de
s’évader de l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de
13400
n, représente bien plutôt une volonté de s’évader
de
l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on app
13401
représente bien plutôt une volonté de s’évader de
l’
ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on appell
13402
une volonté de s’évader de l’ambiance sociale et
de
souligner le caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des époux
13403
de s’évader de l’ambiance sociale et de souligner
le
caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des époux. 3. — Contra
13404
biance sociale et de souligner le caractère privé
de
ce qu’on appelle le bonheur des époux. 3. — Contraintes religieuses D
13405
souligner le caractère privé de ce qu’on appelle
le
bonheur des époux. 3. — Contraintes religieuses Dans la mesure où la
13406
heur des époux. 3. — Contraintes religieuses Dans
la
mesure où la conscience moderne comme telle sait encore distinguer le
13407
x. 3. — Contraintes religieuses Dans la mesure où
la
conscience moderne comme telle sait encore distinguer le christianism
13408
cience moderne comme telle sait encore distinguer
le
christianisme des contraintes sacrées et sociales, elle le repousse a
13409
ianisme des contraintes sacrées et sociales, elle
le
repousse avec horreur. Car l’engagement religieux est pris « pour le
13410
s et sociales, elle le repousse avec horreur. Car
l’
engagement religieux est pris « pour le temps et l’éternité », c’est-à
13411
rreur. Car l’engagement religieux est pris « pour
le
temps et l’éternité », c’est-à-dire qu’il ne tient aucun compte des v
13412
’engagement religieux est pris « pour le temps et
l’
éternité », c’est-à-dire qu’il ne tient aucun compte des variations de
13413
à-dire qu’il ne tient aucun compte des variations
de
tempérament, de caractère, de goûts et de conditions externes qui ne
13414
tient aucun compte des variations de tempérament,
de
caractère, de goûts et de conditions externes qui ne manqueront pas d
13415
mpte des variations de tempérament, de caractère,
de
goûts et de conditions externes qui ne manqueront pas de se produire
13416
iations de tempérament, de caractère, de goûts et
de
conditions externes qui ne manqueront pas de se produire un jour ou d
13417
s et de conditions externes qui ne manqueront pas
de
se produire un jour ou d’autre dans la vie du couple. Or c’est de tou
13418
s qui ne manqueront pas de se produire un jour ou
d’
autre dans la vie du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les
13419
ueront pas de se produire un jour ou d’autre dans
la
vie du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les modernes fon
13420
n jour ou d’autre dans la vie du couple. Or c’est
de
tout cela, justement, que les modernes font dépendre leur « bonheur »
13421
du couple. Or c’est de tout cela, justement, que
les
modernes font dépendre leur « bonheur » (nous reviendrons tout à l’he
13422
épendre leur « bonheur » (nous reviendrons tout à
l’
heure sur cette notion centrale). Cette dépréciation générale des obst
13423
des obstacles institutionnels entraîne une chute
de
tension morale d’où résulte une immense confusion. L’adultère devient
13424
titutionnels entraîne une chute de tension morale
d’
où résulte une immense confusion. L’adultère devient un sujet de délic
13425
ension morale d’où résulte une immense confusion.
L’
adultère devient un sujet de délicates analyses psychologiques, ou de
13426
ne immense confusion. L’adultère devient un sujet
de
délicates analyses psychologiques, ou de plaisanteries vaudevillesque
13427
un sujet de délicates analyses psychologiques, ou
de
plaisanteries vaudevillesques. La fidélité dans le mariage paraît lég
13428
chologiques, ou de plaisanteries vaudevillesques.
La
fidélité dans le mariage paraît légèrement ridicule : elle prend figu
13429
e plaisanteries vaudevillesques. La fidélité dans
le
mariage paraît légèrement ridicule : elle prend figure de conformisme
13430
ge paraît légèrement ridicule : elle prend figure
de
conformisme. Il n’y a plus, à proprement parler, conflit de deux mora
13431
isme. Il n’y a plus, à proprement parler, conflit
de
deux morales hostiles — et par suite plus de mythe possible — mais on
13432
flit de deux morales hostiles — et par suite plus
de
mythe possible — mais on approche d’un état de neutralisation mutuell
13433
r suite plus de mythe possible — mais on approche
d’
un état de neutralisation mutuelle au terme de la consomption des viei
13434
us de mythe possible — mais on approche d’un état
de
neutralisation mutuelle au terme de la consomption des vieilles valeu
13435
che d’un état de neutralisation mutuelle au terme
de
la consomption des vieilles valeurs non transcendées mais déprimées.
13436
d’un état de neutralisation mutuelle au terme de
la
consomption des vieilles valeurs non transcendées mais déprimées.
13437
s mais déprimées. 2.Idée moderne du bonheur
Le
mariage cessant d’être garanti par un système de contraintes sociales
13438
2.Idée moderne du bonheur Le mariage cessant
d’
être garanti par un système de contraintes sociales ne peut plus se fo
13439
Le mariage cessant d’être garanti par un système
de
contraintes sociales ne peut plus se fonder, désormais, que sur des d
13440
it sur une idée individuelle du bonheur, idée que
l’
on suppose commune aux deux conjoints dans le cas le plus favorable. O
13441
que l’on suppose commune aux deux conjoints dans
le
cas le plus favorable. Or s’il est assez difficile de définir en géné
13442
on suppose commune aux deux conjoints dans le cas
le
plus favorable. Or s’il est assez difficile de définir en général le
13443
as le plus favorable. Or s’il est assez difficile
de
définir en général le bonheur, le problème devient insoluble dès que
13444
Or s’il est assez difficile de définir en général
le
bonheur, le problème devient insoluble dès que s’y ajoute la volonté
13445
assez difficile de définir en général le bonheur,
le
problème devient insoluble dès que s’y ajoute la volonté moderne d’êt
13446
le problème devient insoluble dès que s’y ajoute
la
volonté moderne d’être le maître de son bonheur, ou ce qui revient pe
13447
t insoluble dès que s’y ajoute la volonté moderne
d’
être le maître de son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de
13448
uble dès que s’y ajoute la volonté moderne d’être
le
maître de son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir
13449
ue s’y ajoute la volonté moderne d’être le maître
de
son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir de quoi i
13450
son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même,
de
sentir de quoi il est fait, de l’analyser et de le goûter afin de pou
13451
r, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir
de
quoi il est fait, de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’amé
13452
peut-être au même, de sentir de quoi il est fait,
de
l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouc
13453
t-être au même, de sentir de quoi il est fait, de
l’
analyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches
13454
, de sentir de quoi il est fait, de l’analyser et
de
le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches bien calculée
13455
e sentir de quoi il est fait, de l’analyser et de
le
goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches bien calculées.
13456
it, de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir
l’
améliorer par des retouches bien calculées. Votre bonheur, répètent le
13457
retouches bien calculées. Votre bonheur, répètent
les
prêches des magazines, dépend de ceci, exige cela — et ceci ou cela,
13458
nheur, répètent les prêches des magazines, dépend
de
ceci, exige cela — et ceci ou cela, c’est toujours quelque chose qu’i
13459
t toujours quelque chose qu’il faut acquérir, par
de
l’argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande dont le suc
13460
oujours quelque chose qu’il faut acquérir, par de
l’
argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande dont le succès
13461
uelque chose qu’il faut acquérir, par de l’argent
le
plus souvent. Le résultat de cette propagande dont le succès caractér
13462
l faut acquérir, par de l’argent le plus souvent.
Le
résultat de cette propagande dont le succès caractérise l’état moral
13463
rir, par de l’argent le plus souvent. Le résultat
de
cette propagande dont le succès caractérise l’état moral de l’époque,
13464
lus souvent. Le résultat de cette propagande dont
le
succès caractérise l’état moral de l’époque, est à la fois de nous ob
13465
at de cette propagande dont le succès caractérise
l’
état moral de l’époque, est à la fois de nous obséder par l’idée d’un
13466
ropagande dont le succès caractérise l’état moral
de
l’époque, est à la fois de nous obséder par l’idée d’un bonheur facil
13467
agande dont le succès caractérise l’état moral de
l’
époque, est à la fois de nous obséder par l’idée d’un bonheur facile,
13468
ractérise l’état moral de l’époque, est à la fois
de
nous obséder par l’idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous
13469
al de l’époque, est à la fois de nous obséder par
l’
idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le
13470
’époque, est à la fois de nous obséder par l’idée
d’
un bonheur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le posséde
13471
r par l’idée d’un bonheur facile, et du même coup
de
nous rendre inaptes à le posséder. Car tout ce qu’on nous propose nou
13472
facile, et du même coup de nous rendre inaptes à
le
posséder. Car tout ce qu’on nous propose nous introduit dans le monde
13473
ar tout ce qu’on nous propose nous introduit dans
le
monde de la comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant qu
13474
e qu’on nous propose nous introduit dans le monde
de
la comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que l’homme
13475
u’on nous propose nous introduit dans le monde de
la
comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que l’homme ne
13476
on, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que
l’
homme ne sera pas Dieu. Le bonheur est une Eurydice : on l’a perdu dès
13477
ait s’établir, tant que l’homme ne sera pas Dieu.
Le
bonheur est une Eurydice : on l’a perdu dès qu’on veut le saisir. Il
13478
e sera pas Dieu. Le bonheur est une Eurydice : on
l’
a perdu dès qu’on veut le saisir. Il ne peut vivre que dans l’acceptat
13479
ur est une Eurydice : on l’a perdu dès qu’on veut
le
saisir. Il ne peut vivre que dans l’acceptation, et meurt dans la rev
13480
s qu’on veut le saisir. Il ne peut vivre que dans
l’
acceptation, et meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de l’ê
13481
peut vivre que dans l’acceptation, et meurt dans
la
revendication. C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir : les m
13482
t meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend
de
l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont rép
13483
eurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de
l’
être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété
13484
evendication. C’est qu’il dépend de l’être et non
de
l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre tem
13485
ndication. C’est qu’il dépend de l’être et non de
l’
avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre temps
13486
C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir :
les
moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre temps n’apporte r
13487
pend de l’être et non de l’avoir : les moralistes
de
tous les temps l’ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive
13488
l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous
les
temps l’ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive nous fair
13489
non de l’avoir : les moralistes de tous les temps
l’
ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive nous faire changer
13490
temps n’apporte rien qui doive nous faire changer
d’
avis. Tout bonheur que l’on veut sentir, que l’on veut tenir à sa merc
13491
doive nous faire changer d’avis. Tout bonheur que
l’
on veut sentir, que l’on veut tenir à sa merci — au lieu d’y être comm
13492
er d’avis. Tout bonheur que l’on veut sentir, que
l’
on veut tenir à sa merci — au lieu d’y être comme par grâce — se trans
13493
stantanément en une absence insupportable. Fonder
le
mariage sur un pareil « bonheur » suppose de la part des modernes une
13494
ur » suppose de la part des modernes une capacité
d’
ennui presque morbide — ou l’intention secrète de tricher II est proba
13495
odernes une capacité d’ennui presque morbide — ou
l’
intention secrète de tricher II est probable que cette intention ou ce
13496
d’ennui presque morbide — ou l’intention secrète
de
tricher II est probable que cette intention ou cet espoir d’ailleurs
13497
able que cette intention ou cet espoir d’ailleurs
le
plus souvent déçus, expliquent seuls la facilité avec laquelle on se
13498
’ailleurs le plus souvent déçus, expliquent seuls
la
facilité avec laquelle on se marie encore « sans y croire ». Le rêve
13499
ec laquelle on se marie encore « sans y croire ».
Le
rêve de la passion possible agit comme une distraction permanente, an
13500
lle on se marie encore « sans y croire ». Le rêve
de
la passion possible agit comme une distraction permanente, anesthésia
13501
on se marie encore « sans y croire ». Le rêve de
la
passion possible agit comme une distraction permanente, anesthésiant
13502
it comme une distraction permanente, anesthésiant
les
révoltes de l’ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur
13503
distraction permanente, anesthésiant les révoltes
de
l’ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur — mais on p
13504
traction permanente, anesthésiant les révoltes de
l’
ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur — mais on pres
13505
iant les révoltes de l’ennui. On n’ignore pas que
la
passion serait un malheur — mais on pressent que ce serait un malheur
13506
erait un malheur plus beau et plus « vivant » que
la
vie normale, plus exaltant que son « petit bonheur »… Ou l’ennui rési
13507
male, plus exaltant que son « petit bonheur »… Ou
l’
ennui résigné ou la passion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos
13508
que son « petit bonheur »… Ou l’ennui résigné ou
la
passion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies l’idée modern
13509
eur »… Ou l’ennui résigné ou la passion : tel est
le
dilemme qu’introduit dans nos vies l’idée moderne du bonheur. Cela va
13510
n : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies
l’
idée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à la ruine du mariag
13511
dans nos vies l’idée moderne du bonheur. Cela va
de
toute manière à la ruine du mariage en tant qu’institution sociale.
13512
ée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à
la
ruine du mariage en tant qu’institution sociale. 3.« Aimer, c’est
13513
ion sociale. 3.« Aimer, c’est vivre ! » Dès
le
xiie siècle provençal, l’amour était considéré comme noble. Non seul
13514
c’est vivre ! » Dès le xiie siècle provençal,
l’
amour était considéré comme noble. Non seulement il ennoblissait mais
13515
ment il ennoblissait mais encore il anoblissait :
les
troubadours accédaient socialement au niveau de l’aristocratie, qui l
13516
s troubadours accédaient socialement au niveau de
l’
aristocratie, qui les traitait comme des égaux. On peut citer de très
13517
ient socialement au niveau de l’aristocratie, qui
les
traitait comme des égaux. On peut citer de très nombreux exemples de
13518
, qui les traitait comme des égaux. On peut citer
de
très nombreux exemples de vilains armés chevaliers parce qu’ils savai
13519
es égaux. On peut citer de très nombreux exemples
de
vilains armés chevaliers parce qu’ils savaient chanter l’Amour. Et c’
13520
ns armés chevaliers parce qu’ils savaient chanter
l’
Amour. Et c’est pourquoi certains auteurs ont pu parler d’une féodalit
13521
Et c’est pourquoi certains auteurs ont pu parler
d’
une féodalité démocratique en Languedoc. Il est clair qu’un tel jugeme
13522
’un tel jugement se fonde sur une équivoque : car
l’
Amour dont il s’agissait n’était rien d’autre que la foi cathare, et l
13523
que : car l’Amour dont il s’agissait n’était rien
d’
autre que la foi cathare, et l’accession d’un roturier à la chevalerie
13524
Amour dont il s’agissait n’était rien d’autre que
la
foi cathare, et l’accession d’un roturier à la chevalerie était un sy
13525
ssait n’était rien d’autre que la foi cathare, et
l’
accession d’un roturier à la chevalerie était un symbole mystique bien
13526
t rien d’autre que la foi cathare, et l’accession
d’
un roturier à la chevalerie était un symbole mystique bien plutôt qu’u
13527
ue la foi cathare, et l’accession d’un roturier à
la
chevalerie était un symbole mystique bien plutôt qu’une dérogation au
13528
umes du droit féodal. Mais là-dessus se produisit
la
confusion dont nous avons longuement parlé ; on prit le symbole au pi
13529
fusion dont nous avons longuement parlé ; on prit
le
symbole au pied de la lettre, on « mystifia » l’amour profane. Et c’e
13530
ons longuement parlé ; on prit le symbole au pied
de
la lettre, on « mystifia » l’amour profane. Et c’est de là que nous v
13531
longuement parlé ; on prit le symbole au pied de
la
lettre, on « mystifia » l’amour profane. Et c’est de là que nous vien
13532
le symbole au pied de la lettre, on « mystifia »
l’
amour profane. Et c’est de là que nous vient, par la littérature, cett
13533
lettre, on « mystifia » l’amour profane. Et c’est
de
là que nous vient, par la littérature, cette idée toute moderne et ro
13534
amour profane. Et c’est de là que nous vient, par
la
littérature, cette idée toute moderne et romantique que la passion es
13535
ature, cette idée toute moderne et romantique que
la
passion est une noblesse morale, qu’elle nous met au-dessus des lois.
13536
’elle nous met au-dessus des lois. Celui qui aime
de
passion accède à une humanité plus haute, où les barrières sociales,
13537
e de passion accède à une humanité plus haute, où
les
barrières sociales, entre autres, s’évanouissent. Le Tzigane peut enl
13538
barrières sociales, entre autres, s’évanouissent.
Le
Tzigane peut enlever la princesse, le mécano épouser l’héritière187.
13539
e autres, s’évanouissent. Le Tzigane peut enlever
la
princesse, le mécano épouser l’héritière187. De même, le Prix de Beau
13540
anouissent. Le Tzigane peut enlever la princesse,
le
mécano épouser l’héritière187. De même, le Prix de Beauté a quelque c
13541
gane peut enlever la princesse, le mécano épouser
l’
héritière187. De même, le Prix de Beauté a quelque chance de devenir c
13542
cesse, le mécano épouser l’héritière187. De même,
le
Prix de Beauté a quelque chance de devenir comtesse ou milliardaire.
13543
e mécano épouser l’héritière187. De même, le Prix
de
Beauté a quelque chance de devenir comtesse ou milliardaire. C’est un
13544
e187. De même, le Prix de Beauté a quelque chance
de
devenir comtesse ou milliardaire. C’est une « adaptation » moderne —
13545
e. C’est une « adaptation » moderne — pour parler
le
langage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence — de la primauté de l
13546
pour parler le langage du cinéma, seul adéquat en
l’
occurrence — de la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que
13547
langage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence —
de
la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion prof
13548
gage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence — de
la
primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane
13549
ma, seul adéquat en l’occurrence — de la primauté
de
l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit une ab
13550
seul adéquat en l’occurrence — de la primauté de
l’
amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit une absur
13551
t en l’occurrence — de la primauté de l’amour sur
l’
ordre social établi. Que la passion profane soit une absurdité, une fo
13552
rimauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que
la
passion profane soit une absurdité, une forme d’intoxication, une « m
13553
la passion profane soit une absurdité, une forme
d’
intoxication, une « maladie de l’âme » comme pensaient les Anciens, to
13554
bsurdité, une forme d’intoxication, une « maladie
de
l’âme » comme pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à le reco
13555
rdité, une forme d’intoxication, une « maladie de
l’
âme » comme pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à le reconna
13556
ication, une « maladie de l’âme » comme pensaient
les
Anciens, tout le monde est prêt à le reconnaître, c’est un des lieux
13557
e pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à
le
reconnaître, c’est un des lieux communs les plus usés des moralistes
13558
prêt à le reconnaître, c’est un des lieux communs
les
plus usés des moralistes : mais personne ne peut plus le croire, à l’
13559
usés des moralistes : mais personne ne peut plus
le
croire, à l’âge du film et du roman — nous sommes tous plus ou moins
13560
alistes : mais personne ne peut plus le croire, à
l’
âge du film et du roman — nous sommes tous plus ou moins intoxiqués, —
13561
moins intoxiqués, — et cette nuance est décisive.
Le
moderne, l’homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révél
13562
qués, — et cette nuance est décisive. Le moderne,
l’
homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur l
13563
et cette nuance est décisive. Le moderne, l’homme
de
la passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même
13564
cette nuance est décisive. Le moderne, l’homme de
la
passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou
13565
cisive. Le moderne, l’homme de la passion, attend
de
l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général :
13566
ive. Le moderne, l’homme de la passion, attend de
l’
amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général : de
13567
l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou
la
vie en général : dernier relent de la mystique primitive. De la poési
13568
ur lui-même ou la vie en général : dernier relent
de
la mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion
13569
lui-même ou la vie en général : dernier relent de
la
mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’
13570
énéral : dernier relent de la mystique primitive.
De
la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure
13571
ral : dernier relent de la mystique primitive. De
la
poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C
13572
r relent de la mystique primitive. De la poésie à
l’
anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui
13573
ue primitive. De la poésie à l’anecdote piquante,
la
passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’
13574
à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours
l’
aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu, de ris
13575
jours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie,
l’
enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours plus
13576
nture. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir
d’
imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours plus violentes
13577
t ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu,
de
risques exaltants, de jouissances toujours plus violentes ou flatteus
13578
vie, l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants,
de
jouissances toujours plus violentes ou flatteuses. C’est tout le poss
13579
toujours plus violentes ou flatteuses. C’est tout
le
possible qui s’ouvre, un destin qui acquiesce au désir ! Je vais y en
13580
je vais y monter, je vais y être « transporté » !
La
sempiternelle illusion, la plus naïve et — j’ai beau dire ! — la plus
13581
être « transporté » ! La sempiternelle illusion,
la
plus naïve et — j’ai beau dire ! — la plus « naturelle » pensera-t-on
13582
e illusion, la plus naïve et — j’ai beau dire ! —
la
plus « naturelle » pensera-t-on… Illusion de liberté. Et illusion de
13583
! — la plus « naturelle » pensera-t-on… Illusion
de
liberté. Et illusion de plénitude. Je nommerai libre un homme qui se
13584
» pensera-t-on… Illusion de liberté. Et illusion
de
plénitude. Je nommerai libre un homme qui se possède. Mais l’homme de
13585
. Je nommerai libre un homme qui se possède. Mais
l’
homme de la passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, je
13586
merai libre un homme qui se possède. Mais l’homme
de
la passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, jeté hors
13587
ai libre un homme qui se possède. Mais l’homme de
la
passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, jeté hors de
13588
à être possédé, dépossédé, jeté hors de soi, dans
l’
extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — dont
13589
é, dépossédé, jeté hors de soi, dans l’extase. Et
de
fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — dont il ignore l’o
13590
l’extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui
le
« démeine » — dont il ignore l’origine et la fin. Son illusion de lib
13591
sa nostalgie qui le « démeine » — dont il ignore
l’
origine et la fin. Son illusion de liberté repose sur cette double ign
13592
qui le « démeine » — dont il ignore l’origine et
la
fin. Son illusion de liberté repose sur cette double ignorance. Le pa
13593
dont il ignore l’origine et la fin. Son illusion
de
liberté repose sur cette double ignorance. Le passionné, c’est l’homm
13594
ion de liberté repose sur cette double ignorance.
Le
passionné, c’est l’homme qui veut trouver son « type de femme » et n’
13595
e sur cette double ignorance. Le passionné, c’est
l’
homme qui veut trouver son « type de femme » et n’aimer qu’elle. Souve
13596
sionné, c’est l’homme qui veut trouver son « type
de
femme » et n’aimer qu’elle. Souvenez-vous du rêve de Nerval, l’appari
13597
n’aimer qu’elle. Souvenez-vous du rêve de Nerval,
l’
apparition d’une noble Dame dans le paysage des souvenirs d’enfance :
13598
le. Souvenez-vous du rêve de Nerval, l’apparition
d’
une noble Dame dans le paysage des souvenirs d’enfance : Blonde, aux
13599
êve de Nerval, l’apparition d’une noble Dame dans
le
paysage des souvenirs d’enfance : Blonde, aux yeux noirs, en ses hab
13600
on d’une noble Dame dans le paysage des souvenirs
d’
enfance : Blonde, aux yeux noirs, en ses habits anciens Que dans une
13601
tre J’ai déjà vue, et dont je me souviens… Image
de
la mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous apprend quels empêch
13602
J’ai déjà vue, et dont je me souviens… Image de
la
mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous apprend quels empêcheme
13603
e souviens… Image de la mère, sans nul doute, et
la
psychanalyse nous apprend quels empêchements tragiques cela peut sign
13604
empêchements tragiques cela peut signifier. Mais
l’
exemple d’un poète ne vaut rien ou vaut trop. J’entends décrire une il
13605
nts tragiques cela peut signifier. Mais l’exemple
d’
un poète ne vaut rien ou vaut trop. J’entends décrire une illusion app
13606
trop. J’entends décrire une illusion apprise par
la
majorité des hommes du xxe siècle : or plus encore que l’image de la
13607
té des hommes du xxe siècle : or plus encore que
l’
image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ».
13608
ommes du xxe siècle : or plus encore que l’image
de
la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos j
13609
es du xxe siècle : or plus encore que l’image de
la
Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jour
13610
e : or plus encore que l’image de la Mère, ce qui
les
tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jours — et ce n’est q
13611
e l’image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est
la
« beauté standard ». De nos jours — et ce n’est qu’un début —, un hom
13612
qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ».
De
nos jours — et ce n’est qu’un début —, un homme qui se prend de passi
13613
et ce n’est qu’un début —, un homme qui se prend
de
passion pour une femme qu’il est seul à voir belle, est présumé neura
13614
e, est présumé neurasthénique. (Dans x années, on
le
fera soigner.) Certes, la standardisation des types de femmes admis p
13615
que. (Dans x années, on le fera soigner.) Certes,
la
standardisation des types de femmes admis pour « beaux » se produit n
13616
ra soigner.) Certes, la standardisation des types
de
femmes admis pour « beaux » se produit normalement dans chaque généra
13617
dans chaque génération, de même que chaque époque
de
la mode préfère soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la
13618
s chaque génération, de même que chaque époque de
la
mode préfère soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la lig
13619
de même que chaque époque de la mode préfère soit
la
tête, soit le buste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais le
13620
aque époque de la mode préfère soit la tête, soit
le
buste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais le panurgisme est
13621
la mode préfère soit la tête, soit le buste, soit
la
croupe, soit la ligne sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint
13622
soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit
la
ligne sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint de nos jours un
13623
ste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais
le
panurgisme esthétique atteint de nos jours une puissance inconnue, dé
13624
e sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint
de
nos jours une puissance inconnue, développée par tous les moyens tech
13625
jours une puissance inconnue, développée par tous
les
moyens techniques, et bientôt politiques, en sorte que le choix d’un
13626
s techniques, et bientôt politiques, en sorte que
le
choix d’un type de femme échappe de plus en plus au mystère personnel
13627
ues, et bientôt politiques, en sorte que le choix
d’
un type de femme échappe de plus en plus au mystère personnel, et se t
13628
entôt politiques, en sorte que le choix d’un type
de
femme échappe de plus en plus au mystère personnel, et se trouve déte
13629
e trouve déterminé par Hollywood — et bientôt par
l’
État. Double influence de la beauté-standard : elle définit d’avance l
13630
llywood — et bientôt par l’État. Double influence
de
la beauté-standard : elle définit d’avance l’objet de la passion — dé
13631
wood — et bientôt par l’État. Double influence de
la
beauté-standard : elle définit d’avance l’objet de la passion — déper
13632
le influence de la beauté-standard : elle définit
d’
avance l’objet de la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et d
13633
nce de la beauté-standard : elle définit d’avance
l’
objet de la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifi
13634
a beauté-standard : elle définit d’avance l’objet
de
la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie le mar
13635
eauté-standard : elle définit d’avance l’objet de
la
passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie le mariag
13636
dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie
le
mariage, si l’épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. (E
13637
dans cette mesure — et disqualifie le mariage, si
l’
épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. (Encore la femme
13638
alifie le mariage, si l’épouse ne ressemble pas à
la
star la plus obsédante. (Encore la femme pourra-t-elle s’efforcer de
13639
e mariage, si l’épouse ne ressemble pas à la star
la
plus obsédante. (Encore la femme pourra-t-elle s’efforcer de se faire
13640
essemble pas à la star la plus obsédante. (Encore
la
femme pourra-t-elle s’efforcer de se faire une tête à la Garbo, mais
13641
édante. (Encore la femme pourra-t-elle s’efforcer
de
se faire une tête à la Garbo, mais alors il s’agit que le mari ressem
13642
e pourra-t-elle s’efforcer de se faire une tête à
la
Garbo, mais alors il s’agit que le mari ressemble à Gable ou à Taylor
13643
ire une tête à la Garbo, mais alors il s’agit que
le
mari ressemble à Gable ou à Taylor !) Ainsi la « liberté » de la pass
13644
ue le mari ressemble à Gable ou à Taylor !) Ainsi
la
« liberté » de la passion relève des statistiques publicitaires. L’ho
13645
emble à Gable ou à Taylor !) Ainsi la « liberté »
de
la passion relève des statistiques publicitaires. L’homme qui croit d
13646
le à Gable ou à Taylor !) Ainsi la « liberté » de
la
passion relève des statistiques publicitaires. L’homme qui croit dési
13647
la passion relève des statistiques publicitaires.
L’
homme qui croit désirer « son » type de femme se trouve intimement dét
13648
icitaires. L’homme qui croit désirer « son » type
de
femme se trouve intimement déterminé par des facteurs de mode ou de c
13649
e se trouve intimement déterminé par des facteurs
de
mode ou de commerce qui changent au moins tous les six mois. Supposon
13650
intimement déterminé par des facteurs de mode ou
de
commerce qui changent au moins tous les six mois. Supposons, comme il
13651
de mode ou de commerce qui changent au moins tous
les
six mois. Supposons, comme il est probable, qu’il se fixe enfin sur u
13652
un type, compromis entre ce qu’il aime et ce que
le
film le persuade d’aimer. Il rencontre cette femme, il la reconnaît.
13653
, compromis entre ce qu’il aime et ce que le film
le
persuade d’aimer. Il rencontre cette femme, il la reconnaît. C’est el
13654
entre ce qu’il aime et ce que le film le persuade
d’
aimer. Il rencontre cette femme, il la reconnaît. C’est elle, la femme
13655
le persuade d’aimer. Il rencontre cette femme, il
la
reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et de sa plus secrète no
13656
ncontre cette femme, il la reconnaît. C’est elle,
la
femme de son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve18
13657
ette femme, il la reconnaît. C’est elle, la femme
de
son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve188 ; elle
13658
a reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et
de
sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve188 ; elle est mariée, natu
13659
mme de son désir et de sa plus secrète nostalgie,
l’
Iseut du rêve188 ; elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et
13660
est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et il
l’
épousera ! Avec elle, ce sera la « vraie vie », ce sera l’épanouisseme
13661
le divorce, et il l’épousera ! Avec elle, ce sera
la
« vraie vie », ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en
13662
ra ! Avec elle, ce sera la « vraie vie », ce sera
l’
épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi comme son génie caché
13663
e sera la « vraie vie », ce sera l’épanouissement
de
ce Tristan qu’il porte en soi comme son génie caché ! Et plus rien ne
13664
génie caché ! Et plus rien ne compte en regard de
la
révélation mythique. (Pas même la couronne s’il est roi). Voilà le vr
13665
te en regard de la révélation mythique. (Pas même
la
couronne s’il est roi). Voilà le vrai « mariage d’amour » moderne : l
13666
hique. (Pas même la couronne s’il est roi). Voilà
le
vrai « mariage d’amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais
13667
a couronne s’il est roi). Voilà le vrai « mariage
d’
amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît u
13668
roi). Voilà le vrai « mariage d’amour » moderne :
le
mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’en
13669
rai « mariage d’amour » moderne : le mariage avec
la
passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’entourage (ou le p
13670
passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans
l’
entourage (ou le public) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette I
13671
aussitôt paraît une anxiété dans l’entourage (ou
le
public) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette Iseut une fois ép
13672
aît une anxiété dans l’entourage (ou le public) :
l’
amant comblé va-t-il encore aimer cette Iseut une fois épousée ? Une n
13673
cette Iseut une fois épousée ? Une nostalgie que
l’
on chérissait est-elle encore désirable une fois rejointe ? Car Iseut,
13674
ble une fois rejointe ? Car Iseut, c’est toujours
l’
étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’éterne
13675
rejointe ? Car Iseut, c’est toujours l’étrangère,
l’
étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyan
13676
eut, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même
de
la femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyant, évanouissant e
13677
, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même de
la
femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyant, évanouissant et p
13678
’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a
d’
éternellement fuyant, évanouissant et presque hostile dans un être, ce
13679
sque hostile dans un être, cela même qui invite à
la
poursuite et qui éveille l’avidité de posséder, plus délicieuse que t
13680
ela même qui invite à la poursuite et qui éveille
l’
avidité de posséder, plus délicieuse que toute possession au cœur de l
13681
ui invite à la poursuite et qui éveille l’avidité
de
posséder, plus délicieuse que toute possession au cœur de l’homme en
13682
der, plus délicieuse que toute possession au cœur
de
l’homme en proie au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la
13683
, plus délicieuse que toute possession au cœur de
l’
homme en proie au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la per
13684
ssion au cœur de l’homme en proie au mythe. C’est
la
femme-dont-on-est-séparé : on la perd en la possédant. Alors commence
13685
au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on
la
perd en la possédant. Alors commence une « passion » nouvelle. On s’i
13686
C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la perd en
la
possédant. Alors commence une « passion » nouvelle. On s’ingénie à re
13687
e « passion » nouvelle. On s’ingénie à renouveler
l’
obstacle et le combat. On imagine différente la femme que l’on tient d
13688
nouvelle. On s’ingénie à renouveler l’obstacle et
le
combat. On imagine différente la femme que l’on tient dans ses bras,
13689
er l’obstacle et le combat. On imagine différente
la
femme que l’on tient dans ses bras, on la déguise et on l’éloigne en
13690
et le combat. On imagine différente la femme que
l’
on tient dans ses bras, on la déguise et on l’éloigne en rêve, on s’ac
13691
férente la femme que l’on tient dans ses bras, on
la
déguise et on l’éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser les sentimen
13692
que l’on tient dans ses bras, on la déguise et on
l’
éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser les sentiments qui sont en tr
13693
et on l’éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser
les
sentiments qui sont en train de se nouer dans une durée étale et trop
13694
désirer et pour exalter ce désir aux proportions
d’
une passion consciente, intense, infiniment intéressante… Or c’est la
13695
iente, intense, infiniment intéressante… Or c’est
la
douleur seule qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi l’on
13696
te… Or c’est la douleur seule qui rend consciente
la
passion, et c’est pourquoi l’on aime souffrir, et faire souffrir. Lor
13697
qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi
l’
on aime souffrir, et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène Iseut dans
13698
faire souffrir. Lorsque Tristan emmène Iseut dans
la
forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la passion
13699
la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union,
le
génie de la passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons
13700
, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie
de
la passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons quelques
13701
ù plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de
la
passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons quelques si
13702
ne épée nue. Descendons quelques siècles et toute
l’
échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où
13703
endons quelques siècles et toute l’échelle qui va
de
l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les
13704
ons quelques siècles et toute l’échelle qui va de
l’
héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les ho
13705
toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux à
la
confusion sans grandeur où se débattent les hommes du temps profane :
13706
ieux à la confusion sans grandeur où se débattent
les
hommes du temps profane : au lieu de l’épée du chevalier, entre le bo
13707
ébattent les hommes du temps profane : au lieu de
l’
épée du chevalier, entre le bourgeois et sa femme, voici le rêve sourn
13708
s profane : au lieu de l’épée du chevalier, entre
le
bourgeois et sa femme, voici le rêve sournois du mari qui ne peut plu
13709
chevalier, entre le bourgeois et sa femme, voici
le
rêve sournois du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en l’imagi
13710
s du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en
l’
imaginant sa maîtresse. (Balzac déjà donne la recette, dans sa Physiol
13711
u’en l’imaginant sa maîtresse. (Balzac déjà donne
la
recette, dans sa Physiologie du mariage). Une innombrable et écœurant
13712
romanesque nous peint ce type du mari qui redoute
la
« platitude », le train-train des liens légitimes où la femme perd so
13713
int ce type du mari qui redoute la « platitude »,
le
train-train des liens légitimes où la femme perd son « attrait », par
13714
latitude », le train-train des liens légitimes où
la
femme perd son « attrait », parce qu’il n’est plus d’obstacles entre
13715
emme perd son « attrait », parce qu’il n’est plus
d’
obstacles entre elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont l’hor
13716
’obstacles entre elle et lui. Pitoyables victimes
d’
un mythe dont l’horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour
13717
elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont
l’
horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan, Iseut n
13718
s longtemps. Pour Tristan, Iseut n’était rien que
le
symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était la mort divinisante,
13719
symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était
la
mort divinisante, libératrice des liens terrestres. Mais pour celui q
13720
ratrice des liens terrestres. Mais pour celui que
le
mythe vient tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est d’au-del
13721
tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est
d’
au-delà de la passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment
13722
r sans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà
de
la passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment nouveau d
13723
ans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà de
la
passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment nouveau de l
13724
e la passion que dans une passion nouvelle — dans
le
tourment nouveau de la poursuite d’apparences toujours plus fugitives
13725
s une passion nouvelle — dans le tourment nouveau
de
la poursuite d’apparences toujours plus fugitives. Il était de la nat
13726
ne passion nouvelle — dans le tourment nouveau de
la
poursuite d’apparences toujours plus fugitives. Il était de la nature
13727
uvelle — dans le tourment nouveau de la poursuite
d’
apparences toujours plus fugitives. Il était de la nature essentielle
13728
te d’apparences toujours plus fugitives. Il était
de
la nature essentielle de la passion mystique d’être sans fin — et c’e
13729
d’apparences toujours plus fugitives. Il était de
la
nature essentielle de la passion mystique d’être sans fin — et c’est
13730
plus fugitives. Il était de la nature essentielle
de
la passion mystique d’être sans fin — et c’est par là que cette passi
13731
s fugitives. Il était de la nature essentielle de
la
passion mystique d’être sans fin — et c’est par là que cette passion
13732
t de la nature essentielle de la passion mystique
d’
être sans fin — et c’est par là que cette passion se détachait des ryt
13733
s du désir charnel ; mais tandis que pour Tristan
l’
infini, c’est l’éternité sans retour où s’évanouit la conscience doulo
13734
el ; mais tandis que pour Tristan l’infini, c’est
l’
éternité sans retour où s’évanouit la conscience douloureuse — pour le
13735
nfini, c’est l’éternité sans retour où s’évanouit
la
conscience douloureuse — pour le moderne, ce n’est plus que le retour
13736
ur où s’évanouit la conscience douloureuse — pour
le
moderne, ce n’est plus que le retour sempiternel d’une ardeur constam
13737
douloureuse — pour le moderne, ce n’est plus que
le
retour sempiternel d’une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait
13738
moderne, ce n’est plus que le retour sempiternel
d’
une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait une fatalité dont ses
13739
etour sempiternel d’une ardeur constamment déçue.
Le
mythe décrivait une fatalité dont ses victimes ne pouvaient se délivr
13740
t se délivrer qu’en échappant au monde fini. Mais
la
passion dite « fatale » — c’est l’alibi — où se complaisent les moder
13741
nde fini. Mais la passion dite « fatale » — c’est
l’
alibi — où se complaisent les modernes, ne sait plus même être fidèle,
13742
te « fatale » — c’est l’alibi — où se complaisent
les
modernes, ne sait plus même être fidèle, puisqu’elle n’a plus pour fi
13743
s même être fidèle, puisqu’elle n’a plus pour fin
la
transcendance. Elle épuise l’une après l’autre les illusions que lui
13744
la transcendance. Elle épuise l’une après l’autre
les
illusions que lui proposent divers objets, trop faciles à saisir. Au
13745
objets, trop faciles à saisir. Au lieu de mener à
la
mort, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation d’un T
13746
a mort, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent
la
dégradation d’un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Or ce n’est pas lui
13747
dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation
d’
un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Or ce n’est pas lui qu’il convient
13748
sieurs Iseut ? Or ce n’est pas lui qu’il convient
d’
accuser, mais il est la victime d’un ordre social où les obstacles se
13749
est pas lui qu’il convient d’accuser, mais il est
la
victime d’un ordre social où les obstacles se sont dégradés. Ils cède
13750
qu’il convient d’accuser, mais il est la victime
d’
un ordre social où les obstacles se sont dégradés. Ils cèdent trop vit
13751
user, mais il est la victime d’un ordre social où
les
obstacles se sont dégradés. Ils cèdent trop vite, ils cèdent avant qu
13752
radés. Ils cèdent trop vite, ils cèdent avant que
l’
expérience ait abouti. Sans cesse, il faut recommencer cette ascension
13753
. Sans cesse, il faut recommencer cette ascension
de
l’âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse v
13754
ans cesse, il faut recommencer cette ascension de
l’
âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers
13755
commencer cette ascension de l’âme dressée contre
le
monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers le type contraire du
13756
sion de l’âme dressée contre le monde. Mais alors
le
Tristan moderne glisse vers le type contraire du Don Juan, de l’homme
13757
monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers
le
type contraire du Don Juan, de l’homme aux amours successives. Les ca
13758
oderne glisse vers le type contraire du Don Juan,
de
l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’avent
13759
rne glisse vers le type contraire du Don Juan, de
l’
homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’aventure
13760
e du Don Juan, de l’homme aux amours successives.
Les
catégories se détruisent, l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul
13761
amours successives. Les catégories se détruisent,
l’
aventure n’est plus même exemplaire. Seul, le Don Juan mythique échapp
13762
ent, l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul,
le
Don Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne con
13763
à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas
d’
Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déch
13764
omption. Mais Don Juan ne connaît pas d’Iseut, ni
de
passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déchirements vol
13765
nnaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni
de
passé ni d’avenir, ni de déchirements voluptueux. Il vit toujours dan
13766
Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni
d’
avenir, ni de déchirements voluptueux. Il vit toujours dans l’immédiat
13767
passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni
de
déchirements voluptueux. Il vit toujours dans l’immédiat, il n’a jama
13768
de déchirements voluptueux. Il vit toujours dans
l’
immédiat, il n’a jamais le temps d’aimer — d’attendre et de se souveni
13769
x. Il vit toujours dans l’immédiat, il n’a jamais
le
temps d’aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il dé
13770
toujours dans l’immédiat, il n’a jamais le temps
d’
aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne l
13771
dans l’immédiat, il n’a jamais le temps d’aimer —
d’
attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne lui résiste
13772
t, il n’a jamais le temps d’aimer — d’attendre et
de
se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne lui résiste, puisqu’il n’
13773
d’aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien
de
ce qu’il désire ne lui résiste, puisqu’il n’aime pas ce qui lui résis
13774
l n’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens
de
la passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissem
13775
’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens de
la
passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement
13776
iste. ⁂ Aimer, au sens de la passion, c’est alors
le
contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de l’être, une ascèse s
13777
, au sens de la passion, c’est alors le contraire
de
vivre ! C’est un appauvrissement de l’être, une ascèse sans au-delà,
13778
le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement
de
l’être, une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer le présent s
13779
contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de
l’
être, une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer le présent sans
13780
une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer
le
présent sans l’imaginer comme absent, une fuite sans fin devant la po
13781
au-delà, une impuissance à aimer le présent sans
l’
imaginer comme absent, une fuite sans fin devant la possession. Aimer
13782
’imaginer comme absent, une fuite sans fin devant
la
possession. Aimer d’amour-passion signifiait « vivre » pour Tristan,
13783
t, une fuite sans fin devant la possession. Aimer
d’
amour-passion signifiait « vivre » pour Tristan, car la vraie vie qu’i
13784
ur-passion signifiait « vivre » pour Tristan, car
la
vraie vie qu’il appelait, c’était la mort transfigurante. Mais nous a
13785
Tristan, car la vraie vie qu’il appelait, c’était
la
mort transfigurante. Mais nous avons perdu la transcendance. La mort
13786
ait la mort transfigurante. Mais nous avons perdu
la
transcendance. La mort n’est plus qu’une lente consomption. À cette l
13787
igurante. Mais nous avons perdu la transcendance.
La
mort n’est plus qu’une lente consomption. À cette lumière, que jette
13788
. À cette lumière, que jette sur nos psychologies
la
connaissance du mythe primitif, les succès du roman et du film appara
13789
s psychologies la connaissance du mythe primitif,
les
succès du roman et du film apparaissent comme les signes certains d’u
13790
les succès du roman et du film apparaissent comme
les
signes certains d’une décadence de la personne chez les modernes, et
13791
et du film apparaissent comme les signes certains
d’
une décadence de la personne chez les modernes, et d’une espèce de mal
13792
aissent comme les signes certains d’une décadence
de
la personne chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’être.
