1 1940, Mission ou démission de la Suisse. Avertissement
1 sement Ceci n’est pas un livre, mais un recueil de conférences et d’essais sur des sujets variés en apparence : protesta
2 t pas un livre, mais un recueil de conférences et d’ essais sur des sujets variés en apparence : protestantisme, culture, n
3 e, culture, neutralité, fédéralisme et défense de la Suisse. Si je me décide à réunir ces textes — les uns « parlés », les
4 la Suisse. Si je me décide à réunir ces textes —  les uns « parlés », les autres écrits — c’est qu’ils ne sont pas dépourvu
5 décide à réunir ces textes — les uns « parlés », les autres écrits — c’est qu’ils ne sont pas dépourvus d’une certaine uni
6 utres écrits — c’est qu’ils ne sont pas dépourvus d’ une certaine unité d’intention : ils sont tous nés d’un même souci de
7 qu’ils ne sont pas dépourvus d’une certaine unité d’ intention : ils sont tous nés d’un même souci de la personne et de son
8 ne certaine unité d’intention : ils sont tous nés d’ un même souci de la personne et de son rôle dans la communauté ; et to
9 é d’intention : ils sont tous nés d’un même souci de la personne et de son rôle dans la communauté ; et tous, ils s’adress
10 ’intention : ils sont tous nés d’un même souci de la personne et de son rôle dans la communauté ; et tous, ils s’adressent
11 s sont tous nés d’un même souci de la personne et de son rôle dans la communauté ; et tous, ils s’adressent à la Suisse, o
12 ’un même souci de la personne et de son rôle dans la communauté ; et tous, ils s’adressent à la Suisse, ou pour mieux dire
13 e dans la communauté ; et tous, ils s’adressent à la Suisse, ou pour mieux dire, ils s’adressent à des Suisses. Par une sé
14 ire, ils s’adressent à des Suisses. Par une série de cercles concentriques, ils s’efforcent de situer notre mission dans l
15 e série de cercles concentriques, ils s’efforcent de situer notre mission dans l’Europe d’aujourd’hui. On trouvera tout d’
16 ues, ils s’efforcent de situer notre mission dans l’ Europe d’aujourd’hui. On trouvera tout d’abord une conférence sur le p
17 s’efforcent de situer notre mission dans l’Europe d’ aujourd’hui. On trouvera tout d’abord une conférence sur le protestant
18 ’hui. On trouvera tout d’abord une conférence sur le protestantisme créateur de personnes. C’est qu’avant de rien proposer
19 ord une conférence sur le protestantisme créateur de personnes. C’est qu’avant de rien proposer, il convient de dire qui l
20 nes. C’est qu’avant de rien proposer, il convient de dire qui l’on est, de préciser au nom de quoi l’on parle ; et ce ne p
21 u’avant de rien proposer, il convient de dire qui l’ on est, de préciser au nom de quoi l’on parle ; et ce ne peut être, sé
22 rien proposer, il convient de dire qui l’on est, de préciser au nom de quoi l’on parle ; et ce ne peut être, sérieusement
23 de dire qui l’on est, de préciser au nom de quoi l’ on parle ; et ce ne peut être, sérieusement, qu’au nom d’une foi. Je p
24 ’au nom d’une foi. Je prends ce mot dans son sens le plus fort, et je veux bien qu’il doit compromettant. Une foi réelle e
25 doit compromettant. Une foi réelle est une raison de vivre et non point d’échapper à la vie. Ceci dit, je ne crois pas un
26 e foi réelle est une raison de vivre et non point d’ échapper à la vie. Ceci dit, je ne crois pas un instant que pareille p
27 est une raison de vivre et non point d’échapper à la vie. Ceci dit, je ne crois pas un instant que pareille prise de posit
28 it, je ne crois pas un instant que pareille prise de position m’interdise de « causer » et de m’entendre avec les Suisses
29 nstant que pareille prise de position m’interdise de « causer » et de m’entendre avec les Suisses d’autres croyances. Bien
30 le prise de position m’interdise de « causer » et de m’entendre avec les Suisses d’autres croyances. Bien au contraire ! C
31 n m’interdise de « causer » et de m’entendre avec les Suisses d’autres croyances. Bien au contraire ! Car les seuls entreti
32 isses d’autres croyances. Bien au contraire ! Car les seuls entretiens féconds sont ceux où chacun se donne, dès le départ,
33 retiens féconds sont ceux où chacun se donne, dès le départ, en toute rigueur, pour ce qu’il est. Vient ensuite une confér
34 ur ce qu’il est. Vient ensuite une conférence sur la Bataille de la culture : synthèse rapide des éléments sociaux, cultur
35 est. Vient ensuite une conférence sur la Bataille de la culture : synthèse rapide des éléments sociaux, culturels et spiri
36 . Vient ensuite une conférence sur la Bataille de la culture : synthèse rapide des éléments sociaux, culturels et spiritue
37 sociaux, culturels et spirituels qui déterminent l’ état présent de l’Europe, et situent notre action particulière dans l’
38 rels et spirituels qui déterminent l’état présent de l’Europe, et situent notre action particulière dans l’évolution génér
39 s et spirituels qui déterminent l’état présent de l’ Europe, et situent notre action particulière dans l’évolution générale
40 Europe, et situent notre action particulière dans l’ évolution générale. Le reste du recueil est consacré à définir cette m
41 re action particulière dans l’évolution générale. Le reste du recueil est consacré à définir cette mission suisse, ses obj
42 ici que des vues générales et quelques directions de pensée. Ce n’est pas suffisant, mais c’est urgent. C’est de quoi nous
43 Ce n’est pas suffisant, mais c’est urgent. C’est de quoi nous manquons le plus, et j’ajouterai : c’est de quoi nous savon
44 t, mais c’est urgent. C’est de quoi nous manquons le plus, et j’ajouterai : c’est de quoi nous savons le moins que nous ma
45 uoi nous manquons le plus, et j’ajouterai : c’est de quoi nous savons le moins que nous manquons dangereusement. Nous avon
46 plus, et j’ajouterai : c’est de quoi nous savons le moins que nous manquons dangereusement. Nous avons bien assez de tech
47 us manquons dangereusement. Nous avons bien assez de techniciens, de spécialistes et de « compétences » : leur travail est
48 ereusement. Nous avons bien assez de techniciens, de spécialistes et de « compétences » : leur travail est indispensable,
49 ons bien assez de techniciens, de spécialistes et de « compétences » : leur travail est indispensable, mais il ne saurait
50 blée par une vision générale du monde, et du rôle de la Suisse dans le monde. Soyons modestes, c’est entendu. Nous ne somm
51 e par une vision générale du monde, et du rôle de la Suisse dans le monde. Soyons modestes, c’est entendu. Nous ne sommes
52 n générale du monde, et du rôle de la Suisse dans le monde. Soyons modestes, c’est entendu. Nous ne sommes pas les mentors
53 oyons modestes, c’est entendu. Nous ne sommes pas les mentors de l’Europe. Mais n’allons pas confondre cette modestie, dont
54 es, c’est entendu. Nous ne sommes pas les mentors de l’Europe. Mais n’allons pas confondre cette modestie, dont Spitteler
55 c’est entendu. Nous ne sommes pas les mentors de l’ Europe. Mais n’allons pas confondre cette modestie, dont Spitteler par
56 destie, dont Spitteler parlait si noblement, avec la vue bornée des « réalistes », le scepticisme et la lâcheté civique. I
57 noblement, avec la vue bornée des « réalistes », le scepticisme et la lâcheté civique. Il est, dans l’histoire des nation
58 a vue bornée des « réalistes », le scepticisme et la lâcheté civique. Il est, dans l’histoire des nations, des heures où l
59 e scepticisme et la lâcheté civique. Il est, dans l’ histoire des nations, des heures où l’utopie la plus nocive est justem
60 l est, dans l’histoire des nations, des heures où l’ utopie la plus nocive est justement le petit réalisme ; des heures où
61 ns l’histoire des nations, des heures où l’utopie la plus nocive est justement le petit réalisme ; des heures où toute vue
62 s heures où l’utopie la plus nocive est justement le petit réalisme ; des heures où toute vue courte est une vue fausse ;
63 eures où toute vue courte est une vue fausse ; où la prudence est la pire imprudence. Que cette heure ait sonné pour la Su
64 ue courte est une vue fausse ; où la prudence est la pire imprudence. Que cette heure ait sonné pour la Suisse, qu’il soit
65 a pire imprudence. Que cette heure ait sonné pour la Suisse, qu’il soit temps de voir grand et d’oser, au sein d’un grand
66 heure ait sonné pour la Suisse, qu’il soit temps de voir grand et d’oser, au sein d’un grand péril et d’un beau risque, c
67 pour la Suisse, qu’il soit temps de voir grand et d’ oser, au sein d’un grand péril et d’un beau risque, c’est la pensée qu
68 voir grand et d’oser, au sein d’un grand péril et d’ un beau risque, c’est la pensée qui anime tous ces essais. L’épreuve d
69 sein d’un grand péril et d’un beau risque, c’est la pensée qui anime tous ces essais. L’épreuve des armes nous attend peu
70 isque, c’est la pensée qui anime tous ces essais. L’ épreuve des armes nous attend peut-être ; mais nous courons déjà l’épr
71 es nous attend peut-être ; mais nous courons déjà l’ épreuve des âmes. Or le courage qu’il y faut n’est pas seulement celui
72 e ; mais nous courons déjà l’épreuve des âmes. Or le courage qu’il y faut n’est pas seulement celui de résister : il est d
73 le courage qu’il y faut n’est pas seulement celui de résister : il est d’abord celui de se risquer. Je demandai à l’homme
74 eulement celui de résister : il est d’abord celui de se risquer. Je demandai à l’homme qui se tenait à la porte de l’anné
75 l est d’abord celui de se risquer. Je demandai à l’ homme qui se tenait à la porte de l’année : « Donne-moi une lumière af
76 e risquer. Je demandai à l’homme qui se tenait à la porte de l’année : « Donne-moi une lumière afin que je puisse aller a
77 . Je demandai à l’homme qui se tenait à la porte de l’année : « Donne-moi une lumière afin que je puisse aller avec sécur
78 Je demandai à l’homme qui se tenait à la porte de l’ année : « Donne-moi une lumière afin que je puisse aller avec sécurité
79 mière afin que je puisse aller avec sécurité dans l’ inconnu. » Il répondit : « Va dans l’obscurité et mets tes mains dans
80 écurité dans l’inconnu. » Il répondit : « Va dans l’ obscurité et mets tes mains dans les mains de Dieu. Ce sera plus sûr p
81 it : « Va dans l’obscurité et mets tes mains dans les mains de Dieu. Ce sera plus sûr pour toi qu’une lumière et qu’un chem
82 dans l’obscurité et mets tes mains dans les mains de Dieu. Ce sera plus sûr pour toi qu’une lumière et qu’un chemin que tu
83 isses. »1 D. R. Berne, 1er mars 1940. 1. Vers d’ un poète anglais, cités par le roi Georges VI en conclusion de son mes
84 ars 1940. 1. Vers d’un poète anglais, cités par le roi Georges VI en conclusion de son message de Noël 1939.
85 nglais, cités par le roi Georges VI en conclusion de son message de Noël 1939.
86 ar le roi Georges VI en conclusion de son message de Noël 1939.
2 1940, Mission ou démission de la Suisse. Le protestantisme créateur de personnes
87 Le protestantisme créateur de personnes2 Je souhaite que beaucoup d’e
88 Le protestantisme créateur de personnes2 Je souhaite que beaucoup d’entre vous, apercevant le ti
89 Je souhaite que beaucoup d’entre vous, apercevant le titre de cette conférence, aient ressenti quelque méfiance. Je souhai
90 te que beaucoup d’entre vous, apercevant le titre de cette conférence, aient ressenti quelque méfiance. Je souhaite que be
91 que méfiance. Je souhaite que beaucoup aient tenu le petit raisonnement que voici : Pour les réformateurs, l’homme devant
92 aient tenu le petit raisonnement que voici : Pour les réformateurs, l’homme devant Dieu égale zéro. Pour les modernes, un p
93 t raisonnement que voici : Pour les réformateurs, l’ homme devant Dieu égale zéro. Pour les modernes, un protestant égale u
94 éformateurs, l’homme devant Dieu égale zéro. Pour les modernes, un protestant égale une personnalité. Que peut bien signifi
95 contradiction affligeante ? Je serais heureux que la question vous ait paru curieuse, ou peut-être grave, ou en tout cas d
96 urieuse, ou peut-être grave, ou en tout cas digne de réflexion, car c’est à elle précisément que je me propose de répondre
97 n, car c’est à elle précisément que je me propose de répondre ici. Comment passer du zéro de l’homme devant Dieu à la vale
98 e propose de répondre ici. Comment passer du zéro de l’homme devant Dieu à la valeur infinie de la personnalité ? Comment
99 ropose de répondre ici. Comment passer du zéro de l’ homme devant Dieu à la valeur infinie de la personnalité ? Comment pas
100 . Comment passer du zéro de l’homme devant Dieu à la valeur infinie de la personnalité ? Comment passer de notre théologie
101 u zéro de l’homme devant Dieu à la valeur infinie de la personnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire 
102 éro de l’homme devant Dieu à la valeur infinie de la personnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire ? Q
103 aleur infinie de la personnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité d
104 histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité dont la valeur varie si curieusement entre zéro et l’infini, et dont tant d’a
105 ont la valeur varie si curieusement entre zéro et l’ infini, et dont tant d’auteurs incroyants nous font une gloire peut-êt
106 curieusement entre zéro et l’infini, et dont tant d’ auteurs incroyants nous font une gloire peut-être intempestive ? Le pr
107 nts nous font une gloire peut-être intempestive ? Le problème est, je crois, d’autant plus actuel que les menaces qui pèse
108 ut-être intempestive ? Le problème est, je crois, d’ autant plus actuel que les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’Église
109 problème est, je crois, d’autant plus actuel que les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’Église, et sur la civilisation d
110 actuel que les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’ Église, et sur la civilisation dite chrétienne, incitent beaucoup de n
111 naces qui pèsent aujourd’hui sur l’Église, et sur la civilisation dite chrétienne, incitent beaucoup de nos contemporains
112 t beaucoup de nos contemporains à se tourner vers le passé pour y trouver le réconfort d’anciennes victoires, d’exemples é
113 porains à se tourner vers le passé pour y trouver le réconfort d’anciennes victoires, d’exemples édifiants. Déconcertés pa
114 tourner vers le passé pour y trouver le réconfort d’ anciennes victoires, d’exemples édifiants. Déconcertés par l’ampleur d
115 our y trouver le réconfort d’anciennes victoires, d’ exemples édifiants. Déconcertés par l’ampleur de l’attaque qui se prép
116 victoires, d’exemples édifiants. Déconcertés par l’ ampleur de l’attaque qui se prépare contre le monde chrétien, beaucoup
117 , d’exemples édifiants. Déconcertés par l’ampleur de l’attaque qui se prépare contre le monde chrétien, beaucoup, jusque p
118 ’exemples édifiants. Déconcertés par l’ampleur de l’ attaque qui se prépare contre le monde chrétien, beaucoup, jusque parm
119 par l’ampleur de l’attaque qui se prépare contre le monde chrétien, beaucoup, jusque parmi les incroyants, sentent le bes
120 contre le monde chrétien, beaucoup, jusque parmi les incroyants, sentent le besoin de reprendre pied sur les vieilles base
121 n, beaucoup, jusque parmi les incroyants, sentent le besoin de reprendre pied sur les vieilles bases spirituelles, rudes e
122 p, jusque parmi les incroyants, sentent le besoin de reprendre pied sur les vieilles bases spirituelles, rudes et monument
123 croyants, sentent le besoin de reprendre pied sur les vieilles bases spirituelles, rudes et monumentales, posées par les Pè
124 s spirituelles, rudes et monumentales, posées par les Pères de l’Église, des Apôtres jusqu’à Luther. Devant le danger, ils
125 s de l’Église, des Apôtres jusqu’à Luther. Devant le danger, ils serrent les rangs. Ils se mettent à compter leurs forces,
126 res jusqu’à Luther. Devant le danger, ils serrent les rangs. Ils se mettent à compter leurs forces, à recenser tous leurs a
127 tous leurs appuis. Et c’est sans doute à ce désir de certitude renouvelée, à ce désir de retrouver confiance en soi, que j
128 te à ce désir de certitude renouvelée, à ce désir de retrouver confiance en soi, que je devais répondre en exaltant ici le
129 ce en soi, que je devais répondre en exaltant ici le protestantisme créateur de personnalités, ou défenseur d’une certaine
130 pondre en exaltant ici le protestantisme créateur de personnalités, ou défenseur d’une certaine dignité humaine. Eh bien,
131 stantisme créateur de personnalités, ou défenseur d’ une certaine dignité humaine. Eh bien, je ne vois aucune raison de dé
132 gnité humaine. Eh bien, je ne vois aucune raison de décevoir une telle attente. Mais attention ! Cette interrogation pres
133 ! Cette interrogation pressante, il ne s’agit pas de lui offrir n’importe quelle réponse flatteuse ou approximative. Et ce
134 réponse flatteuse ou approximative. Et ce besoin de certitude, il s’agit de le combler en vérité. La menace est sérieuse,
135 proximative. Et ce besoin de certitude, il s’agit de le combler en vérité. La menace est sérieuse, les événements de septe
136 ximative. Et ce besoin de certitude, il s’agit de le combler en vérité. La menace est sérieuse, les événements de septembr
137 de certitude, il s’agit de le combler en vérité. La menace est sérieuse, les événements de septembre et toute la suite l’
138 de le combler en vérité. La menace est sérieuse, les événements de septembre et toute la suite l’ont fait voir aux plus op
139 en vérité. La menace est sérieuse, les événements de septembre et toute la suite l’ont fait voir aux plus optimistes3. En
140 st sérieuse, les événements de septembre et toute la suite l’ont fait voir aux plus optimistes3. En Russie, en Allemagne,
141 se, les événements de septembre et toute la suite l’ ont fait voir aux plus optimistes3. En Russie, en Allemagne, en Italie
142 optimistes3. En Russie, en Allemagne, en Italie, l’ attaque est déjà déclenchée. Elle nous atteint déjà par contrecoup, et
143 nous atteint déjà par contrecoup, et il est sage de s’attendre à bien pire. C’est donc le moment ou jamais de se montrer
144 il est sage de s’attendre à bien pire. C’est donc le moment ou jamais de se montrer très rigoureux dans le choix des moyen
145 endre à bien pire. C’est donc le moment ou jamais de se montrer très rigoureux dans le choix des moyens de défense. Et, pa
146 oment ou jamais de se montrer très rigoureux dans le choix des moyens de défense. Et, par exemple, si beaucoup sont prêts
147 e montrer très rigoureux dans le choix des moyens de défense. Et, par exemple, si beaucoup sont prêts à louer la Réforme d
148 . Et, par exemple, si beaucoup sont prêts à louer la Réforme d’être une école de personnalités, donc un rempart contre la
149 xemple, si beaucoup sont prêts à louer la Réforme d’ être une école de personnalités, donc un rempart contre la barbarie, c
150 up sont prêts à louer la Réforme d’être une école de personnalités, donc un rempart contre la barbarie, c’est le moment po
151 ne école de personnalités, donc un rempart contre la barbarie, c’est le moment pour nous de préciser comment, pourquoi, da
152 alités, donc un rempart contre la barbarie, c’est le moment pour nous de préciser comment, pourquoi, dans quel esprit surt
153 art contre la barbarie, c’est le moment pour nous de préciser comment, pourquoi, dans quel esprit surtout le protestantism
154 ciser comment, pourquoi, dans quel esprit surtout le protestantisme est effectivement cela. Depuis une dizaine d’années, u
155 ntisme est effectivement cela. Depuis une dizaine d’ années, une discussion générale s’est instituée sur les notions de per
156 nées, une discussion générale s’est instituée sur les notions de personne, d’individu et de personnalité. Il existe un mouv
157 scussion générale s’est instituée sur les notions de personne, d’individu et de personnalité. Il existe un mouvement perso
158 rale s’est instituée sur les notions de personne, d’ individu et de personnalité. Il existe un mouvement personnaliste qui
159 tituée sur les notions de personne, d’individu et de personnalité. Il existe un mouvement personnaliste qui a pris pour tâ
160 un mouvement personnaliste qui a pris pour tâche de démêler ces notions et de fonder sur elles un ordre social renouvelé.
161 e qui a pris pour tâche de démêler ces notions et de fonder sur elles un ordre social renouvelé. Des philosophes tels que
162 ue, Berdiaef du côté orthodoxe, un certain nombre de jeunes protestants, beaucoup d’agnostiques aussi, se sont efforcés de
163 un certain nombre de jeunes protestants, beaucoup d’ agnostiques aussi, se sont efforcés de montrer l’importance concrète d
164 s, beaucoup d’agnostiques aussi, se sont efforcés de montrer l’importance concrète d’une définition de la personne pour to
165 d’agnostiques aussi, se sont efforcés de montrer l’ importance concrète d’une définition de la personne pour toute action
166 se sont efforcés de montrer l’importance concrète d’ une définition de la personne pour toute action dans la cité4. Ces dis
167 de montrer l’importance concrète d’une définition de la personne pour toute action dans la cité4. Ces discussions, souvent
168 montrer l’importance concrète d’une définition de la personne pour toute action dans la cité4. Ces discussions, souvent en
169 définition de la personne pour toute action dans la cité4. Ces discussions, souvent encombrées de jargon philosophique, p
170 ans la cité4. Ces discussions, souvent encombrées de jargon philosophique, peuvent apparaître byzantines au grand public.
171 ines au grand public. Il n’en reste pas moins que le mot d’ordre « Défense de la personne humaine » est devenu le slogan p
172 n’en reste pas moins que le mot d’ordre « Défense de la personne humaine » est devenu le slogan par excellence des hommes
173 n reste pas moins que le mot d’ordre « Défense de la personne humaine » est devenu le slogan par excellence des hommes d’É
174 dre « Défense de la personne humaine » est devenu le slogan par excellence des hommes d’État démocratiques. Tout cela ne v
175 mocratiques. Tout cela ne va pas sans équivoques. Les dissiper me paraît une tâche d’une importance particulière pour notre
176 sans équivoques. Les dissiper me paraît une tâche d’ une importance particulière pour notre pensée réformée. Car il se trou
177 e que nous passons, nous protestants, tantôt pour les fermes soutiens de la personnalité, tantôt pour de dangereux individu
178 nous protestants, tantôt pour les fermes soutiens de la personnalité, tantôt pour de dangereux individualistes. C’est donc
179 s protestants, tantôt pour les fermes soutiens de la personnalité, tantôt pour de dangereux individualistes. C’est donc vr
180 s fermes soutiens de la personnalité, tantôt pour de dangereux individualistes. C’est donc vraiment de nos affaires qu’il
181 de dangereux individualistes. C’est donc vraiment de nos affaires qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre m
182 re mot à dire, peut-être même avant quiconque, si l’ on veut éviter les pires malentendus. Je ne reprendrai pas ici les di
183 ut-être même avant quiconque, si l’on veut éviter les pires malentendus. Je ne reprendrai pas ici les distinctions théoriq
184 les pires malentendus. Je ne reprendrai pas ici les distinctions théoriques que l’on a proposées entre individu, personne
185 eprendrai pas ici les distinctions théoriques que l’ on a proposées entre individu, personne et personnalité. Je préfère il
186 notions par des exemples historiques susceptibles de faire image. Si nous remontons aux origines, si nous cherchons commen
187 nes, si nous cherchons comment sont apparues dans l’ Histoire les notions d’individu et de personne, et les systèmes qui s’
188 s cherchons comment sont apparues dans l’Histoire les notions d’individu et de personne, et les systèmes qui s’y opposent,
189 comment sont apparues dans l’Histoire les notions d’ individu et de personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verron
190 pparues dans l’Histoire les notions d’individu et de personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verrons mieux commen
191 istoire les notions d’individu et de personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verrons mieux comment se situe la Réf
192 s’y opposent, nous verrons mieux comment se situe la Réforme dans l’évolution de l’Europe, et quel principe central elle d
193 us verrons mieux comment se situe la Réforme dans l’ évolution de l’Europe, et quel principe central elle doit y incarner,
194 ieux comment se situe la Réforme dans l’évolution de l’Europe, et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours
195 x comment se situe la Réforme dans l’évolution de l’ Europe, et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours sa
196 e, et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord l’individu. Con
197 jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord l’ individu. Contrairement à ce que peut nous faire croire une certaine p
198 aire croire une certaine polémique réactionnaire, l’ individu n’est pas une invention du siècle des Lumières et de la Décla
199 n’est pas une invention du siècle des Lumières et de la Déclaration des droits de l’homme. C’est une invention grecque, et
200 st pas une invention du siècle des Lumières et de la Déclaration des droits de l’homme. C’est une invention grecque, et sa
201 st une invention grecque, et sa naissance signale la naissance même de l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu
202 recque, et sa naissance signale la naissance même de l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un cou
203 que, et sa naissance signale la naissance même de l’ hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un coup s
204 ssance signale la naissance même de l’hellénisme. L’ individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un coup se met à réfléc
205 naissance même de l’hellénisme. L’individu, c’est l’ homme de la tribu qui tout d’un coup se met à réfléchir pour son compt
206 e même de l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un coup se met à réfléchir pour son compte, et qu
207 ême de l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un coup se met à réfléchir pour son compte, et qui,
208 e. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’ un coup se met à réfléchir pour son compte, et qui, de ce fait même, s
209 coup se met à réfléchir pour son compte, et qui, de ce fait même, se distingue du groupe naturel, et s’isole. Le groupe p
210 même, se distingue du groupe naturel, et s’isole. Le groupe primitif, la tribu, est lié par le lien du sang, des morts com
211 u groupe naturel, et s’isole. Le groupe primitif, la tribu, est lié par le lien du sang, des morts communs, et par celui d
212 ’isole. Le groupe primitif, la tribu, est lié par le lien du sang, des morts communs, et par celui de la terreur sacrée. C
213 le lien du sang, des morts communs, et par celui de la terreur sacrée. C’est autour d’un tabou et autour des tombeaux, ob
214 lien du sang, des morts communs, et par celui de la terreur sacrée. C’est autour d’un tabou et autour des tombeaux, objet
215 , et par celui de la terreur sacrée. C’est autour d’ un tabou et autour des tombeaux, objets d’effroi, que se rassemble la
216 autour d’un tabou et autour des tombeaux, objets d’ effroi, que se rassemble la société primitive. Ce qu’elle adore, c’est
217 r des tombeaux, objets d’effroi, que se rassemble la société primitive. Ce qu’elle adore, c’est ce qu’elle craint, c’est c
218 elle adore, c’est ce qu’elle craint, c’est ce qui la terrorise. Une société ainsi formée a pour caractère distinctif l’int
219 société ainsi formée a pour caractère distinctif l’ intolérance radicale. (On ne discute pas ce qui est sacré.) De plus, e
220 phobe. Mais supposez maintenant qu’un des membres de la tribu se mette à raisonner à part soi. Raisonner, c’est d’abord do
221 be. Mais supposez maintenant qu’un des membres de la tribu se mette à raisonner à part soi. Raisonner, c’est d’abord doute
222 est d’abord douter, et c’est bientôt se révolter. L’ homme qui raisonne, c’est l’homme qui cherche à échapper à la terreur
223 bientôt se révolter. L’homme qui raisonne, c’est l’ homme qui cherche à échapper à la terreur originelle, aux liens sacrés
224 raisonne, c’est l’homme qui cherche à échapper à la terreur originelle, aux liens sacrés du groupe, et par là même à son
225 s sacrés du groupe, et par là même à son principe de tyrannie. Ce mouvement d’arrachement au sacré sombre, à l’empire des
226 là même à son principe de tyrannie. Ce mouvement d’ arrachement au sacré sombre, à l’empire des morts, ce mouvement de dis
227 ie. Ce mouvement d’arrachement au sacré sombre, à l’ empire des morts, ce mouvement de dissolution de la communauté primiti
228 sacré sombre, à l’empire des morts, ce mouvement de dissolution de la communauté primitive, c’est la naissance même de la
229 à l’empire des morts, ce mouvement de dissolution de la communauté primitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur le
230 ’empire des morts, ce mouvement de dissolution de la communauté primitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur le fon
231 de dissolution de la communauté primitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur le fond indistinct des peuplades indo
232 la communauté primitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur le fond indistinct des peuplades indo-germaniques, les
233 communauté primitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur le fond indistinct des peuplades indo-germaniques, les Gre
234 imitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur le fond indistinct des peuplades indo-germaniques, les Grecs sont les pr
235 e fond indistinct des peuplades indo-germaniques, les Grecs sont les premiers à se détacher, à prendre figure, donc à s’ind
236 , à prendre figure, donc à s’individualiser. Dans la tribu primitive, certains hommes se singularisent : on les considère
237 primitive, certains hommes se singularisent : on les considère comme des criminels, car ils ont profané l’élément sacré du
238 onsidère comme des criminels, car ils ont profané l’ élément sacré du groupe. On les expulse : voilà les premiers individus
239 car ils ont profané l’élément sacré du groupe. On les expulse : voilà les premiers individus. Ceci est important : à l’orig
240 là les premiers individus. Ceci est important : à l’ origine, individu est synonyme de criminel. Mais peu à peu, ces indiv
241 st important : à l’origine, individu est synonyme de criminel. Mais peu à peu, ces individus se groupent pour constituer
242 à peu, ces individus se groupent pour constituer de nouvelles communautés (les thiases) comparables à la cité au sens mod
243 roupent pour constituer de nouvelles communautés ( les thiases) comparables à la cité au sens moderne. Alors que la tribu ét
244 nouvelles communautés (les thiases) comparables à la cité au sens moderne. Alors que la tribu était liée par des liens d’o
245 comparables à la cité au sens moderne. Alors que la tribu était liée par des liens d’origine — le sang, la famille — la c
246 erne. Alors que la tribu était liée par des liens d’ origine — le sang, la famille — la cité est fondée sur l’intérêt commu
247 que la tribu était liée par des liens d’origine —  le sang, la famille — la cité est fondée sur l’intérêt commun et les con
248 ibu était liée par des liens d’origine — le sang, la famille — la cité est fondée sur l’intérêt commun et les contrats. Al
249 e par des liens d’origine — le sang, la famille — la cité est fondée sur l’intérêt commun et les contrats. Alors que la mo
250 ne — le sang, la famille — la cité est fondée sur l’ intérêt commun et les contrats. Alors que la morale de la tribu dicte
251 ille — la cité est fondée sur l’intérêt commun et les contrats. Alors que la morale de la tribu dicte des devoirs sacrés, d
252 e sur l’intérêt commun et les contrats. Alors que la morale de la tribu dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de
253 térêt commun et les contrats. Alors que la morale de la tribu dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de droits. T
254 êt commun et les contrats. Alors que la morale de la tribu dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de droits. Tous
255 morale de la tribu dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de droits. Tous les membres de la tribu devaient agir d
256 u dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de droits. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière
257 irs sacrés, dans la cité on parle de droits. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière minutieusement p
258 dans la cité on parle de droits. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière minutieusement prescrite pa
259 s la cité on parle de droits. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière minutieusement prescrite par l
260 roits. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière minutieusement prescrite par les usages, et toute con
261 ts. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière minutieusement prescrite par les usages, et toute contra
262 r de la même manière minutieusement prescrite par les usages, et toute contravention entraînait l’exécration ou la mort. Da
263 par les usages, et toute contravention entraînait l’ exécration ou la mort. Dans la cité, bien au contraire, chacun cherche
264 et toute contravention entraînait l’exécration ou la mort. Dans la cité, bien au contraire, chacun cherche à se distinguer
265 avention entraînait l’exécration ou la mort. Dans la cité, bien au contraire, chacun cherche à se distinguer. On met son p
266 chacun cherche à se distinguer. On met son point d’ honneur à faire mieux que le voisin, ou tout au moins à faire autremen
267 uer. On met son point d’honneur à faire mieux que le voisin, ou tout au moins à faire autrement que lui. On se veut autono
268 rement que lui. On se veut autonome et conscient. La définition la plus noble de l’individu nous est fournie à ce moment p
269 . On se veut autonome et conscient. La définition la plus noble de l’individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lo
270 utonome et conscient. La définition la plus noble de l’individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous d
271 nome et conscient. La définition la plus noble de l’ individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous dit 
272 is-toi toi-même, c’est-à-dire : prends conscience de ton existence individuelle, libère-toi des déterminations sacrées et
273 eut-être peut-on rapprocher cette tendance morale de celle qui poussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome
274 procher cette tendance morale de celle qui poussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome, les philosophes à f
275 endance morale de celle qui poussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome, les philosophes à formuler le pri
276 ance morale de celle qui poussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome, les philosophes à formuler le princi
277 lle qui poussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome, les philosophes à formuler le principe d’individuatio
278 ussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’ atome, les philosophes à formuler le principe d’individuation, les lég
279 physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome, les philosophes à formuler le principe d’individuation, les législateurs
280 éer la notion d’atome, les philosophes à formuler le principe d’individuation, les législateurs et les artistes à concentr
281 n d’atome, les philosophes à formuler le principe d’ individuation, les législateurs et les artistes à concentrer leur atte
282 ilosophes à formuler le principe d’individuation, les législateurs et les artistes à concentrer leur attention sur l’homme
283 le principe d’individuation, les législateurs et les artistes à concentrer leur attention sur l’homme et son destin partic
284 s et les artistes à concentrer leur attention sur l’ homme et son destin particulier. D’où le héros, d’où la statue, d’où l
285 attention sur l’homme et son destin particulier. D’ où le héros, d’où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux
286 ntion sur l’homme et son destin particulier. D’où le héros, d’où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux déci
287 l’homme et son destin particulier. D’où le héros, d’ où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacr
288 me et son destin particulier. D’où le héros, d’où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées d
289 estin particulier. D’où le héros, d’où la statue, d’ où le tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ;
290 particulier. D’où le héros, d’où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ; — d’
291 agique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ; — d’où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade cou
292 que (Antigone s’opposant aux décisions sacrées de l’ État) ; — d’où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe
293 e s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ; —  d’ où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de
294 pposant aux décisions sacrées de l’État) ; — d’où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de son ch
295 décisions sacrées de l’État) ; — d’où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de son chien pour qu
296 rées de l’État) ; — d’où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de son chien pour qu’on parle de
297 otions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de son chien pour qu’on parle de lui, qu’on le distingue. C’est
298 gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de son chien pour qu’on parle de lui, qu’on le distingue. C’est là encor
299 iade coupe la queue de son chien pour qu’on parle de lui, qu’on le distingue. C’est là encore une assez bonne définition d
300 queue de son chien pour qu’on parle de lui, qu’on le distingue. C’est là encore une assez bonne définition de l’individu…
301 ingue. C’est là encore une assez bonne définition de l’individu… Toutefois ce mouvement centrifuge par rapport à la commun
302 ue. C’est là encore une assez bonne définition de l’ individu… Toutefois ce mouvement centrifuge par rapport à la communaut
303 … Toutefois ce mouvement centrifuge par rapport à la communauté d’origine, s’il se confond d’abord, soulignons-le, avec l’
304 mouvement centrifuge par rapport à la communauté d’ origine, s’il se confond d’abord, soulignons-le, avec l’intelligence e
305 té d’origine, s’il se confond d’abord, soulignons- le , avec l’intelligence et la raison, ne tarde pas à affaiblir les liens
306 ine, s’il se confond d’abord, soulignons-le, avec l’ intelligence et la raison, ne tarde pas à affaiblir les liens sociaux.
307 nd d’abord, soulignons-le, avec l’intelligence et la raison, ne tarde pas à affaiblir les liens sociaux. Il s’oriente vers
308 telligence et la raison, ne tarde pas à affaiblir les liens sociaux. Il s’oriente vers l’anarchie. À ce moment, se produit
309 à affaiblir les liens sociaux. Il s’oriente vers l’ anarchie. À ce moment, se produit fatalement ce que j’appellerais un s
310 duit fatalement ce que j’appellerais un sentiment de vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’où naît l’appel à u
311 rais un sentiment de vide social. C’est une sorte d’ angoisse diffuse d’où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus s
312 e vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’ où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’individ
313 ial. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’où naît l’ appel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’individu isolé re
314 ppel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’ individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent, et l’État sa
315 où l’individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent, et l’État sa puissance matérielle. C’est Rome alors, c’est
316 olé retrouve des contraintes qui le rassurent, et l’ État sa puissance matérielle. C’est Rome alors, c’est l’Empire romain
317 sa puissance matérielle. C’est Rome alors, c’est l’ Empire romain qui nous donnera le symbole éternel de cette réaction co
318 ome alors, c’est l’Empire romain qui nous donnera le symbole éternel de cette réaction collective. La victoire de Rome sur
319 Empire romain qui nous donnera le symbole éternel de cette réaction collective. La victoire de Rome sur la Grèce, symboliq
320 le symbole éternel de cette réaction collective. La victoire de Rome sur la Grèce, symboliquement interprétée, c’est la v
321 éternel de cette réaction collective. La victoire de Rome sur la Grèce, symboliquement interprétée, c’est la victoire de l
322 ette réaction collective. La victoire de Rome sur la Grèce, symboliquement interprétée, c’est la victoire de l’étatisme su
323 e sur la Grèce, symboliquement interprétée, c’est la victoire de l’étatisme sur l’individualisme social. L’État romain, ru
324 ce, symboliquement interprétée, c’est la victoire de l’étatisme sur l’individualisme social. L’État romain, rural et milit
325 symboliquement interprétée, c’est la victoire de l’ étatisme sur l’individualisme social. L’État romain, rural et militair
326 interprétée, c’est la victoire de l’étatisme sur l’ individualisme social. L’État romain, rural et militaire, avec son app
327 ctoire de l’étatisme sur l’individualisme social. L’ État romain, rural et militaire, avec son appareil rigide, devait fata
328 son appareil rigide, devait fatalement triompher d’ une Grèce que nous dirions « atomisée ». Le vide social créé par l’ind
329 ompher d’une Grèce que nous dirions « atomisée ». Le vide social créé par l’individualisme est toujours un appel à l’État
330 ous dirions « atomisée ». Le vide social créé par l’ individualisme est toujours un appel à l’État dictatorial. Et cet État
331 créé par l’individualisme est toujours un appel à l’ État dictatorial. Et cet État aux cadres géométriques, avec son armée,
332 bureaucratie, sa police, fonctionnera d’ailleurs d’ autant plus facilement qu’il n’aura plus affaire qu’à une poussière d’
333 ment qu’il n’aura plus affaire qu’à une poussière d’ individus déracinés, n’offrant plus de résistance appréciable. Vous vo
334 e poussière d’individus déracinés, n’offrant plus de résistance appréciable. Vous voyez qu’entre individualisme et dictatu
335 Vous voyez qu’entre individualisme et dictature, l’ opposition n’est qu’apparente : en réalité, il y a de l’un à l’autre u
336 pposition n’est qu’apparente : en réalité, il y a de l’un à l’autre un lien de cause à effet, ou plus exactement, de succe
337 te : en réalité, il y a de l’un à l’autre un lien de cause à effet, ou plus exactement, de succession fatale. L’individu n
338 tre un lien de cause à effet, ou plus exactement, de succession fatale. L’individu ne s’oppose à l’État qu’à la manière do
339 effet, ou plus exactement, de succession fatale. L’ individu ne s’oppose à l’État qu’à la manière dont le vide s’oppose au
340 t, de succession fatale. L’individu ne s’oppose à l’ État qu’à la manière dont le vide s’oppose au plein : plus le vide est
341 sion fatale. L’individu ne s’oppose à l’État qu’à la manière dont le vide s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plu
342 ndividu ne s’oppose à l’État qu’à la manière dont le vide s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plus l’appel est pu
343 la manière dont le vide s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plus l’appel est puissant. À bien des égards, l’état
344 s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plus l’ appel est puissant. À bien des égards, l’étatisme ne fait qu’achever l
345 lu, plus l’appel est puissant. À bien des égards, l’ étatisme ne fait qu’achever le processus de dissolution sociale commen
346 À bien des égards, l’étatisme ne fait qu’achever le processus de dissolution sociale commencé par l’individualisme. L’ind
347 gards, l’étatisme ne fait qu’achever le processus de dissolution sociale commencé par l’individualisme. L’individu s’était
348 le processus de dissolution sociale commencé par l’ individualisme. L’individu s’était abstrait du groupe naturel ; l’État
349 issolution sociale commencé par l’individualisme. L’ individu s’était abstrait du groupe naturel ; l’État liquide les group
350 . L’individu s’était abstrait du groupe naturel ; l’ État liquide les groupes naturels subsistants, atomise encore plus la
351 était abstrait du groupe naturel ; l’État liquide les groupes naturels subsistants, atomise encore plus la société, afin qu
352 groupes naturels subsistants, atomise encore plus la société, afin qu’aucune structure organique ne s’oppose plus à son ac
353 structure organique ne s’oppose plus à son action d’ unification, de « mise au pas ». C’est avec la poussière des individus
354 ique ne s’oppose plus à son action d’unification, de « mise au pas ». C’est avec la poussière des individus que l’État fer
355 ion d’unification, de « mise au pas ». C’est avec la poussière des individus que l’État fera son ciment. Diviser pour régn
356 pas ». C’est avec la poussière des individus que l’ État fera son ciment. Diviser pour régner, déraciner pour mieux discip
357 éraciner pour mieux discipliner, cela seul permet de constituer un bloc puissant vis-à-vis de l’extérieur ; un bloc qui pr
358 ermet de constituer un bloc puissant vis-à-vis de l’ extérieur ; un bloc qui prend l’allure d’une armée. Le vice d’un tel s
359 sant vis-à-vis de l’extérieur ; un bloc qui prend l’ allure d’une armée. Le vice d’un tel système, c’est qu’il stérilise pe
360 à-vis de l’extérieur ; un bloc qui prend l’allure d’ une armée. Le vice d’un tel système, c’est qu’il stérilise peu à peu t
361 térieur ; un bloc qui prend l’allure d’une armée. Le vice d’un tel système, c’est qu’il stérilise peu à peu toutes les ini
362 ; un bloc qui prend l’allure d’une armée. Le vice d’ un tel système, c’est qu’il stérilise peu à peu toutes les initiatives
363 l système, c’est qu’il stérilise peu à peu toutes les initiatives vivantes, et qu’il finit par s’effondrer sous le poids de
364 ves vivantes, et qu’il finit par s’effondrer sous le poids de son appareil dévorateur. Et cela ne manque pas de se produir
365 tes, et qu’il finit par s’effondrer sous le poids de son appareil dévorateur. Et cela ne manque pas de se produire lorsque
366 de son appareil dévorateur. Et cela ne manque pas de se produire lorsque la majorité des citoyens se trouvent réduits à l’
367 eur. Et cela ne manque pas de se produire lorsque la majorité des citoyens se trouvent réduits à l’état de fonctionnaires
368 ue la majorité des citoyens se trouvent réduits à l’ état de fonctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décad
369 ajorité des citoyens se trouvent réduits à l’état de fonctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de
370 se trouvent réduits à l’état de fonctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homm
371 l’état de fonctionnaires ou de soldats. Telle est l’ histoire de la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’état r
372 onctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’état romain, c’es
373 tionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’état romain, c’est d
374 de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’état romain, c’est donc l’individ
375 ts. Telle est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’état romain, c’est donc l’individu embriga
376 e est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’ homme que suppose l’état romain, c’est donc l’individu embrigadé, le f
377 la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’ état romain, c’est donc l’individu embrigadé, le fonctionnaire ou le s
378 ype d’homme que suppose l’état romain, c’est donc l’ individu embrigadé, le fonctionnaire ou le soldat, l’homme qui n’exist
379 e l’état romain, c’est donc l’individu embrigadé, le fonctionnaire ou le soldat, l’homme qui n’existe que par son rôle soc
380 st donc l’individu embrigadé, le fonctionnaire ou le soldat, l’homme qui n’existe que par son rôle social, par sa fonction
381 ndividu embrigadé, le fonctionnaire ou le soldat, l’ homme qui n’existe que par son rôle social, par sa fonction dans la ci
382 ste que par son rôle social, par sa fonction dans la cité. C’est celui-là qui sera nommé juridiquement la persona. Ce mot
383 cité. C’est celui-là qui sera nommé juridiquement la persona. Ce mot qui désignait à l’origine le masque de l’acteur, sign
384 juridiquement la persona. Ce mot qui désignait à l’ origine le masque de l’acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue
385 ment la persona. Ce mot qui désignait à l’origine le masque de l’acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue le citoye
386 rsona. Ce mot qui désignait à l’origine le masque de l’acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue le citoyen. Dans l’
387 na. Ce mot qui désignait à l’origine le masque de l’ acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue le citoyen. Dans l’Emp
388 origine le masque de l’acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue le citoyen. Dans l’Empire, tout homme n’est pas une
389 l’acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue le citoyen. Dans l’Empire, tout homme n’est pas une persona, il s’en fau
390 era bientôt le « rôle » que joue le citoyen. Dans l’ Empire, tout homme n’est pas une persona, il s’en faut. Les esclaves,
391 , tout homme n’est pas une persona, il s’en faut. Les esclaves, par exemple, qui forment les deux tiers de la population, n
392 s’en faut. Les esclaves, par exemple, qui forment les deux tiers de la population, ne sont pas des personnes, puisqu’ils ne
393 esclaves, par exemple, qui forment les deux tiers de la population, ne sont pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas de
394 laves, par exemple, qui forment les deux tiers de la population, ne sont pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas de rô
395 sont pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages de l’État. Il est important de rappeler ce sens
396 personnes, puisqu’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages de l’État. Il est important de rappeler ce sens romain du mot
397 puisqu’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages de l’État. Il est important de rappeler ce sens romain du mot personne.
398 squ’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages de l’ État. Il est important de rappeler ce sens romain du mot personne. Je
399 rôle dans les rouages de l’État. Il est important de rappeler ce sens romain du mot personne. Je le traduirais volontiers
400 nt de rappeler ce sens romain du mot personne. Je le traduirais volontiers en langage moderne par le terme de soldat polit
401 e le traduirais volontiers en langage moderne par le terme de soldat politique. Nous allons le voir se transformer substan
402 uirais volontiers en langage moderne par le terme de soldat politique. Nous allons le voir se transformer substantiellemen
403 rne par le terme de soldat politique. Nous allons le voir se transformer substantiellement dans le vocabulaire chrétien.
404 ons le voir se transformer substantiellement dans le vocabulaire chrétien. Car voici le moment décisif de notre histoire.
405 ellement dans le vocabulaire chrétien. Car voici le moment décisif de notre histoire. La Grèce individualiste a triomphé
406 ocabulaire chrétien. Car voici le moment décisif de notre histoire. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté b
407 . Car voici le moment décisif de notre histoire. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté barbare du sang. Mai
408 otre histoire. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté barbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’an
409 e histoire. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté barbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’anarc
410 arbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’ anarchie. Et à son tour, la Rome étatique s’écroule sous son propre po
411 ard elle a sombré dans l’anarchie. Et à son tour, la Rome étatique s’écroule sous son propre poids. De nouveau se reforme
412 social, une angoisse, un appel à une communauté. L’ anarchie et la tyrannie, successivement, ont fait faillite. Quelle ser
413 ngoisse, un appel à une communauté. L’anarchie et la tyrannie, successivement, ont fait faillite. Quelle sera la nouvelle
414 e, successivement, ont fait faillite. Quelle sera la nouvelle société ? En ce point de l’évolution, dans cette angoisse, d
415 te. Quelle sera la nouvelle société ? En ce point de l’évolution, dans cette angoisse, deux solutions paraissent possibles
416 Quelle sera la nouvelle société ? En ce point de l’ évolution, dans cette angoisse, deux solutions paraissent possibles. O
417 sse, deux solutions paraissent possibles. Ou bien l’ on cherche à recréer la communauté primitive, à base de sang et de lie
418 aissent possibles. Ou bien l’on cherche à recréer la communauté primitive, à base de sang et de liens sacrés : c’est une r
419 ecréer la communauté primitive, à base de sang et de liens sacrés : c’est une régression vers la barbarie, mais qui flatte
420 ng et de liens sacrés : c’est une régression vers la barbarie, mais qui flatte les instincts et les passions, et satisfait
421 une régression vers la barbarie, mais qui flatte les instincts et les passions, et satisfait le rêve nostalgique d’un reto
422 ers la barbarie, mais qui flatte les instincts et les passions, et satisfait le rêve nostalgique d’un retour à la nature, d
423 latte les instincts et les passions, et satisfait le rêve nostalgique d’un retour à la nature, d’une fraternité plus charn
424 et les passions, et satisfait le rêve nostalgique d’ un retour à la nature, d’une fraternité plus charnelle, d’une communio
425 s, et satisfait le rêve nostalgique d’un retour à la nature, d’une fraternité plus charnelle, d’une communion avec la mass
426 fait le rêve nostalgique d’un retour à la nature, d’ une fraternité plus charnelle, d’une communion avec la masse dans le m
427 our à la nature, d’une fraternité plus charnelle, d’ une communion avec la masse dans le mystère des origines : souvenirs,
428 e fraternité plus charnelle, d’une communion avec la masse dans le mystère des origines : souvenirs, mythologies, rites ma
429 lus charnelle, d’une communion avec la masse dans le mystère des origines : souvenirs, mythologies, rites magiques, culte
430 gies, rites magiques, culte ancestral ou religion d’ État. C’est là ce que j’appellerai une communauté régressive. L’autre
431 ai une communauté régressive. L’autre possibilité de communauté, c’est celle qu’imagine l’être spirituel. C’est l’espoir d
432 possibilité de communauté, c’est celle qu’imagine l’ être spirituel. C’est l’espoir d’une société d’un type absolument nouv
433 é, c’est celle qu’imagine l’être spirituel. C’est l’ espoir d’une société d’un type absolument nouveau, qui ne soit pas fon
434 celle qu’imagine l’être spirituel. C’est l’espoir d’ une société d’un type absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur l
435 ne l’être spirituel. C’est l’espoir d’une société d’ un type absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur les contraintes
436 pe absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur les contraintes du passé, ni sur des lois, mais sur l’attente commune et
437 s contraintes du passé, ni sur des lois, mais sur l’ attente commune et enthousiaste d’un au-delà libérateur. Ce n’est plus
438 lois, mais sur l’attente commune et enthousiaste d’ un au-delà libérateur. Ce n’est plus le rêve du retour aux origines, c
439 thousiaste d’un au-delà libérateur. Ce n’est plus le rêve du retour aux origines, c’est le rêve d’un avenir éternel, d’une
440 n’est plus le rêve du retour aux origines, c’est le rêve d’un avenir éternel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc de
441 lus le rêve du retour aux origines, c’est le rêve d’ un avenir éternel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attent
442 aux origines, c’est le rêve d’un avenir éternel, d’ une révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attente d’une communauté pr
443 éternel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attente d’une communauté progressive. La réalisation historique de
444 ernel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc de l’ attente d’une communauté progressive. La réalisation historique de la
445 ne révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attente d’ une communauté progressive. La réalisation historique de la première p
446 t donc de l’attente d’une communauté progressive. La réalisation historique de la première possibilité s’est amorcée dès l
447 communauté progressive. La réalisation historique de la première possibilité s’est amorcée dès la fin de la République rom
448 ique de la première possibilité s’est amorcée dès la fin de la République romaine, quand César est devenu un dieu. Et c’es
449 la première possibilité s’est amorcée dès la fin de la République romaine, quand César est devenu un dieu. Et c’est l’éch
450 première possibilité s’est amorcée dès la fin de la République romaine, quand César est devenu un dieu. Et c’est l’échec
451 romaine, quand César est devenu un dieu. Et c’est l’ échec de cette religion d’État, confondu avec l’échec plus général d’u
452 quand César est devenu un dieu. Et c’est l’échec de cette religion d’État, confondu avec l’échec plus général d’une socié
453 evenu un dieu. Et c’est l’échec de cette religion d’ État, confondu avec l’échec plus général d’une société bureaucratisée,
454 t l’échec de cette religion d’État, confondu avec l’ échec plus général d’une société bureaucratisée, qui a permis et prépa
455 ligion d’État, confondu avec l’échec plus général d’ une société bureaucratisée, qui a permis et préparé le triomphe du chr
456 e société bureaucratisée, qui a permis et préparé le triomphe du christianisme. Mais je demeure persuadé que la seule poss
457 he du christianisme. Mais je demeure persuadé que la seule possibilité d’une communauté progressive n’eût pas suffi à évei
458 Mais je demeure persuadé que la seule possibilité d’ une communauté progressive n’eût pas suffi à éveiller la volonté de la
459 communauté progressive n’eût pas suffi à éveiller la volonté de la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut q
460 progressive n’eût pas suffi à éveiller la volonté de la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait h
461 gressive n’eût pas suffi à éveiller la volonté de la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait hist
462 pas suffi à éveiller la volonté de la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un a
463 suffi à éveiller la volonté de la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un acte
464 r la volonté de la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un acte vînt transforme
465 a volonté de la réaliser et de la faire sortir de l’ utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un acte vînt transformer c
466 vision immédiate et dynamique. Et ce fait, c’est l’ événement central de toute l’Histoire, la seule nouveauté absolue de t
467 dynamique. Et ce fait, c’est l’événement central de toute l’Histoire, la seule nouveauté absolue de tous les temps : l’in
468 e. Et ce fait, c’est l’événement central de toute l’ Histoire, la seule nouveauté absolue de tous les temps : l’incarnation
469 t, c’est l’événement central de toute l’Histoire, la seule nouveauté absolue de tous les temps : l’incarnation de Dieu dan
470 l de toute l’Histoire, la seule nouveauté absolue de tous les temps : l’incarnation de Dieu dans l’homme fondant une socié
471 te l’Histoire, la seule nouveauté absolue de tous les temps : l’incarnation de Dieu dans l’homme fondant une société absolu
472 e, la seule nouveauté absolue de tous les temps : l’ incarnation de Dieu dans l’homme fondant une société absolument nouvel
473 uveauté absolue de tous les temps : l’incarnation de Dieu dans l’homme fondant une société absolument nouvelle : l’Église.
474 ue de tous les temps : l’incarnation de Dieu dans l’ homme fondant une société absolument nouvelle : l’Église. Qu’est-ce qu
475 l’homme fondant une société absolument nouvelle : l’ Église. Qu’est-ce que l’Église primitive, du point de vue sociologique
476 été absolument nouvelle : l’Église. Qu’est-ce que l’ Église primitive, du point de vue sociologique où je me place ici ? C’
477 ace ici ? C’est une communauté spirituelle formée d’ un grand nombre de petites communautés locales, que l’on pourrait appe
478 e communauté spirituelle formée d’un grand nombre de petites communautés locales, que l’on pourrait appeler d’un terme mod
479 grand nombre de petites communautés locales, que l’ on pourrait appeler d’un terme moderne : des cellules. Ces communautés
480 es communautés locales, que l’on pourrait appeler d’ un terme moderne : des cellules. Ces communautés ne sont pas fondées s
481 cellules. Ces communautés ne sont pas fondées sur le passé ni sur des origines communes. « Il n’y a plus ni Juif ni Grec »
482  », écrit saint Paul. Elles ne tiennent compte ni de la race, ni des traditions, ni du rang social : on y trouve des escla
483 écrit saint Paul. Elles ne tiennent compte ni de la race, ni des traditions, ni du rang social : on y trouve des esclaves
484 ches. Leur lien n’est pas terrestre : il est dans l’ au-delà. Leur chef n’est pas terrestre : il s’est assis au Ciel à la d
485 ef n’est pas terrestre : il s’est assis au Ciel à la droite de Dieu. Leurs ambitions non plus ne sont pas terrestres, car
486 as terrestre : il s’est assis au Ciel à la droite de Dieu. Leurs ambitions non plus ne sont pas terrestres, car ce qu’elle
487 pas terrestres, car ce qu’elles attendent, c’est la fin des temps. Et cependant, ces communautés étranges constituent bel
488 ces communautés étranges constituent bel et bien les germes d’une société véritable. Elles ont leur organisation sociale,
489 autés étranges constituent bel et bien les germes d’ une société véritable. Elles ont leur organisation sociale, leurs chef
490 ielle, mais ils y trouvent aussi des possibilités de servir leurs frères. Ils se voient donc libérés, et du même coup enga
491 oup engagés dans un corps social nouveau. Prenons le cas de l’esclave qui devient chrétien. Alors que l’État romain lui dé
492 agés dans un corps social nouveau. Prenons le cas de l’esclave qui devient chrétien. Alors que l’État romain lui déniait t
493 s dans un corps social nouveau. Prenons le cas de l’ esclave qui devient chrétien. Alors que l’État romain lui déniait tout
494 cas de l’esclave qui devient chrétien. Alors que l’ État romain lui déniait toute activité libre et spontanée, l’Église lu
495 in lui déniait toute activité libre et spontanée, l’ Église lui rend sa dignité humaine d’individu en même temps que son rô
496 t spontanée, l’Église lui rend sa dignité humaine d’ individu en même temps que son rôle actif de persona. Spirituellement,
497 maine d’individu en même temps que son rôle actif de persona. Spirituellement, il se produit un phénomène parallèle : le p
498 uellement, il se produit un phénomène parallèle : le païen qui se convertit se voit d’une part racheté de son péché ; et d
499 païen qui se convertit se voit d’une part racheté de son péché ; et d’autre part, il reçoit une mission nouvelle, une voca
500 it une mission nouvelle, une vocation. Il devient le serviteur du Maître qui le libère. Ainsi, spirituellement et socialem
501 e vocation. Il devient le serviteur du Maître qui le libère. Ainsi, spirituellement et socialement, l’Église est une commu
502 le libère. Ainsi, spirituellement et socialement, l’ Église est une communauté d’hommes qui sont à la fois libres et engagé
503 ement et socialement, l’Église est une communauté d’ hommes qui sont à la fois libres et engagés. Libérés par Celui qui les
504 la fois libres et engagés. Libérés par Celui qui les engage à son service, et engagés au service du prochain dans la mesur
505 n service, et engagés au service du prochain dans la mesure précisément où ils se sentent libérés par leur foi dans le Chr
506 ément où ils se sentent libérés par leur foi dans le Christ, leur Maître. Ces hommes nouveaux apparaissent donc comme des
507 ctoires, n’étant que deux aspects complémentaires d’ une seule et même réalité : la conversion. Tel est l’homme neuf, créé
508 cts complémentaires d’une seule et même réalité : la conversion. Tel est l’homme neuf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’
509 ne seule et même réalité : la conversion. Tel est l’ homme neuf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’est pas l’individu grec
510 é : la conversion. Tel est l’homme neuf, créé par l’ Église chrétienne. Ce n’est pas l’individu grec, puisqu’il se soucie d
511 neuf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’est pas l’ individu grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de se disti
512 as l’individu grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de se distinguer. Et ce n’est pas non plus la persona du d
513 grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de se distinguer. Et ce n’est pas non plus la persona du droit romain, p
514 ir que de se distinguer. Et ce n’est pas non plus la persona du droit romain, puisque l’homme qui reçoit une vocation poss
515 pas non plus la persona du droit romain, puisque l’ homme qui reçoit une vocation possède une dignité indépendante de son
516 oit une vocation possède une dignité indépendante de son rôle social. Comment le baptiser ? Il faut un mot nouveau. Ou pl
517 dignité indépendante de son rôle social. Comment le baptiser ? Il faut un mot nouveau. Ou plutôt non : c’est à un mot dé
518 u. Ou plutôt non : c’est à un mot déjà connu que l’ on aura recours, mais on va lui donner un nouveau sens. Pour désigner
519 s on va lui donner un nouveau sens. Pour désigner les relations constituant la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit
520 eau sens. Pour désigner les relations constituant la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de l’Églis
521 ur désigner les relations constituant la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de l’Église grecque av
522 er les relations constituant la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de l’Église grecque avaient ado
523 tions constituant la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de l’Église grecque avaient adopté le term
524 la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de l’Église grecque avaient adopté le terme romain de person
525 le Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de l’Église grecque avaient adopté le terme romain de persona. C’est ce
526 Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de l’ Église grecque avaient adopté le terme romain de persona. C’est ce mêm
527 , les docteurs de l’Église grecque avaient adopté le terme romain de persona. C’est ce même terme qui va servir aux premie
528 e l’Église grecque avaient adopté le terme romain de persona. C’est ce même terme qui va servir aux premiers philosophes c
529 vir aux premiers philosophes chrétiens à désigner la réalité de l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme, lui aus
530 miers philosophes chrétiens à désigner la réalité de l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme, lui aussi, se trou
531 rs philosophes chrétiens à désigner la réalité de l’ homme dans un monde christianisé. Car cet homme, lui aussi, se trouve
532 uve être à la fois autonome et en relation. Ainsi le mot avec son sens nouveau, et la réalité sociale de la personne, sont
533 relation. Ainsi le mot avec son sens nouveau, et la réalité sociale de la personne, sont bel et bien des créations chréti
534 mot avec son sens nouveau, et la réalité sociale de la personne, sont bel et bien des créations chrétiennes ou, pour mieu
535 t avec son sens nouveau, et la réalité sociale de la personne, sont bel et bien des créations chrétiennes ou, pour mieux d
536 ns chrétiennes ou, pour mieux dire, des créations de l’Église chrétienne. Voici donc définis par leurs origines, et dans l
537 chrétiennes ou, pour mieux dire, des créations de l’ Église chrétienne. Voici donc définis par leurs origines, et dans leur
538 r leurs origines, et dans leur genèse historique, les maîtres mots de notre conception occidentale de l’homme : l’individu
539 et dans leur genèse historique, les maîtres mots de notre conception occidentale de l’homme : l’individu et la personne.
540 les maîtres mots de notre conception occidentale de l’homme : l’individu et la personne. Et vous voyez que la distinction
541 s maîtres mots de notre conception occidentale de l’ homme : l’individu et la personne. Et vous voyez que la distinction en
542 mots de notre conception occidentale de l’homme : l’ individu et la personne. Et vous voyez que la distinction entre ces de
543 conception occidentale de l’homme : l’individu et la personne. Et vous voyez que la distinction entre ces deux vocables si
544 me : l’individu et la personne. Et vous voyez que la distinction entre ces deux vocables si courants, loin d’être une quer
545 inction entre ces deux vocables si courants, loin d’ être une querelle byzantine, ne traduit rien de moins, dans les débuts
546 in d’être une querelle byzantine, ne traduit rien de moins, dans les débuts, que la distinction entre l’homme naturel et l
547 uerelle byzantine, ne traduit rien de moins, dans les débuts, que la distinction entre l’homme naturel et l’homme chrétien.
548 e, ne traduit rien de moins, dans les débuts, que la distinction entre l’homme naturel et l’homme chrétien. Ces bases étan
549 moins, dans les débuts, que la distinction entre l’ homme naturel et l’homme chrétien. Ces bases étant posées, faisons dan
550 buts, que la distinction entre l’homme naturel et l’ homme chrétien. Ces bases étant posées, faisons dans nos pensées un pe
551 nt posées, faisons dans nos pensées un petit saut de quelques siècles, pour retomber tout à la fois dans l’époque de la Ré
552 elques siècles, pour retomber tout à la fois dans l’ époque de la Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Ég
553 ècles, pour retomber tout à la fois dans l’époque de la Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Église prim
554 es, pour retomber tout à la fois dans l’époque de la Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Église primiti
555 à la fois dans l’époque de la Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Église primitive a repris peu à peu l
556 ormation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’ Église primitive a repris peu à peu l’héritage de l’Empire romain. Ell
557 ous occupe. L’Église primitive a repris peu à peu l’ héritage de l’Empire romain. Elle s’est peu à peu substituée aux cadre
558 L’Église primitive a repris peu à peu l’héritage de l’Empire romain. Elle s’est peu à peu substituée aux cadres sclérosés
559 Église primitive a repris peu à peu l’héritage de l’ Empire romain. Elle s’est peu à peu substituée aux cadres sclérosés du
560 substituée aux cadres sclérosés du vieux régime. La capitale de l’Empire d’Occident, ses hiérarchies, sa centralisation,
561 aux cadres sclérosés du vieux régime. La capitale de l’Empire d’Occident, ses hiérarchies, sa centralisation, sa structure
562 cadres sclérosés du vieux régime. La capitale de l’ Empire d’Occident, ses hiérarchies, sa centralisation, sa structure un
563 clérosés du vieux régime. La capitale de l’Empire d’ Occident, ses hiérarchies, sa centralisation, sa structure unitaire, e
564 mes liturgiques, tout cela fait partie intégrante de la chrétienté médiévale. Or, cette collusion peut-être inévitable de
565 liturgiques, tout cela fait partie intégrante de la chrétienté médiévale. Or, cette collusion peut-être inévitable de l’É
566 diévale. Or, cette collusion peut-être inévitable de l’Église et de l’Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge,
567 vale. Or, cette collusion peut-être inévitable de l’ Église et de l’Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une
568 tte collusion peut-être inévitable de l’Église et de l’Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une sorte de co
569 collusion peut-être inévitable de l’Église et de l’ Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une sorte de commu
570 rel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une sorte de communauté sacrée, de société sacrale d’allure collectiviste. Il fall
571 ong du Moyen Âge, une sorte de communauté sacrée, de société sacrale d’allure collectiviste. Il fallait le prévoir. En eff
572 ne sorte de communauté sacrée, de société sacrale d’ allure collectiviste. Il fallait le prévoir. En effet, la personne chr
573 ociété sacrale d’allure collectiviste. Il fallait le prévoir. En effet, la personne chrétienne était une sorte de paradoxe
574 e collectiviste. Il fallait le prévoir. En effet, la personne chrétienne était une sorte de paradoxe : elle unissait l’ind
575 En effet, la personne chrétienne était une sorte de paradoxe : elle unissait l’individu libre et la persona ou fonction s
576 ienne était une sorte de paradoxe : elle unissait l’ individu libre et la persona ou fonction sociale, dans un composé orig
577 e de paradoxe : elle unissait l’individu libre et la persona ou fonction sociale, dans un composé original dominé par la f
578 tion sociale, dans un composé original dominé par la foi. Si la foi venait à disparaître ou à s’altérer, la communauté fon
579 e, dans un composé original dominé par la foi. Si la foi venait à disparaître ou à s’altérer, la communauté fondée sur la
580 i. Si la foi venait à disparaître ou à s’altérer, la communauté fondée sur la personne courait le danger d’une double dévi
581 paraître ou à s’altérer, la communauté fondée sur la personne courait le danger d’une double déviation : d’une part vers l
582 rer, la communauté fondée sur la personne courait le danger d’une double déviation : d’une part vers l’individualisme, d’a
583 mmunauté fondée sur la personne courait le danger d’ une double déviation : d’une part vers l’individualisme, d’autre part
584 e danger d’une double déviation : d’une part vers l’ individualisme, d’autre part vers le collectivisme. C’est à cette seco
585 une part vers l’individualisme, d’autre part vers le collectivisme. C’est à cette seconde déviation que succomba la sociét
586 sme. C’est à cette seconde déviation que succomba la société au Moyen Âge. « L’homme médiéval, écrit Burckhardt, ne se con
587 déviation que succomba la société au Moyen Âge. «  L’ homme médiéval, écrit Burckhardt, ne se connaissait plus que comme rac
588 forme générale et collective. » C’est-à-dire que la collusion de l’Église et du pouvoir politique tendait à opprimer la l
589 le et collective. » C’est-à-dire que la collusion de l’Église et du pouvoir politique tendait à opprimer la liberté de la
590 et collective. » C’est-à-dire que la collusion de l’ Église et du pouvoir politique tendait à opprimer la liberté de la per
591 Église et du pouvoir politique tendait à opprimer la liberté de la personne, en absorbant celle-ci de plus en plus dans de
592 u pouvoir politique tendait à opprimer la liberté de la personne, en absorbant celle-ci de plus en plus dans des engagemen
593 ouvoir politique tendait à opprimer la liberté de la personne, en absorbant celle-ci de plus en plus dans des engagements
594 de nouveau comme sacrés. Or, toutes les fois que l’ élément sacré reparaît dans une société et tend à s’imposer par la for
595 reparaît dans une société et tend à s’imposer par la force, comme ce fut le cas dès le xiie siècle, on se retrouve dans u
596 té et tend à s’imposer par la force, comme ce fut le cas dès le xiie siècle, on se retrouve dans une situation quelque pe
597 à s’imposer par la force, comme ce fut le cas dès le xiie siècle, on se retrouve dans une situation quelque peu analogue
598 situation quelque peu analogue à celle des débuts de la Grèce, en ce sens qu’une révolte de l’individu ne tarde pas à se m
599 uation quelque peu analogue à celle des débuts de la Grèce, en ce sens qu’une révolte de l’individu ne tarde pas à se mani
600 des débuts de la Grèce, en ce sens qu’une révolte de l’individu ne tarde pas à se manifester. Cette révolte, c’est la Rena
601 débuts de la Grèce, en ce sens qu’une révolte de l’ individu ne tarde pas à se manifester. Cette révolte, c’est la Renaiss
602 e tarde pas à se manifester. Cette révolte, c’est la Renaissance. Elle apparaît d’abord en Italie, un siècle au moins avan
603 araît d’abord en Italie, un siècle au moins avant la Réforme. Et l’on peut la caractériser par quelques traits qui rappell
604 n Italie, un siècle au moins avant la Réforme. Et l’ on peut la caractériser par quelques traits qui rappelleront ma descri
605 un siècle au moins avant la Réforme. Et l’on peut la caractériser par quelques traits qui rappelleront ma description de l
606 r quelques traits qui rappelleront ma description de la Grèce individualiste. L’individu de la Renaissance est d’abord un
607 uelques traits qui rappelleront ma description de la Grèce individualiste. L’individu de la Renaissance est d’abord un rév
608 leront ma description de la Grèce individualiste. L’ individu de la Renaissance est d’abord un révolté qui oppose ses besoi
609 escription de la Grèce individualiste. L’individu de la Renaissance est d’abord un révolté qui oppose ses besoins propres
610 ription de la Grèce individualiste. L’individu de la Renaissance est d’abord un révolté qui oppose ses besoins propres aux
611 qui oppose ses besoins propres aux dogmes sacrés de la collectivité. Il revendique le droit de discuter, c’est-à-dire le
612 i oppose ses besoins propres aux dogmes sacrés de la collectivité. Il revendique le droit de discuter, c’est-à-dire le lib
613 x dogmes sacrés de la collectivité. Il revendique le droit de discuter, c’est-à-dire le libre examen de toutes choses. Il
614 sacrés de la collectivité. Il revendique le droit de discuter, c’est-à-dire le libre examen de toutes choses. Il est assoi
615 Il revendique le droit de discuter, c’est-à-dire le libre examen de toutes choses. Il est assoiffé de gloire et de riches
616 e droit de discuter, c’est-à-dire le libre examen de toutes choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre
617 le libre examen de toutes choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse,
618 en de toutes choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse, fussent-elle
619 choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse, fussent-elles acquises au
620 de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse, fussent-elles acquises aux dépens de sa famille e
621 ussent-elles acquises aux dépens de sa famille et de sa cité, aux dépens même de la vie d’autrui. Un grand nombre de crime
622 pens de sa famille et de sa cité, aux dépens même de la vie d’autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Itali
623 s de sa famille et de sa cité, aux dépens même de la vie d’autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Italie d
624 famille et de sa cité, aux dépens même de la vie d’ autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Italie du xve
625 x dépens même de la vie d’autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Italie du xve siècle à seule fin d’acqué
626 rui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’ Italie du xve siècle à seule fin d’acquérir de la renommée. Et les pi
627 t commis dans l’Italie du xve siècle à seule fin d’ acquérir de la renommée. Et les pirates siciliens, fondateurs du capit
628 ns l’Italie du xve siècle à seule fin d’acquérir de la renommée. Et les pirates siciliens, fondateurs du capitalisme comm
629 l’Italie du xve siècle à seule fin d’acquérir de la renommée. Et les pirates siciliens, fondateurs du capitalisme commerc
630 siècle à seule fin d’acquérir de la renommée. Et les pirates siciliens, fondateurs du capitalisme commercial, sont souvent
631 cial, sont souvent cités comme les premiers types d’ individus au sens moderne. Nous retrouvons ici cette liaison mystérieu
632 us retrouvons ici cette liaison mystérieuse entre la naissance de l’individu et le crime social. Enfin l’individu de la Re
633 ici cette liaison mystérieuse entre la naissance de l’individu et le crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se
634 i cette liaison mystérieuse entre la naissance de l’ individu et le crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se liv
635 n mystérieuse entre la naissance de l’individu et le crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se livre à une activ
636 naissance de l’individu et le crime social. Enfin l’ individu de la Renaissance se livre à une activité toute nouvelle : l’
637 e l’individu et le crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se livre à une activité toute nouvelle : l’expérimenta
638 ’individu et le crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se livre à une activité toute nouvelle : l’expérimentatio
639 aissance se livre à une activité toute nouvelle : l’ expérimentation scientifique libre. Tout cela relève d’une seule et mê
640 érimentation scientifique libre. Tout cela relève d’ une seule et même volonté : celle de profaner le sacré collectif et se
641 t cela relève d’une seule et même volonté : celle de profaner le sacré collectif et ses tabous, afin de s’affirmer libre e
642 e d’une seule et même volonté : celle de profaner le sacré collectif et ses tabous, afin de s’affirmer libre et sans respo
643 firmer libre et sans responsabilité par rapport à la société. Qu’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif de gloire
644 sabilité par rapport à la société. Qu’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expé
645 ort à la société. Qu’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles qu
646 ciété. Qu’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles que la dissec
647 u’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles que la dissection du
648 de libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles que la dissection du corps humain,
649 de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’ expériences telles que la dissection du corps humain, c’est toujours u
650 oire et de richesses, ou d’expériences telles que la dissection du corps humain, c’est toujours une profanation que l’on o
651 corps humain, c’est toujours une profanation que l’ on opère. Du moins ces gestes sont-ils ressentis comme tels à cette ép
652 vident qu’il représente une réaction inévitable à la déviation romaine de la communauté catholique5. Entre ces deux déviat
653 te une réaction inévitable à la déviation romaine de la communauté catholique5. Entre ces deux déviations, contre l’oppres
654 une réaction inévitable à la déviation romaine de la communauté catholique5. Entre ces deux déviations, contre l’oppressio
655 té catholique5. Entre ces deux déviations, contre l’ oppression collective et contre la révolte de l’individu, ce qui va se
656 iations, contre l’oppression collective et contre la révolte de l’individu, ce qui va se dresser pour proclamer les droits
657 ntre l’oppression collective et contre la révolte de l’individu, ce qui va se dresser pour proclamer les droits et les dev
658 e l’oppression collective et contre la révolte de l’ individu, ce qui va se dresser pour proclamer les droits et les devoir
659 e l’individu, ce qui va se dresser pour proclamer les droits et les devoirs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. N
660 ce qui va se dresser pour proclamer les droits et les devoirs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons a
661 dresser pour proclamer les droits et les devoirs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur même
662 esser pour proclamer les droits et les devoirs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur même du
663 et les devoirs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur même du sujet. Qu’on m’entende bien :
664 n m’entende bien : je ne prétends pas annexer ici la Réforme à la cause personnaliste. Bien au contraire : je vais essayer
665 ien : je ne prétends pas annexer ici la Réforme à la cause personnaliste. Bien au contraire : je vais essayer de vous mont
666 ersonnaliste. Bien au contraire : je vais essayer de vous montrer ce que pourrait et devrait être un personnalisme inspiré
667 pourrait et devrait être un personnalisme inspiré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé de la personne en soi. Ils n
668 rrait et devrait être un personnalisme inspiré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé de la personne en soi. Ils n’on
669 spiré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé de la personne en soi. Ils n’ont pas fait une théorie personnaliste, ils
670 ré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé de la personne en soi. Ils n’ont pas fait une théorie personnaliste, ils ne
671 naliste, ils ne paraissent même pas avoir entrevu la possibilité ou l’intérêt d’un tel problème. Mais ils ne parlent pas n
672 raissent même pas avoir entrevu la possibilité ou l’ intérêt d’un tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus de l’indiv
673 ême pas avoir entrevu la possibilité ou l’intérêt d’ un tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus de l’individu ou de
674 un tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus de l’individu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités qu
675 tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus de l’ individu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités que d
676 Mais ils ne parlent pas non plus de l’individu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités que désignent ces t
677 s ils ne parlent pas non plus de l’individu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités que désignent ces term
678 dividu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités que désignent ces termes sont présentes, et sont en conflit
679 t ces termes sont présentes, et sont en conflit à l’ époque de la Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but uni
680 mes sont présentes, et sont en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but unique des r
681 sont présentes, et sont en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but unique des réfo
682 ont en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but unique des réformateurs était de res
683 en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but unique des réformateurs était de restaur
684 la Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but unique des réformateurs était de restaurer la fidélité de l’Églis
685 ommairement. Le but unique des réformateurs était de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’o
686 Le but unique des réformateurs était de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’êt
687 e des réformateurs était de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés
688 es réformateurs était de restaurer la fidélité de l’ Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés co
689 eurs était de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés comme des nov
690 de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés comme des novateurs. « 
691 glise à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’ être présentés comme des novateurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit
692 teurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions personnelles à la place de l’exposition si
693 as mettre nos opinions personnelles à la place de l’ exposition simple et fidèle de la pure Parole de Dieu. » Du point de v
694 elles à la place de l’exposition simple et fidèle de la pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je
695 es à la place de l’exposition simple et fidèle de la pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je dir
696 e l’exposition simple et fidèle de la pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’œuvre
697 point de vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’ œuvre de Calvin a consisté essentiellement à restaurer la doctrine de
698 vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’œuvre de Calvin a consisté essentiellement à restaurer la doctrine de l’Église
699 de Calvin a consisté essentiellement à restaurer la doctrine de l’Église, de même qu’elle a consisté accidentellement, da
700 consisté essentiellement à restaurer la doctrine de l’Église, de même qu’elle a consisté accidentellement, dans le plan p
701 nsisté essentiellement à restaurer la doctrine de l’ Église, de même qu’elle a consisté accidentellement, dans le plan poli
702 de même qu’elle a consisté accidentellement, dans le plan politique, à combattre sur deux fronts : d’une part contre l’abs
703 , à combattre sur deux fronts : d’une part contre l’ absolutisme du pouvoir, d’autre part contre l’anarchisme. L’absolutism
704 tre l’absolutisme du pouvoir, d’autre part contre l’ anarchisme. L’absolutisme, c’était le vice du Moyen Âge, confondant l’
705 sme du pouvoir, d’autre part contre l’anarchisme. L’ absolutisme, c’était le vice du Moyen Âge, confondant l’autorité spiri
706 part contre l’anarchisme. L’absolutisme, c’était le vice du Moyen Âge, confondant l’autorité spirituelle et le pouvoir te
707 lutisme, c’était le vice du Moyen Âge, confondant l’ autorité spirituelle et le pouvoir temporel. L’anarchisme, c’était la
708 u Moyen Âge, confondant l’autorité spirituelle et le pouvoir temporel. L’anarchisme, c’était la révolte de la Renaissance,
709 nt l’autorité spirituelle et le pouvoir temporel. L’ anarchisme, c’était la révolte de la Renaissance, et les sectes d’illu
710 lle et le pouvoir temporel. L’anarchisme, c’était la révolte de la Renaissance, et les sectes d’illuminés, c’est-à-dire l’
711 ouvoir temporel. L’anarchisme, c’était la révolte de la Renaissance, et les sectes d’illuminés, c’est-à-dire l’individuali
712 oir temporel. L’anarchisme, c’était la révolte de la Renaissance, et les sectes d’illuminés, c’est-à-dire l’individualisme
713 rchisme, c’était la révolte de la Renaissance, et les sectes d’illuminés, c’est-à-dire l’individualisme social et religieux
714 était la révolte de la Renaissance, et les sectes d’ illuminés, c’est-à-dire l’individualisme social et religieux. Calvin c
715 aissance, et les sectes d’illuminés, c’est-à-dire l’ individualisme social et religieux. Calvin combat les deux tendances n
716 individualisme social et religieux. Calvin combat les deux tendances non point pour des raisons politiques, mais pour sauve
717 int pour des raisons politiques, mais pour sauver l’ Église véritable, car, écrit-il, « si personne n’allait au-devant pour
718 it au-devant pour rembarrer ces deux vices, toute la pureté de la foi serait confuse. » L’Église primitive était une commu
719 nt pour rembarrer ces deux vices, toute la pureté de la foi serait confuse. » L’Église primitive était une communauté spir
720 pour rembarrer ces deux vices, toute la pureté de la foi serait confuse. » L’Église primitive était une communauté spiritu
721 ices, toute la pureté de la foi serait confuse. » L’ Église primitive était une communauté spirituelle de personnes, d’homm
722 Église primitive était une communauté spirituelle de personnes, d’hommes nouveaux, à la fois libres et engagés, constituan
723 ve était une communauté spirituelle de personnes, d’ hommes nouveaux, à la fois libres et engagés, constituant une multitud
724 fois libres et engagés, constituant une multitude de communautés locales. Telles seront à nouveau les Églises réformées. P
725 e de communautés locales. Telles seront à nouveau les Églises réformées. Point de centralisation, point de capitale, point
726 les seront à nouveau les Églises réformées. Point de centralisation, point de capitale, point d’unification formelle et fo
727 Églises réformées. Point de centralisation, point de capitale, point d’unification formelle et forcée. Dès le début, la Ré
728 Point de centralisation, point de capitale, point d’ unification formelle et forcée. Dès le début, la Réforme considère com
729 tale, point d’unification formelle et forcée. Dès le début, la Réforme considère comme normales les diversités organiques.
