1
sement Ceci n’est pas un livre, mais un recueil
de
conférences et d’essais sur des sujets variés en apparence : protesta
2
t pas un livre, mais un recueil de conférences et
d’
essais sur des sujets variés en apparence : protestantisme, culture, n
3
e, culture, neutralité, fédéralisme et défense de
la
Suisse. Si je me décide à réunir ces textes — les uns « parlés », les
4
la Suisse. Si je me décide à réunir ces textes —
les
uns « parlés », les autres écrits — c’est qu’ils ne sont pas dépourvu
5
décide à réunir ces textes — les uns « parlés »,
les
autres écrits — c’est qu’ils ne sont pas dépourvus d’une certaine uni
6
utres écrits — c’est qu’ils ne sont pas dépourvus
d’
une certaine unité d’intention : ils sont tous nés d’un même souci de
7
qu’ils ne sont pas dépourvus d’une certaine unité
d’
intention : ils sont tous nés d’un même souci de la personne et de son
8
ne certaine unité d’intention : ils sont tous nés
d’
un même souci de la personne et de son rôle dans la communauté ; et to
9
é d’intention : ils sont tous nés d’un même souci
de
la personne et de son rôle dans la communauté ; et tous, ils s’adress
10
’intention : ils sont tous nés d’un même souci de
la
personne et de son rôle dans la communauté ; et tous, ils s’adressent
11
s sont tous nés d’un même souci de la personne et
de
son rôle dans la communauté ; et tous, ils s’adressent à la Suisse, o
12
’un même souci de la personne et de son rôle dans
la
communauté ; et tous, ils s’adressent à la Suisse, ou pour mieux dire
13
e dans la communauté ; et tous, ils s’adressent à
la
Suisse, ou pour mieux dire, ils s’adressent à des Suisses. Par une sé
14
ire, ils s’adressent à des Suisses. Par une série
de
cercles concentriques, ils s’efforcent de situer notre mission dans l
15
e série de cercles concentriques, ils s’efforcent
de
situer notre mission dans l’Europe d’aujourd’hui. On trouvera tout d’
16
ues, ils s’efforcent de situer notre mission dans
l’
Europe d’aujourd’hui. On trouvera tout d’abord une conférence sur le p
17
s’efforcent de situer notre mission dans l’Europe
d’
aujourd’hui. On trouvera tout d’abord une conférence sur le protestant
18
’hui. On trouvera tout d’abord une conférence sur
le
protestantisme créateur de personnes. C’est qu’avant de rien proposer
19
ord une conférence sur le protestantisme créateur
de
personnes. C’est qu’avant de rien proposer, il convient de dire qui l
20
nes. C’est qu’avant de rien proposer, il convient
de
dire qui l’on est, de préciser au nom de quoi l’on parle ; et ce ne p
21
u’avant de rien proposer, il convient de dire qui
l’
on est, de préciser au nom de quoi l’on parle ; et ce ne peut être, sé
22
rien proposer, il convient de dire qui l’on est,
de
préciser au nom de quoi l’on parle ; et ce ne peut être, sérieusement
23
de dire qui l’on est, de préciser au nom de quoi
l’
on parle ; et ce ne peut être, sérieusement, qu’au nom d’une foi. Je p
24
’au nom d’une foi. Je prends ce mot dans son sens
le
plus fort, et je veux bien qu’il doit compromettant. Une foi réelle e
25
doit compromettant. Une foi réelle est une raison
de
vivre et non point d’échapper à la vie. Ceci dit, je ne crois pas un
26
e foi réelle est une raison de vivre et non point
d’
échapper à la vie. Ceci dit, je ne crois pas un instant que pareille p
27
est une raison de vivre et non point d’échapper à
la
vie. Ceci dit, je ne crois pas un instant que pareille prise de posit
28
it, je ne crois pas un instant que pareille prise
de
position m’interdise de « causer » et de m’entendre avec les Suisses
29
nstant que pareille prise de position m’interdise
de
« causer » et de m’entendre avec les Suisses d’autres croyances. Bien
30
le prise de position m’interdise de « causer » et
de
m’entendre avec les Suisses d’autres croyances. Bien au contraire ! C
31
n m’interdise de « causer » et de m’entendre avec
les
Suisses d’autres croyances. Bien au contraire ! Car les seuls entreti
32
isses d’autres croyances. Bien au contraire ! Car
les
seuls entretiens féconds sont ceux où chacun se donne, dès le départ,
33
retiens féconds sont ceux où chacun se donne, dès
le
départ, en toute rigueur, pour ce qu’il est. Vient ensuite une confér
34
ur ce qu’il est. Vient ensuite une conférence sur
la
Bataille de la culture : synthèse rapide des éléments sociaux, cultur
35
est. Vient ensuite une conférence sur la Bataille
de
la culture : synthèse rapide des éléments sociaux, culturels et spiri
36
. Vient ensuite une conférence sur la Bataille de
la
culture : synthèse rapide des éléments sociaux, culturels et spiritue
37
sociaux, culturels et spirituels qui déterminent
l’
état présent de l’Europe, et situent notre action particulière dans l’
38
rels et spirituels qui déterminent l’état présent
de
l’Europe, et situent notre action particulière dans l’évolution génér
39
s et spirituels qui déterminent l’état présent de
l’
Europe, et situent notre action particulière dans l’évolution générale
40
Europe, et situent notre action particulière dans
l’
évolution générale. Le reste du recueil est consacré à définir cette m
41
re action particulière dans l’évolution générale.
Le
reste du recueil est consacré à définir cette mission suisse, ses obj
42
ici que des vues générales et quelques directions
de
pensée. Ce n’est pas suffisant, mais c’est urgent. C’est de quoi nous
43
Ce n’est pas suffisant, mais c’est urgent. C’est
de
quoi nous manquons le plus, et j’ajouterai : c’est de quoi nous savon
44
t, mais c’est urgent. C’est de quoi nous manquons
le
plus, et j’ajouterai : c’est de quoi nous savons le moins que nous ma
45
uoi nous manquons le plus, et j’ajouterai : c’est
de
quoi nous savons le moins que nous manquons dangereusement. Nous avon
46
plus, et j’ajouterai : c’est de quoi nous savons
le
moins que nous manquons dangereusement. Nous avons bien assez de tech
47
us manquons dangereusement. Nous avons bien assez
de
techniciens, de spécialistes et de « compétences » : leur travail est
48
ereusement. Nous avons bien assez de techniciens,
de
spécialistes et de « compétences » : leur travail est indispensable,
49
ons bien assez de techniciens, de spécialistes et
de
« compétences » : leur travail est indispensable, mais il ne saurait
50
blée par une vision générale du monde, et du rôle
de
la Suisse dans le monde. Soyons modestes, c’est entendu. Nous ne somm
51
e par une vision générale du monde, et du rôle de
la
Suisse dans le monde. Soyons modestes, c’est entendu. Nous ne sommes
52
n générale du monde, et du rôle de la Suisse dans
le
monde. Soyons modestes, c’est entendu. Nous ne sommes pas les mentors
53
oyons modestes, c’est entendu. Nous ne sommes pas
les
mentors de l’Europe. Mais n’allons pas confondre cette modestie, dont
54
es, c’est entendu. Nous ne sommes pas les mentors
de
l’Europe. Mais n’allons pas confondre cette modestie, dont Spitteler
55
c’est entendu. Nous ne sommes pas les mentors de
l’
Europe. Mais n’allons pas confondre cette modestie, dont Spitteler par
56
destie, dont Spitteler parlait si noblement, avec
la
vue bornée des « réalistes », le scepticisme et la lâcheté civique. I
57
noblement, avec la vue bornée des « réalistes »,
le
scepticisme et la lâcheté civique. Il est, dans l’histoire des nation
58
a vue bornée des « réalistes », le scepticisme et
la
lâcheté civique. Il est, dans l’histoire des nations, des heures où l
59
e scepticisme et la lâcheté civique. Il est, dans
l’
histoire des nations, des heures où l’utopie la plus nocive est justem
60
l est, dans l’histoire des nations, des heures où
l’
utopie la plus nocive est justement le petit réalisme ; des heures où
61
ns l’histoire des nations, des heures où l’utopie
la
plus nocive est justement le petit réalisme ; des heures où toute vue
62
s heures où l’utopie la plus nocive est justement
le
petit réalisme ; des heures où toute vue courte est une vue fausse ;
63
eures où toute vue courte est une vue fausse ; où
la
prudence est la pire imprudence. Que cette heure ait sonné pour la Su
64
ue courte est une vue fausse ; où la prudence est
la
pire imprudence. Que cette heure ait sonné pour la Suisse, qu’il soit
65
a pire imprudence. Que cette heure ait sonné pour
la
Suisse, qu’il soit temps de voir grand et d’oser, au sein d’un grand
66
heure ait sonné pour la Suisse, qu’il soit temps
de
voir grand et d’oser, au sein d’un grand péril et d’un beau risque, c
67
pour la Suisse, qu’il soit temps de voir grand et
d’
oser, au sein d’un grand péril et d’un beau risque, c’est la pensée qu
68
voir grand et d’oser, au sein d’un grand péril et
d’
un beau risque, c’est la pensée qui anime tous ces essais. L’épreuve d
69
sein d’un grand péril et d’un beau risque, c’est
la
pensée qui anime tous ces essais. L’épreuve des armes nous attend peu
70
isque, c’est la pensée qui anime tous ces essais.
L’
épreuve des armes nous attend peut-être ; mais nous courons déjà l’épr
71
es nous attend peut-être ; mais nous courons déjà
l’
épreuve des âmes. Or le courage qu’il y faut n’est pas seulement celui
72
e ; mais nous courons déjà l’épreuve des âmes. Or
le
courage qu’il y faut n’est pas seulement celui de résister : il est d
73
le courage qu’il y faut n’est pas seulement celui
de
résister : il est d’abord celui de se risquer. Je demandai à l’homme
74
eulement celui de résister : il est d’abord celui
de
se risquer. Je demandai à l’homme qui se tenait à la porte de l’anné
75
l est d’abord celui de se risquer. Je demandai à
l’
homme qui se tenait à la porte de l’année : « Donne-moi une lumière af
76
e risquer. Je demandai à l’homme qui se tenait à
la
porte de l’année : « Donne-moi une lumière afin que je puisse aller a
77
. Je demandai à l’homme qui se tenait à la porte
de
l’année : « Donne-moi une lumière afin que je puisse aller avec sécur
78
Je demandai à l’homme qui se tenait à la porte de
l’
année : « Donne-moi une lumière afin que je puisse aller avec sécurité
79
mière afin que je puisse aller avec sécurité dans
l’
inconnu. » Il répondit : « Va dans l’obscurité et mets tes mains dans
80
écurité dans l’inconnu. » Il répondit : « Va dans
l’
obscurité et mets tes mains dans les mains de Dieu. Ce sera plus sûr p
81
it : « Va dans l’obscurité et mets tes mains dans
les
mains de Dieu. Ce sera plus sûr pour toi qu’une lumière et qu’un chem
82
dans l’obscurité et mets tes mains dans les mains
de
Dieu. Ce sera plus sûr pour toi qu’une lumière et qu’un chemin que tu
83
isses. »1 D. R. Berne, 1er mars 1940. 1. Vers
d’
un poète anglais, cités par le roi Georges VI en conclusion de son mes
84
ars 1940. 1. Vers d’un poète anglais, cités par
le
roi Georges VI en conclusion de son message de Noël 1939.
85
nglais, cités par le roi Georges VI en conclusion
de
son message de Noël 1939.
86
ar le roi Georges VI en conclusion de son message
de
Noël 1939.
87
Le
protestantisme créateur de personnes2 Je souhaite que beaucoup d’e
88
Le protestantisme créateur
de
personnes2 Je souhaite que beaucoup d’entre vous, apercevant le ti
89
Je souhaite que beaucoup d’entre vous, apercevant
le
titre de cette conférence, aient ressenti quelque méfiance. Je souhai
90
te que beaucoup d’entre vous, apercevant le titre
de
cette conférence, aient ressenti quelque méfiance. Je souhaite que be
91
que méfiance. Je souhaite que beaucoup aient tenu
le
petit raisonnement que voici : Pour les réformateurs, l’homme devant
92
aient tenu le petit raisonnement que voici : Pour
les
réformateurs, l’homme devant Dieu égale zéro. Pour les modernes, un p
93
t raisonnement que voici : Pour les réformateurs,
l’
homme devant Dieu égale zéro. Pour les modernes, un protestant égale u
94
éformateurs, l’homme devant Dieu égale zéro. Pour
les
modernes, un protestant égale une personnalité. Que peut bien signifi
95
contradiction affligeante ? Je serais heureux que
la
question vous ait paru curieuse, ou peut-être grave, ou en tout cas d
96
urieuse, ou peut-être grave, ou en tout cas digne
de
réflexion, car c’est à elle précisément que je me propose de répondre
97
n, car c’est à elle précisément que je me propose
de
répondre ici. Comment passer du zéro de l’homme devant Dieu à la vale
98
e propose de répondre ici. Comment passer du zéro
de
l’homme devant Dieu à la valeur infinie de la personnalité ? Comment
99
ropose de répondre ici. Comment passer du zéro de
l’
homme devant Dieu à la valeur infinie de la personnalité ? Comment pas
100
. Comment passer du zéro de l’homme devant Dieu à
la
valeur infinie de la personnalité ? Comment passer de notre théologie
101
u zéro de l’homme devant Dieu à la valeur infinie
de
la personnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire
102
éro de l’homme devant Dieu à la valeur infinie de
la
personnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire ? Q
103
aleur infinie de la personnalité ? Comment passer
de
notre théologie à notre histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité d
104
histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité dont
la
valeur varie si curieusement entre zéro et l’infini, et dont tant d’a
105
ont la valeur varie si curieusement entre zéro et
l’
infini, et dont tant d’auteurs incroyants nous font une gloire peut-êt
106
curieusement entre zéro et l’infini, et dont tant
d’
auteurs incroyants nous font une gloire peut-être intempestive ? Le pr
107
nts nous font une gloire peut-être intempestive ?
Le
problème est, je crois, d’autant plus actuel que les menaces qui pèse
108
ut-être intempestive ? Le problème est, je crois,
d’
autant plus actuel que les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’Église
109
problème est, je crois, d’autant plus actuel que
les
menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’Église, et sur la civilisation d
110
actuel que les menaces qui pèsent aujourd’hui sur
l’
Église, et sur la civilisation dite chrétienne, incitent beaucoup de n
111
naces qui pèsent aujourd’hui sur l’Église, et sur
la
civilisation dite chrétienne, incitent beaucoup de nos contemporains
112
t beaucoup de nos contemporains à se tourner vers
le
passé pour y trouver le réconfort d’anciennes victoires, d’exemples é
113
porains à se tourner vers le passé pour y trouver
le
réconfort d’anciennes victoires, d’exemples édifiants. Déconcertés pa
114
tourner vers le passé pour y trouver le réconfort
d’
anciennes victoires, d’exemples édifiants. Déconcertés par l’ampleur d
115
our y trouver le réconfort d’anciennes victoires,
d’
exemples édifiants. Déconcertés par l’ampleur de l’attaque qui se prép
116
victoires, d’exemples édifiants. Déconcertés par
l’
ampleur de l’attaque qui se prépare contre le monde chrétien, beaucoup
117
, d’exemples édifiants. Déconcertés par l’ampleur
de
l’attaque qui se prépare contre le monde chrétien, beaucoup, jusque p
118
’exemples édifiants. Déconcertés par l’ampleur de
l’
attaque qui se prépare contre le monde chrétien, beaucoup, jusque parm
119
par l’ampleur de l’attaque qui se prépare contre
le
monde chrétien, beaucoup, jusque parmi les incroyants, sentent le bes
120
contre le monde chrétien, beaucoup, jusque parmi
les
incroyants, sentent le besoin de reprendre pied sur les vieilles base
121
n, beaucoup, jusque parmi les incroyants, sentent
le
besoin de reprendre pied sur les vieilles bases spirituelles, rudes e
122
p, jusque parmi les incroyants, sentent le besoin
de
reprendre pied sur les vieilles bases spirituelles, rudes et monument
123
croyants, sentent le besoin de reprendre pied sur
les
vieilles bases spirituelles, rudes et monumentales, posées par les Pè
124
s spirituelles, rudes et monumentales, posées par
les
Pères de l’Église, des Apôtres jusqu’à Luther. Devant le danger, ils
125
s de l’Église, des Apôtres jusqu’à Luther. Devant
le
danger, ils serrent les rangs. Ils se mettent à compter leurs forces,
126
res jusqu’à Luther. Devant le danger, ils serrent
les
rangs. Ils se mettent à compter leurs forces, à recenser tous leurs a
127
tous leurs appuis. Et c’est sans doute à ce désir
de
certitude renouvelée, à ce désir de retrouver confiance en soi, que j
128
te à ce désir de certitude renouvelée, à ce désir
de
retrouver confiance en soi, que je devais répondre en exaltant ici le
129
ce en soi, que je devais répondre en exaltant ici
le
protestantisme créateur de personnalités, ou défenseur d’une certaine
130
pondre en exaltant ici le protestantisme créateur
de
personnalités, ou défenseur d’une certaine dignité humaine. Eh bien,
131
stantisme créateur de personnalités, ou défenseur
d’
une certaine dignité humaine. Eh bien, je ne vois aucune raison de dé
132
gnité humaine. Eh bien, je ne vois aucune raison
de
décevoir une telle attente. Mais attention ! Cette interrogation pres
133
! Cette interrogation pressante, il ne s’agit pas
de
lui offrir n’importe quelle réponse flatteuse ou approximative. Et ce
134
réponse flatteuse ou approximative. Et ce besoin
de
certitude, il s’agit de le combler en vérité. La menace est sérieuse,
135
proximative. Et ce besoin de certitude, il s’agit
de
le combler en vérité. La menace est sérieuse, les événements de septe
136
ximative. Et ce besoin de certitude, il s’agit de
le
combler en vérité. La menace est sérieuse, les événements de septembr
137
de certitude, il s’agit de le combler en vérité.
La
menace est sérieuse, les événements de septembre et toute la suite l’
138
de le combler en vérité. La menace est sérieuse,
les
événements de septembre et toute la suite l’ont fait voir aux plus op
139
en vérité. La menace est sérieuse, les événements
de
septembre et toute la suite l’ont fait voir aux plus optimistes3. En
140
st sérieuse, les événements de septembre et toute
la
suite l’ont fait voir aux plus optimistes3. En Russie, en Allemagne,
141
se, les événements de septembre et toute la suite
l’
ont fait voir aux plus optimistes3. En Russie, en Allemagne, en Italie
142
optimistes3. En Russie, en Allemagne, en Italie,
l’
attaque est déjà déclenchée. Elle nous atteint déjà par contrecoup, et
143
nous atteint déjà par contrecoup, et il est sage
de
s’attendre à bien pire. C’est donc le moment ou jamais de se montrer
144
il est sage de s’attendre à bien pire. C’est donc
le
moment ou jamais de se montrer très rigoureux dans le choix des moyen
145
endre à bien pire. C’est donc le moment ou jamais
de
se montrer très rigoureux dans le choix des moyens de défense. Et, pa
146
oment ou jamais de se montrer très rigoureux dans
le
choix des moyens de défense. Et, par exemple, si beaucoup sont prêts
147
e montrer très rigoureux dans le choix des moyens
de
défense. Et, par exemple, si beaucoup sont prêts à louer la Réforme d
148
. Et, par exemple, si beaucoup sont prêts à louer
la
Réforme d’être une école de personnalités, donc un rempart contre la
149
xemple, si beaucoup sont prêts à louer la Réforme
d’
être une école de personnalités, donc un rempart contre la barbarie, c
150
up sont prêts à louer la Réforme d’être une école
de
personnalités, donc un rempart contre la barbarie, c’est le moment po
151
ne école de personnalités, donc un rempart contre
la
barbarie, c’est le moment pour nous de préciser comment, pourquoi, da
152
alités, donc un rempart contre la barbarie, c’est
le
moment pour nous de préciser comment, pourquoi, dans quel esprit surt
153
art contre la barbarie, c’est le moment pour nous
de
préciser comment, pourquoi, dans quel esprit surtout le protestantism
154
ciser comment, pourquoi, dans quel esprit surtout
le
protestantisme est effectivement cela. Depuis une dizaine d’années, u
155
ntisme est effectivement cela. Depuis une dizaine
d’
années, une discussion générale s’est instituée sur les notions de per
156
nées, une discussion générale s’est instituée sur
les
notions de personne, d’individu et de personnalité. Il existe un mouv
157
scussion générale s’est instituée sur les notions
de
personne, d’individu et de personnalité. Il existe un mouvement perso
158
rale s’est instituée sur les notions de personne,
d’
individu et de personnalité. Il existe un mouvement personnaliste qui
159
tituée sur les notions de personne, d’individu et
de
personnalité. Il existe un mouvement personnaliste qui a pris pour tâ
160
un mouvement personnaliste qui a pris pour tâche
de
démêler ces notions et de fonder sur elles un ordre social renouvelé.
161
e qui a pris pour tâche de démêler ces notions et
de
fonder sur elles un ordre social renouvelé. Des philosophes tels que
162
ue, Berdiaef du côté orthodoxe, un certain nombre
de
jeunes protestants, beaucoup d’agnostiques aussi, se sont efforcés de
163
un certain nombre de jeunes protestants, beaucoup
d’
agnostiques aussi, se sont efforcés de montrer l’importance concrète d
164
s, beaucoup d’agnostiques aussi, se sont efforcés
de
montrer l’importance concrète d’une définition de la personne pour to
165
d’agnostiques aussi, se sont efforcés de montrer
l’
importance concrète d’une définition de la personne pour toute action
166
se sont efforcés de montrer l’importance concrète
d’
une définition de la personne pour toute action dans la cité4. Ces dis
167
de montrer l’importance concrète d’une définition
de
la personne pour toute action dans la cité4. Ces discussions, souvent
168
montrer l’importance concrète d’une définition de
la
personne pour toute action dans la cité4. Ces discussions, souvent en
169
définition de la personne pour toute action dans
la
cité4. Ces discussions, souvent encombrées de jargon philosophique, p
170
ans la cité4. Ces discussions, souvent encombrées
de
jargon philosophique, peuvent apparaître byzantines au grand public.
171
ines au grand public. Il n’en reste pas moins que
le
mot d’ordre « Défense de la personne humaine » est devenu le slogan p
172
n’en reste pas moins que le mot d’ordre « Défense
de
la personne humaine » est devenu le slogan par excellence des hommes
173
n reste pas moins que le mot d’ordre « Défense de
la
personne humaine » est devenu le slogan par excellence des hommes d’É
174
dre « Défense de la personne humaine » est devenu
le
slogan par excellence des hommes d’État démocratiques. Tout cela ne v
175
mocratiques. Tout cela ne va pas sans équivoques.
Les
dissiper me paraît une tâche d’une importance particulière pour notre
176
sans équivoques. Les dissiper me paraît une tâche
d’
une importance particulière pour notre pensée réformée. Car il se trou
177
e que nous passons, nous protestants, tantôt pour
les
fermes soutiens de la personnalité, tantôt pour de dangereux individu
178
nous protestants, tantôt pour les fermes soutiens
de
la personnalité, tantôt pour de dangereux individualistes. C’est donc
179
s protestants, tantôt pour les fermes soutiens de
la
personnalité, tantôt pour de dangereux individualistes. C’est donc vr
180
s fermes soutiens de la personnalité, tantôt pour
de
dangereux individualistes. C’est donc vraiment de nos affaires qu’il
181
de dangereux individualistes. C’est donc vraiment
de
nos affaires qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre m
182
re mot à dire, peut-être même avant quiconque, si
l’
on veut éviter les pires malentendus. Je ne reprendrai pas ici les di
183
ut-être même avant quiconque, si l’on veut éviter
les
pires malentendus. Je ne reprendrai pas ici les distinctions théoriq
184
les pires malentendus. Je ne reprendrai pas ici
les
distinctions théoriques que l’on a proposées entre individu, personne
185
eprendrai pas ici les distinctions théoriques que
l’
on a proposées entre individu, personne et personnalité. Je préfère il
186
notions par des exemples historiques susceptibles
de
faire image. Si nous remontons aux origines, si nous cherchons commen
187
nes, si nous cherchons comment sont apparues dans
l’
Histoire les notions d’individu et de personne, et les systèmes qui s’
188
s cherchons comment sont apparues dans l’Histoire
les
notions d’individu et de personne, et les systèmes qui s’y opposent,
189
comment sont apparues dans l’Histoire les notions
d’
individu et de personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verron
190
pparues dans l’Histoire les notions d’individu et
de
personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verrons mieux commen
191
istoire les notions d’individu et de personne, et
les
systèmes qui s’y opposent, nous verrons mieux comment se situe la Réf
192
s’y opposent, nous verrons mieux comment se situe
la
Réforme dans l’évolution de l’Europe, et quel principe central elle d
193
us verrons mieux comment se situe la Réforme dans
l’
évolution de l’Europe, et quel principe central elle doit y incarner,
194
ieux comment se situe la Réforme dans l’évolution
de
l’Europe, et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours
195
x comment se situe la Réforme dans l’évolution de
l’
Europe, et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours sa
196
e, et quel principe central elle doit y incarner,
de
nos jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord l’individu. Con
197
jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord
l’
individu. Contrairement à ce que peut nous faire croire une certaine p
198
aire croire une certaine polémique réactionnaire,
l’
individu n’est pas une invention du siècle des Lumières et de la Décla
199
n’est pas une invention du siècle des Lumières et
de
la Déclaration des droits de l’homme. C’est une invention grecque, et
200
st pas une invention du siècle des Lumières et de
la
Déclaration des droits de l’homme. C’est une invention grecque, et sa
201
st une invention grecque, et sa naissance signale
la
naissance même de l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu
202
recque, et sa naissance signale la naissance même
de
l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un cou
203
que, et sa naissance signale la naissance même de
l’
hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un coup s
204
ssance signale la naissance même de l’hellénisme.
L’
individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un coup se met à réfléc
205
naissance même de l’hellénisme. L’individu, c’est
l’
homme de la tribu qui tout d’un coup se met à réfléchir pour son compt
206
e même de l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme
de
la tribu qui tout d’un coup se met à réfléchir pour son compte, et qu
207
ême de l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme de
la
tribu qui tout d’un coup se met à réfléchir pour son compte, et qui,
208
e. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout
d’
un coup se met à réfléchir pour son compte, et qui, de ce fait même, s
209
coup se met à réfléchir pour son compte, et qui,
de
ce fait même, se distingue du groupe naturel, et s’isole. Le groupe p
210
même, se distingue du groupe naturel, et s’isole.
Le
groupe primitif, la tribu, est lié par le lien du sang, des morts com
211
u groupe naturel, et s’isole. Le groupe primitif,
la
tribu, est lié par le lien du sang, des morts communs, et par celui d
212
’isole. Le groupe primitif, la tribu, est lié par
le
lien du sang, des morts communs, et par celui de la terreur sacrée. C
213
le lien du sang, des morts communs, et par celui
de
la terreur sacrée. C’est autour d’un tabou et autour des tombeaux, ob
214
lien du sang, des morts communs, et par celui de
la
terreur sacrée. C’est autour d’un tabou et autour des tombeaux, objet
215
, et par celui de la terreur sacrée. C’est autour
d’
un tabou et autour des tombeaux, objets d’effroi, que se rassemble la
216
autour d’un tabou et autour des tombeaux, objets
d’
effroi, que se rassemble la société primitive. Ce qu’elle adore, c’est
217
r des tombeaux, objets d’effroi, que se rassemble
la
société primitive. Ce qu’elle adore, c’est ce qu’elle craint, c’est c
218
elle adore, c’est ce qu’elle craint, c’est ce qui
la
terrorise. Une société ainsi formée a pour caractère distinctif l’int
219
société ainsi formée a pour caractère distinctif
l’
intolérance radicale. (On ne discute pas ce qui est sacré.) De plus, e
220
phobe. Mais supposez maintenant qu’un des membres
de
la tribu se mette à raisonner à part soi. Raisonner, c’est d’abord do
221
be. Mais supposez maintenant qu’un des membres de
la
tribu se mette à raisonner à part soi. Raisonner, c’est d’abord doute
222
est d’abord douter, et c’est bientôt se révolter.
L’
homme qui raisonne, c’est l’homme qui cherche à échapper à la terreur
223
bientôt se révolter. L’homme qui raisonne, c’est
l’
homme qui cherche à échapper à la terreur originelle, aux liens sacrés
224
raisonne, c’est l’homme qui cherche à échapper à
la
terreur originelle, aux liens sacrés du groupe, et par là même à son
225
s sacrés du groupe, et par là même à son principe
de
tyrannie. Ce mouvement d’arrachement au sacré sombre, à l’empire des
226
là même à son principe de tyrannie. Ce mouvement
d’
arrachement au sacré sombre, à l’empire des morts, ce mouvement de dis
227
ie. Ce mouvement d’arrachement au sacré sombre, à
l’
empire des morts, ce mouvement de dissolution de la communauté primiti
228
sacré sombre, à l’empire des morts, ce mouvement
de
dissolution de la communauté primitive, c’est la naissance même de la
229
à l’empire des morts, ce mouvement de dissolution
de
la communauté primitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur le
230
’empire des morts, ce mouvement de dissolution de
la
communauté primitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur le fon
231
de dissolution de la communauté primitive, c’est
la
naissance même de la Grèce. Sur le fond indistinct des peuplades indo
232
la communauté primitive, c’est la naissance même
de
la Grèce. Sur le fond indistinct des peuplades indo-germaniques, les
233
communauté primitive, c’est la naissance même de
la
Grèce. Sur le fond indistinct des peuplades indo-germaniques, les Gre
234
imitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur
le
fond indistinct des peuplades indo-germaniques, les Grecs sont les pr
235
e fond indistinct des peuplades indo-germaniques,
les
Grecs sont les premiers à se détacher, à prendre figure, donc à s’ind
236
, à prendre figure, donc à s’individualiser. Dans
la
tribu primitive, certains hommes se singularisent : on les considère
237
primitive, certains hommes se singularisent : on
les
considère comme des criminels, car ils ont profané l’élément sacré du
238
onsidère comme des criminels, car ils ont profané
l’
élément sacré du groupe. On les expulse : voilà les premiers individus
239
car ils ont profané l’élément sacré du groupe. On
les
expulse : voilà les premiers individus. Ceci est important : à l’orig
240
là les premiers individus. Ceci est important : à
l’
origine, individu est synonyme de criminel. Mais peu à peu, ces indiv
241
st important : à l’origine, individu est synonyme
de
criminel. Mais peu à peu, ces individus se groupent pour constituer
242
à peu, ces individus se groupent pour constituer
de
nouvelles communautés (les thiases) comparables à la cité au sens mod
243
roupent pour constituer de nouvelles communautés (
les
thiases) comparables à la cité au sens moderne. Alors que la tribu ét
244
nouvelles communautés (les thiases) comparables à
la
cité au sens moderne. Alors que la tribu était liée par des liens d’o
245
comparables à la cité au sens moderne. Alors que
la
tribu était liée par des liens d’origine — le sang, la famille — la c
246
erne. Alors que la tribu était liée par des liens
d’
origine — le sang, la famille — la cité est fondée sur l’intérêt commu
247
que la tribu était liée par des liens d’origine —
le
sang, la famille — la cité est fondée sur l’intérêt commun et les con
248
ibu était liée par des liens d’origine — le sang,
la
famille — la cité est fondée sur l’intérêt commun et les contrats. Al
249
e par des liens d’origine — le sang, la famille —
la
cité est fondée sur l’intérêt commun et les contrats. Alors que la mo
250
ne — le sang, la famille — la cité est fondée sur
l’
intérêt commun et les contrats. Alors que la morale de la tribu dicte
251
ille — la cité est fondée sur l’intérêt commun et
les
contrats. Alors que la morale de la tribu dicte des devoirs sacrés, d
252
e sur l’intérêt commun et les contrats. Alors que
la
morale de la tribu dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de
253
térêt commun et les contrats. Alors que la morale
de
la tribu dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de droits. T
254
êt commun et les contrats. Alors que la morale de
la
tribu dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de droits. Tous
255
morale de la tribu dicte des devoirs sacrés, dans
la
cité on parle de droits. Tous les membres de la tribu devaient agir d
256
u dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle
de
droits. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière
257
irs sacrés, dans la cité on parle de droits. Tous
les
membres de la tribu devaient agir de la même manière minutieusement p
258
dans la cité on parle de droits. Tous les membres
de
la tribu devaient agir de la même manière minutieusement prescrite pa
259
s la cité on parle de droits. Tous les membres de
la
tribu devaient agir de la même manière minutieusement prescrite par l
260
roits. Tous les membres de la tribu devaient agir
de
la même manière minutieusement prescrite par les usages, et toute con
261
ts. Tous les membres de la tribu devaient agir de
la
même manière minutieusement prescrite par les usages, et toute contra
262
r de la même manière minutieusement prescrite par
les
usages, et toute contravention entraînait l’exécration ou la mort. Da
263
par les usages, et toute contravention entraînait
l’
exécration ou la mort. Dans la cité, bien au contraire, chacun cherche
264
et toute contravention entraînait l’exécration ou
la
mort. Dans la cité, bien au contraire, chacun cherche à se distinguer
265
avention entraînait l’exécration ou la mort. Dans
la
cité, bien au contraire, chacun cherche à se distinguer. On met son p
266
chacun cherche à se distinguer. On met son point
d’
honneur à faire mieux que le voisin, ou tout au moins à faire autremen
267
uer. On met son point d’honneur à faire mieux que
le
voisin, ou tout au moins à faire autrement que lui. On se veut autono
268
rement que lui. On se veut autonome et conscient.
La
définition la plus noble de l’individu nous est fournie à ce moment p
269
. On se veut autonome et conscient. La définition
la
plus noble de l’individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lo
270
utonome et conscient. La définition la plus noble
de
l’individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous d
271
nome et conscient. La définition la plus noble de
l’
individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous dit
272
is-toi toi-même, c’est-à-dire : prends conscience
de
ton existence individuelle, libère-toi des déterminations sacrées et
273
eut-être peut-on rapprocher cette tendance morale
de
celle qui poussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome
274
procher cette tendance morale de celle qui poussa
les
physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome, les philosophes à f
275
endance morale de celle qui poussa les physiciens
de
la Grèce à créer la notion d’atome, les philosophes à formuler le pri
276
ance morale de celle qui poussa les physiciens de
la
Grèce à créer la notion d’atome, les philosophes à formuler le princi
277
lle qui poussa les physiciens de la Grèce à créer
la
notion d’atome, les philosophes à formuler le principe d’individuatio
278
ussa les physiciens de la Grèce à créer la notion
d’
atome, les philosophes à formuler le principe d’individuation, les lég
279
physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome,
les
philosophes à formuler le principe d’individuation, les législateurs
280
éer la notion d’atome, les philosophes à formuler
le
principe d’individuation, les législateurs et les artistes à concentr
281
n d’atome, les philosophes à formuler le principe
d’
individuation, les législateurs et les artistes à concentrer leur atte
282
ilosophes à formuler le principe d’individuation,
les
législateurs et les artistes à concentrer leur attention sur l’homme
283
le principe d’individuation, les législateurs et
les
artistes à concentrer leur attention sur l’homme et son destin partic
284
s et les artistes à concentrer leur attention sur
l’
homme et son destin particulier. D’où le héros, d’où la statue, d’où l
285
attention sur l’homme et son destin particulier.
D’
où le héros, d’où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux
286
ntion sur l’homme et son destin particulier. D’où
le
héros, d’où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux déci
287
l’homme et son destin particulier. D’où le héros,
d’
où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacr
288
me et son destin particulier. D’où le héros, d’où
la
statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées d
289
estin particulier. D’où le héros, d’où la statue,
d’
où le tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ;
290
particulier. D’où le héros, d’où la statue, d’où
le
tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ; — d’
291
agique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées
de
l’État) ; — d’où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade cou
292
que (Antigone s’opposant aux décisions sacrées de
l’
État) ; — d’où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe
293
e s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ; —
d’
où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de
294
pposant aux décisions sacrées de l’État) ; — d’où
les
notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de son ch
295
décisions sacrées de l’État) ; — d’où les notions
de
gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de son chien pour qu
296
rées de l’État) ; — d’où les notions de gloire et
de
record. Et Alcibiade coupe la queue de son chien pour qu’on parle de
297
otions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe
la
queue de son chien pour qu’on parle de lui, qu’on le distingue. C’est
298
gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue
de
son chien pour qu’on parle de lui, qu’on le distingue. C’est là encor
299
iade coupe la queue de son chien pour qu’on parle
de
lui, qu’on le distingue. C’est là encore une assez bonne définition d
300
queue de son chien pour qu’on parle de lui, qu’on
le
distingue. C’est là encore une assez bonne définition de l’individu…
301
ingue. C’est là encore une assez bonne définition
de
l’individu… Toutefois ce mouvement centrifuge par rapport à la commun
302
ue. C’est là encore une assez bonne définition de
l’
individu… Toutefois ce mouvement centrifuge par rapport à la communaut
303
… Toutefois ce mouvement centrifuge par rapport à
la
communauté d’origine, s’il se confond d’abord, soulignons-le, avec l’
304
mouvement centrifuge par rapport à la communauté
d’
origine, s’il se confond d’abord, soulignons-le, avec l’intelligence e
305
té d’origine, s’il se confond d’abord, soulignons-
le
, avec l’intelligence et la raison, ne tarde pas à affaiblir les liens
306
ine, s’il se confond d’abord, soulignons-le, avec
l’
intelligence et la raison, ne tarde pas à affaiblir les liens sociaux.
307
nd d’abord, soulignons-le, avec l’intelligence et
la
raison, ne tarde pas à affaiblir les liens sociaux. Il s’oriente vers
308
telligence et la raison, ne tarde pas à affaiblir
les
liens sociaux. Il s’oriente vers l’anarchie. À ce moment, se produit
309
à affaiblir les liens sociaux. Il s’oriente vers
l’
anarchie. À ce moment, se produit fatalement ce que j’appellerais un s
310
duit fatalement ce que j’appellerais un sentiment
de
vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’où naît l’appel à u
311
rais un sentiment de vide social. C’est une sorte
d’
angoisse diffuse d’où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus s
312
e vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse
d’
où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’individ
313
ial. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’où naît
l’
appel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’individu isolé re
314
ppel à une communauté nouvelle et plus solide, où
l’
individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent, et l’État sa
315
où l’individu isolé retrouve des contraintes qui
le
rassurent, et l’État sa puissance matérielle. C’est Rome alors, c’est
316
olé retrouve des contraintes qui le rassurent, et
l’
État sa puissance matérielle. C’est Rome alors, c’est l’Empire romain
317
sa puissance matérielle. C’est Rome alors, c’est
l’
Empire romain qui nous donnera le symbole éternel de cette réaction co
318
ome alors, c’est l’Empire romain qui nous donnera
le
symbole éternel de cette réaction collective. La victoire de Rome sur
319
Empire romain qui nous donnera le symbole éternel
de
cette réaction collective. La victoire de Rome sur la Grèce, symboliq
320
le symbole éternel de cette réaction collective.
La
victoire de Rome sur la Grèce, symboliquement interprétée, c’est la v
321
éternel de cette réaction collective. La victoire
de
Rome sur la Grèce, symboliquement interprétée, c’est la victoire de l
322
ette réaction collective. La victoire de Rome sur
la
Grèce, symboliquement interprétée, c’est la victoire de l’étatisme su
323
e sur la Grèce, symboliquement interprétée, c’est
la
victoire de l’étatisme sur l’individualisme social. L’État romain, ru
324
ce, symboliquement interprétée, c’est la victoire
de
l’étatisme sur l’individualisme social. L’État romain, rural et milit
325
symboliquement interprétée, c’est la victoire de
l’
étatisme sur l’individualisme social. L’État romain, rural et militair
326
interprétée, c’est la victoire de l’étatisme sur
l’
individualisme social. L’État romain, rural et militaire, avec son app
327
ctoire de l’étatisme sur l’individualisme social.
L’
État romain, rural et militaire, avec son appareil rigide, devait fata
328
son appareil rigide, devait fatalement triompher
d’
une Grèce que nous dirions « atomisée ». Le vide social créé par l’ind
329
ompher d’une Grèce que nous dirions « atomisée ».
Le
vide social créé par l’individualisme est toujours un appel à l’État
330
ous dirions « atomisée ». Le vide social créé par
l’
individualisme est toujours un appel à l’État dictatorial. Et cet État
331
créé par l’individualisme est toujours un appel à
l’
État dictatorial. Et cet État aux cadres géométriques, avec son armée,
332
bureaucratie, sa police, fonctionnera d’ailleurs
d’
autant plus facilement qu’il n’aura plus affaire qu’à une poussière d’
333
ment qu’il n’aura plus affaire qu’à une poussière
d’
individus déracinés, n’offrant plus de résistance appréciable. Vous vo
334
e poussière d’individus déracinés, n’offrant plus
de
résistance appréciable. Vous voyez qu’entre individualisme et dictatu
335
Vous voyez qu’entre individualisme et dictature,
l’
opposition n’est qu’apparente : en réalité, il y a de l’un à l’autre u
336
pposition n’est qu’apparente : en réalité, il y a
de
l’un à l’autre un lien de cause à effet, ou plus exactement, de succe
337
te : en réalité, il y a de l’un à l’autre un lien
de
cause à effet, ou plus exactement, de succession fatale. L’individu n
338
tre un lien de cause à effet, ou plus exactement,
de
succession fatale. L’individu ne s’oppose à l’État qu’à la manière do
339
effet, ou plus exactement, de succession fatale.
L’
individu ne s’oppose à l’État qu’à la manière dont le vide s’oppose au
340
t, de succession fatale. L’individu ne s’oppose à
l’
État qu’à la manière dont le vide s’oppose au plein : plus le vide est
341
sion fatale. L’individu ne s’oppose à l’État qu’à
la
manière dont le vide s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plu
342
ndividu ne s’oppose à l’État qu’à la manière dont
le
vide s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plus l’appel est pu
343
la manière dont le vide s’oppose au plein : plus
le
vide est absolu, plus l’appel est puissant. À bien des égards, l’état
344
s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plus
l’
appel est puissant. À bien des égards, l’étatisme ne fait qu’achever l
345
lu, plus l’appel est puissant. À bien des égards,
l’
étatisme ne fait qu’achever le processus de dissolution sociale commen
346
À bien des égards, l’étatisme ne fait qu’achever
le
processus de dissolution sociale commencé par l’individualisme. L’ind
347
gards, l’étatisme ne fait qu’achever le processus
de
dissolution sociale commencé par l’individualisme. L’individu s’était
348
le processus de dissolution sociale commencé par
l’
individualisme. L’individu s’était abstrait du groupe naturel ; l’État
349
issolution sociale commencé par l’individualisme.
L’
individu s’était abstrait du groupe naturel ; l’État liquide les group
350
. L’individu s’était abstrait du groupe naturel ;
l’
État liquide les groupes naturels subsistants, atomise encore plus la
351
était abstrait du groupe naturel ; l’État liquide
les
groupes naturels subsistants, atomise encore plus la société, afin qu
352
groupes naturels subsistants, atomise encore plus
la
société, afin qu’aucune structure organique ne s’oppose plus à son ac
353
structure organique ne s’oppose plus à son action
d’
unification, de « mise au pas ». C’est avec la poussière des individus
354
ique ne s’oppose plus à son action d’unification,
de
« mise au pas ». C’est avec la poussière des individus que l’État fer
355
ion d’unification, de « mise au pas ». C’est avec
la
poussière des individus que l’État fera son ciment. Diviser pour régn
356
pas ». C’est avec la poussière des individus que
l’
État fera son ciment. Diviser pour régner, déraciner pour mieux discip
357
éraciner pour mieux discipliner, cela seul permet
de
constituer un bloc puissant vis-à-vis de l’extérieur ; un bloc qui pr
358
ermet de constituer un bloc puissant vis-à-vis de
l’
extérieur ; un bloc qui prend l’allure d’une armée. Le vice d’un tel s
359
sant vis-à-vis de l’extérieur ; un bloc qui prend
l’
allure d’une armée. Le vice d’un tel système, c’est qu’il stérilise pe
360
à-vis de l’extérieur ; un bloc qui prend l’allure
d’
une armée. Le vice d’un tel système, c’est qu’il stérilise peu à peu t
361
térieur ; un bloc qui prend l’allure d’une armée.
Le
vice d’un tel système, c’est qu’il stérilise peu à peu toutes les ini
362
; un bloc qui prend l’allure d’une armée. Le vice
d’
un tel système, c’est qu’il stérilise peu à peu toutes les initiatives
363
l système, c’est qu’il stérilise peu à peu toutes
les
initiatives vivantes, et qu’il finit par s’effondrer sous le poids de
364
ves vivantes, et qu’il finit par s’effondrer sous
le
poids de son appareil dévorateur. Et cela ne manque pas de se produir
365
tes, et qu’il finit par s’effondrer sous le poids
de
son appareil dévorateur. Et cela ne manque pas de se produire lorsque
366
de son appareil dévorateur. Et cela ne manque pas
de
se produire lorsque la majorité des citoyens se trouvent réduits à l’
367
eur. Et cela ne manque pas de se produire lorsque
la
majorité des citoyens se trouvent réduits à l’état de fonctionnaires
368
ue la majorité des citoyens se trouvent réduits à
l’
état de fonctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décad
369
ajorité des citoyens se trouvent réduits à l’état
de
fonctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de
370
se trouvent réduits à l’état de fonctionnaires ou
de
soldats. Telle est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homm
371
l’état de fonctionnaires ou de soldats. Telle est
l’
histoire de la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’état r
372
onctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire
de
la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’état romain, c’es
373
tionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de
la
décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’état romain, c’est d
374
de soldats. Telle est l’histoire de la décadence
de
Rome. Le type d’homme que suppose l’état romain, c’est donc l’individ
375
ts. Telle est l’histoire de la décadence de Rome.
Le
type d’homme que suppose l’état romain, c’est donc l’individu embriga
376
e est l’histoire de la décadence de Rome. Le type
d’
homme que suppose l’état romain, c’est donc l’individu embrigadé, le f
377
la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose
l’
état romain, c’est donc l’individu embrigadé, le fonctionnaire ou le s
378
ype d’homme que suppose l’état romain, c’est donc
l’
individu embrigadé, le fonctionnaire ou le soldat, l’homme qui n’exist
379
e l’état romain, c’est donc l’individu embrigadé,
le
fonctionnaire ou le soldat, l’homme qui n’existe que par son rôle soc
380
st donc l’individu embrigadé, le fonctionnaire ou
le
soldat, l’homme qui n’existe que par son rôle social, par sa fonction
381
ndividu embrigadé, le fonctionnaire ou le soldat,
l’
homme qui n’existe que par son rôle social, par sa fonction dans la ci
382
ste que par son rôle social, par sa fonction dans
la
cité. C’est celui-là qui sera nommé juridiquement la persona. Ce mot
383
cité. C’est celui-là qui sera nommé juridiquement
la
persona. Ce mot qui désignait à l’origine le masque de l’acteur, sign
384
juridiquement la persona. Ce mot qui désignait à
l’
origine le masque de l’acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue
385
ment la persona. Ce mot qui désignait à l’origine
le
masque de l’acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue le citoye
386
rsona. Ce mot qui désignait à l’origine le masque
de
l’acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue le citoyen. Dans l’
387
na. Ce mot qui désignait à l’origine le masque de
l’
acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue le citoyen. Dans l’Emp
388
origine le masque de l’acteur, signifiera bientôt
le
« rôle » que joue le citoyen. Dans l’Empire, tout homme n’est pas une
389
l’acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue
le
citoyen. Dans l’Empire, tout homme n’est pas une persona, il s’en fau
390
era bientôt le « rôle » que joue le citoyen. Dans
l’
Empire, tout homme n’est pas une persona, il s’en faut. Les esclaves,
391
, tout homme n’est pas une persona, il s’en faut.
Les
esclaves, par exemple, qui forment les deux tiers de la population, n
392
s’en faut. Les esclaves, par exemple, qui forment
les
deux tiers de la population, ne sont pas des personnes, puisqu’ils ne
393
esclaves, par exemple, qui forment les deux tiers
de
la population, ne sont pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas de
394
laves, par exemple, qui forment les deux tiers de
la
population, ne sont pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas de rô
395
sont pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas
de
rôle dans les rouages de l’État. Il est important de rappeler ce sens
396
personnes, puisqu’ils ne jouent pas de rôle dans
les
rouages de l’État. Il est important de rappeler ce sens romain du mot
397
puisqu’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages
de
l’État. Il est important de rappeler ce sens romain du mot personne.
398
squ’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages de
l’
État. Il est important de rappeler ce sens romain du mot personne. Je
399
rôle dans les rouages de l’État. Il est important
de
rappeler ce sens romain du mot personne. Je le traduirais volontiers
400
nt de rappeler ce sens romain du mot personne. Je
le
traduirais volontiers en langage moderne par le terme de soldat polit
401
e le traduirais volontiers en langage moderne par
le
terme de soldat politique. Nous allons le voir se transformer substan
402
uirais volontiers en langage moderne par le terme
de
soldat politique. Nous allons le voir se transformer substantiellemen
403
rne par le terme de soldat politique. Nous allons
le
voir se transformer substantiellement dans le vocabulaire chrétien.
404
ons le voir se transformer substantiellement dans
le
vocabulaire chrétien. Car voici le moment décisif de notre histoire.
405
ellement dans le vocabulaire chrétien. Car voici
le
moment décisif de notre histoire. La Grèce individualiste a triomphé
406
ocabulaire chrétien. Car voici le moment décisif
de
notre histoire. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté b
407
. Car voici le moment décisif de notre histoire.
La
Grèce individualiste a triomphé de la communauté barbare du sang. Mai
408
otre histoire. La Grèce individualiste a triomphé
de
la communauté barbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’an
409
e histoire. La Grèce individualiste a triomphé de
la
communauté barbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’anarc
410
arbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans
l’
anarchie. Et à son tour, la Rome étatique s’écroule sous son propre po
411
ard elle a sombré dans l’anarchie. Et à son tour,
la
Rome étatique s’écroule sous son propre poids. De nouveau se reforme
412
social, une angoisse, un appel à une communauté.
L’
anarchie et la tyrannie, successivement, ont fait faillite. Quelle ser
413
ngoisse, un appel à une communauté. L’anarchie et
la
tyrannie, successivement, ont fait faillite. Quelle sera la nouvelle
414
e, successivement, ont fait faillite. Quelle sera
la
nouvelle société ? En ce point de l’évolution, dans cette angoisse, d
415
te. Quelle sera la nouvelle société ? En ce point
de
l’évolution, dans cette angoisse, deux solutions paraissent possibles
416
Quelle sera la nouvelle société ? En ce point de
l’
évolution, dans cette angoisse, deux solutions paraissent possibles. O
417
sse, deux solutions paraissent possibles. Ou bien
l’
on cherche à recréer la communauté primitive, à base de sang et de lie
418
aissent possibles. Ou bien l’on cherche à recréer
la
communauté primitive, à base de sang et de liens sacrés : c’est une r
419
ecréer la communauté primitive, à base de sang et
de
liens sacrés : c’est une régression vers la barbarie, mais qui flatte
420
ng et de liens sacrés : c’est une régression vers
la
barbarie, mais qui flatte les instincts et les passions, et satisfait
421
une régression vers la barbarie, mais qui flatte
les
instincts et les passions, et satisfait le rêve nostalgique d’un reto
422
ers la barbarie, mais qui flatte les instincts et
les
passions, et satisfait le rêve nostalgique d’un retour à la nature, d
423
latte les instincts et les passions, et satisfait
le
rêve nostalgique d’un retour à la nature, d’une fraternité plus charn
424
et les passions, et satisfait le rêve nostalgique
d’
un retour à la nature, d’une fraternité plus charnelle, d’une communio
425
s, et satisfait le rêve nostalgique d’un retour à
la
nature, d’une fraternité plus charnelle, d’une communion avec la mass
426
fait le rêve nostalgique d’un retour à la nature,
d’
une fraternité plus charnelle, d’une communion avec la masse dans le m
427
our à la nature, d’une fraternité plus charnelle,
d’
une communion avec la masse dans le mystère des origines : souvenirs,
428
e fraternité plus charnelle, d’une communion avec
la
masse dans le mystère des origines : souvenirs, mythologies, rites ma
429
lus charnelle, d’une communion avec la masse dans
le
mystère des origines : souvenirs, mythologies, rites magiques, culte
430
gies, rites magiques, culte ancestral ou religion
d’
État. C’est là ce que j’appellerai une communauté régressive. L’autre
431
ai une communauté régressive. L’autre possibilité
de
communauté, c’est celle qu’imagine l’être spirituel. C’est l’espoir d
432
possibilité de communauté, c’est celle qu’imagine
l’
être spirituel. C’est l’espoir d’une société d’un type absolument nouv
433
é, c’est celle qu’imagine l’être spirituel. C’est
l’
espoir d’une société d’un type absolument nouveau, qui ne soit pas fon
434
celle qu’imagine l’être spirituel. C’est l’espoir
d’
une société d’un type absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur l
435
ne l’être spirituel. C’est l’espoir d’une société
d’
un type absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur les contraintes
436
pe absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur
les
contraintes du passé, ni sur des lois, mais sur l’attente commune et
437
s contraintes du passé, ni sur des lois, mais sur
l’
attente commune et enthousiaste d’un au-delà libérateur. Ce n’est plus
438
lois, mais sur l’attente commune et enthousiaste
d’
un au-delà libérateur. Ce n’est plus le rêve du retour aux origines, c
439
thousiaste d’un au-delà libérateur. Ce n’est plus
le
rêve du retour aux origines, c’est le rêve d’un avenir éternel, d’une
440
n’est plus le rêve du retour aux origines, c’est
le
rêve d’un avenir éternel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc de
441
lus le rêve du retour aux origines, c’est le rêve
d’
un avenir éternel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attent
442
aux origines, c’est le rêve d’un avenir éternel,
d’
une révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attente d’une communauté pr
443
éternel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc
de
l’attente d’une communauté progressive. La réalisation historique de
444
ernel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc de
l’
attente d’une communauté progressive. La réalisation historique de la
445
ne révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attente
d’
une communauté progressive. La réalisation historique de la première p
446
t donc de l’attente d’une communauté progressive.
La
réalisation historique de la première possibilité s’est amorcée dès l
447
communauté progressive. La réalisation historique
de
la première possibilité s’est amorcée dès la fin de la République rom
448
ique de la première possibilité s’est amorcée dès
la
fin de la République romaine, quand César est devenu un dieu. Et c’es
449
la première possibilité s’est amorcée dès la fin
de
la République romaine, quand César est devenu un dieu. Et c’est l’éch
450
première possibilité s’est amorcée dès la fin de
la
République romaine, quand César est devenu un dieu. Et c’est l’échec
451
romaine, quand César est devenu un dieu. Et c’est
l’
échec de cette religion d’État, confondu avec l’échec plus général d’u
452
quand César est devenu un dieu. Et c’est l’échec
de
cette religion d’État, confondu avec l’échec plus général d’une socié
453
evenu un dieu. Et c’est l’échec de cette religion
d’
État, confondu avec l’échec plus général d’une société bureaucratisée,
454
t l’échec de cette religion d’État, confondu avec
l’
échec plus général d’une société bureaucratisée, qui a permis et prépa
455
ligion d’État, confondu avec l’échec plus général
d’
une société bureaucratisée, qui a permis et préparé le triomphe du chr
456
e société bureaucratisée, qui a permis et préparé
le
triomphe du christianisme. Mais je demeure persuadé que la seule poss
457
he du christianisme. Mais je demeure persuadé que
la
seule possibilité d’une communauté progressive n’eût pas suffi à évei
458
Mais je demeure persuadé que la seule possibilité
d’
une communauté progressive n’eût pas suffi à éveiller la volonté de la
459
communauté progressive n’eût pas suffi à éveiller
la
volonté de la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut q
460
progressive n’eût pas suffi à éveiller la volonté
de
la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait h
461
gressive n’eût pas suffi à éveiller la volonté de
la
réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait hist
462
pas suffi à éveiller la volonté de la réaliser et
de
la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un a
463
suffi à éveiller la volonté de la réaliser et de
la
faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un acte
464
r la volonté de la réaliser et de la faire sortir
de
l’utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un acte vînt transforme
465
a volonté de la réaliser et de la faire sortir de
l’
utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un acte vînt transformer c
466
vision immédiate et dynamique. Et ce fait, c’est
l’
événement central de toute l’Histoire, la seule nouveauté absolue de t
467
dynamique. Et ce fait, c’est l’événement central
de
toute l’Histoire, la seule nouveauté absolue de tous les temps : l’in
468
e. Et ce fait, c’est l’événement central de toute
l’
Histoire, la seule nouveauté absolue de tous les temps : l’incarnation
469
t, c’est l’événement central de toute l’Histoire,
la
seule nouveauté absolue de tous les temps : l’incarnation de Dieu dan
470
l de toute l’Histoire, la seule nouveauté absolue
de
tous les temps : l’incarnation de Dieu dans l’homme fondant une socié
471
te l’Histoire, la seule nouveauté absolue de tous
les
temps : l’incarnation de Dieu dans l’homme fondant une société absolu
472
e, la seule nouveauté absolue de tous les temps :
l’
incarnation de Dieu dans l’homme fondant une société absolument nouvel
473
uveauté absolue de tous les temps : l’incarnation
de
Dieu dans l’homme fondant une société absolument nouvelle : l’Église.
474
ue de tous les temps : l’incarnation de Dieu dans
l’
homme fondant une société absolument nouvelle : l’Église. Qu’est-ce qu
475
l’homme fondant une société absolument nouvelle :
l’
Église. Qu’est-ce que l’Église primitive, du point de vue sociologique
476
été absolument nouvelle : l’Église. Qu’est-ce que
l’
Église primitive, du point de vue sociologique où je me place ici ? C’
477
ace ici ? C’est une communauté spirituelle formée
d’
un grand nombre de petites communautés locales, que l’on pourrait appe
478
e communauté spirituelle formée d’un grand nombre
de
petites communautés locales, que l’on pourrait appeler d’un terme mod
479
grand nombre de petites communautés locales, que
l’
on pourrait appeler d’un terme moderne : des cellules. Ces communautés
480
es communautés locales, que l’on pourrait appeler
d’
un terme moderne : des cellules. Ces communautés ne sont pas fondées s
481
cellules. Ces communautés ne sont pas fondées sur
le
passé ni sur des origines communes. « Il n’y a plus ni Juif ni Grec »
482
», écrit saint Paul. Elles ne tiennent compte ni
de
la race, ni des traditions, ni du rang social : on y trouve des escla
483
écrit saint Paul. Elles ne tiennent compte ni de
la
race, ni des traditions, ni du rang social : on y trouve des esclaves
484
ches. Leur lien n’est pas terrestre : il est dans
l’
au-delà. Leur chef n’est pas terrestre : il s’est assis au Ciel à la d
485
ef n’est pas terrestre : il s’est assis au Ciel à
la
droite de Dieu. Leurs ambitions non plus ne sont pas terrestres, car
486
as terrestre : il s’est assis au Ciel à la droite
de
Dieu. Leurs ambitions non plus ne sont pas terrestres, car ce qu’elle
487
pas terrestres, car ce qu’elles attendent, c’est
la
fin des temps. Et cependant, ces communautés étranges constituent bel
488
ces communautés étranges constituent bel et bien
les
germes d’une société véritable. Elles ont leur organisation sociale,
489
autés étranges constituent bel et bien les germes
d’
une société véritable. Elles ont leur organisation sociale, leurs chef
490
ielle, mais ils y trouvent aussi des possibilités
de
servir leurs frères. Ils se voient donc libérés, et du même coup enga
491
oup engagés dans un corps social nouveau. Prenons
le
cas de l’esclave qui devient chrétien. Alors que l’État romain lui dé
492
agés dans un corps social nouveau. Prenons le cas
de
l’esclave qui devient chrétien. Alors que l’État romain lui déniait t
493
s dans un corps social nouveau. Prenons le cas de
l’
esclave qui devient chrétien. Alors que l’État romain lui déniait tout
494
cas de l’esclave qui devient chrétien. Alors que
l’
État romain lui déniait toute activité libre et spontanée, l’Église lu
495
in lui déniait toute activité libre et spontanée,
l’
Église lui rend sa dignité humaine d’individu en même temps que son rô
496
t spontanée, l’Église lui rend sa dignité humaine
d’
individu en même temps que son rôle actif de persona. Spirituellement,
497
maine d’individu en même temps que son rôle actif
de
persona. Spirituellement, il se produit un phénomène parallèle : le p
498
uellement, il se produit un phénomène parallèle :
le
païen qui se convertit se voit d’une part racheté de son péché ; et d
499
païen qui se convertit se voit d’une part racheté
de
son péché ; et d’autre part, il reçoit une mission nouvelle, une voca
500
it une mission nouvelle, une vocation. Il devient
le
serviteur du Maître qui le libère. Ainsi, spirituellement et socialem
501
e vocation. Il devient le serviteur du Maître qui
le
libère. Ainsi, spirituellement et socialement, l’Église est une commu
502
le libère. Ainsi, spirituellement et socialement,
l’
Église est une communauté d’hommes qui sont à la fois libres et engagé
503
ement et socialement, l’Église est une communauté
d’
hommes qui sont à la fois libres et engagés. Libérés par Celui qui les
504
la fois libres et engagés. Libérés par Celui qui
les
engage à son service, et engagés au service du prochain dans la mesur
505
n service, et engagés au service du prochain dans
la
mesure précisément où ils se sentent libérés par leur foi dans le Chr
506
ément où ils se sentent libérés par leur foi dans
le
Christ, leur Maître. Ces hommes nouveaux apparaissent donc comme des
507
ctoires, n’étant que deux aspects complémentaires
d’
une seule et même réalité : la conversion. Tel est l’homme neuf, créé
508
cts complémentaires d’une seule et même réalité :
la
conversion. Tel est l’homme neuf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’
509
ne seule et même réalité : la conversion. Tel est
l’
homme neuf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’est pas l’individu grec
510
é : la conversion. Tel est l’homme neuf, créé par
l’
Église chrétienne. Ce n’est pas l’individu grec, puisqu’il se soucie d
511
neuf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’est pas
l’
individu grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de se disti
512
as l’individu grec, puisqu’il se soucie davantage
de
servir que de se distinguer. Et ce n’est pas non plus la persona du d
513
grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que
de
se distinguer. Et ce n’est pas non plus la persona du droit romain, p
514
ir que de se distinguer. Et ce n’est pas non plus
la
persona du droit romain, puisque l’homme qui reçoit une vocation poss
515
pas non plus la persona du droit romain, puisque
l’
homme qui reçoit une vocation possède une dignité indépendante de son
516
oit une vocation possède une dignité indépendante
de
son rôle social. Comment le baptiser ? Il faut un mot nouveau. Ou pl
517
dignité indépendante de son rôle social. Comment
le
baptiser ? Il faut un mot nouveau. Ou plutôt non : c’est à un mot dé
518
u. Ou plutôt non : c’est à un mot déjà connu que
l’
on aura recours, mais on va lui donner un nouveau sens. Pour désigner
519
s on va lui donner un nouveau sens. Pour désigner
les
relations constituant la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit
520
eau sens. Pour désigner les relations constituant
la
Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de l’Églis
521
ur désigner les relations constituant la Trinité,
le
Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de l’Église grecque av
522
er les relations constituant la Trinité, le Père,
le
Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de l’Église grecque avaient ado
523
tions constituant la Trinité, le Père, le Fils et
le
Saint-Esprit, les docteurs de l’Église grecque avaient adopté le term
524
la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit,
les
docteurs de l’Église grecque avaient adopté le terme romain de person
525
le Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs
de
l’Église grecque avaient adopté le terme romain de persona. C’est ce
526
Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de
l’
Église grecque avaient adopté le terme romain de persona. C’est ce mêm
527
, les docteurs de l’Église grecque avaient adopté
le
terme romain de persona. C’est ce même terme qui va servir aux premie
528
e l’Église grecque avaient adopté le terme romain
de
persona. C’est ce même terme qui va servir aux premiers philosophes c
529
vir aux premiers philosophes chrétiens à désigner
la
réalité de l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme, lui aus
530
miers philosophes chrétiens à désigner la réalité
de
l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme, lui aussi, se trou
531
rs philosophes chrétiens à désigner la réalité de
l’
homme dans un monde christianisé. Car cet homme, lui aussi, se trouve
532
uve être à la fois autonome et en relation. Ainsi
le
mot avec son sens nouveau, et la réalité sociale de la personne, sont
533
relation. Ainsi le mot avec son sens nouveau, et
la
réalité sociale de la personne, sont bel et bien des créations chréti
534
mot avec son sens nouveau, et la réalité sociale
de
la personne, sont bel et bien des créations chrétiennes ou, pour mieu
535
t avec son sens nouveau, et la réalité sociale de
la
personne, sont bel et bien des créations chrétiennes ou, pour mieux d
536
ns chrétiennes ou, pour mieux dire, des créations
de
l’Église chrétienne. Voici donc définis par leurs origines, et dans l
537
chrétiennes ou, pour mieux dire, des créations de
l’
Église chrétienne. Voici donc définis par leurs origines, et dans leur
538
r leurs origines, et dans leur genèse historique,
les
maîtres mots de notre conception occidentale de l’homme : l’individu
539
et dans leur genèse historique, les maîtres mots
de
notre conception occidentale de l’homme : l’individu et la personne.
540
les maîtres mots de notre conception occidentale
de
l’homme : l’individu et la personne. Et vous voyez que la distinction
541
s maîtres mots de notre conception occidentale de
l’
homme : l’individu et la personne. Et vous voyez que la distinction en
542
mots de notre conception occidentale de l’homme :
l’
individu et la personne. Et vous voyez que la distinction entre ces de
543
conception occidentale de l’homme : l’individu et
la
personne. Et vous voyez que la distinction entre ces deux vocables si
544
me : l’individu et la personne. Et vous voyez que
la
distinction entre ces deux vocables si courants, loin d’être une quer
545
inction entre ces deux vocables si courants, loin
d’
être une querelle byzantine, ne traduit rien de moins, dans les débuts
546
in d’être une querelle byzantine, ne traduit rien
de
moins, dans les débuts, que la distinction entre l’homme naturel et l
547
uerelle byzantine, ne traduit rien de moins, dans
les
débuts, que la distinction entre l’homme naturel et l’homme chrétien.
548
e, ne traduit rien de moins, dans les débuts, que
la
distinction entre l’homme naturel et l’homme chrétien. Ces bases étan
549
moins, dans les débuts, que la distinction entre
l’
homme naturel et l’homme chrétien. Ces bases étant posées, faisons dan
550
buts, que la distinction entre l’homme naturel et
l’
homme chrétien. Ces bases étant posées, faisons dans nos pensées un pe
551
nt posées, faisons dans nos pensées un petit saut
de
quelques siècles, pour retomber tout à la fois dans l’époque de la Ré
552
elques siècles, pour retomber tout à la fois dans
l’
époque de la Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Ég
553
ècles, pour retomber tout à la fois dans l’époque
de
la Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Église prim
554
es, pour retomber tout à la fois dans l’époque de
la
Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Église primiti
555
à la fois dans l’époque de la Réformation et dans
le
sujet précis qui nous occupe. L’Église primitive a repris peu à peu l
556
ormation et dans le sujet précis qui nous occupe.
L’
Église primitive a repris peu à peu l’héritage de l’Empire romain. Ell
557
ous occupe. L’Église primitive a repris peu à peu
l’
héritage de l’Empire romain. Elle s’est peu à peu substituée aux cadre
558
L’Église primitive a repris peu à peu l’héritage
de
l’Empire romain. Elle s’est peu à peu substituée aux cadres sclérosés
559
Église primitive a repris peu à peu l’héritage de
l’
Empire romain. Elle s’est peu à peu substituée aux cadres sclérosés du
560
substituée aux cadres sclérosés du vieux régime.
La
capitale de l’Empire d’Occident, ses hiérarchies, sa centralisation,
561
aux cadres sclérosés du vieux régime. La capitale
de
l’Empire d’Occident, ses hiérarchies, sa centralisation, sa structure
562
cadres sclérosés du vieux régime. La capitale de
l’
Empire d’Occident, ses hiérarchies, sa centralisation, sa structure un
563
clérosés du vieux régime. La capitale de l’Empire
d’
Occident, ses hiérarchies, sa centralisation, sa structure unitaire, e
564
mes liturgiques, tout cela fait partie intégrante
de
la chrétienté médiévale. Or, cette collusion peut-être inévitable de
565
liturgiques, tout cela fait partie intégrante de
la
chrétienté médiévale. Or, cette collusion peut-être inévitable de l’É
566
diévale. Or, cette collusion peut-être inévitable
de
l’Église et de l’Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge,
567
vale. Or, cette collusion peut-être inévitable de
l’
Église et de l’Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une
568
tte collusion peut-être inévitable de l’Église et
de
l’Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une sorte de co
569
collusion peut-être inévitable de l’Église et de
l’
Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une sorte de commu
570
rel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une sorte
de
communauté sacrée, de société sacrale d’allure collectiviste. Il fall
571
ong du Moyen Âge, une sorte de communauté sacrée,
de
société sacrale d’allure collectiviste. Il fallait le prévoir. En eff
572
ne sorte de communauté sacrée, de société sacrale
d’
allure collectiviste. Il fallait le prévoir. En effet, la personne chr
573
ociété sacrale d’allure collectiviste. Il fallait
le
prévoir. En effet, la personne chrétienne était une sorte de paradoxe
574
e collectiviste. Il fallait le prévoir. En effet,
la
personne chrétienne était une sorte de paradoxe : elle unissait l’ind
575
En effet, la personne chrétienne était une sorte
de
paradoxe : elle unissait l’individu libre et la persona ou fonction s
576
ienne était une sorte de paradoxe : elle unissait
l’
individu libre et la persona ou fonction sociale, dans un composé orig
577
e de paradoxe : elle unissait l’individu libre et
la
persona ou fonction sociale, dans un composé original dominé par la f
578
tion sociale, dans un composé original dominé par
la
foi. Si la foi venait à disparaître ou à s’altérer, la communauté fon
579
e, dans un composé original dominé par la foi. Si
la
foi venait à disparaître ou à s’altérer, la communauté fondée sur la
580
i. Si la foi venait à disparaître ou à s’altérer,
la
communauté fondée sur la personne courait le danger d’une double dévi
581
paraître ou à s’altérer, la communauté fondée sur
la
personne courait le danger d’une double déviation : d’une part vers l
582
rer, la communauté fondée sur la personne courait
le
danger d’une double déviation : d’une part vers l’individualisme, d’a
583
mmunauté fondée sur la personne courait le danger
d’
une double déviation : d’une part vers l’individualisme, d’autre part
584
e danger d’une double déviation : d’une part vers
l’
individualisme, d’autre part vers le collectivisme. C’est à cette seco
585
une part vers l’individualisme, d’autre part vers
le
collectivisme. C’est à cette seconde déviation que succomba la sociét
586
sme. C’est à cette seconde déviation que succomba
la
société au Moyen Âge. « L’homme médiéval, écrit Burckhardt, ne se con
587
déviation que succomba la société au Moyen Âge. «
L’
homme médiéval, écrit Burckhardt, ne se connaissait plus que comme rac
588
forme générale et collective. » C’est-à-dire que
la
collusion de l’Église et du pouvoir politique tendait à opprimer la l
589
le et collective. » C’est-à-dire que la collusion
de
l’Église et du pouvoir politique tendait à opprimer la liberté de la
590
et collective. » C’est-à-dire que la collusion de
l’
Église et du pouvoir politique tendait à opprimer la liberté de la per
591
Église et du pouvoir politique tendait à opprimer
la
liberté de la personne, en absorbant celle-ci de plus en plus dans de
592
u pouvoir politique tendait à opprimer la liberté
de
la personne, en absorbant celle-ci de plus en plus dans des engagemen
593
ouvoir politique tendait à opprimer la liberté de
la
personne, en absorbant celle-ci de plus en plus dans des engagements
594
de nouveau comme sacrés. Or, toutes les fois que
l’
élément sacré reparaît dans une société et tend à s’imposer par la for
595
reparaît dans une société et tend à s’imposer par
la
force, comme ce fut le cas dès le xiie siècle, on se retrouve dans u
596
té et tend à s’imposer par la force, comme ce fut
le
cas dès le xiie siècle, on se retrouve dans une situation quelque pe
597
à s’imposer par la force, comme ce fut le cas dès
le
xiie siècle, on se retrouve dans une situation quelque peu analogue
598
situation quelque peu analogue à celle des débuts
de
la Grèce, en ce sens qu’une révolte de l’individu ne tarde pas à se m
599
uation quelque peu analogue à celle des débuts de
la
Grèce, en ce sens qu’une révolte de l’individu ne tarde pas à se mani
600
des débuts de la Grèce, en ce sens qu’une révolte
de
l’individu ne tarde pas à se manifester. Cette révolte, c’est la Rena
601
débuts de la Grèce, en ce sens qu’une révolte de
l’
individu ne tarde pas à se manifester. Cette révolte, c’est la Renaiss
602
e tarde pas à se manifester. Cette révolte, c’est
la
Renaissance. Elle apparaît d’abord en Italie, un siècle au moins avan
603
araît d’abord en Italie, un siècle au moins avant
la
Réforme. Et l’on peut la caractériser par quelques traits qui rappell
604
n Italie, un siècle au moins avant la Réforme. Et
l’
on peut la caractériser par quelques traits qui rappelleront ma descri
605
un siècle au moins avant la Réforme. Et l’on peut
la
caractériser par quelques traits qui rappelleront ma description de l
606
r quelques traits qui rappelleront ma description
de
la Grèce individualiste. L’individu de la Renaissance est d’abord un
607
uelques traits qui rappelleront ma description de
la
Grèce individualiste. L’individu de la Renaissance est d’abord un rév
608
leront ma description de la Grèce individualiste.
L’
individu de la Renaissance est d’abord un révolté qui oppose ses besoi
609
escription de la Grèce individualiste. L’individu
de
la Renaissance est d’abord un révolté qui oppose ses besoins propres
610
ription de la Grèce individualiste. L’individu de
la
Renaissance est d’abord un révolté qui oppose ses besoins propres aux
611
qui oppose ses besoins propres aux dogmes sacrés
de
la collectivité. Il revendique le droit de discuter, c’est-à-dire le
612
i oppose ses besoins propres aux dogmes sacrés de
la
collectivité. Il revendique le droit de discuter, c’est-à-dire le lib
613
x dogmes sacrés de la collectivité. Il revendique
le
droit de discuter, c’est-à-dire le libre examen de toutes choses. Il
614
sacrés de la collectivité. Il revendique le droit
de
discuter, c’est-à-dire le libre examen de toutes choses. Il est assoi
615
Il revendique le droit de discuter, c’est-à-dire
le
libre examen de toutes choses. Il est assoiffé de gloire et de riches
616
e droit de discuter, c’est-à-dire le libre examen
de
toutes choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre
617
le libre examen de toutes choses. Il est assoiffé
de
gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse,
618
en de toutes choses. Il est assoiffé de gloire et
de
richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse, fussent-elle
619
choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse,
de
sa propre gloire, et de sa propre richesse, fussent-elles acquises au
620
de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et
de
sa propre richesse, fussent-elles acquises aux dépens de sa famille e
621
ussent-elles acquises aux dépens de sa famille et
de
sa cité, aux dépens même de la vie d’autrui. Un grand nombre de crime
622
pens de sa famille et de sa cité, aux dépens même
de
la vie d’autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Itali
623
s de sa famille et de sa cité, aux dépens même de
la
vie d’autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Italie d
624
famille et de sa cité, aux dépens même de la vie
d’
autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Italie du xve
625
x dépens même de la vie d’autrui. Un grand nombre
de
crimes furent commis dans l’Italie du xve siècle à seule fin d’acqué
626
rui. Un grand nombre de crimes furent commis dans
l’
Italie du xve siècle à seule fin d’acquérir de la renommée. Et les pi
627
t commis dans l’Italie du xve siècle à seule fin
d’
acquérir de la renommée. Et les pirates siciliens, fondateurs du capit
628
ns l’Italie du xve siècle à seule fin d’acquérir
de
la renommée. Et les pirates siciliens, fondateurs du capitalisme comm
629
l’Italie du xve siècle à seule fin d’acquérir de
la
renommée. Et les pirates siciliens, fondateurs du capitalisme commerc
630
siècle à seule fin d’acquérir de la renommée. Et
les
pirates siciliens, fondateurs du capitalisme commercial, sont souvent
631
cial, sont souvent cités comme les premiers types
d’
individus au sens moderne. Nous retrouvons ici cette liaison mystérieu
632
us retrouvons ici cette liaison mystérieuse entre
la
naissance de l’individu et le crime social. Enfin l’individu de la Re
633
ici cette liaison mystérieuse entre la naissance
de
l’individu et le crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se
634
i cette liaison mystérieuse entre la naissance de
l’
individu et le crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se liv
635
n mystérieuse entre la naissance de l’individu et
le
crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se livre à une activ
636
naissance de l’individu et le crime social. Enfin
l’
individu de la Renaissance se livre à une activité toute nouvelle : l’
637
e l’individu et le crime social. Enfin l’individu
de
la Renaissance se livre à une activité toute nouvelle : l’expérimenta
638
’individu et le crime social. Enfin l’individu de
la
Renaissance se livre à une activité toute nouvelle : l’expérimentatio
639
aissance se livre à une activité toute nouvelle :
l’
expérimentation scientifique libre. Tout cela relève d’une seule et mê
640
érimentation scientifique libre. Tout cela relève
d’
une seule et même volonté : celle de profaner le sacré collectif et se
641
t cela relève d’une seule et même volonté : celle
de
profaner le sacré collectif et ses tabous, afin de s’affirmer libre e
642
e d’une seule et même volonté : celle de profaner
le
sacré collectif et ses tabous, afin de s’affirmer libre et sans respo
643
firmer libre et sans responsabilité par rapport à
la
société. Qu’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif de gloire
644
sabilité par rapport à la société. Qu’il s’agisse
de
libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expé
645
ort à la société. Qu’il s’agisse de libre examen,
de
crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles qu
646
ciété. Qu’il s’agisse de libre examen, de crimes,
de
soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles que la dissec
647
u’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif
de
gloire et de richesses, ou d’expériences telles que la dissection du
648
de libre examen, de crimes, de soif de gloire et
de
richesses, ou d’expériences telles que la dissection du corps humain,
649
de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou
d’
expériences telles que la dissection du corps humain, c’est toujours u
650
oire et de richesses, ou d’expériences telles que
la
dissection du corps humain, c’est toujours une profanation que l’on o
651
corps humain, c’est toujours une profanation que
l’
on opère. Du moins ces gestes sont-ils ressentis comme tels à cette ép
652
vident qu’il représente une réaction inévitable à
la
déviation romaine de la communauté catholique5. Entre ces deux déviat
653
te une réaction inévitable à la déviation romaine
de
la communauté catholique5. Entre ces deux déviations, contre l’oppres
654
une réaction inévitable à la déviation romaine de
la
communauté catholique5. Entre ces deux déviations, contre l’oppressio
655
té catholique5. Entre ces deux déviations, contre
l’
oppression collective et contre la révolte de l’individu, ce qui va se
656
iations, contre l’oppression collective et contre
la
révolte de l’individu, ce qui va se dresser pour proclamer les droits
657
ntre l’oppression collective et contre la révolte
de
l’individu, ce qui va se dresser pour proclamer les droits et les dev
658
e l’oppression collective et contre la révolte de
l’
individu, ce qui va se dresser pour proclamer les droits et les devoir
659
e l’individu, ce qui va se dresser pour proclamer
les
droits et les devoirs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. N
660
ce qui va se dresser pour proclamer les droits et
les
devoirs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons a
661
dresser pour proclamer les droits et les devoirs
de
la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur même
662
esser pour proclamer les droits et les devoirs de
la
personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur même du
663
et les devoirs de la personne chrétienne — c’est
la
Réforme. Nous touchons au cœur même du sujet. Qu’on m’entende bien :
664
n m’entende bien : je ne prétends pas annexer ici
la
Réforme à la cause personnaliste. Bien au contraire : je vais essayer
665
ien : je ne prétends pas annexer ici la Réforme à
la
cause personnaliste. Bien au contraire : je vais essayer de vous mont
666
ersonnaliste. Bien au contraire : je vais essayer
de
vous montrer ce que pourrait et devrait être un personnalisme inspiré
667
pourrait et devrait être un personnalisme inspiré
de
la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé de la personne en soi. Ils n
668
rrait et devrait être un personnalisme inspiré de
la
Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé de la personne en soi. Ils n’on
669
spiré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé
de
la personne en soi. Ils n’ont pas fait une théorie personnaliste, ils
670
ré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé de
la
personne en soi. Ils n’ont pas fait une théorie personnaliste, ils ne
671
naliste, ils ne paraissent même pas avoir entrevu
la
possibilité ou l’intérêt d’un tel problème. Mais ils ne parlent pas n
672
raissent même pas avoir entrevu la possibilité ou
l’
intérêt d’un tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus de l’indiv
673
ême pas avoir entrevu la possibilité ou l’intérêt
d’
un tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus de l’individu ou de
674
un tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus
de
l’individu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités qu
675
tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus de
l’
individu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités que d
676
Mais ils ne parlent pas non plus de l’individu ou
de
la collectivité, et cependant toutes les réalités que désignent ces t
677
s ils ne parlent pas non plus de l’individu ou de
la
collectivité, et cependant toutes les réalités que désignent ces term
678
dividu ou de la collectivité, et cependant toutes
les
réalités que désignent ces termes sont présentes, et sont en conflit
679
t ces termes sont présentes, et sont en conflit à
l’
époque de la Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but uni
680
mes sont présentes, et sont en conflit à l’époque
de
la Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but unique des r
681
sont présentes, et sont en conflit à l’époque de
la
Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but unique des réfo
682
ont en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons
de
les dégager sommairement. Le but unique des réformateurs était de res
683
en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de
les
dégager sommairement. Le but unique des réformateurs était de restaur
684
la Réforme. Essayons de les dégager sommairement.
Le
but unique des réformateurs était de restaurer la fidélité de l’Églis
685
ommairement. Le but unique des réformateurs était
de
restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’o
686
Le but unique des réformateurs était de restaurer
la
fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’êt
687
e des réformateurs était de restaurer la fidélité
de
l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés
688
es réformateurs était de restaurer la fidélité de
l’
Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés co
689
eurs était de restaurer la fidélité de l’Église à
la
Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés comme des nov
690
de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole
de
Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés comme des novateurs. «
691
glise à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis
d’
être présentés comme des novateurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit
692
teurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit Calvin,
de
ne pas mettre nos opinions personnelles à la place de l’exposition si
693
as mettre nos opinions personnelles à la place de
l’
exposition simple et fidèle de la pure Parole de Dieu. » Du point de v
694
elles à la place de l’exposition simple et fidèle
de
la pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je
695
es à la place de l’exposition simple et fidèle de
la
pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je dir
696
e l’exposition simple et fidèle de la pure Parole
de
Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’œuvre
697
point de vue qui nous intéresse ici, je dirai que
l’
œuvre de Calvin a consisté essentiellement à restaurer la doctrine de
698
vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’œuvre
de
Calvin a consisté essentiellement à restaurer la doctrine de l’Église
699
de Calvin a consisté essentiellement à restaurer
la
doctrine de l’Église, de même qu’elle a consisté accidentellement, da
700
consisté essentiellement à restaurer la doctrine
de
l’Église, de même qu’elle a consisté accidentellement, dans le plan p
701
nsisté essentiellement à restaurer la doctrine de
l’
Église, de même qu’elle a consisté accidentellement, dans le plan poli
702
de même qu’elle a consisté accidentellement, dans
le
plan politique, à combattre sur deux fronts : d’une part contre l’abs
703
, à combattre sur deux fronts : d’une part contre
l’
absolutisme du pouvoir, d’autre part contre l’anarchisme. L’absolutism
704
tre l’absolutisme du pouvoir, d’autre part contre
l’
anarchisme. L’absolutisme, c’était le vice du Moyen Âge, confondant l’
705
sme du pouvoir, d’autre part contre l’anarchisme.
L’
absolutisme, c’était le vice du Moyen Âge, confondant l’autorité spiri
706
part contre l’anarchisme. L’absolutisme, c’était
le
vice du Moyen Âge, confondant l’autorité spirituelle et le pouvoir te
707
lutisme, c’était le vice du Moyen Âge, confondant
l’
autorité spirituelle et le pouvoir temporel. L’anarchisme, c’était la
708
u Moyen Âge, confondant l’autorité spirituelle et
le
pouvoir temporel. L’anarchisme, c’était la révolte de la Renaissance,
709
nt l’autorité spirituelle et le pouvoir temporel.
L’
anarchisme, c’était la révolte de la Renaissance, et les sectes d’illu
710
lle et le pouvoir temporel. L’anarchisme, c’était
la
révolte de la Renaissance, et les sectes d’illuminés, c’est-à-dire l’
711
ouvoir temporel. L’anarchisme, c’était la révolte
de
la Renaissance, et les sectes d’illuminés, c’est-à-dire l’individuali
712
oir temporel. L’anarchisme, c’était la révolte de
la
Renaissance, et les sectes d’illuminés, c’est-à-dire l’individualisme
713
rchisme, c’était la révolte de la Renaissance, et
les
sectes d’illuminés, c’est-à-dire l’individualisme social et religieux
714
était la révolte de la Renaissance, et les sectes
d’
illuminés, c’est-à-dire l’individualisme social et religieux. Calvin c
715
aissance, et les sectes d’illuminés, c’est-à-dire
l’
individualisme social et religieux. Calvin combat les deux tendances n
716
individualisme social et religieux. Calvin combat
les
deux tendances non point pour des raisons politiques, mais pour sauve
717
int pour des raisons politiques, mais pour sauver
l’
Église véritable, car, écrit-il, « si personne n’allait au-devant pour
718
it au-devant pour rembarrer ces deux vices, toute
la
pureté de la foi serait confuse. » L’Église primitive était une commu
719
nt pour rembarrer ces deux vices, toute la pureté
de
la foi serait confuse. » L’Église primitive était une communauté spir
720
pour rembarrer ces deux vices, toute la pureté de
la
foi serait confuse. » L’Église primitive était une communauté spiritu
721
ices, toute la pureté de la foi serait confuse. »
L’
Église primitive était une communauté spirituelle de personnes, d’homm
722
Église primitive était une communauté spirituelle
de
personnes, d’hommes nouveaux, à la fois libres et engagés, constituan
723
ve était une communauté spirituelle de personnes,
d’
hommes nouveaux, à la fois libres et engagés, constituant une multitud
724
fois libres et engagés, constituant une multitude
de
communautés locales. Telles seront à nouveau les Églises réformées. P
725
e de communautés locales. Telles seront à nouveau
les
Églises réformées. Point de centralisation, point de capitale, point
726
les seront à nouveau les Églises réformées. Point
de
centralisation, point de capitale, point d’unification formelle et fo
727
Églises réformées. Point de centralisation, point
de
capitale, point d’unification formelle et forcée. Dès le début, la Ré
728
Point de centralisation, point de capitale, point
d’
unification formelle et forcée. Dès le début, la Réforme considère com
729
tale, point d’unification formelle et forcée. Dès
le
début, la Réforme considère comme normales les diversités organiques.
730
t d’unification formelle et forcée. Dès le début,
la
Réforme considère comme normales les diversités organiques. Par exemp
731
Dès le début, la Réforme considère comme normales
les
diversités organiques. Par exemple, Calvin n’a jamais prétendu unifie
732
. Par exemple, Calvin n’a jamais prétendu unifier
les
constitutions ecclésiastiques des villes où il avait une autorité imm
733
ait une autorité immédiate, Strasbourg et Genève.
Le
problème ne se pose même pas. Les Églises locales s’organiseront en f
734
bourg et Genève. Le problème ne se pose même pas.
Les
Églises locales s’organiseront en fédérations, délégueront des député
735
ont des députés à des synodes, et il n’y aura pas
de
pape pour unifier temporellement toutes ces cellules vivantes, autono
736
Elles ont leur véritable unité en Christ, et dans
la
communion des saints. Ici-bas, l’Église une et sainte, l’Una Sancta,
737
Christ, et dans la communion des saints. Ici-bas,
l’
Église une et sainte, l’Una Sancta, le Corps de Christ, nous apparaît,
738
nion des saints. Ici-bas, l’Église une et sainte,
l’
Una Sancta, le Corps de Christ, nous apparaît, selon les propres terme
739
s. Ici-bas, l’Église une et sainte, l’Una Sancta,
le
Corps de Christ, nous apparaît, selon les propres termes de Calvin, d
740
s, l’Église une et sainte, l’Una Sancta, le Corps
de
Christ, nous apparaît, selon les propres termes de Calvin, dans la di
741
Sancta, le Corps de Christ, nous apparaît, selon
les
propres termes de Calvin, dans la diversité « des Églises et ses pers
742
e Christ, nous apparaît, selon les propres termes
de
Calvin, dans la diversité « des Églises et ses personnes particulière
743
pparaît, selon les propres termes de Calvin, dans
la
diversité « des Églises et ses personnes particulières ». Car non seu
744
vocations. Avec ce terme, Calvin n’ajoute rien à
la
réalité de l’homme chrétien, du membre de l’Église, mais il apporte u
745
Avec ce terme, Calvin n’ajoute rien à la réalité
de
l’homme chrétien, du membre de l’Église, mais il apporte une précisio
746
ec ce terme, Calvin n’ajoute rien à la réalité de
l’
homme chrétien, du membre de l’Église, mais il apporte une précision c
747
rien à la réalité de l’homme chrétien, du membre
de
l’Église, mais il apporte une précision capitale à la définition de l
748
en à la réalité de l’homme chrétien, du membre de
l’
Église, mais il apporte une précision capitale à la définition de la p
749
’Église, mais il apporte une précision capitale à
la
définition de la personne. À tel point que je dirais volontiers que l
750
il apporte une précision capitale à la définition
de
la personne. À tel point que je dirais volontiers que la définition p
751
apporte une précision capitale à la définition de
la
personne. À tel point que je dirais volontiers que la définition prot
752
ersonne. À tel point que je dirais volontiers que
la
définition protestante de la personne, c’est la vocation. La persona
753
e dirais volontiers que la définition protestante
de
la personne, c’est la vocation. La persona romaine, c’était le rôle j
754
irais volontiers que la définition protestante de
la
personne, c’est la vocation. La persona romaine, c’était le rôle joué
755
e la définition protestante de la personne, c’est
la
vocation. La persona romaine, c’était le rôle joué par un individu da
756
on protestante de la personne, c’est la vocation.