13793
sent comme les signes certains d’une décadence de
la
personne chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’être. Pre
13794
gnes certains d’une décadence de la personne chez
les
modernes, et d’une espèce de maladie de l’être. Presque toutes les co
13795
ne décadence de la personne chez les modernes, et
d’
une espèce de maladie de l’être. Presque toutes les complications qui
13796
de la personne chez les modernes, et d’une espèce
de
maladie de l’être. Presque toutes les complications qui servent d’int
13797
nne chez les modernes, et d’une espèce de maladie
de
l’être. Presque toutes les complications qui servent d’intrigues à no
13798
chez les modernes, et d’une espèce de maladie de
l’
être. Presque toutes les complications qui servent d’intrigues à nos a
13799
d’une espèce de maladie de l’être. Presque toutes
les
complications qui servent d’intrigues à nos auteurs se ramènent au sc
13800
tre. Presque toutes les complications qui servent
d’
intrigues à nos auteurs se ramènent au schéma monotone des ruses de la
13801
auteurs se ramènent au schéma monotone des ruses
de
la passion pour s’« entretenir », — des ruses d’une passion débile po
13802
teurs se ramènent au schéma monotone des ruses de
la
passion pour s’« entretenir », — des ruses d’une passion débile pour
13803
de la passion pour s’« entretenir », — des ruses
d’
une passion débile pour s’inventer de plus secrets obstacles. Je songe
13804
s’inventer de plus secrets obstacles. Je songe à
la
psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désir
13805
plus secrets obstacles. Je songe à la psychologie
de
la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désirée, provoquée,
13806
s secrets obstacles. Je songe à la psychologie de
la
jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désirée, provoquée, sou
13807
t favorisée, et non plus chez l’autre seulement —
la
coquetterie est un peu simple — mais on en vient à désirer que l’être
13808
st un peu simple — mais on en vient à désirer que
l’
être aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau le poursuivre et
13809
e aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau
le
poursuivre et « ressentir » l’amour en soi… Tout cela signifie, une f
13810
puisse de nouveau le poursuivre et « ressentir »
l’
amour en soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le mythe des a
13811
en soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que
le
mythe des amants « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique. Le r
13812
s « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique.
Le
ravissement n’est plus qu’une sensation, — n’aboutit pas. On retombe
13813
, — n’aboutit pas. On retombe sans cesse au monde
de
la comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes
13814
n’aboutit pas. On retombe sans cesse au monde de
la
comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes dès
13815
be sans cesse au monde de la comparaison, qui est
le
monde de la jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seu
13816
esse au monde de la comparaison, qui est le monde
de
la jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seuil souffr
13817
e au monde de la comparaison, qui est le monde de
la
jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seuil souffrent
13818
t femmes dès qu’ils passent leur seuil souffrent
de
jalousie », dit un poème tibétain189. C’est que, passant « leur seuil
13819
in189. C’est que, passant « leur seuil », sortant
de
leur être propre et du présent tel qu’il leur est donné, incapables d
13820
t du présent tel qu’il leur est donné, incapables
d’
accepter l’autre tel qu’il est, parce qu’il faudrait tout d’abord s’ac
13821
r, qualités dont ils se sentent privés, et motifs
de
comparaisons qui toujours tournent à leur détriment. Le mari souffre
13822
paraisons qui toujours tournent à leur détriment.
Le
mari souffre des beautés qu’il aperçoit à d’autres femmes, et dont la
13823
et dont la sienne se trouve privée (même si tous
la
jugent la plus belle). C’est qu’il ne sait plus posséder, ni plus aim
13824
a sienne se trouve privée (même si tous la jugent
la
plus belle). C’est qu’il ne sait plus posséder, ni plus aimer ce qu’i
13825
sait plus posséder, ni plus aimer ce qu’il a dans
le
réel. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de la fidélité.
13826
ni plus aimer ce qu’il a dans le réel. Il a perdu
la
seule chose nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici la fidélit
13827
s le réel. Il a perdu la seule chose nécessaire :
le
sens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation déci
13828
l. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens
de
la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive d’u
13829
Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de
la
fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive d’un ê
13830
se nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici
la
fidélité : c’est l’acceptation décisive d’un être en soi, limité et r
13831
ens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est
l’
acceptation décisive d’un être en soi, limité et réel, que l’on choisi
13832
voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive
d’
un être en soi, limité et réel, que l’on choisit non comme prétexte à
13833
on décisive d’un être en soi, limité et réel, que
l’
on choisit non comme prétexte à s’exalter, ou comme « objet de contemp
13834
non comme prétexte à s’exalter, ou comme « objet
de
contemplation », mais comme une existence incomparable et autonome à
13835
incomparable et autonome à son côté, une exigence
d’
amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne
13836
ce d’amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer
la
passion : je me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Mont
13837
tends pas ici attaquer la passion : je me borne à
la
décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien qu
13838
taquer la passion : je me borne à la décrire et à
la
« réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien que je ne convainc
13839
comment cette passion développe un certain nombre
de
fatalités psychologiques dont les effets ne sont plus contestables. Q
13840
n certain nombre de fatalités psychologiques dont
les
effets ne sont plus contestables. Que l’on soit partisan de l’une ou
13841
es dont les effets ne sont plus contestables. Que
l’
on soit partisan de l’une ou de l’autre, il faut admettre que la passi
13842
ne sont plus contestables. Que l’on soit partisan
de
l’une ou de l’autre, il faut admettre que la passion ruine l’idée mêm
13843
contestables. Que l’on soit partisan de l’une ou
de
l’autre, il faut admettre que la passion ruine l’idée même du mariage
13844
isan de l’une ou de l’autre, il faut admettre que
la
passion ruine l’idée même du mariage dans une époque où l’on tente la
13845
de l’autre, il faut admettre que la passion ruine
l’
idée même du mariage dans une époque où l’on tente la gageure de fonde
13846
n ruine l’idée même du mariage dans une époque où
l’
on tente la gageure de fonder le mariage, précisément, sur les valeurs
13847
dée même du mariage dans une époque où l’on tente
la
gageure de fonder le mariage, précisément, sur les valeurs élaborées
13848
mariage dans une époque où l’on tente la gageure
de
fonder le mariage, précisément, sur les valeurs élaborées par une éth
13849
ans une époque où l’on tente la gageure de fonder
le
mariage, précisément, sur les valeurs élaborées par une éthique de la
13850
la gageure de fonder le mariage, précisément, sur
les
valeurs élaborées par une éthique de la passion. Certes, il serait ex
13851
sément, sur les valeurs élaborées par une éthique
de
la passion. Certes, il serait excessif d’estimer que la plupart de no
13852
ent, sur les valeurs élaborées par une éthique de
la
passion. Certes, il serait excessif d’estimer que la plupart de nos c
13853
éthique de la passion. Certes, il serait excessif
d’
estimer que la plupart de nos contemporains sont en proie au délire de
13854
part de nos contemporains sont en proie au délire
de
Tristan. Bien peu ont assez soif pour boire le philtre, et j’en vois
13855
re de Tristan. Bien peu ont assez soif pour boire
le
philtre, et j’en vois moins encore être élus par le sort pour succomb
13856
philtre, et j’en vois moins encore être élus par
le
sort pour succomber au tourment exemplaire. Mais tous ou presque tous
13857
rêvassent. Et si brouillée et défraîchie que soit
l’
empreinte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’i
13858
einte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est
le
secret de l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne
13859
ythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret
de
l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne répugne a
13860
e primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de
l’
inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne répugne auta
13861
secret de l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui
les
couples. Rien ne répugne autant à un esprit moderne que l’idée d’une
13862
s. Rien ne répugne autant à un esprit moderne que
l’
idée d’une limitation volontairement assumée ; et rien ne le flatte da
13863
ne répugne autant à un esprit moderne que l’idée
d’
une limitation volontairement assumée ; et rien ne le flatte davantage
13864
ne limitation volontairement assumée ; et rien ne
le
flatte davantage que le mirage d’infini dépassement entretenu par le
13865
ment assumée ; et rien ne le flatte davantage que
le
mirage d’infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe. Essay
13866
ée ; et rien ne le flatte davantage que le mirage
d’
infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe. Essayer de pren
13867
que le mirage d’infini dépassement entretenu par
le
souvenir du mythe. Essayer de prendre conscience de la nature du phén
13868
ement entretenu par le souvenir du mythe. Essayer
de
prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume
13869
souvenir du mythe. Essayer de prendre conscience
de
la nature du phénomène, c’est à quoi se résume l’ambition des analyse
13870
uvenir du mythe. Essayer de prendre conscience de
la
nature du phénomène, c’est à quoi se résume l’ambition des analyses q
13871
de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume
l’
ambition des analyses qui précèdent ; mais je sens bien qu’elles m’ont
13872
trop nos illusions pour souffrir même qu’on nous
les
nomme… 4.De l’anarchie à l’eugénisme Cependant, l’anarchie perm
13873
pour souffrir même qu’on nous les nomme… 4.De
l’
anarchie à l’eugénisme Cependant, l’anarchie permanente que représe
13874
r même qu’on nous les nomme… 4.De l’anarchie à
l’
eugénisme Cependant, l’anarchie permanente que représente le mariag
13875
e… 4.De l’anarchie à l’eugénisme Cependant,
l’
anarchie permanente que représente le mariage moderne fondé — par anti
13876
Cependant, l’anarchie permanente que représente
le
mariage moderne fondé — par antiphrase — sur les débris du mythe, ent
13877
e le mariage moderne fondé — par antiphrase — sur
les
débris du mythe, entraîne des menaces évidemment intolérables pour to
13878
le même pas du danger spirituel que fait courir à
la
personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe). D’où les mult
13879
du danger spirituel que fait courir à la personne
l’
éthique de l’évasion, qui est née du mythe). D’où les multiples tentat
13880
spirituel que fait courir à la personne l’éthique
de
l’évasion, qui est née du mythe). D’où les multiples tentatives de «
13881
rituel que fait courir à la personne l’éthique de
l’
évasion, qui est née du mythe). D’où les multiples tentatives de « res
13882
ne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe).
D’
où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxquelles
13883
éthique de l’évasion, qui est née du mythe). D’où
les
multiples tentatives de « restauration » du mariage auxquelles nous a
13884
est née du mythe). D’où les multiples tentatives
de
« restauration » du mariage auxquelles nous assistons depuis la guerr
13885
ion » du mariage auxquelles nous assistons depuis
la
guerre. Les Églises font un honorable effort de redéfinition de l’ins
13886
riage auxquelles nous assistons depuis la guerre.
Les
Églises font un honorable effort de redéfinition de l’institution et
13887
s la guerre. Les Églises font un honorable effort
de
redéfinition de l’institution et des devoirs moraux qu’elle implique1
13888
Églises font un honorable effort de redéfinition
de
l’institution et des devoirs moraux qu’elle implique190. Les humanist
13889
lises font un honorable effort de redéfinition de
l’
institution et des devoirs moraux qu’elle implique190. Les humanistes
13890
tution et des devoirs moraux qu’elle implique190.
Les
humanistes reprennent les arguments d’un Goethe ou d’un Engels en fav
13891
ux qu’elle implique190. Les humanistes reprennent
les
arguments d’un Goethe ou d’un Engels en faveur du mariage : selon le
13892
lique190. Les humanistes reprennent les arguments
d’
un Goethe ou d’un Engels en faveur du mariage : selon le premier, il f
13893
umanistes reprennent les arguments d’un Goethe ou
d’
un Engels en faveur du mariage : selon le premier, il faut y voir la g
13894
eur du mariage : selon le premier, il faut y voir
la
grande conquête de la culture occidentale, et le fondement solide de
13895
lon le premier, il faut y voir la grande conquête
de
la culture occidentale, et le fondement solide de toute vie personnel
13896
le premier, il faut y voir la grande conquête de
la
culture occidentale, et le fondement solide de toute vie personnelle
13897
la grande conquête de la culture occidentale, et
le
fondement solide de toute vie personnelle ; selon le second, l’union
13898
de la culture occidentale, et le fondement solide
de
toute vie personnelle ; selon le second, l’union monogamique serait l
13899
olide de toute vie personnelle ; selon le second,
l’
union monogamique serait la forme la plus rationnelle des relations en
13900
lle ; selon le second, l’union monogamique serait
la
forme la plus rationnelle des relations entre les sexes, dans une soc
13901
on le second, l’union monogamique serait la forme
la
plus rationnelle des relations entre les sexes, dans une société libé
13902
la forme la plus rationnelle des relations entre
les
sexes, dans une société libérée des contraintes de classes et d’argen
13903
s sexes, dans une société libérée des contraintes
de
classes et d’argent. D’autres enfin s’efforcent de fonder une science
13904
une société libérée des contraintes de classes et
d’
argent. D’autres enfin s’efforcent de fonder une science des rapports
13905
e classes et d’argent. D’autres enfin s’efforcent
de
fonder une science des rapports conjugaux. Jung analyse le « conflit
13906
une science des rapports conjugaux. Jung analyse
le
« conflit psychologique » et les « névroses » qui seraient à l’origin
13907
aux. Jung analyse le « conflit psychologique » et
les
« névroses » qui seraient à l’origine du mal (d’où l’on déduit que la
13908
sychologique » et les « névroses » qui seraient à
l’
origine du mal (d’où l’on déduit que la médecine mentale guérirait tou
13909
les « névroses » qui seraient à l’origine du mal (
d’
où l’on déduit que la médecine mentale guérirait tout). Van de Velde o
13910
névroses » qui seraient à l’origine du mal (d’où
l’
on déduit que la médecine mentale guérirait tout). Van de Velde ou Hir
13911
seraient à l’origine du mal (d’où l’on déduit que
la
médecine mentale guérirait tout). Van de Velde ou Hirschfeld voient l
13912
uérirait tout). Van de Velde ou Hirschfeld voient
le
remède dans une connaissance plus exacte et largement vulgarisée des
13913
e et largement vulgarisée des phénomènes sexuels.
L’
abondance même de ces recherches191 et de ces recettes me rend sceptiq
13914
lgarisée des phénomènes sexuels. L’abondance même
de
ces recherches191 et de ces recettes me rend sceptique quant à leur e
13915
sexuels. L’abondance même de ces recherches191 et
de
ces recettes me rend sceptique quant à leur efficacité : elle révèle
13916
d sceptique quant à leur efficacité : elle révèle
l’
étendue du désastre, sans apporter les éléments d’une révolution à sa
13917
elle révèle l’étendue du désastre, sans apporter
les
éléments d’une révolution à sa mesure. En outre, il est frappant de c
13918
l’étendue du désastre, sans apporter les éléments
d’
une révolution à sa mesure. En outre, il est frappant de constater que
13919
révolution à sa mesure. En outre, il est frappant
de
constater que presque tous ces sages auteurs donnent quelques lignes
13920
tous ces sages auteurs donnent quelques lignes à
la
louange de la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pou
13921
ages auteurs donnent quelques lignes à la louange
de
la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pour des raiso
13922
s auteurs donnent quelques lignes à la louange de
la
passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pour des raisons
13923
louange de la passion, ou tout au moins affectent
de
la tolérer : pour des raisons trop faciles à concevoir, on craint d’a
13924
ange de la passion, ou tout au moins affectent de
la
tolérer : pour des raisons trop faciles à concevoir, on craint d’atta
13925
r des raisons trop faciles à concevoir, on craint
d’
attaquer le lecteur dans ses croyances les plus intimes et les plus so
13926
ns trop faciles à concevoir, on craint d’attaquer
le
lecteur dans ses croyances les plus intimes et les plus solidement an
13927
n craint d’attaquer le lecteur dans ses croyances
les
plus intimes et les plus solidement ancrées. On a peur de paraître «
13928
le lecteur dans ses croyances les plus intimes et
les
plus solidement ancrées. On a peur de paraître « puritain ». On s’eff
13929
intimes et les plus solidement ancrées. On a peur
de
paraître « puritain ». On s’efforce de faire la part du feu, et l’on
13930
On a peur de paraître « puritain ». On s’efforce
de
faire la part du feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de
13931
r de paraître « puritain ». On s’efforce de faire
la
part du feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter
13932
itain ». On s’efforce de faire la part du feu, et
l’
on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter la passion amoureu
13933
feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe
de
présenter la passion amoureuse comme le couronnement d’un hymen idéal
13934
va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter
la
passion amoureuse comme le couronnement d’un hymen idéalement réalisé
13935
paradoxe de présenter la passion amoureuse comme
le
couronnement d’un hymen idéalement réalisé (d’après les recettes). Pe
13936
senter la passion amoureuse comme le couronnement
d’
un hymen idéalement réalisé (d’après les recettes). Personne, que je s
13937
uronnement d’un hymen idéalement réalisé (d’après
les
recettes). Personne, que je sache, n’a encore osé dire que l’amour te
13938
. Personne, que je sache, n’a encore osé dire que
l’
amour tel qu’on l’imagine de nos jours est la négation pure et simple
13939
sache, n’a encore osé dire que l’amour tel qu’on
l’
imagine de nos jours est la négation pure et simple du mariage que l’o
13940
a encore osé dire que l’amour tel qu’on l’imagine
de
nos jours est la négation pure et simple du mariage que l’on prétend
13941
que l’amour tel qu’on l’imagine de nos jours est
la
négation pure et simple du mariage que l’on prétend fonder sur lui. C
13942
urs est la négation pure et simple du mariage que
l’
on prétend fonder sur lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est
13943
r lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est
l’
amour-passion, ni d’où il vient, ni où il va. On sent bien qu’il y a l
13944
e sait pas au juste ce qu’est l’amour-passion, ni
d’
où il vient, ni où il va. On sent bien qu’il y a là quelque chose d’in
13945
où il va. On sent bien qu’il y a là quelque chose
d’
inquiétant, mais on a peur, en le combattant, de parler comme un phili
13946
là quelque chose d’inquiétant, mais on a peur, en
le
combattant, de parler comme un philistin. (Ce qui se produirait fatal
13947
e d’inquiétant, mais on a peur, en le combattant,
de
parler comme un philistin. (Ce qui se produirait fatalement !) Ainsi
13948
listin. (Ce qui se produirait fatalement !) Ainsi
l’
on passe avec une feinte légèreté à côté du problème fondamental. « Il
13949
me fondamental. « Il faut se faire lire et gagner
la
confiance ; on ne remonte pas le courant de toute l’époque ; la passi
13950
e lire et gagner la confiance ; on ne remonte pas
le
courant de toute l’époque ; la passion a toujours existé, elle existe
13951
agner la confiance ; on ne remonte pas le courant
de
toute l’époque ; la passion a toujours existé, elle existera donc tou
13952
confiance ; on ne remonte pas le courant de toute
l’
époque ; la passion a toujours existé, elle existera donc toujours, et
13953
on ne remonte pas le courant de toute l’époque ;
la
passion a toujours existé, elle existera donc toujours, et nous ne so
13954
rs, et nous ne sommes pas des Don Quichotte… » Je
le
crois bien ! C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien de sér
13955
C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien
de
sérieux. Et comme il faut pourtant que quelque chose se fasse, la seu
13956
omme il faut pourtant que quelque chose se fasse,
la
seule question qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est de sav
13957
e chose se fasse, la seule question qui se pose à
l’
historien, au sociologue, c’est de savoir quel mécanisme va se déclenc
13958
n qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est
de
savoir quel mécanisme va se déclencher pour rétablir la situation — o
13959
oir quel mécanisme va se déclencher pour rétablir
la
situation — ou quel réflexe collectif. ⁂ Deux exemples de grande enve
13960
tion — ou quel réflexe collectif. ⁂ Deux exemples
de
grande envergure nous indiquent un type de réponse, une solution peut
13961
emples de grande envergure nous indiquent un type
de
réponse, une solution peut-être inévitable. La Russie de la Révolutio
13962
pe de réponse, une solution peut-être inévitable.
La
Russie de la Révolution connut un « déchaînement » sexuel de la jeune
13963
e la Révolution connut un « déchaînement » sexuel
de
la jeunesse que l’on serait tenté de juger sans précédent dans notre
13964
a Révolution connut un « déchaînement » sexuel de
la
jeunesse que l’on serait tenté de juger sans précédent dans notre his
13965
nut un « déchaînement » sexuel de la jeunesse que
l’
on serait tenté de juger sans précédent dans notre histoire européenne
13966
ent » sexuel de la jeunesse que l’on serait tenté
de
juger sans précédent dans notre histoire européenne192. Quant au mari
13967
uant au mariage, il fut en principe balayé durant
la
période des Soviets. La morale des intellectuels nihilistes ou romant
13968
en principe balayé durant la période des Soviets.
La
morale des intellectuels nihilistes ou romantiques, qui inspirait les
13969
lectuels nihilistes ou romantiques, qui inspirait
les
jeunes chefs bolchéviques, se traduisit dans la réalité par une génér
13970
les jeunes chefs bolchéviques, se traduisit dans
la
réalité par une généralisation de l’union libre, de l’avortement, de
13971
traduisit dans la réalité par une généralisation
de
l’union libre, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tou
13972
aduisit dans la réalité par une généralisation de
l’
union libre, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout c
13973
réalité par une généralisation de l’union libre,
de
l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait
13974
alité par une généralisation de l’union libre, de
l’
avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait co
13975
généralisation de l’union libre, de l’avortement,
de
l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait contraire aux pr
13976
éralisation de l’union libre, de l’avortement, de
l’
abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait contraire aux préju
13977
, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref
de
tout ce qu’on croyait contraire aux préjugés réactionnaires, qu’on se
13978
s, qu’on se figurait, bien à tort, entretenus par
le
capitalisme. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à la camarad
13979
me. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à
la
camarade Zetkin, le chef décrit ce désastre des mœurs, et il proteste
13980
fameuse adressée par Lénine à la camarade Zetkin,
le
chef décrit ce désastre des mœurs, et il proteste avec toute l’énergi
13981
ce désastre des mœurs, et il proteste avec toute
l’
énergie d’un « révolutionnaire professionnel » — donc puritain — contr
13982
re des mœurs, et il proteste avec toute l’énergie
d’
un « révolutionnaire professionnel » — donc puritain — contre cette an
13983
n — contre cette anarchie sexuelle qu’il qualifie
de
« petite-bourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de l’express
13984
alifie de « petite-bourgeoise ». (On n’ignore pas
le
sens marxiste de l’expression.) Vingt ans plus tard, le « redressemen
13985
e-bourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste
de
l’expression.) Vingt ans plus tard, le « redressement des mœurs » s’e
13986
ourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de
l’
expression.) Vingt ans plus tard, le « redressement des mœurs » s’est
13987
s marxiste de l’expression.) Vingt ans plus tard,
le
« redressement des mœurs » s’est opéré, non par quelque sursaut vertu
13988
opéré, non par quelque sursaut vertueux, non par
l’
initiative d’une ligue philanthropique, mais par les soins d’une dicta
13989
ar quelque sursaut vertueux, non par l’initiative
d’
une ligue philanthropique, mais par les soins d’une dictature exacteme
13990
’initiative d’une ligue philanthropique, mais par
les
soins d’une dictature exactement consciente des conditions de sa duré
13991
e d’une ligue philanthropique, mais par les soins
d’
une dictature exactement consciente des conditions de sa durée. Stalin
13992
ne dictature exactement consciente des conditions
de
sa durée. Staline s’est assigné pour but prochain de refaire des cadr
13993
sa durée. Staline s’est assigné pour but prochain
de
refaire des cadres à sa nation. Car sans cadres, l’économie périclita
13994
refaire des cadres à sa nation. Car sans cadres,
l’
économie périclitait, et la « défense nationale » ne pouvait pas s’org
13995
tion. Car sans cadres, l’économie périclitait, et
la
« défense nationale » ne pouvait pas s’organiser sans un constant rec
13996
ouvait pas s’organiser sans un constant recours à
la
passion des premiers révolutionnaires : or c’était cette passion préc
13997
naires : or c’était cette passion précisément que
l’
on entendait « liquider ». D’où l’absolue nécessité de restaurer les b
13998
sion précisément que l’on entendait « liquider ».
D’
où l’absolue nécessité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l
13999
précisément que l’on entendait « liquider ». D’où
l’
absolue nécessité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l’élém
14000
entendait « liquider ». D’où l’absolue nécessité
de
restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l’élément statique et stab
14001
liquider ». D’où l’absolue nécessité de restaurer
les
bases sociales, c’est-à-dire l’élément statique et stabilisateur au p
14002
ité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire
l’
élément statique et stabilisateur au premier chef qu’est la famille. C
14003
statique et stabilisateur au premier chef qu’est
la
famille. Ce fut le mécanisme de la dictature productiviste qui contra
14004
isateur au premier chef qu’est la famille. Ce fut
le
mécanisme de la dictature productiviste qui contraignit l’État dit so
14005
emier chef qu’est la famille. Ce fut le mécanisme
de
la dictature productiviste qui contraignit l’État dit socialiste à éd
14006
er chef qu’est la famille. Ce fut le mécanisme de
la
dictature productiviste qui contraignit l’État dit socialiste à édict
14007
sme de la dictature productiviste qui contraignit
l’
État dit socialiste à édicter une série de lois contre le divorce (qu’
14008
raignit l’État dit socialiste à édicter une série
de
lois contre le divorce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre l
14009
dit socialiste à édicter une série de lois contre
le
divorce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre l’avortement et
14010
orce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre
l’
avortement et contre l’abandon des enfants nés hors mariage. La rigueu
14011
coup plus onéreux), contre l’avortement et contre
l’
abandon des enfants nés hors mariage. La rigueur subite de ces lois, l
14012
et contre l’abandon des enfants nés hors mariage.
La
rigueur subite de ces lois, le choc psychologique qu’elles provoquère
14013
n des enfants nés hors mariage. La rigueur subite
de
ces lois, le choc psychologique qu’elles provoquèrent, la propagande,
14014
nés hors mariage. La rigueur subite de ces lois,
le
choc psychologique qu’elles provoquèrent, la propagande, et les mesur
14015
ois, le choc psychologique qu’elles provoquèrent,
la
propagande, et les mesures de contrôle policier de la vie privée, cha
14016
ologique qu’elles provoquèrent, la propagande, et
les
mesures de contrôle policier de la vie privée, changèrent notablement
14017
elles provoquèrent, la propagande, et les mesures
de
contrôle policier de la vie privée, changèrent notablement l’ambiance
14018
a propagande, et les mesures de contrôle policier
de
la vie privée, changèrent notablement l’ambiance morale de la Russie
14019
ropagande, et les mesures de contrôle policier de
la
vie privée, changèrent notablement l’ambiance morale de la Russie aux
14020
policier de la vie privée, changèrent notablement
l’
ambiance morale de la Russie aux environs de l’année 1936193. Le maria
14021
privée, changèrent notablement l’ambiance morale
de
la Russie aux environs de l’année 1936193. Le mariage se trouva resta
14022
ivée, changèrent notablement l’ambiance morale de
la
Russie aux environs de l’année 1936193. Le mariage se trouva restauré
14023
ement l’ambiance morale de la Russie aux environs
de
l’année 1936193. Le mariage se trouva restauré sur des bases strictem
14024
nt l’ambiance morale de la Russie aux environs de
l’
année 1936193. Le mariage se trouva restauré sur des bases strictement
14025
ale de la Russie aux environs de l’année 1936193.
Le
mariage se trouva restauré sur des bases strictement utilitaires, col
14026
tivistes et eugéniques, et dans une atmosphère où
les
problèmes individuels tendaient à perdre toute espèce de dignité, de
14027
lèmes individuels tendaient à perdre toute espèce
de
dignité, de légitimité, de virulence anarchisante194. L’Allemagne de
14028
duels tendaient à perdre toute espèce de dignité,
de
légitimité, de virulence anarchisante194. L’Allemagne de l’après-guer
14029
à perdre toute espèce de dignité, de légitimité,
de
virulence anarchisante194. L’Allemagne de l’après-guerre atteignit-el
14030
ité, de légitimité, de virulence anarchisante194.
L’
Allemagne de l’après-guerre atteignit-elle un stade d’anarchie sexuell
14031
timité, de virulence anarchisante194. L’Allemagne
de
l’après-guerre atteignit-elle un stade d’anarchie sexuelle comparable
14032
ité, de virulence anarchisante194. L’Allemagne de
l’
après-guerre atteignit-elle un stade d’anarchie sexuelle comparable à
14033
lemagne de l’après-guerre atteignit-elle un stade
d’
anarchie sexuelle comparable à celui de la Russie jusqu’à Staline ? Le
14034
e un stade d’anarchie sexuelle comparable à celui
de
la Russie jusqu’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles socia
14035
n stade d’anarchie sexuelle comparable à celui de
la
Russie jusqu’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles sociaux,
14036
comparable à celui de la Russie jusqu’à Staline ?
Le
processus de ruine des obstacles sociaux, pour s’y être développé san
14037
celui de la Russie jusqu’à Staline ? Le processus
de
ruine des obstacles sociaux, pour s’y être développé sans violences e
14038
nces extérieures, n’avait que plus gravement miné
l’
éthique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passi
14039
it que plus gravement miné l’éthique matrimoniale
de
la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du ro
14040
que plus gravement miné l’éthique matrimoniale de
la
jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du roman
14041
ement miné l’éthique matrimoniale de la jeunesse.
La
décadence du mythe de la passion dans la patrie du romantisme entraîn
14042
atrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe
de
la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part des c
14043
imoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de
la
passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part des cons
14044
eunesse. La décadence du mythe de la passion dans
la
patrie du romantisme entraînait d’autre part des conséquences bien pl
14045
onséquences bien plus complexes que chez nous, et
d’
apparences fort hétéroclites. Le cynisme morbide de l’après-guerre all
14046
que chez nous, et d’apparences fort hétéroclites.
Le
cynisme morbide de l’après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des
14047
’apparences fort hétéroclites. Le cynisme morbide
de
l’après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des avant-gardes litté
14048
parences fort hétéroclites. Le cynisme morbide de
l’
après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des avant-gardes littérai
14049
. Le cynisme morbide de l’après-guerre allemande,
la
Neue Sachlichkeit des avant-gardes littéraires et artistiques, l’homo
14050
keit des avant-gardes littéraires et artistiques,
l’
homosexualité très générale dans les associations secrètes qui préludè
14051
t artistiques, l’homosexualité très générale dans
les
associations secrètes qui préludèrent à l’hitlérisme, le déchaînement
14052
dans les associations secrètes qui préludèrent à
l’
hitlérisme, le déchaînement sadique des corps francs dans les pays bal
14053
ciations secrètes qui préludèrent à l’hitlérisme,
le
déchaînement sadique des corps francs dans les pays baltes, les crime
14054
me, le déchaînement sadique des corps francs dans
les
pays baltes, les crimes dits « politiques » exécutés par des ligues d
14055
nt sadique des corps francs dans les pays baltes,
les
crimes dits « politiques » exécutés par des ligues de jeunes gens, ce
14056
rimes dits « politiques » exécutés par des ligues
de
jeunes gens, certaines formes de naturisme, les « fiançailles d’essai
14057
s par des ligues de jeunes gens, certaines formes
de
naturisme, les « fiançailles d’essai » élevées au rang de coutume nor
14058
es de jeunes gens, certaines formes de naturisme,
les
« fiançailles d’essai » élevées au rang de coutume normale parmi les
14059
certaines formes de naturisme, les « fiançailles
d’
essai » élevées au rang de coutume normale parmi les étudiants, le sér
14060
isme, les « fiançailles d’essai » élevées au rang
de
coutume normale parmi les étudiants, le sérieux accordé aux conflits
14061
’essai » élevées au rang de coutume normale parmi
les
étudiants, le sérieux accordé aux conflits passionnels « à trois » ou
14062
s au rang de coutume normale parmi les étudiants,
le
sérieux accordé aux conflits passionnels « à trois » ou « à quatre »
14063
sionnels « à trois » ou « à quatre » — renouvelés
de
la Lucinde de Schlegel — autant de signes de la panique sexuelle prov
14064
nnels « à trois » ou « à quatre » — renouvelés de
la
Lucinde de Schlegel — autant de signes de la panique sexuelle provoqu
14065
» — renouvelés de la Lucinde de Schlegel — autant
de
signes de la panique sexuelle provoquée par la décadence des contrain
14066
elés de la Lucinde de Schlegel — autant de signes
de
la panique sexuelle provoquée par la décadence des contraintes matrim
14067
s de la Lucinde de Schlegel — autant de signes de
la
panique sexuelle provoquée par la décadence des contraintes matrimoni
14068
nt de signes de la panique sexuelle provoquée par
la
décadence des contraintes matrimoniales et du mythe de l’amour mortel
14069
cadence des contraintes matrimoniales et du mythe
de
l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et d’
14070
ence des contraintes matrimoniales et du mythe de
l’
amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et d’ana
14071
matrimoniales et du mythe de l’amour mortel. Déjà
l’
on voyait affleurer le fond de désespoir et d’anarchie intime que supp
14072
the de l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer
le
fond de désespoir et d’anarchie intime que suppose toute morale du «
14073
’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond
de
désespoir et d’anarchie intime que suppose toute morale du « bonheur
14074
éjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et
d’
anarchie intime que suppose toute morale du « bonheur » strictement in
14075
orale du « bonheur » strictement individuelle. Or
la
dictature hitlérienne, du fait qu’elle prétendait se fonder sur une b
14076
t militaire, devait se donner pour première tâche
de
surmonter cette crise de mœurs. On commença par opposer à l’idéal ant
14077
nner pour première tâche de surmonter cette crise
de
mœurs. On commença par opposer à l’idéal antisocial de « bonheur » et
14078
r cette crise de mœurs. On commença par opposer à
l’
idéal antisocial de « bonheur » et de « vie dangereuse » un idéal coll
14079
urs. On commença par opposer à l’idéal antisocial
de
« bonheur » et de « vie dangereuse » un idéal collectiviste. Gemeinnu
14080
ar opposer à l’idéal antisocial de « bonheur » et
de
« vie dangereuse » un idéal collectiviste. Gemeinnutz geht vor Eigenn
14081
al collectiviste. Gemeinnutz geht vor Eigennutz !
Le
bien commun prime l’intérêt particulier. Et par tous les moyens spect
14082
einnutz geht vor Eigennutz ! Le bien commun prime
l’
intérêt particulier. Et par tous les moyens spectaculaires, pédagogiqu
14083
n commun prime l’intérêt particulier. Et par tous
les
moyens spectaculaires, pédagogiques, voire religieux, on opéra cet én
14084
e à donner pour seul objet légitime et possible à
la
passion l’idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on prive l
14085
pour seul objet légitime et possible à la passion
l’
idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on prive la femme de
14086
ul objet légitime et possible à la passion l’idée
de
nation symbolisée par le Führer. D’abord on prive la femme de son aur
14087
ible à la passion l’idée de nation symbolisée par
le
Führer. D’abord on prive la femme de son auréole romantique : on la r
14088
nation symbolisée par le Führer. D’abord on prive
la
femme de son auréole romantique : on la réduit à sa fonction matrimon
14089
mbolisée par le Führer. D’abord on prive la femme
de
son auréole romantique : on la réduit à sa fonction matrimoniale : fa
14090
on prive la femme de son auréole romantique : on
la
réduit à sa fonction matrimoniale : faire des enfants, puis les éleve
14091
a fonction matrimoniale : faire des enfants, puis
les
élever jusqu’au moment où le Parti s’en chargera (c’est-à-dire pendan
14092
e des enfants, puis les élever jusqu’au moment où
le
Parti s’en chargera (c’est-à-dire pendant quatre ou cinq ans). De là,
14093
argera (c’est-à-dire pendant quatre ou cinq ans).
De
là, on passe à des mesures d’ordre eugénique. On ouvre une « école de
14094
uatre ou cinq ans). De là, on passe à des mesures
d’
ordre eugénique. On ouvre une « école de fiancées » pour les futures f
14095
s mesures d’ordre eugénique. On ouvre une « école
de
fiancées » pour les futures femmes des S. S. (Schutz Staffeln : escou
14096
ugénique. On ouvre une « école de fiancées » pour
les
futures femmes des S. S. (Schutz Staffeln : escouades de protection d
14097
res femmes des S. S. (Schutz Staffeln : escouades
de
protection du régime, troupe sélectionnée incarnant l’idéal racial).
14098
otection du régime, troupe sélectionnée incarnant
l’
idéal racial). Ces femmes doivent être blondes, de sang aryen, et mesu
14099
l’idéal racial). Ces femmes doivent être blondes,
de
sang aryen, et mesurer au moins 1 m 73. Ainsi le « type de femme » se
14100
de sang aryen, et mesurer au moins 1 m 73. Ainsi
le
« type de femme » se trouve prescrit non par les souvenirs inconscien
14101
ryen, et mesurer au moins 1 m 73. Ainsi le « type
de
femme » se trouve prescrit non par les souvenirs inconscients, ni par
14102
i le « type de femme » se trouve prescrit non par
les
souvenirs inconscients, ni par des modes étrangères mais par la secti
14103
nconscients, ni par des modes étrangères mais par
la
section scientifique du ministère de la propagande. En 1938, on insti
14104
res mais par la section scientifique du ministère
de
la propagande. En 1938, on institue des écoles analogues pour toutes
14105
mais par la section scientifique du ministère de
la
propagande. En 1938, on institue des écoles analogues pour toutes les
14106
938, on institue des écoles analogues pour toutes
les
femmes allemandes, et l’on ne manquera pas de les rendre obligatoires
14107
s analogues pour toutes les femmes allemandes, et
l’
on ne manquera pas de les rendre obligatoires à bref délai. Le but der
14108
es les femmes allemandes, et l’on ne manquera pas
de
les rendre obligatoires à bref délai. Le but dernier de l’entreprise
14109
les femmes allemandes, et l’on ne manquera pas de
les
rendre obligatoires à bref délai. Le but dernier de l’entreprise ne f
14110
uera pas de les rendre obligatoires à bref délai.
Le
but dernier de l’entreprise ne fait pas de doute : on en viendra à n’
14111
rendre obligatoires à bref délai. Le but dernier
de
l’entreprise ne fait pas de doute : on en viendra à n’autoriser plus
14112
ndre obligatoires à bref délai. Le but dernier de
l’
entreprise ne fait pas de doute : on en viendra à n’autoriser plus que
14113
délai. Le but dernier de l’entreprise ne fait pas
de
doute : on en viendra à n’autoriser plus que les unions contractées s
14114
s de doute : on en viendra à n’autoriser plus que
les
unions contractées sur une base eugénique, selon certains critères st
14115
dividuels, donc des passions. À chacun sa « fiche
de
mariage ». Alors la science matrimoniale trouvera sa juste applicatio
14116
passions. À chacun sa « fiche de mariage ». Alors
la
science matrimoniale trouvera sa juste application dans l’esprit de L
14117
e matrimoniale trouvera sa juste application dans
l’
esprit de Lycurgue et de Sparte : on en fera l’un des chapitres de la
14118
niale trouvera sa juste application dans l’esprit
de
Lycurgue et de Sparte : on en fera l’un des chapitres de la préparati
14119
sa juste application dans l’esprit de Lycurgue et
de
Sparte : on en fera l’un des chapitres de la préparation militaire195
14120
rgue et de Sparte : on en fera l’un des chapitres
de
la préparation militaire195. ⁂ Trois hypothèses demeurent alors possi
14121
e et de Sparte : on en fera l’un des chapitres de
la
préparation militaire195. ⁂ Trois hypothèses demeurent alors possible
14122
ossibles. Il se peut que d’ici vingt ou cent ans,
l’
on voie se reformer les conditions externes indispensables à la recons
14123
ue d’ici vingt ou cent ans, l’on voie se reformer
les
conditions externes indispensables à la reconstitution du mythe. La p
14124
reformer les conditions externes indispensables à
la
reconstitution du mythe. La passion, officiellement éliminée, disqual
14125
rnes indispensables à la reconstitution du mythe.
La
passion, officiellement éliminée, disqualifiée, et définie comme simp
14126
ence sociale (ou sabotage) devra se réfugier dans
le
secret. Mais alors elle retrouvera pour s’exprimer dans un langage sy
14127
xprimer dans un langage symbolique (ésotérique et
d’
extérieur rassurant) les éléments plastiques, militaires et sacrés qui
14128
symbolique (ésotérique et d’extérieur rassurant)
les
éléments plastiques, militaires et sacrés qui lui font aujourd’hui dé
14129
eau mimer des intrigues épiques ou politiques. Et
l’
aventure reprendra son départ dans une tension incalculablement plus f
14130
te que celle qui s’institua au xiie siècle. Mais
l’
éventualité de la guerre, c’est-à-dire d’une décharge passionnelle au
14131
ui s’institua au xiie siècle. Mais l’éventualité
de
la guerre, c’est-à-dire d’une décharge passionnelle au niveau collect
14132
s’institua au xiie siècle. Mais l’éventualité de
la
guerre, c’est-à-dire d’une décharge passionnelle au niveau collectif
14133
le. Mais l’éventualité de la guerre, c’est-à-dire
d’
une décharge passionnelle au niveau collectif et national, paraît aujo
14134
ational, paraît aujourd’hui plus probable. Enfin,
l’
on peut encore imaginer que la pratique forcée de l’eugénisme réussira
14135
us probable. Enfin, l’on peut encore imaginer que
la
pratique forcée de l’eugénisme réussira, là où toutes nos morales éch
14136
l’on peut encore imaginer que la pratique forcée
de
l’eugénisme réussira, là où toutes nos morales échouent, entraînant l
14137
on peut encore imaginer que la pratique forcée de
l’
eugénisme réussira, là où toutes nos morales échouent, entraînant l’ef
14138
ra, là où toutes nos morales échouent, entraînant
l’
effective abolition du besoin « spirituel », et donc artificiel, de la
14139
tion du besoin « spirituel », et donc artificiel,
de
la passion. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe d
14140
n du besoin « spirituel », et donc artificiel, de
la
passion. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de l
14141
ituel », et donc artificiel, de la passion. Alors
le
cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura véc
14142
et donc artificiel, de la passion. Alors le cycle
de
l’amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occ
14143
donc artificiel, de la passion. Alors le cycle de
l’
amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occide
14144
n. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé.
L’
Europe de la passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naî
14145
le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe
de
la passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans
14146
cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de
la
passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans les
14147
u. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans
les
laboratoires. 183. Voir sur ce point : R. P. Lavaud, « L’idée divi
14148
ires. 183. Voir sur ce point : R. P. Lavaud, «
L’
idée divine du mariage », Études carmélitaines, avril 1938, p. 186. Le
14149
iage », Études carmélitaines, avril 1938, p. 186.
Le
sacrement catholique se justifierait soit par le récit du miracle de
14150
Le sacrement catholique se justifierait soit par
le
récit du miracle de Cana (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit
14151
ique se justifierait soit par le récit du miracle
de
Cana (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit par le passage où Jé
14152
cit du miracle de Cana (« simple hypothèse », dit
l’
auteur) ; soit par le passage où Jésus proclame que l’homme ne doit pa
14153
a (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit par
le
passage où Jésus proclame que l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu
14154
teur) ; soit par le passage où Jésus proclame que
l’
homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni ; soit enfin par des entre
14155
ce que Dieu a uni ; soit enfin par des entretiens
de
Jésus ressuscité et de ses disciples « que les évangélistes et les Ac
14156
t enfin par des entretiens de Jésus ressuscité et
de
ses disciples « que les évangélistes et les Actes mentionnent sans le
14157
ens de Jésus ressuscité et de ses disciples « que
les
évangélistes et les Actes mentionnent sans les rapporter en détail ».
14158
ité et de ses disciples « que les évangélistes et
les
Actes mentionnent sans les rapporter en détail ». L’auteur n’indique
14159
ue les évangélistes et les Actes mentionnent sans
les
rapporter en détail ». L’auteur n’indique rien de plus précis que ces
14160
Actes mentionnent sans les rapporter en détail ».
L’
auteur n’indique rien de plus précis que ces trois « hypothèses » huma
14161
« hypothèses » humaines pour fonder bibliquement
le
dogme traditionnel. 184. Les gnostiques ont souvent exprimé cette op
14162
fonder bibliquement le dogme traditionnel. 184.
Les
gnostiques ont souvent exprimé cette opinion : « Les crimes sont un t
14163
gnostiques ont souvent exprimé cette opinion : «
Les
crimes sont un tribut payé à la vie. » (Carpocrates, cf. Schultz, Dok
14164
ette opinion : « Les crimes sont un tribut payé à
la
vie. » (Carpocrates, cf. Schultz, Dokumente der Gnosis.) 185. Encore
14165
Schultz, Dokumente der Gnosis.) 185. Encore que
la
faute soit alors considérée moins par rapport à la morale en soi, que
14166
a faute soit alors considérée moins par rapport à
la
morale en soi, que sous l’aspect du risque et du danger qu’elle fait
14167
ée moins par rapport à la morale en soi, que sous
l’
aspect du risque et du danger qu’elle fait courir à celui qui la comme
14168
sque et du danger qu’elle fait courir à celui qui
la
commet. Tandis que du point de vue des vrais cathares, nous l’avons v
14169
ndis que du point de vue des vrais cathares, nous
l’
avons vu, le véritable crime, c’est d’avoir « consommé » dans la chair
14170
point de vue des vrais cathares, nous l’avons vu,
le
véritable crime, c’est d’avoir « consommé » dans la chair cet adultèr
14171
hares, nous l’avons vu, le véritable crime, c’est
d’
avoir « consommé » dans la chair cet adultère. 186. Sauf peut-être au
14172
véritable crime, c’est d’avoir « consommé » dans
la
chair cet adultère. 186. Sauf peut-être aux États-Unis, s’il faut en
14173
ux États-Unis, s’il faut en croire certains échos
de
presse sur la vie privée des stars et des magnats de la finance. 187
14174
s’il faut en croire certains échos de presse sur
la
vie privée des stars et des magnats de la finance. 187. L’aventure f
14175
presse sur la vie privée des stars et des magnats
de
la finance. 187. L’aventure fameuse de la princesse de C… donna lieu
14176
sse sur la vie privée des stars et des magnats de
la
finance. 187. L’aventure fameuse de la princesse de C… donna lieu au
14177
vée des stars et des magnats de la finance. 187.