730 t d’unification formelle et forcée. Dès le début, la Réforme considère comme normales les diversités organiques. Par exemp
731 Dès le début, la Réforme considère comme normales les diversités organiques. Par exemple, Calvin n’a jamais prétendu unifie
732 . Par exemple, Calvin n’a jamais prétendu unifier les constitutions ecclésiastiques des villes où il avait une autorité imm
733 ait une autorité immédiate, Strasbourg et Genève. Le problème ne se pose même pas. Les Églises locales s’organiseront en f
734 bourg et Genève. Le problème ne se pose même pas. Les Églises locales s’organiseront en fédérations, délégueront des député
735 ont des députés à des synodes, et il n’y aura pas de pape pour unifier temporellement toutes ces cellules vivantes, autono
736 Elles ont leur véritable unité en Christ, et dans la communion des saints. Ici-bas, l’Église une et sainte, l’Una Sancta,
737 Christ, et dans la communion des saints. Ici-bas, l’ Église une et sainte, l’Una Sancta, le Corps de Christ, nous apparaît,
738 nion des saints. Ici-bas, l’Église une et sainte, l’ Una Sancta, le Corps de Christ, nous apparaît, selon les propres terme
739 s. Ici-bas, l’Église une et sainte, l’Una Sancta, le Corps de Christ, nous apparaît, selon les propres termes de Calvin, d
740 s, l’Église une et sainte, l’Una Sancta, le Corps de Christ, nous apparaît, selon les propres termes de Calvin, dans la di
741 Sancta, le Corps de Christ, nous apparaît, selon les propres termes de Calvin, dans la diversité « des Églises et ses pers
742 e Christ, nous apparaît, selon les propres termes de Calvin, dans la diversité « des Églises et ses personnes particulière
743 pparaît, selon les propres termes de Calvin, dans la diversité « des Églises et ses personnes particulières ». Car non seu
744 vocations. Avec ce terme, Calvin n’ajoute rien à la réalité de l’homme chrétien, du membre de l’Église, mais il apporte u
745 Avec ce terme, Calvin n’ajoute rien à la réalité de l’homme chrétien, du membre de l’Église, mais il apporte une précisio
746 ec ce terme, Calvin n’ajoute rien à la réalité de l’ homme chrétien, du membre de l’Église, mais il apporte une précision c
747 rien à la réalité de l’homme chrétien, du membre de l’Église, mais il apporte une précision capitale à la définition de l
748 en à la réalité de l’homme chrétien, du membre de l’ Église, mais il apporte une précision capitale à la définition de la p
749 ’Église, mais il apporte une précision capitale à la définition de la personne. À tel point que je dirais volontiers que l
750 il apporte une précision capitale à la définition de la personne. À tel point que je dirais volontiers que la définition p
751 apporte une précision capitale à la définition de la personne. À tel point que je dirais volontiers que la définition prot
752 ersonne. À tel point que je dirais volontiers que la définition protestante de la personne, c’est la vocation. La persona
753 e dirais volontiers que la définition protestante de la personne, c’est la vocation. La persona romaine, c’était le rôle j
754 irais volontiers que la définition protestante de la personne, c’est la vocation. La persona romaine, c’était le rôle joué
755 e la définition protestante de la personne, c’est la vocation. La persona romaine, c’était le rôle joué par un individu da
756 on protestante de la personne, c’est la vocation. La persona romaine, c’était le rôle joué par un individu dans le plan de
757 e, c’est la vocation. La persona romaine, c’était le rôle joué par un individu dans le plan de l’État. La personne chrétie
758 omaine, c’était le rôle joué par un individu dans le plan de l’État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attr
759 c’était le rôle joué par un individu dans le plan de l’État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à c
760 tait le rôle joué par un individu dans le plan de l’ État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à chaq
761 rôle joué par un individu dans le plan de l’État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à chaque homme
762 e plan de l’État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à chaque homme dans Son plan. Notez bien que n
763 dans Son plan. Notez bien que nous retrouvons ici le paradoxe essentiel de la personne : à la fois libre et engagée, disti
764 ien que nous retrouvons ici le paradoxe essentiel de la personne : à la fois libre et engagée, distincte et reliée à nouve
765 que nous retrouvons ici le paradoxe essentiel de la personne : à la fois libre et engagée, distincte et reliée à nouveau.
766 re et engagée, distincte et reliée à nouveau. Car le rôle que Dieu attribue à un homme distingue cet homme, l’isole, mais
767 que Dieu attribue à un homme distingue cet homme, l’ isole, mais en même temps le remet en communication avec son prochain.
768 distingue cet homme, l’isole, mais en même temps le remet en communication avec son prochain. Ainsi la dignité de chaque
769 e remet en communication avec son prochain. Ainsi la dignité de chaque individu est garantie non pas du seul fait qu’il ex
770 communication avec son prochain. Ainsi la dignité de chaque individu est garantie non pas du seul fait qu’il existe physiq
771 fait qu’il peut incarner une volonté particulière de Dieu. Et dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit d’être respec
772 de Dieu. Et dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit d’être respecté par l’État, il a surtout le devoir d’agir, en t
773 Et dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit d’ être respecté par l’État, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il
774 me n’a pas seulement le droit d’être respecté par l’ État, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il est chargé d’une re
775 le droit d’être respecté par l’État, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il est chargé d’une responsabilité unique d
776 ’être respecté par l’État, il a surtout le devoir d’ agir, en tant qu’il est chargé d’une responsabilité unique dans la soc
777 urtout le devoir d’agir, en tant qu’il est chargé d’ une responsabilité unique dans la société, à sa juste place. Notons qu
778 qu’il est chargé d’une responsabilité unique dans la société, à sa juste place. Notons que si la personne doit être respec
779 dans la société, à sa juste place. Notons que si la personne doit être respectée par l’État, ce n’est pas en vertu d’on n
780 Notons que si la personne doit être respectée par l’ État, ce n’est pas en vertu d’on ne sait quel « droit naturel » à la d
781 as en vertu d’on ne sait quel « droit naturel » à la désobéissance ! Calvin précise que l’État, quel qu’il soit, doit être
782 naturel » à la désobéissance ! Calvin précise que l’ État, quel qu’il soit, doit être obéi par chacun. Mais il ajoute une r
783 riction mémorable, qui figure en particulier dans le serment des pasteurs de Genève, et dont l’actualité vous frappera cer
784 igure en particulier dans le serment des pasteurs de Genève, et dont l’actualité vous frappera certainement. « Je promets,
785 r dans le serment des pasteurs de Genève, et dont l’ actualité vous frappera certainement. « Je promets, dit le pasteur, de
786 ité vous frappera certainement. « Je promets, dit le pasteur, de servir la Seigneurie et le peuple de telle manière que pa
787 ppera certainement. « Je promets, dit le pasteur, de servir la Seigneurie et le peuple de telle manière que par cela je ne
788 ainement. « Je promets, dit le pasteur, de servir la Seigneurie et le peuple de telle manière que par cela je ne sois null
789 omets, dit le pasteur, de servir la Seigneurie et le peuple de telle manière que par cela je ne sois nullement empêché de
790 le pasteur, de servir la Seigneurie et le peuple de telle manière que par cela je ne sois nullement empêché de rendre à D
791 manière que par cela je ne sois nullement empêché de rendre à Dieu le service que je lui dois par ma vocation. » C’est à m
792 ela je ne sois nullement empêché de rendre à Dieu le service que je lui dois par ma vocation. » C’est à ma connaissance le
793 i dois par ma vocation. » C’est à ma connaissance le seul texte constitutionnel existant, qui puisse être qualifié de pers
794 onstitutionnel existant, qui puisse être qualifié de personnaliste, au sens précis où je l’entends. Diversité des Églises,
795 e qualifié de personnaliste, au sens précis où je l’ entends. Diversité des Églises, fédération de ces diversités, multipli
796 ù je l’entends. Diversité des Églises, fédération de ces diversités, multiplicité des vocations personnelles : tout cela,
797 té des vocations personnelles : tout cela, Calvin l’ a voulu dans un plan strictement ecclésiastique, c’est vrai. Mais il é
798 ai. Mais il était inévitable et juste que ce type de relations influençât peu à peu toutes les autres relations humaines,
799 ce type de relations influençât peu à peu toutes les autres relations humaines, et en particulier les relations politiques
800 les autres relations humaines, et en particulier les relations politiques. Toute l’histoire de l’Europe serait à refaire à
801 et en particulier les relations politiques. Toute l’ histoire de l’Europe serait à refaire à partir de cette constatation :
802 culier les relations politiques. Toute l’histoire de l’Europe serait à refaire à partir de cette constatation : que les fo
803 ier les relations politiques. Toute l’histoire de l’ Europe serait à refaire à partir de cette constatation : que les forme
804 it à refaire à partir de cette constatation : que les formes et structures des Églises ont toujours précédé, et ont en quel
805 ujours précédé, et ont en quelque sorte contaminé les formes et structures politiques. Nous en verrons quelques exemples un
806 elques exemples un peu plus loin. Quelle fut donc la traduction politique de la doctrine calvinienne de l’Église et des vo
807 lus loin. Quelle fut donc la traduction politique de la doctrine calvinienne de l’Église et des vocations personnelles ? J
808 loin. Quelle fut donc la traduction politique de la doctrine calvinienne de l’Église et des vocations personnelles ? Je n
809 a traduction politique de la doctrine calvinienne de l’Église et des vocations personnelles ? Je n’hésite pas à le dire :
810 raduction politique de la doctrine calvinienne de l’ Église et des vocations personnelles ? Je n’hésite pas à le dire : c’e
811 et des vocations personnelles ? Je n’hésite pas à le dire : c’est le fédéralisme. Cette thèse pourra paraître un peu forcé
812 personnelles ? Je n’hésite pas à le dire : c’est le fédéralisme. Cette thèse pourra paraître un peu forcée à certains his
813 uleux. Mais elle devient presque évidente dès que l’ on réfléchit aux deux questions suivantes : quels furent les régimes q
814 échit aux deux questions suivantes : quels furent les régimes qui persécutèrent la Réforme ? Et quelle fut l’action histori
815 ntes : quels furent les régimes qui persécutèrent la Réforme ? Et quelle fut l’action historique des hommes d’État de la R
816 imes qui persécutèrent la Réforme ? Et quelle fut l’ action historique des hommes d’État de la Réforme calviniste ? Partou
817 quelle fut l’action historique des hommes d’État de la Réforme calviniste ? Partout, et dès le début, l’obstacle princip
818 elle fut l’action historique des hommes d’État de la Réforme calviniste ? Partout, et dès le début, l’obstacle principal
819 ’État de la Réforme calviniste ? Partout, et dès le début, l’obstacle principal à la Réforme, ce fut l’absolutisme, la pa
820 a Réforme calviniste ? Partout, et dès le début, l’ obstacle principal à la Réforme, ce fut l’absolutisme, la passion unit
821 Partout, et dès le début, l’obstacle principal à la Réforme, ce fut l’absolutisme, la passion unitaire et centralisatrice
822 début, l’obstacle principal à la Réforme, ce fut l’ absolutisme, la passion unitaire et centralisatrice, tant chez les pap
823 cle principal à la Réforme, ce fut l’absolutisme, la passion unitaire et centralisatrice, tant chez les papes que chez les
824 la passion unitaire et centralisatrice, tant chez les papes que chez les princes. Et partout, les chefs protestants quand i
825 et centralisatrice, tant chez les papes que chez les princes. Et partout, les chefs protestants quand ils le purent, propo
826 chez les papes que chez les princes. Et partout, les chefs protestants quand ils le purent, proposèrent au contraire des p
827 nces. Et partout, les chefs protestants quand ils le purent, proposèrent au contraire des plans d’allure et d’intention ne
828 ils le purent, proposèrent au contraire des plans d’ allure et d’intention nettement fédéralistes. L’absolutisme, la collus
829 t, proposèrent au contraire des plans d’allure et d’ intention nettement fédéralistes. L’absolutisme, la collusion des pouv
830 s d’allure et d’intention nettement fédéralistes. L’ absolutisme, la collusion des pouvoirs politiques et spirituels, nous
831 ’intention nettement fédéralistes. L’absolutisme, la collusion des pouvoirs politiques et spirituels, nous les trouvons ch
832 usion des pouvoirs politiques et spirituels, nous les trouvons chez un Charles-Quint, chez un Philippe II d’Espagne, et en
833 chez un Philippe II d’Espagne, et en France dans le parti des Guise, dans la Ligue. Plus tard, c’est ce même esprit qui o
834 pagne, et en France dans le parti des Guise, dans la Ligue. Plus tard, c’est ce même esprit qui obtiendra que Louis XIV ré
835 e même esprit qui obtiendra que Louis XIV révoque l’ édit de Nantes, au nom du mot d’ordre unitaire : une foi, une loi, un
836 t d’ordre unitaire : une foi, une loi, un roi. Et l’ on célébrera « la France toute catholique sous le règne de Louis le Gr
837 e : une foi, une loi, un roi. Et l’on célébrera «  la France toute catholique sous le règne de Louis le Grand », c’est-à-di
838 l’on célébrera « la France toute catholique sous le règne de Louis le Grand », c’est-à-dire la France « mise au pas » par
839 ébrera « la France toute catholique sous le règne de Louis le Grand », c’est-à-dire la France « mise au pas » par l’homme
840 e sous le règne de Louis le Grand », c’est-à-dire la France « mise au pas » par l’homme qui dit : « l’État, c’est moi » ;
841 and », c’est-à-dire la France « mise au pas » par l’ homme qui dit : « l’État, c’est moi » ; la France synchronisée, centra
842 la France « mise au pas » par l’homme qui dit : «  l’ État, c’est moi » ; la France synchronisée, centralisée, déjà presque
843 s » par l’homme qui dit : « l’État, c’est moi » ; la France synchronisée, centralisée, déjà presque totalitaire, et vidée
844 , centralisée, déjà presque totalitaire, et vidée de ses meilleures forces créatrices. Mais dès que le parti protestant re
845 de ses meilleures forces créatrices. Mais dès que le parti protestant relève la tête, en tous pays, nous le voyons adopter
846 éatrices. Mais dès que le parti protestant relève la tête, en tous pays, nous le voyons adopter une politique toute différ
847 rti protestant relève la tête, en tous pays, nous le voyons adopter une politique toute différente. Il ne tombe jamais dan
848 litique toute différente. Il ne tombe jamais dans le piège d’opposer à l’absolutisme romain un absolutisme réformé. Au con
849 oute différente. Il ne tombe jamais dans le piège d’ opposer à l’absolutisme romain un absolutisme réformé. Au contraire. Q
850 nte. Il ne tombe jamais dans le piège d’opposer à l’ absolutisme romain un absolutisme réformé. Au contraire. Qu’il s’agiss
851 absolutisme réformé. Au contraire. Qu’il s’agisse de la Transylvanie convertie au calvinisme et qui devient l’âme de la ré
852 olutisme réformé. Au contraire. Qu’il s’agisse de la Transylvanie convertie au calvinisme et qui devient l’âme de la résis
853 ansylvanie convertie au calvinisme et qui devient l’ âme de la résistance au centralisme des Habsbourg, qu’il s’agisse des
854 anie convertie au calvinisme et qui devient l’âme de la résistance au centralisme des Habsbourg, qu’il s’agisse des Provin
855 e convertie au calvinisme et qui devient l’âme de la résistance au centralisme des Habsbourg, qu’il s’agisse des Provinces
856 ies des Pays-Bas ; qu’il s’agisse des fédérations de défense constituées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que d’u
857 agisse des fédérations de défense constituées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que d’une manière plus vague, des É
858 ons de défense constituées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que d’une manière plus vague, des États-Unis d’Amériq
859 ées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que d’ une manière plus vague, des États-Unis d’Amérique et de l’Empire angla
860 manière plus vague, des États-Unis d’Amérique et de l’Empire anglais avec ses libres Dominions, — partout l’on voit les p
861 nière plus vague, des États-Unis d’Amérique et de l’ Empire anglais avec ses libres Dominions, — partout l’on voit les prot
862 pire anglais avec ses libres Dominions, — partout l’ on voit les protestants revendiquer et appliquer un système politique
863 is avec ses libres Dominions, — partout l’on voit les protestants revendiquer et appliquer un système politique souple et v
864 ectueux des diversités, c’est-à-dire fédéraliste. Les synodes réformés de France, vers la fin du xvie siècle, préconisèren
865 s, c’est-à-dire fédéraliste. Les synodes réformés de France, vers la fin du xvie siècle, préconisèrent à plusieurs repris
866 fédéraliste. Les synodes réformés de France, vers la fin du xvie siècle, préconisèrent à plusieurs reprises des projets d
867 e, préconisèrent à plusieurs reprises des projets d’ organisation fédérative du Royaume, comportant une large autonomie des
868 me, comportant une large autonomie des communes à la base, et au sommet, le contrôle du pouvoir royal par un organe plus o
869 e autonomie des communes à la base, et au sommet, le contrôle du pouvoir royal par un organe plus ou moins inspiré du stat
870 spiré du stathoudérat hollandais. Et n’est-ce pas le huguenot Sully qui, le premier, sous Henry IV, conçut le « Grand Dess
871 enot Sully qui, le premier, sous Henry IV, conçut le « Grand Dessein » d’une fédération européenne ? Certes, les historien
872 emier, sous Henry IV, conçut le « Grand Dessein » d’ une fédération européenne ? Certes, les historiens attribuent à ces fa
873 d Dessein » d’une fédération européenne ? Certes, les historiens attribuent à ces faits des causes politiques précises. Ils
874 ts des causes politiques précises. Ils disent que la Réforme a triomphé surtout dans les petits États qui éprouveraient le
875 Ils disent que la Réforme a triomphé surtout dans les petits États qui éprouveraient le besoin de se fédérer contre l’Empir
876 é surtout dans les petits États qui éprouveraient le besoin de se fédérer contre l’Empire et contre Rome, et cela se vérif
877 dans les petits États qui éprouveraient le besoin de se fédérer contre l’Empire et contre Rome, et cela se vérifie souvent
878 qui éprouveraient le besoin de se fédérer contre l’ Empire et contre Rome, et cela se vérifie souvent au xvie siècle. Mai
879 ie souvent au xvie siècle. Mais je maintiens que la cause profonde de la tendance fédéraliste protestante jusqu’à nos jou
880 siècle. Mais je maintiens que la cause profonde de la tendance fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ordre pr
881 iècle. Mais je maintiens que la cause profonde de la tendance fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ordre propr
882 ce fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ ordre proprement spirituel. C’est bien le même état d’esprit qui expli
883 urs, est d’ordre proprement spirituel. C’est bien le même état d’esprit qui explique à la fois le respect des diversités e
884 bien le même état d’esprit qui explique à la fois le respect des diversités en politique, et le respect des personnes dans
885 a fois le respect des diversités en politique, et le respect des personnes dans la vie privée. L’un entraîne l’autre, l’un
886 és en politique, et le respect des personnes dans la vie privée. L’un entraîne l’autre, l’un ne va pas sans l’autre. Nous
887 ’autre, l’un ne va pas sans l’autre. Nous pouvons le vérifier d’une autre manière encore. Qui dit respect des personnes, d
888 ne va pas sans l’autre. Nous pouvons le vérifier d’ une autre manière encore. Qui dit respect des personnes, dit préoccupa
889 Qui dit respect des personnes, dit préoccupation de les éduquer. Et vous savez que les problèmes d’éducation furent dès l
890 i dit respect des personnes, dit préoccupation de les éduquer. Et vous savez que les problèmes d’éducation furent dès le dé
891 t préoccupation de les éduquer. Et vous savez que les problèmes d’éducation furent dès le début le grand souci des réformés
892 n de les éduquer. Et vous savez que les problèmes d’ éducation furent dès le début le grand souci des réformés. Calvin fond
893 us savez que les problèmes d’éducation furent dès le début le grand souci des réformés. Calvin fonde le Collège de Genève
894 que les problèmes d’éducation furent dès le début le grand souci des réformés. Calvin fonde le Collège de Genève en pleine
895 e début le grand souci des réformés. Calvin fonde le Collège de Genève en pleine période de guerre, dans une ville assiégé
896 grand souci des réformés. Calvin fonde le Collège de Genève en pleine période de guerre, dans une ville assiégée. Par cont
897 lvin fonde le Collège de Genève en pleine période de guerre, dans une ville assiégée. Par contre, on sait que les jésuites
898 dans une ville assiégée. Par contre, on sait que les jésuites, triomphant dans les pays absolutistes, ne passent point pou
899 contre, on sait que les jésuites, triomphant dans les pays absolutistes, ne passent point pour avoir favorisé très sérieuse
900 ssent point pour avoir favorisé très sérieusement le libre développement des vocations chez leurs élèves… Mais je m’en vou
901 ocations chez leurs élèves… Mais je m’en voudrais d’ insister sur cet exemple qui me ferait la part trop belle. Contentons-
902 voudrais d’insister sur cet exemple qui me ferait la part trop belle. Contentons-nous de le poser comme un repère. Ce que
903 qui me ferait la part trop belle. Contentons-nous de le poser comme un repère. Ce que je voulais dégager, c’est que la doc
904 me ferait la part trop belle. Contentons-nous de le poser comme un repère. Ce que je voulais dégager, c’est que la doctri
905 e un repère. Ce que je voulais dégager, c’est que la doctrine réformée prédispose les peuples protestants à comprendre et
906 égager, c’est que la doctrine réformée prédispose les peuples protestants à comprendre et à soutenir les régimes fédéralist
907 es peuples protestants à comprendre et à soutenir les régimes fédéralistes. L’homme ne vaut rien par lui-même, dit Calvin,
908 omprendre et à soutenir les régimes fédéralistes. L’ homme ne vaut rien par lui-même, dit Calvin, mais il vaut plus que tou
909 dit Calvin, mais il vaut plus que tout, plus que l’ État lui-même, dans certains cas, par le fait de sa vocation. C’est à
910 plus que l’État lui-même, dans certains cas, par le fait de sa vocation. C’est à cause de sa vocation qu’il est à la fois
911 e l’État lui-même, dans certains cas, par le fait de sa vocation. C’est à cause de sa vocation qu’il est à la fois libre e
912 gagé, autonome et pourtant responsable au sein de la communauté. Ainsi le citoyen calviniste, qui vit profondément et quot
913 rtant responsable au sein de la communauté. Ainsi le citoyen calviniste, qui vit profondément et quotidiennement cette doc
914 doctrine peut-il comprendre mieux que tout autre le paradoxe politique du fédéralisme : la liberté de chacun dans une act
915 tout autre le paradoxe politique du fédéralisme : la liberté de chacun dans une action commune, l’équilibre vivant des ton
916 le paradoxe politique du fédéralisme : la liberté de chacun dans une action commune, l’équilibre vivant des tons complémen
917 e : la liberté de chacun dans une action commune, l’ équilibre vivant des tons complémentaires, l’union dans la diversité.
918 une, l’équilibre vivant des tons complémentaires, l’ union dans la diversité. Maintenant que voici définies, ou plutôt illu
919 bre vivant des tons complémentaires, l’union dans la diversité. Maintenant que voici définies, ou plutôt illustrées d’exem
920 intenant que voici définies, ou plutôt illustrées d’ exemples historiques, certaines notions fondamentales telles que l’ind
921 iques, certaines notions fondamentales telles que l’ individu et la personne, abordons notre siècle et l’histoire présente.
922 es notions fondamentales telles que l’individu et la personne, abordons notre siècle et l’histoire présente. Car en défini
923 individu et la personne, abordons notre siècle et l’ histoire présente. Car en définitive, c’est de cela qu’il s’agit. L’hi
924 et l’histoire présente. Car en définitive, c’est de cela qu’il s’agit. L’histoire n’est jamais qu’un tremplin pour mieux
925 e. Car en définitive, c’est de cela qu’il s’agit. L’ histoire n’est jamais qu’un tremplin pour mieux sauter en plein cœur d
926 is qu’un tremplin pour mieux sauter en plein cœur de l’actuel. Comment situer dans l’Europe d’aujourd’hui les positions ci
927 qu’un tremplin pour mieux sauter en plein cœur de l’ actuel. Comment situer dans l’Europe d’aujourd’hui les positions civiq
928 er en plein cœur de l’actuel. Comment situer dans l’ Europe d’aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale
929 in cœur de l’actuel. Comment situer dans l’Europe d’ aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale ? Calvin
930 ctuel. Comment situer dans l’Europe d’aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale ? Calvin, vous le savez
931 ans l’Europe d’aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale ? Calvin, vous le savez, ne s’est jamais préo
932 l’Europe d’aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale ? Calvin, vous le savez, ne s’est jamais préoccu
933 iviques de la Réforme et sa morale ? Calvin, vous le savez, ne s’est jamais préoccupé de la forme des gouvernements. Il in
934 Calvin, vous le savez, ne s’est jamais préoccupé de la forme des gouvernements. Il insiste à maintes reprises sur le fait
935 lvin, vous le savez, ne s’est jamais préoccupé de la forme des gouvernements. Il insiste à maintes reprises sur le fait qu
936 gouvernements. Il insiste à maintes reprises sur le fait que monarchies, oligarchies et républiques sont également voulue
937 oligarchies et républiques sont également voulues de Dieu et doivent être obéies comme telles. Une fois cependant il marqu
938 Une fois cependant il marque une préférence, mais de l’ordre le plus général. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état d
939 fois cependant il marque une préférence, mais de l’ ordre le plus général. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état de g
940 pendant il marque une préférence, mais de l’ordre le plus général. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état de gouvernem
941 ’ordre le plus général. C’est lorsqu’il écrit : «  Le meilleur état de gouvernement est celui-là où il y a une liberté bien
942 néral. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état de gouvernement est celui-là où il y a une liberté bien tempérée et pour
943 érée et pour durer longuement. » Il me semble que le spectacle de l’Europe contemporaine donne raison au réformateur. Et j
944 durer longuement. » Il me semble que le spectacle de l’Europe contemporaine donne raison au réformateur. Et je ne crois pa
945 er longuement. » Il me semble que le spectacle de l’ Europe contemporaine donne raison au réformateur. Et je ne crois pas ê
946 nsée en y ajoutant cette précision : ce n’est pas la forme d’un État qui compte, mais bien la condition qu’il ménage à l’É
947 ajoutant cette précision : ce n’est pas la forme d’ un État qui compte, mais bien la condition qu’il ménage à l’Église, et
948 ’est pas la forme d’un État qui compte, mais bien la condition qu’il ménage à l’Église, et l’idée de l’homme qu’il suppose
949 qui compte, mais bien la condition qu’il ménage à l’ Église, et l’idée de l’homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce
950 ais bien la condition qu’il ménage à l’Église, et l’ idée de l’homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point
951 n la condition qu’il ménage à l’Église, et l’idée de l’homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point de vue
952 a condition qu’il ménage à l’Église, et l’idée de l’ homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point de vue :
953 nous plaçant à ce double point de vue : condition de l’Église et conception de l’homme, que nous pourrons le mieux départa
954 s plaçant à ce double point de vue : condition de l’ Église et conception de l’homme, que nous pourrons le mieux départager
955 oint de vue : condition de l’Église et conception de l’homme, que nous pourrons le mieux départager les deux groupes de ré
956 t de vue : condition de l’Église et conception de l’ homme, que nous pourrons le mieux départager les deux groupes de régim
957 glise et conception de l’homme, que nous pourrons le mieux départager les deux groupes de régimes qui s’affrontent aujourd
958 de l’homme, que nous pourrons le mieux départager les deux groupes de régimes qui s’affrontent aujourd’hui. Le premier grou
959 ous pourrons le mieux départager les deux groupes de régimes qui s’affrontent aujourd’hui. Le premier groupe est celui des
960 emier groupe est celui des nations qui respectent l’ Église et la personne. Nous y trouvons des formes de gouvernement auss
961 est celui des nations qui respectent l’Église et la personne. Nous y trouvons des formes de gouvernement aussi disparates
962 Église et la personne. Nous y trouvons des formes de gouvernement aussi disparates que possible : d’abord les cinq monarch
963 vernement aussi disparates que possible : d’abord les cinq monarchies protestantes du Nord : Scandinavie, Pays-Bas, Anglete
964 u Nord : Scandinavie, Pays-Bas, Angleterre ; puis l’ unique monarchie catholique, celle des Belges ; les quatre monarchies
965 l’unique monarchie catholique, celle des Belges ; les quatre monarchies orthodoxes des Balkans ; trois républiques démocrat
966 kans ; trois républiques démocratiques seulement, la Suisse, la Finlande et la France ; et enfin trois semi-dictatures : P
967 s républiques démocratiques seulement, la Suisse, la Finlande et la France ; et enfin trois semi-dictatures : Pologne, Hon
968 émocratiques seulement, la Suisse, la Finlande et la France ; et enfin trois semi-dictatures : Pologne, Hongrie et Portuga
969 és6.) En face de ce groupement hétérogène quant à la forme, sinon quant à l’esprit, se dresse le bloc des trois États tota
970 pement hétérogène quant à la forme, sinon quant à l’ esprit, se dresse le bloc des trois États totalitaires — que menace de
971 ant à la forme, sinon quant à l’esprit, se dresse le bloc des trois États totalitaires — que menace de rejoindre l’Espagne
972 le bloc des trois États totalitaires — que menace de rejoindre l’Espagne. Laissons de côté les différences politiques que
973 rois États totalitaires — que menace de rejoindre l’ Espagne. Laissons de côté les différences politiques que l’on pourrait
974 res — que menace de rejoindre l’Espagne. Laissons de côté les différences politiques que l’on pourrait marquer entre ces t
975 e menace de rejoindre l’Espagne. Laissons de côté les différences politiques que l’on pourrait marquer entre ces trois État
976 . Laissons de côté les différences politiques que l’ on pourrait marquer entre ces trois États : d’abord parce que ce n’est
977 sujet, ensuite parce que ces différences, qui ne le voit, s’atténuent d’année en année7. Ce qu’il nous importe de soulign
978 que ces différences, qui ne le voit, s’atténuent d’ année en année7. Ce qu’il nous importe de souligner ici, ce sont deux
979 tténuent d’année en année7. Ce qu’il nous importe de souligner ici, ce sont deux traits évidemment communs à ces régimes :
980 istianisme dès qu’ils sont assez forts pour lever le masque, et leur mépris de la personne. Voici, à mon avis, les causes
981 assez forts pour lever le masque, et leur mépris de la personne. Voici, à mon avis, les causes de ces deux phénomènes. En
982 sez forts pour lever le masque, et leur mépris de la personne. Voici, à mon avis, les causes de ces deux phénomènes. En Ru
983 et leur mépris de la personne. Voici, à mon avis, les causes de ces deux phénomènes. En Russie, en Allemagne, à Rome et en
984 ris de la personne. Voici, à mon avis, les causes de ces deux phénomènes. En Russie, en Allemagne, à Rome et en Espagne, l
985 s. En Russie, en Allemagne, à Rome et en Espagne, la distinction entre l’Église et l’État n’avait jamais été établie d’une
986 magne, à Rome et en Espagne, la distinction entre l’ Église et l’État n’avait jamais été établie d’une manière satisfaisant
987 e et en Espagne, la distinction entre l’Église et l’ État n’avait jamais été établie d’une manière satisfaisante. Le tsar p
988 tre l’Église et l’État n’avait jamais été établie d’ une manière satisfaisante. Le tsar par exemple, était à la fois chef d
989 t jamais été établie d’une manière satisfaisante. Le tsar par exemple, était à la fois chef de l’État et chef de l’Église 
990 r exemple, était à la fois chef de l’État et chef de l’Église : c’est ce qu’on nomme le césaropapisme. D’autre part, ses d
991 xemple, était à la fois chef de l’État et chef de l’ Église : c’est ce qu’on nomme le césaropapisme. D’autre part, ses déci
992 l’État et chef de l’Église : c’est ce qu’on nomme le césaropapisme. D’autre part, ses décisions politiques étaient forteme
993 ions politiques étaient fortement influencées par le clergé : c’est ce qu’on nomme la théocratie. Les trois autres pays qu
994 influencées par le clergé : c’est ce qu’on nomme la théocratie. Les trois autres pays que je viens de nommer souffraient,
995 r le clergé : c’est ce qu’on nomme la théocratie. Les trois autres pays que je viens de nommer souffraient, eux aussi, à de
996 rés divers, et pour mille raisons très complexes, de l’un ou de l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le t
997 et pour mille raisons très complexes, de l’un ou de l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le temporel n’y
998 lle raisons très complexes, de l’un ou de l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le temporel n’y était pas
999 rès complexes, de l’un ou de l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le temporel n’y était pas faite au bon
1000 l’un ou de l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le temporel n’y était pas faite au bon endroit, ou mal f
1001 tre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le temporel n’y était pas faite au bon endroit, ou mal faite, ou pas fai
1002 aite, ou pas faite du tout. Il en résultait, dans le peuple, le sentiment que l’État et l’Église formaient un tout et cons
1003 s faite du tout. Il en résultait, dans le peuple, le sentiment que l’État et l’Église formaient un tout et constituaient à
1004 Il en résultait, dans le peuple, le sentiment que l’ État et l’Église formaient un tout et constituaient à eux deux le Pouv
1005 ltait, dans le peuple, le sentiment que l’État et l’ Église formaient un tout et constituaient à eux deux le Pouvoir. Renve
1006 ise formaient un tout et constituaient à eux deux le Pouvoir. Renverser l’un, c’était donc fatalement s’attaquer à l’autre
1007 c’était donc fatalement s’attaquer à l’autre. Et le chef de la révolution triomphante dans chacun de ces pays, se trouvai
1008 donc fatalement s’attaquer à l’autre. Et le chef de la révolution triomphante dans chacun de ces pays, se trouvait comme
1009 nc fatalement s’attaquer à l’autre. Et le chef de la révolution triomphante dans chacun de ces pays, se trouvait comme con
1010 le chef de la révolution triomphante dans chacun de ces pays, se trouvait comme contraint par le sentiment général de rep
1011 acun de ces pays, se trouvait comme contraint par le sentiment général de reprendre à son compte à la fois l’autorité d’un
1012 trouvait comme contraint par le sentiment général de reprendre à son compte à la fois l’autorité d’un chef d’Église et le
1013 iment général de reprendre à son compte à la fois l’ autorité d’un chef d’Église et le pouvoir d’un chef d’État. Chacun sai
1014 al de reprendre à son compte à la fois l’autorité d’ un chef d’Église et le pouvoir d’un chef d’État. Chacun sait qu’une Ré
1015 endre à son compte à la fois l’autorité d’un chef d’ Église et le pouvoir d’un chef d’État. Chacun sait qu’une Révolution c
1016 compte à la fois l’autorité d’un chef d’Église et le pouvoir d’un chef d’État. Chacun sait qu’une Révolution copie toujour
1017 fois l’autorité d’un chef d’Église et le pouvoir d’ un chef d’État. Chacun sait qu’une Révolution copie toujours inconscie
1018 t qu’une Révolution copie toujours inconsciemment la structure du pouvoir qu’elle vient de renverser. Ainsi les jacobins s
1019 ture du pouvoir qu’elle vient de renverser. Ainsi les jacobins se firent centralistes comme les rois. Ainsi encore Staline
1020 . Ainsi les jacobins se firent centralistes comme les rois. Ainsi encore Staline et Hitler se firent césaropapistes comme l
1021 Staline et Hitler se firent césaropapistes comme les régimes qu’ils venaient d’abattre, et même beaucoup plus rigoureuseme
1022 césaropapistes comme les régimes qu’ils venaient d’ abattre, et même beaucoup plus rigoureusement, car la religion dont il
1023 battre, et même beaucoup plus rigoureusement, car la religion dont ils étaient les chefs était une religion de guerre, pos
1024 rigoureusement, car la religion dont ils étaient les chefs était une religion de guerre, possédant toute la virulence des
1025 ion dont ils étaient les chefs était une religion de guerre, possédant toute la virulence des corps chimiques à l’état nai
1026 efs était une religion de guerre, possédant toute la virulence des corps chimiques à l’état naissant. D’autre part, l’inst
1027 ossédant toute la virulence des corps chimiques à l’ état naissant. D’autre part, l’instauration de ces régimes tyranniques
1028 corps chimiques à l’état naissant. D’autre part, l’ instauration de ces régimes tyranniques fut largement facilitée, et mê
1029 s à l’état naissant. D’autre part, l’instauration de ces régimes tyranniques fut largement facilitée, et même appelée, par
1030 ues fut largement facilitée, et même appelée, par l’ absence dans tous ces pays d’élites civiques conscientes de leur missi
1031 et même appelée, par l’absence dans tous ces pays d’ élites civiques conscientes de leur mission. Dans un essai publié en 1
1032 dans tous ces pays d’élites civiques conscientes de leur mission. Dans un essai publié en 1928, et intitulé l’Espagne inv
1033 ission. Dans un essai publié en 1928, et intitulé l’ Espagne invertébrée, le grand écrivain espagnol Ortega y Gasset n’hési
1034 ublié en 1928, et intitulé l’Espagne invertébrée, le grand écrivain espagnol Ortega y Gasset n’hésite pas à comparer sous
1035 y Gasset n’hésite pas à comparer sous ce rapport l’ Espagne et la Russie. « Fort différentes sur beaucoup de points, écrit
1036 ésite pas à comparer sous ce rapport l’Espagne et la Russie. « Fort différentes sur beaucoup de points, écrit-il, elles of
1037 beaucoup de points, écrit-il, elles offrent ceci de commun qu’elles souffrent toutes les deux d’un manque évident et perm
1038 offrent ceci de commun qu’elles souffrent toutes les deux d’un manque évident et permanent d’individualités marquantes, …
1039 ceci de commun qu’elles souffrent toutes les deux d’ un manque évident et permanent d’individualités marquantes, … de perso
1040 toutes les deux d’un manque évident et permanent d’ individualités marquantes, … de personnalités autonomes. » Et de la so
1041 ident et permanent d’individualités marquantes, … de personnalités autonomes. » Et de la sorte, Ortega laisse entendre que
1042 és marquantes, … de personnalités autonomes. » Et de la sorte, Ortega laisse entendre que le destin de ces pays, du fait d
1043 marquantes, … de personnalités autonomes. » Et de la sorte, Ortega laisse entendre que le destin de ces pays, du fait de c
1044 mes. » Et de la sorte, Ortega laisse entendre que le destin de ces pays, du fait de ce qu’il nomme « l’absence des meilleu
1045 de la sorte, Ortega laisse entendre que le destin de ces pays, du fait de ce qu’il nomme « l’absence des meilleurs », ne s
1046 aisse entendre que le destin de ces pays, du fait de ce qu’il nomme « l’absence des meilleurs », ne saurait être que l’abs
1047 e destin de ces pays, du fait de ce qu’il nomme «  l’ absence des meilleurs », ne saurait être que l’absolutisme. Or, si nou
1048 « l’absence des meilleurs », ne saurait être que l’ absolutisme. Or, si nous nous rappelons que le calvinisme a toujours m
1049 que l’absolutisme. Or, si nous nous rappelons que le calvinisme a toujours maintenu avec rigueur la distinction entre l’Ég
1050 ue le calvinisme a toujours maintenu avec rigueur la distinction entre l’Église et l’État, et que d’autre part il a toujou
1051 ujours maintenu avec rigueur la distinction entre l’ Église et l’État, et que d’autre part il a toujours favorisé le dévelo
1052 enu avec rigueur la distinction entre l’Église et l’ État, et que d’autre part il a toujours favorisé le développement de l
1053 ’État, et que d’autre part il a toujours favorisé le développement de la personne et donc la formation d’élites civiques a
1054 utre part il a toujours favorisé le développement de la personne et donc la formation d’élites civiques actives, on compre
1055 e part il a toujours favorisé le développement de la personne et donc la formation d’élites civiques actives, on comprendr
1056 favorisé le développement de la personne et donc la formation d’élites civiques actives, on comprendra sans peine le fait
1057 développement de la personne et donc la formation d’ élites civiques actives, on comprendra sans peine le fait suivant qui,
1058 élites civiques actives, on comprendra sans peine le fait suivant qui, à ma connaissance, n’a jamais été signalé : c’est q
1059 jamais été signalé : c’est qu’il existe une forme de totalitarisme correspondant à la Russie orthodoxe, une autre correspo
1060 existe une forme de totalitarisme correspondant à la Russie orthodoxe, une autre correspondant à l’Allemagne luthérienne,
1061 à la Russie orthodoxe, une autre correspondant à l’ Allemagne luthérienne, et deux autres correspondant à l’Italie et à l’
1062 magne luthérienne, et deux autres correspondant à l’ Italie et à l’Espagne catholiques, alors qu’il n’en existe point qui s
1063 nne, et deux autres correspondant à l’Italie et à l’ Espagne catholiques, alors qu’il n’en existe point qui se doit dévelop
1064 éléments calvinistes, même laïcisés, comme c’est le cas de la France sous la Troisième République8. Cela ne signifie pas,
1065 ts calvinistes, même laïcisés, comme c’est le cas de la France sous la Troisième République8. Cela ne signifie pas, bien e
1066 calvinistes, même laïcisés, comme c’est le cas de la France sous la Troisième République8. Cela ne signifie pas, bien ente
1067 ublique8. Cela ne signifie pas, bien entendu, que le calvinisme ne puisse dévier lui aussi, et soit sans défauts. Mais cel
1068 ns n’entraînent pas cette conséquence-là. Lorsque la religion orthodoxe grecque, par exemple, disparaît en tant qu’Église
1069 isparaît en tant qu’Église vivante, il reste dans le pays une empreinte césaropapiste, d’où l’État totalitaire. Mais lorsq
1070 l reste dans le pays une empreinte césaropapiste, d’ où l’État totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse d’être une foi
1071 te dans le pays une empreinte césaropapiste, d’où l’ État totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse d’être une foi viva
1072 aropapiste, d’où l’État totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse d’être une foi vivante, il laisse derrière lui une e
1073 tat totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse d’ être une foi vivante, il laisse derrière lui une empreinte tout à fait
1074 une empreinte tout à fait différente : une forme d’ individualisme. Nous aurons l’occasion d’y revenir tout à l’heure. Car
1075 férente : une forme d’individualisme. Nous aurons l’ occasion d’y revenir tout à l’heure. Car, en effet, une opposition aus
1076 ne forme d’individualisme. Nous aurons l’occasion d’ y revenir tout à l’heure. Car, en effet, une opposition aussi radicale
1077 alisme. Nous aurons l’occasion d’y revenir tout à l’ heure. Car, en effet, une opposition aussi radicale et aussi exacte en
1078 e opposition aussi radicale et aussi exacte entre la mentalité totalitaire et la mentalité calviniste, va nous permettre u
1079 et aussi exacte entre la mentalité totalitaire et la mentalité calviniste, va nous permettre une confrontation utile des d
1080 simplement intéressante. Je ne fais pas ici, vous le sentez bien, une description désintéressée et académique de divers ré
1081 bien, une description désintéressée et académique de divers régimes également soutenables dans l’abstrait. Je considère l’
1082 ique de divers régimes également soutenables dans l’ abstrait. Je considère l’esprit totalitaire comme une menace terrible
1083 alement soutenables dans l’abstrait. Je considère l’ esprit totalitaire comme une menace terrible pour notre civilisation e
1084 r nos Églises. Je considère que nous n’avons plus le droit de l’étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes, co
1085 ises. Je considère que nous n’avons plus le droit de l’étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes, comme certa
1086 s. Je considère que nous n’avons plus le droit de l’ étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes, comme certains
1087 ns qui se demandent encore, par exemple, s’il est de gauche ou de droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en chrét
1088 andent encore, par exemple, s’il est de gauche ou de droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en chrétiens que nous
1089 ndre, dans cette guerre qui nous est déclarée. Or le meilleur, le seul moyen de se défendre — surtout quand il s’agit des
1090 tte guerre qui nous est déclarée. Or le meilleur, le seul moyen de se défendre — surtout quand il s’agit des choses de l’e
1091 nous est déclarée. Or le meilleur, le seul moyen de se défendre — surtout quand il s’agit des choses de l’esprit — c’est
1092 se défendre — surtout quand il s’agit des choses de l’esprit — c’est de connaître l’adversaire afin de reconnaître et de
1093 défendre — surtout quand il s’agit des choses de l’ esprit — c’est de connaître l’adversaire afin de reconnaître et de tue
1094 ut quand il s’agit des choses de l’esprit — c’est de connaître l’adversaire afin de reconnaître et de tuer les plus secrèt
1095 ’agit des choses de l’esprit — c’est de connaître l’ adversaire afin de reconnaître et de tuer les plus secrètes complicité
1096 de connaître l’adversaire afin de reconnaître et de tuer les plus secrètes complicités qu’il a su ménager dans nos cœurs.
1097 aître l’adversaire afin de reconnaître et de tuer les plus secrètes complicités qu’il a su ménager dans nos cœurs. Connaîtr
1098 ités qu’il a su ménager dans nos cœurs. Connaître la religion totalitaire, c’est la première condition pour éviter chez no
1099 t qu’il en est temps, des déviations qui feraient le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fasciste, c’est déf
1100 en est temps, des déviations qui feraient le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fasciste, c’est définir du
1101 est temps, des déviations qui feraient le jeu de l’ ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fasciste, c’est définir du mê
1102 ations qui feraient le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fasciste, c’est définir du même coup certains dan
1103 eraient le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fasciste, c’est définir du même coup certains dangers qui men
1104 ient le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine de l’ homme fasciste, c’est définir du même coup certains dangers qui menace
1105 s dangers qui menacent en permanence notre morale de la personne. Je vais le montrer par deux exemples dont j’essaierai de
1106 angers qui menacent en permanence notre morale de la personne. Je vais le montrer par deux exemples dont j’essaierai de ti
1107 n permanence notre morale de la personne. Je vais le montrer par deux exemples dont j’essaierai de tirer des conclusions p
1108 ais le montrer par deux exemples dont j’essaierai de tirer des conclusions pratiques. Quelle est la condition faite à l’Ég
1109 ai de tirer des conclusions pratiques. Quelle est la condition faite à l’Église dans les pays totalitaires ? Cette premièr
1110 usions pratiques. Quelle est la condition faite à l’ Église dans les pays totalitaires ? Cette première question est capita
1111 es. Quelle est la condition faite à l’Église dans les pays totalitaires ? Cette première question est capitale. Car la poli
1112 aires ? Cette première question est capitale. Car la politique d’un régime est toujours étroitement dépendante de l’attitu
1113 première question est capitale. Car la politique d’ un régime est toujours étroitement dépendante de l’attitude qu’il pren
1114 e d’un régime est toujours étroitement dépendante de l’attitude qu’il prend vis-à-vis de l’Église et du fait religieux en
1115 ’un régime est toujours étroitement dépendante de l’ attitude qu’il prend vis-à-vis de l’Église et du fait religieux en gén
1116 dépendante de l’attitude qu’il prend vis-à-vis de l’ Église et du fait religieux en général. Un régime est totalitaire lors
1117 e lorsqu’il prétend centraliser radicalement tous les pouvoirs temporels et toute l’autorité spirituelle9. Il se transforme
1118 radicalement tous les pouvoirs temporels et toute l’ autorité spirituelle9. Il se transforme alors en une religion politiqu
1119 ne religion politique, ou encore en une politique d’ allure religieuse. Et cela d’autant plus que la religion qu’il adopte
1120 ore en une politique d’allure religieuse. Et cela d’ autant plus que la religion qu’il adopte est, comme dans le cas des fa
1121 ue d’allure religieuse. Et cela d’autant plus que la religion qu’il adopte est, comme dans le cas des fascismes et du comm
1122 plus que la religion qu’il adopte est, comme dans le cas des fascismes et du communisme, une religion de l’ici-bas sans tr
1123 cas des fascismes et du communisme, une religion de l’ici-bas sans transcendance, une religion dont les buts purement ter
1124 s des fascismes et du communisme, une religion de l’ ici-bas sans transcendance, une religion dont les buts purement terres
1125 e l’ici-bas sans transcendance, une religion dont les buts purement terrestres ne divergent plus du tout des buts de la pol
1126 ent terrestres ne divergent plus du tout des buts de la politique, se confondent même avec ceux-ci. Alors il n’y a plus d
1127 terrestres ne divergent plus du tout des buts de la politique, se confondent même avec ceux-ci. Alors il n’y a plus de r
1128 onfondent même avec ceux-ci. Alors il n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut
1129 ec ceux-ci. Alors il n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut pas en appeler à
1130 n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut pas en appeler à une instance supérieu
1131 e peut pas en appeler à une instance supérieure à l’ État, puisque c’est lui qui l’a créée pour ses seules fins, et qu’il n
1132 stance supérieure à l’État, puisque c’est lui qui l’ a créée pour ses seules fins, et qu’il n’existe rien au-delà. Pour déf
1133 des catégories que nous définissions en débutant. La religion politique, ou la politique religieuse totalitaire, a créé le
1134 finissions en débutant. La religion politique, ou la politique religieuse totalitaire, a créé le type même d’une communaut
1135 e, ou la politique religieuse totalitaire, a créé le type même d’une communauté régressive, c’est-à-dire d’une communauté
1136 tique religieuse totalitaire, a créé le type même d’ une communauté régressive, c’est-à-dire d’une communauté fondée sur le
1137 pe même d’une communauté régressive, c’est-à-dire d’ une communauté fondée sur le passé : le sang, la race, la tradition, l
1138 ressive, c’est-à-dire d’une communauté fondée sur le passé : le sang, la race, la tradition, les morts. Voilà pourquoi ell
1139 est-à-dire d’une communauté fondée sur le passé : le sang, la race, la tradition, les morts. Voilà pourquoi elle est intol
1140 e d’une communauté fondée sur le passé : le sang, la race, la tradition, les morts. Voilà pourquoi elle est intolérante au
1141 ommunauté fondée sur le passé : le sang, la race, la tradition, les morts. Voilà pourquoi elle est intolérante au suprême
1142 ée sur le passé : le sang, la race, la tradition, les morts. Voilà pourquoi elle est intolérante au suprême degré, et plus
1143 olérante : on ne peut même pas s’y convertir ! Si l’ on n’a pas les mêmes origines, on ne pourra jamais y entrer — si l’on
1144 ne peut même pas s’y convertir ! Si l’on n’a pas les mêmes origines, on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’est pas de s
1145 mêmes origines, on ne pourra jamais y entrer — si l’ on n’est pas de sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet p
1146 on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’est pas de sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet pas que « les ch
1147 ar exemple — car cette religion n’admet pas que «  les choses vieilles sont passées » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’ad
1148 as que « les choses vieilles sont passées » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion spirituelle, à par
1149 es choses vieilles sont passées » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion spirituelle, à partir de laq
1150 choses vieilles sont passées » selon la parole de l’ Apôtre. Elle n’admet pas la conversion spirituelle, à partir de laquel
1151 s » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion spirituelle, à partir de laquelle il n’y a plus ni Juifs n
1152 quels sont tes morts ? Religion du sang, religion de la terre et des morts, religion sanglante et mortelle, religion des c
1153 ls sont tes morts ? Religion du sang, religion de la terre et des morts, religion sanglante et mortelle, religion des chos
1154 des morts, des cortèges funèbres, des cérémonies d’ imprécations, des sacrifices propitiatoires, le tam-tam des tambours l
1155 es d’imprécations, des sacrifices propitiatoires, le tam-tam des tambours lugubres, d’hallucinants sabbats de nègres blanc
1156 propitiatoires, le tam-tam des tambours lugubres, d’ hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous souten
1157 tam des tambours lugubres, d’hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous soutenir que ce délire représ
1158 ait encore nous soutenir que ce délire représente l’ ordre ? Qui ne voit qu’une telle religion hait mortellement la foi chr
1159 i ne voit qu’une telle religion hait mortellement la foi chrétienne, tournée vers le pardon, le futur éternel, le rachat d
1160 hait mortellement la foi chrétienne, tournée vers le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’origine ? À nous maint
1161 lement la foi chrétienne, tournée vers le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’origine ? À nous maintenant de re
1162 tienne, tournée vers le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’origine ? À nous maintenant de rester vigilants, ex
1163 s le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’ origine ? À nous maintenant de rester vigilants, exigeants et vigilant
1164 le rachat du péché d’origine ? À nous maintenant de rester vigilants, exigeants et vigilants, même et surtout sur des poi
1165 urtout sur des points qui paraissent actuellement de peu d’importance. Par exemple : partout où l’on exalte ici, chez nous
1166 sur des points qui paraissent actuellement de peu d’ importance. Par exemple : partout où l’on exalte ici, chez nous, la ve
1167 ent de peu d’importance. Par exemple : partout où l’ on exalte ici, chez nous, la vertu régénératrice du sang et le culte d
1168 exemple : partout où l’on exalte ici, chez nous, la vertu régénératrice du sang et le culte des morts sacrés, même s’il s
1169 ici, chez nous, la vertu régénératrice du sang et le culte des morts sacrés, même s’il s’agit, comme c’est le cas, de méta
1170 e des morts sacrés, même s’il s’agit, comme c’est le cas, de métaphores anodines, d’éloquence de tir fédéral, de développe
1171 rts sacrés, même s’il s’agit, comme c’est le cas, de métaphores anodines, d’éloquence de tir fédéral, de développements ly
1172 agit, comme c’est le cas, de métaphores anodines, d’ éloquence de tir fédéral, de développements lyriques sur les ossements
1173 c’est le cas, de métaphores anodines, d’éloquence de tir fédéral, de développements lyriques sur les ossements sacrés des
1174 métaphores anodines, d’éloquence de tir fédéral, de développements lyriques sur les ossements sacrés des héros suisses, s
1175 ce de tir fédéral, de développements lyriques sur les ossements sacrés des héros suisses, sachons reconnaître les premières
1176 uisses, sachons reconnaître les premières racines de quelque chose qu’il ne faut pas laisser grandir. On nous parle, avec
1177 ne faut pas laisser grandir. On nous parle, avec les meilleures intentions du monde, d’une défense spirituelle du pays. Et
1178 s parle, avec les meilleures intentions du monde, d’ une défense spirituelle du pays. Et je suis le premier à l’approuver.
1179 ense spirituelle du pays. Et je suis le premier à l’ approuver. Mais lorsqu’on fonde cette défense spirituelle sur la notio
1180 ais lorsqu’on fonde cette défense spirituelle sur la notion de « Suisse chrétienne », défions-nous de certains élans qui n
1181 ’on fonde cette défense spirituelle sur la notion de « Suisse chrétienne », défions-nous de certains élans qui nous feraie
1182 la notion de « Suisse chrétienne », défions-nous de certains élans qui nous feraient tomber à pieds joints dans la fatale
1183 lans qui nous feraient tomber à pieds joints dans la fatale confusion du temporel et du spirituel. Parler d’une Suisse chr
1184 ale confusion du temporel et du spirituel. Parler d’ une Suisse chrétienne quand beaucoup de Suisses, et des plus influents
1185 sont incroyants, cela mène tout simplement, dans la pratique, à l’utilisation de l’Église pour des fins politiques, c’est
1186 s, cela mène tout simplement, dans la pratique, à l’ utilisation de l’Église pour des fins politiques, c’est-à-dire au césa
1187 out simplement, dans la pratique, à l’utilisation de l’Église pour des fins politiques, c’est-à-dire au césaropapisme. Si
1188 simplement, dans la pratique, à l’utilisation de l’ Église pour des fins politiques, c’est-à-dire au césaropapisme. Si le
1189 ins politiques, c’est-à-dire au césaropapisme. Si le mot d’ordre « Suisse chrétienne » doit être lancé, ce ne peut être qu
1190 tienne » doit être lancé, ce ne peut être que par les Églises seules, et non par un parti ou par une ligue. Une « Suisse ch
1191 « Suisse chrétienne », ce serait une Suisse dont les citoyens seraient chrétiens, ou tout au moins accepteraient en bonne
1192 s directions chrétiennes dans leurs activités. En l’ attendant, et en la préparant, sachons maintenir, et précisons mieux q
1193 ennes dans leurs activités. En l’attendant, et en la préparant, sachons maintenir, et précisons mieux que jamais la distin
1194 sachons maintenir, et précisons mieux que jamais la distinction strictement calviniste entre les droits de l’Église et ce
1195 amais la distinction strictement calviniste entre les droits de l’Église et ceux de l’État. Beaucoup de choses en dépendent
1196 stinction strictement calviniste entre les droits de l’Église et ceux de l’État. Beaucoup de choses en dépendent, pour l’a
1197 nction strictement calviniste entre les droits de l’ Église et ceux de l’État. Beaucoup de choses en dépendent, pour l’aven
1198 t calviniste entre les droits de l’Église et ceux de l’État. Beaucoup de choses en dépendent, pour l’avenir immédiat ! Et
1199 alviniste entre les droits de l’Église et ceux de l’ État. Beaucoup de choses en dépendent, pour l’avenir immédiat ! Et enf
1200 de l’État. Beaucoup de choses en dépendent, pour l’ avenir immédiat ! Et enfin, sur le plan politique, essayons de compren
1201 édiat ! Et enfin, sur le plan politique, essayons de comprendre une bonne fois le sens spirituel de notre fédéralisme, seu
1202 politique, essayons de comprendre une bonne fois le sens spirituel de notre fédéralisme, seule doctrine politique existan
1203 ns de comprendre une bonne fois le sens spirituel de notre fédéralisme, seule doctrine politique existante qui doit radica
1204 tique existante qui doit radicalement contraire à la doctrine totalitaire. Le fédéralisme, ce n’est pas seulement un pour
1205 radicalement contraire à la doctrine totalitaire. Le fédéralisme, ce n’est pas seulement un pour tous — qui serait une dev
1206 tous pour un — qui serait individualiste — c’est l’ équilibre vivant des deux termes. Ceux qui disent : « Centralisons tou
1207 qui disent : « chacun pour soi », prouvent ainsi les uns et les autres, qu’ils n’ont encore rien compris au paradoxe vivan
1208  : « chacun pour soi », prouvent ainsi les uns et les autres, qu’ils n’ont encore rien compris au paradoxe vivant que repré
1209 mpris au paradoxe vivant que représente en chacun de nous, la personne : l’homme qui sait ce qu’il doit engager tout en ga
1210 paradoxe vivant que représente en chacun de nous, la personne : l’homme qui sait ce qu’il doit engager tout en gardant sa
1211 t que représente en chacun de nous, la personne : l’ homme qui sait ce qu’il doit engager tout en gardant sa liberté, l’hom
1212 ce qu’il doit engager tout en gardant sa liberté, l’ homme autonome mais aussi solidaire. Ceci nous amène au second point :
1213 ire. Ceci nous amène au second point : quelle est la condition faite à la personne dans les pays totalitaires ? C’est très
1214 au second point : quelle est la condition faite à la personne dans les pays totalitaires ? C’est très simple. On a détruit
1215 quelle est la condition faite à la personne dans les pays totalitaires ? C’est très simple. On a détruit l’un des deux pôl
1216 est très simple. On a détruit l’un des deux pôles de la personne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout r
1217 très simple. On a détruit l’un des deux pôles de la personne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout rédu
1218 étruit l’un des deux pôles de la personne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle :
1219 uit l’un des deux pôles de la personne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : cel
1220 eux pôles de la personne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui de l’engage
1221 pôles de la personne : celui de la liberté ou de l’ autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui de l’engagemen
1222 sonne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’ on a tout réduit à l’autre pôle : celui de l’engagement social. L’homm
1223 mie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui de l’engagement social. L’homme étant totalement engagé, corps et esprit
1224 , et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui de l’ engagement social. L’homme étant totalement engagé, corps et esprit, d
1225 it à l’autre pôle : celui de l’engagement social. L’ homme étant totalement engagé, corps et esprit, dans les rouages de l’
1226 me étant totalement engagé, corps et esprit, dans les rouages de l’État, et cet État ne reconnaissant plus aucune autorité
1227 alement engagé, corps et esprit, dans les rouages de l’État, et cet État ne reconnaissant plus aucune autorité qui transce
1228 ment engagé, corps et esprit, dans les rouages de l’ État, et cet État ne reconnaissant plus aucune autorité qui transcende
1229 t limite son pouvoir, il n’y a plus aucun recours de l’individu à l’absolu divin, il n’y a donc plus aucune liberté. Tous
1230 imite son pouvoir, il n’y a plus aucun recours de l’ individu à l’absolu divin, il n’y a donc plus aucune liberté. Tous les
1231 voir, il n’y a plus aucun recours de l’individu à l’ absolu divin, il n’y a donc plus aucune liberté. Tous les abus de pouv
1232 lu divin, il n’y a donc plus aucune liberté. Tous les abus de pouvoir deviennent possibles. Certes, l’on crée des ersatz de
1233 il n’y a donc plus aucune liberté. Tous les abus de pouvoir deviennent possibles. Certes, l’on crée des ersatz de personn
1234 les abus de pouvoir deviennent possibles. Certes, l’ on crée des ersatz de personnes, ou plutôt de personnalités — des mill
1235 eviennent possibles. Certes, l’on crée des ersatz de personnes, ou plutôt de personnalités — des milliers de petits Führer
1236 tes, l’on crée des ersatz de personnes, ou plutôt de personnalités — des milliers de petits Führer — mais c’est l’État et
1237 sonnes, ou plutôt de personnalités — des milliers de petits Führer — mais c’est l’État et sa « mystique » qui les créent.
1238 ités — des milliers de petits Führer — mais c’est l’ État et sa « mystique » qui les créent. On ne leur laisse d’initiative
1239 Führer — mais c’est l’État et sa « mystique » qui les créent. On ne leur laisse d’initiative que dans les cadres qu’on leur
1240 sa « mystique » qui les créent. On ne leur laisse d’ initiative que dans les cadres qu’on leur a prescrits. Elles ne valent
1241 s créent. On ne leur laisse d’initiative que dans les cadres qu’on leur a prescrits. Elles ne valent rien hors de là, elles
1242 les ne valent rien par elles-mêmes. Cette manière de créer des personnalités s’appelle au vrai : caporalisation. Et la per
1243 sonnalités s’appelle au vrai : caporalisation. Et la personne ainsi comprise n’est plus qu’à peine une persona au sens rom
1244 vidu embrigadé, et non pas une vocation. Milliers de masques durs, volontairement durcis, de ces jeunes soldats politiques
1245 Milliers de masques durs, volontairement durcis, de ces jeunes soldats politiques dressés à l’héroïsme en masse, à l’héro
1246 urcis, de ces jeunes soldats politiques dressés à l’ héroïsme en masse, à l’héroïsme collectif — le plus facile, si c’en es
1247 ldats politiques dressés à l’héroïsme en masse, à l’ héroïsme collectif — le plus facile, si c’en est encore un ! — mais qu
1248 s à l’héroïsme en masse, à l’héroïsme collectif —  le plus facile, si c’en est encore un ! — mais qui n’ont plus de courage
1249 le, si c’en est encore un ! — mais qui n’ont plus de courage civique. Militarisation d’un peuple ! C’est le contraire, le
1250 qui n’ont plus de courage civique. Militarisation d’ un peuple ! C’est le contraire, le mot l’indique, d’une véritable civi
1251 urage civique. Militarisation d’un peuple ! C’est le contraire, le mot l’indique, d’une véritable civilisation. Qu’allons-
1252 Militarisation d’un peuple ! C’est le contraire, le mot l’indique, d’une véritable civilisation. Qu’allons-nous opposer à
1253 risation d’un peuple ! C’est le contraire, le mot l’ indique, d’une véritable civilisation. Qu’allons-nous opposer à cela ?
1254 un peuple ! C’est le contraire, le mot l’indique, d’ une véritable civilisation. Qu’allons-nous opposer à cela ? Tout simpl
1255 Qu’allons-nous opposer à cela ? Tout simplement, la force préventive, inattaquable tant qu’elle reste pure, des personnes
1256 ersonnes librement solidaires, telles qu’en forme l’ éthique protestante. Seulement il faut que cette force reste pure ! Ca
1257 faut que cette force reste pure ! Car de même que le culte de la terre et des morts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer,
1258 cette force reste pure ! Car de même que le culte de la terre et des morts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque de
1259 te force reste pure ! Car de même que le culte de la terre et des morts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque de no
1260 orts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque de nous conduire un jour par une voie directe au fascisme, une certaine
1261 voie directe au fascisme, une certaine déviation de notre morale, un certain culte de la « personnalité » en soi, un cert
1262 taine déviation de notre morale, un certain culte de la « personnalité » en soi, un certain individualisme, risquent aussi
1263 ne déviation de notre morale, un certain culte de la « personnalité » en soi, un certain individualisme, risquent aussi de
1264 en soi, un certain individualisme, risquent aussi de nous y conduire, cette fois-ci d’une manière indirecte, du simple fai
1265 risquent aussi de nous y conduire, cette fois-ci d’ une manière indirecte, du simple fait qu’ils affaiblissent nos résista
1266 nos résistances spirituelles et nous font perdre le sens de l’Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous
1267 istances spirituelles et nous font perdre le sens de l’Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier.
1268 ances spirituelles et nous font perdre le sens de l’ Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Mé
1269 t nous font perdre le sens de l’Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’une cer
1270 lise. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’une certaine manière trop humaine de prôn
1271 mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’ une certaine manière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le pr
1272 Méfions-nous d’une certaine manière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le protestantisme créateur de personnalit
1273 d’une certaine manière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le protestantisme créateur de personnalités. Notre dan
1274 nière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le protestantisme créateur de personnalités. Notre danger intime et perm
1275 r ou de laisser prôner le protestantisme créateur de personnalités. Notre danger intime et permanent, c’est le moralisme,
1276 nnalités. Notre danger intime et permanent, c’est le moralisme, le culte de nos vertus utilisées pour des fins purement hu
1277 e danger intime et permanent, c’est le moralisme, le culte de nos vertus utilisées pour des fins purement humaines. À forc
1278 intime et permanent, c’est le moralisme, le culte de nos vertus utilisées pour des fins purement humaines. À force de loue
1279 pour des fins purement humaines. À force de louer la Réforme d’avoir été, comme on dit, « une pépinière d’individualités e
1280 ns purement humaines. À force de louer la Réforme d’ avoir été, comme on dit, « une pépinière d’individualités et de caract
1281 éforme d’avoir été, comme on dit, « une pépinière d’ individualités et de caractères bien trempés », nous courons le risque
1282 comme on dit, « une pépinière d’individualités et de caractères bien trempés », nous courons le risque d’oublier que la Ré
1283 tés et de caractères bien trempés », nous courons le risque d’oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’homme d’abord.
1284 caractères bien trempés », nous courons le risque d’ oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’homme d’abord. À force d
1285 n trempés », nous courons le risque d’oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’homme d’abord. À force de louer ses ef
1286 que d’oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’ homme d’abord. À force de louer ses effets humains, nous risquons de t
1287 force de louer ses effets humains, nous risquons de trahir sa cause divine. N’oublions pas que la personnalité n’est bien
1288 ons de trahir sa cause divine. N’oublions pas que la personnalité n’est bien souvent que le résidu, l’empreinte d’une pers
1289 ns pas que la personnalité n’est bien souvent que le résidu, l’empreinte d’une personne sur un individu qui ne croit plus
1290 la personnalité n’est bien souvent que le résidu, l’ empreinte d’une personne sur un individu qui ne croit plus à sa vocati
1291 ité n’est bien souvent que le résidu, l’empreinte d’ une personne sur un individu qui ne croit plus à sa vocation, et qui a
1292 e ambiance protestante. Nous n’en avons que trop, de ces gloires « protestantes », laborieusement annexées et recensées pa
1293 aborieusement annexées et recensées par une sorte de nationalisme huguenot, de ces hommes qui ne sont en fait que « sortis
1294 recensées par une sorte de nationalisme huguenot, de ces hommes qui ne sont en fait que « sortis » du protestantisme… Cer
1295 rotestantisme… Certes, nous pouvons nous réjouir de ce que la foi réformée, même quand elle cesse d’être vivante, laisse
1296 sme… Certes, nous pouvons nous réjouir de ce que la foi réformée, même quand elle cesse d’être vivante, laisse en se reti
1297 de ce que la foi réformée, même quand elle cesse d’ être vivante, laisse en se retirant beaucoup de personnalités. Cela co
1298 nt beaucoup de personnalités. Cela constitue dans la cité des tissus sains, et c’est une sauvegarde appréciable contre la
1299 sains, et c’est une sauvegarde appréciable contre la contamination totalitaire. Mais du point de vue chrétien, il faut alo
1300 point de vue chrétien, il faut alors rappeler que la personnalité, si grande soit-elle, devant Dieu c’est zéro. Et si l’on
1301 i grande soit-elle, devant Dieu c’est zéro. Et si l’ on se borne au point de vue social, il faut prévoir que ces personnali
1302 ront de plus en plus rares si nous laissons tarir les sources vives de la Réforme. Et puis, une personnalité en soi, sans v
1303 us rares si nous laissons tarir les sources vives de la Réforme. Et puis, une personnalité en soi, sans vocation, ce n’est
1304 rares si nous laissons tarir les sources vives de la Réforme. Et puis, une personnalité en soi, sans vocation, ce n’est ri
1305 out, qu’un individu aux caractères accusés. Ainsi l’ on glisse du calvinisme à l’individualisme, dès que l’on perd la foi d
1306 ctères accusés. Ainsi l’on glisse du calvinisme à l’ individualisme, dès que l’on perd la foi de la Réforme pour ne garder
1307 glisse du calvinisme à l’individualisme, dès que l’ on perd la foi de la Réforme pour ne garder que ses vertus humaines et
1308 calvinisme à l’individualisme, dès que l’on perd la foi de la Réforme pour ne garder que ses vertus humaines et activiste
1309 isme à l’individualisme, dès que l’on perd la foi de la Réforme pour ne garder que ses vertus humaines et activistes. Et c
1310 e à l’individualisme, dès que l’on perd la foi de la Réforme pour ne garder que ses vertus humaines et activistes. Et c’es
1311 vertus humaines et activistes. Et c’est pourquoi l’ on a pu dire que le calvinisme était à l’origine du capitalisme modern
1312 activistes. Et c’est pourquoi l’on a pu dire que le calvinisme était à l’origine du capitalisme moderne, avec sa concurre
1313 pourquoi l’on a pu dire que le calvinisme était à l’ origine du capitalisme moderne, avec sa concurrence sans frein, phénom
1314 oderne, avec sa concurrence sans frein, phénomène de piraterie sociale, de mépris du bien commun, phénomène typiquement in
1315 rence sans frein, phénomène de piraterie sociale, de mépris du bien commun, phénomène typiquement individualiste10. Un de
1316 dernier exemple vous fera sentir, je crois, toute l’ importance pratique de cette distinction entre personne et personnalit
1317 era sentir, je crois, toute l’importance pratique de cette distinction entre personne et personnalité. Hitler peut former,
1318 ocations irréductibles aux ambitions spirituelles de l’État. Ces personnes-là, ce sont ses véritables adversaires, les seu
1319 tions irréductibles aux ambitions spirituelles de l’ État. Ces personnes-là, ce sont ses véritables adversaires, les seuls
1320 personnes-là, ce sont ses véritables adversaires, les seuls sérieux, et il le sait ! Si Niemöller est dans un camp de conce
1321 véritables adversaires, les seuls sérieux, et il le sait ! Si Niemöller est dans un camp de concentration, prisonnier per
1322 ux, et il le sait ! Si Niemöller est dans un camp de concentration, prisonnier personnel du Führer, ce n’est point parce q
1323 i reproche son énergie ou ses talents, ses traits de caractère, son héroïsme durant la dernière guerre, bref, sa personnal
1324 our cela en prison. Ce qu’on lui reproche, ce que l’ on ne peut pas tolérer, c’est précisément sa personne, c’est-à-dire sa
1325 e, c’est-à-dire sa vocation particulière, qui est de prêcher l’Évangile. — Vous voyez que le Führer sait parfaitement opér
1326 dire sa vocation particulière, qui est de prêcher l’ Évangile. — Vous voyez que le Führer sait parfaitement opérer, dans le
1327 , qui est de prêcher l’Évangile. — Vous voyez que le Führer sait parfaitement opérer, dans le concret, la distinction entr
1328 oyez que le Führer sait parfaitement opérer, dans le concret, la distinction entre personne et personnalité. Je ne vois au
1329 Führer sait parfaitement opérer, dans le concret, la distinction entre personne et personnalité. Je ne vois aucune raison
1330 ersonne et personnalité. Je ne vois aucune raison de lui laisser le bénéfice exclusif d’une telle clairvoyance. Il est tem
1331 onnalité. Je ne vois aucune raison de lui laisser le bénéfice exclusif d’une telle clairvoyance. Il est temps de tirer, en
1332 aucune raison de lui laisser le bénéfice exclusif d’ une telle clairvoyance. Il est temps de tirer, en deux mots, la conclu
1333 e exclusif d’une telle clairvoyance. Il est temps de tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises au point.
1334 lairvoyance. Il est temps de tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises au point. J’ai tenté de situer la
1335 l est temps de tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l
1336 tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l
1337 sion de cette série de mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l’Europe, puis dans les conflit
1338 tte série de mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l’Europe, puis dans les conflits actuels.
1339 es au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l’ évolution de l’Europe, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de
1340 J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l’Europe, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer
1341 ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l’ Europe, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer qu
1342 a Réforme dans l’évolution de l’Europe, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer que sa doctrine représe
1343 rope, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer que sa doctrine représente, en sa pureté, le centre et l
1344 montrer que sa doctrine représente, en sa pureté, le centre et l’axe même de la notion chrétienne de la personne, à la foi
1345 a doctrine représente, en sa pureté, le centre et l’ axe même de la notion chrétienne de la personne, à la fois libre et en
1346 représente, en sa pureté, le centre et l’axe même de la notion chrétienne de la personne, à la fois libre et engagée. Il e
1347 résente, en sa pureté, le centre et l’axe même de la notion chrétienne de la personne, à la fois libre et engagée. Il en r
1348 , le centre et l’axe même de la notion chrétienne de la personne, à la fois libre et engagée. Il en résulte que la Réforme
1349 e centre et l’axe même de la notion chrétienne de la personne, à la fois libre et engagée. Il en résulte que la Réforme, e
1350 ne, à la fois libre et engagée. Il en résulte que la Réforme, et spécialement sa tendance calviniste, est appelée à figure
1351 iniste, est appelée à figurer, dans notre siècle, le type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme politique 11
1352 ppelée à figurer, dans notre siècle, le type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme politique 11. Ceci nous c
1353 lée à figurer, dans notre siècle, le type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme politique 11. Ceci nous char
1354 ns notre siècle, le type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme politique 11. Ceci nous charge d’une responsa
1355 tance au paganisme politique 11. Ceci nous charge d’ une responsabilité devant l’Histoire. Que devons-nous faire pour nous
1356 11. Ceci nous charge d’une responsabilité devant l’ Histoire. Que devons-nous faire pour nous montrer à peu près dignes de
1357 ns-nous faire pour nous montrer à peu près dignes de cette mission ? Simplement, mais aussi rigoureusement, et dans la ple
1358  ? Simplement, mais aussi rigoureusement, et dans la pleine virulence du terme, redevenir de véritables protestants. Un vé
1359 , et dans la pleine virulence du terme, redevenir de véritables protestants. Un véritable protestant, les faits le prouven
1360 véritables protestants. Un véritable protestant, les faits le prouvent, sera toujours l’adversaire le plus efficace de l’e
1361 s protestants. Un véritable protestant, les faits le prouvent, sera toujours l’adversaire le plus efficace de l’esprit tot
1362 protestant, les faits le prouvent, sera toujours l’ adversaire le plus efficace de l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’
1363 les faits le prouvent, sera toujours l’adversaire le plus efficace de l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous on
1364 vent, sera toujours l’adversaire le plus efficace de l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au série
1365 t, sera toujours l’adversaire le plus efficace de l’ esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au sérieux
1366 Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au sérieux la théologie réformée. Il nous reste à prendre au sérieux la doctrine ré
1367 ogie réformée. Il nous reste à prendre au sérieux la doctrine réformée de l’homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l
1368 s reste à prendre au sérieux la doctrine réformée de l’homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à propose
1369 este à prendre au sérieux la doctrine réformée de l’ homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à proposer u
1370 dre au sérieux la doctrine réformée de l’homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à proposer un programme
1371 au sérieux la doctrine réformée de l’homme et de l’ État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à proposer un programme co
1372 de l’homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l’ Église ait à proposer un programme comme tant d’autres, mais bien qu’e
1373 taines revendications conformes au Décalogue et à l’ esprit de l’Évangile. Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans
1374 vendications conformes au Décalogue et à l’esprit de l’Évangile. Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans le sens
1375 dications conformes au Décalogue et à l’esprit de l’ Évangile. Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans le sens du
1376 Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans le sens du hic et nunc chrétien. Or il se trouve qu’ici et maintenant, n
1377 ituation ressemble fort à celle qu’eut à résoudre la Réforme. Calvin combattait sur deux fronts, au nom d’une position non
1378 centriste, mais centrale. Nous de même, reprenons le combat contre l’esprit collectiviste, mais aussi et d’abord contre le
1379 entrale. Nous de même, reprenons le combat contre l’ esprit collectiviste, mais aussi et d’abord contre les déviations huma
1380 sprit collectiviste, mais aussi et d’abord contre les déviations humanistes de la personne : transformons nos démocraties i
1381 aussi et d’abord contre les déviations humanistes de la personne : transformons nos démocraties individualistes en démocra
1382 si et d’abord contre les déviations humanistes de la personne : transformons nos démocraties individualistes en démocratie
1383 personnalistes. Et surtout, n’oublions jamais que l’ ennemi qui se dresse devant nous, c’est en nous tout d’abord que nous
1384 nous, c’est en nous tout d’abord que nous devons le vaincre, chez nous, par une espèce de croisade intérieure. Le chrétie
1385 nous devons le vaincre, chez nous, par une espèce de croisade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a pas d’autre ennemi
1386 chez nous, par une espèce de croisade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a pas d’autre ennemi à craindre que l’ennemi
1387 ade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a pas d’ autre ennemi à craindre que l’ennemi qu’il porte en lui-même. Car un e
1388 t celui qui n’a pas d’autre ennemi à craindre que l’ ennemi qu’il porte en lui-même. Car un ennemi visible et extérieur, ce
1389 ennemi visible et extérieur, ce n’est jamais que l’ incarnation d’une possibilité secrète, d’une tentation que chacun souf
1390 e et extérieur, ce n’est jamais que l’incarnation d’ une possibilité secrète, d’une tentation que chacun souffre dans son c
1391 mais que l’incarnation d’une possibilité secrète, d’ une tentation que chacun souffre dans son cœur. Alors seulement, purif
1392 s et lucides, quand nous aurons repris conscience de notre force véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « perso
1393 force véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors
1394 vient pas de nous, de nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors seulement nous pourrons répéte
1395 de nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors seulement nous pourrons répéter la fière devise
1396 personnes, alors seulement nous pourrons répéter la fière devise des vieux huguenots : « Tant plus à me frapper l’on s’am
1397 se des vieux huguenots : « Tant plus à me frapper l’ on s’amuse, tant plus de marteaux l’on y use.12 » 2. Conférence pron
1398 « Tant plus à me frapper l’on s’amuse, tant plus de marteaux l’on y use.12 » 2. Conférence prononcée au mois de janvier
1399 à me frapper l’on s’amuse, tant plus de marteaux l’ on y use.12 » 2. Conférence prononcée au mois de janvier 1939 dans l
1400 l’on y use.12 » 2. Conférence prononcée au mois de janvier 1939 dans les aulas des universités de Neuchâtel, Lausanne et
1401 Conférence prononcée au mois de janvier 1939 dans les aulas des universités de Neuchâtel, Lausanne et Genève, sous les ausp
1402 is de janvier 1939 dans les aulas des universités de Neuchâtel, Lausanne et Genève, sous les auspices des Amis de la pensé
1403 niversités de Neuchâtel, Lausanne et Genève, sous les auspices des Amis de la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Un
1404 l, Lausanne et Genève, sous les auspices des Amis de la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur
1405 Lausanne et Genève, sous les auspices des Amis de la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur la
1406 ces des Amis de la pensée protestante, ainsi qu’à l’ aula de l’Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale
1407 Amis de la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale des ét
1408 is de la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’ Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale des étudi
1409 ée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale des étudiants de cette
1410 e, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale des étudiants de cette ville. 3. I
1411 ’à l’aula de l’Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale des étudiants de cette ville. 3. Il s’agit de
1412 l’aula de l’Université de Bâle, sur la demande de l’ Association générale des étudiants de cette ville. 3. Il s’agit de se
1413 a demande de l’Association générale des étudiants de cette ville. 3. Il s’agit de septembre 1938 : « la paix de Munich ».
1414 érale des étudiants de cette ville. 3. Il s’agit de septembre 1938 : « la paix de Munich ». 4. En Suisse, Emil Brunner (
1415 cette ville. 3. Il s’agit de septembre 1938 : «  la paix de Munich ». 4. En Suisse, Emil Brunner (Der Mensch im Widerspr
1416 ille. 3. Il s’agit de septembre 1938 : « la paix de Munich ». 4. En Suisse, Emil Brunner (Der Mensch im Widerspruch), et
1417 Widerspruch), et Gonzague de Reynold (Conscience de la Suisse). 5. À partir de la fin du xiie siècle surtout. 6. Je ra
1418 derspruch), et Gonzague de Reynold (Conscience de la Suisse). 5. À partir de la fin du xiie siècle surtout. 6. Je rappe
1419 eynold (Conscience de la Suisse). 5. À partir de la fin du xiie siècle surtout. 6. Je rappelle que ce texte date de jan
1420 siècle surtout. 6. Je rappelle que ce texte date de janvier 1939. L’occupation de Prague eut lieu en mars. 7. Même rappe
1421 6. Je rappelle que ce texte date de janvier 1939. L’ occupation de Prague eut lieu en mars. 7. Même rappel que ci-dessus.
1422 e que ce texte date de janvier 1939. L’occupation de Prague eut lieu en mars. 7. Même rappel que ci-dessus. Le « Pacte d’
1423 eut lieu en mars. 7. Même rappel que ci-dessus. Le « Pacte d’acier » s’étant révélé un pacte ordinaire, les amis de l’It
1424 n mars. 7. Même rappel que ci-dessus. Le « Pacte d’ acier » s’étant révélé un pacte ordinaire, les amis de l’Italie ont eu
1425 acte d’acier » s’étant révélé un pacte ordinaire, les amis de l’Italie ont eu plutôt tendance, durant les premiers mois de
1426 ier » s’étant révélé un pacte ordinaire, les amis de l’Italie ont eu plutôt tendance, durant les premiers mois de la guerr
1427  » s’étant révélé un pacte ordinaire, les amis de l’ Italie ont eu plutôt tendance, durant les premiers mois de la guerre,
1428 ont eu plutôt tendance, durant les premiers mois de la guerre, à souligner ce qui la distingue des autres dictatures. 8.
1429 t eu plutôt tendance, durant les premiers mois de la guerre, à souligner ce qui la distingue des autres dictatures. 8. Qu
1430 es premiers mois de la guerre, à souligner ce qui la distingue des autres dictatures. 8. Qu’on ne déduise pas de ces rema
1431 e des autres dictatures. 8. Qu’on ne déduise pas de ces remarques que les trois Églises citées sont responsables des troi
1432 es. 8. Qu’on ne déduise pas de ces remarques que les trois Églises citées sont responsables des trois mouvements totalitai
1433 litaires, mais bien que ces mouvements ont revêtu les erreurs de chacune de ces églises pour en faire la forme de leur doct
1434 is bien que ces mouvements ont revêtu les erreurs de chacune de ces églises pour en faire la forme de leur doctrine. Encor
1435 ces mouvements ont revêtu les erreurs de chacune de ces églises pour en faire la forme de leur doctrine. Encore le phénom
1436 s erreurs de chacune de ces églises pour en faire la forme de leur doctrine. Encore le phénomène s’est-il limité aux grand
1437 de chacune de ces églises pour en faire la forme de leur doctrine. Encore le phénomène s’est-il limité aux grands pays. L
1438 s pour en faire la forme de leur doctrine. Encore le phénomène s’est-il limité aux grands pays. Les États balkaniques orth
1439 ore le phénomène s’est-il limité aux grands pays. Les États balkaniques orthodoxes ne sont pas communistes ; les États scan
1440 balkaniques orthodoxes ne sont pas communistes ; les États scandinaves luthériens ne sont pas nationaux-socialistes ; la B
1441 es luthériens ne sont pas nationaux-socialistes ; la Belgique catholique n’est pas fasciste. 9. Sur la distinction, d’une
1442 a Belgique catholique n’est pas fasciste. 9. Sur la distinction, d’une importance capitale, entre les deux termes soulign
1443 lique n’est pas fasciste. 9. Sur la distinction, d’ une importance capitale, entre les deux termes soulignés dans cette ph
1444 la distinction, d’une importance capitale, entre les deux termes soulignés dans cette phrase, voir Penser avec les mains
1445 ase, voir Penser avec les mains , IIe partie : «  La vertu d’autorité », pages 209 et suivantes. 10. Max Weber, luthérien
1446 Penser avec les mains , IIe partie : « La vertu d’ autorité », pages 209 et suivantes. 10. Max Weber, luthérien « détach
1447 . 10. Max Weber, luthérien « détaché », attribue l’ essor du capitalisme à la Réforme ; Labriola, catholique « détaché »,
1448 en « détaché », attribue l’essor du capitalisme à la Réforme ; Labriola, catholique « détaché », l’attribue aux accumulati
1449 à la Réforme ; Labriola, catholique « détaché », l’ attribue aux accumulations de capitaux dans les couvents anglais ; sel
1450 holique « détaché », l’attribue aux accumulations de capitaux dans les couvents anglais ; selon Werner Sombart, tout vient
1451  », l’attribue aux accumulations de capitaux dans les couvents anglais ; selon Werner Sombart, tout vient des Juifs ; selon
1452 ient des bourgeois… Ce qui est certain, c’est que l’ invention du système est antérieure de plusieurs siècles à la Réforme,
1453 , c’est que l’invention du système est antérieure de plusieurs siècles à la Réforme, et son triomphe postérieur de quatre
1454 du système est antérieure de plusieurs siècles à la Réforme, et son triomphe postérieur de quatre siècles. Ce qui n’empêc
1455 siècles à la Réforme, et son triomphe postérieur de quatre siècles. Ce qui n’empêchera pas le premier ignare venu d’attri
1456 es. Ce qui n’empêchera pas le premier ignare venu d’ attribuer le tout à Calvin. On attribue bien l’hitlérisme à Luther !