La
persona romaine, c’était le rôle joué par un individu dans le plan de
757
e, c’est la vocation. La persona romaine, c’était
le
rôle joué par un individu dans le plan de l’État. La personne chrétie
758
omaine, c’était le rôle joué par un individu dans
le
plan de l’État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attr
759
c’était le rôle joué par un individu dans le plan
de
l’État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à c
760
tait le rôle joué par un individu dans le plan de
l’
État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à chaq
761
rôle joué par un individu dans le plan de l’État.
La
personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à chaque homme
762
e plan de l’État. La personne chrétienne, ce sera
le
rôle que Dieu attribue à chaque homme dans Son plan. Notez bien que n
763
dans Son plan. Notez bien que nous retrouvons ici
le
paradoxe essentiel de la personne : à la fois libre et engagée, disti
764
ien que nous retrouvons ici le paradoxe essentiel
de
la personne : à la fois libre et engagée, distincte et reliée à nouve
765
que nous retrouvons ici le paradoxe essentiel de
la
personne : à la fois libre et engagée, distincte et reliée à nouveau.
766
re et engagée, distincte et reliée à nouveau. Car
le
rôle que Dieu attribue à un homme distingue cet homme, l’isole, mais
767
que Dieu attribue à un homme distingue cet homme,
l’
isole, mais en même temps le remet en communication avec son prochain.
768
distingue cet homme, l’isole, mais en même temps
le
remet en communication avec son prochain. Ainsi la dignité de chaque
769
e remet en communication avec son prochain. Ainsi
la
dignité de chaque individu est garantie non pas du seul fait qu’il ex
770
communication avec son prochain. Ainsi la dignité
de
chaque individu est garantie non pas du seul fait qu’il existe physiq
771
fait qu’il peut incarner une volonté particulière
de
Dieu. Et dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit d’être respec
772
de Dieu. Et dès lors, cet homme n’a pas seulement
le
droit d’être respecté par l’État, il a surtout le devoir d’agir, en t
773
Et dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit
d’
être respecté par l’État, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il
774
me n’a pas seulement le droit d’être respecté par
l’
État, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il est chargé d’une re
775
le droit d’être respecté par l’État, il a surtout
le
devoir d’agir, en tant qu’il est chargé d’une responsabilité unique d
776
’être respecté par l’État, il a surtout le devoir
d’
agir, en tant qu’il est chargé d’une responsabilité unique dans la soc
777
urtout le devoir d’agir, en tant qu’il est chargé
d’
une responsabilité unique dans la société, à sa juste place. Notons qu
778
qu’il est chargé d’une responsabilité unique dans
la
société, à sa juste place. Notons que si la personne doit être respec
779
dans la société, à sa juste place. Notons que si
la
personne doit être respectée par l’État, ce n’est pas en vertu d’on n
780
Notons que si la personne doit être respectée par
l’
État, ce n’est pas en vertu d’on ne sait quel « droit naturel » à la d
781
as en vertu d’on ne sait quel « droit naturel » à
la
désobéissance ! Calvin précise que l’État, quel qu’il soit, doit être
782
naturel » à la désobéissance ! Calvin précise que
l’
État, quel qu’il soit, doit être obéi par chacun. Mais il ajoute une r
783
riction mémorable, qui figure en particulier dans
le
serment des pasteurs de Genève, et dont l’actualité vous frappera cer
784
igure en particulier dans le serment des pasteurs
de
Genève, et dont l’actualité vous frappera certainement. « Je promets,
785
r dans le serment des pasteurs de Genève, et dont
l’
actualité vous frappera certainement. « Je promets, dit le pasteur, de
786
ité vous frappera certainement. « Je promets, dit
le
pasteur, de servir la Seigneurie et le peuple de telle manière que pa
787
ppera certainement. « Je promets, dit le pasteur,
de
servir la Seigneurie et le peuple de telle manière que par cela je ne
788
ainement. « Je promets, dit le pasteur, de servir
la
Seigneurie et le peuple de telle manière que par cela je ne sois null
789
omets, dit le pasteur, de servir la Seigneurie et
le
peuple de telle manière que par cela je ne sois nullement empêché de
790
le pasteur, de servir la Seigneurie et le peuple
de
telle manière que par cela je ne sois nullement empêché de rendre à D
791
manière que par cela je ne sois nullement empêché
de
rendre à Dieu le service que je lui dois par ma vocation. » C’est à m
792
ela je ne sois nullement empêché de rendre à Dieu
le
service que je lui dois par ma vocation. » C’est à ma connaissance le
793
i dois par ma vocation. » C’est à ma connaissance
le
seul texte constitutionnel existant, qui puisse être qualifié de pers
794
onstitutionnel existant, qui puisse être qualifié
de
personnaliste, au sens précis où je l’entends. Diversité des Églises,
795
e qualifié de personnaliste, au sens précis où je
l’
entends. Diversité des Églises, fédération de ces diversités, multipli
796
ù je l’entends. Diversité des Églises, fédération
de
ces diversités, multiplicité des vocations personnelles : tout cela,
797
té des vocations personnelles : tout cela, Calvin
l’
a voulu dans un plan strictement ecclésiastique, c’est vrai. Mais il é
798
ai. Mais il était inévitable et juste que ce type
de
relations influençât peu à peu toutes les autres relations humaines,
799
ce type de relations influençât peu à peu toutes
les
autres relations humaines, et en particulier les relations politiques
800
les autres relations humaines, et en particulier
les
relations politiques. Toute l’histoire de l’Europe serait à refaire à
801
et en particulier les relations politiques. Toute
l’
histoire de l’Europe serait à refaire à partir de cette constatation :
802
culier les relations politiques. Toute l’histoire
de
l’Europe serait à refaire à partir de cette constatation : que les fo
803
ier les relations politiques. Toute l’histoire de
l’
Europe serait à refaire à partir de cette constatation : que les forme
804
it à refaire à partir de cette constatation : que
les
formes et structures des Églises ont toujours précédé, et ont en quel
805
ujours précédé, et ont en quelque sorte contaminé
les
formes et structures politiques. Nous en verrons quelques exemples un
806
elques exemples un peu plus loin. Quelle fut donc
la
traduction politique de la doctrine calvinienne de l’Église et des vo
807
lus loin. Quelle fut donc la traduction politique
de
la doctrine calvinienne de l’Église et des vocations personnelles ? J
808
loin. Quelle fut donc la traduction politique de
la
doctrine calvinienne de l’Église et des vocations personnelles ? Je n
809
a traduction politique de la doctrine calvinienne
de
l’Église et des vocations personnelles ? Je n’hésite pas à le dire :
810
raduction politique de la doctrine calvinienne de
l’
Église et des vocations personnelles ? Je n’hésite pas à le dire : c’e
811
et des vocations personnelles ? Je n’hésite pas à
le
dire : c’est le fédéralisme. Cette thèse pourra paraître un peu forcé
812
personnelles ? Je n’hésite pas à le dire : c’est
le
fédéralisme. Cette thèse pourra paraître un peu forcée à certains his
813
uleux. Mais elle devient presque évidente dès que
l’
on réfléchit aux deux questions suivantes : quels furent les régimes q
814
échit aux deux questions suivantes : quels furent
les
régimes qui persécutèrent la Réforme ? Et quelle fut l’action histori
815
ntes : quels furent les régimes qui persécutèrent
la
Réforme ? Et quelle fut l’action historique des hommes d’État de la R
816
imes qui persécutèrent la Réforme ? Et quelle fut
l’
action historique des hommes d’État de la Réforme calviniste ? Partou
817
quelle fut l’action historique des hommes d’État
de
la Réforme calviniste ? Partout, et dès le début, l’obstacle princip
818
elle fut l’action historique des hommes d’État de
la
Réforme calviniste ? Partout, et dès le début, l’obstacle principal
819
’État de la Réforme calviniste ? Partout, et dès
le
début, l’obstacle principal à la Réforme, ce fut l’absolutisme, la pa
820
a Réforme calviniste ? Partout, et dès le début,
l’
obstacle principal à la Réforme, ce fut l’absolutisme, la passion unit
821
Partout, et dès le début, l’obstacle principal à
la
Réforme, ce fut l’absolutisme, la passion unitaire et centralisatrice
822
début, l’obstacle principal à la Réforme, ce fut
l’
absolutisme, la passion unitaire et centralisatrice, tant chez les pap
823
cle principal à la Réforme, ce fut l’absolutisme,
la
passion unitaire et centralisatrice, tant chez les papes que chez les
824
la passion unitaire et centralisatrice, tant chez
les
papes que chez les princes. Et partout, les chefs protestants quand i
825
et centralisatrice, tant chez les papes que chez
les
princes. Et partout, les chefs protestants quand ils le purent, propo
826
chez les papes que chez les princes. Et partout,
les
chefs protestants quand ils le purent, proposèrent au contraire des p
827
nces. Et partout, les chefs protestants quand ils
le
purent, proposèrent au contraire des plans d’allure et d’intention ne
828
ils le purent, proposèrent au contraire des plans
d’
allure et d’intention nettement fédéralistes. L’absolutisme, la collus
829
t, proposèrent au contraire des plans d’allure et
d’
intention nettement fédéralistes. L’absolutisme, la collusion des pouv
830
s d’allure et d’intention nettement fédéralistes.
L’
absolutisme, la collusion des pouvoirs politiques et spirituels, nous
831
’intention nettement fédéralistes. L’absolutisme,
la
collusion des pouvoirs politiques et spirituels, nous les trouvons ch
832
usion des pouvoirs politiques et spirituels, nous
les
trouvons chez un Charles-Quint, chez un Philippe II d’Espagne, et en
833
chez un Philippe II d’Espagne, et en France dans
le
parti des Guise, dans la Ligue. Plus tard, c’est ce même esprit qui o
834
pagne, et en France dans le parti des Guise, dans
la
Ligue. Plus tard, c’est ce même esprit qui obtiendra que Louis XIV ré
835
e même esprit qui obtiendra que Louis XIV révoque
l’
édit de Nantes, au nom du mot d’ordre unitaire : une foi, une loi, un
836
t d’ordre unitaire : une foi, une loi, un roi. Et
l’
on célébrera « la France toute catholique sous le règne de Louis le Gr
837
e : une foi, une loi, un roi. Et l’on célébrera «
la
France toute catholique sous le règne de Louis le Grand », c’est-à-di
838
l’on célébrera « la France toute catholique sous
le
règne de Louis le Grand », c’est-à-dire la France « mise au pas » par
839
ébrera « la France toute catholique sous le règne
de
Louis le Grand », c’est-à-dire la France « mise au pas » par l’homme
840
e sous le règne de Louis le Grand », c’est-à-dire
la
France « mise au pas » par l’homme qui dit : « l’État, c’est moi » ;
841
and », c’est-à-dire la France « mise au pas » par
l’
homme qui dit : « l’État, c’est moi » ; la France synchronisée, centra
842
la France « mise au pas » par l’homme qui dit : «
l’
État, c’est moi » ; la France synchronisée, centralisée, déjà presque
843
s » par l’homme qui dit : « l’État, c’est moi » ;
la
France synchronisée, centralisée, déjà presque totalitaire, et vidée
844
, centralisée, déjà presque totalitaire, et vidée
de
ses meilleures forces créatrices. Mais dès que le parti protestant re
845
de ses meilleures forces créatrices. Mais dès que
le
parti protestant relève la tête, en tous pays, nous le voyons adopter
846
éatrices. Mais dès que le parti protestant relève
la
tête, en tous pays, nous le voyons adopter une politique toute différ
847
rti protestant relève la tête, en tous pays, nous
le
voyons adopter une politique toute différente. Il ne tombe jamais dan
848
litique toute différente. Il ne tombe jamais dans
le
piège d’opposer à l’absolutisme romain un absolutisme réformé. Au con
849
oute différente. Il ne tombe jamais dans le piège
d’
opposer à l’absolutisme romain un absolutisme réformé. Au contraire. Q
850
nte. Il ne tombe jamais dans le piège d’opposer à
l’
absolutisme romain un absolutisme réformé. Au contraire. Qu’il s’agiss
851
absolutisme réformé. Au contraire. Qu’il s’agisse
de
la Transylvanie convertie au calvinisme et qui devient l’âme de la ré
852
olutisme réformé. Au contraire. Qu’il s’agisse de
la
Transylvanie convertie au calvinisme et qui devient l’âme de la résis
853
ansylvanie convertie au calvinisme et qui devient
l’
âme de la résistance au centralisme des Habsbourg, qu’il s’agisse des
854
anie convertie au calvinisme et qui devient l’âme
de
la résistance au centralisme des Habsbourg, qu’il s’agisse des Provin
855
e convertie au calvinisme et qui devient l’âme de
la
résistance au centralisme des Habsbourg, qu’il s’agisse des Provinces
856
ies des Pays-Bas ; qu’il s’agisse des fédérations
de
défense constituées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que d’u
857
agisse des fédérations de défense constituées par
les
huguenots ; ou de nos jours, bien que d’une manière plus vague, des É
858
ons de défense constituées par les huguenots ; ou
de
nos jours, bien que d’une manière plus vague, des États-Unis d’Amériq
859
ées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que
d’
une manière plus vague, des États-Unis d’Amérique et de l’Empire angla
860
manière plus vague, des États-Unis d’Amérique et
de
l’Empire anglais avec ses libres Dominions, — partout l’on voit les p
861
nière plus vague, des États-Unis d’Amérique et de
l’
Empire anglais avec ses libres Dominions, — partout l’on voit les prot
862
pire anglais avec ses libres Dominions, — partout
l’
on voit les protestants revendiquer et appliquer un système politique
863
is avec ses libres Dominions, — partout l’on voit
les
protestants revendiquer et appliquer un système politique souple et v
864
ectueux des diversités, c’est-à-dire fédéraliste.
Les
synodes réformés de France, vers la fin du xvie siècle, préconisèren
865
s, c’est-à-dire fédéraliste. Les synodes réformés
de
France, vers la fin du xvie siècle, préconisèrent à plusieurs repris
866
fédéraliste. Les synodes réformés de France, vers
la
fin du xvie siècle, préconisèrent à plusieurs reprises des projets d
867
e, préconisèrent à plusieurs reprises des projets
d’
organisation fédérative du Royaume, comportant une large autonomie des
868
me, comportant une large autonomie des communes à
la
base, et au sommet, le contrôle du pouvoir royal par un organe plus o
869
e autonomie des communes à la base, et au sommet,
le
contrôle du pouvoir royal par un organe plus ou moins inspiré du stat
870
spiré du stathoudérat hollandais. Et n’est-ce pas
le
huguenot Sully qui, le premier, sous Henry IV, conçut le « Grand Dess
871
enot Sully qui, le premier, sous Henry IV, conçut
le
« Grand Dessein » d’une fédération européenne ? Certes, les historien
872
emier, sous Henry IV, conçut le « Grand Dessein »
d’
une fédération européenne ? Certes, les historiens attribuent à ces fa
873
d Dessein » d’une fédération européenne ? Certes,
les
historiens attribuent à ces faits des causes politiques précises. Ils
874
ts des causes politiques précises. Ils disent que
la
Réforme a triomphé surtout dans les petits États qui éprouveraient le
875
Ils disent que la Réforme a triomphé surtout dans
les
petits États qui éprouveraient le besoin de se fédérer contre l’Empir
876
é surtout dans les petits États qui éprouveraient
le
besoin de se fédérer contre l’Empire et contre Rome, et cela se vérif
877
dans les petits États qui éprouveraient le besoin
de
se fédérer contre l’Empire et contre Rome, et cela se vérifie souvent
878
qui éprouveraient le besoin de se fédérer contre
l’
Empire et contre Rome, et cela se vérifie souvent au xvie siècle. Mai
879
ie souvent au xvie siècle. Mais je maintiens que
la
cause profonde de la tendance fédéraliste protestante jusqu’à nos jou
880
siècle. Mais je maintiens que la cause profonde
de
la tendance fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ordre pr
881
iècle. Mais je maintiens que la cause profonde de
la
tendance fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ordre propr
882
ce fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est
d’
ordre proprement spirituel. C’est bien le même état d’esprit qui expli
883
urs, est d’ordre proprement spirituel. C’est bien
le
même état d’esprit qui explique à la fois le respect des diversités e
884
bien le même état d’esprit qui explique à la fois
le
respect des diversités en politique, et le respect des personnes dans
885
a fois le respect des diversités en politique, et
le
respect des personnes dans la vie privée. L’un entraîne l’autre, l’un
886
és en politique, et le respect des personnes dans
la
vie privée. L’un entraîne l’autre, l’un ne va pas sans l’autre. Nous
887
’autre, l’un ne va pas sans l’autre. Nous pouvons
le
vérifier d’une autre manière encore. Qui dit respect des personnes, d
888
ne va pas sans l’autre. Nous pouvons le vérifier
d’
une autre manière encore. Qui dit respect des personnes, dit préoccupa
889
Qui dit respect des personnes, dit préoccupation
de
les éduquer. Et vous savez que les problèmes d’éducation furent dès l
890
i dit respect des personnes, dit préoccupation de
les
éduquer. Et vous savez que les problèmes d’éducation furent dès le dé
891
t préoccupation de les éduquer. Et vous savez que
les
problèmes d’éducation furent dès le début le grand souci des réformés
892
n de les éduquer. Et vous savez que les problèmes
d’
éducation furent dès le début le grand souci des réformés. Calvin fond
893
us savez que les problèmes d’éducation furent dès
le
début le grand souci des réformés. Calvin fonde le Collège de Genève
894
que les problèmes d’éducation furent dès le début
le
grand souci des réformés. Calvin fonde le Collège de Genève en pleine
895
e début le grand souci des réformés. Calvin fonde
le
Collège de Genève en pleine période de guerre, dans une ville assiégé
896
grand souci des réformés. Calvin fonde le Collège
de
Genève en pleine période de guerre, dans une ville assiégée. Par cont
897
lvin fonde le Collège de Genève en pleine période
de
guerre, dans une ville assiégée. Par contre, on sait que les jésuites
898
dans une ville assiégée. Par contre, on sait que
les
jésuites, triomphant dans les pays absolutistes, ne passent point pou
899
contre, on sait que les jésuites, triomphant dans
les
pays absolutistes, ne passent point pour avoir favorisé très sérieuse
900
ssent point pour avoir favorisé très sérieusement
le
libre développement des vocations chez leurs élèves… Mais je m’en vou
901
ocations chez leurs élèves… Mais je m’en voudrais
d’
insister sur cet exemple qui me ferait la part trop belle. Contentons-
902
voudrais d’insister sur cet exemple qui me ferait
la
part trop belle. Contentons-nous de le poser comme un repère. Ce que
903
qui me ferait la part trop belle. Contentons-nous
de
le poser comme un repère. Ce que je voulais dégager, c’est que la doc
904
me ferait la part trop belle. Contentons-nous de
le
poser comme un repère. Ce que je voulais dégager, c’est que la doctri
905
e un repère. Ce que je voulais dégager, c’est que
la
doctrine réformée prédispose les peuples protestants à comprendre et
906
égager, c’est que la doctrine réformée prédispose
les
peuples protestants à comprendre et à soutenir les régimes fédéralist
907
es peuples protestants à comprendre et à soutenir
les
régimes fédéralistes. L’homme ne vaut rien par lui-même, dit Calvin,
908
omprendre et à soutenir les régimes fédéralistes.
L’
homme ne vaut rien par lui-même, dit Calvin, mais il vaut plus que tou
909
dit Calvin, mais il vaut plus que tout, plus que
l’
État lui-même, dans certains cas, par le fait de sa vocation. C’est à
910
plus que l’État lui-même, dans certains cas, par
le
fait de sa vocation. C’est à cause de sa vocation qu’il est à la fois
911
e l’État lui-même, dans certains cas, par le fait
de
sa vocation. C’est à cause de sa vocation qu’il est à la fois libre e
912
gagé, autonome et pourtant responsable au sein de
la
communauté. Ainsi le citoyen calviniste, qui vit profondément et quot
913
rtant responsable au sein de la communauté. Ainsi
le
citoyen calviniste, qui vit profondément et quotidiennement cette doc
914
doctrine peut-il comprendre mieux que tout autre
le
paradoxe politique du fédéralisme : la liberté de chacun dans une act
915
tout autre le paradoxe politique du fédéralisme :
la
liberté de chacun dans une action commune, l’équilibre vivant des ton
916
le paradoxe politique du fédéralisme : la liberté
de
chacun dans une action commune, l’équilibre vivant des tons complémen
917
e : la liberté de chacun dans une action commune,
l’
équilibre vivant des tons complémentaires, l’union dans la diversité.
918
une, l’équilibre vivant des tons complémentaires,
l’
union dans la diversité. Maintenant que voici définies, ou plutôt illu
919
bre vivant des tons complémentaires, l’union dans
la
diversité. Maintenant que voici définies, ou plutôt illustrées d’exem
920
intenant que voici définies, ou plutôt illustrées
d’
exemples historiques, certaines notions fondamentales telles que l’ind
921
iques, certaines notions fondamentales telles que
l’
individu et la personne, abordons notre siècle et l’histoire présente.
922
es notions fondamentales telles que l’individu et
la
personne, abordons notre siècle et l’histoire présente. Car en défini
923
individu et la personne, abordons notre siècle et
l’
histoire présente. Car en définitive, c’est de cela qu’il s’agit. L’hi
924
et l’histoire présente. Car en définitive, c’est
de
cela qu’il s’agit. L’histoire n’est jamais qu’un tremplin pour mieux
925
e. Car en définitive, c’est de cela qu’il s’agit.
L’
histoire n’est jamais qu’un tremplin pour mieux sauter en plein cœur d
926
is qu’un tremplin pour mieux sauter en plein cœur
de
l’actuel. Comment situer dans l’Europe d’aujourd’hui les positions ci
927
qu’un tremplin pour mieux sauter en plein cœur de
l’
actuel. Comment situer dans l’Europe d’aujourd’hui les positions civiq
928
er en plein cœur de l’actuel. Comment situer dans
l’
Europe d’aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale
929
in cœur de l’actuel. Comment situer dans l’Europe
d’
aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale ? Calvin
930
ctuel. Comment situer dans l’Europe d’aujourd’hui
les
positions civiques de la Réforme et sa morale ? Calvin, vous le savez
931
ans l’Europe d’aujourd’hui les positions civiques
de
la Réforme et sa morale ? Calvin, vous le savez, ne s’est jamais préo
932
l’Europe d’aujourd’hui les positions civiques de
la
Réforme et sa morale ? Calvin, vous le savez, ne s’est jamais préoccu
933
iviques de la Réforme et sa morale ? Calvin, vous
le
savez, ne s’est jamais préoccupé de la forme des gouvernements. Il in
934
Calvin, vous le savez, ne s’est jamais préoccupé
de
la forme des gouvernements. Il insiste à maintes reprises sur le fait
935
lvin, vous le savez, ne s’est jamais préoccupé de
la
forme des gouvernements. Il insiste à maintes reprises sur le fait qu
936
gouvernements. Il insiste à maintes reprises sur
le
fait que monarchies, oligarchies et républiques sont également voulue
937
oligarchies et républiques sont également voulues
de
Dieu et doivent être obéies comme telles. Une fois cependant il marqu
938
Une fois cependant il marque une préférence, mais
de
l’ordre le plus général. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état d
939
fois cependant il marque une préférence, mais de
l’
ordre le plus général. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état de g
940
pendant il marque une préférence, mais de l’ordre
le
plus général. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état de gouvernem
941
’ordre le plus général. C’est lorsqu’il écrit : «
Le
meilleur état de gouvernement est celui-là où il y a une liberté bien
942
néral. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état
de
gouvernement est celui-là où il y a une liberté bien tempérée et pour
943
érée et pour durer longuement. » Il me semble que
le
spectacle de l’Europe contemporaine donne raison au réformateur. Et j
944
durer longuement. » Il me semble que le spectacle
de
l’Europe contemporaine donne raison au réformateur. Et je ne crois pa
945
er longuement. » Il me semble que le spectacle de
l’
Europe contemporaine donne raison au réformateur. Et je ne crois pas ê
946
nsée en y ajoutant cette précision : ce n’est pas
la
forme d’un État qui compte, mais bien la condition qu’il ménage à l’É
947
ajoutant cette précision : ce n’est pas la forme
d’
un État qui compte, mais bien la condition qu’il ménage à l’Église, et
948
’est pas la forme d’un État qui compte, mais bien
la
condition qu’il ménage à l’Église, et l’idée de l’homme qu’il suppose
949
qui compte, mais bien la condition qu’il ménage à
l’
Église, et l’idée de l’homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce
950
ais bien la condition qu’il ménage à l’Église, et
l’
idée de l’homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point
951
n la condition qu’il ménage à l’Église, et l’idée
de
l’homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point de vue
952
a condition qu’il ménage à l’Église, et l’idée de
l’
homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point de vue :
953
nous plaçant à ce double point de vue : condition
de
l’Église et conception de l’homme, que nous pourrons le mieux départa
954
s plaçant à ce double point de vue : condition de
l’
Église et conception de l’homme, que nous pourrons le mieux départager
955
oint de vue : condition de l’Église et conception
de
l’homme, que nous pourrons le mieux départager les deux groupes de ré
956
t de vue : condition de l’Église et conception de
l’
homme, que nous pourrons le mieux départager les deux groupes de régim
957
glise et conception de l’homme, que nous pourrons
le
mieux départager les deux groupes de régimes qui s’affrontent aujourd
958
de l’homme, que nous pourrons le mieux départager
les
deux groupes de régimes qui s’affrontent aujourd’hui. Le premier grou
959
ous pourrons le mieux départager les deux groupes
de
régimes qui s’affrontent aujourd’hui. Le premier groupe est celui des
960
emier groupe est celui des nations qui respectent
l’
Église et la personne. Nous y trouvons des formes de gouvernement auss
961
est celui des nations qui respectent l’Église et
la
personne. Nous y trouvons des formes de gouvernement aussi disparates
962
Église et la personne. Nous y trouvons des formes
de
gouvernement aussi disparates que possible : d’abord les cinq monarch
963
vernement aussi disparates que possible : d’abord
les
cinq monarchies protestantes du Nord : Scandinavie, Pays-Bas, Anglete
964
u Nord : Scandinavie, Pays-Bas, Angleterre ; puis
l’
unique monarchie catholique, celle des Belges ; les quatre monarchies
965
l’unique monarchie catholique, celle des Belges ;
les
quatre monarchies orthodoxes des Balkans ; trois républiques démocrat
966
kans ; trois républiques démocratiques seulement,
la
Suisse, la Finlande et la France ; et enfin trois semi-dictatures : P
967
s républiques démocratiques seulement, la Suisse,
la
Finlande et la France ; et enfin trois semi-dictatures : Pologne, Hon
968
émocratiques seulement, la Suisse, la Finlande et
la
France ; et enfin trois semi-dictatures : Pologne, Hongrie et Portuga
969
és6.) En face de ce groupement hétérogène quant à
la
forme, sinon quant à l’esprit, se dresse le bloc des trois États tota
970
pement hétérogène quant à la forme, sinon quant à
l’
esprit, se dresse le bloc des trois États totalitaires — que menace de
971
ant à la forme, sinon quant à l’esprit, se dresse
le
bloc des trois États totalitaires — que menace de rejoindre l’Espagne
972
le bloc des trois États totalitaires — que menace
de
rejoindre l’Espagne. Laissons de côté les différences politiques que
973
rois États totalitaires — que menace de rejoindre
l’
Espagne. Laissons de côté les différences politiques que l’on pourrait
974
res — que menace de rejoindre l’Espagne. Laissons
de
côté les différences politiques que l’on pourrait marquer entre ces t
975
e menace de rejoindre l’Espagne. Laissons de côté
les
différences politiques que l’on pourrait marquer entre ces trois État
976
. Laissons de côté les différences politiques que
l’
on pourrait marquer entre ces trois États : d’abord parce que ce n’est
977
sujet, ensuite parce que ces différences, qui ne
le
voit, s’atténuent d’année en année7. Ce qu’il nous importe de soulign
978
que ces différences, qui ne le voit, s’atténuent
d’
année en année7. Ce qu’il nous importe de souligner ici, ce sont deux
979
tténuent d’année en année7. Ce qu’il nous importe
de
souligner ici, ce sont deux traits évidemment communs à ces régimes :
980
istianisme dès qu’ils sont assez forts pour lever
le
masque, et leur mépris de la personne. Voici, à mon avis, les causes
981
assez forts pour lever le masque, et leur mépris
de
la personne. Voici, à mon avis, les causes de ces deux phénomènes. En
982
sez forts pour lever le masque, et leur mépris de
la
personne. Voici, à mon avis, les causes de ces deux phénomènes. En Ru
983
et leur mépris de la personne. Voici, à mon avis,
les
causes de ces deux phénomènes. En Russie, en Allemagne, à Rome et en
984
ris de la personne. Voici, à mon avis, les causes
de
ces deux phénomènes. En Russie, en Allemagne, à Rome et en Espagne, l
985
s. En Russie, en Allemagne, à Rome et en Espagne,
la
distinction entre l’Église et l’État n’avait jamais été établie d’une
986
magne, à Rome et en Espagne, la distinction entre
l’
Église et l’État n’avait jamais été établie d’une manière satisfaisant
987
e et en Espagne, la distinction entre l’Église et
l’
État n’avait jamais été établie d’une manière satisfaisante. Le tsar p
988
tre l’Église et l’État n’avait jamais été établie
d’
une manière satisfaisante. Le tsar par exemple, était à la fois chef d
989
t jamais été établie d’une manière satisfaisante.
Le
tsar par exemple, était à la fois chef de l’État et chef de l’Église
990
r exemple, était à la fois chef de l’État et chef
de
l’Église : c’est ce qu’on nomme le césaropapisme. D’autre part, ses d
991
xemple, était à la fois chef de l’État et chef de
l’
Église : c’est ce qu’on nomme le césaropapisme. D’autre part, ses déci
992
l’État et chef de l’Église : c’est ce qu’on nomme
le
césaropapisme. D’autre part, ses décisions politiques étaient forteme
993
ions politiques étaient fortement influencées par
le
clergé : c’est ce qu’on nomme la théocratie. Les trois autres pays qu
994
influencées par le clergé : c’est ce qu’on nomme
la
théocratie. Les trois autres pays que je viens de nommer souffraient,
995
r le clergé : c’est ce qu’on nomme la théocratie.
Les
trois autres pays que je viens de nommer souffraient, eux aussi, à de
996
rés divers, et pour mille raisons très complexes,
de
l’un ou de l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le t
997
et pour mille raisons très complexes, de l’un ou
de
l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le temporel n’y
998
lle raisons très complexes, de l’un ou de l’autre
de
ces maux. La coupure entre le spirituel et le temporel n’y était pas
999
rès complexes, de l’un ou de l’autre de ces maux.
La
coupure entre le spirituel et le temporel n’y était pas faite au bon
1000
l’un ou de l’autre de ces maux. La coupure entre
le
spirituel et le temporel n’y était pas faite au bon endroit, ou mal f
1001
tre de ces maux. La coupure entre le spirituel et
le
temporel n’y était pas faite au bon endroit, ou mal faite, ou pas fai
1002
aite, ou pas faite du tout. Il en résultait, dans
le
peuple, le sentiment que l’État et l’Église formaient un tout et cons
1003
s faite du tout. Il en résultait, dans le peuple,
le
sentiment que l’État et l’Église formaient un tout et constituaient à
1004
Il en résultait, dans le peuple, le sentiment que
l’
État et l’Église formaient un tout et constituaient à eux deux le Pouv
1005
ltait, dans le peuple, le sentiment que l’État et
l’
Église formaient un tout et constituaient à eux deux le Pouvoir. Renve
1006
ise formaient un tout et constituaient à eux deux
le
Pouvoir. Renverser l’un, c’était donc fatalement s’attaquer à l’autre
1007
c’était donc fatalement s’attaquer à l’autre. Et
le
chef de la révolution triomphante dans chacun de ces pays, se trouvai
1008
donc fatalement s’attaquer à l’autre. Et le chef
de
la révolution triomphante dans chacun de ces pays, se trouvait comme
1009
nc fatalement s’attaquer à l’autre. Et le chef de
la
révolution triomphante dans chacun de ces pays, se trouvait comme con
1010
le chef de la révolution triomphante dans chacun
de
ces pays, se trouvait comme contraint par le sentiment général de rep
1011
acun de ces pays, se trouvait comme contraint par
le
sentiment général de reprendre à son compte à la fois l’autorité d’un
1012
trouvait comme contraint par le sentiment général
de
reprendre à son compte à la fois l’autorité d’un chef d’Église et le
1013
iment général de reprendre à son compte à la fois
l’
autorité d’un chef d’Église et le pouvoir d’un chef d’État. Chacun sai
1014
al de reprendre à son compte à la fois l’autorité
d’
un chef d’Église et le pouvoir d’un chef d’État. Chacun sait qu’une Ré
1015
endre à son compte à la fois l’autorité d’un chef
d’
Église et le pouvoir d’un chef d’État. Chacun sait qu’une Révolution c
1016
compte à la fois l’autorité d’un chef d’Église et
le
pouvoir d’un chef d’État. Chacun sait qu’une Révolution copie toujour
1017
fois l’autorité d’un chef d’Église et le pouvoir
d’
un chef d’État. Chacun sait qu’une Révolution copie toujours inconscie
1018
t qu’une Révolution copie toujours inconsciemment
la
structure du pouvoir qu’elle vient de renverser. Ainsi les jacobins s
1019
ture du pouvoir qu’elle vient de renverser. Ainsi
les
jacobins se firent centralistes comme les rois. Ainsi encore Staline
1020
. Ainsi les jacobins se firent centralistes comme
les
rois. Ainsi encore Staline et Hitler se firent césaropapistes comme l
1021
Staline et Hitler se firent césaropapistes comme
les
régimes qu’ils venaient d’abattre, et même beaucoup plus rigoureuseme
1022
césaropapistes comme les régimes qu’ils venaient
d’
abattre, et même beaucoup plus rigoureusement, car la religion dont il
1023
battre, et même beaucoup plus rigoureusement, car
la
religion dont ils étaient les chefs était une religion de guerre, pos
1024
rigoureusement, car la religion dont ils étaient
les
chefs était une religion de guerre, possédant toute la virulence des
1025
ion dont ils étaient les chefs était une religion
de
guerre, possédant toute la virulence des corps chimiques à l’état nai
1026
efs était une religion de guerre, possédant toute
la
virulence des corps chimiques à l’état naissant. D’autre part, l’inst
1027
ossédant toute la virulence des corps chimiques à
l’
état naissant. D’autre part, l’instauration de ces régimes tyranniques
1028
corps chimiques à l’état naissant. D’autre part,
l’
instauration de ces régimes tyranniques fut largement facilitée, et mê
1029
s à l’état naissant. D’autre part, l’instauration
de
ces régimes tyranniques fut largement facilitée, et même appelée, par
1030
ues fut largement facilitée, et même appelée, par
l’
absence dans tous ces pays d’élites civiques conscientes de leur missi
1031
et même appelée, par l’absence dans tous ces pays
d’
élites civiques conscientes de leur mission. Dans un essai publié en 1
1032
dans tous ces pays d’élites civiques conscientes
de
leur mission. Dans un essai publié en 1928, et intitulé l’Espagne inv
1033
ission. Dans un essai publié en 1928, et intitulé
l’
Espagne invertébrée, le grand écrivain espagnol Ortega y Gasset n’hési
1034
ublié en 1928, et intitulé l’Espagne invertébrée,
le
grand écrivain espagnol Ortega y Gasset n’hésite pas à comparer sous
1035
y Gasset n’hésite pas à comparer sous ce rapport
l’
Espagne et la Russie. « Fort différentes sur beaucoup de points, écrit
1036
ésite pas à comparer sous ce rapport l’Espagne et
la
Russie. « Fort différentes sur beaucoup de points, écrit-il, elles of
1037
beaucoup de points, écrit-il, elles offrent ceci
de
commun qu’elles souffrent toutes les deux d’un manque évident et perm
1038
offrent ceci de commun qu’elles souffrent toutes
les
deux d’un manque évident et permanent d’individualités marquantes, …
1039
ceci de commun qu’elles souffrent toutes les deux
d’
un manque évident et permanent d’individualités marquantes, … de perso
1040
toutes les deux d’un manque évident et permanent
d’
individualités marquantes, … de personnalités autonomes. » Et de la so
1041
ident et permanent d’individualités marquantes, …
de
personnalités autonomes. » Et de la sorte, Ortega laisse entendre que
1042
és marquantes, … de personnalités autonomes. » Et
de
la sorte, Ortega laisse entendre que le destin de ces pays, du fait d
1043
marquantes, … de personnalités autonomes. » Et de
la
sorte, Ortega laisse entendre que le destin de ces pays, du fait de c
1044
mes. » Et de la sorte, Ortega laisse entendre que
le
destin de ces pays, du fait de ce qu’il nomme « l’absence des meilleu
1045
de la sorte, Ortega laisse entendre que le destin
de
ces pays, du fait de ce qu’il nomme « l’absence des meilleurs », ne s
1046
aisse entendre que le destin de ces pays, du fait
de
ce qu’il nomme « l’absence des meilleurs », ne saurait être que l’abs
1047
e destin de ces pays, du fait de ce qu’il nomme «
l’
absence des meilleurs », ne saurait être que l’absolutisme. Or, si nou
1048
« l’absence des meilleurs », ne saurait être que
l’
absolutisme. Or, si nous nous rappelons que le calvinisme a toujours m
1049
que l’absolutisme. Or, si nous nous rappelons que
le
calvinisme a toujours maintenu avec rigueur la distinction entre l’Ég
1050
ue le calvinisme a toujours maintenu avec rigueur
la
distinction entre l’Église et l’État, et que d’autre part il a toujou
1051
ujours maintenu avec rigueur la distinction entre
l’
Église et l’État, et que d’autre part il a toujours favorisé le dévelo
1052
enu avec rigueur la distinction entre l’Église et
l’
État, et que d’autre part il a toujours favorisé le développement de l
1053
’État, et que d’autre part il a toujours favorisé
le
développement de la personne et donc la formation d’élites civiques a
1054
utre part il a toujours favorisé le développement
de
la personne et donc la formation d’élites civiques actives, on compre
1055
e part il a toujours favorisé le développement de
la
personne et donc la formation d’élites civiques actives, on comprendr
1056
favorisé le développement de la personne et donc
la
formation d’élites civiques actives, on comprendra sans peine le fait
1057
développement de la personne et donc la formation
d’
élites civiques actives, on comprendra sans peine le fait suivant qui,
1058
élites civiques actives, on comprendra sans peine
le
fait suivant qui, à ma connaissance, n’a jamais été signalé : c’est q
1059
jamais été signalé : c’est qu’il existe une forme
de
totalitarisme correspondant à la Russie orthodoxe, une autre correspo
1060
existe une forme de totalitarisme correspondant à
la
Russie orthodoxe, une autre correspondant à l’Allemagne luthérienne,
1061
à la Russie orthodoxe, une autre correspondant à
l’
Allemagne luthérienne, et deux autres correspondant à l’Italie et à l’
1062
magne luthérienne, et deux autres correspondant à
l’
Italie et à l’Espagne catholiques, alors qu’il n’en existe point qui s
1063
nne, et deux autres correspondant à l’Italie et à
l’
Espagne catholiques, alors qu’il n’en existe point qui se doit dévelop
1064
éléments calvinistes, même laïcisés, comme c’est
le
cas de la France sous la Troisième République8. Cela ne signifie pas,
1065
ts calvinistes, même laïcisés, comme c’est le cas
de
la France sous la Troisième République8. Cela ne signifie pas, bien e
1066
calvinistes, même laïcisés, comme c’est le cas de
la
France sous la Troisième République8. Cela ne signifie pas, bien ente
1067
ublique8. Cela ne signifie pas, bien entendu, que
le
calvinisme ne puisse dévier lui aussi, et soit sans défauts. Mais cel
1068
ns n’entraînent pas cette conséquence-là. Lorsque
la
religion orthodoxe grecque, par exemple, disparaît en tant qu’Église
1069
isparaît en tant qu’Église vivante, il reste dans
le
pays une empreinte césaropapiste, d’où l’État totalitaire. Mais lorsq
1070
l reste dans le pays une empreinte césaropapiste,
d’
où l’État totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse d’être une foi
1071
te dans le pays une empreinte césaropapiste, d’où
l’
État totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse d’être une foi viva
1072
aropapiste, d’où l’État totalitaire. Mais lorsque
le
calvinisme cesse d’être une foi vivante, il laisse derrière lui une e
1073
tat totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse
d’
être une foi vivante, il laisse derrière lui une empreinte tout à fait
1074
une empreinte tout à fait différente : une forme
d’
individualisme. Nous aurons l’occasion d’y revenir tout à l’heure. Car
1075
férente : une forme d’individualisme. Nous aurons
l’
occasion d’y revenir tout à l’heure. Car, en effet, une opposition aus
1076
ne forme d’individualisme. Nous aurons l’occasion
d’
y revenir tout à l’heure. Car, en effet, une opposition aussi radicale
1077
alisme. Nous aurons l’occasion d’y revenir tout à
l’
heure. Car, en effet, une opposition aussi radicale et aussi exacte en
1078
e opposition aussi radicale et aussi exacte entre
la
mentalité totalitaire et la mentalité calviniste, va nous permettre u
1079
et aussi exacte entre la mentalité totalitaire et
la
mentalité calviniste, va nous permettre une confrontation utile des d
1080
simplement intéressante. Je ne fais pas ici, vous
le
sentez bien, une description désintéressée et académique de divers ré
1081
bien, une description désintéressée et académique
de
divers régimes également soutenables dans l’abstrait. Je considère l’
1082
ique de divers régimes également soutenables dans
l’
abstrait. Je considère l’esprit totalitaire comme une menace terrible
1083
alement soutenables dans l’abstrait. Je considère
l’
esprit totalitaire comme une menace terrible pour notre civilisation e
1084
r nos Églises. Je considère que nous n’avons plus
le
droit de l’étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes, co
1085
ises. Je considère que nous n’avons plus le droit
de
l’étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes, comme certa
1086
s. Je considère que nous n’avons plus le droit de
l’
étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes, comme certains
1087
ns qui se demandent encore, par exemple, s’il est
de
gauche ou de droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en chrét
1088
andent encore, par exemple, s’il est de gauche ou
de
droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en chrétiens que nous
1089
ndre, dans cette guerre qui nous est déclarée. Or
le
meilleur, le seul moyen de se défendre — surtout quand il s’agit des
1090
tte guerre qui nous est déclarée. Or le meilleur,
le
seul moyen de se défendre — surtout quand il s’agit des choses de l’e
1091
nous est déclarée. Or le meilleur, le seul moyen
de
se défendre — surtout quand il s’agit des choses de l’esprit — c’est
1092
se défendre — surtout quand il s’agit des choses
de
l’esprit — c’est de connaître l’adversaire afin de reconnaître et de
1093
défendre — surtout quand il s’agit des choses de
l’
esprit — c’est de connaître l’adversaire afin de reconnaître et de tue
1094
ut quand il s’agit des choses de l’esprit — c’est
de
connaître l’adversaire afin de reconnaître et de tuer les plus secrèt
1095
’agit des choses de l’esprit — c’est de connaître
l’
adversaire afin de reconnaître et de tuer les plus secrètes complicité
1096
de connaître l’adversaire afin de reconnaître et
de
tuer les plus secrètes complicités qu’il a su ménager dans nos cœurs.
1097
aître l’adversaire afin de reconnaître et de tuer
les
plus secrètes complicités qu’il a su ménager dans nos cœurs. Connaîtr
1098
ités qu’il a su ménager dans nos cœurs. Connaître
la
religion totalitaire, c’est la première condition pour éviter chez no
1099
t qu’il en est temps, des déviations qui feraient
le
jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fasciste, c’est déf
1100
en est temps, des déviations qui feraient le jeu
de
l’ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fasciste, c’est définir du
1101
est temps, des déviations qui feraient le jeu de
l’
ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fasciste, c’est définir du mê
1102
ations qui feraient le jeu de l’ennemi. Connaître
la
doctrine de l’homme fasciste, c’est définir du même coup certains dan
1103
eraient le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine
de
l’homme fasciste, c’est définir du même coup certains dangers qui men
1104
ient le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine de
l’
homme fasciste, c’est définir du même coup certains dangers qui menace
1105
s dangers qui menacent en permanence notre morale
de
la personne. Je vais le montrer par deux exemples dont j’essaierai de
1106
angers qui menacent en permanence notre morale de
la
personne. Je vais le montrer par deux exemples dont j’essaierai de ti
1107
n permanence notre morale de la personne. Je vais
le
montrer par deux exemples dont j’essaierai de tirer des conclusions p
1108
ais le montrer par deux exemples dont j’essaierai
de
tirer des conclusions pratiques. Quelle est la condition faite à l’Ég
1109
ai de tirer des conclusions pratiques. Quelle est
la
condition faite à l’Église dans les pays totalitaires ? Cette premièr
1110
usions pratiques. Quelle est la condition faite à
l’
Église dans les pays totalitaires ? Cette première question est capita
1111
es. Quelle est la condition faite à l’Église dans
les
pays totalitaires ? Cette première question est capitale. Car la poli
1112
aires ? Cette première question est capitale. Car
la
politique d’un régime est toujours étroitement dépendante de l’attitu
1113
première question est capitale. Car la politique
d’
un régime est toujours étroitement dépendante de l’attitude qu’il pren
1114
e d’un régime est toujours étroitement dépendante
de
l’attitude qu’il prend vis-à-vis de l’Église et du fait religieux en
1115
’un régime est toujours étroitement dépendante de
l’
attitude qu’il prend vis-à-vis de l’Église et du fait religieux en gén
1116
dépendante de l’attitude qu’il prend vis-à-vis de
l’
Église et du fait religieux en général. Un régime est totalitaire lors
1117
e lorsqu’il prétend centraliser radicalement tous
les
pouvoirs temporels et toute l’autorité spirituelle9. Il se transforme
1118
radicalement tous les pouvoirs temporels et toute
l’
autorité spirituelle9. Il se transforme alors en une religion politiqu
1119
ne religion politique, ou encore en une politique
d’
allure religieuse. Et cela d’autant plus que la religion qu’il adopte
1120
ore en une politique d’allure religieuse. Et cela
d’
autant plus que la religion qu’il adopte est, comme dans le cas des fa
1121
ue d’allure religieuse. Et cela d’autant plus que
la
religion qu’il adopte est, comme dans le cas des fascismes et du comm
1122
plus que la religion qu’il adopte est, comme dans
le
cas des fascismes et du communisme, une religion de l’ici-bas sans tr
1123
cas des fascismes et du communisme, une religion
de
l’ici-bas sans transcendance, une religion dont les buts purement ter
1124
s des fascismes et du communisme, une religion de
l’
ici-bas sans transcendance, une religion dont les buts purement terres
1125
e l’ici-bas sans transcendance, une religion dont
les
buts purement terrestres ne divergent plus du tout des buts de la pol
1126
ent terrestres ne divergent plus du tout des buts
de
la politique, se confondent même avec ceux-ci. Alors il n’y a plus d
1127
terrestres ne divergent plus du tout des buts de
la
politique, se confondent même avec ceux-ci. Alors il n’y a plus de r
1128
onfondent même avec ceux-ci. Alors il n’y a plus
de
recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut
1129
ec ceux-ci. Alors il n’y a plus de recours, plus
de
pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut pas en appeler à
1130
n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer :
la
communauté spirituelle ne peut pas en appeler à une instance supérieu
1131
e peut pas en appeler à une instance supérieure à
l’
État, puisque c’est lui qui l’a créée pour ses seules fins, et qu’il n
1132
stance supérieure à l’État, puisque c’est lui qui
l’
a créée pour ses seules fins, et qu’il n’existe rien au-delà. Pour déf
1133
des catégories que nous définissions en débutant.
La
religion politique, ou la politique religieuse totalitaire, a créé le
1134
finissions en débutant. La religion politique, ou
la
politique religieuse totalitaire, a créé le type même d’une communaut
1135
e, ou la politique religieuse totalitaire, a créé
le
type même d’une communauté régressive, c’est-à-dire d’une communauté
1136
tique religieuse totalitaire, a créé le type même
d’
une communauté régressive, c’est-à-dire d’une communauté fondée sur le
1137
pe même d’une communauté régressive, c’est-à-dire
d’
une communauté fondée sur le passé : le sang, la race, la tradition, l
1138
ressive, c’est-à-dire d’une communauté fondée sur
le
passé : le sang, la race, la tradition, les morts. Voilà pourquoi ell
1139
est-à-dire d’une communauté fondée sur le passé :
le
sang, la race, la tradition, les morts. Voilà pourquoi elle est intol
1140
e d’une communauté fondée sur le passé : le sang,
la
race, la tradition, les morts. Voilà pourquoi elle est intolérante au
1141
ommunauté fondée sur le passé : le sang, la race,
la
tradition, les morts. Voilà pourquoi elle est intolérante au suprême
1142
ée sur le passé : le sang, la race, la tradition,
les
morts. Voilà pourquoi elle est intolérante au suprême degré, et plus
1143
olérante : on ne peut même pas s’y convertir ! Si
l’
on n’a pas les mêmes origines, on ne pourra jamais y entrer — si l’on
1144
ne peut même pas s’y convertir ! Si l’on n’a pas
les
mêmes origines, on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’est pas de s
1145
mêmes origines, on ne pourra jamais y entrer — si
l’
on n’est pas de sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet p
1146
on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’est pas
de
sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet pas que « les ch
1147
ar exemple — car cette religion n’admet pas que «
les
choses vieilles sont passées » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’ad
1148
as que « les choses vieilles sont passées » selon
la
parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion spirituelle, à par
1149
es choses vieilles sont passées » selon la parole
de
l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion spirituelle, à partir de laq
1150
choses vieilles sont passées » selon la parole de
l’
Apôtre. Elle n’admet pas la conversion spirituelle, à partir de laquel
1151
s » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas
la
conversion spirituelle, à partir de laquelle il n’y a plus ni Juifs n
1152
quels sont tes morts ? Religion du sang, religion
de
la terre et des morts, religion sanglante et mortelle, religion des c
1153
ls sont tes morts ? Religion du sang, religion de
la
terre et des morts, religion sanglante et mortelle, religion des chos
1154
des morts, des cortèges funèbres, des cérémonies
d’
imprécations, des sacrifices propitiatoires, le tam-tam des tambours l
1155
es d’imprécations, des sacrifices propitiatoires,
le
tam-tam des tambours lugubres, d’hallucinants sabbats de nègres blanc
1156
propitiatoires, le tam-tam des tambours lugubres,
d’
hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous souten
1157
tam des tambours lugubres, d’hallucinants sabbats
de
nègres blancs ! Qui oserait encore nous soutenir que ce délire représ
1158
ait encore nous soutenir que ce délire représente
l’
ordre ? Qui ne voit qu’une telle religion hait mortellement la foi chr
1159
i ne voit qu’une telle religion hait mortellement
la
foi chrétienne, tournée vers le pardon, le futur éternel, le rachat d
1160
hait mortellement la foi chrétienne, tournée vers
le
pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’origine ? À nous maint
1161
lement la foi chrétienne, tournée vers le pardon,
le
futur éternel, le rachat du péché d’origine ? À nous maintenant de re
1162
tienne, tournée vers le pardon, le futur éternel,
le
rachat du péché d’origine ? À nous maintenant de rester vigilants, ex
1163
s le pardon, le futur éternel, le rachat du péché
d’
origine ? À nous maintenant de rester vigilants, exigeants et vigilant
1164
le rachat du péché d’origine ? À nous maintenant
de
rester vigilants, exigeants et vigilants, même et surtout sur des poi
1165
urtout sur des points qui paraissent actuellement
de
peu d’importance. Par exemple : partout où l’on exalte ici, chez nous
1166
sur des points qui paraissent actuellement de peu
d’
importance. Par exemple : partout où l’on exalte ici, chez nous, la ve
1167
ent de peu d’importance. Par exemple : partout où
l’
on exalte ici, chez nous, la vertu régénératrice du sang et le culte d
1168
exemple : partout où l’on exalte ici, chez nous,
la
vertu régénératrice du sang et le culte des morts sacrés, même s’il s
1169
ici, chez nous, la vertu régénératrice du sang et
le
culte des morts sacrés, même s’il s’agit, comme c’est le cas, de méta
1170
e des morts sacrés, même s’il s’agit, comme c’est
le
cas, de métaphores anodines, d’éloquence de tir fédéral, de développe
1171
rts sacrés, même s’il s’agit, comme c’est le cas,
de
métaphores anodines, d’éloquence de tir fédéral, de développements ly
1172
agit, comme c’est le cas, de métaphores anodines,
d’
éloquence de tir fédéral, de développements lyriques sur les ossements
1173
c’est le cas, de métaphores anodines, d’éloquence
de
tir fédéral, de développements lyriques sur les ossements sacrés des
1174
métaphores anodines, d’éloquence de tir fédéral,
de
développements lyriques sur les ossements sacrés des héros suisses, s
1175
ce de tir fédéral, de développements lyriques sur
les
ossements sacrés des héros suisses, sachons reconnaître les premières
1176
uisses, sachons reconnaître les premières racines
de
quelque chose qu’il ne faut pas laisser grandir. On nous parle, avec
1177
ne faut pas laisser grandir. On nous parle, avec
les
meilleures intentions du monde, d’une défense spirituelle du pays. Et
1178
s parle, avec les meilleures intentions du monde,
d’
une défense spirituelle du pays. Et je suis le premier à l’approuver.
1179
ense spirituelle du pays. Et je suis le premier à
l’
approuver. Mais lorsqu’on fonde cette défense spirituelle sur la notio
1180
ais lorsqu’on fonde cette défense spirituelle sur
la
notion de « Suisse chrétienne », défions-nous de certains élans qui n
1181
’on fonde cette défense spirituelle sur la notion
de
« Suisse chrétienne », défions-nous de certains élans qui nous feraie
1182
la notion de « Suisse chrétienne », défions-nous
de
certains élans qui nous feraient tomber à pieds joints dans la fatale
1183
lans qui nous feraient tomber à pieds joints dans
la
fatale confusion du temporel et du spirituel. Parler d’une Suisse chr
1184
ale confusion du temporel et du spirituel. Parler
d’
une Suisse chrétienne quand beaucoup de Suisses, et des plus influents
1185
sont incroyants, cela mène tout simplement, dans
la
pratique, à l’utilisation de l’Église pour des fins politiques, c’est
1186
s, cela mène tout simplement, dans la pratique, à
l’
utilisation de l’Église pour des fins politiques, c’est-à-dire au césa
1187
out simplement, dans la pratique, à l’utilisation
de
l’Église pour des fins politiques, c’est-à-dire au césaropapisme. Si
1188
simplement, dans la pratique, à l’utilisation de
l’
Église pour des fins politiques, c’est-à-dire au césaropapisme. Si le
1189
ins politiques, c’est-à-dire au césaropapisme. Si
le
mot d’ordre « Suisse chrétienne » doit être lancé, ce ne peut être qu
1190
tienne » doit être lancé, ce ne peut être que par
les
Églises seules, et non par un parti ou par une ligue. Une « Suisse ch
1191
« Suisse chrétienne », ce serait une Suisse dont
les
citoyens seraient chrétiens, ou tout au moins accepteraient en bonne
1192
s directions chrétiennes dans leurs activités. En
l’
attendant, et en la préparant, sachons maintenir, et précisons mieux q
1193
ennes dans leurs activités. En l’attendant, et en
la
préparant, sachons maintenir, et précisons mieux que jamais la distin
1194
sachons maintenir, et précisons mieux que jamais
la
distinction strictement calviniste entre les droits de l’Église et ce
1195
amais la distinction strictement calviniste entre
les
droits de l’Église et ceux de l’État. Beaucoup de choses en dépendent
1196
stinction strictement calviniste entre les droits
de
l’Église et ceux de l’État. Beaucoup de choses en dépendent, pour l’a
1197
nction strictement calviniste entre les droits de
l’
Église et ceux de l’État. Beaucoup de choses en dépendent, pour l’aven
1198
t calviniste entre les droits de l’Église et ceux
de
l’État. Beaucoup de choses en dépendent, pour l’avenir immédiat ! Et
1199
alviniste entre les droits de l’Église et ceux de
l’
État. Beaucoup de choses en dépendent, pour l’avenir immédiat ! Et enf
1200
de l’État. Beaucoup de choses en dépendent, pour
l’
avenir immédiat ! Et enfin, sur le plan politique, essayons de compren
1201
édiat ! Et enfin, sur le plan politique, essayons
de
comprendre une bonne fois le sens spirituel de notre fédéralisme, seu
1202
politique, essayons de comprendre une bonne fois
le
sens spirituel de notre fédéralisme, seule doctrine politique existan
1203
ns de comprendre une bonne fois le sens spirituel
de
notre fédéralisme, seule doctrine politique existante qui doit radica
1204
tique existante qui doit radicalement contraire à
la
doctrine totalitaire. Le fédéralisme, ce n’est pas seulement un pour
1205
radicalement contraire à la doctrine totalitaire.
Le
fédéralisme, ce n’est pas seulement un pour tous — qui serait une dev
1206
tous pour un — qui serait individualiste — c’est
l’
équilibre vivant des deux termes. Ceux qui disent : « Centralisons tou
1207
qui disent : « chacun pour soi », prouvent ainsi
les
uns et les autres, qu’ils n’ont encore rien compris au paradoxe vivan
1208
: « chacun pour soi », prouvent ainsi les uns et
les
autres, qu’ils n’ont encore rien compris au paradoxe vivant que repré
1209
mpris au paradoxe vivant que représente en chacun
de
nous, la personne : l’homme qui sait ce qu’il doit engager tout en ga
1210
paradoxe vivant que représente en chacun de nous,
la
personne : l’homme qui sait ce qu’il doit engager tout en gardant sa
1211
t que représente en chacun de nous, la personne :
l’
homme qui sait ce qu’il doit engager tout en gardant sa liberté, l’hom
1212
ce qu’il doit engager tout en gardant sa liberté,
l’
homme autonome mais aussi solidaire. Ceci nous amène au second point :
1213
ire. Ceci nous amène au second point : quelle est
la
condition faite à la personne dans les pays totalitaires ? C’est très
1214
au second point : quelle est la condition faite à
la
personne dans les pays totalitaires ? C’est très simple. On a détruit
1215
quelle est la condition faite à la personne dans
les
pays totalitaires ? C’est très simple. On a détruit l’un des deux pôl
1216
est très simple. On a détruit l’un des deux pôles
de
la personne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout r
1217
très simple. On a détruit l’un des deux pôles de
la
personne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout rédu
1218
étruit l’un des deux pôles de la personne : celui
de
la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle :
1219
uit l’un des deux pôles de la personne : celui de
la
liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : cel
1220
eux pôles de la personne : celui de la liberté ou
de
l’autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui de l’engage
1221
pôles de la personne : celui de la liberté ou de
l’
autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui de l’engagemen
1222
sonne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et
l’
on a tout réduit à l’autre pôle : celui de l’engagement social. L’homm
1223
mie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui
de
l’engagement social. L’homme étant totalement engagé, corps et esprit
1224
, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui de
l’
engagement social. L’homme étant totalement engagé, corps et esprit, d
1225
it à l’autre pôle : celui de l’engagement social.
L’
homme étant totalement engagé, corps et esprit, dans les rouages de l’
1226
me étant totalement engagé, corps et esprit, dans
les
rouages de l’État, et cet État ne reconnaissant plus aucune autorité
1227
alement engagé, corps et esprit, dans les rouages
de
l’État, et cet État ne reconnaissant plus aucune autorité qui transce
1228
ment engagé, corps et esprit, dans les rouages de
l’
État, et cet État ne reconnaissant plus aucune autorité qui transcende
1229
t limite son pouvoir, il n’y a plus aucun recours
de
l’individu à l’absolu divin, il n’y a donc plus aucune liberté. Tous
1230
imite son pouvoir, il n’y a plus aucun recours de
l’
individu à l’absolu divin, il n’y a donc plus aucune liberté. Tous les
1231
voir, il n’y a plus aucun recours de l’individu à
l’
absolu divin, il n’y a donc plus aucune liberté. Tous les abus de pouv
1232
lu divin, il n’y a donc plus aucune liberté. Tous
les
abus de pouvoir deviennent possibles. Certes, l’on crée des ersatz de
1233
il n’y a donc plus aucune liberté. Tous les abus
de
pouvoir deviennent possibles. Certes, l’on crée des ersatz de personn
1234
les abus de pouvoir deviennent possibles. Certes,
l’
on crée des ersatz de personnes, ou plutôt de personnalités — des mill
1235
eviennent possibles. Certes, l’on crée des ersatz
de
personnes, ou plutôt de personnalités — des milliers de petits Führer
1236
tes, l’on crée des ersatz de personnes, ou plutôt
de
personnalités — des milliers de petits Führer — mais c’est l’État et
1237
sonnes, ou plutôt de personnalités — des milliers
de
petits Führer — mais c’est l’État et sa « mystique » qui les créent.
1238
ités — des milliers de petits Führer — mais c’est
l’
État et sa « mystique » qui les créent. On ne leur laisse d’initiative
1239
Führer — mais c’est l’État et sa « mystique » qui
les
créent. On ne leur laisse d’initiative que dans les cadres qu’on leur
1240
sa « mystique » qui les créent. On ne leur laisse
d’
initiative que dans les cadres qu’on leur a prescrits. Elles ne valent
1241
s créent. On ne leur laisse d’initiative que dans
les
cadres qu’on leur a prescrits. Elles ne valent rien hors de là, elles
1242
les ne valent rien par elles-mêmes. Cette manière
de
créer des personnalités s’appelle au vrai : caporalisation. Et la per
1243
sonnalités s’appelle au vrai : caporalisation. Et
la
personne ainsi comprise n’est plus qu’à peine une persona au sens rom
1244
vidu embrigadé, et non pas une vocation. Milliers
de
masques durs, volontairement durcis, de ces jeunes soldats politiques
1245
Milliers de masques durs, volontairement durcis,
de
ces jeunes soldats politiques dressés à l’héroïsme en masse, à l’héro
1246
urcis, de ces jeunes soldats politiques dressés à
l’
héroïsme en masse, à l’héroïsme collectif — le plus facile, si c’en es
1247
ldats politiques dressés à l’héroïsme en masse, à
l’
héroïsme collectif — le plus facile, si c’en est encore un ! — mais qu
1248
s à l’héroïsme en masse, à l’héroïsme collectif —
le
plus facile, si c’en est encore un ! — mais qui n’ont plus de courage
1249
le, si c’en est encore un ! — mais qui n’ont plus
de
courage civique. Militarisation d’un peuple ! C’est le contraire, le
1250
qui n’ont plus de courage civique. Militarisation
d’
un peuple ! C’est le contraire, le mot l’indique, d’une véritable civi
1251
urage civique. Militarisation d’un peuple ! C’est
le
contraire, le mot l’indique, d’une véritable civilisation. Qu’allons-
1252
Militarisation d’un peuple ! C’est le contraire,
le
mot l’indique, d’une véritable civilisation. Qu’allons-nous opposer à
1253
risation d’un peuple ! C’est le contraire, le mot
l’
indique, d’une véritable civilisation. Qu’allons-nous opposer à cela ?
1254
un peuple ! C’est le contraire, le mot l’indique,
d’
une véritable civilisation. Qu’allons-nous opposer à cela ? Tout simpl
1255
Qu’allons-nous opposer à cela ? Tout simplement,
la
force préventive, inattaquable tant qu’elle reste pure, des personnes
1256
ersonnes librement solidaires, telles qu’en forme
l’
éthique protestante. Seulement il faut que cette force reste pure ! Ca
1257
faut que cette force reste pure ! Car de même que
le
culte de la terre et des morts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer,
1258
cette force reste pure ! Car de même que le culte
de
la terre et des morts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque de
1259
te force reste pure ! Car de même que le culte de
la
terre et des morts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque de no
1260
orts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque
de
nous conduire un jour par une voie directe au fascisme, une certaine
1261
voie directe au fascisme, une certaine déviation
de
notre morale, un certain culte de la « personnalité » en soi, un cert
1262
taine déviation de notre morale, un certain culte
de
la « personnalité » en soi, un certain individualisme, risquent aussi
1263
ne déviation de notre morale, un certain culte de
la
« personnalité » en soi, un certain individualisme, risquent aussi de
1264
en soi, un certain individualisme, risquent aussi
de
nous y conduire, cette fois-ci d’une manière indirecte, du simple fai
1265
risquent aussi de nous y conduire, cette fois-ci
d’
une manière indirecte, du simple fait qu’ils affaiblissent nos résista
1266
nos résistances spirituelles et nous font perdre
le
sens de l’Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous
1267
istances spirituelles et nous font perdre le sens
de
l’Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier.
1268
ances spirituelles et nous font perdre le sens de
l’
Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Mé
1269
t nous font perdre le sens de l’Église. C’est ici
de
nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’une cer
1270
lise. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe
de
nous méfier. Méfions-nous d’une certaine manière trop humaine de prôn
1271
mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous
d’
une certaine manière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le pr
1272
Méfions-nous d’une certaine manière trop humaine
de
prôner ou de laisser prôner le protestantisme créateur de personnalit
1273
d’une certaine manière trop humaine de prôner ou
de
laisser prôner le protestantisme créateur de personnalités. Notre dan
1274
nière trop humaine de prôner ou de laisser prôner
le
protestantisme créateur de personnalités. Notre danger intime et perm
1275
r ou de laisser prôner le protestantisme créateur
de
personnalités. Notre danger intime et permanent, c’est le moralisme,
1276
nnalités. Notre danger intime et permanent, c’est
le
moralisme, le culte de nos vertus utilisées pour des fins purement hu
1277
e danger intime et permanent, c’est le moralisme,
le
culte de nos vertus utilisées pour des fins purement humaines. À forc
1278
intime et permanent, c’est le moralisme, le culte
de
nos vertus utilisées pour des fins purement humaines. À force de loue
1279
pour des fins purement humaines. À force de louer
la
Réforme d’avoir été, comme on dit, « une pépinière d’individualités e
1280
ns purement humaines. À force de louer la Réforme
d’
avoir été, comme on dit, « une pépinière d’individualités et de caract
1281
éforme d’avoir été, comme on dit, « une pépinière
d’
individualités et de caractères bien trempés », nous courons le risque
1282
comme on dit, « une pépinière d’individualités et
de
caractères bien trempés », nous courons le risque d’oublier que la Ré
1283
tés et de caractères bien trempés », nous courons
le
risque d’oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’homme d’abord.
1284
caractères bien trempés », nous courons le risque
d’
oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’homme d’abord. À force d
1285
n trempés », nous courons le risque d’oublier que
la
Réforme n’est pas faite pour l’homme d’abord. À force de louer ses ef
1286
que d’oublier que la Réforme n’est pas faite pour
l’
homme d’abord. À force de louer ses effets humains, nous risquons de t
1287
force de louer ses effets humains, nous risquons
de
trahir sa cause divine. N’oublions pas que la personnalité n’est bien
1288
ons de trahir sa cause divine. N’oublions pas que
la
personnalité n’est bien souvent que le résidu, l’empreinte d’une pers
1289
ns pas que la personnalité n’est bien souvent que
le
résidu, l’empreinte d’une personne sur un individu qui ne croit plus
1290
la personnalité n’est bien souvent que le résidu,
l’
empreinte d’une personne sur un individu qui ne croit plus à sa vocati
1291
ité n’est bien souvent que le résidu, l’empreinte
d’
une personne sur un individu qui ne croit plus à sa vocation, et qui a
1292
e ambiance protestante. Nous n’en avons que trop,
de
ces gloires « protestantes », laborieusement annexées et recensées pa
1293
aborieusement annexées et recensées par une sorte
de
nationalisme huguenot, de ces hommes qui ne sont en fait que « sortis
1294
recensées par une sorte de nationalisme huguenot,
de
ces hommes qui ne sont en fait que « sortis » du protestantisme… Cer
1295
rotestantisme… Certes, nous pouvons nous réjouir
de
ce que la foi réformée, même quand elle cesse d’être vivante, laisse
1296
sme… Certes, nous pouvons nous réjouir de ce que
la
foi réformée, même quand elle cesse d’être vivante, laisse en se reti
1297
de ce que la foi réformée, même quand elle cesse
d’
être vivante, laisse en se retirant beaucoup de personnalités. Cela co
1298
nt beaucoup de personnalités. Cela constitue dans
la
cité des tissus sains, et c’est une sauvegarde appréciable contre la
1299
sains, et c’est une sauvegarde appréciable contre
la
contamination totalitaire. Mais du point de vue chrétien, il faut alo
1300
point de vue chrétien, il faut alors rappeler que
la
personnalité, si grande soit-elle, devant Dieu c’est zéro. Et si l’on
1301
i grande soit-elle, devant Dieu c’est zéro. Et si
l’
on se borne au point de vue social, il faut prévoir que ces personnali
1302
ront de plus en plus rares si nous laissons tarir
les
sources vives de la Réforme. Et puis, une personnalité en soi, sans v
1303
us rares si nous laissons tarir les sources vives
de
la Réforme. Et puis, une personnalité en soi, sans vocation, ce n’est
1304
rares si nous laissons tarir les sources vives de
la
Réforme. Et puis, une personnalité en soi, sans vocation, ce n’est ri
1305
out, qu’un individu aux caractères accusés. Ainsi
l’
on glisse du calvinisme à l’individualisme, dès que l’on perd la foi d
1306
ctères accusés. Ainsi l’on glisse du calvinisme à
l’
individualisme, dès que l’on perd la foi de la Réforme pour ne garder
1307
glisse du calvinisme à l’individualisme, dès que
l’
on perd la foi de la Réforme pour ne garder que ses vertus humaines et
1308
calvinisme à l’individualisme, dès que l’on perd
la
foi de la Réforme pour ne garder que ses vertus humaines et activiste
1309
isme à l’individualisme, dès que l’on perd la foi
de
la Réforme pour ne garder que ses vertus humaines et activistes. Et c
1310
e à l’individualisme, dès que l’on perd la foi de
la
Réforme pour ne garder que ses vertus humaines et activistes. Et c’es
1311
vertus humaines et activistes. Et c’est pourquoi
l’
on a pu dire que le calvinisme était à l’origine du capitalisme modern
1312
activistes. Et c’est pourquoi l’on a pu dire que
le
calvinisme était à l’origine du capitalisme moderne, avec sa concurre
1313
pourquoi l’on a pu dire que le calvinisme était à
l’
origine du capitalisme moderne, avec sa concurrence sans frein, phénom
1314
oderne, avec sa concurrence sans frein, phénomène
de
piraterie sociale, de mépris du bien commun, phénomène typiquement in
1315
rence sans frein, phénomène de piraterie sociale,
de
mépris du bien commun, phénomène typiquement individualiste10. Un de
1316
dernier exemple vous fera sentir, je crois, toute
l’
importance pratique de cette distinction entre personne et personnalit
1317
era sentir, je crois, toute l’importance pratique
de
cette distinction entre personne et personnalité. Hitler peut former,
1318
ocations irréductibles aux ambitions spirituelles
de
l’État. Ces personnes-là, ce sont ses véritables adversaires, les seu
1319
tions irréductibles aux ambitions spirituelles de
l’
État. Ces personnes-là, ce sont ses véritables adversaires, les seuls
1320
personnes-là, ce sont ses véritables adversaires,
les
seuls sérieux, et il le sait ! Si Niemöller est dans un camp de conce
1321
véritables adversaires, les seuls sérieux, et il
le
sait ! Si Niemöller est dans un camp de concentration, prisonnier per
1322
ux, et il le sait ! Si Niemöller est dans un camp
de
concentration, prisonnier personnel du Führer, ce n’est point parce q
1323
i reproche son énergie ou ses talents, ses traits
de
caractère, son héroïsme durant la dernière guerre, bref, sa personnal
1324
our cela en prison. Ce qu’on lui reproche, ce que
l’
on ne peut pas tolérer, c’est précisément sa personne, c’est-à-dire sa
1325
e, c’est-à-dire sa vocation particulière, qui est
de
prêcher l’Évangile. — Vous voyez que le Führer sait parfaitement opér
1326
dire sa vocation particulière, qui est de prêcher
l’
Évangile. — Vous voyez que le Führer sait parfaitement opérer, dans le
1327
, qui est de prêcher l’Évangile. — Vous voyez que
le
Führer sait parfaitement opérer, dans le concret, la distinction entr
1328
oyez que le Führer sait parfaitement opérer, dans
le
concret, la distinction entre personne et personnalité. Je ne vois au
1329
Führer sait parfaitement opérer, dans le concret,
la
distinction entre personne et personnalité. Je ne vois aucune raison
1330
ersonne et personnalité. Je ne vois aucune raison
de
lui laisser le bénéfice exclusif d’une telle clairvoyance. Il est tem
1331
onnalité. Je ne vois aucune raison de lui laisser
le
bénéfice exclusif d’une telle clairvoyance. Il est temps de tirer, en
1332
aucune raison de lui laisser le bénéfice exclusif
d’
une telle clairvoyance. Il est temps de tirer, en deux mots, la conclu
1333
e exclusif d’une telle clairvoyance. Il est temps
de
tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises au point.
1334
lairvoyance. Il est temps de tirer, en deux mots,
la
conclusion de cette série de mises au point. J’ai tenté de situer la
1335
l est temps de tirer, en deux mots, la conclusion
de
cette série de mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l
1336
tirer, en deux mots, la conclusion de cette série
de
mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l
1337
sion de cette série de mises au point. J’ai tenté
de
situer la Réforme dans l’évolution de l’Europe, puis dans les conflit
1338
tte série de mises au point. J’ai tenté de situer
la
Réforme dans l’évolution de l’Europe, puis dans les conflits actuels.
1339
es au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans
l’
évolution de l’Europe, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de
1340
J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution
de
l’Europe, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer
1341
ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de
l’
Europe, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer qu
1342
a Réforme dans l’évolution de l’Europe, puis dans
les
conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer que sa doctrine représe
1343
rope, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé
de
vous montrer que sa doctrine représente, en sa pureté, le centre et l
1344
montrer que sa doctrine représente, en sa pureté,
le
centre et l’axe même de la notion chrétienne de la personne, à la foi
1345
a doctrine représente, en sa pureté, le centre et
l’
axe même de la notion chrétienne de la personne, à la fois libre et en
1346
représente, en sa pureté, le centre et l’axe même
de
la notion chrétienne de la personne, à la fois libre et engagée. Il e
1347
résente, en sa pureté, le centre et l’axe même de
la
notion chrétienne de la personne, à la fois libre et engagée. Il en r
1348
, le centre et l’axe même de la notion chrétienne
de
la personne, à la fois libre et engagée. Il en résulte que la Réforme
1349
e centre et l’axe même de la notion chrétienne de
la
personne, à la fois libre et engagée. Il en résulte que la Réforme, e
1350
ne, à la fois libre et engagée. Il en résulte que
la
Réforme, et spécialement sa tendance calviniste, est appelée à figure
1351
iniste, est appelée à figurer, dans notre siècle,
le
type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme politique 11
1352
ppelée à figurer, dans notre siècle, le type même
de
la sûre doctrine de résistance au paganisme politique 11. Ceci nous c
1353
lée à figurer, dans notre siècle, le type même de
la
sûre doctrine de résistance au paganisme politique 11. Ceci nous char
1354
ns notre siècle, le type même de la sûre doctrine
de
résistance au paganisme politique 11. Ceci nous charge d’une responsa
1355
tance au paganisme politique 11. Ceci nous charge
d’
une responsabilité devant l’Histoire. Que devons-nous faire pour nous
1356
11. Ceci nous charge d’une responsabilité devant
l’
Histoire. Que devons-nous faire pour nous montrer à peu près dignes de
1357
ns-nous faire pour nous montrer à peu près dignes
de
cette mission ? Simplement, mais aussi rigoureusement, et dans la ple
1358
? Simplement, mais aussi rigoureusement, et dans
la
pleine virulence du terme, redevenir de véritables protestants. Un vé
1359
, et dans la pleine virulence du terme, redevenir
de
véritables protestants. Un véritable protestant, les faits le prouven
1360
véritables protestants. Un véritable protestant,
les
faits le prouvent, sera toujours l’adversaire le plus efficace de l’e
1361
s protestants. Un véritable protestant, les faits
le
prouvent, sera toujours l’adversaire le plus efficace de l’esprit tot
1362
protestant, les faits le prouvent, sera toujours
l’
adversaire le plus efficace de l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’
1363
les faits le prouvent, sera toujours l’adversaire
le
plus efficace de l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous on
1364
vent, sera toujours l’adversaire le plus efficace
de
l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au série
1365
t, sera toujours l’adversaire le plus efficace de
l’
esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au sérieux
1366
Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au sérieux
la
théologie réformée. Il nous reste à prendre au sérieux la doctrine ré
1367
ogie réformée. Il nous reste à prendre au sérieux
la
doctrine réformée de l’homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l
1368
s reste à prendre au sérieux la doctrine réformée
de
l’homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à propose
1369
este à prendre au sérieux la doctrine réformée de
l’
homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à proposer u
1370
dre au sérieux la doctrine réformée de l’homme et
de
l’État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à proposer un programme
1371
au sérieux la doctrine réformée de l’homme et de
l’
État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à proposer un programme co
1372
de l’homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que
l’
Église ait à proposer un programme comme tant d’autres, mais bien qu’e
1373
taines revendications conformes au Décalogue et à
l’
esprit de l’Évangile. Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans
1374
vendications conformes au Décalogue et à l’esprit
de
l’Évangile. Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans le sens
1375
dications conformes au Décalogue et à l’esprit de
l’
Évangile. Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans le sens du
1376
Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans
le
sens du hic et nunc chrétien. Or il se trouve qu’ici et maintenant, n
1377
ituation ressemble fort à celle qu’eut à résoudre
la
Réforme. Calvin combattait sur deux fronts, au nom d’une position non
1378
centriste, mais centrale. Nous de même, reprenons
le
combat contre l’esprit collectiviste, mais aussi et d’abord contre le
1379
entrale. Nous de même, reprenons le combat contre
l’
esprit collectiviste, mais aussi et d’abord contre les déviations huma
1380
sprit collectiviste, mais aussi et d’abord contre
les
déviations humanistes de la personne : transformons nos démocraties i
1381
aussi et d’abord contre les déviations humanistes
de
la personne : transformons nos démocraties individualistes en démocra
1382
si et d’abord contre les déviations humanistes de
la
personne : transformons nos démocraties individualistes en démocratie
1383
personnalistes. Et surtout, n’oublions jamais que
l’
ennemi qui se dresse devant nous, c’est en nous tout d’abord que nous
1384
nous, c’est en nous tout d’abord que nous devons
le
vaincre, chez nous, par une espèce de croisade intérieure. Le chrétie
1385
nous devons le vaincre, chez nous, par une espèce
de
croisade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a pas d’autre ennemi
1386
chez nous, par une espèce de croisade intérieure.
Le
chrétien est celui qui n’a pas d’autre ennemi à craindre que l’ennemi
1387
ade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a pas
d’
autre ennemi à craindre que l’ennemi qu’il porte en lui-même. Car un e
1388
t celui qui n’a pas d’autre ennemi à craindre que
l’
ennemi qu’il porte en lui-même. Car un ennemi visible et extérieur, ce
1389
ennemi visible et extérieur, ce n’est jamais que
l’
incarnation d’une possibilité secrète, d’une tentation que chacun souf
1390
e et extérieur, ce n’est jamais que l’incarnation
d’
une possibilité secrète, d’une tentation que chacun souffre dans son c
1391
mais que l’incarnation d’une possibilité secrète,
d’
une tentation que chacun souffre dans son cœur. Alors seulement, purif
1392
s et lucides, quand nous aurons repris conscience
de
notre force véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « perso
1393
force véritable, celle qui ne vient pas de nous,
de
nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors
1394
vient pas de nous, de nos « personnalités », mais
de
nos vocations, de nos personnes, alors seulement nous pourrons répéte
1395
de nos « personnalités », mais de nos vocations,
de
nos personnes, alors seulement nous pourrons répéter la fière devise
1396
personnes, alors seulement nous pourrons répéter
la
fière devise des vieux huguenots : « Tant plus à me frapper l’on s’am
1397
se des vieux huguenots : « Tant plus à me frapper
l’
on s’amuse, tant plus de marteaux l’on y use.12 » 2. Conférence pron
1398
« Tant plus à me frapper l’on s’amuse, tant plus
de
marteaux l’on y use.12 » 2. Conférence prononcée au mois de janvier
1399
à me frapper l’on s’amuse, tant plus de marteaux
l’
on y use.12 » 2. Conférence prononcée au mois de janvier 1939 dans l
1400
l’on y use.12 » 2. Conférence prononcée au mois
de
janvier 1939 dans les aulas des universités de Neuchâtel, Lausanne et
1401
Conférence prononcée au mois de janvier 1939 dans
les
aulas des universités de Neuchâtel, Lausanne et Genève, sous les ausp
1402
is de janvier 1939 dans les aulas des universités
de
Neuchâtel, Lausanne et Genève, sous les auspices des Amis de la pensé
1403
niversités de Neuchâtel, Lausanne et Genève, sous
les
auspices des Amis de la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Un
1404
l, Lausanne et Genève, sous les auspices des Amis
de
la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur
1405
Lausanne et Genève, sous les auspices des Amis de
la
pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur la
1406
ces des Amis de la pensée protestante, ainsi qu’à
l’
aula de l’Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale
1407
Amis de la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula
de
l’Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale des ét
1408
is de la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de
l’
Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale des étudi
1409
ée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université
de
Bâle, sur la demande de l’Association générale des étudiants de cette
1410
e, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur
la
demande de l’Association générale des étudiants de cette ville. 3. I
1411
’à l’aula de l’Université de Bâle, sur la demande
de
l’Association générale des étudiants de cette ville. 3. Il s’agit de
1412
l’aula de l’Université de Bâle, sur la demande de
l’
Association générale des étudiants de cette ville. 3. Il s’agit de se
1413
a demande de l’Association générale des étudiants
de
cette ville. 3. Il s’agit de septembre 1938 : « la paix de Munich ».
1414
érale des étudiants de cette ville. 3. Il s’agit
de
septembre 1938 : « la paix de Munich ». 4. En Suisse, Emil Brunner (
1415
cette ville. 3. Il s’agit de septembre 1938 : «
la
paix de Munich ». 4. En Suisse, Emil Brunner (Der Mensch im Widerspr
1416
ille. 3. Il s’agit de septembre 1938 : « la paix
de
Munich ». 4. En Suisse, Emil Brunner (Der Mensch im Widerspruch), et
1417
Widerspruch), et Gonzague de Reynold (Conscience
de
la Suisse). 5. À partir de la fin du xiie siècle surtout. 6. Je ra
1418
derspruch), et Gonzague de Reynold (Conscience de
la
Suisse). 5. À partir de la fin du xiie siècle surtout. 6. Je rappe
1419
eynold (Conscience de la Suisse). 5. À partir de
la
fin du xiie siècle surtout. 6. Je rappelle que ce texte date de jan
1420
siècle surtout. 6. Je rappelle que ce texte date
de
janvier 1939. L’occupation de Prague eut lieu en mars. 7. Même rappe
1421
6. Je rappelle que ce texte date de janvier 1939.
L’
occupation de Prague eut lieu en mars. 7. Même rappel que ci-dessus.
1422
e que ce texte date de janvier 1939. L’occupation
de
Prague eut lieu en mars. 7. Même rappel que ci-dessus. Le « Pacte d’
1423
eut lieu en mars. 7. Même rappel que ci-dessus.
Le
« Pacte d’acier » s’étant révélé un pacte ordinaire, les amis de l’It
1424
n mars. 7. Même rappel que ci-dessus. Le « Pacte
d’
acier » s’étant révélé un pacte ordinaire, les amis de l’Italie ont eu
1425
acte d’acier » s’étant révélé un pacte ordinaire,
les
amis de l’Italie ont eu plutôt tendance, durant les premiers mois de
1426
ier » s’étant révélé un pacte ordinaire, les amis
de
l’Italie ont eu plutôt tendance, durant les premiers mois de la guerr
1427
» s’étant révélé un pacte ordinaire, les amis de
l’
Italie ont eu plutôt tendance, durant les premiers mois de la guerre,
1428
ont eu plutôt tendance, durant les premiers mois
de
la guerre, à souligner ce qui la distingue des autres dictatures. 8.
1429
t eu plutôt tendance, durant les premiers mois de
la
guerre, à souligner ce qui la distingue des autres dictatures. 8. Qu
1430
es premiers mois de la guerre, à souligner ce qui
la
distingue des autres dictatures. 8. Qu’on ne déduise pas de ces rema
1431
e des autres dictatures. 8. Qu’on ne déduise pas
de
ces remarques que les trois Églises citées sont responsables des troi
1432
es. 8. Qu’on ne déduise pas de ces remarques que
les
trois Églises citées sont responsables des trois mouvements totalitai
1433
litaires, mais bien que ces mouvements ont revêtu
les
erreurs de chacune de ces églises pour en faire la forme de leur doct
1434
is bien que ces mouvements ont revêtu les erreurs
de
chacune de ces églises pour en faire la forme de leur doctrine. Encor
1435
ces mouvements ont revêtu les erreurs de chacune
de
ces églises pour en faire la forme de leur doctrine. Encore le phénom
1436
s erreurs de chacune de ces églises pour en faire
la
forme de leur doctrine. Encore le phénomène s’est-il limité aux grand
1437
de chacune de ces églises pour en faire la forme
de
leur doctrine. Encore le phénomène s’est-il limité aux grands pays. L
1438
s pour en faire la forme de leur doctrine. Encore
le
phénomène s’est-il limité aux grands pays. Les États balkaniques orth
1439
ore le phénomène s’est-il limité aux grands pays.
Les
États balkaniques orthodoxes ne sont pas communistes ; les États scan
1440
balkaniques orthodoxes ne sont pas communistes ;
les
États scandinaves luthériens ne sont pas nationaux-socialistes ; la B
1441
es luthériens ne sont pas nationaux-socialistes ;
la
Belgique catholique n’est pas fasciste. 9. Sur la distinction, d’une
1442
a Belgique catholique n’est pas fasciste. 9. Sur
la
distinction, d’une importance capitale, entre les deux termes soulign
1443
lique n’est pas fasciste. 9. Sur la distinction,
d’
une importance capitale, entre les deux termes soulignés dans cette ph
1444
la distinction, d’une importance capitale, entre
les
deux termes soulignés dans cette phrase, voir Penser avec les mains
1445
ase, voir Penser avec les mains , IIe partie : «
La
vertu d’autorité », pages 209 et suivantes. 10. Max Weber, luthérien
1446
Penser avec les mains , IIe partie : « La vertu
d’
autorité », pages 209 et suivantes. 10. Max Weber, luthérien « détach
1447
. 10. Max Weber, luthérien « détaché », attribue
l’
essor du capitalisme à la Réforme ; Labriola, catholique « détaché »,
1448
en « détaché », attribue l’essor du capitalisme à
la
Réforme ; Labriola, catholique « détaché », l’attribue aux accumulati
1449
à la Réforme ; Labriola, catholique « détaché »,
l’
attribue aux accumulations de capitaux dans les couvents anglais ; sel
1450
holique « détaché », l’attribue aux accumulations
de
capitaux dans les couvents anglais ; selon Werner Sombart, tout vient
1451
», l’attribue aux accumulations de capitaux dans
les
couvents anglais ; selon Werner Sombart, tout vient des Juifs ; selon
1452
ient des bourgeois… Ce qui est certain, c’est que
l’
invention du système est antérieure de plusieurs siècles à la Réforme,
1453
, c’est que l’invention du système est antérieure
de
plusieurs siècles à la Réforme, et son triomphe postérieur de quatre
1454
du système est antérieure de plusieurs siècles à
la
Réforme, et son triomphe postérieur de quatre siècles. Ce qui n’empêc
1455
siècles à la Réforme, et son triomphe postérieur
de
quatre siècles. Ce qui n’empêchera pas le premier ignare venu d’attri
1456
es. Ce qui n’empêchera pas le premier ignare venu
d’
attribuer le tout à Calvin. On attribue bien l’hitlérisme à Luther !
