1 1939, L’Amour et l’Occident. Livre premier. Le mythe de Tristan
1 s n’ont guère changé, sous ce rapport, depuis des siècles , réduit l’amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de l’a
2 ), et il en parle comme d’un mystère sacré, en un siècle où pourtant la chevalerie n’était plus guère qu’une survivance3. Enfi
3 Les chroniques, les sermons et les satires de ce siècle nous révèlent qu’il connut une première « crise du mariage ». Elle ap
4 rand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cette influence et de
5 valerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « folies » dont elles se sentent menacées.
2 1939, L’Amour et l’Occident. Livre II. Les origines religieuses du mythe
6 du mal, qui domine toute la Création visible. Des siècles avant l’apparition de Mani, on peut déceler la même opposition dans l
7 . Le platonisme, au temps de Platon et durant les siècles suivants, ne fut jamais une doctrine populaire, mais une sagesse ésot
8 nrent largement vivantes en Occident que dans les siècles où elles se virent condamnées par le christianisme officiel. Et c’est
9 des complaisances profondes dans la mentalité du siècle . Elles pénétrèrent bientôt la société féodale. Celle-ci ne connaissai
10 urait plus douter. « Oui, entre les xie et xiie siècles , la poésie d’où qu’elle fût (hongroise, espagnole, portugaise, allema
11 édent dans toute l’Antiquité ni dans les quelques siècles de culture qui succèdent à la renaissance carolingienne. Ou bien tout
12 nt supposé que la poésie latine des xie et xiie siècles avait pu fournir des modèles : tout compte fait, cela ne se tient pas
13 civilisation qu’ils avaient édifiée en moins d’un siècle . Et cependant, de cette culture et de ses doctrines secrètes, nous so
14 ital pour l’Église menacée. La papauté, plusieurs siècles plus tard, ne put que sanctionner un sentiment qui n’avait pas attend
15 une éthique de l’amour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuvres de la littérature occidentale. D’aut
16 uerait, sans doute, des amants de tous les autres siècles  ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour est le leitmotiv du lyris
17 ourtoise eussent-elles pu parvenir, en moins d’un siècle , et à travers quelles traductions, aux initiés de l’Église d’Amour, e
3 1939, L’Amour et l’Occident. Livre III. Passion et mystique
18 est fuite ». Et Thérèse d’Avila disait, plusieurs siècles avant Novalis, que dans l’extase, l’âme doit penser « comme s’il n’y
19 serait qu’une belle femme — comme le croiront les siècles à venir —, les similitudes mystiques que nous venons de dégager ne se
20 nfluencer si profondément le langage mystique des siècles suivants. Souviens-toi, ô créature, que ta nature est celle des ange
4 1939, L’Amour et l’Occident. Livre IV. Le mythe dans la littérature
21 Amour ? Il semble bien que dès le second tiers du siècle , les hérétiques répandus désormais dans toute l’Europe, où l’Église l
22 imes de ce que l’on baptisera plus tard le mal du siècle  : Des autres passions, je ressens des assauts fréquents, mais courts
23 , qui annonce le naturalisme polémique du dernier siècle . Mais je ne crois pas qu’ils se soient engendrés en ligne directe. Ch
24 nes de textes à travers les xiiie , xive et xve siècles . Elle couvre la même étendue que l’influence des troubadours : l’Euro
25 s offrent le meilleur exemple au xve et au xvie siècles . Par un phénomène remarquable, mais auquel on pouvait s’attendre, cer
26 orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieuses du siècle , qui refoulaient les anciennes hérésies dans une obscurité plus profo
27 ce et à l’oubli, jusque dans les manuels de notre siècle , la féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comique, son paras
28 Et déjà l’on pressent que cet abandon au « mal du siècle  » (sécularisation de la passion) ne peut conduire Racine qu’au jansén
29 de base : il atteint un point d’équilibre où les siècles suivants auront grand-peine à se maintenir, et que les siècles précéd
30 nts auront grand-peine à se maintenir, et que les siècles précédents n’ont pas connu. Les « alliances » privées se traitent dan
31 rendre garde, se rangent aux lois de la raison du siècle , reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et non plus la grâce impr
32 sur les mœurs ne s’est guère fait sentir que deux siècles plus tard. (Il a fallu que les philosophes du Sturm und Drang le trad
33 es encore qu’à la « guerre en dentelles ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se gu
34 oriquement, une invention du xviiie , du moins ce siècle a-t-il joué par rapport à ce personnage le rôle exact de Lucifer par
35 , impérieuses, pourront de même assassiner chaque siècle des millions d’individus, et nous, faibles et malheureux particuliers
36 du roman de Rousseau, qui naît comme en marge du siècle , nous allons parcourir le même chemin en sens inverse : par Werther,
37 ature romanesque qui aboutit, au cours du dernier siècle , à ce renversement des rôles : l’instinct devenant le vrai support d’
38 ue l’on appelle hérédité, dans le jargon de notre siècle , ce que l’Église appelle péché originel, cela désigne la perte irrémé
39 es et dans Phantasus. 151. Il faudra attendre un siècle pour en voir un : Bergson, disciple de Schelling. 152. Voir le Journ
5 1939, L’Amour et l’Occident. Livre V. Amour et guerre
40 dans notre histoire à partir des xiie et xiiie siècles . On voit alors le langage amoureux s’enrichir de tournures qui ne dés
41 ormer à ses règles : la guerre, aux xive et xve siècles , était faite d’approches furtives, d’incursions et de raids. » Cepend
42 s. Autre transformation significative à la fin du siècle  : les lansquenets introduisent l’usage du tambour, d’origine oriental
43 e déterminer les modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si bien que l’on pourra considérer tout changement dans la
44 ffort des hommes de guerre, aux xviie et xviiie siècles , sera de dominer le monstre mécanique, afin de sauver autant que poss
45 st dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profondes, ses ressources les
46 tes.) Ceci vaut pour les trois premiers quarts du siècle et particulièrement pour la période qui va de 1848 à 1870. Après quoi
47 rs sanglantes qu’avaient accumulé en Occident des siècles de culture de la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats le
48 nt des volontaires… 175. J. Boulenger, Le Grand Siècle . 176. F. Foch, Les Principes de la Guerre (1903, réédité en 1929).
49 , pour la fin du xixe que pour le fameux « Grand Siècle  », pour le vice que pour la vertu. Il est des « signes » qui ne sont
6 1939, L’Amour et l’Occident. Livre VI. Le mythe contre le mariage
50 tre leurs corps une épée nue. Descendons quelques siècles et toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans
51 euse de la princesse de C… donna lieu au début du siècle à toute une littérature romanesque. Quant au thème de l’ouvrier ou du
7 1939, L’Amour et l’Occident. Livre VII. L’Amour action, ou de la fidélité
52 ant nom d’homme, au sens actuel. Car pour ceux du siècle présent, je pense que la fidélité se définit comme la moins naturelle
53 e et nos cultures qu’à partir des xiie et xiiie siècles , et par l’impulsion décisive de l’hérésie méridionale, il apparaît qu
8 1939, L’Amour et l’Occident. Appendices
54 valoir du caractère sacré que certains auteurs du siècle dernier ont cru pouvoir attribuer aux personnages de Tristan et d’Ise
55 d’anachronisme. A-t-on seulement remarqué que les siècles passés usaient très couramment d’un langage plus « grossier » que le
56 die et quelque peu aventureuse de deux auteurs du siècle dernier : Eugène Aroux et, à sa suite, Péladan. Aroux expose le résul