1457 ’empêchera pas le premier ignare venu d’attribuer le tout à Calvin. On attribue bien l’hitlérisme à Luther ! 11. Je dis b
1458 nu d’attribuer le tout à Calvin. On attribue bien l’ hitlérisme à Luther ! 11. Je dis bien le type même de sûre doctrine,
1459 bue bien l’hitlérisme à Luther ! 11. Je dis bien le type même de sûre doctrine, et non pas la seule doctrine, et non pas
1460 tlérisme à Luther ! 11. Je dis bien le type même de sûre doctrine, et non pas la seule doctrine, et non pas le seul remèd
1461 is bien le type même de sûre doctrine, et non pas la seule doctrine, et non pas le seul remède efficace dans l’immédiat. L
1462 octrine, et non pas la seule doctrine, et non pas le seul remède efficace dans l’immédiat. La doctrine de la Réforme repré
1463 doctrine, et non pas le seul remède efficace dans l’ immédiat. La doctrine de la Réforme représente à mes yeux la santé chr
1464 non pas le seul remède efficace dans l’immédiat. La doctrine de la Réforme représente à mes yeux la santé chrétienne. Un
1465 seul remède efficace dans l’immédiat. La doctrine de la Réforme représente à mes yeux la santé chrétienne. Un régime sain
1466 l remède efficace dans l’immédiat. La doctrine de la Réforme représente à mes yeux la santé chrétienne. Un régime sain pré
1467 . La doctrine de la Réforme représente à mes yeux la santé chrétienne. Un régime sain prévient le mal. Mais pour guérir un
1468 yeux la santé chrétienne. Un régime sain prévient le mal. Mais pour guérir une maladie, il faut des remèdes ou une opérati
1469 maladie, il faut des remèdes ou une opération. Et les remèdes sont souvent composés de poisons… 12. Cette devise rend un s
1470 e opération. Et les remèdes sont souvent composés de poisons… 12. Cette devise rend un son « suisse » à mon oreille. Et c
1471 end un son « suisse » à mon oreille. Et c’est ici le lieu de le rappeler : le mot huguenot vient de « Eidguenot » ou « Eyg
1472 on « suisse » à mon oreille. Et c’est ici le lieu de le rappeler : le mot huguenot vient de « Eidguenot » ou « Eygenot » (
1473 « suisse » à mon oreille. Et c’est ici le lieu de le rappeler : le mot huguenot vient de « Eidguenot » ou « Eygenot » (par
1474 on oreille. Et c’est ici le lieu de le rappeler : le mot huguenot vient de « Eidguenot » ou « Eygenot » (par Genève), c’es
1475 uenot » ou « Eygenot » (par Genève), c’est-à-dire de « Eidgenossen », ou Confédérés suisses. Les huguenots français voulai
1476 à-dire de « Eidgenossen », ou Confédérés suisses. Les huguenots français voulaient la liberté religieuse d’abord, mais ils
1477 fédérés suisses. Les huguenots français voulaient la liberté religieuse d’abord, mais ils voulaient aussi, comme l’écrivai
1478 ligieuse d’abord, mais ils voulaient aussi, comme l’ écrivait l’un deux : « vivre en la liberté des Suisses et de faire can
1479 nt aussi, comme l’écrivait l’un deux : « vivre en la liberté des Suisses et de faire cantons ». (Fédéralisme calviniste !)
1480 l’un deux : « vivre en la liberté des Suisses et de faire cantons ». (Fédéralisme calviniste !)
3 1940, Mission ou démission de la Suisse. La bataille de la culture
1481 La bataille de la culture13 Lorsque je me mis à réfléchir à ce que je
1482 La bataille de la culture13 Lorsque je me mis à réfléchir à ce que je vous dirais
1483 La bataille de la culture13 Lorsque je me mis à réfléchir à ce que je vous dirais ce
1484 rt en Suisse, dans une ferme montagnarde, au fond d’ une chambre assez sombre et glaciale. Sur les parois boisées, je disti
1485 fond d’une chambre assez sombre et glaciale. Sur les parois boisées, je distinguais vaguement quelques versets bibliques e
1486 s versets bibliques en lettres lumineuses, et sur la table, devant moi, mon casque et la blancheur d’un carré de papier. J
1487 euses, et sur la table, devant moi, mon casque et la blancheur d’un carré de papier. Je serrais un crayon dans mes doigts
1488 la table, devant moi, mon casque et la blancheur d’ un carré de papier. Je serrais un crayon dans mes doigts engourdis, et
1489 devant moi, mon casque et la blancheur d’un carré de papier. Je serrais un crayon dans mes doigts engourdis, et j’essayais
1490 n crayon dans mes doigts engourdis, et j’essayais de me rendre compte… Au-dehors, la neige et la brume. Plus loin, la fron
1491 is, et j’essayais de me rendre compte… Au-dehors, la neige et la brume. Plus loin, la frontière, des tranchées, des hommes
1492 ayais de me rendre compte… Au-dehors, la neige et la brume. Plus loin, la frontière, des tranchées, des hommes en train de
1493 mpte… Au-dehors, la neige et la brume. Plus loin, la frontière, des tranchées, des hommes en train de tuer et en train de
1494 puis, flottant dans d’autres brumes, dernier îlot d’ un autre monde, une salle éclairée, un public dont j’ignorais et le vi
1495 une salle éclairée, un public dont j’ignorais et le visage et les soucis, et devant lequel je m’étais engagé à disserter
1496 lairée, un public dont j’ignorais et le visage et les soucis, et devant lequel je m’étais engagé à disserter de la culture…
1497 s, et devant lequel je m’étais engagé à disserter de la culture… Un sentiment d’absurdité et d’impuissance m’envahit. Quel
1498 et devant lequel je m’étais engagé à disserter de la culture… Un sentiment d’absurdité et d’impuissance m’envahit. Quel ra
1499 is engagé à disserter de la culture… Un sentiment d’ absurdité et d’impuissance m’envahit. Quel rapport pouvait-il y avoir
1500 serter de la culture… Un sentiment d’absurdité et d’ impuissance m’envahit. Quel rapport pouvait-il y avoir entre ces chose
1501 aient tuer, pendant que mes camarades monteraient la garde dans la neige, d’autres hommes seraient assis dans une salle bi
1502 ndant que mes camarades monteraient la garde dans la neige, d’autres hommes seraient assis dans une salle bien chauffée, e
1503 ans une salle bien chauffée, et je leur parlerais de la culture… Quel sens pouvait avoir une conférence, au milieu des ang
1504 une salle bien chauffée, et je leur parlerais de la culture… Quel sens pouvait avoir une conférence, au milieu des angois
1505 érence, au milieu des angoisses et des brutalités de cette guerre étrange, si lentement engagée, comme si personne n’y cro
1506 me si personne n’avait très bien compris pourquoi les peuples, tout à coup, commençaient à se lancer des tonnes d’acier sur
1507 tout à coup, commençaient à se lancer des tonnes d’ acier sur la tête, au lieu de discuter sérieusement leurs affaires ? Q
1508 , commençaient à se lancer des tonnes d’acier sur la tête, au lieu de discuter sérieusement leurs affaires ? Que servait d
1509 iscuter sérieusement leurs affaires ? Que servait de parler et de théoriser dans un monde à ce point stupéfié par une guer
1510 usement leurs affaires ? Que servait de parler et de théoriser dans un monde à ce point stupéfié par une guerre que person
1511 plus qu’à se taire, qu’à se laisser glisser dans l’ engourdissement du malheur… Ou au contraire, seconde solution, il fall
1512 au contraire, seconde solution, il fallait partir de cela même, de cette situation passablement absurde, et y puiser les s
1513 seconde solution, il fallait partir de cela même, de cette situation passablement absurde, et y puiser les seules raisons
1514 cette situation passablement absurde, et y puiser les seules raisons encore valables de parler. Vous voyez que je n’ai pas
1515 e, et y puiser les seules raisons encore valables de parler. Vous voyez que je n’ai pas décidé de me taire. Or dans cette
1516 bles de parler. Vous voyez que je n’ai pas décidé de me taire. Or dans cette décision de parler quand même, il y a déjà to
1517 ai pas décidé de me taire. Or dans cette décision de parler quand même, il y a déjà toute la substance de ce que je voudra
1518 décision de parler quand même, il y a déjà toute la substance de ce que je voudrais vous dire ici. En effet : ou bien la
1519 parler quand même, il y a déjà toute la substance de ce que je voudrais vous dire ici. En effet : ou bien la culture est
1520 ue je voudrais vous dire ici. En effet : ou bien la culture est une affaire d’agrément, un ensemble de spécialités paisib
1521 i. En effet : ou bien la culture est une affaire d’ agrément, un ensemble de spécialités paisibles, un superflu, et alors
1522 a culture est une affaire d’agrément, un ensemble de spécialités paisibles, un superflu, et alors il convient de se taire
1523 ités paisibles, un superflu, et alors il convient de se taire lorsque la situation devient sérieuse ; — ou bien la culture
1524 uperflu, et alors il convient de se taire lorsque la situation devient sérieuse ; — ou bien la culture est action, créatio
1525 lorsque la situation devient sérieuse ; — ou bien la culture est action, création et bataille réelle, et alors il faut en
1526 t bataille réelle, et alors il faut en parler, et la défendre et l’illustrer précisément lorsque la situation devient séri
1527 le, et alors il faut en parler, et la défendre et l’ illustrer précisément lorsque la situation devient sérieuse. Or le fai
1528 et la défendre et l’illustrer précisément lorsque la situation devient sérieuse. Or le fait même que nous éprouvions tous
1529 isément lorsque la situation devient sérieuse. Or le fait même que nous éprouvions tous un doute sur l’opportunité d’une c
1530 e fait même que nous éprouvions tous un doute sur l’ opportunité d’une conférence en temps de guerre, ce fait est significa
1531 e nous éprouvions tous un doute sur l’opportunité d’ une conférence en temps de guerre, ce fait est significatif. Il prouve
1532 doute sur l’opportunité d’une conférence en temps de guerre, ce fait est significatif. Il prouve que nous tenons la cultur
1533 fait est significatif. Il prouve que nous tenons la culture pour quelque chose d’un peu moins sérieux que l’action, ou qu
1534 uve que nous tenons la culture pour quelque chose d’ un peu moins sérieux que l’action, ou que la guerre, par exemple, ou s
1535 ure pour quelque chose d’un peu moins sérieux que l’ action, ou que la guerre, par exemple, ou simplement que la défense na
1536 chose d’un peu moins sérieux que l’action, ou que la guerre, par exemple, ou simplement que la défense nationale. Or je vo
1537 ou que la guerre, par exemple, ou simplement que la défense nationale. Or je vois là le signe très certain d’une crise — 
1538 implement que la défense nationale. Or je vois là le signe très certain d’une crise — et d’une crise qui met en question l
1539 se nationale. Or je vois là le signe très certain d’ une crise — et d’une crise qui met en question les fondements mêmes de
1540 je vois là le signe très certain d’une crise — et d’ une crise qui met en question les fondements mêmes de la culture en Oc
1541 d’une crise — et d’une crise qui met en question les fondements mêmes de la culture en Occident. Je voudrais vous montrer
1542 ne crise qui met en question les fondements mêmes de la culture en Occident. Je voudrais vous montrer ce soir que cette cr
1543 crise qui met en question les fondements mêmes de la culture en Occident. Je voudrais vous montrer ce soir que cette crise
1544 uences pratiques ; qu’elle est l’une des origines de la présente guerre ; et que cette guerre n’est, en fin de compte, mal
1545 ces pratiques ; qu’elle est l’une des origines de la présente guerre ; et que cette guerre n’est, en fin de compte, malgré
1546 s ses prétextes matériels, qu’un épisode tragique d’ une bataille bien plus vaste, la millénaire bataille de la culture.
1547 épisode tragique d’une bataille bien plus vaste, la millénaire bataille de la culture. L’adversaire est en nous S’il
1548 bataille bien plus vaste, la millénaire bataille de la culture. L’adversaire est en nous S’il y a bataille, c’est do
1549 taille bien plus vaste, la millénaire bataille de la culture. L’adversaire est en nous S’il y a bataille, c’est donc
1550 us vaste, la millénaire bataille de la culture. L’ adversaire est en nous S’il y a bataille, c’est donc qu’il y a deux
1551 ersaires. Quels sont-ils ? Mais d’abord, essayons d’ écarter un malentendu menaçant. La bataille dont je vais vous parler n
1552 abord, essayons d’écarter un malentendu menaçant. La bataille dont je vais vous parler n’est pas une bataille politique. L
1553 ais vous parler n’est pas une bataille politique. Les adversaires ne sont nullement les actuels belligérants, et il n’est p
1554 ille politique. Les adversaires ne sont nullement les actuels belligérants, et il n’est pas question, ici, de confondre l’u
1555 uels belligérants, et il n’est pas question, ici, de confondre l’un des partis avec la cause de la culture, l’autre étant
1556 question, ici, de confondre l’un des partis avec la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce gen
1557 , ici, de confondre l’un des partis avec la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’oppo
1558 ci, de confondre l’un des partis avec la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’opposit
1559 partis avec la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l
1560 ec la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l’avoue, e
1561 la cause de la culture, l’autre étant le parti de l’ anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l’avoue, et a
1562 ’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’ opposition est très tentant, je l’avoue, et aujourd’hui plus que jamai
1563 lture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l’ avoue, et aujourd’hui plus que jamais… C’est malgré tout un procédé de
1564 hui plus que jamais… C’est malgré tout un procédé de propagande de guerre. Un fameux général autrichien, Conrad von Hötzen
1565 amais… C’est malgré tout un procédé de propagande de guerre. Un fameux général autrichien, Conrad von Hötzendorf, avait co
1566 autrichien, Conrad von Hötzendorf, avait coutume de dire : « Tout ce qui n’est pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien
1567 t pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour la guerre. » Grâce à Dieu, nous sommes encore neutres, et nous avons enc
1568 nous sommes encore neutres, et nous avons encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. N
1569 mes encore neutres, et nous avons encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. Notre prem
1570 encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. Notre premier devoir me paraît, au contrair
1571 es. Notre premier devoir me paraît, au contraire, de défendre l’intelligence contre un certain primitivisme qui se réveill
1572 emier devoir me paraît, au contraire, de défendre l’ intelligence contre un certain primitivisme qui se réveille toujours e
1573 in primitivisme qui se réveille toujours en temps de guerre. Les primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauv
1574 sme qui se réveille toujours en temps de guerre. Les primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauvaises qui les
1575 e toujours en temps de guerre. Les primitifs ont l’ habitude de personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils
1576 en temps de guerre. Les primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils sont malade
1577 re. Les primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils sont malades, ils pensent qu
1578 habitude de personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’un obj
1579 nacent. S’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit qui rôde
1580 ’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’ un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit qui rôde autour de
1581 nsent que c’est la faute d’un objet maléfique, ou d’ un sorcier, ou d’un esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, l
1582 a faute d’un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’ un esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, la cause du mal, c
1583 esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, la cause du mal, c’est-à-dire l’adversaire, est devant eux, à l’extérieu
1584 r maison. Toujours, la cause du mal, c’est-à-dire l’ adversaire, est devant eux, à l’extérieur. Or, notre civilisation, sou
1585 mal, c’est-à-dire l’adversaire, est devant eux, à l’ extérieur. Or, notre civilisation, sous l’influence du christianisme,
1586 eux, à l’extérieur. Or, notre civilisation, sous l’ influence du christianisme, s’est efforcée de nous faire comprendre qu
1587 sous l’influence du christianisme, s’est efforcée de nous faire comprendre que la vraie cause de nos malheurs est presque
1588 isme, s’est efforcée de nous faire comprendre que la vraie cause de nos malheurs est presque toujours en nous-mêmes. Il fa
1589 orcée de nous faire comprendre que la vraie cause de nos malheurs est presque toujours en nous-mêmes. Il faut reconnaître,
1590 réussi. Nous persistons tous, plus ou moins, dans la manie des primitifs : nous rendons responsables de nos maux — les aut
1591 a manie des primitifs : nous rendons responsables de nos maux — les autres, uniquement les autres, ceux d’un autre parti,
1592 imitifs : nous rendons responsables de nos maux —  les autres, uniquement les autres, ceux d’un autre parti, ceux d’une autr
1593 responsables de nos maux — les autres, uniquement les autres, ceux d’un autre parti, ceux d’une autre nation… Nous faisons
1594 os maux — les autres, uniquement les autres, ceux d’ un autre parti, ceux d’une autre nation… Nous faisons tous comme les p
1595 niquement les autres, ceux d’un autre parti, ceux d’ une autre nation… Nous faisons tous comme les petits enfants qui batte
1596 ceux d’une autre nation… Nous faisons tous comme les petits enfants qui battent la table à laquelle ils se sont heurtés. I
1597 faisons tous comme les petits enfants qui battent la table à laquelle ils se sont heurtés. Il est facile et rassurant de n
1598 e ils se sont heurtés. Il est facile et rassurant de noircir le voisin pour mieux se blanchir soi-même. Mais en réalité, n
1599 nt heurtés. Il est facile et rassurant de noircir le voisin pour mieux se blanchir soi-même. Mais en réalité, nos adversai
1600 nos adversaires ne diffèrent pas essentiellement de nous. Tout homme porte en soi les microbes de presque toutes les mala
1601 essentiellement de nous. Tout homme porte en soi les microbes de presque toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qu
1602 ent de nous. Tout homme porte en soi les microbes de presque toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous menac
1603 homme porte en soi les microbes de presque toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous menace, il ne serait nul
1604 qui nous menace, il ne serait nullement suffisant de l’anéantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à
1605 nous menace, il ne serait nullement suffisant de l’ anéantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à no
1606 uffisant de l’anéantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à nos yeux, elle existe en nous aussi, et
1607 e pourrait fort bien s’y développer un jour. Pour la combattre sérieusement, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agi
1608 t, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître14. Défendre la culture c
1609 pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agit de l’ attaquer, et avant tout, de la reconnaître14. Défendre la culture cont
1610 n nous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître14. Défendre la culture contre elle-même et contre nous
1611 ous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître14. Défendre la culture contre elle-même et contre nous ;
1612 uer, et avant tout, de la reconnaître14. Défendre la culture contre elle-même et contre nous ; attaquer ses ennemis en nou
1613 ontre nous ; attaquer ses ennemis en nous ; voilà la vraie bataille dont j’entends vous parler. Or cet adversaire intérieu
1614 . Or cet adversaire intérieur, je ne voudrais pas le définir théoriquement avant de l’avoir montré à l’œuvre dans les fait
1615 ne voudrais pas le définir théoriquement avant de l’ avoir montré à l’œuvre dans les faits, et dans des faits très simples,
1616 e définir théoriquement avant de l’avoir montré à l’ œuvre dans les faits, et dans des faits très simples, bien connus, qu’
1617 oriquement avant de l’avoir montré à l’œuvre dans les faits, et dans des faits très simples, bien connus, qu’il suffira de
1618 es faits très simples, bien connus, qu’il suffira de rassembler pour qu’une leçon claire s’en dégage. Disharmonie de no
1619 r qu’une leçon claire s’en dégage. Disharmonie de nos activités et impuissance de l’esprit Songeant à notre civilisa
1620 e. Disharmonie de nos activités et impuissance de l’esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en
1621 Disharmonie de nos activités et impuissance de l’ esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en pl
1622 its : d’une part, une étonnante disharmonie entre les divers ordres de nos activités — d’autre part, une angoissante impuis
1623 une étonnante disharmonie entre les divers ordres de nos activités — d’autre part, une angoissante impuissance de l’esprit
1624 vités — d’autre part, une angoissante impuissance de l’esprit devant ce monde comme il va. Prenons des exemples concrets.
1625 és — d’autre part, une angoissante impuissance de l’ esprit devant ce monde comme il va. Prenons des exemples concrets. Rie
1626 t, rien de plus grossier, de plus quelconque dans le style, de moins organique dans sa structure qu’un de ces discours de
1627 plus grossier, de plus quelconque dans le style, de moins organique dans sa structure qu’un de ces discours de propagande
1628 style, de moins organique dans sa structure qu’un de ces discours de propagande que nous déverse la radio… Si vous passez
1629 organique dans sa structure qu’un de ces discours de propagande que nous déverse la radio… Si vous passez du poème au disc
1630 un de ces discours de propagande que nous déverse la radio… Si vous passez du poème au discours, vous avez l’impression de
1631 o… Si vous passez du poème au discours, vous avez l’ impression de changer d’humanité, d’âge historique et de civilisation.
1632 ssez du poème au discours, vous avez l’impression de changer d’humanité, d’âge historique et de civilisation. Jamais, dans
1633 me au discours, vous avez l’impression de changer d’ humanité, d’âge historique et de civilisation. Jamais, dans aucun sièc
1634 rs, vous avez l’impression de changer d’humanité, d’ âge historique et de civilisation. Jamais, dans aucun siècle européen,
1635 ession de changer d’humanité, d’âge historique et de civilisation. Jamais, dans aucun siècle européen, on n’avait constaté
1636 européen, on n’avait constaté pareil écart entre les créations de la culture et les produits de consommation destinés à l’
1637 n’avait constaté pareil écart entre les créations de la culture et les produits de consommation destinés à l’usage des mas
1638 vait constaté pareil écart entre les créations de la culture et les produits de consommation destinés à l’usage des masses
1639 pareil écart entre les créations de la culture et les produits de consommation destinés à l’usage des masses. Tel grand chi
1640 entre les créations de la culture et les produits de consommation destinés à l’usage des masses. Tel grand chimiste scandi
1641 ulture et les produits de consommation destinés à l’ usage des masses. Tel grand chimiste scandinave invente, dans son labo
1642 corps nouveau, un puissant explosif, grâce auquel l’ industrie pourra faire un grand pas. Il fonde d’autre part, avec l’arg
1643 a faire un grand pas. Il fonde d’autre part, avec l’ argent gagné, un prix considérable, destiné à récompenser ceux qui tra
1644 destiné à récompenser ceux qui travailleront pour la paix. Mais l’état de notre culture est tel que l’invention sera utili
1645 mpenser ceux qui travailleront pour la paix. Mais l’ état de notre culture est tel que l’invention sera utilisée pour détru
1646 ceux qui travailleront pour la paix. Mais l’état de notre culture est tel que l’invention sera utilisée pour détruire cet
1647 la paix. Mais l’état de notre culture est tel que l’ invention sera utilisée pour détruire cette paix, précisément, que le
1648 ilisée pour détruire cette paix, précisément, que le prix devait couronner. Et le chimiste pacifique verra retomber sur sa
1649 ix, précisément, que le prix devait couronner. Et le chimiste pacifique verra retomber sur sa tête, sous la forme d’une bo
1650 imiste pacifique verra retomber sur sa tête, sous la forme d’une bombe de 1000 kilos son invention humanitaire. Par quelle
1651 cifique verra retomber sur sa tête, sous la forme d’ une bombe de 1000 kilos son invention humanitaire. Par quelle fatalité
1652 a retomber sur sa tête, sous la forme d’une bombe de 1000 kilos son invention humanitaire. Par quelle fatalité mauvaise to
1653 on humanitaire. Par quelle fatalité mauvaise tous les progrès de notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qu
1654 re. Par quelle fatalité mauvaise tous les progrès de notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qui les produ
1655 rogrès de notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qui les produit ? Vous vous êtes tous posé cette questio
1656 nce contribuent-ils à ravager la civilisation qui les produit ? Vous vous êtes tous posé cette question-là. Mais il ne suff
1657 ous posé cette question-là. Mais il ne suffit pas de se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie u
1658 sé cette question-là. Mais il ne suffit pas de se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie une si
1659 . Mais il ne suffit pas de se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie une si cruelle disharmonie,
1660 xiste des remèdes. Car il ne serait pas suffisant de n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la cu
1661 . Car il ne serait pas suffisant de n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la culture moderne, et
1662 de n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est l’ esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale q
1663 ue la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve i
1664 la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve ici
1665 ’esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve ici mis à nu. Un autre fait encore dan
1666 is à nu. Un autre fait encore dans ce même ordre. Le but des inventions techniques est double : il est d’une part d’économ
1667 entions techniques est double : il est d’une part d’ économiser du travail d’hommes par les machines, et donc de créer du l
1668 ouble : il est d’une part d’économiser du travail d’ hommes par les machines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’
1669 t d’une part d’économiser du travail d’hommes par les machines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’élever le nive
1670 ser du travail d’hommes par les machines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’élever le niveau général du confort
1671 hines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’ élever le niveau général du confort. Or chacun sait que les résultats
1672 donc de créer du loisir ; d’autre part, d’élever le niveau général du confort. Or chacun sait que les résultats pratiques
1673 le niveau général du confort. Or chacun sait que les résultats pratiques du machinisme ne sont pas d’augmenter les loisirs
1674 les résultats pratiques du machinisme ne sont pas d’ augmenter les loisirs, mais bien d’augmenter le chômage, et qu’au lieu
1675 s pratiques du machinisme ne sont pas d’augmenter les loisirs, mais bien d’augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le
1676 me ne sont pas d’augmenter les loisirs, mais bien d’ augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’indu
1677 as d’augmenter les loisirs, mais bien d’augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’industrie a créé
1678 en d’augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’industrie a créé d’immenses masses de misérables, d
1679 hômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’ industrie a créé d’immenses masses de misérables, déracinées et démora
1680 eu d’élever le niveau général, l’industrie a créé d’ immenses masses de misérables, déracinées et démoralisées. Enfin je vo
1681 eau général, l’industrie a créé d’immenses masses de misérables, déracinées et démoralisées. Enfin je vous citerai un cas
1682 n cas individuel assez typique. Un grand banquier de Paris, membre d’un comité de bienfaisance, fut interrogé un jour, dev
1683 assez typique. Un grand banquier de Paris, membre d’ un comité de bienfaisance, fut interrogé un jour, devant moi, par un d
1684 e. Un grand banquier de Paris, membre d’un comité de bienfaisance, fut interrogé un jour, devant moi, par un de ses collèg
1685 isance, fut interrogé un jour, devant moi, par un de ses collègues. Était-il vrai, lui demandait-on, que sa banque finançâ
1686 il vrai, lui demandait-on, que sa banque finançât la guerre des Japonais contre Shanghai ? Il répondit que c’était vrai. —
1687 t vrai. — Mais alors, n’êtes-vous pas torturé par la pensée que votre argent contribue à prolonger un massacre ? — Nulleme
1688 ar tout ce que j’ai à voir, ce sont deux colonnes de chiffres, dont la balance est favorable à ma maison. L’exemple peut p
1689 i à voir, ce sont deux colonnes de chiffres, dont la balance est favorable à ma maison. L’exemple peut paraître caricatura
1690 ffres, dont la balance est favorable à ma maison. L’ exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je le certifie exact, et
1691 ’exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je le certifie exact, et d’autre part, il illustre à merveille le vice fond
1692 e exact, et d’autre part, il illustre à merveille le vice fondamental de notre société et aussi de notre culture : c’est u
1693 part, il illustre à merveille le vice fondamental de notre société et aussi de notre culture : c’est une absence totale de
1694 lle le vice fondamental de notre société et aussi de notre culture : c’est une absence totale de vues d’ensemble. Ce qui n
1695 aussi de notre culture : c’est une absence totale de vues d’ensemble. Ce qui nous manque absolument, c’est un grand princi
1696 notre culture : c’est une absence totale de vues d’ ensemble. Ce qui nous manque absolument, c’est un grand principe d’uni
1697 i nous manque absolument, c’est un grand principe d’ unité entre notre pensée et nos actions. Cette absence d’un principe d
1698 entre notre pensée et nos actions. Cette absence d’ un principe d’unité est si totale qu’on ne la ressent même plus comme
1699 ensée et nos actions. Cette absence d’un principe d’ unité est si totale qu’on ne la ressent même plus comme un scandale. E
1700 ence d’un principe d’unité est si totale qu’on ne la ressent même plus comme un scandale. Elle est devenue toute naturelle
1701 me un scandale. Elle est devenue toute naturelle. Le banquier dont je viens de vous parler aurait eu beaucoup de peine à c
1702 vait disharmonie, contradiction, entre son comité de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois.
1703 contradiction, entre son comité de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces act
1704 n, entre son comité de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces activités lui p
1705 té de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces activités lui paraissait, en som
1706 de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces activités lui paraissait, en somme, justifiable en elle-même, pou
1707 qui s’indignait, il aurait simplement répondu que les affaires sont les affaires. On ne peut pas additionner des chiffres e
1708 l aurait simplement répondu que les affaires sont les affaires. On ne peut pas additionner des chiffres et des sentiments.
1709 pas tout mélanger… Et, en effet, nous mélangeons de moins en moins notre pensée à notre action. L’impuissance de la pensé
1710 ns de moins en moins notre pensée à notre action. L’ impuissance de la pensée sur la conduite générale des affaires, tel es
1711 moins notre pensée à notre action. L’impuissance de la pensée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fon
1712 ins notre pensée à notre action. L’impuissance de la pensée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fondam
1713 ée à notre action. L’impuissance de la pensée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fondamental de la me
1714 ée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fondamental de la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’
1715 nérale des affaires, tel est le dogme fondamental de la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’est une croyance spon
1716 ale des affaires, tel est le dogme fondamental de la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’est une croyance spontan
1717 nombreux, si quotidiens, qu’on finit par ne plus les voir. Il est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n
1718 s les voir. Il est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes d’action, au
1719 Il est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes d’action, aux capitain
1720 est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes d’action, aux capitaines
1721 té, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’ utile aux hommes d’action, aux capitaines de l’industrie ou de la guer
1722 de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes d’ action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a ét
1723 dire d’utile aux hommes d’action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la cultu
1724 re d’utile aux hommes d’action, aux capitaines de l’ industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture
1725 hommes d’action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, en
1726 mes d’action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, entre
1727 n, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, entre le cerveau
1728 ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce
1729 re. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’ action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont
1730 été prononcé entre la culture et l’action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le
1731 entre la culture et l’action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif,
1732 culture et l’action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif, sans dout
1733 ction, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif, sans doute, est celui-
1734 n. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif, sans doute, est celui-ci : la culture apparaît aujourd’
1735 Mais le plus décisif, sans doute, est celui-ci : la culture apparaît aujourd’hui comme une activité de luxe, et l’action
1736 a culture apparaît aujourd’hui comme une activité de luxe, et l’action seule est tenue pour sérieuse. En voici la preuve.
1737 paraît aujourd’hui comme une activité de luxe, et l’ action seule est tenue pour sérieuse. En voici la preuve. Quand la sit
1738 l’action seule est tenue pour sérieuse. En voici la preuve. Quand la situation devient grave, comme en cas de guerre par
1739 st tenue pour sérieuse. En voici la preuve. Quand la situation devient grave, comme en cas de guerre par exemple, tout le
1740 e. Quand la situation devient grave, comme en cas de guerre par exemple, tout le monde trouve parfaitement naturel que la
1741 le, tout le monde trouve parfaitement naturel que la pensée abdique sa liberté et se soumette aux besoins de l’action, du
1742 sée abdique sa liberté et se soumette aux besoins de l’action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le mon
1743 abdique sa liberté et se soumette aux besoins de l’ action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le monde
1744 soumette aux besoins de l’action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement natur
1745 umette aux besoins de l’action, du haut en bas de l’ échelle de nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement naturel
1746 besoins de l’action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement naturel de cesser
1747 ations. Tout le monde trouve parfaitement naturel de cesser d’acheter des livres : c’est la première économie que l’on fer
1748 ut le monde trouve parfaitement naturel de cesser d’ acheter des livres : c’est la première économie que l’on fera. De même
1749 heter des livres : c’est la première économie que l’ on fera. De même qu’en temps de restrictions alimentaires on trouve to
1750 mière économie que l’on fera. De même qu’en temps de restrictions alimentaires on trouve tout naturel de se priver de dess
1751 restrictions alimentaires on trouve tout naturel de se priver de dessert. Oui, la culture est devenue pour nous quelque c
1752 alimentaires on trouve tout naturel de se priver de dessert. Oui, la culture est devenue pour nous quelque chose comme un
1753 trouve tout naturel de se priver de dessert. Oui, la culture est devenue pour nous quelque chose comme une friandise. Elle
1754 pain quotidien. Et après tout, cela est juste, si l’ on commence par admettre que la pensée est impuissante sur les lois fa
1755 cela est juste, si l’on commence par admettre que la pensée est impuissante sur les lois fatales de l’action. Si les disco
1756 ce par admettre que la pensée est impuissante sur les lois fatales de l’action. Si les discours ne trompent plus personne,
1757 ue la pensée est impuissante sur les lois fatales de l’action. Si les discours ne trompent plus personne, si les mots n’on
1758 la pensée est impuissante sur les lois fatales de l’ action. Si les discours ne trompent plus personne, si les mots n’ont p
1759 impuissante sur les lois fatales de l’action. Si les discours ne trompent plus personne, si les mots n’ont plus de pouvoir
1760 on. Si les discours ne trompent plus personne, si les mots n’ont plus de pouvoir, si les critiques même les plus perspicace
1761 ne trompent plus personne, si les mots n’ont plus de pouvoir, si les critiques même les plus perspicaces de notre temps so
1762 s personne, si les mots n’ont plus de pouvoir, si les critiques même les plus perspicaces de notre temps sont autant de cri
1763 mots n’ont plus de pouvoir, si les critiques même les plus perspicaces de notre temps sont autant de cris dans le désert, a
1764 uvoir, si les critiques même les plus perspicaces de notre temps sont autant de cris dans le désert, alors ? Laissons les
1765 e les plus perspicaces de notre temps sont autant de cris dans le désert, alors ? Laissons les choses aller… Les clercs se
1766 rspicaces de notre temps sont autant de cris dans le désert, alors ? Laissons les choses aller… Les clercs se consoleront
1767 t autant de cris dans le désert, alors ? Laissons les choses aller… Les clercs se consoleront de leur impuissance tant qu’o
1768 ans le désert, alors ? Laissons les choses aller… Les clercs se consoleront de leur impuissance tant qu’on les laissera fai
1769 ssons les choses aller… Les clercs se consoleront de leur impuissance tant qu’on les laissera faire des fiches dans l’indi
1770 rcs se consoleront de leur impuissance tant qu’on les laissera faire des fiches dans l’indifférence générale. Quand on dit
1771 nce tant qu’on les laissera faire des fiches dans l’ indifférence générale. Quand on dit de quelqu’un : c’est un intellectu
1772 fiches dans l’indifférence générale. Quand on dit de quelqu’un : c’est un intellectuel ! cela signifie : c’est un monsieur
1773 eur très compliqué qui ne vaut rien pour conduire la cité, pour gagner de l’argent, pour faire des choses sérieuses… Et ce
1774 i ne vaut rien pour conduire la cité, pour gagner de l’argent, pour faire des choses sérieuses… Et cependant, une société
1775 e vaut rien pour conduire la cité, pour gagner de l’ argent, pour faire des choses sérieuses… Et cependant, une société où
1776 es choses sérieuses… Et cependant, une société où les valeurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’acti
1777 rieuses… Et cependant, une société où les valeurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une soc
1778 uses… Et cependant, une société où les valeurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une sociét
1779 aleurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où
1780 la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où ce manq
1781 pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’ action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où ce manque
1782 is de l’action, une société qui manque à ce point d’ harmonie, et où ce manque n’est même plus ressenti comme un scandale,
1783 ue n’est même plus ressenti comme un scandale, je la vois condamnée à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la gu
1784 n scandale, je la vois condamnée à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la guerre sera toujours le seul aboutiss
1785 à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la guerre sera toujours le seul aboutissement. L’esprit de Ponce Pila
1786 re, dans un désordre dont la guerre sera toujours le seul aboutissement. L’esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui es
1787 la guerre sera toujours le seul aboutissement. L’ esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorc
1788 sera toujours le seul aboutissement. L’esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorce entre l
1789 e Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorce entre la main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous
1790 is alors, qui est responsable de ce divorce entre la main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de
1791 ui est responsable de ce divorce entre la main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir d’où
1792 u ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir d’où il vient. Il y a des causes matérielles, d’abord, qui peuve
1793 voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir d’ où il vient. Il y a des causes matérielles, d’abord, qui peuvent dans
1794 i peuvent dans une certaine mesure, nous excuser. Les plus marquantes se situent au début du siècle passé. Le phénomène le
1795 s marquantes se situent au début du siècle passé. Le phénomène le plus remarquable des débuts du xixe siècle a été, en ef
1796 se situent au début du siècle passé. Le phénomène le plus remarquable des débuts du xixe siècle a été, en effet, et dans
1797 uts du xixe siècle a été, en effet, et dans tous les domaines, l’agrandissement très brusque des possibilités humaines. L’
1798 iècle a été, en effet, et dans tous les domaines, l’ agrandissement très brusque des possibilités humaines. L’invention des
1799 dissement très brusque des possibilités humaines. L’ invention des machines a brusquement accru nos possibilités d’action s
1800 des machines a brusquement accru nos possibilités d’ action sur la matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brus
1801 a brusquement accru nos possibilités d’action sur la matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brusque création
1802 t accru nos possibilités d’action sur la matière. L’ industrie et le commerce ont provoqué la brusque création de villes én
1803 sibilités d’action sur la matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brusque création de villes énormes, dix ou c
1804 matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brusque création de villes énormes, dix ou cent fois plus grandes que
1805 e et le commerce ont provoqué la brusque création de villes énormes, dix ou cent fois plus grandes que celles qu’on connai
1806 uparavant. Ainsi Berlin passe, en un demi-siècle, de 25 000 habitants à 4 millions. Dans ces villes, se sont entassées des
1807 des masses humaines informes et démesurées, là où l’ on ne connaissait auparavant que des groupements organisés autour de p
1808 upements organisés autour de petites entreprises. Les richesses, elles aussi, se sont tant agrandies qu’elles ont échappé a
1809 s chiffres abstraits, puissances lointaines, dont les économistes se sont mis à étudier les mœurs étranges, qui paraissaien
1810 aines, dont les économistes se sont mis à étudier les mœurs étranges, qui paraissaient aussi mystérieuses que celles des mo
1811 stérieuses que celles des monstres antédiluviens. La population de l’Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses o
1812 celles des monstres antédiluviens. La population de l’Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses ont été décuplé
1813 lles des monstres antédiluviens. La population de l’ Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses ont été décuplées,
1814 e, et enfin tous ces éléments réunis ont provoqué la création d’armées considérables, agrandissant le phénomène de la guer
1815 tous ces éléments réunis ont provoqué la création d’ armées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquem
1816 la création d’armées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation ent
1817 d’armées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici d
1818 rmées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici donc
1819 nomène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici donc, dans tous les domaines, que nos pouvoi
1820 ène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici donc, dans tous les domaines, que nos pouvoirs
1821 tions de la nation entière. Voici donc, dans tous les domaines, que nos pouvoirs d’agir matériellement grandissent, par une
1822 ci donc, dans tous les domaines, que nos pouvoirs d’ agir matériellement grandissent, par une mutation brusque dans la prop
1823 lement grandissent, par une mutation brusque dans la proportion de 1 à 100. Que va faire la pensée, en présence de cet ess
1824 sent, par une mutation brusque dans la proportion de 1 à 100. Que va faire la pensée, en présence de cet essor fulgurant d
1825 usque dans la proportion de 1 à 100. Que va faire la pensée, en présence de cet essor fulgurant de l’action ? Et que va fa
1826 ire la pensée, en présence de cet essor fulgurant de l’action ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devi
1827 la pensée, en présence de cet essor fulgurant de l’ action ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devienn
1828 cet essor fulgurant de l’action ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devienne trop gigantesque pour êtr
1829 tion ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devienne trop gigantesque pour être dominée d’un seul regard.
1830 ciété devienne trop gigantesque pour être dominée d’ un seul regard. Une seule intelligence ne peut plus en comprendre et e
1831 igence ne peut plus en comprendre et en maîtriser les rouages. On ne sait pas du tout ce que vont produire ces capitaux éno
1832 nt vont réagir ces masses humaines déracinées par l’ industrie, et qui déjà menacent et souffrent… Tout cela échappe aux vu
1833 menacent et souffrent… Tout cela échappe aux vues de l’esprit rationaliste, et le panorama de la société devient confus. P
1834 acent et souffrent… Tout cela échappe aux vues de l’ esprit rationaliste, et le panorama de la société devient confus. Plus
1835 ela échappe aux vues de l’esprit rationaliste, et le panorama de la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de
1836 aux vues de l’esprit rationaliste, et le panorama de la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme ind
1837 vues de l’esprit rationaliste, et le panorama de la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme indivi
1838 a de la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous n
1839 ciété devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons
1840 té devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’ homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons :
1841 and nous regardons en arrière, nous nous disons : les intellectuels auraient dû faire à ce moment-là un formidable effort d
1842 ient dû faire à ce moment-là un formidable effort de mise en ordre ; ils auraient dû être saisis tout à la fois d’angoisse
1843 rdre ; ils auraient dû être saisis tout à la fois d’ angoisse et d’enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur de tels p
1844 aient dû être saisis tout à la fois d’angoisse et d’ enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie
1845 d’enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie ou de mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs a
1846 evant ce monde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie ou de mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs avaient été coordo
1847 onde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie ou de mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs avaient été coordonnés, orie
1848 tés par une vue générale, par une notion générale de l’homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie
1849 par une vue générale, par une notion générale de l’ homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie !
1850 e, par une notion générale de l’homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie ! Mais si ces mêmes po
1851 ! Mais si ces mêmes pouvoirs étaient abandonnés à l’ anarchie, s’ils se développaient chacun de son côté sans tenir compte
1852 onnés à l’anarchie, s’ils se développaient chacun de son côté sans tenir compte d’aucune harmonie ni d’aucune mesure humai
1853 éveloppaient chacun de son côté sans tenir compte d’ aucune harmonie ni d’aucune mesure humaine, ils ne pouvaient créer qu’
1854 e son côté sans tenir compte d’aucune harmonie ni d’ aucune mesure humaine, ils ne pouvaient créer qu’une vie fausse, une v
1855 fausse, une vie mauvaise, antihumaine. C’eût été le rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils a
1856 uvaise, antihumaine. C’eût été le rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chanc
1857 ise, antihumaine. C’eût été le rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chance e
1858 ne. C’eût été le rôle des hommes de la pensée que d’ avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chance et un devoir vi
1859 été le rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chance et un devoir vital. Or, il
1860 des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’ action. Ils avaient là une chance et un devoir vital. Or, ils ont perd
1861 Or, ils ont perdu cette chance. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous allons d
1862 ance. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi in
1863 e. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi intim
1864 e prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi intime de la culture, c’est chez les philosophes et les
1865 que nous allons découvrir le grand ennemi intime de la culture, c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d’
1866 e nous allons découvrir le grand ennemi intime de la culture, c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d’abo
1867 le grand ennemi intime de la culture, c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je le n
1868 time de la culture, c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit
1869 les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démissio
1870 u’il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’ esprit de démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit.
1871 t d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’
1872 festé. Et je le nommerai : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’
1873  : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le scep
1874 e démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se
1875 émission, de non-intervention, ou la démission de l’ esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lav
1876 -intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’ esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et l
1877 ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’ un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les chos
1878 l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les choses suivre leurs cou
1879 même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les choses suivre leurs cours fatal. En présence des
1880 ate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les choses suivre leurs cours fatal. En présence des machines, des capita
1881 rmes questions que posaient ces énormes pouvoirs, les penseurs et les philosophes du dernier siècle, dans leur ensemble, n’
1882 ue posaient ces énormes pouvoirs, les penseurs et les philosophes du dernier siècle, dans leur ensemble, n’ont répondu que
1883 siècle, dans leur ensemble, n’ont répondu que par la fuite, et par ce qu’ils appelaient le désintéressement de la pensée.
1884 ndu que par la fuite, et par ce qu’ils appelaient le désintéressement de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de dire
1885 , et par ce qu’ils appelaient le désintéressement de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de
1886 t par ce qu’ils appelaient le désintéressement de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de la
1887 ment de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre
1888 t renoncé à leur mission de directeurs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujou
1889 enoncé à leur mission de directeurs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujourd’
1890 n sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’ aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensé
1891 d’aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dan
1892 ui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désin
1893 renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désintér
1894 dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désintéressement scientifique. Ils n’ont pas d
1895 s n’ont pas dit : nous ne voulons plus rien faire d’ utile, mais ils ont dit : on ne peut plus rien faire, car l’histoire e
1896 ais ils ont dit : on ne peut plus rien faire, car l’ histoire et l’économie sont régies par des lois inflexibles. Et surtou
1897 t : on ne peut plus rien faire, car l’histoire et l’ économie sont régies par des lois inflexibles. Et surtout, au développ
1898 angoissant des faits, ils ont opposé des milliers de pages de rhétorique sur le Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-l
1899 t des faits, ils ont opposé des milliers de pages de rhétorique sur le Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-là ! Car e
1900 nt opposé des milliers de pages de rhétorique sur le Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-là ! Car en somme elle justi
1901 elle-là ! Car en somme elle justifie tout, endort l’ esprit et le dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiét
1902 r en somme elle justifie tout, endort l’esprit et le dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiéter des effet
1903 lle justifie tout, endort l’esprit et le dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiéter des effets futurs de
1904 on active. Pourquoi s’inquiéter des effets futurs de ces capitaux accumulés ou du sort de ces masses humaines rassemblées 
1905 ffets futurs de ces capitaux accumulés ou du sort de ces masses humaines rassemblées ? Primo : notre esprit est trop disti
1906 ué et délicat pour agir sur ces faits ; secundo : le Progrès automatique arrangera tout. C’est lui qui, désormais, va remp
1907 gera tout. C’est lui qui, désormais, va remplacer la bienveillante Providence. « La religion est l’opium du peuple », disa
1908 mais, va remplacer la bienveillante Providence. «  La religion est l’opium du peuple », disait Marx. Je lui réponds que la
1909 er la bienveillante Providence. « La religion est l’ opium du peuple », disait Marx. Je lui réponds que la croyance au Prog
1910 pium du peuple », disait Marx. Je lui réponds que la croyance au Progrès est devenue l’opium de la pensée. Bien entendu, c
1911 ui réponds que la croyance au Progrès est devenue l’ opium de la pensée. Bien entendu, ce n’est point parce qu’ils étaient
1912 ds que la croyance au Progrès est devenue l’opium de la pensée. Bien entendu, ce n’est point parce qu’ils étaient méchants
1913 que la croyance au Progrès est devenue l’opium de la pensée. Bien entendu, ce n’est point parce qu’ils étaient méchants ou
1914 arce qu’ils étaient méchants ou très stupides que les penseurs du dernier siècle ont adopté cette attitude. Le vrai reproch
1915 eurs du dernier siècle ont adopté cette attitude. Le vrai reproche qu’il convient de leur faire, c’est avant tout d’avoir
1916 é cette attitude. Le vrai reproche qu’il convient de leur faire, c’est avant tout d’avoir manqué de lucidité. Et s’ils en
1917 he qu’il convient de leur faire, c’est avant tout d’ avoir manqué de lucidité. Et s’ils en ont manqué, c’est parce que leur
1918 nt de leur faire, c’est avant tout d’avoir manqué de lucidité. Et s’ils en ont manqué, c’est parce que leur croyance au Pr
1919 manqué, c’est parce que leur croyance au Progrès les dispensait de l’inquiétude d’où naît toujours la lucidité. Et voici
1920 parce que leur croyance au Progrès les dispensait de l’inquiétude d’où naît toujours la lucidité. Et voici un second repr
1921 ce que leur croyance au Progrès les dispensait de l’ inquiétude d’où naît toujours la lucidité. Et voici un second reproch
1922 royance au Progrès les dispensait de l’inquiétude d’ où naît toujours la lucidité. Et voici un second reproche : ils ont e
1923 les dispensait de l’inquiétude d’où naît toujours la lucidité. Et voici un second reproche : ils ont essayé de justifier
1924 té. Et voici un second reproche : ils ont essayé de justifier leur impuissance pratique par des systèmes philosophiques.
1925 ce pratique par des systèmes philosophiques. Tous les grands systèmes en isme du siècle dernier, même les plus contradictoi
1926 s grands systèmes en isme du siècle dernier, même les plus contradictoires, ont en commun ce postulat : l’esprit ne peut ri
1927 plus contradictoires, ont en commun ce postulat : l’ esprit ne peut rien sur l’action, et par suite, il n’a plus à s’en occ
1928 en commun ce postulat : l’esprit ne peut rien sur l’ action, et par suite, il n’a plus à s’en occuper. Le libéralisme, par
1929 action, et par suite, il n’a plus à s’en occuper. Le libéralisme, par exemple, exalte une liberté qui n’est que du laisser
1930 n pense ou travaille pour soi, sans se préoccuper de l’ensemble : le Progrès, automatiquement, se chargera du reste, et to
1931 ense ou travaille pour soi, sans se préoccuper de l’ ensemble : le Progrès, automatiquement, se chargera du reste, et tout
1932 ille pour soi, sans se préoccuper de l’ensemble : le Progrès, automatiquement, se chargera du reste, et tout finira bien.
1933 ement, se chargera du reste, et tout finira bien. Le marxisme, au contraire, décrit avec une sombre joie notre absence de
1934 traire, décrit avec une sombre joie notre absence de liberté, toutes les fatalités économiques qui, selon lui, dominent no
1935 une sombre joie notre absence de liberté, toutes les fatalités économiques qui, selon lui, dominent nos croyances intimes.
1936 a revient au même : car si tout est déterminé par les lois économiques, donc par la matière, là encore l’esprit ne peut rie
1937 est déterminé par les lois économiques, donc par la matière, là encore l’esprit ne peut rien. Aussi bien, Marx prétend-il
1938 lois économiques, donc par la matière, là encore l’ esprit ne peut rien. Aussi bien, Marx prétend-il que l’esprit n’est qu
1939 rit ne peut rien. Aussi bien, Marx prétend-il que l’ esprit n’est qu’un reflet, un sous-produit des processus matériels. Vo
1940 que tout le monde est d’accord pour déclarer que la pensée n’a rien à voir avec l’action. Soit qu’elle plane, orgueilleus
1941 pour déclarer que la pensée n’a rien à voir avec l’ action. Soit qu’elle plane, orgueilleuse et pure au-dessus de la matiè
1942 oit qu’elle plane, orgueilleuse et pure au-dessus de la matière et de ses lois — selon les libéraux — soit qu’au contraire
1943 qu’elle plane, orgueilleuse et pure au-dessus de la matière et de ses lois — selon les libéraux — soit qu’au contraire, h
1944 , orgueilleuse et pure au-dessus de la matière et de ses lois — selon les libéraux — soit qu’au contraire, humble et servi
1945 re au-dessus de la matière et de ses lois — selon les libéraux — soit qu’au contraire, humble et servile, elle se borne à r
1946 à refléter ces lois — selon Marx. Trop haute pour les uns, trop basse pour les autres, elle n’est jamais au niveau de notre
1947 on Marx. Trop haute pour les uns, trop basse pour les autres, elle n’est jamais au niveau de notre action. S’il fallait rés
1948 de notre action. S’il fallait résumer rapidement les caractères généraux par lesquels se trahit la démission de l’esprit,
1949 nt les caractères généraux par lesquels se trahit la démission de l’esprit, je dirais :  goût des automatismes, croyance a
1950 ères généraux par lesquels se trahit la démission de l’esprit, je dirais :  goût des automatismes, croyance aux fatalités
1951 s généraux par lesquels se trahit la démission de l’ esprit, je dirais :  goût des automatismes, croyance aux fatalités de
1952  :  goût des automatismes, croyance aux fatalités de l’Histoire et de l’Économie, manie des organisations trop vastes et u
1953 goût des automatismes, croyance aux fatalités de l’ Histoire et de l’Économie, manie des organisations trop vastes et unif
1954 matismes, croyance aux fatalités de l’Histoire et de l’Économie, manie des organisations trop vastes et uniformes, optimis
1955 ismes, croyance aux fatalités de l’Histoire et de l’ Économie, manie des organisations trop vastes et uniformes, optimisme
1956 formes, optimisme trop confortable, enfin, manque d’ imagination. Or la plupart de ces choses ont paru magnifiques et série
1957 e Kierkegaard et Nietzsche pour protester du fond de leur solitude15. Kierkegaard qui osa écrire ce blasphème contre les p
1958 5. Kierkegaard qui osa écrire ce blasphème contre les préjugés du siècle : « Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est la
1959 re ce blasphème contre les préjugés du siècle : «  Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est la presse quotidienne. On ne
1960 s préjugés du siècle : « Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le chr
1961 réjugés du siècle : « Le plus grand adversaire de l’ esprit, c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christ
1962 e : « Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christianisme dans un
1963 st la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christianisme dans un monde où règne la presse. » Et Nietzsche, de so
1964 s prêcher le christianisme dans un monde où règne la presse. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie d’organiser e
1965 dans un monde où règne la presse. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie d’organiser et de centraliser en écrivan
1966 la presse. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie d’organiser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plu
1967 . » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie d’ organiser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plus froid p
1968 e, de son côté, dénonçait la manie d’organiser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plus froid parmi les monstr
1969 nie d’organiser et de centraliser en écrivant : «  L’ État est le plus froid parmi les monstres froids. » Mais à part ces de
1970 iser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plus froid parmi les monstres froids. » Mais à part ces deux solitair
1971 er en écrivant : « L’État est le plus froid parmi les monstres froids. » Mais à part ces deux solitaires, personne ne sut o
1972 sonne ne sut ou n’osa voir à quoi devait conduire le Progrès, abandonné à son mouvement fatal. Le développement de l’indus
1973 uire le Progrès, abandonné à son mouvement fatal. Le développement de l’industrie a produit évidemment beaucoup d’automobi
1974 abandonné à son mouvement fatal. Le développement de l’industrie a produit évidemment beaucoup d’automobiles, de téléphone
1975 ndonné à son mouvement fatal. Le développement de l’ industrie a produit évidemment beaucoup d’automobiles, de téléphones e
1976 ment de l’industrie a produit évidemment beaucoup d’ automobiles, de téléphones et de frigidaires, mais il a aussi produit
1977 trie a produit évidemment beaucoup d’automobiles, de téléphones et de frigidaires, mais il a aussi produit beaucoup de can
1978 idemment beaucoup d’automobiles, de téléphones et de frigidaires, mais il a aussi produit beaucoup de canons et de masques
1979 es, mais il a aussi produit beaucoup de canons et de masques à gaz. Il a produit beaucoup de confort, mais il a également
1980 beaucoup de confort, mais il a également produit la lutte des classes et le chômage, et la grande ville, cette catastroph
1981 is il a également produit la lutte des classes et le chômage, et la grande ville, cette catastrophe humaine, l’un des désa
1982 nt produit la lutte des classes et le chômage, et la grande ville, cette catastrophe humaine, l’un des désastres moraux de
1983 te catastrophe humaine, l’un des désastres moraux de l’Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d
1984 catastrophe humaine, l’un des désastres moraux de l’ Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d’un
1985 désastres moraux de l’Histoire. Tout cela, faute d’ harmonie et de mesure humaine, faute d’un grand principe directeur, sp
1986 aux de l’Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d’un grand principe directeur, spirituel ou cul
1987 ela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d’ un grand principe directeur, spirituel ou culturel. Tout cela parce qu
1988 el ou culturel. Tout cela parce qu’on pensait que le Progrès était sain, juste et infaillible, et que la seule tâche série
1989 Progrès était sain, juste et infaillible, et que la seule tâche sérieuse était de gagner de l’argent en attendant que les
1990 infaillible, et que la seule tâche sérieuse était de gagner de l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mê
1991 e, et que la seule tâche sérieuse était de gagner de l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, e
1992 et que la seule tâche sérieuse était de gagner de l’ argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, en r
1993 euse était de gagner de l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, en réalité, rien ne s’est arran
1994 l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’ elles-mêmes. Or, en réalité, rien ne s’est arrangé. Et voici où nous r
1995 ien ne s’est arrangé. Et voici où nous rejoignons le temps présent. Dans une cité où la culture n’a plus en fait l’initiat
1996 ous rejoignons le temps présent. Dans une cité où la culture n’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de la product
1997 ent. Dans une cité où la culture n’a plus en fait l’ initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui impo
1998 la culture n’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à
1999 e n’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre p
2000 ’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pens
2001 ’initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Q
2002 itiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Quan
2003 eurs nécessités à notre pensée impuissante. Quand la culture ne domine plus l’action, c’est l’action qui domine la culture
2004 nsée impuissante. Quand la culture ne domine plus l’ action, c’est l’action qui domine la culture, mais une action qui ne s
2005 . Quand la culture ne domine plus l’action, c’est l’ action qui domine la culture, mais une action qui ne sait pas où elle
2006 e domine plus l’action, c’est l’action qui domine la culture, mais une action qui ne sait pas où elle va ! Et la société à
2007 , mais une action qui ne sait pas où elle va ! Et la société à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sé
2008 été à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns
2009 rde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun,
2010 pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de l’ action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dan
2011 défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dans sa spécia
2012 épare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dans sa spécialité, suit des voies totalement
2013 cées par des principes contradictoires et privées de commune mesure. Décadence de la communauté Je préciserai ce que
2014 toires et privées de commune mesure. Décadence de la communauté Je préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure
2015 res et privées de commune mesure. Décadence de la communauté Je préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure d’
2016 communauté Je préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure d’une civilisation : c’est le principe qui doit harmon
2017 préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure d’ une civilisation : c’est le principe qui doit harmoniser toutes les ac
2018 ici la commune mesure d’une civilisation : c’est le principe qui doit harmoniser toutes les activités d’une société donné
2019 on : c’est le principe qui doit harmoniser toutes les activités d’une société donnée. Dans la cité grecque, par exemple, to
2020 principe qui doit harmoniser toutes les activités d’ une société donnée. Dans la cité grecque, par exemple, tout était rapp
2021 r toutes les activités d’une société donnée. Dans la cité grecque, par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’indiv
2022 cité grecque, par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était ré
2023 que, par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par le
2024 , par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’ individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par le dr
2025 porté à la mesure de l’individu raisonnable. Dans l’ Empire romain, tout était réglé par le droit d’État. Chez les Juifs, c
2026 nable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par le droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait t
2027 ns l’Empire romain, tout était réglé par le droit d’ État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’ex
2028 omain, tout était réglé par le droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans s
2029 églé par le droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux
2030 r le droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux détails
2031 uifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’ existence dans ses plus minutieux détails. Au Moyen âge, la théologie.
2032 ce dans ses plus minutieux détails. Au Moyen âge, la théologie. Dans toutes ces civilisations, l’action obéissait spontané
2033 âge, la théologie. Dans toutes ces civilisations, l’ action obéissait spontanément aux mêmes lois que la pensée. Mais aujou
2034 ’action obéissait spontanément aux mêmes lois que la pensée. Mais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et la théolog
2035 ux mêmes lois que la pensée. Mais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et la théologie sont méprisés ou ignorés, mai
2036 la pensée. Mais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et la théologie sont méprisés ou ignorés, maintenant que tout,
2037 ais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et la théologie sont méprisés ou ignorés, maintenant que tout, dans le mond
2038 nt méprisés ou ignorés, maintenant que tout, dans le monde, échappe aux prises de l’esprit humain, il ne reste qu’un seul
2039 enant que tout, dans le monde, échappe aux prises de l’esprit humain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer la vale
2040 nt que tout, dans le monde, échappe aux prises de l’ esprit humain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur
2041 ain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur de nos actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent
2042 reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur de nos actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent : c’est l
2043 ncipe pour mesurer la valeur de nos actes : c’est l’ Argent. Et quand il n’y a plus d’argent : c’est la misère. Et quand la
2044 os actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’ argent : c’est la misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’
2045 l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent : c’est la misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’est l’État-provid
2046 l n’y a plus d’argent : c’est la misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’est l’État-providence qui se charge d
2047 . Et quand la misère est trop grande, alors c’est l’ État-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est
2048 ande, alors c’est l’État-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’État sont des
2049 t-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’État sont des principes qui ne valen
2050 arge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’ Argent et l’État sont des principes qui ne valent rien dans le monde d
2051 mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’ État sont des principes qui ne valent rien dans le monde de l’esprit.
2052 l’État sont des principes qui ne valent rien dans le monde de l’esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rap
2053 nt des principes qui ne valent rien dans le monde de l’esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement,
2054 des principes qui ne valent rien dans le monde de l’ esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement, s’a
2055 lent rien dans le monde de l’esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement, s’asservit. Je vous donner
2056 ’asservit. Je vous donnerai un exemple que chacun de vous peut vérifier quotidiennement. Le fondement et le symbole de tou
2057 que chacun de vous peut vérifier quotidiennement. Le fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous a
2058 us peut vérifier quotidiennement. Le fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd
2059 ifier quotidiennement. Le fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd’hui à une
2060 e fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd’hui à une extraordinaire décadence
2061 e, en tous pays. Au cours des siècles précédents, les hommes d’une même société s’entendaient sur le sens de certains mots
2062 pays. Au cours des siècles précédents, les hommes d’ une même société s’entendaient sur le sens de certains mots fondamenta
2063 , les hommes d’une même société s’entendaient sur le sens de certains mots fondamentaux que j’appellerai les lieux communs
2064 mmes d’une même société s’entendaient sur le sens de certains mots fondamentaux que j’appellerai les lieux communs. C’étai
2065 ns de certains mots fondamentaux que j’appellerai les lieux communs. C’était sur la base de ces mots, définis une fois pour
2066 x que j’appellerai les lieux communs. C’était sur la base de ces mots, définis une fois pour toutes, que les échanges d’id
2067 appellerai les lieux communs. C’était sur la base de ces mots, définis une fois pour toutes, que les échanges d’idées pouv
2068 se de ces mots, définis une fois pour toutes, que les échanges d’idées pouvaient se produire sans erreur ni malentendu. Les
2069 s, définis une fois pour toutes, que les échanges d’ idées pouvaient se produire sans erreur ni malentendu. Les lieux commu
2070 pouvaient se produire sans erreur ni malentendu. Les lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècl
2071 r ni malentendu. Les lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi no
2072 entendu. Les lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi nous ? Pre
2073 Les lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi nous ? Prenons troi
2074 ils devenus parmi nous ? Prenons trois mots parmi les plus fréquents dans les discours et les écrits de notre époque : espr
2075 Prenons trois mots parmi les plus fréquents dans les discours et les écrits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je
2076 ots parmi les plus fréquents dans les discours et les écrits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le
2077 es plus fréquents dans les discours et les écrits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le mot espri
2078 poque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le mot esprit a déjà 29 sens différents dans le dictionnaire de Littré.
2079 que le mot esprit a déjà 29 sens différents dans le dictionnaire de Littré. Mais cela n’est pas un mal, car ces sens, jus
2080 it a déjà 29 sens différents dans le dictionnaire de Littré. Mais cela n’est pas un mal, car ces sens, justement, sont exa
2081 personne ne s’entend. Tout le monde veut défendre l’ esprit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pou
2082 veut défendre l’esprit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine,
2083 esprit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine, ou l’ensemble d
2084 rit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine, ou l’ensemble de l
2085 aint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine, ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit
2086 logie, pour d’autres, c’est la raison humaine, ou l’ ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des
2087 d’autres, c’est la raison humaine, ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des délicats,
2088 autres, c’est la raison humaine, ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des délicats, et
2089 aine, ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’ esprit signifiera le luxe des délicats, et pour cet autre, l’activité
2090 de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des délicats, et pour cet autre, l’activité révolutionnaire des
2091 gnifiera le luxe des délicats, et pour cet autre, l’ activité révolutionnaire des créateurs. Si j’affirme que mon but est d
2092 naire des créateurs. Si j’affirme que mon but est de sauver l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrèt
2093 créateurs. Si j’affirme que mon but est de sauver l’ esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je
2094 Si j’affirme que mon but est de sauver l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je m’évade da
2095 r l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je m’évade dans le spiritualisme, alors que je ne v
2096 e je néglige la vie concrète, que je m’évade dans le spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’esprit que dans l
2097 évade dans le spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’esprit que dans la présence effective de la pensée et de
2098 spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’ esprit que dans la présence effective de la pensée et de la foi à tout
2099 rs que je ne vois de salut pour l’esprit que dans la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de
2100 alut pour l’esprit que dans la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté,
2101 t pour l’esprit que dans la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté, tou
2102 it que dans la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté, tout le monde l’
2103 que dans la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté, tout le monde l’inv
2104 ence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté, tout le monde l’invoque, n’est-ce pa
2105 ve de la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté, tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais po
2106 ée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté, tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais pour l’économis
2107 es misères de ce monde. La liberté, tout le monde l’ invoque, n’est-ce pas ? Mais pour l’économiste libéral, cela signifie
2108 tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais pour l’ économiste libéral, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le
2109 s ? Mais pour l’économiste libéral, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’indiv
2110 pour l’économiste libéral, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste
2111 nomiste libéral, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisa
2112 l, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le
2113 signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le refus
2114 gnifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le refus d’o
2115 ner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’ individualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir à l’État ; dans t
2116 ence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer
2117 ur l’individualiste anarchisant, ce sera le refus d’ obéir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’au
2118 idualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir à l’ État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’aux dents au
2119 e sera le refus d’obéir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’aux dents au prix de dures privation
2120 prix de dures privations ; dans un deuxième pays, la liberté signifiera le droit pour le plus fort de s’annexer un voisin
2121 ns ; dans un deuxième pays, la liberté signifiera le droit pour le plus fort de s’annexer un voisin faible ; dans un trois
2122 euxième pays, la liberté signifiera le droit pour le plus fort de s’annexer un voisin faible ; dans un troisième pays, la
2123 la liberté signifiera le droit pour le plus fort de s’annexer un voisin faible ; dans un troisième pays, la liberté sera
2124 nnexer un voisin faible ; dans un troisième pays, la liberté sera tout simplement la permission de dire à haute voix ce qu
2125 n troisième pays, la liberté sera tout simplement la permission de dire à haute voix ce que l’on pense. Et quand ces trois
2126 ys, la liberté sera tout simplement la permission de dire à haute voix ce que l’on pense. Et quand ces trois pays se feron
2127 plement la permission de dire à haute voix ce que l’ on pense. Et quand ces trois pays se feront la guerre, ils la feront t
2128 que l’on pense. Et quand ces trois pays se feront la guerre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre enfin sig
2129 Et quand ces trois pays se feront la guerre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt
2130 se feront la guerre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt le statu quo social, si a
2131 erre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et l’ ordre enfin signifiera tantôt le statu quo social, si absurde qu’il so
2132 de la liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt le statu quo social, si absurde qu’il soit, tantôt l’établissement d’une
2133 e statu quo social, si absurde qu’il soit, tantôt l’ établissement d’une hiérarchie nouvelle au prix d’une révolution, tant
2134 al, si absurde qu’il soit, tantôt l’établissement d’ une hiérarchie nouvelle au prix d’une révolution, tantôt la suppressio
2135 l’établissement d’une hiérarchie nouvelle au prix d’ une révolution, tantôt la suppression physique de tous ceux qui critiq
2136 rarchie nouvelle au prix d’une révolution, tantôt la suppression physique de tous ceux qui critiquent le désordre établi,
2137 d’une révolution, tantôt la suppression physique de tous ceux qui critiquent le désordre établi, tantôt le fait qu’on n’a
2138 suppression physique de tous ceux qui critiquent le désordre établi, tantôt le fait qu’on n’assassine plus dans la rue ma
2139 us ceux qui critiquent le désordre établi, tantôt le fait qu’on n’assassine plus dans la rue mais seulement dans les priso
2140 tabli, tantôt le fait qu’on n’assassine plus dans la rue mais seulement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire
2141 n’assassine plus dans la rue mais seulement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principa
2142 plus dans la rue mais seulement dans les prisons d’ État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principales de la m
2143 lement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principales de la mésentente des peuples rési
2144 site pas à le dire : l’une des causes principales de la mésentente des peuples réside dans ce désordre du langage, et dans
2145 e pas à le dire : l’une des causes principales de la mésentente des peuples réside dans ce désordre du langage, et dans l’
2146 uples réside dans ce désordre du langage, et dans l’ absence de toute autorité morale capable d’y porter remède. Car qui pe
2147 de dans ce désordre du langage, et dans l’absence de toute autorité morale capable d’y porter remède. Car qui peut fixer a
2148 t dans l’absence de toute autorité morale capable d’ y porter remède. Car qui peut fixer aujourd’hui le véritable sens des
2149 d’y porter remède. Car qui peut fixer aujourd’hui le véritable sens des mots ? En d’autres temps, c’étaient l’Église et la
2150 able sens des mots ? En d’autres temps, c’étaient l’ Église et la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écriva
2151 s mots ? En d’autres temps, c’étaient l’Église et la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écrivains. Mais qu
2152 la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écrivains. Mais que peuvent-ils dans notre monde démesuré ? Un Valéry
2153 léry, un Gide ou un Claudel ont quelques milliers de lecteurs, tandis que la presse du soir et la radio atteignent chaque
2154 del ont quelques milliers de lecteurs, tandis que la presse du soir et la radio atteignent chaque jour des millions d’homm
2155 iers de lecteurs, tandis que la presse du soir et la radio atteignent chaque jour des millions d’hommes, et c’est tout un
2156 r et la radio atteignent chaque jour des millions d’ hommes, et c’est tout un domaine du langage que l’écrivain ne contrôle
2157 d’hommes, et c’est tout un domaine du langage que l’ écrivain ne contrôle pas, ne forme pas, n’atteint même pas. Ainsi se c
2158 ne forme pas, n’atteint même pas. Ainsi se créent d’ énormes zones d’échanges verbaux incontrôlés. Et plus on y échange de
2159 atteint même pas. Ainsi se créent d’énormes zones d’ échanges verbaux incontrôlés. Et plus on y échange de mots, plus ils p
2160 changes verbaux incontrôlés. Et plus on y échange de mots, plus ils perdent leur force et leur sens, et leur délicatesse d
2161 dent leur force et leur sens, et leur délicatesse d’ appel. Alors les écrivains qui n’ont pas d’autres armes que les mots s
2162 et leur sens, et leur délicatesse d’appel. Alors les écrivains qui n’ont pas d’autres armes que les mots se voient privés
2163 rs les écrivains qui n’ont pas d’autres armes que les mots se voient privés de tout moyen d’agir. Leurs conseils, leurs app
2164 pas d’autres armes que les mots se voient privés de tout moyen d’agir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les
2165 armes que les mots se voient privés de tout moyen d’ agir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les hommes échange
2166 ir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les hommes échangent des paroles en plus grand nombre que jamais, et ne s
2167 jamais, et ne se disent rien qui compte. Or quand la parole se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un
2168 quand la parole se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son ê
2169 omme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de
2170 e, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’ amitié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communauté16
2171 son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communauté16. Alors paraît le règne de la for
2172 ’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communauté16. Alors paraît le règne de la force ! Si nulle auto
2173 ondement même de toute communauté16. Alors paraît le règne de la force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le se
2174 même de toute communauté16. Alors paraît le règne de la force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le sens des mo
2175 e de toute communauté16. Alors paraît le règne de la force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le sens des mots,
2176 rce ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le sens des mots, la propagande brutale s’en chargera. À la place des gr
2177 orité spirituelle ne peut fixer le sens des mots, la propagande brutale s’en chargera. À la place des grands lieux communs
2178 des mots, la propagande brutale s’en chargera. À la place des grands lieux communs chargés de sens traditionnel, nous aur
2179 gera. À la place des grands lieux communs chargés de sens traditionnel, nous aurons des slogans, des mots d’ordre simplist
2180 rons des slogans, des mots d’ordre simplistes. Et l’ on pourra changer le sens des mots sept fois par an, selon les besoins
2181 s mots d’ordre simplistes. Et l’on pourra changer le sens des mots sept fois par an, selon les besoins de la cause. C’est
2182 changer le sens des mots sept fois par an, selon les besoins de la cause. C’est ainsi que tout récemment, le ministre d’un
2183 sens des mots sept fois par an, selon les besoins de la cause. C’est ainsi que tout récemment, le ministre d’une grande pu
2184 s des mots sept fois par an, selon les besoins de la cause. C’est ainsi que tout récemment, le ministre d’une grande puiss
2185 oins de la cause. C’est ainsi que tout récemment, le ministre d’une grande puissance, le camarade Molotov, déclarait que l
2186 ause. C’est ainsi que tout récemment, le ministre d’ une grande puissance, le camarade Molotov, déclarait que le mot d’agre
2187 ut récemment, le ministre d’une grande puissance, le camarade Molotov, déclarait que le mot d’agression avait changé de se
2188 nde puissance, le camarade Molotov, déclarait que le mot d’agression avait changé de sens depuis ce printemps, « les événe
2189 ssance, le camarade Molotov, déclarait que le mot d’ agression avait changé de sens depuis ce printemps, « les événements l
2190 ov, déclarait que le mot d’agression avait changé de sens depuis ce printemps, « les événements lui ayant donné un contenu
2191 ssion avait changé de sens depuis ce printemps, «  les événements lui ayant donné un contenu historique nouveau », exactemen
2192 contenu historique nouveau », exactement inverse de l’ancien… Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’Alice a
2193 ntenu historique nouveau », exactement inverse de l’ ancien… Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’Alice au p
2194 Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’ Alice au pays des Merveilles (qui est un de mes livres préférés), dial
2195 alogue d’Alice au pays des Merveilles (qui est un de mes livres préférés), dialogue dont voici trois répliques : « Quand j
2196 e dont voici trois répliques : « Quand je me sers d’ un mot, dit Humpty-Dumpty d’un ton méprisant, il signifie exactement c
2197  : « Quand je me sers d’un mot, dit Humpty-Dumpty d’ un ton méprisant, il signifie exactement ce que je veux qu’il signifie
2198 e que je veux qu’il signifie… ni plus ni moins. —  La question est de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes
2199 ’il signifie… ni plus ni moins. — La question est de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes mots signifient
2200 st de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes mots signifient des choses différentes ? — La question est de s
2201 mêmes mots signifient des choses différentes ? —  La question est de savoir, dit Humpty-Dumpty, qui est le plus fort… et c
2202 ifient des choses différentes ? — La question est de savoir, dit Humpty-Dumpty, qui est le plus fort… et c’est tout. » Nou
2203 uestion est de savoir, dit Humpty-Dumpty, qui est le plus fort… et c’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’est le p
2204 ’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’est le plus fort qui définit le sens des mots et qui l’impose à son caprice.
2205 es exactement là : c’est le plus fort qui définit le sens des mots et qui l’impose à son caprice. Eh bien, je dis que lors
2206 le plus fort qui définit le sens des mots et qui l’ impose à son caprice. Eh bien, je dis que lorsqu’on en arrive à une pa
2207 rrive à une pareille décadence des lieux communs, la culture est à l’agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politiq
2208 lle décadence des lieux communs, la culture est à l’ agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politique devient pratiq
2209 s, la culture est à l’agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politique devient pratiquement impossible. Les masses
2210 ale et politique devient pratiquement impossible. Les masses le sentent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les tro
2211 tique devient pratiquement impossible. Les masses le sentent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les trop grands p
2212 impossible. Les masses le sentent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les trop grands pays. C’est une angoisse inf
2213 ntent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les trop grands pays. C’est une angoisse informulée, mais dont les signes
2214 ds pays. C’est une angoisse informulée, mais dont les signes sont partout. Or maintenant, de cette angoisse monte un appel,
2215 mais dont les signes sont partout. Or maintenant, de cette angoisse monte un appel, le formidable et inconscient appel des
2216 Or maintenant, de cette angoisse monte un appel, le formidable et inconscient appel des masses vers une communauté humain
2217 ée dans son esprit et dans ses signes extérieurs, l’ appel de toute l’Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaur
2218 son esprit et dans ses signes extérieurs, l’appel de toute l’Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaurée et vi
2219 t et dans ses signes extérieurs, l’appel de toute l’ Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaurée et vivante.
2220 vers une commune mesure restaurée et vivante. L’ appel au dictateur Et c’est à cet appel qu’ont répondu les chefs de
2221 dictateur Et c’est à cet appel qu’ont répondu les chefs des grands mouvements collectivistes. Tout leur génie, s’il fau
2222 leur en reconnaître, a consisté à deviner — avant les intellectuels ! — la vraie nature de l’angoisse des foules, pour lui
2223 consisté à deviner — avant les intellectuels ! —  la vraie nature de l’angoisse des foules, pour lui donner une réponse à
2224 ner — avant les intellectuels ! — la vraie nature de l’angoisse des foules, pour lui donner une réponse à la fois frappant
2225 — avant les intellectuels ! — la vraie nature de l’ angoisse des foules, pour lui donner une réponse à la fois frappante e
2226 dit. C’est bien simple. Nous allons proclamer que l’ intérêt de l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule rè
2227 bien simple. Nous allons proclamer que l’intérêt de l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de tou
2228 en simple. Nous allons proclamer que l’intérêt de l’ État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute
2229 que l’intérêt de l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute activité, culturelle, politique,
2230 e l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute activité, culturelle, politique, ou même religie
2231 ous sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute activité, culturelle, politique, ou même religieuse. » C’était
2232 politique, ou même religieuse. » C’était un coup de génie, si le génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients
2233 u même religieuse. » C’était un coup de génie, si le génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients désirs de la
2234 nie, si le génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients désirs de la nation. Mais on peut avoir du génie et fair
2235 e à deviner et à prévenir les inconscients désirs de la nation. Mais on peut avoir du génie et faire de grosses fautes de
2236 deviner et à prévenir les inconscients désirs de la nation. Mais on peut avoir du génie et faire de grosses fautes de cal
2237 e la nation. Mais on peut avoir du génie et faire de grosses fautes de calcul. Surtout quand on est très pressé. Or il est
2238 on peut avoir du génie et faire de grosses fautes de calcul. Surtout quand on est très pressé. Or il est certain que ces c
2239 es chefs étaient horriblement pressés, à cause de la misère que subissaient leurs peuples. Et voici la faute de calcul qu’
2240 la misère que subissaient leurs peuples. Et voici la faute de calcul qu’ils me paraissent avoir commise : ils ont voulu im
2241 araissent avoir commise : ils ont voulu imposer à l’ ensemble des principes qui étaient partiels. La discipline d’État, ou
2242 à l’ensemble des principes qui étaient partiels. La discipline d’État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réali
2243 des principes qui étaient partiels. La discipline d’ État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réalités. Mais des
2244 es qui étaient partiels. La discipline d’État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réalités. Mais des réalités pa
2245 nt partiels. La discipline d’État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réalités. Mais des réalités partielles. Si
2246 es des réalités. Mais des réalités partielles. Si la loi qu’on impose à tous est calculée seulement pour certains types, s
2247 une odieuse tyrannie pour tous ceux qui débordent le cadre, c’est autant dire pour tous les hommes vraiment humains. C’éta
2248 i débordent le cadre, c’est autant dire pour tous les hommes vraiment humains. C’était très bien d’essayer de répondre au g
2249 us les hommes vraiment humains. C’était très bien d’ essayer de répondre au grand appel des peuples vers une communauté. Ma
2250 mes vraiment humains. C’était très bien d’essayer de répondre au grand appel des peuples vers une communauté. Mais on a ré
2251 mmunauté. Mais on a répondu trop vite, et surtout d’ une manière incomplète. Or, en pareil domaine, il est très dangereux d
2252 ète. Or, en pareil domaine, il est très dangereux de se tromper si peu que ce soit, et de donner une réponse qui ne soit p
2253 ès dangereux de se tromper si peu que ce soit, et de donner une réponse qui ne soit pas vraiment totale. Nous connaissons
2254 qui ne soit pas vraiment totale. Nous connaissons les résultats d’une pareille faute, nous ne cessons d’y penser ce soir.
2255 s vraiment totale. Nous connaissons les résultats d’ une pareille faute, nous ne cessons d’y penser ce soir. L’appel des p
2256 s résultats d’une pareille faute, nous ne cessons d’ y penser ce soir. L’appel des peuples reste insatisfait. Il continue
2257 eille faute, nous ne cessons d’y penser ce soir. L’ appel des peuples reste insatisfait. Il continue à nous poser la plus
2258 uples reste insatisfait. Il continue à nous poser la plus sérieuse question humaine. Et s’il n’est pas encore aussi tragiq
2259 re aussi tragique dans des pays moins menacés par la misère, comme par exemple nos petits états neutres, ne nous faisons p
2260 ple nos petits états neutres, ne nous faisons pas d’ illusions : tôt ou tard, là aussi, cet appel exigera une réponse. Rest
2261 igera une réponse. Reste à savoir si nous saurons la lui donner. Reste à savoir si nous saurons utiliser le délai qui nous
2262 i donner. Reste à savoir si nous saurons utiliser le délai qui nous est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vr
2263 ns utiliser le délai qui nous est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vraies causes du mal, et par suite, les v
2264 s est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vraies causes du mal, et par suite, les vrais remèdes, et non seuleme
2265 découvrir les vraies causes du mal, et par suite, les vrais remèdes, et non seulement pour décrire ces remèdes, mais surtou
2266 ement pour décrire ces remèdes, mais surtout pour les essayer sur nous d’abord. Car nous aussi, je le répète, nous sommes a
2267 les essayer sur nous d’abord. Car nous aussi, je le répète, nous sommes atteints ! À la recherche de l’homme réel J
2268 aussi, je le répète, nous sommes atteints ! À la recherche de l’homme réel J’aime employer les mots dans leur sens
2269 répète, nous sommes atteints ! À la recherche de l’homme réel J’aime employer les mots dans leur sens étymologique.