L’
aventure fameuse de la princesse de C… donna lieu au début du siècle à
14178
s magnats de la finance. 187. L’aventure fameuse
de
la princesse de C… donna lieu au début du siècle à toute une littérat
14179
agnats de la finance. 187. L’aventure fameuse de
la
princesse de C… donna lieu au début du siècle à toute une littérature
14180
toute une littérature romanesque. Quant au thème
de
l’ouvrier ou du chauffeur qui « mérite » la fille du patron, il est a
14181
ute une littérature romanesque. Quant au thème de
l’
ouvrier ou du chauffeur qui « mérite » la fille du patron, il est abon
14182
thème de l’ouvrier ou du chauffeur qui « mérite »
la
fille du patron, il est abondamment exploité par le film allemand, de
14183
fille du patron, il est abondamment exploité par
le
film allemand, depuis l’hitlérisme. 188. Le titre d’un roman de Max
14184
abondamment exploité par le film allemand, depuis
l’
hitlérisme. 188. Le titre d’un roman de Max Brod, Die Frau nach der m
14185
par le film allemand, depuis l’hitlérisme. 188.
Le
titre d’un roman de Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt (la fe
14186
ilm allemand, depuis l’hitlérisme. 188. Le titre
d’
un roman de Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt (la femme que l
14187
d, depuis l’hitlérisme. 188. Le titre d’un roman
de
Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt (la femme que l’on désire,
14188
an de Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt (
la
femme que l’on désire, la femme de notre nostalgie) est la meilleure
14189
d, Die Frau nach der man sich sehnt (la femme que
l’
on désire, la femme de notre nostalgie) est la meilleure définition d’
14190
ach der man sich sehnt (la femme que l’on désire,
la
femme de notre nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut. L’amou
14191
an sich sehnt (la femme que l’on désire, la femme
de
notre nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut. L’amour-passion
14192
que l’on désire, la femme de notre nostalgie) est
la
meilleure définition d’Iseut. L’amour-passion veut « la princesse loi
14193
e de notre nostalgie) est la meilleure définition
d’
Iseut. L’amour-passion veut « la princesse lointaine » tandis que l’am
14194
e nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut.
L’
amour-passion veut « la princesse lointaine » tandis que l’amour chrét
14195
lleure définition d’Iseut. L’amour-passion veut «
la
princesse lointaine » tandis que l’amour chrétien veut « le prochain
14196
assion veut « la princesse lointaine » tandis que
l’
amour chrétien veut « le prochain ». 189. Le Diet de Padma. 190. L’e
14197
se lointaine » tandis que l’amour chrétien veut «
le
prochain ». 189. Le Diet de Padma. 190. L’encyclique Casti connubii
14198
que l’amour chrétien veut « le prochain ». 189.
Le
Diet de Padma. 190. L’encyclique Casti connubii a répondu à la décis
14199
ut « le prochain ». 189. Le Diet de Padma. 190.
L’
encyclique Casti connubii a répondu à la décision des évêques anglican
14200
ma. 190. L’encyclique Casti connubii a répondu à
la
décision des évêques anglicans dite de Lambeth. Les Congrès œcuméniqu
14201
répondu à la décision des évêques anglicans dite
de
Lambeth. Les Congrès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes les
14202
a décision des évêques anglicans dite de Lambeth.
Les
Congrès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes les Églises non
14203
nglicans dite de Lambeth. Les Congrès œcuméniques
de
Stockholm et d’Oxford (toutes les Églises non romaines) ont également
14204
Lambeth. Les Congrès œcuméniques de Stockholm et
d’
Oxford (toutes les Églises non romaines) ont également touché le probl
14205
grès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes
les
Églises non romaines) ont également touché le problème. 191. Il sera
14206
es les Églises non romaines) ont également touché
le
problème. 191. Il serait curieux de retrouver quel est l’auteur — év
14207
ement touché le problème. 191. Il serait curieux
de
retrouver quel est l’auteur — évidemment moderne — qui a parlé le pre
14208
me. 191. Il serait curieux de retrouver quel est
l’
auteur — évidemment moderne — qui a parlé le premier d’un « problème s
14209
eur — évidemment moderne — qui a parlé le premier
d’
un « problème sexuel ». Fourier peut-être ? Ou Proudhon ? 192. En réa
14210
rent certaines jeunesses des pays bourgeois après
la
guerre. La différence est qu’en Russie on affichait des principes « é
14211
nes jeunesses des pays bourgeois après la guerre.
La
différence est qu’en Russie on affichait des principes « émancipés »
14212
oviétiques. 194. Famille, eugénisme, suppression
de
la passion : tout cela devrait être mis entre guillemets quand il s’a
14213
étiques. 194. Famille, eugénisme, suppression de
la
passion : tout cela devrait être mis entre guillemets quand il s’agit
14214
devrait être mis entre guillemets quand il s’agit
de
l’URSS. La diminution vertigineuse de la population oblige Staline à
14215
rait être mis entre guillemets quand il s’agit de
l’
URSS. La diminution vertigineuse de la population oblige Staline à une
14216
e mis entre guillemets quand il s’agit de l’URSS.
La
diminution vertigineuse de la population oblige Staline à une politiq
14217
d il s’agit de l’URSS. La diminution vertigineuse
de
la population oblige Staline à une politique de natalité. Mais qui pe
14218
l s’agit de l’URSS. La diminution vertigineuse de
la
population oblige Staline à une politique de natalité. Mais qui peut
14219
e de la population oblige Staline à une politique
de
natalité. Mais qui peut savoir si on l’applique ? Et je le répète, se
14220
politique de natalité. Mais qui peut savoir si on
l’
applique ? Et je le répète, ses mobiles ne sont nullement d’ordre « mo
14221
té. Mais qui peut savoir si on l’applique ? Et je
le
répète, ses mobiles ne sont nullement d’ordre « moral », mais plutôt
14222
? Et je le répète, ses mobiles ne sont nullement
d’
ordre « moral », mais plutôt militaire. 195. Depuis que ceci a été éc
14223
tôt militaire. 195. Depuis que ceci a été écrit,
les
événements se sont précipités. À Berlin : loi du 6 juillet 1938, décr
14224
loi du 6 juillet 1938, décrétant entre autres que
les
mariages seront contractés dorénavant « au nom de l’État » (socialisa
14225
mariages seront contractés dorénavant « au nom de
l’
État » (socialisation). À Rome : mesures draconiennes prises à l’égard
14226
s célibataires à partir de vingt-cinq ans : on va
les
chasser des Villes de plus de 5000 habitants.
14227
t-cinq ans : on va les chasser des Villes de plus
de
5000 habitants.
14228
Livre VIIL’Amour action, ou
de
la fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À l’heure où cet ouvra
14229
Livre VIIL’Amour action, ou de
la
fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À l’heure où cet ouvrage
14230
L’Amour action, ou de la fidélité 1.Nécessité
d’
un parti pris À l’heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il m
14231
la fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À
l’
heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il me semble que son dess
14232
che à sa conclusion, il me semble que son dessein
le
plus secret m’échappe encore. L’aveu sera jugé insolite. Mais je pres
14233
que son dessein le plus secret m’échappe encore.
L’
aveu sera jugé insolite. Mais je pressens d’assez profondes raisons de
14234
core. L’aveu sera jugé insolite. Mais je pressens
d’
assez profondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrire la passion
14235
olite. Mais je pressens d’assez profondes raisons
de
le consentir. J’ai voulu décrire la passion comme une entité historiq
14236
te. Mais je pressens d’assez profondes raisons de
le
consentir. J’ai voulu décrire la passion comme une entité historique,
14237
ondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrire
la
passion comme une entité historique, née dans un temps et dans des li
14238
ans des lieux déterminés, et sous des astres dont
le
cours est calculable. J’ai cru cerner le secret de son mythe. La déco
14239
res dont le cours est calculable. J’ai cru cerner
le
secret de son mythe. La découverte n’est pas négligeable. Mais peut-o
14240
e cours est calculable. J’ai cru cerner le secret
de
son mythe. La découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire
14241
lculable. J’ai cru cerner le secret de son mythe.
La
découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire la passion ? O
14242
verte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire
la
passion ? On ne décrit pas une forme d’existence sans y participer, f
14243
n décrire la passion ? On ne décrit pas une forme
d’
existence sans y participer, fût-ce même par une révolte contre la déc
14244
y participer, fût-ce même par une révolte contre
la
décision dont elle est née. Et pour tout dire, j’ignore encore si cel
14245
si cela peut avoir un sens : approuver ou rejeter
la
passion. Combien serait vaine l’attitude intellectuelle qui se défini
14246
ouver ou rejeter la passion. Combien serait vaine
l’
attitude intellectuelle qui se définirait elle-même comme une condamna
14247
ui se définirait elle-même comme une condamnation
de
la passion : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que la passion,
14248
se définirait elle-même comme une condamnation de
la
passion : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que la passion, qu
14249
une condamnation de la passion : il suffit, pour
l’
apercevoir, d’observer que la passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni
14250
ion de la passion : il suffit, pour l’apercevoir,
d’
observer que la passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni ne veut « avo
14251
on : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que
la
passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni ne veut « avoir raison ». Co
14252
raison ». Contre elle, on a toujours raison, dès
l’
instant qu’on parle raison. Car l’homme de la passion est justement ce
14253
urs raison, dès l’instant qu’on parle raison. Car
l’
homme de la passion est justement celui qui choisit d’être dans son to
14254
on, dès l’instant qu’on parle raison. Car l’homme
de
la passion est justement celui qui choisit d’être dans son tort, aux
14255
dès l’instant qu’on parle raison. Car l’homme de
la
passion est justement celui qui choisit d’être dans son tort, aux yeu
14256
mme de la passion est justement celui qui choisit
d’
être dans son tort, aux yeux du monde, — et dans ce tort majeur, irrév
14257
et dans ce tort majeur, irrévocable, que signifie
le
choix de la mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on
14258
e tort majeur, irrévocable, que signifie le choix
de
la mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe ? P
14259
ort majeur, irrévocable, que signifie le choix de
la
mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe ? Pour
14260
évocable, que signifie le choix de la mort contre
la
vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe ? Pour attaquer la pa
14261
t contre la vie. Et comment échapper au démon que
l’
on fixe ? Pour attaquer la passion dans l’amour, il faudrait développe
14262
t échapper au démon que l’on fixe ? Pour attaquer
la
passion dans l’amour, il faudrait développer une violence spirituelle
14263
mon que l’on fixe ? Pour attaquer la passion dans
l’
amour, il faudrait développer une violence spirituelle qui tuât mieux
14264
opper une violence spirituelle qui tuât mieux que
la
passion d’amour : celle au moins de l’orthodoxie contre l’hérésie pri
14265
iolence spirituelle qui tuât mieux que la passion
d’
amour : celle au moins de l’orthodoxie contre l’hérésie primitive, mai
14266
uât mieux que la passion d’amour : celle au moins
de
l’orthodoxie contre l’hérésie primitive, mais encore plus agressive,
14267
mieux que la passion d’amour : celle au moins de
l’
orthodoxie contre l’hérésie primitive, mais encore plus agressive, san
14268
n d’amour : celle au moins de l’orthodoxie contre
l’
hérésie primitive, mais encore plus agressive, sans doute, puisqu’il n
14269
ns doute, puisqu’il n’est plus question pour nous
de
recourir au bras séculier. (Sans compter que la Croisade, au total, f
14270
s de recourir au bras séculier. (Sans compter que
la
Croisade, au total, fut un échec dont la passion sut profiter.) C’est
14271
pter que la Croisade, au total, fut un échec dont
la
passion sut profiter.) C’est qu’avant tout et après tout, à l’origine
14272
t profiter.) C’est qu’avant tout et après tout, à
l’
origine et à la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’h
14273
est qu’avant tout et après tout, à l’origine et à
la
fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu —
14274
avant tout et après tout, à l’origine et à la fin
de
la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu — a forti
14275
nt tout et après tout, à l’origine et à la fin de
la
passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu — a fortiori
14276
in de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur
l’
homme ou Dieu — a fortiori pas une erreur « morale » — mais une décisi
14277
rreur « morale » — mais une décision fondamentale
de
l’homme, qui veut être lui-même son dieu196. La passion brûle dans no
14278
ur « morale » — mais une décision fondamentale de
l’
homme, qui veut être lui-même son dieu196. La passion brûle dans notre
14279
e de l’homme, qui veut être lui-même son dieu196.
La
passion brûle dans notre cœur sitôt que le serpent au sang-froid — le
14280
eu196. La passion brûle dans notre cœur sitôt que
le
serpent au sang-froid — le cynique pur — insinue sa promesse éternell
14281
s notre cœur sitôt que le serpent au sang-froid —
le
cynique pur — insinue sa promesse éternellement trahie : eritis sicut
14282
nie naïveté du moraliste qui prétendait détourner
l’
homme de cette voie mortelle, divinisante, en lui « prouvant » qu’elle
14283
eté du moraliste qui prétendait détourner l’homme
de
cette voie mortelle, divinisante, en lui « prouvant » qu’elle débouch
14284
e débouche dans sa perte ! En lui opposant toutes
les
raisons de la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand
14285
ans sa perte ! En lui opposant toutes les raisons
de
la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la t
14286
sa perte ! En lui opposant toutes les raisons de
la
terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terr
14287
n lui opposant toutes les raisons de la terre, et
les
conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est mépr
14288
t toutes les raisons de la terre, et les conseils
de
tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la
14289
ons de la terre, et les conseils de tous nos arts
de
vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est la fa
14290
s conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est
la
terre qui est méprisée, et la vie qui est la faute à racheter ! Mais
14291
vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et
la
vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il se tu
14292
’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est
la
faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il se tue, et le tuer a
14293
et la vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer
l’
homme avant qu’il se tue, et le tuer autrement qu’il ne veut l’être, c
14294
cheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il se tue, et
le
tuer autrement qu’il ne veut l’être, c’est bien de cela, de cela seul
14295
qu’il se tue, et le tuer autrement qu’il ne veut
l’
être, c’est bien de cela, de cela seul qu’il s’agit, pour qui veut sur
14296
e tuer autrement qu’il ne veut l’être, c’est bien
de
cela, de cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser la passion.
14297
trement qu’il ne veut l’être, c’est bien de cela,
de
cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser la passion. Quant à s
14298
e cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser
la
passion. Quant à stériliser le milieu culturel où la passion plonge s
14299
qui veut surpasser la passion. Quant à stériliser
le
milieu culturel où la passion plonge ses racines, il est probable que
14300
passion. Quant à stériliser le milieu culturel où
la
passion plonge ses racines, il est probable que l’État s’en chargera,
14301
a passion plonge ses racines, il est probable que
l’
État s’en chargera, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons de le
14302
t s’en chargera, c’est son hygiène. Il y a toutes
les
raisons de le prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique
14303
era, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons
de
le prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique et sotériol
14304
, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons de
le
prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique et sotériologi
14305
tes les raisons de le prévoir, dans une époque où
l’
on confond thérapeutique et sotériologie (lois de l’hygiène et doctrin
14306
l’on confond thérapeutique et sotériologie (lois
de
l’hygiène et doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos
14307
on confond thérapeutique et sotériologie (lois de
l’
hygiène et doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos pas
14308
l’hygiène et doctrine du salut). À vues humaines,
la
guérison de nos passions viendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui as
14309
doctrine du salut). À vues humaines, la guérison
de
nos passions viendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le po
14310
humaines, la guérison de nos passions viendra de
l’
État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids de toutes nos fautes, e
14311
iendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera
le
poids de toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour le
14312
l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids
de
toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour les glorifi
14313
me qui assumera le poids de toutes nos fautes, et
de
la faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom
14314
qui assumera le poids de toutes nos fautes, et de
la
faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de
14315
ids de toutes nos fautes, et de la faute initiale
de
vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de l’innocence du Peu
14316
os fautes, et de la faute initiale de vivre, pour
les
glorifier dans la guerre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour
14317
faute initiale de vivre, pour les glorifier dans
la
guerre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour moi, ici et mainte
14318
ivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de
l’
innocence du Peuple ! Mais pour moi, ici et maintenant, le problème ne
14319
nce du Peuple ! Mais pour moi, ici et maintenant,
le
problème ne comporte pas d’échappatoire dans le temps à venir. S’il n
14320
i, ici et maintenant, le problème ne comporte pas
d’
échappatoire dans le temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible
14321
, le problème ne comporte pas d’échappatoire dans
le
temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à l’homme — à un hom
14322
emps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à
l’
homme — à un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et de s
14323
e pas possible à l’homme — à un homme déterminé —
de
connaître ses propres désirs et de sonder en vérité ses préférences l
14324
me déterminé — de connaître ses propres désirs et
de
sonder en vérité ses préférences les plus secrètes, du moins peut-il
14325
res désirs et de sonder en vérité ses préférences
les
plus secrètes, du moins peut-il connaître ses actions, et reconnaître
14326
naître ses actions, et reconnaître à leurs effets
les
décisions qu’il a risquées. C’est donc un parti pris tout personnel q
14327
c un parti pris tout personnel que je vais tenter
de
définir maintenant, et après coup, tel que je le reconnais dans ma vi
14328
de définir maintenant, et après coup, tel que je
le
reconnais dans ma vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que je
14329
on ne se décide jamais que pour son compte, — et
le
reste est indiscrétion. Mais je ne pouvais écrire un livre entier sur
14330
on. Mais je ne pouvais écrire un livre entier sur
la
passion sans achever ma description par ce trait qui enfin la situe,
14331
ans achever ma description par ce trait qui enfin
la
situe, non dans l’abstrait où la passion ne peut exister — et alors e
14332
ription par ce trait qui enfin la situe, non dans
l’
abstrait où la passion ne peut exister — et alors en parler n’est qu’u
14333
trait qui enfin la situe, non dans l’abstrait où
la
passion ne peut exister — et alors en parler n’est qu’une farce — mai
14334
et alors en parler n’est qu’une farce — mais dans
le
choix qui détermine une existence. 2.Critique du mariage Si je
14335
ce. 2.Critique du mariage Si je ne vois pas
de
raison qui tienne contre la passion véritable, il m’apparaît en secon
14336
Si je ne vois pas de raison qui tienne contre
la
passion véritable, il m’apparaît en second lieu que la raison n’est g
14337
ssion véritable, il m’apparaît en second lieu que
la
raison n’est guère plus efficace pour légitimer le mariage ; et que l
14338
a raison n’est guère plus efficace pour légitimer
le
mariage ; et que les arguments les plus divers que lui opposent les m
14339
plus efficace pour légitimer le mariage ; et que
les
arguments les plus divers que lui opposent les meilleurs esprits deme
14340
pour légitimer le mariage ; et que les arguments
les
plus divers que lui opposent les meilleurs esprits demeurent absolume
14341
ue les arguments les plus divers que lui opposent
les
meilleurs esprits demeurent absolument valables. De tout temps, les r
14342
meilleurs esprits demeurent absolument valables.
De
tout temps, les raisons du philistin ont eu mauvaise conscience devan
14343
its demeurent absolument valables. De tout temps,
les
raisons du philistin ont eu mauvaise conscience devant les ironies du
14344
ns du philistin ont eu mauvaise conscience devant
les
ironies du romantique. Mais elles sont mises en pleine déroute par la
14345
ique. Mais elles sont mises en pleine déroute par
la
simple véracité. La fameuse « paix du foyer » n’existe guère qu’au ni
14346
t mises en pleine déroute par la simple véracité.
La
fameuse « paix du foyer » n’existe guère qu’au niveau d’une certaine
14347
use « paix du foyer » n’existe guère qu’au niveau
d’
une certaine éloquence moyenne, politicienne, bourgeoise ou édifiante.
14348
iticienne, bourgeoise ou édifiante. Tolstoï, lui,
la
décrit comme un « enfer ». Et je lui fais un plus large crédit ! Étan
14349
e lui fais un plus large crédit ! Étant donné que
les
humains des deux sexes, pris un à un, sont généralement des coquins,
14350
ent-ils des anges une fois appariés ? Ignore-t-on
la
réalité, ou n’a-t-on rien à dire de plus sérieux ? Poussez le premièr
14351
ou n’a-t-on rien à dire de plus sérieux ? Poussez
le
première porte venue ! Ce silence que l’épouse est censée ménager aut
14352
Poussez le première porte venue ! Ce silence que
l’
épouse est censée ménager autour du vaillant travailleur qui rentre le
14353
ménager autour du vaillant travailleur qui rentre
le
soir, harassé, se retremper dans la paix familiale, vous verrez que c
14354
ur qui rentre le soir, harassé, se retremper dans
la
paix familiale, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix, de l’agit
14355
iale, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix,
de
l’agitation des petits soins à la criaillerie délirante. Enregistrez
14356
e, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix, de
l’
agitation des petits soins à la criaillerie délirante. Enregistrez sur
14357
f fois sur dix, de l’agitation des petits soins à
la
criaillerie délirante. Enregistrez sur disque, au hasard, un de ces e
14358
délirante. Enregistrez sur disque, au hasard, un
de
ces entretiens « paisibles » qui agrémentent le « foyer domestique »
14359
n de ces entretiens « paisibles » qui agrémentent
le
« foyer domestique » d’un bourgeois ou d’un ouvrier : la censure pour
14360
isibles » qui agrémentent le « foyer domestique »
d’
un bourgeois ou d’un ouvrier : la censure pour un coup trouverait à se
14361
mentent le « foyer domestique » d’un bourgeois ou
d’
un ouvrier : la censure pour un coup trouverait à se justifier. Oui, l
14362
yer domestique » d’un bourgeois ou d’un ouvrier :
la
censure pour un coup trouverait à se justifier. Oui, les romantiques
14363
sure pour un coup trouverait à se justifier. Oui,
les
romantiques ont raison ; et les réalistes ont raison ; et les clercs
14364
e justifier. Oui, les romantiques ont raison ; et
les
réalistes ont raison ; et les clercs aussi ont raison, quand ils décl
14365
ues ont raison ; et les réalistes ont raison ; et
les
clercs aussi ont raison, quand ils déclarent au nom de leur vocation
14366
larent au nom de leur vocation qu’il faut choisir
de
faire des livres ou des enfants : aut liberi aut libri disait Nietzsc
14367
a raison plus qu’eux tous, lui qui d’abord exalte
la
passion, comme étant la suprême valeur du « stade esthétique » de la
14368
s, lui qui d’abord exalte la passion, comme étant
la
suprême valeur du « stade esthétique » de la vie ; puis la surmonte e
14369
e étant la suprême valeur du « stade esthétique »
de
la vie ; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du «
14370
tant la suprême valeur du « stade esthétique » de
la
vie ; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du « st
14371
e valeur du « stade esthétique » de la vie ; puis
la
surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du « stade éthique »
14372
étique » de la vie ; puis la surmonte en exaltant
le
mariage, suprême valeur du « stade éthique » (c’est la « plénitude du
14373
riage, suprême valeur du « stade éthique » (c’est
la
« plénitude du temps ») ; puis condamne enfin ce mariage, suprême obs
14374
, puisqu’il nous lie au temps, précisément, quand
la
foi veut l’éternité ! Que répondre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux
14375
nous lie au temps, précisément, quand la foi veut
l’
éternité ! Que répondre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a
14376
homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a su louer
le
philistin et le romantique, et leur donner raison au point de leur fa
14377
it déjà mieux dit ? Il a su louer le philistin et
le
romantique, et leur donner raison au point de leur faire honte d’avoi
14378
et le romantique, et leur donner raison au point
de
leur faire honte d’avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin il
14379
t leur donner raison au point de leur faire honte
d’
avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin il n’écrase pas seulem
14380
u point de leur faire honte d’avoir parfois douté
d’
eux-mêmes ; mais à la fin il n’écrase pas seulement ce philistin qui s
14381
honte d’avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à
la
fin il n’écrase pas seulement ce philistin qui se contente d’épouser
14382
écrase pas seulement ce philistin qui se contente
d’
épouser la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi
14383
seulement ce philistin qui se contente d’épouser
la
veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais l’h
14384
er la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime
la
fille du roi, mais l’homme pieux qui estimait que la religion devait
14385
r, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais
l’
homme pieux qui estimait que la religion devait être un amour heureux,
14386
fille du roi, mais l’homme pieux qui estimait que
la
religion devait être un amour heureux, un mariage avec sa vertu. Car
14387
e un amour heureux, un mariage avec sa vertu. Car
l’
amour du pécheur pour Dieu est « essentiellement malheureux », et cett
14388
ent malheureux », et cette passion chrétienne est
la
seule vérité, et tous nos « devoirs » humains (dont le bonheur) ne pe
14389
ule vérité, et tous nos « devoirs » humains (dont
le
bonheur) ne peuvent que nous en détourner. Kierkegaard condamna d’abo
14390
e nous en détourner. Kierkegaard condamna d’abord
les
pasteurs qui refusaient le célibat ; puis Luther et Calvin, tous deux
14391
aard condamna d’abord les pasteurs qui refusaient
le
célibat ; puis Luther et Calvin, tous deux mariés ; puis les Pères po
14392
; puis Luther et Calvin, tous deux mariés ; puis
les
Pères pour avoir loué le mariage ; enfin saint Paul, pour l’avoir tol
14393
tous deux mariés ; puis les Pères pour avoir loué
le
mariage ; enfin saint Paul, pour l’avoir toléré… (Seul le Christ a vé
14394
ur avoir loué le mariage ; enfin saint Paul, pour
l’
avoir toléré… (Seul le Christ a vécu en chrétien !) Et comment réfuter
14395
ge ; enfin saint Paul, pour l’avoir toléré… (Seul
le
Christ a vécu en chrétien !) Et comment réfuter ce furieux ? Les incr
14396
cu en chrétien !) Et comment réfuter ce furieux ?
Les
incroyants sont renvoyés aux arguments des romantiques, qui valent co
14397
omantiques, qui valent contre leur moralisme ; et
les
croyants aux arguments de saint Paul, qui valent contre leur humanism
14398
re leur moralisme ; et les croyants aux arguments
de
saint Paul, qui valent contre leur humanisme. Que dit l’Apôtre ? Je
14399
t Paul, qui valent contre leur humanisme. Que dit
l’
Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de f
14400
. Que dit l’Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour
l’
homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicit
14401
t l’Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour l’homme
de
ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que c
14402
se qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher
de
femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme,
14403
ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter
l’
impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari…
14404
n ait sa femme, et que chaque femme ait son mari…
La
femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et
14405
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
le
mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps
14406
opre corps, mais c’est le mari ; et pareillement,
le
mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. Ne v
14407
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
la
femme. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun ac
14408
rps, mais c’est la femme. Ne vous privez pas l’un
de
l’autre, si ce n’est d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer
14409
. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est
d’
un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis reto
14410
’un commun accord pour un temps, afin de vaquer à
la
prière ; puis retournez ensemble de peur que Satan ne vous tente par
14411
n de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble
de
peur que Satan ne vous tente par votre incontinence. Je dis cela par
14412
ais pas un ordre… Car il vaut mieux se marier que
de
brûler… Que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite,
14413
se marier que de brûler… Que chacun marche selon
la
part que le Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu…
14414
ue de brûler… Que chacun marche selon la part que
le
Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun,
14415
selon la part que le Seigneur lui a faite, selon
l’
appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu da
14416
Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu
de
Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était
14417
ieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans
l’
état où il était lorsqu’il a été appelé (vierge ou marié)… usant du mo
14418
marié)… usant du monde comme n’en usant pas, car
la
figure de ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup de gr
14419
sant du monde comme n’en usant pas, car la figure
de
ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup de grâce : Cel
14420
de ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici
le
coup de grâce : Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du S
14421
onde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup
de
grâce : Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du Seigneur,
14422
rié s’inquiète des choses du Seigneur, des moyens
de
plaire au Seigneur, et celui qui est marié s’inquiète des choses du m
14423
marié s’inquiète des choses du monde, des moyens
de
plaire à sa femme. (v. 32). ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre le mari
14424
femme. (v. 32). ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre
le
mariage est vrai, par conséquent doit être dit, soit du point de vue
14425
re dit, soit du point de vue des romantiques — si
l’
on croit à Iseut —, soit du point de vue du clerc parfait — si l’on cr
14426
eut —, soit du point de vue du clerc parfait — si
l’
on croit à son œuvre —, soit du point de vue spirituel pur, pour ceux
14427
r, pour ceux qui croient. Il n’est possible alors
d’
affirmer le mariage qu’au-delà des deux premières critiques et en chem
14428
x qui croient. Il n’est possible alors d’affirmer
le
mariage qu’au-delà des deux premières critiques et en chemin vers la
14429
e, c’est-à-dire en maintenant sans cesse présente
l’
exigence inhumaine de perfection, comme une question perpétuelle, un a
14430
intenant sans cesse présente l’exigence inhumaine
de
perfection, comme une question perpétuelle, un aiguillon qui empêche
14431
ne question perpétuelle, un aiguillon qui empêche
de
retomber sous le coup des objections humaines. Si j’oublie cet au-del
14432
tuelle, un aiguillon qui empêche de retomber sous
le
coup des objections humaines. Si j’oublie cet au-delà du mariage, mai
14433
s. Si j’oublie cet au-delà du mariage, mais aussi
de
tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume de Dieu (« Il n’y aura pl
14434
e, mais aussi de tout ordre humain, qui s’appelle
le
Royaume de Dieu (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne
14435
si de tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume
de
Dieu (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne ma vision e
14436
vision et mon espoir à une perfection relative, à
l’
équilibre dans l’imperfection que représente le mariage. Alors, si je
14437
oir à une perfection relative, à l’équilibre dans
l’
imperfection que représente le mariage. Alors, si je ne puis l’atteind
14438
à l’équilibre dans l’imperfection que représente
le
mariage. Alors, si je ne puis l’atteindre, il ne me reste que la révo
14439
n que représente le mariage. Alors, si je ne puis
l’
atteindre, il ne me reste que la révolte contre ma condition de créatu
14440
rs, si je ne puis l’atteindre, il ne me reste que
la
révolte contre ma condition de créature ; et au contraire, si je l’at
14441
il ne me reste que la révolte contre ma condition
de
créature ; et au contraire, si je l’atteins trop aisément, je deviend
14442
ma condition de créature ; et au contraire, si je
l’
atteins trop aisément, je deviendrai le philistin que dénoncent les ro
14443
ire, si je l’atteins trop aisément, je deviendrai
le
philistin que dénoncent les romantiques, ou l’homme moral pris dans l
14444
isément, je deviendrai le philistin que dénoncent
les
romantiques, ou l’homme moral pris dans les rets sociaux, et incapabl
14445
ai le philistin que dénoncent les romantiques, ou
l’
homme moral pris dans les rets sociaux, et incapable désormais de conc
14446
ncent les romantiques, ou l’homme moral pris dans
les
rets sociaux, et incapable désormais de concevoir les vérités « cruel
14447
ris dans les rets sociaux, et incapable désormais
de
concevoir les vérités « cruelles » de l’esprit, dont parle Nietzsche.
14448
rets sociaux, et incapable désormais de concevoir
les
vérités « cruelles » de l’esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sa
14449
e désormais de concevoir les vérités « cruelles »
de
l’esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que l’Apôtre a raison
14450
ésormais de concevoir les vérités « cruelles » de
l’
esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que l’Apôtre a raison, e
14451
esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que
l’
Apôtre a raison, et si je l’accepte, je considère alors l’équilibre im
14452
. Mais si je sais que l’Apôtre a raison, et si je
l’
accepte, je considère alors l’équilibre imparfait du mariage dans une
14453
a raison, et si je l’accepte, je considère alors
l’
équilibre imparfait du mariage dans une perspective ouverte et dans l’
14454
t du mariage dans une perspective ouverte et dans
l’
attente — heureuse ou malheureuse — du parfait. Je sais que je tente u
14455
e (et en même temps toute naturelle !) pour vivre
le
parfait dans l’imparfait. Mais je sais néanmoins que cet effort porte
14456
mps toute naturelle !) pour vivre le parfait dans
l’
imparfait. Mais je sais néanmoins que cet effort porte en lui-même une
14457
e excellent. 3.Le mariage comme décision Si
l’
on songe à ce que signifie le choix d’une femme pour toute la vie, l’o
14458
comme décision Si l’on songe à ce que signifie
le
choix d’une femme pour toute la vie, l’on en vient à cette conclusion
14459
ision Si l’on songe à ce que signifie le choix
d’
une femme pour toute la vie, l’on en vient à cette conclusion : choisi
14460
à ce que signifie le choix d’une femme pour toute
la
vie, l’on en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est pari
14461
signifie le choix d’une femme pour toute la vie,
l’
on en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est parier. Or
14462
conclusion : choisir une femme, c’est parier. Or
la
sagesse populaire et bourgeoise recommande au jeune homme de « réfléc
14463
populaire et bourgeoise recommande au jeune homme
de
« réfléchir » avant de prendre une décision : elle l’entretient ainsi
14464
réfléchir » avant de prendre une décision : elle
l’
entretient ainsi dans l’illusion que le choix d’une femme dépend d’un
14465
endre une décision : elle l’entretient ainsi dans
l’
illusion que le choix d’une femme dépend d’un certain nombre de raison
14466
ion : elle l’entretient ainsi dans l’illusion que
le
choix d’une femme dépend d’un certain nombre de raisons qu’il serait
14467
e l’entretient ainsi dans l’illusion que le choix
d’
une femme dépend d’un certain nombre de raisons qu’il serait possible
14468
i dans l’illusion que le choix d’une femme dépend
d’
un certain nombre de raisons qu’il serait possible de peser. Cette err
14469
e le choix d’une femme dépend d’un certain nombre
de
raisons qu’il serait possible de peser. Cette erreur du bon sens est
14470
n certain nombre de raisons qu’il serait possible
de
peser. Cette erreur du bon sens est tout à fait grossière. Vous aurez
14471
est tout à fait grossière. Vous aurez beau tenter
de
mettre au départ toutes les chances de votre côté — et je suppose que
14472
Vous aurez beau tenter de mettre au départ toutes
les
chances de votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps
14473
eau tenter de mettre au départ toutes les chances
de
votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps de calcule
14474
tes les chances de votre côté — et je suppose que
la
vie vous laisse le temps de calculer — jamais vous ne pourrez prévoir
14475
votre côté — et je suppose que la vie vous laisse
le
temps de calculer — jamais vous ne pourrez prévoir votre future évolu
14476
é — et je suppose que la vie vous laisse le temps
de
calculer — jamais vous ne pourrez prévoir votre future évolution, et
14477
oir votre future évolution, et encore moins celle
de
l’épouse choisie, encore bien moins celle du couple formé. Les facteu
14478
votre future évolution, et encore moins celle de
l’
épouse choisie, encore bien moins celle du couple formé. Les facteurs
14479
choisie, encore bien moins celle du couple formé.
Les
facteurs mis en jeu sont trop hétéroclites. À supposer que vous puiss
14480
t trop hétéroclites. À supposer que vous puissiez
les
calculer dans le présent (comme si leur nombre était fini) et que vou
14481
s. À supposer que vous puissiez les calculer dans
le
présent (comme si leur nombre était fini) et que vous disposiez d’une
14482
si leur nombre était fini) et que vous disposiez
d’
une telle science de l’humain que leurs valeurs vous soient connues et
14483
t fini) et que vous disposiez d’une telle science
de
l’humain que leurs valeurs vous soient connues et leur hiérarchie évi
14484
ini) et que vous disposiez d’une telle science de
l’
humain que leurs valeurs vous soient connues et leur hiérarchie éviden
14485
érarchie évidente, encore ne sauriez-vous prévoir
la
fin d’une union faite en connaissance de causes. Il a fallu, dit-on,
14486
e évidente, encore ne sauriez-vous prévoir la fin
d’
une union faite en connaissance de causes. Il a fallu, dit-on, des mil
14487
prévoir la fin d’une union faite en connaissance
de
causes. Il a fallu, dit-on, des millénaires à la nature pour sélectio
14488
de causes. Il a fallu, dit-on, des millénaires à
la
nature pour sélectionner les espèces qui nous paraissent adaptées. Et
14489
on, des millénaires à la nature pour sélectionner
les
espèces qui nous paraissent adaptées. Et nous aurions la prétention d
14490
ces qui nous paraissent adaptées. Et nous aurions
la
prétention de résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème de l’
14491
araissent adaptées. Et nous aurions la prétention
de
résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème de l’adaptation de
14492
aptées. Et nous aurions la prétention de résoudre
d’
un coup, en une seule vie, le problème de l’adaptation de deux êtres p
14493
étention de résoudre d’un coup, en une seule vie,
le
problème de l’adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus h
14494
résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème
de
l’adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus hautement org
14495
oudre d’un coup, en une seule vie, le problème de
l’
adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus hautement organi
14496
up, en une seule vie, le problème de l’adaptation
de
deux êtres physiques et moraux des plus hautement organisés ! (C’est
14497
és ! (C’est pourtant à cette utopie qu’obéit sans
le
savoir le mal marié, lorsqu’il se persuade qu’un second ou qu’un troi
14498
t pourtant à cette utopie qu’obéit sans le savoir
le
mal marié, lorsqu’il se persuade qu’un second ou qu’un troisième essa
14499
se persuade qu’un second ou qu’un troisième essai
le
rapprochera sensiblement de son « bonheur ». Alors que tout nous mont
14500
qu’un troisième essai le rapprochera sensiblement
de
son « bonheur ». Alors que tout nous montre que cent-mille essais ne
14501
remiers éléments, tout balbutiants et empiriques,
d’
une science du « mariage heureux ».) Il faut le reconnaître honnêtemen
14502
s, d’une science du « mariage heureux ».) Il faut
le
reconnaître honnêtement : le problème qui nous est posé par la nécess
14503
heureux ».) Il faut le reconnaître honnêtement :
le
problème qui nous est posé par la nécessité pratique du mariage appar
14504
e honnêtement : le problème qui nous est posé par
la
nécessité pratique du mariage apparaît d’autant plus insoluble que l’
14505
osé par la nécessité pratique du mariage apparaît
d’
autant plus insoluble que l’on tient davantage à le « résoudre » au se
14506
e du mariage apparaît d’autant plus insoluble que
l’
on tient davantage à le « résoudre » au sens rationnel de ce terme. Ce
14507
’autant plus insoluble que l’on tient davantage à
le
« résoudre » au sens rationnel de ce terme. Certes, il y a du sophism
14508
ent davantage à le « résoudre » au sens rationnel
de
ce terme. Certes, il y a du sophisme dans mon raisonnement : car tout
14509
ophisme dans mon raisonnement : car tout se passe
d’
ordinaire comme si le bonheur des époux dépendait en réalité d’un nomb
14510
onnement : car tout se passe d’ordinaire comme si
le
bonheur des époux dépendait en réalité d’un nombre fini de facteurs :
14511
omme si le bonheur des époux dépendait en réalité
d’
un nombre fini de facteurs : caractère, beauté, fortune, rang social…
14512
r des époux dépendait en réalité d’un nombre fini
de
facteurs : caractère, beauté, fortune, rang social… Mais pour peu que
14513
tune, rang social… Mais pour peu que se précisent
les
exigences individuelles197, ces données extérieures perdent en import
14514
ces données extérieures perdent en importance, et
les
impondérables deviennent décisifs. Le sophisme est alors du côté du b
14515
rtance, et les impondérables deviennent décisifs.
Le
sophisme est alors du côté du bon sens, qui recommandait un choix mûr
14516
es critères impersonnels. Mais enfin ce n’est pas
l’
erreur logique qui est grave, c’est l’erreur morale qu’elle suppose. L
14517
e n’est pas l’erreur logique qui est grave, c’est
l’
erreur morale qu’elle suppose. Lorsqu’on incite les jeunes fiancés à c
14518
l’erreur morale qu’elle suppose. Lorsqu’on incite
les
jeunes fiancés à calculer leurs chances de bonheur, on détourne leur
14519
ncite les jeunes fiancés à calculer leurs chances
de
bonheur, on détourne leur attention du problème proprement éthique. E
14520
ention du problème proprement éthique. En tentant
de
réduire ou de dissimuler le caractère de pari que revêt objectivement
14521
lème proprement éthique. En tentant de réduire ou
de
dissimuler le caractère de pari que revêt objectivement un choix de c
14522
t éthique. En tentant de réduire ou de dissimuler
le
caractère de pari que revêt objectivement un choix de cet ordre, on d
14523
tentant de réduire ou de dissimuler le caractère
de
pari que revêt objectivement un choix de cet ordre, on donne à croire
14524
aractère de pari que revêt objectivement un choix
de
cet ordre, on donne à croire que tout se ramène à une sagesse, à un s
14525
e qu’imparfait, et provisoire, devrait se doubler
d’
une garantie. Et la seule garantie concevable est dans la force de la
14526
provisoire, devrait se doubler d’une garantie. Et
la
seule garantie concevable est dans la force de la décision en vertu d
14527
arantie. Et la seule garantie concevable est dans
la
force de la décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la v
14528
Et la seule garantie concevable est dans la force
de
la décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la vie « advi
14529
la seule garantie concevable est dans la force de
la
décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la vie « advienn
14530
ision en vertu de laquelle on s’engage pour toute
la
vie « advienne que pourra ». Mais justement cette décision comme tell
14531
n comme telle paraît secondaire ou superflue dans
la
mesure où l’on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul. D’où je
14532
paraît secondaire ou superflue dans la mesure où
l’
on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul. D’où je conclus qu’i
14533
esure où l’on se persuade qu’il s’agit avant tout
de
calcul. D’où je conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du mar
14534
on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul.
D’
où je conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du mariage, et au
14535
cul. D’où je conclus qu’il serait plus conforme à
l’
essence du mariage, et au réel, d’enseigner aux jeunes gens que leur c
14536
plus conforme à l’essence du mariage, et au réel,
d’
enseigner aux jeunes gens que leur choix relève toujours d’une sorte d
14537
er aux jeunes gens que leur choix relève toujours
d’
une sorte d’arbitraire, dont ils s’engagent à assumer les suites, heur
14538
s gens que leur choix relève toujours d’une sorte
d’
arbitraire, dont ils s’engagent à assumer les suites, heureuses ou non
14539
sorte d’arbitraire, dont ils s’engagent à assumer
les
suites, heureuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « coup de tête
14540
reuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « coup
de
tête » : car tant que l’on peut calculer, j’admets qu’il est stupide
14541
as là un éloge du « coup de tête » : car tant que
l’
on peut calculer, j’admets qu’il est stupide de s’en priver. Mais je d
14542
ue l’on peut calculer, j’admets qu’il est stupide
de
s’en priver. Mais je dis que la garantie d’une union raisonnable dans
14543
qu’il est stupide de s’en priver. Mais je dis que
la
garantie d’une union raisonnable dans les apparences n’est jamais dan
14544
upide de s’en priver. Mais je dis que la garantie
d’
une union raisonnable dans les apparences n’est jamais dans ces appare
14545
dis que la garantie d’une union raisonnable dans
les
apparences n’est jamais dans ces apparences. Elle est dans l’événemen
14546
s n’est jamais dans ces apparences. Elle est dans
l’
événement irrationnel d’une décision prise en dépit de tout, et qui fo
14547
apparences. Elle est dans l’événement irrationnel
d’
une décision prise en dépit de tout, et qui fonde une nouvelle existen
14548
use, ce n’est pas dire à Mlle Untel : « Vous êtes
l’
idéal de mes rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes
14549
n’est pas dire à Mlle Untel : « Vous êtes l’idéal
de
mes rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’Iseut
14550
ous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes
l’
Iseut toute belle et désirable — et munie d’une dot adéquate — dont je
14551
êtes l’Iseut toute belle et désirable — et munie
d’
une dot adéquate — dont je veux être le Tristan. » Car ce serait là me
14552
— et munie d’une dot adéquate — dont je veux être
le
Tristan. » Car ce serait là mentir et l’on ne peut rien fonder qui du
14553
eux être le Tristan. » Car ce serait là mentir et
l’
on ne peut rien fonder qui dure sur le mensonge. Il n’y a personne au
14554
à mentir et l’on ne peut rien fonder qui dure sur
le
mensonge. Il n’y a personne au monde qui puisse me combler : à peine
14555
ous que je choisis pour partager ma vie, et voilà
la
seule preuve que je vous aime. (Vraiment, pour dire : Ce n’est que ce
14556
Vraiment, pour dire : Ce n’est que cela ! — comme
le
diront beaucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe, à
14557
il faut n’avoir connu que peu de solitude et peu
d’
angoisse, très peu de solitaire angoisse.) Seule une décision de cet o
14558
ès peu de solitaire angoisse.) Seule une décision
de
cet ordre, irrationnelle mais non sentimentale, sobre mais sans aucun
14559
ntale, sobre mais sans aucun cynisme, peut servir
de
point de départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidéli
14560
bre mais sans aucun cynisme, peut servir de point
de
départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidélité qui so
14561
je ne dis pas à une fidélité qui soit une recette
de
« bonheur », mais bien à une fidélité qui soit possible, n’étant pas
14562
n germe par un calcul forcément inexact. 4.Sur
la
fidélité On fausse l’éthique du mariage en faisant de la promesse
14563
cément inexact. 4.Sur la fidélité On fausse
l’
éthique du mariage en faisant de la promesse de fidélité un problème,
14564
lité On fausse l’éthique du mariage en faisant
de
la promesse de fidélité un problème, alors que le problème ne devrait
14565
é On fausse l’éthique du mariage en faisant de
la
promesse de fidélité un problème, alors que le problème ne devrait se
14566
se l’éthique du mariage en faisant de la promesse
de
fidélité un problème, alors que le problème ne devrait se poser qu’à
14567
de la promesse de fidélité un problème, alors que
le
problème ne devrait se poser qu’à partir de cette promesse, considéré
14568
rtir de cette promesse, considérée comme absolue.