1457
’empêchera pas le premier ignare venu d’attribuer
le
tout à Calvin. On attribue bien l’hitlérisme à Luther ! 11. Je dis b
1458
nu d’attribuer le tout à Calvin. On attribue bien
l’
hitlérisme à Luther ! 11. Je dis bien le type même de sûre doctrine,
1459
bue bien l’hitlérisme à Luther ! 11. Je dis bien
le
type même de sûre doctrine, et non pas la seule doctrine, et non pas
1460
tlérisme à Luther ! 11. Je dis bien le type même
de
sûre doctrine, et non pas la seule doctrine, et non pas le seul remèd
1461
is bien le type même de sûre doctrine, et non pas
la
seule doctrine, et non pas le seul remède efficace dans l’immédiat. L
1462
octrine, et non pas la seule doctrine, et non pas
le
seul remède efficace dans l’immédiat. La doctrine de la Réforme repré
1463
doctrine, et non pas le seul remède efficace dans
l’
immédiat. La doctrine de la Réforme représente à mes yeux la santé chr
1464
non pas le seul remède efficace dans l’immédiat.
La
doctrine de la Réforme représente à mes yeux la santé chrétienne. Un
1465
seul remède efficace dans l’immédiat. La doctrine
de
la Réforme représente à mes yeux la santé chrétienne. Un régime sain
1466
l remède efficace dans l’immédiat. La doctrine de
la
Réforme représente à mes yeux la santé chrétienne. Un régime sain pré
1467
. La doctrine de la Réforme représente à mes yeux
la
santé chrétienne. Un régime sain prévient le mal. Mais pour guérir un
1468
yeux la santé chrétienne. Un régime sain prévient
le
mal. Mais pour guérir une maladie, il faut des remèdes ou une opérati
1469
maladie, il faut des remèdes ou une opération. Et
les
remèdes sont souvent composés de poisons… 12. Cette devise rend un s
1470
e opération. Et les remèdes sont souvent composés
de
poisons… 12. Cette devise rend un son « suisse » à mon oreille. Et c
1471
end un son « suisse » à mon oreille. Et c’est ici
le
lieu de le rappeler : le mot huguenot vient de « Eidguenot » ou « Eyg
1472
on « suisse » à mon oreille. Et c’est ici le lieu
de
le rappeler : le mot huguenot vient de « Eidguenot » ou « Eygenot » (
1473
« suisse » à mon oreille. Et c’est ici le lieu de
le
rappeler : le mot huguenot vient de « Eidguenot » ou « Eygenot » (par
1474
on oreille. Et c’est ici le lieu de le rappeler :
le
mot huguenot vient de « Eidguenot » ou « Eygenot » (par Genève), c’es
1475
uenot » ou « Eygenot » (par Genève), c’est-à-dire
de
« Eidgenossen », ou Confédérés suisses. Les huguenots français voulai
1476
à-dire de « Eidgenossen », ou Confédérés suisses.
Les
huguenots français voulaient la liberté religieuse d’abord, mais ils
1477
fédérés suisses. Les huguenots français voulaient
la
liberté religieuse d’abord, mais ils voulaient aussi, comme l’écrivai
1478
ligieuse d’abord, mais ils voulaient aussi, comme
l’
écrivait l’un deux : « vivre en la liberté des Suisses et de faire can
1479
nt aussi, comme l’écrivait l’un deux : « vivre en
la
liberté des Suisses et de faire cantons ». (Fédéralisme calviniste !)
1480
l’un deux : « vivre en la liberté des Suisses et
de
faire cantons ». (Fédéralisme calviniste !)
1481
La
bataille de la culture13 Lorsque je me mis à réfléchir à ce que je
1482
La bataille
de
la culture13 Lorsque je me mis à réfléchir à ce que je vous dirais
1483
La bataille de
la
culture13 Lorsque je me mis à réfléchir à ce que je vous dirais ce
1484
rt en Suisse, dans une ferme montagnarde, au fond
d’
une chambre assez sombre et glaciale. Sur les parois boisées, je disti
1485
fond d’une chambre assez sombre et glaciale. Sur
les
parois boisées, je distinguais vaguement quelques versets bibliques e
1486
s versets bibliques en lettres lumineuses, et sur
la
table, devant moi, mon casque et la blancheur d’un carré de papier. J
1487
euses, et sur la table, devant moi, mon casque et
la
blancheur d’un carré de papier. Je serrais un crayon dans mes doigts
1488
la table, devant moi, mon casque et la blancheur
d’
un carré de papier. Je serrais un crayon dans mes doigts engourdis, et
1489
devant moi, mon casque et la blancheur d’un carré
de
papier. Je serrais un crayon dans mes doigts engourdis, et j’essayais
1490
n crayon dans mes doigts engourdis, et j’essayais
de
me rendre compte… Au-dehors, la neige et la brume. Plus loin, la fron
1491
is, et j’essayais de me rendre compte… Au-dehors,
la
neige et la brume. Plus loin, la frontière, des tranchées, des hommes
1492
ayais de me rendre compte… Au-dehors, la neige et
la
brume. Plus loin, la frontière, des tranchées, des hommes en train de
1493
mpte… Au-dehors, la neige et la brume. Plus loin,
la
frontière, des tranchées, des hommes en train de tuer et en train de
1494
puis, flottant dans d’autres brumes, dernier îlot
d’
un autre monde, une salle éclairée, un public dont j’ignorais et le vi
1495
une salle éclairée, un public dont j’ignorais et
le
visage et les soucis, et devant lequel je m’étais engagé à disserter
1496
lairée, un public dont j’ignorais et le visage et
les
soucis, et devant lequel je m’étais engagé à disserter de la culture…
1497
s, et devant lequel je m’étais engagé à disserter
de
la culture… Un sentiment d’absurdité et d’impuissance m’envahit. Quel
1498
et devant lequel je m’étais engagé à disserter de
la
culture… Un sentiment d’absurdité et d’impuissance m’envahit. Quel ra
1499
is engagé à disserter de la culture… Un sentiment
d’
absurdité et d’impuissance m’envahit. Quel rapport pouvait-il y avoir
1500
serter de la culture… Un sentiment d’absurdité et
d’
impuissance m’envahit. Quel rapport pouvait-il y avoir entre ces chose
1501
aient tuer, pendant que mes camarades monteraient
la
garde dans la neige, d’autres hommes seraient assis dans une salle bi
1502
ndant que mes camarades monteraient la garde dans
la
neige, d’autres hommes seraient assis dans une salle bien chauffée, e
1503
ans une salle bien chauffée, et je leur parlerais
de
la culture… Quel sens pouvait avoir une conférence, au milieu des ang
1504
une salle bien chauffée, et je leur parlerais de
la
culture… Quel sens pouvait avoir une conférence, au milieu des angois
1505
érence, au milieu des angoisses et des brutalités
de
cette guerre étrange, si lentement engagée, comme si personne n’y cro
1506
me si personne n’avait très bien compris pourquoi
les
peuples, tout à coup, commençaient à se lancer des tonnes d’acier sur
1507
tout à coup, commençaient à se lancer des tonnes
d’
acier sur la tête, au lieu de discuter sérieusement leurs affaires ? Q
1508
, commençaient à se lancer des tonnes d’acier sur
la
tête, au lieu de discuter sérieusement leurs affaires ? Que servait d
1509
iscuter sérieusement leurs affaires ? Que servait
de
parler et de théoriser dans un monde à ce point stupéfié par une guer
1510
usement leurs affaires ? Que servait de parler et
de
théoriser dans un monde à ce point stupéfié par une guerre que person
1511
plus qu’à se taire, qu’à se laisser glisser dans
l’
engourdissement du malheur… Ou au contraire, seconde solution, il fall
1512
au contraire, seconde solution, il fallait partir
de
cela même, de cette situation passablement absurde, et y puiser les s
1513
seconde solution, il fallait partir de cela même,
de
cette situation passablement absurde, et y puiser les seules raisons
1514
cette situation passablement absurde, et y puiser
les
seules raisons encore valables de parler. Vous voyez que je n’ai pas
1515
e, et y puiser les seules raisons encore valables
de
parler. Vous voyez que je n’ai pas décidé de me taire. Or dans cette
1516
bles de parler. Vous voyez que je n’ai pas décidé
de
me taire. Or dans cette décision de parler quand même, il y a déjà to
1517
ai pas décidé de me taire. Or dans cette décision
de
parler quand même, il y a déjà toute la substance de ce que je voudra
1518
décision de parler quand même, il y a déjà toute
la
substance de ce que je voudrais vous dire ici. En effet : ou bien la
1519
parler quand même, il y a déjà toute la substance
de
ce que je voudrais vous dire ici. En effet : ou bien la culture est
1520
ue je voudrais vous dire ici. En effet : ou bien
la
culture est une affaire d’agrément, un ensemble de spécialités paisib
1521
i. En effet : ou bien la culture est une affaire
d’
agrément, un ensemble de spécialités paisibles, un superflu, et alors
1522
a culture est une affaire d’agrément, un ensemble
de
spécialités paisibles, un superflu, et alors il convient de se taire
1523
ités paisibles, un superflu, et alors il convient
de
se taire lorsque la situation devient sérieuse ; — ou bien la culture
1524
uperflu, et alors il convient de se taire lorsque
la
situation devient sérieuse ; — ou bien la culture est action, créatio
1525
lorsque la situation devient sérieuse ; — ou bien
la
culture est action, création et bataille réelle, et alors il faut en
1526
t bataille réelle, et alors il faut en parler, et
la
défendre et l’illustrer précisément lorsque la situation devient séri
1527
le, et alors il faut en parler, et la défendre et
l’
illustrer précisément lorsque la situation devient sérieuse. Or le fai
1528
et la défendre et l’illustrer précisément lorsque
la
situation devient sérieuse. Or le fait même que nous éprouvions tous
1529
isément lorsque la situation devient sérieuse. Or
le
fait même que nous éprouvions tous un doute sur l’opportunité d’une c
1530
e fait même que nous éprouvions tous un doute sur
l’
opportunité d’une conférence en temps de guerre, ce fait est significa
1531
e nous éprouvions tous un doute sur l’opportunité
d’
une conférence en temps de guerre, ce fait est significatif. Il prouve
1532
doute sur l’opportunité d’une conférence en temps
de
guerre, ce fait est significatif. Il prouve que nous tenons la cultur
1533
fait est significatif. Il prouve que nous tenons
la
culture pour quelque chose d’un peu moins sérieux que l’action, ou qu
1534
uve que nous tenons la culture pour quelque chose
d’
un peu moins sérieux que l’action, ou que la guerre, par exemple, ou s
1535
ure pour quelque chose d’un peu moins sérieux que
l’
action, ou que la guerre, par exemple, ou simplement que la défense na
1536
chose d’un peu moins sérieux que l’action, ou que
la
guerre, par exemple, ou simplement que la défense nationale. Or je vo
1537
ou que la guerre, par exemple, ou simplement que
la
défense nationale. Or je vois là le signe très certain d’une crise —
1538
implement que la défense nationale. Or je vois là
le
signe très certain d’une crise — et d’une crise qui met en question l
1539
se nationale. Or je vois là le signe très certain
d’
une crise — et d’une crise qui met en question les fondements mêmes de
1540
je vois là le signe très certain d’une crise — et
d’
une crise qui met en question les fondements mêmes de la culture en Oc
1541
d’une crise — et d’une crise qui met en question
les
fondements mêmes de la culture en Occident. Je voudrais vous montrer
1542
ne crise qui met en question les fondements mêmes
de
la culture en Occident. Je voudrais vous montrer ce soir que cette cr
1543
crise qui met en question les fondements mêmes de
la
culture en Occident. Je voudrais vous montrer ce soir que cette crise
1544
uences pratiques ; qu’elle est l’une des origines
de
la présente guerre ; et que cette guerre n’est, en fin de compte, mal
1545
ces pratiques ; qu’elle est l’une des origines de
la
présente guerre ; et que cette guerre n’est, en fin de compte, malgré
1546
s ses prétextes matériels, qu’un épisode tragique
d’
une bataille bien plus vaste, la millénaire bataille de la culture.
1547
épisode tragique d’une bataille bien plus vaste,
la
millénaire bataille de la culture. L’adversaire est en nous S’il
1548
bataille bien plus vaste, la millénaire bataille
de
la culture. L’adversaire est en nous S’il y a bataille, c’est do
1549
taille bien plus vaste, la millénaire bataille de
la
culture. L’adversaire est en nous S’il y a bataille, c’est donc
1550
us vaste, la millénaire bataille de la culture.
L’
adversaire est en nous S’il y a bataille, c’est donc qu’il y a deux
1551
ersaires. Quels sont-ils ? Mais d’abord, essayons
d’
écarter un malentendu menaçant. La bataille dont je vais vous parler n
1552
abord, essayons d’écarter un malentendu menaçant.
La
bataille dont je vais vous parler n’est pas une bataille politique. L
1553
ais vous parler n’est pas une bataille politique.
Les
adversaires ne sont nullement les actuels belligérants, et il n’est p
1554
ille politique. Les adversaires ne sont nullement
les
actuels belligérants, et il n’est pas question, ici, de confondre l’u
1555
uels belligérants, et il n’est pas question, ici,
de
confondre l’un des partis avec la cause de la culture, l’autre étant
1556
question, ici, de confondre l’un des partis avec
la
cause de la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce gen
1557
, ici, de confondre l’un des partis avec la cause
de
la culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’oppo
1558
ci, de confondre l’un des partis avec la cause de
la
culture, l’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre d’opposit
1559
partis avec la cause de la culture, l’autre étant
le
parti de l’anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l
1560
ec la cause de la culture, l’autre étant le parti
de
l’anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l’avoue, e
1561
la cause de la culture, l’autre étant le parti de
l’
anti-culture. Ce genre d’opposition est très tentant, je l’avoue, et a
1562
’autre étant le parti de l’anti-culture. Ce genre
d’
opposition est très tentant, je l’avoue, et aujourd’hui plus que jamai
1563
lture. Ce genre d’opposition est très tentant, je
l’
avoue, et aujourd’hui plus que jamais… C’est malgré tout un procédé de
1564
hui plus que jamais… C’est malgré tout un procédé
de
propagande de guerre. Un fameux général autrichien, Conrad von Hötzen
1565
amais… C’est malgré tout un procédé de propagande
de
guerre. Un fameux général autrichien, Conrad von Hötzendorf, avait co
1566
autrichien, Conrad von Hötzendorf, avait coutume
de
dire : « Tout ce qui n’est pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien
1567
t pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour
la
guerre. » Grâce à Dieu, nous sommes encore neutres, et nous avons enc
1568
nous sommes encore neutres, et nous avons encore
le
droit de ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. N
1569
mes encore neutres, et nous avons encore le droit
de
ne pas nous livrer à ce genre de simplifications brutales. Notre prem
1570
encore le droit de ne pas nous livrer à ce genre
de
simplifications brutales. Notre premier devoir me paraît, au contrair
1571
es. Notre premier devoir me paraît, au contraire,
de
défendre l’intelligence contre un certain primitivisme qui se réveill
1572
emier devoir me paraît, au contraire, de défendre
l’
intelligence contre un certain primitivisme qui se réveille toujours e
1573
in primitivisme qui se réveille toujours en temps
de
guerre. Les primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauv
1574
sme qui se réveille toujours en temps de guerre.
Les
primitifs ont l’habitude de personnifier les forces mauvaises qui les
1575
e toujours en temps de guerre. Les primitifs ont
l’
habitude de personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils
1576
en temps de guerre. Les primitifs ont l’habitude
de
personnifier les forces mauvaises qui les menacent. S’ils sont malade
1577
re. Les primitifs ont l’habitude de personnifier
les
forces mauvaises qui les menacent. S’ils sont malades, ils pensent qu
1578
habitude de personnifier les forces mauvaises qui
les
menacent. S’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute d’un obj
1579
nacent. S’ils sont malades, ils pensent que c’est
la
faute d’un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit qui rôde
1580
’ils sont malades, ils pensent que c’est la faute
d’
un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit qui rôde autour de
1581
nsent que c’est la faute d’un objet maléfique, ou
d’
un sorcier, ou d’un esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, l
1582
a faute d’un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou
d’
un esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, la cause du mal, c
1583
esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours,
la
cause du mal, c’est-à-dire l’adversaire, est devant eux, à l’extérieu
1584
r maison. Toujours, la cause du mal, c’est-à-dire
l’
adversaire, est devant eux, à l’extérieur. Or, notre civilisation, sou
1585
mal, c’est-à-dire l’adversaire, est devant eux, à
l’
extérieur. Or, notre civilisation, sous l’influence du christianisme,
1586
eux, à l’extérieur. Or, notre civilisation, sous
l’
influence du christianisme, s’est efforcée de nous faire comprendre qu
1587
sous l’influence du christianisme, s’est efforcée
de
nous faire comprendre que la vraie cause de nos malheurs est presque
1588
isme, s’est efforcée de nous faire comprendre que
la
vraie cause de nos malheurs est presque toujours en nous-mêmes. Il fa
1589
orcée de nous faire comprendre que la vraie cause
de
nos malheurs est presque toujours en nous-mêmes. Il faut reconnaître,
1590
réussi. Nous persistons tous, plus ou moins, dans
la
manie des primitifs : nous rendons responsables de nos maux — les aut
1591
a manie des primitifs : nous rendons responsables
de
nos maux — les autres, uniquement les autres, ceux d’un autre parti,
1592
imitifs : nous rendons responsables de nos maux —
les
autres, uniquement les autres, ceux d’un autre parti, ceux d’une autr
1593
responsables de nos maux — les autres, uniquement
les
autres, ceux d’un autre parti, ceux d’une autre nation… Nous faisons
1594
os maux — les autres, uniquement les autres, ceux
d’
un autre parti, ceux d’une autre nation… Nous faisons tous comme les p
1595
niquement les autres, ceux d’un autre parti, ceux
d’
une autre nation… Nous faisons tous comme les petits enfants qui batte
1596
ceux d’une autre nation… Nous faisons tous comme
les
petits enfants qui battent la table à laquelle ils se sont heurtés. I
1597
faisons tous comme les petits enfants qui battent
la
table à laquelle ils se sont heurtés. Il est facile et rassurant de n
1598
e ils se sont heurtés. Il est facile et rassurant
de
noircir le voisin pour mieux se blanchir soi-même. Mais en réalité, n
1599
nt heurtés. Il est facile et rassurant de noircir
le
voisin pour mieux se blanchir soi-même. Mais en réalité, nos adversai
1600
nos adversaires ne diffèrent pas essentiellement
de
nous. Tout homme porte en soi les microbes de presque toutes les mala
1601
essentiellement de nous. Tout homme porte en soi
les
microbes de presque toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qu
1602
ent de nous. Tout homme porte en soi les microbes
de
presque toutes les maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous menac
1603
homme porte en soi les microbes de presque toutes
les
maladies imaginables. Et cet ennemi qui nous menace, il ne serait nul
1604
qui nous menace, il ne serait nullement suffisant
de
l’anéantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à
1605
nous menace, il ne serait nullement suffisant de
l’
anéantir pour nous en délivrer. Car la tendance qu’il personnifie à no
1606
uffisant de l’anéantir pour nous en délivrer. Car
la
tendance qu’il personnifie à nos yeux, elle existe en nous aussi, et
1607
e pourrait fort bien s’y développer un jour. Pour
la
combattre sérieusement, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agi
1608
t, pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agit
de
l’attaquer, et avant tout, de la reconnaître14. Défendre la culture c
1609
pour nous défendre, c’est en nous qu’il s’agit de
l’
attaquer, et avant tout, de la reconnaître14. Défendre la culture cont
1610
n nous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout,
de
la reconnaître14. Défendre la culture contre elle-même et contre nous
1611
ous qu’il s’agit de l’attaquer, et avant tout, de
la
reconnaître14. Défendre la culture contre elle-même et contre nous ;
1612
uer, et avant tout, de la reconnaître14. Défendre
la
culture contre elle-même et contre nous ; attaquer ses ennemis en nou
1613
ontre nous ; attaquer ses ennemis en nous ; voilà
la
vraie bataille dont j’entends vous parler. Or cet adversaire intérieu
1614
. Or cet adversaire intérieur, je ne voudrais pas
le
définir théoriquement avant de l’avoir montré à l’œuvre dans les fait
1615
ne voudrais pas le définir théoriquement avant de
l’
avoir montré à l’œuvre dans les faits, et dans des faits très simples,
1616
e définir théoriquement avant de l’avoir montré à
l’
œuvre dans les faits, et dans des faits très simples, bien connus, qu’
1617
oriquement avant de l’avoir montré à l’œuvre dans
les
faits, et dans des faits très simples, bien connus, qu’il suffira de
1618
es faits très simples, bien connus, qu’il suffira
de
rassembler pour qu’une leçon claire s’en dégage. Disharmonie de no
1619
r qu’une leçon claire s’en dégage. Disharmonie
de
nos activités et impuissance de l’esprit Songeant à notre civilisa
1620
e. Disharmonie de nos activités et impuissance
de
l’esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en
1621
Disharmonie de nos activités et impuissance de
l’
esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en pl
1622
its : d’une part, une étonnante disharmonie entre
les
divers ordres de nos activités — d’autre part, une angoissante impuis
1623
une étonnante disharmonie entre les divers ordres
de
nos activités — d’autre part, une angoissante impuissance de l’esprit
1624
vités — d’autre part, une angoissante impuissance
de
l’esprit devant ce monde comme il va. Prenons des exemples concrets.
1625
és — d’autre part, une angoissante impuissance de
l’
esprit devant ce monde comme il va. Prenons des exemples concrets. Rie
1626
t, rien de plus grossier, de plus quelconque dans
le
style, de moins organique dans sa structure qu’un de ces discours de
1627
plus grossier, de plus quelconque dans le style,
de
moins organique dans sa structure qu’un de ces discours de propagande
1628
style, de moins organique dans sa structure qu’un
de
ces discours de propagande que nous déverse la radio… Si vous passez
1629
organique dans sa structure qu’un de ces discours
de
propagande que nous déverse la radio… Si vous passez du poème au disc
1630
un de ces discours de propagande que nous déverse
la
radio… Si vous passez du poème au discours, vous avez l’impression de
1631
o… Si vous passez du poème au discours, vous avez
l’
impression de changer d’humanité, d’âge historique et de civilisation.
1632
ssez du poème au discours, vous avez l’impression
de
changer d’humanité, d’âge historique et de civilisation. Jamais, dans
1633
me au discours, vous avez l’impression de changer
d’
humanité, d’âge historique et de civilisation. Jamais, dans aucun sièc
1634
rs, vous avez l’impression de changer d’humanité,
d’
âge historique et de civilisation. Jamais, dans aucun siècle européen,
1635
ession de changer d’humanité, d’âge historique et
de
civilisation. Jamais, dans aucun siècle européen, on n’avait constaté
1636
européen, on n’avait constaté pareil écart entre
les
créations de la culture et les produits de consommation destinés à l’
1637
n’avait constaté pareil écart entre les créations
de
la culture et les produits de consommation destinés à l’usage des mas
1638
vait constaté pareil écart entre les créations de
la
culture et les produits de consommation destinés à l’usage des masses
1639
pareil écart entre les créations de la culture et
les
produits de consommation destinés à l’usage des masses. Tel grand chi
1640
entre les créations de la culture et les produits
de
consommation destinés à l’usage des masses. Tel grand chimiste scandi
1641
ulture et les produits de consommation destinés à
l’
usage des masses. Tel grand chimiste scandinave invente, dans son labo
1642
corps nouveau, un puissant explosif, grâce auquel
l’
industrie pourra faire un grand pas. Il fonde d’autre part, avec l’arg
1643
a faire un grand pas. Il fonde d’autre part, avec
l’
argent gagné, un prix considérable, destiné à récompenser ceux qui tra
1644
destiné à récompenser ceux qui travailleront pour
la
paix. Mais l’état de notre culture est tel que l’invention sera utili
1645
mpenser ceux qui travailleront pour la paix. Mais
l’
état de notre culture est tel que l’invention sera utilisée pour détru
1646
ceux qui travailleront pour la paix. Mais l’état
de
notre culture est tel que l’invention sera utilisée pour détruire cet
1647
la paix. Mais l’état de notre culture est tel que
l’
invention sera utilisée pour détruire cette paix, précisément, que le
1648
ilisée pour détruire cette paix, précisément, que
le
prix devait couronner. Et le chimiste pacifique verra retomber sur sa
1649
ix, précisément, que le prix devait couronner. Et
le
chimiste pacifique verra retomber sur sa tête, sous la forme d’une bo
1650
imiste pacifique verra retomber sur sa tête, sous
la
forme d’une bombe de 1000 kilos son invention humanitaire. Par quelle
1651
cifique verra retomber sur sa tête, sous la forme
d’
une bombe de 1000 kilos son invention humanitaire. Par quelle fatalité
1652
a retomber sur sa tête, sous la forme d’une bombe
de
1000 kilos son invention humanitaire. Par quelle fatalité mauvaise to
1653
on humanitaire. Par quelle fatalité mauvaise tous
les
progrès de notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qu
1654
re. Par quelle fatalité mauvaise tous les progrès
de
notre science contribuent-ils à ravager la civilisation qui les produ
1655
rogrès de notre science contribuent-ils à ravager
la
civilisation qui les produit ? Vous vous êtes tous posé cette questio
1656
nce contribuent-ils à ravager la civilisation qui
les
produit ? Vous vous êtes tous posé cette question-là. Mais il ne suff
1657
ous posé cette question-là. Mais il ne suffit pas
de
se la poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie u
1658
sé cette question-là. Mais il ne suffit pas de se
la
poser et ensuite de se lamenter. Il faut voir ce que signifie une si
1659
. Mais il ne suffit pas de se la poser et ensuite
de
se lamenter. Il faut voir ce que signifie une si cruelle disharmonie,
1660
xiste des remèdes. Car il ne serait pas suffisant
de
n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la cu
1661
. Car il ne serait pas suffisant de n’accuser que
la
méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de la culture moderne, et
1662
de n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est
l’
esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale q
1663
ue la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même
de
la culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve i
1664
la méchanceté des hommes : c’est l’esprit même de
la
culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se trouve ici
1665
’esprit même de la culture moderne, et son défaut
de
sagesse générale qui se trouve ici mis à nu. Un autre fait encore dan
1666
is à nu. Un autre fait encore dans ce même ordre.
Le
but des inventions techniques est double : il est d’une part d’économ
1667
entions techniques est double : il est d’une part
d’
économiser du travail d’hommes par les machines, et donc de créer du l
1668
ouble : il est d’une part d’économiser du travail
d’
hommes par les machines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’
1669
t d’une part d’économiser du travail d’hommes par
les
machines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’élever le nive
1670
ser du travail d’hommes par les machines, et donc
de
créer du loisir ; d’autre part, d’élever le niveau général du confort
1671
hines, et donc de créer du loisir ; d’autre part,
d’
élever le niveau général du confort. Or chacun sait que les résultats
1672
donc de créer du loisir ; d’autre part, d’élever
le
niveau général du confort. Or chacun sait que les résultats pratiques
1673
le niveau général du confort. Or chacun sait que
les
résultats pratiques du machinisme ne sont pas d’augmenter les loisirs
1674
les résultats pratiques du machinisme ne sont pas
d’
augmenter les loisirs, mais bien d’augmenter le chômage, et qu’au lieu
1675
s pratiques du machinisme ne sont pas d’augmenter
les
loisirs, mais bien d’augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le
1676
me ne sont pas d’augmenter les loisirs, mais bien
d’
augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’indu
1677
as d’augmenter les loisirs, mais bien d’augmenter
le
chômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général, l’industrie a créé
1678
en d’augmenter le chômage, et qu’au lieu d’élever
le
niveau général, l’industrie a créé d’immenses masses de misérables, d
1679
hômage, et qu’au lieu d’élever le niveau général,
l’
industrie a créé d’immenses masses de misérables, déracinées et démora
1680
eu d’élever le niveau général, l’industrie a créé
d’
immenses masses de misérables, déracinées et démoralisées. Enfin je vo
1681
eau général, l’industrie a créé d’immenses masses
de
misérables, déracinées et démoralisées. Enfin je vous citerai un cas
1682
n cas individuel assez typique. Un grand banquier
de
Paris, membre d’un comité de bienfaisance, fut interrogé un jour, dev
1683
assez typique. Un grand banquier de Paris, membre
d’
un comité de bienfaisance, fut interrogé un jour, devant moi, par un d
1684
e. Un grand banquier de Paris, membre d’un comité
de
bienfaisance, fut interrogé un jour, devant moi, par un de ses collèg
1685
isance, fut interrogé un jour, devant moi, par un
de
ses collègues. Était-il vrai, lui demandait-on, que sa banque finançâ
1686
il vrai, lui demandait-on, que sa banque finançât
la
guerre des Japonais contre Shanghai ? Il répondit que c’était vrai. —
1687
t vrai. — Mais alors, n’êtes-vous pas torturé par
la
pensée que votre argent contribue à prolonger un massacre ? — Nulleme
1688
ar tout ce que j’ai à voir, ce sont deux colonnes
de
chiffres, dont la balance est favorable à ma maison. L’exemple peut p
1689
i à voir, ce sont deux colonnes de chiffres, dont
la
balance est favorable à ma maison. L’exemple peut paraître caricatura
1690
ffres, dont la balance est favorable à ma maison.
L’
exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je le certifie exact, et
1691
’exemple peut paraître caricatural. Toutefois, je
le
certifie exact, et d’autre part, il illustre à merveille le vice fond
1692
e exact, et d’autre part, il illustre à merveille
le
vice fondamental de notre société et aussi de notre culture : c’est u
1693
part, il illustre à merveille le vice fondamental
de
notre société et aussi de notre culture : c’est une absence totale de
1694
lle le vice fondamental de notre société et aussi
de
notre culture : c’est une absence totale de vues d’ensemble. Ce qui n
1695
aussi de notre culture : c’est une absence totale
de
vues d’ensemble. Ce qui nous manque absolument, c’est un grand princi
1696
notre culture : c’est une absence totale de vues
d’
ensemble. Ce qui nous manque absolument, c’est un grand principe d’uni
1697
i nous manque absolument, c’est un grand principe
d’
unité entre notre pensée et nos actions. Cette absence d’un principe d
1698
entre notre pensée et nos actions. Cette absence
d’
un principe d’unité est si totale qu’on ne la ressent même plus comme
1699
ensée et nos actions. Cette absence d’un principe
d’
unité est si totale qu’on ne la ressent même plus comme un scandale. E
1700
ence d’un principe d’unité est si totale qu’on ne
la
ressent même plus comme un scandale. Elle est devenue toute naturelle
1701
me un scandale. Elle est devenue toute naturelle.
Le
banquier dont je viens de vous parler aurait eu beaucoup de peine à c
1702
vait disharmonie, contradiction, entre son comité
de
bienfaisance, les intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois.
1703
contradiction, entre son comité de bienfaisance,
les
intérêts de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces act
1704
n, entre son comité de bienfaisance, les intérêts
de
sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune de ces activités lui p
1705
té de bienfaisance, les intérêts de sa banque, et
le
massacre des Chinois. Chacune de ces activités lui paraissait, en som
1706
de sa banque, et le massacre des Chinois. Chacune
de
ces activités lui paraissait, en somme, justifiable en elle-même, pou
1707
qui s’indignait, il aurait simplement répondu que
les
affaires sont les affaires. On ne peut pas additionner des chiffres e
1708
l aurait simplement répondu que les affaires sont
les
affaires. On ne peut pas additionner des chiffres et des sentiments.
1709
pas tout mélanger… Et, en effet, nous mélangeons
de
moins en moins notre pensée à notre action. L’impuissance de la pensé
1710
ns de moins en moins notre pensée à notre action.
L’
impuissance de la pensée sur la conduite générale des affaires, tel es
1711
moins notre pensée à notre action. L’impuissance
de
la pensée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fon
1712
ins notre pensée à notre action. L’impuissance de
la
pensée sur la conduite générale des affaires, tel est le dogme fondam
1713
ée à notre action. L’impuissance de la pensée sur
la
conduite générale des affaires, tel est le dogme fondamental de la me
1714
ée sur la conduite générale des affaires, tel est
le
dogme fondamental de la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’
1715
nérale des affaires, tel est le dogme fondamental
de
la mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’est une croyance spon
1716
ale des affaires, tel est le dogme fondamental de
la
mentalité moderne. C’est plus qu’un dogme, c’est une croyance spontan
1717
nombreux, si quotidiens, qu’on finit par ne plus
les
voir. Il est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n
1718
s les voir. Il est admis, dans notre société, que
les
hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes d’action, au
1719
Il est admis, dans notre société, que les hommes
de
la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes d’action, aux capitain
1720
est admis, dans notre société, que les hommes de
la
pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes d’action, aux capitaines
1721
té, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire
d’
utile aux hommes d’action, aux capitaines de l’industrie ou de la guer
1722
de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes
d’
action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a ét
1723
dire d’utile aux hommes d’action, aux capitaines
de
l’industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la cultu
1724
re d’utile aux hommes d’action, aux capitaines de
l’
industrie ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture
1725
hommes d’action, aux capitaines de l’industrie ou
de
la guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, en
1726
mes d’action, aux capitaines de l’industrie ou de
la
guerre. Le divorce a été prononcé entre la culture et l’action, entre
1727
n, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre.
Le
divorce a été prononcé entre la culture et l’action, entre le cerveau
1728
ou de la guerre. Le divorce a été prononcé entre
la
culture et l’action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce
1729
re. Le divorce a été prononcé entre la culture et
l’
action, entre le cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont
1730
été prononcé entre la culture et l’action, entre
le
cerveau et la main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le
1731
entre la culture et l’action, entre le cerveau et
la
main. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif,
1732
culture et l’action, entre le cerveau et la main.
Les
résultats de ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif, sans dout
1733
ction, entre le cerveau et la main. Les résultats
de
ce divorce sont infinis. Mais le plus décisif, sans doute, est celui-
1734
n. Les résultats de ce divorce sont infinis. Mais
le
plus décisif, sans doute, est celui-ci : la culture apparaît aujourd’
1735
Mais le plus décisif, sans doute, est celui-ci :
la
culture apparaît aujourd’hui comme une activité de luxe, et l’action
1736
a culture apparaît aujourd’hui comme une activité
de
luxe, et l’action seule est tenue pour sérieuse. En voici la preuve.
1737
paraît aujourd’hui comme une activité de luxe, et
l’
action seule est tenue pour sérieuse. En voici la preuve. Quand la sit
1738
l’action seule est tenue pour sérieuse. En voici
la
preuve. Quand la situation devient grave, comme en cas de guerre par
1739
st tenue pour sérieuse. En voici la preuve. Quand
la
situation devient grave, comme en cas de guerre par exemple, tout le
1740
e. Quand la situation devient grave, comme en cas
de
guerre par exemple, tout le monde trouve parfaitement naturel que la
1741
le, tout le monde trouve parfaitement naturel que
la
pensée abdique sa liberté et se soumette aux besoins de l’action, du
1742
sée abdique sa liberté et se soumette aux besoins
de
l’action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le mon
1743
abdique sa liberté et se soumette aux besoins de
l’
action, du haut en bas de l’échelle de nos occupations. Tout le monde
1744
soumette aux besoins de l’action, du haut en bas
de
l’échelle de nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement natur
1745
umette aux besoins de l’action, du haut en bas de
l’
échelle de nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement naturel
1746
besoins de l’action, du haut en bas de l’échelle
de
nos occupations. Tout le monde trouve parfaitement naturel de cesser
1747
ations. Tout le monde trouve parfaitement naturel
de
cesser d’acheter des livres : c’est la première économie que l’on fer
1748
ut le monde trouve parfaitement naturel de cesser
d’
acheter des livres : c’est la première économie que l’on fera. De même
1749
heter des livres : c’est la première économie que
l’
on fera. De même qu’en temps de restrictions alimentaires on trouve to
1750
mière économie que l’on fera. De même qu’en temps
de
restrictions alimentaires on trouve tout naturel de se priver de dess
1751
restrictions alimentaires on trouve tout naturel
de
se priver de dessert. Oui, la culture est devenue pour nous quelque c
1752
alimentaires on trouve tout naturel de se priver
de
dessert. Oui, la culture est devenue pour nous quelque chose comme un
1753
trouve tout naturel de se priver de dessert. Oui,
la
culture est devenue pour nous quelque chose comme une friandise. Elle
1754
pain quotidien. Et après tout, cela est juste, si
l’
on commence par admettre que la pensée est impuissante sur les lois fa
1755
cela est juste, si l’on commence par admettre que
la
pensée est impuissante sur les lois fatales de l’action. Si les disco
1756
ce par admettre que la pensée est impuissante sur
les
lois fatales de l’action. Si les discours ne trompent plus personne,
1757
ue la pensée est impuissante sur les lois fatales
de
l’action. Si les discours ne trompent plus personne, si les mots n’on
1758
la pensée est impuissante sur les lois fatales de
l’
action. Si les discours ne trompent plus personne, si les mots n’ont p
1759
impuissante sur les lois fatales de l’action. Si
les
discours ne trompent plus personne, si les mots n’ont plus de pouvoir
1760
on. Si les discours ne trompent plus personne, si
les
mots n’ont plus de pouvoir, si les critiques même les plus perspicace
1761
ne trompent plus personne, si les mots n’ont plus
de
pouvoir, si les critiques même les plus perspicaces de notre temps so
1762
s personne, si les mots n’ont plus de pouvoir, si
les
critiques même les plus perspicaces de notre temps sont autant de cri
1763
mots n’ont plus de pouvoir, si les critiques même
les
plus perspicaces de notre temps sont autant de cris dans le désert, a
1764
uvoir, si les critiques même les plus perspicaces
de
notre temps sont autant de cris dans le désert, alors ? Laissons les
1765
e les plus perspicaces de notre temps sont autant
de
cris dans le désert, alors ? Laissons les choses aller… Les clercs se
1766
rspicaces de notre temps sont autant de cris dans
le
désert, alors ? Laissons les choses aller… Les clercs se consoleront
1767
t autant de cris dans le désert, alors ? Laissons
les
choses aller… Les clercs se consoleront de leur impuissance tant qu’o
1768
ans le désert, alors ? Laissons les choses aller…
Les
clercs se consoleront de leur impuissance tant qu’on les laissera fai
1769
ssons les choses aller… Les clercs se consoleront
de
leur impuissance tant qu’on les laissera faire des fiches dans l’indi
1770
rcs se consoleront de leur impuissance tant qu’on
les
laissera faire des fiches dans l’indifférence générale. Quand on dit
1771
nce tant qu’on les laissera faire des fiches dans
l’
indifférence générale. Quand on dit de quelqu’un : c’est un intellectu
1772
fiches dans l’indifférence générale. Quand on dit
de
quelqu’un : c’est un intellectuel ! cela signifie : c’est un monsieur
1773
eur très compliqué qui ne vaut rien pour conduire
la
cité, pour gagner de l’argent, pour faire des choses sérieuses… Et ce
1774
i ne vaut rien pour conduire la cité, pour gagner
de
l’argent, pour faire des choses sérieuses… Et cependant, une société
1775
e vaut rien pour conduire la cité, pour gagner de
l’
argent, pour faire des choses sérieuses… Et cependant, une société où
1776
es choses sérieuses… Et cependant, une société où
les
valeurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’acti
1777
rieuses… Et cependant, une société où les valeurs
de
la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une soc
1778
uses… Et cependant, une société où les valeurs de
la
pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de l’action, une sociét
1779
aleurs de la pensée n’ont plus aucun rapport avec
les
lois de l’action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où
1780
la pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois
de
l’action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où ce manq
1781
pensée n’ont plus aucun rapport avec les lois de
l’
action, une société qui manque à ce point d’harmonie, et où ce manque
1782
is de l’action, une société qui manque à ce point
d’
harmonie, et où ce manque n’est même plus ressenti comme un scandale,
1783
ue n’est même plus ressenti comme un scandale, je
la
vois condamnée à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont la gu
1784
n scandale, je la vois condamnée à glisser, comme
la
nôtre, dans un désordre dont la guerre sera toujours le seul aboutiss
1785
à glisser, comme la nôtre, dans un désordre dont
la
guerre sera toujours le seul aboutissement. L’esprit de Ponce Pila
1786
re, dans un désordre dont la guerre sera toujours
le
seul aboutissement. L’esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui es
1787
la guerre sera toujours le seul aboutissement.
L’
esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorc
1788
sera toujours le seul aboutissement. L’esprit
de
Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorce entre l
1789
e Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable
de
ce divorce entre la main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous
1790
is alors, qui est responsable de ce divorce entre
la
main et le cerveau ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de
1791
ui est responsable de ce divorce entre la main et
le
cerveau ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir d’où
1792
u ? Nous voyons bien où il nous a menés. Essayons
de
voir d’où il vient. Il y a des causes matérielles, d’abord, qui peuve
1793
voyons bien où il nous a menés. Essayons de voir
d’
où il vient. Il y a des causes matérielles, d’abord, qui peuvent dans
1794
i peuvent dans une certaine mesure, nous excuser.
Les
plus marquantes se situent au début du siècle passé. Le phénomène le
1795
s marquantes se situent au début du siècle passé.
Le
phénomène le plus remarquable des débuts du xixe siècle a été, en ef
1796
se situent au début du siècle passé. Le phénomène
le
plus remarquable des débuts du xixe siècle a été, en effet, et dans
1797
uts du xixe siècle a été, en effet, et dans tous
les
domaines, l’agrandissement très brusque des possibilités humaines. L’
1798
iècle a été, en effet, et dans tous les domaines,
l’
agrandissement très brusque des possibilités humaines. L’invention des
1799
dissement très brusque des possibilités humaines.
L’
invention des machines a brusquement accru nos possibilités d’action s
1800
des machines a brusquement accru nos possibilités
d’
action sur la matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brus
1801
a brusquement accru nos possibilités d’action sur
la
matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brusque création
1802
t accru nos possibilités d’action sur la matière.
L’
industrie et le commerce ont provoqué la brusque création de villes én
1803
sibilités d’action sur la matière. L’industrie et
le
commerce ont provoqué la brusque création de villes énormes, dix ou c
1804
matière. L’industrie et le commerce ont provoqué
la
brusque création de villes énormes, dix ou cent fois plus grandes que
1805
e et le commerce ont provoqué la brusque création
de
villes énormes, dix ou cent fois plus grandes que celles qu’on connai
1806
uparavant. Ainsi Berlin passe, en un demi-siècle,
de
25 000 habitants à 4 millions. Dans ces villes, se sont entassées des
1807
des masses humaines informes et démesurées, là où
l’
on ne connaissait auparavant que des groupements organisés autour de p
1808
upements organisés autour de petites entreprises.
Les
richesses, elles aussi, se sont tant agrandies qu’elles ont échappé a
1809
s chiffres abstraits, puissances lointaines, dont
les
économistes se sont mis à étudier les mœurs étranges, qui paraissaien
1810
aines, dont les économistes se sont mis à étudier
les
mœurs étranges, qui paraissaient aussi mystérieuses que celles des mo
1811
stérieuses que celles des monstres antédiluviens.
La
population de l’Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses o
1812
celles des monstres antédiluviens. La population
de
l’Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses ont été décuplé
1813
lles des monstres antédiluviens. La population de
l’
Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses ont été décuplées,
1814
e, et enfin tous ces éléments réunis ont provoqué
la
création d’armées considérables, agrandissant le phénomène de la guer
1815
tous ces éléments réunis ont provoqué la création
d’
armées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquem
1816
la création d’armées considérables, agrandissant
le
phénomène de la guerre, brusquement, aux proportions de la nation ent
1817
d’armées considérables, agrandissant le phénomène
de
la guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici d
1818
rmées considérables, agrandissant le phénomène de
la
guerre, brusquement, aux proportions de la nation entière. Voici donc
1819
nomène de la guerre, brusquement, aux proportions
de
la nation entière. Voici donc, dans tous les domaines, que nos pouvoi
1820
ène de la guerre, brusquement, aux proportions de
la
nation entière. Voici donc, dans tous les domaines, que nos pouvoirs
1821
tions de la nation entière. Voici donc, dans tous
les
domaines, que nos pouvoirs d’agir matériellement grandissent, par une
1822
ci donc, dans tous les domaines, que nos pouvoirs
d’
agir matériellement grandissent, par une mutation brusque dans la prop
1823
lement grandissent, par une mutation brusque dans
la
proportion de 1 à 100. Que va faire la pensée, en présence de cet ess
1824
sent, par une mutation brusque dans la proportion
de
1 à 100. Que va faire la pensée, en présence de cet essor fulgurant d
1825
usque dans la proportion de 1 à 100. Que va faire
la
pensée, en présence de cet essor fulgurant de l’action ? Et que va fa
1826
ire la pensée, en présence de cet essor fulgurant
de
l’action ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devi
1827
la pensée, en présence de cet essor fulgurant de
l’
action ? Et que va faire la culture ? Il semble que la société devienn
1828
cet essor fulgurant de l’action ? Et que va faire
la
culture ? Il semble que la société devienne trop gigantesque pour êtr
1829
tion ? Et que va faire la culture ? Il semble que
la
société devienne trop gigantesque pour être dominée d’un seul regard.
1830
ciété devienne trop gigantesque pour être dominée
d’
un seul regard. Une seule intelligence ne peut plus en comprendre et e
1831
igence ne peut plus en comprendre et en maîtriser
les
rouages. On ne sait pas du tout ce que vont produire ces capitaux éno
1832
nt vont réagir ces masses humaines déracinées par
l’
industrie, et qui déjà menacent et souffrent… Tout cela échappe aux vu
1833
menacent et souffrent… Tout cela échappe aux vues
de
l’esprit rationaliste, et le panorama de la société devient confus. P
1834
acent et souffrent… Tout cela échappe aux vues de
l’
esprit rationaliste, et le panorama de la société devient confus. Plus
1835
ela échappe aux vues de l’esprit rationaliste, et
le
panorama de la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de
1836
aux vues de l’esprit rationaliste, et le panorama
de
la société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme ind
1837
vues de l’esprit rationaliste, et le panorama de
la
société devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’homme indivi
1838
a de la société devient confus. Plus rien n’est à
la
mesure de l’homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous n
1839
ciété devient confus. Plus rien n’est à la mesure
de
l’homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons
1840
té devient confus. Plus rien n’est à la mesure de
l’
homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons :
1841
and nous regardons en arrière, nous nous disons :
les
intellectuels auraient dû faire à ce moment-là un formidable effort d
1842
ient dû faire à ce moment-là un formidable effort
de
mise en ordre ; ils auraient dû être saisis tout à la fois d’angoisse
1843
rdre ; ils auraient dû être saisis tout à la fois
d’
angoisse et d’enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur de tels p
1844
aient dû être saisis tout à la fois d’angoisse et
d’
enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie
1845
d’enthousiasme devant ce monde démesuré, porteur
de
tels pouvoirs de vie ou de mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs a
1846
evant ce monde démesuré, porteur de tels pouvoirs
de
vie ou de mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs avaient été coordo
1847
onde démesuré, porteur de tels pouvoirs de vie ou
de
mort. Songez donc : si tous ces pouvoirs avaient été coordonnés, orie
1848
tés par une vue générale, par une notion générale
de
l’homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie
1849
par une vue générale, par une notion générale de
l’
homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie !
1850
e, par une notion générale de l’homme et des buts
de
sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie ! Mais si ces mêmes po
1851
! Mais si ces mêmes pouvoirs étaient abandonnés à
l’
anarchie, s’ils se développaient chacun de son côté sans tenir compte
1852
onnés à l’anarchie, s’ils se développaient chacun
de
son côté sans tenir compte d’aucune harmonie ni d’aucune mesure humai
1853
éveloppaient chacun de son côté sans tenir compte
d’
aucune harmonie ni d’aucune mesure humaine, ils ne pouvaient créer qu’
1854
e son côté sans tenir compte d’aucune harmonie ni
d’
aucune mesure humaine, ils ne pouvaient créer qu’une vie fausse, une v
1855
fausse, une vie mauvaise, antihumaine. C’eût été
le
rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils a
1856
uvaise, antihumaine. C’eût été le rôle des hommes
de
la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chanc
1857
ise, antihumaine. C’eût été le rôle des hommes de
la
pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chance e
1858
ne. C’eût été le rôle des hommes de la pensée que
d’
avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chance et un devoir vi
1859
été le rôle des hommes de la pensée que d’avertir
les
hommes d’action. Ils avaient là une chance et un devoir vital. Or, il
1860
des hommes de la pensée que d’avertir les hommes
d’
action. Ils avaient là une chance et un devoir vital. Or, ils ont perd
1861
Or, ils ont perdu cette chance. Ils n’ont pas vu
le
danger, ils ont eu peur de le prévoir. Et c’est ici que nous allons d
1862
ance. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur
de
le prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi in
1863
e. Ils n’ont pas vu le danger, ils ont eu peur de
le
prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir le grand ennemi intim
1864
e prévoir. Et c’est ici que nous allons découvrir
le
grand ennemi intime de la culture, c’est chez les philosophes et les
1865
que nous allons découvrir le grand ennemi intime
de
la culture, c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d’
1866
e nous allons découvrir le grand ennemi intime de
la
culture, c’est chez les philosophes et les penseurs qu’il s’est d’abo
1867
le grand ennemi intime de la culture, c’est chez
les
philosophes et les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je le n
1868
time de la culture, c’est chez les philosophes et
les
penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit
1869
les penseurs qu’il s’est d’abord manifesté. Et je
le
nommerai : l’esprit de démission, de non-intervention, ou la démissio
1870
u’il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai :
l’
esprit de démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit.
1871
t d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’esprit
de
démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’
1872
festé. Et je le nommerai : l’esprit de démission,
de
non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’
1873
: l’esprit de démission, de non-intervention, ou
la
démission de l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le scep
1874
e démission, de non-intervention, ou la démission
de
l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se
1875
émission, de non-intervention, ou la démission de
l’
esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lav
1876
-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est
l’
esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et l
1877
ou la démission de l’esprit. C’est l’esprit même
d’
un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et laisse les chos
1878
l’esprit. C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate,
le
sceptique qui se lave les mains et laisse les choses suivre leurs cou
1879
même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave
les
mains et laisse les choses suivre leurs cours fatal. En présence des
1880
ate, le sceptique qui se lave les mains et laisse
les
choses suivre leurs cours fatal. En présence des machines, des capita
1881
rmes questions que posaient ces énormes pouvoirs,
les
penseurs et les philosophes du dernier siècle, dans leur ensemble, n’
1882
ue posaient ces énormes pouvoirs, les penseurs et
les
philosophes du dernier siècle, dans leur ensemble, n’ont répondu que
1883
siècle, dans leur ensemble, n’ont répondu que par
la
fuite, et par ce qu’ils appelaient le désintéressement de la pensée.
1884
ndu que par la fuite, et par ce qu’ils appelaient
le
désintéressement de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de dire
1885
, et par ce qu’ils appelaient le désintéressement
de
la pensée. Ils ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de
1886
t par ce qu’ils appelaient le désintéressement de
la
pensée. Ils ont renoncé à leur mission de directeurs spirituels de la
1887
ment de la pensée. Ils ont renoncé à leur mission
de
directeurs spirituels de la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre
1888
t renoncé à leur mission de directeurs spirituels
de
la cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujou
1889
enoncé à leur mission de directeurs spirituels de
la
cité. Bien sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir d’aujourd’
1890
n sûr, ils n’ont pas dit : notre pensée, à partir
d’
aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de la pensé
1891
d’aujourd’hui, renonce à agir, mais ils ont dit :
la
dignité de la pensée réside dans son détachement de toute action, dan
1892
ui, renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité
de
la pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désin
1893
renonce à agir, mais ils ont dit : la dignité de
la
pensée réside dans son détachement de toute action, dans son désintér
1894
dignité de la pensée réside dans son détachement
de
toute action, dans son désintéressement scientifique. Ils n’ont pas d
1895
s n’ont pas dit : nous ne voulons plus rien faire
d’
utile, mais ils ont dit : on ne peut plus rien faire, car l’histoire e
1896
ais ils ont dit : on ne peut plus rien faire, car
l’
histoire et l’économie sont régies par des lois inflexibles. Et surtou
1897
t : on ne peut plus rien faire, car l’histoire et
l’
économie sont régies par des lois inflexibles. Et surtout, au développ
1898
angoissant des faits, ils ont opposé des milliers
de
pages de rhétorique sur le Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-l
1899
t des faits, ils ont opposé des milliers de pages
de
rhétorique sur le Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-là ! Car e
1900
nt opposé des milliers de pages de rhétorique sur
le
Progrès. Merveilleuse doctrine que celle-là ! Car en somme elle justi
1901
elle-là ! Car en somme elle justifie tout, endort
l’
esprit et le dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiét
1902
r en somme elle justifie tout, endort l’esprit et
le
dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiéter des effet
1903
lle justifie tout, endort l’esprit et le dispense
de
toute intervention active. Pourquoi s’inquiéter des effets futurs de
1904
on active. Pourquoi s’inquiéter des effets futurs
de
ces capitaux accumulés ou du sort de ces masses humaines rassemblées
1905
ffets futurs de ces capitaux accumulés ou du sort
de
ces masses humaines rassemblées ? Primo : notre esprit est trop disti
1906
ué et délicat pour agir sur ces faits ; secundo :
le
Progrès automatique arrangera tout. C’est lui qui, désormais, va remp
1907
gera tout. C’est lui qui, désormais, va remplacer
la
bienveillante Providence. « La religion est l’opium du peuple », disa
1908
mais, va remplacer la bienveillante Providence. «
La
religion est l’opium du peuple », disait Marx. Je lui réponds que la
1909
er la bienveillante Providence. « La religion est
l’
opium du peuple », disait Marx. Je lui réponds que la croyance au Prog
1910
pium du peuple », disait Marx. Je lui réponds que
la
croyance au Progrès est devenue l’opium de la pensée. Bien entendu, c
1911
ui réponds que la croyance au Progrès est devenue
l’
opium de la pensée. Bien entendu, ce n’est point parce qu’ils étaient
1912
ds que la croyance au Progrès est devenue l’opium
de
la pensée. Bien entendu, ce n’est point parce qu’ils étaient méchants
1913
que la croyance au Progrès est devenue l’opium de
la
pensée. Bien entendu, ce n’est point parce qu’ils étaient méchants ou
1914
arce qu’ils étaient méchants ou très stupides que
les
penseurs du dernier siècle ont adopté cette attitude. Le vrai reproch
1915
eurs du dernier siècle ont adopté cette attitude.
Le
vrai reproche qu’il convient de leur faire, c’est avant tout d’avoir
1916
é cette attitude. Le vrai reproche qu’il convient
de
leur faire, c’est avant tout d’avoir manqué de lucidité. Et s’ils en
1917
he qu’il convient de leur faire, c’est avant tout
d’
avoir manqué de lucidité. Et s’ils en ont manqué, c’est parce que leur
1918
nt de leur faire, c’est avant tout d’avoir manqué
de
lucidité. Et s’ils en ont manqué, c’est parce que leur croyance au Pr
1919
manqué, c’est parce que leur croyance au Progrès
les
dispensait de l’inquiétude d’où naît toujours la lucidité. Et voici
1920
parce que leur croyance au Progrès les dispensait
de
l’inquiétude d’où naît toujours la lucidité. Et voici un second repr
1921
ce que leur croyance au Progrès les dispensait de
l’
inquiétude d’où naît toujours la lucidité. Et voici un second reproch
1922
royance au Progrès les dispensait de l’inquiétude
d’
où naît toujours la lucidité. Et voici un second reproche : ils ont e
1923
les dispensait de l’inquiétude d’où naît toujours
la
lucidité. Et voici un second reproche : ils ont essayé de justifier
1924
té. Et voici un second reproche : ils ont essayé
de
justifier leur impuissance pratique par des systèmes philosophiques.
1925
ce pratique par des systèmes philosophiques. Tous
les
grands systèmes en isme du siècle dernier, même les plus contradictoi
1926
s grands systèmes en isme du siècle dernier, même
les
plus contradictoires, ont en commun ce postulat : l’esprit ne peut ri
1927
plus contradictoires, ont en commun ce postulat :
l’
esprit ne peut rien sur l’action, et par suite, il n’a plus à s’en occ
1928
en commun ce postulat : l’esprit ne peut rien sur
l’
action, et par suite, il n’a plus à s’en occuper. Le libéralisme, par
1929
action, et par suite, il n’a plus à s’en occuper.
Le
libéralisme, par exemple, exalte une liberté qui n’est que du laisser
1930
n pense ou travaille pour soi, sans se préoccuper
de
l’ensemble : le Progrès, automatiquement, se chargera du reste, et to
1931
ense ou travaille pour soi, sans se préoccuper de
l’
ensemble : le Progrès, automatiquement, se chargera du reste, et tout
1932
ille pour soi, sans se préoccuper de l’ensemble :
le
Progrès, automatiquement, se chargera du reste, et tout finira bien.
1933
ement, se chargera du reste, et tout finira bien.
Le
marxisme, au contraire, décrit avec une sombre joie notre absence de
1934
traire, décrit avec une sombre joie notre absence
de
liberté, toutes les fatalités économiques qui, selon lui, dominent no
1935
une sombre joie notre absence de liberté, toutes
les
fatalités économiques qui, selon lui, dominent nos croyances intimes.
1936
a revient au même : car si tout est déterminé par
les
lois économiques, donc par la matière, là encore l’esprit ne peut rie
1937
est déterminé par les lois économiques, donc par
la
matière, là encore l’esprit ne peut rien. Aussi bien, Marx prétend-il
1938
lois économiques, donc par la matière, là encore
l’
esprit ne peut rien. Aussi bien, Marx prétend-il que l’esprit n’est qu
1939
rit ne peut rien. Aussi bien, Marx prétend-il que
l’
esprit n’est qu’un reflet, un sous-produit des processus matériels. Vo
1940
que tout le monde est d’accord pour déclarer que
la
pensée n’a rien à voir avec l’action. Soit qu’elle plane, orgueilleus
1941
pour déclarer que la pensée n’a rien à voir avec
l’
action. Soit qu’elle plane, orgueilleuse et pure au-dessus de la matiè
1942
oit qu’elle plane, orgueilleuse et pure au-dessus
de
la matière et de ses lois — selon les libéraux — soit qu’au contraire
1943
qu’elle plane, orgueilleuse et pure au-dessus de
la
matière et de ses lois — selon les libéraux — soit qu’au contraire, h
1944
, orgueilleuse et pure au-dessus de la matière et
de
ses lois — selon les libéraux — soit qu’au contraire, humble et servi
1945
re au-dessus de la matière et de ses lois — selon
les
libéraux — soit qu’au contraire, humble et servile, elle se borne à r
1946
à refléter ces lois — selon Marx. Trop haute pour
les
uns, trop basse pour les autres, elle n’est jamais au niveau de notre
1947
on Marx. Trop haute pour les uns, trop basse pour
les
autres, elle n’est jamais au niveau de notre action. S’il fallait rés
1948
de notre action. S’il fallait résumer rapidement
les
caractères généraux par lesquels se trahit la démission de l’esprit,
1949
nt les caractères généraux par lesquels se trahit
la
démission de l’esprit, je dirais : goût des automatismes, croyance a
1950
ères généraux par lesquels se trahit la démission
de
l’esprit, je dirais : goût des automatismes, croyance aux fatalités
1951
s généraux par lesquels se trahit la démission de
l’
esprit, je dirais : goût des automatismes, croyance aux fatalités de
1952
: goût des automatismes, croyance aux fatalités
de
l’Histoire et de l’Économie, manie des organisations trop vastes et u
1953
goût des automatismes, croyance aux fatalités de
l’
Histoire et de l’Économie, manie des organisations trop vastes et unif
1954
matismes, croyance aux fatalités de l’Histoire et
de
l’Économie, manie des organisations trop vastes et uniformes, optimis
1955
ismes, croyance aux fatalités de l’Histoire et de
l’
Économie, manie des organisations trop vastes et uniformes, optimisme
1956
formes, optimisme trop confortable, enfin, manque
d’
imagination. Or la plupart de ces choses ont paru magnifiques et série
1957
e Kierkegaard et Nietzsche pour protester du fond
de
leur solitude15. Kierkegaard qui osa écrire ce blasphème contre les p
1958
5. Kierkegaard qui osa écrire ce blasphème contre
les
préjugés du siècle : « Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est la
1959
re ce blasphème contre les préjugés du siècle : «
Le
plus grand adversaire de l’esprit, c’est la presse quotidienne. On ne
1960
s préjugés du siècle : « Le plus grand adversaire
de
l’esprit, c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le chr
1961
réjugés du siècle : « Le plus grand adversaire de
l’
esprit, c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christ
1962
e : « Le plus grand adversaire de l’esprit, c’est
la
presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christianisme dans un
1963
st la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher
le
christianisme dans un monde où règne la presse. » Et Nietzsche, de so
1964
s prêcher le christianisme dans un monde où règne
la
presse. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie d’organiser e
1965
dans un monde où règne la presse. » Et Nietzsche,
de
son côté, dénonçait la manie d’organiser et de centraliser en écrivan
1966
la presse. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait
la
manie d’organiser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plu
1967
. » Et Nietzsche, de son côté, dénonçait la manie
d’
organiser et de centraliser en écrivant : « L’État est le plus froid p
1968
e, de son côté, dénonçait la manie d’organiser et
de
centraliser en écrivant : « L’État est le plus froid parmi les monstr
1969
nie d’organiser et de centraliser en écrivant : «
L’
État est le plus froid parmi les monstres froids. » Mais à part ces de
1970
iser et de centraliser en écrivant : « L’État est
le
plus froid parmi les monstres froids. » Mais à part ces deux solitair
1971
er en écrivant : « L’État est le plus froid parmi
les
monstres froids. » Mais à part ces deux solitaires, personne ne sut o
1972
sonne ne sut ou n’osa voir à quoi devait conduire
le
Progrès, abandonné à son mouvement fatal. Le développement de l’indus
1973
uire le Progrès, abandonné à son mouvement fatal.
Le
développement de l’industrie a produit évidemment beaucoup d’automobi
1974
abandonné à son mouvement fatal. Le développement
de
l’industrie a produit évidemment beaucoup d’automobiles, de téléphone
1975
ndonné à son mouvement fatal. Le développement de
l’
industrie a produit évidemment beaucoup d’automobiles, de téléphones e
1976
ment de l’industrie a produit évidemment beaucoup
d’
automobiles, de téléphones et de frigidaires, mais il a aussi produit
1977
trie a produit évidemment beaucoup d’automobiles,
de
téléphones et de frigidaires, mais il a aussi produit beaucoup de can
1978
idemment beaucoup d’automobiles, de téléphones et
de
frigidaires, mais il a aussi produit beaucoup de canons et de masques
1979
es, mais il a aussi produit beaucoup de canons et
de
masques à gaz. Il a produit beaucoup de confort, mais il a également
1980
beaucoup de confort, mais il a également produit
la
lutte des classes et le chômage, et la grande ville, cette catastroph
1981
is il a également produit la lutte des classes et
le
chômage, et la grande ville, cette catastrophe humaine, l’un des désa
1982
nt produit la lutte des classes et le chômage, et
la
grande ville, cette catastrophe humaine, l’un des désastres moraux de
1983
te catastrophe humaine, l’un des désastres moraux
de
l’Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d
1984
catastrophe humaine, l’un des désastres moraux de
l’
Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute d’un
1985
désastres moraux de l’Histoire. Tout cela, faute
d’
harmonie et de mesure humaine, faute d’un grand principe directeur, sp
1986
aux de l’Histoire. Tout cela, faute d’harmonie et
de
mesure humaine, faute d’un grand principe directeur, spirituel ou cul
1987
ela, faute d’harmonie et de mesure humaine, faute
d’
un grand principe directeur, spirituel ou culturel. Tout cela parce qu
1988
el ou culturel. Tout cela parce qu’on pensait que
le
Progrès était sain, juste et infaillible, et que la seule tâche série
1989
Progrès était sain, juste et infaillible, et que
la
seule tâche sérieuse était de gagner de l’argent en attendant que les
1990
infaillible, et que la seule tâche sérieuse était
de
gagner de l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mê
1991
e, et que la seule tâche sérieuse était de gagner
de
l’argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, e
1992
et que la seule tâche sérieuse était de gagner de
l’
argent en attendant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, en r
1993
euse était de gagner de l’argent en attendant que
les
choses s’arrangent d’elles-mêmes. Or, en réalité, rien ne s’est arran
1994
l’argent en attendant que les choses s’arrangent
d’
elles-mêmes. Or, en réalité, rien ne s’est arrangé. Et voici où nous r
1995
ien ne s’est arrangé. Et voici où nous rejoignons
le
temps présent. Dans une cité où la culture n’a plus en fait l’initiat
1996
ous rejoignons le temps présent. Dans une cité où
la
culture n’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de la product
1997
ent. Dans une cité où la culture n’a plus en fait
l’
initiative, ce sont les lois de la production et de la guerre qui impo
1998
la culture n’a plus en fait l’initiative, ce sont
les
lois de la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à
1999
e n’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois
de
la production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre p
2000
’a plus en fait l’initiative, ce sont les lois de
la
production et de la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pens
2001
’initiative, ce sont les lois de la production et
de
la guerre qui imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Q
2002
itiative, ce sont les lois de la production et de
la
guerre qui imposent leurs nécessités à notre pensée impuissante. Quan
2003
eurs nécessités à notre pensée impuissante. Quand
la
culture ne domine plus l’action, c’est l’action qui domine la culture
2004
nsée impuissante. Quand la culture ne domine plus
l’
action, c’est l’action qui domine la culture, mais une action qui ne s
2005
. Quand la culture ne domine plus l’action, c’est
l’
action qui domine la culture, mais une action qui ne sait pas où elle
2006
e domine plus l’action, c’est l’action qui domine
la
culture, mais une action qui ne sait pas où elle va ! Et la société à
2007
, mais une action qui ne sait pas où elle va ! Et
la
société à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que la pensée se sé
2008
été à son tour ne tarde pas à se défaire. Dès que
la
pensée se sépare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns
2009
rde pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare
de
l’action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun,
2010
pas à se défaire. Dès que la pensée se sépare de
l’
action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dan
2011
défaire. Dès que la pensée se sépare de l’action,
les
hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dans sa spécia
2012
épare de l’action, les hommes se trouvent séparés
les
uns des autres. Chacun, dans sa spécialité, suit des voies totalement
2013
cées par des principes contradictoires et privées
de
commune mesure. Décadence de la communauté Je préciserai ce que
2014
toires et privées de commune mesure. Décadence
de
la communauté Je préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure
2015
res et privées de commune mesure. Décadence de
la
communauté Je préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure d’
2016
communauté Je préciserai ce que j’appelle ici
la
commune mesure d’une civilisation : c’est le principe qui doit harmon
2017
préciserai ce que j’appelle ici la commune mesure
d’
une civilisation : c’est le principe qui doit harmoniser toutes les ac
2018
ici la commune mesure d’une civilisation : c’est
le
principe qui doit harmoniser toutes les activités d’une société donné
2019
on : c’est le principe qui doit harmoniser toutes
les
activités d’une société donnée. Dans la cité grecque, par exemple, to
2020
principe qui doit harmoniser toutes les activités
d’
une société donnée. Dans la cité grecque, par exemple, tout était rapp
2021
r toutes les activités d’une société donnée. Dans
la
cité grecque, par exemple, tout était rapporté à la mesure de l’indiv
2022
cité grecque, par exemple, tout était rapporté à
la
mesure de l’individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était ré
2023
que, par exemple, tout était rapporté à la mesure
de
l’individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par le
2024
, par exemple, tout était rapporté à la mesure de
l’
individu raisonnable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par le dr
2025
porté à la mesure de l’individu raisonnable. Dans
l’
Empire romain, tout était réglé par le droit d’État. Chez les Juifs, c
2026
nable. Dans l’Empire romain, tout était réglé par
le
droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait t
2027
ns l’Empire romain, tout était réglé par le droit
d’
État. Chez les Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’ex
2028
omain, tout était réglé par le droit d’État. Chez
les
Juifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans s
2029
églé par le droit d’État. Chez les Juifs, c’était
la
Loi de Moïse qui ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux
2030
r le droit d’État. Chez les Juifs, c’était la Loi
de
Moïse qui ordonnait toute l’existence dans ses plus minutieux détails
2031
uifs, c’était la Loi de Moïse qui ordonnait toute
l’
existence dans ses plus minutieux détails. Au Moyen âge, la théologie.
2032
ce dans ses plus minutieux détails. Au Moyen âge,
la
théologie. Dans toutes ces civilisations, l’action obéissait spontané
2033
âge, la théologie. Dans toutes ces civilisations,
l’
action obéissait spontanément aux mêmes lois que la pensée. Mais aujou
2034
’action obéissait spontanément aux mêmes lois que
la
pensée. Mais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et la théolog
2035
ux mêmes lois que la pensée. Mais aujourd’hui que
la
Loi des Juifs, le droit et la théologie sont méprisés ou ignorés, mai
2036
la pensée. Mais aujourd’hui que la Loi des Juifs,
le
droit et la théologie sont méprisés ou ignorés, maintenant que tout,
2037
ais aujourd’hui que la Loi des Juifs, le droit et
la
théologie sont méprisés ou ignorés, maintenant que tout, dans le mond
2038
nt méprisés ou ignorés, maintenant que tout, dans
le
monde, échappe aux prises de l’esprit humain, il ne reste qu’un seul
2039
enant que tout, dans le monde, échappe aux prises
de
l’esprit humain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer la vale
2040
nt que tout, dans le monde, échappe aux prises de
l’
esprit humain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur
2041
ain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer
la
valeur de nos actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent
2042
reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur
de
nos actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent : c’est l
2043
ncipe pour mesurer la valeur de nos actes : c’est
l’
Argent. Et quand il n’y a plus d’argent : c’est la misère. Et quand la
2044
os actes : c’est l’Argent. Et quand il n’y a plus
d’
argent : c’est la misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’
2045
l’Argent. Et quand il n’y a plus d’argent : c’est
la
misère. Et quand la misère est trop grande, alors c’est l’État-provid
2046
l n’y a plus d’argent : c’est la misère. Et quand
la
misère est trop grande, alors c’est l’État-providence qui se charge d
2047
. Et quand la misère est trop grande, alors c’est
l’
État-providence qui se charge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est
2048
ande, alors c’est l’État-providence qui se charge
de
tout mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et l’État sont des
2049
t-providence qui se charge de tout mettre au pas.
Le
malheur, c’est que l’Argent et l’État sont des principes qui ne valen
2050
arge de tout mettre au pas. Le malheur, c’est que
l’
Argent et l’État sont des principes qui ne valent rien dans le monde d
2051
mettre au pas. Le malheur, c’est que l’Argent et
l’
État sont des principes qui ne valent rien dans le monde de l’esprit.
2052
l’État sont des principes qui ne valent rien dans
le
monde de l’esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rap
2053
nt des principes qui ne valent rien dans le monde
de
l’esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement,
2054
des principes qui ne valent rien dans le monde de
l’
esprit. Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement, s’a
2055
lent rien dans le monde de l’esprit. Et dès lors,
la
culture en chômage se corrompt rapidement, s’asservit. Je vous donner
2056
’asservit. Je vous donnerai un exemple que chacun
de
vous peut vérifier quotidiennement. Le fondement et le symbole de tou
2057
que chacun de vous peut vérifier quotidiennement.
Le
fondement et le symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous a
2058
us peut vérifier quotidiennement. Le fondement et
le
symbole de toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd
2059
ifier quotidiennement. Le fondement et le symbole
de
toute culture, c’est le langage. Or nous assistons aujourd’hui à une
2060
e fondement et le symbole de toute culture, c’est
le
langage. Or nous assistons aujourd’hui à une extraordinaire décadence
2061
e, en tous pays. Au cours des siècles précédents,
les
hommes d’une même société s’entendaient sur le sens de certains mots
2062
pays. Au cours des siècles précédents, les hommes
d’
une même société s’entendaient sur le sens de certains mots fondamenta
2063
, les hommes d’une même société s’entendaient sur
le
sens de certains mots fondamentaux que j’appellerai les lieux communs
2064
mmes d’une même société s’entendaient sur le sens
de
certains mots fondamentaux que j’appellerai les lieux communs. C’étai
2065
ns de certains mots fondamentaux que j’appellerai
les
lieux communs. C’était sur la base de ces mots, définis une fois pour
2066
x que j’appellerai les lieux communs. C’était sur
la
base de ces mots, définis une fois pour toutes, que les échanges d’id
2067
appellerai les lieux communs. C’était sur la base
de
ces mots, définis une fois pour toutes, que les échanges d’idées pouv
2068
se de ces mots, définis une fois pour toutes, que
les
échanges d’idées pouvaient se produire sans erreur ni malentendu. Les
2069
s, définis une fois pour toutes, que les échanges
d’
idées pouvaient se produire sans erreur ni malentendu. Les lieux commu
2070
pouvaient se produire sans erreur ni malentendu.
Les
lieux communs étaient donc à la base de toute la vie sociale du siècl
2071
r ni malentendu. Les lieux communs étaient donc à
la
base de toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi no
2072
entendu. Les lieux communs étaient donc à la base
de
toute la vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi nous ? Pre
2073
Les lieux communs étaient donc à la base de toute
la
vie sociale du siècle. Que sont-ils devenus parmi nous ? Prenons troi
2074
ils devenus parmi nous ? Prenons trois mots parmi
les
plus fréquents dans les discours et les écrits de notre époque : espr
2075
Prenons trois mots parmi les plus fréquents dans
les
discours et les écrits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je
2076
ots parmi les plus fréquents dans les discours et
les
écrits de notre époque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le
2077
es plus fréquents dans les discours et les écrits
de
notre époque : esprit, liberté et ordre. Je constate que le mot espri
2078
poque : esprit, liberté et ordre. Je constate que
le
mot esprit a déjà 29 sens différents dans le dictionnaire de Littré.
2079
que le mot esprit a déjà 29 sens différents dans
le
dictionnaire de Littré. Mais cela n’est pas un mal, car ces sens, jus
2080
it a déjà 29 sens différents dans le dictionnaire
de
Littré. Mais cela n’est pas un mal, car ces sens, justement, sont exa
2081
personne ne s’entend. Tout le monde veut défendre
l’
esprit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pou
2082
veut défendre l’esprit, mais pour certains, c’est
le
Saint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine,
2083
esprit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit
de
la théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine, ou l’ensemble d
2084
rit, mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de
la
théologie, pour d’autres, c’est la raison humaine, ou l’ensemble de l
2085
aint-Esprit de la théologie, pour d’autres, c’est
la
raison humaine, ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit
2086
logie, pour d’autres, c’est la raison humaine, ou
l’
ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des
2087
d’autres, c’est la raison humaine, ou l’ensemble
de
la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des délicats,
2088
autres, c’est la raison humaine, ou l’ensemble de
la
culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera le luxe des délicats, et
2089
aine, ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci,
l’
esprit signifiera le luxe des délicats, et pour cet autre, l’activité
2090
de la culture. Pour celui-ci, l’esprit signifiera
le
luxe des délicats, et pour cet autre, l’activité révolutionnaire des
2091
gnifiera le luxe des délicats, et pour cet autre,
l’
activité révolutionnaire des créateurs. Si j’affirme que mon but est d
2092
naire des créateurs. Si j’affirme que mon but est
de
sauver l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrèt
2093
créateurs. Si j’affirme que mon but est de sauver
l’
esprit, le marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je
2094
Si j’affirme que mon but est de sauver l’esprit,
le
marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je m’évade da
2095
r l’esprit, le marxiste en déduira que je néglige
la
vie concrète, que je m’évade dans le spiritualisme, alors que je ne v
2096
e je néglige la vie concrète, que je m’évade dans
le
spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’esprit que dans l
2097
évade dans le spiritualisme, alors que je ne vois
de
salut pour l’esprit que dans la présence effective de la pensée et de
2098
spiritualisme, alors que je ne vois de salut pour
l’
esprit que dans la présence effective de la pensée et de la foi à tout
2099
rs que je ne vois de salut pour l’esprit que dans
la
présence effective de la pensée et de la foi à toutes les misères de
2100
alut pour l’esprit que dans la présence effective
de
la pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté,
2101
t pour l’esprit que dans la présence effective de
la
pensée et de la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté, tou
2102
it que dans la présence effective de la pensée et
de
la foi à toutes les misères de ce monde. La liberté, tout le monde l’
2103
que dans la présence effective de la pensée et de
la
foi à toutes les misères de ce monde. La liberté, tout le monde l’inv
2104
ence effective de la pensée et de la foi à toutes
les
misères de ce monde. La liberté, tout le monde l’invoque, n’est-ce pa
2105
ve de la pensée et de la foi à toutes les misères
de
ce monde. La liberté, tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais po
2106
ée et de la foi à toutes les misères de ce monde.
La
liberté, tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais pour l’économis
2107
es misères de ce monde. La liberté, tout le monde
l’
invoque, n’est-ce pas ? Mais pour l’économiste libéral, cela signifie
2108
tout le monde l’invoque, n’est-ce pas ? Mais pour
l’
économiste libéral, cela signifie le droit de ruiner le voisin par le
2109
s ? Mais pour l’économiste libéral, cela signifie
le
droit de ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’indiv
2110
pour l’économiste libéral, cela signifie le droit
de
ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste
2111
nomiste libéral, cela signifie le droit de ruiner
le
voisin par le jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisa
2112
l, cela signifie le droit de ruiner le voisin par
le
jeu de la concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le
2113
signifie le droit de ruiner le voisin par le jeu
de
la concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le refus
2114
gnifie le droit de ruiner le voisin par le jeu de
la
concurrence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera le refus d’o
2115
ner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour
l’
individualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir à l’État ; dans t
2116
ence ; pour l’individualiste anarchisant, ce sera
le
refus d’obéir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer
2117
ur l’individualiste anarchisant, ce sera le refus
d’
obéir à l’État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’au
2118
idualiste anarchisant, ce sera le refus d’obéir à
l’
État ; dans tel pays, la liberté consiste à s’armer jusqu’aux dents au
2119
e sera le refus d’obéir à l’État ; dans tel pays,
la
liberté consiste à s’armer jusqu’aux dents au prix de dures privation
2120
prix de dures privations ; dans un deuxième pays,
la
liberté signifiera le droit pour le plus fort de s’annexer un voisin
2121
ns ; dans un deuxième pays, la liberté signifiera
le
droit pour le plus fort de s’annexer un voisin faible ; dans un trois
2122
euxième pays, la liberté signifiera le droit pour
le
plus fort de s’annexer un voisin faible ; dans un troisième pays, la
2123
la liberté signifiera le droit pour le plus fort
de
s’annexer un voisin faible ; dans un troisième pays, la liberté sera
2124
nnexer un voisin faible ; dans un troisième pays,
la
liberté sera tout simplement la permission de dire à haute voix ce qu
2125
n troisième pays, la liberté sera tout simplement
la
permission de dire à haute voix ce que l’on pense. Et quand ces trois
2126
ys, la liberté sera tout simplement la permission
de
dire à haute voix ce que l’on pense. Et quand ces trois pays se feron
2127
plement la permission de dire à haute voix ce que
l’
on pense. Et quand ces trois pays se feront la guerre, ils la feront t
2128
que l’on pense. Et quand ces trois pays se feront
la
guerre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre enfin sig
2129
Et quand ces trois pays se feront la guerre, ils
la
feront tous au nom de la liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt
2130
se feront la guerre, ils la feront tous au nom de
la
liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt le statu quo social, si a
2131
erre, ils la feront tous au nom de la liberté… Et
l’
ordre enfin signifiera tantôt le statu quo social, si absurde qu’il so
2132
de la liberté… Et l’ordre enfin signifiera tantôt
le
statu quo social, si absurde qu’il soit, tantôt l’établissement d’une
2133
e statu quo social, si absurde qu’il soit, tantôt
l’
établissement d’une hiérarchie nouvelle au prix d’une révolution, tant
2134
al, si absurde qu’il soit, tantôt l’établissement
d’
une hiérarchie nouvelle au prix d’une révolution, tantôt la suppressio
2135
l’établissement d’une hiérarchie nouvelle au prix
d’
une révolution, tantôt la suppression physique de tous ceux qui critiq
2136
rarchie nouvelle au prix d’une révolution, tantôt
la
suppression physique de tous ceux qui critiquent le désordre établi,
2137
d’une révolution, tantôt la suppression physique
de
tous ceux qui critiquent le désordre établi, tantôt le fait qu’on n’a
2138
suppression physique de tous ceux qui critiquent
le
désordre établi, tantôt le fait qu’on n’assassine plus dans la rue ma
2139
us ceux qui critiquent le désordre établi, tantôt
le
fait qu’on n’assassine plus dans la rue mais seulement dans les priso
2140
tabli, tantôt le fait qu’on n’assassine plus dans
la
rue mais seulement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire
2141
n’assassine plus dans la rue mais seulement dans
les
prisons d’État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principa
2142
plus dans la rue mais seulement dans les prisons
d’
État. Je n’hésite pas à le dire : l’une des causes principales de la m
2143
lement dans les prisons d’État. Je n’hésite pas à
le
dire : l’une des causes principales de la mésentente des peuples rési
2144
site pas à le dire : l’une des causes principales
de
la mésentente des peuples réside dans ce désordre du langage, et dans
2145
e pas à le dire : l’une des causes principales de
la
mésentente des peuples réside dans ce désordre du langage, et dans l’
2146
uples réside dans ce désordre du langage, et dans
l’
absence de toute autorité morale capable d’y porter remède. Car qui pe
2147
de dans ce désordre du langage, et dans l’absence
de
toute autorité morale capable d’y porter remède. Car qui peut fixer a
2148
t dans l’absence de toute autorité morale capable
d’
y porter remède. Car qui peut fixer aujourd’hui le véritable sens des
2149
d’y porter remède. Car qui peut fixer aujourd’hui
le
véritable sens des mots ? En d’autres temps, c’étaient l’Église et la
2150
able sens des mots ? En d’autres temps, c’étaient
l’
Église et la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écriva
2151
s mots ? En d’autres temps, c’étaient l’Église et
la
théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent les écrivains. Mais qu
2152
la théologie qui s’en chargeaient. Puis ce furent
les
écrivains. Mais que peuvent-ils dans notre monde démesuré ? Un Valéry
2153
léry, un Gide ou un Claudel ont quelques milliers
de
lecteurs, tandis que la presse du soir et la radio atteignent chaque
2154
del ont quelques milliers de lecteurs, tandis que
la
presse du soir et la radio atteignent chaque jour des millions d’homm
2155
iers de lecteurs, tandis que la presse du soir et
la
radio atteignent chaque jour des millions d’hommes, et c’est tout un
2156
r et la radio atteignent chaque jour des millions
d’
hommes, et c’est tout un domaine du langage que l’écrivain ne contrôle
2157
d’hommes, et c’est tout un domaine du langage que
l’
écrivain ne contrôle pas, ne forme pas, n’atteint même pas. Ainsi se c
2158
ne forme pas, n’atteint même pas. Ainsi se créent
d’
énormes zones d’échanges verbaux incontrôlés. Et plus on y échange de
2159
atteint même pas. Ainsi se créent d’énormes zones
d’
échanges verbaux incontrôlés. Et plus on y échange de mots, plus ils p
2160
changes verbaux incontrôlés. Et plus on y échange
de
mots, plus ils perdent leur force et leur sens, et leur délicatesse d
2161
dent leur force et leur sens, et leur délicatesse
d’
appel. Alors les écrivains qui n’ont pas d’autres armes que les mots s
2162
et leur sens, et leur délicatesse d’appel. Alors
les
écrivains qui n’ont pas d’autres armes que les mots se voient privés
2163
rs les écrivains qui n’ont pas d’autres armes que
les
mots se voient privés de tout moyen d’agir. Leurs conseils, leurs app
2164
pas d’autres armes que les mots se voient privés
de
tout moyen d’agir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les
2165
armes que les mots se voient privés de tout moyen
d’
agir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les hommes échange
2166
ir. Leurs conseils, leurs appels ne portent plus.
Les
hommes échangent des paroles en plus grand nombre que jamais, et ne s
2167
jamais, et ne se disent rien qui compte. Or quand
la
parole se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un
2168
quand la parole se détruit, quand elle n’est plus
le
don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son ê
2169
omme fait à un homme, et qui engage quelque chose
de
son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit, le fondement même de
2170
e, et qui engage quelque chose de son être, c’est
l’
amitié humaine qui se détruit, le fondement même de toute communauté16
2171
son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit,
le
fondement même de toute communauté16. Alors paraît le règne de la for
2172
’amitié humaine qui se détruit, le fondement même
de
toute communauté16. Alors paraît le règne de la force ! Si nulle auto
2173
ondement même de toute communauté16. Alors paraît
le
règne de la force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le se
2174
même de toute communauté16. Alors paraît le règne
de
la force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le sens des mo
2175
e de toute communauté16. Alors paraît le règne de
la
force ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer le sens des mots,
2176
rce ! Si nulle autorité spirituelle ne peut fixer
le
sens des mots, la propagande brutale s’en chargera. À la place des gr
2177
orité spirituelle ne peut fixer le sens des mots,
la
propagande brutale s’en chargera. À la place des grands lieux communs
2178
des mots, la propagande brutale s’en chargera. À
la
place des grands lieux communs chargés de sens traditionnel, nous aur
2179
gera. À la place des grands lieux communs chargés
de
sens traditionnel, nous aurons des slogans, des mots d’ordre simplist
2180
rons des slogans, des mots d’ordre simplistes. Et
l’
on pourra changer le sens des mots sept fois par an, selon les besoins
2181
s mots d’ordre simplistes. Et l’on pourra changer
le
sens des mots sept fois par an, selon les besoins de la cause. C’est
2182
changer le sens des mots sept fois par an, selon
les
besoins de la cause. C’est ainsi que tout récemment, le ministre d’un
2183
sens des mots sept fois par an, selon les besoins
de
la cause. C’est ainsi que tout récemment, le ministre d’une grande pu
2184
s des mots sept fois par an, selon les besoins de
la
cause. C’est ainsi que tout récemment, le ministre d’une grande puiss
2185
oins de la cause. C’est ainsi que tout récemment,
le
ministre d’une grande puissance, le camarade Molotov, déclarait que l
2186
ause. C’est ainsi que tout récemment, le ministre
d’
une grande puissance, le camarade Molotov, déclarait que le mot d’agre
2187
ut récemment, le ministre d’une grande puissance,
le
camarade Molotov, déclarait que le mot d’agression avait changé de se
2188
nde puissance, le camarade Molotov, déclarait que
le
mot d’agression avait changé de sens depuis ce printemps, « les événe
2189
ssance, le camarade Molotov, déclarait que le mot
d’
agression avait changé de sens depuis ce printemps, « les événements l
2190
ov, déclarait que le mot d’agression avait changé
de
sens depuis ce printemps, « les événements lui ayant donné un contenu
2191
ssion avait changé de sens depuis ce printemps, «
les
événements lui ayant donné un contenu historique nouveau », exactemen
2192
contenu historique nouveau », exactement inverse
de
l’ancien… Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’Alice a
2193
ntenu historique nouveau », exactement inverse de
l’
ancien… Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue d’Alice au p
2194
Cela me fit songer irrésistiblement à un dialogue
d’
Alice au pays des Merveilles (qui est un de mes livres préférés), dial
2195
alogue d’Alice au pays des Merveilles (qui est un
de
mes livres préférés), dialogue dont voici trois répliques : « Quand j
2196
e dont voici trois répliques : « Quand je me sers
d’
un mot, dit Humpty-Dumpty d’un ton méprisant, il signifie exactement c
2197
: « Quand je me sers d’un mot, dit Humpty-Dumpty
d’
un ton méprisant, il signifie exactement ce que je veux qu’il signifie
2198
e que je veux qu’il signifie… ni plus ni moins. —
La
question est de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes
2199
’il signifie… ni plus ni moins. — La question est
de
savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes mots signifient
2200
st de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que
les
mêmes mots signifient des choses différentes ? — La question est de s
2201
mêmes mots signifient des choses différentes ? —
La
question est de savoir, dit Humpty-Dumpty, qui est le plus fort… et c
2202
ifient des choses différentes ? — La question est
de
savoir, dit Humpty-Dumpty, qui est le plus fort… et c’est tout. » Nou
2203
uestion est de savoir, dit Humpty-Dumpty, qui est
le
plus fort… et c’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’est le p
2204
’est tout. » Nous en sommes exactement là : c’est
le
plus fort qui définit le sens des mots et qui l’impose à son caprice.
2205
es exactement là : c’est le plus fort qui définit
le
sens des mots et qui l’impose à son caprice. Eh bien, je dis que lors
2206
le plus fort qui définit le sens des mots et qui
l’
impose à son caprice. Eh bien, je dis que lorsqu’on en arrive à une pa
2207
rrive à une pareille décadence des lieux communs,
la
culture est à l’agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politiq
2208
lle décadence des lieux communs, la culture est à
l’
agonie. Mais en même temps, la vie sociale et politique devient pratiq
2209
s, la culture est à l’agonie. Mais en même temps,
la
vie sociale et politique devient pratiquement impossible. Les masses
2210
ale et politique devient pratiquement impossible.
Les
masses le sentent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les tro
2211
tique devient pratiquement impossible. Les masses
le
sentent aussi bien que les chefs, obscurément, dans les trop grands p
2212
impossible. Les masses le sentent aussi bien que
les
chefs, obscurément, dans les trop grands pays. C’est une angoisse inf
2213
ntent aussi bien que les chefs, obscurément, dans
les
trop grands pays. C’est une angoisse informulée, mais dont les signes
2214
ds pays. C’est une angoisse informulée, mais dont
les
signes sont partout. Or maintenant, de cette angoisse monte un appel,
2215
mais dont les signes sont partout. Or maintenant,
de
cette angoisse monte un appel, le formidable et inconscient appel des
2216
Or maintenant, de cette angoisse monte un appel,
le
formidable et inconscient appel des masses vers une communauté humain
2217
ée dans son esprit et dans ses signes extérieurs,
l’
appel de toute l’Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaur
2218
son esprit et dans ses signes extérieurs, l’appel
de
toute l’Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaurée et vi
2219
t et dans ses signes extérieurs, l’appel de toute
l’
Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaurée et vivante.