2270 pète, nous sommes atteints ! À la recherche de l’ homme réel J’aime employer les mots dans leur sens étymologique. L’
2271 À la recherche de l’homme réel J’aime employer les mots dans leur sens étymologique. L’étymologie, vous le savez, est un
2272 me employer les mots dans leur sens étymologique. L’ étymologie, vous le savez, est une science très incertaine, mais c’est
2273 s dans leur sens étymologique. L’étymologie, vous le savez, est une science très incertaine, mais c’est un art très signif
2274 art très significatif. Lorsque j’employais tout à l’ heure l’adjectif énorme, pour caractériser certains aspects du monde m
2275 significatif. Lorsque j’employais tout à l’heure l’ adjectif énorme, pour caractériser certains aspects du monde moderne,
2276 s seulement grand, immense, mais aussi : qui sort de la norme — de la mesure. Un monde énorme est un monde sans mesure, un
2277 eulement grand, immense, mais aussi : qui sort de la norme — de la mesure. Un monde énorme est un monde sans mesure, un mo
2278 and, immense, mais aussi : qui sort de la norme —  de la mesure. Un monde énorme est un monde sans mesure, un monde démesur
2279 , immense, mais aussi : qui sort de la norme — de la mesure. Un monde énorme est un monde sans mesure, un monde démesuré p
2280 onde sans mesure, un monde démesuré par rapport à l’ homme seul et aux pouvoirs de son esprit. Et de là vient notre désordr
2281 mesuré par rapport à l’homme seul et aux pouvoirs de son esprit. Et de là vient notre désordre mais aussi, notre impuissan
2282 à l’homme seul et aux pouvoirs de son esprit. Et de là vient notre désordre mais aussi, notre impuissance à en sortir, ma
2283 nous rebâtir un monde qui soit vraiment à hauteur d’ homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’esprit, soient de nouve
2284 qui soit vraiment à hauteur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’esprit, soient de nouveau capables d’agir ? E
2285 aiment à hauteur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’esprit, soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle es
2286 ur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’ esprit, soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle est l’attitude d
2287 a culture et l’esprit, soient de nouveau capables d’ agir ? Et quelle est l’attitude de pensée qui peut nous orienter dès à
2288 soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle est l’ attitude de pensée qui peut nous orienter dès à présent vers une commu
2289 ouveau capables d’agir ? Et quelle est l’attitude de pensée qui peut nous orienter dès à présent vers une communauté solid
2290 tout vient de là, et tout dépend en premier lieu, de notre état d’esprit. S’il change, tout commence à changer. S’il ne ch
2291 ut commence à changer. S’il ne change pas, toutes les réformes matérielles sont inutiles et tournent au malheur. Car le mal
2292 rielles sont inutiles et tournent au malheur. Car le mal qui est dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est
2293 s et tournent au malheur. Car le mal qui est dans l’ action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Et
2294 ui est dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Et voici sa racine profonde : politiciens
2295 n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Et voici sa racine profonde : politiciens ou intellectuels, t
2296 e : politiciens ou intellectuels, tous ont oublié l’ homme dans leurs calculs, ou bien se sont trompés sur sa nature. Ils o
2297 bien se sont trompés sur sa nature. Ils ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et c’est pourq
2298 s ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et c’est pourquoi leurs efforts, même les plus sincè
2299 t est faux, et c’est pourquoi leurs efforts, même les plus sincères, aboutissent au malheur de l’homme. Dans ce monde qui a
2300 s, même les plus sincères, aboutissent au malheur de l’homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des inte
2301 même les plus sincères, aboutissent au malheur de l’ homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des intelle
2302 au malheur de l’homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des intellectuels, et j’ajouterai : leur seul
2303 de l’homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des intellectuels, et j’ajouterai : leur seul pouvoir — c
2304 , et j’ajouterai : leur seul pouvoir — c’est donc de rechercher l’homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’homme ne t
2305 ai : leur seul pouvoir — c’est donc de rechercher l’ homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’homme ne trouve sa plein
2306 voir — c’est donc de rechercher l’homme perdu. Or l’ histoire nous apprend que l’homme ne trouve sa pleine réalité et sa me
2307 her l’homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’ homme ne trouve sa pleine réalité et sa mesure qu’au sein d’un groupe
2308 i trop vaste ni trop étroit. Il n’est pas bon que l’ homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule. Le
2309 l’homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que l’ homme soit foule. Le monde rationaliste et libéral supposait que l’hum
2310 il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule. Le monde rationaliste et libéral supposait que l’humanité n’était qu’un
2311 e. Le monde rationaliste et libéral supposait que l’ humanité n’était qu’un assemblage d’individus, d’hommes qui avaient su
2312 supposait que l’humanité n’était qu’un assemblage d’ individus, d’hommes qui avaient surtout des droits légaux, et très peu
2313 l’humanité n’était qu’un assemblage d’individus, d’ hommes qui avaient surtout des droits légaux, et très peu de devoirs n
2314 s droits légaux, et très peu de devoirs naturels. L’ individu rationaliste, c’était un homme in abstracto, privé d’attaches
2315 ationaliste, c’était un homme in abstracto, privé d’ attaches avec le sol, la patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré
2316 tait un homme in abstracto, privé d’attaches avec le sol, la patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré des servitudes
2317 homme in abstracto, privé d’attaches avec le sol, la patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré des servitudes et des t
2318 racto, privé d’attaches avec le sol, la patrie et l’ hérédité. C’était un homme libéré des servitudes et des tabous de la t
2319 tait un homme libéré des servitudes et des tabous de la tribu, mais en même temps privé de relations concrètes. Or la comm
2320 t un homme libéré des servitudes et des tabous de la tribu, mais en même temps privé de relations concrètes. Or la communa
2321 des tabous de la tribu, mais en même temps privé de relations concrètes. Or la communauté des hommes se fonde d’abord sur
2322 is en même temps privé de relations concrètes. Or la communauté des hommes se fonde d’abord sur des relations charnelles e
2323 relations charnelles et concrètes. C’est pourquoi l’ individualisme, qui les néglige, est une doctrine antisociale. Elle a
2324 t concrètes. C’est pourquoi l’individualisme, qui les néglige, est une doctrine antisociale. Elle a pour effet mécanique de
2325 doctrine antisociale. Elle a pour effet mécanique de dissocier toute communauté naturelle. Et alors se produit le phénomèn
2326 r toute communauté naturelle. Et alors se produit le phénomène auquel nous avons assisté depuis une trentaine d’années. L’
2327 ne auquel nous avons assisté depuis une trentaine d’ années. L’homme isolé, dans un monde trop vaste, ne se sent plus porté
2328 nous avons assisté depuis une trentaine d’années. L’ homme isolé, dans un monde trop vaste, ne se sent plus porté au sein d
2329 pe. Déraciné, il flotte, il erre, il n’offre plus de résistance aux courants d’opinion, aux modes, à la publicité des gran
2330 erre, il n’offre plus de résistance aux courants d’ opinion, aux modes, à la publicité des grandes firmes et des grands pa
2331 e résistance aux courants d’opinion, aux modes, à la publicité des grandes firmes et des grands partis politiques. Il est
2332 maille par le premier magnétiseur venu. Et alors, d’ un coup de balancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui es
2333 le premier magnétiseur venu. Et alors, d’un coup de balancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est le pôle
2334 nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’Europe peut être ramenée à
2335 ’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. Toute l’ histoire de l’Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un
2336 , qui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’au
2337 ui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’ Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’autre
2338 urope peut être ramenée à ces grands balancements d’ un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’ét
2339 à ces grands balancements d’un pôle à l’autre. À l’ anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme romain. Au colle
2340 d’un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen â
2341 un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen âge
2342 e. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’ étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen âge répond la révolt
2343 main. Au collectivisme sacral du Moyen âge répond la révolte individualiste de la Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle os
2344 ral du Moyen âge répond la révolte individualiste de la Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier : l
2345 du Moyen âge répond la révolte individualiste de la Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier : le v
2346 aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier : le vide social créé par l’individualisme du siècle passé appelle une pui
2347 scillation du balancier : le vide social créé par l’ individualisme du siècle passé appelle une puissante réaction collecti
2348 ssante réaction collective. Sortirons-nous jamais de cette dialectique, dont les phases et les renversements menacent aujo
2349 Sortirons-nous jamais de cette dialectique, dont les phases et les renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’Europe 
2350 s jamais de cette dialectique, dont les phases et les renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’Europe ? Il s’agit de
2351 phases et les renversements menacent aujourd’hui d’ anéantir l’Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que
2352 les renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’ Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que nous posen
2353 acent aujourd’hui d’anéantir l’Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que nous posent les relations de l’
2354 d’anéantir l’Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’ éternel problème que nous posent les relations de l’individu et de la
2355 résoudre enfin l’éternel problème que nous posent les relations de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que
2356 l’éternel problème que nous posent les relations de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concr
2357 éternel problème que nous posent les relations de l’ individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret
2358 me que nous posent les relations de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le R
2359 que nous posent les relations de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le Robi
2360 ns de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni
2361 vidu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’ homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme nu
2362 . Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme numéro d’un rang, mais qu’il
2363 de voir que l’homme concret n’est pas le Robinson d’ une île déserte, ni l’anonyme numéro d’un rang, mais qu’il est à la fo
2364 ncret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni l’ anonyme numéro d’un rang, mais qu’il est à la fois un être unique, et
2365 e Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme numéro d’ un rang, mais qu’il est à la fois un être unique, et un être qui a des
2366 upe, être un homme libre et pourtant relié, c’est l’ idéal de l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie !
2367 e un homme libre et pourtant relié, c’est l’idéal de l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce p
2368 n homme libre et pourtant relié, c’est l’idéal de l’ homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce prob
2369 e a été résolu, cet idéal réalisé, au ier siècle de notre ère, par les communautés de l’Église primitive. Le chrétien pri
2370 t idéal réalisé, au ier siècle de notre ère, par les communautés de l’Église primitive. Le chrétien primitif est un homme
2371 au ier siècle de notre ère, par les communautés de l’Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de
2372 ier siècle de notre ère, par les communautés de l’ Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa
2373 e ère, par les communautés de l’Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa conversion, se trou
2374 e. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa conversion, se trouve chargé d’une vocation particulière qui le di
2375 e qui, du fait de sa conversion, se trouve chargé d’ une vocation particulière qui le distingue de tous ses voisins ; mais
2376 se trouve chargé d’une vocation particulière qui le distingue de tous ses voisins ; mais d’autre part, cette vocation uni
2377 argé d’une vocation particulière qui le distingue de tous ses voisins ; mais d’autre part, cette vocation unique le met en
2378 oisins ; mais d’autre part, cette vocation unique le met en relation avec des frères, et l’introduit dans une communauté n
2379 ion unique le met en relation avec des frères, et l’ introduit dans une communauté nouvelle. Voilà l’homme que j’appelle un
2380 t l’introduit dans une communauté nouvelle. Voilà l’ homme que j’appelle une personne : il est à la fois libre et engagé, e
2381 bre et engagé, et il est libéré par cela même qui l’ engage envers son prochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien, je
2382 je veux dire par sa vocation. Eh bien, je dis que les maux dont nous souffrons sont avant tout des maladies de la personne.
2383 dont nous souffrons sont avant tout des maladies de la personne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocatio
2384 nt nous souffrons sont avant tout des maladies de la personne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocation e
2385 ont avant tout des maladies de la personne. Quand l’ homme oublie qu’il est responsable de sa vocation envers ses prochains
2386 sonne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocation envers ses prochains, il devient individualiste. Et quand
2387 ualiste. Et quand il oublie qu’il est responsable de sa vocation envers lui-même, il devient collectiviste. L’homme comple
2388 cation envers lui-même, il devient collectiviste. L’ homme complet et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre d’être
2389 et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre d’ être soi-même vis-à-vis de l’ensemble, et engagé vis-à-vis de cet ense
2390 sait à la fois libre d’être soi-même vis-à-vis de l’ ensemble, et engagé vis-à-vis de cet ensemble, par l’exercice d’une vo
2391 nsemble, et engagé vis-à-vis de cet ensemble, par l’ exercice d’une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet h
2392 engagé vis-à-vis de cet ensemble, par l’exercice d’ une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel q
2393 e cet ensemble, par l’exercice d’une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout rebâ
2394 ons montré que c’est justement cet homme-là qui a le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car s
2395 ré que c’est justement cet homme-là qui a le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car supposez
2396 le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car supposez qu’un homme se sente une vocation et déci
2397 posez qu’un homme se sente une vocation et décide de la réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que l’histoire et la
2398 ez qu’un homme se sente une vocation et décide de la réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que l’histoire et la so
2399 réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que l’ histoire et la sociologie ont encombré de lois fatales. Que peut-il, s
2400 e trouve en présence d’un monde que l’histoire et la sociologie ont encombré de lois fatales. Que peut-il, seul, contre ce
2401 onde que l’histoire et la sociologie ont encombré de lois fatales. Que peut-il, seul, contre ces lois ? Il faut donc, s’il
2402 it une discipline qui ne s’accommode plus du tout de sa vocation personnelle. Voici donc le dilemme où nous placent la cul
2403 us du tout de sa vocation personnelle. Voici donc le dilemme où nous placent la culture actuelle et le monde actuel : ou b
2404 ersonnelle. Voici donc le dilemme où nous placent la culture actuelle et le monde actuel : ou bien tu veux rester toi-même
2405 le dilemme où nous placent la culture actuelle et le monde actuel : ou bien tu veux rester toi-même, mais alors tu ne pour
2406 en tu veux faire quelque chose, mais alors, cesse d’ être toi-même ! Comment sortir de ce cercle vicieux ? Par un changemen
2407 ais alors, cesse d’être toi-même ! Comment sortir de ce cercle vicieux ? Par un changement d’état d’esprit aussi bien chez
2408 t sortir de ce cercle vicieux ? Par un changement d’ état d’esprit aussi bien chez les intellectuels que chez les amateurs
2409 Par un changement d’état d’esprit aussi bien chez les intellectuels que chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs, l
2410 esprit aussi bien chez les intellectuels que chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est
2411 bien chez les intellectuels que chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce chang
2412 llectuels que chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce changement d’état d’espr
2413 chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce changement d’état d’esprit que sortir
2414 lture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce changement d’état d’esprit que sortira la possibilité de repenser
2415 rs, le public cultivé. Car c’est de ce changement d’ état d’esprit que sortira la possibilité de repenser une société. R
2416 ’est de ce changement d’état d’esprit que sortira la possibilité de repenser une société. Raisons d’espérer : la cultur
2417 gement d’état d’esprit que sortira la possibilité de repenser une société. Raisons d’espérer : la culture et les groupe
2418 a possibilité de repenser une société. Raisons d’ espérer : la culture et les groupes Je voudrais vous dire, maintena
2419 é de repenser une société. Raisons d’espérer : la culture et les groupes Je voudrais vous dire, maintenant, les rais
2420 une société. Raisons d’espérer : la culture et les groupes Je voudrais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai d’
2421 les groupes Je voudrais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai d’espérer, après avoir tant critiqué. Je voudrais vo
2422 drais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai d’ espérer, après avoir tant critiqué. Je voudrais vous énumérer les prem
2423 vous énumérer les premiers succès remportés, dans la bataille de la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fa
2424 r les premiers succès remportés, dans la bataille de la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce
2425 es premiers succès remportés, dans la bataille de la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce qui
2426 rtés, dans la bataille de la culture moderne, par l’ esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellec
2427 de la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’ esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient le
2428 réateur sur l’esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur les destinées de la
2429 Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur les destinées de la cité, c’était depuis Hegel, Aug
2430 alysait les intellectuels qui sentaient le besoin d’ agir sur les destinées de la cité, c’était depuis Hegel, Auguste Comte
2431 intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur les destinées de la cité, c’était depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l
2432 qui sentaient le besoin d’agir sur les destinées de la cité, c’était depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que l’H
2433 i sentaient le besoin d’agir sur les destinées de la cité, c’était depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que l’Hist
2434 té, c’était depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’ idée que l’Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’homme ne peut
2435 depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que l’ Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’homme ne peut rien. Conc
2436 que l’Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’ homme ne peut rien. Conception très lugubre, mais commode, car elle ju
2437 n très lugubre, mais commode, car elle justifiait l’ inaction ou la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois
2438 , mais commode, car elle justifiait l’inaction ou la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois fatales avait
2439 ar elle justifiait l’inaction ou la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois fatales avait été empruntée à la
2440 la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois fatales avait été empruntée à la science et transportée abusivem
2441 cette idée de lois fatales avait été empruntée à la science et transportée abusivement dans les domaines plus humains de
2442 ntée à la science et transportée abusivement dans les domaines plus humains de l’histoire, de la sociologie et même de la p
2443 portée abusivement dans les domaines plus humains de l’histoire, de la sociologie et même de la psychologie. Et voici que
2444 tée abusivement dans les domaines plus humains de l’ histoire, de la sociologie et même de la psychologie. Et voici que cet
2445 ent dans les domaines plus humains de l’histoire, de la sociologie et même de la psychologie. Et voici que cette idée para
2446 dans les domaines plus humains de l’histoire, de la sociologie et même de la psychologie. Et voici que cette idée paralys
2447 s humains de l’histoire, de la sociologie et même de la psychologie. Et voici que cette idée paralysante est en train de s
2448 umains de l’histoire, de la sociologie et même de la psychologie. Et voici que cette idée paralysante est en train de subi
2449 bir certains coups décisifs : ce sont précisément les hommes de science qui, les premiers, cessent d’y croire. Ils ont reco
2450 s coups décisifs : ce sont précisément les hommes de science qui, les premiers, cessent d’y croire. Ils ont reconnu, depui
2451 les hommes de science qui, les premiers, cessent d’ y croire. Ils ont reconnu, depuis quelques années, que la notion de lo
2452 ire. Ils ont reconnu, depuis quelques années, que la notion de lois tout objectives, de lois absolument indépendantes de l
2453 nt reconnu, depuis quelques années, que la notion de lois tout objectives, de lois absolument indépendantes de l’homme, n’
2454 es années, que la notion de lois tout objectives, de lois absolument indépendantes de l’homme, n’était qu’une illusion rat
2455 tout objectives, de lois absolument indépendantes de l’homme, n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de ra
2456 t objectives, de lois absolument indépendantes de l’ homme, n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de rappe
2457 it qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : elles ont pr
2458 on rationaliste. Qu’il me suffise de rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : elles ont prouvé que l’observ
2459 Qu’il me suffise de rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : elles ont prouvé que l’observation microscop
2460 ’il me suffise de rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : elles ont prouvé que l’observation microscopiqu
2461 de la physique des quanta : elles ont prouvé que l’ observation microscopique modifie en réalité les phénomènes que l’on o
2462 ue l’observation microscopique modifie en réalité les phénomènes que l’on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui q
2463 croscopique modifie en réalité les phénomènes que l’ on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lo
2464 ie en réalité les phénomènes que l’on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lois scientifiques n
2465 serve. Et les savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lois scientifiques ne sont en fait que de commodes conventio
2466 s fameuses lois scientifiques ne sont en fait que de commodes conventions, dépendant des systèmes de mesures inventés par
2467 e de commodes conventions, dépendant des systèmes de mesures inventés par l’esprit humain. Or si la science elle-même vien
2468 s, dépendant des systèmes de mesures inventés par l’ esprit humain. Or si la science elle-même vient nous dire que même dan
2469 es de mesures inventés par l’esprit humain. Or si la science elle-même vient nous dire que même dans l’ordre matériel, il
2470 a science elle-même vient nous dire que même dans l’ ordre matériel, il n’est plus permis de concevoir une observation impa
2471 même dans l’ordre matériel, il n’est plus permis de concevoir une observation impartiale, à combien plus forte raison pou
2472 combien plus forte raison pourrons-nous dénoncer l’ illusion des historiens et sociologues qui prétendaient décrire object
2473 ociologues qui prétendaient décrire objectivement les lois rigides de notre société. En vérité, il n’est de lois fatales q
2474 étendaient décrire objectivement les lois rigides de notre société. En vérité, il n’est de lois fatales que là où l’espri
2475 is rigides de notre société. En vérité, il n’est de lois fatales que là où l’esprit démissionne. Toute action créatrice d
2476 é. En vérité, il n’est de lois fatales que là où l’ esprit démissionne. Toute action créatrice de l’homme normal inflige u
2477 à où l’esprit démissionne. Toute action créatrice de l’homme normal inflige un démenti aux lois et fait mentir les statist
2478 ù l’esprit démissionne. Toute action créatrice de l’ homme normal inflige un démenti aux lois et fait mentir les statistiqu
2479 normal inflige un démenti aux lois et fait mentir les statistiques. Ainsi les lois de la publicité ne sont exactes que dans
2480 i aux lois et fait mentir les statistiques. Ainsi les lois de la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’
2481 s et fait mentir les statistiques. Ainsi les lois de la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’est qu’u
2482 t fait mentir les statistiques. Ainsi les lois de la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’est qu’un m
2483 les lois de la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’est qu’un mouton ; elles sont fausses et inexista
2484 a publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’ homme n’est qu’un mouton ; elles sont fausses et inexistantes dès qu’u
2485 qu’un homme redevient conscient des vrais besoins de sa personne. Prenons le domaine de l’histoire, par exemple. Nous y v
2486 scient des vrais besoins de sa personne. Prenons le domaine de l’histoire, par exemple. Nous y voyons s’opérer depuis peu
2487 vrais besoins de sa personne. Prenons le domaine de l’histoire, par exemple. Nous y voyons s’opérer depuis peu une critiq
2488 is besoins de sa personne. Prenons le domaine de l’ histoire, par exemple. Nous y voyons s’opérer depuis peu une critique
2489 voyons s’opérer depuis peu une critique générale de l’illusion déterministe. Les fameuses lois de l’Histoire découlaient,
2490 yons s’opérer depuis peu une critique générale de l’ illusion déterministe. Les fameuses lois de l’Histoire découlaient, di
2491 une critique générale de l’illusion déterministe. Les fameuses lois de l’Histoire découlaient, disait-on, d’une étude rigou
2492 ale de l’illusion déterministe. Les fameuses lois de l’Histoire découlaient, disait-on, d’une étude rigoureusement imparti
2493 de l’illusion déterministe. Les fameuses lois de l’ Histoire découlaient, disait-on, d’une étude rigoureusement impartiale
2494 meuses lois de l’Histoire découlaient, disait-on, d’ une étude rigoureusement impartiale de faits. Mais qui pourra jamais d
2495 disait-on, d’une étude rigoureusement impartiale de faits. Mais qui pourra jamais décrire tous les faits des temps révolu
2496 ale de faits. Mais qui pourra jamais décrire tous les faits des temps révolus ? Chaque historien, si scrupuleux soit-il, es
2497 historien, si scrupuleux soit-il, est bien obligé de choisir, dans la masse de ses renseignements. Et qui dit choix dit pr
2498 upuleux soit-il, est bien obligé de choisir, dans la masse de ses renseignements. Et qui dit choix dit préférence ou parti
2499 oit-il, est bien obligé de choisir, dans la masse de ses renseignements. Et qui dit choix dit préférence ou parti pris… Do
2500 t choix dit préférence ou parti pris… Donc autant de visions du monde, autant de systèmes de faits. Et l’historien qui cro
2501 rti pris… Donc autant de visions du monde, autant de systèmes de faits. Et l’historien qui croit pouvoir être impartial es
2502 nc autant de visions du monde, autant de systèmes de faits. Et l’historien qui croit pouvoir être impartial est simplement
2503 visions du monde, autant de systèmes de faits. Et l’ historien qui croit pouvoir être impartial est simplement un homme qui
2504 être impartial est simplement un homme qui refuse de s’avouer ses partis pris. Il oublie que toute description ressemble a
2505 te description ressemble autant à son auteur qu’à l’ objet qu’il voulait décrire. Ainsi les portraits de Rembrandt ressembl
2506 auteur qu’à l’objet qu’il voulait décrire. Ainsi les portraits de Rembrandt ressemblent autant à Rembrandt qu’aux modèles
2507 ’objet qu’il voulait décrire. Ainsi les portraits de Rembrandt ressemblent autant à Rembrandt qu’aux modèles qui posaient
2508 dèles qui posaient devant lui. Ils nous décrivent le regard d’un génie, bien plus que la réalité en soi. De même pour l’hi
2509 posaient devant lui. Ils nous décrivent le regard d’ un génie, bien plus que la réalité en soi. De même pour l’histoire fat
2510 ous décrivent le regard d’un génie, bien plus que la réalité en soi. De même pour l’histoire fataliste : elle nous décrit
2511 ie, bien plus que la réalité en soi. De même pour l’ histoire fataliste : elle nous décrit son propre esprit de démission,
2512 re fataliste : elle nous décrit son propre esprit de démission, et non pas des fatalités objectives qui rendraient vaine t
2513 ndraient vaine toute action personnelle. Il n’y a de loi, répétons-le, que là où l’homme renonce à se manifester selon sa
2514 ute action personnelle. Il n’y a de loi, répétons- le , que là où l’homme renonce à se manifester selon sa vocation particul
2515 sonnelle. Il n’y a de loi, répétons-le, que là où l’ homme renonce à se manifester selon sa vocation particulière. Si j’ins
2516 c’est qu’il est particulièrement libérateur pour la pensée et la culture en général, dans notre époque totalitaire. Nul n
2517 est particulièrement libérateur pour la pensée et la culture en général, dans notre époque totalitaire. Nul n’ignore, en e
2518 e époque totalitaire. Nul n’ignore, en effet, que les États totalitaires justifient les rigueurs de leur régime au nom de l
2519 , en effet, que les États totalitaires justifient les rigueurs de leur régime au nom de lois économiques, ou historiques, o
2520 ue les États totalitaires justifient les rigueurs de leur régime au nom de lois économiques, ou historiques, ou biologique
2521 nnent vraies, qu’en vertu d’une immense démission de l’esprit civique dans les trop grands pays. Elles ne traduisent en fa
2522 nt vraies, qu’en vertu d’une immense démission de l’ esprit civique dans les trop grands pays. Elles ne traduisent en fait
2523 d’une immense démission de l’esprit civique dans les trop grands pays. Elles ne traduisent en fait qu’un immense affaissem
2524 qu’un immense affaissement du sens personnel dans les parties de l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solu
2525 e affaissement du sens personnel dans les parties de l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions total
2526 ffaissement du sens personnel dans les parties de l’ humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions totalita
2527 parties de l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions totalitaires, malgré leurs manifestations bruta
2528 l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions totalitaires, malgré leurs manifestations brutales, et le t
2529 itaires, malgré leurs manifestations brutales, et le ton sur lequel on les prône, ne sont en fait que des solutions de par
2530 manifestations brutales, et le ton sur lequel on les prône, ne sont en fait que des solutions de paresse intellectuelle, d
2531 l on les prône, ne sont en fait que des solutions de paresse intellectuelle, des solutions de misère, fardées de rhétoriqu
2532 olutions de paresse intellectuelle, des solutions de misère, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces
2533 intellectuelle, des solutions de misère, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces simplifications vi
2534 utions de misère, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces simplifications violentes qui jouent la co
2535 re, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces simplifications violentes qui jouent la comédie de l’éne
2536 prévenir ces simplifications violentes qui jouent la comédie de l’énergie, c’est de développer soi-même une énergie normal
2537 s simplifications violentes qui jouent la comédie de l’énergie, c’est de développer soi-même une énergie normale et souple
2538 implifications violentes qui jouent la comédie de l’ énergie, c’est de développer soi-même une énergie normale et souple. O
2539 olentes qui jouent la comédie de l’énergie, c’est de développer soi-même une énergie normale et souple. Or nous savons mai
2540 ore et de nouveau possible. Notre culture libérée de la superstition des lois fatales peut envisager de nouveau d’influenc
2541 et de nouveau possible. Notre culture libérée de la superstition des lois fatales peut envisager de nouveau d’influencer
2542 tition des lois fatales peut envisager de nouveau d’ influencer le monde réel, ramené en droit — sinon déjà en fait — aux p
2543 is fatales peut envisager de nouveau d’influencer le monde réel, ramené en droit — sinon déjà en fait — aux proportions de
2544 é en droit — sinon déjà en fait — aux proportions de l’esprit humain, à la capacité de ses prises immédiates. Mais quelles
2545 n droit — sinon déjà en fait — aux proportions de l’ esprit humain, à la capacité de ses prises immédiates. Mais quelles se
2546 à en fait — aux proportions de l’esprit humain, à la capacité de ses prises immédiates. Mais quelles seront alors les dire
2547 aux proportions de l’esprit humain, à la capacité de ses prises immédiates. Mais quelles seront alors les directives de ce
2548 ses prises immédiates. Mais quelles seront alors les directives de cette action redevenue possible ? Qui recréera les lieu
2549 édiates. Mais quelles seront alors les directives de cette action redevenue possible ? Qui recréera les lieux communs de l
2550 de cette action redevenue possible ? Qui recréera les lieux communs de la cité ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans l’uto
2551 devenue possible ? Qui recréera les lieux communs de la cité ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense
2552 enue possible ? Qui recréera les lieux communs de la cité ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense pas
2553 de la cité ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans l’ utopie. Je ne pense pas que les principes fondamentaux d’une société p
2554 s, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense pas que les principes fondamentaux d’une société plus harmonieuse puissent être f
2555 e. Je ne pense pas que les principes fondamentaux d’ une société plus harmonieuse puissent être formulés dès maintenant com
2556 t être formulés dès maintenant comme un programme de parti politique. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager de l’ense
2557 tique. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager de l’ensemble de mille efforts orientés par une même espérance. L’effort
2558 ue. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager de l’ ensemble de mille efforts orientés par une même espérance. L’effort de
2559 vent mûrir, et lentement se dégager de l’ensemble de mille efforts orientés par une même espérance. L’effort des Églises,
2560 de mille efforts orientés par une même espérance. L’ effort des Églises, tout d’abord. Jusqu’à l’ère du rationalisme, les É
2561 ance. L’effort des Églises, tout d’abord. Jusqu’à l’ ère du rationalisme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses de l
2562 ses, tout d’abord. Jusqu’à l’ère du rationalisme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cit
2563 usqu’à l’ère du rationalisme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité. La théologie médi
2564 sme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité. La théologie médiévale, par les sommes de
2565 té les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité. La théologie médiévale, par les sommes de Thomas d’Aquin, fixai
2566 andes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité. La théologie médiévale, par les sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pe
2567 communs pour la cité. La théologie médiévale, par les sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles
2568 r la cité. La théologie médiévale, par les sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles véritable
2569 évale, par les sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles véritablement communes, ordonnées à u
2570 sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’ action des règles véritablement communes, ordonnées à une même foi, à
2571 , à une même espérance. Ainsi encore, au temps de la Réformation, l’Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’épo
2572 érance. Ainsi encore, au temps de la Réformation, l’ Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne, les
2573 temps de la Réformation, l’Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne, les Églises ont paru, elles
2574 ’Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’ époque moderne, les Églises ont paru, elles aussi, se détourner de tou
2575 ienne de Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne, les Églises ont paru, elles aussi, se détourner de toute action régulatri
2576 , les Églises ont paru, elles aussi, se détourner de toute action régulatrice sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire
2577 ssi, se détourner de toute action régulatrice sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire à l’essor du capitalisme et aux
2578 ce sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire à l’ essor du capitalisme et aux transformations sociales qu’il provoquait.
2579 transformations sociales qu’il provoquait. Comme la culture, elles ont renoncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est
2580 ncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est là le secret du triomphe des grands mouvements collectivistes. Si le marxis
2581 triomphe des grands mouvements collectivistes. Si le marxisme, par exemple, a fasciné les masses ouvrières, c’est parce qu
2582 ctivistes. Si le marxisme, par exemple, a fasciné les masses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé de la mission social
2583 masses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé de la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises. Nicolas Berd
2584 sses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé de la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises. Nicolas Berdiae
2585 gé de la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises. Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtime
2586 aient trahie toutes les Églises. Nicolas Berdiaev l’ a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment d’un christianisme devenu
2587 outes les Églises. Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment d’un christianisme devenu passif devant
2588 Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment d’un christianisme devenu passif devant le monde. Or il me
2589 aev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment d’ un christianisme devenu passif devant le monde. Or il me semble que là
2590 châtiment d’un christianisme devenu passif devant le monde. Or il me semble que là encore, un réveil soulève les Églises.
2591 Or il me semble que là encore, un réveil soulève les Églises. Elles ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer les doc
2592 Églises. Elles ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer les doctrines païennes, mais qu’il fallait répondre mieux qu
2593 es ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer les doctrines païennes, mais qu’il fallait répondre mieux que ces doctrin
2594 qu’il fallait répondre mieux que ces doctrines à la question posée par l’angoisse des foules. D’où les Encycliques social
2595 e mieux que ces doctrines à la question posée par l’ angoisse des foules. D’où les Encycliques sociales données par les deu
2596 es à la question posée par l’angoisse des foules. D’ où les Encycliques sociales données par les deux derniers papes. Et le
2597 la question posée par l’angoisse des foules. D’où les Encycliques sociales données par les deux derniers papes. Et les cong
2598 foules. D’où les Encycliques sociales données par les deux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et d’Oxford ont mont
2599 sociales données par les deux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et d’Oxford ont montré que les autres Églises n’
2600 nnées par les deux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et d’Oxford ont montré que les autres Églises n’entendaient
2601 ux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et d’ Oxford ont montré que les autres Églises n’entendaient pas demeurer en
2602 s congrès de Stockholm et d’Oxford ont montré que les autres Églises n’entendaient pas demeurer en arrière. Presque tout re
2603 . Presque tout reste à faire, c’est certain. Mais l’ important, c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle de directio
2604 , c’est certain. Mais l’important, c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle de direction, dans tous les ordres de la
2605 , c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle de direction, dans tous les ordres de la pensée et de l’action. Oui, les
2606 ises retrouvent leur rôle de direction, dans tous les ordres de la pensée et de l’action. Oui, les Églises ont quelque chos
2607 vent leur rôle de direction, dans tous les ordres de la pensée et de l’action. Oui, les Églises ont quelque chose à dire a
2608 t leur rôle de direction, dans tous les ordres de la pensée et de l’action. Oui, les Églises ont quelque chose à dire aux
2609 e direction, dans tous les ordres de la pensée et de l’action. Oui, les Églises ont quelque chose à dire aux économistes a
2610 irection, dans tous les ordres de la pensée et de l’ action. Oui, les Églises ont quelque chose à dire aux économistes auss
2611 tous les ordres de la pensée et de l’action. Oui, les Églises ont quelque chose à dire aux économistes aussi. Car après tou
2612 ose à dire aux économistes aussi. Car après tout, l’ économie est une création des hommes, d’autres hommes peuvent la modif
2613 une création des hommes, d’autres hommes peuvent la modifier, et l’important n’est pas de produire au maximum selon les r
2614 s hommes, d’autres hommes peuvent la modifier, et l’ important n’est pas de produire au maximum selon les règles que fourni
2615 mes peuvent la modifier, et l’important n’est pas de produire au maximum selon les règles que fournissent les techniciens,
2616 ’important n’est pas de produire au maximum selon les règles que fournissent les techniciens, mais de donner un sens humain
2617 duire au maximum selon les règles que fournissent les techniciens, mais de donner un sens humain aux efforts de la producti
2618 les règles que fournissent les techniciens, mais de donner un sens humain aux efforts de la production ; et cela, l’espri
2619 iciens, mais de donner un sens humain aux efforts de la production ; et cela, l’esprit seul peut le faire. J’ai insisté su
2620 ens, mais de donner un sens humain aux efforts de la production ; et cela, l’esprit seul peut le faire. J’ai insisté sur l
2621 ns humain aux efforts de la production ; et cela, l’ esprit seul peut le faire. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce
2622 ts de la production ; et cela, l’esprit seul peut le faire. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le ty
2623 la, l’esprit seul peut le faire. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le type même des groupes au sein
2624 sisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le type même des groupes au sein desquels la culture d’Occident a toujou
2625 es sont le type même des groupes au sein desquels la culture d’Occident a toujours trouvé ses mesures. Bien d’autres group
2626 type même des groupes au sein desquels la culture d’ Occident a toujours trouvé ses mesures. Bien d’autres groupes, je le s
2627 urs trouvé ses mesures. Bien d’autres groupes, je le sais, sont à l’œuvre. Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement des g
2628 esures. Bien d’autres groupes, je le sais, sont à l’ œuvre. Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement des groupes personnal
2629 je le sais, sont à l’œuvre. Mouvement des groupes d’ Oxford, mouvement des groupes personnalistes, répandus en France et en
2630 et vingt autres mouvements analogues, tous animés de cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, to
2631 s mouvements analogues, tous animés de cet esprit d’ équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, tout en prévenan
2632 de cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est d
2633 cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de l’ individualisme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est dans
2634 ous guérir de l’individualisme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est dans cette volonté de recréer des groupe
2635 a maladie collectiviste. C’est dans cette volonté de recréer des groupes à la mesure de la personne, matériellement et mor
2636 C’est dans cette volonté de recréer des groupes à la mesure de la personne, matériellement et moralement, que je vois la c
2637 cette volonté de recréer des groupes à la mesure de la personne, matériellement et moralement, que je vois la commune mes
2638 tte volonté de recréer des groupes à la mesure de la personne, matériellement et moralement, que je vois la commune mesure
2639 rsonne, matériellement et moralement, que je vois la commune mesure de la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pou
2640 ment et moralement, que je vois la commune mesure de la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c
2641 t et moralement, que je vois la commune mesure de la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c’es
2642 ir. Cité solide et pourtant libérale : c’est tout le problème à résoudre. La solution fédéraliste Par quelle voie ?
2643 libérale : c’est tout le problème à résoudre. La solution fédéraliste Par quelle voie ? Je n’aime pas beaucoup la t
2644 liste Par quelle voie ? Je n’aime pas beaucoup la tolérance, vertu qui naît en somme d’un scepticisme, car elle suppose
2645 as beaucoup la tolérance, vertu qui naît en somme d’ un scepticisme, car elle suppose que la pensée de l’autre, qu’on tolèr
2646 t en somme d’un scepticisme, car elle suppose que la pensée de l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes. Je
2647 d’un scepticisme, car elle suppose que la pensée de l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes. Je n’aime pa
2648 de l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes. Je n’aime pas non plus l’intolérance qui veut tout uniformiser
2649 era jamais dans les actes. Je n’aime pas non plus l’ intolérance qui veut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’e
2650 i veut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualist
2651 eut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’ esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualistes.
2652 niformiser, et qui est donc une mort de l’esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualistes. L’intolér
2653 est donc une mort de l’esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualistes. L’intolérance est la sombre
2654 était la pâle vertu des libéraux individualistes. L’ intolérance est la sombre vertu des partisans collectivistes. De leur
2655 u des libéraux individualistes. L’intolérance est la sombre vertu des partisans collectivistes. De leur lutte est sortie l
2656 est la sombre vertu des partisans collectivistes. De leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauv
2657 artisans collectivistes. De leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauvaise position du problème
2658 llectivistes. De leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauvaise position du problème, c’est de
2659 De leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauvaise position du problème, c’est de prévoir pour l
2660 passer cette mauvaise position du problème, c’est de prévoir pour la cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédé
2661 vaise position du problème, c’est de prévoir pour la cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédéralisme, en effe
2662 ion du problème, c’est de prévoir pour la cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédéralisme, en effet, suppose
2663 la cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédéralisme, en effet, suppose des petits groupes, et non des masses,
2664 upe qu’une vocation peut s’exercer. D’autre part, le fédéralisme suppose des groupes diversifiés, et par là même il offre
2665 groupes diversifiés, et par là même il offre tous les avantages de la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients :
2666 ifiés, et par là même il offre tous les avantages de la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients : car chacun, d
2667 és, et par là même il offre tous les avantages de la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients : car chacun, dans
2668 mais non pas ses inconvénients : car chacun, dans le groupe où il est né, ou dans le groupe qu’il a choisi, peut donner le
2669 car chacun, dans le groupe où il est né, ou dans le groupe qu’il a choisi, peut donner le meilleur de soi-même, aller au
2670 né, ou dans le groupe qu’il a choisi, peut donner le meilleur de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui
2671 le groupe qu’il a choisi, peut donner le meilleur de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sér
2672 ut donner le meilleur de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et u
2673 de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’ acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base
2674 , aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base de la dive
2675 end sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base de la diversité des personnes et des vocations, c’est aujourd’hu
2676 euse. Refaire un monde et une culture sur la base de la diversité des personnes et des vocations, c’est aujourd’hui le seu
2677 e. Refaire un monde et une culture sur la base de la diversité des personnes et des vocations, c’est aujourd’hui le seul m
2678 des personnes et des vocations, c’est aujourd’hui le seul moyen de préparer une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce qu
2679 et des vocations, c’est aujourd’hui le seul moyen de préparer une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce que la guerre ac
2680 r une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce que la guerre actuelle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de la démis
2681 ès tout, qu’est-ce que la guerre actuelle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est l
2682 ctuelle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralist
2683 elle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes
2684 la rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’espri
2685 rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d
2686 igantisme et de la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d’uniformisation. O
2687 e. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est
2688 C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’ esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est ju
2689 faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d’ uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est justement l
2690 centralistes et de l’esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est justement l’esprit fédéraliste,
2691 l’esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est justement l’esprit fédéraliste, avec sa devise para
2692 le contraire exact de cet esprit, c’est justement l’ esprit fédéraliste, avec sa devise paradoxale : Un pour tous, mais aus
2693 iotiques ? — ou plutôt à des conclusions qui, par la plus extraordinaire des rencontres, se trouvent être également valabl
2694 également valables pour ceux qui veulent défendre la culture, et pour ceux qui veulent rester Suisses. La guerre actuelle
2695 culture, et pour ceux qui veulent rester Suisses. La guerre actuelle m’apparaît comme la guerre la plus antisuisse de l’hi
2696 ster Suisses. La guerre actuelle m’apparaît comme la guerre la plus antisuisse de l’histoire. C’est donc pour nous la pire
2697 es. La guerre actuelle m’apparaît comme la guerre la plus antisuisse de l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. M
2698 lle m’apparaît comme la guerre la plus antisuisse de l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps,
2699 m’apparaît comme la guerre la plus antisuisse de l’ histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps, la
2700 us antisuisse de l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps, la plus belle promesse ! Maintenant,
2701 onc pour nous la pire menace. Mais en même temps, la plus belle promesse ! Maintenant, la preuve est faite, attestée par l
2702 même temps, la plus belle promesse ! Maintenant, la preuve est faite, attestée par le sang, que la solution suisse et féd
2703 e ! Maintenant, la preuve est faite, attestée par le sang, que la solution suisse et fédérale est seule capable de fonder
2704 t, la preuve est faite, attestée par le sang, que la solution suisse et fédérale est seule capable de fonder la paix, puis
2705 la solution suisse et fédérale est seule capable de fonder la paix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas not
2706 on suisse et fédérale est seule capable de fonder la paix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil
2707 able de fonder la paix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits q
2708 outit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’ imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une
2709 Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence.
2710 l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est cela que nous avons
2711 nous avons à défendre en défendant notre patrie : la réalité fédéraliste en politique et dans tous les domaines de la cult
2712 la réalité fédéraliste en politique et dans tous les domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul
2713 édéraliste en politique et dans tous les domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet
2714 raliste en politique et dans tous les domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet ave
2715 olitique et dans tous les domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’
2716 s domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent
2717 omaines de la culture, le seul avenir possible de l’ Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent. I
2718 la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s’agi
2719 oit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait,
2720 éjà, un présent. Il ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes
2721 t. Il ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou d’ idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, au service
2722 grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, au service du pays, ce n’est pas
2723 pas pour défendre des « fromages », des conseils d’ administration, notre confort et nos hôtels. D’autres — on sait qui —
2724 — peut-être mieux ! Ce n’est pas non plus, comme le disait fort bien Karl Barth, pour protéger nos « lacs d’azur » et nos
2725 it fort bien Karl Barth, pour protéger nos « lacs d’ azur » et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la propagand
2726 » et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la propagande se chargerait très volontiers de cette œuvre de Heimats
2727 t nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la propagande se chargerait très volontiers de cette œuvre de Heimatschu
2728 re de la propagande se chargerait très volontiers de cette œuvre de Heimatschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter
2729 ande se chargerait très volontiers de cette œuvre de Heimatschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter la mission dont
2730 atschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter la mission dont nous sommes responsables depuis des siècles, depuis les
2731 us sommes responsables depuis des siècles, depuis les temps du Saint-Empire : notre mission vis-à-vis de l’Europe. Nous som
2732 emps du Saint-Empire : notre mission vis-à-vis de l’ Europe. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder
2733 ission vis-à-vis de l’Europe. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa san
2734 ion vis-à-vis de l’Europe. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa santé,
2735 s sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si n
2736 défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’ affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si nous trahissons cette m
2737 me, de garder son trésor, d’affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si nous trahissons cette mission, si nous n’en pre
2738 pour notre indépendance nationale. Mais pourquoi les trahirions-nous ? Toute notre tradition civique et culturelle nous y
2739 et culturelle nous y prépare, nous a dressés pour l’ accomplir. On parle un peu partout de fédérer l’Europe. Cela ne se fer
2740 dressés pour l’accomplir. On parle un peu partout de fédérer l’Europe. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les
2741 r l’accomplir. On parle un peu partout de fédérer l’ Europe. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les quelques s
2742 . Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les quelques semaines fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans l
2743 ni même pendant les quelques semaines fiévreuses d’ un congrès de la paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se
2744 ant les quelques semaines fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se fera que si d
2745 les quelques semaines fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se fera que si des
2746 fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans l’ épuisement général. Cela ne se fera que si des hommes solides, informé
2747 e, entreprennent, dès maintenant, un gros travail de déblaiement, d’études précises, de calculs réalistes. Ces hommes ne p
2748 , dès maintenant, un gros travail de déblaiement, d’ études précises, de calculs réalistes. Ces hommes ne peuvent guère exi
2749 n gros travail de déblaiement, d’études précises, de calculs réalistes. Ces hommes ne peuvent guère exister et travailler
2750 s ne peuvent guère exister et travailler que dans les pays neutres. Et chez nous tout d’abord, puisqu’il s’agit en somme d’
2751 chez nous tout d’abord, puisqu’il s’agit en somme d’ utiliser notre expérience, et de tirer des leçons non pas seulement de
2752 l s’agit en somme d’utiliser notre expérience, et de tirer des leçons non pas seulement de ses succès mais aussi de ses éc
2753 érience, et de tirer des leçons non pas seulement de ses succès mais aussi de ses échecs, que nous connaissons mieux que p
2754 leçons non pas seulement de ses succès mais aussi de ses échecs, que nous connaissons mieux que personne. Tout mon espoir
2755 out mon espoir est qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs, d’hommes qui comprennent enfin que l’heure est venue, po
2756 st qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs, d’ hommes qui comprennent enfin que l’heure est venue, pour nous autres S
2757 e fédérateurs, d’hommes qui comprennent enfin que l’ heure est venue, pour nous autres Suisses, de voir grand, de voir aux
2758 que l’heure est venue, pour nous autres Suisses, de voir grand, de voir aux proportions de l’Europe moderne, tout en gard
2759 t venue, pour nous autres Suisses, de voir grand, de voir aux proportions de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure d
2760 s Suisses, de voir grand, de voir aux proportions de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mes
2761 uisses, de voir grand, de voir aux proportions de l’ Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure
2762 proportions de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la comm
2763 ns de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la communauté. Ce
2764 rne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas
2765 en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas utopique 
2766 gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’ individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas utopique : c
2767 tre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas utopique : car je me refuse à nomme
2768 t pas utopique : car je me refuse à nommer utopie le seul espoir qui nous soit accordé. Encore faut-il que cet espoir soit
2769 peuple, et qu’il ne se laisse pas décourager par les sceptiques professionnels, par tous les paresseux d’esprit qui se pré
2770 rager par les sceptiques professionnels, par tous les paresseux d’esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et j
2771 sceptiques professionnels, par tous les paresseux d’ esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et je termine là-
2772 se pas sur une erreur profonde quant aux pouvoirs de l’homme et à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes
2773 pas sur une erreur profonde quant aux pouvoirs de l’ homme et à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes nos
2774 t à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes nos forces une Europe fédéralisée, nous ne demanderons pas un
2775 rons simplement un monde humain. Non pas un monde d’ utopie où toutes les luttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde
2776 monde humain. Non pas un monde d’utopie où toutes les luttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde où les luttes nécess
2777 ttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde où les luttes nécessaires n’aboutissent pas mécaniquement et fatalement à de
2778 ement et fatalement à des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre
2779 t fatalement à des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’espr
2780 atalement à des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit
2781 des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit de lourdeur
2782 s catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit de lourdeur, c
2783 la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’ esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création,
2784 re, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création, la lutte
2785 l’esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création, la lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura
2786 e lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création, la lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché
2787 omme disait Nietzsche, et les forces de création, la lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché sur la terre.
2788 toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché sur la terre. Non, l’heure n’est pas au facile optimisme, dans une Europe to
2789 te, tant qu’il y aura du péché sur la terre. Non, l’ heure n’est pas au facile optimisme, dans une Europe tout obscurcie pa
2790 ile optimisme, dans une Europe tout obscurcie par la menace des avions. L’heure est plutôt venue de répéter la question du
2791 e Europe tout obscurcie par la menace des avions. L’ heure est plutôt venue de répéter la question du prophète Isaïe : « Se
2792 e des avions. L’heure est plutôt venue de répéter la question du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? — 
2793 tion du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit auss
2794 n du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi !
2795 e Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? —  La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi ! » La paix q
2796 e dis-tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi ! » La paix que nous devons invoquer ne
2797  ? — La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi ! » La paix que nous devons invoquer ne peut pas être une
2798 a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi ! » La paix que nous devons invoquer ne peut pas être une simple absence de
2799 vons invoquer ne peut pas être une simple absence de guerre. Spirituellement, une vraie paix sera toujours plus difficile
2800 et s’obscurcit. Mais qu’elle nous donne au moins la possibilité de rendre un sens aux conflits éternels — un sens, et s’i
2801 . Mais qu’elle nous donne au moins la possibilité de rendre un sens aux conflits éternels — un sens, et s’il se peut, une
2802 sens, et s’il se peut, une fécondité… Pendant que les autres font la guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde hu
2803 peut, une fécondité… Pendant que les autres font la guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde humain. Mais nous
2804 dant que les autres font la guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde humain. Mais nous qui avons encore su cons
2805 les autres font la guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde humain. Mais nous qui avons encore su conserver une
2806 ais nous qui avons encore su conserver une cité à la mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pa
2807 ui avons encore su conserver une cité à la mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre dé
2808 avons encore su conserver une cité à la mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai
2809 ommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce ! C’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager
2810 e perdons pas notre délai de grâce ! C’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai co
2811 pas notre délai de grâce ! C’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai combat qui n
2812 ’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’ engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne humains. Tout
2813 vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète de
2814 ous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud, l’a dit d’un seul trait prophétique : « Le com
2815 ut cela, un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud, l’ a dit d’un seul trait prophétique : « Le combat spirituel est aussi br
2816 un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud, l’a dit d’ un seul trait prophétique : « Le combat spirituel est aussi brutal que
2817 Rimbaud, l’a dit d’un seul trait prophétique : «  Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes, mais la v
2818 ique : « Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Die
2819 combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’ hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. »
2820 l est aussi brutal que la bataille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » 13. Conférence
2821 i brutal que la bataille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » 13. Conférence prononcée
2822 rutal que la bataille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » 13. Conférence prononcée le
2823 taille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » 13. Conférence prononcée le 15 janvier 194
2824 mmes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » 13. Conférence prononcée le 15 janvier 1940 au Rathau
2825 aisir de Dieu seul. » 13. Conférence prononcée le 15 janvier 1940 au Rathaus de Zurich, sous les auspices du Leserzirke
2826 cée le 15 janvier 1940 au Rathaus de Zurich, sous les auspices du Leserzirkel Hottingen, et dans plusieurs villes de Hollan
2827 u Leserzirkel Hottingen, et dans plusieurs villes de Hollande. 14. Je tiens à préciser que cette déclaration ne tend null
2828 cette déclaration ne tend nullement à justifier «  les autres » — on sait qui — et à tout fourrer dans le même sac, comme se
2829 s autres » — on sait qui — et à tout fourrer dans le même sac, comme semblait le faire en septembre 1939 le manifeste inti
2830 t à tout fourrer dans le même sac, comme semblait le faire en septembre 1939 le manifeste intitulé « Nous sommes tous coup
2831 me sac, comme semblait le faire en septembre 1939 le manifeste intitulé « Nous sommes tous coupables ». Je veux dire ceci 
2832 ». Je veux dire ceci : nous sommes coupables dans la mesure où nous ne condamnons pas en nous aussi, et en nous d’abord, l
2833 condamnons pas en nous aussi, et en nous d’abord, la mentalité totalitaire. 15. Il serait juste d’ajouter ici les noms de
2834 d, la mentalité totalitaire. 15. Il serait juste d’ ajouter ici les noms de deux grands Suisses : Jacob Burckhardt (Consid
2835 é totalitaire. 15. Il serait juste d’ajouter ici les noms de deux grands Suisses : Jacob Burckhardt (Considérations sur l’
2836 aire. 15. Il serait juste d’ajouter ici les noms de deux grands Suisses : Jacob Burckhardt (Considérations sur l’histoire
2837 ds Suisses : Jacob Burckhardt (Considérations sur l’ histoire du monde et Correspondance) et Alexandre Vinet, qui sut très
2838 et Alexandre Vinet, qui sut très bien montrer que la démocratie sans spiritualité chrétienne aboutirait à la tyrannie. 16
2839 ocratie sans spiritualité chrétienne aboutirait à la tyrannie. 16. Cf. Penser avec les mains , où ces idées sont dévelop
4 1940, Mission ou démission de la Suisse. Neutralité oblige, (1937)
2840 erroge simplement par curiosité, ou par une sorte de prudence, pour voir venir, et puis vous vous apercevez que ce sont vo
2841 re, parfois de plus libérateur, que cette manière de poser des questions, et de jouer le scepticisme, dans un pays où tant
2842 eur, que cette manière de poser des questions, et de jouer le scepticisme, dans un pays où tant de choses vont de soi. Il
2843 cette manière de poser des questions, et de jouer le scepticisme, dans un pays où tant de choses vont de soi. Il nous faut
2844 Il nous faut un homme comme Ramuz pour nous tirer de l’optimisme épais où s’endorment les jeunes Suisses, trop assurés, co
2845 nous faut un homme comme Ramuz pour nous tirer de l’ optimisme épais où s’endorment les jeunes Suisses, trop assurés, comme
2846 ur nous tirer de l’optimisme épais où s’endorment les jeunes Suisses, trop assurés, comme le dit Cingria, de trouver chaque
2847 endorment les jeunes Suisses, trop assurés, comme le dit Cingria, de trouver chaque matin sur leur table un gros bol de ca
2848 unes Suisses, trop assurés, comme le dit Cingria, de trouver chaque matin sur leur table un gros bol de café au lait. Qu’o
2849 e trouver chaque matin sur leur table un gros bol de café au lait. Qu’on m’entende bien : nous avons eu Amiel, et nous ne
2850 en : nous avons eu Amiel, et nous ne manquons pas de douteurs, de tourmentés, de refoulés et d’hésitants fort distingués.
2851 ns eu Amiel, et nous ne manquons pas de douteurs, de tourmentés, de refoulés et d’hésitants fort distingués. Mais ces inqu
2852 nous ne manquons pas de douteurs, de tourmentés, de refoulés et d’hésitants fort distingués. Mais ces inquiétudes se limi
2853 ns pas de douteurs, de tourmentés, de refoulés et d’ hésitants fort distingués. Mais ces inquiétudes se limitent au « plan
2854 lan moral », comme nous aimons à dire. Elles sont d’ usage interne, individuel. Les doutes que Ramuz nous propose touchent
2855 s à dire. Elles sont d’usage interne, individuel. Les doutes que Ramuz nous propose touchent au contraire les fondements mê
2856 utes que Ramuz nous propose touchent au contraire les fondements mêmes de notre vie dans la cité, de notre existence comme
2857 ropose touchent au contraire les fondements mêmes de notre vie dans la cité, de notre existence comme « Suisses ». Ils aff
2858 contraire les fondements mêmes de notre vie dans la cité, de notre existence comme « Suisses ». Ils affectent nos tabous
2859 e les fondements mêmes de notre vie dans la cité, de notre existence comme « Suisses ». Ils affectent nos tabous les plus
2860 tence comme « Suisses ». Ils affectent nos tabous les plus inébranlés, nos sécurités matérielles, ou sociales, ou nationale
2861 les, ou nationales. Ce que personne n’a jamais eu l’ idée de mettre en question parmi nous. Par exemple, demande Ramuz : Av
2862 nationales. Ce que personne n’a jamais eu l’idée de mettre en question parmi nous. Par exemple, demande Ramuz : Avons-nou
2863 que propreté, confort et instruction ? Avons-nous d’ autre but commun que la sécurité et le profit ? Pourquoi sommes-nous c
2864 t instruction ? Avons-nous d’autre but commun que la sécurité et le profit ? Pourquoi sommes-nous confédérés ? Et pourquoi
2865 Avons-nous d’autre but commun que la sécurité et le profit ? Pourquoi sommes-nous confédérés ? Et pourquoi, enfin, sommes
2866 ces questions ; mais que s’il garde en même temps le souci d’expliquer qui nous sommes à nos voisins, c’est peut-être que
2867 ions ; mais que s’il garde en même temps le souci d’ expliquer qui nous sommes à nos voisins, c’est peut-être que notre lot
2868 tant que Vaudois, ou Genevois, ou Zurichois, est d’ exister en fonction de ces voisins. Je vois l’équivoque de la phrase :
2869 est d’exister en fonction de ces voisins. Je vois l’ équivoque de la phrase : exister en fonction des voisins, on pourrait
2870 r en fonction de ces voisins. Je vois l’équivoque de la phrase : exister en fonction des voisins, on pourrait croire que c
2871 n fonction de ces voisins. Je vois l’équivoque de la phrase : exister en fonction des voisins, on pourrait croire que c’es
2872 voisins, on pourrait croire que c’est à peu près l’ idéal que Keyserling juge à notre mesure, celui du tenancier du grand
2873 enancier du grand palace. (Ramuz, plus dur, parle de portier d’hôtel…) Et je ne dis pas que cette interprétation désoblige
2874 grand palace. (Ramuz, plus dur, parle de portier d’ hôtel…) Et je ne dis pas que cette interprétation désobligeante soit t
2875 prétation désobligeante soit toujours fausse dans le fait. Mais on peut et on doit concevoir une tout autre forme d’existe
2876 on peut et on doit concevoir une tout autre forme d’ existence qui serait « en fonction des voisins », et qui serait tout d
2877 ême, ou par là même, une existence, au sens plein de ce terme ; avec tout ce que cela comporte d’autonomie, de nécessité,
2878 lein de ce terme ; avec tout ce que cela comporte d’ autonomie, de nécessité, de réalité irremplaçable, de conscience d’une
2879 rme ; avec tout ce que cela comporte d’autonomie, de nécessité, de réalité irremplaçable, de conscience d’une mission à ac
2880 t ce que cela comporte d’autonomie, de nécessité, de réalité irremplaçable, de conscience d’une mission à accomplir, et qu
2881 utonomie, de nécessité, de réalité irremplaçable, de conscience d’une mission à accomplir, et que nul autre n’a reçue. La
2882 écessité, de réalité irremplaçable, de conscience d’ une mission à accomplir, et que nul autre n’a reçue. La Suisse existe-
2883 mission à accomplir, et que nul autre n’a reçue. La Suisse existe-t-elle ? nous demande Ramuz. Cela revient à dire : a-t-
2884 Ramuz. Cela revient à dire : a-t-elle une raison d’ être ? J’essaierai de répondre ici du point de vue qui me paraît le pl
2885 à dire : a-t-elle une raison d’être ? J’essaierai de répondre ici du point de vue qui me paraît le plus fécond non seuleme
2886 rai de répondre ici du point de vue qui me paraît le plus fécond non seulement pour l’esprit et l’homme en général, mais p
2887 e qui me paraît le plus fécond non seulement pour l’ esprit et l’homme en général, mais pour ce pays-ci, tel que l’ont fait
2888 aît le plus fécond non seulement pour l’esprit et l’ homme en général, mais pour ce pays-ci, tel que l’ont fait sa nature e
2889 l’homme en général, mais pour ce pays-ci, tel que l’ ont fait sa nature et sept siècles d’histoire : le point de vue du per
2890 -ci, tel que l’ont fait sa nature et sept siècles d’ histoire : le point de vue du personnalisme. ⁂ La question de la neut
2891 l’ont fait sa nature et sept siècles d’histoire : le point de vue du personnalisme. ⁂ La question de la neutralité est pe
2892 d’histoire : le point de vue du personnalisme. ⁂ La question de la neutralité est peut-être la plus importante qu’il fail
2893 le point de vue du personnalisme. ⁂ La question de la neutralité est peut-être la plus importante qu’il faille poser à l
2894 point de vue du personnalisme. ⁂ La question de la neutralité est peut-être la plus importante qu’il faille poser à la S
2895 me. ⁂ La question de la neutralité est peut-être la plus importante qu’il faille poser à la Suisse. Parce que la Suisse s
2896 peut-être la plus importante qu’il faille poser à la Suisse. Parce que la Suisse se figure justement que c’est la question
2897 ortante qu’il faille poser à la Suisse. Parce que la Suisse se figure justement que c’est la question qui ne se pose pas.
2898 Parce que la Suisse se figure justement que c’est la question qui ne se pose pas. Que nous le voulions ou non, notre neutr
2899 ue c’est la question qui ne se pose pas. Que nous le voulions ou non, notre neutralité caractérise non seulement notre rôl
2900 ort aux pays voisins. Or il faut bien avouer, dès le départ, que l’état de fait créé par le traité de Vienne est aussi mal
2901 isins. Or il faut bien avouer, dès le départ, que l’ état de fait créé par le traité de Vienne est aussi mal interprété par
2902 Or il faut bien avouer, dès le départ, que l’état de fait créé par le traité de Vienne est aussi mal interprété par ses ga
2903 vouer, dès le départ, que l’état de fait créé par le traité de Vienne est aussi mal interprété par ses garants que par ses
2904 le départ, que l’état de fait créé par le traité de Vienne est aussi mal interprété par ses garants que par ses soi-disan
2905 ses soi-disant bénéficiaires. Hors de chez nous, l’ on pense généralement : la Suisse tire son épingle du jeu. Neutralité
2906 res. Hors de chez nous, l’on pense généralement : la Suisse tire son épingle du jeu. Neutralité égale prudence, égoïsme, a
2907 gmente pas précisément notre prestige. Chez nous, l’ on considère volontiers que la neutralité nous est due, comme l’air et
2908 restige. Chez nous, l’on considère volontiers que la neutralité nous est due, comme l’air et les beautés de la nature. Pri
2909 volontiers que la neutralité nous est due, comme l’ air et les beautés de la nature. Privilège inconditionnel, nous laissa
2910 rs que la neutralité nous est due, comme l’air et les beautés de la nature. Privilège inconditionnel, nous laissant au surp
2911 utralité nous est due, comme l’air et les beautés de la nature. Privilège inconditionnel, nous laissant au surplus le droi
2912 alité nous est due, comme l’air et les beautés de la nature. Privilège inconditionnel, nous laissant au surplus le droit d
2913 rivilège inconditionnel, nous laissant au surplus le droit de faire la leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos jour
2914 inconditionnel, nous laissant au surplus le droit de faire la leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos journaux. Et
2915 onnel, nous laissant au surplus le droit de faire la leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela ne c
2916 ant au surplus le droit de faire la leçon à toute l’ Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela ne contribue guère à
2917 le droit de faire la leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela ne contribue guère à nous donner un
2918 faire la leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela ne contribue guère à nous donner un sens actif
2919 la ne contribue guère à nous donner un sens actif de nos chances et de nos destins, dans une époque où des choses plus anc
2920 ère à nous donner un sens actif de nos chances et de nos destins, dans une époque où des choses plus anciennes et plus gra
2921 s en discussion, bouleversées, brutalement niées. De ce double malentendu, il faudra bien sortir un jour. Les événements n
2922 double malentendu, il faudra bien sortir un jour. Les événements nous y obligeront si nous ne savons pas les prévenir. Si n
2923 vénements nous y obligeront si nous ne savons pas les prévenir. Si nous nous refusons à voir, à dire, à illustrer, à incarn
2924 à dire, à illustrer, à incarner aux yeux de tous les grandes et fortes raisons de notre neutralité, celle-ci sera balayée
2925 er aux yeux de tous les grandes et fortes raisons de notre neutralité, celle-ci sera balayée un jour prochain avec les vie
2926 lité, celle-ci sera balayée un jour prochain avec les vieux chiffons de papier qui sont censés la garantir. Quand bien même
2927 balayée un jour prochain avec les vieux chiffons de papier qui sont censés la garantir. Quand bien même nous aurions voté
2928 avec les vieux chiffons de papier qui sont censés la garantir. Quand bien même nous aurions voté des milliards de crédits
2929 . Quand bien même nous aurions voté des milliards de crédits d’armement, et des mesures d’instruction militaire prenant le
2930 n même nous aurions voté des milliards de crédits d’ armement, et des mesures d’instruction militaire prenant les enfants a
2931 s milliards de crédits d’armement, et des mesures d’ instruction militaire prenant les enfants au berceau. Car aucune force
2932 t, et des mesures d’instruction militaire prenant les enfants au berceau. Car aucune force matérielle ne pourra jamais remp
2933 ais remplacer, pour un petit pays comme le nôtre, la conscience de sa raison d’être, et le prestige qui s’y attache. On cr
2934 pour un petit pays comme le nôtre, la conscience de sa raison d’être, et le prestige qui s’y attache. On croit souvent, s
2935 t pays comme le nôtre, la conscience de sa raison d’ être, et le prestige qui s’y attache. On croit souvent, surtout chez n
2936 e le nôtre, la conscience de sa raison d’être, et le prestige qui s’y attache. On croit souvent, surtout chez nous, qu’un
2937 surtout chez nous, qu’un petit pays a, comme tel, l’ obligation de rester neutre. D’où l’on déduit qu’il en possède aussi l
2938 nous, qu’un petit pays a, comme tel, l’obligation de rester neutre. D’où l’on déduit qu’il en possède aussi le droit, une
2939 pays a, comme tel, l’obligation de rester neutre. D’ où l’on déduit qu’il en possède aussi le droit, une espèce de droit na
2940 a, comme tel, l’obligation de rester neutre. D’où l’ on déduit qu’il en possède aussi le droit, une espèce de droit naturel
2941 r neutre. D’où l’on déduit qu’il en possède aussi le droit, une espèce de droit naturel. Or on a vu des états minuscules,
2942 éduit qu’il en possède aussi le droit, une espèce de droit naturel. Or on a vu des états minuscules, Venise et Berne, les
2943 Or on a vu des états minuscules, Venise et Berne, les Pays-Bas de Guillaume d’Orange, jouer un rôle de premier plan dans l’
2944 les Pays-Bas de Guillaume d’Orange, jouer un rôle de premier plan dans l’équilibre européen. Et quand bien même il serait
2945 aume d’Orange, jouer un rôle de premier plan dans l’ équilibre européen. Et quand bien même il serait démontré que la Suiss
2946 ropéen. Et quand bien même il serait démontré que la Suisse ne peut plus prétendre à jouer un rôle analogue, croit-on que
2947 re soit suffisamment garanti du seul fait qu’elle le juge naturel ? La meilleure garantie d’un droit, la seule peut-être q
2948 nt garanti du seul fait qu’elle le juge naturel ? La meilleure garantie d’un droit, la seule peut-être qui soit efficace,
2949 t qu’elle le juge naturel ? La meilleure garantie d’ un droit, la seule peut-être qui soit efficace, c’est l’exercice réel
2950 juge naturel ? La meilleure garantie d’un droit, la seule peut-être qui soit efficace, c’est l’exercice réel de la charge
2951 roit, la seule peut-être qui soit efficace, c’est l’ exercice réel de la charge dont ce droit représente à la fois la condi
2952 eut-être qui soit efficace, c’est l’exercice réel de la charge dont ce droit représente à la fois la condition et la contr
2953 -être qui soit efficace, c’est l’exercice réel de la charge dont ce droit représente à la fois la condition et la contrepa
2954 l de la charge dont ce droit représente à la fois la condition et la contrepartie. Le droit de propriété, par exemple, est
2955 ont ce droit représente à la fois la condition et la contrepartie. Le droit de propriété, par exemple, est à la fois la co
2956 ésente à la fois la condition et la contrepartie. Le droit de propriété, par exemple, est à la fois la condition d’une ent
2957 la fois la condition et la contrepartie. Le droit de propriété, par exemple, est à la fois la condition d’une entreprise p
2958 Le droit de propriété, par exemple, est à la fois la condition d’une entreprise personnelle, et la juste contrepartie des
2959 ropriété, par exemple, est à la fois la condition d’ une entreprise personnelle, et la juste contrepartie des risques qu’on
2960 ois la condition d’une entreprise personnelle, et la juste contrepartie des risques qu’on y court, du travail qu’on y donn
2961 sques qu’on y court, du travail qu’on y donne. Si le propriétaire laisse ses terres en friche, et s’enrichit sans rien cré
2962 , tout simplement parce qu’il possède des coupons de papier dans une banque, ses droits sont ressentis comme des abus. Ils
2963 nt ressentis comme des abus. Ils cessent dès lors d’ être assurés en fait ; comme le démontre l’histoire récente du capital
2964 s cessent dès lors d’être assurés en fait ; comme le démontre l’histoire récente du capitalisme anonyme et des révolutions
2965 s lors d’être assurés en fait ; comme le démontre l’ histoire récente du capitalisme anonyme et des révolutions qu’il a fai
2966 ître. Or c’est une crise fort analogue qui menace la neutralité, dès l’instant où ceux qui en jouissent oublient pourquoi
2967 crise fort analogue qui menace la neutralité, dès l’ instant où ceux qui en jouissent oublient pourquoi ils ont reçu ce dro
2968 urquoi ils ont reçu ce droit. Je ne dirai pas que les Suisses l’aient déjà oublié. Mais la conscience qu’ils en gardent par
2969 nt reçu ce droit. Je ne dirai pas que les Suisses l’ aient déjà oublié. Mais la conscience qu’ils en gardent paraît souvent
2970 rai pas que les Suisses l’aient déjà oublié. Mais la conscience qu’ils en gardent paraît souvent bien somnolente. Trop ass
2971 bien somnolente. Trop assurés dans un statut dont les commodités sont surtout matérielles, et les obligations surtout spiri
2972 dont les commodités sont surtout matérielles, et les obligations surtout spirituelles, ils se persuadent petit à petit qu’
2973 trop des secondes. Sous prétexte de réalisme, et de défense des intérêts économiques, c’est la réalité européenne de la S
2974 me, et de défense des intérêts économiques, c’est la réalité européenne de la Suisse que l’on perd de vue. On l’a senti à
2975 intérêts économiques, c’est la réalité européenne de la Suisse que l’on perd de vue. On l’a senti à l’occasion des sanctio
2976 érêts économiques, c’est la réalité européenne de la Suisse que l’on perd de vue. On l’a senti à l’occasion des sanctions
2977 ues, c’est la réalité européenne de la Suisse que l’ on perd de vue. On l’a senti à l’occasion des sanctions contre l’Itali
2978 la réalité européenne de la Suisse que l’on perd de vue. On l’a senti à l’occasion des sanctions contre l’Italie : premie
2979 européenne de la Suisse que l’on perd de vue. On l’ a senti à l’occasion des sanctions contre l’Italie : premier avertisse
2980 de la Suisse que l’on perd de vue. On l’a senti à l’ occasion des sanctions contre l’Italie : premier avertissement que nou
2981 e. On l’a senti à l’occasion des sanctions contre l’ Italie : premier avertissement que nous donnaient les faits d’avoir à
2982 Italie : premier avertissement que nous donnaient les faits d’avoir à repenser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’
2983 remier avertissement que nous donnaient les faits d’ avoir à repenser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’Europe. I
2984 es faits d’avoir à repenser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’Europe. Il est fatal que ces dilemmes se multiplie
2985 à repenser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’Europe. Il est fatal que ces dilemmes se multiplient à l’avenir. Le
2986 epenser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’ Europe. Il est fatal que ces dilemmes se multiplient à l’avenir. Le fa
2987 e. Il est fatal que ces dilemmes se multiplient à l’ avenir. Le fameux équilibre stratégique de l’Europe qu’on a coutume d’
2988 fatal que ces dilemmes se multiplient à l’avenir. Le fameux équilibre stratégique de l’Europe qu’on a coutume d’invoquer p
2989 lient à l’avenir. Le fameux équilibre stratégique de l’Europe qu’on a coutume d’invoquer pour justifier l’espèce d’exterri
2990 nt à l’avenir. Le fameux équilibre stratégique de l’ Europe qu’on a coutume d’invoquer pour justifier l’espèce d’exterritor
2991 équilibre stratégique de l’Europe qu’on a coutume d’ invoquer pour justifier l’espèce d’exterritorialité dont jouit la Suis
2992 ’Europe qu’on a coutume d’invoquer pour justifier l’ espèce d’exterritorialité dont jouit la Suisse sur le continent, nous
2993 u’on a coutume d’invoquer pour justifier l’espèce d’ exterritorialité dont jouit la Suisse sur le continent, nous le voyons
2994 justifier l’espèce d’exterritorialité dont jouit la Suisse sur le continent, nous le voyons, lui aussi, se transformer d’
2995 spèce d’exterritorialité dont jouit la Suisse sur le continent, nous le voyons, lui aussi, se transformer d’année en année
2996 alité dont jouit la Suisse sur le continent, nous le voyons, lui aussi, se transformer d’année en année. Et nous voyons qu
2997 tinent, nous le voyons, lui aussi, se transformer d’ année en année. Et nous voyons que lui aussi dépend d’un équilibre spi
2998 née en année. Et nous voyons que lui aussi dépend d’ un équilibre spirituel18 totalement bouleversé et réorganisé, au sein
2999 ent redéfinie. Bref, tout nous pousse à un réveil de notre conscience fédérale. Tout nous met au défi d’agrandir cette con
3000 notre conscience fédérale. Tout nous met au défi d’ agrandir cette conscience aux proportions nouvelles des « mystiques »
3001 ortions nouvelles des « mystiques » qui régissent l’ Europe d’aujourd’hui. Notre chance et nos risques sont là. La mission
3002 ouvelles des « mystiques » qui régissent l’Europe d’ aujourd’hui. Notre chance et nos risques sont là. La mission essentiel
3003 aujourd’hui. Notre chance et nos risques sont là. La mission essentielle de la Suisse est une mission personnaliste au pre
3004 ce et nos risques sont là. La mission essentielle de la Suisse est une mission personnaliste au premier chef : sauvegarder
3005 et nos risques sont là. La mission essentielle de la Suisse est une mission personnaliste au premier chef : sauvegarder un
3006 premier chef : sauvegarder une Weltanschauung où les droits du particulier et les devoirs envers l’ensemble se fécondent m
3007 ne Weltanschauung où les droits du particulier et les devoirs envers l’ensemble se fécondent mutuellement19. Cette concepti
3008 ù les droits du particulier et les devoirs envers l’ ensemble se fécondent mutuellement19. Cette conception du monde n’est
3009 tion du monde n’est pas nouvelle : elle constitue l’ apport spécifique de l’Europe à l’humanité. C’est autour d’elle et grâ
3010 pas nouvelle : elle constitue l’apport spécifique de l’Europe à l’humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’Occi
3011 nouvelle : elle constitue l’apport spécifique de l’ Europe à l’humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’Occiden
3012 elle constitue l’apport spécifique de l’Europe à l’ humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’Occident s’est édi
3013 spécifique de l’Europe à l’humanité. C’est autour d’ elle et grâce à elle que l’Occident s’est édifié, et qu’il a dominé le
3014 humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’ Occident s’est édifié, et qu’il a dominé le monde. Elle n’est nullemen
3015 le que l’Occident s’est édifié, et qu’il a dominé le monde. Elle n’est nullement, comme certains voudraient le croire, une
3016 . Elle n’est nullement, comme certains voudraient le croire, une espèce de juste milieu entre les excès déplorables de l’i
3017 , comme certains voudraient le croire, une espèce de juste milieu entre les excès déplorables de l’individualisme bourgeoi
3018 aient le croire, une espèce de juste milieu entre les excès déplorables de l’individualisme bourgeois et du collectivisme d
3019 spèce de juste milieu entre les excès déplorables de l’individualisme bourgeois et du collectivisme dictatorial. Elle est
3020 ce de juste milieu entre les excès déplorables de l’ individualisme bourgeois et du collectivisme dictatorial. Elle est la
3021 urgeois et du collectivisme dictatorial. Elle est la position centrale, à la fois naturelle et spirituelle, dont l’individ
3022 entrale, à la fois naturelle et spirituelle, dont l’ individualisme et les collectivismes figurent les déviations morbides.
3023 aturelle et spirituelle, dont l’individualisme et les collectivismes figurent les déviations morbides. Et dès lors, la miss
3024 t l’individualisme et les collectivismes figurent les déviations morbides. Et dès lors, la mission de la Suisse peut être d
3025 es figurent les déviations morbides. Et dès lors, la mission de la Suisse peut être définie à l’échelle de l’Europe : la S
3026 les déviations morbides. Et dès lors, la mission de la Suisse peut être définie à l’échelle de l’Europe : la Suisse doit
3027 s déviations morbides. Et dès lors, la mission de la Suisse peut être définie à l’échelle de l’Europe : la Suisse doit êtr
3028 lors, la mission de la Suisse peut être définie à l’ échelle de l’Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce principe
3029 ission de la Suisse peut être définie à l’échelle de l’Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce principe central, f
3030 ion de la Suisse peut être définie à l’échelle de l’ Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce principe central, fédé
3031 uisse peut être définie à l’échelle de l’Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce principe central, fédératif ; et
3032 nie à l’échelle de l’Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce principe central, fédératif ; et elle ne peut être au
3033 le de l’Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce principe central, fédératif ; et elle ne peut être autre chose, de
3034 historique. Gardiens des cols, gardiens du siège de la SDN et de celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen
3035 storique. Gardiens des cols, gardiens du siège de la SDN et de celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et
3036 Gardiens des cols, gardiens du siège de la SDN et de celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun à
3037 des cols, gardiens du siège de la SDN et de celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun à toutes le
3038 cols, gardiens du siège de la SDN et de celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun à toutes les n
3039 de la SDN et de celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun à toutes les nations20 étant eux-mêmes
3040 ardiens de ce qui est européen et commun à toutes les nations20 étant eux-mêmes dans la mesure où ils sont cela, dans la me
3041 ommun à toutes les nations20 étant eux-mêmes dans la mesure où ils sont cela, dans la mesure où ils existent pour l’ensemb
3042 t eux-mêmes dans la mesure où ils sont cela, dans la mesure où ils existent pour l’ensemble — voilà les Suisses, grands Po
3043 ls sont cela, dans la mesure où ils existent pour l’ ensemble — voilà les Suisses, grands Portiers de l’Europe, et maintene
3044 la mesure où ils existent pour l’ensemble — voilà les Suisses, grands Portiers de l’Europe, et mainteneurs de ses communes
3045 r l’ensemble — voilà les Suisses, grands Portiers de l’Europe, et mainteneurs de ses communes mesures. Qu’on ne voie pas l
3046 ’ensemble — voilà les Suisses, grands Portiers de l’ Europe, et mainteneurs de ses communes mesures. Qu’on ne voie pas là j
3047 sses, grands Portiers de l’Europe, et mainteneurs de ses communes mesures. Qu’on ne voie pas là je ne sais quelle manière
3048 s. Qu’on ne voie pas là je ne sais quelle manière d’ idéaliser ce qui est mesquin. Car ce qui est mesquin chez nous, n’est
3049 squin chez nous, n’est en fait qu’une dégradation de l’idéal qui devrait nous unir. La devise des Suisses : « Un pour tous
3050 in chez nous, n’est en fait qu’une dégradation de l’ idéal qui devrait nous unir. La devise des Suisses : « Un pour tous, t
3051 une dégradation de l’idéal qui devrait nous unir. La devise des Suisses : « Un pour tous, tous pour un », c’est la formule
3052 s Suisses : « Un pour tous, tous pour un », c’est la formule la plus frappante et la plus juste de l’esprit fédéral de l’O
3053 « Un pour tous, tous pour un », c’est la formule la plus frappante et la plus juste de l’esprit fédéral de l’Occident — e
3054 pour un », c’est la formule la plus frappante et la plus juste de l’esprit fédéral de l’Occident — en même temps que du p
3055 est la formule la plus frappante et la plus juste de l’esprit fédéral de l’Occident — en même temps que du personnalisme.
3056 la formule la plus frappante et la plus juste de l’ esprit fédéral de l’Occident — en même temps que du personnalisme. (N’
3057 us frappante et la plus juste de l’esprit fédéral de l’Occident — en même temps que du personnalisme. (N’en faisons pas :
3058 frappante et la plus juste de l’esprit fédéral de l’ Occident — en même temps que du personnalisme. (N’en faisons pas : « C
3059 onnalisme. (N’en faisons pas : « Chacun pour soi, l’ État pour tous ! ») Oui, c’est au nom de cette mission de gardienne du
3060 pour tous ! ») Oui, c’est au nom de cette mission de gardienne du principe commun que la Suisse peut et doit maintenant re
3061 cette mission de gardienne du principe commun que la Suisse peut et doit maintenant revendiquer face à l’Europe son droit
3062 Suisse peut et doit maintenant revendiquer face à l’ Europe son droit à la neutralité. Elle n’est réellement intangible que
3063 aintenant revendiquer face à l’Europe son droit à la neutralité. Elle n’est réellement intangible que parce qu’elle est l’
3064 n’est réellement intangible que parce qu’elle est l’ expérience témoin, l’annonciatrice d’une Europe fédérée dont elle prou
3065 ngible que parce qu’elle est l’expérience témoin, l’ annonciatrice d’une Europe fédérée dont elle prouve la réalité en asse
3066 qu’elle est l’expérience témoin, l’annonciatrice d’ une Europe fédérée dont elle prouve la réalité en assemblant dans un É
3067 nonciatrice d’une Europe fédérée dont elle prouve la réalité en assemblant dans un État ces trois grandes civilisations :
3068 nt dans un État ces trois grandes civilisations : la germanique, la latine et la française21. ⁂ De cette mission qui justi
3069 ces trois grandes civilisations : la germanique, la latine et la française21. ⁂ De cette mission qui justifie en même tem
3070 andes civilisations : la germanique, la latine et la française21. ⁂ De cette mission qui justifie en même temps notre stat
3071 s : la germanique, la latine et la française21. ⁂ De cette mission qui justifie en même temps notre statut européen de neu
3072 qui justifie en même temps notre statut européen de neutralité et notre statut intérieur de confédération de cantons, déc
3073 européen de neutralité et notre statut intérieur de confédération de cantons, découlent des conséquences précises dans le
3074 ralité et notre statut intérieur de confédération de cantons, découlent des conséquences précises dans les ordres les plus
3075 cantons, découlent des conséquences précises dans les ordres les plus divers. Je voudrais en marquer quelques-unes en les g
3076 coulent des conséquences précises dans les ordres les plus divers. Je voudrais en marquer quelques-unes en les groupant sou
3077 s divers. Je voudrais en marquer quelques-unes en les groupant sous trois chefs principaux : opinions, culture et armée. 1.