La
problématique du mariage n’est pas du cur, mais du quomodo. « L’éthiq
14569
e du mariage n’est pas du cur, mais du quomodo. «
L’
éthique ne commence pas, dit Kierkegaard, dans une ignorance qu’il fau
14570
n savoir qui exige sa réalisation. » Ce n’est pas
l’
engagement qui est problématique, mais les conséquences qu’il entraîne
14571
’est pas l’engagement qui est problématique, mais
les
conséquences qu’il entraîne. (De même on fausse la théologie en parta
14572
s conséquences qu’il entraîne. (De même on fausse
la
théologie en partant du « problème de Dieu » — exactement comme si l’
14573
e on fausse la théologie en partant du « problème
de
Dieu » — exactement comme si l’on ne croyait pas — alors que le seul
14574
ant du « problème de Dieu » — exactement comme si
l’
on ne croyait pas — alors que le seul vrai problème est de savoir comm
14575
actement comme si l’on ne croyait pas — alors que
le
seul vrai problème est de savoir comment Lui obéir.) Car la fidélité
14576
croyait pas — alors que le seul vrai problème est
de
savoir comment Lui obéir.) Car la fidélité est sans raisons — ou elle
14577
ai problème est de savoir comment Lui obéir.) Car
la
fidélité est sans raisons — ou elle n’est pas — comme tout ce qui por
14578
le n’est pas — comme tout ce qui porte une chance
de
grandeur. (Comme la passion !) Les moralistes et certains sociologues
14579
tout ce qui porte une chance de grandeur. (Comme
la
passion !) Les moralistes et certains sociologues ont essayé de prouv
14580
orte une chance de grandeur. (Comme la passion !)
Les
moralistes et certains sociologues ont essayé de prouver que la monog
14581
Les moralistes et certains sociologues ont essayé
de
prouver que la monogamie est naturelle, et de plus qu’elle est saluta
14582
et certains sociologues ont essayé de prouver que
la
monogamie est naturelle, et de plus qu’elle est salutaire. Cela se di
14583
de plus qu’elle est salutaire. Cela se discute à
l’
infini. Et cela nous sera des plus utiles dès que les hommes se régler
14584
infini. Et cela nous sera des plus utiles dès que
les
hommes se régleront sur la raison et l’intérêt : quand ils n’auront p
14585
s plus utiles dès que les hommes se régleront sur
la
raison et l’intérêt : quand ils n’auront plus de passions, quand ils
14586
dès que les hommes se régleront sur la raison et
l’
intérêt : quand ils n’auront plus de passions, quand ils cesseront de
14587
la raison et l’intérêt : quand ils n’auront plus
de
passions, quand ils cesseront de préférer l’erreur comme telle, quand
14588
ls n’auront plus de passions, quand ils cesseront
de
préférer l’erreur comme telle, quand ils cesseront de mériter cet inq
14589
plus de passions, quand ils cesseront de préférer
l’
erreur comme telle, quand ils cesseront de mériter cet inquiétant nom
14590
référer l’erreur comme telle, quand ils cesseront
de
mériter cet inquiétant nom d’homme, au sens actuel. Car pour ceux du
14591
quand ils cesseront de mériter cet inquiétant nom
d’
homme, au sens actuel. Car pour ceux du siècle présent, je pense que l
14592
el. Car pour ceux du siècle présent, je pense que
la
fidélité se définit comme la moins naturelle des vertus, et la plus d
14593
résent, je pense que la fidélité se définit comme
la
moins naturelle des vertus, et la plus désavantageuse pour le « Bonhe
14594
e définit comme la moins naturelle des vertus, et
la
plus désavantageuse pour le « Bonheur ». À leurs yeux et dans leur la
14595
urelle des vertus, et la plus désavantageuse pour
le
« Bonheur ». À leurs yeux et dans leur langage, la fidélité conjugale
14596
e « Bonheur ». À leurs yeux et dans leur langage,
la
fidélité conjugale est le succès d’un effort « inhumain ». Leur reven
14597
x et dans leur langage, la fidélité conjugale est
le
succès d’un effort « inhumain ». Leur revendication fondamentale, leu
14598
leur langage, la fidélité conjugale est le succès
d’
un effort « inhumain ». Leur revendication fondamentale, leur religion
14599
». Leur revendication fondamentale, leur religion
de
la Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent la fidélité comme
14600
Leur revendication fondamentale, leur religion de
la
Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent la fidélité comme une
14601
a Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent
la
fidélité comme une discipline imposée (aux humeurs et désirs spontané
14602
e une abstention prudente… Ou encore ils y voient
l’
effet d’une impuissance à vivre largement, d’un goût mesquin pour le c
14603
stention prudente… Ou encore ils y voient l’effet
d’
une impuissance à vivre largement, d’un goût mesquin pour le confort e
14604
ient l’effet d’une impuissance à vivre largement,
d’
un goût mesquin pour le confort et le conforme ; d’un défaut d’imagina
14605
issance à vivre largement, d’un goût mesquin pour
le
confort et le conforme ; d’un défaut d’imagination ; d’une timidité m
14606
e largement, d’un goût mesquin pour le confort et
le
conforme ; d’un défaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ; d’
14607
’un goût mesquin pour le confort et le conforme ;
d’
un défaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul d’in
14608
quin pour le confort et le conforme ; d’un défaut
d’
imagination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordid
14609
fort et le conforme ; d’un défaut d’imagination ;
d’
une timidité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordide… L’habitude de
14610
éfaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ;
d’
un calcul d’intérêt sordide… L’habitude des modernes, leur nature acqu
14611
ination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul
d’
intérêt sordide… L’habitude des modernes, leur nature acquise, c’est d
14612
idité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordide…
L’
habitude des modernes, leur nature acquise, c’est d’exploiter chaque s
14613
habitude des modernes, leur nature acquise, c’est
d’
exploiter chaque situation au maximum et pour elle-même, sans plus se
14614
se référer à rien qui « juge » et qui « mesure »
la
jouissance qu’on en tire. Seul un respect acquis de l’ordre social so
14615
jouissance qu’on en tire. Seul un respect acquis
de
l’ordre social soutient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais l’o
14616
uissance qu’on en tire. Seul un respect acquis de
l’
ordre social soutient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais l’obst
14617
cquis de l’ordre social soutient encore, en fait,
l’
idée de fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de t
14618
e l’ordre social soutient encore, en fait, l’idée
de
fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les
14619
outient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais
l’
obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez les
14620
e fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on
le
tourne de tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui
14621
. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne
de
tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa
14622
’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous
les
côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa femme ;
14623
as sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez
les
excuses invoquées par le mari qui trompe sa femme ; il dit tantôt : «
14624
e tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par
le
mari qui trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas d’importanc
14625
trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas
d’
importance, cela ne change rien à nos rapports, c’est une passade, une
14626
rtant que toutes vos petites morales et garanties
de
bonheur bourgeois ! » Du cynisme au tragique romantique, il n’y a pas
14627
» Du cynisme au tragique romantique, il n’y a pas
de
contradiction profonde, nous l’avons vu198. Dans les deux cas, il s’a
14628
que, il n’y a pas de contradiction profonde, nous
l’
avons vu198. Dans les deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout eng
14629
contradiction profonde, nous l’avons vu198. Dans
les
deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout engagement concret, cons
14630
nous l’avons vu198. Dans les deux cas, il s’agit
de
s’évader hors de tout engagement concret, considéré comme une odieuse
14631
gie rationaliste ou hédoniste, je ne parlerai que
d’
une fidélité observée en vertu de l’absurde, parce qu’on s’y est engag
14632
parlerai que d’une fidélité observée en vertu de
l’
absurde, parce qu’on s’y est engagé, simplement, et que c’est un fait
14633
t, et que c’est un fait absolu, sur quoi se fonde
la
personne même des époux. Il faut bien voir que cette fidélité est à c
14634
rd’hui vénérées par presque tous. Elle représente
le
plus profond non-conformisme. Elle nie la croyance commune en la vale
14635
résente le plus profond non-conformisme. Elle nie
la
croyance commune en la valeur révélatrice du spontané et de la multip
14636
non-conformisme. Elle nie la croyance commune en
la
valeur révélatrice du spontané et de la multiplicité des expériences.
14637
e commune en la valeur révélatrice du spontané et
de
la multiplicité des expériences. Elle nie que l’être aimé doive réuni
14638
ommune en la valeur révélatrice du spontané et de
la
multiplicité des expériences. Elle nie que l’être aimé doive réunir,
14639
de la multiplicité des expériences. Elle nie que
l’
être aimé doive réunir, pour être ou pour rester aimable, le plus gran
14640
é doive réunir, pour être ou pour rester aimable,
le
plus grand nombre de qualités possible. Elle nie que le but de la fid
14641
être ou pour rester aimable, le plus grand nombre
de
qualités possible. Elle nie que le but de la fidélité soit le bonheur
14642
s grand nombre de qualités possible. Elle nie que
le
but de la fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que
14643
nombre de qualités possible. Elle nie que le but
de
la fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est a
14644
mbre de qualités possible. Elle nie que le but de
la
fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est avan
14645
possible. Elle nie que le but de la fidélité soit
le
bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est avant tout l’obéissan
14646
Elle affirme scandaleusement que c’est avant tout
l’
obéissance, et en second lieu la volonté de faire une œuvre. Car la fi
14647
c’est avant tout l’obéissance, et en second lieu
la
volonté de faire une œuvre. Car la fidélité n’est pas du tout une esp
14648
t tout l’obéissance, et en second lieu la volonté
de
faire une œuvre. Car la fidélité n’est pas du tout une espèce de cons
14649
en second lieu la volonté de faire une œuvre. Car
la
fidélité n’est pas du tout une espèce de conservatisme. Elle est plut
14650
vre. Car la fidélité n’est pas du tout une espèce
de
conservatisme. Elle est plutôt une construction. « Absurde » au moins
14651
une construction. « Absurde » au moins autant que
la
passion, elle se distingue de la passion par un refus constant de sub
14652
au moins autant que la passion, elle se distingue
de
la passion par un refus constant de subir ses rêves, par un besoin co
14653
moins autant que la passion, elle se distingue de
la
passion par un refus constant de subir ses rêves, par un besoin const
14654
se distingue de la passion par un refus constant
de
subir ses rêves, par un besoin constant d’agir pour l’être aimé, par
14655
nstant de subir ses rêves, par un besoin constant
d’
agir pour l’être aimé, par une constante prise sur le réel, qu’elle ch
14656
bir ses rêves, par un besoin constant d’agir pour
l’
être aimé, par une constante prise sur le réel, qu’elle cherche à domi
14657
gir pour l’être aimé, par une constante prise sur
le
réel, qu’elle cherche à dominer, non pas à fuir. Je dis qu’une telle
14658
on pas à fuir. Je dis qu’une telle fidélité fonde
la
personne. Car la personne se manifeste comme une œuvre, au sens le pl
14659
dis qu’une telle fidélité fonde la personne. Car
la
personne se manifeste comme une œuvre, au sens le plus large du terme
14660
la personne se manifeste comme une œuvre, au sens
le
plus large du terme. Elle s’édifie à la manière d’une œuvre, à la fav
14661
terme. Elle s’édifie à la manière d’une œuvre, à
la
faveur d’une œuvre, et aux mêmes conditions, dont la première est la
14662
le s’édifie à la manière d’une œuvre, à la faveur
d’
une œuvre, et aux mêmes conditions, dont la première est la fidélité à
14663
re, et aux mêmes conditions, dont la première est
la
fidélité à quelque chose qui n’était pas, mais que l’on crée. Personn
14664
idélité à quelque chose qui n’était pas, mais que
l’
on crée. Personne, œuvre et fidélité : les trois mots ne sont point sé
14665
mais que l’on crée. Personne, œuvre et fidélité :
les
trois mots ne sont point séparables ou concevables isolément. Et tous
14666
oint séparables ou concevables isolément. Et tous
les
trois supposent un parti pris199, une attitude fondamentale de créate
14667
osent un parti pris199, une attitude fondamentale
de
créateur. Ainsi, dans la plus humble vie, la promesse de fidélité int
14668
ne attitude fondamentale de créateur. Ainsi, dans
la
plus humble vie, la promesse de fidélité introduit une chance de fair
14669
tale de créateur. Ainsi, dans la plus humble vie,
la
promesse de fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s’éle
14670
teur. Ainsi, dans la plus humble vie, la promesse
de
fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s’élever au plan
14671
vie, la promesse de fidélité introduit une chance
de
faire œuvre, et de s’élever au plan de la personne. (À condition bien
14672
fidélité introduit une chance de faire œuvre, et
de
s’élever au plan de la personne. (À condition bien entendu que cette
14673
une chance de faire œuvre, et de s’élever au plan
de
la personne. (À condition bien entendu que cette promesse ne soit pas
14674
chance de faire œuvre, et de s’élever au plan de
la
personne. (À condition bien entendu que cette promesse ne soit pas fa
14675
omesse ne soit pas faite pour des « raisons » que
l’
on se réserve de répudier un jour, quand elles cesseront de paraître r
14676
as faite pour des « raisons » que l’on se réserve
de
répudier un jour, quand elles cesseront de paraître raisonnables ! Si
14677
éserve de répudier un jour, quand elles cesseront
de
paraître raisonnables ! Si la promesse du mariage est le type même de
14678
and elles cesseront de paraître raisonnables ! Si
la
promesse du mariage est le type même de l’acte sérieux, c’est dans la
14679
ître raisonnables ! Si la promesse du mariage est
le
type même de l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite u
14680
bles ! Si la promesse du mariage est le type même
de
l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour
14681
s ! Si la promesse du mariage est le type même de
l’
acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour tou
14682
ge est le type même de l’acte sérieux, c’est dans
la
mesure où elle est faite une fois pour toutes. Seul l’irrévocable est
14683
sure où elle est faite une fois pour toutes. Seul
l’
irrévocable est sérieux.) Toute vie, fût-elle la plus déshéritée, déti
14684
l l’irrévocable est sérieux.) Toute vie, fût-elle
la
plus déshéritée, détient sa chance immédiate de grandeur, et c’est da
14685
e la plus déshéritée, détient sa chance immédiate
de
grandeur, et c’est dans la fidélité a absurde » qu’elle pourra la réa
14686
nt sa chance immédiate de grandeur, et c’est dans
la
fidélité a absurde » qu’elle pourra la réaliser : quand il y aurait t
14687
c’est dans la fidélité a absurde » qu’elle pourra
la
réaliser : quand il y aurait toutes les raisons du monde de dire oui
14688
lle pourra la réaliser : quand il y aurait toutes
les
raisons du monde de dire oui à cette passion éblouissante, — dire non
14689
r : quand il y aurait toutes les raisons du monde
de
dire oui à cette passion éblouissante, — dire non en vertu de l’absur
14690
ette passion éblouissante, — dire non en vertu de
l’
absurde, en vertu d’une promesse ancienne, d’une déraison humaine, d’u
14691
u de l’absurde, en vertu d’une promesse ancienne,
d’
une déraison humaine, d’une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu
14692
d’une promesse ancienne, d’une déraison humaine,
d’
une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et pe
14693
se ancienne, d’une déraison humaine, d’une raison
de
foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus
14694
nne, d’une déraison humaine, d’une raison de foi,
d’
une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus tard, a
14695
e par Dieu… (Et peut-être, plus tard, après coup,
l’
homme découvre que la folie du sacrifice consenti était la plus grande
14696
être, plus tard, après coup, l’homme découvre que
la
folie du sacrifice consenti était la plus grande sagesse ; et que le
14697
découvre que la folie du sacrifice consenti était
la
plus grande sagesse ; et que le bonheur qu’il a renoncé lui est rendu
14698
ce consenti était la plus grande sagesse ; et que
le
bonheur qu’il a renoncé lui est rendu, comme Isaac fut rendu à Abraha
14699
it pas ! Et il se peut aussi que rien ne compense
la
perte : nous sommes ici dans un ordre de grandeur où nos mesures et n
14700
compense la perte : nous sommes ici dans un ordre
de
grandeur où nos mesures et nos équivalences n’ont plus cours.) Mais s
14701
-nous encore imaginer une grandeur qui n’ait rien
de
romantique ? Et qui soit le contraire d’une ardeur exaltée ? La fidél
14702
andeur qui n’ait rien de romantique ? Et qui soit
le
contraire d’une ardeur exaltée ? La fidélité dont je parle est une fo
14703
ait rien de romantique ? Et qui soit le contraire
d’
une ardeur exaltée ? La fidélité dont je parle est une folie, mais la
14704
? Et qui soit le contraire d’une ardeur exaltée ?
La
fidélité dont je parle est une folie, mais la plus sobre et quotidien
14705
e ? La fidélité dont je parle est une folie, mais
la
plus sobre et quotidienne. Une folie de sobriété qui mime assez bien
14706
lie, mais la plus sobre et quotidienne. Une folie
de
sobriété qui mime assez bien la raison — et qui n’est pas un héroïsme
14707
dienne. Une folie de sobriété qui mime assez bien
la
raison — et qui n’est pas un héroïsme, ni un défi, mais une patiente
14708
un défi, mais une patiente et tendre application.
Le
contraire absolu de toute littérature, de tout lyrisme, au sens moder
14709
tiente et tendre application. Le contraire absolu
de
toute littérature, de tout lyrisme, au sens moderne de ces mots… ⁂ Ce
14710
cation. Le contraire absolu de toute littérature,
de
tout lyrisme, au sens moderne de ces mots… ⁂ Cependant, tout n’est pa
14711
ute littérature, de tout lyrisme, au sens moderne
de
ces mots… ⁂ Cependant, tout n’est pas encore clair. Tristan lui aussi
14712
èle. (Pour ne rien dire des successives fidélités
de
nos « liaisons », et de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des
14713
des successives fidélités de nos « liaisons », et
de
tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des Don Juan au ralenti). O
14714
u vrai que des Don Juan au ralenti). Où est alors
la
différence ? Et le mari fidèle, ne serait-ce pas simplement celui qui
14715
Juan au ralenti). Où est alors la différence ? Et
le
mari fidèle, ne serait-ce pas simplement celui qui a reconnu dans sa
14716
i qui a reconnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque
l’
amant de la légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’init
14717
reconnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’amant
de
la légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’initiation,
14718
onnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’amant de
la
légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’initiation, sou
14719
sque l’amant de la légende manichéenne a traversé
les
grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous de la « jeune fille éblo
14720
gende manichéenne a traversé les grandes épreuves
d’
initiation, souvenez-vous de la « jeune fille éblouissante » qui l’acc
14721
les grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous
de
la « jeune fille éblouissante » qui l’accueille par ces paroles : « J
14722
s grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous de
la
« jeune fille éblouissante » qui l’accueille par ces paroles : « Je s
14723
venez-vous de la « jeune fille éblouissante » qui
l’
accueille par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélit
14724
le par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi
de
la fidélité du mythe, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, m
14725
par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi de
la
fidélité du mythe, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais
14726
is toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe, et
de
Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, naturellem
14727
nt, et qui croit être un vrai amour pour l’autre.
L’
analyse des légendes courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas I
14728
s nous a révélé que Tristan n’aime pas Iseut mais
l’
amour même, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire la seule dé
14729
an n’aime pas Iseut mais l’amour même, et au-delà
de
cet amour, la mort, c’est-à-dire la seule délivrance du moi coupable
14730
Iseut mais l’amour même, et au-delà de cet amour,
la
mort, c’est-à-dire la seule délivrance du moi coupable et asservi. Tr
14731
e, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire
la
seule délivrance du moi coupable et asservi. Tristan n’est pas fidèle
14732
seut, mais à sa plus profonde et secrète passion.
Le
mythe s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie cré
14733
us profonde et secrète passion. Le mythe s’empare
de
l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et il le trans
14734
profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de
l’
« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et il le transfig
14735
ecrète passion. Le mythe s’empare de l’« instinct
de
mort » inséparable de toute vie créée, et il le transfigure en lui do
14736
he s’empare de l’« instinct de mort » inséparable
de
toute vie créée, et il le transfigure en lui donnant un but essentiel
14737
t de mort » inséparable de toute vie créée, et il
le
transfigure en lui donnant un but essentiellement spirituel. Se détru
14738
re, mépriser son bonheur, c’est alors une manière
de
se sauver et d’accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’Is
14739
bonheur, c’est alors une manière de se sauver et
d’
accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’Isolde agonisante.
14740
e de se sauver et d’accéder à une vie supérieure,
la
« joie suprême » d’Isolde agonisante. Fidélité qui consume la vie, ma
14741
accéder à une vie supérieure, la « joie suprême »
d’
Isolde agonisante. Fidélité qui consume la vie, mais qui consume aussi
14742
prême » d’Isolde agonisante. Fidélité qui consume
la
vie, mais qui consume aussi la faute, et divinise un moi purifié, « i
14743
délité qui consume la vie, mais qui consume aussi
la
faute, et divinise un moi purifié, « innocent » ! De ces origines mys
14744
faute, et divinise un moi purifié, « innocent » !
De
ces origines mystiques, la « fidélité passionnée » n’a gardé parmi no
14745
urifié, « innocent » ! De ces origines mystiques,
la
« fidélité passionnée » n’a gardé parmi nous que l’illusion d’accéder
14746
« fidélité passionnée » n’a gardé parmi nous que
l’
illusion d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire de cette illu
14747
passionnée » n’a gardé parmi nous que l’illusion
d’
accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire de cette illusion trahit
14748
l’illusion d’accéder à une vie plus ardente. Mais
l’
empire de cette illusion trahit encore l’obscure survivance de la reli
14749
n d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire
de
cette illusion trahit encore l’obscure survivance de la religion prim
14750
te. Mais l’empire de cette illusion trahit encore
l’
obscure survivance de la religion primitive. Religion antérieure à not
14751
cette illusion trahit encore l’obscure survivance
de
la religion primitive. Religion antérieure à notre « instinct » moder
14752
te illusion trahit encore l’obscure survivance de
la
religion primitive. Religion antérieure à notre « instinct » moderne,
14753
eure à notre « instinct » moderne, et qui détient
l’
intime secret de la passion, au-delà de ce que les psychologues peuven
14754
nstinct » moderne, et qui détient l’intime secret
de
la passion, au-delà de ce que les psychologues peuvent y lire. « Notr
14755
inct » moderne, et qui détient l’intime secret de
la
passion, au-delà de ce que les psychologues peuvent y lire. « Notre e
14756
ui détient l’intime secret de la passion, au-delà
de
ce que les psychologues peuvent y lire. « Notre engagement n’était pa
14757
l’intime secret de la passion, au-delà de ce que
les
psychologues peuvent y lire. « Notre engagement n’était pas pris pour
14758
ivait Novalis songeant à sa fiancée perdue. C’est
l’
émouvante formule de la fidélité courtoise ; une négation sans retour
14759
nt à sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule
de
la fidélité courtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais la f
14760
à sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule de
la
fidélité courtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais la fidé
14761
la fidélité courtoise ; une négation sans retour
de
la vie. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engageme
14762
fidélité courtoise ; une négation sans retour de
la
vie. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engagement
14763
rtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais
la
fidélité dans le mariage est au contraire un engagement absolument pr
14764
tion sans retour de la vie. Mais la fidélité dans
le
mariage est au contraire un engagement absolument pris pour ce monde.
14765
engagement absolument pris pour ce monde. Partant
d’
une déraison « mystique » (si l’on veut), indifférente, sinon hostile
14766
ce monde. Partant d’une déraison « mystique » (si
l’
on veut), indifférente, sinon hostile au bonheur et à l’instinct vital
14767
eut), indifférente, sinon hostile au bonheur et à
l’
instinct vital, elle exige un retour au monde réel, tandis que la fidé
14768
l, elle exige un retour au monde réel, tandis que
la
fidélité courtoise ne signifiait qu’une évasion. Dans le mariage, c’e
14769
lité courtoise ne signifiait qu’une évasion. Dans
le
mariage, c’est à l’autre d’abord, et non pas à son moi d’abord, que c
14770
ue celui qui aime voue sa fidélité. Et tandis que
la
fidélité de Tristan était un perpétuel refus, une volonté d’exclure e
14771
aime voue sa fidélité. Et tandis que la fidélité
de
Tristan était un perpétuel refus, une volonté d’exclure et de nier la
14772
de Tristan était un perpétuel refus, une volonté
d’
exclure et de nier la création dans sa diversité, d’empêcher le monde
14773
tait un perpétuel refus, une volonté d’exclure et
de
nier la création dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’â
14774
perpétuel refus, une volonté d’exclure et de nier
la
création dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’âme, la f
14775
exclure et de nier la création dans sa diversité,
d’
empêcher le monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil
14776
de nier la création dans sa diversité, d’empêcher
le
monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créa
14777
a création dans sa diversité, d’empêcher le monde
d’
envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la
14778
dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir
l’
âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’
14779
a diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’âme,
la
fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’accepte
14780
monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est
l’
accueil de la créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, d
14781
nvahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil
de
la créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son in
14782
hir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de
la
créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son intim
14783
fidélité des époux est l’accueil de la créature,
la
volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son intime singularité
14784
es époux est l’accueil de la créature, la volonté
d’
accepter l’autre tel qu’il est, dans son intime singularité. Insistons
14785
’il est, dans son intime singularité. Insistons :
la
fidélité dans le mariage ne peut pas être cette attitude négative qu’
14786
intime singularité. Insistons : la fidélité dans
le
mariage ne peut pas être cette attitude négative qu’on imagine habitu
14787
t ; elle ne peut être qu’une action. Se contenter
de
ne pas tromper sa femme serait une preuve d’indigence et non d’amour.
14788
nter de ne pas tromper sa femme serait une preuve
d’
indigence et non d’amour. La fidélité veut bien plus : elle veut le bi
14789
per sa femme serait une preuve d’indigence et non
d’
amour. La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé,
14790
mme serait une preuve d’indigence et non d’amour.
La
fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé, et lorsqu
14791
n d’amour. La fidélité veut bien plus : elle veut
le
bien de l’être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée deva
14792
r. La fidélité veut bien plus : elle veut le bien
de
l’être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle
14793
La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de
l’
être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle le
14794
squ’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle
le
prochain. Et c’est alors par ce détour, à travers l’autre, que le moi
14795
c’est alors par ce détour, à travers l’autre, que
le
moi rejoint sa personne — au-delà de son propre bonheur. Ainsi la per
14796
l’autre, que le moi rejoint sa personne — au-delà
de
son propre bonheur. Ainsi la personne des époux est une mutuelle créa
14797
a personne — au-delà de son propre bonheur. Ainsi
la
personne des époux est une mutuelle création, elle est le double abou
14798
nne des époux est une mutuelle création, elle est
le
double aboutissement de « l’amour-action ». Ce qui niait l’individu e
14799
tuelle création, elle est le double aboutissement
de
« l’amour-action ». Ce qui niait l’individu et son naturel égoïsme, c
14800
e création, elle est le double aboutissement de «
l’
amour-action ». Ce qui niait l’individu et son naturel égoïsme, c’est
14801
aboutissement de « l’amour-action ». Ce qui niait
l’
individu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie la personne. À
14802
idu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie
la
personne. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans le mariage e
14803
édifie la personne. À ce terme, on découvrira que
la
fidélité dans le mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point
14804
e. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans
le
mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie nature
14805
on découvrira que la fidélité dans le mariage est
la
loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait
14806
uvrira que la fidélité dans le mariage est la loi
d’
une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait la poly
14807
iage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point
de
la vie naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pou
14808
e est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de
la
vie naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pour l
14809
lle ; et non point de la vie naturelle (ce serait
la
polygamie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était la passion d
14810
naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus
de
la vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour fidèle d
14811
turelle (ce serait la polygamie) — et non plus de
la
vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour fidèle de T
14812
serait la polygamie) — et non plus de la vie pour
la
mort (c’était la passion de Tristan). L’amour fidèle de Tristan détru
14813
ie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était
la
passion de Tristan). L’amour fidèle de Tristan détruisait son bonheur
14814
n plus de la vie pour la mort (c’était la passion
de
Tristan). L’amour fidèle de Tristan détruisait son bonheur et sa vie
14815
vie pour la mort (c’était la passion de Tristan).
L’
amour fidèle de Tristan détruisait son bonheur et sa vie pour témoigne
14816
t (c’était la passion de Tristan). L’amour fidèle
de
Tristan détruisait son bonheur et sa vie pour témoigner en faveur de
14817
son bonheur et sa vie pour témoigner en faveur de
la
Nuit, c’est-à-dire du moi glorifié. L’amour fidèle dans le mariage ch
14818
faveur de la Nuit, c’est-à-dire du moi glorifié.
L’
amour fidèle dans le mariage chrétien témoigne que la volonté de Dieu,
14819
c’est-à-dire du moi glorifié. L’amour fidèle dans
le
mariage chrétien témoigne que la volonté de Dieu, même quand elle rui
14820
mour fidèle dans le mariage chrétien témoigne que
la
volonté de Dieu, même quand elle ruine notre bonheur, est salutaire.
14821
dans le mariage chrétien témoigne que la volonté
de
Dieu, même quand elle ruine notre bonheur, est salutaire. L’amour de
14822
me quand elle ruine notre bonheur, est salutaire.
L’
amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son ab
14823
elle ruine notre bonheur, est salutaire. L’amour
de
Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutissem
14824
tre bonheur, est salutaire. L’amour de Tristan et
d’
Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutissement suprême, c
14825
salutaire. L’amour de Tristan et d’Iseut c’était
l’
angoisse d’être deux ; et son aboutissement suprême, c’était la chute
14826
L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse
d’
être deux ; et son aboutissement suprême, c’était la chute dans l’illi
14827
être deux ; et son aboutissement suprême, c’était
la
chute dans l’illimité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, l
14828
son aboutissement suprême, c’était la chute dans
l’
illimité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, les visages, le
14829
ême, c’était la chute dans l’illimité, au sein de
la
Nuit où s’effacent les formes, les visages, les destins singuliers :
14830
dans l’illimité, au sein de la Nuit où s’effacent
les
formes, les visages, les destins singuliers : « Non plus d’Isolde, pl
14831
ité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes,
les
visages, les destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus de Trista
14832
de la Nuit où s’effacent les formes, les visages,
les
destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus de Tristan, plus aucun
14833
les visages, les destins singuliers : « Non plus
d’
Isolde, plus de Tristan, plus aucun nom qui nous sépare ! » Il faut qu
14834
es destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus
de
Tristan, plus aucun nom qui nous sépare ! » Il faut que l’autre cesse
14835
nom qui nous sépare ! » Il faut que l’autre cesse
d’
être l’autre, donc ne soit plus, pour qu’il cesse de me faire souffrir
14836
être l’autre, donc ne soit plus, pour qu’il cesse
de
me faire souffrir, et qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais
14837
et qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais
l’
amour du mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être lim
14838
ue « moi-le-monde » ! Mais l’amour du mariage est
la
fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m
14839
i-le-monde » ! Mais l’amour du mariage est la fin
de
l’angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appell
14840
e-monde » ! Mais l’amour du mariage est la fin de
l’
angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à
14841
Mais l’amour du mariage est la fin de l’angoisse,
l’
acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, e
14842
u mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation
de
l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, et qu’il se tou
14843
ariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de
l’
être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, et qu’il se tourne
14844
on de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à
le
créer, et qu’il se tourne avec moi vers le jour afin d’attester notre
14845
elle à le créer, et qu’il se tourne avec moi vers
le
jour afin d’attester notre alliance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pou
14846
alliance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pour toute
la
vie, voilà le miracle du mariage. Une vie qui ne veut plus que mon bi
14847
e vie qui m’est alliée — pour toute la vie, voilà
le
miracle du mariage. Une vie qui ne veut plus que mon bien, parce qu’i
14848
nfondu avec le sien : et si ce n’était pour toute
la
vie, ce serait encore une menace. (Il y a toujours une telle menace d
14849
ne menace. (Il y a toujours une telle menace dans
l’
échange de plaisir d’une « liaison ».) Mais combien d’hommes savent-il
14850
(Il y a toujours une telle menace dans l’échange
de
plaisir d’une « liaison ».) Mais combien d’hommes savent-ils la diffé
14851
ujours une telle menace dans l’échange de plaisir
d’
une « liaison ».) Mais combien d’hommes savent-ils la différence entre
14852
hange de plaisir d’une « liaison ».) Mais combien
d’
hommes savent-ils la différence entre une obsession que l’on subit et
14853
ne « liaison ».) Mais combien d’hommes savent-ils
la
différence entre une obsession que l’on subit et un destin que l’on a
14854
savent-ils la différence entre une obsession que
l’
on subit et un destin que l’on assume ? 5.Éros sauvé par Agapè A
14855
tre une obsession que l’on subit et un destin que
l’
on assume ? 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de charité, l’a
14856
l’on assume ? 5.Éros sauvé par Agapè Alors
l’
amour de charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans s
14857
sume ? 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’amour
de
charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa pleine
14858
Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de charité,
l’
amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa pleine stature : i
14859
apè, paraît enfin dans sa pleine stature : il est
l’
affirmation de l’être. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen,
14860
fin dans sa pleine stature : il est l’affirmation
de
l’être. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen, qui a répandu
14861
dans sa pleine stature : il est l’affirmation de
l’
être. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen, qui a répandu dan
14862
: il est l’affirmation de l’être. Et c’est Éros,
l’
amour-passion, l’amour païen, qui a répandu dans notre monde occidenta
14863
mation de l’être. Et c’est Éros, l’amour-passion,
l’
amour païen, qui a répandu dans notre monde occidental le poison de l’
14864
païen, qui a répandu dans notre monde occidental
le
poison de l’ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement re
14865
i a répandu dans notre monde occidental le poison
de
l’ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement reproche au
14866
répandu dans notre monde occidental le poison de
l’
ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement reproche au chr
14867
, et non pas Agapè, qui a glorifié notre instinct
de
mort, et qui a voulu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en l
14868
a glorifié notre instinct de mort, et qui a voulu
l’
« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en le sauvant. Car Agapè ne
14869
qui a voulu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge
d’
Éros en le sauvant. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut pas même
14870
lu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en
le
sauvant. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut pas même détruire
14871
pas même détruire ce qui détruit. Je ne veux pas
la
mort du pécheur, mais sa vie. ⁂ Éros s’asservit à la mort parce qu’il
14872
mort du pécheur, mais sa vie. ⁂ Éros s’asservit à
la
mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de notre condition fin
14873
ros s’asservit à la mort parce qu’il veut exalter
la
vie au-dessus de notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi
14874
la mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus
de
notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi le même mouvemen
14875
vie au-dessus de notre condition finie et limitée
de
créatures. Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons la vie n
14876
re condition finie et limitée de créatures. Ainsi
le
même mouvement qui fait que nous adorons la vie nous précipite dans s
14877
Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons
la
vie nous précipite dans sa négation. C’est la profonde misère, le dés
14878
ons la vie nous précipite dans sa négation. C’est
la
profonde misère, le désespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — e
14879
ipite dans sa négation. C’est la profonde misère,
le
désespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè
14880
négation. C’est la profonde misère, le désespoir
d’
Éros, sa servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè l’en délivre
14881
ésespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — en
l’
exprimant, Agapè l’en délivre. Agapè sait que la vie terrestre et temp
14882
servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè
l’
en délivre. Agapè sait que la vie terrestre et temporelle ne mérite pa
14883
n l’exprimant, Agapè l’en délivre. Agapè sait que
la
vie terrestre et temporelle ne mérite pas d’être adorée, ni même tuée
14884
que la vie terrestre et temporelle ne mérite pas
d’
être adorée, ni même tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissance à
14885
dorée, ni même tuée, mais peut être acceptée dans
l’
obéissance à l’Éternel. Car après tout c’est ici-bas que notre sort se
14886
tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissance à
l’
Éternel. Car après tout c’est ici-bas que notre sort se joue. C’est su
14887
t c’est ici-bas que notre sort se joue. C’est sur
la
terre qu’il faut aimer et recevoir le pardon. Au-delà, il n’y aura pa
14888
. C’est sur la terre qu’il faut aimer et recevoir
le
pardon. Au-delà, il n’y aura pas la Nuit divinisante, mais le Jugemen
14889
r et recevoir le pardon. Au-delà, il n’y aura pas
la
Nuit divinisante, mais le Jugement du Créateur. L’homme naturel ne p
14890
u-delà, il n’y aura pas la Nuit divinisante, mais
le
Jugement du Créateur. L’homme naturel ne pouvait pas l’imaginer. Il
14891
Nuit divinisante, mais le Jugement du Créateur.
L’
homme naturel ne pouvait pas l’imaginer. Il était donc condamné à croi
14892
ment du Créateur. L’homme naturel ne pouvait pas
l’
imaginer. Il était donc condamné à croire Éros, c’est-à-dire à se conf
14893
re Éros, c’est-à-dire à se confier dans son désir
le
plus puissant, à lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait le
14894
r dans son désir le plus puissant, à lui demander
la
délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’hom
14895
e plus puissant, à lui demander la délivrance. Et
l’
Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la
14896
lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait
le
conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Ag
14897
délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à
la
mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain
14898
l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais
l’
homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ou
14899
e conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à
la
révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivr
14900
à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation
de
l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi d
14901
a mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de
l’
Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi de s
14902
qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain
le
cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi de sa religion naturelle.
14903
t soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par
la
foi de sa religion naturelle. Il peut maintenant espérer autre chose,
14904
in le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi
de
sa religion naturelle. Il peut maintenant espérer autre chose, il sai
14905
l est une autre délivrance du péché. Et voici que
l’
Éros à son tour se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré de s
14906
hé. Et voici que l’Éros à son tour se voit relevé
de
sa fonction mortelle et délivré de son destin. Dès qu’il cesse d’être
14907
se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré
de
son destin. Dès qu’il cesse d’être un dieu, il cesse d’être un démon
14908
ortelle et délivré de son destin. Dès qu’il cesse
d’
être un dieu, il cesse d’être un démon 200. Et il retrouve sa juste pl
14909
destin. Dès qu’il cesse d’être un dieu, il cesse
d’
être un démon 200. Et il retrouve sa juste place dans l’économie provi
14910
un démon 200. Et il retrouve sa juste place dans
l’
économie provisoire de la Création, de l’humain. Le païen ne pouvait a
14911
etrouve sa juste place dans l’économie provisoire
de
la Création, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire
14912
ouve sa juste place dans l’économie provisoire de
la
Création, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un
14913
place dans l’économie provisoire de la Création,
de
l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éro
14914
ace dans l’économie provisoire de la Création, de
l’
humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éros :
14915
’économie provisoire de la Création, de l’humain.
Le
païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éros : c’était s
14916
n, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que
de
faire un dieu de l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus d
14917
e païen ne pouvait autrement que de faire un dieu
de
l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le pl
14918
aïen ne pouvait autrement que de faire un dieu de
l’
Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le plus
14919
de faire un dieu de l’Éros : c’était son pouvoir
le
plus fort, le plus dangereux et le plus mystérieux, le plus profondém
14920
ieu de l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort,
le
plus dangereux et le plus mystérieux, le plus profondément lié au fai
14921
it son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et
le
plus mystérieux, le plus profondément lié au fait de vivre. Toutes le
14922
us fort, le plus dangereux et le plus mystérieux,
le
plus profondément lié au fait de vivre. Toutes les religions païennes
14923
plus mystérieux, le plus profondément lié au fait
de
vivre. Toutes les religions païennes divinisent le Désir. Toutes cher
14924
le plus profondément lié au fait de vivre. Toutes
les
religions païennes divinisent le Désir. Toutes cherchent un appui et
14925
e vivre. Toutes les religions païennes divinisent
le
Désir. Toutes cherchent un appui et un salut dans le Désir, qui devie
14926
Désir. Toutes cherchent un appui et un salut dans
le
Désir, qui devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie
14927
s le Désir, qui devient aussitôt, et par là même,
le
pire ennemi de la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Ver
14928
devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi
de
la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait c
14929
vient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de
la
vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chai
14930
ssitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie,
la
séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chair et qu’
14931
e la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que
le
Verbe s’est fait chair et qu’il nous a parlé en mots humains, nous av
14932
, nous avons appris cette nouvelle : ce n’est pas
l’
homme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’a aimé le premie
14933
mme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui
l’
a aimé le premier, et qui s’est approché de lui. Le salut n’est plus a
14934
eu qui l’a aimé le premier, et qui s’est approché
de
lui. Le salut n’est plus au-delà, toujours plus haut, dans l’ascensio
14935
’a aimé le premier, et qui s’est approché de lui.
Le
salut n’est plus au-delà, toujours plus haut, dans l’ascension interm
14936
alut n’est plus au-delà, toujours plus haut, dans
l’
ascension interminable du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans
14937
ans l’ascension interminable du Désir qui consume
la
vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nou
14938
e du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans
l’
obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir
14939
consume la vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à
la
Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir ? Cela seuleme
14940
e du désir ? Cela seulement : qu’il nous détourne
d’
obéir. Mais il perd sa puissance absolue quand nous cessons de le divi
14941
s il perd sa puissance absolue quand nous cessons
de
le diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans
14942
l perd sa puissance absolue quand nous cessons de
le
diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le
14943
s cessons de le diviniser. Et c’est ce qu’atteste
l’
expérience de la fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde
14944
le diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience
de
la fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde justement su
14945
diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de
la
fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde justement sur l
14946
st ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans
le
mariage. Car cette fidélité se fonde justement sur le refus initial e
14947
ariage. Car cette fidélité se fonde justement sur
le
refus initial et juré de « cultiver » les illusions de la passion, de
14948
é se fonde justement sur le refus initial et juré
de
« cultiver » les illusions de la passion, de leur rendre un culte sec
14949
ment sur le refus initial et juré de « cultiver »
les
illusions de la passion, de leur rendre un culte secret, et d’en atte
14950
fus initial et juré de « cultiver » les illusions
de
la passion, de leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mysté
14951
initial et juré de « cultiver » les illusions de
la
passion, de leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mystérie
14952
juré de « cultiver » les illusions de la passion,
de
leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mystérieux surcroît
14953
de la passion, de leur rendre un culte secret, et
d’
en attendre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai de le faire con
14954
e secret, et d’en attendre un mystérieux surcroît
de
vie. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu.
14955
tendre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai
de
le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a p
14956
dre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai de
le
faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a proc
14957
oît de vie. J’essaierai de le faire concevoir par
l’
examen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé l’égalité parfaite
14958
e. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen
d’
un fait connu. Le christianisme a proclamé l’égalité parfaite des sexe
14959
le faire concevoir par l’examen d’un fait connu.
Le
christianisme a proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela de la
14960
amen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé
l’
égalité parfaite des sexes, et cela de la manière la plus précise : L
14961
a proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela
de
la manière la plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propr
14962
proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela de
la
manière la plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propre c
14963
égalité parfaite des sexes, et cela de la manière
la
plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais
14964
s sexes, et cela de la manière la plus précise :
La
femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et
14965
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
le
mari ; et pareillement le mari n’a pas autorité sur son propre corps,
14966
ropre corps, mais c’est le mari ; et pareillement
le
mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. (I.