2220
vers une commune mesure restaurée et vivante.
L’
appel au dictateur Et c’est à cet appel qu’ont répondu les chefs de
2221
dictateur Et c’est à cet appel qu’ont répondu
les
chefs des grands mouvements collectivistes. Tout leur génie, s’il fau
2222
leur en reconnaître, a consisté à deviner — avant
les
intellectuels ! — la vraie nature de l’angoisse des foules, pour lui
2223
consisté à deviner — avant les intellectuels ! —
la
vraie nature de l’angoisse des foules, pour lui donner une réponse à
2224
ner — avant les intellectuels ! — la vraie nature
de
l’angoisse des foules, pour lui donner une réponse à la fois frappant
2225
— avant les intellectuels ! — la vraie nature de
l’
angoisse des foules, pour lui donner une réponse à la fois frappante e
2226
dit. C’est bien simple. Nous allons proclamer que
l’
intérêt de l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule rè
2227
bien simple. Nous allons proclamer que l’intérêt
de
l’État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de tou
2228
en simple. Nous allons proclamer que l’intérêt de
l’
État dont nous sommes devenus les maîtres est la seule règle de toute
2229
que l’intérêt de l’État dont nous sommes devenus
les
maîtres est la seule règle de toute activité, culturelle, politique,
2230
e l’État dont nous sommes devenus les maîtres est
la
seule règle de toute activité, culturelle, politique, ou même religie
2231
ous sommes devenus les maîtres est la seule règle
de
toute activité, culturelle, politique, ou même religieuse. » C’était
2232
politique, ou même religieuse. » C’était un coup
de
génie, si le génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients
2233
u même religieuse. » C’était un coup de génie, si
le
génie consiste à deviner et à prévenir les inconscients désirs de la
2234
nie, si le génie consiste à deviner et à prévenir
les
inconscients désirs de la nation. Mais on peut avoir du génie et fair
2235
e à deviner et à prévenir les inconscients désirs
de
la nation. Mais on peut avoir du génie et faire de grosses fautes de
2236
deviner et à prévenir les inconscients désirs de
la
nation. Mais on peut avoir du génie et faire de grosses fautes de cal
2237
e la nation. Mais on peut avoir du génie et faire
de
grosses fautes de calcul. Surtout quand on est très pressé. Or il est
2238
on peut avoir du génie et faire de grosses fautes
de
calcul. Surtout quand on est très pressé. Or il est certain que ces c
2239
es chefs étaient horriblement pressés, à cause de
la
misère que subissaient leurs peuples. Et voici la faute de calcul qu’
2240
la misère que subissaient leurs peuples. Et voici
la
faute de calcul qu’ils me paraissent avoir commise : ils ont voulu im
2241
araissent avoir commise : ils ont voulu imposer à
l’
ensemble des principes qui étaient partiels. La discipline d’État, ou
2242
à l’ensemble des principes qui étaient partiels.
La
discipline d’État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réali
2243
des principes qui étaient partiels. La discipline
d’
État, ou le sang, ou la classe, ce sont certes des réalités. Mais des
2244
es qui étaient partiels. La discipline d’État, ou
le
sang, ou la classe, ce sont certes des réalités. Mais des réalités pa
2245
nt partiels. La discipline d’État, ou le sang, ou
la
classe, ce sont certes des réalités. Mais des réalités partielles. Si
2246
es des réalités. Mais des réalités partielles. Si
la
loi qu’on impose à tous est calculée seulement pour certains types, s
2247
une odieuse tyrannie pour tous ceux qui débordent
le
cadre, c’est autant dire pour tous les hommes vraiment humains. C’éta
2248
i débordent le cadre, c’est autant dire pour tous
les
hommes vraiment humains. C’était très bien d’essayer de répondre au g
2249
us les hommes vraiment humains. C’était très bien
d’
essayer de répondre au grand appel des peuples vers une communauté. Ma
2250
mes vraiment humains. C’était très bien d’essayer
de
répondre au grand appel des peuples vers une communauté. Mais on a ré
2251
mmunauté. Mais on a répondu trop vite, et surtout
d’
une manière incomplète. Or, en pareil domaine, il est très dangereux d
2252
ète. Or, en pareil domaine, il est très dangereux
de
se tromper si peu que ce soit, et de donner une réponse qui ne soit p
2253
ès dangereux de se tromper si peu que ce soit, et
de
donner une réponse qui ne soit pas vraiment totale. Nous connaissons
2254
qui ne soit pas vraiment totale. Nous connaissons
les
résultats d’une pareille faute, nous ne cessons d’y penser ce soir.
2255
s vraiment totale. Nous connaissons les résultats
d’
une pareille faute, nous ne cessons d’y penser ce soir. L’appel des p
2256
s résultats d’une pareille faute, nous ne cessons
d’
y penser ce soir. L’appel des peuples reste insatisfait. Il continue
2257
eille faute, nous ne cessons d’y penser ce soir.
L’
appel des peuples reste insatisfait. Il continue à nous poser la plus
2258
uples reste insatisfait. Il continue à nous poser
la
plus sérieuse question humaine. Et s’il n’est pas encore aussi tragiq
2259
re aussi tragique dans des pays moins menacés par
la
misère, comme par exemple nos petits états neutres, ne nous faisons p
2260
ple nos petits états neutres, ne nous faisons pas
d’
illusions : tôt ou tard, là aussi, cet appel exigera une réponse. Rest
2261
igera une réponse. Reste à savoir si nous saurons
la
lui donner. Reste à savoir si nous saurons utiliser le délai qui nous
2262
i donner. Reste à savoir si nous saurons utiliser
le
délai qui nous est accordé, à nous les neutres, pour découvrir les vr
2263
ns utiliser le délai qui nous est accordé, à nous
les
neutres, pour découvrir les vraies causes du mal, et par suite, les v
2264
s est accordé, à nous les neutres, pour découvrir
les
vraies causes du mal, et par suite, les vrais remèdes, et non seuleme
2265
découvrir les vraies causes du mal, et par suite,
les
vrais remèdes, et non seulement pour décrire ces remèdes, mais surtou
2266
ement pour décrire ces remèdes, mais surtout pour
les
essayer sur nous d’abord. Car nous aussi, je le répète, nous sommes a
2267
les essayer sur nous d’abord. Car nous aussi, je
le
répète, nous sommes atteints ! À la recherche de l’homme réel J
2268
aussi, je le répète, nous sommes atteints ! À
la
recherche de l’homme réel J’aime employer les mots dans leur sens
2269
répète, nous sommes atteints ! À la recherche
de
l’homme réel J’aime employer les mots dans leur sens étymologique.
2270
pète, nous sommes atteints ! À la recherche de
l’
homme réel J’aime employer les mots dans leur sens étymologique. L’
2271
À la recherche de l’homme réel J’aime employer
les
mots dans leur sens étymologique. L’étymologie, vous le savez, est un
2272
me employer les mots dans leur sens étymologique.
L’
étymologie, vous le savez, est une science très incertaine, mais c’est
2273
s dans leur sens étymologique. L’étymologie, vous
le
savez, est une science très incertaine, mais c’est un art très signif
2274
art très significatif. Lorsque j’employais tout à
l’
heure l’adjectif énorme, pour caractériser certains aspects du monde m
2275
significatif. Lorsque j’employais tout à l’heure
l’
adjectif énorme, pour caractériser certains aspects du monde moderne,
2276
s seulement grand, immense, mais aussi : qui sort
de
la norme — de la mesure. Un monde énorme est un monde sans mesure, un
2277
eulement grand, immense, mais aussi : qui sort de
la
norme — de la mesure. Un monde énorme est un monde sans mesure, un mo
2278
and, immense, mais aussi : qui sort de la norme —
de
la mesure. Un monde énorme est un monde sans mesure, un monde démesur
2279
, immense, mais aussi : qui sort de la norme — de
la
mesure. Un monde énorme est un monde sans mesure, un monde démesuré p
2280
onde sans mesure, un monde démesuré par rapport à
l’
homme seul et aux pouvoirs de son esprit. Et de là vient notre désordr
2281
mesuré par rapport à l’homme seul et aux pouvoirs
de
son esprit. Et de là vient notre désordre mais aussi, notre impuissan
2282
à l’homme seul et aux pouvoirs de son esprit. Et
de
là vient notre désordre mais aussi, notre impuissance à en sortir, ma
2283
nous rebâtir un monde qui soit vraiment à hauteur
d’
homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’esprit, soient de nouve
2284
qui soit vraiment à hauteur d’homme ? Un monde où
la
pensée, la culture et l’esprit, soient de nouveau capables d’agir ? E
2285
aiment à hauteur d’homme ? Un monde où la pensée,
la
culture et l’esprit, soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle es
2286
ur d’homme ? Un monde où la pensée, la culture et
l’
esprit, soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle est l’attitude d
2287
a culture et l’esprit, soient de nouveau capables
d’
agir ? Et quelle est l’attitude de pensée qui peut nous orienter dès à
2288
soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle est
l’
attitude de pensée qui peut nous orienter dès à présent vers une commu
2289
ouveau capables d’agir ? Et quelle est l’attitude
de
pensée qui peut nous orienter dès à présent vers une communauté solid
2290
tout vient de là, et tout dépend en premier lieu,
de
notre état d’esprit. S’il change, tout commence à changer. S’il ne ch
2291
ut commence à changer. S’il ne change pas, toutes
les
réformes matérielles sont inutiles et tournent au malheur. Car le mal
2292
rielles sont inutiles et tournent au malheur. Car
le
mal qui est dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est
2293
s et tournent au malheur. Car le mal qui est dans
l’
action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Et
2294
ui est dans l’action n’a pas d’autres racines que
le
mal qui est dans la pensée. Et voici sa racine profonde : politiciens
2295
n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans
la
pensée. Et voici sa racine profonde : politiciens ou intellectuels, t
2296
e : politiciens ou intellectuels, tous ont oublié
l’
homme dans leurs calculs, ou bien se sont trompés sur sa nature. Ils o
2297
bien se sont trompés sur sa nature. Ils ont perdu
de
vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et c’est pourq
2298
s ont perdu de vue sa définition même. Leur point
de
départ est faux, et c’est pourquoi leurs efforts, même les plus sincè
2299
t est faux, et c’est pourquoi leurs efforts, même
les
plus sincères, aboutissent au malheur de l’homme. Dans ce monde qui a
2300
s, même les plus sincères, aboutissent au malheur
de
l’homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des inte
2301
même les plus sincères, aboutissent au malheur de
l’
homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des intelle
2302
au malheur de l’homme. Dans ce monde qui a perdu
la
mesure, le seul devoir des intellectuels, et j’ajouterai : leur seul
2303
de l’homme. Dans ce monde qui a perdu la mesure,
le
seul devoir des intellectuels, et j’ajouterai : leur seul pouvoir — c
2304
, et j’ajouterai : leur seul pouvoir — c’est donc
de
rechercher l’homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’homme ne t
2305
ai : leur seul pouvoir — c’est donc de rechercher
l’
homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’homme ne trouve sa plein
2306
voir — c’est donc de rechercher l’homme perdu. Or
l’
histoire nous apprend que l’homme ne trouve sa pleine réalité et sa me
2307
her l’homme perdu. Or l’histoire nous apprend que
l’
homme ne trouve sa pleine réalité et sa mesure qu’au sein d’un groupe
2308
i trop vaste ni trop étroit. Il n’est pas bon que
l’
homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule. Le
2309
l’homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que
l’
homme soit foule. Le monde rationaliste et libéral supposait que l’hum
2310
il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule.
Le
monde rationaliste et libéral supposait que l’humanité n’était qu’un
2311
e. Le monde rationaliste et libéral supposait que
l’
humanité n’était qu’un assemblage d’individus, d’hommes qui avaient su
2312
supposait que l’humanité n’était qu’un assemblage
d’
individus, d’hommes qui avaient surtout des droits légaux, et très peu
2313
l’humanité n’était qu’un assemblage d’individus,
d’
hommes qui avaient surtout des droits légaux, et très peu de devoirs n
2314
s droits légaux, et très peu de devoirs naturels.
L’
individu rationaliste, c’était un homme in abstracto, privé d’attaches
2315
ationaliste, c’était un homme in abstracto, privé
d’
attaches avec le sol, la patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré
2316
tait un homme in abstracto, privé d’attaches avec
le
sol, la patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré des servitudes
2317
homme in abstracto, privé d’attaches avec le sol,
la
patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré des servitudes et des t
2318
racto, privé d’attaches avec le sol, la patrie et
l’
hérédité. C’était un homme libéré des servitudes et des tabous de la t
2319
tait un homme libéré des servitudes et des tabous
de
la tribu, mais en même temps privé de relations concrètes. Or la comm
2320
t un homme libéré des servitudes et des tabous de
la
tribu, mais en même temps privé de relations concrètes. Or la communa
2321
des tabous de la tribu, mais en même temps privé
de
relations concrètes. Or la communauté des hommes se fonde d’abord sur
2322
is en même temps privé de relations concrètes. Or
la
communauté des hommes se fonde d’abord sur des relations charnelles e
2323
relations charnelles et concrètes. C’est pourquoi
l’
individualisme, qui les néglige, est une doctrine antisociale. Elle a
2324
t concrètes. C’est pourquoi l’individualisme, qui
les
néglige, est une doctrine antisociale. Elle a pour effet mécanique de
2325
doctrine antisociale. Elle a pour effet mécanique
de
dissocier toute communauté naturelle. Et alors se produit le phénomèn
2326
r toute communauté naturelle. Et alors se produit
le
phénomène auquel nous avons assisté depuis une trentaine d’années. L’
2327
ne auquel nous avons assisté depuis une trentaine
d’
années. L’homme isolé, dans un monde trop vaste, ne se sent plus porté
2328
nous avons assisté depuis une trentaine d’années.
L’
homme isolé, dans un monde trop vaste, ne se sent plus porté au sein d
2329
pe. Déraciné, il flotte, il erre, il n’offre plus
de
résistance aux courants d’opinion, aux modes, à la publicité des gran
2330
erre, il n’offre plus de résistance aux courants
d’
opinion, aux modes, à la publicité des grandes firmes et des grands pa
2331
e résistance aux courants d’opinion, aux modes, à
la
publicité des grandes firmes et des grands partis politiques. Il est
2332
maille par le premier magnétiseur venu. Et alors,
d’
un coup de balancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui es
2333
le premier magnétiseur venu. Et alors, d’un coup
de
balancier, nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est le pôle
2334
nous nous trouvons portés à l’autre pôle, qui est
le
pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’Europe peut être ramenée à
2335
’autre pôle, qui est le pôle collectiviste. Toute
l’
histoire de l’Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un
2336
, qui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire
de
l’Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’au
2337
ui est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de
l’
Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’autre
2338
urope peut être ramenée à ces grands balancements
d’
un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond l’ét
2339
à ces grands balancements d’un pôle à l’autre. À
l’
anarchie individualiste de la Grèce répond l’étatisme romain. Au colle
2340
d’un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste
de
la Grèce répond l’étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen â
2341
un pôle à l’autre. À l’anarchie individualiste de
la
Grèce répond l’étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen âge
2342
e. À l’anarchie individualiste de la Grèce répond
l’
étatisme romain. Au collectivisme sacral du Moyen âge répond la révolt
2343
main. Au collectivisme sacral du Moyen âge répond
la
révolte individualiste de la Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle os
2344
ral du Moyen âge répond la révolte individualiste
de
la Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier : l
2345
du Moyen âge répond la révolte individualiste de
la
Renaissance. Et aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier : le v
2346
aujourd’hui, nouvelle oscillation du balancier :
le
vide social créé par l’individualisme du siècle passé appelle une pui
2347
scillation du balancier : le vide social créé par
l’
individualisme du siècle passé appelle une puissante réaction collecti
2348
ssante réaction collective. Sortirons-nous jamais
de
cette dialectique, dont les phases et les renversements menacent aujo
2349
Sortirons-nous jamais de cette dialectique, dont
les
phases et les renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’Europe
2350
s jamais de cette dialectique, dont les phases et
les
renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’Europe ? Il s’agit de
2351
phases et les renversements menacent aujourd’hui
d’
anéantir l’Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que
2352
les renversements menacent aujourd’hui d’anéantir
l’
Europe ? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que nous posen
2353
acent aujourd’hui d’anéantir l’Europe ? Il s’agit
de
résoudre enfin l’éternel problème que nous posent les relations de l’
2354
d’anéantir l’Europe ? Il s’agit de résoudre enfin
l’
éternel problème que nous posent les relations de l’individu et de la
2355
résoudre enfin l’éternel problème que nous posent
les
relations de l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que
2356
l’éternel problème que nous posent les relations
de
l’individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concr
2357
éternel problème que nous posent les relations de
l’
individu et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret
2358
me que nous posent les relations de l’individu et
de
la collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le R
2359
que nous posent les relations de l’individu et de
la
collectivité. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas le Robi
2360
ns de l’individu et de la collectivité. Il s’agit
de
voir que l’homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni
2361
vidu et de la collectivité. Il s’agit de voir que
l’
homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme nu
2362
. Il s’agit de voir que l’homme concret n’est pas
le
Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme numéro d’un rang, mais qu’il
2363
de voir que l’homme concret n’est pas le Robinson
d’
une île déserte, ni l’anonyme numéro d’un rang, mais qu’il est à la fo
2364
ncret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni
l’
anonyme numéro d’un rang, mais qu’il est à la fois un être unique, et
2365
e Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme numéro
d’
un rang, mais qu’il est à la fois un être unique, et un être qui a des
2366
upe, être un homme libre et pourtant relié, c’est
l’
idéal de l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie !
2367
e un homme libre et pourtant relié, c’est l’idéal
de
l’homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce p
2368
n homme libre et pourtant relié, c’est l’idéal de
l’
homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce prob
2369
e a été résolu, cet idéal réalisé, au ier siècle
de
notre ère, par les communautés de l’Église primitive. Le chrétien pri
2370
t idéal réalisé, au ier siècle de notre ère, par
les
communautés de l’Église primitive. Le chrétien primitif est un homme
2371
au ier siècle de notre ère, par les communautés
de
l’Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de
2372
ier siècle de notre ère, par les communautés de
l’
Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa
2373
e ère, par les communautés de l’Église primitive.
Le
chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa conversion, se trou
2374
e. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait
de
sa conversion, se trouve chargé d’une vocation particulière qui le di
2375
e qui, du fait de sa conversion, se trouve chargé
d’
une vocation particulière qui le distingue de tous ses voisins ; mais
2376
se trouve chargé d’une vocation particulière qui
le
distingue de tous ses voisins ; mais d’autre part, cette vocation uni
2377
argé d’une vocation particulière qui le distingue
de
tous ses voisins ; mais d’autre part, cette vocation unique le met en
2378
oisins ; mais d’autre part, cette vocation unique
le
met en relation avec des frères, et l’introduit dans une communauté n
2379
ion unique le met en relation avec des frères, et
l’
introduit dans une communauté nouvelle. Voilà l’homme que j’appelle un
2380
t l’introduit dans une communauté nouvelle. Voilà
l’
homme que j’appelle une personne : il est à la fois libre et engagé, e
2381
bre et engagé, et il est libéré par cela même qui
l’
engage envers son prochain, je veux dire par sa vocation. Eh bien, je
2382
je veux dire par sa vocation. Eh bien, je dis que
les
maux dont nous souffrons sont avant tout des maladies de la personne.
2383
dont nous souffrons sont avant tout des maladies
de
la personne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocatio
2384
nt nous souffrons sont avant tout des maladies de
la
personne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocation e
2385
ont avant tout des maladies de la personne. Quand
l’
homme oublie qu’il est responsable de sa vocation envers ses prochains
2386
sonne. Quand l’homme oublie qu’il est responsable
de
sa vocation envers ses prochains, il devient individualiste. Et quand
2387
ualiste. Et quand il oublie qu’il est responsable
de
sa vocation envers lui-même, il devient collectiviste. L’homme comple
2388
cation envers lui-même, il devient collectiviste.
L’
homme complet et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre d’être
2389
et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre
d’
être soi-même vis-à-vis de l’ensemble, et engagé vis-à-vis de cet ense
2390
sait à la fois libre d’être soi-même vis-à-vis de
l’
ensemble, et engagé vis-à-vis de cet ensemble, par l’exercice d’une vo
2391
nsemble, et engagé vis-à-vis de cet ensemble, par
l’
exercice d’une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet h
2392
engagé vis-à-vis de cet ensemble, par l’exercice
d’
une vocation qui le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel q
2393
e cet ensemble, par l’exercice d’une vocation qui
le
relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout rebâ
2394
ons montré que c’est justement cet homme-là qui a
le
plus de peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car s
2395
ré que c’est justement cet homme-là qui a le plus
de
peine à subsister ou à se former dans le monde moderne. Car supposez
2396
le plus de peine à subsister ou à se former dans
le
monde moderne. Car supposez qu’un homme se sente une vocation et déci
2397
posez qu’un homme se sente une vocation et décide
de
la réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que l’histoire et la
2398
ez qu’un homme se sente une vocation et décide de
la
réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que l’histoire et la so
2399
réaliser. Il se trouve en présence d’un monde que
l’
histoire et la sociologie ont encombré de lois fatales. Que peut-il, s
2400
e trouve en présence d’un monde que l’histoire et
la
sociologie ont encombré de lois fatales. Que peut-il, seul, contre ce
2401
onde que l’histoire et la sociologie ont encombré
de
lois fatales. Que peut-il, seul, contre ces lois ? Il faut donc, s’il
2402
it une discipline qui ne s’accommode plus du tout
de
sa vocation personnelle. Voici donc le dilemme où nous placent la cul
2403
us du tout de sa vocation personnelle. Voici donc
le
dilemme où nous placent la culture actuelle et le monde actuel : ou b
2404
ersonnelle. Voici donc le dilemme où nous placent
la
culture actuelle et le monde actuel : ou bien tu veux rester toi-même
2405
le dilemme où nous placent la culture actuelle et
le
monde actuel : ou bien tu veux rester toi-même, mais alors tu ne pour
2406
en tu veux faire quelque chose, mais alors, cesse
d’
être toi-même ! Comment sortir de ce cercle vicieux ? Par un changemen
2407
ais alors, cesse d’être toi-même ! Comment sortir
de
ce cercle vicieux ? Par un changement d’état d’esprit aussi bien chez
2408
t sortir de ce cercle vicieux ? Par un changement
d’
état d’esprit aussi bien chez les intellectuels que chez les amateurs
2409
Par un changement d’état d’esprit aussi bien chez
les
intellectuels que chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs, l
2410
esprit aussi bien chez les intellectuels que chez
les
amateurs de vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est
2411
bien chez les intellectuels que chez les amateurs
de
vraie culture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce chang
2412
llectuels que chez les amateurs de vraie culture,
les
lecteurs, le public cultivé. Car c’est de ce changement d’état d’espr
2413
chez les amateurs de vraie culture, les lecteurs,
le
public cultivé. Car c’est de ce changement d’état d’esprit que sortir
2414
lture, les lecteurs, le public cultivé. Car c’est
de
ce changement d’état d’esprit que sortira la possibilité de repenser
2415
rs, le public cultivé. Car c’est de ce changement
d’
état d’esprit que sortira la possibilité de repenser une société. R
2416
’est de ce changement d’état d’esprit que sortira
la
possibilité de repenser une société. Raisons d’espérer : la cultur
2417
gement d’état d’esprit que sortira la possibilité
de
repenser une société. Raisons d’espérer : la culture et les groupe
2418
a possibilité de repenser une société. Raisons
d’
espérer : la culture et les groupes Je voudrais vous dire, maintena
2419
é de repenser une société. Raisons d’espérer :
la
culture et les groupes Je voudrais vous dire, maintenant, les rais
2420
une société. Raisons d’espérer : la culture et
les
groupes Je voudrais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai d’
2421
les groupes Je voudrais vous dire, maintenant,
les
raisons que j’ai d’espérer, après avoir tant critiqué. Je voudrais vo
2422
drais vous dire, maintenant, les raisons que j’ai
d’
espérer, après avoir tant critiqué. Je voudrais vous énumérer les prem
2423
vous énumérer les premiers succès remportés, dans
la
bataille de la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fa
2424
r les premiers succès remportés, dans la bataille
de
la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce
2425
es premiers succès remportés, dans la bataille de
la
culture moderne, par l’esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce qui
2426
rtés, dans la bataille de la culture moderne, par
l’
esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellec
2427
de la culture moderne, par l’esprit créateur sur
l’
esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient le
2428
réateur sur l’esprit fataliste. Ce qui paralysait
les
intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur les destinées de la
2429
Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient
le
besoin d’agir sur les destinées de la cité, c’était depuis Hegel, Aug
2430
alysait les intellectuels qui sentaient le besoin
d’
agir sur les destinées de la cité, c’était depuis Hegel, Auguste Comte
2431
intellectuels qui sentaient le besoin d’agir sur
les
destinées de la cité, c’était depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l
2432
qui sentaient le besoin d’agir sur les destinées
de
la cité, c’était depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que l’H
2433
i sentaient le besoin d’agir sur les destinées de
la
cité, c’était depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que l’Hist
2434
té, c’était depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx,
l’
idée que l’Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’homme ne peut
2435
depuis Hegel, Auguste Comte, et Marx, l’idée que
l’
Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’homme ne peut rien. Conc
2436
que l’Histoire obéit à des lois contre lesquelles
l’
homme ne peut rien. Conception très lugubre, mais commode, car elle ju
2437
n très lugubre, mais commode, car elle justifiait
l’
inaction ou la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois
2438
, mais commode, car elle justifiait l’inaction ou
la
retraite dans les bibliothèques. Or cette idée de lois fatales avait
2439
ar elle justifiait l’inaction ou la retraite dans
les
bibliothèques. Or cette idée de lois fatales avait été empruntée à la
2440
la retraite dans les bibliothèques. Or cette idée
de
lois fatales avait été empruntée à la science et transportée abusivem
2441
cette idée de lois fatales avait été empruntée à
la
science et transportée abusivement dans les domaines plus humains de
2442
ntée à la science et transportée abusivement dans
les
domaines plus humains de l’histoire, de la sociologie et même de la p
2443
portée abusivement dans les domaines plus humains
de
l’histoire, de la sociologie et même de la psychologie. Et voici que
2444
tée abusivement dans les domaines plus humains de
l’
histoire, de la sociologie et même de la psychologie. Et voici que cet
2445
ent dans les domaines plus humains de l’histoire,
de
la sociologie et même de la psychologie. Et voici que cette idée para
2446
dans les domaines plus humains de l’histoire, de
la
sociologie et même de la psychologie. Et voici que cette idée paralys
2447
s humains de l’histoire, de la sociologie et même
de
la psychologie. Et voici que cette idée paralysante est en train de s
2448
umains de l’histoire, de la sociologie et même de
la
psychologie. Et voici que cette idée paralysante est en train de subi
2449
bir certains coups décisifs : ce sont précisément
les
hommes de science qui, les premiers, cessent d’y croire. Ils ont reco
2450
s coups décisifs : ce sont précisément les hommes
de
science qui, les premiers, cessent d’y croire. Ils ont reconnu, depui
2451
les hommes de science qui, les premiers, cessent
d’
y croire. Ils ont reconnu, depuis quelques années, que la notion de lo
2452
ire. Ils ont reconnu, depuis quelques années, que
la
notion de lois tout objectives, de lois absolument indépendantes de l
2453
nt reconnu, depuis quelques années, que la notion
de
lois tout objectives, de lois absolument indépendantes de l’homme, n’
2454
es années, que la notion de lois tout objectives,
de
lois absolument indépendantes de l’homme, n’était qu’une illusion rat
2455
tout objectives, de lois absolument indépendantes
de
l’homme, n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de ra
2456
t objectives, de lois absolument indépendantes de
l’
homme, n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de rappe
2457
it qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise
de
rappeler ici les découvertes de la physique des quanta : elles ont pr
2458
on rationaliste. Qu’il me suffise de rappeler ici
les
découvertes de la physique des quanta : elles ont prouvé que l’observ
2459
Qu’il me suffise de rappeler ici les découvertes
de
la physique des quanta : elles ont prouvé que l’observation microscop
2460
’il me suffise de rappeler ici les découvertes de
la
physique des quanta : elles ont prouvé que l’observation microscopiqu
2461
de la physique des quanta : elles ont prouvé que
l’
observation microscopique modifie en réalité les phénomènes que l’on o
2462
ue l’observation microscopique modifie en réalité
les
phénomènes que l’on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui q
2463
croscopique modifie en réalité les phénomènes que
l’
on observe. Et les savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lo
2464
ie en réalité les phénomènes que l’on observe. Et
les
savants nous disent aujourd’hui que les fameuses lois scientifiques n
2465
serve. Et les savants nous disent aujourd’hui que
les
fameuses lois scientifiques ne sont en fait que de commodes conventio
2466
s fameuses lois scientifiques ne sont en fait que
de
commodes conventions, dépendant des systèmes de mesures inventés par
2467
e de commodes conventions, dépendant des systèmes
de
mesures inventés par l’esprit humain. Or si la science elle-même vien
2468
s, dépendant des systèmes de mesures inventés par
l’
esprit humain. Or si la science elle-même vient nous dire que même dan
2469
es de mesures inventés par l’esprit humain. Or si
la
science elle-même vient nous dire que même dans l’ordre matériel, il
2470
a science elle-même vient nous dire que même dans
l’
ordre matériel, il n’est plus permis de concevoir une observation impa
2471
même dans l’ordre matériel, il n’est plus permis
de
concevoir une observation impartiale, à combien plus forte raison pou
2472
combien plus forte raison pourrons-nous dénoncer
l’
illusion des historiens et sociologues qui prétendaient décrire object
2473
ociologues qui prétendaient décrire objectivement
les
lois rigides de notre société. En vérité, il n’est de lois fatales q
2474
étendaient décrire objectivement les lois rigides
de
notre société. En vérité, il n’est de lois fatales que là où l’espri
2475
is rigides de notre société. En vérité, il n’est
de
lois fatales que là où l’esprit démissionne. Toute action créatrice d
2476
é. En vérité, il n’est de lois fatales que là où
l’
esprit démissionne. Toute action créatrice de l’homme normal inflige u
2477
à où l’esprit démissionne. Toute action créatrice
de
l’homme normal inflige un démenti aux lois et fait mentir les statist
2478
ù l’esprit démissionne. Toute action créatrice de
l’
homme normal inflige un démenti aux lois et fait mentir les statistiqu
2479
normal inflige un démenti aux lois et fait mentir
les
statistiques. Ainsi les lois de la publicité ne sont exactes que dans
2480
i aux lois et fait mentir les statistiques. Ainsi
les
lois de la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’
2481
s et fait mentir les statistiques. Ainsi les lois
de
la publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’est qu’u
2482
t fait mentir les statistiques. Ainsi les lois de
la
publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’homme n’est qu’un m
2483
les lois de la publicité ne sont exactes que dans
la
mesure où l’homme n’est qu’un mouton ; elles sont fausses et inexista
2484
a publicité ne sont exactes que dans la mesure où
l’
homme n’est qu’un mouton ; elles sont fausses et inexistantes dès qu’u
2485
qu’un homme redevient conscient des vrais besoins
de
sa personne. Prenons le domaine de l’histoire, par exemple. Nous y v
2486
scient des vrais besoins de sa personne. Prenons
le
domaine de l’histoire, par exemple. Nous y voyons s’opérer depuis peu
2487
vrais besoins de sa personne. Prenons le domaine
de
l’histoire, par exemple. Nous y voyons s’opérer depuis peu une critiq
2488
is besoins de sa personne. Prenons le domaine de
l’
histoire, par exemple. Nous y voyons s’opérer depuis peu une critique
2489
voyons s’opérer depuis peu une critique générale
de
l’illusion déterministe. Les fameuses lois de l’Histoire découlaient,
2490
yons s’opérer depuis peu une critique générale de
l’
illusion déterministe. Les fameuses lois de l’Histoire découlaient, di
2491
une critique générale de l’illusion déterministe.
Les
fameuses lois de l’Histoire découlaient, disait-on, d’une étude rigou
2492
ale de l’illusion déterministe. Les fameuses lois
de
l’Histoire découlaient, disait-on, d’une étude rigoureusement imparti
2493
de l’illusion déterministe. Les fameuses lois de
l’
Histoire découlaient, disait-on, d’une étude rigoureusement impartiale
2494
meuses lois de l’Histoire découlaient, disait-on,
d’
une étude rigoureusement impartiale de faits. Mais qui pourra jamais d
2495
disait-on, d’une étude rigoureusement impartiale
de
faits. Mais qui pourra jamais décrire tous les faits des temps révolu
2496
ale de faits. Mais qui pourra jamais décrire tous
les
faits des temps révolus ? Chaque historien, si scrupuleux soit-il, es
2497
historien, si scrupuleux soit-il, est bien obligé
de
choisir, dans la masse de ses renseignements. Et qui dit choix dit pr
2498
upuleux soit-il, est bien obligé de choisir, dans
la
masse de ses renseignements. Et qui dit choix dit préférence ou parti
2499
oit-il, est bien obligé de choisir, dans la masse
de
ses renseignements. Et qui dit choix dit préférence ou parti pris… Do
2500
t choix dit préférence ou parti pris… Donc autant
de
visions du monde, autant de systèmes de faits. Et l’historien qui cro
2501
rti pris… Donc autant de visions du monde, autant
de
systèmes de faits. Et l’historien qui croit pouvoir être impartial es
2502
nc autant de visions du monde, autant de systèmes
de
faits. Et l’historien qui croit pouvoir être impartial est simplement
2503
visions du monde, autant de systèmes de faits. Et
l’
historien qui croit pouvoir être impartial est simplement un homme qui
2504
être impartial est simplement un homme qui refuse
de
s’avouer ses partis pris. Il oublie que toute description ressemble a
2505
te description ressemble autant à son auteur qu’à
l’
objet qu’il voulait décrire. Ainsi les portraits de Rembrandt ressembl
2506
auteur qu’à l’objet qu’il voulait décrire. Ainsi
les
portraits de Rembrandt ressemblent autant à Rembrandt qu’aux modèles
2507
’objet qu’il voulait décrire. Ainsi les portraits
de
Rembrandt ressemblent autant à Rembrandt qu’aux modèles qui posaient
2508
dèles qui posaient devant lui. Ils nous décrivent
le
regard d’un génie, bien plus que la réalité en soi. De même pour l’hi
2509
posaient devant lui. Ils nous décrivent le regard
d’
un génie, bien plus que la réalité en soi. De même pour l’histoire fat
2510
ous décrivent le regard d’un génie, bien plus que
la
réalité en soi. De même pour l’histoire fataliste : elle nous décrit
2511
ie, bien plus que la réalité en soi. De même pour
l’
histoire fataliste : elle nous décrit son propre esprit de démission,
2512
re fataliste : elle nous décrit son propre esprit
de
démission, et non pas des fatalités objectives qui rendraient vaine t
2513
ndraient vaine toute action personnelle. Il n’y a
de
loi, répétons-le, que là où l’homme renonce à se manifester selon sa
2514
ute action personnelle. Il n’y a de loi, répétons-
le
, que là où l’homme renonce à se manifester selon sa vocation particul
2515
sonnelle. Il n’y a de loi, répétons-le, que là où
l’
homme renonce à se manifester selon sa vocation particulière. Si j’ins
2516
c’est qu’il est particulièrement libérateur pour
la
pensée et la culture en général, dans notre époque totalitaire. Nul n
2517
est particulièrement libérateur pour la pensée et
la
culture en général, dans notre époque totalitaire. Nul n’ignore, en e
2518
e époque totalitaire. Nul n’ignore, en effet, que
les
États totalitaires justifient les rigueurs de leur régime au nom de l
2519
, en effet, que les États totalitaires justifient
les
rigueurs de leur régime au nom de lois économiques, ou historiques, o
2520
ue les États totalitaires justifient les rigueurs
de
leur régime au nom de lois économiques, ou historiques, ou biologique
2521
nnent vraies, qu’en vertu d’une immense démission
de
l’esprit civique dans les trop grands pays. Elles ne traduisent en fa
2522
nt vraies, qu’en vertu d’une immense démission de
l’
esprit civique dans les trop grands pays. Elles ne traduisent en fait
2523
d’une immense démission de l’esprit civique dans
les
trop grands pays. Elles ne traduisent en fait qu’un immense affaissem
2524
qu’un immense affaissement du sens personnel dans
les
parties de l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solu
2525
e affaissement du sens personnel dans les parties
de
l’humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions total
2526
ffaissement du sens personnel dans les parties de
l’
humanité contemporaine exténuées par la misère. Les solutions totalita
2527
parties de l’humanité contemporaine exténuées par
la
misère. Les solutions totalitaires, malgré leurs manifestations bruta
2528
l’humanité contemporaine exténuées par la misère.
Les
solutions totalitaires, malgré leurs manifestations brutales, et le t
2529
itaires, malgré leurs manifestations brutales, et
le
ton sur lequel on les prône, ne sont en fait que des solutions de par
2530
manifestations brutales, et le ton sur lequel on
les
prône, ne sont en fait que des solutions de paresse intellectuelle, d
2531
l on les prône, ne sont en fait que des solutions
de
paresse intellectuelle, des solutions de misère, fardées de rhétoriqu
2532
olutions de paresse intellectuelle, des solutions
de
misère, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces
2533
intellectuelle, des solutions de misère, fardées
de
rhétorique héroïque. Le seul moyen de prévenir ces simplifications vi
2534
utions de misère, fardées de rhétorique héroïque.
Le
seul moyen de prévenir ces simplifications violentes qui jouent la co
2535
re, fardées de rhétorique héroïque. Le seul moyen
de
prévenir ces simplifications violentes qui jouent la comédie de l’éne
2536
prévenir ces simplifications violentes qui jouent
la
comédie de l’énergie, c’est de développer soi-même une énergie normal
2537
s simplifications violentes qui jouent la comédie
de
l’énergie, c’est de développer soi-même une énergie normale et souple
2538
implifications violentes qui jouent la comédie de
l’
énergie, c’est de développer soi-même une énergie normale et souple. O
2539
olentes qui jouent la comédie de l’énergie, c’est
de
développer soi-même une énergie normale et souple. Or nous savons mai
2540
ore et de nouveau possible. Notre culture libérée
de
la superstition des lois fatales peut envisager de nouveau d’influenc
2541
et de nouveau possible. Notre culture libérée de
la
superstition des lois fatales peut envisager de nouveau d’influencer
2542
tition des lois fatales peut envisager de nouveau
d’
influencer le monde réel, ramené en droit — sinon déjà en fait — aux p
2543
is fatales peut envisager de nouveau d’influencer
le
monde réel, ramené en droit — sinon déjà en fait — aux proportions de
2544
é en droit — sinon déjà en fait — aux proportions
de
l’esprit humain, à la capacité de ses prises immédiates. Mais quelles
2545
n droit — sinon déjà en fait — aux proportions de
l’
esprit humain, à la capacité de ses prises immédiates. Mais quelles se
2546
à en fait — aux proportions de l’esprit humain, à
la
capacité de ses prises immédiates. Mais quelles seront alors les dire
2547
aux proportions de l’esprit humain, à la capacité
de
ses prises immédiates. Mais quelles seront alors les directives de ce
2548
ses prises immédiates. Mais quelles seront alors
les
directives de cette action redevenue possible ? Qui recréera les lieu
2549
édiates. Mais quelles seront alors les directives
de
cette action redevenue possible ? Qui recréera les lieux communs de l
2550
de cette action redevenue possible ? Qui recréera
les
lieux communs de la cité ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans l’uto
2551
devenue possible ? Qui recréera les lieux communs
de
la cité ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense
2552
enue possible ? Qui recréera les lieux communs de
la
cité ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense pas
2553
de la cité ? Je ne voudrais pas, ici, partir dans
l’
utopie. Je ne pense pas que les principes fondamentaux d’une société p
2554
s, ici, partir dans l’utopie. Je ne pense pas que
les
principes fondamentaux d’une société plus harmonieuse puissent être f
2555
e. Je ne pense pas que les principes fondamentaux
d’
une société plus harmonieuse puissent être formulés dès maintenant com
2556
t être formulés dès maintenant comme un programme
de
parti politique. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager de l’ense
2557
tique. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager
de
l’ensemble de mille efforts orientés par une même espérance. L’effort
2558
ue. Ils doivent mûrir, et lentement se dégager de
l’
ensemble de mille efforts orientés par une même espérance. L’effort de
2559
vent mûrir, et lentement se dégager de l’ensemble
de
mille efforts orientés par une même espérance. L’effort des Églises,
2560
de mille efforts orientés par une même espérance.
L’
effort des Églises, tout d’abord. Jusqu’à l’ère du rationalisme, les É
2561
ance. L’effort des Églises, tout d’abord. Jusqu’à
l’
ère du rationalisme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses de l
2562
ses, tout d’abord. Jusqu’à l’ère du rationalisme,
les
Églises ont été les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cit
2563
usqu’à l’ère du rationalisme, les Églises ont été
les
grandes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité. La théologie médi
2564
sme, les Églises ont été les grandes pourvoyeuses
de
lieux communs pour la cité. La théologie médiévale, par les sommes de
2565
té les grandes pourvoyeuses de lieux communs pour
la
cité. La théologie médiévale, par les sommes de Thomas d’Aquin, fixai
2566
andes pourvoyeuses de lieux communs pour la cité.
La
théologie médiévale, par les sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pe
2567
communs pour la cité. La théologie médiévale, par
les
sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles
2568
r la cité. La théologie médiévale, par les sommes
de
Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à l’action des règles véritable
2569
évale, par les sommes de Thomas d’Aquin, fixait à
la
pensée et à l’action des règles véritablement communes, ordonnées à u
2570
sommes de Thomas d’Aquin, fixait à la pensée et à
l’
action des règles véritablement communes, ordonnées à une même foi, à
2571
, à une même espérance. Ainsi encore, au temps de
la
Réformation, l’Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’épo
2572
érance. Ainsi encore, au temps de la Réformation,
l’
Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne, les
2573
temps de la Réformation, l’Institution chrétienne
de
Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne, les Églises ont paru, elles
2574
’Institution chrétienne de Jean Calvin. Mais dans
l’
époque moderne, les Églises ont paru, elles aussi, se détourner de tou
2575
ienne de Jean Calvin. Mais dans l’époque moderne,
les
Églises ont paru, elles aussi, se détourner de toute action régulatri
2576
, les Églises ont paru, elles aussi, se détourner
de
toute action régulatrice sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire
2577
ssi, se détourner de toute action régulatrice sur
la
cité. Elles ont assisté sans mot dire à l’essor du capitalisme et aux
2578
ce sur la cité. Elles ont assisté sans mot dire à
l’
essor du capitalisme et aux transformations sociales qu’il provoquait.
2579
transformations sociales qu’il provoquait. Comme
la
culture, elles ont renoncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est
2580
ncé à diriger, à avertir, à orienter. Et c’est là
le
secret du triomphe des grands mouvements collectivistes. Si le marxis
2581
triomphe des grands mouvements collectivistes. Si
le
marxisme, par exemple, a fasciné les masses ouvrières, c’est parce qu
2582
ctivistes. Si le marxisme, par exemple, a fasciné
les
masses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé de la mission social
2583
masses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé
de
la mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises. Nicolas Berd
2584
sses ouvrières, c’est parce qu’il s’est chargé de
la
mission sociale qu’avaient trahie toutes les Églises. Nicolas Berdiae
2585
gé de la mission sociale qu’avaient trahie toutes
les
Églises. Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtime
2586
aient trahie toutes les Églises. Nicolas Berdiaev
l’
a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment d’un christianisme devenu
2587
outes les Églises. Nicolas Berdiaev l’a bien vu :
le
bolchévisme fut le châtiment d’un christianisme devenu passif devant
2588
Nicolas Berdiaev l’a bien vu : le bolchévisme fut
le
châtiment d’un christianisme devenu passif devant le monde. Or il me
2589
aev l’a bien vu : le bolchévisme fut le châtiment
d’
un christianisme devenu passif devant le monde. Or il me semble que là
2590
châtiment d’un christianisme devenu passif devant
le
monde. Or il me semble que là encore, un réveil soulève les Églises.
2591
Or il me semble que là encore, un réveil soulève
les
Églises. Elles ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer les doc
2592
Églises. Elles ont compris qu’il ne suffisait pas
de
dénoncer les doctrines païennes, mais qu’il fallait répondre mieux qu
2593
es ont compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer
les
doctrines païennes, mais qu’il fallait répondre mieux que ces doctrin
2594
qu’il fallait répondre mieux que ces doctrines à
la
question posée par l’angoisse des foules. D’où les Encycliques social
2595
e mieux que ces doctrines à la question posée par
l’
angoisse des foules. D’où les Encycliques sociales données par les deu
2596
es à la question posée par l’angoisse des foules.
D’
où les Encycliques sociales données par les deux derniers papes. Et le
2597
la question posée par l’angoisse des foules. D’où
les
Encycliques sociales données par les deux derniers papes. Et les cong
2598
foules. D’où les Encycliques sociales données par
les
deux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et d’Oxford ont mont
2599
sociales données par les deux derniers papes. Et
les
congrès de Stockholm et d’Oxford ont montré que les autres Églises n’
2600
nnées par les deux derniers papes. Et les congrès
de
Stockholm et d’Oxford ont montré que les autres Églises n’entendaient
2601
ux derniers papes. Et les congrès de Stockholm et
d’
Oxford ont montré que les autres Églises n’entendaient pas demeurer en
2602
s congrès de Stockholm et d’Oxford ont montré que
les
autres Églises n’entendaient pas demeurer en arrière. Presque tout re
2603
. Presque tout reste à faire, c’est certain. Mais
l’
important, c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle de directio
2604
, c’est certain. Mais l’important, c’est qu’enfin
les
Églises retrouvent leur rôle de direction, dans tous les ordres de la
2605
, c’est qu’enfin les Églises retrouvent leur rôle
de
direction, dans tous les ordres de la pensée et de l’action. Oui, les
2606
ises retrouvent leur rôle de direction, dans tous
les
ordres de la pensée et de l’action. Oui, les Églises ont quelque chos
2607
vent leur rôle de direction, dans tous les ordres
de
la pensée et de l’action. Oui, les Églises ont quelque chose à dire a
2608
t leur rôle de direction, dans tous les ordres de
la
pensée et de l’action. Oui, les Églises ont quelque chose à dire aux
2609
e direction, dans tous les ordres de la pensée et
de
l’action. Oui, les Églises ont quelque chose à dire aux économistes a
2610
irection, dans tous les ordres de la pensée et de
l’
action. Oui, les Églises ont quelque chose à dire aux économistes auss
2611
tous les ordres de la pensée et de l’action. Oui,
les
Églises ont quelque chose à dire aux économistes aussi. Car après tou
2612
ose à dire aux économistes aussi. Car après tout,
l’
économie est une création des hommes, d’autres hommes peuvent la modif
2613
une création des hommes, d’autres hommes peuvent
la
modifier, et l’important n’est pas de produire au maximum selon les r
2614
s hommes, d’autres hommes peuvent la modifier, et
l’
important n’est pas de produire au maximum selon les règles que fourni
2615
mes peuvent la modifier, et l’important n’est pas
de
produire au maximum selon les règles que fournissent les techniciens,
2616
’important n’est pas de produire au maximum selon
les
règles que fournissent les techniciens, mais de donner un sens humain
2617
duire au maximum selon les règles que fournissent
les
techniciens, mais de donner un sens humain aux efforts de la producti
2618
les règles que fournissent les techniciens, mais
de
donner un sens humain aux efforts de la production ; et cela, l’espri
2619
iciens, mais de donner un sens humain aux efforts
de
la production ; et cela, l’esprit seul peut le faire. J’ai insisté su
2620
ens, mais de donner un sens humain aux efforts de
la
production ; et cela, l’esprit seul peut le faire. J’ai insisté sur l
2621
ns humain aux efforts de la production ; et cela,
l’
esprit seul peut le faire. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce
2622
ts de la production ; et cela, l’esprit seul peut
le
faire. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont le ty
2623
la, l’esprit seul peut le faire. J’ai insisté sur
le
rôle des Églises parce qu’elles sont le type même des groupes au sein
2624
sisté sur le rôle des Églises parce qu’elles sont
le
type même des groupes au sein desquels la culture d’Occident a toujou
2625
es sont le type même des groupes au sein desquels
la
culture d’Occident a toujours trouvé ses mesures. Bien d’autres group
2626
type même des groupes au sein desquels la culture
d’
Occident a toujours trouvé ses mesures. Bien d’autres groupes, je le s
2627
urs trouvé ses mesures. Bien d’autres groupes, je
le
sais, sont à l’œuvre. Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement des g
2628
esures. Bien d’autres groupes, je le sais, sont à
l’
œuvre. Mouvement des groupes d’Oxford, mouvement des groupes personnal
2629
je le sais, sont à l’œuvre. Mouvement des groupes
d’
Oxford, mouvement des groupes personnalistes, répandus en France et en
2630
et vingt autres mouvements analogues, tous animés
de
cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, to
2631
s mouvements analogues, tous animés de cet esprit
d’
équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, tout en prévenan
2632
de cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir
de
l’individualisme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est d
2633
cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de
l’
individualisme, tout en prévenant la maladie collectiviste. C’est dans
2634
ous guérir de l’individualisme, tout en prévenant
la
maladie collectiviste. C’est dans cette volonté de recréer des groupe
2635
a maladie collectiviste. C’est dans cette volonté
de
recréer des groupes à la mesure de la personne, matériellement et mor
2636
C’est dans cette volonté de recréer des groupes à
la
mesure de la personne, matériellement et moralement, que je vois la c
2637
cette volonté de recréer des groupes à la mesure
de
la personne, matériellement et moralement, que je vois la commune mes
2638
tte volonté de recréer des groupes à la mesure de
la
personne, matériellement et moralement, que je vois la commune mesure
2639
rsonne, matériellement et moralement, que je vois
la
commune mesure de la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pou
2640
ment et moralement, que je vois la commune mesure
de
la cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c
2641
t et moralement, que je vois la commune mesure de
la
cité qu’il nous faut rebâtir. Cité solide et pourtant libérale : c’es
2642
ir. Cité solide et pourtant libérale : c’est tout
le
problème à résoudre. La solution fédéraliste Par quelle voie ?
2643
libérale : c’est tout le problème à résoudre.
La
solution fédéraliste Par quelle voie ? Je n’aime pas beaucoup la t
2644
liste Par quelle voie ? Je n’aime pas beaucoup
la
tolérance, vertu qui naît en somme d’un scepticisme, car elle suppose
2645
as beaucoup la tolérance, vertu qui naît en somme
d’
un scepticisme, car elle suppose que la pensée de l’autre, qu’on tolèr
2646
t en somme d’un scepticisme, car elle suppose que
la
pensée de l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes. Je
2647
d’un scepticisme, car elle suppose que la pensée
de
l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans les actes. Je n’aime pa
2648
de l’autre, qu’on tolère, ne passera jamais dans
les
actes. Je n’aime pas non plus l’intolérance qui veut tout uniformiser
2649
era jamais dans les actes. Je n’aime pas non plus
l’
intolérance qui veut tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’e
2650
i veut tout uniformiser, et qui est donc une mort
de
l’esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualist
2651
eut tout uniformiser, et qui est donc une mort de
l’
esprit. La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualistes.
2652
niformiser, et qui est donc une mort de l’esprit.
La
tolérance était la pâle vertu des libéraux individualistes. L’intolér
2653
est donc une mort de l’esprit. La tolérance était
la
pâle vertu des libéraux individualistes. L’intolérance est la sombre
2654
était la pâle vertu des libéraux individualistes.
L’
intolérance est la sombre vertu des partisans collectivistes. De leur
2655
u des libéraux individualistes. L’intolérance est
la
sombre vertu des partisans collectivistes. De leur lutte est sortie l
2656
est la sombre vertu des partisans collectivistes.
De
leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauv
2657
artisans collectivistes. De leur lutte est sortie
la
guerre. Le seul moyen de dépasser cette mauvaise position du problème
2658
llectivistes. De leur lutte est sortie la guerre.
Le
seul moyen de dépasser cette mauvaise position du problème, c’est de
2659
De leur lutte est sortie la guerre. Le seul moyen
de
dépasser cette mauvaise position du problème, c’est de prévoir pour l
2660
passer cette mauvaise position du problème, c’est
de
prévoir pour la cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédé
2661
vaise position du problème, c’est de prévoir pour
la
cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédéralisme, en effe
2662
ion du problème, c’est de prévoir pour la cité et
la
culture une structure fédéraliste. Le fédéralisme, en effet, suppose
2663
la cité et la culture une structure fédéraliste.
Le
fédéralisme, en effet, suppose des petits groupes, et non des masses,
2664
upe qu’une vocation peut s’exercer. D’autre part,
le
fédéralisme suppose des groupes diversifiés, et par là même il offre
2665
groupes diversifiés, et par là même il offre tous
les
avantages de la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients :
2666
ifiés, et par là même il offre tous les avantages
de
la tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients : car chacun, d
2667
és, et par là même il offre tous les avantages de
la
tolérance libérale, mais non pas ses inconvénients : car chacun, dans
2668
mais non pas ses inconvénients : car chacun, dans
le
groupe où il est né, ou dans le groupe qu’il a choisi, peut donner le
2669
car chacun, dans le groupe où il est né, ou dans
le
groupe qu’il a choisi, peut donner le meilleur de soi-même, aller au
2670
né, ou dans le groupe qu’il a choisi, peut donner
le
meilleur de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui
2671
le groupe qu’il a choisi, peut donner le meilleur
de
soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sér
2672
ut donner le meilleur de soi-même, aller au terme
de
sa pensée, jusqu’à l’acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et u
2673
de soi-même, aller au terme de sa pensée, jusqu’à
l’
acte qui la rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base
2674
, aller au terme de sa pensée, jusqu’à l’acte qui
la
rend sérieuse. Refaire un monde et une culture sur la base de la dive
2675
end sérieuse. Refaire un monde et une culture sur
la
base de la diversité des personnes et des vocations, c’est aujourd’hu
2676
euse. Refaire un monde et une culture sur la base
de
la diversité des personnes et des vocations, c’est aujourd’hui le seu
2677
e. Refaire un monde et une culture sur la base de
la
diversité des personnes et des vocations, c’est aujourd’hui le seul m
2678
des personnes et des vocations, c’est aujourd’hui
le
seul moyen de préparer une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce qu
2679
et des vocations, c’est aujourd’hui le seul moyen
de
préparer une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce que la guerre ac
2680
r une paix solide. Car, après tout, qu’est-ce que
la
guerre actuelle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de la démis
2681
ès tout, qu’est-ce que la guerre actuelle ? C’est
la
rançon fatale du gigantisme et de la démission de la culture. C’est l
2682
ctuelle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et
de
la démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralist
2683
elle ? C’est la rançon fatale du gigantisme et de
la
démission de la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes
2684
la rançon fatale du gigantisme et de la démission
de
la culture. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’espri
2685
rançon fatale du gigantisme et de la démission de
la
culture. C’est la faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d
2686
igantisme et de la démission de la culture. C’est
la
faillite des systèmes centralistes et de l’esprit d’uniformisation. O
2687
e. C’est la faillite des systèmes centralistes et
de
l’esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est
2688
C’est la faillite des systèmes centralistes et de
l’
esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est ju
2689
faillite des systèmes centralistes et de l’esprit
d’
uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est justement l
2690
centralistes et de l’esprit d’uniformisation. Or
le
contraire exact de cet esprit, c’est justement l’esprit fédéraliste,
2691
l’esprit d’uniformisation. Or le contraire exact
de
cet esprit, c’est justement l’esprit fédéraliste, avec sa devise para
2692
le contraire exact de cet esprit, c’est justement
l’
esprit fédéraliste, avec sa devise paradoxale : Un pour tous, mais aus
2693
iotiques ? — ou plutôt à des conclusions qui, par
la
plus extraordinaire des rencontres, se trouvent être également valabl
2694
également valables pour ceux qui veulent défendre
la
culture, et pour ceux qui veulent rester Suisses. La guerre actuelle
2695
culture, et pour ceux qui veulent rester Suisses.
La
guerre actuelle m’apparaît comme la guerre la plus antisuisse de l’hi
2696
ster Suisses. La guerre actuelle m’apparaît comme
la
guerre la plus antisuisse de l’histoire. C’est donc pour nous la pire
2697
es. La guerre actuelle m’apparaît comme la guerre
la
plus antisuisse de l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. M
2698
lle m’apparaît comme la guerre la plus antisuisse
de
l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps,
2699
m’apparaît comme la guerre la plus antisuisse de
l’
histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps, la
2700
us antisuisse de l’histoire. C’est donc pour nous
la
pire menace. Mais en même temps, la plus belle promesse ! Maintenant,
2701
onc pour nous la pire menace. Mais en même temps,
la
plus belle promesse ! Maintenant, la preuve est faite, attestée par l
2702
même temps, la plus belle promesse ! Maintenant,
la
preuve est faite, attestée par le sang, que la solution suisse et féd
2703
e ! Maintenant, la preuve est faite, attestée par
le
sang, que la solution suisse et fédérale est seule capable de fonder
2704
t, la preuve est faite, attestée par le sang, que
la
solution suisse et fédérale est seule capable de fonder la paix, puis
2705
la solution suisse et fédérale est seule capable
de
fonder la paix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas not
2706
on suisse et fédérale est seule capable de fonder
la
paix, puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil
2707
able de fonder la paix, puisque l’autre aboutit à
la
guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits q
2708
outit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui
l’
imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une
2709
Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont
les
faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence.
2710
l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à
le
reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est cela que nous avons
2711
nous avons à défendre en défendant notre patrie :
la
réalité fédéraliste en politique et dans tous les domaines de la cult
2712
la réalité fédéraliste en politique et dans tous
les
domaines de la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul
2713
édéraliste en politique et dans tous les domaines
de
la culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet
2714
raliste en politique et dans tous les domaines de
la
culture, le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet ave
2715
olitique et dans tous les domaines de la culture,
le
seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’
2716
s domaines de la culture, le seul avenir possible
de
l’Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent
2717
omaines de la culture, le seul avenir possible de
l’
Europe. Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent. I
2718
la culture, le seul avenir possible de l’Europe.
Le
seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s’agi
2719
oit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s’agit pas
de
grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait,
2720
éjà, un présent. Il ne s’agit pas de grands mots,
de
lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes
2721
t. Il ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou
d’
idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, au service
2722
grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit
de
voir qu’en fait, si nous sommes là, au service du pays, ce n’est pas
2723
pas pour défendre des « fromages », des conseils
d’
administration, notre confort et nos hôtels. D’autres — on sait qui —
2724
— peut-être mieux ! Ce n’est pas non plus, comme
le
disait fort bien Karl Barth, pour protéger nos « lacs d’azur » et nos
2725
it fort bien Karl Barth, pour protéger nos « lacs
d’
azur » et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la propagand
2726
» et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre
de
la propagande se chargerait très volontiers de cette œuvre de Heimats
2727
t nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de
la
propagande se chargerait très volontiers de cette œuvre de Heimatschu
2728
re de la propagande se chargerait très volontiers
de
cette œuvre de Heimatschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter
2729
ande se chargerait très volontiers de cette œuvre
de
Heimatschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter la mission dont
2730
atschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter
la
mission dont nous sommes responsables depuis des siècles, depuis les
2731
us sommes responsables depuis des siècles, depuis
les
temps du Saint-Empire : notre mission vis-à-vis de l’Europe. Nous som
2732
emps du Saint-Empire : notre mission vis-à-vis de
l’
Europe. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder
2733
ission vis-à-vis de l’Europe. Nous sommes chargés
de
la défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa san
2734
ion vis-à-vis de l’Europe. Nous sommes chargés de
la
défendre contre elle-même, de garder son trésor, d’affirmer sa santé,
2735
s sommes chargés de la défendre contre elle-même,
de
garder son trésor, d’affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si n
2736
défendre contre elle-même, de garder son trésor,
d’
affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si nous trahissons cette m
2737
me, de garder son trésor, d’affirmer sa santé, et
de
sauver son avenir. Si nous trahissons cette mission, si nous n’en pre
2738
pour notre indépendance nationale. Mais pourquoi
les
trahirions-nous ? Toute notre tradition civique et culturelle nous y
2739
et culturelle nous y prépare, nous a dressés pour
l’
accomplir. On parle un peu partout de fédérer l’Europe. Cela ne se fer
2740
dressés pour l’accomplir. On parle un peu partout
de
fédérer l’Europe. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les
2741
r l’accomplir. On parle un peu partout de fédérer
l’
Europe. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les quelques s
2742
. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant
les
quelques semaines fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans l
2743
ni même pendant les quelques semaines fiévreuses
d’
un congrès de la paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se
2744
ant les quelques semaines fiévreuses d’un congrès
de
la paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se fera que si d
2745
les quelques semaines fiévreuses d’un congrès de
la
paix improvisé dans l’épuisement général. Cela ne se fera que si des
2746
fiévreuses d’un congrès de la paix improvisé dans
l’
épuisement général. Cela ne se fera que si des hommes solides, informé
2747
e, entreprennent, dès maintenant, un gros travail
de
déblaiement, d’études précises, de calculs réalistes. Ces hommes ne p
2748
, dès maintenant, un gros travail de déblaiement,
d’
études précises, de calculs réalistes. Ces hommes ne peuvent guère exi
2749
n gros travail de déblaiement, d’études précises,
de
calculs réalistes. Ces hommes ne peuvent guère exister et travailler
2750
s ne peuvent guère exister et travailler que dans
les
pays neutres. Et chez nous tout d’abord, puisqu’il s’agit en somme d’
2751
chez nous tout d’abord, puisqu’il s’agit en somme
d’
utiliser notre expérience, et de tirer des leçons non pas seulement de
2752
l s’agit en somme d’utiliser notre expérience, et
de
tirer des leçons non pas seulement de ses succès mais aussi de ses éc
2753
érience, et de tirer des leçons non pas seulement
de
ses succès mais aussi de ses échecs, que nous connaissons mieux que p
2754
leçons non pas seulement de ses succès mais aussi
de
ses échecs, que nous connaissons mieux que personne. Tout mon espoir
2755
out mon espoir est qu’il se forme ici des équipes
de
fédérateurs, d’hommes qui comprennent enfin que l’heure est venue, po
2756
st qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs,
d’
hommes qui comprennent enfin que l’heure est venue, pour nous autres S
2757
e fédérateurs, d’hommes qui comprennent enfin que
l’
heure est venue, pour nous autres Suisses, de voir grand, de voir aux
2758
que l’heure est venue, pour nous autres Suisses,
de
voir grand, de voir aux proportions de l’Europe moderne, tout en gard
2759
t venue, pour nous autres Suisses, de voir grand,
de
voir aux proportions de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure d
2760
s Suisses, de voir grand, de voir aux proportions
de
l’Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mes
2761
uisses, de voir grand, de voir aux proportions de
l’
Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure
2762
proportions de l’Europe moderne, tout en gardant
la
mesure de notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la comm
2763
ns de l’Europe moderne, tout en gardant la mesure
de
notre histoire, la mesure de l’individu engagé dans la communauté. Ce
2764
rne, tout en gardant la mesure de notre histoire,
la
mesure de l’individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas
2765
en gardant la mesure de notre histoire, la mesure
de
l’individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas utopique
2766
gardant la mesure de notre histoire, la mesure de
l’
individu engagé dans la communauté. Cette œuvre n’est pas utopique : c
2767
tre histoire, la mesure de l’individu engagé dans
la
communauté. Cette œuvre n’est pas utopique : car je me refuse à nomme
2768
t pas utopique : car je me refuse à nommer utopie
le
seul espoir qui nous soit accordé. Encore faut-il que cet espoir soit
2769
peuple, et qu’il ne se laisse pas décourager par
les
sceptiques professionnels, par tous les paresseux d’esprit qui se pré
2770
rager par les sceptiques professionnels, par tous
les
paresseux d’esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et j
2771
sceptiques professionnels, par tous les paresseux
d’
esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et je termine là-
2772
se pas sur une erreur profonde quant aux pouvoirs
de
l’homme et à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes
2773
pas sur une erreur profonde quant aux pouvoirs de
l’
homme et à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes nos
2774
t à ses fins terrestres. En appelant et préparant
de
toutes nos forces une Europe fédéralisée, nous ne demanderons pas un
2775
rons simplement un monde humain. Non pas un monde
d’
utopie où toutes les luttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde
2776
monde humain. Non pas un monde d’utopie où toutes
les
luttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde où les luttes nécess
2777
ttes s’apaiseraient par miracle, mais un monde où
les
luttes nécessaires n’aboutissent pas mécaniquement et fatalement à de
2778
ement et fatalement à des catastrophes cosmiques.
La
vie de la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre
2779
t fatalement à des catastrophes cosmiques. La vie
de
la cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’espr
2780
atalement à des catastrophes cosmiques. La vie de
la
cité et de la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit
2781
des catastrophes cosmiques. La vie de la cité et
de
la culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit de lourdeur
2782
s catastrophes cosmiques. La vie de la cité et de
la
culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit de lourdeur, c
2783
la culture, ce sera toujours une bataille. Entre
l’
esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création,
2784
re, ce sera toujours une bataille. Entre l’esprit
de
lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création, la lutte
2785
l’esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et
les
forces de création, la lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura
2786
e lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces
de
création, la lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché
2787
omme disait Nietzsche, et les forces de création,
la
lutte sera toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché sur la terre.
2788
toujours ouverte, tant qu’il y aura du péché sur
la
terre. Non, l’heure n’est pas au facile optimisme, dans une Europe to
2789
te, tant qu’il y aura du péché sur la terre. Non,
l’
heure n’est pas au facile optimisme, dans une Europe tout obscurcie pa
2790
ile optimisme, dans une Europe tout obscurcie par
la
menace des avions. L’heure est plutôt venue de répéter la question du
2791
e Europe tout obscurcie par la menace des avions.
L’
heure est plutôt venue de répéter la question du prophète Isaïe : « Se
2792
e des avions. L’heure est plutôt venue de répéter
la
question du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? —
2793
tion du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu
de
la nuit ? — La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit auss
2794
n du prophète Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de
la
nuit ? — La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi !
2795
e Isaïe : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? —
La
sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi ! » La paix q
2796
e dis-tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu :
Le
matin vient, et la nuit aussi ! » La paix que nous devons invoquer ne
2797
? — La sentinelle a répondu : Le matin vient, et
la
nuit aussi ! » La paix que nous devons invoquer ne peut pas être une
2798
a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi ! »
La
paix que nous devons invoquer ne peut pas être une simple absence de
2799
vons invoquer ne peut pas être une simple absence
de
guerre. Spirituellement, une vraie paix sera toujours plus difficile
2800
et s’obscurcit. Mais qu’elle nous donne au moins
la
possibilité de rendre un sens aux conflits éternels — un sens, et s’i
2801
. Mais qu’elle nous donne au moins la possibilité
de
rendre un sens aux conflits éternels — un sens, et s’il se peut, une
2802
sens, et s’il se peut, une fécondité… Pendant que
les
autres font la guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde hu
2803
peut, une fécondité… Pendant que les autres font
la
guerre, ils n’ont pas le temps de préparer un monde humain. Mais nous
2804
dant que les autres font la guerre, ils n’ont pas
le
temps de préparer un monde humain. Mais nous qui avons encore su cons
2805
les autres font la guerre, ils n’ont pas le temps
de
préparer un monde humain. Mais nous qui avons encore su conserver une
2806
ais nous qui avons encore su conserver une cité à
la
mesure de la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pa
2807
ui avons encore su conserver une cité à la mesure
de
la personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre dé
2808
avons encore su conserver une cité à la mesure de
la
personne, nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai
2809
ommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai
de
grâce ! C’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager
2810
e perdons pas notre délai de grâce ! C’est à nous
de
gagner la vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai co
2811
pas notre délai de grâce ! C’est à nous de gagner
la
vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion le vrai combat qui n
2812
’est à nous de gagner la vraie paix, c’est à nous
d’
engager sans illusion le vrai combat qui nous maintienne humains. Tout
2813
vraie paix, c’est à nous d’engager sans illusion
le
vrai combat qui nous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète de
2814
ous maintienne humains. Tout cela, un jeune poète
de
génie, Arthur Rimbaud, l’a dit d’un seul trait prophétique : « Le com
2815
ut cela, un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud,
l’
a dit d’un seul trait prophétique : « Le combat spirituel est aussi br
2816
un jeune poète de génie, Arthur Rimbaud, l’a dit
d’
un seul trait prophétique : « Le combat spirituel est aussi brutal que
2817
Rimbaud, l’a dit d’un seul trait prophétique : «
Le
combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes, mais la v
2818
ique : « Le combat spirituel est aussi brutal que
la
bataille d’hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Die
2819
combat spirituel est aussi brutal que la bataille
d’
hommes, mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. »
2820
l est aussi brutal que la bataille d’hommes, mais
la
vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » 13. Conférence
2821
i brutal que la bataille d’hommes, mais la vision
de
la justice est le plaisir de Dieu seul. » 13. Conférence prononcée
2822
rutal que la bataille d’hommes, mais la vision de
la
justice est le plaisir de Dieu seul. » 13. Conférence prononcée le
2823
taille d’hommes, mais la vision de la justice est
le
plaisir de Dieu seul. » 13. Conférence prononcée le 15 janvier 194
2824
mmes, mais la vision de la justice est le plaisir
de
Dieu seul. » 13. Conférence prononcée le 15 janvier 1940 au Rathau
2825
aisir de Dieu seul. » 13. Conférence prononcée
le
15 janvier 1940 au Rathaus de Zurich, sous les auspices du Leserzirke
2826
cée le 15 janvier 1940 au Rathaus de Zurich, sous
les
auspices du Leserzirkel Hottingen, et dans plusieurs villes de Hollan
2827
u Leserzirkel Hottingen, et dans plusieurs villes
de
Hollande. 14. Je tiens à préciser que cette déclaration ne tend null
2828
cette déclaration ne tend nullement à justifier «
les
autres » — on sait qui — et à tout fourrer dans le même sac, comme se
2829
s autres » — on sait qui — et à tout fourrer dans
le
même sac, comme semblait le faire en septembre 1939 le manifeste inti
2830
t à tout fourrer dans le même sac, comme semblait
le
faire en septembre 1939 le manifeste intitulé « Nous sommes tous coup
2831
me sac, comme semblait le faire en septembre 1939
le
manifeste intitulé « Nous sommes tous coupables ». Je veux dire ceci
2832
». Je veux dire ceci : nous sommes coupables dans
la
mesure où nous ne condamnons pas en nous aussi, et en nous d’abord, l
2833
condamnons pas en nous aussi, et en nous d’abord,
la
mentalité totalitaire. 15. Il serait juste d’ajouter ici les noms de
2834
d, la mentalité totalitaire. 15. Il serait juste
d’
ajouter ici les noms de deux grands Suisses : Jacob Burckhardt (Consid
2835
é totalitaire. 15. Il serait juste d’ajouter ici
les
noms de deux grands Suisses : Jacob Burckhardt (Considérations sur l’
2836
aire. 15. Il serait juste d’ajouter ici les noms
de
deux grands Suisses : Jacob Burckhardt (Considérations sur l’histoire
2837
ds Suisses : Jacob Burckhardt (Considérations sur
l’
histoire du monde et Correspondance) et Alexandre Vinet, qui sut très
2838
et Alexandre Vinet, qui sut très bien montrer que
la
démocratie sans spiritualité chrétienne aboutirait à la tyrannie. 16
2839
ocratie sans spiritualité chrétienne aboutirait à
la
tyrannie. 16. Cf. Penser avec les mains , où ces idées sont dévelop
2840
erroge simplement par curiosité, ou par une sorte
de
prudence, pour voir venir, et puis vous vous apercevez que ce sont vo
2841
re, parfois de plus libérateur, que cette manière
de
poser des questions, et de jouer le scepticisme, dans un pays où tant
2842
eur, que cette manière de poser des questions, et
de
jouer le scepticisme, dans un pays où tant de choses vont de soi. Il
2843
cette manière de poser des questions, et de jouer
le
scepticisme, dans un pays où tant de choses vont de soi. Il nous faut
2844
Il nous faut un homme comme Ramuz pour nous tirer
de
l’optimisme épais où s’endorment les jeunes Suisses, trop assurés, co
2845
nous faut un homme comme Ramuz pour nous tirer de
l’
optimisme épais où s’endorment les jeunes Suisses, trop assurés, comme
2846
ur nous tirer de l’optimisme épais où s’endorment
les
jeunes Suisses, trop assurés, comme le dit Cingria, de trouver chaque
2847
endorment les jeunes Suisses, trop assurés, comme
le
dit Cingria, de trouver chaque matin sur leur table un gros bol de ca
2848
unes Suisses, trop assurés, comme le dit Cingria,
de
trouver chaque matin sur leur table un gros bol de café au lait. Qu’o
2849
e trouver chaque matin sur leur table un gros bol
de
café au lait. Qu’on m’entende bien : nous avons eu Amiel, et nous ne
2850
en : nous avons eu Amiel, et nous ne manquons pas
de
douteurs, de tourmentés, de refoulés et d’hésitants fort distingués.
2851
ns eu Amiel, et nous ne manquons pas de douteurs,
de
tourmentés, de refoulés et d’hésitants fort distingués. Mais ces inqu
2852
nous ne manquons pas de douteurs, de tourmentés,
de
refoulés et d’hésitants fort distingués. Mais ces inquiétudes se limi
2853
ns pas de douteurs, de tourmentés, de refoulés et
d’
hésitants fort distingués. Mais ces inquiétudes se limitent au « plan
2854
lan moral », comme nous aimons à dire. Elles sont
d’
usage interne, individuel. Les doutes que Ramuz nous propose touchent
2855
s à dire. Elles sont d’usage interne, individuel.
Les
doutes que Ramuz nous propose touchent au contraire les fondements mê
2856
utes que Ramuz nous propose touchent au contraire
les
fondements mêmes de notre vie dans la cité, de notre existence comme
2857
ropose touchent au contraire les fondements mêmes
de
notre vie dans la cité, de notre existence comme « Suisses ». Ils aff
2858
contraire les fondements mêmes de notre vie dans
la
cité, de notre existence comme « Suisses ». Ils affectent nos tabous
2859
e les fondements mêmes de notre vie dans la cité,
de
notre existence comme « Suisses ». Ils affectent nos tabous les plus
2860
tence comme « Suisses ». Ils affectent nos tabous
les
plus inébranlés, nos sécurités matérielles, ou sociales, ou nationale
2861
les, ou nationales. Ce que personne n’a jamais eu
l’
idée de mettre en question parmi nous. Par exemple, demande Ramuz : Av
2862
nationales. Ce que personne n’a jamais eu l’idée
de
mettre en question parmi nous. Par exemple, demande Ramuz : Avons-nou
2863
que propreté, confort et instruction ? Avons-nous
d’
autre but commun que la sécurité et le profit ? Pourquoi sommes-nous c
2864
t instruction ? Avons-nous d’autre but commun que
la
sécurité et le profit ? Pourquoi sommes-nous confédérés ? Et pourquoi
2865
Avons-nous d’autre but commun que la sécurité et
le
profit ? Pourquoi sommes-nous confédérés ? Et pourquoi, enfin, sommes
2866
ces questions ; mais que s’il garde en même temps
le
souci d’expliquer qui nous sommes à nos voisins, c’est peut-être que
2867
ions ; mais que s’il garde en même temps le souci
d’
expliquer qui nous sommes à nos voisins, c’est peut-être que notre lot
2868
tant que Vaudois, ou Genevois, ou Zurichois, est
d’
exister en fonction de ces voisins. Je vois l’équivoque de la phrase :
2869
est d’exister en fonction de ces voisins. Je vois
l’
équivoque de la phrase : exister en fonction des voisins, on pourrait
2870
r en fonction de ces voisins. Je vois l’équivoque
de
la phrase : exister en fonction des voisins, on pourrait croire que c
2871
n fonction de ces voisins. Je vois l’équivoque de
la
phrase : exister en fonction des voisins, on pourrait croire que c’es
2872
voisins, on pourrait croire que c’est à peu près
l’
idéal que Keyserling juge à notre mesure, celui du tenancier du grand
2873
enancier du grand palace. (Ramuz, plus dur, parle
de
portier d’hôtel…) Et je ne dis pas que cette interprétation désoblige
2874
grand palace. (Ramuz, plus dur, parle de portier
d’
hôtel…) Et je ne dis pas que cette interprétation désobligeante soit t
2875
prétation désobligeante soit toujours fausse dans
le
fait. Mais on peut et on doit concevoir une tout autre forme d’existe
2876
on peut et on doit concevoir une tout autre forme
d’
existence qui serait « en fonction des voisins », et qui serait tout d
2877
ême, ou par là même, une existence, au sens plein
de
ce terme ; avec tout ce que cela comporte d’autonomie, de nécessité,
2878
lein de ce terme ; avec tout ce que cela comporte
d’
autonomie, de nécessité, de réalité irremplaçable, de conscience d’une
2879
rme ; avec tout ce que cela comporte d’autonomie,
de
nécessité, de réalité irremplaçable, de conscience d’une mission à ac
2880
t ce que cela comporte d’autonomie, de nécessité,
de
réalité irremplaçable, de conscience d’une mission à accomplir, et qu
2881
utonomie, de nécessité, de réalité irremplaçable,
de
conscience d’une mission à accomplir, et que nul autre n’a reçue. La
2882
écessité, de réalité irremplaçable, de conscience
d’
une mission à accomplir, et que nul autre n’a reçue. La Suisse existe-
2883
mission à accomplir, et que nul autre n’a reçue.
La
Suisse existe-t-elle ? nous demande Ramuz. Cela revient à dire : a-t-
2884
Ramuz. Cela revient à dire : a-t-elle une raison
d’
être ? J’essaierai de répondre ici du point de vue qui me paraît le pl
2885
à dire : a-t-elle une raison d’être ? J’essaierai
de
répondre ici du point de vue qui me paraît le plus fécond non seuleme
2886
rai de répondre ici du point de vue qui me paraît
le
plus fécond non seulement pour l’esprit et l’homme en général, mais p
2887
e qui me paraît le plus fécond non seulement pour
l’
esprit et l’homme en général, mais pour ce pays-ci, tel que l’ont fait
2888
aît le plus fécond non seulement pour l’esprit et
l’
homme en général, mais pour ce pays-ci, tel que l’ont fait sa nature e
2889
l’homme en général, mais pour ce pays-ci, tel que
l’
ont fait sa nature et sept siècles d’histoire : le point de vue du per
2890
-ci, tel que l’ont fait sa nature et sept siècles
d’
histoire : le point de vue du personnalisme. ⁂ La question de la neut
2891
l’ont fait sa nature et sept siècles d’histoire :
le
point de vue du personnalisme. ⁂ La question de la neutralité est pe
2892
d’histoire : le point de vue du personnalisme. ⁂
La
question de la neutralité est peut-être la plus importante qu’il fail
2893
le point de vue du personnalisme. ⁂ La question
de
la neutralité est peut-être la plus importante qu’il faille poser à l
2894
point de vue du personnalisme. ⁂ La question de
la
neutralité est peut-être la plus importante qu’il faille poser à la S
2895
me. ⁂ La question de la neutralité est peut-être
la
plus importante qu’il faille poser à la Suisse. Parce que la Suisse s
2896
peut-être la plus importante qu’il faille poser à
la
Suisse. Parce que la Suisse se figure justement que c’est la question
2897
ortante qu’il faille poser à la Suisse. Parce que
la
Suisse se figure justement que c’est la question qui ne se pose pas.
2898
Parce que la Suisse se figure justement que c’est
la
question qui ne se pose pas. Que nous le voulions ou non, notre neutr
2899
ue c’est la question qui ne se pose pas. Que nous
le
voulions ou non, notre neutralité caractérise non seulement notre rôl
2900
ort aux pays voisins. Or il faut bien avouer, dès
le
départ, que l’état de fait créé par le traité de Vienne est aussi mal
2901
isins. Or il faut bien avouer, dès le départ, que
l’
état de fait créé par le traité de Vienne est aussi mal interprété par
2902
Or il faut bien avouer, dès le départ, que l’état
de
fait créé par le traité de Vienne est aussi mal interprété par ses ga
2903
vouer, dès le départ, que l’état de fait créé par
le
traité de Vienne est aussi mal interprété par ses garants que par ses
2904
le départ, que l’état de fait créé par le traité
de
Vienne est aussi mal interprété par ses garants que par ses soi-disan
2905
ses soi-disant bénéficiaires. Hors de chez nous,
l’
on pense généralement : la Suisse tire son épingle du jeu. Neutralité
2906
res. Hors de chez nous, l’on pense généralement :
la
Suisse tire son épingle du jeu. Neutralité égale prudence, égoïsme, a
2907
gmente pas précisément notre prestige. Chez nous,
l’
on considère volontiers que la neutralité nous est due, comme l’air et
2908
restige. Chez nous, l’on considère volontiers que
la
neutralité nous est due, comme l’air et les beautés de la nature. Pri
2909
volontiers que la neutralité nous est due, comme
l’
air et les beautés de la nature. Privilège inconditionnel, nous laissa
2910
rs que la neutralité nous est due, comme l’air et
les
beautés de la nature. Privilège inconditionnel, nous laissant au surp
2911
utralité nous est due, comme l’air et les beautés
de
la nature. Privilège inconditionnel, nous laissant au surplus le droi
2912
alité nous est due, comme l’air et les beautés de
la
nature. Privilège inconditionnel, nous laissant au surplus le droit d
2913
rivilège inconditionnel, nous laissant au surplus
le
droit de faire la leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos jour
2914
inconditionnel, nous laissant au surplus le droit
de
faire la leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos journaux. Et
2915
onnel, nous laissant au surplus le droit de faire
la
leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela ne c
2916
ant au surplus le droit de faire la leçon à toute
l’
Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela ne contribue guère à
2917
le droit de faire la leçon à toute l’Europe dans
les
leaders de nos journaux. Et cela ne contribue guère à nous donner un
2918
faire la leçon à toute l’Europe dans les leaders
de
nos journaux. Et cela ne contribue guère à nous donner un sens actif
2919
la ne contribue guère à nous donner un sens actif
de
nos chances et de nos destins, dans une époque où des choses plus anc
2920
ère à nous donner un sens actif de nos chances et
de
nos destins, dans une époque où des choses plus anciennes et plus gra
2921
s en discussion, bouleversées, brutalement niées.
De
ce double malentendu, il faudra bien sortir un jour. Les événements n
2922
double malentendu, il faudra bien sortir un jour.
Les
événements nous y obligeront si nous ne savons pas les prévenir. Si n
2923
vénements nous y obligeront si nous ne savons pas
les
prévenir. Si nous nous refusons à voir, à dire, à illustrer, à incarn
2924
à dire, à illustrer, à incarner aux yeux de tous
les
grandes et fortes raisons de notre neutralité, celle-ci sera balayée
2925
er aux yeux de tous les grandes et fortes raisons
de
notre neutralité, celle-ci sera balayée un jour prochain avec les vie
2926
lité, celle-ci sera balayée un jour prochain avec
les
vieux chiffons de papier qui sont censés la garantir. Quand bien même
2927
balayée un jour prochain avec les vieux chiffons
de
papier qui sont censés la garantir. Quand bien même nous aurions voté
2928
avec les vieux chiffons de papier qui sont censés
la
garantir. Quand bien même nous aurions voté des milliards de crédits
2929
. Quand bien même nous aurions voté des milliards
de
crédits d’armement, et des mesures d’instruction militaire prenant le
2930
n même nous aurions voté des milliards de crédits
d’
armement, et des mesures d’instruction militaire prenant les enfants a
2931
s milliards de crédits d’armement, et des mesures
d’
instruction militaire prenant les enfants au berceau. Car aucune force
2932
t, et des mesures d’instruction militaire prenant
les
enfants au berceau. Car aucune force matérielle ne pourra jamais remp
2933
ais remplacer, pour un petit pays comme le nôtre,
la
conscience de sa raison d’être, et le prestige qui s’y attache. On cr
2934
pour un petit pays comme le nôtre, la conscience
de
sa raison d’être, et le prestige qui s’y attache. On croit souvent, s
2935
t pays comme le nôtre, la conscience de sa raison
d’
être, et le prestige qui s’y attache. On croit souvent, surtout chez n
2936
e le nôtre, la conscience de sa raison d’être, et
le
prestige qui s’y attache. On croit souvent, surtout chez nous, qu’un
2937
surtout chez nous, qu’un petit pays a, comme tel,
l’
obligation de rester neutre. D’où l’on déduit qu’il en possède aussi l
2938
nous, qu’un petit pays a, comme tel, l’obligation
de
rester neutre. D’où l’on déduit qu’il en possède aussi le droit, une
2939
pays a, comme tel, l’obligation de rester neutre.
D’
où l’on déduit qu’il en possède aussi le droit, une espèce de droit na
2940
a, comme tel, l’obligation de rester neutre. D’où
l’
on déduit qu’il en possède aussi le droit, une espèce de droit naturel
2941
r neutre. D’où l’on déduit qu’il en possède aussi
le
droit, une espèce de droit naturel. Or on a vu des états minuscules,
2942
éduit qu’il en possède aussi le droit, une espèce
de
droit naturel. Or on a vu des états minuscules, Venise et Berne, les
2943
Or on a vu des états minuscules, Venise et Berne,
les
Pays-Bas de Guillaume d’Orange, jouer un rôle de premier plan dans l’
2944
les Pays-Bas de Guillaume d’Orange, jouer un rôle
de
premier plan dans l’équilibre européen. Et quand bien même il serait
2945
aume d’Orange, jouer un rôle de premier plan dans
l’
équilibre européen. Et quand bien même il serait démontré que la Suiss
2946
ropéen. Et quand bien même il serait démontré que
la
Suisse ne peut plus prétendre à jouer un rôle analogue, croit-on que
2947
re soit suffisamment garanti du seul fait qu’elle
le
juge naturel ? La meilleure garantie d’un droit, la seule peut-être q
2948
nt garanti du seul fait qu’elle le juge naturel ?
La
meilleure garantie d’un droit, la seule peut-être qui soit efficace,
2949
t qu’elle le juge naturel ? La meilleure garantie
d’
un droit, la seule peut-être qui soit efficace, c’est l’exercice réel
2950
juge naturel ? La meilleure garantie d’un droit,
la
seule peut-être qui soit efficace, c’est l’exercice réel de la charge
2951
roit, la seule peut-être qui soit efficace, c’est
l’
exercice réel de la charge dont ce droit représente à la fois la condi
2952
eut-être qui soit efficace, c’est l’exercice réel
de
la charge dont ce droit représente à la fois la condition et la contr
2953
-être qui soit efficace, c’est l’exercice réel de
la
charge dont ce droit représente à la fois la condition et la contrepa
2954
l de la charge dont ce droit représente à la fois
la
condition et la contrepartie. Le droit de propriété, par exemple, est
2955
ont ce droit représente à la fois la condition et
la
contrepartie. Le droit de propriété, par exemple, est à la fois la co
2956
ésente à la fois la condition et la contrepartie.
Le
droit de propriété, par exemple, est à la fois la condition d’une ent
2957
la fois la condition et la contrepartie. Le droit
de
propriété, par exemple, est à la fois la condition d’une entreprise p
2958
Le droit de propriété, par exemple, est à la fois
la
condition d’une entreprise personnelle, et la juste contrepartie des
2959
ropriété, par exemple, est à la fois la condition
d’
une entreprise personnelle, et la juste contrepartie des risques qu’on
2960
ois la condition d’une entreprise personnelle, et
la
juste contrepartie des risques qu’on y court, du travail qu’on y donn
2961
sques qu’on y court, du travail qu’on y donne. Si
le
propriétaire laisse ses terres en friche, et s’enrichit sans rien cré
2962
, tout simplement parce qu’il possède des coupons
de
papier dans une banque, ses droits sont ressentis comme des abus. Ils
2963
nt ressentis comme des abus. Ils cessent dès lors
d’
être assurés en fait ; comme le démontre l’histoire récente du capital
2964
s cessent dès lors d’être assurés en fait ; comme
le
démontre l’histoire récente du capitalisme anonyme et des révolutions
2965
s lors d’être assurés en fait ; comme le démontre
l’
histoire récente du capitalisme anonyme et des révolutions qu’il a fai
2966
ître. Or c’est une crise fort analogue qui menace
la
neutralité, dès l’instant où ceux qui en jouissent oublient pourquoi
2967
crise fort analogue qui menace la neutralité, dès
l’
instant où ceux qui en jouissent oublient pourquoi ils ont reçu ce dro
2968
urquoi ils ont reçu ce droit. Je ne dirai pas que
les
Suisses l’aient déjà oublié. Mais la conscience qu’ils en gardent par
2969
nt reçu ce droit. Je ne dirai pas que les Suisses
l’
aient déjà oublié. Mais la conscience qu’ils en gardent paraît souvent
2970
rai pas que les Suisses l’aient déjà oublié. Mais
la
conscience qu’ils en gardent paraît souvent bien somnolente. Trop ass
2971
bien somnolente. Trop assurés dans un statut dont
les
commodités sont surtout matérielles, et les obligations surtout spiri
2972
dont les commodités sont surtout matérielles, et
les
obligations surtout spirituelles, ils se persuadent petit à petit qu’
2973
trop des secondes. Sous prétexte de réalisme, et
de
défense des intérêts économiques, c’est la réalité européenne de la S
2974
me, et de défense des intérêts économiques, c’est
la
réalité européenne de la Suisse que l’on perd de vue. On l’a senti à
2975
intérêts économiques, c’est la réalité européenne
de
la Suisse que l’on perd de vue. On l’a senti à l’occasion des sanctio
2976
érêts économiques, c’est la réalité européenne de
la
Suisse que l’on perd de vue. On l’a senti à l’occasion des sanctions
2977
ues, c’est la réalité européenne de la Suisse que
l’
on perd de vue. On l’a senti à l’occasion des sanctions contre l’Itali
2978
la réalité européenne de la Suisse que l’on perd
de
vue. On l’a senti à l’occasion des sanctions contre l’Italie : premie
2979
européenne de la Suisse que l’on perd de vue. On
l’
a senti à l’occasion des sanctions contre l’Italie : premier avertisse
2980
de la Suisse que l’on perd de vue. On l’a senti à
l’
occasion des sanctions contre l’Italie : premier avertissement que nou
2981
e. On l’a senti à l’occasion des sanctions contre
l’
Italie : premier avertissement que nous donnaient les faits d’avoir à
2982
Italie : premier avertissement que nous donnaient
les
faits d’avoir à repenser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’
2983
remier avertissement que nous donnaient les faits
d’
avoir à repenser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’Europe. I
2984
es faits d’avoir à repenser notre neutralité dans
le
cadre nouveau de l’Europe. Il est fatal que ces dilemmes se multiplie
2985
à repenser notre neutralité dans le cadre nouveau
de
l’Europe. Il est fatal que ces dilemmes se multiplient à l’avenir. Le
2986
epenser notre neutralité dans le cadre nouveau de
l’
Europe. Il est fatal que ces dilemmes se multiplient à l’avenir. Le fa
2987
e. Il est fatal que ces dilemmes se multiplient à
l’
avenir. Le fameux équilibre stratégique de l’Europe qu’on a coutume d’
2988
fatal que ces dilemmes se multiplient à l’avenir.