3078 chefs principaux : opinions, culture et armée. 1. L’ opinion suisse, telle que la traduisent nos journaux est en contradict
3079 culture et armée. 1. L’opinion suisse, telle que la traduisent nos journaux est en contradiction fréquente avec notre neu
3080 e avec notre neutralité, et ce qui est pire, avec la mission même qui justifie cette neutralité. Elle se permet de prendre
3081 ême qui justifie cette neutralité. Elle se permet de prendre parti, dans les questions de politique étrangère, ou de polit
3082 neutralité. Elle se permet de prendre parti, dans les questions de politique étrangère, ou de politique intérieure du voisi
3083 le se permet de prendre parti, dans les questions de politique étrangère, ou de politique intérieure du voisin, avec d’aut
3084 ti, dans les questions de politique étrangère, ou de politique intérieure du voisin, avec d’autant plus de violence qu’ell
3085 ngère, ou de politique intérieure du voisin, avec d’ autant plus de violence qu’elle y court moins de risques immédiats. Ri
3086 olitique intérieure du voisin, avec d’autant plus de violence qu’elle y court moins de risques immédiats. Rien n’est plus
3087 c d’autant plus de violence qu’elle y court moins de risques immédiats. Rien n’est plus agaçant pour l’étranger que cette
3088 e risques immédiats. Rien n’est plus agaçant pour l’ étranger que cette espèce de suffisance moralisante, que ces conseils
3089 est plus agaçant pour l’étranger que cette espèce de suffisance moralisante, que ces conseils de fermeté ou ces protestati
3090 spèce de suffisance moralisante, que ces conseils de fermeté ou ces protestations intempestives que nous prodiguons chaque
3091 que nous prodiguons chaque jour aux « nationaux » de tel pays ou aux « rouges » du monde entier. D’autant plus que ce magi
3092  » de tel pays ou aux « rouges » du monde entier. D’ autant plus que ce magistère ne paraît nullement s’exercer au nom d’un
3093 t s’exercer au nom d’une vocation bien définie et de portée européenne. Quand nos journaux font la leçon à Léon Blum22, ce
3094 et de portée européenne. Quand nos journaux font la leçon à Léon Blum22, ce n’est pas — comme ce pourrait l’être — au nom
3095 n à Léon Blum22, ce n’est pas — comme ce pourrait l’ être — au nom de la démocratie réelle, communale et fédéraliste, mais
3096 n’est pas — comme ce pourrait l’être — au nom de la démocratie réelle, communale et fédéraliste, mais au nom d’intérêts d
3097 communale et fédéraliste, mais au nom d’intérêts de classe qui ne sont ni démocratiques ni nationaux. La même critique pe
3098 classe qui ne sont ni démocratiques ni nationaux. La même critique peut d’ailleurs s’adresser à notre presse d’extrême gau
3099 ritique peut d’ailleurs s’adresser à notre presse d’ extrême gauche lorsqu’elle défend le même Léon Blum pour des raisons s
3100 notre presse d’extrême gauche lorsqu’elle défend le même Léon Blum pour des raisons symétriquement inverses, et par suite
3101 nd nous verrons nos grands journaux se préoccuper de juger ce qui se passe chez nos voisins non plus au nom de la droite f
3102 qui se passe chez nos voisins non plus au nom de la droite française ou de la gauche allemande émigrée, mais au nom du pr
3103 voisins non plus au nom de la droite française ou de la gauche allemande émigrée, mais au nom du principe fédéral que nous
3104 sins non plus au nom de la droite française ou de la gauche allemande émigrée, mais au nom du principe fédéral que nous av
3105 ral que nous avons à incarner, on pourra dire que la Suisse a retrouvé sa raison d’être, et d’être neutre. Quoi de plus c
3106 on pourra dire que la Suisse a retrouvé sa raison d’ être, et d’être neutre. Quoi de plus comique et de plus irritant que
3107 ire que la Suisse a retrouvé sa raison d’être, et d’ être neutre. Quoi de plus comique et de plus irritant que d’admirer l
3108 re. Quoi de plus comique et de plus irritant que d’ admirer les fascismes étrangers alors qu’ils sont les formes politique
3109 de plus comique et de plus irritant que d’admirer les fascismes étrangers alors qu’ils sont les formes politiques les plus
3110 admirer les fascismes étrangers alors qu’ils sont les formes politiques les plus violemment centralistes, les plus contrair
3111 étrangers alors qu’ils sont les formes politiques les plus violemment centralistes, les plus contraires à nos statuts ! Nou
3112 rmes politiques les plus violemment centralistes, les plus contraires à nos statuts ! Nous ne pourrions en tirer qu’une seu
3113 ! Nous ne pourrions en tirer qu’une seule leçon : les fascismes se donnent pour but d’exalter leur mission nationale. Quell
3114 e seule leçon : les fascismes se donnent pour but d’ exalter leur mission nationale. Quelles que soient les réserves de fon
3115 xalter leur mission nationale. Quelles que soient les réserves de fond qu’il y ait à faire, et je les fais, sur l’authentic
3116 ission nationale. Quelles que soient les réserves de fond qu’il y ait à faire, et je les fais, sur l’authenticité de ces m
3117 t les réserves de fond qu’il y ait à faire, et je les fais, sur l’authenticité de ces missions qu’ils proclament à son de t
3118 de fond qu’il y ait à faire, et je les fais, sur l’ authenticité de ces missions qu’ils proclament à son de trompe, il est
3119 y ait à faire, et je les fais, sur l’authenticité de ces missions qu’ils proclament à son de trompe, il est clair que leur
3120 henticité de ces missions qu’ils proclament à son de trompe, il est clair que leur force est là, et qu’en les admirant, en
3121 mpe, il est clair que leur force est là, et qu’en les admirant, en les enviant, nous sommes précisément en train de perdre
3122 que leur force est là, et qu’en les admirant, en les enviant, nous sommes précisément en train de perdre ce qu’ils ont ret
3123 ément en train de perdre ce qu’ils ont retrouvé : le sens de la réalité irremplaçable d’une nation. L’autorité qu’une cert
3124 train de perdre ce qu’ils ont retrouvé : le sens de la réalité irremplaçable d’une nation. L’autorité qu’une certaine pre
3125 ain de perdre ce qu’ils ont retrouvé : le sens de la réalité irremplaçable d’une nation. L’autorité qu’une certaine presse
3126 nt retrouvé : le sens de la réalité irremplaçable d’ une nation. L’autorité qu’une certaine presse suisse s’était acquise à
3127 le sens de la réalité irremplaçable d’une nation. L’ autorité qu’une certaine presse suisse s’était acquise à l’étranger re
3128 é qu’une certaine presse suisse s’était acquise à l’ étranger reposait justement sur le fait que nous étions seuls à juger
3129 était acquise à l’étranger reposait justement sur le fait que nous étions seuls à juger dans une perspective européenne. (
3130 s français ou allemands, n’est plus qu’une presse d’ intérêt local. Là encore, nos chances sont uniques, nous pourrions êtr
3131 être les premiers. Mais à cette seule condition : de savoir au nom de quoi nous parlons. Et ce ne peut être qu’au nom de l
3132 uoi nous parlons. Et ce ne peut être qu’au nom de l’ avenir de l’Europe, puisque c’est cela que nous sommes dès maintenant.
3133 parlons. Et ce ne peut être qu’au nom de l’avenir de l’Europe, puisque c’est cela que nous sommes dès maintenant. 2. La cu
3134 lons. Et ce ne peut être qu’au nom de l’avenir de l’ Europe, puisque c’est cela que nous sommes dès maintenant. 2. La cultu
3135 que c’est cela que nous sommes dès maintenant. 2. La culture. Je ne l’envisagerai ici que sous l’angle particulier de nos
3136 nous sommes dès maintenant. 2. La culture. Je ne l’ envisagerai ici que sous l’angle particulier de nos responsabilités co
3137 . 2. La culture. Je ne l’envisagerai ici que sous l’ angle particulier de nos responsabilités comme neutres. Ramuz insiste
3138 ne l’envisagerai ici que sous l’angle particulier de nos responsabilités comme neutres. Ramuz insiste avec raison sur le f
3139 ités comme neutres. Ramuz insiste avec raison sur le fait que nous n’avons pas une culture nationale unifiée, mais des cul
3140 de plus, c’est là notre chance. Mais savons-nous l’ utiliser ? Il y faudrait une conscience très forte de la réalité fédér
3141 tiliser ? Il y faudrait une conscience très forte de la réalité fédéraliste et de ce qu’elle implique à la fois de diversi
3142 iser ? Il y faudrait une conscience très forte de la réalité fédéraliste et de ce qu’elle implique à la fois de diversités
3143 onscience très forte de la réalité fédéraliste et de ce qu’elle implique à la fois de diversités reconnues, totalement exp
3144 é fédéraliste et de ce qu’elle implique à la fois de diversités reconnues, totalement exprimées comme telles, et d’échange
3145 reconnues, totalement exprimées comme telles, et d’ échanges multipliés, d’apports mutuels, de synthèse vivante. Dès que l
3146 exprimées comme telles, et d’échanges multipliés, d’ apports mutuels, de synthèse vivante. Dès que la conscience fédéralist
3147 les, et d’échanges multipliés, d’apports mutuels, de synthèse vivante. Dès que la conscience fédéraliste vient à faiblir,
3148 , d’apports mutuels, de synthèse vivante. Dès que la conscience fédéraliste vient à faiblir, quand par exemple on se met c
3149 faiblir, quand par exemple on se met chez nous à l’ école de la droite française et de sa politique particulière condition
3150 , quand par exemple on se met chez nous à l’école de la droite française et de sa politique particulière conditionnée par
3151 uand par exemple on se met chez nous à l’école de la droite française et de sa politique particulière conditionnée par le
3152 met chez nous à l’école de la droite française et de sa politique particulière conditionnée par le nationalisme unitaire e
3153 et de sa politique particulière conditionnée par le nationalisme unitaire et antiallemand, l’on voit une méfiance hostile
3154 née par le nationalisme unitaire et antiallemand, l’ on voit une méfiance hostile poindre chez les intellectuels à l’endroi
3155 mand, l’on voit une méfiance hostile poindre chez les intellectuels à l’endroit de ce qui est « germanique » dans notre vie
3156 germanique » dans notre vie confédérale. Réaction de faiblesse, et néfaste à un double titre. Car d’une part nous y perdon
3157 us y perdons ce qui fait notre valeur propre dans la culture de langue française ; et d’autre part, en nous refusant aux c
3158 s ce qui fait notre valeur propre dans la culture de langue française ; et d’autre part, en nous refusant aux contacts et
3159 fusant aux contacts et aux échanges, nous perdons la meilleure occasion de prendre conscience de nous-mêmes, et de nos sin
3160 aux échanges, nous perdons la meilleure occasion de prendre conscience de nous-mêmes, et de nos singularités sinon latine
3161 rdons la meilleure occasion de prendre conscience de nous-mêmes, et de nos singularités sinon latines, du moins romanes. O
3162 occasion de prendre conscience de nous-mêmes, et de nos singularités sinon latines, du moins romanes. On se découvre en s
3163 sant, mais en s’opposant réellement, c’est-à-dire de près, corps à corps. Croit-on que Ramuz eût écrit ce Chant de notre R
3164 ps à corps. Croit-on que Ramuz eût écrit ce Chant de notre Rhône, si « roman », sans le voisinage germanique qui l’a contr
3165 écrit ce Chant de notre Rhône, si « roman », sans le voisinage germanique qui l’a contraint à formuler sa différence spéci
3166 e, si « roman », sans le voisinage germanique qui l’ a contraint à formuler sa différence spécifique ? En France même, quoi
3167 ? En France même, quoi de plus français — jusqu’à l’ excès, voire jusqu’à la grimace — qu’un Barrès, constamment tenté et e
3168 de plus français — jusqu’à l’excès, voire jusqu’à la grimace — qu’un Barrès, constamment tenté et enrichi par le génie du
3169  — qu’un Barrès, constamment tenté et enrichi par le génie du Rhin ? Pour nous qui n’avons pas les mêmes raisons de constr
3170 par le génie du Rhin ? Pour nous qui n’avons pas les mêmes raisons de construire des Bastions de l’Est23, la situation est
3171 hin ? Pour nous qui n’avons pas les mêmes raisons de construire des Bastions de l’Est23, la situation est bien plus favora
3172 pas les mêmes raisons de construire des Bastions de l’Est23, la situation est bien plus favorable. Mais il faudrait savoi
3173 s les mêmes raisons de construire des Bastions de l’ Est23, la situation est bien plus favorable. Mais il faudrait savoir l
3174 es raisons de construire des Bastions de l’Est23, la situation est bien plus favorable. Mais il faudrait savoir l’envisage
3175 est bien plus favorable. Mais il faudrait savoir l’ envisager dans sa grandeur, sans crispation de méfiance ou de timidité
3176 oir l’envisager dans sa grandeur, sans crispation de méfiance ou de timidité ; dans une volonté de synthèse, et non point
3177 dans sa grandeur, sans crispation de méfiance ou de timidité ; dans une volonté de synthèse, et non point dans la crainte
3178 ion de méfiance ou de timidité ; dans une volonté de synthèse, et non point dans la crainte perpétuelle de n’aboutir qu’à
3179 ; dans une volonté de synthèse, et non point dans la crainte perpétuelle de n’aboutir qu’à des mélanges bâtards. Notre uni
3180 ynthèse, et non point dans la crainte perpétuelle de n’aboutir qu’à des mélanges bâtards. Notre unité existe, mais sur un
3181 plan à la fois plus élevé et plus vaste que celui de « l’unification » à la mode jacobine ou classique. C’est l’unité orig
3182 à la fois plus élevé et plus vaste que celui de «  l’ unification » à la mode jacobine ou classique. C’est l’unité originell
3183 vé et plus vaste que celui de « l’unification » à la mode jacobine ou classique. C’est l’unité originelle, et peut-être fu
3184 fication » à la mode jacobine ou classique. C’est l’ unité originelle, et peut-être future et finale, des diversités de l’E
3185 le, et peut-être future et finale, des diversités de l’Europe, symbolisées par nos quatre langues, nos deux religions, nos
3186 et peut-être future et finale, des diversités de l’ Europe, symbolisées par nos quatre langues, nos deux religions, nos vi
3187 cinq républiques. Et surtout qu’on ne déplore pas le fait que les cultures des Suisses ne forment pas une culture homogène
3188 ques. Et surtout qu’on ne déplore pas le fait que les cultures des Suisses ne forment pas une culture homogène. Elles forme
3189 une culture homogène. Elles forment quelque chose de moins grandiose, mais peut-être de plus conforme à l’essence même de
3190 oins grandiose, mais peut-être de plus conforme à l’ essence même de la culture : un microcosme des valeurs que les nations
3191 mais peut-être de plus conforme à l’essence même de la culture : un microcosme des valeurs que les nations qui nous entou
3192 is peut-être de plus conforme à l’essence même de la culture : un microcosme des valeurs que les nations qui nous entouren
3193 ême de la culture : un microcosme des valeurs que les nations qui nous entourent ont illustrées l’une après l’autre, mais n
3194 tes ces nations ont été grandes tour à tour, dans la musique ou la peinture, la poésie ou la philosophie. Et peut-être ne
3195 s ont été grandes tour à tour, dans la musique ou la peinture, la poésie ou la philosophie. Et peut-être ne serons-nous ja
3196 ndes tour à tour, dans la musique ou la peinture, la poésie ou la philosophie. Et peut-être ne serons-nous jamais aussi gr
3197 our, dans la musique ou la peinture, la poésie ou la philosophie. Et peut-être ne serons-nous jamais aussi grands qu’aucun
3198 s aussi grands qu’aucune d’entre elles dans aucun de ces domaines particuliers24. Mais notre grandeur est ailleurs : elle
3199 Mais notre grandeur est ailleurs : elle est dans l’ harmonie intime, ou dans l’opposition tragique à l’intérieur d’une mêm
3200 lleurs : elle est dans l’harmonie intime, ou dans l’ opposition tragique à l’intérieur d’une même « personne », des vocatio
3201 ’harmonie intime, ou dans l’opposition tragique à l’ intérieur d’une même « personne », des vocations spéciales d’autres na
3202 time, ou dans l’opposition tragique à l’intérieur d’ une même « personne », des vocations spéciales d’autres nations. Et c’
3203 utôt ce doit être) un combat perpétuel, exaltant, le battement du cœur de l’Europe. Vouloir créer une « culture suisse »,
3204 combat perpétuel, exaltant, le battement du cœur de l’Europe. Vouloir créer une « culture suisse », ce serait trahir notr
3205 mbat perpétuel, exaltant, le battement du cœur de l’ Europe. Vouloir créer une « culture suisse », ce serait trahir notre m
3206 isse », ce serait trahir notre mission, ce serait le péché même d’idolâtrie qui consiste dans son principe à adorer les in
3207 ait trahir notre mission, ce serait le péché même d’ idolâtrie qui consiste dans son principe à adorer les instruments d’un
3208 idolâtrie qui consiste dans son principe à adorer les instruments d’un culte, oubliant le dieu qu’il célèbre. Et pourquoi n
3209 nsiste dans son principe à adorer les instruments d’ un culte, oubliant le dieu qu’il célèbre. Et pourquoi n’irais-je pas j
3210 ipe à adorer les instruments d’un culte, oubliant le dieu qu’il célèbre. Et pourquoi n’irais-je pas jusqu’à dire que notre
3211 as jusqu’à dire que notre grandeur culturelle est de n’avoir pas de culture suisse, mais seulement une culture européenne 
3212 que notre grandeur culturelle est de n’avoir pas de culture suisse, mais seulement une culture européenne ? On nous a don
3213 ulture suisse. Ce sont deux vocations isolées, et la culture suppose une suite, un progrès, un milieu, un écho. Je me repr
3214 s, offrant un asile provisoire aux grands errants de l’esprit et des passions occidentales : Bâle et Genève au temps de la
3215 offrant un asile provisoire aux grands errants de l’ esprit et des passions occidentales : Bâle et Genève au temps de la Ré
3216 assions occidentales : Bâle et Genève au temps de la Réforme, Érasme, Holbein, Calvin et d’Aubigné, et le fameux docteur P
3217 u temps de la Réforme, Érasme, Holbein, Calvin et d’ Aubigné, et le fameux docteur Paracelse, entraînant sa suite turbulent
3218 Réforme, Érasme, Holbein, Calvin et d’Aubigné, et le fameux docteur Paracelse, entraînant sa suite turbulente de disciples
3219 docteur Paracelse, entraînant sa suite turbulente de disciples d’auberge en auberge. C’était la Suisse spirituelle de la R
3220 else, entraînant sa suite turbulente de disciples d’ auberge en auberge. C’était la Suisse spirituelle de la Renaissance, l
3221 ulente de disciples d’auberge en auberge. C’était la Suisse spirituelle de la Renaissance, le microcosme de toutes ses gra
3222 auberge en auberge. C’était la Suisse spirituelle de la Renaissance, le microcosme de toutes ses grandeurs. Aux xviie et
3223 erge en auberge. C’était la Suisse spirituelle de la Renaissance, le microcosme de toutes ses grandeurs. Aux xviie et xvi
3224 C’était la Suisse spirituelle de la Renaissance, le microcosme de toutes ses grandeurs. Aux xviie et xviiie , l’horizon
3225 isse spirituelle de la Renaissance, le microcosme de toutes ses grandeurs. Aux xviie et xviiie , l’horizon se resserre un
3226 e de toutes ses grandeurs. Aux xviie et xviiie , l’ horizon se resserre un peu, et pourtant voici Berne et le « grand Hall
3227 on se resserre un peu, et pourtant voici Berne et le « grand Haller », après ce premier cosmopolite : Béat de Muralt. Puis
3228 and Haller », après ce premier cosmopolite : Béat de Muralt. Puis Zurich et l’hégémonie passagère de l’École suisse sur la
3229 mier cosmopolite : Béat de Muralt. Puis Zurich et l’ hégémonie passagère de l’École suisse sur la littérature allemande. Et
3230 t de Muralt. Puis Zurich et l’hégémonie passagère de l’École suisse sur la littérature allemande. Et le Lausanne des beaux
3231 e Muralt. Puis Zurich et l’hégémonie passagère de l’ École suisse sur la littérature allemande. Et le Lausanne des beaux es
3232 ch et l’hégémonie passagère de l’École suisse sur la littérature allemande. Et le Lausanne des beaux esprits cosmopolites,
3233 e l’École suisse sur la littérature allemande. Et le Lausanne des beaux esprits cosmopolites, tel que nous l’ont décrit Gi
3234 anne des beaux esprits cosmopolites, tel que nous l’ ont décrit Gibbon et le marquis de Boufflers. Avec le xixe , la Suisse
3235 cosmopolites, tel que nous l’ont décrit Gibbon et le marquis de Boufflers. Avec le xixe , la Suisse réapparaît sur la gran
3236 nt décrit Gibbon et le marquis de Boufflers. Avec le xixe , la Suisse réapparaît sur la grande scène de l’Europe. De Genèv
3237 Gibbon et le marquis de Boufflers. Avec le xixe , la Suisse réapparaît sur la grande scène de l’Europe. De Genève, c’est u
3238 oufflers. Avec le xixe , la Suisse réapparaît sur la grande scène de l’Europe. De Genève, c’est une autre « école suisse »
3239 e xixe , la Suisse réapparaît sur la grande scène de l’Europe. De Genève, c’est une autre « école suisse » qui domine les
3240 ixe , la Suisse réapparaît sur la grande scène de l’ Europe. De Genève, c’est une autre « école suisse » qui domine les let
3241 uisse réapparaît sur la grande scène de l’Europe. De Genève, c’est une autre « école suisse » qui domine les lettres franç
3242 nève, c’est une autre « école suisse » qui domine les lettres françaises ; après Rousseau : Constant et Staël, et toute la
3243 es ; après Rousseau : Constant et Staël, et toute la petite cour de Coppet. Ce foyer s’éteint pour un temps. Il en renaît
3244 seau : Constant et Staël, et toute la petite cour de Coppet. Ce foyer s’éteint pour un temps. Il en renaît un autre à Bâle
3245 re à Bâle : Jacob Burckhardt, Overbeck, Bachofen, le jeune Nietzsche, ami de Wagner… Et tout cela fait, par le moyen de la
3246 ardt, Overbeck, Bachofen, le jeune Nietzsche, ami de Wagner… Et tout cela fait, par le moyen de la Suisse, une assez belle
3247 Nietzsche, ami de Wagner… Et tout cela fait, par le moyen de la Suisse, une assez belle culture européenne25. Je ne vois
3248 e, ami de Wagner… Et tout cela fait, par le moyen de la Suisse, une assez belle culture européenne25. Je ne vois pas pourq
3249 ami de Wagner… Et tout cela fait, par le moyen de la Suisse, une assez belle culture européenne25. Je ne vois pas pourquoi
3250 péenne25. Je ne vois pas pourquoi nous douterions d’ une tradition que tout nous pousse à continuer, et qui, je le crois, n
3251 tion que tout nous pousse à continuer, et qui, je le crois, n’a pas encore réalisé ses possibilités extrêmes. Nous avons l
3252 ore réalisé ses possibilités extrêmes. Nous avons le goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz, et je m’en irr
3253 Nous avons le goût du moyen, c’est entendu, et je l’ accorde à Ramuz, et je m’en irrite au moins autant que lui. Mais je pe
3254 ins autant que lui. Mais je pense qu’on n’atteint la grandeur qu’en utilisant ses défauts, en s’élevant au point où ils de
3255 défauts, en s’élevant au point où ils deviennent les conditions d’une création unique. Au niveau de l’instruction publique
3256 élevant au point où ils deviennent les conditions d’ une création unique. Au niveau de l’instruction publique, nous étouffo
3257 es conditions d’une création unique. Au niveau de l’ instruction publique, nous étouffons dans le moyen ; mais au niveau de
3258 au de l’instruction publique, nous étouffons dans le moyen ; mais au niveau de la vraie culture, nous pouvons être les moy
3259 nous étouffons dans le moyen ; mais au niveau de la vraie culture, nous pouvons être les moyens de la grandeur future de
3260 au niveau de la vraie culture, nous pouvons être les moyens de la grandeur future de l’Europe. (Il y a là plus qu’un calem
3261 de la vraie culture, nous pouvons être les moyens de la grandeur future de l’Europe. (Il y a là plus qu’un calembour, soit
3262 la vraie culture, nous pouvons être les moyens de la grandeur future de l’Europe. (Il y a là plus qu’un calembour, soit di
3263 ous pouvons être les moyens de la grandeur future de l’Europe. (Il y a là plus qu’un calembour, soit dit pour essayer de r
3264 pouvons être les moyens de la grandeur future de l’ Europe. (Il y a là plus qu’un calembour, soit dit pour essayer de rass
3265 a là plus qu’un calembour, soit dit pour essayer de rassurer ces gens sérieux que sont les Suisses moyens — et même les a
3266 our essayer de rassurer ces gens sérieux que sont les Suisses moyens — et même les autres.) 3. Avec l’armée, je reviens au
3267 ens sérieux que sont les Suisses moyens — et même les autres.) 3. Avec l’armée, je reviens au concret, ou du moins à ce qu’
3268 les Suisses moyens — et même les autres.) 3. Avec l’ armée, je reviens au concret, ou du moins à ce qu’on tient pour tel da
3269 u moins à ce qu’on tient pour tel dans un pays où les valeurs intellectuelles passent plus qu’ailleurs pour un luxe. (Nulle
3270 qu’ailleurs pour un luxe. (Nulle part, je crois, les écrivains n’ont moins d’action sur la vie politique.) Il est clair,
3271 (Nulle part, je crois, les écrivains n’ont moins d’ action sur la vie politique.) Il est clair, et on le dit assez pour q
3272 je crois, les écrivains n’ont moins d’action sur la vie politique.) Il est clair, et on le dit assez pour que je n’aie p
3273 ction sur la vie politique.) Il est clair, et on le dit assez pour que je n’aie pas à insister, que l’armée d’un petit pa
3274 e dit assez pour que je n’aie pas à insister, que l’ armée d’un petit pays neutre est très facilement justifiable, aux yeux
3275 sez pour que je n’aie pas à insister, que l’armée d’ un petit pays neutre est très facilement justifiable, aux yeux du paci
3276 rès facilement justifiable, aux yeux du pacifiste le plus ardent. Elle ne peut livrer qu’une « guerre juste », puisqu’elle
3277 u’une « guerre juste », puisqu’elle est incapable d’ attaquer. Elle ne joue que le rôle d’une garde, et par là même, elle e
3278 u’elle est incapable d’attaquer. Elle ne joue que le rôle d’une garde, et par là même, elle est conforme à notre vocation
3279 st incapable d’attaquer. Elle ne joue que le rôle d’ une garde, et par là même, elle est conforme à notre vocation profonde
3280 hburg ; milice au service du principe constituant de la fédération — et c’est pourquoi elle appartient à l’État et non pas
3281 rg ; milice au service du principe constituant de la fédération — et c’est pourquoi elle appartient à l’État et non pas au
3282 fédération — et c’est pourquoi elle appartient à l’ État et non pas aux cantons. De plus, les mesures toutes récentes orga
3283 artient à l’État et non pas aux cantons. De plus, les mesures toutes récentes organisant la couverture des frontières par l
3284 . De plus, les mesures toutes récentes organisant la couverture des frontières par les habitants de la région sont absolum
3285 entes organisant la couverture des frontières par les habitants de la région sont absolument dans la ligne du fédéralisme r
3286 nt la couverture des frontières par les habitants de la région sont absolument dans la ligne du fédéralisme réel26. Armée
3287 la couverture des frontières par les habitants de la région sont absolument dans la ligne du fédéralisme réel26. Armée dém
3288 r les habitants de la région sont absolument dans la ligne du fédéralisme réel26. Armée démocratique, dit-on, milice popul
3289 démocratique, dit-on, milice populaire, dépourvue de l’esprit de caste que forment ailleurs les écoles militaires. Oui, c’
3290 ocratique, dit-on, milice populaire, dépourvue de l’ esprit de caste que forment ailleurs les écoles militaires. Oui, c’est
3291 , dit-on, milice populaire, dépourvue de l’esprit de caste que forment ailleurs les écoles militaires. Oui, c’est bien là
3292 pourvue de l’esprit de caste que forment ailleurs les écoles militaires. Oui, c’est bien là ce que doit être une armée cons
3293 est bien là ce que doit être une armée consciente de son rôle de garde neutre. Il s’agit que cette conscience reste vivace
3294 ce que doit être une armée consciente de son rôle de garde neutre. Il s’agit que cette conscience reste vivace. Que l’armé
3295 Il s’agit que cette conscience reste vivace. Que l’ armée soit proche du peuple, cela doit avoir pour effet idéal de « civ
3296 roche du peuple, cela doit avoir pour effet idéal de « civiliser » la milice et non de militariser l’esprit public. Il est
3297 cela doit avoir pour effet idéal de « civiliser » la milice et non de militariser l’esprit public. Il est important de rap
3298 our effet idéal de « civiliser » la milice et non de militariser l’esprit public. Il est important de rappeler que l’armée
3299 de « civiliser » la milice et non de militariser l’ esprit public. Il est important de rappeler que l’armée d’une fédérati
3300 de militariser l’esprit public. Il est important de rappeler que l’armée d’une fédération ne conserve sa raison d’être qu
3301 l’esprit public. Il est important de rappeler que l’ armée d’une fédération ne conserve sa raison d’être que si l’on croit
3302 public. Il est important de rappeler que l’armée d’ une fédération ne conserve sa raison d’être que si l’on croit à cette
3303 ue l’armée d’une fédération ne conserve sa raison d’ être que si l’on croit à cette fédération et à la tâche qui lui incomb
3304 ne fédération ne conserve sa raison d’être que si l’ on croit à cette fédération et à la tâche qui lui incombe au milieu de
3305 d’être que si l’on croit à cette fédération et à la tâche qui lui incombe au milieu de voisins redoutables. Il est import
3306 u milieu de voisins redoutables. Il est important de rappeler que l’armée étant chose fédérale, ne peut être l’armée d’une
3307 ins redoutables. Il est important de rappeler que l’ armée étant chose fédérale, ne peut être l’armée d’une classe, de ses
3308 er que l’armée étant chose fédérale, ne peut être l’ armée d’une classe, de ses intérêts, de son ordre. Il n’y aurait aucun
3309 ’armée étant chose fédérale, ne peut être l’armée d’ une classe, de ses intérêts, de son ordre. Il n’y aurait aucun avantag
3310 hose fédérale, ne peut être l’armée d’une classe, de ses intérêts, de son ordre. Il n’y aurait aucun avantage à combattre
3311 peut être l’armée d’une classe, de ses intérêts, de son ordre. Il n’y aurait aucun avantage à combattre l’esprit de caste
3312 n ordre. Il n’y aurait aucun avantage à combattre l’ esprit de caste si c’était pour le remplacer par un esprit de classe b
3313 Il n’y aurait aucun avantage à combattre l’esprit de caste si c’était pour le remplacer par un esprit de classe bourgeois
3314 age à combattre l’esprit de caste si c’était pour le remplacer par un esprit de classe bourgeois d’une valeur militaire bi
3315 caste si c’était pour le remplacer par un esprit de classe bourgeois d’une valeur militaire bien moindre. Enfin l’enthous
3316 ur le remplacer par un esprit de classe bourgeois d’ une valeur militaire bien moindre. Enfin l’enthousiasme entretenu auto
3317 rgeois d’une valeur militaire bien moindre. Enfin l’ enthousiasme entretenu autour de ce que l’on nomme chez nous « le mili
3318 . Enfin l’enthousiasme entretenu autour de ce que l’ on nomme chez nous « le militaire », ne saurait être légitime qu’à pro
3319 entretenu autour de ce que l’on nomme chez nous «  le militaire », ne saurait être légitime qu’à proportion du sens profond
3320 itime qu’à proportion du sens profond des raisons d’ être de la Suisse dont nous témoignons par ailleurs. N’allons pas croi
3321 u’à proportion du sens profond des raisons d’être de la Suisse dont nous témoignons par ailleurs. N’allons pas croire que
3322 proportion du sens profond des raisons d’être de la Suisse dont nous témoignons par ailleurs. N’allons pas croire que pou
3323 pour être un bon Suisse, il faut et il suffit que l’ on soit un bon soldat ! Car on ne peut être un bon soldat, chez nous,
3324 n soldat, chez nous, que si d’abord on prouve que l’ on est un bon Suisse. Après tout, notre armée n’est qu’un aspect de no
3325 uisse. Après tout, notre armée n’est qu’un aspect de notre défense fédérale. Et un aspect subordonné. Si l’on néglige à so
3326 tre défense fédérale. Et un aspect subordonné. Si l’ on néglige à son profit « le reste », on fait œuvre de mauvais Suisse,
3327 aspect subordonné. Si l’on néglige à son profit «  le reste », on fait œuvre de mauvais Suisse, car c’est ce « reste » just
3328 néglige à son profit « le reste », on fait œuvre de mauvais Suisse, car c’est ce « reste » justement qui donne un sens à
3329 c’est ce « reste » justement qui donne un sens à la fédération, donc à l’armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs
3330 stement qui donne un sens à la fédération, donc à l’ armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs que les armes matériel
3331 donne un sens à la fédération, donc à l’armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs que les armes matérielles soient p
3332 mée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs que les armes matérielles soient pour nous une défense suffisante27. Je vois
3333 lles sont nécessaires. Mais je vois aussi qu’avec la cinquantième partie de l’argent consacré à leur acquisition, on pourr
3334 Mais je vois aussi qu’avec la cinquantième partie de l’argent consacré à leur acquisition, on pourrait apporter à nos inst
3335 s je vois aussi qu’avec la cinquantième partie de l’ argent consacré à leur acquisition, on pourrait apporter à nos institu
3336 uisition, on pourrait apporter à nos institutions de haute culture, à nos savants, artistes ou écrivains, les moyens d’ass
3337 te culture, à nos savants, artistes ou écrivains, les moyens d’assurer au pays un prestige international qui nous donnerait
3338 à nos savants, artistes ou écrivains, les moyens d’ assurer au pays un prestige international qui nous donnerait peut-être
3339 ous donnerait peut-être davantage qu’une garantie d’ autonomie : une existence vraiment autonome. Le budget de la défense n
3340 ie d’autonomie : une existence vraiment autonome. Le budget de la défense nationale dans un pays dont la vraie raison d’êt
3341 omie : une existence vraiment autonome. Le budget de la défense nationale dans un pays dont la vraie raison d’être est en
3342 e : une existence vraiment autonome. Le budget de la défense nationale dans un pays dont la vraie raison d’être est en fin
3343 budget de la défense nationale dans un pays dont la vraie raison d’être est en fin de compte spirituelle, devrait comport
3344 fense nationale dans un pays dont la vraie raison d’ être est en fin de compte spirituelle, devrait comporter normalement à
3345 t à côté du budget militaire, un important budget de la culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je
3346 côté du budget militaire, un important budget de la culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je l’
3347 un important budget de la culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je l’appellerais volontiers le
3348 important budget de la culture. Je ne dis pas de l’ instruction, mais de la culture. Et je l’appellerais volontiers le bud
3349 la culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je l’appellerais volontiers le budget de la conscience
3350 culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je l’appellerais volontiers le budget de la conscience fé
3351 s pas de l’instruction, mais de la culture. Et je l’ appellerais volontiers le budget de la conscience fédérale. Car le jou
3352 ais de la culture. Et je l’appellerais volontiers le budget de la conscience fédérale. Car le jour où il existera, l’on po
3353 culture. Et je l’appellerais volontiers le budget de la conscience fédérale. Car le jour où il existera, l’on pourra dire
3354 ture. Et je l’appellerais volontiers le budget de la conscience fédérale. Car le jour où il existera, l’on pourra dire que
3355 lontiers le budget de la conscience fédérale. Car le jour où il existera, l’on pourra dire que nos hommes politiques, si r
3356 conscience fédérale. Car le jour où il existera, l’ on pourra dire que nos hommes politiques, si réellement représentatifs
3357 ques, si réellement représentatifs, dans ce pays, de l’opinion moyenne des citoyens, ont retrouvé le sens de notre destiné
3358 s, si réellement représentatifs, dans ce pays, de l’ opinion moyenne des citoyens, ont retrouvé le sens de notre destinée,
3359 , de l’opinion moyenne des citoyens, ont retrouvé le sens de notre destinée, et notre chance unique de grandeur28. ⁂ Je vo
3360 pinion moyenne des citoyens, ont retrouvé le sens de notre destinée, et notre chance unique de grandeur28. ⁂ Je vois ce qu
3361 le sens de notre destinée, et notre chance unique de grandeur28. ⁂ Je vois ce que l’on peut m’objecter : « Vous attribuez
3362 tre chance unique de grandeur28. ⁂ Je vois ce que l’ on peut m’objecter : « Vous attribuez des justifications parfois mythi
3363 hiques à des réalités qui se sont constituées par le jeu d’intérêts et de routines médiocres. Vous donnez par exemple une
3364 à des réalités qui se sont constituées par le jeu d’ intérêts et de routines médiocres. Vous donnez par exemple une valeur
3365 qui se sont constituées par le jeu d’intérêts et de routines médiocres. Vous donnez par exemple une valeur positive à un
3366 liste qui ne traduit historiquement — de même que la neutralité — qu’une crainte, un resserrement des rangs devant la mena
3367 qu’une crainte, un resserrement des rangs devant la menace extérieure29 ». Rien n’est plus vrai, et c’est très consciemme
3368 olution, sinon justement un effort pour restaurer l’ actualité perdue d’une tradition ou d’une institution ? Pour réveiller
3369 ement un effort pour restaurer l’actualité perdue d’ une tradition ou d’une institution ? Pour réveiller leurs pouvoirs cré
3370 r restaurer l’actualité perdue d’une tradition ou d’ une institution ? Pour réveiller leurs pouvoirs créateurs, leur perpét
3371 es formes existantes ? Il ne s’agit pas pour nous de « révolutionner », au sens que le bourgeois craintif prête à ce terme
3372 t pas pour nous de « révolutionner », au sens que le bourgeois craintif prête à ce terme. Nous partons, dans ce pays, d’un
3373 tif prête à ce terme. Nous partons, dans ce pays, d’ un certain nombre de structures politiques et morales, et d’une tradit
3374 . Nous partons, dans ce pays, d’un certain nombre de structures politiques et morales, et d’une tradition fédéraliste, qui
3375 in nombre de structures politiques et morales, et d’ une tradition fédéraliste, qui se trouvent réaliser, en théorie, parfo
3376 e trouvent réaliser, en théorie, parfois en fait, les « utopies » personnalistes. Nous n’avons donc pas à renverser l’ordre
3377 personnalistes. Nous n’avons donc pas à renverser l’ ordre politique existant mais à donner ou à rendre à cet ordre une sig
3378 ner ou à rendre à cet ordre une signification qui le maintienne vivant et pur contre les ennemis du dedans, afin d’être fo
3379 nification qui le maintienne vivant et pur contre les ennemis du dedans, afin d’être fort au-dehors. L’esprit bourgeois, l’
3380 es ennemis du dedans, afin d’être fort au-dehors. L’ esprit bourgeois, l’économie capitaliste, une paresse spirituelle entr
3381 , afin d’être fort au-dehors. L’esprit bourgeois, l’ économie capitaliste, une paresse spirituelle entretenue par nos école
3382 ne paresse spirituelle entretenue par nos écoles, la tentation de copier nos voisins dans les mœurs politiques et dans la
3383 irituelle entretenue par nos écoles, la tentation de copier nos voisins dans les mœurs politiques et dans la presse, tout
3384 s écoles, la tentation de copier nos voisins dans les mœurs politiques et dans la presse, tout cela menace et compromet non
3385 ier nos voisins dans les mœurs politiques et dans la presse, tout cela menace et compromet non seulement nos chances à ven
3386 compromet non seulement nos chances à venir, mais les bases politiques et morales sur lesquelles nous pouvions compter, et
3387 morales sur lesquelles nous pouvions compter, et la mission même de la Suisse. Tout cela tend à nous réduire à nos propor
3388 quelles nous pouvions compter, et la mission même de la Suisse. Tout cela tend à nous réduire à nos proportions matérielle
3389 lles nous pouvions compter, et la mission même de la Suisse. Tout cela tend à nous réduire à nos proportions matérielles,
3390 , qui sont petites, qui sont médiocres. J’ai cité le cas de la presse, se réduisant elle-même au rôle de presse locale. Il
3391 ont petites, qui sont médiocres. J’ai cité le cas de la presse, se réduisant elle-même au rôle de presse locale. Il faut b
3392 petites, qui sont médiocres. J’ai cité le cas de la presse, se réduisant elle-même au rôle de presse locale. Il faut bien
3393 cas de la presse, se réduisant elle-même au rôle de presse locale. Il faut bien dire aussi que notre fédéralisme tend sou
3394 que notre fédéralisme tend souvent à se réduire à l’ esprit de clocher, à une limitation des horizons, bien plutôt qu’il ne
3395 fédéralisme tend souvent à se réduire à l’esprit de clocher, à une limitation des horizons, bien plutôt qu’il ne favorise
3396 ation des horizons, bien plutôt qu’il ne favorise de fécondes oppositions. Notre neutralité, conçue comme une prudence, de
3397 re neutralité, conçue comme une prudence, devient la pire des imprudences au milieu de l’Europe fasciste. Notre instructio
3398 nce, devient la pire des imprudences au milieu de l’ Europe fasciste. Notre instruction publique très développée à tous les
3399 Notre instruction publique très développée à tous les degrés, mais fondée sur une conception de l’homme incroyablement étri
3400 à tous les degrés, mais fondée sur une conception de l’homme incroyablement étriquée, devient une espèce d’asepsie qui tue
3401 ous les degrés, mais fondée sur une conception de l’ homme incroyablement étriquée, devient une espèce d’asepsie qui tue le
3402 homme incroyablement étriquée, devient une espèce d’ asepsie qui tue les germes de toute création. (La culture suppose plus
3403 nt étriquée, devient une espèce d’asepsie qui tue les germes de toute création. (La culture suppose plus de folie, suppose
3404 , devient une espèce d’asepsie qui tue les germes de toute création. (La culture suppose plus de folie, suppose des contam
3405 d’asepsie qui tue les germes de toute création. ( La culture suppose plus de folie, suppose des contaminations multipliées
3406 ermes de toute création. (La culture suppose plus de folie, suppose des contaminations multipliées, des inégalités favoris
3407 re au pas des grandes économies européennes, mais de la manière la plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autant de cons
3408 au pas des grandes économies européennes, mais de la manière la plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autant de constat
3409 grandes économies européennes, mais de la manière la plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autant de constatations qui
3410 a plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autant de constatations qui dictent à notre action des objectifs immédiats. Mai
3411 iats. Mais avant toute action précise, il importe de rendre à notre peuple le sens d’un destin qui le dépasse. Petit peupl
3412 tion précise, il importe de rendre à notre peuple le sens d’un destin qui le dépasse. Petit peuple chargé d’une grande mis
3413 cise, il importe de rendre à notre peuple le sens d’ un destin qui le dépasse. Petit peuple chargé d’une grande mission ; s
3414 de rendre à notre peuple le sens d’un destin qui le dépasse. Petit peuple chargé d’une grande mission ; s’il l’oublie, il
3415 s d’un destin qui le dépasse. Petit peuple chargé d’ une grande mission ; s’il l’oublie, il étouffe bientôt dans le confort
3416 . Petit peuple chargé d’une grande mission ; s’il l’ oublie, il étouffe bientôt dans le confort et l’asepsie morale. Mais q
3417 mission ; s’il l’oublie, il étouffe bientôt dans le confort et l’asepsie morale. Mais qu’il reprenne conscience de cette
3418 l l’oublie, il étouffe bientôt dans le confort et l’ asepsie morale. Mais qu’il reprenne conscience de cette mission, et le
3419 l’asepsie morale. Mais qu’il reprenne conscience de cette mission, et le grand air de l’Europe et du monde reviendra vivi
3420 is qu’il reprenne conscience de cette mission, et le grand air de l’Europe et du monde reviendra vivifier nos pays. Il y a
3421 enne conscience de cette mission, et le grand air de l’Europe et du monde reviendra vivifier nos pays. Il y aura de nouvea
3422 e conscience de cette mission, et le grand air de l’ Europe et du monde reviendra vivifier nos pays. Il y aura de nouveau d
3423 a vivifier nos pays. Il y aura de nouveau du jeu, de la passion, des communications fécondes entre les êtres, une circulat
3424 ivifier nos pays. Il y aura de nouveau du jeu, de la passion, des communications fécondes entre les êtres, une circulation
3425 de la passion, des communications fécondes entre les êtres, une circulation des cultures, une respiration des âmes. Et cec
3426 ltures, une respiration des âmes. Et ceci qui est le plus important : des possibilités d’imaginer, donc d’innover et de vo
3427 ceci qui est le plus important : des possibilités d’ imaginer, donc d’innover et de voir grand. 17. Cette étude, publiée
3428 lus important : des possibilités d’imaginer, donc d’ innover et de voir grand. 17. Cette étude, publiée en octobre 1937 d
3429  : des possibilités d’imaginer, donc d’innover et de voir grand. 17. Cette étude, publiée en octobre 1937 dans un numéro
3430 tte étude, publiée en octobre 1937 dans un numéro de la revue Esprit consacré à la Suisse, répondait à la fois à la Lett
3431 étude, publiée en octobre 1937 dans un numéro de la revue Esprit consacré à la Suisse, répondait à la fois à la Lettre
3432 37 dans un numéro de la revue Esprit consacré à la Suisse, répondait à la fois à la Lettre que C. F. Ramuz m’adressait e
3433 prit consacré à la Suisse, répondait à la fois à la Lettre que C. F. Ramuz m’adressait en tête de ce même numéro, et au v
3434 s à la Lettre que C. F. Ramuz m’adressait en tête de ce même numéro, et au volume qu’il venait d’intituler : Questions. (N
3435 tête de ce même numéro, et au volume qu’il venait d’ intituler : Questions. (Note de 1940.) 18. Les guerres qui nous menac
3436 olume qu’il venait d’intituler : Questions. (Note de 1940.) 18. Les guerres qui nous menacent n’opposeront pas seulement
3437 ait d’intituler : Questions. (Note de 1940.) 18. Les guerres qui nous menacent n’opposeront pas seulement des colonnes mot
3438 ent des colonnes motorisées, mais des conceptions de l’homme, de l’État, et des religions, des partis pris spirituels bien
3439 des colonnes motorisées, mais des conceptions de l’ homme, de l’État, et des religions, des partis pris spirituels bien pl
3440 nnes motorisées, mais des conceptions de l’homme, de l’État, et des religions, des partis pris spirituels bien plus puissa
3441 s motorisées, mais des conceptions de l’homme, de l’ État, et des religions, des partis pris spirituels bien plus puissants
3442 es partis pris spirituels bien plus puissants que les armées. 19. Par exemple : les droits des communes et ceux du canton 
3443 plus puissants que les armées. 19. Par exemple : les droits des communes et ceux du canton ; les droits des cantons et ceu
3444 ple : les droits des communes et ceux du canton ; les droits des cantons et ceux de la Confédération ; les droits de la Sui
3445 t ceux du canton ; les droits des cantons et ceux de la Confédération ; les droits de la Suisse et ceux de l’Europe ; imag
3446 eux du canton ; les droits des cantons et ceux de la Confédération ; les droits de la Suisse et ceux de l’Europe ; images
3447 droits des cantons et ceux de la Confédération ; les droits de la Suisse et ceux de l’Europe ; images et conséquences à la
3448 cantons et ceux de la Confédération ; les droits de la Suisse et ceux de l’Europe ; images et conséquences à la fois de l
3449 ntons et ceux de la Confédération ; les droits de la Suisse et ceux de l’Europe ; images et conséquences à la fois de l’éq
3450 a Confédération ; les droits de la Suisse et ceux de l’Europe ; images et conséquences à la fois de l’équilibre fondamenta
3451 onfédération ; les droits de la Suisse et ceux de l’ Europe ; images et conséquences à la fois de l’équilibre fondamental e
3452 ux de l’Europe ; images et conséquences à la fois de l’équilibre fondamental entre les droits de la personne et ceux de la
3453 de l’Europe ; images et conséquences à la fois de l’ équilibre fondamental entre les droits de la personne et ceux de la co
3454 uences à la fois de l’équilibre fondamental entre les droits de la personne et ceux de la communauté. 20. On pourrait sign
3455 fois de l’équilibre fondamental entre les droits de la personne et ceux de la communauté. 20. On pourrait signaler aussi
3456 is de l’équilibre fondamental entre les droits de la personne et ceux de la communauté. 20. On pourrait signaler aussi la
3457 ndamental entre les droits de la personne et ceux de la communauté. 20. On pourrait signaler aussi la garde de la papauté
3458 mental entre les droits de la personne et ceux de la communauté. 20. On pourrait signaler aussi la garde de la papauté, e
3459 de la communauté. 20. On pourrait signaler aussi la garde de la papauté, en tant qu’institution d’intérêt universel et no
3460 munauté. 20. On pourrait signaler aussi la garde de la papauté, en tant qu’institution d’intérêt universel et non nationa
3461 auté. 20. On pourrait signaler aussi la garde de la papauté, en tant qu’institution d’intérêt universel et non national.
3462 si la garde de la papauté, en tant qu’institution d’ intérêt universel et non national. Mais c’est plutôt une survivance hi
3463 est plutôt une survivance historique qu’un aspect de la mission commune à tous les Suisses. Notons encore que le siège du
3464 plutôt une survivance historique qu’un aspect de la mission commune à tous les Suisses. Notons encore que le siège du Con
3465 torique qu’un aspect de la mission commune à tous les Suisses. Notons encore que le siège du Conseil œcuménique de toutes l
3466 ion commune à tous les Suisses. Notons encore que le siège du Conseil œcuménique de toutes les Églises non romaines a été
3467 Notons encore que le siège du Conseil œcuménique de toutes les Églises non romaines a été fixé à Genève. Ici, il s’agit p
3468 core que le siège du Conseil œcuménique de toutes les Églises non romaines a été fixé à Genève. Ici, il s’agit plutôt d’un
3469 maines a été fixé à Genève. Ici, il s’agit plutôt d’ un germe, d’un avenir. 21. Quant à la civilisation britannique, elle
3470 fixé à Genève. Ici, il s’agit plutôt d’un germe, d’ un avenir. 21. Quant à la civilisation britannique, elle fut, pour no
3471 agit plutôt d’un germe, d’un avenir. 21. Quant à la civilisation britannique, elle fut, pour nous, de la Réforme jusqu’au
3472 la civilisation britannique, elle fut, pour nous, de la Réforme jusqu’au xixe siècle, une quatrième voisine spirituelle.
3473 civilisation britannique, elle fut, pour nous, de la Réforme jusqu’au xixe siècle, une quatrième voisine spirituelle. 22
3474 pirituelle. 22. Je rappelle que ces pages datent de 1937. 23. À l’est de la Suisse romande, s’entend. 24. En passant :
3475 Je rappelle que ces pages datent de 1937. 23. À l’ est de la Suisse romande, s’entend. 24. En passant : nos grands artis
3476 ppelle que ces pages datent de 1937. 23. À l’est de la Suisse romande, s’entend. 24. En passant : nos grands artistes ou
3477 lle que ces pages datent de 1937. 23. À l’est de la Suisse romande, s’entend. 24. En passant : nos grands artistes ou éc
3478 dans plusieurs domaines, s’interdisant peut-être, de la sorte, d’égaler les maîtres de première grandeur. Nicolas Manuel f
3479 s plusieurs domaines, s’interdisant peut-être, de la sorte, d’égaler les maîtres de première grandeur. Nicolas Manuel fut
3480 s domaines, s’interdisant peut-être, de la sorte, d’ égaler les maîtres de première grandeur. Nicolas Manuel fut peintre, a
3481 s, s’interdisant peut-être, de la sorte, d’égaler les maîtres de première grandeur. Nicolas Manuel fut peintre, architecte,
3482 sant peut-être, de la sorte, d’égaler les maîtres de première grandeur. Nicolas Manuel fut peintre, architecte, soldat, dr
3483 Rousseau musicien, philosophe et éducateur. 25. La Genève des beaux jours de la SDN semblait devoir renouveler ce rayonn
3484 ophe et éducateur. 25. La Genève des beaux jours de la SDN semblait devoir renouveler ce rayonnement. Asile ou lieu d’éle
3485 e et éducateur. 25. La Genève des beaux jours de la SDN semblait devoir renouveler ce rayonnement. Asile ou lieu d’électi
3486 t devoir renouveler ce rayonnement. Asile ou lieu d’ élection d’Européens comme Ferrero ou Thibaudet ; agence de liaison de
3487 nouveler ce rayonnement. Asile ou lieu d’élection d’ Européens comme Ferrero ou Thibaudet ; agence de liaison de nos cultur
3488 n d’Européens comme Ferrero ou Thibaudet ; agence de liaison de nos cultures grâce à la très remarquable Revue de Genève
3489 ns comme Ferrero ou Thibaudet ; agence de liaison de nos cultures grâce à la très remarquable Revue de Genève de Robert
3490 audet ; agence de liaison de nos cultures grâce à la très remarquable Revue de Genève de Robert de Traz ; centre du reno
3491 e nos cultures grâce à la très remarquable Revue de Genève de Robert de Traz ; centre du renouveau calviniste ; laborato
3492 az ; centre du renouveau calviniste ; laboratoire de pédagogie (Institut Rousseau) et de psychanalyse, siège d’innombrable
3493 ; laboratoire de pédagogie (Institut Rousseau) et de psychanalyse, siège d’innombrables institutions internationales… Le c
3494 gie (Institut Rousseau) et de psychanalyse, siège d’ innombrables institutions internationales… Le caractère factice de la
3495 iège d’innombrables institutions internationales… Le caractère factice de la SDN devait par malheur compromettre dès le ge
3496 nstitutions internationales… Le caractère factice de la SDN devait par malheur compromettre dès le germe cette renaissance
3497 itutions internationales… Le caractère factice de la SDN devait par malheur compromettre dès le germe cette renaissance.
3498 ice de la SDN devait par malheur compromettre dès le germe cette renaissance. 26. Il est curieux de noter, à ce propos, q
3499 s le germe cette renaissance. 26. Il est curieux de noter, à ce propos, que le groupe de l’Ordre nouveau avait déduit, de
3500 e. 26. Il est curieux de noter, à ce propos, que le groupe de l’Ordre nouveau avait déduit, de ses principes fondamentaux
3501 est curieux de noter, à ce propos, que le groupe de l’Ordre nouveau avait déduit, de ses principes fondamentaux, un proje
3502 s, que le groupe de l’Ordre nouveau avait déduit, de ses principes fondamentaux, un projet d’organisation tout analogue po
3503 déduit, de ses principes fondamentaux, un projet d’ organisation tout analogue pour l’armée d’un état personnaliste. 27.
3504 taux, un projet d’organisation tout analogue pour l’ armée d’un état personnaliste. 27. « La Suisse a dû prendre au cours
3505 projet d’organisation tout analogue pour l’armée d’ un état personnaliste. 27. « La Suisse a dû prendre au cours de ces d
3506 ogue pour l’armée d’un état personnaliste. 27. «  La Suisse a dû prendre au cours de ces dernières années, pour sa défense
3507 r sa défense militaire et économique, des mesures d’ une ampleur auparavant inconnue. Cependant les milieux les plus divers
3508 ures d’une ampleur auparavant inconnue. Cependant les milieux les plus divers reconnaissent qu’il n’est plus possible de s’
3509 mpleur auparavant inconnue. Cependant les milieux les plus divers reconnaissent qu’il n’est plus possible de s’en tenir à c
3510 us divers reconnaissent qu’il n’est plus possible de s’en tenir à cette seule défense. » Message du Conseil fédéral, du 9
3511 Message du Conseil fédéral, du 9 nov. 1938. (Note de 1940.) 28. Ce vœu que j’émettais en 1937 s’est vu exaucé l’année sui
3512 28. Ce vœu que j’émettais en 1937 s’est vu exaucé l’ année suivante. Voir le très remarquable Message du Conseil fédéral du
3513 is en 1937 s’est vu exaucé l’année suivante. Voir le très remarquable Message du Conseil fédéral du 9 nov. 1938, annonçant
3514 l fédéral du 9 nov. 1938, annonçant et commentant l’ institution de la Fondation Pro Helvetia. L’instrument existe. Il s’ag
3515 nov. 1938, annonçant et commentant l’institution de la Fondation Pro Helvetia. L’instrument existe. Il s’agit maintenant
3516 v. 1938, annonçant et commentant l’institution de la Fondation Pro Helvetia. L’instrument existe. Il s’agit maintenant de
3517 ntant l’institution de la Fondation Pro Helvetia. L’ instrument existe. Il s’agit maintenant de s’en servir, largement, et
3518 lvetia. L’instrument existe. Il s’agit maintenant de s’en servir, largement, et vite. (Note de 1940.) 29. Ce fut le cas e
3519 ntenant de s’en servir, largement, et vite. (Note de 1940.) 29. Ce fut le cas en 1814-1815, lorsque les députés de la Con
3520 , largement, et vite. (Note de 1940.) 29. Ce fut le cas en 1814-1815, lorsque les députés de la Confédération demandèrent
3521 e 1940.) 29. Ce fut le cas en 1814-1815, lorsque les députés de la Confédération demandèrent au congrès de Vienne la recon
3522 . Ce fut le cas en 1814-1815, lorsque les députés de la Confédération demandèrent au congrès de Vienne la reconnaissance d
3523 e fut le cas en 1814-1815, lorsque les députés de la Confédération demandèrent au congrès de Vienne la reconnaissance de l
3524 éputés de la Confédération demandèrent au congrès de Vienne la reconnaissance de leur neutralité : on craignait que de nou
3525 la Confédération demandèrent au congrès de Vienne la reconnaissance de leur neutralité : on craignait que de nouvelles gue
3526 emandèrent au congrès de Vienne la reconnaissance de leur neutralité : on craignait que de nouvelles guerres franco-allema
3527 onnaissance de leur neutralité : on craignait que de nouvelles guerres franco-allemandes ne dissociassent le lien des cant
3528 velles guerres franco-allemandes ne dissociassent le lien des cantons, et l’on avait par trop souffert de la grande politi
3529 lemandes ne dissociassent le lien des cantons, et l’ on avait par trop souffert de la grande politique des voisins. 30. Da
3530 lien des cantons, et l’on avait par trop souffert de la grande politique des voisins. 30. Dans toutes les classes sociale
3531 n des cantons, et l’on avait par trop souffert de la grande politique des voisins. 30. Dans toutes les classes sociales,
3532 la grande politique des voisins. 30. Dans toutes les classes sociales, bien entendu !
5 1940, Mission ou démission de la Suisse. La Suisse que nous devons défendre
3533 La Suisse que nous devons défendre31 Les voix que rien n’arrête
3534 La Suisse que nous devons défendre31 Les voix que rien n’arrête Nous sommes là, nous sommes prêts. Nous avo
3535 un fossé. Nous avons hermétiquement fermé toutes les fissures, et plus rien ne passe. Murailles naturelles, Alpes, fleuves
3536 ortifiée, pièces chargées, et derrière tout cela, l’ armée qui guette et qui travaille encore dans les forêts, dans les rav
3537 , l’armée qui guette et qui travaille encore dans les forêts, dans les ravins et dans les champs neigeux ; et derrière l’ar
3538 tte et qui travaille encore dans les forêts, dans les ravins et dans les champs neigeux ; et derrière l’armée, un peuple en
3539 e encore dans les forêts, dans les ravins et dans les champs neigeux ; et derrière l’armée, un peuple entier qui guette, et
3540 s ravins et dans les champs neigeux ; et derrière l’ armée, un peuple entier qui guette, et qui travaille lui aussi jour et
3541 te, et qui travaille lui aussi jour et nuit, dans les bureaux et les usines — pour que rien ne passe. Frontières closes, pa
3542 aille lui aussi jour et nuit, dans les bureaux et les usines — pour que rien ne passe. Frontières closes, pays forclos, rec
3543 ières doivent suffire, et suffiront, pour arrêter les hommes, les chars d’assaut et les armées d’envahissement. Certes, nou
3544 t suffire, et suffiront, pour arrêter les hommes, les chars d’assaut et les armées d’envahissement. Certes, nous sommes mat
3545 et suffiront, pour arrêter les hommes, les chars d’ assaut et les armées d’envahissement. Certes, nous sommes matérielleme
3546 t, pour arrêter les hommes, les chars d’assaut et les armées d’envahissement. Certes, nous sommes matériellement en état de
3547 êter les hommes, les chars d’assaut et les armées d’ envahissement. Certes, nous sommes matériellement en état de garder no
3548 ement. Certes, nous sommes matériellement en état de garder nos frontières. Mais les plus épaisses murailles ne peuvent ar
3549 riellement en état de garder nos frontières. Mais les plus épaisses murailles ne peuvent arrêter certaines voix. Voix insin
3550 ailleurs, ou si elles parlent en nous-mêmes. Voix d’ une angoisse très secrète, tentatrice, voix comparables à ces siffleme
3551 atrice, voix comparables à ces sifflements pleins de mystères qui circulent au-dessus de l’Europe et que parfois, quand vo
3552 ements pleins de mystères qui circulent au-dessus de l’Europe et que parfois, quand vous cherchez un poste de radio, vous
3553 nts pleins de mystères qui circulent au-dessus de l’ Europe et que parfois, quand vous cherchez un poste de radio, vous cap
3554 rope et que parfois, quand vous cherchez un poste de radio, vous captez sans le vouloir, en passant. Que signifient ces pa
3555 vous cherchez un poste de radio, vous captez sans le vouloir, en passant. Que signifient ces parasites gênants ? Pourquoi
3556 uoi ne tenterions-nous pas, une fois pour toutes, de déchiffrer ces messages secrets, que rien ne saurait empêcher de pass
3557 es messages secrets, que rien ne saurait empêcher de passer, et qui peut-être vont nous apporter des nouvelles beaucoup mo
3558 rter des nouvelles beaucoup moins rassurantes que les discours patriotiques et officiels ? Figurez-vous que vous êtes, en c
3559 us que vous êtes, en cet instant, devant un poste de radio, et que j’arrête tout exprès le petit trait lumineux du cadran
3560 nt un poste de radio, et que j’arrête tout exprès le petit trait lumineux du cadran sur l’un de ces endroits indéfinis d’o
3561 exprès le petit trait lumineux du cadran sur l’un de ces endroits indéfinis d’où nous vient l’inquiétante voix. Le son s’a
3562 neux du cadran sur l’un de ces endroits indéfinis d’ où nous vient l’inquiétante voix. Le son s’amplifie, se précise. C’est
3563 ur l’un de ces endroits indéfinis d’où nous vient l’ inquiétante voix. Le son s’amplifie, se précise. C’est la voix de l’Eu
3564 its indéfinis d’où nous vient l’inquiétante voix. Le son s’amplifie, se précise. C’est la voix de l’Europe moderne. Que no
3565 étante voix. Le son s’amplifie, se précise. C’est la voix de l’Europe moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de l’interp
3566 oix. Le son s’amplifie, se précise. C’est la voix de l’Europe moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de l’interpréter. D
3567 . Le son s’amplifie, se précise. C’est la voix de l’ Europe moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de l’interpréter. Depu
3568 l’Europe moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de l’interpréter. Depuis une dizaine d’années, et plus précisément depui
3569 urope moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de l’ interpréter. Depuis une dizaine d’années, et plus précisément depuis 1
3570 J’essaierai de l’interpréter. Depuis une dizaine d’ années, et plus précisément depuis 1933, la face de l’Europe a changé.
3571 izaine d’années, et plus précisément depuis 1933, la face de l’Europe a changé. Il est temps de nous en rendre compte. Aut
3572 ’années, et plus précisément depuis 1933, la face de l’Europe a changé. Il est temps de nous en rendre compte. Autrefois,
3573 nées, et plus précisément depuis 1933, la face de l’ Europe a changé. Il est temps de nous en rendre compte. Autrefois, et
3574 1933, la face de l’Europe a changé. Il est temps de nous en rendre compte. Autrefois, et naguère encore, il suffisait à u
3575 ois, et naguère encore, il suffisait à une nation de déclarer son sol sacré, pour avoir le droit de le défendre jusqu’à la
3576 une nation de déclarer son sol sacré, pour avoir le droit de le défendre jusqu’à la dernière goutte du sang des citoyens.
3577 on de déclarer son sol sacré, pour avoir le droit de le défendre jusqu’à la dernière goutte du sang des citoyens. Assurer,
3578 de déclarer son sol sacré, pour avoir le droit de le défendre jusqu’à la dernière goutte du sang des citoyens. Assurer, le
3579 la dernière goutte du sang des citoyens. Assurer, les armes à la main, l’intégrité du sol de la patrie, voilà qui ne faisai
3580 goutte du sang des citoyens. Assurer, les armes à la main, l’intégrité du sol de la patrie, voilà qui ne faisait pas de qu
3581 sang des citoyens. Assurer, les armes à la main, l’ intégrité du sol de la patrie, voilà qui ne faisait pas de question. I
3582 Assurer, les armes à la main, l’intégrité du sol de la patrie, voilà qui ne faisait pas de question. Il n’y avait pas d’a
3583 surer, les armes à la main, l’intégrité du sol de la patrie, voilà qui ne faisait pas de question. Il n’y avait pas d’autr
3584 ité du sol de la patrie, voilà qui ne faisait pas de question. Il n’y avait pas d’autre raison à chercher et à proclamer,
3585 qui ne faisait pas de question. Il n’y avait pas d’ autre raison à chercher et à proclamer, que cette raison tout instinct
3586 pouvait, en effet, conquérir un pays qu’au moyen d’ une armée, et les armées n’ont jamais occupé autre chose que du terrai
3587 et, conquérir un pays qu’au moyen d’une armée, et les armées n’ont jamais occupé autre chose que du terrain. C’était donc l
3588 s occupé autre chose que du terrain. C’était donc le terrain qu’on avait à défendre, le territoire, symbole unique, symbol
3589 . C’était donc le terrain qu’on avait à défendre, le territoire, symbole unique, symbole « sacré » de la nation. Et qu’est
3590 le territoire, symbole unique, symbole « sacré » de la nation. Et qu’est-ce que le « sacré », sinon précisément ce qui ne
3591 territoire, symbole unique, symbole « sacré » de la nation. Et qu’est-ce que le « sacré », sinon précisément ce qui ne so
3592 symbole « sacré » de la nation. Et qu’est-ce que le « sacré », sinon précisément ce qui ne souffre pas de doute, et même
3593  sacré », sinon précisément ce qui ne souffre pas de doute, et même pas de réflexion, ce qui est tabou. Or voici que depui
3594 ément ce qui ne souffre pas de doute, et même pas de réflexion, ce qui est tabou. Or voici que depuis quelques années, ce
3595 voici que depuis quelques années, ce ne sont plus les armées qui conquièrent un pays. Mais c’est d’abord la propagande. Ce
3596 rmées qui conquièrent un pays. Mais c’est d’abord la propagande. Ce n’est plus le territoire qu’on cherche à envahir, mais
3597 . Mais c’est d’abord la propagande. Ce n’est plus le territoire qu’on cherche à envahir, mais c’est en premier lieu la con
3598 ’on cherche à envahir, mais c’est en premier lieu la conscience nationale. Souvenez-vous des tragédies autrichiennes et tc
3599 s des tragédies autrichiennes et tchécoslovaques. L’ armée ne vient qu’en dernier lieu, quand le principal a été fait par l
3600 aques. L’armée ne vient qu’en dernier lieu, quand le principal a été fait par les agents secrets et les propagandistes. Et
3601 n dernier lieu, quand le principal a été fait par les agents secrets et les propagandistes. Et que disent ces propagandiste
3602 le principal a été fait par les agents secrets et les propagandistes. Et que disent ces propagandistes ? Ils proclament une
3603 out à fait nouvelle en Europe. Ils prétendent que les nations n’ont pas toutes les mêmes droits à l’existence. Autrefois, l
3604 . Ils prétendent que les nations n’ont pas toutes les mêmes droits à l’existence. Autrefois, l’on croyait volontiers que ch
3605 e les nations n’ont pas toutes les mêmes droits à l’ existence. Autrefois, l’on croyait volontiers que chaque État était vo
3606 toutes les mêmes droits à l’existence. Autrefois, l’ on croyait volontiers que chaque État était voulu de Dieu, et qu’il jo
3607 on croyait volontiers que chaque État était voulu de Dieu, et qu’il jouissait par conséquent d’une légitimité indiscutable
3608 voulu de Dieu, et qu’il jouissait par conséquent d’ une légitimité indiscutable. La propagande dont je parle dit autre cho
3609 ait par conséquent d’une légitimité indiscutable. La propagande dont je parle dit autre chose : elle dit que certains État
3610 s modernes n’ont pas été créés par Dieu, mais par le traité de Versailles. Et c’est bien vrai. Elle dit aussi que d’autres
3611 n’ont pas été créés par Dieu, mais par le traité de Versailles. Et c’est bien vrai. Elle dit aussi que d’autres États, et
3612 e dit aussi que d’autres États, et en particulier les petits États, ont été créés, eux aussi par d’autres traités plus anci
3613 us anciens, qui se trouvent en contradiction avec l’ évolution récente de l’Histoire. Elle proclame que les nations « jeune
3614 rouvent en contradiction avec l’évolution récente de l’Histoire. Elle proclame que les nations « jeunes » et « dynamiques 
3615 vent en contradiction avec l’évolution récente de l’ Histoire. Elle proclame que les nations « jeunes » et « dynamiques » o
3616 volution récente de l’Histoire. Elle proclame que les nations « jeunes » et « dynamiques » ont droit à un espace vital, leq
3617 al, lequel espace englobe, comme par hasard, tous les pays voisins qui sont trop petits pour se défendre seuls. Au nom de c
3618 tits pour se défendre seuls. Au nom de ce concept d’ espace vital, elle déclare donc que ces États n’ont plus de « raison d
3619 vital, elle déclare donc que ces États n’ont plus de « raison d’être historique ». Pour peu qu’elle arrive à le faire croi
3620 déclare donc que ces États n’ont plus de « raison d’ être historique ». Pour peu qu’elle arrive à le faire croire, soit aux
3621 on d’être historique ». Pour peu qu’elle arrive à le faire croire, soit aux masses, soit plutôt à certains dirigeants, la
3622 it aux masses, soit plutôt à certains dirigeants, la victoire lui est acquise d’avance. Et les ceintures de fortification
3623 certains dirigeants, la victoire lui est acquise d’ avance. Et les ceintures de fortification les mieux conçues — comme la
3624 igeants, la victoire lui est acquise d’avance. Et les ceintures de fortification les mieux conçues — comme la ligne Maginot
3625 ctoire lui est acquise d’avance. Et les ceintures de fortification les mieux conçues — comme la ligne Maginot des Tchèques
3626 quise d’avance. Et les ceintures de fortification les mieux conçues — comme la ligne Maginot des Tchèques — ne serviront de
3627 ntures de fortification les mieux conçues — comme la ligne Maginot des Tchèques — ne serviront de rien, au jour choisi par
3628 omme la ligne Maginot des Tchèques — ne serviront de rien, au jour choisi par l’attaquant, parce que, des centres vitaux d
3629 hèques — ne serviront de rien, au jour choisi par l’ attaquant, parce que, des centres vitaux du pays, les ordres seront dé
3630 attaquant, parce que, des centres vitaux du pays, les ordres seront déjà donnés dans la langue de l’envahisseur. Voici alor
3631 itaux du pays, les ordres seront déjà donnés dans la langue de l’envahisseur. Voici alors ce que nous disent ces voix euro
3632 ays, les ordres seront déjà donnés dans la langue de l’envahisseur. Voici alors ce que nous disent ces voix européennes qu
3633 , les ordres seront déjà donnés dans la langue de l’ envahisseur. Voici alors ce que nous disent ces voix européennes que r
3634 que nous fassions : elles nous demandent, à nous les Suisses, si nous avons encore une raison d’être, si nous osons encore
3635 nous les Suisses, si nous avons encore une raison d’ être, si nous osons encore la proclamer, et si nous en gardons encore
3636 ns encore une raison d’être, si nous osons encore la proclamer, et si nous en gardons encore une conscience claire et fort
3637 ience claire et forte. Elles nous mettent au défi de produire le pourquoi de notre défense, le pourquoi de notre volonté d
3638 et forte. Elles nous mettent au défi de produire le pourquoi de notre défense, le pourquoi de notre volonté d’autonomie.
3639 lles nous mettent au défi de produire le pourquoi de notre défense, le pourquoi de notre volonté d’autonomie. Elles nous f
3640 au défi de produire le pourquoi de notre défense, le pourquoi de notre volonté d’autonomie. Elles nous forcent, non sans b
3641 roduire le pourquoi de notre défense, le pourquoi de notre volonté d’autonomie. Elles nous forcent, non sans brutalité, à
3642 oi de notre défense, le pourquoi de notre volonté d’ autonomie. Elles nous forcent, non sans brutalité, à dire enfin ce qui
3643 , à nous Suisses. Elles nous demandent quelle est la Suisse que nous sommes décidés à défendre. Voilà le défi que nous adr
3644 Suisse que nous sommes décidés à défendre. Voilà le défi que nous adresse l’Europe moderne. Il s’agit maintenant d’y répo
3645 écidés à défendre. Voilà le défi que nous adresse l’ Europe moderne. Il s’agit maintenant d’y répondre. Nous ne pouvons plu
3646 us adresse l’Europe moderne. Il s’agit maintenant d’ y répondre. Nous ne pouvons plus nous contenter de déclarer que notre
3647 d’y répondre. Nous ne pouvons plus nous contenter de déclarer que notre Confédération fut autrefois voulue par Dieu. Il no
3648 us faut nous demander maintenant si vraiment Dieu la veut encore. Redoutable question, je le vois bien. Mais nous ne pouvo
3649 ment Dieu la veut encore. Redoutable question, je le vois bien. Mais nous ne pouvons plus l’éviter. Nous ne pouvons plus n
3650 stion, je le vois bien. Mais nous ne pouvons plus l’ éviter. Nous ne pouvons plus nous boucher les oreilles. Nous ne pouvon
3651 plus l’éviter. Nous ne pouvons plus nous boucher les oreilles. Nous ne pouvons plus nous mettre à l’abri de notre histoire
3652 les oreilles. Nous ne pouvons plus nous mettre à l’ abri de notre histoire, ou de nos Alpes, ou simplement de nos habitude
3653 eilles. Nous ne pouvons plus nous mettre à l’abri de notre histoire, ou de nos Alpes, ou simplement de nos habitudes ances
3654 s plus nous mettre à l’abri de notre histoire, ou de nos Alpes, ou simplement de nos habitudes ancestrales. À la question
3655 de notre histoire, ou de nos Alpes, ou simplement de nos habitudes ancestrales. À la question nouvelle que nous pose la gr
3656 es, ou simplement de nos habitudes ancestrales. À la question nouvelle que nous pose la grande révolution européenne, il s
3657 ancestrales. À la question nouvelle que nous pose la grande révolution européenne, il s’agit maintenant de donner une répo
3658 rande révolution européenne, il s’agit maintenant de donner une réponse dont dépendra notre existence. Nous avons fait ser
3659 épendra notre existence. Nous avons fait serment, le 2 septembre, de défendre la Suisse jusqu’à la mort. Eh bien, il serai
3660 istence. Nous avons fait serment, le 2 septembre, de défendre la Suisse jusqu’à la mort. Eh bien, il serait fou de mourir
3661 s avons fait serment, le 2 septembre, de défendre la Suisse jusqu’à la mort. Eh bien, il serait fou de mourir pour une Sui
3662 nt, le 2 septembre, de défendre la Suisse jusqu’à la mort. Eh bien, il serait fou de mourir pour une Suisse dont nous ne s
3663 la Suisse jusqu’à la mort. Eh bien, il serait fou de mourir pour une Suisse dont nous ne serions pas sûrs qu’elle a le dro
3664 ne Suisse dont nous ne serions pas sûrs qu’elle a le droit et le devoir d’exister, devant Dieu. On n’a pas le droit de mou
3665 nt nous ne serions pas sûrs qu’elle a le droit et le devoir d’exister, devant Dieu. On n’a pas le droit de mourir pour que
3666 serions pas sûrs qu’elle a le droit et le devoir d’ exister, devant Dieu. On n’a pas le droit de mourir pour quelque chose
3667 t et le devoir d’exister, devant Dieu. On n’a pas le droit de mourir pour quelque chose qui ne fournit pas des raisons de
3668 evoir d’exister, devant Dieu. On n’a pas le droit de mourir pour quelque chose qui ne fournit pas des raisons de vivre. No
3669 pour quelque chose qui ne fournit pas des raisons de vivre. Notre serment nous engage donc AUSSI à prendre conscience des
3670 ngage donc AUSSI à prendre conscience des raisons de vivre de la Suisse, et de nos raisons de vivre en tant que Suisses.