14967
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
la
femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale de l’homme, elle ne peut
14968
propre corps, mais c’est la femme. (I. Cor., 7.)
La
femme étant l’égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’
14969
ais c’est la femme. (I. Cor., 7.) La femme étant
l’
égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme »201. En
14970
t la femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale
de
l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme »201. En même tem
14971
a femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale de
l’
homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme »201. En même temps,
14972
tant l’égale de l’homme, elle ne peut donc être «
le
but de l’homme »201. En même temps, elle échappe à l’abaissement best
14973
égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but
de
l’homme »201. En même temps, elle échappe à l’abaissement bestial qui
14974
le de l’homme, elle ne peut donc être « le but de
l’
homme »201. En même temps, elle échappe à l’abaissement bestial qui tô
14975
ut de l’homme »201. En même temps, elle échappe à
l’
abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisation d
14976
happe à l’abaissement bestial qui tôt ou tard est
la
rançon d’une divinisation de la créature. Mais cette égalité ne doit
14977
abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon
d’
une divinisation de la créature. Mais cette égalité ne doit pas être e
14978
qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisation
de
la créature. Mais cette égalité ne doit pas être entendue au sens mod
14979
i tôt ou tard est la rançon d’une divinisation de
la
créature. Mais cette égalité ne doit pas être entendue au sens modern
14980
moderne et revendicateur. Elle procède du mystère
de
l’amour. Elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Ag
14981
erne et revendicateur. Elle procède du mystère de
l’
amour. Elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Agapè
14982
lle procède du mystère de l’amour. Elle n’est que
le
signe et la démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car l’amour r
14983
du mystère de l’amour. Elle n’est que le signe et
la
démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car l’amour réellement ré
14984
’est que le signe et la démonstration du triomphe
d’
Agapè sur Éros. Car l’amour réellement réciproque exige et crée l’égal
14985
a démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car
l’
amour réellement réciproque exige et crée l’égalité de ceux qui s’aime
14986
. Car l’amour réellement réciproque exige et crée
l’
égalité de ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’homme en
14987
our réellement réciproque exige et crée l’égalité
de
ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’homme en exigeant
14988
ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour
l’
homme en exigeant que l’homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’ho
14989
manifeste son amour pour l’homme en exigeant que
l’
homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne de son amou
14990
t que l’homme soit saint comme Dieu est saint. Et
l’
homme témoigne de son amour pour une femme en la traitant comme une pe
14991
t saint comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne
de
son amour pour une femme en la traitant comme une personne humaine to
14992
t l’homme témoigne de son amour pour une femme en
la
traitant comme une personne humaine totale, — non comme une fée de la
14993
une personne humaine totale, — non comme une fée
de
la légende, mi-déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons de c
14994
e personne humaine totale, — non comme une fée de
la
légende, mi-déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons de ces
14995
déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons
de
ces prémisses générales à la psychologie la plus concrète de la relat
14996
sexe. Mais remontons de ces prémisses générales à
la
psychologie la plus concrète de la relation des égaux. L’exercice de
14997
ntons de ces prémisses générales à la psychologie
la
plus concrète de la relation des égaux. L’exercice de la fidélité env
14998
isses générales à la psychologie la plus concrète
de
la relation des égaux. L’exercice de la fidélité envers une femme acc
14999
es générales à la psychologie la plus concrète de
la
relation des égaux. L’exercice de la fidélité envers une femme accout
15000
ologie la plus concrète de la relation des égaux.
L’
exercice de la fidélité envers une femme accoutume à considérer les au
15001
lus concrète de la relation des égaux. L’exercice
de
la fidélité envers une femme accoutume à considérer les autres femmes
15002
concrète de la relation des égaux. L’exercice de
la
fidélité envers une femme accoutume à considérer les autres femmes d’
15003
fidélité envers une femme accoutume à considérer
les
autres femmes d’une manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde d
15004
ne femme accoutume à considérer les autres femmes
d’
une manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde de l’Éros : comme
15005
e manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde
de
l’Éros : comme des personnes, non plus comme des reflets ou des objet
15006
anière tout à fait nouvelle, inconnue du monde de
l’
Éros : comme des personnes, non plus comme des reflets ou des objets.
15007
xercice spirituel » développe des facultés neuves
de
jugement, de possession de soi et de respect202. Au contraire de l’ho
15008
tuel » développe des facultés neuves de jugement,
de
possession de soi et de respect202. Au contraire de l’homme érotique,
15009
pe des facultés neuves de jugement, de possession
de
soi et de respect202. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de la
15010
ultés neuves de jugement, de possession de soi et
de
respect202. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de la fidélité
15011
ssession de soi et de respect202. Au contraire de
l’
homme érotique, l’homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une
15012
de respect202. Au contraire de l’homme érotique,
l’
homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement c
15013
ect202. Au contraire de l’homme érotique, l’homme
de
la fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement ce corps
15014
202. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de
la
fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement ce corps int
15015
sion fascinante, mais il pressent, à peine tenté,
le
mystère difficile et grave d’une existence autonome, étrangère, d’une
15016
ent, à peine tenté, le mystère difficile et grave
d’
une existence autonome, étrangère, d’une vie totale dont il n’a désiré
15017
ile et grave d’une existence autonome, étrangère,
d’
une vie totale dont il n’a désiré vraiment qu’un illusoire ou fugitif
15018
ct, projeté peut-être par sa seule rêverie. Ainsi
la
tentation se dissipe, déconcertée, au lieu de se faire obsédante, et
15019
e, déconcertée, au lieu de se faire obsédante, et
la
fidélité se garantit par la lucidité qu’elle développe. L’empire du m
15020
e faire obsédante, et la fidélité se garantit par
la
lucidité qu’elle développe. L’empire du mythe faiblit d’autant ; et s
15021
té se garantit par la lucidité qu’elle développe.
L’
empire du mythe faiblit d’autant ; et s’il reste improbable qu’il s’ab
15022
dité qu’elle développe. L’empire du mythe faiblit
d’
autant ; et s’il reste improbable qu’il s’abolisse jamais sans laisser
15023
e improbable qu’il s’abolisse jamais sans laisser
de
traces dans le cœur d’un homme moderne, intoxiqué d’images, — du moin
15024
’il s’abolisse jamais sans laisser de traces dans
le
cœur d’un homme moderne, intoxiqué d’images, — du moins perd-il son e
15025
olisse jamais sans laisser de traces dans le cœur
d’
un homme moderne, intoxiqué d’images, — du moins perd-il son efficace
15026
traces dans le cœur d’un homme moderne, intoxiqué
d’
images, — du moins perd-il son efficace : ce n’est plus lui qui déterm
15027
il son efficace : ce n’est plus lui qui détermine
la
personne. En d’autres termes, on pourrait dire que la fidélité se gar
15028
ersonne. En d’autres termes, on pourrait dire que
la
fidélité se garantit elle-même contre l’infidélité du simple fait qu’
15029
dire que la fidélité se garantit elle-même contre
l’
infidélité du simple fait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir e
15030
du simple fait qu’elle habitue à ne plus séparer
le
désir et l’amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour es
15031
ait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir et
l’
amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour est lent et di
15032
tue à ne plus séparer le désir et l’amour. Car si
le
désir va vite et n’importe où, l’amour est lent et difficile, il enga
15033
l’amour. Car si le désir va vite et n’importe où,
l’
amour est lent et difficile, il engage vraiment toute une vie, et il n
15034
agement pour révéler sa vérité. Et c’est pourquoi
l’
homme qui croit au mariage ne peut plus croire sérieusement au « coup
15035
eusement au « coup de foudre », et encore moins à
la
« fatalité » de la passion. Le « coup de foudre » est sans doute une
15036
up de foudre », et encore moins à la « fatalité »
de
la passion. Le « coup de foudre » est sans doute une légende accrédit
15037
de foudre », et encore moins à la « fatalité » de
la
passion. Le « coup de foudre » est sans doute une légende accréditée
15038
et encore moins à la « fatalité » de la passion.
Le
« coup de foudre » est sans doute une légende accréditée par Don Juan
15039
doute une légende accréditée par Don Juan, comme
la
« fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excuse et alib
15040
de accréditée par Don Juan, comme la « fatalité »
de
la passion est accréditée par Tristan. Excuse et alibi qui ne peuvent
15041
accréditée par Don Juan, comme la « fatalité » de
la
passion est accréditée par Tristan. Excuse et alibi qui ne peuvent tr
15042
rompé, parce qu’il y trouve son intérêt ; figures
de
rhétorique romanesque, et acceptables à ce titre, mais qu’il serait a
15043
ables à ce titre, mais qu’il serait assez absurde
de
confondre avec des vérités psychologiques. Notre analyse du mythe nou
15044
Notre analyse du mythe nous a fait voir pourquoi
l’
on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce
15045
ythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à
la
fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui
15046
pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est
l’
alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, j
15047
i l’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi
de
la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y ét
15048
’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de
la
culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais
15049
la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis
la
faute, je n’y étais pas, c’est cette puissance fatale qui agissait en
15050
ce de ma personne. » Pieux mensonge203 du servant
d’
Éros. Mais de combien de complaisances secrètes se compose une « fatal
15051
onne. » Pieux mensonge203 du servant d’Éros. Mais
de
combien de complaisances secrètes se compose une « fatalité » ! Quant
15052
ux mensonge203 du servant d’Éros. Mais de combien
de
complaisances secrètes se compose une « fatalité » ! Quant au coup de
15053
! Quant au coup de foudre, il est censé justifier
les
écarts de Don Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preu
15054
coup de foudre, il est censé justifier les écarts
de
Don Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une t
15055
est censé justifier les écarts de Don Juan. Toute
la
littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puissante natur
15056
n Juan. Toute la littérature nous engage à y voir
la
preuve d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’homme des c
15057
ute la littérature nous engage à y voir la preuve
d’
une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’homme des coups de fo
15058
d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan,
l’
homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte
15059
nte nature sensuelle. Don Juan, l’homme des coups
de
foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de su
15060
nsuelle. Don Juan, l’homme des coups de foudre et
de
la vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe
15061
elle. Don Juan, l’homme des coups de foudre et de
la
vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’u
15062
oudre et de la vie « orageuse », serait une sorte
de
surhomme, de surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine l
15063
a vie « orageuse », serait une sorte de surhomme,
de
surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine les contingenc
15064
, serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe
d’
une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mais a
15065
le. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine
les
contingences morales. Mais alors, on peut être certain qu’un pareil m
15066
s, on peut être certain qu’un pareil mythe est né
de
la rêverie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don Juan est
15067
on peut être certain qu’un pareil mythe est né de
la
rêverie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don Juan est bie
15068
st né de la rêverie des impuissants. Et en effet,
la
conduite de Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexue
15069
rêverie des impuissants. Et en effet, la conduite
de
Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est d
15070
n effet, la conduite de Don Juan est bien typique
d’
une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’état de fatigue général
15071
ue d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans
l’
état de fatigue générale, et sexuellement localisée, que le corps se v
15072
e certaine déficience sexuelle. C’est dans l’état
de
fatigue générale, et sexuellement localisée, que le corps se voit por
15073
fatigue générale, et sexuellement localisée, que
le
corps se voit porté à ces brusques écarts, comparables aux calembours
15074
iots. Par contre, dans un état normal du corps et
de
l’esprit, le risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il appa
15075
s. Par contre, dans un état normal du corps et de
l’
esprit, le risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaî
15076
tre, dans un état normal du corps et de l’esprit,
le
risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi qu
15077
un état normal du corps et de l’esprit, le risque
de
coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi que la monog
15078
dre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi que
la
monogamie, normalisant les rapports sexuels, est la meilleure garanti
15079
. Il apparaît ainsi que la monogamie, normalisant
les
rapports sexuels, est la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire
15080
monogamie, normalisant les rapports sexuels, est
la
meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire de l’Éros purement charne
15081
st la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire
de
l’Éros purement charnel, et non du tout divinisé204. ⁂ On objecte alo
15082
la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire de
l’
Éros purement charnel, et non du tout divinisé204. ⁂ On objecte alors
15083
t non du tout divinisé204. ⁂ On objecte alors que
le
mariage ne serait plus que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est enco
15084
n objecte alors que le mariage ne serait plus que
le
« tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qu
15085
rs que le mariage ne serait plus que le « tombeau
de
l’amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fai
15086
que le mariage ne serait plus que le « tombeau de
l’
amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait c
15087
que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore
le
mythe, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de
15088
is c’est encore le mythe, naturellement, qui nous
le
fait croire, avec son obsession de l’amour contrarié. Il serait plus
15089
ment, qui nous le fait croire, avec son obsession
de
l’amour contrarié. Il serait plus vrai de dire après M. Croce que « l
15090
t, qui nous le fait croire, avec son obsession de
l’
amour contrarié. Il serait plus vrai de dire après M. Croce que « le m
15091
session de l’amour contrarié. Il serait plus vrai
de
dire après M. Croce que « le mariage est le tombeau de l’amour sauvag
15092
Il serait plus vrai de dire après M. Croce que «
le
mariage est le tombeau de l’amour sauvage »205 (et plus communément d
15093
vrai de dire après M. Croce que « le mariage est
le
tombeau de l’amour sauvage »205 (et plus communément du sentimentalis
15094
re après M. Croce que « le mariage est le tombeau
de
l’amour sauvage »205 (et plus communément du sentimentalisme). L’amou
15095
après M. Croce que « le mariage est le tombeau de
l’
amour sauvage »205 (et plus communément du sentimentalisme). L’amour s
15096
ge »205 (et plus communément du sentimentalisme).
L’
amour sauvage et naturel se manifeste par le viol, preuve d’amour chez
15097
sme). L’amour sauvage et naturel se manifeste par
le
viol, preuve d’amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la p
15098
uvage et naturel se manifeste par le viol, preuve
d’
amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle
15099
e manifeste par le viol, preuve d’amour chez tous
les
barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que l’homme n’est
15100
viol, preuve d’amour chez tous les barbares. Mais
le
viol, comme la polygamie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesu
15101
amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme
la
polygamie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesure de concevoir
15102
res. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que
l’
homme n’est pas encore en mesure de concevoir la réalité de la personn
15103
ie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesure
de
concevoir la réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire
15104
e l’homme n’est pas encore en mesure de concevoir
la
réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait
15105
’est pas encore en mesure de concevoir la réalité
de
la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore
15106
t pas encore en mesure de concevoir la réalité de
la
personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore ai
15107
esure de concevoir la réalité de la personne chez
la
femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et l
15108
C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer.
Le
viol et la polygamie privent la femme de sa qualité d’égale — en la r
15109
t dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et
la
polygamie privent la femme de sa qualité d’égale — en la réduisant à
15110
pas encore aimer. Le viol et la polygamie privent
la
femme de sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sau
15111
e aimer. Le viol et la polygamie privent la femme
de
sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépe
15112
ol et la polygamie privent la femme de sa qualité
d’
égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise les
15113
gamie privent la femme de sa qualité d’égale — en
la
réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise les relations hu
15114
sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe.
L’
amour sauvage dépersonnalise les relations humaines. Par contre, l’hom
15115
uisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise
les
relations humaines. Par contre, l’homme qui se domine, ce n’est pas f
15116
épersonnalise les relations humaines. Par contre,
l’
homme qui se domine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens de tem
15117
omine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens
de
tempérament) mais c’est qu’il aime, justement, et qu’en vertu de cet
15118
justement, et qu’en vertu de cet amour, il refuse
de
s’imposer, il se refuse à une violence qui nie et détruit la personne
15119
r, il se refuse à une violence qui nie et détruit
la
personne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord le bien de l’autre. Son
15120
t la personne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord
le
bien de l’autre. Son égoïsme passe par l’autre. On admettra que c’est
15121
sonne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord le bien
de
l’autre. Son égoïsme passe par l’autre. On admettra que c’est une rév
15122
on sérieuse. Et nous pourrons maintenant dépasser
la
formule toute négative et privative de Croce, et définir enfin le mar
15123
t dépasser la formule toute négative et privative
de
Croce, et définir enfin le mariage comme cette institution qui contie
15124
négative et privative de Croce, et définir enfin
le
mariage comme cette institution qui contient la passion non plus par
15125
n le mariage comme cette institution qui contient
la
passion non plus par la morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes
15126
institution qui contient la passion non plus par
la
morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes de l’Occident Ces que
15127
tient la passion non plus par la morale, mais par
l’
amour. 6.Les paradoxes de l’Occident Ces quelques remarques sur
15128
r la morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes
de
l’Occident Ces quelques remarques sur la passion et le mariage met
15129
a morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes de
l’
Occident Ces quelques remarques sur la passion et le mariage metten
15130
doxes de l’Occident Ces quelques remarques sur
la
passion et le mariage mettent en lumière l’opposition fondamentale de
15131
ident Ces quelques remarques sur la passion et
le
mariage mettent en lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et de
15132
s sur la passion et le mariage mettent en lumière
l’
opposition fondamentale de l’Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux
15133
iage mettent en lumière l’opposition fondamentale
de
l’Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputen
15134
e mettent en lumière l’opposition fondamentale de
l’
Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent n
15135
en lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et
de
l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent notre Occid
15136
lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et de
l’
Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent notre Occident
15137
s deux religions qui se disputent notre Occident.
La
connaissance de ce conflit, de ses origines historiques et psychologi
15138
qui se disputent notre Occident. La connaissance
de
ce conflit, de ses origines historiques et psychologiques, de son enj
15139
nt notre Occident. La connaissance de ce conflit,
de
ses origines historiques et psychologiques, de son enjeu spirituel, m
15140
t, de ses origines historiques et psychologiques,
de
son enjeu spirituel, me paraît devoir entraîner la révision d’un cert
15141
e son enjeu spirituel, me paraît devoir entraîner
la
révision d’un certain nombre de jugements courants, dans le domaine d
15142
spirituel, me paraît devoir entraîner la révision
d’
un certain nombre de jugements courants, dans le domaine de l’éthique
15143
devoir entraîner la révision d’un certain nombre
de
jugements courants, dans le domaine de l’éthique d’abord, mais aussi
15144
n d’un certain nombre de jugements courants, dans
le
domaine de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et
15145
ain nombre de jugements courants, dans le domaine
de
l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philo
15146
nombre de jugements courants, dans le domaine de
l’
éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philosop
15147
maine de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui
de
la culture et de sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira
15148
ne de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de
la
culture et de sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira san
15149
e d’abord, mais aussi dans celui de la culture et
de
sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira sans doute de dég
15150
elui de la culture et de sa philosophie. Au terme
de
cet ouvrage, il suffira sans doute de dégager le principe de correcti
15151
e. Au terme de cet ouvrage, il suffira sans doute
de
dégager le principe de correction que nos recherches sur la passion p
15152
de cet ouvrage, il suffira sans doute de dégager
le
principe de correction que nos recherches sur la passion peuvent étab
15153
age, il suffira sans doute de dégager le principe
de
correction que nos recherches sur la passion peuvent établir. ⁂ Les O
15154
le principe de correction que nos recherches sur
la
passion peuvent établir. ⁂ Les Orientaux caractérisent l’Europe par l
15155
nos recherches sur la passion peuvent établir. ⁂
Les
Orientaux caractérisent l’Europe par l’importance qu’elle donne aux f
15156
on peuvent établir. ⁂ Les Orientaux caractérisent
l’
Europe par l’importance qu’elle donne aux forces passionnelles. Ils y
15157
ablir. ⁂ Les Orientaux caractérisent l’Europe par
l’
importance qu’elle donne aux forces passionnelles. Ils y voient l’héri
15158
elle donne aux forces passionnelles. Ils y voient
l’
héritage du christianisme et le secret de notre dynamisme. Et il est v
15159
lles. Ils y voient l’héritage du christianisme et
le
secret de notre dynamisme. Et il est vrai que ces trois termes : chri
15160
y voient l’héritage du christianisme et le secret
de
notre dynamisme. Et il est vrai que ces trois termes : christianisme,
15161
namisme, correspondent aux trois traits dominants
de
la psyché occidentale. De là vient l’impression d’évidence qu’entraîn
15162
isme, correspondent aux trois traits dominants de
la
psyché occidentale. De là vient l’impression d’évidence qu’entraînent
15163
trois traits dominants de la psyché occidentale.
De
là vient l’impression d’évidence qu’entraînent de pareils jugements.
15164
s dominants de la psyché occidentale. De là vient
l’
impression d’évidence qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, s
15165
e la psyché occidentale. De là vient l’impression
d’
évidence qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, si les conclus
15166
De là vient l’impression d’évidence qu’entraînent
de
pareils jugements. Cependant, si les conclusions de notre examen du m
15167
qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, si
les
conclusions de notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra
15168
pareils jugements. Cependant, si les conclusions
de
notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra corriger sensib
15169
justes, il faudra corriger sensiblement ce schéma
de
l’Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui
15170
tes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de
l’
Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui a
15171
l’Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas
le
christianisme qui a fait naître la passion, mais c’est une hérésie d’
15172
: ce n’est pas le christianisme qui a fait naître
la
passion, mais c’est une hérésie d’origine orientale. Cette hérésie s’
15173
a fait naître la passion, mais c’est une hérésie
d’
origine orientale. Cette hérésie s’est répandue d’abord dans les contr
15174
entale. Cette hérésie s’est répandue d’abord dans
les
contrées les moins christianisées, précisément, là où les religions p
15175
hérésie s’est répandue d’abord dans les contrées
les
moins christianisées, précisément, là où les religions païennes menai
15176
rées les moins christianisées, précisément, là où
les
religions païennes menaient encore une vie secrète. L’amour-passion n
15177
ligions païennes menaient encore une vie secrète.
L’
amour-passion n’est pas l’amour chrétien, ni même le « sous-produit du
15178
encore une vie secrète. L’amour-passion n’est pas
l’
amour chrétien, ni même le « sous-produit du christianisme » ou le « c
15179
amour-passion n’est pas l’amour chrétien, ni même
le
« sous-produit du christianisme » ou le « changement d’adresse d’une
15180
, ni même le « sous-produit du christianisme » ou
le
« changement d’adresse d’une force que le christianisme a réveillée e
15181
ous-produit du christianisme » ou le « changement
d’
adresse d’une force que le christianisme a réveillée et orientée vers
15182
t du christianisme » ou le « changement d’adresse
d’
une force que le christianisme a réveillée et orientée vers Dieu »206.
15183
me » ou le « changement d’adresse d’une force que
le
christianisme a réveillée et orientée vers Dieu »206. Il est plutôt l
15184
veillée et orientée vers Dieu »206. Il est plutôt
le
sous-produit de la religion manichéenne. Plus exactement, il est né d
15185
tée vers Dieu »206. Il est plutôt le sous-produit
de
la religion manichéenne. Plus exactement, il est né de la complicité
15186
vers Dieu »206. Il est plutôt le sous-produit de
la
religion manichéenne. Plus exactement, il est né de la complicité de
15187
religion manichéenne. Plus exactement, il est né
de
la complicité de cette religion avec nos plus vieilles croyances, et
15188
ligion manichéenne. Plus exactement, il est né de
la
complicité de cette religion avec nos plus vieilles croyances, et du
15189
enne. Plus exactement, il est né de la complicité
de
cette religion avec nos plus vieilles croyances, et du conflit de l’h
15190
n avec nos plus vieilles croyances, et du conflit
de
l’hérésie qui en résulta avec l’orthodoxie chrétienne. Première corre
15191
vec nos plus vieilles croyances, et du conflit de
l’
hérésie qui en résulta avec l’orthodoxie chrétienne. Première correcti
15192
s, et du conflit de l’hérésie qui en résulta avec
l’
orthodoxie chrétienne. Première correction d’importance. Ensuite, il e
15193
avec l’orthodoxie chrétienne. Première correction
d’
importance. Ensuite, il est urgent de rappeler que le fameux « dynamis
15194
e correction d’importance. Ensuite, il est urgent
de
rappeler que le fameux « dynamisme occidental » procède de deux sourc
15195
mportance. Ensuite, il est urgent de rappeler que
le
fameux « dynamisme occidental » procède de deux sources distinctes. S
15196
er que le fameux « dynamisme occidental » procède
de
deux sources distinctes. Si c’est notre délire guerrier que l’on ente
15197
es distinctes. Si c’est notre délire guerrier que
l’
on entend désigner par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache de la
15198
ner par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache
de
la manière la plus précise, historiquement, à la passion. Comme la pa
15199
par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache de
la
manière la plus précise, historiquement, à la passion. Comme la passi
15200
me, nous avons vu qu’il se rattache de la manière
la
plus précise, historiquement, à la passion. Comme la passion, le goût
15201
de la manière la plus précise, historiquement, à
la
passion. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’une concept
15202
plus précise, historiquement, à la passion. Comme
la
passion, le goût de la guerre procède d’une conception de la vie arde
15203
, historiquement, à la passion. Comme la passion,
le
goût de la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est
15204
iquement, à la passion. Comme la passion, le goût
de
la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masqu
15205
ement, à la passion. Comme la passion, le goût de
la
guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masque d
15206
n. Comme la passion, le goût de la guerre procède
d’
une conception de la vie ardente qui est un masque du désir de mort. D
15207
on, le goût de la guerre procède d’une conception
de
la vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti,
15208
le goût de la guerre procède d’une conception de
la
vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti, et
15209
tion de la vie ardente qui est un masque du désir
de
mort. Dynamisme inverti, et autodestructeur. Mais l’autre aspect du d
15210
chnique, ne saurait être un seul instant ramené à
la
passion. L’attitude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de la
15211
saurait être un seul instant ramené à la passion.
L’
attitude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de la passion : c
15212
à la passion. L’attitude humaine qu’il révèle est
l’
antithèse exacte de la passion : c’est une affirmation de la valeur de
15213
itude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte
de
la passion : c’est une affirmation de la valeur des choses créées, de
15214
de humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de
la
passion : c’est une affirmation de la valeur des choses créées, de la
15215
hèse exacte de la passion : c’est une affirmation
de
la valeur des choses créées, de la matière, et une application de l’e
15216
e exacte de la passion : c’est une affirmation de
la
valeur des choses créées, de la matière, et une application de l’espr
15217
t une affirmation de la valeur des choses créées,
de
la matière, et une application de l’esprit au monde visible. La passi
15218
ne affirmation de la valeur des choses créées, de
la
matière, et une application de l’esprit au monde visible. La passion
15219
choses créées, de la matière, et une application
de
l’esprit au monde visible. La passion ni la foi hérétique dont elle e
15220
oses créées, de la matière, et une application de
l’
esprit au monde visible. La passion ni la foi hérétique dont elle est
15221
et une application de l’esprit au monde visible.
La
passion ni la foi hérétique dont elle est née ne sauraient proposer c
15222
ation de l’esprit au monde visible. La passion ni
la
foi hérétique dont elle est née ne sauraient proposer comme but à not
15223
t née ne sauraient proposer comme but à notre vie
la
maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction origine
15224
raient proposer comme but à notre vie la maîtrise
de
la Nature, puisque c’est là le but et la fonction originelle du Démiu
15225
ent proposer comme but à notre vie la maîtrise de
la
Nature, puisque c’est là le but et la fonction originelle du Démiurge
15226
re vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là
le
but et la fonction originelle du Démiurge, et puisque le salut est ju
15227
maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et
la
fonction originelle du Démiurge, et puisque le salut est justement d’
15228
et la fonction originelle du Démiurge, et puisque
le
salut est justement d’échapper à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à
15229
le du Démiurge, et puisque le salut est justement
d’
échapper à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à la source de cet aspec
15230
d’échapper à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à
la
source de cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sorte d
15231
à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à la source
de
cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sorte de tempéram
15232
niaque207. Faut-il voir à la source de cet aspect
le
plus réel de l’activisme européen une sorte de tempérament continenta
15233
ut-il voir à la source de cet aspect le plus réel
de
l’activisme européen une sorte de tempérament continental ? Ou quelqu
15234
il voir à la source de cet aspect le plus réel de
l’
activisme européen une sorte de tempérament continental ? Ou quelque i
15235
ct le plus réel de l’activisme européen une sorte
de
tempérament continental ? Ou quelque influence indirecte de l’ambitio
15236
ment continental ? Ou quelque influence indirecte
de
l’ambition chrétienne définie par l’Apôtre (Romains, 8), et qui tendr
15237
t continental ? Ou quelque influence indirecte de
l’
ambition chrétienne définie par l’Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait
15238
ce indirecte de l’ambition chrétienne définie par
l’
Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait à restaurer le Cosmos dans sa loi
15239
’Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait à restaurer
le
Cosmos dans sa loi primitive, troublée par le péché ? La volonté chré
15240
rer le Cosmos dans sa loi primitive, troublée par
le
péché ? La volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme
15241
os dans sa loi primitive, troublée par le péché ?
La
volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme et dans sa
15242
ve, troublée par le péché ? La volonté chrétienne
de
transformer le pécheur dans son âme et dans sa conduite a entraîné en
15243
r le péché ? La volonté chrétienne de transformer
le
pécheur dans son âme et dans sa conduite a entraîné en Occident l’idé
15244
on âme et dans sa conduite a entraîné en Occident
l’
idée de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution),
15245
et dans sa conduite a entraîné en Occident l’idée
de
transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’i
15246
uite a entraîné en Occident l’idée de transformer
le
milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée de transfor
15247
Occident l’idée de transformer le milieu humain (
d’
où le mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu natu
15248
dent l’idée de transformer le milieu humain (d’où
le
mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (
15249
ée de transformer le milieu humain (d’où le mythe
de
la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où la t
15250
de transformer le milieu humain (d’où le mythe de
la
révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où la tech
15251
ilieu humain (d’où le mythe de la révolution), et
l’
idée de transformer le milieu naturel (d’où la technique). Reste à sav
15252
umain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée
de
transformer le milieu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si
15253
mythe de la révolution), et l’idée de transformer
le
milieu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si le christianism
15254
ion), et l’idée de transformer le milieu naturel (
d’
où la technique). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par le
15255
et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où
la
technique). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par les Ind
15256
eu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si
le
christianisme, accueilli par les Indes ou la Chine, y eût produit les
15257
Reste à savoir si le christianisme, accueilli par
les
Indes ou la Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais la réponse n’
15258
r si le christianisme, accueilli par les Indes ou
la
Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais la réponse n’importe pas
15259
ccueilli par les Indes ou la Chine, y eût produit
les
mêmes effets. Mais la réponse n’importe pas ici : il nous suffit de m
15260
ou la Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais
la
réponse n’importe pas ici : il nous suffit de marquer que les élément
15261
ais la réponse n’importe pas ici : il nous suffit
de
marquer que les éléments occidentaux-chrétiens (c’est-à-dire créateur
15262
n’importe pas ici : il nous suffit de marquer que
les
éléments occidentaux-chrétiens (c’est-à-dire créateurs) du dynamisme
15263
ntés par une volonté exactement contraire à celle
de
la passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de f
15264
s par une volonté exactement contraire à celle de
la
passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de fait
15265
qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit
de
fait une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est la collusion d
15266
ce qui a introduit de fait une fatale erreur dans
l’
activisme moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre génie t
15267
une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est
la
collusion de la guerre et de notre génie technique. À partir de la Ré
15268
reur dans l’activisme moderne, c’est la collusion
de
la guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la
15269
r dans l’activisme moderne, c’est la collusion de
la
guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la gue
15270
visme moderne, c’est la collusion de la guerre et
de
notre génie technique. À partir de la Révolution, la guerre devenant
15271
a guerre et de notre génie technique. À partir de
la
Révolution, la guerre devenant « nationale » exige la collaboration d
15272
notre génie technique. À partir de la Révolution,
la
guerre devenant « nationale » exige la collaboration de toutes les fo
15273
évolution, la guerre devenant « nationale » exige
la
collaboration de toutes les forces créatrices, et en particulier de l
15274
rre devenant « nationale » exige la collaboration
de
toutes les forces créatrices, et en particulier de la technique. C’es
15275
nt « nationale » exige la collaboration de toutes
les
forces créatrices, et en particulier de la technique. C’est alors la
15276
e toutes les forces créatrices, et en particulier
de
la technique. C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir le pr
15277
outes les forces créatrices, et en particulier de
la
technique. C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir le princ
15278
s, et en particulier de la technique. C’est alors
la
passion (guerrière) qui va devenir le principal moteur de la recherch
15279
C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir
le
principal moteur de la recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 19
15280
on (guerrière) qui va devenir le principal moteur
de
la recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 1915. Mais cette union
15281
(guerrière) qui va devenir le principal moteur de
la
recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 1915. Mais cette union to
15282
e principal moteur de la recherche mécanique : on
l’
a bien vu depuis 1915. Mais cette union tout à fait monstrueuse des fo
15283
is cette union tout à fait monstrueuse des forces
de
mort et des forces créatrices va dénaturer à la fois la guerre et le
15284
t et des forces créatrices va dénaturer à la fois
la
guerre et le génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion,
15285
es créatrices va dénaturer à la fois la guerre et
le
génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion, et la techniq
15286
aturer à la fois la guerre et le génie technique.
La
guerre mécanisée évacue la passion, et la technique en devenant morte
15287
et le génie technique. La guerre mécanisée évacue
la
passion, et la technique en devenant mortelle, trahit les ambitions d
15288
hnique. La guerre mécanisée évacue la passion, et
la
technique en devenant mortelle, trahit les ambitions dont elle est né
15289
ion, et la technique en devenant mortelle, trahit
les
ambitions dont elle est née. Il se peut que l’Occident succombe à ce
15290
t les ambitions dont elle est née. Il se peut que
l’
Occident succombe à ce destin qu’il s’est forgé. Mais il est clair que
15291
l s’est forgé. Mais il est clair que ce n’est pas
le
christianisme — comme le répètent tant de publicistes — qui est respo
15292
t clair que ce n’est pas le christianisme — comme
le
répètent tant de publicistes — qui est responsable de la catastrophe.
15293
épètent tant de publicistes — qui est responsable
de
la catastrophe. L’esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrét
15294
tent tant de publicistes — qui est responsable de
la
catastrophe. L’esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrétien
15295
licistes — qui est responsable de la catastrophe.
L’
esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrétien208. Il est tout
15296
nsable de la catastrophe. L’esprit catastrophique
de
l’Occident n’est pas chrétien208. Il est tout au contraire manichéen.
15297
ble de la catastrophe. L’esprit catastrophique de
l’
Occident n’est pas chrétien208. Il est tout au contraire manichéen. C’
15298
st ce qu’ignorent communément ceux qui assimilent
le
christianisme et l’Occident, comme si tout l’Occident était chrétien.
15299
mmunément ceux qui assimilent le christianisme et
l’
Occident, comme si tout l’Occident était chrétien. Si donc l’Europe su
15300
ent le christianisme et l’Occident, comme si tout
l’
Occident était chrétien. Si donc l’Europe succombe à son mauvais génie
15301
comme si tout l’Occident était chrétien. Si donc
l’
Europe succombe à son mauvais génie, ce sera pour avoir trop longtemps
15302
génie, ce sera pour avoir trop longtemps cultivé
la
religion para ou même antichrétienne de la passion. ⁂ Faut-il conclur
15303
s cultivé la religion para ou même antichrétienne
de
la passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait la tentation ori
15304
ultivé la religion para ou même antichrétienne de
la
passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait la tentation orient
15305
ichrétienne de la passion. ⁂ Faut-il conclure que
la
passion serait la tentation orientale de l’Occident ? S’il est vrai q
15306
passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait
la
tentation orientale de l’Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est dé
15307
lure que la passion serait la tentation orientale
de
l’Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est développée dans notre his
15308
e que la passion serait la tentation orientale de
l’
Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est développée dans notre histoi
15309
s qu’à partir des xiie et xiiie siècles, et par
l’
impulsion décisive de l’hérésie méridionale, il apparaît que c’est du
15310
e et xiiie siècles, et par l’impulsion décisive
de
l’hérésie méridionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de l
15311
et xiiie siècles, et par l’impulsion décisive de
l’
hérésie méridionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de l’Ir
15312
ionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et
de
l’Iran, sources certaines de l’hérésie, que nous sont venues nos « mo
15313
ale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de
l’
Iran, sources certaines de l’hérésie, que nous sont venues nos « morte
15314
du Proche-Orient et de l’Iran, sources certaines
de
l’hérésie, que nous sont venues nos « mortelles » croyances. Mais dir
15315
Proche-Orient et de l’Iran, sources certaines de
l’
hérésie, que nous sont venues nos « mortelles » croyances. Mais dira-t
15316
dira-t-on, ces mêmes croyances n’ont pas produit
les
mêmes effets parmi les peuples de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont p
15317
royances n’ont pas produit les mêmes effets parmi
les
peuples de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obs
15318
nt pas produit les mêmes effets parmi les peuples
de
l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ai
15319
pas produit les mêmes effets parmi les peuples de
l’
Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ainsi
15320
s de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé
les
mêmes obstacles. Ainsi notre chance dramatique est d’avoir résisté à
15321
mes obstacles. Ainsi notre chance dramatique est
d’
avoir résisté à la passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Tel
15322
nsi notre chance dramatique est d’avoir résisté à
la
passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut la tentatio
15323
résisté à la passion par des moyens prédestinés à
l’
exalter. Telle fut la tentation permanente d’où jaillirent nos plus be
15324
par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut
la
tentation permanente d’où jaillirent nos plus belles créations. Mais
15325
és à l’exalter. Telle fut la tentation permanente
d’
où jaillirent nos plus belles créations. Mais ce qui produit la vie pr
15326
nt nos plus belles créations. Mais ce qui produit
la
vie produit aussi la mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que
15327
éations. Mais ce qui produit la vie produit aussi
la
mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que le dynamisme change
15328
mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que
le
dynamisme change de signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude r
15329
un accent se déplace pour que le dynamisme change
de
signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude religieuse des Occide
15330
me change de signe. ⁂ C’est en fin de compte dans
l’
attitude religieuse des Occidentaux, et dans l’institution la plus typ
15331
ns l’attitude religieuse des Occidentaux, et dans
l’
institution la plus typique de leur morale : le mariage, qu’il sera dé
15332
religieuse des Occidentaux, et dans l’institution
la
plus typique de leur morale : le mariage, qu’il sera désormais possib
15333
ccidentaux, et dans l’institution la plus typique
de
leur morale : le mariage, qu’il sera désormais possible de repérer av
15334
ns l’institution la plus typique de leur morale :
le
mariage, qu’il sera désormais possible de repérer avec assez de préci
15335
orale : le mariage, qu’il sera désormais possible
de
repérer avec assez de précision ce déplacement d’accent dont tout dép
15336
’il sera désormais possible de repérer avec assez
de
précision ce déplacement d’accent dont tout dépend. Il est certain qu
15337
de repérer avec assez de précision ce déplacement
d’
accent dont tout dépend. Il est certain que l’Occidental christianisé
15338
ent d’accent dont tout dépend. Il est certain que
l’
Occidental christianisé se distingue profondément de l’Oriental par so
15339
Occidental christianisé se distingue profondément
de
l’Oriental par son pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a
15340
idental christianisé se distingue profondément de
l’
Oriental par son pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a de
15341
tingue profondément de l’Oriental par son pouvoir
d’
approfondir l’être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le
15342
ément de l’Oriental par son pouvoir d’approfondir
l’
être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret de notr
15343
pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a
de
particulier. C’est tout le secret de notre fidélité. La sagesse orien
15344
e créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout
le
secret de notre fidélité. La sagesse orientale cherche la connaissanc
15345
s ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret
de
notre fidélité. La sagesse orientale cherche la connaissance dans l’a
15346
ticulier. C’est tout le secret de notre fidélité.
La
sagesse orientale cherche la connaissance dans l’abolition progressiv
15347
t de notre fidélité. La sagesse orientale cherche
la
connaissance dans l’abolition progressive du divers. Nous, nous cherc
15348
La sagesse orientale cherche la connaissance dans
l’
abolition progressive du divers. Nous, nous cherchons la densité de l’
15349
ition progressive du divers. Nous, nous cherchons
la
densité de l’être dans la personne distincte, sans cesse approfondie
15350
essive du divers. Nous, nous cherchons la densité
de
l’être dans la personne distincte, sans cesse approfondie comme telle
15351
ive du divers. Nous, nous cherchons la densité de
l’
être dans la personne distincte, sans cesse approfondie comme telle. «
15352
s. Nous, nous cherchons la densité de l’être dans
la
personne distincte, sans cesse approfondie comme telle. « D’autant pl
15353
distincte, sans cesse approfondie comme telle. «
D’
autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus n
15354
die comme telle. « D’autant plus nous connaissons
les
choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu », dit Spin
15355
t plus nous connaissons les choses particulières,
d’
autant plus nous connaissons Dieu », dit Spinoza. Cette attitude, qui
15356
, qui définit mon Occident, définit en même temps
les
conditions profondes de la fidélité, de la personne, du mariage, — et
15357
t, définit en même temps les conditions profondes
de
la fidélité, de la personne, du mariage, — et du refus de la passion.
15358
définit en même temps les conditions profondes de
la
fidélité, de la personne, du mariage, — et du refus de la passion. El
15359
me temps les conditions profondes de la fidélité,
de
la personne, du mariage, — et du refus de la passion. Elle suppose l’
15360
temps les conditions profondes de la fidélité, de
la
personne, du mariage, — et du refus de la passion. Elle suppose l’acc
15361
délité, de la personne, du mariage, — et du refus
de
la passion. Elle suppose l’acceptation du différent, et donc de l’inc
15362
ité, de la personne, du mariage, — et du refus de
la
passion. Elle suppose l’acceptation du différent, et donc de l’incomp
15363
ariage, — et du refus de la passion. Elle suppose
l’
acceptation du différent, et donc de l’incomplet, la prise sur le conc
15364
Elle suppose l’acceptation du différent, et donc
de
l’incomplet, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétie
15365
le suppose l’acceptation du différent, et donc de
l’
incomplet, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétien p
15366
acceptation du différent, et donc de l’incomplet,
la
prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétien prend le monde
15367
u différent, et donc de l’incomplet, la prise sur
le
concret dans ses limitations. Le chrétien prend le monde tel qu’il es
15368
et, la prise sur le concret dans ses limitations.
Le
chrétien prend le monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut le
15369
e concret dans ses limitations. Le chrétien prend
le
monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut le rêver. Son activi
15370
monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut
le
rêver. Son activité « créatrice » consiste alors à retrouver en profo
15371
» consiste alors à retrouver en profondeur toute
la
diversité du monde créé ; et c’est ainsi que la Renaissance définit l
15372
e la diversité du monde créé ; et c’est ainsi que
la
Renaissance définit l’homme : un microcosme. Tout ce qui détruit cett
15373
créé ; et c’est ainsi que la Renaissance définit
l’
homme : un microcosme. Tout ce qui détruit cette volonté centrale, ou
15374
it cette volonté centrale, ou en dévie, compromet
la
fidélité et donne des chances nouvelles à la passion. C’est notre vie
15375
omet la fidélité et donne des chances nouvelles à
la
passion. C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise mo
15376
C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi
la
crise moderne du mariage est le signe le moins trompeur d’une décaden
15377
Et c’est pourquoi la crise moderne du mariage est
le
signe le moins trompeur d’une décadence occidentale. Il en est d’autr
15378
pourquoi la crise moderne du mariage est le signe
le
moins trompeur d’une décadence occidentale. Il en est d’autres, certe
15379
moderne du mariage est le signe le moins trompeur
d’
une décadence occidentale. Il en est d’autres, certes, dans les domain
15380
nce occidentale. Il en est d’autres, certes, dans
les
domaines les plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion
15381
le. Il en est d’autres, certes, dans les domaines
les
plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’envahisse
15382
tres, certes, dans les domaines les plus divers :
le
culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de la cultur
15383
es domaines les plus divers : le culte du nombre,
la
poésie de l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions n
15384
s les plus divers : le culte du nombre, la poésie
de
l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalist
15385
es plus divers : le culte du nombre, la poésie de
l’
évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalistes
15386
ers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion,
l’
envahissement de la culture par les passions nationalistes : tout ce q
15387
u nombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement
de
la culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner
15388
ombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de
la
culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la
15389
e de l’évasion, l’envahissement de la culture par
les
passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la personne. Mais
15390
assions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner
la
personne. Mais ce sont là des phénomènes complexes et collectifs, qui
15391
, qui échappent souvent aux prises individuelles.