Le
fameux équilibre stratégique de l’Europe qu’on a coutume d’invoquer p
2989
lient à l’avenir. Le fameux équilibre stratégique
de
l’Europe qu’on a coutume d’invoquer pour justifier l’espèce d’exterri
2990
nt à l’avenir. Le fameux équilibre stratégique de
l’
Europe qu’on a coutume d’invoquer pour justifier l’espèce d’exterritor
2991
équilibre stratégique de l’Europe qu’on a coutume
d’
invoquer pour justifier l’espèce d’exterritorialité dont jouit la Suis
2992
’Europe qu’on a coutume d’invoquer pour justifier
l’
espèce d’exterritorialité dont jouit la Suisse sur le continent, nous
2993
u’on a coutume d’invoquer pour justifier l’espèce
d’
exterritorialité dont jouit la Suisse sur le continent, nous le voyons
2994
justifier l’espèce d’exterritorialité dont jouit
la
Suisse sur le continent, nous le voyons, lui aussi, se transformer d’
2995
spèce d’exterritorialité dont jouit la Suisse sur
le
continent, nous le voyons, lui aussi, se transformer d’année en année
2996
alité dont jouit la Suisse sur le continent, nous
le
voyons, lui aussi, se transformer d’année en année. Et nous voyons qu
2997
tinent, nous le voyons, lui aussi, se transformer
d’
année en année. Et nous voyons que lui aussi dépend d’un équilibre spi
2998
née en année. Et nous voyons que lui aussi dépend
d’
un équilibre spirituel18 totalement bouleversé et réorganisé, au sein
2999
ent redéfinie. Bref, tout nous pousse à un réveil
de
notre conscience fédérale. Tout nous met au défi d’agrandir cette con
3000
notre conscience fédérale. Tout nous met au défi
d’
agrandir cette conscience aux proportions nouvelles des « mystiques »
3001
ortions nouvelles des « mystiques » qui régissent
l’
Europe d’aujourd’hui. Notre chance et nos risques sont là. La mission
3002
ouvelles des « mystiques » qui régissent l’Europe
d’
aujourd’hui. Notre chance et nos risques sont là. La mission essentiel
3003
aujourd’hui. Notre chance et nos risques sont là.
La
mission essentielle de la Suisse est une mission personnaliste au pre
3004
ce et nos risques sont là. La mission essentielle
de
la Suisse est une mission personnaliste au premier chef : sauvegarder
3005
et nos risques sont là. La mission essentielle de
la
Suisse est une mission personnaliste au premier chef : sauvegarder un
3006
premier chef : sauvegarder une Weltanschauung où
les
droits du particulier et les devoirs envers l’ensemble se fécondent m
3007
ne Weltanschauung où les droits du particulier et
les
devoirs envers l’ensemble se fécondent mutuellement19. Cette concepti
3008
ù les droits du particulier et les devoirs envers
l’
ensemble se fécondent mutuellement19. Cette conception du monde n’est
3009
tion du monde n’est pas nouvelle : elle constitue
l’
apport spécifique de l’Europe à l’humanité. C’est autour d’elle et grâ
3010
pas nouvelle : elle constitue l’apport spécifique
de
l’Europe à l’humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’Occi
3011
nouvelle : elle constitue l’apport spécifique de
l’
Europe à l’humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’Occiden
3012
elle constitue l’apport spécifique de l’Europe à
l’
humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’Occident s’est édi
3013
spécifique de l’Europe à l’humanité. C’est autour
d’
elle et grâce à elle que l’Occident s’est édifié, et qu’il a dominé le
3014
humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que
l’
Occident s’est édifié, et qu’il a dominé le monde. Elle n’est nullemen
3015
le que l’Occident s’est édifié, et qu’il a dominé
le
monde. Elle n’est nullement, comme certains voudraient le croire, une
3016
. Elle n’est nullement, comme certains voudraient
le
croire, une espèce de juste milieu entre les excès déplorables de l’i
3017
, comme certains voudraient le croire, une espèce
de
juste milieu entre les excès déplorables de l’individualisme bourgeoi
3018
aient le croire, une espèce de juste milieu entre
les
excès déplorables de l’individualisme bourgeois et du collectivisme d
3019
spèce de juste milieu entre les excès déplorables
de
l’individualisme bourgeois et du collectivisme dictatorial. Elle est
3020
ce de juste milieu entre les excès déplorables de
l’
individualisme bourgeois et du collectivisme dictatorial. Elle est la
3021
urgeois et du collectivisme dictatorial. Elle est
la
position centrale, à la fois naturelle et spirituelle, dont l’individ
3022
entrale, à la fois naturelle et spirituelle, dont
l’
individualisme et les collectivismes figurent les déviations morbides.
3023
aturelle et spirituelle, dont l’individualisme et
les
collectivismes figurent les déviations morbides. Et dès lors, la miss
3024
t l’individualisme et les collectivismes figurent
les
déviations morbides. Et dès lors, la mission de la Suisse peut être d
3025
es figurent les déviations morbides. Et dès lors,
la
mission de la Suisse peut être définie à l’échelle de l’Europe : la S
3026
les déviations morbides. Et dès lors, la mission
de
la Suisse peut être définie à l’échelle de l’Europe : la Suisse doit
3027
s déviations morbides. Et dès lors, la mission de
la
Suisse peut être définie à l’échelle de l’Europe : la Suisse doit êtr
3028
lors, la mission de la Suisse peut être définie à
l’
échelle de l’Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce principe
3029
ission de la Suisse peut être définie à l’échelle
de
l’Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce principe central, f
3030
ion de la Suisse peut être définie à l’échelle de
l’
Europe : la Suisse doit être la gardienne de ce principe central, fédé
3031
uisse peut être définie à l’échelle de l’Europe :
la
Suisse doit être la gardienne de ce principe central, fédératif ; et
3032
nie à l’échelle de l’Europe : la Suisse doit être
la
gardienne de ce principe central, fédératif ; et elle ne peut être au
3033
le de l’Europe : la Suisse doit être la gardienne
de
ce principe central, fédératif ; et elle ne peut être autre chose, de
3034
historique. Gardiens des cols, gardiens du siège
de
la SDN et de celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen
3035
storique. Gardiens des cols, gardiens du siège de
la
SDN et de celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et
3036
Gardiens des cols, gardiens du siège de la SDN et
de
celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun à
3037
des cols, gardiens du siège de la SDN et de celui
de
la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun à toutes le
3038
cols, gardiens du siège de la SDN et de celui de
la
Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun à toutes les n
3039
de la SDN et de celui de la Croix-Rouge, gardiens
de
ce qui est européen et commun à toutes les nations20 étant eux-mêmes
3040
ardiens de ce qui est européen et commun à toutes
les
nations20 étant eux-mêmes dans la mesure où ils sont cela, dans la me
3041
ommun à toutes les nations20 étant eux-mêmes dans
la
mesure où ils sont cela, dans la mesure où ils existent pour l’ensemb
3042
t eux-mêmes dans la mesure où ils sont cela, dans
la
mesure où ils existent pour l’ensemble — voilà les Suisses, grands Po
3043
ls sont cela, dans la mesure où ils existent pour
l’
ensemble — voilà les Suisses, grands Portiers de l’Europe, et maintene
3044
la mesure où ils existent pour l’ensemble — voilà
les
Suisses, grands Portiers de l’Europe, et mainteneurs de ses communes
3045
r l’ensemble — voilà les Suisses, grands Portiers
de
l’Europe, et mainteneurs de ses communes mesures. Qu’on ne voie pas l
3046
’ensemble — voilà les Suisses, grands Portiers de
l’
Europe, et mainteneurs de ses communes mesures. Qu’on ne voie pas là j
3047
sses, grands Portiers de l’Europe, et mainteneurs
de
ses communes mesures. Qu’on ne voie pas là je ne sais quelle manière
3048
s. Qu’on ne voie pas là je ne sais quelle manière
d’
idéaliser ce qui est mesquin. Car ce qui est mesquin chez nous, n’est
3049
squin chez nous, n’est en fait qu’une dégradation
de
l’idéal qui devrait nous unir. La devise des Suisses : « Un pour tous
3050
in chez nous, n’est en fait qu’une dégradation de
l’
idéal qui devrait nous unir. La devise des Suisses : « Un pour tous, t
3051
une dégradation de l’idéal qui devrait nous unir.
La
devise des Suisses : « Un pour tous, tous pour un », c’est la formule
3052
s Suisses : « Un pour tous, tous pour un », c’est
la
formule la plus frappante et la plus juste de l’esprit fédéral de l’O
3053
« Un pour tous, tous pour un », c’est la formule
la
plus frappante et la plus juste de l’esprit fédéral de l’Occident — e
3054
pour un », c’est la formule la plus frappante et
la
plus juste de l’esprit fédéral de l’Occident — en même temps que du p
3055
est la formule la plus frappante et la plus juste
de
l’esprit fédéral de l’Occident — en même temps que du personnalisme.
3056
la formule la plus frappante et la plus juste de
l’
esprit fédéral de l’Occident — en même temps que du personnalisme. (N’
3057
us frappante et la plus juste de l’esprit fédéral
de
l’Occident — en même temps que du personnalisme. (N’en faisons pas :
3058
frappante et la plus juste de l’esprit fédéral de
l’
Occident — en même temps que du personnalisme. (N’en faisons pas : « C
3059
onnalisme. (N’en faisons pas : « Chacun pour soi,
l’
État pour tous ! ») Oui, c’est au nom de cette mission de gardienne du
3060
pour tous ! ») Oui, c’est au nom de cette mission
de
gardienne du principe commun que la Suisse peut et doit maintenant re
3061
cette mission de gardienne du principe commun que
la
Suisse peut et doit maintenant revendiquer face à l’Europe son droit
3062
Suisse peut et doit maintenant revendiquer face à
l’
Europe son droit à la neutralité. Elle n’est réellement intangible que
3063
aintenant revendiquer face à l’Europe son droit à
la
neutralité. Elle n’est réellement intangible que parce qu’elle est l’
3064
n’est réellement intangible que parce qu’elle est
l’
expérience témoin, l’annonciatrice d’une Europe fédérée dont elle prou
3065
ngible que parce qu’elle est l’expérience témoin,
l’
annonciatrice d’une Europe fédérée dont elle prouve la réalité en asse
3066
qu’elle est l’expérience témoin, l’annonciatrice
d’
une Europe fédérée dont elle prouve la réalité en assemblant dans un É
3067
nonciatrice d’une Europe fédérée dont elle prouve
la
réalité en assemblant dans un État ces trois grandes civilisations :
3068
nt dans un État ces trois grandes civilisations :
la
germanique, la latine et la française21. ⁂ De cette mission qui justi
3069
ces trois grandes civilisations : la germanique,
la
latine et la française21. ⁂ De cette mission qui justifie en même tem
3070
andes civilisations : la germanique, la latine et
la
française21. ⁂ De cette mission qui justifie en même temps notre stat
3071
s : la germanique, la latine et la française21. ⁂
De
cette mission qui justifie en même temps notre statut européen de neu
3072
qui justifie en même temps notre statut européen
de
neutralité et notre statut intérieur de confédération de cantons, déc
3073
européen de neutralité et notre statut intérieur
de
confédération de cantons, découlent des conséquences précises dans le
3074
ralité et notre statut intérieur de confédération
de
cantons, découlent des conséquences précises dans les ordres les plus
3075
cantons, découlent des conséquences précises dans
les
ordres les plus divers. Je voudrais en marquer quelques-unes en les g
3076
coulent des conséquences précises dans les ordres
les
plus divers. Je voudrais en marquer quelques-unes en les groupant sou
3077
s divers. Je voudrais en marquer quelques-unes en
les
groupant sous trois chefs principaux : opinions, culture et armée. 1.
3078
chefs principaux : opinions, culture et armée. 1.
L’
opinion suisse, telle que la traduisent nos journaux est en contradict
3079
culture et armée. 1. L’opinion suisse, telle que
la
traduisent nos journaux est en contradiction fréquente avec notre neu
3080
e avec notre neutralité, et ce qui est pire, avec
la
mission même qui justifie cette neutralité. Elle se permet de prendre
3081
ême qui justifie cette neutralité. Elle se permet
de
prendre parti, dans les questions de politique étrangère, ou de polit
3082
neutralité. Elle se permet de prendre parti, dans
les
questions de politique étrangère, ou de politique intérieure du voisi
3083
le se permet de prendre parti, dans les questions
de
politique étrangère, ou de politique intérieure du voisin, avec d’aut
3084
ti, dans les questions de politique étrangère, ou
de
politique intérieure du voisin, avec d’autant plus de violence qu’ell
3085
ngère, ou de politique intérieure du voisin, avec
d’
autant plus de violence qu’elle y court moins de risques immédiats. Ri
3086
olitique intérieure du voisin, avec d’autant plus
de
violence qu’elle y court moins de risques immédiats. Rien n’est plus
3087
c d’autant plus de violence qu’elle y court moins
de
risques immédiats. Rien n’est plus agaçant pour l’étranger que cette
3088
e risques immédiats. Rien n’est plus agaçant pour
l’
étranger que cette espèce de suffisance moralisante, que ces conseils
3089
est plus agaçant pour l’étranger que cette espèce
de
suffisance moralisante, que ces conseils de fermeté ou ces protestati
3090
spèce de suffisance moralisante, que ces conseils
de
fermeté ou ces protestations intempestives que nous prodiguons chaque
3091
que nous prodiguons chaque jour aux « nationaux »
de
tel pays ou aux « rouges » du monde entier. D’autant plus que ce magi
3092
» de tel pays ou aux « rouges » du monde entier.
D’
autant plus que ce magistère ne paraît nullement s’exercer au nom d’un
3093
t s’exercer au nom d’une vocation bien définie et
de
portée européenne. Quand nos journaux font la leçon à Léon Blum22, ce
3094
et de portée européenne. Quand nos journaux font
la
leçon à Léon Blum22, ce n’est pas — comme ce pourrait l’être — au nom
3095
n à Léon Blum22, ce n’est pas — comme ce pourrait
l’
être — au nom de la démocratie réelle, communale et fédéraliste, mais
3096
n’est pas — comme ce pourrait l’être — au nom de
la
démocratie réelle, communale et fédéraliste, mais au nom d’intérêts d
3097
communale et fédéraliste, mais au nom d’intérêts
de
classe qui ne sont ni démocratiques ni nationaux. La même critique pe
3098
classe qui ne sont ni démocratiques ni nationaux.
La
même critique peut d’ailleurs s’adresser à notre presse d’extrême gau
3099
ritique peut d’ailleurs s’adresser à notre presse
d’
extrême gauche lorsqu’elle défend le même Léon Blum pour des raisons s
3100
notre presse d’extrême gauche lorsqu’elle défend
le
même Léon Blum pour des raisons symétriquement inverses, et par suite
3101
nd nous verrons nos grands journaux se préoccuper
de
juger ce qui se passe chez nos voisins non plus au nom de la droite f
3102
qui se passe chez nos voisins non plus au nom de
la
droite française ou de la gauche allemande émigrée, mais au nom du pr
3103
voisins non plus au nom de la droite française ou
de
la gauche allemande émigrée, mais au nom du principe fédéral que nous
3104
sins non plus au nom de la droite française ou de
la
gauche allemande émigrée, mais au nom du principe fédéral que nous av
3105
ral que nous avons à incarner, on pourra dire que
la
Suisse a retrouvé sa raison d’être, et d’être neutre. Quoi de plus c
3106
on pourra dire que la Suisse a retrouvé sa raison
d’
être, et d’être neutre. Quoi de plus comique et de plus irritant que
3107
ire que la Suisse a retrouvé sa raison d’être, et
d’
être neutre. Quoi de plus comique et de plus irritant que d’admirer l
3108
re. Quoi de plus comique et de plus irritant que
d’
admirer les fascismes étrangers alors qu’ils sont les formes politique
3109
de plus comique et de plus irritant que d’admirer
les
fascismes étrangers alors qu’ils sont les formes politiques les plus
3110
admirer les fascismes étrangers alors qu’ils sont
les
formes politiques les plus violemment centralistes, les plus contrair
3111
étrangers alors qu’ils sont les formes politiques
les
plus violemment centralistes, les plus contraires à nos statuts ! Nou
3112
rmes politiques les plus violemment centralistes,
les
plus contraires à nos statuts ! Nous ne pourrions en tirer qu’une seu
3113
! Nous ne pourrions en tirer qu’une seule leçon :
les
fascismes se donnent pour but d’exalter leur mission nationale. Quell
3114
e seule leçon : les fascismes se donnent pour but
d’
exalter leur mission nationale. Quelles que soient les réserves de fon
3115
xalter leur mission nationale. Quelles que soient
les
réserves de fond qu’il y ait à faire, et je les fais, sur l’authentic
3116
ission nationale. Quelles que soient les réserves
de
fond qu’il y ait à faire, et je les fais, sur l’authenticité de ces m
3117
t les réserves de fond qu’il y ait à faire, et je
les
fais, sur l’authenticité de ces missions qu’ils proclament à son de t
3118
de fond qu’il y ait à faire, et je les fais, sur
l’
authenticité de ces missions qu’ils proclament à son de trompe, il est
3119
y ait à faire, et je les fais, sur l’authenticité
de
ces missions qu’ils proclament à son de trompe, il est clair que leur
3120
henticité de ces missions qu’ils proclament à son
de
trompe, il est clair que leur force est là, et qu’en les admirant, en
3121
mpe, il est clair que leur force est là, et qu’en
les
admirant, en les enviant, nous sommes précisément en train de perdre
3122
que leur force est là, et qu’en les admirant, en
les
enviant, nous sommes précisément en train de perdre ce qu’ils ont ret
3123
ément en train de perdre ce qu’ils ont retrouvé :
le
sens de la réalité irremplaçable d’une nation. L’autorité qu’une cert
3124
train de perdre ce qu’ils ont retrouvé : le sens
de
la réalité irremplaçable d’une nation. L’autorité qu’une certaine pre
3125
ain de perdre ce qu’ils ont retrouvé : le sens de
la
réalité irremplaçable d’une nation. L’autorité qu’une certaine presse
3126
nt retrouvé : le sens de la réalité irremplaçable
d’
une nation. L’autorité qu’une certaine presse suisse s’était acquise à
3127
le sens de la réalité irremplaçable d’une nation.
L’
autorité qu’une certaine presse suisse s’était acquise à l’étranger re
3128
é qu’une certaine presse suisse s’était acquise à
l’
étranger reposait justement sur le fait que nous étions seuls à juger
3129
était acquise à l’étranger reposait justement sur
le
fait que nous étions seuls à juger dans une perspective européenne. (
3130
s français ou allemands, n’est plus qu’une presse
d’
intérêt local. Là encore, nos chances sont uniques, nous pourrions êtr
3131
être les premiers. Mais à cette seule condition :
de
savoir au nom de quoi nous parlons. Et ce ne peut être qu’au nom de l
3132
uoi nous parlons. Et ce ne peut être qu’au nom de
l’
avenir de l’Europe, puisque c’est cela que nous sommes dès maintenant.
3133
parlons. Et ce ne peut être qu’au nom de l’avenir
de
l’Europe, puisque c’est cela que nous sommes dès maintenant. 2. La cu
3134
lons. Et ce ne peut être qu’au nom de l’avenir de
l’
Europe, puisque c’est cela que nous sommes dès maintenant. 2. La cultu
3135
que c’est cela que nous sommes dès maintenant. 2.
La
culture. Je ne l’envisagerai ici que sous l’angle particulier de nos
3136
nous sommes dès maintenant. 2. La culture. Je ne
l’
envisagerai ici que sous l’angle particulier de nos responsabilités co
3137
. 2. La culture. Je ne l’envisagerai ici que sous
l’
angle particulier de nos responsabilités comme neutres. Ramuz insiste
3138
ne l’envisagerai ici que sous l’angle particulier
de
nos responsabilités comme neutres. Ramuz insiste avec raison sur le f
3139
ités comme neutres. Ramuz insiste avec raison sur
le
fait que nous n’avons pas une culture nationale unifiée, mais des cul
3140
de plus, c’est là notre chance. Mais savons-nous
l’
utiliser ? Il y faudrait une conscience très forte de la réalité fédér
3141
tiliser ? Il y faudrait une conscience très forte
de
la réalité fédéraliste et de ce qu’elle implique à la fois de diversi
3142
iser ? Il y faudrait une conscience très forte de
la
réalité fédéraliste et de ce qu’elle implique à la fois de diversités
3143
onscience très forte de la réalité fédéraliste et
de
ce qu’elle implique à la fois de diversités reconnues, totalement exp
3144
é fédéraliste et de ce qu’elle implique à la fois
de
diversités reconnues, totalement exprimées comme telles, et d’échange
3145
reconnues, totalement exprimées comme telles, et
d’
échanges multipliés, d’apports mutuels, de synthèse vivante. Dès que l
3146
exprimées comme telles, et d’échanges multipliés,
d’
apports mutuels, de synthèse vivante. Dès que la conscience fédéralist
3147
les, et d’échanges multipliés, d’apports mutuels,
de
synthèse vivante. Dès que la conscience fédéraliste vient à faiblir,
3148
, d’apports mutuels, de synthèse vivante. Dès que
la
conscience fédéraliste vient à faiblir, quand par exemple on se met c
3149
faiblir, quand par exemple on se met chez nous à
l’
école de la droite française et de sa politique particulière condition
3150
, quand par exemple on se met chez nous à l’école
de
la droite française et de sa politique particulière conditionnée par
3151
uand par exemple on se met chez nous à l’école de
la
droite française et de sa politique particulière conditionnée par le
3152
met chez nous à l’école de la droite française et
de
sa politique particulière conditionnée par le nationalisme unitaire e
3153
et de sa politique particulière conditionnée par
le
nationalisme unitaire et antiallemand, l’on voit une méfiance hostile
3154
née par le nationalisme unitaire et antiallemand,
l’
on voit une méfiance hostile poindre chez les intellectuels à l’endroi
3155
mand, l’on voit une méfiance hostile poindre chez
les
intellectuels à l’endroit de ce qui est « germanique » dans notre vie
3156
germanique » dans notre vie confédérale. Réaction
de
faiblesse, et néfaste à un double titre. Car d’une part nous y perdon
3157
us y perdons ce qui fait notre valeur propre dans
la
culture de langue française ; et d’autre part, en nous refusant aux c
3158
s ce qui fait notre valeur propre dans la culture
de
langue française ; et d’autre part, en nous refusant aux contacts et
3159
fusant aux contacts et aux échanges, nous perdons
la
meilleure occasion de prendre conscience de nous-mêmes, et de nos sin
3160
aux échanges, nous perdons la meilleure occasion
de
prendre conscience de nous-mêmes, et de nos singularités sinon latine
3161
rdons la meilleure occasion de prendre conscience
de
nous-mêmes, et de nos singularités sinon latines, du moins romanes. O
3162
occasion de prendre conscience de nous-mêmes, et
de
nos singularités sinon latines, du moins romanes. On se découvre en s
3163
sant, mais en s’opposant réellement, c’est-à-dire
de
près, corps à corps. Croit-on que Ramuz eût écrit ce Chant de notre R
3164
ps à corps. Croit-on que Ramuz eût écrit ce Chant
de
notre Rhône, si « roman », sans le voisinage germanique qui l’a contr
3165
écrit ce Chant de notre Rhône, si « roman », sans
le
voisinage germanique qui l’a contraint à formuler sa différence spéci
3166
e, si « roman », sans le voisinage germanique qui
l’
a contraint à formuler sa différence spécifique ? En France même, quoi
3167
? En France même, quoi de plus français — jusqu’à
l’
excès, voire jusqu’à la grimace — qu’un Barrès, constamment tenté et e
3168
de plus français — jusqu’à l’excès, voire jusqu’à
la
grimace — qu’un Barrès, constamment tenté et enrichi par le génie du
3169
— qu’un Barrès, constamment tenté et enrichi par
le
génie du Rhin ? Pour nous qui n’avons pas les mêmes raisons de constr
3170
par le génie du Rhin ? Pour nous qui n’avons pas
les
mêmes raisons de construire des Bastions de l’Est23, la situation est
3171
hin ? Pour nous qui n’avons pas les mêmes raisons
de
construire des Bastions de l’Est23, la situation est bien plus favora
3172
pas les mêmes raisons de construire des Bastions
de
l’Est23, la situation est bien plus favorable. Mais il faudrait savoi
3173
s les mêmes raisons de construire des Bastions de
l’
Est23, la situation est bien plus favorable. Mais il faudrait savoir l
3174
es raisons de construire des Bastions de l’Est23,
la
situation est bien plus favorable. Mais il faudrait savoir l’envisage
3175
est bien plus favorable. Mais il faudrait savoir
l’
envisager dans sa grandeur, sans crispation de méfiance ou de timidité
3176
oir l’envisager dans sa grandeur, sans crispation
de
méfiance ou de timidité ; dans une volonté de synthèse, et non point
3177
dans sa grandeur, sans crispation de méfiance ou
de
timidité ; dans une volonté de synthèse, et non point dans la crainte
3178
ion de méfiance ou de timidité ; dans une volonté
de
synthèse, et non point dans la crainte perpétuelle de n’aboutir qu’à
3179
; dans une volonté de synthèse, et non point dans
la
crainte perpétuelle de n’aboutir qu’à des mélanges bâtards. Notre uni
3180
ynthèse, et non point dans la crainte perpétuelle
de
n’aboutir qu’à des mélanges bâtards. Notre unité existe, mais sur un
3181
plan à la fois plus élevé et plus vaste que celui
de
« l’unification » à la mode jacobine ou classique. C’est l’unité orig
3182
à la fois plus élevé et plus vaste que celui de «
l’
unification » à la mode jacobine ou classique. C’est l’unité originell
3183
vé et plus vaste que celui de « l’unification » à
la
mode jacobine ou classique. C’est l’unité originelle, et peut-être fu
3184
fication » à la mode jacobine ou classique. C’est
l’
unité originelle, et peut-être future et finale, des diversités de l’E
3185
le, et peut-être future et finale, des diversités
de
l’Europe, symbolisées par nos quatre langues, nos deux religions, nos
3186
et peut-être future et finale, des diversités de
l’
Europe, symbolisées par nos quatre langues, nos deux religions, nos vi
3187
cinq républiques. Et surtout qu’on ne déplore pas
le
fait que les cultures des Suisses ne forment pas une culture homogène
3188
ques. Et surtout qu’on ne déplore pas le fait que
les
cultures des Suisses ne forment pas une culture homogène. Elles forme
3189
une culture homogène. Elles forment quelque chose
de
moins grandiose, mais peut-être de plus conforme à l’essence même de
3190
oins grandiose, mais peut-être de plus conforme à
l’
essence même de la culture : un microcosme des valeurs que les nations
3191
mais peut-être de plus conforme à l’essence même
de
la culture : un microcosme des valeurs que les nations qui nous entou
3192
is peut-être de plus conforme à l’essence même de
la
culture : un microcosme des valeurs que les nations qui nous entouren
3193
ême de la culture : un microcosme des valeurs que
les
nations qui nous entourent ont illustrées l’une après l’autre, mais n
3194
tes ces nations ont été grandes tour à tour, dans
la
musique ou la peinture, la poésie ou la philosophie. Et peut-être ne
3195
s ont été grandes tour à tour, dans la musique ou
la
peinture, la poésie ou la philosophie. Et peut-être ne serons-nous ja
3196
ndes tour à tour, dans la musique ou la peinture,
la
poésie ou la philosophie. Et peut-être ne serons-nous jamais aussi gr
3197
our, dans la musique ou la peinture, la poésie ou
la
philosophie. Et peut-être ne serons-nous jamais aussi grands qu’aucun
3198
s aussi grands qu’aucune d’entre elles dans aucun
de
ces domaines particuliers24. Mais notre grandeur est ailleurs : elle
3199
Mais notre grandeur est ailleurs : elle est dans
l’
harmonie intime, ou dans l’opposition tragique à l’intérieur d’une mêm
3200
lleurs : elle est dans l’harmonie intime, ou dans
l’
opposition tragique à l’intérieur d’une même « personne », des vocatio
3201
’harmonie intime, ou dans l’opposition tragique à
l’
intérieur d’une même « personne », des vocations spéciales d’autres na
3202
time, ou dans l’opposition tragique à l’intérieur
d’
une même « personne », des vocations spéciales d’autres nations. Et c’
3203
utôt ce doit être) un combat perpétuel, exaltant,
le
battement du cœur de l’Europe. Vouloir créer une « culture suisse »,
3204
combat perpétuel, exaltant, le battement du cœur
de
l’Europe. Vouloir créer une « culture suisse », ce serait trahir notr
3205
mbat perpétuel, exaltant, le battement du cœur de
l’
Europe. Vouloir créer une « culture suisse », ce serait trahir notre m
3206
isse », ce serait trahir notre mission, ce serait
le
péché même d’idolâtrie qui consiste dans son principe à adorer les in
3207
ait trahir notre mission, ce serait le péché même
d’
idolâtrie qui consiste dans son principe à adorer les instruments d’un
3208
idolâtrie qui consiste dans son principe à adorer
les
instruments d’un culte, oubliant le dieu qu’il célèbre. Et pourquoi n
3209
nsiste dans son principe à adorer les instruments
d’
un culte, oubliant le dieu qu’il célèbre. Et pourquoi n’irais-je pas j
3210
ipe à adorer les instruments d’un culte, oubliant
le
dieu qu’il célèbre. Et pourquoi n’irais-je pas jusqu’à dire que notre
3211
as jusqu’à dire que notre grandeur culturelle est
de
n’avoir pas de culture suisse, mais seulement une culture européenne
3212
que notre grandeur culturelle est de n’avoir pas
de
culture suisse, mais seulement une culture européenne ? On nous a don
3213
ulture suisse. Ce sont deux vocations isolées, et
la
culture suppose une suite, un progrès, un milieu, un écho. Je me repr
3214
s, offrant un asile provisoire aux grands errants
de
l’esprit et des passions occidentales : Bâle et Genève au temps de la
3215
offrant un asile provisoire aux grands errants de
l’
esprit et des passions occidentales : Bâle et Genève au temps de la Ré
3216
assions occidentales : Bâle et Genève au temps de
la
Réforme, Érasme, Holbein, Calvin et d’Aubigné, et le fameux docteur P
3217
u temps de la Réforme, Érasme, Holbein, Calvin et
d’
Aubigné, et le fameux docteur Paracelse, entraînant sa suite turbulent
3218
Réforme, Érasme, Holbein, Calvin et d’Aubigné, et
le
fameux docteur Paracelse, entraînant sa suite turbulente de disciples
3219
docteur Paracelse, entraînant sa suite turbulente
de
disciples d’auberge en auberge. C’était la Suisse spirituelle de la R
3220
else, entraînant sa suite turbulente de disciples
d’
auberge en auberge. C’était la Suisse spirituelle de la Renaissance, l
3221
ulente de disciples d’auberge en auberge. C’était
la
Suisse spirituelle de la Renaissance, le microcosme de toutes ses gra
3222
auberge en auberge. C’était la Suisse spirituelle
de
la Renaissance, le microcosme de toutes ses grandeurs. Aux xviie et
3223
erge en auberge. C’était la Suisse spirituelle de
la
Renaissance, le microcosme de toutes ses grandeurs. Aux xviie et xvi
3224
C’était la Suisse spirituelle de la Renaissance,
le
microcosme de toutes ses grandeurs. Aux xviie et xviiie , l’horizon
3225
isse spirituelle de la Renaissance, le microcosme
de
toutes ses grandeurs. Aux xviie et xviiie , l’horizon se resserre un
3226
e de toutes ses grandeurs. Aux xviie et xviiie ,
l’
horizon se resserre un peu, et pourtant voici Berne et le « grand Hall
3227
on se resserre un peu, et pourtant voici Berne et
le
« grand Haller », après ce premier cosmopolite : Béat de Muralt. Puis
3228
and Haller », après ce premier cosmopolite : Béat
de
Muralt. Puis Zurich et l’hégémonie passagère de l’École suisse sur la
3229
mier cosmopolite : Béat de Muralt. Puis Zurich et
l’
hégémonie passagère de l’École suisse sur la littérature allemande. Et
3230
t de Muralt. Puis Zurich et l’hégémonie passagère
de
l’École suisse sur la littérature allemande. Et le Lausanne des beaux
3231
e Muralt. Puis Zurich et l’hégémonie passagère de
l’
École suisse sur la littérature allemande. Et le Lausanne des beaux es
3232
ch et l’hégémonie passagère de l’École suisse sur
la
littérature allemande. Et le Lausanne des beaux esprits cosmopolites,
3233
e l’École suisse sur la littérature allemande. Et
le
Lausanne des beaux esprits cosmopolites, tel que nous l’ont décrit Gi
3234
anne des beaux esprits cosmopolites, tel que nous
l’
ont décrit Gibbon et le marquis de Boufflers. Avec le xixe , la Suisse
3235
cosmopolites, tel que nous l’ont décrit Gibbon et
le
marquis de Boufflers. Avec le xixe , la Suisse réapparaît sur la gran
3236
nt décrit Gibbon et le marquis de Boufflers. Avec
le
xixe , la Suisse réapparaît sur la grande scène de l’Europe. De Genèv
3237
Gibbon et le marquis de Boufflers. Avec le xixe ,
la
Suisse réapparaît sur la grande scène de l’Europe. De Genève, c’est u
3238
oufflers. Avec le xixe , la Suisse réapparaît sur
la
grande scène de l’Europe. De Genève, c’est une autre « école suisse »
3239
e xixe , la Suisse réapparaît sur la grande scène
de
l’Europe. De Genève, c’est une autre « école suisse » qui domine les
3240
ixe , la Suisse réapparaît sur la grande scène de
l’
Europe. De Genève, c’est une autre « école suisse » qui domine les let
3241
uisse réapparaît sur la grande scène de l’Europe.
De
Genève, c’est une autre « école suisse » qui domine les lettres franç
3242
nève, c’est une autre « école suisse » qui domine
les
lettres françaises ; après Rousseau : Constant et Staël, et toute la
3243
es ; après Rousseau : Constant et Staël, et toute
la
petite cour de Coppet. Ce foyer s’éteint pour un temps. Il en renaît
3244
seau : Constant et Staël, et toute la petite cour
de
Coppet. Ce foyer s’éteint pour un temps. Il en renaît un autre à Bâle
3245
re à Bâle : Jacob Burckhardt, Overbeck, Bachofen,
le
jeune Nietzsche, ami de Wagner… Et tout cela fait, par le moyen de la
3246
ardt, Overbeck, Bachofen, le jeune Nietzsche, ami
de
Wagner… Et tout cela fait, par le moyen de la Suisse, une assez belle
3247
Nietzsche, ami de Wagner… Et tout cela fait, par
le
moyen de la Suisse, une assez belle culture européenne25. Je ne vois
3248
e, ami de Wagner… Et tout cela fait, par le moyen
de
la Suisse, une assez belle culture européenne25. Je ne vois pas pourq
3249
ami de Wagner… Et tout cela fait, par le moyen de
la
Suisse, une assez belle culture européenne25. Je ne vois pas pourquoi
3250
péenne25. Je ne vois pas pourquoi nous douterions
d’
une tradition que tout nous pousse à continuer, et qui, je le crois, n
3251
tion que tout nous pousse à continuer, et qui, je
le
crois, n’a pas encore réalisé ses possibilités extrêmes. Nous avons l
3252
ore réalisé ses possibilités extrêmes. Nous avons
le
goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz, et je m’en irr
3253
Nous avons le goût du moyen, c’est entendu, et je
l’
accorde à Ramuz, et je m’en irrite au moins autant que lui. Mais je pe
3254
ins autant que lui. Mais je pense qu’on n’atteint
la
grandeur qu’en utilisant ses défauts, en s’élevant au point où ils de
3255
défauts, en s’élevant au point où ils deviennent
les
conditions d’une création unique. Au niveau de l’instruction publique
3256
élevant au point où ils deviennent les conditions
d’
une création unique. Au niveau de l’instruction publique, nous étouffo
3257
es conditions d’une création unique. Au niveau de
l’
instruction publique, nous étouffons dans le moyen ; mais au niveau de
3258
au de l’instruction publique, nous étouffons dans
le
moyen ; mais au niveau de la vraie culture, nous pouvons être les moy
3259
nous étouffons dans le moyen ; mais au niveau de
la
vraie culture, nous pouvons être les moyens de la grandeur future de
3260
au niveau de la vraie culture, nous pouvons être
les
moyens de la grandeur future de l’Europe. (Il y a là plus qu’un calem
3261
de la vraie culture, nous pouvons être les moyens
de
la grandeur future de l’Europe. (Il y a là plus qu’un calembour, soit
3262
la vraie culture, nous pouvons être les moyens de
la
grandeur future de l’Europe. (Il y a là plus qu’un calembour, soit di
3263
ous pouvons être les moyens de la grandeur future
de
l’Europe. (Il y a là plus qu’un calembour, soit dit pour essayer de r
3264
pouvons être les moyens de la grandeur future de
l’
Europe. (Il y a là plus qu’un calembour, soit dit pour essayer de rass
3265
a là plus qu’un calembour, soit dit pour essayer
de
rassurer ces gens sérieux que sont les Suisses moyens — et même les a
3266
our essayer de rassurer ces gens sérieux que sont
les
Suisses moyens — et même les autres.) 3. Avec l’armée, je reviens au
3267
ens sérieux que sont les Suisses moyens — et même
les
autres.) 3. Avec l’armée, je reviens au concret, ou du moins à ce qu’
3268
les Suisses moyens — et même les autres.) 3. Avec
l’
armée, je reviens au concret, ou du moins à ce qu’on tient pour tel da
3269
u moins à ce qu’on tient pour tel dans un pays où
les
valeurs intellectuelles passent plus qu’ailleurs pour un luxe. (Nulle
3270
qu’ailleurs pour un luxe. (Nulle part, je crois,
les
écrivains n’ont moins d’action sur la vie politique.) Il est clair,
3271
(Nulle part, je crois, les écrivains n’ont moins
d’
action sur la vie politique.) Il est clair, et on le dit assez pour q
3272
je crois, les écrivains n’ont moins d’action sur
la
vie politique.) Il est clair, et on le dit assez pour que je n’aie p
3273
ction sur la vie politique.) Il est clair, et on
le
dit assez pour que je n’aie pas à insister, que l’armée d’un petit pa
3274
e dit assez pour que je n’aie pas à insister, que
l’
armée d’un petit pays neutre est très facilement justifiable, aux yeux
3275
sez pour que je n’aie pas à insister, que l’armée
d’
un petit pays neutre est très facilement justifiable, aux yeux du paci
3276
rès facilement justifiable, aux yeux du pacifiste
le
plus ardent. Elle ne peut livrer qu’une « guerre juste », puisqu’elle
3277
u’une « guerre juste », puisqu’elle est incapable
d’
attaquer. Elle ne joue que le rôle d’une garde, et par là même, elle e
3278
u’elle est incapable d’attaquer. Elle ne joue que
le
rôle d’une garde, et par là même, elle est conforme à notre vocation
3279
st incapable d’attaquer. Elle ne joue que le rôle
d’
une garde, et par là même, elle est conforme à notre vocation profonde
3280
hburg ; milice au service du principe constituant
de
la fédération — et c’est pourquoi elle appartient à l’État et non pas
3281
rg ; milice au service du principe constituant de
la
fédération — et c’est pourquoi elle appartient à l’État et non pas au
3282
fédération — et c’est pourquoi elle appartient à
l’
État et non pas aux cantons. De plus, les mesures toutes récentes orga
3283
artient à l’État et non pas aux cantons. De plus,
les
mesures toutes récentes organisant la couverture des frontières par l
3284
. De plus, les mesures toutes récentes organisant
la
couverture des frontières par les habitants de la région sont absolum
3285
entes organisant la couverture des frontières par
les
habitants de la région sont absolument dans la ligne du fédéralisme r
3286
nt la couverture des frontières par les habitants
de
la région sont absolument dans la ligne du fédéralisme réel26. Armée
3287
la couverture des frontières par les habitants de
la
région sont absolument dans la ligne du fédéralisme réel26. Armée dém
3288
r les habitants de la région sont absolument dans
la
ligne du fédéralisme réel26. Armée démocratique, dit-on, milice popul
3289
démocratique, dit-on, milice populaire, dépourvue
de
l’esprit de caste que forment ailleurs les écoles militaires. Oui, c’
3290
ocratique, dit-on, milice populaire, dépourvue de
l’
esprit de caste que forment ailleurs les écoles militaires. Oui, c’est
3291
, dit-on, milice populaire, dépourvue de l’esprit
de
caste que forment ailleurs les écoles militaires. Oui, c’est bien là
3292
pourvue de l’esprit de caste que forment ailleurs
les
écoles militaires. Oui, c’est bien là ce que doit être une armée cons
3293
est bien là ce que doit être une armée consciente
de
son rôle de garde neutre. Il s’agit que cette conscience reste vivace
3294
ce que doit être une armée consciente de son rôle
de
garde neutre. Il s’agit que cette conscience reste vivace. Que l’armé
3295
Il s’agit que cette conscience reste vivace. Que
l’
armée soit proche du peuple, cela doit avoir pour effet idéal de « civ
3296
roche du peuple, cela doit avoir pour effet idéal
de
« civiliser » la milice et non de militariser l’esprit public. Il est
3297
cela doit avoir pour effet idéal de « civiliser »
la
milice et non de militariser l’esprit public. Il est important de rap
3298
our effet idéal de « civiliser » la milice et non
de
militariser l’esprit public. Il est important de rappeler que l’armée
3299
de « civiliser » la milice et non de militariser
l’
esprit public. Il est important de rappeler que l’armée d’une fédérati
3300
de militariser l’esprit public. Il est important
de
rappeler que l’armée d’une fédération ne conserve sa raison d’être qu
3301
l’esprit public. Il est important de rappeler que
l’
armée d’une fédération ne conserve sa raison d’être que si l’on croit
3302
public. Il est important de rappeler que l’armée
d’
une fédération ne conserve sa raison d’être que si l’on croit à cette
3303
ue l’armée d’une fédération ne conserve sa raison
d’
être que si l’on croit à cette fédération et à la tâche qui lui incomb
3304
ne fédération ne conserve sa raison d’être que si
l’
on croit à cette fédération et à la tâche qui lui incombe au milieu de
3305
d’être que si l’on croit à cette fédération et à
la
tâche qui lui incombe au milieu de voisins redoutables. Il est import
3306
u milieu de voisins redoutables. Il est important
de
rappeler que l’armée étant chose fédérale, ne peut être l’armée d’une
3307
ins redoutables. Il est important de rappeler que
l’
armée étant chose fédérale, ne peut être l’armée d’une classe, de ses
3308
er que l’armée étant chose fédérale, ne peut être
l’
armée d’une classe, de ses intérêts, de son ordre. Il n’y aurait aucun
3309
’armée étant chose fédérale, ne peut être l’armée
d’
une classe, de ses intérêts, de son ordre. Il n’y aurait aucun avantag
3310
hose fédérale, ne peut être l’armée d’une classe,
de
ses intérêts, de son ordre. Il n’y aurait aucun avantage à combattre
3311
peut être l’armée d’une classe, de ses intérêts,
de
son ordre. Il n’y aurait aucun avantage à combattre l’esprit de caste
3312
n ordre. Il n’y aurait aucun avantage à combattre
l’
esprit de caste si c’était pour le remplacer par un esprit de classe b
3313
Il n’y aurait aucun avantage à combattre l’esprit
de
caste si c’était pour le remplacer par un esprit de classe bourgeois
3314
age à combattre l’esprit de caste si c’était pour
le
remplacer par un esprit de classe bourgeois d’une valeur militaire bi
3315
caste si c’était pour le remplacer par un esprit
de
classe bourgeois d’une valeur militaire bien moindre. Enfin l’enthous
3316
ur le remplacer par un esprit de classe bourgeois
d’
une valeur militaire bien moindre. Enfin l’enthousiasme entretenu auto
3317
rgeois d’une valeur militaire bien moindre. Enfin
l’
enthousiasme entretenu autour de ce que l’on nomme chez nous « le mili
3318
. Enfin l’enthousiasme entretenu autour de ce que
l’
on nomme chez nous « le militaire », ne saurait être légitime qu’à pro
3319
entretenu autour de ce que l’on nomme chez nous «
le
militaire », ne saurait être légitime qu’à proportion du sens profond
3320
itime qu’à proportion du sens profond des raisons
d’
être de la Suisse dont nous témoignons par ailleurs. N’allons pas croi
3321
u’à proportion du sens profond des raisons d’être
de
la Suisse dont nous témoignons par ailleurs. N’allons pas croire que
3322
proportion du sens profond des raisons d’être de
la
Suisse dont nous témoignons par ailleurs. N’allons pas croire que pou
3323
pour être un bon Suisse, il faut et il suffit que
l’
on soit un bon soldat ! Car on ne peut être un bon soldat, chez nous,
3324
n soldat, chez nous, que si d’abord on prouve que
l’
on est un bon Suisse. Après tout, notre armée n’est qu’un aspect de no
3325
uisse. Après tout, notre armée n’est qu’un aspect
de
notre défense fédérale. Et un aspect subordonné. Si l’on néglige à so
3326
tre défense fédérale. Et un aspect subordonné. Si
l’
on néglige à son profit « le reste », on fait œuvre de mauvais Suisse,
3327
aspect subordonné. Si l’on néglige à son profit «
le
reste », on fait œuvre de mauvais Suisse, car c’est ce « reste » just
3328
néglige à son profit « le reste », on fait œuvre
de
mauvais Suisse, car c’est ce « reste » justement qui donne un sens à
3329
c’est ce « reste » justement qui donne un sens à
la
fédération, donc à l’armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs
3330
stement qui donne un sens à la fédération, donc à
l’
armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs que les armes matériel
3331
donne un sens à la fédération, donc à l’armée qui
la
défend. Je ne crois pas d’ailleurs que les armes matérielles soient p
3332
mée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs que
les
armes matérielles soient pour nous une défense suffisante27. Je vois
3333
lles sont nécessaires. Mais je vois aussi qu’avec
la
cinquantième partie de l’argent consacré à leur acquisition, on pourr
3334
Mais je vois aussi qu’avec la cinquantième partie
de
l’argent consacré à leur acquisition, on pourrait apporter à nos inst
3335
s je vois aussi qu’avec la cinquantième partie de
l’
argent consacré à leur acquisition, on pourrait apporter à nos institu
3336
uisition, on pourrait apporter à nos institutions
de
haute culture, à nos savants, artistes ou écrivains, les moyens d’ass
3337
te culture, à nos savants, artistes ou écrivains,
les
moyens d’assurer au pays un prestige international qui nous donnerait
3338
à nos savants, artistes ou écrivains, les moyens
d’
assurer au pays un prestige international qui nous donnerait peut-être
3339
ous donnerait peut-être davantage qu’une garantie
d’
autonomie : une existence vraiment autonome. Le budget de la défense n
3340
ie d’autonomie : une existence vraiment autonome.
Le
budget de la défense nationale dans un pays dont la vraie raison d’êt
3341
omie : une existence vraiment autonome. Le budget
de
la défense nationale dans un pays dont la vraie raison d’être est en
3342
e : une existence vraiment autonome. Le budget de
la
défense nationale dans un pays dont la vraie raison d’être est en fin
3343
budget de la défense nationale dans un pays dont
la
vraie raison d’être est en fin de compte spirituelle, devrait comport
3344
fense nationale dans un pays dont la vraie raison
d’
être est en fin de compte spirituelle, devrait comporter normalement à
3345
t à côté du budget militaire, un important budget
de
la culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je
3346
côté du budget militaire, un important budget de
la
culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je l’
3347
un important budget de la culture. Je ne dis pas
de
l’instruction, mais de la culture. Et je l’appellerais volontiers le
3348
important budget de la culture. Je ne dis pas de
l’
instruction, mais de la culture. Et je l’appellerais volontiers le bud
3349
la culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais
de
la culture. Et je l’appellerais volontiers le budget de la conscience
3350
culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais de
la
culture. Et je l’appellerais volontiers le budget de la conscience fé
3351
s pas de l’instruction, mais de la culture. Et je
l’
appellerais volontiers le budget de la conscience fédérale. Car le jou
3352
ais de la culture. Et je l’appellerais volontiers
le
budget de la conscience fédérale. Car le jour où il existera, l’on po
3353
culture. Et je l’appellerais volontiers le budget
de
la conscience fédérale. Car le jour où il existera, l’on pourra dire
3354
ture. Et je l’appellerais volontiers le budget de
la
conscience fédérale. Car le jour où il existera, l’on pourra dire que
3355
lontiers le budget de la conscience fédérale. Car
le
jour où il existera, l’on pourra dire que nos hommes politiques, si r
3356
conscience fédérale. Car le jour où il existera,
l’
on pourra dire que nos hommes politiques, si réellement représentatifs
3357
ques, si réellement représentatifs, dans ce pays,
de
l’opinion moyenne des citoyens, ont retrouvé le sens de notre destiné
3358
s, si réellement représentatifs, dans ce pays, de
l’
opinion moyenne des citoyens, ont retrouvé le sens de notre destinée,
3359
, de l’opinion moyenne des citoyens, ont retrouvé
le
sens de notre destinée, et notre chance unique de grandeur28. ⁂ Je vo
3360
pinion moyenne des citoyens, ont retrouvé le sens
de
notre destinée, et notre chance unique de grandeur28. ⁂ Je vois ce qu
3361
le sens de notre destinée, et notre chance unique
de
grandeur28. ⁂ Je vois ce que l’on peut m’objecter : « Vous attribuez
3362
tre chance unique de grandeur28. ⁂ Je vois ce que
l’
on peut m’objecter : « Vous attribuez des justifications parfois mythi
3363
hiques à des réalités qui se sont constituées par
le
jeu d’intérêts et de routines médiocres. Vous donnez par exemple une
3364
à des réalités qui se sont constituées par le jeu
d’
intérêts et de routines médiocres. Vous donnez par exemple une valeur
3365
qui se sont constituées par le jeu d’intérêts et
de
routines médiocres. Vous donnez par exemple une valeur positive à un
3366
liste qui ne traduit historiquement — de même que
la
neutralité — qu’une crainte, un resserrement des rangs devant la mena
3367
qu’une crainte, un resserrement des rangs devant
la
menace extérieure29 ». Rien n’est plus vrai, et c’est très consciemme
3368
olution, sinon justement un effort pour restaurer
l’
actualité perdue d’une tradition ou d’une institution ? Pour réveiller
3369
ement un effort pour restaurer l’actualité perdue
d’
une tradition ou d’une institution ? Pour réveiller leurs pouvoirs cré
3370
r restaurer l’actualité perdue d’une tradition ou
d’
une institution ? Pour réveiller leurs pouvoirs créateurs, leur perpét
3371
es formes existantes ? Il ne s’agit pas pour nous
de
« révolutionner », au sens que le bourgeois craintif prête à ce terme
3372
t pas pour nous de « révolutionner », au sens que
le
bourgeois craintif prête à ce terme. Nous partons, dans ce pays, d’un
3373
tif prête à ce terme. Nous partons, dans ce pays,
d’
un certain nombre de structures politiques et morales, et d’une tradit
3374
. Nous partons, dans ce pays, d’un certain nombre
de
structures politiques et morales, et d’une tradition fédéraliste, qui
3375
in nombre de structures politiques et morales, et
d’
une tradition fédéraliste, qui se trouvent réaliser, en théorie, parfo
3376
e trouvent réaliser, en théorie, parfois en fait,
les
« utopies » personnalistes. Nous n’avons donc pas à renverser l’ordre
3377
personnalistes. Nous n’avons donc pas à renverser
l’
ordre politique existant mais à donner ou à rendre à cet ordre une sig
3378
ner ou à rendre à cet ordre une signification qui
le
maintienne vivant et pur contre les ennemis du dedans, afin d’être fo
3379
nification qui le maintienne vivant et pur contre
les
ennemis du dedans, afin d’être fort au-dehors. L’esprit bourgeois, l’
3380
es ennemis du dedans, afin d’être fort au-dehors.
L’
esprit bourgeois, l’économie capitaliste, une paresse spirituelle entr
3381
, afin d’être fort au-dehors. L’esprit bourgeois,
l’
économie capitaliste, une paresse spirituelle entretenue par nos école
3382
ne paresse spirituelle entretenue par nos écoles,
la
tentation de copier nos voisins dans les mœurs politiques et dans la
3383
irituelle entretenue par nos écoles, la tentation
de
copier nos voisins dans les mœurs politiques et dans la presse, tout
3384
s écoles, la tentation de copier nos voisins dans
les
mœurs politiques et dans la presse, tout cela menace et compromet non
3385
ier nos voisins dans les mœurs politiques et dans
la
presse, tout cela menace et compromet non seulement nos chances à ven
3386
compromet non seulement nos chances à venir, mais
les
bases politiques et morales sur lesquelles nous pouvions compter, et
3387
morales sur lesquelles nous pouvions compter, et
la
mission même de la Suisse. Tout cela tend à nous réduire à nos propor
3388
quelles nous pouvions compter, et la mission même
de
la Suisse. Tout cela tend à nous réduire à nos proportions matérielle
3389
lles nous pouvions compter, et la mission même de
la
Suisse. Tout cela tend à nous réduire à nos proportions matérielles,
3390
, qui sont petites, qui sont médiocres. J’ai cité
le
cas de la presse, se réduisant elle-même au rôle de presse locale. Il
3391
ont petites, qui sont médiocres. J’ai cité le cas
de
la presse, se réduisant elle-même au rôle de presse locale. Il faut b
3392
petites, qui sont médiocres. J’ai cité le cas de
la
presse, se réduisant elle-même au rôle de presse locale. Il faut bien
3393
cas de la presse, se réduisant elle-même au rôle
de
presse locale. Il faut bien dire aussi que notre fédéralisme tend sou
3394
que notre fédéralisme tend souvent à se réduire à
l’
esprit de clocher, à une limitation des horizons, bien plutôt qu’il ne
3395
fédéralisme tend souvent à se réduire à l’esprit
de
clocher, à une limitation des horizons, bien plutôt qu’il ne favorise
3396
ation des horizons, bien plutôt qu’il ne favorise
de
fécondes oppositions. Notre neutralité, conçue comme une prudence, de
3397
re neutralité, conçue comme une prudence, devient
la
pire des imprudences au milieu de l’Europe fasciste. Notre instructio
3398
nce, devient la pire des imprudences au milieu de
l’
Europe fasciste. Notre instruction publique très développée à tous les
3399
Notre instruction publique très développée à tous
les
degrés, mais fondée sur une conception de l’homme incroyablement étri
3400
à tous les degrés, mais fondée sur une conception
de
l’homme incroyablement étriquée, devient une espèce d’asepsie qui tue
3401
ous les degrés, mais fondée sur une conception de
l’
homme incroyablement étriquée, devient une espèce d’asepsie qui tue le
3402
homme incroyablement étriquée, devient une espèce
d’
asepsie qui tue les germes de toute création. (La culture suppose plus
3403
nt étriquée, devient une espèce d’asepsie qui tue
les
germes de toute création. (La culture suppose plus de folie, suppose
3404
, devient une espèce d’asepsie qui tue les germes
de
toute création. (La culture suppose plus de folie, suppose des contam
3405
d’asepsie qui tue les germes de toute création. (
La
culture suppose plus de folie, suppose des contaminations multipliées
3406
ermes de toute création. (La culture suppose plus
de
folie, suppose des contaminations multipliées, des inégalités favoris
3407
re au pas des grandes économies européennes, mais
de
la manière la plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autant de cons
3408
au pas des grandes économies européennes, mais de
la
manière la plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autant de constat
3409
grandes économies européennes, mais de la manière
la
plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autant de constatations qui
3410
a plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autant
de
constatations qui dictent à notre action des objectifs immédiats. Mai
3411
iats. Mais avant toute action précise, il importe
de
rendre à notre peuple le sens d’un destin qui le dépasse. Petit peupl
3412
tion précise, il importe de rendre à notre peuple
le
sens d’un destin qui le dépasse. Petit peuple chargé d’une grande mis
3413
cise, il importe de rendre à notre peuple le sens
d’
un destin qui le dépasse. Petit peuple chargé d’une grande mission ; s
3414
de rendre à notre peuple le sens d’un destin qui
le
dépasse. Petit peuple chargé d’une grande mission ; s’il l’oublie, il
3415
s d’un destin qui le dépasse. Petit peuple chargé
d’
une grande mission ; s’il l’oublie, il étouffe bientôt dans le confort
3416
. Petit peuple chargé d’une grande mission ; s’il
l’
oublie, il étouffe bientôt dans le confort et l’asepsie morale. Mais q
3417
mission ; s’il l’oublie, il étouffe bientôt dans
le
confort et l’asepsie morale. Mais qu’il reprenne conscience de cette
3418
l l’oublie, il étouffe bientôt dans le confort et
l’
asepsie morale. Mais qu’il reprenne conscience de cette mission, et le
3419
l’asepsie morale. Mais qu’il reprenne conscience
de
cette mission, et le grand air de l’Europe et du monde reviendra vivi
3420
is qu’il reprenne conscience de cette mission, et
le
grand air de l’Europe et du monde reviendra vivifier nos pays. Il y a
3421
enne conscience de cette mission, et le grand air
de
l’Europe et du monde reviendra vivifier nos pays. Il y aura de nouvea
3422
e conscience de cette mission, et le grand air de
l’
Europe et du monde reviendra vivifier nos pays. Il y aura de nouveau d
3423
a vivifier nos pays. Il y aura de nouveau du jeu,
de
la passion, des communications fécondes entre les êtres, une circulat
3424
ivifier nos pays. Il y aura de nouveau du jeu, de
la
passion, des communications fécondes entre les êtres, une circulation
3425
de la passion, des communications fécondes entre
les
êtres, une circulation des cultures, une respiration des âmes. Et cec
3426
ltures, une respiration des âmes. Et ceci qui est
le
plus important : des possibilités d’imaginer, donc d’innover et de vo
3427
ceci qui est le plus important : des possibilités
d’
imaginer, donc d’innover et de voir grand. 17. Cette étude, publiée
3428
lus important : des possibilités d’imaginer, donc
d’
innover et de voir grand. 17. Cette étude, publiée en octobre 1937 d
3429
: des possibilités d’imaginer, donc d’innover et
de
voir grand. 17. Cette étude, publiée en octobre 1937 dans un numéro
3430
tte étude, publiée en octobre 1937 dans un numéro
de
la revue Esprit consacré à la Suisse, répondait à la fois à la Lett
3431
étude, publiée en octobre 1937 dans un numéro de
la
revue Esprit consacré à la Suisse, répondait à la fois à la Lettre
3432
37 dans un numéro de la revue Esprit consacré à
la
Suisse, répondait à la fois à la Lettre que C. F. Ramuz m’adressait e
3433
prit consacré à la Suisse, répondait à la fois à
la
Lettre que C. F. Ramuz m’adressait en tête de ce même numéro, et au v
3434
s à la Lettre que C. F. Ramuz m’adressait en tête
de
ce même numéro, et au volume qu’il venait d’intituler : Questions. (N
3435
tête de ce même numéro, et au volume qu’il venait
d’
intituler : Questions. (Note de 1940.) 18. Les guerres qui nous menac
3436
olume qu’il venait d’intituler : Questions. (Note
de
1940.) 18. Les guerres qui nous menacent n’opposeront pas seulement
3437
ait d’intituler : Questions. (Note de 1940.) 18.
Les
guerres qui nous menacent n’opposeront pas seulement des colonnes mot
3438
ent des colonnes motorisées, mais des conceptions
de
l’homme, de l’État, et des religions, des partis pris spirituels bien
3439
des colonnes motorisées, mais des conceptions de
l’
homme, de l’État, et des religions, des partis pris spirituels bien pl
3440
nnes motorisées, mais des conceptions de l’homme,
de
l’État, et des religions, des partis pris spirituels bien plus puissa
3441
s motorisées, mais des conceptions de l’homme, de
l’
État, et des religions, des partis pris spirituels bien plus puissants
3442
es partis pris spirituels bien plus puissants que
les
armées. 19. Par exemple : les droits des communes et ceux du canton
3443
plus puissants que les armées. 19. Par exemple :
les
droits des communes et ceux du canton ; les droits des cantons et ceu
3444
ple : les droits des communes et ceux du canton ;
les
droits des cantons et ceux de la Confédération ; les droits de la Sui
3445
t ceux du canton ; les droits des cantons et ceux
de
la Confédération ; les droits de la Suisse et ceux de l’Europe ; imag
3446
eux du canton ; les droits des cantons et ceux de
la
Confédération ; les droits de la Suisse et ceux de l’Europe ; images
3447
droits des cantons et ceux de la Confédération ;
les
droits de la Suisse et ceux de l’Europe ; images et conséquences à la
3448
cantons et ceux de la Confédération ; les droits
de
la Suisse et ceux de l’Europe ; images et conséquences à la fois de l
3449
ntons et ceux de la Confédération ; les droits de
la
Suisse et ceux de l’Europe ; images et conséquences à la fois de l’éq
3450
a Confédération ; les droits de la Suisse et ceux
de
l’Europe ; images et conséquences à la fois de l’équilibre fondamenta
3451
onfédération ; les droits de la Suisse et ceux de
l’
Europe ; images et conséquences à la fois de l’équilibre fondamental e
3452
ux de l’Europe ; images et conséquences à la fois
de
l’équilibre fondamental entre les droits de la personne et ceux de la
3453
de l’Europe ; images et conséquences à la fois de
l’
équilibre fondamental entre les droits de la personne et ceux de la co
3454
uences à la fois de l’équilibre fondamental entre
les
droits de la personne et ceux de la communauté. 20. On pourrait sign
3455
fois de l’équilibre fondamental entre les droits
de
la personne et ceux de la communauté. 20. On pourrait signaler aussi
3456
is de l’équilibre fondamental entre les droits de
la
personne et ceux de la communauté. 20. On pourrait signaler aussi la
3457
ndamental entre les droits de la personne et ceux
de
la communauté. 20. On pourrait signaler aussi la garde de la papauté
3458
mental entre les droits de la personne et ceux de
la
communauté. 20. On pourrait signaler aussi la garde de la papauté, e
3459
de la communauté. 20. On pourrait signaler aussi
la
garde de la papauté, en tant qu’institution d’intérêt universel et no
3460
munauté. 20. On pourrait signaler aussi la garde
de
la papauté, en tant qu’institution d’intérêt universel et non nationa
3461
auté. 20. On pourrait signaler aussi la garde de
la
papauté, en tant qu’institution d’intérêt universel et non national.
3462
si la garde de la papauté, en tant qu’institution
d’
intérêt universel et non national. Mais c’est plutôt une survivance hi
3463
est plutôt une survivance historique qu’un aspect
de
la mission commune à tous les Suisses. Notons encore que le siège du
3464
plutôt une survivance historique qu’un aspect de
la
mission commune à tous les Suisses. Notons encore que le siège du Con
3465
torique qu’un aspect de la mission commune à tous
les
Suisses. Notons encore que le siège du Conseil œcuménique de toutes l
3466
ion commune à tous les Suisses. Notons encore que
le
siège du Conseil œcuménique de toutes les Églises non romaines a été
3467
Notons encore que le siège du Conseil œcuménique
de
toutes les Églises non romaines a été fixé à Genève. Ici, il s’agit p
3468
core que le siège du Conseil œcuménique de toutes
les
Églises non romaines a été fixé à Genève. Ici, il s’agit plutôt d’un
3469
maines a été fixé à Genève. Ici, il s’agit plutôt
d’
un germe, d’un avenir. 21. Quant à la civilisation britannique, elle
3470
fixé à Genève. Ici, il s’agit plutôt d’un germe,
d’
un avenir. 21. Quant à la civilisation britannique, elle fut, pour no
3471
agit plutôt d’un germe, d’un avenir. 21. Quant à
la
civilisation britannique, elle fut, pour nous, de la Réforme jusqu’au
3472
la civilisation britannique, elle fut, pour nous,
de
la Réforme jusqu’au xixe siècle, une quatrième voisine spirituelle.
3473
civilisation britannique, elle fut, pour nous, de
la
Réforme jusqu’au xixe siècle, une quatrième voisine spirituelle. 22
3474
pirituelle. 22. Je rappelle que ces pages datent
de
1937. 23. À l’est de la Suisse romande, s’entend. 24. En passant :
3475
Je rappelle que ces pages datent de 1937. 23. À
l’
est de la Suisse romande, s’entend. 24. En passant : nos grands artis
3476
ppelle que ces pages datent de 1937. 23. À l’est
de
la Suisse romande, s’entend. 24. En passant : nos grands artistes ou
3477
lle que ces pages datent de 1937. 23. À l’est de
la
Suisse romande, s’entend. 24. En passant : nos grands artistes ou éc
3478
dans plusieurs domaines, s’interdisant peut-être,
de
la sorte, d’égaler les maîtres de première grandeur. Nicolas Manuel f
3479
s plusieurs domaines, s’interdisant peut-être, de
la
sorte, d’égaler les maîtres de première grandeur. Nicolas Manuel fut
3480
s domaines, s’interdisant peut-être, de la sorte,
d’
égaler les maîtres de première grandeur. Nicolas Manuel fut peintre, a
3481
s, s’interdisant peut-être, de la sorte, d’égaler
les
maîtres de première grandeur. Nicolas Manuel fut peintre, architecte,
3482
sant peut-être, de la sorte, d’égaler les maîtres
de
première grandeur. Nicolas Manuel fut peintre, architecte, soldat, dr
3483
Rousseau musicien, philosophe et éducateur. 25.
La
Genève des beaux jours de la SDN semblait devoir renouveler ce rayonn
3484
ophe et éducateur. 25. La Genève des beaux jours
de
la SDN semblait devoir renouveler ce rayonnement. Asile ou lieu d’éle
3485
e et éducateur. 25. La Genève des beaux jours de
la
SDN semblait devoir renouveler ce rayonnement. Asile ou lieu d’électi
3486
t devoir renouveler ce rayonnement. Asile ou lieu
d’
élection d’Européens comme Ferrero ou Thibaudet ; agence de liaison de
3487
nouveler ce rayonnement. Asile ou lieu d’élection
d’
Européens comme Ferrero ou Thibaudet ; agence de liaison de nos cultur
3488
n d’Européens comme Ferrero ou Thibaudet ; agence
de
liaison de nos cultures grâce à la très remarquable Revue de Genève
3489
ns comme Ferrero ou Thibaudet ; agence de liaison
de
nos cultures grâce à la très remarquable Revue de Genève de Robert
3490
audet ; agence de liaison de nos cultures grâce à
la
très remarquable Revue de Genève de Robert de Traz ; centre du reno
3491
e nos cultures grâce à la très remarquable Revue
de
Genève de Robert de Traz ; centre du renouveau calviniste ; laborato
3492
az ; centre du renouveau calviniste ; laboratoire
de
pédagogie (Institut Rousseau) et de psychanalyse, siège d’innombrable
3493
; laboratoire de pédagogie (Institut Rousseau) et
de
psychanalyse, siège d’innombrables institutions internationales… Le c
3494
gie (Institut Rousseau) et de psychanalyse, siège
d’
innombrables institutions internationales… Le caractère factice de la
3495
iège d’innombrables institutions internationales…
Le
caractère factice de la SDN devait par malheur compromettre dès le ge
3496
nstitutions internationales… Le caractère factice
de
la SDN devait par malheur compromettre dès le germe cette renaissance
3497
itutions internationales… Le caractère factice de
la
SDN devait par malheur compromettre dès le germe cette renaissance.
3498
ice de la SDN devait par malheur compromettre dès
le
germe cette renaissance. 26. Il est curieux de noter, à ce propos, q
3499
s le germe cette renaissance. 26. Il est curieux
de
noter, à ce propos, que le groupe de l’Ordre nouveau avait déduit, de
3500
e. 26. Il est curieux de noter, à ce propos, que
le
groupe de l’Ordre nouveau avait déduit, de ses principes fondamentaux
3501
est curieux de noter, à ce propos, que le groupe
de
l’Ordre nouveau avait déduit, de ses principes fondamentaux, un proje
3502
s, que le groupe de l’Ordre nouveau avait déduit,
de
ses principes fondamentaux, un projet d’organisation tout analogue po
3503
déduit, de ses principes fondamentaux, un projet
d’
organisation tout analogue pour l’armée d’un état personnaliste. 27.
3504
taux, un projet d’organisation tout analogue pour
l’
armée d’un état personnaliste. 27. « La Suisse a dû prendre au cours
3505
projet d’organisation tout analogue pour l’armée
d’
un état personnaliste. 27. « La Suisse a dû prendre au cours de ces d
3506
ogue pour l’armée d’un état personnaliste. 27. «
La
Suisse a dû prendre au cours de ces dernières années, pour sa défense
3507
r sa défense militaire et économique, des mesures
d’
une ampleur auparavant inconnue. Cependant les milieux les plus divers
3508
ures d’une ampleur auparavant inconnue. Cependant
les
milieux les plus divers reconnaissent qu’il n’est plus possible de s’
3509
mpleur auparavant inconnue. Cependant les milieux
les
plus divers reconnaissent qu’il n’est plus possible de s’en tenir à c
3510
us divers reconnaissent qu’il n’est plus possible
de
s’en tenir à cette seule défense. » Message du Conseil fédéral, du 9
3511
Message du Conseil fédéral, du 9 nov. 1938. (Note
de
1940.) 28. Ce vœu que j’émettais en 1937 s’est vu exaucé l’année sui
3512
28. Ce vœu que j’émettais en 1937 s’est vu exaucé
l’
année suivante. Voir le très remarquable Message du Conseil fédéral du
3513
is en 1937 s’est vu exaucé l’année suivante. Voir
le
très remarquable Message du Conseil fédéral du 9 nov. 1938, annonçant
3514
l fédéral du 9 nov. 1938, annonçant et commentant
l’
institution de la Fondation Pro Helvetia. L’instrument existe. Il s’ag
3515
nov. 1938, annonçant et commentant l’institution
de
la Fondation Pro Helvetia. L’instrument existe. Il s’agit maintenant
3516
v. 1938, annonçant et commentant l’institution de
la
Fondation Pro Helvetia. L’instrument existe. Il s’agit maintenant de
3517
ntant l’institution de la Fondation Pro Helvetia.
L’
instrument existe. Il s’agit maintenant de s’en servir, largement, et
3518
lvetia. L’instrument existe. Il s’agit maintenant
de
s’en servir, largement, et vite. (Note de 1940.) 29. Ce fut le cas e
3519
ntenant de s’en servir, largement, et vite. (Note
de
1940.) 29. Ce fut le cas en 1814-1815, lorsque les députés de la Con
3520
, largement, et vite. (Note de 1940.) 29. Ce fut
le
cas en 1814-1815, lorsque les députés de la Confédération demandèrent
3521
e 1940.) 29. Ce fut le cas en 1814-1815, lorsque
les
députés de la Confédération demandèrent au congrès de Vienne la recon
3522
. Ce fut le cas en 1814-1815, lorsque les députés
de
la Confédération demandèrent au congrès de Vienne la reconnaissance d
3523
e fut le cas en 1814-1815, lorsque les députés de
la
Confédération demandèrent au congrès de Vienne la reconnaissance de l
3524
éputés de la Confédération demandèrent au congrès
de
Vienne la reconnaissance de leur neutralité : on craignait que de nou
3525
la Confédération demandèrent au congrès de Vienne
la
reconnaissance de leur neutralité : on craignait que de nouvelles gue
3526
emandèrent au congrès de Vienne la reconnaissance
de
leur neutralité : on craignait que de nouvelles guerres franco-allema
3527
onnaissance de leur neutralité : on craignait que
de
nouvelles guerres franco-allemandes ne dissociassent le lien des cant
3528
velles guerres franco-allemandes ne dissociassent
le
lien des cantons, et l’on avait par trop souffert de la grande politi
3529
lemandes ne dissociassent le lien des cantons, et
l’
on avait par trop souffert de la grande politique des voisins. 30. Da
3530
lien des cantons, et l’on avait par trop souffert
de
la grande politique des voisins. 30. Dans toutes les classes sociale
3531
n des cantons, et l’on avait par trop souffert de
la
grande politique des voisins. 30. Dans toutes les classes sociales,
3532
la grande politique des voisins. 30. Dans toutes
les
classes sociales, bien entendu !
3533
La
Suisse que nous devons défendre31 Les voix que rien n’arrête
3534
La Suisse que nous devons défendre31
Les
voix que rien n’arrête Nous sommes là, nous sommes prêts. Nous avo
3535
un fossé. Nous avons hermétiquement fermé toutes
les
fissures, et plus rien ne passe. Murailles naturelles, Alpes, fleuves
3536
ortifiée, pièces chargées, et derrière tout cela,
l’
armée qui guette et qui travaille encore dans les forêts, dans les rav
3537
, l’armée qui guette et qui travaille encore dans
les
forêts, dans les ravins et dans les champs neigeux ; et derrière l’ar
3538
tte et qui travaille encore dans les forêts, dans
les
ravins et dans les champs neigeux ; et derrière l’armée, un peuple en
3539
e encore dans les forêts, dans les ravins et dans
les
champs neigeux ; et derrière l’armée, un peuple entier qui guette, et
3540
s ravins et dans les champs neigeux ; et derrière
l’
armée, un peuple entier qui guette, et qui travaille lui aussi jour et
3541
te, et qui travaille lui aussi jour et nuit, dans
les
bureaux et les usines — pour que rien ne passe. Frontières closes, pa
3542
aille lui aussi jour et nuit, dans les bureaux et
les
usines — pour que rien ne passe. Frontières closes, pays forclos, rec
3543
ières doivent suffire, et suffiront, pour arrêter
les
hommes, les chars d’assaut et les armées d’envahissement. Certes, nou
3544
t suffire, et suffiront, pour arrêter les hommes,
les
chars d’assaut et les armées d’envahissement. Certes, nous sommes mat
3545
et suffiront, pour arrêter les hommes, les chars
d’
assaut et les armées d’envahissement. Certes, nous sommes matérielleme
3546
t, pour arrêter les hommes, les chars d’assaut et
les
armées d’envahissement. Certes, nous sommes matériellement en état de
3547
êter les hommes, les chars d’assaut et les armées
d’
envahissement. Certes, nous sommes matériellement en état de garder no
3548
ement. Certes, nous sommes matériellement en état
de
garder nos frontières. Mais les plus épaisses murailles ne peuvent ar
3549
riellement en état de garder nos frontières. Mais
les
plus épaisses murailles ne peuvent arrêter certaines voix. Voix insin
3550
ailleurs, ou si elles parlent en nous-mêmes. Voix
d’
une angoisse très secrète, tentatrice, voix comparables à ces siffleme
3551
atrice, voix comparables à ces sifflements pleins
de
mystères qui circulent au-dessus de l’Europe et que parfois, quand vo
3552
ements pleins de mystères qui circulent au-dessus
de
l’Europe et que parfois, quand vous cherchez un poste de radio, vous
3553
nts pleins de mystères qui circulent au-dessus de
l’
Europe et que parfois, quand vous cherchez un poste de radio, vous cap
3554
rope et que parfois, quand vous cherchez un poste
de
radio, vous captez sans le vouloir, en passant. Que signifient ces pa
3555
vous cherchez un poste de radio, vous captez sans
le
vouloir, en passant. Que signifient ces parasites gênants ? Pourquoi
3556
uoi ne tenterions-nous pas, une fois pour toutes,
de
déchiffrer ces messages secrets, que rien ne saurait empêcher de pass
3557
es messages secrets, que rien ne saurait empêcher
de
passer, et qui peut-être vont nous apporter des nouvelles beaucoup mo
3558
rter des nouvelles beaucoup moins rassurantes que
les
discours patriotiques et officiels ? Figurez-vous que vous êtes, en c
3559
us que vous êtes, en cet instant, devant un poste
de
radio, et que j’arrête tout exprès le petit trait lumineux du cadran
3560
nt un poste de radio, et que j’arrête tout exprès
le
petit trait lumineux du cadran sur l’un de ces endroits indéfinis d’o
3561
exprès le petit trait lumineux du cadran sur l’un
de
ces endroits indéfinis d’où nous vient l’inquiétante voix. Le son s’a
3562
neux du cadran sur l’un de ces endroits indéfinis
d’
où nous vient l’inquiétante voix. Le son s’amplifie, se précise. C’est
3563
ur l’un de ces endroits indéfinis d’où nous vient
l’
inquiétante voix. Le son s’amplifie, se précise. C’est la voix de l’Eu
3564
its indéfinis d’où nous vient l’inquiétante voix.
Le
son s’amplifie, se précise. C’est la voix de l’Europe moderne. Que no
3565
étante voix. Le son s’amplifie, se précise. C’est
la
voix de l’Europe moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de l’interp
3566
oix. Le son s’amplifie, se précise. C’est la voix
de
l’Europe moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de l’interpréter. D
3567
. Le son s’amplifie, se précise. C’est la voix de
l’
Europe moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de l’interpréter. Depu
3568
l’Europe moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai
de
l’interpréter. Depuis une dizaine d’années, et plus précisément depui
3569
urope moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de
l’
interpréter. Depuis une dizaine d’années, et plus précisément depuis 1
3570
J’essaierai de l’interpréter. Depuis une dizaine
d’
années, et plus précisément depuis 1933, la face de l’Europe a changé.
3571
izaine d’années, et plus précisément depuis 1933,
la
face de l’Europe a changé. Il est temps de nous en rendre compte. Aut
3572
’années, et plus précisément depuis 1933, la face
de
l’Europe a changé. Il est temps de nous en rendre compte. Autrefois,
3573
nées, et plus précisément depuis 1933, la face de
l’
Europe a changé. Il est temps de nous en rendre compte. Autrefois, et
3574
1933, la face de l’Europe a changé. Il est temps
de
nous en rendre compte. Autrefois, et naguère encore, il suffisait à u
3575
ois, et naguère encore, il suffisait à une nation
de
déclarer son sol sacré, pour avoir le droit de le défendre jusqu’à la
3576
une nation de déclarer son sol sacré, pour avoir
le
droit de le défendre jusqu’à la dernière goutte du sang des citoyens.
3577
on de déclarer son sol sacré, pour avoir le droit
de
le défendre jusqu’à la dernière goutte du sang des citoyens. Assurer,
3578
de déclarer son sol sacré, pour avoir le droit de
le
défendre jusqu’à la dernière goutte du sang des citoyens. Assurer, le
3579
la dernière goutte du sang des citoyens. Assurer,
les
armes à la main, l’intégrité du sol de la patrie, voilà qui ne faisai
3580
goutte du sang des citoyens. Assurer, les armes à
la
main, l’intégrité du sol de la patrie, voilà qui ne faisait pas de qu
3581
sang des citoyens. Assurer, les armes à la main,
l’
intégrité du sol de la patrie, voilà qui ne faisait pas de question. I
3582
Assurer, les armes à la main, l’intégrité du sol
de
la patrie, voilà qui ne faisait pas de question. Il n’y avait pas d’a
3583
surer, les armes à la main, l’intégrité du sol de
la
patrie, voilà qui ne faisait pas de question. Il n’y avait pas d’autr
3584
ité du sol de la patrie, voilà qui ne faisait pas
de
question. Il n’y avait pas d’autre raison à chercher et à proclamer,
3585
qui ne faisait pas de question. Il n’y avait pas
d’
autre raison à chercher et à proclamer, que cette raison tout instinct
3586
pouvait, en effet, conquérir un pays qu’au moyen
d’
une armée, et les armées n’ont jamais occupé autre chose que du terrai
3587
et, conquérir un pays qu’au moyen d’une armée, et
les
armées n’ont jamais occupé autre chose que du terrain. C’était donc l
3588
s occupé autre chose que du terrain. C’était donc
le
terrain qu’on avait à défendre, le territoire, symbole unique, symbol
3589
. C’était donc le terrain qu’on avait à défendre,
le
territoire, symbole unique, symbole « sacré » de la nation. Et qu’est
3590
le territoire, symbole unique, symbole « sacré »
de
la nation. Et qu’est-ce que le « sacré », sinon précisément ce qui ne
3591
territoire, symbole unique, symbole « sacré » de
la
nation. Et qu’est-ce que le « sacré », sinon précisément ce qui ne so
3592
symbole « sacré » de la nation. Et qu’est-ce que
le
« sacré », sinon précisément ce qui ne souffre pas de doute, et même
3593
sacré », sinon précisément ce qui ne souffre pas
de
doute, et même pas de réflexion, ce qui est tabou. Or voici que depui
3594
ément ce qui ne souffre pas de doute, et même pas
de
réflexion, ce qui est tabou. Or voici que depuis quelques années, ce
3595
voici que depuis quelques années, ce ne sont plus
les
armées qui conquièrent un pays. Mais c’est d’abord la propagande. Ce
3596
rmées qui conquièrent un pays. Mais c’est d’abord
la
propagande. Ce n’est plus le territoire qu’on cherche à envahir, mais
3597
. Mais c’est d’abord la propagande. Ce n’est plus
le
territoire qu’on cherche à envahir, mais c’est en premier lieu la con
3598
’on cherche à envahir, mais c’est en premier lieu
la
conscience nationale. Souvenez-vous des tragédies autrichiennes et tc
3599
s des tragédies autrichiennes et tchécoslovaques.
L’
armée ne vient qu’en dernier lieu, quand le principal a été fait par l
3600
aques. L’armée ne vient qu’en dernier lieu, quand
le
principal a été fait par les agents secrets et les propagandistes. Et
3601
n dernier lieu, quand le principal a été fait par
les
agents secrets et les propagandistes. Et que disent ces propagandiste
3602
le principal a été fait par les agents secrets et
les
propagandistes. Et que disent ces propagandistes ? Ils proclament une
3603
out à fait nouvelle en Europe. Ils prétendent que
les
nations n’ont pas toutes les mêmes droits à l’existence. Autrefois, l
3604
. Ils prétendent que les nations n’ont pas toutes
les
mêmes droits à l’existence. Autrefois, l’on croyait volontiers que ch
3605
e les nations n’ont pas toutes les mêmes droits à
l’
existence. Autrefois, l’on croyait volontiers que chaque État était vo
3606
toutes les mêmes droits à l’existence. Autrefois,
l’
on croyait volontiers que chaque État était voulu de Dieu, et qu’il jo
3607
on croyait volontiers que chaque État était voulu
de
Dieu, et qu’il jouissait par conséquent d’une légitimité indiscutable
3608
voulu de Dieu, et qu’il jouissait par conséquent
d’
une légitimité indiscutable. La propagande dont je parle dit autre cho
3609
ait par conséquent d’une légitimité indiscutable.
La
propagande dont je parle dit autre chose : elle dit que certains État
3610
s modernes n’ont pas été créés par Dieu, mais par
le
traité de Versailles. Et c’est bien vrai. Elle dit aussi que d’autres
3611
n’ont pas été créés par Dieu, mais par le traité
de
Versailles. Et c’est bien vrai. Elle dit aussi que d’autres États, et
3612
e dit aussi que d’autres États, et en particulier
les
petits États, ont été créés, eux aussi par d’autres traités plus anci
3613
us anciens, qui se trouvent en contradiction avec
l’
évolution récente de l’Histoire. Elle proclame que les nations « jeune
3614
rouvent en contradiction avec l’évolution récente
de
l’Histoire. Elle proclame que les nations « jeunes » et « dynamiques
3615
vent en contradiction avec l’évolution récente de
l’
Histoire. Elle proclame que les nations « jeunes » et « dynamiques » o
3616
volution récente de l’Histoire. Elle proclame que
les
nations « jeunes » et « dynamiques » ont droit à un espace vital, leq
3617
al, lequel espace englobe, comme par hasard, tous
les
pays voisins qui sont trop petits pour se défendre seuls. Au nom de c
3618
tits pour se défendre seuls. Au nom de ce concept
d’
espace vital, elle déclare donc que ces États n’ont plus de « raison d
3619
vital, elle déclare donc que ces États n’ont plus
de
« raison d’être historique ». Pour peu qu’elle arrive à le faire croi
3620
déclare donc que ces États n’ont plus de « raison
d’
être historique ». Pour peu qu’elle arrive à le faire croire, soit aux
3621
on d’être historique ». Pour peu qu’elle arrive à
le
faire croire, soit aux masses, soit plutôt à certains dirigeants, la
3622
it aux masses, soit plutôt à certains dirigeants,
la
victoire lui est acquise d’avance. Et les ceintures de fortification
3623
certains dirigeants, la victoire lui est acquise
d’
avance. Et les ceintures de fortification les mieux conçues — comme la
3624
igeants, la victoire lui est acquise d’avance. Et
les
ceintures de fortification les mieux conçues — comme la ligne Maginot
3625
ctoire lui est acquise d’avance. Et les ceintures
de
fortification les mieux conçues — comme la ligne Maginot des Tchèques
3626
quise d’avance. Et les ceintures de fortification
les
mieux conçues — comme la ligne Maginot des Tchèques — ne serviront de
3627
ntures de fortification les mieux conçues — comme
la
ligne Maginot des Tchèques — ne serviront de rien, au jour choisi par
3628
omme la ligne Maginot des Tchèques — ne serviront
de
rien, au jour choisi par l’attaquant, parce que, des centres vitaux d
3629
hèques — ne serviront de rien, au jour choisi par
l’
attaquant, parce que, des centres vitaux du pays, les ordres seront dé
3630
attaquant, parce que, des centres vitaux du pays,
les
ordres seront déjà donnés dans la langue de l’envahisseur. Voici alor
3631
itaux du pays, les ordres seront déjà donnés dans
la
langue de l’envahisseur. Voici alors ce que nous disent ces voix euro
3632
ays, les ordres seront déjà donnés dans la langue
de
l’envahisseur. Voici alors ce que nous disent ces voix européennes qu
3633
, les ordres seront déjà donnés dans la langue de
l’
envahisseur. Voici alors ce que nous disent ces voix européennes que r
3634
que nous fassions : elles nous demandent, à nous
les
Suisses, si nous avons encore une raison d’être, si nous osons encore
3635
nous les Suisses, si nous avons encore une raison
d’
être, si nous osons encore la proclamer, et si nous en gardons encore
3636
ns encore une raison d’être, si nous osons encore
la
proclamer, et si nous en gardons encore une conscience claire et fort
3637
ience claire et forte. Elles nous mettent au défi
de
produire le pourquoi de notre défense, le pourquoi de notre volonté d
3638
et forte. Elles nous mettent au défi de produire
le
pourquoi de notre défense, le pourquoi de notre volonté d’autonomie.