3671 c AUSSI à prendre conscience des raisons de vivre de la Suisse, et de nos raisons de vivre en tant que Suisses. Nos pr
3672 USSI à prendre conscience des raisons de vivre de la Suisse, et de nos raisons de vivre en tant que Suisses. Nos privi
3673 conscience des raisons de vivre de la Suisse, et de nos raisons de vivre en tant que Suisses. Nos privilèges Si no
3674 raisons de vivre de la Suisse, et de nos raisons de vivre en tant que Suisses. Nos privilèges Si nous voulons pren
3675 Si nous voulons prendre une conscience sérieuse de nos vraies raisons d’être et de persévérer, il nous faut tout d’abord
3676 dre une conscience sérieuse de nos vraies raisons d’ être et de persévérer, il nous faut tout d’abord écarter un certain no
3677 nscience sérieuse de nos vraies raisons d’être et de persévérer, il nous faut tout d’abord écarter un certain nombre de fa
3678 nous faut tout d’abord écarter un certain nombre de fausses raisons et d’illusions, de phrases toutes faites et de cliché
3679 d écarter un certain nombre de fausses raisons et d’ illusions, de phrases toutes faites et de clichés patriotiques. Vous n
3680 certain nombre de fausses raisons et d’illusions, de phrases toutes faites et de clichés patriotiques. Vous ne vous étonne
3681 isons et d’illusions, de phrases toutes faites et de clichés patriotiques. Vous ne vous étonnerez donc pas trop si je cons
3682 z donc pas trop si je consacre la première partie de cette étude à la critique, pour ne pas dire au dégonflage de ces clic
3683 i je consacre la première partie de cette étude à la critique, pour ne pas dire au dégonflage de ces clichés. Notre assemb
3684 ude à la critique, pour ne pas dire au dégonflage de ces clichés. Notre assemblée, et ce discours, seraient inutiles, si n
3685 et si nous ne trouvions pas ensemble, par dessous les grandes phrases habituelles, certaines réalités solides qui valent la
3686 abituelles, certaines réalités solides qui valent la peine d’être affirmées sans rhétorique. Nous entendons dire, très sou
3687 s, certaines réalités solides qui valent la peine d’ être affirmées sans rhétorique. Nous entendons dire, très souvent, que
3688 hétorique. Nous entendons dire, très souvent, que la Suisse mérite d’être défendue parce qu’elle détient d’immenses privil
3689 ntendons dire, très souvent, que la Suisse mérite d’ être défendue parce qu’elle détient d’immenses privilèges. Admettons c
3690 isse mérite d’être défendue parce qu’elle détient d’ immenses privilèges. Admettons ce point de vue, pour l’instant. Quels
3691 enses privilèges. Admettons ce point de vue, pour l’ instant. Quels sont donc ces grands privilèges ? J’en citerai trois, q
3692 ges ? J’en citerai trois, qui sont sans contredit les plus illustres : d’abord notre nature incomparable, ensuite nos liber
3693 é, solennellement garantie depuis 1815 par toutes les grandes puissances européennes. Voilà, n’est-ce pas, trois belles et
3694 ilà, n’est-ce pas, trois belles et bonnes raisons de nous montrer fiers de notre Suisse ? Certes. Mais il convient de se d
3695 is belles et bonnes raisons de nous montrer fiers de notre Suisse ? Certes. Mais il convient de se demander ce que valent
3696 fiers de notre Suisse ? Certes. Mais il convient de se demander ce que valent ces fameux privilèges dans l’Europe toute n
3697 demander ce que valent ces fameux privilèges dans l’ Europe toute nouvelle où nous vivons en ce début de 1940. Il convient
3698 ’Europe toute nouvelle où nous vivons en ce début de 1940. Il convient de se demander s’ils sont de purs et simples privil
3699 e où nous vivons en ce début de 1940. Il convient de se demander s’ils sont de purs et simples privilèges, ou s’ils ne com
3700 ut de 1940. Il convient de se demander s’ils sont de purs et simples privilèges, ou s’ils ne comporteraient pas aussi des
3701 nt pas aussi des devoirs ; ensuite, s’il y a lieu de s’en vanter ; enfin, s’ils représentent pratiquement des garanties po
3702 s’ils ne peuvent pas fournir certains prétextes à la violer. Sommes-nous « à la hauteur » de notre nature ? La Suiss
3703 ertains prétextes à la violer. Sommes-nous « à la hauteur » de notre nature ? La Suisse est belle, c’est entendu, c’
3704 xtes à la violer. Sommes-nous « à la hauteur » de notre nature ? La Suisse est belle, c’est entendu, c’est connu dan
3705 Sommes-nous « à la hauteur » de notre nature ? La Suisse est belle, c’est entendu, c’est connu dans le monde entier. On
3706 Suisse est belle, c’est entendu, c’est connu dans le monde entier. On a fait avec cela beaucoup de littérature de manuels
3707 tier. On a fait avec cela beaucoup de littérature de manuels — et en même temps, pas mal d’argent, je crois. Tant pis pour
3708 ittérature de manuels — et en même temps, pas mal d’ argent, je crois. Tant pis pour les manuels, et tant mieux pour l’arge
3709 temps, pas mal d’argent, je crois. Tant pis pour les manuels, et tant mieux pour l’argent. Mais le fait est qu’on a coutum
3710 is. Tant pis pour les manuels, et tant mieux pour l’ argent. Mais le fait est qu’on a coutume de parler de nos Alpes soit d
3711 ur les manuels, et tant mieux pour l’argent. Mais le fait est qu’on a coutume de parler de nos Alpes soit d’un point de vu
3712 x pour l’argent. Mais le fait est qu’on a coutume de parler de nos Alpes soit d’un point de vue purement sentimental, soit
3713 rgent. Mais le fait est qu’on a coutume de parler de nos Alpes soit d’un point de vue purement sentimental, soit d’un poin
3714 t est qu’on a coutume de parler de nos Alpes soit d’ un point de vue purement sentimental, soit d’un point de vue purement
3715 soit d’un point de vue purement sentimental, soit d’ un point de vue purement utilitaire ou touristique, en style de Männer
3716 vue purement utilitaire ou touristique, en style de Männerchor ou en style d’hôteliers. C’est-à-dire trop haut ou trop ba
3717 u touristique, en style de Männerchor ou en style d’ hôteliers. C’est-à-dire trop haut ou trop bas. Qu’on y prenne garde ce
3718 les et nos glaciers « sublimes », il n’y a pas là de quoi nous vanter ! D’abord ce n’est pas notre faute, car nous ne somm
3719 ns notre géographie. Ensuite, si nous bénéficions d’ un privilège aussi considérable, il s’agirait de nous en rendre dignes
3720 s d’un privilège aussi considérable, il s’agirait de nous en rendre dignes, avant même que de le défendre. Le seul moyen d
3721 ’agirait de nous en rendre dignes, avant même que de le défendre. Le seul moyen de conserver un privilège, après tout, c’e
3722 irait de nous en rendre dignes, avant même que de le défendre. Le seul moyen de conserver un privilège, après tout, c’est
3723 en rendre dignes, avant même que de le défendre. Le seul moyen de conserver un privilège, après tout, c’est de le mériter
3724 nes, avant même que de le défendre. Le seul moyen de conserver un privilège, après tout, c’est de le mériter. Or nous chan
3725 oyen de conserver un privilège, après tout, c’est de le mériter. Or nous chantons nos lacs d’azur, nous chantons nos glaci
3726 n de conserver un privilège, après tout, c’est de le mériter. Or nous chantons nos lacs d’azur, nous chantons nos glaciers
3727 t, c’est de le mériter. Or nous chantons nos lacs d’ azur, nous chantons nos glaciers qui touchent aux cieux, et nous en re
3728 ciers qui touchent aux cieux, et nous en retirons d’ importants bénéfices, mais nous oublions trop souvent que tout cela, p
3729 que tout cela, précisément, peut tenter certains de nos voisins… Ne seraient-ils pas aussi capables que nous de chanter e
3730 sins… Ne seraient-ils pas aussi capables que nous de chanter et de gagner de l’argent, si nous étions contraints de leur c
3731 ent-ils pas aussi capables que nous de chanter et de gagner de l’argent, si nous étions contraints de leur céder la place 
3732 s aussi capables que nous de chanter et de gagner de l’argent, si nous étions contraints de leur céder la place ? Sommes-n
3733 ussi capables que nous de chanter et de gagner de l’ argent, si nous étions contraints de leur céder la place ? Sommes-nous
3734 de gagner de l’argent, si nous étions contraints de leur céder la place ? Sommes-nous vraiment plus dignes et plus consci
3735 l’argent, si nous étions contraints de leur céder la place ? Sommes-nous vraiment plus dignes et plus conscients que d’aut
3736 conscients que d’autres des charges que supposent de pareils avantages ? Il est une page de Victor Hugo à laquelle je ne p
3737 supposent de pareils avantages ? Il est une page de Victor Hugo à laquelle je ne puis m’empêcher de penser, non sans mali
3738 e de Victor Hugo à laquelle je ne puis m’empêcher de penser, non sans malice, vous allez le voir, lorsque j’entends vanter
3739 m’empêcher de penser, non sans malice, vous allez le voir, lorsque j’entends vanter avec intempérance notre nature « incom
3740 mpérance notre nature « incomparable ». C’est une de ces pages excessives dans ses antithèses, comme en trouve beaucoup da
3741 ans ses antithèses, comme en trouve beaucoup dans l’ œuvre de Hugo, et qui, malgré l’excès et la bizarrerie du style, repré
3742 antithèses, comme en trouve beaucoup dans l’œuvre de Hugo, et qui, malgré l’excès et la bizarrerie du style, représente à
3743 uve beaucoup dans l’œuvre de Hugo, et qui, malgré l’ excès et la bizarrerie du style, représente à mes yeux une sorte de pa
3744 p dans l’œuvre de Hugo, et qui, malgré l’excès et la bizarrerie du style, représente à mes yeux une sorte de parabole terr
3745 arrerie du style, représente à mes yeux une sorte de parabole terriblement ironique pour nous autres, et par là même, peut
3746 à même, peut-être, salutaire. Victor Hugo a gravi les pentes du Pilate, et il contemple, du sommet, le panorama des Alpes :
3747 les pentes du Pilate, et il contemple, du sommet, le panorama des Alpes : C’était un ensemble prodigieux de choses harmon
3748 orama des Alpes : C’était un ensemble prodigieux de choses harmonieuses et magnifiques, pleines de la grandeur de Dieu. J
3749 ux de choses harmonieuses et magnifiques, pleines de la grandeur de Dieu. Je me suis retourné, me demandant à quel être su
3750 de choses harmonieuses et magnifiques, pleines de la grandeur de Dieu. Je me suis retourné, me demandant à quel être supér
3751 rmonieuses et magnifiques, pleines de la grandeur de Dieu. Je me suis retourné, me demandant à quel être supérieur et choi
3752 rné, me demandant à quel être supérieur et choisi la nature servait ce merveilleux festin de montagnes, de nuages et de so
3753 et choisi la nature servait ce merveilleux festin de montagnes, de nuages et de soleil, et cherchant un témoin sublime à c
3754 ature servait ce merveilleux festin de montagnes, de nuages et de soleil, et cherchant un témoin sublime à ce sublime pays
3755 ce merveilleux festin de montagnes, de nuages et de soleil, et cherchant un témoin sublime à ce sublime paysage. Il y ava
3756 avait un témoin, en effet, un seul ; car du reste l’ esplanade était sauvage, abrupte et déserte. Je n’oublierai cela de ma
3757 sauvage, abrupte et déserte. Je n’oublierai cela de ma vie. Dans une anfractuosité de rocher, assis les jambes pendantes
3758 ’oublierai cela de ma vie. Dans une anfractuosité de rocher, assis les jambes pendantes sur une grosse pierre, un idiot, u
3759 e ma vie. Dans une anfractuosité de rocher, assis les jambes pendantes sur une grosse pierre, un idiot, un goitreux, à corp
3760 n goitreux, à corps grêle et à face énorme, riait d’ un air stupide, le visage en plein soleil, et regardait au hasard deva
3761 s grêle et à face énorme, riait d’un air stupide, le visage en plein soleil, et regardait au hasard devant lui. O abîme !
3762 eil, et regardait au hasard devant lui. O abîme ! les Alpes étaient le spectacle, le spectateur était un crétin ! Je me sui
3763 au hasard devant lui. O abîme ! les Alpes étaient le spectacle, le spectateur était un crétin ! Je me suis perdu dans cett
3764 nt lui. O abîme ! les Alpes étaient le spectacle, le spectateur était un crétin ! Je me suis perdu dans cette effrayante a
3765 e me suis perdu dans cette effrayante antithèse : l’ homme opposé à la nature ; la nature dans son attitude la plus superbe
3766 ans cette effrayante antithèse : l’homme opposé à la nature ; la nature dans son attitude la plus superbe, l’homme dans sa
3767 frayante antithèse : l’homme opposé à la nature ; la nature dans son attitude la plus superbe, l’homme dans sa posture la
3768 opposé à la nature ; la nature dans son attitude la plus superbe, l’homme dans sa posture la plus misérable… Eh bien, n
3769 re ; la nature dans son attitude la plus superbe, l’ homme dans sa posture la plus misérable… Eh bien, n’y a-t-il pas un
3770 attitude la plus superbe, l’homme dans sa posture la plus misérable… Eh bien, n’y a-t-il pas un enseignement à tirer de
3771 Eh bien, n’y a-t-il pas un enseignement à tirer de cette page ? Vous m’entendez bien : je ne dis pas que le peuple suiss
3772 e page ? Vous m’entendez bien : je ne dis pas que le peuple suisse, dans son ensemble, représente, selon l’expression de H
3773 uple suisse, dans son ensemble, représente, selon l’ expression de Hugo, « la posture la plus misérable de l’homme ». Et je
3774 dans son ensemble, représente, selon l’expression de Hugo, « la posture la plus misérable de l’homme ». Et je suis loin de
3775 semble, représente, selon l’expression de Hugo, «  la posture la plus misérable de l’homme ». Et je suis loin de penser que
3776 résente, selon l’expression de Hugo, « la posture la plus misérable de l’homme ». Et je suis loin de penser que nous somme
3777 xpression de Hugo, « la posture la plus misérable de l’homme ». Et je suis loin de penser que nous sommes des crétins ! Je
3778 ession de Hugo, « la posture la plus misérable de l’ homme ». Et je suis loin de penser que nous sommes des crétins ! Je di
3779 e « dans son attitude superbe », il ne suffit pas de chanter. Il s’agit d’être moralement « à la hauteur ». Non, ce n’est
3780 superbe », il ne suffit pas de chanter. Il s’agit d’ être moralement « à la hauteur ». Non, ce n’est pas si facile que cela
3781 t pas de chanter. Il s’agit d’être moralement « à la hauteur ». Non, ce n’est pas si facile que cela d’habiter et de possé
3782 a hauteur ». Non, ce n’est pas si facile que cela d’ habiter et de posséder un pays dont l’altière beauté menace sans cesse
3783 Non, ce n’est pas si facile que cela d’habiter et de posséder un pays dont l’altière beauté menace sans cesse d’écraser l’
3784 le que cela d’habiter et de posséder un pays dont l’ altière beauté menace sans cesse d’écraser l’homme. Il ne suffit pas d
3785 r un pays dont l’altière beauté menace sans cesse d’ écraser l’homme. Il ne suffit pas de se complaire dans cette merveille
3786 dont l’altière beauté menace sans cesse d’écraser l’ homme. Il ne suffit pas de se complaire dans cette merveilleuse nature
3787 ce sans cesse d’écraser l’homme. Il ne suffit pas de se complaire dans cette merveilleuse nature : rappelons-nous qu’on pe
3788 ses, à ces grandeurs, à ces beautés… Et c’est ici le lieu de relire quelques phrases d’un de nos auteurs un peu oubliés au
3789 es grandeurs, à ces beautés… Et c’est ici le lieu de relire quelques phrases d’un de nos auteurs un peu oubliés aujourd’hu
3790 … Et c’est ici le lieu de relire quelques phrases d’ un de nos auteurs un peu oubliés aujourd’hui, le bon vaudois Eugène Ra
3791 c’est ici le lieu de relire quelques phrases d’un de nos auteurs un peu oubliés aujourd’hui, le bon vaudois Eugène Rambert
3792 s d’un de nos auteurs un peu oubliés aujourd’hui, le bon vaudois Eugène Rambert : Un pays comme le nôtre, écrivait-il, do
3793 nôtre, écrivait-il, doit réfléchir sa beauté dans l’ âme de ses enfants. Le fait-il ? Hélas ! Il est bien à craindre que le
3794 écrivait-il, doit réfléchir sa beauté dans l’âme de ses enfants. Le fait-il ? Hélas ! Il est bien à craindre que le voyag
3795 it réfléchir sa beauté dans l’âme de ses enfants. Le fait-il ? Hélas ! Il est bien à craindre que le voyageur ne soit enco
3796 . Le fait-il ? Hélas ! Il est bien à craindre que le voyageur ne soit encore trop fondé à trouver, avec Rousseau, que ce p
3797 et ce peuple sont mariés l’un à l’autre, et comme le pays ne peut pas descendre au niveau du peuple, il faut que le peuple
3798 ut pas descendre au niveau du peuple, il faut que le peuple s’élève au niveau du pays. C’est un appel encore, un appel de
3799 u niveau du pays. C’est un appel encore, un appel de tous les instants, qui ne cesse de retentir dans les âmes d’élite. O
3800 du pays. C’est un appel encore, un appel de tous les instants, qui ne cesse de retentir dans les âmes d’élite. Oui, Rambe
3801 core, un appel de tous les instants, qui ne cesse de retentir dans les âmes d’élite. Oui, Rambert nous le dit fort bien :
3802 tous les instants, qui ne cesse de retentir dans les âmes d’élite. Oui, Rambert nous le dit fort bien : ce premier de nos
3803 instants, qui ne cesse de retentir dans les âmes d’ élite. Oui, Rambert nous le dit fort bien : ce premier de nos privilè
3804 etentir dans les âmes d’élite. Oui, Rambert nous le dit fort bien : ce premier de nos privilèges, une belle nature, doit
3805 Oui, Rambert nous le dit fort bien : ce premier de nos privilèges, une belle nature, doit être considéré par nous, avant
3806 Sommes-nous vraiment libres ? Il faut donc que les Suisses deviennent et restent « à la hauteur » de leur géographie. Ma
3807 ut donc que les Suisses deviennent et restent « à la hauteur » de leur géographie. Mais il faut aussi qu’ils deviennent et
3808 es Suisses deviennent et restent « à la hauteur » de leur géographie. Mais il faut aussi qu’ils deviennent et qu’ils reste
3809 faut aussi qu’ils deviennent et qu’ils restent à la hauteur de leur histoire. Et à ce propos, voici quelques remarques su
3810 qu’ils deviennent et qu’ils restent à la hauteur de leur histoire. Et à ce propos, voici quelques remarques sur nos fameu
3811 civique et militaire, et qui sont un modèle pour l’ Europe ». Oui certes, mais ici encore, n’ayons pas peur d’y regarder d
3812  ». Oui certes, mais ici encore, n’ayons pas peur d’ y regarder de près. Que sont devenues en fait ces libertés antiques qu
3813 s, mais ici encore, n’ayons pas peur d’y regarder de près. Que sont devenues en fait ces libertés antiques qu’on nous envi
3814 ertés antiques qu’on nous envie ? Avons-nous bien le droit de nous en vanter encore, et suffit-il de les vanter pour qu’el
3815 iques qu’on nous envie ? Avons-nous bien le droit de nous en vanter encore, et suffit-il de les vanter pour qu’elles subsi
3816 n le droit de nous en vanter encore, et suffit-il de les vanter pour qu’elles subsistent ? La liberté n’est pas seulement
3817 e droit de nous en vanter encore, et suffit-il de les vanter pour qu’elles subsistent ? La liberté n’est pas seulement un p
3818 uffit-il de les vanter pour qu’elles subsistent ? La liberté n’est pas seulement un privilège que l’on hérite. C’est une c
3819 ? La liberté n’est pas seulement un privilège que l’ on hérite. C’est une conquête perpétuelle. Elle est sans doute un héri
3820 que. Mais rien ne se déprécie plus rapidement que les privilèges politiques, si le peuple qui en jouit ne sait pas les méri
3821 plus rapidement que les privilèges politiques, si le peuple qui en jouit ne sait pas les mériter par ses manières d’être e
3822 politiques, si le peuple qui en jouit ne sait pas les mériter par ses manières d’être et de penser. Goethe a écrit, à ce pr
3823 en jouit ne sait pas les mériter par ses manières d’ être et de penser. Goethe a écrit, à ce propos, quelques phrases extrê
3824 e sait pas les mériter par ses manières d’être et de penser. Goethe a écrit, à ce propos, quelques phrases extrêmement dés
3825 quelques phrases extrêmement désobligeantes pour les Suisses. Je n’hésite pas à vous les lire, persuadé que l’une des marq
3826 igeantes pour les Suisses. Je n’hésite pas à vous les lire, persuadé que l’une des marques de notre liberté est justement l
3827 s à vous les lire, persuadé que l’une des marques de notre liberté est justement le courage d’admettre les critiques les p
3828 l’une des marques de notre liberté est justement le courage d’admettre les critiques les plus amères, et d’en tirer profi
3829 marques de notre liberté est justement le courage d’ admettre les critiques les plus amères, et d’en tirer profit s’il y a
3830 notre liberté est justement le courage d’admettre les critiques les plus amères, et d’en tirer profit s’il y a lieu. « Un j
3831 est justement le courage d’admettre les critiques les plus amères, et d’en tirer profit s’il y a lieu. « Un jour, écrit Goe
3832 rage d’admettre les critiques les plus amères, et d’ en tirer profit s’il y a lieu. « Un jour, écrit Goethe, les Suisses se
3833 er profit s’il y a lieu. « Un jour, écrit Goethe, les Suisses se délivrèrent d’un tyran. Ils purent se croire libres un mom
3834 Un jour, écrit Goethe, les Suisses se délivrèrent d’ un tyran. Ils purent se croire libres un moment : mais le soleil fécon
3835 ran. Ils purent se croire libres un moment : mais le soleil fécond fit éclore du cadavre de l’oppresseur un essaim de peti
3836 ent : mais le soleil fécond fit éclore du cadavre de l’oppresseur un essaim de petits tyrans. À présent, ils continuent à
3837  : mais le soleil fécond fit éclore du cadavre de l’ oppresseur un essaim de petits tyrans. À présent, ils continuent à rép
3838 d fit éclore du cadavre de l’oppresseur un essaim de petits tyrans. À présent, ils continuent à répéter le vieux conte. On
3839 etits tyrans. À présent, ils continuent à répéter le vieux conte. On les entend dire, jusqu’à satiété, qu’ils se sont affr
3840 sent, ils continuent à répéter le vieux conte. On les entend dire, jusqu’à satiété, qu’ils se sont affranchis un jour, et q
3841 re leurs murailles, ils ne sont plus esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préj
3842 s, ils ne sont plus esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois. »
3843 esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois. » Je n’oublie pas qu
3844 lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois. » Je n’oublie pas que Goethe écrivait cela
3845 ie pas que Goethe écrivait cela au xviie siècle. Les petits tyrans dont il parle étaient peut-être alors les petites oliga
3846 tits tyrans dont il parle étaient peut-être alors les petites oligarchies que la Révolution devait renverser un peu plus ta
3847 aient peut-être alors les petites oligarchies que la Révolution devait renverser un peu plus tard. Mais sommes-nous bien c
3848 Mais sommes-nous bien certains que, pour autant, le jugement de Goethe n’est plus du tout valable de nos jours ? Sommes-n
3849 -nous bien certains que, pour autant, le jugement de Goethe n’est plus du tout valable de nos jours ? Sommes-nous bien cer
3850 le jugement de Goethe n’est plus du tout valable de nos jours ? Sommes-nous bien certains que la tyrannie de l’opinion pu
3851 able de nos jours ? Sommes-nous bien certains que la tyrannie de l’opinion publique vaut mieux que celle des aristocrates 
3852 jours ? Sommes-nous bien certains que la tyrannie de l’opinion publique vaut mieux que celle des aristocrates ? Sommes-nou
3853 rs ? Sommes-nous bien certains que la tyrannie de l’ opinion publique vaut mieux que celle des aristocrates ? Sommes-nous b
3854 des aristocrates ? Sommes-nous bien certains que les Suisses sont, plus que d’autres, libérés des préjugés bourgeois ? Som
3855 s bien certains, enfin, qu’il a suffi à nos pères de s’affranchir un jour pour que nous ayons le droit de répéter à tout j
3856 pères de s’affranchir un jour pour que nous ayons le droit de répéter à tout jamais : nous sommes libres ! Ayons le courag
3857 s’affranchir un jour pour que nous ayons le droit de répéter à tout jamais : nous sommes libres ! Ayons le courage de le r
3858 épéter à tout jamais : nous sommes libres ! Ayons le courage de le reconnaître en toute franchise : la Suisse actuelle n’e
3859 ut jamais : nous sommes libres ! Ayons le courage de le reconnaître en toute franchise : la Suisse actuelle n’est pas, com
3860 jamais : nous sommes libres ! Ayons le courage de le reconnaître en toute franchise : la Suisse actuelle n’est pas, comme
3861 le courage de le reconnaître en toute franchise : la Suisse actuelle n’est pas, comme elle devrait et pourrait l’être, l’u
3862 ctuelle n’est pas, comme elle devrait et pourrait l’ être, l’un des pays où l’on a le plus de véritable liberté d’esprit. C
3863 elle devrait et pourrait l’être, l’un des pays où l’ on a le plus de véritable liberté d’esprit. C’est un pays où l’on tolè
3864 vrait et pourrait l’être, l’un des pays où l’on a le plus de véritable liberté d’esprit. C’est un pays où l’on tolère fort
3865 pourrait l’être, l’un des pays où l’on a le plus de véritable liberté d’esprit. C’est un pays où l’on tolère fort mal les
3866 n des pays où l’on a le plus de véritable liberté d’ esprit. C’est un pays où l’on tolère fort mal les opinions non conform
3867 s de véritable liberté d’esprit. C’est un pays où l’ on tolère fort mal les opinions non conformistes, les exceptions, les
3868 é d’esprit. C’est un pays où l’on tolère fort mal les opinions non conformistes, les exceptions, les bizarreries, ou simple
3869 on tolère fort mal les opinions non conformistes, les exceptions, les bizarreries, ou simplement les idées imprévues. Certe
3870 al les opinions non conformistes, les exceptions, les bizarreries, ou simplement les idées imprévues. Certes, nous avons pe
3871 s, les exceptions, les bizarreries, ou simplement les idées imprévues. Certes, nous avons peu ou point de polémiques person
3872 idées imprévues. Certes, nous avons peu ou point de polémiques personnelles : mais c’est peut-être moins par tolérance ré
3873 être moins par tolérance réelle que par prudence. Les adversaires politiques ou religieux, chez nous, se fréquentent peu, n
3874 type dangereux, méchant, machiavélique. Ceci pour le plan des idées. Sur le plan de la morale, c’est pire encore. Je ne va
3875 vélique. Ceci pour le plan des idées. Sur le plan de la morale, c’est pire encore. Je ne vais pas refaire ici, après tant
3876 ique. Ceci pour le plan des idées. Sur le plan de la morale, c’est pire encore. Je ne vais pas refaire ici, après tant d’a
3877 Je ne vais pas refaire ici, après tant d’autres, le procès de notre moralisme intolérant. Qu’il me suffise de remarquer q
3878 s pas refaire ici, après tant d’autres, le procès de notre moralisme intolérant. Qu’il me suffise de remarquer que si nous
3879 s de notre moralisme intolérant. Qu’il me suffise de remarquer que si nous étions plus chrétiens, nous serions beaucoup pl
3880 rants dans ce domaine, nous aurions beaucoup plus de liberté dans nos jugements, nous respecterions beaucoup mieux les faç
3881 nos jugements, nous respecterions beaucoup mieux les façons de vivre du voisin, le mystère de son existence. On me dira pe
3882 nts, nous respecterions beaucoup mieux les façons de vivre du voisin, le mystère de son existence. On me dira peut-être qu
3883 ons beaucoup mieux les façons de vivre du voisin, le mystère de son existence. On me dira peut-être que ces considérations
3884 p mieux les façons de vivre du voisin, le mystère de son existence. On me dira peut-être que ces considérations n’ont pas
3885 n’ont pas grande importance, actuellement, et que les libertés qu’il s’agit de défendre, en ce mois de janvier 1940, sont a
3886 e, actuellement, et que les libertés qu’il s’agit de défendre, en ce mois de janvier 1940, sont avant tout nos libertés po
3887 les libertés qu’il s’agit de défendre, en ce mois de janvier 1940, sont avant tout nos libertés politiques. Je répondrai q
3888 plus grande liberté morale et intellectuelle. Car les unes ne vont pas sans les autres, et toute notre histoire en témoigne
3889 et intellectuelle. Car les unes ne vont pas sans les autres, et toute notre histoire en témoigne. Une politique de liberté
3890 t toute notre histoire en témoigne. Une politique de liberté ne peut être faite que par des esprits libres. Et libres dans
3891 e que par des esprits libres. Et libres dans tous les domaines. Les deux libertés, l’extérieure et l’intérieure, ont toujou
3892 esprits libres. Et libres dans tous les domaines. Les deux libertés, l’extérieure et l’intérieure, ont toujours été liées d
3893 libres dans tous les domaines. Les deux libertés, l’ extérieure et l’intérieure, ont toujours été liées dans notre histoire
3894 les domaines. Les deux libertés, l’extérieure et l’ intérieure, ont toujours été liées dans notre histoire. C’est parce qu
3895 ire. C’est parce que les premiers Suisses avaient la passion de leurs libertés civiles et quotidiennes qu’ils ont voulu se
3896 parce que les premiers Suisses avaient la passion de leurs libertés civiles et quotidiennes qu’ils ont voulu se libérer du
3897 se libérer du joug autrichien. Et c’est parce que les Suisses du xviiie siècle ne jouissaient plus d’une véritable liberté
3898 les Suisses du xviiie siècle ne jouissaient plus d’ une véritable liberté intérieure qu’ils ont été une proie facile pour
3899 é intérieure qu’ils ont été une proie facile pour l’ étranger, pour les armées de la Révolution française. Je voudrais insi
3900 ls ont été une proie facile pour l’étranger, pour les armées de la Révolution française. Je voudrais insister sur ce point 
3901 une proie facile pour l’étranger, pour les armées de la Révolution française. Je voudrais insister sur ce point : si nous
3902 proie facile pour l’étranger, pour les armées de la Révolution française. Je voudrais insister sur ce point : si nous per
3903 voudrais insister sur ce point : si nous perdons le sens et le goût de la liberté quotidienne, celle qui se manifeste dan
3904 nsister sur ce point : si nous perdons le sens et le goût de la liberté quotidienne, celle qui se manifeste dans la divers
3905 sur ce point : si nous perdons le sens et le goût de la liberté quotidienne, celle qui se manifeste dans la diversité infi
3906 ce point : si nous perdons le sens et le goût de la liberté quotidienne, celle qui se manifeste dans la diversité infinie
3907 liberté quotidienne, celle qui se manifeste dans la diversité infinie des manières de penser et de vivre, nos libertés po
3908 manifeste dans la diversité infinie des manières de penser et de vivre, nos libertés politiques ne pourront subsister lon
3909 ns la diversité infinie des manières de penser et de vivre, nos libertés politiques ne pourront subsister longtemps, et al
3910 ront subsister longtemps, et alors c’en sera fait de notre liberté vis-à-vis de l’étranger, c’est-à-dire de notre indépend
3911 lors c’en sera fait de notre liberté vis-à-vis de l’ étranger, c’est-à-dire de notre indépendance nationale. Il ne suffit d
3912 tre liberté vis-à-vis de l’étranger, c’est-à-dire de notre indépendance nationale. Il ne suffit donc pas de protéger notre
3913 tre indépendance nationale. Il ne suffit donc pas de protéger notre indépendance par des fortifications. C’est l’intérieur
3914 notre indépendance par des fortifications. C’est l’ intérieur du pays qu’il nous faut maintenant fortifier, moralement, si
3915 ous voulons que notre armée défende quelque chose de valable. Or quels sont les ennemis intérieurs de notre liberté ? Je n
3916 e défende quelque chose de valable. Or quels sont les ennemis intérieurs de notre liberté ? Je n’en désignerai ici que deux
3917 de valable. Or quels sont les ennemis intérieurs de notre liberté ? Je n’en désignerai ici que deux, qui vous paraîtront
3918 us paraîtront peut-être assez inattendus. Ce sont la paresse d’esprit et l’égalitarisme. Voilà ce que j’entends par pares
3919 nt peut-être assez inattendus. Ce sont la paresse d’ esprit et l’égalitarisme. Voilà ce que j’entends par paresse d’esprit
3920 assez inattendus. Ce sont la paresse d’esprit et l’ égalitarisme. Voilà ce que j’entends par paresse d’esprit : les Suiss
3921 égalitarisme. Voilà ce que j’entends par paresse d’ esprit : les Suisses jouissent d’une instruction publique remarquable,
3922 e. Voilà ce que j’entends par paresse d’esprit : les Suisses jouissent d’une instruction publique remarquable, mais ils on
3923 ends par paresse d’esprit : les Suisses jouissent d’ une instruction publique remarquable, mais ils ont la plus grande méfi
3924 ne instruction publique remarquable, mais ils ont la plus grande méfiance à l’endroit de la véritable culture. Ils ont hor
3925 is ils ont la plus grande méfiance à l’endroit de la véritable culture. Ils ont horreur de tout ce qui leur paraît compliq
3926 ’endroit de la véritable culture. Ils ont horreur de tout ce qui leur paraît compliqué. Ils jugent suspect tout ce qui n’e
3927 telles que bon ou méchant, droite ou gauche, ami de l’ordre ou esprit subversif. Ils exigent toujours des choses simples.
3928 lles que bon ou méchant, droite ou gauche, ami de l’ ordre ou esprit subversif. Ils exigent toujours des choses simples. Au
3929 igent toujours des choses simples. Au besoin, ils les simplifient terriblement. C’est ainsi que l’hitlérisme a pu passer, c
3930 ils les simplifient terriblement. C’est ainsi que l’ hitlérisme a pu passer, chez nous, pendant longtemps, pour un « rempar
3931 nous, pendant longtemps, pour un « rempart contre le bolchévisme ». Pourquoi ? Parce qu’on se contentait de dire : M. Hitl
3932 lchévisme ». Pourquoi ? Parce qu’on se contentait de dire : M. Hitler est pour l’ordre, les bolchévistes sont pour le déso
3933 qu’on se contentait de dire : M. Hitler est pour l’ ordre, les bolchévistes sont pour le désordre. Sans se demander un seu
3934 contentait de dire : M. Hitler est pour l’ordre, les bolchévistes sont pour le désordre. Sans se demander un seul instant
3935 tler est pour l’ordre, les bolchévistes sont pour le désordre. Sans se demander un seul instant de quelle espèce d’ordre i
3936 our le désordre. Sans se demander un seul instant de quelle espèce d’ordre il s’agissait. Or, prenons-y garde : cette pass
3937 Sans se demander un seul instant de quelle espèce d’ ordre il s’agissait. Or, prenons-y garde : cette passion maladive pour
3938 Or, prenons-y garde : cette passion maladive pour les choses « simples », elle tend à supprimer toute possibilité de jugeme
3939 imples », elle tend à supprimer toute possibilité de jugement libre, toute véritable liberté d’esprit. Je connais bien des
3940 bilité de jugement libre, toute véritable liberté d’ esprit. Je connais bien des Suisses cultivés que l’intolérance de leur
3941 ’esprit. Je connais bien des Suisses cultivés que l’ intolérance de leurs concitoyens simplistes a réduits à la neurasthéni
3942 nnais bien des Suisses cultivés que l’intolérance de leurs concitoyens simplistes a réduits à la neurasthénie, et totaleme
3943 rance de leurs concitoyens simplistes a réduits à la neurasthénie, et totalement découragés d’agir, de parler ou d’écrire.
3944 duits à la neurasthénie, et totalement découragés d’ agir, de parler ou d’écrire. Et j’ajouterai : je connais bien des prot
3945 la neurasthénie, et totalement découragés d’agir, de parler ou d’écrire. Et j’ajouterai : je connais bien des protestants
3946 ie, et totalement découragés d’agir, de parler ou d’ écrire. Et j’ajouterai : je connais bien des protestants que notre mor
3947 vraies complexités spirituelles, ont rejetés vers le catholicisme. Je ne dis pas qu’ils ont eu raison. Je suis plus agacé
3948 e n’importe qui par certaine façon peu chrétienne de comparer toujours les défauts pratiques du protestantisme avec les qu
3949 ertaine façon peu chrétienne de comparer toujours les défauts pratiques du protestantisme avec les qualités théoriques du c
3950 ours les défauts pratiques du protestantisme avec les qualités théoriques du catholicisme. Mais enfin ces défauts n’existen
3951 rop. Notre bonne inconscience ne nous empêche pas d’ être « ceux par qui le scandale arrive » ! Notre égalitarisme est, lui
3952 science ne nous empêche pas d’être « ceux par qui le scandale arrive » ! Notre égalitarisme est, lui aussi, une forme de n
3953  » ! Notre égalitarisme est, lui aussi, une forme de notre paresse d’esprit, bien plus encore qu’une forme de l’envie, com
3954 arisme est, lui aussi, une forme de notre paresse d’ esprit, bien plus encore qu’une forme de l’envie, comme on l’a peut-êt
3955 e paresse d’esprit, bien plus encore qu’une forme de l’envie, comme on l’a peut-être trop dit. Autrefois les Suisses se mé
3956 aresse d’esprit, bien plus encore qu’une forme de l’ envie, comme on l’a peut-être trop dit. Autrefois les Suisses se méfia
3957 ien plus encore qu’une forme de l’envie, comme on l’ a peut-être trop dit. Autrefois les Suisses se méfiaient des personnal
3958 envie, comme on l’a peut-être trop dit. Autrefois les Suisses se méfiaient des personnalités trop affichées, parce qu’ils c
3959 parce qu’ils craignaient qu’elles n’entraînassent le pays dans des aventures dictatoriales. Il y avait quelque chose de sa
3960 aventures dictatoriales. Il y avait quelque chose de sain et de profondément démocratique dans l’effacement volontaire des
3961 ictatoriales. Il y avait quelque chose de sain et de profondément démocratique dans l’effacement volontaire des plus grand
3962 hose de sain et de profondément démocratique dans l’ effacement volontaire des plus grands Suisses de ces temps-là. Mais au
3963 s l’effacement volontaire des plus grands Suisses de ces temps-là. Mais aujourd’hui, l’égalitarisme hérité du xixe siècle
3964 grands Suisses de ces temps-là. Mais aujourd’hui, l’ égalitarisme hérité du xixe siècle n’est plus qu’une dégénérescence d
3965 du xixe siècle n’est plus qu’une dégénérescence de cet instinct démocratique. Il veut tout unifier, réglementer, central
3966 liser, décolorer. Il veut tout faire rentrer dans le rang. Il persécute à petits coups d’épingle tout ce qui paraît vouloi
3967 rentrer dans le rang. Il persécute à petits coups d’ épingle tout ce qui paraît vouloir se distinguer. Pourquoi ? Parce que
3968 Parce que c’est bien plus simple, et plus facile de tout ramener à des mesures médiocres et uniformes. C’est bien plus si
3969 formes. C’est bien plus simple et plus facile que de tenir compte des vivantes diversités, des vocations infiniment divers
3970 alitaires. Nous serions beaucoup plus respectueux de la complexité humaine, parce que nous saurions beaucoup mieux ce que
3971 taires. Nous serions beaucoup plus respectueux de la complexité humaine, parce que nous saurions beaucoup mieux ce que c’e
3972 chrétien pour respecter sans nulle arrière-pensée la vocation d’autrui. Car seul un vrai chrétien connaît et aime le secre
3973 r respecter sans nulle arrière-pensée la vocation d’ autrui. Car seul un vrai chrétien connaît et aime le secret de la libe
3974 autrui. Car seul un vrai chrétien connaît et aime le secret de la liberté, que Vinet nous révèle en écrivant : « C’est pou
3975 r seul un vrai chrétien connaît et aime le secret de la liberté, que Vinet nous révèle en écrivant : « C’est pour obéir qu
3976 eul un vrai chrétien connaît et aime le secret de la liberté, que Vinet nous révèle en écrivant : « C’est pour obéir que n
3977 plutôt qu’aux hommes. Ceux qui ne savent pas que le but de toutes nos libertés est uniquement de laisser à chacun le droi
3978 qu’aux hommes. Ceux qui ne savent pas que le but de toutes nos libertés est uniquement de laisser à chacun le droit d’obé
3979 que le but de toutes nos libertés est uniquement de laisser à chacun le droit d’obéir à Dieu seul, plutôt qu’à soi-même o
3980 s nos libertés est uniquement de laisser à chacun le droit d’obéir à Dieu seul, plutôt qu’à soi-même ou aux autres, ceux-l
3981 ertés est uniquement de laisser à chacun le droit d’ obéir à Dieu seul, plutôt qu’à soi-même ou aux autres, ceux-là pensero
3982 ceux-là penseront toujours, non sans raison, que la liberté risque de se confondre avec l’anarchie. Ils n’aimeront pas vr
3983 toujours, non sans raison, que la liberté risque de se confondre avec l’anarchie. Ils n’aimeront pas vraiment la liberté,
3984 aison, que la liberté risque de se confondre avec l’ anarchie. Ils n’aimeront pas vraiment la liberté, ou alors ils n’aimer
3985 ndre avec l’anarchie. Ils n’aimeront pas vraiment la liberté, ou alors ils n’aimeront pas une vraie liberté. Oui, nous pou
3986 aimeront pas une vraie liberté. Oui, nous pouvons le proclamer : il n’y a de liberté réelle dans notre monde que grâce à l
3987 iberté. Oui, nous pouvons le proclamer : il n’y a de liberté réelle dans notre monde que grâce à la foi des chrétiens, et
3988 a de liberté réelle dans notre monde que grâce à la foi des chrétiens, et à leur action politique. Et vous voyez qu’au bo
3989 tiquement » (comme nous aimons à dire en Suisse), le meilleur fondement de notre indépendance nationale, c’est encore notr
3990 s aimons à dire en Suisse), le meilleur fondement de notre indépendance nationale, c’est encore notre foi personnelle. Car
3991 e notre foi personnelle. Car c’est elle qui reste la source de notre amour de la vraie liberté, et cet amour est le fondem
3992 i personnelle. Car c’est elle qui reste la source de notre amour de la vraie liberté, et cet amour est le fondement solide
3993 Car c’est elle qui reste la source de notre amour de la vraie liberté, et cet amour est le fondement solide de toutes nos
3994 c’est elle qui reste la source de notre amour de la vraie liberté, et cet amour est le fondement solide de toutes nos lib
3995 notre amour de la vraie liberté, et cet amour est le fondement solide de toutes nos libertés civiques, comme aussi de notr
3996 aie liberté, et cet amour est le fondement solide de toutes nos libertés civiques, comme aussi de notre résistance intime
3997 lide de toutes nos libertés civiques, comme aussi de notre résistance intime aux tentations de la propagande totalitaire.
3998 e aussi de notre résistance intime aux tentations de la propagande totalitaire. Devons-nous rester neutres ? Liberté
3999 ussi de notre résistance intime aux tentations de la propagande totalitaire. Devons-nous rester neutres ? Liberté, t
4000 otalitarisme… Ceci nous amène à poser la question de notre troisième grand privilège : la neutralité. Notre neutralité, en
4001 la question de notre troisième grand privilège : la neutralité. Notre neutralité, en effet, n’impose-t-elle pas, dès main
4002 pas, dès maintenant, certaines limites pénibles à la libre expression de nos convictions, même lorsque celles-ci sont basé
4003 certaines limites pénibles à la libre expression de nos convictions, même lorsque celles-ci sont basées sur notre foi non
4004 stifier encore, dans cette guerre-ci, aux yeux de l’ Europe et à nos propres yeux, notre situation privilégiée de neutres ?
4005 t à nos propres yeux, notre situation privilégiée de neutres ? Il semble que depuis quelques années, nous ayons renoncé, e
4006 mme une chose qui irait de soi, qui aurait existé de tout temps, sans commencement ni fin imaginables, qui nous serait due
4007 ie, et qui représenterait, en somme, un privilège de droit divin. Nous savons que la neutralité est une conception menacée
4008 mme, un privilège de droit divin. Nous savons que la neutralité est une conception menacée ; qu’elle est en quelque sorte
4009 ; qu’elle est en quelque sorte contre nature, car l’ instinct normal de tout homme le pousse toujours à prendre parti ; et
4010 uelque sorte contre nature, car l’instinct normal de tout homme le pousse toujours à prendre parti ; et qu’enfin nous devo
4011 ontre nature, car l’instinct normal de tout homme le pousse toujours à prendre parti ; et qu’enfin nous devons la justifie
4012 oujours à prendre parti ; et qu’enfin nous devons la justifier, sous peine de passer pour des lâches, ou des tièdes, ou de
4013 s, ou des tièdes, ou des inconscients. Que valent les justifications qu’on nous propose, au regard des bouleversements hist
4014 e, au regard des bouleversements historiques dont la guerre actuelle est le signe ? Pour certains, qui se disent réalistes
4015 ersements historiques dont la guerre actuelle est le signe ? Pour certains, qui se disent réalistes, si nous sommes neutre
4016 situation géographique centrale nous exposerait à de trop grands dangers en cas de guerre, enfin, parce que notre diversit
4017 e nous exposerait à de trop grands dangers en cas de guerre, enfin, parce que notre diversité raciale et religieuse risque
4018 notre diversité raciale et religieuse risquerait d’ entraîner la dislocation de notre fédération, si nous venions à prendr
4019 sité raciale et religieuse risquerait d’entraîner la dislocation de notre fédération, si nous venions à prendre parti. Not
4020 religieuse risquerait d’entraîner la dislocation de notre fédération, si nous venions à prendre parti. Notons que cet arg
4021 venions à prendre parti. Notons que cet argument de la nécessité n’est guère valable que pour nous, Suisses. Nos voisins
4022 nions à prendre parti. Notons que cet argument de la nécessité n’est guère valable que pour nous, Suisses. Nos voisins n’o
4023 ur nous, Suisses. Nos voisins n’ont aucune raison d’ en tenir compte, bien au contraire. Au lieu de laisser entendre que no
4024 res parce que nous sommes trop faibles pour faire la guerre, pourquoi ne dirions-nous pas plutôt : nous sommes neutres par
4025 ôt : nous sommes neutres parce que nous détestons la guerre ? Vient ensuite l’argument juridique. Nous devons rester neutr
4026 arce que nous détestons la guerre ? Vient ensuite l’ argument juridique. Nous devons rester neutres, nous dit-on, parce que
4027 ous devons rester neutres, nous dit-on, parce que les traités nous y forcent. Et certes, aux yeux d’un chrétien et d’un Sui
4028 e les traités nous y forcent. Et certes, aux yeux d’ un chrétien et d’un Suisse, les traités ne seront jamais de simples ch
4029 s y forcent. Et certes, aux yeux d’un chrétien et d’ un Suisse, les traités ne seront jamais de simples chiffons de papier 
4030 Et certes, aux yeux d’un chrétien et d’un Suisse, les traités ne seront jamais de simples chiffons de papier ! La Confédéra
4031 tien et d’un Suisse, les traités ne seront jamais de simples chiffons de papier ! La Confédération reste fondée sur la fid
4032 les traités ne seront jamais de simples chiffons de papier ! La Confédération reste fondée sur la fidélité à la parole ju
4033 ne seront jamais de simples chiffons de papier ! La Confédération reste fondée sur la fidélité à la parole jurée, le nom
4034 ons de papier ! La Confédération reste fondée sur la fidélité à la parole jurée, le nom l’indique, et surtout en allemand 
4035 ! La Confédération reste fondée sur la fidélité à la parole jurée, le nom l’indique, et surtout en allemand : Eidgenossens
4036 n reste fondée sur la fidélité à la parole jurée, le nom l’indique, et surtout en allemand : Eidgenossenschaft, communauté
4037 fondée sur la fidélité à la parole jurée, le nom l’ indique, et surtout en allemand : Eidgenossenschaft, communauté de ceu
4038 rtout en allemand : Eidgenossenschaft, communauté de ceux qui ont fait serment. Mais ici encore, il nous faut bien voir qu
4039 aison a peu de poids en dehors de nos frontières. Les voisins que nous avons à redouter sont justement ceux qui déclarent q
4040 à redouter sont justement ceux qui déclarent que les traités et les serments ne sont faits que pour être violés. Enfin, l’
4041 t justement ceux qui déclarent que les traités et les serments ne sont faits que pour être violés. Enfin, l’on donne parfoi
4042 rments ne sont faits que pour être violés. Enfin, l’ on donne parfois une justification militaire à notre neutralité : il s
4043 fication militaire à notre neutralité : il serait de l’intérêt des puissances belligérantes de ne point utiliser le passag
4044 ation militaire à notre neutralité : il serait de l’ intérêt des puissances belligérantes de ne point utiliser le passage p
4045 serait de l’intérêt des puissances belligérantes de ne point utiliser le passage par la Suisse, qui les découvrirait sur
4046 des puissances belligérantes de ne point utiliser le passage par la Suisse, qui les découvrirait sur leur flanc. Mais vous
4047 belligérantes de ne point utiliser le passage par la Suisse, qui les découvrirait sur leur flanc. Mais vous savez fort bie
4048 e ne point utiliser le passage par la Suisse, qui les découvrirait sur leur flanc. Mais vous savez fort bien que cette rais
4049 . Mais vous savez fort bien que cette raison dite d’ équilibre stratégique peut disparaître d’un jour à l’autre. Et la preu
4050 son dite d’équilibre stratégique peut disparaître d’ un jour à l’autre. Et la preuve que nous ne la prenons pas au sérieux,
4051 atégique peut disparaître d’un jour à l’autre. Et la preuve que nous ne la prenons pas au sérieux, c’est que nous restons
4052 tre d’un jour à l’autre. Et la preuve que nous ne la prenons pas au sérieux, c’est que nous restons mobilisés. Je ne discu
4053 restons mobilisés. Je ne discuterai même pas ici, l’ argument de l’impartialité, qui put jouer un rôle en 1914-1918. Je cro
4054 ilisés. Je ne discuterai même pas ici, l’argument de l’impartialité, qui put jouer un rôle en 1914-1918. Je crois que les
4055 sés. Je ne discuterai même pas ici, l’argument de l’ impartialité, qui put jouer un rôle en 1914-1918. Je crois que les Sui
4056 qui put jouer un rôle en 1914-1918. Je crois que les Suisses, aujourd’hui, sont unanimes à reconnaître lesquels, parmi les
4057 ’hui, sont unanimes à reconnaître lesquels, parmi les belligérants, représentent la négation la plus radicale de l’idéal fé
4058 re lesquels, parmi les belligérants, représentent la négation la plus radicale de l’idéal fédéraliste qui nous unit, par c
4059 parmi les belligérants, représentent la négation la plus radicale de l’idéal fédéraliste qui nous unit, par conséquent, l
4060 érants, représentent la négation la plus radicale de l’idéal fédéraliste qui nous unit, par conséquent, la plus grave mena
4061 nts, représentent la négation la plus radicale de l’ idéal fédéraliste qui nous unit, par conséquent, la plus grave menace
4062 ’idéal fédéraliste qui nous unit, par conséquent, la plus grave menace pour notre État. Que reste-t-il donc à répondre à c
4063 te-t-il donc à répondre à ceux qui nous demandent d’ entrer en guerre ? Ni l’argument des réalistes, ni celui des juristes,
4064 à ceux qui nous demandent d’entrer en guerre ? Ni l’ argument des réalistes, ni celui des juristes, ni celui des stratèges,
4065 stratèges, ne suffiraient à justifier notre refus de payer, nous aussi, notre part dans la défense de l’Europe. Je ne dis
4066 notre refus de payer, nous aussi, notre part dans la défense de l’Europe. Je ne dis pas que ces arguments ne sont plus val
4067 payer, nous aussi, notre part dans la défense de l’ Europe. Je ne dis pas que ces arguments ne sont plus valables. Je dis
4068 qu’ils ne représentent plus une raison suffisante de s’abstenir, et d’autre part, qu’ils n’ont plus de force convaincante
4069 de s’abstenir, et d’autre part, qu’ils n’ont plus de force convaincante pour nos voisins, et, par suite, ne sont plus pour
4070 . Si maintenant et malgré tout nous affirmons que la Suisse a le devoir de rester neutre, ce ne peut donc être qu’au nom d
4071 ant et malgré tout nous affirmons que la Suisse a le devoir de rester neutre, ce ne peut donc être qu’au nom d’une réalité
4072 gré tout nous affirmons que la Suisse a le devoir de rester neutre, ce ne peut donc être qu’au nom d’une réalité qui ne se
4073 ent, mais spirituelle au premier chef : au nom de la mission de la Suisse dans la communauté européenne. Non, la neutralit
4074 pirituelle au premier chef : au nom de la mission de la Suisse dans la communauté européenne. Non, la neutralité de la Sui
4075 ituelle au premier chef : au nom de la mission de la Suisse dans la communauté européenne. Non, la neutralité de la Suisse
4076 ier chef : au nom de la mission de la Suisse dans la communauté européenne. Non, la neutralité de la Suisse ne saurait êtr
4077 de la Suisse dans la communauté européenne. Non, la neutralité de la Suisse ne saurait être un privilège : c’est une char
4078 dans la communauté européenne. Non, la neutralité de la Suisse ne saurait être un privilège : c’est une charge ! Et ce ser
4079 s la communauté européenne. Non, la neutralité de la Suisse ne saurait être un privilège : c’est une charge ! Et ce serait
4080 vilège : c’est une charge ! Et ce serait bien mal la défendre que de la défendre au nom de nos seuls intérêts helvétiques,
4081 ne charge ! Et ce serait bien mal la défendre que de la défendre au nom de nos seuls intérêts helvétiques, car elle ne peu
4082 charge ! Et ce serait bien mal la défendre que de la défendre au nom de nos seuls intérêts helvétiques, car elle ne peut e
4083 ar elle ne peut et ne doit subsister qu’au nom de l’ intérêt de l’Europe entière. Seule, la mission positive de la Suisse r
4084 peut et ne doit subsister qu’au nom de l’intérêt de l’Europe entière. Seule, la mission positive de la Suisse rend un sen
4085 ut et ne doit subsister qu’au nom de l’intérêt de l’ Europe entière. Seule, la mission positive de la Suisse rend un sens e
4086 u’au nom de l’intérêt de l’Europe entière. Seule, la mission positive de la Suisse rend un sens et un poids aux arguments
4087 t de l’Europe entière. Seule, la mission positive de la Suisse rend un sens et un poids aux arguments que nous jugions tou
4088 e l’Europe entière. Seule, la mission positive de la Suisse rend un sens et un poids aux arguments que nous jugions tout à
4089 et un poids aux arguments que nous jugions tout à l’ heure insuffisants. Notre position géographique, par exemple, est un p
4090 éographique, par exemple, est un péril certain si l’ on ne s’attache qu’à l’aspect matériel des choses. Mais elle devient u
4091 e, est un péril certain si l’on ne s’attache qu’à l’ aspect matériel des choses. Mais elle devient un avantage dès qu’on la
4092 s choses. Mais elle devient un avantage dès qu’on la considère dans la perspective de notre mission médiatrice. De même, l
4093 e devient un avantage dès qu’on la considère dans la perspective de notre mission médiatrice. De même, la garantie légale
4094 antage dès qu’on la considère dans la perspective de notre mission médiatrice. De même, la garantie légale de notre neutra
4095 perspective de notre mission médiatrice. De même, la garantie légale de notre neutralité n’est qu’un chiffon de papier, si
4096 e mission médiatrice. De même, la garantie légale de notre neutralité n’est qu’un chiffon de papier, si l’on veut y voir s
4097 ie légale de notre neutralité n’est qu’un chiffon de papier, si l’on veut y voir simplement une garantie de nos privilèges
4098 otre neutralité n’est qu’un chiffon de papier, si l’ on veut y voir simplement une garantie de nos privilèges. Mais elle de
4099 pier, si l’on veut y voir simplement une garantie de nos privilèges. Mais elle devient notre meilleure sûreté dès qu’on la
4100 ais elle devient notre meilleure sûreté dès qu’on la considère comme une mesure d’intérêt général en Europe. Rester neutre
4101 re sûreté dès qu’on la considère comme une mesure d’ intérêt général en Europe. Rester neutres au nom d’un traité signé à V
4102 res au nom d’un traité signé à Vienne il y a plus de cent ans, soit ! Mais il ne faudrait pas retenir de ce traité uniquem
4103 cent ans, soit ! Mais il ne faudrait pas retenir de ce traité uniquement ce qui nous semblerait y garantir notre sécurité
4104 i nous semblerait y garantir notre sécurité ; car le texte dit autre chose, dit beaucoup plus : « Les Puissances signatair
4105 r le texte dit autre chose, dit beaucoup plus : «  Les Puissances signataires de la déclaration du 20 mars 1815 reconnaissen
4106 dit beaucoup plus : « Les Puissances signataires de la déclaration du 20 mars 1815 reconnaissent authentiquement par le p
4107 t beaucoup plus : « Les Puissances signataires de la déclaration du 20 mars 1815 reconnaissent authentiquement par le prés
4108 du 20 mars 1815 reconnaissent authentiquement par le présent Acte que la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse, et so
4109 nnaissent authentiquement par le présent Acte que la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse, et son indépendance de to
4110 iquement par le présent Acte que la neutralité et l’ inviolabilité de la Suisse, et son indépendance de toute influence étr
4111 présent Acte que la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse, et son indépendance de toute influence étrangère, sont dan
4112 sent Acte que la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse, et son indépendance de toute influence étrangère, sont dans l
4113 l’inviolabilité de la Suisse, et son indépendance de toute influence étrangère, sont dans les vrais intérêts de la politiq
4114 épendance de toute influence étrangère, sont dans les vrais intérêts de la politique de L’Europe entière.32 » Et j’en arriv
4115 influence étrangère, sont dans les vrais intérêts de la politique de L’Europe entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre
4116 luence étrangère, sont dans les vrais intérêts de la politique de L’Europe entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre mêm
4117 ère, sont dans les vrais intérêts de la politique de L’Europe entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre même de tout ce
4118 , sont dans les vrais intérêts de la politique de L’ Europe entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre même de tout ce que
4119 entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre même de tout ce que je voulais vous dire aujourd’hui : le seul moyen réel et
4120 de tout ce que je voulais vous dire aujourd’hui : le seul moyen réel et réaliste de conserver nos privilèges, c’est de les
4121 dire aujourd’hui : le seul moyen réel et réaliste de conserver nos privilèges, c’est de les considérer comme les charges,
4122 el et réaliste de conserver nos privilèges, c’est de les considérer comme les charges, dont nous sommes responsables vis-à
4123 et réaliste de conserver nos privilèges, c’est de les considérer comme les charges, dont nous sommes responsables vis-à-vis
4124 ver nos privilèges, c’est de les considérer comme les charges, dont nous sommes responsables vis-à-vis de la communauté eur
4125 arges, dont nous sommes responsables vis-à-vis de la communauté européenne. Je voudrais marquer d’une devise ce point cen
4126 de la communauté européenne. Je voudrais marquer d’ une devise ce point central. Au Moyen âge la noblesse représentait une
4127 rquer d’une devise ce point central. Au Moyen âge la noblesse représentait une charge autant qu’un privilège, et même le p
4128 entait une charge autant qu’un privilège, et même le privilège était subordonné à la charge, il n’avait d’autre but que d’
4129 rivilège, et même le privilège était subordonné à la charge, il n’avait d’autre but que d’en faciliter l’exercice. C’est p
4130 rivilège était subordonné à la charge, il n’avait d’ autre but que d’en faciliter l’exercice. C’est pourquoi l’on disait :
4131 ubordonné à la charge, il n’avait d’autre but que d’ en faciliter l’exercice. C’est pourquoi l’on disait : Noblesse oblige.
4132 charge, il n’avait d’autre but que d’en faciliter l’ exercice. C’est pourquoi l’on disait : Noblesse oblige. Disons-nous pa
4133 but que d’en faciliter l’exercice. C’est pourquoi l’ on disait : Noblesse oblige. Disons-nous pareillement que tous nos pri
4134 ent que tous nos privilèges, même naturels, n’ont d’ autre sens et d’autre raison d’être que de nous permettre d’accomplir
4135 privilèges, même naturels, n’ont d’autre sens et d’ autre raison d’être que de nous permettre d’accomplir notre mission sp
4136 me naturels, n’ont d’autre sens et d’autre raison d’ être que de nous permettre d’accomplir notre mission spéciale de Suiss
4137 , n’ont d’autre sens et d’autre raison d’être que de nous permettre d’accomplir notre mission spéciale de Suisses. Disons-
4138 ns et d’autre raison d’être que de nous permettre d’ accomplir notre mission spéciale de Suisses. Disons-nous donc : beauté
4139 nous permettre d’accomplir notre mission spéciale de Suisses. Disons-nous donc : beauté du sol oblige, liberté oblige, neu
4140 , liberté oblige, neutralité oblige ! Vocation de la Suisse Mais il est temps que je définisse ce que j’appelle la m
4141 iberté oblige, neutralité oblige ! Vocation de la Suisse Mais il est temps que je définisse ce que j’appelle la miss
4142 is il est temps que je définisse ce que j’appelle la mission de la Suisse, ou mieux, d’un terme plus chrétien, sa vocation
4143 emps que je définisse ce que j’appelle la mission de la Suisse, ou mieux, d’un terme plus chrétien, sa vocation. C’est trè
4144 s que je définisse ce que j’appelle la mission de la Suisse, ou mieux, d’un terme plus chrétien, sa vocation. C’est très f
4145 que j’appelle la mission de la Suisse, ou mieux, d’ un terme plus chrétien, sa vocation. C’est très facile à dire en quelq
4146 ation. C’est très facile à dire en quelques mots. La vocation actuelle et historique de la Suisse, c’est de défendre et d’
4147 quelques mots. La vocation actuelle et historique de la Suisse, c’est de défendre et d’illustrer aux yeux de l’Europe le p
4148 lques mots. La vocation actuelle et historique de la Suisse, c’est de défendre et d’illustrer aux yeux de l’Europe le prin
4149 cation actuelle et historique de la Suisse, c’est de défendre et d’illustrer aux yeux de l’Europe le principe du fédéralis
4150 et historique de la Suisse, c’est de défendre et d’ illustrer aux yeux de l’Europe le principe du fédéralisme ; principe,
4151 sse, c’est de défendre et d’illustrer aux yeux de l’ Europe le principe du fédéralisme ; principe, notons-le bien, radicale
4152 t de défendre et d’illustrer aux yeux de l’Europe le principe du fédéralisme ; principe, notons-le bien, radicalement cont
4153 ope le principe du fédéralisme ; principe, notons- le bien, radicalement contraire à tout système totalitaire, et seule bas
4154 ème totalitaire, et seule base possible et solide de la paix que nous espérons. C’est très facile à dire, et ce n’est pas
4155 totalitaire, et seule base possible et solide de la paix que nous espérons. C’est très facile à dire, et ce n’est pas trè
4156 dès qu’on veut prendre au sérieux cette vocation, l’ on s’aperçoit que ce n’est pas si simple. On s’aperçoit aussi que ces
4157 ots, un peu usés, recouvrent des réalités lourdes de possibilités nouvelles. Que signifient ces mots : défendre et illustr
4158 . Que signifient ces mots : défendre et illustrer le principe du fédéralisme ? Le défendre, c’est d’abord nous défendre, c
4159 éfendre et illustrer le principe du fédéralisme ? Le défendre, c’est d’abord nous défendre, certes, mais c’est aussi le ré
4160 t d’abord nous défendre, certes, mais c’est aussi le répandre au-dehors, le prêcher à l’Europe, le propager, et préparer p
4161 , certes, mais c’est aussi le répandre au-dehors, le prêcher à l’Europe, le propager, et préparer par nos études, par nos
4162 s c’est aussi le répandre au-dehors, le prêcher à l’ Europe, le propager, et préparer par nos études, par nos conseils, par
4163 ssi le répandre au-dehors, le prêcher à l’Europe, le propager, et préparer par nos études, par nos conseils, par nos initi
4164 nseils, par nos initiatives, par certaines prises de position peut-être, les bases de la fédération européenne. L’illustre
4165 ives, par certaines prises de position peut-être, les bases de la fédération européenne. L’illustrer, c’est le réaliser, ic
4166 certaines prises de position peut-être, les bases de la fédération européenne. L’illustrer, c’est le réaliser, ici et main
4167 taines prises de position peut-être, les bases de la fédération européenne. L’illustrer, c’est le réaliser, ici et mainten
4168 peut-être, les bases de la fédération européenne. L’ illustrer, c’est le réaliser, ici et maintenant, et dans nos vies, à l
4169 s de la fédération européenne. L’illustrer, c’est le réaliser, ici et maintenant, et dans nos vies, à l’intérieur de nos f
4170 tières. C’est faire que notre Suisse ait vraiment le droit de s’offrir en exemple à l’Europe, sur le plan du fédéralisme.
4171 ’est faire que notre Suisse ait vraiment le droit de s’offrir en exemple à l’Europe, sur le plan du fédéralisme. Ces deux
4172 se ait vraiment le droit de s’offrir en exemple à l’ Europe, sur le plan du fédéralisme. Ces deux aspects de notre vocation
4173 ope, sur le plan du fédéralisme. Ces deux aspects de notre vocation me paraissent inséparables. Il faut répandre l’idée fé
4174 tion me paraissent inséparables. Il faut répandre l’ idée fédéraliste, si nous voulons la sauvegarder, car on ne se défend
4175 faut répandre l’idée fédéraliste, si nous voulons la sauvegarder, car on ne se défend bien qu’en attaquant. Mais d’autre p
4176 re part on ne saurait attaquer avec succès que si l’ on est sûr de ses armes, et solidement appuyé par l’arrière. Il en va
4177 saurait attaquer avec succès que si l’on est sûr de ses armes, et solidement appuyé par l’arrière. Il en va de même dans
4178 on est sûr de ses armes, et solidement appuyé par l’ arrière. Il en va de même dans la vie spirituelle. Le seul moyen de ga
4179 ement appuyé par l’arrière. Il en va de même dans la vie spirituelle. Le seul moyen de garder sa foi, c’est de la prêcher.
4180 rrière. Il en va de même dans la vie spirituelle. Le seul moyen de garder sa foi, c’est de la prêcher. Il m’arrive même de
4181 va de même dans la vie spirituelle. Le seul moyen de garder sa foi, c’est de la prêcher. Il m’arrive même de penser qu’on
4182 pirituelle. Le seul moyen de garder sa foi, c’est de la prêcher. Il m’arrive même de penser qu’on ne croit vraiment que lo
4183 ituelle. Le seul moyen de garder sa foi, c’est de la prêcher. Il m’arrive même de penser qu’on ne croit vraiment que lorsq
4184 der sa foi, c’est de la prêcher. Il m’arrive même de penser qu’on ne croit vraiment que lorsque, devant d’autres, l’on tém
4185 n ne croit vraiment que lorsque, devant d’autres, l’ on témoigne. Mais le meilleur témoignage, c’est l’action, la réalisati
4186 que lorsque, devant d’autres, l’on témoigne. Mais le meilleur témoignage, c’est l’action, la réalisation, l’illustration c
4187 l’on témoigne. Mais le meilleur témoignage, c’est l’ action, la réalisation, l’illustration concrète de ce que l’on prêche.
4188 gne. Mais le meilleur témoignage, c’est l’action, la réalisation, l’illustration concrète de ce que l’on prêche. Ce n’est
4189 lleur témoignage, c’est l’action, la réalisation, l’ illustration concrète de ce que l’on prêche. Ce n’est pas par hasard q
4190 l’action, la réalisation, l’illustration concrète de ce que l’on prêche. Ce n’est pas par hasard que j’emploie ici une com
4191 la réalisation, l’illustration concrète de ce que l’ on prêche. Ce n’est pas par hasard que j’emploie ici une comparaison r
4192 pas sans raison non plus que j’ai voulu profiter de cette rencontre de jeunesse chrétienne pour vous parler de la vocatio
4193 n plus que j’ai voulu profiter de cette rencontre de jeunesse chrétienne pour vous parler de la vocation de la Suisse. Qui
4194 rencontre de jeunesse chrétienne pour vous parler de la vocation de la Suisse. Qui, en effet, mieux qu’un chrétien, mieux
4195 contre de jeunesse chrétienne pour vous parler de la vocation de la Suisse. Qui, en effet, mieux qu’un chrétien, mieux qu’
4196 unesse chrétienne pour vous parler de la vocation de la Suisse. Qui, en effet, mieux qu’un chrétien, mieux qu’un protestan
4197 sse chrétienne pour vous parler de la vocation de la Suisse. Qui, en effet, mieux qu’un chrétien, mieux qu’un protestant c
4198 ieux qu’un protestant calviniste, pourrait savoir de quoi l’on parle lorsqu’on parle de vocation ? Et à qui reviendraient,
4199 un protestant calviniste, pourrait savoir de quoi l’ on parle lorsqu’on parle de vocation ? Et à qui reviendraient, en prem
4200 ourrait savoir de quoi l’on parle lorsqu’on parle de vocation ? Et à qui reviendraient, en premier lieu, le droit et le de
4201 cation ? Et à qui reviendraient, en premier lieu, le droit et le devoir de parler d’une vocation de la Suisse, si ce n’éta
4202 à qui reviendraient, en premier lieu, le droit et le devoir de parler d’une vocation de la Suisse, si ce n’était à nous, c
4203 endraient, en premier lieu, le droit et le devoir de parler d’une vocation de la Suisse, si ce n’était à nous, chrétiens s
4204 en premier lieu, le droit et le devoir de parler d’ une vocation de la Suisse, si ce n’était à nous, chrétiens suisses ? C
4205 u, le droit et le devoir de parler d’une vocation de la Suisse, si ce n’était à nous, chrétiens suisses ? C’est pourquoi j
4206 le droit et le devoir de parler d’une vocation de la Suisse, si ce n’était à nous, chrétiens suisses ? C’est pourquoi je v
4207 rquoi je voudrais consacrer cette dernière partie de ma conférence à quelques remarques sur l’idée de vocation en général,
4208 partie de ma conférence à quelques remarques sur l’ idée de vocation en général, et ensuite, sur les moyens de réaliser no
4209 de ma conférence à quelques remarques sur l’idée de vocation en général, et ensuite, sur les moyens de réaliser notre voc
4210 ur l’idée de vocation en général, et ensuite, sur les moyens de réaliser notre vocation chrétienne en tant que Suisses. Qua
4211 e vocation en général, et ensuite, sur les moyens de réaliser notre vocation chrétienne en tant que Suisses. Quand on parl
4212 on chrétienne en tant que Suisses. Quand on parle d’ une vocation de la Suisse vis-à-vis de l’Europe, nombreux sont ceux qu
4213 n tant que Suisses. Quand on parle d’une vocation de la Suisse vis-à-vis de l’Europe, nombreux sont ceux qui crient à l’ut
4214 ant que Suisses. Quand on parle d’une vocation de la Suisse vis-à-vis de l’Europe, nombreux sont ceux qui crient à l’utopi
4215 on parle d’une vocation de la Suisse vis-à-vis de l’ Europe, nombreux sont ceux qui crient à l’utopie. Eh bien, j’estime qu
4216 -vis de l’Europe, nombreux sont ceux qui crient à l’ utopie. Eh bien, j’estime qu’un chrétien est l’homme qui doit savoir m
4217 à l’utopie. Eh bien, j’estime qu’un chrétien est l’ homme qui doit savoir mieux que tout autre qu’une vocation est autre c
4218 e qu’une utopie. Beaucoup de gens s’imaginent que les petites raisons sont plus réalistes que les grandes. Beaucoup de gens
4219 t que les petites raisons sont plus réalistes que les grandes. Beaucoup de gens s’imaginent que les réalités matérielles et
4220 que les grandes. Beaucoup de gens s’imaginent que les réalités matérielles et pratiques sont plus sérieuses que les réalité
4221 matérielles et pratiques sont plus sérieuses que les réalités spirituelles, qu’ils traitent volontiers d’idéologies fumeus
4222 réalités spirituelles, qu’ils traitent volontiers d’ idéologies fumeuses. Ces gens-là se trompent lourdement, et aujourd’hu
4223 lus qu’à toute autre époque. Car il est clair que la guerre actuelle est une guerre de doctrines et même de religions. Des
4224 l est clair que la guerre actuelle est une guerre de doctrines et même de religions. Des raisons spirituelles la dominent,
4225 erre actuelle est une guerre de doctrines et même de religions. Des raisons spirituelles la dominent, et il s’agit de les
4226 es et même de religions. Des raisons spirituelles la dominent, et il s’agit de les prendre au sérieux si l’on veut rester
4227 es raisons spirituelles la dominent, et il s’agit de les prendre au sérieux si l’on veut rester réaliste. Épargnés jusqu’i
4228 raisons spirituelles la dominent, et il s’agit de les prendre au sérieux si l’on veut rester réaliste. Épargnés jusqu’ici p
4229 minent, et il s’agit de les prendre au sérieux si l’ on veut rester réaliste. Épargnés jusqu’ici par les bombardements, nou
4230 l’on veut rester réaliste. Épargnés jusqu’ici par les bombardements, nous sommes engagés comme les autres dans le conflit s
4231 par les bombardements, nous sommes engagés comme les autres dans le conflit spirituel. Chose étrange, sur ce plan-là, nous
4232 ements, nous sommes engagés comme les autres dans le conflit spirituel. Chose étrange, sur ce plan-là, nous combattons en
4233 battons en tant que neutres, justement ! Affirmer la mission de notre neutralité, voilà notre rôle stratégique dans cette
4234 tant que neutres, justement ! Affirmer la mission de notre neutralité, voilà notre rôle stratégique dans cette bataille de
4235 voilà notre rôle stratégique dans cette bataille de doctrines. Nous venons de le constater, à propos de la neutralité : c
4236 dans cette bataille de doctrines. Nous venons de le constater, à propos de la neutralité : ce sont les faits eux-mêmes qu
4237 ctrines. Nous venons de le constater, à propos de la neutralité : ce sont les faits eux-mêmes qui nous invitent à prendre
4238 le constater, à propos de la neutralité : ce sont les faits eux-mêmes qui nous invitent à prendre une attitude active vis-à
4239 vitent à prendre une attitude active vis-à-vis de l’ Europe. Voilà ce qui distingue extérieurement une vocation d’une utopi
4240 oilà ce qui distingue extérieurement une vocation d’ une utopie. Il ne suffit pas qu’une idée soit généreuse ou grande pour
4241 ’une idée soit généreuse ou grande pour qu’on ait le droit d’y voir une vocation. Il faut encore qu’elle parte des possibi
4242 soit généreuse ou grande pour qu’on ait le droit d’ y voir une vocation. Il faut encore qu’elle parte des possibilités con
4243 concrètes. Si par exemple un Suisse croyait avoir la vocation d’un dictateur ou d’un conquérant, d’un Hitler ou d’un Napol
4244 i par exemple un Suisse croyait avoir la vocation d’ un dictateur ou d’un conquérant, d’un Hitler ou d’un Napoléon, on sera
4245 uisse croyait avoir la vocation d’un dictateur ou d’ un conquérant, d’un Hitler ou d’un Napoléon, on serait en droit de lui
4246 ir la vocation d’un dictateur ou d’un conquérant, d’ un Hitler ou d’un Napoléon, on serait en droit de lui dire : ta préten
4247 d’un dictateur ou d’un conquérant, d’un Hitler ou d’ un Napoléon, on serait en droit de lui dire : ta prétendue vocation n’
4248 d’un Hitler ou d’un Napoléon, on serait en droit de lui dire : ta prétendue vocation n’est qu’une utopie, parce qu’elle n
4249 des données très solides. De par notre situation de fait, nous sommes, si je puis dire, pratiquement condamnés à l’idéali
4250 sommes, si je puis dire, pratiquement condamnés à l’ idéalisme. Mais beaucoup de bons Suisses ne le voient pas de leurs yeu
4251 s à l’idéalisme. Mais beaucoup de bons Suisses ne le voient pas de leurs yeux, et par suite, ne veulent pas y croire. Ils
4252 e. Mais beaucoup de bons Suisses ne le voient pas de leurs yeux, et par suite, ne veulent pas y croire. Ils prétendent ten
4253 y croire. Ils prétendent tenir compte uniquement de ce qui est inscrit dans nos nécessités, dans notre situation géograph
4254 ses qui peuvent être vues et touchées, nos Alpes, la petitesse de notre territoire, et nos difficultés économiques, ils n’
4255 nt être vues et touchées, nos Alpes, la petitesse de notre territoire, et nos difficultés économiques, ils n’aperçoivent n
4256 ficultés économiques, ils n’aperçoivent nullement l’ indication d’une vocation européenne de la Suisse. Dans un certain sen
4257 omiques, ils n’aperçoivent nullement l’indication d’ une vocation européenne de la Suisse. Dans un certain sens, ils n’ont
4258 nullement l’indication d’une vocation européenne de la Suisse. Dans un certain sens, ils n’ont pas tort. Une vocation n’e
4259 llement l’indication d’une vocation européenne de la Suisse. Dans un certain sens, ils n’ont pas tort. Une vocation n’est
4260 Une vocation n’est jamais inscrite en clair dans les faits matériels. Il faut savoir l’y déchiffrer, et cela ne se peut qu
4261 en clair dans les faits matériels. Il faut savoir l’ y déchiffrer, et cela ne se peut qu’avec les yeux de l’esprit. Tenir c
4262 savoir l’y déchiffrer, et cela ne se peut qu’avec les yeux de l’esprit. Tenir compte des faits ne suffit pas : il faut savo
4263 y déchiffrer, et cela ne se peut qu’avec les yeux de l’esprit. Tenir compte des faits ne suffit pas : il faut savoir leur
4264 échiffrer, et cela ne se peut qu’avec les yeux de l’ esprit. Tenir compte des faits ne suffit pas : il faut savoir leur don
4265 donner un sens, leur ajouter un sens par un acte de l’esprit ; et y croire, par un acte de foi. Il n’en va pas autrement
4266 nner un sens, leur ajouter un sens par un acte de l’ esprit ; et y croire, par un acte de foi. Il n’en va pas autrement dan
4267 ar un acte de l’esprit ; et y croire, par un acte de foi. Il n’en va pas autrement dans la vie du chrétien. Nous ne pouvon
4268 par un acte de foi. Il n’en va pas autrement dans la vie du chrétien. Nous ne pouvons jamais partir que de ce que nous som
4269 ie du chrétien. Nous ne pouvons jamais partir que de ce que nous sommes, c’est entendu, mais ce n’est pas une raison pour
4270 toujours un appel, un appel qui vient du dehors, de Quelqu’un d’autre, et qui nous force à sortir de nous-mêmes. Elle ne
4271 appel, un appel qui vient du dehors, de Quelqu’un d’ autre, et qui nous force à sortir de nous-mêmes. Elle ne résulte pas m
4272 de Quelqu’un d’autre, et qui nous force à sortir de nous-mêmes. Elle ne résulte pas mécaniquement de notre situation de f
4273 de nous-mêmes. Elle ne résulte pas mécaniquement de notre situation de fait : elle s’y ajoute. Notre foi l’y ajoute. Pour
4274 e ne résulte pas mécaniquement de notre situation de fait : elle s’y ajoute. Notre foi l’y ajoute. Pourquoi un incroyant d
4275 re situation de fait : elle s’y ajoute. Notre foi l’ y ajoute. Pourquoi un incroyant devient-il chrétien, et se met-il un b
4276 u de vivre pour lui-même ? C’est parce qu’il a lu la Bible par exemple, et que l’Esprit a parlé à travers elle, c’est donc
4277 est parce qu’il a lu la Bible par exemple, et que l’ Esprit a parlé à travers elle, c’est donc en vertu de quelque chose qu
4278 elque chose qui vient d’ailleurs, qui ne vient ni de lui, ni de ses aptitudes, ni de son hérédité raciale, ni de son milie
4279 qui vient d’ailleurs, qui ne vient ni de lui, ni de ses aptitudes, ni de son hérédité raciale, ni de son milieu, et qui n
4280 , qui ne vient ni de lui, ni de ses aptitudes, ni de son hérédité raciale, ni de son milieu, et qui n’était nullement « in
4281 de ses aptitudes, ni de son hérédité raciale, ni de son milieu, et qui n’était nullement « inscrit » dans tous ces faits.
4282 aits. Que cela soit donc bien clairement établi : l’ individu ou le pays qui se reconnaît une vocation chrétienne doit sans
4283 soit donc bien clairement établi : l’individu ou le pays qui se reconnaît une vocation chrétienne doit sans nul doute par
4284 te partir des faits — sous peine de divaguer dans l’ utopie — mais il doit en partir justement, aller au-delà, et dans un s
4285 , et dans un sens qui ne peut être révélé que par la foi. Maintenant donc, il s’agit pour nous tous de reconnaître la voca
4286 la foi. Maintenant donc, il s’agit pour nous tous de reconnaître la vocation suisse, d’en revêtir la charge, d’en être les
4287 ant donc, il s’agit pour nous tous de reconnaître la vocation suisse, d’en revêtir la charge, d’en être les porteurs. Prem
4288 pour nous tous de reconnaître la vocation suisse, d’ en revêtir la charge, d’en être les porteurs. Premièrement en la défen
4289 s de reconnaître la vocation suisse, d’en revêtir la charge, d’en être les porteurs. Premièrement en la défendant, deuxièm
4290 aître la vocation suisse, d’en revêtir la charge, d’ en être les porteurs. Premièrement en la défendant, deuxièmement en l’
4291 ocation suisse, d’en revêtir la charge, d’en être les porteurs. Premièrement en la défendant, deuxièmement en l’illustrant,
4292 a charge, d’en être les porteurs. Premièrement en la défendant, deuxièmement en l’illustrant, et troisièmement en faisant
4293 rs. Premièrement en la défendant, deuxièmement en l’ illustrant, et troisièmement en faisant tout cela comme des chrétiens.
4294 omme des chrétiens. 1. Travaillons tout d’abord à la défendre, c’est-à-dire à la faire connaître autour de nous et en deho
4295 illons tout d’abord à la défendre, c’est-à-dire à la faire connaître autour de nous et en dehors de nos frontières. Si que
4296 oyens il pourrait y contribuer, je lui demanderai d’ aider au moins ceux qui se trouveraient mieux placés dans ce combat, e
4297 i se trouveraient mieux placés dans ce combat, et d’ être prêt à leur porter main-forte, cas échéant. Car tout revient, dan
4298 Car tout revient, dans ce domaine, à une question d’ état d’esprit et de préparation morale. Ce qu’il s’agit de créer, avan
4299 ans ce domaine, à une question d’état d’esprit et de préparation morale. Ce qu’il s’agit de créer, avant tout, c’est une d
4300 ’esprit et de préparation morale. Ce qu’il s’agit de créer, avant tout, c’est une disposition du sentiment public favorabl
4301 s entreprises éventuelles, qu’il serait imprudent de préciser trop vite, mais qui naîtront sans aucun doute, ici ou là, da
4302 is qui naîtront sans aucun doute, ici ou là, dans la mesure où nous les attendrons, où nous les appellerons, où nous les c
4303 ns aucun doute, ici ou là, dans la mesure où nous les attendrons, où nous les appellerons, où nous les croirons justes et n
4304 à, dans la mesure où nous les attendrons, où nous les appellerons, où nous les croirons justes et nécessaires. Mais il est
4305 les attendrons, où nous les appellerons, où nous les croirons justes et nécessaires. Mais il est temps que j’apporte une c
4306 actement un complément à ma précédente définition de la vocation. Je viens de vous dire qu’il serait prématuré de préciser
4307 ement un complément à ma précédente définition de la vocation. Je viens de vous dire qu’il serait prématuré de préciser dè
4308 ion. Je viens de vous dire qu’il serait prématuré de préciser dès maintenant le plan d’une entreprise fédéraliste européen
4309 qu’il serait prématuré de préciser dès maintenant le plan d’une entreprise fédéraliste européenne, sur l’initiative de la
4310 rait prématuré de préciser dès maintenant le plan d’ une entreprise fédéraliste européenne, sur l’initiative de la Suisse.
4311 plan d’une entreprise fédéraliste européenne, sur l’ initiative de la Suisse. Or on pourrait me faire remarquer qu’une voca
4312 treprise fédéraliste européenne, sur l’initiative de la Suisse. Or on pourrait me faire remarquer qu’une vocation est touj
4313 prise fédéraliste européenne, sur l’initiative de la Suisse. Or on pourrait me faire remarquer qu’une vocation est toujour
4314 uer qu’une vocation est toujours un appel précis. Le type même de la vocation, c’est l’appel aux Prophètes dans l’Ancien T
4315 cation est toujours un appel précis. Le type même de la vocation, c’est l’appel aux Prophètes dans l’Ancien Testament. Die
4316 ion est toujours un appel précis. Le type même de la vocation, c’est l’appel aux Prophètes dans l’Ancien Testament. Dieu l
4317 appel précis. Le type même de la vocation, c’est l’ appel aux Prophètes dans l’Ancien Testament. Dieu leur donne toujours
4318 de la vocation, c’est l’appel aux Prophètes dans l’ Ancien Testament. Dieu leur donne toujours une tâche déterminée et imm
4319 éjà nous habituer à voir plus grand sans décoller de la réalité, à voir plus grand pour rester dans le réel ; nous habitue
4320 nous habituer à voir plus grand sans décoller de la réalité, à voir plus grand pour rester dans le réel ; nous habituer à
4321 de la réalité, à voir plus grand pour rester dans le réel ; nous habituer à l’idée de faire un jour quelque chose de grand
4322 grand pour rester dans le réel ; nous habituer à l’ idée de faire un jour quelque chose de grand pour l’Europe. Peut-être
4323 pour rester dans le réel ; nous habituer à l’idée de faire un jour quelque chose de grand pour l’Europe. Peut-être est-il
4324 habituer à l’idée de faire un jour quelque chose de grand pour l’Europe. Peut-être est-il encore trop tôt pour mobiliser
4325 idée de faire un jour quelque chose de grand pour l’ Europe. Peut-être est-il encore trop tôt pour mobiliser l’opinion en f
4326 . Peut-être est-il encore trop tôt pour mobiliser l’ opinion en faveur d’une action de la Suisse auprès de ses voisins en g
4327 t pour mobiliser l’opinion en faveur d’une action de la Suisse auprès de ses voisins en guerre. Peut-être n’y a-t-il rien
4328 our mobiliser l’opinion en faveur d’une action de la Suisse auprès de ses voisins en guerre. Peut-être n’y a-t-il rien à f
4329 spirituelle que je réclame, c’est plutôt une mise de piquet. Soyons prêts à répondre à tout appel, même balbutiant, qui se
4330 ntendre. Préparons-nous à dire très haut, dès que l’ occasion s’en montrera, ce que nous aurons à dire à nos voisins, forts
4331 urons à dire à nos voisins, forts que nous sommes d’ une expérience fédéraliste de six siècles. Et surtout, ne dénigrons pa
4332 orts que nous sommes d’une expérience fédéraliste de six siècles. Et surtout, ne dénigrons pas les tentatives qui se ferai
4333 iste de six siècles. Et surtout, ne dénigrons pas les tentatives qui se feraient jour dans ce sens comme nous avons trop so
4334 ans ce sens comme nous avons trop souvent dénigré l’ essai de Société des Nations. Essayons au contraire de les améliorer,
4335 ens comme nous avons trop souvent dénigré l’essai de Société des Nations. Essayons au contraire de les améliorer, si nous
4336 de Société des Nations. Essayons au contraire de les améliorer, si nous les jugeons maladroites ou mal fondées. Travaillon
4337 . Essayons au contraire de les améliorer, si nous les jugeons maladroites ou mal fondées. Travaillons aussi, c’est le deuxi
4338 nt, à illustrer notre fédéralisme, c’est-à-dire à le réaliser d’une manière qui le rende exemplaire au sens littéral de ce
4339 rer notre fédéralisme, c’est-à-dire à le réaliser d’ une manière qui le rende exemplaire au sens littéral de ce mot. Profit
4340 sme, c’est-à-dire à le réaliser d’une manière qui le rende exemplaire au sens littéral de ce mot. Profitons de notre paix
4341 manière qui le rende exemplaire au sens littéral de ce mot. Profitons de notre paix matérielle pour le parfaire et pour l
4342 exemplaire au sens littéral de ce mot. Profitons de notre paix matérielle pour le parfaire et pour l’approfondir jusque d
4343 e ce mot. Profitons de notre paix matérielle pour le parfaire et pour l’approfondir jusque dans le détail de nos vies, en
4344 de notre paix matérielle pour le parfaire et pour l’ approfondir jusque dans le détail de nos vies, en sorte que cette rédu
4345 our le parfaire et pour l’approfondir jusque dans le détail de nos vies, en sorte que cette réduction d’Europe fédérée, qu
4346 faire et pour l’approfondir jusque dans le détail de nos vies, en sorte que cette réduction d’Europe fédérée, qu’est la Su
4347 détail de nos vies, en sorte que cette réduction d’ Europe fédérée, qu’est la Suisse, soit au moins de l’ouvrage bien fait
4348 orte que cette réduction d’Europe fédérée, qu’est la Suisse, soit au moins de l’ouvrage bien faite, digne d’être exposée,
4349 d’Europe fédérée, qu’est la Suisse, soit au moins de l’ouvrage bien faite, digne d’être exposée, et en bonne place, comme
4350 urope fédérée, qu’est la Suisse, soit au moins de l’ ouvrage bien faite, digne d’être exposée, et en bonne place, comme un
4351 sse, soit au moins de l’ouvrage bien faite, digne d’ être exposée, et en bonne place, comme un modèle valable pour l’Europe
4352 , et en bonne place, comme un modèle valable pour l’ Europe de demain. Voilà un travail immédiat. Nul besoin, cette fois-ci
4353 onne place, comme un modèle valable pour l’Europe de demain. Voilà un travail immédiat. Nul besoin, cette fois-ci, d’atten
4354 à un travail immédiat. Nul besoin, cette fois-ci, d’ attendre que la paix s’approche pour s’y mettre. Notre vocation intéri
4355 médiat. Nul besoin, cette fois-ci, d’attendre que la paix s’approche pour s’y mettre. Notre vocation intérieure est pour l
4356 ur s’y mettre. Notre vocation intérieure est pour le moment plus précise que notre vocation européenne ; mais je vous l’ai
4357 cise que notre vocation européenne ; mais je vous l’ ai dit : l’une suppose l’autre et la soutient. Je laisserai de côté, c
4358 mais je vous l’ai dit : l’une suppose l’autre et la soutient. Je laisserai de côté, ce matin, l’aspect politique au sens
4359 ’une suppose l’autre et la soutient. Je laisserai de côté, ce matin, l’aspect politique au sens étroit du problème. J’esti
4360 e et la soutient. Je laisserai de côté, ce matin, l’ aspect politique au sens étroit du problème. J’estime que le fédéralis
4361 olitique au sens étroit du problème. J’estime que le fédéralisme est tout d’abord une réalité morale, et même spirituelle.