Le
signe de la crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun
15392
appent souvent aux prises individuelles. Le signe
de
la crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun n’est pl
15393
ent souvent aux prises individuelles. Le signe de
la
crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun n’est plus
15394
otidien, plus intimement vérifiable. 7.Au-delà
de
la tragédie Cet ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme
15395
dien, plus intimement vérifiable. 7.Au-delà de
la
tragédie Cet ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme le
15396
ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme
le
bilan d’une décadence : mythe dégradé, mariage en crise, formes et co
15397
à bien des égards, peut apparaître comme le bilan
d’
une décadence : mythe dégradé, mariage en crise, formes et conventions
15398
lire passionnel aux domaines où il peut entraîner
la
destruction de notre civilisation. Tout cela est, tout cela nous mena
15399
aux domaines où il peut entraîner la destruction
de
notre civilisation. Tout cela est, tout cela nous menace, et d’autant
15400
isation. Tout cela est, tout cela nous menace, et
d’
autant plus qu’on voudrait le nier. Cependant, à plusieurs reprises, l
15401
cela nous menace, et d’autant plus qu’on voudrait
le
nier. Cependant, à plusieurs reprises, la connaissance de ces périls
15402
oudrait le nier. Cependant, à plusieurs reprises,
la
connaissance de ces périls nous a fait entrevoir des possibilités de
15403
Cependant, à plusieurs reprises, la connaissance
de
ces périls nous a fait entrevoir des possibilités de les surmonter. P
15404
ces périls nous a fait entrevoir des possibilités
de
les surmonter. Par exemple, il se peut que l’Europe, après une crise
15405
périls nous a fait entrevoir des possibilités de
les
surmonter. Par exemple, il se peut que l’Europe, après une crise tota
15406
tés de les surmonter. Par exemple, il se peut que
l’
Europe, après une crise totalitaire (et supposé qu’elle n’y succombe p
15407
(et supposé qu’elle n’y succombe point), retrouve
le
sens d’une fidélité gagée au moins sur des institutions solides, à la
15408
osé qu’elle n’y succombe point), retrouve le sens
d’
une fidélité gagée au moins sur des institutions solides, à la mesure
15409
té gagée au moins sur des institutions solides, à
la
mesure de la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion p
15410
u moins sur des institutions solides, à la mesure
de
la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion provoquent
15411
oins sur des institutions solides, à la mesure de
la
personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion provoquent des
15412
lides, à la mesure de la personne. Il se peut que
les
excès mêmes de la passion provoquent des résistances, c’est-à-dire de
15413
re de la personne. Il se peut que les excès mêmes
de
la passion provoquent des résistances, c’est-à-dire des formes nouvel
15414
de la personne. Il se peut que les excès mêmes de
la
passion provoquent des résistances, c’est-à-dire des formes nouvelles
15415
ais après tout, n’est-ce pas encore une tentation
de
la passion que ce souci des lendemains qui obsède aujourd’hui tant de
15416
après tout, n’est-ce pas encore une tentation de
la
passion que ce souci des lendemains qui obsède aujourd’hui tant de fr
15417
ui tant de fronts ? Notre vie ne se joue pas dans
l’
au-delà temporel, mais dans les décisions toujours actuelles qui fonde
15418
ne se joue pas dans l’au-delà temporel, mais dans
les
décisions toujours actuelles qui fondent notre fidélité. Quoi qu’il a
15419
tre fidélité. Quoi qu’il arrive, heur ou malheur,
le
sort du monde nous importe bien moins que la connaissance de nos devo
15420
eur, le sort du monde nous importe bien moins que
la
connaissance de nos devoirs présents. Car « la figure de ce monde pas
15421
monde nous importe bien moins que la connaissance
de
nos devoirs présents. Car « la figure de ce monde passe », mais l’obé
15422
ue la connaissance de nos devoirs présents. Car «
la
figure de ce monde passe », mais l’obéissance est toujours hic et nun
15423
aissance de nos devoirs présents. Car « la figure
de
ce monde passe », mais l’obéissance est toujours hic et nunc, dans l’
15424
ésents. Car « la figure de ce monde passe », mais
l’
obéissance est toujours hic et nunc, dans l’acte de l’Éternel où notre
15425
mais l’obéissance est toujours hic et nunc, dans
l’
acte de l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexion
15426
’obéissance est toujours hic et nunc, dans l’acte
de
l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexions, amor
15427
éissance est toujours hic et nunc, dans l’acte de
l’
Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexions, amorcés
15428
l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes
de
réflexions, amorcés çà et là dans ces pages, pourront en constituer l
15429
s çà et là dans ces pages, pourront en constituer
la
conclusion ouverte. J’ai tenté de débrouiller certains problèmes posé
15430
t en constituer la conclusion ouverte. J’ai tenté
de
débrouiller certains problèmes posés en termes d’histoire et de psych
15431
certains problèmes posés en termes d’histoire et
de
psychologie : mais les constatations tout objectives auxquelles je me
15432
sés en termes d’histoire et de psychologie : mais
les
constatations tout objectives auxquelles je me suis vu conduit ne son
15433
le, et qui n’est pas toujours aussi simpliste que
le
dilemme passion-fidélité peut nous le faire croire. De fait, on ne co
15434
mpliste que le dilemme passion-fidélité peut nous
le
faire croire. De fait, on ne connaît jamais que les problèmes dont on
15435
lemme passion-fidélité peut nous le faire croire.
De
fait, on ne connaît jamais que les problèmes dont on pressent au moin
15436
e faire croire. De fait, on ne connaît jamais que
les
problèmes dont on pressent au moins la solution, le dépassement. Or l
15437
amais que les problèmes dont on pressent au moins
la
solution, le dépassement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne sa
15438
problèmes dont on pressent au moins la solution,
le
dépassement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la
15439
pressent au moins la solution, le dépassement. Or
le
moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple nég
15440
au moins la solution, le dépassement. Or le moyen
de
dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple négation de
15441
e moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être
la
pure et simple négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y ins
15442
ilemme ne saurait être la pure et simple négation
de
l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la
15443
e saurait être la pure et simple négation de l’un
de
ses termes. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion
15444
pure et simple négation de l’un de ses termes. Je
l’
ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion en principe, ce se
15445
es. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner
la
passion en principe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles de no
15446
ncipe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles
de
notre tension créatrice. De fait, cela n’est pas possible. Le philist
15447
primer l’un des pôles de notre tension créatrice.
De
fait, cela n’est pas possible. Le philistin qui « condamne » de la so
15448
sion créatrice. De fait, cela n’est pas possible.
Le
philistin qui « condamne » de la sorte et à priori toute passion, c’e
15449
n’est pas possible. Le philistin qui « condamne »
de
la sorte et à priori toute passion, c’est qu’il n’en a connu aucune,
15450
st pas possible. Le philistin qui « condamne » de
la
sorte et à priori toute passion, c’est qu’il n’en a connu aucune, et
15451
t qu’il est en deçà du conflit. Pour cet homme-là
le
seul progrès concevable est dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dir
15452
cet homme-là le seul progrès concevable est dans
la
crise de sa sécurité, c’est-à-dire dans le drame passionnel (Appendic
15453
e-là le seul progrès concevable est dans la crise
de
sa sécurité, c’est-à-dire dans le drame passionnel (Appendice 11). Ma
15454
t dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dire dans
le
drame passionnel (Appendice 11). Mais au-delà de la passion vécue jus
15455
le drame passionnel (Appendice 11). Mais au-delà
de
la passion vécue jusqu’à l’impasse mortelle, que pouvons-nous désorma
15456
drame passionnel (Appendice 11). Mais au-delà de
la
passion vécue jusqu’à l’impasse mortelle, que pouvons-nous désormais
15457
ice 11). Mais au-delà de la passion vécue jusqu’à
l’
impasse mortelle, que pouvons-nous désormais entrevoir ? Les deux thèm
15458
mortelle, que pouvons-nous désormais entrevoir ?
Les
deux thèmes que je vais esquisser indiquent deux voies de dépassement
15459
thèmes que je vais esquisser indiquent deux voies
de
dépassement, dans la ligne de cet ouvrage, mais au-delà du schématism
15460
quisser indiquent deux voies de dépassement, dans
la
ligne de cet ouvrage, mais au-delà du schématisme inhérent à tout exp
15461
ndiquent deux voies de dépassement, dans la ligne
de
cet ouvrage, mais au-delà du schématisme inhérent à tout exposé. ⁂ Le
15462
être situé par rapport à un drame personnel dont
les
données biographiques nous sont suffisamment connues. On sait que l’é
15463
iques nous sont suffisamment connues. On sait que
l’
événement qui devint pour Kierkegaard le point de départ de toute sa r
15464
sait que l’événement qui devint pour Kierkegaard
le
point de départ de toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançail
15465
l’événement qui devint pour Kierkegaard le point
de
départ de toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançailles avec
15466
nt qui devint pour Kierkegaard le point de départ
de
toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançailles avec Régine. La
15467
ard le point de départ de toute sa réflexion, fut
la
rupture de ses fiançailles avec Régine. La cause intime de cette rupt
15468
t de départ de toute sa réflexion, fut la rupture
de
ses fiançailles avec Régine. La cause intime de cette rupture nous de
15469
n, fut la rupture de ses fiançailles avec Régine.
La
cause intime de cette rupture nous demeure en partie mystérieuse209 :
15470
e de ses fiançailles avec Régine. La cause intime
de
cette rupture nous demeure en partie mystérieuse209 : c’est « le secr
15471
e nous demeure en partie mystérieuse209 : c’est «
le
secret » essentiellement impartageable et indicible, qui s’opposait a
15472
ux yeux de Kierkegaard à un mariage heureux selon
le
monde. Ici l’obstacle indispensable à la passion est d’une nature à t
15473
rkegaard à un mariage heureux selon le monde. Ici
l’
obstacle indispensable à la passion est d’une nature à tel point subje
15474
ux selon le monde. Ici l’obstacle indispensable à
la
passion est d’une nature à tel point subjective, singulière et incomp
15475
de. Ici l’obstacle indispensable à la passion est
d’
une nature à tel point subjective, singulière et incomparable, qu’on n
15476
e et incomparable, qu’on ne saurait en pressentir
la
gravité sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini
15477
ne saurait en pressentir la gravité sans invoquer
la
foi de Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini et pécheur ne saurait ent
15478
ait en pressentir la gravité sans invoquer la foi
de
Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini et pécheur ne saurait entretenir
15479
é sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon lui,
l’
homme fini et pécheur ne saurait entretenir avec son Dieu — qui est l’
15480
eur ne saurait entretenir avec son Dieu — qui est
l’
Éternel et le Saint — que des relations d’amour mortellement malheureu
15481
t entretenir avec son Dieu — qui est l’Éternel et
le
Saint — que des relations d’amour mortellement malheureux. « Dieu cré
15482
qui est l’Éternel et le Saint — que des relations
d’
amour mortellement malheureux. « Dieu crée tout ex nihilo » et celui q
15483
ui que Dieu élit par son amour, « il commence par
le
réduire à néant ». Du point de vue du monde et de la vie naturelle, D
15484
le réduire à néant ». Du point de vue du monde et
de
la vie naturelle, Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». No
15485
réduire à néant ». Du point de vue du monde et de
la
vie naturelle, Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». Nous
15486
e « mon ennemi mortel ». Nous nous heurtons ici à
l’
extrême limite, à l’origine pure de la passion, — mais du même coup no
15487
l ». Nous nous heurtons ici à l’extrême limite, à
l’
origine pure de la passion, — mais du même coup nous sommes jetés au c
15488
heurtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure
de
la passion, — mais du même coup nous sommes jetés au cœur même de la
15489
rtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure de
la
passion, — mais du même coup nous sommes jetés au cœur même de la foi
15490
mais du même coup nous sommes jetés au cœur même
de
la foi chrétienne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’am
15491
is du même coup nous sommes jetés au cœur même de
la
foi chrétienne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’amour
15492
ne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par
l’
amour infini, devra marcher maintenant et vivre dans le monde comme s’
15493
ur infini, devra marcher maintenant et vivre dans
le
monde comme s’il n’avait pas d’autre tâche ni plus urgente ni plus ha
15494
ant et vivre dans le monde comme s’il n’avait pas
d’
autre tâche ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier de la foi »,
15495
che ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier
de
la foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « i
15496
ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier de
la
foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « il r
15497
plus haute. Ce « chevalier de la foi », quand on
le
rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « il ressemble à un perce
15498
ier de la foi », quand on le rencontre, n’a l’air
de
rien de surhumain : « il ressemble à un percepteur » et se conduit co
15499
a foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien
de
surhumain : « il ressemble à un percepteur » et se conduit comme n’im
15500
infinie résignation, et s’il a tout ressaisi par
la
suite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait
15501
l a tout ressaisi par la suite, c’est en vertu de
l’
absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’in
15502
suite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire
de
la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’infini, mais avec une tell
15503
ite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire de
la
foi). Il fait sans cesse le saut dans l’infini, mais avec une telle c
15504
urde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse
le
saut dans l’infini, mais avec une telle correction et une telle certi
15505
-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans
l’
infini, mais avec une telle correction et une telle certitude qu’il re
15506
une telle certitude qu’il retombe sans cesse dans
le
fini, et qu’on ne remarque en lui rien que de fini »210… Ainsi l’extr
15507
ans le fini, et qu’on ne remarque en lui rien que
de
fini »210… Ainsi l’extrême de la passion, la mort d’amour, initie une
15508
n ne remarque en lui rien que de fini »210… Ainsi
l’
extrême de la passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la
15509
que en lui rien que de fini »210… Ainsi l’extrême
de
la passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion n
15510
en lui rien que de fini »210… Ainsi l’extrême de
la
passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne c
15511
que de fini »210… Ainsi l’extrême de la passion,
la
mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être
15512
fini »210… Ainsi l’extrême de la passion, la mort
d’
amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être présente
15513
ion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où
la
passion ne cesse d’être présente, mais sous l’incognito le plus jalou
15514
, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse
d’
être présente, mais sous l’incognito le plus jaloux : car elle est bie
15515
où la passion ne cesse d’être présente, mais sous
l’
incognito le plus jaloux : car elle est bien plus que royale, elle est
15516
n ne cesse d’être présente, mais sous l’incognito
le
plus jaloux : car elle est bien plus que royale, elle est divine. Et
15517
st bien plus que royale, elle est divine. Et dans
l’
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel qu
15518
s que royale, elle est divine. Et dans l’analogie
de
la foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’or
15519
ue royale, elle est divine. Et dans l’analogie de
la
foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’ordre
15520
e, elle est divine. Et dans l’analogie de la foi,
l’
on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’ordre où elle
15521
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que
la
passion — quel que soit l’ordre où elle se manifeste — ne trouve son
15522
ut alors concevoir que la passion — quel que soit
l’
ordre où elle se manifeste — ne trouve son au-delà réel, et son salut,
15523
au-delà réel, et son salut, que par cette action
d’
obéissance qui est la vie de fidélité. Vivre alors « comme tout le mon
15524
salut, que par cette action d’obéissance qui est
la
vie de fidélité. Vivre alors « comme tout le monde », mais « en vertu
15525
que par cette action d’obéissance qui est la vie
de
fidélité. Vivre alors « comme tout le monde », mais « en vertu de l’a
15526
alors « comme tout le monde », mais « en vertu de
l’
absurde », c’est une scandaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pa
15527
ndaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pas à
l’
absurde ; mais c’est plus qu’une synthèse, et infiniment plus et autre
15528
ion », pour qui croit que Dieu est fidèle, et que
l’
amour ne trompe jamais l’aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ress
15529
Dieu est fidèle, et que l’amour ne trompe jamais
l’
aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ressaisir » le monde fini que
15530
é. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ressaisir »
le
monde fini que dans la conscience de sa perte, infiniment féconde pou
15531
ne parvint à « ressaisir » le monde fini que dans
la
conscience de sa perte, infiniment féconde pour son génie ; il ne rec
15532
ressaisir » le monde fini que dans la conscience
de
sa perte, infiniment féconde pour son génie ; il ne recouvra pas Régi
15533
; il ne recouvra pas Régine, mais ne cessa jamais
de
l’aimer et de lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cett
15534
l ne recouvra pas Régine, mais ne cessa jamais de
l’
aimer et de lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cette œ
15535
ra pas Régine, mais ne cessa jamais de l’aimer et
de
lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cette œuvre était
15536
n œuvre. Et c’est peut-être que cette œuvre était
le
lieu de sa fidélité la plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que da
15537
Et c’est peut-être que cette œuvre était le lieu
de
sa fidélité la plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans la vo
15538
être que cette œuvre était le lieu de sa fidélité
la
plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans la vocation vraiment
15539
plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans
la
vocation vraiment unique du Solitaire, le secret de son échec humain
15540
ue dans la vocation vraiment unique du Solitaire,
le
secret de son échec humain ? D’autres reçoivent une autre vocation, é
15541
vocation vraiment unique du Solitaire, le secret
de
son échec humain ? D’autres reçoivent une autre vocation, épousent Ré
15542
reçoivent une autre vocation, épousent Régine, et
la
passion revit dans leur mariage, mais alors « en vertu de l’absurde »
15543
revit dans leur mariage, mais alors « en vertu de
l’
absurde ». Et ils s’étonnent chaque jour de leur bonheur. (Ces choses-
15544
rtu de l’absurde ». Et ils s’étonnent chaque jour
de
leur bonheur. (Ces choses-là sont trop simples et totales pour qu’un
15545
our qu’un discours vienne mettre ses délais entre
la
question qu’elles nous posent et la réponse de notre vie.) ⁂ Le secon
15546
délais entre la question qu’elles nous posent et
la
réponse de notre vie.) ⁂ Le second thème que j’esquisserai n’est peut
15547
re la question qu’elles nous posent et la réponse
de
notre vie.) ⁂ Le second thème que j’esquisserai n’est peut-être pas d
15548
econd thème que j’esquisserai n’est peut-être pas
d’
une nature essentiellement hétérogène. Peut-être même doit-il être con
15549
re conçu comme un aspect particulier du mouvement
de
retour de la passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’
15550
omme un aspect particulier du mouvement de retour
de
la passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension
15551
e un aspect particulier du mouvement de retour de
la
passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension spi
15552
ier du mouvement de retour de la passion, tel que
l’
a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension spirituelle qu’il nous
15553
assion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet
de
l’ascension spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus
15554
ion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de
l’
ascension spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus ar
15555
e l’ascension spirituelle qu’il nous raconte dans
le
langage de la plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît qu
15556
on spirituelle qu’il nous raconte dans le langage
de
la plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît que l’âme att
15557
spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de
la
plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît que l’âme attein
15558
dente passion, saint Jean de la Croix connaît que
l’
âme atteint un état de présence parfaite à l’objet aimant de l’amour,
15559
ean de la Croix connaît que l’âme atteint un état
de
présence parfaite à l’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomm
15560
que l’âme atteint un état de présence parfaite à
l’
objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique.
15561
int un état de présence parfaite à l’objet aimant
de
l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se compor
15562
un état de présence parfaite à l’objet aimant de
l’
amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se comporte
15563
’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme
le
mariage mystique. L’âme se comporte alors à l’endroit de son amour av
15564
our, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique.
L’
âme se comporte alors à l’endroit de son amour avec une sorte d’indiff
15565
rte alors à l’endroit de son amour avec une sorte
d’
indifférence quasi divine. Elle est au-delà du doute et de la distinct
15566
érence quasi divine. Elle est au-delà du doute et
de
la distinction ressentie comme un déchirement ; elle ne désire plus r
15567
nce quasi divine. Elle est au-delà du doute et de
la
distinction ressentie comme un déchirement ; elle ne désire plus rien
15568
son amour ne veuille, elle est une avec lui dans
la
dualité, qui n’est plus qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. Et l
15569
ui dans la dualité, qui n’est plus qu’un dialogue
de
grâce et d’obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit a
15570
ualité, qui n’est plus qu’un dialogue de grâce et
d’
obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit alors comblé
15571
plus qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. Et
le
désir de la plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l
15572
un dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir
de
la plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l’acte mêm
15573
dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir de
la
plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l’acte même d
15574
aute passion se voit alors comblé sans cesse dans
l’
acte même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni m
15575
se voit alors comblé sans cesse dans l’acte même
d’
obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni même de consc
15576
l’acte même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en
l’
âme de brûlure, ni même de conscience de l’amour, mais seulement la so
15577
même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme
de
brûlure, ni même de conscience de l’amour, mais seulement la sobriété
15578
rte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni même
de
conscience de l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir.
15579
t plus en l’âme de brûlure, ni même de conscience
de
l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analog
15580
lus en l’âme de brûlure, ni même de conscience de
l’
amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie
15581
ni même de conscience de l’amour, mais seulement
la
sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alo
15582
e de l’amour, mais seulement la sobriété heureuse
de
l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la p
15583
e l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de
l’
agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la pass
15584
is seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans
l’
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du m
15585
t la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie
de
la foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir
15586
a sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de
la
foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir d’
15587
té heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi,
l’
on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir d’union my
15588
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que
la
passion, née du mortel désir d’union mystique, ne saurait être dépass
15589
ors concevoir que la passion, née du mortel désir
d’
union mystique, ne saurait être dépassée et accomplie que par la renco
15590
ue, ne saurait être dépassée et accomplie que par
la
rencontre d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa pers
15591
t être dépassée et accomplie que par la rencontre
d’
un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout j
15592
et accomplie que par la rencontre d’un autre, par
l’
admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distincte,
15593
que par la rencontre d’un autre, par l’admission
de
sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distincte, mais qui of
15594
d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère,
de
sa personne à tout jamais distincte, mais qui offre une alliance sans
15595
liance sans fin, initiant un dialogue vrai. Alors
l’
angoisse comblée par la réponse, la nostalgie comblée par la présence
15596
nt un dialogue vrai. Alors l’angoisse comblée par
la
réponse, la nostalgie comblée par la présence cessent d’appeler un bo
15597
ue vrai. Alors l’angoisse comblée par la réponse,
la
nostalgie comblée par la présence cessent d’appeler un bonheur sensib
15598
comblée par la réponse, la nostalgie comblée par
la
présence cessent d’appeler un bonheur sensible, cessent de souffrir,
15599
nse, la nostalgie comblée par la présence cessent
d’
appeler un bonheur sensible, cessent de souffrir, acceptent notre jour
15600
ce cessent d’appeler un bonheur sensible, cessent
de
souffrir, acceptent notre jour. Et alors le mariage est possible. Nou
15601
ssent de souffrir, acceptent notre jour. Et alors
le
mariage est possible. Nous sommes deux dans le contentement. Une dern
15602
rs le mariage est possible. Nous sommes deux dans
le
contentement. Une dernière fois pourtant nous reprendrons un parti de
15603
dernière fois pourtant nous reprendrons un parti
de
sobriété. Les mariés ne sont pas des saints, et le péché n’est pas co
15604
s pourtant nous reprendrons un parti de sobriété.
Les
mariés ne sont pas des saints, et le péché n’est pas comme une erreur
15605
e sobriété. Les mariés ne sont pas des saints, et
le
péché n’est pas comme une erreur à laquelle on renoncerait un beau jo
15606
ité meilleure. Nous sommes sans fin ni cesse dans
le
combat de la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux pui
15607
ure. Nous sommes sans fin ni cesse dans le combat
de
la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux.
15608
. Nous sommes sans fin ni cesse dans le combat de
la
nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Ma
15609
sans fin ni cesse dans le combat de la nature et
de
la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais l’horizon
15610
ns fin ni cesse dans le combat de la nature et de
la
grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais l’horizon n’e
15611
Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais
l’
horizon n’est plus le même. Une fidélité gardée au Nom de ce qui ne ch
15612
alheureux puis heureux. Mais l’horizon n’est plus
le
même. Une fidélité gardée au Nom de ce qui ne change pas comme nous,
15613
on n’est plus le même. Une fidélité gardée au Nom
de
ce qui ne change pas comme nous, révèle peu à peu son mystère : c’est
15614
, révèle peu à peu son mystère : c’est qu’au-delà
de
la tragédie, il y a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à
15615
évèle peu à peu son mystère : c’est qu’au-delà de
la
tragédie, il y a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à l’
15616
’est qu’au-delà de la tragédie, il y a de nouveau
le
bonheur. Un bonheur qui ressemble à l’ancien, mais qui n’appartient p
15617
de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à
l’
ancien, mais qui n’appartient plus à la forme du monde, car c’est lui
15618
essemble à l’ancien, mais qui n’appartient plus à
la
forme du monde, car c’est lui qui transforme le monde. 21 février — 2
15619
à la forme du monde, car c’est lui qui transforme
le
monde. 21 février — 21 juin 1938. 196. Je m’en tiens au cas-limite
15620
21 juin 1938. 196. Je m’en tiens au cas-limite
de
Tristan. Il y a des cas de passion dans le mariage chrétien ; et des
15621
en tiens au cas-limite de Tristan. Il y a des cas
de
passion dans le mariage chrétien ; et des états de mariage dans la pa
15622
limite de Tristan. Il y a des cas de passion dans
le
mariage chrétien ; et des états de mariage dans la passion… 197. Plu
15623
e passion dans le mariage chrétien ; et des états
de
mariage dans la passion… 197. Plus on s’écarte de l’espèce pour se r
15624
e mariage chrétien ; et des états de mariage dans
la
passion… 197. Plus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher de la
15625
e mariage dans la passion… 197. Plus on s’écarte
de
l’espèce pour se rapprocher de la personne, plus le choix devient sin
15626
ariage dans la passion… 197. Plus on s’écarte de
l’
espèce pour se rapprocher de la personne, plus le choix devient singul
15627
. Plus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher
de
la personne, plus le choix devient singulier. À cette personnalisatio
15628
lus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher de
la
personne, plus le choix devient singulier. À cette personnalisation d
15629
l’espèce pour se rapprocher de la personne, plus
le
choix devient singulier. À cette personnalisation de l’être aimé corr
15630
choix devient singulier. À cette personnalisation
de
l’être aimé correspond d’ailleurs une spécification croissante de l’i
15631
ix devient singulier. À cette personnalisation de
l’
être aimé correspond d’ailleurs une spécification croissante de l’inst
15632
orrespond d’ailleurs une spécification croissante
de
l’instinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est l’argument du Dr
15633
espond d’ailleurs une spécification croissante de
l’
instinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est l’argument du Dr Ma
15634
cification croissante de l’instinct, à mesure que
l’
homme se virilise : c’est l’argument du Dr Marañon en faveur de la mon
15635
nstinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est
l’
argument du Dr Marañon en faveur de la monogamie. 198. La gauloiserie
15636
ise : c’est l’argument du Dr Marañon en faveur de
la
monogamie. 198. La gauloiserie n’étant pas moins que la passion une
15637
nt du Dr Marañon en faveur de la monogamie. 198.
La
gauloiserie n’étant pas moins que la passion une évasion hors du réel
15638
gamie. 198. La gauloiserie n’étant pas moins que
la
passion une évasion hors du réel, une façon de l’idéaliser. 199. J’e
15639
ue la passion une évasion hors du réel, une façon
de
l’idéaliser. 199. J’emploie ce terme au sens actif et littéral, par
15640
la passion une évasion hors du réel, une façon de
l’
idéaliser. 199. J’emploie ce terme au sens actif et littéral, par opp
15641
littéral, par opposition au sens devenu courant,
de
« préjugé », de « parti imité ». 200. Voir le remarquable essai de R
15642
pposition au sens devenu courant, de « préjugé »,
de
« parti imité ». 200. Voir le remarquable essai de R. de Pury, « Éro
15643
t, de « préjugé », de « parti imité ». 200. Voir
le
remarquable essai de R. de Pury, « Éros et Agapè », dans le recueil c
15644
« parti imité ». 200. Voir le remarquable essai
de
R. de Pury, « Éros et Agapè », dans le recueil collectif intitulé Pro
15645
able essai de R. de Pury, « Éros et Agapè », dans
le
recueil collectif intitulé Problèmes de la sexualité (collection « Pr
15646
è », dans le recueil collectif intitulé Problèmes
de
la sexualité (collection « Présences ») : « Un chrétien peut et doit
15647
, dans le recueil collectif intitulé Problèmes de
la
sexualité (collection « Présences ») : « Un chrétien peut et doit acc
15648
ement pas en tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas
le
péché ; le péché c’est la sublimation d’Éros. 201. Comme le croira c
15649
n tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas le péché ;
le
péché c’est la sublimation d’Éros. 201. Comme le croira cependant No
15650
sublimé. Éros n’est pas le péché ; le péché c’est
la
sublimation d’Éros. 201. Comme le croira cependant Novalis, renouvel
15651
’est pas le péché ; le péché c’est la sublimation
d’
Éros. 201. Comme le croira cependant Novalis, renouvelant la mystique
15652
le péché c’est la sublimation d’Éros. 201. Comme
le
croira cependant Novalis, renouvelant la mystique courtoise et les vi
15653
1. Comme le croira cependant Novalis, renouvelant
la
mystique courtoise et les vieilles traditions celtiques. 202. En quo
15654
ant Novalis, renouvelant la mystique courtoise et
les
vieilles traditions celtiques. 202. En quoi consiste le respect, au
15655
lles traditions celtiques. 202. En quoi consiste
le
respect, au sens où je le prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans
15656
202. En quoi consiste le respect, au sens où je
le
prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité d’une
15657
respect, au sens où je le prends ici ? En ce que
l’
on reconnaît dans un être la totalité d’une personne. La personne, sel
15658
rends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être
la
totalité d’une personne. La personne, selon la fameuse définition kan
15659
En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité
d’
une personne. La personne, selon la fameuse définition kantienne, c’es
15660
econnaît dans un être la totalité d’une personne.
La
personne, selon la fameuse définition kantienne, c’est ce qui ne peut
15661
re la totalité d’une personne. La personne, selon
la
fameuse définition kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par l
15662
kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par
l’
homme comme une chose, comme un instrument. 203. Sur la liaison absol
15663
e comme une chose, comme un instrument. 203. Sur
la
liaison absolument fondamentale de la passion et du mensonge, j’ai in
15664
ent. 203. Sur la liaison absolument fondamentale
de
la passion et du mensonge, j’ai insisté déjà pages 37 à 41 et page 15
15665
. 203. Sur la liaison absolument fondamentale de
la
passion et du mensonge, j’ai insisté déjà pages 37 à 41 et page 154.
15666
7 à 41 et page 154. 204. Je répète toutefois que
le
mariage ne saurait être fondé sur des « arguments » de ce genre. Il s
15667
riage ne saurait être fondé sur des « arguments »
de
ce genre. Il s’agit ici, simplement, d’un fait d’observation qui réfu
15668
guments » de ce genre. Il s’agit ici, simplement,
d’
un fait d’observation qui réfute les croyances courantes, nées du myth
15669
de ce genre. Il s’agit ici, simplement, d’un fait
d’
observation qui réfute les croyances courantes, nées du mythe de Trist
15670
i, simplement, d’un fait d’observation qui réfute
les
croyances courantes, nées du mythe de Tristan et de son négatif donju
15671
qui réfute les croyances courantes, nées du mythe
de
Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est tou
15672
croyances courantes, nées du mythe de Tristan et
de
son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est tout à fait ineff
15673
st tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère
le
mythe et veut croire aux révélations de la passion. 205. B. Croce,
15674
i préfère le mythe et veut croire aux révélations
de
la passion. 205. B. Croce, Etica e Politica. 206. Leo Ferrero, Dés
15675
réfère le mythe et veut croire aux révélations de
la
passion. 205. B. Croce, Etica e Politica. 206. Leo Ferrero, Désesp
15676
Etica e Politica. 206. Leo Ferrero, Désespoirs.
Le
problème de la passion est admirablement défini par ce petit livre da
15677
itica. 206. Leo Ferrero, Désespoirs. Le problème
de
la passion est admirablement défini par ce petit livre dans ses donné
15678
ca. 206. Leo Ferrero, Désespoirs. Le problème de
la
passion est admirablement défini par ce petit livre dans ses données
15679
dans ses données actuelles, psychologiques. (Voir
l’
Appendice 4.) 207. « L’idée antique du travail indigne de l’homme lib
15680
es, psychologiques. (Voir l’Appendice 4.) 207. «
L’
idée antique du travail indigne de l’homme libre se retrouve dans la c
15681
ice 4.) 207. « L’idée antique du travail indigne
de
l’homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne,
15682
4.) 207. « L’idée antique du travail indigne de
l’
homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne, His
15683
travail indigne de l’homme libre se retrouve dans
la
chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire de l’Europe, p. 113. Mais
15684
ns la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire
de
l’Europe, p. 113. Mais pour d’autres raisons, on le conçoit ! 208. I
15685
la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire de
l’
Europe, p. 113. Mais pour d’autres raisons, on le conçoit ! 208. Il y
15686
l’Europe, p. 113. Mais pour d’autres raisons, on
le
conçoit ! 208. Il y a l’Apocalypse, dira-t-on. Mais les catastrophes
15687
ur d’autres raisons, on le conçoit ! 208. Il y a
l’
Apocalypse, dira-t-on. Mais les catastrophes qu’elle annonce représent
15688
çoit ! 208. Il y a l’Apocalypse, dira-t-on. Mais
les
catastrophes qu’elle annonce représentent notre châtiment et non pas
15689
âtiment et non pas notre délivrance. Ce n’est pas
la
mort, la désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce f
15690
t non pas notre délivrance. Ce n’est pas la mort,
la
désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce fait par D
15691
Ce n’est pas la mort, la désincarnation, qui est
le
salut ; mais l’acte de la grâce fait par Dieu. 209. Malgré les tenta
15692
mort, la désincarnation, qui est le salut ; mais
l’
acte de la grâce fait par Dieu. 209. Malgré les tentatives multiples
15693
la désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte
de
la grâce fait par Dieu. 209. Malgré les tentatives multiples d’expli
15694
désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de
la
grâce fait par Dieu. 209. Malgré les tentatives multiples d’explicat
15695
is l’acte de la grâce fait par Dieu. 209. Malgré
les
tentatives multiples d’explication « modernes » — ô combien — par la
15696
t par Dieu. 209. Malgré les tentatives multiples
d’
explication « modernes » — ô combien — par la physiologie, la psychiat
15697
ples d’explication « modernes » — ô combien — par
la
physiologie, la psychiatrie, la psychanalyse en particulier. Aucune d
15698
on « modernes » — ô combien — par la physiologie,
la
psychiatrie, la psychanalyse en particulier. Aucune de ces explicatio
15699
— ô combien — par la physiologie, la psychiatrie,
la
psychanalyse en particulier. Aucune de ces explications ne me paraît
15700
ychiatrie, la psychanalyse en particulier. Aucune
de
ces explications ne me paraît rendre compte, le moins du monde, de la
15701
e de ces explications ne me paraît rendre compte,
le
moins du monde, de la singularité du cas. Elles s’appliqueraient auss
15702
ns ne me paraît rendre compte, le moins du monde,
de
la singularité du cas. Elles s’appliqueraient aussi bien à n’importe
15703
ne me paraît rendre compte, le moins du monde, de
la
singularité du cas. Elles s’appliqueraient aussi bien à n’importe que
15704
n. 210. Crainte et Tremblement, traduit d’après
la
version allemande de E. Geismar et R. Marx.
15705
Tremblement, traduit d’après la version allemande
de
E. Geismar et R. Marx.
15706
Appendices 1. – Caractère sacré
de
la légende Pour éviter tout malentendu, je préciserai ici que mon
15707
Appendices 1. – Caractère sacré de
la
légende Pour éviter tout malentendu, je préciserai ici que mon ana
15708
ndu, je préciserai ici que mon analyse se borne à
la
légende écrite de Tristan. C’est d’elle seule que je parle quand je p
15709
ici que mon analyse se borne à la légende écrite
de
Tristan. C’est d’elle seule que je parle quand je parle du mythe « pr
15710
se se borne à la légende écrite de Tristan. C’est
d’
elle seule que je parle quand je parle du mythe « primitif ». Il serai
15711
nd je parle du mythe « primitif ». Il serait aisé
de
se prévaloir du caractère sacré que certains auteurs du siècle dernie
15712
dernier ont cru pouvoir attribuer aux personnages
de
Tristan et d’Iseut (ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès le vi
15713
u pouvoir attribuer aux personnages de Tristan et
d’
Iseut (ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès le viie siècle, Tr
15714
ersonnages de Tristan et d’Iseut (ou Essylt) dans
la
mythologie celtique. Dès le viie siècle, Tristan aurait été un demi-
15715
seut (ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès
le
viie siècle, Tristan aurait été un demi-dieu, le héraut symbolique d
15716
le viie siècle, Tristan aurait été un demi-dieu,
le
héraut symbolique des mystères, le « gardien des marcassins sacrés »,
15717
un demi-dieu, le héraut symbolique des mystères,
le
« gardien des marcassins sacrés », c’est-à-dire des élèves des druide
15718
rés », c’est-à-dire des élèves des druides, rival
de
son oncle Markh, le roi-cheval, et amant d’Essylt, dont on a pu suppo
15719
des élèves des druides, rival de son oncle Markh,
le
roi-cheval, et amant d’Essylt, dont on a pu supposer que le nom signi
15720
rival de son oncle Markh, le roi-cheval, et amant
d’
Essylt, dont on a pu supposer que le nom signifiait « spectacle mystér
15721
val, et amant d’Essylt, dont on a pu supposer que
le
nom signifiait « spectacle mystérieux, objet de contemplation », fée
15722
e le nom signifiait « spectacle mystérieux, objet
de
contemplation », fée irlandaise, cavale aux crins blancs, ou encore f
15723
se, cavale aux crins blancs, ou encore figuration
de
l’eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux barde
15724
cavale aux crins blancs, ou encore figuration de
l’
eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes,
15725
e aux crins blancs, ou encore figuration de l’eau
de
la chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes, guérit
15726
ux crins blancs, ou encore figuration de l’eau de
la
chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes, guérit et
15727
cs, ou encore figuration de l’eau de la chaudière
de
Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes, guérit et ressuscite,
15728
de l’eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne
l’
inspiration aux bardes, guérit et ressuscite, c’est-à-dire élève l’ini
15729
bardes, guérit et ressuscite, c’est-à-dire élève
l’
initié à la vie de l’esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté.
15730
érit et ressuscite, c’est-à-dire élève l’initié à
la
vie de l’esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans les M
15731
ressuscite, c’est-à-dire élève l’initié à la vie
de
l’esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans les Mabinogi
15732
ssuscite, c’est-à-dire élève l’initié à la vie de
l’
esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans les Mabinogion,
15733
t. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans
les
Mabinogion, recueil des légendes galloises, on ne trouve que cette se
15734
trouve que cette seule indication très brève sur
la
légende originelle : « Drystan, fils de Tallwch, gardien des porcs de
15735
brève sur la légende originelle : « Drystan, fils
de
Tallwch, gardien des porcs de Markh, amant d’Essylt. » (C’est dans un
15736
e : « Drystan, fils de Tallwch, gardien des porcs
de
Markh, amant d’Essylt. » (C’est dans une énumération des amants fameu
15737
ils de Tallwch, gardien des porcs de Markh, amant
d’
Essylt. » (C’est dans une énumération des amants fameux de la Bretagne
15738
. » (C’est dans une énumération des amants fameux
de
la Bretagne.) On a voulu voir également dans la rivalité de Tristan e
15739
(C’est dans une énumération des amants fameux de
la
Bretagne.) On a voulu voir également dans la rivalité de Tristan et d
15740
x de la Bretagne.) On a voulu voir également dans
la
rivalité de Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre les Breto
15741
agne.) On a voulu voir également dans la rivalité
de
Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre les Bretons armoricai
15742
ulu voir également dans la rivalité de Tristan et
de
Marc le symbole de la lutte entre les Bretons armoricains et les Gall
15743
également dans la rivalité de Tristan et de Marc
le
symbole de la lutte entre les Bretons armoricains et les Gallo-Francs
15744
dans la rivalité de Tristan et de Marc le symbole
de
la lutte entre les Bretons armoricains et les Gallo-Francs. Il est in
15745
s la rivalité de Tristan et de Marc le symbole de
la
lutte entre les Bretons armoricains et les Gallo-Francs. Il est incon
15746
e Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre
les
Bretons armoricains et les Gallo-Francs. Il est incontestable que mai
15747
bole de la lutte entre les Bretons armoricains et
les
Gallo-Francs. Il est incontestable que maints éléments de la traditio
15748
-Francs. Il est incontestable que maints éléments
de
la tradition bardique (orale) sont incorporés dans la légende. (Cf. l
15749
ancs. Il est incontestable que maints éléments de
la
tradition bardique (orale) sont incorporés dans la légende. (Cf. livr
15750
a tradition bardique (orale) sont incorporés dans
la
légende. (Cf. livre II, chap. 11.) Mais il est non moins certain que
15751
st non moins certain que Béroul, Thomas, Eilhart,
l’
auteur du Roman en prose et celui de la Folie Tristan n’étaient pas in
15752
mas, Eilhart, l’auteur du Roman en prose et celui
de
la Folie Tristan n’étaient pas initiés à cette tradition. Ils ignorai
15753
, Eilhart, l’auteur du Roman en prose et celui de
la
Folie Tristan n’étaient pas initiés à cette tradition. Ils ignoraient
15754
ent pas initiés à cette tradition. Ils ignoraient
le
sens primitivement sacré et symbolique des personnages dont ils nous
15755
symbolique des personnages dont ils nous content
les
amours. Et les traces qui subsistent, dans leur texte, d’anciennes pr
15756
personnages dont ils nous content les amours. Et
les
traces qui subsistent, dans leur texte, d’anciennes pratiques de magi
15757
s. Et les traces qui subsistent, dans leur texte,
d’
anciennes pratiques de magie montrent bien que l’usage de ces dernière
15758
ubsistent, dans leur texte, d’anciennes pratiques
de
magie montrent bien que l’usage de ces dernières est oublié ; à l’épo
15759
d’anciennes pratiques de magie montrent bien que
l’
usage de ces dernières est oublié ; à l’époque et dans les pays où ils
15760
nnes pratiques de magie montrent bien que l’usage
de
ces dernières est oublié ; à l’époque et dans les pays où ils écriven
15761
bien que l’usage de ces dernières est oublié ; à
l’
époque et dans les pays où ils écrivent. Tout cela n’est plus qu’ornem
15762
de ces dernières est oublié ; à l’époque et dans
les
pays où ils écrivent. Tout cela n’est plus qu’ornements d’art, pittor
15763
ù ils écrivent. Tout cela n’est plus qu’ornements
d’
art, pittoresque, anecdotes interprétées par la fantaisie individuelle
15764
ts d’art, pittoresque, anecdotes interprétées par
la
fantaisie individuelle du poète. Les faits que nous décrit l’auteur d
15765
erprétées par la fantaisie individuelle du poète.
Les
faits que nous décrit l’auteur de la Folie Tristan étaient sans doute
15766
individuelle du poète. Les faits que nous décrit
l’
auteur de la Folie Tristan étaient sans doute à l’origine tout autre c
15767
elle du poète. Les faits que nous décrit l’auteur
de
la Folie Tristan étaient sans doute à l’origine tout autre chose qu’u
15768
e du poète. Les faits que nous décrit l’auteur de
la
Folie Tristan étaient sans doute à l’origine tout autre chose qu’une
15769
l’auteur de la Folie Tristan étaient sans doute à
l’
origine tout autre chose qu’une suite d’extravagances. Chaque parole e
15770
s doute à l’origine tout autre chose qu’une suite
d’
extravagances. Chaque parole et chaque geste du héros devaient corresp
15771
devaient correspondre à des symboles déterminés.