3639
lles nous mettent au défi de produire le pourquoi
de
notre défense, le pourquoi de notre volonté d’autonomie. Elles nous f
3640
au défi de produire le pourquoi de notre défense,
le
pourquoi de notre volonté d’autonomie. Elles nous forcent, non sans b
3641
roduire le pourquoi de notre défense, le pourquoi
de
notre volonté d’autonomie. Elles nous forcent, non sans brutalité, à
3642
oi de notre défense, le pourquoi de notre volonté
d’
autonomie. Elles nous forcent, non sans brutalité, à dire enfin ce qui
3643
, à nous Suisses. Elles nous demandent quelle est
la
Suisse que nous sommes décidés à défendre. Voilà le défi que nous adr
3644
Suisse que nous sommes décidés à défendre. Voilà
le
défi que nous adresse l’Europe moderne. Il s’agit maintenant d’y répo
3645
écidés à défendre. Voilà le défi que nous adresse
l’
Europe moderne. Il s’agit maintenant d’y répondre. Nous ne pouvons plu
3646
us adresse l’Europe moderne. Il s’agit maintenant
d’
y répondre. Nous ne pouvons plus nous contenter de déclarer que notre
3647
d’y répondre. Nous ne pouvons plus nous contenter
de
déclarer que notre Confédération fut autrefois voulue par Dieu. Il no
3648
us faut nous demander maintenant si vraiment Dieu
la
veut encore. Redoutable question, je le vois bien. Mais nous ne pouvo
3649
ment Dieu la veut encore. Redoutable question, je
le
vois bien. Mais nous ne pouvons plus l’éviter. Nous ne pouvons plus n
3650
stion, je le vois bien. Mais nous ne pouvons plus
l’
éviter. Nous ne pouvons plus nous boucher les oreilles. Nous ne pouvon
3651
plus l’éviter. Nous ne pouvons plus nous boucher
les
oreilles. Nous ne pouvons plus nous mettre à l’abri de notre histoire
3652
les oreilles. Nous ne pouvons plus nous mettre à
l’
abri de notre histoire, ou de nos Alpes, ou simplement de nos habitude
3653
eilles. Nous ne pouvons plus nous mettre à l’abri
de
notre histoire, ou de nos Alpes, ou simplement de nos habitudes ances
3654
s plus nous mettre à l’abri de notre histoire, ou
de
nos Alpes, ou simplement de nos habitudes ancestrales. À la question
3655
de notre histoire, ou de nos Alpes, ou simplement
de
nos habitudes ancestrales. À la question nouvelle que nous pose la gr
3656
es, ou simplement de nos habitudes ancestrales. À
la
question nouvelle que nous pose la grande révolution européenne, il s
3657
ancestrales. À la question nouvelle que nous pose
la
grande révolution européenne, il s’agit maintenant de donner une répo
3658
rande révolution européenne, il s’agit maintenant
de
donner une réponse dont dépendra notre existence. Nous avons fait ser
3659
épendra notre existence. Nous avons fait serment,
le
2 septembre, de défendre la Suisse jusqu’à la mort. Eh bien, il serai
3660
istence. Nous avons fait serment, le 2 septembre,
de
défendre la Suisse jusqu’à la mort. Eh bien, il serait fou de mourir
3661
s avons fait serment, le 2 septembre, de défendre
la
Suisse jusqu’à la mort. Eh bien, il serait fou de mourir pour une Sui
3662
nt, le 2 septembre, de défendre la Suisse jusqu’à
la
mort. Eh bien, il serait fou de mourir pour une Suisse dont nous ne s
3663
la Suisse jusqu’à la mort. Eh bien, il serait fou
de
mourir pour une Suisse dont nous ne serions pas sûrs qu’elle a le dro
3664
ne Suisse dont nous ne serions pas sûrs qu’elle a
le
droit et le devoir d’exister, devant Dieu. On n’a pas le droit de mou
3665
nt nous ne serions pas sûrs qu’elle a le droit et
le
devoir d’exister, devant Dieu. On n’a pas le droit de mourir pour que
3666
serions pas sûrs qu’elle a le droit et le devoir
d’
exister, devant Dieu. On n’a pas le droit de mourir pour quelque chose
3667
t et le devoir d’exister, devant Dieu. On n’a pas
le
droit de mourir pour quelque chose qui ne fournit pas des raisons de
3668
evoir d’exister, devant Dieu. On n’a pas le droit
de
mourir pour quelque chose qui ne fournit pas des raisons de vivre. No
3669
pour quelque chose qui ne fournit pas des raisons
de
vivre. Notre serment nous engage donc AUSSI à prendre conscience des
3670
ngage donc AUSSI à prendre conscience des raisons
de
vivre de la Suisse, et de nos raisons de vivre en tant que Suisses.
3671
c AUSSI à prendre conscience des raisons de vivre
de
la Suisse, et de nos raisons de vivre en tant que Suisses. Nos pr
3672
USSI à prendre conscience des raisons de vivre de
la
Suisse, et de nos raisons de vivre en tant que Suisses. Nos privi
3673
conscience des raisons de vivre de la Suisse, et
de
nos raisons de vivre en tant que Suisses. Nos privilèges Si no
3674
raisons de vivre de la Suisse, et de nos raisons
de
vivre en tant que Suisses. Nos privilèges Si nous voulons pren
3675
Si nous voulons prendre une conscience sérieuse
de
nos vraies raisons d’être et de persévérer, il nous faut tout d’abord
3676
dre une conscience sérieuse de nos vraies raisons
d’
être et de persévérer, il nous faut tout d’abord écarter un certain no
3677
nscience sérieuse de nos vraies raisons d’être et
de
persévérer, il nous faut tout d’abord écarter un certain nombre de fa
3678
nous faut tout d’abord écarter un certain nombre
de
fausses raisons et d’illusions, de phrases toutes faites et de cliché
3679
d écarter un certain nombre de fausses raisons et
d’
illusions, de phrases toutes faites et de clichés patriotiques. Vous n
3680
certain nombre de fausses raisons et d’illusions,
de
phrases toutes faites et de clichés patriotiques. Vous ne vous étonne
3681
isons et d’illusions, de phrases toutes faites et
de
clichés patriotiques. Vous ne vous étonnerez donc pas trop si je cons
3682
z donc pas trop si je consacre la première partie
de
cette étude à la critique, pour ne pas dire au dégonflage de ces clic
3683
i je consacre la première partie de cette étude à
la
critique, pour ne pas dire au dégonflage de ces clichés. Notre assemb
3684
ude à la critique, pour ne pas dire au dégonflage
de
ces clichés. Notre assemblée, et ce discours, seraient inutiles, si n
3685
et si nous ne trouvions pas ensemble, par dessous
les
grandes phrases habituelles, certaines réalités solides qui valent la
3686
abituelles, certaines réalités solides qui valent
la
peine d’être affirmées sans rhétorique. Nous entendons dire, très sou
3687
s, certaines réalités solides qui valent la peine
d’
être affirmées sans rhétorique. Nous entendons dire, très souvent, que
3688
hétorique. Nous entendons dire, très souvent, que
la
Suisse mérite d’être défendue parce qu’elle détient d’immenses privil
3689
ntendons dire, très souvent, que la Suisse mérite
d’
être défendue parce qu’elle détient d’immenses privilèges. Admettons c
3690
isse mérite d’être défendue parce qu’elle détient
d’
immenses privilèges. Admettons ce point de vue, pour l’instant. Quels
3691
enses privilèges. Admettons ce point de vue, pour
l’
instant. Quels sont donc ces grands privilèges ? J’en citerai trois, q
3692
ges ? J’en citerai trois, qui sont sans contredit
les
plus illustres : d’abord notre nature incomparable, ensuite nos liber
3693
é, solennellement garantie depuis 1815 par toutes
les
grandes puissances européennes. Voilà, n’est-ce pas, trois belles et
3694
ilà, n’est-ce pas, trois belles et bonnes raisons
de
nous montrer fiers de notre Suisse ? Certes. Mais il convient de se d
3695
is belles et bonnes raisons de nous montrer fiers
de
notre Suisse ? Certes. Mais il convient de se demander ce que valent
3696
fiers de notre Suisse ? Certes. Mais il convient
de
se demander ce que valent ces fameux privilèges dans l’Europe toute n
3697
demander ce que valent ces fameux privilèges dans
l’
Europe toute nouvelle où nous vivons en ce début de 1940. Il convient
3698
’Europe toute nouvelle où nous vivons en ce début
de
1940. Il convient de se demander s’ils sont de purs et simples privil
3699
e où nous vivons en ce début de 1940. Il convient
de
se demander s’ils sont de purs et simples privilèges, ou s’ils ne com
3700
ut de 1940. Il convient de se demander s’ils sont
de
purs et simples privilèges, ou s’ils ne comporteraient pas aussi des
3701
nt pas aussi des devoirs ; ensuite, s’il y a lieu
de
s’en vanter ; enfin, s’ils représentent pratiquement des garanties po
3702
s’ils ne peuvent pas fournir certains prétextes à
la
violer. Sommes-nous « à la hauteur » de notre nature ? La Suiss
3703
ertains prétextes à la violer. Sommes-nous « à
la
hauteur » de notre nature ? La Suisse est belle, c’est entendu, c’
3704
xtes à la violer. Sommes-nous « à la hauteur »
de
notre nature ? La Suisse est belle, c’est entendu, c’est connu dan
3705
Sommes-nous « à la hauteur » de notre nature ?
La
Suisse est belle, c’est entendu, c’est connu dans le monde entier. On
3706
Suisse est belle, c’est entendu, c’est connu dans
le
monde entier. On a fait avec cela beaucoup de littérature de manuels
3707
tier. On a fait avec cela beaucoup de littérature
de
manuels — et en même temps, pas mal d’argent, je crois. Tant pis pour
3708
ittérature de manuels — et en même temps, pas mal
d’
argent, je crois. Tant pis pour les manuels, et tant mieux pour l’arge
3709
temps, pas mal d’argent, je crois. Tant pis pour
les
manuels, et tant mieux pour l’argent. Mais le fait est qu’on a coutum
3710
is. Tant pis pour les manuels, et tant mieux pour
l’
argent. Mais le fait est qu’on a coutume de parler de nos Alpes soit d
3711
ur les manuels, et tant mieux pour l’argent. Mais
le
fait est qu’on a coutume de parler de nos Alpes soit d’un point de vu
3712
x pour l’argent. Mais le fait est qu’on a coutume
de
parler de nos Alpes soit d’un point de vue purement sentimental, soit
3713
rgent. Mais le fait est qu’on a coutume de parler
de
nos Alpes soit d’un point de vue purement sentimental, soit d’un poin
3714
t est qu’on a coutume de parler de nos Alpes soit
d’
un point de vue purement sentimental, soit d’un point de vue purement
3715
soit d’un point de vue purement sentimental, soit
d’
un point de vue purement utilitaire ou touristique, en style de Männer
3716
vue purement utilitaire ou touristique, en style
de
Männerchor ou en style d’hôteliers. C’est-à-dire trop haut ou trop ba
3717
u touristique, en style de Männerchor ou en style
d’
hôteliers. C’est-à-dire trop haut ou trop bas. Qu’on y prenne garde ce
3718
les et nos glaciers « sublimes », il n’y a pas là
de
quoi nous vanter ! D’abord ce n’est pas notre faute, car nous ne somm
3719
ns notre géographie. Ensuite, si nous bénéficions
d’
un privilège aussi considérable, il s’agirait de nous en rendre dignes
3720
s d’un privilège aussi considérable, il s’agirait
de
nous en rendre dignes, avant même que de le défendre. Le seul moyen d
3721
’agirait de nous en rendre dignes, avant même que
de
le défendre. Le seul moyen de conserver un privilège, après tout, c’e
3722
irait de nous en rendre dignes, avant même que de
le
défendre. Le seul moyen de conserver un privilège, après tout, c’est
3723
en rendre dignes, avant même que de le défendre.
Le
seul moyen de conserver un privilège, après tout, c’est de le mériter
3724
nes, avant même que de le défendre. Le seul moyen
de
conserver un privilège, après tout, c’est de le mériter. Or nous chan
3725
oyen de conserver un privilège, après tout, c’est
de
le mériter. Or nous chantons nos lacs d’azur, nous chantons nos glaci
3726
n de conserver un privilège, après tout, c’est de
le
mériter. Or nous chantons nos lacs d’azur, nous chantons nos glaciers
3727
t, c’est de le mériter. Or nous chantons nos lacs
d’
azur, nous chantons nos glaciers qui touchent aux cieux, et nous en re
3728
ciers qui touchent aux cieux, et nous en retirons
d’
importants bénéfices, mais nous oublions trop souvent que tout cela, p
3729
que tout cela, précisément, peut tenter certains
de
nos voisins… Ne seraient-ils pas aussi capables que nous de chanter e
3730
sins… Ne seraient-ils pas aussi capables que nous
de
chanter et de gagner de l’argent, si nous étions contraints de leur c
3731
ent-ils pas aussi capables que nous de chanter et
de
gagner de l’argent, si nous étions contraints de leur céder la place
3732
s aussi capables que nous de chanter et de gagner
de
l’argent, si nous étions contraints de leur céder la place ? Sommes-n
3733
ussi capables que nous de chanter et de gagner de
l’
argent, si nous étions contraints de leur céder la place ? Sommes-nous
3734
de gagner de l’argent, si nous étions contraints
de
leur céder la place ? Sommes-nous vraiment plus dignes et plus consci
3735
l’argent, si nous étions contraints de leur céder
la
place ? Sommes-nous vraiment plus dignes et plus conscients que d’aut
3736
conscients que d’autres des charges que supposent
de
pareils avantages ? Il est une page de Victor Hugo à laquelle je ne p
3737
supposent de pareils avantages ? Il est une page
de
Victor Hugo à laquelle je ne puis m’empêcher de penser, non sans mali
3738
e de Victor Hugo à laquelle je ne puis m’empêcher
de
penser, non sans malice, vous allez le voir, lorsque j’entends vanter
3739
m’empêcher de penser, non sans malice, vous allez
le
voir, lorsque j’entends vanter avec intempérance notre nature « incom
3740
mpérance notre nature « incomparable ». C’est une
de
ces pages excessives dans ses antithèses, comme en trouve beaucoup da
3741
ans ses antithèses, comme en trouve beaucoup dans
l’
œuvre de Hugo, et qui, malgré l’excès et la bizarrerie du style, repré
3742
antithèses, comme en trouve beaucoup dans l’œuvre
de
Hugo, et qui, malgré l’excès et la bizarrerie du style, représente à
3743
uve beaucoup dans l’œuvre de Hugo, et qui, malgré
l’
excès et la bizarrerie du style, représente à mes yeux une sorte de pa
3744
p dans l’œuvre de Hugo, et qui, malgré l’excès et
la
bizarrerie du style, représente à mes yeux une sorte de parabole terr
3745
arrerie du style, représente à mes yeux une sorte
de
parabole terriblement ironique pour nous autres, et par là même, peut
3746
à même, peut-être, salutaire. Victor Hugo a gravi
les
pentes du Pilate, et il contemple, du sommet, le panorama des Alpes :
3747
les pentes du Pilate, et il contemple, du sommet,
le
panorama des Alpes : C’était un ensemble prodigieux de choses harmon
3748
orama des Alpes : C’était un ensemble prodigieux
de
choses harmonieuses et magnifiques, pleines de la grandeur de Dieu. J
3749
ux de choses harmonieuses et magnifiques, pleines
de
la grandeur de Dieu. Je me suis retourné, me demandant à quel être su
3750
de choses harmonieuses et magnifiques, pleines de
la
grandeur de Dieu. Je me suis retourné, me demandant à quel être supér
3751
rmonieuses et magnifiques, pleines de la grandeur
de
Dieu. Je me suis retourné, me demandant à quel être supérieur et choi
3752
rné, me demandant à quel être supérieur et choisi
la
nature servait ce merveilleux festin de montagnes, de nuages et de so
3753
et choisi la nature servait ce merveilleux festin
de
montagnes, de nuages et de soleil, et cherchant un témoin sublime à c
3754
ature servait ce merveilleux festin de montagnes,
de
nuages et de soleil, et cherchant un témoin sublime à ce sublime pays
3755
ce merveilleux festin de montagnes, de nuages et
de
soleil, et cherchant un témoin sublime à ce sublime paysage. Il y ava
3756
avait un témoin, en effet, un seul ; car du reste
l’
esplanade était sauvage, abrupte et déserte. Je n’oublierai cela de ma
3757
sauvage, abrupte et déserte. Je n’oublierai cela
de
ma vie. Dans une anfractuosité de rocher, assis les jambes pendantes
3758
’oublierai cela de ma vie. Dans une anfractuosité
de
rocher, assis les jambes pendantes sur une grosse pierre, un idiot, u
3759
e ma vie. Dans une anfractuosité de rocher, assis
les
jambes pendantes sur une grosse pierre, un idiot, un goitreux, à corp
3760
n goitreux, à corps grêle et à face énorme, riait
d’
un air stupide, le visage en plein soleil, et regardait au hasard deva
3761
s grêle et à face énorme, riait d’un air stupide,
le
visage en plein soleil, et regardait au hasard devant lui. O abîme !
3762
eil, et regardait au hasard devant lui. O abîme !
les
Alpes étaient le spectacle, le spectateur était un crétin ! Je me sui
3763
au hasard devant lui. O abîme ! les Alpes étaient
le
spectacle, le spectateur était un crétin ! Je me suis perdu dans cett
3764
nt lui. O abîme ! les Alpes étaient le spectacle,
le
spectateur était un crétin ! Je me suis perdu dans cette effrayante a
3765
e me suis perdu dans cette effrayante antithèse :
l’
homme opposé à la nature ; la nature dans son attitude la plus superbe
3766
ans cette effrayante antithèse : l’homme opposé à
la
nature ; la nature dans son attitude la plus superbe, l’homme dans sa
3767
frayante antithèse : l’homme opposé à la nature ;
la
nature dans son attitude la plus superbe, l’homme dans sa posture la
3768
opposé à la nature ; la nature dans son attitude
la
plus superbe, l’homme dans sa posture la plus misérable… Eh bien, n
3769
re ; la nature dans son attitude la plus superbe,
l’
homme dans sa posture la plus misérable… Eh bien, n’y a-t-il pas un
3770
attitude la plus superbe, l’homme dans sa posture
la
plus misérable… Eh bien, n’y a-t-il pas un enseignement à tirer de
3771
Eh bien, n’y a-t-il pas un enseignement à tirer
de
cette page ? Vous m’entendez bien : je ne dis pas que le peuple suiss
3772
e page ? Vous m’entendez bien : je ne dis pas que
le
peuple suisse, dans son ensemble, représente, selon l’expression de H
3773
uple suisse, dans son ensemble, représente, selon
l’
expression de Hugo, « la posture la plus misérable de l’homme ». Et je
3774
dans son ensemble, représente, selon l’expression
de
Hugo, « la posture la plus misérable de l’homme ». Et je suis loin de
3775
semble, représente, selon l’expression de Hugo, «
la
posture la plus misérable de l’homme ». Et je suis loin de penser que
3776
résente, selon l’expression de Hugo, « la posture
la
plus misérable de l’homme ». Et je suis loin de penser que nous somme
3777
xpression de Hugo, « la posture la plus misérable
de
l’homme ». Et je suis loin de penser que nous sommes des crétins ! Je
3778
ession de Hugo, « la posture la plus misérable de
l’
homme ». Et je suis loin de penser que nous sommes des crétins ! Je di
3779
e « dans son attitude superbe », il ne suffit pas
de
chanter. Il s’agit d’être moralement « à la hauteur ». Non, ce n’est
3780
superbe », il ne suffit pas de chanter. Il s’agit
d’
être moralement « à la hauteur ». Non, ce n’est pas si facile que cela
3781
t pas de chanter. Il s’agit d’être moralement « à
la
hauteur ». Non, ce n’est pas si facile que cela d’habiter et de possé
3782
a hauteur ». Non, ce n’est pas si facile que cela
d’
habiter et de posséder un pays dont l’altière beauté menace sans cesse
3783
Non, ce n’est pas si facile que cela d’habiter et
de
posséder un pays dont l’altière beauté menace sans cesse d’écraser l’
3784
le que cela d’habiter et de posséder un pays dont
l’
altière beauté menace sans cesse d’écraser l’homme. Il ne suffit pas d
3785
r un pays dont l’altière beauté menace sans cesse
d’
écraser l’homme. Il ne suffit pas de se complaire dans cette merveille
3786
dont l’altière beauté menace sans cesse d’écraser
l’
homme. Il ne suffit pas de se complaire dans cette merveilleuse nature
3787
ce sans cesse d’écraser l’homme. Il ne suffit pas
de
se complaire dans cette merveilleuse nature : rappelons-nous qu’on pe
3788
ses, à ces grandeurs, à ces beautés… Et c’est ici
le
lieu de relire quelques phrases d’un de nos auteurs un peu oubliés au
3789
es grandeurs, à ces beautés… Et c’est ici le lieu
de
relire quelques phrases d’un de nos auteurs un peu oubliés aujourd’hu
3790
… Et c’est ici le lieu de relire quelques phrases
d’
un de nos auteurs un peu oubliés aujourd’hui, le bon vaudois Eugène Ra
3791
c’est ici le lieu de relire quelques phrases d’un
de
nos auteurs un peu oubliés aujourd’hui, le bon vaudois Eugène Rambert
3792
s d’un de nos auteurs un peu oubliés aujourd’hui,
le
bon vaudois Eugène Rambert : Un pays comme le nôtre, écrivait-il, do
3793
nôtre, écrivait-il, doit réfléchir sa beauté dans
l’
âme de ses enfants. Le fait-il ? Hélas ! Il est bien à craindre que le
3794
écrivait-il, doit réfléchir sa beauté dans l’âme
de
ses enfants. Le fait-il ? Hélas ! Il est bien à craindre que le voyag
3795
it réfléchir sa beauté dans l’âme de ses enfants.
Le
fait-il ? Hélas ! Il est bien à craindre que le voyageur ne soit enco
3796
. Le fait-il ? Hélas ! Il est bien à craindre que
le
voyageur ne soit encore trop fondé à trouver, avec Rousseau, que ce p
3797
et ce peuple sont mariés l’un à l’autre, et comme
le
pays ne peut pas descendre au niveau du peuple, il faut que le peuple
3798
ut pas descendre au niveau du peuple, il faut que
le
peuple s’élève au niveau du pays. C’est un appel encore, un appel de
3799
u niveau du pays. C’est un appel encore, un appel
de
tous les instants, qui ne cesse de retentir dans les âmes d’élite. O
3800
du pays. C’est un appel encore, un appel de tous
les
instants, qui ne cesse de retentir dans les âmes d’élite. Oui, Rambe
3801
core, un appel de tous les instants, qui ne cesse
de
retentir dans les âmes d’élite. Oui, Rambert nous le dit fort bien :
3802
tous les instants, qui ne cesse de retentir dans
les
âmes d’élite. Oui, Rambert nous le dit fort bien : ce premier de nos
3803
instants, qui ne cesse de retentir dans les âmes
d’
élite. Oui, Rambert nous le dit fort bien : ce premier de nos privilè
3804
etentir dans les âmes d’élite. Oui, Rambert nous
le
dit fort bien : ce premier de nos privilèges, une belle nature, doit
3805
Oui, Rambert nous le dit fort bien : ce premier
de
nos privilèges, une belle nature, doit être considéré par nous, avant
3806
Sommes-nous vraiment libres ? Il faut donc que
les
Suisses deviennent et restent « à la hauteur » de leur géographie. Ma
3807
ut donc que les Suisses deviennent et restent « à
la
hauteur » de leur géographie. Mais il faut aussi qu’ils deviennent et
3808
es Suisses deviennent et restent « à la hauteur »
de
leur géographie. Mais il faut aussi qu’ils deviennent et qu’ils reste
3809
faut aussi qu’ils deviennent et qu’ils restent à
la
hauteur de leur histoire. Et à ce propos, voici quelques remarques su
3810
qu’ils deviennent et qu’ils restent à la hauteur
de
leur histoire. Et à ce propos, voici quelques remarques sur nos fameu
3811
civique et militaire, et qui sont un modèle pour
l’
Europe ». Oui certes, mais ici encore, n’ayons pas peur d’y regarder d
3812
». Oui certes, mais ici encore, n’ayons pas peur
d’
y regarder de près. Que sont devenues en fait ces libertés antiques qu
3813
s, mais ici encore, n’ayons pas peur d’y regarder
de
près. Que sont devenues en fait ces libertés antiques qu’on nous envi
3814
ertés antiques qu’on nous envie ? Avons-nous bien
le
droit de nous en vanter encore, et suffit-il de les vanter pour qu’el
3815
iques qu’on nous envie ? Avons-nous bien le droit
de
nous en vanter encore, et suffit-il de les vanter pour qu’elles subsi
3816
n le droit de nous en vanter encore, et suffit-il
de
les vanter pour qu’elles subsistent ? La liberté n’est pas seulement
3817
e droit de nous en vanter encore, et suffit-il de
les
vanter pour qu’elles subsistent ? La liberté n’est pas seulement un p
3818
uffit-il de les vanter pour qu’elles subsistent ?
La
liberté n’est pas seulement un privilège que l’on hérite. C’est une c
3819
? La liberté n’est pas seulement un privilège que
l’
on hérite. C’est une conquête perpétuelle. Elle est sans doute un héri
3820
que. Mais rien ne se déprécie plus rapidement que
les
privilèges politiques, si le peuple qui en jouit ne sait pas les méri
3821
plus rapidement que les privilèges politiques, si
le
peuple qui en jouit ne sait pas les mériter par ses manières d’être e
3822
politiques, si le peuple qui en jouit ne sait pas
les
mériter par ses manières d’être et de penser. Goethe a écrit, à ce pr
3823
en jouit ne sait pas les mériter par ses manières
d’
être et de penser. Goethe a écrit, à ce propos, quelques phrases extrê
3824
e sait pas les mériter par ses manières d’être et
de
penser. Goethe a écrit, à ce propos, quelques phrases extrêmement dés
3825
quelques phrases extrêmement désobligeantes pour
les
Suisses. Je n’hésite pas à vous les lire, persuadé que l’une des marq
3826
igeantes pour les Suisses. Je n’hésite pas à vous
les
lire, persuadé que l’une des marques de notre liberté est justement l
3827
s à vous les lire, persuadé que l’une des marques
de
notre liberté est justement le courage d’admettre les critiques les p
3828
l’une des marques de notre liberté est justement
le
courage d’admettre les critiques les plus amères, et d’en tirer profi
3829
marques de notre liberté est justement le courage
d’
admettre les critiques les plus amères, et d’en tirer profit s’il y a
3830
notre liberté est justement le courage d’admettre
les
critiques les plus amères, et d’en tirer profit s’il y a lieu. « Un j
3831
est justement le courage d’admettre les critiques
les
plus amères, et d’en tirer profit s’il y a lieu. « Un jour, écrit Goe
3832
rage d’admettre les critiques les plus amères, et
d’
en tirer profit s’il y a lieu. « Un jour, écrit Goethe, les Suisses se
3833
er profit s’il y a lieu. « Un jour, écrit Goethe,
les
Suisses se délivrèrent d’un tyran. Ils purent se croire libres un mom
3834
Un jour, écrit Goethe, les Suisses se délivrèrent
d’
un tyran. Ils purent se croire libres un moment : mais le soleil fécon
3835
ran. Ils purent se croire libres un moment : mais
le
soleil fécond fit éclore du cadavre de l’oppresseur un essaim de peti
3836
ent : mais le soleil fécond fit éclore du cadavre
de
l’oppresseur un essaim de petits tyrans. À présent, ils continuent à
3837
: mais le soleil fécond fit éclore du cadavre de
l’
oppresseur un essaim de petits tyrans. À présent, ils continuent à rép
3838
d fit éclore du cadavre de l’oppresseur un essaim
de
petits tyrans. À présent, ils continuent à répéter le vieux conte. On
3839
etits tyrans. À présent, ils continuent à répéter
le
vieux conte. On les entend dire, jusqu’à satiété, qu’ils se sont affr
3840
sent, ils continuent à répéter le vieux conte. On
les
entend dire, jusqu’à satiété, qu’ils se sont affranchis un jour, et q
3841
re leurs murailles, ils ne sont plus esclaves que
de
leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préj
3842
s, ils ne sont plus esclaves que de leurs lois et
de
leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois. »
3843
esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes,
de
leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois. » Je n’oublie pas qu
3844
lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et
de
leurs préjugés bourgeois. » Je n’oublie pas que Goethe écrivait cela
3845
ie pas que Goethe écrivait cela au xviie siècle.
Les
petits tyrans dont il parle étaient peut-être alors les petites oliga
3846
tits tyrans dont il parle étaient peut-être alors
les
petites oligarchies que la Révolution devait renverser un peu plus ta
3847
aient peut-être alors les petites oligarchies que
la
Révolution devait renverser un peu plus tard. Mais sommes-nous bien c
3848
Mais sommes-nous bien certains que, pour autant,
le
jugement de Goethe n’est plus du tout valable de nos jours ? Sommes-n
3849
-nous bien certains que, pour autant, le jugement
de
Goethe n’est plus du tout valable de nos jours ? Sommes-nous bien cer
3850
le jugement de Goethe n’est plus du tout valable
de
nos jours ? Sommes-nous bien certains que la tyrannie de l’opinion pu
3851
able de nos jours ? Sommes-nous bien certains que
la
tyrannie de l’opinion publique vaut mieux que celle des aristocrates
3852
jours ? Sommes-nous bien certains que la tyrannie
de
l’opinion publique vaut mieux que celle des aristocrates ? Sommes-nou
3853
rs ? Sommes-nous bien certains que la tyrannie de
l’
opinion publique vaut mieux que celle des aristocrates ? Sommes-nous b
3854
des aristocrates ? Sommes-nous bien certains que
les
Suisses sont, plus que d’autres, libérés des préjugés bourgeois ? Som
3855
s bien certains, enfin, qu’il a suffi à nos pères
de
s’affranchir un jour pour que nous ayons le droit de répéter à tout j
3856
pères de s’affranchir un jour pour que nous ayons
le
droit de répéter à tout jamais : nous sommes libres ! Ayons le courag
3857
s’affranchir un jour pour que nous ayons le droit
de
répéter à tout jamais : nous sommes libres ! Ayons le courage de le r
3858
épéter à tout jamais : nous sommes libres ! Ayons
le
courage de le reconnaître en toute franchise : la Suisse actuelle n’e
3859
ut jamais : nous sommes libres ! Ayons le courage
de
le reconnaître en toute franchise : la Suisse actuelle n’est pas, com
3860
jamais : nous sommes libres ! Ayons le courage de
le
reconnaître en toute franchise : la Suisse actuelle n’est pas, comme
3861
le courage de le reconnaître en toute franchise :
la
Suisse actuelle n’est pas, comme elle devrait et pourrait l’être, l’u
3862
ctuelle n’est pas, comme elle devrait et pourrait
l’
être, l’un des pays où l’on a le plus de véritable liberté d’esprit. C
3863
elle devrait et pourrait l’être, l’un des pays où
l’
on a le plus de véritable liberté d’esprit. C’est un pays où l’on tolè
3864
vrait et pourrait l’être, l’un des pays où l’on a
le
plus de véritable liberté d’esprit. C’est un pays où l’on tolère fort
3865
pourrait l’être, l’un des pays où l’on a le plus
de
véritable liberté d’esprit. C’est un pays où l’on tolère fort mal les
3866
n des pays où l’on a le plus de véritable liberté
d’
esprit. C’est un pays où l’on tolère fort mal les opinions non conform
3867
s de véritable liberté d’esprit. C’est un pays où
l’
on tolère fort mal les opinions non conformistes, les exceptions, les
3868
é d’esprit. C’est un pays où l’on tolère fort mal
les
opinions non conformistes, les exceptions, les bizarreries, ou simple
3869
on tolère fort mal les opinions non conformistes,
les
exceptions, les bizarreries, ou simplement les idées imprévues. Certe
3870
al les opinions non conformistes, les exceptions,
les
bizarreries, ou simplement les idées imprévues. Certes, nous avons pe
3871
s, les exceptions, les bizarreries, ou simplement
les
idées imprévues. Certes, nous avons peu ou point de polémiques person
3872
idées imprévues. Certes, nous avons peu ou point
de
polémiques personnelles : mais c’est peut-être moins par tolérance ré
3873
être moins par tolérance réelle que par prudence.
Les
adversaires politiques ou religieux, chez nous, se fréquentent peu, n
3874
type dangereux, méchant, machiavélique. Ceci pour
le
plan des idées. Sur le plan de la morale, c’est pire encore. Je ne va
3875
vélique. Ceci pour le plan des idées. Sur le plan
de
la morale, c’est pire encore. Je ne vais pas refaire ici, après tant
3876
ique. Ceci pour le plan des idées. Sur le plan de
la
morale, c’est pire encore. Je ne vais pas refaire ici, après tant d’a
3877
Je ne vais pas refaire ici, après tant d’autres,
le
procès de notre moralisme intolérant. Qu’il me suffise de remarquer q
3878
s pas refaire ici, après tant d’autres, le procès
de
notre moralisme intolérant. Qu’il me suffise de remarquer que si nous
3879
s de notre moralisme intolérant. Qu’il me suffise
de
remarquer que si nous étions plus chrétiens, nous serions beaucoup pl
3880
rants dans ce domaine, nous aurions beaucoup plus
de
liberté dans nos jugements, nous respecterions beaucoup mieux les faç
3881
nos jugements, nous respecterions beaucoup mieux
les
façons de vivre du voisin, le mystère de son existence. On me dira pe
3882
nts, nous respecterions beaucoup mieux les façons
de
vivre du voisin, le mystère de son existence. On me dira peut-être qu
3883
ons beaucoup mieux les façons de vivre du voisin,
le
mystère de son existence. On me dira peut-être que ces considérations
3884
p mieux les façons de vivre du voisin, le mystère
de
son existence. On me dira peut-être que ces considérations n’ont pas
3885
n’ont pas grande importance, actuellement, et que
les
libertés qu’il s’agit de défendre, en ce mois de janvier 1940, sont a
3886
e, actuellement, et que les libertés qu’il s’agit
de
défendre, en ce mois de janvier 1940, sont avant tout nos libertés po
3887
les libertés qu’il s’agit de défendre, en ce mois
de
janvier 1940, sont avant tout nos libertés politiques. Je répondrai q
3888
plus grande liberté morale et intellectuelle. Car
les
unes ne vont pas sans les autres, et toute notre histoire en témoigne
3889
et intellectuelle. Car les unes ne vont pas sans
les
autres, et toute notre histoire en témoigne. Une politique de liberté
3890
t toute notre histoire en témoigne. Une politique
de
liberté ne peut être faite que par des esprits libres. Et libres dans
3891
e que par des esprits libres. Et libres dans tous
les
domaines. Les deux libertés, l’extérieure et l’intérieure, ont toujou
3892
esprits libres. Et libres dans tous les domaines.
Les
deux libertés, l’extérieure et l’intérieure, ont toujours été liées d
3893
libres dans tous les domaines. Les deux libertés,
l’
extérieure et l’intérieure, ont toujours été liées dans notre histoire
3894
les domaines. Les deux libertés, l’extérieure et
l’
intérieure, ont toujours été liées dans notre histoire. C’est parce qu
3895
ire. C’est parce que les premiers Suisses avaient
la
passion de leurs libertés civiles et quotidiennes qu’ils ont voulu se
3896
parce que les premiers Suisses avaient la passion
de
leurs libertés civiles et quotidiennes qu’ils ont voulu se libérer du
3897
se libérer du joug autrichien. Et c’est parce que
les
Suisses du xviiie siècle ne jouissaient plus d’une véritable liberté
3898
les Suisses du xviiie siècle ne jouissaient plus
d’
une véritable liberté intérieure qu’ils ont été une proie facile pour
3899
é intérieure qu’ils ont été une proie facile pour
l’
étranger, pour les armées de la Révolution française. Je voudrais insi
3900
ls ont été une proie facile pour l’étranger, pour
les
armées de la Révolution française. Je voudrais insister sur ce point
3901
une proie facile pour l’étranger, pour les armées
de
la Révolution française. Je voudrais insister sur ce point : si nous
3902
proie facile pour l’étranger, pour les armées de
la
Révolution française. Je voudrais insister sur ce point : si nous per
3903
voudrais insister sur ce point : si nous perdons
le
sens et le goût de la liberté quotidienne, celle qui se manifeste dan
3904
nsister sur ce point : si nous perdons le sens et
le
goût de la liberté quotidienne, celle qui se manifeste dans la divers
3905
sur ce point : si nous perdons le sens et le goût
de
la liberté quotidienne, celle qui se manifeste dans la diversité infi
3906
ce point : si nous perdons le sens et le goût de
la
liberté quotidienne, celle qui se manifeste dans la diversité infinie
3907
liberté quotidienne, celle qui se manifeste dans
la
diversité infinie des manières de penser et de vivre, nos libertés po
3908
manifeste dans la diversité infinie des manières
de
penser et de vivre, nos libertés politiques ne pourront subsister lon
3909
ns la diversité infinie des manières de penser et
de
vivre, nos libertés politiques ne pourront subsister longtemps, et al
3910
ront subsister longtemps, et alors c’en sera fait
de
notre liberté vis-à-vis de l’étranger, c’est-à-dire de notre indépend
3911
lors c’en sera fait de notre liberté vis-à-vis de
l’
étranger, c’est-à-dire de notre indépendance nationale. Il ne suffit d
3912
tre liberté vis-à-vis de l’étranger, c’est-à-dire
de
notre indépendance nationale. Il ne suffit donc pas de protéger notre
3913
tre indépendance nationale. Il ne suffit donc pas
de
protéger notre indépendance par des fortifications. C’est l’intérieur
3914
notre indépendance par des fortifications. C’est
l’
intérieur du pays qu’il nous faut maintenant fortifier, moralement, si
3915
ous voulons que notre armée défende quelque chose
de
valable. Or quels sont les ennemis intérieurs de notre liberté ? Je n
3916
e défende quelque chose de valable. Or quels sont
les
ennemis intérieurs de notre liberté ? Je n’en désignerai ici que deux
3917
de valable. Or quels sont les ennemis intérieurs
de
notre liberté ? Je n’en désignerai ici que deux, qui vous paraîtront
3918
us paraîtront peut-être assez inattendus. Ce sont
la
paresse d’esprit et l’égalitarisme. Voilà ce que j’entends par pares
3919
nt peut-être assez inattendus. Ce sont la paresse
d’
esprit et l’égalitarisme. Voilà ce que j’entends par paresse d’esprit
3920
assez inattendus. Ce sont la paresse d’esprit et
l’
égalitarisme. Voilà ce que j’entends par paresse d’esprit : les Suiss
3921
égalitarisme. Voilà ce que j’entends par paresse
d’
esprit : les Suisses jouissent d’une instruction publique remarquable,
3922
e. Voilà ce que j’entends par paresse d’esprit :
les
Suisses jouissent d’une instruction publique remarquable, mais ils on
3923
ends par paresse d’esprit : les Suisses jouissent
d’
une instruction publique remarquable, mais ils ont la plus grande méfi
3924
ne instruction publique remarquable, mais ils ont
la
plus grande méfiance à l’endroit de la véritable culture. Ils ont hor
3925
is ils ont la plus grande méfiance à l’endroit de
la
véritable culture. Ils ont horreur de tout ce qui leur paraît compliq
3926
’endroit de la véritable culture. Ils ont horreur
de
tout ce qui leur paraît compliqué. Ils jugent suspect tout ce qui n’e
3927
telles que bon ou méchant, droite ou gauche, ami
de
l’ordre ou esprit subversif. Ils exigent toujours des choses simples.
3928
lles que bon ou méchant, droite ou gauche, ami de
l’
ordre ou esprit subversif. Ils exigent toujours des choses simples. Au
3929
igent toujours des choses simples. Au besoin, ils
les
simplifient terriblement. C’est ainsi que l’hitlérisme a pu passer, c
3930
ils les simplifient terriblement. C’est ainsi que
l’
hitlérisme a pu passer, chez nous, pendant longtemps, pour un « rempar
3931
nous, pendant longtemps, pour un « rempart contre
le
bolchévisme ». Pourquoi ? Parce qu’on se contentait de dire : M. Hitl
3932
lchévisme ». Pourquoi ? Parce qu’on se contentait
de
dire : M. Hitler est pour l’ordre, les bolchévistes sont pour le déso
3933
qu’on se contentait de dire : M. Hitler est pour
l’
ordre, les bolchévistes sont pour le désordre. Sans se demander un seu
3934
contentait de dire : M. Hitler est pour l’ordre,
les
bolchévistes sont pour le désordre. Sans se demander un seul instant
3935
tler est pour l’ordre, les bolchévistes sont pour
le
désordre. Sans se demander un seul instant de quelle espèce d’ordre i
3936
our le désordre. Sans se demander un seul instant
de
quelle espèce d’ordre il s’agissait. Or, prenons-y garde : cette pass
3937
Sans se demander un seul instant de quelle espèce
d’
ordre il s’agissait. Or, prenons-y garde : cette passion maladive pour
3938
Or, prenons-y garde : cette passion maladive pour
les
choses « simples », elle tend à supprimer toute possibilité de jugeme
3939
imples », elle tend à supprimer toute possibilité
de
jugement libre, toute véritable liberté d’esprit. Je connais bien des
3940
bilité de jugement libre, toute véritable liberté
d’
esprit. Je connais bien des Suisses cultivés que l’intolérance de leur
3941
’esprit. Je connais bien des Suisses cultivés que
l’
intolérance de leurs concitoyens simplistes a réduits à la neurasthéni
3942
nnais bien des Suisses cultivés que l’intolérance
de
leurs concitoyens simplistes a réduits à la neurasthénie, et totaleme
3943
rance de leurs concitoyens simplistes a réduits à
la
neurasthénie, et totalement découragés d’agir, de parler ou d’écrire.
3944
duits à la neurasthénie, et totalement découragés
d’
agir, de parler ou d’écrire. Et j’ajouterai : je connais bien des prot
3945
la neurasthénie, et totalement découragés d’agir,
de
parler ou d’écrire. Et j’ajouterai : je connais bien des protestants
3946
ie, et totalement découragés d’agir, de parler ou
d’
écrire. Et j’ajouterai : je connais bien des protestants que notre mor
3947
vraies complexités spirituelles, ont rejetés vers
le
catholicisme. Je ne dis pas qu’ils ont eu raison. Je suis plus agacé
3948
e n’importe qui par certaine façon peu chrétienne
de
comparer toujours les défauts pratiques du protestantisme avec les qu
3949
ertaine façon peu chrétienne de comparer toujours
les
défauts pratiques du protestantisme avec les qualités théoriques du c
3950
ours les défauts pratiques du protestantisme avec
les
qualités théoriques du catholicisme. Mais enfin ces défauts n’existen
3951
rop. Notre bonne inconscience ne nous empêche pas
d’
être « ceux par qui le scandale arrive » ! Notre égalitarisme est, lui
3952
science ne nous empêche pas d’être « ceux par qui
le
scandale arrive » ! Notre égalitarisme est, lui aussi, une forme de n
3953
» ! Notre égalitarisme est, lui aussi, une forme
de
notre paresse d’esprit, bien plus encore qu’une forme de l’envie, com
3954
arisme est, lui aussi, une forme de notre paresse
d’
esprit, bien plus encore qu’une forme de l’envie, comme on l’a peut-êt
3955
e paresse d’esprit, bien plus encore qu’une forme
de
l’envie, comme on l’a peut-être trop dit. Autrefois les Suisses se mé
3956
aresse d’esprit, bien plus encore qu’une forme de
l’
envie, comme on l’a peut-être trop dit. Autrefois les Suisses se méfia
3957
ien plus encore qu’une forme de l’envie, comme on
l’
a peut-être trop dit. Autrefois les Suisses se méfiaient des personnal
3958
envie, comme on l’a peut-être trop dit. Autrefois
les
Suisses se méfiaient des personnalités trop affichées, parce qu’ils c
3959
parce qu’ils craignaient qu’elles n’entraînassent
le
pays dans des aventures dictatoriales. Il y avait quelque chose de sa
3960
aventures dictatoriales. Il y avait quelque chose
de
sain et de profondément démocratique dans l’effacement volontaire des
3961
ictatoriales. Il y avait quelque chose de sain et
de
profondément démocratique dans l’effacement volontaire des plus grand
3962
hose de sain et de profondément démocratique dans
l’
effacement volontaire des plus grands Suisses de ces temps-là. Mais au
3963
s l’effacement volontaire des plus grands Suisses
de
ces temps-là. Mais aujourd’hui, l’égalitarisme hérité du xixe siècle
3964
grands Suisses de ces temps-là. Mais aujourd’hui,
l’
égalitarisme hérité du xixe siècle n’est plus qu’une dégénérescence d
3965
du xixe siècle n’est plus qu’une dégénérescence
de
cet instinct démocratique. Il veut tout unifier, réglementer, central
3966
liser, décolorer. Il veut tout faire rentrer dans
le
rang. Il persécute à petits coups d’épingle tout ce qui paraît vouloi
3967
rentrer dans le rang. Il persécute à petits coups
d’
épingle tout ce qui paraît vouloir se distinguer. Pourquoi ? Parce que
3968
Parce que c’est bien plus simple, et plus facile
de
tout ramener à des mesures médiocres et uniformes. C’est bien plus si
3969
formes. C’est bien plus simple et plus facile que
de
tenir compte des vivantes diversités, des vocations infiniment divers
3970
alitaires. Nous serions beaucoup plus respectueux
de
la complexité humaine, parce que nous saurions beaucoup mieux ce que
3971
taires. Nous serions beaucoup plus respectueux de
la
complexité humaine, parce que nous saurions beaucoup mieux ce que c’e
3972
chrétien pour respecter sans nulle arrière-pensée
la
vocation d’autrui. Car seul un vrai chrétien connaît et aime le secre
3973
r respecter sans nulle arrière-pensée la vocation
d’
autrui. Car seul un vrai chrétien connaît et aime le secret de la libe
3974
autrui. Car seul un vrai chrétien connaît et aime
le
secret de la liberté, que Vinet nous révèle en écrivant : « C’est pou
3975
r seul un vrai chrétien connaît et aime le secret
de
la liberté, que Vinet nous révèle en écrivant : « C’est pour obéir qu
3976
eul un vrai chrétien connaît et aime le secret de
la
liberté, que Vinet nous révèle en écrivant : « C’est pour obéir que n
3977
plutôt qu’aux hommes. Ceux qui ne savent pas que
le
but de toutes nos libertés est uniquement de laisser à chacun le droi
3978
qu’aux hommes. Ceux qui ne savent pas que le but
de
toutes nos libertés est uniquement de laisser à chacun le droit d’obé
3979
que le but de toutes nos libertés est uniquement
de
laisser à chacun le droit d’obéir à Dieu seul, plutôt qu’à soi-même o
3980
s nos libertés est uniquement de laisser à chacun
le
droit d’obéir à Dieu seul, plutôt qu’à soi-même ou aux autres, ceux-l
3981
ertés est uniquement de laisser à chacun le droit
d’
obéir à Dieu seul, plutôt qu’à soi-même ou aux autres, ceux-là pensero
3982
ceux-là penseront toujours, non sans raison, que
la
liberté risque de se confondre avec l’anarchie. Ils n’aimeront pas vr
3983
toujours, non sans raison, que la liberté risque
de
se confondre avec l’anarchie. Ils n’aimeront pas vraiment la liberté,
3984
aison, que la liberté risque de se confondre avec
l’
anarchie. Ils n’aimeront pas vraiment la liberté, ou alors ils n’aimer
3985
ndre avec l’anarchie. Ils n’aimeront pas vraiment
la
liberté, ou alors ils n’aimeront pas une vraie liberté. Oui, nous pou
3986
aimeront pas une vraie liberté. Oui, nous pouvons
le
proclamer : il n’y a de liberté réelle dans notre monde que grâce à l
3987
iberté. Oui, nous pouvons le proclamer : il n’y a
de
liberté réelle dans notre monde que grâce à la foi des chrétiens, et
3988
a de liberté réelle dans notre monde que grâce à
la
foi des chrétiens, et à leur action politique. Et vous voyez qu’au bo
3989
tiquement » (comme nous aimons à dire en Suisse),
le
meilleur fondement de notre indépendance nationale, c’est encore notr
3990
s aimons à dire en Suisse), le meilleur fondement
de
notre indépendance nationale, c’est encore notre foi personnelle. Car
3991
e notre foi personnelle. Car c’est elle qui reste
la
source de notre amour de la vraie liberté, et cet amour est le fondem
3992
i personnelle. Car c’est elle qui reste la source
de
notre amour de la vraie liberté, et cet amour est le fondement solide
3993
Car c’est elle qui reste la source de notre amour
de
la vraie liberté, et cet amour est le fondement solide de toutes nos
3994
c’est elle qui reste la source de notre amour de
la
vraie liberté, et cet amour est le fondement solide de toutes nos lib
3995
notre amour de la vraie liberté, et cet amour est
le
fondement solide de toutes nos libertés civiques, comme aussi de notr
3996
aie liberté, et cet amour est le fondement solide
de
toutes nos libertés civiques, comme aussi de notre résistance intime
3997
lide de toutes nos libertés civiques, comme aussi
de
notre résistance intime aux tentations de la propagande totalitaire.
3998
e aussi de notre résistance intime aux tentations
de
la propagande totalitaire. Devons-nous rester neutres ? Liberté
3999
ussi de notre résistance intime aux tentations de
la
propagande totalitaire. Devons-nous rester neutres ? Liberté, t
4000
otalitarisme… Ceci nous amène à poser la question
de
notre troisième grand privilège : la neutralité. Notre neutralité, en
4001
la question de notre troisième grand privilège :
la
neutralité. Notre neutralité, en effet, n’impose-t-elle pas, dès main
4002
pas, dès maintenant, certaines limites pénibles à
la
libre expression de nos convictions, même lorsque celles-ci sont basé
4003
certaines limites pénibles à la libre expression
de
nos convictions, même lorsque celles-ci sont basées sur notre foi non
4004
stifier encore, dans cette guerre-ci, aux yeux de
l’
Europe et à nos propres yeux, notre situation privilégiée de neutres ?
4005
t à nos propres yeux, notre situation privilégiée
de
neutres ? Il semble que depuis quelques années, nous ayons renoncé, e
4006
mme une chose qui irait de soi, qui aurait existé
de
tout temps, sans commencement ni fin imaginables, qui nous serait due
4007
ie, et qui représenterait, en somme, un privilège
de
droit divin. Nous savons que la neutralité est une conception menacée
4008
mme, un privilège de droit divin. Nous savons que
la
neutralité est une conception menacée ; qu’elle est en quelque sorte
4009
; qu’elle est en quelque sorte contre nature, car
l’
instinct normal de tout homme le pousse toujours à prendre parti ; et
4010
uelque sorte contre nature, car l’instinct normal
de
tout homme le pousse toujours à prendre parti ; et qu’enfin nous devo
4011
ontre nature, car l’instinct normal de tout homme
le
pousse toujours à prendre parti ; et qu’enfin nous devons la justifie
4012
oujours à prendre parti ; et qu’enfin nous devons
la
justifier, sous peine de passer pour des lâches, ou des tièdes, ou de
4013
s, ou des tièdes, ou des inconscients. Que valent
les
justifications qu’on nous propose, au regard des bouleversements hist
4014
e, au regard des bouleversements historiques dont
la
guerre actuelle est le signe ? Pour certains, qui se disent réalistes
4015
ersements historiques dont la guerre actuelle est
le
signe ? Pour certains, qui se disent réalistes, si nous sommes neutre
4016
situation géographique centrale nous exposerait à
de
trop grands dangers en cas de guerre, enfin, parce que notre diversit
4017
e nous exposerait à de trop grands dangers en cas
de
guerre, enfin, parce que notre diversité raciale et religieuse risque
4018
notre diversité raciale et religieuse risquerait
d’
entraîner la dislocation de notre fédération, si nous venions à prendr
4019
sité raciale et religieuse risquerait d’entraîner
la
dislocation de notre fédération, si nous venions à prendre parti. Not
4020
religieuse risquerait d’entraîner la dislocation
de
notre fédération, si nous venions à prendre parti. Notons que cet arg
4021
venions à prendre parti. Notons que cet argument
de
la nécessité n’est guère valable que pour nous, Suisses. Nos voisins
4022
nions à prendre parti. Notons que cet argument de
la
nécessité n’est guère valable que pour nous, Suisses. Nos voisins n’o
4023
ur nous, Suisses. Nos voisins n’ont aucune raison
d’
en tenir compte, bien au contraire. Au lieu de laisser entendre que no
4024
res parce que nous sommes trop faibles pour faire
la
guerre, pourquoi ne dirions-nous pas plutôt : nous sommes neutres par
4025
ôt : nous sommes neutres parce que nous détestons
la
guerre ? Vient ensuite l’argument juridique. Nous devons rester neutr
4026
arce que nous détestons la guerre ? Vient ensuite
l’
argument juridique. Nous devons rester neutres, nous dit-on, parce que
4027
ous devons rester neutres, nous dit-on, parce que
les
traités nous y forcent. Et certes, aux yeux d’un chrétien et d’un Sui
4028
e les traités nous y forcent. Et certes, aux yeux
d’
un chrétien et d’un Suisse, les traités ne seront jamais de simples ch
4029
s y forcent. Et certes, aux yeux d’un chrétien et
d’
un Suisse, les traités ne seront jamais de simples chiffons de papier
4030
Et certes, aux yeux d’un chrétien et d’un Suisse,
les
traités ne seront jamais de simples chiffons de papier ! La Confédéra
4031
tien et d’un Suisse, les traités ne seront jamais
de
simples chiffons de papier ! La Confédération reste fondée sur la fid
4032
les traités ne seront jamais de simples chiffons
de
papier ! La Confédération reste fondée sur la fidélité à la parole ju
4033
ne seront jamais de simples chiffons de papier !
La
Confédération reste fondée sur la fidélité à la parole jurée, le nom
4034
ons de papier ! La Confédération reste fondée sur
la
fidélité à la parole jurée, le nom l’indique, et surtout en allemand
4035
! La Confédération reste fondée sur la fidélité à
la
parole jurée, le nom l’indique, et surtout en allemand : Eidgenossens
4036
n reste fondée sur la fidélité à la parole jurée,
le
nom l’indique, et surtout en allemand : Eidgenossenschaft, communauté
4037
fondée sur la fidélité à la parole jurée, le nom
l’
indique, et surtout en allemand : Eidgenossenschaft, communauté de ceu
4038
rtout en allemand : Eidgenossenschaft, communauté
de
ceux qui ont fait serment. Mais ici encore, il nous faut bien voir qu
4039
aison a peu de poids en dehors de nos frontières.
Les
voisins que nous avons à redouter sont justement ceux qui déclarent q
4040
à redouter sont justement ceux qui déclarent que
les
traités et les serments ne sont faits que pour être violés. Enfin, l’
4041
t justement ceux qui déclarent que les traités et
les
serments ne sont faits que pour être violés. Enfin, l’on donne parfoi
4042
rments ne sont faits que pour être violés. Enfin,
l’
on donne parfois une justification militaire à notre neutralité : il s
4043
fication militaire à notre neutralité : il serait
de
l’intérêt des puissances belligérantes de ne point utiliser le passag
4044
ation militaire à notre neutralité : il serait de
l’
intérêt des puissances belligérantes de ne point utiliser le passage p
4045
serait de l’intérêt des puissances belligérantes
de
ne point utiliser le passage par la Suisse, qui les découvrirait sur
4046
des puissances belligérantes de ne point utiliser
le
passage par la Suisse, qui les découvrirait sur leur flanc. Mais vous
4047
belligérantes de ne point utiliser le passage par
la
Suisse, qui les découvrirait sur leur flanc. Mais vous savez fort bie
4048
e ne point utiliser le passage par la Suisse, qui
les
découvrirait sur leur flanc. Mais vous savez fort bien que cette rais
4049
. Mais vous savez fort bien que cette raison dite
d’
équilibre stratégique peut disparaître d’un jour à l’autre. Et la preu
4050
son dite d’équilibre stratégique peut disparaître
d’
un jour à l’autre. Et la preuve que nous ne la prenons pas au sérieux,
4051
atégique peut disparaître d’un jour à l’autre. Et
la
preuve que nous ne la prenons pas au sérieux, c’est que nous restons
4052
tre d’un jour à l’autre. Et la preuve que nous ne
la
prenons pas au sérieux, c’est que nous restons mobilisés. Je ne discu
4053
restons mobilisés. Je ne discuterai même pas ici,
l’
argument de l’impartialité, qui put jouer un rôle en 1914-1918. Je cro
4054
ilisés. Je ne discuterai même pas ici, l’argument
de
l’impartialité, qui put jouer un rôle en 1914-1918. Je crois que les
4055
sés. Je ne discuterai même pas ici, l’argument de
l’
impartialité, qui put jouer un rôle en 1914-1918. Je crois que les Sui
4056
qui put jouer un rôle en 1914-1918. Je crois que
les
Suisses, aujourd’hui, sont unanimes à reconnaître lesquels, parmi les
4057
’hui, sont unanimes à reconnaître lesquels, parmi
les
belligérants, représentent la négation la plus radicale de l’idéal fé
4058
re lesquels, parmi les belligérants, représentent
la
négation la plus radicale de l’idéal fédéraliste qui nous unit, par c
4059
parmi les belligérants, représentent la négation
la
plus radicale de l’idéal fédéraliste qui nous unit, par conséquent, l
4060
érants, représentent la négation la plus radicale
de
l’idéal fédéraliste qui nous unit, par conséquent, la plus grave mena
4061
nts, représentent la négation la plus radicale de
l’
idéal fédéraliste qui nous unit, par conséquent, la plus grave menace
4062
’idéal fédéraliste qui nous unit, par conséquent,
la
plus grave menace pour notre État. Que reste-t-il donc à répondre à c
4063
te-t-il donc à répondre à ceux qui nous demandent
d’
entrer en guerre ? Ni l’argument des réalistes, ni celui des juristes,
4064
à ceux qui nous demandent d’entrer en guerre ? Ni
l’
argument des réalistes, ni celui des juristes, ni celui des stratèges,
4065
stratèges, ne suffiraient à justifier notre refus
de
payer, nous aussi, notre part dans la défense de l’Europe. Je ne dis
4066
notre refus de payer, nous aussi, notre part dans
la
défense de l’Europe. Je ne dis pas que ces arguments ne sont plus val
4067
payer, nous aussi, notre part dans la défense de
l’
Europe. Je ne dis pas que ces arguments ne sont plus valables. Je dis
4068
qu’ils ne représentent plus une raison suffisante
de
s’abstenir, et d’autre part, qu’ils n’ont plus de force convaincante
4069
de s’abstenir, et d’autre part, qu’ils n’ont plus
de
force convaincante pour nos voisins, et, par suite, ne sont plus pour
4070
. Si maintenant et malgré tout nous affirmons que
la
Suisse a le devoir de rester neutre, ce ne peut donc être qu’au nom d
4071
ant et malgré tout nous affirmons que la Suisse a
le
devoir de rester neutre, ce ne peut donc être qu’au nom d’une réalité
4072
gré tout nous affirmons que la Suisse a le devoir
de
rester neutre, ce ne peut donc être qu’au nom d’une réalité qui ne se
4073
ent, mais spirituelle au premier chef : au nom de
la
mission de la Suisse dans la communauté européenne. Non, la neutralit
4074
pirituelle au premier chef : au nom de la mission
de
la Suisse dans la communauté européenne. Non, la neutralité de la Sui
4075
ituelle au premier chef : au nom de la mission de
la
Suisse dans la communauté européenne. Non, la neutralité de la Suisse
4076
ier chef : au nom de la mission de la Suisse dans
la
communauté européenne. Non, la neutralité de la Suisse ne saurait êtr
4077
de la Suisse dans la communauté européenne. Non,
la
neutralité de la Suisse ne saurait être un privilège : c’est une char
4078
dans la communauté européenne. Non, la neutralité
de
la Suisse ne saurait être un privilège : c’est une charge ! Et ce ser
4079
s la communauté européenne. Non, la neutralité de
la
Suisse ne saurait être un privilège : c’est une charge ! Et ce serait
4080
vilège : c’est une charge ! Et ce serait bien mal
la
défendre que de la défendre au nom de nos seuls intérêts helvétiques,
4081
ne charge ! Et ce serait bien mal la défendre que
de
la défendre au nom de nos seuls intérêts helvétiques, car elle ne peu
4082
charge ! Et ce serait bien mal la défendre que de
la
défendre au nom de nos seuls intérêts helvétiques, car elle ne peut e
4083
ar elle ne peut et ne doit subsister qu’au nom de
l’
intérêt de l’Europe entière. Seule, la mission positive de la Suisse r
4084
peut et ne doit subsister qu’au nom de l’intérêt
de
l’Europe entière. Seule, la mission positive de la Suisse rend un sen
4085
ut et ne doit subsister qu’au nom de l’intérêt de
l’
Europe entière. Seule, la mission positive de la Suisse rend un sens e
4086
u’au nom de l’intérêt de l’Europe entière. Seule,
la
mission positive de la Suisse rend un sens et un poids aux arguments
4087
t de l’Europe entière. Seule, la mission positive
de
la Suisse rend un sens et un poids aux arguments que nous jugions tou
4088
e l’Europe entière. Seule, la mission positive de
la
Suisse rend un sens et un poids aux arguments que nous jugions tout à
4089
et un poids aux arguments que nous jugions tout à
l’
heure insuffisants. Notre position géographique, par exemple, est un p
4090
éographique, par exemple, est un péril certain si
l’
on ne s’attache qu’à l’aspect matériel des choses. Mais elle devient u
4091
e, est un péril certain si l’on ne s’attache qu’à
l’
aspect matériel des choses. Mais elle devient un avantage dès qu’on la
4092
s choses. Mais elle devient un avantage dès qu’on
la
considère dans la perspective de notre mission médiatrice. De même, l
4093
e devient un avantage dès qu’on la considère dans
la
perspective de notre mission médiatrice. De même, la garantie légale
4094
antage dès qu’on la considère dans la perspective
de
notre mission médiatrice. De même, la garantie légale de notre neutra
4095
perspective de notre mission médiatrice. De même,
la
garantie légale de notre neutralité n’est qu’un chiffon de papier, si
4096
e mission médiatrice. De même, la garantie légale
de
notre neutralité n’est qu’un chiffon de papier, si l’on veut y voir s
4097
ie légale de notre neutralité n’est qu’un chiffon
de
papier, si l’on veut y voir simplement une garantie de nos privilèges
4098
otre neutralité n’est qu’un chiffon de papier, si
l’
on veut y voir simplement une garantie de nos privilèges. Mais elle de
4099
pier, si l’on veut y voir simplement une garantie
de
nos privilèges. Mais elle devient notre meilleure sûreté dès qu’on la
4100
ais elle devient notre meilleure sûreté dès qu’on
la
considère comme une mesure d’intérêt général en Europe. Rester neutre
4101
re sûreté dès qu’on la considère comme une mesure
d’
intérêt général en Europe. Rester neutres au nom d’un traité signé à V
4102
res au nom d’un traité signé à Vienne il y a plus
de
cent ans, soit ! Mais il ne faudrait pas retenir de ce traité uniquem
4103
cent ans, soit ! Mais il ne faudrait pas retenir
de
ce traité uniquement ce qui nous semblerait y garantir notre sécurité
4104
i nous semblerait y garantir notre sécurité ; car
le
texte dit autre chose, dit beaucoup plus : « Les Puissances signatair
4105
r le texte dit autre chose, dit beaucoup plus : «
Les
Puissances signataires de la déclaration du 20 mars 1815 reconnaissen
4106
dit beaucoup plus : « Les Puissances signataires
de
la déclaration du 20 mars 1815 reconnaissent authentiquement par le p
4107
t beaucoup plus : « Les Puissances signataires de
la
déclaration du 20 mars 1815 reconnaissent authentiquement par le prés
4108
du 20 mars 1815 reconnaissent authentiquement par
le
présent Acte que la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse, et so
4109
nnaissent authentiquement par le présent Acte que
la
neutralité et l’inviolabilité de la Suisse, et son indépendance de to
4110
iquement par le présent Acte que la neutralité et
l’
inviolabilité de la Suisse, et son indépendance de toute influence étr
4111
présent Acte que la neutralité et l’inviolabilité
de
la Suisse, et son indépendance de toute influence étrangère, sont dan
4112
sent Acte que la neutralité et l’inviolabilité de
la
Suisse, et son indépendance de toute influence étrangère, sont dans l
4113
l’inviolabilité de la Suisse, et son indépendance
de
toute influence étrangère, sont dans les vrais intérêts de la politiq
4114
épendance de toute influence étrangère, sont dans
les
vrais intérêts de la politique de L’Europe entière.32 » Et j’en arriv
4115
influence étrangère, sont dans les vrais intérêts
de
la politique de L’Europe entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre
4116
luence étrangère, sont dans les vrais intérêts de
la
politique de L’Europe entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre mêm
4117
ère, sont dans les vrais intérêts de la politique
de
L’Europe entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre même de tout ce
4118
, sont dans les vrais intérêts de la politique de
L’
Europe entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre même de tout ce que
4119
entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre même
de
tout ce que je voulais vous dire aujourd’hui : le seul moyen réel et
4120
de tout ce que je voulais vous dire aujourd’hui :
le
seul moyen réel et réaliste de conserver nos privilèges, c’est de les
4121
dire aujourd’hui : le seul moyen réel et réaliste
de
conserver nos privilèges, c’est de les considérer comme les charges,
4122
el et réaliste de conserver nos privilèges, c’est
de
les considérer comme les charges, dont nous sommes responsables vis-à
4123
et réaliste de conserver nos privilèges, c’est de
les
considérer comme les charges, dont nous sommes responsables vis-à-vis
4124
ver nos privilèges, c’est de les considérer comme
les
charges, dont nous sommes responsables vis-à-vis de la communauté eur
4125
arges, dont nous sommes responsables vis-à-vis de
la
communauté européenne. Je voudrais marquer d’une devise ce point cen
4126
de la communauté européenne. Je voudrais marquer
d’
une devise ce point central. Au Moyen âge la noblesse représentait une
4127
rquer d’une devise ce point central. Au Moyen âge
la
noblesse représentait une charge autant qu’un privilège, et même le p
4128
entait une charge autant qu’un privilège, et même
le
privilège était subordonné à la charge, il n’avait d’autre but que d’
4129
rivilège, et même le privilège était subordonné à
la
charge, il n’avait d’autre but que d’en faciliter l’exercice. C’est p
4130
rivilège était subordonné à la charge, il n’avait
d’
autre but que d’en faciliter l’exercice. C’est pourquoi l’on disait :
4131
ubordonné à la charge, il n’avait d’autre but que
d’
en faciliter l’exercice. C’est pourquoi l’on disait : Noblesse oblige.
4132
charge, il n’avait d’autre but que d’en faciliter
l’
exercice. C’est pourquoi l’on disait : Noblesse oblige. Disons-nous pa
4133
but que d’en faciliter l’exercice. C’est pourquoi
l’
on disait : Noblesse oblige. Disons-nous pareillement que tous nos pri
4134
ent que tous nos privilèges, même naturels, n’ont
d’
autre sens et d’autre raison d’être que de nous permettre d’accomplir
4135
privilèges, même naturels, n’ont d’autre sens et
d’
autre raison d’être que de nous permettre d’accomplir notre mission sp
4136
me naturels, n’ont d’autre sens et d’autre raison
d’
être que de nous permettre d’accomplir notre mission spéciale de Suiss
4137
, n’ont d’autre sens et d’autre raison d’être que
de
nous permettre d’accomplir notre mission spéciale de Suisses. Disons-
4138
ns et d’autre raison d’être que de nous permettre
d’
accomplir notre mission spéciale de Suisses. Disons-nous donc : beauté
4139
nous permettre d’accomplir notre mission spéciale
de
Suisses. Disons-nous donc : beauté du sol oblige, liberté oblige, neu
4140
, liberté oblige, neutralité oblige ! Vocation
de
la Suisse Mais il est temps que je définisse ce que j’appelle la m
4141
iberté oblige, neutralité oblige ! Vocation de
la
Suisse Mais il est temps que je définisse ce que j’appelle la miss
4142
is il est temps que je définisse ce que j’appelle
la
mission de la Suisse, ou mieux, d’un terme plus chrétien, sa vocation
4143
emps que je définisse ce que j’appelle la mission
de
la Suisse, ou mieux, d’un terme plus chrétien, sa vocation. C’est trè
4144
s que je définisse ce que j’appelle la mission de
la
Suisse, ou mieux, d’un terme plus chrétien, sa vocation. C’est très f
4145
que j’appelle la mission de la Suisse, ou mieux,
d’
un terme plus chrétien, sa vocation. C’est très facile à dire en quelq
4146
ation. C’est très facile à dire en quelques mots.
La
vocation actuelle et historique de la Suisse, c’est de défendre et d’
4147
quelques mots. La vocation actuelle et historique
de
la Suisse, c’est de défendre et d’illustrer aux yeux de l’Europe le p
4148
lques mots. La vocation actuelle et historique de
la
Suisse, c’est de défendre et d’illustrer aux yeux de l’Europe le prin
4149
cation actuelle et historique de la Suisse, c’est
de
défendre et d’illustrer aux yeux de l’Europe le principe du fédéralis
4150
et historique de la Suisse, c’est de défendre et
d’
illustrer aux yeux de l’Europe le principe du fédéralisme ; principe,
4151
sse, c’est de défendre et d’illustrer aux yeux de
l’
Europe le principe du fédéralisme ; principe, notons-le bien, radicale
4152
t de défendre et d’illustrer aux yeux de l’Europe
le
principe du fédéralisme ; principe, notons-le bien, radicalement cont
4153
ope le principe du fédéralisme ; principe, notons-
le
bien, radicalement contraire à tout système totalitaire, et seule bas
4154
ème totalitaire, et seule base possible et solide
de
la paix que nous espérons. C’est très facile à dire, et ce n’est pas
4155
totalitaire, et seule base possible et solide de
la
paix que nous espérons. C’est très facile à dire, et ce n’est pas trè
4156
dès qu’on veut prendre au sérieux cette vocation,
l’
on s’aperçoit que ce n’est pas si simple. On s’aperçoit aussi que ces
4157
ots, un peu usés, recouvrent des réalités lourdes
de
possibilités nouvelles. Que signifient ces mots : défendre et illustr
4158
. Que signifient ces mots : défendre et illustrer
le
principe du fédéralisme ? Le défendre, c’est d’abord nous défendre, c
4159
éfendre et illustrer le principe du fédéralisme ?
Le
défendre, c’est d’abord nous défendre, certes, mais c’est aussi le ré
4160
t d’abord nous défendre, certes, mais c’est aussi
le
répandre au-dehors, le prêcher à l’Europe, le propager, et préparer p
4161
, certes, mais c’est aussi le répandre au-dehors,
le
prêcher à l’Europe, le propager, et préparer par nos études, par nos
4162
s c’est aussi le répandre au-dehors, le prêcher à
l’
Europe, le propager, et préparer par nos études, par nos conseils, par
4163
ssi le répandre au-dehors, le prêcher à l’Europe,
le
propager, et préparer par nos études, par nos conseils, par nos initi
4164
nseils, par nos initiatives, par certaines prises
de
position peut-être, les bases de la fédération européenne. L’illustre
4165
ives, par certaines prises de position peut-être,
les
bases de la fédération européenne. L’illustrer, c’est le réaliser, ic
4166
certaines prises de position peut-être, les bases
de
la fédération européenne. L’illustrer, c’est le réaliser, ici et main
4167
taines prises de position peut-être, les bases de
la
fédération européenne. L’illustrer, c’est le réaliser, ici et mainten
4168
peut-être, les bases de la fédération européenne.
L’
illustrer, c’est le réaliser, ici et maintenant, et dans nos vies, à l
4169
s de la fédération européenne. L’illustrer, c’est
le
réaliser, ici et maintenant, et dans nos vies, à l’intérieur de nos f
4170
tières. C’est faire que notre Suisse ait vraiment
le
droit de s’offrir en exemple à l’Europe, sur le plan du fédéralisme.
4171
’est faire que notre Suisse ait vraiment le droit
de
s’offrir en exemple à l’Europe, sur le plan du fédéralisme. Ces deux
4172
se ait vraiment le droit de s’offrir en exemple à
l’
Europe, sur le plan du fédéralisme. Ces deux aspects de notre vocation
4173
ope, sur le plan du fédéralisme. Ces deux aspects
de
notre vocation me paraissent inséparables. Il faut répandre l’idée fé
4174
tion me paraissent inséparables. Il faut répandre
l’
idée fédéraliste, si nous voulons la sauvegarder, car on ne se défend
4175
faut répandre l’idée fédéraliste, si nous voulons
la
sauvegarder, car on ne se défend bien qu’en attaquant. Mais d’autre p
4176
re part on ne saurait attaquer avec succès que si
l’
on est sûr de ses armes, et solidement appuyé par l’arrière. Il en va
4177
saurait attaquer avec succès que si l’on est sûr
de
ses armes, et solidement appuyé par l’arrière. Il en va de même dans
4178
on est sûr de ses armes, et solidement appuyé par
l’
arrière. Il en va de même dans la vie spirituelle. Le seul moyen de ga
4179
ement appuyé par l’arrière. Il en va de même dans
la
vie spirituelle. Le seul moyen de garder sa foi, c’est de la prêcher.
4180
rrière. Il en va de même dans la vie spirituelle.
Le
seul moyen de garder sa foi, c’est de la prêcher. Il m’arrive même de
4181
va de même dans la vie spirituelle. Le seul moyen
de
garder sa foi, c’est de la prêcher. Il m’arrive même de penser qu’on
4182
pirituelle. Le seul moyen de garder sa foi, c’est
de
la prêcher. Il m’arrive même de penser qu’on ne croit vraiment que lo
4183
ituelle. Le seul moyen de garder sa foi, c’est de
la
prêcher. Il m’arrive même de penser qu’on ne croit vraiment que lorsq
4184
der sa foi, c’est de la prêcher. Il m’arrive même
de
penser qu’on ne croit vraiment que lorsque, devant d’autres, l’on tém
4185
n ne croit vraiment que lorsque, devant d’autres,
l’
on témoigne. Mais le meilleur témoignage, c’est l’action, la réalisati
4186
que lorsque, devant d’autres, l’on témoigne. Mais
le
meilleur témoignage, c’est l’action, la réalisation, l’illustration c
4187
l’on témoigne. Mais le meilleur témoignage, c’est
l’
action, la réalisation, l’illustration concrète de ce que l’on prêche.
4188
gne. Mais le meilleur témoignage, c’est l’action,
la
réalisation, l’illustration concrète de ce que l’on prêche. Ce n’est
4189
lleur témoignage, c’est l’action, la réalisation,
l’
illustration concrète de ce que l’on prêche. Ce n’est pas par hasard q
4190
l’action, la réalisation, l’illustration concrète
de
ce que l’on prêche. Ce n’est pas par hasard que j’emploie ici une com
4191
la réalisation, l’illustration concrète de ce que
l’
on prêche. Ce n’est pas par hasard que j’emploie ici une comparaison r
4192
pas sans raison non plus que j’ai voulu profiter
de
cette rencontre de jeunesse chrétienne pour vous parler de la vocatio
4193
n plus que j’ai voulu profiter de cette rencontre
de
jeunesse chrétienne pour vous parler de la vocation de la Suisse. Qui
4194
rencontre de jeunesse chrétienne pour vous parler
de
la vocation de la Suisse. Qui, en effet, mieux qu’un chrétien, mieux
4195
contre de jeunesse chrétienne pour vous parler de
la
vocation de la Suisse. Qui, en effet, mieux qu’un chrétien, mieux qu’
4196
unesse chrétienne pour vous parler de la vocation
de
la Suisse. Qui, en effet, mieux qu’un chrétien, mieux qu’un protestan
4197
sse chrétienne pour vous parler de la vocation de
la
Suisse. Qui, en effet, mieux qu’un chrétien, mieux qu’un protestant c
4198
ieux qu’un protestant calviniste, pourrait savoir
de
quoi l’on parle lorsqu’on parle de vocation ? Et à qui reviendraient,
4199
un protestant calviniste, pourrait savoir de quoi
l’
on parle lorsqu’on parle de vocation ? Et à qui reviendraient, en prem
4200
ourrait savoir de quoi l’on parle lorsqu’on parle
de
vocation ? Et à qui reviendraient, en premier lieu, le droit et le de
4201
cation ? Et à qui reviendraient, en premier lieu,
le
droit et le devoir de parler d’une vocation de la Suisse, si ce n’éta
4202
à qui reviendraient, en premier lieu, le droit et
le
devoir de parler d’une vocation de la Suisse, si ce n’était à nous, c
4203
endraient, en premier lieu, le droit et le devoir
de
parler d’une vocation de la Suisse, si ce n’était à nous, chrétiens s
4204
en premier lieu, le droit et le devoir de parler
d’
une vocation de la Suisse, si ce n’était à nous, chrétiens suisses ? C
4205
u, le droit et le devoir de parler d’une vocation
de
la Suisse, si ce n’était à nous, chrétiens suisses ? C’est pourquoi j
4206
le droit et le devoir de parler d’une vocation de
la
Suisse, si ce n’était à nous, chrétiens suisses ? C’est pourquoi je v
4207
rquoi je voudrais consacrer cette dernière partie
de
ma conférence à quelques remarques sur l’idée de vocation en général,
4208
partie de ma conférence à quelques remarques sur
l’
idée de vocation en général, et ensuite, sur les moyens de réaliser no
4209
de ma conférence à quelques remarques sur l’idée
de
vocation en général, et ensuite, sur les moyens de réaliser notre voc
4210
ur l’idée de vocation en général, et ensuite, sur
les
moyens de réaliser notre vocation chrétienne en tant que Suisses. Qua
4211
e vocation en général, et ensuite, sur les moyens
de
réaliser notre vocation chrétienne en tant que Suisses. Quand on parl
4212
on chrétienne en tant que Suisses. Quand on parle
d’
une vocation de la Suisse vis-à-vis de l’Europe, nombreux sont ceux qu
4213
n tant que Suisses. Quand on parle d’une vocation
de
la Suisse vis-à-vis de l’Europe, nombreux sont ceux qui crient à l’ut
4214
ant que Suisses. Quand on parle d’une vocation de
la
Suisse vis-à-vis de l’Europe, nombreux sont ceux qui crient à l’utopi
4215
on parle d’une vocation de la Suisse vis-à-vis de
l’
Europe, nombreux sont ceux qui crient à l’utopie. Eh bien, j’estime qu
4216
-vis de l’Europe, nombreux sont ceux qui crient à
l’
utopie. Eh bien, j’estime qu’un chrétien est l’homme qui doit savoir m
4217
à l’utopie. Eh bien, j’estime qu’un chrétien est
l’
homme qui doit savoir mieux que tout autre qu’une vocation est autre c
4218
e qu’une utopie. Beaucoup de gens s’imaginent que
les
petites raisons sont plus réalistes que les grandes. Beaucoup de gens
4219
t que les petites raisons sont plus réalistes que
les
grandes. Beaucoup de gens s’imaginent que les réalités matérielles et
4220
que les grandes. Beaucoup de gens s’imaginent que
les
réalités matérielles et pratiques sont plus sérieuses que les réalité
4221
matérielles et pratiques sont plus sérieuses que
les
réalités spirituelles, qu’ils traitent volontiers d’idéologies fumeus
4222
réalités spirituelles, qu’ils traitent volontiers
d’
idéologies fumeuses. Ces gens-là se trompent lourdement, et aujourd’hu
4223
lus qu’à toute autre époque. Car il est clair que
la
guerre actuelle est une guerre de doctrines et même de religions. Des
4224
l est clair que la guerre actuelle est une guerre
de
doctrines et même de religions. Des raisons spirituelles la dominent,
4225
erre actuelle est une guerre de doctrines et même
de
religions. Des raisons spirituelles la dominent, et il s’agit de les
4226
es et même de religions. Des raisons spirituelles
la
dominent, et il s’agit de les prendre au sérieux si l’on veut rester
4227
es raisons spirituelles la dominent, et il s’agit
de
les prendre au sérieux si l’on veut rester réaliste. Épargnés jusqu’i
4228
raisons spirituelles la dominent, et il s’agit de
les
prendre au sérieux si l’on veut rester réaliste. Épargnés jusqu’ici p
4229
minent, et il s’agit de les prendre au sérieux si
l’
on veut rester réaliste. Épargnés jusqu’ici par les bombardements, nou
4230
l’on veut rester réaliste. Épargnés jusqu’ici par
les
bombardements, nous sommes engagés comme les autres dans le conflit s
4231
par les bombardements, nous sommes engagés comme
les
autres dans le conflit spirituel. Chose étrange, sur ce plan-là, nous
4232
ements, nous sommes engagés comme les autres dans
le
conflit spirituel. Chose étrange, sur ce plan-là, nous combattons en
4233
battons en tant que neutres, justement ! Affirmer
la
mission de notre neutralité, voilà notre rôle stratégique dans cette
4234
tant que neutres, justement ! Affirmer la mission
de
notre neutralité, voilà notre rôle stratégique dans cette bataille de
4235
voilà notre rôle stratégique dans cette bataille
de
doctrines. Nous venons de le constater, à propos de la neutralité : c
4236
dans cette bataille de doctrines. Nous venons de
le
constater, à propos de la neutralité : ce sont les faits eux-mêmes qu
4237
ctrines. Nous venons de le constater, à propos de
la
neutralité : ce sont les faits eux-mêmes qui nous invitent à prendre
4238
le constater, à propos de la neutralité : ce sont
les
faits eux-mêmes qui nous invitent à prendre une attitude active vis-à
4239
vitent à prendre une attitude active vis-à-vis de
l’
Europe. Voilà ce qui distingue extérieurement une vocation d’une utopi
4240
oilà ce qui distingue extérieurement une vocation
d’
une utopie. Il ne suffit pas qu’une idée soit généreuse ou grande pour
4241
’une idée soit généreuse ou grande pour qu’on ait
le
droit d’y voir une vocation. Il faut encore qu’elle parte des possibi
4242
soit généreuse ou grande pour qu’on ait le droit
d’
y voir une vocation. Il faut encore qu’elle parte des possibilités con
4243
concrètes. Si par exemple un Suisse croyait avoir
la
vocation d’un dictateur ou d’un conquérant, d’un Hitler ou d’un Napol
4244
i par exemple un Suisse croyait avoir la vocation
d’
un dictateur ou d’un conquérant, d’un Hitler ou d’un Napoléon, on sera
4245
uisse croyait avoir la vocation d’un dictateur ou
d’
un conquérant, d’un Hitler ou d’un Napoléon, on serait en droit de lui
4246
ir la vocation d’un dictateur ou d’un conquérant,
d’
un Hitler ou d’un Napoléon, on serait en droit de lui dire : ta préten
4247
d’un dictateur ou d’un conquérant, d’un Hitler ou
d’
un Napoléon, on serait en droit de lui dire : ta prétendue vocation n’
4248
d’un Hitler ou d’un Napoléon, on serait en droit
de
lui dire : ta prétendue vocation n’est qu’une utopie, parce qu’elle n
4249
des données très solides. De par notre situation
de
fait, nous sommes, si je puis dire, pratiquement condamnés à l’idéali
4250
sommes, si je puis dire, pratiquement condamnés à
l’
idéalisme. Mais beaucoup de bons Suisses ne le voient pas de leurs yeu
4251
s à l’idéalisme. Mais beaucoup de bons Suisses ne
le
voient pas de leurs yeux, et par suite, ne veulent pas y croire. Ils
4252
e. Mais beaucoup de bons Suisses ne le voient pas
de
leurs yeux, et par suite, ne veulent pas y croire. Ils prétendent ten
4253
y croire. Ils prétendent tenir compte uniquement
de
ce qui est inscrit dans nos nécessités, dans notre situation géograph
4254
ses qui peuvent être vues et touchées, nos Alpes,
la
petitesse de notre territoire, et nos difficultés économiques, ils n’
4255
nt être vues et touchées, nos Alpes, la petitesse
de
notre territoire, et nos difficultés économiques, ils n’aperçoivent n
4256
ficultés économiques, ils n’aperçoivent nullement
l’
indication d’une vocation européenne de la Suisse. Dans un certain sen
4257
omiques, ils n’aperçoivent nullement l’indication
d’
une vocation européenne de la Suisse. Dans un certain sens, ils n’ont
4258
nullement l’indication d’une vocation européenne
de
la Suisse. Dans un certain sens, ils n’ont pas tort. Une vocation n’e
4259
llement l’indication d’une vocation européenne de
la
Suisse. Dans un certain sens, ils n’ont pas tort. Une vocation n’est
4260
Une vocation n’est jamais inscrite en clair dans
les
faits matériels. Il faut savoir l’y déchiffrer, et cela ne se peut qu
4261
en clair dans les faits matériels. Il faut savoir
l’
y déchiffrer, et cela ne se peut qu’avec les yeux de l’esprit. Tenir c
4262
savoir l’y déchiffrer, et cela ne se peut qu’avec
les
yeux de l’esprit. Tenir compte des faits ne suffit pas : il faut savo
4263
y déchiffrer, et cela ne se peut qu’avec les yeux
de
l’esprit. Tenir compte des faits ne suffit pas : il faut savoir leur
4264
échiffrer, et cela ne se peut qu’avec les yeux de
l’
esprit. Tenir compte des faits ne suffit pas : il faut savoir leur don
4265
donner un sens, leur ajouter un sens par un acte
de
l’esprit ; et y croire, par un acte de foi. Il n’en va pas autrement
4266
nner un sens, leur ajouter un sens par un acte de
l’
esprit ; et y croire, par un acte de foi. Il n’en va pas autrement dan
4267
ar un acte de l’esprit ; et y croire, par un acte
de
foi. Il n’en va pas autrement dans la vie du chrétien. Nous ne pouvon
4268
par un acte de foi. Il n’en va pas autrement dans
la
vie du chrétien. Nous ne pouvons jamais partir que de ce que nous som
4269
ie du chrétien. Nous ne pouvons jamais partir que
de
ce que nous sommes, c’est entendu, mais ce n’est pas une raison pour
4270
toujours un appel, un appel qui vient du dehors,
de
Quelqu’un d’autre, et qui nous force à sortir de nous-mêmes. Elle ne
4271
appel, un appel qui vient du dehors, de Quelqu’un
d’
autre, et qui nous force à sortir de nous-mêmes. Elle ne résulte pas m
4272
de Quelqu’un d’autre, et qui nous force à sortir
de
nous-mêmes. Elle ne résulte pas mécaniquement de notre situation de f
4273
de nous-mêmes. Elle ne résulte pas mécaniquement
de
notre situation de fait : elle s’y ajoute. Notre foi l’y ajoute. Pour
4274
e ne résulte pas mécaniquement de notre situation
de
fait : elle s’y ajoute. Notre foi l’y ajoute. Pourquoi un incroyant d
4275
re situation de fait : elle s’y ajoute. Notre foi
l’
y ajoute. Pourquoi un incroyant devient-il chrétien, et se met-il un b
4276
u de vivre pour lui-même ? C’est parce qu’il a lu
la
Bible par exemple, et que l’Esprit a parlé à travers elle, c’est donc
4277
est parce qu’il a lu la Bible par exemple, et que
l’
Esprit a parlé à travers elle, c’est donc en vertu de quelque chose qu
4278
elque chose qui vient d’ailleurs, qui ne vient ni
de
lui, ni de ses aptitudes, ni de son hérédité raciale, ni de son milie
4279
qui vient d’ailleurs, qui ne vient ni de lui, ni
de
ses aptitudes, ni de son hérédité raciale, ni de son milieu, et qui n
4280
, qui ne vient ni de lui, ni de ses aptitudes, ni
de
son hérédité raciale, ni de son milieu, et qui n’était nullement « in
4281
de ses aptitudes, ni de son hérédité raciale, ni
de
son milieu, et qui n’était nullement « inscrit » dans tous ces faits.
4282
aits. Que cela soit donc bien clairement établi :
l’
individu ou le pays qui se reconnaît une vocation chrétienne doit sans
4283
soit donc bien clairement établi : l’individu ou
le
pays qui se reconnaît une vocation chrétienne doit sans nul doute par
4284
te partir des faits — sous peine de divaguer dans
l’
utopie — mais il doit en partir justement, aller au-delà, et dans un s
4285
, et dans un sens qui ne peut être révélé que par
la
foi. Maintenant donc, il s’agit pour nous tous de reconnaître la voca
4286
la foi. Maintenant donc, il s’agit pour nous tous
de
reconnaître la vocation suisse, d’en revêtir la charge, d’en être les
4287
ant donc, il s’agit pour nous tous de reconnaître
la
vocation suisse, d’en revêtir la charge, d’en être les porteurs. Prem
4288
pour nous tous de reconnaître la vocation suisse,
d’
en revêtir la charge, d’en être les porteurs. Premièrement en la défen
4289
s de reconnaître la vocation suisse, d’en revêtir
la
charge, d’en être les porteurs. Premièrement en la défendant, deuxièm
4290
aître la vocation suisse, d’en revêtir la charge,
d’
en être les porteurs. Premièrement en la défendant, deuxièmement en l’
4291
ocation suisse, d’en revêtir la charge, d’en être
les
porteurs. Premièrement en la défendant, deuxièmement en l’illustrant,
4292
a charge, d’en être les porteurs. Premièrement en
la
défendant, deuxièmement en l’illustrant, et troisièmement en faisant
4293
rs. Premièrement en la défendant, deuxièmement en
l’
illustrant, et troisièmement en faisant tout cela comme des chrétiens.
4294
omme des chrétiens. 1. Travaillons tout d’abord à
la
défendre, c’est-à-dire à la faire connaître autour de nous et en deho
4295
illons tout d’abord à la défendre, c’est-à-dire à
la
faire connaître autour de nous et en dehors de nos frontières. Si que
4296
oyens il pourrait y contribuer, je lui demanderai
d’
aider au moins ceux qui se trouveraient mieux placés dans ce combat, e
4297
i se trouveraient mieux placés dans ce combat, et
d’
être prêt à leur porter main-forte, cas échéant. Car tout revient, dan
4298
Car tout revient, dans ce domaine, à une question
d’
état d’esprit et de préparation morale. Ce qu’il s’agit de créer, avan
4299
ans ce domaine, à une question d’état d’esprit et
de
préparation morale. Ce qu’il s’agit de créer, avant tout, c’est une d
4300
’esprit et de préparation morale. Ce qu’il s’agit
de
créer, avant tout, c’est une disposition du sentiment public favorabl
4301
s entreprises éventuelles, qu’il serait imprudent
de
préciser trop vite, mais qui naîtront sans aucun doute, ici ou là, da
4302
is qui naîtront sans aucun doute, ici ou là, dans
la
mesure où nous les attendrons, où nous les appellerons, où nous les c
4303
ns aucun doute, ici ou là, dans la mesure où nous
les
attendrons, où nous les appellerons, où nous les croirons justes et n
4304
à, dans la mesure où nous les attendrons, où nous
les
appellerons, où nous les croirons justes et nécessaires. Mais il est
4305
les attendrons, où nous les appellerons, où nous
les
croirons justes et nécessaires. Mais il est temps que j’apporte une c
4306
actement un complément à ma précédente définition
de
la vocation. Je viens de vous dire qu’il serait prématuré de préciser
4307
ement un complément à ma précédente définition de
la
vocation. Je viens de vous dire qu’il serait prématuré de préciser dè
4308
ion. Je viens de vous dire qu’il serait prématuré
de
préciser dès maintenant le plan d’une entreprise fédéraliste européen
4309
qu’il serait prématuré de préciser dès maintenant
le
plan d’une entreprise fédéraliste européenne, sur l’initiative de la
4310
rait prématuré de préciser dès maintenant le plan
d’
une entreprise fédéraliste européenne, sur l’initiative de la Suisse.