4362 e. Et c’est sur ce plan décisif, qu’il nous reste le plus à faire. Il nous reste, par exemple, à découvrir toute notre his
4363 erses, si curieusement défigurées et affadies par les manuels. Il nous reste à connaître vraiment nos confédérés suisses al
4364 savent souvent tellement mieux que nous ce qu’est la Suisse. Il nous reste surtout à développer en profondeur ce que j’app
4365 ut à développer en profondeur ce que j’appellerai le sens fédéraliste intime, sens qui suppose toute une morale, et qui, n
4366 sens qui suppose toute une morale, et qui, notez- le bien, s’en va rejoindre, dans le plan du spirituel, toute l’espérance
4367 e, et qui, notez-le bien, s’en va rejoindre, dans le plan du spirituel, toute l’espérance œcuménique. Connaître le voisin
4368 en va rejoindre, dans le plan du spirituel, toute l’ espérance œcuménique. Connaître le voisin de langue ou de confession d
4369 pirituel, toute l’espérance œcuménique. Connaître le voisin de langue ou de confession différente ; lui reconnaître le dro
4370 toute l’espérance œcuménique. Connaître le voisin de langue ou de confession différente ; lui reconnaître le droit de diff
4371 ance œcuménique. Connaître le voisin de langue ou de confession différente ; lui reconnaître le droit de différer de nous 
4372 gue ou de confession différente ; lui reconnaître le droit de différer de nous ; le comprendre jusqu’à la limite du possib
4373 confession différente ; lui reconnaître le droit de différer de nous ; le comprendre jusqu’à la limite du possible comme
4374 différente ; lui reconnaître le droit de différer de nous ; le comprendre jusqu’à la limite du possible comme il se compre
4375  ; lui reconnaître le droit de différer de nous ; le comprendre jusqu’à la limite du possible comme il se comprend lui-mêm
4376 droit de différer de nous ; le comprendre jusqu’à la limite du possible comme il se comprend lui-même ; ne point recherche
4377 mme il se comprend lui-même ; ne point rechercher l’ union dans le compromis, mais dans cette clarté rigoureuse que répand
4378 prend lui-même ; ne point rechercher l’union dans le compromis, mais dans cette clarté rigoureuse que répand seule la véri
4379 ais dans cette clarté rigoureuse que répand seule la véritable charité ; c’est toute l’éthique fédéraliste, et c’est aussi
4380 e répand seule la véritable charité ; c’est toute l’ éthique fédéraliste, et c’est aussi tout l’idéal œcuménique, que nos É
4381 toute l’éthique fédéraliste, et c’est aussi tout l’ idéal œcuménique, que nos Églises devraient soutenir, précisément, au
4382 nt soutenir, précisément, au nom de leur vocation d’ Églises suisses. Ceci m’amène à mon troisième et dernier point. C’est
4383 travailler à cette défense, à cette illustration de l’idée suisse. Je m’explique. Le chrétien a le devoir d’agir, d’agir
4384 availler à cette défense, à cette illustration de l’ idée suisse. Je m’explique. Le chrétien a le devoir d’agir, d’agir dan
4385 tte illustration de l’idée suisse. Je m’explique. Le chrétien a le devoir d’agir, d’agir dans le monde et pour le monde, d
4386 on de l’idée suisse. Je m’explique. Le chrétien a le devoir d’agir, d’agir dans le monde et pour le monde, dans la cité où
4387 ée suisse. Je m’explique. Le chrétien a le devoir d’ agir, d’agir dans le monde et pour le monde, dans la cité où il est né
4388 e. Je m’explique. Le chrétien a le devoir d’agir, d’ agir dans le monde et pour le monde, dans la cité où il est né, et pou
4389 ique. Le chrétien a le devoir d’agir, d’agir dans le monde et pour le monde, dans la cité où il est né, et pour son bien.
4390 a le devoir d’agir, d’agir dans le monde et pour le monde, dans la cité où il est né, et pour son bien. Il n’a pas le dro
4391 agir, d’agir dans le monde et pour le monde, dans la cité où il est né, et pour son bien. Il n’a pas le droit de s’en dési
4392 a cité où il est né, et pour son bien. Il n’a pas le droit de s’en désintéresser, et de laisser les autres s’égarer, quitt
4393 il est né, et pour son bien. Il n’a pas le droit de s’en désintéresser, et de laisser les autres s’égarer, quitte à les d
4394 en. Il n’a pas le droit de s’en désintéresser, et de laisser les autres s’égarer, quitte à les dénoncer ensuite pathétique
4395 pas le droit de s’en désintéresser, et de laisser les autres s’égarer, quitte à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut
4396 sser, et de laisser les autres s’égarer, quitte à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut de la chaire ! Or l’action d’
4397 tte à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut de la chaire ! Or l’action d’un chrétien, placé par sa naissance dans la
4398 à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut de la chaire ! Or l’action d’un chrétien, placé par sa naissance dans la co
4399 ensuite pathétiquement du haut de la chaire ! Or l’ action d’un chrétien, placé par sa naissance dans la communauté des Su
4400 pathétiquement du haut de la chaire ! Or l’action d’ un chrétien, placé par sa naissance dans la communauté des Suisses, do
4401 action d’un chrétien, placé par sa naissance dans la communauté des Suisses, doit naturellement s’insérer dans les données
4402 té des Suisses, doit naturellement s’insérer dans les données de fait qui sont celles du pays, qui sont communes à tous les
4403 es, doit naturellement s’insérer dans les données de fait qui sont celles du pays, qui sont communes à tous les citoyens.
4404 qui sont celles du pays, qui sont communes à tous les citoyens. Mais la mission spéciale du citoyen chrétien, ce sera de dé
4405 pays, qui sont communes à tous les citoyens. Mais la mission spéciale du citoyen chrétien, ce sera de dégager de ces donné
4406 la mission spéciale du citoyen chrétien, ce sera de dégager de ces données communes un sens spirituel, une vocation. Car
4407 spéciale du citoyen chrétien, ce sera de dégager de ces données communes un sens spirituel, une vocation. Car le chrétien
4408 ées communes un sens spirituel, une vocation. Car le chrétien est, si l’ose dire, un spécialiste de la vocation. Cette act
4409 spirituel, une vocation. Car le chrétien est, si l’ ose dire, un spécialiste de la vocation. Cette action particulière du
4410 ar le chrétien est, si l’ose dire, un spécialiste de la vocation. Cette action particulière du citoyen chrétien sera dans
4411 le chrétien est, si l’ose dire, un spécialiste de la vocation. Cette action particulière du citoyen chrétien sera dans l’i
4412 action particulière du citoyen chrétien sera dans l’ intérêt de la Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à la f
4413 ticulière du citoyen chrétien sera dans l’intérêt de la Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à la foi. J’insi
4414 ulière du citoyen chrétien sera dans l’intérêt de la Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à la foi. J’insiste
4415 isse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à la foi. J’insiste sur ce point, qui est capital. Nous ne devons pas être
4416 e que nous sommes Suisses, mais nous devons être de bons Suisses parce que nous sommes chrétiens d’abord. Je tiens à diss
4417 à dissiper ici toute équivoque. Il ne manque pas de gens, chez nous, pour dire qu’un bon citoyen suisse a le devoir d’êtr
4418 , chez nous, pour dire qu’un bon citoyen suisse a le devoir d’être chrétien, comme si ce devoir était la conséquence oblig
4419 s, pour dire qu’un bon citoyen suisse a le devoir d’ être chrétien, comme si ce devoir était la conséquence obligatoire d’u
4420 devoir d’être chrétien, comme si ce devoir était la conséquence obligatoire d’un très ardent patriotisme. Si certains n’h
4421 mme si ce devoir était la conséquence obligatoire d’ un très ardent patriotisme. Si certains n’hésitent pas, dans leurs dis
4422 s n’hésitent pas, dans leurs discours, à invoquer le Dieu de nos pères, il semble parfois que c’est moins parce qu’ils cro
4423 tent pas, dans leurs discours, à invoquer le Dieu de nos pères, il semble parfois que c’est moins parce qu’ils croient le
4424 mble parfois que c’est moins parce qu’ils croient le christianisme vrai, que parce qu’ils le croient utile au bon moral de
4425 s croient le christianisme vrai, que parce qu’ils le croient utile au bon moral de la nation, voire à la discipline des tr
4426 i, que parce qu’ils le croient utile au bon moral de la nation, voire à la discipline des troupes. Ces gens-là, vous les r
4427 que parce qu’ils le croient utile au bon moral de la nation, voire à la discipline des troupes. Ces gens-là, vous les reco
4428 croient utile au bon moral de la nation, voire à la discipline des troupes. Ces gens-là, vous les reconnaîtrez infaillibl
4429 re à la discipline des troupes. Ces gens-là, vous les reconnaîtrez infailliblement à ces quelques traits : ils ont une conc
4430 nt à ces quelques traits : ils ont une conception de la « religion » plutôt déiste qu’évangélique ; ils prônent un moralis
4431 à ces quelques traits : ils ont une conception de la « religion » plutôt déiste qu’évangélique ; ils prônent un moralisme
4432 t bourgeois que charitable ; et ils ont une façon d’ exalter la croix blanche de notre drapeau qui rappelle davantage le Go
4433 s que charitable ; et ils ont une façon d’exalter la croix blanche de notre drapeau qui rappelle davantage le Gott mit uns
4434 ue charitable ; et ils ont une façon d’exalter la croix blanche de notre drapeau qui rappelle davantage le Gott mit uns de Gu
4435 ; et ils ont une façon d’exalter la croix blanche de notre drapeau qui rappelle davantage le Gott mit uns de Guillaume II
4436 x blanche de notre drapeau qui rappelle davantage le Gott mit uns de Guillaume II que le « Dieu premier servi » de Jeanne
4437 re drapeau qui rappelle davantage le Gott mit uns de Guillaume II que le « Dieu premier servi » de Jeanne d’Arc. Bref, l’i
4438 lle davantage le Gott mit uns de Guillaume II que le « Dieu premier servi » de Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’ils porten
4439 uns de Guillaume II que le « Dieu premier servi » de Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’ils portent à la religion paraît sub
4440 le « Dieu premier servi » de Jeanne d’Arc. Bref, l’ intérêt qu’ils portent à la religion paraît subordonné à celui qu’ils
4441 de Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’ils portent à la religion paraît subordonné à celui qu’ils portent à l’État suisse. Or
4442 ligion paraît subordonné à celui qu’ils portent à l’ État suisse. Or nous devons croire exactement le contraire, je le répè
4443 à l’État suisse. Or nous devons croire exactement le contraire, je le répète : nous devons être de bons Suisses parce que
4444 Or nous devons croire exactement le contraire, je le répète : nous devons être de bons Suisses parce que nous sommes chrét
4445 ent le contraire, je le répète : nous devons être de bons Suisses parce que nous sommes chrétiens d’abord. Gardons-nous du
4446 parler, j’opposerai cette déclaration prophétique d’ un homme dont la pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre
4447 rai cette déclaration prophétique d’un homme dont la pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre Vinet. « Veuille
4448 en voulez pas pour vous, mais seulement pour tout le monde, faites-nous la grâce de n’en point vouloir. » Car « la société
4449 s, mais seulement pour tout le monde, faites-nous la grâce de n’en point vouloir. » Car « la société qui veut m’ôter ma re
4450 eulement pour tout le monde, faites-nous la grâce de n’en point vouloir. » Car « la société qui veut m’ôter ma religion m’
4451 ites-nous la grâce de n’en point vouloir. » Car «  la société qui veut m’ôter ma religion m’effraie bien moins que celle qu
4452 vous, à vrai dire, qu’une seule idée : c’est que la Suisse que nous devons défendre n’est pas la Suisse des manuels, des
4453 que la Suisse que nous devons défendre n’est pas la Suisse des manuels, des cartes postales, des discours de tirs fédérau
4454 se des manuels, des cartes postales, des discours de tirs fédéraux ; n’est pas la Suisse qui se vante de ses beautés, de s
4455 stales, des discours de tirs fédéraux ; n’est pas la Suisse qui se vante de ses beautés, de ses libertés et de sa neutrali
4456 tirs fédéraux ; n’est pas la Suisse qui se vante de ses beautés, de ses libertés et de sa neutralité, mais bien la Suisse
4457 n’est pas la Suisse qui se vante de ses beautés, de ses libertés et de sa neutralité, mais bien la Suisse qui sait reconn
4458 e qui se vante de ses beautés, de ses libertés et de sa neutralité, mais bien la Suisse qui sait reconnaître dans ces priv
4459 s, de ses libertés et de sa neutralité, mais bien la Suisse qui sait reconnaître dans ces privilèges les signes d’une miss
4460 a Suisse qui sait reconnaître dans ces privilèges les signes d’une mission dont elle est responsable. Une seule idée… Mais
4461 i sait reconnaître dans ces privilèges les signes d’ une mission dont elle est responsable. Une seule idée… Mais si nous l’
4462 lle est responsable. Une seule idée… Mais si nous l’ acceptons avec courage et avec joie, je suis certain que la plupart de
4463 butant perdront leur légitimité. Si nous refusons de considérer le fait d’être Suisses comme une espèce de « filon », dans
4464 t leur légitimité. Si nous refusons de considérer le fait d’être Suisses comme une espèce de « filon », dans notre Europe
4465 égitimité. Si nous refusons de considérer le fait d’ être Suisses comme une espèce de « filon », dans notre Europe déchirée
4466 onsidérer le fait d’être Suisses comme une espèce de « filon », dans notre Europe déchirée, si nous le considérons tout au
4467 de « filon », dans notre Europe déchirée, si nous le considérons tout au contraire comme une « mission spéciale », nous ap
4468 ssion spéciale », nous apprendrons à voir au-delà de nous-mêmes et par suite à penser plus librement, et avec plus de géné
4469 t par suite à penser plus librement, et avec plus de générosité. Et alors nous serons en état de mesurer la vraie grandeur
4470 plus de générosité. Et alors nous serons en état de mesurer la vraie grandeur des événements actuels, la vraie grandeur d
4471 nérosité. Et alors nous serons en état de mesurer la vraie grandeur des événements actuels, la vraie grandeur du rôle qui
4472 mesurer la vraie grandeur des événements actuels, la vraie grandeur du rôle qui peut y être le nôtre. Et parce que nous se
4473 e nôtre. Et parce que nous serons plus conscients de ce que nous avons à donner, nous serons mieux armés pour défendre la
4474 s à donner, nous serons mieux armés pour défendre la Suisse où Dieu nous veut à son service. 31. Conférence prononcée l
4475 s veut à son service. 31. Conférence prononcée le 28 janvier 1940 au camp de Tavannes des UCJG. 32. Cette phrase prend
4476 . Conférence prononcée le 28 janvier 1940 au camp de Tavannes des UCJG. 32. Cette phrase prend toute son importance histo
4477 e phrase prend toute son importance historique si l’ on se rappelle que les Waldstätten, déjà, furent libérés de tout vasse
4478 son importance historique si l’on se rappelle que les Waldstätten, déjà, furent libérés de tout vasselage dans l’intérêt du
4479 appelle que les Waldstätten, déjà, furent libérés de tout vasselage dans l’intérêt du Saint-Empire, et non point parce que
4480 tten, déjà, furent libérés de tout vasselage dans l’ intérêt du Saint-Empire, et non point parce que l’empereur tenait à le
4481 l’intérêt du Saint-Empire, et non point parce que l’ empereur tenait à leur faire un petit plaisir ! Ainsi le fondement mêm
4482 reur tenait à leur faire un petit plaisir ! Ainsi le fondement même de la Confédération est sa mission européenne. 33. En
4483 faire un petit plaisir ! Ainsi le fondement même de la Confédération est sa mission européenne. 33. En Russie, évidemmen
4484 ire un petit plaisir ! Ainsi le fondement même de la Confédération est sa mission européenne. 33. En Russie, évidemment,
6 1940, Mission ou démission de la Suisse. Esquisses d’une politique fédéraliste
4485 Esquisses d’ une politique fédéraliste Il se peut que le fédéralisme n’ait été à
4486 sses d’une politique fédéraliste Il se peut que le fédéralisme n’ait été à son origine qu’une nécessité naturelle. Il se
4487 t qu’une praxis ne peut rayonner et créer qu’avec l’ appui d’une theoria, à partir d’un certain moment. Ce moment est venu.
4488 praxis ne peut rayonner et créer qu’avec l’appui d’ une theoria, à partir d’un certain moment. Ce moment est venu. Nous y
4489 et créer qu’avec l’appui d’une theoria, à partir d’ un certain moment. Ce moment est venu. Nous y sommes. Dans la révoluti
4490 n moment. Ce moment est venu. Nous y sommes. Dans la révolution du xxe siècle, ceux qui se taisent n’ont peut-être pas to
4491 être pas tort, mais ils sont certainement battus. L’ « arme secrète » dont on parle souvent, c’est simplement la propagande
4492 secrète » dont on parle souvent, c’est simplement la propagande. Toute propagande est efficace, voilà le principe tactique
4493 propagande. Toute propagande est efficace, voilà le principe tactique fondamental de notre siècle. Si aucune contre-propa
4494 efficace, voilà le principe tactique fondamental de notre siècle. Si aucune contre-propagande n’entre en action pour la n
4495 i aucune contre-propagande n’entre en action pour la neutraliser, toute propagande obtient un certain rendement, qui varie
4496 t un certain rendement, qui varie entre 5 % (dans les pays d’opinion « libre ») et 98 ½ % (dans d’autres pays). Il y a don
4497 ain rendement, qui varie entre 5 % (dans les pays d’ opinion « libre ») et 98 ½ % (dans d’autres pays). Il y a donc aujour
4498 ans d’autres pays). Il y a donc aujourd’hui pour le fédéralisme une nécessité de s’exprimer, quand ce ne serait que pour
4499 onc aujourd’hui pour le fédéralisme une nécessité de s’exprimer, quand ce ne serait que pour se défendre. Mais en même tem
4500 e. Mais en même temps, une possibilité se révèle, d’ élargissement européen ; un appel, voire une exigence, qui nous fait u
4501 ppel, voire une exigence, qui nous fait un devoir d’ attaquer au niveau des idées et des doctrines. Mais afin de nous mettr
4502 des doctrines. Mais afin de nous mettre en mesure de « prêcher » le fédéralisme, il nous faut savoir d’où il vient ; savoi
4503 Mais afin de nous mettre en mesure de « prêcher » le fédéralisme, il nous faut savoir d’où il vient ; savoir aussi à quoi
4504 e « prêcher » le fédéralisme, il nous faut savoir d’ où il vient ; savoir aussi à quoi il tend ; et prouver la réalité de c
4505 vient ; savoir aussi à quoi il tend ; et prouver la réalité de ce savoir par une existence exemplaire. Je ne puis parler
4506 voir aussi à quoi il tend ; et prouver la réalité de ce savoir par une existence exemplaire. Je ne puis parler ici que des
4507 ers points. Du troisième, que dirais-je ? Il faut le vivre. ID’où vient le fédéralisme ? Dans le temps, dans le monde
4508 , que dirais-je ? Il faut le vivre. ID’où vient le fédéralisme ? Dans le temps, dans le monde du péché, tout commence
4509 le vivre. ID’où vient le fédéralisme ? Dans le temps, dans le monde du péché, tout commence par la nécessité, et ten
4510 ’où vient le fédéralisme ? Dans le temps, dans le monde du péché, tout commence par la nécessité, et tend à nous y enfe
4511 temps, dans le monde du péché, tout commence par la nécessité, et tend à nous y enfermer. Dans le monde de l’esprit, tout
4512 par la nécessité, et tend à nous y enfermer. Dans le monde de l’esprit, tout s’ouvre et se libère, devient grâce et devien
4513 cessité, et tend à nous y enfermer. Dans le monde de l’esprit, tout s’ouvre et se libère, devient grâce et devient nouveau
4514 sité, et tend à nous y enfermer. Dans le monde de l’ esprit, tout s’ouvre et se libère, devient grâce et devient nouveauté.
4515 et se libère, devient grâce et devient nouveauté. L’ action réelle, c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la
4516 râce et devient nouveauté. L’action réelle, c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul
4517 veauté. L’action réelle, c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul nous rend humains e
4518 uté. L’action réelle, c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul nous rend humains et n
4519 c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul nous rend humains et nous maintient à haute
4520 est de passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul nous rend humains et nous maintient à hauteur
4521 eul nous rend humains et nous maintient à hauteur d’ homme. (Pas question de monter jusqu’à l’ange ; nous avons bien assez
4522 t nous maintient à hauteur d’homme. (Pas question de monter jusqu’à l’ange ; nous avons bien assez à faire à ne point reto
4523 hauteur d’homme. (Pas question de monter jusqu’à l’ ange ; nous avons bien assez à faire à ne point retomber à la bête.) A
4524 us avons bien assez à faire à ne point retomber à la bête.) Ainsi pour le fédéralisme. Qu’il soit né de la géographie, c’e
4525 faire à ne point retomber à la bête.) Ainsi pour le fédéralisme. Qu’il soit né de la géographie, c’est un fait dont il fa
4526 a bête.) Ainsi pour le fédéralisme. Qu’il soit né de la géographie, c’est un fait dont il faut partir sous peine d’utopie
4527 ête.) Ainsi pour le fédéralisme. Qu’il soit né de la géographie, c’est un fait dont il faut partir sous peine d’utopie per
4528 hie, c’est un fait dont il faut partir sous peine d’ utopie pernicieuse. Mais il faut en « partir » justement, si l’on veut
4529 icieuse. Mais il faut en « partir » justement, si l’ on veut qu’il révèle son sens. Aucun fait n’a de sens en soi. L’esprit
4530 i l’on veut qu’il révèle son sens. Aucun fait n’a de sens en soi. L’esprit seul donne un sens aux données dans lesquelles
4531 l révèle son sens. Aucun fait n’a de sens en soi. L’ esprit seul donne un sens aux données dans lesquelles notre histoire p
4532 s dans lesquelles notre histoire prit son départ. Les données matérielles du fédéralisme conditionnent notre destinée, mais
4533 fédéralisme conditionnent notre destinée, mais ne la déterminent pas. À négliger cette distinction, nous tomberions dans u
4534 qu’une des formes du matérialisme moderne, disons la forme poétique. Or rien n’est plus artificiel, plus utopique, que le
4535 Or rien n’est plus artificiel, plus utopique, que le matérialisme, d’où qu’il vienne. Cette doctrine n’est en fait qu’un r
4536 s artificiel, plus utopique, que le matérialisme, d’ où qu’il vienne. Cette doctrine n’est en fait qu’un ressentiment. Elle
4537 n ressentiment. Elle naît toujours des déceptions de l’idéalisme, de ses abus et de ses lacunes. Elle est toujours une rev
4538 essentiment. Elle naît toujours des déceptions de l’ idéalisme, de ses abus et de ses lacunes. Elle est toujours une revanc
4539 Elle naît toujours des déceptions de l’idéalisme, de ses abus et de ses lacunes. Elle est toujours une revanche des instin
4540 urs des déceptions de l’idéalisme, de ses abus et de ses lacunes. Elle est toujours une revanche des instincts, une nostal
4541 nstincts, une nostalgie des éléments concrets que l’ idéalisme, en son orgueil naïf, avait cru pouvoir négliger. Mais l’abu
4542 on orgueil naïf, avait cru pouvoir négliger. Mais l’ abus ne doit pas nous interdire l’usage. La réponse à l’idéalisme défi
4543 négliger. Mais l’abus ne doit pas nous interdire l’ usage. La réponse à l’idéalisme déficient ne doit pas être le matérial
4544 . Mais l’abus ne doit pas nous interdire l’usage. La réponse à l’idéalisme déficient ne doit pas être le matérialisme, mai
4545 ne doit pas nous interdire l’usage. La réponse à l’ idéalisme déficient ne doit pas être le matérialisme, mais l’idéalisme
4546 réponse à l’idéalisme déficient ne doit pas être le matérialisme, mais l’idéalisme efficient : la foi qui œuvre. On a tan
4547 déficient ne doit pas être le matérialisme, mais l’ idéalisme efficient : la foi qui œuvre. On a tant et si bien méconnu c
4548 tre le matérialisme, mais l’idéalisme efficient : la foi qui œuvre. On a tant et si bien méconnu ces vérités élémentaires
4549 es vérités élémentaires que je ne m’excuserai pas de les rappeler ici. Quand abandonnerons-nous cette manie suisse de déno
4550 vérités élémentaires que je ne m’excuserai pas de les rappeler ici. Quand abandonnerons-nous cette manie suisse de dénoncer
4551 ici. Quand abandonnerons-nous cette manie suisse de dénoncer comme « utopistes », « rêveurs abstraits », « idéologues bru
4552 ues brumeux », ceux parmi nous qui se souviennent d’ être hommes, créatures de l’esprit autant que de la terre, chargés d’u
4553 nous qui se souviennent d’être hommes, créatures de l’esprit autant que de la terre, chargés d’une vocation et non seulem
4554 us qui se souviennent d’être hommes, créatures de l’ esprit autant que de la terre, chargés d’une vocation et non seulement
4555 t d’être hommes, créatures de l’esprit autant que de la terre, chargés d’une vocation et non seulement d’hérédités problém
4556 ’être hommes, créatures de l’esprit autant que de la terre, chargés d’une vocation et non seulement d’hérédités problémati
4557 tures de l’esprit autant que de la terre, chargés d’ une vocation et non seulement d’hérédités problématiques ! Il reste qu
4558 la terre, chargés d’une vocation et non seulement d’ hérédités problématiques ! Il reste que la position géographique de la
4559 ulement d’hérédités problématiques ! Il reste que la position géographique de la Suisse semble l’avoir prédestinée à un st
4560 ématiques ! Il reste que la position géographique de la Suisse semble l’avoir prédestinée à un statut fédéraliste. C’est t
4561 tiques ! Il reste que la position géographique de la Suisse semble l’avoir prédestinée à un statut fédéraliste. C’est tout
4562 que la position géographique de la Suisse semble l’ avoir prédestinée à un statut fédéraliste. C’est tout ce qu’on peut di
4563 aliste. C’est tout ce qu’on peut dire après coup. Le compartimentage des régions montagneuses appelle une forme politique
4564 e tout opposée à celle qui règne normalement dans les landes de la Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique qu
4565 sée à celle qui règne normalement dans les landes de la Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le Gotha
4566 à celle qui règne normalement dans les landes de la Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le Gothard
4567 règne normalement dans les landes de la Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le Gothard est le seul po
4568 ement dans les landes de la Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le Gothard est le seul point où un s
4569 nt dans les landes de la Prusse ou les steppes de l’ Asie. Le fait géographique que le Gothard est le seul point où un seul
4570 les landes de la Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le Gothard est le seul point où un seul col per
4571 u les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le Gothard est le seul point où un seul col permette de traverser les Al
4572 e l’Asie. Le fait géographique que le Gothard est le seul point où un seul col permette de traverser les Alpes suffit à ex
4573 Gothard est le seul point où un seul col permette de traverser les Alpes suffit à expliquer ce grand fait historique : l’i
4574 e seul point où un seul col permette de traverser les Alpes suffit à expliquer ce grand fait historique : l’immédiateté imp
4575 pes suffit à expliquer ce grand fait historique : l’ immédiateté impériale accordée aux trois Waldstätten, et fondant la li
4576 ériale accordée aux trois Waldstätten, et fondant la liberté suisse. Mais dès cet instant-là, les facteurs historiques app
4577 ndant la liberté suisse. Mais dès cet instant-là, les facteurs historiques apparaissent beaucoup plus déterminants que la N
4578 iques apparaissent beaucoup plus déterminants que la Nature, qui se borne à leur fournir un point de fixation. C’est l’esp
4579 e la Nature, qui se borne à leur fournir un point de fixation. C’est l’esprit des communes italiennes qui donne l’impulsio
4580 borne à leur fournir un point de fixation. C’est l’ esprit des communes italiennes qui donne l’impulsion décisive lors de
4581 C’est l’esprit des communes italiennes qui donne l’ impulsion décisive lors de la fondation des premières ligues, dans les
4582 italiennes qui donne l’impulsion décisive lors de la fondation des premières ligues, dans les Grisons et au Tessin, dès la
4583 e lors de la fondation des premières ligues, dans les Grisons et au Tessin, dès la fin du xiie siècle ; puis sur l’autre v
4584 mières ligues, dans les Grisons et au Tessin, dès la fin du xiie siècle ; puis sur l’autre versant du Gothard, aux enviro
4585 puis sur l’autre versant du Gothard, aux environs de 129134. En vérité, dès ce début, c’est la mission spéciale confiée au
4586 nvirons de 129134. En vérité, dès ce début, c’est la mission spéciale confiée aux Waldstätten — j’entends la garde du Goth
4587 sion spéciale confiée aux Waldstätten — j’entends la garde du Gothard — qui définit l’existence de la Suisse et assure son
4588 ten — j’entends la garde du Gothard — qui définit l’ existence de la Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’e
4589 nds la garde du Gothard — qui définit l’existence de la Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’entraider et
4590 la garde du Gothard — qui définit l’existence de la Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’entraider et le
4591 xistence de la Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’entraider et le besoin d’indépendance des montagnards
4592 a Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’entraider et le besoin d’indépendance des montagnards existaient au
4593 son indépendance. La nécessité de s’entraider et le besoin d’indépendance des montagnards existaient aussi bien dans le r
4594 endance. La nécessité de s’entraider et le besoin d’ indépendance des montagnards existaient aussi bien dans le reste des A
4595 ndance des montagnards existaient aussi bien dans le reste des Alpes : ce qui leur a permis de se réaliser en ce point trè
4596 en dans le reste des Alpes : ce qui leur a permis de se réaliser en ce point très précis de l’espace et du temps, ce n’est
4597 r a permis de se réaliser en ce point très précis de l’espace et du temps, ce n’est pas seulement le fait physique de l’ou
4598 permis de se réaliser en ce point très précis de l’ espace et du temps, ce n’est pas seulement le fait physique de l’ouver
4599 s de l’espace et du temps, ce n’est pas seulement le fait physique de l’ouverture du col du St-Gothard, mais c’est aussi l
4600 du temps, ce n’est pas seulement le fait physique de l’ouverture du col du St-Gothard, mais c’est aussi le fait sociologiq
4601 temps, ce n’est pas seulement le fait physique de l’ ouverture du col du St-Gothard, mais c’est aussi le fait sociologique
4602 ’ouverture du col du St-Gothard, mais c’est aussi le fait sociologique des idées qui passèrent le col. Le premier fait con
4603 ussi le fait sociologique des idées qui passèrent le col. Le premier fait conditionne le second, mais c’est le second qui
4604 tes. Et surtout, dominant l’un et l’autre, il y a l’ idée et l’idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de l’Europe unie, dont i
4605 rtout, dominant l’un et l’autre, il y a l’idée et l’ idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de l’Europe unie, dont il faut pro
4606 a l’idée et l’idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de l’Europe unie, dont il faut protéger le cœur. Toute l’histoire suiss
4607 ’idée et l’idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de l’ Europe unie, dont il faut protéger le cœur. Toute l’histoire suisse,
4608 st-à-dire de l’Europe unie, dont il faut protéger le cœur. Toute l’histoire suisse, à partir de ces temps, illustre le mê
4609 urope unie, dont il faut protéger le cœur. Toute l’ histoire suisse, à partir de ces temps, illustre le même équilibre ent
4610 ’histoire suisse, à partir de ces temps, illustre le même équilibre entre les conditions de fait et les volontés de l’espr
4611 ir de ces temps, illustre le même équilibre entre les conditions de fait et les volontés de l’esprit. C’est une interminabl
4612 , illustre le même équilibre entre les conditions de fait et les volontés de l’esprit. C’est une interminable interaction
4613 le même équilibre entre les conditions de fait et les volontés de l’esprit. C’est une interminable interaction de l’idéal e
4614 ibre entre les conditions de fait et les volontés de l’esprit. C’est une interminable interaction de l’idéal et de la néce
4615 e entre les conditions de fait et les volontés de l’ esprit. C’est une interminable interaction de l’idéal et de la nécessi
4616 s de l’esprit. C’est une interminable interaction de l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun
4617 e l’esprit. C’est une interminable interaction de l’ idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, d
4618 C’est une interminable interaction de l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite
4619 est une interminable interaction de l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite pa
4620 inable interaction de l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’E
4621 ble interaction de l’idéal et de la nécessité, de l’ intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empi
4622 l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le G
4623 déal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’ intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Goth
4624 ssité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son imp
4625 té, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son import
4626 al et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son importance économique, mai
4627 et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’ Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son importance économique, mais i
4628 n, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son importance économique, mais il prendra la valeur d
4629 perdra son importance économique, mais il prendra la valeur d’un symbole, et la mission des Suisses s’élargira. Peu à peu,
4630 importance économique, mais il prendra la valeur d’ un symbole, et la mission des Suisses s’élargira. Peu à peu, de nouvea
4631 mique, mais il prendra la valeur d’un symbole, et la mission des Suisses s’élargira. Peu à peu, de nouveaux cantons s’alli
4632 et la mission des Suisses s’élargira. Peu à peu, de nouveaux cantons s’allieront aux communes du Gothard. Un réseau compl
4633 ront aux communes du Gothard. Un réseau compliqué de pactes reliera les villes aux campagnes. Et chaque fois que l’un des
4634 du Gothard. Un réseau compliqué de pactes reliera les villes aux campagnes. Et chaque fois que l’un des cantons voudra pren
4635 t chaque fois que l’un des cantons voudra prendre la tête de la Ligue, il trouvera tous les autres unis contre sa volonté
4636 fois que l’un des cantons voudra prendre la tête de la Ligue, il trouvera tous les autres unis contre sa volonté d’hégémo
4637 is que l’un des cantons voudra prendre la tête de la Ligue, il trouvera tous les autres unis contre sa volonté d’hégémonie
4638 dra prendre la tête de la Ligue, il trouvera tous les autres unis contre sa volonté d’hégémonie. Ainsi jusqu’à la fin du xv
4639 l trouvera tous les autres unis contre sa volonté d’ hégémonie. Ainsi jusqu’à la fin du xve siècle. À ce moment, malgré to
4640 unis contre sa volonté d’hégémonie. Ainsi jusqu’à la fin du xve siècle. À ce moment, malgré tous les efforts de Nicolas d
4641 à la fin du xve siècle. À ce moment, malgré tous les efforts de Nicolas de Flue, la puissance matérielle et la grandeur te
4642 xve siècle. À ce moment, malgré tous les efforts de Nicolas de Flue, la puissance matérielle et la grandeur territoriale
4643 ment, malgré tous les efforts de Nicolas de Flue, la puissance matérielle et la grandeur territoriale viendront tenter les
4644 ts de Nicolas de Flue, la puissance matérielle et la grandeur territoriale viendront tenter les Suisses. L’Italie s’ouvre
4645 elle et la grandeur territoriale viendront tenter les Suisses. L’Italie s’ouvre à eux, la Souabe et la Bourgogne… Vont-ils
4646 andeur territoriale viendront tenter les Suisses. L’ Italie s’ouvre à eux, la Souabe et la Bourgogne… Vont-ils faillir à le
4647 dront tenter les Suisses. L’Italie s’ouvre à eux, la Souabe et la Bourgogne… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de
4648 les Suisses. L’Italie s’ouvre à eux, la Souabe et la Bourgogne… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de l’Europe fer
4649 t la Bourgogne… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de l’Europe fera-t-elle un coup d’État, et, trahissant l’Empire
4650 gogne… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de l’Europe fera-t-elle un coup d’État, et, trahissant l’Empire, deviend
4651 ne… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de l’ Europe fera-t-elle un coup d’État, et, trahissant l’Empire, deviendra-
4652 ission ? La Garde de l’Europe fera-t-elle un coup d’ État, et, trahissant l’Empire, deviendra-t-elle impérialiste pour son
4653 Europe fera-t-elle un coup d’État, et, trahissant l’ Empire, deviendra-t-elle impérialiste pour son compte ? C’est alors qu
4654 érialiste pour son compte ? C’est alors qu’éclate la Réforme. Les historiens modernes accusent parfois Zwingli d’avoir bri
4655 ur son compte ? C’est alors qu’éclate la Réforme. Les historiens modernes accusent parfois Zwingli d’avoir brisé l’essor gu
4656 Les historiens modernes accusent parfois Zwingli d’ avoir brisé l’essor guerrier des Suisses, leur élan vers la mer et l’a
4657 s modernes accusent parfois Zwingli d’avoir brisé l’ essor guerrier des Suisses, leur élan vers la mer et l’aventure. En vé
4658 risé l’essor guerrier des Suisses, leur élan vers la mer et l’aventure. En vérité, Zwingli nous a sauvés, la Réforme a sau
4659 or guerrier des Suisses, leur élan vers la mer et l’ aventure. En vérité, Zwingli nous a sauvés, la Réforme a sauvé la Suis
4660 et l’aventure. En vérité, Zwingli nous a sauvés, la Réforme a sauvé la Suisse. Et c’est elle qui est restée fidèle aux pr
4661 vérité, Zwingli nous a sauvés, la Réforme a sauvé la Suisse. Et c’est elle qui est restée fidèle aux préceptes du Frère Cl
4662 des puissances nationales en formation — tel que le rêva Mathieu Schinner — ne pouvait être gouverné par les cantons dépo
4663 a Mathieu Schinner — ne pouvait être gouverné par les cantons dépourvus de pouvoir central. Ou bien ce pouvoir aurait dû êt
4664 e pouvait être gouverné par les cantons dépourvus de pouvoir central. Ou bien ce pouvoir aurait dû être improvisé, et c’eû
4665 ce pouvoir aurait dû être improvisé, et c’eût été la fin de notre fédéralisme ; ou bien les provinces annexées auraient pr
4666 oir aurait dû être improvisé, et c’eût été la fin de notre fédéralisme ; ou bien les provinces annexées auraient pris une
4667 t c’eût été la fin de notre fédéralisme ; ou bien les provinces annexées auraient pris une trop grande influence, et c’eût
4668 ient pris une trop grande influence, et c’eût été la guerre perpétuelle jusqu’au démembrement inévitable. La division des
4669 rre perpétuelle jusqu’au démembrement inévitable. La division des Suisses en deux camps religieux eut au moins pour effet
4670 s en deux camps religieux eut au moins pour effet de tuer en germe l’ambition centralisatrice, chez ceux-là mêmes qui deva
4671 eligieux eut au moins pour effet de tuer en germe l’ ambition centralisatrice, chez ceux-là mêmes qui devaient y rêver, les
4672 satrice, chez ceux-là mêmes qui devaient y rêver, les Zurichois et les Bernois. Dès lors la Suisse est ramenée à sa mission
4673 x-là mêmes qui devaient y rêver, les Zurichois et les Bernois. Dès lors la Suisse est ramenée à sa mission exceptionnelle.
4674 t y rêver, les Zurichois et les Bernois. Dès lors la Suisse est ramenée à sa mission exceptionnelle. Les deux partis renon
4675 a Suisse est ramenée à sa mission exceptionnelle. Les deux partis renoncent aux appuis étrangers, et c’est le nouveau fonde
4676 x partis renoncent aux appuis étrangers, et c’est le nouveau fondement de notre neutralité. Ils accommodent leurs exigence
4677 x appuis étrangers, et c’est le nouveau fondement de notre neutralité. Ils accommodent leurs exigences aux nécessités de l
4678 é. Ils accommodent leurs exigences aux nécessités de l’union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’
4679 Ils accommodent leurs exigences aux nécessités de l’ union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’on
4680 urs exigences aux nécessités de l’union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’on a passé progressiv
4681 essités de l’union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’on a passé progressivement d’une alliance
4682 le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’ on a passé progressivement d’une alliance avant tout nécessaire à une
4683 e fédéralisme. Ainsi l’on a passé progressivement d’ une alliance avant tout nécessaire à une alliance beaucoup plus spirit
4684 tuelle. Et quand celle-ci sera stabilisée — après les guerres de Villmergen, au xviiie siècle —, la Confédération sera cap
4685 uand celle-ci sera stabilisée — après les guerres de Villmergen, au xviiie siècle —, la Confédération sera capable d’inté
4686 s les guerres de Villmergen, au xviiie siècle —, la Confédération sera capable d’intégrer et des « races » et des langues
4687 u xviiie siècle —, la Confédération sera capable d’ intégrer et des « races » et des langues nouvelles : c’est ce qui se p
4688 se produit au commencement du siècle suivant, par le rattachement sur pied d’égalité des cantons italiens et romands. Notr
4689 t du siècle suivant, par le rattachement sur pied d’ égalité des cantons italiens et romands. Notre fédéralisme actuel ne d
4690 omands. Notre fédéralisme actuel ne date donc que de 1848 ; et ce n’est même qu’à partir de 1919 que son statut légal a pr
4691 partir de 1919 que son statut légal a pris force de vie. (Quand le « fossé » eut été comblé.) Nous sommes donc au sommet
4692 que son statut légal a pris force de vie. (Quand le « fossé » eut été comblé.) Nous sommes donc au sommet de notre histoi
4693 ssé » eut été comblé.) Nous sommes donc au sommet de notre histoire, si l’on admet que le sens de cette histoire est de cr
4694 Nous sommes donc au sommet de notre histoire, si l’ on admet que le sens de cette histoire est de créer et d’illustrer la
4695 nc au sommet de notre histoire, si l’on admet que le sens de cette histoire est de créer et d’illustrer la réalité fédéral
4696 mmet de notre histoire, si l’on admet que le sens de cette histoire est de créer et d’illustrer la réalité fédérale. Cepen
4697 , si l’on admet que le sens de cette histoire est de créer et d’illustrer la réalité fédérale. Cependant de nouveaux probl
4698 met que le sens de cette histoire est de créer et d’ illustrer la réalité fédérale. Cependant de nouveaux problèmes, et des
4699 ens de cette histoire est de créer et d’illustrer la réalité fédérale. Cependant de nouveaux problèmes, et des plus graves
4700 éer et d’illustrer la réalité fédérale. Cependant de nouveaux problèmes, et des plus graves, sollicitent un progrès nouvea
4701 raves, sollicitent un progrès nouveau et décisif. L’ économie vient remettre en question les succès obtenus dans d’autres p
4702 et décisif. L’économie vient remettre en question les succès obtenus dans d’autres plans. Or, on ne peut résoudre un problè
4703 autres plans. Or, on ne peut résoudre un problème de ce genre qu’en dépassant l’opposition qui l’a fait naître. Dépasser,
4704 résoudre un problème de ce genre qu’en dépassant l’ opposition qui l’a fait naître. Dépasser, c’est marcher en sachant où
4705 lème de ce genre qu’en dépassant l’opposition qui l’ a fait naître. Dépasser, c’est marcher en sachant où l’on va. Car autr
4706 ait naître. Dépasser, c’est marcher en sachant où l’ on va. Car autrement l’on risque bien de reculer ou de tourner en rond
4707 ’est marcher en sachant où l’on va. Car autrement l’ on risque bien de reculer ou de tourner en rond. IIOù va le fédéral
4708 achant où l’on va. Car autrement l’on risque bien de reculer ou de tourner en rond. IIOù va le fédéralisme ? C’est i
4709 va. Car autrement l’on risque bien de reculer ou de tourner en rond. IIOù va le fédéralisme ? C’est ici qu’apparaît
4710 bien de reculer ou de tourner en rond. IIOù va le fédéralisme ? C’est ici qu’apparaît au concret le problème, ou la
4711 fédéralisme ? C’est ici qu’apparaît au concret le problème, ou la nécessité, d’une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’
4712 C’est ici qu’apparaît au concret le problème, ou la nécessité, d’une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit de pré
4713 apparaît au concret le problème, ou la nécessité, d’ une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit de prévoir, l’empiri
4714 une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit de prévoir, l’empirisme ne suffit plus. La vue doit s’élargir ; et le se
4715 hie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit de prévoir, l’ empirisme ne suffit plus. La vue doit s’élargir ; et le seul horizon q
4716 il s’agit de prévoir, l’empirisme ne suffit plus. La vue doit s’élargir ; et le seul horizon qu’il nous soit permis d’embr
4717 irisme ne suffit plus. La vue doit s’élargir ; et le seul horizon qu’il nous soit permis d’embrasser, c’est celui de l’Eur
4718 argir ; et le seul horizon qu’il nous soit permis d’ embrasser, c’est celui de l’Europe entière, non tel groupe de puissanc
4719 n qu’il nous soit permis d’embrasser, c’est celui de l’Europe entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe
4720 u’il nous soit permis d’embrasser, c’est celui de l’ Europe entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe est
4721 , c’est celui de l’Europe entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe est un idéal, une civilisation et un
4722 ntière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’ Europe est un idéal, une civilisation et un esprit, bien plus qu’une e
4723 que. (« Cap de l’Asie », dit Valéry…) Aussi bien, les notes qui vont suivre ont-elles l’ambition de poser le problème du fé
4724 ) Aussi bien, les notes qui vont suivre ont-elles l’ ambition de poser le problème du fédéralisme sur le seul plan où nos c
4725 n, les notes qui vont suivre ont-elles l’ambition de poser le problème du fédéralisme sur le seul plan où nos conflits int
4726 tes qui vont suivre ont-elles l’ambition de poser le problème du fédéralisme sur le seul plan où nos conflits internes aie
4727 ’ambition de poser le problème du fédéralisme sur le seul plan où nos conflits internes aient quelque chance de se résoudr
4728 lan où nos conflits internes aient quelque chance de se résoudre : le plan de l’Europe. Notre fédéralisme ne peut durer qu
4729 ts internes aient quelque chance de se résoudre : le plan de l’Europe. Notre fédéralisme ne peut durer que si nous lui don
4730 nes aient quelque chance de se résoudre : le plan de l’Europe. Notre fédéralisme ne peut durer que si nous lui donnons pou
4731 aient quelque chance de se résoudre : le plan de l’ Europe. Notre fédéralisme ne peut durer que si nous lui donnons pour f
4732 me ne peut durer que si nous lui donnons pour fin la fédération de l’Occident. 1. Tout d’abord une définition. Fédération
4733 er que si nous lui donnons pour fin la fédération de l’Occident. 1. Tout d’abord une définition. Fédération veut dire : un
4734 que si nous lui donnons pour fin la fédération de l’ Occident. 1. Tout d’abord une définition. Fédération veut dire : union
4735 une définition. Fédération veut dire : union dans la diversité. Le mot fédéralisme, en Suisse romande surtout, a pris le s
4736 . Fédération veut dire : union dans la diversité. Le mot fédéralisme, en Suisse romande surtout, a pris le sens restreint
4737 ot fédéralisme, en Suisse romande surtout, a pris le sens restreint et inexact d’autonomie de la région. Le mot allemand d
4738 ande surtout, a pris le sens restreint et inexact d’ autonomie de la région. Le mot allemand de Bund n’insiste que sur l’un
4739 , a pris le sens restreint et inexact d’autonomie de la région. Le mot allemand de Bund n’insiste que sur l’union. Quand j
4740 pris le sens restreint et inexact d’autonomie de la région. Le mot allemand de Bund n’insiste que sur l’union. Quand je p
4741 ns restreint et inexact d’autonomie de la région. Le mot allemand de Bund n’insiste que sur l’union. Quand je parle de féd
4742 inexact d’autonomie de la région. Le mot allemand de Bund n’insiste que sur l’union. Quand je parle de fédéralisme et de f
4743 région. Le mot allemand de Bund n’insiste que sur l’ union. Quand je parle de fédéralisme et de fédération, j’entends à la
4744 de Bund n’insiste que sur l’union. Quand je parle de fédéralisme et de fédération, j’entends à la fois union et autonomie
4745 que sur l’union. Quand je parle de fédéralisme et de fédération, j’entends à la fois union et autonomie des parties qui s’
4746 t irrésistible : il y a des idées qui sont « dans l’ air » et qui risquent bien de rester des idées « en l’air ». L’idée de
4747 dées qui sont « dans l’air » et qui risquent bien de rester des idées « en l’air ». L’idée de fédération européenne par ex
4748 r » et qui risquent bien de rester des idées « en l’ air ». L’idée de fédération européenne par exemple. Essayons donc de l
4749 i risquent bien de rester des idées « en l’air ». L’ idée de fédération européenne par exemple. Essayons donc de la faire r
4750 ent bien de rester des idées « en l’air ». L’idée de fédération européenne par exemple. Essayons donc de la faire redescen
4751 fédération européenne par exemple. Essayons donc de la faire redescendre dans les complexités où elle doit s’incarner ; n
4752 dération européenne par exemple. Essayons donc de la faire redescendre dans les complexités où elle doit s’incarner ; non
4753 emple. Essayons donc de la faire redescendre dans les complexités où elle doit s’incarner ; non pas trop bas, dans cette fa
4754 terre, mais au niveau de notre action, à hauteur d’ homme. 3. Promouvoir une fédération, ce n’est pas créer un nouvel ordr
4755 st pas créer un nouvel ordre systématique, simple de lignes, clair et satisfaisant pour la logique. Fédérer, c’est tout si
4756 que, simple de lignes, clair et satisfaisant pour la logique. Fédérer, c’est tout simplement arranger ensemble des réalité
4757 emble des réalités concrètes. Pour être en mesure de comprendre vraiment la véritable alternative politique de notre temps
4758 rètes. Pour être en mesure de comprendre vraiment la véritable alternative politique de notre temps : totalitarisme ou féd
4759 endre vraiment la véritable alternative politique de notre temps : totalitarisme ou fédéralisme (et non point gauche ou dr
4760 ette chose très simple et des plus quotidiennes : la différence infinie qui existe entre « faire de l’ordre » sur une tabl
4761  : la différence infinie qui existe entre « faire de l’ordre » sur une table de travail et « arranger » des papiers. Il ar
4762 la différence infinie qui existe entre « faire de l’ ordre » sur une table de travail et « arranger » des papiers. Il arriv
4763 i existe entre « faire de l’ordre » sur une table de travail et « arranger » des papiers. Il arrive que ma femme de ménage
4764 « arranger » des papiers. Il arrive que ma femme de ménage fasse de l’ordre à son idée dans mon bureau : c’est une petite
4765 s papiers. Il arrive que ma femme de ménage fasse de l’ordre à son idée dans mon bureau : c’est une petite catastrophe tot
4766 apiers. Il arrive que ma femme de ménage fasse de l’ ordre à son idée dans mon bureau : c’est une petite catastrophe totali
4767 ur moi, quand j’arrange mes feuilles en une série de liasses ou d’éventails, je ne tiens pas compte de leur format ou de l
4768 j’arrange mes feuilles en une série de liasses ou d’ éventails, je ne tiens pas compte de leur format ou de leur couleur, m
4769 de liasses ou d’éventails, je ne tiens pas compte de leur format ou de leur couleur, mais de ce que j’ai écrit dessus. Et
4770 entails, je ne tiens pas compte de leur format ou de leur couleur, mais de ce que j’ai écrit dessus. Et c’est pourquoi je
4771 as compte de leur format ou de leur couleur, mais de ce que j’ai écrit dessus. Et c’est pourquoi je m’y retrouve avec aisa
4772 conforme au sens et aux qualités propres à chacun de ces feuillets, conforme aussi à mon usage pratique ; tenant compte de
4773 i à mon usage pratique ; tenant compte des uns et de l’autre, dans une mesure que je ne songe pas à définir, mais que m’in
4774 s que m’indique à coup sûr mon travail, j’entends l’ œuvre que j’ai en train. Il n’y a pas de petits exemples pour qui sait
4775 j’entends l’œuvre que j’ai en train. Il n’y a pas de petits exemples pour qui sait lire le réel « dans le texte », et ne s
4776 l n’y a pas de petits exemples pour qui sait lire le réel « dans le texte », et ne se contente pas de résumés traduits. 4
4777 petits exemples pour qui sait lire le réel « dans le texte », et ne se contente pas de résumés traduits. 4. Prenons maint
4778 le réel « dans le texte », et ne se contente pas de résumés traduits. 4. Prenons maintenant la fédération suisse au seul
4779 e pas de résumés traduits. 4. Prenons maintenant la fédération suisse au seul titre d’exemple enseignant pour l’Europe. E
4780 ons maintenant la fédération suisse au seul titre d’ exemple enseignant pour l’Europe. En vérité, ce ne sont ni les idées q
4781 on suisse au seul titre d’exemple enseignant pour l’ Europe. En vérité, ce ne sont ni les idées qui ont « inspiré » son sta
4782 nseignant pour l’Europe. En vérité, ce ne sont ni les idées qui ont « inspiré » son statut primitif, ni la nature qui l’a «
4783 idées qui ont « inspiré » son statut primitif, ni la nature qui l’a « dicté » ; mais ce statut est né de l’arrangement tou
4784 « inspiré » son statut primitif, ni la nature qui l’ a « dicté » ; mais ce statut est né de l’arrangement tout empirique de
4785 nature qui l’a « dicté » ; mais ce statut est né de l’arrangement tout empirique de réalités très diverses, voire même tr
4786 ture qui l’a « dicté » ; mais ce statut est né de l’ arrangement tout empirique de réalités très diverses, voire même très
4787 ce statut est né de l’arrangement tout empirique de réalités très diverses, voire même très hétéroclites : la nature comp
4788 tés très diverses, voire même très hétéroclites : la nature compartimentée des régions alpestres, l’ouverture du col du Go
4789 : la nature compartimentée des régions alpestres, l’ ouverture du col du Gothard au xiiie siècle, l’influence du mouvement
4790 , l’ouverture du col du Gothard au xiiie siècle, l’ influence du mouvement des communes italiennes, l’instinct germanique
4791 l’influence du mouvement des communes italiennes, l’ instinct germanique de la liberté armée, la rivalité entre l’empereur
4792 nt des communes italiennes, l’instinct germanique de la liberté armée, la rivalité entre l’empereur et les grands vassaux,
4793 des communes italiennes, l’instinct germanique de la liberté armée, la rivalité entre l’empereur et les grands vassaux, la
4794 ennes, l’instinct germanique de la liberté armée, la rivalité entre l’empereur et les grands vassaux, la nécessité et l’ha
4795 germanique de la liberté armée, la rivalité entre l’ empereur et les grands vassaux, la nécessité et l’habitude du travail
4796 la liberté armée, la rivalité entre l’empereur et les grands vassaux, la nécessité et l’habitude du travail en équipes pour
4797 rivalité entre l’empereur et les grands vassaux, la nécessité et l’habitude du travail en équipes pour cultiver la terre
4798 l’empereur et les grands vassaux, la nécessité et l’ habitude du travail en équipes pour cultiver la terre dans ces parages
4799 et l’habitude du travail en équipes pour cultiver la terre dans ces parages. Tout cela s’exprime plus ou moins consciemmen
4800 ut cela s’exprime plus ou moins consciemment dans le Pacte fameux de 1291, qui fonde officiellement la Confédération. Cett
4801 e plus ou moins consciemment dans le Pacte fameux de 1291, qui fonde officiellement la Confédération. Cette confédération
4802 le Pacte fameux de 1291, qui fonde officiellement la Confédération. Cette confédération primitive, nous l’avons vue s’accr
4803 onfédération. Cette confédération primitive, nous l’ avons vue s’accroître organiquement par un jeu d’alliances très comple
4804 l’avons vue s’accroître organiquement par un jeu d’ alliances très complexes, qui se chevauchent sans jamais se recouvrir
4805 chevauchent sans jamais se recouvrir exactement. Le noyau primitif des cantons forestiers s’allie aux villes de Lucerne e
4806 rimitif des cantons forestiers s’allie aux villes de Lucerne et Zurich ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays de
4807 villes de Lucerne et Zurich ; puis conquiert avec l’ aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’al
4808 de Lucerne et Zurich ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie ave
4809 et Zurich ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie avec eux ; pui
4810 h ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie avec eux ; puis s’alli
4811 uiert avec l’aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie avec eux ; puis s’allie avec Berne,
4812 de de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie avec eux ; puis s’allie avec Berne, qui par là devi
4813 eux ; puis s’allie avec Berne, qui par là devient l’ allié au second degré des autres cantons ; Berne ensuite noue des lien
4814 rs avec Zurich, et d’autre part se soumet Vaud et l’ Argovie ; etc., etc. Il faudrait ici plusieurs pages pour énumérer sim
4815 ment dans un traité unique et uniforme instituant l’ État fédératif. Pendant des siècles, la Confédération n’a donc point d
4816 instituant l’État fédératif. Pendant des siècles, la Confédération n’a donc point de centre légal, de capitale, ni de cons
4817 dant des siècles, la Confédération n’a donc point de centre légal, de capitale, ni de constitution. Elle ne connaît et ne
4818 la Confédération n’a donc point de centre légal, de capitale, ni de constitution. Elle ne connaît et ne tolère nulle hégé
4819 n n’a donc point de centre légal, de capitale, ni de constitution. Elle ne connaît et ne tolère nulle hégémonie dans son s
4820 réunit comme spontanément, ici ou là, et n’a pas de pouvoirs bien définis, mais seulement une autorité, souvent décisive
4821 ns se trouvent appartenir à deux ou trois réseaux d’ alliances, lesquelles ne sont pas toujours réciproques dans toutes leu
4822 iproques dans toutes leurs obligations. (Comme si de nos jours deux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’assis
4823 ux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’ assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression.) D’où
4824 d’assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression.) D’où vient que cette fédération ait triomphé de toute
4825 atoire, pour l’autre seulement de non-agression.) D’ où vient que cette fédération ait triomphé de toutes les crises d’une
4826 on.) D’où vient que cette fédération ait triomphé de toutes les crises d’une histoire violente et complexe ? Le secret de
4827 vient que cette fédération ait triomphé de toutes les crises d’une histoire violente et complexe ? Le secret de sa force es
4828 ette fédération ait triomphé de toutes les crises d’ une histoire violente et complexe ? Le secret de sa force est à peine
4829 les crises d’une histoire violente et complexe ? Le secret de sa force est à peine formulable : il est de l’ordre du sent
4830 s d’une histoire violente et complexe ? Le secret de sa force est à peine formulable : il est de l’ordre du sentiment. Oui
4831 ecret de sa force est à peine formulable : il est de l’ordre du sentiment. Oui, ce n’est guère qu’un sentiment communautai
4832 et de sa force est à peine formulable : il est de l’ ordre du sentiment. Oui, ce n’est guère qu’un sentiment communautaire
4833 sement informulé — qui tient ensemble ces pays35. La crise réelle ne commencera qu’au jour où ce sentiment sera dit, tradu
4834 r là même soumis au risque de se voir discuté. 5. La force des choses — qui n’est qu’une traduction automatique de la faib
4835 choses — qui n’est qu’une traduction automatique de la faiblesse des hommes — fait aujourd’hui de la pratique traditionne
4836 oses — qui n’est qu’une traduction automatique de la faiblesse des hommes — fait aujourd’hui de la pratique traditionnelle
4837 que de la faiblesse des hommes — fait aujourd’hui de la pratique traditionnelle du fédéralisme helvétique une sorte de pro
4838 de la faiblesse des hommes — fait aujourd’hui de la pratique traditionnelle du fédéralisme helvétique une sorte de progra
4839 raditionnelle du fédéralisme helvétique une sorte de programme, et même de manifeste. Par la force des choses, l’union pai
4840 alisme helvétique une sorte de programme, et même de manifeste. Par la force des choses, l’union paisible de deux religion
4841 une sorte de programme, et même de manifeste. Par la force des choses, l’union paisible de deux religions, de quatre langu
4842 e, et même de manifeste. Par la force des choses, l’ union paisible de deux religions, de quatre langues, de 22 républiques
4843 ifeste. Par la force des choses, l’union paisible de deux religions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sai
4844 e des choses, l’union paisible de deux religions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de « race
4845 on paisible de deux religions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de « races » en un État qui
4846 ligions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de « races » en un État qui les respecte, cette un
4847 gues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de « races » en un État qui les respecte, cette union prend l’allure à l
4848 de je ne sais combien de « races » en un État qui les respecte, cette union prend l’allure à la fois d’un antiracisme décla
4849  » en un État qui les respecte, cette union prend l’ allure à la fois d’un antiracisme déclaré et d’un antinationalisme. Pa
4850 es respecte, cette union prend l’allure à la fois d’ un antiracisme déclaré et d’un antinationalisme. Par la force des chos
4851 nd l’allure à la fois d’un antiracisme déclaré et d’ un antinationalisme. Par la force des choses, la pratique séculaire et
4852 antiracisme déclaré et d’un antinationalisme. Par la force des choses, la pratique séculaire et instructive d’une méthode
4853 t d’un antinationalisme. Par la force des choses, la pratique séculaire et instructive d’une méthode d’arrangements empiri
4854 des choses, la pratique séculaire et instructive d’ une méthode d’arrangements empiriques, c’est-à-dire non rationalistes,
4855 a pratique séculaire et instructive d’une méthode d’ arrangements empiriques, c’est-à-dire non rationalistes, prend l’allur
4856 empiriques, c’est-à-dire non rationalistes, prend l’ allure d’un antijacobinisme, ou d’un antimarxisme. Par la force des c
4857 s, c’est-à-dire non rationalistes, prend l’allure d’ un antijacobinisme, ou d’un antimarxisme. Par la force des choses enf
4858 nalistes, prend l’allure d’un antijacobinisme, ou d’ un antimarxisme. Par la force des choses enfin, la préférence accordé
4859 d’un antijacobinisme, ou d’un antimarxisme. Par la force des choses enfin, la préférence accordée par les Suisses à la c
4860 ’un antimarxisme. Par la force des choses enfin, la préférence accordée par les Suisses à la coutume sur la loi ; leur go
4861 orce des choses enfin, la préférence accordée par les Suisses à la coutume sur la loi ; leur goût d’utiliser ce qui existe
4862 s enfin, la préférence accordée par les Suisses à la coutume sur la loi ; leur goût d’utiliser ce qui existe plutôt que de
4863 férence accordée par les Suisses à la coutume sur la loi ; leur goût d’utiliser ce qui existe plutôt que de décréter sur t
4864 r les Suisses à la coutume sur la loi ; leur goût d’ utiliser ce qui existe plutôt que de décréter sur table rase ; leur re
4865 i ; leur goût d’utiliser ce qui existe plutôt que de décréter sur table rase ; leur refus d’opposer pathétiquement la trad
4866 lutôt que de décréter sur table rase ; leur refus d’ opposer pathétiquement la tradition et le progrès, tout cela prend l’a
4867 table rase ; leur refus d’opposer pathétiquement la tradition et le progrès, tout cela prend l’allure d’une réaction cont
4868 ur refus d’opposer pathétiquement la tradition et le progrès, tout cela prend l’allure d’une réaction contre les « mystiqu
4869 ement la tradition et le progrès, tout cela prend l’ allure d’une réaction contre les « mystiques » et les mythes, apparemm
4870 tradition et le progrès, tout cela prend l’allure d’ une réaction contre les « mystiques » et les mythes, apparemment contr
4871 s, tout cela prend l’allure d’une réaction contre les « mystiques » et les mythes, apparemment contradictoires, de la révol
4872 allure d’une réaction contre les « mystiques » et les mythes, apparemment contradictoires, de la révolution européenne36. L
4873 ues » et les mythes, apparemment contradictoires, de la révolution européenne36. L’instinct contrecarré devient conscience
4874  » et les mythes, apparemment contradictoires, de la révolution européenne36. L’instinct contrecarré devient conscience ;
4875 t contradictoires, de la révolution européenne36. L’ instinct contrecarré devient conscience ; la coutume attaquée devient
4876 ne36. L’instinct contrecarré devient conscience ; la coutume attaquée devient programme ; la pratique remise en question p
4877 science ; la coutume attaquée devient programme ; la pratique remise en question par une propagande agressive se voit cont
4878 n par une propagande agressive se voit contrainte de développer pour sa défense une théorie. Nous vivons ce moment de l’hi
4879 our sa défense une théorie. Nous vivons ce moment de l’histoire où le fédéralisme, s’il veut durer, doit devenir à son tou
4880 sa défense une théorie. Nous vivons ce moment de l’ histoire où le fédéralisme, s’il veut durer, doit devenir à son tour m
4881 e théorie. Nous vivons ce moment de l’histoire où le fédéralisme, s’il veut durer, doit devenir à son tour missionnaire. T
4882 crise : ou se nier, ou triompher mais sur le plan de l’Europe entière. 6. Le grand danger de l’heure présente, pour la Sui
4883 se : ou se nier, ou triompher mais sur le plan de l’ Europe entière. 6. Le grand danger de l’heure présente, pour la Suisse
4884 riompher mais sur le plan de l’Europe entière. 6. Le grand danger de l’heure présente, pour la Suisse, je le vois dans ce
4885 r le plan de l’Europe entière. 6. Le grand danger de l’heure présente, pour la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doi
4886 e plan de l’Europe entière. 6. Le grand danger de l’ heure présente, pour la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doit s
4887 ère. 6. Le grand danger de l’heure présente, pour la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doit se formuler. Elle doit d
4888 nd danger de l’heure présente, pour la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doit se formuler. Elle doit dire ce qui all
4889 mieux. Elle s’expose à son risque maximum : celui de décoller de ses bases concrètes, perdant ainsi en force originelle ce
4890 s’expose à son risque maximum : celui de décoller de ses bases concrètes, perdant ainsi en force originelle ce qu’elle pou
4891 iginelle ce qu’elle pourrait gagner en conscience de ses fins. De même pour le fédéralisme européen. Un sentiment commun s
4892 it gagner en conscience de ses fins. De même pour le fédéralisme européen. Un sentiment commun se formait peu à peu, depui
4893 Un sentiment commun se formait peu à peu, depuis la guerre de 1914-18. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible enco
4894 ent commun se formait peu à peu, depuis la guerre de 1914-18. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée
4895 e formait peu à peu, depuis la guerre de 1914-18. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau
4896 peu, depuis la guerre de 1914-18. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau de pactes bilat
4897 DN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’ idée d’un réseau de pactes bilatéraux, ou à trois, ou à quatre, en fut
4898 l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’ un réseau de pactes bilatéraux, ou à trois, ou à quatre, en fut un aut
4899 symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau de pactes bilatéraux, ou à trois, ou à quatre, en fut un autre. Dans les
4900 x, ou à trois, ou à quatre, en fut un autre. Dans les deux cas, le sentiment fédéraliste fut promptement détourné au profit
4901 ou à quatre, en fut un autre. Dans les deux cas, le sentiment fédéraliste fut promptement détourné au profit de politique
4902 nt fédéraliste fut promptement détourné au profit de politiques d’hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas de croî
4903 fut promptement détourné au profit de politiques d’ hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas de croître et de se r
4904 ’hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas de croître et de se renforcer dans la plupart des peuples. La guerre act
4905 utefois ce sentiment ne cessait pas de croître et de se renforcer dans la plupart des peuples. La guerre actuelle est venu
4906 e et de se renforcer dans la plupart des peuples. La guerre actuelle est venue le fouetter. Brusquement, la question se po
4907 plupart des peuples. La guerre actuelle est venue le fouetter. Brusquement, la question se pose de fédérer l’Europe dès la
4908 erre actuelle est venue le fouetter. Brusquement, la question se pose de fédérer l’Europe dès la paix rétablie. Mais parce
4909 nue le fouetter. Brusquement, la question se pose de fédérer l’Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose bru
4910 tter. Brusquement, la question se pose de fédérer l’ Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose brusquement, e
4911 ment, la question se pose de fédérer l’Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose brusquement, elle risque d’
4912 is parce qu’elle se pose brusquement, elle risque d’ être mal posée. J’entends qu’elle risque de ne susciter que des plans
4913 risque d’être mal posée. J’entends qu’elle risque de ne susciter que des plans rationnels et des systèmes. Or tout système
4914 unitaire par essence, et donc antifédéraliste. Il l’ est dans son esprit, il le sera donc aussi, et fatalement, dans son ap
4915 onc antifédéraliste. Il l’est dans son esprit, il le sera donc aussi, et fatalement, dans son application. Le fédéralisme
4916 donc aussi, et fatalement, dans son application. Le fédéralisme réel est le contraire absolu d’un système, toujours conçu
4917 nt, dans son application. Le fédéralisme réel est le contraire absolu d’un système, toujours conçu par un cerveau et, à pa
4918 tion. Le fédéralisme réel est le contraire absolu d’ un système, toujours conçu par un cerveau et, à partir d’une seule idé
4919 stème, toujours conçu par un cerveau et, à partir d’ une seule idée, d’un centre abstrait. Je définirais même le fédéralism
4920 nçu par un cerveau et, à partir d’une seule idée, d’ un centre abstrait. Je définirais même le fédéralisme comme un refus c
4921 le idée, d’un centre abstrait. Je définirais même le fédéralisme comme un refus constant et instinctif de recourir aux sol
4922 fédéralisme comme un refus constant et instinctif de recourir aux solutions systématiques. (C’est pourquoi l’on ne peut c
4923 rir aux solutions systématiques. (C’est pourquoi l’ on ne peut concevoir une philosophie fédéraliste que sous une forme no
4924 on logique : aphoristique. Telle que j’essaie ici de l’esquisser, par une suite d’approches bien diverses.) 7. L’expérienc
4925 logique : aphoristique. Telle que j’essaie ici de l’ esquisser, par une suite d’approches bien diverses.) 7. L’expérience s
4926 le que j’essaie ici de l’esquisser, par une suite d’ approches bien diverses.) 7. L’expérience suisse est minuscule, mais c
4927 ser, par une suite d’approches bien diverses.) 7. L’ expérience suisse est minuscule, mais concluante. Elle peut et doit se
4928 uscule, mais concluante. Elle peut et doit servir d’ exemple par ses échecs non moins que par ses réussites. Elle peut et d
4929 par ses réussites. Elle peut et doit figurer pour l’ Europe une « expérience-témoin » opérée dans le concret. À tout le moi
4930 ur l’Europe une « expérience-témoin » opérée dans le concret. À tout le moins pouvons-nous en déduire ce qu’il ne faut pas
4931 xpérience-témoin » opérée dans le concret. À tout le moins pouvons-nous en déduire ce qu’il ne faut pas faire si l’on veut
4932 ons-nous en déduire ce qu’il ne faut pas faire si l’ on veut réussir la fédération d’Occident. 8. Le premier enseignement n
4933 e ce qu’il ne faut pas faire si l’on veut réussir la fédération d’Occident. 8. Le premier enseignement négatif de notre pe
4934 faut pas faire si l’on veut réussir la fédération d’ Occident. 8. Le premier enseignement négatif de notre petite expérienc
4935 on d’Occident. 8. Le premier enseignement négatif de notre petite expérience, nous venons de le voir : c’est qu’il faut re
4936 égatif de notre petite expérience, nous venons de le voir : c’est qu’il faut renoncer à tout système pour promouvoir une f
4937 me pour promouvoir une fédération. Il faut partir d’ une connaissance aussi intime que possible des diversités nationales,
4938 intime que possible des diversités nationales, et de leurs aspects les plus originaux. On ne fédère pas des ressemblances
4939 le des diversités nationales, et de leurs aspects les plus originaux. On ne fédère pas des ressemblances superficielles, ma
4940 gnons ce qui nous unit ». Car c’est justement sur la base des distinctions et des diversités reconnues et légitimées que s
4941 diversités reconnues et légitimées que se nouent les unions fécondes. L’union fédéraliste est un mariage, et non pas un al
4942 et légitimées que se nouent les unions fécondes. L’ union fédéraliste est un mariage, et non pas un alignement militaire e
4943 enseignement négatif, c’est qu’il faut renoncer à l’ idée d’une hégémonie éducatrice et organisatrice de la future fédérati
4944 ement négatif, c’est qu’il faut renoncer à l’idée d’ une hégémonie éducatrice et organisatrice de la future fédération. Bea
4945 ’idée d’une hégémonie éducatrice et organisatrice de la future fédération. Beaucoup de gens s’imaginent, hors de Suisse, q
4946 ée d’une hégémonie éducatrice et organisatrice de la future fédération. Beaucoup de gens s’imaginent, hors de Suisse, que
4947 Beaucoup de gens s’imaginent, hors de Suisse, que l’ Europe ne peut être fédérée que par l’action d’une grande puissance. C
4948 Suisse, que l’Europe ne peut être fédérée que par l’ action d’une grande puissance. Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-ê
4949 ue l’Europe ne peut être fédérée que par l’action d’ une grande puissance. Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’idé
4950 e que par l’action d’une grande puissance. Ce fut l’ idée de Napoléon. C’est peut-être l’idée d’Hitler. C’est aussi celle d
4951 ar l’action d’une grande puissance. Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’idée d’Hitler. C’est aussi celle de certa
4952 sance. Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’ idée d’Hitler. C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’
4953 Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’idée d’ Hitler. C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’Anglete
4954 ’est peut-être l’idée d’Hitler. C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’Angleterre. Ici la Suisse peut dire
4955 C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’Angleterre. Ici la Suisse peut dire : Regardez-moi ! Je n’ai réussi
4956 st aussi celle de certains neutres admirateurs de l’ Angleterre. Ici la Suisse peut dire : Regardez-moi ! Je n’ai réussi à
4957 certains neutres admirateurs de l’Angleterre. Ici la Suisse peut dire : Regardez-moi ! Je n’ai réussi à vivre et à durer q
4958 ttant sans cesse toute tentative hégémonique dans la fédération, et cela dès les premiers jours, dès le temps où les Walds
4959 a fédération, et cela dès les premiers jours, dès le temps où les Waldstätten s’unirent contre Zurich qui voulait tout men
4960 , et cela dès les premiers jours, dès le temps où les Waldstätten s’unirent contre Zurich qui voulait tout mener. L’interve
4961 n s’unirent contre Zurich qui voulait tout mener. L’ intervention fameuse de Nicolas de Flue n’est si importante, pour nous
4962 ch qui voulait tout mener. L’intervention fameuse de Nicolas de Flue n’est si importante, pour nous autres, que parce qu’e
4963 efficace protestation contre une double tentative d’ hégémonie, de la part des villes et de la part des campagnes. Il se pe
4964 illes et de la part des campagnes. Il se peut que l’ union déjà réalisée entre la France et l’Angleterre soit le germe d’un
4965 agnes. Il se peut que l’union déjà réalisée entre la France et l’Angleterre soit le germe d’une fédération. Il est certain
4966 peut que l’union déjà réalisée entre la France et l’ Angleterre soit le germe d’une fédération. Il est certain que ce germe
4967 éjà réalisée entre la France et l’Angleterre soit le germe d’une fédération. Il est certain que ce germe sera tué si l’un
4968 sée entre la France et l’Angleterre soit le germe d’ une fédération. Il est certain que ce germe sera tué si l’un de ces Ét
4969 ion. Il est certain que ce germe sera tué si l’un de ces États, ou tous les deux ensemble, conçoivent la fédération comme
4970 e ce germe sera tué si l’un de ces États, ou tous les deux ensemble, conçoivent la fédération comme un corps dont ils serai
4971 ces États, ou tous les deux ensemble, conçoivent la fédération comme un corps dont ils seraient la tête. C’est le renonce
4972 nt la fédération comme un corps dont ils seraient la tête. C’est le renoncement à toute idée d’hégémonie qui est créateur
4973 n comme un corps dont ils seraient la tête. C’est le renoncement à toute idée d’hégémonie qui est créateur de la fédératio
4974 raient la tête. C’est le renoncement à toute idée d’ hégémonie qui est créateur de la fédération. 10. Le fédéralisme est un
4975 ncement à toute idée d’hégémonie qui est créateur de la fédération. 10. Le fédéralisme est une éducation mutuelle, plutôt
4976 ment à toute idée d’hégémonie qui est créateur de la fédération. 10. Le fédéralisme est une éducation mutuelle, plutôt qu’
4977 ’hégémonie qui est créateur de la fédération. 10. Le fédéralisme est une éducation mutuelle, plutôt qu’une éducation autor
4978 C’est en quoi il est véritablement personnaliste. La philosophie de la personne est d’ailleurs la seule philosophie accept
4979 l est véritablement personnaliste. La philosophie de la personne est d’ailleurs la seule philosophie acceptable pour le fé
4980 st véritablement personnaliste. La philosophie de la personne est d’ailleurs la seule philosophie acceptable pour le fédér
4981 ste. La philosophie de la personne est d’ailleurs la seule philosophie acceptable pour le fédéraliste. Je définis la perso
4982 t d’ailleurs la seule philosophie acceptable pour le fédéraliste. Je définis la personne comme l’homme à la fois libre et
4983 sophie acceptable pour le fédéraliste. Je définis la personne comme l’homme à la fois libre et engagé, à la fois autonome
4984 pour le fédéraliste. Je définis la personne comme l’ homme à la fois libre et engagé, à la fois autonome et solidaire, à la
4985 a fois autonome et solidaire, à la fois conscient de sa vocation unique et des implications sociales de cette vocation. Le
4986 e sa vocation unique et des implications sociales de cette vocation. Le personnalisme n’est pas une moyenne, un « parti du
4987 e et des implications sociales de cette vocation. Le personnalisme n’est pas une moyenne, un « parti du centre », un juste
4988 ne, un « parti du centre », un juste milieu entre l’ individualisme atomisant et le collectivisme agglutinant. Au contraire
4989 juste milieu entre l’individualisme atomisant et le collectivisme agglutinant. Au contraire ! Le personnalisme est la pos
4990 t et le collectivisme agglutinant. Au contraire ! Le personnalisme est la position centrale, dont l’individualisme et le c
4991 agglutinant. Au contraire ! Le personnalisme est la position centrale, dont l’individualisme et le collectivisme ne sont
4992 ! Le personnalisme est la position centrale, dont l’ individualisme et le collectivisme ne sont que des déviations morbides
4993 st la position centrale, dont l’individualisme et le collectivisme ne sont que des déviations morbides. « Quand l’homme ou
4994 isme ne sont que des déviations morbides. « Quand l’ homme oublie qu’il est responsable de sa vocation devant la communauté
4995 des. « Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocation devant la communauté, il devient individualiste. Quand il
4996 ublie qu’il est responsable de sa vocation devant la communauté, il devient individualiste. Quand il oublie qu’il est resp
4997 vidualiste. Quand il oublie qu’il est responsable de sa vocation devant Dieu et devant lui-même, il devient collectiviste3
4998 devant lui-même, il devient collectiviste37 ». Or l’ individualisme et le collectivisme aboutissent identiquement à l’étati
4999 devient collectiviste37 ». Or l’individualisme et le collectivisme aboutissent identiquement à l’étatisme centralisateur,
5000 e et le collectivisme aboutissent identiquement à l’ étatisme centralisateur, aux systèmes gigantesques et abstraits, sur l
5001 systèmes gigantesques et abstraits, sur lesquels l’ homme n’a plus de prises, et qui n’ont plus d’autre moteur que l’inhum
5002 sques et abstraits, sur lesquels l’homme n’a plus de prises, et qui n’ont plus d’autre moteur que l’inhumaine « force des
5003 els l’homme n’a plus de prises, et qui n’ont plus d’ autre moteur que l’inhumaine « force des choses ». 11. La méthode, ou
5004 s de prises, et qui n’ont plus d’autre moteur que l’ inhumaine « force des choses ». 11. La méthode, ou mieux : l’attitude
5005 moteur que l’inhumaine « force des choses ». 11. La méthode, ou mieux : l’attitude personnaliste, peut seule résoudre le
5006 « force des choses ». 11. La méthode, ou mieux : l’ attitude personnaliste, peut seule résoudre le conflit permanent au se
5007 x : l’attitude personnaliste, peut seule résoudre le conflit permanent au sein de toute fédération : celui qui oppose le p
5008 nt au sein de toute fédération : celui qui oppose le pouvoir central et l’autonomie des régions fédérées. Car une personne
5009 dération : celui qui oppose le pouvoir central et l’ autonomie des régions fédérées. Car une personne, au sens où je l’ai d
5010 régions fédérées. Car une personne, au sens où je l’ ai définie, sait qu’elle doit normalement sacrifier à l’ensemble une p
5011 éfinie, sait qu’elle doit normalement sacrifier à l’ ensemble une part de ses prérogatives, si elle veut rester en mesure d
5012 doit normalement sacrifier à l’ensemble une part de ses prérogatives, si elle veut rester en mesure d’exercer concrètemen
5013 e ses prérogatives, si elle veut rester en mesure d’ exercer concrètement sa vocation. Mais d’autre part, elle sait aussi q
5014 vocation. Mais d’autre part, elle sait aussi que l’ ensemble — ou le pouvoir central — n’a d’autre fin que de sauvegarder
5015 d’autre part, elle sait aussi que l’ensemble — ou le pouvoir central — n’a d’autre fin que de sauvegarder les libertés ind
5016 ussi que l’ensemble — ou le pouvoir central — n’a d’ autre fin que de sauvegarder les libertés individuelles, par où j’ente
5017 ble — ou le pouvoir central — n’a d’autre fin que de sauvegarder les libertés individuelles, par où j’entends l’exercice l
5018 voir central — n’a d’autre fin que de sauvegarder les libertés individuelles, par où j’entends l’exercice libre des vocatio
5019 rder les libertés individuelles, par où j’entends l’ exercice libre des vocations. Pour la personne, point de contradiction
5020 où j’entends l’exercice libre des vocations. Pour la personne, point de contradiction de principe entre ces deux nécessité
5021 cice libre des vocations. Pour la personne, point de contradiction de principe entre ces deux nécessités vitales : central
5022 cations. Pour la personne, point de contradiction de principe entre ces deux nécessités vitales : centralisation et autono
5023 s : centralisation et autonomie. Reste à résoudre la difficulté pratique de leur dosage dans les institutions. À cet égard
5024 utonomie. Reste à résoudre la difficulté pratique de leur dosage dans les institutions. À cet égard, le mouvement personna
5025 soudre la difficulté pratique de leur dosage dans les institutions. À cet égard, le mouvement personnaliste français (surto
5026 e leur dosage dans les institutions. À cet égard, le mouvement personnaliste français (surtout le groupe de l’Ordre nouvea
5027 ard, le mouvement personnaliste français (surtout le groupe de l’Ordre nouveau) me paraît avoir indiqué la seule méthode p
5028 uvement personnaliste français (surtout le groupe de l’Ordre nouveau) me paraît avoir indiqué la seule méthode praticable.