La
maison de verre par exemple, dans laquelle Tristan fou veut emmener I
15772
correspondre à des symboles déterminés. La maison
de
verre par exemple, dans laquelle Tristan fou veut emmener Iseut, étai
15773
quelle Tristan fou veut emmener Iseut, était dans
la
mythologie druidique le vaisseau de la mort qui s’en va par-delà les
15774
emmener Iseut, était dans la mythologie druidique
le
vaisseau de la mort qui s’en va par-delà les nuages jusqu’au cercle c
15775
t, était dans la mythologie druidique le vaisseau
de
la mort qui s’en va par-delà les nuages jusqu’au cercle céleste du Gw
15776
était dans la mythologie druidique le vaisseau de
la
mort qui s’en va par-delà les nuages jusqu’au cercle céleste du Gwynf
15777
dique le vaisseau de la mort qui s’en va par-delà
les
nuages jusqu’au cercle céleste du Gwynfyd. Dans la Folie Tristan, la
15778
s nuages jusqu’au cercle céleste du Gwynfyd. Dans
la
Folie Tristan, la maison de verre n’est plus qu’une image émouvante n
15779
cercle céleste du Gwynfyd. Dans la Folie Tristan,
la
maison de verre n’est plus qu’une image émouvante née de la fantaisie
15780
este du Gwynfyd. Dans la Folie Tristan, la maison
de
verre n’est plus qu’une image émouvante née de la fantaisie poétique
15781
on de verre n’est plus qu’une image émouvante née
de
la fantaisie poétique de l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ
15782
de verre n’est plus qu’une image émouvante née de
la
fantaisie poétique de l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ de
15783
’une image émouvante née de la fantaisie poétique
de
l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ de Tristan pour la Bretag
15784
e image émouvante née de la fantaisie poétique de
l’
amoureux. De même, chez Thomas, le départ de Tristan pour la Bretagne
15785
sie poétique de l’amoureux. De même, chez Thomas,
le
départ de Tristan pour la Bretagne n’a plus aucun sens « historique »
15786
ue de l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ
de
Tristan pour la Bretagne n’a plus aucun sens « historique » défini ;
15787
. De même, chez Thomas, le départ de Tristan pour
la
Bretagne n’a plus aucun sens « historique » défini ; etc. C’est pour
15788
ons que je ne tiens compte, dans mon analyse, que
de
la légende rédigée, et réinventée quant au sens, par les poètes du xi
15789
que je ne tiens compte, dans mon analyse, que de
la
légende rédigée, et réinventée quant au sens, par les poètes du xiie
15790
légende rédigée, et réinventée quant au sens, par
les
poètes du xiie siècle : elle seule agit encore sur nous, en tant que
15791
lle seule agit encore sur nous, en tant que mythe
de
l’amour-passion. 2. – Chevalerie sacrée La pensée médiévale en
15792
seule agit encore sur nous, en tant que mythe de
l’
amour-passion. 2. – Chevalerie sacrée La pensée médiévale en gé
15793
de l’amour-passion. 2. – Chevalerie sacrée
La
pensée médiévale en général est saturée de conceptions religieuses. D
15794
ée La pensée médiévale en général est saturée
de
conceptions religieuses. De la même manière, dans une sphère plus res
15795
n général est saturée de conceptions religieuses.
De
la même manière, dans une sphère plus restreinte, la pensée de tous c
15796
énéral est saturée de conceptions religieuses. De
la
même manière, dans une sphère plus restreinte, la pensée de tous ceux
15797
la même manière, dans une sphère plus restreinte,
la
pensée de tous ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de la n
15798
nière, dans une sphère plus restreinte, la pensée
de
tous ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de la noblesse es
15799
estreinte, la pensée de tous ceux qui vivent dans
les
cercles de la cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevale
15800
a pensée de tous ceux qui vivent dans les cercles
de
la cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cet
15801
ensée de tous ceux qui vivent dans les cercles de
la
cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cette
15802
us ceux qui vivent dans les cercles de la cour et
de
la noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cette conception
15803
ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de
la
noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cette conception env
15804
ercles de la cour et de la noblesse est imprégnée
de
l’idéal chevaleresque. Cette conception envahit même le domaine de la
15805
les de la cour et de la noblesse est imprégnée de
l’
idéal chevaleresque. Cette conception envahit même le domaine de la re
15806
déal chevaleresque. Cette conception envahit même
le
domaine de la religion : la prouesse de l’archange saint Michel était
15807
eresque. Cette conception envahit même le domaine
de
la religion : la prouesse de l’archange saint Michel était « la premi
15808
sque. Cette conception envahit même le domaine de
la
religion : la prouesse de l’archange saint Michel était « la première
15809
nception envahit même le domaine de la religion :
la
prouesse de l’archange saint Michel était « la première milicie et pr
15810
ahit même le domaine de la religion : la prouesse
de
l’archange saint Michel était « la première milicie et prouesse cheva
15811
t même le domaine de la religion : la prouesse de
l’
archange saint Michel était « la première milicie et prouesse chevaleu
15812
ureuse qui oncques fut mise en exploict » ; c’est
de
là que procède la chevalerie qui, en tant que « milicie terrienne et
15813
fut mise en exploict » ; c’est de là que procède
la
chevalerie qui, en tant que « milicie terrienne et chevalerie humaine
15814
ne imitation des chœurs des anges autour du trône
de
Dieu. Le poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce de sacrement
15815
ion des chœurs des anges autour du trône de Dieu.
Le
poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce de sacrement, qu’il c
15816
r du trône de Dieu. Le poète espagnol Juan Manuel
l’
appelle une espèce de sacrement, qu’il compare au Baptême et au Mariag
15817
e poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce
de
sacrement, qu’il compare au Baptême et au Mariage. (J. Huizinga : le
15818
compare au Baptême et au Mariage. (J. Huizinga :
le
Déclin du Moyen Âge, p. 78.) La conception chevaleresque constituait
15819
. (J. Huizinga : le Déclin du Moyen Âge, p. 78.)
La
conception chevaleresque constituait pour l’esprit superficiel de ces
15820
8.) La conception chevaleresque constituait pour
l’
esprit superficiel de ces auteurs [Froissart, Monstrelet, Chastellain,
15821
evaleresque constituait pour l’esprit superficiel
de
ces auteurs [Froissart, Monstrelet, Chastellain, La Marche…] une clef
15822
ces auteurs [Froissart, Monstrelet, Chastellain,
La
Marche…] une clef magique à l’aide de laquelle ils s’expliquaient les
15823
f magique à l’aide de laquelle ils s’expliquaient
les
événements contemporains. En réalité, les guerres, tout comme la poli
15824
quaient les événements contemporains. En réalité,
les
guerres, tout comme la politique de leur temps, étaient extrêmement i
15825
ontemporains. En réalité, les guerres, tout comme
la
politique de leur temps, étaient extrêmement informes, et apparemment
15826
En réalité, les guerres, tout comme la politique
de
leur temps, étaient extrêmement informes, et apparemment incohérentes
15827
xtrêmement informes, et apparemment incohérentes.
La
guerre était un état chronique d’escarmouches isolées s’étendant sur
15828
t incohérentes. La guerre était un état chronique
d’
escarmouches isolées s’étendant sur un vaste domaine ; la diplomatie,
15829
mouches isolées s’étendant sur un vaste domaine ;
la
diplomatie, un instrument compliqué et défectueux, dominé d’une part
15830
es, et d’autre part, par un ensemble inextricable
de
questions de droit isolées et mesquines. L’histoire, n’étant pas en m
15831
e part, par un ensemble inextricable de questions
de
droit isolées et mesquines. L’histoire, n’étant pas en mesure de disc
15832
cable de questions de droit isolées et mesquines.
L’
histoire, n’étant pas en mesure de discerner un réel développement soc
15833
s et mesquines. L’histoire, n’étant pas en mesure
de
discerner un réel développement social, se servait de la fiction de l
15834
iscerner un réel développement social, se servait
de
la fiction de l’idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisa
15835
erner un réel développement social, se servait de
la
fiction de l’idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait
15836
el développement social, se servait de la fiction
de
l’idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait le monde au
15837
développement social, se servait de la fiction de
l’
idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait le monde aux p
15838
chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait
le
monde aux proportions d’une belle image d’honneur princier et de vert
15839
laquelle elle réduisait le monde aux proportions
d’
une belle image d’honneur princier et de vertu courtoise, et créait l’
15840
uisait le monde aux proportions d’une belle image
d’
honneur princier et de vertu courtoise, et créait l’illusion de l’ordr
15841
oportions d’une belle image d’honneur princier et
de
vertu courtoise, et créait l’illusion de l’ordre. (Ibid., p. 80.)
15842
honneur princier et de vertu courtoise, et créait
l’
illusion de l’ordre. (Ibid., p. 80.) 3. – Chansons de geste et rom
15843
ncier et de vertu courtoise, et créait l’illusion
de
l’ordre. (Ibid., p. 80.) 3. – Chansons de geste et romans courtoi
15844
er et de vertu courtoise, et créait l’illusion de
l’
ordre. (Ibid., p. 80.) 3. – Chansons de geste et romans courtois
15845
ion de l’ordre. (Ibid., p. 80.) 3. – Chansons
de
geste et romans courtois Les chansons de geste sont nées au xie s
15846
3. – Chansons de geste et romans courtois
Les
chansons de geste sont nées au xie siècle, et pas avant, comme l’a m
15847
nsons de geste et romans courtois Les chansons
de
geste sont nées au xie siècle, et pas avant, comme l’a montré Joseph
15848
ste sont nées au xie siècle, et pas avant, comme
l’
a montré Joseph Bédier. Elles furent composées, pour la plupart, par d
15849
orte des poèmes publicitaires, destinés à attirer
la
gloire et la foule à tel pèlerinage ou abbaye en magnifiant ses reliq
15850
es publicitaires, destinés à attirer la gloire et
la
foule à tel pèlerinage ou abbaye en magnifiant ses reliques miraculeu
15851
ondateurs. Il est compréhensible que ces chansons
de
clercs parlent très peu ou point d’amour. Une seule, la Légende de Gi
15852
ces chansons de clercs parlent très peu ou point
d’
amour. Une seule, la Légende de Girard de Roussillon (composée entre 1
15853
rcs parlent très peu ou point d’amour. Une seule,
la
Légende de Girard de Roussillon (composée entre 1150 et 1180 selon Bé
15854
très peu ou point d’amour. Une seule, la Légende
de
Girard de Roussillon (composée entre 1150 et 1180 selon Bédier) conti
15855
e 1150 et 1180 selon Bédier) contient une épisode
d’
amour courtois. Elle est écrite dans un dialecte intermédiaire entre l
15856
e est écrite dans un dialecte intermédiaire entre
le
français et le provençal. À tous égards, elle marque la transition de
15857
ns un dialecte intermédiaire entre le français et
le
provençal. À tous égards, elle marque la transition de l’épopée franç
15858
nçais et le provençal. À tous égards, elle marque
la
transition de l’épopée française au « roman » proprement dit. L’épiso
15859
ovençal. À tous égards, elle marque la transition
de
l’épopée française au « roman » proprement dit. L’épisode d’amour nou
15860
nçal. À tous égards, elle marque la transition de
l’
épopée française au « roman » proprement dit. L’épisode d’amour nous i
15861
e l’épopée française au « roman » proprement dit.
L’
épisode d’amour nous intéresse d’autant plus qu’il décrit une situatio
15862
française au « roman » proprement dit. L’épisode
d’
amour nous intéresse d’autant plus qu’il décrit une situation fort ana
15863
proprement dit. L’épisode d’amour nous intéresse
d’
autant plus qu’il décrit une situation fort analogue — dans sa forme —
15864
fort analogue — dans sa forme — à celle du Roman
de
Tristan. Or il est évident que cette situation ne peut être qu’une in
15865
e invention courtoise (elle tranche nettement sur
le
reste de la légende qui est cléricale et féodale). Cette analogie ave
15866
on courtoise (elle tranche nettement sur le reste
de
la légende qui est cléricale et féodale). Cette analogie avec Tristan
15867
courtoise (elle tranche nettement sur le reste de
la
légende qui est cléricale et féodale). Cette analogie avec Tristan no
15868
avec Tristan nous donne un repère pour apprécier
la
transformation que les Béroul et les Thomas firent subir au vieux myt
15869
ne un repère pour apprécier la transformation que
les
Béroul et les Thomas firent subir au vieux mythe celtique. Elle nous
15870
our apprécier la transformation que les Béroul et
les
Thomas firent subir au vieux mythe celtique. Elle nous permet de mesu
15871
t subir au vieux mythe celtique. Elle nous permet
de
mesurer l’influence décisive de l’amour courtois sur les auteurs du c
15872
vieux mythe celtique. Elle nous permet de mesurer
l’
influence décisive de l’amour courtois sur les auteurs du cycle breton
15873
Elle nous permet de mesurer l’influence décisive
de
l’amour courtois sur les auteurs du cycle breton. Voici la donnée : l
15874
le nous permet de mesurer l’influence décisive de
l’
amour courtois sur les auteurs du cycle breton. Voici la donnée : le d
15875
urer l’influence décisive de l’amour courtois sur
les
auteurs du cycle breton. Voici la donnée : le duc Girard de Roussillo
15876
r courtois sur les auteurs du cycle breton. Voici
la
donnée : le duc Girard de Roussillon a été quérir une fiancée pour Ch
15877
ur les auteurs du cycle breton. Voici la donnée :
le
duc Girard de Roussillon a été quérir une fiancée pour Charles le Cha
15878
mpagné du pape, il va à Constantinople demander à
l’
empereur ses deux filles : l’aînée, Berthe, épousera Charles, la cadet
15879
antinople demander à l’empereur ses deux filles :
l’
aînée, Berthe, épousera Charles, la cadette, Elissent, sera la femme d
15880
deux filles : l’aînée, Berthe, épousera Charles,
la
cadette, Elissent, sera la femme de Girard. Lorsque Charles voit les
15881
the, épousera Charles, la cadette, Elissent, sera
la
femme de Girard. Lorsque Charles voit les deux princesses, il s’épren
15882
sera Charles, la cadette, Elissent, sera la femme
de
Girard. Lorsque Charles voit les deux princesses, il s’éprend d’Eliss
15883
nt, sera la femme de Girard. Lorsque Charles voit
les
deux princesses, il s’éprend d’Elissent, déjà fiancée à Girard. Après
15884
que Charles voit les deux princesses, il s’éprend
d’
Elissent, déjà fiancée à Girard. Après un long débat, Girard consent à
15885
consent à céder Elissent, à condition qu’il cesse
d’
être vassal du roi. Il épouse Berthe, tandis qu’Elissent devient reine
15886
the, tandis qu’Elissent devient reine. Au jour où
les
deux couples se séparent, Girard prend à part deux témoins, ainsi que
15887
part deux témoins, ainsi que Berthe sa femme, et
la
reine. Femme de roi, dit-il, que pensez-vous de l’échange que j’ai f
15888
s, ainsi que Berthe sa femme, et la reine. Femme
de
roi, dit-il, que pensez-vous de l’échange que j’ai fait de vous ? Je
15889
la reine. Femme de roi, dit-il, que pensez-vous
de
l’échange que j’ai fait de vous ? Je sais bien que vous me tenez pour
15890
reine. Femme de roi, dit-il, que pensez-vous de
l’
échange que j’ai fait de vous ? Je sais bien que vous me tenez pour mé
15891
it-il, que pensez-vous de l’échange que j’ai fait
de
vous ? Je sais bien que vous me tenez pour méprisable. — Non, Seigneu
15892
r méprisable. — Non, Seigneur, mais pour un homme
de
valeur et de prix. Vous m’avez faite reine, et ma sœur, vous l’avez é
15893
— Non, Seigneur, mais pour un homme de valeur et
de
prix. Vous m’avez faite reine, et ma sœur, vous l’avez épousée pour l
15894
e prix. Vous m’avez faite reine, et ma sœur, vous
l’
avez épousée pour l’amour de moi. Écoutez-moi, vous, comtes Bertolai e
15895
faite reine, et ma sœur, vous l’avez épousée pour
l’
amour de moi. Écoutez-moi, vous, comtes Bertolai et Gervais. Et vous,
15896
ine, et ma sœur, vous l’avez épousée pour l’amour
de
moi. Écoutez-moi, vous, comtes Bertolai et Gervais. Et vous, ma chère
15897
ai et Gervais. Et vous, ma chère sœur, recevez-en
la
confidence, et vous surtout, Jésus mon rédempteur, je vous prends pou
15898
ne à jamais mon amour au duc Girard. Je lui donne
de
mon oscle la fleur, parce que je l’aime plus que mon père et plus que
15899
on amour au duc Girard. Je lui donne de mon oscle
la
fleur, parce que je l’aime plus que mon père et plus que mon mari ; e
15900
Je lui donne de mon oscle la fleur, parce que je
l’
aime plus que mon père et plus que mon mari ; et le voyant partir, je
15901
’aime plus que mon père et plus que mon mari ; et
le
voyant partir, je ne puis me défendre de pleurer… » Dès ce moment, aj
15902
ari ; et le voyant partir, je ne puis me défendre
de
pleurer… » Dès ce moment, ajoute le poète, « dura toujours l’amour de
15903
s me défendre de pleurer… » Dès ce moment, ajoute
le
poète, « dura toujours l’amour de Girard et d’Elissent, pur de tout r
15904
» Dès ce moment, ajoute le poète, « dura toujours
l’
amour de Girard et d’Elissent, pur de tout reproche, sans qu’il y eût
15905
moment, ajoute le poète, « dura toujours l’amour
de
Girard et d’Elissent, pur de tout reproche, sans qu’il y eût entre eu
15906
te le poète, « dura toujours l’amour de Girard et
d’
Elissent, pur de tout reproche, sans qu’il y eût entre eux autre chose
15907
ura toujours l’amour de Girard et d’Elissent, pur
de
tout reproche, sans qu’il y eût entre eux autre chose que bon vouloir
15908
jalousie que, pour un autre grief dont il chargea
le
duc, il se montra farouche et irrité. Ils en firent bataille par les
15909
ra farouche et irrité. Ils en firent bataille par
les
plaines herbues… L’analogie avec Tristan est très frappante. Il s’ag
15910
Ils en firent bataille par les plaines herbues…
L’
analogie avec Tristan est très frappante. Il s’agit dans les deux cas
15911
e avec Tristan est très frappante. Il s’agit dans
les
deux cas : D’un vassal puissant chargé de la « quête » d’une fiancée
15912
est très frappante. Il s’agit dans les deux cas :
D’
un vassal puissant chargé de la « quête » d’une fiancée lointaine ; —
15913
t dans les deux cas : D’un vassal puissant chargé
de
la « quête » d’une fiancée lointaine ; — d’une rivalité entre le vass
15914
ans les deux cas : D’un vassal puissant chargé de
la
« quête » d’une fiancée lointaine ; — d’une rivalité entre le vassal
15915
cas : D’un vassal puissant chargé de la « quête »
d’
une fiancée lointaine ; — d’une rivalité entre le vassal et son suzera
15916
hargé de la « quête » d’une fiancée lointaine ; —
d’
une rivalité entre le vassal et son suzerain ; — d’un conflit entre l’
15917
d’une fiancée lointaine ; — d’une rivalité entre
le
vassal et son suzerain ; — d’un conflit entre l’hommage dû au suzerai
15918
’une rivalité entre le vassal et son suzerain ; —
d’
un conflit entre l’hommage dû au suzerain et l’hommage donné à la femm
15919
le vassal et son suzerain ; — d’un conflit entre
l’
hommage dû au suzerain et l’hommage donné à la femme ; — d’un mariage
15920
— d’un conflit entre l’hommage dû au suzerain et
l’
hommage donné à la femme ; — d’un mariage de consolation du vassal (ic
15921
tre l’hommage dû au suzerain et l’hommage donné à
la
femme ; — d’un mariage de consolation du vassal (ici avec la sœur de
15922
dû au suzerain et l’hommage donné à la femme ; —
d’
un mariage de consolation du vassal (ici avec la sœur de son amie, là
15923
in et l’hommage donné à la femme ; — d’un mariage
de
consolation du vassal (ici avec la sœur de son amie, là avec son homo
15924
— d’un mariage de consolation du vassal (ici avec
la
sœur de son amie, là avec son homonyme) — enfin dans les deux légende
15925
ariage de consolation du vassal (ici avec la sœur
de
son amie, là avec son homonyme) — enfin dans les deux légendes, l’amo
15926
r de son amie, là avec son homonyme) — enfin dans
les
deux légendes, l’amour courtois et sa fidélité triomphent idéalement
15927
vec son homonyme) — enfin dans les deux légendes,
l’
amour courtois et sa fidélité triomphent idéalement du mariage et de s
15928
t sa fidélité triomphent idéalement du mariage et
de
sa fidélité, en même temps que des liens féodaux. Mais les différence
15929
délité, en même temps que des liens féodaux. Mais
les
différences ne sont pas moins significatives. Dans Tristan, c’est la
15930
ont pas moins significatives. Dans Tristan, c’est
la
jalousie d’Iseut aux blanches mains qui provoque la catastrophe, tand
15931
s significatives. Dans Tristan, c’est la jalousie
d’
Iseut aux blanches mains qui provoque la catastrophe, tandis que dans
15932
jalousie d’Iseut aux blanches mains qui provoque
la
catastrophe, tandis que dans Girard, c’est la jalousie du suzerain. A
15933
que la catastrophe, tandis que dans Girard, c’est
la
jalousie du suzerain. Ainsi dans le premier cas, la situation trouve
15934
jalousie du suzerain. Ainsi dans le premier cas,
la
situation trouve un dénouement romanesque, tandis que dans le second,
15935
ndis que dans le second, il est épique. Là, c’est
l’
amour qui conduit à la mort ; ici, ce sont les intérêts féodaux qui en
15936
d, il est épique. Là, c’est l’amour qui conduit à
la
mort ; ici, ce sont les intérêts féodaux qui entraînent à des guerres
15937
’est l’amour qui conduit à la mort ; ici, ce sont
les
intérêts féodaux qui entraînent à des guerres sans fin. — Voici deux
15938
extes « courtois ». Ils nous permettent également
de
concevoir que Béroul et Thomas n’ont gardé du mythe druidique guère d
15939
’ont gardé du mythe druidique guère davantage que
les
noms et le support matériel de l’action. 1. Sur le mariage en général
15940
u mythe druidique guère davantage que les noms et
le
support matériel de l’action. 1. Sur le mariage en général : Jugement
15941
ère davantage que les noms et le support matériel
de
l’action. 1. Sur le mariage en général : Jugement de la comtesse de C
15942
davantage que les noms et le support matériel de
l’
action. 1. Sur le mariage en général : Jugement de la comtesse de Cham
15943
s noms et le support matériel de l’action. 1. Sur
le
mariage en général : Jugement de la comtesse de Champagne : Par la t
15944
l’action. 1. Sur le mariage en général : Jugement
de
la comtesse de Champagne : Par la teneur des présentes, nous disons
15945
ction. 1. Sur le mariage en général : Jugement de
la
comtesse de Champagne : Par la teneur des présentes, nous disons et
15946
ral : Jugement de la comtesse de Champagne : Par
la
teneur des présentes, nous disons et soutenons que l’amour ne peut ét
15947
eneur des présentes, nous disons et soutenons que
l’
amour ne peut étendre ses droits entre mari et femme. Les amants s’acc
15948
r ne peut étendre ses droits entre mari et femme.
Les
amants s’accordent toute chose réciproquement et gratuitement, sans a
15949
roquement et gratuitement, sans aucune obligation
de
nécessité, tandis que les époux sont tenus par devoir à toutes les vo
15950
, sans aucune obligation de nécessité, tandis que
les
époux sont tenus par devoir à toutes les volontés l’un de l’autre. Qu
15951
ndis que les époux sont tenus par devoir à toutes
les
volontés l’un de l’autre. Que ce jugement que nous prononçons avec un
15952
sont tenus par devoir à toutes les volontés l’un
de
l’autre. Que ce jugement que nous prononçons avec une extrême maturit
15953
sser pour vérité constante et irréfragable. Donné
l’
an 1174, le troisième des calendes de mai, indiction VII. 2. À rappro
15954
gable. Donné l’an 1174, le troisième des calendes
de
mai, indiction VII. 2. À rapprocher du mariage blanc de Tristan : Ju
15955
indiction VII. 2. À rapprocher du mariage blanc
de
Tristan : Jugement de la reine Éléonore : Demande. Un amant heureux
15956
rapprocher du mariage blanc de Tristan : Jugement
de
la reine Éléonore : Demande. Un amant heureux avait demandé à sa da
15957
procher du mariage blanc de Tristan : Jugement de
la
reine Éléonore : Demande. Un amant heureux avait demandé à sa dame
15958
Demande. Un amant heureux avait demandé à sa dame
la
permission d’offrir ses hommages à une autre : il y fut autorisé et c
15959
ant heureux avait demandé à sa dame la permission
d’
offrir ses hommages à une autre : il y fut autorisé et cessa de sentir
15960
hommages à une autre : il y fut autorisé et cessa
de
sentir pour sa première amie la tendresse qu’il lui avait portée d’ab
15961
autorisé et cessa de sentir pour sa première amie
la
tendresse qu’il lui avait portée d’abord. Après un mois, il revient à
15962
abord. Après un mois, il revient à elle, proteste
de
ne pas s’être épris ailleurs, et de n’avoir pris aucune liberté avec
15963
lle, proteste de ne pas s’être épris ailleurs, et
de
n’avoir pris aucune liberté avec l’autre dame, mais d’avoir voulu seu
15964
avoir pris aucune liberté avec l’autre dame, mais
d’
avoir voulu seulement mettre à l’épreuve la constance de sa maîtresse.
15965
autre dame, mais d’avoir voulu seulement mettre à
l’
épreuve la constance de sa maîtresse. Celle-ci l’a privé de son amour,
15966
, mais d’avoir voulu seulement mettre à l’épreuve
la
constance de sa maîtresse. Celle-ci l’a privé de son amour, disant qu
15967
r voulu seulement mettre à l’épreuve la constance
de
sa maîtresse. Celle-ci l’a privé de son amour, disant qu’il s’en est
15968
l’épreuve la constance de sa maîtresse. Celle-ci
l’
a privé de son amour, disant qu’il s’en est rendu indigne en implorant
15969
la constance de sa maîtresse. Celle-ci l’a privé
de
son amour, disant qu’il s’en est rendu indigne en implorant et en acc
15970
mplorant et en acceptant pareille licence. Arrêt
de
la reine Éléonore. Telle est la nature de l’amour : les amants feigne
15971
orant et en acceptant pareille licence. Arrêt de
la
reine Éléonore. Telle est la nature de l’amour : les amants feignent
15972
e licence. Arrêt de la reine Éléonore. Telle est
la
nature de l’amour : les amants feignent souvent de souhaiter d’autres
15973
Arrêt de la reine Éléonore. Telle est la nature
de
l’amour : les amants feignent souvent de souhaiter d’autres nœuds, po
15974
rrêt de la reine Éléonore. Telle est la nature de
l’
amour : les amants feignent souvent de souhaiter d’autres nœuds, pour
15975
reine Éléonore. Telle est la nature de l’amour :
les
amants feignent souvent de souhaiter d’autres nœuds, pour s’assurer d
15976
a nature de l’amour : les amants feignent souvent
de
souhaiter d’autres nœuds, pour s’assurer davantage de la fidélité et
15977
ouhaiter d’autres nœuds, pour s’assurer davantage
de
la fidélité et de la constance de la personne aimée. C’est léser le d
15978
aiter d’autres nœuds, pour s’assurer davantage de
la
fidélité et de la constance de la personne aimée. C’est léser le droi
15979
nœuds, pour s’assurer davantage de la fidélité et
de
la constance de la personne aimée. C’est léser le droit des amants qu
15980
ds, pour s’assurer davantage de la fidélité et de
la
constance de la personne aimée. C’est léser le droit des amants que d
15981
surer davantage de la fidélité et de la constance
de
la personne aimée. C’est léser le droit des amants que de refuser, so
15982
er davantage de la fidélité et de la constance de
la
personne aimée. C’est léser le droit des amants que de refuser, sous
15983
de la constance de la personne aimée. C’est léser
le
droit des amants que de refuser, sous un prétexte semblable, ses embr
15984
rsonne aimée. C’est léser le droit des amants que
de
refuser, sous un prétexte semblable, ses embrassements ou sa tendress
15985
blable, ses embrassements ou sa tendresse, hormis
le
cas où il y aurait certitude que l’amant eût manqué à ses devoirs et
15986
resse, hormis le cas où il y aurait certitude que
l’
amant eût manqué à ses devoirs et à la foi promise. Or on n’a pas oub
15987
rtitude que l’amant eût manqué à ses devoirs et à
la
foi promise. Or on n’a pas oublié que Tristan épouse la seconde Iseu
15988
a seconde Iseut alors qu’il croit que la première
le
néglige. Ce n’est point tant la constance de son amie que la sienne p
15989
t que la première le néglige. Ce n’est point tant
la
constance de son amie que la sienne propre qu’il veut mettre à l’épre
15990
ière le néglige. Ce n’est point tant la constance
de
son amie que la sienne propre qu’il veut mettre à l’épreuve. À cette
15991
son amie que la sienne propre qu’il veut mettre à
l’
épreuve. À cette variante près — c’est plutôt un « transfert » au sens
15992
c’est plutôt un « transfert » au sens freudien —
la
situation juridique est bien du même ordre. 4. – Conceptions orien
15993
ien du même ordre. 4. – Conceptions orientales
de
l’amour Il est bien entendu que j’appelle Orient une certaine atti
15994
du même ordre. 4. – Conceptions orientales de
l’
amour Il est bien entendu que j’appelle Orient une certaine attitud
15995
que j’appelle Orient une certaine attitude totale
de
l’homme qui s’est manifestée principalement chez les peuples et dans
15996
j’appelle Orient une certaine attitude totale de
l’
homme qui s’est manifestée principalement chez les peuples et dans les
15997
l’homme qui s’est manifestée principalement chez
les
peuples et dans les religions de l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et
15998
anifestée principalement chez les peuples et dans
les
religions de l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont
15999
cipalement chez les peuples et dans les religions
de
l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orie
16000
alement chez les peuples et dans les religions de
l’
Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-
16001
chez les peuples et dans les religions de l’Asie.
L’
Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et s
16002
peuples et dans les religions de l’Asie. L’Iran,
l’
islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et se rattac
16003
et dans les religions de l’Asie. L’Iran, l’islam,
l’
Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et se rattachent dire
16004
religions de l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et
le
judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et se rattachent directement (Liv
16005
x occidentaux. Il en va tout autrement des Indes,
de
la Chine, du Tibet, du Japon. Dans un très beau recueil posthume de p
16006
ccidentaux. Il en va tout autrement des Indes, de
la
Chine, du Tibet, du Japon. Dans un très beau recueil posthume de poèm
16007
bet, du Japon. Dans un très beau recueil posthume
de
poèmes et d’essais de Leo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relat
16008
. Dans un très beau recueil posthume de poèmes et
d’
essais de Leo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relation d’un entr
16009
très beau recueil posthume de poèmes et d’essais
de
Leo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relation d’un entretien qu’
16010
eo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relation
d’
un entretien qu’a eu l’auteur avec un jeune Chinois : « Le concept d’
16011
, je trouve cette relation d’un entretien qu’a eu
l’
auteur avec un jeune Chinois : « Le concept d’amour » n’existe pas en
16012
etien qu’a eu l’auteur avec un jeune Chinois : «
Le
concept d’amour » n’existe pas en Chine. Le verbe « aimer » est emplo
16013
eu l’auteur avec un jeune Chinois : « Le concept
d’
amour » n’existe pas en Chine. Le verbe « aimer » est employé seulemen
16014
: « Le concept d’amour » n’existe pas en Chine.
Le
verbe « aimer » est employé seulement pour définir les rapports entre
16015
erbe « aimer » est employé seulement pour définir
les
rapports entre la mère et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « i
16016
employé seulement pour définir les rapports entre
la
mère et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de l’affection
16017
lement pour définir les rapports entre la mère et
les
fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de l’affection pour elle »
16018
r définir les rapports entre la mère et les fils.
Le
mari n’aime pas la femme : « il a de l’affection pour elle », plus ou
16019
rts entre la mère et les fils. Le mari n’aime pas
la
femme : « il a de l’affection pour elle », plus ou moins. Quant aux r
16020
et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a
de
l’affection pour elle », plus ou moins. Quant aux rapports entre la f
16021
les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de
l’
affection pour elle », plus ou moins. Quant aux rapports entre la femm
16022
r elle », plus ou moins. Quant aux rapports entre
la
femme et l’enfant on dit : « It is romance » ; mais Daj n’a pas trouv
16023
us ou moins. Quant aux rapports entre la femme et
l’
enfant on dit : « It is romance » ; mais Daj n’a pas trouvé le verbe a
16024
dit : « It is romance » ; mais Daj n’a pas trouvé
le
verbe avec lequel ils définissent leurs sentiments. La philosophie de
16025
rbe avec lequel ils définissent leurs sentiments.
La
philosophie de Motse (taoïste) — la seule un peu chrétienne, qui a po
16026
ils définissent leurs sentiments. La philosophie
de
Motse (taoïste) — la seule un peu chrétienne, qui a pour fondement qu
16027
s sentiments. La philosophie de Motse (taoïste) —
la
seule un peu chrétienne, qui a pour fondement quelque chose qui se ra
16028
mot « amour », est oubliée tout de suite pendant
la
dynastie Han. Les Chinois sont mariés très jeunes par leurs parents,
16029
st oubliée tout de suite pendant la dynastie Han.
Les
Chinois sont mariés très jeunes par leurs parents, et le problème de
16030
ois sont mariés très jeunes par leurs parents, et
le
problème de l’amour ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute
16031
iés très jeunes par leurs parents, et le problème
de
l’amour ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute la vie cette
16032
très jeunes par leurs parents, et le problème de
l’
amour ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute la vie cette om
16033
ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute
la
vie cette ombre : l’amour, ce sentiment aussi vague, incertain, indéf
16034
n’ont pas à poursuivre toute la vie cette ombre :
l’
amour, ce sentiment aussi vague, incertain, indéfini que tous les autr
16035
ntiment aussi vague, incertain, indéfini que tous
les
autres, et dont nous voulons être sûrs. L’attitude de l’Européen qui
16036
tous les autres, et dont nous voulons être sûrs.
L’
attitude de l’Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de l’amo
16037
utres, et dont nous voulons être sûrs. L’attitude
de
l’Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de l’amour ou non ?
16038
es, et dont nous voulons être sûrs. L’attitude de
l’
Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de l’amour ou non ? Es
16039
l’Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce
de
l’amour ou non ? Est-ce que j’aime vraiment cette femme, ou est-ce qu
16040
uropéen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de
l’
amour ou non ? Est-ce que j’aime vraiment cette femme, ou est-ce que j
16041
e j’aime vraiment cette femme, ou est-ce que j’ai
de
l’affection pour elle ? Est-ce que j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seu
16042
’aime vraiment cette femme, ou est-ce que j’ai de
l’
affection pour elle ? Est-ce que j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seulem
16043
ue j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seulement envie
de
l’aimer ? Est-ce que j’aime cet être ou est-ce que j’aime l’amour ? »
16044
j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seulement envie de
l’
aimer ? Est-ce que j’aime cet être ou est-ce que j’aime l’amour ? », e
16045
? Est-ce que j’aime cet être ou est-ce que j’aime
l’
amour ? », etc., son désespoir quand il découvre après une analyse ach
16046
il n’aime pas cette femme ; il a seulement envie
de
l’aimer — cette attitude pourrait être considérée par un psychiatre c
16047
n’aime pas cette femme ; il a seulement envie de
l’
aimer — cette attitude pourrait être considérée par un psychiatre chin
16048
dérée par un psychiatre chinois comme un symptôme
de
folie. Nous sommes fous sans nous en rendre compte ; toute notre vie
16049
en rendre compte ; toute notre vie est fondée sur
la
passion et nous voulons la paix, la tranquillité ! Je suis moi-même l
16050
tre vie est fondée sur la passion et nous voulons
la
paix, la tranquillité ! Je suis moi-même le plus fou de tous les fous
16051
st fondée sur la passion et nous voulons la paix,
la
tranquillité ! Je suis moi-même le plus fou de tous les fous, hélas !
16052
ulons la paix, la tranquillité ! Je suis moi-même
le
plus fou de tous les fous, hélas ! Mais au moins maintenant je le sai
16053
x, la tranquillité ! Je suis moi-même le plus fou
de
tous les fous, hélas ! Mais au moins maintenant je le sais. Et encor
16054
anquillité ! Je suis moi-même le plus fou de tous
les
fous, hélas ! Mais au moins maintenant je le sais. Et encore : La c
16055
ous les fous, hélas ! Mais au moins maintenant je
le
sais. Et encore : La civilisation chinoise est fondée sur la famill
16056
ais au moins maintenant je le sais. Et encore :
La
civilisation chinoise est fondée sur la famille, et la famille sur l’
16057
encore : La civilisation chinoise est fondée sur
la
famille, et la famille sur l’absence d’amour. Les traditions chinoise
16058
vilisation chinoise est fondée sur la famille, et
la
famille sur l’absence d’amour. Les traditions chinoises insistent sur
16059
oise est fondée sur la famille, et la famille sur
l’
absence d’amour. Les traditions chinoises insistent sur ce point. Tout
16060
ondée sur la famille, et la famille sur l’absence
d’
amour. Les traditions chinoises insistent sur ce point. Toute manifest
16061
la famille, et la famille sur l’absence d’amour.
Les
traditions chinoises insistent sur ce point. Toute manifestation de t
16062
oises insistent sur ce point. Toute manifestation
de
tendresse entre mari et femme est jugée inconvenante. 5. – Mystiq
16063
ourtois Dans un appendice à son beau livre sur
la
Théologie mystique de saint Bernard (Paris, 1934, p. 193 à 216), M. É
16064
endice à son beau livre sur la Théologie mystique
de
saint Bernard (Paris, 1934, p. 193 à 216), M. Étienne Gilson examine
16065
s, 1934, p. 193 à 216), M. Étienne Gilson examine
le
problème d’une influence possible de la mystique cistercienne sur les
16066
193 à 216), M. Étienne Gilson examine le problème
d’
une influence possible de la mystique cistercienne sur les troubadours
16067
lson examine le problème d’une influence possible
de
la mystique cistercienne sur les troubadours. En effet, « chronologiq
16068
n examine le problème d’une influence possible de
la
mystique cistercienne sur les troubadours. En effet, « chronologiquem
16069
nfluence possible de la mystique cistercienne sur
les
troubadours. En effet, « chronologiquement parlant, les deux mouvemen
16070
oubadours. En effet, « chronologiquement parlant,
les
deux mouvements sont à peu près contemporains. » On a donc supposé un
16071
ilson réfute cette hypothèse en montrant : 1° que
l’
objet de l’amour n’est pas le même pour saint Bernard et pour les trou
16072
fute cette hypothèse en montrant : 1° que l’objet
de
l’amour n’est pas le même pour saint Bernard et pour les troubadours,
16073
e cette hypothèse en montrant : 1° que l’objet de
l’
amour n’est pas le même pour saint Bernard et pour les troubadours, ce
16074
en montrant : 1° que l’objet de l’amour n’est pas
le
même pour saint Bernard et pour les troubadours, ces derniers exaltan
16075
mour n’est pas le même pour saint Bernard et pour
les
troubadours, ces derniers exaltant, selon lui, la sensualité naturell
16076
es troubadours, ces derniers exaltant, selon lui,
la
sensualité naturelle ; 2° que la nature de l’amour est très différent
16077
tant, selon lui, la sensualité naturelle ; 2° que
la
nature de l’amour est très différente dans les deux cas, malgré d’app
16078
n lui, la sensualité naturelle ; 2° que la nature
de
l’amour est très différente dans les deux cas, malgré d’apparentes an
16079
ui, la sensualité naturelle ; 2° que la nature de
l’
amour est très différente dans les deux cas, malgré d’apparentes analo
16080
que la nature de l’amour est très différente dans
les
deux cas, malgré d’apparentes analogies d’expression. M. Gilson concl
16081
our est très différente dans les deux cas, malgré
d’
apparentes analogies d’expression. M. Gilson conclut qu’il ne peut don
16082
dans les deux cas, malgré d’apparentes analogies
d’
expression. M. Gilson conclut qu’il ne peut donc s’agir que « de deux
16083
M. Gilson conclut qu’il ne peut donc s’agir que «
de
deux produits indépendants de la civilisation du xiie siècle », ayan
16084
t donc s’agir que « de deux produits indépendants
de
la civilisation du xiie siècle », ayant tout au plus en commun quelq
16085
onc s’agir que « de deux produits indépendants de
la
civilisation du xiie siècle », ayant tout au plus en commun quelques
16086
», ayant tout au plus en commun quelques figures
de
langage. Je souscris sans réserve à ce jugement. Mais je le rejoins p
16087
. Je souscris sans réserve à ce jugement. Mais je
le
rejoins par de tout autres voies. Car l’opposition évidente entre la
16088
ans réserve à ce jugement. Mais je le rejoins par
de
tout autres voies. Car l’opposition évidente entre la courtoisie et l
16089
Mais je le rejoins par de tout autres voies. Car
l’
opposition évidente entre la courtoisie et la mystique de saint Bernar
16090
out autres voies. Car l’opposition évidente entre
la
courtoisie et la mystique de saint Bernard n’est pas seulement, comme
16091
Car l’opposition évidente entre la courtoisie et
la
mystique de saint Bernard n’est pas seulement, comme l’a vu M. Gilson
16092
ition évidente entre la courtoisie et la mystique
de
saint Bernard n’est pas seulement, comme l’a vu M. Gilson, celle de l
16093
tique de saint Bernard n’est pas seulement, comme
l’
a vu M. Gilson, celle de la « chair » et de l’« esprit » au sens pauli
16094
’est pas seulement, comme l’a vu M. Gilson, celle
de
la « chair » et de l’« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais
16095
t pas seulement, comme l’a vu M. Gilson, celle de
la
« chair » et de l’« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais su
16096
comme l’a vu M. Gilson, celle de la « chair » et
de
l’« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais surtout celle de l
16097
mme l’a vu M. Gilson, celle de la « chair » et de
l’
« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais surtout celle de l’hé
16098
la « chair » et de l’« esprit » au sens paulinien
de
ces termes, mais surtout celle de l’hérésie et de l’orthodoxie. Cepen
16099
sens paulinien de ces termes, mais surtout celle
de
l’hérésie et de l’orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués p
16100
ns paulinien de ces termes, mais surtout celle de
l’
hérésie et de l’orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués par
16101
de ces termes, mais surtout celle de l’hérésie et
de
l’orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués par M. Gilson me
16102
ces termes, mais surtout celle de l’hérésie et de
l’
orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués par M. Gilson me par
16103
) « On ne peut hésiter — écrit notre auteur — sur
l’
objet et la nature de l’amour mystique tel que le conçoit saint Bernar
16104
eut hésiter — écrit notre auteur — sur l’objet et
la
nature de l’amour mystique tel que le conçoit saint Bernard : c’est u
16105
r — écrit notre auteur — sur l’objet et la nature
de
l’amour mystique tel que le conçoit saint Bernard : c’est un amour sp
16106
écrit notre auteur — sur l’objet et la nature de
l’
amour mystique tel que le conçoit saint Bernard : c’est un amour spiri
16107
l’objet et la nature de l’amour mystique tel que
le
conçoit saint Bernard : c’est un amour spirituel, par opposition à to
16108
, par opposition à tout amour charnel » (p. 195).
L’
amour courtois serait au contraire « l’expression poétique de la concu
16109
(p. 195). L’amour courtois serait au contraire «
l’
expression poétique de la concupiscence » (p. 200). Certes, une opinio
16110
rtois serait au contraire « l’expression poétique
de
la concupiscence » (p. 200). Certes, une opinion assez répandue prête
16111
is serait au contraire « l’expression poétique de
la
concupiscence » (p. 200). Certes, une opinion assez répandue prête au
16112
rs une attitude idéaliste du même genre que celle
de
saint Bernard. Pour dissiper cette illusion, M. Gilson — après M. Jea
16113
illusion, M. Gilson — après M. Jeanroy — invoque
le
langage « d’une crudité intraduisible » d’un Marcabru et même d’un Ru
16114
Gilson — après M. Jeanroy — invoque le langage «
d’
une crudité intraduisible » d’un Marcabru et même d’un Rudel. Mais tir
16115
nvoque le langage « d’une crudité intraduisible »
d’
un Marcabru et même d’un Rudel. Mais tirer argument de cette crudité e
16116
une crudité intraduisible » d’un Marcabru et même
d’
un Rudel. Mais tirer argument de cette crudité en faveur de la thèse s
16117
Marcabru et même d’un Rudel. Mais tirer argument
de
cette crudité en faveur de la thèse sensualiste et contre la symbolis
16118
Mais tirer argument de cette crudité en faveur de
la
thèse sensualiste et contre la symboliste, c’est flatter un « bon sen
16119
udité en faveur de la thèse sensualiste et contre
la
symboliste, c’est flatter un « bon sens » des modernes qui n’est sans
16120
bon sens » des modernes qui n’est sans doute que
le
résidu de préjugés scientifiques dépassés. Il se pourrait que nous te
16121
» des modernes qui n’est sans doute que le résidu
de
préjugés scientifiques dépassés. Il se pourrait que nous tenions là u
16122
Il se pourrait que nous tenions là un bel exemple
d’
anachronisme. A-t-on seulement remarqué que les siècles passés usaient
16123
ple d’anachronisme. A-t-on seulement remarqué que
les
siècles passés usaient très couramment d’un langage plus « grossier »
16124
ué que les siècles passés usaient très couramment
d’
un langage plus « grossier » que le nôtre — signe d’une sensibilité se
16125
un langage plus « grossier » que le nôtre — signe
d’
une sensibilité sexuelle peu énervée — tandis que notre langage décolo
16126
œurs des troubadours, ma déduction serait inverse
de
celle des savants modernes. Marcabru n’hésite pas à nommer un chat un
16127
t non du tout qu’il est un débauché. Ayant choisi
le
symbolisme amoureux, il joue le jeu le plus naturel, selon la coutume
16128
ché. Ayant choisi le symbolisme amoureux, il joue
le
jeu le plus naturel, selon la coutume de son temps211. Ou si l’on tie
16129
ant choisi le symbolisme amoureux, il joue le jeu
le
plus naturel, selon la coutume de son temps211. Ou si l’on tient que
16130
e amoureux, il joue le jeu le plus naturel, selon
la
coutume de son temps211. Ou si l’on tient que le langage érotique tra
16131
il joue le jeu le plus naturel, selon la coutume
de
son temps211. Ou si l’on tient que le langage érotique traduit nécess
16132
naturel, selon la coutume de son temps211. Ou si
l’
on tient que le langage érotique traduit nécessairement une sensualité
16133
la coutume de son temps211. Ou si l’on tient que
le
langage érotique traduit nécessairement une sensualité déchaînée, que
16134
rement une sensualité déchaînée, que pensera-t-on
d’
une sainte Thérèse, d’un Ruysbroek ! b) « On n’a jamais entendu saint
16135
déchaînée, que pensera-t-on d’une sainte Thérèse,
d’
un Ruysbroek ! b) « On n’a jamais entendu saint Bernard souhaiter d’ê
16136
) « On n’a jamais entendu saint Bernard souhaiter
d’
être débarrassé de l’amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sou
16137
entendu saint Bernard souhaiter d’être débarrassé
de
l’amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amo
16138
endu saint Bernard souhaiter d’être débarrassé de
l’
amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amour.