4311
plan d’une entreprise fédéraliste européenne, sur
l’
initiative de la Suisse. Or on pourrait me faire remarquer qu’une voca
4312
treprise fédéraliste européenne, sur l’initiative
de
la Suisse. Or on pourrait me faire remarquer qu’une vocation est touj
4313
prise fédéraliste européenne, sur l’initiative de
la
Suisse. Or on pourrait me faire remarquer qu’une vocation est toujour
4314
uer qu’une vocation est toujours un appel précis.
Le
type même de la vocation, c’est l’appel aux Prophètes dans l’Ancien T
4315
cation est toujours un appel précis. Le type même
de
la vocation, c’est l’appel aux Prophètes dans l’Ancien Testament. Die
4316
ion est toujours un appel précis. Le type même de
la
vocation, c’est l’appel aux Prophètes dans l’Ancien Testament. Dieu l
4317
appel précis. Le type même de la vocation, c’est
l’
appel aux Prophètes dans l’Ancien Testament. Dieu leur donne toujours
4318
de la vocation, c’est l’appel aux Prophètes dans
l’
Ancien Testament. Dieu leur donne toujours une tâche déterminée et imm
4319
éjà nous habituer à voir plus grand sans décoller
de
la réalité, à voir plus grand pour rester dans le réel ; nous habitue
4320
nous habituer à voir plus grand sans décoller de
la
réalité, à voir plus grand pour rester dans le réel ; nous habituer à
4321
de la réalité, à voir plus grand pour rester dans
le
réel ; nous habituer à l’idée de faire un jour quelque chose de grand
4322
grand pour rester dans le réel ; nous habituer à
l’
idée de faire un jour quelque chose de grand pour l’Europe. Peut-être
4323
pour rester dans le réel ; nous habituer à l’idée
de
faire un jour quelque chose de grand pour l’Europe. Peut-être est-il
4324
habituer à l’idée de faire un jour quelque chose
de
grand pour l’Europe. Peut-être est-il encore trop tôt pour mobiliser
4325
idée de faire un jour quelque chose de grand pour
l’
Europe. Peut-être est-il encore trop tôt pour mobiliser l’opinion en f
4326
. Peut-être est-il encore trop tôt pour mobiliser
l’
opinion en faveur d’une action de la Suisse auprès de ses voisins en g
4327
t pour mobiliser l’opinion en faveur d’une action
de
la Suisse auprès de ses voisins en guerre. Peut-être n’y a-t-il rien
4328
our mobiliser l’opinion en faveur d’une action de
la
Suisse auprès de ses voisins en guerre. Peut-être n’y a-t-il rien à f
4329
spirituelle que je réclame, c’est plutôt une mise
de
piquet. Soyons prêts à répondre à tout appel, même balbutiant, qui se
4330
ntendre. Préparons-nous à dire très haut, dès que
l’
occasion s’en montrera, ce que nous aurons à dire à nos voisins, forts
4331
urons à dire à nos voisins, forts que nous sommes
d’
une expérience fédéraliste de six siècles. Et surtout, ne dénigrons pa
4332
orts que nous sommes d’une expérience fédéraliste
de
six siècles. Et surtout, ne dénigrons pas les tentatives qui se ferai
4333
iste de six siècles. Et surtout, ne dénigrons pas
les
tentatives qui se feraient jour dans ce sens comme nous avons trop so
4334
ans ce sens comme nous avons trop souvent dénigré
l’
essai de Société des Nations. Essayons au contraire de les améliorer,
4335
ens comme nous avons trop souvent dénigré l’essai
de
Société des Nations. Essayons au contraire de les améliorer, si nous
4336
de Société des Nations. Essayons au contraire de
les
améliorer, si nous les jugeons maladroites ou mal fondées. Travaillon
4337
. Essayons au contraire de les améliorer, si nous
les
jugeons maladroites ou mal fondées. Travaillons aussi, c’est le deuxi
4338
nt, à illustrer notre fédéralisme, c’est-à-dire à
le
réaliser d’une manière qui le rende exemplaire au sens littéral de ce
4339
rer notre fédéralisme, c’est-à-dire à le réaliser
d’
une manière qui le rende exemplaire au sens littéral de ce mot. Profit
4340
sme, c’est-à-dire à le réaliser d’une manière qui
le
rende exemplaire au sens littéral de ce mot. Profitons de notre paix
4341
manière qui le rende exemplaire au sens littéral
de
ce mot. Profitons de notre paix matérielle pour le parfaire et pour l
4342
exemplaire au sens littéral de ce mot. Profitons
de
notre paix matérielle pour le parfaire et pour l’approfondir jusque d
4343
e ce mot. Profitons de notre paix matérielle pour
le
parfaire et pour l’approfondir jusque dans le détail de nos vies, en
4344
de notre paix matérielle pour le parfaire et pour
l’
approfondir jusque dans le détail de nos vies, en sorte que cette rédu
4345
our le parfaire et pour l’approfondir jusque dans
le
détail de nos vies, en sorte que cette réduction d’Europe fédérée, qu
4346
faire et pour l’approfondir jusque dans le détail
de
nos vies, en sorte que cette réduction d’Europe fédérée, qu’est la Su
4347
détail de nos vies, en sorte que cette réduction
d’
Europe fédérée, qu’est la Suisse, soit au moins de l’ouvrage bien fait
4348
orte que cette réduction d’Europe fédérée, qu’est
la
Suisse, soit au moins de l’ouvrage bien faite, digne d’être exposée,
4349
d’Europe fédérée, qu’est la Suisse, soit au moins
de
l’ouvrage bien faite, digne d’être exposée, et en bonne place, comme
4350
urope fédérée, qu’est la Suisse, soit au moins de
l’
ouvrage bien faite, digne d’être exposée, et en bonne place, comme un
4351
sse, soit au moins de l’ouvrage bien faite, digne
d’
être exposée, et en bonne place, comme un modèle valable pour l’Europe
4352
, et en bonne place, comme un modèle valable pour
l’
Europe de demain. Voilà un travail immédiat. Nul besoin, cette fois-ci
4353
onne place, comme un modèle valable pour l’Europe
de
demain. Voilà un travail immédiat. Nul besoin, cette fois-ci, d’atten
4354
à un travail immédiat. Nul besoin, cette fois-ci,
d’
attendre que la paix s’approche pour s’y mettre. Notre vocation intéri
4355
médiat. Nul besoin, cette fois-ci, d’attendre que
la
paix s’approche pour s’y mettre. Notre vocation intérieure est pour l
4356
ur s’y mettre. Notre vocation intérieure est pour
le
moment plus précise que notre vocation européenne ; mais je vous l’ai
4357
cise que notre vocation européenne ; mais je vous
l’
ai dit : l’une suppose l’autre et la soutient. Je laisserai de côté, c
4358
mais je vous l’ai dit : l’une suppose l’autre et
la
soutient. Je laisserai de côté, ce matin, l’aspect politique au sens
4359
’une suppose l’autre et la soutient. Je laisserai
de
côté, ce matin, l’aspect politique au sens étroit du problème. J’esti
4360
e et la soutient. Je laisserai de côté, ce matin,
l’
aspect politique au sens étroit du problème. J’estime que le fédéralis
4361
olitique au sens étroit du problème. J’estime que
le
fédéralisme est tout d’abord une réalité morale, et même spirituelle.
4362
e. Et c’est sur ce plan décisif, qu’il nous reste
le
plus à faire. Il nous reste, par exemple, à découvrir toute notre his
4363
erses, si curieusement défigurées et affadies par
les
manuels. Il nous reste à connaître vraiment nos confédérés suisses al
4364
savent souvent tellement mieux que nous ce qu’est
la
Suisse. Il nous reste surtout à développer en profondeur ce que j’app
4365
ut à développer en profondeur ce que j’appellerai
le
sens fédéraliste intime, sens qui suppose toute une morale, et qui, n
4366
sens qui suppose toute une morale, et qui, notez-
le
bien, s’en va rejoindre, dans le plan du spirituel, toute l’espérance
4367
e, et qui, notez-le bien, s’en va rejoindre, dans
le
plan du spirituel, toute l’espérance œcuménique. Connaître le voisin
4368
en va rejoindre, dans le plan du spirituel, toute
l’
espérance œcuménique. Connaître le voisin de langue ou de confession d
4369
pirituel, toute l’espérance œcuménique. Connaître
le
voisin de langue ou de confession différente ; lui reconnaître le dro
4370
toute l’espérance œcuménique. Connaître le voisin
de
langue ou de confession différente ; lui reconnaître le droit de diff
4371
ance œcuménique. Connaître le voisin de langue ou
de
confession différente ; lui reconnaître le droit de différer de nous
4372
gue ou de confession différente ; lui reconnaître
le
droit de différer de nous ; le comprendre jusqu’à la limite du possib
4373
confession différente ; lui reconnaître le droit
de
différer de nous ; le comprendre jusqu’à la limite du possible comme
4374
différente ; lui reconnaître le droit de différer
de
nous ; le comprendre jusqu’à la limite du possible comme il se compre
4375
; lui reconnaître le droit de différer de nous ;
le
comprendre jusqu’à la limite du possible comme il se comprend lui-mêm
4376
droit de différer de nous ; le comprendre jusqu’à
la
limite du possible comme il se comprend lui-même ; ne point recherche
4377
mme il se comprend lui-même ; ne point rechercher
l’
union dans le compromis, mais dans cette clarté rigoureuse que répand
4378
prend lui-même ; ne point rechercher l’union dans
le
compromis, mais dans cette clarté rigoureuse que répand seule la véri
4379
ais dans cette clarté rigoureuse que répand seule
la
véritable charité ; c’est toute l’éthique fédéraliste, et c’est aussi
4380
e répand seule la véritable charité ; c’est toute
l’
éthique fédéraliste, et c’est aussi tout l’idéal œcuménique, que nos É
4381
toute l’éthique fédéraliste, et c’est aussi tout
l’
idéal œcuménique, que nos Églises devraient soutenir, précisément, au
4382
nt soutenir, précisément, au nom de leur vocation
d’
Églises suisses. Ceci m’amène à mon troisième et dernier point. C’est
4383
travailler à cette défense, à cette illustration
de
l’idée suisse. Je m’explique. Le chrétien a le devoir d’agir, d’agir
4384
availler à cette défense, à cette illustration de
l’
idée suisse. Je m’explique. Le chrétien a le devoir d’agir, d’agir dan
4385
tte illustration de l’idée suisse. Je m’explique.
Le
chrétien a le devoir d’agir, d’agir dans le monde et pour le monde, d
4386
on de l’idée suisse. Je m’explique. Le chrétien a
le
devoir d’agir, d’agir dans le monde et pour le monde, dans la cité où
4387
ée suisse. Je m’explique. Le chrétien a le devoir
d’
agir, d’agir dans le monde et pour le monde, dans la cité où il est né
4388
e. Je m’explique. Le chrétien a le devoir d’agir,
d’
agir dans le monde et pour le monde, dans la cité où il est né, et pou
4389
ique. Le chrétien a le devoir d’agir, d’agir dans
le
monde et pour le monde, dans la cité où il est né, et pour son bien.
4390
a le devoir d’agir, d’agir dans le monde et pour
le
monde, dans la cité où il est né, et pour son bien. Il n’a pas le dro
4391
agir, d’agir dans le monde et pour le monde, dans
la
cité où il est né, et pour son bien. Il n’a pas le droit de s’en dési
4392
a cité où il est né, et pour son bien. Il n’a pas
le
droit de s’en désintéresser, et de laisser les autres s’égarer, quitt
4393
il est né, et pour son bien. Il n’a pas le droit
de
s’en désintéresser, et de laisser les autres s’égarer, quitte à les d
4394
en. Il n’a pas le droit de s’en désintéresser, et
de
laisser les autres s’égarer, quitte à les dénoncer ensuite pathétique
4395
pas le droit de s’en désintéresser, et de laisser
les
autres s’égarer, quitte à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut
4396
sser, et de laisser les autres s’égarer, quitte à
les
dénoncer ensuite pathétiquement du haut de la chaire ! Or l’action d’
4397
tte à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut
de
la chaire ! Or l’action d’un chrétien, placé par sa naissance dans la
4398
à les dénoncer ensuite pathétiquement du haut de
la
chaire ! Or l’action d’un chrétien, placé par sa naissance dans la co
4399
ensuite pathétiquement du haut de la chaire ! Or
l’
action d’un chrétien, placé par sa naissance dans la communauté des Su
4400
pathétiquement du haut de la chaire ! Or l’action
d’
un chrétien, placé par sa naissance dans la communauté des Suisses, do
4401
action d’un chrétien, placé par sa naissance dans
la
communauté des Suisses, doit naturellement s’insérer dans les données
4402
té des Suisses, doit naturellement s’insérer dans
les
données de fait qui sont celles du pays, qui sont communes à tous les
4403
es, doit naturellement s’insérer dans les données
de
fait qui sont celles du pays, qui sont communes à tous les citoyens.
4404
qui sont celles du pays, qui sont communes à tous
les
citoyens. Mais la mission spéciale du citoyen chrétien, ce sera de dé
4405
pays, qui sont communes à tous les citoyens. Mais
la
mission spéciale du citoyen chrétien, ce sera de dégager de ces donné
4406
la mission spéciale du citoyen chrétien, ce sera
de
dégager de ces données communes un sens spirituel, une vocation. Car
4407
spéciale du citoyen chrétien, ce sera de dégager
de
ces données communes un sens spirituel, une vocation. Car le chrétien
4408
ées communes un sens spirituel, une vocation. Car
le
chrétien est, si l’ose dire, un spécialiste de la vocation. Cette act
4409
spirituel, une vocation. Car le chrétien est, si
l’
ose dire, un spécialiste de la vocation. Cette action particulière du
4410
ar le chrétien est, si l’ose dire, un spécialiste
de
la vocation. Cette action particulière du citoyen chrétien sera dans
4411
le chrétien est, si l’ose dire, un spécialiste de
la
vocation. Cette action particulière du citoyen chrétien sera dans l’i
4412
action particulière du citoyen chrétien sera dans
l’
intérêt de la Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à la f
4413
ticulière du citoyen chrétien sera dans l’intérêt
de
la Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à la foi. J’insi
4414
ulière du citoyen chrétien sera dans l’intérêt de
la
Suisse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à la foi. J’insiste
4415
isse, certes. Mais elle sera d’abord obéissance à
la
foi. J’insiste sur ce point, qui est capital. Nous ne devons pas être
4416
e que nous sommes Suisses, mais nous devons être
de
bons Suisses parce que nous sommes chrétiens d’abord. Je tiens à diss
4417
à dissiper ici toute équivoque. Il ne manque pas
de
gens, chez nous, pour dire qu’un bon citoyen suisse a le devoir d’êtr
4418
, chez nous, pour dire qu’un bon citoyen suisse a
le
devoir d’être chrétien, comme si ce devoir était la conséquence oblig
4419
s, pour dire qu’un bon citoyen suisse a le devoir
d’
être chrétien, comme si ce devoir était la conséquence obligatoire d’u
4420
devoir d’être chrétien, comme si ce devoir était
la
conséquence obligatoire d’un très ardent patriotisme. Si certains n’h
4421
mme si ce devoir était la conséquence obligatoire
d’
un très ardent patriotisme. Si certains n’hésitent pas, dans leurs dis
4422
s n’hésitent pas, dans leurs discours, à invoquer
le
Dieu de nos pères, il semble parfois que c’est moins parce qu’ils cro
4423
tent pas, dans leurs discours, à invoquer le Dieu
de
nos pères, il semble parfois que c’est moins parce qu’ils croient le
4424
mble parfois que c’est moins parce qu’ils croient
le
christianisme vrai, que parce qu’ils le croient utile au bon moral de
4425
s croient le christianisme vrai, que parce qu’ils
le
croient utile au bon moral de la nation, voire à la discipline des tr
4426
i, que parce qu’ils le croient utile au bon moral
de
la nation, voire à la discipline des troupes. Ces gens-là, vous les r
4427
que parce qu’ils le croient utile au bon moral de
la
nation, voire à la discipline des troupes. Ces gens-là, vous les reco
4428
croient utile au bon moral de la nation, voire à
la
discipline des troupes. Ces gens-là, vous les reconnaîtrez infaillibl
4429
re à la discipline des troupes. Ces gens-là, vous
les
reconnaîtrez infailliblement à ces quelques traits : ils ont une conc
4430
nt à ces quelques traits : ils ont une conception
de
la « religion » plutôt déiste qu’évangélique ; ils prônent un moralis
4431
à ces quelques traits : ils ont une conception de
la
« religion » plutôt déiste qu’évangélique ; ils prônent un moralisme
4432
t bourgeois que charitable ; et ils ont une façon
d’
exalter la croix blanche de notre drapeau qui rappelle davantage le Go
4433
s que charitable ; et ils ont une façon d’exalter
la
croix blanche de notre drapeau qui rappelle davantage le Gott mit uns
4434
ue charitable ; et ils ont une façon d’exalter la
croix
blanche de notre drapeau qui rappelle davantage le Gott mit uns de Gu
4435
; et ils ont une façon d’exalter la croix blanche
de
notre drapeau qui rappelle davantage le Gott mit uns de Guillaume II
4436
x blanche de notre drapeau qui rappelle davantage
le
Gott mit uns de Guillaume II que le « Dieu premier servi » de Jeanne
4437
re drapeau qui rappelle davantage le Gott mit uns
de
Guillaume II que le « Dieu premier servi » de Jeanne d’Arc. Bref, l’i
4438
lle davantage le Gott mit uns de Guillaume II que
le
« Dieu premier servi » de Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’ils porten
4439
uns de Guillaume II que le « Dieu premier servi »
de
Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’ils portent à la religion paraît sub
4440
le « Dieu premier servi » de Jeanne d’Arc. Bref,
l’
intérêt qu’ils portent à la religion paraît subordonné à celui qu’ils
4441
de Jeanne d’Arc. Bref, l’intérêt qu’ils portent à
la
religion paraît subordonné à celui qu’ils portent à l’État suisse. Or
4442
ligion paraît subordonné à celui qu’ils portent à
l’
État suisse. Or nous devons croire exactement le contraire, je le répè
4443
à l’État suisse. Or nous devons croire exactement
le
contraire, je le répète : nous devons être de bons Suisses parce que
4444
Or nous devons croire exactement le contraire, je
le
répète : nous devons être de bons Suisses parce que nous sommes chrét
4445
ent le contraire, je le répète : nous devons être
de
bons Suisses parce que nous sommes chrétiens d’abord. Gardons-nous du
4446
parler, j’opposerai cette déclaration prophétique
d’
un homme dont la pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre
4447
rai cette déclaration prophétique d’un homme dont
la
pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre Vinet. « Veuille
4448
en voulez pas pour vous, mais seulement pour tout
le
monde, faites-nous la grâce de n’en point vouloir. » Car « la société
4449
s, mais seulement pour tout le monde, faites-nous
la
grâce de n’en point vouloir. » Car « la société qui veut m’ôter ma re
4450
eulement pour tout le monde, faites-nous la grâce
de
n’en point vouloir. » Car « la société qui veut m’ôter ma religion m’
4451
ites-nous la grâce de n’en point vouloir. » Car «
la
société qui veut m’ôter ma religion m’effraie bien moins que celle qu
4452
vous, à vrai dire, qu’une seule idée : c’est que
la
Suisse que nous devons défendre n’est pas la Suisse des manuels, des
4453
que la Suisse que nous devons défendre n’est pas
la
Suisse des manuels, des cartes postales, des discours de tirs fédérau
4454
se des manuels, des cartes postales, des discours
de
tirs fédéraux ; n’est pas la Suisse qui se vante de ses beautés, de s
4455
stales, des discours de tirs fédéraux ; n’est pas
la
Suisse qui se vante de ses beautés, de ses libertés et de sa neutrali
4456
tirs fédéraux ; n’est pas la Suisse qui se vante
de
ses beautés, de ses libertés et de sa neutralité, mais bien la Suisse
4457
n’est pas la Suisse qui se vante de ses beautés,
de
ses libertés et de sa neutralité, mais bien la Suisse qui sait reconn
4458
e qui se vante de ses beautés, de ses libertés et
de
sa neutralité, mais bien la Suisse qui sait reconnaître dans ces priv
4459
s, de ses libertés et de sa neutralité, mais bien
la
Suisse qui sait reconnaître dans ces privilèges les signes d’une miss
4460
a Suisse qui sait reconnaître dans ces privilèges
les
signes d’une mission dont elle est responsable. Une seule idée… Mais
4461
i sait reconnaître dans ces privilèges les signes
d’
une mission dont elle est responsable. Une seule idée… Mais si nous l’
4462
lle est responsable. Une seule idée… Mais si nous
l’
acceptons avec courage et avec joie, je suis certain que la plupart de
4463
butant perdront leur légitimité. Si nous refusons
de
considérer le fait d’être Suisses comme une espèce de « filon », dans
4464
t leur légitimité. Si nous refusons de considérer
le
fait d’être Suisses comme une espèce de « filon », dans notre Europe
4465
égitimité. Si nous refusons de considérer le fait
d’
être Suisses comme une espèce de « filon », dans notre Europe déchirée
4466
onsidérer le fait d’être Suisses comme une espèce
de
« filon », dans notre Europe déchirée, si nous le considérons tout au
4467
de « filon », dans notre Europe déchirée, si nous
le
considérons tout au contraire comme une « mission spéciale », nous ap
4468
ssion spéciale », nous apprendrons à voir au-delà
de
nous-mêmes et par suite à penser plus librement, et avec plus de géné
4469
t par suite à penser plus librement, et avec plus
de
générosité. Et alors nous serons en état de mesurer la vraie grandeur
4470
plus de générosité. Et alors nous serons en état
de
mesurer la vraie grandeur des événements actuels, la vraie grandeur d
4471
nérosité. Et alors nous serons en état de mesurer
la
vraie grandeur des événements actuels, la vraie grandeur du rôle qui
4472
mesurer la vraie grandeur des événements actuels,
la
vraie grandeur du rôle qui peut y être le nôtre. Et parce que nous se
4473
e nôtre. Et parce que nous serons plus conscients
de
ce que nous avons à donner, nous serons mieux armés pour défendre la
4474
s à donner, nous serons mieux armés pour défendre
la
Suisse où Dieu nous veut à son service. 31. Conférence prononcée l
4475
s veut à son service. 31. Conférence prononcée
le
28 janvier 1940 au camp de Tavannes des UCJG. 32. Cette phrase prend
4476
. Conférence prononcée le 28 janvier 1940 au camp
de
Tavannes des UCJG. 32. Cette phrase prend toute son importance histo
4477
e phrase prend toute son importance historique si
l’
on se rappelle que les Waldstätten, déjà, furent libérés de tout vasse
4478
son importance historique si l’on se rappelle que
les
Waldstätten, déjà, furent libérés de tout vasselage dans l’intérêt du
4479
appelle que les Waldstätten, déjà, furent libérés
de
tout vasselage dans l’intérêt du Saint-Empire, et non point parce que
4480
tten, déjà, furent libérés de tout vasselage dans
l’
intérêt du Saint-Empire, et non point parce que l’empereur tenait à le
4481
l’intérêt du Saint-Empire, et non point parce que
l’
empereur tenait à leur faire un petit plaisir ! Ainsi le fondement mêm
4482
reur tenait à leur faire un petit plaisir ! Ainsi
le
fondement même de la Confédération est sa mission européenne. 33. En
4483
faire un petit plaisir ! Ainsi le fondement même
de
la Confédération est sa mission européenne. 33. En Russie, évidemmen
4484
ire un petit plaisir ! Ainsi le fondement même de
la
Confédération est sa mission européenne. 33. En Russie, évidemment,
4485
Esquisses
d’
une politique fédéraliste Il se peut que le fédéralisme n’ait été à
4486
sses d’une politique fédéraliste Il se peut que
le
fédéralisme n’ait été à son origine qu’une nécessité naturelle. Il se
4487
t qu’une praxis ne peut rayonner et créer qu’avec
l’
appui d’une theoria, à partir d’un certain moment. Ce moment est venu.
4488
praxis ne peut rayonner et créer qu’avec l’appui
d’
une theoria, à partir d’un certain moment. Ce moment est venu. Nous y
4489
et créer qu’avec l’appui d’une theoria, à partir
d’
un certain moment. Ce moment est venu. Nous y sommes. Dans la révoluti
4490
n moment. Ce moment est venu. Nous y sommes. Dans
la
révolution du xxe siècle, ceux qui se taisent n’ont peut-être pas to
4491
être pas tort, mais ils sont certainement battus.
L’
« arme secrète » dont on parle souvent, c’est simplement la propagande
4492
secrète » dont on parle souvent, c’est simplement
la
propagande. Toute propagande est efficace, voilà le principe tactique
4493
propagande. Toute propagande est efficace, voilà
le
principe tactique fondamental de notre siècle. Si aucune contre-propa
4494
efficace, voilà le principe tactique fondamental
de
notre siècle. Si aucune contre-propagande n’entre en action pour la n
4495
i aucune contre-propagande n’entre en action pour
la
neutraliser, toute propagande obtient un certain rendement, qui varie
4496
t un certain rendement, qui varie entre 5 % (dans
les
pays d’opinion « libre ») et 98 ½ % (dans d’autres pays). Il y a don
4497
ain rendement, qui varie entre 5 % (dans les pays
d’
opinion « libre ») et 98 ½ % (dans d’autres pays). Il y a donc aujour
4498
ans d’autres pays). Il y a donc aujourd’hui pour
le
fédéralisme une nécessité de s’exprimer, quand ce ne serait que pour
4499
onc aujourd’hui pour le fédéralisme une nécessité
de
s’exprimer, quand ce ne serait que pour se défendre. Mais en même tem
4500
e. Mais en même temps, une possibilité se révèle,
d’
élargissement européen ; un appel, voire une exigence, qui nous fait u
4501
ppel, voire une exigence, qui nous fait un devoir
d’
attaquer au niveau des idées et des doctrines. Mais afin de nous mettr
4502
des doctrines. Mais afin de nous mettre en mesure
de
« prêcher » le fédéralisme, il nous faut savoir d’où il vient ; savoi
4503
Mais afin de nous mettre en mesure de « prêcher »
le
fédéralisme, il nous faut savoir d’où il vient ; savoir aussi à quoi
4504
e « prêcher » le fédéralisme, il nous faut savoir
d’
où il vient ; savoir aussi à quoi il tend ; et prouver la réalité de c
4505
vient ; savoir aussi à quoi il tend ; et prouver
la
réalité de ce savoir par une existence exemplaire. Je ne puis parler
4506
voir aussi à quoi il tend ; et prouver la réalité
de
ce savoir par une existence exemplaire. Je ne puis parler ici que des
4507
ers points. Du troisième, que dirais-je ? Il faut
le
vivre. ID’où vient le fédéralisme ? Dans le temps, dans le monde
4508
, que dirais-je ? Il faut le vivre. ID’où vient
le
fédéralisme ? Dans le temps, dans le monde du péché, tout commence
4509
le vivre. ID’où vient le fédéralisme ? Dans
le
temps, dans le monde du péché, tout commence par la nécessité, et ten
4510
’où vient le fédéralisme ? Dans le temps, dans
le
monde du péché, tout commence par la nécessité, et tend à nous y enfe
4511
temps, dans le monde du péché, tout commence par
la
nécessité, et tend à nous y enfermer. Dans le monde de l’esprit, tout
4512
par la nécessité, et tend à nous y enfermer. Dans
le
monde de l’esprit, tout s’ouvre et se libère, devient grâce et devien
4513
cessité, et tend à nous y enfermer. Dans le monde
de
l’esprit, tout s’ouvre et se libère, devient grâce et devient nouveau
4514
sité, et tend à nous y enfermer. Dans le monde de
l’
esprit, tout s’ouvre et se libère, devient grâce et devient nouveauté.
4515
et se libère, devient grâce et devient nouveauté.
L’
action réelle, c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la
4516
râce et devient nouveauté. L’action réelle, c’est
de
passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul
4517
veauté. L’action réelle, c’est de passer du monde
de
la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul nous rend humains e
4518
uté. L’action réelle, c’est de passer du monde de
la
nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul nous rend humains et n
4519
c’est de passer du monde de la nécessité à celui
de
la liberté. Cet acte seul nous rend humains et nous maintient à haute
4520
est de passer du monde de la nécessité à celui de
la
liberté. Cet acte seul nous rend humains et nous maintient à hauteur
4521
eul nous rend humains et nous maintient à hauteur
d’
homme. (Pas question de monter jusqu’à l’ange ; nous avons bien assez
4522
t nous maintient à hauteur d’homme. (Pas question
de
monter jusqu’à l’ange ; nous avons bien assez à faire à ne point reto
4523
hauteur d’homme. (Pas question de monter jusqu’à
l’
ange ; nous avons bien assez à faire à ne point retomber à la bête.) A
4524
us avons bien assez à faire à ne point retomber à
la
bête.) Ainsi pour le fédéralisme. Qu’il soit né de la géographie, c’e
4525
faire à ne point retomber à la bête.) Ainsi pour
le
fédéralisme. Qu’il soit né de la géographie, c’est un fait dont il fa
4526
a bête.) Ainsi pour le fédéralisme. Qu’il soit né
de
la géographie, c’est un fait dont il faut partir sous peine d’utopie
4527
ête.) Ainsi pour le fédéralisme. Qu’il soit né de
la
géographie, c’est un fait dont il faut partir sous peine d’utopie per
4528
hie, c’est un fait dont il faut partir sous peine
d’
utopie pernicieuse. Mais il faut en « partir » justement, si l’on veut
4529
icieuse. Mais il faut en « partir » justement, si
l’
on veut qu’il révèle son sens. Aucun fait n’a de sens en soi. L’esprit
4530
i l’on veut qu’il révèle son sens. Aucun fait n’a
de
sens en soi. L’esprit seul donne un sens aux données dans lesquelles
4531
l révèle son sens. Aucun fait n’a de sens en soi.
L’
esprit seul donne un sens aux données dans lesquelles notre histoire p
4532
s dans lesquelles notre histoire prit son départ.
Les
données matérielles du fédéralisme conditionnent notre destinée, mais
4533
fédéralisme conditionnent notre destinée, mais ne
la
déterminent pas. À négliger cette distinction, nous tomberions dans u
4534
qu’une des formes du matérialisme moderne, disons
la
forme poétique. Or rien n’est plus artificiel, plus utopique, que le
4535
Or rien n’est plus artificiel, plus utopique, que
le
matérialisme, d’où qu’il vienne. Cette doctrine n’est en fait qu’un r
4536
s artificiel, plus utopique, que le matérialisme,
d’
où qu’il vienne. Cette doctrine n’est en fait qu’un ressentiment. Elle
4537
n ressentiment. Elle naît toujours des déceptions
de
l’idéalisme, de ses abus et de ses lacunes. Elle est toujours une rev
4538
essentiment. Elle naît toujours des déceptions de
l’
idéalisme, de ses abus et de ses lacunes. Elle est toujours une revanc
4539
Elle naît toujours des déceptions de l’idéalisme,
de
ses abus et de ses lacunes. Elle est toujours une revanche des instin
4540
urs des déceptions de l’idéalisme, de ses abus et
de
ses lacunes. Elle est toujours une revanche des instincts, une nostal
4541
nstincts, une nostalgie des éléments concrets que
l’
idéalisme, en son orgueil naïf, avait cru pouvoir négliger. Mais l’abu
4542
on orgueil naïf, avait cru pouvoir négliger. Mais
l’
abus ne doit pas nous interdire l’usage. La réponse à l’idéalisme défi
4543
négliger. Mais l’abus ne doit pas nous interdire
l’
usage. La réponse à l’idéalisme déficient ne doit pas être le matérial
4544
. Mais l’abus ne doit pas nous interdire l’usage.
La
réponse à l’idéalisme déficient ne doit pas être le matérialisme, mai
4545
ne doit pas nous interdire l’usage. La réponse à
l’
idéalisme déficient ne doit pas être le matérialisme, mais l’idéalisme
4546
réponse à l’idéalisme déficient ne doit pas être
le
matérialisme, mais l’idéalisme efficient : la foi qui œuvre. On a tan
4547
déficient ne doit pas être le matérialisme, mais
l’
idéalisme efficient : la foi qui œuvre. On a tant et si bien méconnu c
4548
tre le matérialisme, mais l’idéalisme efficient :
la
foi qui œuvre. On a tant et si bien méconnu ces vérités élémentaires
4549
es vérités élémentaires que je ne m’excuserai pas
de
les rappeler ici. Quand abandonnerons-nous cette manie suisse de déno
4550
vérités élémentaires que je ne m’excuserai pas de
les
rappeler ici. Quand abandonnerons-nous cette manie suisse de dénoncer
4551
ici. Quand abandonnerons-nous cette manie suisse
de
dénoncer comme « utopistes », « rêveurs abstraits », « idéologues bru
4552
ues brumeux », ceux parmi nous qui se souviennent
d’
être hommes, créatures de l’esprit autant que de la terre, chargés d’u
4553
nous qui se souviennent d’être hommes, créatures
de
l’esprit autant que de la terre, chargés d’une vocation et non seulem
4554
us qui se souviennent d’être hommes, créatures de
l’
esprit autant que de la terre, chargés d’une vocation et non seulement
4555
t d’être hommes, créatures de l’esprit autant que
de
la terre, chargés d’une vocation et non seulement d’hérédités problém
4556
’être hommes, créatures de l’esprit autant que de
la
terre, chargés d’une vocation et non seulement d’hérédités problémati
4557
tures de l’esprit autant que de la terre, chargés
d’
une vocation et non seulement d’hérédités problématiques ! Il reste qu
4558
la terre, chargés d’une vocation et non seulement
d’
hérédités problématiques ! Il reste que la position géographique de la
4559
ulement d’hérédités problématiques ! Il reste que
la
position géographique de la Suisse semble l’avoir prédestinée à un st
4560
ématiques ! Il reste que la position géographique
de
la Suisse semble l’avoir prédestinée à un statut fédéraliste. C’est t
4561
tiques ! Il reste que la position géographique de
la
Suisse semble l’avoir prédestinée à un statut fédéraliste. C’est tout
4562
que la position géographique de la Suisse semble
l’
avoir prédestinée à un statut fédéraliste. C’est tout ce qu’on peut di
4563
aliste. C’est tout ce qu’on peut dire après coup.
Le
compartimentage des régions montagneuses appelle une forme politique
4564
e tout opposée à celle qui règne normalement dans
les
landes de la Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique qu
4565
sée à celle qui règne normalement dans les landes
de
la Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le Gotha
4566
à celle qui règne normalement dans les landes de
la
Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le Gothard
4567
règne normalement dans les landes de la Prusse ou
les
steppes de l’Asie. Le fait géographique que le Gothard est le seul po
4568
ement dans les landes de la Prusse ou les steppes
de
l’Asie. Le fait géographique que le Gothard est le seul point où un s
4569
nt dans les landes de la Prusse ou les steppes de
l’
Asie. Le fait géographique que le Gothard est le seul point où un seul
4570
les landes de la Prusse ou les steppes de l’Asie.
Le
fait géographique que le Gothard est le seul point où un seul col per
4571
u les steppes de l’Asie. Le fait géographique que
le
Gothard est le seul point où un seul col permette de traverser les Al
4572
e l’Asie. Le fait géographique que le Gothard est
le
seul point où un seul col permette de traverser les Alpes suffit à ex
4573
Gothard est le seul point où un seul col permette
de
traverser les Alpes suffit à expliquer ce grand fait historique : l’i
4574
e seul point où un seul col permette de traverser
les
Alpes suffit à expliquer ce grand fait historique : l’immédiateté imp
4575
pes suffit à expliquer ce grand fait historique :
l’
immédiateté impériale accordée aux trois Waldstätten, et fondant la li
4576
ériale accordée aux trois Waldstätten, et fondant
la
liberté suisse. Mais dès cet instant-là, les facteurs historiques app
4577
ndant la liberté suisse. Mais dès cet instant-là,
les
facteurs historiques apparaissent beaucoup plus déterminants que la N
4578
iques apparaissent beaucoup plus déterminants que
la
Nature, qui se borne à leur fournir un point de fixation. C’est l’esp
4579
e la Nature, qui se borne à leur fournir un point
de
fixation. C’est l’esprit des communes italiennes qui donne l’impulsio
4580
borne à leur fournir un point de fixation. C’est
l’
esprit des communes italiennes qui donne l’impulsion décisive lors de
4581
C’est l’esprit des communes italiennes qui donne
l’
impulsion décisive lors de la fondation des premières ligues, dans les
4582
italiennes qui donne l’impulsion décisive lors de
la
fondation des premières ligues, dans les Grisons et au Tessin, dès la
4583
e lors de la fondation des premières ligues, dans
les
Grisons et au Tessin, dès la fin du xiie siècle ; puis sur l’autre v
4584
mières ligues, dans les Grisons et au Tessin, dès
la
fin du xiie siècle ; puis sur l’autre versant du Gothard, aux enviro
4585
puis sur l’autre versant du Gothard, aux environs
de
129134. En vérité, dès ce début, c’est la mission spéciale confiée au
4586
nvirons de 129134. En vérité, dès ce début, c’est
la
mission spéciale confiée aux Waldstätten — j’entends la garde du Goth
4587
sion spéciale confiée aux Waldstätten — j’entends
la
garde du Gothard — qui définit l’existence de la Suisse et assure son
4588
ten — j’entends la garde du Gothard — qui définit
l’
existence de la Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’e
4589
nds la garde du Gothard — qui définit l’existence
de
la Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’entraider et
4590
la garde du Gothard — qui définit l’existence de
la
Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’entraider et le
4591
xistence de la Suisse et assure son indépendance.
La
nécessité de s’entraider et le besoin d’indépendance des montagnards
4592
a Suisse et assure son indépendance. La nécessité
de
s’entraider et le besoin d’indépendance des montagnards existaient au
4593
son indépendance. La nécessité de s’entraider et
le
besoin d’indépendance des montagnards existaient aussi bien dans le r
4594
endance. La nécessité de s’entraider et le besoin
d’
indépendance des montagnards existaient aussi bien dans le reste des A
4595
ndance des montagnards existaient aussi bien dans
le
reste des Alpes : ce qui leur a permis de se réaliser en ce point trè
4596
en dans le reste des Alpes : ce qui leur a permis
de
se réaliser en ce point très précis de l’espace et du temps, ce n’est
4597
r a permis de se réaliser en ce point très précis
de
l’espace et du temps, ce n’est pas seulement le fait physique de l’ou
4598
permis de se réaliser en ce point très précis de
l’
espace et du temps, ce n’est pas seulement le fait physique de l’ouver
4599
s de l’espace et du temps, ce n’est pas seulement
le
fait physique de l’ouverture du col du St-Gothard, mais c’est aussi l
4600
du temps, ce n’est pas seulement le fait physique
de
l’ouverture du col du St-Gothard, mais c’est aussi le fait sociologiq
4601
temps, ce n’est pas seulement le fait physique de
l’
ouverture du col du St-Gothard, mais c’est aussi le fait sociologique
4602
’ouverture du col du St-Gothard, mais c’est aussi
le
fait sociologique des idées qui passèrent le col. Le premier fait con
4603
ussi le fait sociologique des idées qui passèrent
le
col. Le premier fait conditionne le second, mais c’est le second qui
4604
tes. Et surtout, dominant l’un et l’autre, il y a
l’
idée et l’idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de l’Europe unie, dont i
4605
rtout, dominant l’un et l’autre, il y a l’idée et
l’
idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de l’Europe unie, dont il faut pro
4606
a l’idée et l’idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire
de
l’Europe unie, dont il faut protéger le cœur. Toute l’histoire suiss
4607
’idée et l’idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de
l’
Europe unie, dont il faut protéger le cœur. Toute l’histoire suisse,
4608
st-à-dire de l’Europe unie, dont il faut protéger
le
cœur. Toute l’histoire suisse, à partir de ces temps, illustre le mê
4609
urope unie, dont il faut protéger le cœur. Toute
l’
histoire suisse, à partir de ces temps, illustre le même équilibre ent
4610
’histoire suisse, à partir de ces temps, illustre
le
même équilibre entre les conditions de fait et les volontés de l’espr
4611
ir de ces temps, illustre le même équilibre entre
les
conditions de fait et les volontés de l’esprit. C’est une interminabl
4612
, illustre le même équilibre entre les conditions
de
fait et les volontés de l’esprit. C’est une interminable interaction
4613
le même équilibre entre les conditions de fait et
les
volontés de l’esprit. C’est une interminable interaction de l’idéal e
4614
ibre entre les conditions de fait et les volontés
de
l’esprit. C’est une interminable interaction de l’idéal et de la néce
4615
e entre les conditions de fait et les volontés de
l’
esprit. C’est une interminable interaction de l’idéal et de la nécessi
4616
s de l’esprit. C’est une interminable interaction
de
l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun
4617
e l’esprit. C’est une interminable interaction de
l’
idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, d
4618
C’est une interminable interaction de l’idéal et
de
la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite
4619
est une interminable interaction de l’idéal et de
la
nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite pa
4620
inable interaction de l’idéal et de la nécessité,
de
l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’E
4621
ble interaction de l’idéal et de la nécessité, de
l’
intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empi
4622
l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et
de
l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le G
4623
déal et de la nécessité, de l’intérêt local et de
l’
intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Goth
4624
ssité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun,
de
la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son imp
4625
té, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de
la
petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son import
4626
al et de l’intérêt commun, de la petite patrie et
de
l’Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son importance économique, mai
4627
et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de
l’
Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son importance économique, mais i
4628
n, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu,
le
Gothard perdra son importance économique, mais il prendra la valeur d
4629
perdra son importance économique, mais il prendra
la
valeur d’un symbole, et la mission des Suisses s’élargira. Peu à peu,
4630
importance économique, mais il prendra la valeur
d’
un symbole, et la mission des Suisses s’élargira. Peu à peu, de nouvea
4631
mique, mais il prendra la valeur d’un symbole, et
la
mission des Suisses s’élargira. Peu à peu, de nouveaux cantons s’alli
4632
et la mission des Suisses s’élargira. Peu à peu,
de
nouveaux cantons s’allieront aux communes du Gothard. Un réseau compl
4633
ront aux communes du Gothard. Un réseau compliqué
de
pactes reliera les villes aux campagnes. Et chaque fois que l’un des
4634
du Gothard. Un réseau compliqué de pactes reliera
les
villes aux campagnes. Et chaque fois que l’un des cantons voudra pren
4635
t chaque fois que l’un des cantons voudra prendre
la
tête de la Ligue, il trouvera tous les autres unis contre sa volonté
4636
fois que l’un des cantons voudra prendre la tête
de
la Ligue, il trouvera tous les autres unis contre sa volonté d’hégémo
4637
is que l’un des cantons voudra prendre la tête de
la
Ligue, il trouvera tous les autres unis contre sa volonté d’hégémonie
4638
dra prendre la tête de la Ligue, il trouvera tous
les
autres unis contre sa volonté d’hégémonie. Ainsi jusqu’à la fin du xv
4639
l trouvera tous les autres unis contre sa volonté
d’
hégémonie. Ainsi jusqu’à la fin du xve siècle. À ce moment, malgré to
4640
unis contre sa volonté d’hégémonie. Ainsi jusqu’à
la
fin du xve siècle. À ce moment, malgré tous les efforts de Nicolas d
4641
à la fin du xve siècle. À ce moment, malgré tous
les
efforts de Nicolas de Flue, la puissance matérielle et la grandeur te
4642
xve siècle. À ce moment, malgré tous les efforts
de
Nicolas de Flue, la puissance matérielle et la grandeur territoriale
4643
ment, malgré tous les efforts de Nicolas de Flue,
la
puissance matérielle et la grandeur territoriale viendront tenter les
4644
ts de Nicolas de Flue, la puissance matérielle et
la
grandeur territoriale viendront tenter les Suisses. L’Italie s’ouvre
4645
elle et la grandeur territoriale viendront tenter
les
Suisses. L’Italie s’ouvre à eux, la Souabe et la Bourgogne… Vont-ils
4646
andeur territoriale viendront tenter les Suisses.
L’
Italie s’ouvre à eux, la Souabe et la Bourgogne… Vont-ils faillir à le
4647
dront tenter les Suisses. L’Italie s’ouvre à eux,
la
Souabe et la Bourgogne… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de
4648
les Suisses. L’Italie s’ouvre à eux, la Souabe et
la
Bourgogne… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de l’Europe fer
4649
t la Bourgogne… Vont-ils faillir à leur mission ?
La
Garde de l’Europe fera-t-elle un coup d’État, et, trahissant l’Empire
4650
gogne… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde
de
l’Europe fera-t-elle un coup d’État, et, trahissant l’Empire, deviend
4651
ne… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de
l’
Europe fera-t-elle un coup d’État, et, trahissant l’Empire, deviendra-
4652
ission ? La Garde de l’Europe fera-t-elle un coup
d’
État, et, trahissant l’Empire, deviendra-t-elle impérialiste pour son
4653
Europe fera-t-elle un coup d’État, et, trahissant
l’
Empire, deviendra-t-elle impérialiste pour son compte ? C’est alors qu
4654
érialiste pour son compte ? C’est alors qu’éclate
la
Réforme. Les historiens modernes accusent parfois Zwingli d’avoir bri
4655
ur son compte ? C’est alors qu’éclate la Réforme.
Les
historiens modernes accusent parfois Zwingli d’avoir brisé l’essor gu
4656
Les historiens modernes accusent parfois Zwingli
d’
avoir brisé l’essor guerrier des Suisses, leur élan vers la mer et l’a
4657
s modernes accusent parfois Zwingli d’avoir brisé
l’
essor guerrier des Suisses, leur élan vers la mer et l’aventure. En vé
4658
risé l’essor guerrier des Suisses, leur élan vers
la
mer et l’aventure. En vérité, Zwingli nous a sauvés, la Réforme a sau
4659
or guerrier des Suisses, leur élan vers la mer et
l’
aventure. En vérité, Zwingli nous a sauvés, la Réforme a sauvé la Suis
4660
et l’aventure. En vérité, Zwingli nous a sauvés,
la
Réforme a sauvé la Suisse. Et c’est elle qui est restée fidèle aux pr
4661
vérité, Zwingli nous a sauvés, la Réforme a sauvé
la
Suisse. Et c’est elle qui est restée fidèle aux préceptes du Frère Cl
4662
des puissances nationales en formation — tel que
le
rêva Mathieu Schinner — ne pouvait être gouverné par les cantons dépo
4663
a Mathieu Schinner — ne pouvait être gouverné par
les
cantons dépourvus de pouvoir central. Ou bien ce pouvoir aurait dû êt
4664
e pouvait être gouverné par les cantons dépourvus
de
pouvoir central. Ou bien ce pouvoir aurait dû être improvisé, et c’eû
4665
ce pouvoir aurait dû être improvisé, et c’eût été
la
fin de notre fédéralisme ; ou bien les provinces annexées auraient pr
4666
oir aurait dû être improvisé, et c’eût été la fin
de
notre fédéralisme ; ou bien les provinces annexées auraient pris une
4667
t c’eût été la fin de notre fédéralisme ; ou bien
les
provinces annexées auraient pris une trop grande influence, et c’eût
4668
ient pris une trop grande influence, et c’eût été
la
guerre perpétuelle jusqu’au démembrement inévitable. La division des
4669
rre perpétuelle jusqu’au démembrement inévitable.
La
division des Suisses en deux camps religieux eut au moins pour effet
4670
s en deux camps religieux eut au moins pour effet
de
tuer en germe l’ambition centralisatrice, chez ceux-là mêmes qui deva
4671
eligieux eut au moins pour effet de tuer en germe
l’
ambition centralisatrice, chez ceux-là mêmes qui devaient y rêver, les
4672
satrice, chez ceux-là mêmes qui devaient y rêver,
les
Zurichois et les Bernois. Dès lors la Suisse est ramenée à sa mission
4673
x-là mêmes qui devaient y rêver, les Zurichois et
les
Bernois. Dès lors la Suisse est ramenée à sa mission exceptionnelle.
4674
t y rêver, les Zurichois et les Bernois. Dès lors
la
Suisse est ramenée à sa mission exceptionnelle. Les deux partis renon
4675
a Suisse est ramenée à sa mission exceptionnelle.
Les
deux partis renoncent aux appuis étrangers, et c’est le nouveau fonde
4676
x partis renoncent aux appuis étrangers, et c’est
le
nouveau fondement de notre neutralité. Ils accommodent leurs exigence
4677
x appuis étrangers, et c’est le nouveau fondement
de
notre neutralité. Ils accommodent leurs exigences aux nécessités de l
4678
é. Ils accommodent leurs exigences aux nécessités
de
l’union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’
4679
Ils accommodent leurs exigences aux nécessités de
l’
union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’on
4680
urs exigences aux nécessités de l’union, et c’est
le
nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’on a passé progressiv
4681
essités de l’union, et c’est le nouveau fondement
de
notre fédéralisme. Ainsi l’on a passé progressivement d’une alliance
4682
le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi
l’
on a passé progressivement d’une alliance avant tout nécessaire à une
4683
e fédéralisme. Ainsi l’on a passé progressivement
d’
une alliance avant tout nécessaire à une alliance beaucoup plus spirit
4684
tuelle. Et quand celle-ci sera stabilisée — après
les
guerres de Villmergen, au xviiie siècle —, la Confédération sera cap
4685
uand celle-ci sera stabilisée — après les guerres
de
Villmergen, au xviiie siècle —, la Confédération sera capable d’inté
4686
s les guerres de Villmergen, au xviiie siècle —,
la
Confédération sera capable d’intégrer et des « races » et des langues
4687
u xviiie siècle —, la Confédération sera capable
d’
intégrer et des « races » et des langues nouvelles : c’est ce qui se p
4688
se produit au commencement du siècle suivant, par
le
rattachement sur pied d’égalité des cantons italiens et romands. Notr
4689
t du siècle suivant, par le rattachement sur pied
d’
égalité des cantons italiens et romands. Notre fédéralisme actuel ne d
4690
omands. Notre fédéralisme actuel ne date donc que
de
1848 ; et ce n’est même qu’à partir de 1919 que son statut légal a pr
4691
partir de 1919 que son statut légal a pris force
de
vie. (Quand le « fossé » eut été comblé.) Nous sommes donc au sommet
4692
que son statut légal a pris force de vie. (Quand
le
« fossé » eut été comblé.) Nous sommes donc au sommet de notre histoi
4693
ssé » eut été comblé.) Nous sommes donc au sommet
de
notre histoire, si l’on admet que le sens de cette histoire est de cr
4694
Nous sommes donc au sommet de notre histoire, si
l’
on admet que le sens de cette histoire est de créer et d’illustrer la
4695
nc au sommet de notre histoire, si l’on admet que
le
sens de cette histoire est de créer et d’illustrer la réalité fédéral
4696
mmet de notre histoire, si l’on admet que le sens
de
cette histoire est de créer et d’illustrer la réalité fédérale. Cepen
4697
, si l’on admet que le sens de cette histoire est
de
créer et d’illustrer la réalité fédérale. Cependant de nouveaux probl
4698
met que le sens de cette histoire est de créer et
d’
illustrer la réalité fédérale. Cependant de nouveaux problèmes, et des
4699
ens de cette histoire est de créer et d’illustrer
la
réalité fédérale. Cependant de nouveaux problèmes, et des plus graves
4700
éer et d’illustrer la réalité fédérale. Cependant
de
nouveaux problèmes, et des plus graves, sollicitent un progrès nouvea
4701
raves, sollicitent un progrès nouveau et décisif.
L’
économie vient remettre en question les succès obtenus dans d’autres p
4702
et décisif. L’économie vient remettre en question
les
succès obtenus dans d’autres plans. Or, on ne peut résoudre un problè
4703
autres plans. Or, on ne peut résoudre un problème
de
ce genre qu’en dépassant l’opposition qui l’a fait naître. Dépasser,
4704
résoudre un problème de ce genre qu’en dépassant
l’
opposition qui l’a fait naître. Dépasser, c’est marcher en sachant où
4705
lème de ce genre qu’en dépassant l’opposition qui
l’
a fait naître. Dépasser, c’est marcher en sachant où l’on va. Car autr
4706
ait naître. Dépasser, c’est marcher en sachant où
l’
on va. Car autrement l’on risque bien de reculer ou de tourner en rond
4707
’est marcher en sachant où l’on va. Car autrement
l’
on risque bien de reculer ou de tourner en rond. IIOù va le fédéral
4708
achant où l’on va. Car autrement l’on risque bien
de
reculer ou de tourner en rond. IIOù va le fédéralisme ? C’est i
4709
va. Car autrement l’on risque bien de reculer ou
de
tourner en rond. IIOù va le fédéralisme ? C’est ici qu’apparaît
4710
bien de reculer ou de tourner en rond. IIOù va
le
fédéralisme ? C’est ici qu’apparaît au concret le problème, ou la
4711
fédéralisme ? C’est ici qu’apparaît au concret
le
problème, ou la nécessité, d’une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’
4712
C’est ici qu’apparaît au concret le problème, ou
la
nécessité, d’une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit de pré
4713
apparaît au concret le problème, ou la nécessité,
d’
une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit de prévoir, l’empiri
4714
une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit
de
prévoir, l’empirisme ne suffit plus. La vue doit s’élargir ; et le se
4715
hie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit de prévoir,
l’
empirisme ne suffit plus. La vue doit s’élargir ; et le seul horizon q
4716
il s’agit de prévoir, l’empirisme ne suffit plus.
La
vue doit s’élargir ; et le seul horizon qu’il nous soit permis d’embr
4717
irisme ne suffit plus. La vue doit s’élargir ; et
le
seul horizon qu’il nous soit permis d’embrasser, c’est celui de l’Eur
4718
argir ; et le seul horizon qu’il nous soit permis
d’
embrasser, c’est celui de l’Europe entière, non tel groupe de puissanc
4719
n qu’il nous soit permis d’embrasser, c’est celui
de
l’Europe entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe
4720
u’il nous soit permis d’embrasser, c’est celui de
l’
Europe entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe est
4721
, c’est celui de l’Europe entière, non tel groupe
de
puissances voisines. Or l’Europe est un idéal, une civilisation et un
4722
ntière, non tel groupe de puissances voisines. Or
l’
Europe est un idéal, une civilisation et un esprit, bien plus qu’une e
4723
que. (« Cap de l’Asie », dit Valéry…) Aussi bien,
les
notes qui vont suivre ont-elles l’ambition de poser le problème du fé
4724
) Aussi bien, les notes qui vont suivre ont-elles
l’
ambition de poser le problème du fédéralisme sur le seul plan où nos c
4725
n, les notes qui vont suivre ont-elles l’ambition
de
poser le problème du fédéralisme sur le seul plan où nos conflits int
4726
tes qui vont suivre ont-elles l’ambition de poser
le
problème du fédéralisme sur le seul plan où nos conflits internes aie
4727
’ambition de poser le problème du fédéralisme sur
le
seul plan où nos conflits internes aient quelque chance de se résoudr
4728
lan où nos conflits internes aient quelque chance
de
se résoudre : le plan de l’Europe. Notre fédéralisme ne peut durer qu
4729
ts internes aient quelque chance de se résoudre :
le
plan de l’Europe. Notre fédéralisme ne peut durer que si nous lui don
4730
nes aient quelque chance de se résoudre : le plan
de
l’Europe. Notre fédéralisme ne peut durer que si nous lui donnons pou
4731
aient quelque chance de se résoudre : le plan de
l’
Europe. Notre fédéralisme ne peut durer que si nous lui donnons pour f
4732
me ne peut durer que si nous lui donnons pour fin
la
fédération de l’Occident. 1. Tout d’abord une définition. Fédération
4733
er que si nous lui donnons pour fin la fédération
de
l’Occident. 1. Tout d’abord une définition. Fédération veut dire : un
4734
que si nous lui donnons pour fin la fédération de
l’
Occident. 1. Tout d’abord une définition. Fédération veut dire : union
4735
une définition. Fédération veut dire : union dans
la
diversité. Le mot fédéralisme, en Suisse romande surtout, a pris le s
4736
. Fédération veut dire : union dans la diversité.
Le
mot fédéralisme, en Suisse romande surtout, a pris le sens restreint
4737
ot fédéralisme, en Suisse romande surtout, a pris
le
sens restreint et inexact d’autonomie de la région. Le mot allemand d
4738
ande surtout, a pris le sens restreint et inexact
d’
autonomie de la région. Le mot allemand de Bund n’insiste que sur l’un
4739
, a pris le sens restreint et inexact d’autonomie
de
la région. Le mot allemand de Bund n’insiste que sur l’union. Quand j
4740
pris le sens restreint et inexact d’autonomie de
la
région. Le mot allemand de Bund n’insiste que sur l’union. Quand je p
4741
ns restreint et inexact d’autonomie de la région.
Le
mot allemand de Bund n’insiste que sur l’union. Quand je parle de féd
4742
inexact d’autonomie de la région. Le mot allemand
de
Bund n’insiste que sur l’union. Quand je parle de fédéralisme et de f
4743
région. Le mot allemand de Bund n’insiste que sur
l’
union. Quand je parle de fédéralisme et de fédération, j’entends à la
4744
de Bund n’insiste que sur l’union. Quand je parle
de
fédéralisme et de fédération, j’entends à la fois union et autonomie
4745
que sur l’union. Quand je parle de fédéralisme et
de
fédération, j’entends à la fois union et autonomie des parties qui s’
4746
t irrésistible : il y a des idées qui sont « dans
l’
air » et qui risquent bien de rester des idées « en l’air ». L’idée de
4747
dées qui sont « dans l’air » et qui risquent bien
de
rester des idées « en l’air ». L’idée de fédération européenne par ex
4748
r » et qui risquent bien de rester des idées « en
l’
air ». L’idée de fédération européenne par exemple. Essayons donc de l
4749
i risquent bien de rester des idées « en l’air ».
L’
idée de fédération européenne par exemple. Essayons donc de la faire r
4750
ent bien de rester des idées « en l’air ». L’idée
de
fédération européenne par exemple. Essayons donc de la faire redescen
4751
fédération européenne par exemple. Essayons donc
de
la faire redescendre dans les complexités où elle doit s’incarner ; n
4752
dération européenne par exemple. Essayons donc de
la
faire redescendre dans les complexités où elle doit s’incarner ; non
4753
emple. Essayons donc de la faire redescendre dans
les
complexités où elle doit s’incarner ; non pas trop bas, dans cette fa
4754
terre, mais au niveau de notre action, à hauteur
d’
homme. 3. Promouvoir une fédération, ce n’est pas créer un nouvel ordr
4755
st pas créer un nouvel ordre systématique, simple
de
lignes, clair et satisfaisant pour la logique. Fédérer, c’est tout si
4756
que, simple de lignes, clair et satisfaisant pour
la
logique. Fédérer, c’est tout simplement arranger ensemble des réalité
4757
emble des réalités concrètes. Pour être en mesure
de
comprendre vraiment la véritable alternative politique de notre temps
4758
rètes. Pour être en mesure de comprendre vraiment
la
véritable alternative politique de notre temps : totalitarisme ou féd
4759
endre vraiment la véritable alternative politique
de
notre temps : totalitarisme ou fédéralisme (et non point gauche ou dr
4760
ette chose très simple et des plus quotidiennes :
la
différence infinie qui existe entre « faire de l’ordre » sur une tabl
4761
: la différence infinie qui existe entre « faire
de
l’ordre » sur une table de travail et « arranger » des papiers. Il ar
4762
la différence infinie qui existe entre « faire de
l’
ordre » sur une table de travail et « arranger » des papiers. Il arriv
4763
i existe entre « faire de l’ordre » sur une table
de
travail et « arranger » des papiers. Il arrive que ma femme de ménage
4764
« arranger » des papiers. Il arrive que ma femme
de
ménage fasse de l’ordre à son idée dans mon bureau : c’est une petite
4765
s papiers. Il arrive que ma femme de ménage fasse
de
l’ordre à son idée dans mon bureau : c’est une petite catastrophe tot
4766
apiers. Il arrive que ma femme de ménage fasse de
l’
ordre à son idée dans mon bureau : c’est une petite catastrophe totali
4767
ur moi, quand j’arrange mes feuilles en une série
de
liasses ou d’éventails, je ne tiens pas compte de leur format ou de l
4768
j’arrange mes feuilles en une série de liasses ou
d’
éventails, je ne tiens pas compte de leur format ou de leur couleur, m
4769
de liasses ou d’éventails, je ne tiens pas compte
de
leur format ou de leur couleur, mais de ce que j’ai écrit dessus. Et
4770
entails, je ne tiens pas compte de leur format ou
de
leur couleur, mais de ce que j’ai écrit dessus. Et c’est pourquoi je
4771
as compte de leur format ou de leur couleur, mais
de
ce que j’ai écrit dessus. Et c’est pourquoi je m’y retrouve avec aisa
4772
conforme au sens et aux qualités propres à chacun
de
ces feuillets, conforme aussi à mon usage pratique ; tenant compte de
4773
i à mon usage pratique ; tenant compte des uns et
de
l’autre, dans une mesure que je ne songe pas à définir, mais que m’in
4774
s que m’indique à coup sûr mon travail, j’entends
l’
œuvre que j’ai en train. Il n’y a pas de petits exemples pour qui sait
4775
j’entends l’œuvre que j’ai en train. Il n’y a pas
de
petits exemples pour qui sait lire le réel « dans le texte », et ne s
4776
l n’y a pas de petits exemples pour qui sait lire
le
réel « dans le texte », et ne se contente pas de résumés traduits. 4
4777
petits exemples pour qui sait lire le réel « dans
le
texte », et ne se contente pas de résumés traduits. 4. Prenons maint
4778
le réel « dans le texte », et ne se contente pas
de
résumés traduits. 4. Prenons maintenant la fédération suisse au seul
4779
e pas de résumés traduits. 4. Prenons maintenant
la
fédération suisse au seul titre d’exemple enseignant pour l’Europe. E
4780
ons maintenant la fédération suisse au seul titre
d’
exemple enseignant pour l’Europe. En vérité, ce ne sont ni les idées q
4781
on suisse au seul titre d’exemple enseignant pour
l’
Europe. En vérité, ce ne sont ni les idées qui ont « inspiré » son sta
4782
nseignant pour l’Europe. En vérité, ce ne sont ni
les
idées qui ont « inspiré » son statut primitif, ni la nature qui l’a «
4783
idées qui ont « inspiré » son statut primitif, ni
la
nature qui l’a « dicté » ; mais ce statut est né de l’arrangement tou
4784
« inspiré » son statut primitif, ni la nature qui
l’
a « dicté » ; mais ce statut est né de l’arrangement tout empirique de
4785
nature qui l’a « dicté » ; mais ce statut est né
de
l’arrangement tout empirique de réalités très diverses, voire même tr
4786
ture qui l’a « dicté » ; mais ce statut est né de
l’
arrangement tout empirique de réalités très diverses, voire même très
4787
ce statut est né de l’arrangement tout empirique
de
réalités très diverses, voire même très hétéroclites : la nature comp
4788
tés très diverses, voire même très hétéroclites :
la
nature compartimentée des régions alpestres, l’ouverture du col du Go
4789
: la nature compartimentée des régions alpestres,
l’
ouverture du col du Gothard au xiiie siècle, l’influence du mouvement
4790
, l’ouverture du col du Gothard au xiiie siècle,
l’
influence du mouvement des communes italiennes, l’instinct germanique
4791
l’influence du mouvement des communes italiennes,
l’
instinct germanique de la liberté armée, la rivalité entre l’empereur
4792
nt des communes italiennes, l’instinct germanique
de
la liberté armée, la rivalité entre l’empereur et les grands vassaux,
4793
des communes italiennes, l’instinct germanique de
la
liberté armée, la rivalité entre l’empereur et les grands vassaux, la
4794
ennes, l’instinct germanique de la liberté armée,
la
rivalité entre l’empereur et les grands vassaux, la nécessité et l’ha
4795
germanique de la liberté armée, la rivalité entre
l’
empereur et les grands vassaux, la nécessité et l’habitude du travail
4796
la liberté armée, la rivalité entre l’empereur et
les
grands vassaux, la nécessité et l’habitude du travail en équipes pour
4797
rivalité entre l’empereur et les grands vassaux,
la
nécessité et l’habitude du travail en équipes pour cultiver la terre
4798
l’empereur et les grands vassaux, la nécessité et
l’
habitude du travail en équipes pour cultiver la terre dans ces parages
4799
et l’habitude du travail en équipes pour cultiver
la
terre dans ces parages. Tout cela s’exprime plus ou moins consciemmen
4800
ut cela s’exprime plus ou moins consciemment dans
le
Pacte fameux de 1291, qui fonde officiellement la Confédération. Cett
4801
e plus ou moins consciemment dans le Pacte fameux
de
1291, qui fonde officiellement la Confédération. Cette confédération
4802
le Pacte fameux de 1291, qui fonde officiellement
la
Confédération. Cette confédération primitive, nous l’avons vue s’accr
4803
onfédération. Cette confédération primitive, nous
l’
avons vue s’accroître organiquement par un jeu d’alliances très comple
4804
l’avons vue s’accroître organiquement par un jeu
d’
alliances très complexes, qui se chevauchent sans jamais se recouvrir
4805
chevauchent sans jamais se recouvrir exactement.
Le
noyau primitif des cantons forestiers s’allie aux villes de Lucerne e
4806
rimitif des cantons forestiers s’allie aux villes
de
Lucerne et Zurich ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays de
4807
villes de Lucerne et Zurich ; puis conquiert avec
l’
aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’al
4808
de Lucerne et Zurich ; puis conquiert avec l’aide
de
Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie ave
4809
et Zurich ; puis conquiert avec l’aide de Zurich
les
pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie avec eux ; pui
4810
h ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays
de
Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie avec eux ; puis s’alli
4811
uiert avec l’aide de Zurich les pays de Glaris et
de
Zoug ; puis les libère et s’allie avec eux ; puis s’allie avec Berne,
4812
de de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis
les
libère et s’allie avec eux ; puis s’allie avec Berne, qui par là devi
4813
eux ; puis s’allie avec Berne, qui par là devient
l’
allié au second degré des autres cantons ; Berne ensuite noue des lien
4814
rs avec Zurich, et d’autre part se soumet Vaud et
l’
Argovie ; etc., etc. Il faudrait ici plusieurs pages pour énumérer sim
4815
ment dans un traité unique et uniforme instituant
l’
État fédératif. Pendant des siècles, la Confédération n’a donc point d
4816
instituant l’État fédératif. Pendant des siècles,
la
Confédération n’a donc point de centre légal, de capitale, ni de cons
4817
dant des siècles, la Confédération n’a donc point
de
centre légal, de capitale, ni de constitution. Elle ne connaît et ne
4818
la Confédération n’a donc point de centre légal,
de
capitale, ni de constitution. Elle ne connaît et ne tolère nulle hégé
4819
n n’a donc point de centre légal, de capitale, ni
de
constitution. Elle ne connaît et ne tolère nulle hégémonie dans son s
4820
réunit comme spontanément, ici ou là, et n’a pas
de
pouvoirs bien définis, mais seulement une autorité, souvent décisive
4821
ns se trouvent appartenir à deux ou trois réseaux
d’
alliances, lesquelles ne sont pas toujours réciproques dans toutes leu
4822
iproques dans toutes leurs obligations. (Comme si
de
nos jours deux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’assis
4823
ux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait
d’
assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression.) D’où
4824
d’assistance obligatoire, pour l’autre seulement
de
non-agression.) D’où vient que cette fédération ait triomphé de toute
4825
atoire, pour l’autre seulement de non-agression.)
D’
où vient que cette fédération ait triomphé de toutes les crises d’une
4826
on.) D’où vient que cette fédération ait triomphé
de
toutes les crises d’une histoire violente et complexe ? Le secret de
4827
vient que cette fédération ait triomphé de toutes
les
crises d’une histoire violente et complexe ? Le secret de sa force es
4828
ette fédération ait triomphé de toutes les crises
d’
une histoire violente et complexe ? Le secret de sa force est à peine
4829
les crises d’une histoire violente et complexe ?
Le
secret de sa force est à peine formulable : il est de l’ordre du sent
4830
s d’une histoire violente et complexe ? Le secret
de
sa force est à peine formulable : il est de l’ordre du sentiment. Oui
4831
ecret de sa force est à peine formulable : il est
de
l’ordre du sentiment. Oui, ce n’est guère qu’un sentiment communautai
4832
et de sa force est à peine formulable : il est de
l’
ordre du sentiment. Oui, ce n’est guère qu’un sentiment communautaire
4833
sement informulé — qui tient ensemble ces pays35.
La
crise réelle ne commencera qu’au jour où ce sentiment sera dit, tradu
4834
r là même soumis au risque de se voir discuté. 5.
La
force des choses — qui n’est qu’une traduction automatique de la faib
4835
choses — qui n’est qu’une traduction automatique
de
la faiblesse des hommes — fait aujourd’hui de la pratique traditionne
4836
oses — qui n’est qu’une traduction automatique de
la
faiblesse des hommes — fait aujourd’hui de la pratique traditionnelle
4837
que de la faiblesse des hommes — fait aujourd’hui
de
la pratique traditionnelle du fédéralisme helvétique une sorte de pro
4838
de la faiblesse des hommes — fait aujourd’hui de
la
pratique traditionnelle du fédéralisme helvétique une sorte de progra
4839
raditionnelle du fédéralisme helvétique une sorte
de
programme, et même de manifeste. Par la force des choses, l’union pai
4840
alisme helvétique une sorte de programme, et même
de
manifeste. Par la force des choses, l’union paisible de deux religion
4841
une sorte de programme, et même de manifeste. Par
la
force des choses, l’union paisible de deux religions, de quatre langu
4842
e, et même de manifeste. Par la force des choses,
l’
union paisible de deux religions, de quatre langues, de 22 républiques
4843
ifeste. Par la force des choses, l’union paisible
de
deux religions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sai
4844
e des choses, l’union paisible de deux religions,
de
quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de « race
4845
on paisible de deux religions, de quatre langues,
de
22 républiques, et de je ne sais combien de « races » en un État qui
4846
ligions, de quatre langues, de 22 républiques, et
de
je ne sais combien de « races » en un État qui les respecte, cette un
4847
gues, de 22 républiques, et de je ne sais combien
de
« races » en un État qui les respecte, cette union prend l’allure à l
4848
de je ne sais combien de « races » en un État qui
les
respecte, cette union prend l’allure à la fois d’un antiracisme décla
4849
» en un État qui les respecte, cette union prend
l’
allure à la fois d’un antiracisme déclaré et d’un antinationalisme. Pa
4850
es respecte, cette union prend l’allure à la fois
d’
un antiracisme déclaré et d’un antinationalisme. Par la force des chos
4851
nd l’allure à la fois d’un antiracisme déclaré et
d’
un antinationalisme. Par la force des choses, la pratique séculaire et
4852
antiracisme déclaré et d’un antinationalisme. Par
la
force des choses, la pratique séculaire et instructive d’une méthode
4853
t d’un antinationalisme. Par la force des choses,
la
pratique séculaire et instructive d’une méthode d’arrangements empiri
4854
des choses, la pratique séculaire et instructive
d’
une méthode d’arrangements empiriques, c’est-à-dire non rationalistes,
4855
a pratique séculaire et instructive d’une méthode
d’
arrangements empiriques, c’est-à-dire non rationalistes, prend l’allur
4856
empiriques, c’est-à-dire non rationalistes, prend
l’
allure d’un antijacobinisme, ou d’un antimarxisme. Par la force des c
4857
s, c’est-à-dire non rationalistes, prend l’allure
d’
un antijacobinisme, ou d’un antimarxisme. Par la force des choses enf
4858
nalistes, prend l’allure d’un antijacobinisme, ou
d’
un antimarxisme. Par la force des choses enfin, la préférence accordé
4859
d’un antijacobinisme, ou d’un antimarxisme. Par
la
force des choses enfin, la préférence accordée par les Suisses à la c
4860
’un antimarxisme. Par la force des choses enfin,
la
préférence accordée par les Suisses à la coutume sur la loi ; leur go
4861
orce des choses enfin, la préférence accordée par
les
Suisses à la coutume sur la loi ; leur goût d’utiliser ce qui existe
4862
s enfin, la préférence accordée par les Suisses à
la
coutume sur la loi ; leur goût d’utiliser ce qui existe plutôt que de
4863
férence accordée par les Suisses à la coutume sur
la
loi ; leur goût d’utiliser ce qui existe plutôt que de décréter sur t
4864
r les Suisses à la coutume sur la loi ; leur goût
d’
utiliser ce qui existe plutôt que de décréter sur table rase ; leur re
4865
i ; leur goût d’utiliser ce qui existe plutôt que
de
décréter sur table rase ; leur refus d’opposer pathétiquement la trad
4866
lutôt que de décréter sur table rase ; leur refus
d’
opposer pathétiquement la tradition et le progrès, tout cela prend l’a
4867
table rase ; leur refus d’opposer pathétiquement
la
tradition et le progrès, tout cela prend l’allure d’une réaction cont
4868
ur refus d’opposer pathétiquement la tradition et
le
progrès, tout cela prend l’allure d’une réaction contre les « mystiqu
4869
ement la tradition et le progrès, tout cela prend
l’
allure d’une réaction contre les « mystiques » et les mythes, apparemm
4870
tradition et le progrès, tout cela prend l’allure
d’
une réaction contre les « mystiques » et les mythes, apparemment contr
4871
s, tout cela prend l’allure d’une réaction contre
les
« mystiques » et les mythes, apparemment contradictoires, de la révol
4872
allure d’une réaction contre les « mystiques » et
les
mythes, apparemment contradictoires, de la révolution européenne36. L
4873
ues » et les mythes, apparemment contradictoires,
de
la révolution européenne36. L’instinct contrecarré devient conscience
4874
» et les mythes, apparemment contradictoires, de
la
révolution européenne36. L’instinct contrecarré devient conscience ;
4875
t contradictoires, de la révolution européenne36.
L’
instinct contrecarré devient conscience ; la coutume attaquée devient
4876
ne36. L’instinct contrecarré devient conscience ;
la
coutume attaquée devient programme ; la pratique remise en question p
4877
science ; la coutume attaquée devient programme ;
la
pratique remise en question par une propagande agressive se voit cont
4878
n par une propagande agressive se voit contrainte
de
développer pour sa défense une théorie. Nous vivons ce moment de l’hi
4879
our sa défense une théorie. Nous vivons ce moment
de
l’histoire où le fédéralisme, s’il veut durer, doit devenir à son tou
4880
sa défense une théorie. Nous vivons ce moment de
l’
histoire où le fédéralisme, s’il veut durer, doit devenir à son tour m
4881
e théorie. Nous vivons ce moment de l’histoire où
le
fédéralisme, s’il veut durer, doit devenir à son tour missionnaire. T
4882
crise : ou se nier, ou triompher mais sur le plan
de
l’Europe entière. 6. Le grand danger de l’heure présente, pour la Sui
4883
se : ou se nier, ou triompher mais sur le plan de
l’
Europe entière. 6. Le grand danger de l’heure présente, pour la Suisse
4884
riompher mais sur le plan de l’Europe entière. 6.
Le
grand danger de l’heure présente, pour la Suisse, je le vois dans ce
4885
r le plan de l’Europe entière. 6. Le grand danger
de
l’heure présente, pour la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doi
4886
e plan de l’Europe entière. 6. Le grand danger de
l’
heure présente, pour la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doit s
4887
ère. 6. Le grand danger de l’heure présente, pour
la
Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doit se formuler. Elle doit d
4888
nd danger de l’heure présente, pour la Suisse, je
le
vois dans ce fait qu’elle doit se formuler. Elle doit dire ce qui all
4889
mieux. Elle s’expose à son risque maximum : celui
de
décoller de ses bases concrètes, perdant ainsi en force originelle ce
4890
s’expose à son risque maximum : celui de décoller
de
ses bases concrètes, perdant ainsi en force originelle ce qu’elle pou
4891
iginelle ce qu’elle pourrait gagner en conscience
de
ses fins. De même pour le fédéralisme européen. Un sentiment commun s
4892
it gagner en conscience de ses fins. De même pour
le
fédéralisme européen. Un sentiment commun se formait peu à peu, depui
4893
Un sentiment commun se formait peu à peu, depuis
la
guerre de 1914-18. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible enco
4894
ent commun se formait peu à peu, depuis la guerre
de
1914-18. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée
4895
e formait peu à peu, depuis la guerre de 1914-18.
La
SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau
4896
peu, depuis la guerre de 1914-18. La SDN fut l’un
de
ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau de pactes bilat
4897
DN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore.
L’
idée d’un réseau de pactes bilatéraux, ou à trois, ou à quatre, en fut
4898
l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée
d’
un réseau de pactes bilatéraux, ou à trois, ou à quatre, en fut un aut
4899
symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau
de
pactes bilatéraux, ou à trois, ou à quatre, en fut un autre. Dans les
4900
x, ou à trois, ou à quatre, en fut un autre. Dans
les
deux cas, le sentiment fédéraliste fut promptement détourné au profit
4901
ou à quatre, en fut un autre. Dans les deux cas,
le
sentiment fédéraliste fut promptement détourné au profit de politique
4902
nt fédéraliste fut promptement détourné au profit
de
politiques d’hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas de croî
4903
fut promptement détourné au profit de politiques
d’
hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas de croître et de se r
4904
’hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas
de
croître et de se renforcer dans la plupart des peuples. La guerre act
4905
utefois ce sentiment ne cessait pas de croître et
de
se renforcer dans la plupart des peuples. La guerre actuelle est venu
4906
e et de se renforcer dans la plupart des peuples.
La
guerre actuelle est venue le fouetter. Brusquement, la question se po
4907
plupart des peuples. La guerre actuelle est venue
le
fouetter. Brusquement, la question se pose de fédérer l’Europe dès la
4908
erre actuelle est venue le fouetter. Brusquement,
la
question se pose de fédérer l’Europe dès la paix rétablie. Mais parce
4909
nue le fouetter. Brusquement, la question se pose
de
fédérer l’Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose bru
4910
tter. Brusquement, la question se pose de fédérer
l’
Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose brusquement, e
4911
ment, la question se pose de fédérer l’Europe dès
la
paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose brusquement, elle risque d’
4912
is parce qu’elle se pose brusquement, elle risque
d’
être mal posée. J’entends qu’elle risque de ne susciter que des plans
4913
risque d’être mal posée. J’entends qu’elle risque
de
ne susciter que des plans rationnels et des systèmes. Or tout système
4914
unitaire par essence, et donc antifédéraliste. Il
l’
est dans son esprit, il le sera donc aussi, et fatalement, dans son ap
4915
onc antifédéraliste. Il l’est dans son esprit, il
le
sera donc aussi, et fatalement, dans son application. Le fédéralisme
4916
donc aussi, et fatalement, dans son application.
Le
fédéralisme réel est le contraire absolu d’un système, toujours conçu
4917
nt, dans son application. Le fédéralisme réel est
le
contraire absolu d’un système, toujours conçu par un cerveau et, à pa
4918
tion. Le fédéralisme réel est le contraire absolu
d’
un système, toujours conçu par un cerveau et, à partir d’une seule idé
4919
stème, toujours conçu par un cerveau et, à partir
d’
une seule idée, d’un centre abstrait. Je définirais même le fédéralism
4920
nçu par un cerveau et, à partir d’une seule idée,
d’
un centre abstrait. Je définirais même le fédéralisme comme un refus c
4921
le idée, d’un centre abstrait. Je définirais même
le
fédéralisme comme un refus constant et instinctif de recourir aux sol
4922
fédéralisme comme un refus constant et instinctif
de
recourir aux solutions systématiques. (C’est pourquoi l’on ne peut c
4923
rir aux solutions systématiques. (C’est pourquoi
l’
on ne peut concevoir une philosophie fédéraliste que sous une forme no
4924
on logique : aphoristique. Telle que j’essaie ici
de
l’esquisser, par une suite d’approches bien diverses.) 7. L’expérienc
4925
logique : aphoristique. Telle que j’essaie ici de
l’
esquisser, par une suite d’approches bien diverses.) 7. L’expérience s
4926
le que j’essaie ici de l’esquisser, par une suite
d’
approches bien diverses.) 7. L’expérience suisse est minuscule, mais c
4927
ser, par une suite d’approches bien diverses.) 7.
L’
expérience suisse est minuscule, mais concluante. Elle peut et doit se
4928
uscule, mais concluante. Elle peut et doit servir
d’
exemple par ses échecs non moins que par ses réussites. Elle peut et d
4929
par ses réussites. Elle peut et doit figurer pour
l’
Europe une « expérience-témoin » opérée dans le concret. À tout le moi
4930
ur l’Europe une « expérience-témoin » opérée dans
le
concret. À tout le moins pouvons-nous en déduire ce qu’il ne faut pas
4931
xpérience-témoin » opérée dans le concret. À tout
le
moins pouvons-nous en déduire ce qu’il ne faut pas faire si l’on veut
4932
ons-nous en déduire ce qu’il ne faut pas faire si
l’
on veut réussir la fédération d’Occident. 8. Le premier enseignement n
4933
e ce qu’il ne faut pas faire si l’on veut réussir
la
fédération d’Occident. 8. Le premier enseignement négatif de notre pe
4934
faut pas faire si l’on veut réussir la fédération
d’
Occident. 8. Le premier enseignement négatif de notre petite expérienc
4935
on d’Occident. 8. Le premier enseignement négatif
de
notre petite expérience, nous venons de le voir : c’est qu’il faut re
4936
égatif de notre petite expérience, nous venons de
le
voir : c’est qu’il faut renoncer à tout système pour promouvoir une f
4937
me pour promouvoir une fédération. Il faut partir
d’
une connaissance aussi intime que possible des diversités nationales,
4938
intime que possible des diversités nationales, et
de
leurs aspects les plus originaux. On ne fédère pas des ressemblances
4939
le des diversités nationales, et de leurs aspects
les
plus originaux. On ne fédère pas des ressemblances superficielles, ma
4940
gnons ce qui nous unit ». Car c’est justement sur
la
base des distinctions et des diversités reconnues et légitimées que s
4941
diversités reconnues et légitimées que se nouent
les
unions fécondes. L’union fédéraliste est un mariage, et non pas un al
4942
et légitimées que se nouent les unions fécondes.
L’
union fédéraliste est un mariage, et non pas un alignement militaire e
4943
enseignement négatif, c’est qu’il faut renoncer à
l’
idée d’une hégémonie éducatrice et organisatrice de la future fédérati
4944
ement négatif, c’est qu’il faut renoncer à l’idée
d’
une hégémonie éducatrice et organisatrice de la future fédération. Bea
4945
’idée d’une hégémonie éducatrice et organisatrice
de
la future fédération. Beaucoup de gens s’imaginent, hors de Suisse, q
4946
ée d’une hégémonie éducatrice et organisatrice de
la
future fédération. Beaucoup de gens s’imaginent, hors de Suisse, que
4947
Beaucoup de gens s’imaginent, hors de Suisse, que
l’
Europe ne peut être fédérée que par l’action d’une grande puissance. C
4948
Suisse, que l’Europe ne peut être fédérée que par
l’
action d’une grande puissance. Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-ê
4949
ue l’Europe ne peut être fédérée que par l’action
d’
une grande puissance. Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’idé
4950
e que par l’action d’une grande puissance. Ce fut
l’
idée de Napoléon. C’est peut-être l’idée d’Hitler. C’est aussi celle d
4951
ar l’action d’une grande puissance. Ce fut l’idée
de
Napoléon. C’est peut-être l’idée d’Hitler. C’est aussi celle de certa
4952
sance. Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être
l’
idée d’Hitler. C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’
4953
Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’idée
d’
Hitler. C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’Anglete
4954
’est peut-être l’idée d’Hitler. C’est aussi celle
de
certains neutres admirateurs de l’Angleterre. Ici la Suisse peut dire
4955
C’est aussi celle de certains neutres admirateurs
de
l’Angleterre. Ici la Suisse peut dire : Regardez-moi ! Je n’ai réussi
4956
st aussi celle de certains neutres admirateurs de
l’
Angleterre. Ici la Suisse peut dire : Regardez-moi ! Je n’ai réussi à
4957
certains neutres admirateurs de l’Angleterre. Ici
la
Suisse peut dire : Regardez-moi ! Je n’ai réussi à vivre et à durer q
4958
ttant sans cesse toute tentative hégémonique dans
la
fédération, et cela dès les premiers jours, dès le temps où les Walds
4959
a fédération, et cela dès les premiers jours, dès
le
temps où les Waldstätten s’unirent contre Zurich qui voulait tout men
4960
, et cela dès les premiers jours, dès le temps où
les
Waldstätten s’unirent contre Zurich qui voulait tout mener. L’interve
4961
n s’unirent contre Zurich qui voulait tout mener.
L’
intervention fameuse de Nicolas de Flue n’est si importante, pour nous
4962
ch qui voulait tout mener. L’intervention fameuse
de
Nicolas de Flue n’est si importante, pour nous autres, que parce qu’e
4963
efficace protestation contre une double tentative
d’
hégémonie, de la part des villes et de la part des campagnes. Il se pe
4964
illes et de la part des campagnes. Il se peut que
l’
union déjà réalisée entre la France et l’Angleterre soit le germe d’un
4965
agnes. Il se peut que l’union déjà réalisée entre
la
France et l’Angleterre soit le germe d’une fédération. Il est certain
4966
peut que l’union déjà réalisée entre la France et
l’
Angleterre soit le germe d’une fédération. Il est certain que ce germe
4967
éjà réalisée entre la France et l’Angleterre soit
le
germe d’une fédération. Il est certain que ce germe sera tué si l’un
4968
sée entre la France et l’Angleterre soit le germe
d’
une fédération. Il est certain que ce germe sera tué si l’un de ces Ét
4969
ion. Il est certain que ce germe sera tué si l’un
de
ces États, ou tous les deux ensemble, conçoivent la fédération comme
4970
e ce germe sera tué si l’un de ces États, ou tous
les
deux ensemble, conçoivent la fédération comme un corps dont ils serai
4971
ces États, ou tous les deux ensemble, conçoivent
la
fédération comme un corps dont ils seraient la tête. C’est le renonce
4972
nt la fédération comme un corps dont ils seraient
la
tête. C’est le renoncement à toute idée d’hégémonie qui est créateur
4973
n comme un corps dont ils seraient la tête. C’est
le
renoncement à toute idée d’hégémonie qui est créateur de la fédératio
4974
raient la tête. C’est le renoncement à toute idée
d’
hégémonie qui est créateur de la fédération. 10. Le fédéralisme est un
4975
ncement à toute idée d’hégémonie qui est créateur
de
la fédération. 10. Le fédéralisme est une éducation mutuelle, plutôt
4976
ment à toute idée d’hégémonie qui est créateur de
la
fédération. 10. Le fédéralisme est une éducation mutuelle, plutôt qu’
4977
’hégémonie qui est créateur de la fédération. 10.
Le
fédéralisme est une éducation mutuelle, plutôt qu’une éducation autor
4978
C’est en quoi il est véritablement personnaliste.
La
philosophie de la personne est d’ailleurs la seule philosophie accept
4979
l est véritablement personnaliste. La philosophie
de
la personne est d’ailleurs la seule philosophie acceptable pour le fé
4980
st véritablement personnaliste. La philosophie de
la
personne est d’ailleurs la seule philosophie acceptable pour le fédér
4981
ste. La philosophie de la personne est d’ailleurs
la
seule philosophie acceptable pour le fédéraliste. Je définis la perso
4982
t d’ailleurs la seule philosophie acceptable pour
le
fédéraliste. Je définis la personne comme l’homme à la fois libre et
4983
sophie acceptable pour le fédéraliste. Je définis
la
personne comme l’homme à la fois libre et engagé, à la fois autonome
4984
pour le fédéraliste. Je définis la personne comme
l’
homme à la fois libre et engagé, à la fois autonome et solidaire, à la
4985
a fois autonome et solidaire, à la fois conscient
de
sa vocation unique et des implications sociales de cette vocation. Le
4986
e sa vocation unique et des implications sociales
de
cette vocation. Le personnalisme n’est pas une moyenne, un « parti du
4987
e et des implications sociales de cette vocation.
Le
personnalisme n’est pas une moyenne, un « parti du centre », un juste
4988
ne, un « parti du centre », un juste milieu entre
l’
individualisme atomisant et le collectivisme agglutinant. Au contraire
4989
juste milieu entre l’individualisme atomisant et
le
collectivisme agglutinant. Au contraire ! Le personnalisme est la pos
4990
t et le collectivisme agglutinant. Au contraire !