5029 roupe de l’Ordre nouveau) me paraît avoir indiqué la seule méthode praticable. Il s’agit selon lui de reconnaître par une
5030 la seule méthode praticable. Il s’agit selon lui de reconnaître par une enquête technique, en tous domaines, quelles sont
5031 enquête technique, en tous domaines, quelles sont les activités créatrices et quelles sont les activités mécaniques. Dans l
5032 les sont les activités créatrices et quelles sont les activités mécaniques. Dans le domaine industriel, cette enquête n’est
5033 es et quelles sont les activités mécaniques. Dans le domaine industriel, cette enquête n’est plus à faire : n’importe quel
5034 importe quel chef d’entreprise connaît exactement la différence entre un ouvrier qualifié et un manœuvre. La solution fédé
5035 férence entre un ouvrier qualifié et un manœuvre. La solution fédéraliste en économie est alors celle-ci : centraliser tou
5036 est alors celle-ci : centraliser tout ce qui est de l’ordre du travail « indifférencié » ou parcellaire, afin de permettr
5037 t alors celle-ci : centraliser tout ce qui est de l’ ordre du travail « indifférencié » ou parcellaire, afin de permettre u
5038 eprises qualifiées38. Je ne puis indiquer ici que le principe de cette solution. Mais cela suffit à faire voir comment cet
5039 ifiées38. Je ne puis indiquer ici que le principe de cette solution. Mais cela suffit à faire voir comment cette attitude
5040 de personnaliste se traduit normalement dans tous les plans — et jusque dans le détail de la « pratique » — par un dépassem
5041 normalement dans tous les plans — et jusque dans le détail de la « pratique » — par un dépassement des vieux conflits. Au
5042 nt dans tous les plans — et jusque dans le détail de la « pratique » — par un dépassement des vieux conflits. Au lieu de l
5043 dans tous les plans — et jusque dans le détail de la « pratique » — par un dépassement des vieux conflits. Au lieu de la l
5044 par un dépassement des vieux conflits. Au lieu de la lutte stérile dont nous souffrons en Suisse, entre le parti des centr
5045 utte stérile dont nous souffrons en Suisse, entre le parti des centralisateurs et le parti des régionalistes, le personnal
5046 en Suisse, entre le parti des centralisateurs et le parti des régionalistes, le personnaliste envisage la recherche en co
5047 es centralisateurs et le parti des régionalistes, le personnaliste envisage la recherche en commun d’un arrangement techni
5048 arti des régionalistes, le personnaliste envisage la recherche en commun d’un arrangement technique, orienté par une consc
5049 le personnaliste envisage la recherche en commun d’ un arrangement technique, orienté par une conscience vigilante des but
5050 té par une conscience vigilante des buts derniers de toute fédération. 12. Le troisième enseignement négatif que nous devo
5051 isième enseignement négatif que nous devons tirer de l’expérience suisse est d’un ordre plus quotidien et intime. Le morce
5052 ème enseignement négatif que nous devons tirer de l’ expérience suisse est d’un ordre plus quotidien et intime. Le morcelle
5053 que nous devons tirer de l’expérience suisse est d’ un ordre plus quotidien et intime. Le morcellement d’un pays — ou dema
5054 e suisse est d’un ordre plus quotidien et intime. Le morcellement d’un pays — ou demain de l’Europe — en régions autonomes
5055 n ordre plus quotidien et intime. Le morcellement d’ un pays — ou demain de l’Europe — en régions autonomes et de faible ét
5056 et intime. Le morcellement d’un pays — ou demain de l’Europe — en régions autonomes et de faible étendue, a pour avantage
5057 intime. Le morcellement d’un pays — ou demain de l’ Europe — en régions autonomes et de faible étendue, a pour avantage d’
5058 — ou demain de l’Europe — en régions autonomes et de faible étendue, a pour avantage d’écarter toute possibilité d’impéria
5059 s autonomes et de faible étendue, a pour avantage d’ écarter toute possibilité d’impérialisme, tout gigantisme inhumain, to
5060 ndue, a pour avantage d’écarter toute possibilité d’ impérialisme, tout gigantisme inhumain, tout délire de puissance. Mais
5061 périalisme, tout gigantisme inhumain, tout délire de puissance. Mais il a pour inconvénient de restreindre les horizons, e
5062 délire de puissance. Mais il a pour inconvénient de restreindre les horizons, et de créer une certaine médiocrité d’espri
5063 sance. Mais il a pour inconvénient de restreindre les horizons, et de créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon de la
5064 pour inconvénient de restreindre les horizons, et de créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon de la grandeur matérie
5065 les horizons, et de créer une certaine médiocrité d’ esprit, rançon de la grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en
5066 de créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon de la grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en présence d’une m
5067 créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon de la grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en présence d’une mala
5068 dité intellectuelle, méfiance à l’égard du voisin de langue ou de confession, crainte perpétuelle d’être majorisé. Notons
5069 tuelle, méfiance à l’égard du voisin de langue ou de confession, crainte perpétuelle d’être majorisé. Notons que cette mal
5070 n de langue ou de confession, crainte perpétuelle d’ être majorisé. Notons que cette maladie a fait son apparition en Suiss
5071 it son apparition en Suisse à partir du moment où les cantons ont conclu une alliance unique et uniforme, au lieu qu’aupara
5072 orme, au lieu qu’auparavant chacun faisait partie de plusieurs réseaux d’alliances superposées. Ainsi chacun s’est refermé
5073 ravant chacun faisait partie de plusieurs réseaux d’ alliances superposées. Ainsi chacun s’est refermé sur soi, tendant à u
5074 st refermé sur soi, tendant à une espèce boiteuse d’ autarcie. Chacun s’est trouvé isolé en présence de tous les autres. D’
5075 ie. Chacun s’est trouvé isolé en présence de tous les autres. D’où sa timidité déguisée en prudence par gain de paix ou par
5076 ’est trouvé isolé en présence de tous les autres. D’ où sa timidité déguisée en prudence par gain de paix ou par faiblesse.
5077 s. D’où sa timidité déguisée en prudence par gain de paix ou par faiblesse. D’où sa crainte de s’affirmer trop nettement d
5078 ée en prudence par gain de paix ou par faiblesse. D’ où sa crainte de s’affirmer trop nettement différent. D’où finalement
5079 ar gain de paix ou par faiblesse. D’où sa crainte de s’affirmer trop nettement différent. D’où finalement l’espèce de gêne
5080 a crainte de s’affirmer trop nettement différent. D’ où finalement l’espèce de gêne morale, puis d’intolérance sourde et la
5081 ffirmer trop nettement différent. D’où finalement l’ espèce de gêne morale, puis d’intolérance sourde et larvée qui paralys
5082 rop nettement différent. D’où finalement l’espèce de gêne morale, puis d’intolérance sourde et larvée qui paralyse chez no
5083 nt. D’où finalement l’espèce de gêne morale, puis d’ intolérance sourde et larvée qui paralyse chez nous les esprits « trop
5084 tolérance sourde et larvée qui paralyse chez nous les esprits « trop » entreprenants. Pour prévenir cette maladie, dans l’E
5085 entreprenants. Pour prévenir cette maladie, dans l’ Europe de demain, comme en Suisse, il est essentiel d’insister sur le
5086 nants. Pour prévenir cette maladie, dans l’Europe de demain, comme en Suisse, il est essentiel d’insister sur le caractère
5087 rope de demain, comme en Suisse, il est essentiel d’ insister sur le caractère non systématique et non unitaire du fédérali
5088 comme en Suisse, il est essentiel d’insister sur le caractère non systématique et non unitaire du fédéralisme sain. Il es
5089 nitaire du fédéralisme sain. Il est essentiel que les groupes, ou les individus qui les composent, gardent le droit, le sou
5090 alisme sain. Il est essentiel que les groupes, ou les individus qui les composent, gardent le droit, le souci et le goût de
5091 t essentiel que les groupes, ou les individus qui les composent, gardent le droit, le souci et le goût de se rattacher à pl
5092 upes, ou les individus qui les composent, gardent le droit, le souci et le goût de se rattacher à plusieurs organismes sup
5093 es individus qui les composent, gardent le droit, le souci et le goût de se rattacher à plusieurs organismes supra-régiona
5094 qui les composent, gardent le droit, le souci et le goût de se rattacher à plusieurs organismes supra-régionaux. Je préci
5095 composent, gardent le droit, le souci et le goût de se rattacher à plusieurs organismes supra-régionaux. Je préciserai pa
5096 éciserai par un exemple très concret : en Suisse, les esprits les plus libres et les plus personnels sont ceux qui se ratta
5097 un exemple très concret : en Suisse, les esprits les plus libres et les plus personnels sont ceux qui se rattachent : sent
5098 ncret : en Suisse, les esprits les plus libres et les plus personnels sont ceux qui se rattachent : sentimentalement à une
5099 nt : sentimentalement à une région ; légalement à l’ État suisse ; religieusement à une Église dont les frontières sont bie
5100 l’État suisse ; religieusement à une Église dont les frontières sont bien plus vastes que celles de l’État ; intellectuell
5101 t les frontières sont bien plus vastes que celles de l’État ; intellectuellement à l’une des grandes cultures voisines ; e
5102 es frontières sont bien plus vastes que celles de l’ État ; intellectuellement à l’une des grandes cultures voisines ; etc.
5103 te conscience et authenticité ; non seulement par le fait (naissance ou tradition) mais encore et surtout, par volonté. Le
5104 plusieurs grandes dimensions, au-delà des limites de leur canton natal, et sans nul détriment pour ce dernier, bien au con
5105 nt pour ce dernier, bien au contraire. Tandis que les petits esprits intolérants sont ceux qui ne conçoivent le « fédéralis
5106 s esprits intolérants sont ceux qui ne conçoivent le « fédéralisme » que sous la forme du Kantönligeist, c’est-à-dire d’un
5107 eux qui ne conçoivent le « fédéralisme » que sous la forme du Kantönligeist, c’est-à-dire d’un patriotisme autarcique et t
5108 que sous la forme du Kantönligeist, c’est-à-dire d’ un patriotisme autarcique et totalitaire en miniature ; ceux qui veule
5109 totalitaire en miniature ; ceux qui veulent être de leur canton d’abord ou uniquement et appellent cela « fédéralisme »,
5110 ellent cela « fédéralisme », alors qu’ils ruinent le principe même dont ils forment le nom de leur parti. Convient-il d’in
5111 qu’ils ruinent le principe même dont ils forment le nom de leur parti. Convient-il d’insister encore ? Oui, car tout cela
5112 ruinent le principe même dont ils forment le nom de leur parti. Convient-il d’insister encore ? Oui, car tout cela risque
5113 ont ils forment le nom de leur parti. Convient-il d’ insister encore ? Oui, car tout cela risquerait d’apparaître à beaucou
5114 d’insister encore ? Oui, car tout cela risquerait d’ apparaître à beaucoup de Suisses négligents un peu banal, « tout natur
5115 peu banal, « tout naturel »… Je rappelle donc que la formule de la tyrannie maxima est celle de l’État qui prétend que ses
5116 « tout naturel »… Je rappelle donc que la formule de la tyrannie maxima est celle de l’État qui prétend que ses frontières
5117 out naturel »… Je rappelle donc que la formule de la tyrannie maxima est celle de l’État qui prétend que ses frontières do
5118 nc que la formule de la tyrannie maxima est celle de l’État qui prétend que ses frontières douanières et politiques soient
5119 que la formule de la tyrannie maxima est celle de l’ État qui prétend que ses frontières douanières et politiques soient en
5120 anières et politiques soient en même temps celles de la religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur a
5121 ères et politiques soient en même temps celles de la religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur amou
5122 en même temps celles de la religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité.
5123 les de la religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité. Construire la féd
5124 n des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité. Construire la fédération européenn
5125 ur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité. Construire la fédération européenne, ce sera peut-être
5126 de leur amour… sinon de leur avidité. Construire la fédération européenne, ce sera peut-être simplement développer tout d
5127 velopper tout d’abord, et affirmer, une pluralité d’ organismes déjà existants, religieux, culturels, linguistiques, idéolo
5128 ues ou économiques, à condition qu’ils aient ceci de commun : l’œcuménicité, la volonté de relativiser les frontières poli
5129 miques, à condition qu’ils aient ceci de commun : l’ œcuménicité, la volonté de relativiser les frontières politiques. (Nul
5130 tion qu’ils aient ceci de commun : l’œcuménicité, la volonté de relativiser les frontières politiques. (Nul besoin d’aboli
5131 aient ceci de commun : l’œcuménicité, la volonté de relativiser les frontières politiques. (Nul besoin d’abolir celles-ci
5132 commun : l’œcuménicité, la volonté de relativiser les frontières politiques. (Nul besoin d’abolir celles-ci, comme le voula
5133 elativiser les frontières politiques. (Nul besoin d’ abolir celles-ci, comme le voulaient les Internationales : si l’on gar
5134 politiques. (Nul besoin d’abolir celles-ci, comme le voulaient les Internationales : si l’on garde le droit de les déborde
5135 Nul besoin d’abolir celles-ci, comme le voulaient les Internationales : si l’on garde le droit de les déborder dans plusieu
5136 s-ci, comme le voulaient les Internationales : si l’ on garde le droit de les déborder dans plusieurs domaines, elles garde
5137 le voulaient les Internationales : si l’on garde le droit de les déborder dans plusieurs domaines, elles gardent aussi le
5138 ient les Internationales : si l’on garde le droit de les déborder dans plusieurs domaines, elles gardent aussi leur légiti
5139 t les Internationales : si l’on garde le droit de les déborder dans plusieurs domaines, elles gardent aussi leur légitimité
5140 lles gardent aussi leur légitimité relative.) 13. La fédération européenne, si elle se fait, sera faite par des personnes,
5141 int par des troupes, au sens politicien du terme. Les troupes, les masses, portent automatiquement au pouvoir des systèmes
5142 roupes, au sens politicien du terme. Les troupes, les masses, portent automatiquement au pouvoir des systèmes totalitaires.
5143 matiquement au pouvoir des systèmes totalitaires. Les personnes, telles que je les définis, ne peuvent vouloir qu’un organi
5144 stèmes totalitaires. Les personnes, telles que je les définis, ne peuvent vouloir qu’un organisme fédéral. Or il existe en
5145 « personnel » plus apte qu’aucun autre à préparer les bases de la fédération européenne. (Un « personnel » : il faut sauver
5146 l » plus apte qu’aucun autre à préparer les bases de la fédération européenne. (Un « personnel » : il faut sauver ce mot d
5147 plus apte qu’aucun autre à préparer les bases de la fédération européenne. (Un « personnel » : il faut sauver ce mot de s
5148 péenne. (Un « personnel » : il faut sauver ce mot de sa déchéance bureaucratique. Normalement, il devrait désigner non pas
5149 rmalement, il devrait désigner non pas une troupe d’ employés anonymes, mais une équipe de personnes responsables.) C’est l
5150 s une troupe d’employés anonymes, mais une équipe de personnes responsables.) C’est le charisme de la Suisse que de produi
5151 mais une équipe de personnes responsables.) C’est le charisme de la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est
5152 ipe de personnes responsables.) C’est le charisme de la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est avant tout
5153 de personnes responsables.) C’est le charisme de la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est avant tout de
5154 responsables.) C’est le charisme de la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est avant tout de connaître l’Eu
5155 isme de la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est avant tout de connaître l’Europe : juges et négociateurs
5156 oduire des hommes dont la fonction est avant tout de connaître l’Europe : juges et négociateurs d’accords internationaux,
5157 mmes dont la fonction est avant tout de connaître l’ Europe : juges et négociateurs d’accords internationaux, cosmopolites
5158 out de connaître l’Europe : juges et négociateurs d’ accords internationaux, cosmopolites ou « Suisses de l’étranger »39, d
5159 accords internationaux, cosmopolites ou « Suisses de l’étranger »39, directeurs d’unions universelles, secrétaires d’allia
5160 ords internationaux, cosmopolites ou « Suisses de l’ étranger »39, directeurs d’unions universelles, secrétaires d’alliance
5161 olites ou « Suisses de l’étranger »39, directeurs d’ unions universelles, secrétaires d’alliances œcuméniques, membres du C
5162 39, directeurs d’unions universelles, secrétaires d’ alliances œcuméniques, membres du Comité international de la Croix-Rou
5163 nces œcuméniques, membres du Comité international de la Croix-Rouge, etc., etc. Le « Suisse international » est un homme q
5164 s œcuméniques, membres du Comité international de la Croix-Rouge, etc., etc. Le « Suisse international » est un homme qui
5165 omité international de la Croix-Rouge, etc., etc. Le « Suisse international » est un homme qui peut et doit connaître l’Eu
5166 ational » est un homme qui peut et doit connaître l’ Europe, par tradition, par goût et par nécessité. Et la connaître non
5167 ope, par tradition, par goût et par nécessité. Et la connaître non pour l’utiliser au bénéfice de quelque impérialisme, ma
5168 r goût et par nécessité. Et la connaître non pour l’ utiliser au bénéfice de quelque impérialisme, mais la connaître pour l
5169 . Et la connaître non pour l’utiliser au bénéfice de quelque impérialisme, mais la connaître pour la faire. Pour la servir
5170 tiliser au bénéfice de quelque impérialisme, mais la connaître pour la faire. Pour la servir, et non pour s’en servir. 14.
5171 e de quelque impérialisme, mais la connaître pour la faire. Pour la servir, et non pour s’en servir. 14. La mission histor
5172 périalisme, mais la connaître pour la faire. Pour la servir, et non pour s’en servir. 14. La mission historique de la Suis
5173 ire. Pour la servir, et non pour s’en servir. 14. La mission historique de la Suisse fut, à partir du xiiie siècle, de ga
5174 t non pour s’en servir. 14. La mission historique de la Suisse fut, à partir du xiiie siècle, de garder libres pour les p
5175 on pour s’en servir. 14. La mission historique de la Suisse fut, à partir du xiiie siècle, de garder libres pour les peup
5176 ique de la Suisse fut, à partir du xiiie siècle, de garder libres pour les peuples et les princes les cols du centre de l
5177 à partir du xiiie siècle, de garder libres pour les peuples et les princes les cols du centre de l’Europe. Mission pratiq
5178 iie siècle, de garder libres pour les peuples et les princes les cols du centre de l’Europe. Mission pratique, devenue sym
5179 de garder libres pour les peuples et les princes les cols du centre de l’Europe. Mission pratique, devenue symbolique. Dés
5180 our les peuples et les princes les cols du centre de l’Europe. Mission pratique, devenue symbolique. Désormais, il nous ap
5181 les peuples et les princes les cols du centre de l’ Europe. Mission pratique, devenue symbolique. Désormais, il nous appar
5182 devenue symbolique. Désormais, il nous appartient d’ en proclamer la signification moderne : c’est la défense du cœur spiri
5183 que. Désormais, il nous appartient d’en proclamer la signification moderne : c’est la défense du cœur spirituel de l’Europ
5184 t d’en proclamer la signification moderne : c’est la défense du cœur spirituel de l’Europe, la garde montée autour du drap
5185 tion moderne : c’est la défense du cœur spirituel de l’Europe, la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche,
5186 n moderne : c’est la défense du cœur spirituel de l’ Europe, la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche, où
5187 : c’est la défense du cœur spirituel de l’Europe, la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche, où le rouge
5188 Europe, la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche, où le rouge est couleur d’Empire, c’est-à-dire d’union
5189 ope, la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche, où le rouge est couleur d’Empire, c’est-à-dire d’union des n
5190 ée autour du drapeau rouge à la croix blanche, où le rouge est couleur d’Empire, c’est-à-dire d’union des nations, et la c
5191 rouge à la croix blanche, où le rouge est couleur d’ Empire, c’est-à-dire d’union des nations, et la croix signe de salut.
5192 e, où le rouge est couleur d’Empire, c’est-à-dire d’ union des nations, et la croix signe de salut. Gardienne des cols par
5193 ur d’Empire, c’est-à-dire d’union des nations, et la croix signe de salut. Gardienne des cols par où s’échangent les riche
5194 d’Empire, c’est-à-dire d’union des nations, et la croix signe de salut. Gardienne des cols par où s’échangent les richesses,
5195 est-à-dire d’union des nations, et la croix signe de salut. Gardienne des cols par où s’échangent les richesses, gardienne
5196 e de salut. Gardienne des cols par où s’échangent les richesses, gardienne de l’idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut
5197 cols par où s’échangent les richesses, gardienne de l’idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les cl
5198 ls par où s’échangent les richesses, gardienne de l’ idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs
5199 ù s’échangent les richesses, gardienne de l’idéal d’ où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de l’Eu
5200 les richesses, gardienne de l’idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de l’Europe, et c’est
5201 ardienne de l’idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de l’Europe, et c’est là sa vraie voc
5202 de l’idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de l’Europe, et c’est là sa vraie vocation. El
5203 renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de l’Europe, et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et
5204 a paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de l’Europe, et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et la formu
5205 aix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de l’ Europe, et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et la formule,
5206 l’Europe, et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et la formule, le génie tutélaire de l’Empire. De cet Empire, on
5207 t c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et la formule, le génie tutélaire de l’Empire. De cet Empire, on a bien dit
5208 a vraie vocation. Elle est le lieu et la formule, le génie tutélaire de l’Empire. De cet Empire, on a bien dit que nous so
5209 lle est le lieu et la formule, le génie tutélaire de l’Empire. De cet Empire, on a bien dit que nous sommes le dernier ves
5210 est le lieu et la formule, le génie tutélaire de l’ Empire. De cet Empire, on a bien dit que nous sommes le dernier vestig
5211 eu et la formule, le génie tutélaire de l’Empire. De cet Empire, on a bien dit que nous sommes le dernier vestige. Toute l
5212 ien dit que nous sommes le dernier vestige. Toute la question est de savoir si c’est là notre dernier mot — ou le premier
5213 sommes le dernier vestige. Toute la question est de savoir si c’est là notre dernier mot — ou le premier d’un chapitre no
5214 oir si c’est là notre dernier mot — ou le premier d’ un chapitre nouveau ; toute la question est de savoir si ce vestige ne
5215 mot — ou le premier d’un chapitre nouveau ; toute la question est de savoir si ce vestige ne va pas devenir un germe ! Un
5216 ier d’un chapitre nouveau ; toute la question est de savoir si ce vestige ne va pas devenir un germe ! Un germe, ce n’est
5217 nir un germe ! Un germe, ce n’est jamais grand : l’ image convient à notre taille. Encore faut-il que le petit grain soit
5218 image convient à notre taille. Encore faut-il que le petit grain soit fécondé… Il y a beaucoup à faire pour que la Suisse
5219 in soit fécondé… Il y a beaucoup à faire pour que la Suisse puisse prétendre à jouer le rôle de germe d’une Europe nouvell
5220 Suisse puisse prétendre à jouer le rôle de germe d’ une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance autant que de
5221 rôle de germe d’une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance autant que de la paix occidentale. Si nous n’embra
5222 le. Mais il y va de notre indépendance autant que de la paix occidentale. Si nous n’embrassons pas cette mission-là, l’His
5223 Mais il y va de notre indépendance autant que de la paix occidentale. Si nous n’embrassons pas cette mission-là, l’Histoi
5224 ntale. Si nous n’embrassons pas cette mission-là, l’ Histoire aura tôt fait, n’en doutons pas, d’accepter notre démission —
5225 n-là, l’Histoire aura tôt fait, n’en doutons pas, d’ accepter notre démission — soit volontaire, soit forcée. 34. Voir l
5226 it volontaire, soit forcée. 34. Voir là-dessus les travaux du professeur zurichois Karl Meyer. Le Pacte de 1291 est le d
5227 s les travaux du professeur zurichois Karl Meyer. Le Pacte de 1291 est le dernier d’une longue série, dont le pacte de la
5228 vaux du professeur zurichois Karl Meyer. Le Pacte de 1291 est le dernier d’une longue série, dont le pacte de la Torre, au
5229 chois Karl Meyer. Le Pacte de 1291 est le dernier d’ une longue série, dont le pacte de la Torre, au Tessin, fut l’un des p
5230 e de 1291 est le dernier d’une longue série, dont le pacte de la Torre, au Tessin, fut l’un des premiers : 1182. 35. Voir
5231 est le dernier d’une longue série, dont le pacte de la Torre, au Tessin, fut l’un des premiers : 1182. 35. Voir sur ce p
5232 t le dernier d’une longue série, dont le pacte de la Torre, au Tessin, fut l’un des premiers : 1182. 35. Voir sur ce poin
5233 mais des réalisations historiques. 37. Cf. p. 88 de ce volume. 38. Il s’agirait d’instituer un service civil industriel
5234 s. 37. Cf. p. 88 de ce volume. 38. Il s’agirait d’ instituer un service civil industriel de quelques mois, assurant à cha
5235 s’agirait d’instituer un service civil industriel de quelques mois, assurant à chaque entreprise libre une main-d’œuvre à
5236 se libre une main-d’œuvre à bas prix ou gratuite. D’ où possibilité de supprimer la condition prolétarienne ; suppression d
5237 -d’œuvre à bas prix ou gratuite. D’où possibilité de supprimer la condition prolétarienne ; suppression du chômage périodi
5238 s prix ou gratuite. D’où possibilité de supprimer la condition prolétarienne ; suppression du chômage périodique et techno
5239 chômage périodique et technologique ; possibilité d’ adapter la production à la consommation sans créer de troubles sociaux
5240 riodique et technologique ; possibilité d’adapter la production à la consommation sans créer de troubles sociaux ou de nom
5241 nologique ; possibilité d’adapter la production à la consommation sans créer de troubles sociaux ou de nomadisme ; éducati
5242 dapter la production à la consommation sans créer de troubles sociaux ou de nomadisme ; éducation sociale et morale des pa
5243 la consommation sans créer de troubles sociaux ou de nomadisme ; éducation sociale et morale des participants (cf. service
5244 (cf. service militaire), etc., etc. 39. Ce sont les successeurs pacifiques des officiers au service étranger d’autres siè
5245 ervice étranger d’autres siècles. On n’ignore pas les services décisifs que cette classe a rendus au pays, par ceux d’entre
5246 ys, par ceux d’entre les siens qui y ont rapporté les richesses de lointaines expériences.
5247 ’entre les siens qui y ont rapporté les richesses de lointaines expériences.
7 1940, Mission ou démission de la Suisse. Appendice, ou « in cauda venenum » Autocritique de la Suisse
5248 Appendice ou « in cauda venenum » Autocritique de la Suisse Nul pays, à ma connaissance, n’a été plus souvent expliqu
5249 Appendice ou « in cauda venenum » Autocritique de la Suisse Nul pays, à ma connaissance, n’a été plus souvent expliqué à
5250 plus souvent expliqué à lui-même et au monde que la Suisse. C’est qu’il en a besoin plus que nul autre. Sa devise est un
5251 principe toute doctrine unitaire, et suppose donc la connaissance très vivante d’une autre espèce d’union, sans cesse à re
5252 ire, et suppose donc la connaissance très vivante d’ une autre espèce d’union, sans cesse à recréer. Or l’inertie des masse
5253 c la connaissance très vivante d’une autre espèce d’ union, sans cesse à recréer. Or l’inertie des masses et l’à peu près i
5254 ne autre espèce d’union, sans cesse à recréer. Or l’ inertie des masses et l’à peu près intellectuel s’opposent sans cesse
5255 sans cesse à recréer. Or l’inertie des masses et l’ à peu près intellectuel s’opposent sans cesse à cette reprise de consc
5256 ntellectuel s’opposent sans cesse à cette reprise de conscience. D’où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on n
5257 pposent sans cesse à cette reprise de conscience. D’ où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déch
5258 nt sans cesse à cette reprise de conscience. D’où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déchoir o
5259 à cette reprise de conscience. D’où la nécessité d’ une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déchoir ou se laisser
5260 ’où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’ on ne veut pas déchoir ou se laisser dissoudre, si l’on veut durer et
5261 n ne veut pas déchoir ou se laisser dissoudre, si l’ on veut durer et surtout, si l’on prétend se donner en exemple. 1. Cl
5262 sser dissoudre, si l’on veut durer et surtout, si l’ on prétend se donner en exemple. 1. Clarifions notre langage ! — Puis
5263 exemple. 1. Clarifions notre langage ! — Puisque le fédéralisme est une forme politique qui suppose l’équilibre vivant en
5264 e fédéralisme est une forme politique qui suppose l’ équilibre vivant entre les droits de chaque région et ses devoirs enve
5265 me politique qui suppose l’équilibre vivant entre les droits de chaque région et ses devoirs envers l’ensemble, il est absu
5266 e qui suppose l’équilibre vivant entre les droits de chaque région et ses devoirs envers l’ensemble, il est absurde de nom
5267 les droits de chaque région et ses devoirs envers l’ ensemble, il est absurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’
5268 et ses devoirs envers l’ensemble, il est absurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’autre programme que la défe
5269 bsurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’ autre programme que la défense des intérêts locaux contre le centre. C
5270 éraliste » un parti qui n’a d’autre programme que la défense des intérêts locaux contre le centre. Ceux qui se disent, che
5271 ogramme que la défense des intérêts locaux contre le centre. Ceux qui se disent, chez nous, « fédéralistes », ne sont souv
5272 chez nous, « fédéralistes », ne sont souvent, je le crains, que des nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur la né
5273 s nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité de l’union centrale auraient peut-être plus de droits à rev
5274 es cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité de l’union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le n
5275 cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité de l’ union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le nom
5276 ssité de l’union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymologiq
5277 e auraient peut-être plus de droits à revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymologique. (fœdus = traité, ser
5278 ent peut-être plus de droits à revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymologique. (fœdus = traité, serment, u
5279 régionalistes, nomment « fédéral » ce qui procède de Berne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume à combattre tout
5280 qui pourra ! Cette confusion verbale, symbolique de tant d’autres, est à la base de la plupart de nos conflits politiques
5281 usion verbale, symbolique de tant d’autres, est à la base de la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlement
5282 rbale, symbolique de tant d’autres, est à la base de la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlementaires. 2
5283 miques, parlementaires. 2. Ni gauche ni droite. —  Les centralisateurs et les régionalistes ont également tort, c’est éviden
5284 2. Ni gauche ni droite. — Les centralisateurs et les régionalistes ont également tort, c’est évident, puisque le fédéralis
5285 listes ont également tort, c’est évident, puisque le fédéralisme véritable ne commence qu’au-delà de leur opposition. Ils
5286 e le fédéralisme véritable ne commence qu’au-delà de leur opposition. Ils se font un programme de ce qui ne saurait être q
5287 delà de leur opposition. Ils se font un programme de ce qui ne saurait être que la maladie individualiste ou la maladie co
5288 e font un programme de ce qui ne saurait être que la maladie individualiste ou la maladie collectiviste de notre État. À q
5289 ne saurait être que la maladie individualiste ou la maladie collectiviste de notre État. À quand le parti de la santé féd
5290 aladie individualiste ou la maladie collectiviste de notre État. À quand le parti de la santé fédéraliste ? Il ne sera ni
5291 u la maladie collectiviste de notre État. À quand le parti de la santé fédéraliste ? Il ne sera ni de gauche ni de droite.
5292 die collectiviste de notre État. À quand le parti de la santé fédéraliste ? Il ne sera ni de gauche ni de droite. Car sous
5293 collectiviste de notre État. À quand le parti de la santé fédéraliste ? Il ne sera ni de gauche ni de droite. Car sous l’
5294 le parti de la santé fédéraliste ? Il ne sera ni de gauche ni de droite. Car sous l’opposition, indéfendable en théorie,
5295 la santé fédéraliste ? Il ne sera ni de gauche ni de droite. Car sous l’opposition, indéfendable en théorie, des centralis
5296  ? Il ne sera ni de gauche ni de droite. Car sous l’ opposition, indéfendable en théorie, des centralistes et des régionali
5297 régionalistes, ce qui se cache en réalité, c’est l’ opposition gauche-droite. Les radicaux centralisateurs ne sont que des
5298 che en réalité, c’est l’opposition gauche-droite. Les radicaux centralisateurs ne sont que des socialistes qui s’ignorent ;
5299 totalitaires timorés, c’est-à-dire quelque chose d’ absolument inviable s’ils en restent là, ou de radicalement antisuisse
5300 ose d’absolument inviable s’ils en restent là, ou de radicalement antisuisse s’ils progressent. Les « libéraux » et les co
5301 ou de radicalement antisuisse s’ils progressent. Les « libéraux » et les conservateurs « fédéralistes » ne sont que des ré
5302 antisuisse s’ils progressent. Les « libéraux » et les conservateurs « fédéralistes » ne sont que des réactionnaires inconsé
5303 des réactionnaires inconséquents : tant que je ne les aurai pas vu refuser l’argent de l’État, je ne pourrai pas prendre au
5304 équents : tant que je ne les aurai pas vu refuser l’ argent de l’État, je ne pourrai pas prendre au sérieux leurs convictio
5305 tant que je ne les aurai pas vu refuser l’argent de l’État, je ne pourrai pas prendre au sérieux leurs convictions « fédé
5306 nt que je ne les aurai pas vu refuser l’argent de l’ État, je ne pourrai pas prendre au sérieux leurs convictions « fédéral
5307 ris dans leur sens). (Et ce ne sont pas seulement les particuliers, propriétaires ou industriels, qui mendient la « manne f
5308 liers, propriétaires ou industriels, qui mendient la « manne fédérale », les subsides et les allocations ; mais les canton
5309 industriels, qui mendient la « manne fédérale », les subsides et les allocations ; mais les cantons les plus conservateurs
5310 i mendient la « manne fédérale », les subsides et les allocations ; mais les cantons les plus conservateurs sont souvent ce
5311 édérale », les subsides et les allocations ; mais les cantons les plus conservateurs sont souvent ceux qui, me dit-on, se g
5312 es subsides et les allocations ; mais les cantons les plus conservateurs sont souvent ceux qui, me dit-on, se gênent le moi
5313 teurs sont souvent ceux qui, me dit-on, se gênent le moins…40) Or l’opposition gauche-droite est étrangère au génie de la
5314 nt ceux qui, me dit-on, se gênent le moins…40) Or l’ opposition gauche-droite est étrangère au génie de la Suisse. Son orig
5315 l’opposition gauche-droite est étrangère au génie de la Suisse. Son origine parlementaire le prouve : rien de moins suisse
5316 pposition gauche-droite est étrangère au génie de la Suisse. Son origine parlementaire le prouve : rien de moins suisse qu
5317 au génie de la Suisse. Son origine parlementaire le prouve : rien de moins suisse que notre Parlement, importé d’Amérique
5318 uisse. Son origine parlementaire le prouve : rien de moins suisse que notre Parlement, importé d’Amérique à une époque réc
5319 rien de moins suisse que notre Parlement, importé d’ Amérique à une époque récente, et plus ou moins contaminé par les mœur
5320 ne époque récente, et plus ou moins contaminé par les mœurs politiques françaises. L’idée même de parti, d’ailleurs, est an
5321 ns contaminé par les mœurs politiques françaises. L’ idée même de parti, d’ailleurs, est antisuisse, dans ce sens qu’elle e
5322 par les mœurs politiques françaises. L’idée même de parti, d’ailleurs, est antisuisse, dans ce sens qu’elle est antifédér
5323 ndamne, ridiculement, à avoir des idées sur tout. Les seuls partis qu’une fédération puisse tolérer sont les partis à progr
5324 euls partis qu’une fédération puisse tolérer sont les partis à programme restreint, représentant une région, ou un groupe d
5325 restreint, représentant une région, ou un groupe d’ activités apparentées, ou une tendance religieuse, ou des intérêts cor
5326 ance religieuse, ou des intérêts corporatifs. Sur la base de programmes restreints, bien définis, l’on peut discuter entre
5327 igieuse, ou des intérêts corporatifs. Sur la base de programmes restreints, bien définis, l’on peut discuter entre experts
5328 r la base de programmes restreints, bien définis, l’ on peut discuter entre experts, se compléter, collaborer. Mais les par
5329 ter entre experts, se compléter, collaborer. Mais les partis unitaires actuels représentent des tendances trop vagues : ils
5330 ler, tout juger et tout absorber. Il serait temps de se remettre à la Diète ! 3. Suite du précédent. — Comment peut-on se
5331 t tout absorber. Il serait temps de se remettre à la Diète ! 3. Suite du précédent. — Comment peut-on se dire encore « de
5332 du précédent. — Comment peut-on se dire encore «  de droite » ou « de gauche » au lendemain de la guerre d’Espagne et du P
5333 Comment peut-on se dire encore « de droite » ou «  de gauche » au lendemain de la guerre d’Espagne et du Pacte germano-russ
5334 ncore « de droite » ou « de gauche » au lendemain de la guerre d’Espagne et du Pacte germano-russe ? Les Espagnols se sont
5335 re « de droite » ou « de gauche » au lendemain de la guerre d’Espagne et du Pacte germano-russe ? Les Espagnols se sont en
5336 oite » ou « de gauche » au lendemain de la guerre d’ Espagne et du Pacte germano-russe ? Les Espagnols se sont entretués pe
5337 e la guerre d’Espagne et du Pacte germano-russe ? Les Espagnols se sont entretués pendant trois ans, en toute sincérité et
5338 érité et en tout héroïsme, au nom d’une droite et d’ une gauche extrémistes qui, dès « l’affaire » liquidée, ont démasqué l
5339 une droite et d’une gauche extrémistes qui, dès «  l’ affaire » liquidée, ont démasqué leur fructueuse entente… Mais rien n’
5340 partis continuent, nos arguments ne changent pas d’ un demi-ton, nos philo-fascistes continuent à reprocher à nos socialis
5341 ialistes un étatisme qui, en réalité, fait partie de tout programme fasciste ; nos marxistes continuent à se croire libert
5342 libertaires, etc. Seuls nos staliniens ont cessé de dénoncer les hitlériens, mais c’est pour dénoncer les antihitlériens,
5343 , etc. Seuls nos staliniens ont cessé de dénoncer les hitlériens, mais c’est pour dénoncer les antihitlériens, qui se trouv
5344 dénoncer les hitlériens, mais c’est pour dénoncer les antihitlériens, qui se trouvent d’ailleurs être les mêmes. (« Réactio
5345 s antihitlériens, qui se trouvent d’ailleurs être les mêmes. (« Réactionnaires et capitalistes internationaux »…) Nos desce
5346 alistes internationaux »…) Nos descendants diront de notre siècle qu’il fut celui des gogos enragés. 4. Paresse d’esprit.
5347 cle qu’il fut celui des gogos enragés. 4. Paresse d’ esprit. — Je parle ici par expérience : rien n’oblige un bureau de Ber
5348 arle ici par expérience : rien n’oblige un bureau de Berne à faire du centralisme à coups de décrets rigides ; rien ne l’e
5349 un bureau de Berne à faire du centralisme à coups de décrets rigides ; rien ne l’empêche de respecter nos précieuses diver
5350 centralisme à coups de décrets rigides ; rien ne l’ empêche de respecter nos précieuses diversités, et de se mettre à leur
5351 me à coups de décrets rigides ; rien ne l’empêche de respecter nos précieuses diversités, et de se mettre à leur service,
5352 mpêche de respecter nos précieuses diversités, et de se mettre à leur service, comme il se doit. Prévoir des exceptions, t
5353 i, pratiquement, la plupart des bureaux font tout le contraire, cela tient à la paresse d’esprit des messieurs qui en occu
5354 des bureaux font tout le contraire, cela tient à la paresse d’esprit des messieurs qui en occupent les fauteuils. Les org
5355 x font tout le contraire, cela tient à la paresse d’ esprit des messieurs qui en occupent les fauteuils. Les organismes cen
5356 la paresse d’esprit des messieurs qui en occupent les fauteuils. Les organismes centraux ne deviennent centralistes (au mau
5357 prit des messieurs qui en occupent les fauteuils. Les organismes centraux ne deviennent centralistes (au mauvais sens) que
5358 deviennent centralistes (au mauvais sens) que par la faute des fonctionnaires qui s’y incrustent, et dont l’intelligence p
5359 te des fonctionnaires qui s’y incrustent, et dont l’ intelligence politique s’atténue dans le confort et la prudence. Ne di
5360 , et dont l’intelligence politique s’atténue dans le confort et la prudence. Ne dites donc plus : « Nous sommes opposés pa
5361 telligence politique s’atténue dans le confort et la prudence. Ne dites donc plus : « Nous sommes opposés par principe à t
5362 par principe à tout ce qui vient de Berne — sauf les crédits ». Mais dites : « Nous voulons des fonctionnaires frais et di
5363 lons des fonctionnaires frais et dispos, capables d’ imagination, détestant les complications administratives mais aimant l
5364 rais et dispos, capables d’imagination, détestant les complications administratives mais aimant les complexités concrètes,
5365 ant les complications administratives mais aimant les complexités concrètes, choisis pour leur sens fédéraliste, et révocab
5366 r sens fédéraliste, et révocables aussitôt qu’ils le perdent. » Si vous les obtenez, la révolution nationale dont certains
5367 révocables aussitôt qu’ils le perdent. » Si vous les obtenez, la révolution nationale dont certains parlent sera faite. Ma
5368 ussitôt qu’ils le perdent. » Si vous les obtenez, la révolution nationale dont certains parlent sera faite. Mais autrement
5369 rlent sera faite. Mais autrement, elle ne servira de rien. 5. Notre matérialisme. — Le pire danger qui nous menace : nous
5370 lle ne servira de rien. 5. Notre matérialisme. —  Le pire danger qui nous menace : nous avons renversé l’échelle des valeu
5371 pire danger qui nous menace : nous avons renversé l’ échelle des valeurs. Le cadre matériel de notre vie est parfait, mais
5372 nace : nous avons renversé l’échelle des valeurs. Le cadre matériel de notre vie est parfait, mais il n’encadrera bientôt
5373 renversé l’échelle des valeurs. Le cadre matériel de notre vie est parfait, mais il n’encadrera bientôt plus aucune vie di
5374 mais il n’encadrera bientôt plus aucune vie digne de ce nom. Quelques exemples : Je vois dans le budget d’une œuvre destin
5375 digne de ce nom. Quelques exemples : Je vois dans le budget d’une œuvre destinée à soutenir telle branche de l’activité in
5376 e nom. Quelques exemples : Je vois dans le budget d’ une œuvre destinée à soutenir telle branche de l’activité intellectuel
5377 get d’une œuvre destinée à soutenir telle branche de l’activité intellectuelle que les deux tiers des ressources passent à
5378 d’une œuvre destinée à soutenir telle branche de l’ activité intellectuelle que les deux tiers des ressources passent à l’
5379 ir telle branche de l’activité intellectuelle que les deux tiers des ressources passent à l’administration et aux salaires
5380 uelle que les deux tiers des ressources passent à l’ administration et aux salaires fixes, tandis que moins d’un tiers est
5381 istration et aux salaires fixes, tandis que moins d’ un tiers est consacré au but de l’œuvre. Je vois une revue d’art et de
5382 , tandis que moins d’un tiers est consacré au but de l’œuvre. Je vois une revue d’art et de littérature consacrer des mill
5383 andis que moins d’un tiers est consacré au but de l’ œuvre. Je vois une revue d’art et de littérature consacrer des millier
5384 est consacré au but de l’œuvre. Je vois une revue d’ art et de littérature consacrer des milliers de francs à sa « présenta
5385 cré au but de l’œuvre. Je vois une revue d’art et de littérature consacrer des milliers de francs à sa « présentation » ma
5386 ue d’art et de littérature consacrer des milliers de francs à sa « présentation » matérielle, et zéro franc à payer ses co
5387 . Si l’un d’entre eux s’étonne, on lui répond que les temps sont difficiles. Je vois que dans le budget moyen d’un ouvrier
5388 d que les temps sont difficiles. Je vois que dans le budget moyen d’un ouvrier suisse, le cadre matériel de l’existence (l
5389 sont difficiles. Je vois que dans le budget moyen d’ un ouvrier suisse, le cadre matériel de l’existence (logement, vêtemen
5390 ois que dans le budget moyen d’un ouvrier suisse, le cadre matériel de l’existence (logement, vêtement, mobilier, assuranc
5391 dget moyen d’un ouvrier suisse, le cadre matériel de l’existence (logement, vêtement, mobilier, assurances) absorbe plus d
5392 t moyen d’un ouvrier suisse, le cadre matériel de l’ existence (logement, vêtement, mobilier, assurances) absorbe plus de l
5393 ent, vêtement, mobilier, assurances) absorbe plus de la moitié des ressources, proportion réellement exorbitante. Je vois
5394 , vêtement, mobilier, assurances) absorbe plus de la moitié des ressources, proportion réellement exorbitante. Je vois des
5395 e. Je vois des gens qui hésitent entre deux types de salles de bain, l’une coûtant 300 fr. de plus que l’autre, et qui se
5396 des gens qui hésitent entre deux types de salles de bain, l’une coûtant 300 fr. de plus que l’autre, et qui se désabonnen
5397 . de plus que l’autre, et qui se désabonnent « vu la crise » de la seule revue qu’ils recevaient : elle leur coûtait 10 fr
5398 ue l’autre, et qui se désabonnent « vu la crise » de la seule revue qu’ils recevaient : elle leur coûtait 10 fr. par an.
5399 l’autre, et qui se désabonnent « vu la crise » de la seule revue qu’ils recevaient : elle leur coûtait 10 fr. par an. Je
5400 die et comme paralysée par des soucis budgétaires de cet ordre, traduisant cette échelle de valeurs. Et je conclus : « Si
5401 udgétaires de cet ordre, traduisant cette échelle de valeurs. Et je conclus : « Si quelque chose aujourd’hui menace la lib
5402 e conclus : « Si quelque chose aujourd’hui menace la liberté, ce n’est pas comme jadis la superstition… c’est la préoccupa
5403 d’hui menace la liberté, ce n’est pas comme jadis la superstition… c’est la préoccupation, la passion du bien-être matérie
5404 , ce n’est pas comme jadis la superstition… c’est la préoccupation, la passion du bien-être matériel. Sa pente, n’en douto
5405 me jadis la superstition… c’est la préoccupation, la passion du bien-être matériel. Sa pente, n’en doutons pas, est du côt
5406 ériel. Sa pente, n’en doutons pas, est du côté de la tyrannie. » C’est Vinet qui parlait ainsi, il y a longtemps, tout au
5407 qui parlait ainsi, il y a longtemps, tout au haut de la pente… 6. Cultures. — C’est quand on doute de soi qu’on a peur du
5408 parlait ainsi, il y a longtemps, tout au haut de la pente… 6. Cultures. — C’est quand on doute de soi qu’on a peur du voi
5409 de la pente… 6. Cultures. — C’est quand on doute de soi qu’on a peur du voisin. Les Romands qui se rétractent au seul mot
5410 est quand on doute de soi qu’on a peur du voisin. Les Romands qui se rétractent au seul mot de germanisme ne sont pas ceux
5411 voisin. Les Romands qui se rétractent au seul mot de germanisme ne sont pas ceux qui sauront illustrer la Suisse romande,
5412 germanisme ne sont pas ceux qui sauront illustrer la Suisse romande, donc la défendre. Rousseau, Constant, Madame de Staël
5413 eux qui sauront illustrer la Suisse romande, donc la défendre. Rousseau, Constant, Madame de Staël, Vinet n’ont pas eu peu
5414 de Staël, Vinet n’ont pas eu peur du germanisme, l’ ont étudié et l’ont aimé. Ce sont nos meilleurs écrivains. 7. Toléranc
5415 n’ont pas eu peur du germanisme, l’ont étudié et l’ ont aimé. Ce sont nos meilleurs écrivains. 7. Tolérance. — Le fédérali
5416 Ce sont nos meilleurs écrivains. 7. Tolérance. —  Le fédéralisme véritable suppose une tolérance particulière : le respect
5417 me véritable suppose une tolérance particulière : le respect des vocations supérieures ou rares, des exceptions, des maniè
5418 upérieures ou rares, des exceptions, des manières de vivre hors-série. Car « l’exception » dans la vie quotidienne doit jo
5419 ceptions, des manières de vivre hors-série. Car «  l’ exception » dans la vie quotidienne doit jouer le même rôle que la min
5420 res de vivre hors-série. Car « l’exception » dans la vie quotidienne doit jouer le même rôle que la minorité dans une vie
5421  l’exception » dans la vie quotidienne doit jouer le même rôle que la minorité dans une vie fédérale saine : elle a droit
5422 ns la vie quotidienne doit jouer le même rôle que la minorité dans une vie fédérale saine : elle a droit à de plus grands
5423 droit à de plus grands égards, relativement, que la majorité. C’est ainsi que l’équilibre s’établit entre les grands et l
5424 s, relativement, que la majorité. C’est ainsi que l’ équilibre s’établit entre les grands et les petits, entre le nombre et
5425 rité. C’est ainsi que l’équilibre s’établit entre les grands et les petits, entre le nombre et les groupements restreints.
5426 nsi que l’équilibre s’établit entre les grands et les petits, entre le nombre et les groupements restreints. Les petits can
5427 e s’établit entre les grands et les petits, entre le nombre et les groupements restreints. Les petits cantons, chez nous,
5428 ntre les grands et les petits, entre le nombre et les groupements restreints. Les petits cantons, chez nous, ont voix égale
5429 s, entre le nombre et les groupements restreints. Les petits cantons, chez nous, ont voix égale avec les grands ; les catho
5430 es petits cantons, chez nous, ont voix égale avec les grands ; les catholiques avec les protestants ; les Romands, Tessinoi
5431 tons, chez nous, ont voix égale avec les grands ; les catholiques avec les protestants ; les Romands, Tessinois ou Ladins a
5432 voix égale avec les grands ; les catholiques avec les protestants ; les Romands, Tessinois ou Ladins avec les Suisses aléma
5433 s grands ; les catholiques avec les protestants ; les Romands, Tessinois ou Ladins avec les Suisses alémaniques. Nier ce pr
5434 otestants ; les Romands, Tessinois ou Ladins avec les Suisses alémaniques. Nier ce principe ou l’appliquer sans loyauté, da
5435 avec les Suisses alémaniques. Nier ce principe ou l’ appliquer sans loyauté, dans n’importe quel domaine de notre vie, même
5436 pliquer sans loyauté, dans n’importe quel domaine de notre vie, même « privée », c’est nier le fédéralisme et ruiner les b
5437 domaine de notre vie, même « privée », c’est nier le fédéralisme et ruiner les bases de la Suisse. Que nos moralistes s’en
5438 e « privée », c’est nier le fédéralisme et ruiner les bases de la Suisse. Que nos moralistes s’en souviennent, et que nos c
5439  », c’est nier le fédéralisme et ruiner les bases de la Suisse. Que nos moralistes s’en souviennent, et que nos conformist
5440 c’est nier le fédéralisme et ruiner les bases de la Suisse. Que nos moralistes s’en souviennent, et que nos conformistes
5441 stes s’en souviennent, et que nos conformistes ne l’ oublient pas ! 8. Intolérance. — À mon avis, un fédéralisme sain doit
5442 e. Exemple : ceux qui, chez nous, font profession d’ admirer la méthode d’un dictateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’
5443  : ceux qui, chez nous, font profession d’admirer la méthode d’un dictateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’âme de l’â
5444 , chez nous, font profession d’admirer la méthode d’ un dictateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’âme de l’âme », voilà
5445 rer la méthode d’un dictateur qui a pu écrire : «  L’ État, c’est l’âme de l’âme », voilà des drôles de fédéralistes, des dr
5446 d’un dictateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’ âme de l’âme », voilà des drôles de fédéralistes, des drôles de Suisse
5447 dictateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’âme de l’âme », voilà des drôles de fédéralistes, des drôles de Suisses41. J
5448 tateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’âme de l’ âme », voilà des drôles de fédéralistes, des drôles de Suisses41. Je l
5449  L’État, c’est l’âme de l’âme », voilà des drôles de fédéralistes, des drôles de Suisses41. Je les estime intolérables, s’
5450 e », voilà des drôles de fédéralistes, des drôles de Suisses41. Je les estime intolérables, s’ils parlent en connaissance
5451 ôles de fédéralistes, des drôles de Suisses41. Je les estime intolérables, s’ils parlent en connaissance de cause. (Le plus
5452 érables, s’ils parlent en connaissance de cause. ( Le plus souvent, d’ailleurs, ils se contentent de ne pas remarquer la re
5453 . (Le plus souvent, d’ailleurs, ils se contentent de ne pas remarquer la ressemblance entre ce qu’ils détestent en Suisse
5454 d’ailleurs, ils se contentent de ne pas remarquer la ressemblance entre ce qu’ils détestent en Suisse et ce qu’ils admiren
5455 e naïveté. — Elle éclate dans certaines mesures «  de prudence » prises à l’égard de la presse — par qui de droit — et qui
5456 aines mesures « de prudence » prises à l’égard de la presse — par qui de droit — et qui consistent à ménager non seulement
5457 rudence » prises à l’égard de la presse — par qui de droit — et qui consistent à ménager non seulement la chèvre et le cho
5458 droit — et qui consistent à ménager non seulement la chèvre et le chou, ce qui est humain, mais encore l’agneau… et le lou
5459 i consistent à ménager non seulement la chèvre et le chou, ce qui est humain, mais encore l’agneau… et le loup, ce qui est
5460 chèvre et le chou, ce qui est humain, mais encore l’ agneau… et le loup, ce qui est moins impartial qu’il ne semble. Ne com
5461 chou, ce qui est humain, mais encore l’agneau… et le loup, ce qui est moins impartial qu’il ne semble. Ne commettons plus
5462 ins impartial qu’il ne semble. Ne commettons plus l’ imprudence capitale du monsieur qui s’enquiert « objectivement » des m
5463 sieur qui s’enquiert « objectivement » des motifs d’ un bandit tout prêt à l’assommer. Or je connais une certaine propagand
5464 bjectivement » des motifs d’un bandit tout prêt à l’ assommer. Or je connais une certaine propagande qui nous tape sur le c
5465 connais une certaine propagande qui nous tape sur le crâne, littéralement, et cela depuis plusieurs années. De ce point de
5466 , littéralement, et cela depuis plusieurs années. De ce point de vue, nous ne sommes plus neutres en fait, nous sommes en
5467 en fait, nous sommes en guerre parce que victimes d’ une agression systématique et quotidienne contre les principes mêmes q
5468 ’une agression systématique et quotidienne contre les principes mêmes qui fondent notre État. (Je me garderai bien de donne
5469 êmes qui fondent notre État. (Je me garderai bien de donner ici un autre exemple que celui de la propagande stalinienne.)
5470 rai bien de donner ici un autre exemple que celui de la propagande stalinienne.) Si l’on nous interdit de le dire, et de n
5471 bien de donner ici un autre exemple que celui de la propagande stalinienne.) Si l’on nous interdit de le dire, et de nous
5472 emple que celui de la propagande stalinienne.) Si l’ on nous interdit de le dire, et de nous défendre en ripostant, pourquo
5473 la propagande stalinienne.) Si l’on nous interdit de le dire, et de nous défendre en ripostant, pourquoi donc, demanderai-
5474 propagande stalinienne.) Si l’on nous interdit de le dire, et de nous défendre en ripostant, pourquoi donc, demanderai-je,
5475 talinienne.) Si l’on nous interdit de le dire, et de nous défendre en ripostant, pourquoi donc, demanderai-je, fortifier n
5476 i donc, demanderai-je, fortifier nos frontières ? L’ intégrité du territoire serait-elle plus importante de nos jours que l
5477 tégrité du territoire serait-elle plus importante de nos jours que l’intégrité de la conscience nationale ? Celle-là conse
5478 oire serait-elle plus importante de nos jours que l’ intégrité de la conscience nationale ? Celle-là conserve-t-elle son se
5479 elle plus importante de nos jours que l’intégrité de la conscience nationale ? Celle-là conserve-t-elle son sens quand cel
5480 e plus importante de nos jours que l’intégrité de la conscience nationale ? Celle-là conserve-t-elle son sens quand celle-
5481 jà compromise ? 10. Poésie et prose. — Revenons à la géographie ! dit ce poète. Et de nous décrire une Suisse héroïque pro
5482 se. — Revenons à la géographie ! dit ce poète. Et de nous décrire une Suisse héroïque protégée par les Alpes, ce rempart,
5483 de nous décrire une Suisse héroïque protégée par les Alpes, ce rempart, le Jura, cette barrière, et le Rhin, ce fossé… Oui
5484 isse héroïque protégée par les Alpes, ce rempart, le Jura, cette barrière, et le Rhin, ce fossé… Oui, mais les géographes,
5485 es Alpes, ce rempart, le Jura, cette barrière, et le Rhin, ce fossé… Oui, mais les géographes, plus sobres, définissent la
5486 , cette barrière, et le Rhin, ce fossé… Oui, mais les géographes, plus sobres, définissent la Suisse en ces termes : « Une
5487 ui, mais les géographes, plus sobres, définissent la Suisse en ces termes : « Une dépression entre deux chaînes de montagn
5488 ces termes : « Une dépression entre deux chaînes de montagnes. » Renvoyons la géographie, de grâce, ou faisons-la mentir 
5489 sion entre deux chaînes de montagnes. » Renvoyons la géographie, de grâce, ou faisons-la mentir ! 11. Neutralité. — Pendan
5490 chaînes de montagnes. » Renvoyons la géographie, de grâce, ou faisons-la mentir ! 11. Neutralité. — Pendant l’hiver 1939-
5491 . » Renvoyons la géographie, de grâce, ou faisons- la mentir ! 11. Neutralité. — Pendant l’hiver 1939-40, nous avons pu lir
5492 ou faisons-la mentir ! 11. Neutralité. — Pendant l’ hiver 1939-40, nous avons pu lire dans les journaux cet avertissement
5493  Pendant l’hiver 1939-40, nous avons pu lire dans les journaux cet avertissement sibyllin : « Température maximum : 18° ».
5494 érature maximum : 18° ». Il s’agissait sans doute d’ inciter le public à des économies de charbon. On nous recommandait la
5495 ximum : 18° ». Il s’agissait sans doute d’inciter le public à des économies de charbon. On nous recommandait la tiédeur… M
5496 it sans doute d’inciter le public à des économies de charbon. On nous recommandait la tiédeur… Mais voici nos voisins bell
5497 à des économies de charbon. On nous recommandait la tiédeur… Mais voici nos voisins belligérants qui viennent nous dire :
5498 ants seront mangés. Je demande à voir ce qui vaut le mieux. Il ne faut pas parler de neutralité en général, dans l’absolu
5499 voir ce qui vaut le mieux. Il ne faut pas parler de neutralité en général, dans l’absolu et dans l’abstrait. Car tout dép
5500 ne faut pas parler de neutralité en général, dans l’ absolu et dans l’abstrait. Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi
5501 r de neutralité en général, dans l’absolu et dans l’ abstrait. Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi, ou de qui, est-
5502 dans l’absolu et dans l’abstrait. Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi, ou de qui, est-on tiède, est-on neutre ? Si
5503 . Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi, ou de qui, est-on tiède, est-on neutre ? Si c’est vis-à-vis du Christ, la p
5504 de, est-on neutre ? Si c’est vis-à-vis du Christ, la parole évangélique nous apprend que cette neutralité est suprêmement
5505 entraîne notre expulsion violente hors du Royaume de Dieu. « Je vous vomirai », dit le Christ. Si c’est vis-à-vis de la gu
5506 hors du Royaume de Dieu. « Je vous vomirai », dit le Christ. Si c’est vis-à-vis de la guerre des autres que l’on reste tiè
5507 s vomirai », dit le Christ. Si c’est vis-à-vis de la guerre des autres que l’on reste tiède, cette neutralité peut être av
5508 t. Si c’est vis-à-vis de la guerre des autres que l’ on reste tiède, cette neutralité peut être avantageuse dans certains c
5509 ité peut être avantageuse dans certains cas, dans la mesure où elle nous exclut, précisément, d’un conflit que nous jugeon
5510 dans la mesure où elle nous exclut, précisément, d’ un conflit que nous jugeons mauvais. (Reste à savoir si le conflit act
5511 flit que nous jugeons mauvais. (Reste à savoir si le conflit actuel est « mauvais ». Puis, si notre tiédeur suffira pour q
5512 auvais ». Puis, si notre tiédeur suffira pour que le monstre de la guerre nous vomisse… Mais ceci est une autre histoire.)
5513 uis, si notre tiédeur suffira pour que le monstre de la guerre nous vomisse… Mais ceci est une autre histoire.) On ferait
5514 , si notre tiédeur suffira pour que le monstre de la guerre nous vomisse… Mais ceci est une autre histoire.) On ferait bie
5515 Mais ceci est une autre histoire.) On ferait bien de ne pas utiliser comme des proverbes généraux certaines paroles du Chr
5516 es généraux certaines paroles du Christ qui n’ont de sens que par rapport à sa Personne, à son Royaume, à son Éternité. Ré
5517 sonne, à son Royaume, à son Éternité. Répéter que les tièdes seront vomis, en détournant ce verset de son sens spirituel, c
5518 les tièdes seront vomis, en détournant ce verset de son sens spirituel, c’est toujours un blasphème, et c’est souvent une
5519 ralité « éternelle ». — On nous parle aujourd’hui de « neutralité éternelle », et l’on va même jusqu’à nous affirmer que c
5520 parle aujourd’hui de « neutralité éternelle », et l’ on va même jusqu’à nous affirmer que cette « éternité » est la base of
5521 jusqu’à nous affirmer que cette « éternité » est la base officielle de notre politique. Dans ce cas, notre politique repo
5522 mer que cette « éternité » est la base officielle de notre politique. Dans ce cas, notre politique reposerait sur une faut
5523 suis fâché. Ce n’est pas éternelle qu’il convient de dire, mais perpétuelle. Se figure-t-on que l’homme a le droit et le p
5524 ent de dire, mais perpétuelle. Se figure-t-on que l’ homme a le droit et le pouvoir de décréter « l’éternité » d’une décisi
5525 e, mais perpétuelle. Se figure-t-on que l’homme a le droit et le pouvoir de décréter « l’éternité » d’une décision humaine
5526 étuelle. Se figure-t-on que l’homme a le droit et le pouvoir de décréter « l’éternité » d’une décision humaine ? Apprenons
5527 figure-t-on que l’homme a le droit et le pouvoir de décréter « l’éternité » d’une décision humaine ? Apprenons donc à qui
5528 ue l’homme a le droit et le pouvoir de décréter «  l’ éternité » d’une décision humaine ? Apprenons donc à qui de droit que
5529 le droit et le pouvoir de décréter « l’éternité » d’ une décision humaine ? Apprenons donc à qui de droit que nul État huma
5530 é » d’une décision humaine ? Apprenons donc à qui de droit que nul État humain n’est éternel ; que la Suisse est un État h
5531 de droit que nul État humain n’est éternel ; que la Suisse est un État humain ; et que par conséquent l’épithète « éterne
5532 Suisse est un État humain ; et que par conséquent l’ épithète « éternelle » ne saurait désigner l’attitude adoptée par la S
5533 uent l’épithète « éternelle » ne saurait désigner l’ attitude adoptée par la Suisse en politique. De plus, la Suisse n’est
5534 elle » ne saurait désigner l’attitude adoptée par la Suisse en politique. De plus, la Suisse n’est devenue neutre qu’à par
5535 tude adoptée par la Suisse en politique. De plus, la Suisse n’est devenue neutre qu’à partir d’un certain moment de son hi
5536 plus, la Suisse n’est devenue neutre qu’à partir d’ un certain moment de son histoire. Or ce qui est éternel ne commence p
5537 st devenue neutre qu’à partir d’un certain moment de son histoire. Or ce qui est éternel ne commence pas à un certain mome
5538 e. Tout ce qui commence à un certain moment, dans l’ histoire, cessera aussi nécessairement à un autre moment. On peut le n
5539 a aussi nécessairement à un autre moment. On peut le nier parfois dans un élan de passion. Mais on ne peut pas le nier par
5540 utre moment. On peut le nier parfois dans un élan de passion. Mais on ne peut pas le nier par un décret. 13. Neutralité p
5541 fois dans un élan de passion. Mais on ne peut pas le nier par un décret. 13. Neutralité perpétuelle. — Certes, les premie
5542 ieu, durer « éternellement ». C’était une manière d’ affirmer qu’ils la concluaient sans arrière-pensée. (Comparez avec cer
5543 ellement ». C’était une manière d’affirmer qu’ils la concluaient sans arrière-pensée. (Comparez avec certaines offres de p
5544 s arrière-pensée. (Comparez avec certaines offres de paix « pour 25 ans » que faisait naguère à ses voisins un homme dont
5545 voisins un homme dont Anastasie m’a fait oublier le nom.) De même pour la neutralité « perpétuelle » : cela signifie simp
5546 Anastasie m’a fait oublier le nom.) De même pour la neutralité « perpétuelle » : cela signifie simplement que nous refuso
5547 le » : cela signifie simplement que nous refusons d’ envisager son abandon, et que nous le refuserons aussi longtemps que p
5548 ous refusons d’envisager son abandon, et que nous le refuserons aussi longtemps que possible. Par exemple : tant que notre
5549 notre mission européenne ne sera pas accomplie. ( L’ Empire fédératif ?) Mais toute politique digne de ce nom consiste à pr
5550 (L’Empire fédératif ?) Mais toute politique digne de ce nom consiste à prévoir même le pire, et même la réalisation procha
5551 politique digne de ce nom consiste à prévoir même le pire, et même la réalisation prochaine de nos plus lointaines ambitio
5552 e ce nom consiste à prévoir même le pire, et même la réalisation prochaine de nos plus lointaines ambitions. Or prévoir, c
5553 ir même le pire, et même la réalisation prochaine de nos plus lointaines ambitions. Or prévoir, c’est aussi se préparer, p
5554 tions. Or prévoir, c’est aussi se préparer, peser le pour et le contre, discuter… On connaît la devise humoristique du Mér
5555 révoir, c’est aussi se préparer, peser le pour et le contre, discuter… On connaît la devise humoristique du Méridional : «
5556 peser le pour et le contre, discuter… On connaît la devise humoristique du Méridional : « Toujours à gauche, mais pas plu
5557 plus loin. » Pourquoi est-ce comique ? Parce que l’ histoire et la politique ne cessent pas de modifier ces positions tout
5558 Pourquoi est-ce comique ? Parce que l’histoire et la politique ne cessent pas de modifier ces positions toutes relatives q
5559 rce que l’histoire et la politique ne cessent pas de modifier ces positions toutes relatives que sont la gauche et la droi
5560 modifier ces positions toutes relatives que sont la gauche et la droite. Affirmer dans l’absolu une position relative, si
5561 positions toutes relatives que sont la gauche et la droite. Affirmer dans l’absolu une position relative, si légitime qu’
5562 es que sont la gauche et la droite. Affirmer dans l’ absolu une position relative, si légitime qu’elle soit, c’est se conda
5563 amner à être sans cesse dépassé et ridiculisé par les faits. 14. Neutralité « morale ». — Les traités nous reconnaissent un
5564 ulisé par les faits. 14. Neutralité « morale ». —  Les traités nous reconnaissent une neutralité politique et militaire. Ils
5565 politique et militaire. Ils nous obligent aussi à la défendre intégralement. Mais ils ne nous imposent nullement une neutr
5566 ais ils ne nous imposent nullement une neutralité d’ opinion. Renoncer au droit de nous exprimer, ce n’est donc pas nous co
5567 r, ce n’est donc pas nous conformer aux exigences de la neutralité. Ce peut être, dans certains cas, une mesure opportune 
5568 ce n’est donc pas nous conformer aux exigences de la neutralité. Ce peut être, dans certains cas, une mesure opportune ; m
5569 , c’est tout simplement renoncer à une belle part de notre indépendance. C’est renoncer à nous défendre intégralement. Et
5570 isif pour notre indépendance future, étant donnée la nature des guerres modernes, qui sont d’abord des guerres morales, de
5571 qui sont d’abord des guerres morales, des guerres de propagande. Quand une troupe est réduite à l’impuissance par l’advers
5572 res de propagande. Quand une troupe est réduite à l’ impuissance par l’adversaire, on ne dit pas qu’elle est neutre, on dit
5573 Quand une troupe est réduite à l’impuissance par l’ adversaire, on ne dit pas qu’elle est neutre, on dit qu’elle est neutr
5574 ’hui, ce n’est pas rester neutres, c’est accepter d’ être neutralisés moralement. Le Conseil fédéral a repoussé officiellem
5575 es, c’est accepter d’être neutralisés moralement. Le Conseil fédéral a repoussé officiellement et publiquement la prétenti
5576 fédéral a repoussé officiellement et publiquement la prétention de ceux qui voulaient « neutraliser » de cette manière not
5577 ussé officiellement et publiquement la prétention de ceux qui voulaient « neutraliser » de cette manière notre opinion. En
5578 prétention de ceux qui voulaient « neutraliser » de cette manière notre opinion. En tant que citoyen suisse respectueux d
5579 tant que citoyen suisse respectueux des décisions de nos autorités suprêmes, j’ai donc le droit de condamner ouvertement d
5580 es décisions de nos autorités suprêmes, j’ai donc le droit de condamner ouvertement des régimes étrangers qui attaquent ou
5581 ons de nos autorités suprêmes, j’ai donc le droit de condamner ouvertement des régimes étrangers qui attaquent ouvertement
5582 itude peut compromettre notre indépendance : elle l’ affirme au contraire ! Le devoir de l’armée est de garantir par la for
5583 otre indépendance : elle l’affirme au contraire ! Le devoir de l’armée est de garantir par la force l’intégrité de notre i
5584 endance : elle l’affirme au contraire ! Le devoir de l’armée est de garantir par la force l’intégrité de notre indépendanc
5585 ance : elle l’affirme au contraire ! Le devoir de l’ armée est de garantir par la force l’intégrité de notre indépendance,
5586 l’affirme au contraire ! Le devoir de l’armée est de garantir par la force l’intégrité de notre indépendance, et non pas s
5587 traire ! Le devoir de l’armée est de garantir par la force l’intégrité de notre indépendance, et non pas seulement sa maté
5588 Le devoir de l’armée est de garantir par la force l’ intégrité de notre indépendance, et non pas seulement sa matérialité (
5589 l’armée est de garantir par la force l’intégrité de notre indépendance, et non pas seulement sa matérialité (le territoir
5590 ndépendance, et non pas seulement sa matérialité ( le territoire). Le vrai patriote suisse ne dit pas : « Plutôt renoncer à
5591 non pas seulement sa matérialité (le territoire). Le vrai patriote suisse ne dit pas : « Plutôt renoncer à ma liberté d’op
5592 uisse ne dit pas : « Plutôt renoncer à ma liberté d’ opinion que de risquer des ennuis avec une légation. » Il dit au contr
5593 as : « Plutôt renoncer à ma liberté d’opinion que de risquer des ennuis avec une légation. » Il dit au contraire — il disa
5594 dit au contraire — il disait autrefois : « Plutôt la mort que l’esclavage.42 » 15. Diplomatie. — Ne cédons pas à la tenta
5595 aire — il disait autrefois : « Plutôt la mort que l’ esclavage.42 » 15. Diplomatie. — Ne cédons pas à la tentation des bas
5596 esclavage.42 » 15. Diplomatie. — Ne cédons pas à la tentation des basses époques : confondre le réalisme avec la médiocri
5597 pas à la tentation des basses époques : confondre le réalisme avec la médiocrité des vues politiques. Les petits pays ne s
5598 n des basses époques : confondre le réalisme avec la médiocrité des vues politiques. Les petits pays ne sont pas dispensés
5599 réalisme avec la médiocrité des vues politiques. Les petits pays ne sont pas dispensés d’imaginer et de voir grand. Bien a
5600 politiques. Les petits pays ne sont pas dispensés d’ imaginer et de voir grand. Bien au contraire : ils sont contraints de
5601 s petits pays ne sont pas dispensés d’imaginer et de voir grand. Bien au contraire : ils sont contraints de compenser leur
5602 ir grand. Bien au contraire : ils sont contraints de compenser leur petitesse physique par leur prestige moral. C’est la p
5603 leur prestige moral. C’est la première condition de leur indépendance, même matérielle. Nos réalistes — toujours en retar
5604 me matérielle. Nos réalistes — toujours en retard d’ une guerre, d’une époque — ont récemment découvert qu’un diplomate mod
5605 Nos réalistes — toujours en retard d’une guerre, d’ une époque — ont récemment découvert qu’un diplomate moderne doit être
5606 ion bien typique du siècle dernier, où, en effet, la politique n’était plus guère qu’une annexe des affaires. Rien de plus
5607 ffaires. Rien de plus dangereusement utopique que le réalisme d’avant-hier. Notre époque n’est plus celle du grand commerc
5608 n de plus dangereusement utopique que le réalisme d’ avant-hier. Notre époque n’est plus celle du grand commerce ; ni même
5609 oque n’est plus celle du grand commerce ; ni même de la grande industrie (réalisme d’hier). Notre époque est celle des rel
5610 e n’est plus celle du grand commerce ; ni même de la grande industrie (réalisme d’hier). Notre époque est celle des religi
5611 mmerce ; ni même de la grande industrie (réalisme d’ hier). Notre époque est celle des religions politiques, sociales, nati
5612 e des religions politiques, sociales, nationales. Le commerce, l’industrie, l’économie en général, ont cessé d’imposer leu
5613 ns politiques, sociales, nationales. Le commerce, l’ industrie, l’économie en général, ont cessé d’imposer leurs « lois fat
5614 , sociales, nationales. Le commerce, l’industrie, l’ économie en général, ont cessé d’imposer leurs « lois fatales ». Ce so
5615 ce, l’industrie, l’économie en général, ont cessé d’ imposer leurs « lois fatales ». Ce sont les chefs qui dictent les prix
5616 t cessé d’imposer leurs « lois fatales ». Ce sont les chefs qui dictent les prix, les cours des changes, la consommation. C
5617 s « lois fatales ». Ce sont les chefs qui dictent les prix, les cours des changes, la consommation. Ces chefs montrent la p
5618 atales ». Ce sont les chefs qui dictent les prix, les cours des changes, la consommation. Ces chefs montrent la plus parfai
5619 hefs qui dictent les prix, les cours des changes, la consommation. Ces chefs montrent la plus parfaite indifférence à l’ég
5620 des changes, la consommation. Ces chefs montrent la plus parfaite indifférence à l’égard des fameuses « nécessités techni
5621 nécessités techniques », superstition des experts d’ hier et d’avant-hier. Ils ont pensé, et prouvé par le fait, que la Tec
5622 techniques », superstition des experts d’hier et d’ avant-hier. Ils ont pensé, et prouvé par le fait, que la Technique ne
5623 ier et d’avant-hier. Ils ont pensé, et prouvé par le fait, que la Technique ne saurait inspirer une politique, mais qu’ell
5624 t-hier. Ils ont pensé, et prouvé par le fait, que la Technique ne saurait inspirer une politique, mais qu’elle peut au con
5625 qu’elle peut au contraire servir à tout lorsqu’on l’ y force — et en particulier à dominer les masses43. Il est temps que l
5626 lorsqu’on l’y force — et en particulier à dominer les masses43. Il est temps que la Suisse comprenne que le souci de son éc
5627 ticulier à dominer les masses43. Il est temps que la Suisse comprenne que le souci de son économie ne saurait plus servir
5628 asses43. Il est temps que la Suisse comprenne que le souci de son économie ne saurait plus servir d’excuse à l’absence de
5629 Il est temps que la Suisse comprenne que le souci de son économie ne saurait plus servir d’excuse à l’absence de vues poli
5630 e le souci de son économie ne saurait plus servir d’ excuse à l’absence de vues politiques. On demande à un gouvernement de
5631 de son économie ne saurait plus servir d’excuse à l’ absence de vues politiques. On demande à un gouvernement de « gouverne
5632 nomie ne saurait plus servir d’excuse à l’absence de vues politiques. On demande à un gouvernement de « gouverner44 », de
5633 de vues politiques. On demande à un gouvernement de « gouverner44 », de piloter l’État et d’orienter sa marche ; le reste
5634 On demande à un gouvernement de « gouverner44 », de piloter l’État et d’orienter sa marche ; le reste, le fonctionnement
5635 à un gouvernement de « gouverner44 », de piloter l’ État et d’orienter sa marche ; le reste, le fonctionnement technique d
5636 ernement de « gouverner44 », de piloter l’État et d’ orienter sa marche ; le reste, le fonctionnement technique de la machi
5637 44 », de piloter l’État et d’orienter sa marche ; le reste, le fonctionnement technique de la machine, étant l’affaire des
5638 iloter l’État et d’orienter sa marche ; le reste, le fonctionnement technique de la machine, étant l’affaire des fonctionn
5639 sa marche ; le reste, le fonctionnement technique de la machine, étant l’affaire des fonctionnaires — leur nom l’indique —
5640 marche ; le reste, le fonctionnement technique de la machine, étant l’affaire des fonctionnaires — leur nom l’indique — et
5641 le fonctionnement technique de la machine, étant l’ affaire des fonctionnaires — leur nom l’indique — et des conseillers c
5642 ne, étant l’affaire des fonctionnaires — leur nom l’ indique — et des conseillers commerciaux. On demande des diplomates qu
5643 ates qui fassent une politique, et qui aient plus d’ idées générales que de compétences économiques. Je connais tel profess
5644 olitique, et qui aient plus d’idées générales que de compétences économiques. Je connais tel professeur d’Université, tel
5645 ompétences économiques. Je connais tel professeur d’ Université, tel écrivain, tel philanthrope, tel connaisseur et pratici
5646 anthrope, tel connaisseur et praticien des choses de la SDN et de la chose européenne, qui nous représenteraient à l’étran
5647 hrope, tel connaisseur et praticien des choses de la SDN et de la chose européenne, qui nous représenteraient à l’étranger
5648 connaisseur et praticien des choses de la SDN et de la chose européenne, qui nous représenteraient à l’étranger — officie
5649 nnaisseur et praticien des choses de la SDN et de la chose européenne, qui nous représenteraient à l’étranger — officielle
5650 la chose européenne, qui nous représenteraient à l’ étranger — officiellement ou non — avec combien plus d’efficacité que
5651 anger — officiellement ou non — avec combien plus d’ efficacité que les meilleurs spécialistes formés par les bureaux de Be
5652 ement ou non — avec combien plus d’efficacité que les meilleurs spécialistes formés par les bureaux de Berne, et rompus à t
5653 icacité que les meilleurs spécialistes formés par les bureaux de Berne, et rompus à toutes les prudences « fédérales ». Sur
5654 les meilleurs spécialistes formés par les bureaux de Berne, et rompus à toutes les prudences « fédérales ». Sur le plan di
5655 rmés par les bureaux de Berne, et rompus à toutes les prudences « fédérales ». Sur le plan diplomatique européen, la Suisse
5656 « fédérales ». Sur le plan diplomatique européen, la Suisse pourrait et devrait jouer dans notre siècle une partie magnifi
5657 faudrait que notre gouvernement comprenne ceci : La prudence est le vice des timides et la vertu des audacieux. 40. Peu
5658 tre gouvernement comprenne ceci : La prudence est le vice des timides et la vertu des audacieux. 40. Peut-être me croira
5659 nne ceci : La prudence est le vice des timides et la vertu des audacieux. 40. Peut-être me croira-t-on si je déclare, ap
5660 40. Peut-être me croira-t-on si je déclare, après la page qu’on vient de lire, que je n’ai pas d’ambitions politiques ! 4
5661 près la page qu’on vient de lire, que je n’ai pas d’ ambitions politiques ! 41. Intéressante précision du langage ! Un « d
5662 2. Ceci ne veut pas dire que nous devons préférer la mort à l’interdiction de proclamer des sottises. Je m’excuse de tant
5663 veut pas dire que nous devons préférer la mort à l’ interdiction de proclamer des sottises. Je m’excuse de tant de lourdeu
5664 que nous devons préférer la mort à l’interdiction de proclamer des sottises. Je m’excuse de tant de lourdeur dans la préci
5665 terdiction de proclamer des sottises. Je m’excuse de tant de lourdeur dans la précision, mais je m’avance ici sur un terra
5666 es sottises. Je m’excuse de tant de lourdeur dans la précision, mais je m’avance ici sur un terrain miné. Je sais d’ailleu
5667 ais d’ailleurs ce que je risque. Ce qui me permet d’ approuver pleinement cette déclaration de Spitteler : « N’est-ce pas u
5668 e permet d’approuver pleinement cette déclaration de Spitteler : « N’est-ce pas un spectacle grotesque que celui d’une feu
5669 : « N’est-ce pas un spectacle grotesque que celui d’ une feuille de chou qui, sûre de son inviolabilité, vitupère en style
5670 as un spectacle grotesque que celui d’une feuille de chou qui, sûre de son inviolabilité, vitupère en style de cabaret une
5671 otesque que celui d’une feuille de chou qui, sûre de son inviolabilité, vitupère en style de cabaret une grande puissance
5672 qui, sûre de son inviolabilité, vitupère en style de cabaret une grande puissance européenne, comme s’il s’agissait d’une
5673 rande puissance européenne, comme s’il s’agissait d’ une paisible élection municipale ! Si la censure accourt alors avec un
5674 ’agissait d’une paisible élection municipale ! Si la censure accourt alors avec une muselière, elle accomplit un acte de d
5675 alors avec une muselière, elle accomplit un acte de décence. » 43. Cf. à ce sujet les vues très exactes du grand théoric
5676 complit un acte de décence. » 43. Cf. à ce sujet les vues très exactes du grand théoricien de l’État totalitaire, Carl Sch
5677 e sujet les vues très exactes du grand théoricien de l’État totalitaire, Carl Schmitt, juriste catholique devenu national-
5678 ujet les vues très exactes du grand théoricien de l’ État totalitaire, Carl Schmitt, juriste catholique devenu national-soc
5679 squ’il écrit : « Faire du socialisme, c’est faire la moitié du national-socialisme », je note en marge : « Faire du nation
5680 tre moitié… » Nous sommes d’accord pour condamner le tout.