16139
nt Bernard souhaiter d’être débarrassé de l’amour
de
Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amour. Donc ce
16140
haiter d’être débarrassé de l’amour de Dieu. » Or
les
troubadours gémissent sous le joug de l’Amour. Donc cet amour n’est p
16141
mour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous
le
joug de l’Amour. Donc cet amour n’est pas spirituel. — Mais plus tard
16142
Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug
de
l’Amour. Donc cet amour n’est pas spirituel. — Mais plus tard, d’autr
16143
u. » Or les troubadours gémissent sous le joug de
l’
Amour. Donc cet amour n’est pas spirituel. — Mais plus tard, d’autres
16144
t saint Jean de la Croix, reprendront bel et bien
les
expressions des troubadours, et souhaiteront d’être libérés des tourm
16145
les expressions des troubadours, et souhaiteront
d’
être libérés des tourments de l’amour divin : c’est là bien entendu, c
16146
urs, et souhaiteront d’être libérés des tourments
de
l’amour divin : c’est là bien entendu, comme chez les troubadours, un
16147
, et souhaiteront d’être libérés des tourments de
l’
amour divin : c’est là bien entendu, comme chez les troubadours, une m
16148
l’amour divin : c’est là bien entendu, comme chez
les
troubadours, une manière d’exprimer la violence de leur passion, une
16149
entendu, comme chez les troubadours, une manière
d’
exprimer la violence de leur passion, une sorte d’antiphrase. Mais enc
16150
omme chez les troubadours, une manière d’exprimer
la
violence de leur passion, une sorte d’antiphrase. Mais encore une foi
16151
s troubadours, une manière d’exprimer la violence
de
leur passion, une sorte d’antiphrase. Mais encore une fois, si l’on v
16152
d’exprimer la violence de leur passion, une sorte
d’
antiphrase. Mais encore une fois, si l’on veut déduire d’un tel « refu
16153
une sorte d’antiphrase. Mais encore une fois, si
l’
on veut déduire d’un tel « refus » que l’Amour courtois était purement
16154
hrase. Mais encore une fois, si l’on veut déduire
d’
un tel « refus » que l’Amour courtois était purement sensuel, la déduc
16155
fois, si l’on veut déduire d’un tel « refus » que
l’
Amour courtois était purement sensuel, la déduction vaudrait aussi pou
16156
us » que l’Amour courtois était purement sensuel,
la
déduction vaudrait aussi pour sainte Thérèse ; ce dont M. Gilson ne s
16157
se ; ce dont M. Gilson ne saurait se réjouir. c)
Les
troubadours chantent l’amour malheureux. Mais l’amour divin des ciste
16158
saurait se réjouir. c) Les troubadours chantent
l’
amour malheureux. Mais l’amour divin des cisterciens obtient au contra
16159
Les troubadours chantent l’amour malheureux. Mais
l’
amour divin des cisterciens obtient au contraire sa récompense. « On l
16160
t au contraire sa récompense. « On lui est uni (à
la
Béatitude) du fait même qu’on l’aime. » — Or M. Gilson dit fort bien,
16161
n lui est uni (à la Béatitude) du fait même qu’on
l’
aime. » — Or M. Gilson dit fort bien, deux pages plus loin, que « si D
16162
est immanent sans être transcendant, il n’y a pas
de
problème mystique au sens où les chrétiens l’entendent. Ce qu’ils ont
16163
ant, il n’y a pas de problème mystique au sens où
les
chrétiens l’entendent. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est l’immanenc
16164
pas de problème mystique au sens où les chrétiens
l’
entendent. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est l’immanence d’un Dieu q
16165
l’entendent. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est
l’
immanence d’un Dieu qui est et reste transcendant ». Mais alors, lorsq
16166
. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est l’immanence
d’
un Dieu qui est et reste transcendant ». Mais alors, lorsqu’une créatu
16167
». Mais alors, lorsqu’une créature aime son Dieu,
l’
obstacle de la transcendance introduit dans l’amour un malheur essenti
16168
rs, lorsqu’une créature aime son Dieu, l’obstacle
de
la transcendance introduit dans l’amour un malheur essentiel (quoi qu
16169
lorsqu’une créature aime son Dieu, l’obstacle de
la
transcendance introduit dans l’amour un malheur essentiel (quoi qu’en
16170
eu, l’obstacle de la transcendance introduit dans
l’
amour un malheur essentiel (quoi qu’en ait dit tout à l’heure M. Gilso
16171
r un malheur essentiel (quoi qu’en ait dit tout à
l’
heure M. Gilson). On retrouve donc la situation du troubadour vis-à-vi
16172
t dit tout à l’heure M. Gilson). On retrouve donc
la
situation du troubadour vis-à-vis de l’amour des êtres. Certes : « la
16173
ouve donc la situation du troubadour vis-à-vis de
l’
amour des êtres. Certes : « la pureté de l’amour courtois sépare les a
16174
badour vis-à-vis de l’amour des êtres. Certes : «
la
pureté de l’amour courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’
16175
-à-vis de l’amour des êtres. Certes : « la pureté
de
l’amour courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’amour myst
16176
vis de l’amour des êtres. Certes : « la pureté de
l’
amour courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’amour mystiqu
16177
. Certes : « la pureté de l’amour courtois sépare
les
amants, au lieu que celle de l’amour mystique les unit ». Mais il fau
16178
our courtois sépare les amants, au lieu que celle
de
l’amour mystique les unit ». Mais il faut voir que les amants courtoi
16179
courtois sépare les amants, au lieu que celle de
l’
amour mystique les unit ». Mais il faut voir que les amants courtois n
16180
les amants, au lieu que celle de l’amour mystique
les
unit ». Mais il faut voir que les amants courtois ne sont séparés sur
16181
’amour mystique les unit ». Mais il faut voir que
les
amants courtois ne sont séparés sur la terre qu’en vertu de cet amour
16182
voir que les amants courtois ne sont séparés sur
la
terre qu’en vertu de cet amour mystique qui les unit à la divinité !
16183
ur la terre qu’en vertu de cet amour mystique qui
les
unit à la divinité ! Au contraire, l’amour mystique orthodoxe n’unit
16184
qu’en vertu de cet amour mystique qui les unit à
la
divinité ! Au contraire, l’amour mystique orthodoxe n’unit pas de cet
16185
stique qui les unit à la divinité ! Au contraire,
l’
amour mystique orthodoxe n’unit pas de cette façon, mais fait seulemen
16186
contraire, l’amour mystique orthodoxe n’unit pas
de
cette façon, mais fait seulement communier. d) Pour démontrer que l’
16187
fait seulement communier. d) Pour démontrer que
l’
amour courtois est sensuel, M. Gilson cite encore une strophe de Thiba
16188
is est sensuel, M. Gilson cite encore une strophe
de
Thibaut de Champagne : Douce dame, s’il vos plesoit un soir M’avriez
16189
dame, s’il vos plesoit un soir M’avriez vos plus
de
joie doné C’onques Tristans, qui en fist son pouoir N’en pust avoir n
16190
s, qui en fist son pouoir N’en pust avoir nul jor
de
son ané. Et il commente : « À moins de réformer sérieusement notre c
16191
r nul jor de son ané. Et il commente : « À moins
de
réformer sérieusement notre conception des amours d’Iseut et de Trist
16192
réformer sérieusement notre conception des amours
d’
Iseut et de Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur la nature des
16193
rieusement notre conception des amours d’Iseut et
de
Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur la nature des sentiments
16194
ours d’Iseut et de Tristan, nous ne pouvons avoir
de
doutes sur la nature des sentiments dont Thibaut est animé. » Précisé
16195
t de Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur
la
nature des sentiments dont Thibaut est animé. » Précisément, l’objet
16196
sentiments dont Thibaut est animé. » Précisément,
l’
objet de mon ouvrage est, entre autres, de « réformer sérieusement not
16197
ts dont Thibaut est animé. » Précisément, l’objet
de
mon ouvrage est, entre autres, de « réformer sérieusement notre conce
16198
sément, l’objet de mon ouvrage est, entre autres,
de
« réformer sérieusement notre conception des amours d’Iseut et de Tri
16199
réformer sérieusement notre conception des amours
d’
Iseut et de Tristan »… 6. – Dante hérétique Tout à fait indépend
16200
rieusement notre conception des amours d’Iseut et
de
Tristan »… 6. – Dante hérétique Tout à fait indépendamment des
16201
ut à fait indépendamment des travaux très sérieux
d’
un Asin Palacios, il convient de mentionner la thèse hardie et quelque
16202
vaux très sérieux d’un Asin Palacios, il convient
de
mentionner la thèse hardie et quelque peu aventureuse de deux auteurs
16203
eux d’un Asin Palacios, il convient de mentionner
la
thèse hardie et quelque peu aventureuse de deux auteurs du siècle der
16204
ionner la thèse hardie et quelque peu aventureuse
de
deux auteurs du siècle dernier : Eugène Aroux et, à sa suite, Péladan
16205
ugène Aroux et, à sa suite, Péladan. Aroux expose
le
résultat de ses inductions dans un ouvrage aujourd’hui presque introu
16206
et, à sa suite, Péladan. Aroux expose le résultat
de
ses inductions dans un ouvrage aujourd’hui presque introuvable intitu
16207
aliste (1854). Non seulement Dante faisait partie
de
l’ordre des Templiers, mais encore cet ordre aurait été lié à l’hérés
16208
ste (1854). Non seulement Dante faisait partie de
l’
ordre des Templiers, mais encore cet ordre aurait été lié à l’hérésie
16209
Templiers, mais encore cet ordre aurait été lié à
l’
hérésie cathare — en dépit de certaines apparences — comme le bras séc
16210
athare — en dépit de certaines apparences — comme
le
bras séculier à l’autorité spirituelle. Dès lors, toute la Comédie, l
16211
e certaines apparences — comme le bras séculier à
l’
autorité spirituelle. Dès lors, toute la Comédie, le Convito, et même
16212
éculier à l’autorité spirituelle. Dès lors, toute
la
Comédie, le Convito, et même le De vulgari eloquentia devraient être
16213
autorité spirituelle. Dès lors, toute la Comédie,
le
Convito, et même le De vulgari eloquentia devraient être interprétés
16214
. Dès lors, toute la Comédie, le Convito, et même
le
De vulgari eloquentia devraient être interprétés symboliquement. Dans
16215
ès lors, toute la Comédie, le Convito, et même le
De
vulgari eloquentia devraient être interprétés symboliquement. Dans un
16216
ule postérieur, Aroux précise son interprétation.
La
brochure porte un titre significatif : Clef de la Comédie anticatholi
16217
n. La brochure porte un titre significatif : Clef
de
la Comédie anticatholique de Dante Alighieri, pasteur de l’Église alb
16218
La brochure porte un titre significatif : Clef de
la
Comédie anticatholique de Dante Alighieri, pasteur de l’Église albige
16219
significatif : Clef de la Comédie anticatholique
de
Dante Alighieri, pasteur de l’Église albigeoise de la ville de Floren
16220
omédie anticatholique de Dante Alighieri, pasteur
de
l’Église albigeoise de la ville de Florence, affilié à l’ordre du Tem
16221
die anticatholique de Dante Alighieri, pasteur de
l’
Église albigeoise de la ville de Florence, affilié à l’ordre du Temple
16222
e Dante Alighieri, pasteur de l’Église albigeoise
de
la ville de Florence, affilié à l’ordre du Temple, — donnant l’explic
16223
ante Alighieri, pasteur de l’Église albigeoise de
la
ville de Florence, affilié à l’ordre du Temple, — donnant l’explicati
16224
hieri, pasteur de l’Église albigeoise de la ville
de
Florence, affilié à l’ordre du Temple, — donnant l’explication du lan
16225
ise albigeoise de la ville de Florence, affilié à
l’
ordre du Temple, — donnant l’explication du langage symbolique des fid
16226
Florence, affilié à l’ordre du Temple, — donnant
l’
explication du langage symbolique des fidèles d’Amour dans les composi
16227
t l’explication du langage symbolique des fidèles
d’
Amour dans les compositions lyriques, romans et épopées chevaleresques
16228
on du langage symbolique des fidèles d’Amour dans
les
compositions lyriques, romans et épopées chevaleresques des troubadou
16229
des troubadours (1856). C’est un lexique donnant
la
traduction d’environ 500 termes, comme par exemple : « Arbres morts »
16230
rs (1856). C’est un lexique donnant la traduction
d’
environ 500 termes, comme par exemple : « Arbres morts ». — Les cathol
16231
0 termes, comme par exemple : « Arbres morts ». —
Les
catholiques. Les troubadours traitaient les membres du clergé catholi
16232
ar exemple : « Arbres morts ». — Les catholiques.
Les
troubadours traitaient les membres du clergé catholique d’arbres auto
16233
». — Les catholiques. Les troubadours traitaient
les
membres du clergé catholique d’arbres automnals morts. « Albigéisme,
16234
dours traitaient les membres du clergé catholique
d’
arbres automnals morts. « Albigéisme, albigeois ». — Mots introuvables
16235
Albigéisme, albigeois ». — Mots introuvables dans
la
Comédie, quand l’idée est partout présente. « Dames ». — Les initiés
16236
ois ». — Mots introuvables dans la Comédie, quand
l’
idée est partout présente. « Dames ». — Les initiés du templarisme alb
16237
, quand l’idée est partout présente. « Dames ». —
Les
initiés du templarisme albigeois, qui par un dédoublement mystique de
16238
risme albigeois, qui par un dédoublement mystique
de
l’âme et du corps, étaient censés avoir les deux sexes, hommes en tan
16239
me albigeois, qui par un dédoublement mystique de
l’
âme et du corps, étaient censés avoir les deux sexes, hommes en tant q
16240
stique de l’âme et du corps, étaient censés avoir
les
deux sexes, hommes en tant que corps et forme matérielle, et femmes e
16241
en tant qu’intelligence et pensée libre des liens
de
la matière. « Lancelot ». — …Il faut toute la préoccupation de la let
16242
tant qu’intelligence et pensée libre des liens de
la
matière. « Lancelot ». — …Il faut toute la préoccupation de la lettre
16243
ens de la matière. « Lancelot ». — …Il faut toute
la
préoccupation de la lettre, chez les déchiffreurs de vieux manuscrits
16244
. « Lancelot ». — …Il faut toute la préoccupation
de
la lettre, chez les déchiffreurs de vieux manuscrits, pour qu’une lit
16245
Lancelot ». — …Il faut toute la préoccupation de
la
lettre, chez les déchiffreurs de vieux manuscrits, pour qu’une littér
16246
Il faut toute la préoccupation de la lettre, chez
les
déchiffreurs de vieux manuscrits, pour qu’une littérature entière soi
16247
préoccupation de la lettre, chez les déchiffreurs
de
vieux manuscrits, pour qu’une littérature entière soit passée sous le
16248
out, obtenant une vogue européenne, et des amours
d’
une pureté angélique à servir de modèles aux races futures ! » Je ne p
16249
ne, et des amours d’une pureté angélique à servir
de
modèles aux races futures ! » Je ne prends pas à mon compte toutes ce
16250
ntes, souvent très arbitraires. Mais il reste que
l’
histoire littéraire et religieuse n’a fait que confirmer, plus tard, l
16251
et religieuse n’a fait que confirmer, plus tard,
l’
exactitude de bien des vues centrales d’Aroux. (Gaston Paris établissa
16252
e n’a fait que confirmer, plus tard, l’exactitude
de
bien des vues centrales d’Aroux. (Gaston Paris établissant vers 1880
16253
lus tard, l’exactitude de bien des vues centrales
d’
Aroux. (Gaston Paris établissant vers 1880 la filiation troubadours-tr
16254
ales d’Aroux. (Gaston Paris établissant vers 1880
la
filiation troubadours-trouvères roman breton ; Asin Palacios reprenan
16255
-trouvères roman breton ; Asin Palacios reprenant
la
question de l’hérésie chez Dante, etc.) 7. – « Coup de foudre » et
16256
oman breton ; Asin Palacios reprenant la question
de
l’hérésie chez Dante, etc.) 7. – « Coup de foudre » et conversion
16257
n breton ; Asin Palacios reprenant la question de
l’
hérésie chez Dante, etc.) 7. – « Coup de foudre » et conversion
16258
ion de l’hérésie chez Dante, etc.) 7. – « Coup
de
foudre » et conversion Le premier regard des amants, qui va change
16259
r toute leur vie, correspond à la première touche
de
l’amour divin, à la conversion du chrétien. Gottfried de Strasbourg p
16260
oute leur vie, correspond à la première touche de
l’
amour divin, à la conversion du chrétien. Gottfried de Strasbourg peig
16261
rrespond à la première touche de l’amour divin, à
la
conversion du chrétien. Gottfried de Strasbourg peignant l’amour de R
16262
ion du chrétien. Gottfried de Strasbourg peignant
l’
amour de Rivalen pour Blanchefleur (ce sont les parents de Tristan) ac
16263
hrétien. Gottfried de Strasbourg peignant l’amour
de
Rivalen pour Blanchefleur (ce sont les parents de Tristan) accumule l
16264
ant l’amour de Rivalen pour Blanchefleur (ce sont
les
parents de Tristan) accumule les expressions religieuses les plus ins
16265
de Rivalen pour Blanchefleur (ce sont les parents
de
Tristan) accumule les expressions religieuses les plus insistantes :
16266
hefleur (ce sont les parents de Tristan) accumule
les
expressions religieuses les plus insistantes : Alors la vraie Minne
16267
de Tristan) accumule les expressions religieuses
les
plus insistantes : Alors la vraie Minne La fougueuse déesse Le pénét
16268
essions religieuses les plus insistantes : Alors
la
vraie Minne La fougueuse déesse Le pénétra de ses ardeurs Et son cœur
16269
uses les plus insistantes : Alors la vraie Minne
La
fougueuse déesse Le pénétra de ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui ré
16270
antes : Alors la vraie Minne La fougueuse déesse
Le
pénétra de ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui révéla la source Des p
16271
ors la vraie Minne La fougueuse déesse Le pénétra
de
ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui révéla la source Des peines dont
16272
tra de ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui révéla
la
source Des peines dont il souffrait. Alors commença pour lui une autr
16273
omme. Tout ce qu’il faisait Était comme entremêlé
de
folie Et frappé d’aveuglement. Ses sens étaient troublés Égarés par l
16274
faisait Était comme entremêlé de folie Et frappé
d’
aveuglement. Ses sens étaient troublés Égarés par la Minne Et comme dé
16275
aveuglement. Ses sens étaient troublés Égarés par
la
Minne Et comme délivrés De leur frein naturel. Sa vie se consumait. (
16276
nt troublés Égarés par la Minne Et comme délivrés
De
leur frein naturel. Sa vie se consumait. (Traduction Bossert.) Les t
16277
urel. Sa vie se consumait. (Traduction Bossert.)
Les
trois derniers vers sont une parfaite confirmation de ma définition d
16278
rois derniers vers sont une parfaite confirmation
de
ma définition de la passion opposée à l’amour naturel. 8. – Passio
16279
s sont une parfaite confirmation de ma définition
de
la passion opposée à l’amour naturel. 8. – Passion et Ascèse Da
16280
ont une parfaite confirmation de ma définition de
la
passion opposée à l’amour naturel. 8. – Passion et Ascèse Dans
16281
irmation de ma définition de la passion opposée à
l’
amour naturel. 8. – Passion et Ascèse Dans le Tristan de Gottfri
16282
’amour naturel. 8. – Passion et Ascèse Dans
le
Tristan de Gottfried de Strasbourg, la grotte où se réfugient les ama
16283
se Dans le Tristan de Gottfried de Strasbourg,
la
grotte où se réfugient les amants (correspondant à la forêt de Morois
16284
ottfried de Strasbourg, la grotte où se réfugient
les
amants (correspondant à la forêt de Morois chez Béroul) est décrite e
16285
rotte où se réfugient les amants (correspondant à
la
forêt de Morois chez Béroul) est décrite en détail, et chaque détail
16286
se réfugient les amants (correspondant à la forêt
de
Morois chez Béroul) est décrite en détail, et chaque détail comporte
16287
e détail comporte un sens symbolique commenté par
l’
auteur. La « fossure » a été construite par des géants. C’est une voût
16288
omporte un sens symbolique commenté par l’auteur.
La
« fossure » a été construite par des géants. C’est une voûte dont la
16289
é construite par des géants. C’est une voûte dont
la
clef est faite de pierres précieuses. Au milieu trône un lit de crist
16290
es géants. C’est une voûte dont la clef est faite
de
pierres précieuses. Au milieu trône un lit de cristal, etc. Mais voic
16291
ite de pierres précieuses. Au milieu trône un lit
de
cristal, etc. Mais voici ce qui nous intéresse : Ce n’est pas sans r
16292
ui nous intéresse : Ce n’est pas sans raison Que
la
fossure est reléguée Dans cette contrée sauvage. Cela veut dire Que l
16293
ée Dans cette contrée sauvage. Cela veut dire Que
le
lieu de l’amour N’est pas dans les routes battues Ni autour des habit
16294
cette contrée sauvage. Cela veut dire Que le lieu
de
l’amour N’est pas dans les routes battues Ni autour des habitations h
16295
te contrée sauvage. Cela veut dire Que le lieu de
l’
amour N’est pas dans les routes battues Ni autour des habitations huma
16296
a veut dire Que le lieu de l’amour N’est pas dans
les
routes battues Ni autour des habitations humaines. Il hante les déser
16297
tues Ni autour des habitations humaines. Il hante
les
déserts. Le chemin qui conduit à sa retraite Est dur et pénible. (Tra
16298
r des habitations humaines. Il hante les déserts.
Le
chemin qui conduit à sa retraite Est dur et pénible. (Traduction Boss
16299
n Bossert.) Pour qui conserverait des doutes sur
la
nature de l’amour en question, précisons que Gottfried confesse qu’il
16300
) Pour qui conserverait des doutes sur la nature
de
l’amour en question, précisons que Gottfried confesse qu’il a, lui au
16301
Pour qui conserverait des doutes sur la nature de
l’
amour en question, précisons que Gottfried confesse qu’il a, lui aussi
16302
lui aussi, erré au désert, mais sans y rencontrer
la
« récompense » de ses peines. (Il n’est pas devenu Parfait) : J’ai c
16303
désert, mais sans y rencontrer la « récompense »
de
ses peines. (Il n’est pas devenu Parfait) : J’ai connu la fossure Qu
16304
ines. (Il n’est pas devenu Parfait) : J’ai connu
la
fossure Quand je n’avais que 11 ans Mais je ne suis jamais allé en Co
16305
allé en Cornouailles. Comment pourrait-il s’agir
d’
amour physique ? Et le dernier vers indique bien que la « fossure » es
16306
ur physique ? Et le dernier vers indique bien que
la
« fossure » est purement symbolique, puisqu’elle peut exister ailleur
16307
er ailleurs qu’en Cornouailles. (Temple ou grotte
d’
hérétiques ?) 9. – Saint François d’Assise et les cathares Paul
16308
’hérétiques ?) 9. – Saint François d’Assise et
les
cathares Paul Sabatier, dans sa fameuse biographie de saint Franço
16309
ares Paul Sabatier, dans sa fameuse biographie
de
saint François, se pose la question d’une influence possible de l’hér
16310
biographie de saint François, se pose la question
d’
une influence possible de l’hérésie courtoise sur la mystique francisc
16311
ois, se pose la question d’une influence possible
de
l’hérésie courtoise sur la mystique franciscaine. Il commence par nie
16312
, se pose la question d’une influence possible de
l’
hérésie courtoise sur la mystique franciscaine. Il commence par nier t
16313
une influence possible de l’hérésie courtoise sur
la
mystique franciscaine. Il commence par nier toute communication direc
16314
Il commence par nier toute communication directe
de
l’une à l’autre. (L’argument avancé me convainc peu : l’hérésie était
16315
toute communication directe de l’une à l’autre. (
L’
argument avancé me convainc peu : l’hérésie était de nature dogmatique
16316
e à l’autre. (L’argument avancé me convainc peu :
l’
hérésie était de nature dogmatique, et saint François ne s’occupait pa
16317
argument avancé me convainc peu : l’hérésie était
de
nature dogmatique, et saint François ne s’occupait pas de doctrine… M
16318
e dogmatique, et saint François ne s’occupait pas
de
doctrine… Mais croit-on que tous les cathares dogmatisaient ? Il y a
16319
’occupait pas de doctrine… Mais croit-on que tous
les
cathares dogmatisaient ? Il y a de plus sérieuses raisons de nier l’h
16320
dogmatisaient ? Il y a de plus sérieuses raisons
de
nier l’hérésie du saint.) Cependant, il décrit fort bien l’ambiance c
16321
saient ? Il y a de plus sérieuses raisons de nier
l’
hérésie du saint.) Cependant, il décrit fort bien l’ambiance cathare d
16322
hérésie du saint.) Cependant, il décrit fort bien
l’
ambiance cathare de l’Italie au temps de la jeunesse de François. Les
16323
Cependant, il décrit fort bien l’ambiance cathare
de
l’Italie au temps de la jeunesse de François. Les hérétiques, baptisé
16324
endant, il décrit fort bien l’ambiance cathare de
l’
Italie au temps de la jeunesse de François. Les hérétiques, baptisés G
16325
t bien l’ambiance cathare de l’Italie au temps de
la
jeunesse de François. Les hérétiques, baptisés Gazzari en Italie (Bul
16326
iance cathare de l’Italie au temps de la jeunesse
de
François. Les hérétiques, baptisés Gazzari en Italie (Bulgares ou Bou
16327
de l’Italie au temps de la jeunesse de François.
Les
hérétiques, baptisés Gazzari en Italie (Bulgares ou Bougres dans les
16328
tisés Gazzari en Italie (Bulgares ou Bougres dans
les
pays du Nord) s’étaient emparés du gouvernement de plusieurs municipa
16329
s pays du Nord) s’étaient emparés du gouvernement
de
plusieurs municipalités. Le podestat d’Assise était un hérétique, ava
16330
parés du gouvernement de plusieurs municipalités.
Le
podestat d’Assise était un hérétique, avant 1204 ! Dans les cités avo
16331
vernement de plusieurs municipalités. Le podestat
d’
Assise était un hérétique, avant 1204 ! Dans les cités avoisinantes, i
16332
at d’Assise était un hérétique, avant 1204 ! Dans
les
cités avoisinantes, il y eut de nombreux soulèvements et émeutes occa
16333
vant 1204 ! Dans les cités avoisinantes, il y eut
de
nombreux soulèvements et émeutes occasionnés par le conflit religieux
16334
nombreux soulèvements et émeutes occasionnés par
le
conflit religieux. D’autre part, on sait bien que saint François avai
16335
e part, on sait bien que saint François avait été
le
disciple enthousiaste des poètes français (d’où son nom même). Il par
16336
été le disciple enthousiaste des poètes français (
d’
où son nom même). Il partageait l’engouement des Italiens du Nord pour
16337
oètes français (d’où son nom même). Il partageait
l’
engouement des Italiens du Nord pour les troubadours qui y séjournaien
16338
partageait l’engouement des Italiens du Nord pour
les
troubadours qui y séjournaient fréquemment (tels Peire Vidal, Peire d
16339
mbaut de Vaqueiras, Bernart de Ventadour). Enfin,
l’
influence de Joachim de Flore sur saint François ne saurait faire de d
16340
ueiras, Bernart de Ventadour). Enfin, l’influence
de
Joachim de Flore sur saint François ne saurait faire de doute. Ce fam
16341
chim de Flore sur saint François ne saurait faire
de
doute. Ce fameux ermite annonçait le règne de l’Esprit, l’approche de
16342
aurait faire de doute. Ce fameux ermite annonçait
le
règne de l’Esprit, l’approche de la troisième période de l’humanité,
16343
ire de doute. Ce fameux ermite annonçait le règne
de
l’Esprit, l’approche de la troisième période de l’humanité, le régime
16344
de doute. Ce fameux ermite annonçait le règne de
l’
Esprit, l’approche de la troisième période de l’humanité, le régime de
16345
Ce fameux ermite annonçait le règne de l’Esprit,
l’
approche de la troisième période de l’humanité, le régime de la grâce
16346
ermite annonçait le règne de l’Esprit, l’approche
de
la troisième période de l’humanité, le régime de la grâce et de l’Amo
16347
e de l’Esprit, l’approche de la troisième période
de
l’humanité, le régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours
16348
e l’Esprit, l’approche de la troisième période de
l’
humanité, le régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le
16349
l’approche de la troisième période de l’humanité,
le
régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent.
16350
de la troisième période de l’humanité, le régime
de
la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard C
16351
la troisième période de l’humanité, le régime de
la
grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard Cœur
16352
e période de l’humanité, le régime de la grâce et
de
l’Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard Cœur de Lion par
16353
ériode de l’humanité, le régime de la grâce et de
l’
Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard Cœur de Lion par ex
16354
e de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours
le
connurent. (Richard Cœur de Lion par exemple). Les deux doctrines ont
16355
le connurent. (Richard Cœur de Lion par exemple).
Les
deux doctrines ont bien des points de ressemblance. Il reste que sain
16356
exemple). Les deux doctrines ont bien des points
de
ressemblance. Il reste que saint François, s’il fut influencé par l’a
16357
reste que saint François, s’il fut influencé par
l’
atmosphère de la religion d’Amour, en transporta toute la passion dans
16358
int François, s’il fut influencé par l’atmosphère
de
la religion d’Amour, en transporta toute la passion dans l’Église et
16359
François, s’il fut influencé par l’atmosphère de
la
religion d’Amour, en transporta toute la passion dans l’Église et l’o
16360
’il fut influencé par l’atmosphère de la religion
d’
Amour, en transporta toute la passion dans l’Église et l’orthodoxie, a
16361
phère de la religion d’Amour, en transporta toute
la
passion dans l’Église et l’orthodoxie, auxquelles il demeura toujours
16362
gion d’Amour, en transporta toute la passion dans
l’
Église et l’orthodoxie, auxquelles il demeura toujours fidèle. Et Saba
16363
, en transporta toute la passion dans l’Église et
l’
orthodoxie, auxquelles il demeura toujours fidèle. Et Sabatier remarqu
16364
e. Et Sabatier remarque, non sans profondeur, que
la
charité franciscaine obtint sans faire couler le sang la résorption d
16365
la charité franciscaine obtint sans faire couler
le
sang la résorption de l’hérésie en Italie, alors que la brutalité des
16366
ité franciscaine obtint sans faire couler le sang
la
résorption de l’hérésie en Italie, alors que la brutalité des clérica
16367
ne obtint sans faire couler le sang la résorption
de
l’hérésie en Italie, alors que la brutalité des cléricaux dans le Mid
16368
obtint sans faire couler le sang la résorption de
l’
hérésie en Italie, alors que la brutalité des cléricaux dans le Midi n
16369
g la résorption de l’hérésie en Italie, alors que
la
brutalité des cléricaux dans le Midi n’y parvint — et en apparence —
16370
Italie, alors que la brutalité des cléricaux dans
le
Midi n’y parvint — et en apparence — qu’au prix d’effroyables massacr
16371
e Midi n’y parvint — et en apparence — qu’au prix
d’
effroyables massacres. Seule Agapè peut triompher d’Éros. Mars déchaîn
16372
effroyables massacres. Seule Agapè peut triompher
d’
Éros. Mars déchaîné, même contre Éros, n’est guère qu’un autre aspect
16373
u’il veut détruire, et plus barbare. 10. – Sur
le
sadisme Je trouve une confirmation de mon analyse du crime sadique
16374
0. – Sur le sadisme Je trouve une confirmation
de
mon analyse du crime sadique dans deux études remarquables de Pierre
16375
se du crime sadique dans deux études remarquables
de
Pierre Klossowski : le Mal et la négation d’autrui dans la philosophi
16376
s deux études remarquables de Pierre Klossowski :
le
Mal et la négation d’autrui dans la philosophie de D. A. F. de Sade e
16377
des remarquables de Pierre Klossowski : le Mal et
la
négation d’autrui dans la philosophie de D. A. F. de Sade et Temps et
16378
bles de Pierre Klossowski : le Mal et la négation
d’
autrui dans la philosophie de D. A. F. de Sade et Temps et Agressivité
16379
Klossowski : le Mal et la négation d’autrui dans
la
philosophie de D. A. F. de Sade et Temps et Agressivité. (Recherches
16380
e Mal et la négation d’autrui dans la philosophie
de
D. A. F. de Sade et Temps et Agressivité. (Recherches philosophiques,
16381
vité. (Recherches philosophiques, tomes IV et V.)
L’
auteur montre que pour Sade, le mal est l’unique élément de la Nature.
16382
s, tomes IV et V.) L’auteur montre que pour Sade,
le
mal est l’unique élément de la Nature. On lit dans la Nouvelle Justin
16383
et V.) L’auteur montre que pour Sade, le mal est
l’
unique élément de la Nature. On lit dans la Nouvelle Justine : « Oui,
16384
montre que pour Sade, le mal est l’unique élément
de
la Nature. On lit dans la Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre la Natu
16385
tre que pour Sade, le mal est l’unique élément de
la
Nature. On lit dans la Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre la Nature
16386
al est l’unique élément de la Nature. On lit dans
la
Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre la Nature : et c’est parce que je
16387
n lit dans la Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre
la
Nature : et c’est parce que je la connais trop bien que je la déteste
16388
Oui, j’abhorre la Nature : et c’est parce que je
la
connais trop bien que je la déteste : instruit de ses affreux secrets
16389
et c’est parce que je la connais trop bien que je
la
déteste : instruit de ses affreux secrets… j’ai éprouvé une sorte de
16390
la connais trop bien que je la déteste : instruit
de
ses affreux secrets… j’ai éprouvé une sorte de plaisir à copier ses n
16391
it de ses affreux secrets… j’ai éprouvé une sorte
de
plaisir à copier ses noirceurs. » (D’où le désir sadique de se libére
16392
é une sorte de plaisir à copier ses noirceurs. » (
D’
où le désir sadique de se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès
16393
sorte de plaisir à copier ses noirceurs. » (D’où
le
désir sadique de se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès de d
16394
à copier ses noirceurs. » (D’où le désir sadique
de
se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès de débauche.) Autre c
16395
adique de se libérer des tyrannies sensuelles par
l’
excès de débauche.) Autre condamnation vraiment manichéenne de la Créa
16396
e se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès
de
débauche.) Autre condamnation vraiment manichéenne de la Création : «
16397
ébauche.) Autre condamnation vraiment manichéenne
de
la Création : « Le principe de vie dans tous les êtres n’est autre qu
16398
uche.) Autre condamnation vraiment manichéenne de
la
Création : « Le principe de vie dans tous les êtres n’est autre que c
16399
damnation vraiment manichéenne de la Création : «
Le
principe de vie dans tous les êtres n’est autre que celui de la mort
16400
aiment manichéenne de la Création : « Le principe
de
vie dans tous les êtres n’est autre que celui de la mort ; nous les r
16401
e de la Création : « Le principe de vie dans tous
les
êtres n’est autre que celui de la mort ; nous les recevons et les nou
16402
de vie dans tous les êtres n’est autre que celui
de
la mort ; nous les recevons et les nourrissons dans nous tous deux à
16403
vie dans tous les êtres n’est autre que celui de
la
mort ; nous les recevons et les nourrissons dans nous tous deux à la
16404
les êtres n’est autre que celui de la mort ; nous
les
recevons et les nourrissons dans nous tous deux à la fois. » P. Kloss
16405
autre que celui de la mort ; nous les recevons et
les
nourrissons dans nous tous deux à la fois. » P. Klossowski oppose cet
16406
x à la fois. » P. Klossowski oppose cette opinion
de
Sade à celle de Freud, qui voit une antithèse entre l’instinct de mor
16407
. Klossowski oppose cette opinion de Sade à celle
de
Freud, qui voit une antithèse entre l’instinct de mort et Éros. L’ana
16408
de à celle de Freud, qui voit une antithèse entre
l’
instinct de mort et Éros. L’analyse du mythe nous a montré que cette a
16409
de Freud, qui voit une antithèse entre l’instinct
de
mort et Éros. L’analyse du mythe nous a montré que cette antithèse es
16410
t une antithèse entre l’instinct de mort et Éros.
L’
analyse du mythe nous a montré que cette antithèse est purement appare
16411
e cette antithèse est purement apparente. Mais si
la
vie et la Nature créée ne sont que noirceurs et cruauté, il faut alor
16412
tithèse est purement apparente. Mais si la vie et
la
Nature créée ne sont que noirceurs et cruauté, il faut alors pour s’e
16413
noirceurs. Il n’y a qu’une alternative : exercer
la
cruauté sur soi ou sur le prochain. Sade choisit le prochain : il veu
16414
e alternative : exercer la cruauté sur soi ou sur
le
prochain. Sade choisit le prochain : il veut être criminel plutôt que
16415
cruauté sur soi ou sur le prochain. Sade choisit
le
prochain : il veut être criminel plutôt que victime. Ainsi la conscie
16416
: il veut être criminel plutôt que victime. Ainsi
la
conscience sadique est l’inverse de la conscience romantique. Le roma
16417
utôt que victime. Ainsi la conscience sadique est
l’
inverse de la conscience romantique. Le romantique (Pétrarque) se chât
16418
ictime. Ainsi la conscience sadique est l’inverse
de
la conscience romantique. Le romantique (Pétrarque) se châtie pour co
16419
ime. Ainsi la conscience sadique est l’inverse de
la
conscience romantique. Le romantique (Pétrarque) se châtie pour conse
16420
adique est l’inverse de la conscience romantique.
Le
romantique (Pétrarque) se châtie pour conserver l’objet aimé, tandis
16421
e romantique (Pétrarque) se châtie pour conserver
l’
objet aimé, tandis que Sade veut le tuer. 11. – Au-delà de nos sécu
16422
pour conserver l’objet aimé, tandis que Sade veut
le
tuer. 11. – Au-delà de nos sécurités Faut-il aller encore plus
16423
é, tandis que Sade veut le tuer. 11. – Au-delà
de
nos sécurités Faut-il aller encore plus loin que Kierkegaard dans
16424
ut-il aller encore plus loin que Kierkegaard dans
le
dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive de le pressentir, et d
16425
le dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive
de
le pressentir, et de penser : du point de vue de la foi, il n’y a san
16426
dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive de
le
pressentir, et de penser : du point de vue de la foi, il n’y a sans d
16427
tade éthique » ? Il m’arrive de le pressentir, et
de
penser : du point de vue de la foi, il n’y a sans doute aucun profit
16428
de le pressentir, et de penser : du point de vue
de
la foi, il n’y a sans doute aucun profit au « règlement des mœurs » p
16429
le pressentir, et de penser : du point de vue de
la
foi, il n’y a sans doute aucun profit au « règlement des mœurs » pour
16430
oute aucun profit au « règlement des mœurs » pour
les
non-chrétiens. C’est une façon de les mettre, au contraire, à l’abri
16431
s mœurs » pour les non-chrétiens. C’est une façon
de
les mettre, au contraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui les
16432
œurs » pour les non-chrétiens. C’est une façon de
les
mettre, au contraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui les con
16433
s. C’est une façon de les mettre, au contraire, à
l’
abri du désespoir réel, humain, qui les conduirait à la foi. Une cure
16434
ontraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui
les
conduirait à la foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens d’une hy
16435
i du désespoir réel, humain, qui les conduirait à
la
foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens d’une hygiène morale bou
16436
el, humain, qui les conduirait à la foi. Une cure
d’
âme comprise non pas au sens d’une hygiène morale bourgeoise, mais au
16437
à la foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens
d’
une hygiène morale bourgeoise, mais au sens chrétien — la guérison à o
16438
ygiène morale bourgeoise, mais au sens chrétien —
la
guérison à obtenir, c’est que l’infidèle croie — devrait conduire à d
16439
sens chrétien — la guérison à obtenir, c’est que
l’
infidèle croie — devrait conduire à désirer pour l’homme non chrétien
16440
’infidèle croie — devrait conduire à désirer pour
l’
homme non chrétien qu’il traverse tout le « bonheur » de la passion. O
16441
rer pour l’homme non chrétien qu’il traverse tout
le
« bonheur » de la passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si
16442
e non chrétien qu’il traverse tout le « bonheur »
de
la passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que le seu
16443
on chrétien qu’il traverse tout le « bonheur » de
la
passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que le seul a
16444
out le « bonheur » de la passion. Or on s’efforce
de
le retenir en deçà. Si bien que le seul au-delà concret qu’il soit en
16445
le « bonheur » de la passion. Or on s’efforce de
le
retenir en deçà. Si bien que le seul au-delà concret qu’il soit en ét
16446
r on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que
le
seul au-delà concret qu’il soit en état de désirer, d’imaginer, c’est
16447
en que le seul au-delà concret qu’il soit en état
de
désirer, d’imaginer, c’est le « dérèglement des passions ». Mais voil
16448
ul au-delà concret qu’il soit en état de désirer,
d’
imaginer, c’est le « dérèglement des passions ». Mais voilà ce qu’il f
16449
qu’il soit en état de désirer, d’imaginer, c’est
le
« dérèglement des passions ». Mais voilà ce qu’il faut ajouter : l’ho
16450
es passions ». Mais voilà ce qu’il faut ajouter :
l’
homme livré à ses dérèglements conçoit un désespoir dont le remède peu
16451
ivré à ses dérèglements conçoit un désespoir dont
le
remède peut très bien lui apparaître : la loi. Or ce n’est que le ren
16452
ir dont le remède peut très bien lui apparaître :
la
loi. Or ce n’est que le renoncement à la loi ainsi comprise qui peut
16453
rès bien lui apparaître : la loi. Or ce n’est que
le
renoncement à la loi ainsi comprise qui peut nous conduire à la foi.
16454
raître : la loi. Or ce n’est que le renoncement à
la
loi ainsi comprise qui peut nous conduire à la foi. Notice bibliog
16455
à la loi ainsi comprise qui peut nous conduire à
la
foi. Notice bibliographique Une bibliographie complète des dive
16456
e est pratiquement exclue. On n’indiquera ici que
les
travaux utilisés par l’auteur, moins pour faire connaître sa science
16457
. On n’indiquera ici que les travaux utilisés par
l’
auteur, moins pour faire connaître sa science que pour en marquer les
16458
ur faire connaître sa science que pour en marquer
les
limites. I. — Le mythe de Tristan a) Les textes : Bédier (J.). É
16459
ut-il préciser qu’à mon sens, ce sont précisément
les
expressions par trop raffinées de l’amour qui sont les plus suspectes
16460
nt précisément les expressions par trop raffinées
de
l’amour qui sont les plus suspectes chez les troubadours ? Au point q
16461
précisément les expressions par trop raffinées de
l’
amour qui sont les plus suspectes chez les troubadours ? Au point que
16462
xpressions par trop raffinées de l’amour qui sont
les
plus suspectes chez les troubadours ? Au point que l’on se demande pa
16463
inées de l’amour qui sont les plus suspectes chez
les
troubadours ? Au point que l’on se demande parfois s’ils n’en venaien
16464
lus suspectes chez les troubadours ? Au point que
l’
on se demande parfois s’ils n’en venaient pas à confondre la « chastet
16465
mande parfois s’ils n’en venaient pas à confondre
la
« chasteté » avec la jouissance stérile…
16466
’en venaient pas à confondre la « chasteté » avec
la
jouissance stérile…