Le
personnalisme est la position centrale, dont l’individualisme et le c
4991
agglutinant. Au contraire ! Le personnalisme est
la
position centrale, dont l’individualisme et le collectivisme ne sont
4992
! Le personnalisme est la position centrale, dont
l’
individualisme et le collectivisme ne sont que des déviations morbides
4993
st la position centrale, dont l’individualisme et
le
collectivisme ne sont que des déviations morbides. « Quand l’homme ou
4994
isme ne sont que des déviations morbides. « Quand
l’
homme oublie qu’il est responsable de sa vocation devant la communauté
4995
des. « Quand l’homme oublie qu’il est responsable
de
sa vocation devant la communauté, il devient individualiste. Quand il
4996
ublie qu’il est responsable de sa vocation devant
la
communauté, il devient individualiste. Quand il oublie qu’il est resp
4997
vidualiste. Quand il oublie qu’il est responsable
de
sa vocation devant Dieu et devant lui-même, il devient collectiviste3
4998
devant lui-même, il devient collectiviste37 ». Or
l’
individualisme et le collectivisme aboutissent identiquement à l’étati
4999
devient collectiviste37 ». Or l’individualisme et
le
collectivisme aboutissent identiquement à l’étatisme centralisateur,
5000
e et le collectivisme aboutissent identiquement à
l’
étatisme centralisateur, aux systèmes gigantesques et abstraits, sur l
5001
systèmes gigantesques et abstraits, sur lesquels
l’
homme n’a plus de prises, et qui n’ont plus d’autre moteur que l’inhum
5002
sques et abstraits, sur lesquels l’homme n’a plus
de
prises, et qui n’ont plus d’autre moteur que l’inhumaine « force des
5003
els l’homme n’a plus de prises, et qui n’ont plus
d’
autre moteur que l’inhumaine « force des choses ». 11. La méthode, ou
5004
s de prises, et qui n’ont plus d’autre moteur que
l’
inhumaine « force des choses ». 11. La méthode, ou mieux : l’attitude
5005
moteur que l’inhumaine « force des choses ». 11.
La
méthode, ou mieux : l’attitude personnaliste, peut seule résoudre le
5006
« force des choses ». 11. La méthode, ou mieux :
l’
attitude personnaliste, peut seule résoudre le conflit permanent au se
5007
x : l’attitude personnaliste, peut seule résoudre
le
conflit permanent au sein de toute fédération : celui qui oppose le p
5008
nt au sein de toute fédération : celui qui oppose
le
pouvoir central et l’autonomie des régions fédérées. Car une personne
5009
dération : celui qui oppose le pouvoir central et
l’
autonomie des régions fédérées. Car une personne, au sens où je l’ai d
5010
régions fédérées. Car une personne, au sens où je
l’
ai définie, sait qu’elle doit normalement sacrifier à l’ensemble une p
5011
éfinie, sait qu’elle doit normalement sacrifier à
l’
ensemble une part de ses prérogatives, si elle veut rester en mesure d
5012
doit normalement sacrifier à l’ensemble une part
de
ses prérogatives, si elle veut rester en mesure d’exercer concrètemen
5013
e ses prérogatives, si elle veut rester en mesure
d’
exercer concrètement sa vocation. Mais d’autre part, elle sait aussi q
5014
vocation. Mais d’autre part, elle sait aussi que
l’
ensemble — ou le pouvoir central — n’a d’autre fin que de sauvegarder
5015
d’autre part, elle sait aussi que l’ensemble — ou
le
pouvoir central — n’a d’autre fin que de sauvegarder les libertés ind
5016
ussi que l’ensemble — ou le pouvoir central — n’a
d’
autre fin que de sauvegarder les libertés individuelles, par où j’ente
5017
ble — ou le pouvoir central — n’a d’autre fin que
de
sauvegarder les libertés individuelles, par où j’entends l’exercice l
5018
voir central — n’a d’autre fin que de sauvegarder
les
libertés individuelles, par où j’entends l’exercice libre des vocatio
5019
rder les libertés individuelles, par où j’entends
l’
exercice libre des vocations. Pour la personne, point de contradiction
5020
où j’entends l’exercice libre des vocations. Pour
la
personne, point de contradiction de principe entre ces deux nécessité
5021
cice libre des vocations. Pour la personne, point
de
contradiction de principe entre ces deux nécessités vitales : central
5022
cations. Pour la personne, point de contradiction
de
principe entre ces deux nécessités vitales : centralisation et autono
5023
s : centralisation et autonomie. Reste à résoudre
la
difficulté pratique de leur dosage dans les institutions. À cet égard
5024
utonomie. Reste à résoudre la difficulté pratique
de
leur dosage dans les institutions. À cet égard, le mouvement personna
5025
soudre la difficulté pratique de leur dosage dans
les
institutions. À cet égard, le mouvement personnaliste français (surto
5026
e leur dosage dans les institutions. À cet égard,
le
mouvement personnaliste français (surtout le groupe de l’Ordre nouvea
5027
ard, le mouvement personnaliste français (surtout
le
groupe de l’Ordre nouveau) me paraît avoir indiqué la seule méthode p
5028
uvement personnaliste français (surtout le groupe
de
l’Ordre nouveau) me paraît avoir indiqué la seule méthode praticable.
5029
roupe de l’Ordre nouveau) me paraît avoir indiqué
la
seule méthode praticable. Il s’agit selon lui de reconnaître par une
5030
la seule méthode praticable. Il s’agit selon lui
de
reconnaître par une enquête technique, en tous domaines, quelles sont
5031
enquête technique, en tous domaines, quelles sont
les
activités créatrices et quelles sont les activités mécaniques. Dans l
5032
les sont les activités créatrices et quelles sont
les
activités mécaniques. Dans le domaine industriel, cette enquête n’est
5033
es et quelles sont les activités mécaniques. Dans
le
domaine industriel, cette enquête n’est plus à faire : n’importe quel
5034
importe quel chef d’entreprise connaît exactement
la
différence entre un ouvrier qualifié et un manœuvre. La solution fédé
5035
férence entre un ouvrier qualifié et un manœuvre.
La
solution fédéraliste en économie est alors celle-ci : centraliser tou
5036
est alors celle-ci : centraliser tout ce qui est
de
l’ordre du travail « indifférencié » ou parcellaire, afin de permettr
5037
t alors celle-ci : centraliser tout ce qui est de
l’
ordre du travail « indifférencié » ou parcellaire, afin de permettre u
5038
eprises qualifiées38. Je ne puis indiquer ici que
le
principe de cette solution. Mais cela suffit à faire voir comment cet
5039
ifiées38. Je ne puis indiquer ici que le principe
de
cette solution. Mais cela suffit à faire voir comment cette attitude
5040
de personnaliste se traduit normalement dans tous
les
plans — et jusque dans le détail de la « pratique » — par un dépassem
5041
normalement dans tous les plans — et jusque dans
le
détail de la « pratique » — par un dépassement des vieux conflits. Au
5042
nt dans tous les plans — et jusque dans le détail
de
la « pratique » — par un dépassement des vieux conflits. Au lieu de l
5043
dans tous les plans — et jusque dans le détail de
la
« pratique » — par un dépassement des vieux conflits. Au lieu de la l
5044
par un dépassement des vieux conflits. Au lieu de
la
lutte stérile dont nous souffrons en Suisse, entre le parti des centr
5045
utte stérile dont nous souffrons en Suisse, entre
le
parti des centralisateurs et le parti des régionalistes, le personnal
5046
en Suisse, entre le parti des centralisateurs et
le
parti des régionalistes, le personnaliste envisage la recherche en co
5047
es centralisateurs et le parti des régionalistes,
le
personnaliste envisage la recherche en commun d’un arrangement techni
5048
arti des régionalistes, le personnaliste envisage
la
recherche en commun d’un arrangement technique, orienté par une consc
5049
le personnaliste envisage la recherche en commun
d’
un arrangement technique, orienté par une conscience vigilante des but
5050
té par une conscience vigilante des buts derniers
de
toute fédération. 12. Le troisième enseignement négatif que nous devo
5051
isième enseignement négatif que nous devons tirer
de
l’expérience suisse est d’un ordre plus quotidien et intime. Le morce
5052
ème enseignement négatif que nous devons tirer de
l’
expérience suisse est d’un ordre plus quotidien et intime. Le morcelle
5053
que nous devons tirer de l’expérience suisse est
d’
un ordre plus quotidien et intime. Le morcellement d’un pays — ou dema
5054
e suisse est d’un ordre plus quotidien et intime.
Le
morcellement d’un pays — ou demain de l’Europe — en régions autonomes
5055
n ordre plus quotidien et intime. Le morcellement
d’
un pays — ou demain de l’Europe — en régions autonomes et de faible ét
5056
et intime. Le morcellement d’un pays — ou demain
de
l’Europe — en régions autonomes et de faible étendue, a pour avantage
5057
intime. Le morcellement d’un pays — ou demain de
l’
Europe — en régions autonomes et de faible étendue, a pour avantage d’
5058
— ou demain de l’Europe — en régions autonomes et
de
faible étendue, a pour avantage d’écarter toute possibilité d’impéria
5059
s autonomes et de faible étendue, a pour avantage
d’
écarter toute possibilité d’impérialisme, tout gigantisme inhumain, to
5060
ndue, a pour avantage d’écarter toute possibilité
d’
impérialisme, tout gigantisme inhumain, tout délire de puissance. Mais
5061
périalisme, tout gigantisme inhumain, tout délire
de
puissance. Mais il a pour inconvénient de restreindre les horizons, e
5062
délire de puissance. Mais il a pour inconvénient
de
restreindre les horizons, et de créer une certaine médiocrité d’espri
5063
sance. Mais il a pour inconvénient de restreindre
les
horizons, et de créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon de la
5064
pour inconvénient de restreindre les horizons, et
de
créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon de la grandeur matérie
5065
les horizons, et de créer une certaine médiocrité
d’
esprit, rançon de la grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en
5066
de créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon
de
la grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en présence d’une m
5067
créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon de
la
grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en présence d’une mala
5068
dité intellectuelle, méfiance à l’égard du voisin
de
langue ou de confession, crainte perpétuelle d’être majorisé. Notons
5069
tuelle, méfiance à l’égard du voisin de langue ou
de
confession, crainte perpétuelle d’être majorisé. Notons que cette mal
5070
n de langue ou de confession, crainte perpétuelle
d’
être majorisé. Notons que cette maladie a fait son apparition en Suiss
5071
it son apparition en Suisse à partir du moment où
les
cantons ont conclu une alliance unique et uniforme, au lieu qu’aupara
5072
orme, au lieu qu’auparavant chacun faisait partie
de
plusieurs réseaux d’alliances superposées. Ainsi chacun s’est refermé
5073
ravant chacun faisait partie de plusieurs réseaux
d’
alliances superposées. Ainsi chacun s’est refermé sur soi, tendant à u
5074
st refermé sur soi, tendant à une espèce boiteuse
d’
autarcie. Chacun s’est trouvé isolé en présence de tous les autres. D’
5075
ie. Chacun s’est trouvé isolé en présence de tous
les
autres. D’où sa timidité déguisée en prudence par gain de paix ou par
5076
’est trouvé isolé en présence de tous les autres.
D’
où sa timidité déguisée en prudence par gain de paix ou par faiblesse.
5077
s. D’où sa timidité déguisée en prudence par gain
de
paix ou par faiblesse. D’où sa crainte de s’affirmer trop nettement d
5078
ée en prudence par gain de paix ou par faiblesse.
D’
où sa crainte de s’affirmer trop nettement différent. D’où finalement
5079
ar gain de paix ou par faiblesse. D’où sa crainte
de
s’affirmer trop nettement différent. D’où finalement l’espèce de gêne
5080
a crainte de s’affirmer trop nettement différent.
D’
où finalement l’espèce de gêne morale, puis d’intolérance sourde et la
5081
ffirmer trop nettement différent. D’où finalement
l’
espèce de gêne morale, puis d’intolérance sourde et larvée qui paralys
5082
rop nettement différent. D’où finalement l’espèce
de
gêne morale, puis d’intolérance sourde et larvée qui paralyse chez no
5083
nt. D’où finalement l’espèce de gêne morale, puis
d’
intolérance sourde et larvée qui paralyse chez nous les esprits « trop
5084
tolérance sourde et larvée qui paralyse chez nous
les
esprits « trop » entreprenants. Pour prévenir cette maladie, dans l’E
5085
entreprenants. Pour prévenir cette maladie, dans
l’
Europe de demain, comme en Suisse, il est essentiel d’insister sur le
5086
nants. Pour prévenir cette maladie, dans l’Europe
de
demain, comme en Suisse, il est essentiel d’insister sur le caractère
5087
rope de demain, comme en Suisse, il est essentiel
d’
insister sur le caractère non systématique et non unitaire du fédérali
5088
comme en Suisse, il est essentiel d’insister sur
le
caractère non systématique et non unitaire du fédéralisme sain. Il es
5089
nitaire du fédéralisme sain. Il est essentiel que
les
groupes, ou les individus qui les composent, gardent le droit, le sou
5090
alisme sain. Il est essentiel que les groupes, ou
les
individus qui les composent, gardent le droit, le souci et le goût de
5091
t essentiel que les groupes, ou les individus qui
les
composent, gardent le droit, le souci et le goût de se rattacher à pl
5092
upes, ou les individus qui les composent, gardent
le
droit, le souci et le goût de se rattacher à plusieurs organismes sup
5093
es individus qui les composent, gardent le droit,
le
souci et le goût de se rattacher à plusieurs organismes supra-régiona
5094
qui les composent, gardent le droit, le souci et
le
goût de se rattacher à plusieurs organismes supra-régionaux. Je préci
5095
composent, gardent le droit, le souci et le goût
de
se rattacher à plusieurs organismes supra-régionaux. Je préciserai pa
5096
éciserai par un exemple très concret : en Suisse,
les
esprits les plus libres et les plus personnels sont ceux qui se ratta
5097
un exemple très concret : en Suisse, les esprits
les
plus libres et les plus personnels sont ceux qui se rattachent : sent
5098
ncret : en Suisse, les esprits les plus libres et
les
plus personnels sont ceux qui se rattachent : sentimentalement à une
5099
nt : sentimentalement à une région ; légalement à
l’
État suisse ; religieusement à une Église dont les frontières sont bie
5100
l’État suisse ; religieusement à une Église dont
les
frontières sont bien plus vastes que celles de l’État ; intellectuell
5101
t les frontières sont bien plus vastes que celles
de
l’État ; intellectuellement à l’une des grandes cultures voisines ; e
5102
es frontières sont bien plus vastes que celles de
l’
État ; intellectuellement à l’une des grandes cultures voisines ; etc.
5103
te conscience et authenticité ; non seulement par
le
fait (naissance ou tradition) mais encore et surtout, par volonté. Le
5104
plusieurs grandes dimensions, au-delà des limites
de
leur canton natal, et sans nul détriment pour ce dernier, bien au con
5105
nt pour ce dernier, bien au contraire. Tandis que
les
petits esprits intolérants sont ceux qui ne conçoivent le « fédéralis
5106
s esprits intolérants sont ceux qui ne conçoivent
le
« fédéralisme » que sous la forme du Kantönligeist, c’est-à-dire d’un
5107
eux qui ne conçoivent le « fédéralisme » que sous
la
forme du Kantönligeist, c’est-à-dire d’un patriotisme autarcique et t
5108
que sous la forme du Kantönligeist, c’est-à-dire
d’
un patriotisme autarcique et totalitaire en miniature ; ceux qui veule
5109
totalitaire en miniature ; ceux qui veulent être
de
leur canton d’abord ou uniquement et appellent cela « fédéralisme »,
5110
ellent cela « fédéralisme », alors qu’ils ruinent
le
principe même dont ils forment le nom de leur parti. Convient-il d’in
5111
qu’ils ruinent le principe même dont ils forment
le
nom de leur parti. Convient-il d’insister encore ? Oui, car tout cela
5112
ruinent le principe même dont ils forment le nom
de
leur parti. Convient-il d’insister encore ? Oui, car tout cela risque
5113
ont ils forment le nom de leur parti. Convient-il
d’
insister encore ? Oui, car tout cela risquerait d’apparaître à beaucou
5114
d’insister encore ? Oui, car tout cela risquerait
d’
apparaître à beaucoup de Suisses négligents un peu banal, « tout natur
5115
peu banal, « tout naturel »… Je rappelle donc que
la
formule de la tyrannie maxima est celle de l’État qui prétend que ses
5116
« tout naturel »… Je rappelle donc que la formule
de
la tyrannie maxima est celle de l’État qui prétend que ses frontières
5117
out naturel »… Je rappelle donc que la formule de
la
tyrannie maxima est celle de l’État qui prétend que ses frontières do
5118
nc que la formule de la tyrannie maxima est celle
de
l’État qui prétend que ses frontières douanières et politiques soient
5119
que la formule de la tyrannie maxima est celle de
l’
État qui prétend que ses frontières douanières et politiques soient en
5120
anières et politiques soient en même temps celles
de
la religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur a
5121
ères et politiques soient en même temps celles de
la
religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur amou
5122
en même temps celles de la religion des citoyens,
de
leur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité.
5123
les de la religion des citoyens, de leur culture,
de
leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité. Construire la féd
5124
n des citoyens, de leur culture, de leur honneur,
de
leur amour… sinon de leur avidité. Construire la fédération européenn
5125
ur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon
de
leur avidité. Construire la fédération européenne, ce sera peut-être
5126
de leur amour… sinon de leur avidité. Construire
la
fédération européenne, ce sera peut-être simplement développer tout d
5127
velopper tout d’abord, et affirmer, une pluralité
d’
organismes déjà existants, religieux, culturels, linguistiques, idéolo
5128
ues ou économiques, à condition qu’ils aient ceci
de
commun : l’œcuménicité, la volonté de relativiser les frontières poli
5129
miques, à condition qu’ils aient ceci de commun :
l’
œcuménicité, la volonté de relativiser les frontières politiques. (Nul
5130
tion qu’ils aient ceci de commun : l’œcuménicité,
la
volonté de relativiser les frontières politiques. (Nul besoin d’aboli
5131
aient ceci de commun : l’œcuménicité, la volonté
de
relativiser les frontières politiques. (Nul besoin d’abolir celles-ci
5132
commun : l’œcuménicité, la volonté de relativiser
les
frontières politiques. (Nul besoin d’abolir celles-ci, comme le voula
5133
elativiser les frontières politiques. (Nul besoin
d’
abolir celles-ci, comme le voulaient les Internationales : si l’on gar
5134
politiques. (Nul besoin d’abolir celles-ci, comme
le
voulaient les Internationales : si l’on garde le droit de les déborde
5135
Nul besoin d’abolir celles-ci, comme le voulaient
les
Internationales : si l’on garde le droit de les déborder dans plusieu
5136
s-ci, comme le voulaient les Internationales : si
l’
on garde le droit de les déborder dans plusieurs domaines, elles garde
5137
le voulaient les Internationales : si l’on garde
le
droit de les déborder dans plusieurs domaines, elles gardent aussi le
5138
ient les Internationales : si l’on garde le droit
de
les déborder dans plusieurs domaines, elles gardent aussi leur légiti
5139
t les Internationales : si l’on garde le droit de
les
déborder dans plusieurs domaines, elles gardent aussi leur légitimité
5140
lles gardent aussi leur légitimité relative.) 13.
La
fédération européenne, si elle se fait, sera faite par des personnes,
5141
int par des troupes, au sens politicien du terme.
Les
troupes, les masses, portent automatiquement au pouvoir des systèmes
5142
roupes, au sens politicien du terme. Les troupes,
les
masses, portent automatiquement au pouvoir des systèmes totalitaires.
5143
matiquement au pouvoir des systèmes totalitaires.
Les
personnes, telles que je les définis, ne peuvent vouloir qu’un organi
5144
stèmes totalitaires. Les personnes, telles que je
les
définis, ne peuvent vouloir qu’un organisme fédéral. Or il existe en
5145
« personnel » plus apte qu’aucun autre à préparer
les
bases de la fédération européenne. (Un « personnel » : il faut sauver
5146
l » plus apte qu’aucun autre à préparer les bases
de
la fédération européenne. (Un « personnel » : il faut sauver ce mot d
5147
plus apte qu’aucun autre à préparer les bases de
la
fédération européenne. (Un « personnel » : il faut sauver ce mot de s
5148
péenne. (Un « personnel » : il faut sauver ce mot
de
sa déchéance bureaucratique. Normalement, il devrait désigner non pas
5149
rmalement, il devrait désigner non pas une troupe
d’
employés anonymes, mais une équipe de personnes responsables.) C’est l
5150
s une troupe d’employés anonymes, mais une équipe
de
personnes responsables.) C’est le charisme de la Suisse que de produi
5151
mais une équipe de personnes responsables.) C’est
le
charisme de la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est
5152
ipe de personnes responsables.) C’est le charisme
de
la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est avant tout
5153
de personnes responsables.) C’est le charisme de
la
Suisse que de produire des hommes dont la fonction est avant tout de
5154
responsables.) C’est le charisme de la Suisse que
de
produire des hommes dont la fonction est avant tout de connaître l’Eu
5155
isme de la Suisse que de produire des hommes dont
la
fonction est avant tout de connaître l’Europe : juges et négociateurs
5156
oduire des hommes dont la fonction est avant tout
de
connaître l’Europe : juges et négociateurs d’accords internationaux,
5157
mmes dont la fonction est avant tout de connaître
l’
Europe : juges et négociateurs d’accords internationaux, cosmopolites
5158
out de connaître l’Europe : juges et négociateurs
d’
accords internationaux, cosmopolites ou « Suisses de l’étranger »39, d
5159
accords internationaux, cosmopolites ou « Suisses
de
l’étranger »39, directeurs d’unions universelles, secrétaires d’allia
5160
ords internationaux, cosmopolites ou « Suisses de
l’
étranger »39, directeurs d’unions universelles, secrétaires d’alliance
5161
olites ou « Suisses de l’étranger »39, directeurs
d’
unions universelles, secrétaires d’alliances œcuméniques, membres du C
5162
39, directeurs d’unions universelles, secrétaires
d’
alliances œcuméniques, membres du Comité international de la Croix-Rou
5163
nces œcuméniques, membres du Comité international
de
la Croix-Rouge, etc., etc. Le « Suisse international » est un homme q
5164
s œcuméniques, membres du Comité international de
la
Croix-Rouge, etc., etc. Le « Suisse international » est un homme qui
5165
omité international de la Croix-Rouge, etc., etc.
Le
« Suisse international » est un homme qui peut et doit connaître l’Eu
5166
ational » est un homme qui peut et doit connaître
l’
Europe, par tradition, par goût et par nécessité. Et la connaître non
5167
ope, par tradition, par goût et par nécessité. Et
la
connaître non pour l’utiliser au bénéfice de quelque impérialisme, ma
5168
r goût et par nécessité. Et la connaître non pour
l’
utiliser au bénéfice de quelque impérialisme, mais la connaître pour l
5169
. Et la connaître non pour l’utiliser au bénéfice
de
quelque impérialisme, mais la connaître pour la faire. Pour la servir
5170
tiliser au bénéfice de quelque impérialisme, mais
la
connaître pour la faire. Pour la servir, et non pour s’en servir. 14.
5171
e de quelque impérialisme, mais la connaître pour
la
faire. Pour la servir, et non pour s’en servir. 14. La mission histor
5172
périalisme, mais la connaître pour la faire. Pour
la
servir, et non pour s’en servir. 14. La mission historique de la Suis
5173
ire. Pour la servir, et non pour s’en servir. 14.
La
mission historique de la Suisse fut, à partir du xiiie siècle, de ga
5174
t non pour s’en servir. 14. La mission historique
de
la Suisse fut, à partir du xiiie siècle, de garder libres pour les p
5175
on pour s’en servir. 14. La mission historique de
la
Suisse fut, à partir du xiiie siècle, de garder libres pour les peup
5176
ique de la Suisse fut, à partir du xiiie siècle,
de
garder libres pour les peuples et les princes les cols du centre de l
5177
à partir du xiiie siècle, de garder libres pour
les
peuples et les princes les cols du centre de l’Europe. Mission pratiq
5178
iie siècle, de garder libres pour les peuples et
les
princes les cols du centre de l’Europe. Mission pratique, devenue sym
5179
de garder libres pour les peuples et les princes
les
cols du centre de l’Europe. Mission pratique, devenue symbolique. Dés
5180
our les peuples et les princes les cols du centre
de
l’Europe. Mission pratique, devenue symbolique. Désormais, il nous ap
5181
les peuples et les princes les cols du centre de
l’
Europe. Mission pratique, devenue symbolique. Désormais, il nous appar
5182
devenue symbolique. Désormais, il nous appartient
d’
en proclamer la signification moderne : c’est la défense du cœur spiri
5183
que. Désormais, il nous appartient d’en proclamer
la
signification moderne : c’est la défense du cœur spirituel de l’Europ
5184
t d’en proclamer la signification moderne : c’est
la
défense du cœur spirituel de l’Europe, la garde montée autour du drap
5185
tion moderne : c’est la défense du cœur spirituel
de
l’Europe, la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche,
5186
n moderne : c’est la défense du cœur spirituel de
l’
Europe, la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche, où
5187
: c’est la défense du cœur spirituel de l’Europe,
la
garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche, où le rouge
5188
Europe, la garde montée autour du drapeau rouge à
la
croix blanche, où le rouge est couleur d’Empire, c’est-à-dire d’union
5189
ope, la garde montée autour du drapeau rouge à la
croix
blanche, où le rouge est couleur d’Empire, c’est-à-dire d’union des n
5190
ée autour du drapeau rouge à la croix blanche, où
le
rouge est couleur d’Empire, c’est-à-dire d’union des nations, et la c
5191
rouge à la croix blanche, où le rouge est couleur
d’
Empire, c’est-à-dire d’union des nations, et la croix signe de salut.
5192
e, où le rouge est couleur d’Empire, c’est-à-dire
d’
union des nations, et la croix signe de salut. Gardienne des cols par
5193
ur d’Empire, c’est-à-dire d’union des nations, et
la
croix signe de salut. Gardienne des cols par où s’échangent les riche
5194
d’Empire, c’est-à-dire d’union des nations, et la
croix
signe de salut. Gardienne des cols par où s’échangent les richesses,
5195
est-à-dire d’union des nations, et la croix signe
de
salut. Gardienne des cols par où s’échangent les richesses, gardienne
5196
e de salut. Gardienne des cols par où s’échangent
les
richesses, gardienne de l’idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut
5197
cols par où s’échangent les richesses, gardienne
de
l’idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les cl
5198
ls par où s’échangent les richesses, gardienne de
l’
idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs
5199
ù s’échangent les richesses, gardienne de l’idéal
d’
où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de l’Eu
5200
les richesses, gardienne de l’idéal d’où renaîtra
la
paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de l’Europe, et c’est
5201
ardienne de l’idéal d’où renaîtra la paix si Dieu
le
veut, la Suisse tient les clefs de l’Europe, et c’est là sa vraie voc
5202
de l’idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut,
la
Suisse tient les clefs de l’Europe, et c’est là sa vraie vocation. El
5203
renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient
les
clefs de l’Europe, et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et
5204
a paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs
de
l’Europe, et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et la formu
5205
aix si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de
l’
Europe, et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et la formule,
5206
l’Europe, et c’est là sa vraie vocation. Elle est
le
lieu et la formule, le génie tutélaire de l’Empire. De cet Empire, on
5207
t c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et
la
formule, le génie tutélaire de l’Empire. De cet Empire, on a bien dit
5208
a vraie vocation. Elle est le lieu et la formule,
le
génie tutélaire de l’Empire. De cet Empire, on a bien dit que nous so
5209
lle est le lieu et la formule, le génie tutélaire
de
l’Empire. De cet Empire, on a bien dit que nous sommes le dernier ves
5210
est le lieu et la formule, le génie tutélaire de
l’
Empire. De cet Empire, on a bien dit que nous sommes le dernier vestig
5211
eu et la formule, le génie tutélaire de l’Empire.
De
cet Empire, on a bien dit que nous sommes le dernier vestige. Toute l
5212
ien dit que nous sommes le dernier vestige. Toute
la
question est de savoir si c’est là notre dernier mot — ou le premier
5213
sommes le dernier vestige. Toute la question est
de
savoir si c’est là notre dernier mot — ou le premier d’un chapitre no
5214
oir si c’est là notre dernier mot — ou le premier
d’
un chapitre nouveau ; toute la question est de savoir si ce vestige ne
5215
mot — ou le premier d’un chapitre nouveau ; toute
la
question est de savoir si ce vestige ne va pas devenir un germe ! Un
5216
ier d’un chapitre nouveau ; toute la question est
de
savoir si ce vestige ne va pas devenir un germe ! Un germe, ce n’est
5217
nir un germe ! Un germe, ce n’est jamais grand :
l’
image convient à notre taille. Encore faut-il que le petit grain soit
5218
image convient à notre taille. Encore faut-il que
le
petit grain soit fécondé… Il y a beaucoup à faire pour que la Suisse
5219
in soit fécondé… Il y a beaucoup à faire pour que
la
Suisse puisse prétendre à jouer le rôle de germe d’une Europe nouvell
5220
Suisse puisse prétendre à jouer le rôle de germe
d’
une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance autant que de
5221
rôle de germe d’une Europe nouvelle. Mais il y va
de
notre indépendance autant que de la paix occidentale. Si nous n’embra
5222
le. Mais il y va de notre indépendance autant que
de
la paix occidentale. Si nous n’embrassons pas cette mission-là, l’His
5223
Mais il y va de notre indépendance autant que de
la
paix occidentale. Si nous n’embrassons pas cette mission-là, l’Histoi
5224
ntale. Si nous n’embrassons pas cette mission-là,
l’
Histoire aura tôt fait, n’en doutons pas, d’accepter notre démission —
5225
n-là, l’Histoire aura tôt fait, n’en doutons pas,
d’
accepter notre démission — soit volontaire, soit forcée. 34. Voir l
5226
it volontaire, soit forcée. 34. Voir là-dessus
les
travaux du professeur zurichois Karl Meyer. Le Pacte de 1291 est le d
5227
s les travaux du professeur zurichois Karl Meyer.
Le
Pacte de 1291 est le dernier d’une longue série, dont le pacte de la
5228
vaux du professeur zurichois Karl Meyer. Le Pacte
de
1291 est le dernier d’une longue série, dont le pacte de la Torre, au
5229
chois Karl Meyer. Le Pacte de 1291 est le dernier
d’
une longue série, dont le pacte de la Torre, au Tessin, fut l’un des p
5230
e de 1291 est le dernier d’une longue série, dont
le
pacte de la Torre, au Tessin, fut l’un des premiers : 1182. 35. Voir
5231
est le dernier d’une longue série, dont le pacte
de
la Torre, au Tessin, fut l’un des premiers : 1182. 35. Voir sur ce p
5232
t le dernier d’une longue série, dont le pacte de
la
Torre, au Tessin, fut l’un des premiers : 1182. 35. Voir sur ce poin
5233
mais des réalisations historiques. 37. Cf. p. 88
de
ce volume. 38. Il s’agirait d’instituer un service civil industriel
5234
s. 37. Cf. p. 88 de ce volume. 38. Il s’agirait
d’
instituer un service civil industriel de quelques mois, assurant à cha
5235
s’agirait d’instituer un service civil industriel
de
quelques mois, assurant à chaque entreprise libre une main-d’œuvre à
5236
se libre une main-d’œuvre à bas prix ou gratuite.
D’
où possibilité de supprimer la condition prolétarienne ; suppression d
5237
-d’œuvre à bas prix ou gratuite. D’où possibilité
de
supprimer la condition prolétarienne ; suppression du chômage périodi
5238
s prix ou gratuite. D’où possibilité de supprimer
la
condition prolétarienne ; suppression du chômage périodique et techno
5239
chômage périodique et technologique ; possibilité
d’
adapter la production à la consommation sans créer de troubles sociaux
5240
riodique et technologique ; possibilité d’adapter
la
production à la consommation sans créer de troubles sociaux ou de nom
5241
nologique ; possibilité d’adapter la production à
la
consommation sans créer de troubles sociaux ou de nomadisme ; éducati
5242
dapter la production à la consommation sans créer
de
troubles sociaux ou de nomadisme ; éducation sociale et morale des pa
5243
la consommation sans créer de troubles sociaux ou
de
nomadisme ; éducation sociale et morale des participants (cf. service
5244
(cf. service militaire), etc., etc. 39. Ce sont
les
successeurs pacifiques des officiers au service étranger d’autres siè
5245
ervice étranger d’autres siècles. On n’ignore pas
les
services décisifs que cette classe a rendus au pays, par ceux d’entre
5246
ys, par ceux d’entre les siens qui y ont rapporté
les
richesses de lointaines expériences.
5247
’entre les siens qui y ont rapporté les richesses
de
lointaines expériences.
5248
Appendice ou « in cauda venenum » Autocritique
de
la Suisse Nul pays, à ma connaissance, n’a été plus souvent expliqu
5249
Appendice ou « in cauda venenum » Autocritique de
la
Suisse Nul pays, à ma connaissance, n’a été plus souvent expliqué à
5250
plus souvent expliqué à lui-même et au monde que
la
Suisse. C’est qu’il en a besoin plus que nul autre. Sa devise est un
5251
principe toute doctrine unitaire, et suppose donc
la
connaissance très vivante d’une autre espèce d’union, sans cesse à re
5252
ire, et suppose donc la connaissance très vivante
d’
une autre espèce d’union, sans cesse à recréer. Or l’inertie des masse
5253
c la connaissance très vivante d’une autre espèce
d’
union, sans cesse à recréer. Or l’inertie des masses et l’à peu près i
5254
ne autre espèce d’union, sans cesse à recréer. Or
l’
inertie des masses et l’à peu près intellectuel s’opposent sans cesse
5255
sans cesse à recréer. Or l’inertie des masses et
l’
à peu près intellectuel s’opposent sans cesse à cette reprise de consc
5256
ntellectuel s’opposent sans cesse à cette reprise
de
conscience. D’où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on n
5257
pposent sans cesse à cette reprise de conscience.
D’
où la nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déch
5258
nt sans cesse à cette reprise de conscience. D’où
la
nécessité d’une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déchoir o
5259
à cette reprise de conscience. D’où la nécessité
d’
une vigilante autocritique, si l’on ne veut pas déchoir ou se laisser
5260
’où la nécessité d’une vigilante autocritique, si
l’
on ne veut pas déchoir ou se laisser dissoudre, si l’on veut durer et
5261
n ne veut pas déchoir ou se laisser dissoudre, si
l’
on veut durer et surtout, si l’on prétend se donner en exemple. 1. Cl
5262
sser dissoudre, si l’on veut durer et surtout, si
l’
on prétend se donner en exemple. 1. Clarifions notre langage ! — Puis
5263
exemple. 1. Clarifions notre langage ! — Puisque
le
fédéralisme est une forme politique qui suppose l’équilibre vivant en
5264
e fédéralisme est une forme politique qui suppose
l’
équilibre vivant entre les droits de chaque région et ses devoirs enve
5265
me politique qui suppose l’équilibre vivant entre
les
droits de chaque région et ses devoirs envers l’ensemble, il est absu
5266
e qui suppose l’équilibre vivant entre les droits
de
chaque région et ses devoirs envers l’ensemble, il est absurde de nom
5267
les droits de chaque région et ses devoirs envers
l’
ensemble, il est absurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’
5268
et ses devoirs envers l’ensemble, il est absurde
de
nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’autre programme que la défe
5269
bsurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a
d’
autre programme que la défense des intérêts locaux contre le centre. C
5270
éraliste » un parti qui n’a d’autre programme que
la
défense des intérêts locaux contre le centre. Ceux qui se disent, che
5271
ogramme que la défense des intérêts locaux contre
le
centre. Ceux qui se disent, chez nous, « fédéralistes », ne sont souv
5272
chez nous, « fédéralistes », ne sont souvent, je
le
crains, que des nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur la né
5273
s nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur
la
nécessité de l’union centrale auraient peut-être plus de droits à rev
5274
es cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité
de
l’union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le n
5275
cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité de
l’
union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le nom
5276
ssité de l’union centrale auraient peut-être plus
de
droits à revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymologiq
5277
e auraient peut-être plus de droits à revendiquer
le
nom de fédéralistes, dans son sens étymologique. (fœdus = traité, ser
5278
ent peut-être plus de droits à revendiquer le nom
de
fédéralistes, dans son sens étymologique. (fœdus = traité, serment, u
5279
régionalistes, nomment « fédéral » ce qui procède
de
Berne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume à combattre tout
5280
qui pourra ! Cette confusion verbale, symbolique
de
tant d’autres, est à la base de la plupart de nos conflits politiques
5281
usion verbale, symbolique de tant d’autres, est à
la
base de la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlement
5282
rbale, symbolique de tant d’autres, est à la base
de
la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlementaires. 2
5283
miques, parlementaires. 2. Ni gauche ni droite. —
Les
centralisateurs et les régionalistes ont également tort, c’est éviden
5284
2. Ni gauche ni droite. — Les centralisateurs et
les
régionalistes ont également tort, c’est évident, puisque le fédéralis
5285
listes ont également tort, c’est évident, puisque
le
fédéralisme véritable ne commence qu’au-delà de leur opposition. Ils
5286
e le fédéralisme véritable ne commence qu’au-delà
de
leur opposition. Ils se font un programme de ce qui ne saurait être q
5287
delà de leur opposition. Ils se font un programme
de
ce qui ne saurait être que la maladie individualiste ou la maladie co
5288
e font un programme de ce qui ne saurait être que
la
maladie individualiste ou la maladie collectiviste de notre État. À q
5289
ne saurait être que la maladie individualiste ou
la
maladie collectiviste de notre État. À quand le parti de la santé féd
5290
aladie individualiste ou la maladie collectiviste
de
notre État. À quand le parti de la santé fédéraliste ? Il ne sera ni
5291
u la maladie collectiviste de notre État. À quand
le
parti de la santé fédéraliste ? Il ne sera ni de gauche ni de droite.
5292
die collectiviste de notre État. À quand le parti
de
la santé fédéraliste ? Il ne sera ni de gauche ni de droite. Car sous
5293
collectiviste de notre État. À quand le parti de
la
santé fédéraliste ? Il ne sera ni de gauche ni de droite. Car sous l’
5294
le parti de la santé fédéraliste ? Il ne sera ni
de
gauche ni de droite. Car sous l’opposition, indéfendable en théorie,
5295
la santé fédéraliste ? Il ne sera ni de gauche ni
de
droite. Car sous l’opposition, indéfendable en théorie, des centralis
5296
? Il ne sera ni de gauche ni de droite. Car sous
l’
opposition, indéfendable en théorie, des centralistes et des régionali
5297
régionalistes, ce qui se cache en réalité, c’est
l’
opposition gauche-droite. Les radicaux centralisateurs ne sont que des
5298
che en réalité, c’est l’opposition gauche-droite.
Les
radicaux centralisateurs ne sont que des socialistes qui s’ignorent ;
5299
totalitaires timorés, c’est-à-dire quelque chose
d’
absolument inviable s’ils en restent là, ou de radicalement antisuisse
5300
ose d’absolument inviable s’ils en restent là, ou
de
radicalement antisuisse s’ils progressent. Les « libéraux » et les co
5301
ou de radicalement antisuisse s’ils progressent.
Les
« libéraux » et les conservateurs « fédéralistes » ne sont que des ré
5302
antisuisse s’ils progressent. Les « libéraux » et
les
conservateurs « fédéralistes » ne sont que des réactionnaires inconsé
5303
des réactionnaires inconséquents : tant que je ne
les
aurai pas vu refuser l’argent de l’État, je ne pourrai pas prendre au
5304
équents : tant que je ne les aurai pas vu refuser
l’
argent de l’État, je ne pourrai pas prendre au sérieux leurs convictio
5305
tant que je ne les aurai pas vu refuser l’argent
de
l’État, je ne pourrai pas prendre au sérieux leurs convictions « fédé
5306
nt que je ne les aurai pas vu refuser l’argent de
l’
État, je ne pourrai pas prendre au sérieux leurs convictions « fédéral
5307
ris dans leur sens). (Et ce ne sont pas seulement
les
particuliers, propriétaires ou industriels, qui mendient la « manne f
5308
liers, propriétaires ou industriels, qui mendient
la
« manne fédérale », les subsides et les allocations ; mais les canton
5309
industriels, qui mendient la « manne fédérale »,
les
subsides et les allocations ; mais les cantons les plus conservateurs
5310
i mendient la « manne fédérale », les subsides et
les
allocations ; mais les cantons les plus conservateurs sont souvent ce
5311
édérale », les subsides et les allocations ; mais
les
cantons les plus conservateurs sont souvent ceux qui, me dit-on, se g
5312
es subsides et les allocations ; mais les cantons
les
plus conservateurs sont souvent ceux qui, me dit-on, se gênent le moi
5313
teurs sont souvent ceux qui, me dit-on, se gênent
le
moins…40) Or l’opposition gauche-droite est étrangère au génie de la
5314
nt ceux qui, me dit-on, se gênent le moins…40) Or
l’
opposition gauche-droite est étrangère au génie de la Suisse. Son orig
5315
l’opposition gauche-droite est étrangère au génie
de
la Suisse. Son origine parlementaire le prouve : rien de moins suisse
5316
pposition gauche-droite est étrangère au génie de
la
Suisse. Son origine parlementaire le prouve : rien de moins suisse qu
5317
au génie de la Suisse. Son origine parlementaire
le
prouve : rien de moins suisse que notre Parlement, importé d’Amérique
5318
uisse. Son origine parlementaire le prouve : rien
de
moins suisse que notre Parlement, importé d’Amérique à une époque réc
5319
rien de moins suisse que notre Parlement, importé
d’
Amérique à une époque récente, et plus ou moins contaminé par les mœur
5320
ne époque récente, et plus ou moins contaminé par
les
mœurs politiques françaises. L’idée même de parti, d’ailleurs, est an
5321
ns contaminé par les mœurs politiques françaises.
L’
idée même de parti, d’ailleurs, est antisuisse, dans ce sens qu’elle e
5322
par les mœurs politiques françaises. L’idée même
de
parti, d’ailleurs, est antisuisse, dans ce sens qu’elle est antifédér
5323
ndamne, ridiculement, à avoir des idées sur tout.
Les
seuls partis qu’une fédération puisse tolérer sont les partis à progr
5324
euls partis qu’une fédération puisse tolérer sont
les
partis à programme restreint, représentant une région, ou un groupe d
5325
restreint, représentant une région, ou un groupe
d’
activités apparentées, ou une tendance religieuse, ou des intérêts cor
5326
ance religieuse, ou des intérêts corporatifs. Sur
la
base de programmes restreints, bien définis, l’on peut discuter entre
5327
igieuse, ou des intérêts corporatifs. Sur la base
de
programmes restreints, bien définis, l’on peut discuter entre experts
5328
r la base de programmes restreints, bien définis,
l’
on peut discuter entre experts, se compléter, collaborer. Mais les par
5329
ter entre experts, se compléter, collaborer. Mais
les
partis unitaires actuels représentent des tendances trop vagues : ils
5330
ler, tout juger et tout absorber. Il serait temps
de
se remettre à la Diète ! 3. Suite du précédent. — Comment peut-on se
5331
t tout absorber. Il serait temps de se remettre à
la
Diète ! 3. Suite du précédent. — Comment peut-on se dire encore « de
5332
du précédent. — Comment peut-on se dire encore «
de
droite » ou « de gauche » au lendemain de la guerre d’Espagne et du P
5333
Comment peut-on se dire encore « de droite » ou «
de
gauche » au lendemain de la guerre d’Espagne et du Pacte germano-russ
5334
ncore « de droite » ou « de gauche » au lendemain
de
la guerre d’Espagne et du Pacte germano-russe ? Les Espagnols se sont
5335
re « de droite » ou « de gauche » au lendemain de
la
guerre d’Espagne et du Pacte germano-russe ? Les Espagnols se sont en
5336
oite » ou « de gauche » au lendemain de la guerre
d’
Espagne et du Pacte germano-russe ? Les Espagnols se sont entretués pe
5337
e la guerre d’Espagne et du Pacte germano-russe ?
Les
Espagnols se sont entretués pendant trois ans, en toute sincérité et
5338
érité et en tout héroïsme, au nom d’une droite et
d’
une gauche extrémistes qui, dès « l’affaire » liquidée, ont démasqué l
5339
une droite et d’une gauche extrémistes qui, dès «
l’
affaire » liquidée, ont démasqué leur fructueuse entente… Mais rien n’
5340
partis continuent, nos arguments ne changent pas
d’
un demi-ton, nos philo-fascistes continuent à reprocher à nos socialis
5341
ialistes un étatisme qui, en réalité, fait partie
de
tout programme fasciste ; nos marxistes continuent à se croire libert
5342
libertaires, etc. Seuls nos staliniens ont cessé
de
dénoncer les hitlériens, mais c’est pour dénoncer les antihitlériens,
5343
, etc. Seuls nos staliniens ont cessé de dénoncer
les
hitlériens, mais c’est pour dénoncer les antihitlériens, qui se trouv
5344
dénoncer les hitlériens, mais c’est pour dénoncer
les
antihitlériens, qui se trouvent d’ailleurs être les mêmes. (« Réactio
5345
s antihitlériens, qui se trouvent d’ailleurs être
les
mêmes. (« Réactionnaires et capitalistes internationaux »…) Nos desce
5346
alistes internationaux »…) Nos descendants diront
de
notre siècle qu’il fut celui des gogos enragés. 4. Paresse d’esprit.
5347
cle qu’il fut celui des gogos enragés. 4. Paresse
d’
esprit. — Je parle ici par expérience : rien n’oblige un bureau de Ber
5348
arle ici par expérience : rien n’oblige un bureau
de
Berne à faire du centralisme à coups de décrets rigides ; rien ne l’e
5349
un bureau de Berne à faire du centralisme à coups
de
décrets rigides ; rien ne l’empêche de respecter nos précieuses diver
5350
centralisme à coups de décrets rigides ; rien ne
l’
empêche de respecter nos précieuses diversités, et de se mettre à leur
5351
me à coups de décrets rigides ; rien ne l’empêche
de
respecter nos précieuses diversités, et de se mettre à leur service,
5352
mpêche de respecter nos précieuses diversités, et
de
se mettre à leur service, comme il se doit. Prévoir des exceptions, t
5353
i, pratiquement, la plupart des bureaux font tout
le
contraire, cela tient à la paresse d’esprit des messieurs qui en occu
5354
des bureaux font tout le contraire, cela tient à
la
paresse d’esprit des messieurs qui en occupent les fauteuils. Les org
5355
x font tout le contraire, cela tient à la paresse
d’
esprit des messieurs qui en occupent les fauteuils. Les organismes cen
5356
la paresse d’esprit des messieurs qui en occupent
les
fauteuils. Les organismes centraux ne deviennent centralistes (au mau
5357
prit des messieurs qui en occupent les fauteuils.
Les
organismes centraux ne deviennent centralistes (au mauvais sens) que
5358
deviennent centralistes (au mauvais sens) que par
la
faute des fonctionnaires qui s’y incrustent, et dont l’intelligence p
5359
te des fonctionnaires qui s’y incrustent, et dont
l’
intelligence politique s’atténue dans le confort et la prudence. Ne di
5360
, et dont l’intelligence politique s’atténue dans
le
confort et la prudence. Ne dites donc plus : « Nous sommes opposés pa
5361
telligence politique s’atténue dans le confort et
la
prudence. Ne dites donc plus : « Nous sommes opposés par principe à t
5362
par principe à tout ce qui vient de Berne — sauf
les
crédits ». Mais dites : « Nous voulons des fonctionnaires frais et di
5363
lons des fonctionnaires frais et dispos, capables
d’
imagination, détestant les complications administratives mais aimant l
5364
rais et dispos, capables d’imagination, détestant
les
complications administratives mais aimant les complexités concrètes,
5365
ant les complications administratives mais aimant
les
complexités concrètes, choisis pour leur sens fédéraliste, et révocab
5366
r sens fédéraliste, et révocables aussitôt qu’ils
le
perdent. » Si vous les obtenez, la révolution nationale dont certains
5367
révocables aussitôt qu’ils le perdent. » Si vous
les
obtenez, la révolution nationale dont certains parlent sera faite. Ma
5368
ussitôt qu’ils le perdent. » Si vous les obtenez,
la
révolution nationale dont certains parlent sera faite. Mais autrement
5369
rlent sera faite. Mais autrement, elle ne servira
de
rien. 5. Notre matérialisme. — Le pire danger qui nous menace : nous
5370
lle ne servira de rien. 5. Notre matérialisme. —
Le
pire danger qui nous menace : nous avons renversé l’échelle des valeu
5371
pire danger qui nous menace : nous avons renversé
l’
échelle des valeurs. Le cadre matériel de notre vie est parfait, mais
5372
nace : nous avons renversé l’échelle des valeurs.
Le
cadre matériel de notre vie est parfait, mais il n’encadrera bientôt
5373
renversé l’échelle des valeurs. Le cadre matériel
de
notre vie est parfait, mais il n’encadrera bientôt plus aucune vie di
5374
mais il n’encadrera bientôt plus aucune vie digne
de
ce nom. Quelques exemples : Je vois dans le budget d’une œuvre destin
5375
digne de ce nom. Quelques exemples : Je vois dans
le
budget d’une œuvre destinée à soutenir telle branche de l’activité in
5376
e nom. Quelques exemples : Je vois dans le budget
d’
une œuvre destinée à soutenir telle branche de l’activité intellectuel
5377
get d’une œuvre destinée à soutenir telle branche
de
l’activité intellectuelle que les deux tiers des ressources passent à
5378
d’une œuvre destinée à soutenir telle branche de
l’
activité intellectuelle que les deux tiers des ressources passent à l’
5379
ir telle branche de l’activité intellectuelle que
les
deux tiers des ressources passent à l’administration et aux salaires
5380
uelle que les deux tiers des ressources passent à
l’
administration et aux salaires fixes, tandis que moins d’un tiers est
5381
istration et aux salaires fixes, tandis que moins
d’
un tiers est consacré au but de l’œuvre. Je vois une revue d’art et de
5382
, tandis que moins d’un tiers est consacré au but
de
l’œuvre. Je vois une revue d’art et de littérature consacrer des mill
5383
andis que moins d’un tiers est consacré au but de
l’
œuvre. Je vois une revue d’art et de littérature consacrer des millier
5384
est consacré au but de l’œuvre. Je vois une revue
d’
art et de littérature consacrer des milliers de francs à sa « présenta
5385
cré au but de l’œuvre. Je vois une revue d’art et
de
littérature consacrer des milliers de francs à sa « présentation » ma
5386
ue d’art et de littérature consacrer des milliers
de
francs à sa « présentation » matérielle, et zéro franc à payer ses co
5387
. Si l’un d’entre eux s’étonne, on lui répond que
les
temps sont difficiles. Je vois que dans le budget moyen d’un ouvrier
5388
d que les temps sont difficiles. Je vois que dans
le
budget moyen d’un ouvrier suisse, le cadre matériel de l’existence (l
5389
sont difficiles. Je vois que dans le budget moyen
d’
un ouvrier suisse, le cadre matériel de l’existence (logement, vêtemen
5390
ois que dans le budget moyen d’un ouvrier suisse,
le
cadre matériel de l’existence (logement, vêtement, mobilier, assuranc
5391
dget moyen d’un ouvrier suisse, le cadre matériel
de
l’existence (logement, vêtement, mobilier, assurances) absorbe plus d
5392
t moyen d’un ouvrier suisse, le cadre matériel de
l’
existence (logement, vêtement, mobilier, assurances) absorbe plus de l
5393
ent, vêtement, mobilier, assurances) absorbe plus
de
la moitié des ressources, proportion réellement exorbitante. Je vois
5394
, vêtement, mobilier, assurances) absorbe plus de
la
moitié des ressources, proportion réellement exorbitante. Je vois des
5395
e. Je vois des gens qui hésitent entre deux types
de
salles de bain, l’une coûtant 300 fr. de plus que l’autre, et qui se
5396
des gens qui hésitent entre deux types de salles
de
bain, l’une coûtant 300 fr. de plus que l’autre, et qui se désabonnen
5397
. de plus que l’autre, et qui se désabonnent « vu
la
crise » de la seule revue qu’ils recevaient : elle leur coûtait 10 fr
5398
ue l’autre, et qui se désabonnent « vu la crise »
de
la seule revue qu’ils recevaient : elle leur coûtait 10 fr. par an.
5399
l’autre, et qui se désabonnent « vu la crise » de
la
seule revue qu’ils recevaient : elle leur coûtait 10 fr. par an. Je
5400
die et comme paralysée par des soucis budgétaires
de
cet ordre, traduisant cette échelle de valeurs. Et je conclus : « Si
5401
udgétaires de cet ordre, traduisant cette échelle
de
valeurs. Et je conclus : « Si quelque chose aujourd’hui menace la lib
5402
e conclus : « Si quelque chose aujourd’hui menace
la
liberté, ce n’est pas comme jadis la superstition… c’est la préoccupa
5403
d’hui menace la liberté, ce n’est pas comme jadis
la
superstition… c’est la préoccupation, la passion du bien-être matérie
5404
, ce n’est pas comme jadis la superstition… c’est
la
préoccupation, la passion du bien-être matériel. Sa pente, n’en douto
5405
me jadis la superstition… c’est la préoccupation,
la
passion du bien-être matériel. Sa pente, n’en doutons pas, est du côt
5406
ériel. Sa pente, n’en doutons pas, est du côté de
la
tyrannie. » C’est Vinet qui parlait ainsi, il y a longtemps, tout au
5407
qui parlait ainsi, il y a longtemps, tout au haut
de
la pente… 6. Cultures. — C’est quand on doute de soi qu’on a peur du
5408
parlait ainsi, il y a longtemps, tout au haut de
la
pente… 6. Cultures. — C’est quand on doute de soi qu’on a peur du voi
5409
de la pente… 6. Cultures. — C’est quand on doute
de
soi qu’on a peur du voisin. Les Romands qui se rétractent au seul mot
5410
est quand on doute de soi qu’on a peur du voisin.
Les
Romands qui se rétractent au seul mot de germanisme ne sont pas ceux
5411
voisin. Les Romands qui se rétractent au seul mot
de
germanisme ne sont pas ceux qui sauront illustrer la Suisse romande,
5412
germanisme ne sont pas ceux qui sauront illustrer
la
Suisse romande, donc la défendre. Rousseau, Constant, Madame de Staël
5413
eux qui sauront illustrer la Suisse romande, donc
la
défendre. Rousseau, Constant, Madame de Staël, Vinet n’ont pas eu peu
5414
de Staël, Vinet n’ont pas eu peur du germanisme,
l’
ont étudié et l’ont aimé. Ce sont nos meilleurs écrivains. 7. Toléranc
5415
n’ont pas eu peur du germanisme, l’ont étudié et
l’
ont aimé. Ce sont nos meilleurs écrivains. 7. Tolérance. — Le fédérali
5416
Ce sont nos meilleurs écrivains. 7. Tolérance. —
Le
fédéralisme véritable suppose une tolérance particulière : le respect
5417
me véritable suppose une tolérance particulière :
le
respect des vocations supérieures ou rares, des exceptions, des maniè
5418
upérieures ou rares, des exceptions, des manières
de
vivre hors-série. Car « l’exception » dans la vie quotidienne doit jo
5419
ceptions, des manières de vivre hors-série. Car «
l’
exception » dans la vie quotidienne doit jouer le même rôle que la min
5420
res de vivre hors-série. Car « l’exception » dans
la
vie quotidienne doit jouer le même rôle que la minorité dans une vie
5421
l’exception » dans la vie quotidienne doit jouer
le
même rôle que la minorité dans une vie fédérale saine : elle a droit
5422
ns la vie quotidienne doit jouer le même rôle que
la
minorité dans une vie fédérale saine : elle a droit à de plus grands
5423
droit à de plus grands égards, relativement, que
la
majorité. C’est ainsi que l’équilibre s’établit entre les grands et l
5424
s, relativement, que la majorité. C’est ainsi que
l’
équilibre s’établit entre les grands et les petits, entre le nombre et
5425
rité. C’est ainsi que l’équilibre s’établit entre
les
grands et les petits, entre le nombre et les groupements restreints.
5426
nsi que l’équilibre s’établit entre les grands et
les
petits, entre le nombre et les groupements restreints. Les petits can
5427
e s’établit entre les grands et les petits, entre
le
nombre et les groupements restreints. Les petits cantons, chez nous,
5428
ntre les grands et les petits, entre le nombre et
les
groupements restreints. Les petits cantons, chez nous, ont voix égale
5429
s, entre le nombre et les groupements restreints.
Les
petits cantons, chez nous, ont voix égale avec les grands ; les catho
5430
es petits cantons, chez nous, ont voix égale avec
les
grands ; les catholiques avec les protestants ; les Romands, Tessinoi
5431
tons, chez nous, ont voix égale avec les grands ;
les
catholiques avec les protestants ; les Romands, Tessinois ou Ladins a
5432
voix égale avec les grands ; les catholiques avec
les
protestants ; les Romands, Tessinois ou Ladins avec les Suisses aléma
5433
s grands ; les catholiques avec les protestants ;
les
Romands, Tessinois ou Ladins avec les Suisses alémaniques. Nier ce pr
5434
otestants ; les Romands, Tessinois ou Ladins avec
les
Suisses alémaniques. Nier ce principe ou l’appliquer sans loyauté, da
5435
avec les Suisses alémaniques. Nier ce principe ou
l’
appliquer sans loyauté, dans n’importe quel domaine de notre vie, même
5436
pliquer sans loyauté, dans n’importe quel domaine
de
notre vie, même « privée », c’est nier le fédéralisme et ruiner les b
5437
domaine de notre vie, même « privée », c’est nier
le
fédéralisme et ruiner les bases de la Suisse. Que nos moralistes s’en
5438
e « privée », c’est nier le fédéralisme et ruiner
les
bases de la Suisse. Que nos moralistes s’en souviennent, et que nos c
5439
», c’est nier le fédéralisme et ruiner les bases
de
la Suisse. Que nos moralistes s’en souviennent, et que nos conformist
5440
c’est nier le fédéralisme et ruiner les bases de
la
Suisse. Que nos moralistes s’en souviennent, et que nos conformistes
5441
stes s’en souviennent, et que nos conformistes ne
l’
oublient pas ! 8. Intolérance. — À mon avis, un fédéralisme sain doit
5442
e. Exemple : ceux qui, chez nous, font profession
d’
admirer la méthode d’un dictateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’
5443
: ceux qui, chez nous, font profession d’admirer
la
méthode d’un dictateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’âme de l’â
5444
, chez nous, font profession d’admirer la méthode
d’
un dictateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’âme de l’âme », voilà
5445
rer la méthode d’un dictateur qui a pu écrire : «
L’
État, c’est l’âme de l’âme », voilà des drôles de fédéralistes, des dr
5446
d’un dictateur qui a pu écrire : « L’État, c’est
l’
âme de l’âme », voilà des drôles de fédéralistes, des drôles de Suisse
5447
dictateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’âme
de
l’âme », voilà des drôles de fédéralistes, des drôles de Suisses41. J
5448
tateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’âme de
l’
âme », voilà des drôles de fédéralistes, des drôles de Suisses41. Je l
5449
L’État, c’est l’âme de l’âme », voilà des drôles
de
fédéralistes, des drôles de Suisses41. Je les estime intolérables, s’
5450
e », voilà des drôles de fédéralistes, des drôles
de
Suisses41. Je les estime intolérables, s’ils parlent en connaissance
5451
ôles de fédéralistes, des drôles de Suisses41. Je
les
estime intolérables, s’ils parlent en connaissance de cause. (Le plus
5452
érables, s’ils parlent en connaissance de cause. (
Le
plus souvent, d’ailleurs, ils se contentent de ne pas remarquer la re
5453
. (Le plus souvent, d’ailleurs, ils se contentent
de
ne pas remarquer la ressemblance entre ce qu’ils détestent en Suisse
5454
d’ailleurs, ils se contentent de ne pas remarquer
la
ressemblance entre ce qu’ils détestent en Suisse et ce qu’ils admiren
5455
e naïveté. — Elle éclate dans certaines mesures «
de
prudence » prises à l’égard de la presse — par qui de droit — et qui
5456
aines mesures « de prudence » prises à l’égard de
la
presse — par qui de droit — et qui consistent à ménager non seulement
5457
rudence » prises à l’égard de la presse — par qui
de
droit — et qui consistent à ménager non seulement la chèvre et le cho
5458
droit — et qui consistent à ménager non seulement
la
chèvre et le chou, ce qui est humain, mais encore l’agneau… et le lou
5459
i consistent à ménager non seulement la chèvre et
le
chou, ce qui est humain, mais encore l’agneau… et le loup, ce qui est
5460
chèvre et le chou, ce qui est humain, mais encore
l’
agneau… et le loup, ce qui est moins impartial qu’il ne semble. Ne com
5461
chou, ce qui est humain, mais encore l’agneau… et
le
loup, ce qui est moins impartial qu’il ne semble. Ne commettons plus
5462
ins impartial qu’il ne semble. Ne commettons plus
l’
imprudence capitale du monsieur qui s’enquiert « objectivement » des m
5463
sieur qui s’enquiert « objectivement » des motifs
d’
un bandit tout prêt à l’assommer. Or je connais une certaine propagand
5464
bjectivement » des motifs d’un bandit tout prêt à
l’
assommer. Or je connais une certaine propagande qui nous tape sur le c
5465
connais une certaine propagande qui nous tape sur
le
crâne, littéralement, et cela depuis plusieurs années. De ce point de
5466
, littéralement, et cela depuis plusieurs années.
De
ce point de vue, nous ne sommes plus neutres en fait, nous sommes en
5467
en fait, nous sommes en guerre parce que victimes
d’
une agression systématique et quotidienne contre les principes mêmes q
5468
’une agression systématique et quotidienne contre
les
principes mêmes qui fondent notre État. (Je me garderai bien de donne
5469
êmes qui fondent notre État. (Je me garderai bien
de
donner ici un autre exemple que celui de la propagande stalinienne.)
5470
rai bien de donner ici un autre exemple que celui
de
la propagande stalinienne.) Si l’on nous interdit de le dire, et de n
5471
bien de donner ici un autre exemple que celui de
la
propagande stalinienne.) Si l’on nous interdit de le dire, et de nous
5472
emple que celui de la propagande stalinienne.) Si
l’
on nous interdit de le dire, et de nous défendre en ripostant, pourquo
5473
la propagande stalinienne.) Si l’on nous interdit
de
le dire, et de nous défendre en ripostant, pourquoi donc, demanderai-
5474
propagande stalinienne.) Si l’on nous interdit de
le
dire, et de nous défendre en ripostant, pourquoi donc, demanderai-je,
5475
talinienne.) Si l’on nous interdit de le dire, et
de
nous défendre en ripostant, pourquoi donc, demanderai-je, fortifier n
5476
i donc, demanderai-je, fortifier nos frontières ?
L’
intégrité du territoire serait-elle plus importante de nos jours que l
5477
tégrité du territoire serait-elle plus importante
de
nos jours que l’intégrité de la conscience nationale ? Celle-là conse
5478
oire serait-elle plus importante de nos jours que
l’
intégrité de la conscience nationale ? Celle-là conserve-t-elle son se
5479
elle plus importante de nos jours que l’intégrité
de
la conscience nationale ? Celle-là conserve-t-elle son sens quand cel
5480
e plus importante de nos jours que l’intégrité de
la
conscience nationale ? Celle-là conserve-t-elle son sens quand celle-
5481
jà compromise ? 10. Poésie et prose. — Revenons à
la
géographie ! dit ce poète. Et de nous décrire une Suisse héroïque pro
5482
se. — Revenons à la géographie ! dit ce poète. Et
de
nous décrire une Suisse héroïque protégée par les Alpes, ce rempart,
5483
de nous décrire une Suisse héroïque protégée par
les
Alpes, ce rempart, le Jura, cette barrière, et le Rhin, ce fossé… Oui
5484
isse héroïque protégée par les Alpes, ce rempart,
le
Jura, cette barrière, et le Rhin, ce fossé… Oui, mais les géographes,
5485
es Alpes, ce rempart, le Jura, cette barrière, et
le
Rhin, ce fossé… Oui, mais les géographes, plus sobres, définissent la
5486
, cette barrière, et le Rhin, ce fossé… Oui, mais
les
géographes, plus sobres, définissent la Suisse en ces termes : « Une
5487
ui, mais les géographes, plus sobres, définissent
la
Suisse en ces termes : « Une dépression entre deux chaînes de montagn
5488
ces termes : « Une dépression entre deux chaînes
de
montagnes. » Renvoyons la géographie, de grâce, ou faisons-la mentir
5489
sion entre deux chaînes de montagnes. » Renvoyons
la
géographie, de grâce, ou faisons-la mentir ! 11. Neutralité. — Pendan
5490
chaînes de montagnes. » Renvoyons la géographie,
de
grâce, ou faisons-la mentir ! 11. Neutralité. — Pendant l’hiver 1939-
5491
. » Renvoyons la géographie, de grâce, ou faisons-
la
mentir ! 11. Neutralité. — Pendant l’hiver 1939-40, nous avons pu lir
5492
ou faisons-la mentir ! 11. Neutralité. — Pendant
l’
hiver 1939-40, nous avons pu lire dans les journaux cet avertissement
5493
Pendant l’hiver 1939-40, nous avons pu lire dans
les
journaux cet avertissement sibyllin : « Température maximum : 18° ».
5494
érature maximum : 18° ». Il s’agissait sans doute
d’
inciter le public à des économies de charbon. On nous recommandait la
5495
ximum : 18° ». Il s’agissait sans doute d’inciter
le
public à des économies de charbon. On nous recommandait la tiédeur… M
5496
it sans doute d’inciter le public à des économies
de
charbon. On nous recommandait la tiédeur… Mais voici nos voisins bell
5497
à des économies de charbon. On nous recommandait
la
tiédeur… Mais voici nos voisins belligérants qui viennent nous dire :
5498
ants seront mangés. Je demande à voir ce qui vaut
le
mieux. Il ne faut pas parler de neutralité en général, dans l’absolu
5499
voir ce qui vaut le mieux. Il ne faut pas parler
de
neutralité en général, dans l’absolu et dans l’abstrait. Car tout dép
5500
ne faut pas parler de neutralité en général, dans
l’
absolu et dans l’abstrait. Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi
5501
r de neutralité en général, dans l’absolu et dans
l’
abstrait. Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi, ou de qui, est-
5502
dans l’absolu et dans l’abstrait. Car tout dépend
de
ceci : vis-à-vis de quoi, ou de qui, est-on tiède, est-on neutre ? Si
5503
. Car tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi, ou
de
qui, est-on tiède, est-on neutre ? Si c’est vis-à-vis du Christ, la p
5504
de, est-on neutre ? Si c’est vis-à-vis du Christ,
la
parole évangélique nous apprend que cette neutralité est suprêmement
5505
entraîne notre expulsion violente hors du Royaume
de
Dieu. « Je vous vomirai », dit le Christ. Si c’est vis-à-vis de la gu
5506
hors du Royaume de Dieu. « Je vous vomirai », dit
le
Christ. Si c’est vis-à-vis de la guerre des autres que l’on reste tiè
5507
s vomirai », dit le Christ. Si c’est vis-à-vis de
la
guerre des autres que l’on reste tiède, cette neutralité peut être av
5508
t. Si c’est vis-à-vis de la guerre des autres que
l’
on reste tiède, cette neutralité peut être avantageuse dans certains c
5509
ité peut être avantageuse dans certains cas, dans
la
mesure où elle nous exclut, précisément, d’un conflit que nous jugeon
5510
dans la mesure où elle nous exclut, précisément,
d’
un conflit que nous jugeons mauvais. (Reste à savoir si le conflit act
5511
flit que nous jugeons mauvais. (Reste à savoir si
le
conflit actuel est « mauvais ». Puis, si notre tiédeur suffira pour q
5512
auvais ». Puis, si notre tiédeur suffira pour que
le
monstre de la guerre nous vomisse… Mais ceci est une autre histoire.)
5513
uis, si notre tiédeur suffira pour que le monstre
de
la guerre nous vomisse… Mais ceci est une autre histoire.) On ferait
5514
, si notre tiédeur suffira pour que le monstre de
la
guerre nous vomisse… Mais ceci est une autre histoire.) On ferait bie
5515
Mais ceci est une autre histoire.) On ferait bien
de
ne pas utiliser comme des proverbes généraux certaines paroles du Chr
5516
es généraux certaines paroles du Christ qui n’ont
de
sens que par rapport à sa Personne, à son Royaume, à son Éternité. Ré
5517
sonne, à son Royaume, à son Éternité. Répéter que
les
tièdes seront vomis, en détournant ce verset de son sens spirituel, c
5518
les tièdes seront vomis, en détournant ce verset
de
son sens spirituel, c’est toujours un blasphème, et c’est souvent une
5519
ralité « éternelle ». — On nous parle aujourd’hui
de
« neutralité éternelle », et l’on va même jusqu’à nous affirmer que c
5520
parle aujourd’hui de « neutralité éternelle », et
l’
on va même jusqu’à nous affirmer que cette « éternité » est la base of
5521
jusqu’à nous affirmer que cette « éternité » est
la
base officielle de notre politique. Dans ce cas, notre politique repo
5522
mer que cette « éternité » est la base officielle
de
notre politique. Dans ce cas, notre politique reposerait sur une faut
5523
suis fâché. Ce n’est pas éternelle qu’il convient
de
dire, mais perpétuelle. Se figure-t-on que l’homme a le droit et le p
5524
ent de dire, mais perpétuelle. Se figure-t-on que
l’
homme a le droit et le pouvoir de décréter « l’éternité » d’une décisi
5525
e, mais perpétuelle. Se figure-t-on que l’homme a
le
droit et le pouvoir de décréter « l’éternité » d’une décision humaine
5526
étuelle. Se figure-t-on que l’homme a le droit et
le
pouvoir de décréter « l’éternité » d’une décision humaine ? Apprenons
5527
figure-t-on que l’homme a le droit et le pouvoir
de
décréter « l’éternité » d’une décision humaine ? Apprenons donc à qui
5528
ue l’homme a le droit et le pouvoir de décréter «
l’
éternité » d’une décision humaine ? Apprenons donc à qui de droit que
5529
le droit et le pouvoir de décréter « l’éternité »
d’
une décision humaine ? Apprenons donc à qui de droit que nul État huma
5530
é » d’une décision humaine ? Apprenons donc à qui
de
droit que nul État humain n’est éternel ; que la Suisse est un État h
5531
de droit que nul État humain n’est éternel ; que
la
Suisse est un État humain ; et que par conséquent l’épithète « éterne
5532
Suisse est un État humain ; et que par conséquent
l’
épithète « éternelle » ne saurait désigner l’attitude adoptée par la S
5533
uent l’épithète « éternelle » ne saurait désigner
l’
attitude adoptée par la Suisse en politique. De plus, la Suisse n’est
5534
elle » ne saurait désigner l’attitude adoptée par
la
Suisse en politique. De plus, la Suisse n’est devenue neutre qu’à par
5535
tude adoptée par la Suisse en politique. De plus,
la
Suisse n’est devenue neutre qu’à partir d’un certain moment de son hi
5536
plus, la Suisse n’est devenue neutre qu’à partir
d’
un certain moment de son histoire. Or ce qui est éternel ne commence p
5537
st devenue neutre qu’à partir d’un certain moment
de
son histoire. Or ce qui est éternel ne commence pas à un certain mome
5538
e. Tout ce qui commence à un certain moment, dans
l’
histoire, cessera aussi nécessairement à un autre moment. On peut le n
5539
a aussi nécessairement à un autre moment. On peut
le
nier parfois dans un élan de passion. Mais on ne peut pas le nier par
5540
utre moment. On peut le nier parfois dans un élan
de
passion. Mais on ne peut pas le nier par un décret. 13. Neutralité p
5541
fois dans un élan de passion. Mais on ne peut pas
le
nier par un décret. 13. Neutralité perpétuelle. — Certes, les premie
5542
ieu, durer « éternellement ». C’était une manière
d’
affirmer qu’ils la concluaient sans arrière-pensée. (Comparez avec cer
5543
ellement ». C’était une manière d’affirmer qu’ils
la
concluaient sans arrière-pensée. (Comparez avec certaines offres de p
5544
s arrière-pensée. (Comparez avec certaines offres
de
paix « pour 25 ans » que faisait naguère à ses voisins un homme dont
5545
voisins un homme dont Anastasie m’a fait oublier
le
nom.) De même pour la neutralité « perpétuelle » : cela signifie simp
5546
Anastasie m’a fait oublier le nom.) De même pour
la
neutralité « perpétuelle » : cela signifie simplement que nous refuso
5547
le » : cela signifie simplement que nous refusons
d’
envisager son abandon, et que nous le refuserons aussi longtemps que p
5548
ous refusons d’envisager son abandon, et que nous
le
refuserons aussi longtemps que possible. Par exemple : tant que notre
5549
notre mission européenne ne sera pas accomplie. (
L’
Empire fédératif ?) Mais toute politique digne de ce nom consiste à pr
5550
(L’Empire fédératif ?) Mais toute politique digne
de
ce nom consiste à prévoir même le pire, et même la réalisation procha
5551
politique digne de ce nom consiste à prévoir même
le
pire, et même la réalisation prochaine de nos plus lointaines ambitio
5552
e ce nom consiste à prévoir même le pire, et même
la
réalisation prochaine de nos plus lointaines ambitions. Or prévoir, c
5553
ir même le pire, et même la réalisation prochaine
de
nos plus lointaines ambitions. Or prévoir, c’est aussi se préparer, p
5554
tions. Or prévoir, c’est aussi se préparer, peser
le
pour et le contre, discuter… On connaît la devise humoristique du Mér
5555
révoir, c’est aussi se préparer, peser le pour et
le
contre, discuter… On connaît la devise humoristique du Méridional : «
5556
peser le pour et le contre, discuter… On connaît
la
devise humoristique du Méridional : « Toujours à gauche, mais pas plu
5557
plus loin. » Pourquoi est-ce comique ? Parce que
l’
histoire et la politique ne cessent pas de modifier ces positions tout
5558
Pourquoi est-ce comique ? Parce que l’histoire et
la
politique ne cessent pas de modifier ces positions toutes relatives q
5559
rce que l’histoire et la politique ne cessent pas
de
modifier ces positions toutes relatives que sont la gauche et la droi
5560
modifier ces positions toutes relatives que sont
la
gauche et la droite. Affirmer dans l’absolu une position relative, si
5561
positions toutes relatives que sont la gauche et
la
droite. Affirmer dans l’absolu une position relative, si légitime qu’
5562
es que sont la gauche et la droite. Affirmer dans
l’
absolu une position relative, si légitime qu’elle soit, c’est se conda
5563
amner à être sans cesse dépassé et ridiculisé par
les
faits. 14. Neutralité « morale ». — Les traités nous reconnaissent un
5564
ulisé par les faits. 14. Neutralité « morale ». —
Les
traités nous reconnaissent une neutralité politique et militaire. Ils
5565
politique et militaire. Ils nous obligent aussi à
la
défendre intégralement. Mais ils ne nous imposent nullement une neutr
5566
ais ils ne nous imposent nullement une neutralité
d’
opinion. Renoncer au droit de nous exprimer, ce n’est donc pas nous co
5567
r, ce n’est donc pas nous conformer aux exigences
de
la neutralité. Ce peut être, dans certains cas, une mesure opportune
5568
ce n’est donc pas nous conformer aux exigences de
la
neutralité. Ce peut être, dans certains cas, une mesure opportune ; m
5569
, c’est tout simplement renoncer à une belle part
de
notre indépendance. C’est renoncer à nous défendre intégralement. Et
5570
isif pour notre indépendance future, étant donnée
la
nature des guerres modernes, qui sont d’abord des guerres morales, de
5571
qui sont d’abord des guerres morales, des guerres
de
propagande. Quand une troupe est réduite à l’impuissance par l’advers
5572
res de propagande. Quand une troupe est réduite à
l’
impuissance par l’adversaire, on ne dit pas qu’elle est neutre, on dit
5573
Quand une troupe est réduite à l’impuissance par
l’
adversaire, on ne dit pas qu’elle est neutre, on dit qu’elle est neutr
5574
’hui, ce n’est pas rester neutres, c’est accepter
d’
être neutralisés moralement. Le Conseil fédéral a repoussé officiellem
5575
es, c’est accepter d’être neutralisés moralement.
Le
Conseil fédéral a repoussé officiellement et publiquement la prétenti
5576
fédéral a repoussé officiellement et publiquement
la
prétention de ceux qui voulaient « neutraliser » de cette manière not
5577
ussé officiellement et publiquement la prétention
de
ceux qui voulaient « neutraliser » de cette manière notre opinion. En
5578
prétention de ceux qui voulaient « neutraliser »
de
cette manière notre opinion. En tant que citoyen suisse respectueux d
5579
tant que citoyen suisse respectueux des décisions
de
nos autorités suprêmes, j’ai donc le droit de condamner ouvertement d
5580
es décisions de nos autorités suprêmes, j’ai donc
le
droit de condamner ouvertement des régimes étrangers qui attaquent ou
5581
ons de nos autorités suprêmes, j’ai donc le droit
de
condamner ouvertement des régimes étrangers qui attaquent ouvertement
5582
itude peut compromettre notre indépendance : elle
l’
affirme au contraire ! Le devoir de l’armée est de garantir par la for
5583
otre indépendance : elle l’affirme au contraire !
Le
devoir de l’armée est de garantir par la force l’intégrité de notre i
5584
endance : elle l’affirme au contraire ! Le devoir
de
l’armée est de garantir par la force l’intégrité de notre indépendanc
5585
ance : elle l’affirme au contraire ! Le devoir de
l’
armée est de garantir par la force l’intégrité de notre indépendance,
5586
l’affirme au contraire ! Le devoir de l’armée est
de
garantir par la force l’intégrité de notre indépendance, et non pas s
5587
traire ! Le devoir de l’armée est de garantir par
la
force l’intégrité de notre indépendance, et non pas seulement sa maté
5588
Le devoir de l’armée est de garantir par la force
l’
intégrité de notre indépendance, et non pas seulement sa matérialité (
5589
l’armée est de garantir par la force l’intégrité
de
notre indépendance, et non pas seulement sa matérialité (le territoir
5590
ndépendance, et non pas seulement sa matérialité (
le
territoire). Le vrai patriote suisse ne dit pas : « Plutôt renoncer à
5591
non pas seulement sa matérialité (le territoire).
Le
vrai patriote suisse ne dit pas : « Plutôt renoncer à ma liberté d’op
5592
uisse ne dit pas : « Plutôt renoncer à ma liberté
d’
opinion que de risquer des ennuis avec une légation. » Il dit au contr
5593
as : « Plutôt renoncer à ma liberté d’opinion que
de
risquer des ennuis avec une légation. » Il dit au contraire — il disa
5594
dit au contraire — il disait autrefois : « Plutôt
la
mort que l’esclavage.42 » 15. Diplomatie. — Ne cédons pas à la tenta
5595
aire — il disait autrefois : « Plutôt la mort que
l’
esclavage.42 » 15. Diplomatie. — Ne cédons pas à la tentation des bas
5596
esclavage.42 » 15. Diplomatie. — Ne cédons pas à
la
tentation des basses époques : confondre le réalisme avec la médiocri
5597
pas à la tentation des basses époques : confondre
le
réalisme avec la médiocrité des vues politiques. Les petits pays ne s
5598
n des basses époques : confondre le réalisme avec
la
médiocrité des vues politiques. Les petits pays ne sont pas dispensés
5599
réalisme avec la médiocrité des vues politiques.
Les
petits pays ne sont pas dispensés d’imaginer et de voir grand. Bien a
5600
politiques. Les petits pays ne sont pas dispensés
d’
imaginer et de voir grand. Bien au contraire : ils sont contraints de
5601
s petits pays ne sont pas dispensés d’imaginer et
de
voir grand. Bien au contraire : ils sont contraints de compenser leur
5602
ir grand. Bien au contraire : ils sont contraints
de
compenser leur petitesse physique par leur prestige moral. C’est la p
5603
leur prestige moral. C’est la première condition
de
leur indépendance, même matérielle. Nos réalistes — toujours en retar
5604
me matérielle. Nos réalistes — toujours en retard
d’
une guerre, d’une époque — ont récemment découvert qu’un diplomate mod
5605
Nos réalistes — toujours en retard d’une guerre,
d’
une époque — ont récemment découvert qu’un diplomate moderne doit être
5606
ion bien typique du siècle dernier, où, en effet,
la
politique n’était plus guère qu’une annexe des affaires. Rien de plus
5607
ffaires. Rien de plus dangereusement utopique que
le
réalisme d’avant-hier. Notre époque n’est plus celle du grand commerc
5608
n de plus dangereusement utopique que le réalisme
d’
avant-hier. Notre époque n’est plus celle du grand commerce ; ni même
5609
oque n’est plus celle du grand commerce ; ni même
de
la grande industrie (réalisme d’hier). Notre époque est celle des rel
5610
e n’est plus celle du grand commerce ; ni même de
la
grande industrie (réalisme d’hier). Notre époque est celle des religi
5611
mmerce ; ni même de la grande industrie (réalisme
d’
hier). Notre époque est celle des religions politiques, sociales, nati
5612
e des religions politiques, sociales, nationales.
Le
commerce, l’industrie, l’économie en général, ont cessé d’imposer leu
5613
ns politiques, sociales, nationales. Le commerce,
l’
industrie, l’économie en général, ont cessé d’imposer leurs « lois fat
5614
, sociales, nationales. Le commerce, l’industrie,
l’
économie en général, ont cessé d’imposer leurs « lois fatales ». Ce so
5615
ce, l’industrie, l’économie en général, ont cessé
d’
imposer leurs « lois fatales ». Ce sont les chefs qui dictent les prix
5616
t cessé d’imposer leurs « lois fatales ». Ce sont
les
chefs qui dictent les prix, les cours des changes, la consommation. C
5617
s « lois fatales ». Ce sont les chefs qui dictent
les
prix, les cours des changes, la consommation. Ces chefs montrent la p
5618
atales ». Ce sont les chefs qui dictent les prix,
les
cours des changes, la consommation. Ces chefs montrent la plus parfai
5619
hefs qui dictent les prix, les cours des changes,
la
consommation. Ces chefs montrent la plus parfaite indifférence à l’ég
5620
des changes, la consommation. Ces chefs montrent
la
plus parfaite indifférence à l’égard des fameuses « nécessités techni
5621
nécessités techniques », superstition des experts
d’
hier et d’avant-hier. Ils ont pensé, et prouvé par le fait, que la Tec
5622
techniques », superstition des experts d’hier et
d’
avant-hier. Ils ont pensé, et prouvé par le fait, que la Technique ne
5623
ier et d’avant-hier. Ils ont pensé, et prouvé par
le
fait, que la Technique ne saurait inspirer une politique, mais qu’ell
5624
t-hier. Ils ont pensé, et prouvé par le fait, que
la
Technique ne saurait inspirer une politique, mais qu’elle peut au con
5625
qu’elle peut au contraire servir à tout lorsqu’on
l’
y force — et en particulier à dominer les masses43. Il est temps que l
5626
lorsqu’on l’y force — et en particulier à dominer
les
masses43. Il est temps que la Suisse comprenne que le souci de son éc
5627
ticulier à dominer les masses43. Il est temps que
la
Suisse comprenne que le souci de son économie ne saurait plus servir
5628
asses43. Il est temps que la Suisse comprenne que
le
souci de son économie ne saurait plus servir d’excuse à l’absence de
5629
Il est temps que la Suisse comprenne que le souci
de
son économie ne saurait plus servir d’excuse à l’absence de vues poli
5630
e le souci de son économie ne saurait plus servir
d’
excuse à l’absence de vues politiques. On demande à un gouvernement de
5631
de son économie ne saurait plus servir d’excuse à
l’
absence de vues politiques. On demande à un gouvernement de « gouverne
5632
nomie ne saurait plus servir d’excuse à l’absence
de
vues politiques. On demande à un gouvernement de « gouverner44 », de
5633
de vues politiques. On demande à un gouvernement
de
« gouverner44 », de piloter l’État et d’orienter sa marche ; le reste
5634
On demande à un gouvernement de « gouverner44 »,
de
piloter l’État et d’orienter sa marche ; le reste, le fonctionnement
5635
à un gouvernement de « gouverner44 », de piloter
l’
État et d’orienter sa marche ; le reste, le fonctionnement technique d
5636
ernement de « gouverner44 », de piloter l’État et
d’
orienter sa marche ; le reste, le fonctionnement technique de la machi
5637
44 », de piloter l’État et d’orienter sa marche ;
le
reste, le fonctionnement technique de la machine, étant l’affaire des
5638
iloter l’État et d’orienter sa marche ; le reste,
le
fonctionnement technique de la machine, étant l’affaire des fonctionn
5639
sa marche ; le reste, le fonctionnement technique
de
la machine, étant l’affaire des fonctionnaires — leur nom l’indique —
5640
marche ; le reste, le fonctionnement technique de
la
machine, étant l’affaire des fonctionnaires — leur nom l’indique — et
5641
le fonctionnement technique de la machine, étant
l’
affaire des fonctionnaires — leur nom l’indique — et des conseillers c
5642
ne, étant l’affaire des fonctionnaires — leur nom
l’
indique — et des conseillers commerciaux. On demande des diplomates qu
5643
ates qui fassent une politique, et qui aient plus
d’
idées générales que de compétences économiques. Je connais tel profess
5644
olitique, et qui aient plus d’idées générales que
de
compétences économiques. Je connais tel professeur d’Université, tel
5645
ompétences économiques. Je connais tel professeur
d’
Université, tel écrivain, tel philanthrope, tel connaisseur et pratici
5646
anthrope, tel connaisseur et praticien des choses
de
la SDN et de la chose européenne, qui nous représenteraient à l’étran
5647
hrope, tel connaisseur et praticien des choses de
la
SDN et de la chose européenne, qui nous représenteraient à l’étranger
5648
connaisseur et praticien des choses de la SDN et
de
la chose européenne, qui nous représenteraient à l’étranger — officie
5649
nnaisseur et praticien des choses de la SDN et de
la
chose européenne, qui nous représenteraient à l’étranger — officielle
5650
la chose européenne, qui nous représenteraient à
l’
étranger — officiellement ou non — avec combien plus d’efficacité que
5651
anger — officiellement ou non — avec combien plus
d’
efficacité que les meilleurs spécialistes formés par les bureaux de Be
5652
ement ou non — avec combien plus d’efficacité que
les
meilleurs spécialistes formés par les bureaux de Berne, et rompus à t
5653
icacité que les meilleurs spécialistes formés par
les
bureaux de Berne, et rompus à toutes les prudences « fédérales ». Sur
5654
les meilleurs spécialistes formés par les bureaux
de
Berne, et rompus à toutes les prudences « fédérales ». Sur le plan di
5655
rmés par les bureaux de Berne, et rompus à toutes
les
prudences « fédérales ». Sur le plan diplomatique européen, la Suisse
5656
« fédérales ». Sur le plan diplomatique européen,
la
Suisse pourrait et devrait jouer dans notre siècle une partie magnifi
5657
faudrait que notre gouvernement comprenne ceci :
La
prudence est le vice des timides et la vertu des audacieux. 40. Peu
5658
tre gouvernement comprenne ceci : La prudence est
le
vice des timides et la vertu des audacieux. 40. Peut-être me croira
5659
nne ceci : La prudence est le vice des timides et
la
vertu des audacieux. 40. Peut-être me croira-t-on si je déclare, ap
5660
40. Peut-être me croira-t-on si je déclare, après
la
page qu’on vient de lire, que je n’ai pas d’ambitions politiques ! 4
5661
près la page qu’on vient de lire, que je n’ai pas
d’
ambitions politiques ! 41. Intéressante précision du langage ! Un « d
5662
2. Ceci ne veut pas dire que nous devons préférer
la
mort à l’interdiction de proclamer des sottises. Je m’excuse de tant
5663
veut pas dire que nous devons préférer la mort à
l’
interdiction de proclamer des sottises. Je m’excuse de tant de lourdeu
5664
que nous devons préférer la mort à l’interdiction
de
proclamer des sottises. Je m’excuse de tant de lourdeur dans la préci
5665
terdiction de proclamer des sottises. Je m’excuse
de
tant de lourdeur dans la précision, mais je m’avance ici sur un terra
5666
es sottises. Je m’excuse de tant de lourdeur dans
la
précision, mais je m’avance ici sur un terrain miné. Je sais d’ailleu
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ais d’ailleurs ce que je risque. Ce qui me permet
d’
approuver pleinement cette déclaration de Spitteler : « N’est-ce pas u
5668
e permet d’approuver pleinement cette déclaration
de
Spitteler : « N’est-ce pas un spectacle grotesque que celui d’une feu
5669
: « N’est-ce pas un spectacle grotesque que celui
d’
une feuille de chou qui, sûre de son inviolabilité, vitupère en style
5670
as un spectacle grotesque que celui d’une feuille
de
chou qui, sûre de son inviolabilité, vitupère en style de cabaret une
5671
otesque que celui d’une feuille de chou qui, sûre
de
son inviolabilité, vitupère en style de cabaret une grande puissance
5672
qui, sûre de son inviolabilité, vitupère en style
de
cabaret une grande puissance européenne, comme s’il s’agissait d’une
5673
rande puissance européenne, comme s’il s’agissait
d’
une paisible élection municipale ! Si la censure accourt alors avec un
5674
’agissait d’une paisible élection municipale ! Si
la
censure accourt alors avec une muselière, elle accomplit un acte de d
5675
alors avec une muselière, elle accomplit un acte
de
décence. » 43. Cf. à ce sujet les vues très exactes du grand théoric
5676
complit un acte de décence. » 43. Cf. à ce sujet
les
vues très exactes du grand théoricien de l’État totalitaire, Carl Sch
5677
e sujet les vues très exactes du grand théoricien
de
l’État totalitaire, Carl Schmitt, juriste catholique devenu national-
5678
ujet les vues très exactes du grand théoricien de
l’
État totalitaire, Carl Schmitt, juriste catholique devenu national-soc
5679
squ’il écrit : « Faire du socialisme, c’est faire
la
moitié du national-socialisme », je note en marge : « Faire du nation
5680
tre moitié… » Nous sommes d’accord pour condamner
le
tout.